Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre H

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HABS HAÇA

HABACUC, un des 12 petits prophètes, vivait, à ce qu'on croit, sous Joachim, vers 600 av. J.-C. Il a laissé 3 chapitres, dans lesquels il prédit la captivité des Juifs à Babylone et leur rétablissement dans leur patrie. Ses prophéties se distinguent par l'énergie et la vivacité des expressions.

HABAT ou GARB, contrée de Maroc, dont elle forme la partie N. O., s'étend du mont Zalag au détroit de Gibraltar et est baignée par la Méditerranée au N. E., l'Atlantique à l'O. Ce pays est traversé par une chaîne du petit Atlas. Il est très-fertile, et compte au moins 200 000 hab. Villes principales : Tanger, Tétouan, Larache.

HABEAS CORPUS. On nomme ainsi en Angleterre un ordre écrit ou writ adressé par un magistrat à un geôlier pour lui en joindre d'élargir un prisonnier. Cette dénomination vient des premiers mots de la formule latine dans laquelle l'ordre est conçu. Tout citoyen qui croit être détenu arbitrairement peut, en adressant une requête au lord-chancelier, ou, en son absence, à l'un des juges de la cour du banc du roi, obtenir un writ d’habeas corpus. Longtemps disputé, ce droit fut définitivement réglé par un bill rendu en 1680. Dans les temps de troubles, l’habeas corpus fut plusieurs fois suspendu, notamment en 1715, 1745, 1794, 1817.

HABERT (François), poète médiocre du XVIe s., né en 1520, à Issoudun, mort vers 1574. vécut pauvre et se surnomma lui-même le Banni de Liesse. Il traduisit en vers les Métamorphoses d'Ovide, les Distiques de Caton, les Satires d’Horace, et composa lui-même : La jeunesse du Banny de Liesse, les Métamorphoses de Cupido, le Temple de Chasteté, et autres poëmes allégoriques.

habert de cérisy (Germain), abbé de St-Vigor, né à Paris en 1610, mort en 1654 ou 1655, fut membre de l'Académie française dès la fondation. On a de lui : les Métamorphoses des yeux de Philis en astres, poëme, 1639, et des Poésies diverses, qui se ressentent du goût du temps. Il est un de ceux que Richelieu avait chargés de la critique du Cid.

HABESCH, nom donné à l'Abyssinie par les indigènes. Le mot Abyssinie en est une corruption.

HABSAL, v. de Russie (Revel), ch.-lieu de district, dans une presqu'île, sur la Baltique, à 100 kil. S. O. de Revel ; 1500 h. Port fréquenté, commerce actif. — Fondée en 1279 ; prise par les Danois en 1559, par les Suédois en 1645, par les Russes en 1710.

HABSBOURG, Habsburgum, château de Suisse (Argovie), à 12 kil. N. E. d'Aarau, fut fondé vers 1020 sous le nom d’Habitschburg (château des autours), dont Habsbourg est une corruption. Berceau de la maison de Habsbourg.

HABSBOURG (maison de), illustre maison d'Allemagne, qui remonte au VIe siècle et qui tire son nom du château de Habsbourg en Suisse. On la fait descendre d'Ethico, duc d'Alsace, né vers 626, mort vers 690 ; mais sa chronologie ne commence à offrir quelque certitude qu'à partir de Gontram le Riche, comte d'Alsace de 917 à 954. Radebot, son petit-fils, bâtit le château de Habsbourg en 1020, et Werner II, un des fils de Radebot, prit le 1er le titre de comte de Habsbourg. Dans la guerre entre l'empereur Henri IV et l'anti-empereur Rodolphe, Werner embrassa le parti de ce dernier (1077-1080). — Adalbert III, arrière-petit-fils de Werner II, succéda à son père Werner III en 1163, fit la guerre en Palestine (1187-91 et 1196-98), combattit ensuite Berthold V de Zœhringen et fonda Waldshut ; il prit le 1er le titre de Landgrave d'Alsace. — Après la mort de Rodolphe II, fils d'Adalbert III (1232), la maison des Habsbourg se partage en deux branches : Habsbourg-Habsbourg et Habsbourg-Laufenbourg, dont les chefs sont Albert IV et Rodolphe III, son frère.

Branche aînée. Albert IV, tige de la branche aînée ou impériale, eut pour sa part Habsbourg, le comté d'Argovie et les alleux d'Alsace ; il y joignit par mariage le comté de Kybourg. Son fils Rodolphe IV agrandit considérablement ses domaines du côté de la Suisse et acquit en Allemagne le duché d'Autriche ; il porta au plus haut degré la splendeur de cette maison et fut appelé au trône impérial en 1273 ; il régna 18 ans (1273-91) sous le nom de Rodolphe I, et eut pour successeur dans ses États héréditaires, et plus tard à l'empire (1298), son fils Albert (Albert I comme duc d'Autriche et empereur). Sous celui-ci les Suisses se révoltèrent, et pendant toute la durée du XIVe siècle et la moitié du XVe, la maison de Habsbourg s'épuisa vainement à les combattre ; elle se vit successivement enlever la plus grande partie de ses domaines. En 1438 un nouveau prince de la maison d'Autriche-Habsbourg fut appelé au trône impérial ; il régna sous le nom d'Albert II ; depuis lui, la maison d'Habsbourg régna sans interruption sur l'Allemagne jusqu'en 1740 ; cinq ans après, l'héritière de cette maison, Marie-Thérèse, porta ses possessions dans la maison de Lorraine, qui règne encore actuellement (V. Allemagne, Autriche, et les art. rodolphe, albert, frédéric, etc.).

Branche cadette. Elle eut pour tige Rodolphe III, oncle de l'empereur Rodolphe de Habsbourg, et reçut en partage Laufenbourg, Waldshut, Neu-Habsbourg (sur le lac des Quatre-Cantons) et les domaines de Klekgau. Après la mort de Rodolphe III, cette 2e branche se partagea en deux rameaux (les comtes de Habsbourg-Laufenbourg et les nouveaux comtes de Kybourg). Le 1er de ces deux rameaux, commencé par Godefroy (mort en 1271), s'éteignit au commencement du xve siècle. Eberhard, tige du second, avait acquis le comté de Kybourg en épousant Anne, héritière de cette maison ; il mourut en 1284 ; sa descendance s'éteignit en 1415. La branche aînée réunit alors tous les domaines de la maison.

HABSHEIM, bourg d'Alsace-Lorraine, à 17 kil. N. E. d'Altkirch ; 1600 hab. Vins, kirsch. Station.

HAÇAN ou HASSAN, 5e calife, fils d'Ali et de Fatime, fille de Mahomet, fut élu à Koufa l'an 660 de J.-C, après la mort de son père, tué dans cette même ville. Il eut pour compétiteur Moaviah, et consentit à abdiquer après six mois de règne, afin d'éviter l'effusion du sang. Il mourut en 669, empoisonné par un des fils de Moaviah, qui craignait qu'il ne voulût faire valoir ses droits. Il est compté par les Chyites au nombre des imams ; après lui l'imamat passa à son frère Hussein.

HAÇAN (KENNOUN), le dernier des Édrissites qui régnèrent en Mauritanie, monta sur le trône en 954, fut attaqué par les Obaïdites et les Ommiades espagnols, fait prisonnier et amené à Cordoue ; s'évada, alla rassembler quelques troupes en Égypte, et tenta de reconquérir ses États du Maroc ; mais après quelques succès il fut assassiné, en 984.

HAÇAN-BEN-SABBAH, un des chefs de la secte des Ismaéliens de Perse, connue aussi sous le nom d’Assassins, né en Perse vers 1050. Après avoir occupé les postes les plus élevés auprès du sultan Malek-chah, il fut chassé de la cour pour avoir voulu supplanter le premier ministre, son bienfaiteur ; il embrassa alors la secte des Ismaéliens (V. ce mot) et répandit dans la Perse cette hérésie. Il se fit un grand nombre de partisans, à la tête desquels il s'empara en 1091 du château d'Alamout, situé sur une montagne élevée, aux environs de Kasban, dans l'Irak-Adj-mi, et se forma un petit État indépendant. Il s'attacha de fanatiques sectaires qu'il savait exalter en leur faisant boire un breuvage enivrant (le hatchich), et qui à sa voix couraient assassiner les victimes qu'il désignait. Il conserva sa puissance jusqu'à sa mort (1124) et étendit ses conquêtes. Ses successeurs sont connus sous le nom de Vieux de la Montagne. V. ASSASSINS.

HAÇAN-BUZURK, c.-à-d. le Grand, chef de la maison des Ilkaniens, avait été nommé par Behaderkhan gouverneur de l'Asie-Mineure ; il s'empara de Bagdad à la mort du prince mogol (1355), et fonda un nouvel empire. Il mourut vers 1356.

HAÇAN-BEN-AL-HAÇAN, vulgairement Alhazen, astronome arabe, né à Bassora vers 980, mort en 1038, fut appelé en Égypte par le sultan Hakem pour y construire une machine qui devait mettre les habitants à l'abri des inondations du Nil ; il ne put exécuter ce projet, et, pour échapper à la colère du sultan, feignit d'être fou. On a de lui un traité d’Optique, trad. en latin et publié par Risner, Bâle, 1572.

HACELDAMA (c.-à-d. prix du sang), champ voisin de Jérusalem, fut acheté avec l'argent qui avait été donné à Judas pour trahir Jésus, et que le traître, poussé par ses remords, avait rendu au chef de la synagogue. Ce champ servit de sépulture aux étrangers.

HACHA (RIO-DE-LA) V. RIO-DE-LA-HACHA.

HACHEM. V. HASCHEM et HESCHAM.

HACHETTE (Jeanne), de Beauvais, s'est rendue célèbre par le courage qu'elle déploya lors du siège que le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, fit de cette ville en 1472 ; elle monta, dit-on, sur la muraille à la tête de plusieurs autres femmes et arracha l'étendard qu'y plantait déjà un soldat bourguignon. Les historiens varient sur le véritable nom de cette héroïne (Jeanne Fouquet ou Jeanne Lainé) ; il paraît que le nom de Hachette lui vient d'une hachette dont elle aurait été armée au moment du siège.

HACHETTE (Pierre), géomètre, né à Mézières en 1769, m. en 1834, devint professeur à l'École Polytechnique dès sa fondation (1794), fit partie de l'expédition d’Égypte ; fut nommé en 1816 professeur à la Faculté des sciences de Paris, et fut admis à l'Institut en 1830. On a de lui un traité de Géométrie descriptive, un Traité élémentaire des Machines, une Correspondance sur l'École polytechnique, et de nombreux mémoires.

HACHETTE (Louis), libraire français, né à Réthel en 1806, m. en 1864 ; était élève de l'École normale ; fut éloigné de l'enseignement par le licenciement de cette école en 1822 ; fonda en 1826 une librairie classique, à laquelle son activité donna de très-grands développements; y joignit depuis une librairie scientifique et littéraire d'où sont sorties de nombreuses et importantes publications ; a fondé plusieurs recueils périodiques, la Revue de l'instr. publ., le Manuel général de l'instr. primaire, etc.

HACKNEY, paroisse d'Angleterre (Middlesex), à 5 kil. N. E. de Londres, dont on la regarde comme un faubourg ; 32 000 hab. Serres, pépinières, hospice d'orphelins. On croit que c'est à Hackney que furent d'abord employées les voitures de louage que les Anglais appellent Hackney coaches.

HADDINGTON, v. d’Écosse, ch.-l. du comté d'Haddington, à 24 kil. E. d’Édimbourg, sur la Tyne, 6000 hab. Chemin de fer. — Le comté de Haddington ou d'East-Lothian a pour bornes au N. le golfe de Forth, au S. le comté de Berwick, à l'E. la mer du Nord, à l'O. le comté d’Édimbourg : 40 kil. sur 26 ; 36 000 hab. Mines de fer, de plomb, de houille.

HADELN, petit pays de la Prusse, à l'emb. de l'Elbe ; 22 kil. sur 17. 16 000 hab.; ch.-l., Otterdorf. Sol plat, au-dessous du niveau de l'Océan.

HADERSLEBEN, ville du Sleswig, chef-lieu de bailliage, à 51 kil. N. de Flensborg, sur le Petit Belt ; 3000 hab. Petit port, qui sert de principal passage pour aller du Sleswig à l'île de Fionie.

HADJAR, contrée d'Arabie. V. BAHREIN.

HADJI (c.-à-d. en arabe pèlerin), nom que prennent les Musulmans qui ont fait le pèlerinage de la Mecque ou de Médine, pèlerinage que doit faire au moins une fois dans la vie tout disciple de Mahomet.

HADJI-KHALFA, savant turc, nommé aussi Kalib-Tchélébi, né à Constantinople vers 1600, m. en 1658, fut 1er secrétaire et grand trésorier du sultan Amurath IV. On a de lui : Découverte des pensées touchant les livres et les genres, précieux traité de bibliographie, publ. à Leipsick par Flugel, turc-lat.,7 vol. in-4, 1843-58; Tables chronologiques depuis la création d'Adam jusqu'en 1640, Constantinople, 1733, in-fol., trad. du turc en latin par Koehler, et en franc. par Galland ; Géographie, en arabe ; Histoire de Constantinople, etc., 1732 (trad. en français par Armain, 1743).

HADLEY (sir John), astronome du XVIIIe siècle, membre et vice-président de la Société royale de Londres, a inventé l’octant ou quartier de réflexion qui porte son nom, et qui permet, dans les observations astronomiques, de mesurer les angles malgré le mouvement du vaisseau. On a de lui : Description d'un nouvel instrument pour mesurer les angles, 1731.

HADRAMAOUT, contrée de l'Arabie méridionale, s'étend le long du golfe d'Oman, entre l'Yémen à l'O. et le Marah à l'E. Villes principales : Macouba, Sahar, Sedjer, Dofar, Morebat et Hazek, toutes sur la côte. — L'Hadramaout tire son nom de l'ancien peuple des Adramites, qui l'habitait jadis, avec les Sabéens, les Homérites, etc. H était compris dans l'Arabie Heureuse.

HADRIA, HADRUMETUM, etc. V. ADRIA, etC.

HÆMI EXTREMA, Emineh Boroun, cap de la Thrace, au N. E., formait la séparation entre la Mésie et la Thrace, et terminait à l'E. les monts Hémus.

HÆNDEL (George Frédéric), compositeur célèbre, né en 1684 à Halle en Saxe, d'où les Italiens l'ont surnommé il Sassone, mort à Londres en 1759, annonça dès son enfance une vocation décidée pour la musique : à l'âge de dix ans, il composait des sonates et des motets. Après avoir voyagé en Italie et sur le continent, il se fixa à Londres lors de l'avénement au trône d'Angleterre de George I, électeur de Hanovre, dont il était le maître de chapelle. Il fit les délices des Anglais, qui le regardent comme un compatriote, et qui lui décernèrent les honneurs de la sépulture à Westminster. Hændel a composé 50 opéras, dont les plus remarquables sont : Agrippine, Renaud, Mutius Scévola, Alexandre et Scipion ; 26 oratorios, parmi lesquels on cite le Messie, Judas Machabée, Moïse en Égypte ; 8 vol. de motets, 4 de cantates, etc. Ses compositions se distinguent par l'invention, par la hardiesse et le sublime des conceptions et par l'élévation du style ; mais on leur reproche un peu de dureté et de négligence dans les détails.

HAFF, veut dire port en allemand : de là Kurische-Haff, et les dérivés Haven, Havn.

HAFIZ (MOHAMHED), poëte lyrique persan, né à Chiraz vers 1320, mort vers 1391, a chanté la beauté, l'amour, le plaisir, et a mérité, par la grâce de ses poëmes et aussi par leur licence, d'être surnommé l’Anacréon de la Perse. Le recueil de ses poésies, ou Divan, qui contient 571 odes ou ghazels, a été publié à Calcutta, 1791, 1 vol. in-fol., en persan. Il en a été traduit divers morceaux par d'Herbelot (dans sa Bibliothèque orientale), et par Herbin, 1806, avec une notice sur ce poëte. Hammer en a donné une traduction complète en allemand, Tubingue, 1812.

HAFNIA, nom de Copenhague en latin moderne.

HAGA, nom latinisé de La Haye.

HAGANON, fav. de Charles le Simple. V. CHARLES.

HAGEDORN (Fréd. de), poëte, né à Hambourg en 1708, mort en 1754, a composé des poésies remarquables par l'originalité des pensées et la pureté du style : le Sage, 1741 ; la Félicité, 1743 ; l'Amitié, poëmes didactiques ; des Fables et des Contes en vers, une satire, le Savant, et des épigrammes. Ses œuvres complètes ont été publiées à Hambourg, 1800, 5 v. in-8. Quelques-unes ont été trad. par Huber, dans son Choix de poésies allemandes, 1766. Hagedorn était grand admirateur de la littérature française. — Son frère, Christian Louis H., directeur des Académies des beaux-arts de Dresde et de Leipsick, a laissé des Considérations sur la peinture, Leipsick, 1762, regardées comme classiques.

HAGENBACH (Pierre, sire de), favori de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, fut nommé par ce prince en 1469 gouverneur des comtés de Ferrette, de Sundgau, de Brisgau et d'Alsace. Il abusa à un tel point du pouvoir qu'il occasionna la formation d'une ligue contre la Bourgogne entre l'archiduc d'Autriche, la Suisse, le Palatinat, et le roi de France Louis XI. Il fut pendu dans une émeute populaire par les habitants de Brisach (1474).

HAGETMAU, ch.-l. de cant. (Landes), dans la Chalosse, à 12 kil. S. de St-Sever ; 2000 hab. Vins recherchés. Restes d'un château des Grammont.

HAGUE (La). V. HOGUE (La).

HAGUENAU, v. d'Alsace-Lorraine, sur la Moder, à 28 kil. N. de Strasbourg; 8000 hab. Ville forte; collège, église byzantine de St-George. Faïence et poteries; percales, calicots, siamoises, goudron, etc. — Cette ville se forma autour d'un château construit, vers 1005, par un comte de Hohenstaufen, et où résidèrent souvent les empereurs de cette famille : c'était une des villes impériales de la Basse-Alsace. Elle fut prise par les Suédois en 1632; les Impériaux, commandés par Montecuculli, l'assiégèrent vainement en 1675; mais ils la prirent en 1705; Villars la reprit l'année suivante. En 1793 les Français défirent sous ses murs les Autrichiens et les Prussiens.

HAHN (Simon Fréd.), historien, né en 1692 à Klosterbergen près de Magdebourg, mort en 1729, avait acquis dès l'âge de 10 ans une espèce de célébrité par la précocité de ses connaissances, principalement en histoire. Il succéda, à 24 ans, au savant Eckart, professeur d'histoire à l'Université de Helmstædt; en l724, le roi d'Angleterre, George I, le nomma son historiographe et son bibliothécaire à Hanovre. Parmi ses différents ouvrages, on remarque son Histoire de la Constitution de l'Empire et des empereurs, depuis Charlemagne jusqu'à Guillaume de Hollande, en all., Halle, 1721-1724, 4 vol. in-4.

HAHN (L. Phil.), poëte tragique, né à Trippstadt, dans le Palatinat, en 1746, mort en 1787, fut secrétaire des finances et référendaire des comptes à Deux-Ponts. Il a donné quelques tragédies qui, malgré l'irrégularité du plan, sont remarquables par l'énergie du style, la hardiesse des portraits et la sublimité des pensées. Les meilleures sont: la Rébellion de Pise, 1776; Robert de Hohenecken, 1778.

HAHNEMANN (Samuel), fondateur de la médecine homœopathique, né en 1755 à Meissen (roy. de Saxe), m. en 1843, avait pour père un pauvre peintre sur porcelaine. Reçu docteur en médecine à Erlangen, il se fixa en 1791 à Leipsick, où il étudia avec le plus grand soin la chimie et la matière médicale; découvrit de nouveaux moyens de constater les falsifications du vin ainsi que les empoisonnements par l'arsenic, et trouva le précipité connu depuis sous le nom de mercure soluble d'Hahnemann. Mécontent de la médecine régnante, il entreprit une série d'expériences dans le but de reconnaître les propriétés des médicaments, et se trouva conduit à proclamer que les spécifiques les plus propres à guérir une maladie sont les substances mêmes qui produisent sur l'homme bien portant les symptômes de cette maladie. Dès lors, à l'axiome hippocratique : Contraria contrariis curantur, il substitua ce principe opposé : Similia similibus curantur; il nomma en conséquence la nouvelle doctrine homœopathie (d'ὅμοιος, semblable, πάθος, mal). Il enseigna en outre que les remèdes homœopathiques ne devaient être pris qu'à des doses infinitésimales. Ce fut en 1794, à l'hospice de Georgentnal près de Gotha, qu'il fit ses premiers essais. Attaqua par ses confrères et par les pharmaciens, dont il ruinait l'industrie par la simplicité de ses remèdes, il se vit plusieurs fois contraint de changer de résidence : il trouva pendant 14 ans un asile à Cœthen (1820-34). Il vint en 1835 se fixer à Paris, après s'être remarié, à 80 ans, avec une jeune Française, Mélanie d'Hervilly, et y mourut dans sa 89e année. Ses principaux ouvrages sont l'Organon de l'art de guérir, Dresde, 1810, traduit par Jourdan, 1832; la Matière médicale, 1811-1821, traduite par le même, 1834; Des maladies chroniques (il les attribue pour la plupart à un vice psorique ou à un vice syphilitique), 1828, trad. en 1832 et 1846. Quelque opinion qu'on ait sur le fond de la doctrine d'Hahnemann, on reconnaît qu'il a rappelé l'attention sur l'action de médicaments trop négligés, et qu'il a fait lui-même d'intéressantes découvertes sur les propriétés spécifiques de plusieurs substances. Le Dr Perry et le Dr L. Simon ont donné des Notices sur sa vie et ses travaux.

HAÏDERABAD ou HYDERABAD, c.-à-d. ville du lion, v. de l'Inde, dans le roy. du Décan, ch.-l. de la prov. d'Haïderabad, et résidence du Nizam, sur la r. dr. du Moussy, à 3 kil. E. de Golconde, à 310 kil. N. N. O. de Madras, par 17° 15' lat. N., 76° 9' long. E. ; 200 000 hab. Commerce de diamants. — Cette ville, fondée en 1586, portait d'abord le nom de Bagnagor; ce nom fut changé en celui d'Haïderabad, en l'honneur d'Ali, gendre de Mahomet, que l'on nomme quelquefois Haïder-Allah, le lion de Dieu. — L'ancienne prov. d'Haïderabad, qu'on nomme aussi prov. de Golconde, est bornée au N. et au N. O. par le Bider, au S. O. par le Bedjapour, dont elle est séparée par la Bima et la Krichna, au S. par la prov. de Balaghat et le pays des Circars septentrionaux, à l'E. par le Gandouana, dont le Godavery la sépare, et a pour villes principales Haïderabad et Golconde. Cette contrée est couverte de montagnes, mais elles sont peu élevées. On y trouve un grand nombre de vallées, toutes extrêmement fertiles. Les habitants professent presque tous le Brahmanisme, et parlent le dialecte telinga. — L'Haïderabad appartenait jadis aux radjahs de Telingana et de Bichnagar; les Mahométans le conquirent au XVe siècle, et en firent un État particulier sous le nom de Royaume de Golconde. Aureng-Zeyb le réunit à son empire en 1687. Vers 1719, Tchyn-Kili-Khan, gouverneur de cette province pour les Mongols, s'y rendit indépendant; il régna jusqu'en 1748. Ghazy-ed-Dyn, son fils, lui succéda. Vint ensuite Nizam-Aly, qui eut à combattre à la fois Haïder-Ali, les Mahrattes et les Anglais. Il se reconnut vassal de ces derniers en 1800.

HAÏDERABAD, v. de l'Inde (Sindhy), capit. d'une principauté vassale des Anglais, dans une île formée par le Sind, et dans l'ancien Moultan, par 25° 22' lat. N. et 66° 15' long. E. : 20 000 hab. Citadelle. Fabriques d'armes, grand commerce. Cette ville fut fondée vers le milieu du siècle dernier.

HAÏPER-ALI ou HYDER-ALI, conquérant indien, né en 1718 près de Kolar, dans le roy. de Maïssour (Mysore), était fils du commandant d'une forteresse et prétendait descendre de Mahomet. Il se distingua de bonne heure contre les Mahrattes, fut en récompense élevé par le radjah de Maïssour au rang de ministre, mais ne tarda pas à se révolter, s'empara en 1761 de Seringapatnam et de tout le Maïssour, dont il chassa le radjah, rangea sous ses lois, avec le secours des Français, les côtes de Malabar et de Calicut, ainsi que les Maldives, et se fit appeler le Roi des îles de la mer des Indes. Les Anglais essayèrent inutilement de s'opposer à ses progrès; il mourut en 1782 dans la ville d'Arcate, laissant ses États à ses fils Tippou-Saïb et Kérym-Saïb.

HAÏDOUKS, milice instituée en Hongrie par Mathias Corvin vers 1460, fut supprimée en 1605, et reçut alors pour demeure six villages du comitat de Szabolsch. Ce pays, connu depuis sous le nom de Pays des Haïdouks, est situé à l'E. et à l'O. de Debreczin. Il compte une population de 60 000 individus et a pour ch.-l. Bœszœrmeny. Les Haïdouks jouissent de grands privilèges, mais ils sont tous astreints au service de la cavalerie; ils sont armés et costumés comme les hussards. — A l'exemple des magnats hongrois, qui ont des Haïdouks dans leur suite, plusieurs souverains et ambassadeurs étrangers ont pris à leur service des domestiques de haute taille habillés comme les Haïdouks : c'est ce qu'on appelait heiduques sous Louis XIV.

HAÏG, père de la nation arménienne, descendait de Japhet par Gomer et Thorgom. D'après la tradition arménienne, il prit part à la construction de la tour de Babel; mais, dans la suite, ne voulant pas obéir à Bélus, il se rendit, avec 300 personnes de sa famille, en Arménie, son pays natal, dont il soumit les indigènes. Bélus lui déclara la guerre, et, dans une rencontre qui eut lieu sur les bords du lac de Van, Haïg le tua d'un coup de flèche. Depuis il resta maître du pays. On le fait vivre 400 ans et mourir l'an 2265 av. J.-C. C'est de son nom que les Arméniens se sont appelésHaïk, et l'Arménie Haïasdan.

HAILLAN (GIRARD, seigneur du). V. DU HAILLAN.

HAIMBURG, Carnuntum? v. de l'archiduché d'Autriche, à 44 kil. S. E. de Vienne, sur la riv. dr. du Danube : 2700 hab. Manufacture de tabac.

HAI-NAN, île de la mer de Chine (Kouang-toung ou Canton), à l'E. du golfe de Tonkin, n'est séparée du continent chinois que par un canal de 17 kil. : 270 kil. sur 130; env. 1 000 000 d'hab. ; ch.-l. Khioung-tcheou. Habitants enclins a la piraterie. — Les Chinois abordèrent pour la 1re fois dans cette île env. 108 ans av. J.-C, et ne tardèrent point à la soumettre. Cependant il y a encore dans l'intérieur des tribus indépendantes et presque sauvages.

HAINAUT, Hanagavensis comitatus, prov. du roy. de Belgique, bornée au N. par les deux Flandres et le Brabant mérid., à l'E. par la prov. de Namur, au S. et à l'O. par la France : 100 kil. de long sur 50 de large; 800 000 hab. ; ch.-l., Mons. Le Hainaut se divise en 6 districts (Ath, Charleroi, Mons, Soignies, Thuin et Tournay). Il est arrosé par la Haine, qui lui donne son nom, par l'Escaut, la Dendre et la Sambre. Au S. E. le sol est montueux; ailleurs il est plat, mais bien cultivé, et produit en abondance blé, légumes, lin et chanvre, fruits, houblon et fourrages; excellents pâturages. Le district de Mons renferme d'immenses mines de houille; il y a aussi des mines de fer et de plomb, des carrières d'ardoise et de marbre. Industrie active : métallurgie, brasseries, faïenceries; verrerie, toiles, tissus de laines, et dentelles. — Le Hainaut fut primitivement habité par les Nerviens : il n'a pris le nom de Hainaut que dans le VIIe siècle. Dès le Ve siècle, il eut des comtes particuliers; mais ils ne devinrent héréditaires qu'en 860, à partir de Régnier, mort en 916. Au XIIe s., Baudouin réunit par mariage le Hainaut et la Flandre, et dès lors ces deux pays eurent la même destinée. Le Hainaut fut occupé en 1427 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne; il passa, avec la succession des ducs de Bourgogne, dans les mains de l'Autriche; le traité des Pyrénées (1659) et celui de Nimègue (1678) en cédèrent à la France la partie mérid., qui forma le Hainaut français (capit. Valenciennes; autres villes : Condé, Maubeuge, Le Quesnoy, Landrecies, Avesnes, Givet, Charlemont, Philippeville) ; le reste fut donné à l'empereur et prit le nom de Hainaut autrichien. En 1793, les Français s'emparèrent du Hainaut autrichien et en firent le dép. de Jemmapes. En 1814, le Hainaut forma une prov. du roy. des Pays-Bas, et en 1830 il resta à la Belgique. Reiffenberg a donné l’Histoire du comté de Hainaut.

HAINAUT (Jeanne, comtesse de), fille de Baudouin, comte de Flandre, 1er empereur français à Constantinople, fut, ainsi que Marguerite, sa sœur, amenée à la cour de France lorsque son père eut été fait prisonnier par le roi des Bulgares (1206), et fut mariée en 1211 à Fernand, fils de Sanche I, roi de Portugal, par Philippe-Auguste, qui exigera même temps la cession des villes d'Aire et de St-Omer, partie de la dot de la comtesse. Fernand, peu après son mariage, se révolta au sujet de cette cession et se ligua contre le roi de France avec Jean sans Terre, roi d'Angleterre; mais il fut défait à Bouvines (1214), fait prisonnier et enfermé à la tour du Louvre. Jeanne régna seule sur la Flandre. Elle jouissait paisiblement de ses États, lorsqu'en 1225 le bruit courut que Baudouin, son père, qu'on avait cru mort, allait reparaîtra. Il parut en effet un Baudouin, qui voulut se faire passer pour le comte de Flandre ; mais l'imposture fut bientôt reconnue, et l'imposteur fut pendu à Lille en 1226. Cet évènement a fait peser sur Jeanne d'horribles soupçons que rien ne justifie. Cette princesse mourut en 1244 sans postérité.

HAINE, riv. de Belgique (Hainaut), passe près de Mons et se jette dans l'Escaut près de Condé, après un cours de 80 kil. Le Hainaut en tire son nom.

HAINICHEN, v. du roy.de Saxe, à 15 kil. O. N. O. de Freyberg; 3500 hab. Patrie de Gellert.

HAÏTI (c.-à-d. Pays montagneux dans la langue caraïbe), l’Hispaniola de Christ. Colomb, l'île St-Domingue des Français, grande île de la mer des Antilles, au S. E. de Cuba et à l'E. de la Jamaïque, a env. 660 kil. de long sur 260 de large, et près d'un million d'hab. On y distingue la partie française, à l'O., et la partie espagnole, à l'E. La partie franç. a pour capit. Port-au-Prince. L'île entière est divisée en 6 dép. : Ouest, Sud, Artibonite, Nord, Nord-Est, Sud-Est, qui ont pour ch.-l. Port-au-Prince, les Cayes, les Gonaïves, le Cap-Haïtien, Santiago, Sto-Domingo. L'île se termine à l'E. par le cap Engagno, et à l'O. par 2 prolongements, entre lesquels se trouvent le golfe et l'île de Gonave. Le pays est traversé de l'E. à. l'O. par les monts Cibao, riches en mines d'or, d'argent, de cuivre, de mercure; le pic le plus élevé a 2400m; au S. E. s'étendent de grandes plaines qui nourrissent d'immenses troupeaux. De nombreuses riv. (l'Artibonite, la Youna, la Neyba, l'Ozama, le grand Yaque) rendent le sol très-fertile (surtout en café, canne à sucre, coton, tabac, bois d'acajou, de campêche), mais le climat est humide et malsain. Le gouvt a été successivem. républicain et monarchique. Un sénat et une chambre de représentants concourent à la confection des lois. La langue française est la langue officielle; on parle espagnol dans la région orientale de l'île. Le Catholicisme est la religion de l'État; les autres religions sont tolérées. — Cette île fut découverte par Christ. Colomb le 6 déc. 1492 et fut le siège du 1er établissement européen en Amérique. Les Espagnols y fondèrent en 1495 Santo-Domingo, dont la prompte prospérité fit donner à toute l'île le nom de St-Domingue. Ils eurent bientôt soumis les indigènes qui étaient de race caraïbe; mais les mauvais traitements qu'ils leur firent subir ne tardèrent point à les faire décroître à tel point qu'à peine il restait 150 naturels au milieu du XVIe siècle. La colonie n'avait encore que peu d'importance lorsque l'amiral anglais Drake la ravagea en 1586. Au milieu du XVIIe siècle (vers 1640), des boucaniers qui s'étaient établis dans l'île de la Tortue, près de la côte septentrionale d'Haïti, dévastèrent les établissements espagnols, et, après avoir été reconnus par le gouvt français, ils finirent par s'établir dans la partie occidentale de l'île ; le traité de Ryswick, en 1697, céda définitivement cette partie à la France. La colonie française s'accrut rapidement et prospéra tellement qu'en 1789 on y comptait 7800 plantations et 600 000 habitants (dont 500 000 esclaves), tandis que la partie espagnole comptait à peine 125 000 âmes. L'excès même de sa prospérité causa sa ruine : ses nombreux esclaves, traités avec trop de rigueur, se révoltèrent en 1722; cette 1re tentative fut facilement réprimée; mais l'Assemblée nationale ayant, par un décret du 28 mars 1790, appelé les hommes de couleur à partager les droits politiques, les noirs profitèrent des discordes que ce décret avait excitées parmi les colons, et se soulevèrent partout (1791); ils commirent, sous la conduite d'un certain Boukman, les plus grandes atrocités. En 1793, Mayaca, chef noir, s'empara du Cap et en massacra tous les habitants libres. L'année suivante, un autre chef, Toussaint Louverture, enleva les principales places de la colonie française, chassa une armée anglaise que les colons de la Jamaïque avaient envoyée au secours des blancs, et s'empara de la partie espagnole d'Haïti, que l'Espagne venait de céder à la France (1795). En 1802, le général Leclerc, à la tête de 20 000 Français, débarqua à St-Domingue, s'empara par surprise de la personne, de Toussaint Louverture et l'envoya en France. Les hostilités, un instant suspendues, recommencèrent en 1803 sous la conduite du général noir Dessalines, l'un des lieutenants de Toussaint : les Français furent refoulés jusqu'au Cap, et Rochambeau, qui avait succédé à Leclerc, fut obligé de se rendre à une flotte anglaise. Toutefois ce n'est qu'en 1805 que l'île fut complètement évacuée par les troupes françaises. Dessalines, maître de l'île, proclama son indépendance et prit le titre d'empereur d'Haïti sous le nom de Jacques I ; il fut assassiné en 1806. Christophe s'empara aussitôt du pouvoir; après une lutte acharnée contre Pétion, son rival, il resta maître de la plus grande partie de l'île, et prit en 1811 le titre de roi, sous le nom de Henri I. Pétion conserva néanmoins jusqu'à sa mort la partie S. de l'île et y maintint le gouvt républicain. Christophe périt dans une insurrection militaire en 1820. Alors Boyer,qui avait succédé en 1818 à Pétion dans le gouvt du sud, fut proclamé président. Il soumit la partie espagnole et devint maître de toute l'île (1822). En 1825, la France reconnut l'indépendance d'Haïti, qui devait en retour payer aux anciens colons une indemnité de 150 000 000 de francs, indemnité qui en 1838 fut réduite à 90 millions. En 1843, Boyer, accusé de tyrannie, fut expulsé, et remplacé par le général Hérard, puis par Guerrier, 1844; par Pierrot, 1845; par Riche, 1846: par Soulouque, 1847. Ce dernier se fit proclamer empereur en 1849 sous le nom de Faustin I. Il fut renversé en 1859, et la république fut rétablie sous la présidence de Geffrard, que remplaça Salnave (1867). Au milieu de tous ces troubles, la partie orientale de l'île s'était définitivement séparée. Elle forma depuis 1843, sous le nom de République dominicaine, un État à part, qui comptait environ 50 000 hab. et qui avait pour capit. Santo-Domingo. Après avoir quelque temps reconnu l'autorité de l'Espagne (1861-65), pour se soustraire à celle de Haïti, St-Domingue se constitua de nouveau en république indépendante (1865). — V. L'Hist. d'Haïti par M. Madiou, 1847, et par M. Ardouin, 1860.

HAKEM, nom arabe qui veut dire magistrat, se dit chez les Musulmans de tous les juges et gens de loi qui sont sous l'autorité d'un cadi. — Hakem est aussi le nom propre de plusieurs princes musulmans qui ont régné soit à Cordoue, soit en Égypte. V. AL-HAKEM.

HAKLUYT (Richard), historien anglais, né vers 1553, dans le comté d'Hereford, m. en 1616. On a de lui : les Principales navigations et les principaux voyages et trafics de la nation anglaise, en anglais, Londres, 1582, 3 vol. in-fol., recueil très-estimé.

HAKODADI, v. du Japon, à l'extrémité S. de l'île d'Yeso, sur la côte N. du détroit de Sangar, entre Matsmaï à l'O. et le cap Sirija à l'E.; 16 000 h. Beau port, ouvert aux Européens depuis 1855.

HALBERSTADT, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de cercle, sur l'Holzemme, à 45 kil. S. O. de Magdebourg ; 20 000 hab. Cour d'appel, gymnase, écoles, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, etc. Ville bâtie dans le genre gothique. Belle cathédrale de St-Étienne, du XIIIe siècle, église de Notre-Dame, hôtel de ville. Draps, lainages, tabac, gants de cuir, chapeaux, bougies, eau-de vie. — Ville très-ancienne : elle devint en 804 le siège d'un évêché qui fut sécularisé à la paix de Westphalie (1648). Halberstadt fut en 1134 le siège d'une diète de l'empire.

HALDAT (Alex.), physicien, né en 1770 à Bourmont (Meurthe), m. en 1852, fut successivement chirurgien des armées, professeur de physique et inspecteur d'Académie; contribua de tout son pouvoir au rétablissement de l'Académie des sciences et des lettres de Nancy et fut nommé correspondant de l'Institut. On lui doit une Exposition de ta doctrine magnétique, Nancy, 1852.

HALES (Étienne), physicien et naturaliste, né en 167 7 dans le comté de Kent, m. en 1761. On lui doit plusieurs inventions utiles, entre autres celle des ventilateurs destinés à renouveler l'air dans les hôpitaux, les prisons, les mines, les vaisseaux (1741), et un procédé pour dissoudre la pierre dans la vessie, qui lui valut la médaille de Copley. Il a publié : Statique des animaux, trad. par Sauvage, Genève, 1744; Statique des végétaux, trad. par Buffon; l'Art de rendre l'eau de mer potable, etc.

HALES (ALEXANDRE de). V . ALEXANDRE DE HALES.

HALESOWEN, v. d'Angleterre (Shrop), à 11 kil. S. O. de Birmingham ; 12 000 hab. Anc. abbaye de Prémontrés. Église dont on admire le clocher. Patrie du poëte Shenstone.

HALÉVY (Jacques-Fromenthal), compositeur, né à Paris en 1799 de parents israélites, m. en 1862; reçut les leçons de Berton et de Chérubini; a donné plusieurs opéras, parmi lesquels on remarque la Juive (1835), l'un des chefs-d'œuvre de notre scène lyrique, l’Éclair, la Reine de Chypre, Charles VI, les Mousquetaires, la Fée aux Roses, le Val d'Andorre, Jaguarita, la Magicienne. On y trouve tour à tour le style le plus élevé, de puissants effets dramatiques, une mélodie enjouée et gracieuse, toujours une composition originale, une instrumentation riche et savante. On admire surtout ses morceaux d'ensemble. Il devint professeur au Conservatoire (1827), membre (1836), puis secrétaire perpétuel (1854) de l'Académie, des beaux-arts, où son Éloge a été lu par M. Beulé.

HALFAY, pays de la Nubie mérid., s'étend le long du Bahr-el-Azrek depuis 14° 10' lat. N., sur un espace de 380 k. Ch.-l. Halfay, à 115 kil. S. O. de Chendi.

HALIACMON, auj. l’Indjé-Karasou, fleuve de la Macédoine, sortait des monts Citius et tombait dans le golfe Thermaïque entre le Lydias et l'Axius.

HALIARTE, Haliartus, auj. Mazi? v. de Béotie, sur la côte S. du lac Copaïs. Elle fut saccagée par Xerxès et détruite par les Romains dans la 3e guerre de Macédoine.

HALICARNASSE, Halicarnassus, auj. Bodroun, v. de Carie, dans la Doride, au N. du golfe Céramique, avait été fondée par les Doriens. Elle eut dans la suite des rois d'origine carienne, parmi lesquels il faut remarquer les deux Artémise et Mausole, dont on admirait le tombeau (V. ces noms). Patrie d'Hérodote et de l'historien Denys (d'Halicarnasse). Belles ruines.

HALICZ, primitivt Galitch, v. des États autrichiens, dans la Galicie, sur la r. dr. du Dniester; 4000 hab. Cette ville avait jadis un évêché. De son nom est dérivé le nom de la Galicie.

HALIDON ou HALLISDOWN-HILL, lieu d’Écosse, entre Berwick et Édimbourg. Les Écossais, partisans du jeune roi David Bruce, y furent vaincus par le roi d'Angleterre Édouard III, qui portait Baliol au trône (1333) : le généralissime écossais, Archibald Douglas, y périt avec 12 000 des siens.

HALIFAX, v. d'Angleterre (York), dans une vallée profonde, à 3 kil. d'un bras du Calder, à 59 k. S. O. d'York ; 40 000 hab. Belle église gothique ; église moderne de la Ste-Trinité. Beaucoup d'industrie : draps, mérinos, peluches, sergés, tapis, tissus de coton, teintureries. Communications actives avec Hull, Manchester, Liverpool, Lancaster. Cette ville, fondée en 1443, a dû à son industrie un accroissement rapide. HALIFAX, v. et port de l’Amérique anglaise, capit. de. la Nouv.-Écosse, sur la vaste baie de Chebuctoo où peuvent mouiller à l’aise 1000 navires : 25 000 hab. Évêchés catholique et anglican. Chantier royal. Commerce très-actif.

HALIFAX (George SAVILLE, marquis d’), homme d’État, né vers 1630 dans le comté d’York, mort en 1695, jouit longtemps de la faveur de Charles II et de Jacques II, fut créé par le premier de ces princes pair, vicomte, et enfin marquis d’Halifax ; fut successivement membre du conseil privé (1672), garde des sceaux (1682), et devint président du conseil à l’avénement de Jacques II (1685), dont il avait soutenu les droits à la couronne. Ayant été disgracié en 1686, il se rangea parmi les ennemis du roi, et lors du débarquement du prince d’Orange, Guillaume III, il fut un des premiers à offrir la couronne à ce prince (1689). Guillaume lui conféra le titre de secrétaire du sceau privé ; mais Halifax ne tarda pas à se faire disgracier de nouveau, et depuis il ne cessa de s’opposer aux mesures du gouvernement. C’était un homme de beaucoup d’esprit, mais d’un caractère fort inconstant. Il a laissé quelques écrits : Caractère d’un Trimmer (c.-à-d. nageur entre deux eaux) ; Caractère de Charles II ; Maximes d’État ; Avis d’un père à sa fille. Ses opuscules ont été réunis en 1704.

HALIFAX (Ch. MONTAIGU, comte d’), homme d’État et poëte anglais, né en 1661 à Horton (Northampton), mort en 1715, était fils du précéd. Il fut nommé en 1694 chancelier de l’échiquier et sous-trésorier, entra en 1700 à la Chambre des Lords, avec le titre de baron d’Halifax, et reçut peu après le titre de comte. En 1696, il conçut le plan d’un fonds général, qui donna naissance au fonds d’amortissement établi ensuite par Robert Walpole. En 1706, il proposa et négocia la réunion définitive de l’Écosse à l’Angleterre. Après la mort de la reine Anne, il montra beaucoup de zèle pour assurer la succession à la maison de Brunswick. Cependant, n’ayant pas été nommé par George I lord grand trésorier, il se jeta par dépit dans le parti des Tories. Halifax a laissé quelques poésies (Londres, 1715) ; il protégea les gens de lettres (Addison, Pope, Swift, etc.).

HALL, Hala ad Œnum, v. des États autrichiens (Tyrol), sur la r. g. de l’Inn, à 3 kil. E. d’Innsprück ; 8000 hab. Aux env., eau minérale et saline qui produit 300 000 quintaux de sel par an.

HALL ou SCHWÆBISCHE-HALL, c.-à-d. Hall de Souabe, v. du Wurtemberg (Iaxt), à 32 kil. N. O. d’Elwangen : 7000 hab. Eau minérale et bains fréquentés. Source salée d’où l’on tire 100 000 quintaux de sel par an. Église gothique, deux bibliothèques. Jadis ville libre de l’empire. C’est là que furent frappés pour la 1re fois, en 1224, les liards allemands, qui en tirèrent le nom de Haller ou Heller.

HALL (Basil), marin anglais, 1789-1844, fut attaché en 1816 à la mission de lord Amherst en Chine, explora les côtes de la Corée et l’archipel Liou-Tcheou, dont il publia la description en 1818, fut chargé, de 1820 à 1822, d’explorer les côtes de l’Amérique méridionale, et en donna la description en 1824 (trad. dès 1825 sous le titre de Voyage au Chili, au Pérou, etc.), et fit ensuite pour son propre compte divers voyages qu’il a publiés sous le titre de Travels in North-America, 1839. Atteint à la fin de sa vie d’aliénation, il mourut dans une maison de fous.

HALLAM (H.), historien anglais, né en 1778 à Windsor, mort en 1859, étudia à Oxford, travailla de bonne heure à la Revue d’Édimbourg, dont il devint un des rédacteurs principaux, publia en 1818 le Tableau de l’Europe au moyen âge ; en 1827, l’Histoire constitutionnelle de l’Angleterre, et dix ans après l’Introduction à l’Histoire littéraire de l’Europe aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Ces ouvrages, fruits de recherches profondes, et écrits avec méthode et élégance, obtinrent un légitime succès, et furent immédiatement trad. en français (par M. Guizot et par Alph. Borghers). Hallam était un des directeurs du Musée britann. Il était associé de l’Institut de France, où son éloge a été lu par M. Mignet, 1862.

HALLAND, prov. de Suède. V. HALMSTAD.

HALLE, Hala Saxonum, v. des États prussiens (Saxe), sur la Saale, dans la régence et à 15 kil. N. de Mersebourg : 35 800 hab. (sans compter les étudiants). On y distingue 3 parties : Halle, Glaucha, Neumarkt, et 5 faubourgs. Université célèbre, fondée en 1694, à laquelle a été réunie celle de Wittemberg en 1816 : elle est le berceau du Piétisme. Soc. d’histoire naturelle, école de Franke, écoles de médecine, de chirurgie, des mines. Immenses salines, qui produisent plus de 300 000 quintaux par an. Draps, serges, flanelle, bas de soie, chapeaux ; fabriques d’amidon, etc. Patrie de Struensee, de Hændel, de Michaelis l’orientaliste, et du médecin Hoffmann. — Halle remonte au IXe siècle ; en 981 Othon II l’éleva au rang de ville. Elle soutint au XIIIe siècle une longue guerre contre les évêques de Magdebourg, et au XVe contre l’électeur de Saxe. Pendant les guerres de Trente ans et de Sept ans, Halle fut plusieurs fois prise et saccagée. La Prusse la possède depuis 1694. En 1806 les Français s’en emparèrent et la réunirent au roy. de Westphalie. En 1814 elle fut rendue à la Prusse.

HALLE, v. de Belgique (Brabant méridional), sur la Senne, à 16 kil. S. O. de Bruxelles : 8000 hab. Célèbre église Notre-Dame, remarquable par ses vitraux et ses ornements d’architecture. Savon, ustensiles en bois, raffineries de sel, papeteries, etc.

HALLÉ (Jean Noël), médecin, né à Paris en 1754, mort en 1822, était Sis d’un peintre distingué, Noël Hallé, surintendant des tapisseries de la Couronne. Il fut successivement professeur de physique médicale et d’hygiène à l’École de santé, professeur au Collège de France et à la Faculté de médecine, 1er médecin de Napoléon I, puis de Monsieur, après la Restauration. Il était membre de l’Académie de Médecine et de l’Institut. C’est Hallé qui a créé en France l’enseignement de l’hygiène. On a de lui des Recherches sur le méphitisme des fosses d’aisances, 1785 ; une Hygiène estimée, 1806 ; d’excellents articles d’hygiène dans l’Encyclopédie et dans le Dictionn. des Sciences médicales, et une édit. des Œuvres complètes de Tissot, 1809-1813, 11 vol. in-8. Il travailla beaucoup au Codex publié en 1818 et contribua à propager la vaccine. Ce médecin ne se faisait pas moins remarquer par ses sentiments religieux et son indépendance que par son instruction médicale. Son Éloge a été prononcé, à l’Institut, par Cuvier, et à l’Académie de Médecine, par Dubois (d’Amiens).

HALLENCOURT, ch.-l. de c. (Somme), à 17 k. S. E. d’Abbeville : 1300 h. Toile à matelas.

HALLER (Albert de), savant et poète suisse, né à Berne en 1708, mort en 1777, se fit remarquer par une précocité extraordinaire. Il manifesta d’abord un goût très-vif pour la poésie, mais il s’appliqua ensuite à la médecine et aux sciences naturelles. Après avoir reçu les leçons de Boërhaave à Leyde, et avoir visité à Londres et à Paris les plus habiles médecins de l’époque, il revint à Berne, où il pratiqua son art et fut nommé bibliothécaire. Le roi d’Angleterre George II ayant fondé en 1735 une université à Gœttingue, il y fut chargé de l’enseignement de l’anatomie, de la chirurgie et de la botanique. Il y resta 17 ans et y composa plusieurs de ses meilleurs ouvrages ; il prit part à la fondation de la Société royale de Gœttingue, et en fut nommé président. En 1753, il se retira dans sa patrie, et y occupa jusqu’à sa mort des fonctions administratives, sans cesser toutefois de se livrer à l’étude des sciences. Haller cultiva avec un égal succès la botanique, l’anatomie, la physiologie, et ne négligea pas la poésie. Il a composé 200 écrits ; les plus importants sont, en botanique : la Flore de la Suisse (Historia stirpium Helvetiaæ), Berne, 1768 ; en anatomie et en physiologie, ses Icones anatomicæ, Gœttingue, 1756 ; ses recherches sur la respiration, sur l’irritabilité, sur la génération, sur le développement du poulet et des fœtus, réunies sous le titre d’Opera minora, Lausanne, 1762-68 ; ses Elementa physiologiæ, Lausanne, 1757-66, ouvrage qui a opéré une révolution dans la science. On lui doit encore la Bibliothèque de la botanique, Zurich, 1771 ; — de la Chirurgie, Berne, 1774 ; — de l’Anatomie, Zurich, 1774 et 1777, — de la Médecine, Bâle, 1776, recueils qui attestent une érudition prodigieuse. Parmi ses poésies, on estime surtout son poëme sur les Alpes (1729), qui a été trad. en français par Tscharner. On a aussi de lui trois romans politiques écrits en français, Caton, Usong et Alfred, et un Journal intime, publ. en 1787 et trad. en français. La principale découverte de Haller, celle à laquelle son nom est resté attaché, est celle de l’irritabilité considérée comme force particulière à la fibrine charnue et indépendante de la sensibilité proprement dite. Ce savant porta dans tous ses écrits des sentiments de piété que ses découvertes ne firent qu’augmenter. Son Éloge a été fait par Condorcet et Vicq-d’Azyr.

Un petit-fils de Haller, Ch. Louis de H., né à Berne en 1768, m. en 1854, est auteur de la Restauration de la Politique (1824), ouvrage écrit en allem. et qu’il traduisit lui-même en français : il y combat les idées révolutionnaires et fonde, comme Bonald, la société sur le régime patriarcal. Il se convertit au Catholicisme, se fixa en France, et fut attaché comme publiciste au ministère des Affaires étrangères.

HALLEY (Edmond), astronome anglais, né à Londres en 1656, mort en 1742, inventa dès l’âge de 19 ans une méthode pour déterminer les aphélies et les excentricités des planètes ; alla en 1676 à l’île Ste-Hélène pour y faire des observations astronomiques ; fixa la position de 350 étoiles, et reconnut les lois des variations de la boussole. Appliquant les principes de Newton au cours des comètes, il reconnut la périodicité de ces astres et prédit dès 1705 le retour pour 1758 de la comète qui avait paru en 1682, et que l’on a nommée depuis la comète de Halley (cette comète a une révolution de 75 ans ; elle parut en 1305, 1380, 1456, 1531, 1607, 1682, 1758, 1835). Il dressa des Tables de la lune, s’efforça de reconnaître les lois du mouvement de cette planète, et découvrit le mouvement propre des étoiles. Admis à la Société royale de Londres dès l’âge de 22 ans (1678), il devint en 1713 secrétaire perpétuel de cette compagnie ; il fut nommé en 1703 professeur de géométrie à Oxford, et succéda à Flamsteed dans la place d’astronome à l’observatoire de Greenwich. On lui doit une bonne édition d’Apollonius de Perge et la 1re édition des Principia de Newton (1686).

HALLUIN, ville de France, dans le dép. du Nord, à 18 kil. N. E. de Lille, près de la Lys ; 4240 hab. Tissus de lin et de coton ; tisseranderies, blanchisserie de fil. Anc. duché qui appartint à Schomberg.

HALMA (l’abbé), érudit, né en 1755 à Sedan, mort en 1828 à Paris, enseigna les mathématiques et la géographie à Sedan ; devint en 1792, principal du collége de cette ville ; s’établit en 1797 à Paris et y tint un pensionnat ; devint sous l’Empire secrétaire du conseil de l’École polytechnique, professeur de mathématiques au Prytanée, bibliothécaire des ponts et chaussées, et fut nommé en 1816 conservateur de la bibliothèque de Ste-Geneviève. Il se consacra à traduire l’Almageste de Ptolémée, qui n’avait jamais été jusque-là traduit en français. Cet ouvrage parut sous le titre de Composition mathématique de Claude Ptolémée (avec notes de Delambre), 2 vol. in-4, 1813-1816. Il le fit suivre de la traduction des Hypothèses et époques des planètes de Ptolémée, 1821, ainsi que des Commentaires de Théon sur Ptolémée, 1822. Il a aussi beaucoup écrit sur le zodiaque de Denderah.

HALMSTAD ou HALLAND, préfecture de Suède, dans la partie S. O. de la Gothie, baignée à l’O. par le Cattegat : 310 kil. sur 80 ; 110 000 hab. ; ch.-l. Halmstad, petite ville de 2000 hab sur le Cattegat.

HALONÈSE, Halonesus, auj. Dromi, île de la mer Égée, sur la côte de Thessalie, entre Scopelos et Péparèthe, est fameuse dans la Fable par le massacre que les femmes y firent de leurs maris.

HALYS, auj. le Kizil-Irmak, le plus grand fleuve de l’Asie-Mineure, descendait du Taurus, courait à l’O., puis au N., traversait la Galatie et tombait, par le golfe d’Amise, dans le Pont-Euxin, après avoir séparé la Paphlagonie d’avec le Pont. Sur ses bords Alyatte et Cyaxare se livrèrent, l’an 601 av. J.-C., une bataille qui fut interrompue par une éclipse.

HAM, Hamum ou Hametum, ch.-l. de cant. (Somme), 24 kil. S. E. de Péronne ; 2000 hab. Rouenneries, guingamps ; sucre de betterave. Célèbre château fort, construit en 1470 par le comte de St-Pol, et qui sert de prison d’État : entre autres prisonniers, quatre ministres de Charles X (1830) et le prince Louis Napoléon (1840) y ont été détenus. Patrie du poëte Vadé et du général Foy.

HAMA ou HAMAH, l’Amath de la Bible, l’Epiphania des Grecs, v. forte de Syrie, ch.-l. de livah, sur l’Oronte, à 185 kil. N. E. de Damas ; 60 000 h. Citadelle, murailles ; palais du cheik, mosquées, bazars, caravansérail, bains publics. Beaucoup d’industrie (soieries, drap, ceintures, turbans, etc.). Grand commerce avec Alep, entrepôt de marchandises d’Europe. Anc. principauté ayoubite.

HAMADAN, Ecbatane ? ville de Perse (Irak-Adjemi), à 280 kil. O. S. O. de Téhéran, près du mont Elvend ; 30 000 h. Citadelle et remparts en ruines. Quelques monuments (bazars, mosquées, bains, caravansérails) ; quelque industrie. Les tombeaux d’Avicenne et des poëtes Attard et Aboul-Hasif y attirent beaucoup de pèlerins. Environs charmants et vantés. — On croit que cette ville occupe l’emplacement de l’ancienne Ecbatane. Elle a été très-florissante sous les Sophis ; mais depuis, sa prospérité a toujours été en décroissant ; elle fut prise et dévastée au XIVe siècle par Tamerlan, et en 1724 par Ahmed, pacha de Bagdad.

HAMADRYADES (des mots grecs, hama, ensemble, et drys, chêne), nymphes des arbres, naissaient et mouraient avec l’arbre auquel elles étaient attachées. V. DRYADES.

HAMAH. V. HAMA.

HAMAKER (H. ARENS), orientaliste, né en 1789 à Amsterdam, mort en 1835, fut appelé en 1817 à Leyde, où il enseigna jusqu’à sa mort les langues orientales. Il possédait l’arabe, l’hébreu, le syriaque, le persan, le sanscrit, etc. On lui doit un excellent Catalogue des manuscrits orientaux de la bibliothèque de Leyde, en latin, 1820, et une dissertation De Morte prophetarum, 1833.

HAMANN (Jean George), écrivain allemand, né en 1730 à Kœnigsberg, mort en 1788 à Dusseldorf, changea souvent de carrière. Il était également versé dans la théologie, la jurisprudence, les langues orientales, l’économie politique, la littérature ancienne et moderne. Il a composé un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels on remarque : Mémoires socratiques recueillis pour l’ennui du public, Amsterdam (Kœnigsberg), 1759 ; les Nuées, supplément aux mémoires socratiques, Altona, 1761 ; Apologie de la lettre H, ou Observations extraordinaires sur l’orthographe des Allemands, Pise (Francfort), 1773 ; Dictionnaire des phrases poétiques, 1775, en français, Hamann avait adopté un langage mystérieux et métaphorique qui le fit surnommer le Mage du Nord. On a réuni ses fragments sous le titre de Feuilles sibylliques du Mage du Nord, Leipsick, 1819. Il y défend la révélation contre le scepticisme.

HAMAZEL ou PIC D’ADAM, montagne de l’île de Ceylan, par 5° 47′ kil. N. et 78° 11′ long. E., haute d’env. 3335m On y monte à l’aide d’une chaîne fixée à son sommet. Les Indiens y font un pèlerinage assidu. — On y voit sur une pierre l’empreinte grossière d’un pied gigantesque, qui, selon les indigènes, est le pied de Bouddha, et selon les Chrétiens, celui d'Adam ou de S. Thomas.

HAMBOURG, Hamburgium, Hammonia et Hochburi castellum, v. libre et port franc d'Allemagne, sur la r. dr. de l'Elbe, à 112 kil. de son emb. dans la mer du Nord : 246 359 h. dont 100 000 luthériens, 15 000 juifs, et le reste catholiques, réformés ou moraves. Chemins de fer, 4 canaux. Rues étroites et tortueuses, excepté dans la nouvelle ville (Neustadt). Parmi les édifices, on cite les églises St-Michel, St-Nicolas et St-Pierre ; la Synagogue, en style byzantin, la Banque, la Bourse, l'hospice des orphelins, le nouvel Hôtel-Dieu, l'Observatoire, les 2 théâtres, le Baumhaus, l'hôtel de l'Amirauté, la bibliothèque, le musée, etc. Anc. archevêché, fondé en 831 par saint Anschaire, auj. supprimé. Plusieurs établissements scientifiques : gymnase Johannæum, école de navigation; institution de sourds-muets. Grand commerce maritime, surtout avec l'Angleterre : Hambourg est l'entrepôt du commerce du N. de l'Allemagne; son port, en forme de croissant, fait des armements pour la pêche de la baleine et du hareng. Communications régulières par bateaux à vapeur avec le Havre, Bordeaux, Amsterdam, Londres et les deux Amériques. Banques importantes, raffineries, brasseries, etc. Patrie de Gronovius, Hagedorn, Holstenius, Basedow. — Le territoire de Hambourg s'étend peu au delà des limites de la ville, et est restreint entre les duchés de Holstein et de Lauenbourg et l'ancien royaume de Hanovre. La république possède, en outre, les bailliages de Kitzobuttel et de Bergedorf. La population totale de l'État de Hambourg est de 357 483 habitants. Le gouvernement est démocratique : il est composé d'un Sénat (16 membres) et d'un Conseil des bourgeois (192 membres). Le pouvoir exécutif appartient à 2 maires et à 3 syndics. Hambourg a une voix au Conseil fédéral et trois au Reichstag. Son contingent est de 1300 hommes.

— Charlemagne jeta en 808 les fondements de la ville. Au XIIe siècle, elle était déjà une place de commerce importante : au XIIIe, elle forma avec plusieurs autres villes la célèbre ligue Hanséatique. Jusqu'en 1618, elle fut sous la dépendance des ducs de Holstein ; mais à cette époque elle se fit reconnaître ville libre et impériale : cependant elle ne fut totalement affranchie de l'hommage que réclamaient les ducs de Holstein qu'en 1770. A partir de ce moment, le commerce de Hambourg prit le plus grand essor, et cette ville devint une des plus florissantes de l'Allemagne; mais le blocus continental (1806) porta un coup funeste à son commerce. Elle fut occupée militairement par les Français de 1806 à 1809, et réunie à l'Empire en 1810; elle devint alors le ch.-l. du dép. des Bouches-de-l'Elbe. En 1813, le maréchal Davoust y soutint un siège mémorable : il s'y maintint pendant un an, et ne la rendit qu'en mai 1814, après le retour des Bourbons en France. Hambourg reprit aussitôt son ancien gouvernement. En 1842, la ville fut en partie détruite par un terrible incendie; mais elle se releva promptement de ce désastre.

'HAMELIN (Ferd.-Alph.), amiral français, né à Pont-Lévêque, m. en 1864; était neveu du contre-amiral Hamelin, m. en 1839; s'embarqua comme mousse à onze ans; devint aspirant en 1808, et conquit tous ses grades par une suite de campagnes et d'actions d'éclat pendant les guerres de l'Empire, de la Restauration, du gouv. de Juillet et du 2e Empire; fut ministre de la marine (1855-60).

HAMELN, v. de Prusse (Hanovre), sur le Weser, à 40 kil. S. O. de Hanovre; 6000 h. Maison de détention. Jadis défendue par le fort George, que les Français détruisirent en 1806.

HAMILCAR. V. AMILCAR.

HAMILTON, v. d’Écosse (Lanark), sur la Clyde et l'Avon, à 59 kil. S. O. d’Édimbourg et à 19 kil. N. O. de Lanark; 9500 h. Casernes de cavalerie, beau château des ducs d'Hamilton, contenant de riches collections. Manufacture de tissus de coton. — Cette ville se nommait d'abord Cadyow; elle prit le nom d'Hamilton au XIIIe siècle, lorsque la famille de ce nom vint s'y établir. Elle reçut le titre de baronnie en 1456.

HAMILTON, célèbre famille écossaise, issue, dit on, d'une branche cadette de la famille anglaise de Leicester. On raconte qu'un gentilhomme de cette famille, Gilbert d'Hamilton, ayant tué en duel un seigneur anglais, se réfugia vers 1272 en Écosse, où il fut accueilli par le roi, et que ce prince lui donna le domaine de Cadyow qui prit depuis son nom. Il fut la souche d'une famille qui devint bientôt puissante, et qui reçut successivement les titres de comtes d'Arran (1503) et de ducs d'Hamilton (1643).

HAMILTON (James d'), 1er comte d'Arran, prêta au roi d’Écosse Jacques III un puissant appui contre les projets ambitieux des Douglas, fut en récompense comblé de faveurs par ce prince, épousa sa fille Marie (1474), fut fait en 1503 comte d'Arran, titre qui depuis fut toujours porté par le chef de la famille et fut chargé plus tard de la lieutenance générale du royaume. Il mourut en 1519.

HAMILTON (James), 2e comte d'Arran, duc de Châtelleraut, tuteur de Marie Stuart. V. ARRAN.

HAMILTON (Patrick), issu de la noble famille écossaise de ce nom, né en 1503, reçut les ordres, voyagea en Allemagne au moment où naissait la Réforme et voulut à son retour propager en Écosse les idées nouvelles; mais il souleva contre lui le clergé par la violence de ses attaques : saisi dans son lit par ordre de l'archevêque de St-André, il fut condamné comme hérétique à être brûlé vif; il subit le supplice à St-André, en 1527, et montra beaucoup de courage. Il avait à peine 24 ans. Les Réformés le regardent comme un martyr.

HAMILTON (James, 1er duc d'), né en Écosse en 1606, fut un des plus fidèles serviteurs de Charles I; mais la haine qu'il conçut contre Montrose, autre défenseur du trône des Stuarts, l'empêcha de rendre à la royauté tous les services qu'il aurait pu. Presbytérien modéré, il désirait concilier les intérêts de sa religion avec ceux de la couronne; Montrose voulait sans restriction le rétablissement de l'ancien ordre de choses. Celui-ci l'ayant emporté dans l'esprit de Charles I, Hamilton fut jeté dans une prison (1645). Rendu à la liberté peu après, il ne se vengea qu'en levant pour le roi une armée de 20 000 hommes; mais il fut battu, par Cromwell, fait prisonnier à Preston, et décapité peu de jours après Charles I (1649). Il avait été fait duc en 1643. — Un de ses descendants, James, comte d'Arran, créé pair en 1711, m. en 1730, reprit le titre de duc d'Hamilton qui avait été aboli par Cromwell, après le supplice du précèdent.

HAMILTON (Ant., comte d'), écrivain spirituel, né en Irlande en 1646, et issu de la famille écossaise de ce nom, fut amené jeune en France par son père qui avait émigré après le supplice de Charles I, y passa tout le temps de l'exil des Stuarts, rentra en Angleterre avec Charles II (1660), et obtint de Jacques II un régiment, ainsi que le gouvernement de Limerick, en Irlande. Il revint en France avec Jacques, et fit l'ornement de la petite cour de ce prince à St-Germain; il mourut dans cette ville en 1717. Le comte de Gramont avait épousé sa sœur. Hamilton a écrit en français plusieurs ouvrages qui se font remarquer par une plaisanterie fine, par la causticité et la gaieté; le plus connu est celui qu'il publia sous le titre de Mémoires du comte de Gramont dont son beau-frère est le héros : ce livre original, qui est un chef-d'œuvre en son genre, offre une peinture fidèle des mœurs corrompues de la cour à cette époque. On doit également à Ant. Hamilton plusieurs jolis contes mêlés de vers : le Bélier, Fleur d'Épine, les Quatre Facardins, Zénéïde, composés par gageure à l'imitation des Mille et une Nuits. Il a aussi laissé des vers charmants. La meilleure édition de ses Œuvres complètes est celle qu'a donnée Renouard, Paris, 1812, 3 vol. in-8; Champagnac a donné ses Œuvres choisies, 1825, 2 vol. in-8.

HAMILTON (sir Will.), ambassadeur, né en 1730 en Écosse, frère de lait du roi George IV, résida à la cour de Naples de 1764 à 1800, et mourut en 1803. Amateur éclairé des arts et des sciences naturelles, il a publié plusieurs ouvrages précieux, entre autres : Observations sur le Vésuve et l'Etna et autres volcans, Lond., 1772; Campi Phlegræi, Naples, 17 76, et a formé un riche musée d'antiquités, gravé en 1806. Il avait épousé en secondes noces une femme qui s'est rendue fameuse par sa beauté et ses déportements, Emma Harte : cette femme, qui avait été servante et avait mené la vie la plus déréglée, parvint à le captiver par ses charmes, et obtint même la plus grande influence à la cour de Naples, en s'emparant de l'esprit de la reine Marie-Caroline. Elle trahit son mari pour l'amiral Nelson, auquel elle inspira une folle passion. Elle mourut près de Calais, en 1815, à 55 ans. Elle avait publié elle-même peu auparavant les Lettres de Nelson, Londres, 1815. Ses Mémoires, remplis de révélations scandaleuses, parurent l'année suivante et excitèrent une indignation universelle.

HAMILTON (miss Élisabeth), née en 1758, à Belfast en Irlande, d'une famille sans fortune, morte en 1816, à Harrowgate, fut chargée de l'éducation de deux jeunes Écossaises, composa d'excellents ouvrages d'éducation et fut en ce genre la rivale de miss Edgeworth. On a d'elle : Lettres sur les principes élémentaires de l'éducation, 1801, trad. par L. C. Chéron; Lettres sur la formation du principe religieux et moral, 1806; Essais populaires tendant à former le cœur et l'esprit. Elle donnait la religion pour base à l'éducation.

HAMILTON (W.), philosophe, né en 1788 à Glasgow, m. en 1856, enseigna d'abord le droit écossais à l'Université d’Édimbourg et fut appelé en 1836 à la chaire de logique et métaphysique. L'un des principaux rédacteurs de la Revue d’Édimbourg, il publia dans ce recueil d'intéressantes dissertations, qu'il réunit en 1852 sous le titre de Discussions on philosophy, litterature, etc. Il s'écarta sur plusieurs points des doctrines de l’École écossaise et fut le logicien de cette école. M. L. Peisse a publié en1 1840 des Fragments de philosophie traduits d'Hamilton.

HAMLET, prince danois, qu'on place vers le IIe siècle av. J.-C., était, selon des traditions rapportées par Saxo Grammaticus, neveu par sa mère de Roric, roi de Danemark, et fils d'Horvendill, souverain feudataire du Jutland, que son frère Fengo assassina pour s'emparer de ses États et pour épouser sa veuve. Hamlet n'échappa à la mort qu'en contrefaisant le fou. Cette histoire, que la plupart des historiens regardent comme fabuleuse, a fourni à Shakespeare le sujet d'une de ses plus belles tragédies.

HAMM, v. murée des États prussiens (Wesphalie), à 32 kil. N. O. d'Arensberg; 5100 hab. Trib., gymnase; chemin de fer. Jadis ville libre et hanséatique, et ch.-l. du comté de La Marck.

HAMMAMET, v. de l'État de Tunis, à 65 kil. S. E. de Tunis, sur le golfe de même nom; 10 000 h. On croit que c'est l'anc. Adrumète.

HAMME, v. de Belgique (Flandre or.), à 6 kil. N. de Termonde; 8500 h. Hôpital, maison d'orphelins. Savon, amidon, toiles, cordages, etc.

HAMMER (Jos. de), baron de Purgstall, orientaliste, né en 1774 à Grætz, mort en 1856, suivit à Constantinople en 1799 l'internonce autrichien, fut envoyé bientôt après en Égypte, et en rapporta une riche collection d'objets précieux, momies, manuscrits et pierres hiéroglyphiques, dont il fit don à la bibliothèque impériale de Vienne; fut nommé en 1802 secrétaire de légation à Constantinople, en 1806 agent consulaire en Moldavie, en 1811 interprète près la chancellerie de l'empire ; fut envoyé à Paris en 1815 pour réclamer les manuscrits orientaux provenant des bibliothèques de Vienne; fut élevé en 1817 à la dignité de conseiller aulique, et fait baron en 1835. Il était président de l'Académie de Vienne et associé de l'Institut de France. On lui doit un grand nombre de publications savantes, dont les principales sont : Constitution politique et administrative de l'empire ottoman (1816); Hist. des Assassins (1818); Hist. de l'empire ottoman (1827-34), le plus important de ses ouvrages; Hist. de la poésie ottomane (1836); Galerie des souverains musulmans (1839); Hist. de la horde d'or (1840); Hist. des Ilkhaniens (1843); Hist. de la Littérature arabe (1850-52), œuvre inachevée, qui s'arrête à l'an 1143. Plusieurs de ces ouvrages ont été traduits en français, notamment l’Histoire de l'empire ottoman, par Hellert (1835-43) et par Dochez (1840).

HAMMERFEST, v. de Norvège (Finmarck), dans l'île de Qualoe, sur la mer Glaciale, par 20° 53' long. E., 70° 40' lat. N., à 320 k. N. de Tromsoe; 1000 h. C'est la ville la plus septentrionale de l'Europe. Port fréquenté, bateaux à vapeur. Pêche active.

HAMMERSMITH, v. d'Angleterre (Middlesex), à 6 kil. S. O. de Londres, sur la Tamise ; 3000 hab. Pont suspendu. Couvent catholique, belle villa de Brandeburg-House, qui appartint à la margravine d'Anspach, puis à la reine Caroline.

HAMOA (Iles). V. NAVIGATEURS (Iles des).

HAMP ou HAMPSHIRE. V. HAMPSHIRE.

HAMPDEN (John), patriote anglais, né à Londres en 1594, d'une famille noble et ancienne du Buckinghamshire, était cousin de Cromwell. Il entra en 1626 à la Chambre des Communes, fut un des premiers à refuser de payer la taxe de mer (shipmoney), établie arbitrairement par Charles II (1637), subit pour cet acte de résistance un procès qui lui donna une grande popularité, et devint l'un des membres les plus influents du Long-Parlement. Il entra l'un des premiers avec le comte d'Essex en campagne contre le roi et périt en 1643 dans une escarmouche. Doué d'une éloquence entraînante, de beaucoup de fermeté et des qualités extérieures qui dominent le peuple, Hampden était appelé à jouer un grand rôle si la mort ne l'eût enlevé sitôt.

HAMPSHIRE, HANTS ou SOUTHAMPTON, comté de l'Angleterre, est borné au N. par celui de Berks, à l'O. par ceux de Dorset et de Wilt, au S. par la Manche, à l'E. par les comtés de Sussex et de Surrey. Il a environ 80 kil. de long sur 50 de large; 314 300 hab.; ch.-l. Winchester; autres villes principales, Southampton, Portsmouth, Gosport, Fareham, Alton, Andover. Ce comté est arrosé par l'Itchin, l'Avon, l'Anton. Peu d'industrie; agriculture perfectionnée. Eaux minérales et bains de mer fréquentés. — Cette contrée, primitivement occupée par les Belgæ, fut conquise par Vespasien et réunie à la Bretagne 1re. Elle fit ensuite partie du roy. de Wessex; sous la domination saxonne, elle prit le nom d’Hantunscyre, d'où le nom moderne.

HAMPSHIRE (NEW-), un des États-Unis de l'Amérique du Nord, borné au N. par le Bas-Canada, à l'E. par le Maine, au S. par le Massachusetts, et à l'O. par le Vermont : 270 kil. sur 130 ; 318 000 hab.; ch.-l., Concord. Il est arrosé par le Connecticut, le Merrimak et l'Androscoggin. Pays montagneux, surtout au centre et au N., ce qui l'a fait surnommer la Suisse de l'Amérique. Climat salubre, sol fertile en grains; pâturages ; mines de fer, sel, plomb, houilles, carrières de marbre et de granit. Industrie développée; commerce actif. — Le capitaine Smith visita le premier, en 1614, les côtes du New-Hampshire, alors habité par les Abénaquis; une colonie anglaise s'y établit en 1623 et donna au pays le nom de Laconia, qui en 1629 fut changé en celui de New-Hampshire, parce que le capitaine J. Mason, à qui ce territoire fut concédé, était gouverneur du Hampshire. En 1640, il fut réuni au Massachusetts, dont on le sépara en 1679. Il proclama son indépendance en 1792. HAMPSTEAD, vge pittoresque d'Angleterre (Middlesex), à 5 kil. N. O. de Londres, sur le penchant d'une montagne; 9000 hab. Un des principaux cimetières de Londres. Eaux minérales.

HAMPTON, bourg d'Angleterre (Middlesex), à 17 kil. O. S. O. de Londres; 2000 hab. Belles maisons de campagne, entre autres le palais d'Hampton-Court, résidence royale : ce palais fut construit en 1515 par le cardinal Wolsey, qui en fit présent à Henri VIII (1526), et rebâti par Guillaume III : il renferme de belles galeries de tableaux. Un traité y fut signé en 1562 entre la reine Élisabeth et le prince de Condé, chef des Calvinistes : ceux-ci devaient livrer le Hâvre pour obtenir des secours.

HAMZAH, principal fondateur de la secte des Druses, propagea la nouvelle secte après le meurtre du calife Al-Hakem, et soutint que ce calife était une incarnation de la divinité. V. AL-HAKEM.

HANAU, Hanovia, v. de Hesse-Cassel, ch.-l. de la prov. de Hanau, près du confluent de la Kinzig et du Mein, à 15 k. S. de Cassel et à 15 k. S. E. de Francfort-sur-le-Mein: 16 000 hab. Cour d'appel, gymnase, établissements de bienfaisance. Château de l'électeur, hôpital, synagogues remarquables; hôtel de ville, cathédrale avec une tour inclinée. Lainages, soieries, bas, camelots, chapeaux, faïence, porcelaine, bijouterie en or, argent, fer, etc. Aux environs on remarque Wilhelmsbad et le château de Philippsruhe. — Ville ancienne, bâtie sur l'emplacement d'une colonie romaine. Inutilement assiégée en 1636 par les Impériaux. Napoléon y battit les Autrichiens et les Bavarois le 30 octobre 1813. — La prov. de Hanau, bornée au N. par la Hesse-Darmstadt et la prov. de Fulde, à l'E. et au S. par la Bavière, a 80 kil. sur 16, et 125 000 hab. C'était jadis un comté indépendant, qui devint comté d'empire en 1429. En 1451 les comtes de Hanau se partagèrent en deux branches : Hanau-Münzenberg et Hanau-Lichtenberg; la 1re ligne s'étant éteinte en 1642, ses domaines revinrent à la branche cadette qui subsista jusqu'en 1736. À cette époque, le comté fut partagé entre la Hesse-Cassel et la Hesse-Darmstadt; peu après il échut tout entier à la Hesse-Cassel. En 1803, il fut érigé en principauté. En 1806 les Français s'emparèrent de la principauté, et la réunirent en 1809 au grand-duché de Francfort. En 1813, elle retourna alors à la Hesse-Électorale.

HANBAL, sectaire musulman, né à Bagdad en 786, mort en 855, fut le chef d'une secte qui soutenait que le Coran est la parole de Dieu, éternelle, incréée, et fut persécuté par ceux qui prétendaient que ce livre est de la main des hommes. Il est resté en grande vénération auprès de ses partisans, qu'on appelle les Hanbalites. Ils sont surtout répandus dans les principales îles du grand archipel Indien.

HANCARVILLE (HUGUES d'), antiquaire, né à Nancy en 1719, mort en 1805, était fils d'un marchand. Il mena d'abord une vie d'aventurier, voyagea beaucoup, se faisant passer pour gentilhomme, entra en relation à Naples avec l'ambassadeur anglais W. Hamilton, et se lia avec Winckelmann et avec les connaisseurs les plus célèbres. Il a publié : Antiquités étrusques, grecques et romaines du cabinet de W. Hamilton, Naples, 1766, et Florence, 1806, angl.-franç., 4 vol. in-fol; Monuments de la vie privée des douze Césars, Caprée (Nancy), 1780, complétés par les Monuments du culte secret des dames romaines, 1784, ouvrages licencieux, dans lesquels on l'accuse d'avoir ajouté du sien aux vrais monuments de l'antiquité; Recherches sur l'origine et les progrès des arts en Grèce, Londres, 1785, ouvrage capital, qui le place auprès des Winckelmann et des Visconti.

HANÉFITES, secte musulmane, la plus ancienne des quatre principales sectes sunnites ou orthodoxes, a pour chef Abou-Hanifah (V. ce nom), qui lui a donné son nom. Cette secte domine en Turquie, en Tartarie et parmi les Musulmans de l'Inde.

HANGO-UDDE, vge de Russie (Finlande), à la pointe mérid. delà Finlande, sur le golfe de ce nom, Pierre le Grand remporta près de là, sur la flotte suédoise, sa 1re victoire navale, le 27 juillet 1714.

HANG-TCHEOU, grande v. de la Chine (Tché-kiang), à 220 kil. S. E. de Nan-king, sur le Tsien-tang, a 18 kil. de tour; on lui donne 700 000 hab. Vaste château fort, beaux quais, pagodes, tours à 9 étages, arcs de triomphe. Beaucoup d'industrie; grand commerce. Cette ville a été saccagée par les rebelles en 1860.

HAN-KIANG, riv. de Chine, naît dans la prov. de Chen-si, au S. O., et tombe dans le Yang-tsé-kiang au-dessous de Voutchang; cours : 1200 kil.

HANNON, général carthaginois, fut vaincu et pris, sous les murs de Messine, par Appius Claudius Caudex, 264 av. J.-C. — Amiral carthaginois, fut battu devant les îles Égades par le consul Lutatius Catulus, 242 av. J.-C. : cette défaite fit perdre à Carthage l'empire de la mer. — Chef du parti opposé à la faction barcine, combattit en toute occasion Amilcar et Annibal, son fils, fit refuser à celui-ci les secours dont il avait besoin pour se maintenir en Italie, et le força ainsi d'abandonner ses conquêtes.

HANNON, navigateur carthaginois, fut chargé de faire un voyage de découvertes sur les côtes d'Afrique au delà des Colonnes d'Hercule, et laissa une relation de son expédition en langue punique. Nous en avons un extrait en grec, sous le titre de Périple d'Hannon. Les savants ne sont d'accord ni sur l'époque à laquelle vivait Hannon, ni sur l'étendue des côtes qu'il a parcourues : les uns le font vivre 500 ans, les autres 1000 av. J.-C. Il paraît fort probable que Hannon ne fit pas le tour de l'Afrique et qu'il ne poussa pas au delà du cap Bojador. Le Périple d'Hannon a été publié à Bâle, 1583; à Paris, 1826, par Gail; à Leipsick, 1829, par Kluge; et dans les Geogr. vet. d'Hudson; il a été trad. en français par Chateaubriand, dans son Essai sur les Révolutions, et par Gosselin, dans ses Recherches sur les côtes d'Afrique.

HANOUMAN, dieu singe des Indiens, fils de Pavana, le roi des vents, accompagna Rama dans ses expéditions, comme Pan, chef des Faunes et des Satyres, suivit Bacchus dans l'Inde. Aidé des singes, il construisit pour l'armée de Rama ce pont de rochers que les Portugais ont appelé Chaussée d'Adam; puis, attachant à sa queue des matières inflammables, il porta l'incendie dans la capitale de Lanka. On lui attribue un des 4 systèmes de musique indienne. Il est représenté avec une longue queue, suivi d'une foule de singes et tenant à la main un éventail ou une lyre. Il a un temple magnifiqua à Calicut.

HANOVRE, Hanover, v. d'Allemagne, capit. de l'anc. roy. de Hanovre, à 862 kil. N. E. de Paris, à 133 kil. S. de Hambourg; 28 300 hab. (40 000 avec les faubourgs). Elle se divise en 4 parties : Altstadt, Neustadt, Ægidien-Neustadt, Garternhausen. Bien bâtie et régulière en général; chat. royal, hôtel de ville, riche biblioth., musée d'antiquités german., écoles diverses, place de l'Esplanade, monument en l'honneur de Leibnitz, colonne commémorative de Waterloo. Plusieurs chemins de fer. Patrie d'Herschel, d'Iffland, des deux Schlegel. Hanovre était jadis, une ville hanséatique. Elle fut dès 1163 la résidence de Henri le Lion. De 1636 à 1714, elle fut celle des électeurs; les rois de Hanovre y résidaient.

HANOVRE (ancien royaume de), province des États Prussiens, borné au N. par la mer du Nord, l'Oldenbourg et le Mecklembourg, à l'E. par la Prusse et le Brunswick, au S. par la Hesse, la Prusse et les principautés de Lippe et de Waldeck, et à l'O. par la Hollande. Superficie, 38 000 kil. carrés; environ 1 840 000 hab.; capit., Hanovre. Cette province est divisée en 6 gouvts (landdrosteien), qui prennent le nom de leurs chefs-lieux (Hanovre, Hillesheim, Lunebourg, Stade, Osnabruck, Aurich), plus le Capitanat montagneux de Clausthal. Le roy. de Hanovre avait été formé de la réunion des anciens pays suivants : duché de Brême (moins la ville de ce nom), avec le pays d'Hadeln, pté de Lunebourg, portion du duché de Lauenbourg, duché de Verden, prté de Kalenberg et de Hildesheim, comtés de Hoya et de Diepholz. À ces États, qui formaient un tout continu, s'ajoutaient : au S. E. la prté d'Osnabrück, le sud du cté de Lingen, le cté de Bentheim, les cercles de Meppen et d'Emsbühren, et au N. la Frise orientale, avec le pays de Harling. Il faut y joindre les enclaves de Grubenhagen et de Gœttingue, du Hanovre par le duché de Brunswick. — Le sol du Hanovre est généralement plat, excepté dans la partie orientale, traversée par les monts Harz et Solling (tous deux riches en métaux), ainsi que dans les pays d'Hildesheim et de Kalenberg. De l'O. à l'E. s'étend une large bande de sable, sans culture et couverte de bruyères. Les principales rivières sont l'Elbe, l'Oste, le Weser, l'Aller, l'Ems et la Leine; sur la côte septentr. on remarque la baie de Dollart, qui forme l'un des plus vastes ports du continent; dans l'intérieur, les lacs de Steinhud, Düme et Jordan (ce dernier souterrain). Le Hanovre est un pays agricole plutôt que manufacturier; cependant l'industrie linière y est très-développée. Il fournit d'excellents chevaux; on y élève aussi une grande quantité d'abeilles. Mines exploitées d'argent, de fer, de plomb; houille, tourbe, sources salées, grand commerce de bois. Établissements scientifiques importants, en tête desquels est l'Université de Gœttingue. Plusieurs lignes de chemins de fer.

Histoire. Le Hanovre fut primitivement habité par les Chérusques au S., les Lombards et les Chauques au N. Au temps de Charlemagne, il était occupé par des peuplades saxonnes. Il continua, même après la conquête, à être gouverné par des ducs saxons. Au Xe siècle, on y remarquait 4 familles souveraines : celles de Brunswick, de Nordheim, des Billung et de Supplinbourg. Au commencement du XIIe, l'héritière des Billung épousa Henri le Noir, de la famille des Guelfes, et de ce mariage naquit Henri le Superbe, duc de Bavière, qui, en épousant l'héritière des maisons de Brunswick, Nordheim et Supplinbourg, étendit sa domination sur presque tout le Hanovre. Othon l'Enfant, son petit-fils, ayant été mis au ban de l'empire, fut dépouillé de presque tous ses États, à l'exception de Lunebourg, Kalenberg, Brunswick, Grubenhagen et Gœttingue, qui formèrent le duché de Brunswick (1235). Après la mort d'Othon, ce duché fut partagé entre les diverses branches de la maison de Brunswick (V. BRUNSWICK). Ernest Auguste, de la branche de Brunswick-Lunebourg, réunit une grande partie des domaines du duché de Brunswick et fut élevé en 1692 à la dignité d'électeur sous le titre d'électeur de Hanovre; il avait épousé la fille de l'électeur palatin, petite-fille de Jacques I, roi d'Angleterre, et acquit par là des droits éventuels au trône de la Grande-Bretagne. George-Louis, son fils, réunit à ses domaines le reste du duché de Brunswick en épousant en 1698 Sophie Dorothée, héritière des autres branches de la maison de Brunswick. Héritier le plus proche de la reine Anne, George-Louis succéda à cette princesse sur le trône d'Angleterre en 1714, où il prit le titre de George I. Depuis cette époque jusqu'en 1837, le Hanovre a toujours été gouverné par les rois d'Angleterre, sans toutefois faire partie de ce royaume. Sous George II, le Hanovre s'agrandit du pays d'Hadeln et du comté de Bentheim; mais il souffrit beaucoup des guerres de 1741 à 1756. George III y joignit une partie du Harz, et en 1802 l'évêché d'Osnabruck y fut réuni. En 1803, les Français occupèrent le Hanovre; ils le cédèrent à la Prusse en 1805, mais l'occupèrent de nouveau en 1807 : une partie du pays fut réunie au royaume de Westphalie; le reste fit partie de l'empire français, et forma les dép. de l'Ems-oriental, de l'Ems-supérieur, des Bouches-du-Weser et des Bouches-de-l'Elbe. En 1813, l'électorat de Hanovre fut rendu à ses anciens maîtres; en 1814, il fut érigé en royaume. À cette époque, il s'accrut d'Hildesheim, de la Frise orientale, de la ville de Goslar, d'une partie du pays d'Eichsfeld, des districts de Meppen et d'Emsbühren; il céda de son côté une partie du Lauenbourg au Danemark, ainsi que quelques districts séparés à la Prusse et à l'Oldenbourg. En 1837, à la mort de Guillaume IV, roi d'Angleterre, le trône de la Grande-Bretagne étant échu à sa nièce Victoria, le Hanovre, qui était fief masculin, revint à Ernest Auguste, duc de Cumberland, 5e fils de George III et frère cadet de Guillaume IV, qui prit le titre de roi. Ce prince, chef du parti tory en Angleterre, se montra peu disposé à favoriser les tendances libérales de la nation hanovrienne : il retira une constitution établie en 1833 et fut sans cesse en lutte avec son parlement; la révolution de 1848 le força d'accorder des réformes. Son fils, George V, né en 1819, lui succéda en 1851 : ayant pris parti contre la Prusse, dans la guerre de cet État contre l'Autriche, et ayant été battu, il fut déposé, et son royaume annexé à la Prusse (1866).

HANOVRE (NOUVEL-), contrée de l'Amérique septentrionale, dans la Nouv.-Bretagne (possessions anglaises), s'étend le long de l'Océan Pacifique, par 50°-54° lat. N., entre le Nouveau-Cornouailles au N., la Nouv.-Géorgie au S., l'île de Quadra-et-Vancouver au S. E. Un grand nombre d'îles sont répandues sur les côtes, entre autres les archipels de Pitt et de la Princesse-Royale; une chaîne de montagnes traverse le pays du N. O. au S. E. Cette contrée est très-froide et à peine habitée. Elle fournit de belles fourrures. Elle reçut son nom de Vancouver qui en explora les côtes en 1792 et 1793.

HANRIOT. V. HENRIOT.

HANS, forme allemande du nom de Jean.

HANSE (la). V. HANSÉATIQUES (villes).

HANSE PARISIENNE (la), association des marchands d'eau de Paris, qui datait, dit-on, de la domination romaine, fut constituée définitivement sous Philippe-Auguste. Elle avait le monopole de la navigation de la Seine à Paris et à 7 ou 8 lieues en amont ainsi qu'en aval, et percevait un droit sur les marchandises transportées. Louis XIV la supprima en 1672 et en attribua les droits au trésor royal.

HANSÉATIQUES (Villes), du vieux allemand hansen, s'associer. On ne donne actuellement ce nom qu'aux trois villes libres de Hambourg, de Brême et de Lubeck, mais au moyen âge il s'appliquait à une grande ligue commerciale. La Hanse ou Ligue hanséatique prit naissance en 1241 par le traité formé entre Hambourg et Lubeck dans le but de protéger leur commerce contre les pirates de la Baltique et de défendre leurs franchises contre les princes voisins. Les avantages que produisit cette union engagèrent bientôt un grand nombre de villes à s'y faire admettre. A Hambourg et Lubeck se joignirent successivt Brême, Bruges, Bergen, Novogorod, Londres, Cologne, Brunswick, Dantzick, et plus tard Dunkerque, Anvers, Ostende, Dordrecht, Rotterdam, Amsterdam, etc.; on y ajoute même Calais, Rouen, St-Malo, Bordeaux, Bayonne, Marseille, Barcelone, Séville, Cadix, Lisbonne, ainsi que Livourne, Messine et Naples. Au moment de la plus grande prospérité, la Ligue compta jusqu'à 80 villes. On les divisait en 4 sections, à la tête desquelles étaient Lubeck, Cologne, Brunswick et Dantzick, chacune avec une assemblée annuelle. Tous les trois ans, les députés de la confédération se réunissaient, le plus souvent à Lubeck. Chaque ville fournissait son contingent militaire et sa contribution en argent. La Ligue avait son droit maritime particulier. Pendant quelques siècles, cette association fleurit et étendit au loin son commerce; mais, à partir du XVe siècle, la découverte de l'Amérique et l'extension de commerce maritime qui en fut la suite la firent déchoir rapidement : elle fut dissoute en 1630, et se trouva réduite aux trois villes nommées ci-dessus. L’Histoire de la Ligue hanséatique a été écrite, en français, par Roux de Rochelle, Paris, 1844, et en allemand par Barthold, Leips., 1854.

HANS-SACHSE, poëte allemand, né à Nuremberg en 1494, mort en 1576, exerçait le métier de cordonnier et cultivait en même temps la poésie avec quelque succès. Il devint doyen des maîtres poëtes (meistersænger), espèce de confrérie de poëtes-artisans. Il a composé des comédies, des tragédies, des contes, des fables, et a traduit les psaumes pour le culte réformé, ce qui l'a fait appeler le Poëte de la Réforme. Des Mélanges de poésies de Hans-Sachse ont été publ. à Nuremberg en 1560, in-fol., et ses Œuvres complètes en 1570-79, 5 vol. in-f., et réimpr. à Gotha en 1821. On a trouvé en 1855 dans les archives de Zwickau 13 vol. in-fol. manuscrits, restes de 35 volumes qui contenaient la copie de toutes ses poésies.

HANTS. V. HAMPSHIRE.

HANWAY (Jonas), philanthrope, né à Portsmouth en 1712, mort en 1786, étudia le commerce à Lisbonne, voyagea en Russie, puis en Perse, fut nommé en 1762 commissaire des vivres de la marine et employa tous ses loisirs à des œuvres de bienfaisance. On lui doit l'institution de la Société de Marine anglaise, l'établissement des écoles du dimanche, une maison de refuge pour les filles repenties (Magdalen Charity), et les assurances contre l'incendie. Il a laissé, entre autres écrits : la Vertu dans les classes inférieures, 1774.

HAOUSSA, État de la Nigritie centrale, à l'O. du Bournou, par 12° lat. N., et 8° long. E., sur la rive g. du Niger, a pour v. principales Kano, Sakkatou et Katagoum. Habitants doux, industrieux et agriculteurs. Le Haoussa est peu connu : il n'a encore été visité que par Clapperton et Oudney, de 1820 à 1825.

HAPARANDA, v. de Suède (Botnie or.), sur le golfe de Botnie, à l'embouch. de la Tornéa. Port de commerce et observatoire. La ville fut fondée en 1813.

HAQUIN, nom de plusieurs rois de Norvège, dont les seuls remarquables sont : Haquin I, qui régna de 936 à 958 ou 961 ; il détrôna Éric, son frère ; cependant, il gouverna avec douceur et mérita le surnom de Bon ; il périt pour avoir voulu introduire le Christianisme dans ses États. — H. VI, 1247-1263, le Vieux, fils naturel de Haquin IV, eut à combattre de nombreux compétiteurs, et se fit une telle réputation de puissance et de sagesse que S. Louis et Alphonse le Sage, roi de Castille, recherchèrent son alliance. Il ajouta à ses États l'Islande, le Groenland, les îles Shetland et les Orcades, et donna un code à ses sujets. Il abolit l'épreuve du feu. — H. VII ou VIII, fils de Magnus, associé à son père dès 1345, fut proclamé roi en 1350, et joignit en 1361 la couronne de Suède à celle de Norvége ; mais, ayant mécontenté les Suédois, il fut dépossédé par eux et remplacé dès 1363 par Albert de Mecklembourg : il tenta inutilement de remonter sur le trône. Haquin avait épousé Marguerite, fille du roi de Danemark, qui réunit sur sa tête les 3 couronnes du Nord.

HARALD, rois de Danemark et de Norvège, dont la chronologie est fort incertaine ; l'histoire des premiers rois de Danemark de ce nom est inconnue.

HARALD dit Blaatand (c.-à-d. à la dent bleue), IIe ou VIIe du nom, devint roi de Danemark vers 930, vint en France combattre Louis d'Outremer et Lothaire en faveur de Richard, duc de Normandie (945 et 972), et força Lothaire à conclure un traité favorable à son allié ; mais il fut battu plus tard par les empereurs Othon I et Othon II, qui lui imposèrent pour conditions, le 1er d'embrasser le Christianisme, le 2e de céder la Norvége, qu'il possédait depuis peu. Il fut détrôné par son fils Suénon en 980. — H. VIII, fils de Suénon I, régna d'abord avec son père, lui succéda en 1014, avec son frère Canut, et mourut peu après en Angleterre, pendant qu'il aidait son frère à conquérir ce royaume. — H. IX, fils de Suénon II, monta sur le trône en 1076, substitua à l'usage du combat judiciaire la formalité de se purger d'une accusation par le serment, et se montra toujours ami de la paix ; il sa retira dans un couvent, où il mourut en 1080.

HARALD I, roi de Norvége, monta sur la trône l'an 863. Il ne possédait d'abord que quelques provinces de la Norvège méridionale ; il soumit à sa domination le pays tout entier. Il abdiqua en 930 et m. en 933. On le surnommait Haarfager (aux beaux cheveux). — II, fils d'Éric, qui avait été détrôné par Haquin I, monta sur le trône vers 950, à la mort de ce dernier : il abusa de son pouvoir, et fut massacré (962). — III, surn. Hardrad (le Sévère), 1047-1066, était fils de Sigurd et beau-frère de S. Olaüs. Il remplaça Magnus, son neveu, fonda la ville d'Opslo, et mourut en Angleterre où il était venu combattre Harold II (1066), peu de jours avant le débarquement de Guillaume le Conquérant. Avant de monter sur le trône, il avait été chef de la garde Varangienne, à Constantinople, avait pris Athènes pour la punir d'une révolte (1040), et avait eu les aventures les plus étranges. — IV, aventurier, se fit proclamer roi en 1135, en se disant fils de Magnus III, et enleva ainsi le trône à Magnus IV, qu'il renferma dans un couvent; mais il périt bientôt lui-même sous les coups d'un nouveau prétendant, Sigurd Slembidiakni, qui se disait aussi fils de Magnus III (1136).

HARALD I, II, rois d'Angleterre. V. HAROLD.

HARBURG, v. murée du Hanovre, à 40 kil. N. O. de Lunebourg, sur la r. g. de l'Elbe, en face de Hambourg ; 5000 hab. Tabac, toiles à voiles, lainages, soieries, bas, chapeaux. Entrepôt franc. Davoust avait en 1813 joint cette ville à Hambourg par des ponts qui ont été détruits en 1818.

HARCOURT, bourg du dép. de l'Eure, à 15 kil. N. E. de Bernay ; 1000 h. Berceau de la famille d'Harcourt. Anc. place forte, prise en 1418 par les Anglais, et en 1590 par les Ligueurs.

HARCOURT-THURY, bourg du Calvados, ch.-l. de c. (Calvados), sur l'Orne, à 26 Ml. N. O. de Falaise ; 1150 h. Ce lieu se nommait d'abord Thury ; il reçut le nom d’Harcourt de Henri d'Harcourt, pour qui il fut érigé en marquisat en 1700.

HARCOURT (famille d'), maison noble de France, qui tire son nom du bourg d'Harcourt (Eure), remonte au IXe siècle et reconnaît pour fondateur Bernard le Danois, qui était parent du chef normand Rollo, et qui reçut de lui la terre d'Harcourt en récompense des services qu'il lui avait rendus dans ses guerres contre les Anglais et les Neustriens (876). La sirerie d'Harcourt, comprenant les terres d'Elbeuf et de Lillebonne, fut érigée en comté par Philippe de Valois, 1328. En 1355, les d'Harcourt formaient 3 branches : les domaines de la 1re passèrent par mariage, en 1440, dans la maison de Lorraine; ceux de la 2e, dans la maison de Longueville. La 3e, qui existe encore, s'est partagée en deux rameaux, H.-Beuvron et H.-d'Olonde. — Raoul d'Harcourt, chanoine de Paris, archidiacre de Rouen et de Coutances, conseiller de Philippe le Bel, fonda en 1280, à Paris, le collége d'Harcourt, sur l'emplacement duquel a été bâti le lycée St-Louis. — Un autre, d'Harcourt, Guy, évêque de Lisieux, fonda à Paris en 1336 le collége dit de Lisieux. V. LISIEUX. — Jean II, sire d'H., fut maréchal de France sous Philippe le Hardi et amiral sous Philippe le Bel en 1293. — Godefroi d'H., le Boiteux, fils de Jean III, se laissa séduire par Édouard III, roi d'Angleterre, favorisa en 1346 la descente de ce prince en Normandie, et commanda même une partie de l'armée anglaise à la funeste batailla de Crécy. Mais après le combat, ému de la mort de son frère, qui avait été tué à ses côtés, il vint implorer le pardon de son souverain, Philippe VI. Cependant en 1355, sous le roi Jean, il repassa du côté de l'ennemi, pour venger la mort de son neveu, Jean V d'Harcourt, qui avait eu la tête tranchée pour cause de trahison et vint ravager la Normandie. Il périt dans un engagement (1356), après avoir déployé dans le combat la plus grande bravoure.

Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, surnommé Cadet la Perle, parce qu'il était cadet de la maison de Lorraine-Elbeuf, et qu'il portait une perle à l'oreille, né en 1601, m. en 1666, fut un des généraux les plus distingués de son siècle. Mis par Louis XIII à la tête de l'armée du Piémont en 1639, il défit devant Quiers le prince Thomas de Savoie, général des Espagnols, et força Turin à capituler (1640). En 1645, il battit encore les Espagnols, à Llorens en Catalogne ; mais il fut obligé en 1646 de lever le siége de Lérida. Envoyé en Flandre en 1649, il vainquit de nouveau les Espagnols devant Valenciennes, prit Condé et Maubeuge. Pendant la Fronde, il servit d'abord avec zèle la cour ; mais il eut ensuite le tort, comme Turenne et Condé, de s'unir aux troupes étrangères. Cependant il reconnut bientôt sa faute et fit sa paix avec la cour : il obtint le gouvt de l'Anjou. On a de lui un recueil manuscrit de Lettres, conservé à la Bibliothèque impériale.

Henri, premier duc d'H., maréchal de France, fut d'abord aide de camp de Turenne (1673), servit avec la plus grande distinction en Flandre, fut nommé, en 1697, ambassadeur à Madrid, et accompagna le duc d'Anjou quand il alla prendre possession du trône d'Espagne. Il reçut en 1700 les titres de duc et pair, fut fait maréchal en 1703, et mourut en 1718. Deux de ses fils ont été aussi maréchaux. — La famille d'Harcourt a auj. pour chef le duc François, né en 1786, pair en 1837, ambassadeur en Espagne en 1831 et à Rome en 1848.

HARDENBERG (Principauté de), une des juridictions du roy. de Prusse, dans la province d'Hildesheim, a pour ch.-l. Norten ; 5000 hab.

HARDENBERG (Ch. Aug., prince de), homme d'État, né en 1750 dans le Hanovre, mort en 1822, fut d'abord au service de l'électeur de Hanovre (1778) et du duc de Brunswick (1787), entra en 1790 au service du roi de Prusse, suivit au nom de ce souverain les négociations de Bâle avec la France en 1795, reçut en 1806 le portefeuille des affaires étrangères, fut nommé en 1810 chancelier d’État, seconda de tout son pouvoir la réaction contre la France, signa en 1814 la paix de Paris, et assista comme plénipotentiaire aux Congrès d'Aix-la-Chapelle, de Carlsbad, de Vienne et de Vérone. Le roi de Prusse le créa prince en 1814. Il a laissé des Mémoires, qui ont paru à Berlin en 1851, 2 vol. in-8.

HARDENBERG (Frédéric de). V. NOVALIS.

HARDERWYK, v. murée de Hollande (Gueldre), sur le Zuyderzée, à 44 kil. N. O. d'Arnhem ; 5000 h. Port qui s'ensable. Pêche, préparation de poisson fumé. Anc. ville hanséatique ; anc. université, fondée en 1600, supprimée en 1816. La ville fut prise par Charles-Quint en 1522, et par les Français en 1672.

HARDI CANUT, prince danois. V. CANUT.

HARDOUIN (Jean), dit le P. Hardouin, savant Jésuite, né à Quimper en 1646, mort en 1729, enseigna quelque temps la rhétorique, puis devint bibliothécaire du collége Louis le Grand (1683). Il a composé plusieurs ouvrages qui sont remplis d'érudition, mais où il se plaît à soutenir les paradoxes les plus étranges : il mettait en doute toute l'histoire ancienne, niait l'authenticité de la plupart des écrits que l'antiquité nous a légués, prétendait même que l'Énéide de Virgile, les Odes d'Horace, sont l'œuvre de moines du moyen âge, et n'y voyait que des allégories chrétiennes ; il n'accordait aucune foi aux médailles, regardait comme chimériques tous les conciles antérieurs aux conciles de Trente, etc ; il mettait au nombre des athées Descartes, Malebranche, Pascal et tous les Jansénistes. Ses supérieurs, effrayés de la hardiesse de son scepticisme historique, le forcèrent à se rétracter sur quelques points (1708); mais il n'en persista pas moins dans ses opinions. Plusieurs de ses ouvrages, notamment son Commentaire sur le Nouv. Testament, sont à l’Index. On lui doit une édition encore estimée de Pline le Naturaliste, 1685, 5 vol. in-4, et une Collection des conciles, 1715, 12 vol. in-fol.

HARDOUIN (J.), architecte. V. MANSARD.

HARDOUIN DE PÉRÉFIXE. V. PÉRÉFIXE.

[[w:Philip Yorke (2e comte de Hardwicke)|HARDWICKE (Phil. YORKE, comte de)]], écrivain et homme d'État anglais, né en 1720, mort en 1790, entra au Parlement en 1741, devint intendant de l'Université de Cambridge et membre du conseil du roi. Étant encore à l'université, il avait composé avec plusieurs de ses condisciples, sous le titre de Lettres athéniennes (1740 et 1798), un ouvrage dans le genre du Voyage d'Anacharsis, qui fait bien connaître les mœurs et les institutions des Athéniens. Il a été traduit par Math. Christophe, 1802.

HARDY (Alexandre), poëte dramatique, né à Paris vers 1560, mort en 1632, composa plus de 600 pièces de théâtre (tragédies, comédies ou tragi-comédies), dont plusieurs ont eu une grande vogue, mais qui pour la plupart sont oubliées. Il obtint de Henri IV le titre de poëte du roi, mais il n'en vécut pas moins dans la gêne. Ses pièces, composées dans le goût du théâtre espagnol, et souvent imitées de ce théâtre, témoignent d'une grande fécondité et d'une certaine entente de la scène. On en a imprimé 41, qui forment 6 vol. in-8, 1623-28; la moins mauvaise est sa tragédie de Mariamne. Corneille fit bientôt oublier cet auteur. Hardy travaillait à l'année pour des troupes de comédiens ; il est le premier qui ait reçu la rétribution qu'on appelle part d'auteur.

HAREN, noble famille hollandaise, originaire de la Frise, contribua puissamment dans le XVIe siècle à l'indépendance des Provinces-Unies, et fournit depuis à la Hollande plusieurs hommes d'État et littérateurs distingués. Adam de Haren fut proscrit pour avoir signé la pétition des nobles adressée à la gouvernante des Pays-Bas, 1566, et fit partie en 1572 de la redoutable association dite des Gueux. — Onno-Zwier de Haren, 1713-1779, occupa plusieurs places éminentes dans l'administration et cultiva en même temps la littérature avec succès. On a de lui un poème intitulé les Gueux, dans lequel il chante l'affranchissement de son pays (Amsterdam, 1769 et 1785).

HARFLEUR, petite v. du dép. de la Seine-Infér., sur la riv. dr. de la Seine, près de son embouch., au confluent de la Seine et de la Lézarde, à 7 kil. E. N. E. du Havre ; 1800 hab. Petit port en partie comblé, station. Faïence, raffinerie de sucre, dépôt d'huîtres. — Harfleur, qu'on croit être l'anc. Caledunum ou Caracotinum, était jadis fortifiée et plus importante. Les Anglais s'en emparèrent en 1415, en furent chassés en 1433, la reprirent en 1440, et la perdirent définitivement en 1450. Harfleur est bien déchue depuis que son port a été comblé.

HARIRI (Abou-Mohammed-Alkasem-Ben-Ali), écrivain arabe, né à Bassora en 1054, mort en 1122, est auteur d'un Traité en vers sur la grammaire arabe, intitulé : Molhat-alirab ; mais il est surtout connu par le recueil des Makamas ou Séances de Hariri, espèces de nouvelles en prose et en vers, au nombre de 50, où l'auteur, en racontant l'histoire d'un certain Abou-Zeyd, qui fit tous les métiers, passe en revue toutes les conditions de la vie. Cet ouvrage est un des plus populaires de la littérature arabe et sert de livre classique pour l'enseignement. Les six premières séances ont été publiées, arabe-latin, par Schultens, Franeker, 1731 ; et les autres dans les Mines de l'Orient, avec des traductions latines par Reiske, Jahn, Rinck, Rosenmuller, etc. L'ouvrage a été imprimé en entier à Calcutta, 1809-1814, 3 vol. in-4, et à Paris, par Silvestre de Sacy en 1822, et par M. Reinaud, 1847-53, 4 vol. in-4, avec commentaires, M. Pelper en a donné une trad. complète en latin, 1831. MM. Garcin de Tassy, Munk et Cherbonneau en ont traduit en français quelques parties.

HARISPE (le général), né en 1768 à St-Étienne-de-Baigorry, m. en 1855, fit avec distinction les campagnes de la République et de l'Empire, se signala surtout à la bat. d'Iéna, à celle de Friedland, où il fut blessé, puis au siége de Saragosse, et défendit vaillamment le territoire français en 1814 sous le maréchal Soult. Écarté par la Restauration, il fut rappelé au service en 1830, élevé à la pairie en 1835 et fait maréchal en 1851.

HARLAY, famille noble et ancienne de France, a fourni à la magistrature et à l’Église plusieurs hommes distingués. Elle forma les branches de Beaumont, de Sancy, de Cési, de Champvallon, de Montglas. Elle s'est éteinte en 1717.

HARLAY (Achille de), l'un des hommes qui ont le plus honoré la magistrature française, né en 1536, m. en 1616, était également distingué par l'étendue de son savoir, l'intégrité de ses jugements et son courage civil. Il était fils de Christophe de Harlay, conseiller au parlement, puis président à mortier. Conseiller dès 22 ans, il remplaça en 1572 son père dans ses fonctions de président, et fut nommé en 1582, par Henri III, 1er président du parlement, en remplacement de Christophe de Thou, son beau-père. Au milieu des troubles de la Ligue, il déploya une fermeté inébranlable et montra une fidélité à toute épreuve. Le 12 mai 1588, dans la journée des Barricades, alors que le duc de Guise était vraiment roi dans Paris, Harlay, sollicité de reconnaître le pouvoir de cet usurpateur, osa dire au duc : C'est grand'pitié quand le valet chasse le maître; au reste, mon âme est à Dieu, mon cœur au roi, et mon corps est entre les mains des méchants; qu'on en fasse ce qu'on voudra. On le respecta quelque temps; mais après le meurtre des Guises, il fut enfermé à la Bastille par les Seize. Il n'en sortit qu'après l'assassinat de Henri III, moyennant une rançon de 10 000 écus. Il se rendit aussitôt auprès du nouveau roi, Henri IV, et usa de toute son influence pour favoriser son entrée dans Paris. Rétabli dans ses fonctions, Ach. de Harlay combattit avec vigueur les doctrines ultramontaines : il fit condamner par le parlement les livres de Mariana et de Bellarmin. Il se démit de sa charge en 1616, après 34 ans d'exercice, et mourut la même année. On a de ce magistrat la Coutume d'Orléans, imprimée en 1583. — Son petit-neveu, nommé aussi Achille de Harlay, fut 1er président du parlement de Paris de 1689 à 1707. Il jouit de la faveur de Louis XIV et seconda les intentions du roi dans l'affaire de la légitimation de ses bâtards. Il est surtout célèbre par son esprit : on cite de lui une foule de mots piquants; on en fit dans le temps un recueil sous le titre d’Harlæana.

HARLAY (François de), seigneur de Champvallon, né à Paris en 1625, m. en 1695, devint archevêque de Rouen en 1651, de Paris en 1670, fut chargé par Louis XIV de la direction des affaires ecclésiastiques, et eut une grande part à la révocation de l'édit de Nantes. Il présida plus. fois les assemblées du clergé : dans celle de 1682, il contraria en plus d'une occasion les vues de Bossuet. C'est lui qui célébra le mariage secret de Louis XIV avec Mme de Maintenon. Ce prélat était de l'Académie française : il la protégea de tout son pouvoir.

HARLAY, seigneur de Sancy. V. SANCY.

HARLEM ou HAARLEM, v. du roy. de Hollande, ch.-l. de la Hollande septentr., près du lac de Harlem, à 17 k. O. d'Amsterdam : 25 000 hab. Évêché catholique, tribunaux, collège et autres établissements d'instruction publique, riche bibliothèque, jardin botanique, académie de peinture et de sculpture, société d'horticulture et autres sociétés savantes. Rues larges, grande place du marché, église de St-Bavon, où l'on remarque un jeu d'orgues de 8000 tuyaux; Prinsenhof, hôtel de ville; chemin de fer. Toiles, rubans, passementeries, gazes, dentelles; on y fabriquait jadis des soieries et des velours fort estimés. On cultive à Harlem, mais avec moins de passion qu'autrefois, des tulipes et des jacinthes. Environs charmants, belle promenade de Harlem merhout. Patrie de Laurent Coster, inventeur de l'imprimerie suivant les habitants de Harlem ; des peintres Van der Helst, Wouwermans, Berghem ; des érudits Schrevelius et Scriverius. — On ignore l'époque où fut fondée Harlem. Elle soutint en 1672 et 1573 un siège terrible contre le duc d'Albe, qui ne la prit qu'au bout de sept mois, et qui fit périr la moitié de ses habitants, en violant la capitulation.

HARLEM (lac ou mer de), s'étendait entre les villes de Harlem, de Leyde et d'Amsterdam, et communiquait avec le Vieux-Rhin et le golfe de l'Y : 25 kil. sur 11. Il avait été formé au XVIe siècle par une irruption de la mer. On a récemment réussi à le dessécher (1840-1858).

HARLES (Gottlieb-Christophe), érudit, né en 1738 à Culmbach, mort en 1815, fut professeur de littérature grecque et orientale au gymnase de Cobourg (1765), puis directeur du séminaire philosophique d'Erlang en 1770. On a de lui des éditions de Théocrite, Bion et Moschus, de Coluthus, de Cicéron, Corn. Nepos, etc., les Vies des philologues, en latin, Brême, 1770-2; Introductio ad historiam linguaæ græcæ, 1778; et une éd. fort estimée de la Bibliothèque grecque de Fabricius, Hambourg, 1790-1812, 12 vol. in-4, avec d'importantes augmentations.

HARLEY (Robert), comte d'Oxford, ministre de la reine Anne, né à Londres en 1661, mort en 1724, fut longtemps le chef du parti tory dans la chambre des Communes. Il parvint à ruiner la puissance de Marlborough et de Godolphin (1710), et fut nommé, lors de la formation d'un nouveau ministère, chancelier de l'échiquier et trésorier. Il remplit les coffres de la reine sans être fort scrupuleux sur les moyens, et créa dans ce but les loteries royales, Il fut un des négociateurs du traité d'Utrecht (1713). Jaloux du crédit de Bolingbroke, son collègue, il tenta vainement de le supplanter, et fut lui-même destitué brusquement en 1714. Sous George I, il fut accusé de trahison par le parti whig (1715), et enfermé pendant deux ans à la Tour; mais son innocence fut reconnue par un jugement solennel. Il Vécut depuis dans la retraite, formant une riche bibliothèque et une belle collection de manuscrits, qui après sa mort furent achetées par l'État. Elles se trouvent auj. au Muséum britannique, où elles sont connues sous le nom de Collection harléienne. Le Catalogue en a été publié par Johnson, 1743-44.

HARLINGEN, v. forte de Hollande (Frise), à 26 k. O. de Leeuwarden, sur le Zuyderzée : 8000 hab. Murailles, fossés, docks, fortes digues, belles écluses; hôtel de ville, ci-devant hôtel de l'amirauté. Toiles à voiles, canevas, moulins à scies, briqueteries.

HARMÉNOPULE (Constantin), jurisconsulte du Bas-Empire, né à Constantinople en 1320, mort en 1383, fut sous les empereurs Cantacuzène et Jean Paléologue juge supérieur, préfet de Thessalonique, et grand chancelier. On lui doit un ouvrage précieux, écrit en grec, le Procheiron nomón, seu Promptuarium juris civilis, manuel de droit en 6 livres, publié à Paris en 1540, trad, en latin par Bern. Rey (1547), et par J. Mercier (1556). On a aussi de lui : Hist. au synode, un traité de Droit canonique (Epitome divinorum et sacrorum Canonum), publié en grec, avec une trad. latine de Leunclavius, dans le Jus græco-romanum de Freher, Francf., 1596, in-f. On lui attribue un Dictionnaire des verbes grecs, retrouvé en 1843 par M. Minoide Mynas.

HARMODIUS. V.ARISTOGITON.

HARMONIE ou HERMIONE, fille de Mars et de Vénus, et femme de Cadmus, porta en Grèce les premières notions de l'art de la musique. Elle eut de Cadmus un fils nommé Polydore, et quatre filles, Ino, Agavé, Autonoé et Sémélé. Elle fut changée, ainsi que Cadmus, en serpent, symbole d'éternel rajeunissement. — Harmonie était aussi une des divinités cabiriques : elle était alors femme d'Hermès et était considérée comme le symbole de l'admirable harmonie qui règne dans l'univers. HARMONIE, vge de Pensylvanie, sur la baie de Conequenessing, à 280 k. N. O. de Harrisburg. G. Rapp s'y établit en 1803 avec des prosélytes qu'il avait amenés du Wurtemberg, et qui sont connus sous le nom d’Harmonistes, mais il eut peu de succès. — Rapp donna le nom de New-Harmony à un autre village qu'il alla fonder en 1814 dans l’État d'Indiana, à 20 k. N. de Mont-Vernon, sur le Wabash, à 30 kil. de son embouchure. Robert Owen chercha à y établir vers 1825 sa société de coopération; mais il échoua également.

HARO (don Louis de), ministre et favori de Philippe IV, roi d'Espagne, né en 1598, était neveu, par sa mère, du fameux duc d'Olivarès. Il remplaça son oncle au pouvoir en 1644, soumit Naples et la Catalogne, qui étaient révoltées, administra sagement, fit la paix avec les Provinces-Unies (1648), et conclut avec la France le traité des Pyrénées (1659). Il mourut au milieu de sa puissance, en 1661, regretté du roi et de la nation.

HARO (cri ou clameur de). V. CLAMEUR dans notre Dict. univ. des Sciences.

HAROERI, divinité égyptienne. V. HORUS.

HAROLD I, roi d'Angleterre, fils du conquérant danois Canut le Grand, succéda à son père sur le trône d'Angleterre en 1036, et eut pour compétiteur son frère Hardi-Canut. Au moment d'en venir aux mains, les deux frères firent un arrangement par lequel Harold cédait à Hardi les provinces méridionales de l'Angleterre; mais Harold, aidé du comte Godwin, sut bientôt, par la trahison, se rendre seul maître de tout le royaume. Il mourut en 1039; son frère, qui accourait pour le combattre, exerça sur son cadavre d'horribles vengeances. — H. II était fils du comte Godwin, qui avait joui d'un grand pouvoir sous les règnes précédents, et frère d’Édith, femme d’Édouard le Confesseur. Un naufrage l'ayant jeté sur la côte du comté de Ponthieu, Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, se le fit livrer, et ne le laissa partir qu'après qu'il lui eut fait hommage et juré de seconder ses prétentions à la couronne d'Angleterre. Harold se fit néanmoins proclamer à la mort d’Édouard, 1066. Il battit à Stamford-bridge son frère Tostig qui, soutenu par l'armée norvégienne de Harald III, lui disputait la couronne; mais à peine venait-il de remporter la victoire qu'il fut attaqué lui-même et défait par Guillaume, à la bataille de Hastings. Il périt dans l'action.

HAROMSZEK, comitat de Transylvanie, entre ceux de Czik, de Kronstadt, la Valachie et la Moldavie : 59 kil. sur 65; 100 000 hab. ; ch.-l., Illyefalva.

HAROUDJ, chaîne de montagnes de l'État de Tripoli, est une ramification de l'Atlas, et se partage en deux chaînes secondaires : l'Haroudj-el-Abiad (c.-à-d. blanc), au S. O., et l'Haroudj-el-Açouad (c.-à-d. noir), à l'E., sur la limite méridionale du Fezzan.

HAROUÉ, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), sur le Madon, à 30 k. S. de Nancy ; 700 h. Beau château, où naquit le maréchal de Bassompierre et qui appartient auj. à la famille de Beauvau. La terre d'Haroué fut érigée en marquisat au XVIIe siècle en faveur de la maison de Bassompierre.

HAROUN-AL-RASCHID (c.-à-d. le Justicier), calife abasside, né en 765, à Rei (Médie), mort à Thous en 809, s'était déjà distingué en combattant dans l'Asie-Mineure les troupes de l'impératrice Irène, lorsqu'il remplaça sur le trône, en 786, son frère Mouça-al-Hadi. Ce dernier, jaloux des succès de Haroun, était, dit-on, sur le point de l'assassiner, lorsque leur mère commune, se voyant inévitablement réduite à n'avoir plus qu'un fils, préféra sacrifier Mouça. Haroun éleva l'empire des califes à son plus haut degré de splendeur : il fit d'immenses conquêtes en Asie, battit en plusieurs occasions Irène et Nicéphore et les força à lui payer tribut, étendit ses relations jusqu'en Occident, et sollicita l'alliance de Charlemagne. Il protégea les arts et les lettres et s'entoura d'une cour magnifique; mais on lui reproche sa cruauté. Il fit périr plusieurs membres de sa propre famille dans d'horribles supplices. Au nombre de ses victimes, on cite la famille des Barmécides, qui pendant longtemps avait joui du plus grand crédit. V. BARMÉCIDES.

HARPAGE, satrape mède, fut chargé, au rapport d'Hérodote, par Astyage, de faire périr Cyrus, qui venait de naître, et se contenta de le remettre, pour être exposé, à un berger, qui l'éleva. Dix ans après, Astyage, informé de l'inexécution de son ordre, punit Harpage en lui faisant servir dans un festin les membres de son propre fils. Le malheureux père cacha d'abord son ressentiment, mais dans la suite il se révolta et détrôna Astyage de concert avec Cyrus, 561 av. J.-C.

HARPALE, Harpalus, seigneur macédonien, reçut d'Alexandre le gouvt de Babylone et la garde de ses trésors pendant l'expédition du conquérant dans l'Inde, 327 av. J.-C. En l'absence de son maître, il accabla les peuples d'impôts et dissipa les richesses qui lui étaient confiées; puis, redoutant un juste châtiment, il s'enfuit à Athènes, où il réussit, à l'aide de ses trésors, à gagner Démosthène et à soulever le peuple. Mais bientôt les Athéniens, menacés de la colère du roi, le chassèrent de leurs murs. Il se réfugia en Crète, où il fut assassiné, en 325, par la trahison d'un ami.

HARPALE, astronome grec, corrigea, vers 480 av. J.-C, le cycle de Cléostrate, et en proposa un nouveau de 9 ans, qui fut lui-même corrigé par Méton.

HARPALYCE, princesse guerrière, fille d'Harpalycus, roi de Thrace, repoussa Néoptolème, qui avait envahi la Thrace. Elle fut prise et tuée par des paysans dont elle avait enlevé les bestiaux.

HARPER'S FERRY, bourg de l'État de Virginie, dans le comté de Jefferson, au confluent du Shenandoah et du Potomak, à 13 kil. E. de Charlestown. Chemin de fer, pont de 250m, qui a remplacé le bac (ferry) d'où la ville avait tiré son nom. Manuf. d'armes.

HARPIES. V. HARPYIES.

HARPOCRATE, dieu égyptien, fils d'Osiris et d'Isis, était le symbole du soleil au sortir de l'hiver. Son nom, Har-Pokrat, signifie en égyptien Haroeri (Horus, ou le Soleil) aux pieds mous, c.-à-d. sans force, et indique la faiblesse des rayons du soleil de février. Il était représenté sous la figure d'un enfant enveloppé de langes. Il tenait un doigt sur la Bouche pour montrer qu'il était enfant et ne pouvait parler : ce qui le fit prendre à tort, par les Grecs, pour le Dieu du silence.

HARPOCRATION (Valérius), grammairien grec d'Alexandrie, vivait, suivant les uns, du temps de Marc-Aurèle (161), suivant les autres, du temps de Julien (350). Il n'est connu que par un Lexique grec des mots employés par les dix grands orateurs de la Grèce. Ce livre a été publié par Alde, Venise, 1503 et 1527, par Gronovius, Leyde, 1696, par Bekker, Berlin, 1853, et par Dindorf, Oxford, 1858.

HARPONELLY, district de l'Inde anglaise (Madras), dans l'anc. prov. de Balaghat, est borné au N. et à l'O. par la Toumbedra, au S. par l'anc. Maïssour (Mysore), et a pour ch.-l. une v. de même nom. — Les Radjahs de ce district furent successivement tributaires des souverains du Bichnagar, de ceux de Bedjapour, des Mongols et des Manrattes. Tippou-Saïb s'empara de ce pays en 1786; les Anglais le lui enlevèrent en 1800.

HARPYIES (du grec harpazô, enlever), monstres de la Fable, filles de Thaumas et d'Électre, ou de Neptune et de la Terre, étaient au nombre de trois : Aëllo, Ocypète, et Céléno. On les représente avec un visage de vieille femme, un corps de vautour et des ongles crochus. Elles enlevaient les viandes à peine servies, ou les souillaient d'une odeur infecte, qu'elles répandaient partout sur leur passage. On les vit d'abord eu Thrace, où elles tourmentèrent longtemps Phinée; mais Calaïs et Zéthès, fils de Borée, les chassèrent de ce pays; elles se retirèrent alors dans les îles Strophades. Quelques savants voient dans les Harpyies la personnification des vents pestilentiels ; d’autres pensent qu’elles étaient l’image symbolique de la mort quand elle enlève prématurément des jeunes filles.

HARRACH (comtes de), noble famille autrichienne, possessionnée en Bohême, remonte au XIIIe siècle et est surtout devenue célèbre à partir du XVIe. Ferdinand Bonaventure de H., diplomate, né en 1637, mort en 1706, fut ambassadeur en Espagne sous Charles II, et fit de vains efforts pour assurer la succession d’Espagne à la ligne autrichienne ; il a laissé des Mémoires et négociations secrètes (La Haye, 1720), qui contiennent des détails curieux sur la cour de Charles II. — Son fils, Louis Thomas Raymon de H., mort en 1742, lui succéda dans l’ambassade d’Espagne, et protesta en 1702 contre le testament de Charles II. Il fut vice-roi de Naples de 1728 à 1733. — Ch. Borromée de H., d’une branche cadette, 1761-1829, s’est signalé par sa bienfaisance : il exerça gratuitement la médecine pendant 25 ans ; de 1805 à 1809, sa maison fut ouverte à tous les blessés dont les environs de Vienne étaient alors encombrés. Il est l’oncle d’Augusta de Harrach, que le roi de Prusse Frédéric Guillaume III épousa an 1824, et qu’il fit princesse de Liegnitz.

HARRAN, Charræ, v. de la Turquie d’Asie (Diarbekir), ch.-l. de livah, à 90 kil. S. E. d’Orfa. Célèbre par la défaite de Crassus (V. CARRHES), et par une savante école musulmane qui, au X{e siècle, traduisit nombre d’ouvrages grecs en arabe.

HARRINGTON, bourg et port d’Angleterre (Cumberland), sur la mer d’Irlande, à 2 kil. S. de Workington ; 1845 hab. Titre de comté porté par une branche de la famille Stanhope.

HARRINGTON (James), publiciste, né en 1611 à Upton (Northampton), mort en 1677, fut favorable à la cause du Parlement pendant la guerre civile, mais conserva une telle modération qu’on le choisit pour tenir compagnie au roi Charles I dans sa captivité (1646). Après l’exécution du roi, il vécut quelque temps retiré, et composa dans sa retraite une espèce d’utopie, intitulée Oceana, où il trace le plan d’une république parfaite : cet ouvrage, qui parut en 1656, déplut à Cromwell, qui y vit une satire de son gouvernement, et elle attira sur son auteur quelques persécutions. Sous la Restauration, Harrington fut arrêté comme républicain, et enfermé à la Tour sous prétexte de haute trahison (1661) ; mais il fut relâché sans qu’on eût rien pu prouver contre lui. Un remède trop violent, qu’on lui avait fait prendre pendant sa détention, altéra sa raison. Outre l’Oceana, Harrington a composé des Aphorismes, où il expose ses principes d’une manière plus précise. Il a aussi laissé quelques poésies, mais qui ne s’élèvent pas au-dessus du médiocre. Ses œuvres ont été réunies par Toland, Londres, 1700, et par Biroh, 1747. L’Oceana a été traduit en français en 1795.

HARRIOT (Thomas), mathématicien, né à Oxford en 1560, m. en 1621, accompagna en 1585 Walter Raleigh en Virginie, leva la carte du pays, et publia à son retour la relation de son voyage, 1588. Il a fait faire un grand pas à l’analyse des équations algébriques, en transportant le premier dans un seul membre tous les termes de l’équation. Il a résumé ses travaux dans son Artis analyticæ praxis, Londres, 1631.

HARRIS (John), écrivain anglais, né vers 1667, mort en 1719, entra dans l’Église, fut secrétaire, puis vice-président de la Société royale de Londres. Il est le 1er qui ait publié une encyclopédie en langue vulgaire ; son ouvrage est intitulé : Lexicon technicum ou Dictionnaire universel des sciences et des arts, 2 vol. in-fol., Londres, 1708 ; son plan a reçu de Chambers et de Diderot de plus amples développements. On lui doit aussi une Théorie de la Terre, 1697 ; un Recueil de voyages, en latin, Londres, 1705, et un Dialogue sur l’astronomie, 1717.

HARRIS (James), né en 1709 dans le comté de Salisbury, mort en 1780, était neveu de Shaftesbury. Il cultiva à la fois les lettres et la politique, fut membre de la Chambre des Communes, lord de l’amirauté (1762), contrôleur et secrétaire de la reine (1774). Il a publié, sous le titre d’Hermès (1751), une Grammaire philosophique fort estimée, qui a été trad. et commentée par Thurot (1796) ; elle se distingue par une métaphysique subtile et une connaissance profonde des grammairiens grecs et latins. Il a aussi laissé d’excellents traités sur l’art en général, sur la musique, la peinture, la poésie. En métaphysique, Harris combat le sensualisme. Son fils, lord Malmesbury (V. ce nom), a donné une belle éd. de ses œuvres, en 2 vol. in-4, Londres, 1801.

HARRISBURG, v. des États-Unis, ch.-l. de la Pensylvanie, sur la r. dr. du Susquehannah, à 140 kil. N. O. de Washington ; 16 600 hab. Chemin de fer, beaux palais de justice et du gouvernement, arsenal. — Cette ville, fondée en 1785, voit son importance augmenter tous les jours.

HARRISON (John), habile mécanicien anglais, né en 1693 à Foulby (Yorkshire), mort en 1776, était fils d’un charpentier. Entraîné par un goût naturel, il s’adonna de lui-même à la mécanique et à l’horlogerie, et parvint à fabriquer des instruments d’une perfection inconnue jusque-là : on lui doit entre autres inventions, le Compensateur, pendule composé de plusieurs métaux d’inégale, dilatabilité qui se compensent (1726) ; une horloge marine que le mouvement des vaisseaux ne peut déranger (1735), et une montre marine pour servir à la détermination des longitudes en mer : il la nomma garde-temps (1761). La Société royale lui décerna pour cette dernière invention un prix de 20 000 liv. sterling. Il a donné une description de sa montre marine, qui a été traduite par le P. Pézenas, 1767.

HARRISON (Thomas), architecte, né en 1744 à Richmond (Yorkshire), mort en 1829, alla se former à Rome, fut chargé à son retour d’élever, tant à Londres que dans les divers comtés de l’Angleterre, un grand nombre d’édifices publics ou particuliers, construisit le Panoptique de Chester, modèle des maisons de détention, ainsi que le théâtre et la bourse de Manchester, et jeta sur la Dee un superbe pont, d’une seule arche, qui n’a pas moins de 200 pieds anglais d’ouverture.

HARRISON (le gén. W. H.), président des États-Unis, né en 1775 dans la Virginie, servit d’abord dans l’armée et prit part à une expédition contre les Indiens du Nord-Ouest, fut nommé vice-gouverneur de l’Indiana et député de cet État au Congrès, fit adopter plusieurs mesures favorables aux provinces occidentales, ce qui lui valut le surnom de Père de l’Ouest et le fit élire gouverneur de l’Indiana ; fut, dans la guerre engagée contre les Anglais (1812), appelé au commandement en chef des forces américaines, reprit aux Anglais les places de Cleveland, Sanducky. Détroit, Chicago, pénétra dans le haut Canada, où il battit le général Proctor (5 oct. 1813), et rétablit les affaires dans le bas Canada. Il donna sa démission en 1814 parce qu’un ordre intempestif l’avait enlevé au théâtre de ses succès, et fut quelque temps réduit à remplir la modeste fonction de greffier. En 1836, ses amis tentèrent, mais sans succès, de l’élever à la présidence : ils y réussirent en 1840, mais il venait à peine d’entrer en exercice lorsqu’il mourut (1841).

HARROW, vge d’Angleterre, dans le Middlesex, sur la colline la plus élevée du comté, ce qui le fait nommer Harrow-on-the-Hill, à 16 kil. O. de Londres ; 4000 hab. Chemin de fer. Air pur, belle vue. Collége célèbre pour les études classiques, fondé en 1571 par John Lyon.

HARTE (miss). V. HAMILTON (lady).

HARTFORD, v. et port des États-Unis, une des 2 capit. du Connecticut, sur la r. dr. du Connecticut, à 423 kil. N. E. de Washington ; 20 000. h. Évêché cathol., siège d’une Circuit-Court, collége, maison de sourds-muets, muséum, etc. Chemin de fer pour New-Haven, bateaux à vapeur. — Fondée en 1633. HARTFORT, v. d'Angleterre. V. HERTFORD.

HARTLEY (David), médecin anglais, né en 1705, m. en 1757, est auteur d’Observations sur l'homme, ses facultés, ses devoirs, ses espérances, 1649 et 1791, ouvrage matérialiste, traduit par R. A. Sicard, 1802, et réfuté par Haller.

HARTSOEKER (Nic.), savant hollandais, né en 1656 à Gouda, mort en 1725, reçut les leçons de Huyghens, se lia à Paris avec Cassini, Malebranche et l'Hôpital, alla vers 1696 à Rotterdam, où il donna des leçons de mathématiques au czar Pierre, et fut nommé en 1704 professeur de mathématiques et de philosophie à, Dusseldorf par l'électeur palatin. Il découvrit les animalcules spermatiques, et perfectionna le microscope et le télescope. Ses principaux ouvrages sont : Essai de dioptrique, 1694; Principes de physique, 1696; Traité de physique, 1696; Recueil de pièces de physique, où l'on fait voir l'invalidité du système de Newton, 1722.

HARTWELL, château du comté de Buckingham, près d'Aylesbury, à 60 kil. N. O. de Londres, fut, de 1811 a 1814, la résidence du comte de Provence (depuis Louis XVIII).

HARTZ, HARZ ou HARZGEBIRGE, Hersynius mons, chaîne de mont. de l'Allemagne, s'étend, sur une longueur d'env. 150 kil., dans le Hanovre, le duché de Brunswick et la Prusse. Dans le Hanovre, il va de Langelsheim à Harzgerode, traversant ainsi la partie orient. de la principauté de Gœttingue et celles de Grubenhagen et de Hildesheim; dans le Brunswick, il occupe les districts du Harz et de Blankenbourg; dans la Prusse une partie de la régence de Magdebourg et de la Saxe. Sommets principaux, le Brocken, qui divise la chaîne en Harz-Inf. et Harz-Sup., le Rammelsberg, le Bruchberg, l'Andreasberg, etc. Célèbres mines de fer, de plomb, de cuivre, d'argent, de zinc, exploitées depuis le Xe siècle, et dont une partie est exploitée en commun par le Brunswick et le Hanovre. Ces montagnes sont couvertes de forêts qui jadis étaient beaucoup plus étendues, et appelées par les Romains Hercynia Sylva. — Le Harz avait donné, sous l'empire français, son nom à un dép. du roy. de Westphalie (ch.-l. Heiligenstadt); il le donne auj. à un district du duché de Brunswick (ch.-l. Seesen).

HARVEY (Will.), médecin anglais, né en 1578 à Folkstone (Kent), mort en 1657, se livra avec ardeur à l'anatomie expérimentale, visita pour s'instruire les savants de la France, de l'Italie et de l'Allemagne, se fixa à Londres en 1604, fut nommé en 1613 professeur d'anatomie et de chirurgie au Collége de médecine de cette ville, devint médecin de Jacques I et de Charles I, et chef du collège de Merton à Oxford. Ayant servi le parti du roi pendant la guerre civile, il se vit dépouillé de ses places, et vécut depuis dans la retraite. On lui doit, entre autres découvertes, celle des lois de la circulation du sang qu'il communiqua dès 1619 à ses élèves, et au public en 1628. Ses principaux ouvrages sont : Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibus, 1628 (c'est là qu'est exposée sa découverte); De generatione animalium, 1651. Ses œuvres ont été réunies en 1766, à Londres, 2 vol. in-4.

HARWICH, v. d'Angleterre (Essex), à 13 k. S. E. d'Ipswich, sur la mer du Nord: 5000 h. Vaste port de refuge, fort Landguard qui le défend ; bains de mer.

HARZ. V. HARTZ.

HARZGERODE, v. murée du duché d'Anhalt dans le Harz, à 44 kil. S. O. de Bernbourg : 2500 hab. Château ducal; administration des mines; fonderie d'argent. Source minérale et bains fréquentés.

HASBAIN ou HASBAYE. V. HESBAYE.

HASCHEM (Mohammed-Ben-Hamet, dit le Chérif), docteur de la loi de Mahomet, prit le titre de Chérif, parce qu'il se prétendait issu de Mahomet. Il envoya vers 1508, au nom du roi de Fez, prêcher la guerre sainte par ses trois fils contre les Chrétiens, alors maîtres d'une partie de l'Afrique septentrionale, obtint de rapides succès, et fonda la dynastie des Chérifs, qui, à partir de 1509, régnèrent sur presque toute la Barbarie occidentale, et qui sont encore auj. sur le trône de Maroc. — V. HESCHAM.

HASCHÉMIAH, v. d'Asie voisine d'Anbar, bâtie en 751 par Aboul-Abbas, 1er calife abasside, qui la nomma ainsi en l'honneur de Haschem, un de ses ancêtres, et qui y transféra le siège du califat. Elle fut abandonnée quand Bagdad eut été bâtie.

HASE (Charles-Benoît), philologue français, né à Sulza (Saxe) en 1780, m. en 1864; fit ses premières études en Allemagne, visita Paris en 1801, où il se fit naturaliser en 1820 ; entra (1805) à la Bibl. impériale, où il fut plus tard conservateur des Manuscrits; devint professeur d'allemand des enfants de la reine Hortense (1812), prof. de grec moderne et de paléographie à l’École des langues orientales (1815), de gramm. comparée à la Faculté des lettres de Paris (1852) ; membre de l'Acad. des Inscriptions (1824). Il a donné des éditions de Lydus (1812-23), de Léon Diacre (1819), associé son nom à toutes les grandes publications d'érudition (Mémoires de l'Acad. des Inscript., Journal des Savants, Journal asiatique, etc.) et collaboré activement, avec M. Dindorf, à l'édition du Thesaurus linguæ græcæ de M. Estienne, publiée par MM. Didot (1840-64).

HASLI, vallée de la Suisse, dans le S. E. du canton de Berne, sur les confins de ceux d'Unterwald et d'Uri, est encaissée entre les massifs les plus élevés des Alpes et traversée par l'Aar. On n'y voit pas de villes, mais plusieurs petits villages, dont le principal est celui de Meyringen. Le Hasli compte 7000 hab. environ, qu'on croit d'origine Scandinave, et qui semblent avoir conservé des traces de cette origine.

HASPARREN, ch.-l. de cant. (B.-Pyrénées), à 24 kil. S. E. de Bayonne : 5494 hab. Tanneries, mégisseries, chamoiseries. Grand commerce de bétail.

HASSAN. V. HAÇAN.

HASSE (Adolphe), compositeur, né à Bergedorf près de Hambourg, en 1705, m. en 1783, mit en musique tous les opéras de Métastase, et composa des Litanies et un Miserere, regardé comme un chef-d'œuvre.

HASSEL (J. G. Henri), géographe et statisticien, né à Wolfenbüttel en 1770, devint en 1800 directeur du bureau de statistique du roy. de Westphalie, fut, après la dissolution de ce royaume, charge par le duc de Brunswick d'une mission diplomatique à Paris, puis se fixa à Weimar, où il mourut en 1829. On a de lui : Description géographique et statistique des duchés de Wolfenbüttel et de Blankenbourg, Brunswick, 1802; Précis statistique de tous les États de l'Europe, 1805; Aperçu statistique de l'empire d'Autriche, 1807; — du roy. de Westphalie, 1809; Manuel de la statistique des États de l'Europe, 1812; Dictionnaire général de Géographie et de statistique, 1817-18; Almanach généalogique, historique et statistique, Weimar, 1823-28, etc. il a en outre coopéré à un grand nombre d'ouvrages, notamment à l’Encyclopédie d'Ersch et Gruber.

HASSELQUIST (Fréd.), naturaliste suédois, né en 1722 à Taernvalla (Gothie orient.), fit en 1749, d'après les conseils de Linné, un voyage en Palestine, et y recueillit les objets les plus rares en histoire naturelle. Il était sur le point de revenir en Europe, lorsqu'il mourut à Smyrne, en 1752. Linné a publié le résultat de ses recherches sous le titre d’Iter Palæstinum, en suédois, Stockholm, 1757, trad. en français par Eidous, Paris, 1769.

HASSELT, v. forte de Belgique, ch.-l. du Limbourg belge, sur la Demer, à 75 kil. E. de Bruxelles; 10 000 hab. Draps, toile, savon, eau-de-vie de grains et de genièvre, garance, chicorée-café. Près de là est le Camp des Francs, où, selon la tradition, Pharamond fut élevé sur le pavois.

HASSENFRATZ (Jean-Henri), né à Paris en 1755, mort en 1827, fut d'abord charpentier, puis ingénieur-géographe, ingénieur des mines, et alla dans la Styrie et la Carinthie étudier l'art de fabriquer le fer. Ardent fauteur de la Révolution, il fut un des meneurs qui agitèrent les faubourgs en 1792, et qui préparèrent le 10 août ; fit partie de la Commune de Paris, devint 1er commis du ministère de la guerre, et attaqua vivement Dumouriez devant la Convention. Il ne joua plus aucun rôle après la chute de Robespierre. Membre de l'Institut dès la création, professeur à l'École des mines, il fut aussi un des fondateurs de l’École polytechnique, et y enseigna la physique. Il perdit ses emplois en 1815. On a de lui : Cours de minéralogie, 1796 ; l'Art du charpentier, 1804 ; Sidérotechnie ou l’Art de traiter les minerais de fer, 1812 ; l'Art de calciner la pierre calcaire, 1825 ; et le Dictionnaire physique de l'Encyclopédie méthodique, 1816-1821, 4 vol. in-4.

HASTENBECK, bourg du roy. de Prusse (Hanovre), à 40 kil. S. O. de Hanovre ; 400 hab. Le maréchal d'Estrées y battit en 1757 les Anglais, commandés par le duc de Cumberland. — On place dans les plaines voisines l’Idistavisus campus des anciens.

HASTING ou HASTINGS, aventurier du IXe siècle, né en Danemark ou en Normandie vers 810, vint à la tête des Normands ravager les rives de la Loire en 845, saccagea Amboise, mais fut repoussé par les habitants de Tours. Il fit ensuite une expédition en Italie, et s'empara en 861 de la ville de Luna, qu'il prenait, dit-on, pour Rome même, puis il fit de nouvelles descentes en France, pilla en 866 l'Anjou, le Poitou et la Touraine, et battit Robert le Fort à Brissarthe ; mais il fut repoussé devant Rennes. Néanmoins il obtint de Charles le Chauve le comté de Chartres. Il aida Charles le Gros contre Rollon, puis alla, à ce qu'on croit, mourir en Danemark, vers 893.

HASTINGS, v. maritime d'Angleterre (Sussex), à 90 kil. S. E. de Londres ; 12 000 hab. C'est un des Cinq-Ports. Port jadis grand et commode, auj. à peu près comblé. Cabotage, pêche, construction de petits bâtiments. Bains de mer. Ruines d'un vieux château sur un roc escarpé. — Guillaume le Conquérant remporta en 1066 à Hastings, sur Harold II, la victoire qui fit passer la couronne d'Angleterre des mains des Saxons à la dynastie normande.

HASTINGS (Warren), gouverneur des Indes, né en 1733 dans le comté d'Oxford, mort en 1818, d'une famille ancienne qui se prétendait issue du fameux pirate danois. Nommé en 1772 gouverneur du Bengale, et en 1774 gouverneur général de toutes les possessions anglaises dans l'Inde, il déploya une assez grande habileté, et usa de tous les moyens pour augmenter les possessions et les richesses de la Compagnie ; mais en même temps, il exerça contre les Hindous toutes sortes de vexations, et montra une rigueur, une perfidie et une avidité qui soulevèrent des plaintes universelles. Il fut rappelé en 1785, et on informa contre lui dans le Parlement d'Angleterre ; Fox, Shéridan et surtout Burke se portèrent ses accusateurs et dévoilèrent avec une admirable éloquence les crimes de ce tyran. Après 10 années de débats, la Chambre des Lords, cédant à des considérations politiques, ou même, dit-on, gagnée en partie par les trésors de la Compagnie, prononça son acquittement (1795). Quoique coupable d'actes odieux, cet administrateur avait fait preuve de désintéressement et était resté pauvre : la Compagnie des Indes, dont il avait servi les intérêts, lui fit une pension jusqu'à la fin de ses jours. Hastings avait une connaissance profonde de la littérature orientale : on lut doit la découverte des livres sacrés des Hindous. Gleig a publié des Mémoires sur sa vie, Londres, 1841. On peut aussi consulter le W. Hastings de Macaulay (dans l’Edinburgh Review).

HASTINGS (Franç. RAWDON MOIRA, marquis d'), né en 1754, mort en 1826, fils du comte de Moira et d'Élisabeth, Hastings se distingua en Amérique et dans las guerres du continent et dirigea la désastreuse affaire de Quiberon. Nommé gouverneur général de l'Inde en 1812, il battit les Mahrattes, soumit le Népaul et gouverna habilement ; néanmoins, il se vit accusé de malversation par la Compagnie des Indes, mais il parvint à se justifier pleinement (1822). Il fut nommé en 1824 gouverneur de Malte.

HATFIELD, v. d'Angleterre (Hertford), à 10 kil. d'Hertford, sur la Lea ; 4000 hab. Beau château où résida Élisabeth avant de monter sur le trône ; palais construit par Cécil Burleigh, comte de Salisbury, et où Charles I fut fait prisonnier. — Village du comté d'York, célèbre par la bataille qui s'y livra en 633 entre Edwin, roi de Northumberland, Cadwallo, roi de Galles, et Penda, roi de Mercie.

HATTERAS, cap et fort de la Caroline du Nord, sur l'Atlantique, par 35° 14' lat. N., 77° 55' long. O.

HATTI-CHÉRIF, c.-à-d. écrit noble. On désigna ainsi dans l'empire ottoman les ordonnances où le sultan a apposé sa signature, ou qui renferment quelques mots de son écriture. L'un des plus célèbres est celui qu'a solennellement proclamé le sultan Abdul-Medjid, le 3 nov. 1839, à Gulhané (jardin du sérail), en présence de tous les hauts fonctionnaires de la Porte : ce hatti-chérif est comme la charte de l'empire ottoman : il assure à tous les citoyens de la Turquie sans distinction de religion, des garanties quant à leur vie, leur honneur, leur fortune et leur liberté personnelle. Il a été complété par le hatti-houmaïoum du 18 février 1856.

HATZFELD (famille de), anc. maison d'Allemagne, prend son nom du château de Hatzfeld, situé sur les bords de l'Edder dans le duché de Hesse, à 28 kil. N. O. de Marbourg. Les personnages les plus connus de cette maison sont : Melchior de Hatzfeld, général au service de l'empire, qui commanda un corps dans la guerre de Trente ans, fut opposé à Baner, à Guébriant, à Gustave Adolphe, battit le comte palatin Charles Louis à Lemgo en 1638, prit part à la victoire de Duttlingen, et s'empara de Varsovie ; il mourut en 1658 ; — François Philippe Adrien, élevé par Frédéric II au rang de prince en 1741 ; — et François Louis, prince de Hatzfeld, né en 1756, mort en 1827, célèbre par un trait de générosité de Napoléon. En 1806, lorsque l'Empereur, après la victoire d'Iéna, entra dans la capitale de la Prusse, Hatzfeld feignit de se rallier à sa cause, et fut chargé par lui du gouvernement civil de Berlin ; mais on apprit bientôt qu'il correspondait avec l'armée prussienne. Une lettre dans laquelle il rendait compte des forces de l'armée française ayant été interceptée, il fut arrêté comme espion. Aussitôt sa femme se rend au château, obtient audience, et se jette aux pieds de Napoléon pour implorer sa clémence ; celui-ci lui remet la lettre accusatrice en lui disant : « Je n'ai plus de preuves contre votre mari, il est libre. » Le comte de Hatzfeld fut plus tard ambassadeur de Prusse dans les Pays-Bas et en Autriche.

HAUBOLD (Gottlieb), jurisconsulte, né à Dresde en 1766, mort en 1824, fut professeur des antiquités du droit à l'Université de Leipsick (1789), puis professeur de droit saxon, assesseur, et enfin conseiller à la cour souveraine de Saxe. On a de lui : Lineamenta institutionum, historicarum juris Romani, Leipsick, 1805 ; Lineamenta doctrinæ Pandectarum, 1820 ; Manuale Basilicorum, 1819, et des Tables chronologiques du Droit, en lat., 1790. Haubold fut un des fondateurs de l’École historique.

HAUBOURDIN, ch.-l. de cant. (Nord), sur la Deule et le canal de Douay à Lille, à 7 kil. S. O. de Lille ; 3000 hab. Filatures, blanc de cérase ; raffinerie de sel, tanneries, scieries mécaniques.

HAUCHECORNE (l'abbé), docteur de Sorbonne, né à Bolbec vers 1750, professa la philosophie au Collége des Quatre-Nations. Il a donné quelques ouvrages estimés : Abrégé latin de philosophie, 1784, Logique française, 1784, longtemps classique.

HAUDRIETTES, religieuses hospitalières qui suivaient la règle de St-Augustin, tiraient leur nom de leur fondateur Etienne Haudri, secrétaire de Louis IX, qu'il suivit en Terre-Sainte. Sa femme, qui l'avait cru mort, s'était consacrée à la vie cénobitique, dans une maison qui lui appartenait. Haudri, de retour dans sa patrie, voulut la faire relever de son vœu, et n'obtint la dispense du pape qu'à la condition d'abandonner la maison à 12 religieuses pauvres, avec les biens nécessaires pour leur entretien.

HAUGWITZ (H. Charles, comte de), homme d'État prussien, né en 1758 en Silésie, mort à Vienne en 1832, fut ministre plénipotentiaire de Prusse à Vienne (1790), signa en cette qualité le traité de Pillnitz (1792), devint ensuite ministre des affaires étrangères et président du cabinet (1794), se montra assez favorable à la France et obtint par là pour son pays des avantages considérables : il lui fit céder le Hanovre. Après la bataille d'Iéna(1806), il se retira des affaires. Il a laissé des Mémoires, rédigés en franç., dont quelques fragments ont été publ. à Iéna en 1837.

HAUKSBEE (Francis), physicien anglais, né vers 1660, reçu membre de la Société roy. de Londres en 1705, a fait des découvertes sur l'électricité et l'acoustique, et a inventé la machine électrique (vers 1706). Selon quelques-uns il n'aurait fait que perfectionner cette machine en substituant des globes de verre aux bâtons de soufre employés précédemment. On a de lui : Expériences physico-mécaniques, Londres, 1709, trad. en français, 1754.

HAURAN, nom actuel de l'Auranitide.

HAUSER (Gaspard), enfant mystérieux, trouvé en 1828 à Nuremberg, paraissait avoir été séquestré depuis son enfance, savait à peine parler et ne pouvait donner aucune explication sur sa personne. Il tenait à la main, quand on le trouva, une lettre adressée à un officier de la garnison de Nuremberg, dans laquelle il était dit qu'il était né en 1812, et que son père avait fait partie d'un régiment bavarois de cavalerie. Recueilli par la charité publique, il fut confié aux soins d'un professeur de Nuremberg qui se chargea de son éducation; puis fut placé, par la protection de lord Stanhope, dans les bureaux d'un tribunal à Anspach. Il fut l'objet de plusieurs tentatives de meurtre, et succomba à l'une d'elles en 1833, sans qu'on ait pu en connaître l'auteur. On peut consulter sur cet infortuné : Gaspard Hauser, exemple d'un attentat à l'existence intellectuelle d'un être humain, par Feuerbach, Anspach, 1832.

HAUSSMANN (Jean Michel), manufacturier, né en 1749 à Colmar, mort à Strasbourg en 1824, avait été destiné à la pharmacie et avait dans ce but fait une étude approfondie de la chimie. Il fonda à Logelbach, près de Colmar, une fabrique d'indiennes qui devint bientôt florissante ; fit des découvertes importantes pour la teinture, fut un des premiers à employer la méthode de blanchiment de Berthollet, introduisit en France le bleu anglais et l'emploi de l'acide oxalique pour l'impression des mouchoirs, et réussit en 1812 à fixer le prussiate de fer sur les toiles de coton et de lin et sur les tissus de laine, de manière à produire, sans indigo, toutes les nuances du bleu. — M. G. Haussmann, né à Paris en 1809, préfet de la Seine de 1853 à 1870, est son petit-neveu.

HAUSSRUCK, cercle de la Hte-Autriche, entre les cercles du Traun et de l'Inn, et le Danube, a 2360 hect. de superficie et 200 000 hab. ; ch.-l. Wels.

HAUTEFEUILLE (Jean de), physicien et mécanicien, né à Orléans en 1647, mort en 1724, était prêtre et avait pour protectrice la duchesse de Bouillon, qu'il accompagna dans ses voyages en Angleterre et en Italie. On lui doit, entre autres inventions, l'application du ressort spiral au balancier des montres (1674). On a de lui : Explication de l'effet des trompettes parlantes (porte-voix), Paris, 1673; Pendule perpétuelle, 1678; l'Art de respirer sous l'eau, 1680; Balance magnétique, 1702; Perfection des instruments de mer, 1716; Inventions nouvelles, 1717; Cause de l'écho, 1718; Problèmes d'horlogerie, 1719.

HAUTEFORT, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 30 k. N. E. de Périgueux; 1400 hab. Bel hospice.

HAUTEFORT (Marie de), une des femmes les plus distinguées du XVIIe siècle par sa beauté et son esprit, née en 1616, morte en 1691, était dame d'atours de la reine Anne d'Autriche. Elle jouit de l'amitié de Louis XIII, fut éloignée de la cour par Richelieu pour avoir pris part à quelques intrigues contre le ministre, subit une nouvelle disgrâce pour son opposition à Mazarin, et épousa néanmoins, en 1646, le maréchal de Schomberg. M. Cousin, dans le livre intitulé : Mme de Hautefort (1856), a donné d'intéressants détails sur cette femme remarquable.

HAUTE-GARONNE, etc. V. le mot qui suit HAUTE.

HAUTERIVE (Maurice, comte de), diplomate, né en 1754 à Aspres-les-Corps (Htes-Alpes), mort à Paris en 1830, fut quelque temps professeur dans un collége d'Oratoriens à Tours (1779), accompagna Choiseul-Gouffier dans son ambassade à Constantinople (1784), fut chargé d'affaires de la France en Moldavie (1785), puis consul à New-York (1792), se lia en Amérique avec Talleyrand, qui, dès qu'il eut le portefeuille des affaires étrangères, l'appela près de lui comme chef de division, et fut lui-même chargé à diverses reprises de l'intérim de ce ministère. Il travaillait directement avec Napoléon, et jouissait de toute sa confiance. Il rédigea pendant qu'il était aux affaires 62 traités politiques ou commerciaux. Il a publié quelques écrits soit sur la politique, entre autres De l'état de la France à la fin de l'an VIII (1800), soit sur la philosophie (Théodicée ou Théorie de l'ordre), et a laissé de curieux Mémoires.

HAUTEROCHE (Noël LEBRETON, sieur de), acteur et auteur dramatique, né à Paris en 1617, mort en 1707, était fils d'un huissier au parlement. Contrarié dans son goût pour les armes, il s'enfuit en Espagne pour y prendre du service, et se vit réduit à se faire comédien. Il entra au Théâtre-Français et y joua avec succès jusqu'en 1680. On a de lui plusieurs comédies, dont les meilleures sont : Crispin médecin, l'Esprit follet, le Cocher supposé, le Deuil. Son Théâtre, où l'on trouve de la gaieté, de l'intrigue et l'entente de la scène, mais où la comédie dégénère souvent en farce, a été imprimé plusieurs fois, notamment en 1772, 3 vol. in-12.

HAUTESSE, titre que l'on donne exclusivement au padichah ou grand seigneur des Ottomans.

HAUTEVILLE, ch.-l. de c. (Ain), à 25 k. au N. de Belley; 700 h. Pierre blanche pour sculpture.

HAUTEVILLE-LA-GUICHARD, vge du dép. de la Manche, à 13 kil. N. E. de Coutances; 1350 hab. Patrie et domaine de Tancrède de Hauteville.

HAUTEVILLE (Tancrède de), seigneur normand, eut 12 fils dont les plus célèbres sont Guillaume Bras de Fer, Drogon, Humphroy, Robert Guiscard, Roger, qui conquirent la Sicile. V. leurs noms.

HAUTPOUL, famille du Languedoc, connue dès le Xe s., a produit plusieurs personnages distingués :

Jean Joseph d'Hautpoul-Salette, général de cavalerie, né en 1754 au château de Salette, embrassa de bonne heure la carrière des armes, fit avec distinction les guerres de la République et de l'Empire, se signala surtout à la bat. d'Austerlitz, où il coupa l'aile droite de l'ennemi, à la tête de ses cuirassiers; à la bat. d'Iéna et enfin à celle d'Eylau, où il enfonça le centre de l'armée russe, mais où il fut blessé mortellement (1807).

Henri Amand, baron, puis marquis d'H., général d'artillerie, né en 1780, m. en 1854, fit aussi avec éclat les campagnes de l'Empire, se distingua surtout à Wagram (1809) et à Dresde, où il fut blessé grièvement (1813), et combattit en 1814 dans la plaine St-Denis, soutenu sur des béquilles. Il se rallia aux Bourbons après l'abdication de l'Empereur et leur resta fidèle jusqu'à sa mort. Appelé à Prague en 1833 pour être gouverneur du duc de Bordeaux, il déplut par ses idées libérales et revint bientôt en France. — Son frère, Alph. Henri, comte d'H., né à Versailles en 1789, s'est distingué à la fois dans l'armée et l'administration : il fit la campagne d'Espagne de 1823, prépara en 1830, comme directeur de l'administration de la guerre, l'expédition d'Alger, fut chargé en 1849 du portefeuille de la guerre, en 1850 du gouvernement de l'Algérie, et fut nommé en 1852 sénateur et grand référendaire du Sénat.

HAUTPOUL (Marie de MONTGEROULT , comtesse de BEAUFORT, puis d'), femme auteur, née en 1760, morte en 1837, était nièce de Marsollier. Veuve du Comte de Beaufort, capitaine au régiment du Roi, qui fut fusillé après l'expédition de Quiberon (1795), elle épousa en secondes noces le comte Charles d'Hautpoul, colonel du génie sous l'Empire, de la même famille que le général. Ses principaux écrits sont Zilia, roman pastoral, 1796 ; Childéric, roi des Francs, 1806 ; Séverine, 1808; Clémentine, 1809; les Habitants de l'Ukraine, 1820. On lui doit un Cours de littérature à l'usage des demoiselles, 1815 et 1821, qui remplit une lacune dans l'éducation. Elle s'exerça également dans la poésie et réussit surtout dans l’Hêroïde.

HAUY (l'abbé), minéralogiste, né en 1743, au bourg de St-Just (Oise), mort en 1822, était fils d'un tisserand, et fut élevé comme boursier au collége de Navarre. D'abord régent de 5e dans ce collège, il cultiva les sciences naturelles par pur délassement. Ayant un jour laissé tomber à terre un groupe de spath calcaire cristallisé, il remarqua avec étonnement que les morceaux conservaient une forme régulière et constante; conduit par cet heureux hasard qu'il sut féconder, il créa une science nouvelle, la Cristallographie; ses premiers mémoires sur cette découverte datent de 1781. Admis en 1783 à l'Académie des sciences, il fut bientôt après nommé professeur adjoint de botanique au Jardin des Plantes, puis conservateur du cabinet des mines (1794), professeur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle et à la Faculté des sciences de Paris. Ses principaux ouvrages sont : Traité de minéralogie, en 4 vol. in-8, Paris, 1801 et 1823; Caractères physiques des pierres précieuses, 1817; Traité de Cristallographie, 2 vol. in-8, 1822. On a aussi de lui un excellent Traité élémentaire de physique, 1803.

HAUY (Valentin), frère du précéd., fondateur de l'institution des jeunes aveugles, né en 1745 à St-Just (Oise), mort en 1822, était simple commis aux affaires étrangères lorsqu'il conçut l'idée d'une méthode pour instruire les aveugles : cette méthode consistait à remplacer les signes visibles par des signes en relief. Après avoir fait d'heureuses applications de ce procédé, il fonda en 1784 à Paris une maison pour les jeunes aveugles. Ayant essuyé quelques tracasseries, il quitta Paris en 1806, et alla fonder à St-Pétersbourg et à Berlin des établissements analogues. Il ne revint en France qu'en 1817. On a de lui : Essai sur l'éducation des aveugles, 1786, imprimé en relief par les enfants aveugles.

HAVAÏ. V. HAWAI.

HAVANE (LA), capitale de l'île de Cuba, sur la côte septentr., à l'entrée du havre de son nom ; 150 000 h. (dont 25 000 esclaves). Évêché, université, fondée en 1728, écoles diverses, jardin botanique : société pour les sciences et les arts. Port magnifique; fortifications. L'aspect de la ville est triste; les rues en sont étroites, sales et malsaines : on remarque cependant la grande place, les églises, et surtout la cathédrale, où se voit le tombeau de Christophe Colomb, deux hôpitaux, le lazaret, l'arsenal, etc. L'industrie est peu avancée, mais le commerce très-considérable. Cette ville sert d'entrepôt entre le continent américain et l'Europe; ses principales exportations consistent en sucre, café et tabac très-estimés. — L'Espagnol Diego Vélasquez fonda La Havane en 1511, et la nomma Puerto de Carenas; mais bientôt les colons, trouvant la position de la ville peu favorable, la reconstruisirent à quelque distance, sous le nom de San-Cristoval de la Havane. Les Français et les Boucaniers s'en emparèrent plusieurs fois pendant le XVIe siècle. Les Anglais la prirent en 1762; mais ils la rendirent à l'Espagne après la paix de 1763.

HAVEL, riv. d'Allemagne, sort du lac de Woblitz, dans la partie S. E. du Mecklembourg-Schwérin, traverse les États prussiens, où elle reçoit la Sprée, le Rhyn, la Dosse, et tombe dans l'Elbe à 9 kil. au-dessous d'Havelberg. Cours 270 kil.

HAVELBERG, v. de Prusse (Brandebourg), dans une île de la riv. de Havel, à 119 k. N. O. de Berlin ; 3000 hab. Trib., dépôt de mendicité. Bois, tabac, raffinerie de sucre, eau-de-vie de grains.

HAVERCAMP (Sigebert), philologue et numismate, né en 1683 à Utrecht, mort à Leyde en 1742, fut quelque temps ministre de l’Évangile; il fut appelé en 1721 à Leyde, y professa l'histoire, l'éloquence et le grec, et y forma un riche cabinet de médailles. On a de lui des éditions de Tertullien, Leyde, 1718; de Lucrèce, 1725; de Salluste, 1742; d’Eutrope, d’Orose, de Censorinus, etc. Il a publié en outre : Dissertationes de Alexandri magni numismate, 1722; Thesaurus Morellianus (V. André MORELL), 1734; l’Histoire expliquée par les médailles, 1736 (en hollandais); Sylloge scriptorum de linguæ græcæ pronunciatione, 1736-1740; Introductio in antiquitates romanas, 1740. Ce savant manque quelquefois de critique, mais ses ouvrages contiennent une foule d'utiles renseignements.

HAVRE, mot d'origine germanique, le même que haff ou haven, veut dire port de mer.

HAVRE (LE), dit aussi le Havre de Grâce, v. et port de France (Seine-Infér.), ch.-l. d'arr., sur la r. dr. de la Seine, à son emb. dans la Manche, à 213 k, N. O. de Paris et 229 k. par chemin de fer; 80 000 h. Place forte, ch.-l. de sous-arr. maritime; trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école hydrographie. Magnifique hôtel de ville, terminé en 1860; banque, bourse et chambre de commerce. Chemin de fer pour Paris. La v. offre un aspect pittoresque : elle est dominée par le cap de la Hève et par le coteau d'Ingouville, qui s'élève au-dessus d'elle en amphithéâtre. Le port peut contenir 500 navires; il est formé de 6 bassins et d'un avant-port ; mais son entrée est étroite. Les maisons du Havre sont régulièrement bâties ; on remarque la rue de Paris. Parmi les édifices publics, on cite, outre l'hôtel de ville, les églises Notre-Dame et St-François, la salle de spectacle, la tour François I (à l'entrée du port), l'arsenal, le musée avec bibliothèque, en avant duquel sont les statues de Bernardin de St-Pierre et de Cas. Delavigne. Bains Frascati. Commerce maritime des plus importants : les principales exportations consistent en soieries, indiennes, toiles, quincaillerie, argenterie, orfèvrerie, glaces, meubles, papiers de tenture, instruments, comestibles et conserves, vins, liqueurs, farines, etc.; les importations, en coton, sucre, café, thé, cacao, riz, drogueries, épices, indigo, bois. Des services réguliers de bateaux à vapeur mettent le Havre en communication avec Honfleur, Trouville, Caen, Rouen, et, à l'étranger, avec Londres, Brighton, Southampton, Amsterdam, Hambourg; en outre, de nombreux paquebots desservent régulièrement les principaux ports de l'Espagne, du Portugal, du Mexique, du Brésil et des États-Unis. La pêche de la baleine y occupe près de 2000 marins. L'industrie consiste en chantiers pour la construction des navires, en fabriques d'amidon, d'huiles, de produits chimiques, en raffineries de sucre, dans la confection de dentelles, d'objets en coquillage. Patrie des Scudéry, de Mme La Fayette, de Dicquemare, Bernardin de St-Pierre, Cas. Delavigne, Ancelot. — La ville est toute moderne. Au XVe siècle on voyait sur son emplacement deux tours, que les Anglais prirent sous Charles VII. François Ier jeta les premiers fondements de la ville en 1516 : on l'appela de son nom Franciscopolis ou Ville Françoise; mais une antique chapelle de Notre-Dame de Grâce, située près de là, fit prévaloir celui de Havre de Grâce. En 1562, la trahison livra le Havre aux Anglais; il fut repris 9 mois après; en 1694, les Anglais le bombardèrent, mais sans y faire de notables dommages. Sous Louis XIV, le Havre devint le siège de la Compagnie des Indes. En 1852, la ville, devenue insuffisante pour sa population, fut agrandie par la suppression des fossés et par l’annexion des faubourgs d’Ingouville, de Graville et de Sanvic.

HAVRÉ (ducs d'). V. CROY.

HAWAII, appelée Owhyhée et Sandwich par les Anglais, île de la Polynésie, la plus grande de l’archipel Sandwich, par 157° 9' et 158° 30' long. O., 18° 53' et 20° 19' lat. N., a 154 k. de long et 132 de large ; 150 000 h. Lieux principaux : Kai-Roua, Kara-Kaoua et Tia-Tatoua, résidences du gouvernement. Sol montagneux et volcanique ; points culminants : le Mouna-Roa (4157m), le Mouna-Kea (4029m), le Mouna-Vororai (3228m). — Cook fut tué par les naturels de cette île, en 1779. V. SANDWICH.

HAWKESWORTH (John), écrivain, né à Islington en 1713, mort en 1773, se fit d’abord connaître par des articles spirituels dans l’Adventurer, feuille rivale du Spectator (1752-1754), et dans le Gentleman’s Magazine, journal de critique littéraire, publia ensuite d’ingénieux romans, entre autres un conte oriental, Almoran et Hamet, trad. par l’abbé Prévost, et fut choisi en 1772 pour rédiger la relation des voyages de Cook. Il donna à cette relation un grand intérêt ; mais il y professe des idées antireligieuses et respecte peu la décence dans ses descriptions. On a aussi de cet auteur une bonne traduction anglaise du Télémaque.

HAWKINS, famille de marins anglais, a produit : William H., qui, sous le règne de Henri VIII, fit, de 1530 à 1532, trois voyages au Brésil, dont Hakluyt a donné le récit ; — sir John H., né à Plymouth en 1520, qui fit en Espagne, en Portugal et aux Canaries, plusieurs voyages dont la relation a également été insérée dans le recueil d’Hakluyt. Il remporta plusieurs avantages sur les Espagnols avec une escadre mise sous ses ordres par la reine Élisabeth, mais échoua devant Porto-Rico et m. à la suite de cet échec, 1595. Il s’était enrichi par là traite : il fonda de ses deniers à Chatham un hôpital pour les invalides de la marine. — Son fils, Richard H., 1560-1622, s’est aussi distingué dans les guerres maritimes contre les Espagnols. Il a laissé des Observations faites dans un voyage à la mer du Sud Londres (1622). — Un 2e William H., 1595-1613, pénétra dans les États du Grand Mogol Djihan-Guir, et jouit quelques années de sa faveur, mais fut forcé par les intrigues des Portugais de quitter le pays. Il a laissé en manuscrit une relation de ses voyages qui a été mise à profit par Purchas, Thévenot et Debry.

HAWKINS (John), avocat et écrivain, né à Londres en 1719, m. en 1789, a publié en 1776 une Histoire de la science et de la pratique de la musique, 5 v. in-4, qui lui avait coûté 16 ans de recherches et qui est précieuse par l’abondance des matériaux.

HAWKWOOD (sir John), capitaine anglais du XIVe siècle, connu sous le nom de Jean de l’Aiguille, était tailleur à Londres lorsqu’il fut enlevé par la presse et forcé de s’enrôler. Il se signala dans les guerres contre les Français, obtint en 1360 le grade de capitaine avec le titre de chevalier, fit partie de ces compagnies franches connues sous le nom de Tard-Venus, ravagea à leur tête la Provence, et leva sur les États du pape de fortes contributions, puis se mit à la solde de plusieurs princes d’Italie, et entra enfin au service de la république de Florence, où il acquit la réputation d’un grand homme de guerre et fit une grande fortune. Il mourut en 1394, après avoir fondé à Rome un hôpital pour les pauvres voyageurs anglais.

HAXO (le baron), général du génie, né en 1774 à Lunéville, mort en 1838, fut nommé colonel après le siége de Saragosse, qu’il avait dirigé (1809), général de brigade après la bat. de Wagram, général de division après celle de Mohilow, 1812, fut blessé et pris à Culm, où il commandait le génie de la garde, et fut élevé à la pairie après 1830. Il fortifia la plupart de nos places frontières, et dirigea en 1832 le siége d’Anvers. On a de lui un Mémoire sur le figuré du terrain dans les cartes topographiques, et des Études sur un nouveau système de fortifications, qui ne sont point destinées à la publicité. Membre du comité des fortifications pour la défense de Paris, il se prononça pour l’enceinte continue.

HAYANGE, bourg du dép. de la Moselle, sur la Fensch, dans l’arr. et à 12 kil. O. S. O. de Thionville ; 2455 hab. Usine à fer, fonderie, moulerie, fabrique de projectiles de guerre, d’essieux d’artillerie, etc. Patrie du maréchal Molitor.

HAYDER, HAYDERABAD, etc. V. HAIDER.

HAYDN (Franç. Joseph), célèbre compositeur allemand, né en 1732, d’un pauvre charron du village de Rohrau près de Vienne, m. en 1809, passa sa jeunesse dans l’indigence, fut d’abord enfant de chœur et se plaça comme laquais chez Porpora pour se former à l’école de ce maître. Il fut nommé en 1760 maître de chapelle du prince Nicolas Estherhazy à Vienne. Appelé à Londres en 1790 et 1793, il y fut reçu avec enthousiasme et s’y enrichit. Il a composé une foule d’ouvrages des genres les plus divers : des opéras, dont les plus connus sont le Diable boiteux, Armide, Orlando paladino, Orfeo ; cinq oratorios, parmi lesquels on remarque la Création et les Saisons ; des symphonies, des sonates, des sérénades, des concertos, des quatuors. C’est surtout par ses symphonies et ses autres compositions instrumentales qu’Haydn s’est rendu célèbre : il est resté inimitable en ce genre. M. Framery a publié une Notice sur Haydn, Paris, 1810.

HAYLEY (W.), littérateur, né à Chichester en 1745, m. en 1820. On a de lui un recueil de Poésies (Londres, 1785, 6 vol. in-8), où l’on remarque des Épîtres (adressées à Gibbon), les Triomphes de la modération, poëme en six chants, un Essai sur la poésie épique, et quelques comédies ; un Essai philosophique, historique et moral sur les vieilles filles, 1785, ouvrage plaisant, traduit par Sybille ; une Vie de Milton (dans l’édition de Milton, par Boydell, 1798), et une Vie de Cowper, 1803. Étroitement lié avec ce poëte, il eut part à sa trad. de l’Iliade.

HAYTON ou HÉTOUM, nom de deux princes chrétiens d’Arménie qui régnèrent, le 1er de 1222 à 1269, le 2e de 1289 à 1308. Tous deux eurent à se défendre contre les invasions des Tartares et des Mameloucks et eurent un règne fort agité. Le 2e vint trouver le pape Clément V à Poitiers, pour lui proposer de reconquérir Jérusalem avec le secours des Mongols.

HAYTON, historien arménien, parent du roi Hayton II, né vers 1250, se fit moine en Chypre en 1305 et rédigea en français une Histoire orientale, qu’il vint offrir à Rome au pape Clément V. Cet ouvrage curieux, où il raconte les guerres des Arméniens contre les Tartares, fut publié à Paris en 1529, sous le titre d’Histoire merveilleuse du Grand Khan, puis traduit en arménien et en latin. On lui attribue une Chronologie qui va de 1076 à 1296.

HAZAEL, roi de Syrie, d’abord officier du roi Benadad, détrôna ce prince et se fit proclamer à sa place, vers l’an 876 av. J.-C. Il ravagea les royaumes d’Israël et de Juda, prit Jérusalem, et y exerça des cruautés inouïes. Il mourut en 833.

HAZEBROUCK, ch.-l. d’arr. (Nord), à 42 kil. O. de Lille, sur le chemin de fer de Lille à Dunkerque ; 6000 h. Trib., collége. L’église a une flèche de 85m. Station du chemin de fer du Nord. Fils, toiles, cuirs ; tabac, houblon, plantes oléagineuses.

HAZLITT (W.), écrivain, né en 1778 à Maidstone (Kent), m. en 1830, était fils d’un ministre anglican. Il s’appliqua d’abord à la peinture, puis se mit à écrire pour vivre. Il se fit connaître en 1806 par un pamphlet politique : Libres pensées sur les affaires du temps, travailla depuis dans les journaux, et se fit la réputation d’un radical et d’un dangereux sceptique : aussi vécut-il sans cesse dans les disputes et la misère. On a de lui : Essai sur les principes des actions humaines, 1809 ; Examen du théâtre anglais, 1818 ; Vie de Napoléon, 1827 : il opposa cette histoire à celle de Walter Scott ; Criticismus, œuvre posthume (1851). Il a aussi écrit sur la peinture, et a publié les Mémoires d'Holcroft.

HEATHFIELD (lord). V. ELLIOTT (Aug.).

HÉBÉ (c.-à-d. Jeunesse en grec), déesse de la jeunesse, fille de Jupiter et de Junon, servait le nectar aux dieux. S'étant un jour laissée tomber pendant qu'elle remplissait ses fonctions, elle en eut tant de honte qu'elle ne voulut plus reparaître. Jupiter la remplaça par Ganymède. Hébé devint l'épouse d'Hercule lorsque le héros fut monté au ciel. Cette déesse avait à Corinthe un temple fameux.

HEBEL (Jean Pierre), poëte allemand, né en 1760, près de Schopfheim (Bade), m. en 1826, fut professeur au gymnase d'Erlangen, pasteur, conseiller ecclésiastique, directeur du lycée de Carlsruhe (1808). Il a écrit, dans le dialecte alémanique (qu'on parle dans la Forêt-Noire, en Suisse, en Souabe, et en Alsace), des poésies qui devinrent bientôt populaires; elles ont été publiées à Carlsruhe, 1808. Poète chrétien et moral, Hébel s'attacha à répandre dans le peuple l'amour du travail, la charité, la piété, et il sut y réussir. Parmi ses poésies, on distingue le Maire de Schopfheim, la Forge, la Matinée du dimanche, le Mois de janvier. Hebel a laissé encore, en prose, le Petit trésor de l'ami des pays rhénans, 1811, et les Histoires bibliques, 1824. Max. Buchon a traduit ses Poésies, 1846.

HEBENSTREIT (Pantaléon), musicien et maître de danse à Leipsick, a inventé un instrument qui fut appelé de son nom Pantaleon ou Pantolon : c'est une espèce de tympanon qui se joue avec deux baguettes. Il vint en 1705 le faire entendre à la cour de Louis XIV, et y obtint du succès; le duc d'Eisenach le prit pour maître de chapelle en 1706.

HEBENSTREIT (J. Ernest), professeur, puis doyen de la faculté de médecine de Leipsick, né en 1703, m. en 1757, a publié, entre autres écrits, un poème en vers latins, De homine sano et ægroto, en 5 chants, 1753.

HÉBER, patriarche, fils de Salé, et l'un des ancêtres d'Abraham, vécut, d'après la Bible, 404 ans, de 3041 à 2637 av. J.-C. On suppose que c'est de lui que les Hébreux ont tiré leur nom.

HÉBERT (Jacq. René), démagogue, surnommé le Père Duchêne, né à Alençon en 1755, d'une famille pauvre, menait à Paris, avant 1789, une vie fort misérable : il avait été contrôleur de billets à la porte d'un théâtre et laquais. Bien que dépourvu d’instruction, il se mit à écrire, et publia, à partir de 1789, un journal politique intitulé le Père Duchêne, où l'exagération des doctrines ne le cédait qu'au cynisme du langage. Après le 10 août, il fut nommé substitut du procureur général de la Commune (Chaumette), et eut des lors une part active à toutes les mesures prises par ce redoutable corps. On l'accuse d'avoir, dans le procès de Marie-Antoinette, forgé contre cette malheureuse princesse les plus horribles accusations, et d'avoir comploté le massacre des Girondins dans le procès qui précéda leur proscription au 31 mai. Trouvant la Convention trop modérée, il voulut transporter à la Commune tous les pouvoirs de cette assemblée; mais il fut en cela désapprouvé par Robespierre même : arrêté par ordre du comité de Salut public, il périt sur l'échafaud le 24 mars 1794. Hébert dominait au club des Cordeliers : ses partisans, parmi lesquels on remarque Anacharsis Clootz, Ronsin, Vincent, Momoro, étaient appelés les Hébertistes. C'est lui qui, de concert avec eux, institua le culte de la Raison.

HÈBRE, Hebrus, auj. le Maritza, fleuve de Thrace, sortait des monts Rhodope, coulait à l'E., puis au S., et se jetait dans la mer Égée au-dessous de Trajanopolis, après un cours d'env. 400 kil. Il formait à son embouchure un lac appelé Stentoris lacus. Selon la Fable, la tête d'Orphée fut jetée dans l'Hèbre par les Bacchantes.

HÉBREUX, nom que portait primitivement le peuple juif, dérive, selon les uns, d’Héber, un des ancêtres d'Abraham ; selon les autres, du mot héber, au delà, parce que les Hébreux, sortis de la Chaldée, venaient d’au delà de l'Euphrate. Depuis Jacob, ce nom fut remplacé par celui d'Israélites, qui lui-même fit place à celui de Juifs.

HÉBRIDES, Ebudes insulæ, îles situées dans l'Océan Atlantique, sont répandues sur la côte occid, de l’Écosse, depuis la presqu'île de Cantyre jusqu'au cap Wrath, s'étendent dans un espace de 300 kil., entre 8° 25'-10° 5' long. O., et 55° 22'-58° 35' lat. N. On en compte près de 300, dont 86 habitées; population : environ 110 000 individus. Sept de ces îles, situées dans le golfe de la Clyde, forment le comté de Bute ; les autres dépendent en partie du comté d'Inverness, et en partie de celui de Ross, Les principales sont Skye, St-Kilda, Lewis, Benbecula, Harris, Uist, Cannay, Barra, Staffa, Mull, Jura, Islay, Iona. On y parle le gaélique ou celtique. Sol généralement stérile. Grand commerce de duvet, de soude, de varech, de poisson, mines de fer, plomb et argent. Antiquités et curiosités naturelles. Les habitants ressemblent beaucoup aux montagnards écossais par les mœurs, la langue et le costume. — Ces îles furent d'abord habitées par les Pictes, qui y conservèrent leur indépendance jusqu'au VIIIe siècle; elles tombèrent ensuite au pouvoir des Danois et des Norvégiens, et furent réunies à l’Écosse en 1264. Charles II s'y réfugia après sa défaite à Cullodne,

HÉBRIDES (NOUV.-), groupé d'îles du Grand-Océan, à l'E. de l'Australie, sont au nombre de 21, et s'étendent dans un espace de 460 kil., par 14° 29'-20° 4' lat. S. et 165° 21'-168° long. E. Les principales sont : Mallicolo, Tanna, St-Barthélemy, Aurore, la Pentecôte, Erromanga, l'île des Lépreux, le Monument. Habitants sauvages, mais agriculteurs, industrieux et hospitaliers; ils sont d'une laideur extrême. Sol riche, qui produit en abondance figuiers, muscadiers, orangers, cocotiers, bananiers, arbres à pain et cannes à sucre. On n'y trouve d'autres quadrupèdes que le rat, le cochon et la chèvre. — Ces îles furent découvertes en 1506 par Quiros, qui les nomma Terre australe du St-Esprit. Bougainville les explora en 1768 et les nomma Grandes-Cyclades; Cook, qui les visita en 1773, les regardait comme les plus occidentales du Grand-Océan, et en raison de cette analogie avec les Hébrides d'Europe, il les nomma Nouv.-Hébrides, nom qu'elles ont gardé.

HÉBRON, plus anciennement ARBÉ ou CARIATH-ARBÉ, v. fort ancienne de la Palestine, dans la tribu de Juda, au S. de Jérusalem, avait été bâtie, peu après le déluge. Elle est célèbre par le sacre de David, qui y régna sept ans avant d'être maître de tout Israël; par la naissance de S. Jean-Baptiste, et par le voisinage de la caverne où furent enterrés Abraham et Sara, Isaac et Rébecca, Jacob et Lia. Hélène, mère de Constantin, y avait fait bâtir une église. C'est auj. un misérable bourg.

HÉCATE, fille de Jupiter et de Latone, remplissait trois rôles différents : Lune dans le ciel, Diane sur la terre, Proserpine dans les enfers, ce qui l'a fait nommer par les poëtes la triple Hécate. Cependant on désignait plus spécialement sous ce nom la déesse des enfers; elle présidait aux enchantements et aux expiations; on l'adorait dans les carrefours, d'où son surnom de Trivia. Le nombre trois et le chien noir lui étaient consacrés.

HÉCATÉE de Milet, ancien historien grec, un de ceux que l'on nomme logographes, était né à Milet vers 546 av. J.-C., et joua un rôle important dans sa patrie : il prit part, avec Aristagoras, à l'insurrection des Ioniens contre le roi de Perse, 503 av. J.-C., quitta sa patrie après le mauvais succès de cette tentative, voyagea en Asie et en Grèce, pour recueillir les matériaux de ses écrits, et vécut, à ce qu'on croit, jusque vers l'an 480 av. J.-C. Il est un des premiers qui aient écrit l'histoire en prose ; il laissa, sous le titre d’Histoire des Généalogies, un ouvrage qui offrait les généalogies des familles illustres en remontant jusqu'aux temps héroïques. Il avait aussi écrit un précieux traité de géographie intitulé : Periegesis, avec des dessins ou cartes. On n'a de lui que quelques fragments, publiés par Creuzer, dans ses Historicorum Græcorum antiquissimorum fragmenta, Heidelberg, 1806, par Klausen, Berlin, 1831, et reproduits dans les Historic. græc. fragm. de la collection Didot. — Un autre Hécatée, d'Abdère (colonie de Téos), qui vivait sous Alexandre et Ptolémée I, avait aussi écrit sur l'histoire et sur la géographie; on lui attribue une Histoire des Juifs. Il reste de lui quelques fragments, qui ont été publiés par P. Zornius, Altona, 1730, et qui se trouvent aussi dans la collect. Didot.

HÉCATOMBÉON, le 1er mois de l'année civile des Athéniens, était ainsi nommé des fêtes Hécatombées qu'on célébrait alors en l'honneur d'Apollon, et dans lesquelles on immolait une hécatombe au dieu. Il répondait à juillet et août.

HÉCATOMPYLOS (c.-à-d. la Ville aux cent portes), un des noms de la Thèbes d’Égypte. V. THÈBES. — Ville d'Hyrcanie, auj. Damghan, à l'E. des Portes Caspiennes, devint la capitale des Parthes.

HÉCATONNÈSE, auj. Musconisi, île grecque, sur la côte O. de l'Éolie, à l'E. de l'île de Lesbos.

HECHINGEN, v. des États prussiens, anc. capit. de la principauté de Hohenzollern-Hechingen, à 50 kil. S. O. de Stuttgard et au pied du mont Zollern; 3600 h. Source sulfureuse. Château où résidait le prince; gymnase. Réunie à la Prusse en 1850.

HÉCLA, volcan d'Islande, sur la côte S. O., à 40 k. S. E. de Skalholt; 3 cimes principales : la plus haute a 1557m. On connaît 22 éruptions de ce volcan depuis l'an 1004: les dernières sont de 1766 et 1845.

HECQUET (Phil.), médecin, né en 1661 à Abbeville, m. en 1737, exerça d'abord à Reims, se retira en 1688 à Port-Royal-des-Champs pour se livrer à des exercices de dévotion, sans cesser toutefois de soulager les malades, se fit recevoir médecin de la Faculté de Paris en 1697, et devint docteur-régent, puis doyen de la Faculté (1712). Il exerçait sa profession avec le plus noble désintéressement, et visitait les pauvres de préférence aux riches. Il était grand partisan de la saignée; on croit que c'est lui qui est désigné dans Gil-Blas sous le nom de docteur Sangrado. Ses principaux ouvrages sont : Traité de la saignée, 1707; Traité des dispenses de carême, 1709; de la Digestion et des maladies de l'estomac, 1712; Novus medicinæ conspectus, 1722 ; la Médecine théologique, ou la Médecine telle qu'elle se fait voir sortie des mains de Dieu, 1733; le Brigandage de la Médecine, 1733; la Médecine naturelle, 1738; la Médecine, la Chirurgie, et la Pharmacie des pauvres, 1740-42. On lui doit aussi le Naturalisme des Convulsions, 1733, où il prouve que les convulsions qu'éprouvaient les Jansénistes au tombeau du diacre Pâris n'avaient rien de surnaturel.

HECTOR, le plus brave des Troyens, fils de Priam et d'Hécube, époux d'Andromaque. Pendant le siège de Troie, il soutint avec gloire plusieurs combats contre les plus redoutables guerriers grecs, Ajax, Diomède, etc., et tua un grand nombre de leurs meilleurs capitaines, entre autres Patrocle, ami d'Achille; mais il périt lui-même sous les coups d'Achille, qui sortit de son inaction pour venger la mort de son ami. Achille vainqueur attacha son cadavre à son char et le traîna trois fois autour des murs de Troie; cependant il consentit à rendre ses restes à Priam, qui était venu l'implorer. Hector laissait un fils, Astyanax, qui fut mis à mort après le siége. Luce de Lancival a fait une tragédie d’Hector.

HÉCUBE, épouse de Priam, roi des Troyens, eut de ce prince 19 enfants, entre autres Hector, Pâris, Hélénus, Polyxène, Cassandre, Polydore. Étant enceinte de Pâris, elle songea qu'elle portait un flambeau qui allait embraser l'Europe et l'Asie. Pendant la guerre de Troie, elle perdit presque tous ses enfants, et vit massacrer sous ses yeux Polyxène, sa fille, et Astyanax, son petit-fils. Après le siége, elle devint l'esclave d'Ulysse; conduite en Thrace chez le roi Polymnestor, à qui Priam avait confié le plus jeune de ses enfants, Polydore, et qui l'avait fait lâchement périr, elle punit ce traître en lui crevant les yeux et en mettant à mort ses deux enfants. Elle fut, dit la Fable, changée en chienne. Euripide a fait d’Hécube l'héroïne d'une de ses plus belles tragédies.

HÉDÉ, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 22 kil. N. O. de Rennes, près d'un étang; 1000 hab. Forteresse jadis importante.

HÉDELIN, abbé d'Aubignac V. AUBIGNAG.

HEDERICH (Benj.), philologue, né en 1675 à Geithen en Misnie, mort en 1748, était recteur du gymnase de Hayn, petite ville de Saxe, voisine de Dresde. Il a composé plusieurs lexiques classiques, entre autres un Dictionnaire mythologique et un Lexicon manuale græcum, Leipsick, 1722, qui a longtemps joui de la vogue, et qui a été réimprimé en 1766 par J. A. Ernesti, en 1827 par Fr. Passow, etc.

HEDJAZ, contrée de l'Arabie, une des cinq grandes divisions de cette péninsule, est bornée au N. par le désert de Syrie, à l'E. par le Nedjed, au S. par l'Yémen, à l'O. par la mer Rouge et au N. O. par l’Égypte; il a 1500 kil. environ du N. E. au S.E., et 270 de l'E. à l'O. Dans la division vulgaire de l'Arabie, l'Hedjaz est compris, au N. O., dans l'Arabie-Pétrée et au N. E., dans l'Arabie-Déserte. Ses principales villes sont : dans l'intérieur, la Mecque et Médine (les deux villes saintes), Thaïef, Abou-Arich; sur la côte, Djeddah, port de la Mecque, Djedan, Rabagh, Jambo, Tor. L'Hedjaz est moins fertile que l'Yémen; il est montagneux, surtout au N. O., où s'élèvent les monts Horeb et Sinaï. On n'y trouve point de rivières, mais seulement quelques sources et des puits, qui se dessèchent pendant l'été. Néanmoins le sol est cultivé sur les côtes; on y recueille surtout du baume, de la myrrhe et de l'encens. Les chevaux de l'Hedjaz sont les meilleurs de l'Arabie. La population se compose partie d'Arabes sédentaires, partie d'Arabes nomades ou Bédouins : on y trouve aussi des Banians, des Turcs et des Abyssins. — L'histoire de l'Hedjaz remonte à une très-haute antiquité : c'est dans ce pays qu'habitaient les Amalécites, les Édomites ou Iduméens, les Madianites, les Nabathéens. Les traditions attribuent la fondation de la Mecque, capitale de ce pays, à Djorhan, dont la fille aurait épousé Ismaël, fils d'Abraham et d'Agar; Kidar, 2e fils d'Ismaël, lui succéda dans la possession de la Mecque. Leurs descendants continuèrent à régner pendant 27 générations jusqu'à Abd'al-Motalleb et Abou-Taleb, l'aïeul et l'oncle de Mahomet. Après Mahomet, l'Hedjaz fut la résidence des trois premiers califes, et, depuis, ce pays a toujours été gouverné par des chérifs descendants d'Ali : aussi se souleva-t-il souvent contre la domination des Ommiades et contre celle des Abassides, qu'ils regardaient comme ayant usurpé le califat. Le premier chérif, Ismaël-ben-Yousouf, entra dans la Mecque en 865. En 931 ses descendants furent chassés par les Carmathes, qui mirent à leur place les Beni-Mouça, autre branche des Alides. A ceux-ci succédèrent en 1061 les Hachémides, en 1202 les Katadahides, qui gardèrent le pouvoir près de 600 ans. En 1802 les Wahabites s'emparèrent de la Mecque; mais en 1818 le pacha d’Égypte, Méhémet-Ali, les en chassa; il donna la titre de chérif à un membre de la famille des Bouménides, Yahia, dont la famille est encore auj. en possession du chérifat. Les chérifs ont toujours été tributaires des puissances voisines, notamment de la Turquie et de l’Égypte. Le Hedjaz est la seule partie de l'Arabie qui appartienne à l'Empire ottoman.

HEDWIG (Jean), médecin et botaniste, né en 1730 à Cronstadt (Transylvanie), mort en 1799, pratiqua son art à Chemnitz (Saxe), et vint en 1781 s'établir à Leipsick, où il fut nommé professeur et intendant du Jardin des Plantes. On a de lui : Fundamenta historiæ natura lis muscorum frondosorum, Leipsick, 1782-83; Theoria generationis et fructificationis plantarum cryptogamicarum, 1784. Ces ouvrages ont fait faire des progrès à la physiologie végétale, et les théories de Hedwig sur la fructification ont été généralement admises.

HEDWIGE ou AVOYE (Ste), patronne de la Silésie, fille de Berthold, duc de Carinthie, et sœur d'Agnès de Méranie, née en 1174, épousa Henri, duc de Silésie et de Pologne, et lui donna six enfants, qu'elle éleva elle-même. Après la mort de son mari, elle fonda à Trebnitz en Silésie une abbaye pour des religieuses de Cîteaux, et s'y enferma. Elle y mourut en 1243. On la fête le 15 octobre.

HEDWIGE, fille de Louis, roi de Hongrie, épousa en 1386 Jagellon, duc de Lithuanie, qui devint roi de Pologne sous le nom de Wladislas V. Elle mourut en 1399, à Cracovie, après avoir contribué puissamment à répandre le Christianisme en Lithuanie.

HEEM (Jean David de), peintre hollandais, né à Utrecht en 1600, m. en 1674, réussit admirablement à exécuter les fleurs, les fruits, les oiseaux, les insectes. Ses tableaux sont très-finis; le coloris en est tendre et harmonieux.

HEEMSKERCK (Martin VAN), peintre hollandais, surnommé le Raphaël de la Hollande, né en 1498 au bourg d'Heemskerck, mort en 1574, était fils d'un maçon et devait suivre la profession de son père ; mais son goût pour le dessin le décida à quitter la maison paternelle. Il alla étudier sous J. Schoorl, et partit ensuite pour l'Italie, où il travailla d'après les chefs-d'œuvre anciens et avec les conseils de Michel-Ange. Il en rapporta une manière plus étudiée, recommandable par la pureté des contours, mais qui ne justifie pas entièrement le surnom qui lui a été décerné. Il se fixa à Harlem et s'enrichit du fruit de ses productions. Lorsqu'on 1572 les Espagnols s'emparèrent de Harlem, les tableaux de Heemskerck furent en grande partie la proie des flammes ou des pillards. On cite parmi ses ouvrages : S. Luc peignant la Vierge et l'Enfant Jésus ; Mars et Vénus surpris par Vulcain.

HEEREN (Arnold), historien, né en 1760 à Arberg, près de Brême, mort en 1842, prit le goût des études philologiques et historiques dans la société de Heyne, dont il épousa la fille; débuta par une savante édition des Eclogæ de Stobée (Gœttingue, 1793 à 1801, 4 vol. in-8), fit dès 1787 des cours à l'Université de Gœttingue comme professeur extraordinaire, et y fut nommé en 1799 professeur d'histoire. Il reçut du roi de Hanovre le titre de conseiller aulique, et fut élu associé de l'Institut de France. Il s'occupa surtout de recherches sur la politique et le commerce des anciens. Ses principaux ouvrages sont : Idées sur la politique et le commerce des peuples de l'antiquité, commencé dès 1793, plusieurs fois refondu, et dont la dernière édition originale est de 1826 (trad. par W. Suckau, 1830-44, 7 vol. in-8); Manuel historique du système politique des États de l'Europe, 1809 (trad. par MM. Guizot et Vincens de St-Laurens, 2 vol. in-8, 1821) ; Manuel de l'histoire ancienne, 1799 (trad. par Thurot, 1827, in-8); Histoire de la littérature classique au moyen âge; Essai sur l'influence des croisades, mémoire couronné par l'Institut, et trad. par Ch. Villers, 1808.

HÉGEL (Wilh. Frédéric), célèbre philosophe allemand, né à Stuttgard en 1770, m. en 1831, était fils du secrétaire du gouvt de Wurtemberg. Il étudia à Tubingue (où il fut le camarade de Schelling), puis à Iéna, où Fichte enseignait; il adopta d'abord les idées de ce philosophe, puis celles de Schelling, et finit par se faire un système à lui. Il débuta dans l'enseignement en faisant des cours publics à l'Université d'Iéna, 1801, dirigea de 1808 à 1816 le gymnase de Nuremberg, se vit appeler en 1816 à la chaire de philosophie de Heidelberg, remplaça en 1818 à Berlin son maître Fichte, et enseigna dans cette ville avec un grand succès jusqu'à sa mort. Combattant à la fois Kant, qui avait établi la distinction et l'antagonisme du subjectif et de l'objectif, et Fichte, qui était tombé dans un idéalisme purement subjectif, Hegel admettait comme Schelling l'unité absolue de toutes choses, l'identité du sujet et de l'objet; mais, tandis que Schelling, pour expliquer comment tout dérive de cette unité, prend son point de départ dans l'absolu, qui lui est révélé par une intuition immédiate, Hegel part de l’idée, et prétend, par la seule force de la dialectique, faire sortir de l'idée toutes choses, l'absolu, la nature, l'esprit : l'absolu, c'est l'idée pure, l'idée considérée en elle-même et d'une manière abstraite; la nature, c'est l'idée manifestée et devenue objet; l'esprit, c'est l'idée faisant retour sur elle-même; et, selon qu'en revenant ainsi sur elle-même, l'idée (devenue alors esprit) s'envisage comme esprit subjectif, comme esprit objectif, ou comme esprit absolu, elle nous donne soit l’âme, objet de la psychologie, soit nos semblables et la société, objet de la morale, soit enfin Dieu, objet de la religion. Hegel définit en conséquence la philosophie « la science de la raison en tant que celle-ci est l'idée et la conscience de toute existence dans son développement nécessaire. » Pour bâtir son système, il part de ce principe : « Tout ce qui est rationnel est réel; et ce qui est réel est rationnel. » Il divise toute la philosophie en trois parties : la Logique, science de l'idée pure, qui se confond pour lui avec la métaphysique; la Philosophie de la nature, science de l'idée dans son existence objective ; la Philosophie de l'esprit, où il explique comment l’idée engendre l'âme, la société, et Dieu même. Dans tout ce système, Hégel débute par des abstractions, qui sont pour lui le fondement de toute réalité ; mais nulle part il n'indique le procédé qui lui donne ces abstractions. Sa philosophie a prêté, en politique et en religion, à des applications dangereuses : on l'accuse de conduire au panthéisme et de supprimer l'immortalité de l'âme. Hegel s'est aussi beaucoup occupé de l'histoire (qui pour lui est le développement de l'esprit universel dans le temps), et surtout de l'histoire de la philosophie, qui doit, selon lui, montrer le progrès de l'esprit dans la conscience de cette vérité qu’Il est lui-même l'absolu. Il a laissé de nombreux écrits, qui ne forment pas moins de 19 vol., recueillis par ses amis après sa mort (Berlin, 1832-45); on y trouve une telle obscurité que ses disciples s'accusent mutuellement de ne pas les comprendre. Les principaux sont : Différence de Fichte et de Schelling, 1801; Phénoménologie de l'esprit, 1807; Logique, 1812; Encyclopédie des sciences philosophiques, Heidelberg, 1817; Philosophie du droit, 1821; Esthétique, Philosophie de l'histoire, Philosophie de la nature (posthumes). Sa Logique, a été trad. par Sloman et Wallon, 1844, et par Véra, 1860; son Esthétique, par Ch. Bénard, 1840-51; sa Philosophie de la Nature, par A. Véra, 1863. Rosenkrantz a écrit sa Vie, Berlin, 1844.

HÉGÉSIAS, philosophe cyrénaïque, qui florissait vers l'an 300 av. J.-C., prétendait qu'il vaut mieux mourir que vivre, parce que la somme des maux l'emporte sur celle des biens, et conseillait le suicide, ce qui le fit surnommer Pisithanate (qui persuade la mort). Plusieurs de ses disciples s'étant en effet donné la mort, le roi Ptolémée fit fermer l'école où l'on enseignait une doctrine si dangereuse, et exila le philosophe. — On connaît aussi sous le nom d'Hégésias un poëte cyclique du VIe siècle av. J.-C., auteur de Cypriaques; — et un des historiens d'Alexandre, dont on a quelques fragments, recueillis par C. Müller, à la suite de son édition d'Arrien, 1846 (dans la collection Didot).

HÉGÉSIPPE, le plus ancien historien ecclésiasque, vivait de l'an 100 à l'an 180. Juif de naissance, il se convertit au Christianisme, vint à Rome vers 157 et y mourut. Il avait écrit, sous la titre de Commentaires sur les Actes des Apôtres, une Histoire de l'Église, dont on n'a que des fragments, conservés dans Eusèbe. On a aussi, sous son nom : De Bello judaico et excidio urbis, mais on croit que cet ouvrage est d'un autre auteur de même nom qui aurait vécu sous Constantin. Quoi qu'il en soit, il a été publié à Cologne, par Gualther, 1559, et à Leipsick, par Weber, 1858, et traduit en français par Millet de St-Amour, 1551. — Un autre Hégésippe, d'Athènes, contemporain d'Eschine et de Démosthène, se distingua comme poëte comique et comme orateur; on a de lui un discours, De Haloneso (imprimé avec ceux de Démosthène). On lui attribue quelques épigrammes de l'Anthologie. — V. MOREAU (H.).

HEGEWISCH (Dietrisch), historien, né en 1740 près d'Osnabruck, m. en 1812, était professeur d'histoire à Kiel et conseiller d'État du Danemark. On a de lui : Histoire de la monarchie des Francs depuis la mort de Charlemagne jusqu'à l'extinction des Carlovingiens, 1779; Hist. des Allemands depuis Conrad I jusqu'à Henri II, 1781; Hist. de Maximilien I, 1782; Hist. de la civilisation en Allemagne depuis Maximilien I, 1788; Hist. du règne de Charlemagne, 1792 (traduit en français en 1805), et divers mémoires sur l'antiquité, dont un, fort estimé, traite des Finances des Romains.

HÉGIRE (de l'arabe hedjra, fuite), ère des Musulmans , commence, selon l’Art de vérifier les Dates, au 16 juillet 622 après J.-C., époque à laquelle Mahomet s'enfuit de la Mecque, où il était persécuté, pour se retirer à Yatreb (depuis Médine). Pour traduire une date formulée d'après l'hégire en année de J.-C., il faut ajouter 622 à l'année musulmane ; mais, comme l'année musulmane est lunaire et par conséquent plus courte que la nôtre, il faut retrancher du nombre obtenu environ 3 ans par siècle.

HEIDELBERG, Edelberga, Myrtilletum en latin moderne, v. du grand-duché de Bade (cercle du Bas-Rhin), sur le Neckar, à 47 kil. N. E. de Carlsruhe; 15 000 hab. Université célèbre, fondée en 1386 par l'électeur Rupert I et relevée en 1802 par le grand-duc de Bade, Charles-Frédéric (d'où on lui a donné le nom de Ruperto-Carolina); bibliothèque dite Palatine, de 120 000 vol., jardin botanique, cabinets et collections scientifiques; institut agricole, société des sciences naturelles et de médecine; maison d'aliénés. Belles églises de St-Pierre et du St-Esprit; palais remarquables de l'université et du grand-duc ; chemins de fer pour Bade, Carlsrhue, Manheim, Francfort. Draps, toile, coton, bas de soie, papier, savon, tapis de laine, maroquins, perles fausses; vins estimés. Aux env., ancien château électoral, dont les ruines sont magnifiques et dans les caves duquel est un fameux tonneau ou foudre, contenant 140 000 litres. — Cette ville existait dès 1225; elle fit longtemps partie du Palatinat. Agrandie par l'électeur Rupert ou Robert I, elle devint en 1362 la résidence des électeurs palatins. Elle fut prise et saccagée plusieurs fois : en 1622, par les Bavarois, commandés par Tilly, qui enleva la bibliothèque et la donna au pape; en 1674, par Turenne; en 1693, par le maréchal de Lorges. Elle déchut quand l'électeur palatin eut fixé sa résidence à Manheim, 1719. Elle fut réunie au duché de Bade en 1802.

HEILBRONN, v. murée du Wurtemberg (Neckar), sur le Neckar, à 50 kil. N. de Stuttgard; 12 000 hab. On y remarque la tour St-Kilian, où fut enfermé Gœtz de Berlichingen; l'anc. château de l'ordre teutonique (auj. caserne), la maison de correction, une belle fontaine. Moulins à plâtre, eau-de-vie de grains, orfèvreries, filatures. Commerce de laines et de plâtre. Principal entrepôt du commerce du Wurtemberg et centre des vignobles du pays. — Autrefois ville libre impériale, elle fut donnée au Wurtemberg en 1802. Les princes protestants d'Allemagne y signèrent en 1594 un traité d'alliance entre eux, qui fut confirmé en 1603 à Heidelberg. Le chancelier de Suède, Oxenstiern, y conclut un traité avec les princes luthériens d'Allemagne en 1633.

HEILIGENKREUTZ (c.-à-d. Ste-Croix), v. de Hongrie (Œdenbourg), à 10 kil. S. d'Œdenbourg ; 2200 h. Eaux minérales. — Bourg de la Basse-Autriche près de Vienne. Anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux, avec une belle bibliothèque et de riches collections.

HEILIGENSTADT, v. des États prussiens (Saxe), sur la Leine, à 78 k. N. O. d'Erfurt; 4000 h. Château, maison de correction. Eau-de-vie de grains, horloges en bois. Anc. ch.-l. de la principauté d'Eichsfeld.

HEILLY (Jacques de), dit le maréchal de Guyenne. V. CRÉQUI (Jacques de).

HEILLY (Mlle de). V. ÉTAMPES (duchesse d').

HEILSBERG, v. des États prussiens (Prusse), sur l'Alle, à 65 kil. S. de Kœnigsberg : 4000 hab. Château du prince-évêque d'Ermeland. Les Français y battirent les Russes le 11 juin 1807.

HEILSBRONN, vge de Bavière (Rezat), à 24 k. S. O. de Nuremberg; 500 h. Église où sont les tombeaux de divers princes de Nuremberg et de Brandebourg.

HEILTZ-LE-MAURUPT, ch.-l. de cant. (Marne), à 20 kil. N. E. de Vitry-le-Français ; 900 hab.

HEIN (Pierre), marin hollandais, vulgairement appelé Petit Hein, né à Delftshaven en 1570, fut d'abord mousse, et s'éleva par son courage et son habileté au rang d'amiral (1623). En 1628, à la tête d'une escadre de 31 vaisseaux, il enleva la flotte espagnole, dite Flotte d'argent, sur laquelle se trouvaient plus de 12 millions. Il fut tué en 1629 dans un combat qu'il livrait sur les côtes de Flandre à des vaisseaux espagnols sortis de Dunkerque : ces vaisseaux furent pris au moment même de sa mort.

HEINE (H.), écrivain, né en 1797 à Dusseldorf, de parents israélites, m. en 1856 à Paris, s'est distingué à la fois dans la littérature allemande et dans la littérature française. Il abjura la religion juive pour le Protestantisme, séjourna successivement à Hambourg, à Berlin, à Munich, et vint en 1830 se fixer à Paris. Après avoir débuté par des poésies lyriques, il fit représenter en Allemagne deux tragédies, Almanzor et Radcliff, qui eurent peu de succès. Il publia en 1826 ses Reisebilder (esquisses de voyage), qui commencèrent sa réputation, et en 1827 ses Lieder ou Chants, qui furent reçus avec enthousiasme par la jeunesse allemande. Il donna, à partir de 1830, à la Revue des Deux-Mondes, d'intéressants articles sur les beaux-arts, et publia plusieurs ouvrages également écrits en français, qui ne laissent pas soupçonner une plume étrangère (Atta-Troll, rêve d'une nuit d'été, Lazare, Lutèce). Frappé de paralysie 8 ans avant sa mort, il n'en conserva pas moins toute la vivacité de son esprit. Écrivain original, H. Heine unit l'enthousiasme du poète lyrique à l'ironie de l'humoriste; il offre un singulier mélange de tristesse et de gaieté, de délicatesse et de cynisme, de passion et d'insensibilité. Ce qui lui a manqué, c'est la foi en quelque idée, religieuse ou philosophique : il persiflait toutes les croyances et même faisait montre d'athéisme. Michel Lévy a publié ses Œuvres complètes (1856-57). M. de Jonquière-Antonelle a donné une Étude sur H. Heine.

HEINECCIUS (J. Théophile), en allem. Heinecke, jurisconsulte allemand, né en 1681, à Eisenberg (Altenbourg), m. en 1741, fut successivement professeur de philosophie à Halle (1713), professeur de droit dans la même ville (1720), puis à Franeker (1723), à Francfort-sur-l'Oder (1727), et de nouveau à Halle (1733). On lui doit des travaux remarquables sur la jurisprudence, la philosophie et les belles-lettres ; mais c'est surtout comme jurisconsulte qu'il est célèbre. Ses nombreux écrits ont été réunis par J. L. Uhl, sous ce titre : Opera ad universam jurisprudentiam, philosophiam et litteras pertinentia, Genève, 1744-48, 8 vol. in-4, avec un volume de supplément publié en 1771. On y remarque: Antiquitatum romanarum jurisprudentiam illustrantium syntagma; Historia juris romani ac germanici; Elementa juris civilis, secundum ordinem Institutionum; — secundum ordinem Pandectarum, etc. Ses ouvrages jouissent d'une grande autorité et sont encore utiles aujourd'hui.

HEINECKEN (Christian Henri), enfant prodigieux par sa précocité, né à Lubeck en 1721, parla dès les premiers mois de sa naissance ; il savait, dit-on, à un an, les principaux événements du Pentateuque ; à 13 mois, il connaissait l’histoire de l’Ancien Testament, à 14 mois, celle du Nouveau, et à 2 ans et demi répondait à toutes les questions sur l’histoire et la géographie. Le latin et le français lui étaient familiers à 3 ans. Il ne vivait guère que du lait de sa nourrice : on voulut le sevrer, mais il mourut peu de temps après, en 1725. à l’âge de 5 ans. Sa vie a été écrite par de Schœneich son précepteur.

HEINRICH, forme allemande du nom HENRI.

HEINSBERG, v. des États prussiens. (Prov. Rhénane), à 31 kil. N. d’Aix-la-Chapelle ; 1600 hah. Elle était avant le XVe siècle ch.-l. d’une seigneurie. En 1542 Charles-Quint la prit et la ruina.

HEINSE (J. J. Guill.), littérateur allemand, né en 1749 à Langewiesen (Schwartzbourg-Sondershausen), m. en 1803, se forma à la poésie sous Wieland, se rendit en 1776 à Dusseldorf, où il coopéra avec Jacobi à la rédaction du journal l’Iris, visita l’Italie de 1780 à 1783, puis obtint l’emploi de bibliothécaire de l’électeur de Mayence. On a de lui des Épigrammes, une traduction de Pétrone, Laïdion ou les Mystères d’Éleusis (1773), Ardinghello (1787), roman dont le style est d’une énergie admirable et d’un coloris brillant, mais auquel on reproche une trop grande licence ; Hildeqard de Hohenthal (1795) ; Anastasie, ou Lettres sur l’Italie (1803) ; et une Correspondance, publiée à Zurich en 1808.

HEINSIUS (Daniel), philologue hollandais, né en 1580 à Gand, m. en 1655, eut pour maîtres Scaliger et Dousa, fut nommé en 1605 professeur d’histoire et de politique à Leyde, puis bibliothécaire de cette ville, et acquit une telle réputation d’érudition que la France et plusieurs États étrangers lui firent des propositions avantageuses ; mais il préféra rester dans sa patrie : les États de Hollande, pour le récompenser, le nommèrent leur historiographe. Secrétaire du synode de Dordrecht en 1618, il s’y montra calviniste zélé à l’excès. Daniel Heinsius a donné, de 1600 à 1639, une foule d’éditions ou de commentaires d’ouvrages grecs et latins, tels que la Poétique et la Politique d’Aristote, Andronicus de Rhodes, Théophraste, Hésiode, Théocrite, Horace, Ovide, Tite-Live, Silius Italicus, Sénèque le Tragique, Maxime de Tyr, S. Clément, le Nouveau Testament, etc. Il a laissé des poésies latines très-estimées, entre autres un poème De contemptu mortis, en 4 livres, et une tragédie, Herodes infanticida, des harangues latines, des vers grecs, des vers hollandais et quelques facéties : Laus asini, Laus pediculi, etc. Ses Poemata ont paru à Leyde, 1613 ; ses Orationes, en 1615. Daniel Heinsius eut de vifs démêlés avec Balzac, et surtout avec Saumaise. — Nicolas Heinsius, son fils, né à Leyde en 1620, m. en 1681, se livra aussi à l’étude des anciens, et parcourut les principaux pays de l’Europe pour visiter les bibliothèques et consulter les manuscrits. En 1650 la reine Christine l’attira auprès d’elle à Stockholm, et le chargea de faire des achats de livres et de manuscrits pour sa bibliothèque. Quatre ans après, les États de Hollande le nommèrent leur résident auprès de cette princesse. Il fut aussi chargé d’autres missions en Russie et auprès de divers États allemands. Il a donné d’excellentes éditions de Claudien, Amst., 1650 et 1665 ; d’Ovide, 1652 et 1668 ; de Prudence, 1667, de Virgile, 1676 ; de Valerius Flaccus, 1680, et a mérité d’être appelé le restaurateur des poëtes latins. Heinsius a en outre composé, comme son père, des poésies latines, principalement des élégies, qui sont remarquables par l’élégance.

HEINSIUS (Ant.), grand pensionnaire de Hollande, de la même famille que les précéd., né vers 1640, m. en 1720, fut d’abord conseiller pensionnaire de la ville de Delft, et gagna la confiance de Guillaume d’Orange. Chargé par ce prince, après la paix de Nimègue (1678), d’une mission auprès de Louis XIV, il se vit menacé par Louvois, auquel il résistait, d’être enfermé à la Bastille : dès ce moment il conçut une haine implacable contre Louis XIV. Il fut nommé grand pensionnaire en 1689, et fut réélu de cinq en cinq, ans jusqu’à sa mort ; il forma avec Marlborough et le prince Eugène ce triumvirat qui fut si funeste à la France. Lors de la guerre de la succession d’Espagne, il ne cessa de s’opposer à la paix, et il entraîna ainsi la Hollande dans des dépenses ruineuses.

HEISS (Jean de), historien, né au commencement du XVIIe siècle, était seigneur de Kogenheim en Alsace. Il fut résident de l’électeur palatin à la cour de France, puis intendant de l’armée française en Allemagne, et mourut à Paris en 1688, On a de lui une Hist. de l’Empire, en français, Paris, 1684, continuée par Bourgeois de Chastenet et par Vogel.

HEISTER (Laurent), médecin, né à Francfort-sur-le-Mein, en 1683, m. en 1758, professa avec succès, à l’Université d’Altorf, puis à celle d’Helmstsedt, la chirurgie, l’anatomie et la botanique. On a de lui : Compendium anatomicum, 1724 ; Institutiones chirurgicæ, 1750, ouvrages qui ont été longtemps classiques. Il s’était surtout occupé des maladies des yeux : on lui doit un bon traité De cataracta, 1713.

HELDER (LE), v. forte du roy. de Hollande (Hollande sept.), sur la mer du Nord, à 36 k. N. d’Alkmaar ; 3000 h. Port militaire, château fort et excellents ouvrages qui défendent l’entrée du Texel et la rade de Nieuwe-Diep. — Il s’y livra en 1653 un combat naval entre les flottes anglaise et hollandaise, où l’amiral hollandais Van Tromp fut tué. Les Anglais occupèrent cette place en 1799, mais elle fut reprise aussitôt par Brune.

HELENA, Elne, v. de Gaule. V. ILLIBERIS.

HELENA, HELENÆ VICUS, bourg de la Gaule Belgique, où les Francs furent défaits par Majorien, lieutenant d’Aétius, vers 447. On n’est point d’accord sur l’emplacement de ce lieu : les uns le placent à Hesdin, les autres à Lens ; d’autres au village d’Allaine ou d’Halène, près de Péronne.

HÉLÈNE, princesse grecque, célèbre par sa beauté, était, selon la Fable, le fruit des amours de Jupiter, métamorphosé en cygne, et de Léda, femme de Tyndare, roi de Sparte, et était sœur de Clytemnestre, de Castor et de Pollux. Dès ses premières années, sa beauté fit tant de bruit que, lorsqu’elle avait à peine 12 ans, Thésée l’enleva du temple de Diane, où elle dansait ; mais ses frères Castor et Pollux la ramenèrent dans la maison de Tyndare. Celui-ci, la voyant recherchée par un grand nombre de princes, et craignant d’irriter ceux qu’il refuserait, fit jurer à tous les prétendants que, lorsque son choix serait tombé sur l’un d’eux, ils se réuniraient tous pour le défendre. Hélène fit choix de Ménèlas ; elle lui donna une fille, Hermione. Pendant une absence que fit ce prince, Pâris, prince troyen, qui avait été chargé d’une mission à Sparte, se fit aimer d’Hélène, l’enleva et l’emmena à Troie. Cet enlèvement fut la cause de la fameuse guerre de Troie. Pâris ayant été tué pendant le siège, Hélène épousa Déiphobe, autre fils de Priam ; mais, après la prise de Troie, elle livra perfidement ce prince aux Grecs, et rentra ainsi en grâce auprès de Ménélas, qui la ramena à Sparte. Contrainte de quitter Sparte à la mort de Ménélas, elle se retira à Rhodes, où Polyxo, veuve de Tlépolème, qui avait péri au siége de Troie, la fit pendre. Suivant une autre tradition, Hélène aurait été enlevée à Pâris par Mercure, tandis qu’une vaine image, ouvrage des dieux, était emmenée à Ilion par le fils de Priam. Selon d’autres encore, Hélène aurait été poussée par une tempête sur la côte d’Égypte, et retenue parle roi Protée : Ménélas serait venu la reprendre après la ruine de Troie.

HÉLÈNE (Ste), 1re femme de Constance Chlore et mère de Constantin. Constance la répudia lorsqu’il eut été créé césar, pour épouser la belle-fille de Maximien. Constantin, devenu empereur, lui donna le titre d’impératrice, et lui accorda un grand crédit. Hélène embrassa, ainsi que son fils, la religion chrétienne, et en favorisa les progrès. Elle visita Jérusalem en 325, et fit construire l’église du St-Sépulcre sur le mont Calvaire : c’est en jetant les fondements de cette église que l’on découvrit, en 326, les restes de la vraie croix ; elle les fit transporter à Rome. Elle m. en 328. On la fête le 18 août — V. SAINTE-HÉLÈNE.

HÉLÉNUS, fils de Priam, était habile devin. Il fut fait prisonnier par Ulysse pendant la guerre de Troie, et devint, après la prise de la ville, l’esclave de Pyrrhus ; il gagna l’amitié de ce prince par des avis importants que lui inspirait son habileté dans l’art de prédire. Pyrrhus, pour reconnaître ses services, lui donna en mariage Andromaque, dont il avait fait précédemment sa propre épouse, et lui céda en mourant une partie de ses États.

HELGOLAND ou HÉLIGOLAND (c. à d. pays des saints), l’Hertha des anciens, île de la mer du Nord, à 65 kil. N. 0. de l’emb. de l’Elbe ; 2500 hab. (Frisons). Deux petits ports, dont le principal s’appelle aussi Helgoland. Bains de mer. — Jadis au Danemark ; prise par les Anglais en 1807, elle fut assurée à cette puissance en 1814.

HÉLI, juge et grand prêtre des Juifs de 1152 à 1112 av. J.-C., succéda à Samson et eut Samuel pour successeur. Il ne sut pas faire respecter son autorité : ses fils Ophni et Phinéès abusèrent du pouvoir qu’il leur avait imprudemment confié, et furent battus et tués par les Philistins, qui s’emparèrent de l’arche sainte : à cette triste nouvelle, Héli tomba à la renverse ; il mourut de sa chute.

HÉLIADES, filles du Soleil (Hélios en grec), et de Clymène, et sœurs de Phaéton, se nommaient Lampétie, Phaétuse et Phœbé. La mort de leur frère leur causa une si vive douleur qu’elles le pleurèrent quatre mois entiers. Les dieux les changèrent en peupliers ; leurs larmes devinrent des grains d’ambre.

HÉLIASTES (Tribunal des), un des tribunaux d’Athènes, le premier après l’Aréopage, connaissait du rapt, de l’adultère, des concussions et des causes civiles les plus graves. Ses membres étaient au nombre de 200 dans les occasions ordinaires ; quelquefois on les portait à 500, à 1000 et même 1500. Leur nom venait de ce qu’ils s’assemblaient sur une place appelée l’Héliée.

HÉLICE, anc. v. d’Achaïe, au N., envahie et détruite par la mer, ainsi que Bura, en 373 av. J. C.

HÉLICON, auj. Zagora-Vouni, mont. de la Grèce propre, sur les confins de la Phocide et de la Béotie, s’étendait de Stiris en Phocide à Thespies en Béotie. On y voyait les fontaines d’Aganippe et d’Hippocrène, le ruisseau du Permesse, les grottes des Libéthrides. Elle était consacrée aux Muses et ornée des statues de ces déesses, ainsi que de celles des grands musiciens et des grands poëtes. Le bourg d’Ascra, patrie d’Hésiode, était au pied de l’Hélicon.

HÉLIGOLAND. V. HELGOLAND.

HÉLIODORE, ministre de Seleucus Philopator, roi de Syrie, persécuta les Juifs et pénétra dans le temple de Jérusalem pour en enlever le trésor, mais, au moment de consommer le sacrilège, il en fut empêché par une main miraculeuse, 176. Ce ministre perfide empoisonna son roi et usurpa le trône ; mais il en fut précipité par Antiochus, frère du dernier roi (174).

HÉLIODORE, évêque de Tricca en Thessalie, né à Émèse en Phénicie, vivait au IVe siècle, sous Théodose et ses successeurs. On a de lui les Éthiopiques, ou Amours de Théagène et de Chariclée, roman où l’on trouve des détails intéressants sur l’Égypte. Cet ouvrage est, à ce qu’on croit, le fruit de sa jeunesse. Le manuscrit en fut trouvé par hasard en 1526 à Bude, par un soldat, dans la bibliothèque du roi de Hongrie, Mathias Corvin, qu’il pillait. Les meilleures éditions sont celles de Commelin, gr.-lat., 1596, de Mitscherlich, 1798, de Coray, 1805, 2 vol. in-8 ; il se trouve dans les Erotici de la collection Didot. Il a été traduit par Amyot, 1549 (traduction revue par Trognon, 1822), par Quenneville, 1803, et par Zévort (dans la Biblioth. Charpentier).

HÉLIOGABALE ou ÉLAGABALE, Varius Avitus Bassianus Heliogabalus, empereur romain, fils illégitime de Caracalla et de sa cousine Julie Soæmis, qui était femme du sénateur Varius Marcellus, fut dès son enfance grand prêtre d’Élagabale, dieu du soleil à Émèse en Syrie, et fut proclamé empereur par la légion d’Émèse en 217, peu après le meurtre de Caracalla par Macrin. A peine monté sur le trône, il se livra à tous les genres de désordres et de folie : il voulut introduire à Rome le culte de son dieu Élagabale et fit venir d’Émèse à Rome à grands frais la pierre noire qui le représentait, fit entrer au sénat sa mère et son aïeule, créa un sénat de femmes, qui fut présidé par sa mère, tua Gannys qui l’avait fait empereur, et mit tous les emplois à l’encan. Il avait adopté Alexandre Sévère, son cousin ; mais bientôt, jaloux de l’ascendant que ce prince exerçait sur l’armée, il voulut s’en défaire ; les prétoriens indignés le tuèrent lui-même, en 222. On a surnommé ce prince le Sardanapale de Rome. L’histoire de son règne, écrite par Hérodien et Lampride, renferme des faits d’une telle extravagance qu’on doit croire qu’il était en démence.

HÉLIOPOLIS (c.-à-d. Ville de Soleil), en égyptien On, v. de la Bse-Égypte, ch.-l. d’un nome, sur le canal de Trajan, était située à 11 kil. N. E. du Caire, près du village actuel de Matarieh. Elle contenait un beau temple de Fré (le soleil), où l’on adorait le dieu sous la forme du bœuf Mnévis. Suivant les Grecs, Apollon (Hélios) rendait des oracles à Héliopolis. Platon habita cette ville pendant son séjour en Égypte. — Kléber y remporta, le 20 mars 1800, une victoire éclatante sur les Turcs.

HÉLIOPOLIS, auj. Balbek, v. de Célésyrie, auN., près de l’Antiliban, avait deux temples du soleil dont il reste des ruines magnifiques. V. BALBEK.

HÉLIOS, nom grec du Soleil. V. APOLLON.

HELL (Maximilien), astronome, né en 1720 a Schemnitz en Hongrie, m. en 1792, était de l’ordre des Jésuites. Il fut nommé en 1755 astronome et conservateur de l’Observatoire de Vienne, et fut envoyé en 1758 et 1759 en Laponie pour y observer le passage de Vénus sur le disque du soleil, et pour étudier la direction du pôle magnétique. On lui doit des observations exactes, des relations instructives de ses voyages, et des Éphémérides astronomiques, Vienne, 1757-1786, in-8. — V. HOMMAIRE DE HELL.

HELLADA, l’ancien Sperchius, riv. de la Grèce moderne, naît en Thessalie, sort du lieu où se joignent les monts Klytzos et Hellovo, coule de l’O. à l’E. et tombe dans le golfe de Zeitoun, au N. et près des Thermopyles, après un cours d’env. 100 kil.

HELLADE, Hellas, nom donné 1° au roy. primitif d’Hellen : il était situé dans la Phthiotide, aux environs de l’Énipée ; — 2° à la Grèce propre (Attique, Mégaride, Béotie, Phocide, Locride, Étolie, Acarnanie, plus Ambracie et les îles d’Eubée et de Leucade). Ce nom est encore donné à la Grèce actuelle.

HELLADIUS, grammairien grec, d’Antinoé en Égypte, vivait au IVe siècle, sous Constantin. Il avait composé une Chrestomathie en vers ïambiques, dont il reste quelques fragments, conservés par Photius, traduits en latin par A. Schott, et publiés avec des notes par Meursius, Utrecht, 1637.

HELLAH, v. de Turquie. V. HILLAH.

HELLANICUS, de Lesbos, historien grec, né à Mitylène en 495 av. J.-C., mort vers 411, écrivait une quinzaine d’années avant Hérodote. Il avait traité des événements qui se sont passés depuis les guerres Médiques jusqu’à la guerre du Péloponèse ; il ne reste de lui que des fragments, publiés par G. Sturz, Leipsick, 1787 et 1826, in-8, et dans les Historic. græc. fragmenta, de la collection F. Didot, 1841.

HELLÉ, fille d’Athamas, roi de Thèbes, et de Néphélé, fuyant, avec son frère Phryxus, les fureurs de sa belle-mère Ino, voulut, dit-on, traverser sur un bélier à toison d'or le détroit qui sépare la Thrace de la Troade; mais elle se laissa choir dans les eaux et y périt : c'est depuis que ce détroit aurait pris le nom d’Hellespont (mer d'Hellé).

HELLEN, fils de Deucalion et de Pyrrha, régnait sur la Phthiotide vers l'an 1500 av. J.-C. fl fut père d'Eolus, de Dorus et de Xuthus; ce dernier eut pour fils Ion et Achæus, qui furent, ainsi qu'Eolus et Dorus, les chefs de tribus puissantes, auxquelles ils donnèrent leurs noms. Quant à Hellen, son nom fut étendu à tous les peuples de la Grèce.

HELLÈNES, Hellenes, race grecque qui du XVe au XIe siècle av. J.-C. substitua sur beaucoup de points sa domination à celle des Pélasges. On la fait venir de la Scythie ou des environs du Caucase. On lui donne pour 1er auteur Deucalion, qui eut deux fils, Amphictyon et Hellen (vers 1600) ; ce dernier, à son tour, donna le jour à Dorus, à Eolus, à Xuthus, père d'Ion et d'Achæus, qui eux-mêmes transmirent leur nom aux 4 grandes tribus des Hellènes : les Doriens, les Éoliens, les Ioniens et les Achéens (V. ces noms). Les Hellènes occupèrent primitivement la Phthiotide; sous Hellen leur demeure prit le nom d'Hellade. Divisés après Hellen en 4 grands corps (vers 1440), ils se répandirent dans toute la Grèce. — Les Grecs se donnent encore auj. le nom d’Hellènes.

HELLÉNISTES, nom donné aux colons juifs qui se rendirent en Égypte après la destruction du roy. de Juda par Nabuchodonosor (600 av. J.-C.), et qui furent accrus en 331 par ceux qu'Alexandre appela pour peupler Alexandrie. On les nomma ainsi parce qu'ils avaient adopté la langue et les usages des Hellènes.

HELLESPONT, Hellespontus, c.-à-d. Mer d'Hellé, auj. le canal des Dardanelles, détroit qui unit la mer Égée à la Propontide et sépare l'Europe de l'Asie, doit son nom à la mort tragique d'Hellé (V. ce nom). Sur ses bords se trouvaient les villes de Sestos et Abydos, placées en face l'une de l'autre, et célèbres par les amours de Héro et de Léandre. Entre ces deux villes, le détroit a tout au plus 2 kil. de largeur : on peut le traverser à la nage. Xerxès passa l'Hellespont sur un pont de bateaux, 480 av. J.-C. — Au IVe siècle, on donna le nom d'Hellespont à une prov. du Diocèse d'Asie, répondant à la Mysie.

HELLEVŒTSLUIS, port militaire de Hollande (Hollande mérid.), sur la côte S. de l'île Voorne, à 26 kil. S. O. de Rotterdam; 2500 hab. Arsenal, chantiers. C'est de là que Guillaume d'Orange partit le 11 nov. 1688, pour envahir l'Angleterre. Les Français prirent cette place en 1795.

HELLIN, Ilunum, v. d'Espagne (Murcie), à 56 k. S. E. d'Albacète; 8900 hab. Eaux minérales, soufre.

HELMEND, riv. de l'Afghanistan, sort du mont Koh-i-Baba, au N. O. de Kaboul, traverse le Khoraçan, l'Afghanistan propre et le Séistan, et tombe dans le lac Zerreh, après un cours d'env. 1000 kil.

HELMONT, médecin. V. VAN-HELMONT.

HELMSTÆDT, v. du duché de Brunswick, ch.-l. le cercle, à 35 kil. E. S. E. de Brunswick; 6400 h. Université fondée en 1575, supprimée en 1809 : on y remarquait la faculté de théologie. Gymnase et autres établissements d'instruction. Anc. abbaye, sécularisée en 1802. — La ville fut bâtie par Charlemagne en 782.

HÉLOÏSE, amante d'Abélard, née à Paris en 1101, était nièce de Fulbert, chanoine de Notre-Dame de Paris. Belle, pleine d'esprit et de science, elle inspira une vive passion à son maître Abélard, qui la séduisit, puis l'épousa secrètement. Elle en eut un fils qu'elle mit au monde dans le pays natal d'Abélard, au bourg de Palais en Bretagne : il fut nommé Astrolabius. Après la cruelle vengeance exercée par Fulbert sur Abélard, Héloïse se fit religieuse au couvent d'Argenteuil; puis elle alla fonder l'abbaye du Paraclet, dont elle fut la première abbesse. Elle y mourut en 1164. Ses restes furent réunis à ceux de son époux dans l'église du Paraclet. Après avoir été transportés en divers endroits, ils ont été déposés en 1787 au cimetière de Père-Lachaise près de Paris. Il reste d'Héloïse quelques lettres écrites à son amant après leur séparation;, on les trouve parmi les écrits d'Abélard. V. ABÉLARD.

HÉLORE, Helorum, auj. Muri-Ucci, v. de Sicile, sur la côte E., au N. du cap Pachynum, au S. E. de Néèthe, dans une situation délicieuse, qui fit donner à ses environs le nom d’Heloria Tempe.

HÉLOS, v. de l'anc. Grèce (Laconie), au S., au fond du golfe Laconique; fut prise deux fois par les Laconiens : la 1re sous Agis, vers 1059 av. J.-C., la 2e sous Alcamène vers 813; soumise la 1re fois, elle fut détruite la 2e, et ses habitants, vendus à l'encan, restèrent esclaves, eux et leur postérité ; ce sont eux que l'on connaît sous le nom d’Ilotes. V. ce mot.

HELOUNG-KIANG, v. de l'empire chinois (Daourie), sur l'Amour, à 1300 kil. N. de Peking, par 50° 1' lat. N., et 145° 6' long. E. Grand commerce de fourrures avec la Russie.

HELPE, nom de 2 rivières de France, la Grande-Helpe et la Petite-Helpe, qui arrosent le dép. du Nord; toutes deux tombent, dans la Sambre. La Grande-Helpe baigne Avesnes.

HELSINGBORG, v. et port de Suède (Malmœhus), à l'entrée du Sund, vis-à-vis d'Elseneur: 4500 hab. Beau port, fermé par un môle. Restes d'un château fort. Victoire des Suédois sur les Danois en 1709.

HELSINGFORS, v. de la Russie d'Europe (Finlande), capit. de la Finlande et du gouvt de Nyland, à 295 k. N. O. de St-Pétersbourg, sur une presqu'île du golfe de Finlande; 19 000 h. Bon port; plusieurs forts. Archevêché luthérien; université, qui a remplacé en 1827 celle d'Abo. Grains, planches, bois de construction , etc. — Cette ville fut fondée par Gustave Wasa : brûlée en 1741 pendant la guerre entre la Russie et la Suède, elle a été depuis rebâtie plus régulièrement.

HELVÉTIE. V. SUISSE.

HELVÉTIENS, Helvetii, peuple de la Grande-Séquanaise, à l'E., borné au N. et à l'E. par le Rhin, au S. par les Alpes et le Rhône jusqu'au lac de Genève, à l'O. par le Jura, se divisait en 4 grandes tribus : Tigurins, Tugènes, Urbigènes et Ambrons. L'an 61 av. J.-C., les Helvétiens émigrèrent en masse, au nombre de 368 000 âmes, et voulurent envahir les Gaules. César leur barra le passage à Genève, les suivit jusqu'à Autun (Bibracte), les y battit et les força à rentrer dans leur pays (58).

HELVÉTIQUE (République). V. SUISSE.

HELVÉTIQUE (Confession). On nomme ainsi : 1° une exposition de foi des églises réformées de Suisse, que rédigea Zwingle en 1530, et qui fut solennellement adoptée et jurée à Bâle en 1534 : on la connaît aussi sous le nom de Confession de Bâle; 2° une 2e exposition de foi que firent les mêmes églises en 1566, et à laquelle Théodore de Bèze et Bullinger eurent la plus grande part. Cette confession ne reconnaît pour juge en matière de foi que la parole de Dieu, proscrit les images, enseigne la prédestination absolue, n'admet que deux sacrements, le baptême et la sainte cène, et même ne regarde ce dernier que comme une cérémonie commémorative. Elle est encore auj. la règle de foi dans les églises de Suisse.

HELVÉTIUS (Adrien), médecin, né en Hollande vers 1661, d'une famille originaire du Palatinat, m. à Paris en 1727, était fils d'un médecin alchimiste qui l'envoya de bonne heure à Paris pour vendre des poudres et des drogues de sa composition. Il découvrit lui-même les vertus de l'ipécacuanha, et, ayant opéré avec ce remède des cures heureuses, fut produit à la cour, obtint de Louis XIV une gratification de 1000 louis pour sa découverte, avec des titres honorifiques, et fit en peu de temps une grande fortune. Le duc d'Orléans, devenu régent, le nomma son médecin. Il a laissé quelques écrits de médecine pratique. — Son fils, Jean Claude Adrien, exerça son art avec non moins de succès. C'est lui qui sauva Louis XV dans la maladie si grave qu'il fit dans son enfance, en 1719; il reçut en récompense une pension de 10 000 livres. Il a aussi laissé quelques écrits.

HELVÉTIUS (Claude Adrien), philosophe, fils du précéd., né à Paris en 1715, m. en 1771, obtint dès l'âge de 23 ans une place de fermier général qui lui valait 100 000 écus de rente. Il s'entoura de gens de lettres et quitta la finance en 1750 pour se livrer lui-même à la littérature. Après avoir hésité quelque temps sur le genre qu'il choisirait, et s'être essayé dans les mathématiques, la poésie et la tragédie, il se décida pour la philosophie, et publia en 1758 un ouvrage qui attira sur lui l'attention, le livre de l’Esprit, où il réduit toutes nos facultés à la sensibilité physique, ne reconnaissant entre l'homme et la brute d'autre différence que la conformation des organes, et où il veut prouver que l'homme n'est guidé dans tous ses jugements et dans toute sa conduite que par l'intérêt personnel. Cet ouvrage, qui renverse toutes les idées de morale, donna lieu à de nombreuses réfutations; il fut en outre condamné à la fois par la Sorbonne, par le pape et le parlement; il fut brûlé par la main du bourreau en 1759, et l'auteur fut contraint de se rétracter. Depuis cette époque, Helvétius ne publia plus rien; il voyagea en Angleterre et en Allemagne, bien accueilli partout. A son retour, sa maison devint le rendez-vous d'une société choisie, dont sa femme faisait le principal ornement. Helvétius a laissé plusieurs ouvrages posthumes; le principal est intitulé : De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation : il y soutient que toutes les intelligences sont égales, et que la différence entre elles ne provient que de l'éducation. On a aussi de lui un poème du Bonheur, ouvrage froid et médiocre, qui n'est guère qu'un abrégé du livre de l'Esprit et auquel il n'a pu d'ailleurs mettre la dernière main. Ses œuvres complètes ont été publiées en 14 vol. in-18, Paris, 1796 (par les soins de Laroche, légataire des manuscrits de l'auteur). Son style est agréable et fleuri, mais plein d'afféterie ; son livre de l'Esprit est chargé de digressions. En dépit de ses doctrines arides et égoïstes, Helvétius avait un caractère noble et même généreux ; on cite de lui des traits de bienfaisance qui donnent un éclatant démenti à son système. — Mme HELVÉTIUS (Mlle de Ligniville), née en 1719, d'une famille noble et pauvre de Lorraine, m. en 1800, était nièce de Mme de Graffigny. Après la mort de son mari elle se retira à Auteuil, et sa à maison fut longtemps l'asile des philosophes. En mourant, elle légua sa maison d'Auteuil à Cabanis.

HELVICUS (Christophe), chronologiste, né en 1581 à Sprindlingen près de Francfort, m. en 1617, possédait les langues anciennes et orientales, la théologie et la médecine. Il professa le grec et l'hébreu (1605), puis la théologie (1610) à l'Université de Giessen. On a de lui : Theatrum chronologicum, Giessen, 1609; Chronologia universalis, 1618 et 1639.

HELVIDIUS PRISCUS, Romain célèbre par son républicanisme et son stoïcisme, ami et gendre de Thraséas, fut exilé sous Néron. Il rentra sous Galba; mais il refusa de reconnaître Vespasien, qui, irrité de son opposition, le fit mettre en prison, puis le fit tuer, en 75. — Son fils, homme consulaire, qui partageait ses vertus et ses sentiments, fut mis à mort par Domitien en 94. Il était l'ami de Pline.

HELVIE, mère de Sénèque. C'est pour elle que ce philosophe écrivit le traité intitulé : Consolatio ad Helviam, au sujet de la mort d'un parent.

HELVIENS, Helvii, peuple de la Gaule, dans la Narbonnaise 1re, au N., habitait le pays nommé depuis Vivarais, et avait pour chef-lieu Alba Helviorum (auj. Aps en Vivarais, dans l'Ardèche).

HELVOETSLUYS. V. HELLEVŒTSLUIS.

HÉLYOT (Pierre), dit le Père Hippolyte, savant religieux, du tiers ordre de St-François et de la communauté de Picpus, né à Paris en 1660, mort au couvent de Picpus en 1716, a publié, outre quelques écrits ascétiques, Histoire des ordres monastiques religieux et militaires, Paris, 1714-1721, 8 vol. in-4 (les 3 derniers sont du P. Max. Bullot). Cet ouvrage, justement estimé, a été plusieurs fois réimprimé, notamment dans la coll. de l'abbé Migne, avec de grandes augmentations, 4 vol. gr. in-8.

HELYSICES, anc. peuple de la Gaule, habitait dans la Province romaine, vers l'emb. de l’Ataæ (Aude).

HEM, peintre hollandais. V. HEEM.

HÉMIMONT, Hœmimons, une des 6 prov. du diocèse de Thrace, au N. et au S. de l'Hémus, avait pour ch.-l. Andrianopolis. Elle tirait son nom de l'Hémus.

HEMLINCK (Hans ou Jean), peintre flamand, né vers 1425 à Damme, près de Bruges, ou à Bruges même, m. en 1499, fut l'un des premiers maîtres de l'école flamande. On connaît de lui la Nativité de J.-C., tableau composé en 1479 pour l'hôpital St-Jean de Bruges, où il avait reçu des soins, le Mariage de Ste Catherine, la Châsse de Ste Ursule et S. Christophe portant l'enfant Jésus, à Bruges, la Résurrection, au Louvre. Ce peintre, que quelques-uns préfèrent à Van Eyck même, se distingue par la vérité, l'harmonie, par une touche fine et délicate et par une composition gracieuse.

HÉMONIE, Hæmonia, nom que portait la Thessalie avant l'invasion des Thesprotes-Thessaliens. On y comptait au temps de la guerre de Troie neuf royaumes : 1° celui des Énianes et des Perrhèbes au N. E. (ch.-l. Dodone l'Olympique) ; 2° celui de Gyrton dans la vallée du Titarèse et du Pénée (places : Gyrton, Oloosson, Argissa); 3° celui d'Œchalie, sur le haut Pénée (Œchalie, Tricca, Ithome); 4° celui des Myrmidons, Hellènes et Achéens, état fédératif dont Achille était le chef (places : Trachis, Phthie, Alope, Alos); 5° celui de Magnésie au S. E., vers le Pélion ; 6° celui de Méthone, encore plus au S. ; 7° celui d'Orménium, an N. de celui de Magnésie ; 8° celui de Phylace, dans la péninsule, entre les golfes Pagasétique et Maliaque (places : Phylace, Ptélée, Iton, Antron); 9° celui de Phères et Glaphyre, aux environs du lac Bébéis. V. THESSALIE.

HEMS, Emesa, v. forte de Syrie (Damas), ch.-l. de livah, près de l'Oronte, à 136 kil. N. E. de Damas; 35 000 h. Beaucoup de mosquées, églises grecques, bazar, etc. Soieries, toile de coton, savon. Commerce actif avec Hama, Damas, Alep. Ibrahim, pacha battit les Turcs à Hems en 1832; cette place fut occupée par les Anglais en 1840. V. ÉMÈSE,

HEMSKERK. V. HEEMSKERK.

HEMSTERHUYS (Tibère), savant critique hollandais, né à Groningue en 1685, m. en 1766, professa la philosophie et les mathématiques à Amsterdam, puis le grec à Franeker (1725) et à Leyde (1740) et ranima le goût de la littérature grecque en Hollande. On a de lui des éditions de l’Onomasticon de Pollux, Amst., 1706, des œuvres de Lucien, avec Commentaires (1720-37, terminée par Reitz et Gesner); du Plutus d'Aristophane, avec Notes, 1744; des harangues latines, et un vol. d’Anecdota, publié en 1825, à Leyde. — François H., son fils, 1720-1790, vécut à La Haye, fut 1er commis de la secrétairerie du conseil d'État des Provinces-Unies, et consacra ses loisirs à la philosophie. On a de lui : Lettres sur la sculpture, Amst., 1769; Lettre sur les désirs, 1770; Lettre sur l'homme et ses rapports, 1773; Sophyle, ou la Philosophie, dialogue, 1778; Aristée, ou de la Divinité, dialogue, 1779; Alexis, ou de l'Âge d'or, 1787; Simon, ou des Facultés de l'âme; Lettre de Diodes à Diotime, sur l'athéisme. Tous ses ouvrages sont écrits en français : ils ont été recueillis à Paris en 1792 et 1809, 2 vol. in-8, avec des vignettes dessinées par l'auteur même, et à Amsterdam, 1846-51, 3 vol. in-8. En Philosophie, Hemsterhuys penche vers le Platonisme. En Esthétique, il expliquait le plaisir que cause le beau par le nombre plus ou moins grand d'idées que l'âme peut embrasser à la fois, et par l'exercice plus ou moins facile des facultés de l'intelligence.

HÉMUS, Hæmus, auj. le Balkan, chaîne de montagnes qui sépare la Thrace d'avec la MésieInférieure, court de l'O. à l'E., jetant au S. E. les monts Rhodope et aboutissant, par l’Hæmi extrema (Emineh-Dagh), au Pont-Euxin. L'Hémus est très-élevé; il n'offre que peu de pas ou cols par lesquels on puisse le franchir. V. BALKAN.

HÉNARÈS, riv. d'Espagne, naît dans la chaîne ibérque, baigne Siguenza, Guadalaxara, Alcala-de-Henarès, et tombe dans la Jarama. Cours, 150 kil.

HÉNAULT (Ch. Jean François, dit le Président), né à Paris en 1685, m. en 1770, à 85 ans, était fils d'un fermier général. Nommé conseiller dès 1706, il devint en 1710 président de la première chambre des enquêtes au parlement de Paris. Peu après, la reine, qui l'affectionnait, lui donna la charge de surintendant de sa maison. Hénault s'était fait de bonne heure remarquer à la cour et dans le monde par son esprit et son amabilité; il s'exerça dans différents genres de littérature, fit d'assez bons vers, et finit par s'adonner aux recherches historiques. Il fut reçu à l'Académie française en 1723, et à celle des inscriptions en 1755. Il était lié avec les hommes les plus distingués de son temps, et se vit recherché par Voltaire. Le principal fondement de sa réputation est un Abrégé chronologique de l'Histoire de France, (1744, in-4o), souvent réimprimé, traduit dans presque toutes les langues de l'Europe, et continué par Walckenaer (1822) et par Michaud (1835). Il a aussi laissé des tragédies oubliées, quelques comédies spirituelles et des poésies légères, d'un tour facile et agréable. Sérieys a publié ses Œuvres inédites, Paris, 1806, in-8. Le baron du Vigan, son arrière-neveu, a donné ses Mémoires, 1855, in-8.

HÉNAULT, poëte du XVIIe siècle. V. HESNAULT.

HENDAYE, vge des Basses-Pyrénées (arr. de Bayonne), 456 hab. Il se fabrique, depuis 1813, dans ce village, une liqueur hygiénique dite Eau-de-vie d'Hendaye.

HÉNÈTES, Heneti, peuple de Paphlagonie, habitait primitivement entre le Sangarius et le Parthenius. Il émigra sous la conduite d'Anténor, vers 1270 ou 1180 av. J.-C., et s'établit au fond du golfe Adriatique, d'où il chassa les Euganci. V. VÉNÈTES.

HENGIST et HORSA, nom de deux frères saxons qui abordèrent vers l'an 449 à l'emb. de la Tamise, où les avait appelés Vortigern, roi des Bretons, alors en guerre avec les Pictes. Avec le secours de ces Saxons, les Bretons repoussèrent les Pictes; mais, après la victoire, les Saxons prétendirent rester dans le pays. Sur le refus de Vortigern, ils s'allièrent avec les Pictes et marchèrent contre les Bretons. Vortimer, qui avait pris la place de son père Vortigern, déposé par les Bretons, fut complètement défait en 455 au combat d'Eglesford (auj. Ailsford). Horsa, l'un des chefs saxons, périt dans le combat; mais Hengist, resté vainqueur, s'établit à Cantorbéry, et y fonda le roy. de Kent (l'un des sept de l'Heptarchie saxonne), qui comprenait les comtés actuels de Kent, Middlesex, Essex et Surrey.

HENISCH (George), Henischius, érudit, né en 1549 à Bartfelden en Hongrie, mort en 1618, fut professeur de rhétorique et de mathématiques à Augsbourg, puis bibliothécaire de la ville. On a de lui : Institutiones dialecticæ, Augsbourg, 1590; Arithmetica perfecta, l605; Præceptiones rhetoricæ, 1593; des éditions d’Hésiode, Bâle, 1580; d’Arétée, 1603; un Enchiridion medicinæ, 1573. Il a traduit le Commentaire de Procius sur la Sphère, 1609, et a donné une dissertation estimée De asse et partibus ejus. Il avait commencé, sous le titre de Thesaurus linguæ et sapientiæ germanicæ (1616, in-f.) un excellent dictionnaire, que malheureusement il ne put achever.

HENKE (H. Phil. Conrad), théologien protestant, né en 1752 à Hehlen (duché de Brunswick), mort en 1809, fut successivement professeur de théologie à Helmstædt, directeur du séminaire des prédicateurs, abbé du couvent de Kœnigslutter et vice-président du consistoire de Wolfenbuttel. Il a laissé : une Histoire de l'Église (en allemand), plusieurs fois réimprimée; Lineamenta institutionum fidei christianæ, et a rédigé les Annales de l'Histoire ecclésiastique. Ses ouvrages sont entachés de rationalisme.

HENKEL (J. Frédéric), chimiste et minéralogiste allemand, né en 1679 à Freyberg (Saxe), mort en 1744, fut conseiller des mines du roi Auguste II. On a de lui : Flora saturnisans, Leipsick, 1722; Pyritologia, histoire naturelle de la pyrite, trad. par d'Holbach et Charas, Paris, 1760; Introduction à la Minéralogie, 1747. trad. par d'Holbach, 1756.

HENLEY, v. d'Angleterre (Oxford), sur la Tamise, à 40 kil. S. E. d'Oxford; 3600 hab. Beau pont. Commerce avec Londres, surtout en drèche, farine, bois.

HENNEBERG (comté d'), anc. principauté d'Allemagne, dans le cercle de Franconie, entre la Hesse, la Thuringe, les territoires de Fulde et de Wurtzbourg, comptait env. 100 000 h. Schmalkalden, Meiningen, Ostheim, Schleusingen en étaient les places principales. — Ce comté eut d'abord des seigneurs particuliers, issus des comtes des Grabfelde; en 1583, cette maison s'étant éteinte, le comté fut possédé en commun par les diverses lignes de la maison de Saxe; en 1660, elles se le partagèrent. En 1815 la Prusse devint maîtresse de la partie appartenant à l'électorat de Saxe; le reste est possédé auj. par les ducs de Saxe-Weimar, de S.-Cobourg-Gotha et de S.-Meiningen.

HENNEBONT, ch.-l. de c. (Morbihan), sur le Blavet, à 7 kil. N. E. de Lorient; 4000 hab. Petit port, pont suspendu, église gothique. Grains, miel, cire, suif, chanvre, vins, peaux, fer, etc. Place très-forte au XIVe siècle. Charles de Blois y assiégea vainement Jeanne de Montfort en 1342. Jean de Montfort y mourut en 1345.

HENNEPIN (P.), religieux récollet, d'Ath en Hainaut, né en 1640, mort vers 1700, partit comme missionnaire pour le Canada en 1675, visita les grands lacs de ce pays, et signala le 1er le Meschacébé (Mississipi). On a de lui : Description de la Louisiane, Paris, 1683; Découverte d'un grand pays entre le Nouv. Mexique et la mer Glaciale, 1697; Nouv. Voyage, 1698 : dans ces deux derniers ouvrages, il raconte les découvertes de Lasalle, qu'il avait accompagné.

HENNEQUIN (Pierre Ant.), peintre, né à Lyon en 1763, mort en 1833, élève de David, obtint le grand prix et fut envoyé à Rome. Ardent républicain comme son maître, il courut plus d'un danger dans la Révolution. En 1814, il se réfugia en Belgique, et alla demeurer à Liége, puis à Tournay, où il devint directeur de l'Académie de dessin. Ses principaux ouvrages sont la Fédération du 14 juillet, Oreste poursuivi par les Furies (au Louvre), et un plafond du Louvre. Ses tableaux se distinguent par la pureté du dessin, le mouvement dans les figures, l'énergie du sentiment; mais la couleur en est forcée.

HENNEQUIN (Ant. Marie), avocat, né en 1786, à Monceaux près de Paris, mort en 1840, se fit de bonne heure une réputation au barreau de Paris par une élocution facile, jointe à une logique serrée. Il brilla surtout dans les procès politiques, et prêta l'appui de son talent à la cause royaliste : en 1830, il défendit le ministre Peyronnet devant la Chambre des Pairs; en 1832, il assista la duchesse de Berry après son arrestation. Il fut élu en 1834 député par la ville de Lille. Il avait été en 1821 un des fondateurs de la Société des Bonnes études. Il a fait paraître en 1824 un Choix de ses Plaidoyers, et en 1838 un Traité de Législation. — Son fils aîné, Victor Hennequin, né en 1816, mort en l854, abandonna le barreau pour les utopies socialistes, s'enthousiasma pour les doctrines de Ch. Fourier et de Considérant, les soutint dans la Démocratie pacifique, alla les prêcher dans les grandes villes de France, s'exalta au point de perdre la raison et mourut prématurément. — Gabriel Hennequin, cousin du célèbre avocat, né en 1775, mort en 1842, officier de marine distingué puis chef de bureau au ministère de la marine, a donné : l’Esprit de l'Encyclopédie, 1822, 15 vol. in-8. HENNERSDORF, v. de Saxe (Lusace), à 12 kil. N. de Zittau : 3000 hab. Patrie de Zinzendorf. Communauté de Frères Moraves.

HENNUYER (Jean LE), évêque de Lisieux, né en 1497, m. en 1578, fut précepteur de plusieurs princes de la famille royale, et confesseur de Henri II, de Diane de Poitiers et de Catherine de Médicis. Il se montra en toute occasion l'adversaire ardent des Calvinistes, et fit une vive opposition à l'édit de 1562, qui leur était favorable. Quelques historiens ont dit cependant que, lors de la St-Barthélemy (1572), il préserva du massacre les protestants de son évêché, et le dramaturge Mercier, adoptant cette version, a fait de Hennuyer le héros d'un drame philanthropique (1772); mais, selon d'autres, cette supposition n'aurait aucun fondement, et ne serait que l'effet d'une confusion entre l'édit de 1562 et celui de 1572 : si l'évêque de Lisieux résista au premier, qui favorisait les Calvinistes, il ne fit rien, disent-ils, pour s'opposer au second. Cependant. M. l'abbé Cagniard, curé de Lisieux, s'est efforcé, dans un écrit intitulé : la St-Barthélemy et J. Hennuyer (1851), d'établir la vérité de l'acte d'humanité qui lui est attribué.

HENNUYERS, habitants du Hainaut.

HÉNOTIQUE, Henoticon (du grec hénotès, unité), édit d'union rendu l'an 482 par l'empereur Zenon, à la sollicitation d'Acacius, patriarche de Constantinople, dans le but de réconcilier les Catholiques et les Eutychéens. Il ne fit qu'exciter dans l'empire d'Orient de vives disputes et provoqua de longues persécutions : aussi le pape Félix III le condamna-t-il.

HENRI. Ce nom est commun à un grand nombre de personnages historiques que nous répartirons dans les séries suivantes : I. Souverains d'Allemagne et princes allemands; II. Rois de France; III. Rois d'Angleterre; IV. Rois de Castille et de Portugal; V. Personnages divers.

I. Souverains de l'Allemagne et princes allemands.

HENRI I, dit l'Oiseleur, né en 876, fils d'Othon, dit l'Illustre, duc de Saxe, fut en 919 élu roi de Germanie, et devint le chef de la maison de Saxe, qui compta, après lui, 4 empereurs. Il soumit la Bavière, la Souabe, enleva la Lorraine à la France, repoussa les Danois, les Slaves, les Hongrois, les Huns, rendit la Bohême tributaire, créa les margraviats de Slesvig, de Brandebourg, de Misnie, d'Autriche, de Styrie, fonda Quedlimbourg, Meissen, Magdebourg, et dota l'Allemagne de ses premières chartes municipales. Il mourut en 936, laissant la couronne à son fils Othon le Grand. On le nommait l'Oiseleur, parce que les députés qui lui annoncèrent son élection le trouvèrent un faucon sur le poing.

HENRI II, le Saint ou le Boiteux, arrière-petit-fils du précéd., né en 972, mort en 1024. Il régna sur la Bavière dès 995, succéda à son cousin Othon III en 1002 sur le trône d'Allemagne, et fut couronné empereur à Rome en 1014. Son règne fut une lutte continuelle et presque toujours heureuse, soit avec les grands vassaux allemands et Italiens, qui cherchaient à se rendre indépendants, soit avec les Slaves et les Hongrois, qu'il voulait soumettre et convertir. Il réunit la Bohème à l'empire et érigea en royaume la Pologne et la Hongrie, devenues chrétiennes, 1008. Sa piété, son zèle pour la propagation du Christianisme, sa soumission à l'autorité de l'Église et ses vertus héroïques l'ont fait mettre au nombre des saints. L’Église l'honore le 15 juillet. Il fut le dernier empereur de la maison de Saxe.

HENRI III, le Noir, de la maison de Franconie, fils et successeur de Conrad II le Salique, né en 1017, monta sur le trône en 1039. Après une guerre heureuse contre les Bohèmes (1042) et les Hongrois (1043), il passa en Italie où tout était en confusion, obtint l'abdication de Grégoire VI, et fit nommer successivement trois papes allemands (Clément II, 1046, Damase II, 1048, et Léon IX, 1049), et donna aux Normands l'investiture de la Calabre et de la Pouille. Revenu en Allemagne, il combattit de nouveau les Hongrois, confisqua le duché de Bavière (1053), qu'il donna à son fils; il mourut en 1056, lorsqu'il allait repousser une invasion des Slaves. Il travailla à réformer les mœurs du clergé et combattit la simonie.

HENRI IV, fils de Henri III, lui succéda en 1056, âgé de six ans. Ses oncles, les ducs de Saxe et de Bavière, avaient enlevé la tutelle à sa mère, Agnes d'Aquitaine, et mettaient les domaines au pillage : il secoua leur autorité dès qu'il eut atteint sa majorité, les battit en plusieurs rencontres, et après une dernière victoire resta maître absolu (1075). Le trafic honteux qu'il fit des dignités ecclésiastiques et la corruption de ses mœurs mécontentèrent l'Église et les grands vassaux, et excitèrent une révolte des Saxons. Vaincus à Hohenbourg, ceux-ci s'adressèrent au pape comme à un arbitre suprême : Henri fut cité à comparaître devant Grégoire VII, mais il ne répondit qu'en faisant déposer le pape par la diète de Worms, en 1076. Alors commença entre l'empire et la papauté la grande querelle dite des Investitures (V. ce mot). Henri, frappé d'excommunication et déclaré déchu, vint humblement demander son pardon aux pieds du pape à Canossa (1077) ; mais, encouragé et excité par les seigneurs lombards, il oublia bientôt ses promesses et fit la guerre à Grégoire VII, ainsi qu'aux princes allemands qui avaient élu empereur à sa place Rodolphe de Souabe. Il créa un antipape (Guibert, sous le nom de Clément III, 1080), battit ses ennemis d'Allemagne, repassa en Italie, prit Rome et s'y fit couronner par l'antipape Clément III (1082); mais il s'éloigna de cette ville à l'approche des Normands. Il triompha ensuite des Saxons et de son nouveau compétiteur Hermann de Luxembourg et soumit encore une fois l'Italie, que soulevait contre lui la comtesse Mathilde (1091). Son propre fils, Conrad, qu'il avait déjà fait nommer roi des Romains, s'étant uni à ses ennemis, Henri IV le fit déposer et lui donna pour successeur son second fils Henri (1097) ; mais celui-ci se souleva à son tour et le fit déposer par la diète de Mayence, en 1105 ; il s'échappa de sa prison et vint mourir à Liége dans l'indigence (1106). Par l'effet de son excommunication, son corps resta 5 années sans sépulture.

HENRI V, le Jeune, 2e fils du préc., né en 1081, parvint à l'empire en 1106 par sa révolte contre son père et par l'appui du pape Pascal II. Après avoir échoué dans des guerres contre les Flamands, les Polonais et les Hongrois, il vint à Rome pour se faire couronner par le pape. Mais son refus de renoncer au droit d'investiture occasionna une lutte sanglante : Henri pénétra dans Rome, fit prisonnier Pascal II, l'obligea à lui abandonner les investitures et à le couronner empereur (1112). Mais Pascal, devenu libre, protesta contre la violence qu'il avait subie, réclama les droits de l'Église et excommunia Henri. Cette sentence souleva l'Allemagne contre l'empereur. Néanmoins, Henri voulut s'emparer des domaines légués au St-Siége par la comtesse Mathilde (1116); il entra encore une fois à Rome en vainqueur, en chassa de nouveau le pape Pascal II, qui mourut peu après, et opposa à son successeur Gélase II l'antipape Bourdin (Grégoire VIII), 1118. Cette lutte acharnée ne fut terminée que par le traité de Worms (1122), par lequel Henri renonçait au droit d'investiture spirituelle. Il venait d'entreprendre une guerre contre la France qui avait soutenu le pape contre lui, lorsqu'il mourut en 1125.

HENRI VI, le Cruel, fils de Frédéric I (Barberousse), lui succéda en 1190. Après quelques expéditions en Allemagne, il fit triompher par les armes ses droits sur les Deux-Siciles, pays qu'il réclamait du chef de sa femme Constance, tante de Guillaume II, dernier roi de ce pays. Ses efforts pour rendre la couronne impériale héréditaire, la captivité qu'il fit subir à Richard Cœur de Lion et ses cruautés envers les Siciliens, le rendirent odieux. Il se disposait à se croiser lorsqu'il mourut en 1097, empoisonné, dit-on, par sa femme. Il laissait un fils, qui fut Frédéric II. HENRI VII, duc de Luxembourg, né en 1282, fut élu empereur en 1308, après une vacance de 7 mois. Il voulut faire revivre les anciens droits de l'empire sur l'Italie et se fit couronner roi de Lombardie à Milan. Invité par les Gibelins à passer les monts, il soutint une longue et sanglante lutte contre le roi de Naples et le parti guelfe; il entra de force dans Rome, mais ne put se faire couronner empereur qu'en usant de violence. La mort l'arrêta au milieu de cette guerre en 1313. Louis V de Bavière lui succéda.

HENRI, dit le Raspon, landgrave de Thuringe et anti-empereur, fut opposé en 1246 par les évêques électeurs à Frédéric II, qu'Innocent IV venait de déposer : on le nomma pour cette raison le roi des prêtres. Il défit près de Francfort Conrad, fils de Frédéric II; mais il fut peu après blessé mortellement, au siège d'Ulm, en 1247.

HENRI le Querelleur, 2e fils d'Henri l'Oiseleur, fut duc de Lorraine et plus tard de Bavière. Il se révolta trois fois contre son frère Othon le Grand, qui lui pardonna toujours. Il mourut en 955.

HENRI le Superbe, neveu de Guelfe II et fils de Henri le Noir, duc de Bavière, succéda à son père en 1126. L'empereur Lothaire II lui donna sa fille, avec le duché de Saxe, et y ajouta dans la suite la Toscane et les États de la comtesse Mathilde, en récompense des services qu'il lui avait rendus en Italie. Devenu par là le plus puissant prince de l'Allemagne, il semblait, à la mort de Lothaire, assuré de l'empire; mais, son orgueil ayant exaspéré les électeurs, ce fut Conrad de Hohenstaufen qui fut élu (1138). Henri refusa de prêter serment de fidélité : il fut aussitôt mis au ban de l'empire et dépouillé de ses États. Il fit enfin sa paix avec Conrad, qui lui rendit seulement le duché de Saxe; il mourut en 1139, lorsqu'il se préparait à reconquérir la Bavière.

HENRI le Lion (1139-1180), fils de Henri le Superbe, fut à la mort de son père dépouillé de son héritage par l'empereur Conrad; mais il recouvra, sous l'empereur Frédéric I, les duchés de Saxe et de Bavière (1152), et fut quelque temps la plus puissant prince de l'Allemagne. Ayant refusé à l'empereur Frédéric des secours pour défendre l'Italie, ce prince, irrité de son ingratitude, le cita devant plusieurs diètes et le fit dépouiller de ses deux grands duchés (1180) : il fut réduit à la possession de Brunswick et de Lunébourg. Il mourut à Brunswick en 1195. Il avait épousé Mathilde, sœur de Richard Cœur de Lion. Il est la tige de la maison de Brunswick ou de Hanovre qui règne encore auj. sur le Brunswick, le Hanovre et l'Angleterre.

HENRI de Prusse (le prince), 3e fils du roi Frédéric-Guillaume et frère de Frédéric II, contribua puissamment aux succès de son frère pendant la guerre de Sept ans : ses principaux faits d'armes sont la délivrance de Breslaw, 1760, et la victoire de Freyberg, 1762, où il battit les Impériaux. Les Polonais, charmés de sa valeur, lui offrirent la couronne ; mais la Russie empêcha l'exécution de ce projet. Ami de la France, il était venu à Paris en 1788 pour y passer la fin de sa vie; mais la Révolution le força de s'éloigner. Il mourut à son château de Rheinsberg en 1802. On a une Vie du prince Henri de Prusse, par M. L. J. de Bouillé, Paris, 1809.

II. Rois de France.

HENRI I, fils de Robert et petit-fils de Hugues Capet, né en 1005, m. en 1060, succéda à son père en 1031, après avoir vaincu sa mère Constance et les grands vassaux qui voulaient donner la couronne à son frère cadet Robert; toutefois, il céda à ce frère le duché de Bourgogne. Il intervint dans toutes les guerres survenues entre ses vassaux, défendit et raffermit sur son trône ducal Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, mais il se brouilla dans la suite avec ce prince, et fut vaincu par lui à Mortemer (1054). C'est sous son règne que la dignité de connétable fut instituée et que le comté de Sens fut acquis. Henri avait épousé Anne de Russie, fille du grand-duc Iaroslav, dont il eut Philippe I.

HENRI II, né en 1518, fils de François I, lui succéda en 1547. Le but constant de sa politique fut d'affaiblir la puissance espagnole. Après avoir racheté Boulogne des mains des Anglais en 1550, il s'allia aux Protestants d'Allemagne, insurgés contre Charles-Quint, et commença la guerre par la prise de Metz, Toul et Verdun, en 1552. Charles, accouru avec une nombreuse armée, assiégea Metz sans succès, et, après la défaite d'une partie de son armée à Renti, signa à Vaucelles une trêve de 5 ans, en 1556. Henri II rompit la trêve après l'abdication de Charles-Quint. A la reprise des hostilités, le général français (le connétable de Montmorency) fut battu à St-Quentin; mais le duc de Guise, qui fut aussitôt rappelé d'Italie, où il avait gagné plusieurs batailles, releva les affaires de Henri II : il reprit en 1558 sur les Anglais la ville de Calais, qui depuis 210 ans était séparée de la couronne, et obtint sur les Espagnols de grands succès. Néanmoins Henri II conclut en 1559 à Cateau-Cambrésis une paix peu honorable, par laquelle la France perdait une grande partie de ses conquêtes (Thionville, Marienbourg, Montmédy, Hesdin, Thérouanne, Yvoy, Bouillon, la Corse, le Montferrat, la plus grande partie, de la Savoie, de la Bresse et du Piémont). Il mourut le 10 juillet de la même année, d'une blessure que lui fit dans un tournoi le comte de Montgomery. Fort rigoureux envers les Calvinistes, Henri II rendit contre eux les édits de Châteaubriant, 1551, et d'Écouen, 1553, qui prononçaient la mort contre les protestants surpris dans l'exercice clandestin de leur culte; en 1559, deux membres du parlement, Dufaur de Pibrac et Anne Dubourg furent incarcérés, pour s'être fait les défenseurs de la liberté de conscience. Henri II avait eu pour femme Catherine de Médicis, et il eut d'elle 10 enfants dont plusieurs moururent jeunes et dont 3 occupèrent le trône (François II, Charles IX, Henri III). Il eut pour maîtresse avouée la célèbre Diane de Poitiers.

HENRI III, 3e fils de Henri II, né en 1551, porta d'abord le titre de duc d'Anjou. Avant de monter sur le trône, il s'était acquis une grande réputation par les victoires de Jarnac et de Moncontour, remportées sur les Huguenots, ce qui le fit élire roi de Pologne en 1573. Mais il abandonna ce royaume dès l'année suivante pour venir succéder en France à Charles IX. Le pays était alors divisé en trois partis : les Protestants, qui reconnaissaient pour chefs le prince de Condé et Henri de Navarre; les Politiques ou Catholiques modérés, qui s'étaient alliés aux Protestants et se trouvaient sous l'influence du duc d'Alençon, frère du roi; enfin, les Catholiques exaltés, qui reconnaissaient pour chef le duc de Guise. Après quelques hostilités contre les Protestants et les Politiques, Henri III leur accorda, en 1576, la paix de Loches ou de Beaulieu, à des conditions honorables; mais les Catholiques, irrités de ces concessions, craignant pour la religion et excités par le duc de Guise, formèrent la Ligue ou Sainte Union, dans laquelle devaient entrer tous les citoyens sous peine d'être traités en ennemis. Le but ostensible de la Ligue était de sauver la religion en exterminant les Calvinistes; mais, on voulait en outre enfermer le roi dans un monastère et donner la couronne au duc de Guise. Dans le but de neutraliser cette Ligue, Henri s'en déclara le chef, mais il ne réussit pas à ramener à lui les Catholiques : les États de Blois sous l'influence des Ligueurs, le forcèrent à recommencer la guerre contre les Protestants. Il leur accorda de nouveau la paix à Nérac en 1580 ; mais cette paix ne fut pas de longue durée, et la guerre devint plus acharnée lorsque, en 1584, par la mort du duc d'Alençon, frère du roi, un prince protestant, Henri de Navarre, fut devenu l'héritier présomptif de la couronne. Henri III, qui soupçonnait le vrai but de la Ligue, n'osait cependant pas encore se brouiller avec le duc de Guise. La Journée des Barricades ayant anéanti le pouvoir du roi à Paris, il s'échappa, assembla les États à Blois, y appela le duc de Guise, et l'y fit assassiner, en 1588. Ce crime souleva contre lui toute la France catholique, et il fut obligé d'avoir recours à Henri de Navarre. Avec lui il assiégea Paris, et il était sur le point de s'en emparer lorsqu'il fut assassiné par J. Clément, le 1er août 1589 ; il expira le lendemain. Ce prince s'était rendu méprisable, même aux hommes de son parti, par sa faiblesse, ses débauches, sa honteuse condescendance pour ses favoris, que l'histoire a flétris sous le nom de mignons, par ses prodigalités, et sa superstition. Avec lui s'éteignit la maison de Valois.

HENRI IV, dit le Grand, né en 1553, au château de Pau, était fils d'Ant. de Bourbon, duc de Vendôme, et de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. Il descendait de Robert, comte de Clermont, 6e fils de S. Louis, et se trouvait être héritier légitime de la couronne de France à l'extinction de la famille de Valois. Sa mère l'éleva dans la religion réformée ; il apprit l'art de la guerre sous l'amiral Coligny. Après le traité de St-Germain (1570), il épousa la sœur du roi, Marguerite de Valois ; il devint roi de Navarre à la mort de sa mère, 1572. Quoique beau-frère du roi, il ne put échapper au massacre de la St-Barthélemy qu'en se faisant catholique. Malgré sa soumission il fut gardé à vue, et ne parvint à s'évader qu'à la mort de Charles IX, en 1575. Alors il rétracta une abjuration forcée, revint à son ancien culte, et se mit à la tête du parti huguenot. De nombreux succès, notamment une victoire remportée à Coutras sur Joyeuse (1587), et le courage, l'habileté, la franchise, la générosité dont il donnait tous les jours des preuves, lui firent bientôt un grand renom. Après la journée des Barricades (1558), Henri III fit sa paix avec lui, et les deux princes vinrent assiéger Paris, qui était au pouvoir des Ligueurs. A la mort de Henri III, il fut reconnu roi de France par une partie de l'armée, le 2 août 1589, mais la Ligue refusa de le reconnaître et proclama roi le vieux cardinal de Bourbon sous le nom de Charles X. En même temps, la défection d'un grand nombre de catholiques le forçait de lever le siége de Paris. Deux victoires, remportées sur Mayenne, chef de la Ligue, à Arques (1589) et à Ivry (90), relevèrent ses affaires, et il put reprendre le siége de Paris ; mais il dut le lever encore à l'approche du duc de Parme, qui l'empêcha aussi de prendre Rouen (1592). Malgré son courage et ses habiles manœuvres, la guerre eût duré peut-être longtemps encore s'il n'eût consenti à abjurer le Calvinisme (1593); Paris ouvrit bientôt ses portes, et les chefs de la Ligue se soumirent l'un après l'autre. Cependant il eut encore à livrer quelques combats : la victoire de Fontaine-Française lui soumit la Bourgogne (1595) et la prise d'Amiens réduisit la Picardie (1596). En 1598, Henri publia l’Édit de Nantes par lequel il assurait aux Calvinistes la liberté religieuse avec d'importants privilèges, et signa avec le roi d'Espagne la paix de Vervins. Depuis lors il donna tous ses soins au gouvernement et ne s'occupa plus qu'à guérir les plaies de la guerre civile. Les finances, dirigées par Sully, devinrent prospères ; le commerce, l'agriculture, les arts furent protégés : il mérita d'être surnommé le Restaurateur de la France. A l'extérieur, Henri IV reprit les projets de François I et de Henri II contre la maison d'Autriche, rétablit l'influence française en Italie, acquit de la Savoie la Bresse, le Bugey et le Valromey (1601), soutint les Pays-Bas insurgés contre l'Espagne, rapprocha en Allemagne les Luthériens et les Catholiques. Il avait, assure-t-on, formé le projet d'une espèce de République chrétienne, où les différends auraient été jugés par une diète souveraine, où toutes les religions auraient été mises sur le pied de l'égalité. Il voulait avant tout, établir l'équilibre entre les grandes puissances, et déjà il armait contre l'Autriche pour faire restituer aux héritiers protestants de Juliers les domaines confisqués sur eux par l'empereur Mathias, lorsqu'il fut assassiné : il fut frappé le 14 mai 1610 d'un coup de couteau par le fanatique Ravaillac. Déjà plusieurs conspirations (V. Biron, Bouillon) ef plusieurs tentatives d'assassinat (V. Barrière, Châtel) avaient été faites contre lui. Henri IV a été justement surnommé par la postérité le bon Henri, à cause de l'amour qu'il avait pour son peuple. Ce prince n'est pas moins connu par sa galanterie que par ses qualités guerrières et politiques ; il eut plusieurs maîtresses dont la plus célèbre est Gabrielle d'Estrées. Son mariage avec Marguerite de Valois ayant été déclaré nul en 1599, Henri avait épousé Marie de Médicis, en 1600. Il eut pour successeur Louis XIII, son fils. Sa Vie a été écrite par Péréfixe, et son Histoire par M. Poirson (1857). Voltaire l'a pris pour le héros de sa Henriade. M. de Rommel a publié en 1840 sa Corresp. inéd. avec Maurice, landgrave de Hesse. M. Berger de Xivrey a donné les Lettres de Henri IV dans les Documents inéd. de l'Hist. de France (7 vol. in-4, 1843-55).

III. Rois d'Angleterre.

HENRI I, dit Beauclerc, 3e fils de Guillaume le Conquérant, né en 1068, m. en 1135, porta d'abord le titre de duc de Normandie. A la mort de son frère Guillaume le Roux, il usurpa la couronne au préjudice de Robert Courte-Heuse, son frère aîné, en 1100 : ce dernier réclama, mais il fut vaincu et fait prisonnier à Tinchebray (1106). Henri, consolidé sur le trône, fit oublier son usurpation par un règne heureux et habile. La charte qu'il donna à ses barons est regardée comme la première origine des libertés anglaises. Henri fut entraîné dans quelques guerres soit contre les comtes d'Anjou et de Flandre, soit contre le roi de France Louis le Gros, qu'il Battit à Brenneville (1119). Il eut aussi de vifs démêlés avec S. Anselme, archevêque de Cantorbéry, au sujet des investitures. On l'avait surnommé Beau clerc à cause de son amour pour les lettres. Son neveu Étienne lui succéda, au préjudice de sa fille Mathilde, qu'il avait désignée.

HENRI II, fils de Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou, et de Mathilde, fille de Henri I, naquit en 1133 et devint roi d'Angleterre à la mort d’Étienne en 1154. Avant de monter sur le trône, il avait épousé Éléonore de Guyenne, que Louis VII venait de répudier (1152). Il conquit l'Irlande en partie (1171), rendit l’Écosse vassale, et réforma l'administration et la justice. Ses possessions en France comprenaient, outre la Normandie, les domaines de son père (Anjou, Touraine, Maine et Berry), ceux de sa femme Éléonore de Guyenne (Guyenne, Poitou, Saintonge, Auvergne, Périgord, Angoumois, Limousin), et de plus la Bretagne, qu'il acquit en 1166. Son règne fut troublé par une lutte qu'il engagea inconsidérément contre Th. Becket, archevêque de Cantorbéry, et contre le clergé d'Angleterre, en publiant les Constitutions de Clarendon qui restreignaient la juridiction des tribunaux ecclésiastiques : l'église l'emporta, mais Thomas Becket périt assassiné (1170). Excommunié pour ce meurtre, qu'il avait provoqué, sinon commandé, Henri se vit de plus attaqué par tous ses ennemis, auxquels se joignirent ses propres fils et sa femme Éléonore. Vainement il révoqua les constitutions de Clarendon et se soumit à recevoir la discipline sur le tombeau de Th. Becket : la révolte, quelque temps apaisée, recommença avec plus de violence, soutenue par le roi de France Louis VII et par Philippe-Auguste, et le malheureux roi succomba à. l'excès de sa douleur ; il mourut à Chinon en 1189. Richard Cœur de Lion lui succéda.

HENRI III, fils de Jean sans Terre, n'avait que 9 ans lorsqu'il succéda à son père, en 1216. La régence fut confiée au duc de Pembroke, qui sut rattacher au jeune prince les barons révoltés contre son père et éloigner son compétiteur, Louis de France (depuis Louis VIII). A partir de 1219, Henri III gouverna seul. Il voulut recouvrer ses domaines de France, que Philippe-Auguste avait enlevés à Jean sans Terre ; mais il fut battu par S. Louis à Taillebourg et à Saintes en 1242, et ne dut qu'aux scrupules du saint roi d'être rétabli dans une partie des possessions de sa famille. Il tenta vainement la conquête de la Sicile, que le pape lui avait donnée. L'énormité des impôts souleva contre Henri les barons d'Angleterre; il se vit contraint par Simon de Montfort à signer les Provisions d'Oxford (1258), mais il refusa bientôt de les observer; il fut battu et fait prisonnier à Lewes par Simon de Montfort, en 1264, et se vit contraint de confirmer la Grande charte, donnée par son père. Son fils Édouard releva ses affaires et vainquit les barons à Evesham en 1265. Depuis Henri III régna paisiblement. Il mourut en 1272.

HENRI IV, né en 1367, avait pour père le duc de Lancastre, 3e fils d’Édouard III. Persécuté et exilé par Richard II, il profite des haines que la tyrannie de ce prince avait soulevées pour le faire déposer (1399), et pour s'emparer de la couronne, qui, au défaut de Richard, revenait à Roger Mortimer, petit-fils du duc de Clarence, 2e fils d’Édouard III, et à Anne Mortimer, sa fille. Cette usurpation et le meurtre de Richard II excitèrent des révoltes qui furent réprimées par la sanglante bataille de Shrewsbury, en 1403, et suivies de cruelles vengeances. Henri IV, après avoir fait la guerre à l’Écosse et à la France, mourut détesté, en 1413.

HENRI V, né en 1388, était fils de Henri IV et lui succéda en 1413. Il signala le commencement de son règne par un changement heureux dans ses mœurs dissolues, et réprima les entreprises des partisans de Wiclef. Il profita des dissensions qui déchiraient la France, divisée entre les factions des Armagnacs et des Bourguignons, pour lui déclarer la guerre, et remporta en 1415 la victoire d'Azincourt, à la suite de laquelle il conclut une trêve de 2 ans, mais il recommença les hostilités en 1418, lorsqu'il se fut allié avec la reine de France, Isabeau de Bavière, et avec le duc de Bourgogne. Le traité de Troyes, signé en 1420, lui donna pour épouse Catherine, fille de Charles VI, avec le titre de régent du royaume de France, et le désigna pour héritier du trône au préjudice du Dauphin (Charles VII). 11 exerça en effet la régence, fit la guerre au Dauphin, le repoussa derrière la Loire et se rendit maître de presque toute la France; mais il mourut au milieu de ses succès, à 34 ans, au château de Vincennes, en 1422.

HENRI VI, fils de Henri V, n'avait que 8 mois à la mort de son père, 1422, et fut proclamé à la fois roi d'Angleterre et de France, sous la régence de ses oncles, le duc de Bedford pour la France, et le duc de Glocester pour l'Angleterre. Bedford remporta d'abord de grands succès contre Charles VII, et fit sacrer Henri roi de France à Notre-Dame, en 1431 ; mais, son frère Glocester s'étant brouillé avec le duc de Bourgogne, le plus puissant allié de l'Angleterre, le roi de France reprit bientôt l'offensive, et parvint en 1435 à chasser presque entièrement les Anglais. Une paix fut conclue, et, pour la cimenter, Henri VI épousa une princesse française, Marguerite d'Anjou (1445). Cette princesse énergique exerça toute l'autorité, son mari étant resté toute sa vie en tutelle, à cause des accès d'imbécillité auxquels il était sujet. Elle disgracia le duc de Glocester; mais elle eut bientôt à combattre Richard, duc d'York, issu par les femmes du 2e fils d’Édouard III, qui voulait gouverner au nom du roi, et le neveu de ce prince, le fameux comte de Warwick. C'est alors que commença entre les partisans d'York et ceux de Henri ou de Lancastre la célèbre lutte dite des Deux-Roses (V. ce mot). Henri VI fut battu par le duc d'York à St-Albans, et tomba entre ses mains (1455). Cependant il ressaisit le pouvoir à l'aide de sa femme après la victoire remportée par cette princesse à Wakefield (1460), et dans laquelle périt le duc d'York; mais, défait lui-même à Towton (1461), puis à Hexham (1464), il tomba encore une fois entre les mains de ses ennemis, à la tête desquels s'était mis le fils du duc d'York, Édouard (1464), et fut enfermé à la Tour de Londres. Cette fois Henri fut détrôné par son rival, qui régna sous le nom d’Édouard IV. En 1470, il est rétabli un instant par le caprice de Warwick; mais Édouard, rentré dans Londres, s'empare de sa personne, bat Warwick à Earnet, Marguerite à Tewkshury, et fait la reine prisonnière, ainsi que son fils, qui est aussitôt massacré (1471). Henri VI, jeté dans une prison, cessa de vivre peu de jours après : on soupçonna que sa mort était l'effet d'un crime.

HENRI VII, chef de la famille des Tudor, né en 1458, m. en 1509, descendait, par sa mère, du duc de Lancastre, 3e fils d’Édouard III (V. TUDOR), et portait d'abord le titre de comte de Richmond. Forcé de quitter l'Angleterre sous Édouard IV, chef de la maison d'York, il vint en 1485 revendiquer les droits de sa famille contre Richard III. Il termina heureusement la querelle des Deux-Roses par la victoire décisive de Bosworth où périt Richard III, et épousa Élisabeth, héritière de la maison d'York. Son règne fut troublé par 3 imposteurs. Lambert Simnel, Wilford, et Perkin Warbeck, qui se prétendaient les légitimes héritiers du trône. Henri triompha de tous les trois, et depuis lors il régna paisiblement. Il favorisa la marine et les voyages de recherche : c'est sous son règne que fut découvert le Canada (1498). Ce prince était fort avare : il amassa un immense trésor. Sa vie a été écrite par François Bacon. — Sa fille aînées Marguerite, épousa Jacques IV, roi d’Écosse, ce qui amena plus tard l'avénement des Stuarts.

HENRI VIII, né en 1491, fils de Henri VII, lui succéda en 1509. Il abandonna d'abord le soin des affaires à son ministre Wolsey, et ne s'occupa guère que de ses plaisirs. Wolsey l'engagea dans une lutte contre la France : il avait obtenu sur les Français quelques avantages, notamment à Guinegate (1513), quand il se vit rappelé dans son pays par une invasion du roi d’Écosse, Jacques IV ; mais déjà Jacques avait été vaincu et tué à la bataille de Flodden. L'année suivante, Henri se réconcilia avec Louis XII et lui donna sa sœur Marie en mariage. En 1520, il eut avec François I la célèbre entrevue du Camp du Drap d'Or, malgré laquelle Wolsey le fit entrer dans les intérêts de Charles-Quint. Cependant, agrès la bataille de Pavie, Henri, alarmé de la puissance de l'empereur, fit sa paix avec la France (1525). Ayant conçu une vive passion pour Anne Boleyn, femme d'honneur de la reine Catherine d'Aragon, il voulut divorcer et prétexta pour y réussir des scrupules hypocrites. Comme le pape refusait de prononcer le divorce, Henri, s'en prenant à Wolsey, son premier ministre, le disgracia; bientôt il rompit avec l’Église même, quoiqu'il se fût montré jusque là zélé catholique et qu'il eût lui-même écrit contre Luther; et, après s'être fait proclamer par le parlement protecteur et chef suprême de l’Église d'Angleterre, il épousa Boleyn (1531). Cinq ans après il la fit décapiter sous prétexte d'adultère. Depuis, il épousa successivement Jeanne Seymour, qui mourut en couches, Anne de Clèves, qu'il répudia pour sa laideur, Catherine Howard, qu'il mit à mort pour adultère, et enfin Catherine Parr, qui lui survécut. Tout en se séparant de l'autorité du St-Siége, Henri maintint les autres points du dogme catholique, qui ne fut attaqué que sous le règne suivant; il sévit alternativement contre le Catholicisme et contre la religion réformée : Fisher et Thomas Morus furent ses plus illustres victimes. Il s'enrichit en dépouillant les églises et les monastères. Depuis le schisme, Henri VIII fut presque toujours l'allié de François I; cependant il lui déclara la guerre en 1544 à l'instigation de Charles-Quint, et prit Boulogne, mais il ne tarda pas à rendre cette place et à conclure la paix. Henri mourut en 1547, laissant 3 enfants qui régnèrent après lui: Édouard VI, Marie et Élisabeth. Herbert, en Angleterre, et Audin, en France, ont écrit l’Histoire de Henri VIII.

IV. Rois de Castille et de Portugal.

HENRI I, roi de Castille, succéda en 1214 à son père, Alphonse IX, à 9 ans, et m. en 1217. Bérengère, sa sœur, et le comte de Lara régnaient en son nom.

HENRI II, comte de Transtamare, fils naturel d' Alphonse XI et d'Éléonore de Guzman, né en 1333, m. en 1379, eut de longs démêlés avec son frère Pierre le Cruel, et usurpa sur lui la couronne de Castille, après l'avoir battu à Montiel et tué dans une entrevue, 1369. Quoique parvenu au trône par le crime, il se montra sage et bienfaisant, et eut des succès contre les rois de Portugal, de Navarre et d'Aragon.

HENRI III, dit l’Infirme, fils de Jean I, roi de Castille, lui succéda en 1390, à 11 ans. Après avoir secoué la tyrannique tutelle de ses deux oncles, il les combattit, les vainquit et leur pardonna (1395). Dans le schisme qui divisait l’Église, il se déclara pour Boniface III, mais, ayant été excommunié par lui pour avoir voulu introduire quelques modifications dans la discipline de l'Église, il reconnut Benoît XIII, son rival. Il obtint de grands succès sur les Portugais et les corsaires africains, et prit Tétouan. Il mourut en 1406, laissant le trône à Jean II, son fils.

HENRI IV, dit l’Impuissant, fils de Jean II, roi de Castille, lui succéda en 1454, à l'âge de 30 ans. Il eut d'abord à soutenir une guerre contre l'Aragon, qui fut terminée par la médiation de la France (1461). Il eut longtemps à lutter contre ses propres sujets qui refusaient de reconnaître sa fille (Jeanne) pour héritière du trône, contestant la légitimité de sa naissance, et qui le contraignirent à désigner Isabelle, sa sœur. Il tourna ensuite ses armes contre les Maures sans obtenir d'autre succès que de reprendre Gibraltar. Il mourut en 1474, haï et méprisé à cause de ses infâmes débauches et de sa lâche complaisance pour les désordres de sa femme.

HENRI de Bourgogne, tige des rois de Portugal, était petit-fils de Robert I, duc de Bourgogne, et arrière petit-fils de Robert, roi de France. Il se mit au service des rois de Castille Ferdinand et Alphonse VI, obtint de grands succès sur les Maures, en fut récompensé par la main de la fille naturelle d'Alphonse, et reçut, avec le titre de comte souverain (1095), la cession du Portugal, qu'il avait conquis sur les Infidèles. Il gouverna ses États avec sagesse et y fit refleurir la religion. Il fut tué au siège d'Astorga, en combattant les Maures, 1112. Son fils, Alphonse I, prit le 1er le titre de roi de Portugal.

HENRI de Portugal, duc de Viseu, surnommé le Navigateur, né en l394, mort vers 1463, était le 4e fils de Jean I, roi de Portugal. Il fit une étude approfondie de la géographie et de l'art de la navigation, et signala plusieurs fois son courage sur mer, notamment dans les expéditions contre Ceuta et Tanger. Ce prince appela autour de lui les marins et les voyageurs les plus célèbres et fonda une école nautique à Sagres près du cap St-Vincent. Il dirigea lui-même diverses expéditions : la découverte de l'île de Porto-Santo (1418), celle de Madère (1419) et des Açores (1432), ainsi que plusieurs voyages au Sénégal et aux côtes de Guinée, furent dues à ses soins. On lui attribue l'astrolabe et les cartes plates.

HENRI (le cardinal), roi de Portugal, 3e fils du roi Emmanuel, était archevêque de Braga et d'Evora lorsque la mort de son neveu Sébastien, qui périt en Afrique l'appela au trône (1578). Il se montra faible, irrésolu, et mourut sans s'être choisi un successeur, en 1580. Philippe II, roi d'Espagne, s'empara du Portugal après sa mort.

V. Personnages divers.

HENRI de Champagne, roi de Jérusalem, né vers 1150, m. en 1197, eut une part glorieuse à la 3e croisade, se distingua surtout au siège de Ptolémaïs et fut élevé sur le trône du consentement des seigneurs croisés en 1192. Il avait épousé Isabelle, veuve de Conrad, marquis de Tyr.

HENRI de Hainaut, empereur latin de Constantinople, de la maison de Flandres, né en 1174, prit part à la 4e croisade. Son frère Baudouin étant tombé entre les mains des Bulgares en 1205, il fut nommé régent, puis empereur en 1206. Après quelques guerres heureuses contre les Bulgares et les empereurs grecs, il mourut empoisonné, en 1216, au moment où il marchait contre Michel, despote de Servie.

HENRI l'Hermite, hérésiarque du XIIe s., qu'on croit originaire d'Italie, vécut d'abord en anachorète. Il rejetait une grande partie des Écritures, ne voulait pas d'églises, ne donnait le baptême qu'aux adultes, niait la présence réelle et supprimait la messe, proscrivait les croix, le culte des morts, etc. Chassé du Mans par Hildebert, évêque de cette ville, il se rendit à Lausanne, puis partit de cette ville en 1116 pour parcourir le midi de la France avec Pierre de Bruys, et fit un si grand nombre de prosélytes que le pape Eugène III fut obligé d'envoyer un légat pour combattre ses erreurs (1147). Il trouva dans S. Bernard un adversaire redoutable. Il fut pris et enfermé à l'abbaye de Clairvaux, ou il mourut. Ses partisans sont connus sous les noms d’Henriciens et de Pétrobusiens. Ils se confondirent avec les Albigeois.

HENRI DE GAND, Henricus Gandavensis, théologien scolastique, surnommé Doctor solemnis à cause de l'autorité de ses doctrines, né en 1220, à Muda près de Gand, mort en 1295, enseigna longtemps à l'Université de Paris et devint archidiacre de Tournay. On a de lui : Quodlibeta theologica, Paris, 1518; Summa theologiæ, 1520; De scriptoribus ecclesiasticis, etc. Il était réaliste et associait les idées de Platon aux formes aristotéliques.

HENRI DE CONDÉ, DE GUISE, etc. V. CONDÉ, etc.

HENRI I, roi d'Haïti. V. CHRISTOPHE.

HENRI, écrivain anglais, etc. V. HENRY.

HENRICHEMONT, ch.-l. de cant. (Cher), à23kil. O. de Sancerre; 1401 hab. Cette ville donnait son nom à une petite principauté.

HENRICHEMONT (Principauté de), ou de Bois-Belle, petit État jadis indépendant, était enclavé dans le Ht-Berry et comptait env. 6000 h. Outre Henrichemont, on y trouvait Bois-Belle, Mennetou-Sallon, Quantilly. Sully acheta en 1597 cette pté à Charles de Gonzague, et fit bâtir près de Bois-Belle la petite ville d’Henrichemont, qu'il nomma ainsi en l'honneur d'Henri IV. La principauté fut réunie à la couronne en 1766.

HENRICIENS, hérétiques. V. HENRI l'Hermite.

HENRIETTE DE FRANCE, reine d'Angleterre, fille de Henri IV et de Marie de Médicis, née à Paris, en 1609, épousa en 1625, à Londres, le roi Charles I, qui venait de monter sur le trône d'Angleterre. Lorsque la guerre civile qui causa la perte de son époux commença à éclater, Henriette, qui professait la religion catholique, fut accusée d'aigrir le roi contre les Protestants, et en 1644, elle se vit forcée de fuir vers les côtes de France, poursuivie par le canon anglais. Cette malheureuse princesse, après la fin déplorable de son époux (1649), se retira dans le couvent de la Visitation, qu'elle fonda à Chaillot. En 1660, à l'avènement de son fils Charles II, elle revit en reine l'Angleterre; mais elle revint bientôt à Chaillot. Elle mourut en 1669, à Colombes, où elle passait l'été. Bossuet prononça son Oraison funèbre : c'est un de ses chefs-d'œuvre. Ch. Cotolendi a donné l’Histoire de cette princesse, avec un Journal de sa vie, Paris, 1690. Ses Lettres à Charles I ont été publiées à Londres en 1857.

HENRIETTE D'ANGLETERRE, duchesse d'Orléans, fille de la précéd. et de Charles I, née à Exeter en 1644, épousa en 1661 Philippe, duc d'Orléans, frère de Louis XIV. Belle et spirituelle, elle obtint un brillant succès à la cour de Louis XIV; négligée par son mari, elle ne sut pas se garantir des séductions. En 1670, elle fut chargée par Louis XIV d'une mission secrète auprès du roi d'Angleterre Charles II, son frère, dans le but de détacher ce prince de l'alliance des Hollandais : au bout de dix jours, elle était de retour après avoir obtenu un plein succès. Peu de jours après, le 29 juin, elle mourut presque subitement, après avoir bu un verre d'eau de chicorée : elle n'avait que 26 ans. On soupçonna qu'elle avait été empoisonnée, et l'opinion accusa le chevalier de Lorraine, qu'elle avait fait exiler; mais il n'y a pas de preuves positives. Bossuet prononça son Oraison funèbre : c'est, comme celle de sa mère, un des plus beaux morceaux de ce grand orateur. Mme de La Fayette a laissé une Hist. d'Henriette d'Angleterre.

HENRION DE PANSEY (P. P. Nic.), magistrat, né en 1742 à Treveray (Meuse), mort à Paris en 1829, s'était distingué avant la Révolution comme avocat. Sous le Directoire, il fut administrateur du dép. de la Marne, puis professeur de législation à l'école centrale de Chaumont; il devint membre de la Cour de cassation sous le Consulat. Napoléon l'appela au Conseil d'État. En 1814, il eut le portefeuille de la justice sous le gouvernement provisoire. En 1828, il succéda à Desèze comme président de la Cour de cassation, et remplit ces fonctions jusqu'à sa mort, conservant dans l'âge le plus avancé l'intégrité de ses facultés. On a de lui des traités estimés : De la compétence des juges de paix; De l'autorité judiciaire en France; De la police rurale et forestière; Des assemblées nationales en France, 1826; Du pouvoir municipal et de la police des communes.

HENRIOT ou HANRIOT (Franç.), commandant de la garde nationale parisienne de 1793 à 1794, né à Nanterre en 1761, de parents pauvres, avait rempli à Paris, avant la Révolution, divers emplois peu élevés. Dans la journée du 10 août, il se fit remarquer par son audace, et bientôt après, Robespierre le fit élire chef de la section des droits de l'homme. Dévoué à la Montagne, il investit la salle de la Convention au 31 mai et força les représentants à prononcer la proscription des Girondins; il reçut en récompense le commandement de la garde nationale. Au 9 thermidor, au moment de secourir le parti de Robespierre, il se déconcerta et se réfugia à l'Hôtel de ville, où un des présidents du tribunal révolutionnaire, indigné de sa lâcheté, le jeta par une fenêtre. Il fut traîné le lendemain à l'échafaud.

HENRIQUEZ (Henri), jésuite portugais, un des premiers compagnons de S. Ignace, né vers 1520, mort en 1600, fut missionnaire aux Indes. Il acquit la connaissance des langues des différentes contrées où il prêcha, et publia des Grammaires et des Vocabulaires de ces langues, fla aussi écrit : une Vie de la Ste Vierge, des Vies de Saints et un traité Contra fabulas Ethnicorum.

HENRIQUEZ (Jeanne). V. JEANNE HENRIQUEZ.

HENRY (Robert), historien écossais, né en 1708 dans le comté de Stirling, mort en 1790, fut ministre de l’Église presbytérienne d’Écosse. On a de lui une Histoire d'Angleterre, publiée de 1771 à 1793, 6 v. in-4, qui se termine à la mort de Henri VIII. Cet ouvrage traite en autant de sections distinctes de l'histoire civile, de la religion, des institutions, du commerce, des arts, des mœurs, etc. Il a été trad. par Boulard et Cantwell, Paris, 1789-96, 6 vol. in-4.

HENRY (Patrick), un des fondateurs dé l'indépendance des États-Unis, né en 1736, m; en 1799, exerça d'abord la profession d'avocat, fut élu membre de l'assemblée de Virginie en 1765, député au congrès, 1774, gouverneur de la Virginie, 1776, et fut plusieurs fois rappelé à ce poste : il fit prendre par l’État de Virginie des mesures vigoureuses contre l'Angleterre, surtout contre l'impôt du timbre, mesures qui furent bientôt adoptées par tous les autres États. P. Henry est peut-être l'orateur le plus éloquent qu'ait possédé l'Amérique.

HENRY (P. Franç.), littérateur français, né à Nancy en 1759, m. à Paris en 1833, est auteur d'une Histoire du Directoire, 1801 ; d'une Hist. de Napoléon-Bonaparte, 1826; et a trad. de l'anglais les Œuvres politiques de J. Harrington, 1789, les Voyages de Parkinson (1797), de Stedman et Thomson, de Percival, de Bruce (1795), de Vancouver (1802), la Vie de Washington de Marshall (1807), etc.

HENRY (Noël Ét.), pharmacien, né à Beauvais en 1767, m. en 1832, fut 35 ans chef de la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, professa la chimie à cet établissement et à l'École de pharmacie, fut un des principaux rédacteurs du Codex et un des premiers membres de l'Académie de médecine. On lui doit l'analyse d'un grand-nombre de substances (rhubarbe, gentiane, écorce de Winter, cannelle, vétiver), des mémoires sur les iodures, la strychnine, etc.; un Manuel d'Analyse des eaux minérales, 1825, et la Pharmacie raisonnée (avec Guibourt), 1828.

HÉPHESTION, favori d'Alexandre le Grand, fut le compagnon de ses travaux et de ses plaisirs. Il épousa une des filles de Darius. Il mourut à Ecbatane l'an 324 av. J.-C. : Alexandre fut si touché de cette perte qu'il en pensa mourir de douleur, et qu'il fit crucifier le médecin qui l'avait soigné. Il lui fit des funérailles magnifiques et voulut le faire adorer comme un demi-dieu.

HÉPHESTION, grammairien grec d'Alexandrie, vivait sous Vespasien. On a de lui un Enchiridion de metris et poemate, publié, avec trad. latine, par J. Corn de Pauw, Utrecht, 1727, et par Gaisford, Oxford, 1810, 1823 et 1855.

HÉPHESTIOS, nom grec de Vulcain.

HEPTANOMIDE, Heptanomis, dite aussi Moyenne-Égypte, auj. prov. d’Ouestanieh ou de Vostoum, l'une des 3 grandes régions de l’Égypte ancienne, était située au centre, et avait pour capitale Memphis. Elle comprenait sept nomes : d'où son nom.

HEPTARCHIE (c.-à-d. sept royaumes), nom par lequel on désigne les sept royaumes crées successivement du Ve au VIe siècle par les Angles et les Saxons dans la Grande-Bretagne. Ces royaumes sont ceux de Kent, fondé par Hengist vers 455, de Sussex, par Ælla en 491, de Wessex, par Gerdic en 516, d’Essex en 526, de Northumberland en 547 (celui-ci forma primitivement, v. 540, 2 roy. distincts, ceux de Déirie au S. et de Bernicie au N.), d’Est-Anglie en 571, et de Mercie en 584. Ils comprenaient toute l'Angleterre, moins le pays de Galles, et de plus la partie méridionale de l’Écosse. Après s'être longtemps combattus, ces petits États furent réunis de 800 à 827 sous la domination d'un seul maître, Egbert, roi de Sussex, qui prit le nom de roi d'Angleterre.

HÉRACLÉE, Heraclæa (d’Héraclès, nom grec d'Hercule), nom commun à un grand nombre de villes anciennes, qu'on supposait fondées par Hercule, et parmi lesquelles on distingue : 1° Heraclæa Thraciæ ou Perinthus, auj. Erekli (V. PÉRINTHE); 2° Heraclæa Pontica ou Eribolum, auj. Erekli, en Bithynie, sur le Pont-Euxin, colonie milésienne, qui fut très-florissante, et qui elle-même fonda beaucoup d'autres colonies ; — 3° Heraclæa Lucaniæ, auj. Policoro, en Italie, sur la côte de la mer Ionienne, près de Métaponte, à l'emb. de l'Aciris; c'était une colonie de Tarente et la patrie de Zeuxis. Pyrrhus y battit les Romains l'an 280 av. J.-C.; ceux-ci la soumirent en même temps que Tarente, 273. On y a trouvé en l732 des tables d'airain avec inscriptions grecques, antérieures à l'ère chrétienne (publ. et commentées en 1754 par Mazzocchi); — 4° Heraclæa Minoa, sur la côte mérid. de la Sicile à l'O. et près d'Agrigente, colonie crétoise, très-grande et très-riche pendant un temps, mais ruinée par les Carthaginois; — 5° Heraclæa Caccabaria, auj. Saint-Tropez, v. de la Narbonnaise 2e, au S. de Forum Julii et sur la mer.

HÉRACLÉONAS, fils d'Héraclius et de l'impératrice Martine, monta sur le trône en 641 conjointement avec son frère consanguin Héraclius-Constantin, n'étant âgé que de 15 ans. La mort de son frère, qui périt empoisonné (V. HÉRACLIUS), le rendit seul maître de l'empire. Son gouvernement, odieux au peuple, dura seulement quelques mois : il fut déposé, eut le nez coupé, et fut envoyé en exil, où il mourut.

HÉRACLÉOPOLIS, v. d’Égypte, qu'on supposait fondée par Hercule, à l'O. du Nil, sur le canal de Joseph, était ch.-l. de nome dans l'Heptanomide. On y rendait un culte à l'ichneumon. On l'appelait magna, pour la distinguer d'une ville plus petite, H. parva, dans la Basse-Égypte, entre Tanis et Péluse.

HÉRACLIDE de Pont, Ponticus Heraclides, philosophe grec, d'Héraclée dans le Pont, vivait dans le IVe s. av. J.-C. Il vint se fixer à Athènes et y fut successivement disciple de Platon, de Speusippe et d'Aristote. Il avait composé plusieurs ouvrages sur la philosophie, la physique et la grammaire. Tous ces ouvrages sont perdus : il reste seulement quelques extraits de son Traité des constitutions des États, publiés par Kœler, Halle, 1804, par Coray, Paris, 1805; et dans les Historic. græc. fragmenta de la collection Didot. En astronomie, il plaçait la terre au centre du monde et admettait sa rotation. — Nous avons sous le nom d'Héraclide deux écrits qui paraissent être l'ouvrage d'un auteur alexandrin, d'une époque incertaine : les Allégories d'Homère, publ. dans les Mythologica opuscula de Th. Gale, et séparément, par Schow (Gœt., 1782, et par Mehler, Leyde, 1851, et les Choses incroyables (Leips., 1843).

HÉRACLIDES. On appelle ainsi les fils, petit-fils et autres descendants d'Hercule (appelé en grec Héraclès). Après la mort de ce héros (vers 1307 av. J.-C.), Hyllus son fils et son héritier direct et les autres Héraclides avaient été chassés de Tirynthe et du Péloponèse par Eurysthée. Ils se retirèrent d'abord dans la Trachinie, puis en Attique, d'où, avec le secours de Thésée, ils essayèrent de rentrer dans le Péloponèse. Vaincus dans deux expéditions, et repoussés par un oracle, ils renoncèrent à leurs tentatives après la mort d'Hyllus, et se retirèrent chez les Doriens en s'engageant à ne point inquiéter le Péloponèse pendant 100 ans. Infidèles à cet engagement, les Héraclides, aidés des Doriens et sous la conduite de Cléodée et d'Aristomaque, tentèrent deux nouvelles invasions, qui n'eurent aucun résultat. Enfin, dans une 5e expédition, ils réussirent à rentrer dans le Péloponèse, et en firent la conquête. Ils avaient à leur tête Aristodème, dont les deux fils, Eurysthène et Proclès, régnèrent conjointement à Lacédémone; Témène, qui s'empara d'Argos, et Cresphonte, auquel échut la Messénie. Cet événement eut lieu 80 ans après la prise de Troie (1190 ou, selon une autre chronologie, 1104 ans av. J.-C.). D'autres Héraclides régnèrent à Corinthe, en Lydie et en Macédoine : les premiers étaient issus d'Alétas, petit-fils d'Hercule, les seconds d'Alcée, fils d'Hercule et d'Omphale ou de Malis ; les troisièmes de Caranus.

HÉRACLITE, d'Éphèse, philosophe grec de l'école d'Ionie, florissait vers 500 av. J.-C. Il occupa une haute magistrature dans sa patrie; mais, ayant été victime d'une injustice, il renonça aux affaires et se retira loin de la société des hommes sur une montagne solitaire, où il vivait d'herbes et de racines. Accablé d’infirmités précoces, il se laissa mourir de faim, à l'âge de 60 ans. Héraclite était d'une humeur chagrine et misanthropique, ce qui a fait dire qu'il pleurait toujours; on l'oppose vulgairement à Démocrite, qui riait sans cesse. Il avait composé un Traité de la Nature (en prose), et d'autres écrits, tous remarquables par leur profondeur, mais aussi par leur obscurité, ce qui lui a fait donner le surnom de Ténébreux. Héraclite admettait pour principe unique le feu, mais un feu pur et subtil, bien différent de celui que nous voyons; l'univers est, selon lui, le produit de deux tendances opposées, l’harmonie ou la concorde et la discorde. Il disait que toutes choses sont dans un écoulement perpétuel, que tout devient, que rien ne demeure, que les parties de l'univers sont sans cesse rapprochées par la concorde et séparées par la discorde; que le monde doit périr par un embrasement général. Il reconnaissait une raison universelle que tous les hommes reçoivent par une sorte d'aspiration. Il ne reste d’Héraclite que quelques fragments, qui ont été réunis par H. Étienne dans sa Poesis philosophica, 1573, par Schleiermacher, dans la Science des anciens, 1808 ; dans les Philosophorum fragmenta de la Collection Didot, et qui ont été édités séparément par Hubmann, Leips., 1852.

HÉRACLIUS, empereur d'Orient, fils d'un exarque d'Afrique, renversa le tyran Phocas en 610, et se fit couronnera sa place, à l'âge de 35 ans. De 610 à 622, son règne ne fut marqué que par des désastres ; l'empire, envahi en Europe par les Avares, en Asie-Mineure et en Égypte par les Perses, fut réduit aux murs de Constantinople. Mais de 622 à 629, ce fut une époque de gloire; il remporta plusieurs victoires sur Chosroès II, roi des Perses, et reconquit l'Asie-Mineure jusqu'au Tigre, tandis que le patrice Bonose repoussait les Barbares loin de Constantinople. Mais ensuite commença une nouvelle période de revers et de honte, de 632 à 641 : Héraclius ne s'occupait plus que de controverses théologiques; il publia en faveur des Monothélites un fameux édit appelé l’Ecthèse : pendant ce temps les lieutenants du calife prenaient Damas (632), Jérusalem (637), et enlevaient à l'empire grec la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Héraclius mourut en 641, laissant deux fils, Héraclius-Constantin et Héracléonas. C'est ce prince qui recouvra la vraie croix : il la reçut des mains de Siroès, roi de Perse.

HÉRACLIUS II CONSTANTIN, fils d'Héraclius et de Flavia Eudoxia, né en 612, succéda à son père en 641, et ne régna que quelques mois. Il partagea le trône avec Héracléonas son frère consanguin, fils de l'impératrice Martine. Ayant appris que son père avait déposé un trésor considérable chez Pyrrhus, patriarche de Constantinople, et que ce trésor devait être remis à l'impératrice Martine dans le cas de quelque disgrâce, il le fit enlever. Martine se vengea en l'empoisonnant.

HÉRACLIUS, roi de Géorgie, 1760-1798. V. GÉORGIE.

HÉRAT, l'anc. Aria, v. de l'Afghanistan, capit. du Khoraçan orient. et de l’État de Hérat, à 640 k. N. O. de Kaboul, par 34° 55' lat. N. et 58° 16' long E. On porte sa population à 100 000 hab. Elle est fortifiée, renferme un grand nombre de bazars, de mosquées, de caravansérails et de bains. Fabriques d'étoffes de coton et de soie, châles, tapis, essences de rose, etc.; commerce considérable. — Cette ville existait, dit-on, dès le temps d'Alexandre. Elle a été ravagée par les divers conquérants qui se sont disputé la domination de l'Asie. Elle fut prise par les Gourides, qui y firent leur résidence de 1150 à 1220, par Gengis-khan, puis par Tamerlan, qui en fit le siége de son empire; les Sophis la réunirent ensuite à la Perse; mais les Afghans la leur enlevèrent en 1715. Nadir-chah la reprit en 1731 pour les Perses et Ahmed-chah en 1749 pour les Afghans. Depuis ce temps elle forme un État indépendant. La Perse a longtemps maintenu ses prétentions sur Hérat et a tenté plusieurs fois de s'en emparer : elle y avait enfin réussi en 1856; mais, en 1857, les Anglais la forcèrent à renoncer à cette conquête.

HÉRAULD (Didier), Heraldus, avocat au parlement de Paris et philologue, né vers 1579, mort en 1649, avait été d'abord professeur au collége de Sedan. Il eut avec Saumaise des démêlés qui firent beaucoup de bruit. On a de lui divers ouvrages de droit, des Notes estimées sur Tertullien, Minulius Félix, Arnobe, Martial; et des Mélanges (Adversaria), où il combat Saumaise, Paris, 1699.

HÉRAULT, Arauris, riv. de France, naît dans les Cévennes (dép. du Gard), arrose Ganges, St-Guilhem, Pézenas, Bessan, et se jette dans la Méditerranée, au port d'Agde, après 130 kil. de cours.

HÉRAULT (dép. de l'), borné au N. par les dép. du Gard et de l'Aveyron; à l'E. par celui du Gard; au S. par celui de l'Aude et la Méditerranée ; à l'O. par ceux du Tarn et de l'Aude; 6239 kil. carrés; 409 391 hab. ; ch.-l., Montpellier. Il a été formé aux dépens du Bas-Languedoc. Ce dép. est arrosé par l'Hérault, le Lez et l'Orbe; il est traversé par les canaux du Midi, de Lunel, de Graves, de La Peyrade, de Montpellier, de Beaucaire. Le sol est gras et riche; il produit peu de blé, mais donne beaucoup de fleurs et de fruits; campagnes couvertes, d'oliviers et de mûriers, jardins remplis d'orangers, citronniers, grenadiers; prés toujours verts, prairies artificielles, vins excellents (Lunel, Frontignan, St-Christophe, St-George et autres); melons, plantes médicinales, tinctoriales; moutons nombreux et estimés, vers à soie, grande pêche de la sardine près de Cette : 70 396 hectares de forêts (chênes et pins). Houille, granit, marbre, albâtre, plâtre, eaux minérales, marais salans, sources minérales (Balaruc, La Malou). Draps communs; bonneterie en soie, laine et coton dite de poil d'Inde; fabriques de merrain, papier, huile de ricin, acier, verdet, acides minéraux; eaux-de-vie et trois-six, confitures, raisins secs, olives confites, bois de construction. Grand commerce maritime. — Ce dép. a 4 arr. (Béziers, Lodève, Montpellier, St-Pons), 36 cantons et 328 communes; il possède un évêché et une cour impériale qui ont leur siège à Montpellier.

HÉRAULT DE SÉCHELLES (Marie Jean), conventionnel, né à Paris en 1760, d'une famille noble, était déjà connu comme avocat et littérateur lorsque la Révolution éclata. Il en embrassa les principes avec chaleur, fut député à l'Assemblée législative, puis à la Convention, présida plusieurs fois cette seconde assemblée, notamment au 2 juin, lors de la proscription des Girondins, et rédigea en grande partie la constitution de 1793, établie après cet événement. Il fit aussi partie du comité de Salut public, mais il s'y montra fort réservé : aussi fut-il accusé de reculer : il fut en conséquence arrêté quelques jours avant Danton, son ami, et Camille Desmoulins, et monta avec eux sur l'échafaud, 5 avril 1794. Hérault de Séchelles a laissé quelques écrits : Éloge de Suger, 1779; Visite à Buffon, 1785, réimprimé en 1802 sous le titre de Voyage à Montbard; Rapport sur la constitution de 1793; Théorie de l'ambition, posthume (publ. en 1802 par Salgues).

HÉRAUT, HÉRAUT D'ARMES. V. ces mots au Dict. univ. des Sciences.

HERBART (J. Fréd.), philosophe, né en 1776 à Oldenbourg, mort en 1841, puisa le goût de la philosophie dans les leçons de Fichte, fut précepteur à Berne, puis professeur de philosophie à Kœnigsberg et à Gœttingue. Ses principaux ouvrages sont : Pédagogique, 1806; Philosophie pratique, 1808; Psychologie fondée sur l’expérience, 1824; Métaphysique générale, avec des Éléments de la philosophie de la nature, 1828; Encyclopédie de la philosophie, 1831; Examen du droit naturel et de la morale, 1836 ; Recherches psychologiques, 1839-40. Sa philosophie est une protestation du bon sens contre l'idéalisme qui avait envahi l'Allemagne. D'accord avec Kant pour placer dans l'expérience la source de toute connaissance, il se sépare de lui en rejetant comme impossible la critique de la raison; il veut que l'examen porte, non sur les facultés, mais sur les notions données. Du reste, il ne tarde pas à s'égarer lui-même quand il prétend, dans sa philosophie de la nature, expliquer la chaleur, la lumière, l'électricité, le magnétisme, la vie. Hartenstein a publié ses Œuvres posthumes, avec sa Biographie, Leipsick, 1842-43.

HERBAULT, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), à 14 kil. O. de Blois; 720 hab.

HERBELOT (Barthélemy d'), orientaliste, né à Paris en 1625, mort en 1695, possédait l’arabe, l'hébreu, le syriaque, le persan, parcourut l'Italie pour y rechercher les manuscrits, résida longtemps à Florence auprès du grand-duc, fut à son retour en France nommé interprète pour les langues orientales, puis professeur de syriaque au Collége de France. On a de lui : Bibliothèque orientale ou Dictionnaire universel, contenant tout ce qui concerne les peuples de l'Orient, Paris, 1697, in-fol., et La Haye, 1777-1782, 4 vol. in-4, ouvrage qui atteste une érudition immense, mais qu'on accuse de manquer de critique. L'auteur ne put le faire imprimer lui-même; il fut publié par Galland.

HERBERAY DES ESSARTS (Nic. d'), écrivain du XVIe siècle, d'une famille noble de Picardie, mort vers 1552, était commissaire d'artillerie. Il a traduit de l’espagnol les 8 premiers livres de l’Amadis des Gaules, 1540-48; le Ier livre de la Chronique de Florès de Grèce, 1552; l’Horloge des princes, de Guevara, 1555, et du grec l’Histoire des Juifs de Flavius Josèphe, 1557.

HERBERSTEIN (Sigismond, baron d'), historien, né dans la Styrie, en 1486, mort en 1566, remplit diverses missions diplomatiques pour l'Autriche en Russie, en Danemark, à Constantinople, en Espagne, et rédigea une histoire de Russie fort estimée : Rerum Moscoviticarum, commentarii, Vienne, 1549.

HERBERSTEIN (Ch., comte de), évêque de Laybach, né en 1722 dans la Carniole, mort en 1787, concourut à introduire en Allemagne les réformes ecclésiastiques qui ont signalé le règne de Joseph II; mais encourut les réprimandes de la cour de Rome pour s'être montré plus dévoué aux volontés de l'empereur qu'aux règles de l'Église.

HERBERT, comte de Vermandois. V. VERMANDOIS.

HERBERT, trouvère du XIIIe siècle, n'est connu que comme auteur du Dolopathos, poëme français de 13 000 vers, composé pour l'instruction et l'amusement de Louis, fils de Philippe-Auguste : c'est un recueil de nouvelles dont la 1re idée paraît remonter jusqu'à la littérature indienne. Il a été publié à Paris en 1856, par Ch. Brunet et A. de Montaiglon.

HERBERT DE CHERBURY (lord Édouard), homme d'État et philosophe, né en 1581 à Montgomery (Galles), mort en 1648, eut dans sa jeunesse une grande réputation de bravoure et de galanterie à la cour d'Angleterre et à celle de France. Après avoir servi avec distinction sous le prince d'Orange, il fut nommé par Jacques I ambassadeur auprès de Louis XIII. Ayant intercédé en faveur des Protestants de France, il eut à ce sujet de vifs démêlés avec le connétable de Luynes et quitta son poste. A son retour, il fut créé pair d'Irlande, puis d'Angleterre, Herbert de Cherbury fut un des premiers à professer le déisme. Il a consigné ses opinions sur ce sujet dans les ouvrages intitulés : De veritate prout distinguitur a revelatione, De religione laici, Paris, 1624, Londres, 1645. On a aussi de lui une Histoire de Henri VIII, en anglais, ouvrage très-estimé; et sa Vie, écrite par lui-même, publiée en 1730 par Horace Walpole.

HERBIERS (LES), ch.-l. de c. (Vendée), à 40 kil. N. E. de Bourbon-Vendée; 1600 hab.

HERBIGNAC, ch.-l. de c. (Loire-Inférieure), à 35 kil. N. O. de Savenay; 600 hab.

HERBIPOLIS, non latinisé de WURTZBOURG.

HERBLAY, vge de Seine-et-Oise, à 30 k. N. E. de Versailles; 1600 hab. Station du chemin de fer du Nord. Château. Pierre à bâtir et pierre a plâtre.

HERBST, imprimeur. V. OPORIN.

HERBST (J. Fréd. Guill.), naturaliste, né en 1743 à Petershagen (principauté de Minden), mort en 1807, fut d'abord instituteur à Berlin, reçut ensuite les ordres, fut aumônier d'un régiment prussien, se distingua comme prédicateur, cultiva en même temps les sciences, et devint membre de plusieurs sociétés savantes. Outre des recueils de Sermons, il a laissé : Histoire naturelle des écrevisses et des crabes, Zurich et Berlin, 1782-84, 3 vol. in-4; Introduction à la connaissance des insectes, 1784-87, 3 vol. in-fol.; Introduction à la connaissance des vers, 1787-89, 2 vol. in-8; Système naturel de tous les insectes connus, 1783-1804,11 vol. in-8.

HERCULANUM, Heraclæa, auj. Portici et Résina, v. de Campanie, au pied du Vésuve, sur la côte, entre Neapolis (Naples) et Pompeii, fut renversée en partie, puis ensevelie sous la lave, l'an 79 de J.-C., par une éruption du volcan. Un hasard fit découvrir son emplacement en 1711 : des fouilles habilement dirigées ont fait retrouver une partie de la ville. On en a tiré nombre d'antiquités précieuses, recueillies au musée Bourbon de Naples. Herculanum était une ville fort belle, bien percée, à rues droites, riche en monuments et en belles maisons. Les principaux édifices qu'on a déblayés jusqu'ici sont un théâtre, pouvant contenir 8000 spectateurs, une basilique, avec un portique de 12 colonnes, la maison d'Argus, la villa dite des Papyrus. On y a trouvé fort peu d'argent et fort peu de cadavres, preuve que les habitants avaient eu presque tous le temps de s'enfuir. Un musée a été formé à Naples pour recueillir les objets d'antiquité trouvés dans les fouilles. On peut consulter sur les ruines d'Herculanum l'ouvrage publié par l'Académie de Naples sous le titre : Antichità di Ercolano, 9 vol. in-fol., Naples, 1757-92, et celui de Guill. Zahn, plus récent et plus complet (1828-44).

HERCULE, le plus célèbre des héros de l'antiquité, était, selon la Fable, fils de Jupiter et d'Alcmène, femme d'Amphitryon, roi de Tirynthe, et petit-fils d'Alcée (fils lui-même de Persée), ce qui le fait appeler Alcide. Il naquit à Thèbes. Il avait été conçu en même temps qu'Eurysthée, son cousin. Junon, qui le haïssait à cause de l'infidélité dont il était le fruit, avait fait jurer à Jupiter que celui des deux enfants qui naîtrait le premier aurait la supériorité sur l'autre, puis elle avait avancé la naissance d'Eurysthée, afin de lui assurer la supériorité. Dès qu'Hercule fut né, elle envoya deux serpents pour le dévorer ; mais l'enfant les étouffa de ses mains. Hercule devint en peu de temps d'une taille et d'une force extraordinaires, et se distingua par une foule d'exploits. Obligé par le destin d'obéir à Eurysthée, devenu roi de Mycènes, il entreprit par les ordres de ce prince ces travaux périlleux qui sont connus sous le nom des Douze travaux d'Hercule : il étouffa le lion de Némée, tua le sanglier d'Érymanthe et l'hydre de Lerne, perça de ses flèches les oiseaux du lac Stymphale, dompta le taureau de Crète, tua Diomède, roi de Thrace, qui nourrissait ses chevaux de chair humaine, enleva les bœufs de Géryon et les pommes d'or des Hespérides, atteignit la biche aux pieds d'airain, nettoya les étables d'Augias, défit les Amazones et fit prisonnière leur reine Hippolyte; tira Thésée des enfers et traîna Cerbère à la lumière du jour. Outre ces douze travaux, il exécuta une foule d'autres exploits : il lutta contre le géant Antée en Égypte, contre le brigand Cacus en Italie, contre les Centaures en Thessalie, et rendit Alceste à la lumière ; il sépara les montagnes de Calpé et d'Abyla, qui auparavant étaient réunies et qui formèrent depuis ce qu'on a nommé les Colonnes d'Hercule, tua le centaure Nessus, qui voulait enlever Déjanire, sa femme, délia Prométhée enchaîné sur le Caucase, délivra d'un monstre marin Hésione, fille de Laomédon, tua ce même Laomédon et prit Troie pour punir ce roi parjure de lui avoir refusé la récompense promise ; il s'empara de Pylos, d'Œchalie, etc. Ayant emmené d'Œchalie Iole, fille d'Euryte, il se disposait à épouser cette princesse, quand Déjanire, sa 1re femme, se voyant délaissée, lui envoya une tunique teinte du sang empoisonné du centaure Nessus, croyant ce présent propre à le ramener à elle. Mais Hercule ne se fut pas plus tôt revêtu de cette robe qu'elle se colla sur sa peau et le déchira cruellement : ne pouvant supporter ses souffrances, il éleva un immense bûcher sur le mont Œta, et s'y brûla. Philoctète, son ami, reçut son arc et ses flèches et recueillit ses cendres. Jupiter plaça le héros au ciel et lui donna Hébé pour épouse. Hercule eut plusieurs femmes, dont les plus connues sont Mégare, qu'il tua dans un accès de fureur, et Déjanire, dont il eut Hyllus. Il aima Omphale, reine de Lydie, et fila à ses pieds pour obtenir ses faveurs. Hercule avait été exclu de ses États héréditaires par Eurysthée : après sa mort, les Héraclides, ses descendants, firent de nombreux efforts pour les reconquérir, mais ils ne parvinrent à y rentrer qu'en 1190 av. J.-C. (V. HÉRACLIDES). — Le grand nombre des exploits qu'on attribue à Hercule fait croire qu'il a existé plusieurs personnages de ce nom. Varron en compte jusqu'à 43. Diodore en reconnaît 3 ; Cicéron en distingue 6, dont 3 grecs, un 4e Égyptien, fils du Nil, un 5e Crétois, et un Indien, appelé aussi Bélus. Les Grecs ont cru retrouver leur Hercule dans tous les pays qu'ils ont parcourus : ils l'ont vu sous les traits du Bel ou Baal de Syrie, du Melkart de Tyr, du Djom égyptien, du Rama hindou, de l'Ogmios gaulois. Quoi qu'il en soit, on doit au moins distinguer : 1° un Hercule-dieu, dont le culte serait originaire d'Orient et qui ne serait que la personnification du peuple phénicien et de ses migrations; 2° un Hercule-roi, issu de la famille de Persée et tige des Héraclides, auquel on a prêté tous les exploits merveilleux et allégoriques de l'Hercule-dieu. On place celui-ci au XIIIe ou au XIVe s. av. J.-C. (on le fait naître vers 1330 ou en 1262). Quelques savants ne voient dans Hercule qu'un personnage allégorique, et le confondent avec le soleil : ses douze travaux représenteraient les douze mois ou les douze signes du Zodiaque. Le plus souvent on fait d'Hercule le type de la force et du courage. Une ingénieuse allégorie, attribuée à Prodicus, le représente hésitant, au début de la vie, entre la Vertu et le Vice, Minerve et Vénus, et se décidant pour la Vertu. La plus belle représentation que l'antiquité nous ait laissée d'Hercule est l’Hercule Farnèse, œuvre de Glycon, actuellement à Naples : le héros est appuyé sur sa massue, et tient à la main les pommes d'or du jardin des Hespérides.

HERCULE (Maximien), empereur. V. MAXIMIEN.

HERCULE D'ESTE. V. ESTE.

HERCULE (Les Colonnes d'). Les anciens nommaient ainsi les deux monts Abyla et Calpé (le 1er en Afrique et le 2e en Espagne), qui jadis, dit-on, ne formaient qu'une seule montagne et qu'Hercule sépara pour faire communiquer la Méditerranée avec l'Océan. C'était, selon la Fable, le point où le héros s'était arrêté dans ses voyages. On croit que les véritables colonnes d'Hercule ne sont que les deux colonnes du temple de Melkart à Gadès, colonnes qu'on retrouve dans tous les temples phéniciens.

HERCULIS PORTUS, nom commun à plusieurs ports dont la fondation était attribuée à Hercule. Les principaux sont : 1° Herculis Cosani portus, auj. Porto-Ercole, petite ville de l’Étrurie mérid., près de Cosa, à laquelle elle servait de port; 2° Herculis Liburni portus, lieu de l’Étrurie septent., au S. de l'emb. de l'Arnus, et sur l'emplacement où est auj. Livourne; 3° Herculis Monoeci portus, auj. Monaco, ville de Ligurie, auprès de Nicæa (Nice).

HERCYNIENNE (forêt), Hercynia Silva, immense forêt qui couvrait presque toute la Germanie, s'étendait du Rhin à l'Erzgebirge (Hercynii Montes) et au Bœhmerwald (Gabreta mons). La Forêt-Noire, ainsi que les bois qui couvrent les montagnes du Hartz et de l'Erzgebirge, n'en sont que des restes. Harz, Erz sont probablement les radicaux du mot Hercynia.

HERDER (J. GOTTFRIED), écrivain, né en 1744 à Mohrungen (Prusse orient.), d'une famille pauvre, mort en 1803, était fils d'un simple maître d'école, et s'éleva par ses seuls efforts. Il embrassa l'état ecclésiastique, fut successivement prédicateur à Riga, à Schaumbourg-Lippe, à Weimar, et devint président du consistoire de cette dernière ville. Il s'exerça dans les genres les plus divers et laissa une foule d'écrits qui se rattachent soit à la religion et à la théologie, soit à la philosophie, soit à l'histoire, à l'archéologie, à la littérature et aux arts, et dont le recueil, publié après sa mort par Ch. G. Heyne et Müller, ne forme pas moins de 45 vol. in-8, Tubingue, 1805-10. Le plus célèbre est intitulé : Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité (trad. par Quinet, 1827) : il y montre la marche progressive de l'humanité et tâche de dévoiler les desseins de la Providence sur l'homme. On remarque en outre son Hist. de la poésie des Hébreux (trad. par Mme Carlowitz, 1850), ses Dissertations sur la langue allemande; — Sur les rapports de la poésie allemande avec celle des Orientaux; — Sur la théorie du beau dans les arts; — Sur les causes de la décadence du goût; et des Sermons, pleins d'onction, qui l'ont fait appeler le Fénelon de l'Allemagne. En philosophie, il combattit Kant et tenta de réhabiliter Spinosa, mais avec peu de succès. Herder est surtout un écrivain éloquent, d'une imagination riche et féconde, d'un esprit plus étendu que profond, animé de pensées nobles et généreuses, mais peu rigoureux et souvent superficiel.

HERDONÉE, Herdonea, auj. Ardona, anc. v. de l'Apulie, au centre, près du Cerbalus (auj. Cervaro). Annibal y remporta une vict. en 212 av. J.-C. sur Fulvius Flaccus, et en 210 sur Centumalus.

HERDONIUS (Appius), citoyen romain, Sabin de naissance, voulut usurper le souverain pouvoir : il réussit à s'emparer du Capitole avec une troupe d'exilés ou d'esclaves ; mais il y fut assiégé et périt dans le combat, 460 ans av. J.-C. On soupçonna Céson, fils de Cincinnatus, d'être son complice.

HÉRÉENS (monts), Heræimonte, auj. monts Sori, chaîne de mont. de Sicile, au N. E., liait les monts Nébrodes aux monts Péloriens.

HEREFORD, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté d'Hereford, sur la Wye, à 216 kil. N. O. de Londres; 10 000 hab. Évêché anglican. Cathédrale, palais épiscopal, bibliothèque, etc. Place forte au temps des Saxons. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre des Deux-Roses et sous Charles I. Patrie de Garrick. — Le comté, situé au S. O. de l'Angleterre, entre ceux de Salop, Glocester, Monmouth, Worcester, Brecknock, Radnor, a 60 kil. sur 53, et 115 000 hab. Aspects charmants, sol fertile, forêts, culture parfaite, bestiaux et moutons recherchés. Ce comté faisait partie, sous les Romains, du pays des Silures, et sous les Saxons du roy. de Mercie.

HEREFORD (comtes d'). V. DEVEREUX.

HERENNIUS (PONTIUS), général samnite, attira 2 armées romaines dans le défilé de Caudium, et les fit passer sous le joug (Fourches Caudines), l'an 321 av. J.-C. Vaincu l'année suivante par le consul Publilius Philo, il essuya à son tour, avec 7000 des siens, l'humiliation qu'il avait imposée aux Romains. Vaincu de nouveau et pris en 292 par Q. Fabius Maximus, il orna le triomphe du vainqueur puis fut mis à mort.

HERENNIUS (C.), Romain à qui est adressé la Rhétorique ad Herennium, attribuée à Cicéron. On ne sait rien de cet Herennius, et l'on doute fort que la Rhétorique qui lui est adressée soit de Cicéron ; on l'attribue à Antonius Gnipho ou à Cornificius.

HERENTHALS, v. de Belgique (Anvers), à 32 kil. E. d'Anvers, sur la Petite-Nèthe; 3500 hab. Draps, dentelles, distilleries, corroieries. Ville très ancienne; elle portait autrefois le nom de St-Vaudru.

HÉRÉSIE. V., dans notre Dict. univ. des Sciences, l'article Hérésie, et, dans celui-ci, les noms particuliers des principales hérésies et des hérésiarques.

HERFORD, v. des États prussiens (Westphalie), au confluent de l'Aa et de la Werra, à 24 kil. S. O. de Minden, 7000 hab. Jadis forte. Trib., gymnase, musée d'antiquités westphaliennes. On y voit un mausolée en l'honneur de Witikind, érigé par Charles IV en 1377 à Enger, et transporté à Herford en 1414.

HERHAN (L. Étienne), imprimeur et fondeur en caractères, né à Paris en 1768, m. en 1853, a attaché son nom à un ingénieux procédé de stéréotypie. Au lieu de composer la planche mère avec des caractères mobiles en relief, il eut l'idée de se servir à cet effet de caractères de bronze en creux (lettres-matrices), que le compositeur réunissait comme des caractères ordinaires, pour en former des pages : c'est sur ces matrices paginaires, comme il les appelait, qu'il obtenait directement le cliché en frappant à froid à l'aide d'un mouton. Ce procédé, d'après lequel il donna de belles éditions de nos classiques, ayant dû être abandonné comme trop dispendieux, Herhan s'associa avec Pierre et Firmin Didot, et concourut avec eux au perfectionnement du procédé de stéréotypie qui a prévalu.

HÉRICART de THURY, ingénieur, né en 1777 à Thury près de Senlis, m. en 1854, fut, sous Napoléon I, ingénieur en chef des mines et directeur des travaux publics du dép. de la Seine, exécuta, entre autres grands travaux, ceux qui furent faits à cette époque dans les Catacombes de Paris, fut admis en 1824 à l'Institut, présida la Société d'agriculture, et siégea de 1815 à 1830 à la Chambre des Députés. Il a écrit sur la minéralogie et la géologie et a donné une intéressante Description des Catacombes, 1815.

HÉRICOURT, ch.-l. de cant. (H.-Saône), sur la Luzenne, à 26 k. S. E. de Lure : 3500 h. Filatures de; coton, bonneterie, quincailleries, etc. Combats des Français contre les Allemands (16 et 17 janv. 1871).

HÉRICOURT (L. de), jurisconsulte, né à Soissons en 1687, d'une anc. famille de Picardie, m. en 1752, entra dans la Congrégation de l'Oratoire;, ne s'en fit pas moins recevoir avocat au parlement de Paris, et devint le plus savant canoniste de la France : il était zélé gallican. Ses principaux ouvrages sont : Lois ecclésiastiques de France, Paris, 1719 et 1771; Traité de la vente des immeubles par décret, 1727; Coutume de Vermandois, 1728. On lui doit aussi un Abrégé de la discipline de l'Église du P. Thomassin.

HÉRISAU, v. de Suisse (Appenzell), un des 2 ch.-l. des Rhodes extérieures, à 11 kil. N. O. d'Appenzell; 8000 hab. Aux env., ruines des châteaux de Schwanberg et de Rosenberg; sources sulfureuses et bains de Heinrichsbad.

HÉRISSANT (L. Théod.), diplomate et littérateur, né à Paris en 1743, m. en 1811, était fils d'un imprimeur. Reçu avocat en 1765, il alla étudier le droit germanique en Allemagne, fut nommé secrétaire à la légation de la diète de Ratisbonne (1772), puis conseiller de légation et chargé d'affaires, revint en 1792 à Paris, et se voua dès lors exclusivement aux lettres. On a de lui : les Éloges de Caylus, de Joly de Fleury et du duc d'Orléans, régent ; des Fables et discours en vers, 1733, in-12. Il a coopéré à la Bibliothèque historique de la France, et à la Bibliothèque de société de Chamfort. — Son frère, L. Ant. Hérissant, né en 1745, s'était déjà distingué comme médecin et littérateur, lorsqu'il mourut à 24 ans. On lui doit des Éloges de Gonthier d'Andernach et de Ducange, un poëme lat. sur l’Imprimerie et la Bibliothèque physique de la France, liste des ouvrages français qui traitent de l'histoire naturelle, 1771.

HÉRISSANT DES CARRIÈRES (J. Thomas), professeur de langue française, né à Paris vers 1742, m. en 1820 à Croydon, près de Londres, est auteur d'ouvrages élémentaires, dont les principaux sont : Précis de l'histoire de France, en français et en anglais, Londres, 1792; Grammatical institutes of the french language, 1793; Petit Parnasse français, 1796. Il a traduit l’Histoire d'Angleterre de Goldsmith (1777), et a donné une édition augmentée du Dictionnaire anglais-français de Boyer.

HÉRISSON, ch.-l. de cant. (Allier), à 24 kil. N. E. de Montluçon; 1400 h. Plumes à écrire.

HÉRISTAL, v. de Belgique (Liège), sur la Meuse, à 6 kil. N. E. de Liège; 6000 hab. Houillières, acier pour bijouterie, ustensiles de fer. Anc. place forte, qui fut la résidence de la famille d'Héristal et des premiers rois de la 2e race; elle fut ensuite comprise dans le duché de Basse-Lotharingie (B.-Lorraine), et devint plus tard l'apanage des fils puînés des ducs de Brabant. En 1546 elle fut réunie aux domaines des princes de Liège, dont elle a depuis suivi la destinée.

HÉRISTAL, (Maison d'), maison illustre d'où sortit la dynastie des Carlovingiens, a eu pour fondateurs Pépin, sire d'Héristal, maire du palais sous Thierry III. V. PÉPIN et CARLOVINGIENS.

HERMÆUM PROM., c.-à-d. Cap de Mercure, nom commun à plusieurs caps dans l'antiquité. Les principaux sont les caps nommés auj. Della Cacca, en Sardaigne; — Iéni-hissar, dans le détroit de Constantinople sur la côte européenne; — Cap Bon, dans l'État de Tunis, au N. E., vis-à-vis de la Sicile.

HERMANARIC, roi goth, de la famille des Amales, né vers 280 de J.-C., succéda à Gébéric, régna de 336 à 376, soumit les Hèrules, les fendes, les Estyens, et recula les limites de l'empire des Goths jusqu’au Don, à la Theiss, au Danube et à la Baltique. Vaincu par les hordes innombrables des Huns, il se donna la mort pour ne pas survivre à sa défaite.

HERMANCE, vge de Suisse, à 14 kil. N. E. de Genève ; 400 hab. Anc. ville forte, détruite à la fin du IVe s. par les Bourguignons. Rebâtie par la reine Hermangarde (d’où son nom), elle fut brûlée par les Bernois au XVIe siècle.

HERMANDAD (la SAINTE-), du latin germanitas, confrérie. On nomma ainsi en Espagne, surtout en Castille, une association d’officiers de police, tirés de l’ordre des bourgeois et chargés de veiller à la sûreté des routes. Elle fut établie dans le royaume de Castille en 1486 ; elle avait trois résidences principales : Tolède, Ciudad-Rodrigo et Talavera. Elle fut dans la suite transformée en une milice chargée d’exécuter les ordres de l’Inquisition.

HERMANFROI, l’un des fils de Bazin, roi de Thuringe, hérita du tiers de ce royaume à la mort de son père. Mais, poussé par les conseils de sa femme Amalbergue, nièce de Théodoric le Grand, il s’empara du royaume entier, en faisant périr ses deux frères, Bertaire et Balderic Pour renverser ce dernier, il avait été secondé par Thierri, roi de Metz ; mais, ayant refusé d’admettre ce prince au partage du butin, il fut attaqué en 528, perdit toute la Thuringe, qui fut réunie à l’empire des Francs, et fut précipité en 530 du haut des murs de Tolbiac.

HERMANGARDE, 2e femme de Charlemagne, était fille de Didier, roi des Lombards. Elle fut répudiée en 771, après un an de mariage, — 1re femme de Louis le Débonnaire, fut mère de Lothaire, Pépin et Louis. C’est elle qui par ses conseils perfides détermina à se soumettre Bernard, roi d’Italie, révolté contre son père. — [[w:Ermengarde (fille de Louis II le Jeune)|Fille de Louis II]], roi d’Italie et empereur d’Occident, épousa en 879 Boson, roi de la Bourgogne Cisjurane et soutint un siège de 2 ans dans Vienne contre les rois francs Louis III et Carloman. Devenue veuve en 888, elle conserva la régence du roy. de Bourgogne jusqu’à l’avénement de son fils Louis l’Aveugle, et se retira alors dans un couvent.

HERMANN, héros germain. V. ARMINIUS.

HERMANN DE LUXEMBOURG, dit le Lorrain, comte de Salms, et fils de Gilbert, comte de Luxembourg, fut élu roi des Romains en 1081, après la mort de Rodolphe de Souabe, par les Saxons révoltés contre l’empereur Henri IV, fut couronné à Goslar et se soutint quelque temps ; mais abandonné de ses partisans, il fut forcé de se réfugier en Lorraine. Il mourut à Metz en 1088.

HERMANN, landgrave de Thuringe de 1190 à 1216, fils du landgrave Louis de Fer, fut nommé comte palatin de Saxe à la place de Henri le Lion, mis au ban de l’empire, et contribua à faire nommer empereur Frédéric II. Ce prince aimait les lettres, et il figure lui-même parmi les minnesinger. C’est sous son règne et dans sa résidence même qu’eut lieu, en 1207, le célèbre concours poétique connu sous le nom de Combat de Wartbourg.

HERMANN, surnommé Contractus à cause de la contraction de ses membres, moine de Reichenau, né en 1013, m. en 1054, a laissé sous le titre de Chronicon de sex ætatibus mundi, une chronique importante, surtout pour l’histoire des Xe et XIe siècles. Imprimée pour la 1re fois, mais d’une manière incomplète, à Bâle, 1525, elle a été publiée en entier par Ussermann en 1792 et par Pertz (dans les Monumenta Germaniæ). On a encore d’Hermann : Opuscula musica ; De mensura astrolabii, etc.

HERMANN (Godefroi), philologue, né à Leipsick en 1772, mort en 1848, se forma sous Reiz, son parent, professa successivement la philosophie, l’éloquence et la poésie à l’Université de Leipsick ; fonda en 1819 la Société grecque, et contribua puissamment par cette fondation, ainsi que par ses cours et ses écrits, aux progrès de la philologie. Décoré dès 1815 de l’ordre du Mérite civil, puis anobli par le roi de Saxe, il fut en 1835 nommé associé étranger de l’Académie des inscriptions. Ses travaux ont eu principalement pour objet la métrique des anciens, dont il réussit en partie à débrouiller le chaos ; il publia dans ce but : De Metris poetarum græcorum et romanorum, 1796 ; Manuel de métrique (allem.), 1798 ; Elementa doctrinæ metricæ, 1816, ouvrage dont il donna lui-même un abrégé en 1818. On lui doit en outre d’excellents travaux sur la Grammaire grecque, sur les Dialectes, sur la Mythologie primitive ; de bonnes éditions des Orphiques (1805), des Hymnes d’Homère (1806), et des Tragédies d’Eschyle (1852, posthume).

HERMANNSTADT, Cibinium en latin mod., une des 2 capit. de la Transylvanie, ch.-l. du pays des Saxons et du cercle d’Hermannstadt, sur le Cibin, à 115 k. S. E. de Klausenburg ; 22 000 hab. Siège de la diète des Saxons et du gouverneur militaire ; évêché grec ; consistoire luthérien ; tribunal d’appel ; maison d’orphelins ; lycée ; bibliothèque et musée. Aspect gothique ; belle place ; arsenal, hôtel de ville hôtel des états, palais de Bruchenthal, caserne, théâtre. Draps, laines, mousselines, chapeaux, papier, poudre, etc. Cette v. fut fondée en 1160 par des Saxons. — Le cercle d’Hermannstadt, entre ceux de Reissmarkt, de Leschkirch et de Weissembourg et la Valachie, compte env. 320 000 hab.

HERMANRIC. V. HERMANARIC.

HERMANT (Jean), curé de Maltot près de Bayeux, né en 1650 à Caen, mort en 1725, a laissé, outre un recueil d’Homélies, plusieurs abrégés qui eurent du succès : Histoire des conciles, Rouen, 1695 ; Hist. de l’établissement des ordres religieux et des congrégations de l’Église, 1697 ; Hist. des ordres militaires et des ordres de chevalerie, 1698 ; Hist. des hérésies, 1717. On lui doit aussi une Hist. du diocèse de Bayeux, Caen, 1705. Il inclinait au Jansénisme.

HERMAPHRODITE, fils de Mercure (Hermès) et de Vénus (Aphrodite). Un jour qu’il se baignait dans une fontaine, la Naïade qui y présidait conçut pour lui de l’amour, et pria les dieux d’unir tellement leurs corps que désormais ils n’en fissent plus qu’un ; ce vœu fut exaucé, et Hermaphrodite conserva depuis les attributs des deux sexes. — V. SALMACIS.

HERMAS (S.), chrétien du Ier siècle, que l’on croit disciple de S. Paul et habitant de Rome, est auteur d’un ouvrage grec intitulé : le Pasteur, divisé en trois parties (les Visions, les Préceptes et les Similitudes), qui est un des plus anciens monuments du Christianisme et qui a joui d’une grande autorité. Il écrivait vers l’an 92. On a perdu l’original grec du Pasteur ; il n’en reste qu’une version latine, que Cotelier a insérée dans ses Monuments des temps apostoliques, Paris, 1672 ; il a été trad. en franç. par Legras, de l’Oratoire, 1717. On a annoncé en 1855 que l’original grec avait été retrouvé, avec une traduction éthiopique. S. Hermas est honoré par les Grecs le 18 mars et par les Latins le 9 mai.

HERMENAULT (L'), ch.-l. de c. (Vendée), à 9 kil. N. O. de Fontenay-le-Comte ; 600 hab.

HERMENT, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), près de la Sioule, à 45 kil. O. de Clermont-Ferrand ; 800 h. C’était jadis une baronnie, qui appartint en dernier lieu à la maison de Rohan Soubise.

HERMÈS, nom de Mercure chez les Grecs. L’Hermès grec était surtout révéré comme dieu de la parole et de l’éloquence : on le représentait sous la figure d’un homme de la bouche duquel sortaient de petites chaînes qui aboutissaient aux oreilles de ses auditeurs pour les enchaîner. — Les Grecs donnaient aussi le nom d’Hermès à une sorte de pilastres surmontés d’une tête de ce dieu, et que l’on plaçait dans les grands chemins et les carrefours.

HERMÈS TRISMÉGISTE (c.-à-d. Mercure trois fois grand), le Thoth ou Mercure des Égyptiens, personnage fabuleux, que les Égyptiens et d’après eux les Grecs regardaient comme le père de toutes les sciences, le législateur et le bienfaiteur de l’Égypte, et que l’on place dans le XXe siècle av. J.-C. On lui attribuait l'invention du langage, de l'alphabet, de l'écriture, de la géométrie, de l'arithmétique, de l'astronomie, de la médecine : il était l'instituteur de la religion et des cérémonies, le créateur de la sculpture, de l'architecture, de la musique, enfin de tous les arts ; on lui rapportait plus spécialement les sciences occultes : les alchimistes le regardaient comme leur patron. On lui attribuait une foule d'ouvrages relatifs à la religion ou aux sciences, qui sont connus sous le nom de Livres hermétiques, et que gardaient les prêtres égyptiens. Hermès Trismégiste paraît avoir été à la fois pour les anciens le symbole de l'intelligence divine (le Logos de Platon) et la personnification du sacerdoce égyptien, auquel appartenait toute science. Il nous reste quelques-uns des livres qu'on lui attribuait; le principal est le Pœmander (le pasteur), appelé vulgairement Pimander, dialogue où il traite de la puissance et de la sagesse divine, de la nature des choses et de la création du monde). On en a une traduction ou rédaction grecque, qui fut apportée au XVe siècle de Macédoine à Florence par Léonard de Pistoie, et que Côme de Médicis fit traduire en latin par Marsile Ficin (1491); elle fut publiée à Paris par Turnèbe, 1554, in-4, grec-latin, et trad. en franç., partie par de Foyx de Candale et G. de Préau, partie par G. Joly et Habert, 1557 et 1574, et à nouveau, avec notice par L. Ménard, 1866. Ces livres sont apocryphes.

HERMÈS (George), théologien catholique, né en 1775 à Dreyerwalde (Westphalie), m. en 1831, fut nommé professeur au gymnase de Munster en 1798, puis professeur de théologie dogmatique à l'université de la même ville (1807), et fut appelé en 1819 à l'Université de Bonn. Il obtint dans son enseignement les plus brillants succès; mais épuisé par ses travaux, il mourut avant le temps. Alliant la philosophie avec la théologie, Hermès tenta de substituer la raison à la foi, et voulut démontrer également la vérité intérieure et la vérité extérieure du Christianisme, espérant rapprocher ainsi les Catholiques et les Protestants; mais ses efforts n'obtinrent pas l'approbation du clergé catholique : il se vit désapprouvé par l'archevêque de Cologne, et sa doctrine fut condamnée par un bref du pape en 1835. On a d'Hermès : Recherches sur la vérité intérieure du Christianisme, Munster, 1805; Introduction philosophique à la théologie chrétienne catholique, 1819-1829, et Dogmatique chrétienne catholique, publiée après sa mort, 1834. — Un autre Hermès, Auguste, né en 1736 à Magdebourg, m. en 1821, s'est fait connaître comme théologien protestant et comme prédicateur. Il devint en 1780 conseiller au consistoire de Quedlimbourg. D'abord piétiste, il embrassa plus tard le rationalisme. On a de lui, outre des Sermons, un Manuel de la religion, trad. en franç. par la reine Élisabeth de Prusse, femme de Frédéric II, 1785.

HERMÉSIANAX, poëte grec, natif de Colophon, florissait vers 336 av. J.-C. Il avait laissé 3 livres d’Élégies adressées à sa maîtresse, la courtisane Leontium. Athénée nous a transmis des fragments du IIIe livre. Schneidewin a publié les fragments d'H. dans les Poetæ elegiaci, Gœtt. 1838.

HERMIAS, souverain d'Atarne en Mysie, avait d'abord été esclave d'un certain Eubulus, qui s'était rendu maître d'Atarne, après avoir secoué le joug du roi de Perse, et qui, l'ayant pris en affection, lui laissa ses États. Hermias avait dans sa jeunesse suivi les leçons d'Aristote ; le philosophe se retira auprès de lui après la mort de Platon. Ayant refusé de payer tribut au roi de Perse Artaxerce Ochus, Hermias fut mis à mort par ce prince, 345 av. J.-C. Il avait une sœur, Pythias, que sa mort laissait sans secours : Aristote l'épousa. Ce philosophe a célébré les vertus d'Hermias dans un hymne admirable, qui nous a été conservé; il lui érigea un monument dans Atarne.

HERMIAS, philosophe chrétien du IIe siècle, est auteur d'un ouvrage grec, où il traite des principes des choses, de l'âme, de la divinité, et combat les opinions des sages du paganisme en montrant leurs contradictions. Cet écrit, intitulé : Destruction des philosophes, a été imprimé avec une version latine de J. J. Fugger à Zurich, 1560, in-f., à Paris, 1624, in-f., à Leyde, 1840, par Menzel; et, avec une trad. franç., à la suite de l’Octavius de Péricaud, Lyon, 1842. L'abbé Guillon l'a aussi trad. dans la Bibl. des Pères.

HERMINE (Ordre de l'), ordre de chevalerie institué en 1381 par Jean V, duc de Bretagne, à l'occasion de sa réconciliation avec la France et avec Clisson. L'insigne était un collier d'or chargé d'hermines, avec cette devise : À ma vie; on y ajouta ensuite un collier d'argent terminé par une hermine pendante.

HERMIONE, fille de Ménélas et d'Hélène, épousa Pyrrhus, roi d’Épire; mais, voyant que ce prince la négligeait pour Andromaque, sa captive, elle le fit assassiner à Delphes par Oreste, son cousin, qu'elle épousa bientôt après.

HERMIONE, divinité cabirique. V. HARMONIE.

HERMIONE, v. d'Argolide, sur la côte E. du golfe Argolique, capit. d'un petit État dit l’Hermionide. Beau temple de Cérès; pourpre estimée. C'est auj. Castri.

HERMIONS, un des 3 grands peuples de la Germanie barbare. V. GERMANIE.

HERMITAGE (l'). V. ERMITAGE (l').

HERMOCRATE, général syracusain, eut beaucoup de part à la défaite des généraux athéniens Démosthène et Nicias, qui assiégeaient Syracuse (413); mais il se fit bannir pour avoir conseillé de traiter les captifs avec humanité. Ayant essayé de rentrer à Syracuse les armes à la main, il périt dans cette tentative, 407. Sa fille fut épousée par Denys l'Ancien.

HERMODE, dieu scandinave, un des fils d'Odin, était, comme Mercure, le messager des dieux.

HERMODORE, philosophe d'Éphèse, fut banni de sa patrie, vint à Rome l'an 450 av. J.-C., conseilla aux Romains d'aller chercher des lois en Grèce, et coopéra à la rédaction des Lois des Douze Tables.

HERMOGÈNE, rhéteur grec, né à Tarse en Cilicie, florissait vers l'an 180 de J.-C. Dès l'âge de 15 ans il improvisait des discours qui attiraient à Tarse un grand concours d'étrangers; avant l'âge de 24 ans il avait publié une Rhétorique, plusieurs traités sur l'Art oratoire, et des Exercices de rhétorique (Progymnasmata). Mais il perdit subitement la mémoire à 25 ans et tomba dans l'imbécillité. Il vécut cependant très-âgé. Ses ouvrages ont été imprimés dans le recueil des Rhéteurs grecs, Venise, 1608. in-fol., et dans les Rhetores græci de Walz (Stuttgard, 1836); ils ont été traduits en latin, avec Commentaires, par Gasp. Laurent, Genève, 1614. Veesenmeyer a publié à part à Nuremberg, 1812, les Progymnasmata, dont le texte grec n'a été retrouvé qu'en 1791, par Heeren.

HERMOGÈNE TIGELLIUS, habile chanteur, natif de Sardes, et favori d'Auguste, est plusieurs fois mentionné par Horace (Sat. I, II, 3; III, 4 et 129; IV, 72; IX, 25 ; X, 18, 80 et 90). Il était affranchi.

HERMOGÈNE, jurisconsulte du IVe siècle, forma, sous les règnes d'Honorius et de Théodose II, un Recueil de constitutions dit Codex hermogenianus, dont il reste des fragments, publiés par P. Pithou dans les Anciens Jurisconsultes, Paris, 1572.

HERMOLAUS, jeune Macédonien qui conspira contre Alexandre pour se venger d'un châtiment injurieux (il avait été fouetté publiquement). Ayant été découvert, il subit la mort avec courage, 328 av. J.-C.

HERMOLAUS BARBARUS. V. BARBARO.

HERMON, auj. Djebel-el-Djaïk, chaîne de montagnes de la Palestine, était une ramification de l'Antiliban. On y distinguait : 1° l’Hermon major, qui commençait sur les limites de la Palestine et de la Cœlésyrie, séparait la tribu de Nephtali de la demi-tribu orientale de Manassé, et se terminait sur les bords du lac de Génésareth; 2° l’Hermon minor, au S. O. du lac de Génésareth, dans la tribu de Zabulon.

HERMONTHIS, auj. Ermonth, de l’Égypte ancienne (Thébaïde), au S. O. et près de Thèbes, sur la r. g. du Nil, était ch.-l. de nome. Belles ruines. HERMOPOLIS, nom commun à deux villes de l’Égypte ancienne, où l'on vénérait particulièrement Toth (l'Hermès des Grecs). L'une, Hermopolis magna, dans l'Heptanomide, à l'O. et près du Nil, vis-à-vis d'Antinoé, sur les frontières de la Thébaïde, était ch.-l. de nome : on en voit les ruines près d’Ach-mouneïn; — l'autre, Hermopolis parca, dans la B.-Égypte, sur le canal d'Alexandrie, près du lac Maréotis, est auj. Damanhour.

HERMOPOLIS, ch.-l. de l'île de Syra. V. SYRA.

HERMOTIME, de Clazomène, philosophe grec du Ve siècle av. J. C., fut, à ce qu'on croit, le maître d'Anaxagore. Les anciens en racontent mille choses merveilleuses : il pouvait prédire l'avenir et voir ce qui se passait dans les lieux éloignés; son âme se séparait de son corps, qui restait immobile et comme mort, et allait parcourir les espaces célestes, puis elle revenait et annonçait ce qu'elle avait vu dans son voyage aérien. Il fut un des premiers à distinguer l'esprit de la matière et à démontrer que le monde est l'ouvrage d'une intelligence raisonnable.

HERMUNDURES, Hermunduri, peuple de Germanie, de la famille des Hermions, habitait au S. de l’Albis (Elbe), entre la Sala et la chaîne hercynienne. Les Romains commerçaient avec eux, et les regardaient, comme les plus civilisés des Barbares. En l'an 19 de J.-C., ils vainquirent Catualda, roi des Goths; en 51, ils battirent les Quades; en 152, ils s'unirent aux Marcomans contre les Romains.

HERMUS, auj. le Sarabat ou le Kedous, fleuve de l'Asie-Mineure, prenait sa source en Phrygie au-dessous de Dorylée, traversait la Lydie, recevait le Cogame, le Pactole et l'Hyllus, et se jetait dans la mer Égée près de Smyrne.

HERNATH, riv. de Hongrie, naît dans les monts Carpathes (comitat de Zips), arrose Iglo, Kaschau, et tombe dans la Theiss à Kernsyeten, dans le comitat de Zemplin, après un cours de 225 kil.

HERNEUTES. V. HERRNHUT et MORAVES (Frères).

HERNIQUES, Hernici, peuple du Latium, au S. E. de Rome, avait pour capit. Anagnia. Soumis par les Romains dès 486 av. J.-C., ils leur furent longtemps fidèles ; cependant ils s'insurgèrent en 363 et 305.

HERNOESAND, v. de Suède, ch.-l. du Wester-Norrland, dans l'île d'Hernœ et sur le golfe de Botnie, à 400 kil. N. de Stockholm; 2500 hab. Évêché luthérien, gymnase, jardin botanique. Chantier de construction, eau-de-vie de grains, huile de graines, goudron, toile. — Plusieurs fois dévastée par les Russes (1710, 1714, 1721).

HÉRO, jeune fille de Sestos, prêtresse de Vénus, était aimée d'un jeune Grec d'Abydos, nommé Léandre, qui, toutes les nuits, traversait l'Hellespont pour la visiter. Léandre ayant péri dans une tempête, Héro désespérée se précipita dans la mer. Les Amours de Héro et de Léandre ont été chantés par Musée.

HÉRODE, famille célèbre que l'on croit originaire de l'Idumée, et qui régna sur la Palestine après avoir enlevé le gouvernement de ce pays à la famille des Machabées. Elle a pour chef Antipater, Iduméen de nation et juif de religion, qui fut le principal ministre d'Hyrcan II, et qui sous ce prince faible usurpa toute l'autorité. Les principaux membres de cette famille; après Antipater, sont Hérode, dit le Grand. (V. ci-après); — Hérode Antipater, fils d'Hérode le Grand et de Doris, sa 1re femme, qui fut mis à mort par Hérode parce qu'il conspirait; — Aristobule, fils d'Hérode le Grand et de la belle Mariamne, fille d'Alexandra (il fut, ainsi que sa mère Mariamne et son frère Alexandre, mis à mort par son père qui les soupçonnait de conspirer; il laissa, entre autres enfants, Hérode-Agrippa 1er et la belle Hérodiade); — Hérode-Philippe, fils d'Hérode le Grand et d'une autre Mariamne (fille du grand prêtre Simon) : il fut tétrarque de la Batanée, de la Gaulanitide et de la Trachonitide; il épousa sa propre nièce, Hérodiade, et en eut Salomé la Danseuse ; — Hérode-Archélaüs, fils d'Hérode le Grand et de Malthacé, qui succéda à son père en Judée, puis fut relégué par Auguste dans les Gaules (V. ARCHÉLAUS); — Hérode-Antipas, autre fils d'Hérode le Grand et de Malthacé, qui fut tétrarque de Galilée et de Pérée, et qui fut le deuxième mari d'Hérodiade, précédemment femme de son frère Philippe; — Hérode-Agrippa I, petit-fils d'Hérode le Grand par Aristobule, qui fut placé par Caligula sur le trône de Judée ; — Hérode-Agrippa II, fils d'Hérode-Agrippa I, qui fut roi de Chalcide et de Batanée et mourut vers l'an 101 de J.-C. (V. ci-après). Il fut le dernier prince de la maison d'Hérode.

HÉRODE, le Grand ou l'Ascalonite, roi des Juifs, né l'an 72 av. J.-C., à Ascalon, était fils d'Antipater, premier ministre d'Hyrcan. Il fut d'abord gouverneur de la Galilée pour les Romains. Pendant les guerres civiles, il s'attacha successivement à Cassius et à Antoine. Ce dernier le fit nommer par le sénat, d'abord tétrarque, puis roi de la Judée, à la place de l'Asmonéen Antigone II (40 av. J.-C.). Il fut obligé de faire la conquête de ses États, et n'entra dans Jérusalem qu'après avoir pris cette ville d'assaut, 37 av. J.-C. Après la mort d'Antoine, il sut plaire à Octave, qui lui laissa son trône, et même lui donna de nouvelles provinces. Dans sa reconnaissance, il institua des jeux en l'honneur de ce prince, lui dédia un temple et donna le nom de Sébaste (c.-à-d. Auguste) à la v. de Samarie, qu'il fit rebâtir. D'un caractère ombrageux et cruel, Hérode fit mettre à mort Mariamne, sa femme, qu'il avait éperdument aimée, Alexandre et Aristobule, fils qu'il avait eus de cette princesse, un autre de ses fils, Antipater, qu'il avait eu de Doris, sa première femme, et une foule de personnages éminents, qui excitaient ses soupçons. Ayant appris qu'il venait de naître à Bethléem un enfant auquel était promis le royaume de la Judée, il fit exterminer tous les enfants mâles de Bethléem, qui étaient au-dessous de deux ans. Il mourut un an après la naissance de J.-C. Malgré ses crimes, Hérode eut quelques qualités ; il releva les Juifs par son crédit auprès de l'empereur et par sa magnificence; dans une famine, il vendit toute sa vaisselle pour secourir ses sujets; enfin, il fit rebâtir le temple (19 av. J.-C). Ses États furent partagés entre ses fils (V. ci-après). M. de Saulcy a donné une Hist. d'Hérode, 1867,in-8.

HÉRODE-ARCHÉLAUS, fils d'Hérode, V. ARCHÉLAUS.

HÉRODE-ANTIPAS, fils d'Hérode le Grand. A la mort de son père, il fut nommé par Auguste tétrarque de la Galilée; il jouit de la faveur de Tibère et bâtit en son honneur la ville de Tibériade sur les bords du lac Génésareth. Jaloux d'Agrippa, son neveu que Caligula avait nommé roi des Juifs, il vint à Rome afin de le supplanter; mais l'empereur irrité lui ôta sa province et l'exila à Lyon; il passa depuis en Espagne, où il mourut en 40. Hérode-Antipas avait épousé sa nièce Hérodiade, qu'il s'était fait céder par son frère H.-Philippe : c'est lui qui, à la demande dé cette princesse, fit périr S. Jean-Baptiste, qui avait blâmé leur union incestueuse. C'est aussi devant lui que Pilate renvoya Jésus, qui était né son sujet.

HÉRODE-PHILIPPE, fils d'Hérode le Grand et de Mariamne, fille de Simon, fut après la mort de son père tétrarque de la Batanée, de la Trachonitide et de la Gaulanitide; il embellit la ville de Bethsaïda et celle de Panéas (qu'il nomma Césarée). Il mourut après un règne paisible de 37 ans, sans laisser d'enfants. Il avait épousé Hérodiade, sa nièce : cette princesse ayant inspiré une vive passion à son frère Hérode-Antipas, il consentit à la lui céder.

HÉRODE-AGRIPPA I, roi de Judée, fils d'Aristobule et petit-fils d'Hérode le Grand, passa une partie de sa jeunesse à Rome et fut gouverneur de Caligula. A son avènement, ce prince lui fit prendre le titre de roi (l'an 37), et lui donna la tétrarchie de Judée; Claude y joignit les autres provinces qui avaient composé le royaume d'Hérode le Grand. Il mourut après 7 ans de règne. Il est le père de la fameuse Bérénice, qui fut aimée de Titus. On croit que c'est lui qui fit massacrer S. Jacques et arrêter S. Pierre. — HÉRODEAGRIPPA II, fils du préc., était très jeune à la mort de son père. Il fut privé du roy. de Judée par Claude, qui plus tard lui donna en échange la Chalcide et la Batanée. Il ne put empêcher la révolte des Juifs en 68 et figura dans les rangs des Romains au siége de Jérusalem par Titus. Il mourut vers l'an 100.

HÉRODE-ATTICUS, rhéteur grec. V. ATTICUS.

HÉRODIADE, fille d'Aristobule, et petite-fille d'Hérode le Grand et de la belle Mariamne, était comme celle-ci remarquable par sa beauté. Elle fut d'abord mariée à Hérode-Philippe, tétrarque de Batanée, son oncle, puis à Hérode-Antipas, tétrarque de Galilée, et frère de Philippe, celui-ci ayant consenti à la céder à son frère. S. Jean-Baptiste ayant blâmé cette union incestueuse, Hérodiade s'en vengea en le faisant mettre à mort. V. SALOMÉ (la danseuse).

HÉRODIEN, historien grec du IIIe s. de J.-C., né à Alexandrie, remplit à Rome des fonctions importantes. Il a écrit l'histoire de son temps. Son ouvrage, divisé en 8 livres, s'étend depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (180-238 de J.-C.) ; il est estimé pour la fidélité ; le style en est fleuri et même souvent affecté. Hérodien a été publié par H. Étienne, grec-latin, Paris, 1581; T. G. Irmisch, Leipsick, 1789-1805; Imm. Bekker, Berlin, 1826, et dans la Bibliothèque grecque des Didot. Il a été trad. en latin dès 1453 par Ange Politien, et en français par Bois-Guillebert, 1696, l'abbé Mongault, 1700, et par M. L. Halévy, 1860, in-12.

HÉRODIEN, grammairien d'Alexandrie au IIe siècle, était fils d'Apollonius Dyscole. Il vécut aussi à Rome et jouit de la faveur de Marc-Aurèle. Il avait rédigé une Prosodie générale, ouvrage précieux, auj. perdu, mais dont il reste un abrégé, publié à Leyde par Bærker, 1820, et à Leipsick, par Maurice Schmidt, 1860. On a de lui quelques petits traités (pub. dans les Grammairiens anc.). On lui attribue les Épimérismes, espèce de dictionnaire des termes difficiles (publié par Boissonade, Lond., 1819). Ses ouvrages étaient fort estimés des anciens. Ce qu'il en reste est encore utile pour l'histoire des théories grammaticales.

HÉRODOTE, célèbre historien grec, surnommé le Père de l'histoire, né l'an 484 av. J.-C., à Halicarnasse, était neveu du poëte Panyasis. Il voyagea dès sa jeunesse dans la Grèce, l’Égypte et l'Asie, afin de s'instruire de l'histoire et des coutumes des peuples. A son retour, il trouva sa patrie opprimée par Lygdamis, et fut contraint de se retirer à Samos; mais il rentra peu après dans Halicarnasse et renversa le tyran. Payé d'ingratitude par ses concitoyens, il s'exila et se mit à rédiger son Histoire. Il lut le commencement de cet ouvrage aux Grecs assemblés aux jeux olympiques (456 av. J.-C.), et excita un enthousiasme universel (V. THUCYDIDE) ; 12 ans après il lut l'ouvrage entier, à la fête des Panathénées, et reçut des Athéniens en récompense une somme de 10 talents (54 000 francs). A la fin de sa vie, il se retira à Thurium en Italie; il y mourut dans un âge avancé, vers 406. L'histoire d'Hérodote se compose de 9 livres auxquels les Grecs dans leur admiration ont donné les noms des 9 Muses; elle a pour sujet principal les guerres médiques; mais l'auteur a rattaché à ce sujet comme introduction ou comme épisodes l'histoire des Perses, des Mèdes, des Égyptiens et de plusieurs autres peuples. On regarde universellement Hérodote comme le plus véridique des historiens anciens; on lui reproche seulement de la crédulité et l'amour du merveilleux : toutefois on doit dire qu'en rapportant des faits extraordinaires, il ne les donne le plus souvent que comme des traditions. Son style, élégant et harmonieux, se rapproche de celui de la poésie; il a écrit en dialecte ionien. Les principales éditions d'Hérodote sont l’édition princeps, publiée en 1474 à Venise par Laurent Valla, grec-latin.; celles de Wesseling, Amst., 1763, in-fol. ; de Schweighæuser, Strasb., 1816, 12 vol. in-8; de Bæhr, Leipsick, 1835 et 1857, 4 vol. in-8, et de G. Dindorf, 1844 (dans la Bibl. grec., de Didot). L’Hist. d'Hérodote a été trad. en français par Saliat, Paris, 1575 ; par Larcher, 1786, 7 vol.; par Miot de Melito, 1822, 3 vol. in-8, et par Giguet, 1860, in-12, M. Bouchot a donné des Récits tirés de ses histoires, 1860. — On attribue à Hérodote une Vie d'Homère qui ne paraît pas être de lui, mais qui est cependant d'une haute antiquité.

HÉROLD (L. Jos. Ferd.), habile compositeur, né à Paris en 1792, m. en 1833, était fils d'un pianiste allemand, et élève de Méhul; il remporta en 1812 le grand prix de composition, et fut envoyé en Italie. Il composa en 1815, à Naples, son premier ouvrage dramatique : la Gioventu d'Enrico quinto, opéra en 2 actes. Il a donné à Paris : les Rosières, 1817 ; la Clochette, 1817; le Muletier, 1823; Marie, 1826; Zampa, 1831 ; le Pré au Clercs, 1832, qui toutes eurent du succès : les deux dernières sont ses chefs-d'œuvre. On a en outre de lui quelques productions instrumentales. La musique d'Hérold se distingue par l'abondance des motifs heureux, la fraîcheur et la grâce des mélodies, la force dramatique, et l'art de l'instrumentation.

HÉRON, mécanicien et mathématicien d'Alexandrie, disciple de Ctésibius, vivait vers l'an 120 av. J.-C. Il aborda presque toutes les parties des mathématiques appliquées, fit des automates, des clepsydres et des machines à vent, inventa la fontaine qui porte encore son nom, et composa de savants écrits dont il reste quelques fragments, entre autres : Pneumaticaää (traité des machines à vent), Belopœeca (des machines de guerre), qu'on trouve dans les Mathematici veteres, 1693, in-fol. On doit à M. Letronne des Recherches sur les fragments d'Héron, l852.

HÉRON le Jeune, mathématicien de Constantinople, du Xe siècle, est auteur d'un traité des Machines de siége et d'une Géodésie, opuscules mal traduits en latin par Barocius, Venise, 1572, in-4o. M. H. Martin a donné un mémoire Sur les mathématiciens nommés Héron (dans le Recueil de l'Acad. des inscriptions).

HÉROOPOLIS, en égyptien Pithom, v. de la B.-Égypte, à l'E. de Bubaste, auN. du golfe Héroopolite (branche occidentale du golfe Arabique, auj. golfe de Suez), sur le canal de Néchao, est auj. Aooukcheid.

HÉROPHILE, sibylle d'Érythrée, avait été d'abord gardienne du temple d'Apollon Sminthien dans la Troade. Elle prédit à Hécube les malheurs que causerait l'enfant qu'elle portait dans son sein (Pâris).

HÉROPHILE, médecin grec, de Chalcédoine en Bithynie, vivait vers 320 av. J.-C. Il exerça son art à Alexandrie sous Ptolémée Lagus, fut un des créateurs de l'anatomie, et fit plusieurs découvertes importantes. On dit qu'il poussa l'amour de la science jusqu'à disséquer des corps vivants. Il a laissé son nom à une partie du cerveau qu'on nomme encore aujourd'hui torcular ou pressoir d'Hérophile.

HÉROS, nom que les Grecs donnaient aux grands hommes qui s'étaient rendus célèbres soit par une force prodigieuse, soit par une suite de belles actions, et surtout par de grands services. Après leur mort, leurs âmes s'élevaient jusqu'au séjour des dieux, et par là devenaient dignes des honneurs réservés aux dieux mêmes. On rendait aux héros un culte, qui ne consistait guère qu'en cérémonies funèbres dans lesquelles on faisait l'énumération de leurs exploits. Les principaux héros de la Grèce sont Persée, Hercule, Thésée, Pirithoüs, Jason et les Argonautes, Cadmus, Orphée, Bellérophon, et les guerriers qui prirent part aux deux guerres de Thèbes et au siège de Troie, Adraste, Tydée, Capanée; Agamemnon, Achille, Ulysse, Nestor, Ajax, Diomède, etc. — On nomme Temps héroïques la période qui a précédé les temps historiques; on l'étend depuis l'arrivée en Grèca de la 1re colonie conduite par Inachus au XIXe siècle avant J.-C. Jusqu'au retour des Héraclides dans le Péloponèse, ou même jusqu'à Lycurgue.

HÉROUVAL, hameau du dêp. de l'Oise, à 38 k. S. O. de Beauvais. Tour de Montjavoult qui s'élève sur l'emplacement d'un collège de Druides et d'un temple de Jupiter. On y a trouvé récemment, surtout en 1842, de curieuses antiquités gauloises. HERRERA (Ferdinand de), poëte espagnol, surnommé le Divin, né à Séville vers 1516, mort en 1597. On a de lui un grand nombre de poésies diverses (sonnets, chansons, élégies, etc.), qui se distinguent par l'élévation et la hardiesse des pensées, ainsi que par l'harmonie du style. Elles ont été publiées sous le titre d’Obras en verso, Séville, 1582. Il a aussi donné, en prose : Relation de la guerre de Chypre et du combat de Lépante, 1572.

HERRERA (Antonio DE TORDESILLAS, appelé du nom de sa mère), historien, né en 1559 à Cuellar près de Ségovie, mort en 1625, alla jeune en Italie, y obtint la protection de Vespasien de Gonzague, frère du duc de Mantoue, et fut, à la recommandation de ce prince, nommé par Philippe II premier historiographe des Indes et de Castille, et secrétaire d'État. On a de lui : Hist. de ce qui s'est passé en Angleterre et en Écosse pendant la vie de Marie Stuart, 1590; Hist. du Portugal et de la conquête des îles Açores, 1591 ; Hist. des affaires de France, 1598; Hist. du monde sous Philippe II, 1606; Hist. générale des gestes des Castillans dans les îles de Terre-Ferme de l'Océan, de l'an 1492 à 1554, Madrid, 1601-15, 4 vol. in-fol. (trad. par La Coste, 1660-71); Description des Indes occidentales, 1601 (traduit en 1622); Gestes des Espagnols, des Français et des Vénitiens en Italie, depuis l'an 1285 jusqu'à l'an 1559, 1624. Herrera est un des meilleurs historiens de l'Espagne : il est exact et impartial ; mais on lui reproche de la prolixité, de la confusion et trop de goût pour le merveilleux.

HERRERA (François), le Vieux, peintre, né à Séville en 1576, mort à Madrid en 1656, fut élève de Louis Fernandez, et fonda une nouvelle école, d'où sortirent des artistes célèbres, notamment Diego Velasquez. D'un caractère âpre et intraitable, il força ses élèves, sa femme et ses propres enfants à s'éloigner de lui. Ses meilleures compositions se voient dans les églises de Séville; on cite, entre autres, son Jugement universel. Il a peint aussi des tableaux de genre (appelés en espagnol bodegonellos), qui représentent des viandes, de la volaille, du poisson. Il possédait à fond l'art de composer, la connaissance de l'anatomie et la science du clair-obscur.

HERRERA (François), le Jeune, fils du précéd., né en 1622, m. vers 1680, se distingua comme peintre et comme architecte. Il quitta de bonne heure la maison paternelle, à cause des violences de son père, continua ses études à Rome, cultiva l'histoire, le genre, les fleurs, et réussit surtout à peindre des poissons ; ce qui lui fit donner le surnom de lo Spagnuolo de' pesci. A la mort de son père, il revint en Espagne, se fixa à Madrid, renonça à l'architecture pour se livrer tout entier à la peinture, et fut nommé peintre du roi. Ses principaux ouvrages sont un S. François, une Cène, une Ascension (cette dernière à Notre-Dame d'Atocha), etc.

HERRERA (Séb. Barnuevo), peintre, architecte, sculpteur et graveur, né à Madrid en 1619, m. en 1671, eut pour maître Alonzo Cano, se perfectionna par l'étude de Paul Véronèse et du Tintoret, et devint peintre de la cour et conservateur de l'Escurial. Son dessin est pur et correct; son coloris rappelle celui du Titien. On distingue son Triomphe de S. Augustin et sa Naissance de la Vierge, à Madrid.

HERRNALS, v. d'Autriche, à 3 k. N.de Vienne; 4000 hab. Institution impériale pour l'éducation des filles d'officiers sans fortune.

HERRNHUT, v. du roy. de Saxe (Lusace), à 17 k. N. O. de Zittau; 1500 h. Siège de la direction des Frères Moraves. Herrnhut fut fondé en 1722 par Zinzendorf et fut le 1er établissement des Frères Moraves, qui prennent de là le nom d’Herrnhutter ou Hernheutes.

HERSAN (Marc Ant.), professeur, né à Compiègne en 1652, mort en 1724, enseigna les humanités et la rhétorique au collège du Plessis, où il eut pour élève Rollin, qui resta son ami; puis devint professeur adjoint au Collége de France. En 1697, il se retira dans sa ville natale et s'y consacra à l'instruction des enfants pauvres. On a de lui une Oraison funèbre du chancelier Le Tellier, en latin, des vers latins, qui sont au nombre des meilleurs qu'aient faits les modernes, des Pensées sur la mort, tirées de l'Écriture, 1722. Il fonda, par testament, une maison de Sœurs de charité destinées à instruire les jeunes filles et à soigner les malades. Rollin a écrit son Éloge.

HERSCHELL (William), astronome, né en 1738 à Hanovre, mort en 1822, était fils d'un habile musicien. Il exerça lui-même quelque temps la profession de son père, vint en 1759 se fixer en Angleterre, où, pendant quelques années, il vécut péniblement du produit de ses leçons, fut nommé organiste à Halifax en 1765, puis à Bath en 1766, et vit dès lors sa position s'améliorer. Conduit par l'étude de la musique à celle des mathématiques et de là à l'astronomie, il ne cultiva d'abord la science que par délassement ; mais bientôt, y ayant obtenu de brillants succès, il abandonna son état et se livra tout entier à ses nouvelles études. Trop pauvre pour acheter des télescopes, il se mit à en fabriquer lui-même (1774); il ne tarda pas à exécuter des instruments plus parfaits et plus puissants que tous ceux que l'on connaissait (entre autres un télescope long de 39 pieds anglais, ou 12 mètres, qui exigea 4 ans de travail, 1785-89). Avec leur secours il fit les observations les plus importantes; il découvrit une nouvelle planète, Uranus (13 mars 1781), puis les satellites de cette planète (1787), et deux nouveaux satellites de Saturne (1789); il reconnut que le système solaire n'est pas fixe et qu'il se porte tout entier vers la constellation d'Hercule; il fit une étude particulière des nébuleuses, aperçut dans les masses blanches qui les forment un nombre prodigieux de petites étoiles, reconnut parmi celles-ci des étoiles centrales, autour desquelles les autres exécutent une révolution régulière, et ouvrit ainsi une voie nouvelle aux observations. Le roi George III lui accorda une protection toute particulière, lui fit une pension et lui donna, au bourg de Slough, une habitation voisine de son château de Windsor : c'est là qu'Herschell a fait la plupart de ses observations. La Société royale de Londres s'empressa de l'admettre dans son sein ; l'Institut de France le nomma son associé. Herschell eut pour auxiliaires dans la construction de ses télescopes et dans ses observations son frère Alexandre et sa sœur Caroline (morte en 1848, à 98 ans). Ce savant a laissé une foule de mémoires, qui ont été insérés dans les Transactions philosophiques de la Société royale, et qui ont rapport, les uns à l'optique et à la construction des instruments; les autres au système solaire, aux planètes, à leurs satellites, aux comètes; d'autres enfin à l'astronomie stellaire, qu'il créa presque en entier. M. Arago a prononcé son Éloge, 1842. — Son fils, John Herschell, né en 1792, hérita de ses goûts scientifiques et de ses secrets pour la fabrication des verres de télescope : il a fait faire de nouveaux pas à l'astronomie ainsi qu'à l'optique.

HERSENT (Ch.), oratorien, né à Paris vers 1590, mort en Bretagne en 1660, se brouilla avec les Oratoriens et écrivit contre eux, accusa le cardinal de Richelieu de vouloir séparer la France de l'Église de Rome et écrivit à cette occasion, en 1640, un livre qu'il intitula : Optati Galli de cavendo schismate, par allusion à l'écrit de S. Optat contre le schisme des Donatistes : cet ouvrage fut censuré par 16 évêques, condamné par le parlement, et brûlé par les mains du bourreau. Étant allé à Rome, il s'y fit excommunier par le pape Innocent X pour avoir pris la défense de Baïus et de Jansénius. Outre ses écrits de polémique, on a de lui un travail estimé sur S. Denys l'Aréopagite, 1626.

HERSENT (L.), peintre d'histoire et de genre, né à Paris en 1777, mort en 1860, fut élève de Regnault, obtint à 20 ans le 2e grand prix, exposa dès 1804, et produisit successivement un grand nombre de tableaux qui furent remarqués : Achille livrant Briséis aux hérauts d’Agamemnon, Atala s’empoisonnant dans les bras de Chactas, la mort de Bichat, Daphnis et Chloé, Las Cases soigné par des sauvages, le Passage du pont de Landshut, Louis XVI distribuant des secours au peuple, l’Abdication de Gustave Wasa : ce dernier, son chef-d’œuvre, a été détruit en 1848 dans le sac du Palais-Royal. Hersent excellait aussi dans le portrait. Il fut admis à l’Académie des beaux-arts en 1822. Ses œuvres sont empreintes d’un sentiment délicat et vrai ; la peinture en est finie, mais sans largeur. La plupart ont été gravées. — Mme Hersent, Dlle L. Mauduit, née en 1784, s’est aussi distinguée dans la peinture d’histoire et le portrait.

HERSERANGE, vge du dép. de la Moselle, à 40 k. de Briey ; 600 hab. Hauts fourneaux, forges, fonderies.

HERSFELD, v. de Prusse (Cassel), ch.-l. de cercle, sur la Fulde, à 41 kil. N. E. de Fulde ; 7000 hab. Château ; anc. abbaye de Bénédictins.

HERTFORD, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de même nom, sur la Lea, à 34 kil. N. de Londres ; 6000 hab. Anc. château fort, où furent détenus David, roi d’Écosse, et Jean le Bon, roi de France. École élémentaire de 500 enfants dépendant de l’hôpital Christ-Church ; collége des Indes orientales pour l’instruction des jeunes gens qui se destinent au service des Indes. — Le comté, situé dans l’intérieur, au S. de ceux de Cambridge et de Bedford, a 40 kil. sur 24, et 160 000 hab. Sol aride, culture bien entendue et productive à force d’engrais. Grand commerce avec la capitale, peu d’industrie.

HERTZBERG. V. HERZBERG.

HERTHA, divinité des Germains, était la déesse de la Terre (Erde en allemand). On conservait dans une île de la Baltique (Rugen ?) un char qui lui était consacré, et sur lequel on la promenait à certaines époques. Son culte était répandu dans toute la Germanie et surtout dans la forêt Hercynienne ; il se conserva longtemps en Suède, où il fut détruit au XIIe siècle par Waldemar I.

HÉRULES, peuple germain, qu’on croit originaire de la Sarmatie, apparaît pour la première fois dans l’histoire au IIIe siècle. Ils habitaient alors, avec les Goths, les rivages septentrionaux de la mer Noire. Soumis par Hermanaric, roi des Goths, ils devinrent avec ce peuple la proie des Huns ; mais, après la mort d’Attila (453), on les voit recouvrer leur indépendance et fonder un empire puissant sur les bords du Danube, au N. de la Thrace. Au Ve siècle, les Hérules, unis aux Rugiens et autres peuplades scythes, et conduits par leur roi Odoacre, envahirent l’Italie, prirent Rome et portèrent le coup mortel à l’empire romain d’Occident (476) ; mais leur puissance fut de peu de durée : dès 493 ils furent complètement défaits par les Ostrogoths, qui les chassèrent d’Italie. Ils allèrent chercher un asile, les uns chez les Gépides, les autres dans l’empire d’Orient, où l’empereur Anastase leur assigna des terres en Illyrie. Chassés de l’empire au VIIe siècle à cause de leurs brigandages, ils se retirèrent en Germanie. Depuis cette époque, ils disparaissent de l’histoire. Les Hérules étaient regardés comme les plus féroces des Barbares ; ils se refusèrent toujours à embrasser le Christianisme.

HERVAGIUS, imprimeur. V. HERWAGEN.

HERVAS (le P. Laurent), savant jésuite espagnol, né en 1735 à Horcajo dans la Manche, mort en 1809, séjourna longtemps dans les Missions de l’Amérique, fit une étude approfondie des idiomes des naturels, vint en Italie quand son ordre eut été banni des États espagnols, se fixa d’abord à Césène, puis fut appelé à Rome par Pie VII et nommé préfet de la bibliothèque Quirinale. Sous le titre d’Idea dell' universo, il publia en italien, de 1778 à 1787, un vaste ouvrage en 21 vol. in-4 (qu’il traduisit lui-même en espagnol) : il y traçait l’histoire de l’homme, de la société, des langues, la description du globe terrestre et des corps célestes ; on y remarque ses travaux de linguistique, notamment un Catalogue des langues connues, avec des notices sur leurs affinités ; un Vocabulaire polyglotte, comprenant 150 langues, avec l’Oraison dominicale en 307 langues ou dialectes.

HERVEY (J.), écrivain anglais, né en 1714, à Hardingstone (Northampton), mort en 1758, était curé de Weston-Favel. Prédicateur éloquent, ecclésiastique plein de charité, il est surtout connu par deux ouvrages dans le genre de ceux d’Young, où l’on trouve un style élégant, harmonieux, joint à une sensibilité douce et mélancolique : les Méditations au milieu des tombeaux, 1746, et les Contemplations sur la nuit et les cieux étoilés, 1747, tous deux en prose. Ils ont été trad. par Letourneur, 1770, et par Mme d’Arconville, 1771. Baour-Lormian en a mis en vers plusieurs morceaux.

HERVILLY (Louis Ch., comte d'), était en 1791 commandant de la garde constitutionnelle à pied de Louis XVI ; il défendit le château des Tuileries au 20 juin et au 10 août 1792. Il passa en Angleterre en 1793, fit, à la tête d’un corps de royalistes, une descente en Bretagne (juin 1795), mais fut repoussé par Hoche et blessé grièvement à Quiberon ; on le transporta à Londres, où il mourut de ses blessures.

HERWAGEN (J.), Hervagius, imprimeur de Bâle au XVIe siècle, mort en 1564, était ami d’Érasme. Il a publié des éditions estimées de Démosthène, de Procope, et les Scriptores rerum Germanicarum, 1532.

HÉRY, vge du dép. de l’Yonne, à 13 kil. N. E. d’Auxerre ; 1600 hab. Beau château. Anc. couvent de Bénédictins, où se tint en l015 un concile national pour traiter de la paix, entre le roi Robert et Othon-Guillaume, qui prétendait à la succession de Hugues I, duc de Bourgogne, son beau-père.

HERZBERG (Fréd., comte de), ministre de Frédéric II, roi de Prusse, né en 1725 en Poméranie, mort en 1795, fut chargé pendant 30 ans du département des affaires étrangères. Il était en outre conservateur des archives secrètes, et put ainsi puiser à leur source les plus précieux documents sur l’histoire de son pays. Il négocia le traité de paix de la Prusse avec la Russie et la Suède en 1762, la paix de Hubertsbourg en 1763, eut une grande part au premier partage de la Pologne, signa le traité de Teschen, pacifia la Belgique et la Hollande, et conclut en 1790 le traité de Reicheobach. On a de lui : Mémoire sur la population primitive de la Marche de Brandebourg, couronné par l’Académie de Berlin en 1752 ; Histoire du l’ancienne puissance maritime de Frédéric-Guillaume ; Recueil de manifestes, déclarations, traités, rédigés par la cour de Prusse, 3 vol. in-8, 1789-95.

HERZÉGOVINE ou HERSEK, contrée presque indépendante de l’Empire ottoman, bornée au N. par la Croatie, au S. par le Monténégro, à l’E. par la Bosnie, au S. O. par la Dalmatie : env. 300 000 hab. (esclavons et catholiques grecs) ; ch.-l., Trébigne ; autre ville principale, Mostar. Pays montagneux, couvert par des ramifications des Alpes dinariques. — Avant le XIVe siècle, l’Herzégovine faisait partie du royaume de Croatie. Incorporée à la Bosnie en 1326, elle fut, au milieu du siècle suivant, érigée en duché par l’empereur Frédéric III sous le nom de Ste-Sabe (ducatus Stæ-Sabæ). En 1699, par la paix de Carlowitz, l’Herzégovine fut assurée au sultan, qui venait de s’en emparer. Depuis, elle a formé un livah de la Turquie, compris dans l’eyalet de Bosnie. Il faut cependant en excepter la ville de Castel-Nuovo et quelques districts environnants, qui étaient possédés depuis 1682 par les Vénitiens, et qui appartiennent auj. au royaume autrichien de Dalmatie. Ce pays s’est insurgé en 1861 contre la domination turque.

HESBAYE ou HASBAIN, partie de l’anc. principauté de Liège, s’étendait sur la r. g. de la Meuse depuis Liège jusqu’à Huy, et renfermait, outre Liège, St-Trond, Tongres, Héristal, Landen, Huy. Ce pays est le berceau des Carlovingiens.

HESCHAM, 10e calife ommiade, succéda à son frère Yézid, et régna à Damas de 724 à 743. Il défit le khan du Turkestan, et Zayd, petit-fils de Hussein, fils d'Ali, qui avait été proclamé calife à Koufa.

HESCHAM I (ABOUL-WALID), calife de Cordoue, surn. Al-Radhy, c.-à-d. le Bon, succéda l'an 788 à son père Abdérame I, eut d'abord à combattre ses frères qui s'étaient révoltés, les défit et leur pardonna; puis tourna ses armes contre les Chrétiens : il ravagea la Galice, franchit les Pyrénées, prit Narbonne et Girone (794), mais il fut à son retour vaincu dans la Galice par Alphonse II. Il mourut en 796. Hescham I contribua beaucoup à l'embellissement de Cordoue et acheva la grande mosquée.

HESCHAM II (AL-MOWAIED-BILLAH), calife de Cordoue, n'avait que 11 ans à la mort de son père Al-Hakem (976). Almanzor fut nommé régent pendant sa minorité, et remporta de grandes victoires sur les Chrétiens (V. ALMANZOR). Mais après la mort de cet habile ministre, le faible Hescham fut détrôné par Mohammed-al-Madhi, qui le jeta dans les fers (1006). Il fut tiré de captivité en 1012 par une nouvelle révolution et replacé sur le trône; mais 3 ans après, il périt assassiné dans une sédition (1015).

HESCHAM III (ABOU-BEKR), dernier calife de Cordoue, fut proclamé, malgré ses refus, après la mort de Yahiah-al-Motali (1027). Il tenta vainement de résister aux Chrétiens et d'apaiser les troubles intérieurs, et fut forcé d'abdiquer en 1031. Après lui le califat fut démembré.

HESCHAM, chérif du Maroc. V. HASCHEM.

HESDIN, Helena vicus ? ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), sur la Canche, à 25 kil. S. E. de Montreuil; 3450 hab. Bas de fil, savon, tanneries. Patrie de l'abbé Prévost et du voyageur Jacquemont. — La ville actuelle a été fondée par Charles-Quint en 1554, à quelque distance d'Hesdin le Vieux, que Philibert Emmanuel, duc de Savoie, général de l'empereur, avait pris l'année précédente sur les Français et qu'il avait fait détruire. Le maréchal de La Mailleraye s'empara du nouvel Hesdin en 1639. Le traité des Pyrénées (1659) l'assura définitivement à la France.

HÉSEBON, v. lévitique de la Palestine, dans la tribu de Rubin. Elle eut dans les premiers siècles un évêché, qui donne encore son titre à un évêché in partibus.

HÉSIODE, célèbre poëte didactique grec, originaire de Cumes en Éolie, naquit ou du moins vécut dans le bourg d'Ascra en Béotie, d'où il est nommé Ascræus poeta. On croit, sur l'autorité d'Hérodote, qu'il était contemporain d'Homère, et vivait au commencement de IXe siècle av. J.-C.; les Alexandrins le placent plus d'un siècle après Homère; du reste on ne sait rien de certain sur sa vie. Il avait composé un grand nombre de poëmes; on n'en a conservé que trois : Les Travaux et les Jours, où il traite surtout de l'agriculture; on y admire l'épisode de Pandore : ce poëme paraît avoir inspiré les Géorgiques de Virgile; la Théogonie, ou généalogie des dieux, source précieuse pour la connaissance de la mythologie; le Bouclier d'Hercule, imité par Virgile dans la description du bouclier d'Énée. Ces poëmes brillent par la simplicité et l'élégance plutôt que par le génie. Ils ont été commentés par Aristarque, par Proclus, Jean Tzetzès, Moschopule. Quelques savants croient que c'est à tort que l'on attribue à Hésiode tous les ouvrages que nous avons sous son nom; il serait tout au plus l'auteur des Travaux; la Théogonie et surtout le Bouclier seraient d'une époque plus récente. Parmi les nombreuses éditions d'Hésiode, on distingue celles de H. Étienne, Paris, 1566, in-fol.; de Heinsius, 1603; de Th. Robinson, Oxford, 1734; de Lœsner, Leipsick, 1778; de Th. Gaisford, Oxford, 1814, et Leipsick, 1823; de Boissonade, Paris, 1824; de Gœttling, Gotha, 1831 et 1844; de F. S. Lehrs, dans la Bibl. grecq. de Didot, 1841; de Van Lennep, Amst., 1848-54. Il a été traduit en français par Bergier, 1767; Gin, 1785; Coupé, 1796; J. Chenu; 1844; et mis en vers par Baïf, 1574, et par Fresse-Montval, 1843.

HÉSIONE, fille de Laomédon, roi de Troie, et sœur de Priam. Neptune irrité contre Laomédon, qui avait manqué à la parole donnée, envoya un monstre marin qui désolait les campagnes. L'oracle consulté désigna Hésione pour victime expiatoire. Hercule la délivra au moment où elle allait être dévorée par le monstre; mais, n'ayant pas non plus obtenu de Laomédon la récompense promise, il enleva Hésione et la fit épouser à son ami Télamon. Cet enlèvement devint le prétexte de l'enlèvement d'Hélène par un prince troyen. Danchet a fait un opéra d’Hésione.

HESNAULT (J.), poëte du XVIIe siècle, fils d'un boulanger de Paris, était un des protégés de Fouquet, et fut le maître de Mme Deshoulières. Il publia en 1670 un vol. d’Œuvres diverses, qui contient des sonnets (entre autres un sonnet fameux contre le ministre Colbert), et quelques pièces en prose, où règne la philosophie épicurienne. Il avait commencé à traduire Lucrèce en vers; mais il supprima son travail par scrupule religieux; on a cependant conservé l’Invocation à Vénus, qui est estimée.

HESPER (c.-à-d. le soir, le couchant), fils de Japet et frère d'Atlas, fut père d'Hespéris, la mère des Hespérides. Chassé d'Afrique par son frère Atlas, il vint, dit-on, dans l'Italie, qui prit de lui le nom d'Hespérie. Selon une autre tradition, ce prince, recommandable par sa justice et sa bonté, étant un jour monté au sommet du mont Atlas pour observer les astres, fut subitement emporté par un vent impétueux. Le peuple, qui le regrettait, donna son nom à la plus brillante des planètes, à celle que nous appelons Vénus, l’Étoile du berger ou l’É. du soir, parce qu'elle parait le soir à l'occident.

HESPÉRIDES, c.-à-d. Occidentales, filles d'Atlas et d'Hespéris, étaient au nombre de trois : Églé, Aréthuse, et Hyperéthuse. Elles possédaient un beau jardin rempli de fruits de toute espèce, surtout de pommes d'or (oranges), et placé sous la garde d'un dragon à cent têtes, fils de la Terre. Hercule, par l'ordre d'Eurysthée, se transporta dans le jardin des Hespérides, tua le dragon, rapporta les pommes d'or, et accomplit ainsi le douzième de ses travaux. On n'est nullement d'accord sur le lieu qu'habitaient les Hespérides : le plus grand nombre des traditions le placent dans la Mauritaine, au pied de l'Atlas ; d'autres dans la Cyrénaïque, où l'on trouve une ville d'Hespéris (depuis Bérénice), ou en Espagne près de Gades(Cadix), ou même dans les îles Fortunées (ou Canaries), qu'on nommait îles des Hespérides.

HESPÉRIE, Hesperia, c.-à-d. l'Occidentale, nom donné d'abord par les Grecs à l'Italie, fut ensuite appliqué par eux à l'Hispanie, quand leurs connaissances en géographie s'étendirent plus à l'ouest.

HESS (J. J.), théologien protestant, né à Zurich en 1741, m. en 1828, se distingua comme prédicateur et devint doyen du clergé dans sa ville natale. On a de lui : Histoire des trois dernières années de la vie de J.-C., Zurich, 1772; Hist. des Apôtres, 1775 ; Hist. des Israélites, 1776-86.

HESSE, en allemand Hessen, région de l'Allemagne, comprise entre le Rhin, le Mein et le Weser, habitée jadis par les Hassii, branche de la nation des Cattes, a donné son nom à une maison souveraine, sortie elle-même de celle de Thuringe. Dès le temps de Charlemagne, on trouve des seigneurs ou comtes de Hesse héréditaires, appelés presque tous Werner ou Gison. L'héritière de Gison IV porta en 1130 ses domaines dans la maison de Thuringe; mais en 1263, ils en furent détachés, avec le titre de landgraviat, en faveur de Henri I (V. ci-après HESSE-CASSEL). En 1567, à la mort de Philippe le Magnanime, les landgraves de Hesse se partagèrent en plusieurs branches, dont deux, celles de Hesse-Cassel et de Hesse-Darmstadt, existent encore. De cette dernière se détacha en 1596 la branche de Hesse-Hombourg, également souveraine aujourd'hui. D'autres lignes cadettes apanagées, mais non souveraines, sont encore issues de la maison de Hesse. Les deux principales, sorties toutes deux de la branche de Cassel, sous celles de Hesse-Rheinfels-Rothenbourg, fondée en 1677, éteinte en 1834, et de Hesse-Phippsthal, fondée en 1864, et divisée actuellement en deux rameaux : Hesse-Philippsthal et Hesse-Philippsthal-Barchfeld.

HESSE-CASSEL ou HESSE-ÉLECTORALE, ancien État de la Confédération germanique, borné au N. par le gouvt prussien de Minden et le Hanovre, à l'E. par le gouvt prussien d'Erfurt, le grand-duché de Saxe-Weimar, au S. E. par la Bavière, au S. O. par le grand-duché de Hesse-Darmstadt, à l'O. par la principauté de Waldeck : 110 kil. sur 220 ; 755 000 h.; ch.-l. Cassel. Cet État était divisé en 4 provinces : Hte-Hesse, B.-Hesse, grand-duché de Fulde, et principauté de Hanau ; ch.-lx, Cassel, Marbourg, Fulde et Hanau. La Hesse Électorale forme un plateau montagneux ; elle est presque tout entière couverte de forêts ; le climat y est fort rude. La Fulde, la Werra, le Mein, la Lahn, le Diemel, sont les principales rivières qui l'arrosent. On y cultive le tabac, les céréales, le lin, les légumes, les fruits et la vigne (au sud). Le sol renferme beaucoup de sel et de houille, du fer, du cuivre, de l'alun, du vitriol, de la chaux, etc. Industrie active en toiles, tuiles, faïence, orfèvrerie, etc. Commerce de transit considérable, facilité par plusieurs chemins de fer. Le gouvernement était monarchique constitutionnel. La religion protestante est professée par la majorité des habitants. On compte plusieurs établissements d'instruction, dont le plus important est l'Université de Marbourg. L'électorat avait 3 voix dans les assemblées générales de la diète. — Henri I, dit l’Enfant, premier landgrave de Hesse (1263), était fils d'un duc de Brabant et d'une fille du landgrave de Thuringe ; il fut déclaré prince d'empire par l'emp. Adolphe de Nassau en 1292, et établit sa résidence à Cassel. Ses descendants régnèrent d'abord sur toute la Hesse jusqu'à Philippe le Magnanime, qui, en mourant (1567), partagea ses domaines entre ses 4 fils. L'aîné, Guillaume IV, le Sage, eut Cassel et la moitié de tout l'héritage : c'est lui qui est le fondateur de la maison de Hesse-Cassel. Il accrut ses domaines, et mourut en 1592. Maurice, son successeur, perdit Marbourg, et fut forcé par son fils Guillaume V d'abdiquer (1627). Guillaume s'unit à la France et à la Suède pendant la guerre de Trente ans, et laissa en mourant (1637) un fils mineur sous la tutelle de sa veuve. Celle-ci gouverna avec sagesse, et acquit l'abbaye d'Hersfeld et une partie du comté de Schauenbourg. Un de ses descendants, Frédéric de Hesse-Cassel, épousa Ulrique Éléonore de Suède, sœur et héritière de Charles XII, et occupa le trône de Suède (1720-1751). En 1801, Guillaume IX perdit Saint-Goar et Rheinfels par le traité de Lunéville. En 1803, il reçut le titre d’Électeur, sous le nom de Guillaume I. Allié douteux de Napoléon, il vit ses États envahis en 1806 : ils furent partagés entre la Westphalie et le grand-duché de Francfort. Il les recouvra en 1813 et 1814, et garda le titre d’Électeur, quoique ce titre se trouvât sans objet, l'empire d'Allemagne n'existant plus. Il eut pour successeur en 1821, son fils Guillaume II, dont la mauvaise administration donna naissance à des troubles fréquents, et qui se vit forcé en 1831 de donner une constitution libérale. Sous Frédéric-Guillaume I, qui lui succéda en 1847, éclatèrent de nouveaux troubles : il les apaisa momentanément en accordant des réformes (1849), qu'il ne tarda pas à rétracter (1852). Depuis 1866, la Hesse Électorale, annexée à la Prusse, y forme le district de Cassel.

HESSE-DARMSTADT (GRAND-DUCHÉ DE), État de l'Allemagne du Sud, borné au N. par les districts prussiens de Cassel et de Wiesbaden, à l'E. par la Bavière, au S. E. par le gr.-duché de Bade, au S. par la Bavière rhénane, à l'O. par les gouv. prussiens de Coblentz et d'Arensberg. Avant 1866, la prov. de Hanau, qui appartenait à la Hesse-Electorale, séparait le gr.-duché de Hesse en deux portions presque égales, l'une au N. (90 kil. sur 55), l'autre au S. (95 kil. sur 60). On y comptait 860 000 h. (dont un quart catholiques); capit. générale, Darmstadt. A la suite des événements de 1866, le grand-duc de Hesse a cédé à la Prusse la Hesse supérieure (au N. du Mein), et acquis en échange quelques parties de l'anc. Hesse-Électorale, et de l'anc duché de Nassau. — Le pays est arrosé par le Rhin, qui y reçoit le Mein et la Nahe ; par le Neckar, la Lahn, la Fulde, le Schwalm et l'Edder. Le sol est plat sur la rive droite du Rhin et sur la rive gauche du Mein ; le reste est coupé de différentes chaînes de montagnes, couvertes de forêts, et dont les principales sont celles de Taunus, Odenwald, Vogelsberg, Westerwald et Mont-Tonnerre. Climat doux et agréable. Les principales productions sont le blé, les pommes de terre, le lin, les graines oléagineuses, les fruits, le vin (sur les bords du Rhin). Les montagnes contiennent du fer, du cuivre, du grès, de la tourbe et des eaux minérales. L'industrie consiste en bonneterie, toiles, flanelle, draps et tanneries ; commerce de transit et d'expédition. Le gouvernement, réglé par la charte de 1820, modifiée en 1848 et 1851, est constitutionnel. La Hesse-Darmstadt avait 3 voix dans l'assemblée générale de la diète. — Georges, 4e fils de Philippe le Magnanime, qui régnait sur la Hesse entière, fut le premier landgrave de Hesse-Darmstadt (1567); il n'eut d'abord qu'un 8e des biens de son père : cette part se composait de Darmstadt et de son territoire ; mais il vit bientôt ses domaines s'agrandir par la mort de deux de ses frères, Philippe et Louis III. Louis V, fils de George, céda en 1595 à son frère Frédéric le territoire de Hombourg qui depuis forma un landgraviat distinct. Au siècle suiv., George II céda Marbourg à la Hesse-Cassel. En 1801, Louis X perdit une partie du comté de Lichtenberg et quelques autres districts sur la r. g. du Rhin ; il reçut en échange le duché de Westphalie, Mayence et quelques portions du Palatinat ; en 1806, il entra dans la Confédération du Rhin et changea son titre de landgrave en celui de grand-duc; il prit alors le nom de Louis I. En 1813, il entra dans la ligue contre la France. En 1815, il céda à la Prusse ce qu'il avait de la Westphalie, mais s'étendit sur les bords du Rhin. En 1816, il rendit aux landgraves de Hesse-Hombourg leur souveraineté, dont ils avaient été dépouillés en 1806. En 1820, il donna à son peuple une constitution assez libérale. Ses successeurs, Louis II (1830), et Louis III (1848), s'attirèrent des difficultés en retirant ou restreignant les libertés qu'il avait accordées.

HESSE-HOMBOURG (landgraviat de), ancien État de la Conféd. germanique, se composait du landgraviat de Hombourg, enclavé dans le grand-duché de Hesse-Darmstadt (Hte-Hesse), et de la seigneurie de Messenheim, entre le cercle bavarois du, Rhin, le gouvt prussien de Coblentz et la principauté oldenbourgeoise de Birkenfeld ; 316 kil. carrés ; 25 000 h.; ch.-l. Hombourg. Sol peu riche, en partie montagneux ; forêts nombreuses, quelques mines de fer et de houille ; culture bien entendue : grains, fruits en abondance. — Ce landgraviat fut détaché de celui de Hesse-Darmstadt en 1595 pour Louis V en faveur de son frère cadet Frédéric. En 1806, il fut placé sous la souveraineté de la Hesse-Darmstadt : les traités de 1815 le rétablirent comme État indépendant. Le gouvt était monarchique; la Hesse-Hombourg avait voix dans les assemblées générales de la diète. Depuis 1866, il est annexé à la Prusse. La religion est le Luthéranisme.

HESSE (Philippe, landgrave de), dit le Magnanime, fils de Guillaume II, succéda à son père en 1509, n'étant âgé que de 5 ans, fut proclamé majeur à 14 ans ; repoussa plusieurs invasions étrangères, réprima les Anabaptistes (1525), embrassa le Luthéranisme en 1526, signa en 1530 la confession d'Augsbourg, et fit toujours partie depuis de la ligue des princes protestants. Il fut vaincu par Charles-Quint à Muhlberg (1547), fut 4 ans retenu prisonnier par ce prince, et mourut en 1567. C'est lui qui fonda l'Université de Marbourg.

HESSE (Guillaume, landgrave de), le Sage, fils du précéd., né en 1522, mort en 1592, succéda à son père en 1567. Il protégea les lettres, les arts et les sciences, et cultiva lui-même l'astronomie. On a de lui des observations astronomiques, publiées sous le titre de Cœli et siderum in eo errantium observationes Hassiacæ, Leyde, 1628.

HESSE-CASSEL (George-Guill., d'abord landgrave, puis électeur de), né en 1743, était feld-maréchal au service de la Prusse. Comte de Hanau dès 1764, il régna sur tout le landgraviat à partir de 1785. Entré dans la coalition contre la France en 1792, il fit la campagne de 1793, mais il traita en 1795 avec la République. En 1803, il changea son titre de landgrave contre celui d'électeur de l'empire germanique. S'étant associé de nouveau en 1806 aux projets de la Prusse contre la France, il fut, après la bataille d'Iéna (1806), privé par Napoléon de sa souveraineté. Il la recouvra en 1813 et mourut en 1821.

HÉSUS, c.-à-d. le Terrible en celtique, dieu des Gaulois, présidait aux combats, ainsi qu'aux chants des Bardes. C'est surtout par l'effusion du sang humain qu'on l'honorait. On le représente armé d'une hache. Des savants modernes le regardent comme un conquérant venu de l'Orient, et lui attribuent l'introduction du Druidisme dans la Gaule.

HÉSYCHIUS, écrivain grec d'Alexandrie, qu'on place au IIIe siècle de J.-C., a laissé un lexique dans lequel il explique les mots les moins usités que l'on trouve dans les auteurs grecs; cet ouvrage est d'un grand secours pour faciliter la lecture des poëtes, des historiens, des philosophes et même des auteurs sacrés. On ne connaît qu'un manuscrit du Lexique d'Hésychius; il fut découvert par Musurus et publié à Venise en 1514, in-fol. Les meilleures éditions de ce lexique sont celles de J. Alberti et Ruhnkenius, Leyde, 1746-66, de Schow, Leipsick, 1792 ; de Schmidt, Iéna, 1859. — Un autre Hésychius, de Milet, qui vivait au VIe s. et qui était chrétien, a laissé un Abrégé des vies des philosophes et des fragments sur l’Origine de Constantinople, publiés par J. Meursius, Leyde, 1613, par Orellius, Leipsick, 1820, et dans les Historic. græc. fragm. de la Bibliothèque grecque de Didot.

HÉTÉRIE (du grec hetæria, association, fraternité). On a donné ce nom à deux sociétés qui furent fondées au commencement de ce siècle dans l'intérêt des Grecs. La première, l’Hétérie des Philomuses ou des Amis des muses, fut fondée à Vienne par Capo d'Istria, dans un but tout philanthropique : elle se proposait de répandre les lumières en Grèce en y créant des écoles, en y relevant la religion, et devait en même temps s'occuper de la recherche et de la conservation des monuments de l'antiquité. Soutenue par les princes, les ministres et les savants de tous les pays de l'Europe, elle obtint par souscription des sommes considérables. Elle avait son siège à Athènes. — La deuxième, toute politique, se proposa l'affranchissement de la Grèce. Elle resta à l'état de société secrète jusqu'au moment de l'insurrection générale (1821). On en attribue la première idée au poëte patriote Rhigas, qui fut livré au supplice par le gouvernement turc en 1798; elle fut renouvelée en 1814, et eut son siége d'abord à Odessa, puis à Kichenef en Bessarabie. Se confondant bientôt avec la première hétérie, elle se répandit rapidement dans toute la Grèce et prépara activement l'insurrection générale. En 1820 1'hétérie choisit pour chef Alexandre Ypsilanti. Le rôle de cette association finit dès que la guerre fut ouvertement déclarée.

HÉTHÉENS, peuple chananéen, habitait les montagnes d'Hébron. Après la conquête, il fut compris dans la tribu de Juda.

HETMAN ou ATTAMAN, nom que porte le chef des Cosaques. Cette dignité fut créée en 1576 par Étienne Bathori, roi de Pologne, en faveur de Bogdan Rozynski. Les insignes étaient un drapeau, une queue de cheval, un bâton de commandement et un miroir. Les hetmans étaient toujours choisis parmi les chefs les plus distingués des Cosaques; cependant l'empereur Nicolas conféra cette dignité à l'héritier de la couronne, le grand-duc Alexandre (auj. empereur). — Dans l'ancien royaume de Pologne il y avait deux grands hetmans : le grand hetman de la couronne et le grand hetman de Lithuanie. Ces grands dignitaires parvinrent à une très-haute autorité : par la constitution de 1768 ils prirent place parmi les ministres d'État, et l'un d'eux devait toujours avoir le portefeuille de la guerre.

HETZEL (J. G. Fréd.), orientaliste, né en 1754 à Kœnigsberg en Franconie, mort en 1829, enseigna les langues orientales dans l'Université de Giessen, puis dans celle de Dorpat, et donna, outre des livres élémentaires pour l'étude de l'hébreu, du chaldéen, du syriaque et de l'arabe, une traduction allemande de la Bible, avec notes explicatives, 10 vol. in-8, Lemgo, 1780-91, et un Dictionnaire de la Bible, 3 vol. in-8, Leipsick, 1783-85.

HEUCHIN, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 k. N. O. de St-Pol ; 600 hab.

HEUMANN (Ch. Aug.), professeur à Gœttingue, né dans le duché de Saxe-Weimar en 1681, m. en 1764. On a de lui un Dictionnaire des Anonymes et des Pseudonymes, en latin, Iéna, 1711 ; Conspectus reipublicæ litterariæ, 1718, et 12 vol. de Comment. sur le N. Testament, 1750-63. — Jean HEUMANN, professeur de jurisprudence à Altdorf, né en 1711, m. en 1760, a écrit entre autres ouvrages : De re diplomatica imperii ac regni germanici inde a Caroli Magni temporibus, 1745; Initia juris Germanici, 1757; Esprit des lois allemandes, 1759.

HEURES (LES), filles de Jupiter et de Thémis, habitaient l'Olympe; elles remplissaient les fonctions de ministres du soleil et ouvraient les portes du ciel. Tantôt elles présidaient aux divisions du jour et alors on en comptait 10, chez les Grecs, ou 12, chez les Romains; tantôt on les faisait présider aux saisons, et alors on n'en admettait que cinq : Dicé, Irène et Eunomie, qui présidaient chacune à une saison, le printemps, l'été et l'hiver; puis Carpo et Thalatie, qui présidaient ensemble à l'automne. On les représentait jeunes, belles, parfumées, formant des chœurs et des danses avec les Grâces, Hébé, Harmonie et Vénus, tandis que les Muses chantaient. — Pour la division des heures du jour chez les anciens, V. notre Dict. univ. des Sciences.

HEURNIUS (Jean), Van Heurn, médecin d'Utrecht, 1543-1601, professa la médecine à Leyde, fut le premier à démontrer dans cette ville l'anatomie sur des cadavres humains, devint médecin de Maurice de Nassau et fit des cures merveilleuses. On a de lui, en latin : Maladies de la tête, Leyde, 1602 ; Institutions de médecine, 1606; Commentaires sur Hippocrate, 1609. Ses ouvrages ont été réunis à Leyde, 1658, in-fol. — Son fils, Othon Heurnius, 1577-1650, enseigna la philosophie et la médecine à Leyde. Il a laissé : Antiquitates philosophiæ barbaricæ, Leyde, 1600; Babylonica, ægyptiaca, indica, etc., philosophiæ primordia, 1619.

HEURTELOUP (Nic., baron), chirurgien militaire, né à Tours en 1750, m. en 1812, devint chirurgien en chef de l'armée sous le Consulat, remplaça Percy en 1808 à l'armée d'Allemagne et montra un dévouement sans bornes. — Son fils, Ch. Heurteloup, né en 1793, s'est illustré par les perfectionnements qu'il a apportés à l'art de la Lithotritie (qu'il préférait appeler Lilhotripsie), et a obtenu en 1828 un prix de 5000 fr. de l'Académie des sciences. M. en 1872

HEURTIER (J. Franç.), architecte, né à Paris en 1739, m. en 1823, obtint le grand prix d'architecture en 1764, passa 4 années à Rome, devint à son retour architecte du roi, inspecteur des bâtiments de la couronne, membre de l'Académie royale et du conseil des bâtiments. Il a restauré les monuments de Versailles, construit la salle de spectacle de la même ville, et élevé à Paris de l781 à 1783, le théâtre de la place Favart, qui offre une des applications les plus heureuses de l’ordre ionique.

HEUSDEN, v. de Hollande (Brabant-sept.), à 12 kil. N. O. de Bois-le-Duc ; 1900 hab. Citadelle. Les français prirent cette ville en 1672 et en 1795.

HEUSINGER (Michel), philologue, né près de Gotha en 1690, m. en 1751, professeur et directeur du gymnase d’Eisenach, a publié des éditions estimées des Césars de Julien, Gotha, 1736 ; d’Ésope, 1741 ; de Cornélius Népos, 1747. — J. Frédéric H., son neveu, 1718-1778, recteur du gymnase de Wolfenbuttel, a édité le Traité de l’éducation des enfants de Plutarque, 1749, a publié des Corrections sur Callimaque, 1766, et a donné une excellente édition des Offices de Cicéron, publiée par C. Heusinger, son fils, Brunswick, 1783.

HEUZET (J.), professeur de belles-lettres au collége de Beauvais à Paris, né à St-Quentin vers 1660, m. en 1728, a publié à l’usage des colléges plusieurs recueils estimés, qui sont encore classiques : Conciones ex Sallustii Livii Curtii et Taciti historiis collectæ, 1721 ; Selectæ Veteri Testamento historiæ, 1726 ; Selectæ e profanis scriptoribus historiæ, 1727, souvent réimprimé, traduit par Ch. Simon, 1752, et par Barrett, 1781.

HÈVE (LA), cap de France, tout près du Hâvre, tout à l’extrémité O. du dép. de la Seine-Inf., ferme au N. l’embouchure de la Seine. Deux beaux phares.

HÉVÉLIUS (J.), astronome allemand, né à Dantzick, en 1611, m. en 1687, acquit par ses travaux une réputation européenne et fut pensionné par Louis XIV. Il perfectionna les instruments, fit plusieurs découvertes importantes, entre autres celle de l’étoile changeante qu’on a depuis nommée Mira (1662), observa le passage de Mercure sur le soleil, et laissa un grand nombre d’écrits, dont voici les principaux : Selenographia, Dantzick, 1647, in-fol. (c’est la description d’une Carte de la lune qu’il avait donnée en 1640) ; Cometographia, 1668 ; Machina cœlestis, 1673-1679 : la plus grande partie des exemplaires de cet important ouvrage périt dans un incendie, en 1679. Hévélius était aidé dans ses observations par sa femme, qui, après sa mort, publia ses derniers ouvrages.

HEVESCH, comitat de Hongrie (cercle de Pesth), borné au N. par les comitats de Borsod et de Gœmœr, à l’E. par celui de Szabolsch et la grande Cutilanie, au S. par les comitats de Csongrad et de Bekes, à l’O. par le district des Iazyges et le cercle en deçà du Danube : 140 kil. sur 45 ; 350 000 hab. ; ch.-l., Erlau. Au N., monts Matra ; ailleurs, plaines et marécages, surtout le long de la Theiss. — Ce comitat prend son nom du petit bourg d’Hevesch, qui est situé à 40 kil. S. d’Erlau.

HEXAMÉRON, c.-à-d. Six jours, titre donné à plusieurs ouvrages composés sur les six jours de la création. On connaît surtout ceux de S. Basile et de S. Ambroise et un poème de Dracontius.

HEXAPLES (du grec hexaploos, sextuple), nom donné à un important travail qu’avait fait Origène sur l’Ancien Testament, et qui offrait en six colonnes : 1o  le texte hébreu, en caractères hébraïques ; 2o  le même texte, en caractères grecs ; 3o  la version des Septante ; 4o  celle d’Aquila ; 5o  celle de Théodotion ; 6o  celle de Symmaque. Cette publication, souvent citée dans les premiers temps du Christianisme, avait pour but de mettre un terme aux disputes qui s’élevaient sans cesse entre les Juifs et les Chrétiens, au sujet de l’interprétation des Écritures. Les Hexaples n’existent plus ; elles paraissent avoir été perdues au VIIe siècle ; on n’en a conservé que des fragments, qui ont été rassemblés par Montfaucon, Paris, 1714, et par Bahrdt, Leipsick, 1769.

HEXAPOLE (c.-à-d. six villes). V. DORIDE.

HEXHAM, Alexodunum, v. d’Angleterre (Northumberland), sur la Tyne, à 32 kil. O. de Newcastle ; 6000 hab. Porte antique, 2 vieilles tours, etc. Anc. évêché, transféré à Durham. Dans la guerre des Deux-Roses, les partisans de la Rose-Rouge y furent défaits par ceux de la Rose-Blanche en 1464.

HEYDEN. V. VAN DER HEYDEN.

HEYDENREICH (Ch. H.), né en 1764 à Stolpen en Saxe, m. en 1801, adopta avec enthousiasme la philosophie de Kant et fut nommé en 1785 professeur de philosophie à Leipsick. Il abrégea sa vie par l’excès du travail et par l’abus de l’opium et des spiritueux. On a de lui : Idées originales sur les objets les plus intéressants de la philosophie, Leipsick, 1793-96 ; Système de la Nature d’après les principes critiques, 1794-95, et une traduction de la Restauration de la philosophie, de Buonafede, avec additions.

HEYM (J.), lexicographe, né en 1759 à Braunscheich (Bse-Saxe), m. en 1821, était professeur de langue allemande, d’antiquités, d’histoire, de statistique, de science commerciale et de géographie à l’Université de Moscou. On a de lui : Essai d’une encyclopédie géographique de l’empire russe, Gœtt., 1796 ; Dictionnaire complet des langues allemande, russe et française, Moscou, 1796-97 ; Dict. complet russe-francais-allemand, 1799-1802 ; Grammaire allemande (à l’usage des Russes), 1802 ; Grammaire russe (à l’usage des Allemands), 1804.

HEYNE (Christ. Gottlob), érudit, né en 1729 à Chemnitz en Saxe, d’un pauvre tisserand, m. en 1812, se forma lui-même et parvint avec des peines infinies à acquérir une instruction profonde malgré la misère de ses parents. Il fut longtemps attaché comme simple copiste à la bibliothèque du comte du Bruhl à Dresde ; mais, ayant commencé à se faire connaître par ses éditions de Tibulle (Leipsick, 1755) et d’Épictète (Dresde, 1756), il fut nommé en 1761 professeur d’éloquence à l’Université de Gœttingue ; il devint peu après bibliothécaire de cette ville, et président du séminaire philologique. Heyne travailla pendant 50 ans à répandre le goût d’une saine érudition, à agrandir la bibliothèque de Gœttingue, réformer les écoles. Il s’est surtout occupé d’illustrer les poëtes et les mythologues : ses travaux sur les anciens poëtes unissent l’érudition du philologue, de l’historien, de l’archéologue au jugement sûr et délicat de l’homme de goût. Ses principales éditions sont celles de Virgile, 4 vol., Leip., 1767-76 (reproduite dans les Classiques latins de Lemaire, et réimpr. à Londres en 1830, 3 v. in-8) ; de Pindare, 3 v., Gœtt., 1774 ; de l’Iliade d’Homère, 10 v., Leips. 1802 ; d’Apollodore, Gœtt., 1782 ; de Diodore de Sicile, 11 v. in-8, 1790-1806 (collect. de Deux-Ponts), On a encore de lui des Opuscula academica, Gœtt., 1785-1811, 6 v. in-8. — Sa fille, connue sous le nom de Thérèse Huber (V. HUBER), s’est distinguée dans les lettres. — V. HEINE.

HEYRIEUX, ch.-l. de cant. (Isère), à 20 kil. N. E. de Vienne ; 1400 hab.

HIÆLMAR, lac de Suède, entre les gouvts de Westeras, de Nykœping et d’Orebro, a 60 kil. sur 18, et communique avec le lac Mælar par un canal.

HIBERNIE, Hibernia, nom donné par les Romains à l’Irlande. V. IRLANDE.

HIDALGO, nom qu’on donne en Espagne à tout noble et même à tout propriétaire indépendant : c’est une espèce de noble d’un ordre inférieur. On a prétendu dériver ce nom de hijo del Gotto (fils de Goth), parce que l’on suppose que ces nobles descendent des anciens Goths qui dominaient dans le nord de l’Espagne avant la conquête des Maures ; mais il paraît bien plutôt venir de hijo, fils, et algo, biens, fortune, et signifier fils de famille.

HIELMAR, lac de Suède. V. HIÆLMAR.

HIEMPSAL, roi de Numidie, fils de Micipsa. Jugurtha, son frère adoptif, le fit tuer au bout de quelques mois de règne. — Un autre Hiempsal, petit-fils de Masinissa, reçut des Romains une partie des États de Jugurtha, et eut pour successeur Juba I.

HIERA, c.-à-d. Sacrée, la plus méridionale des îles Éoliennes, à 24 kil. N. de la Sicile, est auj. Vulcano. — Une des îles Égades, est auj. Maretimo.

HIERACIUM, v. de Calabre, auj. Gérace.

HIERAPOLIS (c.-à-d. en grec ville sacrée), v. de Phrygie, près du Méandre, au N. de Laodicée. Beau temple d’Apollon et Diane, pillé en 54 av. J.-C. par Crassus. Patrie d’Épictète.

HIÉROCLÈS, juge à Nicomédie, fut un des principaux instigateurs de la persécution exercée par Dioclétien contre les Chrétiens (303), et fut, en récompense de son zèle, fait par ce prince gouverneur d’Alexandrie. Il tenta de détourner les fidèles de leur religion et de les convaincre d’erreur en leur adressant un livre intitulé l’Ami de la vérité, qui fut réfuté par Eusèbe et Lactance. C’est cet Hiéroclès que Chateaubriand introduit dans ses Martyrs.

HIÉROCLÈS, philosophe platonicien, enseignait à Alexandrie au commencement du Ve siècle. On lui attribue des Commentaires sur les vers dorés de Pythagore, qui nous ont été conservés (publiés pour la 1re fois à Padoue en 1474, et dont Mullach a donné une bonne édit., Berlin, 1853), et un Traité de la Providence et du libre arbitre, dont il ne reste que des fragments (publ. à Londres en 1673, avec trad. latine). Les Commentaires sur Pythagore ont été trad. en français par Dacier, 1706. — Un autre Hiéroclès, fort postérieur, a formé, sous le titre de Philogelos, un recueil grec de facéties, publié par Freher, 1605, par Coray, 1812, par Boissonade, 1848, et complété par les découvertes de Minoïde Mynas (1844).

HIÉROGLYPHES (du grec hiéros, sacré, et glypho, sculpter), caractères employés par les anciens Égyptiens pour écrire, et dont on trouve encore des restes nombreux sur les monuments de l’Égypte. Cette écriture consiste en figures gravées ou sculptées qui forment 3 classes : les unes représentent les objets mêmes, les autres ne font que les rappeler symboliquement ou conventionnellement ; d’autres enfin sont employés comme signes phonétiques, c.-à-d. pour représenter, non plus les choses, mais les sons des mots. La signification des hiéroglyphes se perdit sans doute dès le temps où les Grecs se furent rendue maîtres de l’Égypte, et elle est restée ignorée pendant deux mille ans. De nos jours, un Français, Champollion, eut la gloire de retrouver la clef de cette écriture énigmatique.

HIÉROMAX, auj. l’Yermouk ou le Chériat-el-Mandhur, riv. torrentueuse de Palestine, sortait de l’Auranitide, traversait la demi-tribu orient. de Manassé, et se jetait dans le Jourdain, par la r. g., un peu au S. du lac de Génésareth.

HIÉRON I, roi ou tyran de Géla et de Syracuse, succéda à son frère Gélon vers 478 av. J.-C., régna onze ans, soumit Agrigente et secourut la ville de Cumes contre les Étrusques. Il s’était d’abord rendu odieux par sa cruauté, et avait essayé de faire périr Polyzèle, son frère, le soupçonnant d’aspirer à la royauté ; mais ensuite il changea de conduite, se réconcilia sincèrement avec son frère, rendit son peuple heureux et fit fleurir les sciences et les arts. Il appela à sa cour les poëtes Bacchylide, Épicharme, Simonide, Pindare, Eschyle, et remporta lui-même plusieurs couronnes dans les jeux de la Grèce : c’est lui que chante Pindare dans ses Olympiques.

HIÉRON II, descendant de Gélon, fut proclamé roi de Syracuse, après une victoire qu’il venait de remporter sur les Mamertins, 269 av. J.-C. Dans la suite, les Mamertins ayant imploré le secours des Romains, Hiéron, trop faible pour résister seul à ces nouveaux ennemis, fit alliance avec les Carthaginois (265) : ce fut là l’origine de la 1re guerre punique. Hiéron, malgré son courage, se vit battu, ainsi que ses alliés, par App. Claudius, et fut bientôt assiégé dans Syracuse même (264). Il fit alors la paix, et depuis il resta l’allié fidèle de Rome pendant 50 ans qu’il régna. Il mourut l’an 215 av. J.-C., âgé de 95 ans. Hiéron était courageux, ami des sciences, très-instruit lui-même. Il fut le protecteur d’Archimède.

HIÉRONYME, Hieronymus, petit-fils d’Hiéron II, roi de Syracuse, lui succéda l’an 215 av. J.-C. Il rompit l’alliance qu’Hiéron avait faite avec les Romains et se rendit odieux par ses débauches et ses cruautés. Il périt au bout de 15 mois avec toute sa famille, victime d’une conspiration.

HIÉRONYMITES, religieux qui se proposaient pour modèle la vie que S. Jérôme (Hieronymus) menait dans la solitude de Bethléem. On distingue : 1° les H. d’Espagne, fondés en 1370 par Thomas de Sienne, du tiers ordre de St-François : ils s’occupaient d’éducation ; le couvent de l’Escurial leur appartenait ; — 2° les ermites de St-Jérôme, fondés en 1380 dans l’Ombrie par Pierre de Pise, et dont l’austérité était telle qu’ils passaient pour sorciers ; — 3° les H. de l’Observance, institués en Lombardie vers 1424 par Loup d’Olmédo, qui réforma la règle de Thomas.

HIÉROPHANTE, c.-à-d. révélateur des choses sacrées. On nommait ainsi en Grèce et en Égypte tout pontife chargé d’instruire ceux qui aspiraient à l’initiation, et plus spécialement le grand prêtre de Cérès Éleusine, qui découvrait les mystères aux initiés Cette dignité, une des plus honorables d’Athènes, était réservée à la famille des Eumolpides, qui la conserva pendant 1200 ans. L’Hiérophante d’Éleusis ceignait un diadème et portait une robe parsemée d’étoiles d’or. Il ne pouvait se marier.

HIEROSOLYMA, nom latin de JÉRUSALEM.

HIERZAC, ch.-l. de c. (Charente), à 14 kil. N. O d’Angoulême ; 680 hab. Bons vins.

HIGHLANDS, c.-à-d. hautes terres. On désigne ordinairement sous ce nom la partie septentrionale et montagneuse de l’Écosse, pour la distinguer des Lowlands ou basses-terres, qui forment l’Écosse méridionale. — Les Highlanders, habitants des Highlands, renfermés dans un pays presque inaccessible, ont conservé longtemps la vie et les mœurs patriarcales ; ils vivaient séparés par familles ou clans, sous la conduite d’un chef appelé laird ou chieftain. Longtemps fidèles à la cause des Stuarts, ils jouèrent un rôle important dans les efforts tentés par ces princes pour reconquérir la couronne d’Angleterre ; mais, après les insurrections de 1715 et 1745, le gouvernement anglais prit des mesures pour introduire la civilisation dans les Highlands : de larges routes percées à travers les montagnes mirent un terme à l’isolement où vivaient les montagnards ; depuis lors, leurs mœurs se sont sensiblement modifiées.

HILAIRE (S.), Hilarius, docteur de l’Église, évêque de Poitiers, né dans cette ville vers 300, de parents nobles et païens, embrassa la religion chrétienne après l’avoir profondément étudiée, fut élevé à l’épiscopat par ses concitoyens vers 350 et se montra bientôt un des plus éloquents défenseurs du Christianisme : il se fit surtout remarquer au concile de Milan (355), ainsi qu’à celui de Béziers (356). Les Ariens, qu’il combattait, le firent exiler en Phrygie ; mais il reparut au concile de Séleucie (359) pour combattre les mêmes adversaires, et revint ensuite dans son évêché, où il mourut vers 367. Ses œuvres, écrites en latin, se composent de 12 livres sur la Trinité, d’un Traité des synodes, de Commentaires sur S. Mathieu, sur les Épîtres de S. Paul, et sur les Psaumes, de 3 écrits adressés à l’empereur Constance, et de Poésies chrétiennes. Elles ont eu plusieurs éditions : la meilleure est celle de dom Coustant, Paris, 1693, in-f., réimp. à Wurtzbourg, 1781-88, 4 vol. in-8. Le Commentaire sur S. Paul, récemment retrouvé, a été publié dans le Spicilegium de P. Pitra en 1852. S. Hilaire est véhément, impétueux, mais quelquefois obscur et enflé ; S. Jérôme l’appelle le Rhône de l’éloquence latine. On le fête le 14 janvier.

HILAIRE (S.), évêque d’Arles, né en 401, m. en 449, fut élevé par S. Honorat, abbé de Lérins, et le remplaça en 429 sur le siège d’Arles. Il combattit les erreurs des semi-Pélagiens. Il avait écrit plusieurs ouvrages ; on a seulement de lui quelques Homélies, une Explication du Symbole et la Vie de S. Honorat. On le fête le 5 mai.

HILAIRE (S.), pape de 461 à 467, originaire de Sardaigne, soutint, dans le 2e concile d’Éphèse, Flavius, évêque de Constantinople, contre les Eutychéens. On le fête le 21 février.

HILARION (S.), né près de Gaza en Palestine, vers l’an 292, étudiait dans les écoles païennes d’Alexandrie lorsqu’il se convertit au Christianisme. Il alla visiter S. Antoine dans le désert et voulut marcher sur ses traces. De retour dans sa patrie, il partagea ses biens entre ses frères et les pauvres, se retira dans une solitude affreuse, il y fonda plusieurs monastères, et fut ainsi l’instituteur de la vie monastique en Palestine. Il quitta plus tard sa solitude, parcourut les déserts de l’Égypte, passa en Sicile, en Dalmatie, et enfin dans l’île de Chypre, où il termina ses jours dans un ermitage, vers 372. La légende lui attribue des miracles extraordinaires. On le fête le 21 octobre.

HILDBURGHAUSEN, v. de Saxe-Meiningen, anc. capit. de Saxe-Hildburghausen, sur la Werra ; à 28 k. S. E. de Meiningen ; 3550 hab. Château ducal. Établissements d’instruction. V. SAXE-HILDBURGHAUSEN.

HILDEBERT de Tours, le Vénérable, archevêque de Tours, né à Lavardin dans le Vendômois vers 1057, m. en 1134, étudia sous Bérenger et sous Hugues, combattit l’hérétique Henry, disciple de Pierre de Bruys, et ne s’illustra pas moins par ses vertus que par son mérite littéraire. On a de lui : Tractatus philosophicus, Moralis philosophia ; des Lettres en latin, des Sermons, des Poésies latines, parmi lesquelles un poëme de Ornatu mundi et une Épigramme sur un hermaphrodite. Ses œuvres ont été publiées par dom Beaugendre, Paris, 1708, in-fol.

HILDEBRAND, roi des Lombards en Italie, monta sur le trône en 736, partagea d’abord le pouvoir avec son oncle Luitprand, gouverna seul à partir de 744, mécontenta son peuple par son orgueil et sa tyrannie, et fut détrôné la même année. On mit à sa place Rachis, duc de Frioul.

HILDEBRAND, pape. V. GRÉGOIRE VII.

HILDEGARDE, 2e femme de Charlemagne, fille de Hildebrand, comte de Souabe, fut mère de Charles, roi d’Austrasie de Pépin, roi d’Italie, et de Louis le Débonnaire.

HILDEGARDE (Ste), abbesse de St-Rupert, près de Binghen sur le Rhin, née vers 1100, dans le diocèse de Mayence, morte en 1178, eut des visions, qu’elle consigna par écrit, et rédigea, en outre, sur des sujets de mysticité, de morale ou de théologie, des lettres et des traités qui eurent beaucoup de vogue. On a réuni ses œuvres à Cologne, 1566. On l’hon. le 17 sept.

HILDEGONDE (Ste), religieuse de l’ordre de Cîteaux, née vers 1098, dans le diocèse de Cologne, m. en 1180, visita la Palestine avec son père sous des habits d’homme, parcourut ensuite l’Italie, l’Allemagne, et entra à l’abbaye de Schonauge sous le nom de frère Joseph. Son sexe ne fut découvert qu’à sa mort. Les religieux de Cîteaux la fêtent le 20 avril.

HILDEN, v. des États prussiens (prov. Rhénane), à 13 kil. S. E. de Dusseldorf ; 1200 hab. Patrie de Fabrice dit de Hilden.

HILDESHEIM, Hennepolis, v. de Prusse (Hanovre), ch.-l. de la prov. de même nom, à 26 kil. S. E. de Hanovre ; 14 000 hab. Évêché fort ancien, fondé par Charlemagne et suffragant de Cologne ; gymnases catholique et luthérien. Cathédrale du XIe s., contenant une statue d’Arminius, le vainqueur de Varus. Hospice d’orphelins, maison d’aliénés, école de sourds-muets. — La principauté a pour bornes au N. le gouvt de Lunebourg, à l’E. la Saxe prussienne, au S. le Brunswick, à l’O. le gouvt de Hanovre ; 65 k. sur 50 ; 37 000 h. — Cette principauté fut longtemps un évêché princier. En 1519, les ducs de Brunswick et de Hanovre s’emparèrent d’une grande partie de son territoire et ils ne le rendirent qu’en 1643. En 1802, elle fut cédée à la Prusse ; en 1807, Napoléon la réunit au roy. de Westphalie ; les traités de 1815 l’avaient donnée au Hanovre.

HILDUIN, chroniqueur du IXe siècle, mort en 840, était abbé de St-Denis, de St-Médard de Soissons et de St-Germain des Prés à Paris, et chapelain de Louis le Débonnaire. Il abandonna la cause de ce prince pour servir Lothaire et Pépin ; étant revenu ensuite près de Louis ; il le quitta de nouveau pour se ranger dans le parti de Lothaire : il fut, en punition, relégué dans l’abbaye de Corvey en Saxe par l’empereur (830), et ne revint de l’exil qu’à la sollicitation d’Hincmar. Hilduin a écrit les Actes du martyre de S. Denys, imprimés dans les Vies des Saints de Surius. Il confond dans cet ouvrage S. Denys, évêque de Paris, et S. Denys l’Aréopagite, et raconte sans critique les faits les plus incroyables, entre autres le miracle de S. Denys, qui, après avoir été décapité, aurait porté sa tête dans ses mains.

HILLA, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), ch.-l. de livah, sur la r. dr. de l’Euphrate, à 100 kil. S. de Bagdad, est construite sur une partie de l’emplacement de Babylone. Titre d’évêché dit de Babylone. Ville grande, mais remplie de jardins. Château du gouverneur, mosquées (dont une dite mosquée du Soleil et célèbre parmi les Chyites), bazar. C’est l’entrepôt du commerce entre Bagdad et Bassorah.

HILLEL l’Ancien, docteur juif, né à Babylone, au Ier siècle av. J.-C., forma une école célèbre et soutint avec zèle les traditions orales contre Schammaï, qui prêchait que la foi est due seulement aux Écritures. S. Jérôme attribue à Hillel l’origine des scribes et des pharisiens. — Hillel le Saint, président du Sanhédrin à Jérusalem 30 ans av. J.-C., est l’auteur d’un manuscrit de la Bible, très-estimé des Juifs. Il vécut, dit-on, 120 ans. — Hillel le Prince, arrière-petit-fils de Judas le Saint et contemporain d’Origène, composa vers 260 un Cycle de 19 ans qui fut en usage jusqu’au règne d’Alphonse, roi de Castille. Hillel introduisit chez les Juifs l’usage de compter les années depuis la création du monde. Selon S. Épiphane, il se convertit au moment de la mort.

HILOTES. V. ILOTES.

HIMALAYA (c.-à-d. en indien Séjour de la neige), l’Imaüs et l’Emodus des anciens, grande chaîne de montagnes de l’Asie centrale, la plus haute du globe, s’étend de 25° à 35° lat. N. et de 72° à 95° long. E., sur les limites de l’Hindoustan et du Thibet, depuis le fleuve Kachgar à l’O. jusqu’aux frontières de la Chine à l’E., sur une longueur de 2500 kil. La chaîne principale se dirige du N. O. au S. E. à travers la partie septentrionale du Cachemire, du Ghéroual, du Népal et du Boutan ; elle donne naissance à l’Indus, au Gange, au Brahmapoutre, à l’Iraouaddy et à leurs nombreux affluents. Parmi ses plus hautes montagnes, on cite le Kunchiginga (8588m), le Gaouritchanka ou mont Everest (8836m), le Dhawalagiri (8187m), le Juwahir (7824m) et le Chamalari auquel on donne près de 9000v. L’Himalaya a été déifié par les Hindous, qui en font le père du Gange.

HIMÈRE, Himera, auj. Termini, v. de Sicile, sur la côte N., à l’emb. d’une petite riv. du même nom, était une colonie de Zancle, et fut fondée en 639 av. J.-C. Les Carthaginois y furent battus par Gélon en 480. Ils la prirent et la détruisirent en 409. On la rebâtit à 16 kil., de là sous le nom de Thermæ Himerenses. Patrie de Stésichore.

HIMERIUS, grammairien et sophiste grec, né à Pruse, en Bithynie, professa avec succès la rhétorique à Athènes au temps de Julien, et compta parmi ses auditeurs S. Basile et S. Grégoire de Nazianze. Il se montra ennemi ardent des Chrétiens. On a de lui des Déclamations, parmi lesquelles on remarque un Panégyrique de Julien. Elles ont été publ. à Gœttingue, 1790, par Wernsdorf, et à Paris, dans la Biblioth. grecq. de Didot, 1849.

HIMILCON, navigateur carthaginois, que l’on croit contemporain d’Hannon, fit le premier voyage dans l’Océan septentrional : il y explora les îles Britanniques et Cassitérides (Sorlingues).

HIMILCON, général carthaginois, soumit la plus grande partie de la Sicile, mais ne put prendre Syracuse, que Denys l’Ancien défendit vaillamment. Désespéré de cet échec, il se donna la mort, 398 av. J.-C. — H., surnommé Phamæus, général de la cavalerie carthaginoise, de la faction Barcine, défendit avec valeur les approches de Carthage, assiégée par Scipion Émilien, mais, à la suite d'une entrevue secrète avec Scipion, il passa à l'ennemi avec 2000 chevaux, et contribua par sa défection à la perte de Carthage, 147 av. J.-C.

HINCMAR, archevêque de Reims, né en 806, d'une des familles les plus considérables des Gaules, mort en 882, avait été élevé au monastère de St-Denis. Il devint religieux de cette abbaye, fut appelé à la cour par Louis le Débonnaire, obtint toute la confiance de ce prince, ainsi que celle de son fils, Charles le Chauve, et fut fait par ce dernier archevêque de Reims, en 845. Dans les querelles que Charles eut avec le pape Adrien II, il se déclara pour le roi, et fut ainsi un des premiers défenseurs des libertés gallicanes; il eut à cette occasion de violents démêlés avec son propre neveu, Hincmar, évêque de Laon, qui s'était déclaré pour le pape. Il combattit aussi avec force la dangereuse doctrine de la prédestination absolue de Gotescalc, et la fit condamner par deux conciles, 849 et 853. Il mourut à Épernay, en fuyant les Normands qui avaient envahi son diocèse. Ses Œuvres ont été publiées par le P. Sirmond, Paris, 1645, 2 vol. in-fol. On y remarque le Traité de la prédestination (contre Gotescalc), et un écrit sur le Divorce du roi Lothaire avec la reine Thietberge. — Hincmar, évêque de Laon, neveu du précédent, prit parti pour le pape contre Charles le Chauve et contre son propre oncle, fut cité devant les conciles de Verberie (869) et d'Attigny (870), puis devant celui de Douzy, et fut, malgré l'appui du pape, condamné et déposé (871). Soupçonné de rébellion, il fut jeté en prison : on eut la barbarie de lui crever les yeux. Il fut réhabilité en 878; il mourut peu après.

HINDOEN, île de l'Océan arctique, la plus grande des îles Loffoden, sur la côte N. O. de la Norwége.

HINDOU-KOH, c.-à-d. Caucase indien, le Paropamisus des anciens, haute chaîne de montagnes de l'Asie centrale, s'étend de 34° à 36° lat. N. et de 59° à 72° long. E., depuis les frontières de la Perse jusqu'à la rive droite de l'Indus, dans le sud du Turkestan et du Badakchan et dans le nord de l'Afghanistan, et se rattache à l'Himalaya par sa partie méridionale. Elle donne naissance sur son versant méridional à un grand nombre de rivières qui toutes appartiennent au bassin de l'Indus. Ses sommets les plus hauts atteignent 7200 mètres.

HINDOUS, nom de la race indienne, s'étend à tous les indigènes des Indes orientales. V. INDE.

HINDOUSTAN ou HINDOSTAN. On désigne sous ce nom tantôt toute l'Inde à l'O. du Gange, tantôt seulement la partie septentrionale de cette péninsule, au N. du Décan, depuis le 21° degré de lat. N.

HIPPARCHIA, femme grecque, née à Maronée en Thrace, s'attacha au philosophe cynique Cratès, l'épousa malgré sa difformité, et entra dans la secte des Cyniques. On lui attribue quelques écrits. On a de Wieland un roman intitulé Cratès et Hipparchia, trad. en franc, par Vanderbourg, 1818.

HIPPARQUE, Hipparchus, fils de Pisistrate, tyran d'Athènes, lui succéda avec son frère Hippias, l'an 528 av. J.-C. et fut tué en 514 par Harmodius, dont il avait outragé la sœur. Ce tyran aimait les lettres : admirateur d'Homère, il obligea les Rhapsodes à réciter ses vers avec plus d'ordre aux Panathénées, attira près de lui Anacréon et Simonide et forma une bibliothèque publique.

HIPPARQUE, astronome et mathématicien grec, né à Nicée en Bithynie dans le IIe siècle av. J.-C., fit la plupart de ses observations à Rhodes en 128 et 127. Il reconnut la précession des équinoxes, appliqua la géométrie à l'astronomie, créa la trigonométrie, inventa la projection stéréographique, donna les moyens de déterminer l'inégalité des mouvements du soleil et de la lune, calcula la distance de ces deux astres à la terre, prédit le cours des planètes et des éclipses pour 600 ans, perfectionna l'usage de la dioptre, des armilles solsticiales et équinoxiales, construisit les premiers astrolabes, dressa un catalogue des étoiles, et laissa nombre d'ouvrages sur la géométrie et l'astronomie : il y traitait du Lever et du coucher des étoiles, des Ascensions des 12 signes, de la Rétrogradation des étoiles, de la Grandeur et de la distance du soleil et de la lune. Il ne reste de lui qu'un Comment. sur les Phénomènes d'Aratus, œuvre de sa jeunesse, et la Description des Constellations, qui ont été publ. par Vettori, Florence, 1567, in-fol.

HIPPIAS, fils de Pisistrate, lui succéda dans le gouvernement d'Athènes avec son frère Hipparque. Celui-ci ayant été tué en 514 par Harmodius et Aristogiton, Hippias commit, pour venger sa mort, toutes sortes de cruautés, et se rendit tellement odieux que les Athéniens le chassèrent, 510. Il se retira auprès du roi de Perse Darius, et le décida à porter la guerre dans l'Attique. Il périt dans les rangs des Perses à Marathon, 490.

HIPPIAS, sophiste d'Élis, florissait à Athènes en même temps que Protagoras, vers l'an 436 av. J.-C. Il se vantait de tout savoir et faisait payer cher ses leçons. Platon l'a livré au ridicule dans deux de ses dialogues, le Grand et le Petit Hippias.

HIPPO, v. d'Afrique. V. HIPPONE.

HIPPOCRATE, le père de la médecine, né l'an 460 av. J.-C., dans l'île de Cos, de la famille des Asclépiades, qui, depuis plusieurs siècles, était vouée à l'art de guérir, voyagea, pour s'instruire, en Grèce et dans plusieurs provinces de l'Asie, résida tantôt à Cos, tantôt en Thessalie ou en Thrace, tantôt à Pella à la cour de Perdiccas, roi de Macédoine, tantôt à Athènes, enseignant et pratiquant la médecine. Il florissait surtout à l'époque de la guerre du Péloponèse. On raconte sur lui plusieurs anecdotes que la critique moderne a mises en doute : ainsi on prétend qu'il guérit de la peste les Athéniens en allumant de grands feux au milieu de la ville, et que les citoyens d'Athènes reconnaissants lui décernèrent des récompenses magnifiques; qu'il repoussa les propositions d'Artaxerce-Longuemain, roi de Perse, qui voulait, à force d'or, l'enlever à la Grèce. Il mourut à Larisse dans un âge très-avancé, à 80 ans selon les uns, à 100 ans selon les autres. Il offrit par ses mœurs non moins que par son habileté le modèle d'un parfait médecin, et mérita le surnom de divin vieillard. Avant Hippocrate, la médecine se réduisait presque à des jongleries et à des pratiques superstitieuses dont les prêtres avaient le secret et le monopole. Le premier il divulgua généreusement les méthodes curatives. En outre, il créa l'art d'observer, et sut se garantir des hypothèses auxquelles s'abandonnaient les médecins de son temps ; il consigna dans ses écrits le fruit de ses observations, et le fit avec tant de bonne foi qu'il ne dissimula pas même les erreurs dans lesquelles il avait pu tomber. Il traite avec supériorité des signes des maladies, prescrit les remèdes les plus simples, et veut que le médecin ne fasse que suivre et imiter la marche de la nature. Il reconnut le premier l'importance de la diététique; il joignit l'exercice de la chirurgie à celui de la médecine. Du reste, il connaissait peu l'anatomie. Nous avons sous le nom d'Hippocrate un grand nombre d'ouvrages, écrits en dialecte ionien. On doute que tous soient du même auteur, et l'on pense que quelques-uns appartiennent à d'autres médecins de la même famille qui ont porté le même nom. Les principaux sont les traités de la Nature de l'homme, ou se trouve la théorie célèbre des quatre humeurs (sang, flegme, bile, atrabile); des Fractures; des Airs, des Eaux et des Lieux, traité qui, avec celui des Épidémies, offre de précieux matériaux pour l'hygiène et la prophylactique ; les Pronostics, et surtout les Aphorismes, que l'on regarde comme son chef-d'œuvre. On a donné une foule d'éditions soit des traités détachés, soit des œuvres diverses d'Hippocrate; les principales éditions complètes sont celles de Venise, 1556, in-fol., toute grecque ; de Genève, 1657, avec trad. latine, 2 vol. in-fol., donnée par Foës ; de Paris, 1639-79 (avec une trad. latine, par Cornarius), 13 vol. in-fol., due à Charlier ; du Dr F. Emerins, Utrecht, 1860, in-4. Hippocrate a été traduit en français par A. Dacier, Paris, 1697, 2 vol. in-12 ; Gardell, Toulouse, 1801, 4 vol. in-8 ; Mercy, Paris. 1808-24, 10 vol. in-12. M. Littré en a publié de 1839 à 1861 (10 v. in-8) une nouvelle trad. française avec le texte en regard, accompagnée de commentaires et de notes qui font de cette publication une œuvre monumentale. M. Daremberg a donné les Œuvres choisies, Paris, 1844-55.

HIPPOCRÈNE (c.-à-d. fontaine du cheval), fontaine de Béotie, sortait du mont Hélicon et était consacrée aux Muses et à Apollon. Ses eaux avaient, selon la Fable, le pouvoir de donner l’inspiration poétique. Le cheval ailé Pégase la fit jaillir de la montagne en frappant le rocher d’un coup de pied.

HIPPODAMIE, fille d’Œnomaüs, roi de Pise en Élide. Son père ne voulait la marier qu’à celui qui le vaincrait à la course des chars : Pélops réussit par ruse à le surpasser, et obtint Hippodamie, dont il eut Atrée et Thyeste. — Une autre Hippodamie, fille d’Athrax, épousa Pirithoüs. Il s’éleva à ses noces une rixe célèbre entre les Lapithes et les Centaures.

HIPPODROME, édifice destiné aux courses de chars. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

HIPPOGRIFFE (d’hippos, cheval, et gryps, griffon), animal fabuleux, moitié cheval, moitié griffon, est une création du poëte italien Boïardo, qui imagina cette monture pour faire voyager ses héros à travers les airs ; l’Arioste l’employa après lui.

HIPPOLYTE, fils de Thésée et d’Antiope, reine des Amazones, n’aimait que la chasse, et fuyait le commerce des femmes. Ayant repoussé les propositions coupables de sa belle-mère Phèdre, il fut accusé par elle auprès de Thésée d’avoir voulu la séduire. Thésée, trompé, appela sur son fils la vengeance de Neptune ; le dieu, pour le punir, fit sortir de la mer un monstre affreux qui effraya ses chevaux et les entraîna au milieu de rochers où le malheureux Hippolyte perdit la vie. On place la scène de cet événement près de Trézène en Argolide. À la prière de Diane, Esculape le ressuscita sous le nom de Virbius (vir bis), et depuis il habita près de la déesse dans le bois sacré d’Aricie en Italie.

HIPPOLYTE (S.), docteur de l’Église, disciple de S. Irénée, vivait à la fin du IIe s. et au commenct du IIIe. Les uns le font évêque de Portus Romæ (sur le Tibre), les autres évêque d’une ville de Portus en Arabie. Il subit le martyre en 235. On l’hon. le 21 août. On a sous son nom plusieurs écrits qui ont été recueillis par Fabricius, Hambourg, 1716-18, 2 vol. in-fol., et dont plusieurs avaient été publiés à part : Canon Paschalis, table pour déterminer le jour de la fête de Pâques : c’est la plus ancienne qui soit conservée (Leyde, 1595) ; De Antechristo, et De Suzanna et Daniele (dans le XXVIIe v. de la Bibliothèque des Pères) ; Demonstratio adversus Judæos (dans l’Apparatus sacer de Possevin) ; De Deo trino et uno (Mayence, 1606, in-4o, grec-lat.). On lui a attribué les Philosophumena, ou Réfutation des Hérésies, en 10 liv., ouvrage rapporté du mont Athos en 1842 par Minoïde Mynas, publié en 1851 à Oxford par M. E. Miller, en 1852 à Londres par Bunsen, et en 1861 à Paris par P. Cruice. Cet ouvrage, attribué aussi à Origène, a donné lieu à de vives controverses, qui sont encore sans solution.

HIPPOLYTE, officier romain, converti par S. Laurent et mis à mort avec lui (258), est hon. le 13 août.

HIPPOMÈNE, amant d’Atalante, vainquit cette princesse à la course en semant sur son chemin des pommes d’or, et obtint ainsi sa main. V. ATALANTE.

HIPPONAX, poëte grec, né à Éphèse, florissait vers 540 av. J.-C. Chassé de sa patrie par les tyrans qui l’opprimaient, il alla se fixer à Clazomène. Il s’est surtout exercé dans la satire, et s’est rendu redoutable en ce genre (V. BUPALE). On lui attribue l’invention du choliambe. On n’a de lui que peu de fragments. Ils ont été publiés par Welcker, Gœttingue, 1817, in-4o, et dans les Poetæ elegiaci de Schneidewin, 1839.

HIPPONE, Hippo Regius, auj. Bone, v. et port de la Numidie orientale, sur la Méditerranée, à l’emb. du Tibitidi, était d’abord un établisst carthaginois. Elle fut conquise par Gula, père de Masinissa, devint une des résidences des rois numides, puis reçut une colonie romaine. Elle fut saccagée par les Vandales. Cette ville eut S. Augustin pour évêque. V. BONE.

Hippo Zarytos ou Diarrhytos, auj. Bizerte, v. de la Zeugitane, près d’Utique, sur la mer. Zarytos n’est qu’une corruption de diarrhytos (c.-à-d. arrosée).

HIPPONIUM, dite aussi Vibo ou Vibona Valentia, auj. Bivona, v. d’Italie, sur la côte occid. du Brutium, était une colonie locrienne. Prise par Denys le Tyran en 389 av. J.-C., puis par Agathocle en 293.

HIRA, v. de Chaldée, au S. E., est auj. Mesched-Ali.

HIRAM, roi de Tyr, fils d’Abiba, régna de l’an 1023 à l’an 985 av. J.-C., conquit l’île de Chypre, et fit alliance avec David et Salomon. C’est lui qui fournit l’or, l’argent et les bois de cèdre nécessaires pour la construction du temple de Jérusalem. — Architecte tyrien, fut sur la recommandation d’Hiram, roi de Tyr, chargé par Salomon de diriger la construction du temple de Jérusalem. Il périt, selon une tradition, assassiné par une partie des ouvriers. Ce meurtre est devenu le sujet d’un mythe allégorique qui joue un grand rôle dans la franc-maçonnerie.

HIRNHAYM (Jérôme), religieux prémontré et docteur en théologie, ne à Troppau en 1635, m. en 1679, fut élu abbé de Strachow ou Montsion dans la ville de Prague en 1669. On a de lui quelques ouvrages de piété, entre autres Meditationes pro singulis diebus, et un écrit singulier : Typho generis humani, où il attaque la vanité de la science humaine et professe un dangereux scepticisme. Ces 2 ouvrages sont à l’Index à Rome.

HIRPINS, Hirpini, peuple du Samnium, entre la Campanie à l’O. et l’Apulie à l’E., dans le S. de la Principauté Ultérieure actuelle. Ils avaient pour villes principales Aquilonia, Caudium, Bénevent. Ils furent soumis par Rome vers l’an 290 av. J.-C.

HIRSCHAU, Hirsaugia, bourg du Wurtemberg, sur la Nagold ; 750 h. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 830, et l’une des plus célèbres de l’Allemagne. C’est là que Trithème écrivit sa Chronique. Hirschau fut brûlé en 1692 par les Français.

HIRSCHBERG, v. des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 52 kil. S. O. de Liegnitz, au confluent du Bober et du Sacken ; 8000 hab. Toiles, linon, draps, bas, papier, imprimerie sur toile, raffinerie de sucre. Souvent prise et brûlée (1549, 1633 et 1634). — Le cercle d’Hirschberg a 60 000 hab.

HIRSCHING (Fréd.), savant compilateur, né en 1762, m. en 1800, était professeur à Erlangen. On a de lui : Description des principales bibliothèques de l’Allemagne, Erlangen, 1786 : Dictionnaire des personnages célèbres du XVIIIe siècle, continué par J. H. M. Ernesti, Cobourg, 1794-1813 ; 17 vol. in-8o.

HIRSINGEN, bourg d’Alsace-Lorraine, à 5 kil. S. d’Altkirch, sur l’Ill ; 1356 h. Tourbières.

HIRSON, ch.-l. de cant. (Aisne), sur l’Oise, à 19 kil. N. E. de Vervins ; 2880 h. Station de ch. de fer. Fil à dentelles ; fonderie de poids, forges. Jadis ville forte : ses fortifications ont été détruites, en 1637.

HIRSOVA, bourg et château fort de Bulgarie, près de la r. dr. du Danube, à 90 k. N. E. de Silistrie.

HIRTIUS (Aulus), général romain, accompagna César en Gaule comme lieutenant du général, fut lié à la fois avec César et Cicéron, et profita de cette position pour réconcilier ces deux personnages. Nommé consul, avec Vibius Pansa, après le meurtre du dictateur (43 av. J.-C.), il marcha aussitôt contre Antoine, et le battit à Modène, mais il périt en emportant d’assaut le camp d’Antoine. On lui attribue le VIIIe livre des Commentaires de César sur la guerre des Gaules, ainsi que les livres sur la Guerre d’Alexandrie et sur celle d’Afrique (qui se trouvent à la suite de César). On a aussi sous son nom un livre de la Guerre d’Espagne, qui paraît peu digne de lui.

HISPALIS, auj. Séville, v. de la Bétique, chez les Turdetani, sur le Bétis, passait pour avoir été fondée par Hercule, c.-à-d. probablement par les Phéniciens (dont Hercule, le même que Melkart, était le dieu).

HISPANIE, Hispania, auj. Espagne et Portugal, contrée de l’Europe, bornée au N. par les Pyrénées, de tous les autres côtés par la mer. Elle était arrosée par 6 grands fleuves dont le vers suivant offre les noms :

Sunt Minius, Durius, Tagus, Anas, Bætis, Iberus.

Elle fut divisée par Auguste en trois prov. (Tarraconaise, Lusitanie, Bétique), puis, par Adrien, en cinq (Tarraconaise, Gallœcie, Carthaginoise, Lusitanie, Bétique). Au IVe siècle, l’Hispanie forma un des 3 diocèses de la préfecture des Gaules et eut sept prov. (les cinq précédentes, plus les îles Baléares et la Mauritanie Tingitane). Sous les Goths la division de l’Hispanie en cinq prov. fut conservée, mais on les dénomma, d’après leurs chefs-lieux : Tarraco, Braccara-Augusta, Carthago Nova, Emerita, Hispalis. — Les principaux peuples de l’Hispanie étaient : 1o entre les Pyrénées et l’Èbre, les Ilergètes, les Laletani, les Ceretani, les Vascones ; 2o entre l’Èbre et la Bétique, les Ilercaones sur les deux rives de l’Èbre, les Edetani, les Lobetani, les Contestani ; 3o au N. O., les Astures, les Cantabri, les Artabri, les Callaïci ; 4o dans les bassins du Douro et du Tage, les Vaccæi, les Carpetani, les Vettones, les Lusitani ; 5o du Tage à la Bétique, les Oretani, les Celtiberi, les Celtici, les Cunici ; 6o en Bétique, les Turduli, les Turdetani, les Bastitani, les Bastulæ. — L’Hispanie fut habitée dès la plus haute antiquité par des peuples de race ibérienne. Lors de l’invasion kymrique dans la Gaule, un grand nombre de Celtes passèrent les Pyrénées, et, se confondant avec les Ibères de l’Hispanie septentrionale, formèrent la race mêlée des Celtibères. De bonne heure les Phocéens, les Rhodiens, les Massaliotes, les Zacynthiens, les Phéniciens, couvrirent de colonies les côtes orientales de l’Hispanie. Les riches mines d’or qu’elle possédait fixèrent l’attention des Carthaginois, qui s’emparèrent du littoral de la Bétique avant 266, et qui, de 236 à 219, sous Amilcar, Asdrubal et Annibal, poussèrent très-loin leurs conquêtes à l’intérieur. De 216 à 206, Rome chassa les Carthaginois et se substitua à leur domination ; une 2e guerre, de 197 à 178, lui soumit le territoire oriental entre l’Èbre et les Pyrénées, comprenant les Carpetani, les Celtiberi, les Turdetani, les Vaccæi ; dans une 3e série de guerres, dites guerres de Viriathe (153-139) et de Numance (143-133), elle subjugua les Lusitani, les Callaïci, les Arevaci, et consolida son empire sur les Vaccéens et les Celtibères. Métellus le Baléarique dépeupla les Baléares en 123. Enfin Auguste assujettit les Astures et les Cantabres (25-20). Dans l’intervalle, de 85 à 71 av. J.-C., l’Hispanie avait servi de refuge à Sertorius, partisan de Marius, proscrit par Sylla après la mort de son rival ; de 49 à 45, elle avait lutté en faveur des Pompéiens contre César, qui n’acheva de ruiner leur parti qu’à la bataille de Munda. Sous l’empire, l’Hispanie fut très-florissante : elle donna à Rome des écrivains distingués : Sénèque, Lucain, Martial, et un empereur, Trajan. De 408 à 411 les Suèves, les Alains et les Vandales, les Visigoths, vinrent s’y établir. Ces derniers restèrent bientôt maîtres de toute la péninsule. V. ESPAGNE.

HISPANIOLA, premier nom donné par les Espagnols à Saint-Domingue. V. HAÏTI.

HISSAR (c.-à-d. château), v. forte du Tukestan, à 210 kil. S. E. de Samarcand ; ch.-l. du territoire de même nom, à l’E. de la Boukharie. - HISSAR-FIROZEH, v. du Bengale, ch.-l. de district, sur la r. g. de la Djemnah à 160 kil. N. O. de Delhi. Forteresse importante, fondée au XIVe siècle par le sultan Firouz.

HISTIÉE, Histiæa, puis Oreus, auj. Orio, v. de l’île d’Eubée, sur la côte N. O., à l’embouchure du Callas, envoya des colonies en Thessalie.

HISTIÉE, Histiæus, tyran de Milet, fut un de ceux que Darius chargea de garder le pont du Danube, lors de son expédition en Scythie : il empêcha les Ioniens de céder aux conseils de Miltiade qui voulait rompre le pont. Darius en récompense le nomma gouverneur de l’Ionie. Mais ce prince ayant rétracté les promesses qu’il lui avait faites, Histiée se révolta : il combattit d’abord avec succès les troupes de Darius ; mais il finit par être vaincu par Harpage, fut pris et mis à mort dans la ville de Sardes, 494 av. J.-C.

HISTIÉOTIDE, Histiœotis, petit pays de l’anc. Grèce, dans la Thessalie, était borné au N. par la Perrhœbie, dont le séparaient les monts Cambuniens, à l’E. par la Pélasgiotide, au S. par le Pénée, qui le séparait de la Thessaliotide, et à l’O. par le Pinde, qui le séparait de l’Épire. Gomphi et Phæstus en étaient les villes principales. Il tirait son nom d’une colonie d’Histiée, ville de l’Eubée.

HIT, Is ou Æiopolis, v. de la Turquie d’Asie (Bagdad), sur l’Euphrate, r. dr., à 180 kil. O. de Bagdad ; 2000 hab. Naphte et bitume en abondance.

HITCHIN, v. d’Angleterre (Hertford), à 23 kil. N. O. d’Hertford ; 6000 hab. Belle église, anc. abbaye de Carmélites, fondée sous Édouard II. - Cette ville fut fondée par les Saxons. Guillaume le Roux en fit présent à Bernard de Baliol, dont les descendants la possédèrent jusqu’à Jean de Baliol, roi d’Écosse, qui en fut dépossédé par Édouard II ; celui-ci la donna à Robert de Kendale, mais elle rentra dans le domaine de la couronne sous le règne suivant. À dater de cette époque, elle a souvent été donnée en apanage à divers princes ou a fait partie du douaire des reines d’Angleterre.

HOADLY (Benjamin), évêque anglican, né en 1676 à Westerham (Kent), mort en 1761, fut évêque de Bangor (1715), puis de Hereford (1721), de Salisbury (1723) et de Winchester (1734). Grand partisan de la liberté civile et religieuse, il prétendait que le clergé ne devait avoir aucune autorité temporelle. Il eut à ce sujet de vifs démêlés avec le haut clergé. Ami de Clarke, il penchait comme lui vers un système religieux très-voisin du déisme. Son principal ouvrage est un Exposé du sacrement de la Cène (1735). Il a mis une excellente notice sur Clarke en tête des œuvres posthumes de cet auteur (1732).

HOANG-HAI, ou Mer Jaune, portion de la mer de Chine, entre la Chine propre à l’O. et la Corée à l’E., s’étend de 115° 25’a 123° long. E., forme les deux golfes de Pé-tchi-li et de Liao-tong. Elle reçoit le Hoang-ho. Elle est peu profonde, et tire son nom du limon jaunâtre que les cours d’eau y apportent.

HOANG-HO, ou Fleuve Jaune, fleuve immense de l’empire chinois, naît en Mongolie, dans les mont. de Koukounoor, traverse la Mongolie, entre en Chine par la prov. de Kan-sou, puis, après avoir traversé cette prov., sort de la Chine, court d’abord au N. E. ; redescend ensuite au S. O., rentre en Chine, sépare les prov. de Chen-si et de Chan-si, traverse le Honan sept., et, se dirigeant tout à coup brusquement vers le S., arrose les provinces d’An-hoeï et de Kian-sou, et tombe dans la Mer Jaune par 34° 6’lat. N. Son cours est d’env. 3200 kil. et sa largeur varie de 600 à 1200m. Le Hoang-ho est rapide et large, mais peu profond en beaucoup d’endroits, ce qui en rend la navigation très-difficile ; malgré des digues immenses, il est très-sujet aux débordements. Ses eaux coulent sur un terrain argileux qui leur donne une couleur jaunâtre, d’où son nom.

HOANG-TI, empereur de la Chine, monta sur le trône vers 2698 av. J.-C., et fut, selon les traditions, un des premiers législateurs de cet empire. Il divisa ses sujets en plusieurs classes qui furent distinguées par diverses couleurs, partagea ses États en 10 provinces, et favorisa les progrès des sciences : sous son règne on découvrit la boussole et l’art de la navigation ; on inventa la monnaie, les poids et les mesures ; on reconnut la véritable durée de l’année solaire, etc. On lui attribue encore cent autres inventions qui paraissent fort douteuses. On le fait vivre plus de 100 ans.

HOBART-TOWN, capit. de la terre de Van-Diémen, sur la côte S. et sur le Derwent, à 14 kil. de son emb. ; env. 30 000 hab. Évêché anglican. Port franc. Cette ville a été fondée vers 1804; elle s'accroît tous les jours.

HOBBEMA (Meindert), paysagiste hollandais, qui n'est guère connu que par ses ouvrages. On le fait naître vers 1601, soit à Harlem, soit à Anvers, soit à Hambourg, et mourir en 1663. Il habita le plus souvent la Hollande : les sujets qu'il traite sont tirés des provinces de Drenthe et de Gueldre. Élève et rival de J. Ruysdael, il connaissait l'art difficile d'employer des nuances claires, tout en donnant beaucoup de vigueur à son coloris. Ses toiles sont éclatantes de lumière dans les endroits où tombe le soleil, et conservent une douce pénombre dans le reste du paysage; nul n'a su mieux faire usage des teintes fuyantes. Van de Velde, Berchem, Lingelbach et d'autres peintres ont souvent peint les figures de ses tableaux.

HOBBES (Thomas), philosophe anglais, né en 1588 à Malmesbury, m. en 1679, était fils d'un ministre anglican. Il se distingua dès son enfance par ses heureuses dispositions pour l'étude : n'étant encore qu'écolier, il traduisit en vers latins la Médée d'Euripide. Il fut chargé de l'éducation des enfants de Cavendish, comte de Devonshire, et les accompagna sur le continent. A son retour, il fut présenté au chancelier Bacon, et l'aida dans la rédaction latine de quelques-uns de ses écrits. Pendant les guerres civiles, il embrassa chaudement la cause royaliste, et s'efforça de la servir par ses écrits. En 1640 il se réfugia en France, et fut chargé d'enseigner la philosophie au prince de Galles. Il se lia à cette époque avec Mersenne, Gassendi, Sorbière, et entra en relation avec Galilée et Descartes; il adressa à ce dernier des objections fort pressantes contre ses Méditations. Hobbes rentra dans sa patrie dès 1653 ; après la Restauration (1660), il reçut de Charles II une pension de 100 livres sterling. Ses opinions exagérées et son caractère intolérant lui ayant fait de nombreux ennemis, il quitta Londres et passa ses dernières années dans la retraite. Il mourut à 92 ans dans la famille Devonshire. Hobbes s'est rendu célèbre par des doctrines paradoxales, et par la rigueur avec laquelle il tira les conséquences des principes qu'il avait une fois posés. Méprisant les travaux de ses devanciers, il voulut penser par lui-même et prétendit refaire toute la science. Il définit la philosophie, la science des effets par leurs causes, et des causes par leurs effets; il la borne à l'étude des corps, aux faits qui sont directement observables à nos sens, renvoyant à la foi la connaissance de l'âme et de Dieu. On connaît surtout son système de politique : selon lui, il n'y a d'autre droit que la force; tous les hommes, dans l’état de nature, ont un droit égal à toutes choses, et sont nécessairement dans un état de guerre perpétuel; il faut, pour faire régner la paix, établir au-dessus d'eux une autorité une et despotique; rien n'est juste ou injuste en soi : ce sont les princes qui font la justice ou l'injustice par leurs commandements ou leurs prohibitions. Hobbes voulait soumettre au prince l’Église aussi bien que l’État. Il poussa l'amour du paradoxe jusqu'à attaquer la certitude de la géométrie et à vouloir réformer les mathématiques; mais il ne réussit qu'à se rendre ridicule. Ses principaux ouvrages sont : De cive, 1642 et 1647; De la nature humaine (en anglais), 1650; Leviathan, ou du pouvoir ecclésiastique et civil (en anglais), 1651, puis en latin, 1668; Éléments de philosophie, comprenant trois sections; Du corps, de l'homme, du corps politique, 1658-59, publiés d'abord en anglais, puis en latin; De libertate, contra Bramhallum, 1656. Il donna lui-même une collection de ses œuvres latines en 1668, 2 vol. in-4. Une édit. plus complète a paru à Londres en 1844, et ann. suiv., en 16 vol. in-8. On a en français le Traité du citoyen, traduit par Sorbière, Amst., 1649; le Corps politique, par le même, Leyde, 1653; la Nature humaine, trad. par d'Holbach, 1772. Hobbes a aussi laissé quelques ouvrages historiques; il a traduit Thucydide et même a mis Homère en vers anglais, mais avec fort peu de succès. Il a écrit sa propre vie en vers latins, 1679.

HOCEIN. V. HUSSEIN.

HOCHBERG (margraves de), une des lignes de la maison margraviale de Bade, ainsi nommée du château de Hochberg, prés de Fribourg en Brisgau, eut pour tige Henri (2e fils du margrave de Bade Herman III), qui en 1190 partagea l'héritage de son père avec son frère Herman IV. En 1300, la maison de Hochberg se divisa en 2 branches, dont la 1re s'éteignit en 1418 et la 2e on 1503. Toutefois, le titre de margrave de Hochberg fut renouvelé en 1796 en faveur de la baronne Louise Geyer de Geyersberg, qu'avait épousée morganatiquement le margrave de Bade Charles-Frédéric- Charles-Léopold-Frédéric, l'aîné des fils de Louise, est monté sur le trône ducal de Bade en 1830, après la mort de son dernier frère, le grand-duc Louis-Guillaume-Auguste.

HOCHE (Lazare), général en chef des armées de la république française, né en 1768 à Versailles, était simple sergent dans les gardes françaises lorsque la Révolution éclata. Après avoir passé rapidement par différents grades, il reçut, à peine âgé de 25 ans, le commandement en chef de l'année de la Moselle; il avait été préféré pour ce poste à Pichegru, qui dès ce moment lui voua une haine mortelle. Hoche attaqua aussitôt les Autrichiens : malgré un échec éprouvé à Kaiserslautern, il les battit sous Weissembourg, leur prit Germersheim, Spire et Worms, et les chassa de toute l'Alsace (1793-94). A la suite de différends avec Pichegru, que favorisait St-Just, il fut jeté en prison par ordre du comité de Salut Public. Redevenu libre au 9 thermidor (27 juillet 1794), il fut bientôt après placé à la tête de l'armée de la Vendée. Guerrier intrépide, mais en même temps homme généreux, il sut à la fois repousser les bandes royalistes et respecter les droits des citoyens paisibles : il battit les émigrés débarqués à Quiberon (21 juillet 1795), défit les corps des deux principaux chefs de la chouannerie, Charrette et Stofflet, s'empara de leur personne, rétablit partout le calme, et mérita ainsi le glorieux titre de Pacificateur de la Vendée. Il fut à la fin de 1796 chargé d'opérer un débarquement en Irlande; mais cette expédition, contrariée par les vents, n'eut aucun résultat. A son retour, il fut appelé au commandement de l'armée de Sambre-et-Meuse, qui comptait 80 000 hommes (février 1797). Il passa aussitôt le Rhin, gagna successivement sur les Autrichiens les batailles de Neuwled (17 avril), d'Ukerath, d'Altenkirchen. Les préliminaires de Léoben interrompirent ses succès. Il fut chargé ensuite du commandement en chef des armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin (réunies sous le nom d'armée d'Allemagne), mais il mourut peu après, à la suite d'une courte maladie d'entrailles (sept. 1797). La rumeur publique imputa sa mort au poison, et les partis s'accusèrent réciproquement. Ce grand général, dont la vie si courte a été si bien remplie, avait pris pour devise : Res, non verba. Un monument fut élevé en son honneur à Wissenthurm, près de Neuwied; Versailles lui a érigé une statue. A. Rousselin de St-Albin a laissé une Vie de Hoche, avec sa Correspondance administrative. M. Cl. Desprez a donné L. Hoche d'après sa Correspondance, 1858.

HOCHFELD, ville d'Alsace-Lorraine, près de la Zorn, à 17 kil. E. de Saverne ; 2500 h. Station. Tourbe.

HOCHHEIM, bourg de Prusse (Nassau), près du confluent du Mein et du Rhin, à 28 kil. S. O. de Francfort; 2000 hab. Station. Vins excellents.

HOCHKIRCH, v. du roy. de Saxe (Lusace), à 9 k. S. E. de Bautzen. Frédéric II y fut battu par Daun (14 oct. 1758). Il s’y livra un 2e combat en 1813, après la bataille de Lutzen, où les Français furent vainqueurs.

HOCHSTÆDT (c.-à-d. ville haute), v. de Bavière (Souabe), sur le Danube, à 35 k. N. O. d’Augsbourg ; 2300 hab. Elle est défendue par un château fort, construit sur une hauteur voisine. Le 20 sept. 1703, les Impériaux y furent défaits par les Français et les Bavarois commandés par le maréchal de Villars et l’électeur de Bavière ; le 13 août 1704, l’armée alliée, commandée par le prince Eugène de Savoie et le duc de Marlborough, y remporta à son tour une victoire sur les Français et les Bavarois commandés par le maréchal de Tallart et l’électeur de Bavière (les Anglais ont donné à cette dernière bataille le nom de Blenheim, village situé dans la même plaine qu’Hochstædt) ; le 19 juin 1800, les Français, commandés par Moreau, y taillèrent en pièces les Autrichiens, vengeant ainsi la défaite de 1704.

HOCQUINCOURT (Ch. de MONCHY, maréchal d’), né en 1599, d’une anc. famille de Picardie, se distingua dans les différentes campagnes contre les Espagnols, sous Louis XIII, à La Marfée, à Ville-Franche, etc., commanda l’aile gauche de l’année royale à la bat. de Réthel où Turenne, alors rebelle, fut défait (1650), et reçut le bâton de maréchal l’année suivante. Il fut en 1652 battu à Bléneau par Condé, qui était alors dans les rangs des Espagnols. Envoyé en Catalogne en 1653, il assiégea inutilement Girone ; rappelé peu après en Flandre, il força les lignes de l’ennemi devant Arras ; mais bientôt on le vit, pour plaire à des femmes qui étaient du parti de la Fronde (Mmes de Montbazon et de Châtillon), abandonner la cour et se joindre aux Espagnols (1655). Ceux-ci lui confièrent la défense de Dunkerque ; il fut tué devant cette place en 1658. On a, sous le titre de Conversation du maréchal d’Hocquincourt avec le P. Canaye, un écrit assez piquant, attribué à Charleval (il se trouve dans les œuvres de St-Evremont).

HODER, dieu du hasard, chez les Scandinaves.

HODIERNA (J. B.), savant sicilien, né en 1597, m. en 1660, était archiprêtre de Palma. Il dressa de nouvelles éphémérides astronomiques, découvrit la marche des satellites de Jupiter, décrivit le premier la singulière structure de l’œil de la mouche, de la dent des vipères, connut l’usage du prisme, et découvrit avant Newton, plusieurs propriétés de la lumière. On a de lui de nombreux ouvrages.

HODIZ, seigneur allemand, né vers 1710 en Moravie, est célèbre par son faste ainsi que par son amour éclairé pour les lettres et les arts. Il avait réuni dans sa terre de Roswalde en Moravie tout ce que le luxe et la volupté peuvent enfanter de plus séduisant. Là, au milieu d’une petite cour d’amis, ce seigneur faisait représenter devant lui les chefs-d’œuvre des scènes française, allemande et italienne. Il fut l’ami du grand Frédéric, qui lui adressa quelques vers et qui vint souvent le visiter à Roswalde. Hodiz, sur la fin de sa vie, perdit sa fortune : il fut recueilli par le roi de Prusse à Potsdam où il mourut en 1778.

HŒKSE, c.-à-d. Hameçons, parti politique hollandais, opposé aux Cabillauds. V. ce mot.

HOËL I, duc de Bretagne en 509, fut chassé par Clovis de ses États, se réfugia en Angleterre, et revint en 513 reprendre à force ouverte possession de ses domaines. Il mourut en 545. Il avait fondé en 541 l’évêché d’Aleth (depuis St-Malo). II, son fils et successeur, fut tué par son frère Canor à la chasse, en 547. III, fils de Judicaël, prit possession des États de son père en 594, et mourut en 612. IV, comte de Nantes, succéda au fils d’Alain IV en 953, et périt en 980. V, duc de Bretagne de 1066 à 1084. VI, prit les armes en 1148 pour conquérir les provinces de Nantes et de Quimper, qui lui étaient échues en partage : Eudes, son compétiteur, le mit en déroute en 1154, et les Nantais le chassèrent en 1156.

HOF, ou STAD-AM-HOF, v. de Bavière (Hte-Franconie), sur la r. g. de la Saale, à 49 kil. N. E. de Bayreuth ; 10 600 hab. Gymnase, bibliothèque. Gaze, linon, fil, lainages, etc. ; fer, beau marbre. Commerce. — Fondée au XIe siècle. Victoire du prince Henri de Prusse sur les Autrichiens en 1759, et de Murat sur les Russes, 6 février 1807.

HOFER (André), chef des insurgés du Tyrol, né en 1767 dans la vallée de Passeyr, près de Méran, était aubergiste et marchand de blés. Lors de l’invasion du Tyrol par les armées française et bavaroise en 1808, il poussa les Tyroliens à la révolte et fut élu leur chef. Il chassa les Bavarois du Tyrol, et détruisit même plusieurs détachements français (1809) ; mais après le traité de Vienne, il mit bas les armes avec sa troupe. Accusé de conserver des intelligences avec les Autrichiens, il fut arrêté en 1810 et conduit à Mantoue, où il fut fusillé. L’empereur d’Autriche anoblit sa famille en 1819, et en 1834 on lui éleva une statue dans l’église des Franciscains d’Innsprück.

HOFFBAUER (J. Christophe), né en 1766 à Bielefeld, mort en 1827, professa avec succès la philosophie dans sa ville natale. On a de lui : Traité du droit naturel, Lille. 1793 ; Théorie naturelle de l’âme, 1796 ; Recherches sur les maladies de l’âme, 1802-07.

HOFFMANN (J. J.), érudit, né à Bâle en 1635, m. en 1706, est auteur d’un Lexicon historico-geographico-philologicum, Bâle, 1677, qui est un trésor d’érudition, d’un Epitome metrica historiæ, 1686, où il mit en vers la chronologie, et d’une Historia paparum, 1687-98, qui fut mise à l’Index.

HOFFMANN (Godefroy), jurisconsulte, né en 1692, mort en 1735, professeur à Leipsick, est auteur d’une Bibliotheca juris germanici, Francfort, 1734.

HOFFMANN (Fréd.), médecin et chimiste, né à Halle en 1660, mort en 1742, se fit recevoir docteur en médecine et se fixa dans sa ville natale. Il fut nommé professeur à l’Université de Halle, récemment fondée, et se fit par la pratique et ses travaux une telle renommée que les académies les plus célèbres l’admirent dans leur sein et qu’il fut appelé dans diverses cours de l’Allemagne et comblé d’honneurs. Il a laissé un système complet de médecine : Medicina rationalis systematica, Halle, 1730, trad. par Bruhier d’Ablaincourt, 1739-43, 9 vol. in-12. C’est à lui que l’on doit la préparation si connue sous le nom de gouttes ou liqueur anodine d’Hoffmann (éther sulfurique alcoolisé), qui est encore un des meilleurs calmants. Comme les Méthodistes, il expliquait les maladies par l’excès de la contraction, qui produit les spasmes, ou de la dilatation, qui produit l’atonie. Ses œuvres complètes ont été publiés avec sa vie, à Genève, de 1740 à 1763, en 11 parties in-fol.

HOFFMANN (Wilhelm), romancier, né à Kœnigsberg en 1776, fut destine à la magistrature, quoiqu’il se sentît plus de goût pour les arts, et fut en effet quelque temps assesseur à Posen (1800). Ayant perdu cet emploi pour avoir caricaturé de hauts personnages, il se fit chef d’orchestre, puis directeur de théâtre, et résida successivement en cette qualité à Bamberg, à Leipsick, à Dresde. Il se mit à écrire vers 1810, travailla à la fois pour le théâtre et pour la presse, composa des opéras qui eurent du succès, et publia des contes fantastiques qui obtinrent la vogue. Il fut vers la même époque nommé conseiller près le tribunal d’appel de Berlin (1816). Passant brusquement d’un état de gêne à l’opulence, il se livra à tous les genres d’excès et abrégea sa vie ; il mourut à Berlin en 1822. W. Hoffmann a créé le genre fantastique, genre dans lequel l’auteur se livre à tous les écarts d’une imagination délirante et passe sans cesse des idées les plus bouffonnes aux pensées les plus profondes, des scènes les plus gaies aux descriptions les plus horribles : on le prendrait pour un fou. Il allait le plus souvent chercher ses inspirations au cabaret, et jetait sur le papier tout ce qui lui passait par le cerveau quand il était à moitié ivre. On a de lui : Fantaisies dans la manière de Callot, 1811 ; l’Élixir du diable 1816 ; les Tableaux nocturnes, 1817 ; les Souffrances d’un directeur de théâtre ; le Petit Zacharie ; les Frères de Sérapion, 1819-21 ; Contemplations du chat Murr ; la Princesse de Brambilla, 1821. Ses Œuvres choisies ont été publiées à Berlin en 10 v., 1827-28; il en a été donné à Paris en 1840 une édition compacte. Loëve Weimars a traduit les Œuvres d'Hoffmann, Paris, 1829-33, 20 v. in-12 ; M. Toussenel a donné en 1830 une trad. des Contes, qu'il fit suivre de la trad. des Œuvres complètes, 1830-33, 20 v. in-12. M. Champ-Fleury a donné en 1856 les Contes posthumes d'Hoffmann, avec la biographie de l'auteur. Hoffmann avait un talent remarquable comme dessinateur et comme musicien : il faisait des caricatures dans le genre de Callot ; il a composé des symphonies, des trios, des quatuors, et a fait la musique de plusieurs opéras ; le meilleur est Ondine, 1816.

HOFFMANN (François), écrivain français, né à Nancy en 1760, m. à Paris en 1828, composa les paroles de plusieurs opéras comiques : Euphrosine et Coradin, 1790 (musique de Méhul), Stratonice, 1792 (du même maître), le Secret, les Rendez-vous bourgeois, etc., qui eurent du succès, et donna au Théâtre français une jolie comédie, le Roman d'une heure ou la Folle gageure (1803), puis devint un des rédacteurs du Journal de l'Empire (auj. des Débats), et se fit remarquer par des articles de critique pleins d'esprit et de goût. Ses Œuvres ont été publiées en 10 vol. in-8, 1828-29.

HOFWYL, domaine de Suisse (Berne), à 12 k. N. de Berne, sur la route de Soleure, est célèbre comme le siége d'une école d'agriculture et d'éducation, fondée par Fellenberg en 1799. On y appliquait, dans l'enseignement, la méthode de Pestalozzi.

HOGARTH (Will.), peintre et graveur, célèbre par son originalité, né à Londres en 1697, mort en 1764, était fils d'un prote d'imprimerie. Il commença à se faire connaître en 1725, en illustrant l’Hudibras. Il excellait surtout dans les scènes populaires ; il créa la caricature morale en représentant dans une série de tableaux ou de gravures la suite des aventures d'un même personnage. Telles sont : la Vie d'une courtisane (en 6 planches), la Vie du libertin (8 pl.) ; une Élection parlementaire (4 pl.); le Travail et la Paresse ; les Buveurs de punch (en 12 grav.); les Comédiennes ambulantes ; l'Opéra des Gueux. Il fut à la fin de sa vie nommé peintre du roi. Son Œuvre se compose de 160 pièces environ. Les éditions les plus amples sont celle de Londres, 1808, 2 vol. in-4, avec des explications par J. Nichols et G. Steevens, et celle de J. Hannay, 1861. On a aussi de cet artiste une Analyse de la beauté, 1753, trad. en 1805 par Jansen, avec une Vie d'Hogarth : il y donne la ligne serpentine comme la base du beau dans les formes.

HOGG (James), poëte écossais, dit le berger d'Ettrick, né en 1772 à Ettrick (Selkirk), mort en 1835, composait des chansons et des ballades tout en gardant ses troupeaux. Remarqué de Walter Scott et de Wilson, il vint à Édimbourg vers l'âge de trente ans et y publia un volume de poésies qui eut du succès. On y remarque la Veillée de la Reine, 1813 ; les Pèlerins du soleil, la reine Hynde. Il a aussi composé des romans, mais ils sont moins estimés.

HOGLAND, île de Russie, dans le golfe de Finlande, dépend du gouvt de Wasa : 9 k. sur 3 ; 650 h. Bon mouillage, phare. Bataille navale indécise entre les Russes et les Suédois (17 juill. 1788).

HOGUE (LA) ou HAGUE (LA), cap de France, situé à l'extrémité N. O. du dép. de la Manche.

HOGUE (LA) ou LA HOUGUE, fort situé sur la côte E. du dép. de la Manche, à 18 k. E. de Valognes, donne son nom à une rade, où la flotte française, armée pour rétablir Jacques II, et commandée par Tourville, fut battue et en partie détruite, le 29 mai 1692, par les flottes combinées de l'Angleterre et de la Hollande, commandées par l'amiral Edmond Russel, dont les forces étaient très-supérieures.

HOHENBERG, ancien comté de l'empire d'Allemagne, auj. compris dans le roy. de Wurtemberg (cercle de la Forêt-Noire), avait pour villes principales Rothenbourg, Horb, Schœnberg et Oberndorf.

HOHENGEROLDSEK, anc. comté de l'empire, compris auj. dans le grand-duché de Bade, où il forme le bailliage de Seelbach, appartint d'abord aux comtes de Klonenbourg, qui s'éteignirent en 1691. En 1711, l'Autriche le donna aux comtes (depuis princes) de Layen. En 1814, il revint à l'Autriche, qui le céda en 1819 au grand-duc de Bade.

HOHENHEIM, vge du Wurtemberg (Neckar), à 10 kil. S. S. E. de Stuttgard. Beau château ; école agricole et forestière, fondée en 1818. Près de là, parc et haras royal de Klein-Hohenheim.

HOHENLINDEN, vge de Bavière (Isar), près d'Ebersberg et à 33 kil. E. de Munich ; 300 h. Les Français commandés par Moreau, y défirent les Autrichiens, commandés par l'archiduc Jean (3 déc. 1800) : cette victoire amena la paix de Lunéville.

HOHENLOHE, anc. principauté de l'empire d'Allemagne, dans la partie S. O. du cercle dé Franconie, est auj. comprise dans le royaume de Wurtemberg, à l'exception d'une faible portion qui appartient à la Bavière (cercle de la Rezat). — La maison des princes de Hohenlohe eut pour fondateur Eberhard de Franconie, frère de Conrad I, élu roi de Germanie en 912 ; elle a pris son nom d'un château dont on voit encore les ruines à 7 kil. S. O. d'Uffenheim. Elle a formé plusieurs branches : celles de Brauneck, de Holloch, de Spekfeld, de Neuenstein, de Waldenburg, d'Œringen, de Langenburg. Auj. elle se divise en deux lignes principales : Hohenlohe-Neuenstein (subdivisée en Langenbourg, Langenbourg-Kirchberg et Œhringen ou Ingelfingen), et Hohenlohe-Waldenbourg (subd. en Bartenstein, Iaxtberg, Schillingsfurst). En 1741 et 1764, les Hohenlohe avaient été reconnus princes immédiats de l'empire. En 1806 la principauté fut médiatisée et placée sous la souveraineté du Wurtemberg et de la Bavière. Les deux frères cadets du dernier prince de Hohenlohe-Sohillingsfurst ont hérité, en 1834, du landgrave de Hesse-Rheinfels-Rothenburg, des seigneuries de Ratibor et de Corvey, et ont été créés en 1840, par le roi de Prusse, le premier, duc de Ratibor, l'autre, prince de Ratibor et de Corvey.

Les personnages de cette famille les plus connus sont : Frédéric Louis, prince de Hohenlohe-Ingelfingen, général au service de Prusse, né en 1746, mort en 1818, qui commandait en chef les troupes prussiennes en 1806 : il se fit battre à Iéna, mit bas les armes à Prenzlow (28 oct. 1806), et après cet échec se retira dans ses terres ; — Louis, prince de Hohenlohe-Bartenstein, né en 1765, mort en 1829 : il s'unit en 1792 aux princes français émigrés, se mit à la tête d'un corps de troupes dit chasseurs de Hohenlohe, que son père avait équipé, refusa en 1806 d'entrer dans la Confédération du Rhin, ce qui amena la médiatisation de sa principauté, rentra en France avec les Bourbons, y prit du service et fit en 1823 la campagne d'Espagne, après laquelle il fut fait maréchal et pair de France. Louis XVIII avait donné à la légion étrangère, dont ce prince avait été colonel, le nom de Régiment de Hohenlohe ; — le prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfurst, grand prieur de Gross-Varadin en Hongrie, puis évêque in partibus de Sardique, né en 1794, mort en 1849. Ce dernier est connu par sa ferveur et par des miracles qui firent grand bruit en 1820 et 1821 : il obtenait des guérisons par la seule vertu de la prière : quand les malades étaient éloignés, il était nécessaire qu'ils s'unissent avec lui en priant au même jour et à la même heure. Il a laissé quelques écrits mystiques, des Sermons (Ratisb., 1840), et des Mémoires, publiés à Paris en 1836.

HOHENSTAUFEN, bourg de l'anc. Souabe, dans le roy. actuel de Wurtemberg, à 43 kil. N. O. d'UIm ; 1200 hab. Ruines du château des sires de Hohenstaufen, construit vers 1080, détruit en 1525.

HOHENSTAUFEN (maison de), illustre famille de Souabe, qui a fourni, plusieurs empereurs à l'Allemagne. Ses plus anciens membres connus sont : Frédéric de Buren, dit aussi de Staufen, né vers 1015, en Souabe, au château de Hohenstaufen, qui épousa Hildegarde, fille d'un comte de Hohenlohe et demi-sœur de l'empereur Conrad le Salique : il servit avec fidélité Conrad le Salique et ses enfants, Henri III et Henri IV; — Frédéric, dit l’Ancien, fils du précéd., comte de Staufen, né vers 1050, mort en 1105 : après avoir défendu vaillamment l'emp. Henri IV, il reçut de lui en récompense la main de sa fille Agnès avec la Souabe et la Franconie pour dot, et fut ainsi le 1er duc de Souabe et de Franconie (1080). — Son fils, Frédéric II, le Borgne, soutint Henri V contre le St-Siége et fut, avec son frère Conrad, vicaire général de l'empire pendant l'absence de cet empereur, occupé en Italie (1116). A la mort de Henri, 1125, il disputa la couronne à Lothaire, combattit Henri le Superbe, petit-fils de Welf Ier, gendre de l'empereur, et commença ainsi la rivalité des Guelfes et des Gibelins. Il fut père du célèbre Frédéric Barberousse. — Conrad, frère de Frédéric le Borgne, fut fait duc de Franconie par Henri V en 1112, fut, ainsi que son frère, vicaire de l'empire, et fut reconnu empereur sous le nom de Conrad III à la mort de Lothaire, en 1137 (V. CONRAD III). C'est de son avènement que datent les longues guerres des Guelfes et des Gibelins. V. ces noms.

Les membres de la maison de Hohenstaufen qui ont porté la couronne impériale sont : Conrad III, qui régna de 1137 à 1152; Frédéric I, Barberousse (1152-1190); Henri VI (1190-1197), qui le premier joignit les Deux-Siciles à ses États; Philippe (1198-1208); Frédéric II (1212-50); Conrad IV (1250-54). Le dernier prince de cette famille est l'infortuné Conradin, fils de Conrad IV, qui régna un instant en Sicile; il fut mis à mort en 1268 par Charles d'Anjou, à qui le pape avait donné ses États. — La maison de Hohenstaufen, après avoir porté au plus haut degré la puissance impériale, surtout sous Conrad III et Frédéric Barberousse, tomba sous ses derniers princes au plus bas degré de l'affaiblissement : elle succomba enfin sous les coups des papes et des grands vassaux. Après la chute de cette maison, l'Allemagne fut livrée à une longue anarchie, qu'on connaît sous le nom de Grand interrègne (1254-1273), et qui ne fut terminée que par l'avénement de la maison de Habsbourg. Raumer a donné l’Hist. des Hohenstaufen, Leipsick, 1852. On doit à M. Cherrier l'Hist. de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, Paris, 1841 et 1861.

HOHENZOLLERN, une des plus anc. maisons souveraines de l'Allemagne, possessionnée en Souabe, prétend descendre de Tassillon, duc de Bavière au VIIIe siècle, et remonte certainement au Xe siècle. Elle doit son nom à un château situé sur le Zollernberg, près de Sigmaringen, et construit au Xe siècle par un comte de Zollern. Rodolphe II, qui descendait de ce comte, et qui vivait au XIIe siècle, eut 2 fils, Frédéric et Conrad, qui devinrent les chefs de deux lignes principales, la ligne de Souabe, qui retint le nom de Hohenzollern, et la ligne de Franconie, de laquelle sortirent les burgraves de Nuremberg et les électeurs de Brandebourg, depuis rois de Prusse. La ligne de Hohenzollern proprement dite se divisa elle-même en deux branches à la mort de Charles, comte de Zollern, né en 1516, m. en 1576. Son fils aîné, Eitel Frédéric II, né vers 1545, m. en 1605, devint chef de la branche aînée, qui prit le nom de Hohenz.-Hechingen, du château d'Hechingen, que ce prince avait fait bâtir, et qui fut élevée en 1620 à la dignité princière. Charles II, 2e fils de Charles I, né en l547, mort en 1606, fut le chef de la 2e branche, celle des Hohenz.-Sigmaringen, également élevés, en 1695, à la dignité de princes. A la ligne de Franconie se rattachent, outre les électeurs de Brandebourg, les margraves de Bayreuth et d'Anspach.

HOHENZOLLERN-HECHINGEN, anc. État souverain de la Confédération germanique, enclavé dans le roy. de Wurtemberg, comprenait, outre le comté de Hohenzollern proprement dit, les seigneuries d'Hirschlatt et de Stetten: 26 kil. sur 11; 22 000 hab. Ville principale, Hechingen. Pays montagneux et couvert de forêts, arrosé par le Neckar et la Starzel, et fertile en plantes oléagineuses. — Cette principauté est depuis 1849 réunie aux États prussiens, le prince ayant cédé ses droits au roi de Prusse.

HOHENZOLLERN-SIGMARINGEN, anc. État souverain de la Confédération germanique, enclavé dans le roy. de Wurtemberg et touchant vers le sud au grand-duché de Bade, est partagé en deux portions par le Hohenzollern-Hechingen. Il se compose des comtés de Sigmaringen et Vœringen, des seigneuries de Glatt et de Beuren et d'une partie des possessions médiates des princes de Fürstenberg et de Thurn-et-Taxis. La portion méridionale de cette principauté a 53 kil. sur 11, et l'autre 22 sur 13 ; 52 000 hab. Villes principales : Sigmaringen, où siégeait le gouvt des 2 principautés, auj. réunies en une seule province; Trochtelfingen et Haigerloch. Rivières principales : le Necker, l'Elach et quelques affluents du Danube. Sol uni et fertile sur la droite du Danube; partout ailleurs montagneux et couvert de forêts. Mines de fer et carrières calcaires. — Cette principauté a été, comme la précédente, réunie à la Prusse en 1849.

HOLBACH (P. THIRY, baron d'), libre penseur, né en 1723 à Hildesheim, dans le Palatinat, d'une famille riche, m. en 1789, vint à Paris dès sa jeunesse, cultiva avec ardeur les sciences naturelles, embrassa avec passion et professa avec fanatisme les opinions philosophiques les plus outrées, et fit de sa maison le rendez-vous des esprits forts les plus hardis; il eut principalement pour amis Diderot, Grimm, Naigeon, et Lagrange, le traducteur de Sénèque, qui fut le précepteur de ses enfants. On a de lui d'utiles ouvrages sur la chimie, la minéralogie, la métallurgie, traduits pour la plupart de l'allemand; mais il est surtout connu par ses écrits philosophiques et antireligieux, dans lesquels il eut pour collaborateurs Diderot, Naigeon, Lagrange, et qui parurent presque tous sous le voile de l'anonyme ou du pseudonyme : il y attaque avec acharnement, non-seulement la religion établie, mais toute croyance religieuse, et prêche ouvertement l'athéisme. Les principaux sont : Le Christianisme dévoilé, 1767, qu'il donna comme étant de Boulanger; la Contagion sacrée, 1767; Théologie portative, 1768, sous le nom de l'abbé Bernier; Essai sur les préjugés, sans date; le Système de la nature, 1770, publié sous le pseudonyme de Mirabaud (ce dangereux ouvrage est devenu l'évangile de l'athéisme et du matérialisme); le Bon sens du curé Meslier, 1772; la Morale universelle, 1776; Éléments de la morale universelle, 1790. Le baron d'Holbach a en outre traduit un grand nombre d'écrits des philosophes et incrédules anglais, tels que Hobbes, Collins, Toland, Gordon. La plupart de ses écrits ont été condamnés en France par le Parlement, et mis à l’Index à Rome : le Système de la Nature, blâmé même par Voltaire et Frédéric II, a été réfuté par Bergier, Duvoisin. Rochefort, Holland, etc.

HOLBEIN (Hans ou Jean), célèbre peintre, né en 1498 à Augsbourg (et non à Bâle), était fils de J. Holbein, dit le Vieux, peintre distingué, et neveu de Sigismond Holbein, peintre et graveur qui habitait Bâle. Sur l'invitation d'Érasme il passa en Angleterre en 1526 : il sut plaire à Henri VIII, qui apprécia son talent et le combla de présents. Il mourut de la peste à Londres en 1554. Cet artiste peignait aussi facilement de la main gauche que de la main droite. Il est surtout estimé pour ses portraits. Parmi ses tableaux on cite : la Richesse, la Pauvreté, L'Adoration des mages, la Danse de village et une Danse des morts. On lui attribue la fameuse Danse macabre peinte à fresque sur les murs d'un des cimetières de Bâle (V. MACABRE et, au Dict. des Sciences, DANSE DES MORTS). Cet artiste se distingue par le sentiment de la nature, par une couleur chaude, vigoureuse, intense, et par des formes pleines. La majeure partie de ses œuvres orne les collections anglaises, surtout le château de Windsor et celui de Longford, près de Salisbury. La collect. de ses portraits, parmi lesquels on remarque ceux d’Érasme et de Thomas Morus (au Louvre), a été gravée par Bartolozzi, Londres, 1792-1800, 2 v. grand in-f. On trouve sa Vie avec la liste de ses ouvrages dans l’Encomium Moriæ d’Érasme.

HOLBERG (Louis, baron de), écrivain danois, le Plaute de son pays, né en 1684 à Bergen en Norvège, m. en 1754, quitta l’état militaire pour se livrer aux lettres, fut nommé en 1716 professeur de littérature à l’Université de Copenhague, et composa une foule de pièces estimées qui peuvent le faire regarder comme le fondateur de l’art dramatique en Danemark. Parmi ses comédies, on cite : le Potier d’étain homme d’État, la Capricieuse, la Chambre de l’accouchée, Jean de France, le Paysan métamorphosé en seigneur. On a aussi de lui : Pierre Pors, épopée comique en 14 chants, 1791 ; l’Iter Subterraneum, ou Voyages de Niel Klim dans les régions souterraines, roman politique écrit dans le goût de Swift ; une Histoire du Danemark, 1732-35 ; une Histoire ecclésiastique jusqu’à Luther, et une foule d’autres ouvrages, les uns en prose, les autres en vers. On a publié ses Œuvres à Copenhague, 1806-1814, 21 vol. in-8. Plusieurs de ses comédies ont été traduites dans les Chefs-d’œuvre des Théâtres étrangers.

HOLCROFT (Thomas), auteur dramatique et romancier, né à Londres en 1744, mort en 1809, était fils d’un cordonnier, et fut d’abord lui-même cordonnier comme son père, puis palefrenier et vétérinaire. Il fit ensuite quelques études, monta sur la scène en Irlande et à Londres, quitta le métier d’acteur en 1781 et se mit à composer des comédies et des drames qui pour la plupart sont médiocres, et des romans où l’on trouve assez d’imagination, mais peu de goût. C’est lui qui introduisit le mélodrame en Angleterre. On a de lui : Alwyns, 1780 ; Anna Saint-Yves, 1792 ; Hugh Trevor, 1794 ; Brian-Perdue, 1807 (trad. sous ce titre : le Fils perverti par son Père) ; le Sceptique, ou le Bonheur de l’homme, poëme où il manifeste l’incrédulité la plus hardie. Il a traduit du français la Vie privée de Voltaire ; les Mémoires du baron de Trenck ; l’Histoire secrète de la cour de Berlin, de Mirabeau, et les ouvrages posthumes de Frédéric II. Holcroft avait embrassé avec ardeur les principes de la Révolution française, ce qui lui attira dans son pays de fâcheuses affaires. Il a laissé des Mémoires, qui ont été publiés après sa mort par Hazlitt, Londres, 1809, et complétés par son fils, 1851 ; il y donne un libre cours à son scepticisme.

HOLDA, prophétesse de Jérusalem, annonça aux envoyés du roi Josias les maux qui devaient punir le peuple juif, mais en ajoutant que ces maux n’arriveraient pas sous le règne de ce prince parce qu’il s’était humilié devant le Seigneur. V. ROIS, I. IV, ch. XXII.

HOLKAR (Molhar Raou), chef mahratte, né vers 1700, mort en 1766, était fils d’un berger de Hol, village du Décan, d’où lui vint son nom. Il équipa à ses frais quelques cavaliers, devint un des chefs les plus puissants de la Confédération des Mahrattes, pénétra dans les États du Grand Mogol jusqu’aux portes de Delhi (1735), partagea avec Sindyah la prov. de Malwa et obtint la partie occid. avec Indore pour capitale (1749), y ajouta de nouvelles conquêtes et forma ainsi ce qu’on a appelé l’État de Holkar. Cet État, situé entre 21° 10′-24° 50′ lat. N. et 71° 24′-75° 10′ long. E., se composait de 3 parties distinctes : la plus considérable, comprise dans les anc. prov. de Malwa, Guzzerat et Kandeich, est bornée au N. par les Radjepoutes du Sindyah, à l’E. et à l’O. par les possessions anglaises, au S. par les États du Nizam, et a env. 400 k. sur 130. Les deux autres, beaucoup plus petites, sont enclavées dans le Malwa. Popul. totale : 1 200 000 h. Des dissensions s’étant élevées entre les successeurs de Holkar, l’un d’eux, spolié par son frère, eut recours aux Anglais. Après plusieurs succès, ceux-ci dictèrent en 1818 au prince régnant un traité par lequel il se reconnaissait vassal de l’Angleterre. En 1839, Molhar-Raou fit partie de la coalition qui tenta vainement de s’opposer à l’expédition anglaise, chargée de rétablir Chab-Choudjah sur le trône de Kaboul. Ses États furent annexés aux possessions angl. en 1857.

HOLLABRUN, bourg de l’Autriche propre, sur la Schmeida, à 28 k. N. O. de Kornenbourg ; 3500 h. Masséna y battit les Autrichiens le 10 juillet 1809.

HOLLAND, partie du comté de Lincoln. V. LINCOLN.

HOLLAND (Henri FOX, lord), le 1er homme d’État anglais qui ait porté le titre de lord Holland, né en 1705, mort en 1774, avait pour père Stephen Fox, un des plus fidèles serviteurs des Stuarts et le fondateur de l’hospice de Chelsea. Il avait été élevé à Eton avec Pitt, dont il fut le constant adversaire ; il entra au Parlement en 1735, s’attacha au ministre Walpole, qui le fit nommer en 1737 inspecteur du bureau des travaux publics, devint secrétaire de la guerre en 1746, payeur général des troupes en 1757, et fut créé en 1762 par George III lord Holland et pair. — Son fils aîné, Stephen Fox, hérita du titre de lord Holland ; son 2e fils est le célèbre orateur Ch. Fox. V. FOX.

[[w:Henry Vassall-Fox, 3e baron Holland|HOLLAND (H. Richard Vassall FOX, 3e lord)]], fils de Stephen Fox et neveu du célèbre Fox, né en 1772, mort en 1840, remplaça son père à la chambre des lords et fut, comme son oncle, le champion des libertés publiques. Il fit partie en 1806 du ministère Fox et Grenville en qualité de lord du sceau privé ; se signala en 1814 et 1815 par sa conduite généreuse envers la France, et blâma ouvertement les mauvais procédés du gouvt anglais envers Napoléon. Il contribua puissamment à l’abolition des actes de corporation et du test (1828), ainsi qu’à la réforme parlementaire (1832). Sous le ministère de lord Grey et de lord Melbourne, il accepta le poste de chancelier du duché de Lancastre. Il a publié des Souvenirs, des Mémoires sur Lope de Vega et Guillen de Castro, 1805, et les Mémoires sur George II d’Horace Walpole, 1822.

HOLLAND (G. Jonathan), philosophe allemand, né en 1742 à Rosenfeld (Wurtemberg), mort en 1784, fut sous-gouverneur des fils du prince de Wurtemberg (dont l’aîné, Frédéric Guillaume, eut depuis le titre de roi), et accompagna les jeunes princes dans leurs voyages en Prusse et en Russie. On a de lui, entre autres ouvrages : Réflexions philosophiques sur le Système de la Nature de d’Holbach, Londres (Neufchâtel), 1772, en français, ouvrage solidement pensé, et d’assez bon style, quoique écrit par un étranger.

HOLLANDE (Roy. de), la Batavia des anciens, roy. situé entre 1o-4° 48′ long. E., et 51°-53° lat. N., a pour bornes au N. et à l’O. la mer du Nord, au S. la Belgique, à l’E. le Hanovre et les prov. prussiennes de Westphalie et du Rhin ; 240 kil. sur 230 ; 3 600 000 h. (dont 1 300 000 Cathol.) ; capitale, Amsterdam (néanmoins le gouvt réside à La Haye). Le Royaume de Hollande est divisé en 11 provinces :

Provinces. Chefs-lieux.
Hollande septentrionale, Amsterdam.
Hollande méridionale, La Haye.
Zélande, Middelbourg.
Brabant septentrional, Bois-le-Duc.
Utrecht, Utrecht.
Gueldre, Arnhheim.
Overyssel, Zwoll.
Drenthe, Assen.
Groningue, Groningue.
Frise, Leeuwarden.
Limbourg hollandais, Maëstricht.

À ces 11 prov., qui forment le royaume de Hollande proprement dit, il faut ajouter le grand-duché de Luxembourg, que le roi gouverne à titre de grand-duc, et qui fait partie de la Confédération germanique ; puis des diverses colonies de la Hollande, savoir : en Afrique, Elmina et quelques établissements sur la Côte d’Or en Guinée ; en Amérique, les îles Bonair, Curaçao, St-Eustache, Saba, la moitié de St-Martin, la Guyane Hollandaise ; dans l’Océanie, Java, Sumatra, Bencoulen, Madoura, Célèbes, Bornéo, les archipels de Sumbava, de Timor, des Moluques, la Terre et l'Ile des Papous. La population totale de ces colonies s'élève à 16 000 000 d'hab.

Le pays est partout plat et quelquefois même au-dessous du niveau de la mer et n'est défendu contre les inondations de l'Océan que par un ensemble admirable de digues; un vaste système de canalisation donne aux eaux un libre cours. Les principaux cours d'eau sont : l'Escaut, la Meuse (qui reçoit la Roër, le Wahal et la Lech), le Rhin, l'Yssel, l'Amstel, l'Y, l'Hunse, le Vecht, l'Ems. Parmi les nombreux canaux qui sillonnent la Hollande, ou distingue ceux du Nord (d'Amsterdam à Nieuwdiep), de Zederik (de Vianen à Gorkum), de Zuid-Williems-Waast (de Bois-le-Duc à Maëstricht), de l'Ems au Zuyderzée. Les principaux chemins de fer sont ceux d'Amsterdam à Rotterdam par Harlem, Leyde, La Haye, Delft et Schiedam (83 kil.) ; d'Amsterdam à Arnheim par Utrecht (93 kil.); de Rotterdam à Utrecht, par Wœrden et Gouda (53 kil.); de Maëstricht à Aix-la-Chapelle (35 kil.). Les empiétements de la mer ont formé plusieurs golfes sur les côtes : le Dollart, le Laauwersée, entre les prov. de Frise et de Groningue, le Bies-Bosch, près de Dordrecht; le Zuyderzée, entre la prov. de Hollande et la Frise (ce golfe était un lac avant 1225, ainsi que le Dollart) ; la mer de Harlem, vaste lac, formé il y a trois siècles, par une inondation, et récemment desséché (V. HARLEM). — Les côtes de la Hollande sont semées d'îles nombreuses qui se partagent en deux groupes : le groupe septentrional, à l'entrée du golfe de Zuyderzée et le long de la Frise (il comprend les îles de Wieringen, Texel, Vlieland, Terschelling , Ameland, etc.); le groupe méridional, comprenant les îles formées par les différents bras de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin (les principales sont celles de Kadsand, Nord et Sud-Béveland, Walcheren, Tholen, Schouwen, Over-Flakee, Voorn et Beyerland). — La Hollande abonde surtout en pâturages; on y cultive avec succès le blé, le lin, la garance, le tabac, les fruits ; l'agriculture et l'horticulture y sont poussées à un haut degré de perfection. Le climat est brumeux et humide ; les habitants des Polders (marais) et des îles sont exposés à des fièvres endémiques ; cependant le froid des hivers et les vents d'est corrigent l'insalubrité de l'air. L'industrie est très-active : elle consiste principalement en toiles, connues sous le nom de toiles de Hollande, blanchisseries, papeteries, draps, étoffes de soie, velours, tanneries, faïence, pipes, fromages dits de Hollande (on en fabrique annuellement 15 millions de kilogr. environ); produits chimiques, librairie, gravures, taille de diamants, etc. Le commerce, bien que moins étendu qu'autrefois, est encore très-considérable : les principales importations consistent en grains, sels, vins, bois, draps, etc.; les exportations, en toiles, fromages, beurre, viande et poisson salés, épiceries, garance, etc.; il faut ajouter en outre le change, le commerce de commission, celui de fleurs, la pêche de la baleine et du hareng. — La Hollande possède une littérature assez riche : elle compte des poëtes et des littérateurs du 1er rang : Vondel, Catz, Van Hooft, de Haren, Feith, Bilderdik; elle est la terre classique de l'érudition et a produit Érasme, Ruhnkenius, les Heinsius, Hemsterhuys, Wyttenbach, Heyne, etc. Dans les sciences, elle cite Huyghens, Boërhaave, Swammerdam, Musschenbrœk, etc. Le Hollandais aime la symétrie et se distingue par une minutieuse propreté. — Tous les cultes sont également protégés en Hollande : le Calvinisme est la religion la plus 3 répandue; viennent ensuite les Luthériens, les Catholiques, les Mennonites, les Remontrants, les Juifs. — Le gouvernement est une monarchie constitutionnelle, héréditaire pour les deux sexes. Le roi exerce le pouvoir exécutif et partage le pouvoir législatif avec les États généraux, qui se composent de deux chambres. Le gouvernement des colonies appartient exclusivement au roi. Chaque province a ses États particuliers composés de membres élus dans les trois ordres de l’État (l'ordre équestre ou des nobles, l'ordre des villes et l'ordre des campagnes). Le duché de Luxembourg a une administration à part.

Histoire. La Hollande, dont le nom signifie pays creux, était désignée par les Romains sous le nom d'île des Bataves. Elle fut longtemps inhabitable : les eaux couvraient sa surface six mois de l'année; le reste du temps d'humides forêts en rendaient le séjour insalubre. Cependant les Bataves, que l'on regarde comme la plus ancienne tribu établie dans ces pays, formaient déjà une colonie considérable au temps de César; ce conquérant fit avec eux un traité d'alliance lorsqu'il entreprit de soumettre la Gaule belgique (54 av. J.-C.). Sous Tibère, Drusus s'empara de leur pays. Après la mort de Néron, ils se soulevèrent sous la conduite de Civilis (09-71) : ils furent vaincus par Céréalis, mais ils restèrent de fait indépendants. Trois peuplades distinctes occupaient alors la Hollande : les Bataves, les Frisons et les Bructères. Après la dissolution de l'empire romain ils passèrent sous le joug des Francs. Charles Martel fit la guerre aux Frisons, qui s'étaient séparés des Francs sous les derniers Mérovingiens, et remporta sur eux en 736 une victoire sanglante. Charlemagne leur imposa le Christianisme. Sous les faibles successeurs de ce prince, la Hollande se partagea en plusieurs États, gouvernés par des souverains indépendants. Tels furent : les comtes de Hollande proprement dite (depuis 863), les ducs de Gueldre, les seigneurs de Frise et de Brabant, les évêques d'Utrecht, etc. En 1433, Philippe de Bourgogne réunit cette contrée à ses vastes domaines en se la faisant céder par Jacqueline de Bavière, sa cousine, héritière de la Hollande et du Brabant ; il en confia le gouvernement à des lieutenants ou stathouders (elle portait alors le nom de Pays-Bas). Après la mort de Charles le Téméraire (1477), sa fille Marie de Bourgogne porta cet héritage dans la maison d'Autriche, et, après Charles-Quint, il devint la propriété de la branche espagnole de la même maison. C'est à cette époque que se développèrent dans la Hollande le commerce et l'industrie, que favorisèrent surtout la découverte du Nouveau-Monde et celle du passage aux Grandes-Indes. Dès 1523 la réforme de Luther s'établit en Hollande : elle y fit de rapides progrès. Sous le stathoudérat de Guillaume d'Orange (1559), les principaux seigneurs, alarmés de l'influence du cardinal de Granvelle, ministre de Marguerite, duchesse de Parme, et sœur de Philippe II, que ce prince avait nommée gouvernante des Pays-Bas (1559), et craignant pour leur patrie l'effet des rigueurs de l'Inquisition, déclarèrent ouvertement leur opposition aux édits rendus contre la Réforme et en demandèrent le rappel (1564). Repoussés dans leurs demandes, ils s'associèrent pour résister : on les connaît sous le nom ironique de Gueux (V. ce mot). L'arrivée du duc d'Albe (1567), envoyé par Philippe II pour remplacer la gouvernante Marguerite, l'organisation du Conseil de troubles, que l'on a appelé le Tribunal de sang, qui fit, dit-on, périr plus de 18 000 individus dans l'espace de trois années, excitèrent un soulèvement général contre l'autorité espagnole; et Guillaume d'Orange parvint, après une lutte héroïque, à affranchir sa patrie. Par l'Union d'Utrecht (1579), un nouveau gouvernement fut établi sous le nom de République des Sept-Provinces-Unies. Ces sept prov. étaient celles de Hollande, de Zélande, de Gueldre, d'Utrecht, de Frise, d'Over-Yssel et de Groningue. Guillaume d'Orange fut mis à la tête du nouvel État avec le titre de stathouder, son autorité demeurant toutefois balancée par celle des États généraux. Assassiné en 1584 par un fanatique, il fut remplacé par Maurice de Nassau. Sous la conduite de celui-ci, les Hollandais, secourus par Élisabeth et Henri IV, continuèrent a lutter contre l'Espagne, qui, en 1609, fut obligée de conclure une trêve de 12 ans. Cet intervalle fut rempli par les querelles des Gomaristes et des Arminiens : le synode de Dordrecht, 1618, se prononça pour les Gomaristes; Maurice fit périr le grand pensionnaire Barneveldt, et emprisonner Grotius et Hogerbeets, pensionnaires de Rotterdam et de Leyde. La guerre contre l'Espagne ayant recommencé en 1621, la Hollande s'allia avec la France et lui dut d'être reconnue État indépendant à la paix de Westphalie (1648). Deux ans après le stathoudérat fut aboli, et la Hollande se constitua en république. Elle soutint alternativement plusieurs guerres glorieuses contre l'Angleterre et la Suède (V. TROMP, RUYTER, DE WITT, etc.); puis, ayant conclu en 1668 avec ces deux puissances un traité connu depuis sous le nom de triple alliance, elle essaya de s'opposer aux projets ambitieux de Louis XIV. Abandonnée presque aussitôt par ses alliés, la république des Provinces-Unies essuya plusieurs défaites; elle crut alors devoir reconstituer le stathoudérat (1672) en faveur de Guillaume III, prince d'Orange (depuis roi d'Angleterre, 1689-1702). Des circonstances favorables, et surtout l'habileté de l'amiral Ruyter, rétablirent la prospérité de l'État si gravement compromise : Guillaume, investi de pouvoirs extraordinaires, en profita pour faire déclarer le stathoudérat héréditaire dans sa maison (1674), et bientôt il unit à cette dignité la couronne d'Angleterre (1688). Après la mort de Guillaume III, le stathoudérat fut aboli de nouveau (1702) : la République, gouvernée par le grand pensionnaire Heinsius, resta l'alliée de l'Angleterre et de l'Autriche contre la France jusqu'à la paix d'Utrecht (1713). En 1747, se voyant menacée par les succès du maréchal de Saxe, elle rétablit le stathoudérat en faveur de Guillaume IV et le rendit héréditaire. Guillaume recouvre, au traité de paix d'Aix-la-Chapelle (1748), tout ce que la République avait perdu; mais il est obligé de raser ses places fortes. Sous Guillaume V, qui lui succède en 1751 sous la tutelle de sa mère et du duc de Brunswick, le commerce et la puissance de la Hollande commencent à déchoir. Ce pays est déchiré par des troubles intérieurs et affaibli au dehors par des guerres continuelles : Guillaume V est obligé d'abdiquer (1784); mais il est bientôt rétabli par le duc de Brunswick, qui vient occuper la Hollande. Enfin, après diverses vicissitudes, elle est conquise par les Français, 1794-95. Elle prend alors le nom de République Batave, et se divise en 8 dép. (Amstel, Delft, Dommel, Ems, Escaut-en-Meuse, Texel, Rhin, et Vieux-Yssel). Mais cette constitution ne dura que peu de temps. En 1806, la Hollande fut érigée en Royaume de Hollande en faveur de Louis Bonaparte, qui releva le pays, y introduisit le code français et se rendit fort populaire. En 1810, elle fut réunie à l'empire français : elle y forma les dép. de Bouches-de-la-Meuse, des Bouches-de-l'Yssel, de l'Ems occid. et de l'Ems orient., de la Frise, de l'Yssel supérieur, et du Zuyderzée. En 1814, la Hollande reprit son indépendance : réunie à la Belgique, elle forma, sous le nom de Royaume des Pays-Bas, un nouvel État, qui fut donné à Guillaume-Frédéric d'Orange, fils de Guillaume V, le dernier stathouder. Une révolution ayant séparé violemment la Belgique du reste des Pays-Bas en 1831, la Hollande redevint un royaume particulier. Toutefois, ce n'est qu'en 1839 que le roi des Pays-Bas consentit à reconnaître l'indépendance de la Belgique. Bien qu'ainsi réduits, ses États conservèrent officiellement le titre de Royaume des Pays-Bas.

Stathouders de Hollande et Rois des Pays-Bas.
Guillaume I, d'Orange, 1559
Maurice, 1584
Henri-Frédéric, 1625
Guillaume II, 1647
Suppression du Stathoudérat. République.
Jean de Witt, grand pensionnaire, 1650
Stathoudérat rétabli.
Guillaume III, 1672
Nouvelle suppression du Stathoudérat.
Heinsius, grand pensionnaire, 1702
Stathoudérat de nouveau rétabli.
Guillaume IV, d'abord stathouder de la Frise, puis de tout le pays, 1747
Guillaume V, 1751
République Batave, 1795-1806.
Schimmelpenninck, grand pensionnaire, 1805-1806
Royaume de Hollande.
Louis Bonaparte, 1806
Réunion à la France, 1810-1814.
Royaume des Pays-Bas.
Guillaume I, 1814
Guillaume II, 1840
Guillaume III, 1849

HOLLANDE (comté de), ancien État souverain, et, depuis, une des Sept-Provinces-Unies, était borné au N. et à l'O. par la mer du Nord, au S. par la Meuse, le Brabant et l'évêché d'Utrecht, à l'E. par le Zuyderzée, et se divisait en Hollande sept. ou West-Frise, qui s'étendait depuis Amsterdam jusqu'à la mer du Nord, et Hollande mérid., depuis la même ville jusqu'à la Zélande, le Brabant et le pays d'Utrecht. Villes principales : Amsterdam, Dordrecht, Harlem, Delft, Leyde, Rotterdam, Gouda. — Ce pays, jadis habité par les Bataves et les Caninéfates, fut conquis par les Francs au IVe siècle et érigé en comté par Charles le Chauve en 863 en faveur de Thierry I; cependant le nom de Hollande ne commença à être employé qu'au XIe siècle, après que ce comté eut été augmenté d'une partie du territoire d'Utrecht sous Thierry IV. En 1229 le comté de Hollande passa à la maison de Hainaut, puis en 1345, par mariage, à celle de Bavière. Jacqueline de Bavière céda en 1433 ses États à Philippe de Bourgogne, et après la mort de Charles le Téméraire le comté de Hollande passa à la maison d'Autriche (1477). Ce pays se révolta des premiers contre le gouvernement tyrannique de Philippe II : dès 1579 il fit partie des Sept-Provinces-Unies. En 1795, il fut compris dans la République batave ; en 1806, dans le royaume de Hollande; en 1810 dans l'empire français, où il forma les dépts du Zuyderzée et des Bouches-de-la-Meuse. La Hollande devint en 1814 une des prov. du roy. des Pays-Bas, et en 1831, du roy. de Hollande. Elle se divise actuellement en 2 prov. : Hollande sept. et Hollande mérid.

Comtes de Hollande.
Dynastie d'Alsace. Dynastie de Hainaut.
Thierry I, 863 Jean II, 1299
Thierry II, 903 Guillaume III, 1304
Thierry III, 947 Guillaume IV, 1337
Arnoul, 988 Dynastie de Bavière.
Thierry IV, 993 Marguerite, et Louis de Bavière, emp., 1345
Thierry V, 1039 Guillaume V, 1351
Florent I, 1049 Albert, 1358
Gertrude de Saxe, 1062 Guillaume VI, 1404
Robert le Frison, 1066 Jacqueline, 1417
Geoffroy le Bossu, 1070 Dynastie de Bourgogne.
Thierry VI, 1075 Philippe le Bon, 1436
Florent II, 1092 Charles le Téméraire, 1467
Thierry VII, 1123 Marie, 1477
Florent III, 1163 Dynastie d'Autriche.
Thierry VIII, 1190 Philippe II, le Beau, archiduc, 1482
Ada, 1203 Charles V, emper. 1506
Guillaume I, 1204 Philippe III (II comme roi d'Espagne), 1558
Florent IV, 1223
Guillaume II, 1235
Florent V, 1255
Jean I, 1296

HOLLANDE SEPTENTRIONALE, prov. du roy. actuel de Hollande, entre le Zuyderzée à l'E. et la mer du Nord à l'O. et au N., est bornée au S. par la Hollande mérid. et l'anc. mer de Harlem, 2292 k. carrés; 540 000 h.; ch.-l., Amsterdam. Elle se divise en 4 arr., Amsterdam, Harlem, Horn, Alkmaar.

HOLLANDE MÉRIDIONALE, prov. du roy. actuel de Hollande, bornée, au N. par l'anc. mer de Harlem, à l'E. par les prov. d'Utrecht et de Gueldre, au S. par celles de Brabant sept, et de Zélande, à l'O. par la mer du Nord ; 2778 k. carrés, 610 000 h. ; ch-l., la Haye. Elle forme 7 arr. : Saardam, Rotterdam, La Haye, Delft, Leyde, Dordrecht, Gorkum.

HOLLANDE (NOUVELLE-), V. AUSTRALIE.

HOLMIA, nom latinisé de STOCKHOLM.

HOLOPHERNE, général de Nabuchodonosor I, envahit la Judée, et mit le siége devant Béthulie. Il allait s'en emparer, lorsqu'il fut tué pendant son sommeil par Judith, 659 av. J.-C. V. JUDITH.

HOLSTEIN, duché de l'Allemagne du Nord (États prussiens), est borné au N. par le territoire de Slesvig, au N. E. et à l'E. par la Baltique et le duché de Lauenbourg, au S. par la république de Hambourg et par l'Elbe, à l'O. par la mer du Nord; 145 kil. sur 90; 525 000 hab.; ch.-l. Glückstadt. Il se divise en 20 bailliages : Steinborg, pays des Dithmarses, Rendsbourg, comté de Rantzau, seigneurie de Pinneberg, Altona, Reinbek, Trittau, Tremsbuttel, Rethwisch, Rheinfeld, Travendal, Segeberg, Neumünster, Plœn, Arensbœk, Bordesholm, Kiel, Kronhagem, et Cismar. Le Holstein est arrosé par l'Elbe, le Stor, la Bille, l'Alster, l'Eyder, etc., et traversé par le canal de Kiel. On y trouve beaucoup de lacs. Il produit des céréales en abondance : blé, sarrasin; légumes, pommes de terre; houblon, chanvre, lin, bois, etc. On y élève des bestiaux, et surtout des chevaux estimés. La religion dominante est le Luthéranisme. — Le Holstein fut primitivement occupé par des peuplades saxonnes. Conquis par Charlemagne, qui en forma le margraviat de Nordalbingie, il resta longtemps, sous les successeurs de ce prince, soumis aux ducs de Saxe de la race de Billung, puis, après leur extinction, à Lothaire de Supplinbourg, qui en investit, à titre de comté, Adolphe de Schauenbourg, en 1106. La famille de Schauenbourg conserva ce comté pendant plus de 350 ans ; sous cette dynastie, le Slesvig fut uni au Holstein (1386). La ligne de la maison de Schauenbourg qui régnait sur le Holstein s'étant éteinte en 1459, les États élurent pour comte, en 1460, Christian I, de la maison d'Oldenbourg, déjà roi de Danemark, en stipulant que le Holstein ne serait pas pour cela réuni au Danemark, et aurait toujours ses princes à part et une administration propre. Christian I fit ériger le Holstein en duché par l'empereur Frédéric III (1474). Deux petits-fils de ce prince, Christian III, roi de Danemark de 1534 à 1559, et Adolphe, son frère cadet, partagèrent entre eux le duché (1544); ils devinrent ainsi la souche de deux branches principales : la branche aînée ou branche royale, qui continua à régner sur le Danemark (V. DANEMARK), et de laquelle sont issues les lignes de H.-Sonderbourg-Augustenbourg et de H.-Sonderbourg-Beck ou Glucksbourg; la branche cadette ou branche ducale, qui eut en partage le château et le territoire de Gottorp, et qui prit de là le nom de Holstein-Gottorp. Cette 2e branche a donné naissance à deux rameaux : celui de Holstein-Gottorp proprement dit, d'où est sortie la famille qui règne en Russie depuis 1762; et celui de Holstein-Eutin, d'où est sortie la famille qui a régné sur la Suède depuis 1751 jusqu'en 1818. La branche royale de Holstein et la branche ducale de Holstein-Gottorp ont été longtemps en guerre pour la possession de diverses parties du duché; leurs querelles n'ont cessé qu'en 1773, par un arrangement en vertu duquel le roi de Danemark est devenu seul possesseur de tout le Holstein, mais en cédant à une branche des ducs de Holstein-Eutin les comtés d'Oldenbourg et de Delmenhorst. Après la dissolution de l'Empire germanique, en 1806, le Holstein fut réuni au Danemark; il entra dans la Confédération dès 1815, tout en restant au Danemark. Mais bientôt il s'éleva entre le roi de Danemark et le duché, qui, uni au Slesvig par la constitution du 28 mai 1831, réclamait ses anciennes libertés, de violents conflits, qui furent portés en 1846 devant la Diète germanique, et qui finirent par amener la guerre dite du Slesvig-Holstein (1848-50), à laquelle participèrent la Prusse et la Confédération, et dans laquelle le Danemark eut le dessus. Ces querelles paraissaient terminées par les concessions du roi de Danemark Frédéric VII, qui rétablit en 1852 les anciens États provinciaux du Holstein ; mais elles se sont réveillées depuis; et à la suite d'une guerre désastreuse, le Holstein fut, ainsi que le Slesvig, séparé de la monarchie danoise (traité de Vienne, oct. 1864), puis incorporé à la Prusse, après Sadowa (3 juillet 1866).

La branche de la maison de Holstein qui règne sur la Russie a pour chef Charles Frédéric, duc de Holstein-Gottorp, né en 1702, mort en 1739, qui épousa une fille de Pierre le Grand, Anne Petrowna, et dont le fils, Charles Pierre Ulric, fut choisi par l'impératrice Élisabeth, sa tante, pour lui succéder : il monta sur le trône en 1762 sous le nom de Pierre III ; les empereurs issus de ce prince sont Paul I, Alexandre I, Nicolas, Alexandre II. — En Suède, la maison de Holstein avait acquis des droits au trône par le mariage de Frédéric IV, duc de Holstein-Eutin, avec Sophie, sœur aînée de Charles XII; un neveu de ce prince, Adolphe-Frédéric, élu prince royal en 1743, par l'influence de la Russie, monta sur le trône en 1751. Les rois de Suède de cette nouvelle dynastie sont, après Adolphe-Frédéric, Gustave III, Gustave IV, Charles XIII. Par suite de la déposition de Gustave IV, la maison de Holstein-Gottorp se trouva exclue du trône, quoiqu'elle eût encore des rejetons. — La branche d'H.-Oldenbourg a pour chef Frédéric Auguste de Holstein-Eutin; ce prince était déjà évêque de Lubeck, lorsqu'il fut investi en 1773 du comté d'Oldenbourg, qui peu après (1776) fut érigé pour lui en duché; il mourut en 1785 et eut pour successeur son neveu, le duc Pierre (mort en 1829), dont la postérité règne encore sur l'Oldenbourg.

HOLSTEIN-GOTTORP (le comte de). V. GUSTAVE IV.

HOLSTENIUS (Luc), en allemand Holste, savant laborieux, né à Hambourg en 1596, mort en 1661. Après avoir fait de brillantes études à Leyde, il sollicita un emploi au gymnase de Hambourg. N'ayant pu l'obtenir, il quitta pour jamais sa patrie, voyagea en Italie, en Sicile, en Angleterre, en France, et fut admis dans l'intimité des savants les plus illustres de l'Europe. Pendant son séjour à Paris (1624-1627), il fut bibliothécaire du président de Mesmes. Vers la même époque, il abjura le Protestantisme, dans lequel il avait été élevé, pour embrasser le Catholicisme (1625) : il s'attacha en 1627 au cardinal François Barberini, nonce du pape, alla se fixer à Rome, devint bibliothécaire et chanoine du Vatican en 1636, et remplit honorablement plusieurs missions délicates que lui confia la cour de Rome, entre autres celles de recevoir l'abjuration de la reine Christine et de travailler à la conversion de Frédéric, landgrave de Hesse-Darmstadt (1637). On a de lui des poésies latines; on lui doit une édition, avec trad. latine, de la Vie de Pythagore, de la Théorie des Intelligibles et de l’Antre des nymphes de Porphyre, Rome, 1630; des Notes sur l'Argonautique d'Apollonius, sur Salluste le philosophe, Étienne de Byzance, 1679; un Codex regularum monasticarum, 1661; des Recherches sur la géographie sacrée, 1666, et d'intéressantes Lettres, publ. par Boissonade, Paris, 1817. Il a laissé inachevés un grand nombre d'autres travaux, pour lesquels il avait amassé d'immenses matériaux.

HOLY-HEAD, bourg d'Angleterre (Galles), dans l'île et le comté d'Anglesey, à 37 kil. N. O. de Caernarvon ; 4500 h. Chantiers; paquebots pour Dublin.

HOLY-ISLAND (c.-à-d. Ile sainte), dite aussi Lindisfarne, petite île d'Angleterre, sur la côte E. et dépendant du comté de Durham ; 15 k. de tour. Petit port à l'E., petite ville au S. O. ; 900 h., presque tous pêcheurs. Château fort. Ruines d'un ancien monastère de Bénédictins, siége primitif de l’évêché de Durham. HOLYROOD (c.-à-d. Sainte croix), anc. abbaye d’Écosse et palais royal dont on voit encore les ruines à l’extrémité orientale de la Ville vieille d’Édimbourg. L’abbaye fut fondée par David I, roi d’Écosse, en 1128, pour des moines augustins. En 1544 l’armée du comte d’Hertford brûla et détruisit le monastère. Reconstruit par Jacques I et Charles II, il fut de nouveau détruit après l’expulsion des Stuarts : le palais seul a été conservé. On y montre encore la chambre à coucher de Marie Stuart où périt le malheureux Rizzio. Ce palais a servi de résidence au roi de France Charles X et à sa famille après les événements de 1830.

HOLYWELL (c.-à-d. Puits sacré), bourg d’Angleterre (Galles), dans le comté de Flint, à 22 k. de Flint, sur la Dee ; 11 000 h. Aux env., plomb, bouille, usines en tout genre, fonderies, martinets, tréfileries, filatures de coton. Célèbre source de St-Winifred.

HOLZHAUSER (Barthél.), pieux ecclésiastique, né en 1613, à Langnau, près d’Augsbourg, m. en 1658, étudia chez les Jésuites à Ingolstadt, fut successivement curé de Tittmoningen, de Leoggenthalen dans le Tyrol et de Bingen près de Mayence. Il forma à Tittmoningen en 1640 un établissement de prêtres qui vivaient en commun et se consacraient a former des pasteurs. D’une piété ardente, il eut des visions et des révélations et fit même des prédictions. Il a écrit : Constitutiones clericorum sæcularium in communi viventium, Cologne, 1622 ; un Traité de l’Amour de Dieu, en allemand, 1663 ; Opusculum visionum variarum, etc.

HOM, personnage mythologique des Perses, fut suscité par Ormuzd sous le règne de Djemchid, pour annoncer la parole divine et fonda le Magisme en créant un corps de prêtres chargés de conserver et de propager ses dogmes. On lui donne pour symbole l’arbre de Vie, avec lequel même on l’identifie. Zoroastre n’aurait fait que réformer la religion de Hom.

HOMBERG, v. murée de Prusse (Hesse). ch.-l. de cercle, à 35 kil. S. O. de Cassel ; 4000 hab. Martinets, fonderies de fer. - V. de la Hesse-Darmstadt, à 24 kil. S. E. de Marbourg ; 1600 hab.

HOMBERG (Guillaume), chimiste, né en 1652 à Batavia, d’une famille saxonne, m. à Paris en 1715. était d’abord avocat à Magdebourg ; mais, s’étant lié dans cette ville avec Otto de Guericke, il quitta le barreau pour les sciences naturelles. Il voyagea, pour augmenter ses connaissances, en Italie, en France, en Angleterre, et se fit ensuite recevoir médecin à Wittemberg. Colbert l’attira en France par des offres avantageuses (1682) : il se fixa à Paris, s’y convertit au Catholicisme, et y épousa la fille du médecin Dodart. Il fut agrégé en 1685 à l’Académie des sciences ; en 1702, le duc d’Orléans le choisit pour lui enseigner la physique, et le nomma son premier médecin. Homberg est connu par les perfectionnements qu’il apporta à la fabrication du phosphore, déjà découvert par Kunckel, par l’invention d’une nouvelle machine pneumatique, d’un nouveau microscope, et par une foule d’ingénieuses découvertes. Il a fourni à l’Académie des sciences 48 mémoires dont les plus curieux sont intitulés : Manière de faire le phosphore brûlant de Kunckel (qui s’extrait de l’urine), 1702 ; Analyse du soufre commun, 1703 ; Manière de copier sur verre coloré les pierres gravées, 1712 ; Sur la génération du fer, 1705 ; Sur la vitrification de l’or, etc. Son nom est resté attaché à l’acide borique, qu’il découvrit et qu’on appela depuis sel sédatif de Homberg.

HOMBOURG, v. de l’anc landgrav. de Hesse-Hombourg, à 14 kil. N. de Francfort-sur-le-Mein, est adossée au mont Taunus ; 5000 hab. Toiles, flanelles soieries, horlogeries, cuirs. Résidence du landgrave. Eaux minérales en renom, maisons de jeu très-suivies ; école forestière. - Pour le landgraviat, V. HESSE.

HOMBOURG, v. de la Bavière Rhénane, sur le Klein-Erbach, à 9 kil. N. de Deux-Ponts ; 2200 hab. Lainages, tissus de coton. Fondée en 1682 ; elle eut d’abord un château fort, qui fut rasé en 1714.

HOMBOURG-L’ÉVÊQUE ou LE HAUT, v. de France (Moselle), à 30 k. O. de Sarreguemines, sur le chemin de fer de Metz à Sarrebrouck ; 1800 h. Forges, affineries, martinets. - Autrefois fortifiée ; prise par les Français en 1678. Auj. ses fortifications sont en ruine.

HOME (H.), lord Kaimes, écrivain écossais, né à Kaimes (Berwick) en 1696, fut lord justicier du tribunal criminel d’Écosse depuis 1752, et mourut en 1782. Parmi ses plus importants ouvrages on distingue, outre plusieurs traités dé jurisprudence : Essais sur les principes de la morale et de la religion naturelle, 1751 (il s’y montre grand partisan de la doctrine de la nécessité) ; Éléments de critique, 1762 ; Esquisses de l’histoire de l’homme, 1773. Ami de Reid, il appartenait à l’école écossaise. Comme Reid, il multiplia trop les principes et les facultés de l’âme. Du reste, ses Éléments de critique offrent une heureuse application de la psychologie à la littérature.

HOME (John), auteur dramatique, né en 1724 dans le comté de Roxburgh, m. en 1808, était ministre du culte en Écosse, lorsqu’il fit représenter, en 1750, la tragédie de Douglas, une des meilleures du théâtre anglais. Forcé par ses confrères de résigner sa cure pour avoir cultivé les lettres profanes, il se consacra tout entier au théâtre, et donna plusieurs autres tragédies. Il obtint de lord Bute une pension et des emplois. Outre ses tragédies, on a de lui une Hist. de la rébellion de 1745, Lond., 1802. Ses œuvres ont été rassemblées par H. Mackenzie, Édimbourg, 1822.

HOMÈRE, le plus grand des poëtes grecs, florissait, selon les Marbres de Paros, à la fin du Xe siècle av. J.-C. (vers 907). On ne sait rien de certain sur sa personne ; on a même nié son existence. Nous rapporterons cependant, d’après le faux Hérodote, les traditions les plus répandues à son égard. Il était d’origine ionienne ; sept villes se disputaient l’honneur de lui avoir donné le jour :

Smyrna, Chios, Colophon, Salamis, Rhodos, Argos, Athenae,
Orbis de patria certat, Homere, tua.

Smyrne et Chios sont celles dont les prétentions semblent le mieux fondées. On raconte qu’Homère eut pour mère une jeune fille de Smyrne nommée Crithéis, qui était restée orpheline et qui fut séduite par son tuteur ; qu’il naquit sur les bords du fleuve Mélès, qui arrose Smyrne (d’où son surnom de Mélésigène) ; que Phémius, qui tenait à Smyrne une école de musique et de belles-lettres, ayant ressenti de l’amour pour Crithéis, l’épousa et adopta son enfant ; qu’à la mort de Phémius, Homère lui succéda dans son école ; qu’ensuite, ayant conçu le projet de l’Iliade, il voyagea pour acquérir par lui-même la connaissance des hommes et des lieux ; que, mal accueilli à son retour, il abandonna son ingrate patrie, et alla s’établir à Chios, où il ouvrit une école ; que dans sa vieillesse il devint aveugle, tomba dans l’indigence, se vit réduit à errer de ville en ville, récitant ses vers et mendiant son pain ; qu’enfin il mourut dans la petite île d’Ios, une des Cyclades. On a sous le nom d’Homère deux poëmes épiques en 24 chants Chacun : l’Iliade, où il chante les effets de la colère d’Achille, les malheurs des Grecs au siége de Troie pendant l’absence du héros, et la vengeance terrible que celui-ci tira du meurtre de Patrocle ; l’Odyssée, où il raconte les voyages d’Ulysse errant de contrée en contrée après la prise de Troie, et le retour de ce prince dans son royaume d’Ithaque. On lui attribue en outre des hymnes, au nombre de 33, qui paraissent d’une époque voisine et dont plusieurs ne seraient pas indignes de lui (surtout l’hymne à Cérès, retrouvée en 1780), un petit poëme héroï-comique, la Batrachomyomachie, ou combat des rats et des grenouilles, espèce de parodie de la poésie épique, qui, selon Plutarque, serait l’œuvre d’un certain Pigrès d’Halicarnasse ; enfin quelques épigrammes. Tous ces ouvrages sont écrits dans le dialecte ionien. L’Iliade et l’Odyssée ont été de tout temps regardées comme les chefs-d’œuvre de l’épopée. Ces deux poëmes brillent, du reste, par des mérites fort divers : on admire dans l’Iliade la grandeur des conceptions, la beauté et la simplicité du plan, la hardiesse de l'imagination, la richesse et la sublimité des images; on trouve dans l’Odyssée un plan moins régulier, une imagination moins éclatante, mais on se sent attaché par un vif intérêt et par une séduisante naïveté. Outre leur beauté intrinsèque, l’Iliade et l’Odyssée avaient pour les anciens le mérite de renfermer les traditions théologiques, les noms et l'origine des peuples, la description et la situation des pays, et ces deux poëmes jouissaient sous ces divers rapports d'une grande autorité. Les poëmes d'Homère, selon de savants critiques, seraient antérieurs à l'invention de l'écriture, et longtemps ils n'auraient été conservés que par la mémoire ; ils furent de bonne heure morcelés et défigurés par les rhapsodes qui en détachaient les épisodes les plus intéressants pour les réciter. Pisistrate, ou, suivant d'autres, Hipparque son fils, fit recueillir et coordonner avec beaucoup de soin ces divers morceaux; depuis, ces poëmes ont été revisés par les plus grands critiques de l'antiquité, Aristote, Aristophane de Byzance, Zénodote, Aristarque; c'est ce dernier qui divisa l’Iliade et l’Odyssée chacune en 24 chants, et qui leur donna la forme sous laquelle nous les possédons. Ces deux poëmes ont eu, dans l'antiquité même, de nombreux commentateurs, parmi lesquels on remarque Didyme et Eustathe, archevêque de Thessalonique ; un grammairien du temps d'Auguste, du nom d'Apollonius, a en outre laissé un Lexique d'Homère. — Malgré l'admiration universelle dont il a été l'objet, Homère a trouvé quelques détracteurs. On cite surtout Zoïle dans l'antiquité; Perrault, Lamothe, chez les modernes. Quelques savants, entre autres Vico et plus tard Wolf, ont prétendu qu'Homère n'avait jamais existé, et que les poëmes que nous avons sous son nom n'étaient qu'un recueil de morceaux composés par divers auteurs, qui, sous le nom d’Homérides, formaient une espèce d'école ; tous ces morceaux auraient été réunis plus tard et groupés en deux grands poëmes. Mais quoiqu'il puisse être vrai que ces productions ont subi des altérations, des interpolations, l'unité du plan et l'ordre qui y règne font justice de si hardis paradoxes. D'autres se sont bornés à prétendre que l’Iliade et l’Odyssée n'étaient pas du même auteur, et ont regardé l’Odyssée comme postérieure à l’Iliade. Quant à la Batrachomyomachie, il est évidemment impossible de l'attribuer à l'auteur des deux grandes épopées, On a donné des explications fort diverses du nom d'Homère : les uns, partisans des traditions vulgaires, traduisent ce nom par aveugle ; d'autres par otage, parce qu'Homère aurait servi d'otage dans une guerre que se firent les habitants de Smyrne et de Colophon ; d'autres enfin le font dériver d’homéréô, rassembler, prétendant que ce mot désignerait fort bien le compilateur qui n'a fait que rassembler des éléments épars pour en former un ensemble. — Nous avons une foule d'éditions et de traductions d'Homère. Parmi les éditions on remarque celle de Florence, 1488, 2 vol. in-fol., donnée par Démétrius Chalcondylas : c'est la plus ancienne; celles de H. Étienne, grecque-latine, Paris, 1566 ; de Barnès, Cambridge, 1711 ; de Sam. Clarke, Londres, 1729-40; de Villoison, Venise, 1788 (d'après un manuscrit découvert à Venise, avec les signes critiques des Alexandrins et de précieuses scholies) ; de F. A. Wolf, Halle, 1794, et Leipsick, 1804 et 1817 (avec d'importants Prolégomènes); de Heyne, Leipsick, 1802 (elle contient l’Iliade seule; de J. A. Ernesti, Leips., 1764 et 1824; la petite éd. usuelle de Boissonade, Paris, 1823-24; l'excellente éd. de Bothe, Leips.. 1832-35, celle de la collect. Didot (1837) et d'A. Pierron (1869). A. Mai a publié en 1819, à Milan, des variantes inédites de l’Iliade. Les meilleures traductions françaises d'Homère sont : en prose, celles de Mme Dacier, de Bitaubé, de Lebrun, de Dugas-Monthel, 1828-33, d'É. Bareste, 1842, de P. Giguet, 1859, d'É. Pessonneaux, 1861; en vers, celles de Rochefort, d'Aignan, de Bignan. La Batrachomyomachie a été trad. en prose par Berger de Xivrey (1837) : elle avait déjà été mise en vers par Boivin (1717). Les Anglais estiment les traductions de Pope et de Cowper; les Allemands, celles de Bodmer, de Stolberg, de Voss; les Italiens celles de Salvini, de Monti, de Pindemonte. L’Iliade a été mise en vers latins par Raimundus Cunichius, Rome, 1777, et l’Odyssée par Bernard Zamagna, 1778. Il existe une Vie d'Homère en grec, faussement attribuée à Hérodote; elle a été traduite par Larcher. Dugas-Monthel a joint à sa traduction une Histoire des poésies homériques.

HOMÉRIDES. On désigne par ce nom, soit les descendants d'Homère, soit des poëtes d'une certaine époque et d'une certaine école dont Homère n'aurait fait que rassembler les chants, soit les poëtes postérieurs à Homère qui s'exercèrent sur des sujets analogues à ceux qu'il avait traités. L'un d'eux, Cinéthus de Chios, contemporain d'Eschyle, passait dans l'antiquité pour l'auteur de l’Hymne à Apollon, Eustathe l'accuse d'avoir altéré les poésies homériques

HOMÉRITES, peuple de l'Arabie ancienne, habitait dans l'Arabie Heureuse, au S. E. des Sabéens.

HOMMAIRE DE HELL, voyageur français, né à Altkirch en 1812, m. en 1848, fut élève de l’École des mines de St-Étienne, se rendit en 1835 à Constantinople, explora de 1838 à 1840, par mission du gouvernement russe, la Bessarabie, le pays des Cosaques, le Caucase, et publia, à son retour en France, les Steppes de la mer Caspienne, le Caucase, la Crimée, et la Russie méridionale, 3 vol., dont les deux premiers furent rédigés par sa femme. En 1846, le gouvt français le chargea d'un voyage en Turquie et en Perse, mais la mort le surprit à Ispahan. La relation de ce dernier voyage a été publiée de 1854 à 1860 par J. Laurens, qui l'avait accompagné, Paris, 4 v. in-8o et atlas.

HOMPESCH (Ferdinand de), dernier grand maître de l'ordre de Malte, né à Dusseldorf en 1744, fut investi de cette dignité en 1797, après avoir été 25 ans ministre de la cour de Vienne près de l'ordre. Gagné, à ce que l'on prétend, par l'argent et les promesses du Directoire, il se soumit sans résistance, en 1798, à la flotte française qui allait en Égypte sous la conduite de Bonaparte, et fut conduit à Trieste. Cependant il protesta contre l'occupation française et n'abdiqua qu'en faveur du czar Paul I. Il erra quelque temps en Allemagne, puis se réfugia en France, et mourut à Montpellier en 1803.

HOMS, v. de Syrie. V. HEMS.

HO-NAN, prov. de la Chine, entre celles de Pé-tchi-li au N. et de Hou-pé au S. : 700 kil. sur 650; 13 800 000 d'h.; ch.-l., Khaï-foung. Elle forme 9 dép., dont un porte aussi le nom de Ho-nan et a pour ch.-l. une v. du même nom. Climat très-doux; agriculture florissante : on a surnommé cette province le jardin de la Chine. — Ch.-l. du dép. de Ho-nan, à 200 kil. O. de Khaï-foung, sur un affluent du Hoang-ho. Cette ville est située vers le centre de la Chine, ce qui la fait regarder par les Chinois comme le centre du monde.

HONARURA. V. HONOLULU.

HONDA, v. de la Nouv.-Grenade, dans le dép. de Cundinamarca, sur la Magdalena, à 95 kil. N. O. de Bogota; 5000 hab. Très-commerçante avant les guerres de l'indépendance. Mines d'or aux environs. La baie de Honda, sur la mer des Antilles, par 73° 26' long. O., 12° 20' lat. N., fournit des perles.

HONDIUS ou HONDT (Josse), géographe et graveur en cartes, né en 1546, en Flandre, mort à Amsterdam, en 1611, séjourna longtemps en Angleterre. On a de lui un Traité de la construction des globes, 1597 ; des éditions du grand Atlas de G. Mercator; les cartes de la Description de la Guyane de Walter Raleigh, et celles des Voyages de Drake et de Cavendish.

HONDSCHOOTE, ch.-l. de cant. (Nord), à 18 kil. E. S. E. de Dunkerque; 3000 hab. Pépinières, fabriques de sucre indigène et de chicorée-café. Les Français, commandés par Houchard, y battirent les Anglais commandés par le duc d'York, le 8 sept. 1793. — On donne le nom de Canal de Hondschoote à un petit canal qui fait communiquer Bergues et Furnes et qui a un embranchement à Hondschoote.

HONDURAS, État indépendant de l'Amérique centrale, borné au N. par la baie de Honduras, à l'O. par le Guatemala, au S. par les États de Nicaragua et de San-Salvador, à l'E.par la mer des Antilles: 480 k. de l'E. à l'O., et 420 du N. au S. ; 360 000 hab. ; ch.-l. Comayagua. Climat chaud, humide et malsain; belles plaines, sol fertile en grains, fruits et légumes; beaux pâturages; beaucoup de poisson. Mines d'or et d'argent. — Le Honduras fut découvert en 1502 par Christ. Colomb, qui aborda sur la partie de la cote habitée par les Mosquitos; il fut conquis en 1523 par un lieutenant de Cortez. Sous la domination espagnole, il forma d'abord un gouvt particulier, mais en 1790 il ne fut plus qu'une intendance qui était comprise dans !e Guatemala. Devenu indépendant en 1821, avec le reste du Guatemala, il fit d'abord partie de la Confédération de l'Amérique centrale. Il s'en sépara en 1839, et depuis il forme un État particulier : c'est une république, avec un président élu pour 4 ans par le suffrage universel. — Les Anglais possédaient depuis 1798 une partie du Honduras (V. BALIZE) : ils l'ont abandonnée en 1860 par suite d'une transaction avec les États-Unis.

HONDURAS (baie ou golfe de), partie de la mer des Antilles comprise entre le cap de Honduras et la presqu'île de Yucatan. Sa largeur est de 360 kil. et sa profondeur à peu près égale. Elle reçoit plusieurs rivières : la Xagua, l'Ulua, la Motagua, le Rio-Golfo, la Balise, etc. — Cette baie est remplie de bancs de sable et de récifs qui en rendent la navigation très-dangereuse. Elle renferme plusieurs îles connues sous le nom d’Iles de la Baie. V. BAIE (Iles de la).

HONFLEUR, v. et port du dép. du Calvados, ch.-l. de cant. dans l'arrond. et à 16 kil. N. de Pont-Lévêque, à 11 kil. S. E. du Havre, à l'emb. de la Seine, riv. g. ; 10 100 hab. Le port se compose de deux bassins et d'un vaste avant-port entre 2 jetées; 2 phares, l'un au N. O., l'autre au N. sur le quai du bassin neuf; quelques édifices d'une architecture ancienne et curieuse. A 1 kil. de la ville est une haute colline, sur laquelle s'élève une chapelle de Notre-Dame-de-Grâce, fondée au XIe s. par Robert le Magnifique, et qui est un but de pèlerinage renommé parmi les marins normands. Chambre de commerce. Entrepôt de denrées coloniales; fabrique de dentelles, couperose, vitriol, acides, biscuits de mer; saleries, chantiers de construction, armements pour la pêche de la morue, de la baleine, du veau marin. Commerce assez considérable. Communications très-fréquentes avec le Havre par bateaux à vapeur. Patrie de Daguerre. — Honfleur était jadis très-florissant, mais il est bien déchu depuis la fondation du Havre. Charles VII le prit aux Anglais en 1450; les Calvinistes s'en emparèrent en 1562; le duc d'Aumale le reprit pour la Ligue peu de temps après, et il ne se soumit à Henri IV qu'en 1594.

HONG-KONG, île de la Chine, dans la baie de Canton, à l'E. de Macao, par 22° 16' lat. N., 111° 50' long. E., 15 kil. sur 7. Bon mouillage. Cette île fut cédée aux Anglais en 1842, par le traité de Nankin; elle dépend de la présid. de Calcutta et a pour capit. Victoria. L'île, qui n'avait guères que 5000 hab. au moment de l'occupation, en compte auj. près de 120 000, dont un très-petit nombre d'Européens.

HONGS, marchands de Canton qui, jusqu'en 1842, auront le monopole du commerce avec l'étranger.

HONGRIE, en latin Hungaria, en allemand Ungarn, en hongrois Madgyar-Orszag, vaste contrée d'Europe qui fait auj. partie des États autrichiens et porte le titre de royaume, est bornée au N. par les monts Krapacs, qui la séparent de la Galicie, à l'E. par la Transylvanie et la Valachie, au S. par le Danube et la Drave, qui la séparent de la Servie, de l'Esclavonie et de la Croatie, à l'O. par la Styrie et l'archiduché d'Autriche, et au N. O. par la Moravie; 660 kil. de l'E. à l'O., 490 kil. du N. au S.; env. 10 062 680 h. (Madgyares, Slaves, Allemands, Valaques, Grecs, Juifs); capit., Bude, dite aussi Ofen. On rattache ordinairement au royaume de Hongrie, comme Pays dépendants, le royaume de Croatie et celui d'Esclavonie, ainsi que le Littoral hongrois, le Pays des Iazyges, la Petite et la Grande-Cumanie, le territoire des Haydouks et le Pays dit des Hongrois dans la Transylvanie.

Avant 1848, la Hongrie propre était subdivisée en Basse-Hongrie, comprenant les Cercles en deçà et au delà du Danube, et Haute-Hongrie, comprenant les Cercles en deçà de la Théiss, divisés eux-mêmes en 46 comitats ou comtés. En 1849, après la guerre de l'insurrection, les pays dépendants furent séparés de la Hongrie; en outre on en détacha 4 comitats, pour constituer la Voyvodie serbe et le Banat de Temesvar (qui cependant furent réincorporés à la Hongrie en 1860); le reste fut divisé en 5 cercles, subdivisés en. 43 comitats, dont nous donnons ci-après le tableau :

Cercles. Comitats. Formés
Borsod.
Hévès.
Szolnok. De l'anc. cercle en deçà de la Théiss.
Iazygie et Cumanie.
Gran.
Pesth. Pesth-Pilis. De l'anc. cercle au delà du Danube.
Pesth-Solt.
Stuhlweissembourg. De l'anc. c. en deçà du Danube.
Csongrad. De l'anc. c. au delà de la Théiss.
Presbourg.
Haut-Neutra.
Bas-Neutra.
Trentsin.
Arva-Thurocz. De l'anc. cercle au delà du Danube.
Presbourg. Liptau.
Bars.
Sohl.
Neograd.
Honth.
Komorn. De l'anc. c. en deçà du Danube.
Œdenbourg.
Wieselbourg.
Raab.
Eisenbourg.
Œdenbourg. Veszprim. De l'anc. cercle en deçà du Danube.
Szalad.
Tolna.
Baryana.
Schümegh.
Zips.
Gœmœr.
Sarosch.
Unghvar. De l'anc. cercle en deçà de la Théiss.
Kaschau. Zemplin.
Abaujvar-Torna.
Beregh-Ugotsch.
Marmaros. De l'anc. cercle au delà de la Théiss.
Szathmar.
Szaboltsch.
Gross-Wardein. Haut-Bihar. De l'anc. c. au delà de la Théiss.
Bas-Bihar.
Arad.
Békès-Csanad.

La surface de la Hongrie est très-variée : au N. et à l'E. les monts Krapacs forment un vaste demi-cercle qui s'étend depuis la Moravie jusqu'à la r. g. du Danube; le S. O. est traversé par les ramifications des Alpes Juliennes; au centre s'étendent d'immenses plaines. Un grand nombre de rivières arrosent la Hongrie : le Danube, le Raab, la March, la Drave, le Waag, la Théiss, la Save, le Gran, la Platten, tous affluents du Danube. On y remarque des lacs assez importants, le lac Balaton et le lac Neusiedel; les marais y sont également fort nombreux. Le climat est très-variable, sec dans la partie montueuse, humide et malsain dans les plaines et sur les bords du Danube. Les montagnes renferment des mines d’or, de fer, de cuivre, de plomb ; du mercure natif et du cinabre, de l’antimoine, des marbres, du porphyre, de l’opale, du soufre et du sel gemme ; on y voit aussi plusieurs sources minérales. Le sol est très-fertile : il produit en grande abondance le blé et toutes sortes de grains, des fruits, des légumes, un tabac très-estimé et des vins très-recherchés (notamment ceux de Tokay, de Bude, d’Œdenbourg, d’Erlau, de Kust, de St-George, de Syrmie) : la facilité de la vie justifie ce dicton national : Extra Hungariam, non est vita ; si est vita, non est ita. Les pâturages de la Hongrie nourrissent des chevaux réputés infatigables, beaucoup d’ânes et de mulets, ainsi qu’une immense quantité de bétail ; on y élève aussi beaucoup d’abeilles. L’industrie est peu active, et la plupart des manufactures sont occupées par des ouvriers allemands ; on trouve cependant parmi les Hongrois des tanneurs, des peaussiers, des cordonniers, des fourreurs, des ouvriers en dentelle. Le commerce est presque exclusivement entre les mains des Allemands, des Grecs et des Juifs. — Les Hongrois sont issus de différentes races parmi lesquelles dominent les familles oïgoure, tchoude, finnoise ou hunnique, et ouralienne. Le gouvernement est une monarchie, tempérée par l’aristocratie. Avant 1850, le pouvoir législatif résidait dans une diète, qui avait le droit de voter l’impôt. Elle était composée de deux chambres, la Chambre haute ou des magnats, où siégeaient les archevêques et évêques, les princes, comtes et barons, et les gouverneurs des comitats ; la Chambre basse, composée des abbés, des députés des comitats, de ceux des chapitres et de ceux des villes royales libres. Elle se réunissait tous les 3 ans à Bude ou à Presbourg. Le pouvoir exécutif était exercé au nom de l’empereur d’Autriche par un comte palatin, assisté d’un conseil. L’administration des comitats était indépendante de la couronne ; tous étaient régis par leurs lois et leurs coutumes particulières ; ils élisaient eux-mêmes leurs gouverneurs. La noblesse, qui se compose des magnats et du clergé, jouit d’immenses privilèges ; les bourgeois des villes ont aussi de grandes immunités ; mais les paysans sont écrasés de corvées et traités presque comme des esclaves. La religion catholique est la religion de l’État et de la majorité des Hongrois. Cependant on compte aussi beaucoup de Grecs-unis, qui ont pour chefs les évêques d’Unghvar et de Gross-Wardein, suffragants de l’archevêque de Gran ; et de Grecs schismatiques, reconnaissant le patriarche de Carlowitz. Les Luthériens sont assez nombreux dans le nord ; les Calvinistes, au centre. On trouve encore des Sociniens, des Anabaptistes, des Juifs. L’instruction publique, presque nulle au commencement du XIXe siècle, est auj. donnée par les universités de Bude et de Pesth, par les écoles de Bude, Pesth, Presbourg, Debreczin, Zombor, Kaschau, Kronstadt, etc. La Hongrie possède en outre des observatoires à Bude et à Carlsbourg, une académie des sciences à Presbourg, une école de chirurgie à Pesth, des écoles militaires à Pesth et à Waitzen, une école des mines à Schemnitz, et plusieurs musées, parmi lesquels on remarque celui de Pesth. L’idiome qu’on parle en Hongrie se ressent de la diversité des éléments qui ont formé ce peuple : le latin est la langue qui prédomine, il est la langue savante et écrite ; la langue parlée est le madgyar, qui a depuis peu été admis dans les actes officiels.

Histoire. Du temps des Romains, le pays appelé auj. Hongrie formait la Dacie occidentale, la Pannonie septentrionale et l’extrémité S. E. de la Germanie, habitée par les Quades. Au IIIe siècle, les Goths occupèrent toute cette contrée ; ils en furent chassés en 376 par les Huns (dont le nom joint à celui d’Avares forma, dit-on, celui de Hungarie, d’où par abréviation, Hongrie). Après la mort d’Attila, roi des Huns (453), les Ostrogoths, les Gépides et les Lombards se disputèrent le territoire de la Hongrie. Les Avares finirent par s’en rendre maîtres au VIIe siècle ; mais ils eurent à se défendre contre les incursions des Slaves et des Bulgares. Charlemagne ayant détruit la puissance des Avares (799), les Madgyars, peuple d’origine finnoise, qui au VIIe siècle était venu s’établir entre le Don et le Dniepr, et qui avait été expulsé de son premier séjour par les Petchenègues, envahit la Hongrie en 889, sous la conduite d’Almus. Arpad, fils d’Almus, s’allia avec les empereurs d’Allemagne, soumit la plus grande partie des tribus qui occupaient alors la Hongrie, organisa tout le pays et prit le titre de duc de Hongrie. Le Christianisme pénétra en Hongrie dans le siècle suivant, sous le duc Geysa (972-997). Son fils Étienne I le Saint acheva la conversion des Hongrois : en récompense, il reçut du pape Silvestre II le titre de roi (1000), avec le don d’une couronne qui est restée célèbre dans l’histoire du pays. Ce prince soumit complètement les Slaves et les Bulgares, et la Hongrie lui dut la plupart de ses institutions. Après sa mort (1038), les Hongrois furent en proie à de violentes dissensions jusqu’au règne de Ladislas I (1077), qui sut ramener la concorde parmi ses peuples ; il conquit la Croatie et la Slavonie, auxquelles Coloman son successeur ajouta la Dalmatie. Bela III, qui avait été élevé à Constantinople, introduisit dans sa cour et parmi les Madgyars la civilisation et les mœurs de l’empire grec. Il épousa Marguerite, comtesse du Vexin, sœur de Philippe-Auguste, roi de France. C’est lui qui établit la division de la Hongrie en comitats. André II conduisit en Terre-Sainte la 5e croisade : il laissa par sa faiblesse croître les privilèges des nobles et publia en leur faveur la Grande Charte (1222). Sous Béla IV, son fils, les Mongols vinrent ravager la Hongrie (1241). Après lui le pouvoir royal, affaibli par les discordes et par les guerres étrangères, fut réduit au plus déplorable état, jusqu’au règne d’André III, en qui finit la dynastie des Arpades (1301). Les Hongrois élurent alors Wenceslas de Bohême, et, après son abdication, Othon de Bavière, qui abdiqua bientôt lui-même (1307). Le pape Boniface VIII leur imposa Charles-Robert, dit Charobert, comte d’Anjou, arrière-petit-fils d’Étienne V par les femmes, et qui fut reconnu roi en 1308. Sous son règne la Hongrie s’éleva à un haut degré de splendeur : elle comprenait, outre la Hongrie propre, la Dalmatie, la Croatie, la Bosnie, la Servie, la Valachie, la Transylvanie, la Moldavie et la Bulgarie. Louis I, son fils, y ajouta la Russie rouge et porta la couronne de Pologne (1370). Marie, fille de Louis, fut après lui déclarée roi (1382), et associa au trône son époux Sigismond, fils de l’emp. Charles IV et électeur de Brandebourg (1386). Leur règne est troublé par les révoltes des magnats, l’hérésie de Jean Huss et les invasions des Ottomans, qui remportent les vict. de Nicopolis (1396) et de Semendria (1412). Bientôt paraît Jean Hunyade, régent du royaume pendant la minorité de Ladislas V : il bat partout les Turcs, et son fils Matthias Corvin est élu roi après la mort de Ladislas V (1458). Matthias joignit les talents d’un souverain à l’habileté d’un grand capitaine ; il assura la tranquillité publique, et favorisa la culture des lettres, en fondant une université à Presbourg et une bibliothèque à Bude. Wladislas II, roi de Bohême, élu après Matthias (1490), et Louis II, son successeur, ne purent arrêter les Turcs : ce dernier fut tué à la bataille de Mohacs (1526). Ferdinand d’Autriche et Jean Zapoly se disputèrent alors la possession de la Hongrie ; ce dernier finit par être vaincu. Néanmoins le pays ne reconnut la domination autrichienne qu’en 1570, sous Maximilien II, et sous la condition de conserver une existence distincte ; ce ne fut même qu’en 1687, que la couronne de Hongrie fut déclarée héréditaire dans la maison d’Autriche. Les empereurs n’eurent pas moins à combattre les révoltes successives de Béthlem-Gabor, de Tékéli et des Ragotsky. Pendant ces dissensions, les Turcs avaient envahi la plus grande partie du pays; ils n'en furent définitivement chassés qu'en 1699, par la paix de Carlowitz, puis par les exploits du prince Eugène, qui amenèrent la paix de Passarowitz, 1718. Les Hongrois restèrent dès lors fidèles à la maison d'Autriche; ils lui témoignèrent même un grand dévouement sous Marie-Thérèse, qui lui dut son salut (1741), et plus tard dans les guerres contre la France (1793-1815); mais en 1848 la Hongrie, irritée des empiétements des empereurs d'Autriche, voulut recouvrer son indépendance, et elle courut aux armes. Grâce aux efforts des généraux Bem, Klapka, Dembinsky, Gœrgey et du président Kossuth, elle était sur le point de réussir, lorsque l'Autriche sollicita l'intervention de la Russie : écrasée par des forces supérieures, l'armée hongroise mit bas les armes, mais elle ne voulut se rendre qu'au général russe (août 1849). La Hongrie vit alors abolir ses institutions nationales et réduire son territoire : elle ne fut plus qu'une province autrichienne. En 1861, l'Autriche lui restitua une partie de ses franchises, établit en 1865 une diète et un ministère hongrois, et s'efforça de ramener les esprits à l'Empire.

Souverains de la Hongrie.
Dynastie des Arpades. André III, 1290
Arpad, duc ou prince des Madgyars, vers 890 Wenceslas de Bohême, 1301
Soltan, 907 Othon de Bavière, 1305
Toxus, 958 Maison d'Anjou.
Geysa, 972 Charles-Robert, 1308
Étienne I (le Saint), 997 Louis I, le Grand, 1342
premier roi, 1000 Marie I, 1382
Pierre, l’Allemand, 1038 Charles II de Naples, 1385-86
Samuel, dit Aba, (anti-roi), 1041 Maison de Luxembourg.
Pierre, rétabli, 1044 Sigismond, 1386
André I, 1046 Maison d'Habsbourg-Autriche.
Béla I, 1061
Salomon, 1063 Albert d'Autriche, 1437
Geysa I (II c. duc), 1074 Élisabeth, 1439
Ladislas I, le Saint, 1077 Maison des Jagellons.
Coloman, 1095 Wladislas I de Pologne, 1440
Étienne II, 1114
Béla II, 1131 Maison d'Autriche.
Geysa II, 1141 Ladislas V, le posthume, 1445
Étienne III, 1161 Maison d'Hunyade.
(Ladislas II et Étienne IV, usurp.), 1162 Matthias Corvin, 1458
Béla III, 1173 Maison des Jagellons de Bohême.
Émeric, 1196
Ladislas III (l'Enfant), 1204 Wladislas II, 1490
André II, 1205 Louis II, 1516
Béla IV, 1235 9° Maison d'Autriche.
Étienne V, le Cuman, 1270 Ferdinand I, 1526
Ladislas IV, 1272 (V. la série des empereurs d'Allemagne).

HONGROIS (Littoral), anc. district des États autrichiens, qui appartenait au royaume de Hongrie, était enclavé dans le royaume d'Illyrie et de Dalmatie et avait pour bornes la Carniole au N., la Croatie militaire à l'E., le golfe de Quarnerolo au S., et l'Istrie à l'O.; ville principale, Fiume. Il est aujourd'hui compris dans le comitat de Croatie-Esclavonie.

HONGROIS (Pays des), anc. division des États autrichiens, dans le gouvt de Transylvanie, dont il occupe la partie occid., est borné au N. et à l'O. par la Hongrie, au S. par la Valachie, à l'E. par le Pays des Saxons; 180 000 hab.; ch.-l., Klausenburg. Il est auj. compris dans le roy. Croato-Esclavon.

HONITON, v. d'Angleterre (Devon), à 26 k. N. E. d'Exeter, sur l'Otter ; 3509 h. — Honiton devint, lors de la conquête des Normands, la propriété de Robert, comte de Mortagne ; le fils de celui-ci s'étant révolté contre Henri I, son patrimoine fut confisqué et donné à Richard de Rivers, de qui sortirent les Courtenay, comtes de Devon.

HONOLULU ou HONARURA, v. capitale des îles Hawaii ou Sandwich, dans l'île d'Oahou, près d'une baie de son nom; env. 6000 hab. Résidence du roi. Port fréquenté, surtout des baleiniers; chantiers de construction. Théâtre, cirque équestre, imprimeries : on y publie depuis 1838 l’Observateur hawaïen; bateaux à vapeur pour San-Francisco.

HONORAT (S.). V. HONORÉ.

HONORÉ (S.), Honoratus, évêques d'Arles, né dans la Gaule sept., d'une famille païenne, originaire de Rome, fonda vers 410 le monastère de Lérins, et fut, malgré sa résistance, élevé en 427 sur le siége d'Arles. On le fête le 16 janvier. — L'église fête encore un S. Honoré, év. d'Amiens vers 660, et patron des boulangers : sa fête a lieu le 16 mal.

HONORÉ d'Autun, Honorius, écrivain ecclésiastique, m. vers 1140, enseigna longtemps à Autun, avec le titre de Scolastique, la théologie et la métaphysique, et laissa des écrits qui font bien connaître l'état des connaissances à cette époque. Les principaux sont: Elucidarium, abrégé de théologie, joint ordinairement aux œuvres de S. Anselme, a qui on l'attribuait à tort; Gemma animæ, traité de liturgie, Leips., 1514; De prædestinatione et libero arbitrio, publié par G. Cassander, Bâle, 1552; Hexameron seu Neocosmus; Imago mundi de dispositione orbis, abrégé de cosmographie ; De luminaribus ecclesiæ, Bâle, 1544.

HONORÉ DE STE-MARIE (Blaise VAUZELLE, dit le Père), carme déchaussé, né à Limoges en 1651, m. en 1729, fut chargé par son ordre de diverses missions dans le Levant. On a de lui : Traités des indulgences et du jubilé, 1701 ; Règles et usage de la critique touchant l'histoire de l'Église, 1712-1720; Dissertation sur la chevalerie ancienne et moderne, 1718.

HONORÉ, pape. V. HONORIUS,

HONORIE, Honoria, une des prov. de l'empire d'Orient, dans le diocèse de Pont, était formée de la Bithynie orientale et de la Paphlagonie. occid., et avait pour ch.-l. Claudiopolis.

HONORINE (Ste), vierge et martyre du IIIe ou du IVe siècle, subit le martyre dans le pays de Caux. Son corps fut porté à Conflans-Ste-Honorine. Fête, 27 février.

HONORIUS (Flavius), empereur d'Occident, 2e fils de Théodose, n'avait que 9 ans quand son père mourut, l'an 395. Il partagea l'empire avec son frère Arcadius et obtint l'Occident Il eut d'abord pour tuteur et pour ministre Stilicon, habile général, qui retarda quelque temps par ses victoires sur les Barbares la chute de l'empire; mais dans la suite, irrité contre ce ministre qui cherchait à le détrôner, il le fit mettre à mort (408). Peu après, Alaric, roi des Goths, qui déjà avait fait plusieurs incursions en Italie, s'empara de Rome et la mit au pillage (410). Honorius s'était retiré dans Ravenne, et il ne dut son salut qu'à la mort imprévue d'Alaric. Ce prince faible se laissa enlever ses plus belles provinces : c'est sous lui que la Grande-Bretagne, la Gaule, l'Espagne, furent envahies par les Barbares. Il mourut en 423, à 38 ans.

HONORIUS I, pape de 625 à 638, né dans la Campagne de Rome, était fils du consul Pétrone. Il gouverna avec zèle et développa les églises de la Grande-Bretagne. On lui impute d'avoir incliné au monothélisme dans une lettre adressée à Sergius, patriarche de Constantinople; on a même dit qu'il avait été condamné par le 6e concile (680) ; mais ces faits sont contestés.

HONORIUS II, nommé d'abord le cardinal Lambert, évêque d'Ostie, élu en 1124, m. en 1130, confirma Lothaire dans la dignité impériale, et condamna pour diverses fautes les abbés de Cluny et du mont Cassin. On a de lui quelques Lettres.

HONORIUS II, antipape. V. CADALOUS.

HONORIUS III, Cencio Savelli, né à Rome, élu pape en 1216, m. en 1227, reconnut l'ordre de St-Dominique et celui des Carmes, fit entreprendre une croisade (la 5e), qui resta sans résultats, et arma Louis VIII contre les Albigeois. Il accorda le premier des indulgences dans la canonisation des saints. Ce pape défendit d'enseigner le droit civil à Paris (1220), n'y permettant que l'étude du droit canon. On a sous son nom : Conjuralio adv. principem tenebrarum, 1629.

HONORIUS IV, Jacques Savelli, Romain, élu pape en 1285, m. en 1287, délivra les États de l’Église des brigands qui les infestaient, soutint en Sicile le parti français contre la maison d'Aragon, et fut le défenseur des immunités ecclésiastiques.

HONOVER, le Verbe dans l'ancienne religion des Perses, émanait de Zervane-Akérène, l'Éternel. Il était honoré comme la loi vivante. Il paraît être un premier révélateur, antérieur à Hom et à Zoroastre.

HONT, bras occid. de l'Escaut, tombe dans la mer du Nord entre les îles de Kadsand et de Walcheren.

HONTH ou NAGY HONTH (c.-à-d. Grand-Honth), comitat de Hongrie, entre ceux de Bars, Sohl, Néograd, Pesth, Gran, Presbourg : 80 kil. sur 45 ; 130 000 hab. ; ch.-l., Ipoli-Sagh. Sol montueux, or, argent, cuivre, plomb, cinabre, grenat, vitriol, eaux minérales. — KIS-HONTH, c.-à-d. Petit-Honth, ancien comitat de Hongrie, compris auj. dans celui de Gœmœr.

HONTHEIM (J. Nic. de), théologien catholique, connu sous le pseudonyme de Justinus Febronius, né à Trêves en 1701, m. en 1790. Après avoir occupe pendant 9 ans une chaire de droit civil à Trêves, il fut nommé conseiller intime de l'électeur archevêque de cette ville, puis évêque in partibus de Myriophyte (1748), et coadjuteur du siége de Trêves. En 1763, il fit paraître, sous le pseudonyme de Febronius, un traité De statu præsenti Ecclesiæ et legitima potestate romani pontificis, qui fit grand bruit : sous prétexte de défendre les droits des églises particulières, il y attaquait ceux de Rome. Ce livre fut trad. dans toutes les langues de l'Europe, notamment en franç. sous ce titre : De l'état de l'Église, et sous celui de Traité du gouvernement de l'Église et de la puissance du pape. Il fut condamné à Rome dès 1764. Le véritable nom de l'auteur ayant été découvert, il fut obligé de signer une rétractation (1778). On a encore de Hontheim : Historia Trevirensis diplomatica et pragmatica, 1750, 3 vol. in-fol., avec un Prodromus, 1757, 2 vol. in-fol.

HONTHORST (Gérard), peintre d'histoire et de genre, né 1592 à Utrecht, m. en 1660 ou 1662, élève de Blœmaert, séjourna plusieurs années en Italie, puis à Londres, où il exécuta pour le roi Charles I des tableaux remarquables, donna des leçons aux princesses de la famille royale, et fut, à son retour dans sa patrie, nommé peintre de Guillaume I, prince d'Orange. Il excellait à peindre des scènes nocturnes et à reproduire les effets de la lumière artificielle, ce qui le fit surnommer Gérard des nuits. Il a une manière vigoureuse et saisissante : ses tableaux frappent l'imagination et charment la vue, mais le coloris en est quelquefois un peu noir. Le musée d'Amsterdam possède de lui 5 tableaux ; le musée du Louvre, 3 : Le Christ devant Pilate, S. Pierre reniant J.-C., le Triomphe de Silène. On admire en outre un S. Sébastien, à la cathédrale de Gand ; le Couronnement d'épines, au musée de Bruxelles ; l'Enfant prodigue, à Munich ; l'Incrédulité de S. Thomas, à Madrid. Il a aussi laissé de très-beaux portraits.

HOOD (Samuel), amiral anglais, né en 1724 à Butleigh (Somerset), m. en 1816, fut nommé amiral en 1780, et contribua puissamment à la victoire que lord Rodney remporta en 1782 sur le comte de Grasse, amiral français, dans la mer des Antilles. Envoyé en 1792 dans la Méditerranée pour seconder les royalistes du Midi, il entra dans Toulon ; mais le général Dugommier le força peu après à évacuer cette place : Hood ne le fit toutefois qu'après avoir brûlé dans le port 16 vaisseaux français. Son dernier exploit fut la conquête de l'île de Corse (1795).

HOOGLÈDE, v. de Belgique (Flandre occid.), à 22 k. N. E. d'Ypres ; 4500 h. Les Franç., commandés par Pichegru, y battirent les alliés, l0 et 13 juin 1794.

HOOGSTRÆTEN, v. de Belgique (Anvers), à 17 k. N. O. de Turnhout ; 1500 h. Château, collége archiépiscopal, dépôt de mendicité.

HOOGSTRÆTEN (David VAN), écrivain hollandais, né en 1658 à Rotterdam, se fit recevoir médecin à Leyde, puis s'adonna à la littérature et devint professeur à l'école latine d'Amsterdam. Il a publié des éditions estimées de Phèdre, Térence, Cornélius Népos, a composé des poésies latines et hollandaises, un Dictionnaire hollandais-latin, Amst., 1704, et un Grand dictionnaire historique universel, dans le genre de celui de Moréri, 7 vol. in-fol., Amst., 1733 et années suiv. (terminé après sa mort par Schuer).

HOOGVLIET (Arnold), poëte hollandais, né à Vlaardingen en 1687, m. en 1763, est auteur d'un poème épique en 12 chants, Abraham le Patriarche (1727), qui est placé au premier rang par les Hollandais, et d'une traduction en vers des Fastes d'Ovide, 1719 et 1730.

HOOKE (Robert), savant anglais, né en 1635 dans l'île de Wight, m. en 1702, fut un des premiers membres de la Société royale de Londres (1662), et en devint secrétaire perpétuel. Il fut nommé en 1664 professeur de mécanique de la Société royale, et en 1665 prof. de géométrie au collége de Gresham. Hooke inventa un ressort pour régulariser le mouvement du balancier dans les horloges, perfectionna les instruments astronomiques, notamment le micromètre, soupçonna même, avant Newton, la théorie de la gravitation, et fit en mécanique, en astronomie, en physique, en chimie, une foule d'inventions et de découvertes. Né bossu et malade, ce savant était d'un caractère difficile et jaloux : il contesta à Newton ses plus belles découvertes, et eut avec Hévélius et Huyghens de vives discussions. Cependant il fut lié avec R. Boyle et Th. Willis. Ses principaux ouvrages sont : Méthode pour mesurer la terre, 1665 ; Micrographie, ou Description des plus petits corps, 1665 ; Preuves du mouvement de la terre, 1674 ; Traité des hélioscopes, 1676 ; Lectiones cutterianæ, 1678 ; Expériences et observations philosophiques, 1726.

HOOKE (Nathaniel), historien, né vers 1690 à Dublin, de parents catholiques, m. en 1764, est auteur d'une Histoire romaine (jusqu'à la fin de la république), Londres, 1733-71, 4 vol. in-4, accompagnée de Discours et Réflexions critiques, qui ont été traduits à part en français par son fils. La duchesse de Marlborough le chargea de rédiger ses Mémoires sur sa conduite à la cour d'Angleterre ; ils parurent en 1742. — Son fils, L. Joseph Hooke, fut élevé en France, où il devint docteur de Sorbonne et professeur de théologie : c'est lui qui présida la fameuse thèse de l'abbé de Prades (en 1751). On lui doit un traité estimé : Religionis naturalis, revelatæ et catholicæ principia, Paris, 1754.

HOOKER (Richard), théologien, né en 1554, fut recteur de Drayton-Beauchamp (Buckingham), ensuite de Bishop's-Bourne (Kent), et mourut en 1600. On a de lui le Gouvernement ecclésiastique, ouvrage plein d'érudition, admiré du pape Clément VIII.

HOORN. V HORN et HORNES.

HOPE (Thomas), riche amateur, né en 1774, d'une anc. famille d’Écosse, m. en 1835, visita l'Europe, l'Asie, l'Afrique, dessinant tout ce qui lui semblait digne d'attention, puis se fixa à Londres, où il forma de riches galeries de peinture et de sculpture. Il a publié des ouvrages estimés : Ameublements et décors, 1805 ; Costumes des anciens, 1809 ; Costumes des modernes, 1812. On a aussi de lui un Essai historique sur l'Architecture, 1835.

HÔPITAL (L'). V. L'HÔPITAL.

HOR, mont. de l'Arabie Pétrée, près des limites de la Palestine, sur laquelle mourut Aaron.

HORACE, Q. Horatius Flaccus, célèbre poëte latin, né à Vénusie en Apulie l'an 64 av. J.-C., était fils d'un affranchi qui avait été huissier aux ventes publiques, et qui fit les plus grands sacrifices pour son éducation ; il étudia les belles-lettres à Rome, puis à Athènes. Dans la guerre civile qui suivit la mort de César, il embrassa le parti de Brutus, et combattit à Philippes en qualité de tribun des soldats ; mais, après la déroute de l'armée républicaine, il prit la fuite, comme il l’avoue lui-même, et revint à Rome, où la perte d’une partie de ses biens le força à se créer des moyens d’existence ; il y acheta une charge de scribe ou secrétaire du trésor, qui lui laissait le loisir de se livrer à la poésie. Il se fit bientôt remarquer de Varius et de Virgile, qui le présentèrent à Mécène, et ensuite à Auguste. Celui-ci lui fit rendre son patrimoine, le combla de bienfaits et voulut l’élever aux honneurs. Horace refusa constamment et n’accepta pas même la place de secrétaire de l’empereur. Il passait une grande partie de sa vie à la campagne, dans la Sabine, à sa terre d’Ustica près de Tibur, dont Mécène lui avait fait présent ; c’est là qu’il composait ses poésies. Il mourut âgé de 57 ans, six semaines après Mécène, auprès duquel il fut enseveli. Horace était aimable, modeste, paisible, sans ambition. Comme philosophe il était épicurien ; mais, de même qu’Épicure, il faisait consister le bonheur dans l’usage modéré des biens de la vie, et recommandait la pratique des vertus. On l’accuse d’avoir flatté Auguste ; mais il pouvait préférer de bonne foi un gouvernement monarchique et paisible à une république turbulente ; d’ailleurs il n’a loué dans Auguste que ce qu’il y avait de louable, et il nomme souvent, avec l’accent de l’admiration, les ennemis mêmes de César : Pompée, Antoine, Brutus, Caton. Comme poëte, Horace est incontestablement un des plus beaux génies de l’antiquité. Il nous reste de lui 4 livres d’Odes, un d’Épodes, 2 de Satires, 2 d’Épîtres, et l’Art poétique. Dans ses odes, il se montre tour à tour brillant, énergique et sublime comme Pindare, naïf, délicat et gracieux comme Anacréon ; il y imite souvent le rhythme des poëtes grecs, surtout d’Alcée, d’Archiloque, de Sapno. Ses satires et ses épîtres sont le modèle de l’urbanité, de la raillerie douce et bienveillante ; presque tous ses vers sont devenus proverbes. Il est à regretter seulement qu’il brave quelquefois l’honnêteté. Son Art poétique, que Boileau a imité en le développant, est encore aujourd’hui le code des hommes de goût. Horace a eu de nombreux commentateurs chez les anciens, entre autres Acron, Porphyrion, Æmilius, Terentius Scaurus. On a une foule d’éditions et de traductions de ses œuvres. L’édition princeps parut à Milan en 1470, petit in-fol. Les éditions les plus recherchées sont celles de D. Heinsius, Anvers, 1605, et de Jean Bond, Londres, 1606 ; l’éd. Variorum, donnée par Schrevelius, Leyde, 1653 ; Ad usum Deiphini, Paris, 1691 ; de Jouvency, Paris, 1696 ; de Bentley, Cambridge, 1700 et 1728 ; de Bodoni, Parme, 1791 ; de P. Didot, in-f., Paris, 1799 ; de Baxter, revue par Gessner et Zeun, Leipsick, 1802 ; de Mitscherlich, Leipsick, 1800 ; d’Orell, Zurich, 1838. Parmi les traductions françaises en prose, on estime celles de Dacier, Paris, 1691 ; de Sanadon, 1728 ; de Le Batteux, 1750 ; de Binet, 1783 ; de Campenon, 1821 ; de Goubaux et Barbet, 1827 ; de Patin, de J. Janin, de Cass-Robine, 1860. Les poésies d’Horace ont été trad. en vers par Daru, 1804, Ragon, 1831-37, Duchemin, 1839, Goupil, 1855, H. Cournol, 1858, E. Boulard, 1861 ; les odes seules par Vanderbourg, 1812 ; A. de Wailly, 1817 ; L. Halévy, 1824 ; Michaux, 1842, J. Lacroix, 1848, Anquetil, 1850, etc. On doit à Walckenaër l’Hist. de la vie et des poésies d’Horace, 1840, à Noël Desvergers des Études sur Horace, et à M. Pérennès des Études critiques et littéraires.

HORACES, nom de trois frères romains qui, sous Tullus Hostilius, vers 667 av. J.-C., combattirent pour Rome contre les trois Curiaces, champions de la ville d’Albe, en présence de l’armée des Romains et de celle des Albains, pour décider lequel des deux peuples commanderait à l’autre. Deux des Horaces ayant été tués au commencement de l’action, le 3e feignit de s’enfuir, et, voyant les Curiaces, déjà affaiblis par leurs blessures, le suivre à des distances inégales, il revint sur eux et les vainquit l’un après l’autre. Irrité des reproches que lui adressait sa sœur Camille, qui pleurait un des Curiaces, son fiancé, il la tua ans sa colère. On le traîna aussitôt devant les juges, qui le condamnèrent à mort ; mais il en appela au peuple, qui lui fit grâce en considération de sa victoire ; il fut seulement obligé de passer sous le joug. On sait que P. Corneille a mis cet événement sur la scène dans sa tragédie d’Horace, l’un de ses chefs-d’œuvre.

HORAPOLLO ou HORUS APOLLO, grammairien grec, né vers la fin du IVe s. de J.-C., près de Panople en Égypte, professa, dit-on, la grammaire et les belles-lettres à Constantinople et Alexandrie, du temps de Théodose. On a sous son nom un livre intitulé Hieroglyphica, qui paraît être traduit de l’égyptien, et dans lequel on explique plusieurs hiéroglyphes. Il a été publié par J. Corn. de Pauw à Utrecht, 1727, grec-latin, par Leemans, Amst., 1735, et par Alex. Turner, avec planches et trad. anglaise, Londres, 1840. Il a été traduit en français par Réquier, 1779, et a été l’objet d’un savant Mémoire de Ch. Lenormant, 1818. Cet ouvrage a été de quelque secours à Champollion pour l’explication des hiéroglyphes.

HORATIUS COCLÈS (P.), héros des premiers temps de Rome, défendit seul contre l’armée de Porsena (507 av. J.-C.) l’entrée du pont Sublicius, pendant que ses compagnons le détruisaient derrière lui ; quand le pont fut rompu, il se jeta dans le fleuve tout armé, et rentra à la nage dans Rome sain et sauf. Coclès veut dire borgne : ce surnom avait été donné au brave Horatius parce qu’il avait perdu un œil dans un combat.

HORDE, mot qui vient du tartare orto ou ordo, signifie tente, et par extension famille.

HORDE D’OR (la). V. TARTARES et KAPTCHAK.

HOREB, célèbre montagne de l’anc. Arabie, dans l’Arabie-Pétrée, à l’O. et non loin du mont Sinaï, par 18° 33′ lat. N. et 31° 42′ long. E., a 2477m de hauteur. C’est là que Moïse vit Dieu dans un buisson ardent, et qu’il fit jaillir l’eau d’un rocher. Élie s’y réfugia pour éviter les persécutions de Jézabel. Au pied de la montagne est auj. un monastère.

HORMISDAS, nom de 4 princes de la dynastie des Sassanides qui régnèrent sur la Perse, le 1er  en 271 et 272 : il favorisa l’hérésie de Manès ; le 2e de 303 à 311 ; le 3e de 457 à 460 : il fut détrôné par son frère Pérosès (aussi quelques-uns ne le comptent-ils pas) ; le 4e (compté pour IIIe), de 579 à 590. Ce dernier, petit-fils de Chosroës le Grand, se laissa vaincre par les Grecs et les Tartares, perdit les conquêtes que son père avait faites, et mécontenta tellement ses sujets qu’ils le détrônèrent et le mirent à mort. Le nom perse d’Hormisdas est Hormus ou Ormuzd.

HORMISDAS, pape de 514 à 523, né à Frosinone, se fit remarquer par son zèle contre les Eutychéens.

HORMUS. V. HORMISDAS et ORMUS.

HORN ou HOORN, v. et port du roy. de Hollande (Hollande sept.), sur le Zuyderzée, à 32 kil. N. E. d’Amsterdam ; 10 000 hab. Arsenal, hôtel de ville, hôtel de l’amirauté : armements maritimes, Commerce jadis très-important, auj. déchu. Patrie du navigateur G. Schouten, de J. Caen, fondateur de Batavia. — Horn fut presque engloutie par une inondation en 1557. Prise par les Anglais en 1799, elle fut évacuée après leur défaite à Alkmaar. C’est à Horn qu’on fabriqua les premiers filets pour la pêche du hareng.

HORN, v. de Belgique. V. HORNES.

HORN (cap), cap situé à l’extrémité S. de l’Amérique mérid., est dans une petite île voisine de la Terre de Feu, par 70° 6′ long. O., 55° 55′ lat. S. Ce cap fut découvert en 1578 par Drake et revu en 1616 par Guill. Schouten, qui lui donna le nom de Horn, sa ville natale.

HORN (Gustave, comte de), général suédois, né en 1592, mort en 1657, fut un des meilleurs généraux de Gustave-Adolphe. Il commandait l’aile gauche de l’armée suédoise à la bataille de Leipsick (1631), et contribua beaucoup à la victoire. Après la mort de Gustave à Lutzen (1632), il marcha en Souabe avec une portion de l’armée, et se joignit au duc de Weimar. Il fut fait prisonnier en 1634, à la bataille de Nordlingen, qui avait été donnée contre son avis, et ne recouvra la liberté qu’en 1642. Il rendit depuis de grands services à la reine Christine dans la guerre de Danemark, battit plusieurs fois les Danois, et fut fait en récompense connétable, sénateur et comte.

HORN (Arvid Bernard, comte de), sénateur suédois, de la famille du précéd., né en 1664, mort en 1742, eut une grande part aux événements qui suivirent la mort de Charles XII, fut le principal moteur de la révolution de 1719, présida la diète suédoise en 1720, et détermina les États à élever sur le trône le prince Frédéric de Hesse-Cassel (roi sous le nom de Frédéric I). Deux partis s'étant formés sous le règne de ce prince, il se mit à la tête de celui qui est connu sous le nom de Bonnets, qui était dévoué aux intérêts de la Russie et de l'Angleterre, et eut longtemps le dessus; mais en 1738, le parti opposé (celui des Chapeaux), qui était favorable à la France, ayant prévalu, il se retira des affaires.

HORN (Fréd.), comte d'Aminne, général suédois, né en 1725 dans la Sudermanie, mort en 1796, se mit d'abord au service de la France, se signala contre les Autrichiens dans les campagnes de 1743, 1745 et 1750, et décida par son intrépidité la victoire d'Hastenbeck (1757); fut rappelé en Suède quand la guerre eut éclaté entre la Suède et la Prusse, devint un des conseillers les plus intimes d'Adolphe-Frédéric et de Gustave III, commanda les troupes réunies à Stockholm, où l'on craignait une insurrection, réussit à prévenir la sédition, et fut en récompense fait lieutenant général et comte. — Son fils, le comte Horn trempa dans le complot formé par Ankarstrœm contre Gustave III, et fut condamné à mort; mais la peine fut commuée en un bannissement perpétuel. Il se retira à Copenhague, où il m. en 1823. Il consacra ses loisirs aux lettres et composa des poésies légères.

HORN (George), Hornius, écrivain protestant, né en 1620 à Greussen, mort en 1670, fut quelque temps précepteur en Angleterre, où il embrassa le Presbytérianisme, puis dans le Palatinat, professa l'histoire, la politique et la géographie à l'Université de Harderwick, puis à celle de Leyde. Il a laissé : Histoire d'Angleterre pendant les années 1645-47, en latin, Leyde, 1648, De l'origine des Américains, 1652; Hist. de la philosophie, 1655; Hist. ecclésiastique, en lat., Leyde, 1655-57, trad. en franç. en 1699 (ouvrage mis à l’Index à Rome), et plusieurs compilations historiques et géographiques sous les titres d’Arca Noæ, 1666, Arca Mosis, 1688, Ulyssea, 1671.

HORN (F. Christophe), littérateur, né en 1781 à Brunswick, mort en 1837, occupa diverses chaires à Berlin, puis à Brême. On a de lui des romans (le Solitaire; Guisard le poëte; les Poëtes, etc.); des morceaux d'histoire (Néron, Tibère, Othon, Galba, Vie de Frédéric-Guillaume, etc.); des ouvrages de critique : les Belles-Lettres en Allemagne de 1790 à 1818, Berlin, 1819; les Drames de Shakespeare, 1823; Hist. de la Poésie et de l'Éloquence des Allemands, 1822-29. Ses ouvrages de critique sont estimés.

HORN (Phil. et Ant. de). V. HORNES.

HORNECK (Ottokar de), historien et poëte allemand, né au château de Horneck en Styrie vers 1250, mort vers 1310, est au nombre des Minnesingers les plus distingués. Il combattit sous les drapeaux de Rodolphe de Habsbourg et vit de près les personnages historiques de son temps. On a de lui une Histoire des Empires (jusqu'à la mort de Frédéric II), écrite en 1280, et une Chronique en vers des événements contemporains (1266-1309), qui contient 83 000 vers : cette chronique, remarquable par sa véracité, est une des sources les plus précieuses pour l'histoire de cette époque. On conserve le 1er de ces ouvrages en manuscrit dans la bibliothèque de Vienne, on trouve le 2e dans les Scriptores rerum austriacarum de J. Pez, Leips., 1725.

HORNEMANN (Fréd. Conrad), voyageur, né à Hildesheim en 1772, fut chargé par la Société d'Afrique de Londres de faire un voyage de découverte dans l'intérieur de l'Afrique, partit du Caire en 1797, visita l'anc. Oasis d'Ammon, alla à Mourzouk, capitale du Fezzan, puis à Tripoli, et partit de cette ville en 1800, avec la caravane du Bornou; on n'a pas en depuis de ses nouvelles. De Tripoli il avait envoyé en Angleterre le Journal de ses voyages, qui a été publié simultanément en allemand à Weimar, et en anglais à Londres, en 1802, et qui a été trad. en franç. par Griffet de la Baume, 1803.

HORNES, petite v. et château du roy. de Hollande, près de Ruremonde, était sur le territoire de Liège, mais dépendait du duché de Brabant. Hornes et les domaines qui en dépendaient furent érigés en comté en 1450 par l'empereur Frédéric III en faveur de Jacques, sire de Hornes, grand veneur héréditaire du Brabant. Sa famille s'éteignit en la personne de Jean, comte de Hornes (mort au XVIe siècle), qui, n'ayant pas d'enfants, adopta ceux que sa femme avait eus d'un premier mariage avec un Montmorency-Nivelle. V. l'art. suivant.

HORNES (Ph. de MONTMORENCY-NIVELLE, comte de), né en 1522, était le fils aîné de Joseph de Montmorency, seigneur de Nivelle, et d'Anne d'Egmont. Il perdit son père à 8 ans, et sa mère épousa en 2es noces Jean, dernier comte de Hornes, qui, n'ayant pas d'enfants, lui laissa son nom et ses biens : il se trouva ainsi le plus riche seigneur des Pays-Bas. Philippe de Hornes fut attaché de bonne heure à la personne de Charles-Quint, qui lui donna le gouvernement de la Gueldre. Il avait puissamment contribué aux victoires remportées par l'Espagne sur la France à St-Quentin et à Gravelines. Cependant il fut arrêté, en 1567, avec le comte d'Egmont, son parent, par l'ordre du duc d'Albe, gouverneur des Pays-Bas, sous l'accusation d'intelligence avec Guillaume d'Orange; tous deux furent décapités l'année suivante. Ils n'avaient pas pris part à la rébellion, mais on leur reprochait leurs relations personnelles avec Guill. d'Orange.

HORNES (Ant. Joseph, comte de), issu de l'illustre famille de ce nom, vint à Paris sous la Régence, et fut conduit au crime par une vie de désordres. Pendant la faveur du système de Law, il avait donné rendez-vous à un agioteur dans un des repaires de la rue Quincampoix, sous prétexte d'un marché considérable d'actions, et il l'assassina pour s'emparer de 300 000 liv. que renfermait son portefeuille. Arrêté en flagrant délit, il fut condamné au supplice de la roue et exécuté en place de Grève, malgré les pressantes sollicitations de ses nobles parents (1720).

HORNE-TOOKE (John), philologue et publiciste, né à Londres en 1736, mort en 1812, suivit d'abord la carrière ecclésiastique; mais, s'étant lié avec le patriote Wilkes, il la quitta pour se livrer à la politique. Il devint un des plus chauds amis de la liberté, fonda un club pour le maintien du bill des droits, soutint dans un pamphlet la cause des Américains insurgés contre la métropole, et fut emprisonné pour ce fait. Il se montra de même grand partisan de la Révolution française, et se vit de nouveau accusé ; mais cette fois on l'acquitta. Il fut nommé en 1801 membre de la Chambre des Communes. Outre des pamphlets dans lesquels il manie avec un rare talent la plaisanterie et le sarcasme, on doit à Horne-Tooke d'ingénieuses recherches sur l'histoire de la parole; il regarde toutes les particules comme des débris de mots qui ont été d'abord significatifs; ses opinions philologiques sont consignées dans le singulier ouvrage intitulé : Epea pteroenta (paroles ailées), or the Diversions of Purley, Londr., 1786-1805 et 1827.

HORNOY, ch.-l. de canton (Somme), à 28 kil. S. O. d'Amiens; 1200 hab.

HORPS (Le), ch.-l. de cant. (Mayenne), à 15 kil. N. E. de Mayenne; 1600 hab.

HORREA (c.-à-d. greniers), nom donné par les Romains à divers lieux qui furent primitivement des greniers. — Ad Horrea, v. de la Gaule Transalpine, dans la Narbonaise 2e, sur une petite baie (le golfe de Juan) : c'est la ville actuelle de Cannes.

HORSA, prince saxon, frère de Hengist, qui fonda le royaume de Kent, fit avec son frère de grandes conquêtes dans la Grande-Bretagne, mais périt en 455 au combat d'Eglesford (auj. Ailsford), avant que la domination des Saxons fût bien établie.

HORSLEY (Samuel), prélat anglais, né en 1733, mort en 1806, fut successivement évêquede St-David, de Rochester, puis de St-Asaph. Il était membre de la Société royale de Londres, et quitta cette compagnie à la suite de vives discussions avec son président, sir Joseph Banks. Il a donné des édit. d’Euclide et d’Apollonius de Perge, Oxford, 1770, ainsi que des Œuvres de Newton, 5 vol. in-4, 1785 ; a laissé plusieurs ouvrages d'érudition (entre autres Britannia romana, 1782), a trad. de l'hébreu les Prophéties d'Osée, 1801, et a combattu avec force les doctrines de Priestley sur le matérialisme et la nécessité.

HORTENSE (la reine), Hortense Eugénie de Beauharnais, née à Paris en 1783, morte en 1837, était fille d'Alexandre de Beauharnais et de Joséphine Tascher de la Pagerie, depuis impératrice. Après le mariage de sa mère avec Bonaparte, elle fut, par sa grâce, son esprit et ses talents, l'ornement de la cour consulaire et de la cour impériale. Elle fut mariée en 1802, presque malgré elle, à Louis-Bonaparte; mais ce mariage, mal assorti pour les humeurs, ne fut heureux ni pour l'un ni pour l'autre des deux époux. Devenue reine par l'élévation de Louis Bonaparte au trône de Hollande (1806), elle ne se rendit qu'avec répugnance dans son royaume. Après l'abdication de Louis (1810), elle se fixa à Paris, où son salon devint le rendez-vous de tout ce qu'il y avait de plus distingué. Elle resta dans la capitale après le 1er retour des Bourbons, et fut accusée d'avoir préparé la rentrée de Napoléon : aussi fut-elle forcée de quitter la France en 1815. Après avoir erré quelque temps en Allemagne, en Suisse et en Italie, elle se retira en 1817, sous le nom de duchesse de St-Leu, au château d'Arrenenberg (Thurgovie), sur les bords du lac de Constance. Elle avait eu de son mariage avec Louis trois enfants : Napoléon Charles (né en 1802), Nap. Louis (1804), Ch. Louis Napoléon (1808) : le dernier seul a survécu : c'est l'emp. Napoléon III. Cette princesse cultivait avec succès la musique et la poésie : elle a composé des romances, paroles et musique, dont on a retenu quelques-unes, notamment le Départ pour la Syrie. Elle a rédigé des mémoires dont elle fit paraître elle-même quelques extraits en 1834. Son corps a été déposé à Rueil, auprès de celui de Joséphine.

HORTENSIUS (Q.), orateur romain, né l'an 113 av. J.-C., mort vers 48, occupa le 1er rang au barreau de Rome jusqu'à ce que Cicéron y parût. Il se distingua comme militaire dans la guerre des Marses, pendant laquelle il servit en qualité de tribun des soldats ; il fut ensuite préteur et devint consul l'an 70. Il ne joua du reste aucun rôle politique. C'était un épicurien, ami du luxe et du repos. On n'a plus aucune de ses harangues. Il paraît qu'elles plaisaient peu à la lecture : ce qui lui conciliait des admirateurs, c'était le luxe de son style et surtout un débit séduisant, bien plus que la force des pensées. Cet orateur était doué d'une mémoire prodigieuse. Cicéron eut Hortensius pour adversaire dans plusieurs causes célèbres, et gagna sur lui entre autres celle des Siciliens contre Verrès. Du reste, les deux rivaux furent toujours amis : Hortensius défendit chaudement Cicéron à l'époque de son exil, et celui-ci, dans le Brutus, apprécie son talent avec une justice bienveillante, et déplore éloquemment sa mort. Cicéron avait donné le nom d’Hortensius à un traité de philosophie, qui est auj. perdu.

HORUS, en égyptien, Hor, Haroéri, dieu égyptien, fils d'Osiris et d'Isis, est le symbole du soleil printanier. Conçu par Isis, tandis qu'elle était encore dans le sein de sa mère, il fut après sa naissance élevé secrètement dans les lagunes de Bouto. Devenu grand, il attaqua Typhon, le dieu des ténèbres et l'ennemi de sa famille et le tua. Puis, suivi de neuf musiciennes, il parcourut l'Égypte, portant partout la civilisation. On le représentait ordinairement jeune, la chevelure tressée, avec le pchent et l'épervier sur la tête, ou armé du fouet et du fléau, le sceptre augural à la main. Horus a de grands rapports avec l'Apollon-Phœbus des Grecs.

HORUS APOLLO. V. HORAPOLLO,

HOSPITAL (l'). V. L'HÔPITAL.

HOSPITALIERS (ordres), ordres religieux qui avaient pour but de recevoir et de soigner les voyageurs, les pèlerins, les pauvres et les malades. Le plus ancien fut fondé à Sienne à la fin du IXe siècle par un pieux habitant de cette ville, appelé Soror, qui y ouvrit l'hôpital dit Della Scala. On connaît surtout parmi les ordres hospitaliers les chevaliers de St-Jean de Jérusalem, dits spécialement Frères hospitaliers (V. l'art. suiv.); les chevaliers Teutoniques; la congrégation de St-Jean de Dieu ou des Frères de la Charité ; celles des Bons-Fils, fondée en 1615 à Armentières, et les religieux de St-Lazare. — Il existait aussi de nombreuses congrégations de Sœurs hospitalières : les Sœurs hospitalières de St-Jean de Jérusalem (aussi anciennes que les chevaliers de même nom) ; les Sœurs de l'Hôtel-Dieu, les Sœurs de Notre-Dame de Paris, fondées en 1624 par Françoise de la Croix, les Haudriettes, les Sœurs grises ou de la Charité.

HOSPITALIERS (Frères), nommés aussi Chevaliers de St-Jean de Jérusalem, Chevaliers de Rhodes, Chevaliers de Malte. Cet ordre fut établi à Jérusalem après la prise de cette ville par les Croisés en 1099, par Gérard Tom, né à Martigues, en Provence : il avait pour but de recevoir les pèlerins, de pourvoir à leurs besoins et de les soigner dans leurs maladies ; il se chargea bientôt (1121), sur la proposition de Raymond Dupuy, 2e grand maître, de les défendre par les armes contre les attaques des Infidèles, et devint ainsi un ordre à la fois religieux et militaire. Il suivait la règle de St-Augustin. Après la prise de Jérusalem par Saladin (1188), les Hospitaliers se retirèrent successivement à St-Jean d'Acre, puis en Chypre, et, en 1310, à Rhodes, où ils repoussèrent pendant plus de 2 siècles toutes les attaques des Sarrasins. Chassés de cette île en 1522 par Soliman, après un long siége et une défense mémorable, ils se réfugièrent à Candie, puis en Sicile, et s'établirent enfin en 1530 dans l'île de Malte, que Charles-Quint leur avait cédée. Ils sont depuis connus sous le nom de Chevaliers de Malte. Dans ce nouvel asile, ils eurent encore à subir les attaques des Turcs : en 1565, La Valette s'illustra en repoussant victorieusement l'une d'elles. Depuis les chevaliers ont été longtemps encore la terreur des Infidèles. Ils conservèrent Malte jusqu'en 1798, époque à laquelle Bonaparte, allant en Égypte, leur enleva l'île, obtint l'abdication du dernier grand maître (V. HOMPESCH) et mit ainsi fin à l'existence, politique de l'ordre. Toutefois, l'empereur de Russie Paul I, qui s'en était déclaré le protecteur, en fut élu grand maître, quoique n'étant pas catholique. L'ordre n'exista plus dès lors que de nom. Son siège fut transféré en 1801 à Catane, puis à Ferrare (1826), enfin à Rome (1834). On a tenté en 1850 de le reconstituer sous la protection du pape : il devait résider en Terre-Sainte, et se vouer, comme dans l'origine, à l'hospitalité, mais ces projets sont restés sans exécution. Le chef nominal de l'ordre réside actuellement à Rome. — Brillant à la fois par l'éclat des armes, par la noblesse et par les richesses, cet ordre rendit de grands services. Parmi ses grands maîtres, on connaît surtout Raymond Dupuy, qui succéda à Gérard ; Pierre d'Aubusson qui défendit Rhodes pendant trois mois contre toutes les forces de Mahomet II ; Villiers de l'Ile-Adam, qui commandait quand Rhodes fut prise ; La Valette, qui fonda dans l'île de Malte la cité de La Valette ; Dieudonné de Gozon; Rohan-Polduc — Pour l'organisation de l'ordre de Malte, V. MALTE.

HOSPODAR, nom que portent depuis le XIIIe s. les souverains de Valachie et de Moldavie. Il vient, dit-on, de deux mots slaves qui signifient maître d'une terre ; d'autres le font dériver par corruption du mot grec despotès, seigneur. Les hospodars relevaient d'abord de la Hongrie ; mais ils ne tardèrent pas à tomber sous la dépendance des Turcs, ceux de Valachie dès 1391, ceux de Moldavie en 1536. Les hospodars furent longtemps électifs; mais après plusieurs révoltes les sultans se réservèrent la faculté de les nommer; à partir de 1710 ils confièrent ces fonctions à des Grecs fanariotes. Depuis la révolution grecque (1821), les hospodars sont nommés à vie par les boïards ou nobles du pays, sous l'investiture de la Porte.

HOSTALRICH, v. forte d'Espagne (Catalogne), à 50 kil. S. O. de Girone; 4000 h. Les Français la prirent en 1809, et y battirent le gén. O'Donnel en 1810.

HOSTILIE (Curie), palais construit par Tullus Hostilius, pour les sénateurs albains. Ceux-ci ayant été mêlés avec les sénateurs romains, la curie Hostilie tomba en ruines; elle fut relevée par César.

HOSTILIEN, C. Val. Messius Quintus Hostilianus, fils de l'empereur Dèce, régna quelques mois avec C. Vibius Trebonianus Gallus, en 251. On accusa Gallus, qui déjà régnait seul par le fait, de l'avoir empoisonné pour rester seul empereur.

HÔTEL, HÔTEL DE VILLE, HÔTEL-DIEU. V. Ces mots dans notre Dict. univ. des Sciences.

HOTMAN (François), Hotomanus, jurisconsulte, né à Paris en 1524, d'un conseiller au parlement, professait la religion réformée. Il enseigna le droit à Lausanne, à Valence et à Bourges, où ses écoliers le sauvèrent du massacre de la St-Barthélemy en 1572. Il se retira à Genève et de là à Bâle, où il mourut en 1590. On a de lui deux écrits qui ont fait beaucoup de bruit : Franco-gallia, sive Tractatus de regimine regum Galliæ et de jure successionis, 1573 (trad. par Simon Goulard, Cologne, 1574), où il prétend que la monarchie française est élective et non héréditaire; Papæ Sixti Vbrutum fulmen, 1586, en faveur du roi de Navarre (Henri IV), alors excommunié. On lui a attribué le Vindiciæ contra tyrannos, publié sous le pseudonyme de Junius Brutus (V. LANGUET). Ses ouvrages ont été recueillis à Genève en 1599, 3 vol. in-fol., par J. Lectius, avec sa Vie. Ils sont condamnés à Rome. — Son frère, Ant. Hotman, se montra d'abord partisan de la Ligue, mais soutint ensuite avec courage les droits de Henri IV. Il mourut en 1596, avocat général au parlement de Paris. On a de lui plusieurs ouvrages de droit estimés, entre autres : Traité de la loi salique; Traité des droits ecclésiastiques, franchises et libertés de l'église gallicane. — Jean Hotman de Villiers, fils de François, fut employé à différentes négociations en Allemagne, et acquit la réputation d'un homme d'État habile. On a de lui un Traité des devoirs de l'ambassadeur, Paris, 1602.

HOTSPUR ou HOTSPEAR. V. PERCY (Henri).

HOTTENTOTS, peuple de l'Afrique australe, occupe, à l'extrémité méridionale de cette partie du monde, une vaste contrée qui est comprise entre 23°-32° lat. S. et 13°-25° long. E., et est bornée au N. O. par la Cimbébasie, au N. E. par le pays des Cafres, et de tous les autres côtés par l'Océan; la colonie du Cap de Bonne-Espérance est enclavée dans ce pays. Cette région est traversée de l'E. à l'O. par le fleuve Orange. Pays montagneux au S. et au N. ; au centre s'étendent de vastes plaines sablonneuses et peu fertiles. Les Hottentots forment des tribus assez nombreuses que l'on peut réunir en deux familles : 1° les Hottentots proprement dits, dont le nom indigène est Kouakoua, et qui se divisent eux-mêmes en deux grandes tribus, les Namaquas ou Nama-Koua à l'O., les Koranas ou Kora-Koua au centre et au N. E.; ce sont les tribus les plus civilisées : elles ont des troupeaux et quelque industrie; elles savent travailler le cuivre. Les missionnaires hollandais y ont fait pénétrer le Christianisme et ont formé quelques établissements; — 2° au S. E., les Boschimans (c.-à-d. en hollandais hommes des taillis), dits aussi Saabs ou Houzouanas : c'est le peuple le plus sauvage et le plus abruti de l'Afrique; ils vivent de la manière la plus misérable, se nourrissant du produit de leur chasse ou de racines ; ils sont livrés au plus grossier fétichisme ; toujours en guerre avec les autres tribus, ils errent dans les montagnes qui sont sur la lisière septentrionale de la colonie du Cap et se cachent dans les taillis. — Les Hottentots sont entre tous les Africains les plus remarquables par leur laideur; ils sont caractérisés par la forme triangulaire de la tête, la saillie des pommettes, l'aplatissement du nez, la grosseur et la proéminence des lèvres; les femmes offrent dans la partie postérieure une conformation particulière et un développement excessif.

HOTTINGER (J. H.), orientaliste et théologien, né à Zurich en 1620, professa dans sa ville natale l'hist. ecclésiastique, la théologie protestante et les langues orientales, fut appelé en 1665 par l'électeur palatin à l'Université d'Heidelberg et y fit revivre les études. L'Académie de Leyde voulut également le posséder; cédant à cette invitation, Hottinger se préparait à partir, lorsqu'il se noya avec trois de ses enfants dans la Limmat, près de, Zurich, en 1667. On a de lui : Grammatica quatuor linguarum, Hebraicæ, Chaldaicæ, Syriacæ, Arabicæ, 1649 ; Historia orientalis de Mahumetismo, Saracenismo, Chaldaismo, 1660; Bibliothecarius quadripartitus; Historia ecclesiastica, etc. — Son arrière-petit-fils, J. J. Hottinger, 1750-1810, professeur et membre du chapitre à Zurich, se fit une réputation comme philologue. On lui doit de bonnes éditions de Théophraste, de Salluste, des traités de Cicéron De divinatione, De officiis (avec traduction allemande), et la Bibliothèque des ouvrages modernes sur la philosophie, la théologie et les belles-lettres, Zurich, 1784-1786.

HOUAT, Siata, petite île de France (Morbihan), dans l'Océan Atlantique, entre Belle-Isle et Quiberon; 800 h. Elle a un fort. Elle a appartenu aux moines de St-Gildas de Rhuys. Les Anglais s'en sont emparés en 1695, en 1746 et 1795.

HOUBIGANT (Ch. Franç.), hébraïsant, prêtre de l'Oratoire, né à Paris en 1686, mort en 1783, professa les belles-lettres à Juilly, la rhétorique à Marseille, la philosophie à Soissons, devint supérieur du collége de Vendôme, et fut appelé en 1722 à Paris pour y tenir les conférences de St-Magloire. L'excès du travail lui causa une maladie dangereuse, à la suite de laquelle il resta sourd. On a de lui : Racines hébraïques sans points - voyelles, Paris, 1732; Prolegomena in Scripturam sacram, 1746; Biblia hebraica, texte hébreu, accompagnée de notes critiques et d'une nouv. version latine, 1753 : c'est une des plus belles éditions de la Bible ; la traduction est élégante ; mais elle passe pour trop hardie. Ce savant avait adopté le système de Masclef, qui supprime les points-voyelles : il l'appliqua dans son édition de la Bible. Houbigant a traduit de l'anglais : la Méthode courte et facile contre les Juifs et les Déistes de Lesley; les Pensées sur la religion naturelle de Forbes; les Sermons de Sherlock.

HOUCHARD (J. Nic.), général français, né en 1740 à Forbach (Moselle), servit sous Custine en 1792, fut nommé, à la place de ce général (qu'on l'accuse d'avoir dénoncé), commandant en chef des armées de la Moselle et du Rhin. Après quelques échecs, il remporta sur les Anglais la vict. de Hondschoote (8 septembre 1793), et leur fit lever le siége de Dunkerque. Il n'en fut pas moins accusé de n'avoir pas profité de ses avantages, condamné à mort et exécuté le 17 nov. 1793. Son fils a publié une Notice justificative, Strasb., 1809.

HOUDAIN, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 15 k. S. O. de Béthune; 915 h. Scieries de marbre.

HOUDAN, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 27 kil. S. de Mantes, sur la Vesgre; 1980 h. Tour élevée, qui dépendait d'un anc. château seigneurial.

HOUDETOT (Sophie de LA LIVE DE BELLEGARDE, comtesse d'), fille d'un fermier général et belle-sœur de Mme d'Épinay, née vers 1730, morte en 1813, avait épousé en 1748 un gentilhomme de Normandie, officier distingué, qui mourut dans un âge avancé avec le titre de lieutenant général. Elle fut une des femmes les plus remarquables du XVIIIe s. par ses grâces, son esprit et ses qualités personnelles ; elle doit surtout sa réputation à la vive passion qu'elle inspira à J. J. Rousseau (1757), ainsi qu'à sa liaison avec St-Lambert. Elle a laisse quelques Pensées et des vers pleins de finesse et d'agrément.

HOUDON, grand statuaire, né à Versailles en 1741, mort en 1828, reçut les leçons de Pigalle, alla en Italie après avoir remporté le grand prix de sculpture, y séjourna dix ans, fit à Rome un S. Jean de Latran et un S. Bruno, exécuta, depuis son retour à Paris, Morphée, qui lui valut en 1777 le titre d'académicien et celui de professeur de l'Académie ; les bustes de Voltaire, J. J. Rousseau, Molière, Franklin, Tourville, Buffon, Diderot, Catherine II. Il fut appelé à Philadelphie pour faire la statue de Washington. On lui doit encore une Diane nue (au Louvre), de belles statues de Voltaire et de Molière (au Théâtre-Français), et l’Écorché, savante étude qui montre à nu la structure musculaire du corps humain. Ses œuvres reproduisent la nature avec une franchise et une vérité admirables ; mais elles manquent d'élévation et d'idéal. Delerot et Legrelle ont donné une Notice sur Houdon, 1856.

HOUEILLÈS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur le Ciron, à 24 kil. N. O. de Nérac ; 900 hab.

HOUEL, ducs de Bretagne. V. HOËL.

HOUEL (Nic.), pharmacien, né à Paris en 1520, m. en 1584, appliqua à des fondations charitables et scientifiques une fortune honorablement acquise dans l'exercice de sa profession : il créa à Paris une Maison de charité chrétienne, ainsi que la Maison des apothicaires, qui est devenue en 1803 l’École de pharmacie. Il a laissé des traités de la Peste, de la Thériaque et du Mithridate, 1573.

HOUEL, peintre et graveur, né à Rouen en 1735, m. en 1813, visita l'Italie et publia, à son retour, le Voyage pittoresque de Sicile, avec 264 planches d'une parfaite exactitude et d'une belle exécution.

HOUFALIZE, ch.-l. de c. du Luxembourg belge, sur l'Ourthe, à 32 k. N. E. de Neufchâteau ; 1200h. Tanneries, brasseries. Anc. château fort ; murs démolis par les Français en 1688.

HOUGHTON (le major), voyageur anglais, fut chargé en 1789 par le comité d'Afrique d'aller déterminer le cours du Niger, pénétra fort avant dans l'intérieur de l'Afrique, fut égaré par des marchands maures, et mourut à Jarra, en 1791, de la dyssenterie. On a publié à Londres en 1792 une relation de son voyage, qui a été trad. par Lallemand, avec les Voyages de Mungo-Park, Paris, 1795.

HOUGLY, riv. de l'Inde anglaise, est formée de la jonction du Cossimbazar et du Djellinghi, les deux bras les plus occidentaux du Gange, traverse les v. d'Hougly, Chandernagor, Calcutta, Sérampour, et se jette, au-dessous de cette dernière, dans le golfe du Bengale, par une embouchure de 16 kil. et après un cours de 200 k. Elle est navigable pour les plus gros bâtiments, mais son entrée, obstruée par des bancs de sable, est fort dangereuse. Cette rivière est infestée de crocodiles et de requins ; elle n'en est pas moins sacrée aux yeux des Hindous.

HOUGLY, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), sur l'Hougly, à 35 kil. N. O. de Calcutta, est encore importante, quoique fort déchue depuis 1765, époque où la perception des droits de port fut transportée d'Hougly à Calcutta. Elle fut fondée en 1538, par les Portugais, qui la nommèrent Golin. Chah-Djihan la prit en 1632, et permit aux étrangers d'y établir des comptoirs : on la nommait alors Bouchy-Bender. Des démêlés s'étant élevés entre les Mongols et les Anglais, ceux-ci quittèrent la ville en 1686; ils n'y revinrent qu'en 1757, mais cette fois en vainqueurs.

HOUGUE (LA), cap et rade. V. HOGUE (LA).

HOULAGOU, prince mongol, chef de la dynastie persane des Gengiskhanides, né en 1217, était fils de Touly, 4e fils de Gengiskhan. Il reçut de son frère aîné Mangou-khan, en 1251, la mission de conquérir toute la partie occidentale de l'Asie depuis le fleuve Djihoun jusqu'aux frontières de l’Égypte : il soumit en effet tout ce pays en peu d'années et fixa sa résidence à Tauris en Perse. Ayant formé le dessein d'anéantir le califat, il marcha avec toutes ses forces contre Bagdad, s'empara de cette ville après un long siége, en 1258, fit prisonnier et mit à mort le calife Mostasem et porta jusqu'en Syrie la dévastation et le massacre. Il mourut en 1265, à 48 ans ; il eut pour successeur son fils aîné Abaka,

HOULANS ou HULANS. V. HULANS.

HOU-NAN (c.-à-d. au sud du lac), prov. de la Chine centrale, au S. du lac Thoung-thing et du Hou-pé, compte env. 18 000 000 d'h.; — ch.-l., Tchang-cha.

HOU-PÉ (c.-à-d. au nord du lac), vaste prov. de la Chine centrale, située au N. du lac Thoung-thing, entre les prov. de Ho-nan, d'An-hoeï, de Kiang-si, de Hou-nan, de Sse-tchouen et de Chen-si, compte env. 27 000 000 d'hab., et a pour ch.-l. Vou-tchang. Résidence d'un vicaire apostolique.

HOURIS, nom donné par les Musulmans aux beautés célestes qui, selon les promesses du Coran, doivent récompenser après la mort la vertu et la foi du vrai croyant. Elles jouissent d'une jeunesse et d'une beauté éternelles. Houri veut dire en arabe : Qui a la prunelle noire et le blanc de l'œil éclatant.

HOUSTON, v. des États-Unis (Texas), sur le Buffalo-Bayou, à peu de distance de la baie de Galveston ; 8000 h. Fondée en 1836, elle a été ainsi nommée en l'honneur du général Sam. Houston, président du Texas, et depuis sénateur au Congrès des États-Unis. Elle a été la capitale provisoire de l'État du Texas.

HOUTMAN (Cornelis), voyageur hollandais, né à Gouda vers 1550, fonda le premier un comptoir pour sa nation aux Indes orientales. Dans un 1er voyage, en 1595, il aborda à Bantam (Java); dans un 2e, en 1598, il forma un établissement à Sumatra, et réussit à partager le commerce de ces parages avec les Portugais, qui, jusque-là, en avaient eu le monopole. Ayant excité les soupçons du roi d'Achem, dans l'île de Sumatra, il fut arrêté et relégué dans l'intérieur de l'île ; il y mourut en 1600.

HOWARD, anc. et illustre famille d'Angleterre, distinguée par son attachement au Catholicisme, s'allia, au commencement du XVe siècle, avec l'héritière des ducs de Norfolk, qui eux-mêmes descendaient de la famille des Plantagenet, et joua pendant longtemps un rôle important. Les Howard sont les Montmorency de l'Angleterre : le chef de cette famille a les titres de 1e duc, 1er marquis, 1er comte du royaume, et marche immédiatement après les princes du sang. Le titre de comte-maréchal était également héréditaire dans cette famille. Elle se ramifie en plusieurs branches : celles de Norfolk (branche aînée), d'Arundel, d'Effingham, de Nottingham, de Carlisle, de Stafford, de Suffolk, de Wicklow.

HOWARD (Jean), 1er duc de la nouvelle maison de Norfolk, fils de Robert Howard et de Marguerite, héritière des anciens ducs de Norfolk, fut créé en 1483 comte-maréchal d'Angleterre, se fit remarquer dans les guerres de Henri VI contre le roi de France Charles VII, puis fut employé comme négociateur à la cour de France, à celle de Bourgogne et en Portugal, fut, pendant la guerre des Deux-Roses, un des antagonistes de la reine Marguerite d'Anjou, se déclara contre Édouard V en faveur du protecteur (depuis Richard III), et fut en récompense nommé par ce prince, devenu roi, duc de Norfolk, lord-amiral d'Angleterre, d'Irlande et d'Aquitaine. Il périt à la journée de Bosworth, en 1485. — Thomas H., fils aîné du précéd. et 2er duc de Norfolk, fut pris à Bosworth et ne fut élargi que trois ans et demi après. Chargé par Henri VII de réprimer une rébellion, il y réussit, obtint ainsi la faveur du roi et devint lord-chancelier en 1501, puis comte-maréchal en 1520. Il mourut en 1524, dans la retraite. Il était grand-père de la malheureuse Catherine Howard. — Thomas Howard, 3e duc de Norfolk, fils aîné du préc., né vers 1473, suivit le marquis de Dorset dans l'expédition de Guyenne, fut nommé grand amiral, contribua beaucoup à la victoire remportée en 1513 à Flodden, sur le roi d’Écosse, et rendit de nouveaux services au roi lors de la rébellion de l'Irlande, qu'il vint à bout de comprimer. Il n'en devint pas moins, ainsi que son fils (le comte de Surrey), suspect de trahison aux yeux de Henri VIII, qui craignait qu'ils n'aspirassent au trône. Ce prince les fit tous deux jeter en prison en 1546 : le fils eut la tête tranchée (V. l'art. suiv.), et le père ne recouvra la liberté qu'au bout de sept ans. Il fut réhabilité à l'avénement de la reine Marie (1553), mais il mourut un an après. — Henri Howard, comte de Surrey, fils aîné du précéd., né vers 1515, eut, ainsi que son père, une grande part aux succès de Henri VIII, et jouit pendant plusieurs années de la faveur de ce prince. Capitaine général des armées anglaises, il prit Boulogne en 1546 ; mais, s'étant laissé battre peu après, et ayant d'ailleurs excité les soupçons du roi par quelques paroles indiscrètes, il fut disgracié et traduit devant un tribunal qui le condamna à mort : il monta sur l'échafaud en 1547. Surrey est un des premiers nobles d'Angleterre qui aient cultivé la poésie : on a de lui des sonnets, des chansons, une traduction du IIe et du IVe livre de l'Énéide en vers blancs, ainsi qu'une traduction de Boccace. C'est lui qui introduisit dans la poésie anglaise le vers blanc ou sans rime. Ses Œuvres ont été publiées avec celles de Th. Wyatt par le docteur Nott, Londres, 1816 et par R. Bell, 1854. — Thomas H., 4e duc de Norfolk, fils aîné du comte de Surrey, né vers 1536, était un des principaux confidents d’Élisabeth et fut l'un des commissaires chargés en 1568 de faire subir un interrogatoire à Marie Stuart. S'étant laissé toucher par les malheurs et la beauté de la prisonnière, il conçut le projet de la délivrer et de l'épouser ; mais son plan fut découvert et il fut condamné à mort, 1572. — Henri H., comte de Northampton et 2e fils du comte de Surrey, né à Norfolk en 1539, mort en 1614, s'attacha successivement au comte d'Essex et à Robert Cécil, l'adversaire de son premier protecteur. A l'avènement du roi d’Écosse (Jacques I), qu'il avait contribué à placer sur le trône, il fut fait comte de Northampton et garde du sceau privé. C'était un homme sans honneur, qui se fit l'instrument des infâmes passions de Jacques I. — Charles H., comte de Nottingham, grand amiral d'Angleterre, 1536-1624, était fils de William Howard, baron d'Effingham, et petit-fils du second duc de Norfolk. Il commanda en 1588 la flotte qui détruisit l’Invincible armada des Espagnols ; en 1596, il s'empara de Cadix et brûla dans ce port une nouvelle flotte espagnole : il fut fait en récompense comte de Nottingham. Essex, jaloux de sa gloire, essaya vainement de le perdre. On dit que Howard s'en vengea dans la suite en l'empêchant d'obtenir sa grâce d’Élisabeth, lorsqu'il eut été condamné pour trahison. — Thomas H., 6e duc de Norfolk et comte d'Arundel, célèbre ami des arts. V. ARUNDEL. — William H., comte de Stafford, fils du 6e duc de Norfolk. V. STAFFORD. — [[w:Thomas Howard (11e duc de Norfolk)|Charles H.]], 11e duc de Norfolk, d'une ligne cadette, issue du 4e duc, abandonna le Catholicisme en 1780, afin de pouvoir porter le titre de comte-maréchal d'Angleterre (office héréditaire dans sa famille), entra aux Communes en 1780, fit de l'opposition au ministère de lord North et fut pour beaucoup dans sa chute. Il combattit Rockingham, Shelburne et Pitt, qui voulaient faire la guerre à la France ; mais, une fois la guerre adoptée, il se joignit au ministère pour qu'elle fût faite le mieux possible. Il mourut en 1815, sans postérité, et le titre de duc de Norfolk passa à un parent éloigné, également issu du 4e duc de Norfolk.

HOWARD (Catherine), 5e femme de Henri VIII, était fille d'Edmond Howard, 3e fils du second duc de Norfolk, Thomas Howard. Elle inspira une vive passion au roi Henri VIII, qui l'épousa en 1540 ; mais deux ans après, ce prince soupçonneux et cruel l'envoya au supplice sous prétexte d'infidélité,

HOWARD (John), philanthrope anglais, né en 1726 à Smithfield, était fils d'un tapissier qui lui laissa de la fortune. Ayant été pris sur mer par les Français et retenu quelque temps en captivité, il fut tellement ému du sort des prisonniers, qu'il résolut de consacrer sa vie à les soulager. Il parcourut presque toute l'Europe pour visiter les prisons, les lazarets et les hôpitaux, cherchant partout les moyens de remédier à l'insalubrité de ces établissements, et de donner aux malades les soins les plus efficaces. Il mourut en 1790 d'une fièvre maligne contractée à Kherson, en Russie, en visitant un malade. On lui a érigé une statue. On a de J. Howard : État des prisons en Angleterre, 1777, trad. en français en 1788 ; Des principaux lazarets de l'Europe, 1789, trad. en 1800, et des Mémoires, publ. en 1850 par H. Dixon. Son nom est resté à un système de prison perfectionné.

HOWE (Richard SCROPE, comte), marin anglais, né à Londres en 1726, mort en 1799, avait servi avec distinction dans la guerre d'Amérique, et était arrivé au grade d'amiral, lorsqu'en 1793 il fut chargé de combattre la flotte française dans la Manche, il remporta, le 1er juin 1794, devant Ouessant, une victoire complète, mais chèrement achetée : c'est dans cette action que périt le Vengeur. Il fut en récompense comblé d'honneurs. — Son frère, W. Howe, commanda en chef les armées de terre dans la guerre d'Amérique, battit les Américains près de New-York en 1776, s'empara de cette ville, et remporta une nouvelle vict. près de Philadelphie en 1777 ; il fut néanmoins remplacé par Clinton en 1778.

HOYA, v. de Prusse (Hanovre), sur le Weser, à 40 kil. S. E. de Brême ; 2000 hab. Grand pont, vieux château fort. — Hoya fut autrefois le ch.-l. d'un comté souverain ; ce fut ensuite une des villes d'une prov. de Hanovre. Cette prov. comptait 120 000 hab. et avait pour ch.-l. Nienburg.

HOZIER (d'), généalogiste. V. D'HOZIER.

HRADISCH, v. de Moravie, dans une île de la March, ch.-l. de cercle, à 65 kil. S. E. d'Olmultz, 1800 hab. On récolte aux environs d'excellents vins. — Le cercle de Hradisch a 80 k. sur 44 et 250 000 h.

HRADSCHIN. V. PRAGUE.

HROSVITA, religieuse du couvent de Gandersheim au Xe siècle, s'illustra par des écrits en vers et en prose, et s'éleva fort au-dessus des femmes de son temps. On a d'elle des poëmes latins sur la Vierge Marie, l’Ascension de Notre-Seigneur, la Passion de S. Pélage, la Conversion de Théophile, la Passion de S. Denis ; des comédies religieuses, le Panégyrique des Othons (de la maison de Saxe), etc. Tous ces ouvrages offrent des beautés remarquables et des idées originales. Ses Œuvres ont été publiées à Nuremberg en 1501, et à Wittemberg en 1707. M. Magnin a publié son Théâtre en 1845, avec une traduction française. M. Vignon Rétif de la Bretonne a traduit en vers libres ses Poésies, 1855.

HUAHINE, une des îles de la Société, au N. O. d'Otaïti, a 40 kil. de tour. Port Ouahuara, à l'O.

HUALLAGA, riv. du Pérou, naît dans les Andes, (prov. de Tarma), se nomme d'abord Huanuco, du nom d'une ville qu'elle arrose, prend le nom de Huallaga à Muna, entre dans la Colombie, et tombe par deux bras différents dans le Tunguragua, affluent de l'Amazone : 800 kil. de cours.

HUAMANGA, GUAMANGA ou LA PAZ, v. du Pérou, ch.-l. du dép. d'Ayacucho, à 330 k. E. S. E. de Lima ; 25 000 h. Évêché, belle cathédrale, collège qui jadis jouissait des privilèges d'université. Fonderie d'argent. — Cette ville, fondée en 1539 par Pizarre, donnait autrefois son nom à une province.

HUANCAVELICA, v. du Pérou (Ayacucho), ch.-l. de dép., dans une vallée des Andes, à 240 k. S. E. de Lima ; 12 000 hab. Riches mines de mercure, d'or et d'argent. — Le dép. a env. 80 000 hab.

HUANUCO, v. du Pérou, anc. ch.-l. du dép. de Junin, auj. ch.-l. de province, à 250 k. N. E. de Lima, sur l'Huanuco. Jadis plus grande et bien peuplée; très-déchue auj. Ruines d'un palais des Incas et d'un temple du Soleil. — La prov. de H., entre celles de Truxillo et de Tanna, a 90 kil. sur 65 et env. 30 000 h.

HUARTE (Juan), philosophe espagnol, né en 1520 à St-Jean-Pied-de-Port dans la Basse-Navarre, mort vers 1590, exerça la médecine à Madrid. On a de lui, en espagnol : Examen des esprits propres aux sciences, Pampelune, 1575 (souvent réimprimé, traduit en franç. par G. Chappuis, Lyon, 1580, par d'Alibray, 1645, et d'Alquié, 1672). Il y indique à quels signes on peut reconnaître les dispositions naturelles, mais on y trouve des idées bizarres sur les moyens de procréer les sexes à volonté et de faire naître de grands talents. Cet écrit fut réfuté par J. Guibelet, Paris, 1631, et condamné à Rome.

HUASCAR, prince péruvien, eut, à la mort de son père Huana-Capac (1529), le roy. de Cusco en partage, tandis que son frère Atahualpa avait Quito. Mécontent de son lot, il marcha contre son frère, mais fut battu et emprisonné ; il sollicita alors l'appui des Espagnols : Atahualpa, en ayant été informé, le fit mettre à mort, 1533.

HUASCO, v. du Chili, à 40 kil. N. de Coquimbo, sur la riv. du Huasco. Port vaste, mais peu sûr. Florissante jadis, mais très déchue. Mines d'argent et de cuivre aux environs.

HUBER (Marie), théologienne protestante, aussi remarquable par sa beauté que par sa science et son esprit, née à Genève en 1695, morte en 1753, vécut dans une retraite austère, livrée tout entière à l'étude et à la pratique des bonnes œuvres. On a d'elle : État des âmes séparées du corps, 1731-39; le Monde fou préféré au monde sage, 1731 ; la Religion essentielle distinguée de ce qui n'en est que l'accessoire, 1738, ouvrages inspirés par une piété sincère, mais qui furent vivement attaqués par les ministres calvinistes parce qu'elle y défendait une doctrine analogue au dogme catholique du purgatoire.

HUBER (Jean), dessinateur et naturaliste, né à Genève en 1722, mort en 1790, était membre du conseil des Deux-Cents de sa ville natale. Il avait un talent singulier pour tracer des portraits en découpant du papier ; il apprit seul la peinture, et représenta avec bonheur plusieurs scènes de la vie privée de Voltaire, dans l'intimité duquel il avait vécu vingt ans. On lui doit de curieuses Observations sur le vol des oiseaux de proie, Genève, 1784.

HUBER (Franç.), naturaliste, fils du préc., né à Genève en 1750, mort à Lausanne en 1831, fut porté de bonne heure, par l'exemple de son père, à observer la nature, et étudia avec une patience admirable les mœurs des abeilles. Ayant perdu la vue jeune encore, il n'en continua pas moins ses recherches avec le secours de sa femme Aimée Lullin et de François Burnens son domestique. Il publia ses travaux et ses découvertes en 1792 sous le titre de : Nouvelles observations sur les abeilles, et sous la forme de lettres à Ch. Bonnet ; il en donna une édition plus complète en 1814. On lui doit aussi des recherches sur l'influence de l'air et des gaz par rapport à la germination. — Son fils, Pierre H., m. en 1841, a donné l’Histoire des mœurs des fourmis, 1810.

HUBER (Michel), littérateur, né en Bavière en 1727, mort à Leipsick en 1804, vint de bonne heure se fixer à Paris, puis alla enseigner le français à Leipsick. Il a traduit en français la plupart des ouvrages de Gessner, ainsi que plusieurs de ceux de Klopstock, Wieland, Gellert, Lessing, Winckelmann, Kleist, et a ainsi contribué à répandre en France le goût de la littérature allemande. On lui doit encore le Manuel des amateurs de l'art, précédé de l’Hist. de la peinture et de la gravure, 9 v. in-8, 1797-1808. — Son fils, L. Ferdinand, né à Paris en 1764, mort en 1804, dirigea longtemps l’Allgemeine-Zeitung, journal estimé qui paraissait à Ulm. Il avait épousé la fille de Heyne, Thérèse, née à Gœttingue, en 1764, morte à Augsbourg en 1829, à qui l'on doit une série de contes et de nouvelles qui eurent le plus grand succès, et qui, de 1819 à 1824, dirigea à Stuttgard le Morgenblatt. Ses écrits ont été réunis après sa mort par son fils sous le titre d’Œuvres complètes de Thérèse Huber, 6 vol., Leipsick, 1830-1833.

HUBERT (S.), évêque, né vers l'an 656, m. en 728 ou 730, était fils de Bertrand, duc d'Aquitaine, et issu de Clovis. Il vécut d'abord à la cour de Neustrie, la quitta en 674 pour fuir la tyrannie du maire Ébroin, et se réfugia auprès de Pépin d'Héristal, maire d'Austrasie, à la cour duquel il occupa un emploi éminent. Après avoir vécu dans les plaisirs et la dissipation, il se convertit, vers 683, se lia étroitement avec S. Lambert, évêque de Maastricht, lui succéda en 708, transporta son siège épiscopal à Liége, fit de nombreuses conversions et mérita le titre d’apôtre des Ardennes. On le fête le 3 novembre et le 30 mai. Il est le patron des chasseurs ; on accorde à ses reliques le pouvoir de guérir la rage. Son corps fut longtemps conservé dans la forêt des Ardennes, à l'abbaye d'Andain, qui a pris de lui le nom de St-Hubert (V. ce nom). Sa Vie a été écrite, en latin, par Jean Robert, Luxembourg, 1621.

HUBERT (ordre de ST-), ordre chevaleresque de Bavière, avait été créé dès 1444 par Girard V, duc de Berg-et-Juliers, afin de perpétuer le souvenir d'une victoire qu'il avait remportée le jour de la St-Hubert, et fut transporté en Bavière au XVIIIe s. par l'électeur Charles Théodore. Il ne compte que 12 chevaliers et un commandeur. L'insigne de l'ordre est une croix d'or à 8 pointes avec une image de S. Hubert au centre.

HUBERTSBOURG, vge du roy. de Saxe, à 40 k. E. de Leipsick. Vieux château. C'est là que fut conclu le 15 février 1763, entre la Prusse, l'Autriche et la Saxe, le traité de paix qui mit fin à la guerre de Sept ans : Marie-Thérèse renonça à, ses prétentions sur la Silésie et sur Glatz ; Frédéric II, de son côté, rendit l’électorat de Saxe au roi de Pologne.

HUBNER (Jean), géographe et historien, né en 1668 à Zittau dans la Haute-Lusace, mort en 1731, fut professeur de géographie à Leipsick, et recteur du Johanneum de Hambourg. On a de lui : Questions sur la géographie ancienne et moderne, Leips., 1693 ; Questions sur l'histoire politique, 1697 ; Géographie universelle, 1705, trad. par Duvernois, 1757 ; Tables généalogiques, 1708 et 1735 ; Bibliotheca historica Hamburgensis, 1715 ; Musæum geographicum, catalogue des meilleures cartes, publié par son fils, Hambourg, 1746. Il a aussi publié des Histoires bibliques, qui ont eu plus de cent éditions.

HUCQUELIERS, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais); à 18 kil. N. E. de Montreuil ; 800 hab.

HUDDERSFIELD, v. d'Angleterre (York), à 54 kil. S. O. d'York, sur la Colne : 30 000 hab. Grand entrepôt du commerce des draps et lainages. Canal communiquant avec Ashton. —- On croit que c'était la station romaine appelée Cambodunum.

HUDIBRAS. V. BUTLER.

HUDSON (Henri), navigateur, fit plusieurs voyages pour le compte d'une compagnie de négociants anglais dans le but de découvrir un passage pour pénétrer en Amérique, soit par le nord-ouest, soit par le nord-est (au N. de l'Asie), découvrit dans l'Amérique septentrionale en 1609 et 1610 le grand fleuve qui porte son nom, puis le détroit et la grande bais auxquels son nom est également resté, enfin una autre baie, qu'il nomma baie de Saint-Michel, du jour où il l'avait reconnue. Les vivres étant venus à manquer, l'équipage se révolta, et le malheureux Hudson fut déposé, avec son fils et quelques matelots, sur une chaloupe et abandonné (1611); depuis on n'a plus entendu parler de ces infortunés. Les détails des expéditions de Hudson se trouvent dans le tome IV du recueil de Purchas, dans les Xe et XIe tomes des Petits voyages de Debry. Ses Voyages ont été réédités à Londres en 1860 par Asher.

HUDSON (John), philologue, né en 1662 à Widehap, dans le Cumberland, mort en 1719, fut conservateur de la bibliothèque Bodléienne, puis principal du collège de Ste-Marie à Oxford. On a de lui des éditions estimées de Velleius Paterculus, Oxford, 1693 ; de Thucydide, 1696 ; des Geographiæ veteris scriptores græci minores, 1698 ; de Denys d’Halicarnasse, 1704 ; de Longin, 1710 ; d’Ésope, 1718 ; de Josèphe, avec version latine, 1720.

HUDSON LOWE. V. LOWE.

HUDSON ou NORTH RIVER, fleuve des États-Unis, prend sa source dans les mont. situées à l’O. du lac Champlain, communique avec ce lac par un canal, et, après un cours de 450 kil., se jette dans l’Océan Atlantique, au-dessous de New-York. Il communique aussi par des canaux avec le lac Érié et le fleuve Delaware. Il doit son nom au navigateur Hudson, qui le découvrit en 1609.

HUDSON (baie ou mer d'), vaste golfe de l’Océan Atlantique, dans le nord de l’Amérique septentrionale, s’étend de 51° 15′ à 70° lat. N. et de 78° à 98° long. O., et s’avance dans la partie septentrionale de la Nouv.-Bretagne, entre la Nouv.-Galles à l’O., le Canada au S., et le Labrador à l’E. Au N. E. se trouvent la terre de Cumberland et les détroits d’Hudson, de Frobisher et de Cumberland, par lesquels la mer d’Hudson communique avec l’Océan. Cette mer peut avoir 2200 kil. du N. au S., 950 de l’E. à l’O. Plusieurs grands fleuves viennent s’y décharger : au S. l’Albany, l’Abitibbe, le Moose ; à l’O. le Severn, le Nelson, le Churchill ; à l’E. l’East-Main, etc. — Le danois Anskold découvrit le premier cette mer ; Hudson l’explora en 1610 et lui laissa son nom. En 1670, sous Charles II, s’établit au S. de cette baie la célèbre Compagnie de la haie d’Hudson, pour le commerce des fourrures.

HUDSON (détroit d'), détroit qui unit la mer d’Hudson à l’Océan Atlantique, est situé au N. du Labrador. Il est souvent fermé par les glaces.

HUDSON, v. des États-Unis (New-York), sur le fleuve Hudson, r. g., à 140 k. E. N. E. de New-York, à 50 k. S. d’Albany, ch.-l. du comté de Columbia ; 7000 h. Beau port, armements pour la pêche de la baleine ; manufacture de coton. — Fondée en 1784.

HUE (François), valet de chambre du Dauphin, fils de Louis XVI, fut enfermé au Temple avec la famille royale, et lui témoigna un dévouement sans bornes. Il survécut à ses maîtres, et put sortir de France ; il y rentra à la Restauration, et devint premier valet de chambre de Louis XVIII. Il m. en 1819. On a de lui les Dernières années de louis XVI, 1814.

HUÉ ou HUÉ-FO, capit. de la Cochinchine et de tout l’empire d’An-nam, dans une île d’un fleuve nommé aussi Hué, près de la mer de Chine, par 105° 2' long. E., 16° 23' lat. N. ; env. 150 000 hab. Ville belle et très-forte ; citadelle flanquée de 12 bastions : les fortifications sont l’œuvre d’ingénieurs français, qui les exécutèrent à la fin du XVIIIe s. ; arsenaux, fonderie de canons, chantiers de construction ; 4 grands canaux navigables. Écoles, commerce.

HUELGOAT, ch.-l. de cant.(Finistère), à 35 kil. S. E ; de Chateaulin. 800 hab. Plomb argentifère.

HUELVA, Onuba, v. et port d’Espagne (Andalousie), ch.-l. d’intend., sur l’Atlantique, à 96 kil. O. de Séville ; 8000 h. Chantiers de construction. Exportation de fruits en Portugal et de poisson frais à Séville. Aux env., mines de soufre, de cuivre et de manganèse. — La prov. d’Huelva, entre l’Estramadure au N., la Méditerranée au S., et le Portugal à l’O., est formée d’une partie occidentale de l’Andalousie ; 155 000 h.

HUERTA (Garcia de la), poëte espagnol, né en 1729 à Zafra (Estramadure), mort en 1797, bibliothécaire royal, membre de l’Académie de Madrid, a composé des Églogues de pécheurs, un poëme mythologique, Jupiter conservateur, une tragédie de Rachel, 1778, fort estimée, et a donné un Théâtre espagnol choisi, 1785-88, 16 vol. in-8. Cet écrivain soutint avec zèle la littérature nationale contre l’envahissement des littératures étrangères.

HUESCA, Osca, v. d’Espagne (Aragon), ch.-l. d’intend., à 50 kil. N. E. de Saragosse, sur l’Isuela ; 9200 hab. Évêché, université. Belle cathédrale gothique ; palais Huaza. Cette v. fut très-florissante du temps des Romains. Sertorius y établit des écoles publiques ; Jules-César l’embellit. Pierre I l’enleva aux Maures en 1098, après 2 ans de siége. Elle fut alors un instant la capit. d’un petit État indépendant qui prit le titre de royaume. En 1364, Pierre IV y établit une université à laquelle il donna le nom de Sertorius. — L'intend. civile d’Huesca a 135 kil. sur 110, et compte 150 000 hab.

HUESCAR, v. d’Espagne (Grenade), à 138 k. N. E. de Grenade ; 7000 hab. Château fort. — Près de là, ruines d’Huescar-la-Vieja, dont on attribue la fondation aux Carthaginois.

HUET (P. Daniel), savant prélat, né en 1630 à Caen, mort à Paris en 1721, à 91 ans, voyagea dans sa jeunesse, se fit connaître de bonne heure par des ouvrages pleins d’érudition, fut adjoint en 1670 à Bossuet comme sous-précepteur du Dauphin, commença dès cette époque, sur l’invitation du duc de Montausier, la belle collection des classiques ad usum Delphini, qu’il dirigea jusqu’à la fin, et fut reçu en 1674 à l’Académie française. Depuis longtemps déjà il était membre et président de l’Académie des sciences de Caen, qu’il avait fondée lui-même en 1662. Il se fit ordonner prêtre en 1676 seulement, obtint en 1678 l’abbaye d’Aulnay près de Caen, et devint en 1689 évêque d’Avranches. Il se démit en 1699 de son évêché, afin de se livrer tout entier à son goût pour l’étude, et se retira dans la maison professe des Jésuites à Paris (actuellement lycée Charlemagne), où il resta jusqu’à sa mort. Après avoir été enthousiaste du système de Descartes, Huet devint un de ses plus grands adversaires. Ses principaux ouvrages sont : De interpretatione, 1661, dialogue où il traite de l’art de traduire ; Origenis commentarii in S. Scripturam, 1668 ; Lettre sur l’origine des romans, 1670 ; Demonstratio evangelica, 1679, ouvrage d’une érudition immense, mais rempli de conjectures hasardées : on a dit que Huet n’y avait démontré que sa science ; Censura philosophiæ cartesianæ, 1689, qu’il compléta dans ses Mémoires pour servir à l’histoire du Cartésianisme, 1092 ; Quæstiones Alnetanæ de concordia rationis et fidei (qu’il intitula ainsi parce qu’il les écrivit dans son abbaye d’Aulnay), 1690 ; Hist. du commerce et de la navigation des anciens, 1716 ; P. D. Huetii comment. de rebus ad eum pertinentibus, 1718 (écrit où l’on trouve une foule de détails intéressants. et qui a été trad. par Ch. Nisard sous le titre de Mémoires de D. Huet, 1854) ; Traité philosophique de la faiblesse de l’esprit humain, 1723 : ce dernier ouvrage, qui fit ranger l’auteur parmi les sceptiques, n’a été publié qu’après sa mort et sans nom. Huet s’est aussi exercé en poésie : on a de lui un vol. de Poemata, 1700 et 1709, qui contient des vers grecs et latins élégants et souvent spirituels. D’Olivet, ami de Huet, a publié un Huetiana, 1722. On conserve à la bibliothèque impériale 300 Lettres latines de Huet (de 1650 à 1714). On a découvert en 1852 de nouvelles lettres et des papiers importants pour la biographie de Huet, qui ont été déposes à l’Acad. de Caen. M. Huet de Guerville, petit-neveu de l’évêque, a publié ses Œuvres complètes, 1856-60. M. de Gournay a donné en 1854 : Huet, sa vie et ses ouvrages.

HUFELAND (Wilhem), médecin, né en 1762 dans la régence d’Erfurt, mort à Berlin en 1836, exerça d’abord à Weimar, fut nommé professeur à Iéna en 1793, puis médecin du roi de Prusse (1801), professeur à l’Université de Berlin (1809), conseiller d’État (1810), enfin directeur de l’Académie militaire de médecine et de chirurgie (1819). On a de lui : l’Art de prolonger la vie humaine, ou Macrobiotique, 1796 (plusieurs fois trad. en franç., 1799, 1824, 1837, etc.) ; Conseils aux mères sur l’éducation physique, 1799 ; Système de médecine pratique, 1800-03 ; Hist. de la santé, 1812. Il publia depuis 1795 un Journal de médecine pratique, qui exerça une utile influence. Au milieu des doctrines contradictoires qui se combattaient, Hufeland se fit remarquer par son impartialité et son éclectisme : il fut un des premiers à reconnaître les phénomènes du magnétisme animal.

HUGO (Ch. L.), historien lorrain, né en 1667 à St-Mihiel, mort en 1739, entra dans l'ordre des Prémontrés, devint en 1722 abbé d'Étival et en 1728 évêque in partibus de Ptolémaïde. On a de lui, en latin : la Vie de S. Norbert, fondateur des Prémontrés, les Annales de l'ordre des Prémontrés, et en français : l’Origine de la maison de Lorraine, Nancy, 1711, ouvrage hostile à la France, qui fut condamné par le parlement de Paris.

HUGO (Gust.), jurisconsulte allemand, né en 1764, à Lœrrach (Bade), mort en 1844, enseigna le droit romain à Goettingue et suivit dans son enseignement l'ordre des matières et non plus celui des titres des Pandectes. On lui doit : le Droit naturel considéré comme philosophie du droit positif, Gœtt.,1809, et l’Histoire du droit romain, 1810.

HUGO (Jos. Léopold Sigisbert), général français, né en 1774 à Nancy, mort en 1828, s'enrôla à 14 ans, se distingua dans les campagnes de la République sous Moreau, Kléber et Masséna, puis entra au service de Joseph Bonaparte, alors roi de Naples, et le suivit en Espagne, où il rendit de grands services : il combattit sans relâche l’Empecinado, redoutable chef de guérillas, contribua puissamment à la victoire d'Ocana, fut en 1812 gouverneur de Madrid, et commanda l'arrière-garde lors de la retraite. Il a publié des écrits estimés sur l'art militaire et des Mémoires, 1825. — Il est père du célèbre poëte Victor Hugo, né en 1802, et d'Abel Hugo, homme de lettres, 1788-1855, qui écrivit dans les petits journaux et travailla pour le théâtre, et qui publia, en outre, plusieurs compilations qui eurent un succès populaire : France pittoresque, 1833, France militaire, 1834, France historique et monumentale, 1836-43.

HUGUENOTS, nom donné en France aux partisans de la Réforme et plus spécialement aux disciples de Calvin. Les uns font dériver ce nom d'un certain Hugues, chef d'un parti religieux et politique à Genève ; les autres, avec plus de raison, de l'allemand eidgenossen, associés par serment, nom donné d'abord aux habitants de Genève soulevés et ligués contre le duc de Savoie.

HUGUES LE GRAND, dit aussi le Blanc et l’Abbé, comte de Paris, duc de France et père de Hugues Capet, était fils de Robert, comte de Paris, qui disputa la couronne à Charles le Simple. Hugues était, comme son père, plus puissant que le roi, son suzerain, et fut aussi presque toujours en guerre avec lui. Après la bataille de Soissons, où Robert avait été tué (923), il fit nommer roi Raoul, duc de Bourgogne, son beau-frère. En 936, il fit reconnaître Louis IV, d’Outremer, mais il ne tarda pas à avoir des démêlés avec lui : il le vainquit devant Laon, le fit prisonnier, et ne lui rendit la liberté qu'après avoir obtenu la cession de cette ville. Cependant, menacé des foudres de l'Église, il prêta serment de fidélité au roi. A la mort de celui-ci (954), il contribua puissamment à faire reconnaître son fils Lothaire, mais en même temps, il ajouta à ses domaines la Bourgogne et l'Aquitaine. Il commençait de nouveau à devenir menaçant lorsqu'il mourut, en 956. Il dut son surnom de Grand à sa taille ou à l'étendue de ses domaines plutôt qu'à ses actions. On le surnommait le Blanc à cause de son teint pâle, l’Abbé parce qu'il possédait les abbayes de St-Denis, de St-Germain des Prés et de St-Martin de Tours.

HUGUES CAPET, chef de la 3e dynastie des rois de France, fils de Hugues le Grand, était déjà duc de France et comte de Paris lorsqu'en 987, après la mort de Louis V, dans une assemblée de ses vassaux tenue à Noyon, il se fit proclamer roi au détriment de Charles, duc de Basse-Lorraine et oncle du feu roi. Il choisit Paris pour sa résidence, associa son fils Robert à la royauté (988), fit de nombreuses concessions au clergé pour se le concilier, et marcha ensuite contre Charles de Lorraine, qui avait été proclamé roi à Laon (988). Après quelques hostilités sans importance, la trahison de l'évêque Adalbéron lui livra le prétendant (991) : Hugues l'enferma dans la prison d'Orléans, où il mourut un an après. Il mourut lui-même en 996, laissant la couronne à son fils Robert. Pour l'origine de son surnom de Capet, V. CAPET.

HUGUES, comte de Vermandois, 3e fils de Henri I, roi de France, né en 1057, fut un des principaux chefs de la 1re croisade, se couvrit de gloire à la bat. de Dorylée (1097) et aux sièges de Nicée et d'Antioche, puis repassa en France; mais, touché des reproches qui lui étaient faits au sujet de son retour, il alla de nouveau en Asie combattre les infidèles : blessé à la bat. d'Héraclée, où les Chrétiens furent vaincus, il mourut peu après, 1102. Par son mariage avec Adélaïde, fille d'Herbert de Vermandois, il devint la tige de la 2e maison de Vermandois.

HUGUES DE PROVENCE, roi d'Italie, fils de Théobald, comte de Provence, et de Berthe, fille de Lothaire II, roi de Lorraine, régna d'abord en Provence. Il enleva en 926 la couronne d'Italie à Rodolphe, roi de Bourgogne transjurane, que les Italiens avaient chassé, et se fit proclamer roi à Pavie. Il contint les rebelles par les supplices, fit arracher les yeux à son propre frère Lambert, duc de Toscane, et le dépouilla; il se disposait à faire éprouver le même sort à Béranger, marquis d'Ivrée, son neveu, quand celui-ci prit les armes et le força à se réfugier en Provence, où il mourut l'année suivante (947). Pour s'assurer la domination de l'Italie centrale, Hugues avait épousé la fameuse Marosie, alors toute-puissante à Rome. Son fils Lothaire, qu'il avait associé à la couronne dès 931, soutint quelque temps la lutte contre Béranger.

HUGUES (S.), abbé de Cluny, né à Semur en Briénois, vers 1024, mort en 1109, était fils de Dalmace, seigneur de Semur, et descendait des anciens ducs de Bourgogne. Il se fit une grande réputation de sainteté, et fut élu en 1049 abbé et général de l'ordre de Cluny. Il imposa à ses religieux une discipline sévère et fit fleurir parmi eux les sciences et les lettres. Il se vit recherché par l'empereur Henri III, qui le choisit pour parrain de son fils; d'Alphonse, roi de Castille, qu'il réconcilia avec son frère Sanche, et des papes Léon IX, Victor II, Étienne X, Alexandre II, Grégoire VII; il fut légat de ce dernier. On le fête le 29 avril. — Un autre S. Hugues, contemporain et ami du préc., né en 1053, mort en 1132, était évêque de Grenoble (1080) : c'est lui qui mit S. Bruno et ses compagnons en possession de la Grande-Chartreuse. On le fête le 1er avril.

HUGUES DE FLEURY ou DE SAINTE-MARIE, moine de Fleury ou St-Benoît-sur-Loire, m. vers 1120, a laissé un Traité de la puissance royale et de la dignité sacerdotale, publié par Baluze, et une Chronique en 6 livres, connue sous le nom de Chronicon Floriacense, publiée à Munster en 1638. Elle va jusqu'en 840.

HUGUES DE ST-VICTOR, religieux de l'abbaye de St-Victor à Paris, surnommé le second Augustin, né près d'Ypres à la fin du XIe s., mort en 1140, se fit remarquer par l'élégance de son style et par sa tendance mystique. Il a laissé des Commentaires sur l'Écriture sainte; une Somme des sentences, des traités des Sacrements, de la Manière d'étudier, de la Sagesse du Christ, ainsi qu'une Chronique qui va jusqu'en 1128. Ses écrits, tous en latin, ont été publiés à Rouen, 1648, 3 vol. in-fol. On lui a attribué plusieurs ouvrages, notamment les traités De Claustro animaæ et De Medicina, animæ, qui sont de Hugues de Fouilloi, moine contemporain. L'abbé Migne a réuni en 1854 les œuvres de St-Victor.

HUGUES DES PAYENS, de la maison des comtes de Champagne, est un des chevaliers qui fondèrent en 1118 l'ordre des Templiers. Il mourut en 1136.

HUGUES (Victor), né à Marseille vers 1770, mort en 1826, remplit en 1793 les fonctions d’accusateur public, fut nommé en 1794 commissaire de la Convention aux îles du Vent, se mit à la tête des troupes, et reprit sur les Anglais la Guadeloupe, la Désirade, Marie-Galante et les Saintes. Son administration, habile, mais tyrannique, le fit surnommer le Robespierre des colonies. Le Directoire déclara qu’il avait bien mérité de la patrie, et le nomma gouverneur de la Guyane. Accusé en 1809 d’avoir mal défendu cette colonie contre les Anglais et les Portugais, il se vit traduit devant une commission militaire, mais fut acquitté.

HUIS (l’) ou LHUYS, ch.-l. de c. (Ain), à 25 kil. O. de Belley. près de la r. g. du Rhône ; 1200 hab.

HUISNE (l’), Idonia ou Vinca, riv. de France, naît à St-Hilaire près de Bellême (Orne), baigne Nogent-le-Rotrou, La Ferté-Bernard, Montfort, et tombe dans la Sarthe, à 2 kil. au-dessous du Mans, après un cours de 125 kil.

HULANS, corps de cavalerie. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

HULIN (P. Aug.), général français, né à Paris en 1758, mort en 1841, se signala au 14 juillet 1789 parmi les vainqueurs de la Bastille, fut nommé la même année commandant de la garde nationale de Paris, accompagna Bonaparte en Italie en qualité d’adjudant général, fut chargé en 1797 et 1798 du commandement de Milan, devint en 1803 général de division et commandant de la garde consulaire, présida en 1804 le conseil de guerre qui condamna le duc d’Enghien, fit avec distinction les campagnes d’Allemagne, et commanda les places de Vienne et de Berlin (1806). Il était à la tête de la force armée à Paris lorsque éclata la conspiration de Mallet (1812) : il la fit échouer par sa courageuse résistance, et reçut en cette occasion d’un des conjurés un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire. Au retour des Bourbons, il se vit forcé de quitter la France ; il ne put y rentrer que plusieurs années après. Il a publié des Explications au sujet du jugement du duc d’Enghien, 1833.

HULL ou KINGSTON-UPON-HULL, v. maritime d’Angleterre (York), à 60 k. S. E. d’York et à 249 k. N. de Londres, au confluent de l’Humber et de l’Hull, près de leur embouchure ; 90 000 h. Citadelle, beaux bassins, beaucoup de belles maisons dans les quartiers neufs ; belle église gothique de la Trinité, statue de Wilberforce, qui y est né. École latine, école de navigation. Grande industrie : savon, fonderie de fer, raffinerie de sucre, chantiers de construction, moulins à farine et à huile, bière, blanc de céruse, etc. Beaucoup de commerce. Hull est le marché principal du bassin de l’Humber. canaux, chemins de fer. - Cette ville fut fondée par Édouard I, d’où son nom de Kingston (ville du roi) ; elle soutint en 1643, sous le commandement de lord Fairfax, un siége long et acharné contre les troupes royalistes.

HULST, v. du roy. de Hollande (Zélande), ch.-l. de district, sur un bras de l’Escaut ; 2000 hab. C’était jadis une place forte. Patrie de Corn. Jansénius, év. de Gand (distinct du célèbre évêque d’Ypres).

HUMBER, Abus, large riv. d’Angleterre, qui sépare les comtés d’York et de Lincoln, est formée par la réunion de l’Ouse (déjà grossie par le Derwent, l’Ayr, la Dun) et du Trent, passe à Hull et tombe dans la mer du Nord, après 60 kil. de cours. L’Humber a 1600m de largeur à la jonction de l’Ouse et du Trent et a 10 kil. à son embouchure.

HUMBERT I, dauphin du Viennois, né vers 1240, était le 2e fils d’Albert III de la maison de La Tour. Il épousa en 1273 Anne, fille du dauphin Guigues VII, et par suite de ce mariage devint maître du Viennois en 1281. Il eut à défendre son héritage contre Robert, duc de Bourgogne, et contre le comte de Savoie : il fit sa paix avec le 1er  en 1285 ; mais le 2e lui imposa des conditions onéreuses, ce qui fut un sujet continuel de guerres. En 1306 il abdiqua et prit l’habit religieux chez les Chartreux du val Ste-Marie, au diocèse de Valence : il y mourut l’année suivante. - Humbert II, dernier dauphin du Viennois, fils de Jean II, né en 1312, succéda en 1333 à son frère Guigues VIII. Il établit un conseil de justice qui donna naissance au parlement de Dauphiné, et fonda une université à Grenoble. En 1343, dix ans après la mort de son fils André, il assura le Dauphiné au roi de France, Philippe VI de Valois, sous la condition qu’un fils de France porterait le nom de Dauphin et joindrait à ses armes celles du Dauphiné. Il se croisa en 1346, et gagna un léger avantage sur les Turcs près de Smyrne. A son retour, il abdiqua, remit le Dauphiné au roi de France (1349), et prit l’habit religieux chez les Dominicains. Il fut nommé patriarche d’Alexandrie en 1352, puis administrateur de l’archevêché de Reims ; il allait être élevé sur le siége de Paris lorsqu’il mourut, en 1355.

HUMBERT aux Blanches mains. V. SAVOIE.

HUMBOLDT (Ch. Guill., baron de), ministre d’État, chambellan et conseiller privé, du roi de Prusse, né en 1767 à Potsdam, m. en 1835, fut employé comme ambassadeur ou comme ministre plénipotentiaire de Prusse dans tous les congrès qui se tinrent de 1810 à 1820, fut plusieurs fois appelé au ministère et fit partie de la commission chargée de préparer une constitution. Il résigna ses fonctions en 1819, désespérant de voir cette constitution réalisée. Il s’est fait un nom dans la science par ses recherches sur l’étude comparée des langues. On a de lui : Recherches sur les habitants primitifs de l’Espagne au moyen de la langue basque, 1821 ; Dictionnaire basque (dans le Mithridate ou Dictionnaire polyglotte d’Adelung, t. IV) ; Lettre sur les formes grammaticales en général et sur la langue chinoise en particulier (en français), 1827. Il a laissé deux ouvrages inachevés, l’un sur les Langues de l’archipel Indien, l’autre sur la Philosophie des langues. Ses Œuvres ont été recueillies en 6 V. in-4, Berlin, 1841-48.

HUMBOLDT (Alexandre, baron de), savant et voyageur, frère du préc., né en 1769 à Berlin, m. en 1859. Avide de science, il conçut de bonne heure le projet d’une vaste exploration scientifique, vint en 1797 à Paris pour la préparer, y connut Bonpland, qu’il associa à son projet ; s’embarqua avec lui en 1799, explora une grande partie de l’Amérique du Sud, naviguant en canot sur les grands fleuves, approchant des cratères des volcans, montant sur le Chimboraco, où il s’éleva jusqu’à 6072m ; visita avec le même soin Cuba, le Mexique, ne revint en Europe qu’en 1804, se fixa à Paris pour y rédiger son Voyage aux régions équinoxiales du nouveau Continent, ouvrage en 6 parties, dont la publication, commencée en 1805, ne demanda pas moins de 20 ans ; entreprit en 1828, aux frais de l’empereur de Russie, avec Rose et Ehrenberg, un voyage d’exploration en Russie et dans l’Asie centrale, et en publia la relation à Paris de 1837 à 1843 ; quitta définitivement la France en 1847 pour retourner à Berlin, et se mit, malgré son grand âge, à rédiger un vaste ouvrage qui devait présenter l’ensemble des résultats de ses longues études : cet ouvrage, intitulé Cosmos ou Description physique du monde, et rédigé en allemand, parut à Berlin de 1847 à 1851 ; il fut immédiatement traduit en français par MM.  Paye et Galuski (4 v. in-8). Humboldt a donné, en outre, une foule d’ouvrages détachés ou mémoires sur des questions de physique terrestre, de botanique, de physiologie, de géologie, de géographie, etc. Ce savant a renouvelé sur plusieurs points la face des sciences, mais il a surtout avancé la géographie physique et la géographie botanique. Membre de toutes les sociétés savantes, admis dans l’intimité du roi de Prusse, dont il était conseiller privé, recherché par les hommes les plus distingués de tous les pays civilisés, Humboldt a obtenu tous les honneurs auxquels peut aspirer un savant. Il conserva jusqu’à la fin de sa longue vie, avec une santé robuste, l’usage de ses hautes facultés. On a publié sa Correspondance avec Vernagen (de 1827 à 1858) et sa Correspond, scientif. et littér., avec notice de M. de La Roquette (1865). HUME (David), philosophe et historien, né en 1711 à Édimbourg, d'une famille noble, mais peu fortunée, passa sa jeunesse en France où il habita Reims, puis La Flèche, et composa dans cette dernière ville son premier ouvrage, le Traité de la Nature humaine (1737), qui fut peu remarqué. Il le fit suivre d’Essais moraux, politiques et littéraires (1742), qui commencèrent sa réputation. De retour en Angleterre en 1746, il fut successivement précepteur du marquis d'Annaldale et secrétaire du général St-Clair, qu'il accompagna dans son ambassade à Vienne et à Turin. Il publia en 1751 de nouveaux Essais, en 1752 des Recherches sur les principes de la morale, une Histoire naturelle de la religion, et quelques autres écrits philosophiques. Il fut nommé la même année bibliothécaire à Edimbourg. C'est alors qu'il entreprit le plus important de ses ouvrages, l’Hist. d'Angleterre, qui parut de 1754 à 1761. Il accompagna en 1761 lord Hertford à Paris comme secrétaire d'ambassade, et s'y lia avec J. J. Rousseau, qui le suivit à Londres en 1766 ; mais il survint bientôt entre les deux amis une rupture éclatante. Il fut nommé en 1767 sous-secrétaire d’État; deux ans après il quitta les affaires et se retira à Édimbourg, où il mourut en 1776. Comme philosophe, Hume professa un scepticisme d'un nouveau genre : selon lui, nos idées ne sont que des copies des impressions que nous avons reçues, et ne peuvent nullement nous instruire de la réalité des objets; il nous réduit ainsi à l'idéalisme et à une sorte de nihilisme; il attaqua surtout l'idée de cause et le rapport de cause à effet, dans lequel il ne voit que la succession constante de faits associés dans notre esprit par l'habitude; il mit en doute la Providence, la religion, les miracles; cependant il respecta la morale, prouva qu'on ne peut la fonder sur l'intérêt et admit une sorte de sentiment moral. Comme historien, Hume introduisit une critique sévère dans l'examen des faits; cependant il se montre quelquefois partial : son Histoire d'Angleterre est condamnée à Rome, ainsi que ses Essais philosophiques. Les Œuvres philosophiques de Hume ont été pour la 1re fois réunies en 1826, à Édimbourg; son Histoire a été plusieurs fois réimprimée, notamment en 1826, à Oxford, 13 v. in-8, avec la continuation de Smollett. Ses Œuvres philosophiques ont été traduites en français, en 7 v. in-12, Londres, 1788 (trad. encore incomplète); son Histoire d'Angleterre, traduite d'abord partiellement par l'abbé Prévost, par Mme Belot, etc., a été publiée en entier à Paris, de 1819 à 1822, en 22 vol. in-8, avec un Essai sur la vie et les écrits de l'auteur, par Campenon. Hume a laissé des Mémoires et une Correspondance, qui ont été publiés à Édimbourg en 1847, par H. Burton.

HUMFROY, le 3e des 12 fils de Tancrède de Hauteville, succéda en 1051 à son frère Drogon comme comte de la Pouille, combattit avec succès les Grecs, les Allemands et Léon IX, ligués contre les Normands, fit le pape lui-même prisonnier au combat de Civitella, 1053, mais le traita avec le plus grand respect, et obtint de lui l'investiture des pays conquis ou à conquérir en Italie. 1054 : c'est de cette époque que date la suzeraineté du St-Siége sur le royaume de Naples. Il m. en 1057, et eut pour successeur son frère Robert Guiscard.

HUMIÈRES (L. de CREVANT, maréchal d'), général et courtisan de Louis XIV, jouit des bonnes grâces du roi, fut l'ami particulier de Louvois, obtint le gouvernement de la Flandre, se distingua au siège d'Arras (1658), fut nommé en 1668 maréchal, prit la ville d'Aire (1676), commanda l'aile droite à Cassel (1677), s'empara de Gand (1678), de Courtray (1683), et fut nommé en 1685 grand maître de l'artillerie. Ayant éprouvé un échec en Flandre (1689), il fut remplacé par Luxembourg. Il avait refusé en 1672 de servir sous Turenne, récemment nommé maréchal-général.

HUMIÈRES (Mme d'). V. GACON-DUFOUR (Mad.).

HUMILIÉS (Ordre des), confrérie religieuse des deux sexes, fondée à Milan vers 1134 par S. Jean de Méda, suivait une règle qui avait beaucoup de rapport avec celle de St-Benoît et s'adonnait en même temps à la fabrication du drap. L'ordre ayant dégénéré, le pape Pie V le supprima en 1571.

HUMMEL (J. Népomucène), compositeur et pianiste allemand, né à Presbourg en 1778, m. en 1837, se fit admirer dès l'âge de 9 ans par son talent sur le piano, entra comme maître de chapelle au service du prince Esterhazy (1803), puis du roi de Wurtemberg (1816), du grand-duc de Saxe-Weimar (1820), et se vit appelé dans presque toutes les capitales de l'Europe. Il n'eut de rival pour la composition instrumentale que Beethoven. Dans l'exécution, il brillait surtout par la correction et la régularité. Il a laissé, outre de nombreux morceaux de musique instrumentale, 4 opéras, et une Méthode pour piano.

HUNALD, duc d'Aquitaine depuis 735, fils du duc Eudes, était issu des Mérovingiens. Il eut à soutenir la guerre contre Charles Martel et ses fils, et fut obligé de se reconnaître leur vassal. Pour se venger de son frère Hatton, qui l'avait trahi, il lui fit arracher les yeux; poursuivi par ses remords après ce crime, il abdiqua en faveur de son fils Waïfre, et se retira dans un monastère (745). Il en sortit au bout de 23 ans pour venger la mort de son fils, assassiné par l'ordre de Pépin; fut battu par Charlemagne, puis se retira auprès de Didier, roi des Lombards, qu'il excita à la guerre. Tous deux furent assiégés par Charlemagne dans Pavie, et Hunald périt en 774, assommé par le peuple, sur lequel il avait attiré la guerre.

HUNDSRÜCK, c.-à-d. dos de chien, contrée montueuse de la Bavière rhénane et des États prussiens (Prov. Rhénane), est un prolongement des Vosges qui s'étend entre la Nahe, le Rhin et la Moselle. Beaucoup de forêts, entre autres celles de Sohnwald et de Hochwald. — Le Hundsrück était jadis compris dans le Palatinat du Rhin, les électorats de Mayence, Cologne, et le duché de Clèves. Sous l'Empire, il forma les dép. du Mont-Tonnerre, de Rhin et-Moselle, de la Roer. — Quelques-uns dérivent le nom de cette chaîne d'une colonie de Huns que l'empereur Valentinien III y aurait établis après la défaite d'Attila.

HUNÉRIC, 2e roi des Vandales en Afrique, succéda à son père Genséric en 477, mort en 488. Son règne ne fut qu'une suite de crimes : il fit égorger son frère Théodoric, la veuve de ce prince, ainsi que son enfant, les anciens amis et les ministres de Genséric. Hunéric était arien; il persécuta les Catholiques, et en fit, dit-on, périr 40 000 dans d'horribles supplices.

HUNIGARES ou HOUNOGOURES, anc. peuple de l'Europe au delà du Dniepr, qui apparaît dans l'histoire aux VIe, VIIe, VIIIe siècles, était de race hunnique : son nom signifie Huns de l'Ougrie. Il formait deux grandes tribus, habitant l'une vers les deux grands lacs Onega et Ladoga, l'autre à l'E. du Dniepr entre ce fleuve et la Desna. Il est croyable que les Hongrois furent principalement des Hunigares de la 2e tribu.

HUNINGUE, ville d'Alsace-Lorraine, à 30 kil. S. E. d'Altkirch et à 3 kil. N. de Bâle, sur la r. g. du Rhin; 1300 hab. Canal. Place jadis très-forte, construite par Vauban en 1668, mais démantelée en 1815, après un siège célèbre où 500 Français, commandés par le général Barbanègre, tinrent pendant douze jours contre 25 000 Autrichiens. — PETIT-HUNINGUE, vge de Suisse, sur la r. dr. du Rhin, à 2 kil. N. de Bâle et vis-à-vis de Huningue; 600 hab. Pêche du saumon; établissement de pisciculture.

HUNS, Hunni ou Chuni, fameux peuple barbare, était, selon l'opinion la plus commune, d'origine asiatique et de race mongole, et ne différait point des Hiong-nou, qui, partis des contrées situées au N. du désert de Kobi, soumirent les Mandchoux, dévastèrent les frontières septentrionales de la Chine, forcèrent les Chinois à élever la grande muraille (vers 210 av. J.-C.), et firent malgré cet obstacle la conquête de l'empire chinois, d'où ils ne furent chassés que 90 ans après J.-C. Affaiblis par de longues guerres et par des discordes intestines, décimés par une famine, ces peuples se virent, au commencement du IVe siècle, obligés d'abandonner les steppes de la Tartarie, émigrèrent vers l'Occident, et se partagèrent dans leur marche en deux corps de nation : les uns vinrent se fixer sur l'Oxus, à l'E. de la mer Caspienne, où ils reçurent le nom d’Ephtalites ou Huns blancs (V. ci-après) ; les autres se dirigèrent sur l'Oural, d'où ils descendirent jusqu'au Caucase, et se répandirent sur l'Occident : ce sont ces derniers qui sont spécialement connus sous le nom de Huns. — Les Huns ne commencent à figurer dans l'histoire de l'Europe qu'à la fin du IVe siècle. Vers 376 ils traversèrent le Palus Mæotis sur la glace, sous la conduite de Balamir, leur roi, subjuguèrent les Alains, puis les Goths, dont ils détruisirent le vaste empire (V HERMANARIC), vinrent s'établir dans le voisinage de l'empire d'Orient, menacèrent Constantinople et forcèrent les empereurs à leur payer tribut. Théodose II ayant voulu secouer ce joug honteux, ils franchirent la frontière, dévastèrent la Thrace, l'Illyrie, et se firent céder toute la rive droite du Danube (446). Leur puissance fut portée au plus haut degré par Attila, dont les États s'étendirent de la mer Caspienne au Rhin (V. ATTILA). Après avoir tout soumis et ravagé sur sa route, il vint échouer en Gaule, et fut battu près de Châlons-sur-Marne, en 451, par le patrice Aétius, avec l'aide des Francs, des Visigoths et des Bourguignons. Repoussées de la Gaule, les hordes des Huns se tournent vers l'Italie, détruisent Aquilée, saccagent la Vénétie, menacent Rome; mais arrêtées, dit-on, par les supplications du pape Léon ou séduites par les riches présents de l'empereur Valentinien III, elles consentent à abandonner l'Italie (452). Peu après, la mort d'Attila (453) fit évanouir cette puissance colossale. Ses fils s'étant disputé le trône, les peuples soumis profitèrent de leurs divisions pour secouer le joug, et plusieurs fondèrent de nouveaux empires (V. GÉPIDES, GOTHS, AVARES). Toutefois un des fils d'Attila, Dinghitsik, se soutint encore quelque temps à la tête d'une partie des Huns dans la Hongrie, pays qui a conservé leur nom. Un autre fils du conquérant, Irmak, ramena en Asie les restes de la nation. Plusieurs de leurs tribus s'établirent alors sur les bords de la mer Noire, depuis le Danube jusqu'au Don, et près du Caucase, où elles sont connues sous le nom de Hunigares ou Hounogoures, Akhatzires ou Khazars, Cidarites, Koutrigoures, Outourgoures, etc. — Les Huns menaient la vie nomade; ils étaient farouches, perfides, d'une laideur qui les rendait hideux; ils avaient le nez écrasé, les yeux petits et percés comme des trous ; ils vivaient à cheval et campaient sous des tentes. Parmi leurs rois on connaît Balamir (376-400), Uldin (400-412), Caraton (412-424), Roïlas, vers 425, Roua et Attila, qui régnèrent quelques années ensemble (427-433), Attila, qui régna seul (433-453). Attila avait sa principale résidence dans l'anc. contrée des Iazyges, entre le Danube et la Theiss, vers la Zagiva; il habitait une grande chaumière de bois. De Guignes a écrit une Histoire des Huns, des Turcs et des Mongols (1756-1758).

HUNS CIDARITES, habitaient à l'O. de la mer Caspienne, entre le pas de Derbend et le Volga, au Ve et peut-être dès le IVe siècle; ils avaient pour capit. une ville de Balaa. Ils furent très-souvent en guerre avec les princes sassanides de Perse.

HUNS EPHTALITES, nommés par les Grecs Huns blancs à cause de leur civilisation et de leur douceur, à l'E. de la mer Caspienne, sur les bords de l'Oxus, dans le S. du Turkestan actuel, avaient pour capitale Varakhchan. On croit qu'ils vinrent s'établir dans cette contrée lors de la grande émigration des Huns au IVe s. Ils furent souvent en guerre avec les rois sassanides de Perse ; ils mirent sur le trône de Perse Firouz I (Perosès), et y rétablirent Kabad (Cabadès), qui en avait été chassé. Ils finirent par se confondre avec les Turcs.

HUNT (Henry), démagogue radical, né à Wittington (comté de Wilt) en 1773, mort en 1835, était un des plus riches fermiers de son pays. Il parcourut l'Angleterre, prêchant partout la réforme universelle et provoquant des rassemblements qui souvent devinrent menaçants. Arrêté en 1820 à la suite d'un meeting tumultueux qui avait eu lieu à Manchester, il se vit condamné à un an de prison. Après plusieurs tentatives inutiles, il parvint enfin en 1831 à se faire élire membre de la Chambre des Communes; mais il joua un rôle fort secondaire dans cette assemblée. En même temps qu'il prêchait la réforme, Hunt débitait par les rues diverses marchandises de sa fabrication, notamment du cirage, ce qui lui donnait l'apparence d'un charlatan.

HUNTER, nom de deux frères écossais qui se sont également distingués dans la chirurgie. William, l'aîné, né en 1718 dans le comté de Larnak, mort à Londres en 1783, vint exercer son art à Londres, devint membre de la corporation des chirurgiens, fut élu membre de la Société royale de Londres (1767), puis associé étranger de l'Académie des sciences de Paris. Il est surtout connu par son Anatomia uteri gravidi, 1774., en 34 planches in-fol. Il fonda à Londres une école et un muséum d'anatomie qu'il légua à l'Université de Glasgow, dans laquelle il avait été élevé. — Son frère, John, né en 1728, mort en 1793, l'aida dans ses recherches anatomiques, et fit lui-même d'importantes découvertes, particulièrement sur les dents et sur le développement de la rage. Il servit comme chirurgien militaire, devint chirurgien de l'hôpital St-George à Londres, chirurgien du roi et chirurgien en chef de l'armée, et fut comme son frère membre de la Société royale. Il a publié : Histoire naturelle des dents et de leurs maladies, 1771 ; Traité sur les plaies d'armes à feu, 1794. Il inventa, pour opérer la fistule lacrymale, un instrument qui a conservé son nom, et perfectionna le traitement des anévrismes. Ses Œuvres complètes, réunies par le docteur Palmer, ont été traduites par G. Richelot, 1843.

HUNTINGDON, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de même nom, sur l'Ouse, à 91 kil. N. de Londres; 3267 hab. Patrie de Cromwell. — Le comté, jadis habité par les Iceni, est enclavé entre ceux de Northampton et de Cambridge, sauf au S. O., où il est borné par celui de Bedford : il a 49 kil. sur 35, et compte 60 000 h. Pays agricole, presque sans industrie, marécageux en grande partie.

HUNYAD, comitat des États autrichiens (Transylvanie), dans le pays des Hongrois, au S. O., est borné au N. et au N. E. par les comitats de Zarand et de Weissembourg inférieur, au S. et au S. E. par la Valachie, à l'O. par les comitats d'Arad, de Krassova; 150 000 hab.; ch.-l., Nagy-Enyed.

HUNYADE (Jean), surnommé Corvin, vaïvode de Transylvanie, né vers 1400, descendait, dit-on, des Paléologues, empereurs de Constantinople; suivant d'autres, il aurait eu pour père l'empereur Sigismond. Il avait déjà plusieurs fois vaincu les Ottomans, lorsqu'en 1440 il fut nommé vaïvode de Transylvanie par le jeune Wladislas, roi de Pologne et de Hongrie. Après la mort de Wladislas (1444), il fut appelé à gouverner la Hongrie pendant la minorité de Ladislas V ; durant une régence de 12 années, il prouva qu'il était aussi grand politique que bon guerrier. En 1448 il soutint pendant trois jours dans les plaines de Cassovie tout l'effort de l'armée ottomane, quatre fois plus nombreuse que la sienne; en 1456 il mit le comble à sa gloire par sa belle défense de Belgrade contre Mahomet II. Il mourut cette même année de ses blessures, laissant à la Hongrie un second défenseur dans la personne de son fils, Mathias Corvin (V. ce nom). Les Turcs le surnommaient le Diable. La famille des Hunyades avait dans ses armes un corbeau tenant dans son bec un anneau d'or ; il est probable que c'est de là que lui vint le surnom de Corvin (Corvinus).

HUON. V. VILLENEUVE (Huon de).

HUOT (J. J. Nic.), né en 1790, mort en 1845, fut le collaborateur et le continuateur de Malte-Brun. Il a lui-même écrit des Manuels estimés sur la géographie, la géologie, la minéralogie, a fourni de nombreux articles à l’Encyclopédie méthodique et autres recueils, a rédigé la Géologie de la Crimée (dans la Relation du prince de Demidoff), et a donné une traduction de Pomponius Méla, avec d'excellentes notes, 1845 (dans la coll. D. Nisard).

HUPPAZOLI (François), centenaire, né à Casai (Piémont), en 1587, voyagea dans le Levant, séjourna longtemps à Scio, où il se livra au commerce, fut nommé, à l'âge de 82 ans, consul de Venise à Smyrne, jouit pendant toute sa vie d'une santé parfaite, qu'il dut à la constante régularité de son régime, et mourut en 1702, âgé de 115 ans. Il s'était marié 5 fois : il épousa sa dernière femme à 98 ans, et en eut encore 4 enfants.

HUREPEL (PHILIPPE.) V. PHILIPPE HUREPEL.

HUREPOIX, petit pays de l'anc. Ile-de-France (Seine-et-Oise), entre la Brie, le Gâtinais, l'Orléanais et le Mantais, avait pour ch.-i. Dourdan, et pour autres lieux principaux : Montlhéry, Arpajon, Palaiseau, Chevreuse, la Ferté-Aleps, Corbeil.

HURIEL, ch.-l. de c. (Allier), à 13 kil. N. O. de Montluçon; 1800 h. Ruines d'un vieux château.

HURON (lac), grand lac de l'Amérique du Nord, un des plus vastes du globe, entre le Canada au N. et les États-Unis au S.; 380 kil. sur 220. Il communique au N. O. avec le lac Supérieur par le détroit de Sainte-Marie; à l'O. avec le lac Michigan par celui de Michilimackinac; à l'E. avec le lac Simcoe qui communique lui-même avec le lac Ontario; au S. E. avec le lac Érié par la riv. et le lac St-Clair. Il est traversé du N. O. au S. par la ligne de démarcation entre le Canada et les États-Unis. Sa forme est très-irrégulière; il s'y trouve beaucoup d'îles, entre autres celles de Manatoulin, Drummond, St-Joseph, St-Martin. De fréquentes tempêtes en rendent la navigation dangereuse. Ce lac doit son nom aux Hurons, qui jadis habitaient sur ses bords.

HURON, nom commun à deux riv. de l'Amérique du Nord, dites, l'une, le Huron du lac Érié, l'autre, le Huron de St-Clair, du nom des lacs où elles se perdent ; la 1re a un cours de 180 k., l'autre de 120.

HURONS, peuple indigène de l'Amérique du Nord, errait sur la côte orient. du lac Huron lors de la découverte du Canada par les Français. Ils réclamèrent la protection des Français contre les Iroquois leurs ennemis. Malgré ce secours, les Iroquois parvinrent à les chasser du territoire qu'ils occupaient (1650). D'autres Hurons vivaient entre les lacs Huron et Ontario et sur les bords du St-Laurent : ils ont disparu, exterminés presque entièrement par les Chérokees. Il ne subsiste plus auj. de Hurons qu'à la petite mission de Lorette, à 10 kil. N. de Québec, où se trouvent 200 cultivateurs descendants des anc. Hurons. Leur idiome s'est perdu.

HURTADO DE MENDOZA. V. MENDOZA.

HUS (terre de), pays de Job. V. JOB.

HUSCH (prononcé Houch), v. de Moldavie, sur le Pruth, à 77 Kil. S. E. d'Iassy. Évêché. Pierre le Grand et Baltadji-Méhémet y signèrent en 1711 le fameux traité qu'avait négocié Catherine I.

HUSKISSON (W.), homme d'État, né en 1770 à Birch-Moreton (Worcester), m. en 1830, fut d'abord secrétaire particulier de lord Gower, ambassadeur d'Angleterre en France (1792), devint, sous le ministère Pitt, sous-secrétaire d’État de la guerre (1795), puis secrétaire de la trésorerie, s'attacha ensuite à Canning, et fut, sous ce ministre, président du bureau du commerce (1823). Il était entré à la Chambre des Communes dès 1796. Soit comme ministre, soit comme député, Huskisson se distingua par ses connaissances dans les finances et l'économie politique. Disciple de Smith, il combattit avec force le système prohibitif, fit abaisser les tarifs de douane, et prouva par les faits qu'on ne faisait par là qu'augmenter les recettes et favoriser la prospérité du pays. Il périt de la manière la plus malheureuse, écrasé par une locomotive à Liverpool.

HUSS (Jean), hérésiarque, né en 1373 à Hussinetz, en Bohême, de parents pauvres, entra dans l'état ecclésiastique, devint en 1409 recteur de l'Université de Prague, et fut choisi pour confesseur par la reine de Bohême, Sophie de Bavière. Ayant eu connaissance des doctrines du réformateur anglais Jean Wicleff, il les embrassa avec chaleur, rejetant l'autorité du pape, attaquant les vices du clergé, les excommunications, les indulgences, le culte de la Vierge et des saints, la communion sous une seule espèce, etc., et fit rapidement de nombreux partisans. Il soutint ses opinions dans plusieurs écrits, notamment dans un Traité de l'Église. Déféré pour cet ouvrage au St-Siége, il fut excommunié par le pape Alexandre V, et en appela au concile de Constance. Il se rendit à ce concile en 1414, muni d'un sauf-conduit de l'empereur : il y fut déclaré hérétique. Ayant refusé de se rétracter, il fut, malgré son sauf-conduit, livré au bras séculier, et brûlé vif à Constance en 1415. Il déploya jusque sur le bûcher un caractère indomptable. Sa mort souleva toute la Bohême et devint le signal d'une guerre sanglante (V. HUSSITES). La collection des œuvres de Jean Huss a été publiée en 1558 à Nuremberg, 2 vol. in-fol., avec une préface de Luther, et réimprimée en 1715, sous le titre de Joannis Hussii et Hieronymi Pragensis confessorum Christi historia. Bonnechose a publié en 1846 ses Lettres, en latin, avec trad. française.

HUSSARDS, corps de cavalerie légère. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

HUSSEIN, que l'on écrit aussi Hossein, Hocein, nom commun à un grand nombre de personnages musulmans dont nous citerons les plus célèbres :

HUSSEIN, fils d'Ali et de Fatime, fille de Mahomet, fut, après la mort de son frère aîné Hassan (669 de J.-C.), considéré par les Chyites comme l'imam ou chef légitime de la religion. Il vivait en paix à la Mecque, lorsque, après la mort de Moaviah (680), il fut appelé à Koufa par les habitants de cette ville, qui lui promettaient de le saluer calife : il se rendait à cette invitation accompagné seulement d'une centaine d'hommes, quand il fut arrêté et mis à mort par les troupes de Yézid, fils de Moaviah, qui s'était déjà fait proclamer calife. Il périt à quelque distance de Bagdad, dans les plaines voisines de Kerbélah, au lieu qu'on nomma depuis Mesched-Hussein ou Tombeau de Hussein ; les Chyites regardent ce lieu comme sacré et y vont en pèlerinage; le jour de la mort de Hussein est pour eux un jour néfaste.

HUSSEIN-BEHADER (Aboul-Gazi), dernier sultan de Perse de la race de Tamerlan, né à Hérat en 1438. Il était d'abord sans héritage, mais il sut se faire un parti puissant, s'empara d'Asterabad, se fit reconnaître en 1459 roi du Mazandéran, envahit le Khoraçan, prit Balkh, puis Hérat (1470), et forma ainsi dans la Perse orient. un royaume qu'il rendit longtemps florissant. Il mourut en 1506, à 68 ans, après en avoir régné 40. Ce prince eut pour visir Aly-Chyr, qui avait beaucoup contribué à l'éclat de son règne.

HUSSEIN (CHAH-), Sophi de Perse, régna de 1694 à 1729. C'était un prince pieux et d'un caractère doux, mais sans énergie. Mir-Mahmoud, déjà maître du Kandahar, vint à la tête des Afghans insurgés attaquer Ispahan, capitale de la Perse, s'en empara après un long siège en 1722, et força le faible Chah-Hussein à abdiquer. Il fut quelques années après massacré avec sa famille par Aschraf, successeur de Mahmoud. La France entama sous ce règne des négociations avec la Perse, et signa avec elle en 1708 un traité de commerce assez avantageux.

HUSSEIN-PACHA, surnommé Koutchouk (le Petit), favori du sultan Sélim III, né en Circassie ou en Géorgie, vers 1750, m. en 1803, avait été élevé comme page avec Sélim. Il fut nommé par ce prince en 1789 capitan-pacha (grand-amiral), alla en 1798 combattre le rebelle Passwan-Oglou, mais sans pouvoir le réduire, et commanda en 1801 la flotte turque qui, jointe à celle des Anglais, décida l'évacuation de l’Égypte par les Français (1801). Il donna un grand développement à la marine, introduisit d'utiles réformes, et fit, malgré la résistance des janissaires et des ulémas, discipliner une partie de ses troupes à l'européenne.

HUSSEIN-PACHA, dernier dey d'Alger, né à Smyme vers 1773, faisait partie de la milice turque d'Alger lorsqu'il fut proclamé dey en 1818. Importuné des réclamations que lui adressait le consul de France, M. Deval, il le frappa rudement de son chasse-mouche (1828). N'ayant voulu accorder aucune satisfaction pour cette insulte, il vit bientôt paraître devant Alger une flotte formidable que commandait le maréchal Bourmont; débarquées le 14 juin 1830, nos troupes commencèrent le 4 juillet à battre en brèche le fort l'Empereur; Hussein, se croyant invincible, avait négligé de prendre aucune des mesures nécessaires pour se défendre : aussi fut-il dès le lendemain obligé de capituler. On lui permit de se retirer avec une partie de ses trésors (5 juillet). Il alla d'abord à Naples, puis à Livourne, vint un instant à Paris et mourut en 1838 à Alexandrie (Piémont).

HUSSINECZ, bourg de Bohême, à 36 kil. S. O. de Piseck; 750 hab. Patrie de Jean Huss.

HUSSITES (Guerre des), guerre civile qui désola la Bohême après le supplice de J. Huss à Constance (1415). Les partisans de ce sectaire, profitant de la faiblesse de l'empereur Wenceslas, prirent les armes sous la conduite de Jean Ziska et de Nic. de Hussinetz, se fortifièrent dans le cercle de Béchin, et y bâtirent la ville de Tabor, qui leur servit de forteresse. En 1419, ils s'opposèrent à l'élection de Sigismond comme roi de Bohême, et battirent les Impériaux en plusieurs rencontres ; mais ils furent bientôt affaiblis par les discordes qui éclatèrent entre eux, et par la mort de leurs principaux chefs, Nicolas (1420), et Ziska (1424); cependant Koribut, neveu de Vitold, grand-duc de Lithuanie, qui avait été élu roi de Bohême par une partie des Hussites en 1422, releva pendant quelque temps leurs espérances. Il remporta une victoire sur les Impériaux à Aussig (1426), mais il se vit obligé d'abdiquer l'année suivante. André Procope, autre chef des Hussites, ranima leur courage par les victoires de Mies (1427) et de Tachau (1431); l'Autriche, la Franconie, la Saxe, la Bohême catholique, la Lusace et la Silésie, furent ravagées par ses troupes, et devinrent le théâtre de cruautés inouïes. Tout le monde cependant soupirait après la paix, et on entra en négociations : un premier arrangement proposé à Prague (1433), et connu sous le nom de Compactata de Prague, n'ayant pas été accepté par tous les partis, les hostilités furent reprises; mais la victoire de Bœhmischbrod (1434), remportée par les Catholiques unis à la partie modérée des Hussites, les Calixtins (V. ce mot), mit fin à la guerre : Sigismond, reconnu roi de Bohême, jura les Compactata. Les Hussites, trop faibles pour reprendre les armes, ne défendirent plus leurs droits que dans les diètes; ils finirent par disparaître ou se confondirent dans la secte nouvellement formée des frères Moraves.

HUTCHESON (Francis), moraliste, né en Irlande en 1694, mort en 1747, dirigea d'abord avec succès une école à Dublin, se fit connaître avantageusement par divers ouvrages de philosophie, et fut appelé en 1729 à la chaire de philosophie morale de Glasgow. Il peut être considéré comme le véritable fondateur de la philosophie dite écossaise. Ses principaux ouvrages sont : Recherches sur l'origine des idées de beauté et de vertu, 1725, trad. par Laget, 1749; Essai sur les passions, 1728; Système de philosophie morale, 1755, ouvrage posthume, rédigé en latin et trad. par Eidous, 1770. Hutcheson fait consister la vertu dans la bienveillance et le désintéressement; il distingue parfaitement dans ses écrits le bien de l'utile, et établit l'existence d'un sens moral et d'un sens du beau qui jugent de la bonté et de la beauté comme le goût physique juge des saveurs.

HUTCHINSON (John), né en 1674, à Spennythorn (York), mort en 1737, était intendant du duc de Somerset. Il s'occupa de minéralogie et de physique appliquée à la religion, et prétendit que toutes les connaissances naturelles, physiques aussi bien que philosophiques et théologiques, sont renfermées dans l'Écriture sainte. Il publia dans ce but un ouvrage intitulé : Principes de Moïse, 1724 et 1727. Il ramenait tous les agents de la nature à trois : le feu, la lumière et l'esprit, lesquels n'étaient eux-mêmes que des transformations d'un principe unique, l'air; il prétendait trouver dans cette bizarre doctrine l'explication du mystère de la Trinité.

HUTCHINSON (John Hély), général anglais, né à Dublin en 1757, mort en 1832, se distingua dans la campagne d’Égypte, remplaça Abercrombie dans le commandement en chef, en 1801, et força les Français à capituler dans Alexandrie et à évacuer l’Égypte. Il fut en récompense fait baron d'Alexandrie et élevé à la pairie.

HUTTEN (Ulrich de), novateur, né en 1488, d'une famille noble de Franconie, s'enfuit à 16 ans du monastère de Fulde, où il était retenu de force. Il voyagea, étudia le droit à Pavie, puis fut réduit à se faire soldat dans l'armée autrichienne. Il composait en même temps des vers latins qui lui procurèrent bientôt une grande réputation, et qui lui firent décerner par l'empereur Maximilien la couronne poétique. Il se joignit à Luther pour opérer la Réforme, et trouva un puissant appui d'abord dans Albert de Brandebourg, archevêque de Mayence, puis dans Frédéric de Sickingen; mais, bientôt abandonné de ses protecteurs, il se vit privé de toute ressource. Il erra de ville en ville, prêchant ses doctrines, et mourut près de Zurich en 1523, n'ayant que 35 ans. On a de lui : Ars versificandi, Wittemberg, 1511; Epistolæ obscurorum virorum, 1516, satire piquante dans laquelle il défend Reuchlin contre quelques théologiens de Cologne; Super interfectione propinqui sui deplorationes, 1519, discours éloquents qui avaient pour but d'armer l'Allemagne contre le duc de Wurtemberg, qui avait assassiné un des cousins de Hutten; Dialogi, 1520, où il attaque avec animosité l'Église romaine; et des poésies latines, 1538. Ulrich de Hutten avait publié en 1518 deux livres inédits de Tite-Live, et découvert an 1519 des manuscrits de Quintilien et de Pline. Ses Œuvres ont été publiées par Münch, Berlin, 1821-1827, 6 v. in-8, et par Bœcking, Leips., 1858-60, 5 vol. in-8. M. Zeller a publié : Ulrich de Hutten, sa vie, ses œuvres, et son temps, Paris, 1849.

HUTTON (James), médecin et chimiste, né à Édimbourg en 1726, mort en 1797, était fils d'un marchand. Il fut reçu docteur à Leyde en 1749, cultiva avec succès l'agriculture, la minéralogie, la géologie, la physique, la philosophie, les mathématiques, et publia plusieurs ouvrages : Théorie de la terre, 1795 (il y explique l'état actuel des corps terrestres par une fusion ignée primitive) ; Principes de la connaissance et des progrès de la raison, 1794 (il y professe des doctrines analogues à celles de Boscovich et de Berkeley) ; Philosophie de la lumière, de la chaleur et du feu, 1794.

HUTTON (Charles), mathématicien, né en 1737, à Newcastle-sur-Tyne, mort en 1823, tint d'abord une petite école, fut nommé au concours professeur de mathématiques à l'Académie militaire de Woolwich (1772), et remplit ces fonctions pendant 34 ans. Il avait été nommé en 1776 membre de la Société royale de Londres. On a de lui : Traité de l'arpentage, 1770; Traité de mathématiques et de physique, 1786 ; Dictionnaire des sciences mathématiques et physiques, 1796, 2 vol. in-4; Tables mathématiques contenant les logarithmes, 1785 et 1811; Abrégé des Transactions philosophiques, 1803-1809, 6 vol., recueil très-utile pour ceux qui cultivent les sciences.

HUY, v. de Belgique (Liége), ch.-l. d'arr., sur la Meuse, à 25 k. O. de Liège ; 9000 h. Château fort, beau port, statue de Pierre l'Ermite, qui finit ses jours dans un couvent de cette ville. Bijouterie, outils en fer. Grains, vin, chaux, alun, houille, etc. Aux env., eaux minérales, fer, chaux. Huy a beaucoup souffert d'une inondation en 1822 et d'un incendie en 1852.

HUYGHENS (Christian) de Zuylichem, savant hollandais, fils de Constantin Huyghens, ministre de Guillaume III, prince d'Orange, diplomate et homme de lettres distingué, naquit à La Haye en 1629, débuta en 1651 par des travaux de géométrie, découvrit en 1656, avec le secours d'objectifs qu'a avait construits lui-même, un satellite de Saturne et reconnut bientôt après l'anneau qui entoure cette planète. Il trouva la loi de la double réfraction, fit une foule d'autres découvertes d'une utilité toute pratique, appliqua le mouvement du pendule aux horloges (1657) et perfectionna le ressort spiral des montres (1675). Recherché par tous les princes de l'Europe, il visita la France, l'Angleterre, fut en 1665 appelé à Paris par Louis XIV, et nommé un des premiers membres de l'Académie des sciences, avec une pension considérable. Il composa à Paris plusieurs de ses principaux ouvrages, sa Dioptrique, son Traité de la percussion, un Discours sur la cause de la pesanteur, et l’Horologium oscillatorium (1673). Il retourna dans sa patrie à l'époque de la révocation de l'édit de Nantes (1685), y fit encore paraître plusieurs ouvrages, notamment un Traité de la Lumière (1690), où il expose la théorie des ondes lumineuses, dont la vérité est auj. admise, et mourut à La Haye en 1695. Il eut le tort, à la fin de sa vie, de ne pas reconnaître tout le mérite du système de Newton et du nouveau calcul inventé par Leibnitz. On lui reproche aussi de s'être laissé quelquefois aller à des hypothèses gratuites. Ses Œuvres ont été recueillies par S'Gravesande en 4 v. in-4, Leyde et Amsterdam, 1724-1728. Il a laissé des mémoires autobiographiques (De vita propria). Uylenbrœck a publié à La Haye en 1833 ses Lettres à Leibnitz et autres, tirées de la bibliothèque de Leyde, 2 v. in-4. Condorcet a prononcé son Éloge.

HUYOT (J. Nic.), architecte, né à Paris en 1780, m. en 1840, étudia l'architecture sous Peyre et la peinture sous David, remporta le grand prix d'architecture, fut envoyé en Italie, où il s'appliqua surtout à l'étude de l'archéologie, restaura le temple de la Fortune à Préneste, puis se rendit dans le Levant, visita l'Asie-Mineure, la Syrie, l’Égypte (où il traça en partie le plan du canal du Nil à Alexandrie), enfin la Grèce ; revint en France avec de précieuses collections (1822), fut aussitôt nommé prof. d'histoire à l'École d'architecture et l'année suiv. membre de l'Académie des beaux-arts. Chargé de continuer les travaux de l'Arc de triomphe de la barrière de l'Étoile, commencés par Chalgrin, il eut la gloire d'achever cette grande œuvre (1838).

HUZARD (J. B.), vétérinaire, né à Paris en 1755, m. en 1839, étudia à l'école d'Alfort, récemment fondée, forma dans Paris un établissement de maréchalerie qui devint très-florissant, fut pendant 40 ans expert auprès des tribunaux, devint inspecteur général des écoles vétérinaires, et entra en 1795 à l'Institut. On lui doit le perfectionnement de plusieurs espèces de chevaux, de moutons, et plusieurs bons ouvrages ; c'est lui qui a rédigé la médecine vétérinaire dans l’Encyclopédie méthodique. Il avait formé une bibliothèque de 40 000 volumes sur son art.

HVEN ou HWEN, petite île du Sund, sur la côte S. O. de la Suède, à 24 kil. N. E. de Copenhague, a 8 kil. de tour. D'abord au Danemark, elle fut cédée on 1658 à la Suède. Tycho-Brahé, qui y résidait, y fit construire l'observatoire d'Uranienburg, auj. détruit.

HYACINTHE, jeune prince lacédémonien, d'une grande beauté, était fils d'Amyclas. Il fut, selon la Fable, aimé à la fois d'Apollon et de Zéphyre, et donna sa préférence au premier. Un jour qu'il jouait au disque avec le dieu du jour, Zéphyre, pour se venger, poussa le palet d'Apollon contre le front d'Hyacinthe, qui en mourut. Apollon, désespéré de sa perte, le métamorphosa en une fleur, qui prit de lui le nom d’hyacinthe, et grava sur les pétales de cette fleur les deux premières lettres de son nom.

HYACINTHE (S.), religieux de l'ordre de St-Dominique, né vers 1183 près de Cracovie, était d'une des premières familles de Pologne. Il fonda à Cracovie en 1217 un monastère de Dominicains, prêcha l'Évangile dans la Mazovie, la Poméranie, le Danemark, la Suède, la Norvège et l’Écosse, opérant de nombreuses conversions, puis fit un voyage à Constantinople, parcourut la Grande Russie et fonda un monastère à Kiev. Il m. à Cracovie en 1257. On l'h. le 16 août.

HYADES (du grec hyein, pleuvoir), filles d'Atlas, roi de Mauritanie, furent si affligées de la mort de leur frère Hyas, tué à la chasse, qu'elles en moururent de regret. Elles furent changées en une constellation qui préside à la pluie. On en compte généralement sept, quelquefois cinq. Elles forment le front de la constellation zodiacale du Taureau.

HYANTES, peuple primitif de la Béotie. Chassés de ce pays par Cadmus, ils se retirèrent en Phocide, où ils fondèrent la ville de Hyampolis sur le Parnasse.

HY-AR-BRAS, c.-à-d. Hy le Grand, nom donné par les Druides au dieu vulgairement appelé Hésus.

HYBLA, nom commun à trois villes de Sicile : Hybla major, auj. Paterno, à 20 kil. N. O. de Catane, dans le Val-di-Demona; — Hybla minor ou Heræa, auj. Calatagirone ou Ragusa, à 20 kil. S. E. de Leontini : sur les coteaux qui environnaient celle-ci, on recueillait un miel délicieux, égal à celui de l'Hymette en Attique ; — Hybla parva, appelé depuis Megara, sur la côte S. E. de la Sicile, au N. de Syracuse, au N. E. d’Hybla minor et au S. E. d’Hybla major. On en voit les ruines sur les bords du Cantaro.

HYCCARA, v. de Sicile, sur la côte N., près de Muro-di-Carini, Patrie de la fameuse Laïs.

HYCSOS, c.-à-d. Impurs, nom donné par les anc. Égyptiens, aux chefs de tribus nomades de pasteurs, la plupart Arabes ou Phéniciens, qui envahirent l’Égypte vers l'an 2310 av. J.-C.,et qui y formèrent la 17e dynastie. Ils occupaient le N. et le centre du pays. Salatis, le 1er des rois Hycsos, s'établit à Memphis où il régna 19 ans. Ses successeurs se maintinrent en Égypte environ 260 ans. Ils en furent chassés par les Pharaons Thébains Misphragmoutosis et Thoutmosis, vers 2050 av. J.-C. Ils conservèrent longtemps encore leur autorité sur quelques cantons de l’Égypte, et ne furent entièrement chassés qu'au bout de 5 s.

HYDASPE, Hydaspes, auj. le Djelem, fleuve de l'Inde, dans la partie N. O., venait des monts Imaüs et tombait dans l'Hydraote, après avoir traversé le roy. de Porus. Des 5 rivières du Pendjab, c'est celle qu'on rencontrait la seconde en allant de l'O. à l'E. Le passage de l'Hydaspe par Alexandre en 326 et la bataille qu'il y livra à Porus sont au nombre des plus beaux faits d'armes de ce grand capitaine. C'est sur l'Hydaspe qu'il s'embarqua avec 200 vaisseaux pour descendre jusqu'à l'Indus et de là jusqu'à l'Océan.

HYDE (Thomas), orientaliste anglais, né à Billingsley en 1636, mort en 1703, fut conservateur de la Bibliothèque bodléienne, professeur d'hébreu et d'Arabe à Oxford, secrétaire-interprète pour les langues orientales. On a de lui : Tabulæ longitudinis ac altitudinis stellarum fixarum ex observationibus Ulugh-Beighi, Oxford, 1665 ; Catalogus bibliothecæ Bodleianæ, 1674 ; de Ludis orientalibus, 1684 ; Veterum Persarum et Magorum religionis historia, 1100. Dans ce dernier ouvrage, il établit que les Perses ont toujours conservé la notion d'un Dieu unique.

HYDERABAD, HYDER-ALI. V. HAÏDERABAD, etc.

HYDRA, Hydrea, île de l'État de Grèce, sur la côte O. de l'Argolide ; 16 kil. sur 5 ; 20 000 hab.; ch.-l., Hydra. Pays montagneux, peu fertile, mais commerçant. Les Hydriotes passent pour les plus habiles et les plus braves marins de la Grèce. Cette île fut peuplée par des Samiens fugitifs, au temps de Polycrate. Elle ne joue aucun rôle dans l'histoire de la Grèce ancienne. En 1470 elle servit de refuge à des Albanais qui fuyaient la domination ottomane. Ceux-ci y fondèrent la bourgade d'Hydra. Lors de la guerre de l'indépendance (1821), les Hydriotes furent les plus terribles adversaires de la marine turque, dont la destruction fut en grande partie leur ouvrage. — La v. d'Hydra, sur la côte N. de l'île, a un bon port et compte env. 15 000 h. Elle est ch.-l. de diocèse et siège d'un métropolitain. École supérieure ; école de commerce et de navigation.

HYDRAOTE, Hydraotes, auj. le Ravi, riv. de l'Inde, au N. O., sortait de l'Imaüs, recevait l'Hydaspe, et tombait dans l’Acesines, affluent de l'Indus. En allant de l'O. à l'E., c'est la 4e des cinq grandes rivières qu'on rencontre dans le Pendjab.

HYDRE DE LERNE, serpent monstrueux, né de Typhon et d'Échidna, séjournait dans les eaux du lac de Lerne en Argolide. Il avait sept têtes, et chacune repoussait à mesure qu'on la coupait, à moins qu'on ne brûlât immédiatement la plaie. Hercule, aidé d'Iolas, en délivra la terre : cet exploit est un des douze travaux que lui imposa Eurysthée. Après avoir tué le monstre, le héros trempa ses flèches dans son sang empoisonné, pour rendre incurables les blessures qu'il ferait. Ce serpent fut transporté au ciel, où il forme la constellation australe de l’Hydre. On pense que l'Hydre de Lerne n'était autre chose qu'un marais d'où s'échappaient des miasmes pestilentiels et qu'Hercule parvint à dessécher.

HYDRIOTES, habitants d'Hydra. V. HYDRA.

HYDRONTE, Hydruntum, auj. Otrante, ville de l'Apulie méridionale, sur la côte E., au S. E. de Tarente. D'Hydronte à Orique en Épire, il n'y a que 60 kil. : Pompée avait, dit-on, songé à l'inexécutable projet de jeter un pont entre ces deux villes.

HYÈRES, Arcæ, ch.-l. de c. (Var), à 18 kil. E. de Toulon, à 5 kil. de la mer et de la rade d'Hyères, qui est très-vaste et très-sûre ; 8880 hab. Position délicieuse : orangers, oliviers, pêchers. Climat chaud et sain : on y envoie les malades affectés de phthisie. Huile d'olives, vins, grenades, oranges, etc. Patrie de Massillon. — Cette v. est une colonie de Marseille. Elle portait au moyen âge le nom d’Ahires (corruption de son nom latin d’Arcæ). Au XIIIe siècle elle avait un port où l'on s'embarquait pour la Palestine. Longtemps elle fut l'apanage des vicomtes de Marseille, qui la cédèrent au comte de Provence, Charles d'Anjou, frère de S. Louis.

HYÈRES (îles d'), Stœchades. On nomme ainsi 4 îles qui sont situées sur la côte du dép. du Var et qui font partie du canton d'Hyères : ce sont Porquerolles, Port-Croz, Bagneaux, l'île du Levant ou Titan : les deux premières sont habitées; 1000 h. environ. — François I érigea ces îles en marquisat (1531) sous le nom d’Iles d'Or, que leur donnaient les Romains à cause des oranges qu'on y récoltait. Ce marquisat fut d'abord possédé par la maison d'Ornans, qui en céda une partie à celle de Roquendoff ; mais la garde de ces îles ayant été négligée par leurs possesseurs, la couronne s'en saisit et y mit garnison. Les Anglais ravagèrent les îles d'Hyères lors du siège de Toulon, en 1793.

Bourg et riv. de Seine-et-Oise. V. YÈRES.

HYGIE, c.-à-d. en grec santé, déesse de la santé, était fille ou femme d'Esculape. On la représente avec une coupe à la main, la coupe de la santé, et avec un serpent qui veut boire dans cette coupe.

HYGIN, C. Jul. Hyginus, grammairien latin, natif d'Alexandrie ou d'Espagne, fut d'abord esclave de Jules César, et fut affranchi par Auguste, qui lui confia le soin de la bibliothèque palatine. Il commenta Virgile et fut lié avec Ovide, qui, dans la suite, se brouilla avec lui. On a sous son nom deux ouvrages qui sont très-utiles pour l'étude de la mythologie : un recueil de Fables mythologiques et Astronomicum poeticum, publiés tous les deux dans les Mythographi latini de Muncker, Amst., 1681. Ces deux ouvrages sont si mal écrits qu'on croit qu'ils ne sont pas d'Hygin. A. Mai a publ. en 1831 des Fables inédites qui lui sont attribuées et qui ont été rééditées par Bunte, Leips., 1857. On a aussi sous le nom d'Hygin un fragment sur la Castramétation, à la suite du Végèce de Scrivérius, Leyde,. 1607; des traités de Limitibus, de Conditionibus agrorum, publ. par Van Goes, Amst., 1674. Ces ouvrages paraissent être d'un grammairien du IIe s., surnommé Gromaticus (l’Arpenteur).

HYGIN (S.), pape de 139 à 142, condamna Cerdon et Valentin. On l'hon. le 11 janvier.

HYKSOS. V. HYCSOS.

HYLAS, favori d'Hercule, célèbre par sa beauté, était fils d'un roi de Mysie. Il accompagna le héros dans l'expédition des Argonautes et se noya en puisant de l'eau dans un fleuve. Les poëtes ont feint qu'il avait été enlevé par les nymphes du fleuve, éprises de sa beauté. Hercule fut inconsolable de sa perte.

HYLLUS, fils d'Hercule et de Déjanire, fut, après la mort de son père, le chef des Héraclides, et épousa Iole, qui avait été la maîtresse d'Hercule. Chassé du Péloponèse par Eurysthée, il chercha un refuge chez les Athéniens, puis il revint, à la tête des Héraclides, combattre Eurysthée. Il le tua (vers 1307 av. J.-C.) ; mais il ne put néanmoins rentrer dans ses États. Il périt quelque temps après dans un combat singulier contre Échémus, chef des Tégéates.

HYMEN ou HYMÉNÉE, Hymenæus, fils de Bacchus et de Vénus, présidait au mariage. On le représente sous la figure d'un jeune homme blond, couronné de roses, portant un flambeau et enveloppé dans un voile blanc, brodé de fleurs.

HYMETTE, Hymettus, auj. Trélovouni, mont. de l'Attique, à 11 k. S. E. d'Athènes, était célèbre par son miel exquis et par ses carrières de marbre gris.

HYPANIS, nom commun à deux riv. de l'Europe barbare : l'une, auj. le Kouban, sortait du Caucase, coulait au N. O., puis à l'O. et tombait dans le Palus-Méotide; l'autre, le Bog, venue des contrées intérieures de la Scythie d'Europe, se perdait à Olbia dans l'estuaire du Borysthène.

HYPATIE, Hypatia, fille de Théon, mathématicien d'Alexandrie, née à Alexandrie vers l'an 370 de J.-C., devint elle-même si habile dans les mathématiques et la philosophie qu'on la surnommait la Philosophe et que les magistrats d'Alexandrie l'invitèrent à faire des cours publics. Elle obtint les plus brillants succès et acquit un grand crédit sur Oreste, gouverneur de la ville; mais elle était païenne et on l'accusait d'encourager la persécution des Chrétiens. Des furieux, ameutés contre cette femme, s'emparèrent de sa personne, l'assommèrent, mirent son corps en lambeaux et traînèrent dans les rues ses membres palpitants (415). Hypatie avait composé de savants écrits (Commentaire sur Diophante, Canon astronomique, Commentaire sur les coniques d'Apollonius de Perge) ; ils ont tous péri dans l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie.

HYPERBOLUS, Athénien méprisé. V. OSTRACISME,

HYPERBORÉENS, c.-à-d. au delà du Borée, nom donné vaguement par les Grecs aux peuples et aux pays du Nord. On plaça d'abord le pays des Hyperboréens au N. de la Thrace, puis on le recula jusqu'aux monts Riphées. On s'imaginait que par delà ces montagnes existait un peuple chéri des dieux qui pratiquait toutes les vertus, qui vivait sans travail et sans trouble, à l'abri du souffle de Borée, dans un climat d'une douceur inaltérable. C'est du pays des Hyperboréens que l'on faisait venir le sage Abaris.

HYPÉRIDE, orateur athénien, disciple d'Isocrate et de Platon, et rival de Démosthène. Il fut avec cet orateur l'ennemi des Macédoniens et l'instigateur principal de la guerre Lamiaque. Après la batailla de Cranon, il fut enlevé du temple de Neptune, à Égine, et livré à Antipater, qui lui fit souffrir d'horribles tortures, lui arracha la langue, puis le fit mettre à mort, 322 av. J. C. Ses discours sont perdus, à l'exception de deux, qui se trouvent dans les recueil des Orateurs grecs, notamment dans la collection Didot, et d'un Éloge funèbre de Léosthène, récemment retrouvé par Ch. Babington, et publié à Oxford, 1853, et à Paris, avec trad. franç., par Dehèque, 1858. On lui attribue un discours contre Alexandre, qui se trouve parmi les harangues de Démosthène (c'est la 17e). On doit à M. J. Girard un Mémoire sur Hypéride, couronné en 1860 par l'Institut.

HYPÉRIE, Hyperia, 1er nom de Camarine.

HYPÉRION, un des Titans, fils d'Uranus et frère de Neptune, épousa Thia, et fut père du Soleil, de la Lune, de l'Aurore et de tous les astres. On le confond souvent avec le Soleil même.

HYPERMNESTRE, une des Danaïdes, épargna Lyncée son époux, et le fit échapper au massacre des fils d'Égyptus, malgré l'ordre de son père Danaüs. Celui-ci la cita en jugement pour la punir de sa désobéissance; mais le peuple la déclara innocente. Cette fable a fourni à Lemierre le sujet d'une tragédie.

HYPHASE, le Beyah, l'un des affluents du Setledge, ou, selon quelques-uns, le Setledge même; riv. de l'Inde, au N. O. (la dernière qu'on rencontre dans le Pendjab actuel en allant de l'E. à l'O.), tombait dans l’Acesines et se jetait avec lui dans l'Indus. Alexandre fut contraint par les murmures de ses soldats d'arrêter sa marche sur la rive droite de ce fleuve ; il y fit élever 12 autels aux 12 grands dieux de l'Olympe, pour marquer le terme de son expédition.

HYPSIPYLE, fille de Thoas, roi de l'île de Lemnos. Les femmes de Lemnos ayant offensé Vénus, cette déesse, pour les punir, inspira à leurs maris le dessein de les abandonner. Les Lemniennes indignées égorgèrent pendant une nuit tous les hommes de leur lit. Hypsipyle seule conserva la vie au roi son père, et le fit sauver secrètement dans l'île de Chios. Cependant les Lemniennes, ayant découvert que Thoas était vivant, chassèrent sa fille de leur île. Elle fut enlevée dans sa fuite par les pirates et vendue à Lycurgue, roi de Némée, qui la choisit pour être la nourrice de son fils Archémore; elle fut la cause involontaire dé la mort de cet enfant. V. ARCHÉMORE.

HYRCAN I (Jean), souverain pontife des Juifs, 136-107 av. J.-C., fils et successeur de Simon Macchabée, soutint les Saducéens contre les Pharisiens, combattit Antiochus Sidétès, subjugua les Idumééns et s'empara de Samarie. — HYRCAN II, souverain pontife et roi des Juifs, de 79 à 40 av. J.-C, fils d'Alexandre Jannée, fut détrôné par son frère Aristobule, puis rétabli par les Romains; dépouillé de nouveau par Antigone, fils d'Aristobule, il fut enfin mis à mort par Hérode, l'an 30 av. J.-C. Il avait alors 80 ans.

HYRCANIE, Hyrcania, contrée de l'Asie anc., s'étendait le long de la côte S. E. de la mer Caspienne, de l'emb. de l'Ochus aux env. de celle du Maxeras, et avait à l'E. et au S. la Parthiène. Elle appartenait à l'empire des Perses. Ce pays était tout entouré de montagnes remplies de tigres. Ses habitants étaient farouches et n'avaient que fort peu de villes. L'Hyrcanie ancienne correspond à la partie E. du Mazanderan et au S. du Daghestan.

HYRCANIENNE (MER). V. CASPIENNE (mer).

HYSTASPE, prince achéménide, père de Darius I.

HYSUDRUS, fleuve de l'Inde, une des branches de l'Hydaspe, On croit que c'est le Setledge.

HYTHE, v. d'Angleterre (Kent), à 17 kil. S. O. de Douvres, sur la Manche; 7000 hab. C'est une des villes appelées Cinque ports ; mais auj. son port est presque comblé. Bains de mer.



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