Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre J

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N. B. Cherchez par I, G ou DJ les mots qui ne seraient pas ici.

JABÈS-GALAAD, v. de Palestine, dans la demi-tribu orient. de Manassé, au delà du Jourdain et au pied des monts Galaad. Elle fut détruite par les Israélites pendant la guerre contre les Benjamites, parce qu’elle n’avait pas voulu se déclarer contre ces derniers. Saül y vainquit les Ammonites. Le tombeau de ce roi se voyait aux environs.

JABIN, nom de deux rois d’Asor (pays de Chanaan). Le 1er fut vaincu et mis à mort avec tout son peuple par Josué (1600 av. J.-C). Le 2e réduisit les Israélites en captivité, et les tint esclaves pendant 20 ans (1416-1396); au bout de ce temps, les Israélites, conduits par Barac et Débora, secouèrent le joug : Jabin périt en les combattant.

JABLONOWSKI (Stanislas), grand général de la couronne, castellan de Cracovie, d'une famille princière de Pologne, commandait l'aile droite de l'armée polonaise lors de la délivrance de Vienne en 1683. Sa fille Anne fut la mère du roi Stanislas Leczinski; – Joseph-Alex. Jablonowski, 1712-77, a fondé à Leipzig une société d'histoire, dite Jablonovienne.

JABLONSKI (Dan. Ernest), théologien protestant, né à Dantzick en 1660, m. à Berlin en 1741, était petit-fils de Coménius. Il fut pasteur à Magdebourg, recteur du gymnase de Lissa, prédicateur du roi de Prusse, et travailla par ordre de ce prince à la réunion des communions protestantes. On a de lui un catéchisme, 1708, des Sermons, des traductions de R. Bentley et de Burnet, et une correspondance avec Leibnitz, en latin (publiée par Kappe; Leipsick, 1745), sur la conciliation des sectes protestantes. — Son fils, P. Ernest J., savant orientaliste, né à Berlin en 1693, m. en 1757, fit dès 1714 un voyage aux frais de son gouvernement pour faire des recherches sur la langue copte, devint à son retour professeur de théologie et pasteur de la commune calviniste de Francfort-sur-l'Oder, et publia un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels : Disquisitio de lingua lycaonica, Berlin, 1714; Panthéon Ægyptiorum, sive de Diis eorum commentarius, Francf., 1750-52, 3 vol. in-8; De Memnone statua, 1753; Institutiones historiæ christianæ, 1753-56, et divers opuscules sur la langue et les antiquités égyptiennes, réunis à Leyde, par Water, 1804-13, 4 v. in-8.

JABOC, petite rivière de Palestine, sortait des monts de Galaad, traversait la tribu de Gad et tombait dans le Jourdain par la r. g.

JACA, Iacca, v. murée d'Espagne (Saragosse), ch.-l. de district, à 60 kil. N. d'Huesca, non loin de l'Aragon, et du col de Canfran (passage qui communique avec la France); 3500 hab. Évêché. Cathédrale, ancien château fort, construit en 1592. Lainages. — Cette v., jadis capit. des Iaccetani, fut prise par Caton l'Ancien en 195 av. J.-C. Elle fut longtemps la capit. de l'Aragon : elle avait des fueros d'une très-grande ancienneté. Philippe V lui accorda de grands privilèges, parce qu'elle avait pris parti pour lui pendant la guerre de la succession. Les Français occupèrent Jaca de 1808 à 1814. Dans la dernière guerre civile elle a été souvent prise et reprise par les Christinos et les Carlistes. — Le district de Jaca est montueux et renferme de gras pâturages.

JACATRA, petit roy. de l'île de Java, entre les roy. de Bantam et de Chéribon et la mer : 250 kil. sur 200; 500 000 hab. Café, sucre, indigo, nids d'oiseaux, coton , etc. Aux Hollandais depuis 1619. Il tire son nom d'une v. de Jacatra, jadis très-importante, et qui occupait l'emplacement où a été depuis construite la v. actuelle de Batavia. V. ce mot.

JACKSON (André), président des États-Unis, né en 1767 dans la Caroline du S., m. en 1845, était d'origine irlandaise. 11 prit part dès l'âge de 15 ans à la guerre de l'indépendance, fut, pendant quelques années , avocat général à Nashville (Tennessee), fit partie de la commission qui rédigea la constitution de l'État de Tennessee (1796), fut successivement sénateur de cet État (1797), juge de la cour suprême (1799) et bientôt après chef de la milice. Major général dans la guerre contre les Anglais (1812), il repoussa vigoureusement l'ennemi, conquit la Floride et remporta devant la Nouv.-Orléans, le 8 janv. 1815, une vict. qui mit fin à la lutte. Il repoussa avec le même succès les Indiens qui menaçaient le territoire de l'Union. Élu gouverneur de la Floride en 1821, il fut porté à la présidence par le parti démocratique en 1829 et réélu en 1833. Il sut empêcher une scission imminents entre les États du Nord et ceux du Sud, et obtint de Louis-Philippe (1835) une indemnité de 25 millions pour dommages causés au commerce des États-Unis pendant les guerres de l'Empire. En 1833, il provoqua, par la suppression de la banque de New-York, une effroyable crise financière.

JACMEL, v. et port de l'île d'Haïti, dans le dép. de l'Ouest, à 44 kil. S. O. de Port-Républicain, sur la côte S. et à l'emb. d'une rivière de même nom; 6000 hab. Commerce: actif.

JACOB, patriarche hébreu, né en 2206 av. J.-C. (1836, selon la chronologie vulgaire), était le 2e fils d'Isaac et de Rébecca. Il acheta d'Ésaü, son frère aîné, son droit d'aînesse, et lui enleva par ruse la bénédiction paternelle. Craignant ensuite la colère d'Ésaü;, il se réfugia en Mésopotamie, chez son oncle Laban. En chemin, il eut, à Béthel, un songe dans lequel il vit les anges descendre et monter une échelle mystérieuse qui allait au ciel, et entendit Dieu lui promettre qu'il serait le père d'une race innombrable. Arrivé chez Laban, il le servit pendant 2 fois 7 ans et épousa successivement ses deux filles, Lia et Rachel. Il retourna ensuite dans son pays en s’échappant furtivement de chez son beau-père. Au milieu de la route, il rencontra un ange sous une forme humaine, lutta avec lui la nuit entière, et demeura victorieux. Depuis ce temps Jacob porta le surnom d'Israël (fort contre Dieu), que l'ange lui avait donné. Peu après, ayant su qu'Ésaü venait l'attaquer suivi de 400 hommes, il alla au-devant de lui et l'apaisa par sa soumission et ses présents. Il s'arrêta d'abord à Sichem, puis se fixa à Béthel, où il élit la douleur de se voir enlever son fils chéri Joseph, que ses frères vendirent par jalousie. Mais quelques années après, il apprit que ce fils vivait en Égypte, où il était ministre de Pharaon, et il se rendit près de lui (2076). Pharaon le combla de biens, et lui donna la terre de Gessen, où il s'établit avec ses enfants. Il mourut env. 17 ans après, âgé de 147 ans. Il avait eu de Lia 6 fils, Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issaehar et Zabulon, et une fille, Dina; de Bala et de Zelpha, 4 fils, Dan, Nephtali, Gad et Aser, et enfin de Rachel, ses 2 derniers fils, Joseph et Benjamin. De ses 12 fils, 10 donnèrent leur nom à dix des douze tribus ; les deux fils de Joseph, Éphraïm et Manassé, devinrent chefs des deux autres tribus. Quant à Lévi, il fut le chef des Lévites, qui étaient voués au culte et répartis dans tout le territoire.

JACOB ZANZALE. V. ZANZALE (Jacob).

JACOB, chef des Pastoureaux. V. PASTOUREAUX.

JACOB DE ST-CHARLES (le P. Louis), bibliographe, de l'ordre des Carmes, né à Châlon-sur-Saône en 1608, m. en 1670, fut chapelain d'Achille de Harlay, et bibliothécaire du cardinal de Retz. Ses principaux ouvrages sont : Bibliotheca pontificia, Lyon, 1643 et 1647 (jusqu'à Urbain VIII); Traité des plus belles Bibliothèques, Paris, 1644; Bibliotheca Parisina (pour les années 1643-1650); Bibliotheca Gallica universalis (pour les années 1643 à 1653).

JACOB (Louis Léon, comte), marin français, né à Tonnay-Charente en 1768, m. en 1854, fut nommé lieutenant de vaisseau en 1794 et capitaine en 1803; inventa en 1805 les signaux sémaphoriques; fut chef de la marine à Naples en 1806, devint contre-amiral en 1812, et défendit Rochefort contre la flotte anglaise en 1814. Disgracié au retour des Bourbons, il fut rappelé au service en 1820, gouverna la Guadeloupe de 1823 à 1826, fut nommé en 1827 vice-amiral, puis préfet maritime à Toulon et organisa en cette qualité les expéditions de Morée et d'Alger. Après 1830, il fut élevé à la pairie (1831) et fut un instant ministre de la marine (1834).

JACOBI (Fréd. Henri), philosophe allemand, né à Dusseldorf en 1743, m. à Munich en 1819, occupa plusieurs places dans l'administration, fut conseiller privé à Dusseldorf, et devint en 1804 conseiller de Bavière et président de l'Académie des sciences de Munich, il a publié un grand nombre d'ouvrages de philosophie et de littérature. Comme philosophe, il fut un des adversaires de Kant, et proposa une doctrine mystique qui fondait toute connaissance philosophique sur le sentiment, sorte d’instinct par lequel l’âme atteint immédiatement les vérités les plus importantes, Dieu, la Providence, l’immortalité de l’âme. Ses principaux ouvrages sont : Lettres sur la doctrine de Spinosa, Breslau, 1785 ; De Hume et de la foi, ou de l’Idéalisme et du Réalisme, 1787 ; Lettre à Fichte, 1799. Il est aussi l’auteur du célèbre roman de Woldemar, dans lequel il combattit la morale de l’intérêt personnel. Ses OEuvres ont été publiées à Leipsick, 1819-20, 6 vol. in-8.

JACOBI (Jean George), poète allemand, frère aîné du précéd., né en 1740 à Dusseldorf, m. en 1814, était chanoine d’Halberstadt, et professa successivement l’éloquence à Halle et à Fribourg en Brisgau. Il publia, de 1774 à 1756 et de 1803 à 1811, avec le concours des principaux littérateurs de l’Allemagne, un journal littéraire intitulé l’Iris ; il écrivait en même temps dans le Mercure allemand et dans la Biblioth. allemande des Belles-lettres. Il a composé des épîtres en vers, des cantates, des comédies, des fables, etc. Il avait pris pour modèle Gresset, Chapelle et Chaulieu ; on estime son Voyage d’hiver, traduit par Armandry, Lausanne, 1796. Ses OEuvres compl. ont été publiées à Zurich, 1807-13 et 1825, 4 vol. in 8.

JACOBI (Ch. Gust.), célèbre mathématicien, né à Potsdam en 1804, m. en 1851, enseigna les mathématiques à Kœnigsberg et à Berlin, devint membre de l’Académie des Sciences de cette ville et associé de l’Institut de France. On lui doit, entre autres ouvrages importants : Fundamenta novæ theoriæ functionum ellipticarum, 1820, Canon arithmeticus, 1829. Ses OEuvres ont été réunies à Berlin, 1846-51,2 v. in-4.

JACOBI, professeur à Saint-Pétersbourg, mort en 1874, est, avec l’Anglais Spencer, l’inventeur de la galvanoplastie.

JACOBINS, nom donné en France à l’ordre des Dominicains, parce que leur premier couvent à Paris fut établi rue St-Jacques (1219). Ils avaient aussi rue St-Honoré (sur l’emplacement du marché St-Honoré actuel) un couvent qui devint célèbre dans la Révolution comme siège du fameux club des Jacobins.

JACOBINS (club des), société populaire, formée dès 1789, à Versailles, fut d’abord connue sous le nom de club Breton, parce qu’elle avait été créée par des députés de la Bretagne. Quand l’Assemblée nationale eut été transférée à Paris, le club s’y transporta aussi, mais en se renouvelant, et prit alors le titre de Société des Amis de la Constitution. On lui donna vulgairement le nom de club des Jacobins, parce qu’il se réunissait dans l’ancien couvent des Jacobins de la rue Si-Honoré. Ce club fut bientôt dirigé par les députés de l’opinion la plus avancée ; il étendit ses ramifications par toute la France et exerça la plus funeste pression sur l’opinion publique. On y discutait à l’avance les questions qui devaient être proposées à l’Assemblée nationale et on préparait les nominations et les résolutions. Robespierre en fut longtemps le chef. Ce club fut le principal instigateur des insurrections et des crimes qui souillèrent le règne de la Convention ; il fournit le personnel de la trop fameuse Commune de Paris, et se signala tellement par son exaltation révolutionnaire que l’on a depuis étendu le nom de Jacobins à tous les démagogues. La chute de Robespierre mit un terme à la domination des Jacobins et leur club fut fermé le 21 brumaire an III (11 nov. 1794). Ils essayèrent de se reconstituer à la fin du Directoire, mais le 18 brumaire les dispersa pour toujours.

JACOBITES, secte religieuse de l’Orient, qui eut pour chef Jacob Zanzale, évêque d’Édesse en 541, ne reconnaissait en J.-C. qu’une seule nature, la nature divine (V. MONOPHYSITES). Elle s’est continuée jusqu’à nos jours dans différentes parties de l’Asie, particulièrement en Syrie, en Éthiopie et en Arménie. Son chef réside à Kara-Amid, capitale du Diarbékir. Les Coptes (Égypte) sont encore aujourd’hui en grande partie Jacobites. Ces sectaires se marquaient autrefois le front d’une croix, avec un fer chaud.

Le nom de Jacobites a aussi été donné, en Angleterre, aux partisans de Jacques II et de son fils Jacques III, après la révolution de 1688.

JACOBS (Christ. Fréd. Wilh.), savant helléniste, né à Gotha en 1764, m. en 1847, était fils d’un avocat et fut élève de Heyne et de Schütz. Professeur à Gotha dès 1785, il fut appelé à Munich en 1807 pour y professer la littérature ancienne et y faire l’éducation du prince royal, mais il revint à Gotha en 1810 et fut nommé directeur de la bibliothèque ducale. Il était membre de la plupart des académies de l’Allemagne et associé de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de France. On lui doit d’excellents travaux sur Euripide, Philostrate, Athénée, Élien, Stobée, Longus, Achille Tatius, Tzetsès, dont il épura les textes ; une Chrestomathie grecque et une Chrestomathie latine, devenues classiques ; mais il est surtout connu par son édition critique de l’Anthologie grecque : ce vaste monument, qui se compose de 13 vol. in-8, en y comprenant ses Animadversiones, parut à Leipsick de 1794 à 1814 ; il le compléta par l’Anthologie de Constantin Céphalas, publiée d’après un manuscrit de Gotha, 3 vol. in-8, 1813-1817. Jacobs a traduit avec élégance en allemand une partie de l’Anthologie, ainsi que les œuvres de Longus, de Philostrate, d’Héliodore, d’Élien, de Velléius Paterculus. Il a en outre composé une série de romans philosophiques et de contes pour l’enfance.

JACOPONE, vieux poète ascétique italien, né à Todi au milieu du XIIIe siècle, mort en 1306, exerça d’abord la profession d’avocat. Ayant perdu sa femme, il entra chez les Frères Mineurs. Il reste de lui des Cantiques spirituels (recueillis à Venise, 1617, in-4), parmi lesquels on remarque le Stabat Mater, que d’autres attribuent à Innocent III.

JACOTOT (Joseph), instituteur, né à Dijon en 1770, mort à Paris en 1840, était avant la Révolution professeur d’humanités au collège de Dijon. En 1791, il s’engagea dans le bataillon de la Côte-d’or et fut nommé capitaine d’artillerie. Lors du rétablissement des études, il fut rappelé à l’école centrale de Dijon, professa successivement le latin, les mathématiques et le droit, devint, sous l’Empire, secrétaire du ministre de la guerre, puis sous-directeur de l’École polytechnique, et fut pendant les Cent-Jours membre de la Chambre des Représentants. Il quitta la France lors de la 2e Restauration (1815), se retira en Belgique, fut nommé professeur de littérature française à l’Université de Louvain, puis directeur de l’École militaire de Belgique, et ne rentra en France qu’en 1830. Il attira l’attention publique dès 1818 en annonçant une méthode d’enseignement universel par laquelle il se proposait d’émanciper les intelligences : il prétendait que tout homme, tout enfant, est en état de s’instruire seul et sans maître, qu’il suffit pour cela d’apprendre à fond une chose et d’y rapporter tout le reste ; que le rôle du maître doit se borner à diriger ou à soutenir l’attention de l’élève ; en conséquence il proscrivait les maîtres explicateurs. Il proclamait certaines maximes paradoxales qui ont été vivement critiquées: Toutes les intelligences sont égales ; Qui veut peut ; On peut enseigner ce qu’on ignore ; Tout est dans tout, etc. On a de lui un Cours d’Enseignement universel, savoir : Langue maternelle, Louvain, 1823: Langue étrangère. Paris 1829 ; Mathématiques ; Musique ; etc. La méthode Jacotot donna lieu à une vive polémique : elle eut des enthousiastes qui tombèrent dans des exagérations ridicules, et des détracteurs qui ne furent pas toujours justes. — Peintre. V. JAQUOTOT.

JACQUARD (Jos. Marie), célèbre mécanicien ; né à Lyon en 1752, m. en 1834, fils d’un ouvrier tireur de lacs, fut longtemps ouvrier lui-même. Avant lui, les machines à tisser, chargées de cordes, de pédales, etc., rendaient nécessaire au tisserand l’adjonction de compagnons servants : le métier à la Jacquard l’en affranchit, lui permit de suffire seul au rouage, et lui épargna des travaux pénibles ou insalubres. Cette invention, dont la 1re idée date de 1801, ne s’établit pas sans obstacle, les ouvriers n’y voyant d’abord qu’un moyen de leur enlever leur travail ; ce fut seulement en 1812 que l’usage en devint peu à peu général à Lyon. Jacquard qui, par patriotisme, avait refusé les offres les plus avantageuses de l’étranger, eut enfin la satisfaction de voir son mérite reconnu par toutes les villes manufacturières de la France. Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1819 et passa ses dernières années à Oullins, près de Lyon. La ville de Lyon, qui lui faisait une pension depuis 1806, lui a élevé une statue sur la place de Sathonay en 1840.

JACQUELINE, comtesse de Hollande, fille de Guillaume VI, comte de Hollande, et de Marguerite de Bourgogne, épousa en 1415 Jean de Touraine, resta veuve deux ans après, et succéda en 1417 à son père Guillaume VI ; elle épousa en secondes noces Jean IV, duc de Brabant, son cousin. Sa couronne lui ayant été enlevée par Jean de Bavière, son oncle, sans que son époux fît rien pour la défendre, elle se réfugia en Angleterre, y épousa le duc de Glocester, et revint en Flandre avec une armée ; elle y fut prise, mais elle parvint à s’échapper, et, à la mort de Jean de Bavière (1425), elle remonta sur le trône. Elle en fut de nouveau chassée par le duc de Bourgogne, 1433, et mourut en 1436, après s’être mariée une 4e fois.

JACQUELINE PASCAL. V. PASCAL.

JACQUEMONT (Victor), voyageur du Muséum d’histoire naturelle, né à Paris en 1801, fut chargé en 1828 d’explorer l’Inde, parcourut l’Himalaya, le Thibet, pénétra jusqu’à Lahore, où il fut accueilli par le roi Runjet-Sing, visita le Cachemire, le Pendjab, et mourut à Bombay en 1832, des suites d’une fièvre contractée en herborisant dans l’île empestée de Salsette. On a imprimé sa Correspondance pendant son voyage dans l’Inde, Paris, 1834, 2 v. in-8, ainsi que son Voyage dans l’Inde, 1831-43, 6 v. in-4. Ces ouvrages, aussi remarquables par le talent de l’écrivain que par la science du naturaliste, offrent le plus grand intérêt.

JACQUERIE (la), faction qui ravagea la France pendant la captivité au roi Jean en Angleterre (1357), était composée de paysans révoltés contre leurs seigneurs et avait pour chef un certain Guillaume Caillot, surnommé Jacques Bonhomme, d’où elle prit son nom. Elle se forma d’abord dans le Beauvaisis et se répand1t bientôt dans toute l’Ile-de-France et les provinces voisines, attaquant les châteaux et exerçant contre leurs maîtres toutes sortes de violences. Les bourgeois des villes s’unirent aux seigneurs pour exterminer les Jacques. Ces bandes furent taillées en pièces par le comte de Foix et par le captal de Buch (1258). M. Siméon Luce a donné l’Hist. de la Jacquerie, 1860.

JACQUES (S.), Jacobus, le Majeur (c.-à-d. le plus âgé, par rapport au suivant), un des 12 apôtres, fils de Zébédée et frère de S. Jean l’Évangéliste, éta1t d’abord pêcheur. Il s’éloigna de Jérusalem lors de l’arrestation de J.-C., mais il y revint après la mort du Sauveur, et prêcha la foi avec tant de zèle qu’Hérode Agrippa le fit mettre à mort, 44. Selon une tradition répandue, S. Jacques aurait prêché la foi en Espagne ; et, après son martyre, son corps, mis dans une barque et abandonné à la mer, aurait été déposé sur la côte de la Galice près du lieu appelé depuis St-Jacques de Compostelle. Les habitants de cette ville l’ont en grande vénération, et prétendent posséder son corps, qu’ils conservent dans leur cathédrale. L’Église hon. ce saint le 24 juillet. Il est le patron de l’Espagne.

JACQUES (S.), le Mineur (c.-à-d. le Jeune), frère de S. Simon et de S. Jude, fut le 1er évêque de Jérusalem et mérita d’être surnommé le Juste. Il périt assommé par le peuple à l’instigation du grand prêtre Ananus, l’an 62. Il était cousin germain de Jésus, ce qui le fait quelquefois appeler dans le Nouveau-Testament frère du Seigneur. On a de lui une Épitre aux douze tribus et un discours au concile de Jérusalem (dans les Actes des Apôtres). L’Église l’honore le 1er mai, avec S. Philippe.

JACQUES (S.) de Compostelle, V. JACQUES LE MAJEUR et SAINT-JACQUES (ville),

JACQUES ou JAYME I, roi d’Aragon, surnommé le Conquérant ou le Belliqueux, né à Montpellier en 1206, commença à régner en 1213, battit les Maures, conquit sur eux le roy. de Valence et les Baléares (1229), eut plusieurs querelles avec les papes, obtint, par le traité de Corbeil (1256), la renonciation de S. Louis aux comtés de Barcelone et de Roussillon et à la seigneurie de Montpellier, et mourut à Xativa en 1276. Il avait écrit lui-même la chronique de son temps. Il laissa deux fils qui régnèrent, l’un sur l’Aragon, sous le nom de Pierre III, l’autre sur Majorque, sous le nom de Jacques I. — II, le Juste, roi d Aragon, 2e fils de Pierre III et petit-fils de Jacques I. Avant de monter sur le trône d’Aragon, il avait gouverné pour son père la Sicile, que ce prince venait de conquérir, et avait lui-même régné sur cette île après la mort de son père (l285). Son frère ainé, Alphonse III, roi d’Aragon, étant mort en 1291, il quitta la Sicile, dont il laissa la vice-royauté à Frédéric, son frère puîné, et vint régner sur l’Aragon. Ayant épousé en 1295 une fille de Charles II, de la maison d’Anjou, il céda à ce prince ses prétentions sur la Sicile au préjudice de son propre frère Frédéric. Il confirma en 1325 les privilèges des Aragonais, et mourut en 1327.

JACQUES on JAYME I, roi de Majorque, fils puîné de Jacques I, roi d’Aragon, né à Montpellier en 1248, m. en 1311, reçut de son père en 1262, sous le titre de royaume de Majorque, les îles Baléares, le comté de Roussillon et la seigneurie de Montpellier, et força son frère aîné, Pierre III, à lui confirmer cette donation ; mais il fut toujours en guerre avec lui, ainsi qu’avec ses deux neveux, Alphonse III et Jacques II, fils et successeurs de Pierre III. — II, roi de Majorque et prince titulaire d’Achaïe, petit-fils du préc., succéda à D. Sanche son oncle en 1324. Il s’aliéna la France en contestant à Philippe de Valois la suzeraineté de Montpellier. Celui-ci le laissa dépouiller des îles Baléares par Pierre IV d’Aragon et le força à lui vendre le comté de Montpellier, sa dernière possession. Jacques II fut tué en 1349, au moment où il tentait une descente dans l’île de Majorque. III, fils de Jacques II, fut pris dans le combat où périt son père. Il s’échappa de sa prison, obtint la main de Jeanne I, reine de Naples (1362), fit d’inutiles efforts pour reconquérir ses États, et mourut sans postérité en 1375.

JACQUES I, roi d’Écosse fils de Robert III, né en 1391, était en captivité chez les Anglais quand son père mourut, en 1406. Le royaume fut gouverné par son oncle, le duc d’Albany, qui ne fit rien pour le délivrer. Il ne put recouvrer sa liberté qu’en 1423. Jacques sévit contre les grands qui commettaient impunément toutes sortes d’injustices, mais il se fit par là des ennemis irréconciliables ; ils conspirèrent contre lui et l’assassinèrent, en 1437. Ce prince cultivait les lettres ; on a de lui un poëme allégorique, la Complainte royale, qu’il composa pendant sa captivité, et des pièces de poésie, dans lesquelles il décrit les occupations et les divertissements des Écossais ; elles ont été publiées sous le titre de Restes poétiques de Jacques I, Édimbourg, 1783. - II, fils du préc., né en 1430, n’avait que 7 ans quand il monta sur le trône. Pendant sa minorité, le pouvoir fut exercé par Alexandre Livingston et par le chancelier Crichton. Devenu majeur, il poursuivit les desseins de son père contre la noblesse, ordonna plusieurs exécutions et tua lui-même un comte de Douglas : Cette conduite excita quelques troubles, mais il sut les apaiser. Il périt en 1460, au siége de Roxburgh, frappé par les éclats d’un canon qu’il essayait. - III, fils du préc., régna de 1460 à 1488. Il se laissa gouverner par des favoris, et mécontenta les nobles qui marchèrent contre lui, conduits par son frère, Alexandre d’Albany. Il parvint une première fois à conjurer l’orage ; mais s’étant porté de nouveau aux mêmes excès, les principaux feudataires se révoltèrent une seconde fois, mirent à leur tête son fils aîné (Jacques IV), et lui livrèrent à Bannockburn une bataille dans laquelle il périt. — IV, fils du préc., lui succéda à 16 ans, en 1488, défit les nobles révoltés, fit la guerre à Henri VII et à Henri VIII, rois d’Angleterre, se ligua avec Louis XII contre les Anglais, et fut tué à la bat. de Flodden, livrée à Henri VIII (1513). Il avait épousé en 1503 Marguerite, fille du roi d’Angleterre, Henri VII ; ce mariage donna naissance aux droits de Jacques VI sur la couronne d’Angleterre. — V, fils du préc., n’avait qu’un an à la mort de son père (1513). Il prit les rênes du gouvernement à l’âge de 13 ans, et se ligua avec François I, roi de France, contre Charles-Quint. François lui donna en mariage Madeleine, sa fille aînée (1536). Après la mort de cette princesse, Jacques épousa Marie de Lorraine, fille de Claude, duc de Guise (1539), dont il eut Marie-Stuart. Jacques mourut en 1542, laissant la couronne à Marie Stuart. C’était un prince vertueux, ami de la paix et de la religion.

JACQUES I, roi d’Angleterre, né en 1566, fils de Marie Stuart et de H. Darnley, régna d’abord en Écosse sous le nom de Jacques VI, et fut proclamé roi presque en naissant par suite de l’abdication forcée de sa mère (1567). L’Écosse fut gouvernée pendant sa minorité par son oncle le comte de Murray et par son grand-père, le comte de Lennox. Jacques avait des droits sur la couronne d’Angleterre par le mariage de Marguerite, fille de Henri VII, avec Jacques IV, son grand-père : il fut en conséquence reconnu par les Anglais à la mort d’Élisabeth (1603). Il prit le titre de roi de la Grande-Bretagne et fit tous ses efforts pour opérer la réunion définitive des deux royaumes. Comme il était fort hostile aux Catholiques, il se forma contre lui, en 1605, un complot, dit Conspiration des Poudres, qui faillit le faire périr avec le Parlement tout entier : il bannit par suite de cet événement les Jésuites, qu’on accusait d’y avoir pris part, et fit décréter par le Parlement la formule du serment d’allégeance qui refusait au pape tout droit de déposer les rois et de délier les sujets du serment de fidélité. D’une humeur très-pacifique, il laissa l’Autriche dépouiller de ses États l’électeur Frédéric V, mari de sa fille Élisabeth (1621-23). Il maria son fils aîné, Charles I, à Henriette de France, fille de Henri IV (1625), et mourut peu après. Ce prince eut d’indignes favoris, parmi lesquels on cite Robert Carr, duc de Somerset, et Villiers, duc de Buckingham, qui prirent sur lui le plus funeste ascendant. Il prétendit au pouvoir absolu, voulut, au mépris de la constitution, gouverner sans le Parlement, et prépara ainsi la révolution qui éclata sous son successeur. Du reste, il possédait une grande instruction et était surtout versé dans la théologie : ses flatteurs l’avaient surnommé le Salomon de l’Angleterre. Il a laissé quelques écrits, entre autres le Basilicon dôron ou Don royal, un Commentaire sur l’Apocalypse et des Méditations sur l’Oraison dominicale.

JACQUES II, roi d’Angleterre, 2e fils de Charles I, né en 1633, fut d’abord connu sous le nom de duc d’York. Il vécut en Hollande et en France pendant le protectorat de Cromwell. Il rentra en Angleterre avec son frère Charles II lors de la Restauration, et fut appelé, malgré une longue et vive opposition, à lui succéder (1685). Il s’était converti au Catholicisme en 1654, pendant son séjour en France, et, quoiqu’il eût juré en montant sur le trône de ne rien entreprendre contre la religion de l’État, il fut accusé de partialité pour les Catholiques ; ce qui excita un mécontentement universel. Plusieurs conspirations éclatèrent contre lui ; il vainquit et mit à mort le duc de Monmouth et le comte d’Argyle, qui s’étaient mis à la tête des rebelles (1685) ; mais quelques années après, il fut détrôné par son gendre, Guillaume, prince d’Orange et stathouder de Hollande, que les mécontents avaient appelé en Angleterre (1688). Battu sur terre à la Boyne en Irlande, et sur mer à la Hogue, il fut, malgré les secours de Louis XIV, forcé de quitter l’Angleterre ; sa famille tenta vainement depuis de remonter sur le trône. Jacques vint se fixer à St-Germain, près de Paris ; il y tint une petite cour et y mourut en 1701, léguant ses prétentions à son fils Jacques Stuart, dit le Chevalier de St-George.

JACQUES (BAULOT, dit Frère), lithotomiste, né en 1651, à Beaufort (Jura) près de Lons-le-Saulnier, mort à Besançon le 7 décembre 1714, perfectionna la taille et inventa un nouveau procédé qu’il appliqua avec le plus grand succès en France, en Allemagne et en Hollande. Sa méthode est celle qu’on appelle à tort taille anglaise, taille de Rau.

JACQUES BONHOMME. V. JACQUERIE.

JACQUES CŒUR. V. CŒUR.

JACQUES DE L’ÉPÉE (ordre de St-), ordre militaire institué vers 1170, sous Ferdinand II, roi de Léon et de Castille, pour défendre contre les attaques des Maures les pèlerins qui se rendaient à St-Jacques de Compostelle. C’est le plus considérable des ordres militaires d’Espagne. Il avait son principal siège à Uclès en Castille. Sous Ferdinand V, en 1493, la grande maîtrise de l’ordre fut réunie à la couronne d’Espagne. L’habit consiste en un manteau blanc, avec une croix rouge, faite en forme d’épée, fleurdelisée par le pommeau et les croisons.

JACQUES DU HAUT-PAS (Ordre de St-), ordre de religieux hospitaliers, institué en Italie vers 1260, pour faciliter aux pèlerins le passage des rivières, en leur fournissant des bacs. Ils formaient une congrégation dont le ch.-l. était l’hôpital de St-Jacques du Haut-Pas, sur l’Arno, dans le diocèse de Lucques. Cet ordre se multiplia surtout en France, où le pape nomma en 1286 un commandeur général qui résidait à Paris (rue St-Jacques, à l’hôpital de St-Jacques du Haut-Pas). Il fut supprimé en 1672 et réuni à l’ordre de St-Lazare.

JACQUIER (Franç.), minime, savant mathématicien, né à Vitry-le-François en 1711, mort en 1788, professa l’Écriture Sainte au collège de la Propagande à Rome, puis la physique expérimentale et les mathématiques au collège Romain. Il a laissé des commentaires fort estimés sur les Principia mathematica de Newton (en société avec le P. Th. Leseur), Genève, 1740-1742, 3 vol. in-4 ; Institutions philosophicæ, Rome, 1757, 6 vol. in-12 ; des Éléments du calcul intégral, en français, Parme, 1768, 2 v. in-4 ; Trattato intorno la sphera, 1775, etc.

JACUY, riv. du Brésil, sort des monts de San-Ignacio, dans la prov. de Rio-Grande, coule à l’E., et tombe dans le lac dos Patos, après un cours de 450 kil. Affluents : le Vaccahy, le Pardo et le Tacoary.

JADDUS, grand prêtre des Juifs, refusa à Alexandre des secours et des vivres. Le conquérant irrité marcha sur Jérusalem; mais tout à coup, à la vue de Jaddus qui s’avançait à sa rencontre accompagné de tous les Lévites, il s’arrêta et se prosterna à ses pieds, parce que, dit-il, un homme revêtu des mêmes ornements lui était apparu en songe, et lui avait promis l’empire de l’Asie.

JADELOT (Nic.), savant médecin, né à Pont-à-Mousson en 1738, mort en 1793, fut professeur d’anatomie et de physiologie à l’Université de Nancy, et pratiqua son art dans cette ville avec succès. On a de lui, outre plusieurs dissertations sur divers sujets de médecine : Tableau de l’économie animale, Nancy, 1789 ; Sur les causes de la pulsation des artères, 1771 ; Cours d’Anatomie, 1773 ; Physica hominis sani, 1781 ; Pharmacopée des Pauvres, 1784.

JADON, prophète juif. V. JÉROBOAM.

JÆGERNDORF, Carnovia, v. murée des États autrichiens (Silésie), sur l’Oppa, r. g., à 28kil. N. O. de Troppau ; 5300 hab. Château de Lobenstein. Le général russe Apraxin défit aux environs les troupes de Frédéric II (30 août 1757). — Cette ville a donné son nom à la principauté (jadis souveraine) de Jægerndorf, dont la plus grande partie se trouve auj. enclavée dans la Silésie prussienne, tandis que la ville de Jægerndorf elle-même se trouve dans les États autrichiens : cette principauté appartient actuellement au prince de Lichstentein. JAEN, Gienna ou Giennum en latin moderne, v. d'Espagne (Andalousie), ch.-l. de l'intendance de même nom, à 300 kil. S. de Madrid, sur une montagne, près du Rio-de-Jaën, affluent du Guadalquivir : 19 000 h. Évêché. Château fort, cathédrale; plusieurs belles places. Environs très-agréables. — La ville de Jaën occupe, suivant les uns, la place d’Oningis, selon d'autres, celle de Mentessa. Importante dès le temps des Romains, sa prospérité augmenta encore sous les Maures. Comprise dans le califat de Cordoue, elle devint, après le démembrement de ce califat, la capitale d'un petit État séparé. Alphonse VIII, roi de Castille, battit les Maures à Jaën, 1157. Ferdinand III de Castille la prit en 1246. Les Maures ravagèrent son territoire en 1295, 1368 et 1407. Depuis ce temps sa décadence n'a fait que s'accroître, malgré les efforts tentés pour lui rendre son ancienne splendeur. — L'intendance de Jaën, entre celles de Ciudadréal, de Grenade et de Cordoue, a 130 kil. sur 110, et 300 000 hab, Au N. s'étendent plusieurs branches de la Sierra Morena, où se trouvent des mines nombreuses, mais peu exploitées. Pâturages magnifiques; vastes forêts, gibier abondant, etc. Industrie presque nulle.

JAEN-DE-BRACOMOROS, v. de la république de l'Équateur (Loja), à 260 kil. S. E. de Cuença, au confluent du Chinchipe et de l'Amazone : 8000 hab. Fondée en 1549, et longtemps ch.-l. d'une province.

JAFFA, Joppé, v. et port de Syrie, sur la Méditerranée, à 55 k. N. O. de Jérusalem, à 100 k. S. O. de St-Jean-d'Acre ; env. 6000 h. (la plupart Turcs; 500 Chrétiens catholiques, 6 à 700 Grecs et 100 Arméniens). Jaffa est bâtie en amphithéâtre sur une langue de terre qui s'avance dans lamer: elle est dominée par une citadelle en ruines. Rues étroites et malpropres ; plusieurs mosquées et trois couvents; aux environs jardins délicieux remplis d'arbres fruitiers. Le port de Jaffa est le rendez-vous des pèlerins qui vont à Jérusalem. Du reste, le commerce y est peu considérable; il consiste en blé, riz, toile de lin, etc., apportés d'Égypte, et en savon et, huiles, qui sont les denrées du pays. — Cette ville est très-ancienne : on prétend qu'elle existait dès le temps de Noé. Les Juifs la nommaient Joppé (c.-à-d. belle, agréable). C'est là que s'embarqua Jonas, et que S. Pierre ressuscita la veuve Tabithe. Des auteurs païens placent à Joppé l'aventure de Persée et d'Andromède. Jaffa eut à subir des sièges nombreux : dans l'antiquité, elle fut prise et reprise par les Égyptiens et les Assyriens; Judas Macchabée la brûla; le général romain Cestius la détruisit ; Vespasien la ravagea; au VIIe siècle les Sarrasins s'en emparèrent; au XIIe, les Croisés la prirent d'assaut et en firent un comté que posséda Gautier de Brienne; S. Louis fortifia Jaffa, mais bientôt elle devint la proie des soudans d'Égypte, auxquels les Turcs l'enlevèrent. De ce moment date sa décadence. En 1799, les Français, commandés par Bonaparte, s'emparèrent de la ville après un long siège et une résistance acharnée; mais la peste décima les vainqueurs : c'est alors que le général français, pour relever le courage des soldats démoralisés, osa, dit-on, défier la contagion en touchant de sa main les tumeurs empestées. En 1837, un tremblement de terre détruisit la plus grande partie de la ville et fit périr 13 000 h. En 1840, les Anglais ont pris Jaffa pour les Turcs sur le pacha d’Égypte.

JAFNA ou JAFNAPATAM V. DJAFNA.

JAGELLONS, anc. dynastie qui a régné sur la Lithuanie, la Pologne, la Hongrie et la Bohême. Elle doit son nom au grand-duc Jagiel, qui, ayant épousé Hedwige, fille de Louis, roi de Hongrie et de Pologne (1386), se convertit au Christianisme, et devint lui-même roi de Pologne, sous le nom de Wladislas V. Ses descendants régnèrent, les uns sur la Lithuanie, les autres sur la Pologne. Alexandre Jagellon réunit ces deux couronnes en 1501. La mort de Sigismond II Auguste, qui ne laissait point d'enfants, mit fin à la dynastie des Jagellons en Pologne (1572). — Plusieurs Jagellons fournirent des souverains à la Hongrie et à la bohème. Wladislas VI, déjà roi de Pologne depuis 1434, fut roi de Hongrie de 1440 à 1444. — Un autre Wladislas J., fils aîné de Casimir IV, roi de Pologne, fut élu roi de Bohême en 1471, sous le titre de Wladislas II, et roi de Hongrie en 1490, après Matthias Corvin ; mais il ne régna pas en Pologne, où il fut remplacé par son frère Jean I Albert (1492). — Après sa mort (1516), Louis, son fils, régna sur la Bohême et sur la Hongrie jusqu'en 1526. V. WLADISLAS, LADISLAS, CASIMIR, etc.

JAGERNAT ou JAGGERNAT. V. DJAGGERNAT.

JAGUAPIRI, riv. du Brésil (Para), coule au N. O., et tombe dans le Rio-Negro après 320 kil. de cours.

JAGUARIBE, nom de 2 riv. du Brésil: l'une, dans la prov. de Céara, tombe dans l'Atlantique, à 110 k. S. E. de Céara : cours, 400 k.; l'autre, dans la prov. de Bahia, se jette dans l'Atlantique au S. O. de la baie de Tous-les-Saints : cours, 110 kil.

JAHDE, golfe de la mer du Nord, dans le grand-duché d'Oldenbourg, à l'O. de l'emb. du Weser, n'existe que depuis 1218. En 1850, le gouvernement prussien acheta au duc d'Oldenbourg le droit d'y creuser un port dans le but d'y former l'établissement principal de sa flotte.

JAHEL, femme juive, accueillit, après sa défaite, Sisara, général de Jabin, roi d'Aser, et pendant son sommeil le fit périr en lui enfonçant un clou dans la tête.

JAHN (Jean), orientaliste et théologien catholique allemand, né en 1750 à Taswitz en Moravie, mort en 1817, chanoine de l'église métropolitaine de Vienne, professa l'archéologie biblique, la théologie et les langues orientales à l'université de cette ville. Il a laissé : Grammaire hébraïque, en allemand; Grammaire arabe, 1796; Grammaire chaldaïque; Archéologie biblique, 1797-1802, Lexicon arabico-latinum, 1802; Enchiridion hermeneuticæ, 1812, avec un Appendix, 1815. Ce dernier ouvrager fut mis à l’Index à Rome pour des interprétations hasardées.

JAHN (Fréd. Louis), patriote allemand, vu1gairement appelé le Père Jahn, né en 1778 dans un village de la Poméranie, m. en 1852, dirigea longtemps un établissement de gymnastique à Berlin. Il fut un des premiers à susciter en Allemagne le sentiment de la nationalité germanique et contribua puissamment en 1813, par ses écrits et ses exemples, à l'élan de la jeunesse allemande soulevée contre la domination française; mais il alarma le gouvernement prussien par les cours qu'il fit, même après l'invasion, sur la nationalité allemande, fut incarcéré en 1820 à Kolberg et ne recouvra la liberté qu'en 1824. Il fit partie de l'assemblée de Francfort en 1848. On a de lui : la Nationalité allemande, 1810 et l832; la Gymnastique allemande, 1816; Feuilles runiques, 1814 et l828.

JAILLOT (J. B.), né à Paris vers 1710, mort en 1780, fut avocat au parlement de Paris, puis secrétaire d'ambassade à Gênes, et finit par se livrer au commerce des cartes géographiques. Il fonda le Livre des postes, et le publia seul jusqu'au moment où l'Administration s'en empara. Il est surtout connu par d'excellentes Recherches critiques, historiques et topographiques sur la ville de Paris, 1775, 5 v. in-8.

JAÏR, de Galaad, juge des Hébreux de 1283 à 1261. Pendant son administration, les Israélites subirent le joug des Philistins : ce fut la 5e servitude; elle dura de 1261 à 1243.

JAÏRE, chef de la synagogue de Capharnaüm, dont Jésus-Christ ressuscita la fille. V. Matth., IX, 18; Marc, V, 22; Luc, VIII, 41.

JALAPA ou XALAPA, v. du Mexique (Vera-Cruz), sur une hauteur, à 60 k. N. O. de Vera-Cruz; 13 000 hab. Sucre, café. Cette ville était jadis l'entrepôt du commerce du Mexique avec l'Europe. Elle a donné son nom à la racine employée en médecine sous le nom de jalap. — Bustaments y publia, le 4 décembre 1829, le plan dit de Jalapa dirigé contre le président Guerrero, qui fut bientôt après déposé et fusillé.

JALÈS, bourg et château de l'anc. Languedoc, auj. dans l'Ardèche, au S., entre les Vans et Barjac. Il s'y forma en sept. 1790, sous le nom de Camp de Jalès, un rassemblement de nobles, qui tenta de soulever le Midi contre l’Assemblée constituante. Cette tentative n’eut aucun résultat : le château de Jalès fut brûlé peu après, 1792.

JALIGNY, ch.-l. de c. (Allier), à 14 kil. N. de La Palisse ; 750 n. Carrières de marbre ; terre à potier.

JALLABERT (Jean), savant genevois, né en 1712, m. en 1768, fut ministre de l’église réformée, professeur de physique expérimentale et de mathématiques à Genève. On a de lui un bon discours sur l´Utililé de la philosophie expérimentale, et des Expériences sur l’électricité, 1748. On lui doit les premiers essais de l’application de l’électricité au traitement des maladies.

JALOMNITZA, Naparis, riv. de la Valachie, naît sur les frontières de la Transylvanie, et se jette dans le Danube par la r. g. après un cours de 300 kil. Elle donne son nom à un district de la Valachie.

JALYSE, v. de l’île de Rhodes, sur la côte O., était une des 3 villes principales de cette île dans l’antiquité. Elle devait son nom à Jalyse, fils de Cercaphus, qui régna sur l’Ile de Rhodes.

JAMAÏQUE (la), une des Grandes-Antilles anglaises, au S. de Cuba et à l’O. d’Haïti ; 260 kil. sur 50 ; 400 000 hab., dont 360 000 noirs ou mulâtres. Le ch.-l. est Kingston, mais le siège du gouvt est Spanish-Town ou Santiago-de-la-Vega. On la divise en trois comtés : Cornwall à l’O., Surrey à l’E. et Middlesex au centre. Les montagnes Bleues la traversent. Le climat est chaud et malsain ; le sol, sujet à de fréquents tremblements de terre, est d’une fertilité extraordinaire. On tire de l’île du sucre, du rhum, qui est renommé, de l’indigo, des plantes médicinales, des bois de teinture, etc. — La Jamaïque fut découverte en 1494 par Christ. Colomb. Elle appartint aux Espagnols jusqu’en 1655 ; l’amiral W. Penn la leur enleva sous l’Administration de Cromwell, et depuis l’Angleterre l’a toujours gardée. Elle a souvent eu à y réprimer des insurrections, notamment en 1690, 1700, 1795. La Jamaïque est administrée par un gouverneur nommé par la couronne et assisté d’un conseil de 12 membres. Elle a en outre une législature propre composée de membres élus par les francs-tenanciers du pays ; le gouverneur anglais a le droit de veto. — Du gouvt de la Jamaïque dépendent administrativement les Lucayes et le Honduras.

JAMARY, riv. du Brésil (Mato-Grosso), coule au N. O., et tombe dans la Madeira : cours, 450 kil.

JAMBIE, v. de l’île de Sumatra, sur une riv. de même nom, à 250 k. de Palembang. Capit. d’un État jadis puissant, qui reconnaît la suzeraineté de la Hollande. Commerce de poudre d’or, de poivre et de roseaux.

JAMBLIQUE, Iamblichus, philosophe néoplatonicien, né à la fin du IIIe siècle, à Chalcis en Cœlésyrie, mort en 333, était disciple de Porphyre, et enseignait à Alexandrie. Outre les trois hypostases divines admises par ses prédécesseurs (V. PLOTIN), il admit une foule de triades secondaires, naissant les unes des autres. Il renouvela aussi la théorie des nombres de Pythagore, en y rattachant sa propre doctrine. Ce qui le caractérise surtout, c’est qu’il professa une philosophie mystique à laquelle il mêlait la magie et la théurgie ; il enseigna les moyens de communiquer avec la divinité ou avec les démons, êtres intermédiaires entre Dieu et l’homme, prétendit faire lui-même des miracles, et fut un des plus dangereux ennemis du Christianisme. Il reste de lui une Exhortation à la philosophie (publiée gr.-lat., par Kiessling, Leips., 1813, in-8) ; une Vie de Pythagore, pleine de fables (publiée par le même, Leips., 1S16, in-8, et à la suite du Diogène Laërce de la collection Didot), et un Livre sur les Mystères des Égyptiens, ouvrage rempli d’idées extravagantes et qui paraît plutôt appartenir à son école qu’à lui-même (publié, avec une Lettre apocryphe de Porphyre à l’Égyptien Anébon, par Th. Gale, gr.-lat., Oxford, 1678, in-fol., et plus récemment par Parthey, Berlin, 1857, in-8). Stobée nous a conservé quelques fragments de son Traité sur l’âme, d’un Commentaire sur le traité de l’âme d’Aristote et d’une Lettre sur le destin : ces derniers écrits, pleins de sens et d’érudition, ont été traduits en français par M. E. Lévêque, Paris, 1859 (dans le tom. II de la traduction des Ennéades de Plotin de M. Bouillet). On peut consulter sur ce philosophe : Hebenstreit, De Jamblici doctrina christianæ religioni noxia, Leipzig. 1794, et Meiners, Judicium de libro qui de Mysteriis Ægyptiorum inscribitur (dans les Mém. de la Société de Gœttingue).

Un autre Jamblique, Syrien, composa vers la fin du IIe siècle un roman grec intitulé : les Babyloniques, ou Amours de Rhodanès et de Sinonis ; il n’en reste que des fragments, conservés par Photius, et publiés dans les Erotici de la collection Didot.

JAMES, forme anglaise du nom de JACQUES.

JAMES (Thomas), en latin, Jamesius, critique et théologien anglais, né en 1571 à Newport, dans l’île de Wight, m. en 1629, était gardien de la bibliothèque de Bodley à Oxford. Il se signala par son hostilité contre le Catholicisme, et chercha, dans ses écrits, à découvrir les falsifications introduites, disait-il, par les Catholiques dans le texte des saints Pères. Ses écrits principaux sont : Bellum papale, Lond., 1600, réfuté par Jos. Bianchini ; le Fisc du pape, ou Tarif des indulgences et des reliques, Lond., 1617, en latin ; l´Apologie de J. Wiclef ; Oxford, 1608 ; Index librorum prohibitorum a pontificibus, 1627. — Rich. James, son neveu, 1592-1638, aida Selden dans la publication des Marbres d’Arundel.

JAMES (Thomas), navigateur, fut chargé en 1631, par une compagnie de négociants de Bristol, de chercher un passage au N. O. ; il navigua au N. jusqu’à 65° 30′ de lat., explora la partie S. de la baie d’Hudson (qui garda son nom), et donna à la portion de continent qu’il vit dans l’O. le nom de Nouv.-Galles du Sud. Il nie la possibilité du passage au N. O. Son Voyage a été publié à Londres, 1633 et 1740.

JAMES (Robert), médecin, né en 1703 à Kinverston (Stafford), m. en 1776, exerça son art successivement à Sheffield, à Lichfield, à Birmingham et à Londres, et se rendit célèbre par la poudre fébrifuge qui porte encore son nom et qu’il exploita comme remède secret (elle se compose de phosphate de chaux et d’antimoine calcinés). On a de lui : un Dictionnaire de médecine, 1743, 3 vol. in-fol. (quia été traduit en fr. par Diderot, Eidous et Toussaint, 1746, 6 vol. in-fol.) ; Pratique de la Médecine, 1746 ; De la cure de la goutte et du rhumatisme, 1747 ; De la rage des chiens, 1760, une Pharmacopée, 1764, etc.

JAMES ou JAMES-RIVER, riv. des États-Unis (Virginie), sort des monts Alleghanys sous le nom de Jackson’s-River, court de l’E. à l’O., arrose Jamestown, et tombe dans la baie de Chesapeak. Cours, 400 kil.

JAMES (baie de), golfe de l’Amérique du N., à l’extrémité S. E. de la mer d’Hudson, entre le Labrador, le Canada et la Nouv.-Galles mérid., reçoit l’Albany, la West-River, etc. Elle doit son nom à Th. James, qui l’explora.

JAMESTOWN, v. des États-Unis (Virginie), sur la r. g. du James-River, à 80 S. O. de Richmond. C’est le 1er établissement que les Anglais aient formé aux États-Unis : il date de 1608,

JAMESTOWN, v. forte de l’île de Ste-Hélène, sur la baie de son nom et la côte N. O. de l’île ; 3000 h. ; ch.-l. de la colonie et résidence du gouverneur.

JAMETZ, Gemmacum, vge de France (Meuse), à 9 kil. S. de Montmédy ; 1000 h. Jadis fortifié, Jametz fut le siège d’une seigneurie, qui fut cédée à Louis XIII par le duc de Lorraine en 1641, et donnée depuis par Louis XIV à la maison de Condé.

JAMYN (Amadis), poëte français, né à Chaource (Champagne), en 1538 ou 40, m. en 1585, fut de bonne heure remarqué par Ronsard, qui le traita comme son fils et lui procura la charge de secrétaire et lecteur du roi. Il a composé des sonnets, des églogues, des élégies, des épîtres (à Charles IX et aux seigneurs de la cour), réunis sous le titre d´OEuvres poétiques, 1575, 79, 84 ; il y montra plus de goût et de naturel que Ronsard. Il a aussi trad. en vers une partie de l´Iliade et de l´Odyssée. On lui donne quelquefois place dans la Pléiade poétique de son temps.

JANET (Franç. CLOUET, dit), peintre français, d'une famille d'artistes originaires de Flandre, né vers 1510, m. v. 1580. On le croit élève d'Holbein. Il répudia l'imitation des Italiens, et demeura fidèle à l'ancienne école. Il a laissé des portraits de très-petite dimension. Ses œuvres sont nombreuses en Angleterre, surtout dans la galerie de Hampton-Court. Le musée du Louvre a de lui un charmant portrait de femme (dans le salon carré).

JANICULE (mont), Janiculus mons, une des sept collines de Rome, la seule qui se trouvât à la droite du Tibre (V. JANUS), fut fortifiée par Ancus Martius, puis jointe à la ville par le pont Sublicius. C'est sur le Janicule que se retirèrent, l'an 287 av. J.-C., les plébéiens mécontents du sénat (c'est la troisième sécession). Le Janicule était fort peu habité. Le roi Numa et le poëte Stace y furent enterrés.

JANINA, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), ch.-l. du pachalik de Janina, sur le bord S. O. du lac du même nom, à 850 kil. S. O. de Constantinople; 12 500 hab. (elle en eut jusqu'à 40 000, sous Ali-Pacha). Belle situation dans une vallée dite Champs-Élysées. Deux citadelles, l'une dans la ville même, l'autre sur la péninsule qui s'avance dans le lac; deux palais, dont l'un bâti par Ali. Archevêché grec. Janina sous la domination d'Ali avait plusieurs écoles élémentaires, un lycée, une bibliothèque publique, et avait pris un aspect tout à fait italien. — Cette ville fut, dit-on, fondée vers 1350 par Jean Cantacuzène, parent de l'empereur de ce nom. Elle fut prise par les Turcs en 1425, et depuis elle leur est restée. On l'a souvent regardée comme la capit. de toute l'Albanie. Elle a joué un grand rôle sous Ali-Pacha(1788-1822), mais auj. elle est sans importance. — Le pachalik, entre ceux de Monastir, de Tricala, de Delvino, d'Avlone et la mer Ionienne, est couvert de montagnes et arrosé par plusieurs affluents de la Voïoutza, par l'Arta et le Mavro-Potamo; il a 250 kil. sur 50 et 200,000 h., la plupart Turcs, les autres Arnautes, Grecs, Juifs, etc.

JANISSAIRES (du mot turc iéni tchéri, nouvelle troupe, milice turque, créée par Orkhan vers 1360, successivement accrue par Amurat I (1362) et par Bajazet I (1389), était consacrée à la garde du trône et à la défense des frontières. Elle se composait de soldats d'infanterie, et se recrutait principalement parmi les jeunes captifs chrétiens qu'on élevait dans l'Islamisme. On ne comptait dans l'origine que 6000 janissaires, mais le nombre en fut porté plus tard à plus de 100 000; ils étaient choisis parmi les plus beaux hommes. Cette milice d'élite, parfaitement disciplinée, rendit d'abord de grands services, notamment à Varna, à Cassovie, où ils décidèrent de la victoire; mais bientôt, devenue trop puissante, elle se rendit redoutable par son insubordination, fit ou déposa à son gré les sultans, et résista opiniâtrement à toutes les tentatives de réforme. A l'occasion d'une insurrection que les Janissaires avaient excitée en 1826 à Constantinople, le sultan Mahmoud II prononça leur dissolution : la plupart furent massacrés à Constantinople même, sur la place de l'Atmeidan ; les autres furent poursuivis dans les provinces et exterminés.

JANKAU ou JANKOWITZ, bourg de Bohême, à 42 kil. S.O. de Kaurzim ; 600 hab. Les Autrichiens y furent défaits en 1645 par le Suédois Torstenson.

JANNÉE (ALEXANDRE). V. ALEXANDRE JANNÉE.

JANNEQUIN ou JENNEQUIN (Clément), compositeur français du XVIe siècle, né vers 1500, m. vers 1560, florissait sous François I et Henri II, mais n'est connu que par ses œuvres. Il s'adonnait beaucoup à la musique imitative, ainsi que le prouvent ses compositions intitulées : le Chant des oiseaux, le Caquet des femmes, le Rossignol, l´Alouette, la Bataille (celle de Marignan), etc. Il a aussi écrit de la musique sacrée. On a de lui, entre autres œuvres, un précieux recueil d´Inventions musicales à 4 et 5 parties, Lyon, 1544, et Paris, 1659.

JANSÉNISTES. V. JANSÉNIUS.

JANSÉNIUS (Cornélius JANSEN OU JANSSEN dit), évêque d'Ypres, né en 1585 au village d'Acquoi près de Léerdam (Hollande), étudia la théologie à Louvain et à Paris, où il se lia avec l'abbé de Saint-Cyran; fut placé, sur la recommandation de celui-ci, à la tête d'un collège à Bayonne, et retourna en 1617 à Louvain, où il devint principal du collège de Ste-Pulchérie. Nommé en 1630 professeur d’Écriture sainte à l'université de cette ville, il y eut de vifs démêlés avec les Jésuites, auxquels il fit défendre d'enseigner la théologie à Louvain. En 1635, à l'occasion de la guerre de la France avec l'Espagne, il publia un pamphlet énergique, intitulé Mars Gallicus, dans lequel il s'élevait contre la politique de Richelieu; l'année suivante, il fut nommé évêque d'Ypres. Il mourut en 1638 de la peste, qu'il avait gagnée en visitant ses diocésains. Jansénius avait publié de son vivant quelques écrits théologiques; mais le plus célèbre de tous ses ouvrages est un traité intitulé Augustinus, qui ne parut qu'après sa mort, en 1640 (Louvain, in-fol.); l'auteur s'était proposé d'y exposer les vraies opinions de S. Augustin sur la grâce, le libre arbitre et la prédestination; il y combattait le jésuite Molina, et établissait une doctrine peu favorable à la liberté de l'homme et à la bonté de Dieu. Cet ouvrage excita de vives disputes parmi les théologiens, et donna naissance à la secte des Jansénistes. Nicolas Cornet en tira cinq propositions qui furent condamnées par Innocent X en 1653, et par Alexandre VII en 1656. L'abbé de Saint-Cyran, puis Arnauld, Nicolle, Pascal et un certain nombre de savants théologiens prirent la défense de l'ouvrage incriminé, et, tout en reconnaissant en principe que les 5 propositions condamnées étaient hérétiques, ils nièrent qu'en fait elles se trouvassent réellement dans l´Augustinus ou qu'elles eussent été bien comprises. Les Jésuites se déclarèrent contre les Jansénistes et furent leurs adversaires les plus ardents. Alexandre VII enjoignit aux Jansénistes de signer un formulaire qui contenait une adhésion à la condamnation (1665), et Louis XIV obligea, sous des peines sévères, tous ses sujets à obéir. Les évêques jansénistes se soumirent sur la question de droit, mais en gardant sur la question de fait un silence respectueux. La paix dite de Clément IX (1669) ainsi obtenue fut de courte durée. En 1702, une décision de la Sorbonne au sujet du Cas de conscience ranima la querelle, qu'envenima encore plus en 1705 un ouvrage du P. Quesnel, prêtre de l'Oratoire, intitulé : Réflexions morales sur le Nouveau Testament, dans lequel étaient reproduits les principes de Jansénius, et qui fut condamné en 1713 par le pape Clément XI dans la fameuse bulle Unigenitus. Cette bulle ne fut admise en France qu'après une assez longue opposition, et elle devint l'occasion de nouvelles poursuites contre ceux des Jansénistes qui ne voulaient pas y souscrire (on les nomma les Appelants, parce qu'ils en appelaient au futur concile de la décision du pape). Dans leur exaltation ces malheureux se crurent honorés du martyre; ils prétendirent qu'un des leurs, le diacre Pâris, mort, selon eux, en odeur de sainteté, faisait des miracles, et ils accoururent en foule à son tombeau (1727). Ces folies les couvrirent de ridicule, puis ils tombèrent dans l'oubli. Cependant le parti des Jansénistes continua toujours d'exister et se perpétua jusqu'après la Révolution. Sur l'histoire de cette secte, on peut consulter l´Histoire du Jansénisme de dom Gerberon, les Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique de Picot, l'Hist. de Port-Royal de Ste-Beuve. V. PORT-ROYAL.

JANSON, imprimeur. V. JENSON. JANSSENS (Abraham), peintre flamand, né à Anvers vers 1560, m. en 1631, séjourna longtemps en Italie, où il s'appropria la manière des artistes de ce pays, et contribua puissamment à la chute définitive de l'école de Bruges qui avait dominé pendant tout le XVIe s. Plein de confiance dans son mérite, il se regardait comme supérieur à Rubens. Du reste, fort dérangé dans la conduite, il vécut et mourut misérablement. Ses qualités distinctives sont la couleur et la richesse de la composition. Presque toutes les églises de Belgique possèdent de ses tableaux ; mais ses chefs d’œuvre sont dans l'église des Carmes à Anvers.

JANUS, le plus ancien roi de l'Italie, était, suivant la Fable, fils d'Apollon et de Creuse, fille du roi d'Athènes Érechthée. Il vint s'établir dans le Latium, où il bâtit, près de la r. dr. du Tibre et sur une colline, la ville qui prit de lui son nom de Janicule, et il reçut dans ses États Saturne qui avait été chassé du ciel. Janus poliça les peuples barbares de l'Italie, et eut un règne si paisible qu'on le regarda depuis comme le dieu de la paix. Romulus lui éleva à Rome un temple dont les portes étaient ouvertes en temps de guerre et fermées en temps de paix. Ce temple ne fut fermé que deux fois jusqu'à Auguste, l'une sous Numa, l'autre après la 1re guerre punique. Auguste le ferma après la bat. d'Actium. Depuis, il fut encore fermé 5 fois : la dernière, sous Gordien III, après la guerre des Perses. Janus présidait à l'année : on le représente avec une tête à deux faces adossées l'une à l'autre, dont l'une regarde en avant dans l'avenir, l'autre en arrière dans le passé. Janus tenait une clef à la main, parce qu'il présidait aux portes (janua) et ouvrait l'année. C'est de lui, dit-on, que le mois de janvier (januarius) prit son nom. Les chronologistes placent le règne de Janus au XVe s. av. J.-C. (de 1451 à 1415).

JANUS MONS, nom latin du mont Genèvre.

JANVIER (S.), martyr, était évêque de Bénévent et fut décapité près de Pouzzoles en 291 ou en 305, après avoir été respecté par les bêtes auxquelles il avait été exposé. Ses reliques ont été transportées à Naples, où on lui a élevé une chapelle fameuse; on y conserve dans un vase du sang de ce saint, qui, assure-t-on, se liquéfie spontanément et entre en ébullition chaque année le jour de sa fête (19 sept.).

JANVIER (le P.), chanoine d'Autun, publia en 1742 un poëme français Sur la Conversation, imité de l’Ars confabulandi du P. Tarillon, jésuite. Un sieur Cadot en changea une vingtaine de vers et le publia sous son nom en 1757. Delille a profité de l'ouvrage de Janvier dans son poème de la Conversation.

JANVIER (ordre de St-), fondé en 1738 par Charles, roi des Deux-Siciles (depuis Charles III roi d'Espagne) à l'occasion de son mariage avec Amélie de Saxe. La croix, qui est en or et à 8 pointes, offre l'effigie de S. Janvier, avec une burette de son sang et cette devise : In sanguine fœdus. Le ruban est ponceau.

JANVILLE, ch.-l. de c. (Eure-et-Loire), à 41 kil. S. E. de Chartres : 1200 hab. Jadis fortifié ; ruiné par les Anglais en 1428. Patrie de Colardeau.

JANZÉ, ch.-l. de c- (Ille-et-Vilaine), à 22 k. S. E. de Rennes; 2000 h. Poulardes estimées, dites de Rennes.

JAPET, Iapetus, fils d'Uranus et frère de Saturne, régna en Thessalie et eut, entre autres enfants, Atlas, Prométhée et Épiméthée. Les Grecs le regardaient comme l'auteur de leur race. Il paraît être le même que le Japhet de la Bible.

JAPHET, un des fils de Noé, peupla l'Europe et une partie de l'Asie occidentale. Les Grecs avaient conservé le souvenir de cette tradition quand ils faisaient de Japet le père de leur race. Japhet eut sept fils, Gomer, Magog, Madaï, Javan, Thiras, Tubalet Mosoch. On a fait du 1er le père des Cimbres, du 2e celui des Scythes, du 3e celui des Mèdes, du 4e celui des Ioniens ou Grecs, et des trois derniers les pères des habitants de la Thrace, de la Cappadoce et du Pont.

JAPON, Japan en anglais, Zipon ou Nifon en japonais, empire de l'Asie orientale, se compose de 4 grandes iles : Yéso, Niphon, Xicoco ou Sikokf, Ximo ou Kiousiou, et de beaucoup d'îles moins vastes. Environ 40 000 000 d'hab. ; capit., Yeddo; v. princip., Miyako, Mara, Osaka, Nangasaki, Matsmaï, etc. L'empire japonais se divise en deux parties inégales, l'empire du Japon proprement dit, et le gouvt de Matsmaï. Ce dernier contient l'île d'Yéso, le sud de celle de Tarrakaï ou Saghalien, et les Kouriles méridionales.

Le Japon est un pays montagneux ; il renferme des volcans et est sujet à de fréquents tremblements de terre. Les rivières sont en général assez petites. La chaleur, tempérée par les brises de mer, ne dépasse jamais 36°; il fait très-froid sur les montagnes. Le sol est peu fertile, mais bien cultivé et donne d'excellent riz, divers grains, des légumes, des épices. On trouve au Japon des mines d'or et d'argent, du fer, mais surtout du cuivre en abondance. — Les Japonais forment une race à part : ils ont la tête grosse, le col court, les cheveux noirs, le nez gros, les yeux obliques, le teint jaunâtre; ils sont fiers, vindicatifs, hardis, robustes. Ils sont très-civilisés et fort délicats sur le point d'honneur. Ils ont du goût pour les sciences et les arts, sur tout pour la musique et les spectacles ; contrairement aux usages de l'Asie, ils n'enferment point leurs femmes. L'industrie est très-avancée chez les Japonais; ils fabriquent de belles étoffes, surtout de soie; travaillent habilement le fer et le cuivre, font d'admirables sabres; leurs ouvrages en bois, leurs vernis, leurs porcelaines sont renommés. Deux religions, le sintoïsme et le bouddhisme, se partagent le Japon ; la doctrine de Confucius y est aussi répandue. Le gouvernement est une monarchie héréditaire, despotique et féodale. Le pouvoir fut longtemps dispute entre le koubo ou taïkoun, emper. temporel, et le mikado, emper. spirituel, considéré comme incarnation divine et chef de la religion. Le mikado, omnipotent jusqu'en 1158, était depuis 1585 presque annulé par le taïkoun. Par suite de la révolution de 1866, le pouvoir suprême est revenu aux mains du mikado; le taïkoun n'est plus que le chef de l'armée et l'exécuteur des décisions du mikado. Au-dessous, du taïkoun sont des princes feudataires, dits daïmios. — Au XIIIe siècle Rubruquis et Marco-Paolo apprirent à l'Europe l'existence du Japon. Vers le XVIe siècle, les Jésuites portugais parvinrent à s'y introduire et convertirent un grand nombre d'habitants; mais leurs succès donnèrent de l'ombrage et suscitèrent une persécution générale; en 1637 l'empereur ordonna que les Portugais et leurs alliés ou parents japonais seraient déportés à Macao. Les Hollandais surent alors, en se déclarant les adversaires des Jésuites, se concilier l'affection du souverain, et ils obtinrent le droit exclusif de commercer avec le Japon ; mais depuis quelques années, des traités conclus avec diverses puissances (en 1852 avec les États-Unis, en 1854 avec l'Angleterre, en 1858 avec la France) ont ouvert plusieurs nouveaux ports, entre autres Nangasaki, Simoda, Matsmaï ou Hakodadi, Kanagawa, Fiogo, Nee-e-gata. En outre, les villes de Yeddo et d'Osaka pourront aussi recevoir des commerçants européens. Kæmpfer, qui visita Yeddo en 1690 et 1691, Thunberg, en 1772 et 1776, Siebold, qui séjourna dans le Japon de 1823 à 1830, ont écrit des relations curieuses sur cette contrée.

JAQUELOT (Isaac), théologien protestant, né à Vassy en 1647, m. en 1708, quitta la France à la révocation de l'édit de Nantes, se retira d'abord à Heidelberg, puis à La Haye, et enfin à Berlin; où il remplit les fonctions de prédicateur du roi et de pasteur de l'église française. Il eut de vives disputes avec Bayle et Jurieu. On a de lui, entre autres écrits : Dissertation sur l'existence de Dieu, La Haye, 1697; Traité de la vérité et de l'inspiration des livres du Vieux et du Nouveau Testament, Rotterdam, 1715.

JAQUOTOT (Marie Victoire), peintre sur porcelaine, née à Paris en 1772, m. à Toulouse en 1855, fut attachée à la manufacture de Sèvres en 1800, et au cabinet du roi en 1816. Son œuvre est considérable; on cite surtout la Ste-Famille, la Belle jardinière, la Vierge au poisson, la Vierge au voile; la Vierge au donataire, d'après Raphaël; la Maîtresse du Titien; la Joconde de Léonard de Vinci ; Corinne, Psyché, d'après Gérard; Danaé, Atala, d'après Girodet.

JARAMA, riv. d'Espagne, dans la prov. de Madrid, sort du mont Céjon, dans le Sierra Guadarrama, coule du N. au S., reçoit le Mançanarez, le Hénarès, le Tajuna, et se jette dans le Tage près d'Aranjuez.

JARCHI (Salomon), savant rabbin, né en 1040, à Troyes. m. en 1105, parcourut toute l'Europe et une partie de l'Asie et de l’Égypte pour augmenter son instruction, et revint à Troyes avec un immense recueil d'observations. On a de lui, en hébreu : Comment. in Pentateuchum, Reggio, 1475 (trad. en lat. par Breithaupt, Gotha, 1713, et en all. par Lucas, Leips., 1838); Comment. in Canticum, Ecclesiasten, etc., Naples, 1487 ; Comment. in Talmud, Venise, 1520, etc.

JARDANE, esclave d'Omphale, fut aimée d'Hercule et en eut un fils, nommé Alcée, qui devint roi de Lydie, et dont les descendants formèrent la dynastie lydienne des Héraclides. V. ALCÉE.

JARGEAU, Gargogilum, ch.-l. de c. (Loiret), à 20 kil. S. E. d'Orléans, sur la Loire, r. g.; 2800 h. Très-long pont. Jadis fortifié. Les Anglais le prirent en 1420, mais le duc d'Alençon le reprit dès 1421 ; les Anglais s'en étant rendus maîtres de nouveau, il leur fut enlevé définitivement en 1429 par Jeanne d'Arc.

JARNAC, ch.-l. de c. (Charente), sur la r. dr. de la Charente, à 11 k. E. de Cognac : 3400 h. Pont en fil de fer. Comm. de vin, eau-de-vie, bétail, cuirs, etc. Cette ville est célèbre par la victoire que les Catholiques, commandés par le duc d'Anjou (Henri III), y remportèrent sur les Réformés, commandés par le prince de Condé (13 mars 1569) : un monument indique l'endroit où se livra cette bataille. — Jarnac était une anc. baronnie, qui appartint successivement aux maisons de Lusignan, de Craon et enfin de Chabot (1397).

JARNAC (Gui DE CHABOT, seigneur de), gentilhomme de la chambre du roi sous François I et Henri II, eut une querelle d'honneur avec un autre seigneur nommé La Châteigneraie, et obtint de Henri II la permission de se battre avec lui en champ clos ( 1547). Jarnac allait succomber, lorsqu'il frappa son adversaire au jarret d'un coup inattendu : on a depuis donné le nom de coups de Jarnac aux coups de ce genre. Ce duel est le dernier qui ait été autorisé par nos rois.

JARNAGES, ch.-l. de c. (Creuse), à 31 kil, S. O. de Boussac; 900 h. Beurre, bestiaux, fromage.

JARRETIÈRE (ordre de la), ordre de chevalerie institué en Angleterre par Édouard III, roi d'Angleterre, en 1349, en souvenir de la victoire de Crécy, où il avait donné pour mot d'ordre le mot garter (jarretière). Suivant une tradition généralement répandue, la comtesse de Salisbury, qui était aimée du roi, ayant laissé tomber dans un bal une jarretière, Édouard la releva; et comme son empressement donnait à rire aux courtisans, il s'écria : Honni soit qui mal y pense, ajoutant que tel qui riait de cette jarretière s'estimerait heureux d'en porter une semblable ; peu après il créa le nouvel ordre. L'ordre de la Jarretière a pour chef le souverain de l'Angleterre; il ne compte que 25 membres, non compris le souverain, les princes du sang et les princes étrangers. Le costume et les insignes des chevaliers sont : une jarretière de velours bleu sur laquelle est brodée, en argent, la devise : Honni soit qui mal y pense, un manteau en velours bleu; un chaperon et un justaucorps de velours cramoisi, un chapeau de velours noir, un collier d'or, un ruban bleu porté en sautoir de gauche à droite, auquel est suspendue une médaille d'or portant l'effigie de S. George.

JARROW, v. et paroisse d'Angleterre (Durham), à 24 kil. N. E. de Durham; 24200 hab. Ancien monastère. Patrie de Bède le Vénérable.

JARRY (Nicolas), calligraphe, né à Paris vers 1620, m. v. 1670, fut nommé maître écrivain par Louis XIV, et exécuta pour ce prince ou pour les seigneurs de la cour plusieurs ouvrages qui passent pour des chefs-d'œuvre, entre autres la Guirlande de Julie (pour le duc de Montausier), 1 vol. in-fol de 30 f., 1641, et les Heures de Notre-Dame, 1647, in-8 de 120 feuilles.

JARVILLE, vge de France (Meurthe), à 3 k. S. E. de Nancy, sur la Meurthe; 700 hab.

JASION, Crétois, fils de Minos, ou, selon d'autres, de Jupiter, et d'Électre, fille d'Atlas ; aima Cérès, eut d'elle Plutus et propagea son culte.

JASLO, v. des États autrichiens (Galicie), ch.-l. de cercle, à 180 kil. O. de Lemberg; 2000 hab. — Le cercle, entre ceux de Tarnow, Rzeszow, Sanok, Sandek et la Hongrie, a 245 000 hab.

JASMIN (Jaquou), poëte français, né à Agen en 1798, m. en 1864; fils d'un tailleur, et lui-même perruquier, il se fit par toute la France une réputation pour des poésies en langage agénois pleines de vivacité, de grâce et de fraîcheur ; son principal recueil est intitulé, du nom de sa profession, Les Papillotes (Los Papillotas, 1835-43). M. Ste-Beuve a consacré à Jasmin une de ses plus intéressantes Causeries du Lundi.

JASON, chef des Argonautes, était fils d'Éson, roi d'Iolcos en Thessalie, qui avait été détrôné par Pélias, son beau-frère. Il fut élevé, comme Achille, par le centaure Chiron. A l'âge de 20 ans il somma Pélias de lui restituer l'héritage de son père; mais celui-ci, au lieu de le lui rendre, lui persuada d'aller en Colchide pour y faire la conquête de la Toison d'or, que Phryxus y avait apportée, et que gardaient un horrible dragon et des taureaux qui vomissaient des flammes. Jason réunit les princes de la Grèce, s'embarqua avec eux sur le navire Argo (d'où ils prirent le nom d’Argonautes), et arriva heureusement en Colchide. Là, aidé de la magicienne Médée, fille du roi Éétès, à laquelle il avait inspiré de l'amour, il surmonta tous les obstacles et parvint à s'emparer du précieux trésor; puis il retourna dans sa patrie, emmenant Médée, qu'il épousa. De retour à Iolcos, Jason demanda de nouveau le trône à Pélias, et comme celui-ci ne se pressait pas de le restituer, Médée le fit égorger par ses propres filles, sous prétexte de le rajeunir (V. PÉLIAS). Ce crime ne rendit cependant pas à Jason sa couronne : Acaste, fils de Pélias, s'en empara, et contraignit son rival d'abandonner la Thessalie. Jason se retira à Corinthe avec Médée; mais là, oubliant les obligations qu'il avait à cette princesse, il la répudia pour épouser Créuse, fille de Créon, roi de Corinthe. Médée, dans sa fureur, fit périr sa rivale (V. CRÉUSE) et égorgea les deux enfants qu'elle avait eus de Jason. Celui-ci, selon les uns, errant et sans asile, mourut misérablement; selon d'autres, il reyint à Iolcos et parvint à y régner paisiblement.

JASON, tyran de Phères, en Thessalie, usurpa l'autorité dans sa ville natale vers 375 av. J.-C., soumit presque toute la Thessalie et une partie de l'Épire, imposa tribut à la Macédoine, s'allia avec Thèbes et s'interposa entre elle et Sparte après la bataille de Leuctres. Il menaçait Delphes, dont il voulait, dit-on, enlever le trésor pour subvenir aux frais d'une expédition qu'il méditait contre la Perse, lorsqu'il périt assassiné au milieu de ses projets, 370.

JASON, grand prêtre des Juifs, acheta d'Antiochus Épiphane la grande sacrificature, l'an 175 av. J.-C., et en dépouilla son frère Onias. Supplanté à son tour par Ménélas, son autre frère, il alla mourir en Grèce. Il avait pris un nom grec pour plaire au roi de Syrie.

JASSY, capit. de la Moldavie. V. IASSY.

JATAHY ou JUTAY, riv. de l'Amérique du S., naît dans le Pérou, entre dans le Brésil par 9° 40' lat. S., et tombe dans l'Amazone par 60° long. O. Cours, 1300 k.

JATINUM, v. de Gaule, auj. Meaux.

JATIVA, v. d'Espagne. V. SAN-FELIPE.

JAUBERT (le chevalier Amédée), orientaliste, né en 1779 à Aix, d'un avocat au parlement, mort en 1847 à Paris ; fut, sur la recommandation de Sylvestre de Sacy, attaché comme interprète à l'armée d'Orient, accompagna en Syrie le général Bonaparte, dont il gagna la confiance, fut à son retour nomme secrétaire interprète du gouvernement et professeur de turc à l'École des langues orientales (1801), reçut diverses missions en Turquie et en Perse, et les remplit avec succès; ramena en 1818 des chèvres de Thibet, ce qui permit à Ternaux de naturaliser en France la riche industrie des cachemires; fut maître de requêtes sous l'Empire, et, après 1830, conseiller d'État, puis pair de France ; professeur de persan au Collége de France, directeur de l'École des langues orientales; membre de l'académie des Inscriptions. On a de lui la relation de ses Voyages en Arménie et en Perse (1821), une Grammaire turque (1823), et une traduction estimée de la Géographie d'Edrisi, 2 vol. in-4 (1837-1841).

JAUBERT (François, comte), jurisconsulte et homme politique français, né à Condom en 1758, m. en 1822; fut avocat à Bordeaux, tribun en 1802, conseiller d’État et comte de l'empire, gouverneur de la Banque de France (1807), conseiller à la Cour de Cassation (1814). Il a pris une part importante à la rédaction du Code Civil.

JAUBERT (Hipp. François, comte), homme politique français, né à Paris en 1798, mort en 1874; était neveu et fils adoptif du précédent; fut d'abord avocat, puis administrateur des forges de Fourchambault ; entra dans la vie politique en 1830, fut député du Cher de 1831 à 1844, ministre des travaux publics sous le ministère de M. Thiers, dont il était l'ami (1er mars 1840) ; pair de France (1844). Comme député à l'Assemblée nationale de 1871, il prit place dans le centre droit, et il fut le promoteur de la loi sur la liberté de l'enseignement supérieur. Philologue et botaniste, il était membre de l'Académie des Sciences (1858), et a publié un Glossaire du centre de la France (1846) et Illustrationes plantarum orientalium (5 vol. in-4, 1842). — Son fils (Hipp. F. L., vicomte J.) succomba victime de son dévoûment au pays pendant l'Invasion de 1870-71.

JAUCOURT (Louis, chevalier de), littérateur français, né à Paris en 1704, mort en 1779 ; rédigea pour l’Encyclopédie de nombreux articles de médecine, de physique, de philosophie; donna une Vie de Leibnitz; fut membre de l'Académie de Berlin.

JAUCOURT (Franç., marquis de), homme politique français, né à Paris en 1757, mort en 1852; était neveu du précédent. Il adopta en 1789 les idées de réforme, mais avec modération; fut député à l'Assemblée législative et incarcéré en 1792, puis exilé; rentra en France après le 9 thermidor, devint membre, puis président du Tribunat, sénateur en 1803; accompagna Joseph à Naples; fut membre du gouvernement provisoire (1814), puis pair de France; suivit le roi à Gand (1815), et fut quelque temps ministre de la marine, Il consacra ses dernières années aux questions religieuses, et s'occupa activement des intérêts de la communion protestante a laquelle il appartenait.

JAUER, Juravia, ville des États prussiens (Silésie), ch.-l. de cercle, à 19 kil. S. de Liegnitz, 7500 hab. Vieux château; plusieurs églises. Marché aux grains.

JAUFFRET (Jos.), prélat français, né en 1759 à Laroque-Brussane (Provence), mort en 1823 ; combattit la constitution civile du clergé, mais accepta le concordat et devint, sous l'Empire, aumônier de Napoléon; puis évêque de Metz, 1806. On a de lui : De la Religion, 1790; Du Culte public, 1795; Des Services que les dames peuvent rendre à la religion, 1800; Mémoires pour servir à l'Histoire de la religion, 1803. — Son frère, L. Fr. Jauffret, 1770 1840, a, comme Berquin, travaillé pour l'enfance : on lui doit des Fables charmantes (1814 et 1838), le Petit Théâtre de famille; le Théâtre des Maisons d'Éducation, etc. Il avait été proviseur du lycée de Montbrison à la création de l'Université.

JAUJA ou XAUXA, v. du Pérou, à 115 kil. de Huancavelica, sur le Jauja, affluent du Rio do Sal; 15000 hab. Élève de bestiaux.

JAUJAC, bourg de France (Ardèche), sur l'Alignon, à 15 kil. N. de l'Argentière; 2600 hab. Soieries. Aux environs, anciens cratères, sources d'eaux minérales, mines de houille. Patrie de Vict. et d'Ant. Fabre

JAUNE (fleuve). V. HOANG-HO.

JAUNE (mer). V. HOANG-HAÏ.

JAURÉGUY (Jacq.), fanatique, qui tenta en 1582, à l'instigation de l'Espagne, d'assassiner Guillaume, prince d'Orange, était domestique d'un marchand d'Anvers. Il frappa le prince, mais le coup ne fut pas mortel. Il fut pris et livré au supplice.

JAURÉGUY Y AGUILAR (J. de), poëte et peintre espagnol, né à Tolède en 1566, mort à Madrid en 1641, séjourna longtemps à Rome et s'y forma sur les bons modèles italiens. De retour dans sa patrie, il combattit le mauvais goût des Gongoristes et publia un poème d'Orphée, quelques pièces de théâtre et d'excellentes traductions en vers de l’Aminte du Tasse et de la Pharsale de Lucain. Comme peintre, Jauréguy se distingue par le coloris, la gradation de la lumière, l'expression des figures et la beauté des chairs. On admire surtout son Narcisse et sa Vénus sortant du bain. On lui doit le portrait de Cervantes.

JAURU, rivière du Brésil (Mato-Grosso), prend sa source à 150 kil. N. de Villa-Bella, coule au S. E., et tombe dans le Paraguay à 40 kil. S. de Villa-Maria. Cours, 280 kil. Au confluent de cette rivière avec le Paraguay, un obélisque, dressé en 1754, marque la limite du Brésil et du Paraguay.

JAVA, une des îles de la Sonde, baignée au N. par la mer de Java, au S. par l'Océan Indien, à l'O. par le détroit de la Sonde, qui la sépare de Sumatra, à l'E. par celui de Bali, qui la sépare de l'île de ce nom, enfin au N. E. par le détroit de Madura. Elle a 1000 kil. de long sur 130 de large, et compte env. 10 000 000 d'hab. (dont 150 000 Chinois, 15 000 Européens, le reste Javanais); capit., Batavia. Les Hollandais sont actuellement possesseurs de cette île. — Le climat de Java est très-chaud et très-malsain : des fièvres endémiques déciment fréquemment la population. De hautes montagnes, dont quelques-unes ont été ou sont encore des volcans, traversent l'île. Près des côtes, la chaleur est tempérée par les brises de mer. La saison pluvieuse dure de novembre à mars. La fertilité du sol est extrême : les productions de l'Europe méridionale et celles des contrées tropicales y abondent. De superbes forêts fournissent les bois les plus précieux, mais aussi elles servent de refuge aux tigres, aux boas, et autres monstres féroces. Les montagnes renferment de grandes richesses minérales, encore inexploitées. On a découvert en 1853 de grandes houillères dans la résidence de Tagal. Les habitants, de race malaise, sont mahométans. Ils ne manquent pas d'industrie. — Java, qu'on croît être la Iabadii insula de Ptolémée, a des annales très-anciennes, mais fabuleuses. Au XIIIe siècle elle avait pour métropole Madjapahit. L'Islamisme s'y introduisit vers 1400. Les Portugais y abordèrent en 1511 et y formèrent des établissements que les Hollandais leur enlevèrent en 1596. Batavia y fut fondée par ces derniers en 1619, sur les ruines de Jacatra. Occupée par les Anglais en 1811, cette colonie fut rendue aux Hollandais en 1816. C'est une de leurs colonies les plus florissantes. Ils en tirent d'excellent thé, du riz, du café, du sucre, de l'indigo, des épices.

JAVA (PETITE-), une des îles de la Sonde. V. BALI.

JAVAN, 4e fils de Japhet, père des Ioniens ou Grecs.

JAVARI, riv. de l'Amérique du S., reçoit le Jurua et le Jutay et se jette dans l'Amazone. V. ce nom.

JAVEL, anc. hameau du dép. de la Seine, dépendant de Grenelle et auj. annexé à Paris (XVe arr.), sur la riv. g. de la Seine. Fabrique de produits chimiques fondée en 1776 (eau dite de Javel, acide sulfurique, soude, alun, charbon animal).

JAVOGUES (Ch.), conventionnel, né à Bellegarde (Ain) en 1759, était huissier. Envoyé à Lyon en 1793 pour châtier cette ville après la mort de Chalier (V. ce nom), il y signala son séjour par de nombreuses exécutions qui excitèrent l'indignation universelle et lui aliénèrent ses collègues même les plus exaltés. Impliqué plus tard dans la conspiration du camp de Grenelle, il fut condamné à mort et exécuté, 1796.

JAVOLS ou JAVOULX, Gabali, puis Anderitum, bourg du dép. de la Lozère, à 20 kil. N. E. de Marvejols; 1200 hab. Anc. capit. des Gabali, puis du Gévaudan; anc. évêché. Saccagé au Ve siècle par les Vandales et au VIIIe par les Sarrasins, il ne s'est jamais relevé.

JAXARTE, JAXT. V. IAXARTE, IAXT.

JAY (Antoine), homme de lettres, né en 1770 à Guitres,près de Libourne (Gironde), mort en 1854, fut d'abord avocat et maire de Libourne, alla en 1796 visiter l'Amérique, séjourna sept ans aux États-Unis; fit paraître à son retour une relation de ses excursions (1803), présenta en 1806 au concours de l'Académie un Tableau de la littérature au XVIIIe siècle, qui fut couronné, composa des Éloges de Corneille et de Montaigne, qui obtinrent la même distinction, fit paraître en 1812 le Glaneur ou Essais de Nicolas Freeman, recueil philosophique et humoristique, fut ensuite chargé par l'Empereur de la direction du Journal de Paris, auquel il donna une nouvelle vie, et publia en 1815 une Histoire du ministère de Richelieu, le plus estimé de ses ouvrages. Opposé à la Restauration, il fonda en 1815, avec quelques amis, le journal l'Indépendant (qui prit peu après le titre de Constitutionnel), puis la Minerve (1818), et encourut, ainsi que Jouy, l'emprisonnement pour la hardiesse de ses attaques : il écrivit avec lui pendant sa captivité les Ermites en prison, et après sa libération les Ermites en liberté. Sa dernière publication est la Conversion d'un romantique (1830), œuvre de polémique littéraire. Il fut admis en 1832 à l'Académie française. Ses Œuvres littéraires ont été réunies en 1831 (4 vol. in-8).

JAYME, rois d'Aragon, etc. V. JACQUES.

JAZYGES. V. IAZYGES.

JEAN, Joannes, nom d'un grand nombre de personnages historiques.

I. Saints et Papes.

JEAN-BAPTISTE (S.), le précurseur du Messie, fils de Zacharie et d’Élisabeth, naquit quelques mois avant le Sauveur. 11 fut rempli de l'Esprit-Saint dès le sein de sa mère, et se retira de bonne heure dans le désert, pour s'y livrer aux rigueurs les plus austères. L'an 29 de J.-C. il sortit de sa solitude et prêcha sur les bords du Jourdain la venue du Messie. Un grand nombre de Juifs touchés par ses paroles lui demandèrent le baptême ; c'est ce qui l'a fait surnommer Baptiste. Jésus lui-même voulut être baptisé de sa main. Quelque temps après, S. Jean fut mis en prison pour s'être élevé avec force contre l'union incestueuse d'Hérode Antipas avec Hérodiade sa belle-sœur; il fut dans la suite mis à mort, sur la demande qui en fut faite à Hérode Antipas par Salomé la danseuse, fille d'Hérodiade, l'an 32. La nativité de S. Jean-Baptiste est célébrée le 24 juin et sa décollation le 29 août.

JEAN L'ÉVANGÉLISTE (S.), un des 12 apôtres, fils de Zébédée, et frère de S. Jacques le Majeur, naquit à Bethsaïde en Galilée et exerça d'abord le métier de pêcheur. Il avait environ 25 ans lorsqu'il fut appelé à l'apostolat par J.-C. Il fut témoin de presque tous les miracles du Sauveur; il était son disciple chéri; il l'accompagna au jardin des Oliviers et sur le Calvaire; c'est à lui que Jésus recommanda sa mère en mourant. Il commença à prêcher l'Évangile aussitôt après l'Ascension de J.-C; assista au concile de Jérusalem l'an 51, puis alla prêcher la foi dans l'Asie-Mineure, et jusque chez les Parthes. Il fut le premier évêque d'Éphèse. Arrêté l'an 95, il fut conduit à Rome, où Domitien le fit jeter dans l'huile bouillante; mais il n'en ressentit aucun mal. Il fut ensuite relégué dans l'île de Patmos, où il écrivit l’Apocalypse, ouvrage prophétique et allégorique, dont tout le sens n'a pas encore été pénétré. Revenu à Éphèse après la mort de Domitien, il y rédigea son Évangile (en grec, à ce qu'on croit). C'est là qu'il mourut, à 94 ans (101). Il reste de lui, outre l’Évangile et l’Apocalypse, trois Épîtres canoniques. On le fête le 27 déc. Son emblème est l'aigle.

JEAN CHRYSOSTÔME (S.), c-à-d. Bouche d'or, le plus éloquent des Pères de l'Église grecque, né à Antioche vers 347, était fils d'un préfet des soldats. Après avoir étudié la rhétorique sous Libanius, il fréquenta le barreau; mais bientôt il quitta cette carrière pour se vouer tout entier à l'étude des Écritures et à la pratique dos austérités chrétiennes. En 374 il se retira sur les montagnes de la Syrie : il y vécut plusieurs années en anachorète; mais ayant épuisé sa santé par l'excès des mortifications, il fut obligé de quitter sa solitude et de revenir à Antioche (381). S. Flavien, évêque d'Antioche, l'ordonna prêtre et le garda près de lui comme son vicaire ; il se fit dans ces fonctions une telle réputation d'éloquence et de sainteté que l'emp. Arcadius le choisit pour le placer sur le siège de Constantinople (398). Il rendit pusieurs services à l'empereur, et apaisa des révoltes par l'ascendant qu'il avait sur la multitude ; il se signala aussi par l'abondance de ses aumônes, ainsi que par son zèle pour la propagation de la foi, et sut unir au zèle la tolérance, disant qu'il faut poursuivre l'hérésie et non l'hérétique. Ayant déplu à l'impératrice Eudoxie, dont il avait blâmé les rapines et les désordres, il fut déposé et exilé. Contraint, malgré son grand âge, à faire des marches forcées pour se rendre au lieu de son exil, il succomba en route, et mourut à Comane, dans le Pont, en 407. On le fête le 27 janvier. On a dit de S. Jean, Chrysostôme qu'il était l'Homère des orateurs. Son éloquence réunit les mérites de Démosthène et de Cicéron : il a l'énergie du premier, la facilité et l'abondance du second. Ce Père a laissé plusieurs traités dogmatiques, des commentaires sur différentes parties des livres saints, un très-grand nombre de discours, d'homélies et de panégyriques de saints, et des lettres. Les plus estimés de ses ouvrages sont les Traités du Sacerdoce, de la Providence, de la Virginité. Ses œuvres ont été plusieurs fois recueillies : les éditions les plus complètes sont celles du P. Montfaucon, gr.-lat., 13 v. in-f., Paris, 1718-38, reproduite par les frères Gaume, 26 v. in-8, Paris, 1835-40, et celles de la collection Migne et de la Biblioth. grecque de Didot, 1855-61. Une grande partie a été traduite en français par l'abbé Guillon, dans la Biblioth. des Pères (vol. X à XIX). Quelques écrits ont été trad. séparément, savoir: le Sacerdoce, par Ant. Lemaistre, 1550; la Providence, par Hermant ; plusieurs Discours et Homélies par Bellegarde ; les Homélies et lettres choisies, par Ath. Auger, 1785. Une trad. complète, par les Prêtres de l'Immaculée conception a été entreprise en 1863 (Bar-le-Duc, 11 v. gr. in-8). En 1838 cinq homélies inédites de S. Jean Chrysostôme ont été publiées à Leipsick par Bekker. Sa Vie a été écrite par Érasme, Hermant, Ménard, Tillemont, Néander, l'abbé Guillon et l'abbé J. B. Bergier (1858). On doit à l'abbé E. Martin (d'Agde) une Étude sur Saint Jean Chrysostôme et son siècle, 1861, et à M. Albert une Thèse sur Saint Jean Chrysostôme considéré comme orateur populaire, 1858.

JEAN CALYBITE (S.), ainsi nommé de la cabane (en grec Kalybê) qu'il habitait, vivait au Ve s. Fils d'un riche habitant de Constantinople, il quitta dès l'âge de 12 ans la maison paternelle pour embrasser la vie monastique et mener l'existence la plus ascétique. On l'honore le 11 avril.

JEAN L'AUMÔNIER (S.), ainsi nommé à cause de ses abondantes aumônes, né en 559 à Amathonte, dans l'île de Chypre, dont son père était gouverneur, m. en 616, fut élevé en 610 sur le siége d'Alexandrie, déploya une charité inépuisable envers les malheureux dans la famine qui désola son peuple en 615 et dans l'épidémie mortelle qui suivit. C'est de ce saint que l'ordre hospitalier de St-Jean de Jérusalem tire son nom.

JEAN DAMASCÈNE (S.), né vers 676 à Damas, m. vers 754. Quoique chrétien, il fut élevé au gouvernement de Damas par les califes, qui possédaient alors cette ville; mais bientôt, dégoûté du monde il sa retira dans la solitude de St-Sabas, près de Jérusalem, puis se fit ordonner prêtre. Il combattit les Iconoclastes et écrivit sur la théologie et la philosophie. On le regarde comme le S. Thomas de l'Orient : il est en effet le premier qui ait appliqué la logique d'Aristote à l'enseignement théologique. Ses œuvres ont été publiées par Lequien, grec-latin, Paris, 1712, 2 vol.in-fol., et réimprimées à Vérone, 1748, et à Montrouge, 1860 (collection Migne). On y remarque une Dialectique, des traités des Hérésies, des Huit Vices capitaux, des Hymnes, etc. On l'hon. le 6 mai.

JEAN DE MATHA (S.), fondateur de l'ordre des Trinitaires, qui se consacrait au rachat des captifs, né en 1160 dans la vallée de Barcelonnette en Provence, m. en 1213, institua son ordre en 1199 avec Félix de Valois à Cerfroid près de Meaux; obtint la protection de Philippe-Auguste et fit plusieurs voyages en Barbarie, d'où il ramena un grand nombre de captifs. Ses disciples sont nommés Mathurins. Sa fête a lieu le 8 fév.

JEAN COLOMBIN (S.), riche habitant de Sienne, m. en 1360, fonda en 1363 l'ordre des Jésuates, consacré au soulagement des malades. On l'hon. le 31 juillet.

JEAN DE DIEU (S.), instituteur des Frères de la Charité, né en Portugal en 1495, d'une famille pauvre, fut d'abord berger, puis soldat, et mena longtemps une vie dissipée. Licencié en 1536, il se convertit peu d'années après et résolut de se consacrer au service des malheureux. Il se fixa dans Grenade, fit de sa maison un hospice pour les indigents et pourvut à leurs besoins par le travail de ses mains; il trouva des imitateurs qui se joignirent à lui : ce fut là le berceau de l'ordre de la Charité. Il mourut en 1550, d'une maladie contractée en sauvant un homme qui se noyait. Il avait reçu de l'archevêque de Grenade le nom de Jean de Dieu à cause de sa piété. On le fête le 8 mars.

JEAN DE LA CROIX (S.), fondateur des Carmes déchaussés, né en 1542 à Ontiveros (Vieille-Castille), m. en 1591, entra chez les Carmes à 21 ans, s'associa à Ste. Thérèse pour réformer cet ordre, accomplit ce projet en 1568, fit approuver sa réforme par le pape en 1580, et donna le nom de Carmes déchaussés à ses disciples parce qu'ils marchaient pieds nus. Il fut successivement prieur des couvents de Calvario (Andalousie), de Grenade et de Ségovie. Il finit ses jours dans le couvent de Penuela, près d'Ubeda (Sierra-Morena). Il a laissé des ouvrages mystiques, en espagnol, qui ont été réunis en 1619, et dont plusieurs ont été traduits en français par le P. Cyprien (1641), et par le P. Louis de Ste-Thérèse (1665). On le surnomma Jean de la Croix parce qu'il avait pour tout ameublement, avec un lit grossier, une croix de jonc. L'Église le fête le 14 déc., jour de sa mort, et le 24 nov. Sa Vie a été écrite par Lechner, Leips., 1858.

JEAN CLIMAQUE (S.). V. CLIMAQUE.

JEAN GUALBERT (S.). V. GUALBERT.

JEAN NEPOMUCÈNE (S.). V. NEPOMUCÈNE.

Le nom de Jean a été porté par 23 papes qui ont régné dans l'ordre suivant :

Jean I, 523-526 Jean XIII, 965-972
Jean II, 533-535 Jean XIV, 983-985
Jean III, 560-573 Jean XV, 985
Jean IV, 640-642 Jean XVI, 985-996
Jean V, 685-686 Jean XVI (anti-p.), 997
Jean VI, 701-705 Jean XVII, 1003
Jean VII, 705-707 Jean XVIII, 1003-1009
Jean VIII, 872-882 Jean XIX, 1024-1033
Jean IX, 898-900 Jean XX, 1045-1046
Jean X, 914-928 Jean XXI, 1276-1277
Jean XI, 931-936 Jean XXII, 1316-1334
Jean XII, 956-963 Jean XXIII, 1410-1415

Nous ne ferons connaître que ceux de ces papes qui ont une importance historique.

JEAN Ier, Toscan, pape de 523 à 526, fut député par Théodoric, roi des Ostrogoths, auprès de l'empereur Justin 1er, pour faire révoquer les édits rendus par ce prince contre les Ariens. N'ayant pas réussi dans sa mission, il fut, à son retour, jeté dans une prison où il mourut de misère. L'Église l'hon. comme martyr le 18 mai.

JEAN IV, Dalmate, pape dé 640 à 642, condamna les Monothélites, combattit l’Ecthèse (déclaration que l'Empereur Héraclius avait publiée en faveur de ces sectaires), défendit la mémoire du pape Honorius, que l'on accusait d'erreur au sujet de la double nature du Christ, et racheta beaucoup de captifs.

JEAN VIII, natif de Rome, d'abord archidiacre, succéda en 872 au pape Adrien II. Attaqué par les Sarrasins, il implora le secours du roi de France Charles le Chauve, mais celui-ci mourut avant d'avoir pu le secourir. Emprisonné par Lambert, duc de Spolète, qui voulait s'emparer de Rome, il s'échappa et se réfugia auprès de Louis le Bègue, qui lui donna les moyens de se rétablir. Pressé de nouveau par les Sarrasins, qui s'étaient emparés de Rome, il eut recours à l'empereur de Constantinople Basile, et consentit, sur sa demande, à reconnaître pour patriarche Photius, qui avait su le tromper (879). Cette conduite le fit accuser de faiblesse, et fit dire qu'il s'était conduit comme une femme, ce qui donna lieu à la fable de la papesse Jeanne (V. JEANNE). Il mourut empoisonné, en 882. Ce pape couronna trois empereurs : Charles le Chauve (875), Louis le Bègue (878), Charles le Gros (881); il présida ou convoqua onze conciles. On a de lui 326 lettres.

JEAN IX, de Tibur, pape de 898 à 900, eut pour compétiteur Sergius dont il triompha (V. SERGIUS III), couronna empereur Lambert, duc de Spolète, et réhabilita la mémoire du pape Formose.

JEAN X, de Ravenne, pape de 914 à 928, était archevêque de Ravenne lorsqu'il fut placé sur le trône pontifical par l'influence de Theodora, femme toute-puissante dans Rome. Il gouverna avec fermeté et repoussa les Sarrasins. Il fut renversé par Gui, duc de Toscane, et par Marosie, fille de Theodora, et jeté dans une prison où il mourut bientôt.

JEAN XI, fils de Marosie, qui le fit nommer pape à 25 ans, l'an 931, fut emprisonné avec sa mère au château St-Ange par Albéric, autre fils de Marosie, qui s'était emparé de l'autorité dans Rome (933), et mourut en prison vers 936. On le croit fils d'Albéric, duc de Spolète, 1er mari de Marosie.

JEAN XII, Octavien Albéric, fils d'Albéric, patrice de Rome, se fit élire à 18 ans, en 956. Inquiété par Bérenger, roi d'Italie, et par Adalbert, son fils, il eut recours à Othon, roi de Germanie, lui donna le titre de roi de l'Italie, et le couronna empereur (962). Peu après, il se ligua contre ce prince avec Adalbert. L'empereur, irrité, le fit déposer par un concile comme sacrilège, et Léon VIII fut élu à sa place ; mais Jean XII réussit à rentrer dans Rome (964), et y exerça de cruelles vengeances. Ce prince, indigné de la tiare, mourut trois mois après, d'une courte maladie, ou, selon quelques-uns, assassiné.

JEAN XXI, Pierre Julien, élu en 1276, était né à Lisbonne et s'était distingué comme médecin et comme philosophe. Il tâcha d'empêcher la guerre d'éclater entre le roi de France Philippe le Hardi et Alphonse de Castille, et voulut, mais sans succès, leur faire entreprendre une croisade. Il périt de la manière la plus malheureuse à Viterbe, écrasé par les débris d'un palais qui s'écroula (1277).

JEAN XXII, Jacques d'Euse ou Duèse, né à Cahors vers 1244, d'une famille bourgeoise, fut élu en 1316, après Clément V, et fut le second pape d'Avignon. Il favorisa la France, combattit l'élection de Louis de Bavière comme empereur, et offrit la couronne impériale à Jean de Luxembourg, roi de Bohême. Louis, pour se venger, fit élire à sa place l'anti-pape Pierre de Corbière (Nicolas V); mais Jean s'empara de la personne de l'anti-pape et le fit jeter en prison. Il livra au bras séculier l'évêque de Cahors, qu'il accusait d'avoir voulu l'empoisonner. Il mourut en 1334. Ce pape était savant dans la jurisprudence et la médecine. On a de lui plusieurs traités de médecine entre autres le Trésor des pauvres, en lat., Lyon, 1525, et l’Elixir des philosophes, trad. en franç., Lyon, 1557. C'est lui qui publia les Constitutions dites Clémentines, et qui dressa celles qu'on nomme Extravagantes. C'est aussi lui, dit-on, qui ajouta la 3e couronne à la tiare pontificale.

JEAN XXIII, Balthasar Cossa, né à Naples, fut élu à Bologne en 1410, par 16 cardinaux, à la mort d'Alexandre V, tandis que d'autres reconnaissaient pour pape Pierre de Lune, sous le nom de Benoît XIII. Pressé par l'empereur Sigismond, il rassembla un concile à Constance et consentit à s'en remettre à ce concile du choix d'un seul pape ; mais à peine s'était-il rendu à Constance que, prévoyant que le choix lui serait peu favorable, il s'enfuit déguisé; arrêté dans sa fuite, il fut déposé par le concile en 1415 et jeté dans une prison où il resta 3 ans. Martin V le fit élargir et Jean consentit à le reconnaître pour pape légitime, 1419. Il fut nommé doyen du sacré collége, et mourut peu après.

II. Empereurs d'Orient.

JEAN I, ZIMISCÈS (c-à-d. le petit en arménien), empereur de Constantinople, né vers 925, était un habile militaire. Chargé par Romain II de tuer Nicéphore Phocas, il lui laissa la vie et le mit sur le trône (963). Cependant, quelques années après, il conspira contre Nicéphore avec l'impératrice Théophano, le fit égorger, et prit lui-même le titre d'empereur (969). Il étouffe, à l'aide de Bardas Sclérus, la révolte de Bardas Phocas (970), fit la guerre au prince russe Sviatoslav I, le battit à Dristra ou Durostol (971), lui enleva la Bulgarie, passa ensuite en Syrie ou ses troupes avaient été battues (972), fit deux campagnes brillantes (973-974), et reconquit un instant la Palestine, à l'exception de Jérusalem; mais il tomba malade en Cilicie et y mourut en 975. On accusa l'eunuque Basile de l'avoir empoisonné.

JEAN II, COMNÈNE, empereur de Constantinople de 1118 à 1143, fils d'Alexis Comnène, fit la guerre avec succès aux Mahométans, aux Servions et aux Turcs; mais essaya vainement de reprendre Antioche sur les Français. C'était un prince clément et vertueux : on l'a appelé le Marc-Aurèle du Bas-Empire.

JEAN III, DUCAS-VATACE, régna à Nicée de 1222 à 1255, pendant que les Français étaient maîtres de Constantinople. Il chassa les Français de l'Asie, reconquit la Thrace, la Macédoine, prit Thessalonique en 1246 et prépara la restauration de l'empire grec.

JEAN IV, LASCARIS, fils de Théodore le Jeune, fut proclamé empereur à Nicée, en 1259, étant encore en bas âge. Michel Paléologue, nommé régent, lui fit crever les yeux la même année, et monta sur le trône. Jean ne mourut cependant qu'en 1284.

JEAN V, PALÉOLOGUE, empereur de 1341 à 1391, monta jeune sur le trône de Constantinople, mais ne régna d'abord que de nom, Jean Cantacuzène ayant usurpé toute l'autorité. A l'abdication de ce dernier (1355), Jean V régna seul. Il laissa les Turcs envahir la Thrace, et, après avoir vainement imploré les secours de l'Occident, il traita avec Amurat. Son règne fut aussi malheureux que long.

JEAN VI, CANTACUZÈNE, fut d'abord régent pendant la minorité de Jean Paléologue (1341), puis força ce prince à partager le trône avec lui en 1347 ; mais, fatigué des troubles dont ce partage était l'occasion, il abdiqua en 1355 et se retira dans un monastère. Il avait battu les Bulgares, les Turcs, les Génois, qui étaient venus assiéger Constantinople, et avait rendu quelque calme à l'empire. Jean Cantacuzène a laissé, entre autres écrits, une Histoire de l'empire d'Orient qui va de 1320 à 1357 (Paris, 1645, grec-latin) ; elle fait partie de la Byzantine et a été trad. par le président Cousin. Jean C. est l'objet d'une savante thèse de M. Val. Parisot, 1845.

JEAN VII, PALÉOLOGUE, fils d'Andronic III, et petit-neveu de Manuel, força son oncle à l'associer à l'empire, tandis que Bajazet assiégeait Constantinople (1399); mais après la défaite de Bajazet à Ancyre (1402), Manuel le relégua dans l'île de Lesbos.

JEAN VIII, PALÉOLOGUE, fils de Manuel, fut associé à l'empire par son père en 1419, et régna seul de 1425 à 1448. Attaqué par les Turcs, il demanda dés secours aux Latins et consentit, pour les obtenir, à l'union des églises grecque et latine; qui fut résolue au concile de Florence en 1439 ; mais ses sujets se refusèrent à l'union, et il n'obtint que des secours insuffisants.

III. Rois et princes.

JEAN I, dit le Posthume, roi de France et de Navarre, fils posthume de Louis X, le Hutin, et de Clémence de Hongrie, né en 1316, fut reconnu en naissant roi de France et de Navarre; mais il mourut peu de jours après, et sa succession fut dévolue à Philippe V, son oncle. Quelques-uns ont prétendu qu'il avait été enlevé et élevé secrètement à Sienne sous le nom de Jean de Guccio : Louis I, roi de Hongrie, neveu de la reine Clémence, accrédita ce bruit. Ce qui est certain, c'est qu'un prétendu Jean vint en France réclamer la couronne pendant la captivité de Jean II; il fut pris en Provence et emprisonné au château de l'Œuf à Naples, où il mourut.

JEAN II, dit Jean le Bon, roi de France, né en 1319, succéda en 1350 à Philippe de Valois, son père. Le commencement de son règne fut troublé par des discordes intestines. Profitant de cet état de choses, les Anglais firent une invasion en France, commandés par Édouard, dit le Prince noir, fils d’Édouard III (1355). Jean marcha à leur rencontre; mais il fut complètement battu à la journée de Poitiers, fut fait prisonnier et conduit à Londres (1356). Une trêve fut alors conclue avec l'Angleterre, qui était également épuisée; mais la France, malgré les efforts du dauphin Charles, régent du royaume, tomba dans la plus déplorable anarchie : Charles le Mauvais, roi de Navarre, aspirait ouvertement à la couronne; Marcel, prévôt des marchands, soulevait Paris contre l'autorité du Dauphin, et les campagnes étaient désolées par la Jacquerie. Enfin en 1360 fut conclu entre l'Angleterre et la France le traité désastreux de Brétigny, qui rendit la liberté au roi moyennant une forte rançon et la cession de plusieurs provinces. Jean, en quittant l'Angleterre, y laissa comme otage le duc d'Anjou, un de ses fils; celui-ci s'étant évadé en 1363, Jean retourna se constituer prisonnier à Londres, en répondant à ceux qui voulaient l'en dissuader que, si la bonne foi était bannie de la terre, elle devrait trouver asile dans le cœur des rois. Il mourut peu après son retour à Londres (8 avril 1364). Jean avait hérité de la Bourgogne à la mort du duc Philippe I; mais il la donna en apanage à son 4e fils, Philippe le Hardi (1302).

JEAN SANS TERRE, roi d'Angleterre, né en 1166, fut ainsi nommé parce que son père Henri II ne lui avait point laissé d'apanage. Profitant de l'absence de Richard Cœur de Lion, son frère, qui était à la croisade, il s'empara de la régence. Aussitôt après la mort de ce prince (1199), il prit le titre de roi au détriment d'Arthur de Bretagne, fils de Geoffroi, son frère aîné; on l'accuse même, mais sans preuve suffisante, d'avoir tué de sa propre main ce jeune prince, qui avait amené Philippe-Auguste à se déclarer en sa faveur (1203). Cité pour son usurpation devant la cour des pairs de France, il fut dépouillé des fiefs qu'il possédait en France (Normandie, Anjou, Maine, Touraine, Poitou). En 1213 il eut des différends avec Innocent III au sujet de la nomination d'un archevêque de Cantorbéry, et fut forcé de faire hommage à ce pape de sa couronne. Il se ligua ensuite avec l'empereur Othon IV et le comte de Flandre contre Philippe-Auguste; mais, ses alliés ayant été défaits à Bouvines (1214), tandis que lui-même échouait devant La Rochelle, il se vit obligé à demander la paix. L'année suivante, il fut contraint, à la suite d'une révolte des barons anglais, de souscrire la Grande Charte, base des libertés anglaises (1215) ; mais il ne tarda pas à violer ses serments. Les barons se révoltèrent de nouveau et déférèrent la couronne à Louis, fils de Philippe-Auguste, roi de France; mais Jean mourut sur ces entrefaites, en 1216, et son fils, Henri III, lui succéda. JEAN I, roi de Castille et de Léon, succéda à son père, Henri II, en 1379, à l'âge de 21 ans, et mourut en 1390. Il fit sans succès la guerre au Portugal pour placer son fils sur le trône de ce pays auquel il avait droit par sa mère (V. ci-après JEAN I, roi de Portugal). Il fut surnommé Père de la patrie pour sa générosité et sa justice. — JEAN II, roi de Castille et de Léon, fils de Henri III, né en 1404, mort en 1453, fut proclamé roi à 22 mois, sous la régence de Ferdinand, son oncle, fit avec succès la guerre aux rois d'Aragon et de Navarre, et aux Maures de Grenade, protégea les lettres et contribua à la restauration de la littérature espagnole. Il fut père de la célèbre Isabelle et de Henri IV (dit l'Impuissant).

JEAN I, roi d'Aragon, succéda à son père Pierre IV en 1387, et mourut en 1395, à l'âge de 44 ans, haï et méprisé de ses sujets. — JEAN II, roi d'Aragon et de Navarre, fils de Ferdinand le Juste, monta en 1425 sur le trône de Navarre par son mariage avec Blanche, fille de Charles le Noble, et en 1458 sur celui d'Aragon, après la mort d'Alphonse le Magnanime, son frère aîné. Jean fut longtemps en guerre avec son propre fils, don Carlos, prince de Viane, à qui Blanche, sa mère, avait laissé en mourant la couronne de Navarre (1441). En 1462 il s'allia avec Louis XI pour dépouiller aussi Blanche, sa fille aînée, qui avait hérité des droits de don Carlos sur la Navarre. Les Catalans, révoltés de la conduite de Jean à l'égard de ses enfants, offrirent successivement la couronne à don Pèdre, infant de Portugal, et à René d'Anjou. Celui-ci fut soutenu par l'astucieux Louis XI, et envoya son fils combattre le roi d'Aragon. La mort des principaux combattants mit fin à la lutte : Jean II mourut en 1479 et transmit sa couronne à son fils Ferdinand le Catholique

JEAN I, roi de Navarre (1316). V. ci-dessus JEAN I (le posthume), roi de France. — JEAN II, roi de Navarre de 1425 à 1479. V. ci-dessus JEAN II, roi d'Aragon. — JEAN III, D'ALBRET, roi de Navarre, fils d'Alain, sire d'Albret, épousa en 1484 Catherine de Navarre, sœur et héritière de François-Phœbus, et fut couronné roi de Navarre en 1494. Mais ce prince n'avait aucune énergie; attaqué en 1510 par Ferdinand le Catholique, il s'enfuit lâchement, et perdit la Hte-Navarre, qui fut réunie à la couronne de Castille (1512). Il ne conserva que le Béarn et mourut en France en 1516, laissant un fils, Henri II, roi titulaire de Navarre, dont la fille, Jeanne d'Albret, fut mère d'Henri IV, roi de France.

JEAN I, le Grand, roi de Portugal, fils naturel de Pierre I, né en 1357, était grand prieur de l'ordre d'Avis, quand mourut son frère, Ferdinand (1383). Il s'empara du pouvoir et se fit proclamer roi (1385), au préjudice de Béatrix, fille unique de Pierre, qui avait épousé Jean I, roi de Castille. Ce dernier prit les armes contre lui, et fut vaincu à la bataille d'Aljubarrota (1385). En 1415 Jean I fit une expédition contre les Maures d'Afrique, et leur prit Ceuta. Sous son règne les Portugais, exhortés par l'infant don Henri, se livrèrent avec succès à la navigation : ils découvrirent les îles de Madère et du Cap-Vert, les Canaries, les Açores, et les côtes de la Guinée. Il mourut en 1433. — JEAN II, le Parfait, fils d'Alphonse V, né en 1445, monta sur le trône en 1481, et mourut en 1495. Il fit condamner à mort le duc de Bragance, beau-frère de la reine, et tua de sa main Viseo, frère de cette princesse, qui tous deux conspiraient, 1483 et 84. Son attention se porta ensuite vers les découvertes: en 1484, Diego Cam découvrit les roy. de Bénin et du Congo : en 1486, B. Diaz explora le cap des Tempêtes, auquel Jean II donna le nom de cap de Bonne-Espérance ; mais ce prince eut le tort de rejeter les offres de Christophe Colomb. — JEAN III, né en 1502, succéda à son père Emmanuel en 1521 et mourut en 1557. Il établit en 1526 l'Inquisition à Lisbonne. En 1531 un tremblement de terre fit périr 30 000 personnes, et un débordement du Tage fit d'affreux ravages; il s'efforça de réparer ces calamités. Comme ses prédécesseurs, il favorisa le commerce, et ses navigateurs découvrirent le Japon en 1542. Jean fut aussi le protecteur des lettres; il rétablit l'Université de Coïmbre, et appela, pour la diriger, le célèbre André Gouvea. — JEAN IV, chef de la dynastie de Bragance, né en 1604, était d'abord duc de Bragance, et descendait du roi Jean I, par Alphonse, fils naturel de ce prince. Depuis 1580 les rois d'Espagne étaient maîtres du Portugal; en 1640, à la suite d'une conspiration adroitement conduite par Pinto, secrétaire du duc, et par la duchesse de Bragance, Louise de Guzman, le Portugal recouvra son indépendance et Jean fut proclamé roi. Il déjoua plusieurs conspirations, battit les Espagnols à Montijo, près de Badajoz, en 1644, et resta maître absolu du Brésil en 1654, ayant vaincu les Hollandais qui le lui disputaient. Il mourut en 1856, laissant la couronne à son fils Alphonse, sous la régence de sa veuve, Louise de Guzman. — JEAN V, né en 1689, roi de 1706 à 1750, prit le parti de l'Autriche contre Louis XIV dans la guerre de la succession d'Espagne, et se fit battre par les Français. Après le traité d'Utrecht (1713), il resta paisible dans ses États, qu'il administra sagement. — JEAN VI, 2e fils de Pierre III et de la reine Marie 1re, né en 1767, m. en 1826, fut nommé régent du royaume en 1792, lorsque sa mère fut tombée en démence. Attaqué en 1807 par les armées françaises, il se retira avec la famille royale au Brésil, colonie portugaise, et y prit le titre d'empereur. Il fut proclamé roi du Portugal en 1816 à la mort de sa mère, mais il ne revint dans ce pays qu'en 1821. Il se vit contraint à son arrivée de sanctionner une constitution proposée par les Cortès ; mais il l'abolit deux ans après. Pendant qu'il était en Portugal, le Brésil se déclara indépendant, et ne lui laissa que le vain titre d'empereur. Jean VI était un prince bon, mais faible, dominé par la reine et le marq. de Chaves. Il laissa 2 fils, don Pedro (Pierre IV), et don Miguel, célèbres par leur inimitié.

JEAN DE LUXEMBOURG, dit l'Aveugle, roi de Bohême, fils de l'empereur Henri VII, né en 1295, fut élu en 1310 roi de Bohême par les seigneurs de ce pays, qui s'étaient révoltés contre le duc de Carinthie, leur souverain. Il conquit ensuite la Silésie sur les Polonais (1327). Nommé en 1331 vicaire de l'empereur Louis V en Italie, il s'empara rapidement de Crémone, Parme, Pavie et Modène; mais il s'arrêta à la sollicitation du pape Jean XXII, qui lui offrait à lui-même la couronne d'Italie. Louis V, instruit de sa trahison, fit soulever la Bohême contre lui. Jean revint précipitamment, battit ses ennemis, et agrandit encore ses États de la Moravie. En 1346 il mena des secours à Philippe de Valois, attaqué par les Anglais, et fut tué à la Bataille de Crécy, en combattant vaillamment : depuis quelques années il était aveugle. L'un de ses fils lui succéda en Bohême et devint empereur sous le nom de Charles IV.

JEAN I ou JEAN-ALBERT, roi de Pologne, 2e fils de Casimir IV, né en 1459, m. en 1501, succéda à son père en 1492. Il était ami des lettres et de la paix, et son règne fut peu fécond en événements.

JEAN II ou JEAN-CASIMIR. V. CASIMIR V.

JEAN III ou JEAN SOBIESKI. V. SOBIESKI.

JEAN, roi de Bulgarie. V. JOANICE.

JEAN I, roi de Suède de 1216 à 1222, fils de Sverker le Jeune et successeur d'Eric X, entreprit avec peu de succès une expédition dans l'Esthonie pour y propager le Christianisme. Il mourut sans postérité. — JEAN II. V. ci-après JEAN, roi de Danemark. — JEAN III, fils de Gustave Wasa, né en 1537, m. en 1592, détrôna Eric XIV son frère en 1568, termina la guerre commencée sous le règne précédent contre le Danemark, et essaya, mais vainement, d'anéantir le Luthéranisme dans ses États (1570-1580). Il fit ensuite la guerre à Ivan Vasiliévitch, remporta sur lui plusieurs avantages et signa la paix en 1583. Il fit nommer Sigismond, son fils, roi de Pologne (1587). La fin de son règne fut troublée par des conspirations.

JEAN, roi de Danemark et de Suède (nommé Jean II en Suède), succéda en Danemark, dès 1481, à Christian I son père, partagea le duché de Holstein avec Frédéric son frère, et tenta vainement de soumettre les Dithmarses. En Suède il monta sur le trône après Sténon Sture (1497), mais les Suédois se révoltèrent contre lui et chassèrent de Stockholm sa femme, Christine de Saxe (1501). Jean régna en Danemark jusqu’en 1513.

JEAN SANS PEUR, duc de Bourgogne, porta d’abord le titre de comte de Nevers et se signala d’abord à la tête d’une armée de Croisés, mais fut battu à Nicopolis (1396). Il succéda à son père Philippe le Hardi en 1404, à l’âge de 33 ans. Il hérita de sa haine contre la maison d’Orléans, qui disputait à celle de Bourgogne le gouvt de la France pendant la démence de Charles VI. En 1407 il fit assassiner dans Paris le duc Louis d’Orléans, et devint par là maître absolu ; mais aussi il donna par ce meurtre le signal de la guerre civile des Bourguignons et des Armagnacs. Chassé de Paris en 1413, par suite des excès que les Cabochiens commettaient en son nom, il y rentra en 1418, y fit d’horribles massacres, s’empara de la personne du roi, usurpa toute l’autorité, et favorisa, par les troubles qu’il excitait, les conquêtes des Anglais en France (V. HENRI V). Mais il ne tarda pas à être mécontent de ses alliés et se rapprocha du Dauphin (depuis Charles VII). Attiré par ce prince à une conférence sur le pont de Montereau, il y fut assassiné en représailles du meurtre qu’il avait commis lui-même sur le duc d’Orléans (1419) : on impute ce meurtre à Tanneguy-Duchâtel, favori du Dauphin. Une bravoure et une hardiesse à toute épreuve caractérisaient le duc Jean : il dut son surnom au maintien ferme qu’il conserva devant le sultan Bajazet, qui l’avait fait prisonnier à la bataille de Nicopolis (1396). Il déploya aussi une grande bravoure contre les Liégeois révoltés (1408).

JEAN, ducs de Bretagne. — JEAN I, 1237-1286, et JEAN II, 1286-1305, n’ont rien fait de remarquable. — JEAN III, le Bon, régna de 1312 à 1341. Il maria Jeanne de Penthièvre, sa nièce, fille d’un frère aidé, à Charles de Blois, et lui assura sa succession malgré les prétentions de Jean de Montfort : il prépara par là de sanglantes querelles (V. CHARLES DE BLOIS, JEANNE DE PENTHIÈVRE). — JEAN IV, de Montfort, frère du préc., eut pour compétiteur Charles de Blois, que Jean III avait nommé son héritier. Il s’était déjà assuré par les armes la plus grande partie de la Bretagne, lorsque la cour des pairs de France adjugea ce duché à Charles de Blois, 1341. Jean se rendit au duc de Normandie, que Philippe de Valois avait envoyé contre lui à la tête d’une armée, et resta 4 ans prisonnier au Louvre. En 1345, il s’échappa et rejoignit Jeanne de Flandre, son épouse, qui avait continué la guerre, mais il mourut peu après (1345), laissant la Bretagne au pouvoir de son ennemi. — JEAN V, le Vaillant, fils du préc., fut élevé à la cour d’Édouard III, roi d’Angleterre, dont il épousa la fille. Il attaqua Charles de Blois et le vainquit à Auray (1364). Le roi de France Charles V le reconnut alors pour souverain légitime ; mais, peu après, Jean ayant traité avec les ennemis de la France, Charles V fit entrer une armée en Bretagne. Jean, après des succès divers, devint de bonne foi l’ami de la France. Il eut de violentes querelles avec le connétable Olivier de Clisson, qui voulait donner sa fille à l’héritier de Charles de Blois. Il mourut en 1399. — JEAN VI, fils du préc., fut déclaré majeur à 15 ans (1414). Sous Charles VI, il entra dans le parti des Armagnacs, puis il fit alliance avec le duc de Bourgogne, accéda ensuite à la Ligue du Bien public, et favorisa les Anglais dans leurs entreprises contre la France. Charles VII, encore dauphin, se vengea de Jean en favorisant le duc de Penthièvre, son compétiteur. Celui-ci l’attira dans un piège (1419) et le retint 5 ans prisonnier. Inconstant et faible, Jean VI s’allia tour à tour avec Charles VII et avec Henri VI, roi d’Angleterre. Il mourut en 1442.

JEAN DE FRANCE, duc de Berry. V. BERRY.

JEAN D’ARMAGNAC. V. ARMAGNAC.

JEAN DE GAUNT, prince anglais, tige de la maison de Lancastre V. LANCASTRE et DEUX-ROSES.

JEAN DE SOUABE, neveu d’Albert I. V. ALBERT I.

JEAN, électeurs de Brandebourg et de Saxe. V. BRANDEBOURG et SAXE.

JEAN, duc de Lorraine. V. LORRAINE.

IV. Personnages divers.

JEAN DE GISCHALE, Juif du 1er siècle de notre ère, fut d’abord chef de brigands, puis, se retira à Gischale, sa ville natale, et voulut assassiner Josèphe (l’historien), qui y commandait. Chassé de Gischale, il y revint cependant lorsque cette ville fut assiégée par les Romains, et exhorta les habitants à une défense vigoureuse. Après la prise de cette ville, il se réfugia à Jérusalem et se souilla de crimes pendant le siége de cette ville par Titus. Celui-ci, l’ayant fait prisonnier (70), le condamna à mourir en prison.

JEAN, secrétaire de l’emp. d’Occident Honorius, usurpa le pouvoir à la mort de ce prince (423), se rendit maître de l’Italie, des Gaules et de l’Espagne. Valentinien III l’attaqua avec des forces considérables, l’assiégea dans Ravenne, et, l’ayant pris par trahison, le mit à mort (425).

JEAN LE SCOLASTIQUE, patriarche de Constantinople de 564 à 578, natif d’Antioche, est regardé comme le créateur du droit ecclésiastique : il publia le 1er une collection des Constitutions ecclésiastiques, et plus tard le Nomocanon (accord du droit civil et du droit ecclésiastique). Ces deux ouvrages se trouvent dans la Biblioth. Juris canonici, Paris, 1661.

JEAN LE JEÛNEUR, patriarche de Constantinople en 595, prit le titre de patriarche œcuménique (c.-a-d. universel), malgré les protestations du pape Grégoire le Grand.

JEAN PHILOPON, grammairien d’Alexandrie du VIIe siècle, mort vers 660, avait, dit-on, obtenu d’Amrou, général d’Omar, la conservation de la bibliothèque de cette ville ; mais Omar la fît brûler. Il avait tant de goût pour l’étude qu’on l’appelait l’ami du travail (philos, ami ; ponos, travail). On a de lui un Traité de l’Éternité du monde (Venise, 1537), où il combat Proclus ; 7 livres sur la Cosmogonie de Moïse (Vienne, 1630), qui sont comme le complément de l’ouvrage précédent, et des Commentaires sur quelques ouvrages d’Aristote, les Analytiques, la Physique, la Métaphysique, le Traité de l’âme, Venise, 1534 et 1536.

JEAN DE MILAN, poëte latin du XIe s., a mis en vers les aphorismes de l’école de Salerne. V. SALERNE.

JEAN ITALUS, ainsi nommé à cause de son origine italienne, philosophe byzantin du XIIe s., excellait dans la dispute. Il jouit de la faveur de l’empereur grec Alexis Comnène, remplaça Michel Pselius dans le titre de Philosophe en chef (hypatus), forma un grand nombre de disciples et laissa plusieurs ouvrages, la plupart restés manuscrits.

JEAN DE SALISBURY, Joannes Sarisberiensis, moine anglais du XIIe s., né à Salisbury (Wiltshire), vers 1110, vint de bonne heure en France, étudia sous Abélard à Paris, et visita l’Italie où il se lia avec le pape Adrien IV. De retour dans sa patrie, il s’attacha à Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, dont il devint le secrétaire. Il accompagna ce prélat dans son exil et chercha un asile en France. Après la fin tragique de Th. Becket, il fut nommé évêque de Chartres par Louis le Jeune, 1176. Il mourut dans son diocèse en 1180. Il passait pour être l’homme le plus instruit de son temps. On a de lui : Policraticus (Leyde, 1639) trad. par Mézeray, 1640), sorte de mélanges où il traite de politique, de morale, de philosophie ; Metalogicus (Paris, 1610), où il prouve l’utilité des lettres et des arts ; des Vies de S. Anselme, de Thomas Becket, et des Lettres fort curieuses. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Giles, Oxford, 1847-48, 5 vol. in-8.

JEAN DE PARIS, savant théologien du XIIIe siècle, était dominicain. Dans la dispute entre Philippe le Bel et Boniface VIII, il prit parti pour le roi de France contre le pape. Il fut peu après condamné par une commission d’évêques pour quelques propositions mal sonnantes sur l’eucharistie, et on lui défendit de prêcher et d’enseigner. Il mourut en 1304. On a de lui : De regia potestate et papali ; De modo existendi corporis Christi, etc.

JEAN D’ARRAS, secrétaire du duc de Berry, composa en 1387, par l’ordre de Charles V, et pour l’amusement de la duchesse de Bar, le roman de Mélusine (imprimé pour la 1re fois en 1478, et depuis par Nodot, 1648, et par Ch. Brunet 1854, dans la Biblioth. elzévirienne). Sa Philomèle séraphique, recueil de chansons avec airs notés, a été imprimée à Tournay, 1632 et 1640.

JEAN DE LEYDE, dont le véritable nom est J. Bockelson, chef anabaptiste, était d’abord aubergiste à Leyde. Séduit par les prédications des Anabaptistes, il se joignit à eux dans Munster (1534), chassa l’évêque de cette ville, Waldeck, se fit proclamer roi de la Nouvelle Sion, commit toutes sortes d’excès, établit la polygamie, etc. Il soutint pendant 14 mois un siège dans Munster, et la ville ne fut prise que par trahison. Étant tombé entre les mains de Waldeck, il fut livré au supplice et subit avec courage les plus affreuses tortures, 1536.

JEAN DE CALCAR, peintre, né à Calcar, au duché de Clèves, mort en 1547, fut élève du Titien, qu’il prit pour modèle. Il a dessiné les figures anatomiques de Vésale, et les portraits de la Vie des peintres et sculpteurs par Vasari. On voit de lui au Musée du Louvre un de ses meilleurs portraits, et à Munich une Mater dolorosa. il peignit une Nativité dont Rubens faisait le plus grand cas.

JEAN D’UDINE, peintre italien, né vers 1490, m. à Rome, vers 1564, eut pour maîtres le Giorgione et Raphaël. On voit de lui, à Rome, des fresques remarquables, à Venise, la Présentation au Temple et Jésus parmi les docteurs, à Madrid, des tableaux de fleurs et de nature morte d’une rare perfection.

JEAN dit DE BOLOGNE, sculpteur français, né à Douai en 1524, mort en 1608. alla de bonne heure à Rome pour étudier les grands maîtres. Ayant présenté à Michel-Ange un modèle où il avait mis tout le fini dont il était capable, celui-ci le brisa en lui disant qu’il fallait apprendre à ébaucher avant que de finir. Touché de cet avis, Jean redoubla d’efforts et devint un des meilleurs sculpteurs de l’Italie. Il se fixa à Bologne et y exécuta un nombre infini de statues ; on admire de lui à Florence la statue équestre de Cosme I, les statues colossales de Neptune et de Jupiter, et surtout le groupe représentant l’Enlèvement d’une Sabine. Son Mercure volant (à Rome) est un des chefs-d’œuvre de la sculpture. Le Musée du Louvre possède de lui un beau groupe de Pandore enlevée par Mercure. On lui doit aussi le cheval de bronze qui portait l’anc. statue de Henri IV sur le pont Neuf à Paris.

JEAN DE L’AIGUILLE, chef de partisans. V. HAWKWOOD.

JEAN BART, célèbre marin français. V. BART.

JEAN DE BRUGES, peintre. V. VAN EYCK.

JEAN DUPLAN DE CARPIN, missionnaire. V. CARPIN.

JEAN DE GARLANDE. V. GARLANDE.

JEAN MAYEN, navigateur. V. MAYEN (Jean).

JEAN DE MEUNG, JEAN SECOND, JEAN D’AUTHOS, etc. V. MEUNG, SECOND, AUTHON, etv.

JEAN DE NIVELLE. V. NIVELLE.

JEAN-PAUL, écrivain allemand. V. RICHTER.

JEAN SCOT. V. SCOT.

JEAN DE JÉRUSALEM (Ordre de St-). V. HOSPITALIERS et MALTE (chevaliers de).

JEANNE (Ste). V. Ci-après JEANNE DE FRANCE.

JEANNE DE CHANTAL (Ste). V. CHANTAL.

JEANNE DE NAVARRE, reine de France, fille de Henri I, roi de Navarre et comte de Champagne, épousa en 1284 Philippe le Bel, roi de France, et conserva, quoique mariée à ce prince, l’administration particulière de ses États. Elle chassa de la Navarre les Aragonais et les Castillans, et tailla en pièces l’armée du comte de Bar qui avait envahi la Champagne (1297). Elle m. en 1304. — Sa petite-fille, Jeanne II, épousa Philippe d’Évreux, et régna sur la Navarre de 1328 à 1349.

JEANNE DE BOURGOGNE, reine de France, fille d’Othon IV, comte palatin de Bourgogne, épousa Philippe le Long en 1307, fut, ainsi que sa sœur Blanche et sa belle-sœur Marguerite, enfermée pour adultéra, 1314, mais fut reprise par son mari. Elle mourut à Roye en 1329. On lui doit le collège de Bourgogne à Paris. — Une autre Jeanne de Bourgogne, fille de Robert II de Bourgogne et d’Agnès de France, dernière fille de S. Louis, épousa en 1313 Philippe de Valois. Elle mourut en 1348 à 55 ans.

JEANNE DE FLANDRE, femme de Jean IV, comte de Montfort. Après la captivité de son mari, qui disputait le duché de Bretagne à Charles, comte de Blois, elle continua courageusement la guerre, avec l’appui des Anglais, et soutint deux sièges dans Hennebon (1342 et 1343). Elle eut pour adversaire Jeanne de Penthièvre, comtesse de Blois, que soutenait le roi de France, ce qui a fait nommer cette guerre la Guerre des deux Jeannes.

JEANNE DE PENTHIÈVRE, femme du comte Charles de Blois, fit la guerre en Bretagne après la captivité de son mari, et obtint quelques avantages sur Jeanne de Flandre, comtesse de Montfort (V. l’art, préc.), Elle était nièce du dernier duc de Bretagne Jean III.

JEANNE DE FRANCE ou DE VALOIS, fille de Louis XI, née en 1464, fut mariée en 1476 a Louis, duc d’Orléans (depuis Louis XII), qui ne l’aimait pas, à cause de sa laideur extrême, et qui, devenu roi, la répudia (1498). Cette princesse vertueuse et résignée se retira à Bourges ou elle fonda l’ordre des Annonciades (1500). Elle y mourut en 1505. On la regarde comme sainte et on la fête le 4 février.

JEANNE D’ALBRET, mère de Henri IV, fille et héritière de Henri d’Albret, roi de la Navarre et du Béarn, et de Marguerite, sœur de François I, née en 1528, fut mariée en 1548 à Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, mit au monde en 1553 le prince qui fut depuis Henri IV, succéda en 1555, avec son mari, à son père Henri d’Albret, resta seule maîtresse de ses États héréditaires en 1562, à la mort du duc de Vendôme, et les gouverna avec fermeté. En 1567, elle y introduisit le Calvinisme, qu’elle avait embrassé dès 1556, et depuis elle voua son fils à la défense de la nouvelle doctrine. Attirée à la cour de France sous le prétexte d’un mariage de son fils avec Marguerite de Valois, sœur de Charles IX, elle y mourut en 1572, deux mois avant la St-Barthélemy : on soupçonna qu’elle avait été empoisonnée. Cette princesse, d’une âme forte et d’un esprit cultivé, avait élevé son fils avec le plus grand-soin, et l’avait dignement préparé au grand rôle qu’il a joué.

JEANNE, comtesse de Hainaut (1206-1244). V. HAINAUT (Jeanne, comtesse de).

JEANNE HENRIQUEZ, reine de Navarre et d’Aragon, fille de Frédéric Henriquez, amirante de Castille, fut mariée en 1444 à Jean II, roi de Navarre, alors veuf, et eut de ce prince Ferdinand (dit le Catholique) ; elle fut reconnue en 1458 reine d’Aragon, lorsque Jean II eut succédé dans ce roy. à son frère Alphonse. Jeanne fut pour don Carlos, prince de Viane, enfant du premier lit, une dure marâtre ; elle arma le père contre le fils, et fut même soupçonnée d’avoir empoisonné ce dernier (V. CARLOS). Les Catalans, qui aimaient ce jeune prince, se révoltèrent, et assiégèrent la reine dans Girone : elle fut délivrée par le comte de Foix (1463). Elle combattit en 1467 Jean, duc de Lorraine, qui disputait la Catalogne à son mari, et déploya dans cette guerre de l’activité et de la fermeté : elle mourut l’année suivante, au siège de Roses. JEANNE, dite la Folle, reine de Castille, fille de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle, épousa en 1496 Philippe le Beau, archiduc d'Autriche, et fut mère de Charles-Quint. Se voyant négligée par son mari, qu'elle aimait tendrement, elle tomba dans une mélancolie sombre qui dégénéra en folie. En 1504 elle succéda, conjointement avec Philippe, à Isabelle sa mère, comme reine de Castille. Son mari songeait à la faire interdire pour gouverner seul, quand il mourut, en 1606. Ferdinand, le père de Jeanne, fut déclaré régent pour son petit-fils Charles-Quint, mais sous cette condition que Jeanne, si elle recouvrait la raison, aurait seule l'autorité. Quand Ferdinand mourut (1516), Charles ne fut délaré roi que sous la même condition. Jeanne ne mourut qu'en 1555, dans sa 75e année.

JEANNE Ire, reine de Naples, succéda en 1343 à Robert d'Anjou, son aïeul, et épousa André de Hongrie, son cousin. Deux ans après, ce prince périt assassiné, et Jeanne donna sa main à Louis de Tarante, son amant, auteur de l'assassinat. Attaquée en 1347 par Louis, roi de Hongrie, frère et vengeur d'André, elle s'enfuit dans la Provence, qui lui appartenait; elle ne put revenir dans ses États d'Italie que quand le pape, au jugement de qui on était convenu de s'en remettre, l'eut déclarée innocente du meurtre de son premier époux. Après la mort de Louis de Tarente (1362), elle se remaria avec Jacques III, roi de Majorque. Comme elle n'eut d'enfant d'aucune de ses unions. elle adopta Charles de Duras, son cousin. Celui-ci, se voyant frustré par un nouveau mariage, se joignit aux ennemis de Jeanne pour lui faire la guerre, et, s'étant emparé de sa personne, la fit étouffer (1382), à 67 ans. Cette princesse était d'une beauté remarquable; elle eut une cour brillante et voluptueuse, et attira près d'elle des gens de lettres, parmi lesquels on remarque Boccace ; mais son administration fut déplorable. Il existe une tragédie de La Harpe intitulée Jeanne de Naples.

JEANNE II, reine de Naples, fille dé Charles de Duras, succéda à Ladislas, son frère, en 1414. Elle se livra à toutes sortes de débauches et combla d'honneurs Alopo et plusieurs autres de ses favoris. S'étant ensuite mariée à Jacques, comte de la Marche, celui-ci fit décapiter Alopo et tous les complices des désordres de la reine, et la retint elle-même prisonnière. Ses sujets la délivrèrent en 1416; Jacques, devenu prisonnier à son tour, s'enfuit en France (1419). Jeanne prit alors un nouveau favori, Caraccioli, qu'elle fit mettre à mort quelques années après. Pour se faire un protecteur, elle adopta Alphonse V d'Aragon. Celui-ci n'eut pas la patience d'attendre l'héritage de Jeanne ; il prit les armes contre elle. La reine adopta alors, à sa place, Louis d'Anjou (Louis III), qui mourut en 1434, puis René, frère de Louis. Elle mourut en 1435, et sa succession, longtemps restée indécise par suite de ses diverses adoptions, fut enfin dévolue à Alphonse d'Aragon.

JEANNE D'ARC ou DARC, surnommée la Pucelle d'Orléans, héroïne célèbre, née en 1409 à Domrémy, près de Vaucouleurs, était fille d'un simple paysan appelé Jacques Darc, et fut elle-même bergère jusqu'à l'âge de 18 ans. À cette époque de sa vie, Jeanne, touchée des malheurs de la France, que désolaient les factions intérieures et que les armées anglaises achevaient de conquérir, eut des visions surnaturelles qui lui imposaient la mission de sauver sa patrie : elle partit de son hameau, et vint à travers mille périls trouver Charles VII dans sa petite cour de Chinon, en Touraine. Introduite auprès du roi, après bien des refus, elle réussit à le convaincre de sa mission divine. Cependant, on ne lui confia d'abord qu'en tremblant le commandement de quelques soldats. S'étant mise à la tête de cette petite troupe, elle réussit en huit jours à délivrer la ville d'Orléans, qui était assiégée par une nombreuse armée anglaise, et qui était la seule place importante qui restât au roi de France (8 mai 1429). Ayant ainsi rendu la confiance à l'armée et excité son enthousiasme, Jeanne conduisit Charles à Reims, au travers d'un pays occupé par les ennemis, prit plusieurs places sur son passage, vainquit Talbot à Patay, et fit enfin sacrer le roi (17 juillet 1429). Elle voulut alors se retirer, disant que sa mission était remplie; mais elle fut, malgré sa résistance, retenue par les prières du roi. En 1430, elle se jeta dans Compiègne qu'assiégeaient les Bourguignons et les Anglais, et fut faite prisonnière par les Bourguignons, le 24 mai, dans une sortie. Les Anglais se la firent livrer et la firent condamner comme sorcière par un tribunal inique, que présidait Cauchon, évêque de Bauvais, créature du roi d'Angleterre Henri VI; elle fut brûlée vive à Rouen (30 mai 1431). Jeanne n'était pas moins remarquable par ses vertus, par sa piété que par son courage ; pendant son procès, elle montra un sang-froid et une intelligence extraordinaires. Charles VII fit réviser son procès et le pape Calixte III réhabilita sa mémoire (1456). Sa famille fut anoblie, et le village qui lui avait donné naissance fut exempt de toutes tailles. Orléans, que Jeanne avait miraculeusement délivrée, institua en son honneur une procession solennelle. Une statue équestre lui a été érigée dans cette ville (1855). Un monument a été élevé aussi à la Pucelle sur l'emplacement de sa maison à Domrémy (1820). Jeanne d'Arc a été l'objet d'un grand nombre d'écrits. Nous citerons : l’Histoire de Jeanne d'Arc, par Lebrun des Charmettes (1817), et, parmi les travaux plus récents, ceux de MM. Michelet, Vallet de Viriville, A. Desjardins, Wallon, 1860. M. J. Quicherat a publié les Pièces authentiques du procès de Jeanne d'Arc, Paris, 1857-50, 6 v. in-8. Jeanne a fourni à Schiller et à Soumet le sujet de belles tragédies ; à Casimir Delavigne celui d'une élégie touchante; celui de deux poèmes à l'Anglais Southey et au Français Ozaneaux. On connaît la malheureuse tentative de poème épique faite par Chapelain (V. ce nom). Voltaire a souillé son talent en flétrissant, dans un poème burlesque et immoral, la mémoire de cette femme héroïque.

JEANNE HACHETTE. V. HACHETTE.

JEANNE (la papesse). Quelques chroniqueurs ont prétendu qu'après le pape Léon IV (855), et avant l'avénement de Benoît III, le siège pontifical avait été occupé pendant 2 ans par une femme du nom de Jeanne, native de Mayence, qui serait entrée dans l'Église sous le nom de Jean d'Angleterre, et aurait été élue pape sous le nom de Jean VIII; mais que cette femme, étant devenue enceinte, aurait accouché au milieu d'une procession, et révélé ainsi l'imposture. C'est là une fable absurde : car il n'y eut aucun intervalle entre Léon IV et Benoît III son successeur. Pour expliquer l'origine de cette fable, on a dit que, le pape Jean VIII (872-882) ayant eu la faiblesse de consentir à reconnaître le patriarche Photius, on l'accusa de s'être conduit comme une femme, et qu'on le surnomma la papesse Jeanne.

JEANNIN (le président), homme d'État, né à Autun en 1540, était, dit-on, fils d'un tanneur. Il étudia le droit sous Cujas, s'éleva par son seul mérite, et devint sous Charles IX et Henri III conseiller, puis président au parlement de Bourgogne (1579). Consulté, à l'époque de la St-Barthélemy, par le gouverneur de la province, au sujet des ordres envoyés par Charles IX, il avait été d'avis de différer l'exécution et il sauva par là les Protestants. Il entra néanmoins dans le parti des Ligueurs et s'attacha au duc de Mayenne dont il tempéra souvent la fougue. Après l'avènement de Henri IV, il se rallia franchement à ce prince, fut nommé premier président au parlement de Paris, prit part aux négociations les plus importantes, et partagea avec Sully toute la confiance du roi. Il signa en 1609 le traité qui assurait l'indépendance des Provinces-Unies. Après la mort de Henri IV, Maria de Médicis le nomma surintendant des finances ; il conserva cette charge jusqu'à sa mort, en 1522. Il a laissé des ' Négociations, Paris, 1656, in-fol., ouvrage très-estimé des diplomates : elles ont été réimprimées en 1819, 3 vol. in-8, et dans la collection Petitot.

JEBB (Samuel), savant anglais, né en 1690, mort en 1772, exerça la médecine avec succès, tout en cultivant les lettres par goût. On a de lui des éditions très-estimées, entre autres celle de l’Opus majus de Roger Bacon, Londres, 1733, in-fol., et un recueil des Écrits publiés sur Marie-Stuart, 1725 (en latin).

JÉBUSÉENS, ancien peuple de la Terre de Chanaan, habitait à l’O. de la mer Morte, dans le pays qui forma depuis la tribu de Benjamin, et avait pour capitale Jébus, depuis Jérusalem.

JÉCHONIAS, roi de Juda, succéda en 597 av. J.-C. à Joachim son père, et fut détrôné trois mois après par Nabuchodonosor, qui l’emmena captif à Babylone.

JEDBURGH, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Roxburgh à 60 kil. S. E. d’Édimbourg ; 6000 hab. Bel hôtel de ville. Sources minérales antiscorbutiques. Cette ville remonte au delà du Xe siècle.

JEDDAH, JEDDO. V. DJEDDAH, YEDDO.

JEFFERSON (Thomas), 3e président des États-Unis, né en 1743, à Shadwell (Virginie), mort en 1826, débuta au barreau, entra de bonne heure dans la législature de la Virginie, prit une part glorieuse à l’insurrection des colonies contre la métropole, rédigea la déclaration d’indépendance en 1776, fut envoyé en France en l784 comme adjoint à Franklin, le remplaça, après son départ, comme représentant des États-Unis, devint secrétaire d’État en 1789, vice-président de la république en 1797, fut élu président en 1801 et réélu en 1805, et resta ainsi 8 ans a la tête de l’administration. Il se retira ensuite, en refusant une continuation de pouvoir qui eût été contraire aux lois de son pays. Il employa ses dernières années à faire fleurir une université qu’il avait fondée. À la fois diplomate, législateur, philosophe, financier et homme d’État, Jefferson a laissé les meilleurs souvenirs. C’est lui qui réunit la Louisiane aux États-Unis. Il a publié plusieurs ouvrages philosophiques et politiques, entre autres des Notes sur la Virginie, trad. par Morellet, 1786, et des Mélanges, trad. par Conseil, 1823.

JEFFRYS, JEFFREYS ou JEFFERY (George), magistrat anglais fameux par ses iniquités, né à Acton (Dennigh), mort en 1689, remplit les premiers emplois de la magistrature sous Charles II et Jacques II, et fut nommé grand chancelier à l’avènement de ce dernier. Il fut l’instigateur et l’instrument de la plupart des actes arbitraires et tyranniques de Charles II et Jacques II, et poursuivit les adhérents du duc de Monmouth (1635) et le malheureux Sidney avec une cruauté qui a rendu sa mémoire exécrable. À la révolution de 1688, il tenta de s’évader du royaume ; mais il fut reconnu par le peuple et conduit à la Tour de Londres où il mourut de chagrin l’année suivante.

JEGUN, ch.-l. de c. (Gers), à 16 kil. N. O. d’Auch ; 2200 hab. Toiles, tuileries.

JEHAN, une des formes du nom de Jean au moyen âge. V. JEAN.

JÉHOVA (c.-à-d. Celui qui subsiste par lui-même), un des noms que les Israélites donnent à Dieu. Ils ne prononcent que fort rarement ce nom mystérieux et lui substituent, par respect, celui d’Adonaï.

JÉHU, roi d’Israël, 876 à 848 av. J.-C., était d’abord officier de Joram. Par ordre d’Élisée, il monta sur le trône de l’impie Joram, après avoir tué ce prince d’un coup de flèche. Il fit en outre périr Ochosias, roi de Juda, ainsi que Jézabel, avec tous les princes de la maison royale et les prêtres de Baal. S’étant écarté lui-même du vrai culte, il fut battu par Hazaël, roi de Syrie. Il eut pour successeur son fils Joachaz.

JÉHU (COMPAGNIES DE). On donna ce nom pendant la Révolution à des bandes réactionnaires et royalistes qui, après le 9 thermidor an II (1794), exercèrent de sanglantes représailles contre les Terroristes. Elles avaient pris ce nom par allusion au roi Jéhu, qui avait reçu d’Élisée la mission de punir par l’extermination les crimes de la maison d’Achab.

JÉLYOTTE (Pierre), chanteur célèbre, né dans le Béarn en 1710, mort en 1788, débuta à 23 ans, avec éclat, à l’Opéra de Paris, et pendant 28 années ce cessa d’obtenir les plus brillants succès. Sa voix était une haute-contre, remarquable par le volume et la plénitude des sons, et par un timbre argentin.

JEMMAPES, vge de Belgique (Hainaut), à 5 kil. O. de Mons, sur la Haine ; 5000 hab. Commerce considérable de houille. Les Français, commandés par Dumouriez, y remportèrent, le 6 nov. 1792, sur les Autrichiens, une victoire qui amena la conquête de la Belgique. — Jemmapes a donné son nom à un dép. de l’Empire français, formé à peu près de l’anc. Hainaut ; il avait pour ch.-l. Mons, et pour sous-préfectures Tournay et Charleroy.

JEMSCHID. V. DJEMCHID.

JENIL. V. XÉNIL.

JENKINS (H.), homme remarquable par sa longévité, était né vers 1501 à Bolton (Yorkshire), et vécut 169 ans, jusqu’en 1670, conservant ses facultés jusqu’à la fin. On voit son tombeau à Bolton.

JENKINSON (Antoine), voyageur anglais du XVIe s., voyagea de 1546 à 1572, visita la Russie, pénétra un des premiers dans l’intérieur de l’Asie, séjourna chez les Tartares Uzbeks et fut à son retour envoyé en ambassade par la reine Élisabeth auprès du czar de Russie (1571). On trouve ses voyages dans les recueils de Purchas et de Thévenot. On suspecte sa véracité.

JENKINSON (Ch.), comte de Liverpool. V. LIVERPOOL.

JENNÉ, v. d’Afrique. V. DJENNY.

JENNER (Édouard), célèbre médecin anglais, né en 1749 à Berkeley (Glocester), mort à Cheltenham en 1823, est compté au nombre des bienfaiteurs de l’humanité pour avoir découvert et propagé la vaccine. Il avait fait sa découverte dès 1776, à Berkeley, où il exerçait son art, mais il ne la rendit publique qu’en 1796, après l’avoir confirmée par 20 années d’observations et de recherches. Combattue d’abord par les préjugés, elle finit par être appréciée comme elle le méritait, et se répandit rapidement en Angleterre, en France et sur tout le continent. Le Parlement, pour reconnaître le service que Jenner avait rendu à l’humanité en livrant un secret qui eût pu lui être si lucratif, lui décerna une récompense nationale de 20 000 liv. sterling. On a de Jenner : Inquiry into the causes and effects of the variolæ vaccina (cow-pox), 1798, in-4, et d’intéressants travaux sur l’ornithologie. Le docteur Bousquet a prononcé son Éloge à l’Académie de médecine en 1847.

JENSON (Nicolas), imprimeur français du XVe siècle, était d’abord graveur des monnaies et fut nommé par Charles VII directeur de la monnaie de Tours. Envoyé à Mayence par le roi pour y prendre connaissance de la découverte de Guttemberg, il se fit lui-même imprimeur et alla s’établir à Venise, où il imprima un grand nombre de livres de 1470 à 1481. Ses caractères sont encore auj. très-estimés. Il est l’inventeur des caractères romains.

JENYNS (Soame), spirituel écrivain anglais, né en 1704, à Bottesham (Cambridge), mort en 1787, fut membre de la Chambre des Communes de 1742 à 1780, et devint ensuite l’un des lords de la chambre du commerce. On a de lui : l’Art de la danse, poème estimé, qu’il publia à 24 ans ; des poésies diverses, 1752 et 1778, et un traité de l’Évidence de la religion chrétienne, 1774, trad. par Letourneur, 1774, et par Feller, 1779. Ses OEuvres complètes forment 4 vol. in-8, Londres, 1790-93.

JEPHTÉ, juge des Hébreux de 1243 à 1237 av. J.-C., délivra son pays du joug des Ammonites. Au moment de leur livrer un combat décisif, il fit vœu, s’il était vainqueur, de sacrifier à Dieu le premier être vivant qu’il verrait sortir de sa maison ; il remporta la victoire, mais, en approchant de sa maison, il en vit sortir sa fille Séila qui venait le complimenter : esclave de son serment, il la sacrifia, tout en détestant son vœu ; il lui accorda seulement un délai de deux mois pour aller, avec ses compagnes, pleurer sa virginité. Quelques-uns pensent qu'il ne s'agit que d'un sacrifice spirituel, et que Jephté consacra sa fille au service du Seigneur.

JÉRÉMIE, l'un des 4 grands prophètes des Juifs, né vers 630 av. J.-C., fut inspiré dès l'âge de 14 ans, prophétisa sous Josias et ses successeurs, et prédit la ruine de Jérusalem et la captivité de Babylone. Les conseils de soumission qu'il ne cessait de donner et ses prédictions lugubres le rendirent odieux à ses concitoyens, et il fut quelque temps retenu en prison sous Sédécias. Après la prise de Jérusalem (587), il voulut rester dans sa patrie pour pleurer sur ses ruines, mais des Juifs qui fuyaient en Égypte l'emmenèrent avec eux. L'époque et le lieu de sa mort sont inconnus. On a de lui des Prophéties où la simplicité n'exclut pas l'énergie, et des Lamentations où il déplore dans le style le plus pathétique le sort de sa patrie. Les prophéties de Jérémie ont été écrites par Baruch, qui lui servait de secrétaire.

JÉRÉMIE, v. d'Haïti, dép. du Sud, sur le golfe de Léogane; 5000 hab. Acajou, gayac, bois de campêche, cacao, café.

JÉREZ, v. d'Espagne. V. XEREZ.

JÉRICHO, auj. Hikah, v. antique de la Palestine, à 28 kil. N. E. de Jérusalem, sur un affluent du Jourdain. C'était, lors de l'entrée des Israélites en Palestine, une des v. principales des Jébuséens. Les Israélites, conduits par Josué, la détruisirent miraculeusement (1605 av. J.-C.) : il leur suffit pour cela de faire le tour de ses murailles en portant l'arche sainte et en sonnant de la trompette; les murs de la ville s'écroulèrent d'eux-mêmes. Jéricho fut depuis rebâtie et redevint florissante. Titus et Vespasien l'assiégèrent et la prirent (70 de J.-C.). Elle subsiste encore auj., mais elle est sans importance.

JÉRICHOW, bourg des États prussiens (Saxe), à 48 kil. N. E. de Magdebourg, près de l'Elbe, r. dr.; 1500 hab. Il donne son nom à 2 cercles de la régence de Magdebourg : l'un a pour ch.-l. Lohburg, et l'autre Genthin.

JERNINGHAM (Edward), poète dramatique anglais, d'une famille catholique du Norfolk, né en 1727, mort en 1812, fut élevé au collège anglais de Douai, puis à Paris, et entra dans l’Église. On a de lui plusieurs petits poèmes: le Déserteur, 1769; les Funérailles du moine de La Trappe, 1771; le Curé suédois, 1775; deux tragédies : Marguerite d'Anjou, 1777, le Siège de Berwick, 1794, et une comédie, the Welsh Heiress (l'héritière du pays de Galles), 1795. Ses œuvres ont été réunies en 1806.

JÉROBOAM, auteur du schisme des dix tribus, avait d'abord été au service de Salomon, et s'était enfui en Égypte, après avoir essayé inutilement de soulever plusieurs tribus contre ce prince. Roboam, fils de Salomon, ayant irrité le peuple par ses vexations, dix tribus l'abandonnèrent et élurent pour roi Jéroboam, qui fut ainsi le premier roi d'Israël (962 av. J.-C). Il établit sa résidence à Sichem, et fit élever à Béthel et à Dan deux veaux d'or qu'il ordonna d'adorer. Un jour qu'il sacrifiait à ses faux dieux, le prophète Jadon lui prédit la ruine de son culte et la mort de ses prêtres. Le roi, furieux, étendit la main pour le faire arrêter, mais sa main se sécha aussitôt; il n'en reprit l'usage que par l'effet des prières du prophète. Jéroboam mourut en 943, laissant le trône à Nadab son fils.

JÉROBOAM II, roi d'Israël, 817-776, reprit sur les Syriens Damas et Hamath, et recula les bornes de son roy. au nord et au midi; mais il se déshonora par ses injustices, sa mollesse et ses impiétés.

JÉRÔME (S.), Eusebius Hieronymus, docteur de l'église latine, né vers 331 ou plus probablement en 346 à Stridon en Pannonie, d'une famille riche, vint de bonne heure à Rome où il étudia sous Donat et où il se fit baptiser; voyagea dans la Gaule, dans l'Asie, visita les saints lieux et fut ordonné prêtre par Paulin, évêque d'Antioche. De retour à Rome (382), il devint secrétaire du pape Damase; il fut en même temps chargé d'expliquer publiquement et de traduire les Écritures, et opéra un grand nombre de conversions. Après la mort de Damase, il retourna en Palestine et s'enferma dans un monastère à Bethléem. Il en fut chassé par des hérétiques, et mourut peu après, en 420. S. Jérôme a laissé un grand nombre d'écrits, les uns historiques (parmi lesquels une traduction, avec continuation de la Chronique d'Eusèbe), les autres polémiques, dans lesquels il combat les hérétiques de son temps, Vigilance, Jovinien, Pelage; mais son plus beau titre est sa traduction latine de la Bible, faite sur l'hébreu et la trad. grecque des Septante : elle est connue sous le nom de Vulgate, et adoptée comme canonique par le concile de Trente. Il l'accompagna de précieux commentaires. S. Jérôme a un style pur et éloquent; mais il se laisse entraîner à de vifs emportements. Les meilleures édit. de ses OEuvres sont celles de dom Martianay, Paris, 1693-1704, 5 vol. in-fol; et de Vallarsi, Vérone, 1734-42, 11 vol. in-f., reproduite à Venise, 1766-70. Ses Lettres ont été trad. par J. Petit, 1672, et par dom Roussel, 1702. Dom Martianay a trad. son traité des Vanités du siècle, 1715. L'hist. de sa vie a été écrite par Collombet (1845) et Am. Thierry (1867), On le fête le 30 septembre. Il a donné son nom à l'ordre des Hiéronymites.

JÉRÔME ÉMILIANI (S.), fondateur de l'ordre des Somasques, né à Venise en 1481, m, en 1637, avait d'abord suivi la carrière des armes. Il est hon. le 20 juillet.

JÉRÔME DE PRAGUE, disciple et partisan fanatique de Jean Huss, né à Prague, défendit son maître accusé devant le concile de Constance (1415). La crainte du supplice lui fit un instant abjurer ses opinions; mais il rétracta bientôt cette abjuration, et recommença à prêcher avec une nouvelle ardeur. Il fut brûlé à Constance en 1416. Comme son maître, il subit le supplice avec courage. Il a laissé des écrits qui se trouvent avec ceux de Jean Huss.

JERSEY, Cœsarea, île de la Manche, à 25 kil. O. de la côte de France (dép. de la Manche) et à 132 kil. S. de celle d'Angleterre. Quoique si voisine de la France, cette île appartient à l'Angleterre: elle dépend du comté de Southampton: 22 kil. sur 15 ; 60 000 hab. (4000 Anglais et Irlandais et 2000 Français catholiques; le reste wesleyens et anglicans); ch.-l. St-Hélier. Pays montagneux, côtes environnées de rochers qui en rendent l'accès difficile; climat doux et tempéré; les parties basses et les vallées sont assez fertiles en grains et légumes. Varec en abondance ; grande quantité de poissons, huîtres, homards, moules, etc. Cidre, bétail, pommes de terre, etc. Comm. maritime considérable. — Cette île, jadis comprise dans le duché de Normandie, appartient à l'Angleterre depuis le règne de Henri I; cependant elle a toujours été régie par ses propres lois. Les Français ont fait pour la recouvrer de vains efforts.

JERSEY ou PAULUS-HOOK, v. des États-Unis (New-Jersey), sur l'Hudson, vis-à-vis de New-York; 20 000 h. Chemins de fer; steamers transatlantiques. Verrerie, porcelaine fine, tapis, etc.

JERSEY (NEW-), un des États-Unis de l'Amérique du Nord, borné au N. par l'État de New-York, à l'E. par l'Océan et la riv. d'Hudson, au S. par la baie de Delaware, à l'O. par l'État de Pensylvanie : 260 kil. sur 90; 490 000 hab.; ch.-l., Trenton. Pays montagneux au N., entrecoupé de vallées et de collines au centre, plat au S. Princip. riv., le Passaic, le Raritan, l'Egg-Harbour-River, etc. Climat tempéré au S. E., froid, mais sain au N.; grains, pommes de terre, légumes et fruits : nombreuses mines de fer. Forges, fonderies, usines à fer, tanneries, cordonnerie, etc. Commerce extérieur peu important. — Hudson visita le 1er la côte du New-Jersey au commencement du XVIIe siècle; les Hollandais y vinrent ensuite. L'Anglais Delaware laissa son nom à la baie de Delaware qu'il y découvrit (1610). Jacques I donna l'investiture de ce territoire à la Compagnie de Virginie, qui néanmoins ne s'y établit pas; les Hollandais y bâtirent le fort Nassau (auj. Glocester), et les Suédois en colonisèrent une autre partie qu'ils nommèrent Nouv.-Suède ; les Hollandais expulsèrent les Suédois, et furent à leur tour expulsés en 1664 par les Anglais. Ceux-ci donnèrent au pays le nom de New-Jersey en l'honneur de sir G. Carteret, qui avait défendu Jersey contre les Parlementaires. Ils l'ont conservé jusqu'à la déclaration d'indépendance (1776).

JÉRUSALEM (c.-à-d. la vision de la paix), Hierosolyma, v. antique de la Palestine, capit. du roy. de Juda, était située dans la tribu de Benjamin, à peu près à égale distance de la Méditerranée et du lac Asphaltite, vers les sources du Cédron. Son enceinte, que l'historien Josèphe évalue à 33 stades de tour, était entourée de triples murs; on y pénétrait par 13 portes. La ville était construite sur plusieurs collines disposées en amphithéâtre et dont les principales étaient celles de Sion et d'Acra ; au S. se trouvaient la vallée de Hinnon et le quartier Maspha, à l'E. la vallée de Josaphat et le mont Moriah. La partie de la v. située sur la mont. de Sion était appelée Hte-Ville ou Cité de David; on y voyait le palais de David et plus tard le palais d'Hérode ; sur le mont Moriah s'élevait le temple magnifique construit par Salomon. A l'époque d'Alexandre, la population de Jérusalem pouvait s'élever à 120 000 hab. Auj. Jérusalem n'a plus rien de son anc. splendeur ; toutefois elle est encore le ch.-l. d'un sandjak de Syrie (pachalik de Damas) et le siège d'un patriarche arménien, d'un évêque catholique et d'un évêque protestant. Elle ne compte plus guère que 15 000 hab. et est divisée en 4 quartiers, celui des Juifs, à l'O. de la colline de Sion; celui des Arméniens à l'E. de cette colline; celui des Chrétiens, autour du St-Sépulcre et de la colline d'Acra ; celui des Musulmans, sur le mt Moriah. Hautes murailles crénelées et garnies de tours. L'église du St-Sépulcre (bâtie par la mère de Constantin, Ste Hélène; incendiée en 1811, mais reconstruite l'année suiv.) en est le plus précieux monument ; on remarque aussi la mosquée d'Omar, el Haram (bâtie en 648), et un assez grand nombre de ruines. Peu d'industrie et de commerce. — Lors de l'entrée des Israélites dans la Terre promise, Jérusalem, dite alors Jébus, appartenait aux Jébuséens. Les Benjamites, dans la tribu desquels elle se trouvait comprise, conquirent la ville basse; mais la v. haute, ou Sion, ne fut conquise que par David, qui fit alors de Jérusalem la capit. de son roy. au lieu de Sichem. Salomon y bâtit le célèbre temple qui porte son nom. Capit. du roy. de Juda, après le schisme des 10 tribus, elle fut prise par Sésac et Néchao, rois d’Égypte, par Amasias, roi d'Israël, vainement assiégée par Sennachérib et prise trois fois par Nabuchodonosor (606, 596, 588), qui finit par la détruire (587). Cyrus en permit le rétablissement (536), et le temple de Salomon, détruit par les Assyriens, fut reconstruit (516). Jérusalem commençait à refleurir, mais le gouvernement tyrannique des Séleucides la remplit de désordre et de sang et amena le soulèvement des Macchabées, qui rendit pour quelque temps aux Juifs leur indépendance, (166-161). Jérusalem fut prise ensuite par Pompée l'an 64 av. J.-C., par Titus l'an 70 de J.-C. (le temple fut alors brûlé et la v. détruite presque tout entière), par Julius Severus en 130, sous Adrien. Cet empereur la rebâtit, y éleva un temple à Jupiter Capitolin, la nomma Ælia Capitolina, et défendit à tous les Juifs d'y mettre le pied, 135. Constantin lui rendit son 1er nom et y éleva une basilique. Julien tenta vainement de faire rebâtir le temple des Juifs. Jérusalem a depuis été prise par les Persans en 614, par les Sarrasins en 636, par les Seldjoucides en 1086, puis par les Croisés, qui, en 1099, y fondèrent le roy. de Jérusalem (V. ci-après); par Saladin en 1187, enfin par les Turcs en 1217. Vendue en 1229 par le sultan Méledin à l'emp. Frédéric II, elle fut reprise par les Musulmans en 1241, conquise en 1382 par les Mamelouks et prise de nouveau en 1517 par les Turcs, qui l'ont gardée depuis. La possession des lieux saints, souvent disputés par les Grecs et les Latins, a été une des causes de la guerre d'Orient, entre la France et la Russie, en 1854. M. Poujoulat a écrit l’Histoire de Jérusalem (1842).

JÉRUSALEM (Roy. de), fondé en 1099 par Godefroy de Bouillon, lors de la 1re croisade, se composait de la Palestine et avait pour fiefs les principautés de Tibériade et d'Antioche, les comtés de Tripoli et d'Édesse, etc., et était régi par la législation connue sous le nom d'Assises de Jérusalem. Il fut conquis presque entièrement par les Infidèles après la ba taille de Tibériade, 1187, et Jérusalem même tomba au pouvoir de Saladin. Les 3e, 4e et 5e croisades ne changèrent rien à cet état de choses. En 1229, l'emp. Frédéric II, auteur de la 6e croisade, occupa Jérusalem, et se fit céder presque tout le roy. par Mélik-el-Kamel. Mais dès 1239 Jérusalem fut reprise par les Infidèles, et les Mamelouks, en 1291, achevèrent de conquérir ce qui restait aux Francs.

Rois de Jérusalem :
Godefroy de Bouillon, 1099 Sibylle, puis Baudouin V, son fils, 1185
Baudouin I, 1100 Guy de Lusignan, 1186
Baudouin II, 1118 Henri II, de Champagne, 1192
Foulques V, d'Anjou, gendre de Baudouin II, 1131 Amauri de Lusignan, 1197
Baudouin III, 1144 Jean de Brienne, 1209
Amauri, 1162 L'emp. Frédéric II, gendre du préc., 1229-39
Baudouin IV, 1174

Auj. le titre de roi de Jérusalem est encore porté par l'emp. d'Autriche et le roi de Sardaigne, qui se prétendent héritiers des derniers souverains.

JÉRUSALEM (Concile de), fut tenu en 50 par les apôtres, pour fixer les rapports de la nouvelle religion avec l'ancienne alliance. Il déchargea de la circoncision et des pratiques prescrites aux Juifs par la loi de Moïse les Gentils qui embrasseraient le Christianisme. Ce fut le 1er concile; cependant on ne le compte pas généralement parmi les conciles œcuméniques.

JÉRUSALEM (J. Fréd. Guill.), théologien luthérien, né en 1709 à Osnabruck, m. en 1789, fut chargé par le duc de Brunswick de l'éducation de son fils, et fut aumônier et prédicateur de la cour. Il s'occupa avec succès de l'éducation de la jeunesse, donna le plan du Collegium Carolinum de Brunswick et fonda dans l'abbaye de Riddagshausen un séminaire dont il eut longtemps la direction. On a de lui des Lettres sur la religion de Moïse (1762), des Considérations sur les vérités de la religion (1785), un Recueil de sermons estimés (1788-89), et des Écrits posthumes, Leips., 1793. — Son fils, Ch. Guillaume J., qui donnait de grandes espérances, se tua dans un accès de mélancolie, en 1773. Ce jeune homme est le type du Werther de Goethe.

JERVIS (lord). V. ST-VINCENT.

JESSELMERE, v. de l'Inde. V. DJESSALMIRE.

JESSENIUS (Jean JESSEN, dit), savant médecin, né en 1566 à Nagy-Jessen, en Hongrie, enseigna la médecine avec succès à Wittemberg et à Prague, et fut premier médecin des empereurs Rodolphe et Mathias; mais ayant pris part à la révolte des Hongrois contre Ferdinand II, en 1619, il fut arrêté et condamné à mort en 1621. On a de lui : Zoroaster, Wittemberg, 1593; Anatomiæ historia, 1601; Institutiones chirurgicæ, 1601; Vita et mors Tychonis Brahei, et des dissertations sur les maladies de la peau.

JÉSUATES, ordre religieux institué à Sienne en 1363 par S. Jean Colombin, était ainsi appelé, dit-on, parce que ses fondateurs avaient toujours le nom de Jésus à la bouche. Ils soignaient les malades, et distribuaient des remèdes qu'ils fabriquaient eux-mêmes. Ils ne s'étendirent guère au delà de l'Italie et furent supprimés en 1668.

JÉSUITES, dits aussi Compagnie ou Société de Jésus, ordre religieux fondé en 1534 par Ignace de Loyola (V. ce nom), et approuvé en 1540 par le pape Paul III, se consacre à la propagation de la foi, à la conversion des infidèles et des hérétiques, à l'éducation de la jeunesse, et fait un vœu particulier d'obéissance aux ordres du souverain pontife. Cette compagnie, qui a joué un si grand rôle, est surtout remarquable par sa constitution : son général réside à Rome, et de là il exerce un empire absolu sur les membres répandus dans toute la chrétienté. Il a auprès de lui 5 assistants, formant son conseil, et un admoniteur, chargé de le surveiller lui-même; en outre, il a sous ses ordres dans chaque pays des provinciaux, chargés chacun d'une province. Il y a dans l'ordre 4 degrés : les profès, âgés de 33 ans au moins et ayant prononcé leurs vœux, les coadjuteurs, divisés en spirituels et temporels, les scolastiques ou étudiants et les novices. Tous les membres, avant d'être admis dans la Société, sont soumis à de nombreuses épreuves : chacun est ensuite employé selon sa capacité. — Cet ordre a pris naissance à Paris, où Ignace de Loyola était venu étudier la théologie ; il eut pour premiers apôtres, avec Ignace de Loyola, Lainez, Salmeron, Bobadilla, François-Xavier, Rodriguez, tous Espagnols, et Pierre Favre, de Savoie. Il fut institué sous le titre de Clercs de la Compagnie de Jésus et s'établit d'abord à Rome. Le pape donna aux Jésuites, dans cette ville, une église qui prit d'eux le nom d’il Giesu. La Société se répandit rapidement en Italie, en Espagne, en Portugal; quoique Paris fût son berceau, elle ne fut admise en France qu'après de longs débats ; elle éprouva surtout une vive résistance de la part du Parlement et de l'Université et n'obtint que fort tard la permission d'enseigner (1562). Les Jésuites ont rendu des services incontestables : ils ont obtenu de grands succès dans l'éducation de la jeunesse, dans la prédication ; par leurs courageuses missions ils ont porté la foi jusque dans les contrées les plus éloignées et chez les peuples les plus barbares; ils ont compté dans leurs rangs des hommes éminents dans les genres les plus divers (les PP. Bourdaloue, Bouhours, André, Sirmond, Petau, Labbe, Bolland, Kircher, La Rue, Brumoy, Porée, Jouvency, Parennin, Duhalde, etc.); mais plusieurs de leurs casuistes les compromirent en enseignant une morale relâchée ou des doctrines dangereuses ; en outre, on leur a reproché d'avoir poussé trop loin l'esprit de corps, de s'être trop mêlés des affaires de ce monde, d'avoir recherché avec trop d'ardeur les richesses (ils faisaient le commerce) et surtout l'influence politique. Par suite, ils ont été impliqués dans plusieurs complots ou attentats, quoique rien n'ait pu être prouvé. Ils ont été bannis pour des causes diverses de la plupart des États qui les avaient reçus : d'Angleterre en 1581 et 1601, de France en 1594 et 1762, de Portugal en 1598 et 1759, de Russie en 1717, de Chine en 1753, d'Espagne et de Sicile en 1767; enfin la Société fut supprimée en 1773 par le pape Clément XIV. Avant d'en venir à cette extrémité, on avait tenté de les déterminer à modifier leurs statuts; le général de l'ordre, le P. Ricci, se borna, dit-on, à répondre : Sint ut sunt, aut non sint. Les Jésuites continuèrent néanmoins à exister sous d'autres noms tels que ceux de Frères de la croix, de Cordicoles, de Paccanarisses, etc.; ils trouvèrent un asile en Russie en 1779. Le pape Pie VII les rétablit en secret dès son avènement, en 1800, et solennellement en 1814. Ils reparurent en France à la Restauration, sous le nom de Pères de la Foi, et eurent pendant quelques années des collèges florissants, notamment à Montrouge et à St-Acheul; ces établissements furent fermés en 1828, comme contraires à la loi existante, mais plusieurs ont été rouverts depuis 1848. Dans ces derniers temps, les Jésuites ont encore été expulsés de Russie et d'Espagne, 1817-20, et de Suisse, 1847. Jusqu'à ce jour l'ordre a compté 24 généraux, dont voici les noms : Ignace de Loyola, 1541; J. Lainez, 1558; F. de Borgia, 1568; E. Mercurien, 1573; Cl. Acquaviva, 1581; M. Vittelleschi, 1615; V. Caraffa , 1646; Fr. Piccolomini, 1649; A. Gothofredi, 1652; G. Nickel, 1662; J. P. Oliva, 1664; Ch. de Noyelle, 1682; Th. Gonzalès , 1697; M. A. Tamburini, 1706; Fr. Retz, 1739; Ig. Visconti, 1751; A. Centuriono, 1755; L. Ricci, 1758; F. X. Caren, 1800; G. Grüber, 1802; Th. Broszozowski , 1814; L. Forti, 1820; Roothaan, 1839; Becks, 1853. L’Hist. des J. a été écrite par les PP. Orlandini, Jouvancy, etc., 7 v. in-f., Rome, 1615-1750, par P. Wolf, Zurich, 1789, Crétineau-Joly, Paris, 1844-46, et l'abbé Guettée, 1858.

JÉSUITESSES, ordre de religieuses, fondé en 1534 par deux Anglaises, Warda et Tuittia, à l'imitation de l'ordre que venait de fonder Loyola. Elles faisaient vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, mais ne gardaient point la clôture et prêchaient dans les églises. Cet ordre fut aboli en 1631 par Urbain VIII.

JÉSUS, en hébreu Jehosuah, c.-à-d. Sauveur. Ce nom, assez répandu chez les Juifs, a été porté, avant Jésus-Christ, par neuf personnages différents qui figurent dans la Bible. Les deux plus importants sont : Jésus, fils de Josédech, qui fut le premier grand prêtre après le retour de la captivité de Babylone, et qui releva le temple avec Zorobabel (535-516) ; — et Jésus, fils de Sirach, célèbre par sa sagesse, qui florissait sous le pontificat de Simon I (303-284) : il est auteur de l’Ecclésiastique, livre dont il ne nous reste qu'une traduction grecque.

JÉSUS-CHRIST, le fondateur de la religion chrétienne, le Messie prédit par les prophètes, le Sauveur, fils de Dieu et Dieu lui-même, médiateur entre Dieu et les hommes, rédempteur du genre humain. Il fut conçu sans péché dans le sein de Maria, vierge de Nazareth, issue de la race de David, et épouse de Joseph, et naquit à Bethléem, dans une étable, le 25 déc. de l'an du monde 4004 (4963 selon l’Art de vérifier les dates), l'an de Rome 753, la 31e année du règne d'Auguste. Sa naissance fut annoncée à Marie par l'ange Gabriel, et révélée d'une manière miraculeuse à des bergers ainsi qu'à des mages qui vinrent aussitôt l'adorer. Hérode, roi de Judée, craignant, sur la foi d'anciennes prédictions, la venue du Messie, ordonna d'égorger tous les enfants nouveau-nés; mais Joseph et Marie s'enfuirent en Égypte, et l'enfant divin échappa au massacre. Ils ne revinrent à Nazareth qu'après la mort d'Hérode, Jésus passa le temps de sa jeunesse auprès de ses parents, partageant leurs travaux d'artisans. Cependant il avait déjà laissé entrevoir ce qu'il devait être un jour : dès l'âge de 12 ans, il discourut dans le temple avec les docteurs de la loi et les étonna par la sagesse de ses réponses. A 30 ans, il commença sa mission et s'annonça comme le Messie. Il se fit d'abord baptiser par S. Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain; puis, après s'être retiré dans le désert, où il jeûna quarante jours et où il eut à repousser la tentation de Satan, il choisit 12 disciples, connus depuis sous le nom d'apôtres, et parcourut avec eux les villes de la Judée et de la Galilée, prêchant aux hommes la charité, l'amour de Dieu, l'attente d'une autre vie, donnant l'exemple de toutes les vertus et confirmant ses dogmes par une foule de miracles. Il changea l'eau en vin aux noces de Cana, rendit la santé aux malades, la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds ; il ressuscita le fils de la veuve de Naïm, ainsi que Lazare. Les nouveaux dogmes qu'il enseignait et les réformes qu'il prescrivait soulevèrent contre lui les Pharisiens et les prêtres Juifs. Ils l'accusèrent devant le gouverneur romain Ponce Pilate de se dire roi des Juifs et de vouloir renverser le gouvernement établi ; en même temps ils séduisirent un de ses disciples, Judas, afin de se le faire livrer; enfin ils se saisirent de sa personne pendant qu'il se trouvait à Jérusalem, où il s'était rendu pour faire la Pâque et où il venait d'instituer l'Eucharistie, en célébrant la Cène avec ses disciples. Renvoyé par Pilate devant Caïphe, grand prêtre des Juifs, il fut jugé par le sanhédrin, composé du prince des prêtres et des principaux magistrats, et fut condamné comme blasphémateur, pour s'être dit le Fils de Dieu. Il eut dès lors à subir toutes sortes d'outrages, fut battu de verges, puis attaché à une croix sur le Calvaire ; il rendit l'âme après une longue et douloureuse passion, ayant supporté tant de tortures avec une résignation admirable et pardonnant à ses bourreaux. Il était dans la 33e année de sa vie, et dans la 3e de sa prédication. Sa mort fut accompagnée de plusieurs prodiges. Jésus ressuscita le 3e jour, comme il l'avait prédit, et quoiqu'on eût mis des gardes auprès du tombeau; il apparut ensuite à ses disciples, qu'il eut grand'peine à convaincre, et les chargea d'aller instruire tous les peuples. Le 40e jour après sa résurrection, étant sur le mont des Oliviers, il s'éleva au ciel en présence de ses disciples. Le surnom de Christ, que l'on joint au nom de Jésus, est un mot grec qui signifie oint ou sacré. Les détails de la vie et des prédications de Jésus-Christ nous ont été conservés par les évangélistes. Chez les modernes la vie de J.-C. a été écrite bien des fois : on estime celle du P. de Ligny, 3 vol. in-8, 1774, celle de Stolberg, trad. de l'allemand par l'abbé Jager, Paris, 1842, et celle de Monseign. Dupanloup, 1869. Le livre de l’Imitation de J.-C. offre ses vertus en modèle à tous les Chrétiens. L’Église, outre le culte qu'elle rend chaque jour à Jésus-Christ dans le sacrifice de la Messe, a consacré plusieurs fêtes à la commémoration des principaux événements de sa vie mortelle. V. NOËL, PÂQUES, ASCENSION, PENTECÔTE, FÊTE-DIEU , etc. — L'année de la naissance de J.-C. a été fixée par Denys le Petit à l'an de Rome 753. Il paraît cependant, d'après des calculs adoptés par les auteurs de l’Art de vérifier les dates, que la date de sa naissance doit être reportée au 25 déc. de l'an 747 de Rome, 6 ans avant l'ère vulgaire. Jésus aurait ainsi vécu réellement 39 ans et non 33.

JÉTHRO, prince ou prêtre du pays de Madian, accueillit Moïse qui fuyait après avoir tué un Égyptien, et lui fit épouser sa fille Séphora.

JEU DE PAUME (Séance du), séance tenue le 20 juin 1789, à Versailles, dans le Jeu de Paume (rue St-François), et dans laquelle les députés de l'Assemblée nationale, exclus du lieu ordinaire de leurs séances, firent le serment de ne pas se séparer sans avoir donné une constitution à la France.

JEUMONT, vge de France (Nord), à 28 kil. N. E. d'Avesnes; 1000 h. Station du chem. du Nord. Usines à fer, scieries mécaniques. On y a trouvé du sélénium.

JEUPARANA, ou RIO DE MACHADO, riv. du Brésil (Mato-Grosso), coule au N. O. et va se joindre au Madeira (Para), après 450 kil. de cours.

JEUX PUBLICS. V. ISTHMIQUES, FLORAUX, etc.

JEVER, v. du duché d'Oldenbourg, à 10 k. de la mer du Nord et à 60 k. N. N. O. d'Oldenbourg ; 3600 hab. Ch.-l. d'une seigneurie de son nom.

JÉZABEL, reine célèbre par son impiété, était fille d'Ithobal, roi de Sidon, et femme d'Achab, roi d'Israël. Elle détourna son mari du culte du vrai Dieu, établit à Samarie le culte de Baal, et fit mourir un grand nombre de prophètes et de saints personnages. Jéhu, parvenu au trône, la fit jeter par les fenêtres de son propre palais à Jezraël, et fouler aux pieds des chevaux (876 av. J.-C). Elle fut dévorée par les chiens, suivant la prédiction d'Élie.

JEZRAËL, Esdrelon, v. de Palestine (Zabulon), près des monts Gelboé, non loin des sources d'un ruisseau nommé aussi Jezraël, qui se rend dans le Jourdain. C'est là que périt Jézabel.

JITOMIR, v. de la Russie d'Europe (Volhynie), à 850 kil. S. O. de Moscou; 17 000 hab. (dont 15 000 Juifs). Deux évêchés, l'un grec, l'autre catholique. Chapeaux, tanneries, draps, soieries, toiles, miel, suif, cire, vins, etc.

JOAB, général des armées de David, était par sa mère neveu de ce prince. Il anéantit le parti d'Isboseth, compétiteur du roi, défit en plusieurs rencontres les Syriens et les Jébuséens, mais il ternit sa gloire en faisant assassiner Abner, dont il craignait la rivalité. Il marcha contre Absalon révolté, le défit et le tua de sa propre main, malgré la défense de David. A la mort du roi, il prit parti pour Adonias contre Salomon; celui-ci, ayant eu le dessus, le fit mourir à Gabaon, l'an 1001 av. J.-C.

JOACHAZ, roi d'Israël (848-832), fils de Jéhu, signala le commencement de son règne par son impiété; mais, ayant été vaincu par Hazaël, roi de Syrie, il s'humilia devant Dieu, et fut sauvé de sa ruine.

JOACHAZ, roi de Juda, fils de Josias, s'empara du trône l'an 608 av. J.-C., au préjudice de son frère aîné Joachim; mais, après trois mois de règne, il fut détrôné par Néchao, roi d’Égypte, qui replaça Joachim sur le trône.

JOACHIM ou ÉLIAKIM, roi de Juda (608-597), frère aîné de Joachaz, avait été frustré du trône par son frère; il y fut rétabli par Néchao, roi d'Égypte. Il se livra à l'impiété, et persécuta le prophète Jérémie, qui ne cessait de lui prédire les plus grands malheurs. Joachim fut en effet détrôné par Nabuchodonosor (606). C'est de ce moment que date la captivité de Babylone.

JOACHIM II ou JÉCHONIAS, roi de Juda. V. JÉCHONIAS.

JOACHIM (S.), époux de Ste Anne et père de la Ste Vierge, est fêté le 20 mars.

JOACHIM, surnommé le Prophète, né en 1130 à Célice, près de Cosenza, voyagea dans la Terre-Sainte, puis, à son retour, prit l'habit de Cîteaux, devint prieur et abbé de Sambuccino, quitta cette abbaye vers 1183, et alla demeurer à Flora, où il fonda une abbaye dont il fut le premier abbé. Il eut sous sa dépendance un grand nombre de monastères, auxquels il donna des constitutions qui furent approuvées par le pape Célestin III. Il mourut en 1202, laissant un grand nombre d'ouvrages (publ. à Venise, 1516, in-f.). On lui attribuait des prédictions : d'où son surnom. Dom Gervaise a écrit sa Vie, 1745.

JOACHIM (George), surnommé Rhasticus; parce qu'il était né à Feldkirch, dans la Valteline (anc. Rhétie), né en 1514, mort en 1576, enseigna les mathématiques et l'astronomie à Wittemberg. Il avait embrassé le système de Copernic, et ce fut lui qui, après la mort de cet astronome, publia ses ouvrages. On a de lui des Éphémérides selon les principes de Copernic (Lepsick, 1550, in-4), et divers ouvrages sur la physique, la géométrie et l'astronomie.

JOACHIM, électeurs de Brandebourg. V. BRANDEBOURG. — Roi de Naples. V. MURAT.

JOACHIMSTHAL, v. de Bohême, k 20 kil. N. d'Elnbogen; 4900 hab. Direction et tribunal des mines. Aux env., mines d'argent, de zinc et de cobalt.

JOAD ou JOIADA, grand prêtre des Juifs sous Ochosias, réussit, avec le secours de Josabeth, sa femme, à soustraire à la fureur d'Athalie le jeune Joas, fils d'Ochosias, et dernier rejeton de la famille royale, et le plaça sur le trône, 870 av. J.-C.

JOANÈS, peintre espagnol. V. JUANÈS.

JOANICE, dit aussi Calojean, c.-à-d. le beau Jean, roi de Bulgarie (1196-1207), usurpa le trône sur les fils de Pierre, son frère, et fit sanctionner son usurpation par le pape (1202). L'emp. latin Baudouin ayant refusé l'alliance de Joanice, celui-ci souleva contre lui les Grecs, le battit et le fit prisonnier à Andrinople, puis l'enferma à Ternove, où il mourut peu après. Joanice marcha ensuite contre Boniface, marquis de Montferrat, et roi de Thessalonique; il allait entrer dans Thessalonique, lorsqu'il mourut assassiné par un de ses généraux.

JOANNY (Jean, Bern. BRISEBARRE, dit), acteur français, né à Dijon en 1775, mort en 1854, avait d'abord étudié la peinture. Il prit des leçons de Talma, débuta en 1797, parcourut ensuite la province, où il obtint les plus grands succès, entra en 1819 à l'Odéon, où il créa plusieurs rôles importants du théâtre de C. Delavigne, fut admis au Théâtre français en 1825, et y resta jusqu'à l'époque de sa retraite, en 1841. Cet acteur avait de l'énergie, mais un ton trop emphatique et un débit saccadé : on l'a surnommé le Talma de la province. JOAS, roi de Juda, était le plus jeune des fils d’Ochosias. Il échappa au massacre qu’Athalie fit faire de la famille royale, et fut élevé secrètement dans le temple par le grand prêtre Joad et par Josabeth, sa femme. Quand il eut 7 ans, Joad le fit reconnaître pour roi (870 av. J.-C), et renversa du trône Athalie. Joas régna sagement tant que vécut Joad ; mais, après la mort de ce sage conseiller, il s’adonna à l’idolâtrie, et fit subir un cruel supplice à Zacharie, fils de son bienfaiteur. Il fut battu par Hazaël et tué peu après par ses propres sujets (831).

JOAS, roi d’Israël de 832 à 817 av. J.-C, fils et successeur de Joachaz, remporta quelques victoires sur Ben-Adad, roi de Syrie, et défit Amasias roi de Juda.

JOATHAN, roi de Juda, fils d’Osias, exerça d’abord les fonctions de la royauté quand son père eut été frappé de la lèpre, puis régna en son propre nom, de 762 a 737. Il fit fleurir le culte, battit les Ammonites et les Syriens, et fortifia Jérusalem.

JOB, personnage biblique, célèbre par sa patience, vivait dans la terre de Hus, en Arabie, probablement au VIIIe siècle av. J.-C., bien que quelques-uns le supposent contemporain de Moïse. Il se vit en un jour dépouillé de tous ses biens, privé de ses dix enfants, puis fut dévoré par une maladie affreuse : il supporta tous ces maux sans se plaindre. Touché de sa résignation, Dieu, qui n’avait voulu que l’éprouver, lui rendit la santé, doubla ses richesses, lui donna une nouvelle famille, et prolongea sa vie jusqu’à 140 ans. Le Livre de Job fait partie de l’Ancien Testament : c’est un des plus sublimes morceaux de la poésie hébraïque. Ce livre a été traduit séparément en prose par Laurent, 1839, par M. Renan, 1860, et mis en vers par Levavasseur, 1826, et Baour-Lormian, 1847.

JOBARD (J. B.), savant belge d’origine française, né en 1792 à Baissey (Hte-Marne), m. à Bruxelles en 1861, fut d’abord ingénieur du cadastre dans les Pays-Bas, puis s’occupa avec succès de technologie : il importa en Belgique la lithographie en la perfectionnant, et fit lui-même quelques inventions utiles, ce qui lui valut d’être nommé directeur du Musée de l’industrie belge ; mais il est surtout connu comme l’ardent défenseur de la propriété intellectuelle, pour laquelle il inventa le mot barbare de monautopole (c.-à-d. monopole de soi-même, de ses propres œuvres). Après avoir donné dans plusieurs brochures des aperçus de sa théorie, il l’exposa au long dans le livre intitulé : Nouvelle économie sociale, ou Monautopole industriel, artistique et littéraire, Bruxelles, 1844, qu’il fit suivre en 1845 du Code complémentaire de l’économie sociale. Il s’occupait aussi de littérature : il a laissé des Fables estimées. Jobard était membre de l’Académie de Bruxelles et associé de plusieurs académies étrangères.

JOCASTE, femme de Laïus, roi de Thèbes, et mère, puis épouse d’Œdipe. V. ŒDIPE.

JOCONDE, Jocundus. V. GIOCUNDO.

JODELLE (Ét.), sieur du Lymodin, auteur dramatique, né en 1532, à La Houssaye, près de Tournan (Seine-et-Marne), mort en 1573, appartenait à l’école de Ronsard et était l’ami de Belleau. Il est le 1er qui ait composé des tragédies imitées des Grecs, avec des chœurs : il fit en ce genre Cléopâtre captive et Didon se sacrifiant (1552) ; il composa aussi une comédie en 5 actes, Eugène, ou la Rencontre, ainsi que diverses poésies françaises et latines, qui lui valurent l’honneur de figurer dans la pléiade poétique de Charles IX. Il jouait dans ses propres pièces ; Il n’avait, selon Laharpe, aucune idée de la contexture dramatique ; ses vers sont boursouflés et remplis de pointes et de jeux de mots. Ses OEuvres et Mélanges poétiques ont paru à Paris, 1574 et 1683, et d’une manière plus complète à Lyon, 1597.

JOECHER (Chrét. Théoph.), biographe, né à Leipsick en 1694, mort en 1758, étudia d’abord en médecine, puis s’appliqua à la théologie et à l’art oratoire, fit des cours particuliers de rhétorique à Leipsick de 1715 à 1730, dirigea la publication des Acta eruditorum de 1721 à 1739, obtint en 1730 la chaire de philosophie et en 1732 celle d’histoire à Leipsick, et devint en 1742 bibliothécaire de cette ville. Son principal ouvrage est l’Allgemeines Gelehrten-Lexikon, ou Dictionnaire universel des Savants, Leipsick, 1750, 4 vol. in-4, ouvrage d’une érudition immense, qui donne la biographie de tous les savants avec l’indication de leurs écrits et qui depuis a été continué par Dunckel, 1753-60 ; par Adelung, 1784, et par Rotermund, 1810.

JOËL, le 2e des 12 petits prophètes, contemporain de Jérémie, fit ses prédictions vers l’an 700 av. J.-C, sous le règne d’Ezéchias ou de Manassé. On a de lui 3 chapitres de prophéties allégoriques, dans lesquels il prédit la captivité de Babylone, la venue du Messie, et le jugement dernier.

JOFFREDY ou JOUFFROY (Jean de), né en 1412 à Luxeuil, mort en 1473, prit de bonne heure l’habit religieux, professa la théologie à Milan, et s’éleva rapidement aux premières dignités de l’Église. Lors de l’avénement de Louis XI (1461), il était évêque d’Arras et sollicitait le chapeau de cardinal : le pape Pie II, qui voulait abolir la Pragmatique Sanction de Bourges, à la rédaction de laquelle n’avait point concouru le St-Siége, lui promit la pourpre romaine s’il déterminait Louis XI à supprimer cet acte. Il y réussit, malgré l’opposition du parlement, et obtint en récompense, avec le titre de cardinal, l’évêché d’Alby. Louis XI lui confia plusieurs missions politiques.

JOGUIS, religieux ou pèlerins de l’Inde, courent de pays en pays, vivant d’aumônes et se soumettant aux austérités les plus rigoureuses. Ils se tiennent le plus souvent sur les places et aux portes des pagodes, restent des mois entiers sans changer de position, laissant croître leur barbe, leurs cheveux et leurs ongles qui prennent des dimensions démesurées.

JOHANNEAU (Éloi), polygraphe, né en 1770, à Contry, près de Blois, mort en 1850, fut professeur au collège de Blois, puis maître de pension dans cette ville, vint en 1805 se fixer à Paris, fut un des fondateurs de l’Académie celtique (depuis Société des Antiquaires), dont il devint le secrétaire principal, fut nommé en 1810 censeur de la librairie, et plus tard conservateur des monuments d’art des résidences royales. Il a publié, outre les Mémoires de l’Académie celtique : Monuments celtiques (avec Cambry, 1805) ; Origines étymologiques (1818), et adonné de bonnes éditions annotées de Montaigne, 1821-26, 3 vol. in-8 ; de Charron, 1821, 3 vol. in-8 ; de Rabelais (avec Esmangart), 1823-26, 9 vol. in-8, avec les remarques des précédents commentateurs.

JOHANNISBERG, bg de l’anc. duché de Nassau, à 17 kil. O. de Mayence, sur une montagne ; 750 hab. Château. Vignobles célèbres, qui produisent le meilleur vin du Rhin : ces vignobles appartinrent successivement à l’évêque de Fulde, au prince d’Orange, au maréchal Kellermann (1807), au prince de Metternich (1819). Près de Johannisberg, le maréchal de Soubise et L. Joseph, prince de Condé, défirent les Impériaux en 1762.

JOHANNOT (Alfred), peintre et dessinateur, né à Offenbach en 1800, d’une famille de réfugiés français, mort en 1837, fut amené dès l'âge de 6 ans à Paris, où il passa toute sa vie. Il réussit d’abord dans la gravure : on cite sa planche des Orphelins d’après Scheffer. Il composa ensuite avec son frère Tony une suite de dessins pour les œuvres de Walter Scott, de Byron, etc. Parmi ses meilleures toiles, on remarque : l’Annonce de la victoire d’Hastenbech ; François de Lorraine, après la bataille de Dreux ; François I à Madrid ; Marie Stuart quittant la France, etc. Il a laissé aussi bon nombre de vignettes et de dessins. — Tony Johannot, son frère, né en 1803, mort en 1852, ne l’a pas égalé dans la peinture, mais s’est fait un nom par ses jolies vignettes. Il a fait preuve de grâce et d’imagination dans les illustrations de Manon Lescaut, de Molière, de Werther, du Voyage sentimental, du Vicaire de Wakefield, etc. On a de lui deux belles gravures au burin : le Portrait du général Foy et les Enfants égarés, d’après Scheffer.

JOHN, forme anglaise du nom JEAN.

JOHN-BULL (c.-à-d. Jean Taureau), surnom sous lequel on désigne familièrement le peuple anglais, paraît faire allusion à la probité simple et droite qui distingue l’homme du peuple en Angleterre, et qui se cache sous des dehors rudes et grossiers.

JOHNSON (Samuel), littérateur anglais, né en 1709, à Lichfield (Stafford), mort en 1784, était fils d’un pauvre libraire, et eut longtemps à combattre la misère. Il fut d’abord répétiteur dans une école, puis voulut élever lui-même un pensionnat et perdit le peu qu’il avait. Il se fit alors traducteur à gages, et rédigea en même temps dans le Gentleman’s magazine les séances du Parlement (1740-43). Il commença à se faire remarquer par sa satire de Londres, 1738, et fut chargé en 1747 par une société de libraires de rédiger un Dictionnaire de la langue anglaise : ce grand ouvrage, que l’on regarde comme le modèle du genre, ne fut achevé qu’en 1755. En même temps qu’il y travaillait, Johnson publiait le Rambler ou Rôdeur (1750-52), feuille littéraire et morale, qui eut un grand succès ; en outre, il fournissait des articles à divers autres journaux. En 1758, il publia lui-même le journal The Idler (le Fainéant). Il fit paraître en 1759 Rasselas, ou le prince d’Abyssinie, roman moral qu’il composa en 8 jours, afin d’avoir l’argent nécessaire pour faire enterrer sa mère. Il donna en 1762 une édition de Shakespeare fort estimée, et composa à 70 ans, de 1779 à 1781, la Vie des poètes anglais, l’un de ses meilleurs ouvrages (réimp. par Cunningham, avec notes, Londres, 1855, 3 vol. in-8). Il avait obtenu à la fin de sa vie une pension du roi Georges III, et il passa ses dernières années dans l’aisance. Il fut enterré à Westminster et une statue lui fut élevée dans la cathédrale de St-Paul. Johnson était un homme maladif et morose ; ses écrits portent quelquefois l’empreinte de son humeur. Il est du reste, un des écrivains les plus purs et les plus élégants de l’Angleterre. Ses Œuvres complètes ont été recueillies à Londres par Hawkins, 1787, 11 vol. in-8, et par Murphy, 1796 et 1824, 12 vol. in-8. On a souvent réimprimé son Dictionnaire. Le Rasselas a été trad. en franç. par Mme Belot, 1768 ; par Mac-Carthy, 1817, et par Gosselin, 1820 ; des Morceaux choisis du Rôdeur ont été trad. par Boulard, 1785 ; la Vie des poètes a été trad. en français par E. Didot, 1842. J. Boswell a écrit la Vie de Johnson, Londres, 1791.

JOHNSTON (Janus), chimiste écossais, né en 1796 à Paisley, m. en 1855, alla en Suède étudier la chimie sous Berzélius, professa cette science à l’Université de Durham depuis 1833 jusqu’à sa mort, et fut nommé en 1837 pensionnaire de la Société royale de Londres. On a de lui : Agricultural chemistry and Geology ; Catechism of agricultural chemistry ; The chemistry of common life, ouvrages pleins d’une science aussi attrayante que solide et qui ont eu de nombreuses éditions. Sa Chimie agricole a été trad. en franç. par F. Exschaw et Rieffel, 1845.

JOIADA, grand prêtre des Juifs. V. JOAD.

JOIGNY, Joviniacum, v. de France (Yonne), ch.-l. d’arr., dans l’anc. Champagne, à 34 kil. N. O. d’Auxerre, sur l’Yonne et le chemin de fer de Lyon ; 8600 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collège ; château (bâti par le cardinal de Gondi), église St-Jean, beau quai. Blanc d’Espagne, tanneries et tuileries. - On attribue la fondation de Joigny à Jovin, préfet de la milice romaine (369) ; elle fut au moyen âge le ch.-l. d’un comté qui passa successivement dans les maisons de La Trémoille (1409), de Gondi (1605), de Créqui (1675) et de Villeroy (1703).

JOINVILLE, Jovilia (Joins villa), ch.-l. de cant. (Hte-Marne), à l6 kil. S. E. de Vassy, sur la Marne ; 3500 hab. Filature de coton, usine à fer, serges, toile, etc. Un traité fut conclu à Joinville en 1585 entre le roi d’Espagne et les Ligueurs, portant que si Henri III mourait sans enfant mâle, le cardinal de Bourbon serait appelé à lui succéder à l’exclusion de tout prince hérétique. - Cette ville était jadis le ch.-l. du Vallage (Champagne), et d’une baronnie qui fut possédée au XIIIe siècle par le sire de Joinville (V. ci-après). Henri II érigea cette baronnie en principauté (1552) en faveur de François, duc de Guise. La principauté échut par succession (1688) à Mlle de Montpensier, qui la donna en mourant à Philippe, duc d’Orléans, dans la famille duquel elle est restée : le titre de prince de Joinville est encore auj. porté par un des fils du roi Louis-Philippe.

JOINVILLE-LE-PONT. V. ST-MAUR.

JOINVILLE (Jean, sire de), historien, d’une famille de Champagne fort ancienne, né en 1224, m. en 1318, fut d’abord attaché comme sénéchal à Thibaut, comte de Champagne, puis devint l’ami et le conseiller du roi Louis IX. Il accompagna Louis dans sa 1re croisade, combattit à ses côtés, partagea sa captivité, et lui inspira par sa franchise et la sagesse de ses conseils une telle amitié que ce bon roi ne voulut plus qu’il le quittât. De retour en France, il lui donna une pension et l’admit à sa table ; souvent il le chargeait de l’aider à rendre la justice à ses sujets. Joinville refusa de suivre S. Louis à Tunis et employa les dernières années de sa vie à la rédaction de ses Mémoires. Tout le monde connaît cet ouvrage plein de naturel, de sensibilité et de charme, où le saint roi apparaît dans toute sa grandeur chrétienne. Les meilleures éditions de Joinville sont celles de Ducange, 1668, in-fol. ; de Capperonnier, 1761 (réimpr. par Daunou et Naudet, 1840), de Francisque Michel, 1858, avec notice par Paulin Paris ; et celle de N. de Wailly, 1866.

JOLY (Claude), né à Paris en 1607, m. en 1700, fut d’abord avocat, puis prêtre, et devint chanoine de Notre-Dame. Il suivit le duc de Longueville aux conférences de Munster. Il a écrit de savants ouvrages de théologie, et un Recueil de Maximes véritables pour l’institution du roi, contre la pernicieuse politique du cardinal Mazarin, 1652, ouvrage qui fut brûlé par la main du bourreau. - Guy Joly, son neveu, conseiller du roi au Châtelet et syndic des rentiers de l’hôtel de ville de Paris, fut longtemps secrétaire et confident du cardinal de Retz ; puis s’attacha au parti de la cour. Il a laissé des Mémoires historiques (de 1648 à 1665), publiés en 1708 à Amsterdam.

JOLY DE FLEURY (Guill. François), magistrat, né à Paris en 1675, m. en 1756 ; fut avocat général à la cour des aides, et avocat général au parlement de Paris, remplaça en 1717 d’Aguesseau comme procureur général au parlement, et se démit de cette charge en 1746. Il déploya dans ces fonctions une capacité, une éloquence et un zèle qui l’ont placé au rang de nos plus illustres magistrats. - Son 3e fils, Jean François, fut un instant contrôleur des finances après Necker (1781-83).

JOLY (Antoine), auteur comique, né à Paris en 1672, m. en 1753. On a de lui : l’École des Amants, 1718 ; la Femme jalouse, 1726. Il fut nommé en 1753 censeur royal. Il a publié des éditions de Molière, de Corneille, de Racine, de Montfleury, et a rédigé le Nouveau et grand Cérémonial de France, conservé manuscrit à la Bibliothèque impériale (12 vol. in-fol.).

JOLY (Joseph), dit le Père Joly, capucin, né en 1715 à St-Claude (Franche-Comté), m. en 1805, a écrit : Histoire de la prédication, 1767 ; Conférences sur les mystères, 1771 ; Dictionnaire de morale, 1772 ; la Géographie sacrée, 1784, ouvrage estimé ; la Franche-Comté ancienne et moderne, 1779, etc.

JOMANES, riv. de l’Inde anc., auj. la Djomnah.

JOMARD (Edme François), géographe et archéologue, né à Versailles en 1777, m. en 1862, entra à l’École polytechnique dès sa fondation (1794), en sortit ingénieur géographe, et fut adjoint en cette qualité à l'expédition d’Égypte; fut, comme secrétaire de la commission, chargé de rédiger la Description de l’Égypte, et consacra 18 ans à ce grand travail (1803-21); devint membre de l'Acad. des inscriptions et belles-lettres (1818), et conservateur des collections géographiques à la Bibliothèque royale (1828). Il a donné séparément son travail personnel pour la Description de l’Égypte (Recueil d'Observations sur l’Égypte ancienne et moderne, 4 vol. in-8o, 1830), a publié d'autres savants Mémoires sur des questions de géographie, et fondé (1821) la Société de géographie.

JOMELLI (Nicolo), compositeur, né en 1714 à Aversa (anc. roy. de Naples), m. en 1774, parut successivement à Rome, à Vienne, à Stuttgard, fut applaudi partout et revint terminer ses jours dans sa patrie. On a de lui un grand nombre de motets, d'oratorios et d'opéras (Sémiramis, Vologèse, Énée, Démophoon, la Clémence de Titus, Alexandre aux Indes, etc.). On l'a surnommé le Gluck de l'Italie.

JONADAB, fils de Réchab, chef de la secte des Réchabites, vivait sous Jéhu, vers 860 av. J.-C. Il défendait à ses disciples de faire usage du vin, de cultiver les champs, de rien posséder en propre.

JONAS, l'un des petits prophètes, vivait vers 800 av. J.-C., sous Jéroboam II. Chargé par le Seigneur d'annoncer aux Ninivites la destruction de leur ville, il négligea de s'acquitter de cette mission dangereuse, s'enfuit à Joppé, et s'y embarqua pour Tarse. Mais le vaisseau ayant été assailli par une horrible tempête en punition de sa désobéissance, il se reconnut coupable et fut jeté à la mer. Une baleine le reçut, le garda 3 jours dans son ventre, et le vomit ensuite sur le rivage. Jonas, ainsi miraculeusement rendu à la vie, courut à Ninive, et fit entendre dans toute la ville ces terribles paroles : « Encore 40 jours, et Ninive sera détruite. » Cependant, les Ninivites ayant fait pénitence, Dieu leur pardonna. Jonas, craignant de passer pour faux prophète, murmura de cette indulgence; mais Dieu lui fit voir l'injustice de ses plaintes. On croit qu'il mourut en 761.

JONAS (Just), théologien, né en 1493 à Nordhausen (Prusse), mort en 1555, embrassa la Réforme, fut un des compagnons assidus de Luther et un des plus ardents propagateurs de ses doctrines. Il eut une grande part à la traduction de la Bible par Luther, à la rédaction des articles de Torgau, à la confession d'Augsbourg, et mit en allemand l'apologie de la confession d'Augsbourg par Mélanchthon, rédigée en latin.

JONATHAN, le même nom que Jonathas, a été d'abord adopté de préférence par les Réformés. — Les Anglais appellent familièrement le peuple des États-Unis Frère Jonathan, par allusion à l'amitié et à la confraternité de David et de Jonathas.

JONATHAN-BEN-UZIEL, rabbin que les Talmudistes placent au Ve s. av. J.-C., mais qui vivait plus probablement au Ier ou au IIe siècle de l'ère chrétienne, est un des auteurs du Targum, paraphrase chaldaïque de plusieurs des livres de l’Écriture. V. TARGUM.

JONATHAS, un des fils de Saül, célèbre par son amitié pour David, ainsi que par sa valeur, contribua à presque toutes les victoires de son père. Pressé par le besoin à la suite d'une bataille contre les Philistins, il mangea d'un rayon de miel que le hasard lui offrit; il fut sur le point d'être mis à mort par son père pour ce fait, parce que ce prince avait juré de faire mourir quiconque mangerait avant la fin du jour ; mais le peuple obtint sa grâce. Jonathas fut tué avec son père à la bataille de Gelboé. David le pleura et composa un hymne en son honneur.

JONATHAS MACCHABÉE. V. MACCHABÉE.

JONCOURT (Pierre de), théologien protestant, né en 1650 à Clermont (Oise), m. en 1725, se réfugia en Hollande, et y devint pasteur à Middlebourg, puis à La Haye. Il écrivit contre les Coccéiens et publia des Lettres sur les jeux de hasard (La Haye, 1713), qui provoquèrent une vive dispute. — Élie de Joncourt, de la même famille, né en 1707 à La Haye, mort en 1775, était pasteur et professeur de philosophie à Bois-le-Duc Il prit part à la rédaction du Journal de la République des Lettres publié à Leyde, et à la Biblioth. des Sciences et des Arts, publ. à La Haye, et donna un grand nombre de traductions du latin et de l'anglais, entre autres : Éléments de philosophie de S'Gravesande, Leyde, 1746; Éléments de la philosophie newtonienne de Pemberton, 1755; Dialogues des morts de Lyttleton, 1760.

JONDOT (Élie), écrivain, né en 1777 à Montcenis près d'Autun, m. en 1834, professa l'histoire à l’École militaire de Fontainebleau, puis à Rouen et à Orléans, et vint en 1813 se fixer à Paris. On a de lui, entre autres ouvrages : Tableau historique des Nations, 1808; Histoire de l'emp. Julien, 1817.

JONES (Inigo), célèbre architecte, surnommé le Vitruve de l'Angleterre, né à Londres en 1572, m. en 1651, visita, en compagnie du comte de Pembroke, la France, l'Allemagne et l'Italie pour se perfectionner, s'arrêta surtout à Vicence pour étudier les chefs-d'œuvre de Palladio, fut surintendant des bâtiments de la couronne sous Jacques I et Charles I, et resta toujours attaché aux Stuarts. Ses principaux travaux sont : le portique de St-Paul à Londres, la Bourse, l'hôpital de Greenwich, la Salle des Banquets de Whitehall. On a publié une collection de ses dessins à Londres en 1776, 2 vol. in-fol.

JONES (Paul), intrépide marin écossais au service des Américains, né en 1727, m. à Paris en 1792. Révolté des cruautés que commettaient les Anglais contre les prisonniers anglo-américains, il alla prendre du service chez ceux-ci et devint un des plus redoutables adversaires de son ancienne patrie. Il osa faire une descente en Angleterre, à White-Haven (Cumberland), en 1778, s'empara du fort et emmena plusieurs vaisseaux marchands. En 1779, il força avec un seul bâtiment deux frégates anglaises à se rendre. Venu en France après ce combat héroïque, il y fut reçu avec enthousiasme. Il a paru en 1798 à Paris, et en 1830 à Édimbourg, des Mém. de P. Jones, qui sont peu authentiques.

JONES (William), orientaliste, né à Londres en 1746, m. à Calcutta en 1794, était fils d'un professeur de mathématiques. Il conçut dès l'âge de 18 ans le goût des langues orientales en apprenant l'arabe, avec un Syrien d'Alep qui se trouvait à Londres. D'abord précepteur du comte Spencer, il se fit ensuite recevoir avocat (1770) ; et exerça avec succès cette profession, tout en consacrant ses loisirs à la littérature orientale. Il fut nommé en 1783 juge à la cour suprême de Calcutta et remplit ces fonctions jusqu'à sa mort. Il avait fondé en 1784 à Calcutta une société savante qui a puissamment contribué aux progrès des recherches sur l'Asie. W. Jones savait vingt langues, entre autres l'arabe, le persan et le sanscrit; il écrivait fort bien en français : il a traduit du persan dans cette langue l’Histoire de NadirChah, 1770 (avec un traité de la Poésie orientale, également écrit en français). Il a en outre traduit de l'arabe en anglais les Moallakats, recueil de poésies arabes, 1782; du sanscrit, Sacountala ou l'Anneau fatal, drame de Kalidasa. 1789, et le Code de Manou, qui contient toute la législation des Hindous, 1794. Il avait entrepris un vaste recueil des lois de l'Inde, qui a été publié après sa mort par Colebrooke sous le titre de Digeste des lois hindoues 1800; enfin, il a laissé une foule de dissertations scientifiques et littéraires. Ses Œuvres complètes ont été publiées par sa veuve, Londres, 1799, 6 vol. in-4 ou 13 vol. in-8.

JONGHE OU JONGIUS. V. JONGIUS et JUNIUS.

JONGLEURS, Joculatores, nom donné dans l'origine à des joueurs d'instruments, qui couraient les châteaux ou les foires au moyen âge, en compagnie des troubadours. V. JONGLEURS, au Dictionnaire des Sciences, et, dans celui-ci, l'art. TROUBADOURS.

JONKOEPING, v. de Suède (Gothie), ch.-l, d'une prov. de même nom, à 31 kil. S. O. de Stockholm, entre 3 lacs; 5000 hab. Commerce, industrie; sources minérales. Un traité de paix y fut signé en 1809 entre la Suède et le Danemark. — La prov., entre celles de Linkœping, d'Elfsborg et de Calmar, compte env. 165 000 hab.

JONSIUS (Jean), savant allemand, né en 1624 à Flensbourg (Holstein), mort en 1659, enseigna quelque temps à Kœnigsberg et à Francfort-sur-le-Mein. On a de lui : De scriptoribus historiæ philosophicæ, publié par Dora, Iéna, 1716 : c'est un tableau de toutes les sectes anciennes et modernes tracé avec exactitude ; et des dissertations De ordine librorum Aristotelis, De historia peripatetica, etc.

JONSON (Benjamin), dit vulg. Ben-Jonson, l'un des meilleurs poètes dramatiques anglais, né à Londres, en 1574, d'un pauvre ecclésiastique protestant, fut successivement dans sa jeunesse maçon, soldat, puis comédien ; il eut peu de succès comme acteur, et quitta la scène à 24 ans pour se faire auteur. Encouragé par Shakespeare, il composa un grand nombre de pièces de genres très-divers, qui pour la plupart eurent du succès; il obtint en 1616 le titre de poète lauréat. Il mourut en 1637, dans un état de misère qu'il devait à son inconduite. On écrivit sur son tombeau ce bref panégyrique : O rare Ben Jonson. On a de lui des tragédies, entre autres Séjan, Catilina; des comédies en grand nombre, parmi lesquelles on remarque Volpone (le Renard), la Femme taciturne, l'Alchimiste; des farces, des épigrammes, etc. Il brillait par l'esprit, mais il se fit beaucoup d'ennemis par son humeur satirique. Il publia lui-même en 1616 une édition de ses œuvres, 4 vol. in-fol. La plus complète est celle de W. Gifford, Londres, 1816, 9v. in-8.

JONSTON (Jean), naturaliste et médecin, né en 1603 à Sambter près de Lissa (Posnanie), d'une famille originaire d’Écosse, mort en 1675 en Silésie, visita toute l'Europe et écrivit des ouvrages de genres très-divers, entre autres des Histoires des Poissons, des Oiseaux, des Insectes, des Quadrupèdes, des Arbres, etc., en latin, Hambourg, 1650, 2 vol. in-fol., et une Histoire universelle civile et ecclésiastique, Leyde, 1633, qui fut condamnée à Rome. — V. JOHNSTON.

JONZAC, ch.-l. d'arr. (Charente-Inf.), sur la Seugne, à 30 kil. S. E. de Saintes; 2750 hab. Trib. de 1re inst. Fabriques de gros lainages; commerce de grains, eaux-de-vie, bestiaux, volailles estimées. Anc. châtellenie, qui avait été donnée par Charlemagne à l'abbaye de St-Germain des Prés de Paris.

JOPPÉ, v. de Palestine (Dan), est auj. Jaffa.

JORAM, roi d'Israël de 887 à 877 av. J.-C, fils d'Achab et frère d'Ochosias, ne se signala que par son impiété. Il fut en guerre avec les Syriens. Assiégé dans Samarie par Ben-Adad, leur roi, il était sur le point de se rendre, lorsque les troupes ennemies, saisies d'une terreur panique, se dispersèrent tout à coup. Il fut blessé au siège de Ramoth de Galaad : pendant qu'il se faisait soigner à Jezraël, Jéhu se déclara contre lui et le tua d'un coup de flèche.

JORAM, roi de Juda de 880 à 877 av. J.-C, fils de Josaphat,se signala, comme le Joram d'Israël, par son impiété et se couvrit de crimes. Il épousa l'impie Athalie qui l’entraîna au mal, et, par les conseils de cette reine cruelle, il fit mettre à mort ses propres frères, ainsi que la plupart des grands du royaume. Les Iduméens, les Philistins, les Arabes l'attaquèrent tous à la fois et mirent ses États à feu et à sang. Il périt d'une maladie horrible. La sépulture lui fut refusée.

JORAT, petite chaîne des Alpes, dans la Suisse, s'étend au N. du lac Léman, sur une longueur de 65 k. Elle forme la ligne de partage entre les eaux du lac Neuchâtel et celles du lac de Genève.

JORDAENS (Jacques), peintre de l'école flamande, né en 1594 à Anvers, m. en 1678, fut élève de Van Ort et de Rubens. Il avait une grande vigueur de coloris, une entente parfaite du clair-obscur, et beaucoup de facilité pour le travail ; mais il se borna le plus souvent à l'imitation servile de la nature : il n'a rien d'idéal. On a souvent attribué à Rubens un de ses plus grands tableaux, Jésus-Christ au milieu des docteurs. Le Louvre possède de cet artiste les Quatre Évangélistes, le Roi boit, le Concert de famille, les Vendeurs chassés du temple, etc. On cité encore de lui Pan à table chez le paysan (à Munich); Bacchus ivre servi par les Bacchantes (à Dresde), etc. Il a gravé lui-même quelques-uns de ses tableaux.

JORDAN (Camille), homme politique, né à Lyon en 1771, m. en 1821, prit part au soulèvement de Lyon contre le régime de la Terreur, émigra jusqu'au 9 thermidor, fut nommé en 1796 au Conseil des Cinq-Cents, et fit à cette assemblée un rapport célèbre sur la liberté des cultes ; fut proscrit après le 18 fructidor, rentra en France en 1800, se livra sous l'Empire à des études de littérature et de philosophie; fut élu en 1816 membre de la Chambre des Députés, puis appelé au Conseil d'État, mais ses opinions libérales l'en firent exclure en 1819. Il siégea depuis sur les bancs de l'opposition, et se montra toujours zélé partisan d'une sage liberté. On a de Camille Jordan des Discours politiques, publiés en 1826, et un grand nombre de brochures de circonstance, notamment l’Histoire de la conversion d'une dame parisienne, Paris, 1792, allégorie où il combat l'église constitutionnelle, le Vrai sens du vote national sur le consulat à vie, 1802, etc. Il a traduit quelques morceaux de Schiller et de Klopstock.

JORDANE, peintre italien. V. GIORDANO (Luc).

JORNANDÈS, historien du VIe siècle, Goth de nation, était notaire du roi des Alains, il quitta sa profession pour embrasser le Christianisme, et fut, à ce qu'on prétend, évêque de Ravenne ou de Crotone. Il a écrit: De Gothorum origine et rebus gestis, histoire qui va jusqu'au règne de Vitigès, et un abrégé chronologique de l'histoire universelle, intitulé : De regnorum successione. Le 1er de ces deux ouvrages, important malgré ses lacunes et malgré la barbarie du style, a été publié, avec Cassiodore, par Guill. Fournier, Paris, 1558, et trad. en fr. par Drouet de Maupertuis, 1703, et par Savagner, 1842 (dans la collection Panckoucke); le 2e, à peu près insignifiant, a été publié par B. Rhenanus, Bâle, 1531, in-fol., et trad. également par Savagner. On trouve les deux ouvrages dans les Monumenta Germaniæ de Pertz.

JOSABETH, femme du grand prêtre Joad, était fille de Joram, roi de Juda. V. JOAD.

JOSAPHAT, roi de Juda de 904 à 880 av. J.-C., fut un des princes les plus pieux et les plus sages du roy. de Juda. En récompense il fut délivré miraculeusement par le Seigneur des attaques des Ammonites et des Moabites, et put soumettre au tribut les Philistins et les Arabes. L'Écriture ne lui reproche que de s'être allié à Achab pour faire la guerre au roi de Syrie, et d'avoir marié Joram son fils à Athalie, fille de Jézabel. — La Vallée de Josaphat était voisine de Jérusalem, entre cette ville à l'E. et la mont, des Oliviers à l'O.; elle était arrosée par le torrent de Cédron. Selon une tradition consacrée par un passage de Joël (ch. III, v. 2), c'est dans cette vallée qu'aura lieu le jugement dernier. Du reste, l'expression du prophète est amphibologique, le mot Josaphat signifiant en hébreu le Jugement de Dieu.

JOSEPH, fils de Jacob et de Rachel, né à Haran (Mésopotamie) en 1745 av. J.-C., m. en 1635 (2113-2003 suivant l’Art de vérifier les dates), était l'objet de la prédilection de son père. Ses frères, jaloux de lui, le livrèrent à des marchands ismaélites, qui eux-mêmes le vendirent à Putiphar, un des principaux officiers de Pharaon, roi d’Égypte. Putiphar le mit à la tête de sa maison, et lui témoigna la plus grande confiance. Mais bientôt Joseph, ayant refusé de répondre aux désirs criminels de l'épouse de Putiphar, se vit accusé par cette femme d'avoir voulu la séduire, et son maître abusé le fit mettre en prison. Là Joseph, inspiré par la sagesse divine, expliqua les songes de deux prisonniers qui étaient enfermés avec lui (le pannetier et l'échanson du roi), en leur annonçant leur destinée prochaine, et ses prédictions s'accomplirent. Pharaon, en ayant été instruit, le manda pour lui demander l'interprétation d'un songe effrayant qu'il avait eu lui-même, et que personne ne pouvait expliquer : Joseph, en interprétant ce songe, lui prédit 7 années de disette précédées de 7 années d'abondance. Pharaon, charmé de sa sagesse, le choisit pour premier ministre, et le chargea de mettre en réserve le superflu des premières années pour l'époque de la disette. Quand ce dernier temps fut venu, Jacob, qui manquait aussi de grains, envoya ses fils en Égypte pour en acheter. Joseph se fit alors reconnaître d'eux, leur pardonna, les appela en Égypte avec leur père, et leur fit donner par Pharaon la terre de Gessen. Il gouverna longtemps l’Égypte, et mourut âgé de 110 ans, laissant deux fils, Manassé et Ephraïm, qui avaient été adoptés par Jacob, et qui chacun donnèrent leur nom à une des douze tribus. L'histoire de Joseph a fourni de nombreux sujets de Mystères, de drames, de tragédies (notamment a l'abbé Genest et à Baour-Lormian), et celui d'un poëme en prose de Bitaubé.

JOSEPH (S.), époux de la Vierge Marie, et père nourricier de Jésus, était de la race de David. Il vivait à Nazareth dans la pauvreté et exerçait le métier de charpentier. Déjà vieux, il épousa Marie, comme son plus proche parent. Quand elle devint enceinte, il voulut la répudier; mais, instruit par un ange du mystère de l'incarnation, il consentit à la garder et a élever son fils. Il sauva Jésus enfant, en l'emmenant en Égypte. L'Église le fête le 19 mars. Les charpentiers l'ont pris pour patron.

JOSEPH D'ARIMATHIE, riche habitant de Jérusalem, et disciple zélé du Christ, redemanda son corps à Pilate après la passion et l'ensevelit dans son jardin. Il appartenait à la tribu d'Ephraïm. Selon des traditions fort répandues au moyen âge, Joseph d'Arimathie serait venu par mer de Judée en Provence, et serait passé de là dans la Grande-Bretagne, où il aurait prêché la foi et apporté le saint Gréal. V. GRÉAL.

JOSEPH (S.) DE CALASANZIO, fondateur des Écoles pies en Italie, né en 1556 à Peralta (Navarre), m. en 1648, embrassa l'état ecclésiastique malgré sa famille et ne tarda point à être élevé à l'épiscopat. Frappé, dans un voyage à Rome, de la misère et de l'ignorance des classes pauvres, il renonça à son évêché pour se vouer à l'éducation des enfants du peuple. Il ouvrit sa première école en 1597 : en moins de 3 ans, il eut plus de 700 élèves, auxquels il enseignait, outre la religion, la lecture, l'écriture, le calcul et la grammaire. La reconnaissance publique donna à ces écoles le nom d’Écoles pies, sous lequel elles se sont répandues par toute l'Italie, en Espagne et jusqu'en Allemagne. Ce ne fut toutefois qu'en 1616 que le pape Paul V sanctionna la congrégation des Piaristes ou Frères des Écoles pies. J. Calasanzio fut canonisé par Clément XIII en 1767.

JOSEPH 1er, empereur d'Allemagne, fils de Léopold I, né en 1678, fut proclamé roi de Hongrie en 1689, roi des Romains en 1690, et monta sur le trône impérial en 1705. Dans la guerre de la succession d'Espagne, il soutint avec force les intérêts de son frère Charles contre Philippe d'Anjou, petit-fils de Louis XIV. Ses troupes, commandées par le prince Eugène, remportèrent de grandes victoires sur les Français, à Turin (1706) et à Malplaquet (1709) ; mais sa mort, survenue en 1711, ne lui permit pas de voir la fin de cette guerre. Joseph I apaisa par les voies de la douceur des révoltes qui avaient éclaté en Hongrie, sut faire choix de bons ministres et de bons généraux, et les récompensa noblement.

JOSEPH II, emp. d'Allemagne, né en 1741, fils de l'emp. François I de Lorraine et de Marie-Thérèse d'Autriche, lut élu roi des Romains en 1764, et nommé empereur en 1765, à la mort de son père; mais ce ne fut d'abord pour lui qu'un titre honorifique : Marie-Thérèse conserva le pouvoir, et il ne gouverna réellement qu'après la mort de cette princesse (1780). Animé des intentions les plus libérales, mais ne consultant ni l'esprit de son temps, ni celui de sa nation, il essaya, sans y réussir, de réprimer une foule d'abus. Il s'aliéna surtout le clergé en rendant l'édit de tolérance de 1781 et en portant coup sur coup des lois qui changeaient la discipline ecclésiastique. Les prières du pape Pie VI, qui se rendit même près de lui en Allemagne (1782), ne purent l'arrêter dans ces réformes. En 1787, il fit alliance avec Catherine II contre les Turcs ; il échoua d'abord devant Belgrade, puis fut battu à Lugosch, et vit les Musulmans pénétrer au cœur de ses États; mais le feld-maréchal Laudon rétablit ses affaires et força même Belgrade à capituler. L'insurrection des Pays-Bas et la révolution de France, qui menaçait si cruellement sa sœur Marie-Antoinette, le jetèrent dans une tristesse profonde; il m. en 1790. Paganel a écrit l’Histoire de Joseph II, 1843. Ses Lettres ont été publiées à Leipsick, 1821.

JOSEPH ou JOSEPH-EMMANUEL, roi de Portugal, fils de Jean V, monta sur le trône à 35 ans, en 1750, et mourut en 1777. Sous son règne, un tremblement de terre engloutit une partie de Lisbonne (1755); les Jésuites furent expulsés du royaume, à la suite d'une conspiration contre les jours du roi, dans laquelle la malveillance impliqua des membres de cet ordre (1759); enfin, un édit abolit l'odieuse distinction des anciens et des nouveaux chrétiens en Portugal (1773). Joseph eut pour principal ministre le marquis de Pombal : par ses conseils, les études furent restaurées, le commerce, et l'industrie encouragés, et le pouvoir de l'Inquisition diminué.

JOSEPH, roi d'Espagne. V. BONAPARTE.

JOSEPH (Fr. LECLERC DU TREMBLAY, dit le P.), confident du cardinal de Richelieu, né à Paris en 1577, mort en 1638, était fils d'un président au parlement qui fut ambassadeur à Venise, et de Marie de La Fayette. Il servit quelque temps avec distinction dans l'armée, puis, tout à coup, il quitta le monde pour se faire capucin (1599). Il entreprit des missions en diverses provinces de France, et parvint aux premiers emplois de son ordre. En 1616, il eut occasion de se faire remarquer de Richelieu, qui lui confia quelques missions du plus haut intérêt : il rendit à son tour de grands services au ministre, notamment à la diète de Ratisbonne, en 1630, et lors de la prise de Corbie, en 1636. Confident intime de toutes les pensées et de tous les desseins du cardinal, chargé des affaires les plus épineuses, il n'eut jamais un caractère officiel : on le surnommait l’Éminence grise. Richelieu le soigna lui-même dans ses derniers moments, et s'écria en apprenant sa mort : « J'ai perdu mon bras droit. » Il venait d'être nommé cardinal lorsqu'il mourut. C'est le P. Joseph qui fonda l'ordre des Filles du Calvaire. Il a laissé de précieux Mémoires, restés manuscrits.

JOSEPH (Sœurs hospitalières de St-), instituées à La Flèche, en 1642, par Mlle de La Fère, étaient soumises à la règle de St-Augustin. Elles desservaient plusieurs hospices en France, et avaient même une maison à Montréal, dans le Canada. — Un autre ordre de Sœurs de St-Joseph, établi en 1638, se consacre à l'éducation des jeunes filles. Elles se distinguent par une robe bleue.

Il existe aussi un ordre de Frères de St-Joseph, qui est voué, comme les Frères des Écoles chrétiennes, à l'instruction primaire, mais ils en diffèrent en ce qu'ils peuvent exercer isolément.

JOSÈPHE, Josephus, historien et général juif, issu de la famille des Macchabées, né à Jérusalem, l'an 37 de J.-C., était de la secte dés Pharisiens. Nommé gouverneur de la Galilée par ses compatriotes insurgés contre les Romains, l'an 67, il soutint dans Jotapate un long siège contre Vespasien et Titus. S'étant enfin rendu au premier, il lui prédit son élévation à l'empire, et se concilia son amitié. Vespasien et Titus l'emmenèrent à Rome où il reçut le droit de cité et le titre de chevalier : il y mourut l'an 95. Josèphe a écrit l’Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains, en 7 liv., ouvrage dont Titus faisait le plus grand cas; cette histoire fut rédigée d'abord en syriaque, puis mise en grec par l'auteur même. On a en outre de lui les Antiquités judaïques en 20 livres : c'est l'histoire des Juifs jusqu'à la prise de Jérusalem; sa propre Vie; deux livres Contre Apion, adversaire des Juifs; un Éloge des sept Macchabées martyrs ; tous ces ouvrages sont écrits en grec. La clarté et l'élégance de Josèphe l'ont fait surnommer par S. Jérôme le Tite-Live de la Grèce, mais sa véracité est suspectée. Les OEuvres de Josèphe ont été réunies par Sig. Havercamp, avec la trad. lat. de J. Hudson, Amst., 1726, 2 vol. in-fol., et réimprimées par G. Dindorf, dans la Bibliothèque grecque de F. Didot. Elles ont été trad. en franc, par Arnaud d'Andilly, Amst., 1681, 5 vol. in-12; par le P. Joachim Gillet, Paris, 1756, 4 vol. in-4; et par l'abbé Glaire, 1846, in-4. M. Isambert en a laissé une traduction manuscrite.

JOSÉPHINE (Marie Joséphine Rose TASCHER DE LA PAGERIE), impératrice des Français, née en 1763, à la Martinique, m. en 1814, fut mariée dès l'âge de 15 ans au vicomte de Beauharnais, dont elle eut deux enfants, Eugène et Hortense. Après avoir vu son mari traîné à l'échafaud, elle fut elle-même incarcérée, et ne dut sa liberté qu'à Tallien. Elle ne tarda pas à prendre un grand ascendant sur son libérateur, puis sur le directeur Barras. Dans une audience qu'elle eut du général Bonaparte pour lui demander une grâce, elle lui inspira le sentiment le plus tendre, et bientôt elle consentit à l'épouser (1796). Elle partagea la haute fortune de son époux. Devenue impératrice, elle n'usa de son pouvoir que pour faire le bien, et se fit universellement aimer; on lui reprochait seulement une prodigalité peu réfléchie. Napoléon,n'ayant point d'enfant de son union avec elle, crut devoir divorcer : Joséphine supporta avec résignation cette séparation cruelle (1809). Elle vécut depuis, soit au château de Navarre, dans le département de l'Eure, soit à la Malmaison, où elle mourut, peu après la chute de l'Empereur. Son corps fut déposé dans l'église de Rueil. Cette princesse unissait à la beauté et à une extrême bonté une grâce irrésistible. L'Histoire de l'imp. Joséphine a été écrite par J. d'Aubenas, 1859; ses Lettres ont été publiées en 1827 et 1833. Une statue lui a été érigée à Fort-de-France (Martinique) en 1856.

JOSEPHINOS. V. AFRANCESADOS.

JOSEPPIN (LE), Joseph Cesari, dit il Giuseppino, peintre italien, né en 1560 à Arpino, m. à Rome en 1640, était fils d'un peintre d'enseignes, et fut d'abord au service des peintres qui travaillaient aux embellissements du Vatican. Ceux-ci, ayant reconnu en lui d'heureuses dispositions, le présentèrent à Grégoire XIII, qui lui fit donner des leçons de peinture. 11 devint bientôt un des plus habiles artistes de Rome ; Clément VIII le nomma directeur des travaux de St-Jean de Latran. Il avait une facilité prodigieuse; mais, par cette facilité même, il contribua à propager le faux goût. Parmi ses tableaux, on distingue une Ascension; une Madone dans le ciel; une Bataille entre les Romains et les Sabins; Diane et Action ; une Nativité; l’Enlèvement d'Europe, et Adam et Ère chassés du paradis terrestre (au Louvre). Ses derniers ouvrages sentent la négligence et ne valent pas les premiers.

JOSIAS, roi de Juda, fus et successeur d'Amon, fut placé sur le trône l'an 639 av. J.-C., à peine âgé de 8 ans. Il régna sagement, renversa les autels des faux dieux, et fit réparer le temple : c'est alors que le grand prêtre Helcias retrouva dans les décombres l'exemplaire original de la loi de Moïse. Josias périt : dans une bat. qu'il livrait, à Mageddo, contre Néchao, roi d’Égypte, 608 av. J.-C.

JOSQUIN DESPREZ, compositeur français, appelé de son temps le Prince des musiciens, né vers 1450 à Condé ou à Cambray, m. en 1531, alla se former en Italie; fut attaché comme chanteur à la chapelle pontificale, passa plusieurs années à Ferrare, où il jouit de la protection du duc Hercule I, puis vint se, fixer à Paris, où Louis XII le nomma son 1er chanteur. Il a laissé un grand nombre de messes, de motets, de chansons, qui ont été recueillis, soit à Venise, par Oct. Petrucci de Fossombrone, 1503 et 1513, soit à Paris, par Nic. Duchemin, 1553, et par Rob. Balard, 1572. Sa musique se fait remarquer par la liberté et la facilité; ses chansons ont de la grâce et sont empreintes d'un caractère de malice spirituelle et de verve plaisante.

JOSSE (S.), Jodocus, fils de Juthaël, roi de Bretagne, et frère de Judicaël, quitta la cour pour la vie religieuse, et alla dans le Ponthieu, où il fonda plusieurs monastères. Il mourut vers 668. L'Église l'honore le 13 décembre.

JOSSE, marquis de Moravie, acheta de Wenceslas, son cousin, le duché de Luxembourg, et le revendit au duc d'Orléans, frère de Charles VI. Après la mort de Robert, successeur de Wenceslas (1410), Josse fut élu par quelques électeurs empereur d'Allemagne; mais il mourut trois mois après.

JOSSELIN, ch.-l. de c. (Morbihan), à 12 kil. N. O. de Ploërmel; 2879 h. Collège. Cette ville était jadis le ch.-l. du comté de Porrhoët. Elle avait un château où mourut le connétable de Clisson en 1407. C'est aussi aux environs de Josselin, dans la lande de My-Voie, que se livra en 1351 le combat des Trente.

JOSSELIN, sire de Courtenay, accompagna en Palestine Baudouin II, son cousin, reçut de lui la principauté de Tibériade (1115) et lui succéda dans le comté d'Édesse (1118). Il mourut en 1131, après s'être signalé par une foule d'actions héroïques. — Son fils, Josselin II, lui succéda à Édesse; mais, aussi lâche que son père était brave, il se laissa dépouiller par les Turcs; emmené captif à Alep, il y mourut en 1149. — Josselin III, fils du préc., fut fait prisonnier par les Turcs en 1165, et ne fut racheté qu'en 1175 par Baudouin IV, son beau-frère.

JOSUÉ, chef du peuple hébreu, né en Égypte, succéda à Moïse dans le commandement l'an 1605 av. J.-C, et introduisit les Juifs dans la Terre-Promise. Il passa le Jourdain à pied sec, s'empara de Jéricho en faisant tomber les murs de la ville au son de la trompette, et vainquit, à Gabaon, Adonisédec, roi de Jébus, ainsi que 4 autres rois chananéens qui s'étaient ligués avec lui : pendant le combat que leur livra Josué, Dieu arrêta le soleil pour prolonger la journée et lui permettre d'achever sa victoire. Josué mit six ans à conquérir le pays de Chanaan, en fit le partage entre les 12 tribus et mourut à 110 ans, l'an 1580. On a dans la Bible un livre qui porte son nom et qui renferme son histoire.

JOTAPATE, v. de Palestine (Nephtali), en Galilée, au S. Josèphe y soutint un siège contre les Romains.

JOTAPIEN, général romain, se fit proclamer empereur en Syrie à la mort d'Alexandre-Sévère, dont il se disait parent ; il fut défait et tué en 249.

JOUAN (golfe de), petit golfe de la Méditerranée, sur la côte S. E. du dép. du Var, est séparé, à l'E., de la rade d'Antibes, par une presqu'île, et à l'O., du golfe de Napoule par le cap de la Croisette. C'est dans ce golfe que Napoléon I débarqua le ler mars 1815.

JOUARRE, Jovara (Jovis ara) ou Jodrum, v. du dép. de Seine-et-Marne, à 19 kil. E. de Meaux, et à 2 kil. S. de la Ferté-sous-Jouarre; 2700 bab. Fours à plâtre, comm. de grains et de bois. Un monastère y avait été fondé en 630 par Adon, frère de S. Ouen.

JOUBERT (Barth. Catherine), général français, né en 1769 à Pont-de-Vaux (Ain), s'enrôla en 1791, servit avec la plus grande distinction en Italie et fut, après des prodiges de valeur, nommé général de brigade sur le champ de bataille de Loano, en 1795. Il seconda puissamment le général en chef Bonaparte, dans la campagne de 1796, à Montenotte, à Millesimo, à Mondovi, à Rivoli; commanda lui-même un corps d'armée en l798, révolutionna le Piémont, et obtint d'abord de grands succès ; mais, attaqué à l’improviste par Souvarow à Novi, il vit son armée en déroute, et fut blessé mortellement en s’effoçant de la rallier (15 août 1799). Il n’avait que 30 ans. Le Directoire songeait à lui confier le pouvoir suprême.

JOUBERT (Joseph), écrivain, né en 1754 à Montignac (Dordogne), mort en 1824, professa quelque temps dans les colléges de la Doctrine, vint à Paris, s’y lia étroitement avec Fontanes, qui le fit entrer dans l’Université dès son organisation, et le nomma inspecteur général. Joubert avait écrit, sans les destiner à la publicité, des réflexions et maximes, qui se font remarquer à la fois par le style, par la justesse de la pensée et la délicatesse du sentiment ; elles ont été publiées en 1838 par les soins de Chateaubriand, sous le titre de Pensées ; il en a paru une 2e édit. en 1849, avec une Notice, par P. Raynal.

JOUBERT, sire d’Angoulevent. V. ANGOULEVENT.

JOUFFROY, Joffredus, maison noble et anc. de la Franche-Comté, à laquelle appartient Jean Jouffroy, plus connu sous le nom de Joffrédy. V. JOFFRÉDY.

JOUFFROY (Cl. Fr. d’ABANS, marquis de), inventeur du bateau à vapeur, né vers 1751 en Franche-Comté, mort aux Invalides en 1832, était avant la Révolution capitaine d’infanterie. En visitant la pompe à feu de Chaillot, il conçut l’idée d’appliquer la vapeur à la navigation : il fit un premier essai en 1776 sur le Doubs, et le renouvela avec succès en 1783 à Lyon, sur la Saône ; mais, sans fortune, sans appui, il ne put donner suite à son invention, qui fit bientôt après la gloire et la fortune de Fulton ; il refusa néanmoins de la porter à l’étranger. Une compagnie formée à Paris en 1816 lui fournit enfin les moyens d’exécuter ses plans : le pyroscaphe Charles-Philippe fut lancé à la Seine le 20 mars, mais une ruineuse concurrence empêcha l’entreprise de réussir. Les étrangers avaient contesté sa découverte ; l’Académie des sciences reconnut et proclama ses droits en 1840. — Achille de Jouffroy, son fils, né en 1790, a publié l’histoire de ses travaux (1839), et a lui-même perfectionné son invention, ainsi que les chemins de fer.

JOUFFROY (Théod.), professeur de philosophe, né en 1796 aux Pontets, près de Pontarlier (Doubs), mort en 1842, entra en 1813 à l’École normale, où il puisa le goût de la philosophie dans les leçons de Royer-Colard et de V. Cousin, y fut nommé maître de conférences dès 1817, resta sans emploi à la suppression de l’École (1822), fit alors des cours particuliers de philosophie, et prit en même temps une part active à la rédaction du journal le Globe ; fut rendu à l’enseignement en 1828, et pourvu d’une chaire de philosophie à la Faculté des lettres, à laquelle il joignit en 1832 une chaire au Collège de France. Il obtint dans ses cours de grands succès par l’originalité de ses consciencieuses recherches et la lucidité de son exposition ; mais sa santé altérée le força de bonne heure à les interrompre. Il avait été admis dès 1833 à l’Académie des sciences morales ; il fut appelé en 1840 au Conseil de l’instruction publique. Député de Pontarlier depuis 1831, il se signala dans la carrière politique par la sagesse de ses vues et l’indépendance de ses opinions. On doit à Jouffroy la traduction des Esquisses de philosophie morale de Dugald Stewart (1 vol. in-8, 1826), et celle des Œuvres complètes de Th. Reid (6 vol. in-8, 1828-1836), précédées toutes deux de remarquables préfaces ; un Cours de droit naturel, professé à la Faculté des lettres (3 vol. in-8, 1834-42) ; un Cours d’Esthétique (publié en 1843 par un de ses élèves) ; des Mélanges philosophiques, 1833, enfin de Nouveaux mélanges (publiés en 1842 par M. Damiron). Disciple des Écossais, Jouffroy s’est attaché à tracer la ligne de démarcation qui sépare la psychologie de la physiologie ; il a fortement insisté sur la méthode et l’organisation de la science ; mais il l’a peu avancée lui-même. En morale, il s’est surtout préoccupé du problème de la destinée humaine : son Cours de droit naturel est surtout consacré à l’examen de ce grand problème ; malheureusement, il n’a pu l’achever, M. Mignet a écrit une excellente Notice sur Jouffroy (1853), dont il était l’ami.

JOURDAIN, Jordanes, auj. Nahr-el-Arden, ou, en arabe, el Charia, fleuve de Syrie (Damas), dans l’anc. Palestine, sort du Djebel-el-Cheik (Antiliban), coule au S., traverse le Bahr-Houleh (lac de Marom ou de Séméchon), le lac de Tabarieh (lac de Tibériade), et tombe dans la mer Morte ou lac Asphaltite, après un cours de 160 kil. Le Jourdain, a une grande célébrité dans l’histoire sainte : les Hébreux sous Josué le passèrent à pied sec. Jésus fut baptisé dans ses eaux par S. Jean. Les eaux du Jourdain sont remarquablement pesantes : elles donnent un dépôt bitumineux.

JOURDAIN (Alphonse), fils de Raymond IV, comte de Toulouse, fut dépouillé de ses États par Guillaume IX, comte de Poitiers (1114), les recouvra en 1119 ; fut assiégé dans Toulouse par le roi de France Louis le Jeune, gendre de Guillaume IX ; obtint la paix en mariant Raymond, son fils, avec Constance, sœur du roi ; se croisa, et alla en Terre-Sainte, où il mourut en 1148. Il avait fondé Montauban en 1144. On l’avait nommé Jourdain parce, qu’il avait été baptisé dans les eaux du fleuve de ce nom.

JOURDAIN (Anselme Louis Bernard BRÉCHILLET-), médecin-dentiste, né à Paris en 1734, mort en 1816, a inventé divers instruments de chirurgie, et a laissé plusieurs ouvrages estimés, entré autres : Nouveaux Élément d’Odontalgie, 1756 ; Essais sur la formation des dents comparée avec celle des os, 1766 ; Traité des maladies et des opérations chirurgicales de la bouche, 1778. Il a en outre écrit dans l’Année littéraire de Fréron. — JOURDAIN (Amable), fils du préc., orientaliste, né à Paris en 1788, mort en 1818, a composé plusieurs mémoires relatifs à l’histoire de l’Orient. On lui doit de plus : la Perse ou Tableau du gouvernement, de la religion, de la littérature de cet empire, 1814, et des Recherches sur l’origine des traductions latines d’Aristote, l819 et 1843, ouvrage couronné par l’Académie des inscriptions et renfermant des découvertes curieuses, sur plusieurs points de l’histoire littéraire du moyen âge. — Son fils, Charles J., né en 1817, professeur de philosophie, puis chef de la comptabilité au ministère de l’instruction publique, s’est aussi fait connaître par de savants travaux, notamment par un mémoire sur la Philosophie de S. Thomas, couronné par l’Académie des sciences morales (1856), et par la continuation de la grande Histoire de l’Université (en lat.) d’É. du Boulay (1862).

JOURDAN (Mathieu JOUVE-), dit Jourdan Coupe-Tête, à cause de ses forfaits, né en 1749 à St-Just près du Puy, était marchand de vins à Paris quand éclata la Révolution. Il se signala par son exaltation et sa férocité. À la journée, du 6 oct. 1789, il massacra les deux gardes du corps Varicourt et Deshuttes ; plus tard, il se vanta d’avoir coupé la tête à De Launay, gouverneur de la Bastille, et d’avoir arraché le cœur à Foulon et à Berthier. Ce scélérat inonda de sang le dép. de Vaucluse, et présida dans Avignon au massacre de la Glacière. Le Comité de salut public le fit enfin arrêter : il fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire même et exécuté le 27 mai 1794.

JOURDAN (J. B.), maréchal de France, né à Limoges en 1762, mort en 1833, servit en Amérique dès l'âge de 16 ans, fut nommé en 1791 commandant d’un bataillon de volontaires, se distingua sous Dumouriez en Belgique et devint général de division en 1793. Il se signala à la bataille d’Hondschoote (8 sept. 93), et fut nommé deux jours après général en chef. Il venait de battre les Autrichiens à Wattignies (oct. 93), lorsqu’il fut destitué pour avoir déplu à quelques membres du Comité de salut public. Cependant on lui donna peu après le commandement de l’armée de la Moselle, et ensuite celui de l’armée de Sambre-et-Meuse. Il prit Dinant et Charleroi, gagna la célèbre bataille de Fleurus (26 juin 1794), et réussit à passer le Rhin (sept. 1795), mais il éprouva ensuite quelques revers et demanda son rappel (1796). En 1799, il passa une 2e fois le Rhin, à la tête de l’armée du Danube, mais, battu par le prince Charles, il fut remplacé par Masséna. Nommé membre du Conseil des Cinq-Cents (1797), il fit voter la loi sur la conscription. Républicain sincère, il s'opposa au coup d'État du 18 brumaire et fut exclu du Corps législatif. On le chargea néanmoins d'administrer le Piémont (1800), et il fut président de la consulta de ce pays. Napoléon le nomma sénateur, puis maréchal de l'Empire (1804), mais il le laissa sans commandement important. En 1814, il adhéra à la déchéance de l'Empereur et devint pair. Après 1830, il fut appelé au gouvernement des Invalides, qu'il conserva jusqu'à sa mort.

JOURDAN (le Dr Ant. Jacq. Louis), infatigable traducteur, né à Paris en 1788, m. en 1848, servit dans la chirurgie militaire, profita de ses campagnes en Allemagne pour se familiariser avec la langue du pays, fut licencié en 1814, et se consacra dès lors à des travaux de cabinet qui le firent admettre à l'Académie de Médecine. On lui doit la traduction d'un grand nombre d'ouvrages des genres les plus divers : médecine, chimie, philosophie, droit même. Nous citerons : l’Histoire de la médecine, de Sprengel (1815-20), l’Anatomie du cerveau, de Fr. Tiedemann (1823), l’Art de prolonger la vie, de Hufeland (1824), l’Anatomie générale de Meckel (1825), la Chimie de Berzélius (1829-33), la Doctrine homœopathique et les Maladies chroniques d'Hahnemann (1832), la Matière médicale du même (1834), l’Anatomie comparée de Carus (1835), la Physiologie de Burdach (1837-41), l’Encyclopédie anatomique de Bischoff. Henle, etc. (1843-47). On lui doit en outre une Pharmacopée universelle (1828 et 1840), œuvre prodigieuse de patience et d'érudition.

JOURNÉES DES BARRICADES, DES DUPES, DE JUILLET, etc. V. les mots BARRICADES, DUPES, etc.

JOURS (GRANDS-). V. GRANDS-JOURS.

JOUSSOUF. V. YOUSSOUF.

JOUVENCE, Juventa, nymphe d'Italie, aimée de Jupiter, fut métamorphosée par ce dieu en une fontaine qui avait la vertu de rajeunir ceux qui s'y baignaient. La Fontaine de Jouvence joue un grand rôle dans les romans du moyen âge ; on la plaça originairement dans le paradis terrestre, puis dans les Ardennes, et dans cent autres lieux. Lors de la découverte du Nouveau-Monde, on crut que c'était là qu'il fallait la chercher. — Une fontaine de St-Gengoux-le-Royal, près de Mâcon, porte le nom de Fontaine de Jouvence.

JOUVENCY ou JOUVANCY (le P.), jésuite, né à Paris en 1643, enseigna la rhétorique à Caen, à La Flèche et à Paris (au collège de Louis-le-Grand), puis fut appelé à Rome en 1699 pour y continuer l’Histoire des Jésuites (qu'il conduisit de 1591 à 1616), publiée à Rome en 1710, et mourut dans cette ville en 1719. Le P. Jouvency est un des hommes qui ont rendu le plus de services à l'instruction de la jeunesse. Ses principaux ouvrages sont : Novus apparatus græco-latinus, cum interpretatione gallica, Paris, 1681 ; De Ratione discendi et docendi Lyon, 1692, trad. en fr. par Lefortier (1803) : c'est un petit traité des études dont Rollin fait un grand éloge; Appendix de Diis et Heroïbus, abrégé de mythologie encore employé dans les collèges; mais il est surtout connu par ses éditions classiques expurgées de Juvénal, Serse, Térence, Horace, Martial, Ovide, etc. Il a aussi composé des discours latins et des poésies latines. Son style latin est remarquable par la précision et l'élégance.

JOUVENET (Jean), peintre d'histoire, né en 1647 à Rouen, d'une famille d'artistes distingués, m. en 1717, vint de bonne heure à Paris, où il se fit connaître par son Tableau de la guérison du paralytique (1666), travailla quelque temps pour Lebrun, fut reçu à l'Académie de Peinture dès 1675 et devint en 1707 un des 4 recteurs de la compagnie. Il a composé un très-grand nombre d'ouvrages, tant à fresque que sur toile, et a fait aussi beaucoup de portraits. Ses plus belles compositions sont : Esther devant Assuérus ; La pêche miraculeuse ; une Descente de croix; une Assomption; et surtout la Resurrection de Lazare (tous au Louvre). Devenu paralytique du côté droit, il s'exerça à peindre de la main gauche, et y réussit parfaitement : c'est de cette main qu'il fit son beau Magnificat (dans le chœur de N.-D. de Paris). Sa Vie a été écrite par Leroy, 1859.

JOUX, lac de Suisse (Vaud), dans une vallée de même nom, au pied du Jura, à 1000m au-dessus du niveau de la mer, 10 kil. sur 2. Il reçoit l'Orbe, qui en sort par des canaux souterrains, et est sujet à des crues subites. Ce lac abonde en poissons.

JOUX (vallée de), formée par le Jura, est partie en France (Jura), partie en Suisse (Vaud). Elle a 26 kil. de long et renferme les lacs de Joux et des Brenets. La partie française, située dans l'arr. de St-Claude, est stérile; la partie suisse est riche en prairies et en forêts. — Au XIIe siècle, cette vallée était encore déserte. Frédéric Barberousse la donna à des moines Prémontrés, qui la défrichèrent et y attirèrent des habitants. Beaucoup de protestants réfugiés s'y établirent lors de la révocation de l'édit de Nantes.

JOUX (château de), Jovium, Juca, fort de France (Doubs), sur une montagne isolée, près de la r. d. dû Doubs, et à 5 kil. S. E. de Pontarlier, commande la ville de Pontarlier et la route de Neufchâtel et de Lausanne. Fouquet, Mirabeau et Toussaint Louverture y furent détenus.

JOUY, Joyacum, vge de France (Seine-et-Oise), sur la Bièvre, à 6 kil. S. E. de Versailles; 1600 hab. Beau château moderne. Célèbre manufacture de toiles peintes, fondée en 1760 par Oberkampf. Anc. seigneurie, qui a appartenu au connétable de Clisson et qui fut érigée en comté en 1654.

JOUY-AUX-ARCHES, vge de France (Moselle), à 10 kil. S. O. de Metz; 900 hab. On y voit sur les deux rives de la Moselle cinq arches, restes d'un aqueduc romain, qui versait les eaux des sources de Gorze dans la naumachie de Metz.

JOUY (V. Jos. ÉTIENNE, dit de), littérateur, né en 1764 à Jouy (Seine-et-Oise), m. en 1846 à St-Germain, servit fort jeune en Amérique et dans l'Inde, revint en France en 1790 et fit les premières campagnes de la Révolution : il était déjà commandant de place (1797) lorsqu'il prit sa retraite pour se consacrer aux lettres. Il débuta par de gais vaudevilles (Comment faire ? la Fille en loterie, 1798; les Sabines, 1799), qui furent applaudis; mais ce qui fit sa réputation, ce fut l'opéra de la Vestale (musique de Spontini), 1807, qui eut une vogue extraordinaire et lui valut en 1810 le prix décennal de poésie lyrique; il donna encore à l'Opéra Fernand Cortez (avec Spontini), 1807; les Bayadères (avec Catel), 1810; les Amazones et les Abencerrages (avec Cherubini), 1812-1813; enfin Moïse, 1827, et Guillaume Tell, 1829 (avec Rossini). S'essayant aussi dans la tragédie, il fit représenter au Théâtre-Français Tippo Saëb (1813), Sylla (1822), dont le succès fut dû surtout au talent de Talma et à des allusions politiques, Bélisaire (1825), Julien dans les Gaules (1827) : ces 2 dernières tragédies furent froidement accueillies. De Jouy écrivait en même temps, par articles détachés et sous le masque de l’Ermite de la Chaussée d'Antin, de légères esquisses des mœurs parisiennes, qui amusèrent quelque temps le public et piquèrent la curiosité; mais, entraîné par le succès, il donna plusieurs suites à son Ermite qui étaient loin de valoir l'original. Chaud défenseur des idées libérales, de Jouy écrivit dans le Constitutionnel, dans la Minerve et dans une foule de petits journaux, des articles de vive opposition; il eut par suite à subir, avec Jay, son collaborateur, une détention de quelques mois, qui n'eut d'autre effet que de les rendre tous deux plus populaires, et qui leur suggéra l'idée de deux nouveaux ouvrages: les Ermites en prison, et les Ermites en liberté (1823 et 1824). En 1830, le roi Louis-Philippe le nomma bibliothécaire du Louvre. M. de Jouy a publié lui-même de 1823 à 1827 ses OEuvres complètes, 27 vol. in-8. Il avait été reçu à l’Académie française en 1815.

JOVE (Paul), Paolo Giovio, historien, né à Côme en 1483, m. à Florence en 1559, exerça d’abord la profession de médecin, puis embrassa l’état ecclésiastique et fut protégé par les papes Léon X, Adrien VI et Clément VII. P. Jove ayant été ruiné en 1527 lors du sac de Rome par le connétable de Bourbon, Clément VII lui donna l’évêché de Nocera et se plut à l’enrichir. François I lui faisait une pension. Le plus important de ses ouvrages est l’Historia sui temporis (1494-1547), Paris, 1553, 2 vol. in-fol., trad en fr. par Denis Sauvage, 1579. On a aussi de lui des Éloges d’écrivains célèbres. Ses ouvrages offrent de l’intérêt ; mais on doit les lire avec défiance.

JOVELLANOS (Gasp. Melchior de), littérateur et homme d’État espagnol, né à Gijon (Asturies), en 1749, se distingua d’abord comme poëte, obtint la faveur de Charles III, devint ministre de la justice en 1799, fut disgracié par les intrigues de Godoï et jeté en prison, ne reparut qu’en 1808, à la chute du favori, et devint alors membre de la junte suprême. Il fut tué dans une émeute (1812), par le peuple qui le croyait traître. Il a laissé des poésies lyriques et dramatiques qui sont au-dessous de leur réputation, et des Mémoires politiques (trad. en fr., Paris, 1825).

JOVIEN, Flavius Claudius Jovianus, né à Singidunum (Dacie), fut proclamé empereur à la mort de Julien (363), et se vit contraint de céder aux Perses les provinces transtigritanes pour sauver l’armée compromise par Julien. Il se rendait à Constantinople pour se faire couronner, lorsqu’il mourut (364).

JOVIN, Jovinus, né à Reims, avait été lieutenant de Julien, et commandait la cavalerie romaine dans les Gaules. Il fut proclamé empereur dans cette province à l’avènement de Jovien (363), mais il refusa la pourpre ; il repoussa 3 fois les Allemands, reçut le titre de consul en 368, et jouit d’un grand crédit sous plusieurs empereurs. Il mourut en 379. On lui attribue la fondation de Joigny. — Un autre Jovin prit la pourpre en 411, sous Honorius, avec l’appui des Burgundes et des Alains, et fut tué à Valence en 413 par Ataulphe, roi des Visigoths.

JOVINIEN, hérésiarque du IVe siècle, moine de Milan, mort en 412, rejetait les jeûnes, la pénitence, la virginité, et niait la virginité de Marie. Il fut condamné par le pape Sirice et par S. Ambroise au concile de Milan en 390, et fut exilé par Théodose.

JOYEUSE, Gaudiosa, ch.-l. de c. (Ardèche), à 12 k. S. O. de l’Argentière, sur la Baume et au. pied des Cévennes ; 2700 hab. Filatures de soie. Ce bourg a donné son nom à une des plus anc. maisons de France. Il entra au XIIIe siècle par mariage dans la maison de Châteauneuf-Randon ; fut érigé successivement en baronnie, puis en vicomte (pour Tanneguy de Joyeuse, vers 1450), et en duché-pairie (pour Anne de Joyeuse, en 1581) ; cette pairie, s’étant éteinte en 1675, fut reconstituée en 1714 pour Louis de Melun.

JOYEUSE (Anne de), favori de Henri III, fils de Guillaume, vicomte de Joyeuse et maréchal de France, né en 1561, m. en 1587, fut connu d’abord sous le nom de baron d’Arques. Il sut dès sa première jeunesse capter les bonnes grâces de Henri III. Ce prince le créa coup sur coup duc et pair, amiral de France, premier gentilhomme de la chambre, gouverneur de Normandie, et lui donna en mariage Marguerite de Vaudemont-Lorraine, sœur de la reine (1581) ; il fit lui-même la dépense des noces, qui coûtèrent 1 200 000 livres. Joyeuse fut en 1586 chargé de faire la guerre aux Huguenots en Guyenne : après avoir obtenu quelques avantages, il perdit la bataille et la vie à la journée de Coutras. — François de J., frère du préc., né en 1562, m. à Avignon en 1615, fut successivement archevêque de Narbonne, de Toulouse, de Rouen, puis cardinal ; présida l’assemblée générale du clergé en 1605, devint légat du pape en France (1606), sacra Marie de Médicis et Louis XIII à Reims, et présida les États généraux de 1614. C’est lui qui conçut, dit-on, la première idée du canal de Languedoc. — Henri de J., frère des précéd., né en 1567, se signala d’abord dans plusieurs combats contre les Protestants. Après la mort d’Anne, son frère, et la perte de sa femme, il se retira du monde, et se fit capucin sous le nom de frère Ange (1587). Mais cinq ans après, il quitta son couvent, sous prétexte de la mort du dernier de ses frères, se mit à la tête des seigneurs catholiques de Languedoc et devint un des Ligueurs les plus fougueux. Il fut un des derniers à faire la paix avec Henri IV, qui lui donna le bâton de maréchal et le gouvt du Languedoc. En 1600, il quitta de nouveau le monde ; il mourut en 1608, à Rivoli, en Italie, pendant un pèlerinage qu’il avait entrepris nu-pieds. C’est de lui que Voltaire a dit :

Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.

JOYEUSE (J. Armand de), d’une ligne, collatérale, né en 1631, m. en 1710, sans postérité, servit avec distinction sous Louis XIV en Flandre, en Hollande, en Allemagne ; fut fait maréchal en 1693, commanda l’aile gauche à Nerwinde et y fut blessé.

JOZÉ (Antonio), juif portugais, brûlé vif par l’Inquisition en 1745, réussit dans la comédie et reçut, comme Gil-Vicente, le surnom de Plaute portugais. Le recueil de ses pièces, publié sans nom d’auteur, est quelquefois appelé le Théâtre du Juif. On y trouve de la verve, de l’originalité, de la gaieté, mais aussi une imagination déréglée, des plaisanteries triviales, et un style très incorrect.

JUAN D’AUTRICHE (don), l’un des héros du XVIe s., était fils naturel de Charles-Quint et naquit à Ratisbonne en 1545. Philippe II, fils et successeur de Charles-Quint en Espagne, après avoir en vain essayé de lui faire embrasser la vie religieuse, le chargea en 1570 de comprimer un soulèvement des Maures de Grenade. Il s’acquitta de cette mission avec la plus grand succès, et contraignit les rebelles à quitter l’Espagne. Choisi en 1571 par les princes chrétiens pour commander la flotte qu’ils envoyaient contre les Turcs, il gagna la célèbre bataille de Lépante, où les Turcs perdirent 30 000 hommes et près de 200 bâtiments. En 1573, il s’empara de Tunis, mais il reperdit cette place l’année suivante. En 1576, il fut envoyé par Philippe II dans les Pays-Bas insurgés, et défit les rebelles dans la plaine de Gembloux (janv. 1578). Il mourut peu de mois après, près de Namur, emporté par une fièvre maligne. Don Juan joignait la générosité à la bravoure ; il ne combattit les insurgés des Pays-Bas qu’après avoir tenté de les soumettre par la douceur. Dumesnil a publié une Hist. de don Juan d’Autriche, Paris, 1827 ; C. Delavigne a fait de ce prince le héros d’un beau drame.

JUAN D’AUTRICHE (don), général espagnol, fils naturel de Philippe IV et d’une comédienne, né en 1629, mort en 1679, fut reconnu par son père qui le créa grand prieur de Castille. Il s’empara de Naples révoltée (1648), et soumit Barcelone, dont les habitants s’étaient mis sous la protection de la France (1652). Envoyé en Flandre pour y combattre Turenne, il perdit la bataille des Dunes (1658) ; puis, ayant passé dans le Portugal où la conjuration de Pinto venait de faire roi le duc Jean de Bragance, il se laissa vaincre à Estremoz (1663). Disgracié par la régente après la mort de Philippe IV (1665), il fut rappelé à la cour par Charles II dès que ce prince fut majeur, et devint premier ministre (1677) ; mais il soutint mal cette haute dignité.

JUAN DE CASTRO, vice-roi des Indes. V. CASTRO.

JUAN FERNANDEZ, navigateur. V. FERNANDEZ.

JUANEZ ou JOANES (Vincent), peintre espagnol, surnommé le Raphaël de l’Espagne, né à Fuente de la Higuera, près de Valence, en 1523, m. en 1581, est le créateur de l’école espagnole. Il a fait un grand nombre de tableaux estimés, entre autres : la Vie de S. Étienne (en 6 tabl.), un Christ mort, un S. François de Paule, une Ste Cène. Il avait étudié à Rome sous Jules Romain : son dessin est très-pur, mais sa couleur est un peu sèche. Plein de piété, ce peintre se préparait à ses ouvrages importants par la pénitence et la communion.

JUAN-FERNANDEZ (île de), îlot du Grand-Océan austral, à 660 kil. O. des côtes du Chili, dont elle dépend. Elle est de forme irrégulière, et offre plusieurs ports naturels, entre autres le port Anglais au S. E. et le port Juan-Fernandez à l'O. Sol montagneux, pierreux, peu fertile : on n'y cultive guère que le figuier et la vigne. Découverte au XVIe siècle par l'Espagnol Juan Fernandez et longtemps déserte, cette île fut pendant plusieurs années le séjour de Selkirk, marin écossais, dont les aventures ont donné à de Foë l'idée du Robinson Crusoé. Près d'elle se voyait autrefois une seconde île, qui disparut en 1837.

JUBA, roi de Numidie, fils d'Hiempsal, succéda à ce prince vers 50 av. J.-C., embrassa le parti de Pompée, accueillit, après la bataille de Pharsale, les restes de l'armée vaincue, secourut Caton qui s'était enfermé dans Utique, perdit avec Q. Métellus Scipion la bataille de Thapse, et se fit tuer par Pétréius, son compagnon d'infortune, 46. La Numidie fut alors réduite en province romaine. — Son fils, Juba II, mené prisonnier à Rome, fut élevé avec soin par César. Auguste, dont il se concilia les bonnes grâces, lui fit épouser Cléopâtre Séléné, fille d'Antoine et de la célèbre Cléopâtre, et lui donna, vers l'an 30 av. J.-C., un royaume composé des deux Mauritanies et d'une partie de la Gétulie. Juba mourut après un long règne, l'an 23 de J.-C. Ce prince s'était livré à l'étude de l'histoire et de la nature ; il avait composé, en grec: Archéologie romaine, Histoire de Libye, d'Assyrie, d'Arabie (dont les fragments ont été recueillis dans le IIIe vol. des Fragmenta historicorum græc. de la collection Didot, 1840), et divers traités sur la peinture, le théâtre, la synonymie, la physiologie, etc , auj. perdus; et, en latin, un traité De re metrica (publié par Ten Brink, Utrecht, 1854).

JUBBULPOOR, v. de l'Inde. V. DJOUBBOULPOUR.

JUBILÉ. Chez les Juifs, on appelait jubilé ou année jubilaire une année qui revenait au bout de 7 fois 7 années, c.-à-d. tous les 50 ans, comme le sabbat revenait au bout de 7 jours. Cette année était consacrée au repos; les dettes étaient abolies, les esclaves et les captifs mis en liberté; les biens aliénés revenaient à leurs premiers propriétaires ou aux héritiers de ceux-ci. Cet usage, qui avait pour but de prévenir l'oppression des pauvres et leur asservissement perpétuel, paraît n'avoir été observé que jusqu'à la captivité de Babylone. — Chez les Chrétiens, on appelle à la fois jubilé certaines époques pendant lesquelles le pape accorde des indulgences plénières, et les cérémonies qui accompagnent ou précèdent le temps du jubilé. Le pape Boniface VIII introduisit cet usage en 1300, mais il n'a reçu le nom de jubilé qu'en 1473, sous Sixte IV. D'abord, les jubilés avaient lieu tous les cent ans; Clément VI en fixa le retour à 50 ans, Grégoire XI à 33 ans et Paul II à 25. Outres ces jubilés réguliers, les papes en accordent un au moment de leur exaltation ou dans des circonstances exceptionnelles. — On fait venir le nom le jubilé de l'hébreu jobel, corne de bouc, parce qu'on se servait d'une corne de ce genre comme trompette pour en annoncer l'ouverture.

JUBLAINS, Diablintes, puis Nœodunum, vge de France (Mayenne), à 10 kil. S. E. de Mayenne; 2000 h. Vestiges d'antiquités, restes d'un camp dit de César. Elle était jadis la capitale des Aulerci Diablintes.

JUDA, fils de Jacob et de Lia, donna son nom à la principale des 12 tribus israélites, et fut père de la race royale d'où sortirent David et le Messie.

JUDA HAKKADOSCH (c.-à-d. le Saint), rabbin, fondateur de l'école de Tibériade, né à Sepphora, l'an 120 de J.-C., m. en 194, est regardé comme l'auteur de la Mischna, 1re partie du Talmud : il y employa 30 ans de sa vie. L'édition la plus complète de la Mischna est celle de Surenhusius, Amst., 1698, 6 vol. in-fol., hébreu et latin.

JUDA (Léon de), un des premiers réformateurs, ami de Zwingle, né en Alsace en 1482, m. en 1542, a donné une version latine de l'Ancien Testament faite sur l'hébreu, et une du Nouveau, faite sur le grec. Elles ont été publiées toutes deux à Zurich, en 1543. C'est la Bible dite de Zurich ou de Vatable (réimpr. par R. Étienne, 1645).

JUDA (tribu de), une des 12 divisions de la Palestine, s'étendait entre les tribus de Benjamin au N. et de Siméon à l'O., le lac Asphaltite à l'E. et l'Arabie au S., et avait pour villes principales Hébron, Bethléem, Engaddi, Cadès-Barné, Séboïm, Églon, etc. Après le schisme de Jéroboam, elle resta fidèle au fils de Salomon et donna son nom au royaume de Juda.

JUDA (Roy. de), formé après le schisme de Jéroboam en 962, se composait de 2 tribus, Juda et Benjamin, et avait pour capit. Jérusalem. Il ne comprenait guère que la 6e partie de la Judée, et était beaucoup moins étendu que le roy. d'Israël, mais la population de ces deux tribus égalait celle des dix autres. — Les deux royaumes furent sans cesse en lutte, et, après s'être affaiblis mutuellement, ils tombèrent sous le joug de l'étranger. Le roy. de Juda subsista plus longtemps que son rival ; en 606 commença la captivité de Babylone : une grande partie des habitants furent emmenés esclaves en Assyrie, bien qu'un fantôme de roi restât à Jérusalem; en 587, Nabuchodonosor emmena en captivité le dernier roi de Juda, Sédécias (V. JUIFS). Voici la liste des rois de Juda.

Roboam, 962 Joathan, 752
Abiam, 946 Achaz, 737
Asa, 944 Ezéchias, 723
Josaphat, 904 Manassé, 694
Joram : avec Josaphat, 883 Amon, 640
seul, 880 Josias, 639
Ochosias, 877 Joachaz, 608
Athalie, 876 Joachim ou Eliakim 608
Joas, 870 Joachim ou Jéchonias, 597
Amasias, 831 Sédécias, 597-587
Osias, 803

JUDAÏSME, religion des Juifs. V. JUIFS.

JUDAS MACCHABÉE. V. MACCHABÉE.

JUDAS ISCARIOTE (pour Issachariotes, c.-à-d. de la tribu d’Issachar), l'un des 12 apôtres, trahit Jésus-Christ en le désignant à ses ennemis par un baiser qu'il lui donna au milieu de la foule, et le livra au prince des prêtres pour 30 pièces d'argent. Déchiré par ses remords, il alla rendre l'argent qu'il avait reçu et se pendit de désespoir. V. HACELDAMA.

JUDAS LEVITA, savant rabbin juif, né en Espagne en 1090, m. en 1140, possédait presque toutes les sciences connues de son temps. On dit qu'étant allé en pèlerinage à Jérusalem, il fut écrasé par le cheval d'un musulman. On lui doit le Cozri, dialogue sur la religion, où il réfute les Gentils, les Philosophes et les Juifs caraïtes. Cet ouvrage parait avoir été écrit originairement en arabe; il a été traduit en hébreu, Venise, 1547 et 1594, en espagnol, Amst., 1663, et en latin, par Buxtorf, Bâle, 1660.

JUDE (S.), l'un des 12 apôtres, appelé aussi Thadée ou le Zélé, frère de S. Jacques le Mineur, était cousin germain de Jésus. Après la mort du Sauveur, il alla prêcher l'Évangile dans l'Idumée, l'Arabie, la Syrie, et jusque dans la Mésopotamie, et mourut pour la foi, à Béryte selon les uns, en Perse ou en Arménie selon les autres, vers l'an 80. On a de lui une Épitre, écrite vers 67, où il prémunit les chrétiens contre les erreurs dés Simoniens, des Gnostiques, etc. L'église le fête le 28 oct., avec S. Simon.

JUDÉE, Judæa. Ce nom se prend tantôt pour la Palestine entière, tantôt seulement pour celle des 4 divisions de la Palestine qui était la plus au S. O. et qui comprenait les 4 tribus de Juda, Benjamin, Dan, Siméon, avec le pays des Philistins sur la côte et une partie de l'Idumée au S. La Judée tirait son nom de la tribu de Juda, qui y joua toujours le principal rôle. Hérode, Archélaüs, son fils, et Hérode Agrippa y régnèrent ; Ponce-Pilate en fut procurateur. Réunie à l’empire l’an 44 de J.-C., elle forma, sous Constantin, avec la Samarie, la Palestine Ire. V. PALESTINE et JUIFS.

JUDENBURG, Idunum, v. des États autrichiens (Styrie), ch.-l. de cercle, à 80 kil. N. O.. de Graetz ; 2000 hab. Château. Forges ; source minérale.

JUDEX (Matthieu), en all. Richter, théologien, né en 1528, à Tipposwald (Misnie), m. en 1564, est un des auteurs des célèbres Centuries de Magdebourg (V. MAGDEBOURG). On lui doit aussi un traité sur l’Invention de la typographie, etc.

JUDICAEL, roi de la Bretagne armorique, céda ses droits à Salomon, son frère, en 612, et se retira dans le monastère de St-Méen ; mais il en sortit pour monter sur le trône en 632. En 636 il se soumit à Dagobert, roi des Francs, sur les instances de S. Éloi ; deux ans après, il rentra dans son monastère où il mourut (658). On l’honore comme saint le 16 déc.

JUDITH, héroïne juive, veuve de Manassès, riche citoyen juif, habitait Béthulie, lorsque Holopherne, général de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, vint assiéger cette ville. Judith, pour sauver son pays, alla trouver le général ennemi : celui-ci, frappé de sa beauté, l’accueillit et l’invita à un repas, dans lequel il s’enivra ; pendant son sommeil, elle lui trancha la tête avec son propre glaive et emporta cette tête à Béthulie. On place cet événement vers 659 av. J.-C. L’histoire de Judith est rapportée dans un livre de la Bible qui fait partie des livres canoniques, mais que les Protestants regardent comme apocryphe. L’action de Judith a inspiré plusieurs tragédies (notamment à Boyer, 1695, à Mme Girardin, 1843), et a été admirablement représentée sur la toile par H. Vernet.

JUDITH, 2e femme de Louis le Débonnaire et fille de Welf, comte de Revensberg ou Altdorf (en Bavière), épousa Louis en 819. Devenue mère de Charles le Chauve (823), elle engagea son époux à faire un nouveau partage de ses États entre ses enfants, afin de pouvoir apanager le jeune Charles ; mais les fils du 1er lit, Pépin, Louis et Lothaire, se voyant dépouillés en partie, se révoltèrent ; Judith, arrêtée dans sa fuite, fut enfermée au couvent de Ste-Radegonde, à Poitiers (829), comme coupable d’adultère. Néanmoins, dès l’année suivante, elle reparut à la cour. Emprisonnée une 2e fois à Tortone (833), elle réussit encore à sortir de prison. Elle reprit son ascendant sur Louis, et le conserva jusqu’à sa mort (843). — Une autre Judith, fille de Charles le Chauve et petite-fille de la précéd., née vers 843, épousa Ethelwolf, roi de Wessex, déjà vieux, puis, après la mort de ce prince, Baudouin, grand forestier de Flandre, pour qui la Flandre fut érigée en comté.

JUGEMENT DE DIEU, sorte d’épreuves auxquelles on avait recours pendant le moyen âge pour s’assurer de l’innocence ou de la culpabilité d’un accusé, et qui tiraient leur nom de ce qu’elles supposaient une intervention divine en faveur du bon droit. On les nommait aussi Ordalies (du saxon ordal, urtheil, jugement). La nature de ces épreuves a souvent varié. Elles consistaient tantôt à rester un certain temps sous l’eau sans se noyer ou à plonger le bras dans un vase d’eau bouillante sans en éprouver aucun mal (épreuve de l’eau), tantôt à prendre avec la main une barre de fer rouge, ou à marcher pieds nus sur du fer ardent (c’est ce qu’on appelait le jugement par le feu). Le jugement par la croix consistait à tenir pendant un temps donné les bras élevés en croix : celle des deux parties qui était lassée la première perdait sa cause. On mettait aussi au nombre des jugements de Dieu les combats singuliers. S. Louis, en n’admettant plus que la preuve par témoins, mit fin à ces sortes de jugements où la raison et la justice étaient obligées de céder aux caprices du hasard ou à la fraude. Déjà le pape Innocent III avait condamné au concile de Latran plusieurs de ces épreuves.

JUGES, magistrats suprêmes des Hébreux, étaient des chefs électifs qui cumulaient le commandement militaire avec le pouvoir judiciaire : Héli et Samuel y joignirent le pouvoir sacerdotal. Les Juges gouvernèrent les Hébreux après les Anciens, 18 ans après leur entrée dans la Terre-Promise, et jusqu’à la création des rois (1564-1080). Voici leurs noms :

Othoniel, 1554-1514 Jephté, 1243-1237
Ahod, 1496-1416 Abesan, 1237-1230
Débora, 1396-1356 Ahialon, 1230-1220
Gédéon, 1349-1309 Abdon, 1220-1212
Abimélech, 1309-1306 Samson, 1172-1152
Thola, 1306-1283 Héli, 1152-1112
Jaïr, 1283-1261 Samuel, 1092-1080

La série des Juges fut plusieurs fois interrompue par l’asservissement momentané des Juifs au joug de l’étranger. Ces interrègnes sont connus sous le nom de Servitudes (V. ce mot). En outre, la souveraineté resta vacante 20 ans (1112-1092), depuis la mort d’Héli jusqu’à l’élection de Samuel. L’histoire des juges est racontée dans un des livres de la Bible, les Juges, qu’on attribue à Samuel.

JUGON, ch.-l. de. c. (Côtes-du-Nord), à 22 kil. S. O. de Dinan, sur l’Arquenon ; 618 hab. Château fort, regardé jadis comme la plus forte place de la Bretagne. Il a été rasé en 1420.

JUGURTHA, roi de Numidie, né vers 154 av. J.-C., était fils naturel de Manastabal, le plus jeune des fils de Massinissa. Il fut élevé à la cour de Micipsa, son oncle, qui, en mourant, partagea (119) ses États entre lui et ses deux fils, Adherbal et Hiempsal. Jugurtha, voulant régner seul, fit égorger Hiempsal et assiégea Adherbal dans Cirta. Rome, implorée par Adherbal, envoya plusieurs généraux qui se laissèrent corrompre par l’or du roi numide. Après la mort d’Adherbal, Jugurtha, cité devant le peuple romain, osa venir à Rome et y faire assassiner son compétiteur Massiva. Il repartit ensuite pour l’Afrique, après avoir acheté les consciences vénales de ses juges. Cependant, le peuple lui fit déclarer de nouveau la guerre (110) : deux fois battu, par Cæcilius Métellus et par Marius, il fut livré aux Romains par son beau-père Bocchus, roi de Mauritanie (106). Il fut amené en triomphe à Rome, et jeté dans un cachot où il mourut de faim. La guerre, des Romains contre Jugurtha a été écrite par Salluste.

JUIF ERRANT (le), personnage fameux dans les traditions populaires. On conte que, pendant que Jésus portait sa croix, pliant sous le faix, il voulut se reposer devant la maison d’un Juif nommé Abasvérus, mais que celui-ci le chassa brutalement, et que, pour le punir, le Seigneur lui dit : « Tu seras errant sur la terre jusqu’à ce que je revienne. » Depuis, il n’a cessé d’errer sans pouvoir trouver un lieu de repos. Cette fable paraît être un symbole du sort du peuple juif, forcé, depuis tant de siècles, à errer loin de son pays.

JUIFS, peuple célèbre, qu’on désigne aussi sous les noms d’Hébreux ou d’Israélites. Le nom d’Hébreu (qu’on croit tiré d’Heber, un des ancêtres d’Abraham) est le plus ancien ; il fut remplacé depuis Jacob par celui d’Israélites, du mot Israël, surnom de Jacob. Le nom de Juif (Judæus) ne date que de la captivité de Babylone (606) : il prévalut parce que le roy. de Juda fut subjugué le dernier.

I. Histoire. Le peuple juif reconnaît pour père Abraham, qui, sorti de Chaldée, entra vers l’an 2291 dans la terre de Chanaan. Après Abraham, il eut pour chef son fils Isaac, puis Jacob, fils d’Isaac, Celui-ci eut 12 fils, parmi lesquels Juda, l’ancêtre de David et du Christ. La famille de Jacob, s’étant considérablement multipliée, forma après lui 12 tribus (V. JACOB). À la fin de sa vie, Jacob appelé en Égypte par son fils Joseph, s’était fixé dans le pays de Gessen, vers 2076. Sa postérité, puissante d’abord, fut ensuite asservie et persécutée par les Pharaons. En 1645, Moïse la delivra du joug des Égyptiens, et il se mit à la tête des Israélites pour las ramener dans le pays de Chanaan. Sous sa conduite, les Israélites passèrent la mer Rouge et errèrent pendant 40 ans dans le désert, avant d'atteindre la Terre-Promise. Moïse étant mort, Josué lui succéda, en 1605 : il établit ses compatriotes dans la Terre-Promise, et partagea le pays entre les 12 tribus. Après Josué (1580), le gouvernement fut confié à un conseil d'anciens, puis à des Juges, de 1554 à 1080; il devint ensuite monarchique. Les Juifs eurent pour premier roi Saül (1080), et après lui David (1040) et Salomon (1001-962). Ces trois princes étendirent au loin la domination des Hébreux : pendant un instant leur royaume eut pour bornes l'Euphrate et la mer Rouge. Mais en 962, à la mort de Salomon, les tribus se divisèrent, et formèrent deux États : le roy. de Juda, qui resta fidèle à Roboam, fils de Salomon, et le roy. d'Israël, qui élut pour roi Jéroboam (V. JUDA et ISRAËL). Les deux royaumes, affaiblis par ce schisme et déchirés par de perpétuelles discordes, finirent par être asservis : le roy. d'Israël fut renversé par Salmanasar, roi d'Assyrie dès 718, et le roy. de Juda par Nabuchodonosor II, qui en 606 emmena en captivité à Babylone une partie des habitants, et qui, en 587, prit Jérusalem d'assaut et détruisit le temple de Salomon. Après une captivité de 70 ans (606-536), les Juifs obtinrent de Cyrus la permission de rentrer dans leur patrie; depuis cette époque, ils furent gouvernés par des grands prêtres. Après la conquête de la Perse, la Judée passa successivement sous la domination d'Alexandre (332), de Ptolémée, roi d’Égypte (320), de Séleucus Nicator, roi de Syrie (300-279) ; puis elle fut restituée aux rois d’Égypte (279-203), et enfin rentra sous le joug des Séleucides (203-169). Accablés de vexations et persécutés dans leur culte, les Juifs se soulèvent contre les rois de Syrie sous la conduite des Macchabées (169), et se rendent indépendants. Les Macchabées, vainqueurs, reçoivent la souveraineté héréditaire, d'abord sous le titre de grands pontifes, de 166 à 107, puis sous celui de rois, de 107 à 40 (V. MACCHABÉES). Des divisions survenues dans la famille royale amènent en 65 av. J.-C. une intervention des Romains, qui bientôt prennent la plus grande influence. Protégé par eux, Hérode se place sur le trône des Macchabées (40 av. J.-C.) : c'est sous son règne que naît le Sauveur. Après la mort d'Hérode, la Palestine est distribuée entre ses fils et divisée en 4 tétrarchies (Judée, Galilée, Batanée, Iturée) ; mais, au bout de peu d'années, les Romains envoient dans le pays des procurateurs qui gouvernent en leur nom, et bientôt ils sont les seuls maîtres. Les Juifs, impatients du joug, se révoltèrent plusieurs fois : en 70, Titus s'empara de Jérusalem après une guerre de plusieurs années et un siège meurtrier de sept mois; enfin, à la suite d'une dernière révolte, la ville fut prise de nouveau sous Adrien, l'an 135 : les Juifs furent en grande partie exterminés, et ce qui restait fut à jamais chassé de Jérusalem. Depuis lors, les Juifs n'ont plus formé un corps de nation, et ils se sont disperses sur toute la terre. Lorsque le Christianisme fut devenu la religion de l'empire, leur sort ne fit qu'empirer. En 418, le service militaire leur fut interdit et on voulut les contraindre à recevoir le baptême. L'empereur Héraclius lança contre eux de nouvelles et terribles ordonnances (610). Ils furent moins maltraités par l'Islamisme : sous le règne des califes, les Juifs d'Asie, d'Afrique et d'Espagne purent en paix se livrer au commerce et cultiver les lettres et les sciences. Dans l'Europe chrétienne, au contraire, surtout au temps des croisades, ils eurent à subir toutes sortes de persécutions ; ils se virent même à différentes époques forcés d'acheter à prix d'or le droit de vivre et de commercer; on leur fit porter des marques distinctives sur leurs habits (depuis le XIIIe siècle); dans chaque ville on les relégua dans un quartier séparé (appelé ghetto en Italie). Chassés de l'Angleterre en 1290, du midi de la France en 1395, d'Espagne et de Sicile en 1492, ils parvinrent cependant presque toujours à se faire rappeler, mais ce ne fut qu'en payant des sommes immenses. On les tolérait en Allemagne, mais ils y étaient la propriété des empereurs ou des seigneurs, qui les imposaient, les vendaient, les mettaient en gage à leur gré. L'établissement de l'Inquisition ranima encore contre eux les persécutions, surtout dans les États soumis à la domination espagnole. Cependant ils obtinrent quelque repos à dater du XVIe s. En France, ils furent admis à séjourner à Bayonne et à Bordeaux dès 1550; en 1784, ils furent exemptés de la capitation à laquelle ils étaient auparavant soumis; en 1791 l'Assemblée constituante, sur la proposition du prêtre Grégoire, leur accorda l'égalité des droits; depuis 1831, les ministres de leur culte sont, comme ceux des autres religions, payés par l'État, et les Juifs ne relèvent, pour tout ce qui concerne leur culte, que d'un Consistoire israélite, élu par eux-mêmes. La plupart des États de l'Europe, suivant l'exemple de la France, ont considérablement adouci leur sort. Les Juifs sont actuellement répandus dans toutes les parties du monde, mais c'est surtout en Allemagne, en Pologne et dans le nord de l'Afrique, particulièrement dans l'Algérie, qu'ils sont le plus nombreux : on évalue à 4 millions leur nombre total. Quoique mêlés depuis 18 siècles à tant de nations diverses, ils ont conservé, non-seulement leur religion et leurs usages, mais un certain type national, dont les traits les plus saillants sont des cheveux roux et un nez aquilin.

II. Mœurs, littérature, religion. Les Juifs appartiennent à la race sémitique, ainsi que le prouve leur langue, qui est voisine de l'arabe, du syriaque et du chaldéen. Leur vie primitive fut patriarcale, pastorale, nomade peut-être (au moins dans le désert, au temps de Moïse). D'après la Bible, ils avaient beaucoup de vices, et ils y joignaient la superstition, le penchant à l'idolâtrie, l'esprit de discorde et de révolte. Quand ils eurent été fixés en Palestine, l'agriculture devint leur occupation principale; ils avaient peu de goût pour les sciences et pour l'industrie ; en revanche, ils sont nés pour le commerce et ont été de tout temps célèbres comme usuriers. — Outre les livres saints, les Juifs possédaient une littérature qui consistait surtout en légendes, chants, sentences, généalogies. Après le retour de la captivité, la philosophie, la théologie et l'érudition se développèrent chez les Juifs, et il se forma parmi eux un grand nombre de sectes (Pharisiens, Sadducéens, Esséniens, Thérapeutes) ; le Gnosticisme et la Cabale eurent aussi en Judée de nombreux adeptes. Les Juifs comptèrent dans les premiers siècles du Christianisme quelques écrivains illustres, entre autres Philon et Josèphe, et plus tard Aben-Ezra, Avicébron (Ibn-Gébirol), Maïmonide, etc. Dans le moyen âge, les Juifs ont contribué pour leur part, même avant les Arabes, à nous transmettre les connaissances de l'antiquité. De nos jours ils ont produit des écrivains distingués, des savants et des artistes de premier ordre. — La religion des Juifs, le Judaïsme ou Mosaïsme, est fondée tout entière sur l'Ancien Testament ; ils ne reconnaissent qu'un seul Dieu (Jéhovah); ils nient la divinité de Jésus-Christ, et néanmoins attendent la venue d'un Messie qui relèvera leur nation et fondera un vaste empire. Ils n'admettent d'autre révélation que celle de Moïse et des prophètes; ils observent encore aujourd'hui les pratiques que suivaient les anciens Hébreux, notamment la célébration du jour du sabbat, de la Pâque, et l'abstinence des viandes impures, en tête desquelles est placé le porc. L'hébreu est encore leur langue liturgique. Chez les anciens Juifs les fonctions du sacerdoce appartenaient à la seule tribu de Lévi, dont les membres formaient deux classes : les sacrificateurs (cohens), descendants directs d'Aaron, et les lévites proprement dits, serviteurs des précédents. Aujourd'hui ces fonctions sont remplies, du moins en France, par les rabbins (V. ce mot). — Jusqu'à la séparation des 10 tribus, la religion resta une et sans altération; mais alors éclata un schisme qui dura jusqu'à la captivité. De retour, les Samaritains corrompirent la religion par un mélange de superstitions assyriennes, ce qui les sépara profondément du reste des Juifs. La scission fut consommée parla fondation d'un temple distinct de celui de Jérusalem, que les Samaritains élevèrent à Garizim (435 av. J.-C.). Après la dispersion des Juifs, sous Adrien (135), les principaux docteurs se réunirent à Tibériads où ils formèrent un grand conseil appelé sanhédrin, et y élevèrent une école qui devint la pépinière de leurs rabbins. Ceux-ci composèrent, sous le nom de Talmud, un ouvrage destiné à contenir la loi orale et les traditions des Juifs. Cet ouvrage, terminé l'an 500 de notre ère, devint pour la plupart des Juifs la base de la foi : cependant tous ne consentirent pas à l'accepter. De là, la division des Juifs en sectes rivales, les Talmudistes ou Rabbinistes, qui suivent le Talmud, et les Caraïtes, qui s'attachent à la lettre de la Bible. D'autres sectes moins importantes divisaient encore les Juifs : une des principales est celle des Réchabites (V. ce nom). On peut consulter sur les Juifs, outre l’Ancien Testament et les écrits de Josèphe, les ouvrages de Basnage, de Boissy, de Torcy et de Moldenbauër; l’Hist. des Juifs depuis les Macchabées de Jost (Berlin, 1820); les Juifs dans le moyen âge, de Depping (Paris, 1834); les Juifs d'Occident, de Beugnot (Paris, 1823); l’Hist. des Institutions de Moïse, de J. Salvador (Paris, 1828).

JUIGNÉ (Ant. LECLERC de), archevêque de Paris, né à Paris en 1728, fut successivement grand vicaire de Carcassonne, agent du clergé en 1760, évêque de Châlons en 1764, archevêque de Paris en 1781, fit partie des États généraux, émigra, revint en France en 1802, et y mourut en 1811. Il se signala par sa charité et par son zèle contre les Jansénistes. On lui doit, outre ses Mandements, un Rituel (Châlons, 1776), réimprimé en 1786 sous le titre de Pastoral de Paris, qui fut attaqué par les Jansénistes.

JUILLAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 29 kil. N. O. de Brives ; 2650 hab.

JUILLET 1789 (Journée du 14), insurrection du peuple de Paris et prise de la Bastille. L'anniversaire de cet événement fut célébré en 1790 et 1792 par des fêtes connues sous le nom de Fédération.

JUILLET 1830 (Journées des 27, 28 et 29), journées pendant lesquelles le peuple de Paris s'insurgea contre Charles X à la suite de la publication des ordonnances par lesquelles le ministère Polignac supprimait la liberté de la presse et changeait le mode d'élection ; ces trois jours suffirent pour renverser la dynastie régnante et pour opérer une révolution qui éleva au trône la maison d'Orléans.

JUILLET (Croix de), instituée en 1830 pour décorer les citoyens qui s'étaient distingués dans la révolution de juillet, consiste en une étoile à 3 branches en émail blanc, montée sur argent, et surmontée d'une couronne murale, ayant au centre les mots : 27, 28 et 29 juillet 1830; le revers porte le coq gaulois avec la légende : Patrie et Liberté; le ruban est couleur d'azur avec liseré rouge.

JUILLY, vge de France (Seine-et-Marne), à 18 k. N. O. de Meaux, près de la station de Chelles (chemin de fer de l'Est) ; 850 hab. Anc. abbaye fondée en 1200 et transformée en 1639 en un collège d'Oratoriens; il y existe encore un grand établissement d'instruction, dirigé par des ecclésiastiques.

JUIN 1832 (Journées des 5 et 6), émeute à main armée provoquée dans Paris par le parti républicain, à l'occasion des funérailles du général Lamarque, député de l'opposition. Des barricades furent élevées dans les quartiers St-Antoine, St-Martin, St-Denis, etc. Il fallut employer la troupe de ligne et la garde nationale pour vaincre l'émeute. Le combat finit le 6, après la prise de l'église St-Merry.

JUIN 1848 (Journées des 23, 24, 25 et 26), insurrection sanglante des partisans de la république dite démocratique et sociale contre la forme de république établie en France depuis le 24 fév. 1848, eut pour origine ou pour prétexte la dissolution des ateliers nationaux et pour sièges principaux les faubourgs St-Jacques, St-Marceau et St-Antoine. Elle ne put être réprimée que par les efforts réunis de la garde nationale, de l'armée et de la garde mobile, que dirigeait le général Cavaignac, déclaré chef du pouvoir exécutif. Sept généraux y furent tués ou mortellement blessés (Négrier, Duvivief, Bréa, Damesme, Bourgon, Regnault, François), ainsi que deux représentants (Charbonnel, Dornès); l'archevêque de Paris, Mgr Affre, fut frappé le 25 juin, au moment où il pressait les insurgés de cesser la lutte. Le nombre des victimes départ et d'autre fut énorme : on n'en a jamais connu le chiffre exact. Ceux des insurgés qui purent être saisis furent les uns livrés aux conseils de guerre, les autres transportés.

JUJUY, v. de l'Amérique du S., dans la Conféd. du Rio-de-la-Plata, ch.-l. d'un État de même nom, à 1300 kil. N. E. de Buénos-Ayres, sur la r. dr. du Jujuy; 3000 hab. — La riv. de Jujuy, affluent du Vermejo, porte dans la partie supérieure de son cours le nom de San-Salvador, et dans la partie inférieure celui de Rio Grande; 700 kil.

JULES, prénom de César, V. CÉSAR et JULIA GENS.

JULES (S.), soldat romain, subit le martyre dans la Basse-Mésie pour avoir refusé de sacrifier aux faux dieux, vers 302. On le fête le 27 mai.

JULES I (S.), pape de 337 à 352, né à Rome, soutint avec zèle S. Athanase contre les partisans d'Arius, et envoya ses légats au concile de Sardique en 347. L’Église l'honore le 12 avril.

JULES II, Julien de la Rovère, pape de 1503 à 1513, neveu du pape Sixte IV, né à Abizal près de Savone en 1441, fut élu après Pie III, qu'il avait lui-même fait élire. Il reprit la Romagne sur César Borgia (1503), soumit Pérouse et Bologne (1506), et fit avec vigueur la guerre aux Vénitiens, qui avaient enlevé plusieurs villes au St-Siége. Il forma contre eux, avec Louis XII, roi de France, Ferdinand, roi d'Espagne, et l'emp. Maximilien, la ligue dite de Cambrai (1508), et réduisit Venise à accepter les conditions les plus désavantageuses. Mais, ayant eu à se plaindre de Louis XII, il rompit avec lui et ne songea plus qu'à lui susciter des ennemis. Le roi de France fit aussitôt marcher contre lui une armée et assembla en même temps à Pise un concile particulier pour faire examiner sa conduite : les troupes de Jules II furent battues à Bologne et à Ravenne (1511 et 1512), et le concile le suspendit de ses fonctions ; mais il assembla de son côté un concile général à Rome dans l'église St-Jean de Latran, annula les actes du concile de Pise, mit la France en interdit, et forma contre Louis XII la Ste Ligue, dans laquelle entrèrent Venise, l'empereur, les rois d'Angleterre et d'Espagne. A la faveur de cette ligue, il ajouta à ses États Parme, Plaisance et Reggio; mais il m. avant la fin de la guerre, sans avoir pu chasser, comme il le disait, les barbares de l'Italie. Ce pontife belliqueux n'en aimait pas moins les lettres et les arts : il commença la construction de l'église St-Pierre et protégea Bramante, Michel-Ange et Raphaël.

JULES III, Jean-Marie Giocchi, né à Rome en 1487, pape de 1550 à 1555, rouvrit en 1551 le concile de Trente, interrompu par la mort de Paul III, et s'unit à l'empereur pour faire la guerre à Octave Farnèse, qui voulait usurper le duché de Plaisance.

JULES ROMAIN, Giulio Pippi, peintre célèbre, né à Rome en 1492, m. en 1546, fut élève de Raphaël, qui lui voua bientôt la plus tendre amitié et se l'associa dans plusieurs de ses travaux. Les plus remarquables de ses ouvrages sont : la Défaite de Maxence, le Déluge, la Flagellation, le Martyre de S. Étienne, la Chute d'Icare, la Chute des Titans, et (au Louvre) le Triomphe de Vespasien et de Titus, Vénus et Vulcain, la Nativité, la Vierge, l’Enfant Jésus et S. Jean et son propre portrait. Ses compositions brillent surtout par l'énergie et la vigueur, mais on l'accuse d'avoir quelquefois dépassé le but. Ce peintre était aussi un grand architecte : on admire plusieurs monuments élevés par lui à Rome et à Mantoue. Des dessins licencieux, qu’il avait eu le tort d’exécuter pour l'Arétin, lui ayant attiré la disgrâce du pape Clément VII, il fut forcé de quitter Rome. Il alla se fixer à Mantoue et y devint le chef d’une école célèbre. Il ne retourna à Rome que sous Paul III.

JULES L'AFRICAIN, historien grec. V. AFRICANUS.

JULIA Gens, illustre maison patricienne de Rome, originaire d'Albe, se prétendant issue d'Iule ou Ascagne, fils d'Enée et petit-fils de Vénus et d'Anchise. C’est à cette famille qu’appartenait Jules-César.

JULIA, nom de plusieurs villes fondées ou restaurées par Jules-César. Les principales sont : Julia Cæsarea (Mauritanie), auj. Cherchell - Julia Chrysopolis (Italie), auj. Borgo-San-Donino ; — Julia Félix (Bretagne anc-), auj. Berwick;Julia Livia (Hispanie), auj. Puycerda ; — Julia Pax (Lusitanie), auj. Béja; — Julia Traducta (Bétique), auj. Tarifa.

JULIACUM, v. de Germanie, auj. Juliers.

JULIA FONTENELLE (Eug.), médecin et chimiste, né en 1790 à Narbonne, m. en 1842, fut reçu docteur à Montpellier, alla en 1820 à Barcelone pour étudier l’épidémie qui y régnait, et fut nommé en 1823 médecin en chef de l’hôpital de convalescence de Catalogne. On lui doit d’intéressantes recherches sur la Fièvre jaune de Barcelone, 1820; sur l'Air marécageux, 1823 ; sur l'Incertitude des signes de la mort et le Danger des inhumations précipitées, 1833, ainsi qu’un grand nombre de Manuels pour la collection Roret : Manuel de Chimie, — de Physique, — de Pharmacie, — des Eaux minérales, — du Verrier, — du Moutardier, — du Vinaigrier, etc. Il fut un des fondateurs du Journal de Pharmacie et de la Soc. des Sciences physiques.

JULIANESHAAB, établissement danois, à l’extrémité S. du Groenland, entre le cap de la Désolation au N. O., l’île des Baleines au N. E. et le cap Farewell au S. ; 2000 hab. Fondé en 1775.

JULIANUS (DIDIUS), empereur. V. DIDIUS.

JULIE, Julia, fille de Jules-César, fut donnée en mariage à Pompée l’an 60 av. J.-C, et empêcha longtemps, par la douceur de son caractère, les discordes du beau père et du gendre. Sa mort, arrivée l’an 55 av. J.-C, fit disparaître le plus grand obstacle à la guerre civile. — Fille d'Auguste et de Scribonie, épousa successivement le jeune Marcellus, puis Agrippa (dont elle eut 3 fils: Caïus, Lucius et Posthumus, et 2 filles: Livie et Agrippine), et enfin Tibère. Elle se livra à de tels déportements qu'Auguste, indigné de sa conduite, l’exila dans l’île de Pandatarie. Tibère, devenu empereur, l’y laissa mourir de faim (14 de J.-C.).

JULIE DOMNA, fille d’un prêtre du Soleil à Émèse (Syrie), née vers 170, épousa Septime-Sévère, encore simple général, et lui donna 2 fils, Caracalla et Géta. Après la mort de son mari (211), elle essaya vainement d’entretenir la bonne intelligence entre ses deux fils : elle eut la douleur de voir Géta assassiné dans ses bras par son frère; elle mourut de chagrin, en 218.

JULIE MAMMÉE, MÉSA, SOEMIS. V. MAMMÉE, etc.

JULIE (Ste), vierge et martyre, née à Carthage d’une famille distinguée, fut vendue comme esclave par ordre de Genséric, roi des Vandales, puis emmenée par son maître en Syrie, et de là en Corse, où elle mourut pour la foi vers 439. On la fête le 22 mai.

JULIE D'ANGENNES. V. ANGENNES et MONTAUSIER.

JULIEN, Flavius Claudius Julianus, dit J. l'Apostat, empereur romain, fils de Jules Constance, et cousin de Constantin, né à Constantinople un 331, fut d’abord destiné à l’état ecclésiastique et relégué en Asie-Mineure. A force de soumission, il obtint de Con-stance II d’être rappelé à la cour et fut nommé en 355 gouverneur des Gaules, avec titre de césar. Il fixa son séjour à Lutèce (Paris), où il habitait le palais dit des Thermes (V. ce nom). Il se signala dans plusieurs expéditions contre les Germains, et les battit complètement à Argentoratum (Strasbourg) en 357. Constance lui ayant ordonné d’envoyer de Gaule en Orient une partie de ses troupes, celles-ci refusèrent de s’y rendre et proclamèrent Julien empereur, l’an 360. Constance marcha aussitôt à sa rencontre, mais il mourut en route, et Julien devint par là l’unique maître de l’empire, 361. Alors il renonça ouvertement au Christianisme,dans lequel on l’avait élevé, revêtit le manteau des Stoïciens, porta comme les philosophes la barbe longue, et manifesta hautement l’intention de restaurer le Paganisme. Arrivé à Constantinople, il fit quelques sages lois et réforma les abus les plus criants. Il marcha ensuite contre les Perses, soumit l'Arménie et la Mésopotamie, franchit le Tigre, prit Ctésiphon et s’avança dans l'Assyrie. Ce pays ayant été dévasté par l’ennemi, il voulut revenir en arrière; mais il fut blessé mortellement dans cette retraite, et il expira la nuit suivante (juin 363). Il avait à peine régné deux ans. — Julien est un assemblage de contradictions : il eut, il est vrai, des qualités brillantes, de l’esprit et de l’instruction, de la tempérance, du courage, quelquefois même de la générosité ; mais ces qualités étaient gâtées chez lui par la vanité et l’ostentation. Il se donnait pour philosophe, et en même temps il se jetait dans les erreurs du Néo-platonisme et les folies de la théurgie. Tout en proclamant la tolérance, il se montra l’ennemi juré des Chrétiens et prit contre eux les mesures les plus vexatoires : s’il n’ordonna pas une persécution sanglante, il leur retira tous leurs privilèges ; il leur défendit d’enseigner les belles-lettres; en outre, il dépouilla leurs églises. Pour donner un démenti aux prophéties, il voulut rebâtir le temple de Jérusalem; mais il en fut miraculeusement empêché. — Il reste de Julien quelques écrits satiriques, les Douze Césars, son meilleur ouvrage, le Misopogon, des Discours politiques et religieux et des Lettres, etc. Il existe plusieurs éditions particulières de ces écrits. Ses OEuvres complètes ont été recueillies par Spanheim, Leips., 1696, et trad. en fr. par Tourlet, 1821, et par E. Talbot, ld63. Ses attaques contre le Christianisme ont été réfutées par S. Cyrille, par le cardinal Gerdil, etc. Sa Vie a été écrite par La Bletterie, 1735, et par Jondot, 1817. E. Desjardins a publié une intéressante Étude sur Julien, 1847.

JULIEN (S.), apôtre et 1er évêque du Mans, issu, dit-on, d’une famille noble de Rome, mort vers 286. L’Église l’honore le 27 janvier. — Martyr, contemporain du précéd., périt à Brivas (Brioude), chez les Arvernes, lors de la persécution de Dioclétien. On le fête le 28 août. — Solitaire, contemporain de S. Éphrem, avait d’abord été esclave. Affranchi à la mort de son maître, il se retira dans un monastère voisin d’Édesse où il mena une vie édifiante. Il y mourut vers 370. On l’honore le 9 juin. S. Éphrem a écrit sa Vie.

JULIEN (le comte), gouverneur de l'Andalousie pour les Visigoths, se défendit avec gloire contre les Maures , de 708 à 710, mais ensuite, mû par la vengeance, il leur ouvrit lui-même l’entrée de l'Espagne et combattit avec eux à Xérès (711) : il voulait, dit-on, punir ainsi le roi Roderic qui avait fait violence à sa fille Florinde. Il existe une tragédie de Guiraud intitulée le Comte Julien.

JULIEN (le cardinal), Juliano Cesarini, né en 1398, présida le concile de Bâle, s’opposa au pape Eugène IV qui voulait dissoudre ce concile, et chercha, mais vainement, à ramener les Hussites. Député par le pape au roi de Hongrie Ladislas, pour lui faire rompre la paix conclue avec Amurat II,il fut l’instigateur d’une guerre malheureuse, dans laquelle l’armée chrétienne fut battue à Varna (1444).

JULIEN (Pierre), statuaire français, élève de Coustou et membre de l'Académie, né en 1731 à St-Paulien, près du Puy, m. en 1804, a fait, entre autres ouvrages, le Guerrier mourant, la Baigneuse (au Luxembourg), Galatée, la Chèvre Amalthée, son chef-d'œuvre, et les statues de La Fontaine et du Poussin.

JULIEN (Simon), dit J. de Parme, peintre, né en 1736 à Toulon, mort en 1800, étudia longtemps à Rome et s’éloigna du mauvais goût qui régnait de son temps en France. Ses ennemis l’appelaient pour ce motif Julien l'Apostat; mais lui, il ajouta à son nom celui de de Parme par reconnaissance pour le prince de Parme qui l’avait protégé. On a de lui : Jupiter sur le mont Ida, l'Aurore sortant des bras de Tithon, le Triomphe d'Aurélien.

JULIEN DE LA ROVÈRE V. JULES II (pape).

JULIEN (Calendrier), calendrier établi par Jules César, l'an de Rome 708 (46 av. J.-C.). V. l'art. CALENDRIER dans notre Dictionnaire des Sciences.

JULIENNE (Ste), vierge et martyre, mourut pour la foi à Nicomédie en 308. On la fête le 16 février.

JULIENNES (ALPES), monts d'Illyrie. V. ALPES.

JULIERS, Juliacum, en all. Julich, v. des États prussiens (prov. Rhénane), à 25 kil. N. E. d'Aix-la-Chapelle, près de la Roër : 4500 hab. Forteresse, démolie en 1860; école supérieure. Draps, savon, coutellerie, vinaigre, etc. Aux environs, mine de houille. — La tradition attribue la fondation de cette ville à Jules-César. Elle devint au XIIe siècle la résidence des comtes de Juliers. Maurice de Nassau s'en empara en 1610; elle fut possédée par les Espagnols de 1622 à 1659, et par les Français de 1794 à 1814 : elle était alors ch.-l. d'un cant. du dép. de la Roër.

JULIERS (duché de), anc. principauté de l'empire d'Allemagne, entre la Meuse et le Rhin, était bornée au N. par la Gueldre, au N. O. par le duché de Clèves, au S. O. par le duché de Limbourg, à l'E. par l'électorat de Cologne, et traversée par la Roër. Ce duché a formé sous l'empire français une partie du dép. de la Roër. Il est auj. compris tout entier dans la province Rhénane (à la Prusse). Il avait pour v. princip. : Aix-la-Chapelle, Duren, Aldenhoven, Zülpich, Dalen, etc., et comptait env. 300 000 hab. — Sous les Carlovingiens, ce pays eut des comtes impériaux, qui ne le possédaient qu'à titre viager. Le duché devint héréditaire à partir du XIIe siècle, en la personne de Guillaume I. Après la mort de Gérard II (1247), la maison de Juliers se partagea en 2 branches, dont l'aînée conserva le titre de comtes de Juliers; la cadette prit celui de comtes de Berg. Guillaume IV, comte de Juliers, devint margrave de Juliers en 1337, et duc en 1356. Guillaume V, son fils, devint en outre duc de Gueldre, du chef de sa mère Marie. Renauld, son frère cadet, lui succéda en 1402 et ne laissa point d'enfants. Les deux duchés furent alors séparés (1423) : une des sœurs de Renauld porta le duché de Gueldre dans la maison d'Egmont; le duché de Juliers, fief masculin, revint à Adolphe, duc de Berg, de la branche cadette. Cette 2e branche s'éteignit (dans les mâles) en 1510, à la mort de Guillaume VIII, qui ne laissa qu'une fille unique, Marie. Celle-ci avait épousé en 1505 Jean III, le Pacifique, duc de Clèves, lequel finit par posséder à des titres divers les trois duchés de Juliers, de Clèves et de Berg. les deux comtés de La Marck et de Ravensberg, et les seigneuries de Ravenstein, Winnenthal et Breskesand. Son fils, Jean-Guillaume, régna de 1592 à 1609 et mourut sans enfants. Alors s'ouvrit ce qu'on appelle la succession de Juliers. Jean-Guillaume avait eu 5 sœurs : ces princesses, ou leurs époux et leurs enfants, prétendirent tous à sa succession. D'un autre côté, la maison de Saxe réclamait l'héritage, se fondant sur une expectative accordée en 1483 au duc Albert, par l'emp. Frédéric III. Provisoirement, les deux princes dont les droits étaient les plus plausibles, l'électeur de Brandebourg, gendre de Marie Éléonore, sœur aînée de Jean-Guillaume, et le comte de Neubourg, époux d'Anne de Juliers, 2e sœur de ce prince, se mirent en possession des pays contestés, et convinrent de les administrer en commun. Mais l'emp. Rodolphe II évoqua l'affaire, et voulut d'abord mettre les domaines en séquestre. Alors les deux princes en appelèrent à l'union protestante d'Œhringen, et firent alliance avec le roi de France Henri IV. Celui-ci allait entrer en Allemagne avec 40 000 hommes pour les soutenir, lorsqu'il fut assassiné (1610) ; cet événement fit traîner la guerre en longueur, et les deux princes se maintinrent dans les pays qu'ils avaient occupés. En 1612, ils se brouillèrent et se firent quelque temps la guerre. Enfin, en 1614, par un traité conclu à Santen, la succession fut partagée en 2 lots, qu'on tira au sort : l'électeur de Brandebourg eut le duché de Clèves, les comtés de La Marck et de Ravensberg; le reste passa au comte palatin de Neubourg. Ce traité ne fut confirmé qu'en 1666. A l'extinction de la maison de Neubourg (1742), le duché de Juliers échut à la ligne de Sulzbach, plus tard héritière de la Bavière. Il appartint à cette dernière jusqu'en 1801, et fût alors incorporé à la France. Par le traité de Vienne (1815) il fut attribué à la Prusse, sauf quelques parties qui furent réunies au duché de Limbourg.

JULIERS-ET-BERG (prov. de CLÈVES-), prov. de l'anc. duché prussien du Bas-Rhin. V. CLÈVES-ET-BERG

JULIOBONA, auj. Lillebonne, v. de Gaule (Lyonnaise 1re), chez les Calètes, à l'emb. de la Seine, était jadis sur la mer, et se trouve auj. à près de 2 kil. dans les terres. — V. de Pannonie. la même que Vindobona, auj. Vienne (en Autriche).

JULIODUNUM, v. de Gaule, auj. Loudun.

JULIOMAGUS, v. de Gaule, auj. Angers.

JULITTE (Ste), femme chrétienne d'Iconium, subit le martyre sous Dioclétien, avec son fils S. Quirice, qui n'était âgé que de 3 ans. L’Église l'honore le 15 juin. — Femme de Césarée en Cappadoce, riche, jeune et belle, subit aussi le martyre sous Dioclétien. Elle fut placée sur un bûcher, mais les flammes formèrent comme une voûte autour d'elle. S. Basile a raconté son histoire. On l'honore le 30 juillet.

JULIUS, nom d'une famille romaine. V. JULIA GENS.

JULIUSNEPOS, J. OBSEQUENS. V. NEPOS et OBSEQUENS.

JULLIEN (Marc Ant.), né à Paris en 1775, m. en 1848, fils du conventionnel Jullien (de la Drôme), servit à l'armée d'Italie, fut chargé parle gén. Bonaparte de rédiger le Courrier de l'armée d'Italie, rédigea en 1815 l’Indépendant, et fonda en 1819 la Revue encyclopédique. On a de lui : Essai général d'éducation, 1808 ; Méthode de Pestalozzi, 1812.

JULLIEN (Stanislas), orientaliste français, né en 1799 à Orléans, m. en 1873 ; fut professeur et administrateur du Coll. de France et membre de l'Acad. des Inscriptions. Il a laissé de nombreux ouvrages sur la langue, la littérature, les arts et les mœurs des Chinois, et un Traité de la fabrication de la porcelaine.

JUMEAUX, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 16 kil. S. E. d'Issoire, près de l'Allier; 2000 hab.

JUMIÉGES, en latin Gemeticum, Gimegiæ et Unnedica, vge de l'anc. Normandie (Seine-Inf.), à 19 kil. O. de Rouen, dans une presqu'île formée par la Seine; 1800 hab. On y voit les ruines d'une célèbre abbaye de Bénédictins, bâtie en 654 par S. Philibert, d'où sont sortis plusieurs hommes illustrés : S. Hugues, S. Eucher, Guill. de Jumiéges, etc. Dans l'église du monastère on voyait le tombeau des Énervés: c'étaient, suivant quelques historiens, les fils de Clovis II et de Bathilde, que l'on tonsura après leur avoir brûlé les nerfs des jambes ; selon d'autres, ce seraient Tassillon et Théodore, ducs de Bavière, que Charlemagne fit enfermer dans ce couvent. Agnès Sorel mourut à Jumiéges, et on y conserve son cœur.

JUMILHAC-LE-GRAND, ch.-l. de c. (Dordogne), à 31 kil. E. de Nontron; 3170 hab. Beau château.

JUMILLA, Gemellæ, v. d'Espagne (Murcie), à 65 kil. N. de Murcie ; 9800 hab. Vieux château fort. Fabrique d'armes à feu ; savon, poterie, salines, moulins à huile. Houille aux env. — Cette ville fut enlevée aux Maures par les Aragonais; Henri de Transtamare la reprit sur ces derniers.

JUMONVILLE, brave officier français, tué traîtreusement par les Anglais dans la guerre du Canada, en 1753. Thomas a fait un poëme sur sa mort,

JUNGERMANN (God.), philologue, né à Leipzick, m. en 1610, a publié une anc. traduction grecque des Commentaires de César, reproduite dans l'édit. de cet auteur par Lemaire. On lui doit une trad. latine de Longus (Hanau, 1605) ; une édit. d'Hérodote, avec la trad. latine de Valla (1608); des Notes sur l’Onomasticon de Pollux (dans l'éd. de Lederlin), etc. JUNG-FRAU (c.-à-d. la jeune fille), mont. des Alpes Bernoises (Suisse), sur les limites des cantons de Berne et du Valais ; 4180m de hauteur.

JUNGIUS, Joachim Junge, savant allemand, né à Lubeck en 1587, m. en 1657, enseigna les mathématiques à Rostock, puis devint recteur de l'école de St-Jean à Hambourg. Il combattit le Péripatétisme, tenta de ramener ses contemporains à l'étude de la nature, et donna lui-même les meilleurs exemples. Il a publié : Geometria empirica et Logica Hamburgensis, et a laissé plusieurs manuscrits dont une partie a été détruite par un incendie. J. Vaget, son disciple, en a publié quelques-uns qui roulent sur la physique et la botanique. Leibnitz faisait le plus grand cas de Jungius et l'égalait presque à Descartes. Guhrauer a écrit sa Vie, Breslau, 1846, et Leips., 1850.

JUNG STILLING, mystique. V. STILLING.

JUNIN, vge de la république du Pérou, au N. E. de Lima ; 300 hab. Bolivar y battit les Espagnols le 6 août 1824. — Junin a donné son nom à un dép. du Pérou, qui avait pour ch.-l. Huanuco.

JUNIUS, nom d'une célèbre famille de Rome, qui prétendait descendre d'un des compagnons d'Énée. — Un membre de cette famille, Marcus Junius, épousa une fille de Tarquin l'ancien et fut père de Junius Brutus. V. BRUTUS.

JUNIUS (Adrien), en hollandais der Jonghe (le jeune), érudit du XVIe siècle, né à Hornen 1512, m. en 1575, se rendit habile dans les langues, les lettres et la médecine, exerça longtemps la médecine à Harlem, et fut appelé à Copenhague comme 1er médecin du roi ; mais, ne pouvant s'habituer au pays, il revint brusquement à Harlem. Il y fut nomme recteur des écoles. On a de lui : Lexicon græco-latinum, Bâle, 1548; De anno et mensibus, 1553; Nomenclator omnium rerum, 1555, souvent réimprimé; des traductions du grec, des poëmes latins, des lettres, etc.

JUNIUS (François), érudit, né à Heidelberg en 1589, m. à Windsor en 1677, alla en 1620 se fixer en Angleterre, et fut pendant 30 ans bibliothécaire du comte d'Arundel. On a de lui un Traité sur la peinture des anciens, Amst., 1637 ; une édit. du Manuscrit d'Argent, paraphrase des évangiles gothiques, Dordrecht, 1665, un Glossaire de cinq langues septentrionales, publié par Lye, Oxford, 1745, etc.

JUNIUS, pseudonyme sous lequel se cacha l'auteur de Lettres politiques d'une virulence extrême, publiées à Londres de 1769 à 1772 dans le Public Advertiser, et qui étaient dirigées contre le ministère de lord North. On n'en connaît pas encore certainement le véritable auteur: on a nommé Burke, lord Sackville, Hamilton, Philip Francis, Hugh Boyd, Glover, lord Temple, lord Grenville, W. H. Bentinck, le libraire Almon, qui en était l'éditeur. On penche auj. pour Ph. Francis, secrétaire de lord Chatam et membre du Parlement, m. en 1818. Les meilleures éditions de ces lettres sont celles de Londres, 1796, 1812, et d’Édimbourg, 1822. Elles ont été traduites en français en 1791 et en 1823, par J. T. Parisot.

JUNIUS BRUTUS, pseudonyme. V. LANGUET.

JUNIVILLE, ch.-l. de c. (Ardennes), à 15 kil. S. E. de Réthel; 1600 hab.

JUNON, reine des dieux, fille de Saturne et de Rhée, sœur et femme de Jupiter, dont elle eut Vulcain, Hébé, auxquels on ajoute quelquefois Lucine. Elle était aussi mère de Mars; mais elle le conçut seule, piquée de ce que Jupiter avait seul produit Minerve. On attribue d'ordinaire à cette déesse un caractère fier et jaloux et des haines implacables. Irritée de ce que le berger troyen Pâris lui avait préféré Vénus en adjugeant à celle-ci la pomme d'or, elle excita la guerre de Troie et s'acharna à la perte de cette malheureuse ville. Elle persécuta continuellement les nombreuses maîtresses de son époux, Io, Latone, Callisto, Sémélé, Alcmène, ainsi que les fruits de leurs amours, surtout Hercule. Jupiter, irrité de ses reproches continuels, la fit un jour suspendre avec une chaîne d'or entre le ciel et la terre. Junon était particulièrement honorée à Samos, à Argos, à Olympie, à Carthage et à Rome. On la regardait comme présidant aux mariages et aux accouchements. Le paon, type de la beauté et de l'orgueil, lui était consacré. On la représente assise sur un trône, le diadème sur la tête et le sceptre à la main; un paon est à ses côtés, et, derrière elle, Iris, sa messagère, déploie les couleurs de l'arc-en-ciel. Ses surnoms les plus ordinaires étaient ceux de Lucina et Pronuba. — On appelait Junons des génies particuliers qui étaient comme les anges gardiens des femmes.

JUNOT (Andoche), duc d'Abrantès, général français, né à Bussy-le-Grand (Côte-d'Or), en 1771, d'une famille aisée, partit comme volontaire à l'époque de la Révolution, et se fit remarquer, au siège de Toulon (1793) par sa valeur impétueuse; fut emmené en Égypte par le général Bonaparte comme aide de camp, se distingua surtout au combat de Nazareth, fut, à son retour, nommé général de division (1801), puis commandant et enfin gouverneur de Paris (1804). Mis en 1807 à la tête de l'armée dirigée contre le Portugal, Junot s'empara facilement de ce pays et en fut nommé gouverneur, avec le titre de duc d'Abrantès. Mais il n'était pas à la hauteur de sa position, et, en 1808, après avoir été défait à Vimeiro par Wellesley (depuis lord Wellington), il dut signer la capitulation de Cintra, et abandonner sa conquête. Cet échec lui attira la disgrâce de Napoléon; néanmoins, il prit part à la guerre d'Espagne (1810), à celle de Russie (1812), et fut nommé gouverneur des provinces Illyriennes. Mais sa raison s'égara tout à coup et il fut obligé de revenir en France où il mourut en 1813. — La duchesse d'Abrantès, sa femme, a écrit des romans et des Mémoires. V. ABRANTÈS.

JUNQUERA (val de la), Juncaria, vallée de la Navarre, à 8 kil. S. E. de Pampelune, entre Muez et Salinas-de-Oro. Position militaire importante. Ordogno, roi des Asturies, et Garcia, roi de Navarre, y furent défaits en 921 par Abdérame III.

JUNQUIÈRES (J. B. de), poëte burlesque, né a Paris en 1713, m. en 1786, était lieutenant de la capitainerie des chasses de Senlis. On a de lui : l'Élève de Minerve ou le Télémaque travesti, poëme, 1759; Épître de Grisbourdon à Voltaire, 1756 ; Caquet-Bonbec ou la Poule à ma tante, 1763, etc.

JUNTE, en espagnol junta, c.-à-d. réunion. Ce nom ne fut d'abord donné en Espagne qu'au conseil du commerce et des mines et au conseil d'administration des tabacs ; mais il a été étendu depuis aux divers conseils administratifs et aux assemblées politiques des provinces. En 1808, les juntes se-mirent à la tête de l'insurrection contre les Français : outre les juntes provinciales, il y avait une junte centrale, chargée d'organiser la résistance.

JUNTES (les), en italien Giunta, famille d'imprimeurs italiens qui tenaient le 1er rang après les Manuce. Philippe Junte, né à Florence en 1450, y exerça son art de 1497 à 1517. Il obtint le premier du pape Léon X un privilège de 10 ans pour l'impression des auteurs grecs et latins. Après sa mort, ses héritiers paraissent avoir formé une société : car de 1518 à 1530 les livres de cette imprimerie portent cette formule : Apud Juntas. Depuis 1531, ils ne portent plus que le nom de Bernard, un des fils de Philippe. — Deux branches de la famille des Juntes s'établirent au commencement du XVIe siècle, l'une à Venise, l'autre à Lyon.

JUPILLE, Jobii Villa, v. de Belgique (Liège), à 2 kil. E. de Liège; 2500 hab. Aux env., mines de houille. C'est à Jupille que mourut Pépin d'Héristal.

JUPIN, nom donné par nos vieux poëtes à Jupiter.

JUPITER, en grec Zeus, le dieu suprême, le père et le maître des dieux et des hommes pour les Grecs et les Romains, était fils de Saturne et de Rhée. Saturne n'ayant obtenu de son frère Titan la cession du trône qu'à la condition de ne point élever d'enfants mâles, Jupiter devait être dévoré en naissant par son propre père; mais il fut sauvé par la ruse de Rhée, qui substitua à l’enfant divin une pierre emmaillottée, que Saturne dévora. Il fut élevé secrètement dans l’île de Crète, où il suça le lait de la chèvre Amalthée, et où les Curètes et les Corybantes prirent soin de son enfance. Instruits de la fraude de Rhée, Titan et ses fils attaquèrent Saturne, le détrônèrent et le jetèrent dans une prison ; mais Jupiter, quoique n’étant encore âgé que d’un an, délivra son père et le remplaça sur le trône. Plus tard, Saturne, qui craignait l’ambition d’un fils si puissant, lui dressa des embûches ; mais Jupiter, connaissant ses desseins, le chassa de l’Olympe et se rendit maître de tous ses États. Alors il partagea l’empire du monde avec ses frères, Neptune et Pluton : il donna au premier les mers, au second les enfers, et se réserva la terre et le ciel. Jupiter eut à soutenir une guerre terrible contre les Géants, qui voulurent escalader le ciel pour venger les Titans, leurs frères, et pour le détrôner ; il se défit d’eux en les foudroyant. Les poëtes racontent de ce dieu mille aventures : il précipite aux enfers Ixion, qui voulait attenter à l’honneur de Junon, frappe Tantale, Salmonée, Capanée, coupables d’impiété ; enchaîne sur le Caucase Prométhée, qui avait dérobé le feu du ciel ; un jour, il descend en Arcadie, chez le roi Lycaon, prince cruel et impie : il le change en loup, réduit son palais en cendres, foudroie ses fils ; un autre jour, il visite la Phrygie avec son fils Mercure, et ne trouve l’hospitalité que chez Philémon et Baucis, qu’il récompense en Dieu ; enfin, pour punir la méchanceté des hommes, il les fait périr par un déluge, et n’excepte que Deucalion, prince de Thessalie, avec Pyrrha, sa femme. Jupiter épousa Junon, sa sœur, qu’il rendit mère de Vulcain, d’Hébé et de Lucine, et dont le caractère altier lui causa bien des ennuis. Il eut en outre une foule de maîtresses : Io, Sémélé, mère de Bacchus ; Cérès, mère de Proserpine ; Mnémosyne, mère des Muses ; Latone, mère d’Apollon et de Diane ; Maïa, mère de Mercure ; Alcmène, mère d’Hercule, etc. Il enfanta de lui seul Minerve, ou la Sagesse, qui sortit tout armée de son cerveau. Ce dieu se métamorphosait de mille manières pour satisfaire ses passions : il séduisit Danaé sous la forme d’une pluie d’or, Léda sous celle d’un cygne ; il enleva Europe sous la forme d’un taureau. Jupiter est représenté assis sur un trône d’or ou d’ivoire, tenant un sceptre de la main gauche, et de l’autre lançant la foudre : à ses pieds est un aigle, les ailes déployées, et auprès de lui Ganymède, son échanson. Le chêne lui était consacré. On le confond quelquefois avec l’air, au sein duquel son trône était placé. Les temples les plus célèbres de Jupiter étaient ceux de Dodone, en Épire, d’Olympie, en Élide, d’Ammon, en Libye, et le Capitole, à Rome. — On célébrait en son honneur des fêtes et des jeux publics, parmi lesquels on distingue les Jeux olympiques. La plus belle statue de ce dieu était le Jupiter olympien de Phidias, statue colossale en or et en ivoire, et l’une des sept merveilles du monde. — Dans les légendes transmises par les anciens sur Jupiter, on trouve à la fois l’idée d’un dieu suprême, qui préside à l’univers et qui se trouve partout sous mille formes diverses, et le souvenir d’un prince puissant, mais dissolu, qui aurait régné, soit sur la Crète, soit dans quelqu’un des pays où l’on trouve un mont Olympe.

JURA, Juratus ou Jurassus mons, chaîne de mont. qui se détache des Alpes, s’étend sur la Suisse et la France, se dirige du S. O. au N. E., à travers le canton suisse de Bâle et les dép. français du Doubs, du Jura et de l’Ain : 310 kil. sur 65. Elle forme par ses ramifications un grand nombre de vallées, dont les principales sont celles de Joux, de Moutiers-Travers, de Valangin, du Doubs, de l’Ain, du Rhône, etc. Ses plus hauts sommets sont le Reculet (1732m), le Mont-Tendre (1734), la Dôle (1690).

JURA (dép. du), dép. frontière entre ceux de la Hte-Saône au N., de Saône-et-Loire et de la Côte-d’Or à l’O., de l’Ain au S. et la Suisse a l’E. ; 5034 kil. carrés ; 298 053 h. ; ch.-l., Lons-le-Saulnier. Il est formé d’une partie de l’ancienne Franche-Comté. Montagnes, forêts, surtout vers l’E. et le S. ; beaucoup de rivières ; canal du Rhône au Rhin ; grands marais. Salines, houille, albâtre, marbre, etc. Plantes tinctoriales et médicinales, navette, maïs, orge, avoine et seigle ; bons vignobles (Arbois, Poligny, Salins) ; forêts et pâturages vers les montagnes. Bestiaux, chevaux ; beaucoup de gibier. Horlogerie, ustensiles en fer, articles en bois, écaille, corne ; bons fromages. Commerce assez actif. Émigrations annuelles. — Ce dép. a 4 arr. : Lons-le-Saulnier, Dôle, Poligny, St-Claude ; 32 cant. et 594 comm. ; il appartient à la 7e division militaire ; il a une cour impériale à Besançon, et un évêché à St Claude.

JURA, une des îles Hébrides, au N. E. d’Islay, fait partie du comté écossais d’Argyle ; 37 kil. sur 10 ; 1300 hab. On y remarque le mont Ben-an-Oir (810m).

JURANÇON, v. de France (B.-Pyrénées), à 3 k. O. de Pau ; 2300 hab. Vins renommés, rouges et blancs.

JURANDES, JURAT, JURE, JURY, etc. V. ces articles au Dict. univ. des Sciences, Lettres et Arts.

JURIEU (P.), théologien et controvérsiste protestant, né en 1639, à Mer (Orléanais), fils du pasteur de cette commune, obtint en 1674 une chaire à l’université protestante de Sedan. À la suppression de cette université (1681), il se retira à Rotterdam ; il devint pasteur de l’église wallone de cette ville et professeur de théologie, et y mourut en 1713. D’un caractère irascible et emporté, Jurieu passa toute sa vie en disputes ; il écrivit avec violence contre Bossuet, Fénelon, Arnauld ; n’épargnant pas davantage ses coreligionnaires, il eut des démêlés avec Bayle, Jaquelot, Basnage, Saurin, etc. Les principaux de ses ouvrages sont : Histoire du Calvinisme et du Papisme mis en parallèle, Rotterdam, 1682 (c’est une réfutation de l’Histoire du Calvinisme du P. Maimbourg) ; Politique du clergé de France, Amst., 1681, Esprit de M. Arnauld, 1684 ; Tableau du Socinianisme, 1691 ; Hist. critique des Dogmes et des Cultes, 1704.

JURJURA, Ferratus mons, chaîne de l’Atlas, dans l’Algérie, parcourt les prov. d’Alger et de Constantine, s’étend du S. O. au N. E. le long de la r. g. du Saman, et se rattache vers le S. au Petit-Atlas. Pour passer de la prov. d’Alger dans celle de Constantine, on traverse un défilé célèbre du Jurjura, nommé le Biban ou la Porte-de-Fer. V. BIBAN.

JURUA, riv. de l’Amérique du S., a sa source dans la partie orientale du Pérou, coule à l’E., entre dans le Brésil, arrose une partie de la province de Para et se joint à l’Amazone, par la r. dr., après un cours d’environ 1000 k. Elle donne son nom à une comarque du Brésil.

JURUENA, riv. du Brésil (Mato-Grasso), forme le Topayos en se réunissant à l’Arinos. Cours, 600 kil. Elle reçoit de nombreux affluents et donne son nom à une comarque de la prov. de Mato-Grosso.

JUSSEY, ch.-l. de c. (H.-Saône), à 30 kil. N. O. de Vesoul, sur l’Amance et sur le chemin de fer de Mulhouse ; 2785 hab. Belles fontaines, vestiges d’antiquités. Horlogerie fine, haras.

JUSSIEU (Ant. de), naturaliste, né à Lyon en 1686, mort en 1758, était fils d’un apothicaire et manifesta de très-bonne heure un penchant invincible pour l’étude de la botanique. Après s’être fait recevoir docteur en médecine à Montpellier, il vint en 1708 à Paris, puis fit un voyage botanique en Normandie et en Bretagne, fut nommé à son retour professeur de botanique au Jardin du Roi, en remplacement de Tournefort, enseigna la même science à la Faculté de médecine de Paris, en même temps qu’il exerçait avec grand succès comme médecin. Il fut admis en 1711 à l’Académie des sciences. Il fit de savantes excursions dans la France méridionale, l’Espagne, le Portugal, et publia les résultats de ses travaux dans les Mémoires de l’Académie des sciences. Il a aussi publié à part quelques petits ouvrages, notamment un Discours sur les progrès de la botanique, Paris, 1718. On lui doit une édition des Institutiones rei herbariæ de Tournefort, augmentées d’un Appendice (Lyon, 1719), et la publication des planches botaniques de Barrelier, auxquelles il joignit un texte (1714, in-fol.). En 1772, le docteur Grendoger de Foigny publia, sous le titre de Traité des vertus des plantes, un cours de matière médicale qu’A, de Jussieu avait professé à la Faculté de médecine de Paris. C’est Antoine de J. qui fit le premier connaître la fleur et le fruit du caféier.

JUSSIEU (Bernard de), frère du précéd., né à Lyon en 1699, mort à Paris en 1777, accompagna Antoine dans son voyage botanique en Espagne et en Portugal, se fit recevoir docteur à Montpellier en 1720,et succéda en 1722 à Vaillant dans les fonctions de démonstrateur de botanique au Jardin du Roi. En 1725, il publia une édition augmentée de l’Histoire des plantes des environs de Paris, de Tournefort. Ce livre, encore estimé aujourd’hui, le fit admettre à l’Académie des sciences, quoiqu’il fut âgé seulement de 26 ans. Aucun naturaliste de son temps n’a plus ni, mieux su. Cependant il publia peu, et il se borna à donner quelques Mémoires, très-remarquables à la vérité, dans le recueil de l’Académie des sciences. Mais cet homme qui écrivait si peu méditait sans cesse sur les lois qui régissent les êtres organisés, et sur les rapports par lesquels ils se lient les uns aux autres : chargé en 1758 de diriger la plantation d’un jardin botanique à Trianon, au lieu de suivre pour cette opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, il distribua les plantes suivant une méthode naturelle, basée sur l’ensemble de leurs rapports. Cette méthode est la première esquisse de celle qu’Ant. Laurent, son neveu, publia par la suite. Bernard de Jussieu est un de ceux qui ont le plus contribué à l’accroissement du Muséum d’histoire naturelle : on remarque au Jardin des Plantes un cèdre du Liban qu’il apporta dans son chapeau en 1734, et qui est devenu le plus grand arbre du jardin.

JUSSIEU (Joseph de), frère dés précéd., né à Lyon en 1704, mort en 1779, se livra aussi dès sa première jeunesse à l’étude des sciences. À la fois ingénieur, naturaliste et médecin, il accompagna, en qualité de botaniste, les astronomes qui allèrent en 1735 au Pérou mesurer un arc du méridien. Après que ses collègues furent repartis pour l’Europe, il continua de parcourir l’Amérique méridionale pour y poursuivre ses recherches d’histoire naturelle et ne revint en France qu’en 1771, après 36 ans d’absence. Mais sa santé avait reçu de profondes atteintes et il mourut sans avoir pu rédiger les mémoires de ses voyages. Il avait envoyé ou rapporté au Jardin du Roi un grand nombre de graines et d’échantillons de végétaux. On lui doit la découverte de l’héliotrope du Pérou. Depuis 1743, il appartenait à l’Académie dés sciences.

JUSSIEU (Ant. Laurent de), neveu des précéd., né à Lyon en 1748, mort en 1836, vint à Paris en 1765, pour terminer ses études sous la direction de son oncle Bernard, y prit en 1770 le grade de docteur en médecine, suppléa quelque temps Lemonnier dans sa chaire de botanique au Jardin du Roi, fut nommé en 1777 démonstrateur dans le même établissement à la place de son oncle et fut admis en 1773 à l’Académie des sciences. En 178S, il publia le Genera plantarum secundum ordines nalurales disposita, livre admirable, « qui fait, dit Cuvier, dans les sciences d’observation, une époque peut-être aussi importante que la chimie de Lavoisier dans les sciences d’expérience. » Il y applique à tout le règne végétal la méthode de classification naturelle. En 1784, il fit partie de la commission choisie au sein de la Société royale de Médecine pour l’examen du magnétisme animal : ne pouvant s’accorder avec ses collègues sur l’appréciation des faits, il refusa de signer leur rapport, et en publia un particulier pour expliquer et motiver son refus : il y reconnaît la réalité des effets singuliers produits par Mesmer, et les attribue à l’action de la chaleur animale. De 1790 à 1792, il fut membre de la municipalité de Paris, et chargé, à ce titre, de l’administration des hôpitaux et hospices. En 1804, il fut nommé professeur à la Faculté de médecine de Paris : mais, en 1822, il se vit arbitrairement privé de cette chaire. En 1826, l’affaiblissement de sa santé et de sa vue l’engagea à se démettre de ses fonctions de professeur au Muséum ; mais il conserva jusqu’à sa mort toute la netteté de son esprit. Depuis la publication de son Genera, il était sans cesse occupé de perfectionner ce grand travail : les résultats de ses recherches à ce sujet ont été consignés dans une suite de Mémoires remarquables ; mais il n’a pu, comme il le voulait, donner une nouvelle édition de son ouvrage. On doit encore à Ant. Laurent une suite de notices sur l’histoire du Muséum, et un grand nombre d’articles de botanique dans le Dictionnaire des sciences naturelles, parmi lesquels on remarque surtout l’article sur la méthode naturelle.

JUSSIEU (Adrien de), fils de Laurent, né à Paris en 1797, mort en 1853, continua l’illustration de cette famille. Il remplaça son père dans sa chaire de botanique au Muséum en 1826, et fut reçu en 1831 membre de l’Académie des sciences. En 1845, il suppléa à la Sorbonne Aug. de St-Hilaire comme professeur d’organographie végétale ; il continua ce cours jusqu’à sa mort avec un succès remarquable. Ses principaux ouvrages sont : sa Thèse sur la famille des Euphorbiacées, 1824 ; une Monographie des Rutacées, 1825 ; un Mémoire sur le groupe des Méliacées, 1830 ; la Monographie des Malpighiacées, 1843, œuvre capitale, à laquelle il avait travaillé 14 ans ; un excellent Traité élémentaire de botanique, rédigé pour les colléges, 1840 ; un petit traité de taxonomie botanique, publié en 1848 dans le Dictionnaire universel d’histoire naturelle. On a en outre de lui un grand nombre de Notices ou Rapports insérés dans divers recueils.

À la même famille appartiennent Laurent Pierre de Jussieu, cousin d’Adrien, né en 1792, secrétaire général de la préfecture de la Seine en 1831, député de Paris en 1839, auteur de plusieurs bons ouvrages destinés à l’éducation du peuple : Simon de Nantua, 1818 ; Antoine et Maurice, 1821 ; OEuvres posthumes de Simon de Nantua, 1829, et d’un joli recueil de Fables et Contes en vers, 1844 ; — et son frère Alexis de Jussieu, né en 1797, préfet de l’Ain et de la Vienne sous Louis-Philippe, puis directeur de la police générale (1837).

JUSSY L'ÉVÊQUE, bourg de Suisse (Genève) à 19 kil. S. E. de Genève ; 1200 hab. Anc. résid. de l’évêque de Genève. Château du Crest, qui a longtemps appartenu à Agrippa d’Aubigné.

JUSTE, JUST ou JUSTIN (S.), martyr, natif d’Auxerre, confessa la foi et mourut dans le Beauvoisis. L’Église l’honore le 18 octobre.

JUSTE (S.), archevêque de Lyon à la fin du IVe s., assista aux conciles de Valence, 374, d’Aquilée, 381, et y combattit les Ariens. Il quitta son siège pour aller vivre en anachorète dans les déserts de l’Égypte. On le fête le 2 septemb.

JUSTE-LIPSE, Justus Lipsius, savant philologue hollandais, né en 1547 près de Louvain, fut d’abord secrétaire du cardinal de Granvelle (1569), qui l’emmena à Rome, enseigna l’histoire avec le plus grand éclat, d’abord à Iéna (1572-74), puis à Leyde (1579-91), et enfin à Louvain, et mourut en 1606. Sa vie fut traversée par les tracasseries que lui suscitèrent ses collègues et par des querelles religieuses. Né catholique, il se fit protestant, puis retourna au Catholicisme. On lui reproche d’avoir fait l’apologie de l’intolérance. Parmi ses nombreux écrits on remarque : Manuductio ad philosophiam stoicam ; Physiologia stoica ; De Constantia (trad. par La Grange, 1741) : Politica ; Poliorcetica ; De Militia romana ; Admiranda, sive de Magnitudine romana ; Monita et exempta politica (trad. par N. Pavillon, 1606), et des Commentaires sur Tacite, Sénèque, Velleius Paterculus, Suétone, Florus, etc. La collection complète de ses œuvres a été publiée à Anvers, 1637, et Wesel, 1675. Un de ses principaux mérites est d'avoir fort bien fait connaître le stoïcisme.

JUSTICIER, haut fonctionnaire chargé de rendre la justice. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

JUSTIN, historien latin, contemporain des Antonins, au IIe siècle, a rédigé un Abrégé de l'hist. univers, de Trogue-Pompée, en 44 livres : cet ouvrage, devenu classique, est plutôt un composé d'extraits de Trogue-Pompée qu'un résumé : les passages conservés se reconnaissent à la pureté et à l'élégance du style. Il a été publié dans les collections ad usum Delphini, Variorum, Lemaire, etc., et par Gravais, 1668, Wetzel, 1806, Ch. Frotscher, 1827-30. Il a été trad. en franç. par Cl. de Seyssel, 1559; par l'abbé Paul, 1774; par Pierrot et Boitard (coll. Panckoucke) et par Ch. Nisard (coll. D. Nisard).

JUSTIN (S.), dit le Philosophe, docteur de l'Église, né vers 103 à Flavia Neapolis (l'anc. Sichem) en Palestine, était d'abord païen et avait adopté la secte de Platon. Il reçut le baptême à 30 ans, et vint à Rome où il ouvrit une école de philosophie chrét. Dénoncé par le philosophe cynique Crescentius, il fut condamné à mort par le préfet de Rome, et subit le martyre vers l'an 168. On le fête le 13 avril. S. Justin a laissé plusieurs ouvrages, écrits en grec, entre autres deux Apologies de la religion chrét., un Dialogue avec le Juif Tryphon; il avait écrit un traité de la Monarchie de Dieu, auj. perdu. Ses Œuvres ont été publiées, gr.-lat., par dom Maran, Paris, 1742, in-fol., par Oberthur, Wurtzb., 1777, et par Otto, Iéna, 1847-50, 5 v. in-8; elles ont été récemment trad. en franç. par les abbés Chanut et Courcy. S. Justin pensait que le Verbe, qu'il identifie avec la Raison, s'était, avant son incarnation, révélé aux sages du paganisme; il était à la fois chrétien et platonicien. V. les Études de l'abbé Freppel (1860) et de M. Aube (1861) sur S. Justin.

JUSTIN I, dit le Vieux, empereur d'Orient, né en 450 en Thrace, avait été berger, puis soldat. Il parvint aux premières dignités sous l'empereur Léon : il était préfet du prétoire lorsqu'il fut porté sur le trône par une intrigue, à la mort d'Anastase, 518. Il régna sagement et apaisa pour un temps les querelles religieuses. Son règne fut troublé par les factions des Verts et des Bleus. Il mourut en 527, après s'être associé son neveu Justinien. — JUSTIN II, le Jeune, neveu de Justinien, lui succéda en 565. Il débuta bien, rendit un édit de tolérance et repoussa les Perses; mais il se livra bientôt aux débauches et à la cruauté et abandonna l'autorité à Sophie, son épouse, qui attira une foule de maux sur l'empire (V. NARSÈS). Il perdit la raison à la fin de sa vie, et mourut en 578. Il s'était associé dès 574 son gendre Tibère-Constantin.

JUSTINE, Flavia Justina Augusta, impératrice romaine, fille de Justus, gouverneur du Picenum, épousa successivement le tyran Magnence et l'emp. Valentinien (368), et fit, après la mort de ce dernier, proclamer Valentinien II, avec qui Gratien consentait à partager l'empire. Elle tenta d'établir l'Arianisme dans ses États; mais S. Ambroise empêcha l'exécution de ce projet. Le tyran Maxime ayant conquis une grande partie de l'Italie en 387, elle se retira à Thessalonique, où elle mourut en 388.

JUSTINE (Ste), vierge et martyre, patronne de la ville de Padoue, périt dans la persécution de Dioclétien. On la fête le 7 oct. — Une autre Ste Justine, martyre à Nicomédie en 304, est honorée le 26 sept.

JUSTINIANA, nom de 2 villes de l'empire d'Orient (Mésie), embellies ou agrandies par Justinien. V. TAURESIUM, ULPIANUM et GHIUSTENDIL.

JUSTINIEN I, empereur d'Orient, 527-565, neveu de Justin I, né en 483, à Tauresium en Mésie, d'un simple cultivateur, fut adopté par son oncle et lui succéda (527). Le règne de ce prince est célèbre par les querelles des factions du cirque dites les Verts et les Bleus, par les exploits de Bélisaire et de l'eunuque Nersès contre les Vandales d'Afrique (532-34) et les Goths d'Italie (535-50), ainsi que par les victoires du premier sur les Perses (528-32 et 540-62); mais il est surtout signalé par la réforme des institutions judiciaires: Justinien fit reviser par une commission de jurisconsultes, à la tête desquels était Tribonien, toutes les constitutions ou ordonnances de ses prédécesseurs, et en forma le code qui porte son nom (529). Le Code fut suivi du Digeste ou Pandectes, des Institutes et des Novelles (tous ces ouvrages ont été réunis sous le titre de Corpus juris civilis). Justinien s'occupa aussi des affaires de religion, mais avec plus de zèle que de lumières. Il fit rebâtir l'église Ste-Sophie à Constantinople, et ferma l'école philosophique d'Athènes. Ce prince avait épousé Théodora, femme célèbre par sa beauté, mais aussi par ses débauches, qui exerça sur lui un empire absolu et déshonora une partie de son règne. On lui reproche la disgrâce injuste de Bélisaire. L’Histoire de Justinien a été écrite par Isambert, Paris, 1856.

JUSTINIEN II, dit Rhinotmète (c-à-d. Nez coupé), emp. d'Orient, succéda en 685 à Constantin Pogonat, son père, à l'âge de 16 ans. En 694, ses sujets se révoltèrent, lui coupèrent le nez et l'exilèrent dans la Chersonèse de Thrace. Il resta en exil dix ans, pendant lesquels l'empire fut gouverné par Léonce et Tibère Absimare. Replacé sur le trône en 705 par Tribellius, roi des Bulgares, il périt assassiné en 711.

JUSTINOPOLIS, primitivement 'Ægida, auj. Copo d'Istria, v. d'Istrie, fut fondée par Justinien et ainsi nommée en l'honneur de Justin I.

JUTERBOCK, v. des États prussiens (Brandebourg), à 48 kil. S. de Potsdam; 5600 hab. Vieilles fortifications. Toiles, lainages, eau-de-vie, brasseries. Les Suédois, commandés par Torstenson, y battirent le général autrichien Gallas (1644). Combat entre les Français et les Prussiens (6 sept. 1813).

JUTES, anc. peuple goth de la Germanie, a donné son nom au Jutland.

JUTLAND, la Chersonèse Cimbrique des anc., Jutia ou Juetlandia en lat. mod., presqu'île du Danemark, bornée au S. par le Sleswig, au N. par le Skagger-Rack, et au N. E. par le Cattegat; 280 kil. sur 200; 640 000 hab. Le Jutland forme les stifts ou districts d'Aalborg, Viborg, Aarhuus, et Ribe. Quelquefois on étend le nom de Jutland au Sleswig, et l'on prolonge la péninsule jusqu'à l'Eider. Climat âpre, froid, humide; le sol est presque partout sablonneux ou marécageux. Dans la partie septentrionale s'étend un vaste golfe appelé Limfiord. La pêche, l'élève des chevaux, l'exploitation de quelques houillères et tourbières occupent surtout les habitants. — Le Jutland, jadis habité par les Cimbres, ce qui lui avait valu le nom de Chersonèse Cimbrique, le fut ensuite par les Jutes (tribu de Goths), d'où son nom actuel. Envahi en 1864 par l'armée austro-prussienne.

JUTURNE, sœur de Turnus, fut aimée de Jupiter qui lui donna l'immortalité. Elle laissa son nom à une fontaine qui coule près de Numicus.

JUVÉNAL, Dec. Junius Juvenalis, poète satirique latin, né à Aquinum, vers l'an 42 de J.-C, étudia sous Fronton et sous Quintilien, et fut quelque temps avocat. Il ne composa ses premières satires que sous Domitien, et ne les publia que sous Trajan et Adrien. Elles obtinrent un grand succès, mais la 7e (sur la Misère des gens de lettres) lui fut nuisible : un historien, favori d'Adrien, se croyant désigné par le poète, le fit reléguer à Syène, en Égypte, avec un commandement militaire. Juvénal mourut, à ce qu'on croit, dans cette espèce d'exil, à plus de 80 ans. Selon d'autres cependant, il serait mort à Rome. Nous avons de ce poète 16 satires, qui se font généralement remarquer par l'énergie de la poésie et la véhémence du style, mais aussi par l'enflure et l'exagération; ce qui a fait dire à Boileau :

Juvénal, élevé dans les cris de l'école,
Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole.

Le poète se montre animé d'une généreuse indignation contre les vices de son siècle. Malheureusement, cette indignation n’était pas justifiée par sa propre vertu : il se complait trop dans la description des turpitudes romaines. Les plus remarquables de ses satires sont celles sur la Noblesse, sur les Vœux, sur les Femmes, et sur le Turbot au sujet duquel délibéra le Sénat romain. Les éditions les plus estimées de Juvénal sont celles dites : Variorum, 1648 ; Ad usum Delphini, 1684 ; de Ruperti, Leipsick, 1801 ; d’Achaintre, Paris, 1810 ; de N. E. Lemaire, 1825 ; d’Heinrich, Bonn, 1839. Les meilleures traductions sont : en prose, celles de Dussaulx, Paris, 1770 (revue par Pierrot, 1825) ; de Baillot, 1823 ; de Courtaud-Diverneresse, 1831 ; et en vers, celles de Raoul, 1812 et 1826 ; de Méchin, 1817 ; de Fabre de Narbonne, 1825 ; de Bouzique, 1843 ; de J. Lacroix, 1846.

juvénal ou jouvenel des ursins (Jean), magistrat français, né à Troyes vers 1350, m. en 1431, eut la confiance de Charles VI, fut nommé en 1388 prévôt des marchands de Paris, s’opposa au duc de Bourgogne qui l’accusa de sédition et essaya vainement e le faire condamner (1393), sauva le roi des mains de ce prince, devint en 1400 avocat du roi, puis chancelier, et présida le parlement qui siégea à Poitiers. La ville de Paris lui donna, en reconnaissance de ses services, l’hôtel des Ursins, dont il ajouta le nom au sien propre. — Guill. Juvénal des Ursins, son fils, né à Paris en 1400, m. en 1472. Également propre à la robe et à l’épée, il fut successivement conseiller au parlement, capitaine des gendarmes, lieutenant général du Dauphiné, bailli de Sens, et devint chancelier de France en 1445. Déposé et emprisonné en 1461 par Louis XI, il parvint à rentrer en grâce en 1465, et ouvrit les États de Tours en 1468. — Jean Juvénal des Ursins, frère de Guillaume, fut archevêque de Reims en 1449, sacra Louis XI, fut un des évêques qui révisèrent la sentence prononcée par les Anglais contre la Pucelle d’Orléans (1456), et mourut en 1473, également recommandable par ses vertus épiscopales et par ses connaissances littéraires. Il a laissé une Histoire de Charles VI, imprimée en 1614, in-4. — Un autre frère, Jacques, m. en 1457, fut archevêque de Reims de 1444 à 1449, se démit en faveur de Jean, puis administra l’évêché de Poitiers, devint évêque de Fréjus, et remplit sous Charles VII plusieurs missions importantes. C’est pour lui que fut fait le fameux Missel de Juvénal, orné d’admirables enluminures, acheté 36 000 fr. en 1860 par M. F. Didot, qui en a donné une curieuse description (1861), et cédé par lui à la ville de Paris.

JUVENCUS (C. Vettius Aquilinus), poète chrétien, né en Espagne d’une famille illustre, embrassa de bonne heure l’état ecclésiastique, et vécut sous le règne de Constantin le Grand. Il a composé une Vie de Jésus-Christ en vers latins, sous ce titre : Historiæ evangelicæ libri IV, imprimée dans les éditions de Sédulius et de Fortunat, et publiée séparément par Ehrard Reusch, Francf., 1710, et par le P. Aravalo, Rome, 1792. — Un autre Juvencus, né en Dalmatie au XIIe siècle, est auteur d’une Vie d’Attila, publiée à Ingolstadt en 1604.

JUVIGNY-le-tertre, ch.-l. de c. (Manche), à 10 kil. N. O. de Mortain ; 960 hab.

juvigny-sous-andaine, ch.-l. de c. (Orne), à 13 kil. S. E. de Domfront ; 1800 hab.

JUVISY, vge de France (Seine-et-Oise), à 14 kil. N. O. de Corbeil, sur la pente d’une colline, près de l’Orge et de la Seine ; 500 hab. Château et parc dessiné par Le Nôtre. Station du chemin de fer de Paris à Orléans, avec embranchement sur Corbeil.

JUZENNECOURT, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 16 kil. N. O. de Chaumont ; 450 hab.

JUZGHAT, Osiana ou Soanda des anc., v. de la Turquie d’Asie (Sivas), ch.-l. de Sandjak ; 16 000 h. Murailles en briques ; palais du pacha ; mosquée sur le modèle de la Ste-Sophie de Constantinople.



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