Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre G

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G

G. Cherches à Dj, J, Tch, les noms qui ne se trouveraient point ici.

G. La lettre G s'employait dans les abréviations latines pour gens, ou pour Gaius (Caius). — Chez les modernes, G est l'initiale de Guillaume, Godefroi, George, Gabriel, etc. S. G. s'écrit pour Sa Grandeur.

GABAA, auj. Gib, v. de la tribu de Benjamin, à 8 kil. au N. de Jérusalem, est célèbre par la naissance de Saül et par l'attentat qui causa la guerre dite des Benjamites : ses habitants ayant déshonoré la femme d'un lévite d'Éphraïm, celui-ci appela les autres tribus à le venger, et toutes, se réunissant contre la tribu de Benjamin, détruisirent de fond en comble la ville coupable. David défit les Philistins à Gabaa.

GABALI, peuple de l'Aquitaine Ire, entre les Arvernes au N. O. et les Volces Arécomiques au S. E., habitait le Gévaudan moderne, et avait pour ch.-l. Anderitum (Antérieux ou Javoulx).

GABAON, v. de la tribu de Benjamin. Lors de la conquête du pays de Chanaan par Josué, les Gabaonites furent des premiers à faire alliance avec lui ; Josué les défendit contre cinq rois qui les assiégeaient; c'est pendant ce combat que Dieu arrêta le soleil pour permettre à Josué d'achever la victoire.

GABARDAN, petit pays de l'anc. Gascogne, au S. du Bazadais, à l'O. du Condomais, au N. de l'Eauzan, à l'E. du Marsan. Places, Gabarret (ch.-l.), Aix, Baudignan. Il est auj. compris dans la partie E. du dép. des Landes et dans le S. O. de Lot-et-Garonne. Ce pays a eu des vicomtes dès 1050 ; il a ensuite appartenu aux seigneurs de Béarn.

GABARRET, ch.-l. de c. (Landes) à 46 k. N. E. de Mont-de-Marsan; 1000 hab. Jadis ch.-l. du Gabardan. On y voit les restes d'une abbaye de Templiers et une maison de Jeanne d'Albret et de Henri.

GABELLE (de l'allemand gabe, don, tribut), impôt sur le sel. V. gabelle au Dict. univ. des Sciences.

GABÉLUS, Israélite qui habitait Ragès en Médie et à qui le jeune Tobie alla réclamer 10 talents.

GABÈS, v. d'Afrique. V. CABÈS.

GABIAN, bourg du dép. de l'Hérault, sur la Tongue, à 14 kil. N. O. de Pézenas : 1100 hab. Aux env., houille, vitriol, source de pétrole (huile de Gabian) ; bélemnites fossiles ; cristaux durs imitant le diamant.

GABIES, Gabii, v. du Latium, chez les Volsques, à 16 kil. N. E. de Rome, était une colonie d'Albe. Après un long siège, elle fut livrée à Tarquin le Superbe par l'artifice de Sextus, son fils : celui-ci, feignant une brouillerie avec son père, avait surpris la confiance des Gabiens en implorant leur pitié pour ses malheurs. Cette ville était déjà en ruines au temps d'Auguste.

GABINIUS (Q.), tribun du peuple en 140 av. J.-C., fit rendre la loi Gabinia, qui portait que dans les élections des magistrats les citoyens donneraient leur suffrage par scrutin secret.

GABINIUS (A.), tribun du peuple en 67 av. J.-C., proposa et fit adopter une loi qui donnait à Pompée une autorité extraordinaire pour anéantir les pirates. Consul l'an 58, il fit, de concert avec Clodius, exiler Cicéron. Gouverneur de Syrie en 57, il vainquit, près de Jérusalem, Aristobule, roi des Juifs, et le remplaça par Hyrcan. Quoique le sénat lui eût ordonné de revenir à Rome, il resta à la tête de son armée et passa même en Égypte pour rétablir sur son trône Ptolémée XI (55) : de retour à Rome il fut accusé de lèse-majesté publique et de concussion. Cicéron, le défendit sur les instances de Pompée ; mais il ne put le faire absoudre que sur le 1er point. Gabinius mourut à Salone dans une expédition contre les Illyriens (46).

GABINUS LACUS, dans le Latium, au N. E. de Gabies. C'est le lac de Castiglione, auj. desséché.

GABON (côte de), partie de la Guinée supérieure, entre 3° 30' lat, N. et 0° 45' lat. S., est arrosée par le Gabon, à l'emb. duquel la France a formé en 1843 un comptoir fortifié.

GABRIAS, fabuliste. Les uns le regardent comme le même que Babrius (V. ce nom) ; les autres comme différent. Quoi qu'il en soit, on a sous ce nom un recueil d'apologues ésopiques distinct de celui de Babrius, et qui se compose de quatrains écrits en grec. Le véritable auteur de ces quatrains est un grammairien du IXe siècle, nommé Ignatius Magister. M. Laprade a donné une édition et une traduction française des quatrains attribués à Gabrias, Paris, 1853.

GABRIEL, c-à-d. force de Dieu, archange, fut envoyé de Dieu, d'abord à Zacharie, pour lui annoncer la naissance d'un fils (S. Jean-Baptiste) ; puis à la Ste Vierge, pour lui annoncer qu'elle avait été choisie pour être la mère du Sauveur. Le même archange avait été envoyé à Daniel pour lui expliquer ses visions et lui révéler l'époque de la venue du Messie. Les Mahométans, croient que c'est lui qui apportait à Mahomet les feuilles du Coran.

GABRIEL SIONITE, savant maronite, né à Eddin dans le Liban (Syrie) vers 1577, mort en 1648, étudia à Rome au collège des Maronites, y apprit le latin et le syriaque, ainsi que la théologie ; fut reçu docteur en cette faculté et ordonné prêtre. En 1614, il vint en France, remplit au Collége royal à Paris la chaire de professeur d’arabe, et concourut à la publication de la Bible polyglotte de Le Jay : il s’était engagé à y fournir les textes syriaque et hébreu ; mais ses retards et ses prétentions exagérées compromettant l’entreprise. Il fut mis à Vincennes par ordre de Richelieu, et n’en sortit qu’en donnant les deux textes. On a de lui : Grammatica arabica Maronitarum Paris, 1616 ; Geographia Nubiensis, 1619, traduite d’Edrisi ; Liber psalmorum, trad. du syriaque.

GABRIEL (Jac. Ange), architecte, né en 1710 à Paris, mort en 1782, était fils de Jacques Gabriel, architecte lui-même, à qui Nantes, Rennes, Bordeaux, Dijon, doivent de grands embellissements. Il travailla au Louvre, restaura la cathédrale d’Orléans, et eut soin d’y conserver le style gothique, quoique ce genre fût alors peu goûté : construisit la belle salle de spectacle du palais de Versailles et le château de Compiègne, bâtit en 1751 à Paris l’École militaire, son chef-d’œuvre, donna le plan de la place de la Concorde, et éleva, de 1763 à 1772, les deux beaux palais à colonnades qui la bordent au nord. Une avenue des Champs-Élysées porte son nom. Ses compositions se distinguent par l’imagination, la grandeur, une bonne entente des masses ; mais son goût manquait quelquefois de pureté.

GABRIELLE D’ESTRÉES. V. ESTRÉES.

GABRIELLE DE VERGY. V. COUCY et VERGY.

GACÉ, ch.-l. de c. (Orne), sur la Touque, à 22 k. à l’E. d’Argentan ; 1800 hab. Toiles de cretonne. Château où naquit Matignon.

GACON (Franç.), poëte satirique, né à Lyon en 1667, mort en 1725, attaqua dans le style le plus grossier toutes les célébrités de son temps : J. B. Rousseau, Lamothe et Boileau même furent les principaux objets de ses diatribes. On a de lui : le Poëte sans fard, recueil de satires et d’épigrammes, 1696 et 1701 ; une trad. d’Anacréon en vers, 1712 ; l’Anti-Rousseau, 1712 ; l’Homère vengé, 1715 (contre Lamotte). Gacon avait été de l’Oratoire, et il obtint à la fin de sa vie le prieuré de Baillon.

GACON-DUFOUR (Mme), romancière, née à Paris en 1753, morte en 1835, avait épousé d’abord M. d’Humières, puis M. J. Michel Dufour, avocat, et était fort liée avec Sylvain Maréchal, fameux athée. Elle a donné une quinzaine de romans, tous médiocres, quelques-uns dans le genre historique, la Cour de Catherine de Médicis, 1807 ; Mémoires sur Mmes de La Vallière, de Montespan, etc. ; Correspondance de Mme de Châteauroux, — de plusieurs personnages de la cour de Louis XV ; et quelques écrits utiles sur l’économie domestique et rurale.

GAD (tribu de), une des 12 divisions de la Judée, à l’E. du Jourdain, s’étendait de l’Hiéromax au torrent de Jazer, entre la demi-tribu orient. de Manassé et celle de Ruben, et avait pour v. principales Maspha, Rabbath-Ammon, Rammoth-Galaad et Jabès-Galaad. Elle était ainsi nommée de Gad, 7e fils de Jacob.

GADAMÈS, v. d’Afrique. V. GHADAMÈS.

GADARA, v. puissante de la Palestine, dans la demi-tribu orient. de Manassé, sur l’Hiéromax, devint la capit. de la Pérée, et fit partie de la Décapole.

GADDI (Taddeo), peintre et architecte, né à Florence vers 1300, mort en 1352, étudia près de son père, qui était habile dans la mosaïque, et se perfectionna sous Giotto, dont il était le filleul. Le premier de son temps, il sut donner de l’expression à ses figures. Il l’emporte quelquefois sur Giotto pour la couleur et la vivacité. Comme architecte, il acheva la tour du dôme de Florence, et fit les plans du Ponte Vecchio de cette ville.

GADÈS, auj. Cadix, v. de l’Hispanie (Bétique), dans une île à l’emb. du Bétis, sur le fretum Gaditanum, fut fondée par les Phéniciens. Elle était célèbre par ses danseuses et par son commerce avec Carthage. Hercule y avait un temple fameux. Patrie du consul C. Balbus et de Columelle.

GADITANUM PRETUM, le détroit de Gibraltar.

GAÉLIQUE (Langue), langue que parlaient les anciens Celtes ou Galls (Gaels), habitants primitifs de la Gaule et des Iles britanniques. On la parle encore dans quelques parties de l’Irlande (V. ERSE), dans les highlands de l’Écosse, dans le Pays de Galles et la Basse-Bretagne, où elle est connue sous le nom de bas-breton ou brezonec ; elle se perd de jour en jour.

GAERTNER (Jos.), naturaliste allemand, né en 1732 à Calw (Wurtemberg), m. en 1791, fut professeur d’anatomie à Goettingue, de botanique à Pt-Pétersbourg, parcourut l’Ukraine, et y fit des découvertes importantes en botanique ; revint en 1770 dans sa patrie et alla en 1778 à Londres, où il mourut en 1791. On a de lui : De Fructibus et seminibus, Stuttgard, 1788-91 ; Carpologia, Leips., 1805.

GAETAN ou CAIETAN, nom de deux familles italiennes, l’une de Pise, où elle était à la tête du parti gibelin ; l’autre de Rome, qui donna à l’Église de grands dignitaires, entre autres Boniface VIII.

GAÉTAN (S.), Caietanus, fondateur de l’ordre des Théatins, né à Tiène près de Vicence en 1480, m. en 1547 ; fut d’abord jurisconsulte à Vicence, puis se fit ordonner prêtre. Il se retira à Rome et y fonda en 1524 un nouvel ordre qui fut d’abord désigné sous le nom de Clercs-Réguliers, et qui prit le nom de Théatins, parce qu’il eut pour 1er supérieur l’archevêque de Chiéti (en latin Teate), J. P. Caraffa, depuis pape sous le nom de Paul IV. Gaétan devint supérieur de l’ordre après Caraffa. On le fête le 7 août.

GAÉTAN, cardinal. V. CAIETAN.

GAÈTE, Caieta des anciens, Gaeta en italien, v… de l’anc. roy. de Naples (Terre de Labour), sur la Méditerranée, à 70 k. N. O. de Naples ; 15 000 h. Place forte. Port vaste et bien abrité. Évêché. Belle cathédrale, contenant le tombeau du duc de Bourbon ; plusieurs tours (d’Orlando, Latratina, de Cicéron). Beaucoup d’antiquités : restes d’un temple de Neptune, des villas d’Adrien, de Scaurus, etc. Patrie du cardinal Caiétan et du pape Gélase II. — Cette v. est très-ancienne ; on lui donne les Lestrygons pour fondateurs ; des Grecs de Samos y vinrent ensuite. Selon Virgile, elle tirait son nom de la nourrice d’Énée, Caieta, qui y aurait été enterrée. Elle tomba au pouvoir des Romains en 340 av. J.-C. Antonin le Pieux l’embellit et lui donna un port. Après la destruction de l’empire romain, Gaëte eut des ducs qui devinrent les vassaux de l’Église. Alphonse d’Aragon la prit en 1435 et la réunit au roy. de Naples. Les Français y signèrent en 1504 une capitulation par laquelle ils abandonnaient le roy. de Naples aux Espagnols. Gaëte eut à subir plusieurs sièges remarquables : elle fut prise en 1702 par les Autrichiens, en 1734 par une armée sarde-espagnole, en 1799 et 1806 par les Français, en 1815 et 1821 par les Autrichiens. Pie IX se réfugiai Gaëte en 1848 et y séjourna près d’un an. Le roi de Naples François II s’y retira en 1860, après l’entrée de Garibaldi à Naples ; il y fut assiégé par les Piémontais et capitula le 13 févr. 1861. — Napoléon I donna le titre de duc de Gaëte à Gaudin, son ministre des finances.

GAFFARELLI. V. CAFFARELLI.

GAGE (Thomas), voyageur irlandais du XVIIe s., m. en 1655, était dominicain. Envoyé au Mexique en 1625, il y séjourna 12 ans, prêchant les Indiens, et acquit la connaissance de la langue, des mœurs et de l’histoire du pays. De retour en Angleterre, il embrassa la religion anglicane, poussa ses compatriotes à s’emparer des colonies espagnoles et publia dans ce but en 1648 une Description des Indes occidentales, qui fut traduite en français par Beaulieu en 1676.

GAGE (Thomas), commandant en chef des troupes royales anglaises dans l’Amérique du Nord, et dernier gouverneur du Massachussets pour le roi d’Angleterre, exerça d’odieuses rigueurs contre les colons insurgés, proclama la loi martiale dans Boston après l’issue de la bataille de Lexington, et se vit, après l'affaire de Bunker's-Hill, contraint à se rembarquer pour l'Angleterre. Il y mourut en 1787.

GAGNIER (Jean), orientaliste, né à Paris vers 1670, m. en 1740, était Génovéfain. Il sortit de son couvent, se retira en Angleterre, où il embrassa la religion réformée, s'y maria, et enseigna les langues orientales à Oxford. On a de lui une trad. latine de l’Histoire juive de Joseph-Ben-Gorion, Oxford, 1706; une Vie de Mahomet, en latin, d'après Aboul-féda et Jannab, 1723, ouvrage estimé; une trad. latine d'une partie de la Géographie d'Aboulféda, 1726-27.

GAGUIN (Robert), historien, né à Collines en Artois vers 1440, mort en 1502, fut professeur de théologie, puis supérieur des Mathurins (1473), et remplit diverses missions sous Louis XI, Charles VIII et Louis XII. On a de lui plusieurs ouvrages précieux : une Chronique intitulée Compendium supra Francorum gestis, qui va jusqu'en 1491, Paris, 1497, qu'il continua ensuite jusqu'en 1499 ; une trad. de la Chronique de Turpin, 1527; une prosodie (Ars metrificandi), des Lettres, des Discours, en latin, et une poétique latine, Ars metrica, 1477.

GAIATH-ED-DYN, surnom de plusieurs princes seldjoucides. V. KONIEH (sultanie de), et MAS'OUD.

GAIL (J. B.), laborieux helléniste, né à Paris en 1755, mort en 1829, fut professeur de grec au Collége de France, conservateur des manuscrits grecs et latins de la Bibliothèque impériale, et entra en 1809 à l'Académie des inscriptions, il a contribué à relever l'étude du grec en France lors du rétablissement des études ; cependant la solidité de son érudition a été mise en doute, et ses travaux philologiques obtinrent peu d'autorité. Il a donné des éd. et trad. de Théocrite, 1792, in-8 ; d’Anacréon, 1793, in-8; d’Homère, 1801, 7 vol. in-8; de Xénophon, 1797-1815, 10 v. in-4; de Thucydide, 1807, 10 vol. in-8; une Grammaire grecque, 1798, ouvrage qui fut longtemps classique, et un recueil intitulé le Philologue, en 24 vol. in-8, 1817-28, où il reproduisit une foule de mémoires et opuscules philosophiques publiés à diverses époques. — Sa femme, née Sophie Garre, 1776-1819, s'est fait remarquer par son talent pour la musique. On lui doit les opéras des Deux Jaloux, 1813, et de la Sérénade, et un grand nombre de romances qui eurent la vogue. — Son fils, Franç. G., 1795-1845, professeur d'histoire, a donné des recherches estimées sur le Culte de Bacchus, 1821, et une éd. des Geographi græci minores, 1827-31.

GAILLAC, ch.-l. d'arr. (Tarn), à 23 k. O. d'Alby; 6000 h. Trib., collége. Chapeaux, eau-de-vie, teintureries, futailles, construction de bateaux; vins blancs. Patrie de Vaissette et de Portal; le général d'Hautpoul est né aux environs. — Gaillac existait au VIIIe siècle; Raimond, comte de Toulouse, y fonda en 960 une abbaye de Bénédictins, autour de laquelle se forma la ville. Gaillac était le siège de la juridiction royale du pays des Albigeois.

GAILLARD (Gabriel Henri), littérateur, né en 1726 à Ostel (Aisne), mort en 1806, abandonna la carrière du barreau pour les lettres et publia plusieurs bons ouvrages, qui le firent admettre en 1760 à l'Académie des inscriptions et en 1771 à l'Académie Française. On a de lui : Rhétorique française à l'usage des demoiselles, 1745; Poétique française à l'usage des dames, 1749; Histoire de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, 1757; Hist. de François Ier, 1766-69, 7 vol. in-12; Hist. de Charlemagne, 1782, 4 vol. in-12; Hist. de la rivalité de la France et de l'Angleterre, 1771-74-77, 11 vol. in-12 : c'est son meilleur ouvrage ; Hist. de la rivalité de la France et de l’Espagne, 1801 et l807, 8 vol. in-12. Il a en outre rédigé la plus grande partie du Dictionnaire historique de l'Encyclopédie méthodique, et a composé des Éloges de Descartes, de Corneille, Charles V, Henri IV, et une Vie de Malesherbe, dont il avait été l'ami. Gaillard est un écrivain judicieux ; son style est clair et souvent élégant. Dans ses ouvrages historiques, il a le plus souvent préféré l'ordre des matières (histoire militaire, ecclésiastique, civile, littéraire) à l'ordre chronologique, qui eût montré plus fidèlement la marche et l'enchaînement des événements. Du reste, il recherche la vérité avec ardeur et sagacité.

GAILLON, Castrum Gallionis, ch.-l. de c. (Eure), à 14 kil. S. E. de Louviers; 1200 hab. Anc. résidence royale. Maison centrale de détention. Cette prison occupe l'emplacement du château que le cardinal Georges d'Amboise fit construire de 1502 à 1509. Le beau portique de ce château, qui décore auj. la cour de l’École des beaux-arts à Paris, est dû à Pierre Fain, architecte rouennais. Il ne reste des anc. constructions que le porche d'entrée flanqué de 4 tours, le beffroi de l'horloge, une tour de la chapelle, et les oubliettes. Aux env. était une Chartreuse, fondée par le cardinal de Bourbon; elle fut brûlée en 1764.

GAÏNAS, général goth au service d'Arcadius, empereur d'Orient, fit assassiner le ministre Rufin, à l'instigation de Stilicon (395) ; se fit nommer commandant de la milice romaine, suscita une révolte pour perdre Eutrope, à qui il devait tout, obtint la mort de ce nouveau ministre (399), et domina quelque temps le faible Arcadius. Déclaré à la fin ennemi de l’État, il prit ouvertement les armes, mais il fut battu en Thrace, fut contraint de reculer jusqu'au delà du Danube, et périt de la main des Huns, chez qui il avait cherché un asile, 400.

GAINSBOROUGH, v. et port d'Angleterre (Lincoln), à 25 kil. N. O. de Lincoln sur le Trent; 8000 hab. Cette ville doit son nom à un chef saxon dont Alfred le Grand épousa la fille en 869. Le roi Suénon y fut assassiné en 1013; le général royaliste Cavendish y fut tué dans un combat contre Cromwell.

GAINSBOROUGH (Thomas), peintre anglais, né en 1727 dans le comté de Suffolk, mort en 1788, réussit dans le portrait, mais plus encore dans le paysage. Ses tableaux sont recherchés pour la finesse du coloris et l'agrément des figures.

GAIS, vge de Suisse (Appenzell), à 5 k. N. E. d'Appenzell ; 2600 hab. École normale. Source d'eau minérale. Les Suisses y battirent les Autrichiens en 1405.

GAISFORD (Thomas), helléniste anglais, né en 1780, mort en 1855, professa la littérature grecque à Oxford, et devint en 1847 curateur de la Bibliothèque bodléienne. Il a donné d'excellentes éditions qui lui ont mérité le titre de correspondant de l'Institut : Poetæ minores græci, 1814-21; Stobée, 1822; Hérodote, 1825; Suidas, 1834 ; Parœmiographi græci, 18S4; l’Etymologicum magnum et Théodoret, 1854.

GAIUS, jurisconsulte. V. CAIUS.

GALAAD (pays de), auj. Dschalad, pays montagneux de l'anc. Palestine, à l'E. des monts qui bornent le bassin du Bas-Jourdain, était compris dans les tribus de Ruben, de Gad et de Manassé, ou dans les contrées appelées depuis Pérée et Batanée. Il renfermait Jabès-Galaad et Ramoth-Galaad.

GALAM, capit. d'un État de même nom, en Sénégambie, entre le Sénégal et la Falémé, à 700 kil. E de St-Louis. Établissement français. Galam est le centre du commerce des contrées environnantes : gomme, ivoire, poudre d'or.

GALAN, ch.-l. de c. (Hte-Pyrénées), à 26 kil. E de Tarbes; 1000 hab. Commerce de mules.

GALANTHA, v. de Hongrie (Presbourg), à 46 k. E. de Presbourg; 2000 h. Aux princes d'Esterhazy.

GALAPAGOS (îles), c.-à-d. Iles des Tortues, groupe d'îles du Grand-Océan Equinoxial, s'étend à l'O. des côtes du Pérou, entre 90° 24' et 94° 22' long. O., et entre 1° 43' lat. N. et 1° 25' lat S. La plus grande est Albemarle : ensuite viennent Chatam, Norfolk, Bindlœs, Cowley, etc. On y trouve des tortues de mer délicieuses, mais les tortues de terre sont funestes à la santé. Du reste, ces îles sont stériles et désertes. Cédées en 1855 par la république de l’Équateur aux États-Unis. — On donne aussi le nom de Galapagos à des îlots situés au N. du banc de Bahama.

GALATA, faubourg de Constantinople, au S. de Pera. Plusieurs mosquées ; arsenal de Top-hané. Tour du Christ, élevée par les Génois en 1446, et qui sert à avertir les habitants eu cas d'incendie. Galata appartint quelque temps aux Génois. C'est auj. le quartier des négociants européens.

GALATÉE, Néréide, fille de Nérée et de Doris, fut aimée de Polyphème et d'Acis, et préféra ce dernier au difforme Cyclope. Polyphème, irrité de cette préférence, lança un rocher sur Acis et l'écrasa.

GALATÉE, fille d'un roi de la Celtique, s'éprit d'Hercule qui était venu dans ce pays, et en eut un fils nommé Galatès. Selon Diodore de Sicile, c'est cette Galatée qui aurait donné son nom aux Gaulois.

GALATES, habitants de la Galatie.

GALATIE, Galatia, Gallo-Græcia, sandjakats d’Angourieh et de Kiangari ; anc. contrée de l'Asie-Mineure, bornée au N. par la Bithynie et la Paphlagonie, à l'O. par la Phrygie, à l'E. par le Pont, au S. par la Cappadoce, était arrosée par l'Halys et le Sangarius, et devait son nom aux Galates (ou Gallo-Grecs), mélange de Gaulois et de Grecs qui envahirent l'Asie en 278 av. J.-C. Nicomède I, roi de Bithynie, qu'ils avaient secouru contre Antiochus I, roi de Syrie, leur céda un vaste territoire. Les Galates l'agrandirent encore par leurs conquêtes dans l'Asie-Mineure; mais après qu'Antiochus le Grand, dont ils étaient devenus les auxiliaires, eut été vaincu à Magnésie (190), ils furent eux-mêmes attaqués et surpris par le consul romain Manlius Vulso, 189-180, puis définitivement incorporés à l'empire par Auguste (25 av. J.-C.). On distinguait dans la nation des Galates trois peuplades : les Trocmes à l'E., les Tolistoboïes au S. O., les Tectosages au N. O. Ancyre était leur capitale. Sous les derniers empereurs la Galatie fut divisée en Galatie 1re (Galatia prima ou Proconsularis), ch.-l., Ancyre; et Galatie 2e (Galatia secunda ou Salutaris), ch.-l., Pessinonte. Les Galates, tant qu'ils furent indépendants, étaient régis par des tétrarques, ainsi nommés parce qu'il y avait quatre chefs dans chacune des trois peuplades dont la nation se composait. Ils formaient une sorte d'aristocratie militaire élective. Ils vendaient leurs services à tous les princes voisins. Ils conservèrent leurs mœurs et leur langue jusqu'au IVe siècle de notre ère.

GALATZ, Axiopolis, v. de Moldavie, sur la r. g. du Danube, à 65 kil. O. d'Isman ; 10 000 hab. Port franc, où entrent de gros bâtiments ; bateaux à vapeur pour Vienne, Widdin, Orsowa, Silistrie, Varna, Constantinople et Trébisonde. Entrepôt du commerce de la Valachie et de la Moldavie avec Constantinople. Bataille entre les Russes et les Turcs en 1789 : ces derniers y furent défaits et la ville fut prise. Des préliminaires de paix y furent signés en 1791.

GALBA (Sergius ou Servius Sulpitius), préteur en Lusitanie l'an 161 av. J.-C, ayant été vaincu, se vengea des vainqueurs en feignant de traiter avec eux et en les faisant massacrer par trahison : il alluma par cette perfidie la guerre de Viriathe. Accusé à Rome pour cette conduite déloyale, il parvint à se soustraire à la condamnation par son éloquence pathétique, et fut même dans la suite nommé consul (144 av. J.-C.). Cicéron cite Galba comme le meilleur orateur de son temps.

GALBA (Servius Sulpitius), empereur romain, né près de Terracine, l'an 4 av. J.-C. Après avoir été consul sous Tibère, l'an 30 de J.-C., il commanda les armées de Germanie ; fut, sous Claude, gouverneur de l'Afrique, puis, sous Néron, gouverneur de l'Espagne Tarraconaise. Redoutant l'influence que Galba s'était acquise par ses vertus, Néron allait l'immoler à son inquiète jalousie, quand celui-ci le prévint en se révoltant, 68. Proclamé empereur en Espagne, il fut peu après reconnu de tout l'empire. Sa sévérité et son avance le rendirent bientôt odieux aux prétoriens, auxquels il avait refusé le donativum. Othon, qui n'avait pu se faire choisir par Galba pour son successeur, profita de ces dispositions du peuple à son égard pour le faire assassiner, ainsi que Pison, son fils adoptif, et se fit proclamer à sa place. Galba n'avait régné que huit mois. C'était un prince doué de grandes qualités : on a dit de lui qu'on l'aurait toujours cru digne de l'empire s'il n'eût jamais été empereur. Plutarque a écrit sa Vie.

GALE (Théophile), théologien anglais non-conformiste, né en 1628 dans le comté de Devon, mort à Londres en 1678, est auteur d'un ouvrage singulier intitulé : la Cour des païens (the Court of the Gentiles), Oxford, 1669-77, où il veut prouver que les sages du paganisme ont emprunté des Écritures saintes non-seulement leur théologie, mais même leur philosophie. On a encore de lui : Philosophia universalis, 1676, et quelques autres ouvrages.

GALE (Thomas), savant anglais, né dans le comté d'York en 1636, mort en 1702, doyen d'York, fut professeur de grec à l'Université de Cambridge et membre de la Société royale de Londres. On lui doit : Opuscula mythologica, ethica et physica (fragm. de Paléphate, Ocellus, Héraclite, Théophraste, etc.), Cambridge, 1671, Historiæ poeticæ scriptores antiqui (Apollodore, Conon, Parthénius, Antoninus Liberalis, etc.), 1675, Rhetores selecti, 1676 ; Iamblichus de mysteriis, grec et latin, 1678 ; Historiæ anglicanæ scriptores quinque, 1687, in-fol. ; Historiæ britannicæ saxonicæ, anglo-danicæ scriptores XV, 1691. Il avait préparé une édition de l’Iter britannicum d'Antonin, qui a été publiée par Roger Gale, son fils, Londres, 1709.

GALEAS. V. VISCONTI et SFORZA.

GALÈRE, C. Galerius Valerius Maximianus, empereur romain, né en Dacie, fut d'abord berger, ensuite soldat, et par son courage devint général. Dioclétien l'adopta, lui fit épouser sa fille et le nomma césar avec Constance Chlore, l'an 292. Envoyé contre Narsès, roi des Perses, en 296, il fut d'abord battu par ce général ; mais ensuite il le vainquit à son tour, et le contraignit à demander la paix. En 305, il força par ses menaces Dioclétien et Maximien d'abdiquer, et devint, avec Constance Chlore, maître de l'empire. Il se réserva l'Orient et l'Italie. Constance étant mort au bout d'un an, Galère eut pour collègue Constantin, fils de ce prince, auquel il ne voulut conférer que le titre de césar, mais qui se fit proclamer auguste par les soldats. Maxence ayant pris la pourpre dans l'Italie, Galère marcha contre lui ; mais il fut vaincu. Peu après, il fut attaqué d'un ulcère épouvantable, et mourut à Sardique en Dacie, l'an 311. Animé d'une haine implacable contre les Chrétiens, Galère arracha en 304 à Dioclétien l'édit de persécution qui ensanglanta la fin de ce règne; il les persécuta lui-même cruellement.

GALESUS, auj. Galeso, petite riv. de l'anc. Calabre (Terre d'Otrante), qui se jette dans le golfe de Tarente après 20 k. de cours, a été célébrée par Virgile (Géorg., IV, 126), et par Horace (Od., II, VI. 10).

GALETTI (J. G. Aug.), historien allemand, né à Altenbourg en 1750, mort en 1828, fut professeur au gymnase de Gotha, puis conseiller aulique et historiographe du duc de Saxe-Gotha. On lui doit : Histoire du duché de Gotha, Gotha, 1781 ; Hist. de la Thuringe, 1782-85; Hist. d'Allemagne, 1785-95; Hist. d'Espagne et de Portugal, 1809-10 ; Hist. de la civilisation des trois derniers siècles, 1814.

GALGACUS, chef des Calédoniens, résista longtemps aux Romains commandés par Agricola. Acculé à l'extrémité du pays, il succomba enfin, avec presque tous les siens, dans une grande bataille, livrée en 84 de J.-C., au lieu appelé auj. Stone-Haven. Tacite met dans la bouche de Galgacus un discours admirable que ce chef adresse à ses troupes au moment du dernier combat.

GALGALA, auj. Gilgal, v. de la tribu de Benjamin, à l'E. de Jéricho, où les Israélites s'arrêtèrent après avoir passé le Jourdain et où Saül fut salué roi

GALIANI (l'abbé Ferd.), né en 1728, à Chieti (Abruzze-Citérieure), mort en 1787, s'est distingué comme littérateur, antiquaire et surtout comme économiste. Il fonda sa réputation par un grand ouvrage sur la Monnaie, qu'il fit paraître à Naples en 1749, et fut un des premiers à exhumer les richesses archéologiques d'Herculanum. Envoyé en l759 à Paris par le roi de Naples comme secrétaire d'ambassade, il s'y vit partout recherché à cause de son esprit et de sa vivacité; il se lia particulièrement avec Grimm et Diderot. Pendant son séjour à Paris, il composa en français, à l'occasion d'une disette, des Dialogues sur le commerce des blés (1770), écrits piquants, qui étaient dirigés contre les économistes de l'époque et qu'on regarde comme un chef-d'œuvre de raison et de plaisanterie. Rappelé à Naples en 1769, il y remplit avec succès les plus hauts emplois. Il a laissé un Commentaire sur Horace, publié à Paris en 1821, à la suite de la trad. d’Horace de Campenon, et un volumineux recueil de lettres, dont il n'a paru que sa Correspondance avec Mme d'Épinay, Paris, 1818.

GALICE, anc. prov. de l'Espagne, portant auj. le titre de capitainerie générale, et formant jadis un royaume particulier, est située à l'angle N. O. de la Péninsule, entre l'Océan Atlantique au N. et à l'O., la Portugal au S. et les prov. de Valladolid, Léon et Asturies à l'E., a 220 k. sur 200 et 1 795 199 hab. ; elle avait pour capit. générale Santiago. Depuis 1833 elle est subdivisée en 4 prov. : la Corogne au N. O., Pontevedra au S. O., Orense au S. E., et Lugo au N. E. Les côtes de la Galice sont très-découpées : elles offrent de nombreuses baies et quelques bons ports : la Corogne, le Ferrol, Vigo. La chaîne des monts Cantabres couvre de ses ramifications la Galice tout entière; plusieurs rivières y prennent leur source : l'Oro, le Méa, l'UUa et le Tamboga; le Minho en arrose la partie méridionale. La culture est peu avancée et les céréales rares ; mais les montagnes sont couvertes de forêts où abonde le gibier; les porcs de la Galice sont très-recherchés; sur les côtes la pêche est très-productive. Le fer, l'étain et le plomb se trouvent en assez grande quantité dans les montagnes; autrefois les Romains y exploitaient plusieurs mines d'or et d'argent. Les Galiciens sont robustes, laborieux, et peuvent être comparés à nos Auvergnats. — La Galice fut jadis habitée par les Callaici, issus sans doute des Galls ou Gaulois. Ils défendirent avec énergie leur indépendance contre les Carthaginois, qui ne purent les soumettre, puis contre les Romains. Ils furent compris dès l'an 197 av. J.-C. dans la prov. d'Espagne citer., assujettis 60 ans plus tard par Brutus le Gallaïque, et rangés par Auguste dans la Tarraconaise. Au IIe siècle de J.-C., Adrien rendit à ce pays son ancien nom; mais alors la Gallæcia, outre la Galice actuelle, comprenait une partie du Portugal jusqu'au Duero, avec les Asturies, la Biscaye, et une partie des prov. de Léon et de Castille. En 409, la Galice fut occupée par les Suèves : ils y fondèrent un vaste royaume qui embrassa un moment la Lusitanie et la Bétique. Après de longues guerres, ce royaume fut détruit en 585 par les Visigoths, qui y luttèrent courageusement contre l'invasion des Maures. Soumise au VIIIe siècle par les rois des Asturies, qui lui imposèrent des comtes, la Galice fut érigée en royaume particulier par Ferdinand le Grand, roi de Léon et de Castille, pour son 3e fils, Garcie, en 1065, mais elle fut dès 1073 réunie de nouveau à la Castille; néanmoins les seigneurs de cette contrée restèrent presque indépendants jusqu'au règne de Ferdinand V, le Catholique, qui en 1480 l'arracha au joug féodal; depuis, elle n'a plus été considérée que comme une prov. de l'Espagne, tout en conservant son titre de royaume.

GALICE (NOUV.-), anc. division du Mexique sous la domination espagnole, portait le titre de royaume. Elle a depuis formé l'intendance de Guadalaxara et partie de celles de Zacatecas et de San-Luis de Potosi.

GALICIE (Royaume de), en allemand Galizien, dite aussi Russie rouge et Lodomirie, partie de la monarchie autrichienne, entre la Pologne russe au N., la Russie et la Moldavie à l'E., la Moravie et la Silésie à l'O., la Hongrie et la Transylvanie au S. : 590 kil. sur 170; env. 5 000 000 d'hab. ; ch.-l. Lemberg. On la divise en 19 cercles: Lemberg, Wadovice, Bochnia, Sandec, Iaslo, Tarnow, Rzesznow, Sanok, Sambor, Przémysl, Zolkiew, Zloczow, Tarnopol, Brzezani, Stry, Stanislawow, Czortkow, Kolomea, Czernowitz; Cracovie y a été incorporée en 1846. Depuis cette incorporation, la Galicie a formé 2 gouvts, Galicie occid., capit. Cracovie; G. orient., capit. Lemberg. Cette prov. possède un archevêché catholique, à Lemberg, et 2 évêchés suffragants, à Przémysl et à Tarnow, Il y a en outre un évêché arménien à Lemberg et un évêché grec à Czernowitz. Sol plat au N. et à l'O., plus montagneux à l'E., et surtout au S., où il est appuyé à la chaîne des Carpathes. Rivières principales : la Vistule, le Boug, le Pruth, le Dniestr et plusieurs affluents de ces rivières. Terroir fertile en grains, lin, chanvre, tabac, plantes oléagineuses, légumes, fruits; mais l'agriculture est arriérée. Gros bétail, bons chevaux, abeilles. Fer, cuivre, plomb argentifère, mais surtout sel gemme, qu'on y trouve en prodigieuse abondance. — Le nom de Galicie est tout moderne : le pays ne porte ce nom que depuis sa réunion à l'Autriche, en 1772; il portait autrefois le nom de Russie rouge, et primitivement celui de Chrobatie rouge ou Czerniensk (pays rouge). Au Xe siècle, il faisait partie des États de Miécislas I, roi de Pologne; il fut envahi à la fin du même siècle par le duc de Kiew, Wladimir ou Wlodimir le Grand. À cette époque la Russie Rouge reçut le nom de Lodomirie. Plusieurs princes y formèrent alors des États indépendants, parmi lesquels on remarque le duc de Halicz (du nom duquel est dérivé le nom moderne de Galicie). En 1198, Roman, descendant de Wladimir, réunit toute la Lodomirie; mais il fut tué à la bataille de Zawichost en 1206. Au milieu des guerres qui suivirent sa mort, André II, roi de Hongrie, fit couronner roi de Halicz et de Wlodimir (de Galicie et de Lodomirie) Coloman, son 2e fils (1214) ; mais il ne parvint jamais à le mettre en possession de sa couronne. Daniel, fils de Roman, se défit de ses compétiteurs (1246), et transmit sa couronne à Léon, son fils, qui fonda Léopol (auj. Lemberg), et mourut en 1301. En 1340, Casimir, roi de Pologne, réunit définitivement cette contrée à ses États, et elle suivit dès lors les destinées de la Pologne. Lors du 1er partage de ce royaume, en 1772, l'Autriche fit valoir les droits qu'elle prétendait lui avoir été légués par André, roi de Hongrie; à ce titre, elle réunit la Russie Rouge à son empire et lui imposa le nom de Galicie. En 1809, les Polonais reconquirent la Galicie et elle fut réunie au grand-duché de Varsovie; mais après 1814, la Galicie fut rendue à l'Autriche, qui en forma un royaume. En 1846, elle s'insurgea, mais elle fut bientôt réduite, et vit appesantir son joug.

GALIEN (Claude), Galenus, célèbre médecin grec, né à Pergame l'an 131 de J.-C., mort vers 200, était fils de Nicon, habile architecte, qui lui donna le surnom de Galenus (doux), sans doute à cause de la douceur de son caractère. Il s'adonna d'abord à la philosophie, surtout à celle d'Aristote; puis se consacra à la médecine, voyagea pour se perfectionner, séjourna plusieurs années dans Alexandrie, où il fit une étude profonde de l'anatomie, puis exerça son art à Pergame, et vint à Rome à trente-quatre ans. Il s'y fit bientôt distinguer, et devint médecin des empereurs Marc-Aurèle, Vérus et Commode. On croit qu'il retourna à Pergame à la fin de sa vie. Galien est, après Hippocrate, le premier médecin de l'antiquité; il s'est attaché à faire revivre la doctrine du vieillard de Cos, et il a composé lui-même une foule d'écrits qui formaient un corps complet d'études médicales ; il possédait beaucoup de connaissances en anatomie ; cependant il paraît n'avoir disséqué que des animaux. Plusieurs de ses écrits sont perdus. Les principaux de ceux qui nous restent sont : en anatomie, De anatomicis administrationibus; De usu partium, son chef-d'œuvre, qui est, comme il le dit, un hymne à l'auteur du corps humain ; pour la médecine : De constitutione artis medicæ; 14 livres de Thérapeutique; des Commentaires sur divers écrits d'Hippocrate; un traité De locis affectis; le traité de la saignée, De curandi ratione per sanguinis missionem. Il avait aussi écrit sur d'autres sciences, notamment sur la philosophie; il inventa la 4e figure du syllogisme; on a sous son nom un traité de l’Histoire de la philosophie et une Dialectique (retrouvée en 1844 par Minoïde Mynas). Il est à regretter que Galien ne se soit pas entièrement garanti de l'esprit d'hypothèse; il expliquait tout en médecine, comme en physique, par 4 éléments, l'eau, l'air, la terre, le feu; par 4 qualités physiques, le chaud, le froid, l'humide, le sec; et par 4 humeurs : sang, bile, pituite, atrabile, qui, mélangées en diverses proportions, forment tous les tempéraments; il admettait pour rendre compte des phénomènes de la vie un esprit vital. Son style est en général élégant et abondant, mais il n'a pas la simplicité et la concision d'Hippocrate. Ses écrits sont restés pendant bien des siècles l'oracle de l'école, chez les Arabes comme en Europe. Ils ont été cent fois publiés et commentés. Les principales éd. sont celles de René Chartier, grec-latin, Paris, 1639-79, 13 vol. in-fol. (avec Hippocrate), et de G. Kühn, Leipsick, 1821-33, gr.-lat., 20 vol. in-8. M. le Dr Daremberg en a entrepris la trad. complète en français, Paris, 1854, et années suivantes.

GALIGAI (Leonora). V. CONCINI.

GALILÉE (la), Galilæa, une des quatre grandes divisions de la Palestine, la plus septentrionale, était bornée au N. par le cours du Léonte et par le Liban qui la séparaient de la Phénicie, à l'E. par le Jourdain et le lac de Tibériade ou mer de Galilée, au S. par les chaînes des monts Gelboé et Carmel, à l'O. par la Méditerranée. Elle comprenait les tribus de Nephtali, Aser, Dan et Zabulon, avait pour ch.-l. Sepphoris ou Diocésarée, et renfermait en outre les v. d'Acco ou Ptolémaïs, Nazareth, Cana, Béthulie, Capharnaüm. Elle se divisait en Galilée supérieure (Galilæa superior, Galilæa populosa, Galilæa Gentium), habitée par un mélange d'Égyptiens, d'Arabes et de Phéniciens; et Galilée inférieure (Galilæa inferior), autour du lac de Tibériade. Comprise dans le roy. d'Hérode, elle devint à la mort de ce prince le partage de son fils Philippe, qui la gouverna pendant toute sa vie. Réunie momentanément à l'empire romain en 34, elle fut donnée par Caligula au petit-fils d'Hérode, Agrippa, à la mort duquel, en 44, elle fut de nouveau réduite en prov. romaine, avec tout le reste de la Palestine, sous le nom de Judée. Dans les derniers temps de l'empire, elle fit partie de la Palestine 1re, qui dépendait du diocèse et de la préfecture d'Orient. Elle est auj. comprise dans le pachalik d'Acre en Syrie. Les Orientaux l'appellent Beled-el-Boukra (pays de l'Évangile). — Souvent on donne à J.-C. le nom de Galiléen, parce qu'il fut élevé à Nazareth, v. de Galilée, et qu'il fit en Galilée ses premiers miracles; de là aussi le nom de Galiléens donné aux Chrétiens.

GALILÉE (mer de), ou de TIBÉRIADE. V. TIBÉRIADE.

GALILÉE (Empire de). On nommait ainsi une association qu'avaient formée au XVe s. les clercs des procureurs de la Chambre des comptes de Paris, pour se distinguer des clercs des procureurs au parlement, qui s'étaient constitués en Royaume de la Basoche. Ce nom leur venait de ce qu'ils se réunissaient dans la rue de Galilée qui longeait les bâtiments de la Chambre des comptes, et où habitaient beaucoup de Juifs. Cette bizarre association dura jusqu'en 1789.

GALILÉE, Galileo Galilei, né en 1564 à Pise, d'une famille noble, mais pauvre, fut destiné par son père à la médecine, mais abandonna bientôt cette étude pour celle des sciences mathématiques vers lesquelles l'entraînait un goût naturel. Il y fit de tels progrès que dès l'âge de vingt-quatre ans, il fut nommé par la protection des Médicis professeur de mathématiques à l'Université de Pise. Inquiété dans cette ville à cause de la hardiesse de ses idées en physique, qui étaient contraires aux doctrines reçues, il résigna sa chaire en 1592; mais peu après, il fut nommé professeur à Padoue et obtint dans cette ville de grands avantages. Il y fit ses découvertes les plus importantes. Après avoir enseigné une vingtaine d'années à Padoue, il vint se fixer à Florence sur les instances du grand-duc de Toscane, et jouit auprès de ce prince d'une grande faveur. Mais la fin de sa vie fut empoisonnée. Ayant publié un ouvrage dans lequel il exposait, selon Copernic, le mouvement de la terre et l'immobilité du soleil, il se vit, en 1633, dénoncé au tribunal de l'inquisition de Rome : on l'accusait d'être en contradiction avec la Bible. Condamné à l'âge de 70 ans, il fut contraint d'abjurer ses doctrines à genoux et fut privé de sa liberté pour un temps indéfini. On dit qu'après avoir prononcé l'abjuration, il ne put s'empêcher de dire à demi-voix : E pur si muove (et pourtant elle se meut). Il n'est pas vrai, du reste, qu'il ait été, comme on le croit vulgairement, plongé dans les cachots de l'inquisition, et qu'il soit mort en captivité. On lui donna pour prison le logement même d'un des officiers supérieurs du tribunal, mais toujours sous la surveillance du saint-office ; il lui fut même permis quelque temps après de résider dans une maison de campagne auprès de Florence, et d'y poursuivre ses études. Néanmoins il ne voulut plus rien publier depuis. Il perdit la vue à l'âge de 74 ans, et mourut 4 ans après, en 1642. Galilée fut le véritable créateur de la physique expérimentale : on lut doit la découverte des lois de la pesanteur, l'invention du pendule (qui lui fut suggérée un jour par les oscillations isochrones d'une lampe suspendue à la voûte de l'église de Pise), celle de la balance hydrostatique, d'un thermomètre, du compas de proportion, et enfin du télescope qui porte encore son nom (1609) : avec ce dernier instrument, il fit une foule d'observations (entre autres celles des satellites de Jupiter, 1610), qui changèrent la face de l'astronomie. Ses principaux ouvrages sont: Sidereus nuntius, Florence, 1610, où il expose ses découvertes astronomiques; Quatre dialogues sur les systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic, en italien, 1632, trad. en latin par Bernegger, Strasbourg, 1656; cet ouvrage est considéré comme un chef-d'œuvre pour le style aussi bien que pour la science : c'est celui qui fournit les motifs de sa condamnation; Dialogues sur le mouvement et sur la résistance des fluides, imprimé à Leyde en 1638, par les soins du comte de Noailles, ambassadeur de France à Rome; Epistolæ tres de conciliatione sacræ Scripturæ cum systemate telluris mobilis, 1649, posth. Ses Œuvres ont été réunies à Milan, 1808, 13 vol. in-8. M. Alberi en a publié à Florence une édit. plus complète, sur des mss. récemment retrouvés, 1843-46, 20 vol. in-8.

GALIN (P.), musicien, né à Bordeaux en 1786, mort à Paris en 1822, inventa une méthode nouvelle pour simplifier l'enseignement de la musique, qu'il appela Méloplaste, et la développa dans l'écrit intitulé : Exposition d'une nouvelle méthode pour l'enseignement de la musique, Bordeaux et Paris, 1818. Cette méthode, renouvelée de J. J. Rousseau et dans laquelle l'étude du rhythme est séparée de celle de l'intonation, a été depuis propagée et perfectionnée par MM. Paris et Chevé.

GALITCH ou GALITZ, v. de Russie d'Europe (Kostroma), à 116 kil. N. E. de Kostroma; 6000 hab. Fondée en 1152 par le grand-duc George Dolgorouki. On croit que c'est cette ville qui a donné son nom à la famille Galitzin.

GALITZIN (maison de), illustre famille russe, issue à la fin du XVe siècle de Michel Ivanovitch Boulgakof, qui descendait lui-même des grands princes de Lithuanie. Boulgakof avait reçu le surnom de Galitza (c.-à-d. gantelet), d'un gant de cuir qu'il avait coutume de porter à la main droite ; suivant d'autres, ses descendants prirent leur nom de la v. de Galitz.

GALITZIN (Wasili), dit le Grand, seigneur russe, né en 1633, devint en 1680 ministre du czar Fédor Alexiovitz, et lui persuada d'abolir les titres de noblesse afin de n'avancer que le mérite. Tout-puissant sous la régente Sophie, dont il était l'amant, il comprima une révolte des Strélitz (1682), conclut en 1686 la paix de la Pologne, envoya une ambassade en France, mit un terme aux incursions des Tartares de la Crimée (1688), et prépara la civilisation de son peuple. Accusé en 1689 d'avoir conspiré avec la régente contre la vie du jeune prince Pierre (Pierre I), il fut envoyé en exil. Il mourut en 1713 dans un couvent de Moscou. — La famille Galitzin a fourni sous les règnes suivants des généraux et des administrateurs distingués, entre autres : le prince Michel G., gouverneur de la Finlande en 1703, feld-maréchal en 1724, qui prit part aux négociations qui amenèrent la paix de Nystadt; — Alexandre G., qui battit les Turcs à Choczim en 1769, et fut nommé par Catherine II maréchal et gouverneur de Moscou; — le prince Dimitri G., ambassadeur en France (1765), puis en Hollande, qui fut lié avec les hommes les plus illustres de l'époque; il publia plusieurs ouvrages scientifiques, entre autres une Description de la Tauride, en russe (trad. en franç. en 1788), et donna en Hollande une édition complète des œuvres d'Helvétius. Il mourut à Brunswick en 1803. — La famille Kourakin tient à cette maison, comme issue d'un frère de Michel Ivanovitch, tige de la famille des Galitzin.

GALL (S.), né en Irlande dans le VIe siècle, fut disciple de S. Colomban, qu'il accompagna en France en 585; se retira plus tard en Suisse, y fonda, à 8 k. du lac de Constance, le célèbre monastère qui prit son nom (V. ST-GALL), et mourut en 646. Il avait été nommé évêque de Constance, mais il refusa cette dignité. On le fête le 16 oct. — Un autre S. Gall, évêque de Clermont, né vers 489, mort en 554, se fit remarquer, par son savoir et sa piété, du roi d'Austrasie Thierry Ier, qui l'appela à sa cour. On l'hon. le 1er juillet. Sa Vie a été écrite par Grégoire de Tours, qui était son neveu.

GALL (Franç. Jos.), fondateur de la cranioscopie, né en 1758 à Tiefenbrunn près de Pforzheim (grand-duché de Bade), mort en 1828 à Montrouge près Paris, était fils d'un marchand. Il se fit recevoir médecin à Vienne en 1785, exerça quelque temps dans cette ville, y jeta les fondements de la doctrine à laquelle son nom est attaché, et commença, en 1796, à l'exposer dans des cours particuliers. Inquiété à Vienne pour ses opinions, il vint à Paris en 1807, et y reçut un si bon accueil qu'il se fit naturaliser français (1819). Il fit pendant longtemps à l'Athénée des cours publics qui popularisèrent sa doctrine. Il prétendait que les instincts, les facultés et les qualités intellectuelles ou morales sont attachés chacun à quelque partie du cerveau, et il chercha à découvrir le siége ou l'organe de chaque faculté, pensant que toutes sont reproduites par la forme extérieure du crâne. Les facultés fondamentales qu'il admettait sont au nombre de 27 ; 1° instinct de la reproduction ; 2° amour de la progéniture; 3° attachement; 4° courage ou instinct de la défense; 5° penchant à la destruction et au meurtre; 6° ruse; 7° instinct de la propriété et penchant au vol; 8° orgueil; 9° vanité; 10° circonscription; 11° mémoire des choses; 12° sens des localités; 13° mémoire des personnes; 14° mémoire verbale; 15° sens du langage; 16° sens de rapport des couleurs et talent de la peinture; 17° sens des rapports musicaux ou talent de la musique ; 18° sens du rapport des nombres ou talent mathématique; 19° sens de la mécanique et talent de l'architecture; 20° sagacité comparative; 21° esprit métaphysique; 22° esprit caustique ou de saillie; 23° talent poétique; 24° bienveillance et sentiment du juste; 25° mimique; 26° sentiment religieux; 27° fermeté. Il assigne aux facultés animales et grossières les parties postérieures et latérales de la tête, aux facultés intellectuelles la partie antérieure, aux qualités morales le sommet. La doctrine de Gall, connue auj. sous le nom de Phrénologie, a trouvé de nombreux partisans et d'ardents contradicteurs ; on l'a attaquée avec l'arme du ridicule et avec celle de la raison; les métaphysiciens et les théologiens l'ont accusée de conduire au matérialisme et au fatalisme; d'ailleurs, ses partisans ne sont pas d'accord sur l'emplacement des organes, sur leur nombre, sur la classification des facultés (V. SPURZHEIM). Quoi qu'il en soit, on ne peut contester que Gall ait avancé l'anatomie et la physiologie du cerveau. Son ouvrage fondamental est le suivant: Anatomie et physiologie du système nerveux en général et du cerveau en particulier, avec des observations sur la possibilité de reconnaître les dispositions intellectuelles et morales par la configuration de la tête, 1810-20, 4 vol in-4 et in-fol., et 1822-25, 6 vol. in-8, avec un atlas de 100 planches in-fol. Parmi les nombreux écrits où cette doctrine est combattue, on remarque ceux de M. Lélut, membre de l'Institut : Qu'est-ce que la Phrénologie? 1835; Rejet de l'organologie phrénologique, 1843; et le livre de M. Ad. Garnier intitulé : la Psychologie et la Phrénologie comparées, 1839.

GALLAIS (J. Pierre), écrivain politique, né en 1766 à Doué près de Saumur, mort en 1820, était entré jeune chez les Bénédictins. Il combattit la Révolution dans des brochures hardies, concourut à la rédaction de la Quotidienne, puis du Journal de Paris, et fut nommé en 1800 professeur d'éloquence et de philosophie à l'Académie de législation. 11 fut un des premiers à attaquer Napoléon en 1814. L'empereur Alexandre le choisit pour son correspondant littéraire. Outre plusieurs écrits de circonstance, on lui doit l’Histoire du 18 brumaire, et une suite à l’Histoire de France d'Anquetil jusqu'en 1815.

GALLAND (Ant.), orientaliste, né en 1646 à Rollot près de Montdidier, mort en 1715, accompagna en 1670 Nointel, ambassadeur a Constantinople ; fit depuis deux autres voyages en Orient, pendant lesquels il se perfectionna dans l'étude du grec et de l'arabe, et exécuta, avec le titre d’antiquaire du roi, un grand nombre de recherches archéologiques ; fut admis en 1701 à l'Académie des inscriptions, et devint en 1709 professeur d'arabe au Collége de France. Il est surtout connu par les Mille et une Nuits, charmant recueil de contes qu'il traduisit de l'arabe, 1704-8, 12 vol. in-12. On a encore de lui : Paroles remarquables, bons mots et maximes des Orientaux, 1694, Contes et fables de Pidpaï et Lokman, 1724, et une foule de dissertations sur des médailles grecques ou romaines et sur divers points d'archéologie.

GALLAND (André), oratorien, né à Venise en 1709 de parents français, mort en 1779, employa la plus grande partie de sa vie à publier une précieuse collection des Pères : Bibliotheca græco-latina veterum patrum antiquorumque scriptorum Ecclesiæ, Venise, 1765-81, 14 vol. in-fol. On y trouve 380 écrivains des sept premiers siècles.

GALLAPAGOS. V. GALAPAGOS.

GALLARATE, v. de Lombardie, à 35 kil. N. O. de Milan; 3900 hab. Fondée, dit-on, par une légion romaine nommée Gallerita. Fortifiée et florissante au Xe siècle; ses fortifications ont été détruites au XIIIe.

GALLAS, peuple nomade de l'Afrique, répandu sur les confins de l'Abyssinie méridionale, domine depuis le XVIe siècle dans les États de Gondar, Ankober, Amhara, Angot, etc. Ils sont féroces et belliqueux; ils se distinguent des autres nègres par une teinte moins foncée et par leurs cheveux, qui sont longs et non crépus.

GALLAS (Mathias), feld-maréchal d'Autriche, né en 1589 dans le comté de Trente, mort à Vienne en 1647, servit sous Wallenstein, refusa d'entrer dans les projets ambitieux de ce général contre l'empereur Ferdinand II, et les dénonça à ce prince dont il se concilia ainsi la faveur. Général en chef de l'armée envoyée contre la France en 1636, il s'avança sans obstacles jusqu'à St-Jean-de-Losne en Bourgogne; mais il ne put prendre cette place, qui cependant n'était défendue que par une faible garnison, et dut battre en retraite à l'approche du grand Condé. En 1644, il fit également contre les Suédois une campagne malheureuse, qui lui mérita, dit Puffendorf, la réputation d'être le premier général du monde pour perdre une armée.

GALLE, famille hollandaise qui a fourni plusieurs artistes distingués : Philippe, dessinateur et graveur, né à Harlem en 1537, mort à Anvers en 1612, qui grava les chefs-d'œuvre de Breughel, de Stradan, etc. ; — Théodore, fils aîné de Philippe, né à Anvers en 1560, qui grava d'après Rubens et Martin Vos; — Corneille, dit le Vieux, fils puîné de Philippe, et le plus célèbre de ceux qui portèrent ce nom : il naquit à Anvers vers 1570, visita l'Italie, grava d'après Van-Dyck, Rubens, Raphaël, Carrache, etc., ou d'après ses propres dessins, et se fit surtout remarquer par la correction, la facilité et le bon goût de ses dessins; — Corneille, dit le Jeune, fils du préc., né à Anvers en 1600 : il n'eut pas le talent de son père.

GALLE (André), graveur en médailles, né à St-Étienne en 1761, mort en 1844, fut d'abord simple ouvrier chez un fabricant de boutons, commença la pratique de son art en gravant des ornements sur les fusils de chasse, vint à Paris vers 1798, révéla son talent par une belle médaille de la Conquête de la haute Égypte et consacra depuis son burin aux grands événements de l'époque : Retour d’Égypte, Bonaparte à Fréjus, Couronnement de Napoléon, Friedland, Entrée de Louis XVIII à Paris, Départ de la duchesse d'Angoulême, Conquête d'Alger, Translation des cendres de Napoléon, etc. Ses œuvres sont des modèles de précision, de netteté et en même temps d'exactitude historique. M. Raoul-Rochette a lu à l'Institut, en 1848, une Notice sur Galle.

GALLÉCIE, Gallœcia. V. GALICE.

GALLÉGO, riv. d'Espagne, descend des Pyrénées et se jette dans l'Èbre à Saragosse; env. 130 k.

GALLES, prêtres de Cybèle, ainsi appelés d'un certain Gallus, leur fondateur, qui paraît n'être autre qu'Atys (V. ce nom), ou du Gallus, fleuve de Phrygie, affluent du Sangarius. En se faisant initier, ils se mutilaient eux-mêmes. Ils couraient de ville en ville, portant l'image de la déesse, jouant des cymbales ou sonnant de la trompette, et semblaient agités d'une fureur divine pendant laquelle ils chantaient des cantiques sacrés appelés galliambes. Ils prédisaient l'avenir et recevaient en échange de nombreuses aumônes. Leur chef se nommait archigalle. Ces prêtres fanatiques et vagabonds, dont la Phrygie et la Galatie furent le berceau, se répandirent dans tout l'empire romain. Ils s'introduisirent à Rome en 206 avant J.-C., et y apportèrent la statue de Cybèle.

GALLES (Principauté de), Wales en anglais, Cambria chez les anciens, contrée située dans la partie occidentale de la Grande-Bretagne, a pour bornes au N. la mer d'Irlande, à l'O. le canal St-Georges, au S. le canal de Bristol, et à l'E. les comtés de Monmouth, de Hereford, de Shrop et de Chester : 65 k. sur 140; 1 200 000 hab., de race celtique. Cette principauté se divise en 12 comtés (V. ANGLETERRE). Le pays est hérissé de hautes montagnes, qu'entrecoupent des vallées profondes et qui s'étendent du S. O. au N. O.; ces montagnes sont peu élevées : la principale, le Snowdon, n'a que 1084m. L'air y est vif et froid, mais salubre. Les montagnes renferment des mines de houille inépuisables; les métaux s'y trouvent également en abondance : l'argent et le cuivre à Caernarvon, le plomb à Cardigan, le fer dans tout le sud. L'agriculture est peu avancée; l'industrie consiste surtout dans la métallurgie et dans la fabrication de flanelles. Les habitants des montagnes parlent encore un idiome particulier, issu de l'anc. celte ou gaélique (V. GAÉLIQUE); en outre, ils ont conservé l'originalité de leur caractère et une partie de leurs mœurs : ils sont bons, hospitaliers, vifs, irascibles et superstitieux. — La principauté de Galles fut probablement peuplée par une colonie de Gallo-Kymris sortis de la Bretagne continentale : d'où le nom de Galles ou Wales, et celui de Kymbery ou Cambria qu'on lui donnait anciennement. Les principaux peuples qui l'habitaient au temps des Romains étaient les Ordovices au N. et les Silures au S. Les Romains firent de vains efforts pour les soumettre. Suetonius Paulinus occupa un instant le nord de la contrée; mais au S. les Silures attaquèrent les Romains, et, sous la conduite de Caractacus, ils résistèrent courageusement aux efforts d'Agricola. Lorsque les Romains quittèrent la Grande-Bretagne (411), les Cambriens formèrent une sorte de monarchie fédérative, qui dans les jours de danger obéissait à un chef unique nommé pendragon. Ils repoussèrent successivement les Anglo-Saxons, les Danois et les Normands, même après la conquête de Guillaume ; ils ne furent soumis que par Édouard I (1283); toutefois la réunion ne fut complète que sous Henri VIII, en 1536. Édouard donna le titre de prince de Galles à son fils Édouard II, et depuis, les fils aînés des rois d'Angleterre ont toujours porté ce nom.

GALLES (NOUV.-), New-Wales ou West-Main, vaste contrée de l'Amérique anglaise (Nouv.-Bretagne) , par 47° 30'-64° lat. N. et 83°-108° long. O., est bornée à l'E. par la mer d'Hudson, au N. par le golfe de Chesterfield, à l'O. et au S. O. par des ramifications des monts Rocheux, au S. par le Canada: 2200 k. sur 450. Le Churchill ou Mississipi la divise en deux parties : Nouv.-Galles mérid. et Nouv.-Galles septentrionale. La population s'élève à peine à 40 000 individus; le principal établissement est le Fort-York. Climat très-rude, mais fort sain; végétation maigre dans le nord, mais développée au S. — La Nouv.-Galles est soumise au gouverneur du Canada; le monopole du commerce, qui consiste principalement en fourrures, appartient à la compagnie de la baie d'Hudson; il se fait surtout à Fort-York, à l'embouchure du Nelson.

GALLES DU SUD (NOUV.-), New-South-Wales, vaste colonie anglaise située dans la partie orientale de l'Australie, s'étend depuis le cap York jusqu'au cap Wilson, par 10° 39'-39° 11' lat. S., sur une longueur d'env. 310 myriamètres. La colonie, qui ne comptait que 13 000 hab. en 1802, en compte auj. plus de 300 000, dont une grande partie se compose d'anciens convicts (déportés), ou de leurs descendants; capit., Sydney; les autres villes importantes sont Paramata, Bathurst, Port-Macquarie, Goulburn, Maitland. — L'intérieur de la Nouv.-Galles est peu connu; les côtes sont découpées par un grand nombre de baies et baignées par le golfe Carpentarie; le pays est traversé par les Montagnes Bleues. Les rivières principales sont le Macquarie, le Brisbane, le Castlereagh, le Hastings, l'York, etc. Le climat est très-chaud, et néanmoins très-salubre. La végétation est puissante et originale; on y a trouvé des végétaux et même des animaux jusqu'alors inconnus (V. Australie). Les indigènes appartiennent à la race nègre et ont l'intelligence fort peu développée. — La colonie de la Nouv.-Galles fut fondée dans le but d'en faire un lieu de déportation. Cook l'avait déjà visitée en 1770; en I788 le commodore Philips y aborda avec 800 condamnés et fonda l'établissement de Botany-Bay; mais bientôt après il transféra la colonie à Port-Jackson ou Sydney. La colonie reçut de rapides accroissements. L'administration est confiée à un gouverneur nommé par la mère patrie, et assisté d'un conseil exécutif, nommé par lui, et à une assemblée législative de 54 membres, élus par les colons libres. La prospérité de la colonie s'accroît de jour en jour, surtout depuis la découverte des mines d'or de l'Australie. Depuis 1840, on n'y envoie plus de convicts.

GALLES (prince de), titre que porte l'héritier présomptif de la couronne d'Angleterre. V. ÉDOUARD et GALLES (principauté de).

GALLES (île du PRINCE DE). V. PRINCE.

GALLET, chansonnier, né à Paris vers 1700, était épicier droguiste. D'un caractère jovial, il vécut dans l'intimité de Piron, Collé, Panard, et fit de société avec eux plusieurs pièces fort gaies, ainsi que plusieurs parodies, qui eurent du succès; mais il négligea ses affaires, fit banqueroute, et mourut dans la misère, 1757. — Un autre Gallet, joueur fameux du XVIIe siècle, est mentionné dans les satires de Régnier (sat. XIV), et dans celles de Boileau (sat. VIII). Il perdit toute sa fortune d'un coup de dé.

GALLICANE (Église), c.-à-d. église des Gaules et de France. cette église, tout en étant sincèrement attachée à la foi catholique et au St-Siége, réclame certaines franchises, connues sous le nom de libertés gallicanes, qu'elle fait remonter aux premiers temps : elle insiste particulièrement sur la distinction des 2 puissances, spirituelle et temporelle, ainsi que sur leur indépendance; elle met l'infaillibilité, non dans le pape seul, mais dans le corps épiscopal tout entier uni à son chef; elle proclame l'autorité suprême des conciles généraux et celle des saints canons dans le gouvt de l'Église. Ces doctrines ont été longtemps enseignées dans les écoles théologiques et en particulier à la Sorbonne; elles ont été résumées dans la déclaration du clergé de France en 1682, rédigée par Bossuet. Cette déclaration porte en substance : « Que l’Église doit être régie par les canons, que saint Pierre et ses successeurs n'ont reçu de puissance que sur les choses spirituelles; que les règles et les constitutions admises dans le royaume doivent être maintenues, et les bornes posées par nos pères demeurer inébranlables; que les décrets et jugements du pape ne sont irréformables qu'autant que le consentement de l’Église est intervenu, etc. » Les libertés gallicanes ont eu pour principaux défenseurs Hincmar, Gerson, Bossuet, l'abbé Fleury, le cardinal de La Luzerne, Bausset, Frayssinous, Guillon, Boyer, Affre, etc.

GALLICIE. V. GALICIE.

GALLIEN, P. Licinius Egnatius Gallienus, empereur romain, fils de Valérien, né en 232, fut associé par son père à l'empire dès 253. Son père ayant été fait prisonnier par Sapor en 260, il ne fit rien pour le tirer de captivité, et s'empressa de se faire reconnaître empereur. Il commit toutes sortes de cruautés, se plongea dans les excès du luxe et de la débauche, et ne dut la conservation de son trône et de ses provinces qu'au courage d'Odenat, roi de Palmyre, un de ses alliés. Sous son règne les Barbares envahirent les Gaules, la Grèce et l'Orient; et trente de ses généraux, connus sous le nom des Trente Tyrans, prirent la pourpre. Il venait de réduire Ingenuus en Illyrie et Posthumus en Gaule, et il assiégeait Auréolus dans Milan, lorsqu'il fut tué par un de ses officiers, en 268.

GALLIFET (Joseph de), écrivain mystique, né en 1663 à Aix, mort vers 1745, était provincial des Jésuites de Lyon, lorsqu'il fit vœu, dans une maladie, de se consacrer tout entier à la gloire du Sacré-Cœur de Jésus. Dès qu'il fut rétabli, il publia un traité sur ce sujet, qui parut en latin à Rome, avec un mémoire de la mère Alacoque, 1726, et qu'il traduisit sous ce titre : De l'excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus, Paris, 1733 ; il travailla jusqu'à la fin de sa vie à établir cette nouvelle dévotion, qui fut admise en France en 1765 à la demande du clergé.

GALLION (Jun.), frère de Sénèque, se nommait d'abord Annæus Novatus, et reçut le nom de Gallion de son père adoptif. Il était proconsul d'Achaïe lorsque les Juifs lui amenèrent S. Paul pour le faire condamner; mais il ne voulut point intervenir dans ces disputes. Enveloppé dans la disgrâce de son frère, il se perça de son épée.

GALLIPOLI, Callipolis, v. forte de la Turquie d'Europe (Roumélie), ch.-l. de livah, sur le bord occidental du canal des Dardanelles, dit aussi Détroit de Gallipoli, à 140 k. S. d'Andrinople; 18 000 hab. Évêché grec. Deux bons ports; la ville est défendue par 14 châteaux forts. Fabriques de maroquins. C'est la 1re ville que les Turcs aient eue en Europe : ils la prirent en 1356. — Le livah de Gallipoli, situé le long de la mer de Marmara, a une longueur de 460 kil. et une largeur de 150, et compte 600 000 h. Il correspond au S. de l'anc. Thrace et à la Macédoine orientale. — On donne le nom de Presqu'île de Gallipoli à la presqu'île sur laquelle est située Gallipoli : c'est l'anc. Chersonèse de Thrace.

GALLIPOLI, Callipolis, v. de l'anc. roy. de NapIes (Terre d'Otrante), à 44 k. E. d'Otrante, sur une île du golfe de Tarente unie à la côte par un pont; 10 000 h. Place forte, château fort; port commode, mais d'entrée difficile. Évêché, cathédrale.

GALLO-GRÈCE. V. GALATIE.

GALLOIS (l'abbé Jean), savant universel, né à Paris en 1632, mort en 1707, était versé dans l'étude de toutes les langues et de toutes les sciences. Chargé après la mort de Denis de Sallo de continuer le Journal des Savants, il le rédigea pendant huit années, 1666-74, traitant de toutes les matières, sciences et lettres, avec exactitude et profondeur. Il était en même temps garde de la Bibliothèque du roi, et professeur de langue grecque au Collége de France. Il fut élu membre de l'Académie française en 1673, et de celle des sciences, en 1668.

GALLOPAGOS. V. GALAPAGOS.

GALLOWAY, district d’Écosse, au S. E., comprend le comte de Wigton avec l'intendance de Kirkcudbright et a pour lieu principal New-Galloway, ville de 4000 âmes, sur la riv. de Ken, à 40 k. S. E. d'Ayr. Ce bourg fut longtemps indépendant et résista souvent aux rois d’Écosse.

GALLOWAY, ville d’Écosse. — Ne pas confondre avec GALWAY.

GALLS ou GAELS, peuple qui a donné son nom à la Gaule et au pays de Galles. V. GAULOIS, GALLES.

GALLUS (Cornelius), poëte et guerrier romain, de l'ordre des chevaliers, né à Forum Julii (Fréjus) l'an 69 av. J.-C., rendit d'importants services à Octave dans la guerre d'Alexandrie, et fut créé par lui gouverneur d’Égypte. Il abusa tellement de son pouvoir, qu'il fut rappelé et condamné à l'amende et à l'exil; il se donna la mort, l'an 26 av. J.-C., à l'âge de 43 ans. Il était lié avec Virgile, qui lui adressa sa Xe églogue. Il avait composé 4 livres d'élégies qui ne nous sont pas parvenues; on a cependant sous son nom 6 élégies, mais elles paraissent être d'un poëte du VIe siècle, nommé Maximien. On les trouve ordinairement à la suite des poésies de Catulle, Tibulle et Properce ; Pezay les a traduites. Ces élégies ont aussi été trad. par L. Puget, à la suite de Properce, dans la collection Nisard. On a quelquefois attribué le Ciris à Corn. Gallus.

GALLUS (C. Vibius Trebonianus), général en Mésie, fit périr par trahison l'empereur Decius, dans une expédition contre les Goths, et se fit proclamer empereur, en 251. Il eut d'abord pour collègue Hostilien, fils de Decius, mais il ne tarda pas à le faire périr pour s'associer son propre fils, Volusien. Il traita avec les Goths, et persécuta les Chrétiens. Il allait combattre Émilien, qui avait usurpé, lorsqu'il fut tué en Ombrie, par ses propres soldats, 253.

GALLUS (Flav. Constantinus), neveu de Constantin et frère de Julien, fut créé césar en 351 par Constance II, et chargé du gouvernement de l'Orient. Il remporta plusieurs avantages sur les Perses ; mais il fit le plus cruel abus de son pouvoir, et mit à mort plusieurs des principaux habitants de la Syrie et d'Antioche. Rappelé par l'empereur, il fut jugé, condamné, et eut la tête tranchée en 354.

GALLUS (SULPITIUS). V. SULPITIUS.

GALNA, v. de l'Inde anglaise. V. GAULNA.

GALSUINTE ou GALSWINTHE, fille d'Athanagilde, roi des Visigoths, et sœur aînée de Brunehaut, née vers l'an 540, fut, à la sollicitation de sa sœur, donnée en mariage à Chilpéric, roi de Neustrie, que cette princesse espérait par cette union détourner de son commerce avec Frédégonde (567). Mais le faible Chilpéric se laissa bientôt, malgré ses promesses, dominer de nouveau par Frédégonde, et, à l'instigation de cette femme, il fit étrangler Galsuinte pendant son sommeil. C'est en voulant tirer vengeance de ce crime que Brunehaut s'engagea dans la lutte sanglante où elle finit par succomber.

GALUPPI (Pasquale), professeur de philosophie à l'Université de Naples, né en 1770 à Tropea (Calabre), mort en 1846, publia sur la philosophie de nombreux ouvrages qui popularisèrent la science, et soumit à une sage critique les doctrines étrangères. On a de lui : Elementi di filosofia, Messine, 1821; Lettere filosofiche, 1827, trad. par M. Peisse, 1844 (il y traite des vicissitudes de la science sur la question de la connaissance, depuis Descartes jusqu'à Kant). Il était correspondant de l'Institut.

GALVANI (L.), médecin et physicien, né à Bologne en 1737, mort en 1798, fut nommé en 1762 professeur d'anatomie à l'Université de Bologne, et perdit cette place lors de l'établissement de la République cisalpine, pour n'avoir pas voulu prêter serment au nouveau gouvernement. Il fit en 1790 la découverte de ces propriétés électriques que l'on a désignées depuis sous le nom de Galvanisme : ayant par hasard approché un conducteur électrique des muscles d'une grenouille écorchée, il remarqua avec étonnement les mouvements qui s'y produisaient, en fit l'objet d'une étude spéciale, et publia sur ces phénomènes, en 1791, une célèbre dissertation De viribus electricitatis in motu musculari. Il crut y voir la preuve d'une électricité particulière résidant dans l'animal, et pensa même avoir découvert le fluide nerveux ; mais depuis, Volta a démontré que la cause du développement de l'électricité dans les phénomènes observés par Galvani résidait dans le contact de substances hétérogènes. L'Institut de Bologne a publié en 1841 les Œuvres complètes de Galvani.

GALVESTON, baie du golfe du Mexique, dans l’État de Texas, à l'emb. du Rio de la Trinidad, est presque fermée au S. par l'île Galveston ou San-Luis, dans laquelle on trouve une v. de Galveston, à l'O., avec un port très-commerçant ; 8000 hab. Bateaux à vapeur pour la Nouv.-Orléans, chemin de fer pour Houston. La v. ne date que de 1837.

GALWAY, Gallovidia, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de Galway, à 180 k. O. de Dublin; 30 000 h. Évêché catholique, collége de Jésuites. Port, séparé de la ville, église collégiale, bourse, caserne, plusieurs anciens monastères, etc. Industrie médiocre (lainages, toiles). Pêche, brûlage de varech. — Galway est une v. ancienne. Elle était jadis très-forte; elle fut conquise par les Anglo-Normands en 1232. Elle refusa en 1641 de recevoir les troupes du Long-Parlement, et protégea les rebelles en se donnant au duc d'Ormond; elle fut prise en 1651 ; en 1690 elle se déclara pour Jacques II et opposa une longue résistance aux troupes de Guillaume III. — Le comté de Galway, dans le Connaught, est situé entre ceux de Mayo au N., de Clare au S. et l'Atlantique à l'O. ; 140 k. sur 70; 425 500 h. Beaucoup de lieux incultes.

GAMA (Vasco de), célèbre navigateur portugais, né au port de Synis en Portugal vers 1460, fut chargé, en 1497, par le roi Emmanuel, de chercher une route vers l'Inde en doublant le cap de Bonne-Espérance, qu'avait déjà découvert Barthélemy Diaz; il réussit pleinement, doubla le cap en déc. 1497, et jeta l'ancre devant Calicut en mai 1498, après avoir couru mille dangers. A son retour (1499), il fut accueilli avec la plus grande distinction par le roi Emmanuel, et reçut la grandesse avec le titre d'amiral des Indes et de comte de Vidigueyra. Il repartit en 1502 avec 19 vaisseaux, soumit une partie des côtes de l'Afrique orientale, forma des établissements à Mozambique, à Sofala, fit des traités avec le roi de Cananor, pénétra jusqu'à Cochin et se fit un allié du radjah de ce pays. De retour à Lisbonne, on le laissa 21 ans dans l'inaction. Enfin en 1524 il fut envoyé dans les Indes par le roi Jean III avec le titre de vice-roi, mais il mourut à Cochin peu après son arrivée, en 1525. L'histoire de l'expédition de Vasco de Gama a été racontée par l'historien Barros, et chantée par le Camoëns dans ses Lusiades.

GAMACHES, ch.-l. de c. (Somme), sur la Bresle, à 27 k. S. O. d'Abbeville; 1800 h. Jadis place importante. Ruines d'un château fort, détruit en 1500 par les Anglais. Filatures, moulins à huile. Patrie de Vatable. — Village du dép. de l'Eure, à 17 k. E. N. E. des Andelys; 376 h. Château jadis important dont il reste des vestiges et des souterrains.

GAMACHES (Joachim ROUAULT de), maréchal de France, d'une maison anc. du Poitou, servit sous Charles VII et Louis XI, reçut le bâton de maréchal en 1461, défendit Paris contre le comte de Charolais dans la guerre du Bien-Public, 1465, et défendit Beauvais contre Charles le Téméraire en 1472. Malgré tant de services, Louis XI, le soupçonnant de trahison, le fit arrêter en 1476 : il fut condamné à payer 20 000 francs d'amende et à 5 ans de prison; mais l'arrêt ne fut point exécuté, et Gamaches mourut dans ses terres, en 1478.

GAMACHES (Simon), ecclésiastique, né en 1672 à Meulan, mort en 1756, était chanoine de Ste-Croix-de-la-Bretonnerie et membre de l'Académie des sciences. On a de lui : Système du philosophe chrétien; Système du cœur, publié sous le nom de Clarigny, 1704, ouvrages où il essaya de populariser les sciences métaphysiques et morales.

GAMAIN (François), serrurier de Louis XVI, fut chargé par ce prince de construire la fameuse armoire de fer. Malgré les bons traitements qu'il avait toujours reçus à la cour, il n'eut pas honte de se tourner contre elle, révéla l'existence de la fameuse armoire après le 10 août (1792), accusa même le roi et la reine d'avoir voulu l'empoisonner pour ensevelir leur secret, et obtint à ce titre une pension.

GAMALIEL, docteur de la loi au temps de J.-C., se montra favorable à la nouvelle religion, défendit S. Pierre contre les Juifs, qui voulaient le faire périr, fut le maître de S. Paul, et se fit, à ce qu'on croit, baptiser secrètement à la fin de sa vie. On l'hon. comme saint (3 août).

GAMBA, État de la Guinée septentr., au N. de celui de Dahomey, dont il est tributaire, a pour ch.-l. une ville de même nom, à 360 kil. N. de Dahomey. Ses habitants sont agriculteurs et fort doux.

GAMBA (Bartolomeo), bibliographe, bibliothécaire de St-Marc à Venise, né à Bassano en 1780, mort en 1841, a donné un excellent livre de bibliographie, Serie dell' edizioni de' testi di lingua italia (Bassano, 1805), des notices sur les Hommes illustres de Bassano, sur les Femmes célèbres de Venise, et une Galerie des littérateurs et artistes vénitiens.

GAMBARA (Laur.), poëte latin moderne, né à Brescia en 1496, mort en 1586, a composé la Gigantomachie et Columbus ou la Découverte du Nouveau-Monde. Ses vers ne manquent ni de goût, ni d'élégance. Ses Œuvres ont eu plusieurs éditions (Bâle, 1555 ; Rome, 1581, etc.). — Véronique Gambara, 1485-1550, née près de Brescia, cultiva la poésie italienne, réussit surtout dans le sonnet, et fut l'amie de Bembo. Elle avait épousé le seigneur de Corregio. Ses vers ont été rassemblés en 1 vol. in-8, Brescia, 1759.

GAMBEY (H.), habile mécanicien, membre du Bureau des longitudes et de l'Institut, né à Troyes en 1789, mort en 1847, se forma à l'École de Châlons, porta au plus haut degré l'art de construire les instruments de précision, perfectionna le théodolite, l’héliostat, la boussole, inventa le cathélomètre, et construisit pour l'Observatoire un équatorial et un cercle mural méridien de 2m de diamètre, admirés des connaisseurs. Travailleur solitaire, il n'avait pas fait connaître toutes ses méthodes : quelques-unes eussent été ensevelies avec lui si M. Armand Séguier ne les eût recueillies ou retrouvées.

GAMBIE, fleuve d’Afrique, naît par 13° 38' long. O., 10° 37' lat. N., dans l’État de Fouta-Toro, sous le nom de Diman ; coule de l’E. à l’O. ; baigne le Bondou, le Saloum, le Badibou, le Barra, reçoit entre autres riv. la Cazamance, le Cacheo, baigne les comptoirs de Bathurst et d’Albreda, et tombe dans l’Océan par plusieurs embouchures, que jadis on prenait pour autant de fleuves différents, après un cours d’env. 1700 kil. Il communique par un bras avec le Sénégal. — La contrée arrosée par le Sénégal et la Gambie a reçu le nom de Sénégambie.

GAMBIER (James), amiral anglais, 1756-1833, issu d’une famille chassée de France par la révocation de l’Édit de Nantes, bombarda Copenhague en 1807, détruisit la flotte française avec des brûlots à l’Ile-d’Aix, 1809, et fut fait en récompense chevalier du Bain et baron. Il a laissé son nom à un archipel du grand Océan, par 23° lat. S., 137° long. O., découvert en 1797 par le capitaine Wilson, et placé depuis 1844 sous le protectorat de la France.

GAMÉLIES, fêtes en l’honneur de Junon, protectrice des mariages (gamos en grec), faisaient donner chez les Grecs le nom de Gamélion au mois dans lequel on les célébrait, mois qui répond à janvier.

GAN, v. du dép. des B.-Pyrénées, sur la Nées, à 8 kil. S. O. de Pau ; 3000 hab. Vin estimé.

GAND, Gent en flamand, Gandavum en latin moderne, v. de Belgique, ch.-l. de la Flandre orientale, au confluent de l’Escaut avec la Lys et autres rivières, à 49 kil. N. O. de Bruxelles: 120 000 hab. Place forte. Évêché ; cour d’appel des deux Flandres, université libre, fondée en 1806 ; collége royal, académie de dessin, sculpture, peinture et architecture ; sociétés savantes, bibliothèque, musée, etc. La ville est située sur 36 petites îles jointes par 300 ponts ; elle a 17 kil. de tour, et renferme dans son enceinte des jardins et des terres labourables. On y remarque un magnifique bassin, terminé en 1828 et pouvant contenir 400 bâtiments ; l’hôtel de ville, commencé en 1481 ; le beffroi, élevé en 1183 ; le béguinage, vaste bâtiment formant tout un quartier ; le palais de l’université ; la citadelle, bâtie de 1822 à 1830 ; la cathédrale de St-Bavon, commencée au XIIIe siècle, surmontée d’une tour haute de 90m, et qui possède des tableaux de Van Dyck et de Van Eyck, et une crypte du Xe siècle ; le palais épiscopal, les églises St-Michel, St-Nicolas et St-Jacques, riches en œuvres d’art ; les restes de l’abbaye de St-Pierre, autrefois la plus riche des Pays-Bas ; le théâtre. Chemins de fer pour Bruges, Ostende, Anvers, etc. Fabriques de toiles, filatures de coton, imprimeries sur toiles, etc. Commerce actif, surtout pour les toiles de Flandre et les produits du sol. Patrie de Charles-Quint, de Daniel Heinsius et de Philippe Lænsberg, astronome. — L’origine de Gand est fort incertaine : suivant les Belges, elle remonte au VIIe s. ; elle fut fortifiée en 1053 par le comte Baudouin, et devint bientôt une des plus riches villes de la Flandre ; elle se mit plusieurs fois à la tête des révoltes flamandes, surtout de celles qui eurent lieu en 1336 contre le comte de Flandre, Louis de Nevers, sous la conduite de Jacques Arteveld ; contre Louis II de Mâle (1379-83), sous la conduite de Philippe Arteveld, et contre Charles-Quint en 1358 : c’est pour aller réduire les Gantois que ce dernier obtint du trop généreux François I de traverser la France. En 1576 y fut signée la fameuse Pacification de Gand, par laquelle les provinces du nord et du midi des Pays-Bas s’unirent contre les Espagnols. Gand fut prise en 1678 par Louis XIV, en 1745 par Lowendahl, en 1792 et 1795 par les armées de la République. Elle devint sous l’Empire le ch.-l. du dép. de l’Escaut. Louis XVIII s’y retira pendant les Cent-Jours (1815), et y publia un journal officiel, le Moniteur de Gand. En 1815, l’Angleterre et les États-Unis y signèrent un traité de paix.

GANDERSHEIM, v. du Brunswick, sur la Gande, à 39 kil. N. de Gœttingue ; 2400 hab. Anc. abbaye, fondée en 856. Elle devint dans la suite abbaye laïque impériale et eut un chapitre de Dames.

GANDIE, GANDIA, v. et port d’Espagne (Valence), sur la Méditerranée, à 59 k. S. de Valence ; 6050 h. On recueille aux env. les meilleurs melons d’Espagne. Anc. duché, donné aux Borgia en 1485 par Ferdinand le Catholique, appartenant auj. à la famille d’Ossuna ; anc. université, fondée en 1547, et supprimée en 1772. Beau palais des ducs de Gandie.

GANDIE (Franç. BORGIA, duc de). V. BORGIA.

GANDJAM, riv. de l’Hindoustan septentr., sort des monts des Circars et se jette dans le golfe de Bengale au-dessous de la ville de Gandjam. — Cette ville, située par 19° 22' lat. N., 82° 58' long. E., est le ch.-l. d’un district de l’Inde anglaise (Madras), formé de la partie septent. de l’anc. État de Cicacole, qui compte 600 000 hab. Commerce très-actif, surtout en toiles de coton.

GANDJOUR. V. DANDJOUR.

GANDOUANA, anc. prov. de l’Hindoustan, entre 17° et 25° lat. N., 75° et 83° long, E, au S. de Malwa, au N. des prov. d’Haïderabad et d Orissa : 890 kil. sur 800 ; 4 000 000 d’hab. Le Gandouana se divise en 2 parties: 1° roy. de Nagpour (vassal des Anglais sous un prince mahratte) ; 2° district de Gandouana ou de Djabbalpour (aux Anglais et dans la présidence de Calcutta). Capit. anc. Gharrâ (auj. presque inhabitée) ; princ. villes actuelles : Nagpour. Djabbalpour. Pays généralement montueux et boisé.

GANEÇA, dieu indien, fils de Bhavani, est le dieu de la sagesse chez les Hindous. On le représente avec une tête d’éléphant, symbole de discernement et de sagacité, avec un gros ventre, des jambes courtes, et monté sur un rat, que les Indiens considèrent comme un animal prévoyant. Ganeça, qu’on a comparé à Janus, préside à l’année et à toutes les cérémonies religieuses, à la paix, aux routes et au commencement de toute entreprise. On lui attribue l’invention des mathématiques et de l’astronomie.

GANELON, personnage félon, à la trahison duquel les chroniques et les poëmes chevaleresques attribuent la défaite de Roland, était un seigneur du Beaujolais. Charlemagne le vainquit sur la montagne de Torvéon ; Louis le Débonnaire fit raser son château d’Avenas (Beaujolais). Selon une tradition, il aurait été exécuté à Laon.

GANGA, divinité des Hindous, n’est que la personnification du Gange.

GANGANELLI. V. CLÉMENT XIV.

GANGE, Ganges en latin, grand fleuve de l’Hindoustan, naît dans les monts Himalaya, au Thibet, sous le nom de Bagirathi, par 76° 40 long. E., 31° 4' lat. N., à plus de 4000m de hauteur, et prend le nom de Gange dans le Gherouâl, après avoir reçu l’Alakananda à Devapraïaga (divin confluent) ; traverse les prov. de Delhi, Agrah, Aoude, Allahabad, Bahar, Bengale, passant par Farrakhabad, Allahabad, Hirzapour, Bénarès, Ghazipour, Patna, Radjamahala ; et après avoir suivi la direction du S. O., puis celles du S. et de l’E., se dirige au S. E. en formant un énorme delta, dans lequel il se divise en plusieurs branches, dont la plus forte est l’Hougly, qui passe par Calcutta et à Chandernagor. Cours total, env. 3000 kil. Affluents : à droite le Calinaddy, le Djemnah ; à gauche le Ramganga, le Gogra, le Gandak, le Bagmatty, le Kouey, le Mahanada, la Tistah. Le Bramapoutre, qui vient du N. E., reçoit d’abord une des branches nombreuses du Gange, et, s’unissant lui-même à ce fleuve, se jette avec lui dans l’Océan par une même embouchure. Le Gange a dans la dernière partie de son cours une largeur de 4 à 5 kil. ; profond de 10m dans les 800 derniers k. de son cours, il est navigable sur une étendue de 2000 kil. Tous les ans il sort de son lit et inonde ses bords : en avril et en juillet, ses eaux, s’étendent sur un espace de plus de 100 lieues. La barre s’y fait sentir quelquefois jusqu'à 300 kil. de de la mer. Ce fleuve est aux yeux des Hindous un fleuve sacré : ils en font, sous le nom de Ganga, une déesse, qui est identique à Bhavani ; ils réservent ses eaux pour les cérémonies les plus augustes du culte ; ils croient se purifier au moral comme au physique en s'y baignant ; ils regardent comme le comble du bonheur et comme l'aurore de la vie céleste de mourir dans ses eaux.

GANGES, ch.-l. de cant. (Hérault), près de l'Hérault, r. g., à 45 kil. N. O. de Montpellier ; 4600 h. Église calviniste. Élève de vers à soie ; filature de soie, bas de soie. Aux env., belle grotte à stalactites, dite la Grotte des Fées ou des Demoiselles.

GANGES (Anne Élisabeth de ROSSAN, marquise de), née à Avignon en 1636, épousa en 1658 le marquis de Ganges, étant déjà veuve du marquis de Castellane. Sa beauté lui avait fait donner à la cour, où elle avait été présentée par son premier mari, le surnom de la Belle Provençale. De retour à Avignon après son 2e mariage, elle inspira une criminelle passion à ses deux beaux-frères, l'abbé et le chevalier de Ganges. Ayant résisté avec courage, elle périt frappée de plusieurs coups d'épée que le chevalier lui porta, après avoir essayé vainement de l'empoisonner. Les deux frères furent condamnés à être rompus (1667), mais ils avaient réussi à sortir de France.

GANGRES, Gangra, auj. Kiankari, v. de Galatie, résidence du roi Déjotarus.

GANILH (Ch.), économiste, né en 1758 à Allanche (Cantal), mort en 1836, fut d'abord avocat à Paris ; entra en 1799 au Tribunat, où il resta jusqu'en 1802 ; fut en 1815 nommé député ; défendit les libertés publiques, mais toujours avec modération, et porta souvent la lumière dans les questions de finances. Ses principaux ouvrages sont : Essai sur le revenu public, 1806 et 1823 ; Des Systèmes de l'économie politique, 1809 ; Dictionnaire de l'économie politique, 1826 ; Théorie de l'économie politique, 1830 ; tous attestent un esprit droit et consciencieux.

GANNAL (J. Nic.), né en 1791 à Sarrelouis, m. en 1852, quitta la pharmacie militaire pour la chimie, fut préparateur du cours de Thénard, fit plusieurs applications utiles de la science, notamment à la fabrication du borax indigène (1819), de la colle forte, et se voua, à partir de 1825, à l'art des embaumements : son meilleur procédé consistait à injecter dans le corps par la carotide une solution de sulfate d'alumine, il a laissé une Histoire des embaumements, 1837.

GANNAT, Gannatum ou Gannapum, ch.-l. d'arr. (Allier), sur l'Andelot, à 54 kil. S. de Moulins et à 382 k. S. E. de Paris ; 5800 h. Trib., collége. Blés, vins. Belle église Ste-Croix. Ruines de l'anc. château. — Gannat fut détaché en 1210 des domaines du comte d'Auvergne, alors révolté, et donné à Guy de Dampierre, comte de Bourbon.

GANNERON (Aug. Hipp.), banquier, né à Paris en 1792, mort en 1847, fit de bonnes études à Ste-Barbe, suivit quelque temps le barreau, et le quitta pour l'industrie. Juge au tribunal de commerce en juillet 1830, il donna, le lendemain de l'apparition des ordonnances inconstitutionnelles de Charles X, l'exemple de la résistance légale : un imprimeur ayant, conformément aux prescriptions nouvelles, refusé d'imprimer le Courrier français, Ganneron et ses collègues le condamnèrent à exécuter ses engagements, nonobstant les ordonnances, qu'ils déclarèrent contraires à la Charte. Élu après la révolution député, membre du conseil municipal, colonel de la 2e légion, il fut un des plus fermes appuis du nouveau gouvernement. Il est un des créateurs du Comptoir d'escompte.

GANS (Éd.), jurisconsulte, né à Berlin en 1798, m. en 1839, se lia de bonne heure avec Hegel, dont il partagea les doctrines, fut nommé en 1826 professeur de droit à Berlin, et se fit remarquer par sa parole claire, vive et colorée. Parmi ses écrits, on distingue ses Scholies sur Gaius, Berlin, 1820, où il combat l'école de Savigny et de Hugo ; et un Traité du droit de succession, 1823-29, 3 v. in-8, qui est son ouvrage capital. Il publia une grande partie de l'édition posthume des Œuvres de Hegel, et rédigea presque toute la Philosophie de l'histoire, dont Hegel n'avait laissé que l'introduction.

GANTEAUME (Honoré), marin, né à La Ciotat en 1765, mort en 1818, était sous-lieutenant de vaisseau en 1789. Il obtint un avancement rapide, commanda dans le Levant une escadre qui captura plusieurs navires marchands anglais, accompagna Brueys en Égypte en qualité de chef d'état-major, réussit à ramener Bonaparte en France, mais échoua dans la mission de porter des secours à l'armée d’Égypte. Lors de la proclamation de l'Empire, il fut fait vice-amiral, comte, et nommé commandant de la flotte de Brest, puis inspecteur général des côtes de l'Océan ; en 1810, il entra au conseil de l'Amirauté. Il adhéra à la déchéance de l'Empereur en 1814 et fut fait pair par Louis XVIII.

GANYMÈDE, jeune prince d'une grande beauté, fils de Tros, roi de Troie, fut, selon la Fable, enlevé par l'aigle de Jupiter, et transporté au ciel pour y remplacer Hébé comme écbanson des dieux. Il forme dans le ciel la constellation du Verseau.

GAOUTAMA. V. BOUDDHA.

GAP, Vapincum, ch.-l. du dép. des H.-Alpes, à 677 k. S. E. de Paris ; 8219 hab. Évêché, trib., collége. Belle cathédrale, où l'on voyait le mausolée du duc de Lesdiguières, par Jacob Richier, monument transporté depuis à l'hôtel de la préfecture. Chemin de fer. Cadis, soie, laine, chapeaux, etc. — Cette v. est fort ancienne : elle fut la capit. des Tricorii, et au moyen âge du Gapençais. Elle souffrit beaucoup des invasions des Sarrasins et des Lombards. Elle fut prise par Lesdiguières en 1575, resta aux Protestants jusqu'en 1582, fut prise et ravagée en 1692 par Victor Amédée, duc de Savoie.

GAPENÇAIS, Vapincensis tractus, partie du H.-Dauphiné, sur les confins de la Provence, et au S. E. de l'Embrunais ; ch.-l., Gap. Sous les Romains, ce pays fit partie de la Viennaise, puis de la Narbonnaise ; il avait pour habitants les Caturiges et les Tricorii. Il appartint successivement aux Burgundes, aux Francs, au roi d'Arles, et, après le démembrement du royaume, aux comtes de Provence, aux comtes de Toulouse, aux comtes de Forcalquier, qui en cédèrent une partie à l'évêque de Gap. Charles VII s'en empara en 1448 ; mais il le restitua à René, comte de Provence ; il fut réuni définitivement à la France par Louis XI, en vertu du testament de René. Il est auj. compris dans le dép. des H.-Alpes.

GARAKPOUR, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), dans l'anc. Aoude, sur le Rapty ; 20 000 h. Elle est le ch.-l. d'un district, cédé aux Anglais en 1801.

GARAMA, auj. Gherma, v. d'Afrique, au S. de la Grande-Syrte, avait donné son nom aux Garamantes. C'était un rendez-vous de commerce entre les habitants de la Libye intérieure et ceux de la côte.

GARAMANTES, peuple indigène de l'Afrique intérieure, au S. de l'Atlas, qui le séparait de la Numidie, habitait le pays de Zab et une partie du Sahara et avait Garama pour v. princ. : c'était le peuple le plus mérid. que les Romains connussent en Afrique. C. Balbus fit, en 21 av. J.-C., une expédition célèbre dans le territoire des Garamantes.

GARAMOND (Claude), graveur et fondeur de caractères, né à Paris vers 1480, mort en 1561, fut chargé par François I de graver, d'après les dessins d'Ange Vergen, pour l'impression des auteurs grecs, les trois sortes de caractères grecs connus depuis sous le nom de garamond : la perfection de ces caractères n'a pas encore été surpassée. Ses caractères romains ne sont pas moins estimés.

GARASSE (Franç.), jésuite, né à Angoulême en 1586, mort en 1631, s'est fait une fâcheuse célébrité par la virulence de ses critiques. Il prêcha d'abord, et se fit remarquer par la fougue de ses discours et par les traits satiriques dont il les assaisonnait; puis il se mit à écrire, et emporté, par un zèle outre, il attaqua sans mesure tout ce qui lui paraissait contraire à la religion ou plutôt aux intérêts de son ordre : le poëte Théophile, l'historien Pasquier, l'avocat général Servin, le philosophe Charron furent les principaux objets de ses invectives. Cependant sa fin fut honorable : il mourut à Poitiers, d'une maladie contractée en visitant les malades de l'hospice. On a de lui : Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, Paris, 1623; une Somme théologique, 1625, qui fut censurée par la Sorbonne, et une foule de pamphlets publiés sous de faux noms. Il a laissé des Mémoires, qui ont été publ. pour la 1re fois en 1860, à Paris, par M. Ch. Nisard.

GARAT (Joseph), né en 1749 à Bayonne, m. en 1833, était fils d'un médecin d'Ustaritz, près de Bayonne. Après s'être fait recevoir avocat à Bordeaux, il vint à Paris, s'y lia avec les philosophes, et se fit bientôt connaître avantageusement par ses Éloges de l'Hôpital, 1778; de Suger, 1779; de Montausier, 1781; de Fontenelle, 1784, dont les trois derniers furent couronnés par l'Académie; il écrivit en même temps dans le Mercure, dans le Journal de Paris, et fut chargé du cours d'histoire au Lycée, qui venait d'être fondé (1785). Envoyé aux États généraux (1789) par les pays basques comme représentant du tiers état, il devint sous la Convention ministre de la justice, et remplaça Danton après les massacres de septembre (12 octobre 1792) : il eut en cette qualité la cruelle mission de lire à Louis XVI sa sentence. Il accepta peu après (14 mars 1793) le portefeuille de l'intérieur, que quittait Roland, mais il montra dans cette haute position peu de fermeté et de clairvoyance, et la quitta au bout de peu de mois. Il fut peu après jeté en prison et n'en sortit qu'au 9 thermidor. Appelé en 1794 aux écoles normales, il y fit des leçons fort brillantes sur l’Analyse de l'entendement. Élu en 1796 membre du Conseil des Anciens, il se laissa nommer sénateur, puis comte par l'empereur Napoléon. Esprit profond, bon écrivain, Garat était faible comme homme politique : on a dit que c'était un jacobin malgré lui. Outre ses Éloges, il a publié des Considérations sur la Révolution, 1792; des Mémoires sur la Révolution, 1795, où il explique sa conduite; des Mémoires sur Suard, son ami, 1820, et a laissé en manuscrit des Éloges de Bossuet, de Condillac, de Montesquieu, et une Histoire des Basques. Membre de l'Académie des sciences morales dès la fondation (1795), il avait été en outre nommé en 1806 membre de l'Académie française; il en fut exclu sous la Restauration.

GARAT (Pierre Jean), célèbre chanteur, neveu du préc., né à Ustaritz en 1764, mort à Paris en 1823, vint dans la capitale à 20 ans, y excita par son talent un enthousiasme universel, et obtint la protection de la reine Marie-Antoinette et du comte d'Artois, qui le pensionnèrent généreusement. Réunissant tous les registres, doué d'une extrême flexibilité, il rendait avec une égale supériorité les scènes pathétiques et les airs sérieux ou bouffes de l'école italienne. Après avoir parcouru les principales villes de l'Europe, il revint se fixer à Paris, fut nommé en 1796 professeur au Conservatoire, et y forma un grand nombre de brillants élèves. Nourrit, Dérivis, Levasseur, Ponchard. etc. Il faisait lui-même des romances : tout le monde a répété celle dans laquelle il déplorait les malheurs de la reine Marie-Antoinette : Vous qui portez un cœur sensible, qui le fit arrêter en 1793. Ce grand artiste avait une extrême fatuité : il fut sous le Directoire le type des Incroyables.

GARAY (Jean de), général espagnol, né à Badajoz en 1541, passa en Amérique, et fut chargé de nouvelles explorations dans l'Amérique méridionale; découvrit, après avoir remonté le Parana, une immense contrée intérieure, et y fonda Santa-Fé-de-Véra-Cruz, sur les bords du Parana. Il fut nommé en récompense, par Philippe II, lieutenant général et gouverneur de l'Assomption (1576). En 1580, il rebâtit la ville de Buénos-Ayres, que les Indiens avaient détruite, et sut, par une conduite pleine de douceur et de prudence, y attirer les naturels eux-mêmes. Cependant, il fut massacré par quelques-uns d'entre eux pendant qu'il remontait le Parana, allant de Buénos-Ayres à l'Assomption (1592).

GARAY (don Martin de), ministre des finances d'Espagne, né en Aragon en 1760, mort en 1822, se déclara contre les Français lors de l'invasion, fut nommé en 1808 secrétaire général de la junte centrale, puis des Cortès (1810), et eut jusqu'à la rentrée de Ferdinand VII une part importante dans le gouvernement. Appelé au ministère des finances par Ferdinand VII en 1814, il voulut introduire d'utiles réformes et faire supporter au clergé et à la noblesse leur part des charges publiques; mais ces mesures, bien que nécessaires financièrement, soulevèrent l'opposition des parties intéressées : il perdit bientôt son crédit auprès du roi, et fut disgracié en 1818, emportant l'estime générale.

GARB, GARVE (c.-à-d. couchant), nom qu'avaient donné les Arabes à la partie S. O. du Portugal, qui en a conservé le nom d’Al-Garve. — On le donne proprement à la partie N. O. de l'empire de Maroc, située dans le roy. de Fez, sur le détroit de Gibraltar.

GARBIEH, prov. de la Basse-Égypte, dans le Delta, sur la Méditerranée, bornée à l'O. par celles de Menouf et de Rosette; à l'E. par celles de Damiette et de Mansourah: 130 kil. sur 65; 230 500 h.; ch.-l., Mehallet-el-Kébir.

GARCIA ou GARCIAS, nom de plusieurs comtes de Castille et de quelques rois de Navarre, dont on trouvera la série aux articles de ces royaumes; deux seulement méritent d'être mentionnes à part :

GARCIA I, comte de Castille, né en 938, mort en 990. Il succéda à Fernand-Gonzalès, son père, en 970, comprima la révolte des comtes de Véla, battit Almanzor à Osma en 984, et remporta sur les Maures plusieurs autres avantages, mais fut blessé mortellement et pris dans un dernier combat.

GARCIA I et II, rois de Navarre. V. NAVARRE.

GARCIA III, surnommé le Trembleur, roi de Navarre, fils de Sanche II, auquel il succéda en 994. Il combattit les Arabes, se ligua contre Almanzor avec Bermude, roi de Léon, et le défit à ta bat. de Calatanazor en 998. Il mourut en 1001, à l'âge de 43 ans. Quoique très-brave, il fut surnommé le Trembleur, parce que toutes les fois qu'il revêtait son armure un frisson involontaire s'emparait de lui : « Mon corps tremble, disait-il, du péril où mon courage va le porter. »

GARCIA IV, fils aîné de Sanche III, succéda à son père dans la Navarre et dans une partie de la Vieille-Castille (1035), repoussa Ramire I, roi d'Aragon, son frère, qui avait envahi ses États (1042), mais fut pris en trahison par un autre de ses frères, Ferdinand, roi de Castille (1054). S'étant échappé, il arma pour se venger, mais il périt dans une bataille la même année.

GARCIA DE PARÈDES (don Diego), capitaine espagnol, né à Truxillo dans l'Estramadure en 1466, fut le compagnon d'armes de Gonzalve de Cordoue, et partagea ses exploits et sa gloire dans les guerres d'Italie. En quittant ce pays, il alla retrouver Charles-Quint, dans l'armée duquel il combattit avec sa valeur ordinaire; mais il mourut peu après, des suites d'une chute de cheval (1530). Ce guerrier était d'une taille gigantesque et d'une force physique extraordinaire; pour la loyauté et la bravoure, il mérita d'être comparé à notre Bayard.

GARCIA (Manuel), compositeur et chanteur célèbre, né à Séville en 1779, mort à Paris en 1832, débuta à Madrid en 1801, et parcourut ensuite l'Espagne, l'Italie et la France, obtenant partout les plus brillants succès. Ses principaux opéras sont : il Califo di Bagdad (donné à Naples en 1812) ; l’Aubergiste, les Chevilles de maître Adam, le Poëte colporteur, ' Finrestan, 1822, etc. — Il fut père de Marie Garcia (Mme Malibran) et de Pauline Garcia (Mme Viardot).

GARCILASO (ou plutôt GARCIAS LASO) DE LA VEGA, célèbre poëte espagnol, né à Tolède en 1500 ou 1503, était d'une illustre famille, alliée à la maison de Guzman. Cet homme, qui ne devait chanter que les douceurs du repos, tint l'épée toute sa vie, et mourut en combattant : il prit part à toutes les guerres de Charles-Quint, se distingua particulièrement à la bataille de Pavie (1525), et fut tué au fort de Muy (Var) en 1536, dans l'invasion des Impériaux en Provence. Il n'était alors âgé que de 33 ans; cependant il avait, au milieu du tumulte des camps, composé des chants qui l'ont rendu immortel. Ils consistent surtout en églogues, en odes et en élégies. Sa poésie est simple, facile, harmonieuse dans le style, gracieuse, naïve, mélancolique dans la pensée. Ses compatriotes le nommèrent le Pétrarque espagnol. Ses principaux modèles furent Pétrarque et le Dante. Les meilleures éditions de ses œuvres sont celle de Venise, 1553, avec les poésies de Boscan, son émule et son ami, et celle de Madrid, 1765 et 1788, avec une bonne préface et des notes utiles.

GARCILASO DE LA VEGA, historien espagnol, surnommé l’Inca, parce qu'il descendait par sa mère de la famille royale du Pérou, né en 1530 à Cuzco, mort en 1568, avait pour père Sébastien Garcilaso, un des lieutenants d'Alvarado et de Pizarre, et gouverneur de Cuzco. Il s'appliqua de bonne heure à connaître et à éclaircir l'histoire de cette partie de l'Amérique. Il était parvenu à recueillir tous les matériaux nécessaires à ce travail lorsque l'ombrageux Philippe II, craignant l'influence que pouvaient lui donner son nom et son origine, lui fit intimer l'ordre de se rendre en Espagne : il se fixa à Valladolid et y composa ses écrits. On a de lui : Commentaires royaux qui traitent de l'origine des Incas, de leurs lois et de leur gouvernement, Lisbonne, 1609-16, 2 vol. in-fol , trad. par Dalibard, Paris 1744 ; Hist. générale du Pérou, 1616, in-fol., trad. par Baudouin, 1633; Hist. de la Floride, 1605, trad. par Richelet, 1670. On reproche à Garcilaso un style ampoulé; mais on s'accorde à louer la fidélité de ses récits.

GARD, Vardo, riv. de France, est formée par la jonction du Gardon-d'Anduze et du Gardon-d'Alais, qui sortent tous deux des Cévennes, arrose le dép. du Gard, passe à 8 kil. N. de Nîmes, près de laquelle elle est traversée par le Pont du Gard, et tombe dans le Rhône par la r. dr., entre Aramon et Beaucaire, après un cours de 60 kil. environ. — Ce qu'on appelle le Pont du Gard, à 18 kil. N. E. de Nîmes, est un aqueduc, qui fut construit par les Romains : on l'attribue à Agrippa, gendre d'Auguste. Il est long de 279m, haut de 49, et se compose de 3 rangs d'arches élevées les unes sur les autres : le rang supérieur portait l'aqueduc servant à amener jusqu'à Nîmes les eaux des sources d'Aire et d'Airone. Cet aqueduc fut brisé lors de l'invasion des Barbares.

GARD (dép. du), dép. maritime de la France, borné au S. par la Méditerranée, est situé à l'O. de l'embouchure du Rhône et au S. du dép. de l'Ardèche : 5997 kil. carrés; 422 107 hab.; ch.-l., Nîmes. Il est formé d'une partie du Bas-Languedoc. Il est traversé au N. O. par les Cévennes et est arrosé par le Rhône, l'Ardèche, le Gard, la Cèze, la Vidourle. Climat très-doux, température variable, vents impétueux, grande sécheresse. Nombre de marais (dont 17 salants). Houille, plomb, zinc, manganèse, antimoine; marbre, plâtre, kaolin, ocre, pouzzolane, etc. Sol très-varié, aride ou maigre en beaucoup d'endroits; grains en petite quantité, légumes, fruits du Midi, très-bons vins (Lidenon, St-Gilles et Tavel), eaux-de-vie ; oliviers, mûriers; garance, etc. Gros bétail (de petite espèce), moutons, vers à soie, etc. Cadis, étoiles de soie, de coton; distilleries, savons, etc. — Le dép. se divise en 4 arr. (Nîmes, Alais, Uzès, Le Vigan), 38 cant. et 438 comm., appartient à la 10e division militaire, possède une cour impériale et un évêché à Nîmes.

GARDA, bourg de Vénétie, à 26 kil. N. O. de Vérone, sur la rive orientale du lac de Garda. Petit port; pêche de sardines et d'ables. Bonaparte défit Wurmser aux environs en 1796.

GARDA (lac de), Benacus lacus, lac de Vénétie, le plus oriental des grands lacs de la région au S. des Alpes. Ce fleuve forme depuis 1859 la limite entre les États autrichiens et les États sardes. Il a 38 kil. de long sur 16 de large et est traversé par le Mincio, qui y entre par le N. et en sort à Peschiera. Navigation active entre les ports de Peschiera, Sala et Desenzanc.

GARDAFUI, cap d'Afrique. V. OUARDAFUI.

GARDANNE, ch.-l. de c. (B.-du-Rhône), à 10 kil. S. d'Aix; 3000 hab. Fortifications. Mines de fer et de houille. Le roi René y eut un château de chasse.

GARDANNE (le comte), général de l'Empire, né à Marseille en 1766, mort en 1818, se distingua aux batailles d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau; fut envoyé en 1807 comme ministre plénipotentiaire en Perse où un de ses ancêtres avait été consul de France, avec mission de susciter la Perse contre la Russie, mais y eut peu de succès et revint sans ordre. Il servit depuis en Espagne sous Masséna et y éprouva un échec qui le fit disgracier. Il se rallia aux Bourbons à leur retour.

GARDE CONSULAIRE, IMPÉRIALE, NATIONALE, etc. V. ces mots au Dictionnaire des Sciences.

GARDEL (P. Gabriel), danseur et chorégraphe, né à Nancy en 1758, mort en 1840, débuta à Paris en 1774, dirigea pendant plus de 40 ans les ballets de l'Opéra, et composa lui-même un grand nombre de ballets, dont voici les principaux : Télémaque, 1789; Psyché, 1790; le Jugement de Pâris, 1793; la Dansomanie, 1800; le Retour de Zéphyr, 1802; Achille à Scyros, 1804; Paul et Virginie, 1806; Vénus et Adonis, 1808; Alexandre chez Apelles, 1808; l'Enfant prodigue, 1812; Proserpine, 1818; la Servante justifiée, 1818. Il a en outre composé les divertissements de plusieurs opéras. — Son frère et sa femme, attachés également à l'Opéra, eurent aussi de la réputation comme danseurs : sa femme, qu'on surnommait la Vénus de Médicis de la danse, excellait surtout dans le rôle de Psyché.

GARDIN DU MESNIL (J. B.), savant latiniste, né en 1720 à St-Cyr près de Valognes, fut professeur de rhétorique à Paris dans les colléges de Lisieux et d'Harcourt, puis principal du Collége Louis-le-Grand (1764), et mourut à Valognes en 1802. Il est auteur d'un traité sur les Synonymes latins, 1777 et 1788, ouvrage estimable et longtemps classique, mais surpassé depuis par les travaux de Dœderlein et par ceux de MM. Barrault et Grégoire.

GARDINER (Ét.), évêque de Winchester et grand chancelier d'Angleterre, né en 1483 à St-Edmund-Bury, mort en 1555, était fils naturel de Woodwill, archevêque de Salisbury. Secrétaire du cardinal Wolsey, il fut envoyé à Rome par Henri VIII pour obtenir son divorce avec Catherine d'Aragon : il s'efforça de justifier ce divorce et de soutenir la suprématie royale dans un traité : De vera obedientia (Londres, 1534), qui fut mis à l’Index. Attaché néanmoins à la foi catholique, il eut, sous Édouard VI, de vifs démêlés avec Thomas Cranmer, archevêque anglican de Cantorbéry, et fut jeté en prison comme ennemi de la Réforme. A l'avènement de Marie, il ne tarda pas à recouvrer sa faveur, et fut nommé grand chancelier. Il conseilla à cette princesse d'agir avec sévérité contre les Réformés, et en fit périr plusieurs dans de cruels supplices.

GARDINER (William), mathématicien anglais du XVIIIe siècle, est auteur de Tables de logarithmes estimées, Londres, 1742, in-fol., qui ont été plusieurs fois revues et imprimées depuis, notamment par Callet, Paris, 1783 et 1795.

GARDON. V. GARD.

GARENGEOT (Jacq. CROISSANT de), chirurgien, né en 1688 à Vitré (Bretagne), mort à Cologne en 1759, vint à Paris à 23 ans, fut successivement démonstrateur royal, chirurgien-major du régiment du roi, contribua puissamment aux progrès de la chirurgie, et fut membre de l'Académie de chirurgie de Paris et de la Société royale de Londres. On a de lui : Traité des opérations de chirurgie, Paris, 1720; Traité des instruments de chirurgie, 1723; Myotomie humaine et canine, 1724; Splanchnologie, ou Anatomie des viscères, 1728; Opération de la taille par l'appareil latéral. Son nom est resté attaché à un instrument qui sert à enlever les dents molaires, la clef de Garengeot; cependant il n'est pas l'inventeur de cette clef : il n'a fait que la perfectionner.

GARGANO (cap), Garganum promont., pointe de terre dans l'anc. roy. de Naples (Capitanate), un peu au-dessous du 42° degré de lat. N., forme cette forte saillie qui s'avance dans la mer Adriatique et qui est dominée par le mont Santo-Angelo (Garganus mons). Elle termine l'éperon de la botte que figure la péninsule italique.

GARGETTE, bourg d'Attique où naquit Épicure.

GARIEP, fleuve d'Afrique. V. ORANGE.

GARIGLIANO ou GARILLAN, Liris, riv. d'Italie (territ. romain), formée par la jonction du Sacco et du Liri, passe à Ponte-Corvo, et tombe dans le golfe de Gaëte, à 14 kil. E. de Gaëte. Cours, 60 kil. Les troupes de Louis XII y furent défaites par celles de Ferdinand le Catholique en 1503, et celles du roi de Naples François I par Victor-Emmanuel, roi de Sardaigne, le 3 nov. 1860.

GARIZIM, mont. de Palestine (tribu d'Éphraïm). Les Samaritains y élevèrent le temple qu'ils voulurent opposer à celui de Jérusalem. Ils intentèrent aux Juifs à ce sujet un célèbre procès qui fut décidé contre eux par Ptolémée Philométor, pris pour arbitre, 150 av. J.-C.

GARLANDE, famille puissante au XIIe siècle, ainsi nommée d'un château de la Brie, qu'elle possédait, jouit de la faveur de Louis VI, qui donna successivement la dignité de sénéchal à trois de ses membres : Ansel, sénéchal en 1108, tué en 1117 en combattant Hugues, sire du Puiset, révolté contre le roi; Guillaume, son frère, et Étienne, qui, bien que prêtre et archidiacre, ne craignit pas d'accepter des fonctions qui l'exposaient à répandre le sang.

GARLANDE (Jean de), poëte et grammairien, que les uns placent à la fin du XIe siècle, et les autres, avec plus de fondement, au XIIe siècle, était né en Angleterre et vint se fixer en France, où il enseigna avec distinction. On a de lui : De mysteriis Ecclesiæ; De Contemptu mundi, poëme attribué par erreur à S. Bernard ; Floretus, espèce de centon que Gerson commenta; Facetus, poëme sur les devoirs de l'homme, et un livre intitulé Libellus de verborum compositis, sorte de dictionnaire qui renferme des notions intéressantes sur des sujets divers (imprimé à Rouen en 1508, réimpr. à Paris en 1857, par Géraud).

GARLIN, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 33 k. N. E. de Pau; 1100 hab.

GARNERAY (Jean François), peintre d'histoire, élève de David, né à Paris en 1755, mort en 1837, s'attacha dans ses tableaux, qui pour la plupart sont des tableaux de chevalet, à rappeler des monuments de la France qui n'existent plus et à représenter des scènes en rapport avec ces monuments. On remarque en ce genre : Vue de la Ste Chapelle, avec une Scène du Lutrin; La grande galerie de Fontainebleau, où Diane de Poitiers vient demander à François I la grâce de son père ; Louis XVI au Temple. Il avait été chargé par la Convention de faire le portrait de Charlotte Corday avant son exécution.

GARNERAY (Ambroise Louis), peintre de marines, fils du préc., né en 1783, m. en 1857. Après avoir été préparé par son père à la peinture, il s'enrôla par goût dans la marine, eut part aux exploits de Surcouf, fut pris par les Anglais en 1806 et détenu sur les pontons jusqu'en 1814, reprit alors les pinceaux et réussit d'autant plus dans les marines qu'il avait longtemps servi sur mer. On lui doit des Vues des principaux ports de France et de l'étranger, la Prise du Kent par Surcouf, l’Attaque d'une division anglaise par la frégate la Virginie, le Combat de Navarin. Il inventa une toile à peindre dite extra-souple et imputrescible, qui lui valut une médaille d'argent à l'exposition universelle de 1855.

GARNERIN (J. Baptiste et André Jacques), aéronautes (1766-1845 et 1770-1823), perfectionnèrent le parachute, inventé par le physicien Charles, et exécutèrent avec succès de nombreuses descentes : ils firent leurs premières expériences à Paris vers 1797. — Elisa Garnerin, fille de Jean-Baptiste, née en 1791, est la 1re femme qui ait tenté une descente en parachute; elle renouvela depuis plus de 50 fois cette périlleuse expérience dans tous les pays de l'Europe et en Amérique.

GARNET (le P.), jésuite anglais, né en 1555 à Nottingham, fut envoyé jeune en Italie, étudia sous Bellarmin, prit l'habit à Rome, revint en Angleterre comme missionnaire en 1584, et devint provincial de la Compagnie dans ce pays. Impliqué en 1606 dans la conspiration des Poudres, il fut pendu comme ayant négligé de révéler le complot, dont il avait eu connaissance par la confession. Les Jésuites le considèrent comme un martyr.

GARNIER (Robert), auteur dramatique, né en 1534 à La Ferté-Bernard (Sarthe), mort en 1590, est un des premiers en France qui ait fait des pièces régulières. On a de lui 9 tragédies, dont la meilleure est Bradamante, jouée en 1580. Garnier était lieutenant général du bailliage du Mans, et fut nommé par Henri IV conseiller au grand conseil. Quoique la langue de cet auteur soit encore informe, on trouve déjà dans ses pièces le sentiment de la grandeur. Ses Œuvres, recueillies dès 1585, ont souvent été réimprimées dans le XVIIe siècle,

GARNIER (Jean), jésuite, né à Paris en 1612, professa les lettres, puis la théologie dans divers colléges et mourut en 1681 à Bologne, pendant qu'il se rendait à une assemblée générale de son ordre qui se tenait à Rome. On a de lui des éd. de Marius Mercator, 1673; de Libérat, 1675; Systema bibliothecæ collegii parisiensis, 1678, où il propose un bon système de distribution bibliographique. Il termina l'édition de Théodoret commencée par le P. Sirmond.

GARNIER (dom Julien), savant bénédictin, né en 1670 à Connerré (Sarthe), m. en 1725, fut appelé en 1699 du Mans à Paris pour y préparer une éd. de S. Basile et en publia les 2 premiers volumes en 1721 et 1722, in-fol., avec texte grec, trad. latine; le 3e ne put paraître qu'après sa mort, en 1730, par les soins de dom Maran. Cette édition est encore auj. la meilleure et la plus belle.

GARNIER (J. J.), historiographe, né en 1729 à Gorron (Mayenne), m. en 1805, était professeur d'hébreu au Collége de France et inspecteur de cet établissement. Il fut admis en 1762 à l'Académie des inscriptions, et fut choisi après la mort de Villaret pour continuer l’Histoire de France. On lui doit les règnes de Louis XI à Charles IX. Inférieur pour le style à Velly et à Villaret, il l'emporte sur eux par ses recherches. Il a aussi publié l’Origine du gouvernement français, 1765, quelques écrits littéraires, et des Mémoires sur la philosophie ancienne, dans le recueil de l'Académie des inscriptions. On cite de lui des traits d'une admirable générosité.

GARNIER (le comte Germain), économiste, né à Auxerre en 1754, mort à Paris en 1821, fut procureur au Châtelet, puis secrétaire de Mme Adélaïde, sœur de Louis XVI, et fut appelé en 1791 au ministère de la justice, mais il refusa cet honneur et s'expatria en 1793. Sous l'Empire, il fut nommé préfet, comte, puis sénateur, et devient en 1809 président du Sénat. Il a trad. les Recherches, sur les richesses des nations de Smith, 1802, et a laissé lui-même plusieurs bons ouvrages d'économie politique : De la propriété dans ses rapports avec le droit politique, 1792; Principes d'économie politique, 1796; Valeur des monnaies de compte dans l'antiquité, 1817 (ouvrage qui fut combattu par Letronne) ; Hist. de la monnaie depuis la plus haute antiquité jusqu'à Charlemagne, 1819. — Son frère aîné, Ch. Garnier, 1746-95, avocat et littérateur, a donné des Proverbes dramatiques, 1784, et a édité le Cabinet des Fées, 41 vol. in-8, 1784 et années suiv., et les Voyages imaginaires, 39 vol. in-8, 1787, etc.

GARNIER (Étienne), peintre d'histoire, né à Paris en 1759, mort en 1849, remporta en 1788 le premier prix de peinture, fut envoyé comme pensionnaire à Rome, et entra à l'Académie des beaux-arts en 1816. Ses œuvres principales sont : S. Jérôme, 1790; Ajax, 1791; Socrate et Alcibiade, 1791; Dédale et Icare, 1792 ; la Famille de Priam, 1792 ; Nausicaa et Ulysse; Anacréon; la Charité romaine ; Éponine et Sabinus; la Mort d'Eurydice; Napoléon dans son cabinet. Il se distingue par la grâce du dessin et la beauté du coloris. — GARNIER-PAGÈS. V. PAGÈS.

GAROFALO (Benvenuto TISIO, dit le), peintre italien, né en 1481 à Ferrare, m. en 1559, fut l'ami de Raphaël et imita si bien sa manière que ses Vierges et ses enfants ont souvent été attribués à ce grand maître. Ses chefs-d'œuvre sont le Massacre des Innocents, la Résurrection de Lazare et la Prise de Jésus, qu'il peignit de 1519 à 1524 dans l'église de St-François de Ferrare; une Samaritaine, et le Séjour des élus, où il plaça l'Arioste entre deux saints. Par allusion à son nom, qui veut dire œillet en italien, il a peint un œillet sur ses œuvres originales.

GARONNE, Garumna, riv. de France, naît dans les Pyrénées espagnoles au val d'Aran, dans la gorge d'Artigues, par 1° 25' long. O., 42° 43' lat. N.; entre en France après un cours de 48 k., baigne les dép. de Hte-Garonne, de Tarn-et-Garonne, de Lot-et-Garonne, de la Gironde; reçoit à gauche le Gers, à droite l'Ariége, le canal du Midi, le Tarn, le Lot, s'unit à la Dordogne au Bec-d'Ambez, et prend alors le nom de Gironde. La Garonne arrose St-Béat, Montrejeau, St-Gaudens, Cazères, Muret, Toulouse, Agen, Tonneins, Marmande, La Réole, Langon, Bordeaux , Blaye, et, unie à la Dordogne, tombe dans l'Océan près de la Tour-de-Cordouan, après un cours de 580 k. La marée remonte le fleuve jusqu'à 130 k. et y forme une barre qui est connue sous le nom de mascaret. — Le canal du Midi, qui s'unit à la Garonne à 2 kil. au-dessous de Toulouse, fait communiquer ce fleuve avec la Méditerranée. — Un autre canal, le Canal latéral à la Garonne, fait suite au canal du Languedoc, avec lequel il se raccorde à Toulouse : il longe la r. dr. du fleuve jusqu'à Agen, puis passe sur la r. g., et finit à Castets. Il a 200 k. de long.

GARONNE (dép. de la HAUTE-), un des dép. frontières de la France, a pour bornes au S. l'Espagne, à l'E. le dép. de l'Ariége, à l'O. celui des Htes-Pyrénées, au N. celui de Tarn-et-Garonne : 6717 k. carrés; 484 081 h.; ch.-l., Toulouse. Il est formé d'une partie du Languedoc (diocèse de Toulouse et Lauraguais) et de plusieurs annexes de la Gascogne (Comminges, Nébouzan, Quatre-Vallées, Lomagne, Conserans). Il est traversé au S. par la chaîne des Pyrénées, et contient les monts Néthou, Quairat, etc. Forêts au N. et surtout au S., belles plaines et prairies dans les vallées. Cuivre, plomb, jayet, antimoine, bismuth, zinc ; marbres de toutes couleurs, marbre statuaire, granit, ardoises; eaux minérales (Bagnères). Vins excellents (Fronton, Montesquieu, Cappens) ; grains, fruits, lin, châtaignes, truffes, etc. Chevaux, mulets, ânes, gros bétail, volaille estimée. Industrie métallurgique; distilleries; verreries, manufactures d'étoffes de coton, de fil, etc. Commerce actif, surtout celui de transit. — Ce dép. a 4 arr. (Toulouse, Muret, Villefranche, St-Gaudens), 39 cant. et 597 comm. Il appartient à la 12e div. militaire, a une cour impériale et un archevêché à Toulouse.

GARRICK (David), célèbre acteur anglais, né à Hereford en 1716, mort en 1779, descendait d'une famille française de protestants réfugiés nommée La Garrigue. Il était destiné au barreau; mais un penchant irrésistible le porta vers le théâtre. Ses débuts furent des triomphes (1741) ; il excita à Londres et à Dublin, surtout dans les pièces de Shakespeare, et dans les rôles de Richard III, de Roméo et de Macbeth, une admiration enthousiaste. Il avait acheté en 1747 le théâtre de Drury-Lane à Londres, et il ne cessa d'y attirer la foule; il quitta la scène en 1776, ayant acquis une fortune de 3 500 000 fr. Garrick était d'une taille peu élevée ; ses traits étaient réguliers, son regard plein de feu, sa voix sonore et mélodieuse; son visage revêtait avec une facilité prodigieuse l'expression des passions les plus diverses et des caractères les plus opposés ; il bannit l'emphase de la tragédie et y porta un naturel parfait. Garrick était aussi auteur dramatique : il a laissé plusieurs pièces estimées, entre autres le Valet menteur, 1741; le Tuteur, 1759; le Bon ton dans l'antichambre, 1759; le Bon ton dans le salon, 1775. Ses Œuvres ont été publiées à Londres, 1798, 3 vol. in-12. Il a en outre laissé d'intéressants Mémoires, qui ont été publiés,à Londres en 1780 et trad. par Marignie. Il eut pour ami Samuel Johnson et s'aida beaucoup de ses conseils. Il fut inhumé à Westminster, près de Shakespeare.

GARRIGUES (monts), mont. de France, font partie de la chaîne des Cévennes, commencent sur la limite des dép. du Gard et de l'Aveyron, se dirigent au S. O. dans ce dernier dép. et se terminent à la source de l'Orb, sur les confins du dép. de l'Hérault; leur étendue est de 60 kil.

GARSIMINE (pour Garcia Ximenes). V. NAVARRE.

GARTEMPE, riv. de France, naît près de l'Épinas (Creuse), passe à Montmorillon, et tombe dans la Creuse par la r. g., sur la limite du dép. d'Indre-et-Loire, après un cours de 220 k. — Commune du dép. de la Creuse, sur la Gartempe, à 6 k. O. de Guéret. Anc. domaine de la famille Voysin de Gartempe.

GARTH (Samuel), médecin et poëte anglais, né en 1671 dans le comté d'York, mort en 1719, devint médecin de George I et membre du collége de médecine de Londres, et établit dans cette ville des dispensaires, salles de consultation gratuite et de pharmacie en faveur des pauvres. On a de lui un poëme burlesque intitulé : the Dispensary, Londres, 1699 : c'est une satire spirituelle dirigée contre les médecins et les apothicaires qui s'opposaient à ses efforts philanthropiques; et un petit poëme de Claremont, où il chante cette belle résidence.

GARUMNA, riv. de Gaule, auj. la Garonne.

GARVE (Christ.), professeur de philosophie à Leipsick, né en 1742 à Breslau, mort en 1798, s'attacha surtout à la morale et à l'histoire de la philosophie et joignit à une érudition profonde un sage éclectisme. On lui doit des traductions allemandes des Traités de Morale d'Aristote, de Cicéron, de Fergusson, de W. Paley, et quelques ouvrages originaux : la Logique des probabilités, 1766, en latin; Union de la Morale et de la Politique, 1788; Principes de la Morale, 1798; Manière d'écrire l'histoire de la philosophie (allem.), etc.

GASCOGNE, portion mérid. de l'anc. grand-gouvt de Guyenne-et-Gascogne, entre l'Océan à l'O., le Languedoc et le gouvt de Foix à l'E., la Guyenne au N., l'Espagne et le gouvt de Navarre et Béarn au S. Elle peut se diviser en 3 parties : 1° pays à l'O. et au N. du gouvt de Navarre et Béarn (Condomais, Gabarret, Marsan, Tursan, pays des Marennes, Landes, la Chalosse, le Labour); 2° pays à l'E. : ce sont au N. l'Armagnac, au S. le Bigorre, le Nébouzan, le Comminges, le Conserans; 3° la Soule, au S. de tout le pays. Ch.-l. général, Auch, qui est aussi celui de l'Armagnac. Elle a formé les dép. des H.-Pyrénées, du Gers et des Landes, et quelques parties de ceux des B.-Pyrénées, de la H.-Garonne, de Lot-et-Garonne et de Tarn-et-Garonne. — La Gascogne, qui formait du temps des Romains la Novempopulanie ou Aquitaine 3e, prit son nom des Vascons ou Basques, peuple d'Espagne qui, refoulé par les Goths, franchit les Pyrénées vers l’an 542, et s’établit dans les prov. nommées depuis Gascogne et Guyenne. Vaincus et soumis en 602 par Thierry II ; roi de Bourgogne, et Théodebert II, roi d’Austrasie, ils furent réunis au duché d’Aquitaine. Mais dès 630, la Gascogne fut détachée, avec l’Aquitaine, du roy. des Francs, et donnée à Boggis, 2e fils de Caribert. En 714, les Gascons se soulevèrent, mais Pépin et Charlemagne les replacèrent sous la dépendance des ducs d’Aquitaine. La Gascogne formait alors un duché comprenant six comtés : Bigorre, Bordeaux, Agen, Fezensac, Lectoure, plus le comté de Gascogne propre, qui avait pour ch.-l. St-Sever, nommé pour cette raison Cap-de-Gascogne. Le titre de duc de Gascogne passa en 1036 par mariage à la maison de Poitiers-et-Aquitaine ; en 1137 le mariage d’Éléonore, héritière des comtes d’Aquitaine, avec Louis VII, réunit un instant la Gascogne à la couronne de France ; mais le 2e mariage de cette princesse (avec Henri Plantagenet, 1152) mit la Gascogne sous la domination anglaise. Elle resta aux Anglais jusqu’en 1453, époque à laquelle Charles VII la réunit définitivement à la France. L’abbé Montlezun a publié en 1850 une Hist. de la Gascogne.

GASCOGNE (golfe de), Aquitanicus sinus, partie de l’Océan Atlantique comprise entre les côtes occident. de la France et les côtes septent. de l’Espagne.

GASCONS. Ce sont proprement les Basques venus d’Espagne pour occuper la Gascogne (V. GASCOGNE) ; mais on étend vulgairement la dénomination de Gascons à tous les habitants du pays compris entre les Pyrénées et la Garonne. Les Gascons ont l’esprit fin, délié, adroit, fécond en inventions, mais ils ont aussi la réputation de fanfarons.

GASSENDI (Pierre), philosophe français, né en 1592 à Champtercier près de Digne, mort à Paris en 1655, se fit remarquer par sa précocité, obtint au concours une chaire de rhétorique dès l’âge de 16 ans, et enseigna la philosophie et la théologie à Aix dès 21 ans. Il embrassa l’état ecclésiastique, devint en 1623 prévôt de la cathédrale de Digne, et fut pourvu d’un bénéfice avantageux qui lui permit de bonne heure de se livrer à son goût pour les sciences. En 1624, il publia une critique d’Aristote (Exercitationes paradoxicæ adversus Aristotelem), qui souleva beaucoup d’adversaires, mais qui attira sur lui l’attention. En 1645, il fut appelé à Paris et nommé professeur de mathématiques au Collége de France. Il se lia avec les savants les plus distingués, tels que Galilée, Kepler, Hobbes, Mersenne, Pascal, Lamothe-le-Vayer, et devint le centre de leurs réunions. Savant universel, il se distingua à la fois comme philosophe, physicien, mathématicien, astronome, historien, antiquaire ; mais c’est surtout comme philosophe qu’il est célèbre. Il fut un des premiers à sentir le vide de la philosophie d’Aristote et il l’attaqua hardiment dans ses Exercitationes ; il lui préférait celle d’Épicure, et il fit des travaux d’une érudition admirable pour restaurer et réhabiliter cette doctrine si longtemps oubliée et condamnée. Il publia dans ce but trois ouvrages importants : De Vita et moribus Epicuri, 1647 ; Animadversiones in librum X Diogenis Laertii (livre consacré à Épicure), 1649 ; Syntagma philosophiæ Epicuri, 1649 ; il y rassemblait tous les passages des anciens ou il est parlé d’Épicure, exposait et confirmait plusieurs des opinions de ce philosophe, tout en combattant avec force ses dogmes impies. Gassendi se forma en outre une doctrine à lui, sorte d’éclectisme qui avait pour base les données de l’expérience : elle se trouve exposée dans son Syntagma philosophicum, ouvrage posthume, où il traite toutes les parties de la science. Il eut avec Descartes de vives discussions et écrivit contre lui deux traités : Disquisitio metaphysica adversus Cartesium, 1642 ; Dubitationes et instantiæ adversus Cartesii metaphysicam, 1644 ; il attaquait surtout la doctrine des idées innées, et enseignait que toutes nos idées viennent des sens, les unes immédiatement, les autres médiatement. Il réfuta aussi les folies mystiques de Robert Fludd et de Morin. On doit à Gassendi plusieurs ouvrages d’astronomie, d’importantes découvertes sur cette science, et d’excellentes biographies de Tycho-Brahé, Copernic, Peyresc, etc. Ses œuvres ont été réunies à Lyon, 1658, 6 v. in-fol., avec sa vie par Sorbière. Bernier a donné un excellent Abrégé de sa doctrine ; Molière et Bachaumont avaient reçu ses leçons.

GASSENDI (J. J. BASILIEN de), général d’artillerie, de la même famille que le préc., né à Digne en 1748, mort en 1828, se distingua surtout au passage du St-Bernard, où il donna l’idée de transporter les canons à bras en les plaçant dans des troncs d’arbres creusés, quitta le service, avec le grade de général de division, pour entrer dans l’administration, devint conseiller d’État, sénateur en 1806, et fut nommé pair de France par les Bourbons. On lui doit l’Aide-mémoire à l’usage des officiers d’artillerie, 1789, manuel estimé et souvent réimprimé.

GASSION (Jean de), maréchal de France, né à Pau en 1609, servit en Piémont sous le duc de Rohan, passa ensuite en Suède, et combattit en Allemagne sous les ordres de Gustave-Adolphe ; se signala à la bataille de Leipsick, gagnée par ce prince en 1631 ; revint en France après la mort de Gustave, commanda l’aile droite de l’armée française à la journée de Rocroy (1643), et y décida la victoire. La même année, après s’être signalé à la prise de Thionville, où il fut blessé, il fut créé maréchal, quoique huguenot. Il prit Courtray, Furnes, Dunkerque, mais en 1647 il reçut un coup de mousquet au siège de Lens, et mourut 5 jours après. Ce général joignait à une audace extrême dans l’action une grande prudence dans le conseil.

GASSNER (J. Joseph), né en 1727 à Bratz (Tyrol), mort en 1779, fut d’abord curé de Klœsterle dans le pays des Grisons, et se fit une grande réputation par des guérisons qu’on regarda comme miraculeuses. Croyant que les maladies étaient l’effet de la possession, il prétendait les guérir en chassant les démons au nom de Jésus. Il parcourut, à partir de 1773, la Suisse et une partie de l’Allemagne, suivi d’une foule de malades, et séjourna surtout à Elwang, à Sulzbach, à Ratisbonne. L’autorité ecclésiastique et l’empereur Joseph II, alarmés de l’influence qu’exerçait cet enthousiaste, le forcèrent à cesser ses exorcismes et à se renfermer dans sa cure. (1777). On a écrit une foule de volumes, soit pour raconter, soit pour discuter les miracles de Gassner. Il a publié lui-même une Instruction pour combattre le Diable (en allem.), 1774.

GASTINE, GASTINAIS. V. GÂTINE, etc.

GASTON DE FOIX, D’ORLÉANS. V. FOIX, ORLÉANS.

GASTON (Hyacinthe de), poëte, né à Rhodez en 1767, mort en 1808, servit dans l’armée de Condé, puis se réfugia en Russie ; revint en France sous le consulat et fut fait proviseur du lycée de Limoges. On a de lui une traduction de Virgile en vers (Paris, 1808), bien inférieure à celle de Delille.

GASTOUNI, v. de l’État de Grèce (Élide), sur une riv. de même nom, à 110 kil. N. O. de Tripolitza ; 3000 hab. Petit port, château. Aux environs, ruines de l’ancienne Élis.

GATA, v. d’Espagne (Badajoz), sur la riv. Gata, au pied des monts de Gata, à 50 kil. S. O. de Valencia : 2400 h. — Les Monts de Gata lient les monts de Grédos à la sierra Estrella ; la Gata (affluent de l’Alagon) y prend sa source. Ces montagnes tirent leur nom des carrières d’agates qui s’y trouvent.

GATA, Charidemum prom., cap d’Espagne, à la pointe S. O., sur la Méditerranée, au S. O, d’Almeria, par 36° 43’30 « lat. N., et 4 » 28′ 3″ long. O. Duquesne y livra aux Espagnols en 1643 un combat dans lequel il fut blessé.

GATAKER (Thomas), théologien et critique anglais, né à Londres en 1574, mort en 1654, fut successivement instituteur particulier, prédicateur, et recteur de Rotherhithe (Surrey). On a de lui plusieurs ouvrages de controverse et d'autres écrits dont les plus remarquables sont : un Discours sur la nature et l'usage des loteries, 1619; une bonne édition, avec trad. latine, de Marc-Aurèle, précédée d'un discours sur la philosophie des Stoïciens, qui renferme de savantes recherches, Cambridge, 1652; et 6 livres de remarques critiques sous le titre d’Adversaria miscellanea, 1659. Une partie de ses écrits a été publiée sous le titre d’Opera critica, Utrecht, 1698, in-folio.

GATCHINA, v. de Russie, dans le gouvt et à 44 k. S. S. O. de St-Pétersbourg; 8000 h. Château impérial, qui était le séjour de Paul I; école de jardinage; maison d'enfants trouvés et de jeunes aveugles.

GATES (Horace), général américain, né en Angleterre vers 1728, avait servi dans l'armée anglaise pendant la guerre de Sept ans. Il s'établit dans la Virginie après la paix de 1763, prit les armes en faveur de sa nouvelle patrie lors de la guerre de l'indépendance, fut chargé du commandement de l'armée du Nord en 1776, battit le général Burgoyne en plusieurs rencontres et le força à mettre bas les armes à Saratoga le 17 octobre 1777. Nommé en 1780 général en chef de l'armée du midi dans la Caroline, il s'efforça vainement de résister à lord Cornwallis. Il mourut en 1806.

GATESHEAD, v. d'Angleterre (Durham), sur la Tyne, est considérée comme un faubourg de Newcastle, dont elle n'est séparée que par un pont; 18 000 hab. Houilles, forges, fonderies de fer.

GATIEN (S.), évêque de Tours, un des apôtres des Gaules, vint d'Italie en ce pays vers 250 pour y prêcher la religion, fit un grand nombre de prosélytes, s'arrêta à Tours, dont il fut le 1er évêque, et subit le martyre vers 301. On le fête le 18 déc.

GÂTINAIS, Vastiniensis pagus, anc. pays de France, était divisé en Gâtinais français (dans l'Ile-de-France) et Gâtinais Orléanais. Le 1er avait pour capit. Nemours, et forme auj. la partie S. O. du dép. de Seine-et-Marne. Le 2e avait pour capit. Montargis, et renfermait le petit pays de Puisaye; il forme auj. l'E. du dép. du Loiret et quelques portions de ceux de la Nièvre et de l'Yonne. Ce pays était renommé par son miel et son petit vin. — Le Gâtinais eut dès le XIe siècle des comtes particuliers. Geoffroy le Barbu, l'un d'eux, fils d'Hermengarde, sœur de Geoffroy le Martel, comte d'Anjou, succéda à son oncle dans le comté de Touraine, mais fut dépouillé par Foulques, son frère cadet. Celui ci, craignant la colère du roi de France, Philippe I, lui céda le Gâtinais, qui fut dès lors réuni à la couronne.

GÂTINE ou GASTINE (c.-à-d. lande défrichée), nom donné à plusieurs pays de l'anc. France, notamment à une partie du Bas-Poitou, qui avait pour lieu principal Parthenay. 11 fait auj. partie des Deux-Sèvres.

GATTEAUX (Nic. Marie), graveur en médailles, né en 1751 à Paris, mort en 1832, était fils d'un serrurier. Il montra une aptitude précoce pour le dessin et devint, sous Louis XVI, graveur du roi. Parmi ses médailles, on remarque l’Établissement de l'École-de-Médecine de Paris, le Sacre de Louis XVI, l’Invention des aérostats, la Fédération, la médaille pour les Prix de vertu de l'Académie, et une foule de portraits. Habile mécanicien, il a inventé la presse à timbrer, ainsi qu'une machine pour la mise au point des œuvres de sculpture. — Son fils, Édouard G., né en 1788, s'est distingué à la fois comme graveur et comme sculpteur.

GATTEL, lexicographe, né à Lyon en 1743, mort en 1812, enseigna la philosophie à Lyon, la grammaire générale à Grenoble, et devint sous l'Empire proviseur du lycée de Grenoble. On a de lui un Dict. espagnol-français et français-espagnol, Lyon, 1790, et un Dictionnaire portatif français, Paris, 1797, et 1819, 2 v. in-8 : c'est un ouvrage estimé.

GATTEVILLE, vge du dép. de la Manche, à 26 k. E. de Cherbourg; 1170 hab. Il donne son nom au promontoire qui termine la presqu'île du Cotentin à l'E., et à un beau phare, haut de 70m, bâti sur ns promontoire en 1833.

GAU, anc. nom en usage en Germanie pour désigner une circonscription territoriale. Les gaus étaient administrés par un comte dit gaugraf. Il en reste encore des vestiges dans les noms de Brisgau, Thurgau (d'où Thurgovie), Nordgau, Sundgau, etc.

GAU (Franç. Chrét.), architecte, né en 1790 à Cologne, mort à Paris en 1854, s'était fait naturaliser. Il étudia sous Debret et Lebas, alla explorer les monuments de l’Égypte et de la Nubie, publia à son retour les Antiquités de la Nubie, avec un texte rédigé par Niebuhr et Letronne, 1821-23, et acheva en 1824 les Ruines de Pompeies de Mazois. On lui doit les plans de l'église Ste-Clotilde, à Paris, ainsi que la prison de la Roquette, ingénieusement disposée pour l'isolement et la surveillance.

GAUBIL (Antoine), savant missionnaire jésuite, né à Gaillac en 1689, mort en 1759, fut envoyé à la Chine en 1723, y apprit parfaitement les langues chinoise et mantchoue, devint interprète de la cour impériale, exerça cette charge pendant 30 ans, et mérita l'entière confiance de l'empereur. Il mourut à Péking en 1759. C'est peut-être celui de tous les Européens qui a le mieux connu la littérature chinoise. On a de lui : Traité historique et critique de l'astronomie chinoise ; Histoire de Gentchiscan (Gengis-Khan) et de toute la dynastie des Mongoux, 1739; Traité de la chronologie chinoise ; une trad. française du Chou-King, livre qui renferme les traditions historiques de la Chine, 1771; Description de Péking, 1785 (posthume); des notices et des lettres, dans le recueil des Lettres édifiantes (t. XVI à XXXI).

GAUCHER DE CHÂTILLON. V. CHÂTILLON.

GAUCHOS, nom que portent dans l'Amérique méridionale, surtout au Brésil, dans l'Uruguay et la Plata, les habitants de la campagne, issus pour la plupart du mélange des Espagnols avec les indigènes. A peine civilisés, ils élèvent des bêtes à cornes et des chevaux sauvages, et sont remarquables par leur vigueur et leur agilité.

GAUDEN (J.), évêque anglican, né en 1605, mort en 1662, était chapelain à Warwick au commencement de la guerre civile sous Charles Ier, et se déclara d'abord pour le Parlement; mais à la vue des excès qui se commettaient, il changea d'opinion et embrassa la cause royale. Il publia après l'exécution du roi un ouvrage qui eut un grand succès, l’Éikôn basilikè, ou portrait du roi dans ses souffrances. Au retour de Charles II, il fut fait évêque d'Exeter, puis de Worcester (1662).

GAUDENTS (les Chevaliers), ordre particulier à l'Italie, institué en 1204 par quelques nobles bolonais, et approuvé par Urbain IV. Ils s'obligeaient à protéger la veuve, l'orphelin et le pauvre, et à s'entremettre dans l'intérêt de la paix. Ils portaient le manteau blanc, et la croix rouge surmontée de deux étoiles. Ils devaient être nobles de père et de mère; ils suivaient la règle des Dominicains, sans être astreints au célibat ni a la vie commune. Le P. Dominique Federici a écrit leur Histoire, Venise, 1787.

GAUDICHAUD (Ch.), botaniste, né en 1789 à Angoulême, mort en 1854, était pharmacien de marine. Attaché comme naturaliste aux expéditions scientifiques de l’Uranie, de l’Hermine et de la Borée, il en publia la partie botanique. Il n'était pas encore de retour de ses voyages, lorsqu'il fut, en son absence, nommé membre de l'Académie des sciences (1837). Il eut avec Mirbel une polémique des plus vives et des plus intéressantes sur le mode de développement des végétaux. Outre ses voyages, il a publié des Recherches générales sur l'organographie, l'organogénie, la physiologie, qui obtinrent en 1835 le prix de physiologie expérimentale décerné par l'Académie des sciences.

GAUDIN (Michel Charl.), duc de Gaëte, habile financier, né en 1756 à St-Denis, mort en 1844, fut nommé par Necker chef d'un des bureaux de la direction générale des contributions, devint en 1791 un des commissaires de la Trésorerie créée par l’Assemblée nationale, accepta le portefeuille des finances après le 18 brumaire (1799) et le garda jusqu’à la chute de l’Empire. Il releva le crédit, établit le système de contributions directes qui nous régit encore, exécuta le cadastre, et fit créer le ministère du Trésor, ainsi que la Cour des comptes. Il fut en récompense nommé duc de Gaëte (1809) et resta jusqu’au bout fidèle à Napoléon. Accusé d’avoir aidé l’empereur à spolier le trésor, il vit son innocence proclamée par Louis XVIII lui-même. Nommé gouv. de la Banque en 1820, il conserva ces fonctions jusqu’en 1834. Gaudin a publié des Mémoires et Souvenirs (3 vol. in-8, 1826-34).

GAUGAMELA, vaste plaine de l’anc. Assyrie, à l’O. du Tigre et près d’Arbèles. C’est là que se livra la fameuse bataille vulgairement dite d’Arbèles.

GAULANITIDE, petit pays de Palestine, s’étendait depuis le mont Hermon au S. jusqu’au fleuve Hiéromax et avait pour v. princ. Gaulon et Gamala.

GAULE. On désignait sous ce nom : 1° la Gaule proprement dite ou Gaule Transalpine (France actuelle) ; 2° la Gaule Cisalpine (Italie septentrionale) ; 3° la préfecture des Gaules, qui comprenait avec la Gaule Transalpine les îles Britanniques et l’Hispanie.

I. GAULE proprement dite, appelée par les Romains Gallia Transalpina, parce qu’elle était située par rapport à eux au delà des Alpes, contrée de l’Europe anc., comprenant à peu près la France actuelle, plus la Belgique, avait pour limites au N. la Manche (Oceanus britannicus) et la mer du Nord (Oceanus germanicus), à l’E. le Rhin et les Alpes, au S. la Méditerranée et les Pyrénées, à l’O. l’Océan Atlantique. Elle était habitée, avant l’arrivée des Romains, par des peuples de quatre races différentes : 1° des Celtes ou Galls ; 2° des Germains (Kymris ou Cimbres, Belges et Volques, Volcæ), venus postérieurement ; 3° des Ibères ou Ligures ; 4° des Grecs (les Massiliotes et leurs colonies). Ce pays n’avait pas de nom général, ni même de division géographique reconnue avant la conquête de César. Les Grecs l’appelaient vaguement Celtique. Les Romains, qui en possédaient depuis l’an 123 av. J.-C. une portion au S. E., qu’ils appelaient Provincia (la Provence moderne), ne connaissaient pas les limites et l’étendue du reste.

Lors de la conquête de César (59 av. J.-C.), on distinguait dans la Gaule deux parties : la Province romaine, dite aussi Gallia braccata, à cause des braies ou hauts-de-chausses que portaient les habitants ; la Gaule libre, ou chevelue (Gallia comata), ainsi nommée à cause des longs cheveux qui distinguaient ses habitants. Celle-ci se subdivisait : 1° en Belgique, alors bornée au N. et à l’E. par le Rhin (Rhenus), au N. O. par la mer de Germanie, au S. O. par la Marne (Matrona) et la Seine (Sequana) : 2° en Aquitaine, entre l’Océan, la Garonne et les Pyrénées ; 3° en Gaule propre ou Celtique, entre le Rhône, la Garonne, l’Océan, la Seine, la Marne, et la partie inférieure du Rhin. À cette époque, la Gaule comptait, dit-on, 400 peuples et 800 villes, formant des confédérations où les plus faibles étaient groupés à divers titres comme sujets ou comme clients autour des plus puissants. Ceux-ci étaient : l° dans la G. Belgique, les Bellovaci, Suessiones, Remi, Treveri, Nervii ; 2° dans la Celtique, les Helvetii, Sequani, Ædui, Arverni, Armorici, Carnutes, Senones ; 3° en Aquitaine, les Tarbelli et les Ausci. Il faut y ajouter, dans la Province romaine, les Allobroges, les Cavares, les Tolosates. — Auguste partagea la Gaule en 4 grands départements : Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise et Belgique. Dans cette dernière, la contrée située sur la r. g. du Rhin fut sous-divisée en Germanique supérieure et Germanique inférieure (dites plus tard 1re et 2e) ; l’Aquitaine s’étendit au N. jusqu’à la Loire. — Lors de l’organisation de l’empire sous Constantin, la Gaule propre fut comprise avec la Bretagne romaine, l’Hispanie, et la Mauritanie Tingitane, dans la Préfecture des Gaules ; elle forma un des trois diocèses de cette préfecture et se subdivisa elle-même en 17 provinces dont voici le tableau :

Provinces Chefs-lieux. Pays modernes correspondants.
Germanie ou Germanique 1re ou supérieure, Moguntiacum (Mayence), Grand-duché du Bas-Rhin. — Hesse-Darmstadt. — Bavière Rhénane. — Départements français du Haut et du Bas-Rhin.
Germanie ou Germanique 2e ou inférieure, Colonia Agrippina (Cologne), Pays-Bas : Hollande méridionale, Gueldre méridionale, Nord-Brabant, Zélande, Anvers, Limbourg ; Liége, Namur. — Grand-duché du Bas-Rhin.
Belgique 1re, Treveri (Trèves), Grands-duchés du Bas-Rhin et de Luxembourg. — Départements français : Meuse, Moselle, Meurthe, Vosges, Haute-Marne.
Belgique 2e, Remi (Reims), Pays-Bas : Flandre, Hainaut. — Départements français : Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Aisne, Marne, Haute-Marne.
Lyonnaise 1re, Lugdunum (Lyon), Haute-Marne, Côte d’or, Nièvre, Allier, Saône-et-Loire, Rhône, Loire, Ain.
Lyonnaise 2e, Rotomagus (Rouen), Seine-et-O., Seine-Inf., Eure, Calvados, Orne, Manche.
Lyonnaise 3e, Cæsarodunum (Tours), Finistère, Côtes-du-N., Ille-et-Vil., Morbihan, Loire-Inf., Mayenne, Sarthe, Maine-et-L., Indre-et-L.
Lyonnaise 4e, Senones (Sens), Seine-et-Marne, Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Nièvre, Yonne, Aube.
Grande Séquanaise, Vesontio (Besançon), Haute-Saône, Doubs, Jura, Saône-et-Loire, Ain.
Aquitaine 1re, Avaricum (Bourges), Cher, Indre, Creusa, H.-Vienne, Corrèze, Puy-de-D., Allier, Lozère, Cantal, Aveyron, Lot, Tarn-et-G.
Aquitaine 2e, Burdigala (Bordeaux), Loire-Inférieure, Maine-et-Loire, Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Inférieure, Charente, Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers.
Aquitaine 3e ou Novempopulanie, Convenæ, Ausci (Auch) ou Elusa (Eauze), Gironde, Landes, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Ariége.
Narbonnaise 1re, Narbo Martius (Narbonne), H.-Garonne, Ariége, Pyrénées-Orient., Aude, Tarn-et-Gar., Tarn, Hérault, Gard, Lozère, Ardèche.
Narbonnaise 2e, Aquæ Sextiæ (Aix), B.-du Rhône, Var, Vaucluse, B.-Alp., H.-Alp., Isère.
Viennaise, Vienna (Vienne), B.-du-Rhône, Vaucluse, Drôme, Isère, Ain, Savoie.
Alpes Maritimes, Ebrodunum (Embrun), Var, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes maritimes. — Suisse : canton de Genève.
Alpes Grecques et Pennines, Darantasia (Moutiers-en-Tarentaise), Savoie. — Suisse : canton du Valais.

Au Ve siècle la Viennaise fut partagée en 1re et 2e, et alors il y eut 18 provinces en Gaule. Les principales villes des Gaulois avant la conquête étaient (indépendamment des villes antiques de Massilia, Tolosa, Narbo) Gergobia, Uxellodunum, Avaricum, Genabum, Bibracte, Vesontio, Aventicum, Alesia, Durocortorum, Agendicum, Autricum, Bratuspantium, Treveri. Sous les Romains beaucoup d'autres villes devinrent importantes, les unes fondées par eux, comme Aquæ Sextiæ ou Aix, Lugdunum ou Lyon, Colonia Agrippina ou Cologne, les autres antérieures à leur domination: Arelate, Avenio, Arausio, Vienna, Cularo ou Gratianopolis, Noiodunum (Nyons), Nemausus (Nîmes), Cossio ou Vasates, Elusa, Aquæ Tarbellicæ, Burdigala, Divona ou Cadurci, Limonum ou Pictavi, Nemetum ou Arverni, Nevirnum, Turones, Suindinum ou Cenomani, Lutetia ou Parisii, Nemetacum ou Atrebates, Samarobriva ou Ambiani, Tungri, Argentoratum, Moguntiacum. C'est à Trêves que résidait le préfet des Gaules.

Les Gaulois ne commencent à figurer dans l'histoire qu'au VIe siècle av. J.-C. Vers l'an 587, des bandes gauloises, chassées de leur territoire par l'invasion des Kymris, allèrent s'établir en Germanie sous Sigovèse, en Italie sous Bellovèse; et pendant 67 ans cette émigration continua vers l'Italie septentrionale, d'où elle fit disparaître la domination étrusque, et qui prit alors le nom de Gaule Cisalpine. Ils firent d'autres invasions dans l'Italie centrale (390-348), où ils furent un moment maîtres de Rome (389) ; en Grèce (279 et 278), où ils ne furent détruits que par la fureur des éléments; en Asie, où ils fondèrent un État fédératif (la Galatie). Ils acquirent par là une grande réputation de bravoure et devinrent la terreur des pays qu'ils avaient envahis. Après de longues guerres, les Romains soumirent la Gaule Cisalpine (310-163), et bientôt après ils attaquèrent la vraie Gaule, la Gaule au N. O. des Alpes. Appelés d'abord au secours des Massiliens, ils défirent les Décéates et les Oxybiens, qui les menaçaient, battirent en plusieurs occasions, de 125 à 118, les Salluves, les Ligures, les Voconces, les Allobroges, les Arvernes, et formèrent dès lors la Province romaine (121), qui dans l'origine ne comprenait que des pays situés à l'E. du Rhône, mais qui à partir de l'an 106 embrassa les Helviens, les Arécomiques, les Tectosages, les Tolosates et les Sardones. De 58 à 50, César soumit le reste de la Gaule. Depuis ce temps, sauf les révoltes de peu de durée (V. CIVILIS, CLASSICUS, SABINUS, POSTHUME, VICTORINUS, TETRICUS), Ce pays resta soumis aux Romains jusqu'à l'invasion de 406. Leur domination n'y cessa totalement qu'en 486 (à l'époque de l'établissement des Francs).

La religion des Gaulois était le druidisme (V. DRUIDES); leur langue était le celtique ou gaélique (V. GAÉLIQUE); leur civilisation était peu avancée : de puissantes corporations de prêtres, des nobles guerriers, autour desquels se groupaient des espèces de clans, une population agreste de serfs, voilà quels étaient les éléments de la nation gauloise. Dans les cas de guerre générale, plusieurs grandes nations s'unissaient par des confédérations pour mieux résister à l'ennemi; on élisait un chef qui avait autorité sur tous. Les vêtements nationaux étaient la saie (sagum) et les pantalons (braccæ); les armes vulgaires, l'angon (espèce de javelot) et le gais (gæsum, espèce de pieu) ; les sabres étaient de cuivre et mal trempés. — M. Amédée Thierry a donné l’Histoire des Gaulois. Une Carte des Gaules a été entreprise en 1869 par ordre de l'empereur Napoléon III.

II. GAULE CISALPINE, Gallia Cisalpina (auj. États sardes, royaume Lombard-Vénitien, Émilie, etc.), partie sept. de l'Italie, ainsi nommée de sa position en-deça des Alpes relativement aux Romains. On la nommait aussi quelquefois Gallia togata. Elle avait pour limites à l'O. le Var et les Alpes, au N. les Alpes et les lacs situés à leur pied, à l'E. le territoire de Tergeste (Trieste), au S. le Rubicon et l'Arno ou la Macra. Elle était divisée en 4 régions, dont les deux premières étaient séparées par le Padus (le Pô) : 1° Gaule Cispadane (auj. duchés de Parme et de Modène, Bolonais, Ferrarais et Romagne); villes : Placentia et Ravenne; 2° Gaule Transpadane (auj. Piémont septentrional et Milanais); villes : Augusta Prætoria, Augusta Taurinorum, Segusio; 3° Ligurie (auj. duché de Gênes), au S. O; villes : Genua, Albium Intemelium; 4° Vénétie et Istrie (auj. pays Vénitien), au N. E.; villes : Adria, Palavium. — Sous Constantin, la Gaule Cisalpine fut partagée: 1° en Gaule Cispadane, subdivisée en Flaminie, Æmilie, Picenum; 2° en Gaule Transpadane, subdivisée en Vénétie, Istrie et Ligurie. On y ajouta les Alpes Cottiennes, près des sources du Pô, et les deux Rhéties qui avaient appartenu à la Germanie. — Le nom de Gaule Cisalpine s'appliquait plus spécialement à la Cispadane et à la Transpadane; car ces deux contrées avaient pour principaux habitants des Gaulois, tandis que les Ligures étaient Ibères, et que les Vénitiens semblent être de race slave. — La G. Cisalpine, primitivement peuplée de Pélasges, fut ensuite soumise en partie par les Rasènes ou Étrusques, qui formèrent, au N. et au S. du Pô, une confédération de 12 cités. De 587 à 520 les Étrusques furent assujettis ou chassés par les Gaulois, qui fondèrent dans ce pays les v. de Mediolanum, de Brescia, de Vérone, etc. C'est de la G. Cisalpine devenue gauloise que partirent les expéditions qui de 390 à 348 firent trembler Rome. En 312, les Sénones s'unirent aux Étrusques pour repousser les attaques de Rome, mais ils furent vaincus. Ils reprirent les armes avec les Ombriens et d'autres Gaulois en 299, et furent encore battus, surtout en 283, au lac Vadimon. Les Gaulois Boïens et les Insubres éprouvèrent le même sort de 238 à 232, de 225 à 322. Lors de la 2e guerre punique, ils se déclarèrent pour Annibal et firent du mal aux Romains, surtout en 215, à la bataille de Litana Sylva. Victorieuse de Carthage, Rome se vengea des Gaulois cisalpins : elle soumit successivement les Cénomans (197), les Insubres (194), les Boïens (192), les Liguriens (189-163), le littoral de la Vénétie (183), les Euganéens (117), les Carnes (115); enfin Auguste, en réduisant les Salasses, acheva la soumission de toute cette contrée.

III. GAULES (préfecture des), grande division établie par Constantin. V. ci-dessus GAULE (en général).

GAULE CISPADANE et TRANSPADANE, subdivisions de la Gaule Cisalpine. V. GAULE CISALPINE.

GAULMIER (Eugène), poëte, né en 1795 à St-Amand (Cher), était fils d'un receveur des finances. Après s'être destiné successivement à la médecine, au droit, à l'Église, il se voua à l'enseignement et professa avec distinction la rhétorique à Nevers, à Reims, à Bourges. Il cultivait en même temps la poésie avec une ardeur qui lui devint funeste : il succomba prématurément, en 1829, à une affection cérébrale. Il avait composé un grand nombre de poésies où brillent des beautés de premier ordre, et avait entrepris de traduire Tibulle ; ses œuvres éparses ont été recueillies par ses anciens élèves (3 vol. in-8, 1830). On y remarque, outre sa trad. de Tibulle, son Ode sur le dévouement de Malesherbes, couronnée en 1821 par l'Académie française, ses pièces sur le Dévouement des médecins français à Barcelone, sur la Traite des Nègres, l’Élégie sur la mort d'un écolier, la Jeune mère mourante, l’Ode à Manuel, les Souvenirs du poëte, ainsi qu'un discours sur les Nouvelles doctrines littéraires, où il combat les tendances romantiques.

GAULMIN (Gilbert), né à Moulins en 1585, mort en 1665, avait été intendant du Nivernais et conseiller d'État, il était très-versé dans les langues grecque et orientales. On a de lui des trad. latines des romans de Rhodante et Dosiclès de Théodore Prodromus, 1625; d’Ismène et Isménie d'Eumathe, 1618; du livre anonyme De Vita et morte Mosis, hébreu et latin, avec notes, 1629, et du Livre des lumières en la conduite des rois, de Pilpay, 1644.

GAULNA ou GALNA, v. forte de l'Inde anglaise (Bombay), ch.-l. d'un district de même nom, à 130 k. S. E. de Surate. Prise par les Anglais en 1804.

GAULOS, île de la Méditerranée. V. GOZZO.

GAULTIER (N.), Gualterius, chevalier français, fit partie de la croisade entreprise par Godefroy de Bouillon; devint chancelier de Roger, prince d'Antioche; fut pris par les Musulmans, après la fin malheureuse de ce prince, et écrivit à son retour les événements qu'il avait vus (1115-1119), sous le titre de Bella Antiochena (dans le recueil de J. Bongars).

GAULTIER (Philippe), Gualterus de Insulis, G. de Castellione (de Châtillon), né à Lille en Flandre au XIIe siècle, mort vers 1201, a composé vers 1180 un poëme héroïque latin intitulé Alexandreis, sive Gesta Alexandri Magni, qui a été publié à Strasbourg, 1513, et à Lyon, 1558. Ce poëme, qui n'est pas sans mérite, fut longtemps regardé comme classique. L'auteur y suit Quinte-Curce; il peint avec force et chaleur; mais on lui reproche de l'emphase, des négligences de style et des fautes de prosodie.

GAULTIER (Claude), avocat au parlement de Paris, né en 1590, mort à Paris en 1666, a laissé des Mémoires et des Plaidoyers, qui ont été réunis à Paris, en 1662. Il n'est plus guère connu que par ces vers de Boileau (sat. IX) :

Dans vos discours chagrins, plus aigre et plus mordant Qu'une femme en furie, ou Gaultier en plaidant.

GAULTIER (Édouard Camille, dit l'abbé), instituteur, né en 1746 à Asti en Piémont d'une famille française, mort en 1818, fut ordonné prêtre à Rome, vint se fixer à Paris en 1780, et se consacra à l'éducation de l'enfance. Il avait imaginé, pour aplanir au premier âge les difficultés de la science, de réduire les études élémentaires à une espèce de jeu, de tout mettre en action, de provoquer sans cesse l'activité de l'esprit par des interrogations et de récompenser immédiatement les efforts au moyen de jetons. Il ajouta plus tard à cette méthode l'enseignement mutuel. Forcé pendant la Révolution de se réfugier en Angleterre, il y obtint des succès brillants; il revint en continuer l'application en France en 1800. Il a laissé un cours complet d'études élémentaires (lecture, écriture, arithmétique, langues française, latine; géographie, histoire, etc.), formant 21 vol. in-18. Voici les principaux: Leçons de géographie par le moyen du jeu, 1788; Jeu raisonnable et moral pour les enfants, 1791 ; Exposé du cours complet des jeux instructifs, 1802. Il a formé des élèves distingués qui ont propagé et amélioré sa méthode.

Voy. GAUTHIER et GAUTIER.

GAUR, v. de l'Inde. V. GOUR.

GAURE (comté de), anc. petit pays de France, dans le Bas-Armagnac, avait pour ch.-l. Fleurance. Ce comté fut possédé successivement par les comtes de Fezensac, par ceux d'Armagnac et par les sires d'Albret, d'où il passa à la couronne. Il est auj. compris dans le dép. du Gers et forme l'arr. de Lectoure.

GAURES, c.-à-d. infidèles, nom donné en Orient par les Musulmans aux sectateurs de Zoroastre.

GAURIDES. V. GOURIDES.

GAURISANKAR ou EVEREST, un des pics les plus élevés de l'Himalaya, entre le Népal et le Sikkim. On lui donne 8840m.

GAURUS MONS, auj. Monte-Gauro (Terre de Labour), mont. des env. de Capoue. Le consul Valérius Corvus y battit les Samnites en 343 av. J.-C.

GAUSS (Ch. Fréd.), astronome et mathématicien, né à Brunswick en 1777, mort en 1855, trouva dès l'âge de 18 ans la méthode des moindres carrés, devint en 1807 professeur d'astronomie à Gœttingue, et consacra toute sa vie à des études astronomiques dans l'observatoire de cette ville. On a de lui : Disquisitiones arithmeticæ (1801), ouvrage qui transforma l'arithmétique transcendante ; Theoria motus corporum cœlestium (1809), Theoria combinationis observationum erroribus minimis obnoxiæ (1823), et un Atlas du magnétisme terrestre (avec G. Weber). On lui doit de nouvelles méthodes pour calculer la révolution des planètes, l'invention du magnétomètre, celle de l’héliotrope, instrument propre à rendre visibles les stations les plus éloignées au moyen de la réflexion de la lumière solaire ; des travaux estimés sur la géodésie, la physique,du globe, etc. Il était associé de l'Institut de France.

GAUSSIN (Jeanne Catherine GAUSSEM, dite Mlle), actrice de la Comédie-Française, était fille d'un laquais de l'acteur Baron et d'une ouvreuse de loges. Elle débuta à Lille, fut appelée à Paris en 1731, parut avec succès sur la scène dans les rôles de Junie, d’Andromaque, d’Iphigénie, de Bérénice ; créa le rôle de Zaïre, et reçut de Voltaire à ce sujet l'épître la plus flatteuse. Elle ne montra pas moins de talent dans les ingénues et les amoureuses de la comédie que dans les jeunes premières de la tragédie. Sa sensibilité, la naïveté de son jeu, la grâce enchanteresse de son organe, la placèrent au premier rang. Elle quitta le théâtre en 1763, et mourut quatre ans après.

GAUTAMA. V. BOUDDHA GAOUTAMA.

GAUTHEY (Émilian Marie), ingénieur, né à Chalon-sur-Saône en 1732, mort en 1806, fut directeur général des canaux de la Bourgogne, et inspecteur général des ponts-et-chaussées. On lui doit les quais de Chalon-sur-Saône, le pont de Navilly sur le Doubs, le canal qui joint la Saône à l'Yonne, celui qui va du Doubs à la Saône, etc. On a de lui : Application de la mécanique à la construction des voûtes, 1772; Projet de dérivation jusqu'à Paris des riv. d'Ourcq, Thérouenne et Beuvronne, 1803; Traité complet sur la construction des ponts et canaux navigables, 2 vol. in-4, 1809-13, publié par M. Navier, son neveu.

GAUTIER ou GAUTHIER (S.), premier abbé de St-Martin de Pontoise, fut élu vers 1060, et mourut en 1099. On le fête le 8 avril.

GAUTIER, dit Sans avoir, chevalier français, bourguignon selon les uns, normand selon d'autres, se croisa à la voix de Pierre l'Ermite en 1096, et fut choisi par lui pour commander l'avant-garde des Croisés qui ne voulaient point attendre le départ du général en chef, Godefroy de Bouillon. Il les conduisit avec des peines extrêmes à travers l'Allemagne, la Hongrie, la Bulgarie, où presque tous furent tués par les habitants, irrités de leur indiscipline et de leurs rapines. Cependant Gautier put arriver à Constantinople, où il fut accueilli par l'empereur Alexis Comnène. Il s'empressa de passer en Asie pour y combattre les Turcs; mais il périt dans une embuscade aux env. de Nicée.

GAUTIER DE BRIENNE, duc d'Athènes. V. BRIENNE.

GAUTIER DE ST-VICTOR, abbé de la communauté de ce nom, qui vivait au XIIe siècle, écrivit vers 1180 un traité intitulé : Contre les quatre labyrinthes, où il combat certaines opinions d'Abélard, de Gilbert, de Pierre Lombard et de Pierre de Poitiers. Ce livre curieux pour l'histoire du temps est resté manuscrit.

GAUTIER-GARGUILLE, fameux acteur et auteur de farces au temps de Louis XIII, né en Normandie, était camarade de Turlupin et de Gros-Guillaume, et épousa la fille de Tabarin. Attaché au théâtre de l'hôtel de Bourgogne, il excellait à contrefaire les Gascons et les vieillards dupés : son jeu était d'une bouffonnerie et d'un naturel achevés. Il a publié (1631) un recueil, réédité par Ed. Fournier (1855).

GAUTIER D'AGOTY (Jacques), membre de l'Académie de Dijon, né à Marseille en 1710, mort en 1785, cultiva à la fois avec succès la peinture, la gravure, l'anatomie et l'histoire naturelle. Il partage avec Leblond l'honneur d'avoir inventé la gravure en couleurs. On a de lui une Myologie complète en 20 planches imprimées en couleurs, 1746. Il avait commencé un Journal d'observations sur la physique qui a été continué par l'abbé Rosier. — Arnaud Éloi, son fils, a publié d'excellentes planches d'anatomie et d'histoire naturelle, 1757-73, gravées aussi en couleurs.

GAUTIER DE SIBERT, membre de l'Académie des inscriptions, né à Tonnerre vers 1725, mort en 1798, a laissé outre 8 Mémoires insérés dans le recueil de l'Académie : Variations de la monarchie française dans son gouvernement, Paris, 1765-1789, 4 vol. in-12, ouvrage utile et intéressant, mais qui manque un peu de critique; Vies des empereurs Tite, Antonin et Marc-Aurèle, 1769; Histoire des ordres de St-Lazare, de Jérusalem et du Mont-Carmel, 1775. Il a aussi écrit sur la Philosophie de Cicéron, sur la Différence des Académiciens et des Sceptiques.

GAUTIER. V. GAULTIER.

GAVARNIE, vge du dép. des Hautes-Pyrénées, sur le Gave de Pau, à 49 kil. S. S. E. d'Argelès et à 12 kil. S. de Luz-en-Barèges, près d'un port ou passage pour aller en Espagne; 360 hab. Près de là est une enceinte de rochers à pic, dite le Cirque, où le Gave se précipite d'une hauteur de 420m, en formant une magnifique cascade.

GAVE, Gabarus en latin, mot synonyme de torrent dans l'anc. Béarn. — Gave de Pau, d'Oléron, de Mauléon, etc. V. le mot qui suit Gave.

GAVEAUX (Pierre), acteur et compositeur, né à Béziers en 1761, mort en 1825. Il quitta le petit collet pour le théâtre, débuta à Bordeaux, fut appelé à Paris en 1789, et chanta pendant 20 ans avec le plus grand succès au théâtre Feydeau. Comme compositeur, il a donné 34 opéras : Sophie et Moncars (1797) et Léonore (1798) sont les meilleurs. Sa musique était facile et chantante, mais faible. On a gardé mémoire de plusieurs de ses mélodies (la Piété filiale, le Petit matelot, le Bouffe et le tailleur, etc.) ; l'air qu'il composa en 1795, après les excès de la Terreur, pour le Réveil du peuple, hymne de Saint-Marc, eut une vogue extraordinaire.

GAVESTON (Pierre de), favori d’Édouard II, roi d'Angleterre, avait été placé par Édouard I près de ce prince encore jeune, et avait gagné son affection en corrompant ses mœurs, en lui inspirant des passions honteuses et en s'y prêtant lui-même avec une complaisance infâme. Ses prodigalités et son orgueil firent plusieurs fois révolter la noblesse, et le roi fut obligé de l'exiler; mais à peine le mécontentement paraissait-il calmé qu'il le rappelait auprès de lui. Il le créa comte de Cornouailles, en fit son premier ministre et lui donna la main de sa nièce, fille du comte de Glocester. Enfin les barons, las de supporter son joug, prirent les armes une dernière fois, le firent prisonnier et lui tranchèrent la tête, l'an 1312.

GAVIUS, citoyen romain, l'une des victimes de Verrès, habitait une petite ville de Sicile, lorsqu'il fut arbitrairement arrêté par le proconsul, battu de verges et mis en croix sur la place publique de Messine, malgré sa qualité de citoyen romain. Cicéron a éloquemment raconté son supplice dans le De Suppliciis.

GAVRAY, ch.-l. de c. (Manche), sur la Sienne, à 19 kil. S. O. de Coutances; 1500 hab. Toiles de crin pour tamis.

GAY (John), poëte anglais, né à Barnstaple (Devonshire) en 1688, fut d'abord commis chez un marchand de soie. La duchesse de Monmouth, qui avait eu occasion d'apprécier son talent, le prit pour secrétaire, et il put dès lors se livrer à loisir à son goût pour les lettres. Il accompagna comme secrétaire le comte de Clarendon dans son ambassade en Hanovre. Il jouit quelque temps des faveurs de la cour ; mais ayant été disgracié, il en conçut un vif chagrin et mourut peu après, en 1732, à 45 ans. On a de lui des comédies (The wife of Bath; What d'ye call it ? Three weeks after marriage); des opéras, dont les plus célèbres sont le Gueux (The Beggar) et Polly qui y fait suite; des tragédies et des poésies diverses, mais il est surtout connu par ses fables, qu'il composa en 1726 pour l'instruction du jeune duc de Cumberland, et par des Églogues rustiques (la Semaine du Berger), pleines de naturel. Ses fables ont été traduites par Mme de Kéralio, Paris, 1759, et mises en vers par Joly de Salins, 1811.

GAY (Sophie DE LA VALETTE, dame), femme d'esprit, née à Paris en 1776, m. en 1852, était fille du financier La Valette. Mariée fort jeune à un agent de change, elle divorça en 1799 pour épouser M. Gay, qui fut sous l'Empire receveur général du dép. de la Roër. Son salon devint le rendez-vous de la plus brillante société : elle était particulièrement liée avec Pauline Bonaparte (princesse Borghèse). Elle débuta dans la carrière des lettres en 1802, par un roman assez faible, Laure d'Estell, donna en 1813 Léonie de Montbreuse, son chef-d'œuvre, en 1815 Anatole, récit plein d'intérêt, dont le héros est un sourd-muet, en 1818 les Malheurs d'un amant heureux, où elle peint au naturel la société du Consulat et de l'Empire. Depuis 1830, elle fit paraître une série d'ouvrages dans le goût du jour : la Physiologie du ridicule, la Duchesse de Châteauroux, la Comtesse d'Egmont, le Comte de Guiche, etc. Parmi ses œuvres dramatiques, on a remarqué le Marquis de Pomenars, donné à la Comédie-Française en 1819; le Chevalier de Canolle, à l'Opéra Comique, 1836. Poëte et bonne musicienne, elle a composé les paroles et la musique de plusieurs romances qui ont eu la vogue, entre autres, Mœris. Elle a laissé des mémoires : les Souvenirs d'une vieille femme, publiés en 1834, en sont un fragment. Tous ses écrits brillent par un esprit naturel, un style net et courant, et respirent un rare parfum d'élégance et de bonne compagnie. Elle eut pour fille Delphine Gay (Mme Ém. de Girardin) : on a dit, sans vouloir rabaisser par là ses mérites personnels, que sa fille était son plus bel ouvrage.

GAY-LUSSAC (Nic. François), chimiste et physicien, né en 1778 à St-Léonard (Hte-Vienne), mort en 1850, entra à l’École polytechnique, fut de bonne heure distingué par Berthollet, qui le dirigea dans ses premiers essais, débuta en 1802 par un beau travail sur la loi de la dilatation des gaz, exécuta en 1804, avec M. Biot d'abord, puis seul, deux célèbres ascensions aérostatiques, s'éleva jusqu'à 7000m et fit dans ces hautes régions d'intéressantes observations de physique ; voyagea en 1805 et 1806 avec Alex. de Humboldt pour recueillir des observations magnétiques ; entreprit en 1808 avec Thénard, au moyen de la pile galvanique, des recherches sur le potassium, le sodium, le bore, récemment découverts par Davy, et publia en 1811 le résultat de ses travaux sous le titre de Recherches physico-chimiques (2 vol. in-8) ; fit dès 1813 une étude approfondie de l’iode, que le salpêtrier Courtois avait trouvé par hasard, et publia sur ce sujet en 1816 un remarquable Mémoire; porta la lumière de l'analyse sur une foule de sujets de chimie et de physique, tels que le chlore, l'acide fluorique, l'azote, le soufre, l'acide prussique, le cyanogène, l'acide hydrochlorique; découvrit l'acide chlorique oxygéné ; étudia l'expansion de la vapeur, l'hygrométrie, la capillarité; compléta et fixa la théorie des proportions définies ; inventa l'alcoomètre qui a gardé son nom, construisit un baromètre transportable, trouva des méthodes plus sûres pour essayer l'or et l'argent, et porta dans les procédés et les instruments de la science une précision inconnue jusque-là. il avait été admis à l'Institut dès 1804; il devint bientôt professeur de physique à la Faculté des sciences, professeur de chimie à l'École polytechnique et au Muséum, vérificateur des ouvrages d'or et d'argent à la Monnaie, membre du conseil de perfectionnement des poudres et salpêtres, etc. Député depuis 1831, il fut en 1839 nommé pair de France. En même temps que par ses travaux Gay-Lussac contribuait puissamment aux progrès de la science, son enseignement lucide et intéressant en répandait le goût. Ses nombreux mémoires ont été publiés dans les recueils de la Société d'Arcueil, de l'Académie des sciences, de la Société philomatique, dans les Annales de physique et chimie, qu'il rédigea avec Arago de 1816 à 1840. Son Cours de physique a été recueilli et publié en 1827 par M. Grosselin ; son Cours de chimie, par M. Gaultier de Claubry. 1828. Ce savant eut avec Dalton, Davy et Berzélius de vifs démêlés pour la priorité de quelques découvertes, qu'on lui disputait à tort.

GAYAH, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), à 90 kil. S. de Patna, sur le Foulgo; 40 000 hab. Ville sainte, regardée comme la patrie de Bouddha. Il s'y rend annuellement 100 000 pèlerins.

GAYANT, nom donné en Flandre, notamment à Douai, à un personnage légendaire en l'honneur duquel on célèbre une fête annuelle qui a lieu le 7 juillet ou le dimanche le plus voisin : on promène les mannequins gigantesques de Gayant, de sa femme et de ses enfants, en jouant un vieil air national. Gayant paraît n'être qu'une forme du mot géant.

GAZA (de ghaza, trésor, ou d'un mot hébreu qui signifie forte), auj. Gazzah, grande v. des Philistins, au S. d'Ascalon, au N. de Raphia et près de la mer. C'est de cette ville que Samson enleva les portes; c'est sous les ruines d'un de ses temples qu'il se fit écraser avec 3000 Philistins. Elle fut prise par Ézéchias, par Alexandre le Grand, malgré la résistance de Bétis, et fut reprise par Alexandre Jannée. Ptolémée et Séleucus y battirent Antigone en 312 av. J.-C. Détruite pendant les guerres civiles de la Judée, elle fut rebâtie par Gabinius. La ville moderne de Gazzah a env. 5000 hab. Elle fut prise par les Français pendant l'expédition d’Égypte, en 1799.

GAZA ou GAZACA, v. de l'Atropatène, anc. résidence d'été des rois de Perse. On en voit les ruines entre Érivan et Hamadan.

GAZA (Théodore), grammairien grec, né à Thessalonique vers 1400, mort en 1478, vint en Italie après la prise de sa ville natale par les Turcs en 1429, enseigna le grec à Ferrare et y fonda une académie ; fut appelé à Rome en 1455 par Nicolas V, et s'y lia avec le cardinal Bessarion. On a de lui une excellente Grammaire grecque, en grec, publiée avec trad. latine, par Érasme, Bâle, 1521, et Paris, 1529; des trad. latines des Problèmes et de l’Hist. des animaux d'Aristote, ainsi que de plusieurs autres ouvrages.

GAZA (ÉNÉE de), philosophe platonicien. V. ÉNÉE.

GAZNA, GAZNAH ou GHISNI, v. du Kaboul (Afghanistan), à 100 kil. S. O. de Kaboul et à 2350m au-dessus de la mer; 12 000 hab. Cette ville, importante autrefois, a donné son nom à la dynastie des Gaznévides, qui en est sortie, et qui y eut sa capitale. On voit encore aux env. le tombeau du sultan Mahmoud, le plus grand prince de cette dynastie; il est visité par une foule de pèlerins. Gazna fut prise en 1116 par les Perses et en 1158 par Ala-Eddyn, prince de Gour, qui en massacra les habitants. Les Anglais s'en sont rendus maîtres en 1839.

GAZNÉVIDES, dynastie tartare et musulmane qui régna 214 ans sur une grande partie de la Perse et de l'Hindoustan, tire son nom de la ville de Gazna, son berceau et sa capitale. Alp-Tekin, né à Gazna, et sorti de la nation des Turcs Hoëikes, secoua le joug des Samanides et fonda la dynastie vers 960. Sebek-Tekin, gendre d'Alp-Tekin, monta sur le trône après lui, en 975, et eut pour successeur son fils Mahmoud, qui prit le titre de sultan en 997, conquit une grande partie de l'Inde et de la Perse, et forma un vaste empire qui s'étendait de la mer Caspienne au Gange supérieur. Après la mort de Mahmoud, vers 1028, l'empire gaznévide perdit beaucoup de sa puissance. Mas'oud, Mohammed, Maudoud, Mas'oud II, Aboul-Haçan-Ali, Abd-el-Raschid, Ferokh-zad, Ibrahim, Mas'oud III, Chirzad, Arslan-Chah, Bahram-Chah, y régnèrent successivement jusqu'en 1158, époque où Bahram-Chah fut chassé de Gazna par Ala-Eddyn, de la dynastie des Gourides. Kosrou-Chah et Kosrou-Mélik régnèrent encore quelque temps à Lahore, mais ce dernier fut vaincu et mis à mort en 1189, et en lui finit la dynastie des Gaznévides. Leur histoire, écrite en persan, a été trad. en allemand par Fr. Wilken, Berlin, 1832.

GÉANGIR ou DJIHAN-GUIR (Aboul-Maz'Affer-Nourreddin-Mohammed), empereur mogol, fils d'Akbar, né en 1569, monta sur le trône en 1605, après la mort de son père, et eut à combattre plusieurs de ses propres enfants. Il mourut en 1627, laissant la réputation d'un prince juste, équitable, généreux, ami et protecteur des arts et des lettres. On a de lui des mémoires sur les 17 premières années de son règne et quelques chapitres ajoutés aux Commentaires de Babour sur sa propre vie. Il avait épousé la belle Nour-Djihan, qui eut sur lui un grand ascendant.

GÉANTS, êtres fabuleux, d'une taille colossale, nés de la Terre, qui, selon la Fable, avait été fécondée par le sang que perdit Uranus quand il fut mutilé par Saturne. On leur donne aussi pour père le Tartare. Confiants en leur force et leur taille monstrueuse, ils voulurent venger la défaite des Titans, leurs proches parents, et tentèrent à leur tour de détrôner Jupiter; mais celui-ci, aidé d'Hercule, les terrassa bientôt : il les frappa de la foudre, précipita les uns dans les enfers et ensevelit les autres sous des montagnes volcaniques. Les plus célèbres sont Typhon, Typhoée, Encelade, Éphialte, Otus, Euryte, Titye, Alcyonée, Porphyrion, Briarée. Claudien a chanté leur défaite dans son poëme de la Gigantomachie. — La Fable parle d'autres géants qui furent la terreur des humains : Antée, Géryon, Polyphème, etc.

La Bible nous apprend qu'il exista un peuple de géants. Ils étaient de la race d'Énac et habitaient la terre promise avant l'arrivée de Moïse. Og, roi de Basan, l'un d'eux, n'avait pas moins de 9 coudées.

GÉANTS (CHAUSSÉE DES). V. CHAUSSÉE.

GÉANTS (montagnes des), en allem. Riesengebirge, branche des monts Sudètes. V. SUDÈTES.

GEAUNE, ch.-l. de c. (Landes), à 24 kil. S. E. de St-Sever; 923 hab.

GEBEL, c-à-d. montagne. V. DJEBEL.

GÉBELIN (COURT DE). V. COURT DE GÉBELIN.

GÉBER, YÉBER ou GIABER, alchimiste arabe, né à Thous en Perse ou à Harran eu Mésopotamie, vivait à la fin du VIIIe siècle ou au commencement du IXe. On ne sait rien de sa vie. Un des premiers il tenta d'opérer la transmutation des métaux en or, et, tout en cherchant une chimère, il fit des découvertes importantes (le sublimé corrosif; l'eau forte, l'eau régale, le nitrate d'argent, etc.). Ses ouvrages, qui se trouvent en mss. à la Bibliothèque impériale, ne sont connus que par des trad. latines. Les principaux sont : Alchemia, Berne, 1545 ; De investigatione perfectionis metallorum, Bâle, 1562; Summa perfectionis magisterii, Dantzig, 1682 (trad. en français par Salmon, 1672). Ils ont été reproduits dans la Bibliothèque des philosophes chimistes de Manget. On a fait honneur à Géber, mais sans preuve, de l'invention de l'algèbre.

GEDANUM, nom latin moderne de DANTZICK.

GÉDÉON, juge et général des Hébreux de 1349 à 1309 av. J.-C.. Voyant ses compatriotes opprimés par les Madianites, il choisit les 300 plus braves, les munit de vases de terre renfermant des flambeaux allumés, puis entra avec eux dans le camp ennemi, en leur ordonnant de sonner de la trompette et de secouer leurs flambeaux tous à la fois. Les Madianites, épouvantés par cette attaque nocturne, ainsi que de ce bruit et de cet éclat inattendus, et croyant les Hébreux en grand nombre, s'entre-tuèrent ou furent pris par l'ennemi. Les Hébreux, affranchis, offrirent le sceptre à Gédéon; mais il se contenta du titre de juge. Il mourut très-âgé, laissant 70 enfants, qui furent tous, à l'exception de Joathan, tués par Abimélech, leur frère naturel.

GEDIKE (Fréd.), instituteur allemand né dans la Brandebourg en 1754, mort en 1803, dirigea plusieurs gymnases en Prusse, devint membre de l'Académie de Berlin et du comité chargé de perfectionner la langue allemande, enfin inspecteur des écoles. Outre plusieurs compilations classiques, on a de lui : M. Tullii Ciceronis historia philosophiæ antiquæ, Berlin, 1781 et 1800, ouvrage précieux qui contient, dans l'ordre chronologique, tous les textes de Cicéron relatifs aux philosophes antérieurs. GÉDOYN (l'abbé), savant ecclésiastique, né à Orléans en 1667, mort en 1744, entra chez les Jésuites, professa la rhétorique dans leur collége de Blois, puis rentra dans le monde, fut admis chez Ninon de Lenclos, sa parente, et obtint par le crédit de ses amis des bénéfices avantageux. Il fut reçu en 1711 à l'Académie des inscriptions et en 1719 à l'Acad. française. Il a laissé une Traduction de Quintilien, 1718, réimprimée plusieurs fois, et assez estimée ; une Traduction de Pausanias, 1731, des Réflexions sur le goût, et divers opuscules qui ont été réunis sous le titre d’Œuvres diverses, 1745.

GÉDROSIE, Gedrosia, auj. le Mekran, grande prov. de l'empire des Perses, entre la Carmanie à l'O., l'Inde et l'Indus à l'E., la Drangiane et l'Arachosie au N., s'étendait au S. le long de la mer Érythrée, était arrosée par l’Arbis et avait pour capitale une ville de Poura. On a peu de renseignements sur l'intérieur de cette contrée. Elle fut conquise par Darius I, puis par Alexandre.

GEEFS (Guill.), sculpteur belge, né en 1806 à Anvers, mort en 1860. On lui doit le monument de la place des Martyrs, à Bruxelles, le monument de Rubens, à Anvers, etc.

GEEL ou GHEEL, v. de Belgique. V. GHEEL.

GÈFLE ou GEFLEBORG, v. de la Suède propre, ch.-l. du gouvt de même nom, à l'embouch. du Gefle dans le golfe de Botnie et à 158 k. N. N. O. de Stockholm ; 9000 h. Évêché. Maisons en bois ; rues larges et bien pavées ; commerce maritime florissant ; pêche active. — Le gouvt de Gefle, formé des anc. prov. de Gestrikland et Helsingland, compte 111 000 hab.

GEHENNE, vallée située au S. de Jérusalem, près de la porte dite des Potiers, sur les frontières des tribus de Juda et de Benjamin. Cette vallée, qui était riante et fertile, ayant été souillée par des sacrifices sanglants offerts au dieu Moloch, fut abandonnée ; on y jeta depuis les cadavres des malfaiteurs et des animaux, et elle ne fut plus pour les Juifs qu'un lieu d'horreur et le symbole de l'enfer.

GEISPOLTZHEIM, v. d'Alsace-Lorraine, à 11 kil. S. O. de Strasbourg, sur le chemin de fer de Strasbourg à Bâle ; 2200 hab. Rubans, amidon.

GÉLA, d'ab. Lindes, auj. Terranova ou Alicata ? v. de Sicile, sur la côte mérid., à l'emb. du Gelas. Fondée par les Rhodiens et les Crétois vers 690 av. J.-C, elle fonda à son tour Agrigente, puis Phintiade qui prit aussi le nom de Gela. Gélon, tyran de Syracuse, avait été d'abord tyran de Gela.

[[w:Malik Chah Ier|GÉLAD-EDDYN]]. V. DJÉLAD.

GELÆ, peuple d'Asie. V. CADUSII.

GÉLANOR, fils de Sthénélus, roi d'Argos, régnait vers 1572 av. J.-C. Il se vit enlever la couronne par Danaüs. Il fut le dernier des Inachides.

GÉLASE I (S.), pape de 492 à 496, approuva ce que son prédécesseur, Félix I, avait fait contre Acace ; refusa d'admettre à sa communion Euphémius, patriarche de Constantinople, qui ne voulait pas condamner la mémoire de cet hérésiarque ; combattit également les erreurs des Eutychéens, et convoqua en 494 à Rome un concile dans lequel fut dressé le canon des saintes Écritures. On lui doit le Sacramentaire de l'Église romaine, imprimé à Rome en 1640. On le fête le 21 nov.

GÉLASE II, pape, né à Gaëte et connu d'abord sous le nom de Jean de Gaëte, fut élu en 1118. Cincio Frangipani, consul de Rome, qui avait voulu faire élire un autre pape, le contraignit à sortir de Rome, et, de concert avec l'empereur Henri V, fit élire à sa place Maurice Bourdin, sous le nom de Grégoire VIII. Gélase se retira à Gaëte, d'où il excommunia l'antipape et ses protecteurs. Il rentra un instant dans Rome, mais il en fut bientôt chassé de nouveau par Frangipani. Il se réfugia alors en France, où il fut reçu avec honneur, et termina ses jours dans l'abbaye de Cluny, en 1119.

GELBOÉ (mont), auj. Djilbo, petite chaîne de mont. de la Palestine, dans les tribus d'Issachar et de Zabulon, est célèbre par la défaite et la mort de Saül, qui y fut battu par les Philistins (1040 av. J.-C).

GELÉE (Claude), peintre. V. LORRAIN (Claude).

GELHEIM ou GŒLHEIM. V. GŒLHEIM.

GELIMER, roi des Vandales. V. GILIMER.

GELLERT (Christophe), littérateur allemand, né en 1715, à Hainichen, près de Freyberg en Saxe, enseigna avec succès la philosophie morale à Leipsick, et mourut dans cette ville en 1769. Il a laissé des ouvrages de genres fort divers, des poésies religieuses, des comédies, des dissertations littéraires ; mais il est surtout célèbre par ses Fables et ses Contes, dont un 1er recueil parut en 1746 et un 2e en 1748, et qui obtinrent une vogue populaire. On lui doit aussi des Leçons de Morale estimées, publiées après sa mort, 1770. Ses Fables ont été traduites en prose par Toussaint, Berlin, 1768, et mises en vers par Stévens, Breslau, 1777 ; sa Morale a été trad. par Pajon, Utrecht 1775. Ses œuvres complètes en 10 vol. in-8 ont paru à Leipsick, 1784, 1841, etc. — Son frère, Christlieb G., savant métallurgiste, 1713-95, fit à Freyberg des cours de minéralogie, de métallurgie et fut nommé administrateur des forges et fonderies de cette ville, 1764. On a de lui des Éléments de Métallurgie chimique, Leipsick, 1750, et des Éléments de Docimasie, 1755, trad. par d'Holbach, 1758. Il a le premier appliqué en grand le procédé d'extraction des métaux précieux par l'amalgamation à froid.

GELNHAUSEN, v. de Prusse (Cassel), sur une haute mont., et près de la Kinzig, à 20 kil. N. E. de Hanau ; 4000 hab. Anc. ville impériale. Ruines d'un palais de l'emp. Frédéric I.

GÉLON, tyran de Sicile, s'empara d'abord du pouvoir à Géla, l'an 491 av. J.-C., puis vint régner à Syracuse, en 484, et fit le meilleur usage de l'autorité qu'il avait usurpée. Il allait secourir la Grèce envahie par Xerxès, quand les Carthaginois, à l'instigation de ce prince, attaquèrent la Sicile avec 300 000 h. Gélon les battit près d'Himère, les réduisit à demander la paix, et stipula pour 1re condition que Carthage abolirait les sacrifices humains, 480. Il voulut ensuite abdiquer la puissance, mais le peuple le força de la garder. Il régna avec autant de justice que de sagesse, embellit Syracuse, reforma les mœurs et mérita d'être appelé le Père de la patrie. Il mourut l'an 478 av. J.-C, et eut pour successeur Hiéron.

GÉLONS, Geloni, peuple sarmate, entre le Danaster et le Danapris, habitait au S. des Budini. Les villes grecques d’Olbia et d’Odessus étaient dans le pays qu'ils occupaient, mais sans leur appartenir. Les Gelons étaient d'origine grecque ; ils étaient connus dès le temps d'Hérodote. A la fin du IIe siècle de notre ère ils furent compris dans l'empire goth.

GEMARA. V. TALMUD.

GEMBLOUX ou GEMBLOURS, v. de Belgique (Namur), à 15 kil. N. O. de Namur ; 2500 hab. Institut agricole. Ville jadis fortifiée ; anc. abbaye de Bénédictins. En 1578, don Juan d'Autriche y battit à la tête des Espagnols l'armée des États généraux ; en 1794, les Autrichiens, commandés par Beaulieu, y furent défaits par les Français.

GEMBLOUX (Sigebert de), bénédictin. V. SIGEBERT.

GÉMEAUX, Gemini, le 3e des 12 signes du zodiaque, représente les deux Tyndarides, Castor et Pollux. Cette constellation était favorable aux navigateurs.

GEMELLI-CARERI (J. Fr.), voyageur, né à Naples en 1651, m. en 1724, exécuta de 1680 à 1698 un long et difficile voyage dans presque toutes les parties du monde ; visita l'Europe, l'Asie et l'Afrique, s'avança jusqu'à la grande muraille qui sépare la Chine de la Tartarie ; puis parcourut le Mexique et plusieurs autres États de l'Amérique. En 1699, il publia à Naples la relation de ses voyages sous le titre de Giro del mondo (Tour du monde) ; elle a été trad. par Dubois de St-Gelais, Paris, 1719.

GEMENOS, bourg de France (B.-du-Rhône), à 20 kil, E. de Marseille ; 1835 h. Verrerie, exploitation de la craie. Château et parc chantés par Delille. GÉMISTE PLÉTHON (George). V. PLÉTHON.

GEMMA (Regnier), surn. Frisius ou le Frison, mathématicien, né en 1508 à Dokkum en Frise, m. en 1555, enseignait à l'Université de Louvain. Il s'est rendu célèbre par ses travaux sur l'astronomie. On a de lui : Charta sive mappa mundi, dédiée à Charles-Quint, Louvain, 1540; De Radio astronomico et geometrico liber, Anvers, 1545; De Annuli astronomici usu, 1548, De Principiis astronomiæ et comosgraphiæ, Paris, 1547, 1582, trad. par Boissière; De Astrolabio catholico, Anvers, 1540, in-8. — Son fils, Corneille Gemma, 1535-79, s'est distingué comme astronome et comme médecin. On a de lui, sous le titre de : De arte cyclognomica, une sorte d'encyclopédie des sciences médicales et philosophiques, Anvers, 1569, et un traité De naturæ divinis caracterismis, 1575.

GEMMI (le), mont. de Suisse (Valais), sur les confins du canton de Berne et du Valais, a 2320m de haut. On y a taillé dans le roc une route pour les mulets, qui part des bains de Louèche.

GÉMONIES, Gemoniæ scalæ. On appelait ainsi à Rome un escalier qui descendait de la Prison au Forum et où l'on exposait les corps des suppliciés. Ce lieu était voisin du Tibre et du mont Aventin.

GÉMOZAC, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 22 kil. S. de Saintes; 656 hab.

GEMUND ou GMUND, v. des États autrichiens (Illyrie), à 65 kil. N. O. de Klagenfurth ; 3500 h. Mines et fonderies de fer.

GENABUM, v. de la Gaule (Lyonnaise 4e), est auj. Orléans. On a dit à tort que c'était Gien.

GENAPPE, v. de Belgique (Brabant mérid.), sur la r. g. de la Dyle, à 25 kil. S. E. de Bruxelles; 1600 hab. Le château de Genappe fut assigné pour demeure par Philippe le Bon à Louis XI, alors dauphin, et réfugié près de lui. Il se livra près de cette v., avant et après la bataille de Waterloo, plusieurs combats entre les Français d'un côté, et les Anglais et les Prussiens de l'autre.

GENÇAY, ch.-l. de c. (Vienne), à 28 kil. N. E. de Givray; 1150 hab. Étoffes de laine, poteries.

GENCE (J. B.), écrivain, né en 1755, à Amiens, m. en 1840, à Paris, avait été archiviste au dépôt des chartes et à l'Imprimerie impériale. Enthousiaste de l’Imitation de J.-C., il se consacra presque en entier à cet ouvrage, en donna une trad. en 1820 et fit paraître en 1826 une édition nouvelle de l'original, collationnée sur un grand nombre de manuscrits. Il a tenté de prouver que le véritable auteur de ce livre fameux est le chancelier Gerson.

GENDARMES, GENDARMERIE. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

GENDREY, ch.-l. de c. (Jura), à 20 kil. N. E. de Dôle; 700 hab.

GÉNÉBRARD (Gilbert), né à Riom vers 1537, m. en 1597, entra chez les Bénédictins, se fit recevoir à Paris docteur en théologie, fut nommé en 1566 professeur d'hébreu au Collége de France, se signala par son zèle pour la Ligue et fut promu par Grégoire XIV à l'archevêché d'Aix. Ayant, dans un Traité des élections, attaqué la nomination aux bénéfices par le roi, il fut condamné par le parlement d'Aix, déclaré déchu de son archevêché et banni à perpétuité. Cependant il obtint de Henri IV de finir ses jours au prieuré de Semur. S. François de Sales se glorifiait d'avoir été son disciple. On a de Génébrard, outre ses écrits de polémique, une Chronologie sacrée, en latin, 1580, in-fol., et une trad. française de Josèphe, 1578.

GÉNÉRAL D'ARMÉE, GÉNÉRAL D'ORDRE, GÉNÉRALISSIME. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

GÉNÉRALIF (le), en espagnol Xeniralife, palais de plaisance des rois maures à Grenade, près de l'Alhambra, sur le penchant d'une colline, servait de résidence d'été.

GÉNÉRALITÉ (LA) ou PAYS DES ÉTATS GÉNÉRAUX. On désignait sous ce nom plusieurs pays sujets de la république des Provinces-Unies tout entière, et non d'une seule des provinces en particulier. Ces pays comprenaient: 1° une partie du Brabant (v. princ., Bois-le-Duc, Eindhoven, Bréda, Berg-op-Zoom) ; 2° le district de Maëstricht; 3° une partie du Limbourg (Fauquemont, Dalem); 4° une partie du quartier supérieur de la Gueldre (Venloo-Stevens-Waard, Nieustadt); 5° une partie de la Zélande (L'Écluse, Kadsand, Biervliet, Axel).

GÉNÉRALITÉS. On appelait ainsi, dans l'ancienne France, la juridiction d'un intendant général des finances. Le nombre des généralités varia souvent. Au milieu du XIVe siècle, on en comptait 4 : la Langue-d'Oc, la Langue-d'Oil, la Normandie et le pays d'Outre-Seine. Sous François I, il y en avait 16. En 1787, on en comptait 32, parmi lesquelles on distinguait : 20 généralités avec élections (les élections étaient les trib. chargés de juger en 1re inst. les contestations relatives aux impôts), savoir : Amiens, Rouen, Caen, Alençon, Paris, Soissons, Châlons-sur-Marne, Orléans, Tours, Bourges, Poitiers, La Rochelle, Moulins, Limoges, Riom, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Montauban, Auch; — 12 généralités sans élections : Flandre, Hainaut, Lorraine, Metz, Alsace, Bretagne, Bourgogne, Franche-Comté, Toulouse, Montpellier, Roussillon, Aix. — En dehors de ces 32 généralités étaient les Pays d'états, qui votaient eux-mêmes leurs contributions et en réglaient la perception; c'étaient : les châtellenies de Lille et de Douai (dites état de Flandre), la Provence, le Béarn, la Basse-Navarre, le Bigorre, le comté de Foix, et les pays de Soule, d'Armagnac, de Nébouzan et de Marsan. — Toutes ces distinctions ont été abolies à la révolution de 1789.

GÊNES, surnommée Gênes-la-Superbe, Genua chez les anc., Genova en italien, grande ville du N. de l'Italie, chef-lieu de la province de Gênes, au fond du golfe de même nom, avec un magnifique port, à 150 k. S. E. de Turin; 128 000 h. Archevêché, cour royale et tribunal, cour d'amirauté ; université, académie des beaux-arts. Cette v., bâtie en amphithéâtre, offre un aspect majestueux du côté de la mer, mais elle est assez triste à l'intérieur. Elle a beaucoup de beaux palais en marbre blanc, ornés de sculptures et de peintures, et renfermant plusieurs collections, dont quelques-unes magnifiques. On y remarque trois belles rues (Balbi, Nuova, Nuovissima), deux belles places, le pont Carignan, de superbes églises (St-Laurent, qui est l'église métropolitaine, l’Annonciade, St-Ambroise) ; la banque St-George (dont les règlements remontent à 1407) ; des aqueducs, un grand arsenal naval et militaire, appelé la Darse, de vastes chantiers, dits de la Foce; musée d'histoire naturelle, trois bibliothèques, jardins botaniques, écoles diverses, 2 colléges dont un de Jésuites; 5 hôpitaux et hospices, 3 théâtres. Industrie active : velours, damas, étoffes de soie, bas, gants, dentelles, fleurs artificielles, pâtes alimentaires, fruits confits, bijouterie en filigrane d'or et d'argent, ouvrages en corail, chapeaux de paille et de feutre, etc. Très-grand commerce : le port de Gênes est, après ceux de Marseille et de Trieste, le plus important de la Méditerranée. Aux environs, carrières riches en beaux marbres. — Gênes paraît avoir été fondée vers 707 av. J.-C., par les Liguriens; elle fut conquise par les Romains et incorporée à la Gaule Cisalpine par Marcellus en 222 av. J.-C.; Magon, frère d'Annibal, la détruisit pendant la 2e guerre punique (205); les Romains la relevèrent 3 ans après. Elle devint sous les empereurs une v. municipale. Après la chute de l'empire elle appartint successivement aux Hérules, 476, puis aux Ostrogoths, aux exarques grecs, 553, aux Lombards, à Charlemagne. Elle se rendit indépendante sous les successeurs de ce prince (au commencement du Xe siècle), et se donna des consuls. Au XIe siècle elle était déjà importante par le commerce et la navigation; elle s'enrichit pendant les croisades en transportant les Croisés en Asie, et bientôt elle marcha de pair avec Pise et Venise. Elle étendit son territoire à droite et à gauche sur le golfe qui prit son nom, et conquit autour d'elle les côtes S. E. et S. O. du golfe, qui prirent le nom de Rivière (rive) du Levant et Rivière du Ponent. En 1190, Gênes avait remplacé ses consuls par un podestat. Elle eut aux XIIe et XIIIe siècles à soutenir contre Pise une guerre acharnée, dans laquelle elle finit par triompher. Après une victoire navale remportée en 1284 près de l'île de la Melloria, elle enleva à sa rivale Sassari, l'île de Corse, et détruisit les ports de Pise et de Livourne, 1290. Les Génois, ayant puissamment contribué à rétablir sur le trône de Constantinople les empereurs grecs, obtinrent des Paléologues, en récompense, d'immenses avantages. Ceux-ci leur cédèrent les faubourgs de Péra et de Galata (à Constantinople), la v. de Caffa en Crimée, où ils conduisirent une colonie, Smyrne, Scio, Mételin, Ténédos, etc., 1261-1295. Depuis cette époque Gênes entra en lutte avec Venise pour la suprématie en Orient : elle mit cette république à deux doigts de sa perte dans les guerres dites de Caffa (1350-55) et de Chiozza (1378-81); mais enfin elle se vit contrainte de céder le pas à sa rivale. Gênes était depuis longtemps déchirée par des dissensions intérieures, surtout par les querelles des Guelfes et des Gibelins, et affaiblie par de fréquentes révolutions ; ses habitants changeaient sans cesse de gouvernement : après avoir obéi à des consuls et à des podestats étrangers, ils s'étaient donné en 1257 des dictateurs sous le titre de capitani, puis des protecteurs (1270), qui gouvernaient concurremment avec des abbés du peuple, espèces de tribuns ; enfin ils se donnèrent des doges (ou ducs), en 1339. Le 1e fut Simon Boccanegra ; les maisons ducales les plus connues sont les familles nobles des Doria, des Spinola, des Fieschi, des Grimaldi ; puis les familles plébéiennes des Adorni, des Fregosi. Deux fois les Génois, incapables de se gouverner par eux-mêmes, se mirent entre les mains de la France, sous Charles VI (1391) et sous Louis XI (1458) ; puis ils se donnèrent aux marquis de Montferrat, aux ducs de Milan. Ils avaient déjà perdu au milieu de ces révolutions la plus grande partie de leurs possessions italiennes ; l'invasion des Turcs leur enleva leurs établissements sur la mer Noire et dans l'Archipel (1475). André Doria avait de nouveau soumis Gênes à la France ; mais mécontent de François I, il s'allia avec Charles-Quint, affranchit Gênes de la domination française, et lui donna une nouvelle constitution (1528) : les doges furent rétablis, mais ils ne furent plus à vie ; ils étaient élus pour deux ans, et on leur adjoignait deux consuls et un censeur (André Doria fut le 1er censeur). Fiesque conspira, mais sans succès, contre ce nouveau gouvt (1547). Gênes resta depuis étroitement liée à l'Espagne, et prit parti pour elle contre la France. En 1684, Louis XIV fit bombarder Gênes qui avait insulté son ambassadeur ; le doge dut venir en personne lui faire réparation. En 1746, les Autrichiens occupèrent Gênes ; ils en furent chassés 3 mois après. En 1768, les Génois cédèrent à la France la Corse, dont ils ne pouvaient plus comprimer les révoltes. En 1796, cette place fut occupée par les Français, et l'année suivante son territoire forma la République ligurienne. En 1800, les Français, commandés par Masséna, soutinrent dans Gênes un siége mémorable contre les Anglais et les Autrichiens ; ils furent forcés de rendre la v., mais ils y rentrèrent peu après. En 1805, l’État de Gênes fut incorporé à l'empire français, et forma les dép. de Gênes, des Apennins et de Montenotte. En 1814, Gênes fut donnée au roi de Sardaigne par le congrès de Vienne.

GÊNES (État de). L'anc. république comprenait une étroite lisière de terrain (dite Rivière) entre les Apennins et la mer, et se divisait : 1° en Riv. du Levant (où se trouvaient les v. de Gênes, Rapallo, Lavagna, Sestri di Levante, Spezio, Luni, Sarzane) ; 2° en Riv. du Ponent (Novi, Gavi, la Bocchetta, Savone, Albenga, Vintimille, San-Remo) ; 3° en marquisat de Finale. On peut y ajouter la Corse, qu'elle perdit en 1768.

GÊNES (dép. de), un des dép. de l'empire français, entre la mer, le Pô, le dép. du Taro et ceux de la Stura et de Montenotte, avait pour ch.-l. Gênes.

GÊNES (Intendance générale ou duché de), une des 8 intendances génér. des anc. États sardes, s'étend depuis Nice à l'O. jusqu'au duché de Parme au S. E., et se subdivise en 7 intendances : Gênes, Savone, Albenga, Novi, Chiavari, Bobbio, Spezia.

GÊNES (golfe de), Ligusticus sinus ou mare Ligusticum, golfe situé entre la France et l'Italie sept.

GENÈS ou GENEST (S.), comédien, remplissait, lors de l'entrée de l'empereur Dioclétien à Rome, le rôle d'un néophyte dans une bouffonnerie où les mystères des Chrétiens étaient tournés en ridicule, quand tout à coup il déclara, au milieu de la représentation, qu'il se sentait éclairé d'une lumière intérieure et qu'il était chrétien. Conduit devant l'empereur, il mourut dans les tourments, martyr de la foi nouvelle, 286. Rotrou a traité ce sujet dans une de ses tragédies. On honore S. Genès le 25 août.

GÉNÉSARETH (lac de). V. TIBÉRIADE (mer de).

GENÈSE (du mot grec génésis, génération, le premier livre du Pentateuque de Moïse et de toute la Bible, comprend le récit de la création et l'histoire des premiers hommes jusqu'à la mort de Joseph et à la naissance de Moïse.

GENESIUS (Joseph), de Byzance, historien du Bas-Empire, au Xe siècle, est auteur d'une Hist. de l'empire grec (de 813 à 886), imprimée à Venise, 1733, in-fol. grec-latin, dans la collection Byzantine.

GENEST (l'abbé), littérateur, né en 1639 à Paris, m. en 1719, élu membre de l'Académie française en 1689, avait été homme d'épée avant de prendre le petit collet. Secrétaire des commandements du duc du Maine, il devint un des familiers et fut l'un des ornements de la petite cour de Sceaux. Il a écrit plusieurs pièces pour cette cour, entre autres une tragédie de Pénélope, que Bossuet citait avec éloge, des Odes à la louange de Louis XIV, et un poëme sur la Philosophie cartésienne, 1716. — V. GENÈS (S.).

GENÈVE, Geneva en latin, Genf en allemand, v. de Suisse, ch.-l. du cant. de Genève, à l'extrémité S. O. du lac Léman, près du confluent du Rhône et de l'Arve, à 507 kil. S. E. de Paris, à 626 par chemin de fer ; 32 000 hab. dont env. 20 000 Calvinistes. Belle cathédrale St-Pierre, hôtel de ville, collége, observatoire, hôpital, 4 ponts, statue de J. J. Rousseau, œuvre de Pradier. Sociétés savantes, université, fondée par Calvin, bibliothèques, musées et collections diverses, etc. Genève est une des v. les plus éclairées et les plus industrieuses qui existent : son horlogerie, sa bijouterie sont renommées ; elle fabrique des instruments de mathématiques et de chirurgie ; des étoffes, de laine, de soie, etc. Commerce important de transit ; navigation active sur le lac : bateaux à vapeur pour Coppet, Nyon, Vevey, Thonon, etc.

D'abord aux Allobroges, Genève fut comprise dans la Province romaine, et devint au Ve siècle une des villes princip. des Burgundes. Suivant le sort de la Bourgogne, elle passa avec elle sous la domination des Francs, et devint, après Charlemagne, le siége d'un évêché souverain, relevant de l'Empire. Pendant la féodalité, elle fut le théâtre de rixes fréquentes entre ses évêques et ses comtes qui portaient le titre de comtes du Genevois. Ceux-ci, s'étant éteints en 1410, furent remplacés par les ducs de Savoie. Genève secoua le joug de ces ducs en 1524, fit alliance en 1526 avec Berne et Fribourg, embrassa la Réforme en 1533, expulsa son évêque, devint la résidence de Calvin, qui y fit proscrire le culte catholique (1535), et fut dès lors considérée comme la Rome du Calvinisme. Le duc de Savoie tenta en vain de la surprendre en 1602 ; il fut forcé de signer l'année suivante un acte qui reconnaissait l'indépendance de Genève, sous la garantie de la France, de Berne et de Zurich. Genève, avant 1801, était non pas un canton suisse, mais une république alliée des cantons. Cette république eut d'abord un gouvt démocratique ; il devint aristocratique en 1782. Prise par les Français en 1798, Genève devint, sous l'Empire, le ch.-l. du dép. du Léman; elle fut agrégée à la Suisse en 1815. Elle a été ensanglantée en 1840 par une guerre civile qui a eu pour résultat de donner à ses institutions un caractère plus démocratique. — Genève a produit une foule d'hommes illustres : Casaubon, Leclerc, Lefort, J. J. Rousseau, Bonnet, Huber, Deluc. Saussure, Lesage, Pictet, De Candolle, Sismondi, Necker, Tœpffer, etc.

GENÈVE (canton de), le 22e de la Confédération suisse, entre le cant. de Vaud au N., la France au N. O., la Savoie au S. et à l'E.; 28 k. sur 9; 64 000 h. dont 38 000 Calvinistes. Il a été formé de l'anc. république de Genève, plus quelques districts de la Savoie et du pays de Gex. Il possède, outre Genève, deux villes, Versoy et Carouge, et a deux enclaves dans le canton de Vaud. Le lac Léman, dit aussi lac de Genève, occupe une grande partie de son territoire, qui est arrosé en outre par le Rhône et l'Arve. On y parle français. — Ce cant. n'a été admis dans la Confédération qu'en 1815 (V. GENÈVE). Le pouvoir législatif est exercé par un Grand Conseil, renouvelé tous les deux ans; le pouvoir exécutif et administratif, par un Conseil d'État de 7 membres élus pour deux ans. Tous les citoyens âgés de 21 ans jouissent des droits politiques.

GENÈVE (lac de) ou lac LÉMAN, Lemanus lacus, lac situé au S. O. de la Suisse, entre le cant. de Vaud, le Valais et la Savoie, a 70 kil. de long sur 14 de large et est traversé par le Rhône; ses eaux nourrissent des poissons exquis ; ses côtes offrent des sites délicieux (entre autres celui de Meillerie). Ce lac est exposé à des crues subites et quelquefois même à des tempêtes; néanmoins la navigation y est fort active; et il est sillonné par de nombreux bateaux à vapeur. Sa plus grande profondeur est de 308 mètres.

GENEVIÈVE (Ste), Genovefa, patronne de Paris, née à Nanterre près de Paris vers 419 ou 422, morte on 512, n'était, selon l'opinion commune, qu'une simple bergère. Sur le conseil de S. Germain d'Auxerre, elle se consacra à Dieu. Après la mort de ses parents, elle vint demeurer à Paris chez sa marraine, et y mena une vie toute de piété et d'abstinence. Selon une tradition, lors de l'invasion d'Attila dans les Gaules (451), les Parisiens effrayés voulaient abandonner leur ville : Geneviève les retint en leur prédisant que Paris serait épargné, et sa prédiction s'accomplit. A une autre époque elle procura des vivres aux Parisiens affligés d'une disette. A sa prière, Clovis fit bâtir au sommet de Paris en l'honneur de S. Pierre et S. Paul l'église qui a reçu depuis le nom de la sainte elle-même (au haut de la mont, de Ste-Geneviève). L’Église l'honore le 3 janvier, jour de sa mort. Ses reliques étaient exposées à la vénération des fidèles dans l'église qui lui avait été consacrée; après la destruction de cette église, elles l'ont été dans celle de St-Étienne-du-Mont; depuis 1852, elles ont été transférées dans la magnifique basilique, à laquelle son nom a été rendu (l'ancien Panthéon). Une neuvaine, commençant le 3 janvier, jour de sa fête, y attire une foule considérable.

GENEVIÈVE DE BRABANT, fille d'un duc de Brabant, épousa, vers l'an 710, Siffrid ou Siffroy, châtelain de Hohen-Simmeren, au pays de Trêves, et fut accusée d'adultère auprès de son mari par l'intendant Golo, qui avait en vain essayé de la séduire. Siffroy, alors absent, ordonna de la faire périr, ainsi qu'un enfant qu'elle venait de mettre au monde, et dont elle était enceinte au départ de son époux sans que celui-ci le sût. Les hommes chargés d'exécuter cet ordre barbare ne purent se résoudre à l'accomplir, et abandonnèrent la mère avec l'enfant dans une forêt, où, selon la légende, une biche les nourrit de son lait pendant six ans. Au bout de ce temps (737), Siffroy retrouva fortuitement son épouse dans une chasse où il poursuivait la biche nourricière; il reconnut l'innocence de Geneviève, lui rendit tous ses honneurs, et fit mettre à mort le perfide Golo. Geneviève fit bâtir à l'endroit même où elle avait été retrouvée une chapelle dédiée à la vierge, la chapelle de Frauenkirchen, dont les ruines existent encore et attirent de nombreux pèlerins. Les Belges regardent Geneviève comme une sainte et l'honorent le 2 avril. Son aventure a fourni le sujet d'un grand nombre de légendes, romans, complaintes, drames et tragédies; les drames de La Chaussée, de Tieck et de Muller sont les plus, remarquables. Le P. Cerisiers a donné une Vie de cette sainte (1656),

GENÉVOIS (comté, puis duché de), Gebennensis ducatus, anc. prov. des États sardes, dans le duché de Savoie, entre la prov. de Carouge au N. O., le Faucigny au N. E., la Savoie supérieure au S. E., la Savoie propre au S. O. ; ch.-l., Annecy. Ce pays appartint d'abord aux comtes de Genève (d'où le nom qu'il a retenu, quoique la ville de Genève n'en fasse nullement partie); il passa ensuite à Humbert et Othon de Villars, puis à la maison de Savoie qui l'aliéna en 1564, l'érigeant en apanage avec titre de duché. Le Genévois, fut de nouveau incorporé à la Savoie en 1659. De 1792 à 1815, il fut compris dans l'empire français et fit partie du dép. du Mont-Blanc. Réuni aux États sardes en 1815, il fut annexé à la France avec le reste de la Savoie. en 1860 : il fait auj. partie du dép. de lit. Haute-Savoie.

GENÉVOIS (Charles-Félix, duc de), depuis roi de Sardaigne. V. CHARLES-FÉLIX.

GENÈVRE (mont), Janus mons, mont. des Alpes-Cottiennes, sur la limite, de la France et des États sardes, dans le dép. des H.-Alpes; hauteur, 3686m. La Durance et la Doire Ripaire y ont leurs sources. Quelques-uns croient que c'est sur ce point qu'Annibal franchit les Alpes. Les Français ont rendu en 1802 la route par le mont Genèvre plus praticable : un obélisque, élevé en 1807, consacre ce souvenir.

GENGIS-KHAN, c. à d. le puissant Khan, célèbre prince mongol, né en 1155 ou 1162, mort en 1227, s'appelait Témudgin et était d'abord simple chef d'une horde mongole, tributaire des Tartares Khitans, qui étaient alors maîtres de la Tartarie orientale. En peu d'années, il agrandit prodigieusement son faible héritage. S'étant fait proclamer en 1206 souverain de tous les Mongols, il conquit le pays des Tartares Oïgours (1209) et la Chine septentrionale (1213); soumit la Corée (1219), la Transoxane (1221), le Khoraçan et l'Irak-Adjémy (1222), le Kharism et plusieurs provinces de la Perse orientale, le Kandahar et le Moultan (1224), et enfin une partie de la Russie méridionale. Il était alors maître d'un territoire qui s'étendait de la mer Noire à la mer de Chine. En mourant, il partagea ces vastes États entre ses quatre fils, qui lui avaient servi de lieutenants dans ses conquêtes : Batu-Khan, fils de Touchi-Khan, l'aîné, eut le Kaptchak et la Russie mérid. ; Djagataï, le Turkestan et l'Asie centrale; Mangou, la Perse; et Oktaï-Khan, la Chine. Gengis-Khan se montra souvent conquérant inhumain et barbare : les villes de Bokara, de Samarcand, de Ferganah, de Balk furent détruites par ses ordres, et une foule de monuments des arts et des lettres furent anéantis dans Pékin; cependant, il donna à ses sujets un codé de lois, qui est encore en vigueur en Tartarie.

GÉNIE, Genius, chez les Romains, Dæmon chez les Grecs, dieu subalterne, espèce d'ange gardien, qui, dans les croyances des Grecs et des Romains, s'attachait à chaque homme dès sa naissance et présidait à toute sa vie. Chacun lui offrait, au jour natal, du vin, de l'encens, des fleurs, jamais de victimes sanglantes; ce qu'on pouvait faire de plus agréable pour lui était de travailler à son propre bien-être : aussi les Romains disaient-ils genio indulgere (satisfaire son génie) pour s'abandonner au plaisir. On croyait que les génies se manifestaient quelquefois sous la forme de serpents. — Au moyen âge on admettait des génies propres à chacun des 4 éléments : les Sylphes, pour l'air; les Gnomes, pour la terre ; les Ondins, pour l’eau, et les Salamandres, pour le feu.

GÉNIE CIVIL, GÉNIE MILITAIRE. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

GÉNIN (François), philologue, né à Amiens en 1803, mort en 1856, fut élève de l’École normale, professa au collége et à la Faculté de Strasbourg, écrivit en même temps dans le National et devint en 1848 chef de division au ministère de l’instruction publique. Il a publié, outre des écrits de polémique, des travaux sérieux qui prouvent de l’érudition et de l’originalité, mais quelquefois aussi l’amour du paradoxe : Variations du langage français depuis le XIIe siècle, 1845 ; Lexique comparé de la langue de Molière et des écrivains du XVIIe siècle, 1846 ; Récréations philologiques, 1856. On lui doit des éditions des Lettres de la reine de Navarre ; de la Chanson de Roland ; de l’Éclaircissement de la langue française par J. Palsgrave ; de la farce de Maître Patelin.

GENLIS, ch.-l. de c. (Côte-d’Or), sur la Tille, à 19 kil. S. E. de Dijon. Station.

GENLIS (Félicité Stéphanie DUCREST DE ST-AUBIN, comtesse de), célèbre femme auteur, née en 1746, au château de Champcery près d’Autun, d’une famille noble, mais pauvre, morte en 1830, reçut une éducation brillante, qu’elle dut en partie à la générosité du financier La Popelinière, et fut mariée dès l’âge de 15 ans au comte Bruslart de Genlis (depuis marquis de Sillery). Nièce de Mme de Montesson, qui avait épousé secrètement le duc d’Orléans, elle entra par son crédit dans la maison de ce prince, et fut peu après chargée, avec le titre de gouverneur, de l’éducation de ses enfants (Mme Adélaïde, Louis-Philippe, le duc de Chartres, le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais). Elle exerça bientôt sur le prince lui-même un grand ascendant ; elle paraît même avoir puissamment contribué à lui faire prendre parti contre la cour. Forcée d’émigrer en 1792, elle revint en France sous le Consulat et reçut une pension de Napoléon, avec lequel elle entretenait correspondance. À la Restauration, elle perdit tout crédit ; néanmoins elle reçut jusqu’à sa mort une pension de la maison d’Orléans. Elle a laissé de son mari deux filles ; on la regarde aussi comme la mère de la célèbre Paméla qui épousa lord Fitz-Gérald. Les ouvrages de Mme de Genlis ne s’élèvent pas à moins de quatre-vingts ; ils se rapportent presque tous à l’éducation et consistent en contes, fables, romans et petites comédies. Les principaux sont : Théâtre d’éducation à l’usage des jeunes personnes, 1771-80, 4 vol. in-8, où la morale est présentée avec art et intérêt ; Annales de la vertu, 1781, 2 vol. in-8 : c’est un cours d’histoire où ne figurent que les actions vertueuses ; Adèle et Théodore, ou Lettres sur l’éducation, 1782, 3 vol. in-8, où les divers procédés des plus habiles pédagogues sont mis en œuvre avec bonheur ; les Veillées du château, 1784, 4 vol. in-12 ; les Petits émigrés, 1798, 2 vol. in-8 ; Contes moraux et Nouvelles historiques, 1802 et 1803, 4 vol. in-8, recueil plein de variété, d’intérêt et de délicatesse. Elle a aussi composé de nombreux romans historiques, parmi lesquels on remarque : Mlle de Clermont, 1802 ; la Duchesse de La Vallière, 1804 ; Mme de Maintenon, 1806 ; le Siége de La Rochelle, 1808 ouvrages qui eurent du succès, mais qui ont le tort de fausser l’histoire. Enfin, elle publia en 1825 ses Mémoires (10 vol, in-8), ouvrage diffus, qui offre des révélations curieuses, mais qui fit grand scandale. Mme de Genlis a surtout réussi dans ses ouvrages d’éducation : dans ces livres, écrits avec naturel et élégance et remplis d’intérêt, elle enseigne une morale pure, que malheureusement elle n’a pas toujours mise elle-même en pratique.

GENNADE, Gennadius, prêtre de Marseille, au Ve s., mort vers 495. On a de lui De Viris illustribus ou De Scriptoribus ecclesiasticis, dans lequel il traite des écrivains ecclésiastiques (impr. à la suite d’un ouvr. analogue de S. Jérôme, et à part, par J. Fuchte, Helmstædt, 1612) ; de Dogmatibus ecclesiasticis, ouvrage qu’on a quelquefois attribué à S. Augustin, mais dont les sentiments, tout opposés à ceux de ce Père, sont entachés de semi-pélagianisme (publié par Œhler, Berlin, 1856). Gennade est un écrivain êrudit, mais de peu de jugement.

GENNADE (George SCHOLARIUS, plus connu sous la nom de), né à Constantinople vers 1400, mort en 1464, fut juge-général des Grecs et secrétaire de Jean VII, et suivit cet empereur au concile général de Florence (1439). Il y appuya d’abord la réunion des deux églises ; mais il se montra ensuite un des plus ardents adversaires de l’union. Après la prise de Constantinople par les Turcs, il fut nommé patriarche par Mahomet II ; il abdiqua en 1458 et se retira dans un monastère. Dans les disputes philosophiques de son temps, il prit parti pour Aristote et écrivit contre Pléthon, qui défendait le Platonisme.

GENNARO (Jos. Aurèle de), jurisconsulte, né à Naples, en 1701, mort en 1761, unit les lettres à la jurisprudence. Il fut nommé en 1738 par le roi Charles VIII magistrat de Naples, fut chargé en 1741 par le ministre Tanucci de préparer un code uniforme pour tout le royaume, et fut appelé en 1753 à une chaire de droit féodal à Naples. On a de lui : Respublica jurisconsultorum, 1731, fiction ingénieuse, où il fait comparaître pour les juger les plus célèbres jurisconsultes ; Feriæ autumnales, 1752, dialogue où l’on trouve une partie du Digeste mise en vers latins avec assez de bonheur.

GENNES, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur la r. g. de la Loire, à 20 kil. N. O. de Saumur ; 1800 h. Restes d’un temple romain.

GENOILHAC, ch.-l. de c. (Gard), à 27 kil. N. O. d’Alais ; 1500 h. Mine de plomb argentifère.

GENOILHAC (Jacq. GALIOT de), né vers 1466, m. en 1546, fit ses premières armes en Italie sous Charles VIII ; se distingua aux bat. de Fornoue et d’Agnadel ; fut nommé en 1512 grand maître de l’artillerie ; assista à la bataille de Marignan et à celle de Pavie, où ses sages conseils ne furent pas suivis par François I, et fut nommé gouverneur du Languedoc en 1545. — Son fils, François de G., né en 1516, mourut avant lui, en 1544, des blessures qu’il avait reçues à la bat. de Cérisoles.

GENOLA, v. de l’Italie sept. (Coni), à 17 kil. E. de Saluces. Mélas y battit Championnet en 1799.

GENOUDE (A. Eugène de), publiciste, né en 1792 à Montélimart, mort en 1849, fut successivement étudiant en droit, professeur au lycée Bonaparte, séminariste, aide de camp du prince de Polignac, et se consacra enfin à la politique. Il prit, à partir de 1823, la direction de la Gazette de France, où il soutint constamment la cause de la monarchie et de la religion, et ne cessa depuis 1830 de réclamer le suffrage universel. Devenu veuf en 1835, il embrassa l’état ecclésiastique. Élu député de la Hte-Garonne en 1846, il ne put être réélu en 1848, bien que le suffrage universel, pour lequel il avait tant combattu, eût alors triomphé. Genoude a publié de nombreux écrits, appartenant les uns à la polémique du jour, les autres à la théologie et à l’histoire, entre autres une Histoire de France en 23 vol. in-8, 1844-48 ; les Pères des trois premiers siècles, traduits en français, 6 vol. in-8, 1837-43, et une nouvelle traduction de la Bible (23 vol. in-8, 1821-24, et 5 vol. in-4,1839-40), traduction fort vantée pour son élégance et publiée aux frais de l’État, mais à laquelle des juges compétents préfèrent encore la simplicité de celle de Sacy.

GÉNOVÉFAINS, chanoines de l’abbaye de Ste-Geneviève qui formaient un ordre connu sous le nom de Congrégation de France, remontent aux premiers temps de la monarchie ; on pense qu’ils furent institués par Clovis vers 500 pour desservir une église que ce roi venait de fonder à Paris à la sollicitation de Ste Geneviève. Ils suivaient la règle de S. Augustin. Ils portaient une robe blanche et un rochet ; hors du couvent ils se couvraient d’un manteau noir. Ils subirent plusieurs réformes : en 1626, on leur donna pour supérieur le P. Ch. Faure, homme d'une piété exemplaire. Les Génovéfains desservaient les paroisses, administraient les hôpitaux et les maisons de charité, dirigeaient les séminaires; plusieurs se sont illustrés dans les lettres. Ils avaient eu dernier pour chef-lieu l'édifice qui forma depuis la bibliothèque Ste-Geneviève et le lycée Napoléon. A la fin du XVIIIe s., ils comptaient 107 maisons et plus de 1300 membres.

GENOVÈSE (LE), peintre. V. STROZZI.

GENOVESI (Ant.), philosophe et économiste, né en 1712, près de Salerne, reçut les ordres, mais préféra l'enseignement de la philosophie à la théologie et professa, à l'université de Naples, la métaphysique, puis la morale. En 1754, Bartolomeo Intieri, homme riche, et ami des sciences, fonda pour lui à Naples une chaire d'économie politique; il la remplit avec le plus grand succès, et l'occupa jusqu'à sa mort, 1769. Éclectique en philosophie, il tâcha de concilier Bacon et Descartes, Locke et Leibnitz; il créa en Italie l'économie politique, et exerça par ses écrits une grande influence; mais il mérita d'être censuré à Rome pour quelques-unes de ses opinions théologiques. Il écrivit d'abord en latin et donna dans cette langue des Éléments de Métaphysique, 1743, et une Logique, 1745. Depuis, il adopta la langue vulgaire, et publia : en 1757 et 1765, Lezzioni di Commercio e d'Economia; en 1766, Logica per gli giovanetti et Scienze metapisiche; en 1767, Diceosina (c'est un traité de Morale).

GENSÉRIC, roi des Vandales, de 428 à 477, était le 2e fils du roi Godégisile, et succéda à Gundéric, son frère. Il passa d'Espagne en Afrique, l'an 429, à la sollicitation du gouverneur romain de ce pays, le comte Boniface, qui s'était révolté contre l'empereur Valentinien, et s'empara promptement de la Mauritanie. Boniface, rappelé au devoir par S. Augustin, voulut plus tard repousser l'ennemi qu'il avait appelé; mais il fut vaincu par le roi barbare. Genséric s'empara de Carthage en 439, y établit le siége de son royaume, et força l'empereur à lui accorder la paix et à le reconnaître maître de l'Afrique. Quelque temps après, Valentinien ayant été tué par Pétrone Maxime, Eudoxie, sa veuve, appela Genséric en Italie pour venger sa mort. Genséric accourut aussitôt, prit Rome (455), la pilla pendant 14 jours, en emporta des trésors immenses, dévasta le Péloponèse, l’Épire, la Dalmatie, l'Istrie, prit Nicopolis, et emmena Eudoxie elle-même en captivité. Il laissa la réputation d'un conquérant farouche, qui ne respirait que le meurtre et le carnage. Il laissa ses vastes États à Hunéric, son fils.

GENSONNÉ (Armand), né à Bordeaux en 1758, était en 1789 avocat au parlement de cette ville. Envoyé en 1791 à l'Assemblée législative, il s'y fit remarquer par une éloquence vive et animée, qu'aiguisait le sarcasme; il y provoqua la déclaration de guerre à l'Autriche. Réélu à la Convention, il y forma, avec ses compatriotes Guadet et Vergniaud, le noyau du parti de la Gironde. Il demanda que le procès de Louis XVI fût renvoyé aux assemblées primaires, et combattit les Terroristes. Arrêté le 2 juin 1793, avec la plupart des Girondins, il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire, et exécuté le 31 octobre. Son vrai crime était d'avoir été l'ami et le confident de Dumouriez.

GENTILHOMME, homme de race noble. V. ce mot au Diction. des Sciences, des Lettres et des Arts

GENTIL-BERNARD, poëte. V. BERNARD.

GENTILIS (Albéric), né en 1551, dans la Marche d'Ancône, m. en 1611, renonça à la foi catholique pour embrasser la Réforme, se retira en Carniole, et de là en Angleterre ; fut professeur de droit à Oxford, et publia, entre autres écrits, trois livres De Jure belli, Leyde, 1598, in-8; c'est peut-être le 1er ouvrage qui ait été écrit sur le droit international.

GENTILIS (J. Valentin), hérétique du XVIe siècle, né à Cosenza (roy. de Naples), obligé de fuir sa patrie pour opinion religieuse, se retira à Genève, où il répandit les doctrines de Socin. Inquiété par Calvin (1558), il passa en France, où il ne fut pas mieux accueilli, de là en Moravie, puis à Vienne, et revint en Suisse. Arrêté à Berne, il fut condamne et mis à mort pour avoir attaqué le dogme de la Trinité (1566). Il est considéré par les siens comme un martyr.

GENTILLY, anc. bourg du dép. de la Seine, sur la Bièvre, à 5 kil. S. de Paris, à 7 kil. N. E. de Sceaux : est depuis 1860 annexé à Paris. Il comptait avant l'annexion près de 16 000 h. Fabriques d'acides minéraux, de savons, de pâtes alimentaires, blanchisseries, glacières. — Anc. résidence des rois francs de la 1re et de la 2e race. S. Éloi y avait fondé un monastère. Pépin y avait un château, auj. détruit.

GENTILS (de gentes, nations), nom sous lequel les païens sont désignés dans l’Écriture sainte. S. Paul est appelé spécialement l’Apôtre des Gentils.

GENTIOUX, ch.-l. de c. (Creuse), à 23 kil. S. O. d'Aubusson; 1500 hab.

GENTIUS, roi d’Illyrie, parvint au trône en 172 av. J.-C. par un fratricide. Il s'allia avec Persée, roi de Macédoine, contre les Romains. N'ayant point reçu de lui les secours qu'il en attendait, il fut vaincu, pris et emmené à Rome par le préteur Anicius (168).

GENTZ (Frédéric de), publiciste prussien, né à Breslau en 1764, mort en 1832, fut un des plus constants adversaires de la Révolution française. Attaché comme secrétaire à la direction générale de la guerre à Berlin, il rédigea le manifeste de la Prusse contre la France en 1806, ainsi que celui de l'Autriche en 1809 et 1813. Secrétaire des Conférences de Vienne en 1814 et 1815, il en dressa les protocoles et fut un des rédacteurs du pacte de la Ste-Alliance. Il a publié : Système de l’équilibre européen ; Sur la moralité des révolutions ; Sur la déclaration des droits de l'homme; Vie de Marie Stuart, 1799, trad. en franç. par Damaze de Raymond, Paris, 1820;

GENUA, ville de la Ligurie, auj. Gênes.

GEOFFRIN (Marie Thérèse RODET, dame), née à Paris en 1699, morte en 1777, était fille d'un valet de chambre de la Dauphine. Elle épousa dès l'âge de 15 ans un riche entrepreneur de glaces, dont elle demeura bientôt veuve. Douée de tous les agréments de l'esprit aussi bien que du corps, elle fit de sa maison le rendez-vous des gens de lettres, des savants et des artistes de la capitale ainsi que des étrangers de distinction. Stanislas Poniatowski, qui l'honorait du nom de mère, la fit venir à Varsovie après son avènement au trône de Pologne. On cite de Mme Geoffrin une foule de maximes et de pensées heureuses, et plusieurs actes de générosité accomplis avec une délicatesse admirable. Indulgente et généreuse, elle avait pour devise : donner et pardonner. Amie des idées philosophiques, elle dépensa des sommes considérables pour soutenir l’Encyclopédie. D'Alembert, Thomas et Morellet, qui avaient vécu dans son intimité, ont écrit son Éloge. — Sa fille qui épousa le marquis de La Ferté-Imbault, ne partageait pas son goût pour les philosophes.

GEOFFROY (S.), Gothofredus. V. GODEFROY.

GEOFFROY, ducs de Bretagne. Geoffroy I, fils de Conan Geoffroi, comte de Rennes, succéda à son père en 992. Le 1er il prit le titre de duc de Bretagne; mais ce titre ne fut pas reconnu par son suzerain. Voulant s'emparer des États du comte de Nantes, Judicaël-Bérenger, il lui fit une guerre longue et cruelle, mais sans résultats. Revenu à des sentiments plus pacifiques, il se rendit à Rome en pèlerinage. Lorsqu'il rentrait dans ses États, il fut tué d'un coup de pierre lancée par une femme irritée de ce qu'une de ses poules avait été dévorée par un oiseau de proie du duc — Geoffroy, 3e fils de Henri II, roi d'Angleterre, épousa dès l'enfance Constance, fille de Conan IV, duc de Bretagne. Henri II, sans attendra la mort de Conan, dont Geoffroy devait hériter, s'empara de la Bretagne au nom de son fils (1166). Néanmoins Geoffroy ne compte comme duc que depuis 1171. Il rendit une loi connue sous le nom d’Assise de Geoffroy, par laquelle les biens des barons et des chevaliers passaient à leurs fils aînés, au détriment des autres enfants. Geoffroy fut l'allié fidèle de Philippe-Auguste. Il périt à Paris en 1186, mortellement blessé dans un tournoi que le roi de France donnait en son honneur. Il était père du jeune Arthur, que son oncle Jean sans Terre, roi d'Angleterre, fit assassiner pour s'emparer de ses États.

GEOFFROY, comtes d'Anjou. L'Anjou a eu cinq comtes de ce nom, dont le 1er régna de 958 à 985 et fut sénéchal de France sous Lothaire, et dont les plus importants sont : Geoffroy II et Geoffroy V. — Geoffroy II, comte de 1041 à 1060, était brave et d'une humeur belliqueuse, ce qui lui fit donner le surnom de Martel. Il ajouta à ses États le comté de Poitou, que lui apporta en mariage la veuve de Guillaume V, duc d'Aquitaine ; le comté de Vendôme, qu'il enleva à son neveu Foulques, dit l'Oison ; enfin la Saintonge et la Touraine. Il essaya même, mais sans succès, de s'emparer de la Guyenne. Appelé au secours de la Sicile par l'empereur grec Michel le Paphlagonien, il défit les Sarrasins, et reçut en récompense la Sainte-Larme, relique dont il fit présent à l'abbaye de la Trinité de Vendôme. Il mourut dans un monastère d'Angers, où il avait pris l'habit religieux. — Geoffroy V, surnommé Plantagenet (parce qu'il portait à son casque une branche de genêt), fils de Foulques, comte d'Anjou et roi de Jérusalem, né en 1113, mort en 1151, acquit le duché de Normandie par son mariage avec Mathilde, fille de Henri I, roi d'Angleterre. A la mort du roi, en 1135, il eut à lutter, pour conserver l'héritage de sa femme, contre Étienne de Blois, qui enleva à Mathilde le trône d'Angleterre, et contre Louis le Jeune, roi de France ; il perdit la Normandie et vit ses propres États ravagés par une famine si terrible qu'on alla jusqu'à se nourrir de chair humaine (1146). — Henri, son fils aîné, recouvra la Normandie, devint roi d'Angleterre sous le nom de Henri II, et fut le chef de la dynastie des Plantagenets.

GEOFFROY de Monmouth, Galfridus Monumetensis, prélat anglais, né vers 1100, mort vers 1180, vécut à la cour de Henri I et de Henri II et fut fait évêque de St-Asaph en 1151. Il écrivit vers 1147, d'après des manuscrits bretons apportés de la Bretagne française : Origoet Gesta regum Britanniæ…. ab Ænea et Bruto (Paris, 1517, in-4), histoire fabuleuse qui fut la source des romans de chevalerie ; Vita Merlini Caledonii, en vers latins, avec l'exposé de ses Prophéties. Ces ouvrages ont été fréquemment réimprimés et traduits, avec des additions.

GEOFFROY de Winesalf ou de Vinsauf, Galfridus de Vinosalvo, poëte latin de la fin du XIIe siècle, a composé une poétique (Nova Poetria), dédiée au pape Innocent III. On lui attribue, mais sans preuve suffiante, l’Itinerarium Ricardi Anglorum regis in Terram sanctam, qui se trouve dans les recueils de Bongars et de Gale.

GEOFFROY de Beaulieu, dominicain, né près de Chartres vers 1200, mort en 1274, accompagna S. Louis dans ses deux croisades et écrivit une Vie de ce prince, qu'on trouve dans les recueils de Duchesne et dans les Actes des Bollandistes.

GEOFFROY (J. Louis), critique, né à Rennes en 1743, mort en 1814, fut élevé chez les Jésuites, fut nommé en 1776 professeur de rhétorique au collège de Montaigu, puis au collège Mazarin, à Paris, et travailla, après la mort de Fréron, à la rédaction de l'Année littéraire (1776-92). Proscrit en 1793 pour avoir rédigé l'Ami du Roi, il se fit maître d'école dans un village, et ne revint à Paris qu'après le 18 brumaire (1799). Il entra vers la même époque au Journal des Débats, où il se chargea de la partie littéraire, spécialement de l'analyse des pièces de théâtre. On trouvait dans ses feuilletons une érudition sans pédantisme, mais il s'y montra souvent injuste et partial, tant à l'égard de Voltaire, à qui il déclara la guerre, qu'à l'égard de plusieurs des artistes les plus remarquables du temps, Talma, Mlle Contat, etc., dont il ne voulut pas reconnaître le talent. Ses feuilletons furent réunis après sa mort sous le titre de Cours de littérature dramatique (1819-20, 5 vol. in-8). Geoffroy a laissé une Trad. de Théocrite (1801) assez estimée en son temps, et un Commentaire sur Racine, 1808.

GEOFFROY, honorable famille de savants, issue de Mathieu François Geoffroy, échevin de Paris en 1617, doit sa 1re illustration à Étienne François, né à Paris en 1672, mort en 1731. Après avoir visité pour s'instruire l'Angleterre, la Hollande et l'Italie, il fut nommé en 1707 professeur de chimie au Jardin du Roi (Jardin des Plantes), en 1709 prof. de médecine et de pharmacie au Collége de France, et fut élu en 1726 doyen de la Faculté de Paris. Il avait été admis dès 1698 à la Société royale de Londres et en 1699 à l'Académie des sciences de Paris. Son principal titre est un Traité de Matière médicale, rédigé eh latin, publié après sa mort en 1741 par Chaudon de Courcelles, en 3 vol. in-8, mis en français par A. Bergier, 1743, complété depuis par Bernard de Jussieu, A. de Nobleville et Saleine, et trad. dans presque toutes les langues de l'Europe. On lui doit aussi une Table des rapports observés en chimie entre différentes substances, où se trouve pour la 1re fois énoncée la loi si importante des affinités électives. Fontenelle a écrit son Éloge. — Son frère Claude Joseph, né en 1685, m. en 1752, étudia sous Tournefort, parcourut, pour s'instruire, le midi de la France, et fut à son retour (1705) reçu membre de l'Académie des sciences. Il fournit au recueil de cette compagnie 60 Mémoires sur l'histoire naturelle, la botanique, la chimie et la pharmacie. — Étienne Louis, fils d’Étienne François, né en 1725, mort en 1810, fut un des praticiens les plus renommés de son temps. Tout en exerçant sa profession, il se livra avec succès à l'histoire naturelle, et publia : Histoire des insectes qui se trouvent aux environs de Paris, 1762 et 1799 ; Traité des coquilles qui se trouvent aux env. de Paris, 1767. On lui doit aussi un poëme élégant, écrit en latin, Hygiene, sive Ars sanitatem conservandi, 1771 (trad. en franç. par Launoy, 1774). A la vue des excès révolutionnaires, il quitta Paris et se retira dans sa terre de Chartreuve près de Soissons. Il était correspondant de l'Académie des sciences. — René Claude Geoffroy, fils d'Étienne-Louis, 1767-1831, servit quelques années avec bravoure dans les armées de la République, puis exerça la médecine, devint médecin de l'hôtel-Dieu de Paris, montra beaucoup de dévouement en 1811 pendant l'invasion du typhus, et consacra ses dernières années à la pratique gratuite de son art. — Son fils, M. Ernest Geoffroy de Villeneuve, représente depuis plusieurs années le dép. de l'Aisne dans nos assemblées législatives.

GEOFFROY ST-HILAIRE (Étienne), zoologiste, né en 1772 à Étampes, mort en 1844, issu d'une famille de savants médecins, se voua de bonne heure aux sciences, naturelles dont il avait puisé le goût dans les leçons de Brisson et de Daubenton et dans la société d'Haüy. Sur la proposition de Daubenton, il fut nommé dès 1793 sous-démonstrateur au Jardin des plantes ; trois mois après, cet établissement ayant été réorganisé, il y devint professeur-administrateur, et fut chargé de la zoologie : il ouvrit le 1er cours qui ait été fait en France sur cette science, commença les collections zoologiques et créa la ménagerie. Mis dès 1794 en relation avec G. Cuvier, alors ignoré, il devina son génie, l'appela à Paris, et vécut avec lui fraternellement. De 1798 à 1802, Geoffroy fit partie de l'expédition d’Égypte : il explora le pays conquis, et fut un des fondateurs et des membres les plus actifs de l'Institut du Caire ; il sauva par son énergie les collections scientifiques, qu'une capitulation abandonnait aux Anglais. Il fut admis à l'Institut en 1807, et nommé en 1809 prof. de zoologie et de physiologie comparées à la Faculté des sciences. Il professa jusqu'à sa mort. Purement zoologiste d'abord, E. Geoffroy travailla quelque temps de concert avec Cuvier ; mais à partir de 1807, il s’en sépara et se livra presque entièrement à des spéculations sur la philosophie de l’hist. naturelle, science dont on peut le regarder comme le père. Il s’attacha à démontrer l’unité de composition organique entre les diverses espèces d’animaux, unité déjà pressentie par Buffon et Gœthe, et fonda la théorie des analogues qui lui servait à démontrer l’unité de composition. Il conçut aussi dès 1807 une idée qui est le complément des précédentes, celle de l’analogie qu’offrent les caractères permanents des espèces inférieures avec les caractères transitoires de l’embryon dans l’homme et les animaux supérieurs ; enfin, il se servit de sa doctrine pour expliquer heureusement, par des arrêts de développement, les inégalités des êtres et les monstruosités des individus. Un débat célèbre s’éleva en 1830, au sein de l’Acad. des sciences, entre Cuvier et Geoffroy, au sujet de l’unité de composition : le monde savant se partagea entre les deux antagonistes. Le style de Geoffroy a du nerf et de l’éclat, mais est quelquefois négligé, et par suite obscur. Ses principaux ouvrages sont : Histoire naturelle des mammifères (avec Fréd. Cuvier), 1819-1837, in-fol. ; Philosophie anatomique, 1818 et 1822, 2 vol. in-8 (c’est là que se trouve exposée sa nouvelle doctrine) : Principes de la philosophie zoologique, 1 vol. in-8, 1830 (il y résume sa discussion avec Cuvier) ; Études progressives d’un naturaliste, 1835, in-4. Statue à Étampes. Son Éloge a été lu à l’Académie par M. Flourens.

GEOFFROY-SAINT-HILAIRE (Isidore), zoologiste, fils du précédent, né à Paris en 1805, m. en 1861, fut successivement aide-naturaliste au Muséum, suppléant à la Faculté des sciences de Paris, doyen de celle de Bordeaux, professeur de zoologie au Muséum et à la Faculté des sciences de Paris, et inspecteur général des études ; entra en 1833 à l’Académie des sciences ; s’attacha surtout à confirmer et à développer les idées philosophiques de son père. Ses principaux écrits sont un Traité de Tératologie (1832-36), des Essais de Zoologie générale (1840) et l’Histoire naturelle générale des règnes organiques (1854-61). Il fonda en 1854 la Société d’acclimatation.

GÉOGRAPHES GRECS (les PETITS), géographes qui n’ont fait que des périples, des monographies, ou dont il ne nous reste que des fragments peu étendus ; tels sont : Hannon de Carthage, Scylax de Caryande, Isidore de Charax, Artémidore, Agathémère, Dicéarque, Denys le Périégète, Scymnus de Chios, Arrien, Marcien d’Héraclée, etc. La collection en a été publiée par David Hœschel, Augsbourg, 1600, in-8 ; par J. Gronovius, Leyde, 1697, in-4 ; par J. Hudson, 1698-1712, 4 v. in-8 ; et par C. Müller (dans la Bibl. grecque de Didot, 1855). — On appelle Grands géographes Strabon, Pausanias, Ptolémée, Étienne de Byzance.

GEORGE ou GEORGES (S.), Georgius, était, selon une légende, un jeune prince de Cappadoce, qui souffrit le martyre sous Dioclétien, et qui, comme Persée, sauva la fille d’un roi qu’un dragon allait dévorer : on le représente armé d’une lance et pourfendant le dragon. Il est fort célèbre en Orient, et c’est de là que son culte a passé en Occident. On l’honore surtout en Russie, en Angleterre et à Gênes. Les Russes ont adopté S. George avec son dragon pour leur principal emblème et ont donné son nom au premier de leurs ordres militaires ; les Anglais et les Génois l’ont pris pour patron. Il est aussi le patron des armuriers. On le fête le 23 avril.

GEORGE (ordre de ST-), ordre militaire de Russie, institué en 1769 par Catherine II. — Ordre de Bavière dont l’institution remonte aux croisades, et qui fut renouvelé en 1729 par Charles-Albert (depuis, l’empereur Charles VII).

GEORGE I, roi d’Angleterre, de la maison de Hanovre, né à Osnabruck en 1660, mort en 1727, était fils d’Ernest Auguste, 1er électeur de Hanovre, et de la princesse Sophie, petite-fille de Jacques I, roi d’Angleterre, et succéda en 1698 à son père comme électeur. En 1714, à la mort de la reine Anne, il fut appelé au trône d’Angleterre comme le plus proche héritier dans la ligne protestante, et commença ainsi la dynastie anglaise de Hanovre. Il s’appuya sur le parti whig et conserva le plus souvent une sage neutralité dans les guerres du continent. Toutefois, il prit part à la triple alliance de 1717 et à la quadruple alliance de 1718 contre l’Espagne. Il avait choisi pour principal ministre Robert Walpole, dont l’habileté réprima toutes les tentatives de désordre, et rendit vaines les intrigues du prétendant Jacques III. Malheureux en famille, il fut obligé de divorcer avec Sophie de Zell, qui s’était compromise par une intrigue amoureuse, et enferma cette princesse dans un château fort, où elle termina son existence après 32 ans de captivité (1716).

GEORGE II, roi d’Angleterre, fils du précéd., né en 1683, m. en 1760, succéda à son père en 1727. Il garda d’abord pour ministre le célèbre Walpole, qui sut conserver la paix pendant les 12 premières années de ce règne ; mais l’ayant ensuite écarté, il entreprit des expéditions désastreuses. Dans la guerre de la succession d’Autriche, il se déclara pour Marie-Thérèse et contre la France : ses armes, heureuses à Dettingen (1743), échouèrent aux combats de Fontenoy (1745) et de Lawfeld (1747), qui furent suivis du traité d’Aix-la-Chapelle (1748). Il est vrai qu’en même temps son trône était raffermi par la victoire de Culloden, remportés sur le prétendant, Charles-Édouard, en Écosse (lT46). La guerre s’étant rallumée sur le continent en 1755, l’Angleterre éprouva de nouveaux revers en Allemagne et perdit tout le Hanovre ; mais ces pertes furent compensées par de brillantes conquêtes aux Indes et en Amérique. On doit à G. II la création du British Museum.

GEORGE III, roi d’Angleterre, né en 1738, m. en 1820, succéda en 1760 à George II, son grand-père, obtint de brillants succès contre la France et l’Autriche dans la guerre de Sept ans, conclut en 1763 une paix avantageuse, qui cependant ne satisfit pas encore son pays, excita par des mesures arbitraires une émeute qui faillit lui être fatale (1768) ; eut à soutenir la guerre contre les colonies d’Amérique révoltées, fut forcé en 1783 de reconnaître l’indépendance des États-Unis, mais étendit les conquêtes de l’Angleterre dans l’Inde, et réunit définitivement l’Irlande au royaume. Il combattit de tout son pouvoir la Révolution française, et s’empressa de rompre la paix d’Amiens, conclue an 1802. En 1810, il tomba en démence ; il ne mourut que dix ans après. George III eut pour principal ministre le célèbre Pitt ; c’est sous son règne que brillèrent à la tribune Fox, Burke, Sheridan, et sur mer Jervys et Nelson. Il laissa plusieurs fils ; Georges IV et Guillaume IV, qui régnèrent, Édouard, duc de Kent, père de la reine Victoria, Ernest-Auguste, qui fut roi de Hanovre.

GEORGE IV, roi d’Angleterre, fils de Georges III, né en 1762, m. en 1830, eut une jeunesse scandaleuse. Il fut appelé à la régence en 1811, lorsque son père fut tombé en démence, mais il ne prit le titre de roi qu’en 1820. Quoiqu’il se fût précédemment déclaré pour les Whigs, il s’abandonna longtemps aux Tories, et eut pour principaux ministres Castlereagh et Wellington. Il contribua à renverser Napoléon, mais tint une conduite peu loyale envers le héros vaincu qui était venu se confier à lui. Il rendit de nombreuses lois contre la liberté de la presse, et eut à réprimer des troubles incessants dans l’Irlande. Cependant en 1823 il se rapprocha du parti libéral, et prit pour ministre Canning ; en 1829, fut accordée l’émancipation des Catholiques. George IV avait épousé en 1796 la princesse Caroline à laquelle il intenta un scandaleux procès en adultère.

GEORGE, duc de Clarence. V. CLARENCE.

GEORGE, prince de Danemark, frère de Christian V, épousa la princesse Anne, fille de Jacques II, roi d’Angleterre. Lorsque ce dernier eut été détrôné en 1688 par Guillaume d'Orange, George embrassa le parti du vainqueur, qui le créa duc de Cumberland. Son épouse ayant succédé en 1702 à Guillaume sur le trône d'Angleterre, il fut nommé grand amiral ; du reste, il ne prit aucune part aux affaires. Il mourut en 1708, à 55 ans.

GEORGE est aussi le nom de onze rois de Géorgie. George I se révolta contre l'empereur grec Basile II (1021), résista victorieusement à ses efforts et obtint de lui une paix avantageuse ; il mourut en 1027. — George IV (1206-1222), fit plusieurs conquêtes dans l'Aderbidjan, s'allia aux rois francs de Syrie et de Palestine, mais ne put préserver la Géorgie de l'invasion des Mongols en 1220. — George VI profita de la décadence des Gengiskhanides pour affranchir la Géorgie ; il m. en 1346. — George XI, fils d'Héraclius, ne régna que deux ans, 1798-99. Ne pouvant s'opposer aux ravages des Turcs et des Lesghis, il légua en mourant ses États à la Russie. V. GÉORGIE.

GEORGE PISIDÈS, écrivain grec qui florissait vers 630, était diacre, garde des archives et référendaire de l'église de Constantinople. On a de lui : De expeditione Heraclii contra Persas ; Bellum arabicum ; Hexameron, poëme où il raconte la création ; De vanitate vitæ, autre poëme. Ses contemporains le regardaient comme un grand écrivain et un grand poëte. Ses œuvres ont été publiées à Rome en 1777, in-f°, et réimpr. à Montrouge, par l'abbé Migne, 1860.

GEORGE LE SYNCELLE, historien grec, ainsi nommé de la fonction qu'il exerçait (le syncelle était un clerc qui habitait la même cellule que le patriarche et l'accompagnait partout), fut attaché à Taraise, patriarche de Constantinople ; écrivit de 780 à 800, et mourut, à ce qu'on croit, vers 800. Il a laissé une Chronographie qui va jusqu'à l'an 284 de J.-C., et que Théophane l'Isaurien a continuée jusqu'en 813. Elle a été imprimée dans la Byzantine et à Bonn, par G. Dindorf, 1829. Elle paraît avoir été faite, ainsi que la Chronique d'Eusèbe, d'après Jules Africain et offre quelques renseignements précieux.

GEORGE DE TRÉBIZONDE, écrivain grec, né en 1396 en Crète, d'une famille originaire de Trébizonde, mort à Rome en 1486, vint à Venise vers 1430 pour y enseigner le grec ; fut appelé à Rome par le pape Eugène, et chargé de traduire des ouvrages grecs en latin ; mais il s'acquitta avec peu de soin de cette mission et se vit bientôt surpassé par Valla et Théodore Gaza. Il a traduit, entre autres ouvrages, les Problèmes et la Rhétorique d'Aristote, l’Almageste de Ptolémée, quelques écrits de S. Cyrille et de S. Jean Chrysostôme, et a écrit une Comparaison d'Aristote et de Platon où il élève le premier fort au-dessus du second; il fut combattu par Gémiste Pléthon.

GEORGE SCHOLARIUS. V. GENNADE.

GEORGE CADOUDAL. V. CADOUDAL.

GEORGEL (J. François), jésuite, né en Lorraine, en 1731, mort en 1813, s'attacha au prince Louis de Rohan qui l'emmena dans son ambassade à Vienne, devint son grand vicaire quand il eut été nommé cardinal, et fut chargé de le défendre dans le célèbre procès du Collier. Déporté pendant la Révolution, il se réfugia en Suisse, puis alla en Russie offrir à Paul I la grande maîtrise de l'ordre de St-Jean de Jérusalem (1799). Il revint en France sous le Consulat ; et fut nommé vicaire général de l'évêque de Nancy. Il a laissé d'intéressants Mémoires sur la fin du XVIIIe siècle (1760-1806), publiés à Paris en 1818, 6 vol. in-8.

GEORGETOWN, v. et port des États-Unis (district de Colombia), sur le Potomak, à 4 kil. O. N. O. de Washington dont la sépare le Rock-Creek; 8000 h. Collége catholique. Commerce considérable.

GEORGETOWN ou STABROEK, capit. de la Guyane anglaise, ch.-l. du gvt de Demerara, près de la Demerara ; 21 000 hab. Évêchés catholique et anglican. Exportation de sucre, café, rhum, etc.

GEORGETOWN, ch.-l. de l'île du Prince-de-Galles; 10 000 hab. Port, fort, arsenal, casernes, etc.

GEORGETOWN, v. de l'île de Grenade. V. ST-GEORGE.

GÉORGIE, en arabe, en persan et en turc Gurdjistan (c.-à-d. pays d'esclaves), et en russe Grousia, prov. de l'empire russe, bornée au N. par le Caucase qui la sépare de la Circassie, à l'O. par la mer Noire, au S. par l'Arménie et le cours inférieur du Kour, à l'E. par le Daghestan et le Chirvan : 450 kil. sur 300 ; 250 000 hab.; ch.-l. Tiflis ; autres villes : Gouri et Télavi. La Géorgie se divise en trois districts : 1° le Karthli (vulgairement appelé Carduel ou Kartalinie) ; 2° le Kakheth ; 3° le Somkheth. A ces trois provinces, qui forment la Géorgie propre, longtemps appelée Géorgie persane, il faut ajouter la Gourie, l'Iméréthie, la Mingrélie et le Souaneth qui composaient la Géorgie turque, et qui appartiennent auj. également à la Russie. La Géorgie est toute couverte des ramifications du Caucase ; on y trouve partout des vallées fertiles et délicieuses; aussi a-t-on voulu y placer le paradis terrestre. Elle est arrosée par de nombreuses rivières dont la principale est le Kour. Le climat est chaud et le sol très-fertile ; on y cultive avec succès le mûrier, la vigne et le coton. On y élève de superbes troupeaux de gros et de menu bétail ; on y trouve des mines d'or, d'argent, de fer, de cuivre et d'étain, des rubis, de l'alun, du jaspe, de l'ambre noir. Les Géorgiens sont très-braves; mais ils sont féroces, pillards et adonnés à l'ivrognerie. Leurs femmes sont célèbres dans tout l'Orient par leur beauté. La religion du pays est celle des Grecs dits orthodoxes ; ils ont une langue à part, qui a deux dialectes, le sacré et le profane.

Les Géorgiens habitent le pays connu autrefois sous le nom d’Ibérie, ainsi qu'une partie de la Colchide à l'O. et de l’Albanie à l'E. Ils font remonter leur origine jusqu'à 2640 av. J.-C., et reconnaissent pour 1er roi Thagarmos, qu'ils font contemporain de Nemrod. Ils se soumirent volontairement à Alexandre ; mais après la mort du conquérant (323), ils choisirent pour chef Pharnavaz, descendant de leurs anciens rois, qui délivra le pays de toute domination étrangère, et fit alliance avec Antiochus, roi de Syrie. Artocès, un de ses successeurs, fut l'allié de Mithridate ; mais, vaincu par Pompée (65) il se soumit aux Romains. Néanmoins la Géorgie conserva ses rois : elle fut gouvernée par les Arsacides de 71 av. J.-C. à 242 après, et, à partir de 242, par les Sassanides. Le Christianisme y fut introduit en 280 et y remplaça le culte des astres. Au VIe siècle, Chosroës Nouschirvan détrôna Bakour IV, et donna aux Géorgiens un roi de sa famille (568). Les Géorgiens résistèrent longtemps aux armes victorieuses des Arabes ; mais en 732, Merwan, qui fut depuis le calife Merwan II, étendit sa domination au delà du Kour, et à la fin du VIIIe siècle, la Géorgie tout entière était regardée comme une province des califes. Elle avait alors pour rois des princes de la dynastie des Bagratides ou Pagratides, qui déjà régnait en Arménie. En 861, les Géorgiens secouèrent le joug musulman, mais au Xe s. ils furent successivement soumis par les Dilemites sortis du Ghilan et par les Bouïdes. Sous Bagrat IV (1027-1072), Alp.-Arslan soumit ce pays, et un grand nombre de Turcs Seldjoucides s'y établirent. David III releva la Géorgie (1089), et, secondé par les Khazars, étendit au loin ses conquêtes. En 1248, la Géorgie fut réunie au vaste empire des Gengiskhanides. De 1386 à 1400, elle eut à subir plusieurs invasions de Tamerlan, qui la réduisirent à l'état le plus déplorable. Alexandre I (1407-1442) partagea ses États entre ses trois fils, qui formèrent les royaumes rivaux de Karthli, de Kakheth et de Gourie, et il prépara ainsi la ruine de la Géorgie : en effet, dès 1520, la Géorgie orientale devint vassale des Sophis de Perse, et la Géorgie occidentale des sultans ottomans. Ceux-ci conquirent tout le pays en 1589 ; mais, de 1603 à 1615, Chah-Abbas la reprit aux Turcs et la remit sous la domination de la Perse ; elle retomba presque tout entière sous le joug des Turcs en 1724. Nadir-Chah en soumit une partie dont il donna le gouvernement à Theimouroz II en 1740. Héraclius, successeur de ce dernier (1760-1798), menacé d’un concurrent par le souverain de Perse Kerim-Khan, s’allia aux Russes et finit par se reconnaître leur vassal en 1783 ; mais en 1795, Aga Mohammed fit une invasion en Géorgie, prit Tiflis et emmena une foule d’habitants en esclavage. L’arrivée d’une armée russe prévint une nouvelle invasion (1797). Georges XI, fils d’Héraclius, signa en mourant l’acte qui soumettait ses États à l’empereur Paul I (1799). En 1802, la Géorgie fut déclarée province russe ; mais de continuelles révoltes rendirent pendant longtemps encore cette possession purement nominale.

GÉORGIE, Georgia, un des États-Unis de l’Amérique du Nord, bornée au N. par l’État de Tennessee, au N. E. par la Caroline du Sud dont le sépare la Savannah, à l’E. par l’Océan, au S. par la Floride, à l’O. par l’Alabama : 490 k. sur 400 ; 1 057 286 h. (les esclaves en forment près de la moitié) ; ch.-l. Milledgeville. La Géorgie offre plusieurs chaînes de montagnes au N. O. ; dans cette partie, le climat est tempéré ; partout ailleurs il est chaud. Le sol est très-fertile, surtout en coton, le commerce fort actif ; plusieurs chemins de fer. Dans la partie occid. habitaient plusieurs tribus belliqueuses, dont les principales étaient les Creeks et les Cherokees : elles ont été expulsées en 1835. — Jadis le nom de Géorgie s’étendait à toute la contrée située à l’E. du Mississipi, et comprenait les États actuels de Mississipi et d’Alabama. Les Anglais s’y établirent pour la 1re fois en 1733, sous le règne de George II (d’où son nom). La colonie souffrit d’abord de la guerre qui éclata peu après entre l’Espagne et l’Angleterre ; mais en 1752 la compagnie qui la dirigeait résigna ses droits à la Couronne, et dès lors la colonie prit un nouvel essor. Elle se déclara indépendante en 1776 et entra en 1861 dans la confédération des États séparatistes.

GÉORGIE MÉRIDIONALE, dite aussi île du Roi-George, île de l’Océan austral, à l’O. de la Terre-de-Feu, par 39° long. O., 54° 30′ lat. S. Glaces et neiges éternelles. Découverte en 1675 par le Français La Roche.

GÉORGIE SEPTENTRIONALE, archipel de la mer polaire, de 97° à 117° long. O. et par 75° lat. N., a pour îles principales les îles Melville, Sabine, Bathurst. Découvert par les Anglais.

GEORGIEVSK, v. forte de la Russie (gouvt du Caucase), sur la petite Kouma, à 320 kil. N. O. de Tiflis ; 3000 hab. (presque tous Cosaques du Volga). Fondée en 1771, elle fut de 1793 à 1825 le ch.-l. du gouvt du Caucase.

GÉPIDES, Gepidæ, une des trois divisions du peuple goth, se fixa vers les sources de la Vistule, sur le revers des monts Carpathes, tandis que les Ostrogoths et les Visigoths poussaient au Sud : de là, dit-on, leur nom, qui voulait dire traînards ou paresseux. Entre les années 240-246 de J.-C., les Gépides forcent à s’expatrier les Burgundes, qui habitaient le nord de l’Allemagne, et les refoulent, par la Thuringe et la Franconie, vers le Rhin. Eu 269, sous Claude II, les Gépides commencent leurs incursions sur le territoire romain. Soumis par les Huns, ils secouent le joug à la mort d’Attila (453), sous la conduite d’Ardaric, et s’établissent entre le Marosch au N., le Danube au S., la Theiss à l’O. et la Ternes au S. E. Vers l’an 548, éclata entre les Gépides et les Lombards, qui étaient devenus leurs voisins, une guerre sanglante, qui finit par amener la destruction des premiers : les Avares, appelés par les Lombards, exterminèrent une partie de la nation (567) ; le reste émigra et se dispersa. Rosemonde, fille de Cunimond, dernier roi gépide, qu’Alboin, roi des Lombards, avait tué de sa propre main, vengea la mort de son père dans le sang du meurtrier qu’elle avait été forcée d’épouser (573).

GÉRA, v. de la principauté de Reuss, ch.-l. de la seigneurie de Géra, sur l’Elster-Blanc, à 25 k. S. O. d’Altenbourg ; 12 000 hab. Ville murée, palais des princes de Reuss. Industrie, lainages, étoffes de soie, cotonnades : brasseries, etc. La seigneurie de Géra, enclavée entre les pays de Saxe-Altenbourg, Saxe-Weimar, et le gouvt prussien de Mersebourg, a 474 kil. carrés et 32 000 h. Elle appartient en commun aux deux États de Reuss-Schleitz et Reuss-Lobenstein-Ebersdorf.

GERACE, Locri, puis Hieracium, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Calabre Ult. Ire), à 53 kil. E. N. E. de Reggio ; 8000 hab. Évêché. Eaux minérales sulfureuses, vin estimé. Cette ville fut très-endommagée par le tremblement de terre de 1783.

GÉRANDO (Joseph Marie, baron de), né à Lyon en 1772, mort en 1842, fut élevé par les Oratoriens et destiné à l’Église, prit part, en 1793 à la défense de Lyon contre les troupes de la Convention, ce qui le contraignit à s’exiler ; rentra en 1796, s’enrôla et assista à la bataille de Zurich (1799). Cultivant la philosophie au milieu des camps, il fut à la même époque couronné par l’Institut pour un remarquable mémoire sur l’influence du langage (des Signes et de l’Art de penser dans leurs rapports mutuels, 1800), et par l’Académie de Berlin pour un mémoire sur la Génération des connaissances humaines (Berlin, 1802), mémoire qui devint plus tard l’Histoire comparée des systèmes de philosophie. Attaché par Lucien Bonaparte au ministère de l’intérieur, il fut nommé en 1804 secrétaire général de ce ministère, accompagna en 1805 Napoléon en Italie, et introduisit l’administration française en Toscane (1808), dans les États romains (1809), puis en Catalogne (1812). Membre du conseil d’État dès 1811, il en fut écarté à la Restauration, mais il y rentra bientôt. Il fut appelé en 1819 à la chaire de droit administratif nouvellement créée, et élevé à la pairie en 1837. Il était de l’Académie des sciences morales depuis 1804. Zélé philanthrope, De Gérando fut un des fondateurs de la Société de la morale chrétienne, de la Société pour l’instruction élémentaire, de la Société d’encouragement pour l’industrie, des salles d’asile ; il créa lui-même à Paris en 1839 un ouvroir qui porte encore son nom. Outre les mémoires déjà cités, on a de lui : Histoire comparée des systèmes de philosophie, publiée d’abord en 1804, en 3 vol. in-8 ; refondue dans une 2e édition, dont les 4 premiers vol. parurent en 1822 et années suivantes, et dont les 4 derniers n’ont paru qu’en 1847, d’après ses manuscrits ; Du perfectionnement moral, 1824, 2 vol in-8 ; De l’éducation des sourds-muets, 1827 ; Cours normal des instituteurs primaires, 1832 ; Institutes de droit administratif, 1829 et 1845, 4 vol. in-8. On lui doit aussi le Visiteur du pauvre (1820) ; De la bienfaisance publique (1839). Il a laissé en manuscrit des traités Des Méthodes et De l’Existence de Dieu, et un Examen de Condillac, de Descartes, de Malebranche, de Locke. D’abord disciple pur de Condillac, De Gérando se garantit bientôt de l’exagération de cette école, et donna un des premiers l’exemple d’un éclectisme impartial : son Histoire comparée des systèmes est encore la meilleure histoire de la philosophie qui ait paru en France. Son style, correct et même orné, est un peu diffus. M. Mignet a lu une Notice historique sur ce savant à l’Académie des sciences morales en 1854. — Un de ses fils, {{M.|[[w:Gustave}} de Gérando|J. De Gérando]], auj. procureur général, a lui-même publié plusieurs écrits philanthropiques et religieux : Tableau des Sociétés religieuses et charitables de Londres, 1824 ; Divines prières et méditations, 1839 ; le Démocrate chrétien, 1848.

GÉRARD (S.), évêque de Toul, 963-994, protégea les savants et fonda des écoles. On l’hon. le 23 avril.

GÉRARD, dit Tom, instituteur de l’ordre de St-Jean de Jérusalem, né en 1040 dans l’île de Martigues, sur la côte de la Provence, fut nommé vers 1080 supérieur d’un hôpital pour les pèlerins annexé à l’église qui venait d’être bâtie à Jérusalem par des négociants d’Amalfi, jeta en 1100 les fondements de l'ordre hospitalier de St-Jean, et en fut nommé grand maître. Il mourut en 1121. Il mérita par ses vertus et sa charité d'être mis au nombre des bienheureux.

GÉRARD DE CRÉMONE, savant traducteur, né vers l'an 1114, près de Crémone, mort en 1187, s'appliqua avec succès à la philosophie et à l'astronomie, passa en Espagne pour y étudier les ouvrages des Arabes, et traduisit en latin divers traités d'Alhaken, d'Avicenne, de Rhasis, d'Albucasis, ainsi que l’Almageste de Ptolémée d'après une traduction arabe.

GÉRARD GROOT, c.-à-d. le Grand, fondateur des Frères de la Vie commune, né à Deventer en 1340, mort en 1384, était fils de Werner Groot, consul de cette ville. Il renonça à une belle fortune pour se consacrer à la vie religieuse, et fonda un institut qui avait pour objet de transcrire les manuscrits, de se vouer à l'éducation et à la prière, et qu'il fit approuver par le pape en 1376. Son institut fut transporté en 1386 de Deventer au monastère de Windesheim, où il forma une congrégation de chanoines réguliers. Ce nouvel ordre rendit de grands services aux lettres : il en sortit plusieurs hommes distingués, tels que Thomas-à-Kempis et Gerlac Petersen. On doit à Gérard Groot quelques écrits mystiques et un livre De Vita in communi de gentium (sur les Frères de la Vie commune). Quelques-uns n'ont été imprimés que de nos jours, par Gérard Acquoy, 1860-61. Sa Vie a été écrite par A-Kempis, et plus récemment par Delprat, 1818 et 1856.

GÉRARD (Balthasar), fanatique, né à Villafans (Hte-Saône), assassina en 1584, à Delft, le prince d'Orange, Guillaume de Nassau, alors stathouder des provinces soulevées contre l'Espagne. Il fut pris et écartelé. Il était entré au service du prince, et avait captivé sa confiance par un excès de zèle. Il prétendit n'avoir pas de complices, assurant qu'il n'avait eu d'autre mobile que l'intérêt du parti catholique et espagnol. Ce fanatique n'avait que 22 ans. Le roi d'Espagne, Philippe II, donna des lettres de noblesse à sa famille.

GÉRARD, peintre hollandais. V. DOW et HONTHORST.

GÉRARD (Alexandre), écrivain écossais, né en 1728 à Garioch (comté d'Aberdeen), mort en 1795, embrassa l'état ecclésiastique, se livra à la prédication, professa la philosophie naturelle et expérimentale au collége Maréchal (1752), puis la théologie à l'université d'Aberdeen (1771). Il a laissé un Essai sur le goût, Londres, 1759; un Essai sur le génie, 1767; des Sermons, 1780, et un traité des Devoirs du pasteur, 1799. L’Essai sur le goût, ouvrage estimé, a été traduit en français par Eidous, 1766.

GÉRARD (Phil. Louis), chanoine, né à Paris en 1737, mort en 1813. Après avoir passé sa jeunesse dans la dissipation et l'incrédulité, il se convertit et se voua au saint ministère. Il fut longtemps vicaire de St-Merry, à Paris, puis chanoine de St-Louis du Louvre. Il subit une longue détention pendant la Révolution. On a de lui : le Comte de Valmont ou les Égarements de la raison, 1775, 5 vol. in-12, espèce de roman moral et religieux, où il paraît raconter sa propre histoire (cet ouvrage a eu une très-grande vogue); les Leçons de l'histoire, ou Lettres d'un père à son fils sur les faits intéressants de l'histoire, 1786-1806. 11 vol in-12; l’Esprit du Christianisme, précédé d'un précis de ses preuves, 1803, in-12.

GÉRARD (le baron), peintre d'histoire, né à Rome en 1770, d'un Français et d'une Italienne, mort en 1837, étudia d'abord la sculpture sous Pajou, et reçut depuis 1784 les leçons de David. Sa 1re œuvre importante fut le Bélisaire, 1795; vinrent ensuite Psyché recevant le premier baiser de l'Amour, 1796; les Trois Âges, 1806; la Bataille d’Austerlitz et Ossian, 1810. Il excellait dans les portraits : toutes les notabilités de l'Empire et de l'Europe voulurent être peintes par lui. Sous la Restauration, Gérard produisit : l’Entrée d'Henri IV à Paris, 1817; Corinne improvisant au cap Misène et Thétis portant les armes d'Achille, 1819; le Tombeau de Ste-Hélène, 1826; Louis XIV déclarant son petit-fils roi d'Espagne, 1828; l’Extase de Ste Thérèse, le Sacre de Charles X, 1829; l’Espérance, 1829; la Peste de Marseille, 1832, et les 4 pendentifs de la coupole du Panthéon. Gérard fut une des gloires de l'école de David, et un des derniers imitateurs de la belle antiquité : son dessin est à la fois vigoureux et élégant; sa couleur, harmonieuse et brillante; ses compositions, remarquables par la justesse de la pensée et de l'expression, sont en même temps pleines d'art et de poésie. Louis XVIII le nomma son 1er peintre et le fit baron.

GÉRARD (Maurice Étienne, comte), maréchal de France, né en 1773 à Damvillers (Meuse), mort en 1852, était fils d'un notaire. Il s'enrôla en 1791, servit en Italie sous Bernadotte, dont il devint l'aide de camp et bientôt l'ami, se signala à la bataille d'Austerlitz, où il fut blessé; à Wagram, où il contribua puissamment au gain de la victoire; fit des prodiges de valeur au sanglant combat de Valontina, où il remplaça le général Gudin, tué à la tête de ses troupes, et à la bataille de la Moskowa, après laquelle il fut nommé général de division (1812); contribua avec Davoust à sauver l'arrière-garde surprise à Kovno, commanda une division à Lützen et à Bautzen, fit, pendant la campagne de France, les efforts les plus énergiques pour défendre le territoire, notamment au pont de Dienville, à St-Pane, à Montereau, à Méry; fut placé, pendant la campagne de 1815, sous les ordres du général Grouchy, et insista vainement auprès de lui pour marcher sur Waterloo, où l'on entendait la canonnade; eut, le même jour (18juin), la poitrine traversée d'une balle à Wavres; se retira à Bruxelles, après le licenciement de l'armée, rentra en France en 1817, mais sans reprendre de service; fut élu député en 1822 et 1827, et se plaça, avec Manuel et Foy, sur les bancs de l'opposition; accueillit avec joie la révolution de 1830; fut aussitôt chargé du portefeuille de la guerre, et réorganisa l'armée; reçut peu après le bâton de maréchal; fut mis en 1831 à la tête de l'armée du Nord, et repoussa les Hollandais de la Belgique; fit en 1832 le siège d'Anvers, qui se rendit après 24 jours de tranchée (23 déc.); fut nommé en 1835 grand chancelier de la Légion d'honneur et en 1838 commandant supérieur de la garde nationale. Napoléon, qui le proposait pour modèle, l'avait désigné dans ses Mémoires pour la dignité de maréchal de France. Une statue lui a été érigée à Damvillers. M. J. Nollet a écrit sa Vie.

GÉRARD DE NERVAL, littérateur, né à Paris en 1808, mort en 1855, débuta dès 1826 par des poésies de circonstance, étudia la littérature allemande et fit paraître en 1830 un Choix de ballades et de poésies traduites de Gœthe, Schiller, Klopstock, Burger, Schubert, Kœrner, etc.; rédigea pour les revues et les journaux des nouvelles et des feuilletons qui furent remarqués, fonda en 1835 le Monde dramatique, qu'il dirigea jusqu'en 1841 ; composa, avec Alexandre Dumas, l’Alchimiste et Léo-Burckhart, drames en 5 actes, puis seul l’Imagier de Harlem, 1852, ainsi que le poëme de deux opéras-comiques, Piquillo (musique de Monpou) et les Monténégrins (musique de Limnander). Sujet à des atteintes d'aliénation mentale, Gérard de Nerval se pendit dans un de ses accès. Aux plus riches fantaisies de l'imagination, cet écrivain joignait une rare simplicité de style.

GÉRARDMER ou GÉROMÉ, ch.-l. de cant. (Vosges), sur un petit lac de même nom, à 30 kil. S. de St-Dié; 5600 hab. Boissellerie, sabots, fromages renommés.

GÉRARE, anc. v. des Philistins, à l'E. de Gaza, était la résidence d'Abimélech.

GERASA, v. de la Décapole de Palestine, au N. de Gadara et au S. de Damas. C'est auj. Djerrach, ville déserte, où l'on trouve de belles ruines.

GERBERON (Dom Gabriel), bénédictin de St-Maur, né à St-Calais en 1628, mort en 1711, prit parti pour les Jansénistes. Il a laissé, entre autres ouvrages : le Miroir de la piété chrétienne, 1676; Histoire du Jansénisme, 1700, et a donné une édition estimée de S. Anselme, 1671.

GERBEROY, vge du dép. de l’Oise, à 25 kil. N. O. de Beauvais ; 600 hab. Château fort, auj. en ruines. Ville importante au moyen âge. Guillaume le Conquérant y assiégea son fils Robert ; Henri II, roi d’Angleterre, la prit en 1160 ; elle fut de nouveau prise par les Anglais en 1437, mais reprise dès 1449.

GERBERT, pape V. SYLVESTRE II.

GERBEVILLER, ch.-l. de c. (Meurthe), à 11 kil. S. de Lunéville ; 2252 hab. Bonneterie.

GERBI, île d’Afrique. V. ZERBI.

GERBIER (J. B.), célèbre avocat, né à Rennes en 1725, mort en l788, débuta à Paris en 1753, et y plaida avec un succès toujours croissant. En 1771, lors de l’exil du parlement par le chancelier Maupou, il se sépara de ses confrères, et consentit à plaider devant la commission qui remplaçait le parlement. Son éloquence était insinuante et pathétique ; sa diction nette, son élocution facile, sa voix étendue et pénétrante. On le surnomma l’Aigle du barreau. Plusieurs des causes dans lesquelles il a plaidé se trouvent dans le recueil des Causes célèbres : une des plus remarquables est la Bernardine, où il fit condamner l’abbé de Clairvaux à 40 000 écus de dommages-intérêts au profit d’une pauvre femme dont le mari avait été séquestré dans un couvent de Bernardins. Ses plaidoiries, recueillies par Héraut de Séchelles, se trouvent manuscrites à la bibliothèque des avocats.

GERBIER-DES-JONCS, mont. de France (Ardèche), dans les Cévennes, à 28 k. O. N. O. de Privas ; 1551m. La Loire y prend sa source. Éboulée en 1821, cette mont. a été en partie remplacée par un lac.

GERBILLON (J. François), jésuite missionnaire, né à Verdun en 1654, fut un des fondateurs de la mission française en Chine (1685), devint maître de mathématiques de l’empereur Kang-hi, fut supérieur général de la mission, dirigea le collége français à Pékin, et mourut dans cette ville en 1707. Il fit imprimer en chinois à Pékin des éléments de Géométrie. On a de lui des Relations de ses voyages en Tartarie de 1688 à 1698, dans l’Histoire générale des voyages.

GERDIL (Hyacinthe Sigismond), cardinal, né en 1718 à Samoëns en Savoie, mort en 1802, entra dans l’ordre des Barnabites, enseigna la philosophie à Casal et à Turin (1749), fut précepteur du prince royal de Piémont (Charles-Emmanuel IV), et reçut la pourpre de Pie VI (1777). Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, les uns en italien, les autres en latin, quelques-uns en français, qui lui assurent un rang élevé parmi les philosophes et les théologiens. La plupart sont consacrés à réfuter les incrédules ; il y brille à la fois par la force de la dialectique et par la modération. Les principaux sont : De l’origine du sens moral ; De l’existence de Dieu ; De l’immortalité de l’âme, contre Locke ; Incompatibilité des principes de Descartes et de Spinosa ; l’Anti-Émile ou Réflexions sur la théorie de l’éducation de Rousseau ; Démonstration mathématique contre l’éternité de la matière et du mouvement ; Caractères de la vraie religion. Ses œuvres ont été réunies en 20 v. in-4 à Rome, 1806-21. Gerdil était de l’Académie de la Crusca et de celle de Turin.

GERGOVIE, Gergobia, v. de Gaule, chez les Arvernes, sur une haute montagne. Vercingétorix y vainquit les Romains ; César l’assiégea, mais ne put la prendre. Longtemps on a cru que cette ville était la même qu’Augustonemetum (Clermont) : elle en est seulement voisine ; il a été récemment établi qu’elle est située à 5 kil. au S., sur une hauteur qui se détache des Monts Dômes et qu’on nomme encore auj. Gergoie ou mont Gergovin. - Une autre Gergovie était située dans le pays des Éduens, mais appartenait aux Boïens ; elle fut fondée du temps de César. On la place dans le dép. de la Nièvre, au lieu où est auj. St-Révérien, à 27 kil. S. de Clamecy ; sa forteresse, Arx in Boiis, aurait laissé son nom au vge d’Arzemboy. D’autres la placent à Montluçon.

GERHARDT (Ch.), chimiste français, né en 1816 à Strasbourg, mort dans la même ville en 1856, était fils d’un fabricant de produits chimiques. Il alla compléter ses études scientifiques en Allemagne sous le chimiste Liebig, fut nommé en 1844 professeur de chimie à la Faculté de Montpellier, et en 1855 professeur à la Faculté et à l’École de pharmacie de Strasbourg. Il venait d’être élu correspondant de l’Académie des sciences lorsqu’il fut enlevé par une mort prématurée. Ch. Gerhardt avait conçu, avec Laurent, son ami, le projet de réformer la chimie organique : considérant certaines substances organiques comme des composés équivalents entre eux, il ne donna pas aux formules qui les représentent une valeur absolue, mais il les classa d’après les analogies de leurs métamorphoses ; il choisit à cet effet un certain nombre de composés dont il fit des types auxquels il en rapportait une foule d’autres, distribués en séries. Outre de savantes recherches sur les huiles essentielles, les acides anhydres et les amides, on lui doit la traduct. de plusieurs outrages de Liebig, un Précis de chimie organique (1844) et un grand Traité de chimie organique (1850-1856, 4 vol. in-8), qui fait suite au Traité de chimie de Berzélius. G. Chancel a donné une Notice sur sa Vie et ses travaux (1857).

GÉRICAULT (André), peintre d’histoire, élève de Guérin, né à Rouen en 1791, mort en 1824, exposa en 1819 un tableau qui le plaça au niveau des grands maîtres : le Naufrage de la Méduse, auj. au musée du Louvre. Ses autres compositions sont : un Chasseur à cheval ; un Cuirassier blessé ; une Forge de village. On a aussi de lui beaucoup de dessins et d’aquarelles, entre autres un Épisode de la retraite de Moscou. Le caractère de son talent est une énergie un peu fougueuse. Cet artiste, enlevé prématurément, avait des partisans enthousiastes, qui l’opposaient à David.

GERING (Ulric), imprimeur, né près de Lucerne, vers 1440, mort vers 1510, eut avec Martin Krantz et Michel Friburger, la gloire d’introduire l’imprimerie en France. Ils vinrent s’établir à Paris en 1470. Le peuple, les prenant pour des sorciers, menaçait leur industrie, et déjà le parlement les avait condamnés ; il fallut que Louis XI intervint pour les sauver.

GERLAC PETERSEN, écrivain ascétique, chanoine régulier de Windesheim, né en 1378 à Deventer (Hollande), mort en 1411, composa des entretiens spirituels, qui le firent surnommer le second Thomas A-Kempis : Breviloquium de accidentiis exterioribus ; De libertate spiritus ; Ignitum cum Deo soliloquium, Cologne, 1616, in-12, trad. en franç., Paris, 1667.

GERLE (dom), chartreux, né en 1740 en Auvergne, était en 1789 prieur du couvent de Port-Ste-Marie. Député aux États généraux par le clergé de Riom, il adopta les idées révolutionnaires, mais ne s’en fit pas moins remarquer par son exaltation religieuse. En 1794, il crut avoir trouvé une femme inspirée dans une vieille fille nommée Catherine Théot, qui se donnait le titre de mère de Dieu, et qui le proclama prophète. Tous deux secondèrent Robespierre lorsqu’il fit proclamer par la Convention l’existence de l’Être suprême. Ils furent accusés d’avoir formé une conspiration théocratique, et jetés en prison peu avant le 9 thermidor ; don Gerle recouvra la liberté après cet événement.

GERMAIN (S.), dit l’Auxerrois, évêque d’Auxerre, né dans cette ville en 380, m. en 448, était gouverneur de la province d’Auxerre pour l’empereur d’Occident, lorsqu’il fut ordonné prêtre par Amator, évêque d’Auxerre. Amator étant mort pou après, Germain fut élu à sa place (418). Il avait eu une jeunesse peu réglée ; il se consacra désormais tout entier aux devoirs religieux, et se condamna à la vie la plus austère. Il fit deux voyages dans la Grande-Bretagne pour y prêcher contre l’hérésie de Pelage (428 et 446), et mourut à Ravenne, où il était allé implorer de Valentinien III le pardon des Armoricains. On le fête le 26 et le 31 juillet.

GERMAIN (S.), dit de Paris, évêque de Paris, né à Autun en 496, m. à Paris en 576, fut élu évêque en 554, et fut en grande faveur à la cour des rois Childebert et Clotaire. Néanmoins, il excommunia Caribert, un des fils de ce dernier, pour ses débordements. Il s'interposa vainement entre Sigebert et Chilpéric dans la lutte suscitée entre ces deux rois par Frédégonde. Il fonda l'église qui porte encore auj. le nom de St-Germain des Prés, à Paris. On le fête le 28 mai. Sa Vie a été écrite par Fortunat.

GERMAIN (Thomas), architecte, sculpteur et orfévre, né à Paris en 1673, m. en 1748, était fils de Pierre Germain, habile ciseleur, dont les ouvrages ornaient le château de Versailles. Thomas G. exécuta en 1704 un des trophées qui ornent le chœur de Notre-Dame, en 1722 un soleil dont Louis XV fit présent à l'église de Reims, fit construire en 1738 l'église St-Louis-du-Louvre et confectionna un grand nombre de belles œuvres d'orfèvrerie ; la plupart ont été fondues sous Louis XV et pendant la Révolution, pour les besoins de l'État : aussi celles qui ont été conservées ont-elles un grand prix.

GERMAIN (Sophie), mathématicienne, née à Paris en 1776, m. en 1831, attira l'attention de Lagrange qui l'encouragea, découvrit les lois des vibrations des lames élastiques, et rédigea sur ce sujet un mémoire qui fut couronné par l'Institut en 1820, et qu'elle publia sous le titre de Recherches sur la théorie des surfaces élastiques. On lui doit aussi quelques autres travaux estimés.

GERMAINS. V. GERMANIE.

GERMANICA CÆSAREA, Marach, v. de Syrie, dans la Comagène. Patrie de l'hérésiaque Nestorius.

GERMANICUS (TIB. DRUSUS NERO), fils de Drusus Nero, né à Rome vers l'an 16 av. J.-C., était neveu et fils adoptif de Tibère, et avait épousé Agrippine, petite-fille d'Auguste. Dès sa jeunesse, Auguste lui confia des commandements importants, soit en Dalmatie, soit en Pannonie; il l'éleva au consulat l'an 12 de J.-C. A la mort de ce prince, en 14, il eut à réprimer une révolte terrible des légions de Germanie, qui voulaient le saluer empereur; il repoussa ce titre avec indignation et fit rentrer les soldats dans le devoir; néanmoins Tibère vit dès ce moment en lui un rival dangereux. Chargé peu après de la guerre contre les Germains, il battit Arminius, leur chef (l'an 16 de J.-C.), reprit les aigles de Varus, et se couvrit de gloire par des exploits qui lui valurent le titre de Germanicus. Tibère, jaloux de ses succès, le rappela à Rome, puis l'envoya en Orient. Après avoir apaisé les troubles de l'Arménie, et avoir donné un roi à ce pays, il eut une altercation avec Pison, gouverneur de Syrie et confident intime de Tibère, qui s'était plu à l'insulter. Il le chassa de sa province, mais, peu après, il fut emporté par une maladie aiguë, l'an 19 de J.-C.; il n'avait que 34 ans. Il témoigna en mourant qu'il se croyait empoisonné, et excita ses amis à le venger. Agrippine, sa veuve, porta ses cendres en Italie, et accusa Pison, qui prévint le supplice en se donnant la mort. Germanicus réunissait toutes les vertus et tous les talents : il était adoré universellement pour sa bonté, sa générosité et sa justice. Possédant les dons de l'esprit comme ceux du cœur, il s'était livré avec succès à l'étude de l'éloquence et de la poésie ; on a de lui une traduction des Phénomènes d'Aratus. Tacite a fait de Germanicus le héros de ses Annales. On a plusieurs fois mis sur la scène sa fin tragique. V. ARNAULT.

GERMANIE, Germania (de gehr ou wehr-mann, homme de guerre ?), vaste contrée de l'Europe ancienne, correspondant à peu près à l'Allemagne actuelle. A la mort d'Auguste, elle avait pour bornes au N. le sinus Codanus et la mer Germanique, à l'O. le cours du Rhin, au S. les Alpes et le cours du Danube. Sa limite à l'E. était fort incertaine : elle paraît avoir été la Vistule et les Carpathes. On peut la diviser en deux parts : Germanie romaine et Germanie purement barbare. La 1re, au S. O., était séparée de la 2e par un long mur de retranchement qui s'étendait du Rhin au Danube, qui commençait près d’Aquæ Mattiacæ (Wiesbaden) et se terminait au confluent du Naab et du Danube (Voy. mur du DIABLE). Les Decumates agri, espèce de frontière militaire située en deçà de ce mur et correspondant à peu près au Brisgau actuel, formaient le district principal de la Germanie romaine; il faut y joindre les deux Germaniques, l'Helvétie, la Rhétie et la Vindélicie. Quant à la Germanie purement barbare, il est fort difficile de déterminer les noms et la position des peuples qui l'habitaient : toutefois, dans les deux premiers siècles de notre ère, la Germanie paraît avoir été partagée entre trois grandes nations principales: 1° les Hermions au N. E., entre l'Elbe et la Vistule; 2° les Ingævons au N. et au N. O.; 3° les Istævons à l'O. — 1. Les Hermions, que l'on regarde comme la souche des deux autres, et qui sont désignés tantôt sous le nom de Teutons, tantôt sous celui de Suèves, comprenaient les Semnones, entre l'Elbe et l'Oder; les Varini, entre les embouchures de la Trave et de la Warne; les Sidini, depuis la Warne jusqu'à l'Oder; les Rugii, dans la Poméranie; les Gothones et les Heruli, sur les bords de la Baltique et en Pologne; les Vandalii et les Silingi, dans les monts Sudètes et la Lusace ; les Burgundiones et les Lygii, derrière les Vandales et dans la Silésie. Il faut y joindre les Langobardi (Lombards) et les Angli, qui primitivement habitaient sur les bords de l'Elbe et qui émigrèrent, les 1ers chez les Istævons, et les 2es chez les Ingævons. — 2. Les Ingævons comprenaient de nombreuses et puissantes tribus répandues des embouchures du Rhin aux rives occid. de la Baltique ; c'étaient : les Frisii, dans la Hollande et le Hanovre; les Chauci, dans le pays d'Oldenbourg et de Brème ; les Angrivarii, aux environs de Lunebourg et de Kalenberg; les Saxons, dans le Holstein actuel (divisés eux-mêmes en Ostphales, Westphales et Angarii) ; on peut y joindre les peuples de la Scandinavie mérid., Hellevinones, Suiones, Fenni, et ceux des bords de la Baltique orient., Æstyi, Venedi, etc. — 3. Sous le nom d’Istævons, on réunissait les Chamavi, Tubantes, Usipii, Ansibarii, et Bructeri, entre le Weser et le Rhin; les Sicambri, Attuarii et Marsi, depuis la Lippe jusqu'à Cologne; les Chassuarii, Tencteri et Ingriones, sur la rive occid. du Weser; les Catti, dans la Thuringe, depuis les sources du Weser jusqu'au Mein et à la Saale; les Turoni, les Marvingi et les Mattiaci, aux environs de Marbourg et de Wiesbaden; les Cherusci dans le Harz, les Fosi dans le Brunswick, etc. Toutes ces tribus formèrent à diverses époques de grandes confédérations, telles que celles des Sicambres, des Chérusques et des Cattes, qui plus tard devinrent les deux puissantes confédérations des Francs et des Allemands (Alemanni). — Les Quadi, les Marcomani, les Boii et les Hermunduri, émigrés de diverses tribus, habitaient au midi de la Germanie et dans la forêt Hercynienne, et formèrent plus tard de puissants empires.

Les Germains se distinguaient par une grande taille, une force prodigieuse, des cheveux blonds, des yeux bleus, une peau blanche. Accoutumés dès l'enfance aux intempéries, ils marchaient presque nus, n'ayant qu'un court manteau ou une peau de bête sur les épaules. Ils portaient la chevelure longue, signe distinctif de l'homme libre. Du temps de César et d'Auguste, ces peuples étaient encore barbares, mais moins que les Slaves et les Scythes. Grossiers plutôt que féroces, ils étaient francs, loyaux, hospitaliers, observateurs religieux de leur parole ; ils laissaient aux esclaves et aux femmes les soins pacifiques, mais du moins ils connaissaient l'agriculture; ils avaient des demeures fixes, bien qu'ils détestassent les villes; ils avaient des usages qui pour eux étaient en quelque sorte un code oral; ils se groupaient autour de chefs de leur choix pour de grandes expéditions; ils obéissaient pour la plupart à des rois héréditaires, mais ils n'en avaient pas moins une sorte d'aristocratie dans le conseil des grands et des vieillards, et une démocratie dans les malls ou diètes nationales où tous les hommes libres se rendaient. Il faut bien distinguer chez eux la nation, qui comprenait, avec les guerriers, les femmes, les enfants, les vieillards, d'avec la bande, composée d'hommes armés qui s'associaient à la fortune d'un guerrier renommé et le suivaient dans une expédition. — La religion des Germains était grossière : leurs divinités principales étaient Hertha (la Terre), Teutsch ou Tuisko, père de la race germanique, Wodan ou Odin et Thor, dieux de la guerre, Freya, femme d'Odin (V. ces noms). Ils croyaient aux sorts, aux oracles, aux prophéties : les femmes surtout leur semblaient aptes à prédire, et sous ce rapport ils témoignaient à quelques-unes d'entre elles une vénération qu'on a eu tort de croire générale. Leurs défauts capitaux étaient le goût des orgies, le jeu, l'extrême irascibilité, l'ignorance et une paresse sans bornes pour tout ce qui n'était pas la guerre, la chasse ou l'exercice de la souveraineté.

L'histoire de la Germanie av. J.-C. est presque inconnue. On suppose que ses habitants appartiennent à la race indo-européenne et qu'ils émigrèrent de l'Asie vers le VIIe siècle avant notre ère. L'invasion du Gaulois Sigovèse en Germanie vers 587 av. J.-C., celle des Cimbres et des Teutons en Gaule et en Italie, où ils furent exterminés par Marius, 103-101, la tentative du Suève Arioviste sur la Gaule, en sont presque les seuls grands traits connus. Les Romains, devenus maîtres de la Gaule l'an 50 av. J.-C., de la Rhétie l'an 15 av. J.-C., se trouvèrent en contact avec les Germains au delà du Rhin et du Danube, et dès ce temps les hostilités commencèrent (V. DRUSUS et GERMANICUS). Au Ier siècle de notre ère, les Chérusques et les Marcomans étaient de tous les peuples germains les plus puissants; ils avaient formé chacun une confédération de tous leurs voisins. L'an 9 de J.-C., Arminius, à la tête de la ligue des Chérusques, battit Varus et rendit pour quelques années la liberté à la Germanie. Dans les siècles suivants, la ligue des Marcomans, plus connue sous les noms de Ligue des Suèves et de Ligue des Alamans, devint de plus en plus redoutable. Vers 244 se réorganisa aussi la ligue chérusque, sous le nom de Ligue des Francs (V. FRANCS). Les attaques perpétuelles des uns et des autres pendant 160 ans (244-403) affaiblirent immensément l'empire romain : la grande invasion de 408, opérée d'abord malgré l'opposition des Francs, porta la décadence de l'empire d'Occident au plus haut point, et bientôt Visigoths, Burgundes, Suèves, s'établirent en Gaule et en Espagne. Les Francs parurent à leur tour et portèrent les derniers coups, de 420 à 486. Les Vandales étaient en Afrique depuis 429 ; les Hérules, en 476, les Ostrogoths, en 493, les Lombards, en 568, devinrent les maîtres de l'Italie; de 455 à 584 les Jutes, les Saxons et les Angles occupèrent presque toute la Bretagne romaine (Angleterre). L'empire d'Occident devint donc presque exclusivement la proie des peuples germains. Plusieurs d'entre eux disparurent : les Ostrogoths et les Vandales sous les coups de l'empire grec, les Suèves sous ceux des Visigoths, ceux-ci sous ceux des Arabes; les Jutes, Angles et Saxons, furent soumis par les Northmans (ou Normands); les Lombards par les Francs. Finalement les Francs devinrent le peuple dominateur dans l'ancien empire d'Occident, comme dans toute la Germanie. On distinguait alors dans cette vaste contrée quatre nations germaines : les Francs, les Alemans (ou Suèves), les Saxons, les Bavarois. Sous les successeurs de Charlemagne, la Germanie forma quelque temps un royaume particulier. Après la chute des Carlovingiens en Germanie, le nom de Germanie fit place à celui d'Allemagne; mais pendant longtemps ces deux noms furent pris l'un pour l'autre.

GERMANIE (Royaume de). On donne ce nom à un des royaumes nés du démembrement de l'empire de Charlemagne. Par le traité de Verdun en 843, Louis, dit le Germanique, petit-fils de Charlemagne, avait obtenu en partage toutes celles des provinces situées au delà du Rhin qui avaient fait partie de la monarchie des Francs, et en deçà du Rhin les villes de Spire, de Worms et de Mayence ; il en forma le roy. dit de Germanie. Ce royaume était défendu à l'E. par les Marches de Carinthie, de Bohême, d'Autriche, entre l'Ens et la Leitha; et par celles des Sorabes, entre l'Elhe et l'Oder. Au S. E. se trouvaient les Marches de Liburnie, de Frioul et d'Istrie. En 870, le roy. de Germanie fut agrandi, par le traité de Mersen, de la Lorraine allemande, située à l'E. de la Meuse, avec les villes de Bâle, Strasbourg, Metz, Cologne, Trêves, Aix-la-Chapelle et Utrecht. Les prov. frontières du roy. de Germanie étaient gouvernées par des ducs et des margraves; celles de l'intérieur, par des comtes; mais pendant le règne de Louis l'Enfant, la Franconie orientale, la Lorraine, la Souabe, la Bavière et la Thuringe étaient devenues des souverainetés héréditaires, et ne reconnaissaient que nominalement l'autorité du roi de Germanie. Ce titre subsista cependant même après la mort de Louis l'Enfant (911), mais il cessa dès lors d'appartenir à la dynastie Carlovingienne, Louis l'Enfant étant mort sans laisser de postérité. Après ce prince, Conrad de Franconie usurpa le trône sans pouvoir le rendre héréditaire dans sa famille. Henri l'Oiseleur, de Saxe, s'en saisit en 919 et le transmit à ses descendants. Ce dernier prince agrandit encore le roy. de Germanie par ses victoires sur les Hongrois et les Normands, et par la création de nouveaux margraviats, tels que ceux de Sleswig, de Saxe septentr., de Misnie et de Haute et Basse-Lusace. Henri l'Oiseleur, déjà roi de Germanie, fut proclamé empereur en 933. Cependant le titre de roi de Germanie ne fut remplacé définitivement par celui d'empereur qu'en 962 sous son fils Othon le Grand, qui, ayant conquis l'Italie septentr., se fit couronner à Rome par le pape Jean XII. Depuis cette époque, le titre de roi de Germanie ne fut plus donné qu'aux empereurs élus, mais non encore couronnés à Rome; puis il fut affecté aux fils des empereurs. Les empereurs faisaient décerner ce titre à leurs fils par les électeurs de l'empire, pour assurer la transmission héréditaire de cette couronne dans leur famille. Les rois de Germanie allaient ensuite recevoir en Italie la couronne de fer et le titre de rois de Lombardie ; mais ils ne devenaient empereurs qu'après leur couronnement à Rome. Toutefois, à la fin du XIIIe siècle, lorsque les empereurs d'Allemagne se furent affranchis de l'espèce de suprématie que la cour de Rome affectait envers eux, les titres de rois de Germanie et d'empereur se confondirent peu à peu. Enfin, lorsque la maison d'Autriche se fut affermie sur le trône, dans la 2e moitié du XVe siècle, elle introduisit la coutume nouvelle de faire décerner à l'héritier présomptif le titre de roi des Romains, qui fit disparaître définitivement celui de roi de Germanie. — Pour la liste des rois de Germanie ou d'Allemagne, V. l'art. ALLEMAGNE.

GERMANIQUE Ire ou G. SUPÉRIEURE, auj. l’Alsace, le grand-duché du Bas-Rhin, la Bavière rhénane, une des 17 prov. du diocèse de Gaule à la mort d'Auguste, entre la Belgique 1re et le Rhin, comprenait du S. au N. les Rauraci, les Tribocci, les Nemetes, les Vangiones, les Caracates, et avait pour ch.-l. Moguntiacum (Mayence).

GERMANIQUE 2e ou G. INFÉRIEURE, auj. partie du grand-duché du Bas-Rhin, à l'O. du Rhin, et Belgique orientale, une des 17 prov. du diocèse de Gaule à la mort d'Auguste, au N. des deux Belgiques et de la Germanique 1re, comprenait les Ubii, Gugerni, Toxandri, Tungri ou Aduatici, Condrusi, Menapii, et avait pour ch.-l. Colonia Agrippina (Cologne).

GERMANIQUE (Confédération). V. ALLEMAGNE.

GERMANOS, archevêque de Patras, né à Dimitzana en Arcadie, fut un des premiers à exciter les Grecs à l'insurrection contre les Turcs (1821), souleva les Péloponnésiens au nom de la religion, se rendit en 1822 au congrès de Vérone pour solliciter les secours des puissances chrétiennes, puis à Rome, où il tenta la réunion des deux églises d'Occident et d'Orient. Il fut enlevé par le typhus en 1826.

GERMERSHEIM, Vicus Julius, v. forte de la Bavière rhénane, au confluent de la Queich et du Rhin, à 17 kil. S. de Spire; 1470 hab. Place forte. Rodolphe de Habsbourg y mourut en 1291.

GERMINAL AN III (Journée du 12), 1er avril 1795. Les faubourgs de Paris s'insurgèrent contre la Convention, dans le but de combattre la réaction thermidorienne et de soutenir les anciens chefs du parti populaire, Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois, Vadier, Barère, etc. Les insurgés pénétrèrent dans la salle de l'Assemblée, en demandant le rétablissement de la Constitution de 1793; mais ils furent repoussés.

GÉROMÉ, v. de France. V. GÉRARDMER.

GERRI, Acerris, bourg d'Espagne (Barcelone), à 40 kil. O. de Cervera; 650 hab. Source salée, d'où l'on tire annuellement 14 000 charges de sel.

GERS, Ægirtius, riv. de France, coule du S. au N., arrose les dép. des H.-Pyrénées, du Gers, de Lot-et-Garonne, et tombe dans la Garonne à 7 kil. au-dessus d'Agen, après 150 kil. de cours.

GERS (dép. du), entre ceux des Landes à l'O., de la H.-Garonne et de Tarn-et-Garonne à l'E., des Hautes-Pyrénées au S., de Lot-et-Garonne au N. : 6152 kil. carrés; 298 931 hab.; ch.-l., Auch. Il est formé de l'Armagnac, de l'Astarac, d'une partie de la Lomagne, du Comminges, du Condomais. Montagnes, vallées longitudinales où courent du S. au N. beaucoup d'affluents de la Garonne. Marbre rouge et vert, marne, spath fusible, etc. Terre à bruyères ; grains, vin, lin, légumes secs, ail, ognons (cultivés en grand). Gros bétail, chevaux, mules, ânes, porcs, volaille (foies de canard renommés). Eau-de-vie estimée; toiles, verre, faïence, etc. — Le dép. du Gers a 5 arr. (Auch, Mirande, Condom, Lectoure, Lombez), 29 cant. et 684 comm. Il fait partie de la 13e division militaire, dépend de la cour imp. d'Agen et de l'archevêché d'Auch.

GERSAU, bourg de Suisse (Schwytz), à 18 kil. S. E. de Lucerne, sur le lac de Lucerne; 1600 hab. Il forma dès 1315 un petit État indépendant qui fut réuni au canton de Scnwytz en 1798.

GERSEN (Jean), bénédictin de Cavaglia en Piémont, est un de ceux auxquels on attribue l’Imitation de J.-C. Il l'aurait écrite de 1220 à 1240. On a révoqué en doute son existence même, son nom paraissant n'être qu'une altération de celui de Gerson.

GERSNHEIM, v. du grand-duché de Hesse-Darmstadt, à 17 kil. S. O. de Darmstadt, 2600 hab. Patrie de l'imprimeur Schœffer.

GERSON (Jean CHARLIER de), surnommé le Docteur très-Chrétien, Doctor Christianissimus, né en 1363, d'une famille obscure, à Gerson, près de Réthel, fut élevé au collége de Navarre à Paris, et se fit recevoir docteur en théologie. Il avait déjà fait preuve en plus d'une occasion d'énergie et de talent, quand on le donna pour successeur à Pierre d'Ailly dans la charge de chancelier de l'Université (1392). Gerson déploya dans l'exercice de ces fonctions un courage et une sagesse admirables. Après l'assassinat du duc d'Orléans, en 1408, il s'éleva énergiquement contre le duc de Bourgogne, auteur de l'attentat, et fit condamner Jean Petit, son apologiste. Sa fermeté fut la même dans ses rapports avec l’Église : en même temps qu'il se montrait l'adversaire de toute hérésie, principalement aux conciles de Pise et de Constance, il soutenait avec force les libertés de l'église gallicane, et combattait le relâchement de la discipline. Après le concile de Constance (1415), il ne put revenir dans sa patrie, à cause des troubles civils qui la désolaient, et se retira en Bavière. Durant son exil, il composa ses Consolations de la Théologie, ouvrage divisé en quatre livres. Au bout de deux années il put rentrer en France, mais il ne prit plus aucune part aux affaires publiques, et alla s'enfermer à Lyon au couvent des Célestins, où il s'occupa à composer des livres ascétiques et à enseigner de pauvres enfants. Il mourut en 1429. Les meilleures éd. de ses ouvrages sont celles de Geyler, Strasb., 1488. 3 v. in-f., et de Dupin, Paris, 1706, 5 vol. in-f. On y remarque les traités sur la Théologie mystique, le traité De Auferibilitate papæ, et les Sermons en français. De graves critiques, Bellarmin, Mabillon, Gence et les Bénédictins lui attribuent l’Imitation de J.-C. (V. A-KEMPIS) : sa Consolation internelle, écrite en français, offre en effet une grande analogie avec cet écrit si célèbre. V. l’Éloge de Gerson, de L. Faugère; Doctrina Gersoni de mystica theologia, de M. Jourdain, Paris, 1838; les Études sur Gerson, de M. Ch. Vert, 1859.

GERSTENBERG (H. Guill. de), poëte et critique allemand, 1737-1823; a publié des poésies, un drame d’Ugolin, et les Lettres sur les merveilles de la Littérature (1766-1770), recueil critique qui eut une heureuse influence.

GERTRUDE (Ste), fille de Pépin de Landen, maire du palais des rois d'Austrasie, née en 626, m. en 659, se consacra à Dieu dès l'âge de dix ans, fonda avec sa mère le couvent de Nivelle en Brabant, et en fut la première abbesse. On la fête le 17 mars.

GERTRUDE (Ste), abbesse d'un couvent de l'ordre de St-Benoît, née à Eisleben en Saxe, prit l'habit en 1294 chez les Bénédictines de Robersdorf, et mourut en 1334. Elle est célèbre par un livre de Révélations (en latin), où elle raconte ses communications avec Dieu et qui est placé par les maîtres de la spiritualité auprès de ceux de Ste Thérèse; il a été publié par Lanspergius, chartreux; par Blosius, abbé de Liessies, et par dom Nicolas Canteleu sous le titre d’Insinuationes pietatis, 1662, et a été trad. en français par dom Mège, 1674. On la fête le 15 nov.

GERTRUYDENBERG, v. de Hollande (Brabant sept.), à 15 kil. N. E. de Breda; 1500 hab. Elle tire son nom de Ste Gertrude, fille de Pépin de Landen, à qui son père la donna en 647. Prise plusieurs fois (1753, 1593, 1793). Il s'y tint en 1710 des conférences entre les ambassadeurs de Louis XIV et les députés des États généraux : ceux-ci firent les propositions les plus humiliantes, que Louis repoussa.

GÉRUZEZ (Eugène), littérateur français, né à Reims en 1799, m. en 1865; fut élève de l'École normale, professa dans les colléges, à l'École normale et à la Faculté des lettres de Paris. On lui doit : Hist. de l'éloq. franc, du XIVe au XVIe siècle, 1837; des Essais d'hist. litt., 1835-45; une Hist. de la litt. fr. jusqu'en 1789, 1852, et une Hist. de la litt. fr. pendant la Révolution, 1863.

GERVAIS (S.), de Milan, fils de S. Vital et de Ste Valérie, souffrit le martyre avec son frère S. Protais au Ier siècle. On dit que ces deux martyrs apparurent à S. Ambroise pour lui découvrir le lieu où ils avaient été ensevelis, et qu'Ambroise, ayant trouvé leurs reliques, les plaça dans la basilique qu'il faisait bâtir à Milan (380). On les fête le 19 juin, jour de la translation de leurs reliques. — S. Gervais a dans Paris (quartier de l'Hôtel-de-Ville) une église qui remonte au VIe siècle; elle a été rebâtie en 1212, et ornée en 1616 d'un beau portail fait sur les dessins de Jacques De Brosse; elle contenait de fort beaux tableaux de Lesueur, représentant l'histoire des deux martyrs.

GERVAISE (Nic.), missionnaire, né à Paris en 1662, voyagea dans le royaume de Siam, fut à son retour nommé curé de Vannes, quitta sa cure pour se rendre à Rome, et y fut sacré évêque in partibus. Ayant recommencé ses missions, il fut massacré en Amérique par les Caraïbes, 1729. Il a écrit : Histoire naturelle et politique du royaume de Siam ; Description historique du royaume de Macaçar, 1688; Vie de S. Martin de Tours, 1699; Histoire de Boèce, 1715. — Dom Armand, son frère, né vers 1660, mort en 1751, fut carme déchaussé, puis abbé de La Trappe, et sortit de son couvent pour se mettre à écrire. Il publia une Histoire générale de Cîteaux, (Avignon, 1746), qui lui attira la haine des Bernardins et le fit enfermer à l'abbaye de Notre-Dame-des-Reclus. On lui doit une foule d'écrits, entre autres : Vie d'Abélard et d'Héloïse, 1720; Lettres d'Abélard et d'Héloïse, trad. en français, 1723; Histoire de l'abbé Suger, 1721, et la Vie de plusieurs Pères (S. Cyprien, S. Irénée, S. Épiphane, S. Paulin, etc.).

GÉRYON, fils de Chrysaor et de Callirhoé, et roi d'Érythie ou des Baléares. Les poëtes en ont fait un géant à trois corps, qui avait de grands troupeaux de bœufs rouges qu'il nourrissait de chair humaine; il avait pour les garder un chien à deux têtes, et un dragon à sept. Hercule le tua avec ses défenseurs, et emmena ses bœufs pour les offrir à Eurysthée.

GÉSATES, tribu gauloise, située entre le Rhône et les Alpes, avait pour arme principale le gæssum, épieu ferré. Les Gésates envahirent l'Italie avec les Sénonais en 225 av. J.-C. et tuèrent le consul Atilius Regulus ; 3 ans après, Viridomar, leur roi, fut battu et tué à Clastidium, par le consul Marcellus.

GESENIUS (H. Guill.), orientaliste, né à Nordhausen en 1785, mort en 1842, fut successivement professeur au gymnase de Helmstedt, répétiteur de théologie à Gœttingue, professeur de littérature anc. au gymnase d'Heiligenstadt, et, depuis 1810, professeur de théologie à l'université de Halle. Ses principaux ouvrages, outre une Grammaire et un Dictionnaire hébraïques fort estimés, sont : Histoire de la langue et de l'écriture hébraïques, Leipzig, 1815; de Pentateuchi Samaritani origine et auctoritate, 1815; Système de la langue hébraïque, 1817 ; de Samaritanorum theologia, 1822; Thesaurus philologico-criticus linguæ hebraïcæ et chaldaïdcæ, 1827-58; Études paléographiques sur l'écriture phénicienne et carthaginoise, 1835; 'Scripturæ linguæque Phœniciæ monumenta quotquot supersunt, 1837.

GESNER (Conrad), le Pline de l'Allemagne, né à Zurich en 1516, mort en 1565, se livra avec ardeur à l'étude, malgré les obstacles que lui opposait sa pauvreté; fut reçu médecin à Bâle en 1541, fut nommé en 1555 professeur d'histoire naturelle à Zurich, et jouit de la faveur de l'emp. Ferdinand. Il mourut victime de son dévouement à soigner les malades dans une violente épidémie. Il a laissé une foule de travaux dans les genres les plus différents : des éditions et des traductions d'auteurs grecs, entre autres d’Élien, grec-latin, 1656 ; un excellent recueil bibliographique sous le titre de Bibliotheca (Zurich, 1545), réimprimé avec augmentations par Simler et Frisius (1583, in-fol.); une Histoire des animaux, en latin (Zurich, 1551-1589, 4 vol. in-fol.), l'ouvrage le plus vaste et le plus savant qu'on eût publié jusque-là sur ce sujet ; plusieurs écrits sur la Botanique (Nuremberg, 1754-1770), où il établit le 1er une classification scientifique fondée sur les organes de la fructification ; et un traité de la comparaison des langues, Mithridates de differentiis linguarum, Zurich, 1555. Il a aussi écrit, mais avec moins de succès, sur la théologie : ses Partitiones theologicæ sont à l'Index à Rome.

GESNER (J. Mathias), philologue, né en 1691 à Roth, près d'Anspach, mort en 1761, enseigna d'abord les belles-lettres à Weimar, fut nommé en 1734 prof. d'éloquence et bibliothécaire de l'Université de Leipsick, et fonda dans cette ville le Séminaire philologique, espèce d'école normale pour former de jeunes professeurs. Savant universel, il possédait, outre le latin et le grec, la connaissance des langues orientales, de la philosophie, des mathématiques, de l'histoire naturelle et du droit. Il s'occupa sans cesse d'améliorer les méthodes d'enseignement et d'avancer les études. Il donna des éditions de Caton, de Varron, de Columelle et de Palladius, qu'il réunit sous le titre de : Agriculteurs latins, Leipsick, 1735, 2 vol. in-4; du Lexique de Basile Faber, La Haye, 1735, 2 v. in-fol. ; du Panégyrique et des Lettres de Pline, 1735-39-49; de Quintilien, 1738; de Claudien, 1759, du Thesaurus linguæ latinaæ de Robert Étienne, Leipsick, 1749, et publia une Chrestomathie de Cicéron et une Chrestomathie grecque, longtemps classique. Ses opuscules ont été. recueillis à Breslau en 8 vol. in-8.

GESNER (J. J.), orientaliste et antiquaire, né à Zurich en 1707, mort en 1787, a donné un recueil gravé des médailles grecques et romaines connues jusqu'alors, sous le titre de Numismata antiqua populorum et urbium omnia, Zurich, 1735-38.

GESNER (Salomon), écrivain, né à Zurich, en 1730, mort en 1788, était fils d'un libraire, et fut lui-même libraire et imprimeur à Zurich. Il montra d'abord peu d'aptitude pour l'étude; mais le commerce des grands poëtes de l'époque, surtout de Klopstock, lui inspira ensuite le goût des lettres, et dès 1755 il se fit connaître par le poëme pastoral de Daphnis. Il publia en 1756 des Idylles qui le placèrent au 1er rang dans ce genre, et donna en 1758 le poëme de la Mort d'Abel, en prose, remarquable par le sentiment biblique. Il a encore composé le Premier Navigateur, poëme, 1762, le Tableau du Déluge, des Contes moraux. Ses écrits se distinguent par une aimable naïveté et par la pureté des sentiments. L'auteur donnait dans sa vie privée l'exemple de toutes les vertus domestiques. Gesner en outre était excellent peintre de paysage et bon graveur. On a de lui des Lettres sur le paysage, fort estimées. Ses œuvres ont été trad. en français : la trad. de Huber, Meister et Bruté de Loirelle forme 3 vol. in-4, Paris, 1786-93, Son œuvre de graveur, comprenant des figures faites pour ses contes moraux et pour ses idylles, forme 336 pl., et a été publié à Zurich, 1762-88.

GESOBRIVATE ou GESOCRIDATE, auj. Brest.

GESORIACUM, partie de Boulogne-sur-Mer, v. de Gaule (Belgique 2e), chez les Morini, dans le Nervicanus tractus, était unie par un pont à Bononia.

GESSEN (pays de), district de l’Égypte anc. (Égypte inf.), sur la r. dr. du Nil et à l'E. de Bubastis. Ce pays, très-fertile, fut donné par Pharaon à Jacob et à ses fils, sur la demande de Joseph, et fut jusqu'au départ de Moïse la demeure des Israélites en Égypte. Il s'appelle auj. Toumilat et est traversé par le nouveau canal de Suez.

GESSENAI (le), Saanen, vallée et village de Suisse (Berne), sur la Sarine, à 50 kil. S. S. O. de Berne, est situé à 1036m au-dessus de la mer, à 12 kil. S. O. de Zweysinnen. Fromages estimés.

GESSI (Francesco), peintre, né à Bologne en 1588, mort en 1649, élève et collaborateur du Guide, égala presque son maître. On voit de lui dans la galerie de Milan un superbe tableau de la Vierge.

GESSLER (Hermann), gouverneur des cantons de Schwytz et d'Uri pour Albert I d'Autriche, fut cause, par sa cruauté, de l'insurrection qui enleva ce pays à la maison d'Autriche en 1307 et périt, selon la tradition, de la main de Guillaume Tell.

GESSNER. V. GESNER.

GESTRICIE ou GESTRIKLAND, anc. division de la Suède, entre l'Upland au S., l'Helsingland au N., le golfe de Botnie à l'E., la Dalécarlie à l'O., avait pour ch.-l. Gefle, et forme auj. avec l'Helsinglang le lan de Gefleborg.

GÉTA (P. Septimius), fils de Septime-Sévère et frère de Caracalla, fut associé avec son frère à l'empire par leur père en 198, et partagea le trône après la mort de l'empereur, en 211. Caracalla chercha à l'empoisonner afin de régner seul; n'ayant pu y réussir, il l'assassina de sa propre main, entre les bras mêmes de leur mère, Julia Domna, l'an 212. Géta était un prince doux et aimé du peuple.

GÈTES, Getæ, anc. peuple de l'Europe barbare, habitait dans les montagnes de la Hongrie, de la Transylvanie, de la Bukowine, de la Moldavie et de la Valachie. Les uns les font descendre des Thraces, d'autres les regardent comme une branche des Scythes, de laquelle seraient sortis les Germains et les Scandinaves; on les confond aussi avec les Daces, dont la capitale Zarmigéthuse rappelait leur nom. Les historiens grecs citent un de leurs rois, Télèphe, qui se serait distingué à la guerre de Troie. Sous leur reine Tomyris et sous Indathyrse ils défirent Cyrus et Darius fils d'Hystaspe. Alexandre les combattit, puis les admit dans son alliance. Plus tard Lysimaque, roi de Thrace, fut défait par eux; mais, vaincus à leur tour, ils quittèrent les vallées de l'Hémus. Au temps d'Ovide, qui fut exilé dans leur pays, à Tomi, les Gètes avaient franchi le Danube et s'étaient étendus le long des bords du Pont-Euxin jusqu'au Borysthène, dans le pays appelé de leur nom Désert des Gètes (auj. la Bessarabie). D'autres pénétrèrent dans la Transylvanie, d'où ils chassèrent les Agathyrses. Au Ier siècle de notre ère on les voit mêlés aux Daces dont ils suivirent depuis les destinées. On cite parmi les sages ou ases de ce peuple : Zamolxis, qui les civilisa et qui était révéré par eux comme un dieu; Anacharsis, qui voyagea en Grèce, et Abaris fameux magicien. V. MASSAGÈTES.

GETH ou GATH, v. de Palestine, dans la tribu de Dan, sur la mer, à 16 kil. de Joppé, était la patrie de Goliath et fut prise par David sur les Philistins.

GETHSEMANI, lieu situé sur une montagne à l'E. et près de Jérusalem. C'est là qu'était le Jardin des Oliviers, où J.-C. passa une nuit dans l'agonie.

GÉTULIE, Gætulia, partie du Biledulgérid, du Maroc, du Sedjelmesse, du Sahara, anc. contrée de l'Afrique, au S. de l'Atlas, avait au N. la Numidie et les deux Mauritanies, à l'E. le pays des Garamantes, au S. la Nigritie et à l'O. l'Océan Atlantique. Iarbas, que l'on fait contemporain de Didon, est le plus célèbre de leurs rois. Carthage avait beaucoup de Gétules parmi ses mercenaires. Jugurtha vaincu s'enfuit chez ce peuple et y forma d'excédents soldats avec lesquels il prolongea la guerre contre les Romains. Les Gétules avaient les mœurs des Kabyles modernes, et probablement ils n'en diffèrent pas,

GEULINCX (Arnold), professeur de philosophie et de théologie, né à Anvers en 1625, mort à Leyde en 1669, était d'abord catholique et enseigna 12 ans à l'Université catholique de Louvain (1646-1658), puis il adopta la Réforme, et fut pourvu d'une chaire de philosophie à Leyde. Il a laissé: Logica, Leyde, 1662, Gnothi seauton, sive Ethica, publié après sa mort, 1675; Compendium physicum, 1688; Metaphysica vera, 1091, et des Notes sur les principes de Descartes, 1691. Geulincx déduisit des principes de ce philosophe le système des Causes occasionnelles, d'après lequel Dieu seul meut le corps à l'occasion des volontés de l'âme, sans que l'âme agisse elle-même sur le corps.

GÉVAUDAN, Gabalitanus ou Gavuldanus pagus, anc. pays de France, dans le grand-gouvt de Languedoc, entre le Vélay, le Vivarais, le Bas-Languedoc, le Rouergue et l'Auvergne. On y remarquait Mende (ch.-l. général), Marvejols, Javoulx, Espagnac, Langogne, Florac, Barre, Quezac. Il est auj. compris dans les dép. de la Lozère et de la Hte-Loire. Ce pays, habité autrefois par les Gabali, fut compris par les Romains dans la Celtique, puis dans l'Aquitaine 1re. Il fit ensuite partie du roy. d'Austrasie et du duché d'Aquitaine; il devint comté sous les rois francs de la 2e race. La maison de Toulouse le posséda héréditairement du Xe au XIe siècle. À cette époque, Raymond de St-Gilles, comte de Toulouse, l'aliéna pour subvenir aux frais de la guerre sainte. — Il ne faut pas confondre le comté de Gévaudan avec la vicomté de même nom. Celle-ci avait pour ch.-l. Grèzes (Lozère). Elle fut possédée au Xe siècle par Bernard, frère de Bérenger, vicomte de Milhaud en Rouergue. Elle passa ensuite dans la maison de Barcelone, puis dans celle d'Aragon. Jacques I, roi d'Aragon, la céda à S. Louis en 1258.

GEVREY, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 11 kil. S. O. de Dijon; 1560 hab. Station. Vins renommés.

GEVROLLES, vge de la Côte-d'Or, arr. et à 27 k. E. N. E. de Châtillon, 670 hab. Bergerie impériale.

GEX, ch.-l. d'arr. (Ain), sur le Jornant, au pied du Jura, à 92 kil N. E. de Bourg; 2800 hab. Station. Trib. de 1re inst. Mérinos; commerce de laine, fromages recherchés. — Autrefois Gex était ch.-l. du Gesinensis pagus, petit pays presque indépendant. Il avait pour places principales Gex, Versoy, Ferney, le Fort-de-l'Écluse. Soumis successivement par les ducs de Savoie, les Bernois et les Genevois, il fut cédé à la France en 1601. Compris d'abord dans le dép. du Léman, il fut réuni en 1814 à celui de l'Ain.

GEYER (Éric Gustave), historien et poëte suédois, né en 1783 dans le Wermeland, mort en 1847, fut en 1810 nommé adjoint à la Faculté de philosophie d'Upsal, en 1817 professeur d'histoire, puis historiographe du roi, et représenta l'Université aux diètes de 1828 et de 1840. On lui doit une excellente Histoire de Suède, qui malheureusement ne va que jusqu'à la fin du règne de Christine (trad. par J. F. de Lundblad, Paris, 1840). Il a aussi composé des poésies nationales, qu'il mit lui-même en musique, et qui excitèrent un enthousiasme universel, surtout le Wiking, le Dernier barde, le Dernier héros.

GEYLER (J.), écrivain et prédicateur suisse, né à Schaffouse en 1445, mort à Strasbourg en 1510, où il était chapelain de l'évêque, a donné une édition des Œuvres de Gerson, Strasbourg, 1488, 3 v. in-fol, et a laissé lui-même un recueil de sermons sur la Nef des fous (Narrenschiff) de Séb. Brandt. Ce recueil fut publié en latin par Other, sous le titre de Navicula sive Speculum fatuorum, Strasb., 1510.

GEYSA, duc de Hongrie au Xe s., fut converti au Christianisme par Adelbert, évêque de Prague, et fut père d’Étienne le Saint, qui lui succéda en 997.

GEYSA I, roi de Hongrie, fils de Béla I, renversa du trône Salomon, son cousin, et régna trois ans, de 1074 à 1077. — Geysa II, arrière-petit-fils de Geysa I, fut couronné roi de Hongrie en 1141, après la mort de Béla II, son père, et mourut en 1161. Il prêta hommage à l'empereur Conrad III en 1151.

GEYSERS, sources thermales d'Islande, lancent des jets d'eau d'une manière intermittente et à diverses hauteurs. Les jets des deux sources principales, le Grand-Geyser et le Nouveau-Geyser, s'élèvent à 30 et 50m.

GHADAMÈS ou RHADAMÈS, oasis d'Afrique, dans l’État de Tripoli, au S. O., renferme 92 villes ou bourgades, et forme comme une république tributaire du pacha de Tripoli. Elle a pour ch.-l. une ville du même nom, à 400 kil. S. S. O. de Tripoli, par 8° 5' long. E., 30° 41' lat. N. Cette oasis, couverte de forêts de palmiers, produit des dattes en abondance. Commerce avec Bournou, Kachena, Tombouctou. Aux environs, ruines d'une ville anc., Cydame, soumise par les Romains l'an 19 de J.-C.

GHARIPOUR, île de l'Inde. V. ELEPHANTA.

GHAT ou RHAT, oasis de l'Afrique, chez les Touaregs du Sahara, à 1000 kil. E. de Laghouat, et à l'O. du Fezzan. Marché important.

GHATTES (monts), double chaîne de montagnes qui s'étend sur toute la surface de la péninsule indique, se distingue en Ghattes occident., longues de 1400 k. (de l'emb. du Tapty au cap Comorin), et Gh. orient., longues d'env. 600 k. (dans les prov. de Salem, Carnatic, Balaghat, jusqu'au Krichna). Les Ghattes occident. serrent de très-près la côte; elles ont des sommets qui s'élèvent à 1500 et 2000m.

GHAZAN-KHAN, sultan de la Perse occidentale, né dans le Mazandéran en 1271, m. en 1304, était fils d'Arghoun-Khan et petit-fils de Gengis-Khan. Il protégea les Chrétiens qui, persécutés par le soudan d’Égypte, avaient abandonné la Syrie et s'étaient réfugiés en Perse. Après avoir remporté quelques avantages en Syrie sur Nasser, soudan d’Égypte, il fut complètement défait. Il donna aux Persans une espèce de code, qui est encore en vigueur, et dont un extrait, trad. par Kirk-Patrick, avec des notes, a été publié à Calcutta en 1786.

GHÉDIMIN, grand-duc de Lithuanie, succéda vers l'an 1315 à Within qu'il avait fait assassiner, battit les Chevaliers Teutons et les Russes qui ravageaient ses États, conquit la principauté de Kief, fonda Wilna en 1320, et s'allia à la Pologne en mariant sa fille Anne au prince Casimir, fils du roi Ladislas Lokietek (1325). Il périt 3 ans après dans une expédition contre les Chevaliers Teutons (1328); cependant les annales russes le font vivre jusqu'en 1341. — Olgierd, son 2e fils, fut père du 1er Jagellon.

GHEEL, v. Belgique (Anvers), à 20 k. S. de Turnhout, au centre de la Campine; env. 10 000 h. Draps, étoffes de coton. Les habitants des environs reçoivent en pension des aliénés qui, grâce à l'apparence de liberté dont ils jouissent, et aux bons soins qu'on prend d'eux, recouvrent quelquefois la raison.

GHERAI, khan tartare de Crimée, issu de Gengis-Khan par Batou-Khan, obtint en 1475, contre son frère, le secours de Mahomet II, dont il reconnut la suzeraineté. Sa postérité régna en Crimée jusqu'en 1787.

GHERARDESCA, famille noble et puissante de Pise, qui tire son nom de la Gherardesca, petit pays situé entre Livourne et Piombino, le long de la mer, joua un rôle important dans les guerres intestines de Pise au XIIIe siècle. Elle soutint longtemps le peuple contre l'aristocratie; puis se déclara pour les empereurs de la maison de Souabe, se mit à la tête du parti gibelin, et combattit avec acharnement le parti guelfe, à la tête duquel étaient les Visconti. Le personnage le plus connu de cette famille est le fameux Ugolin, comte de la Gherardesca. Cet homme tenta d'asservir sa patrie, et, pour y réussir, il se rapprocha de Jean Visconti, chef du parti guelfe à Pise. Le complot ayant été découvert (1274), il fut arrêté et jeté en prison, puis banni. Il passa dans l'armée des Florentins et des Lucquois, et, aidé de leurs secours, il força ses concitoyens à le rappeler (1276). Quelque temps après, il parvint par de nouvelles menées à se faire nommer capitaine général de la république : il n'avait pas craint, dit-on, pour forcer ses compatriotes à se jeter dans ses bras, de laisser battre par les Génois, à la Meloria, la flotte des Pisans, dont le commandement lui était confié (1284); il se défit de ses ennemis, soit en les exilant, soit en les faisant périr, et devint le tyran de sa patrie. Il ne tarda pas à se brouiller avec l'archevêque de Pise, Roger d'Ubaldini, non moins ambitieux et non moins cruel; ce prélat conspira sa perte, et fit prendre les armes au peuple (1288). Ugolin, attaqué dans son palais, fut pris après une vigoureuse résistance, avec trois de ses fils et l'un de ses petits-fils. Roger les fit tous enfermer dans une tour près de la ville, et les y laissa mourir de faim. Le Dante a décrit dans son Enfer, avec un admirable talent, le supplice d'Ugolin et de ses enfants dans la tour de la Faim ; depuis, l'infortune d'Ugolin a été cent fois reproduite par le pinceau, le ciseau et le burin.

GHERGONG, anc. capit. de l'Assam, auj. ch.-l. de l'Assam central, sur le Dikho, affluent du Brahmapoutre, par 92° 15' long. E., 29° lat. N. Prise en 1662 par Aureng-Zeyb; auj. en ruines.

GHERMA, Garama, v. du Fezzan, à 80 kil. N. O. de Mourzouk. Aspect misérable. L'anc. Garama était beaucoup plus grande que la ville actuelle.

GHEROUAL, anc. prov. de l'Hindoustan, a pour bornes au N. le Thibet, au S. le Delhi, à l'E. le Népal, et a 240 kil. sur 200. Elle appartient auj. aux Anglais et forme 3 districts de la présidence de Calcutta : Sirinagor, Kemaon, Sirmore. C'est dans ce pays, sur lequel s'étend l'Himalaya, que naissent les riv. qui forment le Haut-Gange (Bagirathi, Alakananda, Ramganga, Kali).

GHESQUIÈRE DE RAEMSDONK (Joseph de), jésuite, né à Courtray vers 1736, m. vers 1800, fut un des plus laborieux Bollandistes, et publia les saints de la Belgique : Acta Sanctorum Belgii, 1783-1794, 6 v. in-4. On lui doit quelques travaux de numismatique et des recherches sur l'auteur de l’Imitation de J.-C.

GHIARA-D'ADDA, district de la Lombardie, situé entre l'Adda, l'Oglio et le Pô, est ainsi nommé parce que c'est un terrain d'alluvion composé de galet (ghiara, galet, gravier). C'est dans ce district que se trouvent les villes de Pizzighettone et Crême.

GHIBERTI (Laurent), sculpteur et architecte, né à Florence en 1378, mort vers 1455, exécuta pour le baptistère de l'église St-Jean à Florence deux portes en bronze qui font l'admiration des connaisseurs; sur ces portes sont représentés divers sujets du Nouveau Testament. Rival de Brunelleschi, il travailla avec lui à la construction de la cathédrale de Florence et l'orna de magnifiques vitraux. Il a laissé un ouvrage sur la sculpture.

GHILAN, dit aussi DILEM, pays des Gelæ ou Cadusii, province de la Perse, entre le Chirvan au N. O. et le Mazandéran au S. E., sur les bords de la mer Caspienne, a 270 k. de long sur 80 de large; 250 000 h. ; ch.-l. Recht. Chaleurs très-fortes, que tempèrent des vents de mer; sol fertile. — Le Ghilan est une des provinces cédées à la Russie en 1723 par Chah-Tamasp; la Russie s'en dessaisit en faveur de la Porte en 1724, et celle-ci le rendit à la Perse en 1737. C'est du Ghilan que sortirent les Bouides.

GHIOLOF (empire), dans la Nigritie maritime, formait jadis un État très-vaste et très-florissant, et comprenait, avec le Ghiolof proprement dit, les roy. actuels de Cayor, Oualo, Baol, Sin, Saloum. — Le Ghiolof proprement dit a pour capitale Ouarkogh. Les Ghiolofs, dits aussi Yolofs, sont les plus beaux et les plus noirs des nègres.

GHIRLANDAJO (Domenico CORRADI, dit LE), peintre florentin, né en 1451, mort en 1495, essaya le premier d'imiter la dorure à l'aide de la couleur, et de donner de la profondeur aux tableaux par la distinction des plans et la gradation des teintes. On admire son Massacre des Innocents peint à fresque dans le chœur de Sta-Maria-Novella à Florence. Le musée du Louvre possède de lui la Visitation de Ste Anne à la Vierge. Le nom de Ghirlandajo lui vient d'une parure en forme de guirlande inventée par son père, qui était orfèvre. Il inventa lui-même un genre de mosaïque. Ghirlandajo fut le maître de Michel-Ange.

GHIUSTENDIL ou KUSTENDIL, Ulpianum, Justiniana secunda, v. de Turquie d'Europe (Roumélie), ch.-l. de livah, sur une mont. de même nom, à 61 kil. S. O. de Sophie; 10 000 hab. Évêché grec.

GHIZNI. V. GAZNA.

GHIZONI, ch.-l. de c. (Corse), arr. de Corte; 1600 hab. Formé en 1860 aux dépens du canton de Vezzani.

GHUZEL-HISSAR, Magnesia Meandri, v. murée de la Turquie d'Asie (Anatolie); sur une mont., à 90 k. S. E. de Smyrne; 30 000 h. Très-commerçante : entrepôt du commerce de l'Anatolie avec Smyrne.

GIABER, alchimiste arabe, V. GÉBER.

GIAC (Pierre de), ministre et favori de Charles VII, fut élevé au pouvoir par le crédit du ministre Louvet, qu'il avait capté par l'intrigue. Afin de se maintenir à ce poste, il favorisa les goûts de Charles VII pour le repos et la mollesse, et fit échouer les entreprises du connétable de Richemont en détournant l'argent destiné aux frais de la guerre; le connétable, n'espérant pas obtenir justice du roi, fit enlever Giac, et le traduisit devant une commission extraordinaire. Il fut condamné à mort et jeté à l'eau dans un sac, à Dun-le-Roi, 1426.

GIAFAR ou DJAFAR, 6e imam de la race d'Ali, né à Médine en 702, mort en 765, reçut les surnoms de vrai et de preux (seid hathal), pour ses vertus et ses exploits, qui ne sont qu'imaginaires. Les Chyites le vénèrent comme un saint.

GIAFAR, fils d'Yahia, de la famille persane des Barmécides (V. ce nom), fut d'abord le favori du calife Haroun-al-Raschid : c'est sous ce caractère qu'il figure dans les Mille et une Nuits. Après la disgrâce de Fadhl, son frère aîné, il lui succéda au titre de vizir et déploya dans ces hautes fonctions des talents et des vertus; néanmoins, il ne tarda pas à éprouver lui-même une terrible disgrâce, et il entraîna dans sa chute toute sa famille. Il périt en 803, par l’ordre d’Haroun, et tous les Barmécides furent exterminés ou exilés. La véritable cause de sa mort paraît avoir été son amour pour Abbassa, sœur du calife.

GIANNI (François), poëte, né vers 1760 à Rome, mort à Paris en 1823, parcourut l’Italie, et excita un enthousiasme général par son talent d’improvisation. Il improvisa à Milan devant Bonaparte, qui lui donna plus tard le titre de poëte impérial. Gianni chanta avec exaltation les victoires du héros. Ses hymnes sur les victoires de Marengo, d’Austerlitz, d’Iéna, etc., sont des chefs-d’œuvre. À la fin de sa vie, il consacra son talent à des sujets religieux.

GIANNONE (Pierre), écrivain, né en 1676 à Ischitella (Pouille), fut d’abord avocat à Naples, publia en 1723 une Histoire civile du royaume de Naples, ouvrage rempli de savantes recherches, mais où il attaque l’autorité du St-Siége ; s’attira par là toutes sortes de disgrâces, fut excommunié par son archevêque et se vit forcé de quitter Naples ; mena longtemps une vie errante, cherchant un asile successivement à Vienne, à Venise, à Padoue, à Modène, à Genève ; fut attiré en Savoie par trahison, y fut arrêté en 1736 par ordre du roi de Sardaigne, emprisonné à Turin, et mourut dans sa prison, en 1748, après s’être rétracté. Son Histoire de Naples a été trad. dès 1742, par Demonceaux, en 4 vol. in-4, La Haye (Genève). Vernet, ministre protestant, en a extrait les passages les plus hardis sous le titre d’Anecdotes ecclésiastiques, La Haye, 1738.

GIAOUR, c.-à-d. infidèle, mécréant, terme injurieux dont les Musulmans se servent pour désigner les infidèles, à quelque religion qu’ils appartiennent. On le dérive d’un mot persan qui veut dire partisan du veau d’or ; il ferait allusion aux adorateurs du veau d’or, dont le Coran parle souvent avec mépris. Byron a composé un poëme intitulé : le Giaour.

GIBBON (Édouard), historien anglais, né en 1737, d’une famille ancienne, à Putney (Surrey), mort en 1794, changea deux fois de religion dans sa jeunesse : il passa du Protestantisme au Catholicisme après la lecture de l’Histoire des variations de Bossuet ; puis il revint du Catholicisme au Protestantisme pour se conformer au désir de ses parents. En 1770, il entra au parlement et il y siégea huit ans ; mais il n’y joua aucun rôle important. En 1761, il publia un Essai sur l’étude de la littérature, qui le fit connaître dans le monde savant, en France surtout, cet ouvrage étant écrit en français. En 1776 parut le 1er vol. de son Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain ; l’ouvrage ne fut achevé qu’en 1787. On y trouve une érudition vaste et solide, une critique aussi exacte qu’ingénieuse, un intérêt soutenu ; mais on reproche à l’auteur d’avoir rabaissé à plaisir le Christianisme et de n’avoir montré aucune sympathie pour les souffrances des Chrétiens. En 1783, il se retira à Lausanne, où il passa le reste de sa vie. L’Hist. de la décadence a été traduite dans presque toutes les langues de l’Europe. 1er vol. fut mis en français par Leclerc de Septchênes, secrétaire de Louis XVI, ou, assure-t-on, par Louis XVI lui-même ; les suivants le furent par Cantwell, Demeunier et Boulard. Cette traduction a été refondue par M. Guizot, qui y a joint une Notice sur la vie et le caractère de Gibbon, 1812, 13 vol. in-8. Lord Sheffield, ami de Gibbon, a donné ses œuvres diverses (Miscellaneous works) en 3 v. in-4, 1796-1815 ; elles se composent de Mémoires autobiographiques, d’une vaste Correspondance, d’Extraits raisonnés, de Lectures, etc. Ces mémoires ont été traduits par Marignié, Paris, 1798, 2 v. in-8. Le talent de l’écrivain a été fort bien apprécié par M. Villemain dans son Tableau de la Littérature au XVIIIe siècle. Ses erreurs ont été réfutées en Angleterre par Watson, Wittaker, Priestley ; en Italie, par Spedalieri.

GIBEL, c.-à-d. montagne. V. DJÉBEL et ETNA.

GIBELINS, partisans de la maison impériale de Souabe, opposés aux Guelfes. V. GUELFES.

GIBERT (Balthasar), professeur de l’Université, né à Aix en 1662, mort en 1740, enseigna la philosophie à Paris, au collége dit de Beauvais, puis la rhétorique au collége Mazarin, fut cinq fois recteur de l’Université de Paris, s’attira en 1740 le mécontentement du roi pour avoir parlé contre la bulle Unigenitus, et fut exilé à Auxerre. Il a laissé : la Rhétorique ou les Règles de l’éloquence ; Jugements des savants sur les auteurs qui ont traité de la Rhétorique ; Observations sur le Traité des études de Rollin, et des Éloges de Lamoignon, de Mesmes, etc.

GIBERT (J. P.), prêtre, cousin du précédent, né à Aix en 1660, enseigna la théologie à Toulon et à Aix, puis s’établit à Paris, où il mourut en 1736. On lui doit les Institutions ecclésiastiques, 1720, et un Corpus juris canonici, Genève, 1736, et Lyon, 1737, 3 vol. in fol, ouvrages estimés.

GIBRALTAR, le Calpe des anciens, le Gibel-el-Tarik des Arabes, v. espagnole possédée par les Anglais, à l’extrémité mérid. de la Péninsule, sur un cap qui domine la Méditerranée, à l’entrée E. du détroit de Gibraltar ; 20 000 hab. (non compris 4000 h. de garnison anglaise). Très-belle baie, vaste port, évêché anglican. Gibraltar est une des places les plus fortes de l’univers. Le rocher sur lequel elle est située offre de profondes cavernes, qui sont autant d’arsenaux à l’épreuve de la bombe. En même temps que cette place est pour l’Angleterre la clef de la Méditerranée, elle sert aux Anglais d’entrepôt pour une infinité de marchandises d’Amérique et d’Orient, et fait un grand commerce avec l’Espagne et le Maroc. Port franc, bateaux à vapeur pour Lisbonne, Oporto, Falmouth, Southampton, Marseille, Malte, Corfou, Alexandrie. - On fait dériver le nom de Gibraltar de l’arabe gibel el Tarik, montagne de Tarik (le 1er général qui ait amené les Maures en Espagne). Les Anglais surprirent cette ville en 1704, pendant la guerre de la succession d’Espagne ; le traité d’Utrecht leur en confirma la possession. La France et l’Espagne réunies ont plusieurs fois tenté de la reprendre, en 1704, en 1727, en 1779 et en 1782 (cette dernière fois à l’aide des batteries flottantes de d’Arçon) : mais toujours sans succès.

GIBRALTAR (détroit de), Fretum Gaditanum ou Herculeum, entre la péninsule hispanique et l’empire de Maroc, a 64 k. de long et 15 seulement de large dans sa partie la plus étroite. Un courant continuel le traverse et porte les eaux de l’Océan dans la Méditerranée, dont le niveau est moins élevé. — Selon la Fable, ce détroit n’existait pas primitivement ; ce serait Hercule qui aurait donné passage aux eaux de l’Océan, en séparant les deux monts de Calpe (Gibraltar) et d’Abyla (Ceuta), qui depuis portèrent le nom de Colonnes d’Hercule.

GIBRAT (J. B.), doctrinaire, né vers 1727, près de Cordes, au diocèse de Tarbes, mort en 1803, principal du collége de Castelnaudary, a écrit une Géographie moderne, qui a eu plusieurs éditions, et une Géographie ancienne, sacrée et profane, 1790, 4 vol. in-12, qui mérite encore d’être consultée.

GIBSON (Edmond), évêque de Londres, né en 1669, mort en 1748, possédait une connaissance approfondie des langues du Nord, des antiquités de son pays, et des droits ainsi que des devoirs du clergé anglais. Il a publié, entre autres ouvrages, une trad. latine du Chronicon saxonicum, avec l’original anglo-saxon et des notes, Oxford, 1692, une trad. anglaise de la Britannia de Camden, Londres, 1695, et les Œuvres posthumes de sir H. Spelman relatives aux lois et antiquités de l’Angleterre, 1698, in-f.

GIÉ (Pierre, maréchal de), vicomte de Rohan, né en Bretagne vers 1450, mort en 1513, donna à Louis XI de nombreuses marques de dévouement, fut créé par lui maréchal en 1475, reprit en Flandre, en 1479, toutes les places que Louis XI avait réunies à la monarchie après la mort du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, et dont Maximilien d'Autriche venait de s'emparer, servit avec la même distinction sous Charles VIII et Louis XII, mais fut disgracié pour avoir déplu à la reine Anne de Bretagne, épouse de Louis XII, et fut enfermé pendant 5 ans au château de Dreux (1504). Gié avait été gouverneur du jeune duc d'Angoulême (François I).

GIEN, Gianum en latin moderne, ch.-l. d'arr. (Loiret), à 67 kil. S. E. d'Orléans; 6000 hab., trib. de 1re inst. Beau port. Faïence façon anglaise, blé, vins, laines. — On a cru à tort que Gien était l'ancienne ville de Genabum. Le jeune duc d'Orléans y signa en 1410 un traité avec les ducs de Berry, de Bourbon et de Bretagne, contre le duc de Bourgogne Jean Sans Peur, pour venger son père assassiné.

GIENS, Pomponiana, petite presqu'île fortifiée dans le dép. du Var, au N. de l'île Porquerolles.

GIER, petite riv. de France, sort des Cévennes, passe à St-Chamond et à Rive-de-Gier (Loire), et tombe dans le Rhône, par la r. dr., près de Givors.

GIERIG (Théoph. Erdmann), philologue, né à Wehrau (Hte-Lusace), en 1753, mort en 1814, fut recteur à Lennep (duché de Berg), professeur de théologie et gymnasiarque à Dortmund, enfin professeur et recteur au lycée de Fulde. On a de lui : Plutarchi instituta et apophthegmata laconica, Leipsick, 1779; des éditions estimées des lettres et du Panégyrique de Pline, ainsi que la Vie, le Caractère moral et le mérite littéraire de Pline, 1798.

GIESSEN, v. de Hesse-Darmstadt, sur la Lahn et la Wieseck, à 8 kil. E. de Wetzlar; 10 000 hab. Université luthérienne, fondée en 1607; biblioth. riche en mss. ; observatoire, collections scientifiques. Filature de laines; étoffes de coton, etc. Ville jadis fortifiée; les fortifications furent rasées en 1805.

GIFFORD (William), critique anglais, né à Ashburton (Devonshire), vers 1755, mort en 1826, fut l'abord mousse, puis apprenti cordonnier, et dut à son talent naturel pour les vers la protection du chirurgien Cookesley, qui le fit entrer à l'Université d'Oxford. Il fonda en 1809 le Quarterly Review, revue écrite dans l'esprit des Tories, qu'il opposa à l’Edinburgh Review. Ses principaux ouvrages sont la Baviade et la Mæviade, satires contre le mauvais goût du temps, et la traduction de Juvénal, 1802. On lui doit la publication des Œuvres de Massinger, 1808, et de Ben-Johnson, 1816. — Un autre Gifford, John, 1758-1818, se mit aux gages des Tories et publia de nombreux pamphlets de circonstance. Il a laissé une Histoire de Will. Pitt et de son époque, 1809, qui contient de précieux renseignements.

GIGELLI, GIGERI. V. DJIGELLI.

GIGLI (Jérôme), littérateur italien, né à Sienne en 1660, mort à Rome en 1722, professa la littérature toscane dans sa ville natale, et y jouit d'abord d'une grande faveur; mais son penchant à la satire lui ayant attiré un grand nombre d'ennemis, on le perdit dans l'esprit du grand-duc Cosme III, et il se vit disgracié, dépouillé de ses fonctions et de sa fortune. On a de lui des Drames sacrés et profanes, représentés avec succès sur différents théâtres d'Italie; des Comédies, les unes originales, les autres traduites ou imitées du français (surtout de Molière) ; et une édition des Œuvres de Ste Catherine, 1717, qui est à l’Index à Rome.

GIGLIO, Igilium, île de la Méditerranée, sur la côte de la Toscane, et à 17 kil. de la terre, par 8° 35' long. E., 42° 21' lat. N.; 1200 hab. Beau marbre.

GIGNAC, ch.-l. de c. (Hérault), à 24 kil. S. E. de Lodève ; 2500 h. Curieuse église de Notre-Dame de Grâce. Savon, eau-de-vie, amandes, huiles.

GIHON, fleuve de l'Asie anc., un des quatre qui arrosaient le Paradis terrestre. V. EDEN et DJIHOUN.

GIJON, Gigia, v. et port d'Espagne (Oviédo), sur l'Océan, à 35 kil. N. E. d'Oviédo ; 6260 hab. Bon port, vieux château, batteries. Belle place publique, arc de triomphe, antiquités. Bibliothèque, école d'hydrographie et de sciences exactes. Fabriques de vases en grès, chapeaux, toiles, couvertures. Premier séjour des rois d'Oviédo. Patrie de Jovellanos.

GILA, rivière du Mexique (Sonora), naît dans la Sierra-de-los-Mimbres, et se jette dans le Colorado par la r. g., après un cours de 520 kil.

GILBERT (S.), gentilhomme d'Auvergne, vécut d'abord à la cour et accompagna Louis le Jeune à la croisade en 1146; à son retour, il embrassa la vie monastique et fonda l'abbaye de Neuf-Fontaines, qui prit depuis le nom de St-Gilbert; il mourut en 1152. On l'honore le 6 juin.

GILBERT DE LA PORRÉE, Porretanus, évêque de Poitiers, né dans cette ville vers 1070, mort en 1154, professa la dialectique et la théologie à Paris, se mit a la tête des Réalistes, attaqua, vivement les Nominalistes, vit plusieurs de ses propositions condamnées par le concile tenu à Reims en 1148, mais se rétracta, et ne s'occupa plus jusqu'à sa mort (1154) que du soin d'instruire ses diocésains. On a de lui, entre autres ouvrages, un traité Des six Principes, imprimé avec plusieurs anc. éditions d'Aristote, et des Commentaires, dont un sur l’Apocalypse.

GILBERT (Guill.), médecin de la reine Élisabeth, né à Colchester en 1540, mort en 1603, fit de nombreuses expériences de physique, et fut un des premiers à étudier les propriétés de l'aimant. On a de lui : De Magnete, magneticisque corporibus, Londres, 1600, et plusieurs autres écrits, qui ont été réunis par W. Boswell, sous ce titre : De mundi nostri sublunaris philosophia nova, Amsterdam, 1651. Il expliquait tout par l'aimant.

GILBERT (Gabriel), poëte médiocre du XVIIe siècle, né vers 1610, mort vers 1680, était calviniste. Il fut d'abord secrétaire de la duchesse de Rohan, puis de la reine de Suède, Christine, qui le nomma son résident à Paris, jouit de la protection de Monsieur, frère du roi, et de Richelieu, et néanmoins mourut dans la misère. On a de lui l’Art de plaire, poëme imité d'Ovide, des odes, des psaumes, et une quinzaine de pièces de théâtre, tragédies ou comédies, qui eurent du succès dans leur temps, entre autres, Téléphonte (1642), où.le cardinal fit entrer.des vers de sa façon; Rodogune (1644), tragédie qui offre une telle ressemblance avec la pièce de Corneille (jouée en 1646), qu'on accusa Gilbert de l'avoir connue à l'avance et mise à contribution ; Hippolyte (1646), dont Racine paraît avoir imité quelques vers dans Phèdre. Gilbert manque de chaleur et ne sait pas construire un plan; cependant il contribua à épurer la langue et à préparer le goût.

GILBERT (Laurent), poëte du XVIIIe siècle, né en 1751, à Fontenoy-le-Château, en Lorraine, d'une famille pauvre, vint à Paris, n'ayant d'autre ressource que son talent. Il s'essaya d'abord dans l'ode, mais, ne recevant pas l'accueil qu'il attendait, il devint misanthrope, embrassa le genre de la satire, attaqua surtout les philosophes avec virulence, et se fit par là des ennemis sans se tirer de la misère. Pendant qu'il luttait ainsi contre la mauvaise fortune, une chute de cheval le rendit fou : conduit à l'Hôtel-Dieu, il s'étrangla dans un de ses accès en avalant une petite clef, et mourut à l'âge de 29 ans (1780). Les meilleures éditions de ses œuvres sont celles de Dalibon. 1822, et de Ch. Nodier, 1826; on y remarque Le Dix-huitième siècle, satire; Mon Apologie, ses Adieux à la vie, et une Ode imitée des psaumes, qu'il composa huit jours avant sa mort. On trouve dans sa poésie une verve et une énergie qui promettaient un grand poëte.

GILCHRIST (John BORTHWICK), orientaliste, né à Édimbourg en 1759, mort en 1841, professa l'hindoustani et le persan au collége de Calcutta, puis à Édimbourg et à Londres. Ses travaux ont fait faire d'immenses progrès à la linguistique : son Dictionnaire anglais-hindoustani, Calcutta, 1787-1790, et sa Grammaire, 1796, sont classiques.

GILDAS (S.), le Sage, né vers 516 dans la Grande-Bretagne, prêcha en Angleterre et en Irlande, passa en Gaule, s’établit à Ruys près de Vannes, y fonda un monastère (St-Gildas de Ruys), et mourut vers 665, à Ruys même, ou, selon d’autres, en Angleterre, à Glastonbury. On a sous son nom une curieuse lettre De excidio Britanniæ, écrite vers 560 et publ. à Londres en 1525 et 1838. Les paysans bretons invoquent ce saint pour guérir la folie. On l’hon. le 29 janv. On a supposé à tort l’existence de deux Gildas.

GILIMER, dernier roi des Vandales en Afrique, descendant de Genséric, usurpa le trône en 530, après en avoir précipité le faible Hildéric, allié des Romains. Justinien saisit ce prétexte pour l’attaquer, et envoya contre lui Bélisaire qui le défit en 534 à la bat. de Tricaméron, lui enleva Carthage et s’empara de sa personne. Justinien fit du royaume des Vandales une province de son empire, mais il accorda à Gilimer un domaine considérable en Galatie.

GILLES (le comte), Ægidius, général romain qui commandait en Gaule au Ve siècle V. ÆGIDIUS.

GILLES (S.), Ægidius, Grec de nation, vint, selon la légende, d’Athènes en Gaule au VIe siècle, se mit sous la conduite de Césaire, archevêque d’Arles ; fut chargé par ce prélat d’aller présenter une requête au pape Symmaque, et fonda, dans le lieu nommé depuis St-Gilles (Gard), un monastère dont il fut 1er abbé. Il mourut en 550. On le fête le 1er septembre.

GILLES DE PARIS, Ægidius Parisiensis, poëte et historien du XIIIe siècle, vivait sous Philippe-Auguste et Louis VIII ; il était diacre et enseigna les belles-lettres à Paris. Il composa pour le prince Louis, fils de Philippe-Auguste, un poëme latin intitulé : Carolinus, en 5 livres, où il chante Charlemagne et le propose pour modèle au jeune prince : ce poëme a été publié en partie dans les Scriptores rerum francicarum de Duchesne. Il a aussi écrit Historia primæ expeditionis hierosolymitanæ, publié par D. Martène (Anecdota, tom. III).

GILLES (Jean), J. Ægidius Nucerensis, né, à ce qu’on croit, à Noyers en Auxois, vers la fin du XVe siècle, était professeur et correcteur d’imprimerie à Paris. On a de lui : Proverbia gallicana secundum ordinem alphabeti reposita et latinis versiculis traducta, Paris, 1519, trad. sous ce titre : Proverbes communs et belles sentences, 1602.

GILLES (Nicole), chroniqueur du XVe siècle, fut notaire et secrétaire de Louis XII, puis secrétaire du trésor jusqu’en 1496, et mourut à Paris en 1503. Il a écrit : Les Annales et Chroniques de France, de l’origine des Français jusqu’au roi Charles VIII, Paris, 1492, in-4, qui furent continuées par D. Sauvage, Belleforest et Chappuis.

GILLES (Pierre), Gyllius, naturaliste, né en 1490, à Alby, m. en 1535, visita les bords de la Méditerranée et de l’Adriatique, fut envoyé dans le Levant par François I, explora les ruines de Chalcédoine, revint à la suite d’Aramont, ambassadeur de France, fut appelé en Italie auprès du cardinal d’Armagnac, et mourut à Rome. On a de lui : Ex Æliani historia, itemque ex Porphyrio, Heliodoro, Oppiano, libri XVI ; De vi et natura animalium ; De gallicis et latinis nominibus piscium, Lyon, 1533, et dans l’édition d’Élien de Conrad Gesner ; De Bosphoro Thracio ; De Topographia Constantinopoleos et de illius antiquitatibus, Lyon, 1561. Ces deux derniers ouvrages ont été rédigés à l’aide d’un voyage écrit en grec au IIe siècle, dont il avait un ms.

GILLES DE ROME ou G. COLONNA. V. COLONNA.

GILLES MUNOZ, antipape. V. MUNOZ.

GILLIANEZ, navigateur portugais, natif de Lagos, fut chargé en 1433 par l’infant don Henri de Portugal de faire un voyage de découvertes sur les côtes de l’Afrique, parvint en 1434 à doubler le cap Bojador et reçut en récompense la dignité d’amiral.

GILLIES (John), historien écossais, né en 1747, à Brechin (Forfar), m. en 1836, fut d’abord précepteur et devint historiographe du roi pour l’Écosse, après Robertson, son ami. Il était membre de la Société royale de Londres et de celle des Antiquaires. Ses principaux ouvrages sont : Histoire de la Grèce jusqu’au partage de l’empire d’Alexandre, 1786 ; Hist. universelle depuis Alexandre jusqu’à Auguste, 1807 ; Frédéric II, roi de Prusse, comparé à Philippe, roi de Macédoine, 1789. On a encore de lui des traductions de Lysias et d’Isocrate, 1778 ; de l’Éthique et de la Politique d’Aristote, 1797, ainsi que de la Rhétorique, 1823. L’Histoire de la Grèce est le plus important de ses travaux : malgré son style diffus et ambitieux, cet ouvrage se recommande par la sagacité des aperçus, la proportion des parties, et par une marche régulière. Il a été trad. par Carra. Paris, 1787-88, 6 vol. in-8, et refondu par M. Ruelle, dans son Histoire résumée des temps anciens, Paris, 1841, 2 vol. in-8.

GILOLO, ou HALAMAHERA, la plus grande des Moluques, par 0° 50′ lat. S.-2° 20′ lat. N., 124° 50′-126° 50′ long. E., offre une surface très-découpée ; 380 kil. dû N. au S. sur 69 de l’E. à l’O. La partie N. appartient au sultan de Ternate, le S. au sultan de Tidor, le centre à des chefs indépendants. Elle a pour lieux principaux Gilolo, sur la côte O., résidence d’un chef qui prend le titre de sultan, Bitjolie et Galéla, qui ont depuis 1824 des résidents hollandais. Climat, brûlant ; sol fertile : on en tire du sucre, des épices. Habitants de race malaise. V. MOLUQUES.

GILON, dit de Paris, cardinal, né à Toucy, près d’Auxerre, à la fin du XIe siècle, m. vers 1142, vint à Paris où il se fit une grande réputation par ses connaissances et son talent pour la poésie ; mais en 1119, il quitta le monde, et entra dans l’ordre de Cluny. Le pape Calixte II, qui l’avait remarqué, se l’attacha et le nomma évêque de Tusculum, puis cardinal. Honoré II l’envoya à la Terre-Sainte pour apaiser les querelles qui y divisaient le clergé, et le nomma ensuite légat en Pologne. On a de lui : De Via hierosolymitana, envers et en 6 livres, imprimé dans le Thesaurus Anecdotorum de D. Martène.

GILPIN (W.), écrivain anglais, né en 1724, m. en 1804, descendait de Bernard Gilpin (1517-83), l’un des premiers réformateurs anglais ; dit l’Apôtre du Nord. W. Gilpin, fut vicaire de Boldre, dans New-Forest, près de Lymington, après avoir tenu une maison d’éducation florissante à Cheam dans le Surrey. Il a décrit d’une manière intéressante et dans un style poétique les beautés pittoresques de la Grande-Bretagne ; ses principaux ouvrages sont : Voyages en différentes parties de l’Angleterre, particulièrement dans les montagnes et sur les lacs du Cumberland et du Westmoreland, 1787 ; Beautés pittoresques de l’Écosse, 1789 ; Beautés pittoresques des pays boisés avec les vues de New-Forest dans le New-Hampshire, 1791. On a aussi de lui des notices biographiques sur Latimer, Wiclef, Jean Huss, Jérôme de Prague, Th. Granmer, etc., et quelques ouvrages ascétiques.

GIL-POLO (Gaspard), poëte espagnol, né à Valence en 1516, mort en 1572, a composé de gracieux sonnets et des canzones, mais est surtout connu comme auteur de Diana enamorada, fable pastorale qui fait en quelque sorte suite au chef-d’œuvre de Montemayor, et qui est aussi remarquable par l’invention que par la pureté et l’harmonie du style. La Diana a été imprimée à Valence en 1564, et imitée en latin par Barthius, dans son Erodidascalus.

GIL-VICENTE, le Plaute portugais, né en 1480 à Barcellos (Minho), mort à Evora en 1557, avait d’abord étudié le droit, mais se consacra de bonne heure à l’art dramatique. Ses pièces ne sont point régulières et pèchent souvent contre le goût ; mais l’originalité, la richesse d’invention, le naturel et la vivacité du dialogue, la force comique qui y dominent, les rendent dignes d’être, encore lues. C’est surtout dans les farces que brille le génie de Gil-Vicente ; on a en outre de lui des autos (où la poésie bucolique tient beaucoup de place, des comédies et des tragi-comédies. Ses Œuvres ont été publiées à Lisbonne en 1562, in-fol., par son fils (éd. très-rare), et réimprimées à Hambourg, 1834, 3 vol. in-8. GIMONE, riv. de France, naît dans les Pyrénées près de Villemur, arrose Gimont, Beaumont-de-Lomagne, et se jette dans la Garonne, r. g., à 4 kil. de Castel-Sarrasin, après un cours de 110 kil.

GIMONT, ch.-l. de c. (Gers), sur la Gimone, à 26 kil. E. d'Auch; 1810 hab. Collége. Près de là, mine de turquoises. Anc. abbaye de Cîteaux.

GIN (P. L. Cl.), conseiller au parlement, né à Paris en 1726, mort en 1807, était arrière-neveu de Boileau. Il publia un grand nombre d'écrits, médiocres pour la plupart, entre autres : De l'Éloquence du barreau, 1767; De la Religion, par un homme du monde, 1779, refondu en 1806 sous le titre de la Religion du vrai philosophe; il traduisit Homère, Hésiode, Théocrite, Pindare, Démosthène, Eschine, Virgile, et eut la prétention de continuer l’Histoire universelle de Bossuet, 1802.

GINESTAS, ch.-l. de c. (Aude), à 14 kil. N. O. de Narbonne; 540 hab. Bons vins rouges.

GINGI, v. de l'Inde (Karnatic), à 60 kil. N. O. de. Pondichéry, était regardée comme imprenable ; néanmoins elle fut prise par les Français en 1750, puis par les Anglais en 1761.

GINGUENÉ (P. L.), littérateur français, né à Rennes en 1748, mort à Paris en 1816, se fit d'abord connaître par un joli poëme, la Confession de Zulmé, 1779, et travailla à divers journaux littéraires et politiques. Il remplit sous la République quelques fonctions administratives, fut directeur général de l'instruction publique (1795-97), puis ambassadeur à Turin, siégea quelque temps au tribunat, et se retira des affaires lors de la fondation de l'Empire. Il fit de 1803 à 1816 un cours de littérature à l'Athénée, et rédigea l’Histoire littéraire de l'Italie, 9 v. in-8, 1811 et ann. suiv., vaste composition qui a fait sa réputation, mais qu'il ne put achever (Salfi en publia en 1819 les 3 derniers vol.). On a encore de Ginguené un Rapport sur les travaux de la classe d'histoire et de littérature ancienne, 1807-13; des Fables, en vers, imitées de fabulistes italiens, 1810, et un grand nombre d'articles dans la Biographie universelle. Il avait été admis à l'Institut en 1803. Il était l'ami de Piccini, qu'il soutint dans sa lutte contre Gluck et sur lequel il a laissé une excellente Notice.

GIOBERTI (l'abbé Vinc.), né à Turin en 1801, mort en 1852, enseigna la théologie à Turin, et fut choisi pour chapelain par le roi de Sardaigne Charles-Albert, mais se fit exiler en 1833 à cause de la hardiesse de ses opinions; se retira en France, puis en Belgique; fit à Bruxelles de 1834 à 1845, des cours de philosophie et d'histoire, qui furent fort suivis, et y publia des ouvrages de polémique qui rendirent son nom populaire en Italie; fut ramené dans sa patrie par les événements de 1848, se vit à cette époque appelé par Charles-Albert à la direction des affaires et nommé président du conseil. Aussi opposé à l'anarchie qu'au despotisme, il proposa de faire rétablir par une armée piémontaise le pape et les autres princes italiens dépossédés ; n'ayant pu faire adopter cette proposition, il résigna le pouvoir. On a de lui des ouvrages de pure philosophie : Essai sur le beau; Introduction à l étude de la philosophie ; Lettres sur les doctrines de Rosmini; — de Lamennais; — de V. Cousin; mais il doit surtout sa réputation à ses écrits politiques : Primauté civile des Italiens, 1843; le Jésuite moderne, 1847, où il attaque violemment cet ordre célèbre : Rénovation de l'Italie, 1851, où il expose les fautes récemment commises par les Italiens, et leur donne des conseils pour l'avenir. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits.

GIOCUNDO (Fra Giovanni), en latin Jocundus, dominicain, né à Vérone vers 1435, mort vers 1520, se distingua comme architecte et comme littérateur, et fut successivement attaché à l'empereur Maximilien I, au roi de France Louis XII et au pape Léon X. Comme architecte, il construisit divers édifices à Vérone, bâtit à Paris le pont Notre-Dame, la Chambre des comptes, la Chambre dorée du parlement; exécuta à Venise de grands travaux qui prévinrent les atterrissements des lagunes, et dirigea avec Michel-Ange les travaux de la basilique de St-Pierre. Comme érudit, il donna des éditions estimées de Vitruve, de César, des Agriculteurs romains, de Pline le Jeune, dont il découvrit plusieurs lettres, et rassembla un grand nombre d'inscriptions anciennes.

GIOIA (Flavio), d'Amalfi, pilote ou capitaine de vaisseau, né à Pasitano près d'Amalfi à la fin du XIIIe siècle, passe pour être l'inventeur de la boussole, dont il fit, dit-on, le premier usage en 1302 ou 1303. La vertu qu'a l'aimant de se diriger vers le nord était connue bien avant lui, mais la boussole en usage alors ne consistait que dans une aiguille aimantée qui flottait dans un vase d'eau, soutenue par du liège; Gioia eut le mérite de la suspendre sur un pivot qui lui permit de se mouvoir en tous sens, et de rendre ainsi les observations plus faciles et plus exactes.

GIOIA (Melchior), né à Plaisance en 1767, mort en 1829, reçut les ordres, adopta les idées révolutionnaires lors de l'arrivée des Français en Italie, rédigea le Moniteur cisalpin, fut nommé par Napoléon historiographe d'Italie, puis chef du bureau de la statistique de Milan, fut destitué en 1820 pour ses opinions politiques, et se donna dès lors tout entier aux lettres. Les plus estimés de ses ouvrages sont : Tables statistiques, Milan, 1808; Du mérite et des récompenses, 1818; Idéologie, 1822; Éléments de philosophie, 1822; Philosophie de la statistique, 1826; la Nouvelle Galatée, traité de la politesse, etc. Il professe en général les doctrines de Locke et de Bentham. Presque tous ses ouvr. sont condamnés à Rome.

GIOLOFS. V. GHIOLOFS.

GIORDANO (Luc), peintre, né à Naples en 1632, mort en 1701, se forma sous Ribéra et Pierre de Cortone, et reçut le surnom de Fapresto, à cause de la facilité avec laquelle il travaillait. Cette facilité lui permettait d'imiter la manière des autres peintres ; ce qui le fit encore appeler le Protée de la peinture. Par suite de la rapidité de son travail, son dessin n'est pas toujours correct; mais sa couleur est toujours brillante, harmonieuse et aérienne. Il séjourna successivement à Rome, à Parme, à Venise, à Florence, exécutant partout des ouvrages distingués, fut appelé par Charles II à Madrid en 1692 et orna de ses peintures l'Escurial. Ses principaux tableaux sont : Ste Cécile mourante, Venus caressant l'Amour, l'Enlèvement des Sabines, le Jugement de Pâris, Jésus se soumettant à la mort, Mars et Vénus servis par les Grâces et les Amours (ces 3 derniers sont au musée de Paris). Giordano a souvent signé ses tableaux du nom latin de Jordanus, ce qui l'a fait confondre quelquefois avec le peintre-flamand Jacques Jordaens. — V. BRUNO (Giordano).

GIORGI (Dominique), prélat italien, antiquaire et bibliographe, né à La Costa, près de Rovigo, en 1690, mort a Rome en 1747, a laissé divers ouvrages estimés sur les antiquités ecclésiastiques, qui lui avaient été demandés par les papes Innocent XIII, Benoît XIII et Benoît XIV. Les principaux sont : De antiquis Italiæ metropolibus, Rome, 1722; De origine ecclesiæ Beneventanæ, 1725; De Liturgia romani pontificis, 1731; Vita Nicolai V, 1742.

GIORGI (Ant. Aug.), religieux augustin, ni près de Rimini en 1711, mort en 1797, devint procureur général de son ordre et mérita souvent d'être consulté par Benoît XIV sur les affaires de la religion. Il possédait les langues grecque, hébraïque, chaldéenne, samaritaine et syriaque. On a de lui : Alphabetum tibetanum, Rome, 1762; De Arabicis interpretationibus veteris Testamenti, 1782.

GIORGION (George BABBARELLI, dit LE), un des plus anciens peintres de l'école vénitienne, né en 1477 à Castel-Franco, mort de la peste, en 1511, exécuta à Venise un grand nombre de peintures à fresque que le temps a détruites. On a conservé plusieurs de ses tableaux à l'huile. Ils sont reconnaissables à la fermeté de la touche, à la vivacité des couleurs, à l'énergie des reliefs, à la bizarrerie des airs de tête et des draperies. Ses œuvres produisaient de loin un effet plus heureux que de près. Le musée de Paris en possède quatre : Salomé recevant la tête de S. Jean Baptiste, Jésus assis sur les genoux de sa mère, Concert champêtre, Gaston de Foix, duc de Nemours. On admire encore son Christ mort, à Trévise, et le Moïse sauvé des eaux, dans le palais archiépiscopal de Milan.

GIOSEPPINO, peintre. Voy. JOSÉPIN.

GIOTTINO (Thomas DI LAPPO), peintre, petit-fils de Giotto, né à Florence en 1324, mort en 1356, est auteur d'un grand tableau où Gauthier de Brienne, duc d'Athènes, que les Florentins avaient chassé de leur ville en 1343, est représenté sous des formes grotesques et entouré d'attributs satiriques. Cette composition est peu propre à justifier la réputation dont a joui cet artiste.

GIOTTO (pour Angiolotto, diminutif d’Angelo), peintre, sculpteur et architecte, né vers 1266 à Vespignano près de Florence, mort en 1334, avait été dans son enfance gardien de troupeaux. Cimabué devina son talent et le prit pour élève. Ce maître avait déjà restauré l'art en faisant revivre l'étude de la nature depuis longtemps abandonnée; mais sa manière était rude et sèche : Giotto, en prenant aussi la nature pour modèle, la revêtit de formes plus nobles et prépara ainsi Raphaël. Parmi ses nombreux tableaux on remarque un S. François d'Assise recevant les stigmates (au Louvre), et une mosaïque représentant S. Pierre marchant sur les eaux (dans St-Pierre de Rome). Il dirigea comme architecte les fortifications de Florence en 1334. Giotto était l'ami du Dante, dont il a conservé les traits, et qui lui consacra en retour quelques vers dans la Divine Comédie. Laurent de Médicis lui érigea un tombeau magnifique à Florence, et l'on mit au-dessous de son buste ces vers d'Ange Politien :

Ille ego sum per quem pictura extincta revixit, etc.

GIOVANNI DA FIESOLE, surnommé Fra Angelico, Il Beato Angelico, le Peintre des anges, peintre toscan, né en 1387, entra jeune chez les Dominicains de Fiesole, prit l'habit de l'ordre, et n'en cultiva pas moins son art : il couvrit de peintures à fresque les murs de son couvent, fut appelé à Rome par Nicolas V pour orner une chapelle du Vatican, et mourut dans cette ville en 1455, avec une grande réputation de sainteté, qui le fit béatifier. Il avait refusé, pour se livrer tout entier à son art, les plus grands honneurs ecclésiastiques. Ce pieux artiste ne voulut peindre que des sujets sacrés ; il ne prenait jamais sa palette sans avoir invoqué Dieu. Son coloris est suave et bien fondu; ses têtes d'anges et de saints sont d'une beauté angélique qui justifie bien le surnom sous lequel il est connu. Parmi ses tableaux, on admire encore à Florence ses Noces de la Vierge et son Couronnement de la Vierge.

GIOVENAZZO, Natiolum, v. et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 19 kil. N. O. de Bari; 7000 hab. Archevêché. Hautes murailles, vieux château, maison de refuge.

GIOVIO, famille de Côme qui a produit plusieurs écrivains distingués, entre autres Paul Jove. V. JOVE.

GIPHANIUS (Hubert VAN GIFFEN, dit en latin), jurisconsulte, le Cujas de l'Allemagne, né à Buren, dans la Gueldre, en 1534, mort à Prague en 1604, enseigna le droit à Strasbourg, à Ingolstadt, et jouit de la faveur de l'emp. Rodolphe II. On a de lui : Commentarius ad institutiones, Ingolstadt, 1596; Antinomiarium juris civilis, 1605; Œconomia juris, 1606; une édition de Lucrèce, Anvers, 1566, et des Commentaires sur la Morale d'Aristote, 1608.

GIRALDI (Lilio Gregorio), Lilius Gregorius Gyraldus, savant et poëte latin, né à Ferrare en 1479, mort en 1552, protonotaire apostolique sous Clément VII, a laissé différents écrits qui ont été réunis à Leyde, 1696, in-fol. Les plus remarquables sont : De annis et mensibus, Bâle, 1541 ; Historia de Diis gentium, Lyon, 1555, in-fol. On n'avait de son temps, sur la mythologie, que l'ouvrage très-imparfait de Boccace, intitulé : Genealogia Deorum : l'ouvrage de Giraldi est le 1er qui ait été fait sur cette matière d'après les sources originales; Historiæ poetarum tam græcorum quam latinorum dialogi X, Bâle, 1545; Dialogi duo de poetis nostrorum temporum, Florence, 1551.

GIRALDI CINTIO (J. B.), littérateur, de la même famille que le précédent, né à Ferrare en 1504, professa 12 ans à l'université de cette ville et jouit de la faveur des ducs de Ferrare. Une querelle littéraire qui s'engagea entre lui et Pigna au sujet d'un livre dont chacun d'eux se prétendait l'auteur, le détermina à quitter sa patrie; il n'y revint qu'en 1573, et mourut trois mois après. On a de lui des Tragédies, dont la meilleure est Orbecche (1541), des Poésies diverses, en latin: un poëme héroï-comique d’Ercole; une Histoire de la maison d'Este, une Vie d'André Doria, des Discours, etc. Son meilleur ouvrage est un recueil de cent nouvelles intitulé : Gli Ecatomiti, Mondovi, 1565, et traduit par Gabriel Chappuis, Paris, 1584.

GIRALDUS CAMBRENSIS. V. BARRY (Girald).

GIRARD (J. B.), jésuite, né à Dôle vers 1680, était recteur du séminaire de la marine à Toulon. Parmi ses pénitentes se trouvait Catherine Cadière, fille d'une grande beauté et d'une piété exaltée, qui prétendait avoir des visions et des révélations. Son directeur l'ayant congédiée, cette femme l'accusa de séduction, d'inceste spirituel, de magie et de sorcellerie. Le procès fut instruit au parlement d'Aix, et ce ne fut qu'à grand'peine que le P. Girard put se faire acquitter : il mourut deux ans après à Dôle, où il s'était retiré. Toutes les pièces du Procès du P. Girard ont été publiées en 1731.

GIRARD (l'abbé Gabriel), grammairien, né à Clermont en Auvergne vers 1677, mort en 1748, était secrétaire général du roi pour les langues esclavone et russe, chapelain de la duchesse de Berry, fille du régent, et fut admis à l'Académie française. On a de lui : la Justesse de la langue française, ou les Différentes significations des mots qui passent pour synonymes, 1718, souvent réimprimé sous le titre de Synonymes français, et augmenté par Beauzée, Roubaud, Guizot, etc.; Vrais principes de la langue française, 1747; l'Orthographe française sans équivoque, 1716. — Un autre abbé Girard (Ant. Gervais), né en 1752 à Joux près de Pontarlier, mort en 1822, fut longtemps professeur de rhétorique à Rodez, puis devint proviseur et inspecteur d'Académie à Cahors. On a de lui des Préceptes de rhétorique, Rodez, 1787, souvent réimprimés. Il compta parmi ses élèves l'abbé Frayssinous.

GIRARD (Stephen), fameux millionnaire, né en 1750 à Périgueux, de parents pauvres, mort à Philadelphie en 1831. Chassé de la maison paternelle, il s'embarqua comme mousse à Bordeaux, alla à New-York, puis à Philadelphie, s'y livra au commerce avec un succès extraordinaire, et amassa en peu d'années par son intelligence, mais aussi pas une avarice sordide, une fortune qui s'élevait à sa mort à plus de 70 millions. Il laissa un testament par lequel il frustrait sa famille et fondait à Philadelphie un collége d'où tout ecclésiastique était exclu.

GIRARD (Philippe de), habile inventeur, né en 1775 à Lourmarin (Vaucluse), mort en 1845, entreprit de répondre à l'appel de Napoléon qui, en 1810, avait promis un prix d'un million à l'inventeur ds la meilleure machine à filer le lin : il y réussit en 1813 et fonda à Paris la 1re filature de lin; mais la chute de l'Empire le priva de la récompense promise. Ruiné par de dispendieux essais, il fut réduit à offrir ses services à l'étranger : il fut nommé en 1826 ingénieur en chef des mines de Pologne. Il revint à Paris en 1844, sans avoir fait fortune. Cependant ses droits à l'invention de la filature mécanique du lin avaient été proclamés en 1842 par la Société d'encouragement; au moment où il mourut, une société de fixateurs et de mécaniciens venait de lui assurer une pension de 6000 fr., et le gouvt français allait enfin le récompenser. Une loi rendue en 1853 assura du moins une pension viagère à ses héritiers. Outre la machine à filer le lin, Phil. de Girard perfectionna la machine à vapeur, inventa les lampes hydrostatiques à niveau constant; ainsi qu'un procédé pour fabriquer les bois de fusil à la mécanique. M. G. Desclosières a publié une Notice sur sa vie et son invention.

GIRARD (le P. Grégoire), instituteur suisse, de l'ordre des Cordeliers, né en 1765 à Fribourg, mort en 1850, fut d'abord curé catholique à Berne. Il dirigea de de 1805 à 1823 l'école française de Fribourg, qu'il porta au plus haut point de prospérité; professa de 1825 à 1835 la philosophie à Lucerne, et se retira en 1835 dans un couvent de son ordre, où il se consacra à la rédaction de ses ouvrages. Le plus important est le Cours éducatif de langue maternelle, en français, publié à Paris par MM. Rapet et Michel (1845-48, 6 vol. in-12) : il y transforme l'étude de la langue, si souvent fastidieuse et stérile, en un puissant moyen de culture intellectuelle et morale. Cet ouvrage, vraiment original, valut à l'auteur un prix extraordinaire de 6000 fr. que lui décerna l'Institut de France (1844), et le titre de correspondant de l'Académie des sciences morales. On lui doit encore un Cours de philosophie (Lucerne, 1829-1831, en allemand), remarquable par la clarté et l'élévation.

GIRARDIN (René Louis, marquis de), maréchal de camp, né à Paris en 1735, mort en 1808, était issu de la famille noble des Gherardini de Florence. Il est un des premiers en France qui aient su embellir les jardins et leur donner des formes pittoresques : il disposa dans ce goût sa terre d'Ermenonville, y offrit une retraite à J. J. Rousseau, et fit élever au philosophe après sa mort un tombeau dans l'île des Peupliers. On lui doit un traité De la Composition des paysages, 1777, ouvrage estimé.

GIRARDIN (Stanislas Xavier, comte de), fils du préc., né en 1762 à Lunéville, mort en 1827, eut un instant pour maître J. J. Rousseau. Il entra au service à 17 ans, embrassa les principes delà Révolution, fut député du bailliage de Senlis aux États généraux, présida en 1790 le directoire de l'Oise, et plus tard l'Assemblée législative; fut incarcéré pendant la Terreur et ne recouvra la liberté qu'au 9 thermidor. En 1802, il présida le tribunat; il accompagna en 1806 le roi Joseph à Naples, servit au siége de Gaëte comme colonel, et en Espagne comme général, devint en 1812 préfet de la Seine-Inférieure, où il se fit chérir de ses administrés; et n'en fut pas moins destitué à la Restauration. Cependant, en 1819, il fut appelé à la préfecture de la Côte-d'Or. mais il fut révoqué dès 1820. La même année il était élu député de la Seine-Inférieure. A la Chambre il se fit remarquer par sa constance à soutenir les doctrines constitutionnelles. On a publié en 1828 : Discours et Opinions, Journal et Souvenirs de St. Girardin. — L'aîné de ses fils, le cte Ernest Stanislas de G., plusieurs fois député, sénateur sous le 2e empire, est mort en 1874. — Son frère cadet, le cte Alex. de G. né en 1776, mort en 1855, fit avec distinction les campagnes de l'Empire, se distingua surtout à Austerlitz, où, avec 10 hommes, il fit 400 prisonniers et prit 4 pièces de canon, à Ostrowno, où, avec 2 bataillons, il repoussa 6000 Russes, à Champaubert et à Montmirail, où sa brillante conduite lui valut le grade de général de division. Il se rallia aux Bourbons en 1815 et fut 1er veneur de Louis XVIII et de Charles X. On a de lui un grand nombre d'écrits de circonstance, parmi lesquels on remarque : Projet de législation sur les chasses, 1817; la Question chevaline simplifiée, 1843. Il est père de M. Émile de Girardin, le célèbre publiciste.

GIRARDIN (Mme de), femme distinguée par son esprit et ses talents littéraires, née en 1805 à Aix-la-Chapelle, morte en 1855, était fille de la célèbre Mme Sophie Gay, et fut d'abord connue sous le nom de Delphine Gay. Dès l'âge de 17 ans, elle adressait à l'Académie une pièce de vers sur le Dévouement des sœurs de Ste-Camille pendant l'épidémie de Barcelone; bientôt après, elle célébra, dans des chants pleins de sensibilité, de naturel et d'harmonie, plusieurs des événements qui excitaient la sympathie générale, la Mort de Napoléon, la Mort du général Foy, l'Insurrection de la Grèce, ce qui lui mérita le surnom de Muse de la Patrie. Dès 1824, elle publia, sous le titre d’Essais poétiques, un recueil de ses productions qui fut accueilli avec la plus grande faveur : Charles X lui fit dès lors une pension de 1500 fr. sur sa cassette. A Rome, en 1827, elle reçut une véritable ovation à l'occasion d'une pièce de vers sur le Retour de Romains captifs à Alger. Elle était dans tout l'éclat de sa réputation et de sa beauté lorsqu'en 1831 elle épousa M. Émile de Girardin. Son salon devint bientôt le rendez-vous de toutes les illustrations littéraires. Mme de Girardin a cultivé avec succès le roman (le Lorgnon, le Marquis de Pontanges, la Canne de Balzac, Marguerite), la comédie (l'École des Journalistes, 1839; Lady Tartufe, 1853; la Joie fait peur, 1854; le Chapeau d'un horloger), et même la tragédie (Judith, 1843; Cléopâtre, 1847); elle réussissait surtout dans la peinture des sentiments les plus délicats. Elle écrivit de 1836 à 1839, pour le feuilleton de la Presse, des Courriers de Paris, pleins de verve, d'esprit et d'enjouement (réunis sous le titre de Le Vicomte de Launay et de Lettres parisiennes). Une belle édit. de ses Œuvres complètes en 6 v. in-8 a paru en 1860.

GIRARDON (François), sculpteur, né à Troyes en 1630, mort à Paris en 1715, fut protégé par le chancelier Séguier, qui l'envoya à ses frais étudier à Rome. De retour en France, il orna de ses ouvrages, en marbre et en bronze, les maisons royales. Après la mort de Lebrun, il obtint la charge d'inspecteur général des sculptures. Ses ouvrages les plus remarquables sont les groupes en marbre d’Apollon chez Thétis, de Pluton enlevant Prosérpine, et de l’Hiver, dans le jardin de Versailles; la statue équestre de Louis XIV, en bronze, qui ornait la place Vendôme, et qui fut détruite dans la Révolution, le Mausolée de Richelieu, à la Sorbonne, et celui de Louvois, qui était dans l'église des Capucines, auj. détruite.

GIRARDOT (Nic. de), horticulteur, né vers 1715, avait d'abord servi dans les mousquetaires et avait été blessé à Dettingue (1733). Rentré dans la vie privée, il se retira à Bagnolet, près de Vincennes, et s'y adonna à la culture du pêcher. Il améliora cette culture et en communiqua le goût à son voisinage, si bien que la vente des pêches a depuis fait la réputation et la fortune des jardiniers de Bagnolet, de Montreuil et de Vincennes.

GIRAUD (J. B.), sculpteur, né en 1752 à Aix en Provence, m. en 1830. Ses principaux ouvrages sont un Mercure, un Hercule, un Achille mourant. Il entra à l'Académie en 1789. Il fit mouler à ses frais les plus précieux monuments de la sculpture antique, et coopéra à l'ouvrage intitulé Recherches sur l'art statuaire des Grecs. — Son frère, Grégoire Giraud, né au Luc (Var) en l783, m. en 1836, fut son élève et son émule. Il le seconda dans ses efforts pour conserver les traditions de l'antique. On lui doit plusieurs bas-reliefs remarquables: la Mort de Pallas, Philoclète blessé; une statue de Triomphateur, et un Faune jouant avec les serpents sacrés.

GIRAUD (le comte Giovanni), auteur comique italien, originaire de France, né à Rome en 1776, m. en 1834, quitta le service pour se livrer à la poésie dramatique, fut en 1809 nommé par Napoléon inspecteur général des théâtres de l'Italie, et alla après 1814 s'établir en Toscane, où il s'enrichit par le commerce. Son Teatro domestico, recueil de petites pièces de société, composé en grande partie à l' d’imitation de Berquin, a paru à Milan (1823), et à Florence (1825). On y remarque le Précepteur dans l’embarras, d’où a été tirée la pièce française de même titre ; la Capricieuse corrigée, le Rendez-vous dans l’obscurité. Son théâtre a été traduit avec celui d’Alberto Nota par Th. Bettinger, Paris, 1839.

GIRAUDEAU (le P. Bonaventure), savant jésuite, né en 1697 à St-Vincent-sur-Jard (Vendée), m. en 1774, professa la rhétorique à La Rochelle. Il a surtout écrit pour la jeunesse. On a de lui : Introduction à la langue grecque, en 5 parties, méthode estimée, publiée d’abord en 1739, refondue en 1752 ; une petite Odyssée, poëme mnémonique écrit en grec, dans lequel il a réuni, en 604 vers, toutes les racines grecques (ce poëme, qui fait partie de sa méthode, a été publié à part et traduit par Lécluse en 1802) ; Praxis linguæ sanctæ, 1757, grammaire et dictionnaire abrégé de la langue hébraïque, où il propose une méthode de lire l’hébreu plus simple que celle de Masclef ; enfin des ouvrages de piété et d’éducation, parmi lesquels on remarque : Histoires et paraboles du P. Bonaventure, 1766, écrit qui eut un succès populaire, et l’Évangile médité, distribué pour tous les jours de l’année, 1773.

GIRAULT-DUVIVIER (Ch. P.), grammairien, né à Paris en 1765, m. en 1832, était associé d’agent de change et ne s’occupa de grammaire qu’en faisant l’éducation de ses filles. Il publia en 1811 la Grammaire des grammaires, 2 vol. in-8, ouvrage qui contient l’analyse raisonnée des meilleurs traités sur la grammaire française et qui a été amélioré par M. A. Lemaire, 1842. On lui doit aussi une Encyclopédie de l’antiquité, 1830, qui présente, d’après les meilleurs auteurs, l’origine, les progrès des arts et des sciences chez les anciens.

GIRGENTI, en grec Acragas, en latin Agrigentum, v. de Sicile, ch.-l. d’intendance, à 102 kil. S. de Palerme, à 3 kil. de la mer ; 18 000 hab. Évêché, tribunaux. La ville est mal bâtie et sale, mais on y jouit d’une superbe perspective ; belle cathédrale. À 2 kil. de là, se trouve Girgenti Vecchio où l’on voit les ruines de l’anc. Agrigente. Girgenti même occupe l’emplacement de l’anc. citadelle. — L'intendance de G., située sur la côte mérid. de la Sicile, entre celles de Trapani à l’O., et de Calatanisetta à l’E., a 130 kil. sur 35 de large, et 250 000 hab. Grande exploitation de soufre et de pétrole.

GIROD (Amédée), dit Girod de l’Ain, né en 1781, d’une famille honorable du pays de Gex (Ain), m. en 1847, avait pour père J. L. Girod, membre des conseils des Anciens, des Cinq-Cents, et baron de l’Empire. Il suivit la carrière de la magistrature, fit partie de la Chambre des Représentants aux Cent-Jours, entra au barreau après la chute de Napoléon, défendit le général Drouot accusé d’avoir, au retour de l’île d’Elbe, attaqué la France à main armée, et réussit à le faire acquitter ; fut élu député en 1827 et rédigea le rapport sur la proposition d’accusation du ministère Villèle, eut part à la révolution de 1830, fut aussitôt après nommé préfet de police et prit des mesures efficaces pour rétablir l’ordre, fut élu en 1831 président de la Chambre des Députés, et porté en 1832 au ministère de l’instruction publique, puis, en 1839, à celui de la justice et des cultes. Il avait été nommé dès 1832 pair et vice-président du Conseil d’État. Dans ces diverses positions, il se montra toujours dévoué à l’intérêt public.

GIRODET (Anne Louis), célèbre peintre, né en 1767 à Montargis, m. à Paris en 1824, fut adopté par le médecin Trioson, dont il joignit le nom au sien, reçut les leçons de David, remporta en 1789 le grand prix de peinture, fut envoyé à Rome, y exécuta deux tableaux remarquables : Endymion, et Hippocrate refusant les présents d’Artaxerce (1791), auj. à l’École de Médecine, et ne revint d’Italie qu’après un séjour de cinq ans, pendant lesquels il courut les plus grands dangers, comme partisan de la Révolution. Après son retour, il produisit successivement Ossian, Danaé, les Saisons, Scène du déluge, 1806, son chef-d’œuvre, qui obtint le grand prix décennal, Antiochus et Stratonice, les Funérailles d’Atala, la Révolte du Caire, enfin Galatée, 1819. Avec une admirable pureté de dessin et un coloris animé, Girodet possédait une imagination brillante et originale, et une teinte de poésie rêveuse. Il était en même temps bon littérateur et même poëte estimable : on a de lui un poëme en 6 chants, le Peintre, et des traductions d’Anacréon, de Musée, de Lucain, qui renferment des beautés, de l’élégance et de l’harmonie.

GIROMAGNY, (territoire de Belfort), sur la Savoureuse, à 12 kil. N. O. de Béfort ; 1950 h. Tissus de coton. Mines de cuivre, carrière de porphyre.

GIRONDE, nom que prend la Garonne, après avoir reçu la Dordogne au Bec d’Ambez.

GIRONDE (dép. de la), dép. maritime de la France, sur le golfe de Gascogne, au S. du dép. de la Charente-Inf., et au N. de celui des Landes : 10 250 kil. carrés ; 667 193 hab. ; ch.-l., Bordeaux. Il est formé du Bordelais, du Bazadais et d’une portion de l’Agénais et du Périgord. Sol fertile au N. et à l’E. : céréales, vins célèbres, rouges et blancs, connus sous le nom général de Bordeaux, et parmi lesquels on distingue ceux de Médoc, Château-Margaux, Laffitte, Ht-Brion, St-Émilion, Graves, etc. ; quelques forêts sur la côte O., pins, chênes-liéges, etc. ; beaucoup de bêtes à laine. Sol assez uni ; dunes (qu’on a fixées depuis 1787 par des plantations de pins maritimes) ; landes, marais, étangs. Constructions navales, corderies, extraction de résine, de goudron ; manufactures de tabac ; verreries, faïence, eaux-de-vie, esprits, vinaigres ; raffineries de sucre. Très-grand commerce maritime, surtout avec les colonies, l’Inde et l’Amérique. — Le dép. de la Gironde a 6 arr. (Bordeaux, Blaye, Bazas, Libourne, Lesparre, La Réole), 48 cant. et 580 communes. Il appartient à la 14e division militaire, à la cour impériale et à l’archevêché de Bordeaux.

GIRONDE (la), GIRONDINS (les), parti célèbre qui joua un rôle important dans l’Assemblée législative et dans la Convention, fut ainsi nommé parce qu’on y remarquait principalement des députés de la Gironde. Distingués presque tous par leur éloquence, les Girondins dominèrent d’abord l’assemblée et furent des plus ardents à faire proclamer la république ; mais après les événements du 10 août (1792) et les massacres de septembre, ils témoignèrent hautement leur horreur pour les excès populaires, condamnèrent le régime de la Terreur et voulurent faire régner la modération. Dès ce moment, ils devinrent en butte à la haine du parti démagogique. On les accusait surtout de conspirer contre l’unité et l’indivisibilité de la République. Le 31 mai 1793, 29 députés girondins furent mis en état d’arrestation, à l’instigation de Robespierre, et le 31 octobre, malgré les vaines démonstrations de quelques départements en leur faveur, 20 députés, parmi lesquels on remarque Brissot, Gensonné, Vergniaud, Ducos, Sillery, etc., montèrent sur l’échafaud ; Valazé se poignarda devant ses juges. Les autres Girondins, poursuivis par les envoyés de la Convention, ne purent échapper longtemps à la mort. — On désigne souvent les Girondins sous la dénomination de Fédéralistes, parce qu’ils voulaient, prétendait-on, faire des divers départements autant d’États indépendants et fédérés entre eux, à l’instar des États-Unis d’Amérique. L’Histoire des Girondins a été écrite, à des points de vue fort différents, par M. de Lamartine et par M. Granier de Cassagnac.

GIRONE, Gerunda chez les anciens, Gerona en espagnol, v. forte d’Espagne (Catalogne), ch.-l. de la prov. de Girone, sur une mont. que baigné le Ter, à 85 kil. N. E. de Barcelone ; 16 000 hab. Évêché. Place forte. Cathédrale, dont on vante la façade et dont le campanile garde le nom de tour de Charlemagne. Établissements de bienfaisance et d' instruction. Filatures de coton, toiles communes, bas, lainages, étoffes de coton, savon, papier. — Cette ville, qui est très-ancienne, fut conquise sur les Maures par Charlemagne, mais bientôt perdue. Elle dépendit dans la suite du comté de Barcelone, et eut ses comtes particuliers. Elle donnait son nom aux fils aînés des rois d'Aragon. Elle eut à subir un grand nombre de sièges : les Français la prirent en 1656, 1694, 1711 et 1809. — La prov. de Girone, entre celle de Barcelone à l'O. et au S., la Méditerranée à l'E., et la France au N., est formée d'une partie de l'anc. Catalogne ; 165 000 hab.

GIROU de BUZAREINGUES (H.), agronome et physiologiste, né en 1773 à St-Geniez (Aveyron), mort en 1856, servit d'abord dans le génie, se retira de bonne heure pour raison de santé, se consacra à l'exploitation de son domaine de Buzareingues et se livra en même temps à d'intéressantes recherches sur l'agriculture et les sciences, ce qui lui valut le titre de correspondant de l'Institut. Entre ses nombreux écrits, on remarque : Essais sur les mérinos, 1812; Physiologie appliquée aux chevaux, 1814; Distribution et rapports des deux sexes, 1828; Philosophie physiologique, 1828; Mémoire sur l'évolution des plantes, 1831; Mécanisme des sensations, 1848, et surtout ses travaux sur la Génération.

GISCHALE, Gischala, v. de Galilée, aux env. de Gadara, fut la dernière qui tint contre les Romains, animée par les discours de Jean de Gischale.

GISCON, général carthaginois, fils d'Himilcon, fut chassé de Carthage par une cabale, et rappelé vers 339 av. J.-C. On lui permit de se venger de ses ennemis comme il le voudrait : il se contenta de les voir prosternés à ses pieds et de leur montrer que leur vie dépendait de lui. Envoyé en Sicile vers 338 contre les Corinthiens, commandés par Timoléon, il obtint une paix avantageuse. — Un autre Giscon commandait à Lilybée en Sicile, sous Amilcar Barca, et s'y distingua. Chargé, à son retour, de réprimer la révolte des mercenaires, il tomba entre leurs mains et fut tué, 239 av. J.-C.

GISÈLE, fille de Charles le Simple, roi de France, épousa en 912 Rollon, duc de Normandie. V. ce nom.

GISOLFE, 1er duc de Frioul, neveu d'Alboin, roi des Lombards, fut créé duc par ce prince en 568 et fut tué dans un combat contre le roi des Avares.

GISOLFE, duc de Bénévent, issu du précéd., monta sur le trône ducal vers 686, régna 17 ans et fit une incursion dans le duché de Rome en 702.

GISOLFE I, prince de Salerne de 933 à 978, fils de Guaimar II, prit en 959 la défense des princes de Bénévent et de Capoue contre le pape Jean XII; sut se garantir de l'invasion d'Othon le Grand en Italie (969), mais fut quelque temps privé de son trône par Landolfe en 973. — Gisolfe II (1052-1057) fut dépossédé par Robert Guiscard, son beau-frère.

GISORS, Gisortium, ch.-l. de cant. (Eure), sur l'Epte, à 26 kil. E. des Andelys; 3600 hab. Collége, église du XIIIe siècle avec des vitraux et des sculptures remarquables ; restes des anciennes fortifications : tour St-Thomas, tour du Prisonnier. Manufacture d'indiennes, filature hydraulique du coton, blanchisserie, apprêts. Gisors était autrefois la capit. du Vexin normand; sa possession fut disputée par Louis le Gros et Henri I d Angleterre, 1109.

GITANOS. V. BOHÉMIENS.

GIURGEVO, Djordjova, v. forte de Valachie, sur la r. g. du Danube, à 70 kil. S. de Bucharest, en face de Routschouk; 15 000 hab. Château fort, qu'environnent deux bras du Danube; pris par les Russes en 1771, 1810 et 1829.

GIUSTINIANI, famille patricienne de Venise qui a fourni plusieurs hommes distingués. Laurent G., évêque, puis patriarche de Venise (1451), mérita d'être canonisé. On l'invoque sous le nom de S. Laurent Justinien (V. S. LAURENT). Bernard G., sénateur vénitien, né en 1408, m. en 1489, fut chargé de différentes missions auprès de Ferdinand, roi de Naples, de Louis XI, roi de France, des papes Pie II, Paul II et Sixte IV. et fut procurateur de St-Marc. On a de lui : De Origine urbis Venetiarum rebusque ab ipsa gestis, Venise, 1492. — Augustin G., dominicain, né à Gênes en 1470. Il se livra avec ardeur à l'étude des langues orientales, fut fait évêque de Nebbio, en Corse, par Léon X, assista au 5e concile de Latran, fut appelé en France par François 1er, qui le prit pour chapelain et le nomma professeur d'hébreu à Paris, retourna dans son diocèse en 1522, et périt en 1531 dans une traversée de Gênes en Corse. On a de lui : Psalterium hebræum, græcum, arabicum, chaldaicum, cum tribus latinis interpretationibus, in-fol., Gênes, 1516 : c'est le premier ouvrage de ce genre qui ait été publié. — Marc Antoine G., doge de 1684 à 1688, s'allia contre les Turcs avec l'empereur Léopold I et le roi de Pologne J. Sobieski : c'est sous son administration qu'eut lieu la conquête de la Morée par les Vénitiens.

GIVET, ch.-l. de c. (Ardennes), sur la Meuse, à 40 kil. N. E. de Rocroy, près de la frontière belge, 6001 hab. Place de guerre, fortifiée par Vauban. On y distingue 3 parties : sur la rive droite de la Meuse, Givet-Notre-Dame ou Petit-Givet ; sur la rive gauche, Givet-St-Hilaire ou Grand-Givet, qui sont réunis par un beau pont; et, sur une hauteur voisine, Charlemont, qui doit à Charles-Quint sa fondation et son nom. Petit port, chemin de fer; cuivre, faïence, colle-forte, céruse, tanneries. Patrie de Méhul.

GIVONNE, vge du dép. des Ardennes, à 6 kil. N. E. de Sedan; 500 hab. Fonderies, lamineries, fabriques de faux, enclumes, balanciers, etc.

GIVORS, ch.-l. de c. (Rhône), sur la r. dr. du Rhône, au confluent du Gier, à 22 k. S. O. de Lyon; 10 000 h. Verrerie à bouteilles, teinturerie de soie en couleurs fines, forges. Chemin de fer conduisant à St-Étienne, canal communiquant avec Rive-de-Gier.

GIVRY, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), sur l'Orbize, à 9 kil. O. de Chalon-sur-Saône; 3000 hab. Aux env. belle forêt, vignobles estimés.

GIZEH, v. d’Égypte. V. DJIZEH.

GLABER (Raoul), bénédictin de Cluny, né en Bourgogne, mort à Cluny en 1060, mena une vie très-déréglée quoiqu'il eût embrassé l'état ecclésiastique. On a de lui une Chronique qui va de l'an 900 à l'an 1046 ; elle a été imprimée dans les Historiæ Francorum de P. Pithou, dans les Scriptores Francorum coætanei de Duchesne, et trad. dans la Collection des mémoires sur l'Hist. de la France de Guizot. On trouve une Vie de Glaber dans l’Histoire littéraire de la France, t. VII, et des Mémoires sur ses ouvrages, par Lacurce-Sainte-Palaye, dans le Recueil de l'Académie des inscriptions, t. VIII.

GLABRIO, consul romain. V. ACILIUS.

GLACIALE ANTARCTIQUE (mer), mer que l'on suppose occuper toute l'étendue de la zone glaciale du Sud, du cercle polaire antarctique au pôle ; elle est fort peu connue, les glaces qui la couvrent, empêchant les navigateurs d'y pénétrer : le Nouveau-Shetland, les terres Sandwich, Adélie, Louis-Philippe, Victoria, sont les seuls points qu'on ait pu aborder.

GLACIALE ARCTIQUE (mer), mer de glaces qui s'étend du pôle boréal au cercle polaire arctique, est bornée au S. par les côtes septentrionales de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique. La Nouvelle-Zemble au N. O. de l'Asie, et le Spitzberg au N. de la Suède, sont les deux plus grandes îles de cette mer. Elle est surtout fréquentée pour la pêche de la baleine. Les principaux navigateurs qui l'ont explorée sont : Hudson, en 1607 ; Philipps et lord Mulgrave, en 1773, et plus récemment les capitaines Ross et Parry qui se sont élevés jusque sous 82° 45' 15" lat. N.

GLADIATEURS (de gladius, épée), hommes qui faisaient profession de se battre dans le cirque, soit contre les bêtes féroces, soit contre d'autres hommes. Ils étaient pour la plupart esclaves ; cependant quelques-uns étaient de condition libre et embrassaient le métier par ardeur guerrière : c'étaient le plus souvent des Gaulois ou des Germains. Les Romains aimaient ce spectacle avec fureur ; dans les jeux publics, il n'était pas rare de voir jusqu'à 300 paires de gladiateurs. On en distinguait diverses classes : le mirmillon, qui était armé d'un bouclier et d'une faux, et portait sur son casque l'image d'un poisson de mer nommé mirmillo; le rétiaire, qui devait le combattre, tenait un trident d'une main, et de l'autre un filet avec lequel il cherchait à envelopper la tête de son adversaire; les essédaires, qui combattaient en chariot ; les andabates ou équestres, qui combattaient à cheval ; les bestiaires, qui combattaient les bêtes féroces, etc. Quand un gladiateur était blessé, il devait mettre bas les armes, et il restait à la discrétion du vainqueur, qui le tuait, à moins que les spectateurs ne s'y opposassent : s'ils levaient la main en abaissant le pouce, c'était signe qu'ils lui faisaient grâce ; s'ils levaient le pouce, il fallait l'immoler. L'arrivée de l'empereur sauvait la vie au vaincu. Les gladiateurs avaient le droit de ne plus se représenter dans l'arène au bout de trois ans de service ; on leur donnait leur congé en leur remettant un fleuret de bois (rudis) et une palme d'argent. — On place à l'an 264 av. J.-C. l'introduction des combats de gladiateurs à Rome : on les donnait d'ordinaire à l'occasion des funérailles des grands personnages. Constantin les interdit en 326 ; cependant ce n'est qu'en 402 qu'ils furent entièrement abolis, par l'empereur Honorius. Les anciens nous ont laissé plusieurs belles statues de gladiateurs : les plus célèbres sont le Gladiateur dit Borghèse, au Capitole de Rome, et le Gladiateur mourant, aussi à Rome.

GLAFEY (Adam Fréd.), publiciste et historien, né à Reichenbach (Saxe) en 1692, mort en 1753, fit pendant plusieurs années avec succès des leçons publiques sur le droit naturel à Leipsik, et fut nommé en 1726 archiviste privé de la cour de Dresde. On a de lui, en allemand : Précis historique de la maison électorale de Saxe, Francfort, 1121 ; Historia Germaniæ polemica, 1722 ; Traité du droit naturel, 1723; une Histoire complète du droit de la nature, 1739 ; et la continuation du Théâtre historique des prétentions et des disputes des grands souverains en Europe, de Schroder (en latin).

GLAMORGAN (comté de), un des comtés méridionaux de la principauté de Galles, à l'E. de celui de Caermarthen, à l'O. de celui de Monmouth ; 80 k. sur 40; 124 600 hab. ; ch.-l., Cardiff. Climat rude ; montagnes peu élevées, mais abruptes, vallées pittoresques : on a surnommé ce comté le Jardin du pays de Galles. Fer, houille, pierres calcaires ; fonderies. Antiquités romaines et normandes. — Ce comté fut jadis habité par les Silures.

GLANDÈVES Glannativa ou Glanum Livii, anc. v. du dép. des Basses-Alpes, sur le Var, à 47 kil. N. E. de Castellane, a été détruite par les débordements du Var, et n'a plus que 40 hab. Ses anciens habitants l'ont abandonnée pour se retirer à Entrevaux. Anc. évêché, anc. château.

GLANDORP (Jean), littérateur allemand, né à Munster vers 1500, mort en 1564, fut recteur du gymnase de Hanovre, puis professeur d'histoire à Marbourg. Il a publié : Sylva carminum elegiacorum in enarrationem Commentariorum C. Julii Cæsaris, Magdebourg, 1551 ; Disticha sacra et moralia, 1559 ; Descriptio gentis Antoniæ, 1559 ; Descriptio gentis Juliæ, 1576 ; Onomasticon historiæ romanæ, 1589, ainsi que des notes sur César, Cicéron (épîtres familières), etc.

GLANFEUIL, anc. monastère de l'Anjou, s'élevait au lieu dit auj. St-Maur-sur-Loire (Maine-et-Loire), à 32 k. N. O. de Saumur. Fondé en 543 par S. Maur, ruiné vers 750.

GLANVILLE (Ranulph de), baron anglais du xiie s., célèbre à la fois comme jurisconsulte et comme guerrier, descendait d'une famille normande. Il était justiciaire du royaume sous Henri II : chargé en 1166 de rédiger un corps de lois anglaises, il écrivit dans ce but un livre curieux, Tractatus de legibus, qui a été publié en 1554, et trad. du latin en anglais par J. Beames à Londres, en 1812, avec une Vie de l'auteur. Comme guerrier, il repoussa avec courage le roi d’Écosse, qui avait fait une invasion en Angleterre. Il prit la croix avec le roi Richard, et périt au siège de St-Jean-d'Acre, en 1190.

glanville (Joseph), théologien catholique anglais, né à Plymouth en 1636, mort en 1680, fut d'abord curé à Bath, puis prébendier de l'église de Worcester et chapelain de Charles II. Il défendit la religion contre les athées, et combattit en même temps ceux qui abusaient de la religion pour justifier des superstitions. On a de lui : la Vanité du dogmatisme, avec des réflexions sur le péripatéticisme et une apologie de la philosophie, 1661 ; Scepsis scientifica, ou l'Ignorance avouée, 1665 ; Considérations philosophiques sur l'existence des sorciers et de la sorcellerie, 1666, ouvrage qui lui fit reprocher une assez grande crédulité ; Philosophia pia, ou Discours sur le caractère religieux et la tendance de la philosophie expérimentale, 1671 ; Saducismus triumphatus, posthume, 1726. Il professa une sorte de scepticisme, qui chez lui n'est que l'examen impartial des erreurs accréditées. Il éleva des doutes, bien avant Hume, sur l'idée de cause. Il défendit la philosophie de Bacon et la Société royale de Londres, dont il était membre, contre leurs détracteurs.

GLAPHYRA, femme d'Archélaüs, grand prêtre de Bellone à Comana, en Cappadoce, séduisit Antoine par sa beauté et obtint de lui le royaume de Cappadoce pour ses fils Sisenna et Archélaüs. — Une autre Glaphyra, sa petite-fille, épousa successivement Alexandre, fils d'Hérode, puis Juba, roi de Mauritanie, et Archélaüs, roi de Judée, son beau-frère.

GLAREANUS (H. LORITS, dit), savant philologue, né en 1488, dans le canton de Glaris (d'où son nom de Glareanus), mort à Fribourg en 1563, était lié avec Érasme, et fut un des propagateurs de la science au xvie siècle. Également versé dans la philosophie, la théologie, l'histoire, l'astronomie et la chronologie, il enseigna les mathématiques et la philosophie à Bâle (1515), les belles-lettres au Collége de France à Paris (1521), l'histoire à Fribourg (1529). Il a laissé des commentaires sur presque tous les poëtes et les historiens de l'antiquité, notamment sur Horace, Ovide, Tite-Live, Cicéron. On cite parmi ses autres écrits : Helvetiæ Descriptio, poëme latin, 1514 ; De Geographia liber, Bâle, 1527 ; et un curieux traité de musique intitulé Dodecachordon, 1547.

GLARIS, Gloronia ou Glorizium en latin moderne, Glarus en allemand, v. de Suisse, ch.-l. du canton de Glaris, à 130 kil. N. E. de Berne ; 4000 hab. — Ce canton, situé au N. de celui des Grisons, au S. et à l'O. de celui de St-Gall, a 40 kil. sur 26 ; il compte 30 000 hab., presque tous protestants. Montagnes et vallées ; le pays est fréquemment ravagé par les inondations de la Linth et de ses affluents. Peu d'agriculture, mais beaucoup de pâturages et de bestiaux; fromage vert, dit schabziger; quelque industrie. — Ce canton avait d'abord été la propriété du couvent de Seckingen qui l'inféoda en 1299 à la maison de Habsbourg ; il entra en 1352 dans la Confédération suisse. Sa dernière constitution, toute démocratique, date de 1836.

GLASER (Christ.), chimiste, né à Bâle, mort en 1678, était apothicaire de Louis XIV et démonstrateur au Jardin du Roi. Il fut impliqué dans l'affaire de la Brinvilliers, mais il s'en tira. On lui doit le sel polychreste qui porte son nom (sulfate de potasse) et un ouvrage remarquable par sa clarté : Traité de la chimie, enseignant par une briefve et facile méthode toutes ses plus nécessaires préparations, Paris, 1663.

GLASGOW, Glascovium, grande v. d’Écosse (Lanark), à 65 k. O. d’Édimbourg, sur la r. dr. de la Clyde ; 400 000 hab. Divisée en 2 parties : la vieille v., mal bâtie, sombre et malpropre ; la nouvelle ville, qui est percée de larges rues et remplie de superbes édifices, tels que : Courthouse (palais de justice), Traders-Mail (la Bourse), l’hôtel de ville, la salle de spectacle, la cathédrale dite St-Mungo church, les églises St-André et St-George, l’hôpital dit Royal Infirmary. Célèbre université, fondée en 1450 par Will. Turnbull, évêque de Glasgow, et qui réunit 1500 étudiants ; Grammar-School, institution académique d’Anderson, fondée en 1796 par le professeur de ce nom. Nombreuses manufactures ; fonderies pour les machines à vapeur, les mécaniques et les caractères d’imprimerie. Verreries, raffineries, teintureries. Commerce considérable, facilité par plusieurs canaux. Bateaux à vapeur pour Liverpool, Dublin, Belfast, Londonderry, Cork, Inverness, etc. Un chemin de fer l’unit à Benvick. Patrie de Th. Reid. — La ville de Glasgow est fort ancienne. Son origine est attribuée à S. Mungo, qui y fonda en 560 un évêché, érigé en archevêché en 1454. Guillaume le Lion, roi d’Écosse, érigea Glasgow en bourg vers 1172 ; depuis elle reçut de nombreux privilèges des rois d’Écosse. Le Prétendant la prit en 1745. C’est dans cette v. que se tint, en 1638, l’assemblée de l’église d’Écosse qui établit le presbytérianisme.

glasgow (port-), v. d’Écosse (Renfrew), à 32 kil. O. de Glasgow, sur le golfe de la Clyde ; 6000 hab. ; sert de port à Glasgow. Elle fut fondée en 1668.

GLASTONBURY, v. d’Angleterre (Somerset), à 9 k. S. O. de Wells, dans une presqu’île marécageuse dite île d’Avalon ; 3500 hab. Ruines d’une magnifique et riche abbaye. Cette abbaye, fondée, selon la légende, par Joseph d’Arimathie, mais assurément à une époque fort anc., fut détruite par les Danois en 703, rebâtie par le roi Edmond en 873, enrichie par ce prince et ses successeurs, et supprimée par Henri VIII.

GLATZ, Glacium en latin moderne, ville forte des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 77 kil. S. O. de Breslau ; 9000 hab. Anc. ch.-l. du comté de Glatz. Lainages, peluche, mousselines, damas, toile, savon, maroquins ; imprimerie sur toiles, etc. — Glatz fut assiégée et occupée par le roi Henri III, 1049 ; par les Polonais, 1114 ; par les Hussites, 1421 ; par les Autrichiens, 1622 ; elle se rendit à la Prusse en 1742, fut prise par les Autrichiens en 1759, par les Bavarois et les Wurtembergeois en 1807. — Le comté de Glatz, anc. comté d’Empire, entre la Bohême, la Silésie, la Moravie, est auj. compris dans les États prussiens et dans le gouvt de Breslau, auquel il fournit 2 cercles (Glatz, Habelschwerdt) ; il compte env. 100 000 hab. — Anc. fief de la couronne de Bohême, ce comté fut donné en 1331 à Henri VI de Breslau, puis il appartint aux ducs de Munsterberg jusqu’au xvie siècle ; à Ferdinand II d’Autriche de 1534 à 1547, à la Bavière (1547-61), à l’Autriche (1561-1742) ; il fut occupé en 1742 par la Prusse, qui le conserva depuis (sauf de 1760 à 1763).

GLAUBER (Jean Rodolphe), chimiste et médecin allemand du xviie siècle, se fixa en Hollande après avoir beaucoup voyagé, et mourut à Amsterdam en 1668. Grand partisan de l’alchimie, il cherchait la panacée universelle et la pierre philosophale ; mais, au milieu de ses expériences, il fit quelques découvertes utiles, entre autres celle du sel secret (sulfate d’ammoniaque) et du sel admirable de Glauber (sulfate de soude), que l’on emploie comme purgatif. Il a laissé plusieurs écrits ; les principaux sont : Miraculum mundi, Amsterdam, 1653 ; De Medicina universali, sive de Auro potabili, 1658, et un traité de l’Art distillatoire, en latin, 1659, qui ont été trad. en franc, par Teil, Paris, 1659. Son emphase le fit appeler le Paracelse de son époque.

GLAUCHA ou glauchau, v. murée du roy. de Saxe (Erzgebirge), à 12 kil. N. E. de Zwickau ; 4400 hab. Patrie du minéralogiste Agricola. Château des princes de Schœnburg.

GLAUCIA (C.), préteur, ami du tribun Saturninus. Celui-ci, voulant le faire nommer consul, fit assassiner Memmius, son compétiteur. Le peuple indigné massacra Glaucia et Saturninus, l’an 100 av. J.-C.

GLAUCUS, pêcheur d’Anthédon, en Béotie, se précipita dans la mer après avoir mangé d’une herbe merveilleuse, fut changé en dieu marin et reçut le don de prophétie. — Petit-fils de Bellérophon et fils d’Hippolochus, vint au secours de Troie avec un corps de Lyciens. Au moment de combattre Diomède, il reconnut en lui un hôte de son père et troqua ses armes avec lui en signe d’amitié : comme ses armes étaient d’or et celles de Diomède d’airain, on dit depuis le troc de Glaucus pour exprimer un marché inégal. Glaucus fut dans la suite tué par Ajax.

GLEICH (Jos. Aloys), écrivain, né à Vienne en 1772, mort en l841, occupait un modeste emploi dans les finances autrichiennes. D’une imagination inépuisable, il a composé près de 200 romans et autant de pièces de théâtre. Il réussissait surtout dans les romans de chevalerie ; on lit encore le Chevalier noir, Harald ou la Guerre des couronnes, Bodo et ses frères. Ses meilleures pièces ont été recueillies sous le titre de Théâtre comique, Brunn, 1821 : on y distingue les Chevaliers du lion.

GLEIM (J. Guill. Louis), poëte, né en 1719 à Ermsleben, près d’Halberstadt, mort en 1803, fut secrétaire de Guillaume, margrave de Brandebourg et servit avec distinction dans les troupes prussiennes. Il a chanté la gloire des armes de son pays dans des chants guerriers qui lui méritèrent le surnom de Tyrtée allemand. Il a aussi réussi dans le genre anacréontique et surtout dans la fable. Ses Fables ont paru à Berlin en 1756.

GLÉNANS (les), groupe de 9 petites îles de l’Océan atlantique, près des côtes de France (Finistère), vis-à-vis de Concarneau, à 21 kil. de la pointe de Penmarch. Position importante en cas de guerre. Un fort a été construit sur l’île principale.

GLENCOE, vallée d’Écosse, dans la partie septentrionale du comté d’Argyle, est remplie de rocs escarpés, et offre un des plus magnifiques spectacles du pays. On croit que c’est la patrie d’Ossian. Au milieu, est un petit lac d’où sort la Cona. C’est près de là que fut massacré le clan des Macdonald, 1692.

GLINSKY (Michel), d’une famille princière de Lithuanie, s’illustra en combattant les Tartares et jouit de la faveur du roi de Pologne Alexandre (1505), mais fut disgracié par le successeur de ce prince, Sigismond ; il se réfugia en Russie auprès du czar Vasili IV, et lui fournit les moyens de s’emparer de Smolensk et de plusieurs autres places de la Pologne. Devenu plus tard suspect à Vasili, il fut jeté dans un cachot où il resta 13 ans et n’en sortit qu’à la mort du czar. Sa fille se dévoua pour le soigner dans sa prison. — Sa nièce, Hélène, avait épousé Vasili IV et fut mère d’Ivan IV. — Ses frères disputèrent la régence aux Chouisky pendant la minorité d’Ivan IV.

GLIOUBOTIN (monts), Scordus mons, chaîne de monts de la Turquie d’Europe, lie le Nissava Gora à l’Argentaro, et sépare la Servie de l’Albanie.

GLOCESTER, gloucester (qu’on dérive du saxon glow caër, belle ville), Claudia castra en latin, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de Glocester, sur la Severn, à 178 kil. N. O. de Londres ; 15 000 hab. Évêché anglican. Belle cathédrale ; nouveau palais de justice, nouvelle prison. Immense fabrication d’épingles (pour 25 millions par an). Aux environs, superbe pont d’une seule arche (150 pieds anglais d’ouverture). Eaux minérales. Cette v. fut une des premières à se déclarer contre Charles I (1641). — Le comté de Glocester, borné au N. par ceux de Worcester et de Hereford, au S. par ceux de Wilt et de Somerset, a 100 kil. sur 35 et compte 432 000 h. Climat tempéré ; beaucoup de pommes et de poires ; houille, fer, gypse, pierre à chaux, eaux minérales ; nombreux canaux.

GLOCESTER (comtes et ducs de). Le titre de comte ou de duc de Glocester a été porté par plusieurs personnages historiques, la plupart fils ou frères des rois d’Angleterre. Robert, comte de Glocester, fils naturel de Henri I, soutint les droits de Mathilde. sa sœur, au trône d’Angleterre contre Étienne de Blois, 1138, et fit Étienne prisonnier, mais il fut pris à son tour par les partisans de ce prince ; il recouvra la liberté par l’échange qu’on fit des deux chefs et remporta une nouvelle victoire à Wilton. Il mourut en 1146. Le parti de Mathilde tomba avec lui. — Thomas Woodstock, duc de Glocester, frère d’Édouard III, fut l’un des tuteurs du jeune Richard II, fils d’Édouard (1377). Fier de quelques succès remportés sur la France, il essaya, dit-on, de détrôner son neveu (1399) ; celui-ci le fit arrêter à Calais et mettre à mort. — Un autre duc de Glocester, oncle et tuteur d’Henri VI, fut condamné, à l’instigation de l’évêque de Winchester, son rival, qui l’accusa de trahison, 1447. Zélé pour les lettres, il donna à l’Université d’Oxford une bibliothèque riche en livres précieux. — Richard, duc de Glocester. V. RICHARD III.

Le titre de duc de Glocester fut rétabli en 1764 en faveur de William Henry, neveu de George III, m. en 1807. — [[w:William Frederick (2e duc de Gloucester et Édimbourg)|W. Frédéric]], fils de W. Henri, feld-maréchal, 1776-1834, lui succéda dans ce titre. Il avait épousé en 1816 la 4e fille de George III et avait été élevé au rang de prince du sang.

GLOCKNER, montagne des États autrichiens, sur les limites du Salzbourg, du Tyrol et de la Carinthie, à quelques k. de Klagenfurth. Hauteur, 3000m.

GLOGAU ou GROSS-GLOGAU, c.-à-d. Grand Glogau, Glocavia major, v. des États prussiens, ch.-l. de cercle, dans la Silésie, à 55 kil. N. de Leignitz, située jadis près de l’Oder, auj. à 7 kil. de ce fleuve ; 15 500 hab. Arsenal, magasins à poudre ; draps, imprimerie d’indiennes, etc. Chemin de fer. — Il y eut des ducs ou princes de Glogau, de la famille royale des Piasts, qui résidèrent dans cette ville jusqu’en 1476. Ils s’éteignirent à cette époque ; leur principauté échut à la Bohême et par suite à l’Autriche. Frédéric prit la ville de Glogau en 1741 ; les Français s’en emparèrent en 1806 ; elle fut rendue à la Prusse en 1814. — On donne le nom de Petit-Glogau ou Glogau supérieur, Klein-Glogau, Ober-Glogau, à une petite ville de Silésie, à 15 kil. S. d’Oppeln ; 2200 hab.

GLOGGNITZ, v. d’Autriche, sur la Leitha, au-dessus de Neustadt. Station de chemin de fer.

GLOMMEN, riv. de Norwége, sort du lac Œrsund, se divise près de Rakestad en deux bras, qui tous deux se jettent dans le Skager-Rack. Son cours est de 480 kil. Il offre plusieurs cataractes.

GLOTA, la Clyde, riv. de l’anc. Calédonie (Écosse), au N. O. de la Valentie. Agricola parvint à son embouchure l’an 85 de J.-C. C’est de la Glota à l’estuaire de la Bodotria qu’allait le mur d’Antonin, qui formait la limite de l’empire romain au N. O.

GLOVER (Richard), poëte anglais, né à Londres | en 1712, m. en 1785, était commerçant, fut élu au parlement par les négociants de Londres et joua un rôle dans l’opposition. On a de lui un poëme de Léonidas, Londres, 1737, qui eut un grand succès et fut traduit par Bertrand, 1783 ; l’Athénaïde, poëme posthume, en 30 chants ; deux tragédies, Boadicée et Médée, et des Mémoires, Londres, 1814.

GLUCK (Christophe), compositeur célèbre, né en 1712 dans le H.-Palatinat, m. à Vienne en 1787, étudia la musique à Milan sous San-Martini, et donna ensuite sur différents théâtres d’Italie plusieurs opéras qui ne furent point remarqués. Ce peu de succès était dû en partie à la faiblesse des libretti ; Gluck s’adjoignit alors le poëte Ranieri di Calzabigi, et son opéra d’Hélène et Pâris, travaillé sur un plan large, fut accueilli avec transport. En 1774 il vint à Paris, et y donna successivement plusieurs chefs-d’œuvre : Iphigénie en Aulide, Orphée, Armide, Iphigénie en Tauride, Alceste, dont les paroles sont en français. Le dernier sujet fut aussi traité par Piccini : il s’éleva à cette occasion entre les deux compositeurs, et par suite entre leurs partisans, les Piccinistes et les Gluckistes, une querelle fort animée sur la prééminence des deux rivaux et du genre cultivé par chacun d’eux. Les deux chefs d’école avaient chacun leur part de gloire bien distincte ; à Piccini la suavité de la mélodie, à Gluck la vérité musicale, le pathétique, la puissance et le grandiose de l’harmonie. Dégoûté de la lutte, Gluck quitta la France en 1780. À la tête des Gluckistes étaient l’abbé Arnaud et Suard ; à la tête des Piccinistes, Marmontel, La Harpe, Ginguené. A. Schmid a publié à Vienne en 1854 : Vie et ouvrages de Gluck.

GLUCKSTADT, Fanum Fortunæ, ch.-l. de bailliage et de tout le duché de Holstein, sur l’Elbe, r. dr., à 300 kil. S. O. de Copenhague : 6000 hab. Port, école de marine ; plusieurs canaux ; commerce maritime très-actif. Armements pour la pêche de la baleine. Fondée en 1619, assiégée en 1628 par Tilly, mais inutilement. Ses fortifications ont été détruites depuis 1814.

GLYCAS (Michel), écrivain grec du Bas-Empire, vivait au XIIe siècle, ou selon quelques-uns au XVe, et habitait la Sicile. Il est auteur d’Annales qui vont de la création jusqu’en 1118, et qui ont été publiées par le P. Labbe, Paris, 1660, dans la collection byzantine, et de Lettres intéressantes. — Un autre Glycas, Michel, patriarche de Constantinople en 1316, a laissé un traité sur la Syntaxe.

GLYCERIUS (Flavius), emper. romain d’Occident. Soldat obscur, il fut revêtu de la pourpre en 473, par Gundobald, prince burgunde ; mais Léon I, empereur d’Orient, irrité d’un choix fait sans sa participation, donna la couronne à Julius Nepos ; Glycérius, s’étant laissé surprendre dans Rome, fut forcé d’y renoncer. Il reçut en échange l’évêché de Salone. J. Nepos ayant été exilé dans cette même ville de Salone, Glycerius l’y fit tuer. Il m. en 480.

GLYCON, statuaire grec, auteur de la belle statue d’Hercule dite l’Hercule Farnèse. On croit qu’il vint en Italie vers le temps d’Auguste.

GMELIN (J. George), naturaliste, né à Tubingue en 1709, m. en 1755, passa fort jeune en Russie, enseigna la chimie et l’histoire naturelle à St-Pétersbourg, fut chargé en 1733 d’un voyage scientifique en Sibérie, employa dix années à explorer cette contrée, revint en 1747 dans son pays, et y enseigna la botanique jusqu’à sa mort. On lui doit la Flore de Sibérie, St-Pétersbourg, 1747-70, en latin ; Voyage en Sibérie, Gœttingue, 1751, en allemand, abrégé par Kéralio, Paris, 1767. — Sam.-Théoph. Gmelin, son neveu, né à Tubingue en 1745, enseigna la botanique à St-Pétersbourg, fit un voyage scientifique pour la Russie, visita le Mazandéran, la mer Caspienne ; fut en 1774 jeté dans une prison par un khan des Kirghises, et mourut de la dyssenterie dans les montagnes du Caucase. On lui doit : Historia fucorum, St-Pétersb., 1768, et une Relation de ses Voyages, 1770-84 (la publication en fut terminée par Pallas). — J. Frédéric, neveu de Jean George, né à Tubingue en 1748, m. en 1804, fut professeur de médecine dans sa ville natale, puis à Gœttingue et fit un grand nombre de traités élémentaires de botanique, de minéralogie, de métallurgie, de chimie, etc. On estime surtout son Histoire générale des poissons, et son Dictionnaire de Botanique (Onomotologia Botanica).

GNEDITSCH (Nicolas), poëte russe, né à Pultawa en 1784, mort en 1833 à St-Pétersbourg, était conservateur de la Bibliothèque impériale, conseiller aulique, membre de l’Académie russe. Il a traduit l’Iliade en vers russes, 1831, 2 vol in-4. On lui doit aussi des traductions de l’Abufar de Ducis, du Roi Lear de Shakspeare, du Tancrède de Voltaire, et des chants populaires des Grecs. Il a en outre composé des poésies originales, dont quelques-unes ont été trad. par Dupré de St-Maur, 1823.

GNESNE, v. murée de l’anc. Pologne, auj. dans les États prussiens (Posnanie), à 49 kil. N. E. de Posen ; 6000 hab. Archevêché, dont le titulaire était primat de Pologne et vicaire du roi pendant les interrègnes. Draps, toiles, eau-de-vie de grains, bière ; tanneries. Jadis capitale de la Grande-Pologne. Les Prussiens la prirent en 1793.

GNIPHON, M. Antonius Gnipho, grammairien latin du Ier siècle av. J.-C., né en Gaule, vint à Rome se perfectionner à l’école de Lucius Plotius, son compatriote ; enseigna lui-même ensuite la grammaire, les belles-lettres et l’art oratoire, et compta parmi ses élèves César et Cicéron. On lui attribue un grand nombre d’ouvrages ; tous sont perdus.

GNOMES (du grec gnômê, pensée, intelligence), êtres fantastiques, imaginés par les Gnostiques, et dont les poëtes se sont emparés. Ce sont des génies bienfaisants qui habitent l’intérieur de la terre, et qui ont un empire souverain sur cet élément, comme les Sylphes sur l’air, les Salamandres sur le feu, les Ondins sur les eaux. Ils sont d’une taille minime, mais pleine de grâce dans ses proportions. Ils habitent les grottes cristallines et gardent les mines d’or et d’argent que recèlent les entrailles de la terre. Invisibles, ils servent et défendent l’homme à son insu toutes les fois que Dieu le leur commande.

GNOMIQUES (du grec gnômê, pensée, maxime), poëtes grecs qui ont mis en vers des sentences morales ; tels sont : Solon, Pythagore (pour ses Vers dorés), Théognis, Phocylide. On y joint aussi Hésiode.

GNOSTIQUES (du grec gnôsis, connaissance, intuition), partisans de certaines doctrines religieuses et philosophiques répandues surtout en Asie et en Égypte, et qui eurent une très-grande vogue au premier siècle de l’ère chrétienne et dans les siècles suivants. Ils regardaient comme insuffisante et inexacte la révélation contenue dans les livres saints et prétendaient avoir seuls la vraie science (gnôsis) de la divinité et de toutes les choses divines : ils la devaient, soit à une intuition directe, soit à une tradition qui remontait au berceau de l’humanité et qu’ils plaçaient au-dessus de toute autre révélation. Ils admettaient pour expliquer le monde trois choses : la matière, le Démiurge, auteur du monde actuel, qui n’est qu’une œuvre imparfaite, et le Sauveur, chargé de réformer l’œuvre du Démiurge et de réparer le mal. La plupart joignaient à ces dogmes celui de l’émanation, et faisaient sortir toutes choses du sein d’un Dieu suprême, être ineffable et irrévélé. Ces doctrines, issues de l’alliance des croyances orientales avec la religion juive ou chrétienne et avec la philosophie platonicienne, donnèrent naissance à une foule de sectes : on en trouve le germe au Ier siècle dans Simon le Magicien, Ménandre le Samaritain, Cérinthe, Dosithée, et Philon le Juif. Elles furent développées aux IIe et IIIe s. par Marcion, hérétique de Syrie, Cerdon, sorti de l’Asie-Mineure, Saturnin d’Antioche, Bardesane d’Édesse, Tatien, Basilide, Valentin, Carpocrate, tous trois à Alexandrie. Elles furent combattues à la fois par les Pères de l’Église (S. Clément, Origène, Irénée, Théodoret, Épiphane, Tertullien, S. Augustin), et par les philosophes, notamment par Plotin. On doit à M. Matter une Histoire critique du Gnosticisme, 1828 et 1842, ouvrage couronné par l’Académie des inscriptions, et à Néander : Développement des systèmes gnostiques, 1818, et l’Antignostique, 1826.

GOA, île et v. de l’Inde, dans l’anc. Bedjapour, sur la côte O. ou de Malabar. — La ville actuelle de Goa, Villanova-da-Goa ou Pandjim, ch.-l. des possessions portugaises dans l’Inde, est située par 71° 22' long. E., 15° 30' lat. N., dans l’île de Goa ; 20 000 hab. Elle a remplacé l’ancienne Goa, située à 9 kil. de là, dans la même île, et qui n’a que 4000 hab. Deux beaux ports, fortifications redoutables. Résidence du vice-roi portugais. Archevêché : l’archevêque, primat des Indes, habite une île voisine, l’île San-Pedro. Goa renferme un très-grand nombre de commerçants juifs et banians. — L'île de Goa est dans la mer d’Oman, à l’emb. de la Mandova, qui la sépare de la terre ferme ; elle a 40 kil. de tour. Elle forme, avec les districts de Diu et de Daman, le gouvt de Goa, dont la population est de 420 000 âmes. — L’anc. Goa, habitée au XVIe siècle par une population arabe, fut prise par Albuquerque en 1510 et devint la capitale des Portugais dans l’Inde. Cette ville a joué le plus grand rôle dans tout le XVIe siècle. Sa décadence date de l’époque où les Anglais enlevèrent aux Portugais leurs possessions dans les Indes. Elle fut abandonnée au XVIIIe siècle, à la suite d’une épidémie. Les Anglais s’emparèrent de l’île et de la v. de Goa en 1807, mais ils les rendirent aux Portugais en 1814. Nulle part l’inquisition ne fut plus rigoureuse qu’à Goa ; sa domination y subsista jusqu’en 1815.

GOAREC, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), sur le Blavet, à 43 kil. O. N. O. de Loudéac ; 855 hab.

GOAVE (LE GRAND-), v. de l’île d’Haïti (dép. de l’Ouest), à 46 kil. S. O. du Port-au-Prince, sur le golfe de Léogane, avec un port et un fort. — Le Petit-Goave est à 53 kil. O. S. O. du Port-au-Prince, sur une petite baie, et a aussi un fort. Ce dernier fut fondé en 1655, par les Flibustiers. Culture du café.

GOBÆUM PROM., cap qui forma l’extrémité N. O. de la Gaule, chez les Osismii, est auj. le cap St-Mahé ou St-Matthieu, près du Conquet (Finistère),

GOBANIUM, nom latin d’Abergavenny.

GOBELIN (Gilles), teinturier, natif de Reims, vint avec son frère s’établir à Paris sous le règne de François I, et y fonda, à l’extrémité du faubourg St-Marcel, près de la rivière de Bièvre, un établissement pour les teintures en laine, qui est devenu célèbre et qui conserve encore auj. le nom des Gobelins. On lui doit dit-on, le secret de la teinture en écarlate. La maison des Gobelins est devenue en 1667 manufacture royale ; on y exécute encore auj. des tapisseries destinées aux palais impériaux.

GOBERT (le baron Napoléon), fils d’un général distingué de l’Empire, tué à Baylen, naquit en 1807 et eut pour parrain l’empereur Napoléon. Il embrassa la carrière militaire, que sa santé le força de quitter, prit part aux journées de juillet 1830, fut attaché peu après à l’ambassade française en Angleterre, alla en 1833 an Égypte et mourut au Caire d’une fièvre gagnée pour s’être baigné imprudemment dans le Nil. Possesseur d’une fortune considérable, il légua à l’Académie française et à l’Académie des inscriptions une rente de 10 000 fr., sur laquelle 9000 devaient être donnés annuellement à l’auteur du meilleur ouvrage sur l’histoire de France, à la condition que l’auteur désigné cesserait d’en jouir dès qu’aurait paru un ouvrage supérieur. Augustin Thierry a joui de ce prix jusqu’à sa mort.

GOBINET (Ch.), docteur de Sorbonne, né en 1613, à St-Quentin, m. en 1690, fut 43 ans principal du collége du Plessis à Paris, et y fit beaucoup de bien tant par ses exemples que par ses leçons. On lui doit plusieurs ouvrages d’éducation et de piété, longtemps classiques, dont le style a vieilli, mais qui n’ont rien perdu de leur mérite, entre autres : Instruction de la jeunesse en la piété, Paris, 1655 ; Instruction chrétienne des jeunes filles, 1682 ; Instr. sur la manière de bien étudier, 1689. — Son neveu, Jean G., lui succéda dans la direction du Plessis.

GOCLENIUS (Rodolphe), professeur de logique à Marbourg, né en 1547 à Corbach (comté de Waldeck), m. en 1628, a laissé : Psychologia, Marbourg, 1590 ; Philosophia practica, 1604 ; Idea philosophiæ plalonicæ, 1612 ; Lexicon philosophicum, 1613, etc.

GOCLENIUS (Rodolphe), fils du précéd., médecin, né à Wittemberg en 1572, mort en 1621, professait la physique et les mathématiques à Marbourg. Crédule et enthousiaste, il adopta et propagea les idées de Paracelse ; il est un des plus anciens partisans de la médecine magnétique, qu’a depuis pratiquée Mesmer. On a de lui, entre autres ouvrages singuliers : Tractatus de magnetica curatione vulnerum, Marbourg, 1608 ; Synarthrosis magnetica, 1617 ; Mirabilium naturæ liber, 1625, etc. Il a aussi écrit sur l’uronoscopie, la chiroscopie, etc., 1603.

GODARD (S.), évêque de Rouen au VIe s., assista au concile d’Orléans de 511, et fit de nombreuses conversions dans son diocèse. Il m. vers 530, et fut enterré à Rouen dans l'église qui porte encore son nom. On a dit, mais sans preuves, qu'il était frère de S. Médard. On l'hon. le 8 juin.

GODAVERY, fleuve de l'Hindoustan, sort des Ghattes occidentales, dans l'Aurengabad; traverse le Bider, le Berar, les Circars septentr., passe à Nandere et Mangapet ; reçoit la Mandjera, la Pourna, la Ouarda, et tombe dans le golfe de Bengale par plusieurs bouches, après un cours d'env. 1500 kil. Ses eaux sont sacrées comme celles du Gange.

GODEAU (Ant.), évêque de Grasse et Vence, né à Dreux en 1605, mort à Vence en 1672, était parent de Conrart. Il commença sa fortune par de petits vers qui lui firent de la réputation à l'hôtel de Rambouillet, où on le surnommait le Nain de Julie, et qui lui valurent la protection de Richelieu, ainsi qu'un fauteuil à l'Académie française. Le cardinal ayant reçu de lui, entre autres pièces, une paraphrase du Benedicite, lui dit, en jouant sur le mot, qu'en retour il lui rendait Grasse (grâces), et en effet il le fit évêque de cette ville. Outre ses poésies, parmi lesquelles on remarque les Fastes de l'Église, qu'il prétendait opposer aux Fastes d'Ovide, Godeau a composé plusieurs ouvrages sérieux, entre autres une Hist. de l'Église jusqu'au VIIIe siècle (Paris, 1653), justement estimée, et des Vies de S. Paul, de S. Augustin et de S. Charles.

GODEBERT, roi des Lombards, fils d'Aribert, succéda à son père en 661, partagea le trône avec Pertharite, son frère, et s'établit à Pavie. La guerre ayant éclaté entre les deux frères, Godebert appela à son secours Grimoald, duc de Bénévent : celui-ci profita de ces divisions pour s'emparer de la Lombardie, fit massacrer Godebert, chassa Pertharite et se fit couronner roi, 662.

GODECHARLES (Guill.), sculpteur, né à Bruxelles en 1750, mort en 1835, remporta le grand prix de sculpture, enseigna longtemps à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, et fut successivement sculpteur du prince Charles de Lorraine, d'Albert de Saxe-Teschen, de Napoléon et du roi des Pays-Bas. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque les bas-reliefs du palais des Deux-Chambres et du château de Laeken, les statues des magnifiques jardins de Wespelaer (entre Louvain et Malines). Cet artiste, d'une fécondité prodigieuse, eut plus de facilité que de goût, plus de force que de grâce et de pureté.

GODEFROY (S.) ou GEOFFROY, Gothofredus, abbé de Nogent en 1091, devint évêque d'Amiens en 1104, et mourut en 1115. On le fête le 8 novembre.

GODEFROY de Strasbourg, minnesinger du XIIe siècle. On lui doit, outre plusieurs poésies, un grand poëme de chevalerie intitulé Tristan et Isolde, tiré des traditions de la Table-Ronde. Ce poëme a été continué par Ulrich de Turheim, Henri de Freyberg et plusieurs autres. La meilleure édit. est celle de Breslau, 1823, 2 vol. in-8.

GODEFROY (Denis), jurisconsulte français, né à Paris en 1549, m. en 1622, était fils d'un conseiller au Châtelet. Ayant embrassé la Réforme, il se vit forcé de quitter la France, et se retira d'abord à Genève, puis à Strasbourg, à Heidelberg, et se fixa enfin à Strasbourg, où il enseigna le droit romain. On a de lui une excellente édition avec notes du Corpus juris civilis, qui a fait époque, et qui est devenue classique. Elle parut d'abord à Lyon en 1583, et fut réimprimée a Paris en 1628. On a aussi de lui un livre connu sous le titre d’Immo Gothofridi, où il s'efforce de concilier les antinomies apparentes du droit romain. Enfin, il a laissé des notes sur Cicéron, sur Sénèque, et autres écrivains latins, et un livre contre l'autorité temporelle des papes. — Il laissa deux fils qui abjurèrent le protestantisme et revinrent en France : l'un, Théodore, fut nommé historiographe en 1632, rédigea le Cérémonial de France et composa quelques écrits historiques; l'autre, Jacques, prof. de droit à Genève, est estimé comme jurisconsulte et érudit. On lui doit des éditions, des Fragments des douze Tables, 1616, et du Codex Theodosianus, Lyon, 1665, posthume, 1665 et 1736. — Un autre Denis, fils de Théodore, a laissé une Histoire de Charles VII, 1661.

GODEFROY DE BOUILLON. V. BOUILLON.

GODÉGISILE, 3e fils de Gondioc, roi des Bourguignons, eut le pays de Besançon en partage après la mort de son père (463). Il s'allia avec Clovis contre son frère Gondebaud ; mais Gondebaud l'assiégea dans Vienne, le fit prisonnier et le mit à mort, 507.

GODERVILLE, ch.-l. de c. (Seine-Infér.), à 30 kil. N. E. du Havre; 850 hab. Station.

GODESCALC. V. GOTESCALC.

GODESCARD (J. Franç.), savant ecclésiastique, né en 1728 à Roquemort, près de St-Saens (Seine-Inf.), mort en 1800, fut successivement secrétaire de l'archevêché de Paris, prieur de N.-Dame-de-Bon-Repos, près Versailles, et chanoine à Paris. On a de lui une traduction estimée des Vies des Pères, des martyrs, et autres saints, d'Alban Butler, Paris, 1763-1788, 12 vol. in-8; souv. réimpr., notamment à Besançon, 1843, 10 vol. in-8, et à Lille, 1855, 5 vol. grand in-8. Il avait lui-même rédigé un Abrégé de ce grand ouvrage, qui a paru en 1802, 4 vol. in-12.

GODIN (Louis), astronome, membre de l'Académie des sciences, né à Paris en 1704, m. en 1760, fut envoyé au Pérou en 1736 avec Bouguer et La Condamine, pour déterminer la figure et la mesure de la terre, séjourna longtemps à Lima et y fut témoin du tremblement de terre de 1746; fit ensuite un voyage en Espagne et en Portugal et put voir aussi le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755. On a de lui, outre plusieurs Mémoires, une Hist. de l'Acad. des sciences de 1680 à 1699, 11 vol. in-4, et un Appendix aux Tables astronomiques de Lahire, 1724.

GODOLPHIN (Sydney, comte de), ministre anglais, né vers 1650, mort en 1712, administra les finances sous Jacques II, Guillaume III et la reine Anne (de 1679 à 1710), et contribua par une sage administration aux succès militaires qui illustrèrent ce dernier règne. Il appartenait au parti whig et fut enveloppé dans sa disgrâce en 1710.

GODOUNOF (Boris), czar de Russie de 1598 à 1605, était Tartare d'origine. Sa sœur Irène ayant épousé le czar Fédor Iwanowitch, il obtint un grand crédit et devint 1er ministre. Il n'en profita que pour trahir son maître, l'empoisonna et usurpa le trône, 1598 : il avait dès 1592 fait périr Dimitri, frère de Fédor, et héritier de la couronne. Après quelques années de troubles, pendant lesquelles il se montra quelquefois habile, mais toujours cruel, il fut lui-même empoisonné, en 1605. Son fils, Fédor II, ne se soutint qu'un moment sur le trône.

GODOY (don Manuel), prince de la Paix, né en 1767 à Badajoz, d'une famille noble, mais pauvre, entra fort jeune dans les gardes du corps de Charles IV, roi d'Espagne, attira l'attention de la reine Marie-Louise par les agréments de sa personne et par son talent musical, sut en même temps capter la faveur du faible roi, fut porté avec une rapidité scandaleuse aux grades les plus élevés, devint en 1792 premier ministre et fut en même temps créé duc d'Alcudia; fit déclarer la guerre à la France après la condamnation de Louis XVI, conclut en 1795 la paix de Bâle, à l'occasion de laquelle il fut créé prince de la Paix et grand d'Espagne; signa l'année suivante, à St-Ildefonse, un traité d'alliance offensive et défensive avec la République française, traité qui entraîna son pays dans une guerre désastreuse; se vit écarter des affaires en 1798 par une intrigue de cour, mais sans perdre l'affection personnelle du couple royal, et fut, en compensation, élevé au grade de capitaine général; rentra au pouvoir en 1800, ayant plus de crédit que jamais, se mit en 1801 à la tête d'une armée destinée à occuper le Portugal de concert avec la France, fit assez heureusement une facile campagne et signa le traité de Badajoz, dont un article secret lui assurait plusieurs millions ; déclara la guerre à l’Angleterre en 1804, sous la pression de la France, et reçut à cette occasion le titre de généralissime, mais ne put empêcher que l’Espagne, battue à Trafalgar, perdît ses plus belles colonies ; tenta en 1806 de secouer le joug de Napoléon, et seconda en secret la coalition du Nord, mais s’empressa, dès qu’il connut les victoires d’Iéna et d’Austerlitz, de mettre son pays à la discrétion de l’Empereur ; excita, par cette lâche conduite, l’indignation universelle en Espagne, et vit le propre fils du roi, le prince des Asturies (Ferdinand VII), se mettre à la tête des mécontents ; ne craignit pas, sur l’ordre de Charles IV, de faire incarcérer ce prince, et de le traduire en jugement comme conspirateur, mais fut arrêté dans sa vengeance par l’intervention de Napoléon, qui se réserva le jugement du différend ; prévit dès lors le sort de la monarchie espagnole, et détermina le roi et la reine à quitter Madrid et à s’embarquer pour le Mexique ; mais échoua encore dans ce projet, par suite de la révolte d’Aranjuez (18 mars 1808), qu’avait fomentée le prince des Asturies, et n’échappa à la fureur populaire que par l’abdication de Charles IV ; fut jeté dans une étroite prison par Ferdinand, devenu roi pour un instant, mais fut relâché au bout de quelques jours sur les instances de la France, et amené à Bayonne, où il contribua à déterminer Charles IV à signer son abdication ; accompagna la famille royale dans ses diverses résidences en France et en Italie ; vint, après la mort des deux époux, se fixer à Paris, vécut dans l’obscurité dans cette ville et y mourut en 1851, dans sa 85e année. Il avait été marié en 1797 à une princesse du sang royal, Maria Teresa de Bourbon, fille de l’infant don Louis, et cousine du roi, qui ne lui donna sa main qu’avec répugnance. Le prince de la Paix a été l’objet d’accusations de toute nature, dirigées les unes contre ses mœurs, les autres contres sa politique : il a rédigé, pour réfuter ces dernières, des Mémoires, qui ont été traduits par J. G. d’Esménard, Paris, 1836-38, 4 vol. in-8. Bien que manquant d’instruction et de moralité, Godoy connaissait bien les hommes et les employait habilement : il était doux, et ne versa jamais de sang.

GODWIN (le comte), seigneur anglais d’origine saxonne, fils d’Ulfnoth, comte de Sussex, ou, selon d’autres, d’un simple pâtre, exerça pendant plusieurs années sur les rois d’Angleterre un pouvoir égal à celui qu’eurent en France les maires du palais, maria sa fille Édith au roi Édouard le Confesseur, et prépara à son fils Harold les moyens d’usurper le trône. Chef du parti anglais contre les Normands introduits à la cour, il se révolta en 1051. Défait avec ses fils, il s’enfuit à Bruges ; cependant il put rentrer en Angleterre et même recouvra sa faveur. Il mourut subitement en 1054, étant à table avec le roi Édouard.

GODWIN (William), écrivain anglais, né en 1756 à Wisbeach (Cambridge), mort en 1836, fut d’abord prédicateur et ministre d’une congrégation non conformiste. Il abandonna l’église pour se faire écrivain, se fixa à Londres et y fit paraître plusieurs ouvrages qui excitèrent au plus haut point l’attention publique : la Justice politique, 1793, où il peignait avec talent les plaies sociales ; mais où il attaquait la plupart des institutions, même le mariage et la propriété ; Caleb Williams, 1794, roman philosophique, écrit dans le même but, qu’il fit suivre de Fleetwood, de Mandeville, 1817, etc. On a de lui aussi une Vie de Chaucer, 1803, et une bonne Histoire de la république d’Angleterre, 1824-1828. A la fin de sa vie, il se fit libraire. Malgré ses déclamations contre le mariage, il se maria deux fois. Sa 1re femme, miss Wollstoncraft, est connue par quelques écrits, surtout par une Défense des droits des femmes, 1790. Les écrits de Godwin sont remarquables par l’éloquence et l’énergie : il y exalte jusqu’à l’extrême les vertus morales, et attribue une grande part dans les actions humaines aux motifs désintéressés, s’opposant ainsi à Bentham qui ramenait tout à l’utile. Il rétracta dans ses derniers ouvrages quelques théories trop avancées. Plusieurs de ses écrits ont été traduits en français, notamment Caleb Williams, par G. Garnier, Paris, 1794, et par Sam. Constant de Rebecque, Genève, 1795.

GŒLHEIM, bourg de Bavière (cercle du Rhin), près de Kaiserslautern, et à 45 kil. S. de Mayence ; 1200 hab. Adolphe de Nassau y fut défait et tué en 1298 par Albert d’Autriche. Un monument y consacre ce souvenir.

GŒMŒR, comitat de Hongrie, dans le cercle en deçà de la Theiss, entre ceux de Zips et de Lipto au N., de Hevesch et de Neograd au S. : 99 k. sur 70 ; 222 000 hab. Ch.-l. Gross-Steffelsdorf, et auparavant Pleisnicz. Montagnes, forêts ; climat froid. Bétail, lin, vin, tabac, peu de grains ; fer de qualité supérieure, aimant. — Ce comitat est ainsi nommé d’une petite ville de Gœmœr, qui y est située.

GŒRLITZ, v. murée des États prussiens (Silésie), sur la Neisse, à 80 kil. O. de Liegnitz ; 20 000 hab. Plusieurs monuments. Société des sciences, collection de cartes géographiques. Cabinets de physique, de minéralogie, de médailles, de machines, etc. ; bibliothèques. Draps, toiles, rubans de fil, chapeaux.

GŒRRES (J. Joseph), écrivain, né à Coblentz en 1776, mort à Munich en 1848, adopta d’abord les doctrines de la Révolution et la philosophie de la nature de Schelling, tout en les alliant à des idées mystiques, publia, à partir de 1807, avec Arnim et Brentano, une collection de Livres populaires de l’Allemagne, où il remettait en honneur les légendes du moyen âge, fut en 1813 un des plus ardents à soulever ses compatriotes contre les Français, et rédigea dans ce sens le Mercure rhénan ; mais, ayant continué l’agitation démagogique après 1815, il devint suspect et fut forcé de sortir des États prussiens (1819). Ses idées s’étant depuis tournées vers le catholicisme, il fut accueilli par le roi de Bavière, qui lui confia en 1827 une chaire de littérature et d’histoire à l’Université de Munich. Outre ses écrits politiques et religieux, on a de lui une Histoire mythique de l’Asie, le Livre héroïque de l’Iran (d’après le Schah-Nameh de Ferdoucy, Berlin, 1820), et la Mystique chrétienne, 1836-42 (trad. par M. Ste-Foy, 1855). Gœrres avait fini par devenir un des chefs de l’école catholique allemande. — Son fils, Guido G., mort en 1852, l’a suivi dans cette voie et a écrit une Histoire de Jeanne d’Arc.

GŒRTZ (G. Henri SCHLITZ, baron de), ministre de Charles XII, né dans la seigneurie de Schlitz en Franconie, avait d’abord servi le duc de Holstein-Gottorp. Charles XII le choisit pour son ministre après son retour de Bender : il eut l’art de créer de nouvelles ressources pour continuer la guerre ; mais il lui fallut, pour l’exécution de ses plans, recourir à des mesures arbitraires qui soulevèrent contre lui une partie de la nation. Accusé après la mort du roi de haute trahison et de dilapidation, il fut condamné à mort sans avoir été entendu, et exécuté à Stockholm en 1719. Son vrai crime était d’être étranger.

GŒRTZ (J. Eustache, comte de), diplomate, né en 1737, en Franconie, de la même famille que le précédent, mort en 1821, s’attacha à la cour de Weimar, fut chargé de l’éducation des enfants de la duchesse douairière Amélie, et forma le prince Charles-Auguste, qui fit de Weimar l’Athènes de l’Allemagne ; puis entra au service du roi de Prusse Frédéric II, fut chargé par lui de diverses négociations en Russie, en Hollande, où il obtint peu de succès, et fut enfin ministre de Prusse à la diète de Ratisbonne. Il a laissé des Mémoires sur les négociations qui ont précédé le partage de la Pologne, Weimar, 1810, et sur les Négociations pour la cession de la Bavière en 1778, Francfort, 1812,

GŒTHA-ELF, riv. de Suède, sort du lac Wener, se partage en deux bras à Kongelf, et va se perdre dans le Cattégat, à Gothembourg, après un cours de 130 kil. Célèbre cataracte de Trollhatta.

GOETHALS. V. HENRI DE GAND.

GOETHE (Jean Wolfgang), l'un des plus grands écrivains de l'Allemagne, né en 1749 à Francfort-sur-le-Mein, mort en 1832, était fils d'un conseiller impérial. Il étudia le droit à Leipsick, et reçut le bonnet de docteur à Strasbourg. Il était destiné au barreau, mais il préféra s'adonner tout entier à la littérature, dont les écrits de Lessing surtout lui avaient inspiré le goût. Il commença à se faire connaître dès 1772 par le drame de Gœtz de Berlichingen; il publia en 1774 le roman de Werther, qui lui avait été suggéré par une aventure de jeunesse. Cet ouvrage, d'un genre tout nouveau, obtint un succès prodigieux, et lui valut la protection et l'amitié du jeune duc de Weimar, Charles-Auguste, qui l'attacha à sa personne, d'abord en qualité de conseiller de légation, et ensuite comme membre du conseil privé. Il n'en fit pas moins paraître successivement un grand nombre d'ouvrages de genres divers, parmi lesquels on distingue les drames de Clavijo, Stella, Iphigénie en Tauride, le Tasse, le comte d'Egmont; les Années d'apprentissage de Wilhem Meister, roman; le Grand Cophte, comédie; le poëme d’Hermann et Dorothée, les Métamorphoses des plantes, les Élégies romaines (écrites à Rome en 1790), et enfin le drame de Faust (1798), œuvre philosophique et religieuse, où il a exprimé ses sentiments, ses luttes intérieures, ses méditations, et après lequel il n'eut plus de rival. Napoléon, pendant son séjour à Erfurt, voulut voir l'écrivain dont le nom remplissait l'Allemagne, et le décora de la grand-croix de la Légion d'honneur (1808). Goethe prit peu de part à la grande lutte du patriotisme allemand contre la France, et pendant que tout s'armait autour de lui, il publiait tranquillement son roman des Affinités électives et ses mémoires sous le titre de Vérité et Poésie (1813). Malgré cette indifférence, il fut choisi pour ministre d'État par le duc de Weimar (1815); il conserva ces fonctions jusqu'en 1828. Sans être ralenti par l'âge, il fit encore paraître plusieurs ouvrages : le Divan oriental (1819), les Années de voyage de Wilhem Meister (1821), faisant suite aux Années d'apprentissage ; la 2e partie de Faust (1829), de charmantes ballades et de nombreux mémoires sur différentes branches des sciences physiques. Il s'éteignit doucement à l'âge de 83 ans et fut inhumé à Weimar, entre Schiller, qui avait été son ami, et le prince Charles-Auguste, son protecteur. Il laissait en mourant des Mémoires et une Correspondance avec Schiller, avec injonction de n'en prendre connaissance qu'en 1850. Gœthe est un des génies les plus remarquables que l'Allemagne ait produits : comme poëte, il égale, s'il ne les surpasse, les plus grands poëtes de son pays; prosateur, son style est un modèle de pureté et d'élégance; comme savant, il a attaché son nom à plusieurs découvertes ingénieuses, notamment au principe de l'unité de composition, développé depuis si heureusement par De Candolle en botanique, par Geoffroy St-Hilaire en zoologie. Mais on chercherait en vain dans ses nombreux ouvrages l'enthousiasme : génie vaste et élevé, mais cœur froid et égoïste, Gœthe paraît n'avoir d'autre religion qu'un panthéisme indécis et il professe une indifférence générale. Ses œuvres ont été réimprimées plusieurs fois ; les éditions les plus récentes sont celle de Stuttgard, 1827-1831, 40 vol. in-8, à laquelle on a joint un supplément en 15 vol., 1832 et années suivantes, et celle de Paris 1835-37, 4 vol. grand in-8. Il existe dans notre langue de nombreuses traductions de son Théâtre et de chacune de ses œuvres séparées. M. Porchat, de Lausanne, en a publié une trad. complète, 1860-63, 10 vol. 8°. On doit à X. Marmier (1855), à M. Richelot (1862) et à M. Mézières (1869 et suiv.) des Études sur Gœthe.

GŒTTINGUE, Gœttingen, v. des États prussiens (anc. roy. de Hanovre), sur la Leine, à 120 kil. S. E. de Hanovre ; 12 000 h. Université célèbre, dite Georgia Augusta, fondée en 1735 par George II, bibliothèque (une des plus riches du monde), jardin botanique, musée, observatoire, collections scientifiques nombreuses ; magnifiques établissements pour les sciences et les arts. Société royale, fondée en 1750. Industrie active; nombreuses imprimeries, instruments de mathématiques et de physique, etc. — Fondée au XIe siècle et jadis ville hanséatique; le commerce y fut très-actif, jusqu'à la guerre de Trente ans. Les Autrichiens l'assiégèrent vainement en 1641 ; les Français la prirent en 1757 et en 1762, et l'occupèrent de 1803 à 1807 ; elle fit partie du roy. de Westphalie jusqu'en 1814. — La principauté de Gœttingue formait jadis un État particulier (compris dans le cercle de B.-Saxe), qui appartenait à une branche de la maison de Brunswick, et qui, à l'extinction de cette branche, s'unit à la princip. de Kalenberg. Elle a fait partie jusqu'en 1866 du roy. de Hanovre, a pour bornes le Brunswick au N. et à l'E., la Saxe prussienne et la Hesse électorale au S. : 65 kil. sur 50; 180 000 h.

GOETZ DE BERLICHINGEN. V. BERLICHINGEN.

GOFFIN (Hubert), maître mineur de la houillère d'Ans, près de Liége, sauva au péril de sa vie 70 ouvriers qu'une inondation avait surpris dans la mine et menaçait d'y engloutir (1812). Il fut en récompense décoré par Napoléon de la croix d'honneur.

GOG et MAGOG, êtres mystérieux que la Bible représente comme rois de peuples géants, ennemis d'Israël. Dans l'Apocalypse, ils sont les précurseurs de l’Antéchrist. — On désigne aussi sous ces noms deux énormes statues de guerriers saxons placées à Londres devant la porte du Guildhall.

GOGOL (Nicolas), écrivain russe, né en 1808, débuta par un recueil de Nouvelles, puis donna une comédie, le Contrôleur, où il signalait les abus de l'administration ; acheva de rendre son nom populaire par son roman des Âmes mortes, peinture assez libre de la société russe, qui lui suscita quelques persécutions; alla passer plusieurs années à Rome, puis revint dans sa patrie, où il fut enlevé presque subitement en 1852 par une mort que l'on a lieu de croire volontaire. Il était, depuis 1847, atteint d'une noire hypocondrie ; dans un de ses accès, il brûla tous ses manuscrits. Une traduction de ses Nouvelles choisies et de son roman de Tarass Boulba, espèce d'Iliade cosaque, a été donnée par L. Viardot, 1845.

GOGRAH, dite aussi DEVA (c.-à-d. Divine), l’Elgoramis d'Arrien ? riv. de l'Hindoustan, sort des monts Himalaya, baigne l'Aoude et la présid. d'Agrah; reçoit le Kali, le Rapti, et tombe dans le Gange à Mandji, après un cours de 800 kil. Elle forme une magnifique cascade à Kanaar. Les Hindous regardent cette riv. comme sacrée.

GOGUET (Ant. Yves), conseiller au parlement de Paris, né en 1716, m. en 1758, est connu par un bon ouvrage : De l'origine des lois, des arts et des sciences, et de leurs progrès chez les anciens peuples, 1758, réimprimé en 1820, 3 vol. in-8.

GOHELLE (LA), petit pays de l'anc. Artois (auj. Pas-de-Calais), où étaient Aix-en-Gohelle, Bully-en-Gohelle, Arleux-en-Gohelle, Montigny-en-Gohelle, Bouvignies-en-Gohelle et Sains-en-Gonelle.

GOHIER (L. Jérôme), l'un des Directeurs de la République française, né en 1746 à Semblancay en Touraine, mort en 1830, était d'abord avocat à Rennes. Il se prononça avec force contre les parlements Maupeou, fut chargé par les états de Bretagne de la défense des droits de la province et rédigea à cet effet un mémoire dans lequel il protestait contre les mesures du ministre Brienne; fut nommé en 1791 membre de l'Assemblée législative, où il combattit la formule du serment civique imposé aux prêtres; fut chargé après le 10 août de faire un rapport sur les papiers trouvés aux Tuileries, et s'acquitta de cette mission avec modération ; fut appelé en 1799 à remplacer Treilhard au Directoire, et s'y montra, avec Moulin et Roger-Ducos, l'adversaire de Sieyès. Président du Directoire au 18 brumaire, il protesta avec énergie, mais inutilement, contre la violence qui lui était faite; cependant il accepta deux ans après la place de consul général en Hollande. Il a publié des Mémoires, 1824.

GOIS (Ét. Pierre Adrien), statuaire, né en 1731 à Paris, m. en 1823, remporta le grand prix de sculpteur à 17 ans, fut admis à l'Académie en 1770, et devint professeur en 1776. On cite de lui L'Hôpital, au grand escalier des Tuileries, Molé, à l'Institut, S. Vincent, à St-Germain-l'Auxerrois, S. Jacques et S. Philippe, au Musée des beaux-arts.

GOITO, bourg de Vénétie, sur la r. dr. du Mincio, à 12 kil. N. O. de Mantoue. Les Piémontais y obtinrent sur les Autrichiens le 30 mai 1848 un avantage éphémère.

GOJAM, prov. d'Abyssinie (Amhara), au S. du lac Dembea, au N. de la prov. de Damot. Hautes montagnes qui renferment la source du Bahr-el-Azrek (Nil bleu). Explorée en 1846 p. M. d'Abbadie.

GOLBÉRY (Aimé de), né à Colmar en 1786, m. en 1854, fut successivement procureur impérial à Colmar, conseiller à la cour de Strasbourg, procureur général à la cour de Besançon, député (1834), et siégea parmi les membres de l'opposition modérée. On a de lui quelques ouvrages estimés : Lettres sur la Suisse, 1827-1832, Antiquités de l'Alsace, 1828; Suisse et Tyrol, 1839 (dans l’Univers pittoresque), et des traductions de Suétone, de l’Histoire romaine de Niebuhr, de l’Histoire universelle de l'antiquité, de Schlosser. Il était correspondant de l'Institut.

GOLCONDE, v. célèbre de l'Inde anglaise médiate, dans le Décan (États du Nizam) et dans la province d'Haïderabad, sur un rocher à 3 kil. O. d'Haïderabad, dont elle est comme la citadelle. C'est l'entrepôt des diamants qu'on recueille dans la Krichna et le Pennar : c'est dans cette ville qu'on les taille. Golconde était jadis la capitale du roy. de Télinga ; auj. elle est fort déchue, mais elle est encore très-forte ; elle sert de trésor au Nizam et de prison d'État; les banquiers d'Haïderabad peuvent s'y retirer en cas d'alarme. Nul Européen n'y entre sans un permis du prince. — On donne quelquefois le nom de Golconde à la prov. d'Haïderabad. V. HAÏDEBABAD.

GOLDAST (Melchior), historien , né en 1576 à Espen (Thurgovie), mort en 1635, chancelier de l'Université de Giessen, a donné plusieurs recueils estimés entre autres : Scriptores rerum Suevicarum, Francfort, 1605; — Alemannicarum, 1606 et 1730; Constilutiones Imperiales, 1607 et 1713.

GOLDBERG, v. des États prussiens (Silésie), à 17 k. S. O. de Liegnitz; 5800 hab. Draps, flanelles, bas de laine, gants. Aux env. mine d'or, auj. abandonnée.

GOLDONI (Ch.), le premier auteur comique de l'Italie, né à Venise en 1707, mort à Paris en 1793, était fils d'un médecin. Il étudia successivement la médecine, le droit, la théologie, mais se sentit entraîné vers le théâtre et produisit une foule de pièces qui furent jouées avec le plus grand succès sur tous les théâtres d'Italie. En 1761 il fut appelé en France pour y être attaché au Théâtre Italien; il y donna, outre des comédies italiennes, quelques pièces françaises, entre autres le Bourru bienfaisant (1771), qui est resté au répertoire. Il était en outre maître de langue italienne des filles de Louis XV, ce qui lui valut plus tard une pension de 3600 livres. La suppression de cette pension pendant la Révolution le laissa dans un état voisin de la misère, et il mourut de chagrin au moment où la Convention, sur la proposition de Chénier, la lui restituait. Goldoni a mérité d'être appelé le Molière italien : comme notre grand comique, en effet, il est peintre de mœurs très-fidèle, et en même temps il poursuit impitoyablement les vices et les travers, dans un langage naturel et souvent mordant. Tout en conservant à la scène les personnages traditionnels de Pantalon, d'Arlequin, de Colombine, il tenta une réforme qui eut pour but de remplacer les farces qu'on leur faisait jouer par de bonnes comédies. Ses pièces se distinguent par la fertilité de l'invention, la variété des caractères, des situations et des intrigues, l'unité de l'action, la vivacité du dialogue, le naturel des situations. Son Théâtre a eu nombre d'éditions ; la meilleure est celle de Lucques, 1809, 26 vol. in-18. Quelques-unes de ses pièces ont été traduites : le Père de famille et le Véritable ami, par Deleyre; Paméla et la Veuve rusée, par Bonnet du Valguier; la Suivante généreuse, les Mécontents, par Sablier; Paméla mariée, par Desriaux; le Menteur, Molière, Térence et l'Auberge de la poste, par Aignan (dans les Théâtres étrangers du libraire Ladvocat). Il a laissé des Mémoires, qui ont été publiés à Paris en 1787.

GOLDSMITH (Olivier), célèbre écrivain, né en 1728 en Irlande, mort en 1774, fut destiné à l'Église, préféra la médecine et se rendit à Édimbourg pour l'y étudier. Forcé de quitter cette ville pour dettes, il se sauva sur le continent; parcourut la Hollande, la France, l'Allemagne, la Suisse, voyageant à pied, et n'ayant souvent d'autre ressource que son talent sur la flûte. De retour en Angleterre en 1758, il commença par écrire dans les revues littéraires, puis il publia sous son propre nom divers ouvrages qui lui firent bientôt une grande réputation. Néanmoins, ses habitudes de prodigalité et son caractère morose l'empêchèrent d'être heureux ; il mourut dans un âge peu avancé. Il a écrit des romans, dont le plus estimé est le Vicaire de Wakefield, populaire en France comme en Angleterre; des Contes moraux; des ouvrages historiques élémentaires : Abrégé d'histoire romaine, Histoire de la Grèce, Histoire d'Angleterre; des Lettres sur l'Histoire d'Angleterre; des poëmes, dont le meilleur est le Village abandonné ; des comédies qui eurent beaucoup de succès, surtout She stoops to conquer (Elle s'abaisse pour vaincre), 1772. On trouve dans ses écrits une sensibilité vraie, une philosophie douce, un style, facile, pur, élégant. Ses Œuvres ont été publiées à Édimbourg, 1801, 4 vol. in-8. Washington Irving a fait paraître à Paris en 1825 ses Miscellaneous Works. Presque tous ses ouvrages ont été trad. en français, quelques-uns, notamment le Vicaire de Wakefield, par différents auteurs.

GOLGOTHA, colline située à l'O. et tout près de Jérusalem, est le lieu où l'on exécutait les criminels. C'est là que fut crucifié J.-C. C'est ce qu'on appelle vulgairement le Calvaire. V. ce mot. _

GOLIATH, géant philistin, natif de Geth, haut de plus de 6 coudées (env. 3m), vint défier les Israélites. David s'offrit pour le combattre, sans autre arme que sa fronde : il le renversa d'un coup de pierre et lui coupa la tête avec la propre épée du géant.

GOLIKOFF (Iwan), écrivain russe, né à Koursk en 1735, mort à St-Pétersbourg en 1801, était d'abord négociant. Il se livra à l'étude de l'histoire et de la littérature, recueillit une foule de documents sur la vie de Pierre le Grand, et fit paraître de 1788 à 1790, en russe : Les hauts faits de Pierre le Grand, 12 vol. in-12. Il publia successivement jusqu'en 1798 divers suppléments à cet ouvrage qui formèrent 18 nouveaux volumes; il le compléta enfin en 1798 par les Anecdotes de Pierre le Grand. Paul I lui donna en 1800 le titre de conseiller aulique.

GOLIUS (Jacques), orientaliste, né à La Haye en 1596, mort en 1667, fut attaché à l'ambassade que les Provinces-Unies envoyèrent au Maroc en 1622, obtint à son retour une chaire d'arabe, et visita de 1626 à 1629 la Syrie, l'Arabie et la Turquie. On a de lui entre autres ouvrages : Lexicon arabico-latinum, Leyde, 1653, in-fol.; Alfragani elementa astronomica, 1669, in-4; Ahmedis arabsiadæ vitæ et rerum gestarum Timuri (Tamerlan) historia, 1636, in-4.

GOLO, riv. de Corse, naît au S. du mont Paglia-Orba, arrose le N. E. de l'arr. de Corte, traverse celui de Bastia, et tombe dans la Méditerranée près des ruines de Mariana, après un cours de 65 kil. — Cette riv. donna son nom en 1793 à un dép. de la République française qui comprenait toute la partie septentrionale de la Corse et qui avait pour ch.-l. Bastia. Il a été réuni à celui de Liamone en 1811 pour former le dép. actuel de la Corse. — V. GENEVIÈVE.

GOLOVINE (Fédor Alexiévitch, le comte), né vers 1650, mort en 1706, d'une des grandes familles de Russie, fut avec Lefort le serviteur le plus dévoué de Pierre le Grand. Il conduisit une ambassade en Chine et parvint à conclure un traité d'alliance avec le Céleste empire (1689). En 1697, il contribua à la prise d'Azof où il commandait l'infanterie ; il fut l'année suivante choisi avec Lefort pour accompagner le czar pendant son voyage dans les divers États de l'Europe. Il conclut plusieurs traités avantageux pour la Russie, à Amsterdam, à Londres, à Vienne, à Copenhague, à Varsovie, et fut en récompense nommé successivement comte de l'Empire, membre de l'ordre de St-André, grand amiral, grand chancelier, ministre des affaires étrangères et feld-maréchal.

GOLOVKINE (Gabriel Ivanovitch, comte), né en 1660, d'une famille polonaise, mort en 1734, servit avec fidélité Pierre le Grand, Catherine I et Pierre II, et fut fait grand chancelier en 1709. — Michel Gavriolovitch, son fils, jouit d'un grand crédit sous l'impératrice Anne, fut vice-chancelier et ministre de l'intérieur; mais ayant, après la mort de cette princesse, agi contre les intérêts d’Élisabeth, il fut subitement destitué en 1741 et conduit en Sibérie, où il mourut en 1755.

GOLOVNINE (Vasili Michaïlovitch), amiral russe, né en 1776, mort en 1831, fut chargé de relever les côtes orientales de la Russie d'Asie, fit dans ce but deux voyages autour du monde (1806-1817); resta prisonnier des Japonais de 1811 à 1814, et publia ses deux voyages à son retour. Eyriès a traduit le Voyage de Golovnin, contenant le récit de sa captivité chez les Japonais, Paris, 1818.

GOLTZIUS (Hubert), savant hollandais, né en à 1526 à Venloo (Gueldre), mort en 1587, eut la réputation d'être le premier numismate de son temps. On l'accuse cependant d'avoir admis un grand nombre de médailles suspectes. Il dessinait et gravait lui même les médailles. Ses principaux ouvrages sont : Icones imperatorum Romanorum, Anvers, 1557, in-f.; Thesaurus rei antiquariæ uberrimus, 1579, in-f. ; Fasti magistratuum et triumphorum Romanorum ab U. C. ad Augusti obitum, 1566, in-fol.

GOLTZIUS (Henri), graveur et peintre sur verre, né en 1658 dans le duché de Juliers, mort en 1617, il s'exerça de lui-même dès son enfance à dessiner, à graver, à colorier des vitraux, puis alla travailler à Harlem sous la direction de Philippe Galle, et visita l'Allemagne et l'Italie. Il a souvent imité, à s'y méprendre, la manière de Lucas de Leyde et celle d'Albert Durer. Il a aussi peint plusieurs tableaux qui ne sont pas sans mérite, quoiqu'il ne se fût mis à la peinture qu'à 42 ans.

GOMAR (Franç.), Gomarus, fameux ministre protestant, né à Bruges en 1563, mort en 1641, exerça d'abord son ministère à Francfort, puis enseigna la théologie à Leyde. Là il eut de longues et vives querelles avec Jacques Arminius, son collègue, au sujet du libre arbitre, et voulut faire accepter dans toute leur rigueur les dogmes de Calvin sur la prédestination; ces querelles divisèrent les villes et les églises de la Hollande, et Gomar se vit forcé en 1611 de quitter Leyde; néanmoins il réussit, au synode de Dordrecht (1618), à faire condamner la doctrine de son adversaire. Ses Œuvres ont été imprimées à Amsterdam en 1645, in-fol. Ses partisans furent appelés Gomaristes; ses adversaires Arminiens.

GOMBAUD, roi bourguignon. V. GONDEBAUD.

GOMBAUD (Jean OGIER de), poëte français, né en Saintonge vers 1576, mort à Paris en 1666, fut membre de l'Académie Française dès sa fondation. Écrivain fade et médiocre, il composa des sonnets et des madrigaux qui furent cependant fort goûtés de son temps. A l'hôtel Rambouillet, on l'avait surnommé le Beau Ténébreux. Boileau a dit de lui :

Et Gombaud tant loué garde encore la boutique.

On a de lui : Endymion, poëme en prose, 1624; Amaranthe, pastorale, 1631; les Danaïdes, tragédie, 1658; et des recueils de Poésies, 1646; de Sonnets, l649; et d’Épigrammes, 1657.

GOMBERVILLE (Marin LEROY de), membre de l'Académie Française à sa création, né à Paris en 1600, mort en 1674, fit paraître dès 14 ans un Éloge de la Vieillesse, en 110 quatrains. Il s'essaya à écrire l'histoire, mais son penchant le ramenait à la poésie et au roman. On a de lui, outre le recueil de ses Poésies : Discours des vertus et des vices de l'histoire, avec un traité de l'origine des Français, 1620; Doctrine des mœurs, tirée de la philosophie des Stoïques, 1646; et plusieurs romans qui eurent la vogue en son temps : la Caritie, 1622; Polexandre, 1657 (dont la Jeune Alcidiane d'Angélique Gomez est une suite) : la Cythérée, 1642, qui eut 9 éditions.

GOMBETTE (Loi), loi des Bourguignons, ainsi appelée de Gombaud ou Gondebaud, 3e roi des Bourguignons, qui la promulgua à Lyon en 502. Elle renferme beaucoup de dispositions du Code Théodosien; établit que les Bourguignons laisseront aux vaincus le tiers au moins des terres conquises, et accorde aux Romains les mêmes droits qu'au peuple vainqueur. Elle fut complétée par une 2e partie publiée en 519 par Sigismond, fils et successeur de Gondebaud. Louis le Débonnaire y substitua en 840 les capitulaires de Charlemagne. La loi Gombette a été plusieurs fois publiée, notamment dans le Codex legum antiquarum de Lindeborg, Francfort, 1613, et a été trad. en français par Peyré, Lyon, 1855.

GOMER, fils aîné de Japhet, et père d'Ascenez, Riphath et Thogorma, fut, dit-on, la tige des peuples primitifs de la Galatie. — C'est aussi de Gomer qu'on fait descendre les Cimbres et les Celtes. On a donné par suite le nom de Gomer à la langue de ces anciens peuples, dont on retrouve encore des traces dans le dialecte gaélique, parlé dans la Basse-Bretagne et le Pays de Galles.

GOMERA (île), Capraria, une des Canaries, de forme presque ronde, a 26 kil. sur 22; 12 000 hab.; ch.-l., St-Sébastien. Montagnes; quelques vallées délicieuses. Vins estimés.

GOMEZ (Ferd.), gentilhomme espagnol, né à Tolède vers 1138, mort en 1242, se distingua d'abord dans la carrière des armes contre les Maures et les Portugais, et obtint la faveur du roi Ferdinand II, faveur que ses désordres finirent par lui faire perdre. Délivré comme par miracle d'un péril imminent, il revint à la vertu, et fonda en 1176, sous les auspices de son souverain, un ordre de chevaliers voués à la défense de la chrétienté (1176). Cet ordre reçut d'abord le nom de St-Julien du Poirier; il se fondit au XIVe siècle dans celui d'Alcantara.

GOMEZ de Ciudad-Réal (Ferd.), médecin, né en 1388, mort en 1457, fut attaché à la personne de Jean II jusqu'à la mort de ce prince en 1453, acquit une grande réputation par des cures difficiles, et se distingua aussi dans les lettres. On a de lui, sous le titre de Centon circulaire du bachelier Ferdinand Gomez (en espagnol), un recueil de 105 lettres dans lesquelles on trouve l'histoire secrète du règne de Jean II. Il a été publié à Madrid, en 1765. — Un autre Gomez de Ciudad-Réal (Alvarez), poëte, 1488-1538, d'une des premières familles de Guadalaxara, s'était distingué dans les guerres de 1506, de 1512 et de 1525. Il composa des poésies latines, qui lui valurent en son temps le surnom de Virgile espagnol : la plus remarquable est un poème sur la Toison d'Or, Tolède 1540. On a encore de lui : Theologica descripcion de los mysterios sagrados, poëme en 12 chants, 1541, et Satiras morales, 1604.

GOMEZ (Sébastien), peintre, né à Séville vers 1616, était fils d'un nègre, esclave de Murillo. Ce grand maître donna des leçons de peinture au jeune Gomez, qui dès lors fut surnommé le Mulâtre de Murillo. On connaît de lui une Notre-Dame avec l'enfant Jésus, une Ste-Anne, un Christ à la colonne, à Séville, etc. Sa manière est gracieuse et son coloris vif. — Gomez de Valencia (Phil.), peintre, né à Grenade en 1634, mort en 1694, a imité avec succès Alonzo Cano. On cite de lui la Présentation des clefs de Séville à Ferdinand III par les députés maures, et un Christ dans le linceul.

GOMEZ (Angélique POISSON, dame de), fille du comédien Poisson, née à Paris en 1684, morte en 1770, épousa un gentilhomme espagnol sans fortune, et fut obligée pour vivre de mettre à profit les talents littéraires qu'elle possédait. Ses ouvrages les plus connus sont : les Journées amusantes, 1723; la Jeune Alcidiane, faisant suite au roman de Gomberville qui porte ce titre, 1733; Anecdotes persanes, Cent Nouvelles nouvelles, 1735.

GOMOR, comitat de Hongrie. V. GŒMŒR.

GOMORRHE, v. mérid. de Palestine, au N. de Sodome, fut prise par Chodorlahomor, roi d'Élam, puis anéantie avec Sodome par le feu du ciel en punition des abominables débauches de ses habitants. La mer Morte en couvre l'emplacement.

GOMROUN, v. de Perse. V. BENDER-ABASSI.

GONAÏVES (Les), v. d'Haïti, ch.-l. du dép. de l'Artibonite, sur la côte O. et sur le golfe de Gonave, 6000 hab. Bon port. C'est là que fut proclamée en 1804 l'indépendance d'Haïti.

GONATAS (ANTIGONE). V. ANTIGONE.

GONCELIN, ch.-l. de cant. (Isère), à 30 kil. N. E. de Grenoble et près de l'Isère; 1650 hab.

GONDAR, dite la Ville aux 44 églises, v. d'Afrique, capit. du roy. de Gondar, et précédemment capit. de tout l'empire d'Abyssinie, par 35° 10' long. E., 12° 34'lat. N., à 60 k. S. O. d'Axoum; env. 50 000 h. Nombreuses églises : on remarque surtout celle dite Koskom; palais du roi ou négus, assez délabré. — Le roy. de GONDAR improprement dit roy. d'Amhara, un des débris de l'empire d'Abyssinie, comprend les provinces centrales de cette région (Dembea, Gojam, Belessem, Damot, Voggara, Tchelga, etc.). Ce roy. est exposé aux ravages des Gallas.

GONDEBAUD, roi des Bourguignons, fils de Gondioc et petit-fils de Gondicaire. A la mort de son père (463), il n'eut en partage que le pays de Genève, mais il dépouilla et mit à mort ses trois frères Jondemar, Godégisile et Chilpéric, et étendit ainsi son royaume depuis le H.-Rhin jusqu'à la Méditerranée et depuis la Hte-Loire jusqu'aux Alpes. Clovis, qui avait épousé Clotilde, fille de Chilpéric, un des frères dépouillés, déclara la guerre à Gondebaud et le vainquit (601); il lui accorda cependant la paix, à la condition qu'il abandonnerait l'Arianisme pour embrasser le Catholicisme. Il m. en 516. Gondebaud donna à ses sujets un code célèbre, connu sous le nom de loi Gombette. (V. ce mot). Cette loi fut promulguée en 502 à Lugdunum (Lyon), sa capitale.

GONDELOUR. V. KADDALOR.

GONDEMAR I, roi de Bourgogne, fils de Gondioc, et frère de Gondebaud, avait eu en partage à la mort de son père le pays de Vienne (en Dauphiné) (463); il en fut dépouillé en 476 par Gondebaud, qui le fit mettre à mort.

GONDEMAR II, roi des Bourguignons, 2e fils de Gondebaud, succéda à son frère Sigismond en 524; chassa les Francs de son royaume, vainquit et tua Clodomir, leur roi, dans la plaine de Véseronce, 524; conserva la paix avec l'Italie en cédant plusieurs villes à Théodoric, et resta paisible possesseur de ses États jusqu'en 534. A cette époque il fut vaincu à Autun et détrôné par les fils de Clovis. Il mourut prisonnier en 541. Son royaume fut réuni à la France.

GONDERIC, roi des Vandales de 406 à 427.

GONDI (maison de), illustre maison de France, originaire de Florence. Un rejeton de cette famille, Antoine de Gondi, vint en France avec Catherine de Médicis et fut maître de l'hôtel sous Henri II, — Albert de Gondi, son fils, né en 1522, m. en 1602, épousa en 1565 Claude-Catherine de Clermont, baronne de Retz, et devint le chef d'une branche nouvelle ; il est connu sous le nom de maréchal de Retz (V. ce nom). — Son fils, Emmanuel de Gondi, 1581-1662, général des galères sous Louis XIII, eut à combattre les Barbaresques et les Rochellois. Il fut père du fameux cardinal de Retz. — Cette maison a donné à l'Église de Paris deux évêques, qui tous deux devinrent cardinaux. Le 1er permit, pendant le blocus de Paris par Henri IV, que l'argenterie des églises servît à secourir les habitants. — Le 2e est le fameux Cardinal de Retz. — V. RETZ.

GONDICAIRE, 1er roi des Bourguignons, entra en Gaule en 406, s'empara en 411 d'un vaste territoire situé à l'E. de la Gaule, du Rhin aux Alpes, se reconnut d'abord tributaire des Romains, puis se révolta et fut vaincu par Aétius. Il resta depuis fidèle aux Romains et combattit avec eux Attila : il périt en 436, dans une grande bataille livrée aux Huns près du Rhin. Gondioc, son fils, lui succéda.

GONDIOC, 2e roi des Bourguignons, succéda en 436 à son père Gondicaire, étendit ses conquêtes et régna jusqu'en 463. Il partagea en mourant ses États entre ses quatre fils : Chilpéric, qui détint roi de Lyon; Gondemar I, de Vienne; Gondebaud, de Genève, et Godégisile, de Besançon.

GONDOK, Condahates, riv. de l'Inde, prend sa source dans le Thibet, par 80° 45' long. E., 30° lat, N. ; franchit l'Himalaya, traverse le Neypour, sépare l'Aoude du Béhar, et tombe dans le Gange après un cours de 800 kil.

GONDOUIN (Jacques), architecte, né en 1737 à St-Ouen, près Paris, m. en 1818, était fils d'un jardinier de Louis XV, ce qui lui procura la protection du roi. Il fut élève de Blondel et pensionnaire de l'école de Rome. Il a construit l’École de médecine de Paris, dont le style est éminemment classique, et a dirigé avec Lepère la construction de la colonne de la place Vendôme : ils transporta scrupuleusement dans ce monument les formes, les détails et les proportions de la colonne Trajane de Rome.

GONDOVALD, fils naturel de Clotaire I, fut opposé par les leudes de la Gaule méridionale au roi Gontran, proclamé roi à Brives, en 584, et reconnu par une partie de l'Aquitaine. Trahi au moment de la lutte, il fut pris dans Comminges et mis à mort par ordre de Gontran et de Childebert II (585).

GONDRECOURT, ch.-l. de cant. (Meuse), sur l'Ornain, à 27 kil. S. O. de Commercy; 1600 hab. C'était une des 4 prévôtés du Bassigny mouvant.

GONDRIN (Ant. de), duc d'Antin. V. ANTIN.

GONESSE, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), à 30 k. E. S. de Pontoise, à 15 kil. N. E. de Paris; 2350 h. Station. Franges de coton, blanchisseries de toiles, etc. Boulangerie jadis renommée.

GONFALON ou GONFANON, grande bannière en usage au moyen âge, et ainsi nommée parce qu'elle-était ornée de plusieurs pendants appelés fanons. Dans plusieurs républiques italiennes, les gonfaloniers (porteurs du gonfalon) furent longtemps des officiers de justice, ou les commandants d'un corps de troupes destiné à protéger l'exécution des lois. Dans quelques-unes même, comme à Florence avant le XIe siècle, on nommait ainsi le chef de l'État. — En France, le gonfalon était plus spécialement une bannière d'église, qu'on arborait pour lever des troupes, et qui était portée par les avoués ou défenseurs temporels des abbayes et des églises; tous les vassaux du clergé se rangeaient sous cette bannière.

GONGORA Y ARGOTE (Luis de), poëte espagnol, né à Cordoue en 1561, m. en 1627, embrassa à 45 ans l'état ecclésiastique, et devint aumônier de Philippe III. Il composa des sonnets, des romances, des chansons, des satires et de petits poëmes (les Solitudes, 1622, Polyphème, 1624). Après avoir débuté par un langage précis et naturel, il mit à la mode, sous le nom d’Estilo culto, un style ampoulé qui a été désigné sous le nom de gongorisme. Ses œuvres ont été publiées à Madrid en 1630 et 1659. Don Ramon demandez en a donné un choix, Madrid, 1787.

GONNELIEU (Jérôme de), jésuite, né à Soissons en 1640, m. à Paris en 1715, se distingua comme prédicateur, comme directeur des consciences et comme écrivain ascétique. Il a laissé : Exercices de la vie spirituelle, Paris, 1701 ; Méthode de bien prier et Pratique de la vie intérieure, 1710, ouvrages pleins d'onction. On connaît sous son nom une traduction de l’Imitation de J.-C., publiée en 1673, qui est de J. Cusson, et dans laquelle il n'a fait qu'insérer des prières et des pratiques.

GONSALVE DE CORDOUE, surnommé le Grand Capitaine, général espagnol, né en 1443 à Montilla, près de Cordoue, se signala d'abord contre les Maures, et leur enleva Grenade (1492). Appelé en 1500 par les Vénitiens, il força les Turcs à lever le siége de Zante. Placé l'année suiv. par le roi Ferdinand à la tête d'une expédition dans le roy. de Naples, dont Louis XII, roi de France, venait de s'emparer, il débarqua à Tropea, battit les Français à Barletta et à Seminara (1503), remporta une victoire complète à Cerignola, dans la Pouille, sur le duc de Nemours, qui y périt (1503), et assura à l'Espagne la possession du roy. de Naples, dont il fut nommé connétable. Mais des envieux le calomnièrent auprès de Ferdinand : il reçut l'ordre de quitter Naples, et il alla finir ses jours dans la disgrâce à Grenade (1515). Gonsalve était généreux autant que brave; cependant on lui reproche de la duplicité et des traits de cruauté. Sa Vie a été écrite par le P. Duponcet et par Quintana ; Florian en a fait le héros d'un roman.

GONTAUT (maison de), noble famille de France, originaire du bourg de Gontaut, dans l'ancien Agénois (Lot-et-Garonne), remonte au Xe siècle. La plupart de ses membres se sont illustrés par les armes : elle a fourni 4 maréchaux et un amiral. Dès l'an 1180, les seigneurs de Gontaut prennent le titre de seigneurs de Biron. V. BIRON. |

GONTHIER d'Andernach (Jean), médecin allemand, né en 1487 à Andernach, mort à Strasbourg en 1574, fut recteur des écoles publiques à Goslar, professeur de grec à Louvain; vint ensuite exercer la médecine en France, et fut à partir de 1535 médecin de François I; mais les mesures dirigées contre les Protestants l'obligèrent à retourner en Allemagne. Il s'occupa surtout d'anatomie et fut le maître de Vésale et de Rondelet. Il a laissé des ouvrages estimés : Anatomicarum Institutionum libri IV, Paris et Bâle, 1536; Padoue, 1558, revu par Vesale; De Medicina veteri et nova, Bâle, 1571; De la Peste, Strasbourg, 1564. Il a traduit en latin divers traités de Galien.

GONTRAN, 2e fils de Clotaire Ier, roi de France, eut en partage en 561 les roy. de Bourgogne et d'Orléans; calma les dissensions fréquentes qui s'élevaient entre ses frères, battit les Lombards et fit cesser leurs incursions sur son territoire. La mort de ses trois frères le laissa seul possesseur des Gaules; il se déclara le protecteur de ses neveux, fit sacrer roi de Soissons Clotaire II, fils de son frère Chilpéric I, et légua ses États à Childebert II. Il mourut en 593, et fut canonisé. On le fête le 28 mars.

GONZAGUE, en italien Gonzaga, bourg de Vénétie, à 20 kil. S. de Mantoue, a donné son nom à l'illustre famille des Gonzague.

GONZAGUE, famille princière d'Italie, qui depuis le XIe siècle a donné des seigneurs à quelques souverainetés de l'Italie, de grands dignitaires à l'Église, des princesses à plusieurs maisons royales, et qui régna sur Mantoue de 1328 à 1708. Elle se partagea en plusieurs branches : 1° la branche aînée, à laquelle appartinrent les marquis, puis ducs de Mantoue, et qui s'éteignit en 1627; 2° la branche collatérale des ducs de Nevers, qui la remplaça en 1627 ; 3° la branche des ducs de Guastalla, issue en 1557 de la branche aînée, et éteinte en 1746; 4° la branche des ducs de Sabionetta et de Castiglione; 5° la branche des comtes de Novellara, éteinte en 1728.

Louis de Gonzague, fondateur de cette maison, se défit en 1328 de Passerino Bonacossi, capitano de Mantoue, et se fit proclamer à sa place. Il ajouta Reggio à ses États (1335) et mourut en 1361.

Jean François II, marquis de Mantoue de 1484 à 1519, fut choisi en 1495 par le pape, les Vénitiens, l'Espagne et le duc de Milan, pour commander leurs troupes réunies contre Charles VIII, roi de France, lors de l'expédition de ce prince en Italie, et remporta quelques avantages sur l'armée française. Il ne s'en mit pas moins à la solde de Louis XII en 1503, et prit part en 1509 à la Ligue de Cambray contre Venise.

Frédéric I de Gonzague, fils aîné du préc., s'attacha a Charles-Quint et en obtint l'érection du marquisat de Mantoue en duché, 1530, ainsi que la possession du Montferrat, 1536. Il m. en l540. Un de ses fils, Louis de G., devint par mariage duc de Nevers. — V. NEVERS.

Ferdinand, 3e fils de Jean François II, se mit au service de Charles-Quint, et acquit la réputation d'un des meilleurs généraux de l'Italie. Il prit Florence en 1530. Charles-Quint l'avait fait vice-roi de Sicile et gouverneur de Milan ; mais il s'y rendit odieux par ses concussions et sa dureté et fut dépouillé de ce gouvt par Philippe II, en 1556. Il acheta alors le duché de Molfetta dans le roy. de Naples, et la v. de Guastalla dans le Parmesan, qui fut érigée en duché en sa faveur. Il mourut en 1557, laissant ses nouveaux États à ses descendants. On le soupçonne d'avoir empoisonné le dauphin, fils de François I, roi de France, et d'avoir fait assassiner P. L. Farnèse, duc de Parme, en 1547.

Charles I, duc de Nevers, fils de Louis de Gonzague, duc de Nevers, et petit-fils de Frédéric, duc de Mantoue, se porta héritier du duché de Mantoue à la mort du duc Vincent, son cousin, 1627, et eut pour concurrents César de Gonzague, duc de Guastalla, et le duc de Savoie qui était soutenu par les Espagnols. Après avoir été surpris par les Impériaux dans Mantoue, qui fut livrée au pillage, Charles fit sa soumission. Il finit, avec l'appui de la France, par obtenir l'investiture des duchés de Mantoue et de Montferrat (1630). Il mourut en 1637 et eut pour successeur Charles II (1637-65), son petit-fils. — Charles II, n'étant âgé que de 8 ans, fut d'abord placé sous la tutelle de sa mère. Il vendit à Mazarin en 1659 toutes ses possessions de France (duché de Nevers, Rethel, Mayenne, etc.) — Charles III, dernier duc de Mantoue, fils de Charles II, né en 1652, lui succéda sous la tutelle de sa mère, prit parti pour Louis XIV dans la guerre de la succession d'Espagne, reçut garnison française à Mantoue et vit par suite ses États envahis par les Impériaux après le désastre de Turin (1706). Il mourut en 1708, empoisonné par une femme. Il ne laissait pas d'enfants.

Lucrèce de Gonzague, femme illustre du XVIe siècle, née vers 1520, morte en 1576, fille de Pyrrhus de Gonzague, seigneur de Gozzuola; avait appris le latin et le grec de Bandello, qui fit un poëme à sa louange (V. BANDELLO). Son mari, P. Mandoni, seigneur ferrarais, ayant été condamné à mort pour conspiration (1546), elle obtint la commutation de la peine en une détention perpétuelle et s'enferma avec lui. Elle entra dans un couvent après sa mort.

Marie Louise de Gonzague, de la ligne de Nevers, née vers 1612, épousa en 1645 Wladislas, roi de Pologne, puis, en 1649, Jean Casimir, son successeur, et fut chassée de ses États avec son 2e époux; elle mourut en 1667. — Sa sœur puînée, Anne de Gonzague, née en 1616, connue sous le nom de Princesse palatine, est célèbre par sa beauté et son esprit ; elle épousa le prince Édouard, comte palatin, fils de l'électeur palatin Frédéric V, et vint se fixera Paris, où elle fit l'ornement de la cour d'Anne d'Autriche, Après une vie de plaisir et d'intrigues, elle passa ses dernières années dans la pénitence et mourut à Paris en 1684. Bossuet a prononcé son Oraison funèbre.
GORD
GORK
-776-

On a sous son nom des Mémoires, publiées en 1786 par Rulhières, à qui on les attribua.

GONZALVE. V. GONSALVE.

GORDES, Vordenses, ch.-l. de c. (Vaucluse), à 16 k. N. O. d’Apt ; 1115 hab.

GORDIEN I, dit l’Ancien et l’Africain, empereur romain, né à Rome en 157, était proconsul en Afrique, où il avait mérité d’être surnommé le Vrai Scipion, et avait 80 ans lorsqu’il fut proclamé à Carthage conjointement avec son fils, par les troupes révoltées contre le féroce Maximin, 237. Il refusa vainement la pourpre. Au bout de six semaines il s’étrangla en apprenant que son fils avait été vaincu et tué dans Carthage par Capélien, général de Maximin. — Gordien II, dit le Jeune, son fils, avait été associé à l’empire ; il périt à Carthage en combattant Capélien. Il avait 46 ans. — Gordien III, dit le Pieux, petit-fils par sa mère de Gordien I, fut placé sur le trône en 238, après la mort de Pupien et Balbin, n’étant encore âgé que de 13 ans. Dirigé par le préfet du prétoire Misithée, dont il épousa la fille, il gouverna sagement. Il périt en Orient, en 244, pendant qu’il combattait Sapor, roi des Perses. On le crut assassiné par Philippe l’Arabe. L’histoire des Gordiens a été écrite par Jules Capitolin.

GORDIEN (nœud). V. GORDIUS.

GORDIUM, plus tard Juliopolis, v. de Phrygie, sur le Sangarius, près des frontières de la Galatie, fut longtemps la capitale du pays. C’est là que se trouvait le nœud Gordien. V. GORDIUS.

GORDIUS, Phrygien qui, de simple laboureur, devint roi, pour avoir accompli un oracle qui promettait le trône à celui qui entrerait le premier dans le temple de Jupiter à Gordium. Midas, son fils, consacra au dieu le char qui le portait quand on vint lui offrir la royauté. Le joug était lié au timon par un nœud si artistement fait, qu’on ne pouvait en apercevoir les bouts : on le nommait le nœud gordien. L’oracle promettait l’empire de l’Asie à celui qui délierait ce nœud. Alexandre, au début de son expédition contre la Perse, désespérant de le délier, le coupa d’un coup d’épée, et parvint ainsi à accomplir ou plutôt à éluder l’oracle (334).

GORDON (famille de), anc. maison d’Écosse, qui paraît être venue s’établir dans la Grande-Bretagne à la suite de Guillaume le Conquérant (1066). Les Gordon s’allièrent aux nobles maisons de Keith, d’Argyle, de Norfolk, et même aux Stuarts, à la cause desquels ils se montrèrent toujours fidèles. Ils reçurent en 1684 le titre de ducs. La ligne mâle des ducs s’est éteinte en 1836 en la personne de George Gordon, né en 1770, pair en 1807, général en 1819, et garde du grand-sceau d’Écosse. — John Byron, père du célèbre lord Byron, avait épousé Catherine Gordon, issue de la branche aînée de cette famille, d’où vient que le poëte portait aussi le nom de Gordon.

GORDON (Patrik), noble écossais, issu de la même famille, né en 1635 mort en 1698, quitta jeune sa patrie, et devint feld-maréchal de Russie et gouverneur de Moscou sous le règne de Pierre le Grand, à qui il rendit de grands services dans la guerre de 1696 contre les Turcs, et dans la révolte des Strélitz. On a de lui un Journal précieux, publié de nouveau et complété à St-Pétersbourg en 1840.

GORDON (George), connu sous le nom de lord Gordon, né en 1750, membre de la chambre des Communes, s’y fit remarquer par son opposition au ministère et causa, par ses déclamations contre le bill en faveur des catholiques, des troubles qui amenèrent son emprisonnement, en 1780. Mis en jugement, il fut acquitté. Ayant publié en 1788 un libelle contre la reine de France, il fut arrêté et mis à Newgate, où il mourut en 1793.

GORDON (Alexandre), antiquaire écossais, mort à la Caroline vers 1750, a laissé, sous le titre d’Itinerarium septentrionale, un voyage dans plusieurs comtés d’Écosse et d’Angleterre (1726-1732), in-fol. ; les Vies du pape Alexandre VI et de César Borgia,

1729, trad. en franç., 1732 ; une traduction de l’Histoire complète des anciens amphithéâtres de Scipion Maffei, 1730, in-8 ; des descriptions de momies égyptiennes, d’hiéroglyphes et autres antiquités, etc.

GORDYÈNE, partie sept. du Kourdistan, contrée d’Arménie, entre la Bagraydanène au N. et le Tigre au S., était voisine de l’Atropatène et de l’Assyrie.

GORÉE, Bir en langue indigène, îlot situé sur la côte de Senégambie ; à 3 k. S. du cap Vert, par 14° 40’ lat. N., 19° 45’ long. O. ; 6000 hab. Ses côtes sont très-escarpées et presque inaccessibles. La plus grande partie de l’île est occupée par la ville de Gorée, que défend le fort St-Michel. Trib., cour d’assises. Gomme, ivoire, poudre d’or. — Les Hollandais s’emparèrent de cette île en 1619, et l’appelèrent Gorée, du nom d’une île de la Zélande. L’amiral d’Estrées la leur enleva en 1667. Occupée en 1804 par les Anglais, elle a été rendue à la France en 1815. Elle dépend du gouvernement du Sénégal.

GORGIAS, sophiste grec, né à Léontium en Sicile vers l’an 485 av. J.-C., vécut, dit-on, 107 ans. Envoyé par les Léontins à Athènes pour y demander des secours, il se fit tellement admirer des Athéniens par son éloquence qu’on l’y retint pour donner des leçons de rhétorique. Non moins remarquable comme philosophe, il écrivit un livre de la Nature, dans lequel il soutenait qu’il n’y a rien de réel, rien qui puisse être connu, rien qui puisse être enseigné ou transmis par les mots. On a sous son nom deux discours, dans les Orateurs grecs de Reiske, et dans les Oratores attici de la collection Didot. — Platon a donné le nom de Gorgias à un dialogue célèbre où il traite de la rhétorique et se moque des sophistes et des rhéteurs de son temps.

GORGONES, monstres femelles, célèbres dans la Fable, étaient sœurs. et filles de Phorcys et de Céto. On en comptait trois : Méduse, Sthéno et Euryale. Homère n’en cite qu’une, qu’il nomme Gorgo. Elles habitaient près du jardin des Hespérides, situé aux environs des colonnes d’Hercule. Elles n’avaient qu’un œil en commun et étaient si hideuses à voir qu’elles changeaient en pierres tous ceux qui les regardaient. Persée délivra la terre de ces monstres, et parvint, avec le secours de Minerve, à trancher la tête de Méduse que la déesse attacha à son égide.

GORI ou Gouri, v. de Russie d’Asie (Géorgie), ch.-l. de prov., à 80 kil. N. O. de Tiflis, près du confluent du Kour et du Didi-Liakvi ; 1500 hab. Cette ville a donné son nom à la Gourie.

GORI (l’abbé), antiquaire florentin, 1691-1757, élève de Salvini, fut un des hommes les plus savants de son temps. Il a donné, entre autres ouvrages, un recueil des Inscriptions grecques de la Toscane (1726-44, 3 v. in-f., lat.), Museum florentinum (1731-43), 9 v. in-f.). On lui reproche de manquer de critique ; il n’en a pas moins rendu de grands services à l’archéologie et à l’art.

GORIONIDES (Joseph), dit aussi Ben Gorion et Jossiphon, rabbin juif, du VIIIe ou du IXe siècle, est auteur d’une Histoire juive qui a été imprimée à Mantoue vers 1470, et qui a été traduite en latin par Munster, Bâle, 1541, et par Gagnier, Oxford, 1706.

GORITZ ou Gorice, Gœrtz en allemand, v. des États autrichiens (Illyrie), sur l’Isonzo, à 41 kil. N. O. de Trieste ; 10 000 hab. Évêché. Sociétés savantes ; imprimerie de livres hébreux pour l’Orient. Soieries, bougies, rubans de fil ; liqueurs. Cette ville fut pendant quelques années le séjour des Bourbons déchus du trône de France. Charles X y m. en 1836.

GORKUM, v. forte. du roy. de Hollande (Hollande mérid.) à 35 kil. S. E. de Rotterdam, sur la Meuse ; 6000 hab. Église et hôtel de ville remarquables. Pêche active. Commerce (grains, beurre, chanvre, poissons, surtout saumons). Patrie de l’orientaliste Erpenius, des peintres J. Van der Heyden, J. Van der Ulft, et Abr. Blœmaert. — Fondée en 1230 ; très-florissante au XIVe siècle ; presque submergée en 1809. Prise en 1787 par les Prussiens, et en 1795 par les Français, qui l'ont fortifiée; reprise par les Prussiens en 1814.

GORLITZ, v. de Silésie. V. GŒRLITZ.

GORM, le Vieux, roi Danois, fils de Canut I, régna de 913 à 930 environ, fit des incursions dans le nord de l'Allemagne et en Russie jusqu'à Kiev, et laissa prêcher le Christianisme dans ses États.

GORRAH, nom qu'on donne souvent au Setledje et à la Beyah réunis, avant leur jonction avec le Tchennab : c'est l'anc. Hyphase.

GORRON, ch. de c. (Mayenne), sur le Colmort, à 17 kil. N. O. de Mayenne; 2600 hab. Anc. château fort, auj. détruit.

GORTSCHAKOFF (Michel), général russe, 1795-1861, se signala dans les guerres contre les Turcs, les Polonais et les Hongrois ; fut le général en chef de l'armée russe dans la guerre de Crimée, et résista longtemps dans Sébastopol à l'attaque des Anglais et des Français. Il était un des membres les plus influents du vieux parti russe.

GORTYNE, v. de Crète, au S. O. de Cnosse, sur le fleuve Léthé. Près de cette ville était le fameux LABYRINTHE (V. ce mot). — Ville d'Arcadie, au confluent de l'Alphée et du Gortynias.

GORZE, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle) à 17 kil. S. O. de Metz; 1608 h. Anc. abbaye de Bénédictins.

GOSLAR, v. murée de Hanovre, sur la Gose, à 6 k. S. E. de Hildesheim ; 8000 h. Siège de l'exploitation des riches mines du Harts. Cathédrale antique, vieux château impérial, dit Kaiserburg, où se rassemblèrent plusieurs diètes impériales. Antiquités saxonnes. Potasse, tabac, savon, vitriol, liqueurs, bière renommée, eau-de-vie de grains, etc. Aux environs, plomb, ocre, soufre, ardoises. — Goslar était jadis une ville impériale; elle fut donnée à la Prusse en 1803, annexée au royaume de Wesphalie en 1807 ; puis rendue en 1813 à la Prusse, qui la céda au Hanovre en 1815, et la reprit avec ce roy. en 1866.

GOSLIN, évêque de Paris, était cousin de Charles le Chauve. Il concourut avec le comte Eudes à défendre Paris contre les Normands qui l'assiégeaient (885) : monté lui-même sur une brèche et armé d'une hache, il combattit avec courage, repoussa plusieurs assauts, et tua de sa main Sigefroy, chef des Normands ; il mourut pendant le siége, en 886.

GOSPORT, v. et port d'Angleterre (Hampshire), à 2 kil. O. de Portsmouth, dont elle n'est séparée que par un petit bras de mer; 15 000 hab. Bel hôpital d'Haslar (pour les marins), fonderies et autres établissements pour la marine royale.

GOSSE (Étienne), auteur dramatique, né en l773 à Bordeaux, mort en 1834, s'enrôla en 1793, devint rapidement officier, se retira du service après avoir été blessé en Vendée (1796), et occupa sous l'Empire un emploi que la Restauration lui fit perdre. Il a fait des comédies, dont les meilleures sont les Femmes politiques, 1797, et le Médisant, en 3 actes et en vers, 1816 ; des romans, entre autres les Amants vendéens, 1800, et des Fables, 1818, remplies d'allusions politiques, et qui eurent un grand succès. On a aussi de lui des Proverbes dramatiques, 1819, et les Bêtes parlantes, ouvrage satirique en vers.

GOSSEC (François Joseph), compositeur, né à Vergnies (Hainaut) en 1733, mort à Paris en 1829, était fils d'un laboureur. Il fut un des créateurs de la symphonie, introduisit une instrumentation plus vigoureuse, et tira surtout parti des ressources qu'offrent les instruments de cuivre. Il composa des opéras qui eurent un grand succès : les Pêcheurs, 1766 ; la Fête du village, 1778 ; Rosine, 1786; la Reprise de Toulon. On lui doit une Messe des Morts et un O Salularis qui sont regardés comme ses chefs-d'œuvre. C'est lui qui pendant la Révolution fit la musique pour presque toutes les fêtes patriotiques. Après avoir été, de 1775 à 1780, maître de musique à l'Opéra, il créa en 1784 une école de chant, d'où est sorti le Conservatoire. Il fut nommé inspecteur de ce dernier établissement dès sa fondation, 1795. Il fut aussi de l'Institut dès sa création.

GOSSELIN (François Joseph), savant géographe, né à Lille en 1751, mort à Paris en 1830, était destiné au commerce et fut pendant plusieurs années député de sa province au conseil de commerce siégeant à Paris. Après avoir voyagé pour s'instruire et avoir visité la Suisse, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, recueillant partout des matériaux sur la géographie des anciens, il débuta en 1789 dans la carrière scientifique en remportant le prix proposé par l'Académie des inscriptions sur la Comparaison de Strabon et de Ptolémée. Il fut admis à l'Académie en 1791 et devint en 1799 conservateur du cabinet des antiques. Son premier ouvrage est la Géographie des Grecs analysée ou les Systèmes d'Ératosthène, de Strabon et de Ptolémée comparés entre eux (mémoire couronné), 1790; il le fit suivre d'une foule de mémoires qu'il lut à l'Institut, et qu'il recueillit sous le titre de Recherches sur la géographie systématique et positive des anciens, 1798 à 1813, 4 vol. in-4, ouvrage capital rempli de découvertes importantes, mais où il se laissa entraîner par l'esprit de système : il supposait que les anciens ont possédé la mesure exacte de la terre, dont la connaissance leur aurait été léguée par un peuple primitif; il expliquait les contradictions apparentes qu'on trouve dans les auteurs sur la distance des lieux en admettant différents stades qu'on aurait confondus jusqu'à lui.

GOTAMA. V. BOUDDHA.

GOTESCALC, prêtre allemand, partit en 1096 à la tête d'une troupe indisciplinée de 15 000 croisés, qui furent presque tous tués en Hongrie.

GOTESCALC, surnommé le second Fulgence, hérétique, né en Allemagne vers l'an 806, embrassa la vie monastique à Orbais, abbaye de l'ordre de St-Benoît, dans le diocèse de Soissons. Nourri de la lecture de S. Augustin, il crut trouver dans cet auteur le dogme de la prédestination absolue et enseigna que Dieu a gratuitement prédestiné les élus à la vie éternelle et les réprouvés à la mort éternelle. Cette doctrine ayant été condamnée au concile de Mayence en 848, et Gotescalc ayant refusé de se rétracter, il fut déclaré hérétique incorrigible et se vit déposé du sacerdoce, battu de verges et enfermé pour le reste de ses jours dans l'abbaye de Ht-Villiers, par ordre d'Hincmar, archevêque de Reims. Il mourut dans sa prison, en 868, sans avoir consenti à une rétractation. Sa vie a été écrite par Usserius, 1631, et par le jésuite L. Cellot, 1655.

GOTHA, capit. du duché de Saxe-Cobourg-Gotha, près de la Leine, à 74 k. N. O. de Cobourg, à 876 k. N. E. de Paris; 15 000 hab. Station de chemin de fer. Beau château ducal avec terrasse ; musée ouvert au public; biblioth., riche cabinet de médailles, cabinet chinois, galerie de tableaux; gymnase, écoles polytechn., de commerce, normale primaire. Porcelaine, toiles de coton, lainages, etc. On y rédige depuis 1764 l’Almanach de Gotha. Patrie de Gotter, de Th. Reinesius.

GOTHARD (S.), né en Bavière, réforma plusieurs monastères, et fut évêque d'Hildesheim de 1021 à 1038. On l'hon. le 4 mai. V. ST-GOTHARD.

GOTHEMBOURG ou GŒTHEBORG, v. de Suède (Westrogothie), ch.-l. du gouvt de Gothembourg-et-Bohus, à480 kil. O. S. O. de Stockholm; 25 000 h. Évêché, place forte, consulats. Rues larges et régulières; bon nombre d'édifices. Imprimeries, fabriques de drap, de tapis, de toiles à voiles, d'horlogerie; filatures de coton, corderies, papeteries, raffineries, teintureries, etc. Chantiers de construction; commerce florissant; bateaux à vapeur pour Stockholm, Copenhague, etc. Gothembourg fut fondée en 1607 par Charles IX, détruite en 1611 par les Danois, et rebâtie par Gustave-Adolphe. — Le gouvt de Gothembourg-et-Bohus, formé de l'anc. province de Bohus et d'une partie de la Westrogothie, est borné au N. par la Norwége, à l'E. par le gouvernement d'Elfsborg dont elle est séparée par le Gœta-Elf, au S. par celui de Halmstad, et à l'O. par le Skager-Rack et le Cattégat.

GOTHIE (roy. de). On désignait jadis sous ce nom la portion mérid. de la Suède, au S. de la Suède propre et à l'E. de la Norwége, elle était divisée en 3 parties : 1° Ostrogothie (subdivisée en Ostrogothie propre, Smaland, îles d'Œland et Gottland); 2° Westrogothie (Westrogothie propre, Bohus, Dalie, Wermeland) ; 3° Gothie du Sud (Halland , Skana, Blekinge). Auj. la Gothie forme 12 lans ou gouvts : Linkœping, Calmar, Kronoberg, Gottland, Jœnkœping, Skaraborg, Elfsborg, Gœtheborg-et-Bohus, Halmstad, Christianstad, Malmœhus, Blekinge. La Gothie tirait son nom des Goths, qui la conquirent vers le 1er siècle de J.-C. Elle forma jusqu'au XIIIe siècle un roy. à part. Un prince de la famille royale de Suède porte le titre de duc de Gothie.

Canal de Gothie, grand canal qui fait communiquer la Baltique et la mer du Nord, allant de Stockholm à Gothembourg. Il est composé en grande partie de lacs et de rivières réunis par des canaux. Il a été achevé en 1832.

Marche de Gothie. V. SEPTIMANIE.

GOTHIQUE (mer), Codanus sinus, la mer Baltique.

GOTHOFREDUS. V. GODEFROY, GEOFFROY, GALFRID.

GOTHONS, Gothones. V. GOTHS.

GOTHS, Gothi, peuple germanique. Ils eurent, à ce qu'on croit, pour habitation première, soit le Boiohemum qu'ils partageaient, dit-on, avec les Marcomans, soit les sources de la Vistule; ils conquirent ensuite la Scandinavie méridionale et centrale, ainsi que le nord de la péninsule Cimbrique, tous pays où on les trouve établis 3 siècles av. J.-C. et où leur passage est attesté par les noms de Gothie, Codanus sinus, Jutland (car Jutes et Goths ne diffèrent pas) ; puis ils revinrent au S. de la Baltique où une de leurs tribus s'établit sous le nom de Gothons (dans la Prusse actuelle) ; de là, subjuguant les Venèdes, Burgundes, Roxolans, Iazyges et Finnois, ils s'étendirent de proche en proche depuis la Vistule et la Theiss jusqu'au Rha, et se divisèrent en trois grandes masses ne formant qu'un même État (Gépides, au N. des Alpes Bastarniques ; Visigoths ou Goths de l'Ouest, du Tibisque au Borysthène; Ostrogoths ou Goths de l'Est, du Borysthène au Rha); ils franchirent plusieurs fois le Danube et même le Pont-Euxin, pour ravager l'empire (sous Maximin, Gordien, Décius); rançonnèrent Marcianopolis, prirent Philippopolis, assujettirent Gallien au tribut, mais furent repoussés par Claude II qui prit de là le surnom de Gothique (269) ; occupèrent la Dacie Trajane dès que les Romains l'abandonnèrent (274); se jetèrent sur le roy. du Bosphore, qu'ils détruisirent, et pillèrent l'Asie-Mineure. Leur roi Hermanaric porta leur puissance à son plus haut degré dans le IVe siècle : leur empire embrassait vers 350 tout le pays qui s'étend depuis le Don jusqu'à la Theiss et depuis la mer Noire jusqu'à la Baltique; mais ils furent arrêtés dans leurs progrès par l'invasion des Huns; Hermanaric périt en combattant ces derniers sans pouvoir arrêter leur marche (376). Une partie des Goths, les Ostrogoths, consentit à subir le joug des Huns; les autres, les Visigoths, franchissant le Danube, se jetèrent de nouveau sur l'empire romain et obtinrent du faible Valens des terres en Mésie (376); mais dès 378, ils reprirent les armes contre l'empire : vainqueurs à Andrinople, ils pillèrent les faubourgs de Constantinople : ils ne furent réduits que par Théodose I, qui prit les plus redoutables à sa solde. A la mort de cet empereur (395), Alaric I, leur chef les promène par toute la Thrace et la Macédoine; il se fait donner par Arcadius le titre de général des milices romaines en Illyrie orientale (397), il envahit deux fois l'Italie sous le règne d'Honorius (403-409), prend et saccage Rome (410). Ataulf, son frère et son successeur, fonda la monarchie des Visigoths dans la Gaule méridionale et l'Hispanie (412). De leur côté, les Ostrogoths, redevenus libres en 453, à la mort d'Attila, obtinrent des demeures, les uns en Pannonie, les autres en Thrace; puis ils se réunirent tous sous Théodoric le Grand, et allèrent, avec l'aveu de l'empereur Zénon, reprendre l'Italie sur les Hérules (489-93); ils fondèrent dans ce pays le roy. des Ostrogoths, qui, après avoir été florissant sous Théodoric (493-526), tomba bientôt en décadence, puis succomba sous les coups de Bélisaire et de Narsès (534-553). Les Ostrogoths passèrent alors en Norique, mais ils n'existèrent plus comme nation. — Le royaume des Visigoths en Espagne se maintint jusqu'en 711, époque à laquelle il fut détruit par les Arabes ; néanmoins les restes de la nation se conservèrent dans les montagnes des Asturies et de la Galice, et y fondèrent les petits royaumes chrétiens qui furent le noyau de la monarchie espagnole. — Les Goths étaient de tous les barbares les plus aptes à la civilisation. Ils embrassèrent la religion chrétienne du temps de Constantin, mais ils adoptèrent l'hérésie d'Arius. La loi des Visigoths est sans contredit la plus savante et la plus douce des lois barbares. Pour plus de détails sur l'histoire des Ostrogoths et des Visigoths, V. ces noms. — On peut consulter sur les Goths, qui paraissent être identiques avec les Scythes et les Gètes : Jornandès, De Getarum, sive Gothorum origine et rebus gestis; Pinkerton, Recherches sur l'origine et les établissements des Scythes et des Goths, trad. par Miel, 1804, et Bergmann, Recherches sur les Gètes.

GOTTER (Fréd. Guil.), poëte allemand, né à Gotha en 1746, m. en 1797, occupait dans sa ville natale un emploi qui lui faisait le loisir de se livrer aux lettres. Il avait étudié à fond la langue et la littérature françaises, et appréciait nos chefs-d'œuvre-poétiques ; il chercha à en reproduire les beautés dans ses œuvres. Il a composé des épîtres, des élégies, des poésies légères et des ouvages dramatiques. Le recueil de ses Poésies a été publié à Gotha, 1787-88, 2 v. On y trouve des imitations de l’Oreste, de la Mérope et de l’Algire de Voltaire. Il a aussi donné des Opéras-Comiques et des Drames.

GOTTINGUE. V. GŒTTINGUE.

GOTTLAND, île suédoise de la mer Baltique, au S. E. de la Suède, par 15° 48'-16° 49' long. E., 56° 54'-57° 56' lat. N.: 115 kil. sur 63, forme un gouvt; 40 000 hab. ; ch.-l., Wisby. Climat moins rude qu'en Suède. Forêts, grains, beaucoup de légumes; bétail; pêche active. — Cette île fut peuplée à une époque fort reculée par les Goths. Elle fut conquise par les Danois en 1361 et 1437 : le traité de 1644 la donna à la Suède. Les Russes l'occupèrent momentanément en 1807. Le roi de Suède Charles IX porta d'abord le titre de duc de Gottland.

GOTTLIEBEN, bourg de Suisse (Thurgovie), à 2 kil. O. de Constance; 250 hab. Vieux château fort, où furent enfermés Jean XXIII, Jean Huss et Jérôme de Prague pendant le concile de Constance (1414). Le prince Louis Napoléon (Napoléon III) l'acheta en 1837 et le restaura.

GOTTORP, bailliage du Danemark, dans la partie mérid. du duché de Sleswig, tire son nom du château de Gottorp qui défend la ville de Sleswig, son ch.-l.; 20 000 hab. Il a donné son nom à une branche de la maison de Holstein.

GOTTSCHED (J. Christian), écrivain allemand, né en 1700 près de Kœnigsberg, m. en 1766, enseigna les belles-lettres à Leipsick depuis 1730, et influa puissamment, par ses leçons et ses ouvrages de critique, sur le développement de la littérature allemande. Ses principaux écrits sont : l’Éloquence académique, à l'usage des écoles, 1728 ; Essai d'art poétique pour les Allemands, 1730; Histoire critique et littéraire de la langue allemande, 1732-44; Grammaire allemande, 1748: cet excellent ouvrage a eu de nombreuses éditions; Dictionnaire des arts libéraux, 1780. On lui doit des traductions de Bayle, de Fontanelle, une tragédie de Caton, et deux recueils de poésies (1736 et 1750), qui sont médiocres. Gottsched fit tous ses efforts pour constituer une littérature propre à l'Allemagne et fut le chef d'une école qui, tout en visant à l'originalité, plaçait au-dessus de tout la pureté de la langue et la correction du style. On lui reproche du pédantisme.

GOUALIOR, v. et fort de l'Inde anglaise (Agrah), anc. capit. du roy. de Sindyah, par 75° 42' long E., 26° 15' lat. N., à105 kil. S. d'Agrab; 80 000 hab. Célèbre forteresse regardée comme la clef de l'Hindoustan du côté des Mahrattes et comme inexpugnable; elle fut prise pourtant par les Anglais en 1780. Rendue aux Mahrattes en 1805, elle est devenue la capit. de l’État de Sindhyah; les Anglais l'ont prise de nouveau en 1844. — Goualior donne son nom à un vaste et fertile district de l'Inde, qui se trouve vers le centre de la presqu'île, entre 26° et 27° lat. N., et qui compte près de 4 millions d'hab.

GOUDA, quelquefois Ter-gouw, v. du roy. de Hollande (Holl. mérid.), sur l'Yssel et la Gouwe, à 17 k. N. E. de Rotterdam; 15 000 hab. Superbe et vaste cathédrale, remarquable par ses vitraux peints; grandes écluses, etc. Pipes, fromages estimes. Entrepôt de marchandises pour Amsterdam, Rotterdam et la Belgique. Patrie du voyageur Houtman.

GOUDELOUR. V. KADDALORE.

GOUDIMEL (Claude), compositeur du XVIe siècle, né vers 1510, probablement en Franche-Comté, fut maître de chapelle à Besançon, puis se rendit à Rome et y fonda une école, d'où sortit Palestrina, revint vers 1555 en France, où il embrassa le Calvinisme, et fut tué à Lyon en 1572, lors du massacre de la St-Barthélemy. On a de lui des messes, des motets et autres chants d'église, dont plusieurs remarquables, et des chansons. Il mit en musique la traduction des Psaumes de Cl. Marot et de Th. de Bèze, ainsi que les Odes d'Horace (Paris, 1555) : c'est un de ses meilleurs ouvrages. Ses productions se font remarquer par la pureté de l'harmonie.

GOUDJERATE, prov. de l'Inde. V. GUZZERAT.

GOUDOULI ou GOUDELIN (Pierre), poëte toulousain, né en 1579, m. en 1649, était avocat. Il écrivit dans l'idiome languedocien des poésies diverses, qui eurent un grand succès : ses compatriotes lui assurèrent un revenu, afin qu'il pût se livrer tout entier à son talent. Ses Œuvres ont été imprimées à Toulouse en 1648, in-4, et réimprimées en 1842, 2 v. in-8; on y admire surtout son Chant Royal et son Ode sur la mort d'Henri IV.

GOUET (le), petite riv. des Côtes-du-Nord, naît près de Quintin, passe à St-Brieuc, et se jette dans la Manche au port du Légué, après un cours de 50 kil.

GOUFFÉ (Armand), le Panard du XIXe siècle, né à Paris en 1775, m. en 1845, occupait au ministère des finances un emploi de chef de bureau. Il se retira à Beaune, en 1827, au sein de sa famille. Ami de la gaieté et de la bonne chère, il fut un des fondateurs du Caveau moderne. Il a donné à divers théâtres, le plus souvent avec des collaborateurs, un grand nombre de vaudevilles et de petites pièces (Cange ou le Commissionnaire, Bientôt, les deux Jocrisses, Nicodème à Paris, le Chaudronnier de St-Flour, le Duel et le Déjeuner, le Directeur dans l'embarras, etc.). Il réussit surtout dans la chanson; plusieurs de celles qu'il composa sont devenues populaires : tout le monde a chanté sous l'Empire Plus on est de fous, plus on rit. Gouffé se place dans ce genre entre Désaugiers et Béranger : on a dit que Désaugiers faisait des ponts-neufs, Béranger des odes et Gouffé des chansons. Il en publia plusieurs recueils sous les titres de Ballon d'essai (1802), Ballon perdu (1804), Encore un ballon (1807), le Dernier ballon (1812).

GOUFFIER, maison du Poitou à laquelle appartient Bonnivet, et qui s'allia à celle des Choiseul. V. BONNIVET et CHOISEUL.

GOUGES (Olympe de), femme AUBRY, née à Montauban en 1755, était fille d'une revendeuse à la toilette. Elle vint à Paris à 18 ans, s'y fit bientôt remarquer par sa beauté et son esprit, adopta avec exaltation les idées révolutionnaires et forma, dit-on, la société des Tricoteuses ; néanmoins, elle s'offrit lors du procès de Louis XVI pour défendre le roi, et elle combattit le système de la Terreur ; ce qui la fit condamner à mort à la fin de 1793. Elle avait composé plusieurs pièces de théâtre : le Mariage de Chérubin, 1785 ; l'Homme généreux, 1786 ; Molière chez Ninon, 1787 ; le Couvent ou les Vœux forcés, 1792 ; des romans et des pamphlets.

GOUGH (Richard), antiquaire anglais, né à Londres en 1735, m. en 1809, a publié entre autres ouvrages les Monuments funéraires de la Grande-Bretagne, 3 vol. in-f., 1786-99, et a mérité d'être surnommé le Camden du XVIIIe siècle.

GOUHENANS, commune de la Hte-Saône, à 10 k. S. de Lure; 500 hab. Salines et houillères. La concession de ces mines donna lieu en 1847 à un triste procès à la suite duquel le ministre Teste fut condamné comme prévaricateur.

GOUJET (l'abbé Cl. P.), savant compilateur, né à Paris en 1697, m. en 1767, était oratorien et chanoine de St-Jacques de l'Hôpital, et se montra ardent janséniste. Il a composé plus de 60 ouvrages; les plus importants sont : Vie des saints, 1730, 7 vol. in-12; Bibliothèque des écrivains ecclésiastiques, faisant suite à la collection de Dupin, 1736; Bibliothèque française, 18 vol. in-12, Paris, 1740, renfermant des analyses de livres peu connus ; Mémoires sur le collége de France, 1758, in-4; Histoire du pontificat de Paul V, 1765. On lui doit une édition du Dictionnaire de Richelet, ainsi que des corrections et additions importantes pour l'édition de 1750 du Dictionnaire de Moréri.

GOUJON (Jean), célèbre sculpteur et architecte, le restaurateur de la sculpture en France, né vers 1510, mort en 1572, prit les anciens pour modèle et mérita d'être appelé le Phidias français et le Corrège de la sculpture. J. Goujon était calviniste : on a dit qu'il avait été tué le jour de la St-Barthélemy, tandis qu'il travaillait, sur un échafaudage, aux décorations du vieux Louvre, mais cette tradition ne repose sur aucun fondement. Il eut pour amis Germain Pilon, Pierre Lescot et Philibert Delorme, artistes célèbres alors, et il forma Bullant. Son chef-d'œuvre est la fontaine des Innocents à Paris (1550), où l'on admire des figures de Naïades de la forme la plus gracieuse. Le Louvre possède son groupe de Diane à la biche et son buste de Coligny. Il orna de sculptures le château d'Écouen, pour Anne de Montmorency, le château d'Anet pour Diane de Poitiers, et la partie du Louvre que bâtit Pierre Lescot. On doit aussi à son ciseau les sculptures qui ornent l'hôtel de Carnavalet à Paris. A la science de l'anatomie, cet artiste joignait un goût parfait, un dessin irréprochable, un travail fin et précieux; ses groupes ont des formes élégantes et pures, les attitudes en sont variées, les draperies franchement jetées; les figures ont tant de relief qu'on croirait embrasser toute la rondeur. On trouve dans une ancienne traduction de Vitruve par Martin (Paris, 1547) un Appendice écrit par J. Goujon. On a gravé ses plus beaux ouvrages dans le Musée des monuments français. Réveil les a publiés à part en 1844.

GOULARD (Thomas), chirurgien, né vers 1720 à St-Nicolas de la Grave, près de Montauban, mort vers 1790, était démonstrateur royal de chirurgie et d'anatomie à Montpellier et chirurgien-major de l'hôpital militaire de cette ville. On a de lui un Traité des effets des préparations de plomb, et principalement de l'extrait de saturne, 1760. Son nom est resté attaché à l'extrait de saturne, qu'on appelle vulgairement eau de Goulard (acétate de plomb).

GOULART (Simon), écrivain du XVIe siècle, né a Senlis en 1543, mort en 1628, adopta la religion réformée, se réfugia après la St-Barthélemy à Genève, où il avait été reçu ministre dès 1566, et présida le synode après Théodore de Bèze. On a de lui un ouvrage curieux et recherché : Trésor d'histoires admirables, Genève, 1620; des Mémoires historiques sur la Ligue; des traductions de Xénophon, Sénèque, Théodoret, etc., et des éditions de S. Cyprien, de Tertullien, de Plutarque et d’Amyot.

GOULETTE (la). V. TUNIS.

GOULU (Nicolas), professeur de grec au Collége de France, né en 1530, près de Chartres, mort en 1601, était gendre de Dorat. Il a surtout travaillé sur la philosophie de Cicéron (In Ciceronis doctrinam topicam, 1560; In universam Ciceronis philosophiam, 1564, etc.). On lui doit aussi une traduction des Hymnes de Callimaque, des Sermons de Grégoire de Nysse, etc. — Son fils, Jean Goulu, mort en 1629, fut général des Feuillants, composa plusieurs traités religieux, et donna des traductions de S. Denis l'Aréopagite, 1629, et d’Épictète, 1630. Il a composé, sous le titre de Lettres de Phyllarque (c. à d. général des Feuillants) à Ariste, un ouvrage critique où il attaque violemment Balzac.

GOUMTI, riv. d'Hindoustan, naît dans le district de Bareily (présid. d'Agrah); traverse l'Aoude, où il baigne Laknau; l'Allahabad, où il baigne Djouanpour, et se jette dans le Gange, par la r. g., à Tchandraouty, après un cours de 520 k. — Une riv. de même nom arrose le district de Tipperah dans la présidence de Calcutta et se jette dans le Brahma poutre.

GOUR ou GAUR, v. du Kaboul, ch.-l. du pays de Gour ou Ghorat, à 220 kil. N. de Kandahar, par 34° 18' lat. N., 62° 10' long. E., fut la capitale des Gourides et leur donna son nom. Elle fut prise au XIIIe s. par le khan du Kharism, ravagée ensuite par Gengis-Khan et par Tamerlan, et n'offre plus que des ruines.

GOUR, quelquefois LAKNAOUTY, la Gangia Regia de Ptolémée ? v. de l'Inde, sur le Gange, par 34° 18' lat. N., 62° 50' long. E., fut la capit. du Bengale de 1204 à 1564 ; elle a été abandonnée à cause de son insalubrité.

GOURDON, ch.-l. d'arr. (Lot), près du Bleu, à 32 kil. N. de Cahors; 5000 hab. Trib. de 1re inst. Société d'agriculture. Toile à voiles, bonneterie, chapeaux; vins, truffes.

GOURGAUD (Gaspard), général d'artillerie, né à Versailles en 1783, mort en 1852, était fils d'un musicien de la chapelle de Louis XVI et neveu de Dugazon. Entré au service dès 1801, il se signala à la bataille d'Austerlitz, où il fut blessé, à celles d'Iéna, de Friedland, d'Essling, et surtout à Wagram; devint en 1811 l'un des officiers d'ordonnance de Napoléon, prit une part glorieuse à la campagne de Russie, entra le 1er dans le Kremlin, où il sauva l'Empereur et une partie de l'armée en enlevant, au péril de sa vie, une mèche qui allait mettre le feu aux poudres; ne se distingua pas moins dans la campagne de France, eut, après le combat de Brienne, le bonheur de sauver une 2e fois la vie à l'Empereur; combattit comme général de brigade à Waterloo, où il tira les derniers coups de canon; accompagna Napoléon à Ste-Hélène, mais se vit obligé de s'éloigner par suite de mésintelligence avec un de ses compagnons d'exil; fit à son retour en Europe d'actives démarches auprès des souverains réunis à Aix-la-Chapelle pour faire adoucir le sort du prisonnier ; publia en 1818 la Campagne de 1815, écrite à Ste Hélène, fut, pour cette publication, rayé par Louis XVIII des contrôles de l'armée, rentra en activité sous Louis-Philippe, qui l'éleva au grade de général de division et le choisit pour aide de camp; accompagna en 1840 le prince de Joinville à Ste-Hélène, ramena avec lui en France les cendres de l'Empereur et fut à son retour élevé à la pairie. Gourgaud a rédigé, avec Montholon, les Mémoires pour servir à l'Histoire de France sous Napoléon (1822-25, 8 v. in-8). Il a réfuté Bourrienne dans les Erreurs de Bourrienne et a combattu les calomnies contenues dans la Vie de Napoléon de W. Scott.

GOURIDES ou GAURIDES, dynastie qui régna sur la Perse au XIIe siècle, eut pour chef Hussein-Mahmoud-Gouri, gouverneur du pays de Gour pour les Gaznévides, qui se déclara indépendant en 1155. Les Gourides, sous la conduite d'Ala-Eddyn, conquirent rapidement toute la Perse, et en chassèrent les Gaznévides (1158) ; mais en 1213 ils furent eux-mêmes renversés par les khans du Kharism.

GOURIE ou GOURIEL, partie méridionale de la Colchide, anc. région d'Asie sur la mer Noire, entre les embouch. du Tchorok et du Rioni, au S. de la Mingrélie ; env. 40 000 hab. Elle tire son nom d'une v. de Gori ou Gouri, auj. peu importante, et est divisée en Gourie russe, qui est annexée à la prov. d'Iméréthie et qui apour ch.-l. Poti, et en Gourie turque, dans le pachalik de Trébizonde; ch.-l., Batoum. Vastes forêts; cire, miel (dont une espèce enivrante), vin, maïs, millet, tabac — La Gourie fit partie du roy de Géorgie jusque vers le milieu du XVe siècle, puis du roy. d'Iméréthie. A la fin du XVIIe siècle, elle secoua le joug, mais pour subir bientôt la domination ottomane. Les Russes s'en sont approprié la plus grande partie en 1801.

GOURIEV-GORODOK, v. et fort de la Russie d'Europe (Orenbourg), sur l'Oural, à 12 kil. de son emb. dans la mer Caspienne : 3000 hab., cosaques. Elle fit partie du gouvt d'Astrakhan jusqu'en 1753.

GOURIN, ch.-l. de c. (Morbihan), à 6 k. N. O. de Napoléonville; 1122 hab.

GOURNAY, Gornacum, ch.-l. de cant. (Seine-Inférieure), à 44 kil. S. E. de Neufchâtel, sur l'Epte; 3164 hab. Trib. de commerce, bibliothèque. Station. Beurre renommé, cidre, etc. Aux env., eaux minérales dites de Jouvence. — Cette v. appartenait jadis aux Caletes. Rollon en fit le ch.-l. d'une seigneurie au Xe siècle. — On appelle cette v. Gournay-en-Bray, pour la distinguer de deux vges de même nom situés dans les dép. de l'Oise et de Seine-et-Oise.

GOURNAY (Mlle Marie LEJARS de), femme célèbre par son esprit, née à Paris en 1566, morte en 1645. Ayant lu à l'âge de 18 ans les Essais de Montaigne, elle conçut pour l'auteur la plus vive admiration, s'en fit connaître, et lui inspira un si tendre attachement qu'il lui donna le titre de sa Fille d'alliance. Après la mort de Montaigne, elle donna deux édit. estimées des Essais, en 1594 et 1635. Elle a aussi composé elle-même quelques écrits, parmi lesquels on remarque l'Égalité des hommes et des femmes et la Défense de la poésie et du langage des poëtes (où elle défend la vieille langue de nos poëtes). Elle a trad. des morceaux de Virgile, de Tacite et de Salluste, 1623. Elle était recherchée des personnes les plus distinguées et reçut une pension du roi.

GOURNAY (Vincent de), économiste, né à St-Malo en 1712, mort en 1759, était fils d'un riche négociant. Il dirigea longtemps les opérations de son père à Cadix, et visita les principaux pays de l'Europe pour y étudier l'état du commerce. Il quitta les affaires en 1749, acheta, d'après le conseil de Maupas, une charge de conseiller au grand conseil, fut nommé deux ans après intendant du commerce, et parcourut à ce titre les provinces de France, signalant et combattant partout les abus. Gournay fut avec Quesnay le fondateur de l'école des économistes; mais il diffère essentiellement de Quesnay, en ce qu'il ne plaçait pas toute la richesse dans la terre et reconnaissait que l'industrie crée une valeur réelle et ajoute beaucoup à la richesse nationale; grand partisan de la liberté commerciale, il proclama le premier cette fameuse maxime : Laissez faire, laissez passer. On n'a de lui qu'une trad. d'un Traité sur le commerce et l'intérêt de l'argent, de Josias Child (Paris, 1754, in-12). Turgot a écrit son Éloge.

GOUROU, mot indien qui veut dire maître, instituteur, désigne spécialement tantôt Bouddha, tantôt Ganéça. — Dans la religion des Syks, il désigne le chef spirituel de la confédération, et se joint au nom propre. Les plus célèbres Gourous des Syks sont : Nanek, qui porta le premier ce titre, et Govinda.

GOURVILLE (J. HÉRAULD de), né en 1625, mort en 1703, fut d'abord secrétaire du duc de La Rochefoucauld, à qui il rendit des services pendant les troubles de la Fronde ; fut nommé par Mazarin intendant des vivres à l'armée de Catalogne, obtint par la protection de Fouquet la place de receveur général des tailles de Guyenne, et fit rapidement une grande fortune. Accusé de concussion, il fut enveloppé dans la disgrâce de Fouquet et s'exila. Pendant son exil, il fut chargé d'une mission secrète auprès du duc de Brunswick ; il s'en acquitta avec succès et obtint sa grâce. Il rentra en France en 1681. On a de lui des Mémoires qui vont de 1642 à 1678, Paris, 1724.

GOUVEA, bourg du Portugal (Beira), à 80 kil. N. E. de Coïmbre; 1700 hab. — Enlevé aux Maures par Ferdinand le Grand 1038. Philippe III l'érigea en marquisat en faveur de la maison de Silva.

GOUVEA (Ant. de), Goveanus, jurisconsulte et philologue, né à Béja en Portugal l'an 1505, vint jeune se fixer en France; cultiva d'abord la littérature et composa des poésies latines estimées ; puis s'adonna à la philosophie, enseigna la doctrine péripatéticienne, eut à ce sujet de vifs démêlés avec Ramus, et publia contre lui, en 1543 : Pro Aristotele adversus P. Rami calumnias ; puis il se consacra à la jurisprudence, et enseigna le droit avec éclat à Toulouse, à Valence, à Grenoble. Il mourut à Turin en 1566. Ses œuvres ont été publiées à Rotterdam sous le titre d’Opera juridica, philosophica, etc., 1756, 2 vol. in-fol. — Son frère, André de G., vint aussi en France, enseigna la grammaire et la philosophie au collége Ste-Barbe à Paris, puis au collège de Guyenne à Bordeaux; fut rappelé en Portugal en 1547 par le roi Jean III et chargé de fonder à Coïmbre un collége sur le plan des écoles françaises. Il mourut l'année suivante, lorsque cet établissement commençait à prospérer.

GOUVEA (Ant.), moine augustin, fut envoyé à Goa en 1597 pour professer la théologie, alla, en 1602, solliciter du roi de Perse Chah-Abbas la permission de fonder des établissements dans ses États, fut jeté en prison, s'échappa, et tomba entre les mains de corsaires algériens, qui le retinrent encore pendant 8 ans. Il publia à son retour plusieurs ouvrages qui ont de l'intérêt : Histoire des progrès de l'Église catholique en la réduction des chrétiens de S. Thomas, Coïmbre, 1606, trad. en français, 1609; Relations de la Perse et de l'Orient, 1609; Relation des guerres et victoires de Chah-Abbas, 1611, trad. en 1646.

GOUVION-SAINT-CYR (Laurent), maréchal de France, né en 1764 à Toul (Meurthe), de parents sans fortune, mort en 1830, se destinait aux arts et donna des leçons de dessin. Il embrassa avec ardeur les idées nouvelles en 1789, obtint un emploi dans l'état-major de la garde nationale de Paris, s'enrôla en 1792 dans le bataillon des Chasseurs républicains, fit toutes les campagnes des armées du Rhin et de Rhin et Moselle, fut fait général de division en 1794, devint en 1798 général en chef de l'armée de Rome, en 1803 de l'armée de Naples, et se signala dans ces deux commandements par son intégrité autant que par son habileté; jouit d'abord de peu de faveur auprès de l'empereur à cause de son attachement aux idées républicaines, et resta quelque temps sans emploi; fut néanmoins rappelé dès 1806, fit la campagne de Prusse et de Pologne en 1807, et fut nommé gouverneur de Varsovie. Envoyé en Espagne en 1808, il fit une campagne brillante en Catalogne, où il prit Rosas et Barcelone. Appelé en Russie en 1812 et placé à la tête du 6e corps de la grande armée, il remporta sur le comte de Wittgenstein la brillante victoire de Polotsk, et reçut en récompense le bâton de maréchal avec le titre de comte de l'Empire. En 1813 il défendit Dresde, y soutint un long siège et obtint une capitulation honorable; il n'en fut pas moins retenu prisonnier par trahison. Rentré en France en 1814, il reconnut le gouvernement de Louis XVIII; il suivit le roi à Gand en 1815, et fut chargé à différentes reprises, de 1815 à 1821, du ministère de la guerre. Il porta dans son administration des idées libérales qui contribuèrent à rallier les esprits à la cause des Bourbons et fit de bonnes lois sur le recrutement, sur l'avancement militaire et les pensions de retraite. La réaction de 1821 l'écarta du ministère. Rentré dans la vie privée, il s'occupa de rédiger ses mémoires. On a de lui : Journal des opérations de l'armée de Catalogne en 1808 et 1809, Paris, 1821; Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin et de Rhin et Moselle, 1829; Campagnes de 1812 et de 1813, Paris, 1831. Habile tacticien, profond dans ses combinaisons, Gouvion St-Cyr excellait dans la guerre méthodique. Sa Vie a été écrite par Gay de Vernon, 1857.

GOVEA, GOVEANUS. V. GOUVEA.

GOVINDA, dit aussi Gourou-Govind, chef des Syks, né en 1656 à Patnah, succéda en 1671 à son père, qui avait été assassiné par ordre d'Aureng-Zeyb. Poursuivi par les agents du conquérant mongol, il erra dans divers pays, excitant partout la haine contre le nom musulman ; trouva un asile dans le Pendjab; réussit à transformer des peuplades jusque-là timides en une nation belliqueuse et redoutable, et fonda ainsi la puissance temporelle des Syks, qui, depuis Nanek, n'étaient qu'une secte religieuse. Malgré tous ses efforts, il ne put parvenir à chasser les Mongols. Il mourut, à ce qu'on croit, en 1708 à Nandere, dans le Décan. Gourou-Govind enseignait un pur théisme qui conciliait le Mahométisme et le Brahmisme; comme Mahomet, il promettait le ciel à ceux qui mouraient en combattant. Il donna à ses partisans un livre sacré (le Livre des Dix Rois), écrit dans l'idiome du Pendjab.

GOWER (J.), vieux poëte anglais, contemporain de Chaucer, né vers 1320, mort en 1408, exerça la profession de jurisconsulte, et fut attaché à la cour de Richard II et de Henri IV. Il avait composé un grand poëme en 25 livres et en trois parties sous le titre de Speculum meditantis, Vox clamantis, Confessio amantis. La 1re partie, en 10 livres et en vers français, fait l'éloge du bonheur conjugal, et donne le moyen de recouvrer la grâce perdue. La 2e, en 7 livres et en vers élégiaques latins, n'est guère qu'une chronique métrique de l'insurrection des communes sous Richard II (ces deux premières parties n'ont pas été imprimées). La 3e est un poëme anglais en 8 livres, écrit par l'ordre de Richard II, mêlé de couplets ou strophes en vers latins : ce poëme, qui est en grande partie imité de notre Jean de Meung, roule sur la métaphysique de l'amour; il obtint un grand succès (imprimé à Londres en 1483, 1532 et 1857). Gower a pu, par son style travaillé, rendre de grands services à la langue anglaise; mais il n'a ni l'esprit ni l'élégance de Chaucer. Sa versification est harmonieuse, mais sa poésie a un caractère sentencieux qui lui donne quelque chose de pédantesque.

GOYA-Y-LUCIENTES (don François), peintre espagnol, né en 1746 à Fuente-de-Todos (Aragon), mort à Bordeaux en 1828, imita Vélasquez et Rembrandt. Ses chefs-d'œuvre sont un Crucifix pour l'église St-Ferdinand à Madrid, S. François de Borja à Valence, l’Arrestation de J.-C. à Tolède, la Famille de Charles IV, ouvrage qui lui valut le titre de premier peintre de la cour. On lui doit aussi une collection de capriccios, caricatures politiques remplies de verve et d'originalité.

GOYAZ, primitivement VILLABOA, v. du Brésil, ch.-l. de la prov. de Goyaz, sur le Vermelho, à 976 k. N. O. de Rio-de-Janeiro, par 16° 20' lat. S., 50° 49' long. O.; 8000 hab. Évêché. — La prov. de Goyaz, entre celles de Para à l'O., Fernambuco et Minas-Geraës à l'E., a 160 k. sur 580 et env. 200 000 h. Pays montagneux, arrosé par le Vermelho, le Tocantins et le Parahiba. Bois colorants, écorces et plantes médicinales, sucre, ananas; culture du coton et du tabac; mines d'or, diamants, cristal.

GOZLIM. Voir GOSLIN.

GOZON (Dieudonné de), grand maître de St-Jean de Jérusalem en 1345, s'était signalé, n'étant encore que simple chevalier, en délivrant l'île de Rhodes d’un serpent monstrueux qui la désolait (exploit que quelques-uns regardent comme fabuleux). Élevé à la grande maîtrise, il fit revivre l’ancienne discipline de l’ordre, augmenta les fortifications de Rhodes, rétablit le roi de la Petite-Arménie et l’aida à chasser les Sarrasins venus d’Égypte. Il mourut en 1353, dans un âge avancé.

GOZZE ou GOZZO, Gaulos chez les anciens, île de la Méditerranée, à 6 kil. N. O. de Malte : 15 kil. sur 8 ; 16 000 hab. ; lieu principal, Rabatto. Cette île fut donnée aux chevaliers de St-Jean de Jérusalem en même temps que Malte (1530), dont elle a toujours suivi le sort. Elle appartient auj. aux Anglais.

GOZZI (Gaspard), littérateur, né à Venise en 1713, mort en 1786, est estimé comme critique ; il fit paraître, à partir de 1768, l’Observateur vénitien, journal dans le genre du Spectateur anglais. Il a aussi publié une Apologie de Dante contre les attaques de Bettinelli, 1758, et divers ouvrages en prose ou en vers, 1759. — Charles Gozzi, son frère, né en 1718, mort vers 1801, travailla pour le théâtre. Il attaqua de front le genre trop sérieux créé par Goldoni, et y opposa un genre fantastique et bouffon qui eut quelque temps la vogue. Ses Œuvres parurent à Venise, 1772-91, 10 vol. 8o. Son Théâtre a été traduit par Alph. Royer, 1865. Il a laissé des Mémoires, qui ont été traduits par P. de Musset.

GOZZOLI (Benozzo), peintre, né à Florence en 1400, mort à Pise en 1478, élève de fra Giovanni da Fiesole, fut un des artistes les plus féconds de l’ancienne école italienne. Il peignit toute une muraille du Campo Santo de Pise, et y retraça toute l’histoire de l’Ancien Testament, depuis Noé jusqu’à Salomon. Quoique dessinant mieux que la plupart des maîtres de son époque, il leur fut inférieur sous le rapport de l’expression. Cependant ses œuvres se distinguaient par la vie et la fraîcheur.

GRAAF (REGNIER de), médecin et anatomiste hollandais, né à Schoonhove en 1641, mort en 1673, étudia sous Sylvius, dont il adopta les doctrines ; vint se perfectionner à Paris, puis se fixa à Delft où il exerça jusqu’à sa mort. On lui doit d’intéressantes recherches sur le suc pancréatique (Leyde, 1664), sur les organes génitaux (1668) et sur la génération (1672) : il prouva que les vivipares naissent d’un œuf, aussi bien que les ovipares. Il eut de vives disputes avec Swammerdam. Ses Œuvres, écrites en latin, ont été réunies à Leyde en 1677, in-8.

GRAAL (le SAINT). V. GRÉAL.

GRABOUSA, Cimarus, îlot de la Méditerranée, à la pointe N. O. de l’île de Candie. Les Vénitiens la possédaient dès le XIIIe siècle ; elle leur fut enlevée en 1692 par les Turcs. Elle servait de refuge à un grand nombre de pirates qui furent détruits par la marine française en 1828.

GRAÇAY, ch.-l. de c. (Cher), à 52 kil. O. de Bourges ; 2986 hab. Anc. seigneurie. Aux env. se trouve un monument celtique formé de 21 pierres énormes, dites les Pierres folles.

GRACCHUS (Tibérius Sempronius), père des Gracques, d’une famille plébéienne, fut deux fois consul (177 et 163 av. J.-C.), vainquit les Hispaniens et les Ligures, soumit la Sardaigne et fut honoré du triomphe. Il est célèbre par son éloquence et par sa grandeur d’âme : ennemi personnel des Scipions, il n’en défendit pas moins Scipion l’Africain ainsi que Scipion l’Asiatique contre les accusations des tribuns. Il obtint en reconnaissance la main de Cornélie, fille de Scipion l’Africain : il en eut les Gracques, que leur mère éleva elle-même avec le plus grand soin.

GRACCHUS (Tibérius), fils aîné du précédent, né en 162 av. J.-C. Nommé questeur en 137, il suivit le consul C. Hostilius Mancinus en Espagne, et sauva, en traitant avec les Numantins, l’armée romaine que l’inhabileté du consul avait mise en danger. Élu tribun en 133, il fit passer, malgré l’opposition violente des patriciens, une loi agraire qui limitait la possession des terres usurpées sur le domaine public et distribuait aux citoyens pauvres les terres détenues illégalement ; en outre, il leur distribuait les richesses qu’Attale, roi de Pergame, avait léguées en mourant au peuple romain. Mais le sénat, craignant son influence, le fit assassiner au milieu de ses partisans, au bout de l’année, au moment où il allait se faire réélire.

GRACCHUS (Caïus), frère de Tibérius, plus jeune que lui de 10 ans. Le Sénat, dans le but de l’éloigner, l’avait nommé questeur en Sardaigne (126), mais il s’empressa de revenir à Rome dès qu’il fut sorti de charge. Il fut nommé tribun en 123 et réélu avec acclamation l’année, suivante. Pendant les deux ans qu’il exerça cette charge, il fit passer aussi une loi agraire, appela les peuples de l’Italie au droit de suffrage, fit transférer aux chevaliers le pouvoir judiciaire, pourvut aux embellissements de Rome, créa plusieurs colonies afin de donner des terres aux citoyens indigents, et conduisit lui-même une de ces colonies à Carthage. Écarté du tribunat par les intrigues des sénateurs, il ourdit un complot contre eux. Caïus ayant réuni ses partisans dans le Forum, le consul Opimius s’y rendit avec des hommes armés, et voulut dissoudre l’assemblée. Un combat s’ensuivit, dans lequel le peuple, qui était sans armes, fut facilement vaincu. C. Gracchus se vit forcé de fuir dans le temple de Diane, puis il se réfugia dans un bois voisin. Il y fut tué par ordre d’Opimius, ou, selon d’autres, se fit donner la mort par un esclave, l’an 121 av. J.-C. Sa tête avait été mise à prix : le meurtrier qui l’apporta y avait coulé du plomb pour la rendre plus lourde. Cicéron loue l’éloquence des Gracques : il relève surtout chez Caïus l’élévation, la force et la passion. Plutarque a écrit la Vie des Gracques.

GRÂCES (les), Charites chez les Grecs, Gratiæ chez les Latins, filles de Jupiter et d’Eurynome, ou selon d’autres d’Apollon et de Vénus, étaient les compagnes de Vénus et présidaient à la gaieté des festins, à l’harmonie des fêtes, à la joie innocente, à tout ce qui est beau, radieux, attrayant ; elles étaient la personnification de ce qu’il a de plus séduisant dans la beauté. Les Grecs juraient par les Grâces et ouvraient le repas en vidant une coupe en leur honneur. On en compte ordinairement trois : Aglaé (brillante), Thalie (verdoyante, qui inspire la joie), et Euphrosyne (qui réjouit l’âme). À Sparte et à Athènes, on n’en admettait que deux. On les représentait tantôt vêtues de longues robes, tantôt sous la figure de trois jeunes vierges nues, sans ceinture, les mains et les bras entrelacés, et formant des danses agréables auprès de Vénus. Parmi les groupes antiques des Grâces qui ont été conservés, les plus célèbres sont ceux de la villa Borghèse et du palais Ruspoli à Rome, et celui que l’on conserve au Dôme de Sienne.

GRACIAS-A-DIOS, v. de l’État de Honduras, à 98 kil. N. E. de San-Salvador ; 1500 hab. Fondée en 1536 par Juan de Chaves, elle fut jusqu’en 1544 le siège de l’audience royale de Guatemala et de Nicaragua.

GRACIOSA, une des Açores, au N. O. de Terceira ; 12 000 hab. ; ch.-l. Santa-Cruz.

GRACQUES (les), nom par lequel on désigne les deux célèbres tribuns Tibérius et Caïus Gracchus. V. GRACCHUS.

GRADENIGO (Pierre), doge de Venise de 1289 à 1311, fut élu par la faction aristocratique, voulut rendre l’aristocratie héréditaire, et s’attira la haine du peuple par des mesures contraires à la liberté. Il eut à déjouer les conspirations de Marino, Bocconio et Tiepolo, champions de la cause populaire. — Barthélémy Gr., doge de 1339 à 1343, réprima un soulèvement des Grecs de Candie. — Jean Gr., succéda en 1355 à Marino Faliero, qui avait conspiré contre l’État, punit ses complices et fit la paix avec les Génois. Il mourut en 1356. GRADISKA, v. de Bosnie, sur la r. d. de la Save, en face de Vieux-Gradiska. — VIEUX GRADISKA, v. des États autrichiens (Esclavonie), à 40 kil. O. de Posega; 2500 hab. Place forte. — NOUV. GRADISKA, bourg des États autrichiens (Esclavonie), à 182 kil. O. de Peterwaradin; 1600 hab.

GRADO, v. et port des États autrichiens (Illyrie), à 31 kil. S. O. de Goriz; 2500 hab. Le patriarche d'Aquilée y transporta son séjour vers 568, et le patriarcat resta dans cette ville jusqu'en 451, époque à laquelle il fut transféré à Venise.

GRÆFENBERG, vge de la Silésie autrichienne, à 32 k. S. de Neisse. C'est là que fut fondé le 1er établissement hydrothérapique. V. PRIESSNITZ.

GRÆTZ ou GRATZ, Græcium ou Gratium, v. murée des États autrichiens, en Styrie, ch.-l. du cercle de Grætz à 180 kil. S. O. de Vienne, sur la Muhr; 60 000 hab. Siège de l'évêché de Seckau, autrefois princier, et du gouvernement de la Styrie. Burg ou château, nouvel hôtel de ville, cathédrale remarquable, université; Johanneum (établissement pour les hautes sciences); bibliothèque de 100 000 volumes; muséum d'histoire naturelle (avec collections); observatoire, etc. Soieries, cotonnades, draps; faïence; rosoglio, etc. Grand commerce. — Le cercle, entre l'archiduché d'Autriche au N. E., le cercle de Bruck au N. O., l'Illyrie à l'O., le cercle de Marburg au S., et la Hongrie à l'E., compte 345 000 hab.

GRÆVIUS, J. George Græfe, érudit, né en 1632 à Naumbourg en Saxe, mort en 1703, se forma en Hollande sous Gronovius, le remplaça en 1658 dans la chaire d'histoire de Deventer, fut appelé en 1661 à l'université d'Utrecht, et y enseigna l'histoire avec une grande distinction jusqu'à sa mort : il compta au nombre de ses élèves le prince de Nassau, fils de Guillaume I. On a de lui des éditions estimées de Justin, Catulle, Tibulle, Properce, Suétone, Florus, César, de plusieurs ouvrages de Cicéron, cum notis Variorum ; le Trésor des antiquités romaines, en latin, 12 v. in-f., Utrecht, 1694 (c'est un recueil de tous les traités sur les antiquités romaines qui lui avaient paru mériter d'être conservés en un seul corps); le Trésor des antiquités d'Italie, 1701-1723, — de Sicile, Sardaigne et Corse, 1723-1725 : ces 2 derniers ouv., écrits aussi en latin, ne forment pas moins de 15 vol. in-folio; ils furent terminés par Burmann. On admire l'élégance de la latinité de Grævius.

GRAFFIGNY (Françoise d'APPONCOURT, dame de), née à Nancy en 1695, morte en 1758, avait épousé un chambellan du duc de Lorraine, homme violent, dont elle fut obligée de se séparer. Elle vint à Paris en 1743 avec Mlle de Guise (depuis duchesse de Richelieu), s'y consacra aux lettres, et publia en 1746 les Lettres d'une Péruvienne, roman ingénieux qui eut du succès; elle donna aussi deux drames, Cénie, qui réussit, la Fille d'Aristide, qui échoua, et composa des petites pièces pour les enfants, entre autres la Fièvre d'Azor. Ses Œuvres forment 4 vol. in-12, Paris, 1788. On a publié en 1820, sous le titre de Vie privée de Voltaire et de Mme Duchâtelet, 29 Lettres de Mme de Graffigny, écrites pendant un séjour qu'elle fit à Cirey et qui n'étaient pas destinées à l'impression.

GRAHAM (George), célèbre horloger et mécanicien de Londres, né en 1675, mort en 1751, a inventé l’échappement à cylindre et exécuté des instruments d'astronomie et de mathématiques d'une précision admirable, notamment le mural, qu'il fit pour Halley, le secteur, à l'aide duquel Bradley a fait de nouvelles observations sur les étoiles fixes, et un planétaire connu sous le nom d’Orrery, parce qu'il fut fait pour le comte de ce nom.

GRAHAM'S TOWN, v. de la colonie anglaise du Cap, à 35 k. N. O. de Bathurst; 2000 h. Résidence du gouverneur des districts de l'Est.

GRAILLY, antique maison de Guyenne, acquit le comté de Foix en 1398 par le mariage d'Archambault de Grailly avec Isabelle, héritière de la maison de Foix. Son membre le plus illustre est Jean de Grailly, dit le Captal de Buch. V. CAPTAL.

GRAINES (Côte des). V. CÔTE DES GRAINES.

GRAINVILLE (J. B. Franç. Xavier COUSIN de), écrivain, né au Havre-de-Grace en 1746, mort en 1806, était cousin de Bernardin de St-Pierre. Il entra dans la carrière ecclésiastique, se fit quelque réputation comme prédicateur et embrassa pendant la Révolution l'état d'instituteur. On a de lui une comédie en vers, le Jugement de Pâris, et un poëme en prose, le Dernier Homme du monde (1805). Le peu de succès de ce poëme, auquel il attachait beaucoup de prix, lui causa une fièvre violente; dans un accès, il se jeta dans le canal de la Somme, à Amiens, où il s'était retiré. Le poëme du Dernier Homme était tombé dans l'oubli quand il en fut tiré en 1810 par un érudit anglais nommé Croft. Ch. Nodier en publia une 2e éd. en 1811 avec une notice intéressante. Creuzé de Lesser le mit en vers : ce travail, bien supérieur à celui de Grainville, a été publié en 1831.

GRAISSESSAC, commune de l'Hérault, cant. et au N. de Bédarieux; 1500 hab. Riche mine de houille; chemin de fer conduisant à Béziers.

GRAMAT, ch.-l. de c. (Lot), sur l'Alzou, à 30 kil. N. E. de Gourdon ; 1830 hab. Laines, eaux minérales.

GRAMMONT, Gerardsbergen en flamand, Gerardi mons en latin, v. murée de Belgique (Flandre or.), sur la Dender, à 31 kil. S. E. d'Oudenarde, 8000 h. Toiles, tapis de pied, tapisseries, dentelles, tabac, etc. — Fondée en 1068 par le comte Baudouin de Mons, qui en avait acheté le terrain d'un nommé Gérard.

GRAMMONT, vge de France (Hte-Saône), à 22 kil S. de Lure; 350 hab. Anc. château fort, qui a donné son nom à la famille de Grammont.

GRAMMONT ou GRANDMONT, anc. abbaye de Bénédictins, fondée près de Muret (Hte-Garonne), au milieu des montagnes, en 1076, par des religieux qu'avait réunis Étienne, fils d'un vicomte de Thiers, eut des prieurs jusqu'en 1318, puis des abbés électifs. La règle de l'ordre était très-sévère : elle fut mitigée par Innocent IV en 1217. Cet ordre fut supprimé en 1769.

GRAMMONT (famille de), illustre famille de Bourgogne, ainsi nommée de l'anc. château fort de Grammont, en Franche-Comté (Haute-Saône), entre Vesoul et Montbéliard, remonte au XIe siècle, et compte parmi ses ancêtres S. Théodule, évêque de Sion sous Charlemagne. En 1656 la terre de Grammont fut érigée en comté par le roi d'Espagne, Philippe IV; en 1708, Louis XIV donna le marquisat de Villersexel à Michel, comte de Grammont, lieutenant général, en récompense de sa belle défense de Rheinstein. La famille de Grammont a fourni trois archevêques à Besançon : Ant. Pierre I, mort en 1698; Franç. Joseph, mort en 1717, et Ant. Pierre II, mort en 1754. Besançon est remplie des monuments de leur bienfaisance. Le dép. de la Hte-Saône, reconnaissant envers cette famille, a successivement choisi pour députés, depuis 1815, le marquis de Grammont (Alex. Théodule), alors chef de la maison, et beau-frère de Lafayette, puis son fils Ferdinand, comte de Grammont. — Il ne faut pas confondre cette famille avec celle des Gramont. V. ci-après.

GRAMONT (que l'on écrit souvent, mais à tort, Grammont), famille anc. et illustre, issue de Sanche Garcie d'Aure, qui vivait à la fin du XIVe siècle, tire son nom de la seigneurie de Gramont dans la Basse-Navarre (Labourd). D'abord comté, cette maison fut érigée en duché en 1643. Elle a fourni plusieurs personnages éminents, ducs, maréchaux et pairs de France. Nous citerons : Gabriel de Gramont, mort en 1534; il fut ambassadeur de France à la cour de Rome sous le règne de Louis XII, et chargé par François I de plusieurs missions diplomatiques dont il s'acquitta avec succès ; il reçut en récompense l'évêché de Poitiers, puis l'archevêché de Toulouse; — Philibert de Gramont, comte de Guiche, qui épousa en 1567 la belle Corisande (V. GUICHE); — Antoine III, duc de Gramont, qui se distingua comme militaire et diplomate sous Louis XIII et Louis XIV et fut fait maréchal en 1641 ; il mourut en 1678, à 74 ans; il a laissé des Mémoires sur ses négociations, publiés en 1716 par un de ses fils, Ant. Charles, duc de Gramont. C'était un des plus beaux hommes et des cavaliers les plus accomplis de son temps; Louis XIV le chargea d'aller en Espagne demander la main de Marie-Thérèse. — Philibert, comte de Gramont, son frère, accompagna Louis XIV dans la conquête de la Franche-Comté et de la Hollande ; mais il est surtout célèbre par son esprit, sa galanterie et son adresse au jeu. Il fut quelque temps disgracié pour avoir disputé au roi le cœur de Mlle Lamotte-Houdancourt. Il avait épousé la sœur d'Ant. Hamilton, qui a laissé sous le titre de Mémoires du comte de Gramont un portrait piquant de son caractère. Il mourut en 1707. — Armand de Gramont, comte de Guiche, fils aîné du maréchal Antoine III, est l'un des premiers qui passèrent le Rhin en 1672 (V. GUICHE). — Louis, duc de Gramont, lieutenant général, colonel des gardes françaises, causa par une coupable désobéissance la défaite de Dettingen, 1743 : il fut tué à Fontenoy, 1745. — À cette maison se rattache celle des ducs de Gramont-Caderousse (ainsi appelés d'une île du Rhône comprise dans leurs domaines) : c'est une famille du comtat Venaissin, qui tenait du pape le titre de duc.

GRAMONT ou GRAMOND (Gabriel de BARTHÉLEMY, seigneur de), historien, né vers la fin du XVIe siècle, mort à Toulouse en 1634, appartenait à une famille parlementaire originaire du Rouergue. Il fut président au parlement de cette ville et conseiller d'État. On a de lui : Historia prostratæ a Ludovico XIII sectariorum in Gallia rebellionis, Toulouse, 1623, où il fait l'apologie de la St-Barthélemy ; Historiarum Galliæ ab excessu Henrici IV libri XVIII, 1643, in-fol., ouv. médiocre, où il prétendit continuer De Thou.

GRAMONT (Scipion de), sieur de St-Germain, né en Provence au XVIe siècle, fut secrétaire du cabinet de Louis XIII, eut la confiance de Richelieu, fit plusieurs voyages en Italie, et mourut, dit-on, à Venise en 1638. On a de lui : l’Abrégé des artifices, traictant de plusieurs inventions nouvelles, Aix, 1606; la Rationnelle ou l'Art des conséquences, Paris, 1614; Traité de la Nature, des qualités et prérogatives des points, où se voient plusieurs belles et admirables curiosités, 1619 : c'est un écrit de géométrie ; le Denier royal, traité curieux de l'or et de l'argent, 1620, in-8; Rupella capta, poëme sur la prise de La Rochelle, dédié au cardinal de Richelieu, 1628.

GRAMPIANS (monts), Grampius mons, chaîne de montagnes qui traverse l’Écosse centrale du S. O. au N. E., depuis la presqu'île de Cantyre, dans le comté d'Argyle, jusqu'au cap Kinnaird dans le comté d'Aberdeen, s'étend de l'O. à l'E. depuis l'Océan Atlantique jusqu'à la mer d'Allemagne. Son développement est de 400 kil. — Ses plus hauts sommets sont : le Ben-Nevis, 1364m; le Ben-na-Muich-Diudh, 1346m. Les monts Grampians partagent l’Écosse en deux régions tout à fait distinctes : celle qui est située au N. prend le nom de hautes-terres (high-lands), et celle qui est au S. celui de basses-terres (low-lands).

GRAN (Le), riv. de Hongrie, naît dans le comitat de Gœmœr et tombe dans le Danube, par la r. g., en face de la v. de Gran, après un cours de 260 kil.

GRAN, Strigonium en latin, Esztergom en hongrois, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Gran, au confluent du Gran et du Danube, à 45 kil. N. O. de Bude; 13 000 hab. Archevêché primatial de Hongrie; collége de Bénédictins, belle cathédrale, construite en 1821. Draps, teintureries; bons vins; eaux thermales. Les Turcs prirent cette ville en 1540; Jean Sobieski et Charles de Lorraine la reprirent en 1683. Un violent incendie en détruisit une partie en 1818. — Le comitat, situé entre ceux de Bars, Komorn, Pesth, a 49 k. sur 36 et compte env. 100 000 h.

GRANADA, v. du Nicaragua, près du volcan de Granada, sur la rive O. du lac de Nicaragua ; 10 000 h. Indigo, cochenille, cuirs, sucre. Fondée en 1523; saccagée par les flibustiers en 1680 et 1856.

GRANBOURG, ou MARIGOT, ch.-l. de l'île française Marie-Galante, sur la côte S. O. ; 2500 h.

GRANCEY-LE-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 40 kil. N. de Dijon; 700 hab. Château magnifique.

GRANCOLAS (Jean), docteur en Sorbonne, chapelain de Monsieur frère de Louis XIV, né vers 1660, mort en 1732, avait une connaissance profonde des antiquités ecclésiastiques. On a de lui : Traité de l'antiquité des cérémonies des sacrements, 1692; le Quiétisme contraire à la doctrine des sacrements, 1695; l'Antique discipline de l'Église sur la confession et la pénitence, 1697; Traité des liturgies, 1697; la trad. des Catéchèses de S. Cyrille, 1715, etc.

GRAND, bourg du dép. des Vosges, à 15 kil. O. de Neufchâteau ; 1300 hab. Clouteries. Restes d'un amphithéâtre romain, dit Amphith. de Julien.

GRAND D'ESPAGNE. V. GRANDESSE.

GRAND-BOURG DE SALAGNAC, ch.-l. de c. (Creuse), à 19 kil. S. O. de Guéret, sur la Gartempe ; 3015 hab.

GRANDCHAMP, ch.-l. de c. (Morbihan), à 19 kil. N. O. de Vannes; 500 hab. George Cadoudal y fut battu par les Républicains en l'an VIII.

GRAND-COMBE (LA), ch.-l. de c. (Gard), à 16 k. N. E. d'Alais; 6000 h. Riche mine de houille connue depuis peu, exploitée par une puissante société, et desservie par un chemin de fer conduisant à Alais. Station de chemin de fer. Ce canton, distrait de celui de Genoilhac, a été créé en 1858.

GRAND-COURONNE, ch.-l. de c. (Seine-inf.), à 8 kil. O. de Rouen ; 1000 hab.

GRAND-DUC, nom que portent plusieurs princes souverains de l'Allemagne et de l'Italie. En Allemagne on compte 6 grands-ducs : ceux de Bade, de Hesse-Darmstadt, de Saxe-Weimar, de Mecklembourg-Strélitz, de M.-Schwerin, d'Oldenbourg. En Italie, il en existait un seul, celui de Toscane. — En Russie, le titre de grand-duc est porté par les princes du sang.

GRANDE-BRETAGNE, GRANDE-CÉSARIENNE, GRANDE-GRÈCE, etc. V. BRETAGNE, etc.

GRANDESSE, dignité qui est d'usage en Espagne. Les grands d'Espagne sont divisés en trois classes : les grands de la 1re classe parlent au roi la tête couverte ; ceux de la 2e parlent au roi la tête découverte, mais se couvrent pour écouter sa réponse; ceux de la 3e attendent l'invitation du roi pour se couvrir. Avant le XVIe siècle, tous les nobles (hidalgos) d'Espagne portaient le titre de ricos hombres ; Charles-Quint y substitua le nom de grands. Auj. la grandesse a perdu toute son importance et n'a plus qu'une existence nominale.

GRANDIDIER (Phil. André), historien ecclésiastique, né à Strasbourg en 1752, mort en 1787, eut pour protecteur le cardinal de Rohan, devint successivement archiviste de l'évêché de sa ville natale, chanoine du grand-chœur, historiographe de France. On a de lui : Histoire de l'évêché et des évêques de Strasbourg, Strasb., 1776 et 1778 (il n'en a paru que 2 vol. sur 8 qu'elle devait avoir) ; Histoire ecclésiastique, militaire, civile et littéraire de l'Alsace, 1787; la Cathédrale de Strasbourg, 1782.

GRANDIER (Urbain), prêtre fameux par sa fin tragique, né en 1590 à Rovère, près de Sablé (diocèse du Mans), était curé de St-Pierre à Loudun et chanoine de Ste-Croix. Il sollicita la place de directeur des religieuses d'un couvent d'Ursulines à Loudun; mais un concurrent plus heureux l'emporta. Peu après, les Ursulines furent atteintes d'une espèce de folie contagieuse, se croyant tourmentées par des esprits malins. On prétendit aussitôt qu'elles étaient possédées du démon, et on accusa Grandier de leur avoir jeté un maléfice. Il porta plainte en calomnie devant l'archevêque de Bordeaux, Charles de Sourdis; ce sage prélat calma les esprits et assoupit l'affaire. Mais à quelque temps de là, un émissaire du cardinal de Richelieu, Laubardemont, étant venu à Loudun, l'accusation fut renouvelée devant lui. Le curé, qui peut-être avait donné prise par une vie peu réglée, fut déclaré coupable d’adultère, de sacrilège, de magie, de maléfice et de possession, et condamné à être brûlé vif après avoir été appliqué à la torture. La sentence fut exécutée en 1634 sur la place de Loudun. On regarda cette exécution atroce comme une vengeance du cardinal, contre lequel Urbain Grandier avait écrit un pamphlet. Aubin, écrivain protestant, a publié à Amsterdam en 1776 : Histoire des diables de Loudun, ou Cruels effets de la vengeance de Richelieu. On conserve à la Bibliothèque impériale la procédure du curé de Loudun.

GRANDJOUAN, hameau de la Loire-Infér., à 24 k. de Châteaubriant, dépend de la commune de Nozay ; 200 h. École régionale d’agriculture et ferme-école, fondée en 1833 ; fabr. d’instruments aratoires ; haras de juments arabes.

GRAND JUGE, titre créé en France en 1802 pour un haut fonctionnaire chargé de l’administration de la justice. V. RÉGNIER.

GRAND-LEMPS (Le), ch.-l. de c. (Isère), arr. et à 20 kil. S. de La Tour-du-Pin ; 2070 hab.

GRAND-LIEU (lac de), lac de France, dans le dép. de la Loire-Inf., à 10 k. S. O. de Nantes, avait 8 kil. sur 6 et 3894 hectares de superficie. Il communiquait avec la rive gauche de la Loire par un canal navigable de 22 kil. Il a été desséché en 1860. — Selon une tradition, l’emplacement occupé maintenant par ce lac était autrefois un vallon délicieux du nom d’Herbadilla, qu’ombrageait la forêt de Vertave et qui fut submergé vers 554 ou 580.

GRAND-LUCÉ (Le), ch.-l. de c. (Sarthe), à 25 k. S. O. de St-Calais ; 2500 hab.

GRAND-MAÎTRE, titre des chefs de certains ordres et de certains corps. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et Arts.

GRANDMÉNIL (J. B. FAUCHARD de), célèbre comédien, né à Paris en 1737, mort en 1816, avait suivi d’abord la carrière du barreau. Par suite de contrariétés de famille, il alla s’engager au théâtre de Bruxelles, puis il rentra en France, joua aux grands théâtres de Bordeaux et de Marseille, fut appelé en 1790 à Paris, et parut avec le plus grand succès à la Comédie-Française. Il faisait les rôles à manteaux : il excellait dans les rôles de l’Avare, d’Arnolphe (dans l’École des femmes), de Francaleu (dans la Métromanie), du commandeur (dans le Père de famille). Lors de la réorganisation de la Comédie-Française, il fut nommé sociétaire. Il prit sa retraite en 1811. Il était professeur au Conservatoire et membre de l’Académie des beaux-arts.

GRAND MOGOL. V. MOGOL.

GRAND-MONT. V. GRAMMONT.

GRAND-OURS (lac du), lac de l’Amérique du Nord, par 123° 35' long O., 65° 10' lat. N., a 140 kil. sur 50. Ses eaux s’écoulent dans le fleuve Mackenzie.

GRAND-PORT. V. PORT-BOURBON.

GRANDPRÉ, ch.-l. de c. (Ardennes), sur l’Aire, à 15 kil. S. E. de Vouziers ; 1500 hab. — Jadis ch.-l. d’une seigneurie qui appartint à la maison de Joyeuse.

GRANDRIEU, ch.-l. de c. (Lozère), à 31 kil. de Mende ; 1500 hab.

GRAND-SERRE (Le), ch.-l. de c. (Drôme), sur la Galaure, à 50 kil. N. N. E. de Valence ; 1700 h. Hauts fourneaux, affinerie pour fer et acier. Ruines d’un château fort, nommé jadis Castrum Serris.

GRANDS JOURS. On donnait primitivement ce nom, dans le comté de Champagne, aux assises solennelles que les comtes tenaient à Troyes à certains jours de l’année pour rendre justice. Dans la suite ce nom s’étendit aux assises extraordinaires que les rois de France envoyaient tenir par leurs commissaires ou tenaient eux-mêmes dans les provinces éloignées de la capitale. Les juges étaient tirés des parlements. C’est le règne de François I qui offre le plus d’exemples de grands jours ; ce roi en fit tenir à Poitiers en 1531 et 1541 ; à Moulins en 1534, 1540 et 1545 ; à Troyes en 1535, à Angers en 1539, à Riom, 1546, etc. Les derniers furent tenus en 1605 par Henri IV dans le Quercy et le Limousin, en 1634 à Poitiers, sous Louis XIII, et en 1665 à Clermont-Ferrand, sous Louis XIV. Ceux-ci sont connus par la relation qu’en a rédigée Fléchier.

GRANDVAL (Ch. Franç. RACOT de), acteur célèbre, né à Paris en 1711, mort 1784, joua pendant 40 ans avec un succès soutenu : il excellait également dans la comédie et dans la tragédie. Il a laissé quelques pièces fort plaisantes, mais licencieuses. — Son père, Nic. Racot de Grandval, né en 1676, mort en 1755, avait aussi été acteur ; il fut ensuite organiste. On a de lui un poëme intitulé : Cartouche ou le Vice puni, 1725.

GRANDVILLE (J. J.), dessinateur, né en 1804 à Nancy, mort en 1847, reçut les premières leçons de son père, peintre de miniatures, vint se perfectionner à Paris, et s’ouvrit une voie nouvelle en créant la caricature philosophique et sociale. Il débuta par les Tribulations de la petite propriété, que suivirent les Plaisirs de tout âge, la Sibylle des salons, puis les Métamorphoses du jour, dont les piquantes figures, moitié hommes, moitié animaux, rendirent son nom populaire. Il enrichit de ses dessins la Silhouette, l’Artiste, la Caricature, le Charivari, illustra Guliver, Robinson, Béranger, Jérôme Paturot, interpréta avec un admirable talent les Fables de La Fontaine, donnant aux animaux l’expression de la physionomie humaine, puis en vint à composer des livres en estampes où le texte n’est plus que l’accessoire (Scènes de la vie privée et publique des animaux, Petites misères de la vie humaine, etc.). Il donna dans les derniers temps de sa vie les Fleurs animées, les Étoiles animées, l’Autre monde, compositions empreintes d’un certain mysticisme qui avait sa source dans la tristesse : il avait perdu coup sur coup une femme qu’il aimait et trois jeunes enfants. Grandville était parvenu à exprimer avec autant de justesse et de concision que d’esprit les sentiments les plus secrets du cœur humain, les traits les plus fins du caractère.

GRANDVILLIERS, ch.-l. de c. (Oise), à 34 kil. N. O. de Beauvais ; 1800 h. Calicot, draperies, etc. Bâti en 1213 par Philippe de Dreux, évêque de Beauvais. Aux env., beau château de Domerancourt.

GRANET (Franç. Marius), peintre, né à Aix en 1775, mort en 1849, était fils d’un maître maçon. Il se trouvait réduit à peindre des poupes et des proues de vaisseau lorsqu’il fut tiré de cette humble profession par le comte de Forbin, son compagnon d’études. Après avoir visité avec cet ami Paris et l’Italie, il s’ouvrit une voie nouvelle en s’attachant aux effets de lumière : il débuta en ce genre par une Vue du cloître des Feuillants, envoya de Rome en 1810 Stella traçant une Vierge sur les murs de sa prison, peignit ensuite le Chœur des Capucins de la place Barberine, où l’illusion est parfaite, et ne cessa de produire d’excellents ouvrages qui assurèrent sa réputation. Admis à l’Académie en 1830, il donna depuis la Mort du Poussin (1834), la Communion des premiers chrétiens dans les Catacombes (1837), la Cérémonie funèbre aux Invalides après l’attentat de Fieschi (1839), où son talent se montra sous de nouvelles faces. On l’a quelquefois appelé le Rembrandt français ; cependant il réussit le plus souvent à éviter les écueils de l’artiste hollandais. Peintre de la lumière par-dessus tout, Granet a su par le choix des sujets et des lieux, par le caractère de ses personnages, élever son style à la hauteur de la peinture d’histoire. Raoul Rochette a lu à l’Institut, en 1851, une Notice sur cet artiste.

GRANGENEUVE (J. Ant.), avocat de Bordeaux, né dans cette ville en 1750, fut nommé député de la Gironde à l’Assemblée législative, puis à la Convention, et prit une part active et honorable à toutes les discussions : lors du procès de Louis XVI, il se récusa, ne pouvant, dit-il, réunir en sa personne les fonctions d’accusateur, de témoin et de juge. Il fut compris dans la proscription des Girondins du 31 mai 1793, arrêté à Bordeaux, et guillottiné. Dans la première ardeur de son fanatisme républicain, avant le 10 août, Grangeneuve avait formé le projet de se faire assassiner afin de faire peser les soupçons sur le roi et de soulever ainsi le peuple.

GRANIQUE, Granicus, auj. Oustvolasou, petite riv. de l'Asie-Mineure (Mysie), tombait dans la Propontide, à l'O. de Cyzique. Alexandre remporta sur ses bords sa 1re victoire sur les Perses, 334 av. J.-C. Lucullus y battit Mithridate l'an 73 av. J.-C.

GRANJA (La), c.-à-d. la Ferme, résidence royale des souverains d'Espagne, près de St-Ildephonse, est située, comme notre Versailles, sur une éminence. Elle fut fondée par Philippe V. — La Granja a été, le 12 août 1836, le théâtre d'une insurrection militaire qui força la régente Christine à accepter provisoirement la constitution de 1812 ; une nouvelle constitution fut par suite rédigée et promulguée en 1837 : Espartero eut tout le pouvoir.

GRAN-SASSO ou MONTE-CORNO, un des sommets de l'Apennin central dans l'anc. roy. de Naples, à 17 k. N. E. d'Aquila ; 2980m : c'est le plus haut de l'Apennin.

GRANSON, Grandisonium, v. de Suisse (Vaud.), ch.-l. du district, à 32 kil. N. de Lausanne et près de Morat, sur la rive occid. du lac de Neuchâtel ; 800 hab. Vieux château, résidence des anciens barons de Granson. Charles le Téméraire y fut complètement battu par les Suisses en 1476.

GRANT (Terre de), côte S. E. de l'Australie, sur le détroit de Bass, s'étend de 138° 15' à 144° 2' long. E.

GRANT (Ch.), homme d'État, né en Écosse l'an 1746, mort à Londres en 1823, fut nommé par lord Conrwallis président du bureau du commerce à Calcutta en 1787 ; devint en 1793 un des directeurs de la Compagnie des Indes ; introduisit d'importantes améliorations et proscrivit le trafic des emplois. Député du comté d'Inverness à la Chambre des Communes, il contribua puissamment à faire renouveler la charte de la Compagnie (1813). Il se signala également par sa philanthropie, travailla à l'émancipation des esclaves, à la propagation de l'instruction, et introduisit en Écosse les écoles du dimanche.

GRANTHAM, V. d'Angleterre (Lincoln), à 35 kil. S. de Lincoln, sur un canal qui aboutit au Trent ; 9000 h. École où étudia Newton. Courses de chevaux.

GRANVELLE (Ant. PERRENOT de), cardinal, ministre de Charles-Quint et de Philippe II, né à Ornans près de Besançon en 1517, mort à Madrid en 1586, fut initié à la politique par son père, qui était chancelier de Charles-Quint. Évêque d'Arras dès 23 ans, il montra une grande habileté aux diètes de Worms et de Ratisbonne, où il assistait son père, et fut nommé garde des sceaux en 1544. Il conclut en 1553, contre les Réformés, une alliance difficile entre l'Espagne et l'Angleterre, qui fut sanctionnée par le mariage du fils de Charles-Quint avec Marie, fille de Henri VIII, roi d'Angleterre. Cette alliance ayant été rompue à l'avènement d’Élisabeth, l'habile ministre en conclut une autre avec la France à Cateau-Cambrésis, en 1559. Chargé enfin, avec Marguerite de Parme, par Philippe II, d'établir dans les Pays-Bas le gouvt absolu et l'unité religieuse, il s'acquitta de cette mission avec un zèle qui lui valut le chapeau de cardinal (1561) ; mais il se fit par sa rigueur tant d'ennemis qu'il se vit obligé de s'éloigner (1554). Il se retira à Besançon, et s'y livra à la culture des lettres. Philippe II le nomma en 1571 vice-roi de Naples, puis le rappela près de lui et lui confia la régence pendant son voyage en Portugal. Promu en 1584 à l'archevêché de Besançon, il mourut avant d'avoir pu se rendre dans son nouveau diocèse. Granvelle a laissé manuscr. de précieux Mémoires sur les affaires du temps, qui étaient conservés à la bibliothèque de Besançon et qui ont été publ. en 1839 et années suiv. par M. Weiss, dans les Documents inédits, sous le titre de Papiers d'État de Granvelle.

GRANVILLE, Grannonum, ch.-l. de cant. (Manche), sur une presqu'île, à 26 kil. N. O. d'Avranches ; 13 568 h. Port sûr, mais d'accès difficile : môle magnifique ; fortifications. Trib. et chambre de commerce ; école de navigation ; chantiers de construction ; entrepôt de sel. Pêche d'huîtres (dites de Cancale), cabotage, armements pour la pêche de la morue et pour l'Amérique ; grand commerce d'exportation avec l'Angleterre. Bateaux à vapeur pour Jersey. — Cette v. se fut qu'un bourg jusqu'au XVe siècle : en 1440 les Anglais en firent une place forte ; elle fut prise par les Français en 1450, brûlée par les Anglais en 1695, assiégée en 1793 par les Vendéens qui ne purent s'en emparer, et bombardée en 1803 par les Anglais.

GRANVILLE (George), vicomte de Lansdowne, homme d'État, né en 1667, mort en l735. Il se fit remarquer à la Chambre des Communes dans les rangs des Tories, fut nommé en 1710 secrétaire d'État de la guerre à la place de Robert Walpole, puis fut élevé au rang de pair, de membre du conseil privé, et enfin nommé trésorier de la maison de la reine. Disgracié à l'avènement de George I, il se vit accusé d'avoir favorisé une descente du prétendant en Angleterre, et subit une année de détention, 1715. En 1722 il passa en France, où il demeura dix ans. Ami des lettres, ce lord les cultivait lui-même : ses Œuvres, qu'il publia en 1732, se composent de comédies, de tragédies, et de dissertations historiques. Il fut un des protecteurs de Pope.

GRANVILLE SHARP, philanthrope, né en 1735 à Bradford-Dale, mort en 1813, fils d'un doyen du Northumberland, fut un des premiers et des plus ardents à combattre l'esclavage des nègres. Il occupait un emploi dans les bureaux de la guerre, et refusa des postes plus importants afin de vaquer librement à la mission qu'il s'était donnée. Il fit prévaloir ce principe que tout esclave qui met le pied sur le sol de la Grande-Bretagne est libre; fonda la colonie de Sierra-Leone en Afrique (1787), et fut un des fondateurs de la Société pour l'abolition de la traite. Il a écrit plus de 50 pamphlets pour répandre ses vues. Il a aussi laissé quelques écrits philosophiques.

GRASSE, ch.-l. d'arr. (Alpes marit.), à 15 kil. de la Méditerranée et à 912 kil. S. E. de Paris ; 12 825 hab. Trib., collége. Rues étroites, belle promenade du Cours. Huile d'olive, savon, tabac, liqueurs, essences, parfums renommés. Commerce d'oranges, citrons, miel, cire, et des produits de ses fabriques. Jadis évêché (V. GODEAU). Patrie des peintres Fragonard. — Cette ville remonte au XIIe siècle ; elle servit souvent d'asile aux habitants de Fréjus et d’Antibes contre les incursions des pirates. — L'arr. de Grasse appartenait avant 1860 au dép. du Var.

GRASSE (Franç. Jos. Paul, comte de), lieutenant général des armées navales, né en 1723 à Valette en Provence, mort en 1788, passa par tous les grades, fut nommé chef d'escadre en 1779, et assista à toutes les batailles qui eurent lieu pendant la guerre de l'indépendance en Amérique : attaqué en 1782 dans la mer des Antilles près des Saintes par lord Rodney dont les forces étaient bien supérieures, il fut forcé d'amener son pavillon après un combat des plus acharnés et resta deux ans prisonnier en Angleterre ; il ne revint en France qu'à la paix. A son retour il publia un Mémoire justificatif et fut honorablement acquitté.

GRASSET DE ST-SAUVEUR (Jacq.), compilateur, né en 1757 à Montréal, au Canada, mort en 1810, vint étudier à Paris, et fut longtemps vice-consul en Hongrie et dans le Levant. Il a publié : Costumes civils de tous les peuples connus (avec Sylvain Maréchal), 1784 et ann. suiv.; Tableaux cosmographiques de l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, 1787 ; l'Antique Rome, 1795, en 50 tableaux ; Encyclopédie des voyages, 1795-96; le Sérail ou Histoire des intrigues secrètes du Grand Seigneur, 1796 ; les Fastes du peuple français, 1796 ; Esprit des ana, 1801 ; Voyage pittoresque dans les quatre parties du monde, 1806 ; les Archives de l'honneur, 1805, etc. La plupart de ces écrits sont sans valeur.

GRASSIN (Pierre), vicomte de Busancy, conseiller au parlement de Paris, fonda en 1569 à Paris le collége dit des Grassins, en faveur des pauvres écoliers de la ville de Sens; ce collége était situé rue des Amandiers, sur la montagne Ste-Geneviève. Depuis 1789, il est devenu une propriété particulière.

GRATAROLI (Guill.), médecin du XVIe siècle, né à Bergame en 1516, mort en 1568, étudia à l'Université de Padoue, quitta l'Italie désolée par la guerre et par des querelles religieuses, professa la médecine à Marbourg et à Bâle, et acquit la réputation d'un habile praticien. On a de lui : De litteratorum valetudine, Paris, 1561; De medicinæ et rei herbariæ origine, progressu et utilitate, Strasbourg, 1564, ouvrage estimé; Discours sur les moyens de conserver et augmenter la mémoire, traduits du latin par Ét. Coppé, Lyon, 1586.

GRATET-DUPLESSIS (Alex.), littérateur, né en 1792 à Janville (Eure-et-Loir), mort en 1853, fut successivement professeur dans divers colléges, proviseur, inspecteur et enfin recteur des Académies de Caen et de Douai. On lui doit la Bibliographie parémiologique, 1847, indiquant tous les ouvrages consacrés aux proverbes; la publication ou la réimpression de pièces devenues rares (l'Ordre des bannerets de Bretagne, le Doctrinal des nouveaux mariés, le Mirouër des femmes vertueuses, etc.), une bonne édition annotée de La Rochefoucauld (1853), et une collection de petits livres récréatifs, qui parurent sous le pseudonyme d’Hilaire le Gai. — V. DOLOMIEU.

GRATIANOPOLIS, v. de Gaule, auj. Grenoble.

GRATIANOPOLITANUS PAGUS, le Grésivaudan.

GRATIEN, Flavius Gratianus, empereur d'Occident, né à Sirmium en 359, fut associé à l'empire en 367, par Valentinien I, son père, dès l'âge de huit ans, et lui succéda en 375, conjointement avec son jeune frère Valentinien II. Il repoussa les Allemands et les Goths. Le trône de Constantinople étant devenu vacant par la mort de Valens, il y éleva Théodose, le plus habile de ses généraux, 379. Gratien, élève d'Ausone, aimait les lettres, mais était fort hostile au paganisme; ayant fait enlever du Capitole la statue de la Victoire, il se rendit par là odieux aux Romains, et dès que le tyran Maxime se fut fait proclamer dans la Grande-Bretagne, il se vit abandonné de ses sujets. Il fut pris et mis à mort près de Lyon par Andragathius, lieutenant de Maxime, en 383.

GRATIEN, canoniste, né à Chiusi en Toscane, embrassa la vie religieuse à Bologne, et mourut dans cette ville vers le milieu du XIIe siècle. Il est auteur d'un recueil des décisions des papes, connu sous le nom de Décret de Gratien, qui fut publié pour la 1re fois en 1151 et qui a été plusieurs fois imprimé, notamment à Strasbourg en 1471, et tout récemment à Leipsick, dans le Corpus juris canonici de Richter, 1833-39. V. DÉCRÉTALES.

GRATIOLET (Louis-Pierre), naturaliste, né à Ste-Foy (Gironde), m. en 1865, fut l'élève et (1844-50) le suppléant de Blainville, puis professeur à la Faculté des sciences de Paris ; a laissé de savants Mémoires, et donné un tome II à l’Anatomie comparée du système nerveux, de Leuret, 1858. S

GRATIUS FALISCUS, poëte latin, né à Faléries, v. des Falisques, était contemporain et ami d'Ovide, qui le cite avec éloge. Il a laissé un poëme intitulé : Cynegeticon, qui, publié pour la 1re fois à Bologne, 1504, in-fol., a souvent été réimprimé. Il a été traduit en prose par Cabaret-Dupaty (dans la collection Panckoucke), et en vers par L. A. Jaquot, 1854.

GRATTAN (H.), orateur irlandais, né à Dublin en 1750, mort à Londres en 1820, entra en 1775 au parlement d'Irlande, prit dès l'abord un rang distingué parmi les membres de l'opposition, réussit en 1782 à empêcher la réunion du parlement de l'Irlande à celui de là Grande-Bretagne, et fut depuis ce moment le chef reconnu des whigs-clubs d'Irlande. Bien que protestant, il ne cessa de réclamer les droits électoraux pour ses compatriotes catholiques. Après le rappel du vice-roi d'Irlande Fitz-William, il chercha à s'opposer à l'insurrection qui en fut la suite; mais ses efforts furent vains, et il quitta le parlement. Il y rentra un moment pour s'opposer aux mesures de Pitt qui allait consommer l'union; mais il devait encore échouer. A partir de 1805, il siégea dans le parlement anglais, et s'y porta toujours le défenseur des catholiques irlandais. Ses discours ont été recueillis à Londres, 1822, 4 vol. in-8. Son fils a publié sa Vie, 1839.

GRATZ, v. d'Allemagne. V. GRÆTZ.

GRAUDENZ, v. des États prussiens (Prusse), ch.-l. de cercle, sur la Vistule, à 40 kil. S. O. de Marienwerder; 8300 hab. Draps, distilleries, brasseries; grains. Fort qui commande la Vistule. Les Français l'assiégèrent en 1807.

GRAULHET, ch.-l. de c. (Tarn), à 20 kil. N. E. de Lavaur, sur le Dadou; 2400 hab. Maroquins.

GRAUN (Ch. Henri), chanteur et compositeur allemand, né en 1701 à Wahrenbruck (Saxe), mort en 1759, débuta comme premier ténor à Brunswick et reçut bientôt le titre de vice-maître de chapelle. Frédéric le Grand le chargea de créer l'Opéra de Berlin. Ses principaux opéras sont: Polydore, 1726; Rodelinda, 1741; Demofoonte, 1746; Britannico, Mérope, 1756. Son oratorio de la Mort de Jésus est son chef-d'œuvre.

GRAVE, v. forte de Hollande (Brabant sept.), sur la r. g. de la Meuse, à 12 kil. S. O. de Nimègue; 3000 hab. Prise par Maurice de Nassau en 1602, par les Français en 1672, et par Guillaume, prince d'Orange, en 1674. — V. GRAVES et LAGRAVE.

GRAVELINES (de Graven linghe, c.-à-d. fossé ou canal des comtes), v. forte de France, ch.-l de c. (Nord), à 18 kil. O. S. O. de Dunkerque, à l'embouchure de l'Aa dans la Manche; 5819 hab. Assez jolie ville; port ensablé. Chantiers de construction; hôpital militaire ; armements pour la pêche de la baleine, de la morue et du hareng. — Fondée en 1160. cette v. prit son nom d'un canal que les comtes de Flandre y avaient fait creuser. Elle fut fortifiée sur les plans de Vauban.

GRAVELOTTE, vge près de Metz. Bataille entre les Prussiens et l'armée de Metz (16 août 1870).

GRAVES. On appelle ainsi, sur la côte du dép. de la Gironde, des couches de gravier qui s'étendent près des confluents de la Garonne et de la Dordogne, de la Garonne et du Ciron, de l'Isle et de la Dordogne : ces terrains, très-meubles et propres à conserver la chaleur, conviennent à la vigne. C'est là que se récoltent les meilleurs vins du Médoc, ce qui les fait appeler Vins de Graves. Les plus célèbres sont, pour les vins rouges, ceux de Talence, Mérignac, Pessac; pour les vins blancs, ceux de Blanquefort, Eylines, Taillant, Villenave.

GRAVESANDE, v. de Hollande (Holl. mérid.), à 13 kil. S. O. de La Haye, sur la mer; 750 hab. Anc. résidence des comtes de Hollande.

GRAVESANDE (Guill. Jacob 'S), savant hollandais, né à Bois-le-Duc en 1688, mort en 1742, publia dès l'âge de 18 ans un Essai de perspective qui le fit remarquer ; coopéra pendant plusieurs années au Journal littéraire publié à La Haye, fit en 1715 un voyage en Angleterre pendant lequel il se lia avec les savants de ce pays, et devint en 1717 professeur à l'Université de Leyde où il enseigna successivement les mathématiques, l'astronomie et la philosophie. Il fut un des premiers à adopter et à propager les théories de Newton, et il contribua par ses travaux aux progrès de la physique et des mathématiques. Ses ouvrages les plus remarquables sont : ' Physices elementa mathematica, experimentis confirmata, La Haye, 1720 et 1742, trad. en français par Joncourt, 1746; Philosophiæ Newtonianæ instituta, 1723 et 1744; Introductio ad philosophiam, metaphysicam et logicam continens, 1736 et 1756, trad. en français par Joncourt, ouvrage devenu classique. En métaphysique, 'S Gravesande est disciple de Locke : il fait comme lui consister la liberté dans le pouvoir de faire ce qu'on veut, plutôt que dans celui de choisir.

GRAVESEND, v. et port d'Angleterre (Kent), à 35 k. S. E. de Londres, sur une éminence qui domine l'entrée de la Tamise ; 7000 hab. Port très-fréquenté, douane très-active : on y examine les papiers des bâtiments qui se rendent à Londres. Construction navale; bains de mer; but de promenade en bateau à vapeur pour les habitants de Londres.

GRAVINA, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 55 k. S. O. de Bari; 10 000 hab. Évêché. Anc. duché. Patrie de Dominique de Gravina.

GRAVINA (Dominique de), historien italien du XIVe siècle, né à Gravina, a écrit en latin le Journal des événements qui se sont passés dans la Pouille de 1332 à 1350 ; ce Journal est inséré dans les Scriptores rerum italicarum de Muratori, tome XII.

GRAVINA (Pierre), poëte latin, né à Palerme vers 1453, mort en 1527, embrassa l'état ecclésiastique; se fixa à Naples, où il eut pour protecteurs Gonsalve de Cordoue et Prosper Colonne, et se lia avec Pontanus, Sannazar et autres personnes de mérite. Ses poésies, qui se composent principalement d'épigrammes, ont été recueillies en partie par Scipion Capèce, et imprimées à Naples, 1532. On regrette la perte de son poëme De Gonzalvi Cordubæ rebus gestis.

GRAVINA (J. Vincent), jurisconsulte et littérateur, né à Roggiano, près de Cosenza, en 1664, mort à Rome en 1718, fonda avec quelques amis à Rome, en 1695, la célèbre Académie des Arcadiens (Arcadi). Il obtint en 1699 une chaire de droit civil au collége de la Sapience à Rome, puis enseigna le droit canonique, et eut le mérite de remonter aux meilleures sources. Il ne négligea jamais les lettres; il forma Métastase, et se plut à faire la fortune de ce grand poëte. Ses ouvrages ont été réunis à Naples, 1756, 3 vol. in-4; les plus remarquables sont : De Ortu et progressu juris civilis, Naples, 1701-1713; De Instauratione studiorum ; Delle Favole antiche, trad. en français par J. Regnault; Della Ragione poetica, 1708; Della Tragedia, 1715. Gravina avait lui-même composé plusieurs tragédies.

GRAVINA (Ch., duc de), amiral espagnol, né à Naples en 1747, était, dit-on, fils naturel de Charles III. Il passa en Espagne avec ce prince, reçut en 1793 le commandement d'une division de la flotte, eut une part honorable à la défense de Roses en Catalogne assiégée par l'armée française, et mérita le grade de contre-amiral. La paix ayant été faite avec la France, il commanda la flotte espagnole réunie devant Cadix à la flotte française sous les ordres de l'amiral Villeneuve, 1805 : il fut blessé à la bataille de Trafalgar, qui avait été livrée contre son avis, et mourut peu après de ses blessures, en 1806.

GRAY, Gradicum, ch.-l. d'arr. (Hte-Saône), sur la Saône, à 56 kil. N. O. de Vesoul; 6535 hab. Trib. de commerce, collége. Port fréquenté, chemin de fer, beau pont, vieux château, casernes, moulin magnifique. Grands chantiers de construction; grand commerce en grains et en vins; entrepôt des denrées expédiées du midi de la France et des colonies pour l'Allemagne; produits des houillères et verreries des dép. de la Loire et du Rhône; merrains et bois de marine destinés pour Toulon. — Fondée vers le VIIe s., cette v. dépendait de la Franche-Comté. Louis XIV la prit en 1668 et la démantela.

GRAY (Thomas), poëte anglais, né à Londres en 1716, mort en 1771, fut élevé à Éton, où il se lia avec Horace Walpole; étudia le droit à Cambridge, et obtint dans cette université une chaire d'histoire qu'il ne remplit jamais. Il était d'un caractère mélancolique. Gray a laissé des odes, des élégies et quelques poésies latines, entre autres un poëme : De principiis cogitandi. Ses poésies forment un très-petit volume, mais l'élégance et la sublimité de quelques-unes ont suffi pour le placer parmi les premiers poëtes anglais. On estime surtout son Élégie écrite dans un cimetière de campagne, traduite par Chénier, imitée par Fontanes dans le Jour des Morts; ses Odes sur le Printemps, sur le Collége d'Éton; l’Hymne à l'Adversité. La meilleure édit. de ses œuvres est celle de J. Mitford, Londres, 1816 et 1853 : elle contient, outre les poésies, des lettres de l'auteur et une notice sur sa vie. Les poésies ont été trad. par Lemierre neveu, Paris, 1798. — V. GREY.

GRAZIANI (Ant. Marie), écrivain, né en 1537 à Borgo-San-Sepoloro en Toscane, mort en 1611, fut le secrétaire et le coopérateur du cardinal Commendon, qu'il accompagna dans ses diverses, missions; puis devint secrétaire de Sixte-Quint, fut fait en 1592 évêque d'Amelia, et envoyé en 1594 comme légat près de la république de Venise. On a de lui divers écrits historiques, en latin, estimés pour leur exactitude et leur élégance : De bello Cyprio, Rome, 1616 (trad. en français par Lepelletier, 1685); De casibus virorum illustrium, Paris, 1680, trad. par Lepelletier; et une Vie de Commendon, publiée et traduite du latin par Fléchier, 1669. — Un autre Graziani, Jean, né a Bergame en 1670, mort en 1730, a aussi écrit sur l'histoire. On lui doit, entre autres ouvrages, une Histoire de Venise, en latin (Padoue, 1728), qui continue celle d'A. Morosini.

GRAZIANI (Jérôme), poëte, né en 1604 à Pergola, mort en 1675, eut pour protecteur François I, duc de Modène, qui le prit pour secrétaire (1657) et lui donna le comté de Sarzano. On a de lui : Cleopatra, poëme en 6 chants, qu'il composa à 22 ans (1626); la Conquista di Granata (1650), poëme en 26 chants, qui le place au nombre des meilleurs poètes épiques de son pays; une tragédie de Cromvell, 1671, la meilleure pièce de ce genre qu'ait eue l'Italie jusqu'à la Mérope de Maffei.

GRAZZINI (Ant. Franç.), poëte italien, surnommé il Lasco ou le Dard (nom d'une espèce de poisson), né en 1503 à Florence, mort en 1583, fonda en 1540 l'Académie des Umidi. Ayant été exclu de cette compagnie à la suite de querelles littéraires, il se vengea par des satires ; en outre, il fonda avec plusieurs autres savants, en 1582, une nouvelle compagnie, l'Académie della Crusca (V. ce mot), qui devint bientôt plus importante que la première. Grazzini a composé six Comédies (Venise, 1582); des Stances, et Poésies diverses; la Guerra de' Mostri, poëme bouffon (1584) ; et un recueil de Nouvelles, 1559, que leur licence a fait condamner à Rome.

GRÉAL ou GRAAL. On appelle dans la Légende le Saint-Gréal un vase mystique qui contenait le sang de J.-C. recueilli de ses blessures par Joseph d'Arimathie, vase qu'on prétendait être le même que celui dans lequel était contenu le vin que but le Sauveur à la dernière cène. Ce vase aurait été conservé par Joseph d'Arimathie et transporté par lui dans la Bretagne (Angleterre); il conférait à celui qui le possédait toutes sortes de privilèges merveilleux ; mais il ne pouvait être conquis que par un chevalier vierge. Le St-Gréal joue un grand rôle dans les romans des chevaliers de la Table-Ronde : ce précieux vase ayant été perdu, les chevaliers firent plusieurs expéditions à sa recherche. Leroux de Lincy a publié le Roman du St-Gréal, qui paraît être une œuvre du XIIe siècle. — Quelques-uns font venir le nom de St-Gréal des mots sang réal (pour royal ou réel).

GREATRAKES (Valentin), guérisseur irlandais, né en 1628, mort en 1680, servit quelque temps dans l'armée avec distinction, puis fut juge de paix. Enclin à la contemplation, il se crut inspiré et doué du don de guérir les écrouelles. Il commença en 1662 à faire des cures, et obtint une telle réputation que le roi d'Angleterre lui-même l'appela à sa cour. Il vint à Londres en 1666 ; mais, importuné de sa propre célébrité, il retourna en Irlande dès l'année suivante. Greatrakes guérissait par attouchement et frictions. Il a laissé un Exposé de sa vie et de ses cures, Londres, 1666. St-Évremont l'avait surnommé le Prophète irlandais.

GREAVES (Jean), en latin Gravius, orientaliste anglais, né en 1602 à Colmore (Hampshire), mort en 1652, professa plusieurs années la géométrie et l'astronomie au collége de Gresham à Londres, puis à l'Université d'Oxford; alla en 1637 visiter l’Égypte, y rassembla une collection précieuse de manuscrits, de pierres gravées, de médailles et autres antiquités, et fut à son retour nommé à la chaire d'astronomie d'Oxford. Il fut en 1648 chassé d'Oxford et dépouillé de tous ses emplois, comme royaliste. On a de lui des traités sur divers sujets : Pyramidographia, 1646; Traité du pied romain et du denier, en anglais, 1647; Elementa linguæ persicæ, 1649; des traductions d'ouvrages orientaux sur l'astronomie et la géographie, et des poésies, etc. Ses Œuvres mêlées ont été publiées en 1737, 2 vol. in-8.

GRÉBAN ou GRESBAN (Simon et Arnoul), nom de deux frères natifs de Compiègne et tous deux célèbres comme poëtes au XVe siècle. Simon était religieux du monastère de St-Riquier en Ponthieu ; Arnoul, chanoine de l'église du Mans. Ils sont les auteurs d'un Mystère de la Passion fort célèbre et du Triomphant mystère des Actes des apôtres, ouvrage écrit en vers, joué avec un grand succès au Mans en 1510, et qui ne tarda pas à faire le tour de la France. C'est l'œuvre d'une imagination désordonnée.

GRÈCE, Græcia, contrée célèbre, située au S. E. de l'Europe. Nous donnerons : 1° la géographie de la Grèce ancienne, 2° la géographie de la Grèce moderne, 3° une notice historique sur le pays.

I. GRÈCE ANCIENNE. L'étendue et les limites de ce pays n'ont jamais été déterminées par les anciens d'une manière précise. En n'y comprenant que les pays habités par la race hellénique, elle était bornée au N. par les monts Acrocérauniens et Cambuniens, à l'E. par la mer Égée, au S. par la Méditerranée, à l'O. par la mer Ionienne, et formait une vaste presqu'île plongeant dans la Méditerranée. On a la divisait communément en 3 grandes régions : au N., l'Épire et la Thessalie; au centre, l'Hellade ou Grèce propre, dans laquelle on distinguait, de l'O. à l'E., l'Acarnanie, l'Étolie, la Doride, la Locride et la Phocide, la Béotie, l'Attique et la Mégaride; au S., le Péloponèse, qui contenait l'Achaïe, la Corinthie, l'Argolide, la Laconie, l'Arcadie, la Messénie et l'Élide. Tout le pays était divisé en une foule de petits États indépendants, les uns fédératifs, les autres isolés, dont le nombre et l'importance varièrent sans cesse aux différentes époques (V. ci-après la partie historique). On étendait quelquefois le nom de Grèce à la Macédoine, à l'Illyrie mérid. et même à la Thrace, ainsi qu'aux îles Ioniennes. La Grèce était traversée du N. au S. par une chaîne centrale, le Pinde, qui se rattache aux Alpes Illyriennes et au mont Hémus, et à laquelle appartiennent l'Olympe, l'Othrys, le Pélion, l'Ossa, l'Œta, le Parnasse, l'Hélicon, le Cithéron, le Pentélique, l'Hymette et le cap Sunium; dans le Péloponèse dominait le Taygète, d'où se détachent le Parthénion et le Lycée. Ce pays était arrosé à l'O. par l'Aoüs et l'Achéloüs; à l'E., par le Pénée, le Sperchius, le Céphise ; dans le Péloponèse coulaient l'Alphée, le Ladon, l'Eurotas.

GRÈCE MODERNE, royaume qui comprend la Grèce propre ou Hellade, la presqu'île de Morée ou Péloponèse et les îles voisines. Il s'étend, de l'O. à l'E., depuis le golfe de l'Arta jusqu'au golfe de Volo, de 18° 20' à 23° 20' long. E., et du S. au N. depuis 36' 20' jusqu'à 40° lat. N. ; il a pour bornes au N. la partie continentale de la Turquie d'Europe; au N. E. et à l'E. l'Archipel; au S. la Méditerranée, et à l'O. la mer Ionienne. La Grèce continentale peut avoir 520 kil. de long sur 200 de large, et un peu plus d'un million d'hab.; capit., Athènes. Avant son indépendance, le territoire de la Grèce formait, dans l'empire ottoman, le pachalik de Morée ou de Tripolitza, le sandjakat de Livadie, la plus grande partie de ceux de Carélie et de Lépante, et une partie de l'eyalet des îles (Négrepont, les Cyclades et une partie des Sporades). En 1833 la Grèce libre fut divisée en 10 nomes qui étaient eux-mêmes subdivisés en 54 éparchies. En 1836 cette division fut remplacée par 30 gouvts, réduits eux-mêmes à 24 en 1838; en 1845, on revint à la division en 10 nomes ou nomarchies. En 1863, les îles Ioniennes furent annexées au roy. de Grèce.

NOMARCHIES. ÉPARCHIES. CHEFS-LIEUX.
ATTIQUE ET BÉOTIE. Chef-lieu : Athènes. Égine. Égine.
Mégaride. Mégare.
Attique. Athènes.
Thèbes. Thèbes.
Livadie. Livadie.
EUBÉE. Chef-lieu : Chalcis. Chalcis. Chalcis.
Xérochori. Xérochori.
Carysto. Carysto.
Scopelo. Scopelo.
PHOCIDE ET LOCRIDE. Chef-lieu : Lamia. Parnasside. Amphissa.
Doride. Ægition.
Locride. Atalandi.
Phthiotide. Lamia.
ACARNANIE ET ÉTOLIE. Chef-lieu : Missolonghi. Valtos. Ambracia.
Vonitza, Xéroméron. Vonitza ou Anactorium.
Missolonghi. Missolonghi.
Lépante. Lépante.
Trichonie. Agrinion.
Eurytanie. Carpenisi ou Calidromi.
ARGOLIDE ET CORINTHIE. Chef-lieu : Nauplie. Nauplie. Nauplie.
Argos. Argos.
Hydra. Hydra.
Trézène. Poros ou Calavria.
Spetzia. Spetzia.
Corinthe. Corinthe.
ACHAÏE ET ÉLIDE. Chef-lieu : Patras. Patras. Patras.
Ægialée Vostizza ou Ægium.
Calavryta. Calavryta.
Elis. Pyrgos.
ARCADIE. Chef-lieu : Tripolitza. Mantinée. Tripolitza.
Kynourie. Aïos Petros (St Pierre).
Gortyne. Gortyne ou Caryténa.
Mégalopolis. Leondari.
MESSÉNIE. Chef-lieu : Calamata. Triphylie. Cyparissia.
Olympie. Andritzéna.
Pylos. Navarin.
Messénie. Nisi.
Calamata. Calamata.
LACONIE. Chef-lieu : Sparte. Lacédémone. Sparte.
Épidaure-Limera. Monenbasie.
Gythion. Marathonisi.
Œtylon. Œtylon.
CYCLADES. Chef-lieu : Syra. Syra. Hermopolis.
Zéa. Zéa.
Andros. Andros.
Tinos. Tinos.
Naxos. Naxos.
Santorin. Santorin (Théra).
Milo. Milo.

Le climat de la Grèce est délicieux, surtout dans l'Attique; le sol, bien que montagneux, est fertile; mais après la guerre de l'indépendance la culture est restée longtemps négligée. Les montagnes sont couvertes de forêts d'oliviers et les vallées remplies de myrtes, de lentisques et de lauriers-roses. On y trouve plusieurs mines, surtout de plomb et d'étain, ainsi que de magnifiques carrières de marbre blanc, notamment dans l'Attique. Les principale exportations consistent en huile, fruits, excellents vins, raisins de Corinthe, cuirs, laines, bétail. L'industrie est encore sans importance; on ne trouve en Grèce que quelques manufactures de fil de soie et de coton teint en rouge, de peaux de chèvres maroquinées, de tapis, de vestes de soie et de grosses étoffes de laine. — Les habitants professent la religion grecque (V. ci-après ÉGLISE GRECQUE). Ils parlent une langue dérivée de l'ancien grec classique, et connue sous le nom de grec moderne : elle tend à sa rapprocher de plus en plus du grec ancien. Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle et héréditaire. Le roi doit professer le culte grec.

Histoire. Les Grecs se disaient autochthones, c'est-à-dire nés sur le sol même. Les habitants primitifs de la Grèce furent les Pélasges, qui se subdivisaient eux-mêmes en de nombreuses tribus parmi lesquelles on remarque les Thesprotes, les Aones, les Hyantes, les Lélèges, les Dolopes, les Dryopes, les Telchines, etc., tous peuples barbares. Il est difficile de dire quelle fut l'origine des Pélasges; il est probable qu'ils étaient originaires de l'Asie. A partir du XXe s. av. J.-C., des colonies égyptiennes et phéniciennes abordent sur les côtes méridionales de la Grèce et y répandent les germes de la civilisation. Inachus et Phoronée, son fils, fondent Argos (1986); Ogygès réunit sous ses lois les habitants de la Béotie et de l'Attique (1869); Sparton (1880) et Lélex (1742) jettent les fondements de Sparte. Peu après apparaissent les Hellènes que l'on suppose sortis de l'Asie comme les Pélasges et arrivés par le Caucase et la Thrace. Du XVIe au XIVe siècle, ce nouveau peuple, qui se subdivisait en 4 branches (Doriens, Éoliens, Ioniens et Achéens), substitue sa domination à celle des Pélasges, dont le plus grand nombre émigrent et vont fonder des colonies dans l'Europe occidentale; une des tribus helléniques, celle des Graies (Graii, Græcii), finit par donner son nom à tout le pays. C'est dans cette période qu'il faut placer l'arrivée de l'égyptien Cécrops à Athènes (1643), le règne de Deucalion en Thessalie (1635). Les traditions conservent le souvenir d'un déluge qui aurait inondé toute la Grèce au temps de Deucalion. Viennent ensuite les règnes de Cadmus à Thèbes (1580), de Danaüs à Argos (1572), de Minos en Crète (vers 1500), l'arrivée de Pélops, qui s'établit dans l'Apie, qui prend de lui le nom de Péloponèse. À cette période, pendant laquelle la Grèce a reçu les premières notions de l'agriculture et des arts, ainsi qu'un culte modelé sur les religions de l’Égypte et de la Phénicie, avec des lois civiles et des institutions régulières, succède une nouvelle époque, connue sous le nom de Temps héroïques (1500-1190). Elle est signalée par les exploits fabuleux de Bellérophon, de Persée, d'Hercule, de Thésée, de Jason, par la fondation des Jeux olympiques, la création des Amphictyonies, l'expédition des Argonautes (1330), les deux guerres de Thèbes (1313 et 1303), enfin la guerre de Troie (1280-1270). Pendant ce temps les Héraclides ou descendants d'Hercule ont soumis le Péloponèse. Mais les Hellènes, déjà maîtres de la Thessalie et de la Grèce centrale, viennent s'établir dans cette péninsule aux dépens des Héraclides, et finissent par les en expulser (1307), sous la conduite des fils de Pélops. Quatre-vingts ans après la guerre de Troie (1190), les Héraclides, unis aux Doriens, envahissent de nouveau le Péloponèse et en chassent à leur tour les Pélopides, ainsi que les Ioniens et les Éoliens. La rentrée des Héraclides dans le Péloponèse commence le moyen âge de la Grèce, période de transition, pendant laquelle la civilisation rétrograde d'abord; mais bientôt la Grèce se relève, envoie partout d'innombrables colonies, sur les côtes de l'Asie-Mineure (Ionie, Éolie, Doride), en Thrace, dans l'Italie méridionale (Grande-Grèce), et jusque sur les côtes de la Gaule et de l'Hispanie. Homère publie ses poëmes; les mœurs s'adoucissent; chaque ville adopte le culte d'une divinité particulière ; les grands mystères de Cérès sont fondés à Éleusis pour conserver les anciennes traditions du culte pélasgique; Lycurgue donne des lois à Sparte (898); partout les petits États sa constituent en républiques; la royauté est abolie à Athènes (1132), à Argos (820), en Élide (780), à Corinthe (747), en Arcadie et en Messénie (668), etc.; Sparte seule conserve le gouvernement monarchique. Athènes reçoit les lois de Dracon (624), puis de Solon (590); las Pisistratides, qui voulaient établif la royauté, sont chassés (509). Peu après commencent les Guerres médiques (490) ; elles sont signalées par les glorieuses victoires de Marathon (490), de Salamine (480), de Platée (479), de Mycale (479), par les grands noms de Miltiade, Thémistocle, Léonidas, Aristide, Cimon, qui sauvèrent, avec l'indépendance du pays, la civilisation de l'Europe. A la même époque les sciences et les arts brillent du plus vif éclat : Eschyle, Sophocle et Euripide s'immortalisent dans la tragédie; Aristophane dans la comédie; Hérodote et Thucydide, dans l'histoire ; Thalès, Démocrite, Pythagore, Parménide, Héraclite, Anaxagore, fondent les différentes écoles de philosophie; Socrate, et bientôt après Platon et Aristote, réforment ou étendent la science; Hippocrate crée la médecine; Phidias orne les temples de la Grèce de ses chefs-d'œuvre; Périclès brille comme orateur et homme d'État, et il gouverne Athènes pendant 30 ans. Mais la Grèce, victorieuse au dehors, commence à s'affaiblir par ses guerres intestines. Athènes et Sparte, rivales de gloire et de puissance, commencent la Guerre du Péloponèse, qui dure 27 ans (431-404), et qui se termine par la prise d'Athènes; cette guerre, dans laquelle Alcibiade, Nicias, Cléon, Brasidas et Lysandre jouent le principal rôle, donne à Sparte la prédominance (Hégémonie) dans les affaires de la Grèce. Délivrée de sa rivale, Sparte abuse à son tour de sa puissance; mais Thrasybule chasse d'Athènes les Trente Tyrans (403), et la Grèce entière se ligue contre Lacédémone; Conon, Iphicrate et Chabrias relèvent le nom athénien, tandis qu'Antalcidas, par un traité honteux avec la Perse (387), soulève contre Sparte l'indignation générale. En même temps Pélopidas chasse de Thèbes la garnison lacédémonienne qui avait surpris la Cadmée (378), et Épaminondas, vainqueur de Sparte à Leuctres (371), élève un instant la Béotie au premier rang dans la Grèce; mais la puissance de sa patrie périt avec lui à Mantinée (363). La Guerre sacrée, guerre que les Phocéens allument contre eux en pillant le temple de Delphes (355), donne au roi de Macédoine, Philippe, l'occasion de s'immiscer dans les affaires de la Grèce, et bientôt ce prince, profitant habilement des dissensions des Grecs, les soumet presque tous à son empire, malgré les efforts de Démosthène; il finit par les assujettir entièrement à la bataille de Chéronée (338). Alexandre, son successeur, après avoir réprimé une vaine tentative de soulèvement, va, au nom de la Grèce, déclarer la guerre au grand roi, et soumet presque toute l'Asie à sa domination ; mais il meurt au milieu de ses conquêtes (323). Néanmoins la mort du conquérant ne rend pas à la Grèce son indépendance : vaincue à Lamia, elle tombe sous le joug d'Antipater, puis sous celui de Cassandre et d'Antigone Gonatas; en même temps, elle est déchirée par d'éternelles dissensions. En vain la Ligue Achéenne, instituée en 284, illustrée à deux reprises par Aratus (251) et par Philopœmen (188-183), essaye de rallier tous les peuples de la Grèce; elle épuise ses forces à combattre la Ligue rivale des Étoliens (222-216); les Romains profitent de ces querelles pour assujettir l'Illyrie grecque (229), réduire les Étoliens qui s'étaient alliés contre eux avec Antiochus, roi de Syrie (190), anéantir les royaumes de Macédoine et d'Épire (168-147), et ils finissent par soumettre la Grèce entière après l'avoir un instant, par dérision, proclamée indépendante, 196. (V. FLAMINIUS). La prise de Corinthe par Mummius (146) consomma l'asservissement des Grecs. Tout leur territoire devint province romaine sous le nom d’Achaïe.

Depuis ce moment, l'histoire de la Grèce n'offre presque aucun fait important; elle se confond avec celle de l'empire romain. Soulevée un instant par Mithridate, la Grèce fut soumise par Sylla après le siége sanglant d'Athènes, 87. Après ce dernier effort, elle demeura paisible et n'aspira plus qu'à dominer par les lettres et les arts, dans lesquels elle instruisit les Romains; ce qui a fait dire au poëte :

Græcia capta ferum victorem cepit et artes
Intulit agresti Latio.

Lors du partage de l'empire, sous Théodose, la Grèce fit partie de l'empire d'Orient, qui reçoit quelquefois de là le nom d’Empire grec (V. ORIENT). Le nouvel empire est sans cesse désolé par les invasions des barbares : les Visigoths, sous la conduite d'Alaric (395-398), ravagent la Grèce en tous sens; les Vandales (466), les Ostrogoths (475), les Bulgares(500), l'envahissent à leur tour. Viennent ensuite les Slaves (540), qui, pendant deux siècles, parcourent toutes les parties de la Grèce et finissent par s'y établir, d'abord en Macédoine sous Justinien II (687), puis dans le Péloponèse au pied du mont Taygète (746). Deux expéditions furent faites contre eux par les empereurs de Constantinople, la 1re sous Irène (783), la 2e sous Michel III (842-867); après cette dernière, les Slaves soumis se fondent dans la population gréco-romaine. Le IXe siècle fut signalé par les invasions des Arabes, et le Xe par celles des Bulgares; mais les unes et les autres furent repoussées victorieusement. En 1080, Robert Guiscard conduisit en Grèce la 1re expédition normande, et soumit l'Épire ainsi qu'une partie de la Thessalie; en 1146, le roi normand de Sicile, Roger, ravagea l'Étolie et l'Acarnanie, pénétra dans le golfe de Corinthe, prit Corinthe, Thèbes, et emmena une foule de Béotiens captifs. Enfin, lors de la création de l'empire latin de Constantinople (1204), la Grèce conquise par les Croisés fut partagée en un nombre infini de fiefs dont les trois principaux furent le despotat d'Épire, les duchés d'Athènes et de Thèbes et les principautés d'Achaïe, de Morée, et de Nauplie; les Vénitiens, qui avaient prêté leurs galères aux Croisés, eurent en partage la plupart des côtes et les îles de l'Archipel. La durée de ces nouveaux États fut courte : les empereurs de Constantinople, rétablis en 1260, en avaient reconquis une partie, et ceux de ces États qui restèrent indépendants ne tardèrent point à tomber comme l'empire d'Orient sous la domination ottomane. Mahomet II avait déjà pris Constantinople, en 1453, lorsqu'un de ses généraux, Omar-Pacha, s'empara d'Athènes, en 1456; l'Épire, restée indépendante sous Scanderbeg, fut soumise après la mort de ce héros (1467) ; toute la Morée avait reconnu la domination musulmane dès 1460 ; les Vénitiens seuls résistèrent plus longtemps, et ce ne fut qu'en 1573 qu'ils furent forcés d'abandonner toutes leurs prétentions sur la Grèce. Tout le pays fut alors au pouvoir des Turcs, qui en formèrent les 4 pachaliks de Saloniki, de Janina, de Livadie et de Morée ou de Tripolizza, et sous lesquels il ne tarda pas à tomber dans la situation la plus misérable. Cet état de choses subsista sans grand changement jusqu'à la proclamation de l'indépendance de la Grèce. — Les Monténégrins en Épire, soutenus par les Russes, se soulevèrent les premiers (1766); mais cette insurrection fut facilement comprimée; les Maïnotes les imitèrent en Morée (1769-1779), mais avec aussi peu de succès; les Souliotes en Albanie voulurent aussi secouer le joug ; ils résistèrent d'abord victorieusement aux armes d'Ali, pacha de Janina, et firent pour quelque temps reconnaître leur indépendance (1772); mais ils furent aussi réduits en 1804, et l'Albanie tout entière, ainsi que l'Épire, devint la proie d'Ali-Pacha. Cependant, en 1821, éclata un soulèvement général; il fut suivi d'une guerre acharnée qui dura neuf ans, et dont les faits les plus importants sont l'héroïque défense de Missolonghi (1826), la victoire navale remportée à Navarin par les forces combinées de la France, de l'Angleterre et de la Russie (1827) et l'expédition des Français en Morée (1828). Dans cette guerre s'illustrèrent Kolocotronis, Marco-Botzaris, Miaulis, Mavrocordato, Mavromichalis, Constantin Kanaris, etc. Enfin, grâce à l'intervention des puissances européennes, l'indépendance de la Grèce fut proclamée le 3 février 1830. La couronne fut offerte au prince de Saxe-Cobourg (depuis roi des Belges), qui ne put l'accepter. On élut alors, le 7 mars 1832, le prince Othon, 2e fils du roi de Bavière, encore enfant, dont la majorité fut fixée au 1er juin 1835. Cette élection rencontra une vive opposition et le mécontentement fut encore augmenté par la faveur accordée aux étrangers : en 1843, Othon se vit obligé d'expulser les Bavarois ; en 1862, il fut lui-même renversé par une insurrection. Un prince de Danemark fut proclamé roi en 1863 sous le nom de George I, qui épousa la grande-duchesse Olga de Russie (1867). Voir, pour l'histoire de la Grèce ancienne, Hérodote, Thucydide, Xénophon, etc., les histoires de Rollin, de Gillies, de Thirlwall, de Grote; — pour la Grèce moderne, l’Essai histor. sur l'état des Grecs depuis la conquête musulmane de M. Villemain, l'Hist. de la régénération de la Grèce de Pouqueville, l'Hist. de l'insurrection hellénique de Philémon (1859), et de Gervinus, trad. en fr., 1863; la Grèce rom., byzant., turque et régénérée de M. Brunet de Presle, 1860.

GRÈCE (GRANDE-), Græcia magna, nom vague donné par les anciens à l'Italie méridionale à cause des nombreuses colonies grecques dont ses rives furent couvertes. La Grande-Grèce comprenait les régions nommées : Brutium, Lucanie, Calabre, Apulie (Iapygie et Messapie). On l'étendait même à la Campanie. Rhégium, Locres, Crotone, Sybaris, Tarente, Salente, Héraclée, Métaponte, Élée, Neapolis (Naples), Palæopolis et Cumes, en étaient les v. principales.

GRÉCOURT (J. B. Joseph WILLART de), poëte licencieux, né à Tours en 1684, mort en 1743, était ecclésiastique, et fut pourvu dès l'âge de 13 ans d'un canonicat à Tours. Préférant le plaisir aux devoirs de son état, il composa des vers gais et libres, qui le firent rechercher des grands. Ami du maréchal d'Estrées et du duc d'Aiguillon, il passa une partie de sa vie chez ce dernier, au château de Véretz en Touraine. Il a laissé des épîtres, des fables, des contes, des chansons, trop souvent ordurières; ses vers sont négligés, mais faciles. On a réuni ses œuvres en 4 vol. in-12, 1761 et 1764.

GRECQUE (ÉGLISE). On réunit sous ce nom tous les Chrétiens qui célèbrent l'office dans la langue grecque ; mais on doit bien distinguer l’Église grecque unie et l’Église grecque schismatique.

L’Église grecque unie est en communion avec l’Église latine, adoptant la formule signée en 1439 au concile de Florence par les Grecs et les Latins. Les Grecs-Unis étaient surtout répandus en Russie et en Pologne; mais les efforts du gouvt russe en ont beaucoup diminué le nombre.

L’Église grecque schismatique nie la suprématie du pape, le dogme que le St-Esprit procède du Père et du Fils, le Purgatoire, rejette la Confirmation, consacre l'Eucharistie avec du pain levé, permet d'ordonner prêtres des clercs mariés, célèbre l'office en langue grecque, exclut des églises les statues, et n'admet que les 8 premiers conciles œcuméniques. Elle est répandue dans la Grèce, les îles Ioniennes, l'Anatolie, la Russie. Né en 858, sous le patriarche Photius, le schisme grec fut consommé en 1053 par le patriarche Cérularius. Le 2e concile de Lyon, en 1274, et le concile de Florence en 1439, ont vainement tenté de mettre un terme à ce schisme. — L’Église grecque reconnut longtemps pour seul chef le patriarche de Constantinople : les Russes se séparèrent de ce chef en 1588 et eurent d'abord un patriarche distinct, résidant à Moscou ; depuis Pierre le Grand, ils n'ont d'autre chef de leur religion que l'empereur même. Dans le nouveau roy. de Grèce, la religion est régie par un synode supérieur.

GREDOS (Sierra de), en Espagne, chaîne de montagnes qui sépare le bassin du Duéro de celui du Tage, s'étend de l'O. à l'E., entre les prov. de Salamanque et d'Avila d'une part, de Cacerès et de Tolède de l'autre. Sa longueur est de 90 kil.

GREENLAW, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Berwick, à 57 kil. S. E. d’Édimbourg ; 1500 hab.

GREENOCK, v. d’Écosse (Renfrew), sur le golfe de la Clyde, à 31 kil. N. O. de Glasgow ; 37 000 hab. Port spacieux et commode, creusé en 1707. Plusieurs écoles. Construction maritime ; toiles à voiles, savon, chandelles, poterie, verrerie, raffineries, etc. Pêche du hareng. Commerce maritime fort étendu, surtout avec les Indes occidentales. Patrie de J. Watt.

GREENWICH, Grenovicum, v. d'Angleterre (Kent), sur la Tamise, r. dr., à 10 kil. S. E. du pont de Londres, par 2° 20' 15" long. O., 51° 28' 40" lat. N.; 65 000 hab. (et, avec Deptford et Woolwich, plus de 100 000 hab.) Magnifique hôpital des Invalides de la marine, fondé en 1696, et bâti sur l'emplacement d'un anc. palais des rois d'Angleterre. Observatoire célèbre, fondé par Charles II en 1675, par lequel les Anglais font passer leur 1er méridien et où se fabriquent les instruments d'optique et de navigation. Beau parc, dessiné par Le Nôtre. Greenwich est la station des yachts royaux. Sur la riv. opposée de la Tamise, sont les docks et chantiers de la Compagnie des Indes.

GRÉES (du grec graia, græa, vieille femme), filles aînées de Phorcys et de Céto, et sœurs des Gorgones, étaient ainsi appelées parce qu'elles vinrent au monde avec des cheveux blancs. On en comptait trois, Enyo, Péphrédo et Dino. Elles n'avaient qu'une dent et qu'un œil, qu'elles se prêtaient tour à tour ; cet œil unique leur fut enlevé par Persée, à qui elles avaient refusé d'indiquer la demeure des Gorgones.

GRÉGEOIS (FEU). V. CALLINICUS, DUPRÉ, et l'art. FEU au Dict. univ. des Sciences.

GRÉGOIRE (S.), le Thaumaturge, c.-à-d. le faiseur de miracles, né à Néocésarée dans le Pont, d'une famille païenne, fut converti et instruit par Origène ; devint évêque de Néocésarée en 240, et convertit presque toute sa province. Il eut à subir, ainsi que son église, de cruelles persécutions sous Dèce ; mais il échappa miraculeusement au supplice. Il mourut en 264 ou 270. On le fête le 17 nov. Il opéra des miracles extraordinaires, qui ont été racontés par S. Basile et S. Grégoire de Nysse, et qui l'ont fait regarder comme un autre Moïse. On a de lui quelques écrits, publiés par Gér. Vossius, Mayence, 1604, in-4, gr.-lat., et réimp. à Paris, 1622, in-fol., et dans la Patrologie de l'abbé Migue, 1857.

GRÉGOIRE (S.), surnommé l’Illuminateur, apôtre de l'Arménie, né en 257, mort en 331, était fils d'un prince parthe. Il convertit la nation arménienne, ainsi que son roi Dertad (Tiridate), et fut le 1er évêque et le 1er patriarche de cette contrée. En 319, il accompagna Tiridate à Rome, où Constantin les reçut avec honneur. On a de lui une vingtaine d’Homélies, en arménien, Venise, 1837 ; des Hymnes et des Prières, insérées dans l'office arménien. On l'hon, le 30 sept.

GRÉGOIRE (S.) de Nazianze, le Théologien, un des Pères de l'Église grecque, né en 328 près de Nazianze en Cappadoce, étudia à Césarée de Palestine et à Alexandrie, puis se rendit à Athènes avec S. Basile, son compatriote. Ordonné d'abord évêque du bourg de Sasima, en Cappadoce, Grégoire gouverna ensuite comme coadjuteur l'église de Nazianze dont son père était évêque ; plus tard il vint à Constantinople (375), opéra un grand nombre de conversions parmi les Ariens, et s'attacha, par ses instructions, à faire revivre la foi du concile de Nicée. L'empereur Théodose l'éleva au siège de Constantinople, et assembla un concile dans cette capitale pour faire confirmer cette élection (381); mais les évêques d’Égypte attaquèrent le nouvel archevêque, et Grégoire, abandonné de l'empereur même, se démit de ses fonctions. Il retourna en Cappadoce, et y vécut dans la solitude, se livrant à la composition des nombreux ouvrages qui attestent la beauté de son génie. Il mourut vers 389. On le fête le 9 mai. On a de lui 50 discours ou Sermons, traduits par l'abbé de Bellegarde, Paris, 1698 ; 178 poëmes, trad. par Gaulleyer, 1718, parmi lesquels on remarque un poëme Sur les vicissitudes de sa propre vie, trad. par Lefranc de Pompignan ; et beaucoup d'épigrammes. On lui a attribué la Passion du Christ, poëme scénique qui n'est qu'un centon des auteurs classiques grecs. L'abondance, l'élégance, la grâce, la facilité, sont les caractères distinctifs de son style. On y trouve aussi une sensibilité vive et une imagination riche, mais qui l'entraîne quelquefois au delà des bornes. Ses œuvres ont été publiées à Bäle, 1550, à Paris, 1609, 2 vol. in-fol., avec version latine, à Venise, 1753, 2 vol. in-fol., et réimp. dans la Patrologie de l'abbé Migne, 4 vol. gr. in-8. Sa Vie a été. écrite par Hermant, 1675. J. Planche a donné un Choix de poésies et de Lettres de S. Grégoire de Naziance, avec trad. franç. Paris, 1827.

GRÉGOIRE (S.), évêque de Nysse, frère de S. Basile, né à Sébaste vers l'an 330, fut forcé par les Ariens de quitter son siége, qu'il ne reprit qu'après la mort de Valens. Il assista au grand concile d'Antioche (379), au 2e concile œcuménique de Constantinople (381), et mourut vers 396. On le fête le 9 mars. Il a laissé de nombreux ouvrages qui se font remarquer par la supériorité de la raison et la pureté du style, mais qui sont d'un logicien plus que d'un orateur. Les principaux sont des traités de la Formation de l'homme, du Destin, de la Virginité, de la Perfection chrétienne ; des homélies sur l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, l’Oraison dominicale ; des Discours et des Panégyriques, entre autres celui de S. Basile ; des Oraisons funèbres ; des Vies de saints ; enfin des Lettres. Ses Œuvres ont eu un grand nombre d'éditions : la 1re parut en latin, Cologne, 1537, in-fol. ; les autres, à Bâle, 1567 et 1571 ; à Paris, 1573 et 1603, même format. Fronton du Duc les a publiées grec-latin, Paris, 1615 et 1618, 2 vol. in-fol. Elles ont été rééditées par Cl. Morel, Paris, 1638, et par l'abbé Migne, 1858. Plusieurs de ses sermons ont été traduits en français par Goulu.

GRÉGOIRE de Tours (S.), Georgius Florentius Gregorius, historien et évêque, né en Auvergne en 539, m. en 593, élu évêque par la ville de Tours en 573, est honoré le 17 nov. Il défendit contre Chilpéric et Frédégonde le jeune Mérovée, qui était venu chercher un asile auprès du tombeau de S. Martin, prit également la défense de l’évêque Prétextat, accusé devant le concile de Paris, et montra en toute circonstance un caractère énergique. Il possédait des lumières au-dessus de son siècle et a écrit un assez grand nombre d'ouvrages (Traités de la Gloire des martyrs ; de la Gloire des confesseurs ; des Miracles de S. Martin de Tours ; des Miracles de S. André, etc.) ; mais il est surtout connu par son Histoire ecclésiastique des Francs (Historia Francorum, en 10 liv.), qui comprend 174 ans (417-591) : c'est un des ouvrages les plus précieux pour les premiers temps de notre histoire. Elle fait partie du Recueil des historiens de France, par dom Bouquet, et de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France donnée par M. Guizot. Guadet et Taranne en ont publié une trad. avec le texte, 4 vol. in-8, 1836-39. H. Bordier en a donné une nouvelle trad., Paris, 1859-60.

GRÉGOIRE I (S.), le Grand, pape, né à Rome vers l'an 540, mort en 604, embrassa la vie religieuse après avoir été préteur a Rome. Une vie pieuse, une naissance illustre, une grande fortune, de grands talents pour l'administration, le firent élire à l'unanimité, en 590. Lors de l'invasion des Lombards en Italie, il conclut avec ces Barbares un traité honorable. Il s'efforça d'introduire le Christianisme parmi les vainqueurs, travailla à l'abolition de l'esclavage, fonda des monastères et fit observer une disciplina sévère par le clergé. C'est à lui qu'on doit la conversion de la Grande-Bretagne (V. AUGUSTIN) et celle des Goths ariens. On a accusé ce pape d'avoir par excès de zèle brûlé les livres profanes et détruit des monuments païens ; mais cette accusation a été victorieusement réfutée. C'est Grégoire I qui a le plus contribué à constituer la liturgie de la messe et qui a établi le rit dit grégorien (V. GRÉGORIEN). Il laissa de nombreux écrits, parmi lesquels on remarque le Sacramentaire, recueil des prières pour les messes et pour l'administration des sacrements, et l’Antiphonaire, recueil des chants d'église usités de son temps. La meilleure édition de ses Œuvres est due à Denis Ste-Marthe et Bessin, Paris, 1705, 4 vol. in-fol. On a une traduction de ses Lettres choisies, par L. H. Gondrin. On le fête le 12 mars et le 3 sept. Le P. Maimbourg a écrit l’Histoire de sa vie et de son pontificat, 1686. — Un ordre de S. GRÉGOIRE LE GRAND a été fondé par Grégoire XVI en 1831 pour récompenser le mérite religieux, civil et militaire. Il a pour insigne une croix d'or octogone émaillée de rouge, offrant au centre l'image de S. Grégoire, suspendue à un ruban rouge avec liseré orange.

GRÉGOIRE II (S.), Romain, élu eu 715, rétablit le monastère du Mont-Cassin, convoqua en 729 un concile contre les Iconoclastes, envoya S. Boniface prêcher la religion en Allemagne, et mourut en 731. On l'honore le 2 fév.

GRÉGOIRE III, Syrien, fut placé par le peuple sur le St-Siége pendant les funérailles de Grégoire II (731). Il eut à combattre les Lombards et à lutter contre les Iconoclastes; mais il mourut avant d'avoir pu extirper l'hérésie (741). Il mérita par sa charité d'être appelé l'Ami des Pauvres.

GRÉGOIRE IV, fils d'un patricien de Rome, élu en 827, mort en 844. Pendant les troubles entre Louis le Débonnaire et ses fils, il vint en France pour y rétablir la paix : mais il ne put y réussir, et se prononça contre le père. Il fortifia le port d'Ostie.

GRÉGOIRE V, Brunon, était neveu de l'empereur Othon III. Il fut élu en 996, eut à lutter contre le sénateur Crescentius, fit chasser de Rome par les soldats de son oncle l'antipape Philagathe, qui avait pris le nom de Jean XVI (997); imposa sept années de pénitence à Robert, roi de France, qui avait épousé Berthe sa cousine, et l'obligea à la répudier (998). Il mourut l'année suivante.

GRÉGOIRE VI, antipape. V. LÉON.

GRÉGOIRE VI, Jean Gratien, Romain, fut élu en l044. Trois autres pontifes se disputaient le St-Siége, Benoît IX, Sylvestre III et Jean XX, et tout le Patrimoine de S. Pierre était au pillage : Grégoire parvint, à force d'or, à éloigner les antipapes, et s'efforça de mettre un terme au désordre ; mais des cardinaux ambitieux et l'empereur Henri III, dit le Noir, entravèrent ses sages réformes, et dans son découragement il abdiqua (1046).

GRÉGOIRE VII (S.), pape célèbre, appelé d'abord Hildebrand, né vers l'an 1013, était fils d'un charpentier de Soana en Toscane, et fut d'abord moine de Cluny. Chargé d'une mission à Rome, il y connut le prêtre Gratien, depuis Grégoire VI, et s'attacha à lui. Il fut fait cardinal par Léon IX ; son crédit alla toujours croissant sous les règnes suivants, et il fut élu en 1073. Il remit en vigueur le célibat ecclésiastique, combattit la simonie, s'efforça d'étendre son autorité jusque sur le temporel, et prétendit même disposer des royaumes. À cette époque, les souverains, non contents de distribuer d'immenses domaines aux évêques, les investissaient eux-mêmes des fonctions épiscopales : Grégoire VII réclama pour la puissance ecclésiastique le droit d'investiture aussi bien que l'institution canonique. Il rencontra dans l'empereur Henri IV un redoutable adversaire ; la lutte terrible qui s'engagea entre eux est connue sous le nom de querelle des Investitures (V. ce mot). Henri fut un moment contraint de renoncer au droit qu'il s'était arrogé d'instituer des évêques, et, après avoir été excommunié, il se vit réduit à s'humilier aux pieds du pontife (1077); mais il se releva bientôt, vint attaquer Grégoire dans Rome même à la tête d'une armée (1080), et lui opposa l'antipape Guibert, sous le nom de Clément III. Grégoire VII appela à son secours le Normand Robert Guiscard, duc de Calabre, qui le rétablit sur son siége, mais qui remplit Rome de sang. Grégoire suivit ses libérateurs quand ils sortirent de Rome; il mourut peu après, en 1085, à Salerne. D'un zèle ardent, qui put paraître quelquefois excessif, inflexible dans ses résolutions, austère dans ses mœurs, ce pontife fut assurément un grand et saint homme. Il fut canonisé : on l'hon. le 25 mai. — On a de Grégoire VII des Lettres (dans les collections des Conciles) ; des Maximes sur le pouvoir pontifical, recueillies dans un écrit intitulé : Dictatus papæ; un Commentaire sur les psaumes pénitentiaux, qui est aussi attribué à Grégoire I. Les ouvrages les plus importants à consulter sur ce pape sont l’Histoire du pape Grégoire VII, par J. Voigt, 1815, 2 vol. in-8, trad. par l'abbé Jager, 1839, celle de Gfroerer, 5 vol. in-8, 1859-60, et celle de M. Villemain.

GRÉGOIRE VIII, Albert de Spinacchio, successeur d'Urbain III, élu en 1187, ne régna que deux mois.

GRÉGOIRE IX, neveu d'Innocent III, était cardinal-évêque d'Ostie quand il fut élu, en 1227. Il fit prêcher une nouvelle croisade, excommunia deux fois Frédéric II, d'abord pour avoir refusé d'aller en Palestine après s'y être engagé, puis pour avoir fait une paix honteuse avec les Infidèles. Il se vit plusieurs fois forcé par ce prince irrité de quitter Rome en fugitif. Il mourut en 1241, dans sa centième année. Il a donné un recueil des décisions papales, appelé Décrétales de Grégoire IX : c'est une des principales parties du Corps de droit canonique.

GRÉGOIRE X, Thibaut Visconti, d'abord archidiacre de Liège, fut élu en 1271, quoique absent. Il tint à Lyon en 1274 un concile général auquel assistèrent les ambassadeurs des souverains de l'Europe et de quelques-uns des princes de l'Asie : il s'agissait de réunir les Églises grecque et latine, d'envoyer des secours en Palestine et de donner des règles de discipline au clergé. Ce dernier article eut seul un commencement d'exécution. Grégoire X décida Philippe le Hardi à céder au St-Siége le comtat Venaissin, qui faisait partie de l'héritage d'Alphonse de Poitiers et de sa femme Jeanne de Toulouse. Il mourut en 1276.

GRÉGOIRE XI, Pierre Roger de Beaufort, né en l332 près de Limoges, neveu de Clément VI, élu en 1370, régna d'abord à Avignon. Sur les instances des Romains, il reporta le St-Siége à Rome, et mit ainsi fin à ce qu'on appelait la Captivité de Babylone. Il condamna l'hérésie de Wiclef et m. en 1378.

GRÉGOIRE XII, Angelo Corrario, d'une des premières familles de Venise, était évêque de cette ville lorsqu'il fut élu en 1408. Le grand schisme d'Occident affligeait alors l'Église, et depuis la mort de Grégoire XI il y avait deux papes, l'un en France, l'autre en Italie. Grégoire XII avait juré de se démettre du pontificat si son rival (Benoît XIII) en faisait autant, pour laisser élire un seul pape; mais comme tous deux tardaient à tenir leur serment, les cardinaux les déposèrent au concile de Pise (1409) et nommèrent Alexandre V. Grégoire finit par adhérer à cette décision. On lui conserva le titre de doyen des cardinaux. Il mourut en 1417, à 91 ans.

GRÉGOIRE XIII, Buoncompagno, élu en 1572, fut élevé sur le St-Siége d'une voix unanime par le crédit du cardinal de Granvelle. Il tenta, mais en vain, d'organiser, de concert avec l'Espagne, une expédition contre les Turcs, envoya des secours de troupes et d'argent à Henri III contre les Calvinistes, et soutint la Ligue; mais il s'est principalement rendu célèbre par la réforme du calendrier Julien et l'établissement du Calendrier grégorien. Grégoire mourut en 1585, à 83 ans. Ce pape, très-versé dans la jurisprudence, avait professé cette science avec distinction à Bologne, sa patrie. Il aimait les arts et embellit Rome de plusieurs édifices.

GRÉGOIRE XIV, Nicolas Sfondrato, élu en 1590, ne régna que dix mois. Il excommunia Henri IV et les Calvinistes de France, et envoya aux Ligueurs des secours de toute espèce.

GRÉGOIRE XV, Alessandro Ludovisio, né en 1554, était cardinal-archevêque de Bologne, sa patrie, lorsqu'il fut élu pape, en 1621, à l'âge de 67 ans. Le duc de Lesdiguières lui avait dit : « Je me ferai catholique quand vous serez pape. » Il tint parole. Grégoire érigea l'évêché de Paris en archevêché, fonda le collége de la Propagande de Rome, canonisa S. Ignace, donna des secours à l'empereur contre les Protestants, et mourut en 1613, pleuré des pauvres, objets constants de sa charité.

GRÉGOIRE XVI, Mauro Capellari, pape, né à Bellune en 1765, élu en 1831, mort en 1846. Entré très-jeune chez les Camaldules de Murano, près de Venise, il devint successivement abbé de ce monastère, procureur, vicaire général de la congrégation; fut nommé par Léon XII visiteur apostolique des universités, cardinal (1825), enfin préfet de là congrégation de la Propagande. Il conserva sur le trône pontifical les habitudes de la vie la plus simple. Opposé à toute innovation, il vit, au début de son règne, éclater de violentes insurrections, et ne put réussir à les réprimer qu'en invoquant le secours de l'Autriche : ce qui amena l'occupation d'Ancône par les Français (1832). Il se montra favorable à l'ordre des Jésuites, seconda de tout son pouvoir les missions, créa plusieurs évêchés nouveaux, surtout en Amérique, régla les mariages mixtes, et condamna les doctrines exagérées de Lamennais (1832 et 1835). Ce pape était fort savant dans les matières ecclésiastiques et canoniques. Il a laissé quelques écrits, entre autres, le Triomphe du St-Siége, 1799 (traduit par l'abbé James, 1833, et par Menghi d'Arville, 1839), et des discours sur les Fondements de la religion, 1801. Il créa l'ordre de S.-Grégoire le Grand, et reforma celui de l’Éperon d'or, auquel il donna le nom de Saint-Sylvestre.

GRÉGOIRE MAGISDROS, prince arménien, de là race royale des Arsacides de Perse, né vers l'an 1000, m. en 1058, fut élevé à Constantinople, fit nommer Kakig II, roi d'Arménie, jouit d'une grande influence auprès de lui, repoussa l'invasion des Turcs-Seldjoucides, et reçut le titre de duc de Mésopotamie, après la destruction du roy. d'Arménie par l'empereur Constantin-Monomaque. Il persécuta les idolâtres soumis à sa puissance, et en contraignit un grand nombre à embrasser le Christianisme. On a de lui des Lettres sur des sujets politiques, historiques, littéraires, philosophiques et théologiques ; une Grammaire arménienne ; un Poëme sur l'ancien et le nouveau Testament; une traduction d'Euclide, etc.

GRÉGOIRE (l'abbé), né en 1750 à Vého près de Lunéville, m. en 1831, était curé d'Emberménil, et s'était fait connaître par quelques écrits en faveur de la tolérance et de la liberté, lorsqu'il fut député en 1789 aux États généraux pour représenter le clergé de Lorraine. Il fut un des premiers à provoquer la réunion des trois ordres, prêta le serment du Jeu-de-Paume, présida la fameuse séance du 14 juillet (1789), où les députés se déclarèrent en permanence, vota pour l'abolition de tous les privilèges, prêta serment le 1er à la constitution civile du clergé, et fut élu évêque constitutionnel de Blois. Envoyé à la Convention en 1792, il appuya la proposition d'abolir la royauté, fit restituer aux Juifs leurs droits civils et politiques, et décréter l'abolition de l'esclavage (1794). Absent lors du procès de Louis XVI, il écrivit qu'il votait pour sa condamnation, sans toutefois se prononcer pour la peine de mort. Après avoir également siégé au conseil des Cinq-Cents et au Corps législatif, il fut élu sénateur en 1801 ; il était du petit nombre des sénateurs qui faisaient de l'opposition, et fut un des premiers à proposer la déchéance de l'Empereur. Il ne s'en vit pas moins persécuté sous la Restauration : il fut éliminé de l'Institut, dont il faisait partie depuis la création; élu député en 1819 par le dép. de l'Isère, le parti royaliste le fit exclure comme indigne. Au moment de sa mort, l'archevêque de Paris (M. de Quélen) ne permit point de lui administrer les sacrements et lui refusa la sépulture chrétienne; son cercueil fut porté à bras et accompagné par plus de 20 000 citoyens. Ses principaux écrits sont : Essai sur la régénération des Juifs, 1789; Essai historique sur les arbres de la liberté, 1794; Hist. des sectes religieuses, 1810 et 1828; De l'Influence du Christianisme sur la condition des femmes, 1821 ; Essai sur les libertés de l'église gallicane, 1818; Hist. des confesseurs des empereurs, rois, etc., 1824; Hist. du mariage des prêtres, 1826. Son Hist. des sectes et son Hist. des confesseurs sont à l’Index à Rome. Grégoire a laissé des Mémoires, qui ont été publ. en 1837, par Hipp. Carnot, 2 v. m-8.

GRÉGOIRE DE ST-VINCENT. V. ST-VINCENT.

GRÉGORAS (Nicéphore), historien grec, né à Héraclée dans le Pont vers 1295, mort vers 1360, donna à Constantinople des leçons publiques qui lui attirèrent un grand concours d'auditeurs et jouit de la faveur de l'empereur Andronic l'Ancien. Il eut de vives querelles avec Palamas au sujet de la réunion des communions chétiennes, et encourut la disgrâce de l'impératrice Anne. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages ; le plus important est son Histoire romaine ou de Constantinople, en 38 livres (1240-1357), publiée en partie à Genève, 1615, in-f., grec-lat., complète, par Boivin, 1702, enfin par Bekker, Bonn, 1856, trad. en franç. par le prés. Cousin. V. Parisot a publié à part et trad. le 37e livre, jusque là inédit (1850).

GRÉGORIEN (Calendrier), calendrier adopté par Grégoire XIII en 1582 pour réformer le Calendrier julien. V. CALENDRIER au Dict. univ. des Sciences.

GRÉGORIEN (rit), rit introduit à la fin du VIe siècle par le Pape Grégoire le Grand, afin d'établir une liturgie uniforme. V. LITURGIE au Dict. des Sciences. — On appelle Chant grégorien, une sorte de plain-chant, qu'on croit imité des chants dont se servaient les Grecs aux mystères de Cérès Éleusine; il fut introduit dans les Gaules et la Grande-Bretagne par le moine Augustin, apôtre de l'Angleterre.

GREGORIUS (PUBLIUS), Tiphernas, écrivain italien, né au commencement du XVe siècle à Tipherhum, mort vers 1469, professa avec éclat les littératures grecque et latine à Naples, à Milan, à Paris (vers 1445), puis revint en Italie, et se fixa à Venise. Il a laissé des versions latines des 7 derniers livres de Strabon, Venise, 1472; du discours de Dion Chrysostôme De Regno; des Homélies sur Job de S. Jean Chrysostôme, et quelques poésies latines, Venise, 1472 et 1538, in-4.

GREGORY (James), mathématicien écossais, né à New-Aberdeen en 1636, mort en 1675, professait les mathématiques à l'Université de St-André, Il eut la 1er idée du télescope à réflexion, que perfectionna Newton. On a de lui : Optica promota, Londres, 1663 ; Exercitationes geometricæ, 1666 ; Vera circuli et hyperbolæ quadratura, 1667, où il démontre que cette quadrature est impossible et ne peut être obtenue qu'approximativement; Geometriæ pars universalis, 1668. — Son neveu, David Gregory, 1661-1708, enseigna les mathématiques à Édimbourg et l'astronomie à Oxford. On a de lui des traités estimés : Catoptricæ et Dioptricæ elementa, Oxford, 1695; Astronomiæ physicæ et geometricæ elementa, 1702, et une excellente édit. grecque-latine d’Euclide.

GREGORY (John), médecin écossais, petit-fils de J. Gregory, né à Aberdeen en 1724, mort en 1773, professa d'abord la philosophie, puis la médecine au collége du Roi à Aberdeen, fut nommé vers 1766, professeur de médecine à l'Université d’Édimbourg, et obtint de brillants succès dans la pratique. Il laissa quelques bons ouvrages : Essai sur les moyens de rendre les facultés de l'homme plus utiles à son bonheur, trad. par Mlle de Kéralio, Paris, 1775; les Facultés de l'homme comparées à celles des animaux, 1777 ; Sur les devoirs et la profession du médecin, trad. en 1787; Legs d'un père à ses filles, publié en 1774, par son fils, et traduit par Bernard, 1781 et par Morellet, 1800. Ce dernier écrit, rempli de sagesse et de sensibilité, se place à côté des ouvrages de Fénelon et Mme Lambert. Ses Œuvres complètes ont été réunies à Édimbourg, 1788,4 vol. in-8.

GREGORY (George), théologien et littérateur irlandais, né en 1754 à Edernin, mort en 1808, fut ministre anglican à Liverpool, puis à Londres, et seconda les honorables efforts de Wakefield, de Roscoe et de Wilberforce pour provoquer l'abolition de la traite des nègres. On a de lui des Essais historiques et moraux, 1785; l’Économie de la nature d'après les principes de la philosophie moderne, 1796; Dictionnaire des sciences et des arts, 1806; des Sermons; la Vie de Chatterton; une Notice sur les poésies de Rowley, 1789, et des Lettres sur la philosophie naturelle, publiées après sa mort, 1808.

GREIFSWALDE, v. et port des États prussiens (Poméranie), ch.-l. de cercle, sur le Rick, à 16 kil. de la Baltique et à 28 kil. S. E. de Stralsund; 12 000 h. Université célèbre, fondée en 1456; riche bibliothèque, jardin botanique. Tabac, huile, eau-de-vie de grains, raffinerie de sel. Chantiers de construction. Commerce et navigation fort active. — Fondée en 1233, et possédée d'abord par les ducs de Poméranie, elle prit un accroissement rapide par son commerce, et dès 1270 fut admise parmi les villes hanséatiques. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre de Trente ans, et fut donnée à la Suède par le traité de Westphalie. Depuis ce temps sa prospérité a toujours été en décroissant. Elle fut cédée à la Prusse avec la Poméranie antérieure en 1720.

GREIZ, capit. de la principauté de Reuss-Greiz, sur la r. dr. de l'Elster-Blanc, à 90 kil. S. O. de Leipsick ; 7000 h. Château du prince, beau parc, hôtel de ville. Tisseranderies. V. REUSS.

GRENACHE (vin de). V. COLLIOURE.

GRENADE, Granada en espagnol, v. d'Espagne, capit. de la capitainerie générale et ch.-l. de l'intendance de son nom, à 400 kil. S. de Madrid, près du confluent du Xénil et du Darro, au milieu d'une vaste et riche plaine ; 90 000 hab. On en comptait 400 000 au temps des Maures. Archevêché, cour d'appel, université. Hautes murailles en ruines, grosses tours; quelques belles places ; maisons dans le goût mauresque, nombreuses fontaines, promenades et jardins délicieux, édifices magnifiques (Alhambra, Généralif, palais archiépiscopal, cathédrale, renfermant les tombeaux de Ferdinand et d'Isabelle, couvents des Hiéronymites et de Santa-Cruz). Très peu d'industrie, commerce presque nul. — Grenade fut fondée par les Maures au Xe siècle près des ruines de l'antique Illiberis. Elle fit d'abord partie du roy. de Cordoue et devint en 1235 capit. d'un roy. particulier : elle était alors célèbre par son industrie, sa puissance, ses richesses et la magnificence de ses édifices. Défendue par des murailles flanquées de 1030 tours, elle résista longtemps aux rois chrétiens, et succomba enfin en 1492, après un long siége. V. GRENADE (R. de).

GRENADE (Roy. de), un des États maures fondés sur les ruines de l'empire des Almohades d'Espagne, prit naissance en 1235 sous Mohammed I (Aben-al-Hamar), fondateur de la dynastie des Naserides ou Alhamarides. Il devint en 1245 tributaire de la Castille et aida même les Chrétiens à détruire toute autre puissance maure en Espagne (1248-57). Des dissensions domestiques et des révoltes presque perpétuelles réduisirent ce roy. à la ville de Grenade et à quelques villes autour d'elle. Néanmoins ses rois se maintinrent jusqu'en 1492, époque où ils furent chassés par Gonsalve de Cordoue. Boabdil (Abou-Abd'Allah Mohammed), qui régnait alors à Grenade, se réfugia en Afrique, où il fut tué. Le roy. de Grenade s'était élevé sous les Maures à une haute prospérité par l'agriculture et surtout par l'industrie : les soieries, les étoffes de Grenade étaient les premières du monde ; et ce royaume ne comptait pas moins de 3 millions d'h. Les rapports continuels des Maures de Grenade avec les Chrétiens leur avaient fait adopter des mœurs chevaleresques, jusqu'alors inconnues aux Musulmans. Quant aux factions des Zégris et des Abencérages, l'histoire de leur rivalité est plutôt fabuleuse que réelle. Les Maures de Grenade, quoique soumis, se révoltèrent contre les rois d'Espagne en 1567; ils furent définitivement chassés de la Péninsule en 1609.

GRENADE (Capitainerie générale de), une des 12 divisions militaires de l'Espagne, au S., entre celles d'Andalousie au N. et à l'O., de Valence à l'E., et la Méditerranée au S.; 1 000 000 d'h.; capit, Grenade. Elle est divisée en 3 provinces ou intendances, Malaga à l'O., Grenade au centre, et Alméria à l'E. Très-hautes mont. (Sierra Nevada, Sierra Segra), qui forment le système dit Bétique; sables aurifères. Beau climat, mais très-varié, brûlant sur la côte, tempéré à l'intérieur; sol très-fertile, oliviers, orangers, citronniers, cédrats, patates douces, cannes à sucre, etc. — L'intendance de Grenade, entre l'Andalousie au N., les provinces de Malaga à l'O., d'Alméria à l'E., et la Méditerranée au S., compte 427 000 hab.; elle est arrosée par le Guadalquivir.

GRENADE, v. de France (Hte-Garonne), ch.-l. de cant., à 22 kil. N. O. de Toulouse ; 4300 hab. Grains. — Autre ch.-l. de cant. (Landes), sur l'Adour, à 14 kil. S. E. de Mont-de-Marsan ; 1500 hab.

GRENADE (la), Grenada, une des Antilles anglaises, par 12° lat. N., 64° long. O. : 44 kil. sur 26 ; 32 000 hab., presque tous de couleur; ch.-l., George-Town. Coton, café, sucre, indigo. — Cette île, habitée primitivement par les Caraïbes, fut découverte par Christ. Colomb en 1498; les Espagnols l'ayant négligée, des Français s'y établirent en 1650. Les Anglais la leur enlevèrent en 1762; elle leur fut assurée en 1783. Le comte d'Estaing battit une flotte anglaise près de la Grenade en 1779.

GRENADE (NOUV.-), république fédérative de l'Amérique mérid., formée en 1831 du démembrement de la république de Colombie, a pour bornes au N. la mer des Antilles et la république de Vénézuela, à l'E. la Guyane, au S. la républ. de l’Équateur et à l'O. la républ. de Costa-Rica et le Grand Océan; elle compte env. 2 700 000 d'hab. et comprend 8 États fédéraux: Antioquia, Bolivar, Boyaca, Cauca, Cundinamarca, Magdalena, Panama, Santander; villes principales : Sta-Fé-de-Bogota (qui est la capit. générale de tout l'État), Popayan, Panama, Carthagène, Tunja. Productions : pierres précieuses, or, argent, émeraudes (à Muzo), bois d'ébène et de teinture, plantes médicinales, quinquina, vanille, cacao, cochenille, indigo, coton, tabac, soie, perles et corail. — Le climat varie suivant l'élévation du sol ; fréquents tremblements de terre. Le pays est sillonné par les ramifications des Andes, entre autres par la chaîne du Quindiu, dont le point culminant, le pic de Tolima, atteint 5584m, et par la Sierra de Sta-Marta, où quelques pics dépassent 5800m. Les principales riv. sont : le Chagres, l'Atrato, la Magdalena et ses affluents le Cauca et le Bogota, l'Orénoque, qui se rendent à l'Atlantique, et le San-Juan, affluent du Grand Océan. — Avant la déclaration d'indépendance de la Colombie (1819), la Nlle-Grenade formait une vice-royauté espagnole qui comprenait les républiques actuelles de Nouv.-Grenade et de l’Équateur. Elle est depuis 1857 une république fédérative, administrée par un président. Le pouvoir souverain réside dans un Congrès, composé d'un Sénat et d'une Chambre de députés. Le Catholicisme est la religion de l'État.

GRENADE (Louis de), dominicain. V. LOUIS.

GRENADILLES ou GRENADINES, groupe d'îles qui fait partie des Petites Antilles, s'étend de l'île St-Vincent à l'île de Grenade, par 12° 14-13° 5'lat. N., et 63° 30'-64° long. O. Carriacou est la plus grande. Elles appartiennent aux Anglais depuis 1763. GRENELLE, anc. bourg du dép. de la Seine, à l'O. de Paris, entre cette v. et Auteuil, auj. compris dans l'enceinte même de Paris, comptait au moment de l'annexion 15 000 h. Nombreuses usines : poudrette et autres engrais, noir animal, bougies, poterie, carton-pâte, colle forte, cordes d'instruments, pâtes alimentaires, produits chimiques. Forges, lamineries, scieries de bois, etc. Anc. poudrière, qui fit explosion en 1784. Près de l'anc. barrière de Grenelle est un puits artésien profond de 547m, dont l'eau monte à 33m au-dessus du sol et se distribue dans Paris. Il a été terminé en 1841, après 7 ans de travail.

GRENOBLE, Cularo, puis Gratianopolis, v. forte de France, ch.-l. du dép. de l'Isère, sur l'Isère, à son confluent avec le Drac, à 558 k. S. E. de Paris (576 par la route de Lyon); 34 726 hab. Place de guerre de 1re classe, ch.-l. de div. militaire. Évêché, cour d'appel, académie, éc. de droit, de méd., fac. des let. et sciences, lycée, école d'artillerie; sociétés sav.; biblioth., musée, etc. L'Isère divise la v. en deux parties : sur la r. dr. est le faubourg St-Laurent, resserré entre la rivière et les montagnes, couronné par le fort de la Bastille; sur la r. g., le quartier de Bonne (nom du connétable Bonne de Lesdiguières). Magnifiques quais, cathédrale gothique, palais de justice, place Grenette, ornée d'une belle fontaine. La principale industrie est la ganterie, qui n'occupe pas moins de 12 000 personnes. Patrie de Condillac, Mably, Vaucanson, Mme de Tencin, Gentil Bernard, Barnave, Mounier, Cas. Périer. Bayard naquit aux env. — Cette v. fut fondée par les Romains l'an 121 av. J.-C. dans le pays des Allobroges: ils la nommèrent Cularo ou Cularum, c.-à-d. lieu reculé, à cause de son éloignement. Elle fut agrandie et embellie par l'empereur Gratien, dont elle prit le nom. Elle fit partie du roy. d'Arles, et devint enfin la capitale du Dauphiné, dont elle suivit le sort. Il y fut fondé en 1339 une université, qui fut réunie à celle de Valence en 1565. Pendant la guerre de religion, elle se déclara pour les Calvinistes : le fameux baron des Adrets y commandait. La v. étant restée au pouvoir des Ligueurs, Lesdiguières s'en empara pour Henri IV, en 1590. Grenoble fut occupée par les alliés en 1814 et 1S15. Elle est la 1re ville importante qui ait ouvert ses portes à Napoléon, à son retour de l'île d'Elbe. Il y éclata en 1816 une insurrection bonapartiste qui fut aussitôt réprimée (V. DIDIER). Il a été fait à Grenoble de 1825 à 1839 de grands travaux de fortification.

GRENVILLE (George), homme d'État, né en 1792, mort en 1770, fut député de Buckingham, remplit sous Georges III les places de trésorier de la marine, de 1er lord de l'amirauté, de chancelier de l'échiquier (1763-65). Il est l'auteur du fameux acte du timbre qui souleva les premières résistances dans les colonies de l'Amérique. — Son fils, Will. Gr., 1759-1834, fit partie du ministère de Pitt (1783) et devint en 1790 ministre des affaires étrangères. Il se signala par son acharnement contre la France, contribua puissamment à l'acte d'union de l'Irlande, fut mis en 1806 à la tête d'un ministère de coalition où figuraient Erskine, Fox et lord Grey, et résigna le pouvoir parce qu'il ne put obtenir l'émancipation de l'Irlande.

GRÉOULX, Griselum ou Gredolæ, vge des B.-Alpes, près du Verdon, à 18 k. S. O. de Riez; 1400 h. Eaux hydro-sulfureuses, connues dès le temps des Romains.

GRESBAN. V. GRÉBAN.

GRESHAM (sir Thomas), riche bourgeois de Londres, né en 1519, mort en 1579, acquit une grande fortune dans le commerce, réussit sous Édouard VI et Élisabeth à négocier divers emprunts, ce qui le fit surnommer le Négociant royal, et fut, en récompense de ses services, fait baron par Élisabeth. Il fit construire à ses frais la Bourse de Londres, 1566-69, ainsi que le collége de Gresham.

GRÉSIVAUDAN, Gratianopolitanus tractus, portion du Ht-Dauphiné comprenant la belle vallée de l'Isère depuis son entrée en France jusqu'à sa réunion avec le Drac, avait pour ch.-l. Grenoble, et pour places principales Vizille, Lesdiguières, St-Bonnet, Sassenage, Bourg-d'Oysans et la Grande-Chartreuse. — Le Grésivaudan fut donné avec titre de principauté aux évêques de Grenoble par les derniers souverains du roy. de Bourgogne. Les comtes d'Albon se l'approprièrent ensuite. Il fait auj. partie des dép. de l'Isère et des Htes-Alpes.

GRESSET (J. B. Louis), poëte élégant, né en 1709 à Amiens, mort on 1777, entra chez les Jésuites à 16 ans, et professa les humanités dans leurs colléges de Tours, et de La Flèche. Il se fit d'abord connaître par un poëme badin, Vert-Vert, où il chantait, en vers de 10 syllabes, les aventures du perroquet des Visitandines de Nevers (1733), et composa successivement plusieurs autres pièces dans le genre badin (le Lutrin vivant, le Carême impromptu), qui eurent beaucoup de succès, surtout la Chartreuse (ainsi intitulée d'un belvédère qu'occupait le poëte au Collége Louis-le-Grand). Réprimandé par ses supérieurs pour ses goûts mondains, il quitta les Jésuites (1735), vint vivre à Paris et se maria. Gresset s'exerça depuis dans des genres fort divers, fit des tragédies qui réussirent peu, et des comédies qui eurent plus de succès. Le Méchant (1747), l'une d'elles, est une de nos meilleures pièces : il y attaque un vice qui était alors fort à la mode; les portraits sont d'un naturel parfait et les vers excellents. Gresset fut admis à l'Académie Française en 1748. Il sa retira peu après à Amiens, et renonça à la poésie pour se livrer tout entier à des exercices de piété; dans l'ardeur de son zèle, il brûla lui-même plusieurs de ses ouvrages. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Fayolle, 1803, 3 v. in-18; Campenon a donné en 1823 ses Œuvres choisies.

GRESSY ou GRÉSY, ch.-l. de c. (Savoie), sur l'Isère, arr. et près d'Albertville; 1500 h. Antiquités.

GRETNA-GREEN, village d’Écosse (Dumfries), à 35 kil. S. E. de Dumfries; 2000 h. C'est le premier endroit qu'on trouve en Écosse sur la route de Londres à Édimbourg. Ce village est célèbre par les mariages clandestins qui s'y contractaient Un certificat de comparution des 2 époux délivré par un témoin quelconque suffisant, selon les lois écossaises, pour rendre un mariage valide, sans consentement de parents, ni publications de bans, beaucoup d'Anglais allaient se marier en Écosse pour éluder la rigueur des lois de leur pays. La cérémonie était célébrée par un habitant quelconque du lieu, pêcheur, forgeron, ou aubergiste. Le gouvernement britannique a interdit, à partir de 1857, ce genre de mariage aux sujets non domiciliés en Écosse. On cite parmi les personnages qui avaient été ainsi unis lord Eldon, Erskine, et un frère du roi de Sicile, Charles-Ferdinand de Bourbon, qui épousa en 1836 la célèbre Pénélope Smith.

GRÉTRY (André Ernest Modeste), compositeur, né à Liége en 1741, mort en 1813, sentit dès son enfance une vive passion pour la musique, alla étudier en Italie, en rapporta une mélodie pure et simple, fraîche et gracieuse, et vint se fixer à Paris en 1768. Parmi ses nombreux opéras, il faut citer le Huron, 1768 (paroles de Marmontel), qui commença sa réputation; le Tableau parlant, 1769; Zémire et Azor, 1771; l'Ami de la maison, 1772; la Rosière de Salency, 1774; l'Amant jaloux, 1778; la Caravane, 1783; Richard Cœur de Lion, 1784; Panurge, 1785. Il a laissé un Essai sur la musique, 1789, où il expose sa méthode. Grétry possède le naturel, la grâce, l'expression vraie; mais son instrumentation est nue et il pèche quelquefois contre l'harmonie. Du reste, il sut trouver le véritable accent comique du langage musical, et mérita d'être appelé le Molière de la musique. Il fut nommé membre de l'Institut (Classe des Beaux-Arts) dès la création. Il avait acquis à Montmorency l'ermitage qu'avait habité J. J. Rousseau, et c'est là qu'il mourut. — Son neveu, André Joseph Grétry, 1774-1826, a écrit des opéras-comiques, des comédies, des romans, qui eurent peu de succès. GREUZE (J. B.), peintre français, né à Tournus en 1726, mort à Paris en 1805, s'adonna à la peinture malgré l'opposition de sa famille et se forma presque seul. Les œuvres qui ont fait sa réputation sont empruntées à la vie ordinaire : ce sont le plus souvent des scènes de famille et quelquefois de véritables drames. Elles brillent par la naïve simplicité qu'il a su prêter à ses personnages, par une modestie touchante, par une grâce infinie, et par un coloris fin et vrai. Ses têtes sont pleines d'expression, mais il néglige les draperies, et cherche trop le relief. Ses principaux tableaux sont : le Père paralytique, la Bénédiction paternelle, la Malédiction, le Père de famille expliquant la Bible à ses enfants ; l'Accordée du village ; la Mère bien-aimée ; la Petite fille au chien ; la Jeune fille qui pleure son oiseau mort; la Cruche cassée. Ses tableaux ont été gravés par les meilleurs maîtres. Il fut admis à l'Académie de peinture en 1769. Mme de Valory a publié une comédie-vaudeville en un acte, intitulée : Greuze ou l’Accordée du village, avec une notice sur l'artiste, 1813.

GRÉVIN (Jacq.), médecin et poëte, né en 1538 à Clermont (Oise), m. en 1570, reçut les leçons de Muret et les conseils de Ronsard, obtint la protection de Marguerite, fille de François I, et duchesse de Savoie et l'accompagna en Piémont. Il composa quelques pièces (comédies et tragédies), qui eurent du succès et qui, selon Laharpe, le placent au-dessus de Jodelle. Son Théâtre et ses Poésies ont été publiés à Paris en 1562. Il a traduit du grec les Thériaques de Nicandre, et les préceptes de Plutarque Sur le Mariage.

GREW (Néhémie), savant anglais, né vers 1628 à Coventry, mort en 1711, exerça la médecine à Coventry, puis à Londres, où il fut membre du collége des médecins et de la Société royale (1673). On a de lui : l’Anatomie des Plantes (en anglais), Londres, trad. par Levasseur, 1675; Musæum Regalis Societatis, 1681; Cosmographia sacra, 1701.

GREY (Jane), amère-petite-fille de Henri VII, roi d'Angleterre, née en 1537, fut un instant placée sur le trône par les intrigues de Jean Dudley, duc de Northumberland, qui en fit l'instrument de son ambition. Ce seigneur, après avoir marié son 4e fils, le duc de Guildford, avec Jane, avait su arracher au faible Édouard VI un testament qui déférait la couronne à cette jeune princesse, au préjudice de Marie Tudor, sa propre sœur (1553). Marie leva une armée, força sa rivale à descendre d'un trône où on l'avait portée malgré elle, et, sans pitié pour sa jeunesse et son innocence, la fit mettre à mort, avec les ducs de Northumberland et de Guildford (1554). Jane n'avait que 17 ans, et elle était déjà remarquable par son esprit et ses connaissances, ainsi que par sa beauté. Sa mort a fourni à Young la matière d'un poëme; à Laplace, à Mme de Staël, à Briffaut, à Soumet, des sujets de tragédie, et à Paul Delaroche le sujet d'un touchant tableau. On a d'elle quelques écrits, publiés par Frère, Rouen, 1832.

GREY (lord Ch. HOWICK, comte), homme d'État, né en 1764 à Fallowden (Northumberland), d'une famille sortie jadis de Normandie, mort en 1845. Lié au parti whig, il entra à la Chambre des Communes en 1786, proposa dès 1793 la réforme parlementaire, fit partie en 1806 du ministère de Fox, à la mort duquel il reçut le portefeuille des affaires étrangères et devint ministre dirigeant; se retira en 1807 parce qu'il n'avait pu faire abolir le serment du test, entra la même année, par droit d'hérédité, à la Chambre des Lords, où il prêta un constant appui aux mesures libérales, notamment à l'émancipation des catholiques (1829), fut rappelé au ministère après la révolution de 1830, et fit enfin triompher la réforme parlementaire (1832). On lui doit aussi l'émancipation des esclaves des Indes occidentales et diverses mesures libérales en faveur de l’Écosse et de l'Irlande. Il résigna le pouvoir en 1834. — Son fils Henri, lord Howick, né en 1802, a suivi la même ligne de conduite, et a fait partie du ministère Melbourne (1835-1839).

GREYTOWN. V. SAN JUAN DE NICARAGUA.

GREZ-EN-BOUÈRE, ch.-l. de c. (Mayenne), à 13 kil. N. E. de Château-Gonthier; 1800 hab.

GRÈZES, village du dép. de la Lozère, à 7 k. de Marvéjols; 450 hab. Jadis place importante et ch.-l. de la vicomte du Gévaudan.

GRIBEAUVAL (J. B. VAQUETTE de), officier d'artillerie, né à Amiens en 1715, mort en 1789, suivit, comme lieutenant-colonel, le comte de Broglie à Vienne, où Marie-Thérèse le nomma feld-maréchal, se signala surtout à la défense de Schweidnitz (1762), où il résista pendant plus de deux mois aux efforts de Frédéric II, et fut, à son retour en France, nommé maréchal-de-camp, puis inspecteur général de l'artillerie. Avant lui on employait dans tous les services les mêmes bouches à feu : il les varia selon leur destination (campagnes, siéges, places et côtes), et dressa des tables de construction qui fixèrent les dimensions de chaque pièce : c'est ce qu'on appelle le système Gribeauval. C'est à lui qu'est due cette artillerie qui a rendu tant de services sous la République et l'Empire.

GRIFFET (Henri), jésuite, né à Moulins en 1698, mort en 1771, enseigna les humanités au collége Louis-le-Grand, puis quitta l'enseignement et devint prédicateur de la cour. Il se retira à Bruxelles après la suppression de son ordre. On a de lui une édition de l’Histoire de France du P. Daniel, Paris, 1755-58, 17 vol. in-4, avec d'importantes additions (notamment l'histoire de Louis XIII); un Traité des différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l'histoire, 1769, et un traité de l’Insuffisance de la religion naturelle, 1770.

GRIFFET DE LABAUME, neveu du préc., 1756-1805, travailla pour les libraires, traduisit un grand nombre d'ouvrages anglais ou allemands, entre autres les Sermons de Sterne, le Sens commun de Payne, le Voyage de F. Hornemann en Afrique, l’Histoire des Suisses, de Jean de Muller, et plusieurs romans de Wieland.

GRIFFON ou GRIPPON, 3e fils de Charles-Martel, fut exclu du partage des États paternels par Pépin et Carloman, ses frères, et enfermé dans un monastère (741). Après l'abdication de Carloman (747), il fut rendu à la liberté par Pépin; mais, plus sensible à une ancienne injustice qu'à un bienfait récent, il passa dans les rangs des Saxons rebelles. Vaincu et pris, il obtint sa grâce; mais il alla soulever les Aquitains contre Pépin. Vaincu de nouveau, il fut tué dans la vallée de Maurienne (752).

GRIFFONS, animaux fabuleux, participant de l'aigle et du lion, gardaient, selon la Fable, les mines d'or du pays des Arimaspes.

GRIGNAN, ch.-l. de c. (Drôme), à 27 kil. S. O. de Montélimart; 2000 h. Truffes. Anc. château où mourut Mme de Sêvigné, dont le tombeau est dans l'église. Grignan était le ch.-l. d'un comté de Provence qui appartint successivement aux maisons d'Adhémar et de Castellane.

GRIGNAN (Franç. Marguerite de SÉVIGNÉ, comtesse de), fille de Mme de Sévigné, née en 1648, à Paris, morte en 1705, était l'idole de sa mère. Elle épousa en 1669 le comte de Grignan, lieutenant général de Provence, et fut pendant de longues années éloignée de sa famille : cette séparation donna lieu à la célèbre correspondance de Mme de Sévigné. On n'a de Mme de Grignan que quelques lettres, qui se trouvent parmi celles de sa mère et qui sont loin de les égaler ; on prétend que la plus grande partie de ses lettres a été brûlée par sa famille. Femme grave et sérieuse, elle admirait Descartes, qu'elle appelait son père. On a d'elle un Résumé du système de Fénelon sur l'amour de Dieu, où elle entre dans les raisonnements les plus subtils de la métaphysique et dans les profondeurs du mysticisme. — Elle laissa deux filles, dont l'une, Pauline, devint marquise de Simiane, et dont l'autre, Marie Blanche (que Mme de Sévigné nomme ses petites entrailles), se fit religieuse de la Visitation.

GRIGNOLS ou FLAUJAC, ch.-l. de c. (Gironde), à 14 kil. S. E. de Bazas ; 1800 hab.

GRIGNON, célèbre ferme-modèle du dép. de Seine-et-Oise, dans la commune de Thiverval, près de Neaulphe-le-Château, à 12 kil. O. de Versailles. On y a fondé en 1826 une école d'agriculture.

GRIJALVA (Jean de), aventurier espagnol. Chargé en 1518 par Vélasquez, gouverneur de Cuba, d'aller reconnaître le Yucatan, que Fernand de Cordova venait de découvrir, il poursuivit sa route à l'O. et fit la découverte du Mexique; il prit possession du pays au nom du roi d'Espagne et de Vélasquez, mais il n'y forma point d'établissements. — Un autre Grijalva (Fernand), lieutenant de Cortez, découvrit la Californie : chargé de faire des découvertes dans la mer du Sud en 1533, et naviguant de conserve avec Mendoza, il fut séparé de celui-ci ; après avoir couru près de 1300 kil., il aborda dans une île déserte, située près de la pointe de la Californie et appelée auj. Socorro; trois ans après, il accompagna Cortez en Californie.

GRIMALDI, famille illustre de Gênes, une des quatre de la haute noblesse de cette république, possédait depuis l'an 980 la seigneurie (plus tard principauté) de Monaco, qui lui est restée. Elle était, avec celle des Fiesque, à la tête du parti guelfe. Les Grimaldi ont occupé pendant plusieurs siècles les premières dignités de Gênes. Ils acquirent des fiefs considérables dans le roy. de Naples et en France, où ils possédèrent le duché de Valentinois. La ligne masculine s'est éteinte en 1731 en la personne du prince Antoine de Grimaldi ; mais Louise Hippolyte de Grimaldi, duchesse de Valentinois, héritière d'Antoine, en épousant en 1715 François de Matignon, comte de Thorigny, lui imposa la condition de conserver le nom et les armes de Grimaldi.

Renier ou Raimond Grimaldi, né à Gênes dans le XIIIe siècle, amiral de France sous Philippe le Bel, battit et dissipa en 1304 la flotte du comte Gui de Flandre, sur les côtes de la Zélande, et fit le comte prisonnier. — Antoine, amiral génois, vengea en 1332 les outrages que les Catalans avaient fait essuyer à sa patrie en 1331; désola les côtes d'Espagne, fut mis en 1353 à la tête des forces navales de la république pour combattre l'amiral vénitien Nicolas Pisani, mais éprouva, à la Loiera, un échec qui mit Gênes à deux doigts de sa perte, et la réduisit à se donner à Jean Visconti, seigneur de Milan. — Jean, amiral génois, remporta en 1431 sur le Pô, près de Crémone, une victoire signalée sur Nicolas Trévisan, amiral vénitien. — Dominique, cardinal, archevêque et vice-légat d'Avignon, assista au combat de Lépante en 1571 en qualité de surveillant des galères de l'Église, et y fit preuve d'intrépidité. Il ne se signala pas moins par son ardeur à poursuivre les hérétiques, qu'il expulsa entièrement de son diocèse.

GRIMALDI (Jean François), peintre, graveur et architecte italien, né en 1606 à Bologne, d'où son surnom de Bolognèse, mort en 1680, adopta les principes des Carracbe et de l'Albane et produisit entre autres chefs-d'œuvres, Mercure et Argus (au musée de Berlin). Attiré en France par le cardinal Mazarin, il peignit quelques fresques au Louvre. Il fut ensuite employé par Innocent X à orner de fresques le palais du Vatican et le Quirinal à Rome. Son dessin est d'une remarquable correction; il a beaucoup de légèreté dans la touche et de vérité dans le coloris.

GRIMAUD, Olbia ? ch.-l. de cant. (Var), à 27 kil. S. E. de Draguignan; 1500 h. Il donne son nom au golfe de Grimaud (Gambracius sinus des anciens), formé par la Méditerranée entre le cap Lisandre et les rochers des Frères, et qui a 11 kil. sur 7.

GRIMAUD (Guill.), professeur de médecine à Montpellier, né à Nantes en 1750, mort en 1789 à 39 ans. Élève de Barthez, il lui succéda dans sa chaire. Il mit le premier en avant les doctrines physiologiques que développèrent depuis et d'après lui Bichat et Richerand. On a publié de Grimaud un Cours des Fièvres, 1791.

GRIMM (Fréd. Melchior, comte de), critique célèbre, né en 1723 à Ratisbonne, d'une famille pauvre et obscure, m. à Gotha en 1807 ; fut d'abord précepteur; devint secrétaire du duc d'Orléans, et se lia dans Paris avec les écrivains de l'époque, surtout avec J. J. Rousseau et Diderot. Il entretint avec le duc de Saxe-Gotha, avec l'impératrice de Russie et plusieurs autres princes, une correspondance littéraire, qui avait pour but de leur rendre compte du mouvement littéraire de la France, et à laquelle eurent part Diderot, Raynal et Suard : la vivacité des impressions contemporaines donne à cette correspondance un grand intérêt. Il fut nommé par le duc de Saxe-Gotha, en 1776, baron et ministre plénipotentiaire en France; quitta Paris en 1790, et se retira à Gotha. Catherine II le nomma en 1795 son ministre près les États de Basse-Saxe. La Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm s'étend de 1759 à 1790; elle a été publiée à Paris de 1812 à 1813, en 16 vol. in-8, et de 1829 à 1831, en 15 vol., avec notes et éclaircissements, par M. Taschereau. Il a paru en 1814 un volume de morceaux détachés de Grimm, où l'on remarque le Petit Prophète, brochure piquante qu'il a publiée en 1753 en faveur de la musique italienne.

GRIMM (les frères), philologues allemands, qui ont souvent travaillé en collaboration. Le plus célèbre est l'aîné (Jacques-Louis), né en 1785 à Hanau, m. en 1863, qui embrassa d'abord la carrière diplomatique, puis y renonça pour se livrer à la philologie; professa à Gœttingue et à Berlin; fut en 1848 membre de l'Assemblée nationale allemande; a publié une Grammaire allemande (1819), plusieurs fois réimprimée; un Dictionn. allemand (1852) très-complet; Antiquités du droit allem. (1828); Mythologie allem. (1835); Histoire de la langue allem. (1848); de savantes éditions de poëmes latins ou allemands du moyen âge (Waltharius, le Renard, etc.) — Son frère (Guill.-Charles) (1786-1859) a fait également de nombreuses éditions de poëmes du moyen âge, et a collaboré au Dict. allem. de J.-L. Grimm. — Le nom des frères Grimm est populaire en Allemagne par la publication d'un recueil des anciens contes allemands (Contes de l'enfance et de la maison, 1850). Un choix de ces contes a été trad. par Fr. Baudry, 1864.

GRIMMA, v. murée du roy. de Saxe, à 30 kil. S. E. de Leipsick; 3300 hab. Collége; bibliothèque. Draps, flanelle, poudre à poudrer; teinture en bleu. — Cette v. doit son origine à une colonie slave de Sorabes.

GRIMOALD, fils de Pépin le Vieux, obtint, sous le roi Sigebert II, la mairie d'Austrasie. après avoir fait assassiner Othon, son rival (642). Sigebert avait, en mourant, laissé un fils en bas âge. Dagobert II ; Grimoald relégua cet enfant dans le cloître de Slane (Irlande) et plaça son propre fils sur le trône. Mais les Francs le livrèrent, lui et son fils, au roi de Neustrie, Clovis II, frère de Sigebert, qui les fit mettre à mort (656).

GRIMOALD, duc de Bénévent, puis roi des Lombards, était fils de Gisolfe, duc de Frioul. Il succéda d'abord, à son oncle Grasolfe, duc de Bénévent (647); mais, appelé en Lombardie au secours du jeune Godebert, un des fils d'Aribert, roi des Lombards qui était en guerre avec Pertharite, son propre frère, il profita des dissensions des deux princes pour leur enlever la couronne (662). Il mourut en 671. En montant sur le trône de Lombardie, il avait laissé le duché de Bénévent à son fils Romuald. Celui-ci eut pour successeur Grimoald II, qui régna de 677 à 680.

GRIMOALD I, prince de Bénévent, fils et successeur d'Arigise en 788, avait été élevé à la cour de Charlemagne ; après la mort de son père, il retourna dans son duché, et fut contraint de reconquérir son héritage sur Adelgise, fils de Didier, dernier roi des Lombards, qui venait de s'emparer de la principauté de Bénévent. Il repoussa avec succès les attaques de Pépin et de Louis, fils de Charlemagne, et mourut en 806. Il avait épousé en 793 la fille de l'empereur grec. — Grimoald II lui succéda. Attaqué par Charlemagne, il obtint la paix en 812, moyennant tribut. Il fut assassiné en 818 par Siggon, comte d'Acerenza, à qui Louis le Débonnaire donna ses États.

GRIMOARD, pape. V. URBAIN V.

GRIMOARD (Phil.-Henri, comte de), général français, né à Verdun vers 1750, mort en 1815, était issu d'une famille d'Avignon qui donna à l'Église le pape Urbain V. Après avoir servi avec distinction dans l'état-major, il fut appelé près de Louis XVI au moment de la Révolution ; il travaillait dans le cabinet du roi : c'est lui qui traça le plan de la campagne de 1792. Partisan du gouvernement constitutionnel, il n'échappa à la mort sous la Terreur qu'en se cachant. On lui doit un grand nombre de publications, dont plusieurs sont utiles pour la stratégie et l'histoire militaire de la France : Essai théorique et pratique sur les batailles, 1775 ; Traité sur la constitution des troupes légères et sur leur emploi en campagne, 1782 ; Recherches sur la force de l'armée française, 1806 ; Traité sur le service de l'état-major général des armées, 1809.

GRIMOD DE LA REYNIÈRE (Alex.-Balthazar), gastronome, né à Paris en 1758, m. en 1838, était fils d'un riche fermier général. Il publia quelques brochures pleines d'esprit, et rédigea de 1797 à 1798 le Censeur dramatique ; mais il est surtout connu comme auteur de l’Almanach des Gourmands, 1803-1812, 8 vol. in-18, réimprimé en 1856 dans les Classiques de la Table. On lui doit aussi le Manuel des Amphitryons, 1808.

GRIMSEL, montagne des Alpes bernoises, sur les limites du cant. de Berne et du Valais. Le pic de Sildelhorn, sa plus haute arête, a 2878m. Ancien couvent de Frères hospitaliers. Beau cristal de roche.

GRINGOIRE ou GRINGORE (Pierre), poëte français, né vers 1475 ou 1480, mort vers 1544, était Lorrain selon les uns, Normand selon les autres. Il parcourut une grande partie de la France, s'arrêtant dans les v. et les châteaux où il débitait des pièces bouffonnes et satiriques ; vint en 1500 à Paris, où il écrivit, à la demande de Louis XII, contre le pape Jules II. Il fut fait, à son retour dans son pays, héraut d'armes du duc de Lorraine. On a de lui : le Château du Labour et le Château d'Amour, Paris 1499 et 1500 ; compositions allégoriques en vers ; les Abus du monde, 1504, où il critique tous les états ; Jeu du prince des Sots et de Mère Sotte, joué aux halles de Paris en 1511 (pièce satirique contre Jules II) ; les Fantaisies de Mère Sotte (1516) ; les Menus propos de Mère Sotte, 1521 ; les Fantaisies du monde qui règne, 1532. On lui attribue aussi 2 sotties : le Vieux monde et le Nouveau monde. Il termina par des poésies religieuses et composa pour la confrérie de S.-Louis le Mystère de S.-Louis, l'un des ouvrages les plus marquants en ce genre. Ce qui reste de Gringoire a été publié par d'Héricault et Montaiglon, 1858-61 (dans la Bibl. elzévirienne).

GRINGONNEUR (Jacquemin), peintre du XIVe s. Il exécuta différents jeux de cartes pour Charles VI, ce qui lui a fait attribuer l'invention des cartes.

GRIPPON, fils de Charles-Martel. V. GRIFON.

GRISELDA ou GRISELIDIS, marquise de Saluces, personnage légendaire plutôt qu'historique, est citée comme le modèle des vertus conjugales et le type de l'obéissance absolue dans le mariage. Fille d'un pauvre paysan du bourg du Villanoetta près de Saluces, en Piémont, elle attira par sa beauté et ses vertus l'attention de Gaultier, seigneur de Saluces, qui vers l'an 1303 la prit pour épouse. Griselda lui donna deux enfants, une fille et un fils, et fit tout ce qui dépendait d'elle pour le rendre heureux ; mais le bizarre époux, voulant éprouver sa docilité et sa constance, lui enleva ses enfants, qu'il fit passer pour morts ; lui fit subir pendant de longues années toutes sortes de privations et de mauvais traitements et la contraignit même à servir une femme dont il avait fait sa maîtresse. Griselda supporta tout avec une admirable résignation. Enfin, Gaultier, vaincu par tant de vertu, lui rendit son amour, et la réunit à ses enfants le jour même où il célébrait leurs noces. L'histoire de Griselidis, écrite en 1246 par Albestan de Brescia, et trad. en 1392 par Renaud de Louhans, a été impr. en 1828 chez Didot. Cette histoire romanesque a été souvent reproduite au moyen âge dans les Fabliaux et les Moralités dramatiques : elle a fourni à Boccace, dans son Décaméron, un récit plein d'intérêt et d'émotion ; elle est aussi le sujet d'un des contes de Chaucer.

GRIS-NEZ, Itium promontorium, cap de France (Pas-de-Calais), à l'extrémité des collines de l'Artois, entre Calais et Ambleteuse. C'est le point le plus rapproché de l'Angleterre.

GRISOLLES, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), arr. et à 29 kil. S. E. de Castel-Sarrazin : 2130 hab. Coutellerie estimée. Curieuse église paroissiale. Grisolles est bâtie sur une voie romaine, qui conduisait de Toulouse vers Moissac et Agen, C'était autrefois une place forte.

GRISONS (canton des), en allemand Graubünden, c.-à-d. Ligues grises, un des cantons de la confédération helvétique, le plus au S. E., a pour bornes à l'E. le Tyrol, au N. O. les cant. de St-Gall, Glaris et Uri, au S. le cant. du Tésin et au S. E. la Lombardie : 140 kil. sur 80 ; 90 000 hab. (dont 38 000 catholiques, 52 000 protestants) ; ch.-l., Coire. Montagnes très-hautes, qui appartiennent aux Alpes rhétiques : on y distingue le Septimer, le Splügen et la Bernina ; il est arrosé par le Rhin et l'Inn et contient 5 grandes vallées (celles du Rhin postérieur et antérieur, de l'Engadine, de l'Albula et du Prettigau). Plomb, cuivre, eaux minérales ; vastes forêts, beaux pâturages, un peu de blé et de vin. Commerce de transit, industrie nulle. — Ce cant. est lui-même une petite républ. fédérative composée de 3 Ligues : Ligue supérieure ou Grise (Graubünd), Ligue Cadée ou de la Maison-de-Dieu (Gotteshausbünd), Ligue des Dix-Juridictions ou Droitures (Zehngerichte) ; ch.-l. Ilanz, Coire, Davos. — Le pays des Grisons, jadis partie de la Rhétie, appartint successivement à l'empire d'Occident, aux Allemani, au roy. Ostrogoth d'Italie de Théodoric, à l'Austrasie, au roy. de Germanie, puis il forma une division du duché de Souabe, et finit par se subdiviser en un grand nombre de petites communes et de fiefs, parmi lesquels le comté de Coire fut le plus important. Aux XIVe et XVe siècles les communes et plusieurs fiefs formèrent, en se groupant, d'abord la Ligue Cadée (vers 1401), puis la Ligue Grise (1424), et la Ligue des Dix-Juridictions (1436); toutes trois formèrent une confédération générale et une alliance perpétuelle en 1471. En 1525 les Grisons s'emparèrent de la Valteline, ainsi que du pays de Chiavenna et de Bormio. Ils firent alliance en 1600 avec la république du Valais, en 1602 avec la ville de Berne, en 1707 avec Zurich. En 1701 ils avaient en vain demandé à entrer comme canton dans le corps helvétique, ils n'y furent admis qu'en 1798. Ce canton occupe le 15e rang par ordre d'admission, le 2e par l'étendue, le 9e par la population. La langue des actes publics est l'allemand ; on parle aussi le roman et l'italien. L'autorité suprême réside dans un grand conseil de 65 membres élus par les communes ; un petit conseil de 3 membres élus par le grand conseil, dont un pour chaque Ligue, exerce le pouvoir administratif.

GRITTI (André), général, puis doge de Venise. Comme général, il rendit d'éminents services à sa patrie dans les guerres qu'elle eut à soutenir, de 1508 à 1513, contre l'Empire et la France. En 1509 il chassa les Impériaux de Padoue ; en 1512 il reprit Brescia sur les Français. Mais la même année il fut battu et fait prisonnier par Gaston de Foix qui reconquit Brescia. Amené à Paris, il eut l'habileté de rendre Louis XII favorable à Venise, et conclut un traité de paix avec ce prince en 1513. Nommé doge en 1523, il se déclara tantôt pour, tantôt contre la France, et profita des troubles qui désolaient l'Italie pour recouvrer plusieurs possessions de la république. Il m. en 1538.

GRODNO, v. et port de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Grodno, à 150 kil. S. O. de Wilna, sur la riv. dr. du Niémen ; 18 000 hab. Résidence du gouverneur, cour criminelle et civile, école de médecine, bibliothèque, jardin botanique, cabinet d'histoire naturelle ; école de cadets. Deux châteaux, églises des Jésuites et des Carmélites, palais Radzivil et Sapiéha. Industrie : draps, soieries, fil d'or et d'argent, etc. Commerce actif. — L'origine de Grodno est inconnue ; elle fut prise par les chevaliers Teutoniques en 1283 ; de 1673 à 1752 elle fut le siége d'une des diètes polonaises. Les Russes s'en emparèrent en 1792 et en firent en 1795 la capitale de la Lithuanie, puis du gouvt de Grodno. On y signa en 1793 un des traités qui démembrèrent la Pologne. — Le gouvt de Grodno, entre ceux de Wilna, Minsk, Volhynie, Pologne, a 320 k. sur 200 et 900 000 h., dont env. 80 000 juifs. Il est arrosé par le Niémen et le Boug. Sol plat ; forêts ; carrières et mines ; blé, lin, manne ; gros bétail, abeilles. Peu d'industrie.

GROENINGEN, v. de Hollande. V. GRONINGUE.

GRŒNLAND, c.-à-d. Terre verte, vaste région de l'Amérique septentrionale, au N. E., consiste en une grande île, qu'on croyait jadis faire partie du continent. Il commence à 20° long. O. et 59° 38' lat. N., et se prolonge, sans qu'on en ait encore atteint l'extrémité, jusqu'à 80° de long, et 73° de lat. Il a pour bornes au N. et l'E. l'Océan arctique, au S. et à l'O. la Méditerranée arctique et l'Océan de Baffin. On compte à peine dans cette immense contrée 24 000 h., dont 6000 env. d'Européens. Les indigènes sont de la race des Esquimaux. Le froid y est extrême (45° centig. en hiver), et dure presque toute l'année ; mais le climat n'a pas toujours été aussi rigoureux : il paraît s'être refroidi depuis le XIVe siècle. L'été, quoique très-court, est quelquefois chaud. Grands aigles, rennes, chiens dont on se sert pour tirer les traîneaux, renards rouges et blancs, lièvres blancs, ours blancs, baleines, phoques, etc. Les habitants vivent surtout de poisson. Le Grœnland appartient au Danemark, et fait partie de l'Amérique danoise. On le divise en inspectorat du Nord (ch.-l. Egedesminde), inspectorat du Sud (ch.-l. Julianeshaab), et Grœnland indépendant, dont l'on ne connaît que quelques points. Les Danois font sur les côtes la pêche de la baleine et du phoque et le commerce de peaux, d'huile de poisson, de fanons de baleine. — Le Grœnland fut découvert en 982 par l'Islandais Eric Randa, qui lui donna le nom Grœn land à cause de son aspect verdoyant. La colonie qu'il fonda disparut en 1406. Sous les rois de Danemark Frédéric II, Christian IV, Frédéric III, eurent lieu quelques tentatives de colonisation le long de la côte orientale. De 1720 à 1736 le missionnaire danois Egède y fonda une colonie, qu'il nomma Godhhaab (Bonne-Espérance); les Frères Moraves en établirent une autre en 1733, avec l'aide du comte de Zinzendorf. Ces missions sont presque les seuls établissements danois au Grœnland. Scoresby (1821), Graah (1829-1831), Rink(1852) et le prince J. Napoléon (1858) sont les voyageurs les plus récents qui aient visité ce pays.

GROIX, île fortifiée de France, dans l'Atlantique, près de la côte du dép. du Morbihan, à 9 kil. S. O. de Port-Louis et en face de l'embouch. du Blavet ; 3500 h. Un combat naval y fut livré en 1795 (V. LINOIS). — On dérive son nom du celtique groah, druidesse, fée.

GRONINGUE, v. forte et port du roy. de Hollande, ch.-l. de la prov. de même nom, sur la Hunse et près de la mer, à 145 kil. N. E. d'Amsterdam ; 24 000 hab. Nombreux canaux, belles constructions, hôtel de ville, cathédrale St-Martin avec une tour de 110m, hôpital militaire; pont Botering-Hoog, etc. Université qui date de 1614, sociétés d'histoire naturelle, de chimie, etc. Quelque industrie, chantiers de construction ; assez de commerce. Patrie de Rodolphe Agricola, d'Hemsterhuys, etc. — Groningue fut fondée vers la fin du VIe siècle. Au Xe elle était commerçante et riche, mais les Normands la ravagèrent ; elle se releva en 1110 et fut alors murée. Elle passa en 1497 dans les mains de Maximilien d'Autriche, qui en donna l'administration au duc de Saxe, Albert II ; mais la ville préféra, se soumettre à l'évêque d'Utrecht : deux fois assiégée (1503, 1514), elle résista deux fois ; elle échappa à la domination autrichienne en se soumettant au duc Charles de Gueldre. Cependant, Charles-Quint y fit son entrée en 1536. Elle accéda la dernière à l'union d'Utrecht (1594), qui consomma l'indépendance des sept Provinces-Unies. — La province de Groningue est située au N. E. du roy. de Hollande sur les confins du Hanovre ; 80 kil. sur 27 ; 200 000 hab.

GRONOVIUS (Jean Fréd.), critique et humaniste, né à Hambourg en 1611, mort en 1671, professa les belles-lettres à l'Université de Leyde. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, entre autres : Diatribe in Statii poetæ Sylvas, La Haye, 1637 ; De Sesterciis, Deventer, 1643 ; De Musæo Alexandrino (dans le tome VIIIe du Thesaurus antiquitatum græcarum de son fils); Lectiones plautinæ, etc., Amst., 1740, avec une Vie de Plaute. Il a revu et commenté un grand nombre de classiques latins (Tite-Live, Stace, Justin, Tacite, Aulu-Gelle, Sénèque, Salluste, Pline), qui font presque tous partie de la collection dite Variorum. — Jacques, son fils, né à Deventer en 1645, professa les belles-lettres à Leyde, et y mourut en 1716. Le plus important de ses écrits est le Thesaurus antiquitatum, græcarum, Leyde, 1697-1702, 12 vol. in-fol., sur le plan du Thesaurus antiq. rom. de Grævius, mais moins estimé. Il fut l'éditeur de plusieurs auteurs anciens commentés par son père. Il a commenté lui-même Hérodote, Polybe, Cicéron, Quinte-Curce, Suétone, Macrobe, Ammien Marcellin, etc. D'un caractère caustique et querelleur, il attaque et injurie souvent dans ses commentaires les savants les plus estimés. — Abraham, fils aîné de Jacques, pratiqua la médecine en Hollande, et en Angleterre. Il a publié de bonnes éditions de Justin, de Tacite et de Pomponius Mela, qui font partie de la collection Variorum ; les Variæ historiæ d'Élien, Leyde, 1731 ; le traité De animalium natura du même, Londres, 1744. On a aussi de lui Varia geographica, Leyde, 1739.

GROOT. V. GROTIUS et GÉRARD GROOT.

GROS (Ant. Jean, baron), peintre d'histoire, né à Paris en 1771, mort en 1835, eut pour premier maître son père, peintre en miniature, puis reçut les leçons de David. Atteint par la réquisition, il fit partie de l'armée d'Italie, fut attaché à l'état-major et put, en suivant les opérations militaires, acquérir un talent particulier pour peindre les batailles. Après avoir exécuté sur les lieux mêmes son tableau de Bonaparte au pont d'Arcole, il revint à Paris, remporta en 1802 le prix de peinture dont le sujet était la Bataille de Nazareth, puis fit paraître, sous le Consulat et l'Empire, une suite de tableaux admirables qui pour la plupart célébraient les gloires de l'époque : les Pestiférés de Jaffa, la Bataille d'Aboukir, Bonaparte aux Pyramides, le Champ de bataille d'Eylau, l’Entrevue de Napoléon et de l'empereur d'Autriche en Moravie. Il fut élu membre de l'Institut en 1815 et nommé en 1816 professeur à l’École des beaux-arts. Sous la Restauration, Gros fut surtout occupé à peindre la coupole de Ste-Geneviève (le Panthéon); il y représenta de la manière la plus heureuse quatre sujets tirés des grandes époques de l'histoire de France. Ce grand ouvrage, qui avait demandé dix ans, fut achevé en 1824, et valut à l'auteur, avec des applaudissements universels, le titre de baron et un don de 100 000 fr. Depuis cette époque, Gros ne fit plus rien de remarquable; le regret de se survivre et de se voir attaqué et méconnu le porta à se donner la mort ; on trouva son corps dans un étang près de Meudon. Outre les œuvres déjà mentionnées, on doit citer encore de Gros Sapho à Leucade, Charles-Quint visitant avec François I les tombeaux de St-Denis, le Départ de Louis XIII au 20 mars, Charles X au camp de Reims, Ariane à Naxos, David jouant de la harpe devant Saül, Vénus sortant de l'onde. Gros est le plus grand peintre d'histoire de son école et le seul véritable peintre de batailles de son époque. Sa composition est puissante et grandiose, son dessin hardi, plein de verve et de vérité, son expression parfaite, son coloris chaud et transparent.

GROS (Étienne), philologue, né à Carcassonne en 1797, mort en 1856, fut successivement professeur dans divers colléges de l'Université, inspecteur de l'Académie de Paris et proviseur du Lycée Bonaparte. Il a publié des traductions de la Rhétorique d'Aristote (1822) et de l’Examen critique des plus célèbres écrivains de la Grèce de Denys d'Halicarnasse, 1826, 3 vol. în-8. Il avait entrepris une édition critique, avec traduction française, de l’Histoire romaine de Dion Cassius (4 vol. seulement ont paru de son vivant, 1845-1855; l'ouvrage a été terminé par V. Boissée, 1861 et arm. suiv.). On lui doit l'éd. princeps de la Rhétorique de Philodème (1841, in-8).

GROS DE BOZE, numismate. V. BOZE.

GROSBOIS, vge de Seine-et-Oise, à 23 k. N. de Corbeil, à 2 k. S. de Boissy-St-Léger. Beau château avec grand parc qui appartint successivement à Monsieur, frère de Louis XVI, à Barras, à Moreau et à Berthier.

GROSIER (J. B. Gabriel), savant jésuite, né en 1743, mort en 1823, vécut de sa plume après la suppression de la Société, et fut, à la fin de sa vie, nommé bibliothécaire de l'Arsenal. Il écrivit dans l’Année littéraire, et continua seul la rédaction de ce journal après la mort de Fréron. De 1777 à 1784, il fit paraître, avec le concours du savant Deshauterayes, l’Histoire de Chine, traduite à Pékin par le P. Mailla sur les originaux chinois, 12 vol. in-4; il y joignit un Discours préliminaire, et le fit suivre d'une Description de la Chine, 1785, 1 vol. in-4, ouvrage excellent, qui lui appartient en entier. Grosier donna en 1792 : Mémoires d'une Société célèbre (celle des Jésuites) considérée comme corps littéraire et académique, 1792, 4 vol. in-8.

GROSLEY (P. Jean), avocat et littérateur, né à Troyes en 1718, mort en 1785, fut quelque temps attaché à l'administration de l'armée d'Italie (1745-46), puis voyagea en Angleterre et en Hollande, et publia plusieurs savants ouvrages qui le firent élire associé de l'Académie des inscriptions. Il a donné : Recherches pour l'histoire du droit français, Paris, 1752; Vie des frères Pithou, 1766 ; Essais historiques sur la Champagne; Éphémérides troyennes, 1767; Opuscules polémiques; Éloges littéraires, publiés de 1771 à 1785; sa Vie par lui-même, 1787. On a en outre publié en 1813. Ses Œuvres inédites. Dans ses écrits il mêlait sans cesse la bouffonnerie à l'érudition : ses Mémoires de l'Académie de Troyes (1774) ne sont qu'un recueil de facéties.

GROS-MORNE. V. MORNE.

GROSS-ASPERN, vge des États autrichiens, près d'Essling, sur la r. g. du Danube; 700 hab. Napoléon y remporta sur les Autrichiens, les 21 et 22 mai 1809, une victoire qui est plus connue en France sous le nom de bataille d'Essling.

GROSS-BEEREN, vge des États prussiens (Brandebourg), dans la régence de Potsdam, près de Wettstock. Il s'y livra le 23 août 1813, entre les Prussiens, commandés par Bulow et Bernadotte, et le maréchal Oudinot, un combat dont l'issue fit perdre à Napoléon les fruits de la victoire de Dresde.

GROSSE-TÊTE (ROBERT), théologien. V. ROBERT.

GROSSETO, v. de Toscane, ch.-l. de dép., sur l'Ombrone, à 26 k. S. de Florence; 3000 h. Évêché, cour d'appel. Aux env., vastes salines. — Le dép. de Grosseto est baigné par la Méditerranée, et confine aux États de l’Église. Il a env. 80 000 hab.

GROSSI (Tommaso), littérateur italien, né à Milan en 1791, mort en 1853, était notaire. Il débuta dans les lettres en 1814 par des poésies pleines de verve et de patriotisme, écrites dans le dialecte milanais, qui lui valurent une grande popularité; puis il publia, en société avec Porta, un drame de Maria Visconti. Il réussit surtout dans la nouvelle en vers, genre auquel appartiennent Ildegonda, 1820, la Fuggitiva, 1825, Ulrico e Lida, 1837. On a encore de lui un beau roman historique, Marco Visconti (trad. en 1835). Il avait entrepris une épopée, I Lombardi alla prima crociata, en 15 chants, pompeusement célébrée par ses amis, mais qui est restée inachevée.

GROS-TENQUIN, bourg d'Alsace-Lorraine, à 31 k. S. O. de Sarreguemines ; 1000 hab.

GROTEFEND (G. Frédéric), philologue, né à Munden en 1775, mort en 1853, directeur du lycée de Hanovre depuis 1825, fut un des premiers à essayer l'interprétation des inscriptions cunéiformes (1802). Il a laissé, entre autres écrits : Rudimenta linguæ Umbricæ, Hanovre, 1835-38; Rudimenta linguæ Oscæ, 1839; et un Essai sur la géographie et l'histoire de l'Italie ancienne, 1840-42, rempli d'hypothèses hardies.

GROTIUS (Hugues ou Hugo DE GROOT, dit), célèbre Hollandais, né à Delft en 1583, m. en 1646, se fit remarquer par sa précocité et composa des vers latins dès l'âge de 8 ans. Après avoir étudié à Leyde, où il cultiva à la fois les lettres, la théologie, la philosophie et le droit, il accompagna dans son ambassade en France le grand pensionnaire Barneveldt, n'étant encore âgé que de 15 ans, et se fit dès lors remarquer de Henri IV. De retour en Hollande, il suivit quelque temps le barreau ; il publiait en même temps des poésies latines qui eurent un grand succès, et des ouvrages d'érudition qui le placèrent au premier rang des philologues. Nommé dès 1601 historien des États de Hollande, il se mit à rédiger les annales de son pays. Il obtint en 1607 la place d'avocat fiscal des provinces de Hollande et de Zélande; devint en 1613 conseiller pensionnaire de la v. de Rotterdam, membre des États de Hollande, et eut bientôt après entrée aux États généraux. Ayant pris parti pour Barneveldt contre le stathouder Maurice, et ayant soutenu les Arminiens contre les Gomaristes, que protégeait le stathouder, il se vit disgracié, et fut en 1619 condamné à une prison perpétuelle ainsi qu'à la confiscation de ses biens. Après deux ans de captivité, sa femme le fit évader, en l'enfermant dans une caisse de livres. Il se réfugia en France, et y fut bien accueilli par Louis XIII, qui lui fit une pension. A la mort de Maurice (1631), il tenta de rentrer dans sa patrie; mais il fut de nouveau proscrit. Christine, reine de Suède, lui offrit un asile, et le nomma son ambassadeur en France. Il y résida dix ans (1635-45); mais y ayant éprouvé quelques dégoûts par suite de ses dissentiments avec Richelieu et Mazarin, il demanda son rappel. Assailli par une tempête à son retour, il débarqua près de Dantzick et se fit transporter malade à Rostock (Mecklembourg), où il mourut. Grotius s'est exercé avec succès dans les genres les plus différents; cependant c'est comme publiciste qu'il est le plus célèbre : c'est lui qui créa le droit des gens. Ses principaux ouvrages sont : en politique, le traité De Jure belli et pacis, Paris, 1624, souvent commenté, et traduit par Barbeyrac, le traité de la Liberté des mers (Mare liberum), 1608; et le De imperio potestatum circa sacra, 1647 ; en histoire, les Annales de Hollande (De rebus belgicis), en 18 livres (depuis la mort de Philippe II jusqu'en 1609), publiées après sa mort, en 1657; l’Histoire des Goths, des Vandales et des Lombards, en latin, 1655; en théologie, De veritate religionis christianæ, 1636, souvent traduit, et des Commentaires sur l'Ancien et le Nouveau Testament; en littérature, des travaux sur Marcien Capella, Lucain, Sénèque le tragique ; sur Euripide, Théocrite, Aratus, Stobée ; le recueil intitulé Veterum de fato sententiæ, 1624 ; des Excerpta ex tragœdiis et comœdiis græcis, traduits en vers latins fort élégants ; l’Anthologie grecque, avec une traduction en vers latins ; des tragédies chrétiennes, et une foule de poésies latines héroïques, élégiaques, épigrammatiques, etc. Enfin on a de lui une correspondance étendue. Sa Vie a été écrite par G. Brandt en hollandais, 1727, et par Lévesque de Burigny en français, 1752.

GROTTE DU CHIEN. V. CHIEN.

GROU (J.), traducteur, né en 1731 près de Calais, mort en 1803, entra chez les Jésuites, quitta la France lors de la suppression de l’ordre, et se retira en Hollande, puis en Angleterre. Il a trad. en français plusieurs ouvrages de Platon : la République, 1762 ; les Lois, 1769, et quelques Dialogues, 1770 : ces traduct. sont estimées pour leur exactitude. Il est aussi auteur de la Morale tirée des Confessions de S. Augustin, 1786, et de divers ouvrages de dévotion.

GROUCHY (Emmanuel, marquis de), maréchal de France, né à Paris en 1766, d’une famille noble de Normandie, mort en 1847, était en 1789 sous-lieutenant des gardes du corps. Il adopta les idées nouvelles, se distingua dans les premières guerres de la Révolution, et fut nommé dès 1793 général de brigade. Privé de son grade par le décret qui excluait tous les nobles, il s’engagea comme simple soldat et obtint bientôt sa réintégration. Envoyé en 1798 à l’armée d’Italie, sous les ordres de Joubert, il détermina l’abdication du roi de Sardaigne, et réunit ainsi le Piémont à la France. Il prit une part glorieuse à la bat. de Novi, où il reçut 14 blessures ; aux victoires d’Hohenlinden, d’Eylau, de Friedland, de Wagram, de la Moskowa ; aux combats de Brienne, de La Rothière, de Vauchamps, de Craonne, où il fut grièvement blessé ; fut, pendant les Cent-Jours (1815), opposé au duc d’Angoulême dans le Midi, le fit prisonnier, et reçut de l’Empereur à cette occasion le bâton de maréchal. Appelé ensuite en Belgique, il y joua un rôle important : il marchait, selon ses instructions, à la poursuite de Blücher avec un corps de 30 000 hommes, lorsque se livra la bataille de Waterloo (18 juin) ; ne recevant pas d’ordre, il ne put venir prendre part à la bataille, quoiqu’il entendit le bruit de la canonnade et qu’il fût impatiemment attendu de l’Empereur : cette fatale absence décida du sort de la journée. La Restauration refusa de reconnaître à Grouchy le titre de maréchal, qui ne lui fut confirmé qu’en 1831 ; il fut nommé pair en 1832. Il a publié divers écrits pour expliquer sa conduite à Waterloo, notamment des Fragments historiques, 1840. — Deux sœurs du marquis de Grouchy épousèrent, l’une Condorcet, l’autre Cabanis, et se firent remarquer par leur esprit et leurs qualités. — Le maréchal a laissé deux fils qui se sont aussi distingués dans l’armée : tous deux sont devenus généraux de division.

GROUVELLE (Ph. Ant.), littérateur, né à Paris en 1758, m. en 1806, était en 1789 secrétaire des commandements du prince de Condé. Il n’en adopta pas moins les principes de la Révolution, devint secrétaire du conseil exécutif après le 10 août 1792, et en cette qualité lut à Louis XVI le décret de la Convention qui le condamnait à mort. Il fut ministre de France en Danemark en 1794, et membre du Corps Législatif en 1800. On a de lui, outre des écrits de circonstance, des Mémoires historiques sur les Templiers, 1805 ; des éditions des Lettres de Mme de Sévigné, 1805, et des Œuvres de Louis XIV, 1806.

GRUBENHAGEN (Principauté de), ancien État d’Empire, dans le cercle de Basse-Saxe, entre les principautés de Kalenberg, Wolfenbuttel, Blankenbourg, comptait env. 63 000 hab., et avait pour capital Eimbeck. Cette principauté doit son nom à la famille de Gruben, dont le château, auj. en ruines, était situé sur le mont Grubenhagen, à 2 kil. de Rotenkirchen. Ce domaine, fut ensuite possédé par les Guelfes de Brunswick. La ligne de Grubenhagen, sortie de cette maison, s’éteignit en 1596. Après de longues contestations, trois branches de la ligne de Gœttingue (sortie de la maison de Brunswick), se partagèrent la principauté. En 1815, elle fut donnée au Hanovre ; elle fait auj. partie de la Prusse (prov. de Hildesheim).

GRUBER (Godefroy), érudit, né en 1774 à Naumbourg, mort à Halle en 1851, fut successivement professeur à Iéna, à Dresde, à Wittemberg, à Halle. Il a écrit sur les sujets les plus divers (Destination de l’Homme, Dictionnaires d’Esthétique, — de Mythologie, — de Synonymes, etc.), mais il est surtout connu par l’Encyclopédie universelle des Sciences et des Arts, qu’il fonda avec Ersch en 1818, et qu’il continua seul depuis 1828 jusqu’à sa mort : elle était alors arrivée au CIIIe volume.

GRUERIE, anc. juridiction royale. V. ce nom au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

GRUISSAN, vge du dép. de l’Aude, à 12 kil. S. E. de Narbonne, sur l’étang de Gruissan qui communique avec la Méditerranée ; 3000 hab. Petit port.

GRUITHUISEN (François), astronome et naturaliste bavarois, né en 1774 au château d’Altenberg, m. en 1852, servit d’abord comme chirurgien dans l’armée autrichienne, puis professa l’histoire naturelle à l’école de médecine de Munich, et accepta en 1826 la chaire d’astronomie dans l’université de cette ville. On lui doit d’intéressantes recherches microscopiques, et on lui attribue la 1re idée de la lithotritie. Ses principaux ouvrages sont : Anthropologie, 1810 ; Organozoonomie, 1811 ; De la nature des comètes, 1811 ; Essais de physiognosie, 1812 ; Histoire naturelle du ciel étoilé, 1837 ; Critique des plus récentes théories de la terre, 1838. On estime surtout ses travaux sur la lune, dans laquelle il croyait avoir trouvé des traces d’habitation.

GRUNBERG, v. murée des États prussiens (Silésie), à 95 kil. N. O. de Liegnitz ; 10 000 h. École de sourds-muets. Draps, tabac, chapeaux de paille, toiles imprimées. Aux env., culture importante de la vigne et des arbres fruitiers.

GRUSIE ou GROUSIE, prov. de l’empire Russe, dans le gouvt des pays du Caucase, entre le Caucase au N., la mer Noire à l’O., la Turquie d’Asie au S. O., la Perse au S., et la prov. Caspienne à l’E. ; 1 000 000 hab. ; ch.-l., Tiflis. Elle se compose de l’anc. Géorgie, de l’Iméréthie, de la Mingrélie, du pachalick d’Akhaltzikh et de la portion de l’Arménie enlevée à la Turquie et à la Perse. Elle forme un exarchat ecclésiastique grec, divisé en 3 éparchies épiscopales : Grusie, Mingrélie et Iméréthie.

GRUTER (Jean), Janus Gruterus, laborieux philologue, né à Anvers en 1560, mort en 1627, professa les belles-lettres à Rostock, à Wittemberg, à Heidelberg ; passa dans cette dernière ville la plus grande partie de sa vie, et vit son existence troublée par les guerres qui désolaient le Palatinat. Il a laissé de nombreux ouvrages, parmi lesquels on distingue des éditions annotées de Sénèque, Tacite, Tite-Live, Stace, Plaute, V. Paterculus, Florus, Cicéron, etc. On lui doit en outre : Deliciæ poetarum Gallorum, Italorum, Belgicorum, etc., Francfort, 1603-1612 ; Corpus inscriptionum, Heidelberg, 1603, in-fol., vaste trésor qui a été encore enrichi par Grævius et par Renesius ; Lampas sive Fax artium, etc., Francfort, 1602-1634, 6 vol. in-8, recueil précieux de commentateurs et de critiques.

GRUTLI, prairie du canton d’Uri, au pied du Seelisberg, sur un golfe du lac des Quatre-Cantons, est célèbre par le serment d’affranchir leur patrie qu’y prêtèrent dans la nuit du 7 nov. 1307, Werner, Stauffacher, Walter Furst et Arnold Melchthal.

GRUYÈRES, Griers ou Greyerz en allemand, vallée du canton de Fribourg, à 25 k. S. de Fribourg, est arrosée par la Sarine. Riches pâturages ; fromages très-estimés, répandus partout, et que l'on imite ailleurs. — Dans la vallée est un bourg de même nom, avec château, où résidèrent jusqu'en 1555 les vicomtes de Gruyères, vassaux du comte de Savoie.

GRYNÆUS (Simon), théologien protestant, ami de Mélanchthon, né en 1493 à Veringen en Souabe, mort de la peste à Bâle en 1541, professa la langue grecque à Vienne, puis à Heidelberg, et la théologie à Bâle, propagea la Réforme en Souabe, surtout à Tubingue, et prit part, en 1540, avec Mélanchthon, Capiton, Bucer et Calvin, aux conférences de Worms. On lui doit la découverte des 5 derniers livres de Tite-Live, qu'il trouva au monastère de Laurisheim près de Worms en 1531; des traductions de quelques ouvrages d’Aristote, de Plutarque, de S. Jean-Chrysostôme; des éditions du Platon de Marsile Ficin, Bâle, 1534 ;de l’Almageste de Ptolémée, en grec, Bâle, 1538 (édit. princeps), et de divers autres ouvrages, ainsi qu'un précieux recueil de voyages modernes, sous le titre de Novus orbis, Bâle, 1532, in-f.

GRYPHIUS ou GRYPHE, famille d'imprimeurs, qui forma des établissements importants à Lyon, à Paris, à Venise, etc. Le plus connu est Sébastien Gryphe, né en 1493 à Reutlingen en Souabe, et mort en 1556. Il exerça son art à Lyon de 1528 à 1556. Ses impressions sont remarquables à la fois par la pureté du texte, par la beauté et la netteté des caractères, qui sont généralement du type italique. Il cultiva lui-même la littérature avec succès. Les savants de son temps, tels que C. Gesner et Scaliger, l'honoraient de leur amitié. On cite parmi les chefs-d'œuvre sortis de ses presses Thesaurus linguæ sanctæ de Sanctes Pagnin, 1529, in-fol. et une Bible latine, 1550, 3 vol. in-fol.

GRYPHIUS (André), en allem. Greif, poëte dramatique, né en 1616 à Gross-Glogau, en Silésie, mort en 1664, fut précepteur dans la famille du comte palatin de Schœnborner, voyagea en Hollande, en France, en Italie; puis se fixa dans sa ville natale, et fut nommé en 1650 syndic provincial de la principauté de Glogau. On le considère comme le père du drame moderne en Allemagne : il a composé des tragédies et des comédies; son théâtre se distingue par la justesse des observations, la sagesse des plans, et la peinture bien étudiée des caractères. On a aussi de lui des odes, des chants religieux et des poésies funéraires. Son fils, Chrétien Gryphius, a publié ses œuvres, Breslau, 1698.

GRYPSWALDE. V. GREIFSWALDE.

GUA DE MALVES (l'abbé J. P. de), né à Carcassonne en 1712, m. en 1786, étudia principalement les mathématiques, fut admis à l'Académie des sciences, et pendant quelques années professa la philosophie au Collège de France. On a de lui, entre autres ouvrages, l’Usage de l'Analyse de Descartes, Paris, 1740; et la traduction du Voyage d'Anson, 1740, et des Dialogues d'Hylas et Philonoüs, de Berkeley, 1750.

GUADALAJARA. V. GUADALAXARA.

GUADALAVIAR, Turia, riv. d'Espagne, sort de la Sierra de Albarracin; baigne Albarracin, Téruel, Ademuz, Valence, Grao, et tombe dans la Méditerranée, après un cours de 200 kil.

GUADALAXARA, Arriaca, v. d'Espagne, ch.-l. d'intend., à 53 kil. N. E. de Madrid, sur le Hénarès; 7000 hab. Pont fort ancien. La v. était jadis entourée de gros murs dont il reste des débris. Palais du duc de l'Infantado, église des Cordeliers. Philippe V y avait fondé une manufacture royale de draps, qui n'existe plus. — Les Maures conquirent cette ville en 714 et lui donnèrent le nom qu'elle porte encore auj. Alphonse VI, roi de Castille et Léon, la reprit on 1081. — L'intend. de Guadalaxara est située dans la Nouvelle-Castille, sur les confins de la Vieille-Castille, et compte 200 000 hab. Elle est arrosée par le Tage. On y remarque, outre Guadalaxara, Buytrago et Colmenar.

GUADALAXARA, v. du Mexique, capit. de l’État de Xalisco, sur le Rio-Grande, à 460 kil. N. O. de Mexico; 60 000 h. Évêché; université; cour de justice; hôtel des monnaies. Riche et belle cathédrale; aqueduc remarquable. Excellents cigares; poterie très-recherchée. — Fondée en 1531 par Nuno de Guzman. Elle est la 2e du Mexique en importance,

GUADALCANAL, v. d'Espagne (Séville), à 27 k S. E. de Llerena; 5000 hab. Aux env., mines d'argent, de plomb, de mercure, de houille.

GUADALCAZAR, bourg du Mexique, à 92 k. N. E. de San-Luis-de-Potosi. Mines d'argent et de mercure

GUADALIMAR, riv. d'Espagne, un des affluents du Guadalquivir, naît dans la prov. de Chinchilla (Murcie), arrose celle de Murcie, reçoit à droite le Guadarmena, et se jette dans le Guadalquivir, à 22 kil. N. de Jaën, après un cours d'env. 110 kil.

GUADALOPE, riv. d'Espagne, naît à 35 kil. E. de Téruel (Aragon), et se jette dans l'Èbre, près de Caspe, au S. O. de Lérida. Cours, 130 kil.

GUADALQUIVIR (de l'arabe Oued-al-Kébir, le grand fleuve), le Bœtis des anciens, riv. d'Espagne, naît dans la Sierra de Cazorla, aux confins des intend. de Jaën et de Murcie, à 24 kil. E. S. E. d'Ubeda; baigne Andujar, Cordoue, où il devient navigable, puis Séville, San-Lucar-de-Barameda; reçoit à droite le Guadalimar (grossi du Guadarmena), la Campana, le Guadamellato, le Guadabarbon, le Guadiato, le Biar; à gauche, la Guadiana-Menor, le Guadalentin, le Jaën, le Guadajoz, le Xenil, le Corbones, et se jette dans l'Océan Atlantique à San-Lucar, après un cours d'env. 400 kil. Ses eaux sont bourbeuses. Le Guadalquivir forme un peu au-dessous de Séville deux îles très-grandes, dites Isla Mayor et Isla Menor.

GUADALUPE, v. d'Espagne (Estramadure), dans la prov. et à 110 kil. E. de Cacerès, au pied des monts Guadalupe, sur le Guadalupejo ; 3000 hab. Célèbre couvent d'Hiéronymites, où mourut Charles-Quint.

GUADALUPE (Sierra de), Carpetani montes, mont. d'Espagne, sur les confins des prov. de Tolède, de Cacerès et de Badajoz; elles sont couvertes de forêts de châtaigniers remplies de gibier ; elles renferment des mines de cuivre et de fer et des marbres précieux.

GUADARMENA, riv. d'Espagne, naît près d'Alcaraz (Manche), et tombe, après un cours de 150 kil., dans le Guadalimar, affluent du Guadalquivir.

GUADARRAMA, riv. d'Espagne, sort de la Sierra de Guadarrama, traverse la prov. de Madrid et tombe dans le Tage à 17 kil. au-dessous de Tolède, après un cours de 130 kil.

GUADARRAMA (Sierra de), chaîne de mont. d'Espagne, entre les prov. de Ségovie et d'Avila, fait partie de la sierra d'Estrella, et lie le Somo-Sierra aux monts de Gredos. Son étendue est d'environ 90 kil. Elle sépare le bassin du Douro de celui du Tage. La Guadarrama et le Mançanarès prennent naissance sur son versant S. E.

GUADELOUPE, une des petites Antilles françaises, entre les îles d'Antigua au N., de la Dominique au S., de la Martinique au S. E.; 35 k. sur 37; environ 138 000 hectares; 135 000 hab., dont les hommes de couleur forment les trois-quarts. Sa forme est très-irrégulière : un canal, dit la Rivière-Salée, la coupe en deux parties qui sont comme deux îles, l'une à l'O., qui garde le nom de Guadeloupe, et qu'on nomme aussi Basse-Terre, l'autre à l'E., qu'on appelle Grande-Terre (pour la distinguer des Petites-Terres, îlots situés à la pointe S. E. de la Grande-Terre). La Guadeloupe propre est montueuse et n'est cultivée que sur les côtes; elle a pour ch.-l. Basse-Terre; la Grande-Terre est plate, partout fertile et très-riche ; ch.-l., Pointe-à-Pitre. Un évêché y a été créé en 1850. Une cour impériale siége à la Basse-Terre. La Guadeloupe est exposée à de désastreux tremblements de terre : il s'y trouve une mont. volcanique, la Soufrière, haute de 1588m, qui fume perpétuellement. Les principaux objets de culture et de commerce sont la canne à sucre, le café, le coton, le cacao, le tabac, le girofle et autres épices. La seule production du sucre est d’env. 24 millions de kilogr. par an. — La Guadeloupe, habitée originairement par les Caraïbes et appelée par eux Karukera, fut découverte le 4 novembre 1493 par Christophe Colomb, qui lui donna le nom de Guadeloupe (Guadalupe) à cause de la ressemblance de ses montagnes avec la Sierra de Guadalupe en Espagne. Négligée par les Espagnols, elle fut occupée en 1635 par les Français qui en chassèrent les Caraïbes et qui la possèdent encore actuellement. Cette île fut occupée à diverses reprises par les Anglais (1759, 1794, 1810 et 1815). L’esclavage y a été aboli en 1848. La Guadeloupe est la patrie des généraux Coquille, Dugommier et Gobert et du poëte Léonard. — De la Guadeloupe dépendent administrativement Marie-Galande, les Saintes, la Désirade, et la partie française du l’île St-Martin.

GUADET (Élie), un des Girondins, né en 1758 à St-Émilion, était avocat à Bordeaux en 1789. Il fut député à l’Assemblée législative et à la Convention, s’y fit remarquer par un beau talent oratoire ainsi que par des sentiments généreux, et forma, avec Vergniaud et Gensonné, ce qu’on a nommé le Triumvirat de la Gironde. Dans le procès de Louis XVI il vota la mort, mais avec appel au peuple. Plusieurs fois il accusa avec courage Marat et Robespierre ; il finit par succomber sous les coups de ce dernier. Mis hors la loi, ainsi que les autres Girondins le 31 mai 1793, il se sauva avec quelques-uns de ses amis politiques dans sa ville natale ; mais il fut saisi dans la maison de son père, et périt sur l’échafaud à Bordeaux (1794). Comme orateur, Guadet était inégal, mais sensible, impétueux, entraînant ; il improvisait toujours.

GUADIANA, Anas chez les anc., Ouad-Anas chez les Arabes, riv. d’Espagne et de Portugal, naît en Espagne dans la Sierra d’Alcaraz, sort des marais de Ruidera (Manche), disparaît près d’Alcaçar et coule sous terre pendant 22 kil. ; reparaît au lieu dit Ojos de la Guadiana (les Yeux de la Guadiana), coule à l’O., entre les chaînes Lusitanique et Marianique, puis au S. ; sépare l’Espagne du Portugal, arrose Argamasilla, Medellin, Mérida, Badajoz, Moura, Mertola ; forme entre ces deux dernières villes une cascade appelée Saut-du-Loup et se jette dans l’Océan Atlantique entre Castromarim et Avamonte, après un cours d’env. 660 kil. (dont 75 seulement navigables). Elle reçoit à droite les riv. de Zangara, Rianzarès (grossie de la Giguela), Caya, Corbes ; à gauche celles d’Azuer, Jabalon, Guadalema, Matachel, Chanza, Ardila.

GUADIX, Acci, v. murée d’Espagne (Grenade), à 65 kil. N. E. de Grenade, sur le Guadix, affluent de la Guadiana Menor ; 10 000 h. Évêché. Soieries, toiles à voiles, clouteries, etc. Antiquités romaines. — Les Maures ont possédé cette ville jusqu’en 1489.

GUAIMAR, nom de plusieurs princes de Salerne. Guaimar I régna de 880 à 901, repoussa les Sarrasins à l’aide des Grecs, puis eut à se défendre contre les Grecs eux-mêmes. Il se rendit odieux à ses sujets et fut surnommé G. de Mauvaise-Mémoire. — Son fils, G. II, 901-933, fut plus sage et obtint le nom de Bonne-Mémoire. — G. III, 994-1031, se servit de quelques aventuriers normands venus en pèlerinage ans ses États pour repousser les Sarrasins, et leur donna en récompense des établissements qui furent le berceau de leur puissance en Italie. — G. IV, son fils, 1031-52, investit Rainolf, chef des Normands, du comté d’Averse, soumit avec son secours la république d’Amalfi, ainsi que plusieurs provinces de l’Italie mérid., et prit le titre de duc de Pouille et de Calabre. Il périt assassiné par des habitants d’Amalfi.

GUALBERT (S. Jean), né en 999, mort en 1073. Après une jeunesse fort dissipée, il prit l’habit de moine à l’abbaye de San-Miniato, et se signala par sa ferveur. Il fonda, à Vallombreuse dans l’Apennin, au diocèse de Fiesoli, un nouvel ordre, sous la règle de S.-Benoît. Cet ordre fut approuvé par le pape en 1070. On fête S. Gualbert le 12 juillet.

GUAM ou SAN-JUAN, île du Grand-Océan équinoxial, la plus méridionale et la principale des îles Mariannes : 200 k. de tour ; 6000 hab. ; ch.-l. Sant'-Ignazio-de-Agana. Récifs de corail sur les côtes. Au centre, montagnes, parmi lesquelles un petit volcan. Les indigènes construisent des pirogues qui passent pour être les plus fins voiliers de l’univers.

GUANAXUATO ou SANTA-FÉ-DE-GUANAXUATO, v. du Mexique, capit. de l’État de Guanaxuato, à 250 k. N. O. de Mexico, et à 1880m au-dessus du niveau de la mer ; 35 000 hab. Ville commerçante. Aux env., riches mines d’or et d’argent de Valenciana, Marfil, Ste-Anne, Ste-Rose : les mines d’argent sont les plus riches du monde. — La v. fut fondée en 1554 et érigée en cité en 1741. — L'État de G. est situé entre ceux de Xalisco à l’O., de Mexico à l’E. : 250 kil. sur 130 ; 720 000 hab., dont 200 000 Indiens.

GUANCAVELICA, v. du Pérou. V. HUANCAVELICA

GUANCHES, indigènes des îles Canaries ; on les croit originaires d’Afrique. V. CANARIES.

GUANUCO, v. du Pérou. V. HUANUCO,

GUAPORÉ, riv. du Brésil (Mato-Grosso), naît par 61° 30′ long. O., 14° 18′ lat. S. ; coule à l’O., puis au N. O. ; sépare le Brésil et le Pérou, et se joint au Mamoré pour former le Madeira, après un cours de 1100 kil. Il reçoit de nombreux affluents.

GUARANIS, un des peuples indigènes les plus répandus de l’Amérique mérid., habite les rives du Parana, de l’Uruguay et de l’Ibicuy. Ils avaient été en grande partie convertis par les Jésuites au XVIIe siècle, et formaient une petite république sous la domination de ces religieux. Ils se divisent en plusieurs branches qui ont des noms particuliers ; mais ils parlent tous la même langue. On porte auj. leur nombre à 200 000.

GUARDA, Lancia Oppidana, v. du Portugal (Beira), sur le Mondego, à 62 kil. S. E. de Viseu ; 2500 h. Évêché ; cathédrale remarquable. — Cette ville fut fondée par don Sanche, roi de Portugal, sur l’emplacement de l’ancienne Lancia Oppidana, et reçut le nom de Guarda (garde), parce qu’elle servait comme de rempart contre les Maures.

GUARDAFUI, Aromatum promontorium, cap qui forme la pointe la plus orientale de l’Afrique, par 11° 46′ lat. N. et 49° 38′ long. E., à l’extrémité N. E, de la côte d’Adel. C’est une montagne fort élevée, qu’on aperçoit de très-loin en mer.

GUARDIA (LA), nom commun à plusieurs villes fortes d’Espagne, dont les principales se trouvent : 1o dans la prov. de Tolède, à 26 kil. S. E. de Tolède 5000 hab. ; 2o dans celle de Santiago, à 33 k. S. O. de Tuy, à l’embouchure du Minho dans l’Océan, 2450 hab. ; 3o dans celle de Bilbao, à 13 kil. N. O. de Logrono ; 2450 hab.

GUARIN (dom P.), orientaliste français, 1678-1729, entra chez les Bénédictins, enseigna le grec et l’hébreu dans plusieurs maisons de son ordre, à Rouen et à Reims, puis devint bibliothécaire de l’abbaye St-Germain des Prés, à Paris. On a de lui : Grammatica hebraïca et chaldaïca, Par., 1726 ; Lexicon hebraïcum et chaldaïco-biblicum, 1746, ouvrages estimés, où il combat le système de Masclef.

GUARINI (Baptiste), savant italien, l’un des restaurateurs des lettres en Italie, né à Vérone en 1370, mort en 1460, est le premier de sa nation qui ait donné des leçons publiques de langue grecque. Il avait fait le voyage de Constantinople et avait reçu les leçons d’Emmanuel Chrysoloras. Au concile de Ferrare, il servit d’interprète entre les Grecs et les Latins. Il a laissé plusieurs écrits, dont les plus remarquables sont une traduction latine de Strabon, faite sur la demande du pape Nicolas V et souvent imprimée, des Vies d’Aristote, de Platon, un Abrégé de la Grammaire grecque de Chrysoloras, et un Dictionnaire latin, imprimé à Bâle en 1481.

GUARINI (J. B.), poëte, arrière-petit-fils du précédent, né à Ferrare en 1537, m. en 1612, enseigna les humanités à l’Université de Ferrare, fut admis à la cour des ducs, et s’y lia d’une étroite amitié avec le Tasse, qu’il défendit dans la suite avec le plus grand zèle. Après avoir été 14 ans attaché au duc de Ferrare, sans en recevoir de récompense, il passa successivement au service du duc de Savoie, du duc de Mantoue, du grand-duc de Florence, Ferdinand, dont il n'eut guère plus à se louer, et se retira à Venise, où il termina sa vie. Guarini s'exerça surtout dans le genre dramatique. Le plus célèbre de ses ouvrages est Il Pastor fido, tragi-comédie pastorale en 5 actes et en vers, souvent imprimée, et traduite dans presque toutes les langues de l'Europe, notamment en français par Pacquet, 1733. Ce poëme peut soutenir le parallèle avec l’Aminta du Tasse; cependant le style de Guarini, bien que brillant et riche d'images, n'a pas la pureté, la douceur, l'élégance qui caractérisent le poëte de Sorrento. Ses Œuvres ont été publiées à Ferrare, 1737, 4 vol. in-4. On y trouve des comédies, des satires, des sonnets, des odes, et même des traités politiques.

GUARINI (Camille), architecte et littérateur, né à Modène en 1624, m. en 1683, appartenait à l'ordre des Théatins, et enseigna les belles-lettres et la philosophie avant de se faire architecte. Le duc de Savoie l'appela à sa cour en 1668, comme architecte et lecteur. Guarini a élevé en Italie et à l'étranger un grand nombre de monuments : à Turin, le palais du prince royal et du prince de Carignan, la chapelle royale, l'église St-Laurent, le collége des nobles; à Vicence, l'église St-Gaëtan; à Modène, le couvent des Théatins; à Messine, celui des Somasques ; à Lisbonne, l'église Ste-Marie de la Providence ; à Paris, l'église Ste-Anne et la maison des Théatins. Il est de l'école de Borromini, époque de décadence. Comme écrivain, on lui doit, entre autres ouvrages : Placita philosophica, Paris, 1665; Trattato di fortificazione, Turin, 1676; Leges temporum et planetarum, 1678; Cœlestis mathematica, 1683; Architettura civile, 1737, 2 vol. in-fol., ouvrage qui contient les plans de la plupart de ses monuments.

GUARINO, lexicographe. V. FAVORINUS.

GUARNERIUS, célèbre famille de luthiers italiens, établie à Crémone pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle. Le plus ancien est André Guarnerius, contemporain de Stradivarius, et élève de Nicolas Amati. Ses violons, ses altos et ses basses participent des qualités de ces deux maîtres. Ses meilleurs violons portent la date de 1662 à 1680. — Joseph, neveu et élève d'André ainsi que de Stradivarius, n'eut pas moins de renommée; ses violons sont datés de 1717 à 1740.

GUASCO (Ottaviano de), savant piémontais, chanoine de Tournai, né à Pignerol en 1712, vint en France en 1738, se lia avec Montesquieu, passa plusieurs années dans l'intimité de cet homme célèbre, obtint plusieurs prix sur des questions d'érudition, fut élu membre de l'Académie des inscriptions, fut comblé de bienfaits par le roi de Sardaigne et m. à Vérone en 1781. Il a écrit en français. On a de lui une Histoire du pape Clément V, 1747; un recueil de Dissertations historiques, politiques et littéraires, 1756 ; un recueil de Lettres familières de Montesquieu, 1767 ; une traduct. italienne des Satires du prince D. Cantemir et de l'Esprit des lois de Montesquieu.

GUASPRE (Gaspard DUGHET, dit, par corruption de son prénom, LE), peintre, né à Rome en 1613 d'une famille patricienne, m. dans la même ville en 1675, eut pour maître le Poussin, qui avait épousé sa sœur. Il excella dans le paysage historique, égala en ce genre Cl. Lorrain, Salvator Rosa, et Poussin lui-même, qui fit les figures de plusieurs de ses tableaux. Il travaillait avec une facilité extraordinaire Souvent il acheva en un seul jour un vaste paysage. Pour mieux observer et reproduire la nature, il avait loué aux environs de Rome quatre maisons de campagne situées à des expositions différentes.

GUAST (le marquis du). V. AVALOS (Alph. d').

GUASTALLA, v. forte d'Italie, sur la r. dr. du Pô, près de son confluent avec le Crostolo, à 27 k. N. E. de Parme et à 30 k. N. de Modène : 6000 h. Jadis ch.-l. du duché de Guastalla, auj. ch.-l. de district. Château fort, évêché, séminaire. Fabriques diverses; filature de soie, grand commerce de riz. Célèbre victoire des Français sur les Autrichiens, le 19 sept. 1734. — L'ancien duché de Guastalla, enclavé entre le duché de Modène et le roy. Lombard-Vénitien, était borné à l'O. par le Crostolo; il avait 16 kil. de long sur 14 de large, et env. 30 000 hab. Après avoir eu des souverains particuliers, il tomba, en 1677, entre les mains des ducs de Mantoue; l'empereur François I, époux de Marie-Thérèse, s'en empara en 1746, après la mort du dernier duc; il le céda en 1748 à don Philippe, duc de Parme, par le traité d'Aix-la-Chapelle. En 1796, il fut réuni à la république italienne, puis donné par Napoléon à sa sœur Pauline. Peu après il fut compris dans le roy. d'Italie, où il forma le dép. de Crostolo. Réannexé en 1815 au duché de Parme, il fut cédé en 1847 au duc de Modène, à la mort de l'archiduchesse Marie-Louise. Il est depuis 1860 compris dans le Royaume d'Italie.

GUASTALLINES, religieuses de l'ordre des Barnabites, furent ainsi appelées du nom de leur institutrice, Louise Torrelli, comtesse de Guastalla. On les appelle aussi les Angéliques.

GUATAVITA, bourg de la Nouv.-Grenade (Cundinamarca), à 31 kil. N. de Bogota, était, avant la conquête espagnole, le séjour d'un cacique puissant. Aux environs se voit un lac qui contient, dit-on, une énorme quantité d'or et d'objets précieux, que les Indiens y jetaient en l'honneur de leurs dieux.

GUATEMALA ou GUATIMALA, Guatemala-la-Nueva, v. d'Amérique, capit. de la république de Guatemala, par 93° 45' long. O., 14° 40' lat. N., sur le Rio-das-Vacas: 60 000 hab. Archevêché, université, colléges, séminaires ; académie des beaux-arts, bibliothèque, muséum d'histoire naturelle, etc. Assez jolie ville, située dans une belle et vaste plaine ; les maisons sont basses pour atténuer l'effet des tremblements de terre. Belle place, où sont réunis la cathédrale, le palais archiépiscopal et le palais du gouvernement; hôtel de ville, monnaie, douane. Ateliers de sculpture et de broderie; instruments de musique, mousselines, gazes; porcelaine, poterie. Ses musiciens, sculpteurs, orfèvres et en général tous ses ouvriers sont très-renommés. Culture importante du tabac et de la cochenille. Aux env., aqueduc de 9 k. de long. Cette v. fut fondée en 1775, après la ruine de Guatemala-la-Vieja.

GUATEMALA (VIEILLE-), en esp. Guatemala-la-Vieja, Santiago de los Caballeros de Guatemala et Antigua, v. du Guatemala, à 35 k. N. de Guatemala-la-Nueva, entre les volcans d'Agua et de Fuego, dont l'un vomit de l’eau, et l'autre du feu ; env. 18 000 hab. C'était jadis la 1re ville du Guatemala. Elle fut fondée par les Espagnols en 1524, le jour de la St-Jacques (d'où son nom de Santiago), en face du mont Agua (d'où celui d'Antigua), sur l'emplacement d'une ville indienne; elle comptait déjà 34 000 h. lorsqu'elle fut détruite, en 1541, par une éruption des deux volcans. Rebâtie à peu de distance, elle fut de nouveau renversée en 1774 par un tremblement de terre; c'est alors que fut fondée Guatemala-la-Nueva. L'anc. ville se releva néanmoins en 1799.

GUATEMALA (Confédération de), État fédératif de l'Amérique, qu'on nommait aussi États-Unis de l'Amérique centrale, était située sur la mer du Mexique et la mer Pacifique, et bornée à l'E. par la mer des Antilles, à l'O. par le Grand Océan, au N. par le Mexique, et au S. par l'isthme de Panama et l'État de Colombie. Elle comprenait 5 États (Guatemala, Honduras, San-Salvador, Nicaragua, Costa-Rica), plus un district fédéral, et avait pour ch.-l. San-Salvador. — Les Espagnols abordèrent pour la 1re fois dans cette contrée en 1502; ils soumirent facilement les tribus qui l'habitaient, quoiqu'elles eussent victorieusement résisté aux empereurs du Mexique. Une audience royale, présidée par un capitaine général, gouvernait le pays, qui reçut le titre du royaume, et fut divisé en 15 provinces. En 1821, le Guatemala, suivant l'exemple des autres colonies espagnoles, se déclara indépendant. Il se constitua d'abord en provinces-unies, puis en république fédérale; mais en 1839, une insurrection sépara l'État de Honduras de la Confédération ; an 1847, les 4 autres États se sont également déclarés indépendants.

GUATEMALA (État de), république de l'Amérique centrale, naguère un des 5 États de la Confédération de Guatemala, entre le Mexique au N. et à l'O., l'Océan Pacifique au S., les États de San-Salvador, de Honduras et le golfe de ce nom à l'E., forme une longue et étroite lisière sur les côtes de l'Océan; 520 k. sur 200; env., 100 000 h. ; ch.-l., Guatemala.

GUATIMOZIN, le dernier empereur indigène du Mexique, neveu et gendre de Montézuma, lui succéda en 1520. Il entreprit de secouer le joug des Espagnols, réussit à chasser Cortez de Mexico, mais fut vaincu à son tour, assiégé dans sa capitale et arrêté dans sa fuite sur le lac de Mexico (1521). Cortez, qui l'avait d'abord traité avec générosité, eut la faiblesse de le livrer à des forcenés qui, pour le forcer à découvrir ses trésors, l'exposèrent, avec son principal ministre, sur des charbons ardents. Celui-ci, vaincu par la douleur, s'étant tourné vers son maître comme pour lui demander la permission de parler, Guatimozin lui dit: « Et moi, suis-je donc sur des roses? » Guatimozin fut cependant cette fois arraché à la mort par Cortez; mais bientôt après, en 1522, il fut pendu, sur le soupçon d'avoir voulu s'enfuir de sa prison. Ce prince n'avait que 25 ans.

GUAYAQUIL, riv. de la Nouv.-Grenade et de l’Équateur, sort du lac Sambovambam, passe à Guayaquil et tombe après 90 kil. de cours dans le Grand Océan où il forme le golfe de Guayaquil. Elle est large et profonde. Nombreux crocodiles.

GUAYAQUIL, v. de la république de l’Équateur, ch.-l. de la prov. de Guayaquil, sur le Guayaquil, à 28 kil. de l'Océan et à 250 kil. S. O. de Bogota; 22 000 hab. Évêché, collége, école de navigation. Port militaire et de commerce très-important : long pont ; 2 forts, chantiers de construction, arsenal, consulats. Exportation de cacao, quinquina, tabac, acajou et autres bois. — Bâtie d'abord à quelque distance du lieu qu'elle occupe auj., la v. fut transférée au lieu actuel en 1537. Plusieurs fois incendiée et promptement rebâtie. Elle secoua le joug de l'Espagne en 1819, fut quelque temps le ch.-l. d'un État indépendant, puis d'un des 3 dép. de la Colombie, et est auj. celui d'une des 7 prov. de l’Équateur.

GUAYCOUROS ou GUAICUROS, nation indigène répandue dans les plaines du Paraguay, du Brésil et de l’État de Buénos-Ayres. Ce sont d'excellents cavaliers, redoutables à la guerre. Ils vivent de chasse, de pèche, et de l'élève des troupeaux.

GUAYMAS, v. et port du Mexique (Sonora-et-Cinaloa), sur le golfe de Californie et le Grand Océan, à 320 kil. N. E. de Cinaloa; 6000 hab. Entrepôt de commerce entre la Chine et l'Amérique du Nord. Cette v., qui est encore toute récente, prend de jour en jour plus d'importance.

GUAYRA (La) ou LA GOYARE, v. du Venezuela. sur la mer des Antilles, à 17 k. N. O. de Caracas, dont elle est le port; 10 000 hab. Port peu sûr et peu commode, et pourtant très-fréquenté ; consulats. Chaleur de 30° à 35° centig.; fièvres dangereuses pour les Européens. Grand commerce maritime : cacao, café, sucre, indigo, peaux. — Fondée en 1588; vainement assiégée par les Anglais en 1739 et 1743. Un tremblement de terre la détruisit presque entièrement en 1812.

GUBBIO, Engubium, v. d'Italie, à 41 kil. S. d'Urbin; 4500 hab.; ch.-l. de district, évêché. Étoffes de laine, soieries. Monuments antiques (romains et étrusques) : c'est là qu'on a trouvé les célèbres tables Eugubines. V. EUGUBIUM.

GUBEN, v. des États prussiens (Brandebourg), au confluent de la Neisse et du Lubst, à 44 kil. S. de Francfort-sur-l'Oder; 12 600 h. Draps, bas de laine, toile; tanneries, brasseries, filatures de laine.

GUDIN (Ch. Ét. César), général, né en 1768 à Montargis, avait été condisciple de Bonaparte à l'École de Brienne. Après avoir fait les premières campagnes de la République, il obtint en 1799 le grade de général de brigade. Placé sous les ordres de Masséna en Suisse, il enleva la position du Grimsel, franchit les passages du Valais et battit les Autrichiens et les Russes au St-Gothard. Général de division, en 1800. Il fit les campagnes d'Autriche en 1801, et celles de 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne, prit Custrin et contribua à la vict. d'Eylau. En 1809, il se distingua à Abensberg, et montra de grands talents militaires et une rare intrépidité à Eckmühl, à Ratisbonne, à Wagram. Il fut tué au début de la campagne de Russie, le 20 août 1812, au moment où, à la tête de sa division, il enfonçait une colonne ennemie à Valontina. Son nom est inscrit sur l'Arc-de-Triomphe de l'Étoile.

GUDIN DE LA BRENELLERIE (P. Phil.), homme de lettres, né à Paris en 1738, mort en 1812, était l'ami de Beaumarchais. On a de lui des tragédies de Coriolan et de Lothaire; un Essai sur l'histoire des comices de Rome, 1789; la Conquête de Naples, 1801. On lui doit la 1re éd. complète des Œuvres de Beaumarchais, 1809, 7 vol. in-8.

GUDULE (Ste), patronne de Bruxelles, petite nièce de Pépin de Landen, fut élevée dans la piété par Ste Gertrude, sa parente et sa marraine, se consacra à Dieu dans le monastère de Nivelle, et mourut le 8 janv. 712, jour où l'église l'honore. On conserve ses restes à Bruxelles dans l'église qui porte son nom.

GUÈBRES (du mot persan Ghebr, infidèle), nom que les Musulmans donnent en général aux peuples autres que les Juifs et les Chrétiens, qui ne professent pas l'Islamisme, s'applique plus particulièrement aux adorateurs du feu, sectateurs de Zoroastre. On les appelle aussi Parsis, parce, qu'ils sont originaires du Fars ou Farsistan (la Perside anc.). Les Guèbres adorent le soleil, comme l'image de la divinité et le type du feu le plus pur; ils vénèrent aussi les autres astres; jamais ils n'éteignent le feu volontairement, mais ils le laissent mourir faute d'aliment; si leur maison brûle, ils ne cherchent point à éteindre l'incendie. Ils conservent religieusement les livres sacrés de Zoroastre. Les Guèbres sont doux, fidèles, bienfaisants et hospitaliers. — Le culte du feu, après avoir régné en Perse depuis les temps les plus anciens, cessa d'y dominer sous Alexandre et sous ses successeurs, les Séleucides et les Arsacides. En 225, il y fut rétabli par Ardechyr Babekh, fondateur de la dynastie des Sassanides en Perse; mais en 655, lors de l'invasion arabe et de l'introduction de l'Islamisme, ce culte fut proscrit, et ses partisans se dispersèrent. Les uns se retirèrent dans les contrées montagneuses au S. de la mer Caspienne, les autres passèrent dans le Guzzerat. Les diverses dynasties musulmanes qui se succédèrent en Asie les poursuivirent à outrance. Cependant on en trouve encore en Perse, à Téhéran, à Ispahan, et surtout dans le Kerman. Dans l'Indostan, ils trouvèrent plus de tolérance : ils y habitent les bords du Sind et le Guzzerat; mais leur véritable patrie est Bombay, où ils forment la majorité de la population, et où ils vivent sous la protection des Anglais. A Daman, au N. de Bombay, ils conservent dans un temple depuis plus de 1200 ans le feu sacré qu'ils ont apporté de la Perse quand les Musulmans les contraignirent de s'exiler.

GUÉBRIANT (J. B. BUDES, comte de), maréchal de France, l'un des plus grands hommes de guerre du XVIIe siècle, né en 1602 à Plessis-Budes près de St-Brieuc, fit ses premières armes en Hollande; s'éleva par des actions d'éclat, se signala au siége de Brisach, 1638, prit Pontarlier, Noseroy, Joux, fut nommé en 1639 gén. en chef de l'année du Rhin, força le passage du fleuve à Bacharach, gagna sur les Impériaux en 1641 la vict. de Wolfenbuttel et en 1642 celle de Kempen, après laquelle il reçut le bâton de maréchal; mais il périt dès 1643, d'une blessure reçue au siège de Rothweil en Souabe. Guébriant fut aussi un négociateur habile et un orateur éloquent. — Sa femme, connue sous le nom de la Maréchale de Guébriant, fut chargée, en qualité d'ambassadrice, de conduire au roi de Pologne Stanislas IV la princesse Marie-Louise de Gonzague, qu'il avait choisie pour épouse.

GUEBWILLER, ville d'Alsace-Lorraine, sur la Lauch, à 26 k. S. O. de Colmar; 9000 hab. Belle église de St-Léodegard ou St-Léger, du XIe siècle. Filature de coton, toiles peintes, potasse, kirschenwasser; excellent vin; houillères; ardoisières, etc. Tout auprès est le Ballon de Guebwiller, haut de 1450m : c'est le point culminant des Vosges. — La ville fut fondée en 1271. Elle fut assiégée vainement en 1414 par les Armagnacs.

GUÉDIMINE. V. GHÉDIMIN.

GUELDRE, Gelder en allemand, Welderen en hollandais; v. des États prussiens (Prov. Rhénane), I dans la régence de Dusseldorf, sur la Niers, à 24 k. S. O. de Wesel, 4000 h. Draps, toiles, bonneterie. — Fondée en 1097, cette ville était jadis la capitale du duché de Gueldre, et lui avait donné son nom : aujourd'hui elle n'est plus même comprise dans la province de Gueldre (qui appartient à la Hollande). Elle fut souvent assiégée (1587, 1703, 1757), et finit par être démantelée en 1764.

GUELDRE (province, jadis duché de), prov. du roy. de Hollande, bornée au N. O. par le Zuyderzée, au N. par la prov. d'Over-Yssel, à l'E. et au S. E. par les États prussiens, au S. par le Limbourg et le Brabant septentrional, à l'O. par la Hollande mérid. et la prov. d'Utrecht : 130 kil. sur 85 ; 400 000 hab. ; ch.-l. Arnheim. Elle est divisée en 4 districts : Arnheim, Nimègue, Zutphen et Thiel. Le sol est plat et sablonneux, entrecoupé de marais et de tourbières, ; mais il est partout bien cultivé, notamment dans l'île de Bétuwe, formée par le Rhin et le Wahal. Le colza, le houblon et les fruits en sont les principales productions. On y trouve peu de fabriques; elle fait cependant un commerce de transit assez considérable. — Cette contrée fut habitée anciennement par les Bataves, les Sicambres et les Usipètes. Les rois Francs l'occupèrent ensuite; les successeurs de Charlemagne la firent administrer par des gouverneurs qui se rendirent indépendants, et dont la dernière héritière porta la Gueldre en dot au prince Othon de Nassau en 1061. Elle fut érigée en comté en 1079, et transformée en duché en 1339. Ce duché passa, par suite de mariages, d'abord dans la maison de Juliers (1371), puis dans celle d'Egmont (1423). Arnoul, comte d'Egmont, le vendit en 1471 au duc de Bourgogne, Charles le Téméraire; Charles-Quint s'en empara en 1543, et l'incorpora au cercle de Bourgogne. Lors de la révolution des Pays-Bas (1579), la partie de la Gueldre située au nord du Rhin et le quartier de Zutphen, accédèrent à la Confédération des Provinces-Unies ; le reste demeura soumis à l'Espagne. Le traité d'Utrecht, en 1713, donna la Gueldre espagnole à la maison d'Autriche, à l'exception de la ville de Gueldre et d'une petite portion du duché, qui fut cédée à la Prusse. Le traité de Lunéville (1801) donna toute la Gueldre à la France; elle fut restituée aux Pays-Bas et à la Prusse en 1814.

GUELFERBBYTUM, nom latinisé de Wolfenbuttel.

GUELFES (maison des), en allemand Welfen. Guelfe ou Welf est un prénom usité dans plusieurs familles d'Allemagne, mais il désigne plus spécialement une famille princière, émigrée dans le XIe s. d'Italie en Allemagne. Avant son émigration elle se divisait en 2 branches qui possédaient un grand nombre de domaines dans l'Allemagne méridionale, notamment entre le Brenner et le St-Gothard. Un membre de la maison d'Este, Azzon ou Ezzelin, né vers l'an 1020, mort dans un âge très-avancé, épousa Cunéconde, héritière des Guelfes de la 2e branche, et réunit leurs possessions à ses domaines d'Italie. Guelfe ou Welf, dit Guelfe le Grand, fils d'Azzon, et depuis duc de Bavière, hérita à son tour des possessions de la 1re branche, dite Guelfes d'Altdorf, et devint ainsi, vers le milieu du XIe siècle, la tige de la nouvelle maison des Guelfes, ce qui le fait appeler Guelfe I. Il reçut en 1070 de l'empereur Henri IV le duché de Bavière qui venait d'être enlevé au duc Othon II; mais il se brouilla dans la suite avec Henri, parce que celui-ci l'obligea à restituer au duc Othon, avec lequel il s'était réconcilié, une partie de là Bavière ; il entra dans une ligue formée contre ce prince, prit Ratisbonne, Augsbourg, Saltzbourg, et battit Henri devant Wurtzbourg. Il partit ensuite pour la croisade, et mourut dans l'île de Chypre à son retour (1101). — Guelfe II, duc de Bavière, fils et successeur du précédent, épousa la comtesse Mathilde, fille de Boniface d'Este, dont il se sépara par un divorce en 1097. Il embrassa d'abord la cause de l'empereur Henri IV, puis il l'abandonna pour celle du rebelle Henri V; il fut en grande faveur sous le règne de ce dernier prince. Il mourut sans enfants en 1120, laissant la Bavière à son frère Henri le Noir, qui la transmit en 1126 à son fils Henri le Superbe. — Celui-ci accrut encore les domaines des Guelfes et reçut le duché de Saxe de son beau-père l'empereur Lothaire. Mais après la mort de ce dernier, ayant voulu disputer l'empire à Conrad III, de Hohenstaufen, il fut dépouillé de la plus grande partie de ses États (1139). — Guelfe III, frère de Henri le Superbe, et tuteur de Henri le Lion, son neveu, s'efforça de reconquérir pour son pupille la Bavière que l'empereur Conrad avait donnée à Léopold d'Autriche. En 1140, la diète de Worms le mit au ban de l'empire; il livra alors à l'empereur la bataille de Weinsberg, mais il la perdit : c'est à cette bataille que furent pris pour la 1re fois les noms de Guelfes et de Gibelins, cri de guerre adopté par les deux partis (V. ci-après). Guelfe III vit sa famille réduite à la possession de Brunswick et de Lunebourg. Cependant, il se réconcilia dans la suite avec Conrad, et l'accompagna en Palestine. Il mourut à son retour vers 1145. — Après la ruine totale des Guelfes, expulsés de la Saxe et de la Bavière, leur héritier, Othon, dit l’Enfant, petit fils de Henri le Lion, réunit les débris de leurs domaines et en fit hommage (1235) à l'empereur Frédéric II, qui les lui rendit comme fiefs de l'empire et avec le titre de duc de Brunswick. Cette maison fleurit encore auj. sous ce titre, et règne sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre. V. BRUNSWICK.

GUELFES et GIBELINS, noms de deux partis puissants qui divisèrent l'Allemagne et l'Italie aux XIe, XIIIe et XIVe siècles. La querelle prit naissance en Allemagne. Deux familles illustres de ce pays, ayant pour chefs, l'une Conrad, fils de Frédéric de Hohenstaufen, duc de Souabe, seigneur de Wiblingen (d'où par corruption Gibelin); l'autre, Henri le Superbe, duc de Saxe, neveu de Welf (Guelfe II), duc de Bavière, se disputèrent la couronne impériale après la mort de Lothaire (1138). Conrad, chef des Gibelins, ayant été élu empereur, les Guelfes refusèrent de le reconnaître, et lui cherchèrent partout des ennemis. Dès ce moment tout l'empire se partagea en Guelfes et en Gibelins : c'est dans une bataille livrée en 1140 par Guelfe III à Conrad devant le château de Weinsberg, et perdue par lui, que ces noms furent employés pour la 1re fois; ils servaient de cri de guerre et de mot de ralliement aux deux partis. — Ces querelles, terminées en Allemagne par la vict. de Conrad, qui assura l'avantage aux Gibelins, furent transportées en Italie et elles y durèrent longtemps encore. La famille des Guelfes trouva des partisans dans presque toutes les villes de l'Italie, lasses du joug des empereurs, et vit se déclarer pour elle le pape, irrité de la vive opposition qu'il avait rencontrée de la part de l'empereur dans l'affaire des Investitures (V. ce mot). Les villes de la Lombardie, Milan à leur tête, se proclamèrent libres et formèrent une ligue toute dévouée au parti guelfe. Une ligue contraire, mais moins puissante, formée sous le patronage de Pavie, resta fidèle à l'empereur, et se mit à la tête des Gibelins. Ce ne fut toutefois qu'en 1159 que l'Italie devint le théâtre d'une guerre ouverte. Les Gibelins furent d'abord vainqueurs : l'empereur Frédéric Barberousse, malgré les efforts du pape Alexandre III, prit Milan, la détruisit de fond en comble (1162), et soumit toutes les cités lombardes. Mais il fut défait à son tour près de Legnano, en 1176, et forcé, à la diète de Constance, en 1183, d'assurer l'indépendance aux villes lombardes. La lutte recommença sous le règne de l'empereur Frédéric II. Ce prince fut d'abord vainqueur; il battit les Milanais à Corte-Nova (1237), mais son fils Entius fut vaincu par les Bolonais; l'Allemagne le déposa lui-même et se donna à Guillaume, comte de Hollande, compétiteur que lui avait suscité le pape Innocent IV : Frédéric, accablé de chagrin, alla mourir dans ses États de Naples (1250). A partir de cette époque, la querelle des Guelfes et des Gibelins ne fut plus qu'une lutte particulière entre deux ou quelques villes d'Italie, ou entre deux ou quelques familles dans une même ville. A Vérone, Eccelin le Féroce fit triompher un instant le parti gibelin; mais il succomba enfin sous les efforts du marquis d'Este (1259). A Milan, les Torriani, chefs du parti guelfe et de la cause populaire, furent contraints de céder le pouvoir aux Visconti, partisan des Gibelins (1277). A Florence, où les Guelfes et Gibelins furent souvent désignés sous les noms de Blancs et Noirs (Bianchi et Neri), Silvestre de Médicis enleva l'autorité à la famille gibeline des Uberti, et donna une constitution démocratique aux Florentins (1258). Pise fut fidèle aux empereurs ; mais, abandonnée par eux, elle tomba en 1284 sous l'influence des Guelfes, après une guerre désastreuse contre Gênes. Rome flottait entre l'oligarchie et la démocratie, entre les Gibelins et les Guelfes; le tribun Nicolas Rienzi donna un moment le pouvoir aux derniers (1347). En général les Gibelins étaient partisans de la domination impériale et de la hiérarchie féodale; les Guelfes, de la domination de l'Église et de l'indépendance nationale. Leurs querelles, après avoir ensanglanté l'Italie pendant quatre siècles, ne cessèrent que par l'effet de la lassitude universelle et surtout par la diversion qu'occasionna l'invasion des Français en Italie (1495).

GUELFES (ordre des), ordre de chevalerie institué en 1815 dans le roy. de Hanovre par le prince-régent d'Angleterre, en mémoire des Guelfes, fondateurs de la maison qui règne auj. sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre. L'insigne est une croix d'or à 8 pointes pommelées, anglée de léopards; au centre est un médaillon de gueule chargé d'un cheval d'argent sur un tertre de sinople, avec cette légende : Nec aspera terrent. Le ruban est bleu céleste.

GUELMA, Calama, v. et poste militaire de l'Algérie (Constantine), ch.-l. de cercle, à 65 kil. S. O. de Bone, à 100 kil. E. N. E. de Constantine, près la r. dr. de Seybousse ; 3000 hab. Oliviers. Ruines romaines et puniques. Guelma fut occupé en 1836.

GUÉMÉNÉE, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 20 kil. O. de Napoléonville ; 1500 hab. Ce bourg donna son nom à une ligne de la maison de Rohan et fut érigé en principauté en 1570. V. ROHAN-GUÉMÉNÉE.

GUÉMÉNÉE-PENFAS, ch.-l. de c. (Loire-Inférieure), sur le Don, à 35 kil. N. E. de Savenay; 4680 hab.

GUÉNARD (Antoine), né à Damblin, en Lorraine en 1726, mort en 1806, était entré chez les Jésuites et en sortit à la suppression de l'ordre. On a de lui un Discours sur l'esprit philosophique, couronné par l'Académie française en 1755 : c'est un des plus beaux modèles d'éloquence académique.

GUÉNARD (Élisabeth), baronne de Méré, née à Paris en 1751, morte en 1829, a publié une foule d'écrits médiocres, romans, compilations, mémoires, ouvrages d'éducation, dont une partie parut sous les pseudonymes de Boissy, Geller, Faveroles, et qui alimentaient les cabinets de lecture. On remarque dans le nombre : Irma, ou les Malheurs d'une jeune orpheline (la duchesse d'Angoulême), 1801, roman royaliste; Mémoires de la princesse de Lamballe, 1801; Histoire de Mlle Élisabeth, 1802; Mémoires de Marion Delorme; — de la comtesse Dubarry, etc. Elle ne craignait pas de traiter les sujets les plus scabreux.

GUENEAU DE MONTBEILLARD (Philibert), naturaliste, né en 1720 à Semur, mort à Paris en 1785. Buffon l'associa à ses travaux, et lui confia la description des oiseaux dans son Histoire naturelle; il s'en acquitta avec un tel talent que l'on fut longtemps à reconnaître dans ses articles une main étrangère; on estime surtout l'histoire du paon, du rossignol, de l'hirondelle. Il s'occupa aussi d'insectologie, et traita ce sujet dans l’Encyclopédie méthodique.

GUÉNÉE (l'abbé), né à Étampes en 1717, mort en 1803, professa pendant 20 ans la rhétorique au collège du Plessis. Devenu professeur émérite, il consacra ses loisirs à la défense de la religion, et écrivit, sous le titre de Lettres de quelques Juifs portugais, allemands et polonais à M. de Voltaire (Paris, 1769), un ouvrage plein d'instruction et d'esprit, dans lequel il réfute les nombreuses erreurs du patriarche de Ferney. Il fut admis en 1778 à l'Académie des inscriptions et nommé peu après sous-précepteur des enfants du comte d'Artois. Il a donné à l'Académie de savantes Recherches sur la Judée.

GUER, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 23 kil. E. de Ploërmel : 4000 hab. Instruments aratoires.

GUÉRANDE, ch.-l. de cant. (Loire-Inf.). à 47 kil. O. de Savenay : 8600 hab. Draps; tissus de lin, de coton et de basin. Aux env., marais salants. — Cette v. fut fondée au VIe siècle et entourée de murailles en 1431 par Jean V, duc de Bretagne. Prise en 1342 par Louis d'Espagne, en 1373 par Duguesclin, elle fut vainement assiégée en 1379 par Olivier de Clisson, et en 1489 par le maréchal de Rieux. Un célèbre traité y fut conclu en 1365 : par ce traité, qui mit fin à la guerre de la succession de Bretagne, la maison de Blois cédait ses droits sur la Bretagne aux comtes de Montfort.

GUÉRARD (Charles-Benjamin), érudit, né en 1797 à Montbard, où son père était juge de paix, m. en 1854, entra à la Bibl. royale en 1825 comme simple employé, devint en 1833 conservateur, fut à la même époque nommé professeur à l'École des chartes et élu membre de l'Académie des inscriptions. Après avoir été l'auxiliaire de Fortia d'Urban, avec lequel il édita la 3e partie de l’Art de vérifier les dates, il finit par se consacrer exclusivement à l'histoire diplomatique de l'ancienne France. On lui doit en ce genre plusieurs grands travaux, parmi lesquels on remarque son mémoire sur le Système des divisions territoriales de la Gaule, couronné en 1830 ; le Cartulaire de l'abbaye de St-Père de Chartres (1840); celui de l'abbaye de St-Bertin (1841), et le Polyptyque de l'abbé Irminon, dénombrement des revenus de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés sous Charlemagne (1844), ouvrage qu'il enrichit d'éclaircissements de toute espèce. On a sur la vie et les travaux de Guérard des Notices par N. de Wailly (1855) et par Naudet (1857).

GUERCHE (LA). V. LA GUERCHE.

GUERCHIN (LE), c.-à-d. le Louche, dont le vrai nom était J. Fr. Barbieri, peintre célèbre, né en 1590 à Cento près de Bologne, mort en 1666, se forma seul et se perfectionna par l'étude des tableaux des Carrache et de Caravage. Il était doué d'une extrême facilité et travailla prodigieusement. On connaît de lui plus de 250 tableaux. On admire dans ses œuvres la force du coloris, ainsi que le talent avec lequel il imitait la nature et faisait illusion aux yeux. D'une piété fervente, il a surtout traité des sujets religieux. Ses ouvrages les plus remarquables sont les peintures du dôme de la cathédrale de Plaisance, un Ecce homo et Ste Pétronille, à Rome, un S. Antoine, à Padoue, les Enfants de Jacob lui montrant la robe ensanglantée de Joseph, S. Jérôme s'éveillait au bruit de la trompette, Coriolan fléchi par sa mère, la Mort de Caton d'Utique, les Adieux de Priam et d'Hector (ce dernier au musée de Marseille).

GUERCHY (Louis REGNIER, comte de), né en 1715, mort en 1767, suivit d'abord la carrière militaire, s'empara d'Ems en Bohême, et se distingua à Fontenoy. A la paix, il fut nommé ambassadeur en Angleterre (1763); mais ayant eu des démêlés avec le chevalier d'Éon qui avait reçu la mission secrète de le surveiller, il demanda son rappel.

GUÉRET, ch.-l. du dép. de la Creuse, entre la Creuse et la Gartempe, à 340 kil. S. de Paris; 5150 hab. Trib., collége, école normale, biblioth., musée, société d'agriculture, pépinière départementale, dépôt de remonte. Église du XIIe s. Patrie de Varillas. — Cette v. se forma autour d'une abbaye fondée vers 720 par S. Pardulphe ou Pardoux. Elle devint plus tard la capitale du comté de la Marche; elle obtint une charte de commune en 1406.

GUERICKE (Otto de), physicien, né à Magdebourg en 1602, mort à Hambourg en 1686. On lui doit la machine pneumatiqueää (1650), une balance pour peser l'air, et les hémisphères dits de Magdebourg, qui servent à démontrer la force de compression de l'air. Il a fait aussi des observations astronomiques et a le premier annoncé la périodicité des comètes. Il regardait les taches du soleil comme de petites planètes très-rapprochées de cet astre. On a recueilli le résultat de ses recherches physiques et astronomiques sous le titre de Experimenta nova ut vocant Magdeburgica, Amst., 1672, in-fol. On a de lui une relation du sac de Magdebourg en 1631 (publiée seulement en 1800). Magdebourg lui a érigé un monument (1853).

GUÉRIGNY, bourg du dép. de la Nièvre, arr. et à 15 kil. N. E. de Nevers, sur la Nièvre; 1450 hab. Près de là, sont les forges de La Chaussade.

GUERILLAS, c.-à-d. petites guerres, bandes qui se formèrent en Espagne pour combattre les Français dans la guerre de 1808 à 1814; les chefs de guérillas les plus redoutés étaient Renovales, Mina, l’Empecinado, le curé Mérino.

GUÉRIN (Gilles), fécond sculpteur, né à Paris en 1606, m. en 1678, orna de ses œuvres le Louvre, Versailles, ainsi que les châteaux des plus grands seigneurs , et plusieurs églises de Paris et de la province; fut de l'Académie de peinture et de sculpture dès la fondation, et y fut nommé professeur. Au Louvre, il fit, pour la chambre du roi, un bas-relief représentant la Fidélité, l’Autorité et la Justice; à Versailles, on remarque, dans le bosquet des bains d'Apollon, deux beaux chevaux abreuvés par des Tritons, et près de la pyramide d'eau l’Amérique, le dernier de ses ouvrages.

GUÉRIN (Pierre), peintre d'histoire, né à Paris, en 1774, m. en 1833, était fils d'un quincaillier. Il remporta le grand prix de peinture en 1797, se rendit en Italie en 1798, fut nommé en 1814 professeur à l’École des beaux-arts, en 1815 membre de l'Institut, en 1822 directeur de l'Académie française à Rome, remplit ces fonctions jusqu'en 1829, et fut créé baron à son retour. Ses principaux tableaux sont : le Retour de Marcus Sextus, 1800; Phèdre et Hippolyte, 1802; Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire; Andromaque, 1810; Énée et Didon; Égisthe et Clytemnestre, 1817, l'un des plus beaux ouvrages de l'école française. On a reproché à Guérin un appareil théâtral, des poses déclamatoires, et un coloris imparfait, mais on lui reconnaît une grande pureté de contours, un goût parfait dans l'ajustement, et une profonde entente de l'expression. Presque tous ses tableaux ont été gravés. — Un autre peintre du même nom, Paulin G., né à Marseille en 1783, m. en 1855, a laissé, entre autres ouvrages : Caïn après le meurtre d'Abel, 1812, au Luxembourg; Ulysse en butte au courroux de Neptune, 1824, au musée de Rennes; Adam et Ève chassés du Paradis, 1827; le Dévouement du chevalier Roze pendant la peste de Marseille, 1834; la Conversion de S. Augustin, 1844.

GUERNESEY, Sarnia, île de la Manche, sur les côtes de France, mais appartenant à l'Angleterre, est à 52 kil. N. de Cherbourg et à 120 kil. S. de l'île de Portland; 29 000 hab., dont 3000 marins; ch.-l., St-Pierre-le-Port. Côtes échancrées, beaucoup de ports et de baies. Climat doux, sol fertile, gros bétail. Communications très-suivies avec Cherbourg, Granville et St-Malo. On y faisait jadis un commerce de contrebande très-actif. — Cette île faisait partie du duché de Normandie ; elle fut réunie à la couronne d'Angleterre par Henri I. Les Français ont plusieurs fois tenté de la reprendre, notamment en 1780. L'île est administrée par un lieutenant gouverneur. Elle possède un corps législatif, appelé les États, qui se compose du bailli, du procureur, de 12 jurés, des recteurs et constables de paroisses. Les habitants parlent un patois normand. La cour royale se sert du français.

GUERNICA, bourg d'Espagne (Biscaye), à 25 kil. N. E. de Bilbao; 850 hab. C'est là que se tenaient les fueros de la Biscaye.

GUÉROULT (P. Claude Bernard), dit Guéroult l'aîné, humaniste, né à Rouen en 1744, mort à Paris en 1821, fut successivement professeur d'éloquence au collége d'Harcourt, proviseur du lycée Charlemagne, conseiller de l'Université, directeur de l'École normale. La Restauration l'enleva à cette École, qu'il dirigeait depuis sa création. On a de lui des traductions estimées : Morceaux extraits de l'histoire naturelle de Pline, 1785; Histoire naturelle des animaux de Pline, avec le texte en regard, 1802; Discours choisis de Cicéron, 1789 et 1819; une Nouv. méthode pour étudier la langue latine, suivant les principes de Dumarsais, 1798, et une Grammaire française, 1806. — Son frère, Ant. Guill., 1749-1816, professa les belles-lettres au Collége Louis-le-Grand et dans divers autres colléges de Paris, et devint professeur d'éloquence latine au Collége de France. Il publia aussi quelques ouvrages, notamment un Dictionnaire de la France monarchique, 1802, et traduisit quelques discours de Cicéron (dans la collection Panckoucke).

GUERRE (Martin), né à Andaye au commencement du XVIe siècle, avait quitté sa femme, après 10 ans de mariage, pour aller porter les armes en Espagne. Il était absent depuis huit ans lorsqu'un certain Arnaud du Tilh, qui avait avec lui une ressemblance frappante, et qui s'était lié à l'armée avec lui pour bien connaître tout son passé, se présenta à sa femme comme étant Martin Guerre, réussit à l'abuser complètement ainsi que toute sa famille, et usurpa tous les droits de l'absent. Il jouit pendant trois ans du fruit de son imposture, et il ne fallut pas moins que la présence du véritable époux pour démasquer ce Sosie : il fut pendu en 1560.

GUERRE DE CENT ANS, etc. V. le nom qui suit GUERRE.

GUERRERO, État du Mexique, sur le golfe de Vera-Cruz , entre les États de Vera-Cruz au N., d'Oaxaca à l'O. et de Tabaseo au S. E. ; env. 300 000 hab.; ch.-l., Tixtla. Formé en 1850.

GUET (le). V. cet art. au Dict. univ. des Sciences.

GUÉTIN (LE), vge du dép. du Cher, à 57 kil. S. E. de Bourges, et 12 kil. O. de Nevers; 300 hab. Station du Grand central; bifurcation.

GUETTARD (J. Ét.), médecin naturaliste, né à Étampes en 1715, mort à Paris en 1786, était membre de l'Académie des sciences et conservateur du cabinet d'histoire naturelle du duc d'Orléans. C'est un des hommes qui ont le plus contribué à répandre en France le goût de la minéralogie. On a de lui : Mémoire sur la nature et la situation des terrains qui traversent la France et l'Angleterre, 1746 ; — sur les granits de France, 1751; — sur quelques montagnes de la France qui ont été des volcans, 1752; Histoire de la découverte faite en France de matières semblables à celles dont la porcelaine de la Chine est composée, 1765. Cette découverte a donné lieu à l'établissement de la manufacture de Sèvres.

GUEUDEVILLE (Nic.), écrivain, né à Rouen vers 1650, m. en 1720, était entré chez les Bénédictins, mais fut forcé de quitter son couvent à cause de la licence de ses opinions. Il s'enfuit en Hollande, y embrassa le Protestantisme, s'y maria, et y publia, à partir de 1699, l'Esprit des cours de l'Europe, feuille qui fut supprimée comme contenant des offenses contre le gouvernement français, mais qu'il fit revivre presque aussitôt sous le titre de Nouvelles des cours de l'Europe. Il mourut dans l'indigence à La Haye. On a de lui une Critique du Télémaque, Cologne, 1700; le grand Théâtre historique, traduit de Imhof, Leyde, 1703-5, 5 vol. in-f.; Atlas historique, avec un Supplément, Amst., 1713-21, 7 vol. in-f.; des traductions de Plaute, d’Érasme, de Corn. Agrippa, de Th. Morus, etc., qui sont peu estimées.

GUEUGNON, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), sur l'Arroux, à 34 k. N. O. de Charolles ; 1800 h. Forges.

GUEULETTE (Th. Simon), littérateur, né à Paris en 1683, mort en 1766. On a de lui : les Soirées bretonnes, contes de fées, 1712; les Mille et un quarts d'heure, contes tartares, 1723; les Aventures merveilleuses du mandarin Fumhoun, contes chinois, 1723; les Sultanes de Guzarate, contes mongols, 1732; les Mille et une heures, contes péruviens, 1733, plusieurs pièces représentées au Théâtre-Italien, et des éditions de Rabelais, de Montaigne, de l’Histoire du petit Jehan de Saintré, d'A. Lasalle.

GUEUX, nom que prirent les partisans de la révolution qui au XVIe siècle détacha de la couronne d'Espagne plusieurs provinces des Pays-Bas. Trois cents députés du parti calviniste, ayant à leur tête H. de Brederode, issu des comtes de Hollande, et Louis, comte de Nassau, étaient venus en 1566 réclamer de la gouvernante Marguerite de Parme l'abolition de l'inquisition ; celle-ci se montrant effrayée de cette démonstration, le comte de Barleymont, son conseiller, la rassura en lui disant : Ce ne sont que des gueux, faisant allusion à la simplicité de leurs vêtements. Ce mot imprudent ayant été entendu devint le mot d'ordre d'une révolution : les insurgés se firent honneur du nom de Gueux, et prirent pour armes l'écuelle et la besace. On distinguait les Gueux des bois, qui combattaient sur terre, et les Gueux de mer, qui avaient cherché un refuge sur la mer. — Les exploits des Gueux ont été chantés au XVIIe siècle par Onno de Haren, descendant d'Adam de Haren, un de leurs principaux chefs.

GUEVARA (Ant.), écrivain espagnol, né vers 1480, dans l'Alava, m. en 1545, entra dans l'ordre des Franciscains, devint prédicateur et historiographe de Charles-Quint, puis évêque de Cadix et de Mondonedo. On a de lui, outre des Sermons, un ouvrage intitulé : Marco Aurelio (Valladolid, 1529), traduit en 1531 par Berthault de Lagrise sous le titre de Livre doré de Marc-Aurèle, et en 1555 par Herberay des Essars sous le titre d’Horloge des Princes : c'est une espèce de roman moral analogue à la Cyropédie, dans lequel l'auteur trace la vie du prince le plus parfait de l'antiquité, pour l'offrir en modèle à Charles-Quint; c'est de cet ouvrage (l. III. ch. III) que La Fontaine a tiré le fond du discours qu'il prête au paysan du Danube. On a aussi publié de lui Encomium vitæ rusticæ et un Recueil de Lettres, Valladolid, 1539, qui contient l'histoire de la révolte des Communeros en 1522, et qui a été traduit en français sous le titre d’Épîtres dorées. Comme écrivain, on loue sa pureté; comme historien, on suspecte sa véracité : Heumann l'appelle Mendacissimus.

GUEVARA (L. VELEZ de), écrivain espagnol, surnommé le Scarron de son pays, né en 1574 à Ecija, mort en 1644, exerçait la profession d'avocat, et faisait souvent rire les juges sur leur siège par ses plaidoiries spirituelles. Il composa plus de 400 comédies, pleines d'esprit et de gaieté, mais perdues pour la plupart; des romans de mœurs, dont le plus célèbre est le Diable boiteux (Diablo cojuelo), Madrid, 1648, si heureusement imité par Lésage.

GUGLIELMI (P.), compositeur, né en 1727 à Massa-Carrara, mort à Rome en 1804, obtint les plus grands succès sur les théâtres d'Italie, de Vienne, de Londres; partagea la faveur du public avec Paisiello et Cimarosa, et fut nommé en 1793 par Pie VI maître de chapelle de St-Pierre. On estime surtout, parmi ses opéras sérieux, Artaserse, la Clemenza di Tito, la Didone, Enea; et parmi ses opéras bouffons, la Virtuosa in Margellina, le Due Gemelle, la Bella Piscatrice. Il a aussi laissé de la musique de chambre et d'église : on admire son oratorio de Debora. Ce maître se distingue par la pureté, la simplicité, la clarté et par l'unité dans la pensée.

GUI ou GUY (S.), Vitus, martyr au IIIe s., subit le supplice en Lucanie avec S. Modeste et Ste Crescence. L’Église l'honore le 15 juin. — Un autre S. Gui, surnommé le Pauvre d'Anderlecht, d'un village du Brabant, vivait au XIe siècle et était simple bedeau de la cure de Laeken près de Bruxelles. Il se signala par sa piété et son humilité et mérita d'être canonisé. On l'honore le 12 septembre.

GUI ou GUIDO, nom de plusieurs ducs Carlovingiens de Spolète. Le 1er de ce nom régnait vers 843. — Gui III, fils de Gui II et d'Adélaïde, fille de Pépin, roi d'Italie, tenta, mais inutilement, de se faire nommer roi de France lors de la déposition de Charles le Gros (887), mais il réussit à enlever la couronne d'Italie à Bérenger, duc de Frioul, et se fit couronner empereur à Pavie par Étienne V en 889. Il mourut en 894, au moment où il allait combattre à la fois Bérenger et Arnoul, roi de Germanie.

GUI, duc de Toscane, fils et successeur d'Adalbert II, monta sur le trône en 917, épousa là célèbre Marosie, alors toute puissante à Rome, aida son frère utérin Hugues à se faire nommer roi d'Italie, 928, étendit sa puissance dans l'Italie méridionale, fit assassiner le pape Jean X, qui gênait son ambition, et mourut lui-même peu après, en 929.

GUI DE LUSIGNAN, roi de Jérusalem. V. LUSIGNAN.

GUI L'ARÉTIN, Guido d'Arezzo, moine bénédictin de l'abbaye de Pomposa, au duché de Ferrare, né à Arezzo vers 990, mort à une époque inconnue, enseignait la musique dans son couvent. Il a été longtemps regardé comme l'auteur de la gamme, ainsi que du système de solmisation encore suivi auj. On a reconnu récemment que l'invention ne lui appartenait pas ; mais il est vrai qu'il simplifia la méthode d'enseignement et qu'il fit le 1er usage des syllabes ut, , mi, fa, sol, la, comme signes musicaux. C'étaient les syllabes initiales d'autant de vers d'une hymne. Guy a laissé quelques écrits qui ont été réunis et publiés par l'abbé Gerbert dans la collection Scriptores ecclesiastici de musica sacra, 1784, 3 vol. in-fol.

GUI-PAPE, en latin Guido-Papæ, jurisconsulte du XVe siècle, né vers 1402 à St-Symphorien d'Ozon, professa le droit à Lyon et à Grenoble, devint conseiller au parlement du Dauphiné, et mourut vers 1477, après avoir rempli diverses missions pour le roi Louis XI. Son ouvrage le plus important est intitulé: Decisiones Gratianopolitanæ, Grenoble, 1490. Chorier en a donné un abrégé en français sous le titre de Jurisprudence de Gui-Pape, avec une Vie de l'auteur, Grenoble, 1692.

GUIBAUD (Eustache), oratorien, parent de Massillon, né à Hyères en 1711, mort en 1794, professa les humanités à Marseille et à Lyon, fut inquiété comme janséniste, et se retira dans une maison de son ordre à Marseille. Il a publié une Explication du Nouveau Testament', à l'usage des colléges, Paris, 1785, 8 vol. in-8; une Morale en action, à l'imitation de celle de Béranger, Lyon, 1797, et a travaillé au Dictionnaire historique de l'abbé Barral.

GUIBERT, antipape, était archevêque de Ravenne, lorsque, par la protection de l'empereur Henri IV, il fut élevé, en 1080, sur le siège pontifical à la place de Grégoire VII : il prit le nom de Clément III. Il resta maître d’une partie de la ville de Rome pendant le pontificat de Victor III. Il en fut chassé sous Urbain II, mais il y rentra bientôt, et ce ne fut qu’en 1100, sous Pascal II, qu’il en fut définitivement expulsé. Il mourut subitement la même année à Citta di Castello.

GUIBERT (Hippolyte, comte de), maréchal de camp et écrivain, né à Montauban en 1743, mort en 1790, était fils de Ch. Benoit de Guibert, général distingué (mort en 1786, gouverneur des Invalides). Il servit avec distinction dans la guerre de Sept ans (1756-63, fut envoyé en Corse pour y former une légion dont il eut le commandement, se signala au combat de Ponte-Nuovo, qui assura à la France la conquête de cette île (1769) ; fut rappelé à Paris par le comte de St-Germain, et coopéra aux réformes tentées par ce ministre ; fut nommé en 1787 rapporteur du conseil d’administration de la guerre, et dut en cette qualité appuyer des mesures qui le rendirent impopulaire ; tenta sans succès de se faire nommer député aux États généraux par le bailliage de Bourges, et mourut peu après de chagrin, en 1790. Visant à la gloire des lettres ainsi qu’à celle des armes, Guibert donna des ouvrages de genres fort divers qui attirèrent l’attention publique et qui le firent admettre à l’Académie française (1786). On a de lui : Essai général de tactique, Liége, 1772, qu’il fit suivre de la Défense du système de guerre moderne, 1779 ; des tragédies (le Connétable de Bourbon, 1775 ; la Mort des Gracques, et Anne de Boulen, publ. après sa mort) ; des Éloges (de Catinat, du chancelier L’Hôpital et de Frédéric II, roi de Prusse). Dans tous ses écrits, le style est animé, mais souvent enflé. Le meilleur de ses ouvrages est sa Tactique. Non moins remarquable par les avantages du corps que par ceux de l’esprit, Guibert inspira de vives passions (V. L’ESPINASSE). — Sa veuve (née de Courcelles), publia plusieurs manuscrits qu’il avait laissés sur l’art de la guerre, ainsi que les Lettres de Mlle de L’Espinasse. Elle a elle-même traduit quelques ouvrages de l’anglais.

GUIBRAY (foire de). V. FALAISE et CARROUGES.

GUICHARDIN, Francesco Guicciardini, historien italien, né à Florence en 1482 d’une famille ancienne, mort en 1540, se destina d’abord au barreau, fut à 23 ans professeur de jurisprudence, entra ensuite dans la carrière diplomatique, fut envoyé en ambassade auprès de Ferdinand le Catholique, puis appelé à Rome par le pape Léon X, qui le combla d’honneurs, et lui donna le gouvt de Modène et de Reggio. Envoyé dans la Romagne par Clément VII, il y rétablit le calme, fonda des établissements utiles, ouvrit des routes, et ne négligea rien pour augmenter la prospérité de ce pays. Nommé lieutenant général du St-Siége, il défendit avec succès Parme, assiégée par les Français, et maintint Bologne sous la domination de Rome en apaisant la révolte des Pepoli qui aspiraient à l’autorité souveraine. Retiré dans sa patrie, il donna d’utiles conseils à Alexandre de Médicis, et, après la mort de ce prince, contribua puissamment à l’élection de Cosme. Guichardin a laissé une Histoire d’Italie, qui commence en 1490 et finit en 1534. Cette histoire, à laquelle il travailla 27 ans, est, de l’aveu des meilleurs critiques, une œuvre d’un mérite supérieur ; mais on lui reproche quelque partialité. On estime l’édition de Fribourg (Florence), 1775-76, 4 vol. in-4. Il en a paru une édition à Paris en 1832, 6 vol. in-8, avec une préface de Ch. Botta, qui a continué l’ouvrage. L’histoire de G. il a été trad. en français par Fabre, 1738, avec notes par Georgeon. Guichardin a laissé en outre des Avis et conseils en matière d’État, Anvers, 1525, in-8, trad. en 1577 ; Relation de sa légation en Espagne, publiée pour la 1re fois en 1825, à Pise, par J. Rosini, et quelques autres écrits publiés par M. Canestrini (1857-68). M. Benoist a donné une Étude sur Guichardin, écrivain et homme d’État (1862).

GUICHE, village du dép. des B.-Pyrénées, à 23 kil. S. de Bayonne ; 1500 hab. Anc. domaine de la maison de Guiche, branche de celle de Gramont.

GUICHE (Diane, comtesse de), dite la belle Corisande, fille de Paul d’Andouins, avait épousé Philibert de Gramont, comte de Guiche, gouverneur de Bayonne (qui mourut d’une blessure en 1580), et resta veuve à 26 ans. Henri IV, qui n’était encore que roi de Navarre, en devint éperdument amoureux ; la comtesse le paya de retour et lui resta dévouée toute sa vie : pendant les guerres de la Ligue, elle vendit pour lui ses diamants, engagea ses biens, et alla jusqu’à lui envoyer des levées de 20 000 Gascons, qu’elle avait enrôlés à ses frais. Henri lui avait écrit avec son sang la promesse de l’épouser, mais il ne tint pas cette promesse. Elle mourut oubliée en 1620. On conserve en manuscrit à la bibliothèque de l’Arsenal les lettres d’Henri IV à Corisande : elles ont été-publiées dans le Mercure de 1769 ;

GUICHE (Armand DE GRAMONT, comte de), lieutenant général, né en 1638, était fils du maréchal de Gramont et arrière-petit-fils de la belle Corisande. Après avoir servi avec distinction dans la guerre de Flandre, il fut exilé par Louis XIV pour s’être mêlé à une intrigue contre Mlle de La Vallière. Il rentra en France en 1671, après huit ans d’exil, et fit la campagne de Hollande de 1672 sous le grand Condé : au passage du Rhin, il se jeta le premier à la nage dans le fleuve, et entraîna toute l’armée par son exemple. Il mourut l’année suivante de la douleur que lui causa la défaite d’une escorte qu’il commandait. Mme de Sévigné rend compte de cette mort d’une manière touchante dans une de ses lettres (datée du 8 décembre 1673).

GUICHE (LA). V. LA GUICHE.

GUICHEN, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 42 k. N. E. de Redon : 3000 h. Source ferrugineuse.

GUICHEN (Urbain du BOUEXIC, comte de), marin, né à Fougères en 1712, m. en 1790, fut nommé capitaine de vaisseau en 1756, prit part comme chef d’escadre au combat d’Ouessant en 1778, puis commanda la flotte de Brest, et soutint, en 1781, près de la Dominique, plusieurs luttes glorieuses contre l’amiral anglais Rodney.

GUICHENON (Samuel), historien, né à Mâcon en 1607, m. en 1664, était avocat à Bourg, et fut nommé historiographe de Savoie et de France. On a de lui : Histoire de Bresse et de Bugey, Lyon, 1650 ; Histoire généalogique de la maison de Savoie, 1660.

GUIDAL (Max. Jos.), général de brigade, né à Grasse en 1755, entra dans la conspiration du général Malet en 1812, et fut condamné à mort avec lui.

GUIDE (LE), Guido Reni, célèbre peintre italien, né à Bologne en 1575, mort en 1642, fut, avec l’Albane, élève des Carrache, obtint et la protection du pape Paul V, qui l’appela à Rome. Il y trouva un rival dans le Caravage, dont le genre était opposé au sien, et qui lui voua une haine mortelle ; mais il n’opposa à cette inimitié que la douceur et la modération. Après avoir passé quelques années à Bologne, à Mantoue, à Naples, il revint à Rome, à la sollicitation du pape Paul V, qui le combla de faveurs. Il aurait eu une vie digne d’envie si la passion du jeu ne s’était emparée de lui : accablé de dettes, il fut délaissé, et passa ses derniers jours dans l’oubli et la misère. Le Guide a laissé un très-grand nombre de tableaux remarquables ; on cite en première ligne le Crucifiement de S. Pierre, un S. Michel, le Martyre de S. André, l’Espérance, la Cenci, à Rome ; Jésus couronné d’épines, à Dresde ; Bradamante et Fleur d’épine, à Florence ; l’Enlèvement d’Hélène, une Annonciation, à Paris. La richesse de la composition, la correction du dessin, la grâce et la noblesse de l’expression, une distribution de lumière large et harmonieuse, des airs de tête admirables, la fraîcheur du coloris : telles sont les qualités qui distinguent généralement ses productions. La plupart de ses tableaux ont été gravés, quelques-uns par lui-même.

GUIDI (Ch. Alex.), poëte lyrique, né à Pavie en 1650, mort en 1712, vécut d’abord à la cour du duc de Parme Ranuccio II, puis obtint la faveur de la reine Christine, qui l’emmena à Rome (1685), et s’y lia dans cette ville avec le cardinal Alberti (depuis Clément XI). On a de lui des Poésies lyriques estimées, Parme, 1671, deux pastorales, Endimione et Dafne, et une tragédie, Amalasonta.

GUIDO. V. GUI et GUIDE (LE).

GUIDONIS (Bernard), dominicain, né en 1260 dans le Limousin, m. en 1331, remplit avec rigueur les fonctions d’inquisiteur en Languedoc de 1307 à 1323 et devint évêque de Lodève. C’était un des hommes les plus savants de son temps. On a de lui : Sententiæ inquisitionis Tolosanæ (à la suite de l’Historia inquisitionis de Ph. Limbroch) ; Chronicon comitum Tolosanorum (dans l’Hist. des comtes de Toulouse de Cate) ; Descriptio Galliarum (dans les Scriptores Francorum coætanei de Duchesne).

GUID’ UBALDO (le marquis), mathématicien, né à Urbin vers 1540, mort en 1601, passa sa vie livré à l’étude dans son château de Monte-Baroccio. On a de lui, entre autres ouvrages : Planispheriorum theoria, 1560 ; Mechanicorum libri VII, 1577 ; Perspectivæ libri VI, 1600, ouvrage où il posa les premiers principes de la perspective.

GUIERS, riv. de France, se forme près des Échelles par la jonction de deux bras (Guiers-Vif, Guiers-Mort), coule entre le dép. de l’Isère et la Savoie, et tombe dans le Rhône à 15 kil. S. de Belley, après un cours de 50 kil.

GUIGNARD (J.), jésuite, régent et bibliothécaire du collége de Clermont (auj. collége Louis-le-Grand, à Paris), fut impliqué dans le procès de J. Châtel, assassin de Henri IV. Condamné par le parlement pour des écrits séditieux qu’il avait publiés sous la Ligue, il fut exécuté en 1595.

GUIGNES, ville de France. V. GUINES.

GUIGNES (Joseph de), orientaliste, né à Pontoise en 1721, mort à Paris en 1800, étudia la langue chinoise sous Fourmont, le remplaça en 1745 comme secrétaire-interprète à la Bibliothèque du roi, fut nommé censeur royal en 1753, professeur de syriaque au Collége royal (Collége de France) en 1757, garde des antiques au Louvre en 1769, et membre de l’Académie des belles-lettres en 1773. On a de lui : Histoire générale des Huns, des Turcs, des Mogols, 1756-58, 5 vol. in-4, ouvrage d’un travail immense ; Mémoire dans lequel on prouve que les Chinois sont une colonie égyptienne, 1759 ; le Chou-King, traduit avec notes, 1770, in-4 ; un grand nombre de Mémoires. En outre, il travailla 35 ans au Journal des Savants. Érudit consciencieux, il n’hésita pas à combattre lui-même sur la fin de sa vie plusieurs des opinions qu’il avait soutenues dans ses précédents ouvrages. On reproche à ce savant d’avoir trop négligé son style. — Son fils, Louis Joseph, 1759-1845, cultiva aussi les langues orientales et fut consul à Canton. On a de lui un Voyage à Pékin, 1809, et un bon Dict. chinois-français et latin, 1813, in-f., réimprimé en 1853 par le P. Mangieri.

GUIGNOLÉ (S.), né dans l’Armorique, d’une famille de princes Gallois, se consacra à Dieu, fonda le monastère de Landevenec (près de Brest), se livra aux plus rudes austérités, et m. dans un âge avancé vers 629. On l’hon. le 3 mars.

GUIGUES I, dit le Vieux, tige des dauphins du Viennois, possédait le comté d’Albon, ainsi que quelques autres terres dans les environs de Grenoble, et fit ériger ses domaines en principauté. Il fonda le prieuré de St-Robert, près de Grenoble, et prit, sur la fin de sa vie, l’habit de moine de Cluny. Il eut pour successeur son fils Guigues II (1075-80). — La plupart de ses descendants portèrent le nom de Guigues. Les plus connus sont : G. IV, fils et successeur de G. III (1120) ; il est le 1er prince viennois qui ait pris le titre de Dauphin, titre qui a fait donner celui de Dauphiné à la principauté. Il mourut en 1142, à la fleur de l’âge, d’une blessure qu’il avait reçue dans un combat contre le comte de Savoie. — G. V., son fils, qui mourut à peine âgé de 30 ans, en 1162, ne laissa point d’enfants ; sa sœur Béatrix hérita de ses États, et porta le Dauphiné en dot à Hugues de Bourgogne, qui mourut en 1192 à la croisade, laissant un fils qui prit le nom de Guigues VI. — G. VII, fils de G. VI, laissa ses États à Jean, son fils, qui mourut sans enfants en 1281. Alors, par le mariage d’Anne, sœur de Jean, le Dauphiné passa dans la maison d'Humbert de La Tour. — G. VIII, petit-fils d’Humbert de La Tour, qui avait commencé une nouvelle maison de Dauphiné, remporta dès l’âge de 16 ans une victoire signalée sur Édouard, comte de Savoie, dans la plaine de Varen, conduisit des troupes à Charles IV, roi de France, et contribua à la victoire remportée par Philippe VI à Cassel sur les Flamands en 1328. Attaqué de nouveau par le comte de Savoie, il fut tué dans un engagement près de Voiron, en 1333, à l’âge de 24 ans. Il avait épousé en 1323 Isabelle de France, 3e fille de Philippe le Long, mais il ne laissa point d’enfants. Il eut pour successeur son frère, Humbert II, qui légua ses États à la France.

GUILBERT DE PIXÉRÉCOURT (Ch.), fécond dramaturge, né en 1773 à Nancy, mort en 1844, sortait d’une famille noble, qui possédait le château de Pixérécourt près Nancy. Emmené en émigration par son père, ancien major au régiment de Royal-Roussillon, il rentra en France dès 1793, se cacha dans Paris, eut à lutter contre la misère, et ne put faire jouer sa première pièce qu’en 1797, après de nombreux rebuts. Ayant réussi, il fit représenter depuis sur différents théâtres, notamment à l’Ambigu et à la Gaîté, une foule de pièces des genres les plus divers, comédies, opéras, vaudevilles, drames, mélodrames. Il excellait surtout dans ce dernier genre, et mérita d’être surnommé le Corneille, le Shakespeare du boulevard. Dans ses mélodrames, où l’intérêt est puissamment augmenté par une habile mise en scène, il représente les situations les plus terribles, les plus déchirantes, les actes les plus noirs, mais il sait tempérer le tragique par le bouffon ; du reste, il a toujours soin de faire triompher la vertu. Son style, enflé et ronflant, offre la déclamation inhérente au genre, mais il était parfaitement adapté au goût de son public. Guilbert de Pixérécourt fut longtemps directeur du théâtre de la Gaîté, et s’enrichit dans cette entreprise ; mais l’incendie de la salle en 1835 lui fit perdre une partie de sa fortune. Après cette catastrophe, il se retira à Nancy. Parmi ses productions, dont le nombre ne s’élève pas à moins de 120, on remarque : les Mystères d’Udolphe, 1798 ; Cœlina ou l’Enfant du mystère, 1800 ; le Pèlerin blanc, 1801 ; l’Homme à trois visages, 1801 ; la Femme à deux maris, 1802 ; les Mines de Pologne, 1803 ; Tekéli, les Maures d’Espagne, 1804 ; la Forteresse du Danube, 1805 ; Robinson Crusoé, 1805 ; la Rose blanche et la Rose rouge, 1809 ; Marguerite d’Anjou, 1810 ; les Ruines de Babylone, 1810 ; le Chien de Montargis, 1814 ; Charles le Téméraire, 1814 ; Christophe Colomb, 1815 ; le Monastère, abandonné, 1816 ; la Fille de l’exilé, 1819 ; Valentine, 1820 ; l’Évasion de Marie Stuart, 1822 ; la Tête de mort, 1827 ; Latude, 1834. Il a donné lui-même ses Œuvres choisies, 4 vol. in-8, Nancy, 1841-1843, et y a joint, sous le titre de Souvenirs, une notice de sa propre vie.

GUILDFORD, v. d’Angleterre, capit. du comté de Surrey, sur la Wey, à 30 kil. S. O. de Londres ; 6000 hab. Jolie ville ; château en ruines, église de la Trinité, hôtel de ville, prison, théâtre, etc. — Jadis résidence de divers rois saxons et normands. Godwin fit périr dans le château de Guildford, en 1036, 600 partisans d’Alfred, fils du roi Éthelred. Cette v. donne le titre de comte à la famille North.

GUILDFORD (le duc de), 4e fils du duc de Northumberland, avait épousé Jeanne Grey, et comptait monter sur le trône avec elle, lorsqu’il fut arrêté et mis à mort par ordre de la reine Marie. V. GREY (Jane).

GUILDHALL, hôtel de ville de Londres. Cet édifice fut construit en 1411 ; il joue un assez grand rôle dans l’histoire d’Angleterre.

GUILHEN DE CASTRO. V. CASTRO.

GUILLARD (Nic. François), poëte dramatique, né à Chartres en 1752, mort en 1814, a composé les paroles de plusieurs opéras qui ont eu un grand succès, entre autres Iphigénie en Tauride, 1779, musique de Gluck ; Œdipe à Colone, 1787, musique de Sacchini ; la Mort d’Adam, 1809, musique de Lesueur.

GUILLAUME, en anglais William, en allemand Wilhelm. Ce nom a été porté par un grand nombre de personnages célèbres dans l’histoire.

Saints.

GUILLAUME (S.), seigneur d’Aquitaine, porta d’abord les armes sous Charlemagne, chassa les Sarrasins du Languedoc, et reçut de l’empereur en récompense le comté de Toulouse et le titre de duc d’Aquitaine. En 808, il renonça au monde et se retira dans la vallée de Gellone près de Lodève, où il bâtit le monastère nommé depuis St-Guilhem (ou Guillaume) du Désert. Il y vécut en saint, et mourut en 812, le 28 mai, jour où il est honoré.

GUILLAUME (S.), dit de Malavalle ou Maleval, gentilhomme français, fut d’abord militaire et mena une vie licencieuse ; mais s’étant converti, il entreprit le pèlerinage de Jérusalem afin d’expier ses fautes. À son retour, en 1153, il se fixa près de Sienne, dans la vallée déserte de Malavalle, et y vécut saintement jusqu’en 1167. Plusieurs personnes, attirées par la sainteté de sa vie, se réunirent dans ce lieu solitaire, et y formèrent la congrégation qui prit plus tard le nom de Guillemites. S. Guillaume est fêté le 10 février.

GUILLAUME (S.), archevêque de Bourges, de la famille des comtes de Nevers, vivait vers 1200. Après avoir été chanoine à Soissons et à Paris, il se retira dans la solitude de Grandmont (diocèse de Limoges), puis entra dans l’ordre de Cîteaux ; il y vivait dans la retraite lorsqu’il fut élevé malgré lui sur le siége de Bourges, en 1201. Il s’y fit remarquer par sa piété et sa tolérance. Il mourut le 16 janvier 1209 ; on l’honore ce jour-là même.

II. Ducs de Normandie et chefs normands.

GUILLAUME I, Longue Épée, fils de Rollon, sous la conduite duquel les Normands étaient venus s’établir en France, lui succéda vers 927, força les comtes de Bretagne à se reconnaître ses vassaux (928) ; battit le comte de Cotentin, qui était venu mettre le siége devant Rouen (933) ; défendit Charles le Simple contre Raoul, duc de Bourgogne, et contribua à replacer Louis d’Outremer sur le trône. Il périt en 943, assassiné par un comte de Flandre dans une conférence que ce seigneur lui avait proposée.

GUILLAUME II, dit le Bâtard et le Conquérant, qui devint roi d’Angleterre. V. ci-après.

GUILLAUME CLITON, fils de Robert II, duc de Normandie, qui avait été dépouillé de son duché par Guillaume le Roux et Henri I. Soutenu par le roi de France Louis le Gros, il somma Henri I de lui restituer son héritage (1116) et fit de vains efforts pour faire valoir ses droits. Il fut investi en 1127 du comté de Flandre, et périt en combattant pour s’y établir (1128).

GUILLAUME, dit Bras de Fer, 1er chef des Normands dans le royaume de Naples, était l’aîné des 12 fils de Tancrède de Hauteville. Il passa en Italie en 1035 avec Drogon et Humfroy, ses frères, et 300 aventuriers normands déguisés en pèlerins ; se mit d’abord au service de Guaimar IV, prince de Salerne, pour lequel il reprit Amalfi, puis à celui de George Maniacès, patrice grec, qui voulait enlever la Sicile aux Sarrasins. Après avoir combattu avec bravoure pendant six années pour la cause des grecs, Guillaume, irrité de la mauvaise foi de ses alliés, qui lui refusaient le salaire convenu, tourna ses armes contre eux, et conquit la Calabre et la Pouille (1042). Il se fit proclamer en 1043 comte de Pouille et partagea ses conquêtes entre ses compagnons. Il mourut en 1046, avant d’avoir consolidé sa puissance. Drogon, son frère, lui succéda.

GUILLAUME I, le Mauvais, roi normand des Deux-Siciles, 3e fils de Roger I, lui succéda en 1154, et m. en 1166. Il eut à combattre à la fois le pape Adrien IV, l’empereur grec Manuel, Robert II, prince de Capoue, et même ses sujets révoltés ; il réussit à triompher de toutes ces résistances, mais il ne maintint son pouvoir que par des cruautés qui le rendirent odieux et qui justifient bien son surnom.

GUILLAUME II, le Bon, fils, du précéd., roi des Deux-Siciles de 1166 à 1189, fut constamment en guerre avec l’empereur Frédéric Barberousse. Cependant il mérita le titre de Bon par les soins qu’il donna à la prospérité de ses sujets. Il eut pour successeur Tancrède, petit-fils du roi Roger.

GUILLAUME III, roi de Sicile, succéda à Tancrède, son père, en 1194, sous la tutelle de la reine Sibylle, sa mère, et fut dépossédé par l’empereur Henri VI, qui prétendait à la couronne de Sicile, du chef de Constance, sa femme. Enfermé en 1195 dans une forteresse du pays des Grisons après avoir été privé de la vue, il y resta jusqu’à la fin de ses jours.

III. Rois d’Angleterre.

GUILLAUME I, le Bâtard, le Conquérant, fils naturel de Robert le Diable, duc de Normandie, et d’une paysanne de Falaise, né en 1027, fut élevé comme un enfant légitime et présenté par son père, partant pour la croisade, comme le futur duc. Il perdit son père à l’âge de 8 ans (1035), et eut pendant quelques années à disputer son héritage contre des seigneurs puissants. Henri I, roi de France, qui l’avait protégé dans cette première lutte, envahit ensuite lui-même la Normandie ; mais il fut défait dans une sanglante bataille à Mortemer (1054), et Guillaume ne fut plus inquiété dans la possession de ses États héréditaires. L’occasion de les agrandir s’offrit bientôt à lui. Édouard le Confesseur, roi d’Angleterre, son parent et son ami, lui avait, à ce qu’il prétendait, légué en mourant ses États : Guillaume passa aussitôt en Angleterre, y vainquit, à la bataille d’Hastings (1066), Harold, son compétiteur au trône, et se fit couronner roi. Il employa, pour affermir sa conquête, des moyens odieux : il dépouilla de leurs domaines les seigneurs saxons pour en revêtir les guerriers normands, donna tous les emplois à ses compagnons d’armes, accabla le peuple d’impôts et de corvées, et fit bâtir la Tour de Londres pour tenir en respect les habitants de la ville. En 1072, il marcha contre Malcolm, roi d’Écosse, et le força à prêter hommage. Il eut depuis à soutenir une guerre de 15 ans contre son fils aîné Robert, qui, avec l’aide du roi de France Philippe Ier, lui disputait la Normandie. Il venait, en 1087, de commencer une expédition contre Philippe, pour se venger de quelques plaisanteries que ce prince s’était permises sur son embonpoint, lorsqu’il reçut une blessure mortelle au sac de Mantes. Il fut ramené à Rouen, où il mourut. Son corps, abandonné de ses fils, fut porté à Caen et inhumé dans l’église de St-Étienne (abbaye aux hommes), qu’il avait fondée. Ce prince eut de grands talents militaires, une bravoure qui allait jusqu’à la témérité, beaucoup d’adresse et d’énergie, mais il se montra fourbe, cruel et vindicatif. Sa Vie a été écrite par plusieurs historiens, entre autres par l’abbé Prévost. L’Histoire de la conquête de l’Angleterre par Guillaume a été écrite par Augustin Thierry (1825). Une statue équestre lui a été élevée à Falaise.

GUILLAUME II, dit le Roux, de la couleur de ses cheveux, fils du précéd., avait été destiné par son père à régner sur l’Angleterre, tandis que son frère aîné Robert devait posséder la Normandie. Il fut couronné roi en 1087. Robert, soutenu par les grands du royaume, lui disputa le trône, mais sans succès ; ce prince finit même par lui engager son duché de Normandie pour 10 000 marcs d’or, en partant pour la croisade (1096). Guillaume s’empara de ce duché pendant que son frère était en Terre-Sainte ; mais il eut à comprimer plusieurs révoltes des Normands, excitées par Philippe, roi de France. Ses exactions, ses violences, ses cruautés le faisaient détester de tous ; S. Anselme, abbé du Bec, accablé par lui de mauvais traitements, fut contraint de se réfugier à Rome. Il mourut en 1100, tué accidentellement à la chasse par W. Tyrrel.

GUILLAUME III, né en 1650, à La Haye, était fils le Guillaume II de Nassau, prince d’Orange, et de Henriette Marie Stuart, fille de Charles I, roi d’Angleterre. Il fut élu stathouder de Hollande en 1672, sous le nom de prince d’Orange, et commanda les troupes de la république, alors en guerre avec Louis XIV. Quoique souvent vaincu dans cette guerre, notamment à Senef (1674), il fit partout face à l’ennemi, donna les preuves les plus éclatantes de courage, de prudence et d’habileté, et conclut avec la France, à Nimègue, une paix honorable, qui assurait l’indépendance des Provinces Unies (1678). Guillaume d’Orange avait épousé Marie, fille de Jacques II, roi d’Angleterre : Jacques, par sa prédilection marquée pour la religion catholique, irritait de jour en jour les Anglais : son gendre, profitant de cet état des esprits, se fit un parti puissant en Angleterre, débarqua en 1688 avec une flotte sur les côtes, et se vit aussitôt entouré de nombreux partisans, à la tête desquels était le célèbre Marlborough. Il obligea le faible Jacques II à se retirer en France, et se fit proclamer roi à sa place, sous le nom de Guillaume III (1689), tout en conservant son titre de stathouder en Hollande. Jacques, soutenu par Louis XIV, ayant tenté de recouvrer son trône, il le vainquit à la Boyne en Irlande (1690). Deux ans après, sa flotte battit les Français à La Hogue (1692), et bien que défait à Steinkerque et à Nerwinde (1692 et 93), il força le roi de France à le reconnaître roi d’Angleterre par la paix de Ryswick (1697). Après avoir eu de grandes difficultés à vaincre dans l’intérieur de ses nouveaux États, Guillaume III se rendit enfin maître de tous les esprits, et put consacrer la liberté politique et religieuse. Il mourut en 1702, d’une chute de cheval, laissant l’Angleterre paisible et puissante. Anne, sa belle-sœur, lui succéda. Sa Vie a été écrite par Trévor, Londres, 1839, et par Macaulay, 1848.

GUILLAUME IV, 3e fils de Georges III, né en 1765, mort en 1837, porta à partir de 1788 le titre de duc de Clarence. Il servit sur mer dès sa première jeunesse, devint amiral après avoir passé par tous les grades, et protégea constamment la marine. Avant de monter sur le trône, ce prince avait longtemps mené une conduite scandaleuse, vivant publiquement avec l’actrice Jordans. Il épousa en 1818 une fille du duc de Saxe-Meiningen, mais il n’en eut point de postérité. Après la mort de George IV, en 1830, il fut proclamé roi. Il favorisa successivement les whigs et les tories ; cependant la réforme parlementaire fut accomplie sous son règne (1832). Il fut remplacé sur le trône par sa nièce, la reine Victoria.

IV. Comtes de Hollande et rois des Pays-Bas.

GUILLAUME, comte de Hollande, fut pendant le grand interrègne proclamé empereur d’Allemagne par le pape Innocent IV en 1247, en opposition à Frédéric II, et resta seul maître de l’empire à la mort de Conrad IV, 1254. Plus occupé de ses affaires propres que de celles de l’empire, il fit la guerre à ses voisins pour étendre ses États. Il périt en 1256, dans une guerre contre les Frisons.

GUILLAUME DE NASSAU-ORANGE, stathouders de Hollande. V. NASSAU et GUILLAUME III (roi d’Angl.).

GUILLAUME Ier, roi des Pays-Bas, né en 1772 à la Haye, était fils de Guillaume V, stathouder de Hollande (dépossédé par les Français et mort à Brunswick en 1806), et fut d’abord connu sous les titres de prince d’Orange, de duc de Nassau, de Prince héréditaire des Provinces-Unies de Hollande. Il servit dans la campagne contre la France en 1793 et 94 sous le prince de Cobourg, disputa vainement son pays aux Français, fut dépouillé par Napoléon I de ses possessions patrimoniales en Allemagne pour avoir refusé d’accéder à la Confédération du Rhin, rentra en Hollande des 1813, après la bataille de Leipsick, prit dès lors le titre de prince souverain, et reçut des Alliés en 1815 celui de roi des Pays Bas, réunissant sous son sceptre la Belgique et la Hollande. Il donna à son peuple une constitution et un gouvt représentatif, mais il s’aliéna les Belges en inquiétant le culte catholique et en imposant l’usage de la langue flamande. Une insurrection formidable éclata à Bruxelles le 25 août 1830, peu de jours après la révolution de France. Malgré sa longue et énergique résistance, il ne put empêcher la séparation des deux pays : il finit par y accéder en 1838. Bientôt il mécontenta les Hollandais eux-mêmes en présentant un budget onéreux, qui fut rejeté (1839), et en contractant un mariage avec une dame belge et catholique, la comtesse d’Oultremont. Dégoûté du trône, il abdiqua en 1840, et se retira à Berlin, où il mourut subitement en 1843, laissant une fortune de plus de 300 millions. — Guillaume II, né en 1792, qui lui avait succédé en 1840, mourut dès 1848 : il s’était attaché à diminuer les charges du peuple et à concilier tous les intérêts. Il eut pour successeur son fils, né en 1817, qui prit le nom de Guillaume III.

V. Rois et princes divers.

GUILLAUME, roi d’Écosse, surnommé le Lion, parce qu’il portait un lion dans ses armes, succéda en 1165 à son frère Malcolm IV, fit la guerre à Henri II, roi d’Angleterre, fut vaincu, fait prisonnier, enfermé au château de Falaise, et ne recouvra sa liberté qu’après s’être reconnu vassal du roi d’Angleterre. À l’avènement de Richard Cœur de Lion, il se délivra de ce vasselage moyennant 10 000 marcs d’argent Depuis, il régna paisible jusqu’à sa mort, en 1214.

GUILLAUME, ducs d’Aquitaine. L’Aquitaine a eu dix ducs de ce nom. Les plus connus sont : G. I, le Saint V. ci-dessus GUILLAUME (S.). — G. III, dit Tête d’étoupe à cause de la couleur de ses cheveux ; il régna de 942 à 956, se vit forcé de faire hommage de son duché à Louis d’Outremer, fut en guerre avec le roi Lothaire qui le battit à Poitiers en 954, et le força à lui fournir des secours contre le comte de Champagne. — G. V, le Grand (993-1030) : il protégea les sciences et les lettres, les cultiva lui-même et établit une école dans son palais. Il se retira dans l’abbaye de Maillezais et y prit l’habit. — G. IX (1086-1127), guerrier et troubadour. Il partit en 1101 pour la Terre-Sainte avec une nombreuse armée et revint presque seul. Livré au plaisir et à la galanterie, il dépouilla souvent des monastères pour enrichir des femmes et des courtisans et fut excommunié en 1119 par le concile de Reims. On trouve quelques pièces de lui dans la Bibliothèque du Poitou de Dreux du Radier. — G. X, dernier duc d’Aquitaine (1127-1137), fils du préc., s’abandonna, comme son père, au plaisir. Son règne fut agité par des guerres presque continuelles, tantôt contre le roi Louis le Gros, tantôt contre les Normands. À sa mort, ses États passèrent entre les mains de sa fille Éléonore, si connue sous le nom d’Éléonore de Guyenne.

V. Savants, artistes, etc.

GUILLAUME D’APULIE ou DE POUILLE, Gulielmus Apuliensis, moine du Mont-Cassin au XIe siècle, composa vers 1090, à la demande du pape Urbain II, une Chronique en vers latins où il raconte les conquêtes des Normands dans l’Apulie, la Calabre et la Sicile. Cette chronique, en vers faciles, donne de précieux renseignements sur cette partie de l’histoire. Éditée pour la 1re fois à Rouen en 1582, elle a été reproduite dans les recueils de Leibnitz et de Muratori.

GUILLAUME DE JUMIÉGES, bénédictin, de l’abbay de Jumiéges, mort vers 1090, est auteur d’une Histoire des Normands, en latin, trad. dans la collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, de M. Guizot. Elle forme 2 parties : la Ire va jusqu'en 996, et n'est qu'un abrégé de Dudon; la IIe va jusqu'à 1066. Ce chroniqueur peint les mœurs et les caractères avec vérité.

GUILLAUME DE CHAMPEAUX, Gulielmus de Campellis, philosophe scolastique, archidiacre de Paris, était fils d'un laboureur de Champeaux en Brie. Il enseigna avec éclat à l'école du Cloître Notre-Dame à Paris, puis au Cloître St-Victor, et compta Abélard au nombre de ses disciples. Éclipsé dans ses leçons et vaincu dans la dispute par son élève, il renonça à l'enseignement. Il fut nommé en 1113 évêque de Châlons-sur-Marne, prit l'habit de Cîteaux en 1119 et mourut deux ans après. G. de Champeaux était un des plus zélés défenseurs de la doctrine réaliste. Il a laissé un Traité de l'origine de l'âme (dans le tome V du Thésaurus du P. Martène) et un Livre des sentences, resté manuscrit.

GUILLAUME DE MALMESBURY, historien anglais, né vers 1066, d'une famille normande, mort vers 1142, était bénédictin. Il a laissé une histoire d'Angleterre en 2 parties : Gesta Regum Anglorum, de 455 à 1120, et Historia novella, de 1120 à 1142. Elle a été pub. par T. D. Hardy, Londr., 1840, 2 vol. in-8. C'est, après l'ouvrage de Bède, la première histoire digne de ce nom que possède l'Angleterre.

GUILLAUME DE TYR, archevêque de Tyr, né à Jérusalem vers 1138, vint étudier les lettres en Occident, et à son retour dans sa patrie gagna la confiance d'Amaury, roi de Jérusalem; fut nommé par ce prince archidiacre de la métropole de Tyr en 1167, et précepteur de son fils Baudoin, fut chargé de plusieurs missions à Constantinople et à Rome, concerta une alliance avec Manuel, empereur grec, 1108, devint archevêque de Tyr en 1174, assista au concile de Latran en 1178, refusa de reconnaître la suprématie d'Héraclius, patriarche de Jérusalem, qui tenta de l'empoisonner, 1184, vint en 1188 prêcher une croisade en Europe et mourut vers 1193. On a de lui : Historia belli sacri a principibus christianis in Palæstina et in Oriente gesti, Bâle, 1549, in-f., insérée dans les Gesta Dei per Francos de Bongars et reimpr. dans les Historiens des Croisades publ. par l'Acad. des inscr., Paris, 1844-59, in-f., trad. en franç. dès 1573 par G. du Préau. Cette histoire, qui malheureusement est inachevée (elle ne va que jusqu'en 1183), a le cachet de la sincérité; elle se lit avec intérêt et avec fruit. Guillaume de Tyr avait aussi composé une Histoire des Arabes, qui s'est perdue.

GUILLAUME LE BRETON, G. Armoricus, historien et poëte, né en Bretagne vers 1165, mort vers 1226, remplit les fonctions de conseiller intime auprès de Philippe-Auguste, dont il obtint, entre autres bénéfices, un canonicat à Senlis. On a de lui une Histoire des gestes de Philippe-Auguste et la Philippide, poëme en 12 livres : ces deux ouvrages, écrits en latin, se trouvent, le 1er dans la collection des Historiens de France et dans les Mém. relatifs à l'histoire de France de M. Guizot, le 2e dans la collection de Duchesne.

GUILLAUME D'AUVERGNE, philosophe scolastique, né à Aurillac, fut nommé en 1228 évêque de Paris et mourut en 1249. Il se fit remarquer par l'étendue de ses connaissances et par l'originalité de ses vues, principalement sur la théologie naturelle. Il penchait vers le Platonisme. Il avait étudié les Néo-platoniciens et les auteurs arabes; on croit qu'il fut le premier en Europe à faire usage des livres attribués à Hermès Trismégiste. Ses ouvrages ont été publ. à Nuremberg, 1496, in-fol., et à Orléans, 1674, 2 vol. in-fol.

GUILLAUME DE ST-AMOUR, docteur en Sorbonne et chanoine de Beauvais, né vers 1200 à St-Amour (Jura), mort en 1272, combattit l'institution des Frères mendiants et attaqua sans mesure les abus du clergé dans un livre hardi, les Périls des derniers temps, 1256, qui fut condamné par le pape.

GUILLAUME DE MŒRBEKA ou DE MEERBECKE, dominicain, né vers 1230 à Meerbecke (Brabant), était disciple d'Albert le Grand et ami de S. Thomas. Il fut chapelain et pénitencier du pape Clément IV (1268), accompagna Grégoire X au Concile de Lyon (1274), fut nommé par Jean XXI archevêque de Corinthe, et mourut dans son diocèse vers 1300. Possédant également le grec et l'arabe, il rendit d'importants services à son siècle : il entreprit, à l'instigation de S. Thomas, une nouv. trad. latine d'Aristote; il traduisit aussi divers traités de Simplicius, de Proclus, d'Hippocrate. La plupart de ces trad. sont restées inédites; M. V. Cousin a inséré dans son Proclus ce que Guillaume avait trad. de cet auteur.

GUILLAUME DE NANGIS, bénédictin de St-Denis, mort en 1300, fut garde des chartes de St-Denis de 1289 à 1299. Il est auteur d'une Chronique des rois de France; des Vies de S. Louis et de ses frères, Philippe le Hardi et Robert, insérées dans la collect. d'A. Duchesne, et pub. à part par H. Géraud, 1843.

GUILLAUME DE LORRIS, poëte français du XIIIe siècle, né à Lorris, près de Montargis, vivait au temps de S. Louis et mourut fort jeune, en 1260, à ce qu'on croit. Il est auteur du célèbre roman de la Rose, continué par Jean de Meung; ce n'est autre chose que l'art d'aimer, mis sous une forme allégorique. La Rose, si difficile à cueillir, est la femme aimée que l'amant n'obtient qu'après mille obstacles. Cet ouvrage a été fréquemment imprimé ; on estime surtout l'édition de Méon, Paris, 1814, 4 vol. in-8. La partie du roman de la Rose composée par Guillaume de Lorris renferme 4000 vers de huit syllabes.

GUILLAUME, dit Frère Guillaume, peintre sur verre, né à Marseille en 1475, mort à Arezzo, en 1537, était dominicain. Sur l'invitation du pape Jules II, il accompagna en Italie le frère Claude, son compatriote, habile peintre sur verre, et exécuta avec lui de belles verrières pour le Vatican. Il peignit seul les vitraux de Ste Marie dell' Anima, à Rome, ainsi que ceux de la cathédrale et de l'église St-François d'Arezzo.

GUILLAUMES, bourg de France (Alpes marit.), ch.-l. de c. de l'arr. de Puget-Théniers, près de la r. g. du Var; 1200 hab. Anc. ville forte; rochers à pic.

GUILLEMINOT (Charles, comte), lieutenant général et pair de France, né à Dunkerque en 1774, mort à Bade en 1840, fit toutes les campagnes de l'Empire en qualité de chef d'état-major, fut créé général de division en 1813, fut nommé en 1816 directeur général du dépôt de la guerre, et prit une grande part à la réorganisation de cette administration. En 1823 il dressa les plans de l'expédition d'Espagne sous le commandement du duc d'Angoulême, accompagna ce prince dans l'expédition, conseilla la célèbre ordonnance d'Andujar et fut à son retour créé pair de France. En 1824, il fut nommé ambassadeur près la Porte ottomane et seconda les réformes entreprises par le sultan Mahmoud. Il fut rappelé en 1831, et vécut depuis dans la retraite. Il a publié la Campagne de 1823, Paris, 1826.

GUILLEMITES, congrégation religieuse instituée en 1153 par S. Guillaume de Malavalle, fut d'abord établie dans la vallée de Malavalle, près de Sienne, puis se répandit dans toute l'Italie, en France et en Allemagne. Dès 1256 les Guillemites eurent un monastère à Montrouge près Paris ; ils furent transférés en 1298 à Paris même, au Marais. Ils portaient de grands manteaux blancs, d'où ils reçurent le nom de Blancs-Manteaux. — Longtemps avant la Révolution, les Guillemites n'avaient plus de maison en France.

GUILLERAGUES (le comte LAVERGNE de), né à Bordeaux, était 1er président de la cour des aides de Bordeaux lorsqu'il fut nommé, en 1679, ambassadeur à Constantinople. Il a laissé une relation de son Ambassade auprès du Grand Seigneur, Paris, 1687. Boileau lui a adressé sa 1re épître, sur la Nécessité de se connaître soi-même.

GUILLERI (les frères), nom de trois brigands fameux pendant les guerres de la Ligue : ils étaient issus d'une famille noble de Bretagne et avaient servi parmi les Ligueurs sous le duc de Mercœur. Lorsque Henri IV fut monté sur le trône, ils levèrent une troupe de voleurs avec laquelle ils parcoururent les grandes routes, et mirent à contribution les châteaux du Lyonnais, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou. Ils avaient établi leur quartier général au château des Essarts, sur les frontières de la Bretagne et du Bas-Poitou. Assiégés dans cette retraite en 1608, ils furent faits prisonniers après une longue résistance, et rompus vifs sur la place de Saintes.

GUILLESTRE, ch.-l. de cant. (H.-Alpes), à 19 k. N. E. d'Embrun ; 1000 hab. Anc. place forte. Toiles, usine à fer. Marbres aux environs.

GUILLET (Pernette DU), femme poëte du XVIe s., contemporaine et émule de Louise Labé, née à Lyon en 1520, morte dès 1545, possédait une grande instruction et s'était de bonne heure fait connaître par des poésies gracieuses et par des chansons qu'elle chantait elle-même en s'accompagnant du luth ou de l'épinette. Ant. Dumoulin fit imprimer les Rymes de gentille et vertueuse dame Pernette du Guillet ; elles ont été réimpr. à Lyon en 1856.

GUILLON, ch.-l. de c. (Yonne), sur le Serein, à 14 kil. N. E. d'Avallon ; 800 hab. Un traité y fut conclu en 1359, pour l'évacuation de la Bourgogne par les Anglais.

GUILLON (l'abbé), évêque de Maroc, né à Paris en 1760, mort en 1847, publia en 1788 des Mélanges de littérature orientale qui le firent remarquer de Barthélemy, fut introduit par ce savant chez la princesse de Lamballe, qui le prit pour aumônier, lecteur et bibliothécaire ; combattit la constitution civile du clergé, fut forcé de se cacher sous la Terreur, et exerça la médecine à Sceaux ; reparut en 1801 pour publier des Recherches sur le Concordat, qui lui valurent quatre mois de détention au Temple, fut néanmoins, lors du rétablissement du culte, nommé chanoine de Paris et bibliothécaire de l'archevêché, et accompagna le cardinal Fesch à Rome. Appelé à la Faculté de théologie de Paris dès sa création (1810), il fit avec distinction le cours d'éloquence sacrée pendant 30 ans, devint doyen de cette Faculté, puis inspecteur de l'Académie de Paris. Promu par Louis-Philippe à l'évêché de Beauvais, il ne put obtenir ses bulles du pape, parce qu'il avait administré l'abbé Grégoire, évêque constitutionnel de Blois, sans avoir observé toutes les règles ecclésiastiques ; néanmoins, ayant reconnu ses torts, il fut nommé en 1832 évêque in partibus de Maroc. Outre quelques ouvrages littéraires ou philosophiques (Commentaires de La Fontaine, Entretiens sur le suicide, Histoire de la philosophie, etc.), l'abbé Guillon a publié une Bibliothèque choisie des Pères grecs et latins, traduits en français (Paris, 1825-28, 26 vol. in-8). Il a donné en outre en 1838 une trad. complète de S. Cyprien. Combattant à la fois l'ultramontanisme et l'incrédulité, il publia en 1835 une Réfutation des ouvrages de M. de Lamennais, et en 1842 un Examen des doctrines de Gibbon, Strauss et Salvador.

GUILLOTIÈRE (LA), faubourg de Lyon, sur la r. g. du Rhône. Fabriques de soies, d'acide sulfurique, vitriol, etc. C'était avant 1852 une commune distincte de Lyon, qui comptait 38 000 h.

GUILLOTIN (Jos. Ignace), médecin, né à Saintes en 1738, mort en 1814, exerçait son art à Paris lorsqu'il fut élu membre de l'Assemblée nationale. Il s'y fit remarquer par la sagesse de ses vues et la modération de ses principes. Voulant diminuer les souffrances des suppliciés, il proposa l'abolition du genre de supplice suivi jusqu'alors : sa proposition ayant été acceptée, le peuple donna son nom à la machine fatale employée pour exécuter les condamnés. Ce n'est cependant pas lui qui est l'inventeur de la guillotine : il s'était borne à faire décréter l'égalité des peines et à recommander la recherche d'un supplice prompt et uniforme (1er déc. 1789); ce fut le Dr Ant. Louis, secrétaire de l'Académie de chirurgie, qui détermina le mode de supplice et qui arrêta, avec un mécanicien du nom de Schmidt, le plan de la machine, qui fut employée pour la première fois le 25 avril 1792 (V. l'art. GUILLOTINE dans notre Dict. univ. des Sciences).

GUIMARAENS, v. du Portugal (Minho), à 42 kil. N. E. de Porto : 8000 hab. Palais construit par Alphonse I, duc de Bragance ; plusieurs belles places ; église collégiale. Coutellerie, quincaillerie, linge de table. Patrie du roi Alphonse I et du pape Damase I.

GUIMARD (Marie Madeleine), célèbre danseuse, née à Paris en 1743, morte en 1816, entra en 1762 à l'Opéra où elle éclipsa bientôt toutes ses rivales, et eut longtemps la vogue. Elle fit époque dans les annales du scandale comme dans celles de l'art. Elle s'était fait bâtir, rue de la Chaussée-d'Antin, un magnifique hôtel et un théâtre, mais elle finit par se ruiner.

GUIMOND DE LA TOUCHE (Claude), poëte dramatique, né à Châteauroux vers 1723, mort en 1760, entra chez les Jésuites en 1739, et fut obligé, après 14 ans, de quitter la Compagnie pour avoir frondé quelques-unes des pratiques qui y étaient usitées. Rentré dans le monde, il se consacra à la poésie dramatique : en 1757 il présenta au Théàtre-Français la tragédie d’Iphigénie en Tauride, œuvre bien conçue et pathétique, qui, malgré des incorrections de style, eut un très-grand succès. On a aussi de lui une Épître à l'Amitié et les Soupirs du cloître, ou le Triomphe du fanatisme, violente satire contre les Jésuites, qui n'a paru qu'après sa mort.

GUINÉE, vaste région de l'Afrique occidentale comprise entre la colonie de Sierra-Leone au N. et le cap Lopez au S., s'étend, sur une longueur d'environ 3000 k., de lat. N. à 2° lat. S. Elle est bornée au N. par le Soudan et la Sénégambie, à l'O. et au S. O, par l'Océan, au S. par le Congo, à l'E. par des pays peu connus. Cette région est vulgairement divisée en six côtes, qui, en allant du N. O. au S. E., sont : la Côte du Vent (subdivisée en Côte des Graines, de Malaguette ou du Poivre, et Côte des Dents ou d'Ivoire), la Côte d'Or, la Côte des Esclaves, la Côte de Bénin, la Côte de Calabar et la Côte de Gabon. Quelques-uns étendent le nom de Guinée à tout le littoral africain compris depuis le cap Rouge en Sénégambie jusqu'au cap Nègre, au S. de l’État de Kakonda, par 12° lat. S., et divisent alors la Guinée en Guinée septentrionale, depuis le cap Rouge jusqu'au golfe de Biafra, ou même jusqu'au cap Lopez, et Guinée méridionale, ou côte d'Angola, au S. de la première. — Les Espagnols et les Portugais découvrirent successivement les divers points de la côte de Guinée (du cap Rouge au cap Nègre) de 1446 à 1484.

GUINÉE (golfe de), partie de l'Océan Atlantique qui s'étend le long des côtes de la Guinée, depuis le cap Palmar jusqu'au cap Lopez, par 10° long. O. et 7° long. E. et par 5° lat. N. et 2° lat. S. Il forme deux golfes plus petits, celui de Bénin et celui de Biafra, et contient les îles de Fernando-Po, du Prince, de St-Thomas et d'Annobon.

GUINÉE (NOUVELLE-). V. PAPOUASIE.

GUINEGATTE et mieux ENGUINEGATTE, lieu du Pas-de-Calais, à 20 kil. N. O. de St-Omer : 400 hab. Il s'y livra deux batailles funestes à la France, l'une le 4 août 1479, entre Maximilien d'Autriche et Louis XI ; l'autre le 16 août 1513, entre les Français et les Anglais. Pour cette dernière, V. ÉPERONS (journée des).

GUINES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 31 kil. N. E. de Boulogne : 4500 hab. Canal. Fabriques de tuiles et de dentelles ; raffineries de sel. Grand commerce de bestiaux, volailles, gibier ; entrepôt des bois de la forêt de Guines et de la houille de Hardinghen. Jadis ch.-l. d'un comté, et l'une des plus fortes places de la Picardie. C'est entre Guines et Ardres que se tint l'entrevue du Camp du drap d'or. G. fut une des dernières villes rendues par les Anglais.

GUINGAMP, ch.-l. d'arr. (Côtes-du-Nord), à 31 kil. N. O. de St-Brieuc, sur le Trieux : 6466 hab, Trib., collége, société d'agriculture. Église et halle remarquables. Fabriques de fil et de percales lustrées, dites guingamps ; tanneries, etc. — Jadis ch.-l, du duché de Penthièvre. GUI-PAPE. V. GUI.

GUIPUSCOA, une des provinces basques de l'Espagne, la plus au N. E., a donné son nom à une capitainerie générale située entre le golfe de Biscaye au N., la Vieille-Castille à l'O. et au S., et la Navarre à l'E. qui compte 375 000 hab., et qui comprend 3 intendances : Guipuscoa au N. E., ch.-l., St-Sébastien: Biscaye au N. O., ch.-l., Bilbao; Alava au S., ch.-l. Vittoria. Sol montagneux, traversé par les Pyrénées, et riche en mines de fer. — L'intendance de Guipuscoa a 141 762 h. Outre St-Sébastien, son ch.-l., elle renferme Fontarabie. — Le Guipuscoa faisait partie du pays des Cantabres. Soumis avec peine par les Romains sous Auguste, il passa successivement sous la domination des Goths, des Maures, des rois de Navarre et des rois de Castille (depuis 1200). Comme les autres provinces basques, il jouissait de priviléges importants nommés fueros, et il a combattu longtemps pour les conserver. V. FUEROS.

GUIRAUD (le baron Alexandre), né en 1788 à Limoux (Aude), mort en 1847, était fils d'un manufacturier, et jouissait d'une aisance qui lui permit de se livrer à ses goûts littéraires. Après avoir remporté quelques palmes aux jeux Floraux, il vint à Paris, présenta en 1820 au Théâtre-Français la tragédie de Pelage, dont la représentation fut défendue parce qu'un archevêque y était mis en scène; fit jouer à l'Odéon en 1822 les Machabées, tragédie en 5 actes, qui obtint un grand succès; donna l'année suivante le Comte Julien ou l'Expiation, qui réussit moins bien, et en 1827 Virginie, qui fut plus heureuse. Il abandonna de bonne heure le théâtre et consacra son talent à la poésie lyrique et élégiaque; on estime ses Élégies savoyardes, 1823; ses Chants hellènes, 1824. On a aussi de lui des romans chrétiens : Césaire, Flavien ou De Rome au désert, et un ouvrage plus sérieux, la Philosophie catholique de l'histoire. Comme Soumet, son compatriote et son ami, Guiraud répandit dans ses écrits les sentiments religieux qui étaient dans son cœur. Il avait été reçu à l'Acad. française en 1826.

GUIRAUDET (Ch.), littérateur, né à Alais en 1754, mort à Dijon en 1804, était lecteur de Madame au moment de la Révolution. Il fut député par la ville d'Alais à l'Assemblée Constituante en 1790, devint secrétaire général du ministère des relations extérieures sous le Directoire, et préfet de la Côte-d'Or sous le Consulat. Il a laissé des Contes en vers, 1780; un traité de l’Influence de la tyrannie sur la morale publique, 1796; des Discours sur Machiavel, et une Traduction de Machiavel, 1799, ouvrage resté incomplet et peu estimé.

GUISCARD, ch.-l. de c. (Oise), sur la Verse, à 34 kil. N. E. de Compiègne; 1400 hab. Château.

GUISCARD (Robert). V. ROBERT GUISCARD.

GUISE, ch.-l. de c. (Aisne), sur l'Oise, à 24 kil. N. O. de Vervins; 4000 hab. Ville forte, jadis importante, enceinte flanquée de tours. Lin, chanvre, fil, huile; tanneries, filatures. Patrie de Camille Desmoulins. — Cette ville, fondée au IXe siècle, était jadis la capit. de la Thiérache. Elle devint ensuite la cap. d'un comté particulier qui, en 1333, fut apporté en dot au duc de Lorraine Raoul par Marie de Blois ou de Châtillon, et qui fut érigé en duché par François I en 1528 en faveur de Claude, 3e fils du duc de Lorraine René II. Claude fut ainsi le chef de la maison de Guise, qui se divisa en deux branches, celle des ducs de Guise, éteinte en 1675, et celle des ducs d'Elbeuf, qui survécut jusqu'en 1825. — La v. de Guise fut prise par les Anglais en 1423, reprise en 1426; prise par les Impériaux en 1536, reprise par François I; assiégée vainement en 1543 et 1636, et, grâce à la vigoureuse résistance du marquis de Bridieu, en 1650.

GUISE (Claude DE LORRAINE, duc de), tige de l'illustre maison de Guise, né en 1496, mort en 1550, était le 3e fils de René II, duc de Lorraine, et fut d'abord connu sous le nom de comte d'Aumale. Il vint se fixer en France vers la fin du règne de Louis XII, y obtint des lettres de naturalisation, servit avec la plus grande distinction sous François I, fit des prodiges de valeur à la bat. de Marignan (1515), défit les Anglais devant Hesdin (1522), et repoussa les paysans de l'Alsace et de la Souabe qui voulaient envahir la Lorraine (1525). François I, pour le récompenser, érigea en sa faveur le comté de Guise en duché-pairie (1527), et le nomma gouverneur de la Champagne. En 1542 il conquit le duché de Luxembourg ; l'année suivante il repoussa les Impériaux déjà maîtres d'une partie de la France. Il avait épousé en 1513 Antoinette de Bourbon, tante d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, père d'Henri IV; il en eut François, duc de Guise; Claude II, duc d'Aumale (V. AUMALE); Charles, card. de Lorraine.

GUISE (Franç. DE LORRAINE, duc de), fils aîné du précéd., né en 1519, est un des plus grands capitaines qu'ait eus la France. Il se distingua dès 1545, au siége de Boulogne, où il reçut une blessure à la figure qui lui valut le surnom de Balafré. Nommé en 1552 par Henri II lieut. général des Trois-Évêchés, il soutint victorieusement contre Charles-Quint le siège de Metz (du 31 oct. 1552 au 15 janv. 1553), et gagna en 1554 avec Tavannes, sur le même ennemi, la bataille de Renty. Mis en 1557 à la tête d'une armée envoyée, à la sollicitation du pape Paul IV, pour conquérir le royaume de Naples, que défendait le duc d'Albe, il remporta plusieurs victoires, mais il échoua dans cette entreprise, privé des secours qu'avait promis le pape. Rappelé en France après la défaite de St-Quentin (1557, et investi d'un pouvoir extraordinaire avec le titre de lieutenant général du royaume, il refoula les Anglais vers le Nord, leur enleva Calais, Guines, Ham (1558), battit dans la même année les Espagnols à Thionville, et amena ainsi la paix de Cateau-Cambrésis (1559). A la mort de Henri II, qui eut lieu peu après, François de Guise et son frère le cardinal de Lorraine, oncle du nouveau roi, le jeune François II, qui avait épousé leur nièce (Marie Stuart), s'emparèrent du gouvernement. Adversaires ardents du Calvinisme, ils déjouèrent la conjuration d'Amboise, 1560, et poursuivirent le procès de Louis de Condé et d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, arrêtés dans Orléans. Privé de son influence à l'avénement de Charles IX, le duc de Guise forma en 1561, avec le connétable de Montmorency et le maréchal de St-André, un célèbre triumvirat dans le but de ressaisir le pouvoir. Le massacre des Protestants à Vassy (1562), par les gens de sa suite, donna le signal des guerres de religion. Il commanda l'armée catholique avec Montmorency, et gagna sur Condé et Coligny, chefs de l'armée protestante, la bataille de Dreux (1562) ; mais, l'année suivante, lorsqu'il se préparait à assiéger Orléans, la place d'armes des Huguenots, il fut tué d'un coup de pistolet par un gentilhomme protestant nommé Poltrot de Méré.

GUISE (Henri I DE LORRAINE, duc de), le 2e Balafré, fils aîné de François de Guise, né en 1550, fut témoin du meurtre de son père sous les murs d'Orléans, et voua dès ce moment une haine implacable aux Protestants. Après s'être couvert de gloire par sa défense de Poitiers contre l'amiral Coligny (1569), il se déshonora en prenant le rôle d'assassin : c'est lui qui commença le massacre de la St-Barthélemy en ordonnant le meurtre de l'amiral (1572). En 1575 il défit, près de Dormans (Marne), un corps d'Allemands alliés des Huguenots : il reçut dans cette action une blessure au visage qui lui valut le surnom de Balafré. L'année suivante se forma la Ligue ; le duc de Guise en fut le chef. Depuis ce moment jusqu'à sa mort, il fit tout pour s'ouvrir la voie au trône, faisant prêcher et répandre des libelles contre Henri III, traitant avec le roi d'Espagne Philippe II, qui lui envoya de l'argent (1585), et avec le pape Grégoire XIII, qui favorisait la Ligue. Il fit enfin rédiger un mémoire qui demandait le changement de gouvernement et l’établissement de l’inquisition, et il le présenta dans l’assemblée tenue à Nancy (1588). Après cet acte, et malgré la défense de Henri III, il entra dans Paris où il fut reçu avec enthousiasme et tint le roi assiégé dans le Louvre à la journée des Barricades, 12 mai 1588. Toutefois, il n’osa prendre la couronne, et se contenta de faire signer au roi l’édit de l’Union, qui le nommait lieutenant général du royaume. Henri, courroucé, dissimula, et convoqua les États généraux à Blois pour y traiter de la réforme du royaume. À peine le duc de Guise y était-il arrivé qu’il fut assassiné dans le château royal par des gardes apostés à la porte du cabinet du roi (23 déc. 1588). — Son frère, Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de Reims, qui avait activement secondé ses projets, fut lui-même mis à mort le lendemain. — La mort du duc de Guise a fourni le sujet de quelques tragédies, parmi lesquelles nous citerons les États de Blois, par Raynouard, 1814.

GUISE (Charles DE LORRAINE, duc de), fils de Henri de Guise et de Catherine de Clèves, né en 1571, fut arrêté après le meurtre de son père, quoiqu’il n’eût que 17 ans, et détenu à Tours. Il parvint à s’échapper en 1591 et prit d’abord les armes contre Henri IV, mais il fit bientôt après sa soumission, et reçut le gouvt de la Provence. En 1622 il conduisit une flotte contre les Rochelois et les battit, mais, ayant inspiré de l’ombrage à Richelieu, il se retira en Italie, où il mourut en 1640.

GUISE (Henri II DE LORRAINE, duc de), 4e fils du préc., né en 1614, fut d’abord destiné à l’Église. Il avait déjà été nommé à l’archevêché de Reims lorsque, devenu l’aîné de sa famille, il rentra dans le monde. Il eut même une fâcheuse célébrité par ses aventures galantes. Il se jeta dans le parti du comte de Soissons contre Richelieu, quitta la France avec la comtesse, et fut en son absence condamné à mort par le parlement de Paris ; mais il fit sa paix avec la cour en 1643. En 1647, il se rendit en Italie pour seconder la révolte des Napolitains contre l’Espagne (V. MASANIELLO) ; il défit les troupes espagnoles commandées par don Juan, et saisit les rênes du gouvernement ; mais ses galanteries indisposèrent certains nobles de Naples, qui ouvrirent les portes à l’ennemi. Il fut fait prisonnier et conduit en Espagne, où il resta jusqu’en 1652 : il fut délivré par le prince de Condé. Il essaya de nouveau en 1654 de conquérir Naples, mais sans plus de succès. Au retour, il fut nommé grand chambellan. Il mourut en 1664, sans laisser de postérité. Il a rédigé des Mémoires sur l’expédition de Naples, qui ont été publiés par son secrétaire Sainctyon, Paris, 1668. — M. R. de Bouille a donné l’Histoire des ducs de Guise, 1849.

GUISE (Jacques de), historien V. GUYSE.

GUITON (Jean), armateur de La Rochelle, né en 1585, fut nommé en 1621, par ses compatriotes insurgés, amiral de leur flotte, soutint avec gloire en 1622 une lutte acharnée contre les troupes royales que commandait le duc de Guise, et obtint du roi des conditions avantageuses ; reprit les armes en 1627 pour repousser une nouvelle attaque dirigée par le cardinal de Richelieu en personne, fut pendant le siége élu maire de la Rochelle et jura de poignarder quiconque parlerait de se rendre. Toutefois après 13 mois de siège, la famine le contraignit à capituler. Il prit dans la suite du service dans la marine royale, contribua à reprendre sur les Espagnols les îles Ste-Marguerite, et assista à la bat. navale perdue par les Français devant Orbitello en 1646. On pense qu’il y périt. Selon une autre version, il rentra dans sa patrie où il mourut honoré, en 1654. — Chimiste. V. GUYTON.

GUITRES, ch.-l. de cant. (Gironde), au confluent de l’Isle et du Larry, à 18 kil. N. E. de Libourne ; 1400 hab. Pont suspendu sur l’Isle. Anc. abbaye de Bénédictins qui date de la fin du XIe siècle : l’église, en style roman, subsiste encore. Restes d’une arche en briques qu’on appelle le Pont de Charlemagne. Cette petite ville fut en 1548 le théâtre d’une insurrection de paysans contre l’impôt de la gabelle : les insurgés, qu’on appelait les Guitres, furent battus partout et leur chef pendu à Libourne.

GUIXAR, lac du Guatemala (San-Salvador), reçoit la rivière Mitlan et s’écoule dans l’Océan Pacifique par une rivière dite aussi Guixar ; il a 90 kil. de tour. Il renferme une île boisée où l’on voit les ruines d’une anc. ville, nommée Zacualpa.

GUIZOT (Pauline DE MEULAN, dame), née à Paris en 1773, morte en 1827, était fille d’un receveur général de la généralité de Paris. Ruinée par la Révolution, elle publia d’abord des romans : les Contradictions, 1799 ; la Chapelle d’Ayton, ou Emma Courtenay ; à partir de 1801, elle écrivit dans le Publiciste, que Suard venait de fonder. En 1812 elle épousa M. Guizot, qu’elle seconda dans quelques-uns de ses travaux, et depuis elle publia divers ouvrages d’éducation : le Journal d’une Mère, les Enfants, 1812, recueil de contes pour le 1er âge ; l’Écolier, ou Raoul et Victor, couronné par l’Académie ; Nouveaux Contes, 1823 ; Éducation domestique, 1826 ; une Famille (ouvrage inachevé, qui a été terminé par Mme Tastu). Tous ces ouvrages offrent une morale pure avec une élévation peu commune de pensées. On a dit qu’on trouvait en Mme Guizot la parfaite harmonie de la raison et du cœur.

GULDIN (Paul), savant mathématicien suisse, né à St-Gall en 1577, mort à Gratz en 1643, abjura la religion protestante en 1597, entra chez les_Jêsuites et professa les mathématiques à Rome. On a de lui : Problema arithmeticum de rerum combinationibus, Vienne, 1622 ; Problema geographicum de motu terræ exmutatione centrigravitatis, 1622 : il y pose ce théorème, qui a conservé son nom : que toute figure formée par la rotation d’une ligne autour d’un axe immobile est le produit de la quantité génératrice par le chemin de son centre de gravité.

GULF-STREAM, grand courant de l’Océan Atlantique, part du golfe du Mexique, traverse le canal de Bahama, suit les côtes de l’Amérique du Nord jusqu’au banc de Terre-Neuve, se dirige alors directement à l’E. vers l’Europe, où il se divise en 2 branches, dont l’une va se briser sur les côtes de l’Islande et de la Norwége, tandis que l’autre vient se jeter dans le golfe de Gascogne. Il se reconnaît à la température élevée de ses eaux, à leur couleur bleue, ainsi qu’à leur forte salure. Ce courant fait suite au courant Équinoxial, qui vient du cap de Bonne-Espérance. Il fut signalé au XVIe siècle par Gilbert.

GULHANÉ, vaste plaine qui s’étend devant le palais impérial à Constantinople, et où fut proclamé le Hatti-chérif de 1839. V. HATTI-CHÉRIF.

GULISTAN, c.-à-d. Pays des Roses, vge de Perse, dans le Kara-badji (Jardin-Noir), au confluent du Kour et de l’Araxe. Il y fut signé en 1816 un traité en vertu duquel la Perse cédait à la Russie le Chirvan, et renonçait à toute prétention sur l’Abasie, le Daghestan et la Géorgie. Ce traité reçut de nouveaux développements en 1827 par la convention de Tourkmantchaï. — Gulistan est aussi le titre d’un poëme célèbre de Saadi.

GULUSSA, roi numide, fils de Masinissa. Après la mort de son père (120 av. J.-C.), il partagea le roy. avec ses deux frères Micipsa et Manastabal sous la protection des Romains. Il se montra en toute occasion l’ennemi acharné des Carthaginois.

GUMBINNEN, v. des États prussiens (Prusse orientale), ch.-l. de régence, sur la Pissa, à 105 kil. E. de Kœnisberg ; 7000 hab. Gymnase, écoles d’architecture et d’accouchement. Draps, bonneteries, eau-de-vie de grains, bière, etc. Fondée en 1724 par Fréd.-Guillaume I. — Le gouvt de G., qui formait la partie S. O. de l’ancienne Lithuanie, est borné à l’O. par celui de Kœnigsberg, à l’E. par la Pologne russe. Il a 220 k. du N. au S. et compte 600 000 h.

GUNDIOC, GUNDWALD. V. GONDIOC, GONDOVALD.

GUNDLING (Nic. Jér.), philosophe et jurisconsulte, né près de Nuremberg en 1671, mort en 1729, professa successivement la philosophie, l'éloquence et la jurisprudence à l'Université de Halle, puis devint recteur de cette Université et conseiller du roi de Prusse. On remarque parmi ses ouvrages : Via ad veritatem moralem, 1714 ; Via ad veritatem juris naturæ, 1714 ; Histoire de la philosophie morale, 1706-1708, en lat. ; Histoire de la littérature, en all., posthume, 1734. Il fonde, comme Hobbes, tout le droit et toute la morale sur la force, qu'il nomme coercition.

GUNDLING (J. P., baron de), professeur d'histoire à l'Académie de Berlin, puis historiographe de Prusse, né en 1673, mort en 1731, vécut à la cour de Frédéric I, et fut par ses ridicules le jouet de cette cour. Il a laissé la Vie de Frédéric I et de Frédéric II et une excellente Description au Brandebourg, etc.

GÜNS, v. de Hongrie (Eisenburg), sur la riv. de Güns, à 33 k. S. d'Œdenburg ; 6000 h. Château. Güns soutint un siége opiniâtre contre les Turcs en 1532.

GUNTER (Edmond), mathématicien anglais, né en 1581 dans le comté de Brecknok, m. en 1626, professa l'astronomie au collége de Gresham. On lui doit l'invention de plusieurs instruments géométriques, tels que le secteur à l'aide duquel on trace les lignes parfaites des cadrans solaires ; l’échelle dite de Gunter ou règle logarithmique, qui simplifie les opérations de calcul. Ses Œuvres, contenant ses observations astronomiques et ses découvertes, ont été imprimées à Londres, 1673, in-4.

GUNTHARIC, GUNTHER. V. GONDERIC, GONTIER.

GUNZBURG, v. murée de Bavière (H.-Danube), au confluent du Danube et du Gunz, à 49 kil. O. d'Augsbourg : 3000 hab. Château. Les Français y battirent les Autrichiens le 9 oct. 1805.

GURAU, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 80 kil. N. E. de Breslau : 3500 hab.

GURK, nom de deux rivières des États autrichiens (Illyrie), qui tombent, l'une dans la Save en face de Ran (100 kil. de cours), l'autre dans la Drave, à 24 kil. E. de Klagenfurt (cours, 140 kil.). Celle-ci arrose un bourg de Gurk, dans la Carinthie, à 35 kil. E. de Klagenfurt, qui donne son nom à un évêché dont le siége est à Klagenfurt.

GURRAH, v. du Bengale, dans l'anc. prov. de Gandouana, à 5 kil. S. O. de Djabbalpour, est le ch.-l. d'un district qui formait jadis une principauté, conquise par les généraux d'Akbar en 1564. Elle passa ensuite au pouvoir d'Aureng-Zeyb et des Mahrattes, auxquels les Anglais l'enlevèrent.

GUSTASP, GOUCHSTAP, anc. roi perse de la race des Kaïaniens. C'est, d'après le Zend-Avesta, sous ce prince que parut Zoroastre. Les uns voient en lui Cyaxare I, roi des Mèdes, les autres le père de Darius Hystaspis, d'autres Darius lui-même.

GUSTAVE I ou GUSTAVE WASA, roi de Suède, né en 1496, mort en 1560, était fils d'Éric Wasa, seigneur suédois, et fut un des six otages que le roi de Danemark Christian II se fit donner par la Suède en 1518, avant de s'emparer à main armée de ce royaume. Gustave Wasa, prisonnier en Danemark résolut d'affranchir son pays : il parvint à s'évader à la fin de 1519, se réfugia dans la Dalécarlie, dont les habitants détestaient l'oppression étrangère, vécut quelque temps parmi eux déguisé en paysan, se livrant aux travaux des champs et des mines ; se fit enfin connaître, révéla ses projets, fut aussitôt entouré de partisans, et marcha à leur tête sur Stockholm (1523); il y était à peine arrivé qu'il fut proclamé roi. Après avoir assuré la paix avec ses voisins, il s'occupa de ramener la prospérité dans son royaume ; il releva les finances, favorisa le Luthéranisme, le fit officiellement adopter par les États à la diète de Vesteras, en 1527, fit décréter que tous les biens du clergé qui ne seraient pas nécessaires à l'entretien de ce corps reviendraient à l’État, et se réserva la nomination des évêques. En 1540 il fit déclarer la couronne héréditaire dans sa maison. Si l'on en excepte quelques troubles excités par le clergé mécontent et par Christian II, troubles qu'il réprima facilement, il passa le reste de son règne en paix, occupé à faire prospérer l'agriculture, à encourager le commerce, à fonder des écoles publiques, et à créer une marine. A l'âge de 70 ans, il abdiqua solennellement, le 25 juin 1560, devant la diète, en faveur de son fils Éric, et bénit l'assemblée après l'avoir remerciée. Il mourut 3 mois après.

GUSTAVE II ou GUSTAVE-ADOLPHE, surnommé le Grand, roi de Suède, né en 1594, succéda à son père Charles IX, en 1611. Il se forma un conseil d'hommes de mérite, à la tête duquel il plaça le chancelier Oxenstiern. La Suède était alors en guerre avec trois puissances, le Danemark, la Russie et la Pologne : il conclut la paix avec les deux premières (1613 et 1617), et força la 3e, par deux victoires remportées, l'une en 1626, près de Wallhof en Semigalle, l'autre en 1628, à Stuhm, dans la Prusse occidentale, à lui céder toutes les places fortes de la Livonie et de la Prusse polonaise. Après avoir ainsi terminé cette guerre, Gustave fit alliance avec les princes protestants d'Allemagne contre l'empereur Ferdinand II, dont les généraux Tilly et Wallenstein avaient soumis l'Allemagne jusqu'aux bords de la Baltique, et se mit à la tête du parti protestant (1630). Il traversa en vainqueur, au milieu de l'hiver le plus rigoureux, la Poméranie, la Marche de Brandebourg et la Saxe, et remporta une sanglante victoire à Leipsick sur Tilly (1631). L'année suivante, après avoir soumis les électorats de Trêves, de Mayence et du Rhin, après avoir forcé le passage du Lech contre Tilly, qui y fut blessé mortellement, il engagea une grande bataille contre Wallenstein à Lutzen : la victoire fut gagnée, mais il périt dans l'action (1632). Au milieu de ses guerres, Gustave-Adolphe avait encouragé le commerce, l'industrie et les lettres, et avait fondé la première cour de justice (1614). Il reconstruisit Gothenbourg, où une statue lui a été érigée. Il eut pour successeur sa fille Christine. L’Histoire de Gustave Adolphe a été écrite en français par Mauvillon, 1764 ; en suédois par Fryxell, 1838 ; en allemand par Gfrœrer, 1839.

GUSTAVE III, roi de Suède, né en 1746, succéda à son père Adolphe Frédéric en 1771. Sans employer la violence, il sut faire accepter par les États, en 1772, une constitution nouvelle qui rendait à la couronne son ancienne autorité, dont la noblesse et le sénat l'avaient dépouillée depuis Charles XII. En 1788 éclata une guerre avec la Russie, qui soutenait l'opposition de la noblesse : la flotte suédoise fut d'abord battue à Hogland et, pour comble de malheur, le Danemark se ligua avec la Russie contre la Suède, et envoya une armée assiéger Gothenbourg. Cependant, grâce à la médiation de l'Angleterre, de la Prusse et de la Hollande, Gustave força le Danemark à signer un traité de neutralité, puis, reprenant la guerre avec la Russie, il remporta sur elle une victoire navale dans le détroit de Suensksund, et l'amena à signer la paix à Varela (14 août 1790). La même année, il força la diète d'accepter l'acte d’union et de sûreté, qui investissait le roi du droit de paix et de guerre. Mais dès lors sa perte fut jurée par la noblesse : une conspiration, à la tête de laquelle était le comte de Horn, s'ourdit contre lui, et, dans la nuit du 15 au 16 mars 1792, au bal masqué de la cour, un noble suédois, Anckarstrœm, tira sur lui à bout portant un coup de pistolet Gustave survécut 14 jours à sa blessure. Ce prince fonda l'Académie de Stockholm (1786), et enrichit le musée de cette ville de collections précieuses. On a de lui des Discours, des Lettres et des Pièces dramatiques, traduits en français, par Dechaux, Paris, 1803, 5 vol. in-8, et des Mémoires, Hamb., 1843-46, M. Geffroy a donné Gustave III et sa cour, 2 vol. in-8, 1867.

GUSTAVE IV, roi de Suède, né en 1778, fut proclamé roi après la mort de son père Gustave III (1792), sous la tutelle de son oncle, le duc de Sudermanie. Il se vit dépouillé de la Finlande par la Russie, de Straslund et de Rugen par la France, avec laquelle il s’était imprudemment mis en hostilité. Il s’aliéna la noblesse en cassant le régiment des gardes, corps d’élite composé de nobles ; il mécontenta également le peuple par des demandes d’hommes et d’argent, et il se forma une conspiration dans le but de le déposer : en 1809 il se vit contraint d’abdiquer ; la diète l’exila à perpétuité et proclama roi le duc de Sudermanie, son oncle, sous le nom de Charles XIII. Depuis, Gustave vécut à l’étranger sous les noms de comte de Holstein-Gottorp et de colonel Gustavson, résidant alternativement en Allemagne, dans les Pays-Bas et en Suisse. Il mourut à St-Gall en 1837. — Il a laissé un fils, né en 1799, qui prend le titre de prince de Wasa ; ce prince est au service de l’Autriche et a rang de feld-maréchal. Il n’a pas d’enfant mâle.

GUSTAVIA, capit. de l’île suédoise St-Barthélemy (Petites-Antilles), sur la côte occid. ; 10 000 h. Port franc.

GUSTROW, v. murée du grand-duché de Meklembourg-Schwérin, ch.-l. du cercle de son nom, à 60 kil. N. O. de Schwérin ; 10 000 hab.

GUTHRIE (William), écrivain écossais, né en 1708 à Brechin (Forfar), mort en 1770, vint à Londres après avoir exercé dans son pays la profession de maître d’école ; se mit aux gages des libraires et du gouvernement, et composa un grand nombre d’ouvrages historiques. Le seul de ses écrits qui soit connu aujourd’hui est la Grammaire géographique, historique et commerciale, dont la partie astronomique est due à James Ferguson. Cet ouvrage a été fréquemment réimprimé et a été traduit par Noël et Soulès, Paris, 1807, avec atlas.

GUTTEMBERG (Jean GENSFLEISH de), inventeur de l’imprimerie, né à Mayence vers 1400, d’une famille noble, mort en 1468, vint vers 1424 s’établir à Strasbourg. Il paraît avoir fait dans cette ville les premiers essais du nouvel art en 1438 ou 1440 : il employa d’abord des caractères mobiles en bois ; mais il ne tarda pas à y substituer des caractères en métal, fondus dans un moule ou matrice ; il compléta son invention par l’application de la presse. Après avoir dépensé de grandes sommes dans ses premiers essais, il retourna vers 1444 à Mayence, s’y associa en 1450 à Fust, qui lui fournit des fonds et avec lequel il imprima la Biblia latina, dite aux 42 lignes ; puis il rompit cette association et forma à lui seul, en 1456, un nouvel établissement qu’il conserva jusqu’en 1465. Il fut nommé à cette époque gentilhomme de l’électeur Adolphe de Nassau. Guttemberg ne mit son nom à aucun des livres qu’il imprima, de sorte que l’on ne peut déterminer avec certitude les ouvrages sortis de ses presses. On lui a même contesté l’honneur de sa découverte, mais sans preuves suffisantes. Depuis 1640, les libraires de l’Allemagne et les habitants de Strasbourg célèbrent tous les cent ans en l’honneur de Guttemberg la fête de l’Invention de l’imprimerie. Des statues lui ont été érigées à Mayence, à Strasbourg et à Paris (dans la cour de l’imprimerie impériale).

GUY. V. GUI.

GUYANE, région de l’Amérique mérid. qu’entourent l’Atlantique, l’Amazone, le Rio-Negro, le Cassiquiare et l’Orénoque, s’étend de 52° à 71° long. O. et de 9° lat. N. à 4° lat. S. Elle se divisa en 5 parties :

1o Guyane colombienne (ci-devant espagnole), la plus septentr. de toutes : elle s’étend, sur l’Océan, depuis l’embouch. de l’Orénoque jusqu’au cap Nassau, et dans l’intérieur, le long de l’Orénoque jusqu’au delà de l’équateur, et comprend plus de 350 000 kil. carrés. Jadis à l’Espagne, elle fait auj. partie de la république de Venezuela. Elle ne compte guère que 60 000 h. et a pour capitale Angostura, appelée aussi Nueva-Guyana.

2o Guyane anglaise, au S. O. de la précéd. Elle s’étend le long de la côte de l’Océan jusqu’au fleuve Corentyn, qui la sépare de la Guyane hollandaise ; elle a 38 000 kil. carrés, et 125 000 colons, auxquels il faut ajouter un grand nombre de nègres marrons qui vivent dans les bois. Elle se divise en deux gouvernements : Essequebo-Demerary (ch.-l., Georgetown), et Berbice (ch.-l. Nouvel-Amsterdam). Elle faisait jadis partie de la Guyane hollandaise ; mais les Anglais s’en emparèrent en 1808 et se la firent assurer en 1814.

3o Guyane hollandaise, ou district de Surinam, sur l’Océan Atlantique, entre la Guyane anglaise (au N. O.) et la Guyane française (au S. et à l’E.), dont elle est séparée par le Maroni ; 115 000 kil. carrés ; 90 000 hab. dont 60 000 noirs ; ch.-l., Paramaribo. Le Surinam traverse toute la colonie. Primitivement colonisé par les Anglais, cette contrée fut envahie par les Hollandais en 1667. Les Anglais la reprirent lorsque la Hollande fut tombée au pouvoir des armées françaises ; ils la restituèrent à la paix d’Amiens (1802) ; mais en 1808, ils s’emparèrent de la partie N., qui forme auj. la Guyane anglaise.

4o Guyane française, entre la Guyane hollandaise au N. O., et le Brésil au S. et au S. O., est bornée au N. par le Maroni et au S. par l’Ararouari ; 150 000 kil. carrés ; env. 18 000 h., y compris les hommes de couleur ; ch.-l. Cayenne ; autres lieux principaux, Sinnamary, Approuague. — Les premiers établissements français datent de 1604 : le pays fut alors appelé France équinoxiale. Les Anglais s’en emparèrent en 1654, les Hollandais en 1676, et les Portugais en 1809. En 1817, ces établissements furent restitués à la France.

5o Guyane brésilienne, la plus grande des 5 Guyanes, est située au S. des Guyanes colombienne et française, entre le Rio-Negro, le fleuve des Amazones et les Cordillères, et s’étend du côté de l’E. jusqu’à l’Océan où elle se termine par le cap Nord. Ce vaste territoire, d’une étendue de près de 1 300 000 kil. carrés, est à peine peuplé. Il fait partie de la prov. de Para, où il forme la Comarque de Rio-Negro, et ne renferme qu’un petit nombre de villes peu importantes : Thomar, Barra-do-Rio-Negro, Alemquer, Barcelos, Olivença, etc. — La Guyane brésilienne appartenait nominalement à la France ; mais celle-ci la céda au Portugal en 1713, et ce dernier la perdit avec le Brésil.

La Guyane renferme un assez grand nombre de montagnes, mais toutes peu élevées : le pic de Duiva, point culminant, n’a guères que 2500m : la principale chaîne, la Cordillère du Nord, sépare le bassin de l’Orénoque de celui de l’Amazone, et prend successivement les noms de Parimé, de Paracaïna, d’Acaray, de Tumucumaque. De nombreuses rivières en descendent : le Cachipuck, le Berbice, la Demerara, l’Essequebo, l’Oyapoc, le Surinam, la Mana, l’Approuague, le Maroni, le Rio-Negro, le Rio-Branco, etc. ; quelques-unes roulent de l’or. Le climat est varié suivant les hauteurs, et généralement brûlant, surtout le long de la mer ; vastes forêts ; nombreux marais, d’où une grande humidité et un climat insalubre. Le sol produit toutes les denrées alimentaires des tropiques ; il est d’une fertilité rare : on peut y faire jusqu’à 8 récoltes successives ; le riz, le maïs, le manioc, le tabac, les épices, le coton, le roucou, le cacao, la vanille, l’indigo et le café y réussissent bien. Les arbres atteignent des proportions colossales : l’acajou, le cocotier, le cotonnier, le bois de fer, le manguier et le cassia peuplent les forêts. Parmi les arbres fruitiers, on remarque l’abricotier, l’acajou-pomme, le sapotillier, le palmier, etc. Les côtes seules de la Guyane sont vraiment aux Européens ou aux puissances issues de colonies européennes : tout l’intérieur est occupé par des peuplades indigènes, dont les plus importantes sont: les Caraïbes, les Tamanaques, les Gauraunos, les Guayquines, les Guayvas, les Aruacas, les Galibis.

Selon quelques auteurs, Colomb aurait découvert lui-même la Guyane en 1498 ; d’autres prétendent qu’elle ne fut reconnue qu’en 1500, par Vincent Pinçon, ou en 1504, par Vasco Nunez. Diverses tentatives furent faites dans l’intérieur au xvie siècle pour y découvrir l’Eldorado ; mais ces recherches furent toujours vaines.

GUYARD DE BERVILLE, écrivain français, né à Paris en 1697, mort en 1770, se fit auteur à plus de 60 ans. Il donna en 1760 une Hist. de Bayard et en 1767 une Hist. de Duguesclin, qui furent bien accueillies et plusieurs fois réimprimées. Néanmoins il vécut dans la gêne et mourut à Bicêtre.

GUYARD (Laurent), statuaire, né en 1723 à Chaumont en Bassigny, mort en 1788, eut pour maître Bouchardon et remporta le grand prix en 1750. En butte à la jalousie de son propre maître, il s’expatria, et porta ses talents en Prusse, puis se fixa à Parme, auprès du duc Ferdinand, qui goûtait son talent. On cite de lui un groupe d’Énée et Anchise, pour le grand Frédéric ; des copies de l’Apollon du Belvédère, du Gladiateur, au Luxembourg ; le monument élevé à S. Bernard à Clairvaux, et le mausolée de la princesse de Gotha, son chef-d’œuvre.

GUYENNE, anc. province de France, comprise dans le grand-gouvt de Guyenne-et-Gascogne, dont il occupait la partie septentrionale, avait pour bornes au S. la Gascogne et le Languedoc, à l’E. le Languedoc, à l’O. l’Océan, au N. la Saintonge, l’Angoumois, le Limousin, l’Auvergne, et se subdivisait en 6 prov.: Bordelais, Bazadais, Agénais, Périgord, Quercy, Rouergue. Ch.-l. Bordeaux. On distinguait quelquefois la Hte-Guyenne, au S. : cap. Montauban ; et la B.-Guyenne, au N. : capit. Bordeaux. — La Guyenne a formé les dép. de la Gironde, du Lot, de Lot-et-Garonne, de la Dordogne et de l’Aveyron, et partie de ceux des Landes et de Tarn-et-Garonne.

GUYENNE-ET-GASCOGNE (grand gouvt de), le plus vaste de l’ancienne France, était formé des deux grandes régions qu’indique son nom, et avait, comme la prov. de Guyenne, pour capit. générale Bordeaux. On en a formé 8 dép. entiers (Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, Lot, Aveyron, Landes, Gers, H.-Pyrénées), et partie de 5 autres (Corrèze, Tarn-et-Garonne, Hte-Garonne, Ariège, B.-Pyrénées).

Le nom de Guyenne fut longtemps synonyme de celui d’Aquitaine, dont il paraît n’être qu’une corruption. On ne le trouve employé dans des actes authentiques qu’à partir du commencement du XIVe siècle. L’histoire de la Guyenne est celle de l’Aquitaine et de la Gascogne (V. ces noms). Après avoir formé quelque temps un État indépendant, mais toujours uni d’intérêt à la France, après avoir été un instant réunie à la couronne par le mariage de Louis VII avec Éléonore, héritière des ducs d’Aquitaine (1137), la Guyenne fut portée par la même princesse, en 1152 à un prince anglais, et les rois d’Angleterre la conservèrent jusqu’en 1453. Elle fut, à cette époque, réunie à la couronne de France par Charles VII. Louis XI l’en détacha pour la donner en apanage à son frère Charles (1469); mais depuis la mort de ce dernier (1472), elle resta toujours unie au domaine royal.

GUYENNE (Charles DE FRANCE, duc de), 4e fils de Charles VII, et frère de Louis XI, né en 1446, porta d’abord le titre de duc de Berry. N’étant encore que duc de Berry, il se mit à la tête de la Ligue du Bien public, formée par les seigneurs contre le roi, son frère. Après la bataille de Montlhéry, Louis XI, dissimulant sa colère, lui donna en échange de son duché de Berry le duché de Normandie ; mais en même temps, il lui suscita des embarras qui le forcèrent bientôt à demander un nouvel apanage. Après plusieurs offres dérisoires, Louis XI, pressé par les attaques du comte de Charolais, finit par lui céder le duché de Guyenne (1469). Cependant, Charles ne cessa point de conspirer : il venait de conclure avec le duc de Bourgogne une alliance qui ne tendait pas à moins qu’à enlever la couronne à Louis XI, lorsqu’il mourut presque subitement, non sans soupçon de poison (1472).

GUYENNE (Éléonore de). V. ÉLÉONORE.

GUYENNE (le maréchal de). V. CRÉQUI (Jacques de).

GUYON (Jeanne BOUVIER DE LA MOTHE, dame), célèbre mystique, née à Montargis en 1648, fille de Bouvier de La Mothe, maître des requêtes. Nourrie de la lecture des écrits de S. Francois de Sales et de Mme de Chantal, elle montra de bonne heure un grand goût pour la vie ascétique, et voulut se faire religieuse, mais sa famille s’y opposa. Restée veuve à 28 ans avec plusieurs enfants, elle crut avoir reçu mission de convertir les hérétiques, abandonna sa famille et ses affaires (1680), se rendit à Genève, où ses efforts échouèrent, puis parcourut le Piémont, le Dauphiné, ainsi que plusieurs autres provinces, répandant une doctrine qui réduisait la religion à l’amour pur de Dieu, et qui conduisait au quiétisme. Après cinq ans de courses, elle se fixa à Paris : elle s’y fit bientôt de nombreux partisans, au nombre desquels on compta Fénelon et Mme de Maintenon; mais aussi elle eut à y subir toutes sortes de tribulations : elle fut enfermée dans un couvent, puis à la Bastille et à Vincennes, et sa doctrine fut censurée à la suite de conférences que dirigeait Bossuet (1695). Rendue à la liberté après six ans de détention, elle fut exilée à Diziers près de Blois. Elle y passa le reste de sa vie, ne s’occupant que de bonnes œuvres, et y mourut en 1717. Mme Guyon avait composé un grand nombre d’écrits spirituels, qui forment en tout 39 volumes : ils ne brillent ni par la méthode ni par le style. On y remarque : Moyen court et très-facile pour l’oraison ; le Cantique des Cantiques selon le sens mystique ; les Torrents spirituels ; les Vers mystiques, composés à Vincennes. Ses Opuscules mystiques ont été publiés à Cologne, 1704, in-12. On a une Vie de Mme Guyon, prétendue écrite par elle-même, qui ne paraît pas authentique.

GUYOT DE PROVINS, vieux poëte français, né à Provins vers 1150, visita en récitant ses vers les principales villes de l’Europe, alla en pèlerinage à Jérusalem, et finit par se faire religieux à Cluny. Il composa dans sa retraite, vers 1204, sous le titre de Bible, un poëme satirique, où il critique les vices des hommes de tous états, depuis les princes jusqu’aux plus petits. Ce poëme, qui se compose de 2700 vers, est un des plus anciens livres où il soit parlé de la boussole : elle y est désignée sous le nom de Marinette. On le trouve dans les Fabliaux publiés par Barbazan et Méan, Paris, 1808.

GUYSE (Jacques de), cordelier, né à Mons en 1336, mort en 1399 à Valenciennes, professa pendant 25 ans dans les couvents de son ordre. Il est auteur d’une chronique latine intitulée : Illustration de la Gaule Belgique ; Antiquités du pays de Hainaut, imprimée à Paris en 1531 et 1532, in-fol., et publiée de nouveau en 1826 par Foctia d’Urban, avec traduction française.

GUYTON DE MORVEAU (L.-Bern.), savant chimiste, né à Dijon en 1737, mort en 1816, était fils d’un professeur de droit. Il entra de bonne heure dans la magistrature, et fut longtemps avocat général à Dijon ; mais il cultiva en même temps les sciences avec ardeur, fit fonder par les états de Bourgogne des cours de sciences, et se chargea lui-même d’enseigner la chimie (1775), tout en continuant à remplir ses fonctions de magistrat. On lui doit les fumigations de chlore employées contre les miasmes pestilentiels, ainsi que plusieurs découvertes importantes. Il eut le premier l’idée de la nouvelle nomenclature chimique (1782), qu’il établit de concert avec Lavoisier (1787). Député en 1791 à l’Assemblée législative, puis à la Convention, il s’y montra partisan des idées nouvelles. Il contribua puissamment à la fondation de l’École Polytechnique et y remplit lui-même une chaire. Il fut de l’Institut dès la fondation. Il avait été nommé administrateur de la Monnaie ; mais il perdit cette place à la Restauration (1814). Le plus remarquable de ses ouvrages est un Traité des moyens de désinfecter l’air, 1801. On lui doit en grande partie le Dictionnaire chimique de l’Encyclopédie méthodique. — Maire de La Rochelle. V. GUITON.

GUZMAN (Alph. PÉREZ de), capitaine espagnol, né à Valladolid en 1258, mort en 1309, était fils naturel de Pierre de Guzman, gouverneur de la Castille. Il se distingua particulièrement sous le règne de Sanche IV, roi de Castille, et enleva aux Maures Tarifa (1293). Nommé gouverneur de cette place, il y fut assiégé par l'infant, don Juan, révolté contre son frère. Ce prince, qui avait en sa puissance un des fils de Guzman, menaça de l'égorger si le père ne rendait la place ; Guzman répondit que, plutôt que de commettre une trahison, il lui prêterait lui-même un poignard pour tuer son fils, et il lui jeta sa dague par-dessus les murailles ; l'enfant fut égorgé, mais don Juan fut battu et obligé de se retirer. Lope de Vega a célébré en beaux vers l'action héroïque de Guzman. Ce général servit avec le même dévouement Ferdinand IV, successeur de Sanche, et la reine mère Marie. Il enleva Gibraltar aux Maures en 1308; mais l'année suivante, il fut blessé mortellement dans une embuscade. Alphonse de Guzman est la tige de l'illustre maison de Medina-Sidonia, qui s'éteignit vers 1770.

GUZMAN (Louise de), régente de Portugal, fille de Jean Emmanuel Père, duc de Médina-Sidonia, épousa Jean de Bragance, qui fut élevé sur le trône de Portugal en 1640, sous le nom de Jean IV, après la révolution qui enleva ce pays à la domination de l'Espagne. Louise avait contribué puissamment à l'élévation de son mari, et, lorsqu'il fut sur le trône, elle se montra son plus sage conseiller : aussi la nomma-t-il régente en mourant (1656). Elle tint d'une main ferme les rênes de l'État, que lui disputaient les principaux seigneurs, déjoua tous les complots et força ses ennemis même à la respecter. Lorsque son fils, Alphonse VI, eut atteint sa majorité, en 1662, elle se démit du pouvoir. Abreuvée de dégoûts par les courtisans, elle se retira dans un cloître, où elle mourut en 1666.

GUZMAN (Éléonore de). V. ÉLÉONORE.

GUZMAN (Gaspard de). V. OLIVAREZ.

GUZZERAT ou GOUDJERATE, prov. de l'Hindoustan, au N. O. de la presqu'île en deçà du Gange, forme une presqu'île comprise entre les golfes du Cutch et de Cambaye : 600 kil. sur 250; 7 000 000 d'hab. Le Guzzerat peut se diviser en Guzzerat indépendant et Guzzerat anglais. Le Guzzerat anglais comprend le territoire qui environne le golfe de Cambaye et la partie méridionale de la presqu'île; il est dans la présidence de Bombay, dont il forme 4 districts (Surate, Baroutch, Kalra, Ahmedabad). Le Guzzerat indépendant obéit à un chef mahratte, tributaire des Anglais. Les Portugais ont deux établissements importants au Guzzerat : Daman au S. de Surate, et Diu dans l'île de ce nom. Le sol de ce pays est plat et marécageux; il est arrosé par le Mahy, la Nerbedda, le Tapti, qui souvent l'inondent dans la saison pluvieuse (de juin à septembre). On recueille dans cette contrée de riches moissons de céréales, des plantes oléagineuses et tinctoriales. Les forêts y sont très-étendues et remplies d'animaux dangereux. Le commerce est fait en général par des Banians; les paysans appartiennent à la caste des Soudras (V. BRAHMANISME). Dans le Guzzerat indépendant habitent un grand nombre de tribus radjepoutes et mahrattes dont les principales sont les Coulies et les Bhils ; elles se signalent par leur amour pour le vol et le pillage. — Les Radjepoutes dominaient dans le Guzzerat lorsque les Musulmans les en chassèrent, en 1022; le pays fut envahi par les Afghans en 1202, par les Mogols en 1297 ; en 1390 les Radjepoutes parvinrent à en reconquérir la souveraineté, à la faveur de l'invasion de Tamerlan ; en 1572 Akbar réunit de nouveau le Guzzerat à l'empire des Mogols; mais après la mort d'Aureng-Zeyb, 1707, il devint la proie îles Mahrattes. En 1780 les Anglais en conquirent une partie, et bientôt ils étendirent leur influence sur la contrée tout entière.

GUZZERAT, v. des Syks, à 90 kil. N . de Lahore, à quelque distance de la riv. dr. du Chennab. Les Anglais, commandés par le général Gough, y défirent les Syks en 1849.

GY, ch.-l. de cant. (H.-Saône), à 20 kil. E. de Gray ; 2000 hab. Bons vins rouges ; tanneries, teintureries. Jadis place forte.

GYAROS, auj. Chioura, une des Cyclades à l'E. de Céos, au S. O. d'Andros, fut un des lieux d'exil sous l'empire romain. Presque déserte auj.

GYGÈS, roi de Lydie, fondateur de la dynastie des Mermnades, était d'abord le favori du roi Candaule. Ce prince, fier de la beauté de sa femme, la lui fit voir toute nue. La reine ainsi outragée donna à Gygès l'alternative de périr lui-même ou de faire périr Candaule. Gygès prit le dernier parti, épousa la reine et monta sur le trône, 708 av. J.-C. Il régna jusqu'en 680 (ou 670). Il étendit l'empire des Lydiens aux dépens des villes grecques des côtes de l'Asie-Mineure, attaqua Milet et Smyrne, s'empara de Colophon, et subjugua la Troade. Platon, dans la République, et Cicéron, dans ses Offices, font de Gygès un berger et racontent qu'ayant trouvé dans les flancs d'un cheval d'airain un anneau merveilleux, qui rendait invisible celui qui le portait, il en profita pour séduire la reine et pour assassiner Candaule.

GYLIPPE, fameux général lacédémonien, né vers 450 av. J.-C., fut envoyé par ses compatriotes au secours des Syracusains, battit les généraux athéniens Nicias et Démosthène devant Syracuse, 414, accompagna Lysandre au siège d'Athènes, et fut chargé par lui de faire transporter à Sparte 1500 talents pris sur l'ennemi. Il s'en appropria par fraude 300 ; mais ce vol ayant été découvert, il fut forcé de s'expatrier pour échapper au supplice.

GYLLENBORG (Ch., comte de), homme d'État suédois, né en 1679, mort en 1746, fut ambassadeur de Suède en Angleterre, sous Charles XII, devint secrétaire d’État en 1718, fut l'adversaire constant de Horn, chef de la faction des Bonnets, se mit à la tête du parti des Chapeaux, qui favorisait l'indépendance nationale et voulait opposer l'influence de la France à celle de la Russie, réussit à faire prévaloir ses vues aux diètes de 1734 et 1738, fut alors mis à la tête du ministère, conclut avec la France une alliance pour dix ans et fit déclarer la guerre à la Russie.

GYMNASES, édifices consacrés chez les anciens aux exercices du corps. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

GYMNOSOPHISTES, c.-à-d. philosophes nus, philosophes indiens, ainsi appelés par les Grecs parce qu'ils allaient nu-tête et nu-pieds. Ils faisaient profession de vivre dans la retraite et de mépriser la douleur. Calanus, l'un d'eux, se sacrifia en montant sur un bûcher devant Alexandre et toute l'armée macédonienne. Trois siècles plus tard, un autre Gymnosophiste, Zarménochégas, se brûla dans Athènes devant Auguste.

GYNDÈS, Kara sou, riv. d'Assyrie, sortait des monts Matiani et tombait dans le Tigre. On conte que Cyrus, irrité de ce qu'un de ses chevaux s'y était noyé, ordonna, pour punir le fleuve, de creuser 360 canaux par lesquels, ses eaux devaient se perdre ; mais les canaux se comblèrent, et avec le temps la rivière reprit son cours. — Riv. de l'anc. Perse, auj. Zayendeh-Roud, passait à Aspadana.

GYNÉCÉE, partie de la maison réservée aux femmes chez les anciens. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

GYPSIES, un des noms donnés aux Bohémiens.

GYRALDUS. V. GIRALDI.

GYRGEH, v. de la Hte-Égypte. V. djirdjeh.

GYTHIUM. v. et port du Péloponèse, sur la côte orient. du golfe Laconique, au N. de Laas, fut prise par les Romains l’an 195 av. J.-C. Ruines près et au N. de Marathonisi, restes d’un théâtre en marbre.

GYULA, Julia, v. de Hongrie, ch.- l. du comitat de Bekes, à 28 k. N. O. de Zarand ; 5000 hab. Château.



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