Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre I

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I

(N. B. Cherchez aux lettres J et Y les mots que ne seraient pas ici.)

I, dans les abréviations, signifiait Julius, Junius, Jupiter, Imperator; – ID. Idus, (ides).

IABLONOI, mont. de la Sibérie. V. STANOVOÏ.

IACCETANI ou LACETANI, peuple de l'Hispanie (Tarraconaise), au N. de l'Èbre et près des Pyrénées, entre les Vascones à l'O., les Ceretani à l'E. Ville principale, Iacca (auj. Jaca).

IACCHUS, nom que l'on donnait à Bacchus dans les chants Éleusiniaques. V. BACCHUS.

IACOUB. V. JACOB. — IACOUT. V. YAGOUT.

IADERA, auj. Zara, v. de la Dalmatie ancienne, sur l'Adriatique, anc. capit. des Liburnes, à l'O. de Metula, au N. O. de Scardona.

IÆMTLAND, lan ou gouvt de Suède (Norrland), entre ceux de Botnie occid. au N. E., de Wester Norrland et de Gefleborg à l'E., de Stora Kopparberg au S., et la Norvège à l'O.; 390 k. sur 270; 50 000 hab. ; ch.-l., Œstersund. Hautes montagnes dont les sommets sont toujours couverts de neiges, et qui recèlent de nombreuses mines de cuivre et de fer; forêts immenses qui fournissent en abondance des bois de chauffage et de construction. Malgré la rigueur du climat, on y récolte quelques grains.

IAIK, riv. de Russie. V. OURAL.,

IAKOUTES, peuple de Sibérie, de race turque, habite dans la prov. d'Iakoutsk, sur les deux rives de la Lena. Les Iakoutes sont forts, courageux, la plupart idolâtres, et polygames, et très-hospitaliers. Environ 40 000 familles.

IAKOUTSK, v. de la Russie d'Asie (Sibérie), ch.-l. de la prov. d'Iakoutsk, sur la Lena, par 127° 23' long. E., 62° 1' lat. N. ; env. 4000 h. Principal entrepôt du commerce avec Okhotsk et le Kamtchatka (pelleteries, rhubarbe, denrées chinoises). La v. s'est formée autour d'un fort construit en 1632 par les Russes. — La province d'Iakoutsk est bornée au N. par la mer Glaciale, à l'E. par la prov. d'Okhotsk, à l'O. par celles d'Iénisséisk et d'Irkoutsk, au S. par la Mongolie : 2600 k. sur 1700; 200 000 h. Elle se divise en 5 cercles (Iakoutsk, Olekminsk, Olinsk, Sélinginsk, Sachiversk). Le climat y est extraordinairement froid et le sol très-peu fertile.

IALYSE, ville de l'île de Rhodes. V. JALYSE.

IAMA, un des huit Vaçous dans la religion de Brahma, est le dieu de la nuit et des morts. C'est lui qui juge les âmes au sortir du corps.

IAMBOURG, v. de la Russie d'Europe (St-Pétersbourg), à 118 kil. S. O. de St-Pétersbourg, sur la Louga; 2000 hab. Grande place octogone. Cette ville appartenait jadis à l'Ingrie ; les Suédois la prirent en 1612, et Pierre le Grand en 1703.

IANOW, v. de Russie (Pologne), dans le gouvt de Lublin; 2000 hab. Évêché catholique.

IAPODES, peuple de l'anc. Illyrie, sur la côte de l'Adriatique, entre Signia et Métule. Ils furent soumis aux Romains par Sempronius Tuditanus et Pandusius l'an 129 av. J.-C. Métula et Avendo étaient leurs villes principales.

IAPYGIE, Iapygia, auj. partie mérid. de la Terre d’Otrante, contrée de l'Italie anc., dans l'Apulie, au S. de la Messapie, formait l'extrémité orientale de la Péninsule italique, et, s'étendant entre la mer Ionienne et le golfe de Tarente, se terminait par le prom. Iapygium ou Salentinum. Hydronte, Callipolis, Leuca, Uxente, Tarente, en étaient les villes principales. On étendait quelquefois le nom d'Iapygie à toute la partie de l'Apulie habitée par les Grecs. Souvent on confond la Messapie et l'Iapygie.

IAPYX, vent d'O. N. O., était favorable à ceux qui se rendaient d'Italie en Grèce.

IARBAS, roi de Gélulie, vendit à Didon le terrain où elle fonda Carthage. Selon les historiens, il voulut épouser cette princesse; mais celle-ci aima mieux se donner la mort que d'y consentir. Dans l’Énéide, Iarbas est fils de Jupiter Ammon et de la nymphe Garamantide, et Didon ne se donne la mort que parce qu'elle se voit abandonnée par Énée, qu'elle préférait à Iarbas.

IARL, titre de dignité chez les Danois. V. EARL.

IAROPOLK, nom de deux grands-ducs de Russie, qui régnèrent, le 1er de 973 à 980, le 2e de 1132 à 1137. Iaropolk I ne possédait d'abord que Kiev, mais les guerres qu'il soutint contre ses frères Oleg et Vladimir le rendirent maître de toute la Russie.

IAROSLAV (George), dit le Sage, grand-duc de Russie, fils de Vladimir I, fut d'abord prince de Novogorod, détrôna son frère Sviatopolk après l'avoir battu sur les bords de l'Alta (1019), et régna jusqu'en 1054. Il eut à étouffer plusieurs révoltes, et combattit avec succès Boleslas roi de Pologne et les empereurs de Constantinople. Il s'appliqua aussi aux arts de la paix, encouragea l'architecture et la peinture, éleva des écoles, publia un code célèbre, le Rouskaïa pravada (vérités russes), rendit l'église russe indépendante et fonda la ville qui porte son nom. Henri I, roi de France, épousa une de ses filles, Anne de Russie.

IAROSLAV, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt d'Iaroslav, sur le Volga, r. dr., à 260 k. N. E. de Moscou; 36 000 h. Archevêché grec ; 84 églises avant l'incendie de 17 68 (il en reste encore plus de 40) ; grand séminaire ecclésiastique; école des hautes sciences; institut agronomique. Industrie active : toiles, linge de table, soieries, chapeaux de feutre, orfèvrerie, etc. Grand commerce avec Moscou, St-Pétersbourg. — Iaroslav fut fondée en 1026 par le grand-duc Iaroslav. D'abord comprise dans la principauté de Rostov, elle appartint ensuite à celles de Vladimir, puis de Smolensk; elle reconnut la suzeraineté des ducs de Moscovie en 1426. — Le gouvt est borné par celui de Vologda au N., de Kostroma à l'E., de Vladimir au S., de Tver et de Novogorod à l'O. : 270 kil. sur 240; 950 000 hab. Peu de fertilité, assez d'industrie.

IASOS, Assem-kalessie, île de la mer Égée, sur la côte de la Carie, à l'O. et au fond du golfe Iasique (Iassicus sinus), avait pour ch.-l. une v. de même nom.

IASSY, Jasch des Moldaves, Iassorum municipium, capit. de la Moldavie, par 25° 14' long. E., 47° 10' lat. N., sur le Bachlui, à 17 kil. du Pruth, à 700 k. N. de Constantinople; 40 000 hab. Résidence de l'hospodar: archevêché grec, gymnase. Maisons à un seul étage, planches en guise de pavés. Fréquents incendies, entre autres en 1783 et 1827 : celui de 1783 a détruit la cour des Princes (monument attribué à Trajan); avant 1827 on citait le palais de l'archevêque, l'église métropolitaine, l'imprimerie valaque et quelques couvents. Peu d'industrie, commerce de transit assez actif. — Iassy était importante du temps des Romains. Elle a été souvent prise par les Russes. Le 9 janvier 1792 un traité de paix y fut signé entre la Russie et la Porte : la Russie y obtint, avec d'importantes concessions territoriales, le droit d'intervention dans les principautés danubiennes.

IASZ-BÉRÉNY ou IAZ, v. de Hongrie, ch.-l. du Pays des Iazyges,à 60 k. E. de Pesth, sur la Zagyva; 15 000 hab. Gymnase, carrières; tombeau d'Attila.

IATREB, Iatrippa, ville d'Arabie. V. MÉDINE.

IAXARTE, Iaxartes, dit aussi chez les anciens Tanaïs d'Asie et Silis, auj. le Si-houn ou Sir-Daria; grand fleuve de l'Asie, sortait de l'Imaüs, coulait de l'E. à l'O., rasait la Sogdiane au N. et allait tomber dans le lac Chorasmique (mer d'Aral), ou peut-être dans la mer Caspienne, soit que le cours de ce fleuve ait changé, soit que ces deux mers aient été autrefois réunies. Quelques-uns en font un affluent de l'Oxus. Ce fleuve était le cours d'eau le plus septentrional que les anciens connussent en Asie. Alexandre le franchit en 328 : il éleva sur ses bords des autels à Bacchus, à Hercule, à Sémiramis, à Cyrus et à lui-même.

IAXT (cercle de l'), une des 4 divisions du roy. de Wurtemberg, est borné au N. et à l'E. par la Bavière, au S. par le cercle du Danube, à l'O. par celui du Neckar, et au N. O. par la grand-duché de Bade : 130 kil. sur 80; 380 000 h. Villes principales : Elwangen (ch.-l.) et Hall. Sol montagneux. Ce cercle prend son nom de la rivière d'Iaxt, qui tombe dans le Neckar près de Wimpfen, après un cours de 140 kil.

IAZYGES, peuple de l'Europe barbare, de race sarmate. Ils habitaient d'abord sur les bords du Tanaïs et du Palus Méotide ; mais, au commencement du IIe s., vaincus par les Goths, ils se divisèrent en trois corps, qui s'établirent, l'un sur le Tanaïs, un autre sur le Borysthène (entre ce grand fleuve et le Danaster), et le troisième dans la région marécageuse entre le Tibisque et le Danube. Les deux premiers restèrent tributaires des Goths; le troisième, à cause de sa position entre la Pannonie et la Dacie trajane, vécut sous la protection romaine : on lui donnait le nom d'Iazyges Métanastes ou transplantés. La force principale des Iazyges consistait en cavalerie. Leur nom disparut au milieu de la grande invasion du Ve siècle. — Auj. on donne le nom d’Iazygie-et-Cumanie ou de Pays des Iazyges à un district particulier du royaume de Hongrie, entre les comitats de Pesth à. l'O. et de Hevesch à l'E. IL a pour ch.-l. Iasz-Bérény et compte 60 000 hab. (descendants des anciens Iazyges).

IBARRA (SAN-MIGUEL-DE-), v. de l'Amérique du Sud (Équateur), à 77 kil. N. E. de Quito, au pied du volcan d'Imbaburu; 12 000 hab. Climat doux et salubre. Culture de la canne à sucre et du coton ; assez grand commerce. — Fondée en 1597.

IBARRA (Joachim), imprimeur espagnol, né à Saragosse en 1725, mort à Madrid en 1785, a publié plusieurs éditions que l'on regarde comme des chefs-d'œuvre de typographie, entre autres une traduction de Salluste par l'infant don Gabriel, 1772, in-fol., et un Don Quichotte, 1780, 4 vol. in-4.

IBAS, évêque d'Édesse en Mésopotamie au Ve s., mort en 457, défendit avec ardeur le Nestorianisme. Accusé en 446 de propager les doctrines de Théodore de Mopsueste, il fut absous par les synodes de Tyr et de Béryte; mais le concile d'Éphèse le condamna en 449 et le déposa. Toutefois, il fut rétabli en 451.

IBÈRE (l'), Iberus, auj. l’Èbre, fleuve d'Hispanie, le plus grand de ceux que ce pays envoie à la Méditerranée, prenait sa source sur le versant sept. des monts Idubeda coulait au S. E. et passait à Juliobriga, Calagurris, Tulonium, Celsa, Octogesa, Dertosa.

IBÈRES, Iberi. V. IBÉRIE.

IBÉRIE, Iberia, auj. l’Iméréthie, la Géorgie et une partie du Chirvan, contrée de l'Asie ancienne, au S. du Caucase, entre la Colchide à l'O., l'Albanie à l'E., l'Arménie au S., formait une vaste plaine entourée de montagnes. Les Ibères, d'abord soumis aux Perses, puis à Alexandre, recouvrèrent leur indépendance sous les Séleucides. Ravagée par Pompée, mais redevenue libre après Auguste, l'Ibérie vécut le plus souvent sous la protection romaine : Trajan la réunit a l'empire romain, mais elle en fut détachée après sa mort. Elle devint chrétienne au IVe siècle, mais elle tomba bientôt sous la domination des rois Sassanides : partageant dès lors les destinées de la Géorgie, elle subit avec elle, au VIIe s., la domination arabe. Elle appartient aujourd'hui à la Russie. Les principaux peuples de l'Ibérie étaient les Moschiques, les Sacaséniens, les Cambyséniens, les Ossaréniens, les Moténiens et les Sapires. V. PHARASMANE.

IBÉRIE, nom donné d'abord à la contrée de l'Hispanie qu'arrose l'Èbre (Iberus), a été depuis étendu à la péninsule tout entière. Les habitants de l'Hispanie furent par suite nommés Ibères; on retrouve ce nom dans celui de Celtibères. — On suppose que les Ibères d'Hispanie sont les restes d'un grand peuple anciennement répandu dans les Gaules, d'où il aurait été expulsé par les Celtes ou Galls. On a prétendu, mais sans autre raison qu'une analogie de nom, que ce peuple était originaire du Caucase et notamment du l'Ibérie asiatique.

IBÉRIQUES (monts), chaîne de montagnes de l' Espagne, commence vers les sources de l'Èbre et s'étend du N. au S., partageant le pays en deux versants, celui de la Méditerranée et celui de l'Atlantique.

IBERVILLE, bras du Mississipi. V. YBERVILLE.

IBICUY, riv. de l'Amérique du Sud (Buénos-Ayres), se forme, près de San-Luis, du Rio Boropi, uni au Rio Santa-Maria, coule à l'O. N. O. et se jette dans l'Uruguay, après un cours de 400 kil.

IBIS, oiseau aquatique, était fort révéré des Égyptiens, parce que l'on croyait qu'il se nourrissait de serpents et en détruisait une grande quantité; on l'avait même mis au nombre des divinités, ainsi que l’ichneumon, petit quadrupède qui se nourrit aussi d'animaux malfaisants et d'œufs de crocodile. L'ibis était consacré au dieu Toth. On le voit souvent représenté sur les monuments égyptiens.

IBN. Ce mot, le même que aben, ebn ou ben, veut dire fils, et forme le commencement d'un grand nombre de noms arabes.

IBN-AL-ATYR, historien arabe, né en Mésopotamie en 1160, m. en 1233, a laissé une Chronique, qui va depuis le commencement du monde jusqu'en 1158 et qui est la meilleure du moyen âge. Elle a été publiée pour la 1re fois, avec notes et trad. suédoise par Tornberg, Upsal, 1851-57. On a aussi de lui l’'Histoire des Atabeks de Syrie, analysée par Deguignes. M. Reinaud en a donné des fragments étendus, en arabe et en français, dans le recueil des Historiens des Croisades publié par l'Acad. des inscriptions.

IBN-AL-KHATIB, écrivain arabe d'Espagne, né à Grenade en 1313, m. en 1374, est auteur d'une Histoire de Grenad, d'une Chronologie des califes et des rois d'Afrique et d'Espagne.

IBN-AL-MOKAFFA, écrivain arabe du VIIIe siècle, Persan d'origine, est auteur de la 1re traduction persane du livre de Calilah et Dimnah, attribué à Bidpaï (elle a été publiée à Paris par S. de Sacy, 1816, in-4). S'étant attiré pas ses sarcasmes la haine de Mansour, neveu d'Abdallah, il fut jeté par ce prince dans une fournaise ardente (757).

IBN-BATOUTA (Abou-Abdallah-Mohammed), savant voyageur arabe, né à Tanger en 1302, m. à Fez en 1377, visita de 1325 à 1350 l’Égypte, la Perse, l'Arabie, le Zanguebar, la Boukharie, l'Inde, Ceylan, Sumatra et la Chine. De retour à Tanger, il en repartit bientôt pour parcourir l'Espagne, puis les bords du Niger et l'intérieur de l'Afrique jusqu'à Tombouctou. Le récit de ses voyages, écrit pour le sultan de Maroc, a été publié pour la 1re fois d'une manière complète, en français (avec le texte arabe), par Defrémery et Sanguinetti, Paris, 1853, 4 v. in-8.

IBN-GÉBIROL. V. AVICEBRON.

IBN-HAUCAL, voyageur de Bagdad, parcourut pendant 28 ans (942-70) les contrées soumises à l'Islamisme et en donna une description estimée, qu'il intitula : Les Routes et les Royaumes. Plusieurs parties de cet ouvrage ont été publ. à Leyde et à Bonn. Ouseley en a donné une trad. anglaise sous le titre d’Oriental geography of Ibn-Haucal, Londres, 1800.

IBN-KHALDOUN, né à Tunis en 1332, m. au Caire en 1406, remplit les plus hautes magistratures à Tunis, à Fez et en Égypte auprès du sultan Barkok. Il a laissé une Histoire des Arabes et des Berbères, regardée par les Orientaux comme la meilleure école de politique. Deux manuscrits, malheureusement incomplets, de cette grande histoire ont été récemment découverts à Constantinople et à Constantine (1840). Elle a été publiée en arabe et en français, avec notes, par de Slane, de 1847 à 1864. Quatremère avait déjà publié le texte des Prolégomènes de cet ouvrage (dans les Notices et extraits des manuscrits).

IBN-KHILCAN ou KALLIKHAN, historien et biographe arabe, né à Arbil l'an 1211 de J.-C., m. en 1282, remplit les fonctions de grand cadi à Damas. Il a laissé une Biographie très-estimée sous le titre de Décès des personnages éminents, et Histoire des hommes de ce siècle, par ordre alphabétique, éditée et trad. en anglais par M. de Slane, 1842-43.

IBN-ROCHD. V. AVERROÈS.

IBOS, bourg de France (Htes-Pyrénées), à 5 kil. O. de Tarbes; 1995 hab. Église fortifiée, qui a servi de refuge aux Protestants.

IBRAHIM. Ce nom, qui n'est qu'une forme du nom à Abraham, est fort commun en Orient.

IBRAHIM (Abou-Abdallah), fondateur de la dynastie des Aglabites, au IXe siècle. V. AGLABITES.

IBRAHIM, sultan turc, frère d'Amurat IV, lui succéda en 1640. Craignant les effets de la jalousie de son frère, il avait jusqu'alors contrefait l'imbécile : le surnom lui en resta. Il se livra à tous les excès de la débauche et de la cruauté, excita un soulèvement général, et fut déposé en (1648). Il fut relégué dans le sérail et étranglé quelques jours après. Le siège d'Azov (1641) et la guerre de Candie contre les Vénitiens eurent lieu sous son règne.

IBRAHIM-BEY, chef de Mamelouks, né en Circassie vers 1735, s'empara en 1776 du gouvernement du Caire, de concert avec Mourad-bey; partagea d'abord toute l'autorité avec lui, mais finit par rester seul maître de l'administration civile, et exerça pendant longtemps une influence toute-puissante sur les Mamelouks. Lors de l'expédition des Français en Égypte, il n'opposa qu'une faible résistance, fut vaincu en 1799 près d'Al-Arich par Kléber et Reynier et se retira en Syrie. Il fut dépouillé du pouvoir en 1805 par Méhémet-Ali, mais il échappa au massacre de ses compagnons (1811). Il mourut en 1817 à Dongola en Nubie, où il s'était réfugié.

IBRAHIM-PACHA, fils du vice-roi d’Égypte Méhémet-ali, né à la Cavale (Roumélie) en 1792, m. au Caire en 1848, seconda activement son père dans la réorganisation, de l'armée égyptienne, dirigea avec succès, de 1816 à 1818, l'expédition contre les Wahabites, mit à sac leur capitale, Derreyeh, et fit prisonnier leur chef Abdallah; soumit ensuite le Sennaar et le Darfour ; fut chargé en 1824 par le sultan de réduire la Morée, fit aux Grecs une guerre d'extermination, mais fut forcé par l'arrivée des Français d'évacuer ce pays (1828); envahit la Syrie en 1831 par ordre de son père, prit Jaffa, Kaïffa, st-Jean-d'Acre, et battit l'armée turque à Hems (19 juill. 1832), puis à Konieh (21 déc.); il marchait sur Constantinople, quand il fut arrête à Kutayeh, par l'intervention des puissances européennes (1833). Chargé de gouverner la Syrie, qu'il venait de conquérir, il établit l'ordre dans ce malheureux pays, mais sa rigueur souleva les Naplousains et les Druses. Quelques années après, le sultan ayant recommencé la guerre, Ibrahim remporta à Nézib (24 juin 1839) une victoire décisive sur les Turcs; mais le traité de Londres (15 juill. 1840) et le bombardement des ports de Syrie par la flotte anglaise le forcèrent une seconde fois d'abandonner sa conquête. Depuis lors, il ne s'occupa plus que de l'administration intérieure de l’Égypte, qu'il gouverna même pendant la démence de son père (1847-48). Ibrahim avait visité la France en 1846 : il y reçut le plus brillant accueil.

IBRAHIM (NAHR-), petite riv. de Syrie. V. ADONIS.

IBRAHIM-ROUD, dit aussi Kerman ou Sirdjan, riv. d'Asie, naît près de Kars, sur les limites du Béloutschistan, traverse le Kerman et tombe dans le golfe Persique, près de l'île d'Ormus. Cours, 450 k.

IBYCUS, poëte lyrique grec, de Rhégium, florissait vers 540 av. J.-C. et vécut quelque temps à la cour de Polycrate, tyran de Samos. On conte qu'assassiné par des voleurs sur une grande route, il prit à témoin de sa mort une troupe de grues qui volaient au-dessus de sa tête. Quelque temps après, un de ses meurtriers voyant passer des grues, dit à ses compagnons sur une place, de Corinthe : Voilà les témoins d'Ibycus. Ces paroles furent rapportées aux magistrats, qui firent mettre les voleurs à la question. Ils avouèrent leur crime, et furent punis. Les poésies d'Ibycus avaient beaucoup de rapport avec celles de Stésichore; il n'en reste que quelques fragments, publiés par Fulvius Ursinus, Anv., 1568, par Schneidewin, Gœttingue, 1833, et dans les Fragments des lyriques grecs de Bergk.

IÇA ou PUTUMAJO, riv. de l'Amérique mérid., affluent de l'Amazone, naît dans le Paramo de Guanacas et coule au S. E. Cours, 1000 kil. env.

IÇA (SAN-GERONIMO-DE), v. du Pérou, à 250 kil. S. E. de Lima, ch.-l. de la prov. d'Iça; 6000 hab. Verrerie; vins et eaux-de-vie. Fondée en 1563.

ICARE, fils de Dédale, s'enfuit, avec son père, du labyrinthe de l'île de Crète, au moyen d'ailes attachées avec de la cire. Mais, s'étant approché de trop près du soleil, la cire se fondit, ses ailes se détachèrent, et il tomba dans la mer Égée, entre Samos et Patmos, près de l'île qu'on appela depuis Icarie (auj. Nikaria); la mer voisine prit aussi le nom de mer Icarienne. Ce personnage est devenu le symbole de la témérité. On explique le mythe d'Icare par l'imprudence de quelque navigateur qui fit naufrage pour avoir voulu, à l'exemple de Dédale, se servir de la voile que celui-ci venait d'inventer.

ICARIE, ICARIENNE (MER). V. ICARE.

ICAUNA, riv. de Gaule, auj. l’Yonne.

ICCIUS PORTUS, port de Gaule, V. ITIUS.

ICÈNES, Iceni, peuple de la Bretagne romaine (Flavie Césarienne), au N., avait pour v. principales : Venta Icenorum (auj. Caster, près de Norwich), et Icenorum oppidum (auj. Ixworth). Ce peuple se mit sous la protection romaine au temps de Claude, et s'insurgea sous Néron. V. BOADICÉE.

ICHIM, riv. de la Russie d'Asie (Tobolsk), naît dans les steppes des Kirghiz-Kaisaks, coule au N. et tombe dans l'Irtich par 58° lat. N., après 1750 kil. de cours. Elle donne son nom à une ville située sur ses bords, par 66° 34' long. E., 53° 3' lat. N. ; et à un steppe qui s'étend entre le Tobol et l'Irtich.

ICHNEUMON. V. IBIS.

ICHNUSA, un des noms anciens de la Sardaigne, lui fut donné parce qu'elle a à peu près la forme d'un pied humain (ichnos, trace du pied, en grec).

ICHTHYOPHAGES, c.-à-d. en grec Mangeurs de poisson, nom donné par les anciens à plusieurs peuples qui se nourrissaient de poisson. On en connaissait en Éthiopie; dans l'Arabie-Heureuse, sur la côte du golfe Persique; chez les Troglodytes, sur la côte O. de la mer Rouge ; sur la côte occid. de l'Afrique ; dans la Gédrosie, sur les bords de la mer Érythrée, etc.

ICILIUS (SPURIUS), l'un des cinq premiers tribuns de Rome, fit adopter l'an 493 av. J.-C. la loi Icilia, qui défendait d'interrompre un tribun dans l'exercice de ses fonctions.

ICILIUS (LUCIUS), tribun du peuple en 454 avant J.-C., obtint que les terres du domaine public de l'Aventin fussent distribuées au peuple, et que les tribuns eussent le droit de convoquer le sénat et de parler dans cette assemblée. Lors de l'enlèvement par le décemvir Appius Claudius de la jeune Virginie, à laquelle il était fiancé, il s'opposa courageusement au ravisseur et souleva l'armée contre les Décemvirs. Il fut, après leur chute, créé tribun du peuple pour la 2e fois (449).

ICOGLANS, nom donné en Turquie à des enfants esclaves qui servent de pages au sultan ou qui remplissent dans le sérail l'office de domestiques.

ICOLMKILL, une des Hébrides. V. IONA.

ICONIUM, auj. Konieh, v. d'Asie-Mineure , en Phrygie, sur les confins de la Cilicie, fut au IVe s. le ch.-l. de la Lycaonie (prov. du diocèse d'Asie), ; et devint plus tard la résidence d'une dynastie de Turcs seldjoucides. V. KONIEH.

ICONOCLASTES, c.-à-d. Briseurs d'images, secte religieuse qui paraît avoir pris naissance vers 485, sous l'empereur Zénon, regardait comme une idolatrie l'adoration des images et poursuivait ce culte avec acharnement. Ses fanatiques partisans ont détruit une foule de monuments religieux et d'objets d'art des plus précieux. Cette secte fut surtout puissante au VIIIe siècle, sous Léon l'Isaurien, qui la fit approuver par un conciliabule tenu à Constantinople en 730. Elle fut condamnée par plusieurs conciles, en 787, 842, etc., et disparut peu après, malgré les efforts de quelques empereurs. Cependant on en retrouve l'esprit chez les Vaudois, les Albigeois, les Hussites et en général dans les sectes de Réformés.

ICOSIUM, v. de l'Afrique anc. (Mauritanie Césarienne), fondée, selon Solin, par vingt (eikosi) compagnons d'Hercule, était située sur l'emplacement de la ville actuelle d’Alger.

ICTINUS, architecte grec, florissait à Athènes du temps de Périclès, vers 450 av. J.-C. Il construisit les principaux monuments de cette époque : à Athènes (avec Callicrate et sous la direction de Phidias), le Parthénon, temple de Minerve, et les portiques de l'Acropole; à Éleusis, le temple de Cérès; à Phigalée, en Arcadie, un temple d'Apollon, etc.

IDA, auj. Kas-dagh, petite chaîne de mont. en Asie-Mineure (Mysie), s'étendait du S. au N. depuis le golfe d'Adramytte jusque près de la Propontide. De l'Ida sortaient le Scamandre, le Rhésus, le Granique. Troie était située au pied de l'Ida : c'est sur ce mont qu'eut lieu le célèbre jugement de Pâris.

IDA, auj. Psiloriti ou Monte-Giovio, chaîne de mont. en Crète, traversait cette île de l'O. à l'E. Jupiter y fut élevé par les Dactyles dits de là Idéens. On y récoltait du miel fort estimé.

IDACE, évêque espagnol du Ve siècle, mort après 468, est auteur d'une Chronique qui va de l'an 379 jusqu'à 461, et qui a été publiée par le P. Sirmond, Paris, 1619. On lui attribue des Fastes consulaires qui se trouvent dans plusieurs éditions de sa Chronique.

IDAXIE, Idalium et Idalia, v. de l'île de Cypre, au N. de Citium , dans un site enchanteur, était consacrée à Vénus. Elle n'existait déjà plus du temps de Pline ; on trouve une trace de son nom dans le bourg de Dalin, au centre de l'île.

IDANHA-VELHA, Egiditania ou Igædita, bourg du Portugal, à 35 kil. E. de Castello-Branco, sur le Ponsul. Patrie du roi Wamba. Prise en 1704 par le duc d'Anjou. Le séjour en est très-malsain : aussi est-elle à peu près abandonnée auj. pour Idanha-Nova, située à 13 kil. et qui compte 2500 hab.

IDANUS, fleuve de la Gaule, auj. l’Ain.

IDE (Ste), comtesse de Boulogne, fille de Godefroi le Barbu, duc de Lorraine, 1040-1113, épousa Eustache II, comte de Boulogne, dont elle eut Godefroy de Bouillon et Baudoin. On l'honore le 13 avril. — Une autre Ste Ide, veuve d'Egbert, seigneur de la cour de Charlemagne, est honorée le 4 sept.

IDÉALISME, système philosophique qui n'accorde d'existence réelle qu'aux idées. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

IDÉENS (DACTYLES). V. DACTYLES et IDA.

IDELER (Louis), savant chronologiste, né en 1766 près de Perleberg (Brandebourg), mort en 1846, professa l'astronomie à Berlin, et fut élu en 1839 associé étranger de l'Institut de France. Il a publié : Essai sur les observations astronomiques des anciens, 1806; Manuel de chronologie, 1825, ouvrage classique sur cette matière; Chronologie chinoise, 1837. — Son fils, Jules Ideler (1809-1842), se livra à de savantes recherches sur la langue copte, les hiéroglyphes, la métrologie, etc.

IDES, l'une des divisions du, mois chez les Romains. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

IDISTAVISUS CAMPUS, vaste plaine de Germanie, chez les Chérusques, sur les bords du Visurgis (Wéser), est célèbre par la victoire que Germanicus y remporta sur Arminius l'an 16 de J.-C. On la place en Hanovre, près de la ville act. de Hastenbeck, ou plutôt dans le Brunswick, au S. de Hameln.

IDOMÉNÉE, roi de Crète, petit-fils de Minos II, et fils d'un Deucalion qui régna sur la Crète, fut un des héros qui se distinguèrent le plus au siège de Troie. Assailli par la tempête à son retour, il fit vœu, s'il échappait, de sacrifier à Neptune le premier être vivant qui s'offrirait à ses regards au moment où il débarquerait en Crète. A peine fut-il descendu sur le rivage que son fils vint pour le féliciter. Idoménée, esclave de son serment, l’immola ; mais ce meurtre le rendit si odieux qu’il fut forcé de s’expatrier. Il alla s’établir à Salente dans la Calabre, et y mourut dans un âge avancé. Crébillon (1705) et Lemierre (1764) ont mis sur la scène le sacrifice d’Idoménée.

IDRIA, v. des États autrichiens (Illyrie), à 45 kil. O. de Laybach, sur la rivière d’Idria ; 5000 hab. Dentelles, chapeaux de paille. Aux env., riches mines de mercure, découvertes en 1497.

IDRO (lac d'), Edrinus lacus, lac de Lombardie, au N. de Brescia : 11 kil. sur 4 ; il est traversé par la Chiese. Sur la rive mérid. du lac, on trouve les deux villages d’Idro-Alto et d’Idro-Basso : 1800 hab.

IDSTEDT, village du Sleswig, entre la Trène et l’Eider, à 10 kil. de Sleswig. Les Danois y remportèrent en 1850 une victoire sur les insurgés du Sleswig-Holstein.

IDSTEIN, v. de Prusse (Nassau), à 9 kil. N. de Mayence ; 2500 hab. École d’agriculture ; école normale primaire. Jadis ch.-lieu d’une seigneurie qui passa à la maison de Nassau en 1721.

IDUBEDA, nom anc. d’une chaîne de mont. d’Espagne, auj. la Sierra d’Oca. V. OCA.

IDUMÉENS ou ÉDOMITES, ancien peuple de l’Arabie, prétendait descendre d’Ésaü, que l’on surnommait Édom (c.-à-d. le Rouge). Ils s’établirent d’abord au N. de la mer Rouge, au S. de la mer Morte et des monts Seïr, qui les séparaient du pays appelé depuis tribu de Juda, et s’étendirent ensuite dans l’Arabie Pétrée et dans les pays voisins. On distinguait l’Idumée orientale, dite aussi Auranitide, à l’E. de la tribu de Gad et de la demi-tribu orientale de Manassé (capit., Bosra ou Bostra), et l’Idumée méridionale, qui renfermait la v. de Pétra (capit.) et les ports d’Élath et d’Asiongaber. — Indépendants jusqu’à l’époque de David, les Iduméens furent soumis par ce prince ; l’Idumée orientale recouvra son indépendance à la mort de Salomon, mais les Iduméens du Sud ne se détachèrent du royaume de Juda qu’après le règne de Josaphat. Plus tard, Hyrcan I reconquit toute l’Idumée, et la réunit à la Judée. Hérode, qui régna sur la Judée au temps d’Auguste, était Iduméen, et l’empereur Philippe, dit l’Arabe, naquit à Bosra. Sous l’Empire romain, les deux Idumées furent d’abord comprises dans les provinces de Palestine et de Judée ; à partir de Constantin, elles formèrent les prov. d’Arabie et de Palestine 3e ou P. Salutaire, dans le diocèse d’Orient. — On donnait quelquefois le nom de Mer d’Idumée à la mer Rouge.

IÉKATHERINENBOURG, v. de Russie (Perm), à 260 kil. S. E. de Perm ; 20 000 hab. Centre des mines de la Sibérie. Place forte, chancellerie, douane, arsenal, hôtel des monnaies, école des mines. Immenses forges, fonderie de canons ; fabriques d’armes, etc.

IÉKATHÉRINODAR, autrefois Tinoutarakane, v. de la Russie mérid., ch.-l. des Cosaques de la mer Noire, sur le Kouban, à 230 kil. N. O. de Stavropol. Au moyen âge, Tinoutarakane fut souvent une principauté presque indépendante, apanage de quelque grand-duc. Catherine II l’agrandit et lui donna son nom en 1792.

IÉKATHERINOGRAD, v. forte de Russie mérid. (Caucase), à 26 kil. O. de Mozdok, sur le Térek. Fondée en 1777 par Potemkin, à la gloire duquel Catherine II y a fait élever un arc de triomphe.

IÉKATHERINOSLAV, v. de la Russie mérid., ch.-l. de gouvt sur le Dniepr, à 950 kil. S. de Moscou ; 15 000 h. Archevêché grec, séminaire ; tribunaux ; jardin botanique. Comm. de laines et de draps. Près de cette v. commencent les cataractes du Dniepr. Fondée par Catherine II, en 1787. — Le gouvt d’Iékathérinoslav, situé entre ceux de Pultawa, Kharkhov, Voronèje au N., Kherson à l’O., Tauride et la mer d’Azov au S., les Cosaques du Don à l’E., a 460 kil. sur 170 ; 900 000 h. Sol fertile au N. (grains, fruits, chanvre ; un peu de vin, peu de bois). Sources salées, houille ; moutons et haras ; abeilles, etc.

IÉKIL-IRMAK (c.-à-d. fleuve vert), l’anc. Iris, fl. de la Turquie d’Asie (Sivas), sort de l’Anti-Taurus, passe à Tokat et Amasieh, reçoit le Keuilu-Hissar (Lycus) et se jette dans la mer Noire entre le Kizil-Irmak et Samsoun. Cours, 460 kil.

IÉLISAVETPOL, v. de Russie. V. KANDSAG.

IELTONSKOE, lac salé de Russie (Saratov), à 100 k. E. de la r. g. du Volga. L’exploitation du sel y occupe près de 10 000 ouvriers.

IÉNA, v, du grand-duché de Saxe-Weimar, à 19 k. E. de Weimar, au confluent de la Leutra et de la Saale ; 6000 hab. Ruines de l’ancien château de Kirchberg. Université renommée, fondée en 1558. Bibliothèque, observatoire, jardin botanique, nombreuses sociétés scientifiques et littéraires. Industrie fort active. — C’est dans les environs de cette ville que Napoléon I remporta sur l’armée prussienne, le 14 oct. 1806, la victoire éclatante, qui lui ouvrit les portes de Berlin et lui assura la soumission de la Prusse.

IENI. Ce mot, qui veut dire nouveau, entre dans la composition d’un grand nombre de noms turcs.

IÉNI-CHEHER, nom de plusieurs villages de Turquie construits sur les ruines de villes anciennes, telles qu’Antiochia et Magnesia, dites du Méandre, dans l’Anatolie. Le plus important est dans le livah de Biga (Anatolie), non loin de l’emplacement de l’antique Troie. V. aussi LARISSE.

IÉNIDJÉ-VARDAR, v. de Turquie (Roumélie), à 43 k. E. de Saloniki sur le bord N. du lac d’Iénidjé ; 6000 hab. Près de là, ruines de l’antique Pella.

IÉNI-KALEH, c.-à-d. Château neuf, v. de Russie (Tauride), dans la Crimée, sur la r. occid. du détroit, à 13 kil. N. de Kertch. Population peu nombreuse (Grecs et Tartares). Forteresse en ruines. Aux env., puits de naphte, eaux minérales. — Les Turcs bâtirent cette ville en 1703 pour fermer l’entrée de la mer Noire aux Russes ; mais ceux-ci la prirent en 1771. Les Français l’occupèrent le 27 mai 1855. — Le détroit d’Iénikaleh, dit aussi de Caffa, de Taman ou de Kertch (jadis Bosphore Cimmérien), unit la mer Noire à la mer d’Azov, et sépare la Crimée de la prov. du Caucase. Longueur, 40 kil. ; largeur, 3 kil.

IÉNISSÉI, fleuve de la Russie d’Asie, naît, suivant l’opinion vulgaire, dans le pays des Ouriangkaï, par 51o lat. N., 96° 30′ long. E. Il se forme par la réunion de l’Oulou-Kem et du Bei-Kém, passe à Krasnoïarsk, Iénisséisk et Touroukhansk, reçoit à gauche le Sym et le Touroukhan, à droite les trois Toungouska (la plus au sud ou Haute-Toungouska, dite aussi Angara ou Sélenga, qui traverse le lac Baïkal, est le véritable point de départ de l’Iénisséi), et tombe dans l’Océan Glacial arctique, où il forme le golfe de l’Iénisséi. Cours, 3000 kil. env.

IÉNISSÉISK, v. de Russie d’Asie (gouvt d’Iénisséisk), sur l’Iénisséi, à 680 kil. N. E. de Tomsk, 6000 h. Commerce de transit très actif, surtout pour le plomb. Grande foire au mois d’août. Fondée en 1618. — Le gouvt d’Iénisséisk, situé entre ceux de Tobolsk et de Tomsk à l’O., d’Iakoutsk et d’Irkoutsk à l’E., la mer Glaciale au N. et la Tartarie au S., a pour ch.-l. Krasnoïarsk ; 2600 kil. de long sur 1100 de large ; 260 000 hab., en grande partie Samoyèdes, Ostiaks et Tongouses. Vastes steppes, marais, lacs salés. Au S. E., riche mine d’or, découverte en 1839.

IERMAK, hetman des Cosaques du Don à la fin du XVIe siècle, entreprit en 1580, à la tête de 6000 hommes, la conquête de la Sibérie. Après de sanglants combats et des fatigues inouïes, il parvint avec 500 h. à Isker ou Sibir, capitale de ce pays et s’en empara. Bientôt les khans des nations voisines reconnurent son autorité, et la Sibérie entière lui fut soumise. Craignant cependant de ne pouvoir conserver sa conquête, il sollicita l’intervention de la Russie, et fit au czar hommage de ses États. Ivan IV accepta cette offre et lui envoya des renforts. Iermak périt en 1583, dans une embuscade où l’avait attiré un chef tartare.

IERNIS. V. HIBERNIE et CASHELL.

IESI, Æsis, v. d’Italie (anc. État ecclésiastique}, sur l'Esi ou Esino, à 23 kil. S. O. d'Ancône; 14 000 h. Évêché. Commerce d'huile, vin, grains.

IF, Hypæa ou Syphia, petite île de France (Bouches-du-Rhône), dans la Méditerranée, vis-à-vis et à 3 kil. S. O. du port de Marseille. Cél. château fort, bâti par François I en 1529 et qui sert auj. de prison d'État. Cette île a, dit-on, pris son nom des ifs dont elle était couverte autrefois. Il est plus probable qu’If dérive, par corruption, de l'ancien nom de l'île.

IFFLAND (Aug. Guill.), acteur et auteur allemand, né à Hanovre en 1759, m. à Berlin en 1814. Il débuta à Gotha en 1777 et devint bientôt le premier comédien de l'Allemagne. Il se mit aussi à écrire, et composa un grand nombre de drames qui réussirent, entre autres Frédéric d'Autriche (1790). Après avoir dirigé pendant plusieurs années le théâtre de Manheim, il se rendit à Weimar, puis à Berlin, où il devint directeur des spectacles de la cour. Il publia une édit. de ses Œuvres en 1798 à Leipsick, 17 v. in-8.; mais il a encore beaucoup écrit depuis. On cite parmi ses meilleures pièces le Crime par point d'honneur et le Joueur, Iffland a traduit en allemand plusieurs pièces françaises de Picard, de Duval, et les meilleures comédies de Goldoni. On a de lui des Mémoires, trad. par Ph. Lebas dans la collection des Mém. sur l'art dramatique.

IFTIKHAR. V. NICHAN-IFTIKHAR.

IGILGILIS, anc. v. de Mauritanie, auj. Djigelli.

IGLAU, en latin Iglovia ou Giglovia, v. des États autrichiens (Moravie), ch.-l. de cercle, à 77 kil. N. 0. de Brunn, sur l'Iglawa, affluent de la Schwarza ; 16 000 h. Gymnase, école pour les enfants des militaires. Draps, potasse, teintureries, etc. Aux env., mines de plomb, usines, verreries. Iglau fut pris en 1742 par les Prussiens, en 1805 par les Français. Il y fut signé en 1434 un traité de paix entre l'emp. Sigismond et les Hussites. — Le cercle d'Iglau, entre ceux de Brunn et de Znaym, l'Autriche et la Bohême, a 185 000 hab.

IGLESIAS, Ecclesiæ, v. de Sardaigne, à 50 k. O. de Cagliari; 6000 h.; donne son nom à une des 4 prov. de la Sardaigne. Évêché, beau palais épiscopal.

IGNACE (S.), un des premiers Pères de l'Église, disciple de S. Pierre, fut fait évêque d'Antioche en 68, et souffrit le martyre sous Trajan, l'an 107 ou 116. On célèbre sa fête le 1er février. On a de lui 7 Lettres, en grec, souvent publiées, d'abord dans les Patres apostolici, Amst., 1608, et plus récemment par Bunsen Hamb., 1847, 2 vol. 4°, par Petermann, Leips., 1849, in-8, et à Londres par Cureton, d'une manière plus complète. Elles avaient été trad. en français par le P. Legras dès 1717. Ces lettres sont un des plus précieux monuments de la primitive Église.

IGNACE (S.), patriarche de Constantinople, né en 799, m. 878, était fils de l'empereur Michel Curopalate. Il fut élu en 846, mais se fit exiler en 857 pour avoir courageusement blâmé les vices de Bardas, frère de l'impératrice Théodora, et fut remplacé par le célèbre Photius, qui voulut en vain le faire renoncer à son titre. Il fut rétabli sur son siège en 867 par l'empereur Basile. On le fête le 23 octobre.

IGNACE de Constantinople, Ignatius Magister, prélat qui vivait à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe, était diacre et gardien des vases sacrés sous les patriarches Tarasius et Nicéphore, dont il a écrit la Vie. Il mit en quatrains grecs les fables de Babrius; ces quatrains publiés d'abord sous le nom de Gabrias ou Babrius, dans l'Ésope d'Alde (Ven., 1505), ont été reproduits, sous le nom du véritable auteur, dans la Mythologia æsopica de Névelet.

IGNACE DE LOYOLA (S.), fondateur de l'ordre des Jésuites, né en 1491, d'une famille noble d'Espagne, au château de Loyola (Guipuzcoa), suivit d'abord la carrière des armes et mena quelques temps une vie dissipée. Ayant été blessé en 1521 au siège de Pampelune, il lut pendant sa convalescence quelques livres pieux que le hasard fit tomber entre ses mains, entre autres une Vie des Saints et de J.- C. Il se sentit aussitôt converti, fit vœu de se consacrer tout entier à la religion, et ne se livra plus désormais qu'aux exercices d'une dévotion ardente. Après avoir visité les saints lieux (1524), il se mit, à l'âge de 33 ans, à étudier la théologie afin de travailler plus efficacement au salut des âmes, suivit les cours des universités de Barcelone et d'Alcala, puis ceux des collèges Montaigu et Ste-Barbe à Paris. Inquiet des progrès de la Réforme, il fonda en 1534, avec quelques disciples français et espagnols qu'il s'était attachés (Franç.-Xavier, Lainez, etc.), un nouvel institut dont les membres s'engageaient à combattre partout l'hérésie, à aller prêcher l'Évangile en tous lieux et à instruire la jeunesse. Le nouvel ordre fut approuvé par Paul III en 1540 sous le nom de Clercs de la Compagnie de Jésus, et élut pour général Ignace, qui le vit prospérer rapidement. Il mourut en 1556, épuisé par les austérités. On a de lui les Constitutions des Jésuites en espagnol, trad. en latin, Rome, 1588 (ces constitutions sont un chef-d'œuvre de gouvernement), et des Exercices spirituels, en espagnol, traduits en latin, Rome, 1548. Le P. Bouhours a donné en 1679 la Vie de S. Ignace, et en 1683 ses Maximes. Le P. Maffei avait déjà donné une vie de S. Ignace en latin. Le fondateur des Jésuites a été canonisé en 1622 par Grégoire XV; on le fête le 31 juillet. V. JÉSUITES.

IGOR I, grand-duc de Russie, né en 879, m. en 945, fils de Rurik, était mineur à la mort de son père et ne régna qu'après Oleg, son parent (913). Il attaqua Constantinople, et obtint de l'emp. Romain Lécapène un traité de commerce avantageux. Il soumit en 940 les Slaves Ulitzes et périt en combattant les Drevliens ou Slaves des plaines.

IGOR II, grand-prince de Russie, 3e fils d'Oleg Sviatoslavitch, succéda en 1146 à son frère Vsévolod sur le trône de Kiev, et fut, six semaines après, détrôné par Isiaslav. Il mourut vers 1202.

IGUALA, bourg du Mexique (Puebla), à 150 kil. S. E. de Mexico. Le général Iturbide y signa en 1821 avec le vice-roi espagnol le Plan d'Iguala. Cette convention portait que le Mexique serait indépendant de l'Espagne, tout en restant gouverné par un prince de la maison royale. Iturbide la viola bientôt lui-même en se faisant proclamer empereur.

IGUALADA, Aquæ Latæ, v. d'Espagne (Barcelone), sur la Noya, à 53 kil. N. O. de Barcelone; 10 000 hab. Lainages, tissus de coton, armes à feu, eau-de-vie, corroieries, etc.

IGUASSU, riv. du Brésil, naît près d'Alto, dans la prov. de St-Paul, coule au N. O., puis à l'O., et tombe dans le Parana. Cours, 700 kil.

IHANSI, v. de l'Hindoustan (Allahabad), à 135 kil. N. O. de Tchatterpour, sur le Pohouje; ch.-l. d'une principauté tributaire des Anglais.

IHOLDY, ch.-l. de c. (Basses-Pyrénées), à 27 k. N. O. de Mauléon; 1460 hab.

IKCHID (Aboubekr-Mohammed), enleva en 933 l’Égypte aux califes, y régna jusqu'en 946, et fonda une dynastie dite des Ikchidites, qui en 968 fut remplacée par celle des Fatimites.

ILANZ, vge de Suisse (Grisons), à 30 kil. S. O. de Coire; 650 hab. Ilanz est alternativement avec Tusis et Trons le siège de la Ligue Grise. On y conserve les archives du canton. Mines aux environs.

ILCHESTER, Ischalis, v. d'Angleterre (Somerset), à 49 kil. S. de Bristol; 1200 hab. Soieries, dentelles. Jadis station romaine. Patrie du moine Roger Bacon.

ILDEFONSE ou ALPHONSE (S.), archevêque de Tolède, né dans cette ville en 607, m. en 667 ou 669, a laissé : De illibata ac perpetua virginitate S. Mariæ, Valence, 1556; De scriptoribus ecclesiasticis, et plusieurs autres écrits, insérés dans les recueils de dom Luc d'Achéry, de Mabillon et de Baluze. Il fut canonisé. L’Église le fête le 23 janvier.

ÎLE-ADAM (L'), ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 12 k. N. E. de Pontoise, sur la r. g. de l'Oise; 1900 hab. Station du chemin de fer du Nord. Fabrique de porcelaines , comm. de farines. Charmant pays. On y remarquait dans une île de l'Oise un beau château des princes de Conti, auj. démoli. — Aux env., carrières de pierre de taille et de grès. Beaux châteaux de Stors et de Cassan. — V. VILLIERS DE L'ÎLE-ADAM.

ÎLE-BARBE (L'), île de la Saône, à 2 k. N. de Lyon. Ruines antiques, dites les Masures. Elle a possédé une abbaye de Bénédictins, qui fut brûlée en 1562. Auj. rendez-vous de promenade pour les Lyonnais.

ÎLE-BOUCHARD (L'), ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), dans une île de la Vienne, à 17 kil. S. E. de Chinon; 1800 hab. Vins, eau-de-vie, huile de noix, amandes. Anc. baronnie. Patrie du savant A. Duchesne.

ÎLE-D'AIX (l'), dans l'Atlantique. V. AIX (Île d').

ÎLE-D'ALBY (L'), ch. de c. (Tarn), à 11 kil. S. O. de Gaillac, sur le Tarn; 1800 hab.

ÎLE-DE-PRANCE, anc. prov. et grand gouvt de France, avait pour bornes au N. la Picardie, à l'O. la Normandie, au S. l'Orléanais et le Nivernais, et à l'E., la Champagne. Elle comprenait: l'Ile-de-France propr. dite (composée elle-même du Pays de France au N. O., du Parisis au S., et de la Goëlle à l'E.), la Brie française, le Gâtinais français, le Hurepoix, le Mantois, le Vexin français, le Thimerais, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais, le Nyonnais et le Laonnais, et avait pour capit. Paris. Elle a formé le département de la Seine, la plus grande partie de ceux de Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise, Aisne, et une petite portion de ceux du Loiret et de la Nièvre. Cette province fut ainsi nommée parce que primitivement elle était comprise entre la Seine, la Marne, l'Ourcq, l'Aisne et l'Oise, et formait presque une île. L'Île-de-France a presque toujours fait partie du domaine de la couronne, excepté à la fin de la dynastie carlovingienne, époque où les ducs de France en possédaient la plus grande partie. Ils l'y rirent rentrer par leur avénement à la couronne.

ÎLE DE FRANCE ou ÎLE MAURICE. V. MAURICE (île).

ÎLE-DE-LÉON (Espagne). V. LÉON.

ÎLE-D'YEU OU ÎLE-DIEU. V. DIEU.

ÎLE-EN-DODON (L'), ch.-l. de c. (Hte-Garonne), dans la Save, à 38 kil. N. O. de St-Gaudens; 1600 hab.

ÎLE-JOURDAIN (L'), ch.-l. de c. (Gers), à 22 kil. N. E. de Lombez, sur la Save; 1976 h. Tanneries, tuileries et briqueteries. Jadis seigneurie, confisquée sur un certain Jourdain de l'Ile, par Charles le Bel (1324). — Autre ch.-l. de c. (Vienne), à 26 kil. S. O. de Montmorillon, sur la Vienne; 750 hab.

ÎLE-ROUSSE (L'), ch.-l. de c. (Corse), sur la côte O., à 20 kil. N. E. de Calvi; 1650 h. Port fortifié. Commerce marit. assez considérable.

ÎLE-SUR-LE-DOUBS (L'), ch.-l. de c. (Doubs), à 26k. N. E. de Baume, sur le Doubs et le canal du Rhône au Rhin ; 1850 hab. Station. Forges.

ÎLE-SUR-LE-SEREIN (L'), ch.-l. de c. (Yonne), à 13 kil. N. E. d'Avallon; 860 hab.

ILEK-KHAN ou ILKHANI. V. ILKHANIENS.

ILEKSKOI-GORODOK, v. de Russie (Orenbourg), au confluent de l'Oural et de l'Ilek, à 130 k. O. d'Orenbourg; 2000 h. École des mines. Grandes salines (elles produisent 66 000 000 de kilog. de sel par an) : on y envoie les condamnés aux travaux forcés.

ILERCAONS, peuple d'Hispanie (Tarraconaise), sur l'Èbre inférieur, avait pour v. princ. Dertosa (Tortose), et Ilercao ou Illarco (Alarcon).

ILERGÈTES, peuple d'Hispanie (Tarraconaise), habitait entre l'Èbre et le Sicoris, et avait pour v. principales Ilerda (auj. Lérida). V. INDIBILIS.

ÎLES (Pachalik des), en arabe Al-Djézaïr, une des divisions anc. de l'empire ottoman, comprenait en même temps des îles et de la terre-ferme, des pays en Europe et des pays en Asie, savoir : les îles situées le long de la côte O. de l'Asie-Mineure (Sporades, Rhodes, Chypre, etc.), celle de Candie au sud de l'Archipel, Gallipoli (sur la côte de Thrace), le château des Dardanelles, les v. asiatiques de Biga, d'Iskikmid, de Smyrne, etc. Avant la déclaration d'indépendance de la Grèce (1821), ce pachalik possédait en outre les Cyclades, l'île de Négrepont (avec le continent voisin, c.-à-d. l'Attique et la Béotie ancienne) et la Morée. Ce pachalik dépendait du capitan-pacha, chef de la marine turque. — Fort réduit auj., il forme l'eyalet des Îles, qui a pour chef-lieu Rhodes.

ÎLES-BRITANNIQUES. V. BRETAGNE (GRANDE-).

ILHEOS (Rio dos), riv. du Brésil, prend sa source dans la prov. de Minas-Geraës, traverse celle de Bahia, et tombe dans l'Atlantique, après 180 kil. de cours. Elle donne son nom à un comarque de la prov. de Bahia qui a pour ch.-l. San-Jorgedos-Ilheos.

ILI, riv. de l'empire chinois (Dzoungarie), naît sur le versant N. des monts Thian-chan-nan-lou, court vers l'O. et tombe dans le lac Balkatch, après un cours de 650 kil. — Elle donne son nom à une ville et à une division de la Dzoungarie.

ILIA, fille de Numitor. V. RHEA SYLVIA.

ILIADE. V. HOMÈRE,

ILION, Ilium, un des noms de Troie, désignait proprement la citadelle, bâtie par Ilus, fils de Tros. — On connaît sous le nom d’Ilium recens une petite ville d'Asie-Mineure, bâtie par Alexandre près de la célèbre Troie, mais plus près de la côte ; elle fut ruinée par Sylla, reconstruite par César et depuis détruite e nouveau; on en voit les ruines près de Tchiblack.

ILISSUS, ruisseau de l'Attique, sortait du mont Hymette, à l'E. N. E. d'Athènes, coulait à l'O. et tombait dans le golfe d'Égine au S. d'Athènes.

ILITHYIE, fille de Junon, était une déesse qui chez les Grecs présidait aux accouchements. On la confond avec Lucine (V. ce nom). Le mot Ilithyie semble dériver d’éleuthô (venir, arriver); on le fait aussi venir de Lilith ou Milytta, déités babyloniennes qui présidaient à la nuit et à l'enfantement.

ILIUM ou ILION. V. ILION.

ILKHANIENS, dynastie mongole de Perse, a pour chef et pour fondateur Hassan-Bouzrouk-Ilkani ou Ilek-khan, qui descendait d'Arghoun, fils d'Houlagou, et qui, en 1336, à la mort d'Abou-Saïd, prince gengiskhanide, s'empara de tout le pays situé entre le golfe Persique et le Caucase, la mer Caspienne et le Taurus, et établit le siège de son empire à Bagdad. Ses successeurs, Avéis I et Amed Gésaïr ou Avéis II, eurent sans cesse à combattre les Djoubaniens et les Modhaffériens (V. ces mots). Les Ilkhaniens furent renversés en 1390, par Tamerlan.

ILL ou ELL, Elsus, riv. d'Alsace-Lorraine, prend sa source à 17 kil S. d'Altkirch, dans l'ancien département du Haut-Rhin, baigne Altkirch, Mulhouse, Ensisheim, Andolsheim, Schelestadt, Benfelden, Erstein, Strasbourg, et se jette dans le Rhin, à 8 kil. au-dessous de cette dernière ville, après 200 kil. de cours, dont la moitié navigable. Elle reçoit la Lauch, le Faecht, le Giesen et l'Andlau, ainsi que le canal de la Bruche et celui du Rhône au Rhin. L'Ill donne son nom à l'Alsace (Ellsatz).

ILLE, v. de France (Pyrénées-Or.), dans un riant vallon, près de la Tet; à 20 kil. N. E. de Prades; 3000 h. Anc. fortifications. Autrefois à l'Espagne, elle appartient à la France depuis 1640. — V. ILE et ISLE.

ILLE, riv. du dép, d'Ille-et-Vilaine, prend sa source près de Montreuil et se jette dans la Vilaine, r. dr., à Rennes, après un cours de 45 kil. — Le canal d'Ille-et-Rance, qui va de Dinan à Rennes, ouvre une voie navigable entre la Manche et l'Océan, à travers la Bretagne : il a 85 kil.

ILLE-ET-VILAINE (dép. d'), entre ceux de la Manche au N., de la Mayenne à l'E., de la Loire-Inférieure au S., du Morbihan et des Côtes-du-Nord à l'O. 6820 kil. carrés; 584 930 hab.; ch.-l., Rennes. Ce dép. faisait partie de l'anc. Bretagne. Il est arrosé par l'Ille et par la Vilaine (d'où son nom), par la Seiche, le Cher et le Couesnon, et traversé par les canaux d'Ille-et-Rance et de Nantes à Brest. Sol peu fertile, couvert en partie de forêts et de landes ; assez de blé; châtaigniers et pommiers en grand nombre; peu de vignes; beaucoup de lin et de chanvre. Moutons, bêtes à cornes et chevaux. Grès, granit, ardoises, terre à crayon, cailloux dits de Rennes, mine de fer à Paimpont, et de plomb argentifère à Pontpéant. Fabrication de cidre et de liqueurs, filatures, tanneries, métallurgie. Commerce en bestiaux, poulardes, beurre, fromages ; armements pour la pêche et pour le commerce. — Ce dép. a 6 arr. (Fougères, Montfort, Redon, Rennes, St-Malo, Vitré), 43 cant. et 350 communes. Il fait partie de la 16e div. militaire, a un archevêché et une cour impér. à Rennes.

ILLER, Ilargus, riv. d’Allemagne, prend sa source dans le N. O. du Tyrol, passe à Kempten, sépare la Bavière du Wurtemberg, et tombe dans le Danube à 2 kil. au-dessus d’Ulm, après un cours de 100 k. Elle a donné, de 1810 à 1815, son nom à un cercle de la Bavière.

ILLIBERRIS, v. de Gaule (Narbonnaise 1re), chez les Sardones, est auj. Elne. — V. d’Hispanie (Bétique), aujourd’hui Grenade.

ILLIERS, ch.-l. de c. (Eure-et-Loir), à 24k. S. O. de Chartres, sur le Loir ; 2250 h. Draps, serges, bonneterie.

ILLIMANI (NEVADA DE), un des plus hauts sommets des Andes du Pérou. V. ANDES.

ILLINOIS, riv. des États-Unis, naît dans l’État d’Indiana, où elle se forme de la réunion du Kankakee et de la riv. des Plaines, traverse du N. E. au S. O. l’État d’Illinois, auquel elle donne son nom, et se jette dans le Mississipi, après 680 kil. de cours. — Un affluent de gauche de l’Arkansas porte le même nom.

ILLINOIS, un des États-Unis de l’Amérique du N., est borné au N. par celui de Wisconsin, à l’O. par les États d’Iowa et de Missouri, à l’E. par le lac Michigan et par les États d’Indiana et de Kentucky, au S. par ce dernier et le Missouri : 143 400 k. carr. ; 1 242 917 h. ; ch.-l. Springfield (depuis 1837) ; autres v. princip., Vandalia, Chicago. Il est arrosé par l’Illinois, l’Ohio, le Wabash, le Mississipi, la Kaskaskia, etc. On y compte 29 lignes de chemins de fer. Sol plat, bois, prairies, marais ; grande fertilité au bord des riv. ; climat sain et agréable : grains, lin, tabac. Fer, cuivre, houille, sources salées. — Ce sont les Français qui se sont établis les premiers dans l’Illinois (1693). Ils donnaient surtout ce nom à la contrée située à l’E. du Mississipi, entre l’Ohio et l’Illinois et alors occupée par la tribu indienne des Illinois. La France céda ce territoire à la Grande-Bretagne en 1763 ; mais celle-ci fut obligée, en 1783, de le céder aux États-Unis. En 1809 l’Illinois, qui avait jusqu’alors été compris dans le territoire d’Indiana, en fut détaché, et forma un territoire particulier, qui en 1818 fut érigé en État.

ILLITURGIS, v. d’Hispanie (Bétique),sur le Bætis, chez les Turduli, fut détruite par Scipion (206 av. J.-C). On la place près d’Andujar.

ILLUMINÉS. Ce mot a servi, à différentes époques, à désigner les membres de certaines sociétés secrètes, soit religieuses, soit politiques, dont les doctrines avaient toujours un caractère prononcé de mysticisme. Tels furent, au XVIe siècle, les disciples du théosophe Jacob Bœhm, et, au XVIIIe, ceux de Martinez Pasqualis, de St-Martin, de Swedenborg, etc. (V. ces noms). — On connaît surtout sous le nom d’Ordre des Illuminés une société secrète fondée en 1776 par Adam Weisshaupt, professeur en droit à Ingolstadt ; son but déclaré était de porter les hommes à s’assister mutuellement sans distinction de religion ; mais elle tomba bientôt dans le mysticisme, en même temps qu’elle formait des projets ambitieux. Sa constitution tenait à la fois de celle des Jésuites et de celle des Francs-Maçons. Le gouvernement bavarois, redoutant le caractère politique que prenait cette société, en ordonna la dissolution en 1785 (V. WEISHAUPT). Les Illuminés essayèrent de pénétrer en France au début de la Révolution, mais ils n’y firent qu’un très-petit nombre de prosélytes.

ILLYRIE, Illyria, contrée de l’Europe anc., dont les bornes étaient un peu vagues : elle embrassait, suivant les Grecs, les contrées montagneuses situées au N. O. de l’Hellade ; selon les Romains, les pays placés à l’E. de l’Italie et de la Rhétie et au S. du Danube. Le roi de Macédoine, Philippe, père d’Alexandre, ayant conquis la partie mérid. de cette contrée, on distingua l’Illyrie grecque (s’étendant de l’Épire au mont Scardus), et l’Illyrie barbare (au N. O., habitée par les Dalmates, les Iapodes, les Liburnes, etc.).— Les Romains entrèrent pour la première fois en Illyrie l’an 229 av. J.-C, sous le règne de la reine Teuta, veuve d’Agron, mais ils ne purent y faire triompher leur influence qu’après la soumission du roi Gentius, en 168. L’Illyrie grecque fut réduite en prov. romaine avec la Macédoine (148) ; quant à l’Illyrie barbare elle ne fut complètement assujettie que sous Auguste (V. IAPODES, DALMATES, LIBURNES). Au IIe et surtout aux IIIe et IVe siècles de J.-C, les Romains étendirent le nom d’Illyrie à toute la région comprise au S. du Danube, de l’OEnus (Inn) jusqu’au Drilo ; on y comprit même la Macédoine, la Thessalie et la Grèce propre. Après la réorganisation de l’empire sous Constantin, il y eut un Diocèse d’Illyrie ou Ill. occidentale (ch.-l. Salone), et une Préfecture d’Illyrie ou Ill. orientale, qui comprenait deux diocèses, la Dacie et la Macédoine, et le proconsulat d’Achaïe. Au VIe siècle, des colonies slaves vinrent s’établir dans la plus grande partie de l’Illyrie, et ne tardèrent point à s’affranchir du joug byzantin. Le nom d’Illyrie commença alors à disparaître, et l’on vit s’élever les royaumes de Dalmatie, de Croatie, d’Esclavonie. En 1090 les Vénitiens et les Hongrois s’établirent dans diverses parties de ce territoire, et un siècle après (1170) se forma le royaume de Rascian ou de Bosnie. Au XVe siècle, les Turcs envahirent la Bosnie, la Servie, l’Albanie ; les Vénitiens ne conservèrent plus alors du territoire illyrien que la Dalmatie, et les Hongrois que l’Esclavonie et la Croatie. Ces deux dernières provinces passèrent avec la Hongrie sous la domination de l’Autriche en 1558. Cet état de choses dura à peu près jusqu’au moment où Napoléon I fit revivre le nom d’Illyrie en créant le gouvt des Provinces illyriennes (1809). En 1815, l’Autriche recouvra ce gouvernement, dont la partie N. O. forma le Royaume d’Illyrie. V. ci-après.

ILLYRIE (anc. roy. d'), gouvt des États autrichiens, borné au N. par l’Autriche et la Styrie, à l’E. par la Styrie, la Croatie civile et le Littoral hongrois, au S. par l’Adriatique, et à l’O. par la Vénétie et le Tyrol : 270 kil. sur 220 ; 1 300 000 hab. (Slaves, Wendes, Italiens, Croates et Grecs) ; ch.-l., Laybach. Avant 1853, le royaume d’Illyrie formait 2 gouvts (Laybach et Trieste), subdivisés eux-mêmes, celui de Laybach en 5 cercles (Laybach, Neustædt, Adelsberg, Villach et Klagenfurth), et celui de Trieste en 2 cercles (Goritz et Istrie). Auj. ce royaume a perdu son nom et a été partagé en 3 provinces, celles de Trieste, de Carniole et de Carinthie. L’Illyrie est traversée par les Alpes Noriques, Juliennes et Carniques ; on y trouve plusieurs lacs importants, entre autres celui de Czernitz. Ses principales rivières sont la Drave, la Save, l’Isonzo, etc. La température, froide au N., est généralement douce ailleurs ; le sirocco souffle fréquemment sur les côtes. Mines d’argent, de mercure, de plomb, de fer, de zinc, de houille, etc. Céréales, vins, fruits, olives, lin ; soie, etc. Industrie active en toiles, draps, ouvrages de paille et ustensiles de fer. Sur les côtes on se livre à la pêche et à la construction des navires. Le chemin de fer de Vérone à Trieste traverse une partie de l’Illyrie.

ILLYRIENNES (Provinces), anc. gouvt de l’empire français, sur la côte E. de l’Adriatique, ne comprit d’abord (1809) que la Hte-Carinthie, la Carniole, l’Istrie et le Frioul autrichien, le Littoral hongrois et la Croatie mérid. ; en 1810, il s’augmenta de l’Istrie et de la Dalmatie vénitiennes, de Raguse et de Cattaro. En 1815 ces pays furent rendus à l’Autriche.

ILLYRIENNES (îles), îles situées dans la mer Adriatique, le long des côtes de l’Illyrie et de la Dalmatie. Les plus considérables sont Veglia, Cherso, Brazza, Lésina, Sabioncello, Meleda, Curzola.

ILMEN, jadis Moïsk, lac de Russie (Novogorod), communique par la Volkhova avec le lac Ladoga et a sur sa rive N. la ville de Novogorod : 50 kil. sur 40. Les tempêtes y sont fréquentes. — Ce lac était sacré chez les anciens Slaves.

ILMENAU, v. du grand-duché de Saxe-Weimar, ch.-l. de bailliage, à 45 k. S. O. de Weimar et à 8 k. K. de Schmalkalden ; 2800 hab. Faïence, lainages, têtes de poupées, papiers, clous, etc. Aux env., mines de fer et de manganèse.

ILLMINSTER, v. d'Angleterre (Somerset), à 17 kil. S. O. d'Ilchester; 4000 hab. École gratuite instituée par Édouard VI en 1550.

ILORCIS. v. d'Hispanie, dans la Carthaginoise, chez les Bastitani, est auj. Lorca.

ILOTES, esclaves des Lacédémoniens. On nommait ainsi originairement les habitants d'Hélos. v. de Messénie, que les Lacédémoniens avaient réduits en esclavage (V. HÉLOS) ; ils formèrent depuis une classe particulière d'esclaves qui tenaient le milieu entre les hommes libres et les esclaves proprement dits : ils servaient de matelots, étaient attachés au service des armées ou appliqués à la culture des champs. On traitait les Ilotes avec la dernière dureté; on les entretenait dans l'état le plus abject; quelquefois même on les plongeait volontairement dans l'ivresse, et, dans cet état, on les livrait en spectacle afin de dégoûter les jeunes Spartiates de l'intempérance. Ceux qui se distinguaient par la beauté ou le courage étaient impitoyablement mis à mort. Les Ilotes étaient beaucoup plus nombreux que les hommes libres : on comptait environ 220 000 Ilotes contre 31 000 citoyens. Quand leur nombre devenait inquiétant, on envoyait, dit-on, des hommes armés pour les exterminer. Ils tentèrent plusieurs fois de se soulever, et faillirent s'emparer de Sparte après un tremblement de terre, l'an 469 av. J.-C. ; mais ils ne purent réussir à secouer le joug. Leur sort s'adoucit après la guerre du Péloponèse et beaucoup même obtinrent la liberté, en récompense des services qu'ils avaient rendus.

ILURO, v. de Gaule (Novempopulanie), auj. Oléron.

ILUS, roi de Troie, qu'on fait régner de 1402 à 1347 av. J.-C., était fils de Tros et de Callirhoé, fille de Scamandre. Il bâtit Ilion, fit la guerre à Tantale et lui enleva ses États. Le feu ayant pris au temple de Minerve, Ilus accourut, saisit le Palladium, et le sauva des flammes. Il lui en coûta la vue, mais la déesse lui en rendit l'usage.

ILVA ou ÆTHALIA, auj. l'île d’Elbe.

IMAD-ED-DAULAH (Ali), chef de la dynastie des Bouïdes, supplanta celle des Samanides en 932, s'empara de Chiraz et de Bagdad, régna sur le Kerman, l'Irak et la Perse, et mourut en 949.

IMAD-EDDYN (Mohammed), surnommé El-Kateb (le Secrétaire), né à Ispahan en 1125, m. en 1201, fut secrétaire de Noureddin et de Saladin, et quitta la cour pour cultiver les lettres. On a de lui : Histoire des expéditions de Saladin en Syrie ; Hist. de la conquête de Jérusalem par Saladin; Hist. des poëtes musulmans du VIe siècle de l'hégire; un Divan, recueil de lettres et de poésies. M. Reinaud a donné quelques extraits de ses ouvrages historiques dans les Historiens arabes des Croisades.

IMAM ou IMAN, nom donné dans l'origine par les Musulmans au chef suprême de leur religion. Pour les Sunnites ou orthodoxes, le titre d'imam se confond avec celui de calife, et la puissance spirituelle n'est pas séparée de la puissance temporelle. Mais la secte des Chyites ne reconnaît pour véritable imam, après Mahomet, qu'Ali, son gendre, et les descendants d'Ali. En outre, les Chyites se divisent entre eux sur le nombre et la succession des imams. Les uns en admettent douze, dont le dernier, enlevé à l'âge de 12 ans, doit reparaître un jour pour faire régner la vraie religion : ils le nomment le Mahdi (le Dirigé), et en font une espèce de Messie, dont ils attendent encore le retour. Les autres n'admettent que sept imams : Ali, gendre de Mahomet, Hassan et Hussein, tous deux fils d'Ali, et martyrs, Ali-Seinolabiddin, Mohammed-Bakir, Giafar-el-Sadic, Ismaël; après ce dernier, ils refusent d'admettre comme imam légitime Mouça, son frère, qu'admettent les autres Chyites, et ils lui substituent la postérité d'Ismaël; on les a nommés de là Ismaéliens. Ceux-ci prétendent qu'après Ismaël, la caractère d’imam est passé à son fils Mohammed, puis à des personnages inconnus qui pourront se manifester quelque jour. — Le sultan turc, qui, aux yeux des Ottomans, est le chef légitime de la religion, reçoit à ce titre depuis Sélim I (1516) le nom d’imam.

On donne aussi le nom d’imam à des ministres ordinaires du culte : dans ce sens, l’imam est celui qui, à la mosquée, prononce la prière à la tête du peuple, qui fait les mouvements que les assistants doivent répéter et qui préside aux cérémonies de la circoncision et aux enterrements; c'est à peu près notre curé.

En Arabie, on appelle imams certains chefs qui ont à la fois le pouvoir politique et religieux : tels sont les imams de l'Yémen ou de Saana, et celui de Maskate. L’État régi par eux s'appelle Imamat.

IMAM-MOUÇA, bourg de la Turquie d'Asie (Bagdad), sur la r. dr. du Tigre, à 22 k. N. O. de Bagdad, renferme le tombeau de l'imam Mouça, mort en 799.

IMAÜS, nom donné par les anciens à une grande chaîne de montagnes de l'Asie supérieure, qui, selon eux, s'étendait depuis le mont Caucase et le Paropamisus jusqu'à l'Océan hyperboréen : elle partageait la Scythie d'Asie en deux régions: Scythie au delà de l'Imaüs (Scythia extra Imaum), à l'E., et Scythie en deçà de l'Imaüs (Scythia intra Imaum), à l'O. Les monts Imaüs répondent en partie à l’Himalaya, et surtout aux monts Belour. Ils sont toujours couverts de neige : leur nom vient du sanscrit imao, neigeux.

IMBERT (Barthélémy), poëte, né à Nîmes en 1747, m. dans l'indigence à Paris en 1790, a composé des fables et des vers légers pleins d'esprit ; il s'est aussi essayé, mais avec moins de succès, dans la tragédie et la comédie. Il rédigea pendant plusieurs années les articles de spectacle dans le Mercure. On a de lui : le Jugement de Pâris, poëme en 4 chants, 1772, qui fut très-favorablement accueilli ; Fables nouvelles, 1773 ; Historiettes ou Nouvelles, en vers, 1774; Choix de fabliaux, en vers, 1788; le Jaloux sans amour, com. en 5 actes et en vers libres, 1781; le Jaloux malgré lui, com. en 3 actes et en vers, 1789 ; Marie de Brabant, tragédie, etc. On a donné ses OEuvres choisies, 1797, 4 vol. in-8.

IMBROS, auj. Imbro, île de la mer Égée, au S. de la Samothrace, était jadis, comme cette dernière, le siège (mais non le sanctuaire) du culte mystérieux des Cabires. Auj. elle ne renferme que 2 petits villages, Flio et Castro, et 4000 hab.

IMÉRÉTHIE, l’Ibérie et la Colchide des anciens, prov. de la Russie mérid., est bornée au N. par le Caucase, qui la sépare de la Circassie, à l'E. par la Géorgie, au S. par l'Arménie, au S. O. par la Gourie et à l'O. par la Mingrélie ; 140 k. sur 110: 80 000 hab. (Iméréthiens, Arméniens et Juifs); ch.-l. Kotatis ou Koutaïs. Elle est arrosée par le Rioni (le Phase) et ses affluents; hautes montagnes renfermant de riches mines, surtout des mines de fer. Sol très-fertile : millet, maïs, vin, tabac excellent, coton, blé, seigle et orge ; fruits variés et en abondance; beaucoup de gibier. Exportation de cuirs, fourrures, miel, cire et bois. Le gouvt russe n'a point encore pu y abolir complètement le commerce des esclaves, et surtout des femmes destinées aux harems des Turcs et des Persans. — Jusqu'au XIVe s., l'Iméréthie fit partie de la Géorgie ; au commencement du XVe, le roi géorgien Alexandre I donna l'Iméréthie à l'aîné de ses fils; cette contrée eut quelque temps des souverains indépendants, mais elle devint bientôt tributaire des Ottomans. En 1804, Salomon II, qui gouvernait l'Iméréthie, se soumit volontairement à la Russie.

IMHOF (Jacq. Guill.), généalogiste, né à Nuremberg en 1651, m. en 1728, a rédigé, en latin, la généalogie des principales familles de l'Allemagne, de la France, de l'Angleterre, de l'Italie, de l' Espagne et du Portugal : Excellentium in Gallia familiarum genealogiæ, Nuremberg, 1687; Regum Magnæ Britanniæ historia genealogica, 1690 ; Genealogicæ historiæ cæsarearum, regiarum et principalium familiarum, 1701 ; Historia Italiæ et Hispaniæ genealogica, 1701, etc.

IMMÆ ou EMMA, v. de Syrie, dans la Séleucide, entre Émèse et Antioche. Macrin y fut défait par les partisans d'Héliogabale en 218.

IMOLA, Forum Cornelii, v. forte d'Italie (Ravenne), à 39 kil. S. O. de Ravenne; 12 000 hab. Évêché, dont Pie VII fut titulaire. Académie de 'Industriosi. Fabrication de tartre dit de Bologne. Les Français défirent les Autrichiens aux env. en 1797.

IMPERATOR, titre que les soldats romains décernaient à leur général victorieux, et qui, après Auguste, devint synonyme de celui de souverain. Le dernier général qui reçut ce titre du temps de l'empire fut Julius Blésus, sous Tibère. V. EMPEREUR.

IMPÉRIALES (VILLES). On appelait ainsi dans l'anc. empire d'Allemagne les villes libres qui avaient leur administration particulière et ne relevaient que de l'empereur. — Dans les diètes de l'empire ces villes formaient: 1° le Banc du Rhin, comprenant : Cologne, Aix-la-Chapelle, Mayence, Lubeck, Worms, Francfort, Goslar, Brème, Mulhausen, Nordhausen, Dortmund, Wetzlar et Gelnhausen ; 2° le Banc de Souabe, comprenant : Ratisbonne, Augsbourg, Nuremberg, Eslingen, Ulm, Reutlingen, Nordlingen, Rotenbourg, Halle, Rothweil, Uberlingen, Heilbronn, Gemünd, Memmingen, Lindau, Ravensbourg, Schweinfurt, Kempten, Windsheim, Kauffbeuren, Weil, Wangen, Pfullendorf, Offenbourg, Leutkirch, Wimpfen, Weissembourg, Zell, Aalen, Buchau et Donawerth.

IMPERIALI (J. Vincent), homme d’État et poëte génois, duc de St-Ange (dans le roy. de Naples), fut envoyé en ambassade auprès du roi d'Espagne, du duc de Mantoue et du pape, fut en 1625 chargé du gouvt du Milanais, et m. à Gênes en 1645. Il cultiva la poésie avec succès. On a de lui : Lo Stato rustico (poème sur l'agriculture), Gênes, 1611, et Venise, 1613; La Santa Teresa ; la Phaoniade ; et des Discours politiques. — Imperiali (René), cardinal, né à Gênes en 1651, m. en 1737, était gouverneur de Ferrare, et fut sur le point d'être élu pape à la mort d'Innocent XI (1730). Il protégeait les lettres et forma à Rome une riche bibliothèque qu'il ouvrit au public.

IMPERIALI-LERCARI (Franç. Marie), doge de Gênes, eut des démêlés avec Louis XIV, qui, pour le punir d'avoir pris parti pour l'Espagne, fit bombarder Gênes (1684), et le força à venir à Versailles lui offrir sa soumission. Comme on lui demandait ce qu'il y trouvait de plus remarquable à la cour de France, il répondit : « C'est de m'y voir. »

IMPÉRIAUX, nom sous lequel on désigna depuis le XVIe siècle les forces de l'empire d'Allemagne.

IMPHY, village du dép. de la Nièvre, sur la r. dr. de la Loire, à 15 kil. S. S. E. de Nevers; 2052 hab. Usines importantes, fondées en 1816 : laminage du cuivre, du fer et du zinc; forges, etc.

IMPORTANTS (les), faction politique qui se forma à la mort de Louis XIII, se composait des hommes qui, pour avoir été maltraités par Richelieu, croyaient avoir droit sous le nouveau gouvernement à toutes les faveurs. Elle avait pour chefs les Guise, les Vendôme, le duc d'Épernon, les duchesses de Chevreuse et de Montbazon; on y vit aussi figurer Aug. Potier, évêque de Beauvais, ministre de la régente, jaloux au crédit de Mazarin, ainsi que le duc de Beaufort, gouverneur des enfants d'Anne d'Autriche : ce dernier avait été entraîné par la duchesse de Montbazon, qu'il aimait. La régente, pour briser cette cabale, exila plusieurs des seigneurs qui y étaient entrés, fit enfermer le duc de Beaufort à Vincennes, renvoya l'évêque de Beauvais dans son diocèse, et donna désormais toute sa confiance à Mazarin. La plupart des Importants prirent part quelques années après aux troubles de la Fronde.

INA, roi du Wessex, l'un des royaumes de l'Heptarchie saxonne, régna de 689 à 726, soumit les Bretons de Cornouailles, les rois de Kent, de Sussex et de Mercie et fit rédiger un code qui servit de base à celui d'Alfred le Grand. Au retour d'un pèlerinage à Rome, il institua la taxe connue sous le nom de denier de S. Pierre.

INACHUS, fondateur du royaume d'Argos, était, selon l'opinion vulgaire, originaire de Phénicie et, selon quelques auteurs, de la race des Pélasges. Après avoir séjourné quelque temps en Égypte, il vint, à la tête d'une troupe de pasteurs phéniciens, égyptiens et arabes, s'établir dans la partie du Péloponèse nommée depuis Argolide (vers 1986 ou 1850 av. J.-C.), et y régna 60 ans. Il fut père de Phoronée, qui lui succéda, ainsi que d'Io et d'Égialée. La Fable lui donne pour père l'Océan (sans doute parce qu'il était venu par mer). — Un fleuve de l'anc. Argolide, qui passait à Argos, avait reçu le nom d'Inachus ; c'est auj. le Najo ou Pianizza. La Fable le fait père d'Io.

INARIME, île de la Méditerranée. V. ÆNABIA.

INARUS, fils de Psammétique, régna d'abord en Libye, fut élu roi d’Égypte en 463 av. J.-C, s'allia aux Athéniens et battit avec leur secours Achémène, général des Perses; mais, quelque temps après, il fut défait à son tour par Mégabyse, et tomba entre les mains d'Artaxerce, qui le fit mettre en croix, 456.

INCAS, dynastie péruvienne qui avait succédé à la dynastie Aymara au XIIe siècle et qui régnait au moment de la conquête du Pérou par Pizarre en 1533. Les Incas se prétendaient issus du soleil, et ne se mariaient qu'entre eux; après leur mort ils étaient adorés comme dieux. Le 1er roi de cette dynastie, Manco-Capac, monta sur le trône en 1130; il eut pour successeurs Sinchi-Roca, Lloqui-Yupanqui, Mayta-Capac, Capac-Yupanqui, Roca, Yahuar-Huacao, Viracocha, Pachacutec, Yupanqui (qui construisit des routes magnifiques), Tupac-Yupanqui, Huayna-Capac, Huascar et Atahualpa, qui devint prisonnier des Espagnols et fut mis à mort en 1533. Un dernier rejeton, Tupac-Amaru, fut décapité en 1571. V. MARMONTEL.

INCHBALD (Élisabeth SIMPSON, connue sous le nom de mistress), actrice et femme-auteur, née en 1750 ou 1753 à Standingfield (Suffolk), m. en 1821, était fille de pauvres fermiers, et quitta à 18 ans la maison paternelle pour chercher fortune à Londres et soulager ainsi la misère de sa famille; elle entra au théâtre, et épousa en 1772 l'acteur Inchbald, qui la laissa veuve dès 1777. Née bègue, elle n'obtint que de médiocres succès sur la scène, et la quitta en 1789 pour les lettres. On a d'elle plusieurs comédies qui ont réussi, et quelques romans que l'on met au nombre des plus jolies productions sorties de la plume d'une femme : Simple Histoire (1791), Lady Mathilde (1793), Nature et Art (1796); ces romans ont été souvent traduits en français. On lui doit aussi une Collection de comédies du théâtre anglais, avec des préfaces biographiques et critiques, ainsi que d'intéressants Mémoires, qui n'ont paru que d'une manière fort incomplète. Lond., 1824.

INCHOFER (Melchior), jésuite hongrois, né en 1584, mort en 1648, étudia chez les Jésuites à Rome, fut envoyé par ses supérieurs à Messine pour y enseigner les mathématiques, puis à Macerata pour diriger un collège de son ordre. On a de lui : Tractatus syllepticus, Rome, 1633 (il y combat le système de Copernic et de Galilée) ; Historia sacræ latinitatis, Messine, 1635, et Prague, 1682; Annales ecclesiastici regni Hungariæ, Rome, 1644, et Presb., 1795-97 (inachevé). On lui a attribué à tort la Monarchie des Solipses (satire contre les Jésuites).

INCITATUS, nom d'un cheval avec lequel l'empereur Caligula voulut partager les honneurs du consulat. V. CALIGULA.

INCOME TAX, impôt sur le revenu, établi en Angleterre en 1798. V. ce mot au Dict. des Sciences.

INCROYABLES (les), nom donné en France sous le Directoire à une classe de jeunes gens qui, par position au costume débraillé des républicains, affectaient une grande recherche dans leur mise, leurs manières et leur parler. Ils représentaient le parti réactionnaire.

INCULISMA, nom latin d’Angoulême.

INDE, INDES ORIENTALES, nom donné vulgairement à l’ensemble des deux grandes péninsules de l’Asie mérid., qui sont séparées par le Gange, et qui sont dites, l’une Inde en deçà du Gange, Inde Cisgangétique ou Hindoustan, l’autre Inde au delà du Gange, Inde Transgangétique, ou Indo-Chine.

I. INDE CISGANGÉTIQUE, grande presqu’île de l’Asie mérid., s’étend de 7o 27' à 31° 40' lat. N., et de 65° à 90° long. E. Elle a la forme d’un triangle dont la pointe est au S., la base au N. : le côté occidental est baigné par la mer des Indes, le côté oriental par le golfe de Bengale ; au N. elle a pour limite les monts Himalaya. Sa longueur est de plus de 3000 kil. du N. au S. ; sa plus grande largeur est de 2500 kil. de l’E. à l’O. : sa surface excède 3 160 000 kil. carrés, et sa population dépasse, dit-on, 200 000 000 d’hab. L’Inde en deçà du Gange peut se partager géographiquement en 4 régions: l’Hindoustan septentrional, comprenant les contrées montueuses à l’E. du Sutledje jusqu’aux frontières du Boutan, plus la vallée de Cachemire, le Ghéroual, le Népal ; l’Hindoustan méridional, comprenant la plus grande partie de l’anc. empire mongol (Lahore, Moultan, Sind, Katch, Guzzerat, Malwa, l’Adjemir, Delhi, Agrah, Aoude, Allahabad, Beliar, Bengale) ; le Décan septentrional, s’étendant depuis la Nerboudda au N. jusqu’à la Toumbedra et la Krichna au S. (Kandeich, Aurengabad, Bedjapour, Haïderabad, Bider, Bérar, Gandouana, Orissa, Circars septentrionaux) ; le Décan méridional, terminant le continent et s’étendant jusqu’au cap Comorin (Kanara, Malabar, Kotchin, Travancor, Coïmbetour, Karnatic, Salem ou Barramahal, Maïssour, Balaghat). À la 4e région appartiennent les Laquedives et les Maldives, plus l’île de Ceylan. On désigne vulgairement la côte S. O. de la presqu’île sous le nom de Côte de Malabar, la côte S. E. sous celui de Côte de Coromandel.

Les monts Himalaya, qui bornent au N. l’Hindoustan, étendent dans ce pays de nombreuses ramifications ; plus au S. se voient les Ghattes, les Nilgherri, les monts Vindhia. Parmi les fleuves les plus remarquables, sont d’abord le Gange et le Sind (Indus), grossis chacun par une multitude d’affluents (Hougly, Bagirathy, Djemnah, Sutledje, etc.) ; viennent ensuite le Brahmapoutre, presque aussi considérable que le Gange, le Godavéri, la Nerboudda, la Krichna, le Tapti, le Kavéri — Le climat varie selon la hauteur à laquelle on s’élève ; mais dès qu’on n’est plus sur les montagnes, il est généralement très-chaud. On ne connaît aux Indes que deux saisons, la sèche et la pluvieuse : dans celle-ci, l’eau tombe à torrents, les fleuves couvrent la campagne. Deux moussons se partagent l’année: celles du N., qui souffle de mai en octobre, celle du S., qu’interrompent quelques vents moins constants (entre autres un vent d’ouest ou de terre qui est souvent meurtrier). Les orages sont épouvantables ;le vent suffit pour déraciner de vieux arbres. L’air est généralement sain ; mais il survient fréquemment des épidémies meurtrières, surtout le choléra. Le sol est d’une fertilité incomparable en grains, fruits, riz, canne à sucre, coton, plantes tinctoriales et oléagineuses (indigo, safran, oliviers, etc.). Vastes forêts, remplies d’arbres magnifiques et précieux (sandal, cocotier, manguier, gommier, etc.). Mines d’or, d’argent, de cuivre, d’étain, de zinc, de sel ; beaux diamants (ceux du Bengale, de Bundelkand, de Golconde, sont les plus beaux de l’univers), rubis, saphirs, améthystes, tourmalines, etc. Une foule d’oiseaux au riche plumage peuplent les forêts ; la mer, les rivières fournissent une pêche abondante ;le mytile à perles est très-commun au cap Comorin. Mais aussi les animaux funestes fourmillent dans l’Inde : scorpions, serpents venimeux, moustiques en quantités innombrables, gavials (ou crocodiles d’Asie), lions, hyènes, panthères, tigres (nulle part ils ne son plus beaux que dans l’Inde). — Les habitants appartiennent à des races diverses. Outre les Hindous qui sont les indigènes, on trouve chez eux des Malais, des Mongols, des Chinois, des Guèbres ou Parsis, des Arabes, des Turcs, enfui depuis le dernier siècle un très-grand nombre d’Européens, surtout d’Anglais. Les Hindous, qui forment la majorité, sont très-doux et peu propres à la guerre ; ils sont polygames, vivent presque exclusivement de céréales et s’abstiennent en général de tout ce qui a vie ; ils vénèrent, entre autres animaux, le bœuf et l’éléphant. Leur principale industrie consiste dans certains tissus d’une perfection remarquable (châles du Cachemire, mousselines de Dakka ; toiles de coton dites indiennes, soieries, tapis). Ils sont organisés en 4 castes: Brahmes ou Brahmanes, qui sont leurs prêtres ; Chattryas, guerriers ; Waïshias ou marchands ; Soudras ou artisans: on nomme Parias ceux qui ont perdu leur caste ; ils sont méprisés et comme mis hors la loi ;leur contact est une souillure. On ne sait si certaines tribus guerrières, telles que les Mahrattes, les Pindaris, les Seikhs, les Vairs, sont de race hindoue. Chacune des races qui habitent l’Hindoustan a sa religion propre: les Hindous suivent les uns le Brahmanisme, les autres le Bouddhisme (V. ces noms) ; les Turcs pratiquent le Mahométisme, les Guèbres le culte de Zoroastre. On parle au moins 20 langues dans l’Hindoustan : les principales sont le bengali, le kanara, le mahratte, le télinga, le malabar, le tamoul: toutes dérivent de deux langues mortes, qu’on nomme langues sacrées, le sanskrit et le pali: la 1re est une des plus belles et certainement la plus riche que l’on connaisse ; les langues de l’Europe paraissent en dériver. L’Inde possède une des littératures les plus riches et les plus anciennes du monde: elle se compose des védas, livres sacrés auxquels se rattachent les upavedas et les puranas, vastes commentaires qui contiennent toute une encyclopédie ; de plusieurs poèmes immenses, tels que le Mahabarata, le Ramayana, le Savitri ; d’un grand nombre de drames ; enfin d’ouvrages philosophiques, où l’on trouve en germe tous les systèmes de la Grèce aussi bien que ceux des temps modernes, etc.

Histoire. Les commencements de l’histoire de l’Inde sont entièrement fabuleux ; les Hindous font remonter leur origine à une antiquité exagérée ; cependant, en réduisant leurs calculs à de justes proportions, on peut placer le commencement de leur 1re dynastie (celle des rois Chandras) à l’an 3200 av. J.-C. Manou fut leur ler législateur. Le culte de Brahma remonte à la plus haute antiquité. On place vers la VIe s. av. J.-C. l’introduction du Bouddhisme. Jusqu’au temps d’Alexandre, les Grecs ne connurent guère ce pays que de nom. Depuis cette époque, diverses expéditions successives le firent de mieux en mieux connaître. Alexandre soumit une partie du Pendjab, où régnait Porus, et descendit l’Indus jusqu’à son embouchure. Séleucus I Nicator pénétra jusqu’au Gange, vainquit Sandracottus (Chandra-Goupta), et établit des relations commerciales entre ses sujets et les Hindous. Les Lagides, de leur côté, ne tardèrent pas à diriger d’Égypte dans l’Inde des flottes qui revenaient chargées de denrées. La décadence des Séleucides ralentit pour un temps les relations commerciales entre l’Inde et l’Occident: aussi a-t-on peu de détails sur l’Inde à cette époque. Cependant on voit la cour impériale de Byzance recevoir plusieurs ambassades indiennes ; au VIe siècle de notre ère, le moine Cosmas Indicopleuste visita une grande partie de l’Inde et en rapporta le ver à soie. Les conquêtes des Musulmans au commencement du VIIIe siècle, et notamment celles de Kotaïbah, général du calife Abdel-Mélek, qui soumit les rives du Sind vers l’an 707, ajoutèrent aux connaissances que l’Occident possédait déjà sur l’Inde. L’histoire vraiment authentique de cette contrée ne commence guère qu’à l’an 1000 de J.-C., époque de la conquête d’une grande partie de l’Inde par les Gaznévides. En 1024, Mahmoud le Ghaznévide avait soumis toute la partie septentrionale et occidentale jusqu'au Bengale : l'Inde était alors partagée entre un nombre infini de radjahs, parmi lesquels les radjahs de Lahore étaient les plus puissants; ceux-ci restèrent encore quelque temps indépendants. Vint ensuite la dynastie des Gourides (1185-1289), qui étendit sa domination sur l'Inde entière et y fit régner le Mahométisme ; les Gourides cédèrent la place aux Afghans Chilligis, qui devinrent tributaires des Gengiskhanides, puis des Patans et enfin des fils de Tamerlan (1398), et qui s'éteignirent en 1413. Cependant l'empire de l'Inde ne passa aux enfants de Tamerlan qu'après la mort d'un usurpateur, Keser-Khan (1414-1421), et après l'extinction de la courte dynastie des Afghans Lodis (1448-1525) : alors Baber, un des petits-fils de Tamerlan, vainqueur des Afghans et des Patans, établit l'empire mongol, qui finit par embrasser presque tout l'Hindoustan et qui atteignit son apogée sous Aureng-Zeyb. Mais ici, comme dans tous les gouvernements despotiques de l'Asie, la mollesse, la trop grande puissance des gouverneurs de provinces, les rivalités des prétendants au trône, affaiblissent bientôt les ressorts de l'État. Le terrible Nadir pille Delhi (1739), et laisse l'empire mongol irrémédiablement affaibli. Les soubabs et nababs mongols, les radjahs et les tribus de race hindoue, surtout les Mahrattes et les Seikhs, se soulèvent et forment des États indépendants. — Jusqu'au XVe siècle, l'Europe n'avait guère connu l'Inde que par les écrivains arabes ou par les récits isolés de quelques voyageurs; mais en 1497, Vasco de Gama doubla le cap de Bonne-Espérance, et vint aborder sur les côtes occidentales de la presqu'île cisgangétique. Pendant le XVIe et le XVIIe siècle toutes les côtes de l'Inde, furent explorées par les Portugais et les Hollandais; cependant ces deux peuples ne possédèrent jamais que des places maritimes et ne purent pénétrer jusqu'au cœur du pays : il était réservé aux Français et aux Anglais d'aller plus loin. Au XVIIIe siècle, les gouverneurs français La Bourdonnais et Dupleix profitent des divisions et de l'affaiblissement des Mongols pour agrandir la France dans l'Inde (1745-1756); mais la cour de Versailles, au lieu de soutenir leurs efforts, les laisse livrés à eux-mêmes : alors les Anglais, sous la direction de la Compagnie des Indes (V. ce nom) et sous la conduite de Clive et de Warren Hastings, reprennent le rôle que déserte Louis XV : ils commencent par fonder la dévannie du Bengale ; ils font du nabab d'Aoude leur vassal; ils obtiennent par surprise et par ruse Bénarès et beaucoup d'autres villes importantes; des guerres heureuses contre les Français, contre les deux rois de Maïssour (Haïder-Ali et Tippou-Saïb), contre les Mahrattes, contre tous les indigènes, finissent, vers 1817, par les rendre maîtres de presque tout l'Hindoustan, qu'ils possèdent, soit comme provinces immédiates, soit comme fiefs placés sous leur protection. Cependant l'inique annexion du roy. d'Aoude, opérée en 1856 par le gouverneur général Dalhousie, jointe à diverses causes d'un mécontentement longtemps contenu, donne lieu en 1857 à la révolte des Cipayes et à une insurrection formidable. Le signal fut donné à Meerout, dans le Bengale, par un régiment de cavalerie indigène (mai 1857) : les insurgés furent bientôt maîtres de Delhi et de Lucknow, qui devinrent leurs principales places d'armes. Après deux ans de lutte, les Anglais finissent par comprimer la révolte et réussissent même à étendre leurs conquêtes et à asseoir leur domination plus solidement que jamais. A la suite de cette insurrection, la Compagnie des Indes fut abolie et le gouvernement de ce vaste pays réuni à la couronne (1858).

II. INDE TRANSGANGÉTIQUE, INDE AU DELÀ DU GANGE ou INDO-CHINE, grande péninsule de l'Asie mérid., entre 88° et 107° long. E., 1° et 27° lat. N., a pour bornes au N. l'empire chinois, à l'E. la mer de Chine, à l'O. le golfe de Bengale, au S. ces deux mêmes mers ou bras de mer, et le détroit de Singapour. On peut partager l'Inde Transgangétique en 5 grandes divisions, subdivisées elles-mêmes en de nombreux États :

Divisions. Pays qu'elles comprennent.
Birmannie propre ou Ava.
Empire Birman. Martaban.
Laos Birman, etc.
Assam.
États conquis par les Anglais. Cassay.
Aracan.
Pégu.
Singapour.
Siam proprement dit.
Royaume de Siam Cambodje siamois.
Laos siamois.
Presqu'île de Malacca.
Malacca indépendant. Royaumes de Pérak, Salengore, Djohore, Pahang et Roumbo.
Cochinchine
Tonquin.
Empire d'Annam ou de Vietnam. Tsiampa.
Cambodje annamite.
Laos annamite.
Bao.
Archipel d'Andaman.
Îles – de Nikobar.

Un golfe profond, le golfe de Siam, découpe la côte sud du pays et en détache une presqu'île fort longue, celle de Malacca. Plusieurs chaînes de montagnes très-longues et assez hautes courent parallèlement aux côtes et laissent entre elles passage à de longs fleuves, l'Arakan, l'Iraouaddy, le Zittang, le Salouen, le Menam, le Mei-Kong. Le climat, le sol, offrent un peu moins de variété que dans l'Hindoustan, mais les produits en sont peut-être plus riches encore: soie, coton, étain, bois de tek et de sandal; gomme laque, huile, sucre, ivoire, poivre, nids d'oiseaux, tout y abonde; on y recueille aussi des rubis, des agates, etc. Malheureusement, les habitants sont féroces; ils sont sans cesse en guerre entre eux, et les frontières qui les séparent sont comme des déserts. Il en résulte que l'agriculture est négligée, l'industrie et le commerce très-peu développés. Cependant le port franc de Singapour est une des places marchandes les plus riches du monde. Au reste on connaît très-imparfaitement les peuples de l'Indo-Chine ; ils sont peu sociables, et les missionnaires, malgré leur zèle, ne pénètrent chez eux qu'avec la plus grande peine et n'en reviennent que rarement. Ces peuples sont presque tous Bouddhistes. — Les anciens connaissaient fort peu l'Inde Transgangétique. On croit cependant que leur pays des Sines y était compris et que la presqu'île de Malacca correspond à leur Chersonèse-d'Or. Du reste, les modernes eux-mêmes n'ont que fort peu de notions sur l'histoire de cette contrée (V. les articles spéciaux des pays que renferme l'Indo-Chine.)

INDE ANGLAISE. On comprend sous ce nom les nombreux territoires que la Grande-Bretagne possède dans les Indes orientales, et dont voici l'énumération :

1° Dans l’Inde Cisgangétique. Il y faut distinguer les possessions immédiates ou provinces soumises, et possessions médiates ou pays tributaires.

A. Possessions immédiates. Elles ont été longtemps divisées en trois grandes présidences : Calcutta, Madras et Bombay, qui se subdivisent comme il suit :

Présidences. Pays.
Bengale.
Béhar.
Allahabad.
Aoude.
Calcutta. Agra.
Delhi.
Ghéroual.
Adjemir.
Orissa.
Gandouana.
Karnatic.
Coïmbetour.
Maïssour.
Madras. Malabar.
Kanara.
Balaghat.
Circars septentrionaux.
Aurengabad.
Bombay. Bedjapour.
Kandeich.
Guzzerat.

En 1859, le Pendjab a été érigé en une nouvelle présidence, comprenant le Tans-Sutledge et le Cis-Sutledge, ainsi que l'anc. territoire de Delhi, Meerut, Rohilkand, Agra, Allahabad, Bénarès, qui forment la province du Nord-Ouest. Cette quatrième présidence a pour ch.-l. Lahore.

En dehors des présidences est l'île de Ceylan, qui était restée possession particulière de la couronne lorsque tout le reste de l'Inde était au pouvoir de la Compagnie des Indes et qui forme un gouvernement à part.

B. Possessions médiates. Celles-ci sont gouvernées par leurs princes indigènes respectifs; mais le plus grand nombre de ces princes payent tribut.

Pays. États médiats.
Principauté de Djeypour.
— de Kotah.
— de Boundy.
Adjemir. — d'Odeypour ou Mewar.
— de Tonk.
— de Djesselmire
— de Bikanir.
Pays des Bhatties.
Katch Principauté de Katch-Bhondj.
Royaume de Baroda.
Principauté de Banswara.
— de Therad.
— de Turrah.
Guzzerat. — de Dubboï.
— de Noanagar.
— de Goundal.
— de Kambaya.
Royaume d'Holkar.
Malwa. Principauté de Bopal.
— de Dharra.
Principauté de Rewah.
— d'Ihansi.
Allahahad. — de Tehri.
— de Pannab.
Principauté de Karoli.
— de Bhartpour.
Agra. — de Dholpour.
— de Malcherry.
Delhi. Sirhind ou pays des Seikhs.
Principauté de Colapour.
Bedjapour. Royaume de Satarah.
Haïderabad
Bider. Royaume du Décan.
Bérar.
Adrengabad.
Bandouana. Royaume de Nagpour.
Maïssour. Royaume de Maïssour.
Royaume de Travancor.
Malabar. — de Kotchin.
Népal. Royaume de Sikkim.
Laquedives. Laquedives.

2° Dans l’Inde Transgangétique. Les Anglais ne possèdent encore qu'une partie de cette immense contrée. Voici les noms des pays principaux qui sont dans leur dépendance, et qui ont été organisés en 1862 en une nouvelle présidence.

Pays. États médiats.
Royaume d'Assam.
Pays de Djintiah.
— de Katchar.
Pays à l'O. de l'Iraouaddy. — des Garrows.
— Des Kouki (Tipperah).
— des Moïtay.
Royaume d'Aracan
Le Pégu.
Province de Martaban.
— de Ye.
— de Tavay.
Pays à l'E. du Salouen. — de Ténassérim.
Ile du Prince-de-Galles.
— de Singapour.
Province de Malacca.

AUTRES ÉTATS EUROPÉENS DANS L'INDE. Les Français possèdent Pondichéry, Karikal, Yanaon, Chandernagor et Mahé; les Portugais Goa, Daman et Diu. — Les Danois possédaient Tranquebar et Sirampour, mais ils les ont récemment cédés aux Anglais.

Pour l'histoire des possessions européennes dans l'Inde, Voy. l'art. général de l’Inde, et ci-après l'art. Compagnie des Indes, ainsi que l'art. spécial de chaque pays. V. aussi l’Hist. philosophique des établissements européens dans les deux Indes de Raynal.

INDÉPENDANCE (Guerre de l'), guerre que les colonies anglaises de l'Amérique du Nord firent à l'Angleterre de 1773 à 1783, et qui amena l'indépendance de ces colonies et la création des États-Unis.

INDÉPENDANTS. On appelle spécialement ainsi une secte qui se forma parmi les Presbytériens d'Angleterre sous le règne de Charles I, et qui, après avoir grandi secrètement sous le masque de la religion, afficha les principes les plus démocratiques. Dans le gouvernement de l'Église, ils n'admettaient ni prêtres, ni symbole, ni discipline, ni cérémonies; dans le gouvernement de l'État, ils voulaient abolir la royauté, la Chambre des Lords, la hiérarchie des rangs et des titres. Ils refusaient de se soumettre aux décisions des synodes généraux, et prétendaient que chaque église ou chaque congrégation avait en elle tout ce qui était nécessaire pour son gouvernement et sa conduite. De là leur était venu aussi le nom de Congrégationalistes. Olivier Cromwell était le chef des Indépendants.

INDES (Mer des), dite aussi Océan Indien, division du Grand-Océan, est comprise entre les deux péninsules de l'Inde, la Perse, l'Arabie, l'Afrique, l'Australie et la Malaisie.

INDES (Compagnie des GRANDES-), nom sous lequel furent réunies en 1602 toutes les associations formées par les Hollandais pour le commerce des Indes. Cette association, toute-puissante pendant le XVIIe siècle, commença à décliner en 1697 ; sa décadence, fut complète vers 1750.

INDES (Compagnie française des), association commerciale fondée en 1664 par Colbert, avec un privilège exclusif de 50 ans, avait son siège à Lorient. Elle essaya vainement de coloniser Madagascar, fonda Pondichéry (1679), mais fut bientôt forcée de renoncer à la plupart de ses privilèges. Prorogée en 1714 pour 10 années, elle fut réunie en 1719 à la Compagnie des Indes occidentales, fondée par Law, eut des alterna-ives de succès et de revers, et fut dissoute en 1769.

INDES (Compagnie anglaise des), association commerciale créée en 1560 par quelques marchands de Londres, n'avait en 1634 que 4 Comptoirs dans l'Inde lorsqu'elle obtint du Parlement le monopole du commerce avec cette contrée. Ce monopole, réglementé par la charte de 1773, restreint en 1814 au commerce de l'Inde avec la Chine, fut aboli complètement en 1833. Dès lors la Compagnie des Indes, qui depuis 1750 était devenue guerrière aussi bien que commerciale, fut transformée en une association politique et n'eut plus qu'à s'occuper du gouvt des Indes, sous la suzeraineté de la Couronne d'Angleterre. Le gouvt fut confié à un gouverneur général, résidant à Calcutta et chargé du pouvoir exécutif, et à une Cour des Directeurs, composée de 12 membres résidant à Londres, et dont les décisions, pour être exécutoires, devaient être soumises à un Bureau du contrôle, représentant la Couronne et le Parlement. Du reste les pouvoirs de la Compagnie étaient absolus. Ainsi organisée, la Compagnie des Indes acquit en peu de temps une puissance colossale : en moins d'un siècle, les victoires de lord Clive, du général Harris, du marquis de Hastings, de lord Amherst, de lord Bentinck, lui avaient livré presque en entier l'Hindoustan, et déjà elle avait fait des acquisitions importantes dans l'Indo-Chine, lorsqu'elle fut abolie en 1858, à la suite de l'insurrection des Cipayes. Auj. le gouvt de l'empire indien est exercé directement par la Couronne. V. INDE.

INDES OCCIDENTALES, dénomination appliquée souvent à l'Amérique, à cause de la position de ce continent à l'ouest de l'Europe, et par opposition à l'Inde propre, appelée souvent Indes orientales.

INDES ORIENTALES ou GRANDES INDES. V. INDE.

INDIANA, un des États-Unis de l'Amérique du N., est borné au N. par le Michigan, au S. par le Kentucky, à l'E. par l'Ohio, à l'O. par l'Illinois : 270 kil. sur 240; 1 149 606 hab. ; ch.-l, Indianapolis. Cet État est arrosé par l'Ohio, la White-River, la Wabash, etc. Climat salubre ; sol plat, surtout au N., et couvert de forêts, de lacs, de prairies et de marécages : orge, avoine, maïs, froment, tabac, pommes de terre, lin et chanvre; quelques vignobles. Mines de houille, de fer et de cuivre ; pierre à chaux et marbre. Commerce intérieur très-actif. Chemins de fer et canaux. Élève du bétail considérable. Quelques tribus indiennes occupent encore la partie septentrionale de cet État. — Des Français, venus du Canada, s'établirent les premiers au milieu des Indiens de ces contrées en 1673 ; ils y fondèrent Vincennes en 1735. En 1788, les colons se mirent sous la protection des États-Unis; ils souffrirent beaucoup néanmoins de la guerre qui eut lieu avec les Indiens et qui n'a cessé qu'en 1831. En 1801 ce pays prit le titre de territoire d'Indiana: il fut ainsi nommé à cause des nombreux Indiens qui l'habitaient encore. En 1816, il fut érigé en État.

INDIANAPOLIS, v. des États-Unis, capit. de l'État d'Indiana. à 178 kil. N. E. de Vincennes; sur la White-River; 14 000 hab. Écoles renommées. Cette ville, toute moderne, est remarquable par la beauté et la régularité de ses constructions.

INDIBILIS, v. d'Hispanie (Tarraconaise), chez les Ilercaones, auj. Xert ou S. Mateo.

INDIBILIS, prince des Ilergètes, en Espagne, s'allia aux Carthaginois et remporta avec leur secours sur P. Scipion, père du grand Scipion, une victoire complète dans laquelle périt le général romain (212 av. J.-C ). Dans la suite, il se rendit au jeune Scipion, et combattit avec lui contre les Carthaginois, espérant que les Romains lui laisseraient son royaume : trompé dans son espérance, il se révolta. Après des succès divers, il perdit la vie dans une bataille, 205 av. J.-C.

INDICTION. Ce mot, qui veut dire édit, s'appliquait spécialement à l'édit par lequel l'empereur fixait tous les 15 ans la répartition de l'impôt. — En Chronologie, on désigne par ce nom une période de quinze ans, que l'on fait généralement commencer l'an 312 de J.-C., date de la victoire que Constantin remporta sur Maxence, qui est aussi celle de la victoire du Christianisme sur le Paganisme. L'emploi de cette période pour marquer les dates se rencontre fréquemment dans les auteurs ecclésiastiques, et est encore aujourd'hui conservé dans les bulles des papes. En faisant partir les indictions de l'an 312, l'année 1865 tombe l'an 8 de la 104e indiction.

INDIENS. Ce nom, qui appartient en propre aux habitants de l'Inde, a été étendu aux habitants du Nouveau-Monde, parce que les premiers navigateurs qui virent cette contrée crurent avoir rencontré l'Inde. Les habitants de l'Inde proprement dite sont plutôt appelés auj. les Hindous.

INDIGÈTES (DIEUX), c.-à-d. nés dans le pays, indè geniti, nom donné chez les Romains aux héros divinisés et honorés comme protecteurs d'une ville ou d'un pays : tels étaient Faunus, Énée, Romulus, etc.

INDIGHIRKA (l'), dite aussi la Kolima de l'Ouest, riv. de la Russie d'Asie (Iakoustk), sort des monts d'Okhotsk, court au N., et tombe dans l'Océan Glacial, après un cours de 1300 kil.

INDJÉ-KARASOU, l'anc. Haliacmon, riv. de la Turquie d'Europe (Roumélie), naît, dans le sandjak de Monastir de la réunion de la Natilitza et du Venetico, court au S. E., puis au N. E., et tombe dans le golfe de Saloniki, après un cours de 250 kil.

INDJIDJIAN (le P. Luc), né à Constantinople en 1758, mort à Venise en 1833, membre de la congrégation mékhitariste de St-Lazare, a laissé : Description géographique de l'Arménie ancienne, 1822, in-4; Histoire contemporaine, 8 vol. in-8, 1828; Antiquités de l'Arménie, en arménien, 3 vol. in-4o, Venise 1835, renfermant des détails intéressants sur les usages, l'histoire et la géographie de l'Arménie ancienne; Géographie de l'Arménie moderne, etc.

INDO-BRITANNIQUE (EMPIRE). V. INDE.

INDO-CHINE. V. INDE TRANSGANGÉTIQUE.

INDORE, v. de l'Hindoustan (Malwa), à 50 kil. S. de Oudjein, et à 310 k. N. E. de Surate. Grande et fortifiée; mais mal bâtie. Jadis capit. de l'État d'Holkar, annexé aux possessions anglaises en 1857.

INDOSTAN ou INDOUSTAN. V. HINDOUSTAN.

INDRA, le premier (les huit Vaçous dans la religion de Brahma, est le dieu de l'éther et du jour, le roi des bons génies, le maître des nuages, de la foudre et de la pluie. On le compare au Diespiter des Latins. Indra est souvent représenté assis sur l'éléphant Iravat, avec quatre bras, et tenant d'une main une fleur de lotos.

INDRAPOURA, v. de l'île de Sumatra, sur la côte S. O., à 270 kil. N. O. de Bencoulen et à l'emb. d'une riv. dite aussi Indrapoura. C'est la résidence d'un sultan, tributaire des Hollandais.

INDRE, Inger, riv. de France, prend sa source dans le dép. de la Creuse, près de Boussac, arrose les dépts de l'Indre et d'Indre-et-Loire, et se jette dans la Loire par la r. g., après un cours de 250 kil. Elle passe à La Châtre, Châteauroux, Buzançais , Châtillon-sur-Indre, Loches, Beaulieu, Montbazon, Azay-le-Rideau; elle reçoit l'Igneray, l'Indroye et la Vanvre; un de ses bras se jette dans le Cher.

INDRE (dép. de l'), entre ceux de Loir-et-Cher au N., du Cher à l'E., de la Creuse et de la Haute-Vienne au S., de la Vienne et d'Indre-et-Loire à l'O. : 110 k. sur 90; 7017 kil. carrés; 270 054 hab.; ch.-L, Châteauroux. Ce dép. est formé pour la plus grande partie du ci-devant Berry et de parties de l'Orléanais et de la Marche. Il est arrosé par l'Indre (qui lui donne son nom), le Cher, la Claise, l'Angolin, la Creuse, etc. Sol inégal; 3 régions naturelles : au S. E. le Boischaud, plaines et montagnes couvertes de forêts; au centre la Brenne, climat malsain, terres en friche, marais et étangs; à l'E. la Champagne : grains, chanvre, lin, châtaignes, moutons et volailles. Mines de fer. Manufactures d'étoffes de laine, de toiles, draps, cuirs, etc. — Ce dép. forme 4 arrondissements. (Châteauroux, Issoudun, La Châtre et Le Blanc), 23 cant. et 246 comm.; il fait partie de la 19e division militaire, appartient à la cour impériale et au diocèse de Bourges.

INDRE-ET-LOIRE (dép. d'), entre ceux de Loir-et-Cher au N. E., de l'Indre au S. E., de la Vienne au S. O., de Maine-et-Loire à l'O., et de la Sarthe au N. O. : 110 kil. sur 90; 6432 kil. carrés; 323 572 hab.; ch.-l., Tours. Ce dép. est formé de la Touraine et de portions de l'Anjou, du Poitou et de l'Orléanais. Il est arrosé par l'Indre et la Loire (qui lui donnent leur nom), et par les affluents de ces deux rivières. Ce dép. a été surnommé le Jardin de la France. Sol très-fertile; plantes potagères, excellents fruits, maïs, millet, vin ; peu de céréales au N. ; grasses prairies et belles forêts au centre. Mines de fer, carrières. Grosses draperies, soieries pour meubles, toiles; rubans, passementeries, bonneterie, filatures de laine et de coton; raffinerie de sucre, eaux-de-vie, brasseries; tannerie, papeterie, poterie. Commerce de pruneaux, légumes et fruits secs; vins, melons, chanvre, anis, coriandre, angélique; miel, cire, huile de noix. Fer, acier, meules et pierres de taille. Éducation de bestiaux, vers à soie et abeilles. — Ce dép. se divise en 3 arrond. (Tours, Loches et Chinon), 24 cant. et 281 comm. Il appartient à la 18e division militaire, à la cour impériale d'Orléans et à l'archevêché de Tours.

INDRE (BASSE-), petit port de France (Loire-Inf.), à 19 kil. O. de Nantes; 3655 hab. Station. Forges à l'anglaise pour l'affinage du fer.

INDRET, île de la Loire (Loire-Inf.), à 12 kil. O. de Nantes ; 2000 hab. Vaste établissement de la marine impériale pour la confection des machines et des vaisseaux à vapeur. Jadis fonderie de canons, fondée en 1778 et qui a été transférée à Brest en 1828.

INDUCIOMAR, chef des Gaulois Treviri, fut après une résistance héroïque, vaincu et tué par Labiénus, lieutenant de César (G. des Gaules, liv. V).

INDULGENCES. On nomme ainsi la grâce que l’Église fait aux pénitents en leur remettant en tout ou en partie la peine temporelle due à leurs péchés : d'où l'on doit distinguer les indulgences partielles et les indulgences plénières; le pape seul accorde ces dernières. Tantôt on ne met d'autre condition à cette grâce (outre le repentir, qui est toujours exigé), qu'un jeûne, une prière ; tantôt on impose l'obligation de faire quelque œuvre pie, comme une aumône, un pèlerinage, la coopération à la construction d'une église, d'un hôpital, etc. Lorsque fut prêchée la 1re croisade, en 1095, le pape Urbain II accorda indulgence plénière à tous ceux qui prendraient les armes pour le recouvrement de la Terre-Sainte. Au XVIe s., Jules II et Léon X, ayant besoin de sommes considérables pour reconstruire la basilique de St-Pierre, firent publier des indulgences pour ceux qui contribueraient à cette œuvre pie. Luther s'éleva avec force contre cette mesure; bientôt il attaqua le dogme même des indulgences, et prit de là occasion pour prêcher la Réforme (1517). Le concile de Trente reconnut le droit d'accorder des indulgences, mais il en réprima l'abus.

INDUS, auj. le Sind, grand fleuve de l'Asie anc., sortait, suivant Arrien, des monts Paropamise, traversait le roy. d'Abissare, passait entre le roy. de Taxile à l'E. et le pays des Assacéniens et des Nyséens à l'O., puis, après avoir reçu l'Acésinès, grossi de l'Hydaspe, de l'Hydraote et de l'Hyphase (V. PANDJNAD), baignait le pays des Sogdes, la Prasiane, la Patalène, et tombait dans la mer Érythrée par plusieurs bouches formant un delta. En 512 av. J.-C., le Grec Scylax fut chargé par Darius de parcourir le bassin de l'Indus. En 325 Alexandre, après s'être embarqué sur l'Hyphase, fut porté jusqu'à l'Indus, et descendit ce fleuve jusqu'à la mer. V. SIND.

INDUSTRIA, v. de Ligurie, voisine de Bodincomagus, avec laquelle on l'a confondue à tort.

INÉBOLI, Ionopolis, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), sur la mer Noire, à 130 kil. O. de Sinope; 3500 hab. Construction de navires.

INÈS DE CASTRO, femme célèbre par sa beauté et ses malheurs, d'une famille illustre de Castille, était dame d'honneur de l'infante Constance lorsqu'elle inspira une violente passion au mari de cette princesse, don Pèdre, fils d'Alphonse IV, roi de Portugal. Don Pèdre en eut plusieurs enfants, et, après la mort de sa femme, il l'épousa en secret (1354). Le roi, instruit de cette union, voulut contraindre son fils à la rompre : n'ayant pu y réussir, il fit assassiner Inès, 1355. Lorsque don Pèdre fut monté sur le trône (1357), il vengea cette mort en faisant subir d'horribles supplices aux meurtriers d'Inès; puis, suivant une tradition fort contestée, il fit exhumer le corps de celle qu'il avait aimée, et la couronna solennellement (1361). La fin tragique d'Inès a fourni un bel épisode à l'auteur des Lusiades, et a été mise sur la scène par le poète portugais A. Ferreira, par Lamotte, Guiraud et plusieurs autres.

INFANT, titre que portent en Espagne et en Portugal les enfants puînés du roi. Il était déjà usité au Xe s. ; on le donnait alors à tous les enfants des grandes familles : les infants de Lara, de Carrion, etc.

INFANTADO, seigneurie de Castille, ainsi nommée parce qu'elle était jadis l'apanage des infants d'Espagne, se composait des villes d'Alcozès, Salmeron et Val-de-olivas. Elle fut donnée en 1469 à Diego Hurtado de Mendoza, marquis de Santillane, en récompense du soin avec lequel il avait gardé l'infante Jeanne. Elle fut érigée en duché en 1475, et passa ensuite par mariage dans la maison de Silva.

On connaît spécialement sous le nom de duc de l'Infantado un personnage qui a joué un rôle au commencement du siècle. Le duc, né en 1773, m. en 1841, fut longtemps l'ami et le confident du prince des Asturies (Ferdinand VII) et faillit en 1807 être condamné à mort pour avoir trempé dans la conspiration formée par ce prince contre son père. Il reconnut en 1808 le roi Joseph, mais il s'empressa de se tourner contre les Français après la capitulation de Baylen (1809). Nommé par Ferdinand VII, à son avènement, président du conseil de Castille, il présida en 1823 la régence établie par les Français et devint en 1824 chef du ministère ; mais il eut à lutter contre le parti apostolique : ne pouvant réaliser ses projets de réforme, il rentra dès 1826 dans la vie privée.

INFÉRIEURE (mer), Inferum mare, nom donné par les Romains à la mer Tyrrhénienne, par opposition à la mer Supérieure (mer Adriatique).

INGÆVONS, peuple germain. V. GERMANIE.

INGAUNES, Ingauni, peuplade ligure resserrée entre la Méditerranée et l'origine des Apennins, avait pour ch.-l. Albium Ingaunum (auj. Albenga), Vaincus par App. Claudius Pulcher en 185 av. J.-C., ils se révoltèrent en 181, mais furent réduits l'année suiv.

INGELBURGE, reine de France , fille de Valdemar I, roi de Danemark, épousa Philippe-Auguste en 1193; mais ce prince la répudia presque aussitôt pour épouser Agnès, fille du duc de Méranie. Innocent III condamna ce divorce et, en 1199, il mit la France en interdit jusqu'à ce que Philippe eût repris sa 1re femme; ce que ce prince fut forcé de faire en 1201. Il n'en eut point d'enfants. Après la mort de Philippe-Auguste, Ingelburge se retira à Corbeil, où elle mourut en 1236.

INGELHEIM, nom de 2 villes du grand-duché de Hesse-Darmstadt. L'une, dite Nieder-Ingelheim, est à 13 kil. O. de Mayence et à 2 kil. de la r. g. du Rhin; 1900 hab. Charlemagne y fit construire de 768 à 774 un palais dont on voit encore quelques ruines. Patrie du cosmographe Séb. Munster. — L'autre, dite Ober-Ingelheim, est située à 13 kil. S. O. de Mayence, entre cette ville et Worms : 2200 hab. Église très-ancienne, avec de beaux vitraux peints. Charlemagne y tint plusieurs diètes, dans l'une desquelles il déposa Tassillon, duc de Bavière (788). — V. GŒLHEIM.

INGELMUNSTER, v. de Belgique (Flandre occid.), à 13 kil. N. de Courtray; 5900 nab. Victoire des Français sur les Anglo-Hanovriens (10 mai 1794).

INGENA ou ABRINCATUI, v. de Gaule, auj. Avranches.

INGENHOUSZ (Jean), médecin et physicien, né à Bréda (Hollande) en 1730, m. en 1799, alla en Angleterre vers 1767 pour étudier la méthode d'inoculation; séjourna quelque temps à Vienne où il fut nommé médecin de la famille impériale, puis retourna en Angleterre, où il termina sa vie. On a de lui, outre divers ouvrages de médecine : Expériences sur les végétaux, en angl., 1779, trad. en franç. par l'auteur, Paris, 1780 ; de nombreux Mémoires, dans les Transactions philosophiques, qui roulent sur le magnétisme et l'électricité, sur les électrophores, sur l'emploi des plateaux de verre, etc. C'est lui qui découvrit que les végétaux, exposés à l'action de la lumière, dégagent de l'oxygène. Il expliquait par l'action de l'aimant les effets que produisait Mesmer.

INGENUUS (Decimus Lælius), un des généraux qui usurpèrent la pourpre sous Gallien, fut proclamé en 260 par la légion de Mésie. Vaincu près de Mursa en Pannonie, il disparut sans qu'on sût s'il avait été tué.

INGHIRAMI (Thomas), écrivain latin moderne, né en 1470 à Volterra (Toscane), m. en 1516, vint à Rome en 1483, brilla dans les représentations théâtrales des anciennes pièces latines que le cardinal Riario venait de mettre en honneur, et joua avec un tel succès le rôle de Phèdre dans l’Hippolyte de Sénèque que le surnom de Fedra lui en resta. Il était compté au nombre des orateurs les plus éloquents de son temps : Érasme le nomme le Cicéron de son siècle; les papes, depuis Alexandre VI jusqu'à Léon X, le comblèrent de bienfaits; l'empereur Maximilien lui donna le titre de comte palatin et la couronne de poète lauréat (1493) ; Jules II le nomma conservateur de la bibliothèque au Vatican et garde des archives secrètes du château St-Ange. Ce qui nous reste des écrits d'Inghirami est bien au-dessous de la réputation qu'il eut de son vivant. On trouve cinq de ses discours dans les Anecdota romana d'Amaduzzi. Il avait écrit une Apologie de Cicéron ; un Abrégé de l'histoire romaine; un Commentaire sur l'Art poétique d'Horace, et des Notes sur les comédies de Plaute ; mais ces ouvrages sont perdus. — Un autre Inghirami, Curzio, antiquaire, né à Volterra en 1614, m. en 1655, prétendit avoir découvert de précieux monuments qu'il publia sous le titre d’Etruscarum antiquitatum fragmenta, Francf., 1635 mais on reconnut qu'ils étaient fabriqués.

INGOLSTADT, Aureatum, v. de Bavière (Hte-Bavière), à 65 kil. N. de Munich, sur le Danube et la Schutter; 10 500 hab. Pont sur le Danube ; gymnase, hôpital. Entrepôt des sels; industrie active. Tombeau de Tilly. L'Université d'Ingolstadt, créée en 1472, transférée en 1800 à Landshut, a été célèbre. Gustave-Adolphe assiégea vainement cette ville en 1632. Louis de Bade la prit en 1704. Les Français en rasèrent les fortifications en 1800, mais elles ont été relevées de 1827 à 1847 : c'est auj. une forteresse fédérale. Patrie de Weishaupt, le chef des Illuminés.

INGOUCHES, peuple de la Circassie, au S. de la petite Kabardah, forme plusieurs petites tribus indépendantes et sauvages. Ils passent leur temps à chasser et abandonnent aux femmes les soins de l'agriculture.

INGOUL, riv. de la Russie d'Europe, a sa source dans le gouvt de Kherson et tombe dans le Boug, par la r. dr., près de Nikolaiev, après un cours de 450 k.

INGOUVILLE, ancienne commune du dép. de la Seine-Inf., contiguë au Havre, qu'elle domine, est auj. réunie au Havre. V. ce nom.

INGRANDE, v. de France (Maine-et-Loire), sur la Loire et le chemin de fer de Tours à Nantes, à 34 k. S. O. d'Angers; 1550 hab. Grande verrerie. Sucre de betterave. Le village de Montrelais, qui fait partie d'Ingrande, est compris administrativement dans le dép. de la Loire-Inf.

INGRASSIAS (Jean Phil.), savant médecin de Palerme, né en 1510, m. en 1580, fit quelques découvertes anatomiques, mais s'illustra surtout par son dévouement à ses concitoyens pendant la peste qui désola Palerme en 1575, ce qui lui valut le surnom d’Hippocrate sicilien. Il a laissé, entre autres ouvrages : Veterinaria medicina, en latin, 1568; Informazione del pestifero e contagioso morbo, 1576, trad. en lat. par J. Camerarius; Commentatio in Galeni lib. de Ossibus, 1603, etc.

INGRIE, Ingermania, anc. prov. de la Russie d'Europe, comprenait à peu près le pays qui forme auj. le gouvt de St-Pétersbourg. Ses premiers habitants furent des Slaves, sur qui les Suédois la conquirent de 1594 à 1609. En 1703, Pierre le Grand s'en rendit maître et la réunit à son empire.

INGULFE, chroniqueur anglais né à Londres en 1030, m. en 1109, vint en Normandie, où il fut secrétaire du duc Guillaume, fit ensuite le voyage de la Terre-Sainte, et devint, à son retour, prieur du monastère bénédictin de Fontenelle. Guillaume, devenu roi d'Angleterre, donna à Ingulfe l'abbaye de Croyland, dans le comté de Lincoln. On a sous son nom : Historia monasterii Croylandensis ab anno 664 ad annum 1001, impr. à Francf., 1601, et à Oxford, 1684; mais cet ouvrage, rempli d'anachronismes, doit être l'œuvre d'un moine du XIIIe ou XIVe s.

INGWILLER, petite ville du Bas-Rhin, à 17 kil. N. E. de Saverne ; 2190 h. Église consistoriale protestante. Bonneterie, savons, poteries, corderies, etc.

INHAMBANE, riv. d'Afrique (Mozambique), court du N. O. au S. E. et se jette dans le canal de Mozambique, au N. O. du cap des Courants, après un cours de 270 kil. Elle a donné son nom à un fort et à un gouvt de la capitainerie portugaise de Mozambique.

INIGO JONES. V. JONES.

INKERMANN, bourg et port de la Russie d'Europe. (Tauride), en Crimée, à l'extrémité E. de la baie de Sébastopol, et près de l'emb. de la Tchernaïa, n'est que le reste d'une v. plus importante, dont on voit les ruines dans le voisinage : on pense que c'est la v. appelée Kténos par Strabon. Vastes cavernes ou cryptes creusées dans le roc et qui ont servi de demeure à des cénobites dans les premiers siècles du Christianisme. — Les Russes furent battus à Inkermann le 5 nov. 1854 par l'armée anglo-française, que commandaient les généraux Bosquet et Cathcart.

INKRANS, peuple d'Afrique (Guinée supérieure), tributaire des Achantis, habite sur la Côte d'Or, entre les roy. de Ningo à l'E. et de Fanti à l'O. Leur capitale, Inkran ou Accra, a compté plus de 10 000 h. Avant l'abolition de la traite, ce peuple faisait un commerce considérable d'esclaves avec les Européens. Les Portugais s'établirent des premiers chez les Inkrans en 1452 ; vinrent ensuite des Anglais, des Hollandais et des Danois, qui y fondèrent les ports St-James, Crèvecœur et Christiansborg.

INN, OEnus ou Ænus, riv. d'Allemagne, naît en Suisse (Grisons), sort du lac Lugni, dans les Alpes Rhétiques, à l'extrémité S. O. de la Hte-Engadine, traverse le Tyrol (où elle arrose Innspruck), la Bavière, l'Autriche, et, après un cours de 450 kil. au N. E., se jette dans le Danube, r. dr., à Passau. — L'Inn donne son nom à un cercle de la Hte-Autriche, séparé de la Bavière à l'O. par la riv. de l'Inn, au N. par le Danube, borné à l'E. par le cercle de Hausrruck et au S. par celui de Salzbourg : 200 000 h., ch.-l. Braunau.

INNOCENT I (S.), pape, successeur d'Anastase, régna de 402 à 417. Il obtint de l'empereur Honorius des lois sévères contre les Donatistes, le pressa de traiter de la paix avec Alaric, et, lorsque Rome eut été prise et dévastée, s'appliqua à réparer le mal. Il condamna la doctrine de Pelage et poursuivit les Novatiens. On le fête le 28 juillet.

INNOCENT II, Grégoire de Papis, pape de 1130 à 1143, eut pour compétiteur Pierre de Léon qui prit le nom d'Anaclet. Forcé par son rival de sortir de Rome, il se réfugia auprès du roi de France Louis le Gros, qui tenta inutilement de le rétablir. Ce ne fut qu'à la mort d'Anaclet (1138) qu'il reprit son autorité. Il fit condamner les doctrines d'Abélard et celles d'Arnaud de Brescia au concile de Latran, en 1139.

INNOCENT III, Lothaire Conti, pape de 1198 à 1216, agrandit les domaines de l’Église, et se rendit maître absolu dans Rome. Il mit la France en interdit, à l'occasion du divorce de Philippe-Auguste avec Ingelburge (1199), prit une part active aux démêlés de l'Allemagne après la mort de l'empereur Henri VI, couronna d'abord Othon de Brunswick (1209), mais l'excommunia bientôt pour le punir d'un manque de foi, et reconnut à sa place le jeune Frédéric II (1212) ; il excommunia également le roi d'Angleterre Jean sans Terre, qui avait refusé de reconnaître un archevêque de Cantorbéry nommé par lui (1213), et offrit son royaume à Philippe-Auguste ; mais il leva l'interdit dès que Jean se fut soumis. Zélé pour la réformation des mœurs, ce pontife tint dans ce dessein le 4e concile de Latran. Il fut aussi très-zélé pour la propagation de la foi et pour l'orthodoxie : c'est lui qui fit prêcher la 4e croisade contre les Sarrasins (1202-04). ainsi que la croisade contre les Albigeois, et qui nomma les premiers inquisiteurs ; il approuva en 1215 l'ordre des Frères prêcheurs, fondé par S. Dominique. Il a laissé des Discours, des Homélies, des Lettres (Cologne, 1552, et Paris, 1682) : ses lettres sont précieuses par les faits historiques qu'elles contiennent. Il est l'auteur du Veni, sancte Spiritus, et passe pour avoir composé le Stabat Mater, qui est revendiqué par les Franciscains (V. JACOPONE). L’Hist. d'Innocent III a été écrite en allem. par M. F. Hurter, et trad. en franç. par St-Chéron et Haiber, et mieux par l'abbé Jager, 1839.

INNOCENT III, anti-pape. V. ALEXANDRE III.

INNOCENT IV, Sinibalde de Fiesque, pape de 1243 à 1254. L'Allemagne et l'Italie étaient alors agitées par les querelles de l'empereur Frédéric II et de l'Église. Frédéric, après avoir fait quelques concessions au nouveau pape, recommença la lutte. Innocent IV, menacé dans sa personne, s'enfuit à Gênes, puis à Lyon, où il tint un concile (1245), qui excommunia Frédéric et le déclara déchu ; le pape fit alors élire à sa place Henri de Thuringe, puis Guillaume de Hollande, et prêcha une croisade contre lui; après la mort de ce prince (1250), il se prononça également contre son fils Conrad. Cependant, à la mort de ce dernier (1254), il protégea le jeune Conradin contre Mainfroi, son oncle. Innocent IV se mêla à d'autres démêlés en Danemark, en Suède, en Russie, en Espagne et en Portugal : partout il montra un caractère ferme et même inflexible. Très-zélé pour la propagation de la foi, il envoya des missionnaires jusqu'en Tartarie.

INNOCENT V, Pierre de Tarentaise, élu pape le 21 janv. 1276, m. le 22 juin suivant. Il était dominicain, et l'un des plus célèbres théologiens de son ordre; il avait succédé à S. Thomas d'Aquin dans la chaire de théologie à l'Université de Paris, avait été fait archevêque de Lyon en 1272, puis cardinal et évêque d'Ostie. Il a laissé des Lettres et des écrits théologiques.

INNOCENT VI, Étienne d'Albert, pape de 1352 à 1362, résidait à Avignon. Il était né dans le Limousin, et avait d'abord professé le droit civil à Toulouse. Il protégea les gens de lettres et fonda à Toulouse le collège St-Martial. Il envoya comme légat en Italie, avec une armée, le cardinal espagnol Albornoz, qui, en quelques années (1353-60), parvint à rétablir l'autorité pontificale dans les États de l'Église; mais il eut peu après à défendre le Comtat contre les Routiers.

INNOCENT VII, Côme de Meliorati, pape de 1404à 1406, né à Sulmone dans l'Abruzze, succéda en 1404 à Boniface IX, lorsque déjà l'anti-pape Benoît XIII était en possession de sa dignité usurpée. Les deux compétiteurs firent de vaines démonstrations de conciliation, mais sans arriver à aucun résultat.

INNOCENT VIII, J. B. Cybo, né à Gênes en 1432, pape de 1484 à 1492, fut élu par l'influence du vice-chancelier Borgia, célèbre depuis sous le nom d'Alexandre VI. Il s'efforça d'exciter le zèle des souverains de l'Europe contre les Turcs, et se fit remettre le jeune prince Zizim, frère et compétiteur de Bajazet (1490), qui après sa défaite s'était réfugié auprès dès Chevaliers de Rhodes. Il excommunia Ferdinand, roi de Naples, qui avait exercé des cruautés contre les sujets du pape, et offrit son royaume à Charles VIII, roi de France. Innocent VIII avait été marié avant d'entrer dans les ordres : un de ses fils épousa une Médicis.

INNOCENT IX, J. A. Facchinetti, de Bologne, succéda à Grégoire XIV en 1591, et mourut deux mois après. Cependant il eut le temps d'alléger les impôts.

INNOCENT X, J. B. Panfili, pape de 1644 à 1655, était né à Rome en 1574. Il dépouilla de ses États le duc de Parme, accusé d'avoir fait assassiner l'évêque de Castro, exila les cardinaux Franç et Ant. Barberini, quoiqu'ils eussent contribué à son élévation, et condamna les cinq propositions de Jansénius (1653).

INNOCENT XI, Benoît Odescalchi, pape de 1676 à 1689, était né à Côme en 1611, et avait d'abord été soldat. Il eut des démêlés avec la France au sujet de la régale, des quatre articles arrêtés par l'assemblée du clergé de France et rédigés par Bossuet en 1682, et du droit de franchise des ambassadeurs français à Rome (V. LAVARDIN). Il condamna les erreurs de Molinos, 1er auteur du Quiétisme (1687). Ce pontife avait un caractère sévère et souvent inflexible; mais il s'efforça de faire renaître la discipline, éloigna des emplois les hommes incapables ou déréglés, rétablit les finances et pourvut aux besoins des pauvres.

INNOCENT XII, Ant. Pignatelli, pape de 1691 à 1700, né à Naples en 1615. Il se montra censeur rigoureux des mœurs, n'appela aux emplois que des hommes dignes et fut le père des pauvres. Il arrangea, après quelques concessions faites par Louis XIV, les différends qui s'étaient élevés entre la France et le St-Siége (1693), termina l'affaire du Quiétisme et condamna l’Explication des Maximes des saints, de Fénelon (1699).

INNOCENT XIII, Mich. Ange Conti, pape de 1721 à 1724, né à Rome en 1655, est le 8e pape de sa famille. Il publia en 1723 la bulle Apostolici ministerii, sur la discipline, et accorda une pension au prince Jacques-Édouard, fils de Jacques II.

INNOCENTS (Fête des). L'Église honore sous le nom de SS. Innocents, le 28 déc., la mémoire de tous les enfants qu'Hérode, roi de Judée, fit mettre à mort l'année où naquit le Sauveur, parce qu'il avait appris qu'il venait de naître un enfant destiné à régner un jour sur la Judée et sur le monde entier. On sait que, malgré cette mesure barbare, Jésus échappa à la mort, ses parents l'ayant emmené en Égypte.

INNSBRÜCK. V. INSPRUCK.

INNTHAL (c-à-d. vallée de l'Inn), région du Tyrol, formait, avant 1853, les deux cercles du Haut et du Bas-Innthal (ch.-l. Immst et Inspruck). Cette vallée a été en 1797, 1805 et 1809 le théâtre de nombreux combats entre les Français et les Tyroliens.

INO, fille de Cadmus et d'Hermione, et femme d'Athamas, roi de Thèbes. Répudiée pour Néphélé, elle fut reprise dans la suite par son époux, et lui donna deux fils, Mélicerte et Léarque. Jalouse des deux fils qu'Athamas avait eus de Néphélé, Phryxus et Hellé, elle décida Athamas à les faire périr. Mais les deux victimes, instruites à temps, s'enfuirent en Colchide sur un bélier à toison d'or. Athamas, dans un accès de folie furieuse, écrasa Léarqua contre un mur. Ino, au désespoir, se jeta dans la mer avec Mélicerte : tous deux furent changés en dieux marins.

INQUISITEURS D’ÉTAT, espèce de tribunal institué à Venise en 1501, à l'avènement du doge Loredano, était composé de 3 magistrats chargés de veiller à la conservation de la république et revêtus d'un pouvoir absolu sur tous les citoyens. Leur autorité affaiblit considérablement celle des doges.

INQUISITION, institution qui avait pour but de rechercher et de punir l'hérésie. On la fait dater de l'an 1204, époque à laquelle Innocent III envoya des missionnaires dans le midi de la France pour y convertir les Albigeois. Pierre de Castelnau et les autres moines de Cîteaux qui l'accompagnaient furent les premiers inquisiteurs de fait ; mais ce n'est que plus tard, en 1229, que l'Inquisition reçut une organisation précise : c'est alors que Grégoire IX l'éleva au rang des tribunaux réguliers. A partir de 1232, les fonctions inquisitoriales furent exclusivement confiées aux Dominicains. Essayée en France, où elle fut organisée en 1255 par Alexandre III, de concert avec S. Louis, l'Inquisition ne put s'y maintenir. C'est en Espagne qu'elle obtint le plus de puissance : elle fut dans ce pays une institution politique autant que religieuse. Introduite en Catalogne en 1232, elle ne tarda pas à se répandre sur toute la Péninsule; elle y poursuivit surtout les Juifs et les Maures relaps. En 1481, sous Ferdinand et Isabelle, l'Inquisition reçut une nouvelle organisation et obtint un nouvel accroissement de pouvoir; elle reçut alors le nom de Saint-Office; on créa un grand inquisiteur général (ce fut le cardinal Torquemada), et on lui adjoignit un conseil, connu sous le nom de la Suprême, et 45 inquisiteurs généraux. Ce nouv. tribunal, établi malgré Sixte IV, qui en trouvait les règlements trop sévères, procéda avec plus de rigueur encore que l'ancien. Il étendit sous Philippe II son action sur les Pays-Bas, et fut une des principales causes de l'insurrection de ces riches provinces, qui furent à jamais perdues pour l'Espagne. Le pouvoir de l'Inquisition s'affaiblit avec les progrès des lumières et de la tolérance. Cependant ce tribunal existait encore en Espagne lorsque les Français entrèrent dans ce pays, en 1808 ; ils s'empressèrent de l'abolir. Rétabli par Ferdinand VII en 1814, il fut définitivement aboli par les Cortès en 1820. L'Inquisition devait d'abord employer contre les coupables les peines spirituelles : si ce moyen ne suffisait pas, elle les livrait au bras séculier. Les coupables étaient, selon la gravité des cas, plongés dans les cachots, appliqués à la torture ou livrés aux flammes ; on appelait auto-da-fé (acte de foi) ce genre d'exécution. L’Histoire de l'Inquisition a été écrite par Limborch, Amst., 1692, par le P. Marsollier, Paris, 1693, et par A. Llorente, Paris, 1815-17. On peut lire aussi les Lettres sur l'Inquisition espagnole, par le comte J. de Maistre, et le livre intitulé : le Cardinal Ximenez et l'Église d'Espagne, par le docteur Héfélé, trad. en français.

INSPRUCK (c-à-d. pont de l'Inn), Innsbrück en allemand, Veldidena ou OEnopontum en latin, v. des États autrichiens, capit. du Tyrol, à 385 k. S. O. de Vienne, au confluent de l'Inn et du Sill, qu'on y passe sur un pont magnifique; 15 000 hab. Bâtie en amphithéâtre sur une haute colline. Évêché, université ancienne, rétablie en 1826; lycée, école normale, société économique, musée. Soieries, gants, draps, cotonnades, rubans de fil, etc. — Érigée eu ville en 1234, longtemps résidence des ducs d'Autriche. Occupée par les Bavarois en 1703, par les Français en 1809.

INSTERBURG. v. murée des États prussiens (Prusse orientale), à 26 kil. O. de Gumbinnen, au confl. de l'Angerap et de l'Inster ; 8500 hab. Château.

INSTITUT (L') de France. V. ACADÉMIE.

INSUBRES ou INSUBRIENS, en gaulois Is-Ombra (c-à-d. les hommes forts), peuple de la Gaule Cisalpine, habitait au N. du Pô, entre l'Adda, le Tésin et les Alpes, dans le pays qui correspond au Milanais actuel, et avait pour ch.-l. Mediolanum (Milan). Les Insubres, originaires du pays des Éduens, dans la Gaule transalpine, étaient venus s'établir en Italie lors de la première invasion gauloise, conduite par Bellovèse. Les Romains attaquèrent les Insubres l'an 223 av. J.-C, et, par les victoires de l'Adda et de Clastidium, les rendirent tributaires. Unis aux Boïens, ils se révoltèrent en 218, tandis qu'Annibal passait l'Èbre : ils battirent Manlius à Modène, puis se déclarèrent pour les Carthaginois; en 215, ils écrasèrent Posthumius à Litana Sylva; en 204 et 203, ils ouvrirent leur pays à Magon; c'est sur leur territoire que fut vaincu ce général en 203. En 200 ils prirent part à la quadruple alliance gallique contre Rome; mais, battus sur le Mincius par Céthégus en 197, à Côme par Marcellus, 196, à Mediolanum par Valerius Flaccus, 195, ils furent enfin remis sous le joug.

INTAPHERNE, l'un des sept seigneurs persans qui conspirèrent avec Darius, fils d'Hystaspe, contre le faux Smerdis. Désespéré de n'avoir pu obtenir la couronne, il conspira contre Darius. Celui-ci le fit mettre à mort avec toute sa famille.

INTÉMÉLIENS, peuple de la Gaule Cisalpine (Ligurie), au S. O. des Ingaunes, sur la Méditerranée, avait pour ch.-l. Albium Intemelium (Vintimille).

INTENDANTS DE PROVINCE, INTENDANTS MILITAIRES. V. ces art. au Dict. univ. des Sciences.

INTERAMNA (c-à-d. entre les eaux) nom de plusieurs v. de l'Italie anc., dont 2 principales: l'une, auj. Terni, en Ombrie, entre deux bras du Nar : patrie de Tacite; l'autre, auj. Teramo, chez les Prætutii, au S. du Picenum, entre le Liris et le Melpis.

INTERDIT, peine disciplinaire ecclésiastique. V. cet art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

INTÉRIM D'AUGSBOURG (L'), formulaire ou concordat dressé à Augsbourg par Charles-Quint en 1548, pour apaiser les troubles religieux de l'Allemagne. Il fut ainsi nommé parce qu'il n'était établi que provisoirement en attendant la décision définitive du concile général convoqué à Trente. Il faisait des concessions aux Catholiques comme aux Luthériens, et n'en mécontenta pas moins les deux parties. Il avait été rédigé par J. Pflug, évêq. de Naumbourg, Michel Helding, évêque titulaire de Sidon, et Jean Agricola, prédicateur de l'électeur de Brandebourg.

INTERLAKEN (c-à-d. entre les lacs), vge et anc. abbaye de Suisse (Berne), à 42 kil. S. E. de Berne, avec un château et plusieurs hôtels; 1360 hab. Il prend son nom de sa position entre les lacs de Thun et de Brienz. Environs délicieux.

INTERRÈGNE. L'histoire de France ne compte que deux interrègnes : l'un après la mort de Thierry IV. (737-742), l'autre après la mort de Louis X, le Hutin (1316), et pendant la grossesse de Clémence, sa veuve. — Dans l'empire d'Allemagne, il y eut de fréquents interrègnes. On désigne spécialement sous le nom de Grand interrègne le temps qui s'écoula depuis la mort de Conrad IV (1254), dernier prince de la maison de Hohenstaufen, jusqu'à l'élection de Rodolphe de Habsbourg (1273) : durant cet intervalle, une foule de compétiteurs, notamment Guillaume de Hollande, Richard de Cornouailles, Alphonse X de Castille, disputèrent la couronne impériale, et l'Allemagne fut livrée à l'anarchie.

INTERROI, magistrat temporaire qui, à Rome, était chargé du gouvernement lorsque les 2 consuls étaient absents ou morts, ou bien lorsque, la durée des fonctions de ces magistrats étant révolue, l'élection de leurs successeurs se trouvait retardée par un motif quelconque. L'interroi devait toujours être un sénateur; ses fonctions duraient cinq jours, après lesquels on nommait un autre interroi.

INTORCETTA (Prosper), jésuite de Sicile, missionnaire en Chine, né à Piazza en 1625, mort en Chine en 1697, coopéra à la publication du Taï-hio et du Tchoung-young, traduits en latin sous le titre de Sinarum scientia politico-moralis, Canton et Goa, 1667, in-fol. On a aussi de lui Testimonium de cultu sinensi, Lyon, 1700, in-8.

INVALIDES (hôtels des). V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

INVASIONS. Les plus célèbres invasions sont celles des Hycsos en Égypte (vers 2310 av. J.-C.) ; des Gaulois (521-389), des Cimbres et des Teutons (106-102), sous la république romaine; la Grande invasion des Barbares dans l'empire romain au IVe siècle (V. BARBARES) ; celle des Normands au IXe siècle, dans l'O. de l'Europe, et celle des Arabes dans l'Espagne et la France mérid., du VIIe au Xe siècle; enfin celles des Mongols et des Tartares, sous Gengiskhan et Tamerlan, du XIIIe au XIVe siècle. V. ces noms.

INVENTION DE LA SAINTE CROIX, fête annuelle, célébrée dans l'Église romaine le 3 mai en mémoire du jour où Ste Hélène, mère de l'empereur Constantin, retrouva la Croix de J.-C. au Calvaire, en 326. V. HÉLÈNE (STE).

INVERARY, v. d’Écosse, ch.-l. du comté d'Argyle, à 130 kil. N. O. d’Édimbourg, sur une petite baie, 1250 hab. Pêche du hareng; commerce de laine bois, etc. Aux env., château des ducs d'Argyle.

INVERKEITHING, bg et port d’Écosse (Fife), sut le golfe de Forth, à 14 kil. N. O. d’Édimbourg; 2ÛO0 hab. Salines, houille. Anc. résidence royale.

INVERNESS, v. d’Écosse, ch.-l. du comté d'Inverness, à 133 kil. N. O. d'Aberdeen, sur la Ness; 20 000 hab. Port sûr et commode ; quelques édifices passables; industrie développée (toiles, lainages, cotons, cuirs), commerce actif. — Inverness, dit-on, était jadis la capitale des rois pictes. Après la Révolution de 1688 elle commença à déchoir; depuis 1745, diverses améliorations l'ont un peu relevée. — Le comté d'Inverness, entre ceux de Ross au N., de Perth et d'Argyle au S., de Nairn, de Murrav et d'Aberdeen à l'E. et l'Océan à l'O., a 7000 k. carr., en y comprenant plusieurs îles qui en dépendent (North-Ulst, Benbecula, South-Ulst, Barra, Skye, et le S. de l'île de Lewis), et compte 105 000 hab. Beaucoup de montagnes, parmi lesquelles le Ben-Nevis; climat humide et froid; landes, bruyères, quelques terres fertiles; gibier abondant, aigles, etc. ; fer, chaux, cristal de roche. On y trouve beaucoup d'antiquités celtiques, elles célèbres routes parallèles dites Routes de Fingal.

INVESTITURE. Sous le régime féodal, on appelait ainsi la mise en possession d'un fief ou d'un bénéfice. Pour les divers modes d'investiture, V. notre Dict. univ. des Sciences.

INVESTITURES (Querelle des). On connaît sous ce nom dans l'histoire la contestation qui s'éleva au XIe s. entre les papes et les souverains de divers États de l'Europe, notamment de l'Allemagne, au sujet de la collation des bénéfices ecclésiastiques. Depuis longtemps les évêques et les abbés étaient devenus seigneurs féodaux par suite des nombreuses concessions de biens territoriaux que la piété des princes leur avait faites. Ces biens, étant dés fiefs, étaient, de même que les autres fiefs, conférés conformément à la coutume féodale : le prélat, après avoir fait entre les mains de son souverain serment de fidélité, recevait à la fois l'investiture du titre ecclésiastique (archevêché, évêché, ou abbaye) et celle des domaines attachés à ce titre : le suzerain disposait ainsi à la fois du spirituel et du temporel, donnant, non-seulement le sceptre et l'épée, mais la crosse et l'anneau. Les papes ne manquèrent pas de réclamer contre cet abus. Grégoire VII surtout s'éleva avec force contre l'investiture spirituelle conférée par les laïques (1074) ; mais en même temps il réclama pour les papes le droit de conférer l'investiture temporelle des domaines attachés aux dignités ecclésiastiques : telle fut l'origine de la querelle. La lutte, engagée d'abord entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV, se continua sous Henri V et les papes Victor III, Urbain II, Pascal II, Gélase II ; elle se termina en 1122, sous le pape Calixte II, par un compromis que l'on connaît sous le nom de Concordat de Worms : le pape reconnut à l'empereur le droit de donner l'investiture temporelle, celle des biens séculiers en se réservant l'investiture spirituelle, e.-à-d. le droit de conférer les titres ecclésiastiques. La querelle des investitures recommença cependant dans le siècle suivant, mais elle se compliqua de la lutte entre les Guelfes et les Gibelins. Elle ne fut entièrement terminée qu'en 1268 à la mort de Conradin.

IO, fille du fleuve Inachus, fut aimée de Jupiter, qui la changea en génisse afin de mettre en défaut la jalousie de Junon. La déesse, soupçonnant du mystère, se fit livrer cette génisse par Jupiter, et la donna en garde à Argus aux cent yeux; mais le complaisant Mercure endormit le gardien au son de sa flûte, lui coupa la tête et délivra Io. Junon, irritée, envoya un taon qui poursuivit la malheureuse princesse et la força d'errer par toute la terre. Elle s'arrêta enfin sur les bords du Nil, où elle reprit sa 1re forme, et où elle donna le jour à Épaphus. On dit que les Égyptiens adoraient Io sous le nom d'Isis.

IOL, ou CÆSAREA, v. et port de la Mauritanie, sur la Méditerranée, est auj. Cherchell.

IOLAS, fils d'Iphiclès et neveu d'Hercule, aida ce héros à vaincre l'hydre de Lerne en appuyant un fer chaud sur les blessures faites au monstre par le héros, pour empêcher ses têtes de renaître. Après la mort d'Hercule, ayant été rajeuni par Jupiter, il se mit à la tête des Héraclides, et combattit Eurysthée. Suivant Diodore, il aurait conduit en Sardaigne une colonie d'Hellènes.

IOLCOS, v. de Thessalie (Magnésie), près de la mer, au fond du golfe Pagasétique, était le ch.-l. d'un petit État que se disputèrent Pélias et Éson, le père de Jason, C'est d'Iolcos que partirent les Argonautes pour la conquête de la toison d'or.

IOLE, fille d'Euryte, roi d'Œchalie, fut enlevée, après la prise d'Œchalie, par Hercule qui l'emmena à Trachine. Ce nouvel amour excita la jalousie de Déjanire et causa la mort d'Hercule (V. HERCULE). Après la mort du héros, Iole épousa son fils Hyllus.

IOLOFS, peuple de la Nigritie. V. GHIOLOPS.

ION, fils de Xuthus et de Créuse, et frère d'Achéus, épousa Hélice, fille d'un roi de l'Égialée (Achaïe), succéda à son beau-père, et laissa son nom aux Ioniens.

IONA ou ICOLMKILL, une des îles Hébrides, au S. de Mull, a 26 kil. carrés et 500 hab. Belle serpentine jaune, marbre blanc et autres minéraux; beaucoup de ruines antiques. Son premier nom était I-Columb-Kill, c.-à-d. cellule de Colomba : elle fut ainsi appelée d'un couvent qui y fut fondé en 565 par S. Colomba. Ce couvent fut, aux VIIe, VIIIe et IXe siècles, l'asile des lettres et des sciences, ainsi qu'un lieu de sépulture pour les rois d’Écosse.

IONIE, Ionia. On adonné ce nom à divers pays habités successivement par les Ioniens (V. ce nom),' mais plus spécialement à la partie du littoral de l'Asie-Mineure qui s'étend de Phocée à Milet, entre l'Hermus au N. et le Méandre au S. Elle était comprise dans la Lydie (sauf le sud qui appartenait à la Carie) et répondait aux côtes des sandjaks actuels de Sivas, de Saroukan et d’Aïdin. On y remarquait 12 villes principales, qui formaient une confédération : 1° sur le continent, du N. au S., Phocée, Smyrne, Clazomènes, Érythres, Téos, Lébédos, Colophon, Éphèse, Priène. Milet; 2° dans les îles voisines, Chios et Samos. L'assemblée générale de la confédération (Panionium) se tenait sur le mont Mycale, entre Éphèse et Priène. De bonne heure l'Ionie fut célèbre par son commerce, sa navigation, ses colonies, ses richesses, son luxe et sa mollesse, ainsi que par son goût pour la poésie, la musique et les beaux-arts. – C'est vers 1140 que les côtes de l'Asie-Mineure virent arriver les premiers Ioniens, partis de l'Attique sous la conduite des fils de Codrus. Les Perses sous Cyrus (548) assujettirent presque entièrement l'Ionie. Elle se révolta en 504, mais fut vaincue, et resta sous le joug jusqu'à ce que les victoires des Grecs d'Europe, dans la 2e guerre médique (480 et 479), lui rendissent de fait la liberté, et que le traité de Cimon (449) déclarât en droit l'Ionie indépendante de la Perse. Mais dès lors Athènes s'appropriait Chios, Samos, et attentait à la liberté des autres cités ioniennes. Le traité d'Antalcidas (387) les remit pour quelque temps sous la domination du grand roi. L'Ionie, depuis lors, fut alternativement dépendante, soit de la Perse, soit d'Athènes, soit de Sparte, soit des successeurs d'Alexandre, et finit par tomber sous la domination des Romains, qui cependant laissèrent l'autonomie à ses cités. V. IONIENS.

IONIE (École d'). On nomme ainsi une secte de philosophes qui prit naissance en Ionie, et dont les principaux représentants étaient Ioniens. Cette école, la plus ancienne de la Grèce, a pour caractères d'expliquer le monde par un principe unique, dont les transformations diverses produisent tout ce que nous voyons, et de chercher ce principe dans quelqu'un des éléments du monde matériel. Les principaux philosophes ioniens sont : Thales de Milet, qui florissait 600 ans av. J.-C., et qui admettait pour premier principe l’eau ou l'élément liquide; Anaximandre, compatriote et contemporain de Thales, qui admettait une substance unique, répandue partout, l’infini; Anaximène, natif aussi de Milet et disciple d'Anaximandre, pour qui l’air fut la substance infinie et primordiale ; Diogène d'Apollonie, qui professa une doctrine analogue à celle d'Anaximène; Héraclite d'Éphèse, qui, vers 500 av. J.-C., enseigna que le feu est le substratum de toutes choses et l'agent universel. On joint aussi à ces noms celui d'Anaxagore, disciple d'Anaximène. Cette secte se fondit plus tard dans celle de Démocrite et d'Épicure.

IONIENNE (mer), Ionium mare, portion de la mer Méditerranée, située entre l'Italie à l'O. et la Turquie d'Europe à l'E., contient les îles Ioniennes avec plusieurs autres îles moins importantes.

IONIENNES (ÎLES), groupe d'îles qui forment une république, sous la protection de la Grande-Bretagne, est situé dans la mer Ionienne, au S. O. de la Turquie d'Europe, le long des côtes de l'Albanie et de la Grèce. Il se compose de sept îles principales : Corfou (Coryre), Paxo (Ericusa), Théaki (Ithaque), Cérigo (Cythère), Céphalonie, Zante (Zacynthe) et Ste-Maure (Leucade), qui ont pour ch.-lx: Corfou (siége du gouvt), Portogayo, Vathi, Capsali, Argostoli, Zante et Amaxichi. Il faut y joindre un grand nombre d'îlots moins importants : Merlera, Fano, Samotraki, Anti-Paxo, Meganisi, Cerigotto, et, depuis 1849, ceux d'Élaphonisi, Cervi, Sapienza, cédés par le roy. de Grèce. Superf. 3500 k. carrés env. ; popul., 225 000 h. Climat très-doux, sol montagneux. Ces îles produisent peu de céréales, mais beaucoup de raisins, d'olives et du coton. Commerce assez actif. Le gouvt des îles Ioniennes était avant 1863 une république représentative sous le protectorat du souverain d'Angleterre, qui avait le droit de mettre garnison dans les places et de commander les troupes. Un lord haut-commissaire anglais dirigeait les affaires, de concert avec le président du sénat. Ce sénat représentait le pouvoir exécutif ; il était élu tous les cinq ans par des députés envoyés par chacune des sept îles et se composait d'un président, d'un secrétaire d’État et de cinq sénateurs. — Les îles Ioniennes furent célèbres dès l'antiquité ; elles jouèrent un rôle important dans la guerre du Péloponèse (V. CORCYRE). Soumises par Alexandre, puis par les Romains, elles devinrent en dernier lieu province de l'empire d'Orient. Les empereurs byzantins les ayant négligées, Corfou tomba au pouvoir des rois normands de Naples; mais en 1386 les Vénitiens devinrent maîtres de cette île, puis ils étendirent leur domination sur les autres, et, malgré les efforts des Musulmans, ils en restèrent possesseurs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. En 1797, les Français, déjà maîtres de Venise, s'emparèrent des îles Ioniennes; en 1799 les Russes et les Turcs réunis les leur enlevèrent, et les constituèrent en un État indépendant sous le nom de république des Sept-Iles unies et sous la protection de la Porte et de la Russie. Le traité de Tilsitt (1807) les avait restituées à la France ; mais les Anglais s'en emparèrent dès 1809. En 1815, elles reçurent, avec la dénomination d’États-Unis des Iles Ioniennes, la forme d'une république sous la protection de l'Angleterre, protection qu'elles supportèrent impatiemment. L'Angleterre y ayant renoncé en 1863, elles votèrent aussitôt leur annexion au roy. de Grèce.

IONIENS, Ionii, une des quatre divisions du peuple hellène. Ils descendaient d'Hellen par Xuthus, son fils, qui lui-même fut père d'Ion et d'Achæus. Vers 1440, les Ioniens envahirent l'Ogygie orient. et l'Égiale, et donnèrent à ces deux pays, qui furent depuis l'Attique et l'Achaïe, le nom d'Ionie. Lors de l'invasion des Doriens dans le Péloponèse (1190), les Ioniens de l'Égiale, chassés par les Achéens, se réfugièrent chez leurs frères les Ioniens de l'Attique ; mais l'Attique était déjà encombrée d'habitants : aussi la plupart des Ioniens cherchèrent-ils bientôt un autre séjour. Vers 1140, sous Nélée et d'autres fils de Codrus, ils allèrent en grand nombre fonder des colonies dans les Cyclades et sur la côte O. de l'Asie-Mineure, ainsi que dans les îles voisines. Ils y bâtirent les 12 villes d'Ionie (V. IONIE) et de plus enlevèrent aux Éoliens Magnésie et Smyrne. Les Ioniens d'Asie, envoyèrent à leur tour de nombreuses colonies sur toutes les côtes de la Méditerranée et jusque dans le Pont Euxin : ils furent pendant longtemps, sous le rapport du commerce, les rivaux des Phéniciens, des Carthaginois et des Étrusques. De tous les Hellènes, les Ioniens furent sans contredit les plus prompts à se civiliser. La vie élégante, la poésie, la philosophie, les beaux-arts naquirent chez eux dès le IXe siècle av. J.-C. Homère était Ionien, ainsi qu'Archiloque et Anacréon, les philosophes Thalès, Bias et Héraclite, les artistes Parrhasius et Apelle, la courtisane Aspasie, etc. Le dialecte ionien était le plus doux de la langue hellénique, et le mode ionien (en musique) était le plus efféminé et le plus voluptueux. Les Ioniens ont laissé leur nom à un ordre d'architecture qui se distingue par les doubles volutes qui ornent son chapiteau.

IOS, auj. Nio, petite île de la mer Égée, une des Cyclades, entre Amorgos et Sicinos, a 16 kil. sur 8. C'est là, dit-on, que mourut Homère.

IOULIS, auj. Jouli, v. de l'île de Céos, patrie de Simonide. Jadis riche, elle offre encore de belles ruines.

IORI, IOURIÉ, formes russes du nom de George. Ce noms a été porté par 3 princes qui ont régné en Russie. V., à l'art. Russie, le tableau des souverains;

IOWA, État de l'Amérique du N., entre ceux de Wisconsin et d'Illinois à l'E., de Missouri au S. et les districts des Mandanes et des Osages au N. et à l'O. ; 235 000 kil. carr.; 250 000 hab. ; ch.-l., Iowa-City. Il est arrosé par le Mississipi, le Missouri et leurs affluents, l'Iowa, qui lui donne son nom, la riv. des Moines, le Cédar, etc. Grandes richesses minérales; sol fertile et bien cultivé, mais seulement vers le S.: céréales, plantes oléagineuses, sucre, tabac, etc.; vastes prairies. L'industrie et le commerce y sont encore peu avancés. — L'Iowa faisait jadis partie de la Louisiane et fut cédé avec elle par la France aux États-Unis en 1803. Ce fut d'abord un district qui dépendait du Missouri, puis du Wisconsin ; en 1838, il fut érigé en territoire; il devint État souverain en 1846.

IOWA-CITY, v. des États-Unis , capit. de l’État d'Iowa, à 1000 kil. N. O. de Washington ; 6000 hab. Fondée en 1839, elle s'accroît tous les jours.

IPHIANASSE. V. IPHIGÉNIE.

IPHICLÈS, fils d'Amphitryon et d'Alcmène et frère utérin d'Hercule, épousa Pyrrha, fille de Créon, roi de Thèbes, et sœur de Mégare. Il assista à la chasse du sanglier de Calydon, et mourut des blessures qu'il reçut en combattant avec Hercule contre Argée, roi des Éléens. Il eut pour fils Iolas.

IPHICRATE, général athénien, était fils d'un cordonnier. Très-jeune encore, il contribua puissamment à délivrer sa patrie du joug des 30 tyrans (403 av. J.-C.). Peu après, il fit la guerre aux Thraces, et rétablit sur le trône Seuthès, allié d'Athènes. 11 remporta plusieurs victoires sur les Spartiates (393), et prit une flotte syracusaine, auxiliaire des Lacédémoniens. Il conduisit des secours à Artaxerce, roi de Perse, contre l’Égypte (374), et fut sur le point de s'emparer de Memphis et de tout le pays. Il rétablit sur le trône de Macédoine Eurydice, que l'usurpateur Pausanias en avait chassée. Iphicrate introduisit des réformes importantes dans l'armure des soldats athéniens. Malgré ses services, il fut exilé pour avoir faibli dans l'attaque de Byzance : il mourut obscurément en Thrace. Cornélius Népos a écrit sa vie.

IPHIGÉNIE, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre. Un calme opiniâtre arrêtant trop longtemps l'armée des Grecs dans l'Aulide, Calchas leur déclara que Diane, irritée contre Agamemnon, retenait les vaisseaux et qu'elle ne pourrait être apaisée que par le sang d'une princesse de la famille du roi. Agamemnon, après avoir lutté longtemps, accorda le sacrifice de sa fille aux sollicitations des princes ligués : mais Diane, apaisée, mit à sa place une biche, qui lui fut immolée, et elle transporta dans la Tauride cette princesse, pour en faire sa prêtresse. Oreste, son frère, que la tempête avait porté sur ces côtes, faillit être immolé par elle à la déesse ; mais il se fit reconnaître de sa sœur, et, l'ayant enlevée, il quitta avec elle ce pays inhospitalier. Iphigénie a fourni à Euripide le sujet de deux tragédies célèbres, I. en Aulide et I. en Tauride. La 1re a été imitée en franç, par Rotrou (1640), Racine (1674), Leclerc et Coras (1676), en italien par Dolce (1560), en allemand par Schiller (1790). La 2e l'a été en français par Lagrange-Chancel (Oreste et Pylade, 1697), Duché (1704), Guimond de la Touche (1757), en allemand par Gœthe (1786). Gluck et Piccini en ont fait le sujet de beaux opéras.

IPHITUS, roi d'Élide. L'an 884 av. J.-C., il rétablit les jeux olympiques qui avaient déjà été institués par Hercule plusieurs siècles auparavant, et qui étaient tombés en désuétude après l'invasion des Doriens. Il avait obtenu de l'oracle de Delphes la déclaration que le rétablissement de ces jeux était le remède aux divisions qui désolaient alors la Grèce.

IPOLI, riv. de Hongrie, naît dans le comitat de Neograd, passe dans celui de Honth, arrose Ipoli-Sagh, ch.-l. du comitat de Nagy-Honth (2000 h.), et grossit le Danube au-dessous, du Gran. Cours 140 k.

IPS, Pons Isis, Isipontum, v. d'Autriche propre, sur l'Ips (affluent du Danube), au confluent des deux fleuves, à 65 kil. O. de St-Pœlten; 2000 hab. Maison de prévoyance pour les pauvres.

IPSARA, en grec Psyra, petite île de l'Archipel, au N. O. de Chio; 10 kil. sur 5; ch.-l. Ipsara. Bon vin rouge. Les Turcs la prirent en 1824, et en massacrèrent les habitants. Ils la possèdent encore aujourd'hui.

IPSURA, Hispiratis, v. de la Turquie d'Asie (Erzeroum), ch.-l. de sandjak, à 80 kil. N. d'Erzeroum. Anc. capitale des Pagratides, rois d'Arménie.

IPSUS, bourg de l'Asie-Mineure, en Phrygie, au N. E. de Célènes. Séleucus, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre y remportèrent, l'an 301 av. J.-C., une grande victoire sur Antigone et Démétrius, son fils : Antigone y perdit la vie, et les vainqueurs partagèrent l'empire d'Alexandre en quatre grandes monarchies, la Macédoine (avec la Grèce), la Thrace, l’Égypte et la Syrie.

IPSWICH, Gippevicum, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Suflolk, sur l'Orwell ou Gipping, à 60 kil. S. de Norwick ; 26 000 hab. Beau pont en fer; hôtel de ville, douane, halle, prison, maison de correction, hospices ; station de chemin de fer, vapeurs pour Londres. Fonderies de fer, chantiers de construction, savonnerie, filatures. Commerce de drèche, grains, houille. Patrie du cardinal Wolsey.

IRA, forteresse de la Messénie, sur une montagne de même nom, au N. de Messène, est célèbre par le siège que les Messéniens y soutinrent pendant onze ans contre les Lacédémoniens (682-71). La prise d'Ira mit fin à la 2e guerre de Messénie.

IRAK-ADJÉMI (c-à-d. Pays barbare), prov. de la Perse, bornée au N. O. par l'Aderbaïdjan, au N. par le Ghilan et le Tabaristan, à l'E. par le Kouhislan, au S. par le Kerman et le Farsistan, à l'O. par le Khousistan et le Kurdistan : 900 kil sur 400; 2 000 000 h.; ch.-l. Téhéran; v. principales: Ispahan, Kachan, Hamadan, Kasbin, Sultanieh. Pays très-élevé et très-montueux, sillonné par les nombreuses ramifications des monts Elbourz, Demavend, Elvend, etc., entre lesquelles s'étendent de vastes plaines sablonneuses ou vont se perdre la plupart des cours d'eau qui arrosent la contrée. Quelques cantons sont néanmoins fertiles et bien cultivés: mais l'arrosement y est indispensable. Climat sain et tempéré, excepté deux mois de fortes chaleurs. Beaucoup de bestiaux, chameaux et chevaux estimés; industrie florissante : maroquins, verrerie, faïence. — Ce pays comprend la plus grande partie de la Médie ancienne.

IRAK-ARABI (c-à-d. Pays des Arabes), la Babylonie des anciens, contrée de la Turquie d'Asie au S. E., formant à peu près les pachaliks de Bagdad et de Bassora, est traversée par l'Euphrate et le Tigre, qui s'y réunissent sous le nom de Chat-el-Arab, et composée presque entièrement d'une vaste plaine sèche et aride. On y voyait autrefois les villes de Babylone, de Séleucie et de Ctésiphon; on y trouve encore Bagdad.

IRAN. Ce mot, chez les anciens écrivains orientaux, désignait tout le plateau compris entre le Tigre et l'Indus. Il est auj. restreint à la partie occid., occupée par la Perse, et est souvent synonyme de Perse.

IRANCY, b. de France (Yonne), à 14 kil. S. d'Auxerre; 1250 hab. Vin renommé. Patrie de Soufflot. — Mis à sac en 1568 par les troupes du prince de Condé.

IRAOUADDY, grand fleuve de l'Asie, naît dans le Thibet occidental, traverse cette contrée de l'O. à l'E., franchit l'Himalaya par le défilé de Singhian-kiaï, parcourt tout l'empire birman du N. au S., et aboutit dans la mer des Indes au golfe de Martahan par plusieurs bouches, après un cours d'env. 3200 kil. Il reçoit un très-grand nombre d'affluents, entre autres le Kiayn-deayn ou Iraouaddy occidental.

IRASA, contrée de l'Afrique anc., entre Azyris et Cyrène. C'est la que l'on place le royaume d'Antée.

IRBIT, v. de la Russie d'Asie (Perm), à,410 kil. E. de Perm, au confluent de l'Irbit et de la Nitza; 4000 h. Grande foire où se rendent, outre les Russes et les Sibériens,des Boukhares, Tartares, Persans, Grecs, Arméniens. — Fondée en 1635, érigée en ville en 1775.

IRÈNE, impératrice de Constantinople, née à Athènes, de parents obscurs, joignait à une rare beauté tous les dons de l'esprit. Constantin Copronyme, frappé de ses qualités, la choisit en 769 pour être l'épouse de son fils, depuis Léon IV. Elle prit un grand ascendant sur l'esprit de son mari, et celui-ci en mourant lui laissa la tutelle de leur fils Constantin VI (780). Irène déploya pendant sa régence toutes les vertus d'une grande reine, et obtint quelques avantages sur les Sarrasins; mais dans la suite, trahie par la fortune, elle conclut avec le célèbre Haroun-al-Raschid une paix onéreuse, quoique utile. En 787 elle assembla à Nicée un concile qui rétablit le culte des images, et fit cesser le schisme de l'Église d'Orient. Son fils, Constantin, arrivé à sa majorité (790), la relégua dans un château fort ; mais elle reparut à la cour au bout de 15 mois, et, pour s'assurer désormais le pouvoir, elle eut la barbarie de priver son fils de la vue. Elle s'efforça de faire oublier ce crime par de grandes actions. Elle offrit, dit-on, sa main à Charlemagne ou du moins voulut marier sa fille à l'un des fils du roi franc ; mais avant que cette alliance eût pu s'accomplir, elle fut détrônée, en 802, par Sicéphore, son grand trésorier. Exilée dans l'île de Lesbos, elle se vit réduite à filer pour vivre; elle y mourut en 803. Les Grecs, touchés de ses malheurs, l'ont mise au nombre de leurs saintes, et la fêtent le 15 août.

Une autre Ste Irène, de Thessalonique, subit le martyre en 304. Elle est fêtée le 1er avril.

IRÉNÉE (S.), né vers 140 en Asie-Mineure, à Smyrne ou aux environs, eut pour maîtres S. Papias et S. Polycarpe, vint dans la Gaule vers 177 pour y répandre la foi, fut évêque de Lyon après S. Pothin, et subit le martyre sous Septime-Sévère, vers 202. il avait écrit en grec contre les Gnostiques et les Valentiniens un Traité des Hérésies, en 5 liv., qui prouve une profonde érudition. Il ne reste que des fragments du texte grec, mais on en a une traduction latine faite du temps même de l'auteur. Il contribua à terminer la dispute sur l'époque de la célébration de la Pâque. Ses œuvres ont été publiées par Érasme, Bale, 1526 ; par D. Massuet, Paris, 1710; par le P. Pfaff, Venise, 1734, et par Stieren, Leips., 1848. Elles ont été trad. en français par Genoude, 1837-43. On l'honore le 28 juin. Dom Gervaise, en 1723, et l'abbé Prot, en 1843. ont écrit sa Vie.

IRETON (H.), général anglais, gendre de Cromwell, et l'un des plus ardents adversaires de Charles I, fut fait prisonnier à la bataille de Naseby (1645), ne recouvra la liberté que parce que le roi ne put emmener ses prisonniers, et contribua beaucoup à la condamnation de ce malheureux prince. Cromwell, rappelé d'Irlande en 1650, laissa son gendre dans cette île, avec le titre de gouverneur et de lord-député. Ireton s'empara des villes de Waterford et de Limerick, mais il fut tué à la prise de cette dernière, 1651.

IRI, nom moderne de l'Eurotas. V. EUROTAS.

IRIARTE (Ignace), peintre espagnol, né en 1620, dans le Guipuzcoa, mort à Madrid en 1669, était élève d'Herréra le Vieux. Il se consacra au paysage. On admire dans ses œuvres la transparence de l'air, la légèreté des feuillages, un savant emploi du clair-obscur, la limpidité des eaux et la beauté des ciels. Il travailla longtemps avec Murillo, qui ornait ses sites de personnages. Ignace Iriarte fut un des fondateurs de l'Académie de Séville (1660).

IRIARTE (Jean d'), érudit, né en 1702 dans l'île de Ténériffe, mort en 1771, se fixa Madrid en 1724, fut précepteur du duc d'Albe et de don Manuel, infant de Portugal, puis garde de la bibliothèque royale de Madrid, qu'il enrichit de 2000 manuscrits. On a de lui, entre autres ouvrages, une Grammaire latine en vers castillans, avec une nouvelle méthode, 1771. Membre de l'Académie de Madrid, il fut un des principaux collaborateurs de la Grammaire et du Dictionnaire espagnols, publiés par cette compagnie. — Son neveu, don Domingo de I., diplomate, mort en 1746, signa à Bâle en 1795 la paix entre l'Espagne et la République française. — Thomas de I., frère de Domingo (1750-91), s'est distingué comme poète. Il dirigea le Mercure de Madrid, puis devint chef des archives. Accusé devant le tribunal de l'Inquisition, il fut acquitté, mais moyennant une pénitence. Il est connu surtout par ses Fables littéraires, espèce de critique fort spirituelle des écrivains de son temps. On a encore de lui trois comédies, un poème estimé sur la Musique ; des Épîtres morales, etc. Ses OEuvres (en vers et en prose) ont été imprimées à Madrid en 1787 et 1805. Les Fables ont été trad. par Lhomandie, 1804.

IRIS (c.-à-d. en grec arc-en-ciel), fille ou centaure Thaumas et d'Électre, était la messagère des dieux, et en particulier celle de Junon, et portait des ailes brillantes. Junon la plaça au ciel en récompense de ses services et lui donna la forme de l'arc-en-ciel

IRIS, auj. l’Iékil-Irmak, fl. de l'Asie-Mineure, sortait de la Cappadoce, traversait la partie O. du roy. de Pont, et tombait dans le Pont-Euxin, avec le Lycus, près d'Amise, entre l'Halys et le Thermodon.

IRKOUTSK, v. de la Russie d'Asie, ch.-l. du gouvt d'Irkoutsk, au confluent de l'Irkout et de l'Angara, à 2330 kil. S. E. de Tobolsk; 20 000 hab. Archevêché; 33 églises, 2 couvents, gymnase, séminaire, école de navigation, école japonaise, plusieurs bazars. Draps, toiles ; maroquins ; savon, chandelles ; glaces, eau-de-vie, etc. Commerce avec la Chine et l'intérieur de la Russie, surtout en fourrures. Fondée en 1611 ; assiégée en 1696 par les Bouriates. Sa population fut doublée par les Strélitz échappés au massacre de 1705. — Le gouvt d'Irkoutsk, une des 8 grandes divisions de la Sibérie, a pour bornes à l'E. la prov. d'Iakoutsk, à l'O. et au N. le gouvt de Tomsk, au S. la Mongolie. Trés-vastes forêts, quelques districts fertiles, mines (entre autres argent et plomb à Nertchinsk). Outre Irkoutsk, ce gouvt renferme plusieurs autres places importantes, Kiakhta, Nijnéi-Oudinsk, Nertchinsk, etc. Il est habité par les Mongols-Khalkas, les Toungouses et les Bouriates.

IRLANDE, en anglais Ireland, en irlandais Erin (c.-à-d. île verte), Hibernia, Iernis, et quelquefois Scotia major chez les anciens, une des îles Britanniques et l'un des trois royaumes qui composent le Royaume-uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, est située à l'O. de la Grande-Bretagne, dont elle est séparée par le canal St-Georges : 450 kil. du N. au S., sur 280 de l'E. à l'O. ; 5 764 000hab. en 1861 (on en comptait plus de 9 millions en 1841); capit., Dublin. L'Irlande se divise en 4 grandes prov. : Leinster ou Lagénie à l'E., Ulster ou Ultonie au N., Connaught ou Connacie à l'O., Munster ou Momonie au S.; ces provinces sont subdivisées en 32 comtés :

Comtés. Capitales.
Leinster.
Dublin, Dublin.
Louth, Dundalk.
East-Meath, Trim.
Wicklow, Wicklow.
Wexford, Wexford.
Kilkenny, Kilkenny.
Carlow, Carlow.
Kildare, Kildare.
Queen's County, Maryborough.
King's County, Tullamore.
West-Meath, Mullingar.
Longford, Longford.
Ulster.
Antrim, Belfast.
Down, Downpatrick.
Armagh, Armagh.
Tyrone, Omagh.
Londonderry, Londonderry.
Donegal, Donegal.
Fermanagh, Enniskillen.
Cavan, Cavan.
Monaghan, Monaghan.
Connaught.
Leitrim, Carrick-on-Shannon.
Sligo, Sligo.
Roscommon, Roscommon.
Mayo, Castlebar.
Galway, Galway.
Munster.
Clare, Ennis.
Limerick, Limerick.
Kerry, Tralee.
Cork, Cork.
Waterford, Waterford.
Tipperary, Clonmel.

L'Irlande possède 4 archevêchés catholiques, Armagh, Dublin, Cashell, Tuam, et deux archevêchés anglicans, Armagh et Dublin.

Cette contrée, généralement plate, est arrosée par un grand nombre de rivières dont les principales sont : le Shannon, le Bandon, la Lee, la Blackwater, la Boyne, la Liffey, la Suir, la Barrow, la Slane, etc. Il faut y ajouter le Grand-Canal, le canal Royal et le canal de Newry. L'Irlande renferme et outre un grand nombre de lacs, notamment ceux de Swilly, de Foyle, Neagh, Erne, Corrib, Lane ou Killarney, etc. Les côtes, extrêmement échancrées, surtout au S. O., offrent un grand nombre de baies utiles pour la navigation et de ports très-commodes (Bantry, Cork, Belfast, Dingle, Sligo, etc.). Le pays est sillonné par des routes magnifiques; en outre, trois lignes ferrées partent de Dublin : 1° celle du N., pour Drogheda, Dundalk, Newry et Belfast, avec embranchement de Dundalk sur Enniskillen, Omagh, Lifford et Londonderry; 2° celle de l'O., pour Mullingar, Athlone, Ballinasloe et Galway; 3° celle du S. O., pour Kildare, Maryborough, Mallow et Cork. On trouve en Irlande d'excellents pâturages, mais aussi beaucoup de marécages; les forêts ont presque entièrement disparu. Le climat est tempéré, mais humide et variable. Les principales productions du sol sont l'avoine, l'orge et surtout la pomme de terre; le lin et le chanvre; la culture du blé y est encore arriérée. On élève en Irlande beaucoup de bestiaux, des porcs, des chèvres et de petits chevaux estimés; on y exploite des mines d'or, d'argent, de cuivre, de plomb, de fer, de cobalt et de houille, des carrières de granit et de pierre calcaire, et des ardoisières. L'industrie est peu développée : elle a pour objets principaux les toiles, mousselines, tissus de coton, l'eau-de-vie, la bière, etc. Le paysan irlandais est presque partout réduit à un état de misère extrême, fruit d'un gouvernement tyrannique, de l'énormité des impôts et de l'avidité des propriétaires fonciers, presque tous Anglais et protestants, qui consomment leurs revenus hors du pays. Le gouvt est confié à un vice-roi ou lord-lieutenant, nommé par le souverain de la Grande-Bretagne. L'Irlande est représentée au Parlement par 32 pairs pour la Chambre des Lords, et 105 députés pour la Chambre des Communes. La religion de l’État est celle de l'Église anglicane ; mais les 9 dixièmes de la population professent la religion catholique. L'anglais est la langue officielle, mais on parle aussi la langue erse, reste de l'ancienne langue du pays.

L'histoire primitive de l'Irlande est entourée de fables ; on sait seulement que ce pays fut peuplé par les Celtes ou Gaëls et par les Ibères; qu'il ne fut jamais compris dans l'empire Romain, bien qu'il ait été connu et décrit par les géographes Strabon, P. Méla, Ptolémée; qu'une de ses peuplades, les Scots, envahit de bonne heure la Calédonie, à laquelle elle donna son nom et où elle fut sans cesse en lutte avec les Pictes ; enfin que le Druidisme y régna jusqu’au IVe s., époque à laquelle S. Patrick y introduisit le Christianisme : le nombre des établissements religieux y devint bientôt si grand que l’Irlande fut appelée l’Île des Saints. L’Irlande était alors divisée entre plusieurs rois indépendants, qui portèrent le nom d’O’Neill dans l’Ulster, d’O’Brien dans le Munster, d’O’Connor dans le Connaught, de Mac-Morrough dans le Leinster, d’O’Melaghlin dans le Meath. Aux VIIIe et IXe s., les Danois s’emparèrent de presque toutes les côtes. Vers 1002, Brien-Boron, roi de Munster, devint maître de la plus grande partie de l’île ; il vainquit les Danois à Clontarf (1014). En 1169, Henri II, roi d’Angleterre, qui s’était fait investir de l’Irlande par une bulle du pape Adrien IV dès 1155, y envoya une armée ; il s’y rendit en personne en 1171 : malgré la résistance héroïque de Roderic O’Connor, les Irlandais furent obligés de céder à des forces supérieures, et Jean, fils de Henri II, fut le premier vice-roi d’Irlande. Cependant les Anglais n’avaient soumis qu’une petite partie de l’île (les comtés actuels de Dublin, Meath, Louth et Kildare) ; le reste était encore indépendant. En 1315, Édouard Bruce, frère du roi d’Écosse, y débarqua, et fut proclamé roi a Dundalk par les Irlandais restés libres ; mais il fut vaincu et tué en 1318. Toutefois le pays résista longtemps encore, et la conquête ne fut complétée qu’en 1603, par la soumission de l’Ulster. Les Anglais commencèrent dès lors à faire peser sur l’Irlande un joug intolérable. Déjà plusieurs efforts inutiles avaient été tentés par les Irlandais pour secouer leur domination, lorsqu’au XVIe s. leur refus d’accéder à la Réforme, introduite en Angleterre par Henri VIII, attira sur eux de nouvelles persécutions. Élisabeth dépouilla les Catholiques irlandais de la faculté d’occuper des emplois publics ; Jacques I confisqua les terres des insurgés et les biens du clergé catholique. En 1650, l’Irlande, qui avait pris parti dès 1641 pour Charles I, fut mise à feu et à sang par Cromwell et Ireton. Lors de la révolution de 1688, les Irlandais, fidèles aux Stuarts, se déclarèrent pour Jacques II ; mais la victoire de la Boyne, remportée en Irlande même par Guillaume d’Orange (1690), anéantit leurs espérances. En 1782, ils obtinrent un parlement indépendant ; néanmoins, encouragés par la France, ils s’insurgèrent en 1796. L’insurrection, mal secondée par la République française, fut bientôt comprimée, et les échafauds se relevèrent. En 1800, le parlement anglais décréta l’union définitive des deux pays et supprima l’ombre de parlement que l’Irlande avait conservée ; on laissa, il est vrai, aux Irlandais la faculté d’envoyer au Parlement britannique des députés qui s’y trouvèrent perdus au milieu de ceux de l’Angleterre et de l’Écosse : encore n’y admit-on que les Irlandais anglicans : les Catholiques furent privés du droit d’élection et de représentation. Depuis cette époque, l’Irlande n’a cessé de réclamer, surtout par la voix du célèbre O’Connell (1825-47), l’émancipation des Catholiques et même le rappel de l’union. L’émancipation, longtemps promise et ajournée, fut enfin accordée en 1829, sous le ministère de Robert Peel, mais n’a pas mis un terme aux maux de l’Irlande La misère pousse chaque année un grand nombre d’Irlandais a émigrer en Amérique et en Australie, et la dépopulation du pays a pris des proportions effrayantes. Ces souffrances ont amené en 1865 la conspiration des Fénians (V. ce nom). On doit à Th. Moore, à El. Regnault et au P. Perraud des Hist. de l’Irlande.

IRLANDE (Mer d'), partie de l’Océan Atlantique située entre l’Angleterre et l’Irlande. Elle communique avec l’Atlantique au N. par le canal du Nord, entre l’Écosse et l’Irlande, et au S. par le canal St-George. Elle renferme les îles d’Anglesey et de Man.

IRLANDE (NOUVELLE-), île du Grand-Océan Équinoxial, dans l’Océanie, au N. E. de la Nouv.-Bretagne et au S. E. du Nouvel-Hanovre, par 2° 30-4° 59′ lat. S. et 48° 18′-150° 50′long. E. ; 350 kil. de long sur 35 de large. Montagneuse et couverte de forêts ; ; on y trouve en abondance des cocotiers et des muscadiers : les bois sont peuplés d’une multitude d’oiseaux de diverses espèces. Les indigènes sont très-laids, mais moins noirs que les nègres d’Afrique ; leur chevelure est longue et laineuse ; ils sont doux, sobres, hospitaliers, mais défiants. Ils confectionnent avec beaucoup d’adresse leurs armes et leurs instruments de pèche et de chasse. Lieu principal, Port-Praslin, — La Nouv.-Irlande, découverte par Schouten en 1616, a été revue par Tasman (1643), Dampier (1760) et Carteret (1767).

IRMINON, prieur de l’abbaye de St-Germain des Prés, près de Paris, sous Charlemagne et Louis le Débonnaire, a laissé un Polyptique, ou Pouillé de son abbaye, précieux pour l’histoire de la condition des personnes et des terres à cette époque. Il a été publié par B. Guérard, 1845.

IRMINSUL, c.-à-d. colonne d’Irmin (le même qu’Hermann, Arminius), idole des anciens Saxons, était placé sur la montagne fortifiée d’Ehresbourg (maintenant Stadtberg, près de Paderborn). Elle représentait un homme armé à la façon des Germains, tenant un étendard d’une main et une lance de l’autre. C’était le dieu de la guerre, ou selon quelques-uns Arminius déifié. Charlemagne détruisit cette idole en. 772, ainsi que la forteresse qui la défendait

IRNERIUS, Werner ou Garnier, le réformateur de la jurisprudence au moyen âge, était né, selon les uns, en Allemagne, selon d’autres à Milan, ou plutôt à Bologne, vers 1065. Selon une tradition, il avait étudié à Constantinople ; mais il est plus probable qu’il se forma seul par la lecture des jurisconsultes anciens. Il enseigna le droit à Bologne de 1100 a 1120, avec un tel éclat que bientôt l’école de cette ville fut aussi célèbre pour la jurisprudence que l’école de Salerne pour la médecine, La grande-comtesse Mathilde, qui régnait sur la Toscane, et l’empereur Henri V, appelèrent Irnerius dans leurs conseils On place sa mort entre 1138 et 1150. On lui attribue l’institution des grades scientifiques et des insignes affectés à chaque grade. On a de lui des gloses qui justifient peu sa réputation. Il laissa de savants disciples : Azon, Jean Bulgare, Martin Gosia, Porta, et surtout Accurse, qui le fit oublier.

IROQUOIS, confédération jadis puissante d’Indiens de l’Amérique du Nord. qui habitent auj. partie dans les États-Unis (New-York), partie dans le Canada. Ils formaient autrefois 5 nations : les Mohawks, les Onéidas, les Onondagas, les Sénécas, les Cayugas ; auj. ils ne comptent plus guère que 12 000 individus. Ils étaient fiers, guerriers, courageux, hospitaliers, amis fidèles, d’une imagination mélancolique ; l’abus des spiritueux (dont ils ignoraient l’usage avant l’arrivée des Européens) les a abrutis et énervés — En 1603, lorsque les Français arrivèrent au Canada, les Iroquois étaient en guerre avec les Adirondaks. Ceux-ci invoquèrent le secours des Français, et, conduits par Champlain, défirent complètement les Iroquois ; mais les Hollandais ayant anéanti la nation des Adirondaks, les Iroquois reconquirent leur importance. Ils soutinrent les Anglais, d’abord contre les Français, puis contre les Anglo-Américains : aussi, en 1779, ces derniers en massacrèrent-ils un grand nombre et détruisirent-ils leurs villages. Depuis ce temps, les Iroquois vivent sur ce qu’on appelle les réserves de l’État ; mais ils sont resserrés tous les jours par les colons américains, et leur nombre diminue sensiblement.

IRRAOUADDY. V. IRAOUADDY.

IRTYCH ou IRTISCH, grand fleuve de l’Asie septent., sort des monts Altaï, dans la Dzoungarie, traverse le lac Dzaïssang, baigne le gouvt de Tomsk (Russie d’Asie), le N. du Turkestan indépendant, le S. du gouvt de Tobolsk, et, après un cours de près de 3000 kil., tombe dans l’Obi au-dessous de Simarowa. Affluents, l’Oulba, l’Om, l’Ichim et le Tobol. Sur la rive g. de l’Irtych les Russes ont élevé, de Buchtarminsk à Omsk, une ligne de forteresses pour arrêter les Incursions des Tartares. IRUN, Irunia, v. frontière d’Espagne (Guipuzcoa), sur la r. g. de la Bidassoa, à 18 kil. E. de St-Sébastien ; 4600 hab. C’est la 1re ville espagnole qu’on rencontre en sortant de France par la Bidassoa. Elle existait du temps des Romains.

IRUS, mendiant d’Ithaque, renommé pour sa grande taille et sa gloutonnerie. Son véritable nom était Arnée ; mais les amants de Pénélope l’appelaient Irus, parce qu’il faisait leurs messages (du grec eirein, parler). Comme il insultait Ulysse, et voulait, sans le connaître, lui défendre l’entrée de son palais, le héros le tua d’un coup de poing.

IRVINE, v. d’Écosse (Ayr), à 18 kil. N. d’Ayr, près du golfe de la Clyde ; 7400 hab. Chantiers de construction. Ville fort ancienne. Elle dut son importance à un couvent de Carmélites qui y fut fondé en 1412

IRVING (Washington), l’écrivain le plus populaire des États-Unis, né en 1783 à New-York, de parents originaires d’Écosse, mort en 1859, visita les principales contrées de l’Europe, débuta par des articles de journaux et par des ouvrages de fantaisie qui parurent sous le voile du pseudonyme, donna en 1820 sous son propre nom le Sketch book (livre d’esquisses), charmante peinture des mœurs anglaises ; en 1824, les Contes d’un Voyageur, qui obtinrent un grand succès ; fit paraître de 1828 à 1830, après un séjour de plusieurs années en Espagne, l’Histoire de la Vie et des Voyages de Christophe Colomb, qui fut suivie de la Chronique de la Conquête de Grenade (1829) et des Contes de l’Alhambra (1832) ; retourna en Amérique en 1832, parcourut divers États de l’Union, publia ses Expéditions dans les prairies de l’Amérique et Astoria, où il raconte ses impressions de voyage (1835-37), et donna en 1855 une Vie de Washington. Il fut longtemps chargé de fonctions diplomatiques en Europe : secrétaire de l’ambassade américaine à Londres en 1829, chargé d’affaires en 1831, il fut nommé en 1842 ministre près la cour d’Espagne et occupa ce poste avec honneur pendant 4 ans. W. Irving est un conteur charmant : son style vif, coloré, est en même temps pur, plein de grâce et d’harmonie ; la vérité et l’originalité de ses peintures l’ont fait appeler le Wouvermans de la littérature. Ses travaux historiques ne se recommandent pas moins par la science que par le style. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en français aussitôt qu’ils paraissaient par Defauconpret, Benj. Laroche, Mlle A. Sobry, etc.

IS, auj. Tit, v. de Babylonie, au confluent de la riv. d’Is et de l’Euphrate. Sources de naphte.

IS, anc. v. de l’Armorique, dans la baie de Douarnenez (Finistère), fut submergée par la mer en 444.

IS-SUR-TILLE, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 24 kil. N. E. de Dijon, près du confluent de la Tille et de l’Ignon : 1436 hab. Fabriques de draps, filature de coton, étrilles, tuyaux de poêles, fonderie de cuivre. Tour carrée, reste d’un château fort.

ISAAC, fils d’Abraham et de Sara, naquit vers l’an 2266 av. J.-C. selon l’Art de vérifier les dates, ou 1896 selon la chronologie vulgaire, sa mère étant âgée de 90 ans. Son père allait l’immoler pour obéir à l’ordre de Dieu lorsqu’il fut sauvé par un miracle (V. ABRAHAM). Il épousa Rébecca, sa cousine, dont il eut Ésaü et Jacob, et mourut à l’âge de 180 ans. Il était devenu aveugle dans sa vieillesse : Jacob profita de cette infirmité pour se faire bénir par lui au lieu d’Ésaü.

ISAAC (S.), dit le Parthe ou le Grand, né à Constantinople, patriarche d’Arménie de 390 à 440, a laissé une traduction arménienne de la Bible, et des Hymnes qui sont encore chantées dans l’Église arménienne.

ISAAC COMNÈNE, empereur grec, fils d’un préfet de l’Orient, fut proclamé empereur en 1057, à la place de Michel Straliolique, qui venait d’être renversé du trône. Faible et incapable de gouverner, il abdiqua en faveur de Constantin Ducas, l’an 1059, et se retira dans un monastère ou il mourut en 1061.

ISAAC L’ANGE, empereur grec, prit la place d’Anadronic Comnène en 1185 : il fut porté au trône par le peuple au moment même où Andronic le faisait conduire au supplice. Il se rendit méprisable par ses vices et son incapacité et fut détrôné par Alexis, son frère, qui lui fit crever les yeux (1195). Isaac remonta sur le trône en 1203 avec le secours des Croisés ; mais, 6 mois après, il fut détrôné de nouveau et mis à mort par Alexis Ducas, à l’âge de 50 ans.

ISABEAU DE BAVIÈRE. V. ISABELLE.

ISABELLA (port de la), sur la côte N. d’Haïti. Colomb y fonda en 1493 le premier établissement espagnol qui ait existé dans l’île d’Haïti.

ISABELLE (Ste), sœur de S. Louis, roi de France, née en 1224, morte en 1270, refusa d’épouser Conrad, fils de l’empereur Frédéric, et se retira au monastère de Longchamps, près de Paris, qu’elle avait fondé. On la fête le 22 février, jour de sa mort, et le 31 août.

ISABELLE (Ste) de Portugal. V. ÉLISABETH.

ISABELLE DE HAINAUT, fille de Baudouin, comte de Hainaut, issu de Charles de Lorraine, le dernier Carlovingien, épousa le roi de France Philippe-Auguste (1180), en eut un fils, depuis Louis VIII, et mourut en 1190. Elle avait apporté en dot l’Artois. Ce mariage de l’héritière des Carlovingiens avec un descendant de Capet légitima en quelque sorte l’usurpat. des Capétiens.

ISABELLE DE FRANCE, reine d’Angleterre, fille de Philippe le Bel, née en 1292, m. en 1358, épousa en 1308 Édouard II, roi d’Angleterre. Négligée par son mari, que gouvernaient d’indignes favoris, elle le fit déclarer déchu, avec l’appui de son frère Charles le Bel, et s’empara de la régence au nom de son fils Édouard III (1326). Peu de temps après, son amant, Roger Mortimer, ayant fait périr le malheureux Édouard II par un affreux supplice (1327), son fils, indigné, secoua le joug qu’elle lui imposait, envoya Mortimer à l’échafaud (1330), et la relégua elle-même dans une prison où elle mourut au bout de 28 ans. C’est du chef de cette princesse qu’Édouard III et ses successeurs prétendaient tenir leurs droits à la Couronne de France.

ISABELLE DE BAVIÈRE, reine de France, fille d’un duc de Bavière, née en 1371, m. en 1435, épousa Charles VI en 1385. Ce prince étant tombé en démence (1392), elle fut mise à la tête d’un conseil de régence dont faisaient partie le duc d’Orléans, frère du roi, et Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Il s’éleva bientôt entre ces deux princes une funeste rivalité, d’où naquit la querelle des Bourguignons et des Armagnacs. Comme Isabelle favorisait le duc d’Orléans, avec lequel elle entretenait, dit-on, des liaisons criminelles, le duc de Bourgogne, pour se venger, fit assassiner ce prince (1407). Malgré son ressentiment, Isabelle consentit à traiter avec le meurtrier, afin de conserver le pouvoir, et, même après l’assassinat de Jean sans Peur (1419), on la vit se liguer avec son successeur, Philippe le Bon, pour livrer la France à l’étranger et dépouiller son propre fils (Charles VII). Elle signa dans ce but le traité de Troyes, qui faisait passer la couronne sur la tête d’Henri V, roi d’Angleterre (1420). Après la mort de Charles VI et de Henri V (1422), elle ne joua plus aucun rôle. Elle mourut en 1435, universellement méprisée.

ISABELLE DE CASTILLE, dite aussi Isabelle la Catholique, reine d’Espagne, fille de Jean II, roi de Castille, née en 1450, épousa en 1469 Ferdinand V, roi d’Aragon, et succéda en 1474, sur le trône de Castille, à son frère Henri IV, au préjudice de Jeanne, fille du feu roi, dont la légitimité était contestée. Elle eut d’abord à défendre sa couronne contre Jeanne, que soutenait le roi de Portugal Alphonse V ; mais la victoire de Toro (1476) la rendit maîtresse absolue de la Castille. Isabelle fit régner dans ses États la justice que des guerres perpétuelles avaient presque anéantie, créa la milice de la Ste-Hermandad, donna une nouvelle organisation à l’Inquisition (1481), enleva aux Maures tout ce qu’ils possédaient encore en Espagne, et mit fin à leur empire par la prise de Grenade, en 1492. Après cette conquête, Isabelle et Ferdinand prirent en commun le titre de rois d’Espagne. Leur puissance s’étendit bientôt sur un nouveau monde par les découvertes de Christophe Colomb dont Isabelle avait su comprendre le génie et à qui elle avait fourni les vaisseaux qui le conduisirent en Amérique. Mais, au milieu de tant de gloire, son bonheur fut troublé par des chagrins domestiques : elle perdit coup sur coup son fils, don Juan, prince des Asturies, et une fille, reine de Portugal, et fut témoin de la folie de son autre fille Jeanne, archiduchesse d'Autriche. Elle mourut de douleur en 1504, après avoir déclaré Jeanne la Folle héritière de ses États de Castille, conjointement avec Philippe le Beau, son époux.

ISABELLE D'AUTRICHE, fille de Philippe II, roi d'Espagne, et d’Élisabeth de France (fille de Henri II), fut mise en avant par le cabinet espagnol (comme étant la nièce et la plus proche parente de Henri III), pour occuper le trône de France, au préjudice de Henri de Navarre (1593). Lorsque Philippe II eut perdu l'espoir de placer la couronne de France sur la tête de sa fille, il lui fit épouser Albert d'Autriche, fils de Maximilien II (1598), et lui donna en dot la souveraineté des Pays-Bas (alors révoltés) et la Franche-Comté. Isabelle accompagna son époux dans ses guerres contre les Hollandais. On raconte que se trouvant au siège d'Ostende, elle jura de ne changer de linge qu'après la prise de cette place : Ostende ayant résisté plus de 3 ans, le linge que portait la princesse avait pris une teinte fauve à laquelle on donna le nom de couleur Isabelle. Après la mort d'Albert (1621), dont elle n'avait pas d'enfant, Isabelle n'eut plus que le titre de gouvernante des Pays-Bas ; elle défendit le Brabant contre le prince d'Orange, et déjoua une conspiration tramée pour ériger les Pays-Bas catholiques en république (1632). Elle mourut en 1633.

ISABELLE-LA-CATHOLIQUE (Ordre d'), ordre institué en Espagne en 1815 par Ferdinand VII, pour récompenser ceux qui avaient défendu ses domaines d'Amérique. La croix est d'or, à 8 pointes, surmontée d'une couronne olympique; au milieu est un emblème de l'Amérique, avec cette exergue : A la lealtad; le ruban est moiré blanc, avec liseré orange.

ISABEY (J. B.), peintre miniaturiste, né à Nancy on 1764, m. en 1855. Après avoir étudié la peinture historique, il se donna tout entier à la miniature et y obtint le premier rang; il excellait également dans la peinture sur émail et sur porcelaine, et dans l'aquarelle. Successivement premier peintre de la manufacture de porcelaine de Sèvres, peintre de l'Empereur, puis de Louis XVIII et de ses successeurs, Isabey a fait le portrait en miniature des principaux personnages de l'Europe, depuis Napoléon jusqu'à l'empereur Alexandre. Dans le tableau connu sous le nom de la Barque d'Isabey, il a réuni les portraits en miniature des personnes de sa propre famille. Parmi ses peintures sur porcelaine, on remarque la Table des maréchaux ; parmi ses dessins à la sépia, la Visite du premier consul à la manufacture d'Oberkampf à Jouy, la Parade devant les Tuileries, et le Congrès de Vienne. A la pureté du dessin il unissait la vérité du caractère et de la couleur. — Son fils, Eugène Isabey, né à Paris en 1807, s'est fait un nom comme peintre de marines et d'intérieurs.

ISAGORAS, Athénien, rival de Clisthène, qui avait établi le gouvernement démocratique à Athènes après l'expulsion des Pisistratides (509), tenta, avec le secours du roi de Sparte Cléomène, de rétablir l'oligarchie : il réussit à chasser Clisthène, et fit bannir sept cents familles athéniennes; mais, assiégé par le peuple dans la citadelle, il fut forcé de capituler, et fut banni à son tour. V. CLISTHÈNE.

ISAÏE, Isaias, fils d'Amos, et neveu d'Amasias, roi de Juda, est le premier des quatre grands prophètes. Il prophétisa sous Joathan, Açhaz et Ézéchias. C'est lui qui prédit à ce dernier prince d'abord qu'il allait mourir, ensuite que sa vie serait prolongée de quinze ans. Pour confirmer cette promesse, il fit reculer l'ombre du soleil de dix degrés sur le cadran d'Achaz. Isaïe fut mis à mort et scié en deux, par ordre de l'impie Manassès, fils d'Ezéchias, vers 694 av. J.-C. ; on croit qu'il avait alors plus de 100 ans. Isaïe parle clairement de Jésus-Christ et de son Église. Il passe pour le plus éloquent des prophètes : ses idées sont sublimes, ses tableaux énergiques, et son style d'une véhémence extraordinaire. On admire surtout le Cantique sur la ruine de Babylone. Ses prophéties ont été traduites séparément par Genoude, 1815.

ISALA, riv. du pays des Bataves, est auj. l’Yssel.

ISAMBERT (Franç. André), jurisconsulte et homme politique, né en 1792 à Aunay (Eure-et-Loir), m. en 1857, exerça, à partir de 1818, les fonctions d'avocat à la Cour de cassation et au Conseil d'État, se signala sous la Restauration par l'ardeur avec laquelle il combattit les excès du clergé et défendit les condamnés politiques ainsi que les hommes de couleur des colonies, fut nommé en 1830 conseiller à la Cour de cassation, fut à la même époque élu député, siégea également à l'Assemblée nationale en 1848, et prit place parmi les hommes les plus modérés. On lui doit d'importantes collections de jurisprudence : Recueil des anc. lois françaises, de l'an 420 à la révolution de 1789, 29 vol. in-8, 1821-23 (avec Decruzy, Jourdan et Taillandier); Recueil des lois et ordonnances à compter de 1814, 17 vol. in-8, 1820-30; Pandectes françaises, recueil des lois et de la jurisprudence depuis 1789, 2 v. in-4, 1834 (ouvrage inachevé). Élève de Gail, Isambert était un helléniste distingué : on a de lui les Anecdota de Procope, en grec et en français, 1855, et une Histoire de Justinien, 1856. Il a laissé en ms. des trad. de Flavius Josèphe et de l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe, et une Histoire des origines du Christianisme.

ISAR ou ISER, Isara, riv. de Bavière, naît dans les Alpes du Tyrol, à 9 kil. N. E. d'Inspruck, reçoit la Loisach, l'Ammer, baigne Munich, Landshut, et se perd dans le Danube au-dessus de Deckendorf. Cours, 280 kil. Avant 1837, elle donnait son nom à une des divisions du roy. de Bavière, qui forme auj. le cercle de Hte-Bavière.

ISARA, nom anc. de l’Isère, de l’Oise de l’Isar.

ISARDJIK, v. de Bosnie, à 53 kil. N. O. de Iéni-Bazar, dans les montagnes, a longtemps été un lieu d'exil adopté par le gouvernement ottoman. C'était jadis la résidence des rois de Bosnie.

ISATCHA, v. forte de Turquie (Roumélie), dans la Dobrutscha, sur la r. dr. du Danube, à 150 k. N. E. de Silistrie. Prise par les Russes en 1790, 1828 et 1854.

ISAURE (Clémence), dame illustre et riche de Toulouse, que l'on dit issue des anciens comtes de Toulouse, institua vers l'an 1490 les Jeux Floraux dans sa ville natale, et laissa à la ville des revenus considérables pour fournir aux frais des concours de poésie ( V. JEUX FLORAUX). Elle ne faisait, par cette fondation, que renouveler un établissement qui existait déjà à Toulouse au XIIIe siècle sous la titre de Collége de la gaie science. On croit qu'elle mourut vers l'an 1513, à 50 ans. Du reste, on ne sait rien de sa vie ; son existence même a été mise en douta.

ISAURIE, Isauria, petit district de l'Asie-Mineure, dans la région du Taurus, était ainsi nommée de la ville d'Isaure, située sur le bord E. du lac Caralis, et était attribuée tantôt à la Phrygie, tantôt à la Lycaonie ou à la Pisidie. Plus tard on étendit beaucoup l'Isaurie à l'E. et au S. E., en y comprenant toute la Trachéotide : elle forma alors une province du diocèse d'Orient, à l'O. de la Cilicie 1re; cette province avait pour ch.-l. Séleucie-Trachée. Les habitants de l'Isaurie étaient farouches et braves, mais pillards.

ISAURIEN (LÉON, dit L'). V. LÉON.

ISBOSETH, fils de Saül, disputa le trône à David à la mort de Saül (1040). Il régna pendant sept ans sur onze tribus d'Israël, tandis que David régnait sur celle de Juda. Au bout de ce temps, il fut abandonné d'Abner, le meilleur de ses généraux, et périt assassiné par deux Benjamites. Il faisait sa résidence à Mahanaïm au delà du Jourdain, tandis que David résidait à Hébron.

ISCA DUMNONIORUM, v. de la Bretagne romaine (Bretagne 1re), sur l’Isca, était la capit. des Dumnonii. C’est auj. Exeter. - ISCA SILURUM, v. de la Bretagne 2e, chez les Silures, est auj. Caerléon.

ISCALIS, v. de la Bretagne rom., auj. Ilchester.

ISCANUS (Joseph), poète latin de la Grande-Bretagne au XIIe s., natif d’Isca (Exeter), embrassa la vie monastique, et mourut vers 1224. Il est connu par un poëme élégant De bello Trojano, composé sous Henri II et Richard Cœur de Lion à l’occasion de la 3e croisade. Ce poëme, attribué pendant le moyen âge à Cornélius Nepos, fut rendu à son véritable auteur par Dresemius dans l’édition de Francfort, 1623. On le trouve généralement joint à Dictys et à Darès.

ISCARIOTE (JUDAS). V. JUDAS.

ISCHIA, Ænaria, dite aussi Pithécuse et Inarime, île d’Italie, à l’entrée du golfe de Naples : 35 kil. de tour ; 24 000 h. Baies ; bons fruits, vin excellent ; fer, soufre, mine de sel gemme (découv. en 1857), eaux thermales. Au centre est le mont Epomeo, volcan éteint, dont la dernière éruption eut lieu en 1303. L’île a pour ch.-l. Ischia, sur la côte O. ; 3000 h. Évêché ; ruines d’une forteresse qu’y bâtit au XVe siècle Alphonse d’Aragon. Cette v. est fort ancienne ; elle fut fondée, dit-on, par des Chalcidiens d’Eubée. V. ÆNARIA.

ISCHL, v. des États autrichiens (Hte-Autriche), sur la Traun, à 75 kil. S. O. de Steyer ; 2120 h. Sources salées et sulfureuses. Bains très-fréquentés.

ISÉE, orateur grec, de Chalcis en Eubée, vint de bonne heure se fixer à Athènes, fut disciple de Lysias et d’Isocrate, et devint le maître de Démosthène. Il nous reste de lui 11 discours, dans lesquels on remarque, avec beaucoup d’élégance et d’harmonie, la simplicité et la gravité qui caractérisent l’éloquence de la tribune. Ils ont été publiés par Reiske, Leipsick, 1775, par Schaefer, Leips., 1822, par Bekker, Berlin, 1823. et dans les Oratores attici de la collection Didot. Ils ont été trad. en franç, par l’abbé Auger, 1783.

ISENBOURG (comté d’), principauté médiatisée de l’Allemagne, dont les possesseurs relèvent du grand-duc et de l’électeur de Hesse, est située partie dans le grand-duché de Hesse-Darmstadt, partie dans la Hesse-Électorale ; 50 000 h. ; v. princ, Budingen. Sol montagneux, mais bien cultivé ; mines de fer. - La maison d’Isemboug, qui remonte au Xe siècle, est auj. représentée par les princes d’Isenbourg-Birstein, et d’Is.-Budingen, et par les comtes d’Is.-Philippseich, d’Is.-Waechtersbach et d’Is.-Meerholz.

ISEO (lac d’), Sebinus lacus, dans la Lombardie, sur la limite des prov. de Brescia et de Bergame, entre les lacs de Côme et d’Idro, est ainsi nommé d’Iseo, bourg situé sur son bord mérid., à 17 kil. N. O. de Brescia, et qui compte 2000 hab. Le lac a 22 kil. sur 3. Il est traversé par l’Oglio.

ISER ou ISAR, riv. de Bavière. V. ISAR. - Riv. de Bohême, arrose le cercle de Bunzlau et se jette dans l’Elbe après un cours de 90 k. dirigé du N. E. au S. O.

ISÈRE, Isara, riv. de France, naît au pied du mont Iseran en Savoie, passe à Moutiers-eu-Tarentaise, à Montmeillan, entre dans le dép. de l’Isère, passe à Grenoble, et se jette dans le Rhône à 9 kil. au-dessous de Valence (Drôme). Cours, 300 kil. Elle reçoit l’Arly, l’Arc, l’Ozeins, le Drac et la Bourne.

ISÈRE (dép. de l’), entre ceux de l’Ain au N., du Rhône à l’O., de la Drôme au S. O., des Htes-Alpes au S. E. et la Savoie à l’E. : 150 k. sur 65 ; 8412 k. carrés ; 577 748 hab. ; ch.-l., Grenoble. Ce dép. a été formé d’une partie du Dauphiné (le Viennois et le Grésivaudan). Il est généralement montagneux et couvert de forêts. Il est arrosé par le Rhône, l’Isère, le Drac et la Romanche. Céréales, légumes, fourrages, chanvre. Gros et petit bétail, mulets, porcs, chèvres ; vers à soie. Mines de fer, argent et plomb ; carrières de marbre, d’albâtre, de granit, déplâtre. Fabriques de soieries, indiennes, draps communs, toiles ordinaires, lainages, ganterie, cuirs, papiers, chaudronnerie ; fromages de Sassenage et d’Oysans, etc. Commerce actif. - Ce dép. se divise en 4 arr. (Grenoble, la Tour-du-Pin ; Saint-Marcellin, Vienne), 45 cant. et 547 comm. Il appartient à la 8e div. milit., a une cour impériale et un évêché à Grenoble.

ISERLOHN, v. des États prussiens (Westphalie), ch.-1. de cercle, à 26 kil. d’Arensberg ; 12 700 hab. École d’arts et métiers, collège. Velours, mouchoirs de soie, etc. Commerce avec la France, l’Italie, etc

ISERNIA, Æsernia, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Molise), à 38 kil. O. de Campo-Basso ; 5300 hab. Évêché ; cathédrale, aqueduc. Ville anc. ; ruinée en partie par le tremblement de terre de 1805.

ISGAUR ou ISKURIAH, Dioscurias, puis Sebastopolis et Soteriopolis, v. et port de la Russie d’Asie, dans l’Abazie, sur la côte E. de la mer Noire, à 26 k. S. E. de Soukoum-kalé.

ISIAQUE (Table), table de cuivre sur laquelle on voit représentés la figure et les mystères d’Isis, ainsi que la plupart des divinités égyptiennes, avec leurs attributs distinctifs. Elle fut trouvée au sac de Rome en 1527 ; on la conserve dans la galerie royale de Turin.

ISIASLAV, nom de trois princes qui ont régné en Russie. Isiaslav I, fils d’Iaroslav I, régna à Kiev de 1054 à 1078, fut sans cesse en lutte avec les membres de sa famille, notamment avec Igor, son frère, et avec Vseslav, prince de Polotsk ; fut deux fois détrôné, et périt dans un combat contre Oleg, son neveu. - Isiaslav II régna à Kiev de 1146 à 1154, après avoir arraché la couronne à Igor, son parent, il fut lui-même trois fois chassé de ses États : mais trois fois il se fit rétablir ; il mourut sur le trône. - Isiaslav III, reconnu grand prince de Kiev en 1156, à la mort d’Iourié, affaiblit ses États par des partages. Il fut tué devant Bielgorod, qu’il assiégeait inutilement (1167).

ISIDORE de Charax, historien et géographe grec, vivait, selon les uns, sous le règne de Ptolémée Lagus, trois siècles av. J.-C., selon les autres, et plus probablement, sous Tibère. On lui doit divers traités historiques, et une Description de la Parthie, qui a été publiée par David Hœschelius (dans les Géographes grecs, Oxford, 1703), et par B. Fabricius, 1849, in-8.

ISIDORE (S.) d’Alexandrie ou de Péluse, solitaire de la Thébaïde et disciple de S. Jean Chrysostome, né vers 370 à Alexandrie, m. vers 440, a laissé plusieurs traités théologiques estimés et 5 livres de Lettres, remarquables par la noblesse et la simplicité du style. Ses Œuvres ont été publiées par A. Schott, gr.-lat., Paris, 1638, in-f.

ISIDORE (S.) de Séville, fils d’un gouverneur de Carthagène (Espagne), fut fait évêque de Séville en 601, et mourut en 636. Il se distingua également par son érudition et sa piété. Il a laissé, entre autres ouvrages, 20 livres d’Origines ou Étymologies, véritable encyclopédie des sciences de son temps ; des Commentaires sur l’Ancien Testament ; un Traité des écrivains ecclésiastiques, une Chronique depuis Adam jusqu’en 626, suivie d’une Chronique spéciale des Goths, qui va de l’an 260 à l’an 628. Les meilleures éd. de ces ouvrages sont celles de Madrid, 1599, 2v. in-f. ; de Paris, 1601, in-fol., et de Rome, 1797-1803, 7 v. in-4. L’Histoire des Goths a été publiée séparément par Rosler, Tubingue, 1803-04, in-4.

ISIGNY, ch.-l. de c. (Manche), à 20 kil. O. de Mortain ; 409 hab. - Ch.-l. de c. (Calvados), sur la Manche, à 37 kil. O. de Bayeux ; 2500 hab. Trib. de commerce ; station. Beurre renommé, bon cidre ; commerce de légumes. Petit port, cabotage.

ISIS, une des divinités principales des Égyptiens, était sœur et femme d’Osiris, et mère d’Horus et d’Harpocrate. Elle régna longtemps sur l’Égypte avec son frère, et tous deux firent fleurir l’agriculture. Osiris ayant été, au retour de la conquête des Indes, assassiné par son frère Typhon, Isis leva une armée pour marcher contre celui-ci, et en donna le commandement à Horus, son fils, qui vainquit l’ennemi en deux batailles rangées. Elle fut mise après sa mort au rang des dieux. On prend Isis tantôt pour la lune, tantôt pour la nature, mère de toutes choses ; on la confond aussi quelquefois avec la vache Io. On la représenta sous la figure d'une jeune femme, la tête surmontée de cornes ou d'un globe lunaire, assise et allaitant Horus; elle a pour attributs le sistre et le lotus. L’Égypte célébrait en l'honneur d'Isis des mystères, qui se répandirent dans la Grèce et l'Italie, et que l'on croît les mêmes que ceux de Cybèle. Elle avait des prêtres nommés Isiaques. On voit les mystères d'Isis représentés sur la Table Isiaque. V. ce mot.

ISKANDERIEH. V. ALEXANDRIE et SCUTARI.

ISKANDEROUN. V. ALEXANDRETTE.

ISKARDO, v. d'Asie, dans l'Himalaya, sur le Ht-Indus, à 190 k. N. O. de Leh, est la capit. d'un petit État indépendant. Commerce assez important.

ISKER, OEsus. riv. de la Turquie d'Europe (Roumélie), naît dans le sandjak de Sophia, coule au N. E., et se jette dans le Danube, après un cours de 270 k.

ISLA (le P. Jean de L'), jésuite espagnol, né en 1714 à Ségovie, m. en 1783, a composé des ouvrages satiriques dans le genre de Rabelais : le plus remarquable est la Vida de fray Gerundio, Madrid, 1758, où il critique avec esprit le mauvais goût et les ridicules des prédicateurs de son temps. Il traduisit le Gil Blas de Lesage, y ajouta une suite, et voulut faire croire que l'ouvrage avait été primitivement composé en espagnol : cette mystification fit quelques dupes.

ISLAM-ABAD, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), sur le Tchittagong, à 13 kil. de son emb., et à 215 kil. S. E. de Dacca; 12 000 hab. Construction de gros navires; canevas de coton. — Les Portugais connurent cette ville dès le XVe siècle; ils la nommaient Porto-Grande. Elle appartint successivement aux rois afghans du Bengale, aux radjahs d'Arakan, enfin aux Mongols depuis 1666. Les Anglais essayèrent vainement de la prendre en 1689; elle leur fut cédée en l760.

ISLAMISME (de l'arabe islam, soumission à Dieu), nom par lequel on désigne la religion de Mahomet.

ISLANDE, Iceland (c.-à-d. terre de glace), grande île de l'Océan arctique, située entre l'Europe et l'Amérique, par 63° 7'-66° 44' lat. N. et 18° 40'-27° 54' long. O., au N. O. de l’Écosse et à l'E. du Groenland; 390 kil. sur 310; 50 000 hab. env. (on en a compté plus de 100 000); v. capit., Reikiavik (c'était précédemment Skalot). Cette île appartient au Danemark; elle est partagée en trois amter ou bailliages, Sonder-Amt, Vester-Amt et Norder-og-Oster-Amt, qui ont pour chefs-lieux Reikiavik, Stappen et Madruvel. Ses côtes offrent une multitude de caps et de golfes étroits; on distingue, parmi les caps, le cap Nord au N. O., le cap Langoness au N. E., et les caps Hékla, Reikianess et Ouvardaness à l'O. ; parmi les golfes, le Skaga-fiord et le Hval-fiord au N., l'Isa-fiord, l'Arnar-fiord, le Tseyde-fiord et le Sona-fiord à l'O. L'Islande présente l'étrange contraste de glaces éternelles à sa surface et d'un vaste amas de feu dans son sein : on y compte dix volcans en activité, dont le plus connu est l'Hékla (1736m) et le plus élevé le Jokul (2080m); on connaît 44 éruptions depuis l'an 1000 jusqu'en 1860, époque de la dernière. On trouve dans diverses parties de l'île des jets d'eau bouillante, mêlée de pierres et de boue : les plus importants sont le Grand-Geyser et le Strok. Les principales rivières de l'Islande sont la Laxaa, la Thiorsaa, la Skaptaa; on y voit aussi un grand nombre de lacs dont quelques-uns exhalent des vapeurs et de la fumée. Le climat de cette île est plus tempéré qu'on ne pourrait le croire ; on y récolte un peu de grains, des pommes de terre et du lichen ; mais elle est presque entièrement dépourvue de bois. On y élève des bœufs, des vaches, la plupart sans cornes, des moutons qui donnent beaucoup de laine, de petits chevaux de bonne race, des rennes; on y chasse des renards dont la fourrure est estimée; la pêche que l'on fait sur les côtes est très-productive. Les montagnes renferment des mines de fer, de cuivre, de plomb, et surtout du soufre, du porphyre, du cristal de roche, des onyx, des calcédoines, des agates ; les prairies fournissent de la tourbe et du bois fossile. Les Islandais sont de taille moyenne et peu vigoureux ; ils sont probes, fidèles, hospitaliers, et tiennent extrêmement à leur patrie; ils ont peu d'industrie, et ne savent que fabriquer des étoffes grossières et préparer les cuirs. Leur langue est un dialecte norvégien, l'anc. langue des Scandinaves, qu'ils ont conservée dans sa pureté : ils ont une poésie assez riche : l’Edda et plusieurs des Sagas (V. ces mots) ont été rédigés chez eux. Ils professent la religion réformée. — Les anciens ne connaissaient probablement pas l'Islande, bien qu'on ait voulu voir en elle l’Ultima Thule. En 861, le pirate norvégien Naddod (ou, selon d'autres, le Suédois Gardar, en 863) découvrit cette île, alors déserte, et lui donna le nom de Sneeland (terre de neige), changé bientôt en celui d’Iceland. De 868 à 874 plusieurs seigneurs, mécontents de la tyrannie d'Harald, quittèrent la Norvège et vinrent fonder en Islande la 1re colonie sous la conduite d'Ingolf. En 928 la colonie était déjà florissante et possédait une sorte de gouvernement aristocratique. En 996, le Christianisme y fut introduit. L'île resta paisible et indépendante jusqu'en 1261 : une révolution la soumit alors à la Norvège. L'union de Calmar la fit passer sous la domination des Danois, qui la possèdent encore auj. En 1530, la Réforme et l'imprimerie s'y introduisirent à la fois. Un 1809, un aventurier danois, George Jurgensen, s'empara de l'Islande, avec l'appui de l'Angleterre, et s'en déclara souverain; mais il fut chassé de l'île en 1815. En 1855, le commerce de l'Islande, dont le monopole appartenait à quelques négociants de Copenhague, a été ouvert à toutes les nations.

ISLAY, une des îles Hébrides, dépend du comté d'Argyle: 40 kil. sur 28; 16 900 hab. Montagnes; cuivre, mercure, plomb, émeri, etc. Peu de grains, gros bétail. Beaucoup de cavernes, entre autres la grotte de Sanegmore. — Cette île appartint successivement aux Danois, aux Norvégiens, aux Mac Donald, dits les Lords des Iles, jusqu'au règne de Jacques IV, sous lequel elle passa à la couronne d’Écosse.

ISLAY, v. et port du Pérou (Arequipa), sur l'Océan équinoxial, à 100 k. S. d'Arequipa. Port très-commerçant.

ISLE (l'), riv. de France, naît près de Ladignac (Hte-Vienne), à 2 kil. S. E. de Nexon, baigne Excideuil, Périgueux, Astier, Mucidan et Montpont, et se jette dans la Dordogne, à Libourne, après avoir reçu la Hte-Vézère, la Loue et la Dronne. Cours, 225 kil.

ISLE (l'), ou ISLE SUR LA SORGUE, ch.-l. de cant. (Vaucluse), dans une île de la Sorgue, près de la fontaine de Vaucluse, à. 22 k. E. d'Avignon: 4800 hab. Garance, lainages. — V. ILE et ILLE.

ISLEWORTH, v. d'Angleterre (Middlesex), à 13 kil. S. O. de Londres : 6000 hab. Site pittoresque; belles maisons de campagne, entre autres Sion-House (au duc de Northumberland).

ISLIMNIA, v. de Turquie. V. SELIMNO.

ISLINGTON, v. d'Angleterre (Middlesex), au N. de Londres, se trouve auj. réunie à cette ville par une suite de bâtiments; 35 000 hab. Sources ferrugineuses; laiteries.

ISLY, riv. du Maroc, naît au S. d'Ouchda, près des limites de l'Algérie, et se jette dans la Tafna, r. g., après un cours de 100 kil. environ. Le maréchal Bugeaud battit les Marocains sur ses bords, près d'Ouchda. le 14 août 1844, et reçut en mémoire de ce beau fait d'armes le titre de duc d'Isly.

ISMAËL, un des fils d'Abraham, né de l'union de ce patriarche avec Agar, esclave égyptienne qu'il avait prise pour femme du second rang, vint au monde vers 2280 av. J.-C. (l'an 1906, selon la chronologie vulgaire). Après la naissance d'Isaac (2266), il fut, sur la demande de la jalouse Sara, chassé de la maison paternelle ainsi que sa mère; il erra longtemps dans le désert, et se fixa enfin près de Bersabée, à l'extrémité méridionale de la Palestine. Ismaël devint un habile chasseur et un vaillant guerrier. Il épousa une femme égyptienne dont il eut un grand nombre d'enfants ; les Arabes le regardent comme le père de leur nation et l'auteur de leur langue. Il vécut 137 ans. ISMAËL, fils de l’imam Giafar-el-Sadiket 6e descendant d’Ali, mort vers 750, a donné son nom à la secte musulmane des Ismaéliens. V. ce nom.

ISMAËL I ou CHAH ISMAEL, fondateur de la dynastie des Sophis de Perse, était fils d’un gouverneur du Chirvan, petit fils de Sophi, et prétendait descendre d’Ali, gendre de Mahomet, par Mouça, le 7e des imams. Sorti de sa province vers 1500, il secoua le joug de la dynastie turcomane du Mouton-Blanc, s’empara de Tauris, de l’Irak, du Farsistan, du Kourdistan, du Diarbékir, en un mot de toute la Perse ; entra dans Bagdad (1509), et fit asseoir sur le trône la secte des Chyites ; mais il fut arrêté dans ses conquêtes par Sélim I, qui le battit à Tchaldir (1514). Ce prince régna jusqu’en 1523, et partagea ses États entre ses enfants. Il est encore aujourd’hui en grande vénération parmi les Persans. — Ismaël II, petit-fils du précéd., était en prison à la mort de son père Chah-Thamasp (1576) et passa de la prison sur le trône. Il crut affermir sa puissance par le meurtre de ses 8 frères ; mais il fut empoisonné lui-même par sa sœur en 1578.

ISMAÉLIENS, secte musulmane dont l’origine remonte au IIe siècle de l’ère musulmane, et qui s’est détachée des Chyites ou partisans d’Ali. Au lieu d’admettre après Mahomet une succession de 12 imams (V. ce mot) comme le font les autres Chyites, ils n’en admettent que 7, et prétendent qu’à la mort d’Ismaël, fils aîné de Giafar-el-Sadik, c’est à tort que l’on transféra la qualité d’imam à Mouça, frère cadet d’Ismaël, et que cette dignité appartenait de droit à Mohammed, fils d’Ismaël. Ce Mohammed ayant disparu fort jeune, les Ismaéliens ne voulurent point croire à sa mort, mais ils prétendirent que sa race s’était conservée et qu’elle se perpétuait par une filiation secrète jusqu’à l’arrivée d’un dernier imam, sorte de messie qui ferait triompher leur secte. Les Ismaéliens professaient une doctrine mystérieuse qui expliquait par des allégories les dogmes de l’Islamisme, et qui, dispensant ses adeptes de toute obligation, était également contraire à la morale et à la religion. Les Ismaéliens jouent un grand rôle dans l’histoire de l’Orient du VIIIe au XIIe siècle. C’est de cette secte que sont sortis les Karmathes, qui ravagèrent la Perse et la Syrie au VIIIe siècle ; les califes fatimites, dont le premier, Obéid-Allah, se prétendait issu d’Ali par Ismaël, et qui régnèrent sur l’Égypte de l’an 909 à 1174 ; les Assassins, dits aussi Ismaéliens de l’Est, qui, pendant près 200 ans (de 1090 à 1260), répandirent la terreur dans tout l’Orient ; les Druses, qui sont encore fort nombreux en Syrie. On en fait aussi dériver les Nosaïris et les Wahabites.

ISMAIL ou ISMAILOV, v. de Moldavie, sur le Danube, à 180 kil. S. de Bender ; 25 000 hab. Port de quarantaine, station d’une partie de la flottille du Danube. Cuirs, peau de chagrin. — Cette ville fut saccagée en 1789 par Souvarow. Cédée en 1812, par le traité de Bukharest, à la Russie, qui l’annexa à la Bessarabie, elle lui a été enlevée par le traité de Paris, en 1856, et réunie à la Moldavie.

ISMAÏLIA. v. d’Égypte, sur le canal de Suez ; c’est la plus importante station entre Port-Saïd et Suez.

ISMARE, Ismarus, v. et mont. de Thrace, au S., chez les Cicones, entre Maronée et Stryma.

ISMÈNE, fille d’Œdipe et de Jocaste, fut mise à mort par Créon avec sa sœur Antigone, pour avoir rendu les honneurs funèbres à son frère Polynice.

ISNARD (Maximin), membre de l’Assemblée législative et de la Convention, né à Grasse(Var), en 1751, mort en 1830. A l’Assemblée législative il ne se fit remarquer que par l’exaltation de ses sentiments patriotiques et par la violence des mesures qu’il proposait : à la Convention, il se montra plus modéré, se rangea parmi les Girondins, et combattit avec courage le parti de la Montagne. Mis hors la loi au mois d’octobre 1793, il n’échappa à la mort qu’en se cachant ; il reparut à la Convention après le 9 thermidor, et fit partie du Conseil des Cinq-Cents ; mais, depuis l’avènement de Bonaparte, il resta éloigné des affaires. On a de lui un beau dithyrambe sur l’Immortalité de l’âme, 1805, et quelques écrits politiques, entre autres une brochure intitulée la Proscription d’Isnard, 1795.

ISNIK, l’anc. Nicée, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), sur le bord E. du lac d’Isnik (Ascanius lacus), qui communique avec la mer de Marmara, à 80 kil. N. E. de Brousse ; 1500 hab. Fabriques de faïences, poteries, soieries, tapis, tabac. Cette ville est tout à fait déchue de son ancienne splendeur. V. NICÉE.

ISNIKMID ou ISMID, l’anc. Nicomédie, v. de la Turquie d’Asie (Anatolie), ch.-l. de sandjak, à 100 kil. S. E. de Constantinople, au fond du golfe d’Isnikmid (Astacenus sinus) ; 40 000 hab. Siège d’un archevêché arménien et d’un métropolitain grec. Filatures de soie et poteries ; eaux minérales. Isnikmid est le rendez-vous d’un grand nombre de caravanes. V. NICOMÉDIE.

ISOCRATE, célèbre rhéteur athénien, né l’an 436 av. J.-C., eut pour maîtres Prodicus et Gorgias. Sa timidité naturelle et la faiblesse de sa voix ne lui permettant pas de parler en public, il se voua à l’enseignement de l’éloquence et eut la gloire de compter parmi ses élèves Isée, Hypéride et Lycurgue ; il composait aussi des discours sur toutes sortes de sujets, des lettres et surtout des plaidoyers qu’il faisait payer fort cher, et il acquit ainsi une fortune considérable. Il entretenait une correspondance active avec Philippe, roi de Macédoine. Séduit par les flatteries de ce prince, il le défendit contre les attaques de Démosthène et s’opposa, autant qu’il put, à ce que les Athéniens lui déclarassent la guerre : on dit qu’affligé de la perte de la bataille de Chéronée, il se laissa mourir de faim. Il avait alors près de 100 ans. Isocrate se recommande par l’élégance et l’harmonie du style ; il est le premier qui ait bien connu l’art de cadencer les périodes ; mais il manque de feu et d’énergie. Il reste de cet orateur 21 discours, parmi lesquels on connaît surtout le Panéyriqne d’Athènes (qu’il mit 15 ans à polir), les Éloges d’Évagoras et d’Hélène, le Discours sur la paix, le Discours à Nicoclès sur l’art de régner, le Disc. à Démonique, etc. On a aussi de lui 10 Lettres. Outre l’édit. princeps, Milan, 1493, on estime celles de H. Wolf, Bâle, 1553 ; d’H. Etienne, Paris, 1593, gr.-l. ; de Reiske, Leips. 1770-75 ; de Coray, Paris. 1807 ; de Bekker, Berlin, 1823-24 : de J. G. Baiter (coll. Didot), 1846. Auger a trad. en français ses discours, 1782, et M. le duc de Clermont-Tonnerre toutes ses Œuvres, avec le texte, 3 v. in-8, 1862-64.

ISOLA, v. des États autrichiens (Istrie), sur le golfe de Trieste, à 9 kil. O. de Capo-d’Istria ; 3100 h. Vins.

ISOLA, v. d’Italie (dans la Calabre Ultérieure 2e), à 40 kil. E. de Catanzaro ; 3000 hab. Évêché.

ISOLA-BELLA. V. BORROMÉES (îles).

ISOLA GROSSA, Scardona, île des États autrichiens, dans l’Adriatique, sur la côte de la Dalmatie, au S. O. de Zara : 44 kil. sur 3 ; 12 000 h. Lieu principal, Salé.

ISONZO, Isontius ou Sontius, riv. des États autrichiens (Illyrie), naît au mont Terglou dans le cercle de Goritz, passe à Goritz, à Gradiska, reçoit la Torre, l’Idria et la Wippach, et se jette dans le golfe de Trieste après un cours de 130 k. Sous l’empire français, l’Isonzo formait la limite orientale du roy. d’Italie.

ISOUARD (Nicolo), compositeur. V. NICOLO.

ISPAHAN, Aspadana, v. de Perse (Irak-Adjémi), jadis capit. de toute la Perse, et auj. ville de second ordre, sur le Zendehroud, à 350 kil. S. de Téhéran ; 100 000 hab. Monuments remarquables, mais presque tous en ruine. Fabriques d’étoffes de coton, soie, or et argent ; quincaillerie, armurerie, lames de sabres renommées, fruits de toute espèce (et surtout melons et pastèques). Commerce encore considérable. — Ispahan était peu importante dans l’antiquité. Sous les califes de Bagdad, elle devint la capitale de l’Irak-Adjémi, et prit alors un immense accroissement. Prise et ravagée par Tamerlan (1387), elle se releva peu à peu sous les Sophis. Chah-Abbas I en fit la capitale de toute la Perse, l’embellit d’édifices magnifiques, y attira les artistes, les négociants, les ouvriers : elle devint alors l’entrepôt le plus considérable du commerce de l'Orient (1600). Chardin, qui la visita sous le règne d'Abbas II (1660), évaluait sa population à 600 000 h. Les Afghans s'emparèrent d'Ispahan en 1722, et en détruisirent les plus beaux édifices. Nadir-chah la reprit en 1729, mais il ne chercha point à la restaurer, Depuis ce temps, elle n'a fait que décliner jusqu'au règne de Feth-Ali-Chah, qui la releva vers 1798.

ISRAËL (de l'hébreu sara, combattre, el, Dieu), nom qui fut donné, selon la Bible, à Jacob, après sa lutte avec un ange (V. JACOB). De là ses descendants furent appelés Israélites. V. JUIFS.

ISRAËL (Roy. d'), un des deux roy. qui se formèrent en Judée après la mort de Salomon (962), était opposé au roy. de Juda. Il comprenait 10 tribus : Aser, Nephtali, Zabulon, Issachar, Manassé, Éphraïm, Dan, Siméon, Gad. Ruben; ou, en d'autres termes, la Galilée, la Samarie, la Pérée, et l'O. de la Judée propre. Sichem, Thirsa, enfin Samarie en furent successivement la capitale. Le roy. d'Israël dura 244 ans, de 962 à 718 av. J.-C. Infidèle au vrai Dieu, il fut sans cesse en guerre avec le roy. de Juda et avec les rois de Syrie et d'Assyrie. Il fut détruit par Salmanasar en 718. Ses rois se succédèrent dans l'ordre suivant :

Jéroboam I, 962-943 Joachas, 832
Nadab, 942 Joas, 817
Baasa, 919 Jéroboam II, 776
Éla, 918 Interrègne.
Zamri, 918 Zacharie, 767-766
Amri, 907 Sellum, 766
Achab, 888 Manahem, 754
Ochosias, 887 Phaceïa, 753
Joram, 876 Phacée, 726
Jéhu, 848 Osée, 718


ISRAÉLI (Isaac d'), littérateur anglais, né en 1766 à Enfield, près de Londres, m. en 1848. était d'une famille juive. Destiné au commerce. il préféra les lettres, écrivit dans le Gentleman's Magazine, dans le Quaterly Review, et se fit un nom comme critique. Parmi ses écrits, on estime surtout ses Curiosities of Literature, Londres, 1791-1823, 6 v. in-8 en partie trad. par Bertin, 1809, et ses Amenities of Literature, 1841. On a aussi de lui quelques ouvrages historiques, mais ils sont moins appréciés. Ses OEuvres ont été rassemblées en 1849 par son fils, Benj. d'Israéli (né en 1805), célèbre à la fois comme littérateur et comme homme politique.

ISRAÉLITES. V. ISRAËL et JUIFS.

ISSA, Lissa, île de l'Adriatique, sur les côtes delà Dalmatie, avait une ville de même nom. Menacée par Teuta, reine d'Illyrie, Issa se mit sous la protection romaine : de là la guerre de Rome contre l'Illyrie.

ISSACHAR (tribu d'), une des 12 divisions de la Palestine, avait au N. la tribu de Zabulon, au S. la demi-tribu O. de Manassé, et s'étendait de la mer au Jourdain. Jezraël en était la v. principale. Elle devait son nom à Issachar, 5e fils de Jacob et de Lia.

ISSÉDONS, peuple de Scythie, se divisait en 2 groupes qui habitaient, l'un la Sérique (Cachemire et Sirinagur), l'autre la Scythie au delà de l'Imaüs (Thibet).

ISSER, cours d'eau de l'Algérie (prov. d'Alger), coule du S. au N., et se jette dans la mer entre Alger et Dellys. Il donne son nom à la puissante tribu des Issers qui habite ses bords et qui a soutenu contre nos troupes de sanglants combats.

ISSIGEAC, ch.-l. de c. (Dordogne), à 20 kil. S. E. de Bergerac : 1000 hab.

ISSINGEAUX, v. de France. V. YSSINGEAUX.

ISSINIE, pays d'Afrique. V. ASSINIE.

ISSOIRE, Icciodurum, v. de France (Puy-de-Dôme). ch.-l. d'arr., à 50 kil. S. E. de Clermont-Ferrand, près du confluent de la Crouze et de l'Allier; 5700 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collège. Belle église du XIe s. Ville petite et mal bâtie. Chaudronnerie, ustensiles de cuivre; commerce d'huile de noix, de chanvre et de vin. Patrie du cardinal Duprat. — Du temps des Romains, cette ville avait une école et un temple célèbres. Ravagée par les Vandales au Ve s., continuellement disputée par les comtes et les dauphins d'Auvergne Jusqu'en 1531, elle eut encore à soutenir deux siéges terribles en 1577 et 1590.

ISSOUDUN, Auxellodunum, v. de France (Indre), ch.-l. d'arrond., à 27 kil. N. E. de Châteauroux, sur la Théols et le chemin de fer dit Centre; 11 000 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collège. Rues larges et régulièrement bâties. Fabriques de draps, bas, parchemins, huiles, laine et cuirs. Commerce de blé, vins, laine, bétail, fer et bois. Ruines d'un château fort. — Issoudun eut des seigneurs particuliers jusqu'en 1187 : les Anglais s'en emparèrent alors et la possédèrent jusqu'en 1220. Philippe-Auguste la réunit à la couronne. Issoudun souffrit d'une peste en 1497, et d'un incendie en 1651. Les Ligueurs s'emparèrent de cette ville ; mais les habitants les en chassèrent (1589). La révocation de l’Édit de Nantes lui enleva beaucoup d'habitants. Patrie du P. Berthier, du philologue Thurot, etc.

IS-SUR-TILLE. V. IS.

ISSUS, auj. Aiazzo, v. d'Asie-Mineure (Cilicie des plaines), sur la mer, au fond du golfe Issique, à l'angle N. E. de la Méditerranée, est célèbre par la victoire qu'Alexandre remporta dans les environs sur Darius, l'an 333 av. J.-C. Septime Sévère y défit Pescennius Niger, l'an 194 après J.-C.; Héraclius y battit Chosroës en 622.

ISSY, Issiacum, v. du dép. de la Seine, sur un coteau près de la r. g. de la Seine, au S. O. de Paris; 6700 hab. Maison ecclésiastique, succursale du séminaire de St-Sulpice. Maisons de campagne; fabrique de produits chimiques. Fort construit en 1842. — Il se tint à Issy en 1694 de célèbres conférences au sujet du quiétisme.

ISSY-L'ÉVÊQUE, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 40 kil. S. O. d'Autun, sur la Somme ; 2000 hab. Anc. baronnie, appartenant aux évêques d'Autun.

ISTÆVONS, anc. peuple germain. V. GERMANIE.

ISTAKHAR, v. de Perse (Fars), sur un rocher, près du Bendemir, à 53 kil. N. E. de Chyraz. Patrie du cheikh Al Estakhry, qui parcourut en 951 le monde musulman, de l'Inde a l'Atlantique, et qui écrivit le Livre des Climats, publ. à Gotha en 1839, et trad. en allem. par Mordtmami, Hamb., 1845. Aux env., ruines de l'antique Persépolis.

ISTAMBOUL, nom turc de CONSTANTINOPLE.

ISTER, fleuve de l'Europe anc., auj. le Danube.

ISTHME DE CORINTHE ou DE MORÉE, DE PANAMA, DE SUEZ, etc. V. CORINTHE, PANAMA, SUEZ, etc.

ISTHMIQUES (Jeux), un des 4 jeux solennels que célébrait la Grèce dans l'antiquité, étaient ainsi nommés de l’isthme de Corinthe, où ils se tenaient. Ils furent d'abord institués par Sisyphe, au XIVe siècle av. J.-C., pour honorer la mémoire de Mélicerte (V. ce nom). Thésée les réorganisa et les consacra à Neptune. On les célébrait tous les 3, 4 ou 5 ans ; on y disputait le prix de la lutte, de la course, du saut, du disque, du javelot, de la musique et de la poésie. Les vainqueurs recevaient une guirlande de feuilles de pin. Ces jeux furent abolis l'an 130 de J.-C. sous Adrien.

ISTIB, Stobi, v. de la Turquie d'Europe (Roumélie), sur la Bagranitza, à 90 kil. N. E. de Monastir; 8000 hab. Château fort. Petits ouvrages en acier.

ISTRES, Ostrea, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), sur le canal de Craponne, à 49 kil. O. d'Aix : 3000 h. Huile d'olives, kermès. — Cette ville, fondée, dit-on, au commencement du VIIIe siècle, reçut son nom de la quantité d'huîtres fossiles qui composent les collines environnantes.

ISTRIE, Histria, prov. des États autrichiens (Illyrie), formant un cercle du gouvt de Trieste. se compose d'une péninsule située au fond de l'Adriatique et bornée au N. par le territoire de Trieste, le cercle de Goritz et la Carniole, à l'E. par la Croatie, la Dalmatie et le golfe de Quarnerolo, au S. et à l'O. par l'Adriatique : 135 kil. sur 100; 235 000 hab. ; ch.-l., Pisino; autres villes, Capo d'Istria, Rovigno, Pirano, Pola, etc. Climat malsain ; sol fertile : vin, huile, blé (en moindre quantité), miel et fruits. Mines de houille et d'{tiret|a|lun}} alun; carrières de marbre. — L'Istrie ancienne était bornée au N. par la Liburnie. Ses habitants vivaient de brigandage et de piraterie; ils furent subjugués par les Romains dès 221 av. J.-C., et leur pays fut réduit en province romaine en 178 av. J. C. Comme le reste de l'Italie, l'Istrie subit successivement le joug des Herules, des Ostrogoths, des Lombards, des Francs (774) : elle fut placée au IXe s. sous la suzeraineté du patriarche d'Aquilée. En 1190, les Vénitiens s'emparèrent de la plus grande partie du pays ; le reste passa à l'Autriche. En 1797, le traité de Campo-Formio céda à l'Autriche l'Istrie vénitienne. En 1805, l'Istrie tout entière fut comprise dans les provinces Illyriennes et réunie à l'empire français; elle fut rendue à l'Autriche en 1814. En 1808 le maréchal Bessières avait été nommé duc d'Istrie.

ISTROPOLIS. v. de la Mésie inférieure, près de l'embouchure de l'Ister (Danube), avait été fondée par les Milésiens. On a cru la reconnaître dans les villes de Ghiusiandji, de Proschloviza et de Karahirmen : c'est plus probablement Portitza, sur la mer Noire.

ITABYRIUS, un des noms du mont Thabor.

ITALICA, dite aussi Divi Trajani civitas, auj. Séville-la-Vieille ou Santiponce, grande ville de la Bétique, au N. E. d’Hispalis, fondée par Scipion l'Africain. Patrie de Trajan, d'Adrien et de Théodose I.

ITALIE, Italia, contrée de l'Europe mérid., située entre 36° 34'-47° lat. N. et entre 4°-16° long. E., forme une longue presqu'île, ayant la forme d'une botte éperonnée; elle est bornée au N. par la Confédération germanique et la Suisse, au N. E. par les États autrichiens, au N. O. par la France, et de tous les autres côtés par la Méditerranée, qui à l'O. prend le nom de mer Tyrrhénienne et à l'E. celui de mer Adriatique. Elle a 1300 kil. de longueur diagonale (du Mont-Blanc au cap Spartivento). Sa largeur varie extrêmement : au N. elle atteint 550 kil. de large, au centre et au S. elle n'a pas plus de 220 k., et en quelques endroits se rétrécit au point de n'en avoir que 60; on y compte environ 22 000 000 d'hab., tous Catholiques. On la divise en 3 régions géographiques : l’Italie septentrionale, de 44° à 47° lat. N., l’Italie centrale, de 42° à 44°, et l’Italie méridionale, de 38° à 42°. On peut en outre réunir sous le nom d’Italie insulaire les 3 grandes îles de Sicile, de Sardaigne et de Corse, avec les petites îles qui en dépendent.

Description générale. Au N. et à l'O. de l'Italie s'étendent les Alpes, auxquelles se lient les Apennins (V. ALPES et APENNINS); ceux-ci traversent la presqu'île dans toute sa longueur et projettent beaucoup de chaînons secondaires dont fait partie le volcan du Vésuve. En Sicile s'élève une autre chaîne dont l'Etna est le point le plus élevé. L'Italie septentrionale est arrosée par un grand fleuve, le Pô, dans lequel se rendent presque toutes les rivières de cette région (Tésin, Adda, Oglio, Mincio, Trebbia, Taro, etc.). Cependant l'Isonzo, le Tagliamento, la Piave, la Brenta, le Bacchiglione, l'Adige ont aussi leur embouchure dans l'Adriatique. Au centre et au sud coulent une foule de petites rivières côtières qui se rendent à la mer : l'Arno, le Tibre, le Garigliano, le Vulturne sur la côte occidentale; le Pescara et l'Ofanto sur celle du golfe Adriatique. Dans l'Italie septentrionale se voient un assez grand nombre de lacs (lacs Majeur, de Côme, de Garda, de Lugano, de Lecco, d'Iseo). L'Italie est célèbre pour la douceur et la beauté de son climat : la chaleur y est brûlante en été sur les bords de la Méditerranée et dans les plaines du royaume Lombard-Vénitien; elle est moins forte en général sur la côte orientale; les Apennins, et à plus forte raison les Alpes, présentent beaucoup de points très-frais et même froids. Malheureusement le sirocco, vent délétère qui souffle dans le roy. de Naples, les eaux stagnantes qui forment la Maremme de Toscane et les Marais Pontins des États romains, l’aria cattiva, ou air malsain, engendré par ces eaux stagnantes, dont on sent au loin l'influence funeste, enfin les deux volcans du Vésuve et de l'Etna rendent souvent funeste le séjour de ce pays. Le sol varie, mais généralement il est fertile, surtout en Lombardie, où l'on recueille en abondance du riz et toutes les espèces de céréales; et dans le roy. de Naples, dont les huiles, les vins, les oranges jouissent d'une renommée européenne. Sauf le buffle, qu'on y trouve réduit à l'état de domesticité, les quadrupèdes sont ceux du reste de l'Europe; les reptiles venimeux et les scorpions sont très-nombreux; on élève quantité de vers à soie. Les côtes abondent en poissons et en mollusques, dont beaucoup sont excellents. L'or, l'argent, y sont fort rares, mais on y exploite de riches mines de cuivre, de plomb, de fer, de zinc et autres métaux; bancs d'alun et de sel, carrières de pierre à bâtir, d'albâtre, de marbres de toutes sortes (parmi lesquels le beau marbre statuaire de Carrare et de Massa) ; plusieurs sources thermales et minérales. L'activité des habitants ne répond pas complètement à tant de ressources, surtout dans le centre et le midi. En général, l'agriculture est arriérée, le commerce et l'industrie peu développés ; cependant l'Italie a une réputation universelle pour quelques branches spéciales, telles que les porcelaines et les faïences, les mosaïques, les instruments de musique, les cordes d'instruments, les tissus fins depaille dite d'Italie. Venise, Livourne, Trieste, Gênes, sont les villes les plus commerçantes. Les Italiens passent pour être dissimulés, défiants, indolents et superstitieux. Ils sont grands amateurs de spectacles et heureusement organisés pour la poésie, la musique et pour les arts du dessin : aussi les grandes villes d'Italie, Rome surtout, sont-elles célèbres par la multitude des monuments d'architecture, de peinture et de sculpture qu'elles réunissent, et qui attirent dans le pays une foule de visiteurs. — La langue italienne est celle des langues romanes qui se rapproche le plus de l'ancien latin : sa douceur si renommée est moins remarquable encore que sa richesse et son extrême flexibilité. Chaque région de l'Italie a son dialecte; les principaux sont le vénitien, le bergamasque, le napolitain, le corse; mais le dialecte classique est celui de la Toscane. Parmi les grands hommes qu'a produits l'Italie nous rappellerons seulement (laissant à part les anciens, qui pour la plupart appartiennent à Rome), les poètes Dante, Pétrarque, Arioste, le Tasse, Métastase, Alfieri; les politiques Machiavel, Vico, Beccaria, Filangieri; les grands prosateurs Boccace, Guichardin, Davila ; les grands peintres Raphaël, Léonard de Vinci, Titien , Tintoret, Corrège, les Carrache et Salvator Rosa; les grands architectes et sculpteurs Michel-Ange et Canova; les compositeurs Palestrina, Porpora et Pergolese; les physiciens Galilée, Torricelli, Volta; les papes Grégoire VII, Sixte-Quint, Jules II et Léon X, etc. Le XVIe siècle, dans lequel vécurent beaucoup de ces grands hommes, est connu sous le nom de Siècle de Léon X, et est compté au nombre des quatre grands siècles littéraires.

Géographie de l'Italie ancienne. 1° Sous la République romaine. Dès le VIe siècle av. J.-C., l'Italie était divisée en trois grandes régions : la Gaule Cisalpine au N., l’Italie proprement dite au milieu, la Grande-Grèce au S. L'Italie proprement dite était bornée au N. par la Macra, l'Apennin et l’Utis, à l'O. par la mer Inférieure , au S. par le Silarus et le Frento, à l'E. par l'Adriatique, et se divisait en 7 contrées : l’Étrurie au N. O., l’Ombrie au N. E., le Picenum au S. E. de l'Ombrie, la Sabine au S. O. du Picenum et au S. de l'Ombrie, le Latium au S. de la Sabine, entre le Tibre et le Liris (Rome y était renfermée), la Campanie au S. du Latium, et le Samnium à l'E. de ces deux dernières (Pour la Gaule Cisalpine et la Grande-Grèce, V. ces noms). — 2° Sous l'Empire, l'Italie fut divisée d'abord en 11 régions : 1° Gaule Cisalpine, 2° Ligurie, 3° Vénétie, 4° Étrurie, 5° Ombrie (avec les Senones, etc.), 6° Sabine (avec les Marsi, Peligni, Veslini), 7° Latium (avec la Campanie), 8° Samnium (avec les Frentani), 9o Apulie (avec la Peucétie et l’Iapygie), 10o Lucanie, 11o Brulium. — Dans le partage de l’empire romain qui eut lieu à la mort de Constantin (337), on donna le nom de Préfecture d’Italie à l’une des deux grandes divisions de l’empire d’Occident, qui comprenait même des pays situés hors de l’Italie. Cette préfecture était divisée en quatre diocèses : 1o le diocèse d’Italie, comprenant la Vénétie avec l’Istrie au N. E., l’Émilie au S. O., la Flaminie au S. E. de l’Émilie, la Ligurie à l’O. de la Vénétie, les Alpes Cottiennes au N. E., la Rhétie 1re et la Rhétie 2e au N. ; 2o le diocèse de Rome, subdivisé en Tuscie-et-Ombrie au S. de l’Émilie ; Picenum à l’E., Samnium au S., Valérie à l’O., Campanie au S. O. du Samnium, Apulie-et-Calabre à l’E, Brutium-et-Lucanie au S. ; plus la Sicile, la Sardaigne et la Corse (le Latium formait un district particulier) : 3o le diocèse d’Illyrie ; 4o le diocèse d’Afrique. V. ces noms.

Italie au moyen âge. Sous Justin II, empereur d’Orient en 570, après la chute de l’empire romain d’Occident, l’Italie se trouvait partagée entre l’empire d’Orient et les Lombards. Les possessions lombardes comprenaient toute l’Italie septentrionale avec une partie de l’Italie centrale, et se divisaient eu 36 duchés dont les principaux étaient ceux de Frioul, de Brescia, d’Ivrée, de Turin et de Pavie au N., de Toscane et de Spolète au centre, de Bénévent au S. L’empire romain d’Orient possédait les côtes septentrionales de l’Adriatique qui formaient l’Exarchat de Ravenne ; la Pentapole, composée des cinq villes de Rimini, Pesaro, Fano, Sinigaglia et Ancône ; Tarente et le patricial de Calabre, les duchés de Naples et de Rome, les côtes de la Ligurie avec Gênes. — Au IXe s. Charlemagne constitua en faveur de son 2e fils Pépin le Royaume d’Italie, qui comprenait, avec l’Italie lombarde ou Lombardie, la Bavière et l’Alémanie ou Souabe méridionale. Il avait donné au pape l’Exarchat de Ravenne et la Pentapole qui formèrent depuis le Patrimoine de Saint-Pierre. — À partir du Xe s., l’Italie, en proie à des révolutions perpétuelles, se partagea en un nombre infini de duchés et de comtés indépendants, qu’il est impossible d’énumérer. Du XIIe au XIIIe siècle, la plupart des villes maritimes s’érigèrent en républiques, entre autres Venise, Gènes, Pise, Amalfi, et Naples ; un grand nombre de villes libres de Lombardie formèrent dans le nord de l’Italie une confédération dite Ligue Lombarde, à la tête de laquelle se trouvaient Milan et Pavie. L’agrandissement progressif des États de l’Église, les conquêtes des Normands dans l’Italie méridionale, la soumission de la Lombardie par les empereurs d’Allemagne, les guerres que se firent dans les États de Naples et de Sicile les maisons d’Anjou et d’Aragon, changèrent encore plusieurs fois les divisions de l’Italie (V. ci-après la notice historique).

Italie moderne. Avant 1789, on y distinguait : le royaume de Sardaigne, la république de Gênes, la république de Venise, le duché de Modène, le duché de Parme, le grand-duché de Toscane, les États de l’Église, le royaume de Naples. Depuis, l’Italie septentrionale, conquise par les Français en 1797, forma la République Cisalpine (V. ce nom), qui comprenait le Milanais, la république de Venise, les duchés de Modène et de Massa-Carrara et trois légations des États de l’Église. En 1804, la Savoie, le Piémont et le comté de Nice se trouvaient réunis à l’empire français dont ils formaient 7 départements. En 1805, la république Cisalpine prit le nom de Royaume d’Italie ; ce royaume accru successivement de diverses portions de territoire, finit en 1809 par compter 24 dép.

Départements. Chefs-lieux.
Agogna, Novare.
Olona, Milan.
Lario, Cômo.
Au N. du Pô et à l’ouest. Adda, Sondrio.
Serio, Bergame.
Mella, Brescia.
Haut-Pô, Crémone.
Mincio Mantoue.
Adige, Vérone.
Haut-Adige, Trente.
Bacchiglione, Vicence.
Au N. du Pô et à l’est. Brenta, Padoue.
Adriatique, Venise.
Piave, Bellune.
Tagliamento, Trévise.
Passeriano, Udine.
Crostolo, Reggio.
Panaro, Modène.
Reno, Bologne.
Bas-Pô, Ferrare.
Au S. du Pô. Rubicone, Forli.
Metauro, Ancône.
Musone, Macerata.
Tronto, Fermo.

En 1801, le grand-duché de Toscane fut érigé en Royaume d’Étrurie ; mais en 1808 il fut compris dans l’empire français, auquel il donna 3 dép. (Méditerranée, Arno et Ombrone), tandis que les États de l’Église, déjà absorbés en partie par le royaume d’Italie, donnaient à l’empire français deux départements (Trasimène et Rome). — L’Italie méridionale continua de porter le titre de Royaume de Naples ; elle renfermait les principautés indépendantes de Bénévent et de Ponte-Corvo, récemment créées. Les événements de 1814 changèrent cet état de choses et établirent en Italie les divisions suivantes, qui ont subsisté avec de légères modifications jusqu’à ces dernières années.

États. Capitales.
Italie septentrionale.
Royaume Sarde, Turin.
Principauté de Monaco, Monaco.
Royaume Lombard-Vénitien (à l’Autriche), Milan.
Italie centrale.
Duché de Modène, Modène.
— de Parme, Parme.
— de Lucques, Lucques.
— de Massa-Carrara, Massa.
Grand-duché de Toscane, Florence.
États de l’Église, Rome.
République de Saint-Marin, Saint-Marin.
Italie méridionale.
Royaume des Deux-Siciles, Naples.

Italie actuelle. Depuis l860, l’Italie, dont le nom n’était plus guère, selon le mot de Metternich, qu’une expression géographique, forme un royaume unique, dont le roi de Sardaigne a été proclamé le chef, et qui comprend tous les États autrefois séparés, à l’exception des États de l’Église (Patrimoine de St-Pierre et Campagne de Rome). Le nouveau roy. avait été provisoirement divisé en 10 régions : Piemont, Ligurie, Sardaigne, Lombardie, Parmesan, Modenais, Romagne, Toscane, Naples, Sicile ; il forme aujourd’hui (1869) 69 provinces.

Histoire. L’Italie, suivant les traditions romaines, fut d’abord appelée Saturnie, à cause de Saturne, qui, chassé de Crète par son fils Jupiter, y trouva un asile auprès de Janus, roi du pays, à qui il enseigna l’usage des lettres et de l’agriculture. Plus de 400 ans avant la guerre de Troie, une colonie d’Arcadiens vint s’établir en Italie, sous la conduite d’Œnotrus, de qui le pays prit le nom d’OEnotrie. Italus, l’un de ses successeurs, lui donna celui d’Italie. Évandre, obligé de quitter le Péloponèse, y mena vers le XIIIe s. av. J.-C. une nouvelle colonie d’Arcadiens, et bâtit la petite ville de Pallanteum, sur le mont appelé depuis Palatin. Peu de temps après, Énée, à la tête d’une troupe de Troyens qui avaient échappé à la fureur des Grecs, aborda à l’embouchure du Tibre, et ayant épousé Lavinie, fille du roi Latinus, bâtit la ville de Lavinium. Quoi qu’il en soit de ces traditions, l’Italie primitive fut peuplée d’Aborigènes, de Pélasges (dits aussi Tyrrhènes et Sicules), de Liburnes, d’Opici ou Osques ; elle reçut ensuite des Hellènes venant du continent grec, puis deux émigrations de conquérants gaulois (les Cimbres et ensuite les Senones et autres Celtes compagnons de Bellovèse), et, entre ces deux émigrations, les Étrusques ou Rasena, qu'on fait descendre des monts de la Rhétie. Ceux-ci formaient un État fédératif, le plus puissant de l'Italie, quand Bellovèse arriva (VIe siècle av. J.-C.). Dès lors commença leur décadence. Rome, fondée depuis 753, profita de cet affaiblissement pour soumettre la fédération tusque. Mais la révolution par laquelle elle expulsa Tarquin le Superbe (509 av. J.-C.) et s'érigea en république lui fit perdre le fruit de ses travaux et la recula pour 160 ans. Pendant ce temps les Gaulois au N., les Samnites au S., devenaient, avec les Romains, les plus fortes nations de la péninsule. Mais de 391 à 350 av. J.-C., les Gaulois épuisent inutilement leurs forces; puis de 343 à 267, Rome, par sa vaillance et sa ténacité, soumet non-seulement les Samnites, mais toute l'Italie du centre et du sud. L'Italie du nord, alors dite Gaule Cisalpine, fut subjuguée pareillement de 221 à 173, sauf quelques districts, et forma une province romaine. L'histoire de l'Italie entière se confond dès lors avec celle de Rome, dont elle suit les destinées. Après la chute de l'empire romain d'Occident (476), l'Italie appartint successivement aux Hérules (476-491), aux Ostrogoths (491-552), aux Grecs (552-568); puis, les Lombards survenant (568), elle fut partagée entre ceux-ci et l'empire d'Orient, de sorte qu'il y eut une Italie lombarde ou barbare, et une Italie grecque ou romaine ; celle-ci fut gouvernée par un exarque, siégeant à Ravenne. En 726 les violences impolitiques de l'empereur grec Léon III l'Iconoclaste amenèrent un soulèvement : le duché de Rome devint une république sous la présidence des papes. Ceux-ci bientôt se trouvèrent pressés entre les exarques grecs de Ravenne et les rois lombards. Étienne III fut forcé d'appeler à son secours Charles Martel et les Francs. Cependant les Lombards s'agrandirent au S., où ils formèrent aux dépens des Grecs le duché de Bénévent(751); mais leur monarchie fut détruite à son tour par Charlemagne (774), et l'Italie se trouva divisée en trois parties : Italie franque, Italie lombarde, non relevant des Francs (réduite au duché de Bénévent), Italie grecque. Les papes, dans cet état de choses, n'étaient point pleinement souverains; ils relevaient de l'empereur. Après la mort de Charlemagne, l'Italie ne tarda point à former un royaume particulier, auquel la couronne impériale fut jointe à partir de 843. Cette couronne fut longtemps portée par un Carlovingien; cependant, après la déposition de Charles le Gros, en 888, des princes italiens (Bérenger, Gui, etc.), essayèrent de se faire reconnaître rois d'Italie. Après l'extinction des Carlovingiens d'Allemagne (911), ces princes restèrent indépendants; mais Othon I, en 962, rétablit la souveraineté de l'Allemagne sur l'Italie septentrionale ; ses successeurs tentèrent même de conquérir l'Italie grecque. Henri III surtout (1039-1056) rendit les papes de plus en plus dépendants de l'empire. Grégoire VII, pape en 1073, rétablit la papauté dans son indépendance; il voulut même l'élever au-dessus des empereurs, en soulevant la querelle des Investitures (1017-1122). Dans le même temps, les Normands s'établissaient dans l'Italie grecque, ravie aux empereurs d'Orient et aux Lombards de Bénévent, et préparaient la création du royaume des Deux-Siciles, qui fut constitué dès 1131, en faveur de Roger I, comme fief du Saint-Siège. Bientôt éclate la guerre des Guelfes et Gibelins d'Italie (1161-1268). Après de longues luttes, les Guelfes l'emportent, les Allemands sont expulsés d'Italie, les villes lombardes et toscanes qui se sont érigées en républiques n'ont plus à craindre de maître de l'autre côté des Alpes. Mais alors presque toutes ont des tyrans indigènes ; plus d'une fois les papes sont chassés de Rome , qui se constitue de nouveau en république. Peu à peu, au milieu de révolutions violentes, le destin de l'Italie s'asseoit. En 1282, à la suite des Vêpres siciliennes, le roy. des Deux-Siciles se scinde en deux royaumes (Naples et Sicile), que régissent deux dynasties rivales : cet état de choses dure jusqu'en 1504. Au N., Milan, aux mains des Visconti (1277-1447) et des Sforce (1447-1535), devient métropole d'un vaste duché. Le comte Vert (Amédée VI) donne une haute importance à la Savoie (1343-1383). Venise, dès le commencement du XIVe siècle, se fait conquérante en terre ferme. La maison d'Este règne à Ferrare, les Gonzague à Mantoue : Florence devient décidément l'État principal de la Toscane, et les Médicis commencent à y dominer. Les papes, après 70 ans de séjour dans Avignon (1309-1378), reprennent pied en Italie : Albornoz fait reconnaître l'autorité d'Innocent VI par presque tout l'État ecclésiastique, 1360. Cependant l'Italie ne peut se soustraire entièrement au joug de l'étranger. En vain le belliqueux pape Jules II (1503-1513) veut en chasser les Barbares; la France et l'Espagne se disputent ce beau pays; Charles VIII, Louis XII et François I essayent inutilement de l'asservir; l'Espagne l'emporte: maîtresse du roy. des Deux-Siciles dès 1505, elle fait du duché de Milan une de ses provinces (1540), et, tenant ainsi l'Italie au N. et au S., elle en organise le reste à son gré; Venise seule reste indépendante. Le XVIIe siècle fait perdre à l'Espagne un peu de cette prépondérance; le XVIIIe la lui ravit presque entièrement : le Milanais et les Deux-Siciles passent entre les mains de l'Autriche (1706-1721); mais, de 1731 à 1735 et 1738, deux lignes cadettes de la maison de Bourbon d'Espagne obtiennent, l'une, Parme, l'autre, les Deux-Siciles, à la condition toutefois que jamais ces États ne seront réunis à la couronne espagnole. Les guerres de la Révolution française et surtout de l'Empire changent pour quelque temps la face de l'Italie : en 1801, la Savoie et le Piémont sont réunis à la France; le Milanais, enlevé à l'Autriche, forme la république Cisalpine; l'Autriche est indemnisée par la cession de Venise avec ses États de Terre-Ferme; un prince d'Espagne reçoit le royaume d'Étrurie. En 1805, après la bataille d'Austerlitz, et par suite du traité de Presbourg, Venise et la Terre-Ferme sont réunies à la république Cisalpine, qui porte dorénavant le nom de Royaume d'Italie ; Gênes est incorporée à l'empire français; le royaume de Naples, conquis par les armes française échappe au roi Ferdinand IV, qui ne garde que la Sicile, et est donné par Napoléon, d'abord à Joseph, son frère (1806), puis à Murat, son beau-frère (1808). La reine d'Étrurie abdique en 1807, et ses États viennent grossir l'empire français; en même temps une partie de l'État romain vient accroître le royaume d'Italie, qui s'enrichit encore du Tyrol méridional (1809), tandis que Rome même et tout ce qui reste de l'État romain entrent dans l'empire français. Ainsi, hormis la Sicile qui conservait les Bourbons de Naples, et la Sardaigne qui reste à la maison de Savoie, toute l'Italie obéit à Napoléon à quatre titres différents: tout le nord-ouest jusqu'au Garigliano (moins la principauté de Lucques et de Piombino, donnée à sa sœur aînée Élisa) est censé empire français ; tout l'est et les légations forment son royaume d'Italie, administré pour lui par Eugène son beau-fils, en qualité de vice-roi; Murat, son beau-frère, possède le royaume de Naples. Le pape avait été dépossédé comme les autres souverains. Mais après les événements de 1814, l'acte du congrès de Vienne (1815) rend au pape tous ses États; à la maison de Savoie, la Savoie, le Piémont, Nice, et y ajoute Gênes ; à l'Autriche, le Milanais, plus Venise qui forment le roy. Lombard-Vénitien, et donne à deux princes autrichiens la Toscane et Modène; à Marie-Louise le duché de Parme et à un Bourbon de la maison de Parme le duché de Lucques. Murat garde Naples un instant; mais on le lui reprend pendant les Cent-jours (1815) pour le rendre à Ferdinand IV. L'Autriche avait droit de garnison dans plusieurs places des États romains, dominait toute l'Italie, et soutenait partout le pouvoir absolu. Cette domination ne tarda pas à devenir odieuse : menacée par la société secrète des Carbonari et par les écrivains les plus populaires; attaquée plusieurs fois par des insurrections qui furent violemment réprimées (1821, 31, 41), elle fut fortement ébranlée un instant en 1848. En cette année la Sicile se soulève contre le roi de Naples et proclame son indépendance; Naples, Florence, Turin, se font donner des constitutions; Rome s'érige en république ; Milan et Venise s'insurgent contre l'Autriche ; Parme et Modène chassent leurs ducs; le roi de Sardaigne, Charles-Albert, se met la tête du mouvement et tient quelque temps l'Autriche en échec; mais bientôt, affaibli par la discorde des siens, il est battu à Novare (23 mars 1849), et prend le parti d'abdiquer. Le précédent état de chose est aussitôt rétabli partout, si ce n'est que les États sardes conservent leur constitution et leur gouvt parlementaire. La tranquillité de l'Italie semblait assurée, lorsqu'en 1859 l'empereur d'Autriche envahit brusquement le Piémont. Repoussé par le roi de Sardaigne, au secours duquel était accouru l'empereur des Français, battu à Montebello, à Palestro, à Magenta et à Solferino, il perdit la Lombardie et vit expulser d'Italie tous les princes qui avaient embrassé sa cause. Après une vaine tentative de confédération, proposée dans les traités de Villafranca et de Zurich, et après la révolution opérée dans le roy. de Naples par le gen. Garibaldi, tous les États de l'Italie (sauf la Venétie, laissée à l'Autriche, et les États romains, où la France maintenait l'autorité du pape) s'unirent en 1860, et Victor-Emmanuel, déjà roi de Sardaigne, fut proclamé roi d'Italie (mars 1861). Le nouveau roy. s'augmenta 1° de la Vénétie, en 1866, à la suite d'une guerre où l'Italie s'allia à la Prusse contre l'Autriche; 2° des États romains en 1870, à la faveur de la guerre franco-allemande. — Sur l'histoire ancienne et moderne de l'Italie, on peut consulter Guichardin (continué par Botta), Cantù, Baibo, Zeller, Micali, Sismondi.

ITALIQUE (École), nom donné à l'école de Pythagore, parce que ce philosophe enseigna en Italie, surtout à Crotone (vers 540 av. J.-C). Cette école compte pour principaux disciples Ocellus, Timée, Archytas, Alcméon, Philolaüs; plus tard, Apollonius de Tyane tenta de la régénérer. Le caractère de l'école italique est de s'adonner surtout à la spéculation et à l'abstraction, de tout expliquer par les nombres et les rapports numériques; elle professait en outre la morale la plus austère. Elle se fondit dans le Platonisme.

ITALUS, fils de Télégone (que les uns font roi d'Arcadie, les autres fils d'Ulysse), passa en Italie peu d'années après la prise de Troie, régna sur les Œnotriens, et laissa son nom à toute la contrée.

ITALUS (Jean). V. JEAN ITALUS.

ITAPICURU, riv. du Brésil, naît dans la Serra-de-Maranhao, et tombe dans la baie de San-Jozé, au S. E. de l'île de Maranhao; cours, 680 kil.

ITARD (J. M. Gaspard), médecin de sourds-muets, né en 1775 à Oraison (Basses-Alpes), mort en 1836, fut, dès 1799, attaché par Sicard à l'institution des Sourds-muets, acquit dans le traitement des maladies de l'ouïe une habileté qui lui valut une réputation européenne, et consigna les résultats de sa longue pratique dans son Traité des maladies de l'oreille, 1821 et 1842. Il légua une rente de 8000 fr. à l'institution des Sourds-muets pour la création d'une classe de perfectionnement, et une autre rente de 1000 fr. à l'Académie de médecine, dont il était membre, pour la fondation d'un prix triennal en faveur du meilleur mémoire sur l'art de guérir.

ITCHIL, anc. pachalik de la Turquie d'Asie, entre ceux de Konieh, de Marach, d'Alep, l'Anatolie et la Méditerranée, se composait de la partie orientale de l'anc. Pamphylie et de presque toute la Cilicie. Il forme à peu près l'eyalet actuel d’Adana.

ITHAQUE, auj. Théaki, dite aussi Petite-Céphalonie, une des sept îles Ioniennes, entre Céphalonie et Ste-Maure: 58 kil. sur 8; 8000 hab. ; lieu principal, Vathi (port sur la côte S. E.). Les îlots Kalamo, Kastus et Méganisi dépendent d'Ithaque. Montagnes escarpées : blé en petite quantité, huile, bon vin, raisin de Corinthe (on on récolte annuellement 2 000 000 de kilog.); porcs, chèvres; beaucoup de poissons. — Ithaque formait jadis avec Dulichium la royaume d'Ulysse. On y reconnaît encore auj. plusieurs des sites décrits par Homère dans l’Odyssée. Quant à son histoire, cette île a subi toutes les vicissitudes des îles Ioniennes.

ITHOME, auj. Vorcano, mont. et forteresse de Messénie, au N. O. de Messène, La forteresse fut longtemps le théâtre de la résistance des Messéniens aux Lacédémoniens et fut enfin prise l'an 724 av. J.-C., ce qui mit fin à la 1re guerre de Messénie.

ITIROUP, dite aussi Ile des États, une des Kouriles, dans la mer d'Okhotsk; 250 kil. sur 70. Les Japonais y avaient formé un établissement que les Russes détruisirent en 1807.

ITIUS ou ICCIUS PORTUS, port de la Gaule (Belgique 2e), chez les Morini, sur le Frelum Gallicum, vis-à-vis de Dubris (Douvres), dans la Bretagne. On est incertain sur son emplacement : Walckenaer le place à Wissant; d'autres plus au S., à Ambleteuse, à Boulogne; d'autres enfin plus au N., à Calais ou même à Mardich. M. de Charnacé le place avec plus de probabilité à la Montoire, entre les villages de Zudkerke et de Nordkerque.

ITON, riv. de France, naît à 9 kil. N. de Mortagne, près de La Trappe (dép. de l'Orne), arrose Évreux, et tombe dans l'Eure près des Planches : cours, 110k. Dans un espace de 5 kil., de Villalet à Gaudreville, son cours est souterrain.

ITOUROUP, une des Kouriles. V. ITIROUP.

ITRI, Itrium, v. d'Italie, dans l'anc. royaume de Naples (Terre de Labour), à 10 kil. S. E. de Fondi; 5000 hab. Gonzalve de Cordoue battit les Français près de cette ville en 1503.

ITUNA, riv. de la Bretagne romaine, auj. l’Eden.

ITURBIDE (don Augustin), général mexicain, né en 1784 à Valladolid de Mechoacan (Mexique), d'une famille d'origine basque, combattit d'abord pour le gouvernement espagnol au Mexique et fut chargé du commandement en chef de l'armée du Nord (1816) ; mais, ayant été accusé de concussion, il donna sa démission, bien qu'il eût été absous par le vice-roi. En 1820, il se mit à la tête des Indépendants, prit Mexico, et à la suite de brillants succès, fit signer au vice-roi espagnol l'arrangement connu sous le nom de Plan d'Iguala (1821). Il se fit néanmoins proclamer empereur du Mexique en 1822, sous le nom d’Augustin I. Sa puissance fut de très-courte durée : tombé dès 1823, il se réfugia en Italie, puis à Londres. En 1824, il rentra incognito au Mexique dans l'espoir de ressaisir la couronne; mais il fut arrêté dès son arrivée et fusillé.

ITURÉE, Ituræa, région de Palestine, au N. E., vers les sources des affluents de l'Hiéromax, avait beaucoup de montagnes. Ses habitants étaient bons archers et vivaient surtout de brigandages. Elle fut soumise par Aristobule I, et donnée par Auguste à Hérode, qui la réunit à la Judée, et la laissa après sa mort à un de ses fils, Hérode-Philippe.

ITUZAINGO, lieu situé sur les confins du Brésil et de l'Uruguay. Il s'y livra, en 1828, entre l'armée brésilienne et la Confédération Argentine, une bataille qui assura l'indépendance de l'Uruguay.

ITYS, fils de Térée, roi de Thrace, et de Progné, fut tué par sa propre mère qui le fit apprêter et servir à Térée dans un festin, afin de se venger de ce prince qui lui avait fait infidélité (V. TÉRÉE). Itys fut métamorphosé en faisan.

ITZEHOE, ville du Holstein, ch.-l. de district, à 60 kil. S. O. de Kiel; 5600 hab. Siége des États dit Holstein. Commerce maritime important; bateaux à vapeur pour Hambourg.

IULE, fils d'Ascagne et petit-fils d’Énée, né à Lavinium, passait pour être la tige de la famille romaine des Julius, à laquelle appartenait César. Virgile donne le nom d'Iule à Ascagne lui-même.

IURUA, riv. de l'Amérique du S. V. JURUA.

IVAN ou JEAN I (Danilovitch) succéda en 1328 à Alexandre II dans les principautés de Vladimir, de Moscou et de Novogorod : régna pendant 12 ans avec le titre de grand-duc de Moscou, sous la suzeraineté du khan des Tartares, et conçut, mais sans pouvoir le réaliser, le projet de réunir tous les petits États de la Russie en une seule monarchie. Il prit l’habit monastique à la fin de sa vie, et mourut en 1350.

IVAN II, 1353-59, était de mœurs pacifiques : cependant, il est le premier qui ait résisté aux Tartares.

IVAN III (Vasilievitch) régna de 1462 à 1505. Il soumit Novogorod (1471) et Kazan (1481), délivra son pays du joug des Tartares, et rassembla sous son sceptre toutes les parties de la Russie. Il introduisit la civilisation dans ses États, organisa l’administration civile et militaire, réforma la législation, régla l’ordre de succession au trône, appela auprès de lui les savants et les artistes étrangers et mérita ainsi le surnom de Grand, mais il ternit sa gloire par des actes de cruauté. Il épousa en 2e noces la princesse Sophie, nièce du dernier empereur byzantin, et prit le 1er le titre de czar avec l’aigle à deux têtes de Constantinople.

IVAN IV (Vasilievitch) monta sur le trône à l’âge de 4 ans, en 1533 : la régence fut donnée à sa mère, qui eut à soutenir une lutte sanglante contre les grands. Dès 1544, Ivan prit les rênes de l’État : il fit la guerre aux Tartares, à la Pologne, à la Suède, et fut tour à tour vainqueur et vaincu. Il exerça d’horribles cruautés sur les peuples conquis et sur ses propres sujets ; il tua de sa main son fils aîné ; aussi le surnommait-on le Terrible. Cependant il avança les progrès du commerce et de la civilisation. Il adopta définitivement le titre de czar et y ajouta celui d’autocrate. Il mourut en 1584.

IVAN V (Alexiovitch), né en 1661, m. en 1696, était presque aveugle et privé de la parole ; il régna un moment (1682), mais de nom seulement, avec son frère Pierre I et sa sœur Sophie.

IVAN VI (Antonovitch), fut proclamé à la mort de sa tante Anne Ivanovna en 1740, à l’âge de trois mois, sous la régence du duc de Biren ; mais, en 1741, une faction puissante porta sur le trône Élisabeth, fille de Pierre le Grand. Le jeune Ivan fut enfermé en prison. Il avait déjà atteint l’âge de 23 ans, lorsqu’il fut massacré par ses gardiens, sous le règne de Catherine II (1762), à qui sa mort fut imputée.

IVAN-OZERO, c-à-d. lac d’Ivan, lac de la Russie d’Europe (Toula), où le Don prend naissance. Le canal du Don au Volga, entrepris par Pierre le Grand en 1697, devait partir de ce lac.

IVARA (Philippe), architecte, né à Messine en 1685, m. en 1735, étudia à Rome sous Ch. Fontana, construisit pour le duc de Savoie un grand nombre d’édifices, entre autres l’église du Mont-Carmel, et le splendide monastère de la Superga ; alla ensuite en Portugal et construisit à Lisbonne une église et un palais qui mirent le sceau à sa réputation.

IVERDUN, IVES. V. YVERDUN, etc.

IVIÇA, Ibiza en Espagnol, Ebusus en latin, île de la Méditerranée, la plus occid. des Baléares, 40 kil. sur 17 ; 22,000 hab. ;'ch.-l., Iviça (bon port ; 5000 h.) Elle est couverte de montagnes et de bois, et arrosée par un grand nombre de ruisseaux. Climat doux et sain ; sol fertile : blé, vin, huile, lin, chanvre, coton, figues, amandes, caroubes, oranges et joncs. Salines considérables. — Cette île suivit le sort des autres Baléares. Les Espagnols l’enlevèrent aux Maures en 1294 ; les Anglais l’occupèrent un instant en 1706.

IVOIRE (côte d'). Voy. DENTS (côtes des).

IVOY. V. YVOY et CARIGNAN.

IVRÉE, Eporedia, v. de l’Italie sept., à 49 kil. N. de Turin, sur la Doire-Baltée, ch.-l. de prov ; 9000 h. Évêché ; place forte. Filature de laine, de coton ; commerce de fromage. — Cette ville appartenait jadis à la Gaule Cisalpine et faisait partie du pays des Salasses. Les Romains y conduisirent une colonie sous le consulat de Marius. Au moyen âge, Ivrée fut le titre d’un marquisat célèbre (V. ci-après). Elle fut donnée en 1248 aux comtes de Savoie par l’empereur Frédéric. Elle fut souvent prise par les Français, notamment en 1641, 1704, 1796 et 1800. Annexée à l’empire français, elle fut jusqu’en 1814 le ch.-l. du dép. de la Doire.

IVRÉE (maison d'), célèbre maison d’Italie, eut pour fondateur Anschaire, sorti des rois d’Arles, qui prit le titre de marquis d’Ivrée vers 870. Parmi les descendants d’Anschaire, on cite surtout Bérenger II, son petit-fils, marquis d’Ivrée et roi d’Italie de 950 à 952, ainsi qu’Adelbert, fils de Bérenger, et duc de Lombardie, qui fut roi d’Italie avec son père (tous deux détrônés par Othon) ; enfin, Hardouin qui disputa l’Italie à l’emp. Henri II, 1002.

IVRY ou IVRY-LA-BATAILLE, bourg du dép. de l’Eure, sur l’Eure, à 16 kil. S. E. de Pacy-sur-Eure, 900 hab. C’est dans les env. que Henri IV battit les Ligueurs le 14 mars 1590. On a élevé sur le lieu de la bataille une pyramide, qui fut détruite pendant la Révolution, mais relevée par Napoléon en 1809.

IVRY-SUR-SEINE, bourg du dép. de la Seine, à 15 k. N. E. de Sceaux et à 5 kil. S. E. de Paris ; 7000 hab. Fours à chaux d’un grand produit ; caves naturelles qui servent d’entrepôt pour les vins ; usines nombreuses, verrerie, fabrique d’eau-forte et de couperose, etc. Fort, construit en 1842.

IWUY, bourg du dép. du Nord, à 9 kil. N. E. de Cambray ; 3557 h. Station. Coutellerie, bonneterie.

IXION, roi des Lapithes, fit périr par surprise Déionée, son beau père, pour n’avoir pas à acquitter une dette contractée envers lui, et fui pour ce crime chassé de ses États. Personne ne voulant le purifier de ce crime, il ne trouva l’hospitalité que chez Jupiter, dont il excita la pitié. Mais là, il essaya de séduire Junon. Jupiter substitua à sa femme une nue à laquelle il donna la forme de la déesse. S’étant ainsi convaincu des projets criminels d’Ixion, il le précipita dans les Enfers, où il fut attaché sur une roue qui tournait sans cesse. Du commerce d’Ixion avec la Nue naquirent les Centaures. De Dia, sa femme, il avait eu Pirithoüs.

IXWORTH, Icenorum oppidum, v. d’Angleterre (Suffolk), à 12 kil. N. E. de Bury ; 1200 hab. On y a découvert beaucoup de monnaies romaines.

IZERNORE, ch.-l. de c. (Ain), à 11 k. N. O. de Nantua ; 1225h. On y voit les vestiges d’une ville ancienne de même nom. Antiquités celtiques et romaines.

IZEDS (les), les génies bienfaisants dans la religion de Zoroastre, sont opposés aux Devs ou génies du mal. Ils ont été créés par Ormuzd et sont au nombre de 28. Ils viennent immédiatement après les sept Amchaspands, auxquels ils servent de ministres.



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