Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre M

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M.

M. Dans les abréviations des noms propres, cette lettre se prenait chez les Romains pour Marcus ; avec une apostrophe, M', pour Manius. — Chez les modernes, l'initiale M. se met pour Marie, Madeleine, Marthe, Marguerite ; Marc, Martin, Michel, etc. ; — S. M. pour Sa Majesté ; — M' pour Mac (c'est-à-dire fils de), dans les noms écossais.

MAAS, nom de la Meuse en allemand.

MAASEYCK, maastricht. V. maeseyck, etc.

MAB, la fée des songes et la sage-femme des autres fées dans les traditions du moyen âge. Quelques-uns en font la reine des fées et lui donnent pour époux Obéron. Chaucer et Shakspeare (dans Roméo et Juliette) ont donné de cette fée et de sa cour des descriptions fort poétiques.

MABILLON (Jean), bénédictin de la congrégation de St-Maur, l'un des hommes les plus savants de son ordre, né en 1632, à St-Pierremont, près de Vouziers, m. en 1707, vint en 1664 à Paris, et aida dom d'Achéry à rédiger son Spicilége. En 1683, Colbert l'envoya en Allemagne pour y chercher tout ce qui pourrait servir à l'histoire de la France. Il alla également en Italie en 1689 aux dépens du roi, et en revint avec une ample moisson de livres et de manuscrits précieux. Il passa le reste de sa vie dans l'abbaye de St-Germain des Prés à Paris, se livrant à la rédaction de ses importants ouvrages. Les principaux sont : Acta Sanctorum S. Denedicti in sæculorum classes distributa, Paris, 1668-1702, 9 vol. in-fol., (auquel il joignit plus tard Annales ordinis S. Benedicti, 1713-39, 6 v. in-f.) ; Analecta, 1675-85, 4 vol. in-8, et 1723, in-fol. (ce sont des pièces recueillies dans diverses bibliothèques) ; De re diplomatica, 1681, in-fol., ouvrage capital, où il explique tout ce qui regarde l'écriture, le style, l'origine des chartes et diplômes ; Musæum italicum, 1687-1689, 2 vol. in-4 ; De liturgia gallicana, 1689 et 1729, in-4 ; S. Bernardi opéra, 1690, 2 vol. in-fol. ; Traité des études monastiques, 1691. Sa Vie a été écrite par D. Ruinart, 1709, et par Chavin de Malan, 1843. Valéry a publié en 1847, une Correspondance inédite de Mabillon et de Montfaucon avec l’Italie.

MABLY (Gabriel bonnot de), connu sous le nom d' abbé Mably, écrivain français, frère de Condillac, né à Grenoble en 1709, mort en 1785, fut placé au séminaire de St-Sulpice par le cardinal de Tencin, son oncle. Plus jaloux de son indépendance que des dignités de l'Église, il se contenta de recevoir le sous-diaconat, et s'occupa tout entier d'études sur l'histoire et la politique. D'abord secrétaire du cardinal de Tencin, qui faisait partie du ministère, il fut chargé par lui de quelques missions diplomatiques ; mais, vers 1746, il rompit avec le cardinal, et renonçant aux affaires, il s'adonna exclusivement à ses études de prédilection. Il a composé plusieurs ouvrages sur l'histoire, la morale et la politique ; on y remarque en général un esprit austère, morose, une opposition vive aux institutions existantes et un grand enthousiasme pour les républiques de l'antiquité, surtout pour Lacédémone, qu'il présentait comme modèle. Ses principaux écrits sont : Parallèle des Romains et des Français, 1740 (où il professe des idées absolutistes, qu'il répudia depuis) ; Droit public de l’Europe, fondé sur les traités, 1748, dont la publication fut défendue en France ; Observations sur les Grecs, 1749 ; Observations sur les Romains, 1751 ; les Principes des négociations, 1757 ; Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale avec la politique, 1763 : c'est son meilleur ouvrage ; Observations sur l'histoire de France, 1765 ; Doutes sur l’ordre naturel des sociétés, 1768 ; De l'Étude de l'histoire, 1778 ; Manière d'écrire l'histoire, 1782 ; Principes de Morale, 1784, etc. Mably est un utopiste, engoué de l'antiquité, enthousiaste de Sparte, et dont les idées furent malheureusement adoptées par quelques révolutionnaires. Comme écrivain, il est clair et quelquefois énergique, mais peu élégant et le plus souvent diffus. Ses Œuvres ont été réunies par l'abbé Arnoux, en 10 v. in-8, 1794-95.

MAC, mot qui veut dire fils, précède un grand nombre de noms propres en Écosse et en Irlande.

MACABRE (danse). On a nommé ainsi une ronde infernale qu'on supposait dansée par des morts de toute condition et de tout âge, rois ou sujets, riches ou pauvres, vieillards ou enfants, et à laquelle préside la Mort ; c'est une allégorie ingénieuse figurant la fatalité qui condamne indistinctement tous les humains à mourir. Cette ronde se trouve représentée au moyen âge (du xiiie au xve siècle) dans un grand nombre d'églises et de cimetières, surtout en Allemagne, et est décrite dans un ouvrage singulier intitulé la Danse macabre ou Danse des morts, qui parait avoir été d'abord écrit originairement en allemand, puis traduit en latin, en français, etc. Les plus anciennes éditions qu'on en connaisse en français remontent à l'an 1485 : Champollion-Figeac l'a exhumé en 1811 de la bibliothèque de Grenoble. Le nom de Macabre ne serait, selon quelques savants, que le nom même de l'auteur de cette invention poétique ; selon d'autres, ce serait une corruption de l'arabe magbarah ou makabir, cimetière. Parmi les Danses des Morts, on connaît surtout celles de Minden, de Lucerne, de Lubeck, de Dresde et celle de Bâle, peinte dans le couvent des Dominicains et attribuée à Holbein,

MAC-ADAM (John loudon), ingénieur, curateur des routes en Écosse, puis à Bristol, né en Écosse en 1755, m. en 1836, a inventé le système de routes par empierrement qui porte son nom. V. MACADAMISAGE dans notre Dict. univ. des Sciences.

MACAIRE (S.), l'Ancien, né dans la Hte-Égypte vers 300, de parents pauvres, m. vers 390, se retira dans le désert de Scété (Thébaïde) à l'âge de 30 ans, en fut tiré malgré lui pour être revêtu du sacerdoce, eut à subir des persécutions à cause de son attachement à la doctrine du concile de Nicée. On le fête le 15 janvier. On lui attribue 50 homélies, publiées en grec à Paris, 1559, et grec-lat. à Leipsick, 1698, à Bonn, 1850, et des Opuscules ascétiques, compris dans le Thesaurus asceticus du P. Poussines.

MACAIRE (S.), le Jeune, contemporain du préc., né à Alexandrie (Égypte), se retira vers 335 dans la solitude. Il m. en 394. On le fête le 2 janvier. Il est regardé comme l'auteur de la Règle de S. Macaire, imprimée dans le Codex regularum, Rome, 1661.

MACAIRE de Losane, cousin de Ganelon, et comme lui faux et méchant, donne son nom à un poëme du cycle de Charlemagne, édité par Guessard, 1866. On en a fait depuis un type de scélérat de notre époque : Robert Macaire.

MACALO, lieu de Lombardie, entre Bergame et Brescia, où Carmagnole, commandant les troupes vénitiennes, battit en 1427 les généraux du duc de Milan.

MACAO, Ngao-men en chinois, v. très-commerçante de la Chine propre (Kouang-toung), dans une presqu'île de la baie de Canton, à 120 kil. S. O. de Canton; 35 000 h. (dont env. 5000 Portugais). Elle appartient de nom aux Portugais, mais un mandarin chinois y exerce une surveillance générale. Des agents de la Compagnie anglaise des Indes orientales y résident aussi 8 mois. — Macao est aux Portugais depuis 1580 : elle leur fut donnée par l'emp. Chi-Tsong pour avoir délivré le pays d'un chef redoutable de pirates. Port franc depuis 1845; station de tous les bâtiments allant à Canton. Résidence d'un évêque catholique. Imprimerie chinoise, dirigée par des orientalistes anglais; musée d'histoire naturelle et d'objets de sciences et d'arts. La ville européenne est très-petite, et séparée de la ville chinoise par une épaisse muraille. Assez florissante jadis, elle est auj. en décadence, surtout depuis l'établissement anglais de Hong-Kong.

MACAREL (M. A.), né en 1792, m. en 1851, était fils d'un conseiller à la Cour d'Orléans. Il remplit, à partir de 1828, la chaire de droit administratif à l'École de droit, fut nommé en 1830 maître des requêtes, puis conseiller d'État; fut appelé peu après par H. de Montalivet, alors ministre de l'intérieur, à la direction de l'administration départementale et communale, eut dans ce poste à préparer plusieurs lois importantes, fut, en 1849, élu par l'Assemblée nationale membre du conseil d'État et porté à la présidence de la section d'administration. Macarel avait dès 1818 publié des Éléments de Jurisprudence administrative; il les compléta en 1828 par son traité des Tribunaux administratifs. Son Cours de Droit administratif, publié pour la 1re fois en 1842, a été depuis mis au courant de la législation par M. A. de Pistoye.

MACARONIQUE (poésie), poésie burlesque, dans laquelle on fait entrer des mots de la langue vulgaire en leur donnant une terminaison étrangère, surtout latine. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

MACARTNEY (George, comte de), diplomate anglais, né en Irlande en 1737, m. en 1806, fut successivement ambassadeur en Russie (1764), gouverneur de la Grenade et de Tabago (1775), gouverneur de Madras (1780), et enfin ambassadeur en Chine (1792) : dans cette ambassade, il avait pour mission d'obtenir un traité de commerce avec la Chine, mais il ne put y réussir. Néanmoins il fut à son retour fait comte, puis pair, et fut nommé en 1797 gouverneur de la colonie du Cap. La relation de son ambassade en Chine a été publiée à Londres en 1807.

MACASSAR, anc. v. de l'île de Célèbes, jadis capit. du roy. de Macassar, par 127° 88' long. E,, 5° 9' lat. S. Elle n'existe plus, mais près de son emplacement se voient auj. Vlaardingen et le fort de Rotterdam. — Le Royaume de Macassar était jadis florissant et occupait toute la côte S. O. de l'île; il est auj. vassal de la Hollande; sa capitale actuelle est Goak. — Les Portugais mirent pied les premiers dans ce pays en 1615; les Hollandais les en chassèrent en 1667. Les Hollandais nomment Gouvernement de Macassar l'ensemble de leurs possessions dans l'île de Célèbes.

On donne le nom de Rade de Macassar à une rade belle et sûre située près de Vlaardingen, et de Détroit de M. au détroit qui sépare Célèbes de Bornéo.

MACAULAY (Thomas BABINGTON), écrivain anglais, né en 1800, dans le Leicester, d'une famille écossaise, m. en 1859, avait pour père un riche marchand. Il se fit recevoir avocat, mais sans vouloir exercer; débuta, dans la Revue d’Édimbourg, par des articles qui furent remarqués (notamment les Essais sur Milton, lord Clive, Warren Hastings), fut élu député en 1830 et soutint la cause de la Réforme, fut envoyé en 1834 à Calcutta comme membre du Conseil suprême de l'Inde, devint à son retour (1839) secrétaire de la guerre et membre du Conseil privé, et fut, en 1857, créé baron et pair d'Angleterre. Outre ses articles de Revue, qu'il a réunis sous le titre d’Essais de Critique et d'Histoire et qui ont été traduits en français par A. Pichot, 1860, il a publié une Histoire de l'Angleterre depuis Jacques II (1848-1856), dont il y a plusieurs traductions françaises. Cet ouvrage se distingue par une connaissance approfondie des sources, un rare talent d'exposition, une peinture fidèle des mœurs et des caractères, un style vif et coloré, un esprit vraiment libéral; malheureusement, l'auteur n'a pu l'achever.

MACAULEY (Catherine SAWBRIDGE, mistriss), née en 1733 dans le comté de Kent, morte en 1791, épousa en 1760 le Dr Macauley, médecin de Londres, et se remaria en 1778 à un M. Graham. Imbue d'idées républicaines, elle fit en 1785 un voyage en Amérique où elle fut fort bien accueillie de Washington; elle défendit la Révolution française contre Burke. On a d'elle une Histoire d'Angleterre depuis Jacques I jusqu'à l’avénement de la maison de Hanovre, 8 v. in-4, 1763-83, hostile aux Stuarts, des Lettres sur l'éducation, 1790, et divers ouvrages de morale et de politique, entre autres une réfutation de Hobbes.

MACBETH, prince écossais, cousin germain du roi Duncan, qui régnait aux XIe siècle. Selon les chroniques, une sorcière lui avait prédit qu'il serait roi : pour accomplir la prédiction, il assassina Duncan près d'Inverness et se fit couronner à sa place (1040). Il se rendit odieux par ses cruautés, et fut détrôné en 1047 par Malcolm, fils de Duncan, qui avait obtenu des secours du roi d'Angleterre, Édouard le Confesseur. Le crime de Macbeth a fourni à Shakespeare le sujet d'une de ses plus belles tragédies, qui a été imitée par Ducis. On croit que le Macbeth, de Shakespeare est le même que Duncan VII.

MACCARTHY (Nic. TULTE de), prédicateur catholique, né en 1769 à Dublin, était fils d'un comte irlandais établi en France. Il entra en 1818 dans l'ordre des Jésuites, se voua à la prédication, se fit entendre avec le plus grand succès dans les principales villes de France et de l'étranger, à Paris, à Lyon, à Bordeaux, à Toulouse, à Strasbourg, ainsi qu'à Rome, à Turin, à Chambéry, à Annecy, et mourut dans cette dernière ville en 1833. Son éloquence brillait par le choix des preuves, la richesse de l'élocution, la noblesse et la vérité des mouvements, et par une action vive et touchante. Ses Sermons ont été imprimés en 1834, avec une Notice par l'abbé Deplace.

MACCARTHY (Jacq.), géographe, d'une famille irlandaise autre que celle du précédent, né en 1785 à Cork, m. en 1835, fut amené jeune en France, s'enrôla à 17 ans, fut licencié en 1815 avec le grade de chef de bataillon, se fit instituteur et traducteur, puis obtint un emploi au dépôt de la guerre, et remplit par intérim les fonctions de chef de la section de statistique. On lui doit un Choix de Voyages modernes, 10 vol. in-8, 1821-22, un Dictionnaire universel de Géographie, 2 vol. in-8, 1835, et des traductions d’ouvrages historiques ou géographiques anglais. — Son fils, M. Oscar Maccarthy, officier distingué, s’est surtout occupé de la géographie de l’Algérie.

MACCHABÉE. V. MACHABÉE.

MACCLESFIELD, v. d'Angleterre (Chester), sur le Rollin, affluent de la Mersey, à 53 kil. N. E. de Chester; 40 000 hab. Belle église paroissiale de St-Michel, bâtie en 1278. Fabriques d'étoffes de soie et de tissus de coton; filatures hydrauliques; fonderies de cuivre et de fer. Aux env., houille, ardoises.

MACDONALD (Ét. Jacq. Jos. Alexandre), duc de Tarente, maréchal de France, né en 1765 à Sancerre, d'une famille originaire d'Irlande, m. en 1840, servit d'abord dans le régiment irlandais de Dillon, se distingua à la bataille de Jemmapes, après laquelle il fut fait colonel (1792), fut nommé dès l'année suiv. général de brigade et défit le duc d'York en plusieurs rencontres. En 1795, il traversa le Wahal sur la glace et s'empara de la flotte hollandaise à la tête de son infanterie : il reçut aussitôt en récompense le grade de général de division. Envoyé en Italie en 1798, comme gouverneur des États romains, il battit à Otricoli 80 000 Napolitains, qui étaient venus l'attaquer. Peu après, il remplaça Championnet dans le commandement de Naples et réduisit la Calabre. En 1799, il disputa opiniâtrement à Souvarow le passage de la Trébie avec une armée fort inférieure. L'année suivante, Moreau, général en chef de l'armée du Rhin, lui confia le commandement de son aile droite : il réussit, par une marche admirable à travers les Alpes, à s'emparer du Splugen. Disgracié en 1804 pour avoir défendu Moreau, il ne reprit du service qu'en 1809 et combattit à Wagram : il s'y distingua tellement que Napoléon lui donna aussitôt le bâton de maréchal, avec le titre de duc de Tarente. En 1812, il commanda le 10e corps en Russie; il combattit à Lutzen, à Bautzen et à Leipsick (1813); pendant la campagne de 1814 il commanda l'aile gauche de l'armée et lutta sans relâche contre des forces supérieures. Après l'abdication de Napoléon, Macdonald fut nommé membre de la Chambre des Pairs et chargé de licencier l'armée de la Loire. En 1816, il devint grand-chancelier de la Légion-d'Honneur : il conserva cette dignité jusqu'en 1831. Dans toutes ses campagnes, Macdonald se distingua par son désintéressement. A la Chambre des Pairs, il se montra constitutionnel.

Macdonald était le nom d'un clan écossais de la vallée de Glancoe, qui fut massacré en 1692 pour avoir pris part à l'insurrection en faveur des Stuarts.

MACDUFF, bg d’Écosse (Banff), à 2 kil. E. de Banff, sur le golfe de Murray, donne son nom à une branche des comtes de Fife. V. FIFE.

MACEDO (le P. François de), dit François de St-Augustin, cordelier portugais, né à Coïmbre en 1596, m. à Padoue en 1681, fut chargé de plusieurs missions politiques à la cour de France par le roi de Portugal Jean IV, et professa à Rome, à Venise et à Padoue. Il a publié plus de 100 ouvrages, entre autres : Propugnaculum lusitano-gallicum, Paris, 1647, où il défend les droits du duc de Bragance à la couronne de Portugal; Encyclopædia in agonem litteratorum producta (thèse de omni re scibili, qu'il soutint à Rome en 1657 pendant trois jours); Schema congregationis S. Officii romani, 1676 : c'est une histoire de l'Inquisition, institution qu'il fait remonter jusqu'à l'origine du monde. Il excellait à improviser les vers latins. Il avait aussi composé en latin des pièces de théâtre, Orphée, Jacob, etc., dont quelques-unes furent représentées devant Louis XIV.

MACÉDOINE, Macedonia, roy. de l'anc. Grèce, au N. de la mer Égée et de la Thessalie, à l'O. de la Thrace, à l'E. de l'Illyrie, avait pour bornes naturelles les monts Cambuniens et Olympe au S., Bermiens et Pinde à l'O., Scardus au N., et le Strymon à l'E., mais finit par s'étendre à l'E. jusqu'au Nestus. On y distingue 5 régions principales, la B.-Macédoine, la H.-Macédoine, la Macédoine occid. ou Illyrie macédonienne, la Macédoine orient. ou Thrace macédonienne, et la Chalcidique. Elle se divisait enfin assez grand nombre de provinces ou de pays : l'Émathie, berceau et centre de la monarchie, dont le nom est quelquefois étendu à toute la Macédoine, la Mygdonie, la Bottiée, l'Anthémasie, la Piérie; à l'E., l'Élymiotide, l'Orestide, la Dassarétie, la Lyncestide, la Pénestie, etc. Les villes d'Édesse et de Pella furent successivement capitales de toute la Macédoine. L'Haliacmon, le Ludias, l'Axius, le Strymon, en étaient les principales rivières. Beaucoup de ports; mines d'or (à Philippes). Les habitants, de race thrace autant qu'hellénique, étaient très-braves et infatigables, mais peu civilisés, du moins avant Philippe; aussi les Grecs les regardaient-ils comme barbares.

Le roy. de Macédoine fut fondé vers 1392 av. J.-C. par une tribu de Pélasges, les Macedones, chassés de l'Histiéotide, contrée de la Thessalie. Pélagon, un de leurs rois, défendit Priam contre les Grecs. En 796, l'Héraclide Caranus, frère d'un roi d'Argos, amena dans l'Émathie une colonie d'Argiens et autres Grecs, fonda une dynastie nouvelle, et bâtit Édesse. Ses successeurs réunirent à leurs États la Haute et la Basse-Macédoine, ainsi que la Chalcidique. En 492, la Macédoine, envahie par les généraux de Darius, fut contrainte de subir l'alliance des Perses; mais elle revint à l'alliance grecque après la bataille de Platée, 479. Après le règne heureux d'Archélaüs, le pays était livré à une anarchie complète, lorsque Philippe II monta sur le trône, 360 av. J.-C. Ce prince y rétablit l'ordre, reconquit les anciennes provinces, en ajouta de nouvelles, et soumit la Grèce entière à sa domination; il se préparait à porter la guerre en Perse, lorsqu'il mourut assassiné, 336. Alexandre réalisa ses projets; mais à sa mort, 323, son empire fut démembré, et la Macédoine, après avoir été successivement dominée par Antipater, Polysperchon, Pyrrhus, Lysimaque, Ptolémée Céraunus, finit par devenir, en 278, le lot d'Antigone-Gonatas, dont les descendants la gardèrent jusqu'à la conquête romaine. Sous ces rois elle comprit, outre la Macédoine propre, la Thessalie; en même temps elle dominait sur l'Épire, et exerçait une influence contestée, mais réelle, sur la plus grande partie de la Grèce méridionale. Les Romains ne réduisirent ce pays qu'après une longue lutte : l'an 200 av. J.-C., ils déclarèrent la guerre à Philippe V, qui avait soutenu Annibal; Flamininus le vainquit à Cynoscéphales en Thessalie, 197; dix ans plus tard, Paul-Émile battit Persée à Pydna, 168; en 148, la révolte d'Andriscus servit de prétexte à une nouvelle guerre, et Métellus, vainqueur dans une 2e bataille de Pydna, réduisit la Macédoine en province romaine. Lors du partage de l'empire au IVe siècle de notre ère, la Macédoine fut comprise dans l'empire d'Orient; elle forma un des deux diocèses de la préfecture d'Illyrie. Ce diocèse, beaucoup plus vaste que la contrée connue jusque-là sous ce nom, était divisé en 6 prov. : Macédoine propre, capitale Thessalonique; Nouv.-Épire, cap. Dyrrachium; Anc. Épire, cap. Nicopolis; Thessalie, cap. Larisse; Crète, cap. Gortyne; Achaïe, cap. Corinthe. Au XIIIe s., les Croisés, devenus maîtres de l'empire grec, formèrent en Macédoine, pour Boniface de Montferrat, un royaume particulier qui avait Thessalonique pour capitale et qui est connu sous lë nom de Royaume de Thessalonique. Au XVe siècle, la Macédoine tomba, avec les autres provinces de l'empire grec, sous le joug des Ottomans, qui la possèdent encore. Elle forme dans leur empire la partie occidentale de la Roumélie (eyalets de Salonique, d'Uskub et de Monastir),

Rois de Macédoine depuis 796 av. J.-C.
Caranus, 796 Philippe I, 609
Cœnus, 766 Ajeropas, 576
Tyrimmas, 738 Alcétas, 556
Perdiccas I, 695 Amyntas I, 538
Argeus I, 647 Alexandre I, 496
Perdiccas II, 452 Cassandre, 311
Archelaüs I, 429 Philippe IV,
Orestes, 405 Antipater, 298
Archelaüs II, 402 Alexandre,
Amyntas II, 398 Démétrius I, 295
Pausanias, 397 Pyrrhus, d’Épire, 287-86
Amyntas III, 396 Lysimaque, de Thrace, 287-82
Argeus II, 390
Amyntas III (rétabli), 388 Séleucus, de Syrie, 282
Alexandre II, 370 Ptolémée Céraunus, 281
Ptolémée, 369 Méléagre, 279
Perdiccas III, 366 Antipater (de nouv.), 278
Amyntas IV, 360 Antigone Gonatas, 278
Philippe II, 359 Pyrrhus (de nouv.), 274
Alexandre III, dit le Grand, 336 Antigone (de nouv.), 273-42
Philippe III Arrhidée, 323 (Alexandre , fils de Pyrrhus), 267-66
Alexandre Aigus, 317 Démétrius II, 242
(Régents : Perdiccas, 322; Pithon, 320; Antipater, 320; Polysperchon, 320-11). Antigone Doson, 232
Philippe V, 221
Persée, 178-168
Andriscus, 152-148

MACÉDONIUS, patriarche de Constantinople de 343 à 360, était attaché au parti des Semi-Ariens. Il ne parvint au patriarcat qu'à la suite de la déposition du patriarche Paul : le jour de son installation il s'engagea entre ses partisans et les Catholiques une rixe dans laquelle périrent plus de 3000 personnes. Déposé en 347, il ne recouvra son siége qu'en 360. A la suite d'autres troubles, l'empereur Constance le fit définitivement déposer, en 360, dans un concile tenu à Constantinople. Après cette déposition, Macédonius se fit le chef d'une hérésie nouvelle, celle des Pneumatiques, dits aussi Macédoniens, qui niaient la divinité du St-Esprit.

MACER (CLODIUS), préteur en Afrique sous Néron, voulut, à l'avénement de Galba, se rendre indépendant et affamer l'Italie. Galba le fit tuer en 68.

MACER (Æmilius), poëte de Vérone, né vers 70 av. J.-C., contemporain d'Auguste et ami d'Ovide, avait écrit un poëme sur les plantes vénéneuses, qui paraît perdu. Cependant on a sous son nom un poëme de Herbarum virtutibus, qui a été publié à Bruxelles en 1477, à Hambourg, 1590, et à Leipsick, 1833, et qui a été traduit en français, Rouen, 1588.

MACERATA, v. d'Italie, ch.-l. de prov., à 178 k. N. E. de Rome; 16 000 hab. Évêché, tribunaux, université, créée en 1824. Belle cathédrale, porte Pie, etc. Elle occupe l'emplacement de l'anc. Helvia Ricina, détruite par les Goths. Dans le roy. (français) d'Italie, elle fut le ch.-l. du dép. du Musone. — La prov. de Macerata, entre celles d'Ancône, Urbin, Pérouse, Camerino, Fermo et l'Adriatique, a 80 k. sur 45, et 250 000 hab. Elle est traversée par l'Apennin et arrosée par plusieurs rivières (Musone, Esino, Potenza, etc.). Cette prov. appartenait aux États romains, où elle formait une Délégation. Elle a été annexée en 1860 au royaume d'Italie.

MACFARLANE (Robert), écrivain politique, né en Écosse en 1734, mort en 1804, écrivit en faveur de l'opposition, et dirigea en ce sens, pendant plusieurs années les journaux le Morning-Chronicle et le London Packet. Admirateur d'Ossian, il aida Macpherson dans son travail de révision, donna lui-même une traduction en vers latins des poésies du barde écossais, ainsi qu'un Essai sur l'authenticité d'Ossian et de ses poëmes, Londres, 1804.

MACHABÉE (Matathias), vaillant guerrier juif, de la famille sacerdotale des Asmonéens, brava les ordres tyranniques donnés par Antiochus Épiphane pour contraindre le peuple juif à sacrifier aux idoles, fut élu général par ses concitoyens insurgés, chassa les Syriens et releva les autels du vrai Dieu. Il mourut au milieu de ses succès, l'an 166 av. J.-C., laissant 5 fils, Judas, Simon, Jonathas. Jean et Éléazar; les trois premiers surtout sont célèbres.

MACHABÉE (Judas), fils de Matathias, lui succéda dans le commandement des Juifs en 166, battit les généraux d'Antiochus Épiphane, Apollonius, Nicanor, Gorgias, Ptolémée et Lysias; rentra en triomphe dans Jérusalem, et purifia le temple (164). Antiochus ayant envoyé contre Judas de nouvelles troupes, il les défit également. Ce roi allait marcher contre lui en personne, à la tête d'une armée formidable, lorsqu'il fut enlevé par une maladie terrible. Antiochus Eupator, successeur d’Épiphane, accorda aux Juifs une paix avantageuse; mais cette paix fut rompue par un nouveau roi de Syrie, Démétrius Soter : Judas, après avoir remporté plusieurs avantages, périt enfin dans un combat, accablé par le nombre, 161.

MACHABÉE (Jonathas), frère du précéd., lui succéda dans le commandement en 161, chassa Bacchidès de la Judée (158), s'allia avec Alexandre Bala, usurpateur du trône de Syrie, puis, après la mort de ce dernier, avec Démétrius Nicator, et quitta encore celui-ci pour se déclarer en faveur du jeune Antiochus, fils d'Alexandre Bala. Il soutint fidèlement ce dernier. Tryphon, qui voulait usurper le trône sur ce jeune prince, se défit de Jonathas par trahison, 143.

MACHABÉE (SIMON), frère des deux précéd., succéda à Jonathas comme prince des Juifs et grand sacrificateur, s'empara de Gaza et fit reconnaître l'indépendance de la Judée par Démétrius Nicator, roi de Syrie. Il eut ensuite à soutenir la guerre contre Anthiochus Sidétès, et força les généraux de ce prince à quitter la Judée. Après une administration glorieuse de dix ans, il fut assassiné par Ptolémée, son gendre. — Son fils régna sous le nom de Jean Hyrcan.

MACHABÉE (Éléazar). V. ÉLÉAZAR.

Le nom de Machabée, dérivé de l'hébreu Machab, marteau, fut donné aux membres de cette famille parce qu'ils brisèrent la puissance des rois de Syrie. Leurs exploits sont racontés dans les deux livres de l'Ancien Testament qui portent le titre de Machabées.

MACHABÉES (les), nom de sept frères qui souffrirent le martyre avec leur mère, sous Antiochus Épiphane, l'an 168 av. J.-C. Leur crime était d'avoir refusé de manger des viandes consacrées aux idoles; Leur mère, avec un courage admirable, les exhortait à supporter les tourments. — Ces jeunes martyrs n'appartenaient point à la famille des précédents.

MACHADO. V. BARBOSA DE MACHADO.

MACHANIDAS, tyran de Lacédémone, usurpa l'autorité l'an 210 av. J.-C., voulut assujettir tout le Péloponèse, mais fut vaincu et tué à Mantinée par Philopœmen, 206 av. J.-C.

MACHAON et PODALIRE, célèbres médecins, fils d'Esculape et d'Épione ou Arsinoé, et élèves du centaure Chiron, étaient en même temps guerriers et guidèrent les soldats d'Œchalie au siége de Troie. Machaon y guérit Ménélas, blessé d'un coup de flèche; mais il fut tué par Eurypyle, fils de Télèphe. Podalire, après la prise de Troie, fit naufrage et aborda en Carie, où il épousa la fille du roi. Les deux frères furent adorés après leur mort.

MACHAULT, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 17 kil. S. O. de Vouziers; 750 hab.

MACHAULT D'ARNOUVILLE (J. B.), contrôleur général des finances, né en 1701, m. en 1794, fit rendre en 1747 un édit fameux connu sous le nom d’Édit de mainmorte, qui « défendait tout nouvel établissement de chapitre, collége, séminaire, maison religieuse, sans une permission expresse du roi, et révoquait tous les établissements de ce genre faits sans autorisation juridique. » Nommé en 1749 ministre d’État,il établit un impôt d'ùn vingtième, gradué sur le prix de ferme des terres, et dont personne n'était exempt. L'année suivante, il succéda à d'Aguesseau dans la charge de garde des sceaux, tout en conservant le contrôle général. Il fit rendre en 1753 un arrêté pour la liberté du commercé des grains dans l'intérieur de la France. Nommé en 1754, ministre de la marine, il montra dans ce nouveau poste la même activité et la même intelligence que dans les précédents, arma l'escadre avec laquelle La Galissonnière défit l'amiral anglais Byng et celle qui ferma aux Anglais le chemin du Canada. Mais, attaqué de toutes parts, surtout par le clergé, dont il avait réduit les immunités financières, il fut disgracié la même année, par l’effet des intrigues de Mme de Pompadour (1754). Il vécut depuis dans la retraite, dans sa terre d’Arnouville, près de Paris. Enfermé en 1794 aux Madelonnettes comme suspect, il mourut dans cette prison.

MACHECOUL, ch.-l. de cant. (Loire-inf.), à 32 k. S. O. de Nantes; 1600 hab. Jadis ch.-l. du duché de Retz, cette ville a beaucoup souffert dans les guerres de la Vendée.

MACHIAVEL, Niccolo Macchiavelli, né à Florence en 1469, d'une famille noble, mais pauvre, mort en 1627, fut pendant 14 ans, de 1499 à 1512, secrétaire de la république florentine, chargé de recueillir les délibérations du conseil des dix magistrats suprêmes et de rédiger les traités et la correspondance. Il exerça en cette qualité une grande influence sur les affaires, et remplit plusieurs missions en France, en Allemagne, à Rome. A la suite d'une révolution qui rappela les Médicis dans Florence (1512), il perdit son office. Impliqué peu après dans une accusation de conspiration contre le cardinal de Médicis (depuis Léon X), il fut mis à la torture, puis exilé; cependant il réussit au bout de quelques années à gagner la confiance des Médicis, et fut employé de nouveau (1521) : Laurent de Médicis le nomma historiographe de Florence. Il avait consacré aux lettres le temps de sa disgrâce, et c'est dans cet intervalle qu'il a composé la plupart de ses ouvrages. Les principaux sont : le Prince, où il enseigne aux tyrans les moyens de réussir, même au mépris de la justice et de l'humanité, et où il expose cette détestable politique qui a reçu depuis le nom de machiavélique : il adressa ce traité manuscrit en 1514 à Laurent de Médicis, devenu depuis peu maître de Florence, afin d'obtenir sa protection; Discours sur Tite-Live, écrits vers 1516, où il se montre profond penseur, mais où l'on retrouve des doctrines politiques non moins perverses; Histoire de Florence (de 1205 à 1424), écrite vers 1524 : c'est assurément son meilleur ouvrage; Legazioni, ou relation de ses ambassades; De l'Art de la guerre. On a aussi de lui quelques comédies dont la plus connue est la Mandragore, pièce très-licencieuse, et plusieurs nouvelles, parmi lesquelles on remarque Belphégor, qui a été imitée, ainsi que la comédie précédente, par La Fontaine. Ses œuvres n'ont été imprimées qu'après sa mort. Les éditions les plus estimées sont celles de Florence, 1S13, 8 vol. in-8, et 1818, 10 vol. in-8. Elles ont été trad. par Guiraudet et Hochet, 1799, 10 vol. in-8, et par Périès, 1823-26, 12 v. in-8. Canestrini a publié en 1857 à Florence ses Œuvres inédites, récemment retrouvées. Les écrits de Machiavel sont condamnés à Rome. Le Prince a été réfuté par Frédéric II, sous le titre d’Anti-Machiavel. M. L. J. de Bouillé a publié des Commentaires politiques et historiques sur le Traité du Prince de Machiavel et sur l'Anti-Machiavel de Frédéric II, 1827. Sous le titre de Machiavel, son génie et ses erreurs (1833), Artaud de Montor a donné une juste appréciation de son caractère et de ses écrits. Quelque opinion qu'on ait de la moralité de cet homme célèbre, on ne peut lui contester le titre de grand écrivain. On l'a souvent rapproché de Tacite.

MACHINE (la), bourg de France (Nièvre), à 6 kil. N. O. de Decize; 2000 h. Houille; forges.

MACHINE INFERNALE. On connaît spécialement sous ce nom une machine meurtrière qui fut dirigée contre le 1er consul Bonaparte le 3 nivôse an IX (24 déc. 1800) : elle consistait en un tonneau rempli d'artifices et de projectiles, qui devait éclater au moment du passage du consul par la rue St-Nicaise près des Tuileries. L'explosion eut lieu quelques instants après son passage; 46 maisons furent ébranlées et endommagées; il y eut 8 personnes tuées et 18 blessées grièvement. Il fut reconnu que c'était l’œuvre des royalistes : Carbon, St-Réjant, agents de George Cadoudal, furent exécutés; Limoëlan, leur complice, échappa.

On a aussi appliqué le nom de Machine infernale à l'appareil employé par Fieschi pour exterminer d'un seul coup toute la famille royale. V. FIESCHI.

MACIÉJOWICE, vge de Pologne, à 60 k. S. O. de Siedlec, sur l'Ockrzeicza. Les Polonais, commandés par Kosciuszko, y perdirent le 10 oct. 1794 une bat. décisive.

MACINE (le), historien arabe. V. ELMACIN.

MACK (Ch., baron de), général autrichien, né en 1752 en Franconie, m. à Vienne en 1828, avait fait avec distinction plusieurs campagnes, notamment celles des Pays-Bas contre la France en 1792 et 93, lorsqu'il fut envoyé en 1798 à Naples par l'empereur d'Autriche pour commander en chef l'armée napolitaine qui marchait contre les Français, maîtres de Rome. Il se fit battre honteusement par Macdonald et Championnet, puis tomba entre les mains de l'ennemi. Laissé prisonnier sur parole à Paris, il s'échappa. Chargé d'un nouveau commandement en Bavière, en 1806, il se laissa cerner par Napoléon et enfermer à Ulm, et fut forcé de se rendre à discrétion avec 30 000 hommes. Il fut condamné à mort; mais la peine fut commuée et il fut détenu 2 ans au Spielberg.

MACKAU (Armand, baron de), amiral français, né à Paris en 1788, d'une famille originaire d'Irlande, m. en 1855, s'empara en 1811, n'étant encore qu'enseigne, d'un brick anglais beaucoup mieux armé, fut en récompense promu immédiatement au grade de lieutenant de vaisseau, et fut nommé capitaine de frégate dès l'année suivante, après avoir capturé plusieurs corsaires. Chargé depuis la paix de plusieurs missions, il s'en acquitta avec succès : il dirigea notamment les négociations avec Haïti, porta en 1825 au Port-au-Prince l'ordonnance qui reconnaissait l'indépendance de la colonie et sut aplanir les difficultés qui se présentaient dans l'exécution. Il fut, à son retour, investi, avec le grade de contre-amiral, du commandement de la station des Antilles, obtint de la Nouv.-Grenade, sans coup férir, la réparation d'une insulte faite au consul français (1833), signa en 1840 avec le gouvernement de La Plata un traité destiné à mettre un terme aux différends survenus entre cette république et la France, et fut bientôt après nommé vice-amiral et pair de France. Appelé en 1843 au ministère de la marine, il s'attacha surtout à augmenter la flotte, à développer la marine à vapeur, à hâter, mais avec prudence, l'affranchissement des noirs, et fut élevé en 1847 à la dignité d'amiral. D'un caractère bon, généreux et sûr, administrateur aussi consciencieux qu'éclairé, le baron de Mackau joignait à la dignité et à l'autorité du commandement la bienveillance et l'affabilité qui font aimer.

MACKENZIE (le), fleuve de l'Amérique septentrionale, sort du lac de l'Esclave à l'O., arrose le pays des Grands Esquimaux en coulant au N. O., et tombe dans l'Océan Glacial arctique par 136° long. O., 69° 14' lat. N. ; cours, 1200 k. Exploré en 1789 par Alex. Mackenzie et en 1825 par John Franklin.

MACKENZIE (George), jurisconsulte écossais, né en 1636 à Dundee, dans le comté d'Angus, m. en 1691, vint étudier à l'Université de Bourges, acquit une grande réputation au barreau d’Édimbourg, et fut choisi comme défenseur par le marquis d'Argyle, accusé de trahison (1661); devint ensuite juge d'une cour criminelle, avocat du roi, et enfin l'un des lords du conseil privé en Écosse; il montra dans ces fonctions un tel zèle pour la cause du roi que les Covenantaires l'appelaient l’Avocat sanguinaire. Après la révolution de 1688, il quitta l’Écosse et se retira en Angleterre. On a de lui un grand nombre d'ouvrages de jurisprudence, de théologie et de morale, réunis à Édimbourg, 1716, 2 v. in-fol. ; on y remarque l’Arétin ou le Roman sérieux; Religio stoïci; Moral gallantry; Hist. morale de la Frugalité. Il avait fondé à Édimbourg la bibliothèque des avocats.

MACKENZIE (H.), écrivain, né à Édimbourg en 1745, m. en 1831, fut avocat général à la cour de l'échiquier d’Édimbourg, puis contrôleur des taxes en Écosse. On lui doit plusieurs compositions pleines de grâce et de délicatesse, entre autres, l’Homme sentimental (The Man of feeling), nouvelle, 1778 ; l’Homme du monde, qui fait suite à l’Homme sentimental; Julia de Roubigné, roman en forme de lettres. Il publia deux journaux dans le genre du Spectateur qui eurent un grand succès : le Miroir et l’Oisif (the Lounger). Il s’essaya aussi, mais avec moins de bonheur, dans le genre dramatique. H. Mackenzie donna lui-même une édit. de ses Œuvres, 8 vol. in-8, Édimb., 1808.

MACKENZIE (Alex.), voyageur anglais, né vers 1760, alla de bonne heure au Canada pour y faire le commerce des pelleteries, découvrit dans ses excursions le fleuve qui a conservé son nom (1789), entreprit le premier, en 1792, de traverser l'Amérique septentrionale dans toute sa largeur, réussit à exécuter ce hardi projet : il parvint en juillet 1793 sur les côtes du Grand Océan, par 52° 21' lat. N. La relation de son voyage fut publiée à Londres en 1801, et trad. en français dès 1802, par Castéra, Paris, 3 vol. in-8.

MACKINTOSH (sir James), écrivain écossais, né à Dores (Inverness) en 1765, m. en 1832, étudia d'abord la médecine, puis les lois, prit la défense de la Révolution française contre les attaques de Burke dans un livre intitulé: Vindiciæ gallicanæ (1791), qui eut un grand succès et lui valut l'amitié de Fox; puis se produisit au barreau où il eut à plaider une cause célèbre, celle de Peltier, poursuivi pour un libelle contre le 1er consul (Bonaparte); fut envoyé en 1804 aux Indes avec le titre de juge au tribunal de Bombay; revint en Angleterre en 1811, entra au Parlement l'année suivante et fut un des promoteurs de la Réforme parlementaire. On a de lui : une Histoire de la révolution de 1688; une Hist. d'Angleterre; des Mélanges philosophiques, trad. par L. Simon; un Essai sur les progrès de la philosophie morale (trad. par Poret, Paris, 1836) : dans ce dernier ouvrage, il rapporte l'approbation morale, non à un jugement de la raison, mais à un simple sentiment, à une émotion toute spéciale.

MAC-LAURIN (Colin), mathématicien écossais, né en 1698, à Kilmoddan près d'Inverary, m. en 1746, obtint dès 1717 la chaire de mathématiques au collége Maréchal, à Aberdeen, et fut plus tard adjoint à Gregory dans l'Université d’Édimbourg. Il publia à 22 ans un traité sur les courbes, qui étonna Newton lui-même; il partagea en 1740, avec Daniel Bernouilli et Euler, le prix proposé par l'Académie des sciences de Paris pour un mémoire sur le flux et le reflux de la mer. Il a laissé, entre autres ouvrages, Geometria organica, Londres, 1720; Traité des fluxions (en anglais), 1742, trad. par le P. Pézenas, 1749; Traité d'algèbre, trad. par Lecozic, 1753; Découvertes philosophiques de Newton, 1748, trad. par Lavirotte, 1749.

MACLOU ou MALO (S.), né au pays de Galles, dans la vallée de Lian-Carvan, à la fin du Ve siècle, vint vers l'an 520 prêcher la foi dans l'Armorique (Bretagne), et se fixa près de la ville nommée à cette époque Aleth, et qui depuis reçut, en souvenir de lui, le nom de St-Malo. Après avoir éprouvé quelques persécutions de la part du roi Hoël, il fut élu en 541 évêque d'Aleth. Il se démit dans la suite de ses fonctions pastorales pour aller faire de nouvelles conversions, et mourut à Saintes en 565. D'autres le font vivre plus tard et placent sa mort en 612 ou 627. On le fête le 17 nov. De nombreuses églises lui sont consacrées.

MÂCON, Matisco, ch.-l. du dép. de Saône-et-Loire, sur la r. dr. de la Saône, à 401 kil. S. E. de Paris (411 par ch. de fer), à 67 kil. N. de Lyon; 18 006 h. Tribunaux de 1re inst. et de commerce, lycée, école normale primaire, école de dessin et d'horlogerie, bibliothèque; société des sciences, arts, lettres et agriculture. Ancien palais épiscopal (Maçon avait jadis un évêché), église de St-Vincent, hôtel de ville, Hôtel-Dieu;beau quai, pont sur la Saône, fort ancien, qu'on attribue, mais à tort, à J. César, restes d'un arc de triomphe. Fabriques d'étoffes de laine et de velours, d'horlogerie, de quincaillerie. Grand commerce de vins de Mâcon, Thorins, Pouilly et autres; raisiné dit de Cotignac, etc. Patrie de Seneçay, Dombey, Lamartine. — Ville fort ancienne, qui existait du temps de César, et appartenait aux Éduens; souvent ravagée par les Barbares, notamment par Attila, et conquise par les Bourguignons. Réunie à l'empire de Charlemagne, puis au roy. d'Arles (877), elle eut des princes particuliers à partir du Xe siècle. Alix, héritière du comté, épousa Robert de Dreux, qui le vendit à S. Louis en 1238. En 1435, Charles VII céda le comté à Philippe le Bon, duc de Bourgogne; mais Louis XI le réunit à la couronne après la mort de Charles le Téméraire (1477). Mâcon fut dès le Ve siècle le siége d'un évêché, auj. supprimé; il s'y tint 2 conciles au VIe siècle. Le Calvinisme y pénétra en 1559; aussi eut-elle à souffrir pendant les guerres de religion : enlevée par surprise par les Catholiques en 1562, elle fut reprise en 1567 par les Protestants, qui en furent chassés la même année. Le 9 mars 1814 un combat s'y livra entre les Français et les alliés.

MÂCON (Comté de) ou MÂCONNAIS, un des 4 comtés annexes du duché de Bourgogne, entre le Châlonnais au N., la Bresse à l'E., le Lyonnais au S., le Brionnais et le Charolais à l'O, Places principales : Mâcon, St-Gengoux, Tournas, Cluny. Il forme auj. l'arrond, de Mâcon dans le dép. de Saône-et-Loire.

MACORABA, nom latinisé de LA MECQUE.

MACOUBA (LE), v. de la Martinique, sur la côte N. à 20 kil. N. de St-Pierre; 2250 hab. Sucre, cacao, café, tabac fort renommés.

MAÇOUD. V. MAS'OUD.

MACPHERSON (James), écrivain, né en 1738 en Écosse, dans le comté d'Inverness, m. en 1796, publia en 1760 quelques Poésies d'Ossian, ancien barde écossais, traduites de l’ancienne langue gaélique et compléta cette publication en 1762 par le poëme de Fingal, en 1763 par celui de Témora. Ces poésies eurent un succès prodigieux et passèrent aussitôt dans toutes les langues de l'Europe; mais il s'éleva une vive controverse sur leur authenticité. Il paraît que l'existence de poésies gaéliques est incontestable; Macpherson n'eut d'autre tort que de paraphraser l'original, d'en adoucir quelquefois la rudesse, et de remplir les lacunes par des passages de son invention. Pour lever tous les doutes, il légua à H. Mackensie la somme nécessaire pour publier le texte original d'Ossian (V. ce nom). Macpherson a aussi composé une traduction de l’Iliade, espèce de paraphrase qui a eu peu de succès, une Introduction à l'Histoire de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, et une Histoire de la Grande-Bretagne, depuis la Restauration jusqu'à l'avénement de la maison de Hanovre, ouvrages estimés, mais écrits au point de vue des tories. Il avait été nommé en 1764 secrétaire du gouverneur de la Floride orientale. En 1780 il fut élu député à la Chambre des Communes, mais il y garda presque constamment le silence.

MACQUARIE, riv. de l'Australie (Nouv.-Galles mérid.), formée de la réunion du Fish-River et du Campbell's-River, par 147° 15' long. E., 33° 30' lat. S., sort des Montagnes Bleues et se perd dans des marais au centre du continent. On lui donne 1100 kil.

MACQUER (P. Joseph), chimiste, né a Paris en 1718, m. en 1784, était professeur de pharmacie à Paris, et membre de l'Académie des sciences. Il fit des découvertes importantes en chimie, mais il refusa de se rallier aux doctrines nouvelles de la science et combattit Lavoisier. Il a laissé plusieurs ouvrages qui ont été longtemps classiques. Les principaux sont : Éléments de chimie théorique et pratique, Paris, 1756, vol. in-12; Dictionnaire de chimie, 1778, 2 vol. in-4. Macquer a rédigé dans le Journal des Savants, de 1768 à 1776, tout ce qui concerne les sciences naturelles. C'est lui qui introduisit à Sèvres, en 1768, la fabrication de la porcelaine de Saxe.

MACRA, auj. la Magra, petite riv. d'Italie, formait la limite entre la Ligurie et l'Étrurie. V. MAGRA. MACRI, v. de Turquie. V. MAKRI.

MACRIEN, M. Fulvius Macrianus, un des 30 tyrans qui prirent la pourpre sous Gallien, s'était élevé par son mérite aux premiers rangs de la milice, et avait été chargé par Valérien de l'administration de la Syrie pendant l'expédition de cet empereur contre les Perses. A la nouvelle de la captivité de Valérien, il prit la pourpre en Syrie (260), passa la mer et s'avança jusqu'en Illyrie; mais là il fut battu par Auréole (261) et se fit tuer par ses officiers. Il s'était associé ses deux fils, Macrien le jeune et Quiétus : le premier périt avec lui; le deuxième fut tué dans Émèse où l'assiégeait Odénat. La Vie de Macrien et de ses deux fils a été écrite par Trebellius Pollio.

MACRIN, M. Opilius Macrinus, empereur romain, né en 164 à Césarée en Numidie, était préfet du prétoire sous Caracalla. Proclamé par l'armée quelques jours après l'assassinat de Caracalla, dans lequel on le soupçonne d'avoir trempé (217), il signala son avènement par de sages mesures; mais son extrême sévérité souleva bientôt contre lui une partie des soldats. Une légion d'Émèse salua Héliogabale empereur, et Macrin fut tué par ses propres soldats près d'Archélaïde, en Cappadoce, 218. Il s'était associé Diaduménien, son fils, qui périt avec lui.

MACROBE, Ambrosius Aurelius Theodosius Macrobius, écrivain Latin du Ve siècle, était en 422 grand maître de la garde-robe (præfectus cubiculi) de Théodose le Jeune : c'est tout ce que l'on sait sur sa vie. On a de lui un Commentaire sur le Songe de Scipion de Cicéron, et les Saturnales, en 7 livres, qui offrent, sous forme d'entretiens, un mélange curieux de science littéraire, de philosophie et d'antiquités. Un troisième ouvrage de Macrobe : Des différences et des analogies des mots grecs et latins, ne nous est pas parvenu tel qu'il l'avait composé : on n'en a qu'un abrégé. La latinité de Macrobe est médiocre; il copie souvent Sénèque et d'autres auteurs; mais son livre des Saturnales est utile par les particularités qu'il nous apprend sur les Romains. Comme philosophe, il appartient à l'école platonicienne : on trouve dans ses écrits de nombreux emprunts faits à Plotin. Les meilleures éditions de cet auteur sont celles de Leyde, 1670; Variorum, Leips., 1774 (due à Gronovius); de L. Janus, Leips., 1848-52. Ses œuvres ont été traduites par Ch. de Rozoy, 1827, et se trouvent, avec de nouvelles traductions, dans les collections Panckoucke et Nisard.

MACROBIENS (c-à-d. Qui a une longue vie), peuple fabuleux qui vivait, disait-on, jusqu'à mille ans. On les place tantôt dans l'île de Méroé, tantôt en Éthiopie sur les bords de la mer.

MACRON, Nævius Sertorius Macro, favori de Tibère, présida à l'arrestation et au supplice de Séjan, et fut récompensé par la dignité de préfet du prétoire. Lorsque Tibère approcha de sa fin, Macron engagea Caligula à prendre possession du gouvernement pendant l'agonie même de l'empereur; voyant que Tibère revenait à la vie, il le fit étouffer. Son crédit ne fut pas de longue durée : dès l'année suivante, Caligula l'impliqua dans une conspiration et l'obligea, ainsi que sa femme, à se donner la mort, l'an 38 de J.-C.

MACTA (la), c.-à-d. le gué, cours d'eau de l'Algérie (prov. d'Oran), formé par la réunion de l'Habrah, du Sig et de l'Hammann, se jette dans la Méditerranée entre Arzew et Mostaganem. Le général Trézel, combattant Abd-el-Kader, subit un échec près de son embouchure (28 juin 1835).

MADAGASCAR, Menuthias? grande île de la mer des Indes, à 600 k. de la côte orient. de l'Afrique australe, dont elle est séparée par le canal de Mozambique; 1700 k. du N. E. au S. O. sur 580 de large; env. 5 000 000 d'h. Lieux princip.; Tananarive, capit.; Tamatave, Tintingue, Foulpointe. Les monts Amhostémènes et Bétanimènes la parcourent du N. au S. et s'élèvent à 3000 et 4000m. Beaucoup de rivières. Climat beau, très-chaud, mais meurtrier pour les Européens sur les côtes. Sol d'une fertilité admirable, et qui donne des produits particuliers à l'île, mais très mal cultivé; mines de cuivre, plomb, étain, mercure, fer, etc. (non exploitées, sauf celles de fer). Les habitants, les Madécasses ou Malgaches, sont divisés en peuplades et tribus nombreuses : les Ovas, les Séclaves, les Antavars, les Betimsaras, les Antacimes, les Bétanimènes sont les principales. On les croit de race malaise. Leur langue est riche et douce, leur culte très-simple. Bien que noirs, ils ont de beaux traits. — Connue des anciens, citée au XIIIe siècle par Marco Polo, Madagascar fut visitée en 1506 par le Portugais Lorenzo d'Almeida. Elle attira dès la fin du XVIe siècle l'attention de la France : Henri IV y fit construire un fort dans l'anse Dauphine; les Français y eurent quelques comptoirs depuis 1642 et un édit de 1686 déclara l'île une dépendance de la couronne. Le comte Beniowski y fut envoyé en 1774; mais, ayant voulu se rendre indépendant, il fut combattu par la France même, et son établissement détruit, 1786. Depuis 1815, les Français ont occupé de nouveau quelques points (Tintingue, Tamatave, Foulpointe), mais ils les ont abandonnés en 1831, après une guerre malheureuse contre les Ovas, suscitée par les Anglais. Longtemps divisée en une foule de petits États, Madagascar, au commencement du XIXe siècle, est devenue à peu près un royaume unique, grâce au génie du chef Radama : le pays d'Anossi et quelques districts échappèrent seuls à sa domination; il fit de Tananarive sa résidence. Sa veuve Ranavalo, qui lui succéda en 1828, signala son règne par la haine de l'étranger et par des persécutions contre nos missionnaires. Son fils Radama II, parvenu au trône en 1861, s'était rapproché des Européens, mais il fut assassiné dès 1863. — Macé-Descartes a donné l’Hist. de Madagascar, 1846.

MADAME, titre que l'on donnait jadis en France à l'aînée des filles du roi, ou à la princesse du sang la plus rapprochée du trône, sans ajouter à ce titre le nom propre. On connaît surtout sous ce nom Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, fille de Charles I, roi d'Angleterre, et petite-fille de Henri IV, dont Bossuet prononça l'oraison funèbre, et Marie-Thérèse, fille de Louis XVI, et femme du duc d'Angoulême.

MADAPOLLAM, v. de l'Inde anglaise (Madras), dans le pays des Circars sept., à 49 kil. N. E. de Masulipatnam, et à l'O. des bouches du Godavery. Étoffes de laine, étoffes de coton, connues sous le nom de madapollam : elles sont plus fermes et plus lisses que le calicot ordinaire.

MADAURE, Madaurus, v. d'Afrique propre, au centre, sur le Bagradas. Patrie d'Apulée.

MADDALONI, Suessula, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), à 16 kil. S. O. da Capoue; 11 000 h. Collége. Aux env., bel aqueduc.

MADÉCASSES, habitants de MADAGASCAR.

MADEIRA (la), riv. de l'Amérique du Sud, le plus grand affluent de l'Amazone, se forme en Bolivie de la réunion du Guaporé et du Mamoré, coule d'abord au N., entre dans le Brésil, tourne vers le N. E., reçoit le Guapey, le Sara, le Jamary, le Jeuparana, l'Axia, le Capana, et se joint à l'Amazone par plusieurs branches. Cours, 1780 kil.

MADELEINE (Ste MARIE), Maria Magdalena, femme galiléenne, née à Magdalum, sur les bords du lac de Génésareth, avait longtemps vécu dans le désordre; mais, à la vue des miracles de Jésus, elle se repentit de ses péchés, se convertit et obtint son pardon. Depuis cette époque, elle suivit assidûment Jésus : elle assista à sa passion et à son ensevelissement; elle apprit sa résurrection au moment où elle portait des parfums pour embaumer son corps, et l'annonça à S. Pierre et à S. Jean. On croit en Provence qu'elle finit sa vie à la Ste-Baume. On la fête le 22 juillet.

MADELEINE DE PAZZI (Ste), carmélite, née à Florence en 1566, de l'illustre famille des Pazzi, morte en 1607, se distingua par son humilité, ses mortifications et son ardent amour pour Dieu. Elle a laissé des Œuvres spirituelles qui ont été recueillies par le P. Salvi, Venise, 1739. On l'honore le 25 mai. Sa Vie, écrite en italien par le P. Puccini, a été traduite en français par Brochaud, 1670.

MADELEINE (la), une des plus belles églises de Paris, à l'extrémité O. des boulevards du Nord, tire son nom de ce qu'elle est placée sous l'invocation de Ste Madeleine. C'est un monument d'architecture grecque ; elle a deux façades, la principale au S., en face de la rue Royale, l'autre au N, en face de la rue Tronchet, et est entourée de 52 colonnes corinthiennes cannelées. Le fronton qui surmonte la façade principale offre un superbe bas-relief, œuvre de Lemaire, qui représente le jugement dernier. — La Madeleine fut commencée en 1764 ; la Révolution en interrompit les travaux. Napoléon I les fit reprendre en 1807, pour faire de l'édifice un temple de la Gloire, dédié à la grande armée. Le monument était fort avancé quand arrivèrent les événements de 1814. La Restauration le rendit à sa destination primitive : l'église fut consacrée en 1842. Les architectes qui ont successivement coopéré à sa construction sont Coutant d'Ivry, Couture, Vignon et Huvé.

MADELEY, v. d'Angleterre (Shrop), sur la Saverne, à 22 kil. S. E. de Shrewsbury, 8000 hab. Fonderies de fer. A 3 kil. de là, pont de fer de Coalbrook-Dale, sur la Saverne. Charles II, après sa défaite à Worcester, se réfugia dans cette ville.

MADELONNETTES (Les), maison religieuse de Paris, destinée à servir d'asile aux filles repentantes, et placée sous l'invocation de Ste Madeleine, est sise rue des Fontaines, entre les rues du Temple et St-Martin. Elle fut fondée en 1618 par Robert de Montry, et dotée par la marquise de Maignelay, sœur du cardinal de Gondi, et par le roi. Des religieuses de la Visitation de St-Antoine en eurent la direction. Pendant la Révolution, elle servit de prison politique. C'est auj. une maison de détention pour les filles de mauvaise vie.

MADEMOISELLE, titre par lequel on désignait en France la fille aînée du frère du roi. On connaît surtout sous ce nom la duchesse de Montpensier, fille de Gaston, duc d'Orléans, frère de Louis XIII.

MADÈRE, Madeira, île de l'Atlantique, à 690 kil. de la côte occid. de l'Afrique sept., par 12° 37' long. O., 32° 45' lat. N., forme avec quelques autres îles plus petites le groupe de Madère : elle a près de 1000 k. carr. ; et env. 130 000 hab. ; capit. Funchal. Elle est hérissée de montagnes (parmi lesquelles le pic Ruivo, qui a 1900)m ; l'île est le produit d'un volcan, auj. éteint, et est encore exposée aux tremblements de terre. Climat chaud et très-sain, printemps perpétuel, ce qui fait recommander le séjour de Madère aux phthisiques ; sol fertile ; vins célèbres (madère sec, madère-malvoisie dit Malmsey ; sercial, tinta). — Vue dès 1344, dit-on, par un marin anglais, elle ne fut véritablement découverte qu'en 1418, par les Portugais J. Gonzalèz, Zarco, Texeira et Parestrello : elle resta depuis au Portugal. Ce n'était alors qu'une immense forêt (d'où son nom qui veut dire bois, pays boisé) : on y mit le feu (1421), et l'incendie dura 7 ans. La vigne et la canne à sucre plantées sur les cendres réussirent au delà de toute espérance. Les Anglais se sont emparés de Madère en 1801, sous prétexte qu'elle pouvait être occupée par la France ; ils l'ont aussi possédée de 1808 à 1814. Auj., bien qu'appartenant nominalement au Portugal, cette île diffère peu d'une possession anglaise : presque tout le commerce est entre les mains des Anglais.

MADERNO (Ch.), architecte, né en 1556 à Bissona en Lombardie, mort à Rome en 1629, termina à Rome l'église de St-Jacques des Incurables, que Franç. Volterra avait laissée imparfaite ; construisit le dôme et le chœur de St-Jean des Florentins, fit la façade de Ste-Suzanne, obtint le titre d'architecte de St-Pierre, fut chargé par le pape Paul V d'achever cette célèbre basilique, dont il fit le frontispice, et construisit une foule d'autres édifices à Rome, parmi lesquels le palais Maffei, son chef-d'œuvre.

MADFOUNEH (c.-à-d. Ville enterrée), village de la Hte-Égypte, sur un canal, à la gauche du Nil, par 26° 20' lat. N., 29° 40' long. E. Ruines d’Abydos.

MADGYARS, une des tribus sorties de l'Oural qui furent conduites par Argad en Hongrie au Xe siècle, était probablement la principale. Son nom devint celui de toute la nation : c'est encore ainsi que les Hongrois se désignent eux-mêmes aujourd'hui.

MADIAN, auj. Midian, v. anc. de l'Arabie, au N. E. de la mer Rouge et sur les bords du golfe le plus oriental de cette mer (golfe Élanitique), était la capitale d'une peuplade de Madianites distincte de celle qui habitait à l'E. du lac Asphaltite. C'est à Madian qu'habitait Jéthro, beau-père de Moïse ; c'est là aussi que se réfugia le prophète.

MADIANITES, Madianitæ, peuple arabe, issu de Madian (fils d'Abraham et de Céthura), habitait au S. des Moabites, à l'E. du lac Asphaltite, et menait la vie nomade et pastorale. Les Madianites étaient idolâtres ; leurs filles, envoyées par eux auprès des Hébreux pour les séduire, y réussirent un moment. Les Madianites tinrent sept ans les Hébreux en servitude (1356-49) ; ils furent défaits par Gédéon. — Une autre peuplade de Madianites habitait au N. E. de la mer Rouge et avait pour capitale Madian. V. ce nom.

MADISON (James), président des États-Unis, né en 1758 à Montpellier (Virginie), m. en 1836, était avocat. Il combattit en 1784 la proposition d'établir une religion dominante aux États-Unis, participa en 1786 à la rédaction de la constitution, fut élu presque à l'unanimité président en 1809, fit déclarer la guerre à l'Angleterre en 1812 ; fut réélu en 1813, continua la guerre avec succès, et signa le traité du 24 déc. 1814 qui fixait la limite septentrionale des États-Unis au lac Hudson et au lac Supérieur. En 1817, il quitta la présidence et se retira dans son pays natal. Il protégea les sciences ; on lui doit l'érection de l'Université de Virginie. — Plus de vingt villes ou comtés des États-Unis ont pris le nom de Madison en l'honneur de l'ancien président : on connaît surtout une v. de l'Indiana, ch.-l. du comté de Jefferson, sur la r. dr. de l'Ohio, entre Indianopolis et Vincennes ; 4000 h.

MADJD-EDDAULAH, (Abou-Taleb Roustem), le dernier des Bouides qui régnèrent sur la Perse centrale, succéda, sous la tutelle de sa mère Seïdah, à son père Fakhr-Eddaulah en 997. Il ne tarda pas à dépouiller sa mère de toute autorité et prit pour ministre le fameux Avicenne. Il fut sans cesse attaqué par Mahmoud, sultan de Ghazna, qui finit par s'emparer de sa personne et de ses États, en 1027.

MADJICOSIMAH, groupe d'îles de l'empire chinois, dans le Grand Océan Êquinoxial, au S. O. de l'archipel de Liéou-Khiéou, et à l'E. de Formose. Thé, canne à sucre, poivre ; arbres à vernis et encens.

MADOURA. V. MADURA.

MADRAS, v. de l'Hindoustan, ch.-l. de la Présidence de Madras, sur la côte de Coromandel, par 77° 56' long. E., 13° 4' lat. N., à 103 kil. N. de Pondichéri, à 1630 kil S. O. de Calcutta ; 500 000 hab. Évêché anglican, cour suprême. La situation de Madras est peu favorable au commerce : le terrain aux environs est sablonneux, aride et sans eau. On y distingue la Ville-Blanche, au milieu de laquelle s'élève le fort St-George (une des plus fortes places de l'Inde) ; et la Ville-Noire infiniment plus grande et plus populeuse. Un canal la joint à l'Ennore. Beaucoup de pagodes, minarets mosquées, maisons à toits plats (qui donnent à la ville un aspect bizarre). Quelques monuments : palais du gouvernement, douane, cour de justice, église St-George, collége, fondé en 1812, observatoire, jardin botanique ; société asiatique, plusieurs journaux. Industrie active pour tous les tissus de coton, notamment pour les étoffes de couleur connues sous le nom de madras ; très-grand commerce (inférieur pourtant à celui de Calcutta et de Bombay) ; outre les madras, on exporte coton brut, indigo, perles, écailles, tabac, etc. — Madras était jadis la capit. du Karnatic. Les Anglais se la firent céder en 1639 par le radjah de Bidjanager : c'est le 1er établissement qu'ils aient eu dans l’Inde; ils en firent le ch.-l. de leurs possessions. Labourdonnais la leur enleva en 1746, mais la paix d’Aix-la-Chapelle la leur rendit (1748). Lally voulut la reconquérir en 1759, mais il échoua. Madras, depuis ce temps, n’a pas cessé d’appartenir à l’Angleterre. — La présidence de Madras, une des grandes divisions de l’Inde anglaise immédiate, est formée surtout des parties E. et S. E. de la péninsule, et est située entre les présidences de Bengale et d’Agra au N., les roy. de Nagpour, du Nizam et la présidence de Bombay au N. O., le golfe d’Oman à l’O., la mer des Indes et le golfe de Manaar au S., et le golfe de Bengale à l’E. Elle comprend, outre le Karnatic et le pays des Circars du Nord, des portions considérables du Koïmbatour, du Maïssour, du Malabar, du Kanara et du Balaghat, et compte environ 22 millions d’hab. Elle est subdivisée en 22 districts, et renferme, outre Madras, sa capitale, les villes de Nellore, Tritchinapali, Madura, Koïmbatour, Seringapatam, Calicut, Cochin, Mazulipatam, Gandjam, etc.

MADRID, Mantua Carpetanorum, puis Majoritum et Madritum, capitale de l’Espagne, ch.-l. de la Nouv.-Castille et de la prov. de Madrid, au centre du pays, sur la r. g. du Mancanarez, par 5° 53’ long. O., 40° 35’ lat. N., à 1400 kil. S. S. O. de Paris ; 475 000 h. Madrid est le siége du gouvernement, des Cortès législatives et des administrations centrales. Évêché; université, qui était précédemment à Alcala de Hénarès. Mur d’enceinte, percé de 15 portes; rues larges, propres, régulières, mais mal pavées (les plus belles sont celles d’Alcala, qui est plantée d’arbres, d’Atocha, de San-Bernardino, de Toledo, de Fuencarral); 42 places (entre autres la Plaza-Mayor, celle du Palais-Royal, celle du Soleil, et la place destinée aux combats des taureaux, hors de la ville, avec une arène autour de laquelle peuvent se ranger sar des gradins 17 000 personnes). Principaux monuments : palais de Buen-Retiro, palais des Conseils, musée, hôtel des postes, douanes, Buenavista, arsenal, monnaie, etc.; pont de Ségovie sur le Mançanarez, arc-de-triomphe d’Alcala; 5 théâtres, belles promenades (le Prado, la Florida, les Délices, Campo-Grande); églises nombreuses, mais peu remarquables; plusieurs chemins de fer. Acad. des sciences (fondée en 1849), des beaux-arts, de la langue espagnole, de l’histoire d’Espagne, d’économie, de médecine ; 7 bibliothèques (la bibliothèque royale est une des plus riches de l’Europe); riche collection de tableaux des meilleurs maîtres espagnols, italiens, français et flamands; observatoire, jardin botanique; musée des sciences naturelles, musée d’artillerie; conservatoire des arts et métiers; collége de chirurgie, écoles de médecine, de pharmacie, des ingénieurs; institut de St-Isidore (espèce d’université), etc. Manufactures royales de salpêtre, porcelaine, tapisseries, cartes à jouer; fabriques de chapeaux, étoffes de soie, broderies, orfèvreries, quincailleries, imprimeries, etc. Commerce médiocre. — Madrid n’était qu’un village au temps des Romains : elle fut prise par les Maures, qui la fortifièrent et lui donnèrent son nom actuel; Alphonse VI la leur reprit en 1083. Henri III, roi de Castille, la répara et l’agrandit vers 1400. Philippe II en fit la capitale de tout le royaume en 1560, à la place de Tolède. N’étant point place de guerre, cette ville a été souvent occupée, sans pouvoir opposer de résistance : les Français y entrèrent en 1808, en 1809, en 18i2, et ne l’abandonnèrent définitivement qu’en 1813. Lope de Vega, Calderon, Quevedo, Moratin, etc., sont nés à Madrid. Il se forma dans cette ville une école célèbre de peinture qui a pour chef Velasquez. — On connaît sous le nom de Traité de Madrid un traité signé à Madrid le 14 janv. 1526 entre Charles-Quint et François I captif : en retour de sa liberté, le roi cédait à l’empereur le duché de Bourgogne, le comté de Charolais, avec les seigneuries de Noyers, de Château-Chinon et la vicomté d’Auxonne, renonçait à toute prétention sur Naples, Milan, Gênes et Asti, à la suzeraineté de la Flandre et de l’Artois, promettait d’épouser Éléonore, sœur de l’empereur, et recevait en grâce le connétable de Bourbon. Ce traité ne put être exécuté. V. FRANÇOIS I.

MADRID (Intendance de), une des cinq intendances de la Nouv. Castille, au N. de celle de Tolède; villes princ., Madrid, ch.-l.; Léganès, Gétafe. Env. 500000 hab.

MADURA ou MADURÉ, v. de l'Inde anglaise (Madras), ch.-l. du district de son nom, dans l'anc. Karnatic, à 430 k. S. O. de Madras, et à 100 k. S. O. de Tritchinapali; 20 000 h. Jadis beaucoup plus peuplée. C'est une des villes les plus anciennes et les plus sacrées de l'Inde : célèbre temple dit Pahlari. On croit, que c'est le Modura de Ptolémée. Démantelée par les Anglais en 1801.

MADURA, une des îles de la Sonde, à l'O. et près de Java, 150 k. sur 40; 150 000 h. (dont 15 000 Chinois); ch.-l. Madura, sur la côte E. Bon port. Belle végétation, riz, cocos, etc.; nids d'hirondelle. Aux Hollandais depuis 1747; elle dépend du gouvt de Java.

MÆLAR (lac), lac de Suède, au N. O. de Stockholmcet de Nikœping, communique avec la mer Baltique et le lac de Hiælmar : 90 k. sur 40; il renferme environ 1260 petites îles. On trouve sur les bords de ce lac plusieurs villes, entre autres Vesteras et Upsal, ainsi que plusieurs châteaux royaux (Drottningholm, Svartsjoe, Gripsholm, Rosersberg) et d'innombrables maisons de campagne. Il est sillonné en été par un grand nombre de bateaux à vapeur et de canots.

MAEL-CARHAIX, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 45 k. S. O. de Guingamp, à 13 E. de Carhaix; 226 h.

MAELSTROM (c.-à-d. Courant qui moud), gouffre de l'Océan Glacial arctique, par 9° 20' long. E., , 67° 20' lat. N., sur la côte de Norvège, près de l'Ile Moskœ, une des Loffoden. Très-dangereux : il a beaucoup augmenté ces dernières années.

MAELZEL (Léonard), mécanicien, né à Ratisbonne en 1776, m. à Vienne en 1855, a inventé plusieurs machines merveilleuses, entre autres, en 1807, le Panharmonica, composé d'un orchestre de 42 musiciens automates qui exécutaient avec précision les ouvertures du Don Giovanni de Mozart, de l’Iphigénie en Aulide de Glück, de la Vestale de Spontini, etc.; cette ingénieuse mécanique est auj. à Boston. On doit aussi à Maelzel l'invention du métronome (1816).

MAESEYCK, v. de Belgique (Limbourg), sur la Meuse (Maës en flamand), à 47 k. de Tongres et à 118 de Bruxelles, 4000 h. Patrie de Jean et Hubert Van Eyck, inventeurs de la peinture à l'huile. — Jadis fortifiée. Prise par les Français en 1675 et 1803.

MAËSTRICHT, le Trajectum ad Mosam des anciens, v. forte du roy. de Hollande, ch.-l. du Limbourg hollandais, sur les 2 rives de la Meuse, à 170 kil. S. E. d'Amsterdam; 31 000 hab. Ville belle et bien bâtie. Citadelle, hôtel de ville, église de St-Servais, arsenal, pont sur la Meuse de 100m de long; chemin de fer pour Liége, etc. Société d'agriculture, athénée, bibliothèque; établissements de bienfaisance. Tanneries, distilleries; drap, flanelle, raffineries, papeterie, etc. Près de la porte St-Pierre commence une vaste carrière qui s'étend jusqu'à Liége, et qui, dit-on, en cas de siége, pourrait donner asile à toute la population. — Maëstricht existait dès le IVe siècle. Elle fut bâtie sur l'un des points où l'on passait la Meuse (Maës) dans un bac Elle soutint nombre de siéges, fut saccagée en 1576 par le duc d'Albe, prise en 1632 par le prince H. Fréd. de Nassau, qui la céda aux États de Hollande; en 1673 et 1748 par les Français,qui la rendirent en vertu du traité d'Aix-la-Chapelle. Joseph II en revendiqua la possession en 1784, mais il fit cession de ses droits à la Hollande moyennant une somme de 9 500 000 livres. Bombardée par les Français en 1793, prise par Kléber en 1794, elle fut réunie à la France en 1795 et devint le ch.-l. du dép. de la Meuse-Inf. Comprise en 1815 dans le roy. des Pays-Bas, elle fut, après la séparation de la Hollande et de la Belgique, l'objet de longues contestations; enfin en 1839 elle fut rendue au roi de Hollande.

MAFFEI (Raphaël), savant compilateur, surnommé Volterran, Volterranus, parce qu’il était de Volterra en Toscane, né en 1452, m. en 1522, a laissé, sous le titre de Commentarii urbani, une espèce d’encyclopédie en 38 livres, dont les 12 premiers traitent de la géographie, les 11 suivants des hommes célèbres, et les derniers de toutes les sciences cultivées alors. Ses Œuvres, publiées pour la 1re fois en 1506 à Rome, in-fol., ont été réimprimées à Paris en 1526.

MAFFEI (J. Pierre), savant jésuite, né à Bergame en 1535 ou 1536, m. en 1603, fut professeur d'éloquence à Gênes et secrétaire de la république. Vers 1570, il fut appelé à Lisbonne par le cardinal Henri de Portugal, pour travailler à l’Histoire générale des Indes, sur les documents conservés dans les archives publiques. L'ouvrage parut à Florence en 1588, in-f., sous ce titre : Historiarum Indicarum libri XVI; il a été trad. en franç. par A. de La Borie et par l'abbé de Pure. On lui doit aussi une Vie de Loyola, Venise, 1585.

MAFFEI (François Scipion, marquis de), né à Vérone en 1675, m. en 1755, fit avec distinction la campagne de 1704, au service de la Bavière, puis revint en Italie pour se consacrer aux lettres. Il composa en 1713 une tragédie de Mérope, qui fit époque dans l'histoire de l'art dramatique et qui commença une utile réforme en Italie. Un autre écrit, l’Histoire de Vérone, acheva de répandre sa réputation dans toute l'Europe. Il visita la France (1732), puis l'Angleterre, la Hollande, l'Autriche, et reçut partout le même accueil. De retour à Vérone, il y forma une riche collection d'inscriptions antiques, et en publia des copies exactes dans un recueil intitulé Musæum Veronense, 1749, in-f. Scipion Maffei était doyen de l'Académie della Crusca, associé de l'Académie des inscriptions et belles-lettres de France, et membre de la Société royale de Londres. Ses Œuvres ont été publiées à Venise, 1790, 28 v. in-8. Elles contiennent divers recueils de poésies italiennes et latines. Sa Mérope fut traduite en franç. par Fréret et imitée par Voltaire.

MAFFEO VEGIO, Maphæus Vegius, un des meilleurs poëtes latins modernes, né en 1406 à Lodi, m. en 1458, fut professeur de belles-lettres à Pavie, puis dataire du pape Eugène IV. Ses ouvrages les plus célèbres sont: l’Antoniade, poëme en l'honneur de S. Antoine, 1490; Astyanax, la Toison d'Or (Vellus aureum), 1475, et un Supplément à l’Énéide, Cologne, 1471 : ce supplément formait le XIIIe livre du poëme.

MAFRA, v. du Portugal (Estramadure), à 26 k. N. O. de Lisbonne; 2800 h. Grand palais royal, avec un parc de 20 k. d'étendue; couvent.

MAGADOXO, roy. de l'Afrique, sur la côte orientale, borné au N. E. par le territoire d'Ajan, au S. O. par le roy. de Juba et au S. E. par la mer des Indes; env. 400 kil. de long; lieu principal, Magadoxo, par 2° 5' lat. N., 43° long. E. Habitants mélangés d'Abyssins, de Nègres et d'Arabes. L'intérieur du pays est peu connu; il paraît renfermer des mines d'or et d'argent. Commerce d'ivoire. Les Portugais comprennent ce royaume dans leurs possessions d'Afrique; mais il paraît appartenir de fait à l'iman de Mascate.

MAGALHAENS. V. MAGELLAN.

MAGDALENA, fleuve de la Nouv.-Grenade, sort du lac Pampas, par 1° 5' lat. N., coule au N., passe à Mompox, et tombe dans la mer des Antilles par plusieurs embouchures sous 11° 8' lat. N. , après un cours de 1300 k. Il a pour affluents, à droite le Bogota, le Sogamoso, à gauche la Cauca. — Il donne son nom à un des États de la Confédération Grenadine, qui a 5 000 000 d'hectares de superficie, 90 000 h., dont 66 000 esclaves, et dont la capitale est Carthagène.

MAGDEBOURG, en latin moderne Magedoburgum ou Parthenopolis, v. des États prussiens (Saxe), ch.-l. de la régence de Magdebourg et de la province de Saxe, sur la r. g. de l'Elbe, à 158 kil. O.S. O. de Berlin; 60 000 hab. Évêché évangélique; cour d'appel, tribunaux civil et criminel; écoles de chirurgie, de commerce, d'arts et métiers, de beaux-arts; école normale, gymnases; bibliothèque. Citadelle, l'une des plus fortes de l'Europe : elle est dans une île de l'Elbe. La ville est divisée en 5 parties : Neumarkt, Altstadt ou la forteresse, Neustadt, Sudenburg, Friedrichstadt. Elle est assez bien percée, bien bâtie, bien pavée. Magnifique cathédrale gothique, des XIIIe et XIVe s., où est le tombeau d'Qthon le Grand; église St-Jean, qui renferme celui de Carnot; hôtel de ville, devant lequel est une statue équestre d'Othon le Grand; hôtel du gouvt, arsenal, machine hydraulique. Industrie active : fabriques de sucre, soieries, cotonnades, lainages, tulles, bonneterie, dentelles, savon vert, gants; porcelaine, etc. Grand commerce de commission et de transit. Chemins de fer pour Leipsick, Berlin, Hanovre, Hambourg, Cologne. Navigation active sur l'Elbe. — Place forte des Saxons dès le VIe s., Magdebourg fut dévastée en 784 par les Wendes, et en 923 par les Huns. Reconstruite et agrandie par Othon I, elle fut érigée en archevêché en 967. Ruinée par Boleslas on 1013, incendiée en 1180, saccagée en 1214 par Othon IV, elle se releva chaque fois. Elle fut une des villes principales de la Ligue hanséatique. Au XVIe siècle, elle embrassa la Réforme et prit part à la Ligue de Smalkalde : mise au ban de l'empire, elle résista encore après la bataille de Mühlberg (1547), et n'admit pas l’Intérim. Elle fut assiégée en 1550 par Maurice de Saxe, qui la prit en 1551. Elle souffrit beaucoup pendant la guerre de Trente ans : elle fut bloquée sept mois en 1629 par Wallenstein, qui ne put la prendre; mais elle fut prise d'assaut en 1631 par Tilly, qui la réduisit en cendres; assiégée encore en 1635, elle fut livrée par capitulation aux Impériaux, 1636; mais le traité de Westphalie la donna à l'électeur de Brandebourg. Les Français y entrèrent en 1806, et l'annexèrent au royaume de Westphalie; elle devint alors ch.-l. du dép. de l'Elbe. En 1813 les Français, pour étendre leurs moyens de défense, démolirent les faubourgs de Neustadt et de Sudenburg (auj. rebâtis). — Otto de Guéricke naquit dans cette ville : on connaît sous le nom d’hémisphères de Magdebourg un appareil imaginé par ce physicien, pour démontrer la puissance de compression de l'air. — On appelle Centuries de Magdebourg une histoire ecclésiastique rédigée à Magdebourg dès les premières années de la Réforme et divisée en centuries ou siècles; elle eut pour principaux auteurs Mathias Flacius, Mathieu Richter, dit Judex, J. Wigand, B. Faber. On s'y proposait de montrer l'accord de la doctrine des Réformateurs avec la foi des premiers chrétiens. Ce travail, publié à Bâle de 1559 à 1574, en 13 vol. in-fol., et à Nuremberg, 1757-65, 6 vol. in-4, s'arrête à l'an 1300. C'est pour le réfuter que Baronius entreprit ses Annales.

MAGDEBOURG (Archevêché, puis Duché de), État d'empire, formé d'abord aux dépens de l'évêché d'Halberstadt, et auquel plus tard fut ajouté le canton compris entre le lac salé de Mansfeld, l'Unstrutt, la Saale et l'Helme. Il eut pour noyau un souvent de Bénédictins fondé par Othon I en 937 et érigé en archevêché 30 ans après. L'archevêché avait pour métropole Magdebourg et pour suffragants : Havelberg, Brandebourg, Cammin Lebus, et, pendant longtemps Mersebourg et Naumbourg. Il fut sécularisé lors de la paix de Westphalie (1648), reçut alors le titre de duché, et fut donné à l'électeur de Brandebourg, qui toutefois n'en prit possession qu'en 1680. — La régence de Magdebourg, une des trois régences de la prov. prussienne de Saxe, a 11 100 kil. carr., 630 000 h. et renferme, outre Magdebourg, Kalbe, Quedlinbourg, Tangermunde, les 2 Haldensleben, Burg, ainsi que le comté médiatisé de Stolberg-Wernigerode. Pays plat et fertile, traversé du N. au S. par l'Elbe, arrosé par la Bode, la Saale, la Havel, le canal de Plauer. Céréales, légumes, fruits, chanvre, lin, tabac, etc. Mines de sel, houille; chaux, tourbières.

MAGEDDO, v. de Palestine, dans la demi-tribu occid. de Manassé, près de la mer. Josias, roi de Juda, y fut battu et tué par Néchao, roi d’Égypte, l'an 609 av. J.-C. Déjà, au XVIIe siècle av. J.-C, un autre roi d’Égypte, Toutmès III, y avait remporté une grande victoire sur plusieurs peuples d’Asie ligués contre lui.

MAGELLAN (Fernand), en portugais Magalhaens, célèbre navigateur portugais du XVIe siècle, servit d'abord dans l'Inde sous Albuquerque; mais, ayant eu à se plaindre d'une injustice, il passa en 1517 au service de l'Espagne, sous Charles-Quint. Chargé de diriger une expédition contre les Moluques, il conçut le projet de se rendre à ces îles en prenant par l'ouest et en passant au sud de l'Amérique, tandis que jusque-là on n'y était allé que par la route de l'est, en doublant le cap de Bonne-Espérance. Il réussit à exécuter ce projet à travers mille difficultés : parti le 20 sept. 1519, il découvrit le 21 oct 1520 le détroit qui porte son nom, entre l'Amérique méridionale et la Terre-de-Feu, traversa l'Océan Pacifique, et aborda en mars 1521 aux Philippines. Il périt peu après à Zébu, l'une des Philippines, dans une expédition contre les naturels, avant d'être arrivé aux Moluques mêmes. Bürck a écrit sa Vie, Leips., 1843.

MAGELLAN (Détroit de), bras de mer qui sépare la Patagonie (extrémité S. de l'Amérique méridionale) de la Terre-de-Feu, par 52° 46' lat. S. et 70° 38-77° 14' long. O. : il a une longueur de 500 kil. sur une largeur qui varie de 60 kil. à 2. Il fut découvert par Magellan en 1520. La navigation y est très-dangereuse : aussi ce passage a-t-il été abandonné depuis la découverte du détroit de Lemaire.

MAGENDIE (Franç.), célèbre physiologiste, né en 1783 à Bordeaux, m. à Paris en 1855, était fils d'un chirurgien distingué. Nommé à 21 ans par concours prosecteur de la Faculté de Paris, il devint bientôt après chef des travaux anatomiques. Fidèle aux doctrines de Haller, il s'efforça de ramener la physiologie à la Méthode expérimentale, et entreprit, pour surprendre les secrets de la vie, une longue série de recherches : il soumit dans ce but une foule d'animaux vivants à des expériences dont la nécessité seule pouvait faire excuser la cruauté. Le mérite de ses travaux le fit appeler aux postes médicaux les plus importants : il fut médecin de la Salpêtrière, puis de l'Hôtel-Dieu, professeur de physiologie au Collége de France, président du comité consultatif d'hygiène; en outre, il fut nommé membre de l'Académie de médecine dès sa fondation et peu après élu membre de l'Académie des sciences. Ses principaux ouvrages sont : Précis élémentaire de Physiologie, 1816; Leçons sur les phénomènes physiques de la vie, 1836-42; Leçons sur les fonctions et les maladies du système nerveux, 1839; Recherches sur le liquide céphalorachidien, 1842. On lui doit aussi un Formulaire et de savants mémoires sur le cerveau, sur l'usage du voile du palais et de l'épiglotte, sur le vomissement, sur l'œsophage, sur l'emploi de l'acide prussique dans les maladies, sur la gravelle, sur la gélatine, dont il démontra, contre Darcet, l'insuffisance comme aliment; en outre, il avait fondé, en 1821, un Journal de physiologie. Il fut un des plus rudes adversaires de Broussais. Son Éloge a été prononcé en 1858 à l'Académie des sciences par M. Flourens, et à l'Académie de médecine par M. Dubois (d'Amiens).

MAGENTA, v. de Lombardie, prov. de Pavie, à 34 k. N. O. de Pavie, sur la r. g. du Tessin, entre cette rivière et Milan; environ 4000 hab. On la croit bâtie par l'empereur Maximien-Hercule. Elle fut saccagée par Frédéric Barberousse en 1167. Les Français, commandés par l'empereur Napoléon III, y remportèrent sur les Autrichiens le 4 juin 1859 une grande victoire qui leur ouvrit les portes de Milan; le général Mac-Mahon, qui avait eu la plus forte part à la victoire, fut créé duc de Magenta.

MAGES, prêtres de la religion des anciens Perses, formaient une corporation vouée à la fois au culte et aux sciences. Ils reconnaissaient un être suprême, dont le feu était le symbole; ils l'honoraient en plein air, sans temples ni autels, pensant qu'on diminue la majesté de Dieu en l'enfermant entre des murailles. Ils professaient l'immortalité de l'âme et croyaient qu'en quittant ce monde l'âme va habiter le soleil, séjour des bienheureux; mais qu'elle doit, pour y arriver, passer par sept portes, chacune d'un métal différent, et placées chacune dans la planète qui préside à ce métal. Parmi les sciences, ils cultivaient surtout l'astronomie, l'astrologie, et autres sciences occultes, ce qui leur a fait attribuer une puissance surnaturelle, dont le souvenir se conserve encore dans notre mot de Magie. Ils étaient surtout chargés d'entretenir le feu sacré. Quelques-uns font les Mages antérieurs à Zoroastre, qui n'aurait fait que réformer leur antique religion. Les Mages jouissaient de la considération universelle et d'une grande autorité; mais l'un d'eux ayant usurpé le trône (V. SMERDIS), ils furent massacrés; une cérémonie annuelle, dite Magophonie, rappelait ce massacre. On retrouve les successeurs des mages dans les prêtres actuels des Guèbres, répandus dans la Perse et l'Inde, surtout à Surate et à Bombay.

Selon S. Matthieu, trois mages sortis de l'Orient, et conduits par une étoile, vinrent à Bethléem, lors de la naissance de Jésus, pour adorer l'enfant divin, et lui offrir de l'or, de l'encens et de la myrrhe. La tradition a fait de ces mages des rois. V. ÉPIPHANIE.

MAGETOBRIGA. V. AMAGETOBRIA.

MAGHREB (le), c.-à-d. le Couchant, nom donné par les Arabes à la partie N. O. de l'Afrique, comprise entre la Méditerranée au N. et à l'E., le Grand-Atlas au S. et l'Atlantique à l'O. Elle renferme les anciens États barbaresques (Maroc, Algérie, Tunis, Tripoli, Sidy-Hescham et Biledulgérid).

MAGISTÈRE (le). On désignait souvent ainsi la dignité de grand maître de l'ordre de Malte.

MAGLIABECCHI (Ant.), savant bibliophile, né à Florence en 1633, m. en 1714, fut nommé par le duc Cosme III conservateur d'une bibliothèque que ce prince venait d'établir dans son palais; il a laissé un Catalogue des manuscrits orientaux de la Bibliothèque Médicis, et publié de précieux manuscrits cachés dans la bibliothèque Laurentienne à Florence.

MAGLOIRE (S.), né au pays de Galles, vivait au VIe siècle et était cousin de S. Malo. Il embrassa la vie monastique dans son pays, puis vint prêcher en France, et devint abbé du monastère de Dol en Bretagne, puis évêque. Il fonda en 668 un monastère à Jersey et y mourut en 575, à 80 ans. On le fête le 24 octobre.

MAGNAC-LAVAL, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), à 19 kil. N. E. de Bellac; 3435 hab. Collége. Jadis ch.-l. d'une baronnie qui fut longtemps possédée par la maison de Lamothe-Salignac-Fénelon, et qui fut érigée en duché en 1723.

MAGNAN (Bernard Pierre), maréchal de France, né à Paris en 1791, m. en 1865; s'engagea volontairement en 1809; gagna ses premiers grades sous l'Empire et sous la Restauration; devint en 1835 général de brigade et en 1845 général de division; fut élu député de la Seine à l'Assemblée législative (1849); se fit remarquer par son énergie à réprimer l'insurrection de Lyon (1849), prit une part active aux événements de décembre 1851, et fut en 1852 nommé maréchal de France et sénateur.

MAGNATS, nom donné en Hongrie (et quelquefois en Pologne) à la haute noblesse, tels que : les barons du St-Empire ou comtes palatins, les conseillers auliques, les gouverneurs de Croatie, de Dalmatie, d'Esclavonie, le trésorier et les principaux fonctionnaires de la cour. Autrefois la dignité de magnat représentait une puissance réelle; aujourd'hui ce n'est plus qu'un titre honorifique.

MAGNE (Le), pays de Grèce. V. MAÏNA.

MAGNEN (J. Chrysostôme), Magnenus, médecin, né à Luxeuil vers 1600, m. à Paris en 1661, se rendit en Italie, et professa à Pavie. On lui reproche d'avoir trop accordé à l'astrologie. Ses écrits sont : Democritus reviviscens, sive de Atomis, Pavie, 1646; De Tabaco, De Manna. 1648. MAGNENCE, Flavius Magnentius, Franc de nation, fut fait prisonnier fort jeune par les Romains, prit du service dans leur armée et devint capitaine des gardes de l'empereur Constant. Profitant de l'indolence de ce prince, il revêtit la pourpre à Augustodunum (Autun) en 349, et battit Constant, qui périt en fuyant vers les Pyrénées (350); puis, marchant sur Rome, il y défit et tua Népotien, autre usurpateur, et proposa à Constance II de le reconnaître empereur d'Occident. Celui-ci pour toute réponse marcha contre lui, le battit à Mursa sur la Drave en Illyrie et le contraignit à prendre la fuite. Magnence, voyant ses affaires désespérées, se donna la mort à Lyon, en 353.

MAGNÉSIE, Magnesia, contrée de Thessalie, au S. E., entre le golfe Pagasétique et la mer de Thrace, se terminait par une presqu'île qui s'avançait dans la mer Égée, vers l'Eubée; ch.-l., Démétriade. Le pays tirait son nom d'une ville de Magnésie, située sur la côte E., d'où l'on a rapporté en 1854 de beaux bas-reliefs en marbre pentélique, provenant d'un temple de Diane, et qui sont au Musée du Louvre.

Le nom de Magnésie est commun à plusieurs autres villes de l'antiquité, parmi lesquelles : Magnesia ad Mæandrum, auj. Ghuzel Hissar, en Lydie, à l'O. de Tralles, colonie des Magnésiens de Thessalie : cette ville fut donnée à Thémistocle par Artaxerce; — Magnesia ad Sipylum, auj. Manika ou Mansa, aussi en Lydie, au pied du Sipyle, et sur l'Hermus, célèbre par la vict. de Scipion l'Asiatique sur Antiochus III, roi de Syrie, 190 av. J.-C. On trouvait sur son territoire beaucoup d'aimant : c'est de là, dit-on, que l'aimant a été nommé magnes, pierre de Magnésie.

MAGNOL (Pierre), médecin et botaniste, né à Montpellier en 1638, mort en 1715, fut nommé, sur la recommandation de Fagon et de Tournefort, professeur de botanique au jardin royal de sa ville natale. On a de lui : Botanicum Monspeliense, Lyon, 1676; Prodromus historiæ generalis planlarum, 1689; Hortus regius Monspeliensis, 1697; Novus Character plantarum, 1720, posthume. C'est à lui qu'on doit la 1re idée des familles botaniques naturelles. Linné a donné le nom de Magnolia à un genre d'arbres de l'Amérique qui fait auj. l'ornement de nos jardins.

MAGNUM PROMONTORIUM (c.-à-d. Grand cap), nom latin de plusieurs caps dans l'antiquité. Le plus important était en Lusitanie, au N. O. d'Olisippo (Lisbonne). C'est auj. le cap Roca.

MAGNUS I, surnommé Ladulos, roi de Suède, né en 1240, mort en 1290, était le 2e fils de Birger, et monta sur le trône en 1275, au préjudice de son frère aîné Valdemar, qu'il condamna à une prison perpétuelle. Les grands ayant massacré son favori Ingman et même menacé la reine, il dissimula son ressentiment et invita leurs chefs à un festin, mais il les fit saisir et décapiter à mesure qu'ils arrivaient. Il fit des lois contre les voleurs et assura si bien le respect des propriétés qu'on le surnomma la Serrure des granges (c'est ce que veut dire ladulos).

MAGNUS II, surnommé Smek (le Trompé), roi de Suède, fils du duc Éric, né en 1316, succéda dès 1319 à Birger, fils de Ladulos, à l'âge de 4 ans, mais ne commença à régner qu'en 1337. Pendant sa minorité le Sénat avait réuni à la couronne la Scanie, la Blékingie et le Halland : Magnus se laissa persuader de les abandonner au Danemark : c'est ce qui lui valut son surnom. Il fut obligé de céder ses États, en 1363, au duc Albert de Mecklembourg. Il mourut en Norvége en 1374.

MAGNUS, le Bon, roi de Norvège et de Danemarck, fils de S. Olaüs, remplaça en 1036 Suénon sur le trône de Norvége, et succéda en 1042 à Canut III en Danemark. Il mourut en 1047, laissant le Danemark à Suénon et la Norvège à Harald. Il avait rédigé pour la Norvège un Code qui n'existe plus.

Après lui, 5 princes du nom de Magnus régnèrent sur la Norvège; les plus connus sont : MAGNUS III, surn. Barefoot (pieds-nus, parce qu'il avait adopté la chaussure des Highlanders écossais), roi de 1093 à 1103, fils et successeur d'Olaüs III, qui fit des expéditions contre les Orcades, les Hébrides et l'Irlande, qui prit Dublin et fut tué dans une sortie après la prise de cette ville; — MAGNUS VII, le Législateur, fils de Haquin VI, lui succéda en 1263, et eut un règne glorieux et paisible. Il céda les Hébrides au roi d’Écosse, enleva aux évêques le droit d'élire les rois et rendit ainsi la couronne héréditaire, favorisa le commerce, organisa la défense du roy., fit coopérer les assemblées nationales à la rédaction des lois et à l'assiette des impôts, et fit construire les premiers hôpitaux en Norvége. Il m. en 1280.

MAGNUS, fils de Christian III, roi de Danemark, né en 1540, fut proclamé roi en 1570 par les Livoniens, fatigués du joug des Chevaliers teutoniques. Il se laissa battre par le czar Iwan IV, fut dépouillé par les Polonais de ses possessions les plus importantes, et mourut abandonné, en 1583.

MAGNUS (Jean), archevêque d'Upsal, né à Linkœping en 1488, mort à Rome en 1544, s'opposa au projet conçu par Gustave Wasa d'introduire la réforme en Suède; n'ayant pu réussir, il se retira à Rome. On a de lui : Gothorum Suecorumque historia, Rome, 1554, in-fol.; Bâle, 1558, in-8; Historia metropolitanæ Upsalensis, etc. — Son frère, Olaüs Magnus, fut nommé, après lui, archevêque d'Upsal, mais ne put prendre possession de cette dignité, et mourut à Rome en 1568. On lui doit : Historia de gentibus septentrionalibus, Rome, 1555; Tabula terrarum septentrionalium, 1639.

MAGNUS (Jacobus), écrivain français. V. LEGRAND.

MAGNUS PORTUS (c.-à-d. Grand port), v. de la Bretagne romaine, chez les Belges, est auj. Portsmouth; — v. de la Mauritanie Césarienne, la même qu’Arsenaria, sur la Méditerranée, au S. O. de Cartenna, est auj. Arzew; — v. et port d'Hispanie (Tarraconaise), au N. O., est auj. La Corogne.

MAGNY, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), dans l'anc. Vexin, à 21 kil. N. de Mantes; 1600 h. Tanneries, bonneterie, tissage de chanvre. Jolie église gothique, avec un curieux baptistère de la Renaissance. La terre de Magny appartint successivement à Catherine de Médicis, au duc d'Alençon, et à la famille Villeroy.

MAGOG, 2e fils de Japhet, dont on place les descendants dans le pays des Scythes. — Sous ce nom sont aussi désignés dans Ézéchiel et dans l'Apocalypse le peuple et le pays dont le géant Gog était le prince.

MAGON, illustre famille carthaginoise, qui faisait partie de la faction barcine et de laquelle sortit Annibal. Plusieurs Magon furent suffètes, généraux ou amiraux. L'un d'eux conquit les îles Baléares vers 702 av. J.-C., et fonda dans Minorque le port qui est encore appelé de son nom Port-Mahon (Portus Magonis). — Un autre, surnommé Barcée, défit, en 396, dans un combat naval, Leptine, frère de Denys l'Ancien, mais fut battu par Denys lui-même à Abacène, 392, et à Cabala, où il perdit la vie, 383. — Son fils, qui porta le même nom, vainquit Denys à Cronium en 382, mais fit aussitôt un accommodement avec lui. Envoyé de nouveau en Sicile plusieurs années après, il allait s'emparer de Syracuse, lorsqu'il se laissa intimider honteusement par Timoléon, 344. Traduit en jugement, il se tua pour échapper au supplice, 343.

MAGON, frère d'Annibal, se, distingua aux batailles du Tésin, de la Trébie, et eut une grande part à la vict. de Cannes (216), qu'il alla en personne annoncer à Carthage. De concert avec son autre frère Asdrubal, il lutta pendant 10 ans en Espagne contre les Scipions, s'empara de l'île Minorque et y fortifia le Portus Magonis, qu'avait fondé un de ses ancêtres. Expulsé d'Espagne par les Romains en 205, il débarqua sur la côte de Gênes, fut battu dans l'Insubrie par Quintilius Varus, et périt peu après, d'une blessure reçue dans la bataille, 203.

MAGONIS PORTUS. V. MAHON (PORT).

MAGOPHONIE. V. MAGES.

MAGRA, l'anc. Macra, rivière d'Italie, naît dans les Apennins, au-dessus de Pontremoli, qu'elle arrose, et se jette dans le golfe de Gênes, à 6 k. S. S. O. de Sarzane, après un cours de 55 kil.

MAGUELONE, Magalona, petite île de France (Hérault), dans l'étang de Thau, à 10 k. S. de Montpellier. Elle contient un village presque abandonné, qui était jadis une ville épiscopale. Cette ville, prise par les Sarrasins en 719, fut ruinée et reprise par Charles-Martel en 737; mais fut relevée peu de temps après. Elle fut détruite en 1633 par ordre de Louis XIII. L'évêché avait été transféré à Montpellier dès 1536.

MAHABHARATA, grande épopée indienne, composée en langue sanscrite par le poète Vyasa (V. ce nom), se compose de 18 livres et renferme plus de 200 000 stances. Le poëte y raconte les guerres de Kourous (ou Koravas) et des Pandous (ou Pandavas), et les exploits de Krichna et d'Ardjouna. Plusieurs épisodes de ce poëme ont été traduits à part : le Bhagavad-Gita par Schlegel,le Nalus par Bopp (1820). M. E. Foucaux en a mis quelques-uns en français, 1856-61; H. Fauche en a entrepris une trad. complète, 1863 et a. suiv. L'ouvrage entier a été publ. en sanscrit à Calcutta en 1834-39, et trad. par la Soc. asiatique de cette ville.

MAHAUT, ancienne forme du nom de MATHILDE.

MAHDI ou MAHADI (al), c.-à-d. le Dirigé, nom donné par certaines sectes de Musulmans, notamment par les Chyites et les Ismaéliens, à une espèce de Messie dont ils attendent la venue. Les Druses voient le Mahdi dans le sultan d’Égypte Hakem-Biamrillah. V., outre ce nom, IMAM et MOHAMMED-AL-MAHDI.

MAHÉ, v. de l'Inde française, sur la côte de Malabar, à 40 k. N. de Calicut; 3000 h. Bon port, sur lamer d'Oman. Poivre, cannelle, arak, cardamome, sandal, etc. Prise par les Français en 1724 : La Bourdonnais, qui eut la principale part au succès, en reçut le nom de Mahé; occ. par les Anglais de 1761 à 1783, et de 1795 à 1815. Son territoire n'a que 9 k. de rayon.

MAHÉ (îles), dans la mer des Indes, au N. de l'île Maurice, forment, avec les Amirantes, l'archipel des Seychelles : on en compte 30, dont la principale est Mahé; 6000 hab. Aux Anglais depuis 1761.

MAHERBAL, général carthaginois, suivit Annibal en Italie, décida les Gaulois Cisalpins à secouer le joug de Rome, remporta en Étrurie une victoire sur les Romains, et commanda la cavalerie à Cannes. Il conseillait à Annibal de marcher sur Rome immédiatement après cette victoire; l'avis contraire ayant prévalu, il s'écria : « Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire !»

MAHMOUD (Aboul Cacem Yémin-ed-Daulah), prince gaznévide, né à Gazna en 970, m. en 1030, contribua puissamment à étendre la puissance de sa famille, et obtint en 999 d'Ilek-Khan, souverain du Turkestan, l'empire du Koraçan. Il augmenta ses domaines par les armes, envahit l'Hindoustan, conquit l'Irak-Adjémi et forma un vaste État qui s'étendait des bords du Gange à la mer Caspienne. Il tenait sa cour à Balkh et à Gazna. Mahmoud est le 1er qui ait pris le titre de sultan (empereur), au lieu de celui d’émir (commandant) qu'avaient porté ses prédécesseurs.

MAHMOUD I, sultan des Ottomans, né en 1696, m. en 1754, était fils de Mustapha II, et fut placé sur le trône de Constantinople en 1730 par le visir Patrona Khalil, après la déposition d'Achmet III. Il se plongea dans la mollesse, se laissa enlever par les Russes Otchakoff et Kinburn, 1734, et battre par les Perses, 1743.

MAHMOUD II, né en 1785, m. en 1839, fut élevé au trône en 1808 par Mustapha Beiraktar, chef des Janissaires, à la place de Mustapha IV, eut à soutenir des guerres malheureuses contre, la Russie, perdit la Bessarabie en 1812, par la paix de Bukharest, vit de 1812 à 1817 la Servie, la Moldavie, la Valachie lui échapper également, fut forcé de reconnaître l'indépendance des îles Ioniennes (1819), vit en 1820 éclater l'insurrection de la Grèce, et fut contraint, après 8 ans d'une guerre désastreuse, à abandonner la plus grande partie de ce pays, qui fut érigé en royaume indépendant (1828). Il ne fut pas plus heureux dans une nouvelle guerre avec la Russie : l'intervention des puissances européennes empêcha seule les Russes d'entrer à Constantinople; et il fut forcé d'accepter toutes les conditions du vainqueur à Andrinople (1829). Pendant, ce temps, Ali, pacha de Janina, bravait son autorité (1819-22); Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, qui s'était rendu indépendant, lui enlevait la Syrie en 1831 et battait ses troupes; défait 3 fois par les Égyptiens, Mahmoud se trouva réduit à recourir à la Russie, et, par le traité d'Unkiar-Skélessi, il se mit à la merci de cette puissance. Il venait d'entamer une nouv. guerre avec Méhémet-Ali lorsqu'il mourut, en 1839 : peu de jours avant sa mort son armée avait été détruite à Nézib par Ibrahim, fils de Méhémet-Ali. Reconnaissant l'infériorité de son peuple vis-à-vis de la civilisation européenne, Mahmoud avait entrepris de régénérer son empire : après avoir exterminé les Janissaires, qui s'opposaient à ses projets (1826), il appela à son aide les sciences et les institutions de l'Occident; il disciplina ses troupes à l'européenne; il publia, en 1839, un firman qui garantissait la liberté des cultes et plaçait les chrétiens sous la juridiction de leurs patriarches; enfin il prépara la nouvelle organisation politique et administrative, réalisée depuis par le Tanzimat. Malheureusement, ces réformes, exécutées le plus souvent sans adresse et sans suite, froissèrent plus les Musulmans qu'elles ne servirent le sultan.

MAHMOUD-CHAH. V. MIR-MAHMOUD.

MAHOMET, en arabe Mohammed (c.-à-d. le Glorifié), fondateur de la religion musulmane, né à La Mecque en 569, appartenait à la puissante tribu des Koraichites. Il perdit à cinq ans son père, Abdallah, fut élevé auprès de son oncle Abou-Taleb, prince de La Mecque, jusqu'à l'âge de 14 ans, puis s'enrôla dans une caravane et alla faire la guerre sur la frontière de Syrie. De retour à La Mecque, il y épousa, à l'âge de 25 ans, une riche veuve nommée Kadichah. Il s'était déjà fait remarquer par une rare intelligence et par la régularité de sa conduite; mais depuis son mariage jusqu'à l'âge de 40 ans il mena une vie toute de retraite et d'étude, pendant laquelle il conçut le projet de réformer la religion de son pays, d'y faire adorer un seul Dieu, et de réunir en un seul culte les diverses religions qui divisaient alors l'Arabie, savoir : l'idolâtrie, le sabéisme et le judaïsme. Il commença sa mission en 610. Après avoir converti sa famille et quelques amis, parmi lesquels on compte Ali, son cousin, Abou-Bekr, son beau-père, et Othman, qui furent tous les trois califes, il prêcha publiquement, se disant prophète et envoyé de Dieu. Il prétendait que l'archange Gabriel lui apparaissait et lui dictait les vérités qu'il devait révéler aux hommes. Mais il éprouva dans La Mecque une forte opposition, et fut contraint de s'enfuir à Yatreb, où il comptait de nombreux partisans : cette ville l'accueillit avec transport et reçut de là le nom de Medinet-al-Nabi (c.-à-d. la Ville du Prophète), d'où nous avons fait Médine. C'est de cet événement, qu'on place au 16 juillet 622, que date l'ère des Mahométans, appelée l'Hégire ou la fuite. Mahomet persécuté donna l'ordre à ses sectateurs d'employer les armes, non-seulement pour défendre, mais pour propager la nouvelle religion. Après diverses vicissitudes, il parvint à soumettre plusieurs tribus de l'Arabie : en 630 il s'empara de La Mecque, et renversa les idoles de la Kaaba. Il avait déjà conquis tout l'Yémen et le Nedjed, et se préparait à étendre au loin ses conquêtes, lorsqu'il mourut empoisonné, à Médine, en 632. Abou-Békr lui succéda avec le titre de calife (lieutenant). Mahomet possédait à un très-haut degré les qualités les plus propres à agir sur les peuples de l'Orient : l'imagination qui éblouit, l'énergie qui entraîne, la gravité qui commande le respect, un esprit ferme et patient. Les dogmes et les préceptes de sa religion sont consignés dans le Coran. (V. ce mot). Les principaux dogmes sont l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, le jugement dernier, un paradis avec des jouissances toutes sensuelles, la prédestination, le fatalisme, qu'il jugeait propre à favoriser l'esprit de conquête en inspirant le mépris de la mort. Les préceptes sont la circoncision, la prière, l’aumône, les ablutions, le jeûne (surtout pendant le Ramadan), les sacrifices dans quelques occasions solennelles, et l’abstinence du vin et de toute liqueur fermentée. La polygamie était permise ; cependant on ne pouvait avoir plus de 4 femmes légitimes. De nombreux ouvrages ont été publiés sur Mahomet : Aboul-Féda est la principale source à consulter : sa Vie du prophète a été trad. par Noël Desvergers, 1838. La Vie de Mahomet a été en outre écrite en français par Gagnier, Amst., 1732 ; en allemand, par G. Weil, Stuttgard, 1843 ; en anglais, par le W Springer, Allahabad, 1855. M. Reinaud a donné une Notice sur Mahomet, et M. Barthélémy St-Hilaire une étude sur Mahomet et le Coran.

MAHOMET I, sultan ottoman, fils de Bajazet I, succéda en 1413 à son frère Mouça, qu'il avait vaincu avec l'aide de l'emp. Manuel. Il releva et raffermit l'empire, ébranlé par Tamerlan, délivra Bagdad, assiégée par le prince de Caramanie, vainquit un imposteur, Mustapha, qui se disait son frère, soumit les Serviens, les Bosniaques, les Bulgares, et les Valaques. Il est le premier sultan qui ait eu une armée navale : il disputa l'empire de la mer à la république de Venise, jusqu'alors toute-puissante. Il mourut en 1421, à 47 ans.

MAHOMET II, le Conquérant, succéda en 1451, âgé de 21 ans, à son père Amurat II. En 1453, à la tête d'une armée formidable, il attaqua Constantinople, défendue par l'empereur Constantin Dracosès et emporta d'assaut cette ville, dont il fit la capitale de son empire. Ses généraux subjuguaient pendant ce temps la Thrace et la Macédoine ; mais ils échouèrent en Albanie contre le fameux Scander-Beg ; il fut lui-même complètement défait devant Belgrade, en 1456, par Jean Hunyade, et se vit contraint de fuir après avoir perdu 40 000 hommes. Néanmoins, il soumit dans la suite la Grèce centrale, où régnaient deux frères de Constantin Dracosès, ainsi que la Servie (1459) ; mit fin en 1461 à l'empire de Trébizonde, que gouvernaient les Commène depuis 1204 ; subjugua en 1462 l'île de Lesbos ; vainquit et déposséda le voïvode de Valachie qui refusait de payer tribut ; s'empara de la Bosnie (1463), de la Caramanie (1464), et de l'île de Négrepont, qu'il enleva aux Vénitiens (1470). Deux ans après, il battit en Cappadoce le roi de Perse qui avait fait invasion dans l'Anatolie ; il enleva en 1475 Caffa aux Génois, conquit Scutari, Zante, Céphalonie, rendit la Géorgie et la Circassie tributaires, soumit la Moldavie, l'Albanie et les îles de l'Adriatique ; envahit le Frioul et la Dalmatie ; força en 1478 les Vénitiens à acheter une paix humiliante, entra en 1480 en Italie et s'empara d'Otrante. Mais il échoua devant l'île de Rhodes, défendue par les chevaliers de St-Jean de Jérusalem. Il mourut en 1481, à Nicomédie, lorsqu'il menaçait à la fois Rome, la Perse et l’Égypte. A la gloire des armes, il joignit celle des lettres et fonda des écoles ; mais il se souilla par des cruautés révoltantes. Guillet a donné une Histoire de Mahomet II, Paris, 1681.

MAHOMET III, succéda à son père Amurat III en 1595, à 27 ans, et commença par faire étrangler 19 de ses frères et noyer 10 femmes que son père avait laissées enceintes. L'empereur Rodolphe II et les princes de Transylvanie, de Valachie et de Moldavie se liguèrent contre lui, et lui disputèrent la Hongrie. Il vint assiéger Agria en 1596, et y entra par composition ; un mois après, son lieutenant Cicala-Pacha vainquit les Impériaux à Careste. Mais cette victoire n'empêcha pas Mahomet de perdre diverses places fortes en Hongrie ; des révoltes qui éclatèrent en Asie vinrent ajouter à ses embarras. Il mourut de la peste en 1603.

MAHOMET IV, fut placé sur le trône en 1649, à l'âge de sept ans, après le meurtre d'Ibrahim, son père. Il eut pour ministres les deux Koproli (père et fils), qui jetèrent de l'éclat sur la 1re partie de son règne : les îles de Mételin et Lemnos furent conquises sur les Vénitiens (1660) ; Peterwaradin fut enlevé aux Autrichiens (1661) ; la capitale de l'île de Candie fut prise d'assaut (1669) ; le sultan lui-même prit Kaminiets sur les Polonais (1672). Cependant Mahomet IV avait, dès 1664, perdu la bataille de St-Gothard contre les Impériaux et avait été obligé de signer la paix de Temeswar. La fin de son règne fut remplie par des désastres : ses troupes furent vaincues en 1673 à Choczim par les Polonais, et en 1683 sous les murs de Vienne par le roi de Pologne Sobieski, uni aux troupes de l'empereur ; les Impériaux lui enlevèrent les villes de Wivar (1685) et de Bude (1686) et le battirent à Mohacz (1687) ; tandis que les Vénitiens s'emparaient de l'Attique et de la Morée (1688). Tant de revers amenèrent le soulèvement de l'armée de Hongrie, qui déposa Mahomet IV et mit à sa place Soliman II, son frère. Il vécut encore 5 ans et m. en 1693. C'était un prince juste et clément, mais faible et ennemi de toute occupation sérieuse ; il passait sa via à la chasse. — V. MOHAMMED, MÉHÉHET ou MAHMOUD.

MAHOMÉTISME ou ISLAMISME, religion de Mahomet, fut fondée en Arabie vers l'an 610 de J.-C., mais ne date que de l'an 622, époque de l’Hégire ou fuite de Mahomet à Médine (V. MAHOMET). Après s'être établie en Arabie du vivant du prophète, elle fut propagée par les armes des Arabes dans toute l'Asie, en Afrique, et même dans une partie de l'Europe (Grèce, Espagne, Sicile), et s'établit dans l'anc. empire grec après la prise de Constantinople par Mahomet II (1453). Chassée d'Espagne avec les Maures aux XIVe et XVe siècles. elle règne encore auj. sur une grande partie du globe : l'Asie occidentale, l'Afrique septentrionale, la Turquie ; et quoiqu'elle soit en décadence, elle compte environ 200 millions de sectateurs. Les Mahométans reconnurent longtemps pour chefs les califes, vicaires de Mahomet (V. CALIFES) ; depuis la destruction du califat, ils n'ont plus de chef véritable, bien que le sultan de Turquie ait la prétention de posséder l'étendard du prophète. Les Mahométans se divisent en un grand nombre de sectes dont les principales sont celles des Sunnites (ou orthodoxes), des Chyites, des Druses, des Ismaéliens. V. ces noms.

MAHON ou PORT-MAHON, Portus Magonis, v. et port de l'île de Minorque, ch.-l. de l'île, sur un golfe de la côte E. ; 15 000 hab. Évêché. Ville bien située et bien bâtie ; port sûr et commode ; fort St-Philippe, arsenal, chantiers de construction, lazaret ; belle cathédrale. Un peu de commerce ; pêche et cabotage. — Fondée, dit-on, dès l'an 702 av. J.-C. par le Carthaginois Magon, dont elle prit le nom ; fortifiée plus tard parmi autre Magon, frère d'Annibal. Elle fut prise aux Espagnols par les Anglais en 1708, reprise sur ceux-ci en 1756 par les Français, commandés par le maréchal de Richelieu, mais rendue aux Anglais en 1763. Les Espagnols, aidés des Français, s'en emparèrent en 1782, après un siége mémorable ; ils l'ont conservée depuis.

MAHRATTES, c.-à-d. grands guerriers, peuple de l'Hindoustan, qui primitivement habitait au N. O. du Décan, dans les monts Vindhya et les Ghattes occid., mais qui, après la mort d'Aureng-Zeb et surtout pendant le règne de Mohammed-Chah (1718-1747), assujettirent la plus grande partie de l'Inde moyenne (ou Décan sept.), entre la prov. d'Agra au N. et la Kistnah au S., et s'étendirent d'une mer à l'autre. Leurs possessions se divisèrent en plusieurs États, unis par une espèce de fédération. Les Mahrattes orientaux possédaient le Gandouana et l'Orissa et avaient pour ch.-l. Nagpour ; les Mahrattes occidentaux possédaient le Malwa, une partie du Kandeich, de l'Aurengabad, du Daouletabad ; leur ch.-l. était Pounah. — Les Mahrattes, après le 1er pillage de Delhi par Nadir-Chah, marchèrent aussi contre le Grand-Mogol. Ils prirent sa capitale (1760), et tentèrent de substituer leur domination à celle du Grand-Mogol dans l'Inde ; la victoire remportée sur eux à Panipet (1761) par les Afghans les refoula dans leurs possessions. De 1774 à 1783, ils furent sans cesse en guerre soit avec les Afghans, soit entre eux. Après la chute de Tippou-Saëb (1799) et la conquête du Maïssour par les Anglais, ils eurent avec ceux-ci de fréquentes collisions : le dernier coup leur fut porté en 1818. Depuis ce temps, ils ont perdu toute existence politique : leur prince, peichwa, est pensionnaire et prisonnier des Anglais.

MAI 1793 (Journée du 31), où la populace de Paris envahit la Convention et fit voter l'arrestation des Girondins. V. GIRONDE.

MAI 1848 (Journée du 15), où l'Assemblée constituante fut envahie par la populace de Paris.

MAÏ (Angelo), savant jésuite, né en 1782 à Schilpario (diocèse de Bergame), m. en 1854, enseigna les humanités dans plusieurs colléges de son ordre, puis fut attaché à la bibliothèque Ambrosienne, à Milan. Là, il fit une étude particulière de la paléographie et des manuscrits, notamment des palimpsestes, fort négligés jusqu'à lui : il réussit à découvrir sous les écritures modernes des ouvrages ou des fragments inédits d'auteurs anciens, et fit paraître à partir de 1813 une série de publications du plus grand intérêt, notamment des fragments d’Homère, de Fronton, d’Antonin, de Marc-Aurèle, d’Appien, de Symmaque, de Denys d'Halicarnasse, de Plaute, d’Isée, de Thémiste, d’Eusèbe, de Porphyre, de Philon le Juif, des Livres sibyllins, etc. Appelé en 1819 par Pie VII au poste de premier bibliothécaire de la Vaticane, il justifia ce choix par de nouvelles découvertes d'une grande importance : il parvint à reconstruire, à l'aide des palimpsestes, la plus grande partie d'un des ouvrages les plus regrettés de Cicéron, le De Republica. A. Maï fut honoré des plus hautes dignités de l’Église romaine : il reçut le chapeau de cardinal en 1838. Outre les publications déjà citées, on lui doit plusieurs grands recueils : Scriptorum veterum nova collectio e Vaticanis codicibus edita, Rome, 1825-38, 10 vol. in-4; Classici scriptores e Vatic. codd. editi, 1828-38, 10 v. in-4, un Spicilegium romanum, 1844,10 vol., enfin une Nouvelle bibliothèque des SS. Pères, 1852-53, 6 v., enrichie d'une foule d'écrits retrouvés par lui.

MAIA, une des Pléiades, fille d'Atlas et de Pléione, fut aimée de Jupiter et devint mère de Mercure. C'est elle qui éleva Arcas, fils de Calisto. — V. MAYA.

MAICHE, ch.-l. de cant. (Doubs) à 30 kil. S. de Montbéliard; 600 hab.

MAIDSTONE, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Kent, sur la Medway, à 54 kil. S. E. de Londres; 16 000 hab. Station. Quelques édifices remarquables. Genièvre; fonderie de fer, papeterie. Grand marché à houblon. Il se livra sous les murs de Maidstone en 1648 une bataille sanglante où les Parlementaires, commandés par Fairfax, défirent les Royalistes.

MAIER (Michel), chimiste, né en 1558 dans le Holstein, m. en 1622, exerça la médecine à Rostock et à Magdebourg, et fut médecin de l'empereur Rodolphe II. Il prétendait faire de l'or. Parmi ses ouvrages, les adeptes recherchent : Arcana arcanissima, hocesthieroglyphica ægyptio-græca, vulgo necdum cognita, 1614; Septimana philosophica, 1620; Jocus severus, 1617; De rosea cruce, 1618; Atalanta fugiens, 1618; Cantilenæ intellectuales de phœnice redivivo, 1622; Musæum chymicum, etc. — V. MAYER.

MAIEUL (S.), abbé de Cluny, né vers 906, dans le diocèse de Riez, m. au prieuré de Souvigny en 994, réforma l'abbaye de St-Denis. Il est regardé comme le second fondateur de Cluny. On le fête le 11 mai.

MAIEUL (Clercs réguliers de ST-). V. SOMASQUES.

MAIGNELAY, ch.-l. de cant. (Oise), à 20 kil. N. E. de Clermont; 1000 hab. Taillanderie, tanneries, corderies. Ruines d'un vieux château fort.

MAILLAC (le P. J. MOYRIA de), jésuite missionnaire, né en 1679 à Maillac dans le Bugey, m. à Pékin en 1748, fut envoyé en Chine en 1702, leva pour l'empereur Kang-hi la carte de la Chine et de la Tartarie, et traduisit du chinois en français un des ouvrages les plus importants des grandes annales chinoises, publié par Grosier et Deshauterayes sous le titre d’Histoire générale de la Chine, Paris, 1777-84, 12 vol. in 4.

MAILLARD (Jean et Simon), nom de deux frères, bourgeois de Paris, qui, lors de la sédition soulevée par le prévôt Étienne Marcel, s'opposèrent aux intrigues de ce perturbateur. Jean le tua au moment où il allait ouvrir la porte St-Antoine à l'armée du roi de Navarre, Charles le Mauvais (1358).

MAILLARD (Olivier), prédicateur, de l'ordre des Frères Mineurs, né en Bretagne vers 1440, m. en 1503, fut prédicateur de Louis XI. On a de lui des sermons bouffons, en langage macaronique, c.-à-d. mêlés de latin et de français, monument curieux de l'enfance de l'art. On a expliqué ce mélange en disant que, prononcés en français vulgaire, ces sermons étaient mis ensuite en latin, et que, partout où le traducteur était embarrassé, il laissait le français. Ces sermons ont été publiés en différentes parties à Paris, 1498-1521. On a aussi la Confession générale du frère Olivier Maillard, Lyon, 1526.

MAILLARD (Stanislas), démagogue, était huissier au Châtelet de Paris. Il dirigea l'expédition des femmes du peuple de Paris à Versailles les 5 et 6 oct. 1789, présida le simulacre de tribunal qui jugeait les prisonniers destinés à périr dans les massacres de septembre 1792 et figura dans la plupart des saturnales révolutionnaires. Après la Terreur, il changea de nom. On ignore la date de sa mort.

MAILLARD DESFORGES, poëte. V. DESFORGES.

MAILLÉ, 1er nom du bourg de Luynes. V. LUYNES.

MAILLEBOIS, bg du dép. d'Eure-et-Loir, à 20 k. S. O. de Dreux; 800 hab. Anc. châtellenie, érigée en marquisat en 1621.

MAILLEBOIS (J. B. François DESMARETS, marquis de), maréchal de France, fils du contrôleur général Desmarets et petit-fils de Colbert, né en 1682, m. en 1762, apprit l'art de la guerre sous Villars, se distingua au siége de Lille (1708), commanda une division en Italie, 1733, soumit la Corse en moins de trois semaines, 1739, et fut créé maréchal en 1741. Envoyé de nouveau en Italie en 1745, pour soutenir l'infant don Philippe, il battit les Autrichiens; mais, accablé par des forces supérieures, il ne put garder le Milanais, et fut battu sous Plaisance (1746).

MAILLÉ-BRÉZÉ, anc. maison de la Touraine qui remonte au XIe siècle, a fourni plusieurs hommes distingués. On connaît surtout : Urbain de Maillé-Brézé, capitaine des gardes du roi, maréchal de France, ambassadeur en Suède, en Hollande, puis gouverneur de l'Anjou (1636), vice-roi de Catalogne en 1642. Il m. en 1650. Il avait épousé une sœur du cardinal de Richelieu. — Armand de Maillé-Brézé, duc de Fronsac et de Caumont, fils du précéd., commanda une escadre au siége de Cadix en 1640, et fut tué d'un coup de canon au siège d'Orbitello en 1646, à 27 ans.

MAILLERAYE (LA). V. LA MAILLERAIE.

MAILLET (Benoît de), né à St-Mihiel, en 1656, fut consul de France en Égypte, 1692, et à Livourne, 1702; puis inspecteur des établissements français dans le Levant et la Barbarie, et mourut à Marseille en 1738 à 82 ans. Il avait fait une étude approfondie de la langue arabe et des coutumes des Orientaux : on lui doit deux ouvrages estimés sur l'Égypte : Description de l’Égypte, 1735; Idée du gouvernement ancien et moderne de l’Égypte, 1743; mais il est surtout connu par un ouvrage fort singulier, Telliamed (anagramme de son nom), ou Entretiens d'un philosophe indien avec un missionnaire français, Amsterdam, 1748 : se fondant sur la présence de dépôts et de coquillages dans les montagnes, il établit que les continents se sont formés par la retraite des eaux de l'Océan; en outre, il fait sortir tous les animaux, même l'homme, du sein des eaux, expliquant leur état actuel par des transformations successives. Ces divers ouvrages ont été publiés par l'abbé Lemascrier.

MAILLEZAIS, ch.-l. de cant. (Vendée), à 12 kil. S. E. de Fontenay, dans une île formée par la Sèvre Niortaise; 1200 hab. Anc. château, qui appartint aux comtes de Poitou; anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 980, érigée en évêché en 1317, et supprimée en 1648 : l'évêché fut transporté à La Rochelle Henri de Navarre fortifia Maillezais en 1586, et en confia la garde à Agrippa d’Aubignè. Ruines de la cathédrale.

MAILLOTINS. On nomma ainsi des hommes du peuple qui, en 1382, s'insurgèrent à Paris pour s'opposer à la perception de nouvelles taxes établies par le duc d'Anjou, régent de France pendant la minorité de Charles VI; ils se portèrent en masse sur l'arsenal, s'y armèrent de maillets de fer dits maillotins (d'où leur nom), massacrèrent les percepteurs et élargirent les prisonniers. Cette sédition ne put être comprimée qu'après la victoire de Rosebecque et attira tur le peuple de cruelles punitions.

MAILLY, noble et anc. famille de Picardie, issue des comtes de Dijon, tire son nom de la terre de Mailly, près d'Amiens. Elle a produit un grand nombre d'hommes marquants : guerriers, prélats, hommes d'État, écrivains, etc. Elle possédait l'important marquisat de Nesle, ce qui valait au chef de la famille le titre de Premier marquis de France.

On connaît surtout : François de Mailly, marquis de Nesle (1658-1721), cardinal, archevêque d'Arles, puis de Reims, qui se prononça énergiquement contre le Jansénisme, soutint la bulle Unigenitus et tint tête au Régent et au Parlement; — le chevalier de Mailly, filleul de Louis XIV, auteur d'une Histoire de la république de Gênes, d'un Éloge de la Chasse, et de plusieurs autres écrits, singuliers pour la plupart; m. vers 1724; — J. Auguste, comte de Mailly-d'Haucourt, maréchal de France, qui fit avec distinction toutes les campagnes de Louis XV, gouverna le Roussillon où il fit fleurir l'agriculture, le commerce et les arts, et se signala au 10 août 1792 par son dévouement chevaleresque pour le roi : arrêté par ordre de Lebon, il périt sur l'échafaud à Arras en 1794, à 86 ans.

Quatre sœurs appartenant à cette famille, la comtesse de Mailly, la comtesse de Vintimille, la duchesse de Lauraguais, la marquise de la Toumelle (depuis duchesse de Châteauroux), filles de Louis de Mailly, commandant de la gendarmerie de France, acquirent à la cour de Louis XV une fâcheuse célébrité et ternirent l'honneur de leur maison en devenant successivement les maîtresses du roi. La plus connue est la duchesse de Châteauroux. V. ce nom.

MAIMATCHIN, bg de l'Empire chinois (Mongolie), vis à vis de la ville russe de Kiakhta. Grand entrepôt du commerce de la Chine avec la Russie.

MAIMBOURG (le P.), historien ecclésiastique, né en 1620 à Nancy, m. en 1686, entra chez les Jésuites, enseigna les humanités à Rouen, puis se livra à la prédication avec quelque succès, et enfin se consacra tout entier à la composition des ouvrages historiques qui l'ont rendu célèbre. En parlant des libertés de l'église gallicane, il se permit des attaques contre le St-Siége et mécontenta Innocent XI, qui, en 1685, le fit exclure de l'ordre des Jésuites. Louis XIV lui donna une pension et une retraite à l'abbaye de St-Victor, à Paris. Ses Œuvres ont été publiées à Paris, 1686-87, 14 vol. in-4, ou 26 vol. in-12; elles comprennent l’Histoire de l'Arianisme, — des Iconoclastes, — du Schisme des Grecs, — des Croisades, — de la Décadence de l'Empire depuis Charlemagne, — du grand Schisme d'Occident, — du Luthéranisme, — du Calvinisme, — de la Ligue, — de l'Église de Rome, — de Grégoire le Grand, — de S. Léon. Maimbourg ne manque ni d'érudition ni d'agrément, maïs son style est souvent diffus et l'on ne peut toujours se fier à son exactitude ni à son jugement. Bayle fit paraître une spirituelle Critique générale de l'Hist. du Calvinisme du P. Maimbourg.

MAIMON (Salomon), philosophe juif allemand, né en 1753 à Neschwitz (Lithuanie), m. en 1800, était fils d'un rabbin et cultiva d'abord la science talmudique et cabalistique; puis il se livra à la philosophie et obtint la protection de son co-religionnaire Mendelssohn; mais il s'en rendit bientôt indigne par son inconduite et tomba dans un tel état de misère qu'il fut réduit quelque temps à mendier. On a de lui : Histoire des progrès de la métaphysique en Allemagne depuis Leibnitz, 1793; Recherches critiques sur l'esprit humain, 1797; il a surtout excellé dans la réfutation du système de Kant.

MAIMONIDE (Moses), célèbre rabbin, né à Cordoue vers 1135, m. en 1204, étudia la philosophie et la médecine sous Tophaïl et Averrhoès, passa de bonne heure en Égypte, et devint premier médecin de Saladin et de ses successeurs. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages sur la religion juive, sur la philosophie et la médecine; les plus connus sont : un Commentaire sur la Mischna; la Main forte, abrégé du Talmud; le Docteur des Perplexes (en hébreu More Nevokim), traité de philosophie et de théologie, où il explique les passages ambigus de l’Écriture, et qui excita de vives contestations parmi les Juifs. La plupart de ses ouvrages sont écrits en arabe. Les Juifs le regardent comme leur premier écrivain, comme leur Platon. Le More Nevokim a été publié, avec traduction française, par M. Munk, sous le titre de Guide des Égarés, Paris, 1856-61, 2 vol, in-8.

MAIN ou MAYN, riv. d'Allemagne. V. MEIN.

MAÏNA ou MAGNE, pays de Grèce (Morée), comprend la partie S. E. de l'ancienne Laonie, entre les golfes de Coron à l'O. et de Kolokythia à l'E. On y compte environ 60 000 hab. dits Maïnotes. Ils sont très-braves, mais indisciplinables et pirates déterminés. Sol montagneux, inaccessible en beaucoup d'endroits, et cependant fertile. Forêts et pâturages. Bons ports. — Le Maïna était jadis habile par les Éleuthéro-Lacons, dont les Maïnotes actuels prétendent descendre, et qui, comme ces derniers, se sont rendus célèbres par leur ardent amour pour l'indépendance. Ils luttèrent sans cesse contre la domination des Turcs, qui n'obtinrent jamais d'eux qu'un léger tribut; ils ont puissamment contribué à conquérir l'indépendance de la Grèce. Les Maïnotes étaient régis par des chefs de leur choix dits gérontes (vieillards); leur chef suprême se nomme protogéronte. Cette dignité a été jusqu'au XVIIe siècle héréditaire dans une branche de la famille Comnène issue de David Comnène, dernier empereur de Trébizonde. Ce pays est maintenant compris dans les diocèses de Laconie et de Basse-Messénie et a pour principales villes Maïna, Kolokythia, Chimova et Platza.

MAINE (le), ancienne province de France, bornée au N. par la Normandie, à l'E. par l'Orléanais, au S. par l'Anjou et la Touraine, et à l'O. par la Bretagne, formait, avec le Perche, le grand, gouvt de Maine-et-Perche, et avait pour capitale le Mans. On le divisait en Haut et Bas Maine, auxquels on joignait le pays ou comté de Laval. Ce pays forme auj. les départements de la Sarthe et de la Mayenne. Sol ondulé, généralement fertile; volailles estimées. — Le Maine tire son nom des Cenomani qui l'habitaient autrefois, ou bien de la Maine ou Mayenne, qui l'arrose. Sons les Romains, il fit partie de la 3e Lyonnaise. Il forma au Xe s. un comté héréditaire, qui fut ensuite compris dans les possessions des comtes d'Anjou ; il passa sous la domination anglaise lorsque Henri Plantagenet, comte d'Anjou, devint roi d'Angleterre (1154). Philippe-Auguste l'enleva à Jean sans Terre en 1203. S. Louis le donna avec l'Anjou à son frère Charles, dont les descendants le possédèrent jusqu'en 1481; Louis XI, à qui il échut alors par héritage, le réunit à la couronne. Henri II le donna en apanage à son troisième fils, Henri (depuis Henri III); celui-ci le céda à François, duc d'Alençon, son frère. Ce dernier étant mort sans enfants en 1584, le Maine fut réuni définitivement à la couronne. Louis XIV donna le titre de duc du Maine à l'un des fils qu'ils avait eus de Mme de Montespan — V. ci-après.

MAINE (le), un des États-Unis de l'Amérique duN., au N. E., entre 67° 20'-71° 10' long. O. et 43°-46° 15' lat. N., a pour bornes au N. le B.-Canada, à l'E. le Nouv.-Brunswick, à l'O. le New-Hampshire, au S. et au S. E. l'Atlantique; 450 k. sur 200; 600 000 hab.; ch.-l., Augusta. Sol plat, ingrat le long des côtes, fertile dans l'intérieur. On y cultivait jadis le tabac et l’indigo ; auj. le coton est la principale culture. Plusieurs chemins de fer. — Découvert en 1497, ce pays ne commença à recevoir des colonies que de 1635 à 1654 : les Français et les Anglais y fondèrent à la fois plusieurs établissements, mais ils ne purent s’y fixer d’une manière durable, par l’effet d’hostilités continuelles avec les indigènes. Il reçut son nom des Français en 1638, en souvenir de la province française du Maine. Il fut assuré à l’Angleterre en 1712 par le traité d’Utrecht. Dès l’année 1652, le Maine s’était mis sous la protection de l’État de Massachussets ; il en fut détaché en 1820, et prit le titre d’État.

MAINE (la), riv. de France, formée de la réunion de la Sarthe et de la Mayenne, qui s’unissent à 3 k. N. d’Angers, traverse cette ville, et se jette dans la Loire à 10 kil. au-dessous d’Angers. Le pont de la Maine, à Angers, s’étant rompu le 16 avril 1850 pendant le passage du 11e léger, 219 soldats y périrent.

MAINE (Louis Aug. DE BOURBON, duc du), fils de Louis XIV et de Mme de Montespan, né en 1670, fut élevé par Mme de Maintenon et jouit de l’affection particulière du roi, qui, après l’avoir légitimé, lui donna le rang de prince du sang, et le déclara en 1714 habile à succéder ; mais, à la mort de Louis, le duc d’Orléans, à qui il avait disputé sans succès la régence, le dépouilla de ses prérogatives. La duchesse du Maine, irritée, fit alors entrer son mari dans la conspiration ourdie par Cellamare ; mais l’intrigue ayant été découverte, le duc fut enfermé à la citadelle de Doullens (1718). Cependant il se réconcilia avec le Régent, et fut même revêtu de hautes dignités, qu’il conserva jusqu’à sa mort (1736). Ce prince avait de belles qualités ; mais son apathie et sa timidité le rendaient incapable des grandes choses. — Il avait épousé Anne Louise de Bourbon, petite-fille du grand Condé, morte en 1753, à 77 ans. C’était une femme vive et ambitieuse ; elle conspira pour son mari avec Cellamare et fut comme lui mise en prison, mais elle ne vit point avec le même calme que ce prince le pouvoir lui échapper. Le duc et la duchesse du Maine habitaient Sceaux, dont ils firent un séjour charmant et où ils tenaient une petite cour.

MAINE DE BIRAN (Marie Franç.), philosophe, né en 1766 à Bergerac, m. en 1824, était fils d’un médecin. Il fut élu en 1797 membre du Conseil des Cinq-Cents et fut sous l’Empire sous-préfet de Bergerac. Élu en 1809 membre du Corps législatif, il fit partie avec Lainé de la commission qui dès 1813 protesta contre le despotisme impérial ; il siégea également à la Chambre des Députés sous la Restauration, et fut nomme en 1816 conseiller d’État. Il cultiva avec succès la philosophie, et fut peut-être le métaphysicien le plus profond de son temps. D’abord disciple de Condillac et de Cabanis, il s’éloigna bientôt de cette école, et s’attacha surtout à rétablir les droits de la puissance active et volontaire, méconnue par ses maîtres. Il débuta par un Mémoire sur l’Influence de l’habitude, qui fut couronné par l’Institut en 1802 ; donna en 1805 un mémoire sur la Décomposition de la pensée, également couronné ; envoya aux académies de Copenhague et de Berlin des travaux non moins remarquables ; rédigea pour la Biographie universelle un article profond sur Leibnitz, et composa peu avant sa mort ses Nouvelles considérations sur les rapports du physique et du moral, qui renferment son dernier mot. M. Cousin a publié ses Œuvres philosophiques, Paris, 1841, 4 vol. in-8. M. Naville, de Genève, a publié en 1857 : Maine de Biran, sa vie et ses pensées, et a donné en 1859 ses Œuvres inédites.

MAINE-ET-LOIRE (dép. de), entre ceux de la Mayenne au N., d’Indre-et-Loire à l’E., de la Vienne au S. E., des Deux-Sèvres au S., de la Vendée au S. O., de la Loire-Inf. à l’O., et d’Ille-et-Vilaine au N. O. : 7188 k. carr. ; 526 012h. ; ch.-l., Angers. Il est formé en grande partie de l’anc. Anjou. Arrosé par la Loire qui le traverse de l’E. à l’O. et y reçoit, outre la Maine, qui donne son nom au dép., l’Authion, le Thoué, le Layon et l’Èvre. Pays de plaines, inondé annuellement sur les bords de la Loire ; fertile en céréales, chanvre, lin, melons, pommes de terre, etc., et produisant des vins blancs estimés ; horticulture très-avancée, favorisée par la douceur du climat. Excellents pâturages, élève de moutons et de bœufs. Fer, houille, ardoisières immenses, qui emploient 2000 ouvriers ; marbres, granit, grès, pierres de taille, pierres à chaud, etc. Hauts fourneaux ; toiles, linge de table, mouchoirs dits de Chollet, tissus de coton, teintureries. Commerce actif. — Ce dép. a 5 arr. (Angers, Segré, Baugé, Saumur, Chollet), 34 cantons, 384 communes ; il appartient à la 15e division militaire, a une cour impériale résidant à Angers et forme le diocèse d’Angers.

MAINFROI. V. MANFRED.

MAINLAND, île anglaise de l’Océan Atlantique, la plus grande des îles Shetland, a 138 kil. sur 55 ; 16 000 h. ; ch.-l., Lerwick. Fer, cuivre. — Une des Orcades. V. POMONA.

MAÏNOTES. V. MAÏNA.

MAINTENON, ch.-l. de cant. (Eure-et-Loir), au confluent de l’Eure et de la Voise, sur le chemin de fer de Bretagne, à 19 kil. N. de Chartres ; 1800 h. Magnifique château, qui remonte à Philippe-Auguste, et qui fut reconstruit par J. Cottereau, trésorier des finances sous Charles VII et Louis XI. Il fut acheté en 1674 par Louis XIV pour la veuve de Scarron, qui prit de là le nom de marquise de Maintenon ; on y remarque encore l’appartement de Mme de Maintenon, et son portrait par Mignard. Ce château appartient auj. au duc de Noailles. En 1684, un immense aqueduc fut commencé à Maintenon pour amener les eaux de l’Eure à Versailles, mais il ne fut point achevé, et il n’offre maintenant qu’une belle ruine, composée de 48 arches. La plaine voisine est couvertes de monuments druidiques, dits Pierres de Gargantua. Collin d’Harleville naquit près de Maintenon, à Mévoisins.

MAINTENON (Françoise D’AUBIGNÉ, marquise de), fille de Constant d’Aubigné et petite fille de Théodore Agrippa d’Aubigné, ami de Henri IV et chaud partisan de la Réforme, naquit en 1635 dans la prison de Niort, où ses parents étaient détenus. Son père, devenu libre, l’emmena à la Martinique en 1643 ; elle resta de bonne heure orpheline. Après avoir été successivement catholique et protestante, elle s’attacha définitivement au catholicisme et se fit même remarquer par une grande ferveur. Elle vivait dans un état voisin de l’indigence lorsqu’en 1652 le poëte Scarron, touché de ses infortunes, l’épousa, quoique vieux et infirme, dans le seul but de lui servir de protecteur. Sa maison fut pendant quelque temps le rendez-vous de ce qu’il y avait de plus spirituel dans Paris. Devenue veuve dès 1660, elle allait retomber dans la misère quand la cour, instruite de ses malheurs, lui assura une pension de 2000 fr. Chargée par Louis XIV d’élever secrètement les enfants nés de son commerce avec Mme de Montespan (1669), elle s’acquitta de ce soin avec zèle et succès, et sut, dans cette position équivoque, garder de la dignité. Elle acquit de jour en jour plus de crédit auprès du roi, qu’elle charmait par l’agrément et la solidité de sa conversation, et finit par faire oublier Mme de Montespan. Le roi lui donna dès 1674 la terre de Maintenon, qu’il érigea pour elle en marquisat. Après la mort de la reine (1683), Louis XIV s’unit avec Mme de Maintenon par un mariage secret ; on rapporte ce mariage au 12 juin de l’année 1684. Maie de Maintenon fonda en 1685, à St-Cyr, une maison religieuse pour l’éducation des jeunes filles nobles et pauvres ; Racine, à sa prière, composa pour cette maison Esther et Athalie. À la mort de Louis XIV (1715), elle se retira à St-Cyr, et elle y resta jusqu’à sa mort (1719), livrée aux exercices d’une piété austère. On attribue communément à Mme de Maintenon une grande part aux affaires : on lui reproche d’avoir conseillé de mauvais choix, tels que ceux de Chamillard et de Villeroi, et d’avoir appuyé des mesures intolérantes, notamment la révocation de l’édit de Nantes ; cependant cette influence funeste a été contestée par les mieux informés de ses biographes. On a d'elle quelques écrits : l'Esprit de l'Institut des filles de St-Louis, 1699, des Proverbes, publiés par Monmerqué, 1849, des Lettres, publ. par Labeaumelle en 1756, mais d'une manière infidèle, et une Correspondance avec Mme des Ursins, 1826, 4 v. ïn-8. Ses écrits ont été réunis pour la 1re fois par Th. Lavallée, sous le titre d’Œuvres de Mme de Maintenon, collationnées sur les manuscrits ou sur des copies authentiques, Paris, 1854-56, 10 vol. in-12. Son style se distingue par une élégante simplicité, par la netteté, la justesse et par la force de la raison. Ses Lettres surtout sont remarquables par l'urbanité, la bienveillance et la sagesse des conseils et des réflexions. On doit à Labeaumelle de curieux Mémoires sur Mme de Maintenon, 1756, 6 vol. in-12, et au duc de Noailles une Histoire de Mme de Maintenon, 1848, 2 v. 8°.

MAIRAN (J. J. DORTOUS de), physicien, mathématicien et littérateur, né à Béziers en 1678, mort en 1771, fonda, avec le Dr Bouillet, l'Académie de Béziers, fut élu en 1718 membre de l'Académie des sciences, et devint après Fontenelle secrétaire perpétuel de cette compagnie (1740). Il fut chargé avec Varignon de proposer un procédé pour le jaugeage des vaisseaux qui prévint les fraudes et les réclamations; ils visitèrent à cet effet les principaux ports de la Méditerranée; leur projet fut accueilli par l'Académie, et sanctionné par le roi. On a de Mairan : Dissertation sur la glace, Paris, 1749; Traité de l'aurore boréale, 1731; Lettres au P. Parennin, 1770; Éloges des membres de l'Académie des sciences, 1747; Lettres à Malebranche, et de nombreux mémoires dans le recueil de l'Académie des sciences.

MAIRE, officier municipal. V. ce mot dans notre Dictionnaire univ. des Sciences.

MAIRES DU PALAIS, Majores domus, officiers de la couronne qui étaient primitivement chargés de l'administration de la fortune privée du roi et du gouvernement intérieur du palais, mais qui ne tardèrent pas à acquérir une grande puissance politique. Dès 575, Gogon, maire d'Austrasie, fut chargé du gouvernement du pays; en 614, Warnachaire, maire de Bourgogne, obtint de Clotaire II que cette charge fût inamovible et que l'élection des maires appartînt non plus au roi, mais au grands vassaux. Sous les successeurs de Dagobert, on remarque Erchinoald, Ébroïn, S. Léger, Pépin d'Héristal, Charles-Martel, qui ajoutèrent de plus en plus au pouvoir des maires. En Austrasie, dès 677, il n'y eut plus de rois, et le gouvernement appartint tout entier aux maires sous le titre de ducs ou princes des Francs; après le triomphe de Pépin d'Héristal sur les Neustriens à Testry, 687, la mairie devint héréditaire; enfin Pépin le Bref, maire des trois royaumes, non content d'exercer le pouvoir d'un véritable roi, voulut en avoir le titre : il déposa en 752 le faible Childéric III, et se fit proclamer roi à sa place par les grands du royaume, avec l'assentiment du pape Zacharie I. La charge de maire du palais eut peu d'importance sous la 2e race; elle fut définitivement abolie sous Hugues Capet.

MAIRET (Jean), poëte tragique, né à Besançon en 1604, mort en 1686, est le premier qui ait donné sur notre théâtre des tragédies régulières; il jouit d'une grande réputation jusqu'au moment où parut Corneille, qui ne tarda pas à l'éclipser. Nommé résident de la Franche-Comté auprès de la France, il obtint en 1649 pour son pays un traité de neutralité avantageux. A la paix des Pyrénées, il présenta à la reine mère un sonnet sur la paix qui lui valut mille louis. Il se retira de bonne heure du théâtre, ne pouvant lutter contre Corneille. Ses meilleures tragédies sont Sophonisbe, 1629, et Cléopâtre, 1630.

MAISON (Joseph), maréchal de France, né à Épinay (Seine-et-Oise) en 1771, m. en 1840, fit avec distinction les guerres de la République et de l'Empire, prit Lubek en 1806, fut fait général de division en Russie pour sa belle conduite aux affaires de Zakobovo, d'Oboyarzova et Polotsk (1812), protégea pendant la retraite avec autant d'habileté que de zèle le passage de la Bérésina, fit des prodiges de valeur à Leipsick (1813), fut, après cette bataille, chargé du commandement en chef de l'armée du Nord, lutta longtemps en Belgique contre des forces supérieures et défendit vaillamment les approches d'Anvers. Après l'abdication de l'Empereur il se rallia au nouveau gouvernement, qui le combla de faveurs : déjà créé comte sous l'Empire, il fut fait pair et marquis. Il conserva néanmoins son indépendance, et refusa de juger le maréchal Ney. Chargé en 1828 du commandement de l'expédition de Morée, il y obtint un plein succès (V. MORÉE) : il reçut en récompense le bâton de maréchal de France (i829). En 1830, il fut un des commissaires qui accompagnèrent Charles X à Cherbourg. Il fut depuis ministre des affaires étrangères, ministre de la guerre, ambassadeur à Vienne et en Russie

MAISON DE DIEU (Ligue de la). V. CADÉE (Ligue) et GRISONS.

MAISONNEUVE (J. B. SIMONNET de), né à St-Cloud en 1750, mort en 1819, est auteur de plusieurs pièces de théâtre dont la meilleure est la tragédie de Roxelane et de Mustapha, représentée avec succès en 1785, et de plusieurs autres poésies. Ses Œuvres ont été publiées par Chéron, 1824, in-8.

MAISONS, MAISONS-LAFFITTE, MAISONS-SUR-SEINE, joli village de Seine-et-Oise, sur la r, g. de la Seine, à 7 k. N. de St-Germain; 1200 h. Station du chemin de fer de Paris à Rouen, Superbe château, bâti par Mansard pour le président de Maisons; parc magnifique. Ce château appartint, avant la Révolution, au comte d'Artois (Charles X) et, sous le 1er Empire, au maréchal Lannes; puis il fut acheté par le banquier Laffitte. Le parc a été depuis morcelé pour former plusieurs belles maisons de campagne.

MAISONS-ALFORT. V. ALFORT.

MAÏSSOUR (écrit Mysore par les Anglais), v. de l'Inde, capitale du roy. de Maïssour, à 15 kil. S. S. O. de Seringapatam; env. 50 000 h. Ville fort ancienne; fortifiée au XVIe siècle, souvent prise; rasée en 1787 par Tippou-Saëb, qui transporta le siége du gouvt à Seringapatam; rebâtie par les Anglais.

MAÏSSOUR (Royaume de), un des États médiats de l'Inde anglaise, dans la Présidence de Madras, au S. du Balaghat, au N. du Koimbatour, an N. E. du Malabar et du Kanara, peut avoir 360 Kil., en tous sens, et compte env. 3 500 000 hab.; capitale Maïssour. C'est un vaste plateau, élevé de 1000m au-dessus de la mer, entouré des Ghattes tant occidentales qu'orientales, et d'où descendent la Kaveri, la Toumbedra, la Bhadri, etc. Climat salubre et tempéré; sol assez fertile : on y recueille du riz et toutes les productions des régions chaudes. On y exploite des mines de fer. — Le Maïssour avait depuis plusieurs siècles des radjahs héréditaires, lorsque le pouvoir fut usurpé en 1760 par Haïder-Ali, ministre de l'un de ces rois; sous ce prince et sous son fils Tippou-Saëb, ce royaume devint, avec l'empire des Manrattes, l’État le plus puissant du Décan : la capitale était alors Seringapatam. Outre le Maïssour, il comprenait le Koimbatour, le Kanara, une partie du Malabar, Bednor, Colar, Sera, Anantpour, le Balaghat, le Kaddapa. Soutenus par les Français, Haïder-Ali et Tippou-Saëb firent longtemps une guerre acharnée aux Anglais; mais Tippou-Saëb étant mort en 1799, en défendant Seringapatam contre le général Harris, son royaume cessa dès lors d'exister; les Anglais placèrent sur le trône un descendant des anciens radjahs du pays, qui n'eut qu'une-autorité nominale : ils sont les maîtres de fait; ils occupent les places fortes et perçoivent la moitié des revenus.

MAISTRE (le comte Joseph de), célèbre écrivain, né en 1754 à Chambéry, d'une famille d'origine française, mort en 1821, fut chargé par le gouvernement sarde de plusieurs négociations, accompagna dans l'île de Sardaigne le ro Charles-Emmanuel lors de l'invasion de ses États par les Français, et se rendit à St-Pétersbourg en 1803 comme ministre plénipotentiaire de ce prince. Forcé en 1817 de quitter la Russie lors de l’expulsion des Jésuites, parce qu’il avait embrassé la cause de l’ordre proscrit, il fut nommé dans sa patrie régent de la chancellerie, et reçut toutes sortes de distinctions honorifiques. J. de Maistre s’est fait un nom en combattant les philosophes du XVIIIe siècle, en soutenant la suprématie temporelle du pape et la théocratie. Ses principaux écrits sont : Considérations sur la Révolution française, Lausanne, 1796, ouvrage qui dénote déjà la portée de son esprit et son talent d’écrivain; Du Pape, Lyon, 1819, son œuvre capitale, où il propose de placer le Souverain-Pontife à la tête de la société, comme au moyen âge; De l’Église gallicane, Paris, 1821, où il attaque les libertés de l’église de France; les Soirées de St-Pétersbourg ou Entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence, ouvrage posthume, Paris, 1821, où il règne un singulier mysticisme; Examen de la philosophie de Bacon, Paris, 1836, où le philosophe anglais est jugé avec la plus injuste sévérité. De Maistre n’est pas moins remarquable par la vigueur de son style que par la singularité de ses doctrines. On a publié à Paris en 1851 des Mémoires, des Lettres et Opuscules de J. de Maistre, et en 1859, sa Correspondance diplomatique.

MAISTRE (Xavier de), frère cadet du préc., né en 1764 à Chambéry, était au service du roi de Sardaigne lorsque la Savoie fut conquise par les Français. Il alla en Russie, où résidait son frère, se distingua dans la guerre contre la Perse et gagna le grade de général-major. Il se maria à St-Pétersbourg après la campagne et revit un instant sa patrie, mais retourna bientôt se fixer en 1817 en Russie; il y mourut en 1852, presque nonagénaire. Il s'était fait connaître dès l'âge de 30 ans par le Voyage autour de ma chambre, ingénieux badinage, auquel il donna beaucoup plus tard pour suite l’Expédition nocturne autour de ma chambre. Après un long intervalle, il publia en 1811 le Lépreux de la Cité d'Aoste, récit touchant d'un fait réel, en 1815 le Prisonnier du Caucase, et en 1817 la Jeune Sibérienne, nouvelles pleines d'intérêt, où l'on trouve la peinture fidèle de mœurs qui nous sont totalement étrangères. Ce peu d'écrits ont suffi pour le placer au rang des bons écrivains de notre langue. X. de Maistre peignait avec succès le paysage; il était en même temps habile chimiste : il présenta à l'Académie des sciences de Turin plusieurs savants mémoires, parmi lesquels on remarque ses recherches sur l'oxydation de l'or et sur l'application de l'oxyde d'or à la peinture. Ses Œuvres littéraires ont été réunies en 3 vol. in-18, Paris, 1825 et 1828, et en 1 vol. in-12, 1859.

MAÎTRE. Sous l'empire romain, on donna le nom de Maîtres à divers officiers publics : le Maître du cens, institué sous Auguste, remplissait les fonctions de censeur; le Maître de la milice, institué par Constantin, avait à peu près l'autorité du préfet du prétoire.

Dans les temps modernes, on a donné les noms de Maîtres et de Grands maîtres aux chefs de différents ordres ou de différents services : grand maître des Templiers, des Hospitaliers, de l'Université, de l'Artillerie , etc. V. ces noms.

MAÎTRE DE LA CAVALERIE, magister equitum, nom donné chez les Romains à une espèce de lieutenant du dictateur, qui commandait la cavalerie sous les ordres de ce magistrat: c'était la 1re dignité après celle de dictateur. Le maître de la cavalerie était, comme celui-ci, choisi par le sénat du peuple; il était précédé de 6 licteurs.

MAITTAIRE (Michel), philologue et bibliographe, né en France en 1668, de parents protestants qui s'étaient réfugiés en Angleterre lors de la révocation de l'édit de Nantes, m. à Londres en 1747, occupait une chaire à l'école de Westminster. Outre un grand nombre d'éditions fort correctes des auteurs classiques grecs et latins, avec index, il a publie : Græcæ linguæ Dialecti, Londres, 1706; Opera et fragmenta veterum poetarum latinorum, 1713; Stephanorum historia, 1709; Historia typographorum parisiensium, 1717; Annales typographici, 1719-41; Miscellaneæ græcorum aliquot scriptorum carmina, cum versione lat. et notis, 1722 ; Marmora Oxoniensia, grec et latin, 1732. Sa Collection des classiques latins, publiée à Londres de 1713 à 1722, forme 27 v. in-12.

MAIXENT (S.), né vers 447 à Agde, m. en 515, quitta sa ville natale pour échapper à l'envie qu'excitaient ses vertus, vint habiter dans le Poitou le monastère de St-Saturnin-sur-Sèvre qui prit depuis son nom, en fut élu abbé vers 500, y reçut en 507 la visite de Clovis qui allait combattre Alaric à Vouillé, et, sur la demande du roi franc, intercéda près de Dieu pour le succès de son expédition. On l'hon. le 26 juin, jour de sa mort. C'est autour de son abbaye que se forma la ville actuelle de St-Maixent.

MAIZEROY (P. JOLY de), écrivain militaire, né à Metz en 1719, m. en 1780, servit sous le comte de Saxe, et fit comme lieutenant colonel les campagnes de 1756 à 63. A la paix, il consacra ses loisirs à des recherches sur l'art militaire. On a de lui : Traité des stratagèmes ou Remarques sur Polyen et Frontin, 1765; Cours de tactique, 1766-67; Traité des armes défensives, 1767; Traité des armes et de l'ordonnance de l'infanterie, 1776; Théorie de la guerre, 1777; Traité sur l'art des siéges et les machines des anciens, 1778, et une traduction des Institutions militaires de l'empereur Léon, 1770, qui lui ouvrit en 1776 les portes de l'Académie des Inscriptions.

MAIZIÈRES (Phil. de), né en 1312 au château de Maizières, près de Montdidier (Somme), m. en 1405, détermina Hugues de Lusignan, roi de Chypre, et le successeur de ce prince, Pierre I, à faire la guerre aux Musulmans (1343-65), puis vint se fixer à la cour de Charles V qui le nomma chancelier d'État et lui confia l'éducation de son fils Charles VI. Il se retira chez les Célestins. On a de lui, outre plusieurs écrits de piété, deux ouvrages curieux, le Songe adressant au blanc Faucon (Charles VI), et le Songe du Vieil pèlerin, recueils de conseils adressés à Charles VI, écrits vers 1382, restés Ms. On lui a attribué, mais à tort, le Songe du Vergier (1376), donné par d'autres à Raoul de Presles ou à Charles de Louviers.

MAJEUR (Lac), Verbanus lacus, lac de Lombardie, sur les confins de la Lombardie et de la Suisse, est formé par le Tessin, qui le traverse; 60 k. sur 7. C'est le plus occid. des lacs de la Haute-Italie. Bords charmants, îles délicieuses, entre autres les îles Borromées.

MAJOR, MAJORAT, MAJORITÉ. V. ces mots dans notre Dict. univ. des Sciences.

MAJORAGIUS (Ant. Marie CONTI, dit), savant du XVIe siècle, né en 1514 à Majoragio, dans le Milanais, d'où son nom, m. en 1555, fut nommé à 26 ans professeur d'éloquence à Milan, et se fit admirer par l'élégance de sa latinité. Il a laissé des commentaires estimés sur Cicéron et sur Virgile, ainsi que des poésies et des harangues latines, Leips., 1628. Il eut de violents démêlés avec Nizolius au sujet des Paradoxes de Cicéron, qu'il avait critiqués sévèrement.

MAJORIEN, Flavius Julius Valerius Majorianus, empereur d'Occident, avait servi avec distinction en Gaule sous Aétius, lorsqu'il fut placé sur le trône, en 457, par le patrice Ricimer. A son avènement, il abolit les tributs arriérés, rétablit la juridiction ordinaire des magistrats provinciaux et l'ancien office des défenseurs; puis, se mettant à la tête de l'armée, il battit dans la Gaule Théodoric II, roi des Visigoths, et courut en Afrique attaquer Genséric, roi des Vandales. Il allait délivrer l'empire de ce terrible ennemi, lorsque Ricimer, redoutant un empereur si belliqueux, excita contre lui une révolte; il fut déposé à Tortone et mis à mort en 461.

MAJORQUE, Mallorca en espagnol, Balearis major en latin, la plus grande des îles Baléares, par 0°-1° long. O., 39°-40° lat. N.; elle a env. 70 kil. du N. au S. sur 57 de l'E. à l'O., 3400 k. c. et compte 180 000 h. ; ch.-l., Palma, qui est aussi le ch.-l. de toute la capitainerie générale des Baléares. Climat délicieux. chaud, mais tempéré par les brises. Excellents fruits (oranges, dattes, limons et citrons); vins, huiles renommées; on y élève beaucoup de porcs. Pêche du corail. Assez grand commerce avec l'Espagne et l'Afrique. — L'île a été possédée successivement par les Carthaginois, les Romains, les Pisans, les Sarrasins. Enlevée à ces derniers vers 1229 par les Aragonais, elle fut érigée en un roy. particulier (d'où dépendaient toutes les îles Baléares, le comté de Montpellier, le Roussillon et la Cerdagne) par Jacques I, roi d'Aragon, en faveur de son fils Jacques en 1262, puis fut réunie, avec l'Aragon, à la couronne d'Espagne.

MAKARIEV, v. du gouvt de Nijni-Novogorod, à 17 kil. E. S. E. de la v. de ce nom, sur la r. g. du Volga; 4000 hab. Il s'y tient une foire célèbre qui dure tout le mois de juillet et à laquelle se rendent des Cosaques, des Boukhares, des Persans et des Indiens.

MAKHADOU, capit. de l'île d'Anjouan, l'une des Comores; 5000 hab. Port fortifié.

MAKO, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Csanad, sur la r. dr. du Maros, à 176 k. S. E. de Bude; 7000 h. Résidence de l'évêque de Csanad.

MAKRI, v. et port de la Turquie d'Europe (Roumélie), à 100 k. N. O. de Gallipoli; 3000 h.

MAKRI, Telmessus, v. et port de la Turquie d'Asie (Anatolie), à 270 k. S. E. de Smyrne, sur le golfe de Makri (Glaucus sinus), dans la Méditerranée. Bon port.

MAKRIZI, écrivain arabe, né au Caire vers 1360, m. en 1442, remplit en Égypte plusieurs emplois dans l'administration et dans le culte. On a de lui : une Description historique et topographique de l’Égypte, qui contient des détails intéressants sur les mœurs, les préjugés, l'histoire religieuse, politique et commerciale du pays (depuis 638); une Hist. des sultans ayoubites et mamelouks (trad. par Quatremère, 1837-45); des Traités des Monnaies musulmanes et des Poids et mesures des Musulmans (trad. en français par Sylvestre de Sacy, dans le Magasin encyclopédique); une Hist. des expéditions des Grecs et des Francs contre Damiette, publiée en arabe, avec trad. lat., par Hamaker, Amst., 1824; une Hist. des Coptes; un Traité sur les souverains musulmans établis en Abyssinie, publié, avec traduction latine, par Rinck, Leyde, 1797. il avait en outre entrepris un Dictionnaire des hommes célèbres de l’Égypte, dont la Bibliothèque impériale de Paris possède le manuscrit autographe.

MALABAR (Côte de), partie de la côte occid. de l'Inde en deçà du Gange (Décan), au S. de celle du Kanara, s'étend sur la mer d'Oman de 10° à 13° lat. N., à l'O. de la chaîne des Ghattes; elle est fort étroite et n'a guère que 120 kil. de large, avec une population d'env. 200 000 h. On y parle un idiome particulier. Pays fertile en riz, poivre noir, bétel, fruits, bois de lek, etc.; le littoral est stérile. Très-riche jadis en métaux précieux; il n'y a plus maintenant que quelques mines de fer exploitées. Les veuves du Malabar se brûlaient autrefois sur le corps de leur mari : les Anglais ont en grande partie réussi à faire abandonner cette coutume barbare. — C'est au Malabar qu'aborda Vasco de Gama en 1498; c'est sur ce pays que les Portugais firent leurs premières conquêtes. Les Français y possèdent Mahé. Les habitants des montagnes ont résisté longtemps à la conquête, et ont conservé les mœurs antiques des Hindous. Haïder-Ali les soumit en 1766. Les Naïrs unis aux Anglais enlevèrent cette conquête à Tippou-Saëb en 1790; mais bientôt les Anglais restèrent seuls maîtres. Le Malabar forme auj. un district de la présidence anglaise de Madras et a pour ch.-l. Calicut.

MALACCA, Malaya, v. de l'Inde Transgangétique anglaise, ch.-l. de la prov. de Malacca, à l'extrémité S. de la péninsule de même nom: env. 30 000 hab. (Chinois, Malais et Européens). Elle a un bon port, et se divise en 3 parties : le fort, la ville, la ville chinoise. Évêché catholique; siége d'une mission anglaise. — Fondée vers 1252 par les Malais, Malacca reçut en 1510 et en 1511 les Portugais, qui peu après s'en emparèrent violemment et qui la gardèrent jusqu'en 1641. Les Hollandais la prirent à cette époque; les Anglais s'en emparèrent en 1795, la rendirent en 1814, mais l'acquirent de nouveau en 1825, en échange de divers établissements de la côte de Sumatra. Cette ville a été très-commerçante (ivoire, camphre, poudre d'or, bois, etc.); mais la fondation de Poulo-Penang lui a fait un tort immense. — La prov. anglaise (jadis royaume) de Malacca, dans le S. O. de la presqu'île de même nom, est à l'O. du Pahang, au S. du Salengore, et compte env. 6000 hab.; elle produit surtout du poivre.

MALACCA (Presqu'île de), l'anc. Chersonèse d'Or? partie de l'Inde Transgangétique, entre les mers de Bengale et de Chine, a environ 1190 kil. de long sur 196 de large, et s'étend de 1° 15' à 10° 15' lat. N.; elle tient au continent par l'isthme de Tenasserim et est terminée par le cap Romania; population, 375 000 hab. Montagnes; climat beau et chaud, mais malsain ; riche végétation, pauvre agriculture; forêts d'aloès, sandal, tek, etc. Beaucoup de crocodiles, de serpents et d'animaux féroces. Diamants et autres pierres précieuses; riches mines d'or, d'étain et de fer. Ce pays a pour principaux habitants les Malais (V. ce nom) et plusieurs autres, races indigènes; on y trouve aussi des Hindous Telinga, et des Européens, les uns Anglais, les autres d'origine portugaise. — Toute la presqu'île a fait partie du royaume de Siam; mais vers la fin du XVIIIe siècle la partie méridionale secoua le joug. Aujourd'hui ce pays se divise en 3 parts : 1° M. indépendant (lequel contient tout le sud, moins la province anglaise, et se subdivise en royaumes de Perak, Salengore, Djohore, Pahang et Roumbo); 2° M. siamois au N. (royaumes de Ligor, Bondelon, Patani, Kalantan, Tringanou, Kedah); 3° M. anglais, où se trouvent la ville et la province de Malacca. V. ci-dessus.

MALACCA (Détroit de), bras de mer qui sépare la presqu'île de Malacca de l'île de Sumatra, fait communiquer le golfe du Bengale avec la mer de Chine. Il a env. 8000 kil. de long sur une largeur qui varie de 40 à 300 kil.

MALACHIE, le 12e et le dernier des petits prophètes, contemporain de Néhémie, prophétisa, à ce qu'on croit, de 412 à 408 av. J.-C. Quelques-uns ont pensé qu'il est le même qu'Esdras. On a de lui 3 chapitres où il reproche aux Juifs leur corruption et annonce le Messie.

MALACHIE (S.), prélat irlandais, né à Armagh en 1094, devint archevêque d'Armagh en 1127, se démit en 1135, alla à Rome pour les besoins de son église, et mourut à Clairvaux en 1148, entre les bras de S. Bernard, qui a écrit sa Vie. Sa fête est le 3 nov. On lui attribue un livre de prédictions sur les papes, ouvrage apocryphe qui a été fabriqué en 1590.

MALADETTA (La). V. PYRÉNÉES et NÉTHOU.

MALAGA, Malaca, v. et port d'Espagne (Andalousie), ch.-l. de l'intend. de son nom, sur la Méditerranée, à 330 kil. S. de Madrid; 70 000 h. Évêché. Port formé par un môle; phare à fanal tournant. Double mur, tours, vieux châteaux forts de Gibralfaro, d’Atarazana et d’Alcazaba. Vaste cathédrale du XVIe siècle, palais épiscopal, douane, salle de spectacle; promenade délicieuse de l’Alameda, qui donne son nom au plus beau quartier de la ville; aqueduc; aux environs, belle maison de plaisance dite El-Retiro. Grand commerce des produits du territoire environnant. — Fondée par les Phéniciens. Prise par les Arabes en 714, elle fut annexée au califat de Cordoue, et devint, après la chute de ce califat, le siége d'un petit État indépendant, qui dura 64 ans, 1015-1079; elle appartint ensuite à divers princes arabes et ne fut conquise par les Espagnols qu'en 1487. — L'intend. de Malaga, entre celles de Cadix à l'O. et de Grenade à l'E., a 136 kil. de l'E. à l'O. sur 66, et compte 472 000 h. Elle est très-fertile en fruits exquis, surtout en raisins, que l'on fait sécher, ou qui produisent un vin liquoreux très-renommé; on y a acclimaté la canne à sucre et la cochenille. La fameuse Vega ou plaine de Malaga (qui a 35 kil. sur 18) et le district de Velez-Malaga produisent immensément. V. VELEZ-MALAGA.

MALAGRIDA (Gabriel), jésuite, né en 1689 dans le Milanais, passa en Portugal, fut envoyé en mission au Brésil, parcourut toutes les parties soumises au Portugal et se fit une grande réputation par ses prédications et ses austérités. En 1758, il fut accusé d'avoir pris part à la conspiration du duc d'Aveiro contre le roi de Portugal : on ne put rien prouver contre lui, mais le marquis de Pombal, dont il s'était attiré l'inimitié, le fit livrer à l'Inquisition comme faux prophète et comme auteur d'écrits entachés d'hérésie (Vie héroïque et admirable de la glorieuse Ste Anne, mère de la Ste Vierge; Vie et empire de l'Antéchrist). Il fut condamné au feu et exécuté en 1761. Ce malheureux devait plutôt être considéré comme fou que comme criminel.

MALAGUETTE (côte de). V. CÔTE DES GRAINES.

MALAIN (seigneurie de). V. MARLE.

MALAIS, grande variété de l'espèce humaine, que l'on fait sortir de la presqu'île de Malacca (d'où son nom), est surtout répandue dans l'Océanie occidentale, qui en a pris le nom de Malaisie, et dans les îles de la Sonde. Les Malais ont le teint d'un rouge de brique foncé, les cheveux longs, lisses, noirs, un gros nez plat, les yeux grands, bridés et étincelants : ils sont robustes, violents, féroces, et en même temps rusés, voleurs; souvent indolents et même lâches; ils sont bons marins et redoutables pirates. Il se trouve aussi beaucoup de Malais en Australie (dans la Nouvelle-Zélande), et en Polynésie (aux archipels de Tonga, Viti, Taïti, etc.); ceux-là sont moins civilisés. On a nommé Négro-Malais des peuplades métis, nombreuses surtout en Papouasie, et qui tiennent, pour le physique, pour la langue et pour la religion, des deux grandes familles malaisienne et nègre océanienne. On croit enfin que les indigènes de l'île de Madagascar sont aussi d'origine malaise.

MALAISIE, nom que l'on donne quelquefois à l'Océanie occidentale, à cause des Malais qui en sont la race dominante. C'est ce qu'on nomme aussi l’Archipel d'Asie. Cet archipel s'étend au S. de l'empire chinois, à l'O. de la Micronésie, et au N. de la Mélanésie. Il comprend, du N. au S., les îles Philippines, Moluques, Célèbes, Bornéo, Sumatra, Java, Sumbava, Timor, etc.

MALAKOFF (tour), la plus forte des tours qui défendaient Sébastopol, fut emportée d'assaut le 8 septembre 1855 par les troupes françaises que commandait le général Pélissier : ce qui amena l'évacuation immédiate de Sébastopol. Le vainqueur fut fait maréchal de France et duc de Malakoff.

MALALA (Jean), écrivain grec, natif d'Antioche, est auteur d'une Chronique qui va de la création du monde à la mort de Justinien I, en 565, mais dont les deux premiers livres sont perdus. Elle a été publiée sur un manuscrit de la bibliothèque Bodléienne, avec version latine et notes, par Edmond Chilmead, à Oxford, 1691, et se trouve dans les collections de la Byzantine.

MALAMOCCO, village de la Vénétie, bâti sur une île étroite entre les lagunes et l'Adriatique, à 6 k. S. de Venise; 1000 hab. Il donne son nom à un canal qui est la principale entrée des lagunes de Venise et qui est défendu par 2 forts.

MALANDRINS, un des noms de ces aventuriers qui dévastaient la France sous Jean le Bon et Charles V. V. COMPAGNIES (Grandes).

MALARTIC (Hippolyte, comte de), né en 1730 à Montauban, m. en 1800, fut nommé en 1792 gouverneur des établissements français à l'E. du Cap de Bonne-Espérance et réussit à la fois à préserver les colonies des troubles qui agitaient la mère patrie et à repousser les attaques des Anglais. Les habitants de l’Île de France lui élevèrent un monument avec cette inscription : Au sauveur de la colonie.

MALASPINA, illustre famille d'Italie, feudataire immédiate de l'empire, était souveraine de la Lunégiane et depuis le XIVe siècle possédait en outre Massa-Carrara à titre de marquisat. Elle figura dans les rangs des Guelfes et fit alliance avec les villes lombardes pour défendre la liberté de l'Italie contre les invasions de Fréd. Barberousse. Spinetta Malaspina fut dépouillé vers 1320 de ses fiefs dans la Lunégiane par Castruccio-Castracani, mais il les recouvra en 1328. Cette possession est restée à une branche cadette de la famille Malaspina jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

MALASPINA (Ricordano), historien florentin du XIIIe siècle, composa l'histoire de Florence depuis sa fondation jusqu'à l'an 1281. Cette histoire, continuée par Giachetta Malaspina, son neveu, a été publiée à Florence de 1568 à 1598.

MALASSISE, négociateur. V. MESMES (H. de).

MALATESTA, famille noble d'Italie, régna en souveraine sur Rimini et sur une partie de la Romagne aux XIIIe, XIVe et XVe siècles. Elle était issue, ainsi que les Montefeltri, de la maison des comtes de Carpagna, et avait pour chef un seigneur de Verrucchio, surnommé Malatesta (mauvaise tête), qui fut choisi en 1275 par les Guelfes de Bologne pour combattre les Gibelins de la Romagne; il leur enleva la ville de Rimini et s'en fit déclarer souverain. Ses descendants conquirent Césène, Pesaro, Fano, Fossombrone, Cervia, etc.; mais ils furent peu à peu dépouillés de leurs États par les papes. Le dernier prince de cette famille, Pandolfe IV, fut chassé de Rimini par César Borgia, et depuis 1528 cette ville resta définitivement aux papes. — C'est un Malatesta qui inventa les bombes, en 1467.

MALATIA, Mélitène, v. de la Turquie d'Asie (Marach), ch.-l. de livah, à 133 kil. N. O. de Diarbekir, près du confluent de l'Euphrate et du Kara-sou; 6000 h. Patrie d'Aboul-Faradj.

MALAUCÈNE, ch.-l. de cant. (Vaucluse), à 30 k. N. E. d'Orange; 2260 hab. Papeterie, huile.

MALAVALLE (S. Guillaume de). V. S. GUILLAUME.

MALBROUGH. V. MARLBOROUGH.

MALCHUS, serviteur du grand prêtre Caïphe, portait la main sur Jésus pour l'arrêter, au jardin des Oliviers, lorsque S. Pierre lui coupa l'oreille droite d'un coup d'épée. Jésus le guérit aussitôt. — Malchus était aussi un des noms du philosophe Porphyre.

MALCOLM, nom de 4 rois d'Écosse qui régnèrent du Xe au XIIe siècle (V. ÉCOSSE). Le plus célèbre est Malcolm III, fils du malheureux Duncan, assassiné en 1040 par Macbeth. Il se réfugia en Angleterre après le meurtre de son père, et ne recouvra la couronne qu'en 1047, en faisant périr Macbeth. Il eut à soutenir la guerre contre les rois d'Angleterre Guillaume le Conquérant et Guillaume le Roux, et fut tué dans une bataille contre ce dernier (1093).

MALCOLM (sir John), officier écossais, né en 1769 près de Langholm, dans le comté de Dumfries, m. en 1833, passa dans l'Inde dès 1782, y fut successivement colonel, agent principal du gouverneur général, major général, gouverneur de Bombay. Il avait été envoyé en 1808 à la cour de Perse pour y balancer l'influence française. Il retourna en Angleterre en 1831 et fut élu membre de la Chambre des Communes. On lui doit un Essai sur les Seyks, 1812; une Histoire de la Perse, depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'époque actuelle, 1815, trad. en français par Benoist, continuée et annotée par Langlès, 1821; et une Histoire politique de l'Inde, 1826.

MALCONTENTS. V. POLITIQUES.

MALDIVES, archipel de l'Océan indien, entre 70° 30' et 72° 20' long. E., 1° et 7° 30' lat., est composé d'un groupe innombrable d'îles, d'îlots et d'écueils (on en a compté jusqu'à 12 000), dont 40 ou 50 îles seulement sont habitées. On les divise en 17 attolons ou groupes circulaires ou ovales. Toutes ensemble forment un petit royaume dont le chef s'intitule sultan des Maldives et reconnaît la suzeraineté de l'Angleterre. La plus grande est Male, qui a 8 k. de tour et qui a pour ch.-l. une ville de même nom, résidence du sultan; 2000 hab. Sol fertile; climat charmant, quoique très-chaud : on y trouve le candou, arbre dont le bois est aussi léger que le liége. Le commerce d’île à île est très-actif. On s’y sert de cauris (espèce de coquillage) comme de monnaie.

MALDONADO, v. et port de l'Uruguay, sur l'Atlantique, à 90 kil. E. de Montevideo, à l'embouchure du Rio de la Plata; 5000 hab. Cuirs et viandes salées.

MALDONADO (Laurent FERRER), navigateur espagnol du XVIe siècle, m. en 1625, écrivit la relation d'un voyage fait en 1588 de l'Océan Atlantique à l'Océan Pacifique par le Nord, à travers un prétendu détroit d'Anian. Cette relation, longtemps ignorée, a été retrouvée à Milan par Amoretti, qui l'a publiée en italien en 1811; elle a été trad. en français dès 1812. On doute de la réalité de ce voyage, et Maldonado paraît n'avoir été qu'un imposteur.

MALDONAT (J.), jésuite espagnol, né en 1534 à Las Casas de la Reina, dans l'Estramadure, m. en 1583, enseigna la philosophie et la théologie avec le plus grand succès au collége de Clermont, à Paris (1564), puis à l'Université de Pont-à-Mousson (1572). Attaqué dans quelques-unes de ses doctrines, il quitta la France (1575) et se retira à Rome, où le pape lui confia divers travaux. On l'accusait, mais à tort, de pencher vers le Socinianisme. On a de lui des Commentaires sur les Évangiles, 1596-1597; des Commentaires sur Jérémie, Ézéchiel et Daniel, 1609 ; des Traités des sacrements, — de la grâce, — du péché originel, — des Anges et des Démons. Ce dernier, le plus curieux et le plus connu, n'a paru qu'en français et a été publié par le P. Laborie, Paris, 1617, in-12.

MALE, île de la mer des Indes. V. MALDIVES.

MALE ou MALAIN (Seigneurie de). V. MARLE.

MALEBRANCHE (Nicolas), philosophe et théologien, né à Paris en 1638, m. en 1715, était fils d'un secrétaire du roi. Contrefait et d'une complexion délicate, il désira vivre dans la retraite, et s'enferma dès 1660 dans la congrégation de l'Oratoire. Après avoir commencé des études d'histoire, qui avaient peu d'attrait pour lui, il rencontra par hasard le Traité de l'homme de Descartes; il éprouva de tels transports a cette lecture qu'il se voua désormais à la philosophie; il devint bientôt le plus illustre des disciples de Descartes. Il conserva les doctrines de son maître sur la méthode, sur l'insuffisance de l'autorité en philosophie et la nécessité de l'évidence, sur la nature de l'âme, sur l'automatisme des animaux; mais, au lieu d'admettre comme lui des idées innées, il disait que nous voyons tout en Dieu et que ce n'est que par notre union avec l'être qui sait tout que nous connaissons quoi que ce soit; en outre, il prouvait l'existence des corps, non par la véracité divine (comme Descartes), mais par la révélation; il niait l'action de l'âme sur le corps et même toute action des substances corporelles les unes sur les autres, attribuant leur commerce à l'assistance divine et ne voyant dans les mouvements du corps ou de l'âme que des causes occasionnelles; il prétendait que notre volonté, de même que notre intelligence, ne peut rien par elle-même, que Dieu est le principe de nos déterminations et des actes de notre volonté, inclinant ainsi sans le vouloir vers le fatalisme. Du reste, il professait l'optimisme et expliquait le mal en disant que Dieu n'agit que comme cause universelle; enfin, il fondait la morale sur l'idée d'ordre. Par l'élévation comme par la nature de ses doctrines, Malebranche mérita d'être appelé le Platon chrétien; mais les opinions paradoxales qu'il soutenait sur plusieurs points de théologie ou de philosophie rencontrèrent une forte opposition. Il eut de vives disputes avec Arnauld sur la nature des idées et sur la grâce; avec Régis sur le mouvement; avec le P. Lamy sur l'amour de Dieu; et même quelques-uns de ses écrits furent mis à l’Index à Rome. Du moins on est d'accord sur le mérite de son style : il se distingue par la pureté, l'abondance, la richesse et l'éclat des figures, ce qui lui donne une beauté toute poétique : aussi Malebranche est-il placé parmi nos plus grands écrivains. Il était en outre mathématicien et physicien, et, à ce titre, il devint, en 1699, membre de l'Académie des sciences. Ses principaux ouvrages sont : la Recherche de la vérité, 1674 et 1712 : c'est son œuvre capitale; Conversations chrétiennes, 1677, composées à la prière de M. de Chevreuse dans le but de mettre à la portée de tout le monde la doctrine exposée dans l'ouvrage précédent; Méditations chrétiennes et métaphysiques, 1679; Traité de morale, 1680; De la Nature et de la Grâce, 1680; Entreliens sur la Métaphysique et la Religion, 1687; il y résume tout son système. On a aussi de lui : un Traité de l'Amour de Dieu (1691); Entreliens d'un philosophe chrétien et d'un philosophe chinois sur l'existence de Dieu (1708); des écrits polémiques composés dans sa dispute avec Arnauld, et qui ont été réunis en 4 vol. in-12, 1709. La plupart des écrits de Malebranche ont été rassemblés en 2 vol. grand in-8, à 2 colonnes, par Genoude, Paris, 1837; M. J. Simon en a donné un choix dans la Bibliothèque Charpentier. M. Feuillet de Conçues a fait paraître pour la première fois en 1841 sa Correspondance avec Mairan. Fontenelle a prononcé son Éloge. L'abbé Blampignon a donné en 1861 une Étude sur Malebranche, avec une Correspondance inédite, d'après les manuscrits originaux.

MALÉE (cap), Malea prom., auj. cap Malia, promontoire du Péloponèse, au S., entre les golfes Laconique et Argolique. Passage dangereux.

MALÉE, général carthaginois, conquit la plus grande partie de la Sicile en 536 av. J.-C., mais échoua devant la Sardaigne, ce qui le fit exiler. Pour se venger, il vint avec son armée assiéger Carthage, s'en empara et mit à mort tous ceux qui lui étaient contraires. Il périt peu après dans une émeute.

MALEK, docteur musulman, chef des Malékites, m. à Médine en 795, est auteur du Mouwetta, qui traite des lois orales du prophète. Cet ouvrage, un des plus estimés en ce genre, fait autorité.

MALEK, MALEK-ADEL. V. MÉLIK.

MALÉKITES, secte musulmane, née au VIIIe siècle et ainsi nommée de Malek, son fondateur, n'est qu'une branche des Sunnites et suit un des quatre rites orthodoxes de l'Islamisme. Les Arabes et les Maures de l'Algérie sont malékites.

MALEPEYRE (Gabriel VENDANGES des), conseiller au présidial de Toulouse, m. en 1702, cultiva la poésie avec quelque succès et se distingua en même temps par ses connaissances en peinture, en sculpture et en architecture. Il contribua au rétablissement de l'Académie des Jeux floraux, et fonda un prix consistant en un lis d'argent pour l'auteur du meilleur sonnet à la louange de la Vierge.

MALESHERBES, ch.-l. de cant. (Loiret), dans l'ancien Gâtinais, à 19 kil. N. E. de Pithiviers; 1390 h. Bonneterie, tanneries, élève d'abeilles. Anc. château. Seigneurie qui appartenait à la maison de Lamoignon.

MALESHERBES (Guill. LAMOIGNON de), ministre sous Louis XVI, né à Paris en 1721, fils du chancelier Guill. de Lamoignon, fut successivement substitut du procureur général, conseiller au parlement, président de la Cour des aides, directeur de la librairie (1750), et se montra dans ces fonctions diverses juste, ferme et éclairé. En 1770 et en 1771, il adressa à Louis XV de sévères remontrances sur l'établissement de nouveaux impôts et pour la défense des prérogatives parlementaires; comme directeur de la librairie, il favorisa la liberté de la presse. La Cour des aides ayant été supprimée avec les anciens parlements (1771), Malesherbes, qui était président de cette cour, fut exilé; mais il reprit ses fonctions à l'avénement de Louis XVI; son retour fut un triomphe, et il jouit alors de la plus grande popularité. Appelé en 1775 au ministère, avec Turgot son ami, et chargé du département de l'intérieur, il voulut faire abolir les lettres de cachet, et s'éleva contre les dépenses excessives de la cour; mais ses conseils ne furent point écoutés, et il se retira avec Turgot (1776). Rappelé en 1787, il se vit bientôt obligé de se retirer de nouveau, et alla vivre dans la solitude. Il y cultivait en paix les lettres lorsque Louis XVI fut traduit devant la Convention : bien qu’âgé alors de 72 ans, il demanda et obtint le dangereux honneur d’assister le roi comme conseil. Il s’acquitta de ce soin de la manière la plus courageuse et la plus touchante; mais tous ses efforts étaient inutiles. Il fut lui-même arrêté en 1794, traduit devant le tribunal révolutionnaire et envoyé a l’échafaud avec toute sa famille. La postérité a placé Malesherbes au nombre des grands magistrats et des citoyens les plus vertueux. Outre ses Remontrances et ses Mémoires pour Louis XVI, on a de lui des Mémoires sur le mariage des Protestants, 1785 et 87; sur les moyens d’accélérer les progrès de l’économie rurale en France, 1790; sur la librairie et la liberté de la presse, posthume, 1809. Sa Vie a été écrite par Gaillard, 1805, et par Boissy-d’Anglas, 1818; son Éloge a été prononcé à l’Académie française en 1S41 par Dupin aîné. Un monument lui a été érigé au Palais de justice de Paris.

MALESTROIT, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 16 k. S. de Ploërmel; 1500 h. Une trêve y fut conclue en 1343 entre la France et l'Angleterre.

MALET (Claude Franç. de), général français, né à Dôle en 1754, fit avec distinction les campagnes de la République, devint général de brigade en 1799, et fut nommé par Masséna gouverneur de Pavie en 1805; mais il était ardent républicain et par conséquent suspect à Napoléon, qui le fit incarcérer à Paris en 1808 par mesure de sûreté. Profitant des facilités que lui laissait sa translation dans une maison de santé, il organisa contra l'Empereur, pendant la campagne de Russie, une conspiration dans laquelle entrèrent avec lui les généraux Guidal et Lahorie. S'étant échappé dans la nuit du 23 au 24 oct. 1812, il parcourut les casernes de Paris en répandant le bruit de la mort de Napoléon, et surprit les autorités civiles en leur présentant des ordres fabriqués; il était sur le point de réussir lorsque la résistance du général Hulin, qui commandait l'état-major de la place, fit tout échouer (V. HULIN). Traduit aussitôt devant une commission militaire, il fut condamné à mort et fusillé dès le 29 oct. 1812.

MALEVILLE (Jacques de), jurisconsulte, né en 1741 à Domne (Périgord), m. en 1824, plaida d'abord a Bordeaux, siégea en 1796 au Conseil des Cinq-Cents, devint membre du tribunal de cassation, coopéra à la rédaction du Code civil, fut fait sénateur en 1806, et pair en 1814. On a de lui : une Analyse raisonnée de la discussion du Code civil au Conseil d'État, 1084-5, et un traité du Divorce, 1801 et 1816. — Son fils, P. Joseph, marquis de Maleville, 1778-1832, fut en 1815 membre de la Chambre des Représentants, puis de celle des Députés où il se signala par son royalisme; fut nommé président de la Cour royale de Paris, conseiller à la Cour de cassation, pair de France. On a de lui un Discours sur la Réformation de Luther, mentionné par l'Institut en 1805. — V. MALLEVILLE.

MALÉZIEU (Nic. de), né à Paris en 1650, m. en 1729, fut honoré de l'amitié de Montausier et de Bossuet; fut précepteur du duc du Maine, et resta toute sa vie auprès de lui : il était le principal ordonnateur des fêtes que la duchesse du Maine donnait à Sceaux, et il composa, pour ces circonstances, beaucoup de petites pièces. Il devint membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences. On a de lui des Éléments de géométrie, rédigés pour le duc de Bourgogne, 1715, et des Poésies.

MALFILÂTRE (Ch. L.), poëte français, né à Caen en 1732, d'une famille pauvre, fit de brillantes études chez les Jésuites de sa ville natale, vint ensuite à Paris et ne tarda pas à se faire remarquer; mais, peu rangé dans sa conduite et fort imprévoyant, il tomba bientôt dans la misère et mourut prématurément, à 34 ans, à la suite d'une maladie douloureuse (1767). Toutefois, Gilbert a exagéré quand il a dit:

La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.

On a de lui 4 odes, qui furent couronnées par l'Académie de Rouen; un poëme en 4 chants et en vers de 10 syllabes, Narcisse dans l'île de Vénus; une belle imitation du psaume Super flumina Babylonis, et quelques fragments d'une traduction de Virgile, qu'on a réunis sous le titre de Génie de Virgile, 1810. On a aussi sous son nom une traduction en prose des Métamorphoses d'Ovide (1799), peu digne de lui. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1825, avec une Notice par Auger. Ses poésies pèchent dans l'ensemble; mais on y trouve parfois la facilité d'Ovide, avec l'harmonie et le sentiment de Virgile.

MALGACHES, aborigènes de Madagascar.

MALHERBE (François de), poëte français, né à Caen en 1555, m. à Paris en 1628, était d'une famille noble et ancienne, mais peu favorisée de la fortune. Il fut attaché dès 1576 à Henri d'Angoulême, fils naturel de Henri II, qui commandait en Provence, et se maria dans cette province en 1581. Il ne paraît pas qu'il ait, comme on l'a dit, servi dans les troupes de la Ligue. Après l'avènement de Henri IV, il fut recommandé à ce prince par Duperron et en obtint une pension; il ne fut pas moins bien traité de Marie de Médicis et de Louis XIII. Malherbe avait eu plusieurs enfants : il eut le malheur de leur survivre; le dernier fut tué en duel par de Piles, 1627, et la douleur qu'il en éprouva abrégea ses jours. Après avoir donné dans la manière de Ronsard, Malherbe s'en sépara pour adopter un genre de poésie où l'on trouvait une harmonie et une pureté de style jusqu'alors inconnues; il porta si loin la sévérité de son goût qu'il fut appelé le Tyran des mots et des syllabes. Il parvint ainsi à épurer notre langue et mérita les éloges que lui donne Boileau.

Enfin Malherbe vint, et le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence;
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.

Malheureusement ses poésies, si remarquables par le style, brillent beaucoup moins du côté de l'invention : elles sont plutôt l'œuvre du travail et de la patience que du génie. Elles consistent en odes, paraphrases de psaumes, stances, auxquelles s'ajoutent quelques épigrammes. Il en a été donné de nombreuses éditions, notamment par Ménage, Paris, 1666, avec de savantes notes; par Chevreau, 1723, St-Marc, 1727. Querlon, 1764, Lefèvre, 1825, Delatour, 1842. Les plus complètes sont celles de Blaise, Paris, 1822, in-8 (à laquelle il faut joindre des Lettres inédites publ. par G. Mancel, Caen, 1852, et l’Instruction de F. Malherbe à son fils, publiée en 1846 par Chennevières); et l'éd. de L. Lalanne, 4 v. in-8, Hachette, 1862 et a. suiv. Racan, l'un des disciples de Malherbe, a écrit sa Vie. On peut aussi consulter sur ce poëte les Recherches biographiques sur Malherbe et sa famille, de Roux-Alpheran, dans les Mémoires de l'Académie d'Aix, 1840; et les Recherches sur sa vie, avec une Critique de ses œuvres, de Gournay, Caen, 1852. Caen lui a élevé une statue (1847).

MALHERBE (dom Joseph), anc. bénédictin, né en 1733 à Rennes, m. en 1827, professa la philosophie à l'abbaye St-Germain des Prés de Paris (1774), puis fut successivement bibliothécaire de la Cour de cassation, du Tribunat, et censeur de la librairie (1812). Il fut chargé de revoir la dernière édition des Œuvres de S. Ambroise donnée par les Bénédictins, et de continuer l’Histoire du Languedoc, de dom Bourotte; il publia en 1789 sous le titre de Testament du Publiciste patriote un précis des Observations de Mably sur l'histoire de France. Il cultivait aussi la chimie avec succès : en 1772, il remporta un prix comme ayant inventé un procédé pour fabriquer la soude au moyen de la décomposition du sel marin.

MALIAQUE (Golfe), Maliacus sinus, auj. golfe de Zeitoun, enfoncement de la mer Égée, sur les côtes de la Thessalie, près des Thermopyles et vis-à-vis de l'Eubée, tirait son nom de la petite ville de Malia, située sur les bords, entre la mer et le mont Œta.

MALIBRAN (Marie Félicité), célèbre cantatrice, né à Paris en 1808, morte à Londres en 1836, était fille de Manuel Garcia. Elle débuta en 1855 à l’Opéra italien de Londres, et fut accueillie par des applaudissements unanimes. Elle suivit son père à Mexico, puis à New-York, où elle épousa en 1826 un banquier nommé Malibran, qui ne tarda pas à faire faillite et dont elle fut obligée lie se séparer dès l’année suivante; vint en 1828 à Paris où elle se fit entendre successivement à l’Opéra et au Théâtre italien et où elle obtint un triomphe éclatant; elle excita le même enthousiasme à Naples, à Milan, à Venise, à Florence, etc. Elle venait de se remarier avec le violoniste Bériot et se trouvait à Manchester lorsque, à la suite d’une chute de cheval, elle fut emportée par une fièvre nerveuse. Mme Malibran réunissait les deux voix de soprano et de contralto et excellait autant comme tragédienne que comme cantatrice. Ses plus beaux triomphes étaient dans le Barbier de Séville, Otello, Tancrède, la Cenerentola, Sémiramis, la Gazza ladra, et Don Juan. — Sa sœur cadette, Pauline Garcia (Mme Viardot), est encore auj. une de nos cantatrices les plus distinguées : elle excelle surtout dans la tragédie lyrique (Orphée, Alceste, etc.)

MALICORNE, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 13 kil. N. de La Flèche, sur la r. g. de la Sarthe; 1500 h.

MALINES, Mechlinia ou Malinæ au moyen âge, Mechelen en flamand, v. de Belgique (Anvers), sur la Dendre et la Dyle, à 20 kil. N. E. de Bruxelles; 25 000 h. Archevêché, érigé en 1559 et dont le titulaire est le primat de Belgique; académie de peinture et de dessin, fondée en 1771; université catholique, séminaires, école normale primaire; riche bibliothèque, jardin botanique; arsenal. Malines est le point central des chemins de fer de la Belgique. Cathédrale magnifique (l'église gothique de St-Rombaud), commencée en 1220, achevée en 1487, ornée de précieux tableaux, et dont la tour est haute de 97m; vaste hospice, dit le Béguinage. Fabriques de dentelles, les plus belles qui soient connues et qui s'exportent par toute l'Europe; toiles, lainages, couvertures, chapeaux, aiguilles, etc.; fonderie de canons. Grand commerce d'huiles et autres objets de ses fabriques. — Fondée au VIe siècle; détruite par les Normands en 884, reconstruite en 897 et fortifiée en 930. Elle souffrit de plusieurs incendies (notamment en 1546 par l'explosion d'un magasin à poudre), ainsi que de la peste. Saccagée par les Espagnols en 1572, par le prince d'Orange en 1578, par les Anglais en 1580; souvent prise par les Français aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle fut ch.-l. d'arr. dans le dép. des Deux-Nèthes jusqu'en 1814. Cette ville eut jadis un parlement et une commanderie teutonique. — Une ligue contre la France fut signée à Malines en 1513 entre le pape, l'empereur Maximilien Ier, le roi d'Angleterre Henri VIII, et Ferdinand le Catholique.

MALINES (seigneurie de), petite principauté qui se composait de la ville de Malines et du territoire environnant, existait dès le VIIIe siècle, et fut donnée en 754 par Pépin le Bref au comte Adon, son parent. Cette seigneurie fut conférée par Charles le Chauve à l'évêché de Liége, passa ensuite à diverses maisons, appartint en commun aux deux maisons de Brabant et de Flandre à partir du milieu du XIVe s., et finit par être possédée tout entière par Marguerite de Brabant, femme de Louis II de Mâle, comte, de Flandre. Le mariage de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avec Marguerite, fille de Louis II, la fit fit entrer dans la maison de Bourgogne (1384). Elle a depuis suivi les destinées de cette maison.

MALLE ou MALL, mallum, nom donné tantôt aux grandes assemblées des Francs, tantôt aux cours ou assemblées locales devant lesquelles étaient portés les procès les plus importants. V. CHAMPS de mai.

MALLET (David), dont le vrai nom était Malloch, écrivain anglais, né en 1700, mort en 1765, fit l'éducation des fils du duc de Montrose qu'il accompagna sur le continent; puis devint sous-secrétaire du prince de Galles, père de George III. On a de lui des pièces de théâtre, des Poésies, parmi lesquelles on remarque des ballades, écrites avec simplicité et avec charme, une Vie de Bacon (mise en tête de l'édition de ce philosophe de 1740, et trad. en français, 1755). Ses Œuvres poétiques ont été recueillies en 3 vol. in-12, Londres, 1769, et trad. par Lécuy, 1798. Il était lié avec Bolingbroke et fut l'éditeur de ses œuvres.

MALLET (Edm.), littérateur français, né à Melun en 1713, mort à Paris en 1755, professa la théologie au collége de Navarre. On a de lui : Essai sur l'étude des belles-lettres, 1747; Principes pour la lecture des poëtes, 1745; Essai sur les bienséances oratoires, et Principes pour la lecture des orateurs, 1753, ouvrages où les préceptes sont appuyés d'exemples bien choisis. Il a traduit l’Histoire des guerres civiles de France de Davila, 1757, et a donné de bons articles de théologie et de littérature à l’Encyclopédie.

MALLET (Paul Henri), historien genevois, né en 1730, mort en 1807, enseigna les belles-lettres à Copenhague et l'histoire à Genève; puis fut résident de la Hesse-Cassel près les républiques de Genève et Berne. Il a laissé des ouvrages historiques estimés : Histoire du Danemark, 1788, 8 vol. in-12 ; — de la Suède, 1756; — des Suisses, 1803; — de la Hesse; — du Brunswick; — de la Ligue hanséatique, 1806 ; et des Mémoires sur la littérature du Nord, 1759-60. Il était associé de l'Académie des inscriptions.

MALLET-DUPAN (Jacques), publiciste, parent du préc., né à Genève en 1749, mort à Londres en 1800, obtint par la protection de Voltaire une chaire de littérature dans la Hesse-Cassel; vint en 1782 à Paris où il rédigea divers journaux politiques qui eurent du succès, surtout le Mercure historique et politique de Genève, 1783-92; se vit forcé de quitter la France en 1792 à cause de son attachement aux doctrines monarchiques, se retira à Genève, d'où il correspondit dans l'intérêt de la cause royaliste avec plusieurs cours de l'Europe; puis se fixa en Angleterre, où il publia le Mercure britannique (1799). On a de lui : des Considérations sur la Révolution française, 1793, des Mémoires et une Correspondance pour servir à l'histoire de la Révolution, qui ont été publiés à Paris en 1851, par M. Sayous.

MALLET (le général). V. MALET.

MALLEVILLE (Claude de), un des premiers membres de l'Académie française, né à Paris en 1597, m. en 1647, fut longtemps secrétaire de Bassompierre, puis acheta une charge de secrétaire du roi. Il cultiva avec succès le genre de poésie qui était en vogue de son temps, sonnets, stances, rondeaux, épigrammes, etc.; il faisait le vers facilement, mais avec trop de négligence. On a retenu son sonnet sur la Belle matineuse, où il vainquit Voiture. Ses poésies ont été recueillies en 1649, in-4. — V. MALEVILLE.

MALLICOLO, île du Grand-Océan Équinoxial, l'une des Nouv.-Hébrides, par 15° 50'-15° 36' lat. S., et 164° 47'-165° 26' long. E.; 90 kil. sur 35. Habitants sauvages et d'une laideur excessive. Visitée par Bougainville et par Cook. V. VANIKORO.

MALLIENS, un des anc. peuples de l'Inde, habitait sur les bords de l'Hydraote, dans le Moultan actuel. Alexandre faillit périr au siége de leur capitale.

MALLIUS (C.), un des complices de Catilina, leva pour ce conspirateur une armée en Étrurie, et commanda l'aile gauche à la bataille de Pistoia où périrent Catilina et presque tous ses partisans, 61 av. J.-C.

MALMAISON (La), Mala Domus, château et terre dépendant de la commune de Rueil (Seine-et-Oise), à 8 kil. N. E. de Versailles. C'était la résidence favorite de l'impératrice Joséphine : c'est là qu'elle se retira après son divorce et qu'elle mourut en 1814.

MALMÉDY, Malmundarium, v. des États prussiens (Prov. Rhénane), ch.-l. de carde, sur la Warge, dans la régence et à 37 kil. S. d'Aix-la-Chapelle; 5000 hab. Anc. abbaye de Bénédictins. Drap, dentelles noires, savon, filatures de coton, tanneries. — Réunie à la France en 1801, elle fut jusqu'en 1815 ch.-l. d'arr. dans le dép. de l'Ourthe. MALMESBURY, v. d'Angleterre (Wilts), sur l'Avon, à 40 kil. N. E. de Bath; 3000 hab. Jadis grande et forte. Ruines d'une ancienne abbaye saxonne. Patrie de Hobbes et de Guillaume de Malmesbury.

MALMESBURY (Will.), historien. V. GUILLAUME.

MALMESBURY (John HARRIS, comte de), diplomate, né en 1746, à Salisbury, mort en 1820, était fils du célèbre James Harris. Il fut ministre plénipotentiaire près de Frédéric II, 1772, puis en Russie, enfin près des Provinces-Unies. Pendant les troubles qui agitèrent ces provinces (1783), il contribua à rétablir le stathouder. Il vint à Paris en 1797 pour traiter avec le Directoire, mais sans succès. On a de lui une Hist. de la révolution de Hollande de 1777 à 1788, et des Mémoires, publiés à Londres en 1844 par son petit-fils. avec sa Correspondance. On lui doit aussi une belle édition des Œuvres de son père (V. HARRIS). — Son petit-fils, lord J. Howard Harris, comte de Malmesbury, né en 1807, tint le portefeuille des affaires étrangères dans le ministère tory de lord Derby (1852 et 1858). Il s'empressa en 1852 de reconnaître l'Empire, qui venait d'être proclamé en France.

MALMŒ, v. forte et port de Suède (Gothie), ch.-l. du lan de Malmœhus, sur le Sund, à 630 kil. S. de Stockholm et presque vis-à-vis de Copenhague; 12 000 hab. (calvinistes et luthériens). Raffineries; manuf. de draps, chapeaux, tapisseries, tabac, savon, etc. Comm. de céréales. A Malmœ fut conclue en 1523, entre Gustave Wasa et Frédéric I (de Danemark), le traité par lequel ils se reconnaissaient mutuellement indépendants et brisaient l'union de Calmar (la Norvège resta seule unie au Danemark). — Le lan de Malmœhus a pour bornes le Cattégat au N., le lan de Christianstad à l'E., la Baltique au S., le Sund à l'O., compte env. 260 000 h., et contient, outre Malmœ, les villes de Lund, Landskrona, Helsingborg.

MALO (S.) V. MACLOU (S.) et ST-MALO.

MALO-IAROSLAVITZ, petite v. de Russie (Kalouga), ch.-l. de district, sur la Louja, à 50 k. N. de Kalouga et à 100 k. S. O. de Moscou; env. 2000 hab. Un combat sanglant y fut livré le 24 oct. 1812 par le prince Eugène aux Russes pendant la retraite de Russie : Napoléon faillit y être pris par les Cosaques.

MALONE (Edmond), littérateur, né à Dublin en 1741, m. en 1812, consacra sa fortune et ses loisirs à la gloire de Shakespeare : il donna une édition des plus estimées de ce grand tragique (Londres, 1790 et ann. suiv., 11 v. in-8, et la fit suivre de sa Vie, 1821. On lui doit aussi une Histoire du Théâtre anglais.

MALOUET (Victor), homme d'État, né à Riom en 1740, m. en 1814, servit d'abord dans l'administration de la marine et était intendant du port de Toulon en 1789. Envoyé aux États généraux par le bailliage de Riom, il y défendit les principes de la monarchie tempérée, et fut appelé par Louis XVI à son conseil intime. Forcé d'émigrer après les massacres de septembre, il se réfugia en Angleterre, où il publia une Défense de Louis XVI. Il rentra en France en 1801, fut nommé en 1803 par le consul Bonaparte commissaire général de la marine, et fit exécuter de beaux travaux à Anvers. Appelé en 1810 au Conseil d'État, il fut disgracié en 1812 pour avoir parlé trop librement et ne revint aux affaires qu'en 1814 : Louis XVIII lui confia le ministère de la marine; mais il mourut peu de mois après. On a de lui, outre des discours remarquables prononcés à l'Assemblée constituante, de précieux mémoires sur l'administration de la marine et des colonies et des Considérations historiques sur l'empire de la mer chez les anciens et les modernes, 1810.

MALOUINES (îles), appelées îles Falkland par les Anglais, archipel de l'Océan Atlantique, près de la pointe mérid. de l'Amérique du Sud, et a l'E. du détroit de Magellan, par 60° 10'-64° 35' long. O., et 51°-52° 45' lat. S., se compose de 2 îles principales (West-Falkland ou Hawkin's Maiden-Land, et East-Falkland, dite aussi Soledad ou Conti), et de 9 autres îlots qui les entourent; env. 33 800 kil. carrés. Port-Louis et Fort-Egmont sont les seuls établissements occupés par les Anglais. Climat tempéré. Plusieurs bons ports; tourbières inépuisables; nombreux bestiaux en liberté. Phoques, pingouins. — Améric Vespuce paraît avoir vu les Malouines; Hawkins, Sebald (1599), Strong (1688) les visitèrent ensuite : c'est es dernier qui les nomma Falkland. Elles reçurent en 1708 le nom de Malouines de Porée, habitant de St-Malo, qui y aborda. Bougainville y conduisit en 1763 une colonie et fonda Port-Louis; mais les colons furent dépossédés dès 1765 par les Espagnols, qui abandonnèrent ces îles à l'Angleterre en 1771. Occupées en 1820 par la confédération de la Plata, elles ont été reprises en 1833 par les Anglais.

MALPIGHI (Marcel), savant médecin, né à Crémone en 1628, m. à Rome en 1694, enseigna à Bologne, à Pise, à Messine, fut nommé en 1691 1er médecin du pape Innocent XII, et fut un des fondateurs de l'Académie del Cimento. Il se fit une grande réputation par ses recherches anatomiques : il appliqua un des premiers à l'anatomie les observations microscopiques et fit ainsi plusieurs découvertes sur l'organisation de l'homme, des animaux et des plantes, entre autres celle du corps muqueux qui entre dans la composition de la peau et qui a retenu son nom. On a de lui des Mémoires, tous rédigés en latin : Sur les poumons, Bologne, 1661; sur la langue, le cerveau, etc., 1661-65; sur la structure des viscères (qu'il fait tous glanduleux), 1666; sur la formation du poulet dans l'œuf, 1666-73. Ses Œuvres ont été réunies à Londres, 1686, in-f. Il faut y joindre ses Œuvres posthumes, données par Pierre Régis, Londres, 1697, in-f.

MALPLAQUET, vge de France (Nord), à 28 k. N. O. d'Avesnes; 400 h. Les Français, commandés par Villars, y perdirent une grande bataille contre les Alliés que commandaient le prince Eugène et Marlborough, 1709; cependant les pertes de l'ennemi furent plus considérables que les nôtres.

MALSTROM. V. MAELSTROM.

MALTE, Melita chez les anciens, île anglaise de la Méditerranée, entre la Sicile et l'Afrique, à 100 k. S. de la 1re et à 250 de la 2e a 28 kil. de long sur 16 de large, et 100 000 hab.; ch.-l., la Cité-Valette. Ce n'est qu'un rocher couvert d'un peu de terre végétale, mais le sol est admirablement cultivé : il produit surtout du coton, des oranges et autres fruits exquis, des roses d'une remarquable beauté; miel délicieux. Le gibier, le poisson y abondent. La position de Malte, presque au centre de la Méditerranée, à mi-chemin de l'Afrique et de l'Europe, avec le plus beau port de la Méditerranée, en rend la possession fort précieuse; l'Angleterre en a fait une des plus fortes places de l'Europe; elle y a un gouverneur et 4000 hommes de garnison. C'est la grande station des flottes anglaises dans la Méditerranée. — Malte fut possédée successivement par les Phéniciens (env. 1400 ans av. J.-C.), les Carthaginois (400), les rois ou tyrans de Sicile, les Romains (218 av. J.-C.-455 après J.-C.), par les Vandales, auxquels les empereurs grecs l'enlevèrent (534); par les Arabes (870), par les Normands de Sicile (1090), par les Hohenstaufen, à qui elle échut en conséquence du mariage de Constance, héritière de Sicile, avec Henri VI; par la maison d'Anjou (1266), puis par celle d'Aragon (1282), qui la conserva jusqu'en 1530. À cette époque Charles-Quint, héritier de cette maison, céda Malte aux Frères-Hospitaliers (V. HOSPITALIERS), chassés de Rhodes par Soliman II : ceux-ci prirent depuis ce moment le nom de Chevaliers de Malte. Entre les mains de l'ordre, Malte forma un petit État souverain électif, qui pendant plusieurs siècles rendit les plus grands services à la chrétienté et fut la terreur des pirates musulmans. Bonaparte s'empara de l'île en 1798, avant de se rendre en Égypte, et mit ainsi fin à l'ordre de Malte comme État. Les Anglais enlevèrent Malte aux Français en 1800; ils devaient la rendre par le traité d'Amiens, mais ils n'en firent rien, et ils furent confirmés dans cette possession en 1815. M. Miège, ancien consul de France, a donné l’Histoire de Malte, 1840. L'Ordre de Malte, comme celui des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem dont il est la continuation, se partageait en 8 langues ou nations : Provence, Auvergne, France, Italie, Aragon, Allemagne, Castille, Anglo-Bavière : cette dernière remplaça au XVIIIe siècle la langue d’Angleterre (la 6e de l’ordre), qui n’existait plus depuis la Réforme. Chaque langue était subdivisée en prieurés ; ceux-ci en bailliages et les bailliages en commanderies. Les membres de l’ordre de Malte étaient divisés en trois classes : les chevaliers qui devaient être nobles : les chapelains et les servants d’armes, qui devaient seulement prouver qu’ils étaient nés de parents honorables, et qui ne s’étaient point mêlés d’arts et professions mécaniques ou basses. Le grand maître était élu par les chevaliers : il prenait le titre de Grand maître du St-Hôpital de St-Jean à Jérusalem ; il résidait à la Cité-Valette. Les membres de l’ordre portaient, dans l’établissement, une robe et un manteau noirs ; à la guerre, une cotte d’armes rouge. Ce vêtement était orné, sur le côté gauche, d’une croix blanche à 8 pointes, ayant des fleurs de lis dans les angles et suspendu à un ruban noir. — Aujourd’hui l’Ordre de Malte n’est plus qu’une institution charitable et purement honorifique. Néanmoins on reçoit encore des chevaliers : le mode de réception et les preuves exigées des chevaliers sont restés les mêmes qu’autrefois. Le chef de l’ordre, après avoir habité Catane, puis Ferrare (V. HOSPITALIERS), réside auj. à Rome ; il y entretient 2 hôpitaux. En outre, l’ordre compte encore quatre grands prieurés, ceux de Rome, de Lombardie, des Deux-Siciles, de Bohême, et 102 commanderies. — L’Histoire de l’ordre de Malte a été écrite par Vertot, 1726, et continuée jusqu’à nos jours par Clizé de Montagnac, 1863.

MALTE-BRUN (Malte Conrad BRUNN, dit), savant danois, né en 1775 à Trye dans le Jutland, m. à Paris en 1826, se fit d’abord connaître dans sa patrie comme poëte et comme écrivain politique ; fut contraint en 1796 de quitter le Danemark pour avoir écrit en faveur de la liberté de la presse et de l’affranchissement des paysans ; se réfugia en Suède, puis vint se fixer en France (1800). Il rédigea dans le Journal des Débats les articles de politique étrangère, et publia en même temps de savants ouvrages de géographie qui ont fait faire un grand pas à la science. On a de lui : Géographie mathématique, physique, politique (en société avec Mentelle), 16 vol. in-8, avec atlas, Paris, 1803-7 ; Précis de la Géographie universelle, 7 v. in-8, 1820-27. En outre, il a rédigé, avec Eyriès, les Annales des Voyages, de 1808 à 1826. Le Précis de Géographie, son ouvrage capital, a été plusieurs fois réimprimé : J. J. N. Huot, en 1841, Th. Lavallée, en 1855, V. Ad. Malte-brun, fils de l’auteur, de 1852 à 1858, M. Cortarabert, en 1858 et ann. suiv., en ont donné des éditions refondues et considérablement améliorées.

MALTHUS (Th. Robert), économiste anglais, né en 1766 à Rookery (Surrey), m. en 1834, était professeur d’histoire et d’économie politique au collége de la Compagnie des Indes orientales, dans le comté de Hartford. Il a publié de savants écrits d’économie et de statistique ; les principaux sont : Essai sur le principe de population, Londres, 1798, souvent réimprimé, traduit en français par Prévost de Genève ; Recherches sur la nature et les progrès du revenu, 1807 et 1815 ; Principes d’économie politique sous le rapport de leur application pratique, 1819 (trad. en français par Constancio, Paris, 1820, 2 vol. in-8). Effrayé de l’accroissement de la population, qui, selon lui, s’augmente dans une proportion géométrique, Malthus rechercha les moyens de prévenir cet accroissement : il recommandait par-dessus tout la plus grande circonspection dans le mariage. Ses opinions, bien qu’inspirées par la philanthropie, furent vivement attaquées : on se plut à le présenter comme un ennemi des classes inférieures. Malthus était membre de la Société royale de Londres et associé de l’Académie des sciences morales de France. M. Mignet a lu une excellente notice sur Malthus à l’Académie des sciences morales. Ch. Comte a aussi donné une Notice sur sa Vie et ses ouvrages, 1836.

MALUS (Ét. Louis), physicien français, né à Paris en 1775, mort en 1813, était fils d’un trésorier de France. Il entra dès l’âge de 17 ans à l’école du génie militaire de Mézières, fut un des premiers élèves de l’École polytechnique, servit avec distinction comme capitaine du génie à l’armée de Sambre-et-Meuse et en Égypte, exécuta des constructions importantes à Anvers, à Strasbourg, et fut enfin fixé à Paris comme examinateur à l’École polytechnique. Malus s’est immortalisé par ses travaux sur la lumière : dès 1807, il avait présenté à l’Académie des sciences un Traité d’optique analytique, qui fut inséré dans le Recueil des savants étrangers, et un Mémoire sur le pouvoir réfringent des corps opaques ; il remporta en 1808 le prix proposé par l’Académie pour une Théorie mathématique de la double réfraction ; mais « a grande découverte est celle de la polarisation de la lumière, qu’il fit en 1810. Cette même année, il remplaça Montgolfier à l’Académie des sciences ; en 1811, la Société royale de Londres lui décerna la médaille fondée par Rumford.

MALVA, Mulucha, riv. d’Afrique. V. MOLOKATH.

MALVERN, collines des comtés de Worcester et de Hereford, offrent des sites pittoresques.

MALVOISIE ou MALVASIA, petite île de la Grèce, qui se rattache à la Laconie et qui donne son nom à Napoli di Malvasia ou Nauplie, sa ville principale. Elle produit le célèbre vin de Malvoisie. — On récolte aussi le vin dit de Malvoisie au mont Ida, dans l’île de Candie, et à Ténériffe. V. MONEMBASIE, NAUPLIE et TÉNÉRIFFE.

MALWA ou MALOUAH, anc. prov. de l’Hindoustan, bornée par celles d’Adjmir et d’Agra au N., de Gandouana et de Kandeich au S., d’Allahabad à l’E., a env. 140 kil. de l’E. à l’O. sur 200 de large, et contient au moins 4 000 000 d’hab. Elle se divise auj. en Malwa indépendant (qui fait partie du roy. de Sindhia ; ch.-l, Oudjein), et Malwa tributaire des Anglais, lequel se subdivise à son tour en trois roy., Bopal, Dara, État de Holkar (capit., Bopal, Dara, Indore). Région d’une fertilité extrême : le tabac surtout y est parfait. On exporte du coton, de l’opium, de belles toiles.

MALZIEU (Le), ch.-l. de canton (Lozère), à 41 kil. N. E. de Marvejols ; 1Ï00 hab. Couvertures de laine.

MAMBRÉ, vallée de la Palestine, entre Hébron et Jérusalem, fut longtemps la résidence d’Abraham.

MAMELOUKS (d’un mot arabe qui veut, dire esclave), nom donné en Égypte à une sorte de milice dont l’origine remonte aux invasions de Gengis-Khan. Elle se composa d’abord des jeunes gens esclaves (surtout Circassiens et Mingréliens), que les Mongols avaient enlevés dans leurs excursions, et dont les sultans ayoubites d’Égypte achetèrent un grand nombre vers l’an 1230. Dans la suite, elle se recruta par les mêmes moyens qui avaient servi à l’établir. Les Mamelouks formèrent une légion des plus beaux et des meilleurs soldats de l’Asie, mais leur puissance devint bientôt redoutable aux sultans : en effet, dès l’an 1254, Noureddin-Ali, leur chef, fut placé par ses compagnons sur le trône d’Égypte. Depuis cette époque jusqu’à 1617, l’Égypte fut gouvernée par les Mamelouks ; ils formèrent deux séries de sultans, les Baharites (1254-1382) et les Bordjites (1382-1517) ; mais ce ne fut qu’une longue anarchie, et, à l’exception de Noureddin, tous les chefs que se donna cette milice turbulente furent déposés ou périrent de mort violente (V. ÉGYPTE). En 1517, Sélim, sultan des Ottomans, ayant vaincu et fait pendre Touman-Bey, dernier chef des Mamelouks, les dépouilla de l’autorité suprême, et ne leur laissa que le gouvernement des provinces, avec le titre de beys, sous le commandement d’un pacha nommé par la Porte. Cependant ils conservèrent encore une grande influence, et à la fin du XVIIIe siècle ils avaient presque reconquis leur ancienne puissance en Égypte, En 1766, Ali-Bey, l’un de leurs beys, refusa le tribut, chassa le pacha, battit les armées turques, et se fit proclamer sultan d’Égypte; la trahison seule put mettre fin à sa révolte. Même après cet événement, les Mamelouks étaient restés indépendants de fait. Ils avaient pour chefs Mourad-Bey et Ibrahim-Bey lorsque Bonaparte débarqua en Égypte en 1798. Les victoires des Français les affaiblirent considérablement; néanmoins, ils se relevèrent encore après leur départ : en 1808, ils complotèrent de renverser Méhémet-Ali, alors pacha d’Égypte pour le sultan. Celui-ci, informé de leurs projets, les fit réunir le 1er mars 1811 sous prétexte d’une expédition, et fit massacrer sous ses yeux tous ceux qui s’étaient rendus à cette convocation. Quatremère a donné une Histoire des sultans Mamelouks, traduite de Makrizi, Paris, 1838, 4 vol. in-4o.

Pendant l’occupation de l’Égypte par les Français, le général Bonaparte prit à son service plusieurs cavaliers mamelouks; ils le suivirent en France, et formèrent depuis 1804 une compagnie de la garde de l’Empereur; ils portaient le costume oriental. Après l’abdication de Napoléon, ils furent dispersés.

MAMERCUS (L. Æmilius), consul en 484 et 478 av. J.-C., battit les Èques et les Véiens. De nouveau consul en 473, il eut à réprimer des troubles intérieurs et voulut faire battre de verges le centurion Publilius Volero, centurion qu'il avait dégradé et qui refusait de servir comme simple soldat; mais le peuple irrité le chassa du Forum et nomma Volero tribun du peuple. — Un autre Æm. Mamercus, consul en 438 av. J.-C., dictateur en 437, 433 et 426, défit, avec l'aide de L. Cincinnatus, maître de la cavalerie, les Fidénates et les Véiens, et obtint les honneurs du triomphe. En 431, il fit réduire à 18 mois la durée de la censure, qui était d'abord de 5 ans.

MAMERS, Mamerciæ, ch.-l. d'arr. (Sarthe), à 43 kil. N. E. du Mans, sur la Dive; 5304 hab. Tribunal de 1re inst. et de commerce; collége, bibliothèque. Fabriques de toiles, serges, calicots, basins, piqués; tanneries. Commerce de grains et bestiaux. — On croit que cette ville tire son nom d'un temple du dieu Mars, appelé Mamers par les Samnites, temple qui y aurait été construit par les Romains. Elle était jadis fortifiée : elle fut prise en 1359 et 1417 par les Anglais qui en rasèrent les fortifications.

MAMERT (S.), Mamertus, archevêque de Vienne en Dauphiné en 463, mort en 477, eut de vives querelles avec le roi de Bourgogne Gondioc, qui était arien. Ce prélat institua les Rogations (vers 468), pour remercier Dieu d'avoir délivré la ville de Vienne des fléaux qui la désolaient. On l'hon. le 11 mai.

MAMERT (Claudien), frère du préc., m. vers 474, reçut les ordres, partagea avec son frère le gouvernement de l'église de Vienne, fixa la liturgie, régla les fêtes, les offices, les cérémonies, et composa l’office des Rogations. Il aimait et cultivait avec succès la littérature : Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. On a de lui un Traité de la nature de l'âme (Venise, 1482; Anvers, 1607J, où il combat Fauste de Riez, qui soutenait que les âmes des hommes et même celle de J.-C. sont corporelles, et où il démontre par des raisons solides la spiritualité pure. On lui attribue quelques hymnes, entre autres le Pange lingua, chanté le Vendredi saint, que d’autres donnent à Fortunat.

MAMERTE, Mamertum, auj. Oppido, v. d'Italie (Brutium), à 48 kil. S. d'Hipponium, en face de Messine en Sicile. V. MAMERTINS,

MAMERTIN (Claude), orateur de Trêves, passe pour être l'auteur de deux Panégyriques de l'empereur Maximien Hercule, prononcés, le 1er en 289, le 2e en 292. Il sont assez élégamment écrits, mais remplis d'adulation. — Un autre Claude Mamertin, que l'on suppose être son fils, fut consul en 362, sous Julien, puis préfet d'Italie et d'Illyrie. On lui attribue un Panégyrique de Julien. — On trouve ces 3 discours dans les recueils des Panegyrici veteres.

MAMERTINS, corps de mercenaires recrutés dans l'origine à Mamerte, mais qui s'adjoignirent des hommes de tous pays. Après avoir servi en Sicile Agathocle et ses successeurs, ils finirent, après la mort de ce prince, par faire la guerre pour leur propre compte, et s'emparèrent perfidement de Messine, dont ils firent un repaire d'où ils infestaient toute la Sicile. Pressés par les Carthaginois, que les Siciliens avaient pour auxiliaires, ils appelèrent les Romains à leur secours, 264 av. J.-C., et devinrent ainsi l'occasion de la 1re guerre punique. Rome leur accorda son alliance et leur laissa de grands privilèges.

MAMMÉE (Julie), mère d'Alexandre Sévère, était fille de Julius Avitus et de Julie Mœsa. Elle éleva son fils avec le plus grand soin et sut le soustraire aux coups d'Héliogabale, sou cousin, qui cherchait à le faire périr; puis elle contribua à l'élever à l'empire. Malgré ses grandes qualités, elle se rendit odieuse par son orgueil et son avarice, et fut massacrée avec son fils par les soldats, à l'instigation de Maximin, en 235. Instruite par Origène des principes de la foi, cette princesse se montrait favorable aux Chrétiens.

MAMMON, dieu de la richesse chez les Syriens.

MAMORÉ, riv. de Bolivie, coule au N., sépare le Pérou du Brésil, reçoit le Guaporé et le Guapey, et tombe dans la Madeira, après un cours de 900 kil.

MAMURRA, chevalier romain, d'une illustre famille de Formies, accompagna César dans les Gaules comme préfet des ouvriers de l'armée, acquit dans ces fonctions de grandes richesses, et fit à son retour bâtir sur le mont Cœlius un palais magnifique qu'il fit revêtir de marbre : c'était la première fois que l'on voyait à Rome ce genre de luxe. Catulle a lancé plusieurs épigrammes contre ce Mamurra.

MAN (île de), Monabia ou Menavia, île anglaise de la mer d'Irlande, près de la pointe S. O. de l’Écosse; 50 kil. sur 22; 42 000 hab.; ch.-l., Castleton. Montagnes, plomb, fer, cuivre, granit, ardoises, chaux. Grains, légumes, fruits, chanvre; pâturages. Pêche au hareng. — Possédée longtemps par les comtes de Derby, puis par les ducs d'Athol, cette île fut achetée en 1765 par le gouvt anglais, qui chassa les contrebandiers dont elle était infestée. On y parle un dialecte du celtique.

MANA (la), riv. de la Guyane française, coule du S. au N., et se jette dans l'Atlantique à 160 kil. N. O. de Cayenne, après un cours d'environ 220 k. Bords insalubres. La France a tenté depuis 1820 d'y former des établissements qui n'ont pu prospérer; on y a récemment fondé une colonie agricole pour les nègres, qui est dirigée par des religieux de St-Joseph de Cluny.

MANAAR, île de la mer des Indes, au N. O. et près de Ceylan; 7 kil. sur 2; ch.-l. Manaar, sur la côte E. Petit port. Prise par les Portugais en 1560, par les Hollandais en 1658; elle appartient auj. aux Anglais. — Cette île donne son nom à un bras de mer situé entre la côte O. de Ceylan et la côte S. E. de Carnate dans l'Hindostan. Navigation difficile; pêche de perles.

MANABI, prov. de l’Équateur, est formée de l'anc. dép. colombien de Guayaquil; ch.-l., Puerto-Viéjo.

MANACOR, v. de l'île de Minorque, à 36 kil. E. de Palma; 8900 hab. Anc. palais des rois de Majorque.

MANAHEM, roi d'Israël, monta sur le trône en faisant mourir Sellum qui avait usurpé. Il régna 8 ans (766-754 av. J.-C.), et eut pour successeur Phacéia. Ce fut un roi cruel et impie.

MANASSÉ, fils aîné de Joseph, né en Égypte, fut adopté par Jacob, son grand-père, et devint chef d'une des 12 tribus des Hébreux.

MANASSÉ (Tribu de), la plus grande des 12 tribus de la Palestine, s'étendait à droite et à gauche du Jourdain, et se divisait en demi-tribu occid. et demi-tribu orient. de Manassé. Les 2 demi-tribus n'étaient point absolument contiguës : la première était placée entre les tribus d'Issachar au N., d'Éphraïm au S. et de Gad à l'O. (ch.-l., Thersa; autres villes : Samarie, Césarée) et contenait le mont Garizim; elle fit plus tard partie de la Samarie; — la deuxième entre l'Iturée, la Trachonitide, l'Idumée, les tribus de Gad, d’Issachar, de Zabulon et de Nephtali (ch.-l., Gessur, autres villes, Gadara, Gamala, etc.) : elle répondait aux pays appelés depuis Auranitide et Gaulanitide.

MANASSÈS, roi de Juda, succéda à son père Ézéchias en 694 av. J.-C., n'ayant que 12 ans. Il éleva des temples aux idoles, persécuta les prophètes et eut la cruauté de faire scier en deux le prophète Isaïe, qui lui reprochait son impiété. Après 22 ans de ce règne odieux, Assar-Haddon, roi d'Assyrie, vint mettre le siége devant Jérusalem (672), prit la ville, fit le roi prisonnier et l'emmena à Babylone avec presque tout son peuple. Pendant cette captivité, qui dura trois ans, Manassès reconnut ses fautes, et s'humilia devant Dieu. Assar-Haddon étant mort, Saosduchéus, qui le remplaça, permit au roi juif de remonter sur le trône de ses pères : Manassès ne s'occupa plus que d'anéantir l'idolâtrie dans son royaume et de relever le culte du vrai Dieu. Il fortifia Jérusalem et organisa de grandes forces militaires. Il mourut en 640, après un très-long règne (54 ans).

MANASSÈS (Constantin). V. CONSTANTIN MANASSÉS.

MANÇANAREZ, petite riv. d'Espagne, naît dans la Sierra de Guadarrama, passe à Madrid, et tombe dans le Hénarez après un cours de 90 kil. Elle communique avec le Jarama par un canal.

MANCEAUX, habitants de l'ancien Maine.

MANCHE (la), Oceanus Britannicus, mer qui s'étend entre la France et l'Angleterre, baigne la côte sept. de France depuis l'île d'Ouessant jusqu'à Calais, et la côte S. de l'Angleterre depuis le cap Lizard jusqu'à Douvres, et fait communiquer l'Atlantique avec la mer du Nord. Les Anglais la nomment Canal Britannique (British channel). Cette mer reçoit, sur la côte de France, l'Authie, la Canche, la Somme, la Bresle, l'Arques, la Seine, la Touque, la Dive, l'Orne, la Vire, le Couesnon, la Rance, et sur la côte d'Angleterre l'Exe, le Dart, le Tarner, le Fal. Sa largeur est de 30 kil. entre les caps Gris-Nez(France) et Dungeness (Angleterre), de 220 kil. entre la rade de Cancale et l'embouchure de l'Exe. Dans la partie la plus étroite, elle prend le nom de Pas-de-Calais.

Le nom de Manche est devenu générique pour désigner les bras de mer qui vont s'étrécissant entre deux côtes et se terminant à un détroit. C'est ainsi qu'on appelle Manche de Tartarie un golfe ouvert de l'Océan Boréal, entre l'île Tchoka et la Mantchourie.

MANCHE (dép. de la), dép. maritime, borné à l'E. par le dép. du Calvados, au S. E. par celui de l'Orne, au S. O. par ceux d'Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, partout ailleurs par la Manche, qui lui donne son nom; 6757 k. carrés; 591 421 h.; ch.-l., St-Lô. Il est formé de la partie N. O. de l'anc. Normandie (Cotentin et Avranchin). Climat humide, sol accidenté, fertile et bien cultivé. Granit, ardoise, kaolin, etc. Peu de forêts, excellents pâturages; grain, lin, chanvre, fruits à cidre. Bons chevaux; bœufs, moutons, volailles. Pêche abondante. Draps et serges; toile, dentelle, fil de coton; papier, parchemin; chaudrons, quincaillerie et coutellerie commune. Plusieurs chemins de fer. — Ce dép. a 6 arrond. (St-Lô, Cherbourg, Valognes, Coutances, Avranches, Mortain), 48 cantons, 644 communes; il appartient à la 16e division militaire, dépend de la cour impériale de Caen et a un évêché à Coutances.

MANCHE (La), pays d'Espagne (Nouv.-Castille), au S. de l'intend. de Tolède, forme auj. l'intend. de Ciudad-Real. C'est un vaste plateau, assez élevé, fertile sur quelques points seulement : il fournit de bons vins, du safran, de la soie, de la soude, du gros bétail, des mulets. On y trouve du mercure, à Almaden.

MANCHE (Gentilshommes de la). V. MANCHE dans notre Dict. univ. des Sciences.

MANCHESTER, Mancunium et Manduessedum, v. d'Angleterre (Lancastre), au confluent de l'Irk et de la Medlok avec l'Irwell, à 54 kil. E. de Liverpool (qui lui sert de port et avec laquelle elle communique par un chemin de fer), à 295 kil. N. O. de Londres; 400 000 hab. : il n'y en avait pas 20 800 en 1757. On remarque la place Portland, les rues Mosely, de Londres, du marché, le marché de Brown-Street, la bourse, plusieurs églises, le musée, l'hôtel de ville. le grand hôpital, le pénitentiaire. Parmi les établissements d'instruction, se distinguent le collége (fondé en 1520) avec une bibliothèque publique, un magnifique musée d'histoire naturelle, la Société philosophique et médicale, celles de littérature, de philologie, d'histoire naturelle, d'agriculture, des antiquaires du comté de Lancastre. L'industrie de Manchester est immense : c'est la première place du monde pour le travail du coton; 300 machines à vapeur, 30 000 métiers,dont 6000 à la vapeur, y sont toujours en activité. On y fabrique aussi des draps, velours, futaines, mousselines, batistes, soieries, etc., ainsi que toutes les machines nécessaires pour les manufactures. Les houilles, les forges, les usines de toute espèce dont est environné Manchester sont pour beaucoup dans ce développement prodigieux qui date presque en entier des premières années de ce siècle. A Manchester se rendent : 1° le canal de Rochdale, qui part d'Halifax et se réunit à celui de Bridgewater; 2° le canal de Bridgewater, qui va des houillères de Worsley à Runcorn sur la Mersey; 3° celui d'Ashton-et-Oldham. Aux environs est le beau collége de Stonyhurst, principal établissement catholique d'instruction publique en Angleterre.

MANCINI. On connaît sous ce nom cinq nièces de Mazarin : elles étaient filles d'une sœur du cardinal et de Laurent Mancini, baron romain, petit-fils de Paul Mancini, fondateur de l'Académie des Umoristi. Toutes étaient remarquables par leur beauté et leur esprit; toutes firent de brillantes alliances. L'aînée, Laure, épousa en 1651 le duc de Mercœur, fils du duc de Vendôme et mourut en couches dès 1657; la 2e, Olympe, épousa Eugène Maurice de Savoie, comte de Soissons (V. ce nom) ; la 3e, Marie, épousa le prince Laurent de Colonna, connétable de Naples (V. ci-après); la 4e, Hortense, épousa le duc de La Meilleraie, qui fut fait duc Mazarin; la 5e, Marie Anne, le duc de Bouillon. Toutes les cinq apportèrent à leur époux de grands biens et jouèrent un rôle assez important. Les plus connues sont les trois dernières.

Marie Mancini, née à Rome en 1639, fut élevée en France auprès de son oncle. Vivant dans la familiarité de Louis XIV encore enfant, elle lui inspira un tendre attachement, et ce prince, dit-on, songea un instant à l'épouser. Mariée en 1661 au prince de Colonna, connétable de Naples, elle l'accompagna en Italie; mais elle ne put vivre avec son mari, et se sauva en France, où elle espérait être bien reçue de Louis XIV; le roi, qui était marié depuis peu, ne voulut pas la voir et la fit confiner dans un couvent. Elle ne tarda pas à en sortir, courut l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, prit le voile à Madrid, après avoir divorcé, et revint, après plusieurs aventures, se fixer en France où elle mourut dans l'obscurité, en 1714. On a publié sous son nom des Mémoires, Leyde, 1678. — Hortense Mancini, née à Rome en 1646, épousa en 1661 le duc de La Meilleraie, qui prit alors le titre de duc Mazarin. Cet homme, d'un caractère triste, était peu fait pour une femme enjouée et amie du plaisir : Hortense le quitta furtivement en 1688; elle se retira d'abord à Rome, puis à Chambéry, et enfin à Londres : là, elle se vit entourée d'admirateurs, au nombre desquels on comptait Charles II; sa maison devint le rendez-vous des hommes les plus aimables et les plus spirituels, parmi lesquels on remarquait St-Évremont, St-Réal, Gregorio Leti, Vossius. Elle mourut à Londres en 1699. On a sous son nom des Mémoires, qui sont l'œuvre de St-Réal. — Marie-Anne Mancini, liée en 1649, m. en 1714, épousa en 1662 le duc de Bouillon, et mena uns vie plus réglée que ses sœurs. Cependant, lors du procès de la Brinvilliers, elle comparut devant la Chambre ardente (1680), mais son innocence fut prouvée. La duchesse de Bouillon aima les lettres, accueillit La Fontaine et fut la première protectrice de ce poëte : c’est elle qui l’appelait son fablier. Du reste, son goût était peu sûr : car elle préféra Pradon à Racine. — Am. Renée a publié Les nièces de Mazarin (Paris, 1856), piquante histoire des cinq sœurs.

MANCINI (Louis), duc de Nivernais. V. NIVERNAIS.

MANCINUS (C. HOSTILIUS), consul à Rome en 137 av. J.-C. Envoyé en Espagne contre les Numantins à la tête de 30 000 hommes, il se laissa battre par un corps de 4000 ennemis et n'échappa à une ruine totale qu'à la faveur d'une paix honteuse. Le Sénat refusa de confirmer le traité, rappela Mancinus et le livra aux ennemis, qui eurent la générosité de le renvoyer sain et sauf : Mancinus avait appuyé lui-même la proposition de le livrer à l'ennemi.

MANCO-CAPAC, fondateur de l'empire du Pérou et chef de la race des Incas, était, selon la tradition du pays, fils ou petit-fils du Soleil. Il réunit sur les bords du lac de Cuzco des peuplades sauvages, les civilisa, abolit les sacrifices humains, leur fit connaître un Dieu moins cruel, institua le culte du soleil, et bâtit la ville de Cuzco. On place son avènement l'an 1025 de J.-C.; sa race régna 500 ans sur le Pérou. — Manco-Capac II monta sur le trône en 1533, après son frère Atahualpa, mis à mort par Pizarre. Il ne tarda pas à être lui-même victime des Espagnols. Retenu prisonnier il s'évada en 1535 et se réfugia dans les Andes pour y vivre caché; mais il périt peu après, assassiné par un Espagnol, auquel il avait donné asile. Leblanc a fait une tragédie de Manco-Capac.

MANDANE, fille d'Astyage, roi des Mèdes, épousa Cambyse, prince perse, et devint mère de Cyrus.

MANDANES (District des), district des États-Unis, entre la Nouvelle-Bretagne anglaise au N., l'Orégon à l'O., les districts des Osages au S. et des Sioux à l'E., a reçu son nom des Mandanes, peuplade qui habitait sur le haut Missouri, par 47° lat. N., mais qui a disparu, détruite par les maladies et par les guerres avec les Sioux. Ce pays se trouve auj. compris dans l'État de Minesota et le territoire du Nord-Ouest.

MANDARIN (du latin mandare, commander), mot de la langue portugaise, a été adopté par les Européens pour designer tous ceux qui occupent quelque emploi en Chine, particulièrement les magistrats et les gouverneurs de province. Leur véritable nom chinois est ko han (ministre). On distingue les Mandarins civils ou Lettrés et les Mandarins militaires.

MANDAT (A. J. GALYOT de), commandant de la garde nationale de Paris en 1792, était un ancien capitaine aux gardes-françaises. Il fut assassiné à l'hôtel de ville par ordre de la municipalité, le matin du 10 août, au moment où il se disposait à défendre les Tuileries et à repousser la force par la force. Son corps fut jeté dans la rivière. — Sa nièce, Mme Thomassin de Bienville, fut traduite en 1794 devant le tribunal révolutionnaire : l'accusateur public Fouquier-Tinville reconnut qu'il n'y avait aucune charge contre elle, « mais, ajouta-t-il, elle s'appelle Mandat; je conclus à la mort. » Et en effet, elle fut exécutée.

MANDAVI, v. et port de l'Inde anglaise, dans la principauté de Katch, sur le golfe de Katch; environ 40 000 hab. Elle commerce avec le Malabar et l'Arabie.

MANDCHOURIE, grande région de l'Asie centrale, comprise dans l'empire chinois, a pour bornes au N. et à l'O. la Sibérie, au S. la Corée, au S. O. la Mongolie, à l'E. la Manche de Tartane. Elle a de 1600 à 1800 k. du N. au S., 1000 de l'E. à l'O., et env. 1 500 000 h. On la divise en 3 prov. : Ching-king, Kirin, Saghalien-Qula, qui ont pour ch.-lx, Ching-yang ou Moukden, Kirin, Saghalien-Oula-Khoton. Les monts Hingan, Blancs et de la Daourie la traversent. Elle est arrosée par le grand fleuve Amour et par le Tchikiri-Oula, le Tondun, le Nonnin, etc. Climat froid, sol peu fertile; on n'y récolte guères que de l'avoine, du millet, ainsi que du ginseng et de la rhubarbe renommés. Les Mandchoux sont de la même famille que les Toungouses. Ils ont la figure moins plate que les Mongols, les yeux petits, le nez camus, la taille moyenne, le teint jaunâtre, les cheveux noirs. Leur civilisation est assez avancée; ils ont longtemps professé le chamanisme, puis sont devenus bouddhistes. Ils ont une langue à part, qui diffère du chinois, du coréen et du mongol. — Les Mandchoux ont fait la conquête de la Chine en 1644 : la dynastie qui règne encore auj. sur ce pays est une dynastie mandchoue.

MANDEURE, Epamanduodurum, vge du dép. du Doubs, à 10 kil. S. E. de Montbéliard; 1000 hab. Ruines d'un amphithéâtre romain et de plusieurs temples; restes d'une voie romaine et autres antiquités. — L'antique Epamanduodurum était une des plus importantes cités de la Séquanaise. Elle fut ravagée par les Alémans en 379, par Attila en 451, et par les Hongrois au Xe siècle. Elle forma plus tard une principauté, qui appartenait en toute souveraineté aux archevêques de Besançon; elle fut réunie à la France en 1792.

MANDEVILLE (John de), en latin Magno-Villanus, voyageur anglais, né en 1300, à St-Alban, m. en 1372, quitta son pays à 27 ans, parcourut la Terre-Sainte, l’Égypte, l'Asie, séjourna plusieurs années en Chine, et ne revint en Europe qu'après 34 ans d'absence. Il a laissé une relation de son voyage, remplie de récits merveilleux, qui eut une grande vogue et qui fut traduite dans toutes les langues de l'Europe. Elle a été publiée pour la 1re fois en français à Lyon en 1480 et plusieurs fois réimprimée, notamment en 1839, à Londres, par J. O. Halliwell, en anglais. Cette relation est un des plus anciens monuments de la langue anglaise.

MANDEVILLE (Bernard de), écrivain anglais, né vers 1670 à Dordrecht en Hollande, mort en 1733, exerça la médecine à Londres. Il publia en 1709, la Vierge démasquée, dialogue satirique, et en 1714, la Ruche bourdonnante ou les Fripons devenus honnêtes gens, poëme en 550 vers, où il attaque tous les États et encourage ouvertement le vice. Il fit paraître en 1723 la Fable des abeilles ou les Vices privés font la fortune publique : il y commente le précédent, soutenait que les vices des particuliers font la fortune de l'État et que tout ce qu'on appelle vertu, dévouement, n'est que l'effet de l'intérêt et de la vanité. Combattu par les écrivains contemporains, poursuivi même devant les tribunaux pour ces doctrines dangereuses, il prétendit n'avoir fait que se jouer, et publia en 1732 des Recherches sur l'Honneur et Sur l'utilité du Christianisme, où il chantait la palinodie; mais on ne vit là qu'un acte d'hypocrisie. La Fable des Abeilles a été trad. en français par Bertrand, Amst., 1740.

MANDINGUES, famille de peuples africains appartenant à la race nègre, est répandue sur les bords de la Gambie et dans plusieurs des roy. de la Nigritie occid., surtout dans les États de Bambouk, de Kaarta, de Kassou, dans la plus grande partie du Bambara, et dans la moitié du Soudan ou Nigritie centrale. Ils sont assez policés, mais très-voleurs. Ils pratiquent quelques opérations chirurgicales, travaillent le fer, préparent le cuir, tissent des étoffes à leur usage, entendent le commerce et ont une langue abondante et agréable, dont on fait grand usage dans cette partie de l'Afrique. Rarement ils vivent plus de 40 ans.

MANDONIUS, prince des Ilergètes, frère d'Indibilis, partagea son sort. V. INDIBILIS.

MANDOU, le Mendès des Grecs, un des 8 grands dieux de l’Égypte, et 1er membre de la triade d'Hermonthis, est représenté par un bouc avec une tête d'épervier. Ce dieu, que les Grecs ont assimilé à leur Pan, est le symbole du principe fécondateur. Il était adoré principalement à Mendès et à Panopolis.

MANDRIN (Louis), fameux brigand, né en 1725, près de Romans (Dauphiné), était fils d'un maréchal ferrant. Il servit d'abord dans l'armée, puis déserta, se mit à faire la contrebande et devint bientôt chef d'une troupe assez nombreuse. Après avoir pillé les caisses des fermiers des impôts, il en vint à attaquer des villes importantes (entre autres Beaune et Antun), et mit en déroute plusieurs détachements envoyés contre lui. Trahi par une femme, il fut surpris en 1755 au château de Rochefort en Savoie et fut roué vif à Valence.

MANDUBIENS, Mandubii peuple de Gaule (Lyonnaise 1re), entre les Éduens au S. et les Lingones au N. E., avait pour ch.-l. Alesia (auj. Alise). Ils occupaient le centre et l’O. de la Côte-d’Or. Quelques-uns les placent dans le dép. du Doubs, autour d’Alaise.

MANES (les Dieux), Dii Manes, étaient, dans la mythologie des Étrusques et des Romains, les âmes des morts considérées comme divinités infernales. Les tombeaux leur étaient consacrés, ainsi que le mois de février. On leur rendait un culte : on leur sacrifiait des victimes noires ou rousses ; on leur faisait des libations de sang. On distinguait les Manes en bons et méchants ; on rapportait à la 1re classe les dieux Lares et les Pénates, à la 2e les Larves et les Lémures. Au reste, les anciens n’avaient pas des idées bien fixes au sujet des Mânes ; ils donnent quelquefois ce nom aux divinités des Enfers en général.

MANÈS ou MANICHÉE, hérésiarque, fondateur de la secte des Manichéens, né en Perse vers 240, fut acheté dans son enfance comme esclave par une riche veuve de Ctésiphon, qui l’éleva et l’affranchit. Il eut pour maître l’hérétique Térébinthe, et fut lui-même l’auteur d’une nouvelle hérésie, empruntée en partie à la religion de Zoroastre. Pour expliquer le mélange du bien et du mal, il attribuait la création à deux principes, l’un essentiellement bon, qui est Dieu, l’esprit ou la lumière ; l’autre, essentiellement mauvais, le diable, la matière ou les ténèbres. Il rejetait l’ancien Testament, regardait J.-C. comme étant seul entre les prophètes sorti du sein de la lumière, et disait être lui-même le divin Paraclet annoncé par J.-C. Il répandit sa doctrine jusque dans l’Inde et la Chine. Il l’avait même fait adopter par le roi de Perse Sapor I, près duquel il exerçait la médecine ; mais, n’ayant pu guérir le fils de ce prince, il fut exilé. Il passa alors sur le territoire romain et eut avec Archélaüs, évêque de Cascar en Mésopotamie un célèbre colloque, où il fut confondu. Désespérant du succès de sa prétendue mission, il rentra en Perse sous Hormisdas ; mais Behram, successeur d’Hormisdas, prince zélé pour l’ancien culte, le fit écorcher vif, en 274, et s’efforça d’exterminer sa secte. Du reste, rien de moins certain que tout ce qu’on raconte de cet hérésiarque. Beausobre a écrit une Hist. de Manichée et des Manichéens, Amst., 1734.

MANÉTHON, prêtre égyptien, de Sébennyte, vivait sous Ptolémée Philadelphe vers 263 av. J.-C., et était garde des archives sacrées du temple d’Héliopolis. Il avait composé une Histoire universelle de l’Égypte, qui s’est malheureusement perdue ; il n’en reste que quelques fragments, cités par Josèphe, Eusèbe, Jules l’Africain et Georges de Syncelle. Quant à l’Histoire d’Égypte qu’Annius de Viterbe publia sous le nom de cet auteur, c’est l’œuvre d’un faussaire. On attribue encore à Manéthon un poëme grec intitulé : Apotelesmatica, sive de Viribus et effectis astrorum, publié par Gronovius, Leyde, 1698, qui paraît n’être qu’une production de la décadence. Ce poëme a été édité de nouveau par Axt et Rigler, avec comment., Cologne, 1832, et par Kœchly, dans la Bibliothèque grecque de Didot, 1851. J. Fruin a donné une dissertation De Manethone, Leyde, 1848.

[[w:Manfred Ier de Sicile|MANFRED ou MAINFROI]], roi des Deux-Siciles, fils naturel de l’empereur Frédéric II, né en 1231, fut d’abord connu sous le nom de prince de Tarente. À la mort de son frère Conrad, en 1254, il fut chargé d’administrer le royaume pendant la minorité du fils de ce prince, Conradin. Forcé un instant de céder à une révolte et aux efforts du pape Innocent IV, qui prétendait aussi à la tutelle du jeune prince, il parvint l’année suivante à reconquérir le royaume, et s’en fit couronner roi en 1258, au préjudice du jeune Conradin, son neveu. Le pape Urbain IV l’excommunia, prêcha une croisade contre lui et donna ses États à Charles d’Anjou, frère de S. Louis. Mainfroi périt an combattant contre ce prince, dans la plaine de Grandella, près de Bénévent, en 1266. On lui imputé la mort de son père et celle de son frère Conrad.

MANFREDI, maison souveraine de Faënza, jouit d’un grand pouvoir aux XIIIe, XIVe et XVe siècles. Elle avait pour chef Ricciardo Manfredi, qui, en 1334, se mit à la fête des Gibelins de la Romagne, et qui, profitant du séjour des papes à Avignon, enleva les villes de Faënza et d’Imola à leur domination et s’en fit proclamer seigneur. Le dernier prince de cette famille fut Astorre III, qui en 1500 fut dépouillé et mis à mort par César Borgia.

MANFREDI (Eustache), associé de l’Académie des sciences de Paris, né à Bologne en 1674, m. en 1739, enseigna les mathématiques et l’astronomie à Bologne, et fut nommé en 1704 surintendant des eaux. On a de lui : Ephemerides motuum cœlestium ab anno 1715 ad ann. 1725 ; de Transitu Mercurii per solem, 1723 ; De gnomone meridiano Bononiensi, 1736 ; Instituzioni astronomiche, 1749.

MANFREDONIA, v. forte et port d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples. (Capitanate), sur le golfe de Manfredonia, à 35 kil. N. E. de Foggia ; 6000 hab. Archevêché. — Bâtie en 1251 par Manfred, fils de Frédéric II, non loin des ruines de l’anc. Sipontum ; brûlée par les Turcs en 1620. — Le golfe de Manfredonia, Sinus Urias, dans l’Adriatique, s’étend entre le mont Gargano au N. et une pointe de terre qui s’avance au S. près de Barletta ; 60 kil. sur 35.

MANGALORE, v. et port de l’Inde anglaise (Madras), ch.-l. du district de Kanara, sur la côte de Malabar, par 72° 25' long. E., 12° 49' lat. N. ; 30 000 hab. Commerce de sel, riz, bétel, poivre, bois de sandal, safran. — Jadis ch.-l. de tout le Kanara et l’une des principales villes du Maïssour. Tippou-Saëb y signa le 11 mars 1784 une paix avantageuse avec l’Angleterre. Les Anglais la possèdent depuis 1799.

MANGET (J. J.), médecin érudit de Genève, né en 1652, m. en 1742, exerça dans sa ville natale, y fut longtemps doyen de la Faculté de médecine et fut nommé en 1699 médecin honoraire du roi de Prusse. Outre quelques ouvrages originaux, on lui doit de précieux recueils et de savantes compilations : Bibliotheca anatomica, Genève, 1685-1699, 2 v. in-f. ; Bibl. medico-practica, 1695-98, 4 vol. in-f. ; Bibl. chimica curiosa, 1702, 2 vol. in-f. ; Theatrum anatomicum, 1717, 2 vol. in-f., avec les planches d’Eustache ; Bibl. pharmaceutico-medica, 1703, 2 vol. in-f. ; Bibl. scriptorum medicorum, 1731, 4 vol. in-f. ; Bibl. chirurgica, 1721, 4 vol. in-f.

MANGEY (Thomas), savant anglais, né en 1684 à Leeds, m. en 1755, chapelain de l’évêque de Londres, puis chanoine du chapitre de Durham, a donné une éd. estimée de Philon, Londres, 1742, 2 vol. in-fol.

MANGOU, grand-khan des Mogols, fils aîné de Touli, qui était le 4e fils de Gengis-Khan, se fit proclamer en 1250. Tout occupé d’étendre son vaste empire. il envoya à la fois ses armées en Chine, dans le Thibet, en Perse et en Syrie : l’un de ses frères, Houlagou, s’empara de la Perse et détruisit l’empire des califes ; un autre de ses frères, Koublaï, conquit la plus grande partie de la Chine, Mangou périt en 1259 au siége d’une ville de ce pays. Louis IX, le croyant chrétien sur le faux bruit qui s’en était répandu, lui envoya une ambassade qui n’eut aucun résultat. V. RUBRUQUIS et DUPLAN DE CARPIN.

MANHARTSBERG, chaîne de montagnes de l’archiduché d’Autriche, se dirige du N. au S., s’étend de la Moravie au Danube, et divise le territoire au-dessous de l’Ens en deux-cercles : 1o  Manhartsberg inférieur, entre la Moravie au N. et à l’E., le Danube au S. et le Haut-Manhartsberg à l’O. : 110 kil. sur 49 ; 260 000 hab. ; ch.-l., Korneubourg ; — 2o  Manhartsberg supérieur, entre la Bohême au N. et au N. O., le cercle de la Mühl à l’O., le Danube au S. et le Bas-Manhartsberg à l’E. : 102 kil. sur 95 ; 220 000 hab. ; ch.-l., Krems.

MANHEIM, v. du grand-duché de Bade, ch.-l. du cercle du Bas-Rhin, au confluent du Neckar et du Rhin, à 65 kil. N. de Carlsruhe ; 25 000 hab. (dont 12 000 Catholiques). C’est la plus grande ville du duché et la plus régulièrement bâtie de l’Allemagne. Pont sur le Rhin; beau palais ducal, jolie promenade, arsenal, théâtre, observatoire, cabinet d’histoire naturelle, jardin botanique, lycée, académie de commerce. Beaucoup d’industrie, surtout en orfèvrerie (les bijoux en similor s’appellent or de Manheim); glaces et cristaux, tapis, tabac, anisette dite eau de Manheim. Beau port franc. Commerce actif en coton, fer, café, riz, soufre, sel, houille, sucre, etc. Bateaux à vapeur pour Strasbourg, Mayence, Cologne et les ports de la Hollande; chemins de fer pour toutes directions. — Manheim appartint longtemps au Palatinat; en 1606, ce n'était encore qu’un petit village; Frédéric IV, comte palatin du Rhin, la fit fortifier; elle fut longtemps la capitale du Palatinat du Rhin. Saccagée par les Bavarois en 1622, par les Français en 1688 et 1689, Manheim se releva après la paix de Ryswyk; en 1777, elle fut réunie à la Bavière. Elle fut prise de nouveau par les Français en 1795, et sa citadelle rasée. Le traité de Lunéville défendit d’en relever les fortifications et donna la ville au grand-duc de Bade.

MANIACÈS (George), général byzantin du XIe s., s'était déjà signalé en Asie par ses succès contre les Sarrasins lorsqu'il fut envoyé contre les mêmes ennemis dans l'Italie mérid. (1035) : il leur reprit la Sicile (1038). Il avait admis des Normands pour auxiliaires contre les Sarrasins, mais il ne tarda pas à être obligé de les combattre eux-mêmes et remporta sur eux une victoire éclatante. Injustement accusé de trahison au milieu de ses succès, il se révolta, passa en Grèce et mit en déroute l'armée que lui opposait l'emp. Constantin Monomaque; mais il périt dans le combat, frappé par une main inconnue (1042 ou 43).

MANICA, royaume de l'Afrique orient., entre ceux de Sofala et de Sabia à l'E., d'Inhanbane au S., de Mocarangua à l'O. et au N. ; ch.-l. Manica, petite ville située à 264 kil. N. O. de Sofala. Ce pays est nominalement compris dans la capitainerie générale portugaise de Mozambique. — V. MANICA.

MANICHÉENS, disciples de Manès (V. ce nom). Les principaux chefs de cette hérésie, après Manès, sont Hermas, Buddas et Thomas, qui' la propagèrent dans l'Inde, en Égypte et en Syrie. Malgré les persécutions, les Manichéens se multiplièrent au point qu'au VIIIe siècle ils étaient répandus dans tout l'empire. En 841, l'impératrice Théodora, voulant détruire cette secte, en fit mettre à mort plus de 100 000. — On a étendu, le nom de Manichéens à tous les partisans de la doctrine de deux principes opposés, le principe du bien et le principe du mal : en ce sens, on retrouve le manichéisme dans une foule de sectes postérieures, les Pauliciens, les Bogomiles, les Albigeois, les Patarins, etc. Le Manichéisme, sous ses diverses formes, fut condamné par plusieurs conciles et proscrit par les empereurs.

MANIKA ou MAGNISSA, Magnesia ad Sipylum, v. de la Turquie d'Asie (Aïdin), au pied de l'anc. mont Sipyle, à 35 kil. N. E. de Smyrne; 12 000 hab.. Résidence de l'archevêque d’Éphèse; V. MAGNÉSIE.

MANILIUS (C.), tribun du peuple l'an 66 av. J.-C., partisan de Pompée, proposa une loi qui donnait à ce général la direction de la guerre contre Mithridate et Tigrane, avec des pouvoirs illimités. Cette loi fut fortement appuyée par Cicéron, dans son discours Pro lege Manilia.

MANILIUS (M.), poëte latin du siècle d'Auguste. On ne sait rien de sa vie. On a sous son nom un poème en 5 chants sur l’Astronomie, qui ne manque ni d'élégance ni d'agrément, mais qui décèle peu de connaissances astronomiques. Ce poëme parait n'avoir pas été achevé. Julius Firmicus en donna un commentaire vers le temps de Constantin. Il a été publié pour la 1re fois par J. Regiomontanus à Nuremberg en 1472 ou 73, et réimpr. par Scaliger, Paris, 1579, par Rich. Bentley, Londres, 1739, avec notes, et par F. Jacob, Berlin, 1846. Il a été trad. par Pingré, 1786 (avec le texte en regard), et par Lorain, 1844.

MANILLE, ville espagnole, ch.-l. de la capitainerie générale des Philippines, dans l'île de Luçon, sur la côte O. et sur une baie de son nom; 200 000 hab., dont env. 5000 Européens. Place forte; archevêché; Cour d'appel des Philippines; université, fondée en 1645; Collége de missionnaires. La ville est partagée par la riv. de Passig en ville de guerre et ville marchande; elle est bâtie régulièrement : les rues sont tirées au cordeau. Les constructions n'ont généralement qu'un étage; au lieu de vitres, les fenêtres sont fermées par des coquillages transparents. Très-nombreuses maisons religieuses : elles occupent un tiers de la ville. On remarque la cathédrale et le palais archiépiscopal, l'hôtel du gouvt, la douane, la Grande-Place, où est une statue de Charles IV. Commerce très-actif avec l'Europe, la Chine et la Malaisie; célèbre fabrique royale de cigares et de cigarettes qui emploie plus de 10 000 femmes et confectionne chaque année 700 millions de cigares. — Manille fut occupée en 1571 par les Espagnols; les Anglais la prirent en 1762, et elle ne se racheta de la destruction qu'en payant 25 millions. Sujette aux tremblements de terre, elle a surtout souffert de ceux de 1645, 1824 et 1863 : ce dernier fit 10 000 victimes.

MANIN (Danielo), patriote Vénitien, né en 1804, mort en 1857, était en 1848 avocat dans, sa ville natale et jouissait d'une grande popularité. Il venait d'être incarcéré arbitrairement par la police autrichienne lorsque la Révolution éclata. Tiré aussitôt de sa prison, il se mit, avec Tomaseo, à la tête du mouvement national, proclama la république à Venise et chassa les Autrichiens; mais il refusa de s'unir au roi de Piémont et eut à soutenir pendant une année entière dans Venise un siége mémorable (août 1848-août 1849). Quand la ville eut succombé, il fut excepté de l'amnistie stipulée : il vint alors se réfugier à Paris, où il vécut en donnant des leçons d'italien. Anatole de La Forge a donné une Hist. de la république de Venise sous Manin.

MANITOUS, esprits tutélaires, qu'adorent les sauvages de l'Amérique septentrionale. Au-dessus de tous est le Grand Manitou ou Grand Esprit.

MANLIUS (les), famille patricienne de Rome, descendait d'Octavius Mamilius ou Manlius, gendre de Tarquin le Superbe. Elle se divisa en plusieurs branches : les Vulso, les Capitolinus, les Torquatus, et produisit beaucoup de personnages célèbres.

MANLIUS CAPITOLINUS (M.), consul l'an 392 avant J.-C., puis tribun militaire, obtint le triomphe pour avoir battu les Éques sur le mont Algide. Après la bataille d'Allia (390), voyant Rome au pouvoir des Gaulois, il se jeta dans le Capitale avec 1000 hommes d'élite. La forteresse, surprise par les Gaulois, allait tomber entre leurs mains, lorsque Manlius, réveillé par les cris des oies sacrées que l'on nourrissait au Capitale, les renversa du haut des murailles. C'est, dit-on, cet exploit qui lui valut le surnom de Capitolinus; cependant ce nom existait bien avant lui dans sa famille (il venait simplement de ce qu'une branche des Manlius avait une maison sur le mont Capitolin). Dans la suite, Manlius, ayant affecté la tyrannie, fut accusé devant le peuple : il sut se faire absoudre en montrant le Capitole qu'il avait sauvé; mais, l'assemblée ayant été réunie une 2e fois dans un autre lieu, il fut condamné à être précipité du haut de la roche Tarpéienne : il subit sa sentence l'an 383 av. J.-C. Cet événement est le sujet de la tragédie de Manlius de Lafosse.

MANLIUS IMPERIOSUS (T.), dictateur l'an 364 avant J.-C., fut chargé d'enfoncer le clou sacré dans le temple de Jupiter et fit la guerre aux Herniques. Il' était d'un caractère hautain, ce qui lui fit donner son surnom. Il allait être accusé en sortant de- harge par le tribun T. Pomponius, quand son fils, Manlius Torquatus, le sauva par son courage. V. ci-après.

MANLIUS TORQUATUS (L.), fils du préc., fut pendant sa jeunesse relégué par son père à la campagne, parce qu’il avait une difficulté de parole qui l’empêchait d’aspirer aux fonctions publiques. Malgré ce traitement, ayant appris que son père était cité en justice par le tribun T. Pomponius, il quitta sa retraite, vint à Rome et força l’accusateur à se désister de sa poursuite. Le peuple, touché de cette conduite, le nomma l’année suivante (362 av. J.-C.) tribun militaire dans la guerre contre les Gaulois. Dans cette campagne, il tua un Gaulois d’une taille gigantesque qui défiait les Romains, et lui enleva son collier d’or, qu’il porta depuis en mémoire de ce triomphe : de là son surnom de Torquatus (de torques, collier). Consul dans la guerre contre les Latins, l’an 340, il fit trancher la tête à son propre fils pour avoir combattu contre sa défense.

MANLIUS TORQUATUS (L.), consul en 224 av. J.-C., soumit la Sardaigne. Rome n’ayant plus alors d’ennemis, il ferma le temple de Janus, ce qui n’était pas encore arrivé depuis Numa. Il s’opposa au rachat des prisonniers faits par Annibal à Cannes.

MANNERT (Conrad), historien et géographe, né en 1756 à Altdorf en Bavière, mort à Munich en 1836, professa la philosophie, puis l’histoire à Nuremberg, à Altdorf, à Landshut et à Munich. On lui doit : Histoire des Vandales, Leipsick, 1785 ; Hist. des successeurs d’Alexandre, 1803 ; Hist. de la Bavière, 1807 et 1826 ; Géographie des Grecs et des Romains (avec Uckert), 1788-1825. 15vol. in-8.

MANOEL (Francisco) do Nacimento, poëte portugais, né à Lisbonne en 1734, d’une famille riche et distinguée, s’était déjà fait connaître par des poésies pleines de talent et de goût, mais aussi par la hardiesse de ses opinions, lorsqu’il fut déféré au Saint-Office, comme coupable d’avoir traduit le Tartufe de Molière (1778). Il n’échappa que par la fuite à une condamnation et fut contraint de s’exiler. Il passa le reste de ses jours alternativement en Hollande et en France, et mourut à Versailles en 1821. Il employa le temps de son exil à composer des ouvrages qui l’ont placé à la tête des postes portugais : il excella surtout dans le genre lyrique ; cependant on a de lui, outre ses odes, des pastorales, des romances, des sonnets, des épîtres, des satires et même une épopée, les Fastes du Portugal, restée inachevée. Il traduisit du français les Fables de La Fontaine et les Martyrs de Chateaubriand et imita plusieurs poëmes anglais et allemands. A. M. Sané a donné en 1808 un choix de ses odes, traduites en français, avec une Notice sur l’auteur.

MANOSQUE, Manuesca, ch.-l. de cant. (B.-Alpes), à 13 k. S. de Forcalquier ; 4995 h. Trib. de commerce, collége. Sirop de raisin, eau-de-vie, amandes, olives, truffes, miel, etc. Ancien château, jadis résidence des comtes de Forcalquier ; puis donné par ceux-ci à l’ordre de St-Jean de Jérusalem.

MANOU, législateur indien, fils de Brama et père du genre humain, est l’auteur supposé d’un code célèbre de lois, l’un des plus anciens que l’on connaisse. Ce code, que l’on possède encore, est intitulé : Manava-Dharma-Sastra (Code des lois de Manou) ; c’est un traité de morale autant que de législation ; il est écrit en langue sanscrite et en vers. Will. Jones en a donné une traduction en anglais (Calcutta, 1794, et Londres, 1796) ; Loiseleur-Deslongchamps l’a traduit en français (Par., 1832-1833). Rien de plus incertain que l’époque à laquelle vivait Manou, qui paraît être un personnage fabuleux ; cependant le code qui lui est attribué est bien postérieur aux Védas ; on le place vers le XIIe ou le XIIIe siècle av. J.-C. — Les Hindous admettent 14 Manous : chacun d’eux est le chef d’un Manwatara, révolution de temps au bout de laquelle le monde éprouve une destruction momentanée ; les 14 Manwataras forment un Kalpa, qui est un jour et une nuit de Brahma. Il a déjà paru 7 Manous. L’auteur du Code est le premier de tous.

MANRESA, Minorissa, v. murée d’Espagne (Barcelone), à 47 kil. N. O. de Barcelone ; 13 000 hab. Château fort. Tissus de soie, de coton ; ouvrages d’or et d’argent, rubans, draps fins, eau-de-vie. Prise et incendiée par les Français en 1811,

MANRIQUE, anc. et illustre maison d’Espagne, issue des comtes de Castille par Ferdinand Gonzalès, comte de Castille, mort en 970, a formé plusieurs branches importantes, celles des comtes de Lara, des vicomtes de Narbonne, des seigneurs de Molina, d’Amusco, des marquis d’Aguilar, des comtes de Morata, de Parèdes, et s’est souvent alliée aux rois d’Aragon et de Castille. V. LARA.

MANS (Le), Suindinum, puis Cenomani, ch.-l. du dép. de la Sarthe, sur la Sarthe, à 2 kil. de sa jonction avec l’Huisne, à 212 kil. S. O. de Paris, à 291 par chemin de fer ; 37 209 hab. Évêché, tribunal de 1re inst. et de commerce, lycée, école normale primaire, école de dessin. Ville assez bien bâtie, surtout dans les quartiers neufs. On remarque la cathédrale (St-Julien) ; 2 belles églises, les deux séminaires, l’anc. abbaye de La Couture (où sont auj. la préfecture, la bibliothèque, le muséum), le nouveau palais épiscopal, la salle de spectacle ; jolies, promenades ; chemin de fer. Société des arts. Industrie et commerce : toiles, étamines, mouchoirs, siamoises ; cire, miel, bestiaux, volailles, poulardes renommées. Patrie de Tressan ; Germ. Pilon et Mersenne naquirent auprès. — Jadis ch.-l. des Aulerci Cenomani. S. Julien y prêcha le Christianisme au IIIe s. Considérable sous les Romains et sous les premiers Francs, elle eut des rois particuliers au temps des Mérovingiens. Saccagée par les Normands aux IXe et Xe siècles, et ravagée depuis par la guerre, la peste et les incendies, elle perdit beaucoup de son importance. Elle eut surtout à souffrir, aux XIe et XIIe siècles, des guerres des ducs d’Anjou et des ducs de Normandie ; puis, pendant 3 siècles, des guerres entre l’Angleterre et la France, à laquelle elle ne revint définitivement qu’en 1481. Cette ville posséda une commune libre dès 1066. Jusqu’en 1790, elle fut la capitale du Maine, ainsi que du grand gouvt de Maine-et-Perche. Elle s’était déclarée pour la Ligue : Henri IV la soumit en 1589. Les Vendéens y sont défaits par Marceau (13 déc. 1793). Le 12 janv. 1871, l’armée allemande y gagne une victoire qui décide du succès de la guerre.

MANSART (Franç.), architecte, né en 1598 à Aix, suivant les uns, à Paris suivant d’autres, d’une famille originaire d’Italie, mort en 1066, fut élève de son oncle, Germain Gautier, architecte du roi, et fit des progrès rapides dans son art. Ses premiers ouvrages furent la restauration de l’hôtel de Toulouse, le château de Berny et le château de Blois. La reine Anne d’Autriche lui confia l’érection du Val-de-Grâce ; mais des jaloux lui firent retirer ce travail et il ne put le terminer. Il bâtit ensuite l’église de Ste-Marie de Chaillot, l’hôtel de La Vrillière, où est auj. la Banque de France, la façade de l’hôtel Carnavalet, le château de Maisons près de St-Germain-en-Laye. On lui attribue cette sorte de couverture brisée qu’on a appelée de son nom mansarde. On reproche à son architecture d’être trop massive.

MANSART (Jules HARDOUIN, dit), 1er architecte et surintendant des bâtiments du roi, né à Paris en 1645, était neveu du préc. et fils de J. Hardouin, premier peintre du cabinet du roi, qui avait épousé une sœur de Fr. Mansart. Placé sous la direction de son oncle, il sut profiter habilement de ses leçons, et voulut porter son nom pour lui témoigner sa reconnaissance. Il plut à Louis XIV par ses talents et son esprit et fut chargé par lui des travaux les plus importants : il éleva les châteaux de Marly, du Grand-Trianon, de Clagny, de Lunéville, la maison de St-Cyr, la place Vendôme, celle des Victoires, et mit le sceau à sa réputation par la construction du palais de Versailles et du dôme des Invalides à Paris. Il fut décoré de l’ordre de St-Michel et devint membre de l’Académie de peinture et de sculpture en 1699. Ses nombreux travaux et la faveur constante de Louis XIV lui procurèrent une fortune considérable. Il mourut subitement à Marly en 1708.

MANSFELD, v. des États prussiens (Saxe), à 44 k. N. O. de Mersebourg ; 1500 h. Jadis capit. d’un comté.

MANSFELD (comté de), ancien comté d’empire, dans la Hte-Saxe, entre les principautés d’Anhalt, d’Halberstadt, de Saxe-Eisenach, le comté de Stolberg, l’évêché de Mersebourg et la Saxe électorale : 540 k. carr. ; env. 60 000 h. Il se composait de 2 parties, dont l’une reconnaissait la supériorité territoriale de la Saxe électorale, et l’autre celle de l’archevêché (depuis duché) de Magdebourg. La 1re portion comprenait Eisleben, Bornstedt, Arnstedt, Wippra, Artern ; dans la 2e se trouvaient Mansfeld, Wœlfelsholz, Leimbach, etc. Pays montagneux et rempli de mines de fer et d’argent forts riches. — Les comtes de Mansfeld furent surtout puissants au XIIIe et XIVe siècles : ils possédaient le droit régalien sur les mines du pays et siégeaient à la diète. On distingue 2 maisons de Mansfeld : la 1re, issue de Riddag (mort en 685), et terminée en 1230 à Burkhard VIII ; la 2e, qui commence par Burkhard IX, gendre du préc., seigneur de Querfurt et burgrave de Magdebourg, et qui ne finit qu’en 1780. Dès 1484, la maison de Mansfeld avait cessé d’être puissance immédiate, et avait concédé le domaine direct des mines à la maison de Saxe. À l’extinction de cette famille (1780), le comté fut partagé entre la Saxe et la Prusse. Il fit, en 1807, partie du royaume de Westphalie, et fut, en 1815, donné tout entier à la Prusse. Il est auj. subdivisé en 2 cercles : cercle de la Montagne, et cercle du lac de Mansfeld. Villes principales : Mansfeld, Eisleben et Sangerhausen.

[[w:Pierre-Ernest Ier de Mansfeld|MANSFELD (P. Ernest, comte de)]], général allemand, né en 1517, servit dans les Pays-Bas sous Charles-Quint, fut gouverneur du Luxembourg, puis de tous les Pays-Bas (1592), prit Stenay sur les Français en 1551, mais fut fait prisonnier dans Ivoy en 1553, et ne recouvra sa liberté qu’en 1557. En 1569, il amena des secours à Charles IX contre les Calvinistes et prit part à la bataille de Moncontour dans les rangs des Catholiques.

MANSFELD (Ernest de), fils du préc., né en 1585, servit d’abord l’Autriche : mais, n’obtenant pas l’avancement qu’il espérait, il embrassa la Réforme, se joignit aux révoltés de Bohème et se fit élire leur général. Il força le comte de Bucquoy, général autrichien, d’évacuer la Bohême. Contraint de se retirer devant des forces supérieures, il alla ravager l’Alsace, attaqua et défit les Bavarois et les Hessois, alliés de l’Autriche, puis passa dans les Pays-Bas, et, de concert avec Christian de Brunswick, battit les Espagnols à Fleurus, en 1622. En 1625, il rentra en Allemagne à la tête d’une foule d’aventuriers ; mais il fut défait par Wallenstein, au pont de Dessau, 1626. Peu de mois après, il mourut presque subitement, à Vranovitz en Bosnie.

MANSI (J. Dominique), savant prélat, né à Lucques en 1692, m. en 1769, visita l’Italie, l’Allemagne et la France, fréquentant les bibliothèques, faisant partout des extraits, et fut, à son retour, nommé bibliothécaire, puis archiviste de la ville de Lucques. On lui doit, outre de nombreuses éditions ou traductions, quelques ouvrages originaux et une précieuse collection de conciles : Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, 1757 et ann. suiv., 31 v. in-f.

MANSLE, ch.-l. de cant. (Charente), à 17 kil. S. de Ruffec ; 1600 hab. Grains, vins, eau-de-vie.

MANSO (J. B.), marquis de La Villa, littérateur napolitain, né en 1570, m. en 1645, fut l’ami du Tasse et écrivit la vie de ce poëte (Rome, 1634). Riche et puissant, il protégea les lettres et fonda le Collége des Nobles à Naples. Il a laissé des Dialogues sur l’Amour, Milan, 1608, et des poésies médiocres, 1635.

MANSO (Frédéric), écrivain allemand, né en 1759 à Blasienzell (Saxe-Gotha), m. en 1826, fut professeur à Gotha, puis à Breslau. Outre des traductions de Virgile, de Bion, de Moschus, et quelques poésies originales, il a laissé : Sparte, essai sur l’histoire, la constitution et les mœurs des Lacédémoniens, Leips., 1800 ; Vie de Constantin le Grand, 1817 ; Histoire de Prusse depuis la paix de Hubersbourg, 1819-20 ; Histoire de l’empire des Ostrogoths en Italie, 1824.

MANSOUR, c.-à-d. vainqueur. V. AL-MANZOR.

MANSOURAH (c.-à-d. champ de la victoire), vulgairement la Massoure, autrefois Tanis ? v. de la Basse-Égypte, ch.-l. de prov., sur la branche orientale du Nil, à 59 kil. S. O. de Damiette. Six mosquées, église. Riz, toile, ammoniac. S. Louis y remporta sur les Sarrasins, en 1250, une victoire meurtrière, mais il fut pris peu après. En 1798, la garnison française qui occupait cette place fut massacrée par les Arabes. — La prov. de Mansourah, entre celles de Damiette au N., de Charquieh à l’E., de Garbieh au S. et à l’O., a 98 kil. sur 35 et compte 200 000 hab.

MANTAILLE, château célèbre, sur la r. g. du Rhône, entre Vienne et Valence, près et au N. E. de St-Vallier (Drôme). Il s’y tint en 879 une assemblée de seigneurs et d’évêques dans laquelle Boson dépouilla les enfants de Louis le Bègue de la couronne de Bourgogne cisjurane, et se fit proclamer roi à leur place.

MANTEGNA (André), peintre et graveur, né à Padoue en 1430, m. en 1505, eut pour premier maître le Squarcione, puis reçut les leçons de Jacques Bellini, dont il adopta la manière et dont il épousa la sœur. Il a composé un grand nombre de tableaux et de fresques dans le genre historique, où l’on remarque de la beauté dans les formes, de la suavité dans le coloris, une grande connaissance de la perspective, mais aussi une grande négligence dans l’expression. Il a gravé lui-même plusieurs de ses compositions. Le musée de Paris possède quatre de ses plus beaux tableaux : la Vierge sur un trône, avec l’enfant Jésus sur ses genoux ; Apollon faisant danser les Muses devant Mars et Vénus ; les Vices chassés par la vertu, et un Calvaire. Quelques-uns attribuent à Mantegna l’invention de la gravure au burin.

MANTES, dite M. la Jolie, en latin Medunta, ch.-l. d’arr. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, à 48 k. N. O. de Versailles, à 57 kil. O. N. O. de Paris par chemin de fer ; 5000 hab. Trib. de 1re inst., bibliothèque. Beau pont de pierre (près de la ville). Position salubre et charmante. Ville bien bâtie ; église gothique de Notre-Dame ; tour St-Maclou, hôpitaux, salpêtrière, tanneries renommées ; moulins, grosses toiles. Commerce de blé, fruits, légumes. — Fondée, dit-on, par les Druides (la ville a dans ses armoiries un gui de chêne) ; saccagée en 1087 par Guillaume le Conquérant. Charles V la prit en 1364 ; mais les Anglais s’en emparèrent en 1418 ; elle ne leur fut reprise qu’en 1449. Henri IV fit détruire ses fortifications. V. MANTOIS.

MANTINÉE, Mantinea, v. d’Arcadie, près de l’Argolide, entre Tégée et Orchomène, était, avant la fondation de Mégalopolis, la première cité de l’Arcadie. Elle fut démantelée en 385 av. J.-C. par les Spartiates, mais se releva en 370. Célèbre par quatre batailles : la 1re en 418 av. J.-C., où les Lacédémoniens défirent l’armée d’Argos et d’Athènes ; la 2e en 363, où Épaminondas vainquit les Spartiates, mais périt dans l’action ; la 3e en 296, où Démétrius Poliorcète battit le roi de Lacédémone, Archidame IV ; la 4e en 206, gagnée par Philopémen sur Machanidas. On ne voit plus auj. que les ruines de cette ville, désignées sous le nom de Paléopoli.

MANTINORUM OPPID., v. de Corse, auj. Bastia.

MANTO, prophétesse, fille de Tirésias, était prêtresse d’Apollon à Thèbes. Thèbes ayant été prise par les Épigones, Manto fut emmenée captive à Delphes, puis à Claros en Asie, où elle établit un oracle d’Apollon. On lui donne Mopsus pour fils. — Prophétesse d’Italie, mère d’Ocnus, le fondateur de Mantoue, est peut-être la même que la précédente.

MANTOIS, petit pays de l’île-de-France, au S. E. et S. O. du Vexin français, le long de la r. g. de la Seine, eut pour ch.-l. d’abord Mantes, puis Versailles. Autres lieux, Meulan, Anet, Rueil, Montfort-l’Amaury, Dreux, Poissy, St-Germain-en-Laye, Houdan. Il était parfois regardé comme faisant partie de Ia Beauce. Auj., il est compris pour la plus, grande partie dans le dép. de Seine-et-Oise ; le reste se trouve dans celui d’Eure-et-Loir. — Le Mantois formait jadis un comté, qui fut érigé en pairie par Charles le Mauvais.

MANTOUAN (le), pays, V. MANTOUE (Duché de).

MANTOUAN (J. B. Bertano GHISI, dit le), peintre, sculpteur et graveur de Mantoue, né vers 1500, eut Jules Romain pour maître. Son chef-d’œuvre est l’Incendie de Troie. Il est surtout connu auj. comme graveur ; son dessin est correct, mais son burin manque de douceur. — Il transmit son talent de graveur à son fils, Georges Ghisi, dit aussi le Mantouan, né à Mantoue en 1524, qui grava surtout d’après Michel-Ange, Lucas Penni, Perin del Vaga ; — et à sa fille, Diana Mantuana, qui reproduisit avec talent les chefs-d’œuvre de Raphaël et de Jules Romain.

MANTOUAN (Battista, dit le), poëte. V. BATTISTA.

MANTOUE, Mantua, en italien, Mantova, v. forte de Vénétie, ch.-l. de la province de Mantoue, est bâtie au milieu de marais dans une île du Mincio. Elle est tant par sa position que par les ouvrages de l’art une des places les plus fortes de l’Europe. Quoique fort grande, elle compte à peine 30 000 h. (sa population au temps de ses ducs atteignait 50 000 âmes). Évêché, trib. de 1re instance. On y remarque le palais dit du Té, chef-d’œuvre de Jules Romain, et résidence des anciens ducs ; le ci-devant palais National, la cathédrale, ouvrage de J. Romain, l’église St-André, l’église St-Barnabé, où est le tombeau de J. Romain ; le palais de justice, l’arsenal, 4 théâtres, plusieurs belles rues et places (entra autres la place Virgile, ornée de la statue du poëte), et le canal, qui coupe la ville en deux parties. Académie des sciences, arts, peinture et sculpture ; Académie Virgilienne, galerie de peinture et antiquités, bibliothèque, lycée, gymnase. Malgré les dépenses faites pour assainir la ville, elle est encore insalubre. Virgile, passe pour être natif de Mantoue : il était né à Andes, village des environs. Pomponat, le poëte Battista Spagnuoli et le peintre Ghisi, surnommés chacun le Mantouan, étaient de Mantoue. Jules Romain, exilé de Rome, vint se fixer dans cette ville. — Mantoue fut bâtie, suivant les uns, au XVe siècle av. J.-C., selon les autres au XIe, par Ocnus et Bianor, et reçut le nom de Mantoue en l’honneur de la prophétesse Manto, dont Ocnus passait pour être fils. Les Rasena, s’en étant emparés, en firent une des douze lucumonies de leur confédération septentrionale. Les Gaulois la prirent ensuite, et elle devint une des métropoles des Cénomans. Les Romains s’en rendirent maîtres en 197 av. J.-C. après la victoire du Mincius, ou peut-être dès 222, à la suite de celle de Clastidium. Après la-bataille de Philippes (42), son territoire fut confisqué en partie pour être distribué aux vétérans d’Octave : c’est cet événement qui amena Virgile à Rome ; Après la bataille de Bédriac (69 de J.-C.), elle fut saccagée par les troupes de Vitellius. Elle tomba ensuite au pouvoir des Marcomans (269), de Radagaise (406), d’Alaric (403 et 408) ; elle passa successivement entre les mains des Hérules, des Ostrogoths, des Grecs, des Lombards, des Francs, fit partie du royaume d’Italie formé après Charlemagne et du royaume des Germains sous Othon le Grand ; puis fut donnée par Othon II à Thibaut, comte de Canosse ; fut conquise par Mathilde en 1114, et devint au milieu du XIIe siècle une des républiques lombardes. Comme toutes les petites républiques, elle eut à subir des tyrannies locales : elle eut pour maîtres les comtes de San-Bonifacio, les Buonacossi et les Gonzague, qui s’y disputaient sans cesse le pouvoir ; finalement, en 1328, Louis I de Gonzague s’empara de l’autorité, se fit reconnaître vicaire de l’empire, et fonda une dynastie qui régna près de quatre siècles : sous cette dynastie, la ville et le territoire de Mantoue furent érigés en margraviat ou marquisat (1433), puis en duché (1530). La possession du duché de Mantoue fut, de 1628 à 1631, le motif d’une guerre entre deux branches, de la famille ducale de Mantoue, les Nevers, appuyés par la France ; et les Guastalla, soutenus par l’Autriche : elle fut assurée à la 1re branche par le traité de Cherasca. Après l’extinction de la famille de Gonzague (1708), le duché de Mantoue passa à la maison d’Autriche. Les Français occupèrent Mantoue en 1701, mais ils la laissèrent reprendre en 1707 par les Impériaux. Prise par Bonaparte en 1797 sur Wurmser, elle fut le ch.-l. du département du Mincio. Reprise par l’Autriche en 1814 ; rendue à l’Italie en 1866. — À Mantoue se tinrent : 1o  le congrès de 1392 où fut signée une confédération entre Florence, Bologne, les seigneurs de Padoue, Ferrare, Mantoue, etc., pour le maintien de l’équilibre en Italie ; 2o  le congrès de 1459, où Pie II prêcha vainement la croisade contre les Turcs qui venaient de se rendre maîtres de Constantinople ; 3o  le congrès de 1511 où Jules II, Maximilien et Ferdinand décidèrent du sort du duché de Milan enlevé à Louis XII ; 4o  le congrès de 1791, où Léopold II et les princes émigrés de la maison de Bourbon organisèrent une coalition contre la France.

MANTOUE (margraviat ou marquisat, puis duché de). Il comprenait la Mantouan et, depuis 1533, le Montferrat, dévolu par héritage au duc de Mantoue. Le Mantouan proprement dit était situé entre les duchés de Milan à l’O. et de Modène au S., la Terre-Ferme vénitienne à l’E., et avait, entre autres villes, outre Mantoue, Pizzighitone, Luzzara, Caneto, Guito, Quistello.

MANTOUE (province de), une des divisions de la Vénétie, répond à peu près à l’ancien Mantouan.

MANTUA, v. de la Gaule Cisalpine, auj. Mantoue.

MANUCE, famille d’imprimeurs italiens, que l’on appelle aussi les Aldes, du nom de leur chef.

MANUCE (Alde), dit l’Ancien, né en 1449 à Bassiano dans le duché de Sermonetta, mort à Venise en 1515, fit une étude profonde de la littérature latine et grecque, et en donna des leçons publiques à Venise. Il fonda dans cette même ville en 1490 une imprimerie destinée à reproduire les chefs-d’œuvre de l’antiquité ; secondé par Pic de La Mirandole, le prince de Carpi et autres savants qui voulaient bien surveiller les ouvrages sortis de ses presses, il se plaça bientôt au premier rang des imprimeurs. Ruiné par la guerre en 1506, il rétablit ses affaires en s’associant avec son beau-père, André Turisan d’Asola, qui lui-même était un imprimeur distingué. On lui doit les éditions princeps d’Aristote, Platon, Hérodote, Thucydide, Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Pindare, Théocrite, Aratus ; il publia la Grammaire de Lascaris et celle de Théodore de Gaza, etc. Ses éditions ont l’autorité des manuscrits. Alde Manuce est lui-même auteur d’un Dictionnaire latin-grec, 1497 ; d’une Grammaire latine, Venise, 1501 ; d’une Grammaire grecque, 1515, de plusieurs traductions latines-d’auteurs grecs et d’un traité estimé De metris horatianis. Sa marque est un dauphin enlacé autour d’une ancre.

MANUCE (Paul), fils d’Alde l’Ancien, né à Venise en 1511, mort en 1674, se mit en 1533 à la tête de l’imprimerie de son père, et joignit comme lui une érudition profonde à une grande habileté typographique. Il éprouva toutes sortes de traverses, eut à lutter contre des parents qui lui disputaient la succession de son père, puis contre ses associés. Peu encouragé à Venise en 1562, il se rendit à Rome, où Pie IV lui confia la direction d’une imprimerie placée au Capitole, et le chargea d’imprimer les SS. Pères. Moins bien traité, par le successeur de Pie IV, il éprouva la libéralité de Grégoire XIII. Il était passionné pour Cicéron et donna une excellente édition de ses œuvres, accompagnée de commentaires fort estimés. On lui doit aussi une traduction latine des Philippiques de Démosthène et divers traités destinés à faciliter l’intelligence des anciens : Antiquitatum romanarum liber de legibus, 1557 ; De senatu romano, 1681 ; De comitiis Romanorum, 1B85 ; De civitate romana, 1585. On a de lui 12 livres d’Epistolæ, 1580.

MANUCE (Alde), le Jeune, fils aîné de Paul, né à Venise en 1547, mort en 1597, composa dès l’âge de 11 ans un recueil des Élégances des langues latine et italienne, et donna à 14 ans, sous le-titre d’Orthographiæ ratio, un système’ d’orthographe latine fondé sur les manuscrits et les inscriptions. Il suivit d’abord son père à Rome ; mais il revint à Venise en 1565 pour se mettre à la tête de l’imprimerie Aldine. Abandonnant la typographie pour les lettres, il remit en 1555 son imprimerie à l’un de ses ouvriers. Nic. Manassi, et alla remplir une chaire d’éloquence, d’abord à Bologne, puis à Pise, et enfin à Rome (1589). Clément VIII lui confia la direction de l’imprimerie du Vatican en 1592. Il mourut avant l’âge, d’une suite de débauche. On lui doit, outre les écrits déjà cités, des explications (en italien) des Locutions des Lettres de Cicéron, 1575, ainsi que des Commentaires sur Cicéron, sur Térence, 1585 ; des Discours politiques sur Tite-Live, etc.

Ant. Aug. Renouard a publié les Annales de l’imprimerie des Aldes ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions, Paris, 1803, 1825 et 1834.

MANUEL I, COMNÈNE, empereur grec, fils de Jean Comnène, succéda en 1143 à son père, au détriment de son frère aîné Isaac En 1147, il trahit les Croisés, conduits par Conrad, empereur d’Allemagne, et Louis le Jeune, roi de France, et ne contribua pas peu, par ses intelligences avec les Turcs, à faire échouer leur entreprise ; il en fut puni par Roger, roi de Sicile, allié des princes croisés, qui pénétra en Grèce et pilla Thèbes et Corinthe. Il fut sans cesse en guerre, eut à combattre les Hongrois et les Serviens révoltés, se laissa impunément insulter par les Vénitiens, et vit en 1176 son armée exterminée près de Myriocéphales en Asie-Mineure, par Azeddyn, sultan d’Iconium. Cependant il remporta peu après à son tour une victoire sur Azeddyn près du Méandre. Il mourut en 1180, avec la réputation d’un bon guerrier, mais d’un prince sans mœurs et sans probité.

MANUEL II, PALÉOLOGUE, succéda en 1391 à son père Jean Paléologue, après s’être évadé de la cour du sultan Bajazet, où il était en otage. Deux fois, sous son règne, Constantinople fut assiégée, la 1re, par Bajazet, qui se retira après un blocus de 7 ans, pour faire face à Tamerlan, qui avait envahi ses États ; la 2e, par Amurat, qui dut aussi s’éloigner pour combattre un compétiteur au trône. Il avait imploré vainement le secours de l’Occident. Manuel mourut en 1425, à 77 ans. Il fut père de Jean Paléologue II, qui lui succéda, et de Constantin Dracosès, dernier empereur de Constantinople.

MANUEL (don Juan), petit-fils de Ferdinand III et neveu d’Alphonse X, rois de Castille, né vers 1267, mort en 1347, fut tuteur d’Alphonse XI et gouverneur des frontières des Maures. Il cultivait les lettres : on a de lui un recueil de nouvelles, intitulé : Le Comte Lucanor, imprimé à Séville en 15-75 : il y donne, sous la forme d’apologues, des leçons de politique et de morale. Comme écrivain, c’est un conteur naïf et gracieux : il a contribué puissamment à assouplir la prose castillane. Le Comte Lucanor a été trad. en français par Puibusque, Paris, 1854.

MANUEL (Pierre Louis), démagogue, né à Montargis en 1751, avait d’abord été Doctrinaire. Enfermé à la Bastille pour un pamphlet irréligieux, il en sortit plein de haine contre l’ancien régime, se fit remarquer dès le début de la Révolution par ses discours au club des Amis de la Constitution, fut élu en 1791 procureur de la Commune de Paris, concourut puissamment à l’insurrection du 20 juin, organisa celle du 10 août 1792, et fut nommé député à la Convention par les électeurs de Paris. Il demanda la déchéance de Louis XVI, et fit transférer au Temple ce malheureux prince avec la famille royale. Cependant, dans le procès du roi, il vota l’appel au peuple, disant qu’il ne voyait dans la Convention que des législateurs et non des juges. Devenu dès lors suspect à ses anciens amis, il fut obligé de donner sa démission : il fut traduit peu après devant le Tribunal révolutionnaire et décapité le 14 nov. 1793.

MANUEL (Jacq. Ant.), orateur politique, né en 1776 à Barcelonnette (B.-Alpes), mort en 1827, s’enrôla comme volontaire en 1793, servit avec distinction jusqu’à la paix de Campo-Formio, puis entra au barreau d’Aix, et y acquit une grande réputation. Nommé représentant dans les Cent-Jours (1815), il se fit remarquer par son patriotisme. Élu député par le dép. de la Vendée en 1818, il combattit avec énergie la réaction royaliste, et irrita tellement par sa courageuse opposition le parti dominant qu’on l’expulsa violemment de la Chambre, en 1823. Son convoi donna lieu à une éclatante manifestation de l’opinion publique : il fut suivi par plus de 100 000 personnes. À la fermeté du caractère, Manuel Joignait l’éclat et l’énergie de la parole, ainsi qu’une logique serrée.

MANZANARÈS, riv. d’Espagne. V. MANÇANAREZ.

MANZAT, ch.-l. de cant. (Puy-de Dôme), sur la Morge, à 20 kil. N. O. de Riom ; 3000 hab.

MANZOLLI (Pierre Ange), poète latin du XVIe s., né à Stellata, près de Ferrare, vivait, à ce qu’on croit, à la cour du duc de Ferrare Hercule II. Il est auteur d’un poème latin fort curieux intitulé : Zodiacus vitæ, hoc est De hommis vita, studio ac moribus, qui parut à Bâle en 1537 : c’est une espèce de satire où il passe en revue toutes les professions, s’exprimant fort librement, surtout au sujet de l’Église romaine et du clergé. Pour échapper aux persécutions, il le publia sous le pseudonyme de Marcellus Palingenius, anagramme de ses noms ; ce n’est qu’en 1725 que Facciolati fit connaître le vrai nom de l’auteur. Du reste, on ne sait rien de sa vie. La meilleure édition de ce poëme est celle de Rotterdam, 1722. Il a été imité en vers français par Rivière, Paris, 1619, et traduit par Lamonnerie, 1731.

MARABOUTS (de l’arabe marbouth, cénobite, religieux), donné chez les Musulmans, notamment en Afrique, à des hommes qui se vouent à la vie spirituelle, qui sont en grande vénération ; la qualité de marabout se transmet de père en fils. Les marabouts desservent une espèce de chapelle qui reçoit elle-même le nom de marabout. — C’est de leur nom qu’on dérive celui d’Almoravides. V. ce mot.

MARACANDA, auj. Samarcand, v. de la Sogdiane, sur le Polytimète, fut détruite par Alexandre, maïs se releva depuis. V. SAMARCAND.

MARACAÏBO ou MARACAYBO, v. et port du Vénézuela, ch.-l. du dép. de Zulia, sur le bord O. du lac de Maracaïbo, à 560 kil. de Caracas, par 74° 6′ long. O., 10° 40′ lat. N. ; 20 000 hab. Port fermé par une barre ; deux forts ; chantiers de construction navale. Café cacao, copahu, salsepareille, cuirs, bois, jaunes, etc. — Le dép. de Maracaïbo, qui s’étend à l’O. et au S. O. du lac, compte environ 60 000 hab. et a pour villes principales, outre Maracaïbo, Perija, Alta-Gracia, Gibraltar. — Le lac a env. 280 k. sur 160. Il communique par un détroit avec le golfe de Maracaïbo, dans la mer des Antilles, et reçoit les rivières de Zulia, Chama, Motatan, etc. Bords malsains.

MARACAÏBO (Golfe de), dans la mer des Antilles, le long de la côte N. de la Colombie, s’étend entre 10° 42′-12° lat. N., 72° 15′-30° 30′, long. O. ; sa largeur varie de 100 à 250 kil. ; il s’enfonce dans les terres jusqu’à 190 kil. Il reçoit les eaux du lac Maracaïbo.

MARACH, Germanica Cæsarea, v. murée de la Turquie d’Asie, anc. ch.-l. de pachalik, auj. simple ch.-l. de livah, à 140 kil. N. O. d’Alep. Château. — Le pachalik, entre ceux de Roum au N., de Diarbékir à l’E, d’Alep au S., d’Adana à l’O., a 310 k. sur 220 ; 250 000 hab. Il comprend 5 livahs : Marach, Aïntab, Kars, Semisat, Malatia. Il est traversé par l’Almadagh, une des branches du Taurus, et arrosé par l’Euphrate. Climat et sol varié, fruits délicieux, industrie nulle. Ce pachalik occupe une partie de l’ancienne Comagène et de la Petite-Arménie. Il est actuellement compris dans celui de Kharbout. V. ce nom.

MARAGHA, v. de Perse (Aderbaïdjan), à 80 k. S. de Tauris ; 15 000 h. Place forte. Tombeau d’Houlagou. MARAGNON, fleuve d’Amérique. V. AMAZONES.

MARAIS (le), dit aussi la Plaine. On nomma ainsi dans la Convention la partie la moins élevée de la salle, celle où siégeaient les membres du parti modéré : la faction démagogique occupait la partie la plus élevée, désignée sous le nom de la Montagne. — On appelle aussi Marais un quartier de Paris, situé dans la partie E. de la ville (le quartier du Temple).

MARAIS-PONTINS. V. PONTINS (MARAIS).

MARAKAH, v. d’Afrique. V. DONGOLA.

MARALDI (Jacq. Phil.), mathématicien et astronome, né à Perinaldo dans le comté de Nice en 1665, m. en 1729, était neveu de Cassini. Son oncle le fit venir en France en 1687. Il travailla en 1700 et en 1718 à la méridienne, dressa un nouveau Catalogue des étoiles fixes, resté inédit, fit un grand nombre d’Observations (qu’on trouve dans les Mémoires de l’Académie des sciences, et parmi lesquels on remarque ses Considérations sur la théorie des planètes), et fut admis à l’Académie des sciences.

MARALDI (J. Dominique), neveu du préc., membre de l’Académie des sciences, né en 1709, m. en 1788, fut, de 1732 à 1740, associé à son cousin, Cassini de Thury, pour la description trigonométrique des côtes et des frontières de la France, et pour préparer la grande carte de la France (en 180 feuilles). En 1735, il fut chargé de rédiger la Connaissance des temps, tâche pénible et ingrate, dont il s’acquitta pendant 25 ans. On a de lui plusieurs Mémoires, dans le recueil de l’Académie des sciences, notamment sur le Mouvement apparent de l’étoile polaire vers les pôles du monde, et sur les Satellites de Jupiter.

MARAN (dom Prudent), savant bénédictin de St-Maur, né à Sézanne en 1683, m. en 1762, s’est distingué comme théologien et comme éditeur. On lui doit des dissertations estimées sur la Divinité de J.-C. (1746, en latin, et 1751, en français), sur les Guérisons miraculeuses (1754), et d’excellentes éditions de S. Cyrille, de S. Cyprien, de S. Justin, de S. Basile (cette dernière avait été commencée par dom Garnier). S’étant montré opposé à la bulle Unigenitus, il fut exilé de Paris en 1734 ; mais il put y rentrer en 1737.

MARANA (J. P.), écrivain, né à Gênes en 1642, m. en 1693. Emprisonné à Gênes pour n’avoir pas révélé la conjuration du comte della Torre, qui avait voulu livrer Savone au duc de Savoie, il écrivit pendant sa captivité l’histoire de cette conjuration, qui parut à Lyon, en italien, en 1682. Il se réfugia depuis en France et obtint une pension de Louis XIV. Il a publié en français l’Espion du grand seigneur, Paris, 1684 et ann. suiv., espèce de revue qui obtint quelques succès, et qui suggéra à Montesquieu l’idée des Lett. persanes.

MARANHAO ou MARANHAM (île), île du Brésil, dans l’Atlantique (prov. de Maranhao), entre les baies de San-Marcos à l’O. et de San-Jose à l’E., a 60 k. sur 35 et env. 40 000 h. Les Français s’en emparèrent en 1612.

MARANHAO (SAN-LUIS de), v. forte du Brésil, ch.-l. de la prov. de Maranhao, dans l’île de ce nom, par 41° 20' long. O., 2o  32' lat. S. ; 30 000 hab. Évêché, cour d’appel, lycée, école d’appel, école de commerce. Riz, cacao, coton, peaux crues et tannées, bois de teinture, caoutchouc, salsepareille. Cette v. fut bâtie par les Français vers 1612. — La prov. de Maranhao entre l’Atlantique au N. E., les prov. de Para au N. O., de Goyaz au S. O., de Piauhy à l’E., a 1000 kil. sur 700 ; 360 000 hab. Le pays est arrosé par le Maranhao, qui se jette dans l’Atlantique, vis-à-vis de l’île de même nom. Sol plat au N., montagnes au S. Climat agréable ; sol fertile. Mines d’or, d’argent, de fer.

MARANS, v. et port de la Charente-Inf., ch.-l. de c., à 24 kil. N. E. de La Rochelle ; 4557 h. Aux env., marais salants, auj. canalisés. Commerce de blé, légumes secs, lin, eau-de-vie, merrains. — Anc. place forte, plusieurs fois assiégée, notamment en 1583, époque à laquelle elle fut prise par Henri de Navarre (depuis Henri IV). Son château fut rasé en 1638

MARAT (Jean Paul), fameux démagogue, né en 1744, à Boudry, près de Neufchâtel, de parents calvinistes, vint à Paris exercer la profession de médecin, fut attaché en cette qualité aux gardes du corps du comte d’Artois, et se fit un certain nom par des écrits sur les sciences. D’un caractère violent, d’une imagination ardente, il embrassa avec exaltation les idées révolutionnaires et publia à partir de 1789 un journal politique qu’il intitula successivement le Publiciste parisien, l’Ami du peuple,le Journal de la République, où il prêchait des doctrines anarchiques et conseillait les mesures les plus sanguinaires. Devenu par là l’idole du peuple, il exerça sur la marche des affaires l’influence la plus funeste, s’immisça dans le Comité de salut public quoiqu’il n’eût pas de titre légal, et eut la plus grande part aux massacres des 2 et 3 septembre 1792, ainsi qu’à la condamnation de Louis XVI. Élu député à la Convention par un des colléges d’électeurs de Paris, il y siégea à la tête du parti de la Montagne, fit décréter la création du Tribunal révolutionnaire et la formation du Comité de sûreté générale chargé spécialement d’arrêter les suspects, attaqua avec fureur les Girondins, et en fit proscrire 22 au 2 juin 1793. La veille de cette journée, il avait provoqué ouvertement le peuple à l’insurrection : livré pour ce fait au Tribunal révolutionnaire par la Convention elle-même, il avait été ramené en triomphe dans la salle des séances par la populace ameutée. Un mois après, le 13 juillet, il fut assassiné dans son bain par Charlotte Corday (V. ce nom), qui croyait par là délivrer la patrie d’une odieuse tyrannie. Sa mort fut pour les Terroristes le prétexte de nouveaux massacres. On lui fit des funérailles magnifiques ; son corps fut déposé au Panthéon, mais il ne tarda pas à en être tiré (février 1795). Marat était de petite taille et d’une stature difforme : il avait la tête démesurément grosse, avec des traits repoussants. Outre son journal, il a publié divers écrits, les uns politiques, entre autres, les Chaînes de l’esclavage, ouvrage qui parut d’abord en anglais, Édimbourg, 1774, puis en français, Paris, 1792, et qui a été réimprimé en 1833 ; Plan de législation criminelle, 1787 (il s’y élève contre la peine de mort, qu’il devait tant prodiguer plus tard) ; Profession de foi adressée aux Français, etc. ; les autres scientifiques, tels que De l’homme ou de l’influence de l’âme et du corps, Amst., 1775 ; Recherches sur le feu, la lumière, l’électricité, etc., 1779-84 ; une traduction de l’Optique de Newton, 1787. Il avait aussi écrit un Roman de cœur, publié pour la première fois en 1847 par Paul Lacroix.

MARATHON, bourg de l’Attique, à 30 kil. N. E. d’Athènes. Ce lieu, déjà célèbre dans la Fable par un taureau monstrueux dont Thésée délivra la contrée, l’est devenu beaucoup plus par la victoire que Miltiade y remporta sur les Perses l’an 490 av. J.-C.

MARATHONISI, v. forte du roy. de Grèce (Laconie), dans le pays des Maïnotes, sur le golfe de Laconie, à 40 kil. S. de Mistra et près de l’anc. Gythium. Elle est auj. le ch.-l. de l’éparchie de Gythion.

MARATTA ou MARATTI (Carlo), peintre italien, né à Camerino en 1625, m. en 1713, élève de A. Sacchi, travailla pour le pape Alexandre VII et ses successeurs, restaura les peintures du Vatican, et fut pendant longtemps le peintre le plus renommé de Rome. Il excellait dans les tableaux d’autel et dans la peinture des Vierges : on cite surtout de lui une Madone, dans le palais Pamphili, à Rome. On voit au Louvre quatre tableaux de cet artiste: une Nativité, une Vierge avec l’enfant Jésus ; S. Jean dans le désert ; le Mariage mystique de Ste Catherine. Il réussissait aussi dans la gravure.

MARATTES (les). V. MAHRATTES.

MARBACH, v. du roy. de Wurtemberg (Neckar), sur le Neckar, à 20 kil. N. de Stuttgard ; 3500 hab. Patrie de Schiller et de l’astronome T. Mayer. Prise et brûlée par les Français en 1693.

MARBEUF (L. Ch. René, comte, puis marquis de), général français, né à Rennes en 1712, m. à Bastia en 1786, fut envoyé en Corse en 1764 pour secourir les Génois contre les indigènes révoltés, fut, après la cession de la Corse à la France par les Génois (1768), chargé d'occuper l'île, eut à combattre Paoli, finit, après quelques échecs, par rester maître du pays, le gouverna jusqu'en 1781, sut y faire accepter la domination française, et fut en récompense fait marquis. Il protégea la famille Bonaparte, et fit admettre le jeune Napoléon à l'école de Brienne. Un fort élevé sur la côte O. de la Corse, entre Calvi et Ajaccio, a reçu son nom. D'immenses jardins qu'il possédait sur les Champs-Élysées, à Paris, furent en 1794 déclarés propriété nationale, puis vendus et dépecés. On y établit plus tard le Jardin Marbeuf, dont une rue rappelle encore aujourd'hui le nom.

MARBODE, chef marcoman. V. MAROBODUUS.

MARBODE, évêque de Rennes, né en 1035, d'une famille illustre de l'Anjou, m. en 1123, était fort lettré et remplit longtemps l'emploi de maître d'éloquence à Angers. Il fut sacré évêque en 1095 ou 96, se démit de son évêché sur la fin de sa vie, et se retira à l'abbaye de St-Aubin. On a de lui des Lettres, la Vie de plusieurs saints, un livre des Dix chapitres, espèce d'encyclopédie, un traité De ornamentis verborum, et plusieurs poëmes latins, parmi lesquels on remarque le Martyre des Machabées et les Pierres précieuses. Ses Œuvres ont été réunies par D. Legendre, à la suite de celles de J. Hildebert, Paris, 1708, in-f.

MARBOURG, Mattium, Mattiacum, Amasia Cattorum, en latin moderne Marpurgum, v. de Hesse-Cassel (Prusse), sur la Lahn, à 80 kil. S. O. de Cassel; 8000 hab. Cour d'appel, université, fondée en 1527; gymnase, école des arts et métiers, école vétérinaire; bibliothèque, jardin botanique, observatoire; consistoire luthérien. Rues étroites, tortueuses et sales. Anc. château des landgraves de Thuringe, qui sert de maison de force. Belle église Ste-Élisabeth, du XIIIe s. Anc. palais de l'Ordre Teutonique. Fabriques de pipes et de poterie, bonneterie, lainages, tabac; tanneries. — Marbourg, érigée en ville en 1227, était une des résidences des landgraves de Thuringe, et fut pendant quelque temps le ch.-l. de l'Ordre Teutonique. Il s'y tint un célèbre colloque en 1529. Ses fortifications furent démolies en 1807 par les Français.

MARBOURG, v. des États autrichiens (Styrie), ch.-l. de cercle sur la Drave, à 60 kil. S. de Grætz; 7000 h.

MARBRES D'ARUNDEL. V. ARUNDEL et PAROS.

MARBRES CAPITOLINS. V. FASTES dans notre Dictionnaire universel des Sciences.

MARC (S.), un des quatre évangélistes, né, à ce qu'on croit, dans la Cyrénaïque, s'attacha de bonne heure à S. Pierre, l'accompagna dans ses travaux, le suivit à Rome, où il lui servit d'interprète; alla prêcher l'Évangile dans la Pentapole de Cyrénaïque et en Égypte, où il fonda, vers l'an 52, l'église d'Alexandrie. Il fut pris et mis à mort dans cette ville par les idolâtres pendant les fêtes de Sérapis (vers 68). Cet évangéliste a pour emblème le lion. On célèbre sa fête le 25 avril. S. Marc écrivit son Évangile en grec; il le rédigea 10 ans après l'Ascension de J.-C., à l'aide des conversations qu'il avait eues avec S. Pierre : cet Évangile n'est souvent qu'un abrégé de celui de S. Matthieu. On attribue à S. Marc une liturgie particulière, qui est en usage dans l'église d'Alexandrie. Les Vénitiens croient posséder le corps de ce saint, qui aurait été transporté chez eux en 815; ils lui vouent un culte particulier.

MARC (S.), pape en 336, ne régna que 8 mois.

MARC, hérésiarque du IIe siècle, disciple de Valentin, attribuait à la parole et aux lettres dont les mots se composent une force créatrice, substituait à la Trinité catholique une Quaternité de son invention (il admettait en Dieu l’Ineffable, le Silence, le Père, la Vérité) et rejetait les sacrements, même le baptême. Il attira un grand nombre de partisans par des prestiges et de prétendues prophéties, ainsi que par la licence de sa morale : il enseignait que tout est permis aux adeptes.

MARC-ANTOINE. V. ANTOINE et RAIMONDI.

MARC-AURÈLE. V. AURÈLE.

MARCA (Pierre de), savant prélat, né en 1594 à Gan, près de Pau, dans le Béarn, d'une famille originaire d'Espagne, m. en 1662, devint en 1621 président du parlement de Pau, fut appelé en 1639 au conseil d'État par Richelieu, fut ensuite nommé intendant de la Catalogne, et y fit aimer l'administration française. Devenu veuf, il reçut les ordres et fut successivement élevé sur les siéges de Conserans, de Toulouse, enfin de Paris (1662), mais il mourut avant d'avoir pris possession de ce dernier siége. Il rédigea, pour réfuter l’Optatus gallus d'Hersent, un fameux traité De Concordia sacerdotii et imperii (1641), où il tentait de concilier l'autorité du pape et les libertés gallicanes; il le retoucha depuis pour plaire à la cour de Rome, mais sa véritable opinion fut rétablie dans l'édition publiée par Baluze en 1663. On lui doit aussi une Histoire du Béarn, 1650, et Marca hispanica, 1680, savante description des provinces d'Espagne limitrophes de la France.

MARCEAU ou MARCEL (S.). V. MARCEL (S.).

MARCEAU (le général), né en 1769 à Chartres, d'un procureur au bailliage, s'engagea à 15 ans, fut nommé en 1791 chef du 1er bataillon des volontaires d'Eure-et-Loir, fut envoyé en 1793 en Vendée avec le grade de capitaine, et fut nommé à 24 ans, sur la recommandation de Kléber, général en chef de l'armée de l'Ouest : il gagna sur les Vendéens la sanglante bataille du Mans (12 déc. 1793). Employé en 1794 à l'armée de Sambre-et-Meuse comme général de division, il contribua puissamment au gain de la bataille de Fleurus. Il protégea en 1796 la retraite de l'armée de Jourdan; déjà il avait plusieurs fois repoussé l'ennemi, lorsqu'il fut blessé mortellement près d'Altenkirchen; il n'avait que 27 ans. Les ennemis s'unirent aux Français pour lui rendre les honneurs militaires. Marceau ne se faisait pas moins remarquer par son humanité et son désintéressement que par son courage et ses talents stratégiques. Chartres lui a érigé une statue.

MARCEL I, pape de 308 à 309, natif de Rome, succéda à S. Marcellin, avec lequel on l'a quelquefois confondu à tort. Il fut banni par l'empereur Maxence sous prétexte qu'il causait des troubles par sa sévérité envers les Tombés (chrétiens qui avaient fléchi pendant les persécutions). On le fête le 16 janvier.

MARCEL II, élu en 1555, ne régna que 21 jours.

MARCEL (S.), évêque de Paris, célèbre par sa piété, fut élevé sur ce siége épiscopal à la fin du IVe siècle, et l'occupa jusqu'à sa mort, vers 440. Il fut enterré près de Paris dans un village qui forme auj. le faubourg St-Marcel ou St-Marceau. On le fête le 3 novembre. Selon la légende, ce saint évêque délivra le pays d'un serpent monstrueux.

MARCEL (Étienne), prévôt des marchands de Paris, se signala par son audace pendant la captivité du roi Jean; souleva le peuple contre l'autorité du dauphin (depuis Charles V) et contre la noblesse; porta le trouble dans les États généraux convoqués en 1356, en engageant les députés du Tiers à refuser des subsides et à réclamer des réformes radicales, puis fit assassiner sous les yeux du dauphin Robert de Clermont, maréchal de Normandie, et Jean de Conflans, maréchal de Champagne, conseillers du prince (1358). Il allait ouvrir l'une des portes de Paris à Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui assiégeait la ville, lorsqu'il fut tué à coups de hache par Jean Maillart. M. Naudet a écrit l'histoire de la Conjuration d'Étienne Marcel, 1815; M. Ferrens a publié en 1860 Marcel ou le Gouvernement de la bourgeoisie.

MARCEL, maître de danse en vogue au XVIIIe siècle, mort vers 1757, a composé quelques ballets. C'est lui qui s'écriait : « Que de choses dans un menuet! » En voyant danser un Anglais, il dit : « On saute dans les autres pays, on ne danse qu'à Paris. »

MARCEL (Guill.), historien, né à Toulouse en 1647, mort en 1708, fut sous-bibliothécaire de l'abbaye de St-Victor à Paris, puis avocat au conseil, fut charge en 1677 de conclure avec le dey d'Alger un traité qui rétablissait les relations commerciales, puis fut nommé commissaire de la marine en Provence. On a de lui : Tablettes chronologiques pour l'histoire de l'Église et pour l'histoire profane, 1682; Hist. de l' origine et des progrès de la monarchie française, 1686.

MARCEL (J. Joseph), petit-neveu du préc., né à Paris en 1776, m. 1854, fut attaché en 1798 à la commission scientifique de l'expédition d'Égypte, organisa l'imprimerie qui suivait l'armée, fut de 1804 à 1815 directeur de l'Imprimerie impériale et de 1817 à 1820 professeur au Collége de France. On lui doit : Vocabulaire français-arabe vulgaire, publié au Caire, 17?9; Mélanges de littérature orientale, 1800; Fables de Lokman, teste arabe et traduction; Chrestomathies arabe et chaldaïque; Paléographie arabe, 1828; les Dix soirées malheureuses et les Contes du cheik El-Mohdy, trad. en franç., 1828-1832; Hist. de l'Égypte depuis la conquête des Arabes jusqu'à la domination française (dans l’Univers pittoresque de F. Didot); Hist. scientifique et militaire de l'expédition d'Égypte, 1830-36. — V. SERRES.

MARCELLIN (S.), pape de 295 à 304. C'est sous son pontificat qu'eut lieu la persécution de Dioclétien. Il est hon. comme martyr. On le fête le 26 avril.

MARCELLO (Benedetto), compositeur, né en 1686 d'une famille noble de Venise, m. en 1739, fut 14 ans membre du conseil des Quarante, puis provéditeur à Pola, enfin camerlingue à Brescia, et ne cultiva la musique qu'en amateur. Il n'en mérita pas moins d'être appelé de son temps le Prince de la musique. Les airs qu'il composa pour les cinquante premiers psaumes (1724-6) sont regardés comme le chef-d’œuvre de la musique sacrée. Il réussit aussi dans la poésie et composa des sonates, des canzoni, des, satires et des comédies burlesques.

MARCELLUS (M. Claudius), général romain, fut cinq fois consul. En 222 av. J.-C., il battit les Gaulois à Clastidium, tua de sa main leur roi Viridomare, remportant ainsi les troisièmes dépouilles opimes, prit Milan et réduisit la Gaule Cisalpine en province romaine. Envoyé contre Annibal après la bataille de Cannes, il releva les affaires des Romains, et remporta sur le général carthaginois deux avantages à Nole (216 et 215), puis il transporta en Sicile le théâtre de la guerre et s'empara de Syracuse après trois ans de siége (212) : c'est au sac de la ville que périt Archimède, quoique le général romain eût donné ordre de l'épargner. Il vainquit encore Annibal en 210, à Canusium; mais il périt deux ans après, dans une embuscade. On l'avait surnommé l’Épée de Rome, comme Fabius Cunctator en était le Bouclier, Plutarque a écrit sa Vie.

MARCELLUS (M. Claudius), de la famille du préc., consul l'an 51 av. J.-C., fut le premier à proposer au sénat de retirer à César le gouvernement des Gaules et fit voter cette mesure. Dans la guerre civile il prit parti pour Pompée. César, vainqueur à Pharsale, l'exila à Mitylène; mais dans la suite il le rappela à la prière du sénat : c'est à cette occasion que Cicéron prononça le célèbre discours : Pro Marcello, où il remercie César de sa clémence. Marcellus ne put jouir de ce bienfait; il fut tué par un de ses esclaves au moment de s'embarquer pour Rome.

MARCELLUS (M. Claudius), fils d'Octavie, sœur d'Auguste, et de M. Claudius Marcellus Æserninus, fut adopté par Auguste, son oncle, qui lui donna en mariage sa fille Julie, et le désigna pour son successeur. Ce jeune prince, qui donnait les plus grandes espérances, mourut à 18 ans, 23 av. J.-C. Virgile a déploré dans des vers touchants (au VIe liv. de l’Énéide) la mort prématurée de Marcellus : on raconte qu'Octavie s'évanouit à la lecture de ce passage, et qu'elle récompensa l'auteur en lui faisant compter 10 000 sesterces (environ 2000 fr.) pour chaque vers.

MARCELLUS (Ulpius), jurisconsulte, contemporain des Antonins, de la secte des Proculéiens, fut membre du conseil de l'empire et gouverneur de la Pannonie. Comme jurisconsulte, il jouit dans son temps de la plus grande autorité. On trouve dans les Pandectes des fragments de ses ouvrages.

MARCELLUS EMPIRICUS, médecin du IVe siècle, né à Bordeaux, fut, à ce qu'on croit, maître des offices sous Théodose de 379 à 395. On a de lui : De Medicamentis empiricis, recueil de recettes, le plus souvent absurdes, imprimé à Bâle en 1536, in-fol.

MARCELLUS (Aug. du TYRAC, comte de), l'un des fauteurs les plus ardents de la politique ultra-royaliste de la Restauration, né en 1776 au château de Marcellus (près de Meilhan, Lot-et-Garonne), m. en 1841, fut élu député en 1815, devint pair en 1823, refusa le serment en 1830 et vécut depuis dans la retraite, ne s'occupant que de littérature. On a de lui des Odes sacrées, tirées des psaumes, des Cantates sacrées, tirées de la Bible, et une trad. des Bucoliques de Virgile. — Son fils, André Charles de M., 1795-1861, suivit la carrière diplomatique, fut 1er secrétaire d'ambassade à Londres pendant que Chateaubriand y était ambassadeur, puis sous-secrétaire d'État aux affaires étrangères sous le ministère Polignac, et rentra dans la vie privée en 1830. Pendant une mission dont il avait été chargé dans le Levant, il enleva de l'île de Milo la Vénus victorieuse, dite Vénus de Milo, un des chefs-d'œuvre de la statuaire antique (1820). On lui doit un recueil des Chants du peuple en Grèce, avec le texte (1851), et les Dionysiaques de Nonnus, traduites en franç., avec le texte grec en regard et de savantes notes, 1855 : cet ouvrage n'avait encore été traduit complètement en aucune langue moderne. Il a aussi publié : Correspondance intime de Châteaubriant, 1855, et Châteaubriant et son temps, 1859.

MARCELLUS PALINGENIUS. V. MANZOLLI.

MARCENAT, ch.-l. de cant. (Cantal), à 30 kil. N. O. de Murat; 700 hab. Nombreuses émigrations.

MARCH ou MORAVA. V. MORAVA.

MARCHAND (Prosper), bibliographe, né vers 1675 à Guise, en Picardie, mort en 1756, ouvrit à Paris en 1698 un magasin de librairie qui devint le rendez-vous des bibliophiles; passa en Hollande pour y professer plus librement la religion réformée, et s'établit à Amsterdam comme libraire; puis renonça au commerce pour se livrer uniquement à l'étude : il eut part à la rédaction du Journal littéraire de La Haye de 1713 à 1737. On lui doit des éditions d'ouvrages rares ou importants, tels que le Dictionnaire de Bayle; les Voyages de Chardin; les Œuvres de Brantôme; mais il est surtout connu par un Dictionnaire historique, publié après sa mort (La Haye, 1758-9, 1 v. in-fol.), qui complète les Dictionnaires de Moréri, de Bayle et de Chauffepié.

MARCHAND (Étienne), capitaine de la marine marchande, né à l'île de la Grenade en 1755, m. à l'Île de France en 1793, fit de 1790 à 1792, pour le compte d'une maison de Marseille, un voyage autour du monde, et découvrit en 1791 le groupe N. O. des îles Marquises. L'histoire de son voyage a été écrite par Fleurieu, 1798, 4 vol. in-4.

MARCHANGY (L. Ant. de), né à Clamecy en 1782, mort en 1826, fut nommé en 1808 juge suppléant à Paris. Il entra en 1815 dans le ministère public, s'éleva par degrés jusqu'aux fonctions d'avocat général près la cour de cassation, et acquit comme magistrat une fâcheuse célébrité par des réquisitoires passionnés. Il s'était fait connaître dans les lettres dès 1813 par un ouvrage intitulé la Gaule poétique, 6 vol. in-8, où il envisageait l'histoire nationale dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les arts; il publia en 1826 Tristan le Voyageur ou la France au XIVe siècle, qui est comme le complément de la Gaule poétique. Ces deux ouvrages se distinguent par l'étendue des recherches, par l'éclat et la fermeté du style. Plusieurs des plaidoyers de Marchangy ont été recueillis dans le Barreau français.

MARCHAUX, ch.-l. de cant. (Doubs), à 19 kil. N. E. de Besançon, 500 hab.

MARCHE, nom qui dans le moyen âge, surtout depuis Charlemagne, servit à désigner les provinces frontières d'un État, Les Marches étaient gouvernées par des commandants militaires nommés margraves (de marck, marche, et graff, comte), ou marquis, en latin marchio, et qui étaient charges de défendre les frontières. La plupart de ces contrées ont reçu dans la suite d'autres titres, tels que ceux des comtés, duchés, etc.; cependant le nom de marche a été conservé par quelques-unes d'entre elles, comme le comté de la Marche, en France, les Marches d'Italie, la Marche de Brandebourg, etc.

MARCHE (la), par abréviation pour la Marche limousine, prov., puis grand gouvt de l'anc. France,, ainsi nommée parce qu'elle était sur la frontière de France du côté du Limousin, était bornée au N. par le Berri et le Bourbonnais, au S. par le Limousin, à l'O. par le Poitou, à l'E. par l'Auvergne; capit., Guéret. Elle se divisait en Hte-Marche (ch.-l. Guéret), et Bse-Marche (ch.-l. Bellac). La Vienne, la Creuse, l'Anglin, la Gartempe, le Cher y ont leur source. Elle forme auj. le dép. de la Creuse et une forte partie de celui de la Hte-Vienne. — Du temps des Romains, ce pays était compris dans l'Aquitaine et faisait partie du territoire des Lemovices et de celui des Bituriges Cubi et des Pictavi. Au Xe siècle, Guillaume III, duc d'Aquitaine, détacha la Marche de ses domaines et l'érigea en comté en faveur de Boson I, petit fils de Roger, comte de Limoges et de Charroux. Depuis ce temps, la Marche eut des comtes souverains, parmi lesquels on remarque les seigneurs de Lusignan. Philippe le Bel l'acquit par confiscation (1309) et la légua à Charles le Bel, son 3e fils; ce prince l'échangea en 1327 contre le comté de Clermont en Beauvaisis qui appartenait à Louis I de Bourbon. Jacques, 2e fils de ce dernier (V. ci-après), lui succéda dans la possession du comté de la Marche; ce comté passa ensuite par mariage dans la maison d'Armagnac, puis dans celles de Bourbon-Beaujeu et de Bourbon-Montpensier. Il fut confisqué en 1525 sur le connétable de Bourbon par François I et définitivement réuni à la couronne en 1531.

MARCHE (la), Marca, anc. prov. des États de l’Église, au N. E., se divisait en Marche d'Ancône au N. et Marche de Fermo au S.

MARCHE D'ESPAGNE (la), nom donné par Charlemagne aux pays qu'il avait conquis au delà des Pyrénées; cette Marche était comprise entre les Pyrénées au N. et l'Èbre au S. Elle se divisait en Marche de Gascogne, capitale Pampelune, et Marche de Gothie ou Septimanie, capitale Barcelone. Cette contrée forma depuis le comté de Barcelone et une partie de la Navarre.

MARCHE DE PRIEGNITZ, — DE SAXE, — DE STADE, — TRÉVISANE, etc. V. PRIEGNITZ, SAXE, STADE, TRÉVISE, etc.

MARCHE-EN-FAMÈNE, Marca, v. de Belgique (Luxembourg belge), ch. d'arr., sur le ch. de fer, à 80 kil. d'Arlon et 108 de Bruxelles; 2000 hab. Cette ville existait dès le VIIe siècle, et était le ch.-l. d'un petit pays appelé Famène (Falmiensis pagus), dans le (territoire des Condrusi. En 1577, il y fut conclu entre le roi d'Espagne et les Provinces-Unies un traité connu sous le nom d’Édit perpétuel.

MARCHE (La), v. de France. V. LA MARCHE.

MARCHE (Jacques II DE BOURBON , comte de La), petit-fils de Jacques I de Bourbon, tige des comtes de La Marche de la maison de Bourbon (V. BOURBON), fut pris par les Turcs à la bataille de Nicopolis (1396), ne recouvra sa liberté qu'après avoir payé une forte rançon, prit parti pour les Bourguignons contre les Armagnacs, fut fait de nouveau prisonnier par ces derniers et détenu jusqu'en 1412. Veuf de Béatrix de Navarre qu'il avait épousée en 1406, il épousa en 1415 Jeanne II, reine de Naples et de Sicile; mais il ne reçut de cette princesse que le titre de duc de Calabre. Il fit mettre à mort plusieurs des favoris de Jeanne et la tint elle-même en captivité; mais le peuple se souleva contre lui, et il fut forcé de fuir (1419). De retour en France, il se retira chez les Franciscains de Besançon, où il mourut en 1438.

MARCHE (Olivier de La). V. LA MARCHE.

MARCHENA, Castra Gemina? v. d'Espagne (Séville), à 40 kil. E. S. E. de Séville; 12 000 hab. Palais des ducs d'Arcos, antiquités romaines; bains sulfureux.

MARCHENOIR, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), à 28 k. N. de Blois ; 600 hab. Combat des armées française et allemande (9 déc. 1870).

MARCHES (les), anc. pays de France, dans le S. de la Basse-Normandie, auj. dans le dép. de l'Orne, renfermait Alençon, Séez, Argentan.

MARCHFELD, lieu de la Basse-Autriche, sur les bords de la March, et près de Laa, où Rodolphe de Habsbourg vainquit Ottokar en 1278.

MARCHIENNES, ch.-l. de c. (Nord), sur la Scarpe et le canal du Décours, à 15 kil. E. de Douai; 2800 h. Filature de laine et tanneries; commerce de lin, d'arbres fruitiers, d'asperges, etc. Patrie des braves Corbineau. Anc. abbaye, fondée au VIIe siècle par S. Amand.

MARCHIENNES-AU-PONT, bg de Belgique (Hainaut), à 12 kil. S. O. de Namur; 1200 hab. Houille aux env, Kléber y battit les Impériaux en 1794.

MARCIAC, ch.-l. de c. (Gers), à 25 kil. O. de Mirande; 1500 hab. Verreries.

MARCIANOPOLIS, anc. capit. de la Mésie-Inf., est auj. Preslav ou Brahilov en Bulgarie. Elle reçut son nom en l'honneur de Marciana, sœur de Trajân. Prise par les Goths en 245, puis par les Bulgares qui la nommèrent Peristhlaba, d'où Preslav.

MARCIEN, Marcianus, empereur d'Orient de 450 à 457, né vers 391 en Thrace, d'une famille obscure, s'enrôla fort jeune, et s'éleva jusqu'au grade de tribun et au rang de sénateur, et fut, après la mort de Théodose le Jeune, épousé par Pulchérie, sœur de de cet empereur, qui avait été proclamée impératrice. Ce prince guerrier brava les menaces d'Attila, et par son attitude énergique le força à s'éloigner. Il fit triompher la foi catholique au concile de Chalcédoine, 451. L'Église grecque l'a canonisé et le fête avec Pulchérie, le 17 février.

MARCIEN, géographe grec du IVe siècle, né à Héraclée, sur le Pont-Euxin, écrivit un Périple dont il ne reste que des fragments. Il a été publié en 1600, avec trad. lat., dans les Geographi Græci minores de Dodwell, et en 1839, à Paris, par E. Miller.

MARCIGNY-LES-NONNAINS, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 25 kil. S. O. de Charolles; 5665 h. Linge de table. Anc. prieuré de femmes.

MARCILLAC, ch.-l. de c. (Aveyron), sur le Craynaux, à 22 kil. N. O. de Rhodez; 1500 hab. Bestiaux, vins, huile de noix.

MARCILLAT, ch.-l. de c. (Allier), à 25 kil. S. de Montluçon; 500 hab. Houille aux environs.

MARCILLY-LE-HAYER, ch.-l. de c. (Aube), à 25 k. S. E. de Nogent-sur-Seine; 600 hab.

MARCION, hérésiarque du IIe siècle, né à Sinope en Paphlagonie, avait été ordonné prêtre. Chassé de l'église pour avoir séduit une vierge, il se lia avec l'hérétique Cerdon, et se mit à dogmatiser; il enseignait qu'il y a deux principes, l'un auteur du bien, dont l'âme est une émanation, l'autre auteur du mal, dont le corps est l'ouvrage; il attribuait l'ancienne loi au mauvais principe et la nouvelle au bon; rejetait la plus grande partie du Nouveau Testament et des épîtres de S. Paul, etc. Il eut en Italie, en Égypte, en Syrie, en Perse, un grand nombre de partisans fanatiques, connus sous le nom de Marcionites.

MARCIUS. V. le surnom qui suit ce nom.

MARCK (La). V. LA MARCK.

MARCKOLSHEIM, v. d'Alsace-Lorraine, à 14 kil. S. E. de Schelestadt; 1500 hab. Tabac, chanvre, blanchisserie de toiles, poterie.

MARCODURUM, v. de Germanie, auj. Duren.

MARCOING, ch.-l. de cant. (Nord), à 8 kil. S. O. de Cambray; 1301 hab. Sucre de betterave.

MARCOMANS, Marcomanni, peuple de Germanie, habitait au temps d'Auguste sur les deux rives de l’Albis (Elbe), dans les monts Hercyniens; puis ils envahirent la Bohême actuelle d'où ils chassèrent les Boii et eurent alors les Quades pour voisins à l'E. Unis à ces derniers, ainsi qu'aux Iaziges et aux Vandales, ils envahirent l’Italie sous Marc-Aurèle, de 167 à 174, mais ils furent repoussés.

MARCOMIR, nom de plusieurs princes que l’on fait régner sur les Francs bien avant Pharamond. Marcomir I serait le fils du Troyen Anténor et aurait conduit les Francs de la Troade en Germanie. — Marcomir III est placé sous le règne de l’empereur Claude. — Marcomir V est supposé le père de Pharamond. L’histoire de ces princes imaginaires est racontée sérieusement par l’abbé Trithême dans son livre De Origine Francorum.

MARCO-PAOLO ou POLO. V. POLO.

MARCOUSSIS, bourg de Seine-et-Oise, à 35 kil. E. de Rambouillet. Château qui appartenait au comte d’Entragues, père de la marquise de Verneuil. Condé y fut enfermé en 1650.

MARCQ-EN-BARŒUL, bourg du dép. du Nord, à 5 kil. N. de Lille ; 1831 hab. Importante maison d’éducation ecclésiastique. Brasseries, filatures de laines ; fabriques de sucre indigène, de bleu d’azur, d’huile, de vinaigre de grains.

MARCULFE, moine français que l’on présume avoir vécu dans le VIIe siècle, a réuni dans un recueil les formules des contrats et des actes publics les plus usités de son temps. Cette précieuse collection a été publiée par J. Bignon, Paris, 1613, et par Baluze, dans ses Capilulaires des rois de France, et réimpr. par M. de Rozières, 1860.

MARCUS, prénom très-commun chez les Romains ; on l’écrit M. par abréviation. V. le nom qui le suit.

MARCUS GRÆCUS, auteur d’un livre intitulé : Liber ignium ad comburendos hostes (publié en 1804, par Laporte du Theil) ; on y trouve, entre cent recettes ridicules, quelque chose d’analogue à la composition de la poudre, et de curieux détails sur le feu grégeois. On ne sait rien de cet auteur ; on conjecture qu’il vécut au Xe siècle et que son livre, qui n’existe auj. qu’en latin, fut originairement écrit en grec.

MARDES, peuple de la Médie, sur le bord méridional de la mer Caspienne, entre les Gelæ à l’O. et les Tapyres à l’E. Leur pays, à peu près le Mazandéran actuel, fit partie de l’empire Médo-Perse, puis de celui d’Alexandre, etc. Pauvres, belliqueux et adonnés au brigandage, les Mardes n’étaient sujets que de nom.

MARDICK, village du dép. du Nord, à 10 kil. O. de Dunkerque, sur la mer ; 250 hab. Il a donné son nom a un petit canal. C’est à Mardick que Chifflet place Itius Portus des anciens, port important sous les Romains. Mardick fut pris par Turenne en 1657 et assuré à la France par le traité des Pyrénées (1659) ; Louis XIV voulut en relever les fortifications ; mais les Anglais en obtinrent la destruction en 1717 ; en vertu du traité de la Quadruple alliance.

MARDIN, Marde ou Miride, v. de la Turquie d’Asie (Aldjézireh), à 81 kil. S. E. de Diarbekir ; 27 000 hab. Bâtie en amphithéâtre. Elle est ceinte de murs et a quelques fortifications. Plusieurs mosquées et des églises chrétiennes, une medresseh ou collége musulman. Maroquin estimé. — Ville fort ancienne, et longtemps importante ; mais elle souffrit beaucoup des invasions des Tartares au XIIIe siècle.

MARDOCENTÈS, roi arabe, conquit l’empire de Babylone sur les descendants de Nemrod, vers 2218 av. J.-C., et y fonda une dynastie qui régna 225 ans, jusqu’au renversement de Nabonad par Bélus, roi d’Assyrie (1993).

MARDOCHÉE, Juif célèbre, issu des Juifs qui avaient été emmenés en captivité à Babylone par Nabuchodonosor, fit épouser Esther, sa nièce, au roi Assuérus (Artaxerxès I ?), et découvrit une conspiration tramée contre ce prince. Mardochée ayant refusé de s’agenouiller devant l’Amalécite Aman, favori du roi, ce ministre voulut le faire mourir ainsi que tout son peuple ; mais la protection d’Esther le sauva, et Aman, convaincu de conspirer, subit à sa place le dernier supplice. On place cet événement vers 453 av. J.-C.

MARDONIUS, général des Perses, gendre de Darius, conduisit, en 492 av. J.-C., à travers la Thrace, une armée perse destinée à envahir la Grèce et soumit la Macédoine, mais vit sa flotte brisée par la tempête sur les rochers voisins du mont Athos. En 480, il combattit aux Thermopyles et à Salamine ; il fut complètement défait par Pausanias à Platées, 479 et périt dans la bataille.

MAREB, riv. qui naît eu Abyssinie, coule au S. O., puis au N. O., entre en Nubie, et se perd dans les sables. Quelques-uns croient qu’il reparaît ensuite et se jette dans l’Atbarah après un cours de 700 kil.

MARÉCHAL, marescallus, mot dont l’origine n’est pas bien connue, se rencontre dès les premiers temps de la monarchie. Il a désigné d’abord un officier supérieur placé sous les ordres du connétable ou du général en chef, et que l’on nommait maréchal de l’host (c.-à-d. de l’armée), maréchal de camp. Les maréchaux de camp de l’année du roi étaient appelés maréchaux de France, pour les distinguer des maréchaux de camp des autres seigneurs féodaux. Les maréchaux de France furent dès 1185 élevés au-dessus de tous les autres maréchaux de camp ; ils acquirent une importance de plus en plus grande, surtout après la suppression de la dignité de connétable, en 1627 ; depuis cette époque, la dignité de maréchal de France est la plus élevée de l’armée. Un bâton, appelé bâton de maréchal, est la marque distinctive de cette haute dignité. — Avant François I, les fonctions de maréchal étaient purement temporaires ; ce fut ce prince qui le premier nomma des maréchaux à vie. Supprimé en 1792, le maréchalat fut rétabli en 1804 par Napoléon Ier ; les titulaires furent appelés maréchaux d’Empire. Le nombre des maréchaux a beaucoup varié : fixé à 4 par François I, il fut porté jusqu’à 20 sous Louis XIV. Sous Napoléon il y en eut 18 ; auj. le maximum est 12. — Une dignité de maréchal général fut instituée en 1621, en faveur de Lesdiguières ; elle fut aussi conférée à Turenne, à Villars, au maréchal de Saxe, et à Soult en 1847. — Napoléon I créa en 1806 la charge de grand maréchal du palais, dont le titulaire était chargé de veiller spécialement à la sûreté de l’Empereur. Ce poste fut occupé sous Napoléon I par Duroc, par Bertrand, et sous Napoléon III par le maréchal Vaillant. — Chez les étrangers le titre de maréchal est porté par plusieurs grands officiers ; tels sont : le grand maréchal de l’Empire ; le maréchal de l’Église ; le maréchal de la diète ; le grand maréchal de Pologne ; les feld-maréchaux. — Dans la guerre des Albigeois, on donna le titre de maréchal de la Foi à Gui de Lévis, qui accompagna Simon de Montfort : ce titre resta héréditaire dans sa famille. — Le titre de lord maréchal est héréditaire en Écosse dans la famille des comtes de Keith. C’est un membre de cette famille qui fonda en 1593 le Collége Maréchal à Aberdeen. V. KEITH.

MARÉCHAL (Sylvain), écrivain, né à Paris en 1750, mort en 1803, commença à se faire connaître par des poésies pastorales dans lesquelles il prenait le nom de Berger Sylvain ; fut quelque temps bibliothécaire à la bibliothèque Mazarine, mais perdit sa place pour avoir publié des écrits irréligieux. Chaud partisan de la Révolution, il fut un des chantres de la liberté et de la déesse Raison ; il affichait un grossier athéisme, et fut particulièrement lié avec l’astronome Lalande, qui partageait ses opinions désolantes. On a de lui des Bergeries, 1770 ; le Pibrac moderne, 1781 ; Fragment d’un poëme sur Dieu, ou le Lucrèce moderne, 1781 ; l'Âge d’or, 1782 ; Code d’une société d’hommes sans Dieu, 1797 ; Voyage de Pythagore, 1799 ; Dictionnaire des Athées, 1800. Dans ce Dictionnaire, œuvre de folie, on voit figurer parmi les athées Bossuet, Fénelon, Leibnitz, à côté d’Épicure et du baron d’Holbach.

MARÉCHAUSSÉE, corps de cavaliers chargé en France, avant la Révolution, de veiller à la sûreté publique, était placé sous les ordres immédiats des maréchaux. V. l'art. MARÉCHAUX dans notre Dictionn. univ. des Sciences.

MAREMME (la) ou MAREMMES (les), c.-à-d. en italien le littoral, territoire de la Toscane, sur la côte O., entre Livourne et Piombino, est très-fertile, mais marécageux, malsain et peu peuplé : on n'y trouve que quelques pasteurs nomades qui y conduisent des troupeaux de buffles. C'était dans l'antiquité une contrée florissante de l'Étrurie, où se trouvaient les villes de Cosa, de Populonia, etc., dont on voit encore les ruines. Une influence insalubre ne s'y est manifestée que depuis le XVe siècle. On y a exécuté de 1828 à 1832 des travaux qui l'ont un peu assainie.

MARENGO, village de l'Italie sept. (province d'Alexandrie), à 4 kil. S. E. d'Alexandrie, près du confluent du Fontanone et du Tanaro, est célèbre par la victoire que Bonaparte, premier consul, y remporta sur Mélas et les Autrichiens (14 juin 1800) : la soumission de l'Italie, la fin de la seconde coalition et la paix de Lunéville en furent les résultats. — Sous l'Empire, on donna le nom de Marengo à un dép. qui avait pour ch.-l. Alexandrie : il répond à peu près aux prov. actuelles d'Alexandrie, d'Asti et de Casale.

MARENGO, colonie française de l'Algérie, arr. de Blidah, est située dans la partie O. de la Métidja, à 86 kil. S. O. d'Alger; 600 hab. Fondée en 1849.

MARENNES, ch.-l. d'arr. (Charente-Inf.), sur la Seudre, à 2 kil. de l'Atlantique, et à 41 kil. S. de La Rochelle; 2000 hab. Port, trib. de 1re inst. et de commerce. Ville assez bien bâtie, mais peu salubre. Grand commerce de sel, de vins et d'eaux-de-vie. Bonnes huîtres vertes, très-renommées.

MARENNES (les), ou MARENSIN, petit pays de l'anc. Gascogne, s'étend le long de la côte, entre Dax et l'Océan; lieux princ., Cap-Breton et Magescq. Il est auj. compris dans le dép. des Landes. Pays couvert de marais; chênes-liéges, pins dont on tire de la résine et de la poix.

MAREOTIS (lac), auj. Mariout, lac de la Basse-Égypte, à l'O. du Delta, près d'Alexandrie, communiquait à la Méditerranée par le bras Canopique du Nil. Ses bords produisaient des vins exquis.

MARESCHAL (Georges), chirurgien, né à Calais en 1658, m. en 1736, devint en 1688 chirurgien en chef de la Charité, fut nommé en 1703 premier chirurgien de Louis XIV, et conserva ce poste sous Louis XV. C'est un des hommes qui ont le plus contribué aux progrès de la chirurgie en France; il fut un des fondateurs de l'Académie de chirurgie. On n'a de lui que quelques observations, dans les Mémoires de cette Académie.

MARESCOT (Armand Samuel), général du génie, né à Tours en 1758, m. à Vendôme en 1832, prit part comme chef de bataillon au siége de Toulon, où il connut Bonaparte, avec lequel il eut de vives contestations, défendit Maubeuge en 1794, prit Charleroi, après avoir essuyé un échec devant cette ville; s'empara de Landrecies, de Maëstricht (nov. 1794), et fut après ce succès nommé général de division; défendit Landau et le fort de Kehl (1796), rendit en 1797 et 98 les plus grands services dans les armées de Rhin-et-Moselle et d'Allemagne, et fut nommé inspecteur général du génie après le 18 brumaire (1799). Il accompagna le général Dupont en Espagne, et eut le malheur de signer avec lui la capitulation de Baylen (1808) : il fut pour ce fait destitué, incarcéré trois ans, puis exilé à Tours. Il fut sous la Restauration réintégré dans son grade, fait pair et marquis. On a de lui une Relation des principaux sièges faits en Europe par les armées françaises depuis 1792, Paris, 1806.

MARET (Hugues Bernard), duc de Bassano, né à Dijon en 1763, m. en 1839, était fils d'un médecin distingué et fut d'abord avocat au parlement de Bourgogne. Venu à Versailles en 1789, il y publia les bulletins de l'Assemblée nationale, et jeta ainsi les fondements du Moniteur universel. Envoyé comme ambassadeur à Naples en 1792, il fut enlevé en route par les Autrichiens : il ne recouvra la liberté qu'en 1795, étant échangé contre la fille de Louis XVI. Après le 18 brumaire, le général Bonaparte, qui avait reçu de lui de nombreux services lorsqu'il n'était encore que simple lieutenant, le nomma secrétaire général des consuls, puis ministre secrétaire d'État, 1804. Il accompagna l'Empereur dans toutes ses campagnes, fut admis à ses plus secrètes délibérations et chargé de la rédaction de sas instructions et de ses bulletins. Nommé en 1811 duc de Bassano, il reçut en même temps le portefeuille des affaires étrangères, et en 1813 celui de la guerre. Exilé par les Bourbons après 1815, il ne put rentrer en France qu'en 1820. Nommé pair de France en 1831 par le roi Louis-Philippe, il fut un instant ministre de l'intérieur et président du conseil (10-18 nov. 1834). Maret était un homme infatigable au travail, un politique habile et honnête; il sut, par la modération de son caractère, se concilier l'estime et l'affection des étrangers eux-mêmes. Ami des lettres, il fut admis à l'Académie Française en 1803, et à celle des sciences morales en 1830.

MARETIMO, Hiera, île de la Méditerranée, à 32 k. de la côte O. de la Sicile, sert de prison d'État. C'est une des anciennes îles Égades.

MAREUIL, ch.-l. de c. (Dordogne), à 23 kil. S. E. de Nontron; 1000 hab. Bonneterie, filatures. Bons vins rouges. — Autre ch.-l. de c. (Vendée), sur le Lay, à 22 kil. S. E. de Napoléon-Vendée; 1200 hab.

MARFÉE (bois de la), en Champagne, dans le dép. actuel des Ardennes, non loin de Sedan. Il s'y livra en 1641 un combat entre les troupes royales, commandées par le maréchal de Châtillon, et plusieurs princes français coalisés contre le cardinal de Richelieu. Les rebelles furent vainqueurs; mais le comte de Soissons, l'un d'eux, y fut tué.

MARFORIO, antique statue de marbre, de dimension colossale, représentant un fleuve couché, qui fut trouvée dans le Forum de Mars (Martis foro), d'où son nom. Elle était placée près du palais Braschi. On venait autrefois afficher secrètement sur cette statue des satires contre les grands et contre le gouvernement. Elle fut enlevée de sa place en 1784 et placée dans la cour du musée capitolin.

MARGAT, v. de Syrie, dans le pachalik de Tripoli, et à 50 k. N. de cette ville, sur un roc escarpé. Cédés aux Hospitaliers en 1180, par Renauld, seigneur de Margat, elle leur servit de retraite après la prise de Jérusalem par Saladin, 1187, et resta en leur pouvoir jusqu'au temps où ils furent chassés de Syrie.

MARGATE, v. d'Angleterre (Kent), dans l'île de Thanet, à l'embouchure de la Tamise, à 120 k. E. S. E. de Londres; 12 000 h. Chemin de fer. Maisons élégantes dans la partie moderne de la ville. Grand commerce de grains. Bains de mer.

MARGAUX (CHÂTEAU-). V. CHÂTEAU-MARGAUX.

MARGERIDES (monts), branche des Cévennes, se détache de cette chaîne au N. du dép. de la Lozère, près de la source du Chapeau-Roux, affluent de l'Allier, court au N. O. en traversant les dép. de la Hte-Loire et du Cantal, et va se lier au Plomb du Cantal. Sa plus haute cime ne dépasse pas 1560m.

MARGHILAN, v. et fort du Turkestan (khanat de Khokan), à 80 kil. S. E. de Khokan, sur un affluent du Sir-Daria. On y conserve un drapeau rouge, qu'on prétend avoir appartenu à l'armée d'Alexandre le Grand. Draps d'or et d'argent, velours, étoffes diverses.

MARGIANE, Margiana, contrée de l'Asie anc., située au N. de la Bactriane, et parfois comprise dans la Bactriane même, était arrosée par le Margus, d'où son nom, et avait pour ch.-l. Antiochia Margiana.

MARGRAFF (George), médecin et voyageur, né en 1610 à Liebstædt (Misnie), s'attacha au comte de Nassau, gouverneur des établissements hollandais au Brésil, et visita tout le Brésil par ordre de ce prince (1636-42). Ayant entrepris un voyage en Guinée, il périt dans ce pays, victime de l'insalubrité du climat. Il a laissé une excellente Histoire naturelle du Brésil, en lat., publiée par J. de Laët, Amst., 1648.

MARGRAFF (André Sigismond), chimiste, né a Berlin en 1709, m. vers 1782, fut membre de l'Académie de cette ville, directeur de la classe de physique, associé de l’Académie des sciences de Paris. On lui doit des découvertes précieuses en chimie, notamment de nouvelles recherches sur l’acide formique ; c’est lui qui le premier a extrait la potasse du tartre et du sel d’oseille, et qui a retiré du sucre de la betterave, 1745 : il eut le mérite de prévoir l’avenir de cette découverte. Il employa un des premiers la voie humide dans l’analyse organique, et appliqua le microscope à l’étude des sciences. Ses opuscules, presque tous en français, se trouvent, soit dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, soit dans les Miscellanea berolinensia. Ils ont été réunis à Berlin, 1762, 2 v. in-8.

MARGRAVE (de l’allemand marck, marche, frontière, et graff, comte), titre donné autrefois par les empereurs aux seigneurs qu’ils chargeaient de la défense des marches ou provinces-frontières. Plusieurs princes d’Allemagne ont conservé ce titre, parce que leurs principautés étaient primitivement des marches. Le margrave dépendait immédiatement de l’empereur, et non du duc dans le territoire duquel se trouvait le margraviat. Aux XIIe siècle, la dignité des margraves devint héréditaire ; bientôt après, ils furent créés princes immédiats de l’empire. On compte actuellement 4 margraviats : celui de Brandebourg (au roi de Prusse), celui de Misnie (au roi de Saxe), celui de Bade (au grand duc de Bade), et celui de Moravie à l’empereur d’Autriche). — Le titre français de marquis a la même origine que celui de margrave.

MARGUERITE (Ste), Margarita, vierge et martyre, née, à ce qu’on croit, à Antioche en Pisidie. On ne sait rien de certain sur elle : on croit qu’elle subit le martyre à Antioche, vers 275, pour avoir refusé de renier la foi chrétienne et d’épouser Olybrius, gouverneur de la ville, qui était païen. On la fête le 20 juillet. Elle est la patronne de Crémone.

MARGUERITE (Ste), reine d’Écosse, fille d’Édouard, prince anglais, et d’une princesse de Hongrie, née en Hongrie en 1046, épousa en 1070 Malcolm III, roi d’Écosse, exerça, par sa beauté et ses vertus, un grand ascendant sur l’esprit de ce prince, et ne s’en servit que pour faire du bien et adoucir le sort du peuple. Son époux et son fils ayant été tués en 1093 sur le même champ de bataille, elle en mourut de chagrin trois jours après. On la fête le 10 juin.

MARGUERITE DE PROVENCE, reine de France, fille aînée de Raymond Béranger IV, comte de Provence, née en 1221, morte en 1295, fut mariée en 1234 à Louis IX, et se montra par ses vertus digne de son époux. Elle l’accompagna dans sa première croisade, et déploya le plus grand courage lorsqu’il eut été fait prisonnier : ce fut elle qui détermina les Croisés à résister dans Damiette aux Infidèles après la défaite de Mansourah. Elle de vint le conseil secret du roi après la mort de la reine Blanche et réussit, en 1255, à l’empêcher d’abdiquer pour se faire dominicain. Après la mort du roi elle se retira dans un couvent.

MARGUERITE DE BOURGOGNE, reine de France, fille de Robert II, duc de Bourgogne, épousa en 1305 Louis le Hutin, qui n’était pas encore roi de France. Elle était jeune, belle et spirituelle ; mais son goût effréné pour le plaisir l’entraîna aux plus coupables déportements : en 1314, cette princesse fut, ainsi que sa belle-sœur, Blanche de la Marche, convaincue d’adultère avec les deux frères, Philippe et Pierre Gaultier d’Aulnay, gentilshommes normands. On enferma les deux princesses au Château-Gaillard d’Andely ; Marguerite y fut, quelques mois après, étranglée par l’ordre de son mari, à l’âge de 25 ans (1315).

MARGUERITE D’ÉCOSSE, reine de France, née en 1425, morte en 1444, était fille de Jacques I, roi d’Écosse. Elle fut fiancée dès 1428 au Dauphin Louis (Louis XI), mais ne se réunit à lui qu’en 1436. Les Anglais, dont cette alliance contrariait la politique avaient tout fait pour s’y opposer : ils tentèrent même, mais vainement, d’enlever la jeune princesse pendant la traversée. Marguerite aimait les lettres et avait plaisir à entendre Alain Chartier (V. ce nom). Louis l’avait rendue si malheureuse qu’elle dit en mourant : Fi de la vie ! qu’on ne m’en parle plus.

MARGUERITE DE VALOIS, reine de Navarre, sœur de François I, née en 1492, morte en 1549. Elle épousa en 1509 le duc d’Alençon. Devenue veuve, elle fut mariée en 1527 au roi de Navarre, Henri d’Albret, dont elle eut Jeanne d’Albret, mère de Henri IV. Elle aimait beaucoup François I, qui avait aussi pour elle un grand attachement et qui la surnommait la Marguerite des Marguerites (la Perle des Perles) ; elle alla le trouver à Madrid pendant sa captivité et travailla de tout son pouvoir à lui faire rendre la liberté. Dans son roy. de Navarre, Marguerite fit fleurir la commerce, favorisa les lettres et les cultiva elle-même avec succès. On lui reproche d’avoir incliné vers la Réforme. Elle accueillit dans sa petite cour de Nérac Clément Marot, Dolet, Calvin, et fit tous ses efforts pour réconcilier les Catholiques et les Protestants. On a d’elle l’Heptaméron ou Nouvelles de la reine de Navarre (imprimé en 1559), recueil de contes imités de Boccace ; on y trouve beaucoup d’imagination et d’esprit, mais parfois aussi la licence de l’époque. Marguerite a laissé en outre des poésies d’un tour facile et pleines de grâce, qui lurent publiées en 1547 à Lyon sous le titre de Marguerites de la Marguerite des princesses et des Lettres (publiées en 1841 par Génin). Ses Œuvres complètes ont été publiées à Paris en 1852.

MARGUERITE DE FRANCE, duchesse de Berry, fille de François I, née en 1523, morte en 1574, cultiva les lettres, fut, à l’exemple de son père, la protectrice des savants, notamment de l’Hôpital, Ronsard, Daurat, et fit fleurir l’Université de Bourges, capitale de son duché ; elle possédait elle-même le grec et le latin. Elle épousa en 1559 Emmanuel Philibert, duc de Savoie, et alla se fixer à Turin ; elle attira à l’université de cette ville les jurisconsultes les plus fameux ; elle se fit tellement chérir de ses sujets qu’ils la nommèrent la Mère des peuples.

MARGUERITE DE FRANCE ou DE VALOIS, reine de Navarre, fille de Henri II, roi de France, et de Catherine de Médicis, née en 1553, fut mariée en 1572 au prince de Béarn, depuis Henri IV. Cette union, faite par la cour dans le but de tromper les Protestants à la veille de la St-Barthélemy, ne fut point heureuse : les deux époux ne sentaient l’un pour l’autre aucun penchant ; bientôt l’un et l’autre cherchèrent de leur côté de nouveaux objets d’affection, et Henri, éclairé sur les infidélités de sa femme, se vit obligé de la faire enfermer au château d’Usson en Auvergne. Lorsqu’il fut devenu roi de France, il sollicita du pape Clément VIII et obtint l’annulation de ce mariage (1599). Depuis ce temps cette princesse vécut tantôt en Auvergne, tantôt à Paris, dans un palais séparé ; néanmoins le bon roi fournissait à ses dépenses, et allait même lui faire de fréquentes visites. Elle mourut en 1615, laissant de curieux Mémoires sur les événements qui se sont passés de 1555 à 1582 (publiés en 1628, souvent réédités, notamment par MM. Guessard, Lalanne et Caboche. On a en outre de cette princesse des Lettres et des Poésies, dans le goût de Ronsard et Dubartas.

MARGUERITE DE VALDEMAR, la Sémiramis du Nord, reine de Norvége, de Danemark et de Suède, fille de Valdemar, roi de Danemark, née en 1353, m., en 1412, épousa en 1363 Haquin, roi de Norvége. À la mort de Valdemar, 1376, elle fit proclamer son fils, Olaüs roi de Danemark sous sa tutelle ; son mari étant mort en 1380, elle devint également régente de la Norvége ; enfin, profitant d’une révolte des Suédois contre leur roi Albert de Mecklembourg, elle se fit proclamer reine de Suède en 1387, battit Albert à Falkœping en Vestrogothie, et le contraignit à abdiquer. Ayant perdu la même année son fils Olaüs, elle choisit pour lui succéder Eric, son petit-neveu, le fit reconnaître roi par les trois pays, et convoqua en 1397 à Calmar une assemblée de députes de tous ses États qui rédigea le célèbre acte d’union, par lequel les royaumes de Danemark, de Suède et de Norvège étaient unis à perétuité. Cette princesse joignait l'énergie d'un grand homme aux grâces et aux qualités de son sexe.

MARGUERITE D'ANJOU, reine d'Angleterre, fille de René, dit le Bon, roi titulaire de Sicile, avait été élevée à la cour de France, et mariée en 1445 à Henri VI, roi d'Angleterre. Elle prit bientôt un empire absolu sur ce roi imbécile et gouverna pour lui. Lorsqu'éclata la guerre des Deux-Roses, elle se mit à la tête du parti de Lancastre (Rose-Rouge) : battue par le duc d'York à St-Alban, en 1455, puis à Northampton, en 1460, elle remporta la même année à Wakefield une éclatante victoire. Le duc d'York y perdit la vie, mais son fils le remplaça aussitôt, se fit proclamer roi sous le nom d’Édouard IV, battit les troupes de Marguerite à Towton, 1461, et la força à chercher un asile en France. Elle n'obtint de Louis XI qu'un faible secours; néanmoins elle tenta de nouveau la fortune, mais elle vit ses espérances ruinées par la bataille d'Exham, 1463; elle tomba, dans sa fuite, au milieu d'une bande de voleurs : elle allait être dépouillée, lorsqu'elle se fit connaître à l'un d'eux, qui la sauva et la ramena en France. Quelques années après, elle vit ses affaires un instant relevées par Warwick, qui avait abandonné le parti d'York pour celui de Lancastre; mais elle perdit en 1471 la bataille décisive de Tewksbury : tombée alors avec son fils au pouvoir de l'ennemi, elle vit massacrer ce fils et fut enfermée à la Tour. Elle ne recouvra sa liberté qu'en 1475, par la médiation de Louis XI, et mourut en France en 1482.

MARGUERITE D'AUTRICHE, fille de l'empereur Maximilien I et de Marie de Bourgogne, née en 1480, morte en 1530, fut fiancée, en 1483, au Dauphin, depuis Charles VIII, qui la renvoya à son père en 1491 pour épouser Anne de Bretagne; en 1497, à l'infant d'Espagne, fils de Ferdinand et d'Isabelle, qui mourut peu après; et fut enfin mariée en 1501 à Philibert le Beau, duc de Savoie, qu'elle perdit après quatre ans d'une union heureuse, et à qui elle fit élever un magnifique mausolée (V. BROU). En 1506, elle fût nommée par Maximilien gouvernante des Pays-Bas. Elle assista, en qualité de plénipotentiaire, aux conférences de Cambrai, et conclut le traité de paix de 1508 avec le cardinal d'Amboise; ce qui ne l'empêcha pas en 1515 de déterminer le roi d'Angleterre à entrer dans une nouvelle ligue contre la France. En 1529, elle conclut avec la duchesse d'Angoulême, Louise de Savoie, le traité de Cambrai, dit paix des Dames, traité fort avantageux à l'Autriche. Pendant son administration, l'agriculture et les arts firent des progrès remarquables dans les Pays-Bas. Cette princesse avait l'esprit cultivé : elle a laissé un Discours de sa vie et de ses infortunes, et des Chansons, restées inédites.

MARGUERITE DE PARME, duchesse de Florence, de Parme et de Plaisance, puis gouvernante des Pays-Bas, était fille naturelle de Charles-Quint, et petite-nièce de Marguerite d'Autriche. Elle épousa Alexandre de Médicis, duc de Florence, et après sa mort, Octave Farnèse, petit-fils du pape Paul III, et duc de Parme et de Plaisance (1538). Nommée par Philippe II gouvernante des Pays-Bas (1559), elle montra beaucoup de prudence, prit Granvelle pour ministre, et tâcha de ramener les insurgés par la douceur; mais elle fut au bout de peu de temps (1567) remplacée par le duc d'Albe, dont les cruautés la firent vivement regretter. Elle se retira en Italie où elle mourut en 1586. Elle eut pour fils Alexandre Farnèse, qui fut aussi gouverneur des Pays-Bas.

MARGUERITE (île), île de la mer des Antilles, l'une des Îles-sous-le-Vent, près de la côte N. du Vénézuela, par 60° 17' long. O., 11° 3' lat. N., est séparée du continent par un canal de 20 kil. de large et fait partie du dép. de l'Orénoque. Elle a 62 k. sur 36 et 12 000 h. ; ch.-l., L'Assomption. Fortifications redoutables. Pêcherie de perles (margarita), d'où le nom de l'île. — Colomb découvrit cette île en 1498. Les Espagnols y fondèrent quelques établissements; mais les Hollandais les ruinèrent en 1662. Il s'y livra plusieurs combats au commencement de ce siècle dans la guerre de l'Indépendance.

MARGUERITTES, ch.-l. de cant. (Gard), à 5 kil. N. E. de Nîmes; 1750 h. Station de chemin de fer.

MARGUS, Margab, fleuve de l'Asie ancienne, dans la Margiane, sortait des monts Paropamise, et se jetait dans l'Oxus. — Fleuve de Mœsie, sortait du mont Orbelus, et se jetait dans le Danube, à Margum (Passarovitz) : c'est auj. la Morava.

MARIA (dona). V. MARIE, reine de Portugal.

MARIAMNE, princesse juive, fille d'Alexandre, fils du roi Aristobule, et d'Alexandra, fille du grand sacrificateur Hyrcan, fut épousée par Hérode le Grand, qui avait conçu pour elle une violente passion. Ce prince en avait déjà eu 2 fils, Alexandre et Aristobule, lorsque, dans un accès de jalousie, il la fit mettre à mort sur de faux soupçons (30 av. J.-C.). A peine l'ordre était-il exécuté qu'il en éprouva le plus vif regret, et tomba dans une sorte de délire pendant lequel il croyait encore voir et entendre Mariamne. Ce sujet tragique a été mis sur la scène par Hardy, Tristan et Voltaire.

MARIANA (Juan de), célèbre jésuite, né à Talavera en 1537, mort à Tolède en 1624, à 87 ans, enseigna la théologie à Rome, puis à Paris (1569), et se retira en 1574 à Tolède dans la maison des Jésuites, où il se consacra à la composition de ses ouvrages. On a de lui : 1° une Histoire d'Espagne, qui jouit d'une grande réputation; elle fut d'abord écrite en latin sous ce titre : Historiæ de rebus Hispaniæ libri XXX, Tolède, 1592-95; puis l'auteur la mit lui-même en espagnol (elle a été trad. en français par le P. Charenton, 1725); 2° un traité célèbre De rege et regis institutione, 1599, où il examine si l'on peut tuer un tyran et où il se décide pour l'affirmative. Après l'assassinat de Henri IV, on prétendit que la lecture de ce traité avait déterminé Ravaillac à commettre son crime, et le livre fut en conséquence brûlé à Paris en 1610 par arrêt du parlement. Mariana est surtout estimé comme historien : on l'a surnommé le Tite-Live de l'Espagne : son but est surtout de raconter; il recueille tout sans grande critique, miracles, légendes, contes, traditions; cependant il paraît être franc et impartial. Ses narrations ont de l'intérêt et de la rapidité; sa diction est claire, élégante et vigoureuse. Comme Tite-Live, il a mis des harangues dans la bouche de ses personnages.

MARIANI MONTES, auj. la Sierra Morena.

MARIANNA, v. du Brésil (Minas-Geraës), ch.-l. de prov., sur le Libeiro-do-Carmo, à 225 kil. N. de Rio-Janeiro; 7000 hab. Évêché. Mines d'or.

MARIANNE. V. MARIAMNE.

MARIANNES (les îles) ou DES LARRONS, chaîne de 17 îles du Grand-Océan (Polynésie), au N. E. des Philippines, au S. de l'archipel Mounin-Volcanique, par 141°-143° long. E., 12° 30'-20° 13' lat. N. Cet archipel a env. 3110 kil. carrés, et ne compte guères que 6000 hab. (jadis on en comptait 50 000). Climat chaud, mais tempéré par les brises de mer. Arbre à pain, citrons, oranges, cocos, bananes, etc. Les 5 îles les plus mérid. sont seules habitées : ce sont Guam, Tinian, Saypan ou St-Joseph, Agrigan, l'Assomption. — Les compagnons de Magellan découvrirent ces îles en 1521; Legaspi en prit possession au nom de Philippe II en 1565. Sous Philippe IV, on les nomma Mariannes en l'honneur de sa femme Marie-Anne d'Autriche, qui y envoya des missionnaires. La cruauté des Espagnols envers les indigènes a presque complètement dépeuplé cet archipel.

MARIANUM, v. de l'anc. Corse. V. BONIFACIO.

MARIE (Ste), la Sainte Vierge, mère de Jésus-Christ, était issue du sang royal de David et eut pour mère Ste Anne. Fiancée vers l'âge de 15 ans à S. Joseph, déjà âgé, elle habita Nazareth avec son époux, qui ne fut que le gardien de sa virginité. Peu après son mariage l'ange Gabriel lui apparut et lui annonça qu'elle concevrait par la vertu du Saint-Esprit, sans cesser d'être vierge; il lui dit de nommer son fils Jésus (c.-à-d. sauveur) : neuf mois après naquit en effet le Sauveur. Marie l’emmena avec elle en Égypte pour le soustraire à la fureur d’Hérode qui, inquiet de certaines prophéties, voulait le faire périr, ainsi que tous les nouveau-nés de la Judée. Le danger passé, elle revint avec S. Joseph à Nazareth, où elle mena pendant plusieurs années une vie fort retirée. Elle accompagna Jésus pendant ses prédications et fut présente à son crucifiement. Marie est honorée, comme mère de Dieu, d’un culte particulier, et invoquée comme intercédant d’une manière toute-puissante auprès de son fils. L’Église fête les principaux événements de sa vie : le 8 déc., sa Conception immaculée dans le sein de Ste Anne ; le 8 sept., sa Nativité ; le 21 nov., sa Présentation au temple ; le 25 mars, l’Annonciation ; le 2 juillet, la Visitation ; le 2 fév., la Purification ; enfin le 15 août, l’Assomption, c.-à-d. son élévation au ciel. En outre le mois de mai lui est particulièrement consacré sous le nom de Mois de Marie.

MARIE de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare, se fit remarquer de Jésus par sa foi et son dévouement : c’est à sa prière qu’il ressuscita Lazare ; c’est elle aussi qui six jours avant la Pâque versa sur les pieds de Jésus un parfum précieux et les essuya de sa chevelure. On la fête le 17 déc., avec Ste Marthe.

MARIE L’ÉGYPTIENNE (Ste), femme d’Égypte qui, après avoir mené la vie la plus dissolue à Alexandrie, se convertit miraculeusement à Jérusalem pendant la fête de l’exaltation de la Croix, et alla vivre dans le désert, s’imposant les plus dures privations ; elle y mourut vers 421. On l’hon. le 9 avril.

MARIE MADELEINE. V. MADELEINE.

Reines et princesses de France.

MARIE DE BRABANT, fille de Henri III, duc de Brabant, née vers 1260, épousa en 1274 Philippe le Hardi, roi de France. Deux ans après, elle fut accusée par Labrosse, favori du roi, d’avoir empoisonné l’aîné des fils que Philippe avait eus d’une 1re femme ; elle eût été condamnée à mort si son frère Jean de Brabant n’eût envoyé un chevalier qui défendit son innocence les armes à la main : l’accusateur, n’ayant pu soutenir sa calomnie, fut pendu. Elle survécut 36 ans à Philippe III, et mourut en 1321. Ancelot a composé un poëme en 6 chants sur Marie de Brabant, 1825.

MARIE D’ANGLETERRE, fille de Henri VII, roi d’Angleterre, née en 1497, épousa en 1514, à peine âgée de 17 ans, le roi de France Louis XII, qui en avait alors 52. Devenue veuve dès l’année suivante, elle s’unit peu après au duc de Suffolk, son amant, qui l’avait suivie en France comme ambassadeur. Elle en eut une fille, qui fut la mère de Jeanne Grey.

MARIE DE MÉDICIS, fille du grand-duc de Toscane François I et de Jeanne, archiduchesse d’Autriche, née à Florence en 1573, était d’une beauté remarquable. Elle épousa Henri IV en 1600 et fut mère de Louis XIII. D’un caractère altier et opiniâtre, elle fit le malheur de son époux et fut soupçonnée de n’avoir pas été étrangère au crime qui abrégea sa vie. Nommée régente après la mort de Henri IV, 1610, elle ne s’occupa qu’à détruire l’ouvrage de ce grand roi, donna sa confiance à d’indignes favoris, surtout à Concini, qu’elle prit pour principal ministre, et se rendit tellement odieuse à son propre fils que celui-ci fut obligé de l’éloigner de la cour dès qu’il fut majeur, 1617. Elle prit les armes contre lui, mais fut vaincue au Pont-de-Cé, 1620 ; malgré un raccommodement momentané, ménagé par Richelieu, qui était alors son conseil (1620), elle fut quelques années plus tard, après la Journée des Dupes (1630), reléguée par Richelieu lui-même à Compiègne, et enfin réduite à quitter la France (1631). Elle passa le reste de sa vie dans l’exil, séjournant successivement à Bruxelles, à Londres, et enfin à Cologne ; elle mourut dans cette dernière ville en 1642, après avoir en vain, sollicité de rentrer en France. On a dit, mais à tort, qu’elle avait été laissée dans le dénûment. Marie de Médicis aimait les arts ; elle protégea particulièrement Philippe de Champagne et Rubens ; on lui doit une belle collection des tableaux de Rubens ; elle fit construira le palais du Luxembourg, le Cours-la-Reine (qui fait auj. partie des Champs-Élysées), l’aqueduc d’Arcueil. On peut consulter sur cette reine : l’Histoire de la mère et du fils, Amsterdam, 1730, ouvrage qui porte le nom de Mézeray, mais qui est probablement de Richelieu lui-même, et la Vie de Marie de Médicis, par Mme d’Arconville, 1774.

MARIE-THÉRÈSE D’AUTRICHE, fille de Philippe IV, roi d’Espagne, née en 1638, épousa Louis XIV en 1660, et mourut en 1683. Elle se fit remarquer par sa douceur ainsi que par sa piété, et supporta sans murmurer les nombreuses infidélités du roi. Bossuet et Fléchier ont prononcé son oraison funèbre. C’est pour réclamer sa dot que Louis XIV fit la conquête de la Flandre et de la Franche-Comté. V. DÉVOLUTION.

MARIE LECZINSKA, fille de Stanislas, roi de Pologne, née en 1703, épousa en 1725 Louis XV, auquel elle donna dix enfants, et mourut en 1768. Son père était dépouillé de son royaume et dans la détresse lorsqu’eut lieu ce mariage inespéré. Elle eut beaucoup à souffrir des infidélités de son mari et de l’orgueil de ses indignes maîtresses ; en outre, elle eut la douleur de voir mourir la plupart de ses enfants.

MARIE-ANTOINETTE D’AUTRICHE, fille de l’empereur François I et de Marie-Thérèse, née en 1755, épousa en 1770 Louis XVI, alors duc de Berry et Dauphin de France. Les fêtes de ce mariage furent troublées par de graves accidents qui semblaient être de funestes présages. À peine montée sur le trône (1774), cette princesse, à laquelle on pouvait tout au plus reprocher un peu de légèreté, trop de fierté et de la prodigalité, fut en butte à toutes sortes d’attaques ; la malheureuse affaire du Collier, à laquelle elle fut mêlée sans le savoir (V. ROHAN et LAMOTTE), vint encore la compromettre dans l’opinion publique (1785). Elle devint, au moment de la Révolution, l’objet de violentes préventions à cause de ses liaisons avec les ennemis des nouvelles institutions. Marie-Antoinette voulut partager tous les malheurs de son époux : elle se vit comme lui insultée et menacée aux 5 et 6 oct. 1789 ; l’accompagna dans sa fuite et fut ramenée à Paris avec lui après l’arrestation de Varennes (1791) ; fut renfermée au Temple, puis transférée à la Conciergerie, après avoir été séparée de ses enfants ; eut à subir pendant sa captivité les plus indignes traitements et se vit enfin condamnée à mort, sous les imputations les plus infâmes et les plus calomnieuses ; elle monta sur l’échafaud le 16 oct. 1793. Cette princesse supporta ses malheurs avec une héroïque résignation, que la religion seule pouvait inspirer ; sa condamnation est l’opprobre de la Révolution française. La Vie de Marie-Antoinette a été écrite par MM. de Goncour, de Viel-Castel et de Lescure ; M. Feuillet de Conches a publié sa Correspondance et celle de Louis XVI, 4 vol. in-8, 1865.

MARIE-LOUISE, impératrice de France, née en 1791, morte en 1847, était fille de François I, empereur d’Autriche, et fut épousée en 1810 par l’empereur Napoléon, qui avait fait de ce mariage une condition de la paix avec l’Autriche. Elle fut reçue en France avec enthousiasme, donna le jour l’année suivante à un fils, qui fut salué en naissant du titré de roi de Rome (V. REICHSTADT), fut pendant les campagnes de 1812, 1813 et l814, régente de l’Empire, mais n’en eut jamais que le nom ; abandonna Paris à l’approche des alliés sans rien tenter pour sauver l’Empereur et le pays ; se laissa sans murmure, après l’abdication de Napoléon, éloigner de lui et séparer de son fils, protesta même publiquement contre le retour de Napoléon en 1815 et reçut du Congrès de Vienne, pour prix de sa docilité, le duché de Parme, à titre de possession viagère. Elle passa le reste de ses jours dans ce duché, vivant avec le comte de Neipperg, général autrichien, qui lui avait été donné par la cour de Vienne pour ministre, et dont elle eut trois enfants. Femme nulle, Marie-Louise fut également au-dessous de sa prospérité et de son infortune : elle ne sut être ni impératrice, ni veuve, ni mère.

MARIE (la princesse) d'Orléans. V. ORLÉANS.

Princesses étrangères.

MARIE DE BOURGOGNE, fille unique de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, née à Bruxelles en 1457, morte à Bruges en 1482, n'était âgée que de 21 ans lorsqu'elle hérita des vastes États de son père. Exposée aux attaques de Louis XI et aux révoltes de ses propres sujets, elle chercha un époux qui pût lui servir de protecteur, et choisit en 1477 l'archiduc Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III. Cette union fit passer dans la maison d'Autriche les États des ducs de Bourgogne, et établit ainsi entre cette maison et la France une rivalité qui dura plusieurs siècles. Gaillard a écrit l’Hist. de Marie de Bourgogne, 1759.

MARIE D'AUTRICHE, petite-fille de Marie de Bourgogne, née à Bruxelles en 1503, morte en 1558, était fille de l'archiduc Philippe le Beau et sœur de Charles-Quint. Elle épousa en 1521 Louis II, roi de Hongrie et de Bohême, qui fut tué à la bataille de Mohacz en 1526. En 1531 Charles-Quint lui confia le commandement des Pays-Bas; elle l'exerça pendant 15 ans avec une fermeté au-dessus de son sexe. Elle fonda en 1542 la ville de Marienbourg.

MARIE I TUDOR, reine d'Angleterre, née en 1516, de Henri VIII et de Catherine d'Aragon, avait été élevée loin du trône, dans une sorte d'exil. A la mort de son frère Édouard VI, 1553, Jeanne Grey, voulut, à l'instigation du duc de Northumberland, lui disputer la couronne, mais elle trouva peu de partisans et tomba entre les mains de sa rivale, qui lui fit trancher la tête. Marie rétablit en Angleterre le Catholicisme, poursuivit les Réformateurs et en fit périr un grand nombre sur les échafauds et les bûchers, ce qui l'a fait surnommer Marie la Sanglante. Elle avait épousé en 1554 Philippe II, fils de Charles-Quint; mais elle fut délaissée par ce prince dès qu'il fut monté sur le trône d'Espagne. La perte de Calais, reprise par la France en 1558, lui porta le coup mortel; elle mourut la même année, sans laisser d'enfants.

MARIE II, reine d'Angleterre, fille aînée de Jacques II et de sa première femme, Anne Hyde, née en 1662, épousa à l'âge de 15 ans le prince d'Orange, depuis Guillaume III, et lui montra un tel dévouement qu'elle apprit avec des transports de joie la chute de son propre père, que son époux venait remplacer sur le trône (1688). Fille d'un père catholique, elle fut protestante fanatique. Elle mourut de la petite vérole en 1695.

MARIE DE LORRAINE, reine d’Écosse, fille de Claude, duc de Guise, née en 1515, fut mariée en 1534 à Louis II d'Orléans, duc de Longueville, qui mourut après trois ans de mariage; elle épousa en 1538 le roi d’Écosse Jacques V, devint mère de Marie Stuart, et resta veuve dès 1542. Nommée régente du roy. pendant la minorité de Marie Stuart, elle se laissa dominer par les Guise, ses frères, combattit sur leur conseil les progrès de la Réforme et ordonna des supplices qui irritèrent vivement la nation. Elle mourut en 1560, au moment où le pouvoir allait lui échapper.

MARIE STUART, reine d’Écosse et de France, fille de Jacques V, roi d’Écosse, et de Marie de Lorraine, naquit en 1542, perdit son père huit jours après sa naissance, et fut aussitôt reconnue reine sous la tutelle de sa mère, Marie de Lorraine. Elle épousa en 1558 le Dauphin de France, qui l'année suivante devint roi sous le nom de François II. Veuve de ce prince après dix-huit mois de mariage, elle retourna, quoique à regret, en Écosse. Son attachement à la religion catholique souleva contre elle ses nouveaux sujets, qui avaient embrassé la Réforme avec fanatisme. Pensant se rendre populaire en épousant un Écossais, elle donna sa main, en 1565, au jeune Henri Darnley, son cousin, qui n'avait pour lui que sa beauté; mais cette union ne fut pas heureuse : H. Darnley, jaloux d'un Italien nommé David Rizzio, secrétaire et confident de la reine, le fit assassiner sous les yeux mêmes de Marie. Ce prince périt lui-même peu après (1567), d'une manière tragique, et l'on soupçonna Marie Stuart de n'être pas étrangère à sa mort : ce qui confirma ce soupçon, c'est que, trois mois après la catastrophe, elle épousa celui-là même qu'on accusait d'avoir consommé le meurtre de Darnley, le comte de Bothwell. Les Écossais, soulevés par Murray, son frère naturel, s'arment alors contre elle, s'emparent de sa personne, l'enferment au château de Loch-Leven et veulent la forcer d'abdiquer et d'abjurer la religion catholique. Elle parvient à s'échapper de sa prison, et se réfugie en Angleterre (1568), espérant trouver protection auprès de la reine Élisabeth, sa cousine. Mais cette princesse, dont elle s'était fait une ennemie jurée en prenant après la mort de Marie Tudor le titre de Reine d'Angleterre, et qui d'ailleurs était jalouse de sa beauté, la jeta dans une étroite prison, et la retint captive durant 18 ans. Plusieurs tentatives furent faites pour la délivrer, notamment par Norfolk (V. Th. HOWARD, 4e duc de Norfolk); mais toutes échouèrent. Une conspiration ayant été ourdie contre Élisabeth (V. BABINGTON), l'artificieuse reine saisit ce prétexte pour accuser Marie d'avoir trempé dans le complot, et la fit condamner à mort (1587). Elle subit le supplice avec une héroïque résignation, en protestant de son innocence. Marie Stuart passait pour la plus belle femme de son temps; elle avait en même temps l'esprit très-cultivé : on a conservé d'elle quelques poésies pleines de grâce et de sensibilité (cependant les célèbres Adieux à la France qu'on lui attribue ne sont pas d'elle, mais de Querlon). La mémoire de cette princesse, qui peut être regardée comme un martyr de la religion catholique, est chère à toutes les âmes sensibles; toutefois, malgré le vif intérêt qu'elle excite, on ne peut dissimuler qu'elle s'attira par des imprudences et peut-être par un crime la plus grande partie de ses malheurs. Elle eut, du reste, à lutter contre les ennemis les plus redoutables, notamment contre Murray, son frère naturel, qui aspirait au trône, et contre Knox, fougueux réformateur. Buchanan a écrit contre elle des libelles diffamatoires. De son mariage avec H. Darnley, Marie avait eu un fils, qui régna depuis sur l’Écosse sous le nom de Jacques VI et sur l'Angleterre sous celui de Jacques Ier. L’Hist. de Marie Stuart a été écrite par Sévelinges, 1819, et récemment par MM. Dargaud, Mignet et Chéruel. L. Wiesener a publié en 1863 : Marie Stuart et le comte de Bothwell, où la reine est innocentée. Schiller a pria Marie Stuart pour sujet d'une de ses plus belles tragédies, imitée avec succès par P. Lebrun. Des Lettres inédites de Marie Stuart ont été publiées à Paris en 1844 par le prince de Labanoff, et en 1859 par A. Teulet.

MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE, impératrice d'Allemagne et reine de Hongrie, née en 1717, fille de l'empereur Charles VI, épousa en 1736 le duc de Lorraine, François. Son père, n'ayant pas d'enfant mâle, lui assura sa succession par l'acte célèbre connu sous le nom de Pragmatique-Sanction; mais à la mort de ce prince, en 1740, il s'éleva plusieurs compétiteurs, et Marie-Thérèse se vit attaquée de tous côtés : le roi de Prusse, Frédéric II, envahit la Silésie : l'Espagne lui disputa ses États d'Italie; enfin l'électeur de Bavière, soutenu par la France, lui enleva une partie de ses possessions sur le Rhin, et se fit couronner empereur sous le nom de Charles VII. Marie-Thérèse tint tête à tous ses ennemis; obligée de quitter Vienne elle se réfugia en Hongrie, rassembla les nobles de ce pays, leur présenta son fils au berceau, et les intéressa si vivement à sa cause, que tous d'une commune voix s'écrièrent : Moriamur pro rege nostro Maria-Theresa. Secourue par l'Angleterre, elle battit l'électeur de Bavière à Dettingen en 1743; ce prince étant mort en 1745, elle rentra dans toutes ses possessions, et parvint à faire élire empereur son mari, qui fut couronné sous le nom de François I. Une paix générale fut signée à Aix-la-Chapelle en 1748, et Marie-Thérèse put s'occuper de réparer les maux de la guerre. Elle protégea les arts et le commerce, et fonda des universités. Son règne ne fut plus guère troublé que par une nouvelle lutte avec la Prusse, connue sous le nom de guerre de Sept ans (1756-63); elle eut cette fois la France pour alliée, mais elle n'en fut pas moins forcée de céder la Silésie à Frédéric II par le traité d'Hubertsbourg. Marie-Thérèse eut part en 1772, avec l'impératrice de Russie et le roi de Prusse, à l'inique partage de la Pologne : elle y obtint la Gallicie et la Lodomirie. Elle mourut en 1780, et eut pour successeur l'aîné de ses fils, Joseph II, qu'elle avait fait couronner empereur dès 1765. Marie-Thérèse fut une grande princesse, pleine d'énergie et d'amour pour ses sujets : ses peuples lui décernèrent le glorieux titre de Mère de la patrie. Outre Joseph II, elle eut entre autres enfants : Léopold, grand-duc de Toscane; Ferdinand, duc de Modène; Marie-Antoinette, reine de France, et Marie-Caroline, reine de Naples. — On connaît sous le nom d’Ordre militaire de Marie-Thérèse un ordre institué en 1757 par cette impératrice en mémoire de la victoire remportée cette même année par ses troupes sur les Prussiens à Kollin. Il admet tous les braves sans distinction de naissance. La décoration est une croix d'or pattée, avec un médaillon rouge entouré du mot Fortitudini; au revers est une couronne de laurier avec le chiffre de Marie-Thérèse. Le ruban est blanc et rouge.

MARIE DE MOLINA, reine de Castille et de Léon, fille d'Alphonse de Molina, issu du sang royal, épousa en 1282 Sanche IV, son cousin germain, fut nommée en 1295 récente de Castille pendant la minorité de son fils Ferdinand IV, et gouverna avec sagesse. Nommée de nouveau régente en 1312, à la mort de ce fils, elle résigna l'autorité pour prévenir des discordes, et mourut respectée en 1322.

MARIE-LOUISE, reine d'Espagne, fille de Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, et d'Henriette d'Angleterre, née en 1662, fut mariée malgré elle, en 1679, à Charles II, roi d'Espagne, et mourut en 1689, à peine âgée de 27 ans. St-Simon prétend qu'elle fut empoisonnée par la comtesse de Soissons, dans du lait à la glace, d'après les suggestions de l'Autriche, qui craignait que l'influence de cette princesse ne fît passer à la France la succession espagnole.

MARIE-LOUISE, reine d'Espagne, née en 1754, m. en 1819, était fille de Philippe, duc de Parme. Elle épousa en 1765 le prince des Asturies, qui devint roi en 1788 sous le nom de Charles IV. Maîtresse de l'esprit de son faible époux, elle se laissa dominer elle-même par don Godoï (V. ce nom), et s'aliéna ses sujets et son propre fils. Après l'abdication de Charles IV (1808), abdication qu'elle avait appuyée, elle vécut successivement à Fontainebleau, à Marseille et à Rome, où elle mourut délaissée.

MARIE-LOUISE, reine d’Étrurie, 3e fille de la préc. et de Charles IV, née en 1782, m. en 1824, épousa en 1798 Louis de Bourbon, fils du duc de Parme, qui, en 1801, reçut le royaume d’Étrurie en échange de son duché. Veuve en 1803, dépossédée par les Français en 1807, elle vint partager en France la captivité de son père. En 1814, elle obtint pour son fils le duché de Lucques. Elle a laissé des Mémoires, rédigés en italien, traduits en français par Lemierre d'Argy, 1824, et insérés dans les Mémoires relatifs à la Révolution française.

MARIE-CAROLINE, reine de Naples, née à Vienne en 1752, fille cadette de l'emp. François I et de Marie Thérèse, mariée en 1768 à Ferdinand I, roi de Naples, domina son faible époux, mais se laissa dominer elle-même par un indigne favori, J. Acton, et par une femme dépravée, lady Hamilton. Elle ne gouverna que d'après l'impulsion de l'Angleterre, fit déclarer la guerre à la République française, fut forcée par l'invasion des Français de se réfugier 2 fois en Sicile (1799 et 1806), quitta l'île quand les Anglais y eurent établi le gouvt constitutionnel, 1812, et alla mourir à Schœnbrünn, 1814.

MARIE I, reine de Portugal, née en 1734, m. en 1816, fut mariée en 1760 à son oncle, qui devint roi sous le nom le Pierre III, et resta maîtresse de la couronne par la mort de son époux, en 1786; mais en 1790 elle fut atteinte d'aliénation mentale : son fils Jean (VI) gouverna en son nom. En 1807, lors de l'occupation du Portugal par les Français, elle fut emmenée par Jean VI au Brésil, où elle mourut.

MARIE II, connue d'abord sous le nom de dona Maria, reine de Portugal, fille de don Pedro Ier, empereur du Brésil, née à Rio-Janeiro en 1819, m. en 1855. Son père ayant renoncé en sa faveur au royaume de Portugal, 1826, elle fut fiancée à son oncle don Miguel, 1827, déjà régent du royaume; mais celui-ci avait usurpé le trône lorsqu'elle arriva en Europe. Don Pedro revint du Brésil pour rétablir sa fille : il n'y réussit qu'au bout de 5 années et au prix des plus grands sacrifices. Après l'expulsion de don Miguel (1834), dona Maria fut déclarée majeure, et la Constitution, que don Miguel avait abolie, fut remise en vigueur. Le règne de cette princesse fut troublé à la fois par les intrigues des hommes rétrogrades, partisans de don Miguel, et par l'opposition des libéraux : en 1851, après un mouvement militaire dirigé par le maréchal Saldanha, la Constitution fut modifiée dans un sens démocratique, et la reine se vit contrainte à sanctionner cette modification. Dona Maria avait été mariée en 1835 au duc Auguste de Leuchtenberg. Ce prince étant mort la même année, elle épousa en 1836 Ferdinand de Saxe-Cobourg Gotha, dont elle eut 7 enfants. L'aîné, né en 1837, lui a succédé en 1855 sous le nom de Pedro V.

Personnages divers.

MARIE DE FRANCE, femme poëte du XIIIe s., née, à ce qu'on croit, en Normandie, vivait en Angleterre. On a d'elle un recueil de fables qu'elle avait intitulé Ysopet (petit Ésope), et quelques contes. Son style est simple et quelquefois élégant, mais inégal. Roquefort a donné ses Œuvres, 1832, 2 vol. in-8. Legrand d'Aussy a mis en français moderne quelques-unes de ses fables, dans son recueil de Fabliaux.

MARIE D'AGREDA, religieuse, née en 1602 dans la ville d'Agreda (Vieille-Castille), d'une famille pieuse du nom de Coronel, m. en 1655, fit ses vœux en 1620 dans le couvent de l’Immaculée-Conception d'Agreda, fondé par sa famille, et devint abbesse de ce couvent en 1627. Elle crut avoir reçu de Dieu et de la Ste Vierge l'ordre d'écrire la vie de la mère de Dieu; elle obéit et publia en 1655 le recueil des visitations dont elle disait avoir été honorée : ce n'est qu'un tissu de visions ridicules et quelquefois indécentes. Cet écrit, trad. par le P. Th. Crozet, sous ce titre : la Mystique cité de Dieu, histoire divine de la vie de la très Ste Vierge, 1696, a été condamné par la Sorbonne et censuré à Rome.

MARIE ALACOQUE. V. ALACOQUE.

MARIE (les Clercs de). V. MARISTES.

MARIE-GALANTE, une des Antilles françaises, qui dépend du gouvt de la Guadeloupe, à 40 Kil. S. de la Grande-Terre : 17 kil. sur 15; 14 000 hab.; ch.-l., Grand-Bourg ou Le Marigot; autres lieux : la Capesterre à l'E., le Vieux-Fort au N. O. Hautes falaises à pic sur toutes, les côtes, excepté au S. E.; abords dangereux. Bois de campêche; café, canne à sucre, coton, cacao; bestiaux, chevaux, mulets. — Découverte par Christophe Colomb en 1493. Les Français y envoyèrent la 1re colonie. Cette île leur fut longtemps disputée par les Hollandais et les Anglais. Elle a suivi le sort de la Guadeloupe.

MARIENBAD, vge de Bohême, cercle de Pilsen; 400 hab. Sources minérales, salines et acidulés; bains renommés et très-fréquentés.

MARIENBERG, v. du roy. de Saxe, à 60. kil. O. de Dresde; 3000 hab. Tissus de coton. Aux env., mines d'argent et d'étain; fabriques de vitriol; alun.

MARIENBOURG, v. murée des États prussiens (Prusse propre), ch.-l. de cercle, a 52 kil. S. E. de Dantzick; 6000 h. Institution de sourds-muets. Cette ville était jadis la résidence des grands maîtres de l'Ordre Teutonique : leur château et leur église (SteMarie) subsistent encore. Elle fut ensuite la capit. d'un palatinat. Prise par Casimir IV en 1460, par les Suédois en 1626 et 1655.

MARIENBOURG, bourg et anc. place forte de Belgique (Namur), à 10 k. S. de Philippeville; 800 h. Bâti en 1542 par Marie d'Autriche, alors gouvernante des Pays-Bas. Pris en 1554 par les Français; rendu en 1559 aux Espagnols, qui le cédèrent à Louis XIV en 1659. Laissée à la France en 1814, cette place lui fut enlevée en 1815; elle a été démantelée en 1849.

MARIENDAL, MARIENTHAL. V. MERGENTHEIM.

MARIENWERDER, v. des États prussiens (Prov. de Prusse), ch.-l. de régence et de cercle, à 60 kil. S. de Dantzick; 6000 hab. Cour d'appel, école d'arts et métiers; haras. Belle cathédrale, bâtie en 1255; anc. château des grands maîtres de l'Ordre Teutonique. — La régence de Marienwerder, entre la Poméranie et la régence de Dantzick au N., la Prusse orient. à l'E., la Pologne et la Posnanie au S., le Brandebourg à l'O., a 200 k. sur 70, et 500 000 hab.

MARIENZELL (Cellule de Marie), v. des États autrichiens (Styrie), sur la Salza, à 16 kil. N. E. de Brück. Belle église, but d'un pèlerinage qui attire plus de 100 000 personnes chaque année. Eaux minérales; fonderie de canons, de boulets et de bombes.

MARIGNAN, Marignano et Melegnano en italien, v. du roy. Lombard-Vénitien, sur le Lambro, à 15 k. S. E. de Milan; 4000 hab. Vieux château fort. — Les Guelfes et les Gibelins y conclurent la paix en 1279. François I y remporta en 1515 sur les Suisses et le duc de Milan une victoire mémorable, qui dura 2 jours (13 et 14 sept.), et qui est connue sous le nom de bataille des Géants. Le maréchal Baraguey d'Hilliers y battit les Autrichiens le 8 juin 1859.

MARIGNY, ch.-l. de cant. (Manche), à 12 kil. O. de St-Lô; 500 hab.

MARIGNY (Enguerrand de), premier ministre de Philippe le Bel, né en Normandie, vers 1260, jouit pendant tout le règne de Philippe d'un pouvoir absolu. Ce prince le nomma successivement chambellan, comte de Longueville, châtelain du Louvre, surintendant des finances, premier ministre, et enfin son coadjuteur au gouvernement du royaume. Sa haute fortune excita beaucoup d'envieux, à la tête desquels était le comte de Valois, frère du roi, et, dès que Philippe fut mort, ils l'accusèrent auprès de son fils, Louis le Hutin, d'avoir surchargé le peuple d'impôts et dilapidé les finances. Marigny fut condamné par une commission sans avoir été entendu, et fut pendu en 1315 au gibet de Montfaucon. Il périt victime d'une réaction féodale : les nobles, opprimés par Philippe le Bel, se vengèrent sur le favori du prince. Sa mémoire fut réhabilitée.

MARIGNY (CARPENTIER de), ardent Frondeur, publia divers pamphlets contre Mazarin. On lui attribue le fameux traité : Tuer un tyran n'est pas un crime, qui parut en 1658.

MARIGOT (le), b. de la Martinique, sur la côte N. E., à 11 kil. N. O. de la Trinité; 1200 hab. — Bourgs de Marie-Galante (V. GRAND BOURG); de la Guadeloupe, de l'île St-Martin (partie française).

MARILLAC (Charles de), habile négociateur, né en Auvergne en 1510, mort en 1560, était fils du contrôleur général des finances du duc de Bourbon. Il entra dans l'état ecclésiastique et n'en donna pas moins tout son temps aux affaires politiques. Il fut chargé de missions importantes en Turquie, en Angleterre, et fut envoyé à la diète d'Augsbourg en 1552, pour maintenir la bonne intelligence entre l'empereur Ferdinand et le roi de France Henri II. En 1560, à l'assemblée des notables tenue à Fontainebleau, il s'éleva avec force contre les désordres de l'État. Il fut en récompense de ses services nommé maître des requêtes, puis évêque de Vannes et enfin archevêque de Vienne. Il a laissé des Mémoires sur les affaires du temps, qui sont restés manuscrits. Il était lié étroitement avec le chancelier L'Hôpital.

MARILLAC (Michel de), neveu du préc., né en 1563, fut nommé en 1624 garde des sceaux par Richelieu, après avoir rempli avec distinction les charges de maître des requêtes, de conseiller d'État et de surintendant des finances. Lorsque Richelieu se brouilla avec Marie de Médicis, il prit parti pour celle-ci. Richelieu ayant ressaisi son autorité à la célèbre journée des Dupes (11 novembre 1630), il se vit enlever les sceaux, fut impliqué dans le complot ourdi par son frère (V. ci-après), et jeté dans une prison, où il mourut en 1632, emportant la réputation d'un magistrat intègre. Michel de Marillac avait fait rendre une belle ordonnance sur l'administration de la justice, rédigée sur les doléances des États généraux tenus à Paris en 1614; mais cette ordonnance, qui fut surnommée dérisoirement par ses ennemis le Code Michau, par corruption de son prénom Michel, resta sans exécution, parce qu'elle froissait les préjugés du temps. On a de lui une traduction de l’Imitation de J. C. (rééditée par S. de Sacy, in-16, 1858); il a mis en vers les Psaumes.

MARILLAC (Louis de), maréchal de France, frère du précédent. Il servit d'abord sous Henri IV, et assista pendant la minorité de Louis XIII au siége de La Rochelle, où il était chargé des travaux de la digue; il fut ensuite nommé commandant de l'armée de Champagne, et enfin maréchal, en 1629. Dévoué, ainsi que son frère, à la reine mère, il entra dans le complot qui avait pour but d'éloigner Richelieu du gouvernement pour y ramener Marie de Médicis; Richelieu, ayant déjoué ce complot (11 nov. 1630), le fit arrêter à la tête de l'armée qu'il commandait en Piémont, l'accusa de concussion, et le fit condamner à mort et exécuter aussitôt (1632).

MARILLAC (Louise de). V. LEGRAS (Mme).

MARIN (Le), bourg de la Martinique, ch.-l. d'arr., au S. O., à 25 kil. S. E. de Fort-Royal; 3000 hab. Bon port. Commerce actif.

MARIN, philosophe platonicien. V. MARINUS.

MARIN (S.), ermite, né en Dalmatie au IVe siècle, avait d'abord travaillé comme ouvrier à la reconstruction du pont de Rimini. Sa piété le fit remarquer de Gaudens, évêque de Brescia, qui l'ordonna diacre. Il se retira sur le mont Titano, près de Rimini, se livrant tout entier à des pratiques de piété. La cellule qu'il avait habitée attira beaucoup de pieux solitaires qui s'établirent auprès : ce fut l'origine de la ville de St-Marin (V. ce nom). On l'honore le 4 sept.

MARIN (Claude), né à La Ciotat en 1721, m. en 1809, avocat au parlement de Paris, rédacteur de la Gazette de France, puis censeur royal, secrétaire de la direction de la librairie et enfin lieutenant général de l'amirauté, a publié une Histoire de Saladin, Paris, 1758; l’Histoire de la ville de La Ciotat, 1782; la Bibliothèque du Théâtre-Français, 1768, faussement attribuée au duc de La Vallière, et quelques pièces qui eurent peu de succès. Il eut des démêlés avec Beaumarchais, qui se plut à le couvrir de ridicule.

MARIN (le cavalier). V. MARINI.

MARINES, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 16 kil. N. O. de Pontoise ; 1350 hab. Ancien château.

MARINGUES, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 20 k. N. O. de Thiers; 4262 hab. Tanneries.

MARINI (J. B.), dit le cavalier Marin, poëte, né à Naples en 1569, m. en 1625, fut secrétaire du grand amiral de Naples, puis alla à Rome où il se lia avec le Poussin, entra chez le cardinal Aldobrandini, neveu de Clément VIII, et l'accompagna dans son ambassade en Savoie. A Turin, le poëte Murtola, contre lequel il avait lancé quelques traits satiriques, tira sur lui, pour se venger, un coup de pistolet; mais il ne fut pas atteint. Il fut en 1615 appelé en France par Marie de Médicis, qui lui fit une pension. Il publia à Paris son poëme d’Adonis qui eut un grand succès lors de son apparition. Il passa ses dernières années à Naples. Ce poëte, qui rappelle Ovide, a de l'imagination, une versification facile et harmonieuse, mais il a une manière recherchée, il abuse de l'esprit et prodigue les concetti; en outre, ses poésies sont souvent licencieuses. Ses principaux ouvrages sont : Rime amorose, 1602 ; l’Adone, en 20 chants, 1623 ; la Murtoléide (sonnets contre Murtola), 1626 ; Strage degli Innocenti, 1633.

MARINI (Gaétan), antiquaire, né en 1740, à Sant' Arcangelo de Romagne, m. en 1815, embrassa l’état ecclésiastique, se rendit à Rome en 1764, et devint préfet des archives du St-Siége. On a de lui : Inscrizioni antiche delle ville e de' palazzi Albani, 1785 ; Gli atti e monumenti de' fratelli Arvali, 1795 ; Papiri diplomatici descritti ed illustrati, 1805 : c’est un riche recueil de Papyrus. Son ouvrage De' fratelli Arvali est une œuvre capitale, regardée comme classique pour cette branche de l’archéologie. Ce savant était correspondant de l’Institut.

MARINO FALIERO. V. FALIERO.

MARINUS, philosophe platonicien du Ve siècle, né en Syrie, étudia à Athènes sous Proclus, lui succéda en 485, et mourut dans un âge peu avancé. Il avait composé des Commentaires sur le Traité de l’âme (d’Aristote), sur les Dialogues de Platon, etc. ; mais de tous ces écrits, il ne nous est parvenu que la Vie de Proclus, publiée par J. Alb. Fabricius, avec version lat. et notes, Hambourg, 1700, et par M. Boissonade, Leips., 1814, et réimpr. dans la collection Didot, à la suite du Diogène-Laërce.

MARION DELORME. V. DELORME.

MARIOTTE (Edme), physicien distingué, membre de l’Académie des sciences, né en Bourgogne vers 1620, m. en 1684, a confirmé par ses expériences la théorie du mouvement des corps de Galilée, et a surtout avancé l’hydrostatique et la théorie de la vision. On lui doit la loi qui consiste en ce que le volume d’une masse de gaz à une température constante varie en raison inverse de la pression qu’elle supporte. Le Recueil de ses ouvrages a paru à La Haye, 1740, 2 tomes in-4. Son Traité du mouvement des eaux a été publié par La Hire, Paris, 1786. Mariotte était prêtre et possédait le prieuré de Saint-Martin-sous-Beaune.

MARIPOSA, riv. aurifère de la Californie, sort de la Sierra-Nevada et se jette dans le San-Joaquim par la riv. dr. ; elle donne son nom à un comté où se trouvent de riches placers, ainsi qu’au ch.-l. du comté.

MARIQUITA, v. de la Nouv.-Grenade, à 105 k. N. O. de Bogota ; elle a été le ch.-l. de la prov. de Mariquita, dans le dép. de Condinamarca. — Cette prov., au S. de celle d’Antioquia, a 225 k. sur 100 et 80 000 h. Son ch.-l. actuel est Honda.

MARISTES ou CLERCS DE MARIE, congrégation religieuse fondée en 1818 à Bordeaux par l’abbé Cheminade, docteur de Sorbonne, et autorisée en 1825, a pour but de donner à la jeunesse une éducation chrétienne. Elle se compose de prêtres et de laïques qui n’ont aucun costume particulier et qui vivent de la vie commune. Elle est répandue en France, en Suisse, en Allemagne, aux États-Unis ; le siége de l’administration est à Bordeaux. Elle possède à Paris le collége Stanislas, et dirige un grand nombre d’institutions, d’écoles primaires, d’écoles industrielles et des fermes-modèles. À la différence des Frères des Écoles chrétiennes, les Frères Maristes peuvent aller seuls et recevoir des rétributions.

MARITZA (la), l’Hèbre, riv. de la Turquie d’Europe (Roumélie), naît dans le versant N. E. du Despoto-Dagh, à 26 kil. O. du Kustendji, coule à l’E., puis, au S ;, arrose Philippopoli, Andrinople, où elle devient navigable, puis Demotica, et tombe dans l’Archipel après un cours d’env. 380 kil. V. HÈBRE.

MARIUS (Caïus), général romain, né vers l’an 153 av. J.-C. près d’Arpinum, d’une famille plébéienne et obscure, se distingua au siége de Numance (134), fut élu tribun du peuple par l’appui de Métellus (119), puis préteur (116), et accompagna Métellus envoyé en Afrique contre Jugurtha. Il se fit bientôt un parti dans l’armée, chercha à rendre odieux Métellus, qui avait été son bienfaiteur, et se fit charger à sa place de la conduite de la guerre de Numidie avec le titre de consul (107 av. J.-C.) : il eut Sylla pour questeur dans cette expédition. La personne de Jugurtha ayant été livrée par Bocchus, il mit ainsi fin à la guerre (106). Devenu l’idole du peuple, Marius fut nommé consul cinq années de suite. Il tailla en pièces, l’an 102, auprès d’Aquæ Sextiæ, les Teutons, qui allaient envahir l’Italie, puis il extermina les Cimbres à Verceil (101). De retour à Rome, Marius soutint d’abord Saturninus (100), puis, voyant le parti populaire vaincu, il se retira en Asie. Chargé, dans la Guerre sociale (90-88), d’agir conjointement avec Sylla, il ne tarda pas à entrer en lutte avec ce général. En 88, il se fit décerner par le peuple la direction de la guerre contre Mithridate, que le Sénat avait déjà confiée à Sylla ; mais celui-ci marcha sur Rome, et en chassa Marius, qui se vit réduit à se cacher dans les marais de Minturnes. Découvert dans sa retraite, il fut jeté dans les prisons de la ville ; on raconte que l’on envoya un esclave cimbre pour le tuer, que Marius, le voyant approcher, lui cria : « Malheureux, oseras-tu bien tuer Marius ? » et que l’esclave épouvanté laissa tomber son arme et s’enfuit. Marius, rendu à la liberté, s’enfuit en Afrique, où il erra quelque temps sur les ruines de Carthage. Ayant appris que Cinna tentait à Rome une révolution en sa faveur, il revint en Italie (87) avec 1000 hommes seulement. Il vit bientôt grossir sa troupe, entra dans Rome, malgré la résistance du Sénat, s’y fit nommer consul pour la 7e fois, et assouvit sa vengeance par les plus cruelles proscriptions (86 av. J.-C.) ; mais environ quinze jours après son retour, il mourut d’un excès de vin. Quelques historiens pensent que, déchiré par ses remords, il s'ôta lui-même la vie. Marius dut toute sa puissance au parti démocratique, dont il était le chef et le représentant. Comme général, il dut surtout ses succès à son habileté dans la tactique ; il introduisit dans la légion d’importantes réformes. La Vie de Marius a été écrite par Plutarque. M. Arnault a donné une tragédie de Marius à Minturnes. — Marius laissait un fils adoptif, le Jeune Marius, qui partagea sa fortune, et qui, après sa mort, se fit nommer consul avec Carbon, l’an 82av. J.-C. Il renouvela la guerre contre Sylla ; mais, battu à Préneste, il se fit tuer da désespoir. Il était aussi beau que brave.

MARIVAUX (P. CARLET DE CHAMBLAIN de), écrivain, né à Paris en 1688, m. en 1763, était fils du directeur de la monnaie de Riom. Admis de bonne heure dans la société la plus brillante de Paris, il s’y fit remarquer comme bel esprit. Il travailla surtout pour la scène, et donna, soit au Théâtre-Italien, soit au Théâtre-Français (1720 à 1746), un grand nombre de comédies qui eurent pour la plupart du succès ; les plus connues sont : la Surprise de l’Amour (il donna deux pièces sous ce titre, l’une aux Italiens, 1722, l’autre aux Français, 1727), les Jeux de l’amour et du hasard, 1730 ; le Legs, 1736 ; les Fausses confidences, 1736 ; l’Épreuve nouvelle, 1740. On a aussi de lui plusieurs romans : le Don Quichotte moderne, Marianne, le Paysan parvenu, où l’on trouve trop souvent des peintures offensantes pour les mœurs. Marivaux est un écrivain spirituel, délicat, original ; ses écrits prouvent une étude profonde du cœur humain et surtout du caractère de la femme ; mais son analyse est trop subtile ; il tombe souvent dans une métaphysique alambiquée pour laquelle on a créé le nom de marivaudage. Il fut reçu à l’Académie française en 1743. Ses Œuvres ont été réunies en 12 vol, in-8, Paris, 1781 ; Duvicquet en a donné une édition nouvelle, avec notice biographique et littéraire, 1826-30, 10 vol. in-8.

MARKLAND (Jérémie), philologue anglais, né en 1693, mort en 1776, a publié de bonnes éditions des Silves de Stace, Londres, 1728, des Suppliantes d’Eschyle et des deux Iphigénies d’Euripide,1771. On a aussi de lui des Remarques sur les Lettres de Cicéron à Brutus et de Brutus à Cicéron, 1745, dans lesquelles il conteste l’authenticité de ces lettres.

MARLBOROUGH (John CHURCHILL, duc de), général anglais, né en 1650 à Ash dans le Devonshire, fit son apprentissage sous Condé et Turenne, dans un corps d’armée anglais que le roi d’Angleterre Charles II avait fourni à Louis XIV en Flandre, et se signala aux sièges de Nimègue et de Maëstricht. À l’avènement de Jacques II, Churchill, qui avait eu ce prince pour premier protecteur, fut comblé d’honneurs. Cependant on le vit un des premiers abandonner sa cause lors de la révolution de 1688. Mis par Guillaume III à la tête de l’armée anglaise en 1689, il obtint des succès en Irlande ; mais il se vit rappelé dès 1691 et fut tout à coup disgracié, par suite, dit-on, de la découverte d’une correspondance secrète avec le roi déchu ; il ne rentra en faveur qu’après la mort de la reine Marie. En 1702, dans la guerre de la succession d’Espagne, il fut nommé par la reine Anne, qui venait de succéder à Guillaume, généralissime des troupes unies de l’Angleterre et de la Hollande contre la France : il força les Français à évacuer la Gueldre espagnole : à son retour, il fut créé duc de Marlborough. En 1704 il envahit la Bavière, battit l’électeur à Schellenberg, incendia plus de 300 villes de ses États, et remporta de concert avec le prince Eugène, la célèbre victoire de Hochstett (ou Blenheim), sur le général français Tallart et l’électeur de Bavière. Dans les années suivantes, il défit Villeroi à Ramillies, 1706, Vendôme à Oudenarde, 1708, et enfin Villars à Malplaquet, 1709. Mais ce fut là le terme de ses succès. Il tomba peu après (1712) dans une disgrâce complète auprès de la reine Anne : on l’accusait de se plaire à prolonger une guerre dont la fin était également désirée par les vainqueurs et par les vaincus, et même de s’être rendu coupable de péculat. En 1714, George I en montant sur le trône, le réintégra dans toutes ses dignités, mais il profita peu de cette nouvelle faveur, ayant été dès 1716 frappé d’apoplexie. Il mourut en 1722. Marlborough eut les qualités guerrières de Condé et de Turenne, mais non leurs vertus ; il ternit sa gloire, au début de sa carrière, par son ingratitude envers Jacques II, et depuis par une ambition excessive et par son avidité, qui lui fit commettre de nombreuses déprédations. Il a été publié des Mémoires du duc de Marlborough, par W. Coxe, 3 vol. in-4, avec portraits, cartes et plans, Londres, 1818 (en anglais). Il existe en outre une Histoire du duc de Marlborough, par Ledhyard, traduite en français sur l’ordre de Napoléon Ier, par Dutems et Madgett, Paris, 1806. — La femme du duc de Marlborough jouit longtemps d’un très-grand crédit auprès de la reine Anne ; mais elle finit par se rendre odieuse à cette princesse par son caractère hautain et impérieux, et partagea la disgrâce du duc

MARLE, MALE ou MALAIN, ch.-l. de c. (Aisne), à 23 kil. N. E. de Laon ; 1500 hab. A eu jadis les titres de seigneurie, puis de comté. Ce comté appartint aux maisons de Coucy, de Bar, de St-Pol, de Luxembourg, de Bourbon et de Mazarin.

MARLIANI (Barthélemi), antiquaire, né à Milan vers 1480, mort vers 1560, a laissé : Romæ topographia, Lyon, 1534 ; Consulum, dictalorum, censorumque Bomanorum series quæ marmoribus sculpta in Foro reperta est, Rome, 1549 ; In annales consulum et triumphos commentaria, 1560, tous ouvrages estimés.

MARLOWE (Christophe), poëte dramatique anglais, né en 1562, se livra au désordre et périt à 30 ans, assassiné par un rival. Il a fait 6 tragédies, dont les meilleures sont Faust (trad. par F. V. Hugo, 1860), Édouard II et le Grand Tamerlan (1586), la 1re pièce en vers blancs qui ait paru sur la scène. Il a traduit du grec l’Enlèvement d’Hélène de Coluthus, l’Héro et Léandre de Musée, et du latin quelques Élégies d’Ovide et le Ier livre de la Pharsale. Ses Œuvres ont été recueillies à Londres, 1826.

MARLY, dit aussi Marly-le-Roi, Marly-la-Machine, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, à 7 kil. N. de Versailles et à 18 kil. O. de Paris ; 1200 hab. Filature de coton, draps, produits chimiques. Jadis superbe château royal, détruit pendant la Révolution. On voyait à Marly une fameuse machine hydraulique, composée de 14 roues, qui élevait l’eau à une hauteur de 162m pour la conduire à Versailles et qui avait été construite sous Louis XIV par Rennequin-Sualem (de 1675 à 1682). Cette machine était depuis longtemps hors de service, lorsqu’on l’a remplacée, en 1826, par une machine à vapeur, qui elle-même a cédé la place en 1859 à une nouvelle machine plus puissante.

MARMANDE, ch.-l. d’arr. (Lot-et-Garonne), à 57 kil. N. O. d’Agen ; 5500 hab. Trib. de 1re instance et de commerce, collége, bibliothèque. Fabriques d’étoffes de laine, toile, cordages, chapeaux ; esprits, eau-de-vie, pruneaux, prunes confites. — Ville trés-ancienne, déjà considérable au VIIIe siècle ; elle fut alors détruite par les Sarrasins ; reconstruite en 1185 par Richard Cœur de Lion, elle fut prise sur les Albigeois et ravagée en 1219 par Amaury de Montfort. Assiégée vainement par Henri de Navarre en 1577 et par Condé en 1652.

MARMARA (Mer de), Propontis, petite mer située entre la Méditerranée et la mer Noire, est unie à celle-ci par le détroit de Constantinople et à l’Archipel par celui des Dardanelles ; elle n’a que 260 kil. de long sur 85 de large. Elle renferme 4 petites îles et doit son nom à la plus grande, l’île Marmara ou de Marbre (l’anc. Proconèse), qui a 25 k. sur 8 ; elle a pour ch.-l. une ville de Marmara.

MARMARIQUE, Marmarica, contrée de l’Afrique anc., entre l’Égypte et la Cyrénaïque, était médiocrement peuplée et peu fertile, mais pourtant avait au Ier siècle de notre ère 27 villes ou bourgades, dont 11 près de la côte. Elle répond à peu près à la partie E. de la régence de Tripoli.

MARMAROS ou MARMAROSCH, comitat de Hongrie, jadis dans le cercle au delà de la Theiss, auj. dans celui de Kaschau, est borné au N. et au N. E. par la Galicie, au S. par la Transylvanie, etc. ; 200 kil. sur 100 ; 115 000 h. ; ch.-l., Szigeth. Il est traversé par les monts Krapacks ; on en tire de l’argent, du fer, du cristal de roche (dit diamant de Hongrie), et beaucoup de sel.

MARMELADE, v. d’Haïti (dép. du Nord), ch.-l d’arr., à 40 kil. S. O. du Cap.

MARMOL (L.), écrivain espagnol, né à Grenade, vers 1520, fit partie de l’expédition de Charles-Quint contre Tunis, fut pris par les Maures, parcourut, pendant sa captivité, une grande partie de l’Afrique septentrionale, et donna après son retour une curieuse relation de ses voyages, en espagnol, sous ce titre : Description de l’Afrique et Histoire des guerres entre les Infidèles et les Chrétiens, 1667 ; trad. en français par Perrot d’Ablancourt. On lui doit aussi une Hist. de la révolte des Maures de Grenade, 1600.

MARMONT (Aug. Fréd. Louis VIESSE de), duc de Raguse, maréchal de France, né en 1774 à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), d’une famille noble, m. en 1852, était fils d’un officier distingué. Sous-lieutenant en 1789, il resta au service, se trouva au siége de Toulon, et y connut Bonaparte, qui le prit en affection et l’emmena en Italie comme aide de camp (1796). Il déploya une brillante valeur à Lodi, à Castiglione, au combat de St-Georges ; fut, après la campagne, nommé colonel et chargé de porter au Directoire les drapeaux pris sur l’ennemi ; fit partie de l’expédition d’Égypte (1798), eut une part décisive à la prise de Malte, et enleva de sa main le drapeau de l’ordre, ce qui lui valut le grade de général de brigade ; se distingua également à l’assaut d’Alexandrie, à la bataille des Pyramides ; revint en France avec Bonaparte (1799) et concourut de tout son pouvoir au coup d’État du 18 brumaire ; commanda l’artillerie en 1800 au passage du mont St-Bernard, contribua puissamment à la victoire de Marengo, après laquelle il fut fait général de division ; coopéra, dans la campagne de 1805, à la prise d’Ulm, occupa la Styrie, puis la Dalmatie, se maintint dans Raguse malgré les attaques des Russes et des Monténégrins, ce qui lui valut le titre de duc de Raguse ; administra deux ans la Dalmatie (1808) ; rejoignit la grande armée la veille de la bataille de Wagram, poursuivit l’ennemi après la victoire, le battit à Znaïm (10 juillet 1809), ce qui contraignit l’archiduc Charles à faire des propositions de paix, et reçut en récompense le bâton de maréchal sur le champ de bataille. Appelé en 1811 au commandement de l’armée de Portugal, en remplacement de Masséna, il opéra heureusement sa jonction avec Soult, fit lever le siége de Badajoz, et réussit pendant quinze mois à tenir Wellington en échec ; mais, atteint d’un coup de canon au début de la funeste bataille des Arapiles (près de Salamanque), il se vit arracher la victoire (22 juillet 1812). Il reparut peu de mois après en Allemagne, quoique à peine guéri de ses blessures ; combattit, en 1813, à la tête du 6e corps à Lutzen, à Bautzen, à Wurschen, à Dresde, à Leipsick, où il protégea la retraite et fut blessé de nouveau. Marmont joua un des rôles les plus importants pendant la désastreuse campagne de France, en 1814 : il défendit longtemps les bords du Rhin, se trouva au combat de Brienne, couvrit la retraite de l’armée à Rosnay (Aube), et rejeta l’ennemi au delà de la Voire ; détruisit à Champaubert le corps du général russe Alsuvief et fit ce général prisonnier ; surprit dans Étoges et enleva la division du général Ouroussof, chassa Blücher de Meaux, le battit au Gué-à-Trem, près de cette ville, et l’éloigna de Paris ; puis marcha en toute hâte à la défense de la capitale, menacée par une autre armée ; il livra le 30 mars, avec des troupes décimées et exténuées, une bataille désespérée sur les hauteurs de Chaumont et de Belleville et poursuivit le combat avec un courage héroïque pendant plusieurs heures, même après avoir reçu du roi Joseph l’autorisation de se retirer. Quand toute défense fut devenue impossible, il demanda une suspension d’armes, évacua Paris et se retira en bon ordre avec son corps à Essonne, près de Fontainebleau. Là, reconnaissant l’impossibilité de lutter plus longtemps, il traita avec le gouvernement provisoire et avec les alliés : par ce traité, qu’il conclut sans en avoir reçu mission, il rendit inévitable l’abdication de l’Empereur et se fit accuser de défection ou même de trahison ; il tenta cependant, mais en vain, de faire reconnaître le roi de Rome et la régence. Il fut comblé de faveurs par Louis XVIII, qui le nomma pair de France et major général de la garde royale. Chargé en juillet 1830 de réprimer dans Paris le soulèvement excité par les ordonnances de Charles X, il obéit, quoique désapprouvant les mesures pour lesquelles il lui fallait combattre. Après la chute du roi, il accompagna ce prince jusqu’à Cherbourg à la tête d’un détachement de la garde royale. Privé par le nouveau gouvernement de son grade et de ses traitements, il se retira en Autriche, mais sans prendre aucune part aux intrigues politiques, puis visita la Hongrie, la Russie méridionale, la Turquie, et alla terminer ses jours à Venise. Ses restes furent rapportés à Châtillon, où de grands honneurs lui furent rendus par la population. — Marmont est compté parmi nos plus braves et nos plus habiles généraux, et, s’il fût mort après la bataille de Paris, sa gloire serait sans tache ; mais les événements de 1814 et de 1830 ont fait oublier ses services, et son nom est resté voué à la haine publique. Cependant il a cherché, dans plusieurs écrits, à justifier sa conduite, et il a protesté en toute occasion de son amour pour son pays ; dans son exil, il avait pris pour devise : Patriæ totus et ubique. Savant distingué, Marmont était depuis 1816 membre libre de l’Académie des sciences. Il s’est aussi beaucoup occupé d’industrie ; il avait créé à Châtillon des forges importantes : les habitants ont, par reconnaissance, donné son nom à une rue et à une place de leur ville. — Marmont a publié une relation de ses voyages, aussi instructive que bien écrite (Voyage en Hongrie, en Russie, etc., Paris, 1837, 4 vol. in-8) ; on lui doit en outre l’Esprit des institutions militaires (1845), ouvrage estimé. Il a laissé des Mémoires, qui ont été publiés de 1856 à 1857, en 9 v. in-8 : loin de le réhabiliter, ces Mémoires donnent une idée peu favorable de son caractère : ils ont soulevé de nombreuses et de vives réclamations. Laurent (de l’Ardèche) en a publié une Réfutation, 1853.

MARMONTEL (J. François), littérateur, né en 1723 à Bort, dans le Limousin, d’une famille pauvre, m. en 1799, était destiné à l’état ecclésiastique, mais il préféra se consacrer aux lettres. Il obtint d’abord quelques succès à l’Académie des Jeux floraux, vint en 1745 à Paris, où il se lia avec Voltaire et les principaux écrivains de l’époque ; remporta plusieurs prix à l’Académie française, et fit représenter quelques tragédies, Denys le tyran, 1748 ; Aristomène, 1749 ; Cléopâtre, 1750 ; les Héraclides, 1752, qui ne s’élèvent pas au-dessus du médiocre. Il fournissait en même temps à l’Encyclopédie des articles de littérature, et au Mercure des Contes moraux qui donnèrent une très-grande vogue à ce journal. Protégé par Mme de Pompadour, il fut nommé en 1753 secrétaire des bâtiments, et obtint en 1758 le brevet du Mercure, ce qui lui procura un revenu considérable ; mais deux ans après il fut privé de ce brevet pour avoir offensé un courtisan, et fui même un moment enfermé à la Bastille. Il fit paraître enl763 une Poétique française, en 1766 une traduction de la Pharsale de Lucain, et en 1767 Bélisaire, roman philosophique, qui attira sur lui les condamnations de la Sorbonne. Il n’en fut pas moins nommé en 1771 historiographe de France. Vers la même époque il donna plusieurs opéras-comiques, composés avec Grétry, qui eurent beaucoup de succès : le Huron, 1768 ; Sylvain, 1770 ; l’Ami de la maison, 1771 ; Zémire et Azor, 1771 ; la Fausse Magie, 1775. S’élevant ensuite à la tragédie lyrique, il refondit, avec Piccini, plusieurs des opéras de Quinault, et donna lui-même Didon, 1783, et Pénélope, 1785. On a encore de Marmontel les Incas, 1777, poëme en prose où il expose les effets du fanatisme ; une Histoire de la Régence du duc d’Orléans, 1788 ; de Nouveaux Contes moraux, 1789-92 ; Leçons d’un père à ses enfants : c’est un cours d’études destiné à l’éducation de ses fils, qui comprend des Traités de Langue française, de Logique, de Métaphysique et de Morale. Pendant les troubles de la Révolution il s’éloigna de Paris ; élu en 1797 député au Conseil des Anciens, il en fut exclu comme réactionnaire au 18 fructidor, et mourut peu après. Marmontel ne fut supérieur en aucun genre, mais il fut un écrivain pur, agréable, élégant. Ses Contes moraux offrent un vif intérêt et ils eurent une grands vogue ; mais souvent ils sont peu dignes de leur titre. Cet écrivain avait été admis à l’Académie française en 1763 ; il devint en 1784 secrétaire perpétuel de cette compagnie. Marmontel a laissé des Mémoires sur sa vie, composés pour l’instruction de ses enfants. Il a publié lui-même la collection de ses Œuvres, en 17 v. in-8, 1786. On y trouve, sous le titre d’Éléments de littérature, les articles qu’il avait fournis à l’Encyclopédie. Une édition plus complète de ses Œuvres a paru chez Verdière, 1818, 18 v. in-8. St-Surin a donné ses Œuvres choisies, 1824, 10 vol. in-8.

MARMORICE, Physcus, v. de Turquie d’Asie (Anatolie), sur la Méditerranée, en face de Rhodes et à 120 k. S. E. de Ghuzel-Hissar. Port sûr. Château fort.

MARMOUSETS, Ce nom, qui originairement était donné aux figures grotesques sculptées sur le portail et les murs des églises, fut appliqué ironiquement par les nobles aux ministres roturiers que prit Charles VI, en 1389, après avoir disgracié ses oncles. — Sous Louis XV, on nomma Conjuration des Marmousets une intrigue ourdie en 1730 par les ducs de Gèvres et d’Épernon contre le cardinal Fleury.

MARMOUTIER, Martini monasterium, abbaye de Bénédictins, à 2 kil. de Tours et de l’autre côté de la Loire, fondée en 371, par S. Martin, alors évêque de Tours, fut longtemps si florissante qu’on nommait son supérieur l’abbé des abbés. Les moines s’y occupaient surtout à transcrire les livres. Il ne reste de cette abbaye que les murs d’enceinte et le portail.

MARMOUTIER, Mauri monasterium, v. d’Alsace-Lorraine. à 7 kil. S. E. de Saverne ; 2743 hab. Anc. abbaye, dont il ne reste que l’église (du IXe siècle).

MARNAY, ch.-l. de c. (Haute-Saône) près l’Ognon, à 22 kil. S. de Gray ; 1200 hab.

MARNE (la), Matrona, riv. de France, naît à 5 k. S. de Langres (Haute-Marne), arrose les villes de Chaumont, Joinville, St-Dizier (où elle devient navigable), Vitry, Châlons, Épernay, Dormans, Château-Thierry, La Ferté-sous-Jouarre, Meaux, Lagny, Alfort, et tombe dans la Seine, r. dr., à Charenton, ayant parcouru les dép. de la Marne, de l’Aisne, de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, de Seine. Ses principaux affluents sont, à droite, le Rognon, l’Ornain, l’Ourcq ; à gauche, la Blaise, la Somme-Soude, les 2 Morins.

MARNE (dép. de la), entre ceux des Ardennes au N., de l’Aube au S., de Seine-et-Marne, de l’Aisne à l’O., de la Meuse à l’E. ; 8068 k. carrés ; 385 498 h. Le ch.-l. est Châlons-sur-Marne ; mais la ville la plus importante est Reims. Il est formé d’une partie de la Champagne. Montagnes à l’O., pierres meulières, tourbières ; marais (à St-Gond). Sol crayeux et aride au N., mais fertile au S. ; grains, plantes potagères, fruits, melons ; excellents vins, dits de Champagne, et divisés en vins de rivière et vins de montagne. Mérinos et métis ; gibier, poisson. Industrie active ; lainages variés, dits articles de Reims ; bonneterie, papeterie, mégisserie, verreries, etc. Commerce considérable, surtout en vins. — Ce dép. a 5arr. (Châlons, Reims, Épernay, Ste-Menehould, Vitry-sur-Marne), 32 cantons, 688 communes ; il appartient à la 3e division militaire, dépend de la cour impér. de Paris, a un archevêché à Reims et un évêché à Châlons.

MARNE (dép. de la HAUTE-), entre ceux de la Meuse au N., de la Côte-d’Or au S., de l’Aube à l’O., des Vosges à l’E. : 6229 kil. carrés ; 254 413 hab. ; ch.-l., Chaumont. Formé de parties de la Champagne et de la Lorraine (Barrois) et d’un fragment de la Bourgogne. Montagnes élevées, formant un des plus hauts plateaux de la France, plaines ; beaucoup de sources ; fer, marbre ; faux albâtre, pierre de taille, grès, etc. Sol léger, pierreux, mais bien cultivé ; toutes sortes de grains ; fruits, légumes, navette, gaude, moutarde, chanvre ; bois ; gros et menu bétail, dindons, abeilles. Grande industrie métallurgique, coutellerie renommée ; bonneterie, tannerie, etc. — Ce dép. a 3 arr. (Chaumont, Langres, Vassy), 28 cantons, 550 communes ; il appartient à la 7e division milit., dépend de la cour impér. de Dijon et a un évêché à Langres.

MARNE-AU-RHIN (Canal de la), canal qui réunit les vallées de la Marne, de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe, de la Sarre et du Rhin, part de la Marne à Vitry-le-François, remonte la vallée de l’Ornain, franchit par un souterrain le faîte séparatif de la Marne et de la Meuse ; puis traverse cette dernière rivière sur un pont-aqueduc, débouche, en souterrain, sur le versant de la Moselle, au-dessus de Toul, et descend de là au niveau de Nancy ; remonte ensuite la vallée de la Meurthe et le vallon du Sanon, jusqu’au bief de partage des Vosges. À l’extrémité de ce bief, il coupe, par deux souterrains et une grande tranchée, le faîte séparatif du versant de la Sarre et du versant du Rhin. Enfin, il descend par la vallée de la Zorn, à Strasbourg, où il se réunit au canal de l’Ill au Rhin. Ce canal a en tout 315 kil. de développement. Commencé en 1841, il a été achevé en 1852.

MARNES (le comte de). V. ANGOULÊME (duc d').

MARNIX de Ste-Aldégonde. V. STE-ALDEGONDE.

MAROBODUUS ou MARBODE, chef des Marcomans, avait été élevé à Rome. Il rallia les peuples suéviques, et fonda un vaste empire près du Danube. D’abord allié d’Arminius, il se tourna ensuite contre lui ; il fut alors abandonné de ses sujets, et se réfugia chez les Romains. Il vécut depuis à Ravenne, d’une pension de l’empereur Tibère. Il mourut l’an 37 de J.-C.

MAROC (Empire du), vaste État de l’Afrique septentrionale, est borné à l’E. par l’Algérie, au S. par le Sahara, par la mer Méditerranée au N. et l’Atlantique à l’O. On y distingue les royaumes de Maroc propre, de Fez, de Sous, de Tafilet et le pays de Darah. Population, env. 8 000 000 d’hab. (Berbères ou Amazirgues, Maures, Arabes, Juifs, Nègres, etc.) ; capit. Maroc. Villes princ., Méquinez, Fez, Tétouan, Tanger, Larache, Mazagan, Mogador, Salé, Agadir. Ce pays est traversé par l’Atlas qui y atteint sa plus grande hauteur. La cime la plus élevée, le Miltsin, a 3500m. Cours d’eau assez nombreux, mais qui se dessèchent l’été. Climat très-chaud, que tempèrent les vents de mer et les montagnes. Grande fertilité. Mines de fer, étain, cuivre, antimoine. Beaux chevaux, maroquins très-estimés, surtout ceux qui sont teints en jaune (le nom même de maroquin vient, comme on le voit, de Maroc). — L’empire du Maroc occupe l’emplacement de l’ancienne Mauritanie Tingitane et d’une faible partie de la Mauritanie Césarienne. Cette contrée, longtemps gouvernée par des rois indigènes, obéit successivement aux Romains (à partir de l’an 42 de J.-C.), aux Vandales, aux Grecs, puis aux Arabes (dès le VIIIe siècle). En 1051 elle fut enlevée aux califes fatimites par les Almoravides, qui étendirent leur domination sur tout le Maghreb et sur l’Espagne. Les Almoravides y furent remplacés successivement par les Almohades (1129), par les Mérinites (1270), et enfin (1516) par les Chérifs, qui se prétendaient issus de Mahomet ; cette dernière dynastie y règne encore aujourd’hui. Le souverain du Maroc prend le titre de sultan ou d’empereur. Souvent attaqué par les Portugais aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, le Maroc cessa de l’être après la sanglante défaite d’Alcaçar-Quivir, où périt le roi Sébastien (1578). Il s’agrandit tellement depuis qu’au commencement du siècle dernier, il étendait encore son autorité jusqu’à Tombouctou ; mais il déchoit tous les jours : il a récemment perdu une grande partie du roy. de Sous (V. SIDI-HESCHAM). Hostiles à la France depuis la conquête d’Alger, les Marocains donnèrent asile à Abd-el-Kader et nous attaquèrent à l’improviste en 1844 : ils furent aussitôt châtiés sévèrement par le maréchal Bugeaud à Isly (V. ce mot), et virent bombarder Tanger et Mogador. Les Espagnols conservent sur les côtes du Maroc plusieurs villes, conquises dès le XVIe siècle, dont ils ont fait des présides ou lieux de déportation : telles sont Ceuta, Penon-de-Velez, Alhucemas, Melilla. La possession de ces présides a donné lieu à plusieurs conflits entre le Maroc et l’Espagne et enfin, en 1860, à une guerre sérieuse, à la suite de laquelle le sultan vaincu se vit imposer d’énormes contributions : Tanger fut pris et retenu comme le gage du payement de la somme convenue. M. L. Godard a donne en 1860 : Description et histoire du Maroc.

MAROC, Merakach en langue indigène, capit. de l’empire de Maroc, sur la rive g. du Tensif, dans une belle plaine couverte de palmiers, par 31° 37' lat. N., 9o  55' long. O. : env. 50 000 h. Très-bel aspect de loin, mais au dedans les rues sont étroites, sales et hideuses. On y remarque le palais impérial et ses jardins, le Kaisseria (ou bazar), trois mosquées (dont une, l’El-Koutoubia, a une tour de toute beauté),le Bel-Abbas, hôpital pour 1500 malades, le Méchouar ou place d’audience. Célèbres fabriques de maroquins. — Maroc fut fondée en 1072 par les Almoravides, et parvint bientôt à une haute prospérité. Suivant les Maures, on y compta 1 000 000 d’habitants, ce qu’il faut sans doute réduire au tiers. Auj. l’empereur réside au moins aussi souvent à Méquinez qu’à Maroc.

MAROLLES, v. du dép. du Nord, sur la Petite-Helpes, à 13 kil. O. d’Avesnes ; 2000 hab. Petits fromages renommés.

MAROLLES-LES-BRAUX, ch.-l. de cant. (Sarthe), à 16 k. S. O. de Mamers ; 2000 hab.

MAROLLES (l’abbé Michel de), traducteur infatigable, né en Touraine en 1600, mort en 1681, embrassa l’état ecclésiastique, et refusa les dignités de son ordre pour se livrer aux lettres. Il a traduit en français presque tous les classiques latins : Plaute, Lucrèce, Térence, Catulle, Virgile (en prose, puis en vers), Horace, Ovide, Sénèque le tragique, Lucain, Juvénal, Perse, Martial (en vers), Stace, ainsi qu’Aurélius Victor, Ammien Marcellin, etc. ; malheureusement, ces traductions ne sont guère remarquables que par leur platitude. Il a en outre traduit du grec Athénée. L’abbé de Marolles a laissé des Mémoires, qui sont instructifs, et a publié le Temple des Muses, 165,. avec figures de Blomaert. Il avait formé un riche cabinet d’estampes, qui se trouve auj. à la bibliothèque impériale.

MAROMME, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), sur le Cailly, à 6 kil. N. O. de Rouen ; 2300 hab. Blanchisserie, poudrerie, raffinerie, indiennes, filatures.

MARON (S.), pieux solitaire qui vivait en Syrie au Ve siècle, fut ordonné prêtre en 405, et mourut en 433. il habitait sur une montagne près de Cyr, et attira près de lui un grand nombre de disciples qui formèrent plusieurs monastères. On l’hon. le 9 et le 14 février. — Un autre Maron, Jean, patriarche de Syrie, qui vivait au VIIe siècle, est regardé comme le chef de l’église des Maronites. V. MARONITES.

MARONI, riv. de la Guyane française : sort des monts Tumacumaque, coule au N. E., puis au N., sépare les Guyanes hollandaise et française, tombe dans l’Océan Atlantique, après un cours de 600 k. On y trouve des cailloux semblables au diamant.

MARONITES. On nomme ainsi à la fois une peuplade de la Syrie, et une église particulière formée de cette peuplade. Ils habitent le pachalik de Tripoli, le Libah et l’Antiliban, entre les Nosaïris au N. et les Druses au S. ; ils occupent presque tout le Kesraouan. On en compte env. 400 000. Ils vivent presque entièrement indépendants. On fait remonter leur existence à l’année 634 : les Arabes ayant alors envahi la Syrie, un certain Joseph, prince de Byblos, se réfugia avec ses sujets dans les montagnes du Liban, où ils se sont maintenus. On donne pour fondateur à la secte des Maronites un certain J. Maron, moine, qui se serait aussi réfugié dans le Liban pour fuir la persécution et qui aurait vécu, selon les uns au Ve siècle, selon les autres au VIIe. D’autres font dériver leur nom d’un ancien bourg de Maronia, auj. détruit. Quoiqu’il en soit, les Maronites furent soumis par les Turcs ; mais ils conservèrent un chef de leur religion. Ils sont depuis les Croisades sous la protection de la France. Les Maronites professèrent d’abord le Monothélisme ; depuis, ils se soumirent à l’Église romaine, tout en conservant le rit syrien ; leur chef prend le titre de patriarche d’Antioche et étend sa juridiction sur Tyr, Damas, Tripoli, Alep et Nicosie ; il a longtemps résidé à Kanobin. Quoique rentrés dans le sein de l’Église romaine, ils en différaient jadis par quelques détails du culte, mais ils ont fini par s’y rallier entièrement sous Grégoire XIII. Clément XII leur fit même adopter, en 1736, les décisions du concile de Trente : aussi les nomme-t-on les Catholiques du Liban. Les Maronites possèdent à Rome depuis Grégoire XIII un séminaire d’où sont sortis un grand nombre d’hommes distingués, notamment Abraham Ecchellensis, Gabriel Sionita, les Assemani. En Syrie, les Maronites sont sans cesse en lutte avec les Druses, qui habitent comme eux le Liban : les Druses aidés des Turcs en ont fait en 1860 un horrible massacre, qui a nécessité l’intervention européenne.

MAROS, Marisus, riv. de Transylvanie et de Hongrie, devient navigable à Karlsburg, et tombe dans la Theiss vis-à-vis de Szegedin ; cours, 600 kil. Elle roule de l’or dans ses eaux. — Elle donne son nom à un comitat de la Transylvanie, dans le pays des Széklers, qui compte 195 000 hab. et qui a pour ch.-l. Maros-Vasarhély, ville de 10 000 h. Beau palais de Tekely, riche bibliothèque, collection de minéralogie, collége, etc.

MAROSIE, dame romaine, fille de la 1re Théodora, d’une famille riche et puissante, épousa vers 906 Albéric, comte de Tusculum et marquis de Camerino. Restée veuve de bonne heure, elle se remaria deux fois. Par ses richesses, sa beauté et son esprit d’intrigue, elle acquit un grand crédit sur les principaux seigneurs de Rome et put pendant plusieurs années faire et défaire les papes à sa fantaisie : elle se rendit maîtresse de la ville, fit élire Sergius III (904), Anastase III (911), Landon (913), fit déposer en 928 Jean X, qui avait été élu par l’influence de Théodora, sa sœur et sa rivale, et le fit périr avec le secours de Guido, duc de Toscane, son 2e époux ; puis, en 931, elle fit asseoir sur le siége pontifical, sous le nom de Jean XI, l’un de ses fils encore fort jeune (V. JEAN XI). En 932, elle épousa en 3e noces Hugues de Provence, devenu roi d’Italie ; mais, ce dernier ayant donné un soufflet au fils aîné de Marosie, nommé Albéric, le jeune homme pour s’en venger souleva la jeunesse romaine, massacra les gardes de son beau-père, le força à prendre la fuite, et renferma Marosie, dans le château St-Ange, où elle mourut. On ne connaît pas l’époque de sa mort.

MAROT (Clément), poëte, né à Cahors en 1495, m. en 1544, était fils de Jean Marot, valet de chambre de François I, et fut d’abord placé lui-même en qualité de valet de chambre auprès de Marguerite de Valois, sœur du roi. Il suivit François I dans son expédition d’Italie, et fut fait prisonnier avec lui à Pavie (1525). De retour en France, il fut jeté dans les prisons du Châtelet comme suspect d’hérésie ; il en sortit en 1526, grâce à l’intervention du roi, mais fut bientôt après incarcéré de nouveau et se vit contraint de fuir ; il se réfugia dans le Béarn (1535), puis à la cour de Ferrare et à Venise (1536). Il parvint à rentrer en France pour quelques années, mais ayant excité de nouvelles plaintes par une traduction des Psaumes que la Sorbonne condamna comme entachée de graves erreurs, il se retira à Genève (1543), et enfin à Turin, où il mourut dans l’indigence. Marot avait l’esprit enjoué et plein de saillies ; son style a un charme particulier qui tient surtout à un certain abandon, à la naïveté de l’expression et à la délicatesse des sentiments. Personne n’a mieux connu le ton qui convient à l’épigramme et n’a mieux manié la plaisanterie. Boileau le propose pour modèle en ce genre :

Imitez de Marot l’élégant badinage.

Ses meilleures poésies consistent en épigrammes, épîtres, rondeaux, ballades. Il en donna lui-même une édition à Lyon, 1538. Les meilleures éditions faites depuis sont celles de 1596, Niort ; de La Haye, 1731 ; de Paris, 1824, 3 vol. in-8, avec des notes et un glossaire ; de Ch. d’Héricault avec Étude sur la vie et les œuvres de Marot, 1866, 1 vol. in-8. Campenon a publié les Œuvres choisies, 1826. — Son père, Jean M., né au bourg de Mathieu, près Caen, était lui-même assez bon poëte. Il fut successivement attaché à Anne de Bretagne, à Louis XII et à François I comme valet de chambre, comme secrétaire et historiographe. Il avait accompagné Louis XII dans son expédition d’Italie, et avait célébré ses exploits dans deux poëmes (Voyage de Gênes, Voyage de Venise). Il fit aussi des vers en l’honneur de François I, composa des épîtres, des rondeaux, etc. On trouve ses Œuvres à la suite de celles de Clément Marot. M. G. Guiffrey a publié de lui en 1860 un poëme inédit composé à l’occasion de la convalescence de la reine Anne de Bretagne.

MAROT (Jean), architecte et graveur, né à Paris vers 1630, m. en 1679, construisit l’hôtel de Mortemart, la façade des Feuillantines (faubourg St-Jacques, à Paris), le château de Lavardin dans la Maine ; mais il est surtout connu par d’excellents dessins : Le magnifique château de Richelieu ; Plans et élévation des châteaux de Madrid, du Louvre, de Vincennes ; Architecture française, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils des édifices de Paris, publiés par Mariette, 1727, in-fol. ; le Petit Marot, recueil de morceaux d’architecture, 1764, gr. in-4.

MAROZIA. V. MAROSIE. MARPESSUS, auj. Marpeso, mont. de l'île de Paros, célèbre par ses superbes marbres statuaires.

MARPURGUM, nom latinisé de Marbourg.

MARQUION, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 24 k. S. E. d'Arras; 500 hab. Pannes, poterie.

MARQUIS. Dans l'origine on appelait ainsi des officiers chargés de la garde des marches ou provinces-frontières; on les nommait margraves en Allemagne (V. MARCHE). On trouve le nom de marquis employé pour la première fois sous Louis le Débonnaire. Ce titre n'a point tardé à devenir purement honorifique : il était donné au propriétaire d'une terre noble érigée en marquisat par lettres patentes du roi. Les marquis ont rang après les ducs et avant les comtes. Ce titre, supprimé en 1790, ne fut pas rétabli sous l'Empire; mais la Restauration le fit revivre.

MARQUISE, Marci, ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 3 kil. N. E. de Boulogne; 2060 h. Marbre, fonderie.

MARQUISES (îles), groupe d'îles du grand Océan, par 7°30' 10° 26' lat. S. et 140°-143°long. E., est composé des Marquises proprement dites (Hiva-hoa, Ta-houata, Fatou-hiva, Motane, Fetou-Houkou), et des Îles Washington (Nouka-hiva, Ouapou, Houa-houna, Métou-hi, Hiaou, Fetou-hou, île de Corail) ; 1300 kil. carr.; env. 25 000 h. Sol montueux, boisé quoique volcanique. Côtes d'un accès difficile, à cause de nombreux récifs et des changements soudains de vents. Climat doux et sain. On y trouve le cocotier, le palmier et plusieurs plantes alimentaires. Les habitants sont beaux et forts, mais voluptueux et anthropophages. — Découvertes en 1594 par l'Espagnol Alvaro Mendana, ces îles furent nommées Marquises en l'honneur du marquis de Mendoce, vice-roi du Pérou. Elles ont été visitées en 1774 par Cook, et ont été occupées au nom de la France en 1842 par l'amiral Dupetit-Thouars. Le principal établissement français est dans l'île Noukahiva. On avait choisi en 1850 cette île comme lieu de déportation, mais ce projet a été abandonné.

MARR, petit pays d’Écosse, dans le comté d'Aberdeen, entre le Don et la Dee, avait titre de comté. — Un comte de Marr fut régent d’Écosse pendant la minorité de David Bruce; il fut battu en 1332 par Ed. Baliol et les Anglais. — Jacq. Stuart, frère naturel de Marie-Stuart, porta le titre de comte de Marr avant d'être fait comte de Murray. — Un autre commanda les troupes du prétendant Jacques-Édouard Stuart et fut battu en 1715 à Sherifmoor par le duc d'Argyle. — Le titre de comte de Marr est auj. porté par la famille Erskine, issue de la dernière héritière du comté.

MARRAST (Armand), publiciste, né en 1801 à St-Gaudens (Haute-Garonne), m. en 1852, exerça d'abord les fonctions de maître d'étude, débuta comme écrivain en 1829 par un Examen critique du cours de philosophie de M. Cousin, se consacra à la politique après la révolution de 1830, fut un des fondateurs de la Tribune, se livra dans ce journal à de violentes attaques contre le gouvernement, ce qui le fit condamner en 1834 à l'emprisonnement, prévint l'application de la peine en se réfugiant en Angleterre, rentra en France à la faveur d'une amnistie; fut, à partir de 1841, le rédacteur en chef du National, contribua de tout son pouvoir à la révolution de 1848 et à la proclamation de la République, fut aussitôt nommé membre du gouvernement provisoire, puis maire de Paris, fut peu après élu représentant à l'Assemblée nationale, et en devint le président. Il prit la plus grande part à la rédaction de la nouvelle Constitution, en fut le rapporteur et la promulgua sur la place de la Concorde. Il ne put néanmoins se faire réélire en 1849 : il vit, au 2 décembre 1851, abolir sa Constitution, et mourut peu après, pauvre et délaissé.

MARRON (P. H.), ministre protestant, issu de réfugiés français, né a Leyde en 1754, m. à Paris en 1832, vint à Paris en 1782 avec l'ambassadeur de Hollande; fut nommé pasteur de l’Église de Paris en 1788, se lia avec Mirabeau, et prit part à la rédaction de l'ouvrage intitulé : Aux Bataves sur le stathoudérat, ainsi qu'à celle de quelques feuilles publiques. Ami des Girondins, il fut deux fois incarcéré. En 1802, il fut nommé président du consistoire. Il a donné à la Biographie universelle nombre d'excellents articles sur les Calvinistes et sur la littérature hollandaise.

MARRUBIUM, auj. San-Benedetto, v. de l'Italie, anc. capitale des Marses, sur le bord E. du lac Fucin.

MARRUCINI, peuple de l'anc. Italie (Samnium), dans la prov. actuelle de Rieti, entre les Pélignes au S., les Marses à l'O., les Vestins au N. et l'Adriatique à l'E., avaient pour villes principales Corfinium, Aterne, Téate. Ils prirent part à la ligue samnite contre Rome en 309 av. J.-C., mais furent réduits en 305.

MARRYAT (le capitaine Francis), marin et romancier anglais, né à Londres en 1792, m. en 1848, était fils d'un riche négociant. Il entra de très-bonne heure dans la marine militaire, parvint au grade de capitaine de vaisseau, et ne commença qu'en 1829 sa carrière littéraire. Il publia depuis cette époque une trentaine de romans, presque tous maritimes, qui se succédèrent avec une étonnante rapidité, et qui obtinrent un succès populaire, grâce à la vérité des descriptions et à la gaieté des personnages. Les principaux sont : Peter Simple, Jacob Fidèle, le Midshipman aisé, l'Officier de marine, le Vieux Commodore, le Vaisseau Fantôme, le Pauvre Jack, Percival Keene. Il publia en 1839 le Journal d'un voyage en Amérique, avec des observations piquantes sur les mœurs et les institutions du pays, qui causèrent une vive irritation aux États-Unis. Ses romans ont été traduits par Defauconpret, Albert de Montémont et Razey.

MARS, dieu de la guerre, fils de Jupiter et de Junon, ou de Junon seule, suivant Ovide. On le représente armé de pied en cap, ayant à ses pieds un coq, symbole de la vigilance et de l'ardeur au combat. Mars était particulièrement adoré chez les Thraces et chez les Romains. Ceux-ci le regardaient comme le père de Romulus et de Rémus, et avaient donné son nom au premier mois de leur année, ainsi qu'à un des jours de la semaine. Il avait à Rome un collége de prêtres, les Saliens. Ce dieu fut, selon la Fable, l'amant heureux de Vénus : il se laissa surprendre avec elle par Vulcain, qui les enveloppa dans un filet. A la guerre de Troie, il fut blessé par Diomède.

MARS (Mlle), grande comédienne, fille de l'acteur Monvel et d'une actrice du nom de Mars, née en 1779, morte en 1847, débuta dès l'âge de 13 ans, joua d'abord sur les théâtres Montansier et Feydeau, puis se fixa au Théâtre-Français. Remarquable dès ses débuts par sa beauté, sa grâce et par un organe enchanteur, elle laissait cependant à désirer pour le jeu et eut quelque peine à percer; mais elle se forma par l'étude et atteignit une telle perfection qu'elle mérita le surnom d’inimitable. Après avoir longtemps joué les ingénues et les jeunes premières, elle remplaça en 1812 Mlle Contat dans les grandes coquettes. Elle sut charmer le public jusque dans un âge avancé, et ne quitta définitivement la scène qu'en 1841, à 62 ans. Outre les rôles de l'ancien répertoire, dans lesquels elle excellait, elle créa au Théâtre-Français, de 1798 à 1840, plus de cent rôles, et contribua puissamment à la fortune de nombre de pièces.

MARS 1871 (Journée du 18), où une partie de la garde nationale de Paris s'insurgea contre l'Assemblée nationale, ce qui amena la Commune.

MARS (VINGT) 1815, jour de l'arrivée à Paris de Napoléon après son retour de l'île d'Elbe.

MARSAILLE, Marsaglia, bg d'Italie, dans les anc. États sardes, sur la route de Pignerol à Turin. Catinat y battit, le 4 oct. 1693, Victor-Amédée et le prince Eugène. — On a confondu à tort ce lieu avec un autre Marsaille, à 15 kil. N. E. de Mondovi.

MARSAL, Marosallum, vge de France (Meurthe), près de la Seille, à 8 kil. E. S. E. de Château-Salins et à 4 kil. E. de Moyenvic; 1200 hab. Petite place forte. Bonneterie, chapellerie. Aux env., salines, auj. abandonnées. Marsal est construit sur un radier artificiel, dit briquetage de Marsal, jeté sur le marais de la Seille par les Gaulois ou par les Romains. Ce village fut fortifié en 1620, démantelé, puis restauré par Louis XIV. Bombardé en 1815.

MARSALA (pour Mers Allah), l'anc. Lilybée, v. et port de Sicile (Trapani), près de la mer, à 150 kil. S. O. de Palerme; 25 000 h. Aux env., grains, coton, huile; vin renommé. — La ville moderne de Marsala fut fondée par les Sarrasins sur les ruines de l'antique Lilybée. Elle possédait jadis un beau port, le premier de la Sicile au temps des Romains; il fut détruit par Charles-Quint en 1532, de peur qu'il ne tombât aux mains des Turcs. C'est à Marsala que débarqua Garibaldi, le 10 mai 1860, et qu'il remporta son premier succès sur les troupes napolitaines.

MARSALQUIVIR. V. MERS-EL-KEBIR.

MARSAN (Le), petit pays de la Gascogne, à l'E. des Landes et à l'O. du Gabaret et de l'Armagnac, avait pour capit. Mont-de-Marsan. Il formait le N. de la Chalosse et est auj. compris dans le dép. des Landes. — Habité au temps de César par les Élusates, ce pays fut ensuite compris dans la Novempopulanie; il passa sous la domination des Visigoths au Ve s., puis eut des vicomtes particuliers. Au Xe siècle il appartenait aux ducs de Gascogne; il entra en 1118 par mariage dans la maison des comtes de Bigorre et fut réuni au Béarn en 1256. Il fut acquis depuis par la maison de Lorraine et donna son nom à l'une des branches de cette famille.

MARSANNE, ch.-l. de c. (Drôme), à 14 kil. N. E. de Montélimart; 500 hab. Mûriers, soieries.

MARSA-SOUZA. V. MARZA.

MARSDEN (William), orientaliste anglais, né en 1755 en Irlande (Wicklow), m. en 1837, remplit divers emplois dans l'Inde, fut résident anglais à Bencoulen (Sumatra), puis deuxième secrétaire de l'amirauté, et quitta les affaires en 1807 pour se livrer tout entier à l'étude. On a de lui : Histoire de Sumatra, Londres, 1783, trad. dès 1785, Grammaire et Dictionnaire de la langue malaise (langue à peine étudiée jusque-là), 1812, et une traduction anglaise du Voyage de Marco-Polo, 1818, avec de savantes notes qui confirment le témoignage du voyageur vénitien.

MARSEILLAIS (les). On nomma ainsi dans la Révolution un bataillon de fédérés de Marseille qui s'était signalé par son ardeur révolutionnaire et ses excès et qui fut appelé à Paris par les Jacobins pour accélérer la chute de la monarchie. Arrivés le 30 juillet, ils envoyèrent dès le 2 août une députation à l'Assemblée nationale pour demander la déchéance du roi; ils prirent une grande part à l'attaque des Tuileries au 10 août. Quoique recrutés à Marseille, les Marseillais étaient pour la plupart étrangers à la ville même.

MARSEILLAISE (la), chant martial composé en 1792 par Rougé de l'Isle. V. ce nom.

MARSEILLAN, v. de France (Hérault), à 26 k. E. de Béziers; 3691 hab. Petit port, salines; pêcheries.

MARSEILLE, Massilia, une des plus grandes villes de France, ch.-l. du dép. des Bouches-du-Rhône, sur la Méditerranée, à 802 E. S. E. de Paris par la route, 862 par chemin de fer; 260 000 hab. Évêché, suffragant d'Aix; église consistoriale calviniste, ch.-l. de division militaire, trib. de 1re inst. et de commerce; faculté des sciences, école secondaire de médecine; écoles de commerce et d'industrie; école de musique. Vaste port, le plus commerçant de la France, pouvant tenir 1200 navires. L'entrée de ce port est défendue par les forts St-Nicolas à droite et St-Jean à gauche; les îlots fortifiés d'If, Pomègue et Ratonneau, réunis au moyen d'une digue, ferment la rade. Un autre port, terminé en 1858, a été créé au bas de l'anc. ville, au quartier de la Joliette (nom tiré de celui de Jules-César) : il est formé par une digue de 1220 m. de long, jetée en mer parallèlement à la côte, et par deux autres digues perpendiculaires à la précédente. On distingue dans Marseille la Vieille ville, à gauche en venant de la mer, et la Ville neuve, à droite; celle-ci, régulière et superbe. On y remarque : le cours, magnifique avenue de 2 k., les rues d'Aix, de Rome et de la Cannebière; les places Royale, Castellane, St-Ferréol, les allées Meillan, la promenade autour du port; puis la cathédrale, l'hôtel de ville, le Grand-Théâtre, le Lazaret (le plus beau de l'Europe), l'Observatoire (dans une belle position), la statue de Belzunce, sur le cours. La ville est abondamment pourvue d'eau par un canal d'irrigation dérivé de la Durance et par l'aqueduc de Roquefavour (V. ce nom). Athénée; académie des sciences, belles-lettres et arts; société de médecine, société de statistique; jardin botanique, jardin de naturalisation, bibliothèque, superbe musée, cabinet d'histoire naturelle; diverses institutions de bienfaisance; banque, hôtel des monnaies. Industrie très-actiye : savon, bonneterie, calottes façon Tunis, chapeaux, maroquin, céruse, soufre, bougies, raffineries, teinturerie, verrerie, etc. Immense commerce d'importation et d'exportation avec le Levant, l'Afrique septentrionale, l'Italie, l'Espagne, la Hollande, l'Angleterre, la Baltique, les Antilles, etc. Service des paquebots de la Méditerranée; chemin de fer. Chantiers de construction navale. — Marseille est une colonie des Phocéens; elle fut fondée en 600 av. J.-C. et fonda bientôt elle-même beaucoup de villes aux environs (Agde, Antibes, Nice, La Ciotat, etc.). Rivale de Carthage, elle partagea avec cette ville célèbre le commerce de la Méditerranée : ses flottes allaient jusque dans l'Océan, et quelques-unes dans la Baltique. De bonne heure alliée aux Romains, c'est elle qui leur ouvrit le chemin de la conquête de la Gaule en les appelant à son secours contre les Ligures (153), puis contre les Cavares (125). Lors de la formation de la Province romaine de Gaule, Marseille n'y fut pas comprise et resta ville libre, alliée de Rome. Ayant pris parti pour Pompée, elle fut assiégée et prise par les troupes de César, 49 av. J.-C. Néanmoins, elle conserva son indépendance et redevint bientôt florissante : elle eut des écoles fameuses sous l'empire et mérita d'être appelée la Nouvelle Athènes. Le Christianisme y fut introduit au IIIe siècle; une tradition fabuleuse l'y fait même apporter dès le Ier siècle par S. Lazare, après sa résurrection. Au VIIIe siècle, les Arabes la ruinèrent; elle ne se releva que lentement. Marseille passa au IXe siècle sous la domination de Boson, roi d'Arles; lors de l'absorption du royaume d'Arles dans l'empire, elle redevint indépendante; elle s'érigea en république en 1214; mais elle fut soumise au XIIIe siècle par Charles d'Anjou, comte de Provence. Elle fut réunie à la couronne avec la Provence en 1481. Elle conservait encore quelques privilèges; Louis XIV, en 1660, les lui ôta. En 1720 et 1721 elle fut ravagée par une peste terrible qui fit éclater le dévouement de son évêque (Belzunce) et de son corps municipal. Ayant, en 1793, pris parti pour les Girondins, elle fut prise et soumise au régime de la Terreur. La conquête d'Alger et le percement de l'isthme de Suez lui ont ouvert une nouvelle ère de prospérité. Des insurgés y installèrent la Commune (23 mars-4 avril 1871). — A Marseille sont nés Pythéas, Pétrone; H. d'Urfé, Puget, Plumier, Mascaron, Dumarsais, Barbaroux, Th. Barthe, Lantier, Pastoret, Thiers, Reybaud, etc

MARSEILLE, ch.-l. de c. (Oise), à 19 kil. N. O. de Beauvais; 800 hab. Mégisseries, tanneries.

MARSES, Marsi, peuple de l'Italie ancienne, de la famille sabellique, habitait au S. O. des Vestins et des Marrucins, dans les montagnes qui entourent le lac Fucin et touchait le Latium au S. ; ch.-l., Marrubium. Ils passaient pour les plus braves guerriers de l'Italie, d'où le proverbe: Nec de Marsis, nec sine Marsis posse triumphari. Ils eurent la plus grande part à la guerre sociale qu'on nomme aussi quelquefois Guerre Marsique. V. GUERRE SOCIALE.

Le nom de Marses était encore porté par une tribu germaine, appartenant à la famille des Istævons et comprise dans la ligue chérusque; ils habitaient les bords septentr. de la lippe.

MARSH (James), chimiste, né en 1789, occupa pendant 40 ans une modique place à l'arsenal de Londres, et mourut en 1846, dans un état voisin de la misère. On lui doit un procédé célèbre, qui permet de reconnaître sûrement la présence de l'arsenic : il consiste à diriger sur une assiette de porcelaine l'arsenic à l'état de gaz (hydrogène arseniqué), après l'avoir enflammé : le poison s'y dépose sous forme de taches noires. C'est en 1836 qu'il fit connaître son procédé, qui a été perfectionné depuis.

MARSHAM (Thomas), érudit anglais, né à Londres en 1602, m. en 1685, fut quelque temps secrétaire de la chancellerie, et perdit cette place à cause de son attachement à Charles I. On a de lui, sous le titre de Canon chronicus ægyptiacus, hebraïcus, græcus, Londres, 1662, un savant ouvrage où il réduit de beaucoup l'antiquité que s'attribuaient les Égyptiens : il suppose que les dynasties de leurs rois sont contemporaines et non successives. Il prétendait aussi que les rites judaïques sont empruntés aux Égyptiens, ce qui l'entraîna dans de vives disputes avec Hencke, Prideaux et le P. Noël Alexandre.

MARSICO-NUOVO, v. du roy. d'Italie (Principauté citer.), à 46 kil. N. E. de Policastro; 5600 hab. Évêché. — MARSICO-VETERE, Abellinum marsicum, v. de la Basilicate, à 31 kil. S. O. de Potenza; 3100 h.

MARSIGLI (L. Ferdinand, comte de), géographe et naturaliste, né à Bologne en 1658, m. en 1730, se mit au service de l'Autriche, fit avec distinction plusieurs campagnes contre les Turcs, fut pris par eux au passage de Raab en 1683, recouvra sa liberté l'année suivante, fut chargé en 1703 de défendre Brisach, mais laissa prendre cette place par le duc de Bourgogne et fut, par une sentence d'une sévérité extrême, condamné à la dégradation. Il trouva une consolation dans les sciences, fit de riches collections qu'il légua à l'institut de Bologne, et publia plusieurs ouvrages estimés, entre autres une Histoire de la mer, en Italien, Venise, 1711 ; un traité De generatione fungorum, 1714; une Description géographique et historique du Danube, en latin, 1726, et l’État militaire de l'Empire ottoman, en français, 1732. Il était associé de l'Académie des sciences de Paris et de la Société royale de Londres. Fontenelle a écrit son Éloge.

MARSILLAC (le prince de). V. LAROCHEFOUCAULD.

MARSILLARGUES, bg du dép. de l'Hérault, à 28 k. E. N. E. de Montpellier, sur la riv. dr. de la Vidourle; 3304 hab. Église calviniste.

MARSILLE, nom donné dans les chroniques au général musulman Abdel-Mélek-ben-Omar. V. ce nom.

MARSIN (Ferdinand, comte de), né en 1656 dans le pays de Liége, m. en 1706, entra au service de la France, fut nommé en 1686 brigadier de cavalerie, servit en Flandre, fut blessé à la bataille de Fleurus (1690), se trouva à celle de Nerwinde et à la prise de Charleroi, puis passa en Italie, où il obtint le grade de lieutenant général, et reçut le bâton de maréchal en 1703, après la prise de Spire. Il fut défait avec Tallard à Hochstædt, 1704, et périt au siége de Turin. C'était un bon officier, mais un général médiocre.

MARSIQUE (Guerre). V. SOCIALE (guerre).

MARS-LA-TOUR, vge près de Metz, où se livra un des combats du siége (août 1870).

MARSOLLIER (Jacques), chanoine régulier de Ste-Geneviève, né à Paris en 1647, m. à Uzès en 1724, a laissé, entre autres ouvrages : Histoire de l'origine des dîmes et autres biens temporels de l'Église, 1689; — du cardinal Ximénès, 1693; — de Henri VIII, roi d'Angleterre, 1697; — de l'Inquisition et de son origine, 1693; Vie de S. François de Sales, 1700; — de l'abbé de Rancé, 1703 ; — de Mme de Chantal, 1715 ; — de H. de La Tour-d'Auvergne, duc de Bouillon, 1718.

MARSOLLIER DES VIVETIÈRES (Benoît Joseph), littérateur et auteur dramatique, né à Paris en 1750, m. en 1817, était fils d'un riche marchand d'étoffes et acheta une charge de payeur de rentes de l'hôtel de ville. Il a composé les paroles de plusieurs charmants opéras comiques, dont la musique est due à Méhul, à Gaveaux et à Dalayrac : Nina ou la Folle par amour, 1786 ; les Deux petits Savoyards, 1789 ; Camille ou le souterrain, 1791; Cange, 1795; la Pauvre Femme, 1796; Alexis ou l'erreur d'un bon père, 1798; Adolphe et Clara, 1799; Jean de Paris, 1812; et quelques comédies en prose, le Trompeur trompé, l'Officieux, le Connaisseur, etc. Marsollier entend bien la scène; il a de l'esprit, de la grâce, de la délicatesse, mais il travaillait trop légèrement. Ses Œuvres choisies ont été réunies en 3 vol. in-8, Paris, 1825.

MARSON, ch.-l. de c. (Marne), à 15 kil. E. de Châlons-sur-Marne; 500 hab.

MARSTON-MOOR, lieu du comté d'York, au N. O, d'York, près de Tockwith, est célèbre par la bataille qui s'y livra en 1644 entre les troupes de Charles I, commandées par le prince Rupert, et celles du Long Parlement conduites par le comte de Manchester, lord Fairfax et Leslie : ces dernières furent victorieuses.

MARSY (Balthazar et Gaspard), habiles sculpteurs du XVIIe siècle, originaires de Cambrai, étaient frères. Ils se distinguèrent surtout dans les travaux qu'ils furent chargés d'exécuter pour le palais de Versailles : on leur doit les figures en bronze qui décorent les bassins du Dragon, de Bacchus, et de Latone, les deux Tritons abreuvant les chevaux du soleil, au bassin d'Apollon. Balthazar, né à Cambrai en 1624, mourut en 1674, professeur à l'Académie de peinture; Gaspard, né en 1628, mourut en 1681.

MARSY (Franç. Marie, abbé de), littérateur, né à Paris en 1713, m. en 1763, entra chez les Jésuites et se fit connaître par deux poëmes latins sur la tragédie et sur la peinture. Rentré dans le monde, il fut forcé par le défaut de fortune de se mettre aux gages des libraires, et publia plusieurs ouvrages qui n'ajoutèrent rien à sa réputation. Un de ses écrits : l'Analyse de Bayle (1755), qui contenait des attaques contre la religion, le fit enfermer à la Bastille et condamner à Rome. Outre cet ouvrage, on a de lui : Templum tragœdiæ, carmen, 1734; Pictura, carmen, 1736; Histoire de Marie Stuart, 1742; Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture, 1746; Histoire moderne des Chinois et des Japonais, 1754-78, 30 vol. in-12 (dont les 12 premiers seulement sont de lui); le Rabelais moderne, édition de Rabelais dans laquelle il a rajeuni le style de cet écrivain, au risque de lui faire perdre sa naïveté.

MARSY (Claude SAUTEREAU de), né à Paris en 1740, mort en 1815, publia de 1765 à 1793 l’Almanach des Muses, et donna diverses collections utiles, entre autres les Annales poétiques (avec Imbert), 1778-88, 40 vol. in-12; les Tablettes d'un Curieux, 1789, et les Lettres choisies de Mme de Maintenon, 1806.

MARSYAS, riv. de Phrygie, tombait près de Gélènes dans le Méandre. Elle avait reçu son nom du Phrygien Marsyas.

MARSYAS, Phrygien, natif de Célènes, habile à jouer de la flûte, osa défier Apollon sur cet instrument; le dieu, l'ayant vaincu, l'écorcha vif pour le punir de sa témérité. On le représente tantôt sous la figure d'un Silène, tantôt sous celle d'un Satyre. Il avait à Rome, sous cette dernière forme, sur le Forum, près des Rostres, une statue qui était le rendez-vous des gens d'affaires.

MARTABAN, v. de l'empire birman, capit. du Martaban, sur le Salouen, à 54 kil. de son embouchure, à 163 kil. S. E. de Pégou. Ville jadis très florissante, auj. réduite à 6000 hab.; très grande pagode. — Le Martaban, situé entre l'empire de Siam, le royaume birman proprement dit, la prov. d'Yé et le golfe de Martaban, était jadis un roy. indépendant. Il fut conquis en 1745 par les Birmans; les Anglais leur en ont enlevé la plus grande partie en 1852. La province birmane a pour ch.-l. Martaban (jadis capit. de tout le roy.); le ch.-l. du Martaban anglais est Amherst-Town. Climat salubre : montagnes au N. et à l'E.; sol très-fertile. Étoffes de soie et de coton. — On appelle Golfe de Martaban la partie du golfe du Bengale comprise entre le cap Negrais à l'O. et la prov. d'Yé à l'E. MARTAINVILLE (Alph.), homme de lettres, né en 1777 à Cadix, de parents français, mort en 1830, fut traduit dès l'âge de 17 ans comme suspect devant le tribunal révolutionnaire, et n'échappa qu'avec peine à une condamnation capitale. Sous l'Empire, il travailla surtout pour le théâtre. Il accueillit avec empressement le retour des Bourbons, soutint leur cause dans plusieurs journaux (le Journal de Paris, la Gazette, la Quotidienne), et fonda le Drapeau blanc, qui se signala par l'exagération de son royalisme : aussi eut-il de violents démêlés avec les partisans de l'opinion opposée. Martainville a fait représenter sur les théâtres secondaires un grand nombre de pièces, notamment les Suspects et les Fédéralistes; le Pied de mouton; la Queue du diable; Monsieur Crédule; Pataquès, Taconnet. Le Pied de mouton, mélodrame-féerie-comique, représenté pour la 1re fois en 1806, a été repris plusieurs fois et a toujours attiré la foule, malgré l'absurdité de la fable.

MARTEL, ch.-l. de cant. (Lot), à 26 kil. E. de Gourdon; 3000 h. Anc. église, dont on attribue la fondation à Charles Martel.

MARTÈNE (dom Edmond), savant Bénédictin de la congrégation de St-Maur, né en 1654, à Saint-Jean-de-Lône, mort en 1739, étudia la Diplomatique, d'après les conseils de Mabillon, visita les archives de la France et des pays voisins et y recueillit une foule de précieux documents relatifs à l'histoire de France. On lui doit : De antiquis monachorum ritibus, Lyon, 1690, 2 vol. in-4; De antiquis ecclesiæ ritibus, Rouen, 1700-02, 3 vol. in-4; De antiqua ecclesiæ disciplina in divinis celebrandis officiis, Lyon, 1706, in-4; Thesaurus novus anecdotorum, avec dom Ursin Durand, Paris, 1717, 5 v. in-fol.; Veterum scriptorum et monumentorum historicocum, dogmaticorum et moralium collectio, Paris, 1724-29-33, 9 vol. in-fol. Il a donné en français : Voyage littéraire de deux Bénédictins, 1724.

MARTENS (Thierry), imprimeur belge, l’Alde des Pays-Bas, né en 1454, à Alost, près de Bruxelles, mort en 1534, était aussi érudit qu'habile typographe. Il fonda à Alost vers 1473 le 1er établissement typographique qu'ait eu les Pays-Bas, et se fit remarquer par ses belles éditions, notamment d'auteurs grecs. Sa marque est un double écusson renfermant les lettres initiales T. M., et suspendu à un arbre soutenu par 2 lions; quelquefois c'est la double ancre. Alost lui a érigé une statue.

MARTENS (Guill. Fréd. de), diplomate, né à Hambourg en 1756, mort en 1821, fut professeur de droit public à Gœttingue, conseiller du royaume français de Westphalie (1809), puis (1814) ministre du roi de Hanovre qu'il représenta près la diète germanique. On lui doit plusieurs ouvrages estimés, qui sont indispensables au diplomate : Précis du droit des gens de l'Europe, Gœtt., 1789, et Paris, 1831; Recueil des principaux traités de paix depuis 1761, Paris, 1791-1800, ouvrage complétant le recueil de Dumont et Rousset, et suivi d'un Supplément publié par lui-même de 1802 à 1818, puis par son fils, le baron Ch. de Martens (en tout 28 vol. in-8). — Son fils, né en 1790, a publié un Manuel diplomatique, Leipsick, 1823 et 1832 (refondu sous le titre de Guide diplomatique, avec améliorations, par Hoffmann, Paris, 1837); les Causes célèbres du Droit des gens, Leips., 1827, et un Recueil manuel des traités, Leips., 1845.

MARTHE (Ste), sœur de Lazare et de Marie de Béthanie, recevait Jésus lorsqu'il venait à Béthanie. Un jour qu'elle se donnait bien de la peine pour préparer les choses nécessaires, elle fut jalouse de ce que sa sœur Marie, qui était aux pieds de Notre-Seigneur, n'était occupée qu'à l'écouter au lieu d'aider aux soins du ménage. Elle s'en plaignit au Sauveur, qui lui répondit que Marie avait choisi la meilleure part. Après la mort de Lazare, elle alla au-devant du Sauveur pour le prier de le ressusciter. Les légendes la font aborder dans la suite en Provence avec Lazare et Marie. On la fête, avec Ste Marie et Lazare, le 17 déc.

MARTHE (Anne BIGET, dite Sœur), née en 1748 à Thoraise près de Besançon, morte en 1824, s'établit à Besançon, et s'y dévoua au soulagement des malheureux. Pendant les guerres de l'Empire, elle secourut une foule de prisonniers et de blessés, sans distinction de nation ni de religion, et mérita d'être décorée de la Légion d'honneur et de plusieurs ordres étrangers.

MARTIAL, M. Valerius Martialis, poëte latin, né à Bilbilis en Espagne vers l'an 43 de J.-C., vint à Rome vers l'âge de 23 ans, s'y fit remarquer par son talent poétique, obtint par ses flatteries les bonnes grâces de Titus et surtout de Domitien, et compta au nombre de ses amis Pline le Jeune, Quintilien, Juvénal. Après un séjour de 35 ans à Rome, il retourna dans sa patrie et y mourut vers l'an 103. On a de Martial 15 livres d’Épigrammes (petites pièces fugitives sur toutes sortes de sujets); le Ier intitulé : Des spectacles, est consacré à célébrer les spectacles magnifiques donnés par Titus en 80. On trouve dans les poésies de Martial beaucoup d'esprit, de finesse et de mordant, mais souvent aussi une licence excessive et une basse adulation. On y recueille beaucoup de faits et de traits de mœurs de l'époque. L'auteur en a porté lui-même ce jugement :

Sunt bona, sunt quædam mediocria, sunt mala plura.

Les meilleures éditions de Martial sont celles de Schrevelius, Cum notis Variorum, Leyde, 1670; de Vinc. Collesson, Ad usum Delphini, Paris, 1680; de V. Parisot. dans la collection Lemaire, 1825; de Schneidewin, Grimma, 1842. Il a été traduit par l'abbé de Marolles, 1655, par E. T. Simon, 1819, avec le texte latin et les imitations; par Verger, Dubois et Mangeart, dans la collect. Panckoucke, 1834; par Ch. Nisard, dans la collect. Nisard, 1842; par M. Beau, 1842 (les Épigrammes y sont distribuées dans un ordre nouveau); il a été mis en vers franç. par C. Dubos, avec un Essai sur Martial, de J. Janin, 1841. Le P. Jouvency a donné en 1693 un Martial expurgé.

MARTIAL (S.), premier évêque de Limoges, vivait vers la fin du Ie siècle. On le fête le 30 juin.

MARTIAL D'AUVERGNE, procureur au parlement et notaire au Châtelet de Paris, né à Paris vers 1440, d'une famille originaire d'Auvergne, m. en 1504. On a de lui : les Arrêts d'amour, piquant badinage, où il recueille et commente les arrêts rendus par les cours d'amour; les Vigiles de la mort du roi Charles VII', poëme de 6 ou 7000 vers, où l'auteur emprunte les formes de la liturgie; les Dévotes louanges à la Vierge Marie. Ses poésies, qui eurent beaucoup de vogue de son temps, ont été recueillies en 1724, 2 vol. in-8.

MARTIALE (Loi), MARTIALES (Cours). V. ces mots dans notre Dictionnaire univ. des Sciences.

MARTIANAY (Dom Jean), Bénédictin de la congrégation de St-Maur, né en 1647, dans le diocèse d'Aire, m. en 1717, à l'abbaye de St-Germain des Prés, à Paris, s'attacha particulièrement à l'étude des langues orientales et de l'Écriture sainte. Il a laissé plusieurs ouvrages, qui prouvent plus d'érudition que de critique : Défense du texte hébreu et de la chronologie de la Vulgate contre l'Antiquité du temps rétablie (par Pezron), Paris, 1689, in-12; Traité de la connaissance et de la vérité de l'Écriture sainte, 1694 et suiv., 4 vol. in-12. On lui doit en outre une édition estimée de S. Jérôme, 1693-1706, 5 vol. in-fol.; une Vie de S. Jérôme, 1706; et une traduction du Nouveau Testament, 1709.

MARTIANUS CAPELLA. V. CAPELLA.

MARTIAUX (Jeux), jeux institués à Rome par l'empereur Auguste, l'an de Rome 752 (2 av. J.-C.), en l'honneur de Mars Vengeur. Ils se célébraient tous les ans le 5 des ides de mai (11 mai) et duraient un jour; ils consistaient en courses équestres et en chasses données dans le grand Cirque.

MARTIGNAC (Ét. ALGAY de), fécond traducteur, né en 1628, à Brives-la-Gaillarde, m. en 1698, a traduit en français l’Eunuque, l’Heautontimorumenos et l’Hécyre, de Térence, Paris, 1673; Horace, 1678, Virgile, 1681, Perse et Juvénal, 1682, Ovide, 1697. Il est un peu plus élégant que l'abbé de Marolles, mais on fait encore plus de cas de ses notes que de ses traductions. Il a en outre publié des Mémoires de ce qui s'est passé en France.... de 1608 à 1636, connus aussi sous le nom de Mémoires de Gaston, duc d'Orléans, Amst., 1683.

MARTIGNAC (J. B. GAGE de), homme d'État, né à Bordeaux en 1776, mort en 1832, exerça d'abord comme avocat au barreau de Bordeaux et se fit en même temps connaître par de spirituels vaudevilles. Au retour des Bourbons (1814), il entra dans la magistrature, devint procureur général à Limoges, fut élu député en 1821 et se distingua à la tribune par son éloquence et ses vues élevées. En 1827, après la chute du ministère Villèle, il fut appelé au ministère de l'intérieur : il s'y montra libéral et conciliant, et y joua un rôle si important que son nom est resté au cabinet dont il faisait partie. Il travaillait avec succès à rapprocher les partis, lorsqu'il fut renversé par le ministère Polignac, qui amena bientôt la révolution de 1830. Néanmoins, quand les ministres de Charles X furent mis en accusation devant la Cour des Pairs à la suite de cette révolution, Martignac accepta généreusement la défense de M. de Polignac.

MARTIGNY, Martinach en allemand, l’Octodurus des anciens, v. de Suisse (Valais), sur la Dranse, près de son confluent avec le Rhône, à 28 kil. O. de Sion; 1200 hab. Commerce de transit. Ruines d'un château fort construit au XIIIe siècle par les ducs de Savoie. Cette ville a beaucoup souffert des inondations de 1593 et 1818. Elle fut jusqu'au VIe siècle le siège de l'évêché du Valais, transféré depuis à Sion.

MARTIGUES (Les), ch.-l. de c. (B.-du-Rhône), à 40 kil. S. O. d'Aix, sur le canal qui fait communiquer l'étang de Berre avec la mer; 7299 hab. La ville se compose de trois parties, qui étaient jadis trois îles distinctes : St-Geniez, Ferrières, Jonquières, qui furent réunies en 1581, ce qui l'a fait surnommer la petite Venise. Chapelle Notre-Dame de la Mer, où l'on va en pèlerinage. Chantiers de construction navale, huile de bouche de 1re qualité, vins, thons, etc. — On croit que cette ville est l'anc. Maritima Colunia, capitale des Anatilii. Réunie au comté de Provence en 1382, elle fut érigée en vicomte par le roi René, et en principauté par Henri IV en faveur de Marie de Luxembourg, duchesse de Mercœur.

MARTIN (S.), évêque de Tours, né vers 316 à Sabarie en Pannonie (auj. Stein-am-Anger), m. vers 397 ou 400, était fils d'un tribun militaire. Il fut d'abord soldat lui-même, servit dans les légions de l'empereur Constance et s'y distingua par sa charité. Il fut ordonné prêtre par S. Hilaire, évêque de Poitiers, vécut quelque temps en ermite, et fut, malgré lui, nommé évêque de Tours en 374. Il convertit tout son diocèse, ainsi que la partie occid. et septentr. de la Gaule, et mérita d'être considéré comme un des patrons de cette contrée. Il bâtit près de Tours le monastère connu depuis sous le nom de Marmoutier (Martini monasterium). Il fit de nombreux miracles. Il mourut à Candes (Indre-et Loire, au confluent de la Loire et de la Vienne) : ses restes furent rapportés à Tours où ils sont l'objet d'une vénération particulière et où une église lui fut consacrée. Cette église était au moyen âge un asile inviolable; à la même époque, la chape du saint servait d'étendard national. Sa fête se célèbre le 11 nov. Grégoire de Tours, Sulpice Sévère et Fortunat ont laissé d'intéressants détails sur ce saint, l'un des types les plus curieux des légendes du moyen âge. Sa Vie a été écrite par Jean Gatineau, poëte du XIIIe s. (publiée en 1860 par l'abbé Bourassé), et plus récemment par Dom Gervaise.

MARTIN Ier (S.), pape de 649 à 654, était toscan. Il condamna l'hérésie des Monothélites, et encourut par là la colère de l'empereur Constant II, qui le fit enlever de Rome et traîner à Constantinople, puis l'envoya en exil à Cherson, dans la Tauride, où il mourut. On le fête le 12 nov.

MARTIN II et III, papes de 882 à 884, et de 942 à 946, n'ont rien fait de remarquable.

MARTIN IV, pape, nommé d'abord Simon de Brion, était Français. Il régna de 1281 à 1285, soutint Charles d'Anjou, roi de Sicile, contre Pierre d'Aragon, excommunia ce dernier prince et condamna sévèrement les auteurs des Vêpres Siciliennes (1282).

MARTIN V, Othon Colonna, fut élu en 1417, après que Jean XXIII eut été déposé par le concile de Constance, et mit fin au grand schisme d'Occident. Il présida le concile de Constance jusqu'à ce qu'il fût terminé (22 avril 1418) et fit anathématiser par ce concile les partisans de Jean Huss. Il rétablit l'autorité du pape sur l’État ecclésiastique, se fit rendre par Jeanne II, reine de Naples, le château St-Ange, Ostie et Civita-Vecchia, qu'avait pris Ladislas, prédécesseur de cette princesse, et reprit sur le condottiere Braccio di Montone la ville de Pérouse, où il s'était établi. Il mourut en 1431, à l'instant où allait s'ouvrir le concile de Bâle.

MARTIN (Dom Jacques), Bénédictin de St-Maur, né en 1684, à Fanjaux (Hte-Garonne). m. en 1751, possédait une vaste érudition, mais un esprit trop systématique. On a de lui : la Religion des Gaulois, Paris, 1727; Éclaircissements sur les origines celtiques et gauloises, 1744; Histoire des Gaules, 1752-54; ainsi ue des traductions des Confessions et du traité de l’Origine de l'âme de S. Augustin.

MARTIN (J. B.), dit M. des Batailles, peintre, né à Paris en 1659, m. en 1735, peignit pour le château de Versailles une grande partie des victoires de Louis XIV, et pour celui de Lunéville les principales actions de Charles-Quint. Il fut nommé directeur des Gobelins.

MARTIN (François), gouverneur français de Pondichéry, fonda cette colonie en 1683, eut à y combattre les Hollandais, et après une belle défense capitula en 1693. La France ayant recouvré cet établissement à la paix de Ryswyk, 1697, il fut nommé président du conseil de la colonie. Il y mourut vers 1727.

MARTIN (Claude), major général au service de la Compagnie anglaise des Indes, né à Lyon en 1732, était fils d'un tonnelier. Il s'embarqua pour l'Inde en 1751, et, après la reddition de Pondichéry, il prit du service dans l'armée anglaise de la compagnie des Indes. Il se signala par sa bravoure et devint successivement capitaine, colonel (1790), major général (1796); il combattit Tippou-Saëb et obtint la faveur du nadab d'Aoude, qui le nomma surintendant de son arsenal, et à la cour duquel il fit une immense fortune. Il mourut en 1800, laissant environ 12 millions : il léguait à chacune des villes de Luknow, Calcutta et Lyon une somme de 700 000 fr., afin qu'on y créât des établissements de bienfaisance et des maisons d'éducation pour les pauvres. Il a été fondé à Lyon, sur ces fonds, une école populaire et gratuite de commerce et d'industrie, qui a été nommée La Martinière, en mémoire du major Martin. Le roi d'Aoude lui éleva un magnifique monument à Luknow.

MARTIN (Jean Blaise), chanteur et acteur de l'Opéra-Comique, né à Paris en 1767, m. en 1837, avait une voix de baryton aussi souple qu'étendue. Il débuta en 1788 au théâtre Feydeau avec le plus brillant succès, devint bientôt aussi habile comédien que chanteur distingué, et se fit une telle réputation que son nom est resté à son emploi, qui était celui des comiques, et particulièrement des valets. Il quitta la scène en 1822, et y rentra de 1830 à 1833. Les opéras où il réussissait le plus étaient : Gulistan, Picarus et Diego, l’Irato, Lulli et Quinault, Ma tante Aurore, Jean de Paris, le Nouveau seigneur de village, les Voitures versées, le Maître de chapelle.

MARTIN (Aimé), homme de lettres, né en 1786 à Lyon, m. en 1847, fit en 1813 un cours d'histoire littéraire à l'Athénée de Paris, devint en 1815 secrétairerédacteur de la Chambre des députés, remplaça Andrieux comme professeur de belles-lettres à l’École polytechnique, et fut à la fin de sa vie bibliothécaire à Ste-Geneviève. Élève et ami de Bernardin de Saint-Pierre, il recueillit ses œuvres, épousa sa veuve et adopta sa fille Virginie. Il publia en 1810 les Lettres à Sophie sur la physique, la chimie et l’histoire naturelle, dans lesquelles il mettait la science à la portée de tous, en lui prêtant, à l’exemple de Demoustier, l’ornement de la poésie ; en 1834, l’Éducation des mères de famille, couronnée par l’Institut. On lui doit la publication des Œuvres complètes de Bernardin de St-Pierre, avec un Essai sur sa vie et ses ouvrages (1817-1819, 12 vol. in-8), et d’excellentes éditons annotées de Racine, La Rochefoucauld, Molière, (1821-1824), dans la belle collection Lefèvre, et du traite de l’Existence de Dieu de Fénelon.

MARTIN (John), peintre anglais, né en 1789 à Haydon-Bridge, près de Hexham, m. en 1854, travailla d’abord chez un carrossier à l’ornementation des voitures. Il vint à Londres en 1806, et s’y fit, au bout de peu d’années, une telle réputation par la hardiesse de ses conceptions que ses admirateurs le comparaient à Michel-Ange. Ses meilleures toiles sont : la Chute de Babylone, 1819 ; le Festin de Balthasar, 1821 ; la Destruction d’Herculanum, 1822 ; les Sept plaies, 1823 ; la Création, 1824 ; le Déluge, 1826 ; la Chute de Ninive, 1828. il se distingue par la puissance des images et la magie des contrastes ; mais il vise trop à l’effet et ne sait qu’imparfaitement employer la couleur. J. Martin a gravé lui-même ses principales compositions ; on lui doit aussi de belles illustrations de Shakspeare et de Milton.

MARTIN (LE BEAU), graveur. V. SCHŒN.

MARTINACH. V. MARTIGNY.

MARTINEZ, nom de plusieurs peintres espagnols, dont le plus célèbre est Sébastien Martinez, l’un des plus grands maîtres de l’école de Séville, né à Jaën en 1602, m. à Madrid en 1667. Il réussit également dans l’histoire et dans le paysage, et se distingua à la fois par la pureté du dessin et par un coloris plein de grâce et d’harmonie. Il reçut en 1660 le titre de peintre de Philippe IV. On cite de lui : la Nativité de S. Jérôme, S. François, la Conception, un Christ, qu’il fit pour les religieuses du Sacré-Corps à Cordoue, et le célèbre tableau de S. Sébastien qui orne la cathédrale de Jaën. — Un autre Martinez, José Luxan, de Saragosse, 1710-85, orna de ses œuvres Saragosse, Huesca, Calahorra, Calatayud, fut nommé en 1741 peintre du roi (Philippe V), et fonda à Saragosse l’Académie dite de St-Louis, d’où sortirent plusieurs artistes distingués. Sa couleur est suave, son exécution large et facile.

MARTINEZ PASQUALIS, chef de la secte des Martinistes, né vers 1710, était Portugais et Juif. Il institua en 1754 un rite cabalistique d’élus, qu’il appelait les Cohens (c.-à-d. en hébreu prêtres), introduisit ce rite dans quelques loges maçonniques de France, à Marseille, à Toulouse et à Bordeaux, puis vint prêcher sa doctrine à Paris ; quitta soudain cette ville en 1778, s’embarqua pour St-Domingue, et termina sa carrière au Port-au-Prince en 1779. Il eut entre autres disciples le célèbre St-Martin.

MARTINEZ DE LA ROSA (Franç.), littérateur et homme d’État, né en 1789 à Grenade, m. en 1862, prit part au mouvement national contre l’invasion française, célébra dans le poëme de Saragosse l’héroïque défense de cette ville (1811), fut élu député aux Cortès en 1812 et y soutint avec ardeur les opinions les plus avancées ; fut, pour ce motif, condamné par Ferdinand VII à 10 ans d’emprisonnement dans un des présides du Maroc, ne recouvra la liberté qu’à la faveur de la révolution de 1820, fut aussitôt élu de nouveau député aux Cortès et devint en 1822 président du Conseil. Il combattit les idées ultra-démocratiques et s’efforça de concilier l’ordre avec la liberté, mais il fut renversé du pouvoir en 1823 par une émeute que suivit bientôt l’intervention française. Il se retira à Paris, où il passa huit années et ou il fit représenter le drame d’Aben-Humeya ou la Révolte des Maures sous Philippe, ouvrage écrit en français. Rappelé aux affaires en 1834 par la régente Marie-Christine, il devint chef d’un cabinet franchement constitutionnel, qui fit voter l’Estatuto real et signa la Quadruple alliance (V. ce mot), mais il ne put prévenir le retour des émeutes à Madrid, ni dominer le soulèvement démocratique des juntes provinciales, et se retira dès 1835. Rentré au pouvoir avec Narvaez en 1843 après la chute d’Espartero, il en sortit en 1846, fut depuis ambassadeur en France, à Rome, président du conseil d’État et enfin président des Cortès, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Libéral, mais modéré, Martinez de la Rosa lutta à la fois contre les excès de la démocratie et contre ceux de l’absolutisme ; il honora sa cause par sa probité et son éloquence ; mais il parut plusieurs fois manquer d’initiative et de fermeté et ne put rien fonder. Consacrant aux lettres les loisirs que lui laissaient les affaires, il a publié, outre les écrits déjà mentionnés, des Poésies lyriques forts estimées, surtout son Ode sur la mort de la duchesse de Frias, un Art poétique, dans lequel il applique les règles de Boileau à la littérature espagnole ; des tragédies : la Veuve de Padilla et Œdipe ; des drames, dont le plus remarquable est la Conjuration de Venise ; des comédies fort goûtées : Ce que peut un emploi, la Fille à la maison et la Mère au bal (imitée en français), des romans dans le genre de W. Scott, mais fort inférieurs ; enfin l’Esprit du siècle, essai historique et philosophique sur la révolution française. Il était secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Madrid.

MARTIN-GARCIA, petite île de l’Amérique mérid., au confluent de l’Uruguay et du Rio de la Plata, a été occupée en 1838 par les Français, alors en guerre avec la république de Buénos-Ayres, et évacuée en 1840.

MARTINI (Martin), missionnaire jésuite, né à Trente en 1614, m. en 1661, opéra un grand nombre de conversions en Chine. On a de lui : Atlas sinensis, Amst., 1655 ; Sinica historia ad Christum natum, Munich, 1658 ; de Bello tarlarico in Sinis, Rome, 1654. Tous ces ouvrages ont été trad. en français.

MARTINI (le P. J. B.), musicien érudit, né à Bologne en 1706, m. en 1784, était cordelier. Il fit faire de grands progrès à l’enseignement de la musique et ouvrit à Bologne une école de composition d’où sortirent Sabbatini, Sarti, Mattei, etc. Il a composé nombre de messes, de motets, de sonates, et a rédigé une excellente Histoire de la musique, Bologne, 1757-81, 3 vol. in-f., et un Essai sur le contrepoint, 1774-75, 2 vol. in-4. Il avait formé une bibliothèque musicale de 17 000 volumes.

MARTINI (J. L. Égide), compositeur, né en 1741 à Freystadt, dans le Ht-Palatinat, m. à Paris en 1816, vint de bonne heure se fixer en France, et servit quelque temps dans les hussards. On a de lui des marches militaires, des morceaux d’harmonie, de la musique d’église, des romances (entre autres : Plaisir d’amour, restée populaire), plusieurs opéras : l’Amoureux de quinze ans, 1771 ; la Bataille d’Ivry, 1774 ; le Droit du seigneur, 1783 ; Sapho, 1794 ; Annette et Lubin, 1800, et un traité De la Mélopée moderne, 1790.

MARTINI, peintre, V. MEMMI.

MARTINIQUE (LA), une des Petites-Antilles françaises, par 63° 11'-63° 38' long. O., 14° 28'-14° 52' lat. N., à 110 kil. S. E. de la Guadeloupe, 94 k sur 35 ; 98 900 hect. ; 142 000 hab., dont à peine 10 000 blancs. Cette île est formée de deux presqu’îles réunies par un isthme. Elle forme un gouvt divisé en deux arrondissements, qui ont pour ch.-lx Fort-de-France et St-Pierre. Hautes montagnes, qui sont pour la plupart des volcans éteints, et parmi lesquelles on remarque la Montagne Pelée, le Carbet, la Soufrière. Beaucoup de mornes, collines de lave, d’où coulent des ruisseaux qui au temps des pluies deviennent des torrents dangereux. Côtes très-découpées, formant une multitude d’anses, de rades, et de petits ports. Climat très-chaud et malsain dans quelques parties ; fréquentes invasions de la fièvre jaune. Plusieurs sources minérales, mais point de mines. Les bois occupent la plus grande partie de l'intérieur de l'île ; on ne cultive guère que les côtes. L'île produit en grande quantité du sucre, du rhum, du café fort estimé (dont la culture ne date que de 1723), du cacao, du coton, du tabac dit macouba, etc. La Martinique est sujette aux tremblements de terre ; les plus funestes ont été, depuis un siècle, ceux de 1776, 79, 80, 88, 1813, 17, 23 et 39. — Découverte par Christophe Colomb en 1493. Occupée au nom de la France en 1635 par L'Olive et Duplessis ; colonisée un mois après par D'Énambuc, gouverneur de St-Christophe. Les Hollandais l'attaquèrent vainement en 1674 ; les Anglais la prirent en 1762, 1802 et 1809 ; mais ils l'ont toujours rendue à la France. Les esclaves ont été affranchis en 1848. Un évêché y a été créé en 1850.

MARTINISTES, disciples de Martinez Pasqualis.

MARTIUS. V. le surnom qui suit ce nom.

MARTOS, Tucci, Augusta Gemella, v. d'Espagne (Jaën), à 17 kil. S. O. de Jaën, sur une montagne ; 12 800 hab. Anc. évêché. Colonie romaine sous Auguste ; inscriptions et antiquités romaines. Ferdinand III la prit sur les Maures en 1225 et la donna aux chevaliers de Calatrava.

MARTYN (John), botaniste anglais, né à Londres en 1699, m. en 1768, allia longtemps au négoce la culture de la science et la pratique de la médecine, enseigna la botanique à l'Université de Cambridge à partir de 1727, contribua à la création du jardin botanique de cette ville, et publia, entre autres ouvrages : Historia Plantarum rariorum, Londres, 1728-36, in-fol., avec de beaux dessins de Van Huysum ; Virgilii Georgica, 1741, ouvrage capital, où il éclaircit toutes les difficultés relatives à l'agriculture et à la botanique. — Son fils, Thomas M., 1735-1825, naturaliste distingué, le remplaça dans sa chaire à Cambridge. On a de lui : le Conchyliologiste universel, en anglais et en français, Londres, 1784 ; Flora rustica, 1792-94; English entomologist, 1792 ; Aranei or a Natural hisiory of Spiders, 1793.

MARTYR (Pierre) d'ANGHIERA, historien italien, né en 1465 à Arona, sur le lac Majeur, m. en 1526, se fixa en Espagne, y obtint la protection de Ferdinand et d'Isabelle, fut chargé de l'instruction des pages, remplit plusieurs missions importantes et fut nommé en 1505 prieur de la cathédrale de Grenade. On a de lui : De rebus Oceanicis et de Orbe novo decades, ouvrage publié en plusieurs parties qui ont été réunies dans l'édition de Paris, 1587, et qui renferme de précieux détails sur les voyages de Christ. Colomb et sur les premières découvertes faites en Amérique ; Legatio Babylonica, relation d'une ambassade en Égypte (c'est le Caire qu'il désigne sous le nom de Babylone), et un recueil de Lettres, en latin, riche en anecdotes sur la cour d'Espagne.

MARTYR (Pierre VERMIGLI, dit Pierre), théologien protestant, né à Florence en 1500, entra fort jeune chez les chanoines réguliers de St-Augustin à Fiesole, en sortit pour embrasser la Réforme, se maria en 1546, enseigna quelques années la théologie à Oxford, mais dut quitter l'Angleterre à l'avènement de Marie Tudor, 1553. Il voulait réunir les différentes sectes séparées de l'Église romaine. On a de lui : Loci communes theologici, Bâle, 1580-83.

MARTYRS (Ère des), ère qui date du 29 août 284, fut établie par les Égyptiens à l'avénement de Dioclétien, et fut d'abord nommée Ère de Dioctétien. On l'appela depuis Ère des Martyrs à cause de la persécution que les Chrétiens subirent sous ce prince.

MARV-CHAH-DJIHAN, Antiochia Margiana, ville de la Tartarie (Boukharie), à 380 k. S. O. de Boukhara, près des frontières de la Perse ; 3000 hab. — Fondée par Alexandre, et longtemps la résidence des sultans séldjoucides ; ravagée par les Uzbeks en 1786 ; prise en 1860 par le chah de Perse.

MARVEJOLS, Marologium, ch.-l. d'arr. (Lozère), à 20 kil. N. O. de Mende ; 4025 hab. Trib., collége, école ecclésiastique. Filatures de laine ; serges, lainages. — Ville ancienne. Elle souffrit beaucoup dans, les guerres de religion, fut prise et ruinée par le duc de Joyeuse en 1586, et rebâtie par Henri IV en 1592. Dépeuplée par la peste en 1701.

MARWAR, principauté de l'Inde médiate, dans l'ancien Adjmir, à l'E. de l'État de Djesselmire, a pour ch.-l. Djoudpour, v. de 60 000 h., au S. O. d'Adjmir). Cet État, tributaire de l'Angleterre, compte environ 1 600 000 hab.

MARYBOROUGH, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de la Reine (Queen's county), à 80 kil. S. O. de Dublin ; 3600 hab. Chemin de fer. Maison d'aliénés.

MARYLAND, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, sur l'Atlantique, dans la région du centre, et l'un des plus petits (318 kil. sur 195), a pour bornes la Pensylvanie au N., le Delaware à l'E., la Virginie au S. O., et l'Atlantique au S. E. et au S.; 690 000 h. (dont un quart d'esclaves); ch.-l. Annapolis. Au N. O. monts Alleghany. Rivières, le Potomak, la Susquehannah, la Severn. Nombreux canaux, plusieurs chemins de fer. Chaleur très-forte, surtout dans les vallons. Tabac très-estimé; froment en quantité ; coton de qualité inférieure, lin, chanvre, etc. Houille et fer. — Annexé d'abord à la Virginie, ce pays fut colonisé en 1633 et ann. suiv. par des catholiques anglais, conduits par lord Baltimore, et qui lui donnèrent le nom de Maryland (terre de Marie), en l'honneur de la reine Henriette-Marie, femme de Charles I. Il se constitua dès 1776 en État indépendant, mais n'entra dans la confédération qu'en 1788. En 1790 il céda à l'Union une petite partie de son territoire sur la rive gauche du Potomak, pour former le district Fédéral, siége du gouvernement.

MARYPORT, ville et port d'Angleterre (Cumberland), sur la mer d'Irlande ; 3877 hab. Tissus de coton, fonderie de fer ; manufacture de glaces (une des plus belles de l'Angleterre); houille.

MARZA-SOUZA, Sozusa, puis Apollonia, port de la régence de Tripoli (Barca), à 80 k. O. de Derne. Ruines nombreuses.

MASACCIO, appelé aussi Tomaso Guidi di San-Giovanni, peintre, né près de Florence en 1401, m. dès 1443, fut un des premiers réformateurs de la peinture et connut l'art des raccourcis. Il se distingua en outre par la splendeur du coloris, la suavité du clair-obscur, par des attitudes pleines de mouvement et des expressions fortes et naturelles. Il dessinait au fond de ses tableaux des monuments en perspective, qui produisaient une complète illusion. On admire ses peintures dans une chapelle des Carmes à Florence, et dans la chapelle Ste-Catherine de l'église de St-Clément à Rome, surtout le groupe d’Adam et Ève, le Baptême de S. Pierre. On soupçonne qu'il mourut empoisonné par des jaloux.

MASANIELLO (pour Tomaso Aniello), pêcheur de Naples, né en 1623 à Amalfi, se mit en 1647 à la tête du peuple insurgé contre les receveurs des impôts, assiégea le vice-roi espagnol (duc d'Arcos) dans son palais, le força à abolir l'impôt sur les denrées et à le reconnaître comme gouverneur et fut pendant sept jours maître absolu dans Naples. Ébloui de sa fortune subite, il devint arrogant et cruel et remplit la ville de massacres ; mais il fut bientôt abandonné des siens et assassiné par des émissaires du vice-roi. Il est le héros de deux opéras : Masaniello, par Caraffa, et la Muette de Portici, par Auber (paroles de Scribe).

MAS-CABARDÈS (Le), ch.-l. de cant. (Aude), sur l'Orbiel, à 22 kil. N. de Carcassonne ; 750 hab.

MASCAGNI (Paul), anatomiste, né en 1732, près de Sienne, mort en 1815, enseigna l'anatomie et la physiologie à Sienne, à Pise, à Florence, se recommanda surtout par ses travaux sur les vaisseaux lymphatiques et fut élu associé de l'Institut de France. Il compléta la belle collection de pièces anatomiques en cire du Museum de Florence. On lui doit une Anatomie universelle, qui parut après sa mort, à Pise, 1823-32, avec de magnifiques planches : c'est un des plus beaux ouvrages de ce genre.

MASCALUCIA, v. de Sicile, à 7 kil. N. de Catane ; 1800 h. Presque détruite par l'éruption de l'Etna en 1669 et par le tremblement de terre de 1818.

MASCARA, Victoria, v. forte de l'Algérie (prov. d'Oran), ch.-l. d'une subdiv. militaire et d'un district civil, à 90 k. S. S. E. d'Oran ; env. 7000 hab. Palais des beys, plusieurs mosquées ; fabriques de burnous noirs et de tapis. Prise par les Français après un combat sanglant en 1835; cédée à Abd-el-Kader par le traité de la Tafna en 1837, et occupée de nouveau on 1841. — L'anc. prov. de Mascara, auj. province d'Oran, la plus occid. de l'Algérie, entre la Méditerranée au N., le Maroc à l'O., le Biledulgérid au S., la prov. d'Alger à l'E., avait 380 kil. sur 190.

MASCAREIGNES (îles). On donne ce nom à plusieurs îles de la mer des Indes situées à l'E. de Madagascar (îles de France ou Maurice, Bourbon ou de la Réunion, Rodriguez, etc.), et plus spécialement à l'île Bourbon. Ce nom vient du Portugais Mascarenhas qui découvrit cette dernière île en 1545.

MASCARON (Jules), célèbre prédicateur, né à Marseille en 1034, m. en 1703, entra en 1650 dans la congrégation de l'Oratoire, débuta en 1663 à Angers dans la carrière de la prédication, et s'y fit aussitôt une brillante réputation. Plusieurs grandes villes voulurent l'entendre ; il prêcha devant la cour l'avent de 1666, ainsi que le carême de 1669 ; il plut extrêmement à Louis XIV, malgré la franchise avec laquelle il reprochait aux grands et au roi lui-même leurs mœurs corrompues. En 1670, il fut chargé de l'oraison funèbre de Henriette d'Angleterre et de celle du duc de Beaufort ; il fut nommé en 1671 évêque de Tulle. En 1675, il prononça l'oraison funébre de Turenne, qui est son chef-d'œuvre. Transféré en 1679 à l'évêché d'Agen, où l'on comptait 30 000 calvinistes, il en convertit un grand nombre par sa douceur et par son éloquence, et fut, à sa mort, pleuré de tout son diocèse. Comme prédicateur, Mascaron se distingue par la force, la rapidité, le mouvement ; mais on lui reproche des hyperboles outrées, des rapprochements bizarres, un fatigant mélange de subtilité métaphysique et d'enflure. Le recueil de ses Oraisons funèbres a été publié en 1704, en 1 vol. in-12; on les trouve ordinairement réunies à celles de Bossuet et de Fléchier.

MASCATE, Moscha, v. forte d'Arabie, capit. de l'imamat de Mascate, sur le golfe d'Oman, à 2000 k. E. de La Mecque, par 59° 20' long. E., et par 33° 38' lat N.; 60 000 h. Port sûr et fortifié. C'est l'entrepôt de toutes les marchandises qui de l'Inde sont amenées dans le golfe Persique, et le centre du grand commerce des perles d'Ormuz. Consulats français, anglais et américain. — Prise par Albuquerque en 1507 et possédée par les Portugais jusqu'en 1648.

MASCATE (Imamat de), un des principaux États de l'Arabie, dans l'Oman, s'étend sur la côte O. du golfe Persique entre 53°-57° 50' long. E., et par 22°-27° lat. N., a 540 kil. sur 280 ; env. 1 600 000 hab., dont un tiers esclaves : ch.-l., Mascate (cependant l'imam réside à Zanzibar). Ce pays est gouverné par un imam, qui réunit les pouvoirs spirituel et temporel et qui a le monopole du commerce. Il possède, outre l'imamat, une partie du Farsistan et du Kerman, sur la côte de Perse, et les îles de Kischm et d'Ormuz, sous la suzeraineté de la Perse, plus l'île de Zanzibar et toute la côte E. d'Afrique, du cap Gardafui à Quérimbe, étendant ainsi son autorité sur plusieurs millions d'hommes. Le climat de l'imamat est brûlant, cependant le sol est bon et les côtes poissonneuses. — De 1507 à 1648. l'imamat de Mascate appartint aux Portugais ; une révolution les en chassa. En 1803, les Wahabites mirent son indépendance en péril ; mais l'intervention anglaise le préserva.

MASCHERONI (Laurent), poëte et mathématicien, né en 1750 à Bergame, m. en 1808, s'appliqua d'abord à l'étude des lettres, puis s'attacha à celle des mathématiques et les enseigna successivement à Bergame et à Pavie. Le plus célèbre de ses écrits mathématiques est la Géométrie du compas, Milan, 1795 (trad. en français par Carette. 1798), où il réduit au seul usage du compas la solution des problèmes de géométrie élémentaire. Il vint en France en 1798, comme membre de la commission italienne du nouveau système des poids et mesures.

MASCLEF (Fr.), hébraïsant, né en 1663 à Amiens, m. en 1738, était chanoine d'Amiens. Il est connu par le système de lecture de l'hébreu sans points-voyelles, à l'appui duquel il publia : Grammatica hebraica, a punclis aliisque inventis massoreticis libera, Paris, 1716, système qu'il appliqua aux langues chaldéenne, syrienne et samaritaine dans une grammaire de ces langues, imprimée à Paris, 1731. Sa méthode a été vivement attaquée.

MAS-D'AGÉNOIS (LE), ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), sur la r. g. de la Garonne, à 13 kil. S. E. de Marmande ; 2600 hab.

MAS D'AZIL (LE), Asulum, ch.-l. de c. (Ariége), sur l'Arize, à 12 k. S. O. de Pamiers ; 2900 h. Église calviniste. Ville autrefois fortifiée, vainement assiégée par les Catholiques en 1625. Caverne où s'engouffrent les eaux de l'Arize.

MASENIUS (Jacob), jésuite, né en 1606 à Dalen (duché de Juliers), m. en 1681, professa les belles-lettres à Cologne. Il a composé un grand nombre d'ouvrages ascétiques, historiques ou littéraires ; le plus connu est un poëme latin intitulé : Sarcothea (c.-à-d. la chair), divisé en cinq livres, et renfermant l'histoire de la désobéissance d'Adam et d'Eve, de leur expulsion du paradis terrestre, et des malheurs du genre humain causés par l'orgueil. William Lauder, critique écossais, prétendit faussement que Milton y avait puisé l'idée du Paradis perdu, et en avait imité les plus beaux passages. Ce poëme, qui offre des beautés et dont la latinité est assez pure, a été imprimé par Barbou, Paris, 1771, et traduit en français par Dinouart, 1757.

MASEYCK. V. MAESEYCK.

MASHAM (Abigaïl HILL, lady), favorite de la reine Anne, était fille d'un marchand de Londres et fut placée auprès de la princesse en qualité de femme de chambre par lady Marlborough, sa cousine germaine. Elle supplanta sa protectrice, obtint une grande influence et dirigea en 1714 les négociations secrètes entamées avec la France du consentement de la reine, pour faire remonter le prétendant sur le trône. Elle épousa en 1707 Masham, jeune officier inconnu, et réussit à le faire nommer baron et pair d'Angleterre : c'est cette faveur qui excita la jalousie de lady Marlborough et qui amena la brouillerie des deux cousines et par suite la chute de Marlborough, A la mort de la reine, elle se retira de la cour ; elle mourut oubliée.

MASINISSA, roi des Massyliens en Numidie, suivit d'abord le parti des Carthaginois et combattit les Romains en Espagne. Scipion lui ayant renvoyé sans rançon un de ses neveux (212 av. J.-C.), il fut tellement touché de cette générosité qu'il s'attacha désormais aux Romains. Il resta toujours depuis leur allié fidèle, et les aida puissamment à battre et à prendre Syphax, roi des Massésyliens (203). Il avait, après la victoire, épousé Sophonisbe, femme du roi vaincu ; mais Scipion ayant désapprouvé ce mariage parce qu'il voulait faire paraître Sophonisbe à son triomphe à Rome, Masinissa, pour épargner cette honte à la princesse numide, lui envoya du poison. Il n'en resta pas moins attaché à la cause des Romains et contribua beaucoup au gain de la bataille de Zama (202); il reçut en récompense les États de Syphax et une partie du territoire de Carthage. Ce prince introduisit la civilisation chez les Numides. Il mourut en 149, dans une extrême vieillesse, laissant un grand nombre de fils, entre autres Micipsa, Gulussa et Manastabal, entre lesquels ses États furent partagés.

MASIUS MONS, auj. le Karadja-dagh, chaîne de montagnes de la Mésopotamie septentr., sur les limites de la Mygdonie, au N. de Nisibis, se détachait du Taurus et s'étendait depuis l'Euphrate, au S. E. de la Mélitène, jusqu'au Tigre.

MASKELEYNE (Nevil), astronome, né à Londres en 1732, m. en 1811, alla en 1761 à Ste-Hélène pour observer le passage de Vénus, perfectionna les instruments et les méthodes d'observation, fit adopter dans sa patrie l’Almanach nautique proposé par Lacaille, entra en 1775 à l'Observatoire de Greenwich et fit un grand nombre d'observations d'une admirable exactitude, qu'il publia chaque année par cahiers. On a de lui en anglais le Guide du marin, 1763 ; l’Almanach nautique, avec des tables, 1781. Il reconnut par d'ingénieuses expériences que la densité de la terre devait être 4 ou 5 fois celle de l'eau, résultat peu éloigné de celui qu'a trouvé Cavendish.

MASON (W.), poëte anglais, né en 1725 dans l'Yorkshire, m. en 1797, était fils d'un ministre anglican et devint chapelain et chef des chantres de la cathédrale d'York. Il a composé des poëmes dramatiques à l'imitation des anciens avec des chœurs (Elfrida, Caractacus); des odes, les unes philosophiques (la Mémoire, la Mélancolie), les autres politiques (la Tyrannie, Ode à la marine de l'Angleterre ; à William Pitt, la Palinodie, etc.); des élégies : un Essai sur la musique des cathédrales ; l’Art de peindre, imité de Dufresnoy ; le Jardin anglais, poëme didactique. C'est dans le dernier genre qu'il a le mieux réussi. Il était intimement lié avec le poète Gray. Ses Œuvres ont été publiées à Londres, 1811, 4 vol. in-8.

MAS'OUD (Abousaïd), de la dynastie des Gaznévides, était fils aîné du fameux Mahmoud. Ce prince avait, en mourant (1028), partagé ses États entre lui et son 2e fils Mohammed ; mais Mas'oud déclara la guerre à son frère, s'empara de sa personne, lui fit crever les yeux et régna seul sur tout l'empire, qui comprenait l'Inde et la Perse (1030). Il soumit le Mékrau. mais il se laissa enlever le Khoraçan par les Turcs-Seidjoucides, et périt assassiné par un fils de Mohammed (1042).

MAS'OUD (Gaïath-Eddin), de la dynastie des Seldjoucides, se fit proclamer sultan de Perse à Hamadan en 1134, déposa le calife Raschid pour mettre à sa place Moctafy (1136), et mourut en 1152, après avoir porté au plus haut point la puissance des Seldjoucides. — Deux autres Mas'oud, de la race des Seldjoucides, occupèrent le trône d'Iconium : le 1er de 1117 à 1156 : il fut en guerre avec l'empereur grec Jean Comnène, avec les Croisés que commandaient Conrad III et Louis le Jeune, et avec Josselin, comte d'Édesse, et fut heureux dans presque toutes ses expéditions; le 2e, de 1283 à 1294 : il fut en guerre avec Amer-Khan, émir turc, le fit égorger, et fut lui-même tué dans une bataille que lui livra le fils d'Amer. Avec lui finit l'empire seldjouckle d'Iconium.

MAS'OUDY, historien arabe, issu d'une famille de Médine, né à Bagdad vers 890, mort en 947 ou 956, avait le titre de docteur. Il passa la plus grande partie de sa vie en voyages pour augmenter son instruction et finit par se fixer à Fostat en Égypte. On a de lui : Prairies d'or et mines de pierres précieuses, espèce d'encyclopédie fort curieuse, dans laquelle il rassemble tout ce qu'on savait de sou temps, histoire, géographie, astronomie, religion, et fait preuve, en toutes choses, d'une instruction solide. Cet ouvrage a été traduit en anglais par le docteur Sprenger en 1842. La Société asiatique de Paris en prépare une édition complète, avec traduction française. La Bibliothèque impériale de Paris possède un autre ouvrage de Mas'oudy, le Ketab altanbyh (le livre de la manière d'acquérir l'honneur).

MASPHAT, c.-à-d. lieu élevé, v. de la tribu de Juda, entre Hébron et Jérusalem : c'est là que le peuple assemblé élut Saül pour roi. — C'était aussi le nom du quartier occidental de Jérusalem.

MASQUE DE FER (l'Homme au), personnage mystérieux qui fut détenu prisonnier en France plus de 40 ans et qui portait sans cesse sur la figure un masque noir, qui était en fer selon les uns, en velours noir selon les autres. Mis sous la garde de St-Mars, il fut conduit au château de Pignerol en 1666, puis transféré en 1686 à l'île Ste-Marguerite, et en 1698 à la Bastille, où il mourut en 1703. Il fut enterré sous le nom de Marchiali. On a fait sur ce prisonnier mille suppositions : on a dit que c'était un frère jumeau de Louis XIV, qu'on aurait fait disparaître pour prévenir la rivalité des deux frères ; le comte de Vermandois, fils naturel de Louis XIV et de Mlle de La Vallière, qui fut enfermé pour avoir donné un soufflet au grand dauphin ; le duc de Beaufort, qui disparut au siége de Candie en 1669 ; le duc de Monmouth, neveu de Jacques II, que la France aurait soustrait au supplice ; le comte Girolamo Matthioli, ministre du duc de Mantoue, qui aurait été enlevé de Turin pour avoir empêché son maître de vendra Casai au roi de France ; ou Jean de Gonzague, secrétaire de Matthioli, et enlevé avec lui : ou un fils adultérin d'Anne d'Autriche et de Buckingham ou de Mazarin. La première de ces opinions, qui est celle de Voltaire, est la plus vraisemblable : elle est appuyée par les Mémoires du duc de Richelieu (publ. en 1790), et par un manuscrit attribué à St-Mars même, que l'on conserve aux Affaires étrangères. Il y a aussi des probabilités pour la 2e hypothèse. Du reste, c'est un mystère qui paraît impénétrable.

MASSA, Herculis fanum ? v. d'Italie, ch.-l. de l'anc. duché de Massa-Carrara, à 96 k. O. N. O. de Florence, près de la mer ; 8000 h. Évêché, suffragant de Lucques. Château fort, beau palais ducal en marbre. Académie de sculpture et architecture. Exploitation et commerce de marbre statuaire dit de Carrare.

MASSA-CABBARA (Duché de), anc. principauté d'Italie, sur le versant S. des Apennins, entre le duché de Modène au N. e à l'E., la principauté de Lucques au S., les États sardes à l'O. : 44 kil. sur 17 ; 31 000 h. Huile, vin, soie, chanvre; marbres très-recherchés. Ce duché a été formé du duché de Massa et de la principauté de Carrara. — Ce pays faisait jadis partie de la Ligurie ; au moyen âge, il appartint à titre de marquisat à la famille des Malaspina ; en 1568, il passa dans celle de Cybo, pour laquelle il fut érigé en duché. En 1743, la maison de Modène l'acquit par mariage. Sous la République française, il forma en partie le départ. du Crostolo. Napoléon le donna en 1806 à sa sœur Élisa ; en 1809, il conféra au grand juge Régnier le titre de duc de Massa. En 1814, ce duché a été restitué à Marie Béatrix, héritière des maisons d'Este et de Cybo, pour retourner après sa mort au duc de Modène, qui en a pris possession en 1829. En 1859, il fut annexé au royaume d'Italie.

MASSA-DI-MAREMMA ou MASSA-MARITIMA, v. de Toscane, à 40 kil. S. O. de Sienne, près des Maremmes ; 2200 hab. Évêché. Cathédrale du XIIIe siècle.

MASSA-LUBRENSE, v. d'Italie (prov. de Naples), sur le golfe de Naples, à 4 k. S. O. de Sorrente ; 2800h. Évêché. On la nomme aussi Massa di Sorrento.

MASSACHUSSETS, un des États-Unis de l'Amérique du N., dans la région du N., sur l'Atlantique, a pour bornes ceux de Vermont et de New-Hampshire au N., de Rhode-Island et de Connecticut au S., de New-York à l'O.: 98 kil. du N. au S., 200 de l'E. à l'O.; 20 000 k. carrés ; 1 232 000 h.; ch.-l. Boston. Montagnes à l'O.; plusieurs rivières : le Connecticut, le Merrimack, etc. Climat agréable et sain, mais sujet aux excès du chaud et du froid. Le sol, aride sur les côtes, est fertile à l'intérieur. Marbres, granit, fer. Tissus de soie, de coton, de laine ; verreries, distilleries, chantiers, etc.; commerce très-prospère; on pêche beaucoup le long des côtes. Nombreux chemins de fer. — Le Massachussets tire son nom d'une des tribus indiennes qui l'habitaient. Il est du nombre des colonies anglaises qui se formèrent de 1620 à 1635 dans ce qu'on appelait Virginie septentrionale ou Nouv. Angleterre. C'est de Boston, dans le Massachussets, que partit le signal de l'insurrection des ÉtatsUnis, et cet État fut plusieurs fois le théâtre de la guerre. L’esclavage y fut aboli dès 1683.

MASSADA, place forte de la Judée, à l’E. de Jérusalem, et près de la mer Morte. Hérode y fit faire d’immenses travaux pour la rendre inexpugnable : ce prince y avait un magnifique palais. M. de Sauley a récemment retrouvé l’emplacement de cette ville.

MASSAGÈTES, Massagetæ, peuple scythe, qui habitait le littoral de la mer Caspienne, au N. et à l’E., entre l’Iaxarte et l’Imaüs. ils étaient nomades, pasteurs et ichthyophages, buvaient le lait de leurs cavales, et combattaient tantôt à pied, tantôt à cheval. On prétend qu’ils tuaient leurs vieillards et se nourrissaient de leur chair. Cyrus ne put les soumettre. V. THOMYRIS.

MAS-SAINTES-PUELLES (Le), bourg de France (Aude), à 6 kil. S. de Castelnaudary ; 1200 hab. Patrie de S. Pierre Nolasque. — Ce lieu, nommé jadis Recaudum, prit son nom de deux saintes filles qui y furent enterrées. Jadis ville forte : prise et brûlée par les Anglais (1355), et par Louis XIII (1623). Elle avait été vainement assiégée par Joyeuse en 1586.

MASSAT, ch.-l. de cant. (Ariége), à 23 kil. S. E. de St-Girons ; 7180 h. Aux envir., mines de fer.

MASSEGROS, ch.-l. de cant. (Lozère), arr. et près de Florac ; 350 hab.

MASSÉNA (André), prince d’Essling, maréchal de France, né à Leven, près Nice, en 1758, était fils d’un marchand de vins et s’enrôla fort jeune dans un régiment français. Ne pouvant dépasser les grades inférieurs, faute de naissance, il s’était retiré du service lorsqu’éclata la Révolution. Nommé en 1792 chef de bataillon, en 1793 général de brigade, il se distingua à l’armée du Midi, fut promu en 1795 au grade de général de division, et prit la part la plus glorieuse à la conquête de l’Italie par Bonaparte : c’est lui qui décida le gain de la bataille de Rivoli (1797) ; après ce combat, le général Bonaparte le proclama l’Enfant chéri de la victoire, surnom qui lui est resté. En 1798, il fut mis à la tête du corps d’armée chargé d’établir un gouvernement républicain dans l’État de l’Église ; mais il fut accusé de dilapidations par sa propre armée, et se vit contraint à se retirer. Cependant il reparut dès l’année suivante à l’armée d’Helvétie : il se couvrit de gloire en battant à Zurich les Russes, qui menaçaient la France d’une invasion. Envoyé ensuite en Italie pour s’opposer aux Autrichiens qui reprenaient les pays conquis, il se jeta dans Gênes avec une poignée de soldats, et parvint à retenir le général autrichien Mélas assez longtemps pour favoriser l’irruption de Bonaparte en Italie et préparer la victoire de Marengo. C’est à lui que Bonaparte remit le commandement quand il revint à Paris. En 1804, il fut fait maréch., et bientôt d. de Rivoli. En 1805 il reçut le commandement en chef de l’année d’Italie : vainqueur à Caldiero, à Vicence et sur la Brenta, il poursuivit avec vigueur le prince Charles, qui fut contraint de se retirer en Allemagne ; en 1806, il accompagna Joseph Bonaparte, qui allait se mettre en possession du royaume de Naples, prit Gaëte et battit plusieurs fois les rebelles de la Calabre. En 1809, il commanda en Autriche le corps de la grande armée, et sauva l’armée à Essling : Napoléon, en récompense, le créa prince d’Essling. Moins heureux en Portugal (1810), il ne put chasser de ce pays les Anglais, commandés par Wellington ; après le combat malheureux de Fuentes d’Onoro, il rentra en France (1811). Napoléon le laissa depuis sans emploi. Il mourut à Paris en 1817. Masséna devait plus à la nature qu’à l’éducation. Au dire de Napoléon, le bruit du canon éclaircissait ses idées, lui donnait de la pénétration et de la gaieté. Son caractère distinctif était l’opiniâtreté et la persévérance : il ne se décourageait jamais. Il a laissé des Mémoires, qui ont été rédigés et publiés par le général Kock, Paris, 1849.

MASSESSYLES ou MASSÉSYLIENS, Massessyli, peuple de la côte septentr. d’Afrique, entre les Massyles à l’O et la Mauritanie à l’E. V. NUMIDIE et SYPHAX.

MASSEUBE, ch.-l. de cant. (Gers), sur la r. g. du Gers, à 21 kil. S. E. de Mirande ; 1500 hab. Grand commerce de mulets.

MASSEVAUX, en all. Masmunster, v. d’Alsace-Lorraine, à 20. kil. E. N. E. de Belfort, sur le Doller ; 3356 hab. Tissus de coton ; forges. Il doit son nom à une célèbre abbaye de chanoinesses augustines, dont les bâtiments servent auj. de filature.

MASSIAC, ch.-l. de cant. (Cantal), sur l’Alagnon, à 30 kil. N. de St-Flour ; 1600 h. Château. Station.

MASSIEU (Guill.), littérateur, né à Caen en 1665, m. en 1722, entra fort jeune chez les Jésuites, en sortit bientôt pour se livrer aux lettres, devint professeur de langue grecque au Collége de France, membre de l’Académie française et de l’Académie des inscriptions, et se fit une réputation par une Histoire de la poésie française, 1734 (1 vol. in-12), qui est cependant un ouvrage peu exact. On a aussi de lui une traduction de Pindare et un poëme latin sur le café. — Un autre Massieu, J. B., 1742-1818, conventionnel et évêque constitutionnel de l’Oise, a donné une traduction de Lucien, 1781-67, 6 vol. in-12.

MASSILIE, Massilia, v. de Gaule. V. MARSEILLE.

MASSILLON (J. B.), célèbre prédicateur, né en 1663, à Hyères en Provence, m. en 1742, entra jeune dans la congrégation de l’Oratoire, professa les belles lettres et la théologie à Pézenas, à Montbrison, à Vienne ; vint à Paris en 1696 pour diriger le séminaire de St-Magloire ; fut chargé en 1698 par le roi d’une mission à Montpellier, dans laquelle il commença sa réputation ; prêcha en 1699 le carême dans l’église de l’Oratoire et l’avent à Versailles, et se plaça dès lors au premier rang des orateurs de la chaire. Louis XIV se plaisait à l’entendre, mais il ne fit rien pour son avancement ; le Régent fut plus juste et le nomma en 1717 évêque de Clermont-Ferrand. Il fut reçu à l’Académie en 1719. Il passa le reste de sa vie dans son diocèse, et s’y fit bénir par sa charité et ses vertus évangéliques. On a de Massillon : 1o  des Sermons, au nombre de près de 100, parmi lesquels on remarque surtout les sermons réunis sous le titre de Petit Carême, prononcés en 1717 devant le jeune roi Louis XV et où il traite des devoirs des grands ; le sermon sur l’Aumône, et celui sur le Petit nombre des élus : ce dernier contient une prosopopée célèbre sur le jugement dernier qui fit tressaillir tout son auditoire d’un mouvement commun d’effroi ; 2o  des Mystères et des Panégyriques de saints ; 3o  des Oraisons funèbres, dont la plus belle est celle de Louis XIV ; 4o  des Conférences ecclésiastiques, Mandements, Discours synodaux ; 5o  des Paraphrases de psaumes. Le genre de Massillon est une éloquence douce, insinuante, pleine d’onction, souvent pathétique, harmonieuse et abondante en développements : on l’a surnommé le Racine de la chaire. Vivant dans un siècle de philosophie, il s’adresse à la raison autant qu’à la loi. Moraliste profond, il avait fait une étude assidue du cœur humain, et il en suit avec une admirable pénétration tous les replis. Ses Œuvres ont été réunies par son neveu, Joseph Massillon, 1745-48 ; elles ont été souvent réimprimées avec des additions, notamment par Renouard, 1810, 13 vol. in-8 ; Méquignon, 1818, 15 vol. in-12 ; l’abbé Guillon, 1828, 16 vol. in-12. Tabaraud a donné les Œuvres choisies de Massillon, 1824, 6 v. in-8, et Renouard, des Morceaux choisis de ses écrits, à l’usage des classes, 1812. D’Alembert prononça son Éloge. La ville d’Hyères lui a élevé une statue.

MASSINGER (Phil.), poëte dramatique, né en 1584 à Salisbury, où son père était au service chez le comte de Pembroke, m. en 1640, se fixa de bonne heure à Londres, travailla pour le théâtre avec Fletcher, Rowley, Dekker, réussit dans la comédie et la tragédie et égala presque Ben-Jonson. On estime surtout sa tragédie du Duc de Milan, et les comédies intitulées le Tuteur, la Nouvelle méthode de payer ses dettes, 1633. La meilleure édition de ses Œuvres est due à W. Gifford, 4 vol. in-8, 1805 et 1813.

MASSINISSA. V. MASINISSA. MASSIQUE (mont), Massicus mons, auj. Massico, au N. de Mondragone; montagne de l'Italie anc., sur les confins du Latium et de la Campanie, et très-près de Falerne, était renommée par ses vins.

MASSIVA, prince numide, parent de Masinissa. Lorsque Jugurtha fut mandé à Rome pour rendre comte de sa conduite, Massiva sollicita du sénat le royaume de Numidie; Jugurtha, craignant l'effet de sa démarche, le fit assassiner.

MASSON (Jean Papire), historien, né en 1544, à St-Germain-Laval, dans le Forez, m. en 1611, remplissait à Paris les fonctions de substitut du procureur général. Ses principaux ouvrages sont : Annalium libri IV, quibus res gestæ Francorum explitantur, Paris, 1577 et 1598; De Episcopis Urbis (Romæ) qui Ecclesiam rexerunt, 1586 (c'est une histoire des Papes); Notitia episcopatuum Galliæ quæ Francia est, 1606 et 1610; Descriptio fluminum Galliæ, 1618; Historia calamitatum Galliæ, a Constantino Cæsare usque ad Majorianum (dans le t. I des Francorum scriptores de Duchesne); des éditions des Lettres de Gerbert, des Œuvres de Loup, d'Agobard et de Gerbert, et de précieuses biographies sous le titre d’Elogia. — Son frère, Jean Masson, aumônier du roi, a aussi laissé quelques écrits historiques, entre autres une Histoire de Jeanne d'Arc, 1612.

MASSON (Jean), ministre protestant, né en 1680, m. vers 1750, était fils d'un ministre chassé de France lors de la révocation de l'Édit de Nantes. Il a écrit, avec son frère Samuel et son cousin Philippe, une Histoire critique de la République des lettres, Utrecht, 1712-18, 15 vol. in-12. On lui doit aussi des Vies d’Horace, d’Ovide, de Pline le Jeune.

MASSON (Ch. Franç. Philibert), né en 1762, à Blamont en Franche-Comté, m. en 1807, associé de l'Institut, entra en 1786 au service de la Russie et devint major et secrétaire du grand-duc Alexandre. Expulsé par Paul I comme partisan de la Révolution, il revint en France et fut nommé secrétaire général de la préfecture de Rhin et Moselle. On a de lui des Mémoires secrets sur la Russie, 1802; les Helvétiens, poëme en 10 chants, où il chante la lutte des Suisses contre Charles le Téméraire, 1800; des Odes, et la Nouvelle Astrée, roman, 1802.

MASSON (François), statuaire, élève de G. Coustou, né en 1745, à Vieille-Lire en Normandie, m. en 1807, exécuta la belle fontaine de la place de l'évêché à Noyon, fit, pendant la Révolution, les bustes des personnages marquants de l'Assemblée constituante, composa un groupe allégorique du Dévouement à la patrie, et fut chargé d'élever un monument à J. J. Rousseau. On lui doit encore des statues de Périclès, de Cicéron, et du général Caffarelli, des bustes de Kléber, de Lannes, et le tombeau de Vauban, aux Invalides. Cet artiste unit la grâce à la vigueur, et rend la nature avec autant de finesse que d'exactitude.

MASSORÈTES (de l'hébreu massora, tradition), docteurs juifs qui aidèrent à fixer d'après les manuscrits et la tradition orale la leçon du texte sacré en y ajoutant les points-voyelles. L'origine de ces points-voyelles est fort incertaine : elle a été attribuée aux docteurs de l'école de Tibériade (au Ve siècle), à Esdras, et même à Moïse; cependant quelques-uns pensent qu'elle ne remonte pas plus haut que le IXe siècle. Plusieurs hébraïsants ont combattu cette innovation, notamment Cappel et Masclef.

MASSOUAH, v. et port d'Abyssinie, dans le Samara, par 37° 17' long. E., 15° 34' lat. N., dans une île de la mer Rouge, appartient à la Turquie; 2000 cabanes. Commerce maritime actif; consulat français.

MASSOURE (LA). V. MANSOURAH.

MASSUET (Pierre), littérateur, né en 1698 à Mouzon (Meuse), m. en 1776, entra chez les Bénédictins à Metz, puis se retira en Hollande, où il embrassa le Protestantisme. On a de lui : Histoire des rois de Pologne, Amst., 1733; — de la guerre présente, 1735; — de la dernière guerre, avec la Vie du prince Eugène, 1736-37;— de l'empereur Charles VI, 1742. Il fut le principal rédacteur de la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe, Amst., 1728-53, 52 vol. in-12, et rédigea une précieuse Table des matières contenues dans les Mémoires de l'Académie des sciences, de 1699 à 1734, Amst., 1741, in-4.

MASSYAD, v. et forteresse de Syrie, aux env. de Beyrout, est regardée comme le ch.-l. des Ismaéliens de Syrie. Elle fut prise et détruite par les Turcs.

MASSYLES ou MASSYLIENS, nation numide qui habitait toute la partie orientale de la Numidie, à l'E. des Massésyliens, eut pour roi Masinissa.

MASULIPATAM, v. de l'Inde anglaise (Madras), dans un îlot du golfe de Bengale, à 20 k. N. de l'emb. de la Kistnah, par 78° 55' long. E., 16° 10' lat. N.; 80 000 h. Bon port, forteresse importante. Beaux tissus de coton dits chints, renommés par leur finesse et leur belle couleur, tabac, etc. Grand commerce avec la Chine, les Birmans, la Perse, l'Arabie. — Masulipatama été successivement aux Mongols, aux Mahométans, aux Français (1751), aux Anglais (1759) qui l'ont gardée depuis ce temps.

MATAMORAS, v. du Mexique, dans l'anc. prov. de Tamaulipas, sur la r. dr. du Rio Bravo del Norte, à 60 k. de son embouchure. Elle fut enlevée aux Mexicains par les Texiens en 1839 et fut occupée en 1846 par les troupes des États-Unis, qui y défirent les Mexicains.

MATAN, v. de l'île de Bornéo, ch.-l. du roy. de Matan, sur une riv. de même nom, à 900 kil. S. O. de Bornéo; 10 000 hab. Le roy. de Matan, sur la côte occid. de Bornéo, est auj. vassal des Hollandais. Le roi de Matan possédait un diamant brut de 367 carats, qui, réduit à 183 par la taille, serait de tous ceux qu'on connaît le troisième en grosseur.

MATANZAS, v. de l'île de Cuba, sur la côte N., à 80 kil. E. de la Havanne ; 25 000 hab. Chemin de fer pour Cardenas. Commerce considérable en sucre, mélasse et café. La flotte hollandaise défit la flotte portugaise en vue de cette ville en 1627.

MATAPAN (cap), Tænarium prom., cap de Grèce, à l'extrémité S. de la Morée, par 36° 22' 58" lat. N'., 20° 9' long. E. C'est le point le plus méridional du continent européen.

MATAREM (Empire de), anc. État de l'île de Java, comprenait à peu près l'île entière au XVe siècle, mais avait pour noyau les deux provinces de Sourakarta et de Djocjakarta. Les Hollandais dominent dans ce pays depuis 1775.

MATARIEH, v. de la Basse-Égypte, près des ruines de l'anc. On ou Héliopolis, à 10 kil. N. N. E. du Caire. Kléber y défit les Turcs le 20 mars 1800.

MATARO, Iluro ? v. et port d'Espagne (Catalogne), sur la Méditerranée, à 27 kil. N. E. de Barcelone; 15 000 hab. Divisée en vieille ville et ville neuve, la 1re très-ancienne, la 2e plus moderne; celle-ci est assez jolie; il s'y trouve beaucoup de peintures à fresque. Chemin de fer. Industrie active : velours, soieries, bas, blondes, dentelles, verreries, chantiers de construction. Vins rouges, eaux-de-vie. Antiquités.

MATELLES (LES), ch.-l. de cant. (Hérault), à 14 k. N. O. de Montpellier; 400 hab.

MATERA, Mateola, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Basilicate), sur la Gravina, à 67 k. E. de Potenza; 13 000 h. Archevêché (avec Acerenza). Cathédrale remarquable. Cette ville fut fondée 8 siècles av. J.-C. C'est là que Guillaume Bras de Fer fut créé comte de Pouille.

MATHA, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 18 k. S. E. de St-Jean-d'Angély; 900 hab. Eau-de-vie.

MATHA (S. Jean de). V. JEAN (S.).

MATHAN, prêtre de Baal et conseiller d'Athalie, était un Juif apostat. Il fut tué devant l'autel de Baal par ordre du grand prêtre Joad, 876 av. J.-C.

MATHATHIAS, Juif, de la race des Asmonéens, père des Machabées, refusa de sacrifier aux idoles, se mit à la tête des Juifs soulevés contre les rois de Syrie, 166 av. J.-C., parcourut le pays, détruisit partout les autels des faux dieux, et rétablit le culte du Seigneur. Sentant sa fin approcher, il donna pour chef à ses troupes son fils Judas. V. MACHABÉES.

MATHES (LES), vge du dép. de la Vendée, sur la côte, à 18 kil. S. S. O. de Marennes. Louis de La Rochejacquelein y fut tué pendant les Cent-Jours (1815) en combattant à la tête des Vendéens.

MATHIAS, MATHIEU. V. MATTHIAS, MATTHIEU.

MATHILDE (Ste), fille d'un seigneur saxon, fut mariée fort jeune au roi de Germanie Henri l’Oiseleur, et en eut deux fils, Othon et Henri. Elle se montra sur le trône pieuse et charitable, fonda plusieurs monastères, entre autres celui de Quedlinbourg, et mourut en 968. On la fête le 14 mars.

MATHILDE, fille de Baudouin V, comte de Flandre, et d'Adèle de France, fille du roi Robert, épousa en 1054 le duc de Normandie, Guillaume le Bâtard, depuis roi d'Angleterre, et eut de lui onze enfants, dont les plus connus sont Robert Courte-Heuse, Guillaume le Roux, et Henri Beauclerc. Elle mourut en 1083. Elle tenta souvent d'adoucir son époux, et le réconcilia avec son fils Robert, qui avait porté les armes contre lui. Elle fonda l'Abbaye-aux-Dames à Caen. On lui a attribué la célèbre tapisserie de Bayeux, mais les critiques modernes les plus compétents s'accordent à reconnaître qu'elle ne peut être son ouvrage.

MATHILDE (Ste), reine d'Angleterre, fille de Malcolm, roi d’Écosse, fin mariée en 1100 à Henri I, roi d'Angleterre, donna sur le trône l'exemple de toutes les vertus et mérita d'être surnommée la bonne reine. Elle mourut en 1118, le 30 avril, jour où on la fête.

MATHILDE, reine d'Angleterre, fille de la précéd. et d'Henri I. Mariée d'abord à l'empereur Henri V (1114), elle resta veuve en 1125. Deux ans après, elle épousa Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou; elle se vit appelée au trône d'Angleterre en 1135, à la mort de son père. La couronne lui fut disputée par Étienne, comte de Boulogne, neveu de Henri, qui l'emporta pour quelque temps; mais l'armée de ce prince ayant été défaite en 1141 par le comte de Glocester, frère naturel de Mathilde, celle-ci fut solennellement couronnée. Elle s'aliéna ses sujets par un caractère altier, et Glocester, son principal appui, étant mort en 1147, elle fut contrainte d'abandonner le trône à son rival. Elle se réfugia en France, où elle mourut en 1167. Son fils Henri II avait été reconnu roi dès 1154.

MATHILDE (la Grande comtesse), souveraine de la Toscane et d'une partie de la Lombardie, née en 1046, était fille de Boniface II, marquis, puis duc de Toscane, et de Béatrix, et ne régna qu'après sa mère, 1076. Outre la Toscane, elle possédait les comtés de Modène, Reggio, Mantoue, Ferrare et Crémone. Mariée deux fois, la première avec Godefroy le Bossu, duc de Lorraine, en 1063, la deuxième avec Guelfe V, duc de Bavière, en 1089, elle se sépara successivement de ces deux époux. Elle se montra constamment dévouée au S.-Siége : dans la querelle des investitures, elle secourut le pape Grégoire VII contre l'empereur Henri IV, et reçut le pontife dans sa forteresse de Canossa, près de Reggio, où Henri fut contraint de venir se soumettre à une humiliante pénitence (1077). Longtemps en guerre avec les empereurs, elle perdit et reprit tour à tour plusieurs places fortes au nord du Pô. Elle fit donation de tous ses États au pape en 1102 (elle lui en avait fait dès 1077 une donation secrète) et mourut en 1115. Les papes et les empereurs se disputèrent son héritage pendant deux siècles : le St-Siége n'en recueillit qu'une partie, celle qui fut désignée plus tard sous le nom de Patrimoine de Si-Pierre. Am. Renée a fait son histoire sous le titre de La grande italienne, 1859.

MATHILDE (Caroline), reine de Danemark, était le 9e et dernier enfant de Frédéric-Louis, prince de Galles, père de George III, roi d'Angleterre. Elle fut mariée en 1766, dès l'âge de 15 ans, à Christian VII, roi de Danemark, belle, jeune, sans expérience, elle se laissa compromettre dans des intrigues avec le ministre Struensée, et fut condamnée comme adultère au divorce et à l'exil. Elle mourut de chagrin à Zell en 1775, à 24 ans, au moment, dit-on, où son époux, reconnaissant son innocence, allait la rappeler.

MATHOURA ou MOTTRA, v. forte de l'Inde anglaisa (Calcutta), sur la Djomnah, à 40 kil. N. O. d'Agrah; env. 60 000 hah. Quantité de temples. C'est uns ville sainte pour les Hindous, qui y font naître Krichna et qui y vont en pèlerinage. Jadis grande et riche, mais saccagée en 1018 par Mahmoud le Gaznévide et en 1756 par Ahmed-Chah. Aux Anglais depuis 1803.

MATHURIN (S.), prêtre et confesseur, vivait dans le Gâtinais au IVe ou au Ve siècle. Il est fêté le 9 nov.

MATHURINS, ordre religieux institué pour racheter les esclaves des mains des infidèles, fut fondé en 1199 par S. Jean de Matha et Félix de Valois. On nommait primitivement ces religieux Trinitaires ou Religieux de la Ste-Trinité : le nom de Mathurins leur fut donné en France parce qu'ils occupèrent à Paris depuis 1226 une église qui était sous l'invocation de S. Mathurin. La Réforme fit disparaître cet ordre en Allemagne; il fut supprimé en France en 1790.

MATHUSALEM, patriarche célèbre par sa longévité, vécut 969 ans, de 4277 à 3308 av. J.-C. Il était fils d'Énoch et fut père de Lamech, père de Noé.

MATIFOU (le cap), Ras-el-Temendfus, cap de l'Algérie, à 13 kil. E. d'Alger, par 36° 45' lat. N., 0° 52' long. E., ferme à l'E. la rade d'Alger, et est défendu par un fort. Charles-Quint y débarqua en 1541.

MATIGNON, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 30 k. N. O. de Dinan; 1000 hab. Grains.

MATIGNON (Jacq. GOYON de), maréchal de France, d'une anc. famille de Bretagne, né en 1525, m. en 1597, se signala en 1552 aux sièges de Montmédy et d'Ivoy; fut fait prisonnier à la bataille de St-Quentin (1557), et ne recouvra sa liberté qu'à la paix de Cateau-Cambrésis, en 1559. Devenu lieutenant général, il battit les Anglais en 1563 devant Falaise, et se distingua aux combats de Jarnac et de Moncontour. Non moins généreux que brave, il ne fit point exécuter dans Alençon et dans St-Lô, dont il était gouverneur, les ordres barbares de Charles IX lors de la St-Barthélemy (1572). En 1574, il fit prisonnier, dans Domfront, le malheureux Montgomery, puis il tenta, mais vainement, d'adoucir à son égard la reine Catherine de Médicis. Il reçut en 1579 le bâton de maréchal de France, et fut nommé en 1684 lieutenant général de la Guyenne. Il enleva plusieurs places aux Protestants dans le Midi, et battit à Nérac, en 1588, le roi de Navarre lui même. Il n'en fut pas moins un des premiers à reconnaître ce prince pour roi de France après la mort de Henri III (1589), et remplit à son sacre les fonctions de connétable.

MATISCO, v. de Gaule Lyonnaise 1re, auj. Mâcon.

MATO-GROSSO, prov. du Brésil, bornée au N. par celle de Para, à l'E. par celle de Goyaz, à l'O. parla Bolivie et le Pérou, et au S. par le Paraguay, a 1700 k. de l'E. à l'O., 1600 du N. au S., et env. 300 000 h. (dont beaucoup de tribus indigènes : Payaguas, Guaycurus, Bororos, etc.) Elle a pour ch.-l. Mato-Grosso ou Villabella, ville d'env. 15 000 hab., sur la r. dr. du Guaporé. Pays très-montagneux, sauf au N.; arrosé par l'Uruguay, le Paraguay, le Parana, la Madeira, le Guaporé, le Topayos. Sol très-fertile, mais peu cultivé; forêts immenses. Riches mines de métaux précieux et de diamants : c'est dans le Mato-Grosso que se trouve le fameux district de Diamantin.

MATOUR, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 36 k. O. de Mâcon; 493 hab.

MATRONA, riv. de Gaule, est auj. la Marne.

MATRONALES, Matronalia, fête des matrones chez les anciens Romains, fut instituée en reconnaissance de ce que les femmes Sabines réconcilièrent leurs pères avec leurs maris. Elle se célébrait aux Calendes de mars (1er mars). Les matrones offraient d'abord des sacrifices à toutes les divinités qui présidaient au mariage, puis elles rentraient chez elles, où leurs maris et leurs amis venaient leur apporter des vœux de bonheur et des présents d'étrennes.

MATSMAI, v. du Japon, capit. de l'île d'Yéso, qu'on nomme aussi elle-même Matsmaï, à l'extrémité S. de l'île ; env. 50 000 hab. Bon port, ouvert aux Américains en 1855. Commerce considérable.

MATTHÆI (Christian Frédéric), helléniste, élève d'Ernesti, né en 1744 à Grost en Thuringe, m. en 1811, fut successivement professeur à Moscou, directeur de l'école princière de Meissen (1785), professeur de philosophie à Wittemberg, puis retourna en Russie où il fut nommé professeur de littérature classique à l'Université de Moscou et conseiller aulique. Ses principales publications sont : Chrestomathia græca, Moscou, 1773; Glossaria græca minora, 1774-1775; Xiphilini et Basilii orationes ineditæ, 1775; Isocratis, Demetrii et Glycæ Epistolæ, 1776: Gregorii Thessalonicensis orationes, 1776; Notifia codicum mss. græcorum bibliothecæ Mosquensis, 1776; Animadversiones ad Origenis Hexapla, 1779; Scholia inedita ad Iliados T, 1786; Nemesius, de Natura hominis, grec-latin, 1802. Il fit de nombreuses recherches dans les bibliothèques de Russie et d'Allemagne et y découvrit plusieurs morceaux restés inconnus, entre autres un Hymne à Cérès, attribué à Homère, et publié par Ruhnkenius, Leyde, 1782. C'est lui qui publia pour la première fois, en 1781, les fables grecques portant le nom de Syntipas. V. ce nom.

MATTHIÆ (Aug. Henri), érudit, né à Gœttingue en 1769, m. à Altenbourg en 1835, fut professeur de littérature grecque et latine à Weimar, puis directeur du gymnase d'Altenbourg. On a de lui : Ausführliche griechische grammatike, Leipsick, 1825-27, trad. en français par Gail et Longueville, sous le titre de Grammaire raisonnée de la langue grecque, 1831; Esquisses de littérature ancienne, 1815 Manuel élémentaire de philosophie, 1823 (trad. par H. Foret); des éditions des Hymnes d'Homère, des Tragédies d'Euripide, et un recueil de Miscellanea philologica, 1803.

MATTHIAS (S.), disciple de J.-C., fut élu en remplacement de Judas Iscariote au nombre des douze apôtres. Selon la tradition, il prêcha en Cappadoce, et subit le martyre en Colchide. On lui attribue un Évangile et un Livre des traditions, qui sont apocryphes. On le fête le 24 février.

MATTHIAS, empereur d'Allemagne, fils de Maximilien II, né en 1557, succéda en 1612 à son frère Rodolphe II, qu'il avait déjà forcé de lui abandonner les couronnes de Bohême et de Hongrie. L'Empire était alors en guerre avec les Turcs : il termina la guerre par un traité, en 1615. N'ayant pas d'enfant, il choisit pour successeur son cousin Ferdinand, et le fit couronner à Prague en 1617. Mais l'intolérance de ce dernier fit révolter ses sujets de Bohême, et Matthias mourut en 1619 sans avoir vu la fin de ces troubles.

MATTHIAS CORVIN. V. CORVIN.

MATTHIEU (S.), Matthæus, nommé aussi Lévi, évangéliste et l'un des douze apôtres, né en Galilée, était d'abord publicain, c.-à-d. receveur des impôts pour les Romains. Il exerçait sa profession sur les bords du lac Génésareth, lorsque J.-C. l'appela et lui ordonna de le suivre. Après avoir prêché dans la Judée, il alla dans l’Éthiopie et dans la Perse, où l'on croit qu'il souffrit le martyre. L'Église l'honore le 21 sept. L'Évangile de S. Matthieu est le plus ancien des quatre; on croit qu'il le rédigea huit ans après l'Ascension et qu'il l'écrivit d'abord en langue syro-chaldaïque, d'où il fut traduit en grec. On n'a plus l'original; la version grecque en tient lieu.

MATTHIEU CANTACUZÈNE, régna sur Constantinople de 1353 à 1356, comme associé de son père Jean Cantacuzène, puis de Jean Paléologue.

MATTHIEU (Pierre), historien et poëte, né en 1563 à Pesmes en Franche-Comté, m. en 1621, fut d'abord avocat à Lyon et grand partisan de la Ligue; mais ayant été député par les Lyonnais près de Henri IV en 1593, il s'attacha à ce prince qui le nomma son historiographe. Il avait commencé par faire des vers; on a de lui quelques tragédies fort médiocres : Esther, la Guisiade ou le Massacre du duc de Guise, et des Quatrains moraux intitulés tantôt Quatrains de la Vanité du monde, tantôt Tablettes de la Vie et de la Mort. On lui doit plusieurs histoires qui renferment d'utiles renseignements et où respire la franchise, mais qui sont en général faiblement écrites : Histoire des troubles de France sous Henri III et Henri IV, 1594; Hist. de France (de 1598 à 1604), 1606; Hist. de Louis XI, 1610; Hist. de la mort déplorable de Henri le Grand, 1611; Hist. de France (de François I à Louis XIII), 1631, ouvrage terminé par son fils.

MATTHIEU (le R. P.), l’Apôtre de la tempérance, né en 1790 à Thomastown en Irlande, m. en 1856, entra dans l'ordre des Franciscains, s'établit à Cork et acquit par ses prédications une grande influence sur les populations ouvrières. Frappé des maux que l'ivrognerie causait à l'Irlande, il entreprit, en 1833, d'arracher ses compatriotes à ce vice honteux : il organisa dans ce but de nombreuses Sociétés de tempérance, et obtint par ses exhortations des succès prodigieux. Il ne fut pas moins heureux en Angleterre et aux États-Unis; mais, épuisé par ses efforts, il se vit obligé de revenir dans son pays en 1851. Il y mourut également regretté des Protestants et des Catholiques.

MATTHIEU PARIS, chroniqueur. V. PARIS.

MATTHIEU DE DOMBASLE, agronome. V. DOMBASLE.

MATTHIOLE, Matthiolus. V. MATTIOLI.

MATTIACI, peuple de Germanie, près du Rhin, à l'O. des Marses et des Sicambres, occupait une partie de la Hesse et du duché de Nassau. Villes principales : Mattium (Marbourg) et Mattiacæ aquæ (Wiesbaden).

MATTIOLI (Pierre André), Matthiolus, médecin et naturaliste, né à Sienne en 1500, m. en 1577, exerça son art à Sienne et à Rome, puis fut appelé a la cour de Prague par l'empereur Ferdinand, qui l’anoblit et le nomma médecin de son fils (qui fut depuis l'empereur Maximilien). Il est auteur de Commentaires sur Dioscoride, publiés d'abord en italien, Venise, 1544, puis mis par lui-même en latin, 1554, qui offrent comme l'encyclopédie de son époque; ils ont été traduits en français par A. du Pinet, Lyon, 1561, et par J. Desmoulins, Paris, 1572.

MATTIOLI (le comte Girolamo), ministre du duc de Mantoue, fut enlevé de Turin par ordre du cabinet de Versailles, en 1679 ou en 1685, parce qu'on craignait qu'il n'entravât les négociations entamées avec le duc son maître, et conduit à Pignerol, où il mourut peu après. Il est un de ceux dans lesquels on a prétendu reconnaître l’Homme au masque de fer.

MATURIN, dép. de la république de Vénézuela, entre 1° 20'-11° lat. N. et 61°-71° long. O., a pour bornes, au N. la mer des Antilles, au N. E. l'Atlantique, à l'E. la Guyane anglaise, au S. la Guyane brésilienne, à l'O. les dép. de l'Orénoque et de Venezuela; 1100 kil. sur 900; env. 80 000 h.; ch.-l., Cumana. Rivières importantes: Orénoque, Cassiquiare, Caroni, Rio-Negro. Climat très-chaud: sol fertile, mais marécageux; immenses pâturages; vastes forêts; habitants sauvages et indépendants.

MATURIN (Robert), écrivain irlandais, curé de St-Pierre à Dublin, né en 1782, m. en 1824. Il avait déjà publié quelques Nouvelles (Montorio, le Jeune Irlandais, le Chef milésien), qui n'avaient pas eu grand succès, lorsqu'il fit représenter à Londres, en 1816, la tragédie de Bertram, qui obtint une vogue extraordinaire. On a encore de lui quelques romans (Pour et Contre, Melmolh, les Albigeois). Bertram a été traduit par Taylor et Nodier, 1821.

MAUBERT DE GOUVEST (J. H.), littérateur, né à Rouen en 1721, m. en 1767, mena la vie la plus agitée. D'abord capucin, il s'enfuit de son couvent; il fut depuis militaire, précepteur, directeur d'une troupe de comédiens, et se fit successivement chasser de Hollande, d'Allemagne, d'Angleterre pour ses pamphlets. Il a publié : Testament politique du cardinal Alberoni, 1752; Hist. politique du siècle, 1754; Testament politique du chevalier Walpole, 1767.

MAUBEUGE, Malbodium, v. forte de France (Nord), ch.-l. de c., sur la Sambre, à 18 kil. N. d'Avesnes; 4200 hab. Collége. Anc. manufacture d'armes, supprimée en 1835 ; broches et cylindres pour filatures ; clouterie, ferblanterie, quincaillerie, etc. Commerce de marbre, ardoises, vins. — Fondée au VIIe siècle, longtemps capitale du Hainaut. Souvent prise et reprise par les Français et les Espagnols ; Louis XIV l’avait prise en 1649, et le traité de Nimègue (1678) lui en confirma la possession. Elle fut fortifiée par Vauban en 1680, assiégée en 1793 par le prince de Cobourg et délivrée par Jourdan.

MAUBOURGUET, ch.-l. de c. (Htes-Pyrénées), sur la r. g. de l’Adour, à 28 kil. N. de Tarbes ; 1500 hab. Anc. église de Templiers.

MAUBUISSON, célèbre abbaye de femmes (Seine-et-Oise), à 8 kil. N. E. de Pontoise. Fondée par la reine Blanche de Castille, qui y fut enterrée. Elle fut vendue et divisée dans la Révolution.

MAUCROIX (l’abbé), littérateur, né en 1619 à Noyon, m. à Reims en 1708, fut d’abord avocat et homme du monde, et se lia étroitement avec La Fontaine, dont il resta pendant 50 ans l’ami intime ; il embrassa fort tard l’état ecclésiastique, obtint un canonicat à Reims et se fixa dans cette ville. Il fut choisi pour secrétaire de la fameuse assemblée du clergé de 1682. On lui doit plusieurs traductions estimées, celles entre autres de plusieurs Homélies de S. Jean Chrysostôme, des Philippiques de Démosthènes, de quelques Dialogues de Platon, des Catilinaires et de quelques autres discours de Cicéron, du traité de la Mort des Persécuteurs de Lactance. Il cultiva aussi la poésie, et fit quelques pièces de vers en commun avec La Fontaine. M. Walkenaër a publié ses Poésies en 1820 à la suite de La Fontaine. Ses Mémoires ont paru en 1842. M. L. Paris a donné à part en 1854 ses Œuvres diverses, 2 vol. 12.

MAUDOUD (Aboul Fethah), sultan de la dynastie des Gaznévides (1041-49), fils de Mas’oud, fit la guerre à Mohammed-l’Aveugle, son oncle, qu’il accusait de la mort de son père ; remporta sur lui, près des bords du Sind, une grande victoire, à la suite de laquelle il le fit périr, et bâtit en mémoire de cette victoire la ville de Feth-Abad.

MAUDOUD EDDAULAH, roi de Mossoul (1106-1114), d’abord général de Mohammed, sultan de Perse, combattit en 1111 les Francs, qui étaient maîtres de Jérusalem, ravagea la Mésopotamie, assiégea Édesse, Antioche, battit Josselin, comte d’Édesse, et Baudouin, roi de Jérusalem, près de Tibériade en 1113. Il fut assassiné peu après par un fanatique ismaélien.

MAUGRABINS ou MOGRABINS, habitants des États barbaresques dits Mahgreb ou Mograb.

MAUGUIO, ch.-l. de c. (Hérault), à 12 kil. E. de Montpellier, sur l’étang de Mauguio, lagune liée à la Méditerranée ; 1750 hab.

MAULBRONN, vge du Wurtemberg (Neckar), sur la Salzach, à 30 kil. N. O. de Ludwigsburg ; 800 h. Séminaire évangélique. Belle église et beaux restes d’une anc. abbaye de Cisterciens, fondée vers 1142.

MAULÉON, Malleo ou Malus Leo, ch.-l. d’arr. (B. Pyrénées), sur le Gave de Mauléon, à 56 kil. S. O. de Pau ; 1259 hab. Collége, anc. château fort. Jadis capitale du pays de Soule.

MAULÉON (Deux-Sèvres). V. CHATILLON-SUR-SÈVRE.

MAULÉON-BAROUSSE, ch.-l. de c. (H-Pyrénées), à 50 kil. E. de Bagnères-de-Bigorre ; 850 hab.

MAULÉON (LOYSEAU de). V. LOYSEAU.

MAULTROT (Nicolas), avocat au parlement de Paris, né en 1714, m. en 1803, était un ardent janséniste. Il a beaucoup écrit sur le droit canonique ; on a de lui : les Droits de la puissance temporelle, 1765 ; Maximes du droit public français, 1772 ; Nature et autorité des assemblées du clergé de France, 1777 ; De l’Usure, 1787 ; Discipline de l’Église sur le mariage des prêtres, 1790, etc.

MAUPEOU (René Charles de), magistrat, père du ministre Maupeou, devint en 1743 premier président du parlement de Paris, se trouva mêlé aux disputes du parlement et du clergé, ne montra que de la faiblesse et fut obligé de se démettre en 1757. Il fut néanmoins rappelé en 1763 pour remplacer Lamoignon comme garde des sceaux ; il reçut même en 1768 le titre de chancelier ; mais 24 heures après il céda sa place à son fils. Il mourut en 1775 à 87 ans. Sa famille était en hostilité avec la famille Lamoignon.

MAUPEOU (René Nicolas), chancelier de France, fils du préc., né à Paris en 1714, s’éleva par la faveur de Mme Dubarry et succéda en 1768 à son père dans la dignité de chancelier. Le parlement était alors en querelle avec l’autorité royale et apportait des entraves aux volontés de Louis XV par ses remontrances et son refus d’enregistrer certains édits : Maupeou voulut, par un coup d’État, débarrasser le roi de ces entraves. Le parlement fut exilé en 1771, et à sa place on installa le Conseil du roi, auquel le public donna par dérision le nom de parlement Maupeou. Cette mesure violente contre un corps aimé du peuple souleva l’opinion publique ; les avocats refusèrent de plaider ; d’innombrables pamphlets furent lancés contre la cour et son chancelier, et le parlement Maupeou tomba dans le mépris. Aussitôt après la mort de Louis XV, Louis XVI rappela l’ancien parlement (1774) et Maupeou fut exilé dans ses terres. Il y mourut en 1792, faisant à la nation un legs de 800 000 francs.

MAUPERTUIS, vge de Seine-et-Marne, à 7 k. S. de Coulommiers ; 350 hab. On y voyait jadis un beau château, qui fut détruit dans la Révolution.

MAUPERTUIS (Champ de), vaste plaine à 15 kil. N. de Poitiers, où se livra la bat. dite de Poitiers (1356).

MAUPERTUIS (P. L. MOREAU de), géomètre, né en 1698 à St-Malo, mort en 1759, fit sous la direction du géomètre Fr. Nicole de rapides progrès, entra à l’Académie des sciences dès l’âge de 25 ans, voyagea pour s’instruire et se lia avec les hommes les plus distingués, tels que Voltaire, Bernouilli, La Condamine, etc. Il fut nommé en 1736 par Maurepas chef de l’expédition envoyée au pôle pour y mesurer un degré, et exécuta avec succès en une seule année cette difficile entreprise. Il fut reçu en 1743 à l’Académie française. Le roi de Prusse, Frédéric II, l’avait nommé dès 1740 président de l’Académie de Berlin : il alla se fixer dans cette ville en 1745. Là il eut de violents démêlés, d’abord avec Kœnig, membre de l’Académie, qui lui disputait la découverte du principe de la moindre action sur lequel Maupertuis fondait toute la mécanique, et par suite avec Voltaire, qui prit parti pour Kœnig contre lui et qui l’accabla de ses plaisanteries, notamment dans sa Diatribe du docteur Akakia. Il en fut vengé par la disgrâce de Voltaire. Il mourut en 1759, à Bâle, dans la famille des Bernouilli. On a de lui des ouvrages de genres fort divers : Statistique arithmétique, 1731 ; Commentaires sur les principes de Newton, 1732 ; Discours sur la figure des astres, 1732 ; Voyage au cercle polaire, 1738 ; la Figure de la terre, 1738 ; Mémoire sur la moindre action, 1744 ; la Vénus physique, 1745 ; Essai de cosmologie, 1748 ; Essai de philosophie morale, Système de la nature, 1751 ; des Discours académiques, des Lettres philosophiques, etc. Ses œuvres ont été publiées à Lyon, 1768, 4 vol. in-8. Maupertuis avait un orgueil et une susceptibilité extrêmes. C’était un savant distingué et un bon écrivain ; cependant il n’occupe nulle part le premier rang. Sa Vie, écrite par Labeaumelle, n’a été publiée qu’en 1856.

MAUR (S.), Maurus, disciple de S. Benoît, vivait au VIe siècle. Il suivit S. Benoît aux monastères de Sublac et du Mt-Cassin, et fut à ce qu’on croit, envoyé par lui en France pour établir dès monastères de sa règle. On le fête le 15 janvier. — Une célèbre congrégation de Bénédictins prit, au XVIIe siècle, le nom de ce saint : c’était une réforme de l’ordre de St-Benoît, qui fut accomplie en 1613 par quelques religieux de St-Vannes et qui fut approuvée par le pape Grégoire XV en 1621. Cette congrégation compta bientôt un grand nombre de maisons florissantes : St-Maur, St-Denis, St-Germain des Près, St-Remi de Reims, Marmoutier, St-Pierre de Corbie, Fleury ou St-Benoît sur Loire, Fécamp, la Trinité de Vendôme, et produisit un grand nombre de personnages distingués (V. BÉNÉDICTINS). L’Histoire de la congrégation de St-Maur a été écrite par dom Tassin, 1770. — V. ST-MAUR.

MAURE, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 29 kil. N. de Redon ; 300 hab.

MAUREPAS (Jean Frédéric PHÉLIPPEAUX, comte de), ministre de Louis XV, né à Versailles en 1701, mort en 1781, était petit-fils du chancelier de Pontchartrain. Il fut, dès l’âge de 24 ans, chargé du département de la marine, et y joignit celui de la maison du roi, qui embrassait Paris et la cour. Il embellit Paris, fit fermer les maisons de jeu, encouragea les sciences et leurs applications, envoya La Condamine, Maupertuis et plusieurs autres savants sous l’équateur et près du pôle boréal pour mesurer deux degrés du méridien ; fit partir des officiers pour examiner les côtes et dresser des cartes ; chargea Sevin et Fourmont de visiter la Grèce et l’Orient ; Jussieu, d’aller étudier les plantes du Pérou. Exilé en 1749 pour avoir fait une épigramme contre Mme de Pompadour, il resta 25 ans éloigné des affaires. Il y fut rappelé par Louis XVI à son avènement (1774), et, sans avoir de portefeuille, présida le Conseil d’État. Il fit réintégrer les parlements exilés par Louis XV (V. MAUPEOU) ; amena le roi à signer un traité d’union avec les insurgés d’Amérique, et fit confier le ministère des finances à Turgot, puis à Necker ; mais il les fit disgracier l’un et l’autre lorsqu’il vit en eux des rivaux redoutables. Il mourut six mois après la disgrâce du dernier (oct. 1781). Maurepas avait de la pénétration et de la finesse ; mais ce ministre léger, insouciant et frivole, était peu capable de conjurer l’orage qui menaçait le trône. Des Mémoires ont été publiés sous son nom par Sallé, son secrétaire, 1790-92, 4 vol. in-8.

MAURES, Mauri, Mauritani. Ce nom, que l’on dérive du mot Maghreb, pays occidental, était restreint chez les anciens aux habitants de la Mauritanie occid., à l’O. du Muluchas ; il fut ensuite étendu aux habitants de cette portion de la Numidie qui forma depuis les Mauritanies césarienne et sitifine. Il est appliqué de nos jours à une forte partie des indigènes de l’Algérie, du Maroc, du Bilédulgérid, de l’État de Sidy-Hescham et du Sahara. Ils sont sédentaires ; la plupart habitent les villes, surtout celles du littoral ; l’organisation en tribus est moins marquée chez eux que chez les Arabes et les Kabyles. Ils sont en général très-forts et de complexion sèche ; ils ont de beaux yeux et de belles dents ; ils ont la peau plus blanche que les Arabes, le visage plus plein, le nez moins aigu, le profil moins anguleux, tous les traits de la physionomie moins prononcés. Ils se livrent au commerce et à l’industrie et possèdent des biens de campagne. Ils professent le Mahométisme.

Dans l’histoire d’Espagne il ne faut pas confondre les Arabes et les Maures : la période de la conquête de l’Espagne et du califat de Cordoue est arabe ; celle des Almoravides et des Almohades est maure. Les Maures furent bannis d’Espagne en 1609.

MAUREVEL, assassin aposté par le duc de Guise, tira un coup d’arquebuse sur Coligny le 20 août 1572, quelques jours avant la St-Barthélemy.

MAURIAC, ch.-l. d’arr. (Cantal), à 36 k. N. O. d’Aurillac, sur l’Auze, au pied d’une colline volcanique ; 3420 hab. Trib. de 1re inst., collége (cet établissement, fondé par Duprat, appartenait autrefois aux Jésuites) ; église Notre-Dame des Miracles, du XIIIe siècle. Commerce de chevaux, mulets, bestiaux ; étoffes de laine, cuirs, cire jaune, fromages. Près de la ville est une antique chapelle de S. Mary ou S. Marius, apôtre de la Hte-Auvergne.

MAURICE (S.), chef de la légion thébéenne (c.-à-d. levée en Thébaïde), composée de chrétiens, subit le martyre avec ses compagnons, pour avoir refusé d’obéir à l’empereur Maximien qui leur ordonnait de sacrifier aux faux dieux. Cet événement, qu’on place en 286 ou 303, eut lieu entre Agaunum (St-Maurice) et Octodurus (Martigny), dans le Valais actuel. On fête S. Maurice et ses compagnons le 22 sept. Sigismond, roi de Bourgogne, fit bâtir au VIe s., sur le lieu où leurs corps avaient été miraculeusement retrouvés, une abbaye devenue célèbre (V. ST-MAURICE). — En 1434, Amédée VIII, duc de Savoie, créa sous le nom d’Ordre de S.-Maurice un ordre militaire, qui fut en 1572 renouvelé par le duc Emm. Philibert et réuni à celui de St-Lazare. Cet ordre a été réorganisé en 1816 et conféré dès lors aux services civils aussi bien que militaires. Il a pour insignes une croix blanche à 4 branches, surmontée d’une couronne, et croisée d’une croix verte, qui est celle de St-Lazare ; le ruban est vert.

La Lance de S. Maurice était le symbole de la puissance souveraine dans le royaume d’Arles.

MAURICE, Mauritius Tiberius, empereur d’Orient, né en 539 à Arabissus en Cappadoce, était gendre de Tibère II et fut proclamé en 582. Il rétablit Chosroès II, roi de Perse, expulsé par ses sujets ; secourut l’Italie contre les Lombards, mais eut lui-même à se défendre contre les attaques et les perfidies du roi des Avares. Phocas se révolta contre lui, le prit et le fit tuer avec ses six fils, 602. On a de cet empereur 12 livres sur l’Art militaire, publ. avec trad. lat. par J. Scheffer, Upsal, 1664 (avec Arrien).

MAURICE DE NASSAU, de SAXE, etc. V. NASSAU, SAXE.

MAURICE (île) ou ÎLE-DE-FRANCE, grande île de l’Océan indien, l’une des Mascareignes, au S. E. de l’Afrique, par 54° 56'-55° 26' long. E., 19° 58'-20° 31′ lat. S. ; 60 kil. sur 35 ; 160 000 hab. ; ch.-l. Port-Louis. Côtes sinueuses, baies, anses, deux ports. Pays montagneux, autrefois volcanique, traversé par 4 chaînes de montagnes, dont la plus élevée, le Piton des Neiges, a 3150m ; nombreuses rivières, mais peu considérables. Au N. E. est le quartier des Pamplemousses, célébré par Bernardin de St-Pierre. Climat sain ; grands ouragans ; terrain sec, mais fertile ; denrées tropicales ; épaisses forêts, qui ont été en partie détruites : on y trouve une grande quantité de singes. Vastes savanes, où l’on engraisse des bestiaux. On exporte du sucre, du rhum, du café, et des bois estimés (bois de fer, bois de natte, benjoin, mangliers, palmiers, etc.). P. Poivre y introduisit au XVIIIe siècle la culture des épices des Moluques (cannelle, muscade, girofle, etc.). — L’île fut découverte en 1505, par le Portugais P. Mascarenhas, qui la nomma Cerno ; en 1598, elle fut occupée pour la Hollande par Van Neck, qui la nomma Mauritius en l’honneur de Maurice, prince d’Orange ; mais elle fut abandonnée en 1712. Les Français la possédèrent de 1713 à 1810 et lui donnèrent le nom d’Île-de-France. Elle fut prise en 1810, après une glorieuse résistance, par les Anglais, qui l’ont gardée depuis. Néanmoins l’usage officiel de la langue française y a été maintenu jusqu’en 1847, et il domine encore dans la majorité de la population.

MAURIENNE (Vallée de), en italien Moriana, en latin Garocelia vallis et Maurianæ comitatus, anc. prov. des États sardes, auj. à la France, entre les provinces de Savoie supérieure et de Tarentaise au N., la division de Turin au S., et la Savoie propre à l’O. ; 90 k. sur 26 ; ch.-l., St-Jean de Maurienne. C’est une vallée encaissée entre les Alpes Cottiennes et les Alpes Grecques, arrosée par l’Arc et ses affluents. On y trouve beaucoup de goitreux. — Ce pays a porté depuis le XIe s. le titre de comté : il est regardé comme le premier héritage des comtes de Savoie. Il a été cédé à la France en 1860 et fait partie du dép. de Savoie.

MAURITANIE, Mauretania et Mauritania (auj. roy. de Fez dans le Maroc et partie O. de l’Algérie), contrée de l’Afrique ancienne, au N. O., entre la Numidie à l’E., l’Atlantique à l’O., la Méditerranée au N. ; ses limites au S. étaient vagues ; à l’E. elles varièrent souvent : jusqu’en 108 av. J.-C., la Mauritanie s’arrêta au Mutuchas (Molokath) ; depuis cette époque, elle alla jusqu’à l’Ampsagas (Oued-el-Kébir). De là deux Mauritanies, l’une Orientale, l’autre Occidentale, séparées par le Muluchas. — Sous Claude, quand la Mauritanie eut été réduite en province romaine, la 1re fut dite Mauritanie Césarienne, la 2e Mauritanie Tingitane ; enfin, la M. Césarienne fut subdivisée en Césarienne propre et Sitifine. Les ch.-lx de ces trois Mauritanies étaient Césarée, Sitifi, Tingis. Malgré sa fertilité et sa belle position, ce pays n’était pas riche et était peu civilisé ; les côtes seules offraient bon nombre de villes ; à l’intérieur habitaient des tribus féroces et qui n’étaient soumises qu’imparfaitement. — La Mauritanie fut gouvernée par des rois dès les temps les plus anciens, mais son histoire n’existe que depuis la guerre de Jugurtha. La trahison de Bocchus, qui livra aux Romains son gendre Jugurtha, fut récompensée par le don de la Numidie occidentale (du Muluchas à l’Ampsagas), laquelle devint plus tard la Mauritanie orientale. L’an 30 av. J.-C., Auguste créa pour Juba II, fils de Juba I (anc. roi de Numidie, dont les États avaient été réduits en prov. romaine), un nouveau royaume composé des deux Mauritanies et de la Gétulie. Juba y régna 63 ans (de 30 av. J.-C. à 23 après) et eut pour successeurs des princes indigènes qui y régnèrent jusqu’en 42 après J.-C., époque à laquelle Suetonius Paulinus en fit la conquête.

MAURO (Fra), religieux camaldule du XVe siècle, habile cosmographe, exécuta, de 1457 à 1459, une belle mappemonde qu’on voit encore aujourd’hui dans un monastère de Venise, et dont Zurla, autre religieux camaldule, publia une description en 1806.

MAUROCORDATO. V. MAVROCORDATO.

MAUROLICO (Franç.), géomètre italien, né en 1494 à Messine, d’une famille grecque originaire de Constanttnople, m. en 1575, a édité, traduit en latin et commenté plusieurs ouvrages d’Archimède, d’Euclide, d’Apollonius, de Théodose, de Ménélaüs, et a composé des traités originaux sur la Cosmographie, l’Optique, la Mécanique et la Gnomonique.

MAURON, ch.-l. de c. (Morbihan), à 21 kil. N. E. de Ploërmel ; 4101 hab.

MAURS, ch.-l. de c. (Cantal), à 46 kil. S. O. d’Aurillac ; 1500 hab. Porcs ; jambons renommés.

MAURY (Jean SIFFREIN), cardinal, né en 1746 à Vauréas, dans le comtat Venaissin, était fils d’un cordonnier. Après avoir étudié à Avignon, il vint de bonne heure à Paris comme précepteur, obtint une mention de l’Académie française pour un Éloge de Fénelon (1772), prêcha avec succès dans quelques églises de la capitale, fut choisi pour prononcer le Panégyrique de S. Louis devant l’Académie et celui de S. Augustin devant l’assemblée du clergé, entra à l’Académie en 1784, et fut élu en 1789 député du clergé aux États généraux. Il porta la parole dans toutes les grandes questions, qu’il s’agît d’administration ou de finances aussi bien que d’affaires ecclésiastiques, et défendit constamment l’Église, le clergé et la royauté ; il protesta contre les décrets qui constituaient prisonniers le roi et la famille royale après leur fuite de Paris, et lutta quelquefois avec avantage contre Mirabeau. Après la clôture de la session de l’Assemblée constituante, il quitta la France et se retira en Italie. Il fut nommé par le pape Pie VI évêque de Montefiascone et cardinal, et choisi par Monsieur, comte de Provence (Louis XVIII) pour être son ambassadeur près du St-Siége (1799). Cependant en 1804 il demanda et obtint la permission de rentrer en France, et, depuis cette époque, il parut dévoué à l’Empereur. En 1810, il fut nommé par lui archevêque de Paris, et il conserva cette dignité, malgré la défense du pape, jusqu’en 1814. Il fut alors contraint de quitter l’archevêché, et retourna en Italie, où il tomba dans une complète disgrâce : le pape le retint plusieurs mois en prison au Château-St-Ange. Il mourut à Rome dans la retraite en 1817. L’abbé Maury était un orateur abondant et quelquefois sublime, quoique un peu emphatique, un habile logicien, un écrivain correct ; mais il était loin d’avoir l’énergie et l’éloquence de Mirabeau ; il avait une admirable présence d’esprit : dans la Révolution, il sauva plusieurs fois sa vie par d’heureuses saillies. Comme prêtre, il passait pour avoir des mœurs peu édifiantes. Son principal titre littéraire, avec ses Discours politiques, est un Essai sur l’Éloquence de la chaire, qui parut pour la première fois en 1777, ouvrage bien composé, bien écrit et d’un véritable intérêt. On admire aussi son Panégyrique de S. Vincent de Paul (1785). Ses Œuvres choisies ont été publiées à Paris en 1827, 5 vol. in-8. Son neveu a publié sa Vie. Poujoulat a fait paraître en 1855 Le cardinal Maury, sa Vie et ses Œuvres.

MAUSOLE, roi de Carie, époux de la célèbre Artémise, régna de 377 à 353 av. J.-C. Il est connu par son opulence et par le magnifique tombeau que lui fit élever son épouse à Halicarnasse. Ce tombeau fut mis au nombre des sept merveilles du monde, et depuis on donna le nom de Mausolée aux monuments de cette espèce. On a retrouvé en 1855 des restes de cet édifice : ils ont été transportés au British Museum. - Parmi les autres mausolées antiques, on connaît surtout celui de Cæcilia Metella, qu’on voit encore sur la Voie Appienne, à 24 k. de Rome ; celui d’Auguste, élevé par lui-même à Rome en 28 av. J.-C. à l’extrémité du champ de Mars, dont il reste quelques vestiges ; et celui d’Adrien, en face du pont Ælius, dont il reste une tour qui forme auj. le Château-St-Ange.

MAUTERN, vge d’Autriche, sur la r. dr. du Danube, à 60 kil. N. O. de Vienne ; 700 hab. Matthias Corvin, roi de Hongrie, y battit les Autrichiens en 1484.

MAUVAISE (Archipel de la Mer), dit aussi Archipel Dangereux ou Pomotou, groupe d’îles du Grand Océan équinoxial, au S. des Marquises et à l’E. de Taïti, entre 14° et 23° lat. S., 152° et 140° long. O. Elles sont basses, petites et peu peuplées. Les habitants ressemblent à ceux des îles Taïti, mais sont moins doux et moins civilisés. Ces îles sont placées depuis 1859 sous le protectorat français.

MAUVESIN, ch.-l. de c. (Gers), à 34 kil S. E. de Lectoure ; 1800 hab. Église calviniste. Jadis ch.-l. de la vicomte de Fezensaguet dans le Bas-Armagnac.

MAUVILLON (Éléazar), historien, né en 1712 à Tarascon, m. en 1779, était protestant. Il quitta la France pour se fixer en Allemagne et fut longtemps professeur de français au Carolinum de Brunswick. On a de lui des Hist. du prince Eugène de Savoie, — de Frédéric Guillaume I, roi de Prusse, — de Pierre le Grand, — de Gustave-Adolphe, — d’Ivan III ; des romans et des Lettres. - Son fils, Jacob M., né à Leipsick en 1743, m. en 1794, prit du service à la cour de Hesse, professa les sciences militaires à Cassel, puis à Brunswick, et publia de nombreux écrits, la plupart en allemand, sur l’art militaire, l’économie politique et la littérature. Il était lié avec Mirabeau et eut avec lui de 1786 à 1789 une Correspondance qui a été publiée à Brunswick en 1792.

MAUZÉ, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), sur le Mignon, à 22 kil. S. O. de Niort ; 1800 hab. Station. Commerce actif en vins, eaux-de-vie ; baudets estimés.

MAVROCORDATO, famille de Fanariotes, originaire de Scio, a fourni à la Grèce plusieurs personnages distingués : Alexandre, né en 1636, médecin et interprète du Grand Seigneur, qui fut chargé par la Porte de diverses négociations en Autriche et fit conclure la paix de Carlowitz (I699) ; il fut anobli ; - Nicolas, fils d’Alexandre, d’abord interprète de la Porte, qui devint en 1707 hospodar de Moldavie, puis de Valachie ; - Constantin, frère de Nicolas, hospodar de Valachie en 1735 : il abolit l’esclavage et donna à la Valachie des lois et d’utiles institutions ; après avoir été plusieurs fois déposé et réintégré il fut définitivement disgracié en 1763, et sa famille eut depuis à subir toutes sortes de persécutions ; — le prince Alexandre, né en 1791, mort en 1858, l’un des chefs les plus actifs et les plus éclairés de l’insurrection grecque de 1821. Président du conseil administratif en 1823, il se retira devant l’influence de Capo-d’Istria et des Russes ; mais il rentra depuis aux affaires et fut plusieurs fois encore président du conseil, MAVROMICHALI (Pierre), connu aussi sous le nom de Pétro-Bey, né en 1775, m. en 1848, était chef politique du Magne dans la Morée lorsqu'éclata l'insurrection grecque. Il eut la plus grande part à la guerre d'indépendance, prit Tripolitza, chassa les Turcs de presque toute la Morée, et fut, après le succès de l'insurrection, élu membre du gouvernement provisoire ; mais il ne put s'entendre avec Capo-d'Istria, nommé président (1828). Celui-ci l'ayant fait jeter en prison, son frère Constantin et son fils Georges le vengèrent en assassinant le président à Nauplie (1831). Relâché après ce meurtre, il fut remis en possession de ses honneurs. Il reçut du roi Othon les titres de général et de sénateur, avec une récompense nationale.

MAWARANNAHAR. V. TRANSOXIANE.

MAXENCE, Maxentius, fils de Maximien-Hercule, prit le titre d'auguste en Italie à la mort de Constance-Chlore (306), engagea son père, qui avait abdiqué, à reprendre la pourpre, assiégea Sévère dans Ravenne et le fit mourir, combattit et repoussa Galerius, mais se brouilla avec son père et le força à fuir dans les Gaules (307). Il porta ensuite la guerre dans l'Afrique, dont le gouverneur s'était révolté, et la mit à feu et à sang. De retour à Rome, il se rendit odieux par sa cruauté et sa tyrannie et persécuta cruellement les Chrétiens. Constantin marcha contre lui et le vainquit sous les murs de Rome (312) : Maxence se noya dans sa fuite, le pont Milvius s'étant écroulé sous lui.

MAXIMA CÆSARIENSIS, MAXIMA SEQUANORUM. V. CÉSARIENNE (GRANDE), SÉQUANAISE (GRANDE).

MAXIME PUPIEN, Claudius Pupienus Maximus, empereur romain, était général et préfet de Rome lorsque, après la mort des Gordiens, le Sénat l'éleva à l'empire, avec Balbin, en 237, pour l'opposer à Maximin. Celui-ci étant mort peu après, les deux empereurs régnèrent en paix pendant quelques mois; mais, ayant voulu rétablir la discipline, ils furent massacrés par les gardes prétoriennes.

MAXIME, Magnus Maximus, tyran des Gaules, avait d'abord servi sous Théodose et s'était distingué en Bretagne. Il se fit proclamer empereur en 383, s'empara de la personne de Gratien qui régnait sur l'Occident, et établit à Trêves le siége de son empire. Déjà reconnu de la Gaule, de l'Espagne et de la Grande-Bretagne, il allait s'emparer de l'Italie, lorsque Théodose marcha contre lui, le battit en Pannonie, puis l'assiégea dans Aquilée (388). Il fut livré au vainqueur par ses propres soldats et massacré.

MAXIME (PÉTRONE-), Petronius Maximus, empereur d'Occident, renversa du trône en 455 Valentinien III, qui avait insulté sa femme, et contraignit la veuve de ce prince, Eudoxie, à l'accepter pour époux. Celle-ci, pour se venger, appela en Italie Genséric, roi des Vandales, et lui livra Rome. Maxime ne songea qu'à fuir, et le peuple indigné le lapida (455).

MAXIME DE TYR, philosophe platonicien du IIe siècle, né à Tyr, parcourut l'Arabie, la Phrygie, vint à Rome, sous Commode, et termina sa vie en Grèce. On a cru à tort qu'il avait été un des instituteurs de Marc-Aurèle. On a de lui 41 Dissertations sur des questions de philosophie et de morale, écrites d'un style clair et agréable. Daniel Heinsius en a donné une édition estimée, avec traduction latine, Leyde, 1614; elles ont été rééditées depuis par Reiske, Leips., 1774, et dans la Bibl. grecque-lat. de Dulot, 1840. Combes-Dounous les a traduites en français, Paris, 1802.

MAXIME (S.), évêque de Turin au Ve siècle, prêcha avec succès dans la Lombardie, et assista au concile de Milan en 451. Il a laissé des homélies et autres écrits, imprimés à Rome en 1784, in-f. On le fête le 25 juin. — Un autre S. Maxime, m. vers 460, abbé de Lérins et évêque de Riez, est fêté le 27 nov. La cathédrale de Riez garde son corps. — Abbé de Constantinople, m. en 662, combattit les Monotlhélites, ce qui le fit exiler. On le fête le 13 août. Il a laissé quelques écrits, qui ont été publiés par Combéfis et reproduits dans la collection Migne.

MAXIMIANUS, poëte latin du Ve siècle, paraît être le véritable auteur de six élégies qu'on met vulgairement sous le nom de Gallus. Contemporain et ami de Boèce, il remplit quelques fonctions administratives, et fit partie d'une ambassade envoyée par Théodoric, roi des Goths, à l'empereur Anastase.

MAXIMIEN HERCULE, M. Aurelius Maximianus Hercules, empereur romain, né près de Sirmium, en Pannonie, vers 250, servit d'abord comme simple soldat, s'éleva successivement aux premiers grades, fut, en 286, associé à l'empire par Dioclétien, dont il était le compagnon d'armes, et chargé par lui du gouvernement de tout l'Occident (286-96) : il avait sous ses ordres le césar Constance, qui commandait dans la préfecture des Gaules. Maximien avait remporté dans les Gaules et dans l'Afrique plusieurs avantages; mais il éprouva quelques revers dans la Bretagne. L'an 305, il abdiqua à Milan, en même temps que Dioclétien; mais il ne le fit qu'à contrecœur, et il reprit bientôt la pourpre (306), avec le secours de son fils Maxence, qui lui-même venait de se faire proclamer auguste. Ayant voulu dans la suite (307) dépouiller ce fils, à qui il devait la couronne, ses troupes se révoltèrent contre lui; il fut obligé de se réfugier à Trêves, auprès de Constantin, qui avait épousé sa fille Fausta; mais bientôt, trahissant aussi son gendre, il voulut le faire assassiner, afin de régner à sa place (309) : le complot fut dénoncé par sa propre fille. Alors Maximien s'enfuit à Arles et essaya de soulever les Gaules : enfermé dans Marseille, il se vit réduit à s'étrangler (310). Ce prince avait été un des persécuteurs des Chrétiens.

MAXIMILIEN (S.), subit le martyre en Numidie (295), pour avoir refusé le service militaire. L'Église le fête le 13 mars.

MAXIMILIEN I, empereur d'Allemagne, fils de Frédéric III, né en 1459. Avant de monter sur le trône, il avait épousé en 1477 Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire et héritière de ses États : ce qui l'engagea dans une longue guerre avec Louis XI, roi de France, qui prétendait à la succession de Bourgogne. Il fut élu en 1486 roi des Romains et reconnu empereur à la mort de son père, en 1493. Il fit en 1495 la guerre à Charles VIII, et contribua à lui faire abandonner la conquête du royaume de Naples et d'Italie. Moins heureux contre les Suisses, il fut obligé en 1499 de signer le traité de Bâle qui reconnaissait leur indépendance. En 1508, il s'allia avec le roi de France Louis XII et avec le pape pour former la Ligue de Cambrai, contre les Vénitiens; mais il ne tarda pas à s'en retirer : il excita le roi d'Angleterre à faire la guerre à la France, servit lui-même comme volontaire dans l'armée de ce prince, et eut la plus grande part à la victoire de Guinegate (1513). Il s'opposa aussi à la conquête du Milanais par François I, délivra Brescia assiégée par les Français, et investit Milan (1516); mais il ne put s'emparer de cette ville, et fut peu après obligé de mettre bas les armes. Il mourut en 1519. Maximilien fit entrer dans sa famille, par d'habiles alliances, outre la riche succession de Bourgogne, les couronnes d'Espagne et de Bohême. Il avait marié son fils Philippe le Beau à Jeanne la Folle, infante d'Espagne. Il eut pour successeur son petit-fils Charles-Quint. Quoique de caractère bizarre et singulier, ce prince avait de grandes qualités : même au milieu des guerres il s'occupa activement de l'administration de ses États : il divisa l'Allemagne en 10 cercles, institua le tribunal de l'Empire et le Conseil aulique et fonda les universités de Vienne et d'Ingolstadt; il réprima les abus des tribunaux des francs-juges et créa une armée permanente sous les noms de Reîtres et de Lansquenets. Il a écrit sur l'art militaire, l'horticulture, l'architecture et a laissé quelques poésies. Hegewisch a donné une Hist. du règne de Maximilien, en allem., Hambourg. 1782. Le Glay a publié sa Correspondance avec Marguerite (sa fille) de 1507à 1519, Paris, 1839; d'autres Lettres de cet empereur ont été publiées par Gachard, Bruxelles, 1851. MAXIMILIEN II, fils de l'empereur Ferdinand I, né en 1527, m. en 1576, fut élu roi des Romains en 1558, et succéda à son père sur le trône impérial en 1564. Il fut en guerre avec Jean Sigismond. prince de Transylvanie, avec les sultans Soliman II et Sélim II, et finit par conclure une paix avantageuse avec les Turcs (1568). Lorsque le duc d'Anjou, roi de France sous le nom de Henri III, eut quitté le trône de Pologne pour celui de France, Maximilien fut appelé par un parti à lui succéder; mais Étienne Bathori lui ravit cette couronne. Maximilien était un prince sage et équitable, évitant la guerre autant qu'il le pouvait, cultivant et encourageant les sciences et les lettres. Il était fort tolérant, et même il inclinait, dit-on, vers le Protestantisme.

MAXIMILIEN I, dit le Grand, duc de Bavière, fils du duc Guillaume V, lui succéda en 1598, devint très-puissant sous l'empereur Matthias, et fut chef de la ligue catholique qui avait pour but de résister à l'Union de Hall, formée par les Protestants. En 1619, il refusa l'empire qu'on lui offrait. Il défendit Ferdinand contre son rival Frédéric V, électeur palatin, gagna sur ce dernier la bataille de la Maison-Blanche près de Prague (1620), et fut nommé électeur en 1623, à la place de Frédéric, déclaré déchu : mais il vit peu après ses États envahis par Gustave-Adolphe et par les Français, ses troupes n'eurent plus guères que des échecs à subir et son général, Tilly, fut tué. Néanmoins, il fut confirmé par le traité de Westphalie, 1648, dans le titre d'électeur et dans la possession du Ht-Palatinat. Il mourut en 1651, à 70 ans.

MAXIMILIEN II, EMMANUEL, électeur de Bavière, petit-fils du préc., né en 1662, m. en 1726, entra d'abord au service de l'Autriche, se signala au siége de Neuhausel en 1685, à celui de Bude (1686), à la bataille de Mohacz (1687), emporta Belgrade le 6 septembre 1688, et fut nommé en 1692 gouverneur des Pays-Bas pour l'Espagne. Ayant pris le parti de la France dans la guerre de la succession d'Espagne, il fut mis au ban de l'empire et privé de ses États (1706), mais il y fut rétabli à la paix. Il eut pour successeur son fils Charles Albert, plus tard empereur sous le nom de Charles VII.

MAXIMILIEN III, JOSEPH, électeur de Bavière, né en 1727, m. en 1777, était fils de l'empereur Charles VII. Après la mort de son père, 1740, il fit quelques efforts pour faire valoir ses prétentions à l'empire; mais il dut bientôt les abandonner, et signa la paix de 1745, qui lui rendit ses possessions de Bavière. Il se consacra dès lors à l'administration de son pays, et y apporta beaucoup de réformes. Avec lui s'éteignit la ligne cadette de la maison de Wittelsbach. Ses possessions passèrent à Charles Théodore, électeur palatin, de la maison Sulzbach.

MAXIMILIEN IV, JOSEPH, électeur, puis roi de Bavière, né en 1756, succéda en 1799 à son oncle Charles Théodore comme électeur. Il adhéra en 1805 à la Confédération du Rhin, s'attacha dès lors à la fortune de Napoléon, donna sa fille à Eugène de Beauharnais (1806), et vit la même année ériger son duché en royaume : il prit alors le nom de Maximilien I. Cependant, en 1813, il consentit à entrer dans la ligue formée contre la France : il dut à cette conduite de conserver son trône après la chute de Napoléon. Il introduisit dans l'administration une foule d'améliorations, protégea les sciences et les arts et donna en 1818 une constitution à la Bavière. Il m. en 1825, laissant le trône à son fils Louis.

MAXIMIN, C. Julius Verus Maximinus, empereur romain, né en Thrace, de parents goths, avait d'abord été pâtre. S'étant enrôlé dans la milice, il s'éleva par sou courage aux plus hauts grades, et se fit proclamer empereur en 235, à la mort d'Alexandre-Sévère. Il remporta des avantages sur les Germains, les Sarmates et les Daces, qui ravageaient l'empire; mais il se rendit odieux par sa férocité : il fit périr plusieurs milliers de personnes soupçonnées d'avoir conspiré contre lui, et persécuta cruellement les Chrétiens. Le sénat lui opposa en 237 les deux Gordiens; mais ils furent bientôt battus et mis à mort par ses généraux. On nomma alors deux nouveaux empereurs, Maxime Pupien et Balbin. A cette nouvelle, Maximin, transporté de fureur, quitta la Germanie, où il faisait la guerre, et marcha contra l'Italie. Mais, s'étant arrêté pour assiéger Aquilée, il fut assassiné dans cette ville, en 238, par ses propres soldats, honteux de servir un tel tyran. Maximin était d'une taille colossale (de 7 à 8 pieds romains), d'une voracité et d'une force extraordinaires : il mangeait en un jour 40 livres de viande et buvait 80 pintes de vin: il déracinait de gros arbres, terrassait à lui seul dix hommes, brisait d'un coup de pied la jambe d'un cheval et broyait des cailloux entre ses doigts.

MAXIMIN DAÏA, neveu de Galérius, était fils d'un berger de Thrace, et fut d'abord berger lui-même. Galérius le fit nommer césar par Dioclétien en 305, au moment où ce prince abdiquait; il fut proclamé auguste en 307. A la mort de Galérius (311), il partagea l'empire avec Constantin et Licinius; mais il ne tarda pas à se brouiller avec ses collègues et s'allia contre eux avec Maxence. Il fut défait par Licinius à Andrinople, et se vit réduit à fuir déguisé; peu après il s'empoisonna à Tarse (313). Fort adonné au vin, Maximin avait eu la sage précaution d'exiger qu'on n'exécutât que le lendemain les ordres qu'il donnerait dans l'ivresse.

MAXIMIN (S.), évêque de Trêves, élu vers 332, mort vers 350, donna asile à S. Athanase exilé. On le fête le 29 mai.

MAY (Thomas), écrivain anglais, né en 1695 à Mayfield (Sussex), m. en 1650, jouit d'abord de la faveur de Charles I, puis embrassa le parti du Parlement et devint secrétaire et historiographe de cette assemblée. On a de lui, entre autres ouvrages, l’Histoire du Parlement de 1640 à 1643, des tragédies, des traductions en vers des Géorgiques de Virgile et de la Pharsale de Lucain, et une continuation de la Pharsale jusqu'à la mort de César, rédigée d'abord en anglais, 1639, puis en latin, 1640.

MAYA, divinité indienne, paraît être la même que Sakti ou Parasakti, épouse de Brahm, et est mère de la Trimourti. Elle est la nature divinisée, la mère de tous les êtres, le principe fécondateur féminin et passif. Comme le monde n'est, dans les croyances des Hindous, qu'apparence et illusion, elle est encore la mère des illusions, ou l'Illusion personnifiée.

MAYEN (île JEAN-), île de l'Océan Glacial arctique, par 71° lat. N. et 12° 24' long. O., au N. E. de l'Islande et au S. O. du Spitzberg. Sol volcanique : le Beereberg, haut de 2085m, fit éruption en 1818; immenses amas de glaces sur les côtes.— Découverte en 1611 par Jean Mayen, navigateur hollandais; souvent visitée par les navires baleiniers.

MAYENCE, Mainz en allemand, Moguntiacum en latin, v. de la Hesse-Darmstadt, ch.-l. de la prov. de Hesse-Rhénane.sur la r. g. du Rhin, en face de l'embouch. du Mein, à 25 kil. S. O. de Francfort-sur-le-Mein, à 814 kil. N. E. de Paris par chemin de fer; 36 000 hab., dont 6000 protestants et 2500 Juifs. Évêché suffragant de Fribourg (autrefois archevêché); cour d'appel; trib, de 1re inst. et de commerce; cour d'assises. Mayence est une des trois grandes forteresses fédérales de l'Allemagne : les Prussiens et les Autrichiens y tiennent garnison avec les Hessois. La ville, qui s'étend sur le penchant de plusieurs collines, est formée de deux quartiers, celui du Rhin, et celui du N. O. (ce dernier élégant et spacieux) : grand pont de bateaux, communiquant avec Cassel (long de 600m); chemin de fer pour Aix-la-Chapelle, Cologne, Francfort, etc.; cathédrale gothique renommée dite le Dom, églises St-Ignace, St-Jacques, S]-Étienne; arsenal et hôtel de l'ordre Teutonique; belle place Parade, place de Gutenberg, où s'élève, depuis 1837, la statue en bronze de cet homme célèbre; restes d'antiquités. Gymnase, école des arts et métiers; bibliothèque, galerie de peinture, cabinet de monnaies et médailles, cabinet d'histoire naturelle, musée d'antiquités romaines, etc. Industrie : faïence, meubles, cartes à jouer, tissus de coton, imprimeries; perles fausses, instruments de musique et de précision; vins et jambons renommés. Grand commerce : érigée en port franc par Napoléon Ier en 1809, Mayence est le centre d'une navigation active sur le Rhin; on y fait des affaires considérables d'expédition et de transit. Aux environs, belle Chartreuse; maison de plaisance d'été, dite la Favorite. Patrie de Guttemberg. — Fondée par Drusus 13 ans av. J.-C., Moguntiacum fut une place importante sous les Romains et devint la métropole de la Germanie; détruite lors de l'invasion des barbares (406), elle fut rebâtie par les rois francs, et embellie par Charlemagne; elle avait été érigée en archevêché pour S. Boniface dès 751; elle eut dès le XVe siècle une université qui fut supprimée en 1802. Après avoir été ville libre et impériale pendant longtemps, elle fut soumise aux archevêques depuis 1462. Souvent assiégée : prise par les Suédois en 1631, par les Français en 1644, 1688 et en 1792; remise aux Prussiens en 1793 par capitulation après une belle défense (V. MERLIN); rendue à la France par la paix de Campo-Formio 1797, elle fut jusqu'en 1814 le ch.-l. du dép. de Mont-Tonnerre. Le congrès de Vienne la donna au grand-duc de Hesse-Darmstadt. Elle fut déclarée forteresse fédérale en 1825.

MAYENCE (Archevêché et Électorat de), un des États de l'anc. empire d'Allemagne, dans le cercle du Bas-Rhin, comprenait Mayence, Cassel, Aschaffenburg, Amorbach, Amonebourg, Bingen, Bischoffsheim, Diebourg, Fritzlar, Gernsheim, Hochst, Hochheim, Steinheim, Seligenstadt, Erfurt et son territoire, le Haut et Bas-Eichsfeld. Presque tous ces pays sont auj. à la Bavière; quelques-uns, y compris Mayence, sont à la Hesse ou au duché de Nassau. — L'archevêché de Mayence eut longtemps une grande importance qu'il dut surtout au souvenir de son fondateur, S. Boniface, l'apôtre des Saxons; à la chute de Henri le Lion, il s'agrandit en partageant les dépouilles du seigneur proscrit. La dignité archiépiscopale était donnée par le chapitre. L'archevêque était électeur; il avait le titre d'archichancelier de Germanie et tenait le premier rang parmi les sept électeurs : c'était lui qui couronnait les empereurs. Lors des interrègnes, il avait le vicariat de l'empire; il nommait le vice-chancelier pour le conseil aulique, et avait sa chancellerie particulière à la cour impériale. La province ecclésiastique embrassait jadis presque toute l'Allemagne; après avoir subi d'énormes réductions elle avait encore pour suffragants dans les derniers temps Worms, Spire, Strasbourg, Constance, Augsbourg, Coire, Wurtzbourg, Eichstædt, Paderborn, Hildesheim, Fulde. Le dernier archevêque de Mayence a été Ch. Théodore de Dalberg.

MAYENNE (la), Meduana, riv. de France, naît au village de Maine (Orne), près de St-Martin des Landes, arrose le dép. de la Mayenne, passe à Mayenne, Laval, Château-Gonthier, reçoit la Varenne, l'Ernée, la Sarthe grossie du Loir, prend alors le nom de Maine, et tombe dans la Loire à Bouche-Maine près des Ponts-de-Cé. Cours, 185 kil. dont 95 navigables.

MAYENNE (dép. de la), dép. situé entre ceux de la Manche et de l'Orne au N., d'Ille-et-Vilaine à l'O., de la Sarthe à l'E., de Maine-et-Loire au S.; 5181 kil. carrés; 375 000 hab.; ch.-l., Laval. Formé en partie du Maine et de l'Anjou. Montagneux et boisé, surtout au N.; beaucoup de Landes. Fer, marbre, pierres de taille, ardoises. Grains, lin, chanvre, fruits à cidre, peu de vin. Bestiaux, chevaux, porcs, moutons, abeilles. Toiles, linge de table, siamoises, mouchoirs, filatures de coton, blanchisseries, hauts fourneaux, feux d'affinerie. — Ce dép. a 3 arr. (Laval, Mayenne, Château-Gonthier), 27 cantons et 275 communes; il appartient à la 16e division militaire, dépend de la cour impér. d'Angers et forme l'évêché de Laval.

MAYENNE, Meduanum, ch.-l. d'arr. (Mayenne), à 28 kil. N. E. de Laval; 8373 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce; collége, séminaire. Rues étroites et tortueuses, maisons mal bâties. Hôtel de ville; anc. château des ducs de Mayenne, qui domine la ville. Fabriques de toiles, de calicots. Patrie du cardinal Chéverus. — Mayenne doit son origine à un château fort construit au VIIIe s. par Juhel, duc de Bretagne. Ce château fut pris par les Anglais en 1424. Mayenne fut érigée en marquisat pour Claude I, duc de Guise, puis en duché-pairie (1573) pour Charles de Lorraine, connu sous le nom de duc de Mayenne. Mazarin racheta ce duché et le donna en 1661 à Charles de La Meilleraie, qui avait épousé Hortense Mancini, sa nièce. Les Vendéens s'emparèrent de Mayenne en 1793.

MAYENNE (Ch. DE LORRAINE, duc de), 2e fils du duc François de Guise, né en 1554, m. en 1611, se distingua d'abord dans les guerres de religion, à Poitiers, au siége de La Rochelle, à Moncontour, et dans le Dauphiné, où il fut surnommé le Preneur de villes. A la nouvelle du meurtre de ses deux frères (le duc de Guise et le cardinal de Lorraine), il se déclara chef de la Ligue (1589), entra dans Paris, prit le titre de lieutenant général du royaume, et fit la guerre à Henri III, et au roi de Navarre (Henri IV); mais il fut battu par ce dernier à Arques et à Ivry. A la mort de Henri III, il proclama un fantôme de roi en la personne du cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X. Ce prince étant mort en 1590, il convoqua les États généraux à Paris, dans l'espoir sans doute de se faire élire, mais il ne put y réussir. Il finit par négocier avec Henri IV, fit sa paix en 1596 et fut nommé gouverneur de l'Île-de-France. D'une grande nonchalance, qu'augmentait encore son obésité, ce prince était hors d'état de lutter contre un adversaire aussi actif qu'Henri IV. On a de lui quelques Lettres, publiées par M. Loriquet, 1860. — Son fils, Henri, duc de Mayenne, grand chambellan, et gouverneur de la Guyenne, périt en 1621, au siége de Montauban, sans laisser de postérité.

MAYER (Tobie), astronome, né en 1723 à Marbach (Wurtemberg), m. en 1762, professa les mathématiques à l'Université de Gœttingue depuis 1750 et fut chargé de la direction de l'observatoire de cette ville. Il imagina des instruments utiles, réforma plusieurs erreurs dans la géométrie pratique, calcula les mouvements de la lune avec une admirable précision, et mérita, par ses Tables de la Lune, le grand prix décerné par le Bureau des longitudes de Londres (1755). Il perfectionna aussi la méthode de mesurer les triangles pour les opérations géodésiques et eut le premier l'idée de répéter les angles pour atténuer les erreurs de mesure. On doit à ce savant un catalogue de 998 étoiles zodiacales, dont plusieurs ont été observées jusqu'à 26 fois. Ses principaux ouvrages, outre ses Tables, sont : Traité des courbes pour la construction des problèmes de géométrie, en allemand, Augsbourg, 1735; Atlas mathématique, 1745.

MAYET, ch.-l. de c. (Sarthe), à 31 kil. S. E. de La Flèche; 3630 hab. Grosses étoffes de laine.

MAYET-DE-MONTAGNE (LE), ch.-l. de c. (Allier), à 22 kil. S. de la Palice; 1700 hab.

MAYEUL (S.). V. MAÏEUL.

MAYN, riv. d'Allemagne. V. MEIN.

MAYNARD (François), poëte et l'un des premiers membres de l'Académie française, né à Toulouse en 1582, m. en 1646, était président à Aurillac. Il fit longtemps dans ses vers la cour au cardinal de Richelieu, ainsi qu'à la reine Anne d'Autriche, mais ne put rien en obtenir, et se retira dans sa province. Il avait eu Malherbe pour maître et écrivait avec pureté, mais ses vers manquaient de force. Ses Œuvres, contenant des sonnets, des épigrammes, des odes, des chansons, ont été publiées à Paris en 1646, et ses Lettres en 1655. C'est dans l'épigramme qu'il réussissait le mieux. Il perfectionna la versification des stances : c'est lui qui établit en règle, dans les stances de 10 vers, la suspension après le 4e et le 7e vers, et, dans celles de 6, le repos du milieu. MAYNOOTH, v. d'Irlande (Leinster),dans le comté de Kildare, à 24 kil. O. N. O. de Dublin ; 2129 hab. Station du chemin de fer de l'Ouest. Collége royal de S. Patrick, fondé en 1775, subventionné par l'État depuis 1845 : c'est le premier séminaire catholique qui ait reçu cette faveur depuis l'introduction du Protestantisme en Angleterre.

MAYO (comté de), en Irlande (Connaught), entre ceux de Sligo et Roscommon à l'E., de Galway au S., l'Océan au N. et à l'O. : 102 kil. sur 50; 350 000 h. Ch.-l. Castlebar. Montagnes, pâturages, grains; beaucoup de marais, mines riches; agriculture arriérée.

MAYOMBA, v. de Guinée, capit. du royaume de Mayomba, à l'embouch. d'une riv. de même nom dans l'Océan Atlantique, par 1° 59' long. E., 3° 45' lat. N. Ivoire, cuivre, gomme. On y faisait jadis un grand commerce d'esclaves.

MAYOTTE, une des îles Comores, au S. E., par 42° 59' long. E., 12° 50' lat. S. : 50 kil. sur 32; env. 16 000 hab., Sacalaves et Arabes, la plupart mahométans. Bois de construction : takamaka blanc, bois d'ébène, bois de natte. La canne à sucre et le café y viennent bien. Belle rade. — Cette île fut cédée à la France en 1843.

MAYPU, plaine du Chili, sur les bords d'un fleuve de même nom, à 70 kil. S. O. de Santiago. San-Martin, chef des indépendants, y battit les troupes royales espagnoles le 15 avril 1818.

MAZACA, v. de Cappadoce. V. CÉSARÉE.

MAZAFRAN, Savus, riv. de l'Algérie (prov. d'Alger), affluent de la Chiffa. V. CHIFFA.

MAZAGAN, v. et port de Maroc, à 225 kil. N. O. de Maroc, sur l'Atlantique, près de l'embouch. de la Morbéa; 7000 h. — Bâtie en 1500 par les Portugais, qui la nommèrent Castroreale; prise par les Marocains en 1769.

MAZAGRAN, vge fortifié de l'Algérie (prov. d'Oran), à 12 kil. E. de Mostaganem et à 88 kil. N. E. d'Oran, est célèbre par la valeur avec laquelle 123 Français, commandés par le capitaine Lelièvre, s'y défendirent contre 12 000 Arabes, du 2 au 6 fév. 1840.

MAZAMET, ch.-l. de c. (Tarn), sur l'Amette, à 18 k. S. E. de Castres; 8151 h. Belle halle. Fabr. de draps.

MAZANDÉRAN, l’Hyrcanie des anciens, province septentr. de la Perse, s'étend le long de la mer Caspienne, au N. de l'Irak-Adjémi et à l'E. du Ghilan : 350 k. sur 100; 700 000 h.; capit., Sari; autres villes, Asterabad (jadis capitale), Balfrouch, Aschraf, etc. Contrée très-montueuse; neiges perpétuelles sur quelques sommets; climat chaud et humide dans les plaines. Les habitants sont grands, forts, très-braves, mais peu hospitaliers. Sol fertile, bétail, côtes poissonneuses. Dans les guerres que se livrèrent les Turcs Gaznévides et Seldjoucides pour la possession de la Perse, ce pays fut le théâtre de fréquents combats.

MAZANILLLO. V. MASANIELLO.

MAZARIN (Jules), cardinal, ministre de France, né en 1602 à Pescina dans l'Abruzze, de parents nobles, selon les uns, d'une modeste famille de marchands selon les autres, suivit d'abord la carrière militaire, servit dans l'armée papale en Valteline comme capitaine (1625), puis fut employé comme diplomate par la cour de Rome, et ménagea la paix de Cherasco entre la Savoie, la France et l'Espagne (1631). Il embrassa l'état ecclésiastique en 1632, obtint une charge de référendaire dans la chancellerie papale, fut nommé vice-légat d'Avignon en 1634, et, peu de temps après, légat extraordinaire du St-Siége à Paris. Richelieu, qui l'avait remarqué, le chargea de plusieurs missions difficiles, après l'avoir fait naturaliser Français (1639); il le fit nommer cardinal en 1641, et le recommanda en mourant à Louis XIII, 1642. Il hérita en effet de tout son pouvoir. Louis XIII, par son testament, le nomma membre du conseil de régence, dont la présidence était confiée à la reine mère Anne d'Autriche (1643); la reine elle-même l'investit d'un pouvoir absolu, avec le titre de premier ministre. Les premières années de son ministère furent signalées par les victoires des Français sur les Espagnols à Rocroy (1643), à Nordlingue (1645), à Lens (1648), victoires qui amenèrent la paix de Westphalie. Mais en cette dernière année éclata la guerre civile de la Fronde, pendant laquelle la cour, dirigée par Mazarin, eut à lutter à la fois contre les grands du royaume mécontents, et contre les ennemis du dehors; une foule de pamphlets et de satires, connus sous le nom de Mazarinades, furent à cette époque dirigés contre lui. Mazarin se vit deux fois obligé de céder à l'orage, et de quitter la France; mais enfin, tant par adresse que par force, il sortit vainqueur de la lutte, 1653 (V. FRONDE). En 1659, il conclut la paix des Pyrénées, qui mettait un terme aux guerres de la France et de l'Espagne et préparait la grandeur de Louis XIV. Il mourut deux ans après. Mazarin n'eut point sans doute le vaste génie et l'énergie de Richelieu : mais il y suppléa par la ruse, la souplesse et l'habileté diplomatique. Quoique né étranger, il défendit toujours les intérêts de sa patrie adoptive et put dire que, si son langage n'était pas français, son cœur l'était. Ce ministre protégea les lettres et les arts; on lui doit la bibliothèque publique qui porte son nom, le collége des Quatre-Nations, l'académie de peinture et de sculpture, l'introduction de l'opéra italien; maison lui reproche d'avoir négligé le commerce, la marine et les finances. Il amassa une fortune colossale qu'il laissa à ses nièces (V. MANCINI). Des lettres écrites par Mazarin pendant la négociation du traité des Pyrénées ont été publiées à Amsterdam en 1693, sous le titre de Négociations sécrètes des Pyrénées, 2 v. in-12, et réimprimées en 1745, avec 50 autres lettres. On a impr. en 1836 ses Lettres à la reine Anne; M. Tamizey de Larroque a publié en 1861 des Lettres de Mazarin relatives à la Fronde. M. Chéruel prépare pour les Documents inédits de l'Histoire de France une collection complète de ses Lettres. V. l’Hist. de Mazarin par Aubery, 1688, et par Bazin, 1842, et la Jeunesse de Mazarin, par V. Cousin, 1865.

Mazarin avait eu un frère, Michel Mazarin, qui devint aussi cardinal, 1647, et deux sœurs, dont l'une, mariée à Laurent Mancini, baron romain, fut mère de 5 filles, qui ont eu de la célébrité. V. MANCINI.

MAZATLAN, v. et port du Mexique (Sonora et Cinaloa),à l'embouch. du Mazatlan dans l'Océan Pacifique, à 300 k. S. de Cinaloa; 3000 hab. Consuls.

MAZDÉISME, culte d'ORMUZD. V. ORMUZD.

MAZEPPA, hetman ou prince des Cosaques, né en Podolie vers 1640, d'une famille noble, mais pauvre, était au service d'un seigneur polonais, lorsque celui-ci découvrit entre sa femme et lui une intrigue amoureuse. Selon une tradition accréditée, il le fit lier tout nu sur le dos d'un cheval sauvage, et l'abandonna à la course de cet animal, qui, élevé dans l'Ukraine, le porta jusque dans cette contrée. Là, Mazeppa fut recueilli par quelques paysans, dont les soins le rappelèrent à la vie. Il se fixa parmi eux, se fit remarquer par son énergie et ses talents, devint secrétaire de l'hetman des Cosaques, et après sa mort fut élu à sa place, 1687. Dans ce poste, Mazeppa sut se concilier l'affection du czar Pierre I, qui le nomma prince de l'Ukraine; mais, voulant se rendre indépendant, il trahit le czar à l'époque de ses guerres avec Charles XII, et combattit pour celui-ci à Pultawa. Après la défaite du roi de Suède, il se réfugia en Valachie, puis à Bender, où il mourut en 1709. Mazeppa est le héros d'un des poëmes de lord Byron.

MAZÈRES, petite v. de France (Ariége), à 16 k. N. de Pamiers; 3313 h. Anc. résidence des comtes de Foix. Possédée longtemps par les Huguenots : assiégée par les Catholiques en 1570, elle capitula.

MAZIÈRES, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 17 kil. S. O. de Parthenay; 300 hab. Chevaux, mulets.

MAZOIS (Franç.), architecte, fils d'un négociant de Lorient, né en 1783, mort à Paris en 1826, étudia sous Percier, se perfectionna eh Italie, fut chargé par Murat, des embellissements de Naples, explora avec le plus grand soin les ruines de Pompéies et de Pæstum, revint en France en 1819, fut nommé inspecteur des bâtiments et membredu conseil des bâtiments civils, et chargé de restaurer l'archevêché de Reims pour le sacre de Charles X. On a de lui les Ruines de Pompéi, 4 vol. gr. in-fol-, ouvrage capital, avec un savant texte rédigé par lui-même, publié de 1813 à 1838 (achevé par M. Gau) ; le Palais de Scaurus à Rome (1819, 1 vol. in-8 avec planc.), ouvrage fictif, qui fait parfaitement connaître l'intérieur d'une maison romaine.

MAZOVIE, Masau en allemand, Massovia en latin, un des 12 palatinats de la Grande-Pologne et le plus grand de tous, se composait de 10 cantons, appelés du nom de leurs chefs-lieux, Varsovie, Czersk, Wyszograd, Zakroczyn, Ciechanow, Lomza, Wizka, Rozan, Nur et Liw. Très agrandie aujourd'hui, la Mazovie forme une des 8 vayvodies de la Pologne russe (au S. de celle d'Augustowo, au N. de celles de Sandomir et de Kalisz); Varsovie en est le ch.-l. Elle compte env. 800 000 hab. et se divise en 7 obvodies, Varsovie, Stanislawow, Lowicz, Rawa, Lenczy, Kutno et Wrotlawec. — La Mazovie a été de 1138 à 1529 un duché particulier, appartenant à une ligne de la maison royale des Piast, et le plus souvent vassal de la Pologne (de 1329 à 1370 il le fut de la Bohême). Cette ligne s'étant éteinte en 1529, Sigismond I, roi de Pologne, réunit la Mazovie à la couronne. Étienne Bathori l'érigea en palatinat, 1576.

MAZURE (F. A. J.), littérateur, né en 1776 à Paris, mort en 1828, fut attaché dès 1796 à l'école centrale de Niort, devint inspecteur de l'Académie d'Angers, puis inspecteur général des études, et censeur des journaux. Il a écrit une Vie de Voltaire, 1821, et une Hist. de la Révolution de 1688 en Angleterre, 1825.

MAZZARA, Masaris, v. de Sicile (Trapani), sur la côte S. O., à 44 kil. S. de Trapani; 8400 hab. Évêché. Bon port. Château fort. Vins, eau-de-vie, huile, soude, etc. — Cette ville était le ch.-l. du Val di Mazzara, la plus occidentale des trois anciennes prov. de la Sicile. Cette prov. en a depuis formé trois : Palerme, Trapani, Girgenti.

MAZZUCHELLI (Jean Marie, comte de), biographe, né à Brescia en 1707, mort en 1765, entreprit de rédiger par ordre alphabétique la vie de tous les écrivains de l'Italie depuis les temps les plus reculés : il en publia 6 volumes in-fol. (Gli scrittori d'Italia, Brescia, 1753-63); mais ne put l'achever. Ce recueil estimé ne contient malheureusement que les 2 premières lettres de l'alphabet. Mazzuchelli était : aussi un numismate distingué : il possédait un riche cabinet de médailles, dont le seul catalogue remplit 2 vol. in-fol., Venise, 1761-63.

MAZZUOLI (Franç.), dit le Parmesan, peintre italien, né à Parme en 1503, mort en 1540, se forma par l'étude des chefs-d'œuvre du Corrége, de Jules Romain, de Michel-Ange et de Raphaël; mais sut, en faisant des emprunts à ces grands maîtres, se créer un genre à part, dont le principal caractère est la grâce dans le dessin et la douceur dans le coloris. Parmi ses tableaux on distingue : la Circoncision et le Mariage de Ste Catherine, à Rome; S. Roch, à Bologne; Moïse, à Parme; la Vierge au long cou, à Florence; la Mort de Lucrèce, son chef d'œuvre, à Naples. Le Parmesan fut aussi un des plus habiles graveurs de son temps; il passe même pour l'inventeur de la gravure à l'eau forte; il est du moins le 1er qui ait employé ce procédé en Italie. Ce maître donna dans la folie de l'alchimie : il s'y ruina, ce qui le fit tomber dans la mélancolie et abrégea ses jours.

MÉACO ou MIACO, v. forte du Japon, la 2e de l'empire, dans l'île de Niphon, sur la côte S., à 300 kil. S. O. de Yédo ; 600 000 hab. Résidence du daïri ou mikado, souverain spirituel du Japon. La ville a 30 kil. de long sur 15 de large; citadelle; 600 temples en l'honneur de Bouddha et de Sinto. — Méaco est le centre de la littérature et des sciences de l'empire du Japon : grande bibliothèque, académie chargée de rédiger les annales du pays. Imprimeries, manufactures d'étoffes et de porcelaines, ouvrages de verreries et de placage. Grand commerce.

MEAD (Richard), médecin anglais, né près de Londres en 1673, mort en 1754, médecin de Georges II, vice-président de la Société royale, fut un des premiers à pratiquer l'inoculation de la petite vérole. On lui doit de savantes recherches sur les poisons et les maladies pestilentielles; il croyait à la contagion et recommandait un isolement absolu. Ses Œuvres ont été trad. en français, Paris, 1774.

MÉANDRE, auj. le Buiuk-Meinder, riv. de l'Asie-Mineure, naissait en Phrygie, coulait vers l'O., arrosait les villes d'Apamée, de Colosses, d'Antioche, de Pyrrha, de Milet, etc., et se perdait dans la mer Égée entre Héraclée et Priène, vis-à-vis de Samos, après un cours d'env. 270 kil. Ce fleuve est célèbre par les sinuosités de son cours et par la beauté des cygnes qui habitaient ses bords.

MEARNS, comté d'Écosse. V. KINCARDINE.

MEATH (EAST), c.-à-d. Meath oriental, comté d'Irlande (Leinster, sur la mer d'Irlande), entre ceux de Cavan au N., de Kildare au S., de Louth à l'E. et de West-Meath à l'O. et au S. O. ; 70 k. sur 58; 2450 kil. carr. ; 185 000 hab. ; ch.-l., Trim. Sol fertile, bons pâturages; fabriques de toiles.

MEATH (WEST-), c.-à-d. Meath occidental, comté d'Irlande (Leinster), borné au N. E. et à l'E. par le préc., au S. par le King's county, et à l'O. par les comtés de Roscommon et de Longford; 49 kil. sur 38 : 1500 kil. carr.; 180 000 hab.; ch.-l. Mullingar. Beaucoup de blé, qu'on exporte.

MEAUX, Meldi ou Jatinum, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Marne), sur la Marne et le chemin de fer de l'E., près du canal de l'Ourcq, à 56 kil. N. de Melun, à 44 kil. N. E. de Paris; 8688 hab. Évêché (fondé en 375 et illustré par Bossuet); église calviniste; collége, bibliothèque. Société d'agriculture, sciences et arts; soc. biblique protestante. Tissus de coton, etc. Belle cathédrale de St-Étienne, édifice gothique, commencé au XIIIe siècle et achevé au XVIe : on y voit le tombeau de Bossuet. Commerce de grains, farines, bestiaux et fromages de Brie; dessiccation de légumes. — Ville très-ancienne, jadis capitale des Meldi; sous les Romains, elle fit partie de la Gaule Belgique, puis de la Gaule Lyonnaise. Les Normands la brûlèrent au IXe siècle. Meaux était la capit. de la Brie; elle appartint dès le Xe siècle aux comtes de Champagne qui s'appelaient aussi comtes de Meaux; elle obtint une charte de commune dès 1179. Elle revint à la couronne sous Philippe le Bel, fut possédée par les Anglais de 1421 à 1438, fut reprise par le connétable de Richemont et réunie définitivement alors à la couronne. Meaux compta au commencement du XVIe siècle de nombreux protestants; mais l'hérésie y fut bientôt étouffée; cette ville entra même dans la Ligue en 1587. Toutefois elle fut des premières à se soumettre à Henri IV. Il fut signé à Meaux en 1229 un traité qui mit fin à la guerre des Albigeois en mariant une fille de Raymond VII, comte de Toulouse, avec un frère du roi Louis IX, et en ajoutant au domaine royal les comtés de Carcassonne, Béziers, Nîmes, Narbonne, Agde, Maguelone.

MÉCÈNE, C. Cilnius Mecænas, favori d'Auguste, né à Arretium, d'une famille issue des anciens Lucumons ou rois d'Étrurie. Il s'était lié avec Octave pendant qu'il étudiait en Grèce; il l'accompagna dans toutes ses guerres; lorsque Octave fut devenu empereur, il se contenta d'être son ami et refusa les honneurs publics. Cependant il fut souvent chargé de l'administration de l'empire en son absence. Mécène préférait la monarchie à la république, et il détermina Auguste à conserver le souverain pouvoir qu'il voulait abdiquer. Il ne se servit de son crédit que pour porter l'empereur à la clémence et pour favoriser les gens de lettres : Virgile, Horace, Varius, Properce étaient ses amis et ses protégés. Il mourut l'an 9 av. J.-C. Il avait épousé Terentia, femme d'une grande beauté, mais altière et infidèle, qu'il quitta et reprit plusieurs fois, ne pouvant vivre ni avec elle, ni sans elle. Mécène avait composé une Histoire naturelle, une Vie d'Auguste, deux tragédies et des poésies. Ses ouvrages sont perdus; on trouve seulement quelques fragments de ses poésies dans le Corpus Poetarum de Maittaire : son style était fort recherché. La Vie de Mécène a été écrite en latin par Meibom, 1653, en français par Richer, 1746. A. Lion a recueilli sous le titre de Mæcenatiana (Gœttingue, 1825 et 1846) tout ce qu'on sait de sa vie et de ses ouvrages. Un beau buste en marbre de Mécène a été trouvé ces dernières années dans les ruines de Carseoli, bourg du Latium.

MÉCHAIN (P. F. André), astronome, né à Laon en 1744, fut d'abord attaché au dépôt des cartes de la marine. Il découvrit plusieurs comètes, calcula leurs orbites, coopéra à la détermination de la différence en longitude des observations de Greenwich et de Paris, et mérita par là d'entrer à l'Académie des sciences. Il rédigea de 1785 à 1792 la Connaissance des temps, fut chargé en 1792 de mesurer l'espace contenu entre Barcelone et Rhodez et passa plusieurs années en Espagne pour ce travail, qu'il exécuta à travers mille obstacles. Il reconnut qu'il avait été commis dans la détermination de la position de Barcelone une petite erreur, qu'il eut tort de dissimuler. Il mourut de la fièvre jaune à Castelhon de la Plana en 1805.

MECHELIN, MECHLIN. V. MALINES.

MÉCHOACAN, État du Mexique , a pour bornes ceux de Guanaxuato au N., de Mexico au S., le Grand-Océan au S. O., l’État de Xalisco au N. O.; 448 kil. sur 195; 6760 kil. carr.; 500 000 hab.; ch.-l. Valladolid. Montagnes, volcans, entre autres le Jorullo. Climat tempéré, généralement sain. Les Indiens du Méchoacan sont les plus industrieux du Mexique : ils réussissent surtout dans la sculpture en bois.

MECKEL, famille de savants médecins et anatomistes, qui depuis plusieurs générations ont bien mérité de la science. Jean Fréd. Meckel, né à Wetzlær en 1714, mort en 1774, se fixa à Berlin et devint membre de l'Académie des sciences de cette ville. On lui doit des recherches sur les nerfs, les veines, les vaisseaux lymphatiques, et la création d'un beau muséum anatomique, que son fils et son petit-fils ont successivement agrandi. — Phil. Fréd. Meckel, fils de J. Fréd., né à Berlin en 1756, mort à Moscou en 1803, enseigna l'anatomie et la chirurgie à Halle, à Strasbourg; fut appelé en 1795 à St-Pétersbourg par Paul I et nommé médecin de l'impératrice et inspecteur des hôpitaux. On lui doit les Nouvelles archives de médecine pratique, Leips., 1789-95. — Jean Fréd. Meckel, le Jeune, fils de Philippe, né à Halle an 1781, mort en 1833, se distingua dès sa jeunesse par sa thèse inaugurale, De conditionibus cordis abnormibus; professa l'anatomie et la physiologie à Halle, et se voua surtout à l'étude de l'anatomie comparée. Il commença par traduire Cuvier (Leipsick, 1809-10); il donna quelques années après un Système d'anatomie comparée, en allemand, Halle,1821-23, ouvrage qui fit époque et qui fut traduit en français par Riester et Sanson, 1836. On lui doit encore : Manuel de l'anatomie de l'homme, Leipsick, 1812-18; Tabulæ anatomico-pathologicæ, 1817; Descriptio monstrorum, 1826. Il prétendait que le fœtus, en s'organisant, revêt successivement la forme des animaux d'espèces inférieures, s'élevant graduellement jusqu'à une forme plus parfaite, et il expliquait les monstruosités par un arrêt dans le développement normal.

MECKLEMBOURG (gr.-duchés de), nom de deux grands-duchés du nord de l'Empire allemand: l'un à l'O., de beaucoup le plus grand, le Mecklembourg-Schwérin; l'autre à l'E., le Mecklembourg-Strélitz. Tous deux ensemble forment une contrée bornée au N. par la Baltique, au S. par le duché de Lunebourg, à l'E. par la Poméranie et le Brandebourg, à l'O. par le duché de Lauenbourg, Lubeck, et la principauté d'Eutin : env. 14 070 kil. carr. — Le Mecklemhourg-Schwérin a 12 120 kil. carr.; 540 000 hab.; il a pour capitale Schwérin, bien que le grand-duc réside à Ludwigslust. Il sa décompose en cinq parties : 1° cercle de Mecklembourg (ch.-l. Schwérin); 2° cercle Wendique (ch.-l. Güstrow) ; 3° principauté de Scbwérin (ch.-l. Butzow) ; 4° seigneurie de Wismar (ch.-l. Wismar); 5° seigneurie de Rostock (ch.-l. Rostock). — Le Mecklembourg-Strélitz a 1950 kil. carr., et 100 000 hab. Il se compose de deux parties séparées, l'une de l'autre, la seigneurie de Stargard et la principauté de Ratzebourg; capitale, Neu-Strélitz. L'Université de Rostock et la cour d'appel de Parchim sont communes aux deux duchés. — Le Mecklembourg, quoique sablonneux en quelques endroits, est assez fertile. On y trouve un grand nombre de lacs. Il est traversé par le chemin de fer de Berlin à Hambourg. Ce pays produit des chevaux renommés, ainsi qu'un grand nombre de bœufs et de moutons, qui donnent lieu à un important commercé d'exportation. L'industrie se borne aux objets de première nécessité. La religion dominante est la luthérienne. Le gouvernement est en partie représentatif : une assemblée d'États a part à la création des lois et à la fixation de l'impôt. — Cette contrée fut primitivement habitée par les Hérules et les Wendes ou Vandales; peuples germains, auxquels succédèrent les Obotrites et les Wilzes, peuplades slaves,venues de l'Est. Au temps de l'empire d'Allemagne, elle formait une principauté comprise dans le cercle de Basse-Saxe. — La maison de Mecklembourg passe pour être la plus ancienne maison régnante de l'Europe. On en fait remonter la filiation jusqu'à l'an 320. Genséric, roi des Vandales émigrés au midi de l'Europe, était de cette famille; Frédobald, son frère, régna sur les Wendes qui restèrent près de la mer Baltique. Aribert, son descendant au 7e degré, ne reconnut la suprématie franque que sous Charlemagne; après sa mort, le royaume wende redevint indépendant. Henri le Lion, duc de Saxe, le détruisit en 1161, puis le rendit à Pribislav, qui devint son gendre et prit le nom de prince. Au XIVe siècle la principauté se partagea, mais Henri le Gros en réunit toutes les possessions en 1474. Nouvelle division en 1592 et formation de deux lignes : Mecklembourg-Schwérin et Mecklembourg-Güstrow. Celle-ci s'éteignit en 1695; mais l'autre se subdivisa en trois branches : Schwérin-Schwérin, Schwérin-Grabow et Schwérin-Strélitz; la 2e ayant disparu en 1692, les deux branches restantes, après un long débat, firent en 1701 un partage dont les effets subsistent encore. Les princes régnants étaient d'abord appelés ducs; le congrès de Vienne leur donna le titre de grands-ducs (1815). lis prennent encore auj. le titre de princes des Vandales.

MECKLEMBOURG, vge du grand-duché de Mecklembourg-Schwérin, à 8 kil. S. de Wismar; 500 hab. Jadis ville importante et capitale de tout le Mecklembourg au temps de Henri le Lion.

MECKLEMBOURG (Albert de), roi de Suède de 1383 à 1389. V. ALBERT.

MECKLEMBOURG (Adolphe Frédéric de), fils aîné de Jean, duc de Mecklembourg, lui succéda dans le duché de Schwérin en 1592, tandis que son frère, Jean Albert, reçut pour sa part le comté de Güstrow. Les deux frères, à l'exemple, des autres princes protestants de l'Allemagne, se déclarèrent pour Frédéric, électeur palatin, élevé au trône de Bohême; mais ils furent mis au ban de l'empire, et chassés de leurs États par Wallenstein. Ils venaient d'être rétablis par Gustave Adolphe, roi de Suède, quand la frère cadet mourut, ne laissant qu'un fils en bas âge, le duc Adolphe. Après avoir réclamé vainement la tutelle de son neveu, Adolphe Frédéric le fit enlever pour qu'on ne l’élevât pas dans l'a religion catholique. Il mit le plus grand ordre dans le comté de Güstrow, qu'il rendit à son pupille lors de sa majorité, et s'occupa de faire fleurir dans ses propres États l’agriculture et l’industrie, afin de réparer les calamités de la guerre de Trente ans. Il mourut en 1658, à 90 ans, laissant un fils, [[w:Christian-Louis Ier de Mecklembourg-Schwerin|Christian]], qui ne se fit remarquer que par sa bizarrerie et sa vie aventureuse.

MECQUE (la), Macoraba, v. d’Arabie, capit. du grand chérifat de la Mecque, à 46 kil. E. de la mer Rouge, par 37° 54′ long. E., 21° 28′ lat. N. La population, qui s’est élevée jadis à plus de 100 000 hab., était, au commencement de ce siècle, réduite à 18 000 ; elle est auj. d’env. 60 000. Rues belles et régulières, jolies maisons ; 3 citadelles ; célèbre mosquée dite Beith-Allah (la maison de Dieu), où se voit la Kaaba, maison carrée de 10m env. en tous sens, qui, d’après la tradition musulmane, fut construite miraculeusement (V. KAABA). — La Mecque, patrie de Mahomet et berceau des traditions musulmanes, est une cité sainte : tout fidèle musulman doit y faire un pèlerinage une fois en sa vie. Les infidèles ne peuvent approcher de cette ville qu’à une distance de 30 à 40 kil. La garde en est confiée au Grand-Seigneur.

MECQUE (grand chérifat de la), partie de l’Hedjaz, comprend ce que les Arabes nomment le Belad-el-Aram (pays sacré), et a pour capit. la Mecque ; autres villes, Médine, Akaba, Voukch. Cet État est gouverné par des chérifs, sous la souveraineté de la Turquie. — Conquis en 629 par Mahomet, ce pays fut, comme toute l’Arabie, perdu de bonne heure pour le califat et passa sous diverses dominations. Il obéit successivement aux Karmathes ou Ismaéliens occidentaux, aux Fatimites, et enfin aux Turcs, à partir de Soliman II (1523 ou 1524). Il fut conquis en 1803 par les Wahabites ; mais ceux-ci en furent chassés en 1818 par le pacha d’Égypte, qui en resta maître jusqu’en 1841, époque à laquelle le sultan en reprit possession. V. HEDJAZ.

MÉDARD (S.), né en 457 à Salency, près de Noyon (Picardie), mort en 545, devint évêque de Vermand en 530, puis de Noyon, et fut en même temps chargé d’administrer l’évêché de Tournay. Il jouit d’une grande considération auprès des rois Chilpéric I et Clotaire I. On lui attribue l’institution du couronnement de la rosière. Ses reliques furent transférées à Soissons, dans l’abbaye qui prit son nom. On le fête le 8 juin, avec S. Godard.

MÉDÉAH, Lamida, v. d’Algérie (prov. d’Alger), anc. capit. du beylik de Titterie, auj. ch.-l. de subdivision militaire, à 90 kil. S. O. d’Alger, près de Mouzaïa ; 8000 hab., dont 3000 Européens. Marché important pour les laines, les céréales et les bestiaux ; culture de l’oranger et de la vigne. Ruines romaines. — Prise par les Français dès 1830, Médéah ne fut occupée définitivement qu’en 1840. En 1854, elle a été érigée en une commune, dont font partie les colonies agricoles de Damiette et de Lodi, et l’exploitation industrielle de Mouzaïa-les-Mines.

MÉDÉE, célèbre magicienne, fille d’Æétès, roi de Colchide, et de la magicienne Hypsée, hérita de la science de sa mère. Lorsque Jason vint avec les Argonautes pour enlever la Toison-d’Or que possédait Æétès, elle conçut un vif amour pour le héros, lui fournit par son art les moyens de surmonter les obstacles qui s’opposaient au succès de son entreprise, et s’enfuit avec lui de la Colchide. Arrivée à Iolcos, patrie de Jason, elle rajeunit, par le pouvoir de son art, Éson, père de son époux ; et, pour se venger de Pélias, qui avait usurpé le trône d’Iolcos, elle persuada aux filles de ce prince de l’égorger, leur disant que c’était le moyen de le rajeunir aussi. Après ce crime, elle fut contrainte de quitter la ville, et se réfugia avec Jason à Corinthe. Là elle se vit abandonnée par Jason, qui épousa Glaucé ou Créuse, fille de Créon, roi de cette ville. Irritée de cette infidélité, Médée se vengea en faisant périr par le poison Glaucé avec Créon, son père, et en égorgeant les enfants qu’elle avait eus de Jason ; puis elle se réfugia à Athènes, portée à travers les airs sur un char attelé de deux dragons ailés. Elle épousa Égée, roi de la contrée, et en eut un fils nommé Médus. Voulant assurer le trône à ce fils, au préjudice de Thésée, fils d’Égée et d’Æthra, elle essaya d’empoisonner Thésée ; mais elle ne put accomplir ce nouveau crime et fut chassée d’Athènes. Elle retourna alors dans sa patrie, où, selon les uns, elle rétablit sur le trône Æétès, son père, qui en avait été renversé, et où, selon les autres, elle fit régner Jason, avec lequel elle s’était réconciliée. Médée a fourni des sujets de tragédies à Euripide, à Ovide, à Sénèque, chez les anciens ; à Corneille, Longepierre, Legouvé, etc., chez les modernes.

MÉDELLIN, Metellinum, bourg d’Espagne (Badajoz), près de la r. g. de la Guadiana, à 61 kil. E. de Badajoz ; 1800 hab. Pont sur la Guadiana ; ruines romaines. Patrie de Fernand Cortez. — Cette ville fut fondée par Q. Cécilius Métellus, d’où son nom. Le 28 mars 1809, 12 000 Français, commandés par le maréchal Victor, y battirent 36 000 Espagnols.

MÉDELLIN, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. d’Antioquia, à 225 kil. N. O. de Bogota ; 15 000 hab. Position élevée ; climat fort doux. Café estimé.

MEDELPAD, anc. division de la Suède, dans le Norrland, se partageait en Medelpad sept. (ch.-l., Sundwall) et M. mérid. (ch.-l., Touna) ; réuni à l’Angermanland, il forme auj. le gouvt de Westernorrland.

MÉDÉRIC (S.). V. MERRY.

MÈDES. V. MÉDIE, MÉDIQUES (Guerres), PERSE.

MÉDIATISÉS (États). V. MÉDIATISATION dans notre Dict. univ. des Sciences.

MÉDICIS, famille illustre de Florence, que quelques généalogistes font remonter jusqu’à Charlemagne, a pour véritable chef Évrard, gonfalonier ou chef de la république de Florence en 1314. En 1378, Sylvestre de Médicis, qui était aussi gonfalonier et qui exerçait une grande influence par ses richesses acquises dans le commerce, souleva le peuple contre la famille noble des Albizzi et éleva sa puissance sur leur ruine. Mais en 1381, il succomba à son tour, et fut relégué à Modène. Cependant les Médicis redevinrent bientôt puissants dans Florence, et ils reparurent à la tête des affaires en 1421 dans la personne de Jean de Médicis, nommé gonfalonier. Jean mourut en 1429, laissant deux fils, Cosme et Laurent, qui ont eu une postérité illustre. De Cosme sont descendus Laurent le Magnifique, les ducs de Nemours et d’Urbin, les papes Léon X et Clément VII, Catherine de Médicis, reine de France, et Alexandre, duc de Florence, en qui cette ligne finit en 1537. De Laurent sont descendus Lorenzino de Médicis, qui assassina Alexandre en 1537 ; Cosme I, grand-duc de Toscane, six autres grands-ducs, et la reine de France Marie de Médicis. Cette 2e branche s’éteignit en 1743, en la personne de la princesse palatine Anne, sœur de Jean Gaston de Médicis, dernier grand-duc

MÉDICIS (Cosme de), l’Ancien, le Père de la patrie, né en 1389 de Jean de Médicis, et mort en 1464, succéda à son père en 1429 dans la charge de gonfalonier, exerça dans Florence jusqu’à sa mort une autorité absolue, et ne s’en servit que pour la gloire de sa patrie. Il fit alliance avec François Sforze, les Vénitiens et le pape, fit fleurir le commerce et protégea les lettres et les arts ; il fit acheter en Grèce beaucoup de manuscrits précieux, fonda une académie pour l’enseignement de la philosophie platonicienne (V. FICIN), commença la bibliothèque connue depuis sous le nom de Laurentiana, et embellit Florence de plusieurs beaux monuments. Il fut surnommé le Père de la patrie pour avoir nourri le peuple pendant une famine.

MÉDICIS (Pierre I de), fils du précéd., né en 1414, lui succéda en 1464 dans l’administration de Florence. Il protégea comme lui les lettres et les arts, mais il ne fut point aussi habile politique ; il mécontenta beaucoup de citoyens en exigeant des sommes que son père avait prêtées et en alliant son fils Laurent à la famille noble des Orsini. En 1466, il se forma une conspiration contre lui ; il réussit à la déjouer, mais ses amis usèrent insolemment de la victoire. Cependant il allait rappeler les exilés lorsqu'il mourut, en 1469.

MÉDICIS (Laurent de), le Magnifique, né en 1448, m. en 1492, succéda à son père Pierre I, conjointement avec son frère Julien, 1469. Il assura bientôt son empire sur les cœurs par son éloquence entraînante, par la noblesse, la franchise de ses manières, et par sa générosité, qui lui valut son surnom. Il eut à surmonter de grandes difficultés : le pape Sixte IV, ennemi des Médicis, forma contre Florence, avec Ferdinand, roi de Naples, le comte d'Urbin et les Siennois, une ligue qui mit l’État en péril; en même temps les puissante familles des Pazzi et des Salviati formaient un complot contre la vie même des Médicis : Julien fut assassiné par les Pazzi, et Laurent blessé (1478); enfin l'armée florentine avait été défaite à Poggibonzi; mais en 1480 une invasion imprévue des Turcs en Italie fit conclure la paix, en appelant de ce côté toutes les forces des ennemis. Depuis ce temps, Laurent de Médicis jouit assez paisiblement du pouvoir. Cependant les prédications de Savonarole, la turbulence du parti démocratique et la banqueroute de Florence (1490) troublèrent ses dernières années. Ce prince aima les lettres, les cultiva même, et fut le protecteur des savants et des grands artistes de cette époque, tels que Ange Politien, Pic de la Mirandole, Michel-Ange. L'abbé Serassi a donné une édition de ses Poésies à Bergame, 1763. La vie de Laurent de Médicis a été écrite en italien par Fabroni et en anglais par W. Roscoë (trad. par Thurot, 1799). — Laurent a laissé plusieurs enfants : Pierre II et Julien, qui régnèrent après lui; Jean, pape sous le nom de Léon X, et un neveu, Jules, pape sous le nom de Clément VII.

MÉDICIS (Pierre II de), fils de Laurent, lui succéda en 1492; mais il ne montra que de l'incapacité. En 1494. le roi de France, Charles VIII, qui marchait sur Naples, s'étant emparé de plusieurs places qui appartenaient à la république, Pierre se rendit au camp du roi pour traiter avec lui; mais, au lieu de défendre les intérêts qui lui étaient confiés, il céda dès la première demande les forteresses dont la conservation était l'objet de sa démarche, et il y ajouta bientôt les villes de Pise et de Livourne. Les Florentins indignés le chassèrent. Il se réfugia successivement à Bologne et à Venise, et tenta plusieurs fois, mais en vain, de ressaisir le pouvoir; il suivit les armées françaises en 1503 dans le roy. de Naples, et périt cette même année dans un naufrage en vue de Gaëte.

MÉDICIS (Julien de), 3e fils de Laurent, né en 1478, partagea l'exil de son frère, Pierre II, fut ramené à Florence et placé à la tête du gouvernement par le pape Jules II en 1512, et se démit l'année suivante en faveur de son neveu Laurent II. Il épousa en 1515 une tante du roi de France François I, et reçut à cette occasion le titre de duc de Nemours. Il mourut en 1516, ne laissant qu'un bâtard, le cardinal Hippolyte de Médicis (V. ci-après).

MÉDICIS (Laurent II de), fils de Pierre II, né en 1492, m. en 1519, suivit son père en exil, revint en 1512 avec son oncle Julien, et devint en 1513 chef de la république florentine par l'abdication de son oncle. Il se laissa diriger par le pape Léon X, son oncle, et fut investi par lui en 1516 du duché d'Urbin, enlevé à la maison de la Rovère. Il gouverna despotiquement et se rendit odieux par sa hauteur et sa tyrannie. Il avait épousé Madeleine de La Tour d'Auvergne, dont il eut Catherine de Médicis.

MÉDICIS (Jean de), surnommé le Grand Diable, descendant de Laurent, frère de Cosme l'Ancien, né en 1498, fut employé par le pape Léon X à soumettre les petits tyrans de la marche d'Ancône, combattit en 1524 les Français dans la Lombardie, et prit d'assaut les villes de Caravaggio et de Biagrasso, dans lesquelles il commit d'horribles cruautés : c'est ce qui lui valut son surnom. A la fin de 1524, il entra au service de la France, et fut blessé mortellement en 1526 près de Mantoue,

MÉDICIS (Alexandre de), fils naturel de Laurent II de Médicis, ou, suivant d'autres, de Jules de Médicis (depuis Clément VII), fut imposé comme chef à Florence en 1530, après un siége meurtrier soutenu par les Florentins contre les troupes réunies de Clément VII et de Charles-Quint, et fut fait par le pape duc de Civita-di-Penne. Il désarma le peuple, éleva une forteresse pour commander la ville, multiplia les sentences d'exil et de confiscation, fit empoisonner son cousin, le cardinal Hippolyte de Médicis, et s'adonna aux plus honteuses débauches. Il fut assassiné en 1537 par Lorenzino de Médicis, son parent. Il avait épousé Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-Quint, mais il n'en eut pas d'enfant.

MÉDICIS (Cosme I de), 1er grand-duc de Toscane, né en 1519, mort en 1574, était fils de Jean de Médicis. En 1537, après le meurtre d'Alexandre, il devint chef de la république florentine avec l'appui de Charles-Quint, qui, pour prix de sa protection, obtint de mettre garnison dans les forteresses de Florence, Pise et Livourne. Comme son prédécesseur, Cosme fut un odieux tyran; il supprima les magistratures républicaines et s'attribua le monopole du commerce. Il est soupçonné d'avoir fait périr plusieurs personnes de sa famille et même deux de ses fils. Allié de Philippe II. roi d'Espagne, il sévit, comme ce prince, contre les Réformés et introduisit l'Inquisition dans ses États. Le pape Pie V lui conféra en 1569 le titre de grand-duc de Toscane.

MÉDICIS (François de), 2e grand-duc de Toscane, fils et successeur de Cosme I, régna de 1574 à 1587, et surpassa en tyrannie son père lui-même. Il ruina par des confiscations les premières familles, se livra aux plus honteuses débauches, et se montra tout dévoué à Philippe II, roi d'Espagne. Après la mort de la grande-duchesse, sa femme, il avait épousé la Vénitienne Blanche Capello. (V. CAPELLO), qui eut sur les affaires une funeste influence. Néanmoins il protégea les lettres et les arts, fonda la superbe galerie de Florence (1580), et vit se former l'Académie della Crusca. Il fut père de Marie de Médicis.

MÉDICIS (Ferdinand I de), grand-duc de Toscane, frère et successeur du précédent, né en 1551, mort en 1609, était cardinal lorsqu'il fut appelé à lui succéder en 1587. Il était généreux, affable dans ses manières, noble dans les affaires politiques, zélé pour la prospérité publique; il remit les lois en vigueur, fit refleurir le commerce, l'agriculture et les beaux-arts; Jean de Bologne, Jules Romain, Galilée eurent en lui un protecteur. Il secourut l'empereur Rodolphe II, attaqué par les Turcs, et aida le roi de France Henri IV à conquérir son royaume en lui faisant passer de forts subsides. Cependant il finit par s'éloigner de Henri, qui avait fait la paix avec le duo de Savoie, ennemi de Florence, et il s'allia lui-même avec l'Espagne, ennemie de la France.

MÉDICIS (Cosme II de), né en 1590, mort en 1621, succéda à son père Ferdinand I en 1609, et, comme lui, fit fleurir le commerce, l'agriculture et les arts. Il réprima la piraterie des Barbaresques et fit redouter le pavillon toscan dans toute la Méditerranée.

MÉDICIS (Ferdinand II de), grand-duc de Toscane succéda en 1621, à l'âge de 11 ans, à Cosme II, son père, sous la tutelle de sa mère et de son aïeule, et régna jusqu'en 1670. Il se montra bon et généreux, mais faible; il laissa le pape s'emparer du duché d'Urbin, dont l'héritière lui était fiancée. Du reste, il encouragea les sciences, les lettres et les arts : il fut l'ami de Galilée, de Torricelli, de Redi et de Viviani.

MÉDICIS (Cosme III de), grand-duc de Toscane de 1670 à 1723, succéda, à l'âge de 27 ans, à son père Ferdinand II, mais n'hérita point de ses vertus. Il accabla le peuple d'impôts, laissa dépérir le commerce et l'agriculture, et n'encouragea que les poëtes disposés à le flatter. Il avait épousé en 1661 Marguerite-Louise d'Orléans, nièce de Louis XIV, qui montra toujours de l'éloignement pour lui; il en eut néanmoins deux fils, Ferdinand et Jean Gaston, et une fille, le princesse Anne, mariée à Guillaume, prince palatin. Ses deux fils n'ayant point eu d'enfants, il fit déclarer par le sénat que sa fille, contrairement aux lois, qui excluaient les femmes du trône, régnerait après le dernier mâle de sa famille; mais en 1718 la France, l'Empire, l'Angleterre et la Hollande, ayant par un traité solennel partagé l'Italie entre les maisons de Bourbon et d'Autriche, réservèrent la succession de la Toscane à un infant d'Espagne, à l'exclusion de la princesse palatine.

MÉDICIS (Jean Gaston de), dernier grand-duc de Toscane de la maison de Médicis, né en 1670, succéda en 1723 à son père Cosme III. Il diminua les impôts, supprima divers monopoles, abolit quelques supplices atroces. Comme il n'avait point d'enfants, les puissances européennes disposèrent de sa succession, d'abord en faveur de l'infant don Carlos, puis de François III, duc de Lorraine. Il mourut en 1737.

MÉDICIS (Hippolyte de), connu sous le nom de Cardinal Hippolyte, fils naturel de Julien de Médicis, duc de Nemours, né en 1511, fut revêtu de la pourpre en 1529. Il était en concurrence avec Alexandre de Médicis, son cousin, pour le gouvernement de Florence; mais le pape Clément VII lui préféra Alexandre. Il vécut à Rome, où sa maison devint le centre des Florentins mécontents. Il fut empoisonné en 1535 à Itri, par ordre d'Alexandre qui le craignait.

MÉDICIS (Lorenzino de), issu de la deuxième branche des Médicis, tua en 1537 Alexandre de Médicis, tyran de Florence, espérant rendre ainsi la liberté à sa patrie; mais il ne put y réussir et périt lui-même, en 1548, assassiné par ordre de Cosme I de Médicis, après avoir longtemps erré de ville en ville.

MÉDICIS (Jules et Jean). V. CLÉMENT VII et LÉON X.

MÉDICIS (Catherine et Marie de), reines de France. V. CATHERINE et MARIE.

MÉDIE, Media, auj. l’Aderbaïdjan et l’Irak-Adjémi, contrée de l'Asie ancienne, entre l'Assyrie à l'O., les monts qui entourent la mer Caspienne au N.,la Susiane au S., l'Hyrcanie et la Parétacène à l'E, se divisait en Atropatène au N. (capit., Gaza), et Médie propre au S. (capit., Ecbatane). Du reste ses limites varièrent souvent. Le climat de la Médie était délicieux et le sol fertile, excepté à l'E., où s'étendaient des déserts de sable. — La civilisation se développa de bonne heure dans ce pays, placé dans la situation la plus favorable. Les Mèdes, d'après la Bible, étaient de la race de Japhet, et descendaient de Madaï. Soumis aux Assyriens à l'époque de Ninus et de Sémiramis, ils s'affranchirent en 759 av. J.-C.; leur gouverneur Arbacès prit alors le titre de roi, et ce royaume fut bien tôt le plus puissant de ceux qui s'étaient formés aux dépens du premier empire d'Assyrie. La mort d'Arbacès amena une longue anarchie, à laquelle Déjocès mit un terme (vers 733). Après lui régnèrent Phraorte, qui subjugua les Perses (690), Cyaxare I (655), Astyage (595), Cyaxare II (560). Après ce dernier, le royaume des Mèdes fut englobé dans la Perse sous Cyrus (536). L'usurpation de Smerdis le Mage, à la mort de Cambyse, fut un essai tenté par les Mèdes pour recouvrer la prééminence ; mais le massacre des Mages et l'avènement de Darius I, fils d'Hystaspe, firent définitivement prévaloir les Perses sur les Mèdes. Toutefois le nom de Mèdes fut aussi fréquemment employé que celui de Perses (c'est ainsi qu'on nomme Guerres Médiques les guerres entre la Perse et les Grecs). La Médie suivit les destinées de la Perse. Après Alexandre le Grand, elle échut à Pithon, un de ses généraux, mais elle lui fut bientôt enlevée par Antigone; enfin elle appartint aux Séleucides. Par l'effet de la décadence de ces derniers, la Médie secoua le joug, et il y eut, à partir du IIIe av. J.-C., des rois de Médie, connus sous le nom des rois d'Atropatène. On cite parmi ces rois : Atropate, vers 330 av. J.-C.; Timarque, vers 162; Mithridate, 89; Artavasde, 36-31. La Médie Atropatène fut soumise par les Parthes l'an 31 av. J.-C.

MEDINA ou MEDINET (c.-à-d. ville, en arabe), nom commun à un grand nombre de villes, en Arabie, en Espagne, etc., toutes fondées par les Arabes.

MEDINA ou MEDINET-EL-NABI, v. d'Arabie. V. MÉDINE.

MEDINA, v. de Sénégambie, capit. de l'État d'Oulli, près de la r. dr. de la Gambie, à 400 kil. S. E. de St-Louis; 1000 maisons.

MEDINA-CELI, Arbobriga, Methymna Celia, v. d'Espagne (Soria), sur la r. g. du Xalon, à 54 kil. de Soria; 1800 hab. Palais des ducs de Medina-Celi. C'est là que mourut Almanzor après sa défaite à Calatanazor. Érigée en comté par Henri II en faveur de Bernard, fils naturel de Gaston de Foix, puis en duché par Ferdinand VI.

MEDINA-DE-LAS-TORRES, Julia Contributa, Methymna turrium, v. d'Espagne (Badajoz), à 68 kil. S. S. E. de Badajoz; 3600 hab. Antiquités romaines.

MEDINA-DEL-CAMPO, Methymna campestris, v. d'Espagne (Valladolid), sur le Zapardiel, à 44 kil. S. S. O. de Valladolid ; 6000 hab. (On en comptait près de 60 000 au XVIIe s.). Ancien séjour de plusieurs rois.

MEDINA-DE-RIO-SECO, Methymna sicca, v. d'Espagne (Valladolid), sur le Seco, à 31 kil. N. O. de Valladolid; 5000 hab. Étamines, étoffes diverses, laines, papeteries. On y faisait au XVIIe s. un commerce si considérable qu'elle en avait reçu le surnom de Petite-Inde. Bessières y battit les Espagnols en 1808.

MEDINA-SIDONIA, Methymna Asindo, v. d'Espagne (Cadix), à 32 kil. E. S. E. de Cadix; 10400 h. Ville très-ancienne, fondée au VIe s. avant J.-C. par les Phéniciens. Titre de duché. Ruines romaines.

MEDINA-SIDONIA (Gaspar Alonzo Perez DE GUZMAN, duc de), était gouverneur de l'Andalousie, lorsque Jean, duc de Bragance, son beau-frère, secoua le joug de l'Espagne et releva le trône de Portugal (1640). Il voulut, à son exemple, soulever l'Andalousie et s'y rendre indépendant; mais, le complot ayant été découvert, il fut mandé à Madrid, confessa sa faute, et n'obtint son pardon qu'à la condition de provoquer en duel le duc de Bragance. Cette ridicule provocation ne fut pas acceptée.

MÉDINE, en arabe Medinet-el-Nabi (c.-à-d. la ville du prophète), primitivt Yatreb, en lat. Athrulla ou Jatrepa, v. du grand-chérifat de la Mecque, dans une plaine, à 400 kil. N. O. de la Mecque, par 37° 3' long. E., 25° 20' lat. N.; env. 18 000 h. La ville est entourée de murs hauts de 30m et flanquée de 40 tours. C'est la 2e ville sainte des Musulmans : elle est fameuse comme ayant été le refuge de Mahomet, 622 (V. HÉGIRE), et comme étant le lieu où il mourut (632). Les pèlerins y visitent son tombeau, qui est placé dans une grande et riche mosquée à côté de ceux d'Abou-Bekr et d'Omar; il est suspendu par des cordons de soie et gardé par 40 eunuques. Médine fut la capit. de l'empire des califes sous Mahomet et les Alides; mais, quand Mohaviah eut renversé Ali, Damas la remplaça. Prise par les Wahabites en 1803, elle leur fut enlevée en 1818 par Ibrahim-Pacha, fils de Méhémet-Ali, et rendue au chérif de la Mecque.

MÉDINET-ABOU, vge de la Hte-Égypte, sur la r. g. du Nil et sur les ruines de l'anc. Thèbes, à 44 kil. N. d'Esneh. M. Greene y a déblayé en 1855 un magnifique palais, un colosse de Ramsès III, haut de 19m, et y a découvert le calendrier égyptien.

MÉDINET-EL-FAYOUM, l'anc. Crocodilopolis et Arsinoé, v. de la Moyenne-Égypte, ch.-l. du Fayoum, près de l'anc. lac Mœris et du labyrinthe, sur le canal Joseph, à 83 kil. S. S. O. du Caire; 12 000 hab. Commerce actif, eau de rose renommée. Ruines.

MEDIOLANUM, nom commun à plusieurs villes gauloises : 1° Mediolanum Insubrum, dans la Gaule Cisalpine, ch.-l. des Insubres, auj. Milan; — 2° M. Eburovicum, ch.-l. des Aulerci Eburovices, dans la Lyonnaise 3e, auj. Évreux; — 3° M. Santonum, ch.-l. des Santones (Aquitaine 2e), auj. Saintes;M. Cuborum, v. des Bituriges Cubi, dans la Lyonnaise 1re, auj. Château-Meillant ou Meylieu.

MEDIOMATRICES, peuple de la Gaule Belgique 1re), entre les Treviri au N. et les Leuci au S., avait pour ch.-l. Mediomatrices ou Divodurum (auj. Metz). Leur pays correspondait aux Trois-Évêchés, au duché des Deux-Ponts et à une partie de l'Alsace.

MÉDIQUES (Guerres), nom donné aux 3 guerres que les rois de Perse firent aux Grecs dans le Ve s. av. J.-C. La 1re éclata en 492, à l'occasion des secours fournis par Athènes aux villes grecques d'Ionie révoltées contre le roi de Perse Darius, fils d'Hystaspe, et sur les instances d'Hippias qui voulait se faire rétablir dans Athènes. L'Ionie une fois soumise, une flotte persane et une armée de terre, commandées par Mardonius, se dirigèrent à travers la Thrace, vers la Grèce; mais une tempête brisa la flotte au pied du mont Athos, et les Thraces assaillirent l'armée pendant la nuit. En 490, Datis et Artapherne, chefs d'une nouvelle expédition, conduisirent 300 000 hommes jusque dans l'Attique, mais ils furent repoussés par Miltiade, qui les mit dans une déroute complète à Marathon. — La 2e eut lieu dix ans après, en 480 : Xerxès, fils de Darius, conduisit contre la Grèce une armée innombrable : la Thrace, la Macédoine, l’Épire, la Thessalie, se soumirent; les Thermopyles furent franchies malgré l'héroïsme de Léonidas; Thespies et Platée détruites, et Athènes incendiée; mais les victoires remportées par Thémistocle à Salamine (480), par Léotychide et Xantippe à Mycale sur la flotte du grand roi, celles de Pausanias à Platée sur Mardonius (479), de Cimon près de l'Eurymédon (470), le forcèrent à conclure la paix et à regagner précipitamment l'Asie. — La 3e guerre commence en 450. Cimon, prenant cette fois l'offensive, s'empare de l'île de Chypre; mais il meurt au siége de Citium. Toutefois, avant de mourir, il a signé avec Artaxexe, en 449, une paix glorieuse pour la Grèce, par laquelle le grand roi abandonne toute prétention sur les villes grecques d'Europe et d'Asie.

MÉDITERRANÉE (Mer), Mediterraneum mare ou Internum mare, immense golfe de l'Océan Atlantique, s'étend de l'O. à l'E. entre l'Europe au N., l'Afrique au S., et l'Asie à l'E. Elle se lie à l'Atlantique par le détroit de Gibraltar, et communique avec la mer Noire par le détroit des Dardanelles. Le littoral septentrional offre une foule de sinuosités qui forment, entre autres golfes, celui qu'on appelle vulgairement mer Adriatique, entre l'Italie et la péninsule turque. La longueur des côtes sept. et mérid. (à vol d'oiseau) est d'env. 3300 kil., la largeur moyenne de 480 kil. La Sardaigne, la Corse et les Baléares à l'O., Candie et Chypre à l'E., les îles Ioniennes et la Sicile vers le centre, en sont les îles principales ; elle contient en outre un riche archipel (V. ce mot). Elle reçoit l'Êbre, le Rhône, le Pô, l'Adige, le Tibre, le Nil, etc. On doit à M. Daussy une Carte générale de la Méditerranée, 1849.

MÉDITERRANÉE (dép. de la), dép. formé en Toscane sous le 1er Empire français, était borné au N. par la principauté de Lucques, à l'O. par la mer Tyrrhénienne, au S. par la principauté de Piombino, au S. E. et à l'E. par les départements de l'Ombrone et de l'Arno, et avait pour ch.-l. Livourne.

MEDJANA, plaine de l'Algérie (Constantine), entre deux chaînes de l'Atlas, s'étend à l'O. et à l'E. de Sétif, et contient Bordj-Medjana, Zamora, Sidi-Embark, Djimilah, Milah; elle est traversée par la route qui va d'Alger à Constantine à travers les Portes de Fer. Occupée par les Français en 1838.

MEDJERDA, Bagradas , riv. de l'Algérie et de l'État de Tunis, naît dans le S. E. de la prov. de Constantine,, à 45 k. E. de Tebessa, coule au N. E., reçoit l'Hamise, et se jette dans le golfe de Tunis à Porto-Farino, après un cours d'env. 400 kil.

MEDJIDIÉ, ordre honorifique, institué en 1852 en Turquie par le sultan Abdoul-Medjid, peut être conféré aux étrangers aussi bien qu'aux nationaux.

MEDOACUS, nom de 2 riv. de la Vénétie ancienne : le Medoacus major, auj. la Brenta, et le Medoacus minor, auj. le Bacchiglione. La 1re venait du pays des Medoaci en Rhétie; la 2e naissait chez les Euganei; toutes deux se jetaient dans l'Adriatique.

MÉDOC (le), Medulicus pagus, ancien pays de France, subdivision du Bordelais, était situe au N., dans l'espèce de presqu'île formée par la Gironde et l'Océan; ch.-l. Lesparre. On y distinguait le Haut et le Bas-Médoc. Il est auj. compris dans le dép. de la Gironde. Ce pays est célèbre par ses vins, dont les meilleurs sont ceux de Talence, Ht-Brion, Barsac, Sauterne, Langon, connus, sous le nom de vins de Grave.

MÉDOC (fort), fort élevé sur la rive g. de la Gironde, vis-à-vis de Blaye, complète la défense du fleuve et peut en intercepter le passage.

MÉDON, fils de Codrus, roi d'Athènes, fut le 1er archonte (1132 av. J.-C.). Cette dignité resta dans sa famille pendant 12 générations (1132-754).

MEDUANA, riv. de Gaule, auj. la Mayenne,

MÉDUSE, l'une des trois Gorgones, n'était pas immortelle comme ses sœurs. Elle avait d'abord été remarquable par la beauté de ses traits et de sa chevelure; mais, ayant osé le disputer à Minerve, cette déesse irritée changea ses beaux cheveux en affreux serpents, et voulut que sa tête, devenue un objet d'effroi, eût le pouvoir de changer en pierre quiconque la regarderait. Persée, guidé par les conseils de Minerve, réussit à couper la tête de Méduse à l'aide d'un miroir dans lequel il la voyait sans la regarder en face, et il se servit de cette tête pour pétrifier ses ennemis. Selon quelques mythographes, le sang de la Gorgone produisit le cheval Pégase.

MEDWAY, riv. d'Angleterre, a sa source dans le comté de Surrey, arrose Maidstone, Rochester, Chatham, et se jette dans la Tamise à Sheerness (Kent). Ports pittoresques. Navigation fort importante.

MÉEL (Jean), peintre flamand, connu en France sous le nom de Miel, né près d'Anvers en 1619, m. à Turin en 1664, excellait dans les tableaux de chevalet. Ses compositions se recommandent par la couleur et l'expression, mais pèchent par le dessin, la grâce et la noblesse. Le Louvre possède de cet artiste : le Pauvre demandant l'aumône à des paysans, le Barbier napolitain, une Vendange, une Halte militaire, la Dînée des voyageurs. Il a aussi gravé à l'eau-forte.

MÉERMAN (Gérard), savant magistrat, né à Leyde en 1722, m. en 1771, fut successivement syndic de Rotterdam et conseillera La Haye. Il a laissé, entre autres ouvrages : Novus Thesaurus juris civilis et canonici, La Haye, 1761-54, 7 vol. in-folio; Origines typographicæ, 1765, ouvrage trad. en franc. par l'abbé Goujet, 1762, et dans lequel il attribue à Laurent Coster, de Harlem, l'invention des types mobiles. — Son fils, Jean M., 1753-1815, directeur des beaux-arts et de l'instruction publique en Hollande sous le roi Louis-Bonaparte, puis comte de l'Empire et sénateur, a publié en hollandais : Histoire de Guillaume, comte de Hollande et roi des Romains, La Haye, 1783-97; Relations de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, de l'Autriche, de la Prusse et de la Sicile, 1797-94; Relations du Nord et du Nord-Est de l'Europe, 1805-06, et a traduit la Messiade de Klopstock en hollandais.

MEEROUT, v. de l'Inde anglaise. V. MIROUT.

MÉES (Les), ch.-l. de cant. (Basses-Alpes), près de la Durance, à 26 kil. O. S. O. de Digne; 2000 h. Pont sur la Durance. Bon vin.

MÉGABYZE, l'un des sept satrapes perses qui renversèrent le faux Smerdis (521 av. J.-C.), fut un des serviteurs les plus zélés de Darius, et subjugua pour lui la Thrace, 506-505. Il fut père de Zopyre. — Petit-fils du préc., réduisit Inarus qui s'était insurgé en Égypte contre Artaxerce (456), mais fut battu par Cimon en Cilicie (450) et fut disgracié.

MÉGACLÈS, Alcméonide, archonte d'Athènes, déjoua la conspiration de Cylon (612 av. J.-C.), mais se rendit odieux en massacrant les conjurés qui s'étaient réfugiés dans le temple de Minerve. Ce sacrilège ayant été suivi de la peste, il fut banni avec tous les Alcméonides (599). — Un autre Mégaclès, de la même famille, chef du parti de la Côte ou des Paraliens, chassa en 560 l’usurpateur Pisistrate. Dans la suite, il lui donna sa fille en mariage, et s’unit à lui pour le rétablir.

MÉGALÉSIENS (Jeux), fête célébrée à Rome en l’honneur de Cybèle, la Grande Déesse (Mégalê veut lire grande en grec). Elle consistait en une procession des Galles, qui, suivis des matrones romaines, portaient par la ville la statue de Cybèle, puis sa rendaient au champ de Mars, où l’on célébrait des jeux scéniques. Ces jeux, qui commençaient la veille des nones d’avril (4 avril), duraient 7 jours. Ils avaient été institués en 206 av. J.-C., pendant la 2e guerre punique. Un oracle sibyllin ayant déclaré que l’on ne vaincrait les Carthaginois que si la mère Idéa (Cybèle) était apportée de Pessinonte à Rome, le Sénat envoya une ambassade demander au roi Attale l’image de la déesse, qui n’était qu’une grosse pierre informe (sans doute quelque aérolithe) ; on la transporta à Rome en grande pompe, on lui éleva un temple, et on institua des jeux en son honneur.

MÉGALOPOLIS (c.-à-d. la Grande ville), v. d’Arcadie, au confluent de l’Alphée et de l’Hélisson, fut bâtie en 370 av. J.-C. par le conseil d’Épaminondas, pour servir de capitale à l’Arcadie, et devint la rivale de Lacédémone. Cléomène, roi des Spartiates, la fit piller et incendier par ses troupes ; mais elle se releva bientôt, entra dans la ligue Achéenne, et y joua un grand rôle sous Philopœmen, dont elle était la patrie. Mégalopolis eut deux tyrans, Aristodème en 336, Lysiade en 266 av. J.-C. — C’est auj. le village de Sinano ou Salino.

MÉGARE, fille de Créon, roi de Thèbes, et femme d’Hercule. Pendant la descente de ce héros aux enfers, Lycus voulut s’emparer de Thèbes et forcer Mégare à l’épouser ; mais Hercule, de retour, tua Lycus et rétablit Créon. Junon, pour venger la mort de Lycus, inspira à Hercule un accès de fureur dans lequel il tua Mégare et les trois enfants qu’il avait eus d’elle.

MÉGARE, v. de l’anc. Grèce, capit. de la Mégaride, entre Athènes et Corinthe, à 28 kil. du golfe de Corinthe, avait deux ports, Nisée sur le golfe Saronique, et Pégée sur la mer d’Alcyon. Dorienne et voisine d’Athènes, elle détestait cette ville et fut souvent en guerre avec elle. Tantôt soumise, tantôt indépendante, elle enleva aux Athéniens dans le VIIe s. av. J.-C. l’île de Salamine, qui ne fut reprise qu’au temps de Solon. Cependant elle s’unit aux Athéniens dans les guerres contre les Perses, et ses guerriers se signalèrent à la bataille de Salamine. Les Mégariens soutinrent aussi les Athéniens dans les guerres du Péloponèse, mais ils les abandonnèrent après une défaite. Mégare fonda plusieurs colonies importantes : Byzance, Sélimbrie, Chalcédoine, Héraclée du Pont, Mégare l’Hybléenne. — Euclide et Stilpon étaient de Mégare ; ils fondèrent l’école philosophique mégarienne, dite aussi École éristique (c.-à-d. disputeuse), qui s’adonna surtout à la logique.

MÉGARE L’HYBLÉENNE, v. de Sicile, sur la côte O., près du mont Hybla, était une colonie de Mégare. Fondée vers 728 av. J.-C., elle fut détruite par Gélon en 480 av. J.-C., mais elle ne tarda pas à se relever ; elle fut prise par les Romains en 214 av. J.-C. Elle avait déjà cessé d’exister du temps d’Auguste.

MÉGARIDE, Megaris, petit État de la Grèce, composé de Mégare et d’un faible territoire, occupait la partie E. de l’isthme de Corinthe. Elle avait de l’importance par sa position aux portes de l’isthme : elle tenait les clefs du Péloponèse.

MÉGASTHÈNE, historien et géographe grec, remplit pour Séleucus Nicator (vers 295 av. J.-C.) une mission auprès d’un roi de l’Inde, Sandrocottus, et publia à son retour une Histoire des Indes, qui est citée avec éloge par les anciens, mais qui ne nous est point parvenue. Celle qui existe aujourd’hui sous son nom a été fabriquée par Annius de Viterbe. On trouve les fragments de cet auteur dans les Fragmenta historicorum græcorum, publ. par Ch. Muller en 1848 (collection Didot).

MÉGÈRE, une des Furies. V. FURIES.

MÉGLIN (J. A.), médecin, né à Sultz (Alsace) en 1756, mort à Colmar en 1824, a publié : Traité sur la Névralgie faciale, De l’usage des bains dans le tétanos, Analyse des eaux de Sultzmat. On lui doit les pilules anti-névralgiques qui portent son nom.

MÉHAIGNE (la), petite riv. de Belgique, naît à 12 k. N. O. de Namur, coule vers l’E., et se jette dans la Meuse, r. g., près d’Huy, après un cours de 40 k.

MEHALLET-EL-KÉBIR, Cynopolis ou Xoïs, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de la prov. de Garbieh, sur un bras du Nil, à 100 kil. N. du Caire ; 1800 hab.

MÉHÉGAN (le chevalier de), littérateur français, issu d’une famille irlandaise, né à Lasalle près d’Alais en 1721, mort à Paris en 1766, enseigna quelque temps la littérature française à Copenhague, puis revint à Paris, où il rédigea le Journal encyclopédique. Il fut enfermé à la Bastille pour la hardiesse de ses opinions philosophiques. Ses principaux ouvrages sont : Zoroastre, 1751 ; Origine des Guèbres ou la Religion naturelle en action, 1751 ; Origine, progrès et décadence de l’idolâtrie, 1756 (ce sont ces deux ouvrages qui le firent poursuivre) ; Tableau de l’histoire moderne depuis la chute de l’empire d’Occident jusqu’à la paix de Westphalie, 1766 (c’est le plus estimé de ses écrits) ; l’Histoire vis-à-vis de la Religion, de l’État et des Beaux-Arts, 1767.

MÉHÉMET, MÉHÉMED ou MOHAMMED, calife ommiade de Cordoue, succéda à son père Abd-er-Rhaman II en 852 et mourut en 886. Son règne fut une suite de guerres civiles et étrangères ; il déploya souvent avec un grand courage une rare habileté ; cependant il fut battu plusieurs fois par Alphonse le Grand et laissa Omar-Ibn-Afsoun fonder dans l’Aragon une principauté qui résista 70 ans aux Ommiades.

MÉHÉMET-EL-NASSER, roi d’Afrique et d’Espagne de 1199 à 1213, fils d’Yacoub-al-Mansour, de la dynastie des Almohades, acheva de ruiner en Afrique le parti des Almoravides, puis passa en Espagne, combattit les rois de Castille, de Navarre et d’Aragon qui s’étaient ligués contre les Musulmans, fut battu en 1212 près de Tolosa, et s’enfuit en Afrique. Il se préparait à reconquérir ses États d’Espagne lorsqu’il mourut.

MÉHÉMET I (Abou-Abdallah), 1er roi de Grenade, de la dynastie des Nasserides, servit avec distinction sous les rois almohades d’Espagne ; se joignit, après la chute de cette dynastie, à Motawakkel, maître d’une partie de l’Espagne ; se révolta contre lui en 1232, s’empara de Jaën, de Guadix, de Lorca et de Grenade, se forma ainsi un État indépendant dont Grenade devint la capitale, et prit le titre de roi (1235). Moins heureux contre les Chrétiens, il fut forcé de se reconnaître vassal de Ferdinand, roi de Castille, 1245, et de payer tribut. Il mourut en 1273. Méhémet I encouragea le commerce, les lettres et les arts ; c’est lui qui bâtit l’Alhambra. — II, dit Al Fakih, 2e roi de Grenade, fils et successeur du précéd., régna 30 ans avec autant de gloire que de bonheur, de 1273 à 1302. Il déjoua plusieurs complots, se fit de nombreux amis par ses manières nobles et libérales, fit fleurir le commerce, remporta en 1275 une brillante victoire sur Alphonse X, et agrandit son royaume aux dépens dees Chrétiens. Versé dans l’art oratoire et dans la poésie, il protégea les lettres, les sciences et les arts. — III, Al Amasch, 3e roi de Grenade, fils du préc., lui succéda en 1302, s’empara de Ceuta en 1306, mais ne put résister aux rois de Castille et d’Aragon, et acheta la paix par quelques sacrifices. Le traité qu’il avait conclu avec des princes chrétiens fut le prétexte d’une sédition qui lui ôta le trône et le donna à son frère Nasser (1314). Peu après, il fut mis à mort par les ordres de celui-ci. — IV, 6e roi de Grenade, fils et successeur d’Ismaël-ben-Féragh, fut proclamé, à l’âge de 12 ans, en 1321, après la mort violente de son père. Le commencement de son règne fut troublé par des dissensions intestines, et les Castillans, profitant de ces divisions l’attaquèrent et le défirent deux fois; mais il parvint à rétablir sa fortune et reprit plusieurs places sur les Chrétiens. Il périt assassiné en 1334. — V (Aboul-Walid), 8e roi de Grenade (1354-79), fut détrôné en 1360 par ses frères Soleiman et Ismaël, mais fut rétabli dès 1362 par Pierre le Cruel. Il resta toujours l'allié du roi de Castille, et lui amena de puissants secours dans ses guerres contre Pierre d'Aragon et Henri de Transtamare. — VI, 9e roi de Grenade (1379-92), eut un règne pacifique et encouragea le commerce, l'agriculture et les beaux-arts. — VII, surnommé El Aïcar (le Gaucher), 15e roi de Grenade (1423-45), gouverna en tyran, fut détrôné par son cousin Méhémet-el-Soghaïr en 1427, rétabli deux ans après par le secours du roi de Castille, détrôné de nouveau pour avoir refusé de payer le tribut promis à son protecteur, proclamé encore une fois en 1432, enfin dépouillé pour toujours de son royaume par son neveu Méhémed-el-Aradi, en 1445, et jeté dans une prison où il m. en 1450. — Après lui, plusieurs autres Méhémet ont encore régné à Grenade, notamment M. IX ou XI, le Boiteux, 1445-54, qui, à la suite d'une révolte de ses sujets, accomplit le carnage fameux connu sous le nom de Meurtre des Abencerrages;M. XII ou XIV, dernier roi de Grenade, plus connu sous le nom de Boabdil. V. ce nom.

MÉHÉMET BALTADJY, grand vizir d'Achmet III, avait été d'abord fendeur de bois (baltadjy). En 1710, il marcha contre le czar Pierre le Grand à la tête de 200 000 hommes, et l'enferma avec toute son armée sur les bords du Pruth (1711), mais il se contenta de lui imposer une paix honteuse. Accusé pour ce fait de lâcheté et de trahison auprès du sultan par le roi de Suède Charles XII, alors réfugié en Turquie, il fut envoyé en exil à Lemnos; il y mourut en 1713.

MÉHÉMET-ALI, vice-roi d’Égypte, né en 1769 à la Cavalle (Roumélie), était fils d'un agha. D'abord marchand, il quitta cette profession pour celle des armes, alla, avec un corps d'Albanais, combattre les Français en Égypte, et se distingua à la bataille d'Aboukir (1799); se ligua avec les Mamelouks contre Khosrew-pacha, gouverneur de l’Égypte pour les Turcs, réussit à l'expulser (1808), puis se débarrassa du chef des Mamelouks en excitant une révolte parmi ses soldats, et se fit proclamer vice-roi, usurpation que la Porte, gagnée par son or, ne tarda pas à ratifier (1806). Il s'attacha, dès qu'il fut maître du pouvoir, à faire rentrer les Mamelouks dans l'obéissance; mais, désespérant de les discipliner, il les fit tous massacrer dans toute l’Égypte le même jour, le 1er mars 1811. Donnant, après cette sanglante exécution, un libre cours à son ambition, il se rendit maître de la haute Égypte, passa en Arabie; où il extermina les Wahabites, après une guerre qui ne dura pas moins de six années (1812-1818), et à laquelle son fils Ibrahim prit la part la plus active, soumit à son pouvoir tout le Hedjaz, puis envoya en Nubie un de ses fils, Ismaël-pacha, qui conquit les provinces de Dongolah, Chendi, Sennaar, Kordofan, mais qui périt assassiné au milieu de ses triomphes (1822). Il aida de tout son pouvoir le sultan à réduire les Grecs insurgés, et fit envahir la Morée par Ibrahim, qui dévasta le pays pendant trois ans (1824-1827); mais, sa flotte ayant été anéantie à Navarin par les escadres combinées de France, de Russie et d'Angleterre (20 oct. 1827), il se vit obligé de rappeler Ibrahim. Il avait obtenu du sultan, pour prix de sa coopération, la cession de l'île de Candie (1830), mais il exigea en outre l'abandon de la Syrie, et, n'ayant pu l'obtenir, il rompit avec la Porte, et fit entrer en Syrie une puissante armée, qui conquit rapidement cette province (1831). Arrêté dans sa marche sur Constantinople par l'intervention européenne, il réussit cependant à se faire assurer, par le traité de Kutayeh (14 mai 1833), la possession de la Syrie et du district d'Adana. Mahmoud ayant en 1839 rétracté ces concassions, il arma aussitôt : la victoire décisive de Nézib, gagnée par son fils Ibrahim le 24 juin 1839, mit le sultan à sa merci; mais il se vit encore arracher le fruit de sa victoire par une coalition à laquelle la France ne voulut prendre aucune part (15 juillet 1840). Contraint de restituer la Syrie, Candie, le Hedjaz, ainsi que la flotte turque, qui lui avait été livrée, il obtint en compensation, pour lui et ses descendants, le gouvernement héréditaire de l’Égypte sous la suzeraineté de la Porte (1841); il ne s'occupa plus depuis que de régir en paix les États qui lui étaient ainsi assurés. Atteint en 1847 d'un mal incurable, il resta pendant deux ans privé de sa raison, et mourut en 1849 à Alexandrie. — Méhémet-Ali introduisit dans son armée, malgré les plus vives résistances, l'organisation, la discipline et la tactique européennes. Il releva en Égypte l'agriculture, le commerce et l'industrie; mais il crut nécessaire, pour atteindre ce résultat, aussi bien que pour s'enrichir, de commencer par s'emparer de toutes les propriétés foncières et de se réserver le monopole des produits les plus profitables du pays et des fabrications les plus lucratives. Il fonda plusieurs écoles spéciales (militaire, polytechnique, de médecine, etc.), et envoya en Europe, surtout en France, des jeunes gens chargés de s'instruire et de répandre à leur retour les connaissances utiles. Ses efforts pour relever l’Égypte lui assurent une grande place dans l'histoire; les résultats qu'il a obtenus doivent d'autant plus étonner que le pacha eut à suppléer à un défaut absolu d'instruction : il n'apprit à lire qu'à 45 ans. — Méhémet-Ali aimait les Français : plusieurs l'ont puissamment secondé dans ses réformes, notamment MM. Jomard, le docteur Clôt (Clot-bey) et le colonel Sèves (Soliman-pacha), dont le nom restera uni au sien. On doit à M. Hamont l’Égypte sous Méhémet-Ali, 1843; à M. Ed. Gouin l’Égypte au XIXe siècle, 1849; et à M. P. Mouriez, Histoire de Méhémet-Ali, 1858.

MÉHUL (H.), célèbre compositeur, né à Givet en 1763, mort en 1817, vint en 1779 à Paris, et y connut Glück qui prit plaisir à cultiver ses heureuses dispositions. En 1790, il donna à l'Opéra comique Euphrosine et Coradin, qui eut un succès prodigieux, et bientôt après : Stratonice, 1792; Phrosine et Mélidor, 1794; le Jeune Henri, dont l'ouverture offre une belle symphonie de chasse, 1797 ; l’Irato, opéra bouffe dans le genre italien; enfin Joseph, remarquable par la couleur antique et l'onction religieuse (1807). Méhul a composé en outre des sonates, des symphonies, des hymnes et des cantates : c'est lui qui, sous la République, mit en musique le Chant du départ, le Chant de victoire, le Chant du retour. Il fut nommé membre de l'Institut dès 1796. Ce compositeur se recommande généralement par la force de l'expression dramatique et par une facture savante; mais on lui reproche d'abuser des moyens d'effet jusqu'à confondre le bruit avec l'énergie.

MEHUN-SUR-YÈVRE, ch.-l. de c. (Cher), à 17 k. N. O. de Bourges ; 3557 hab. Station. Anc. seigneurie. Ruines d'un château où mourut Charles VII.

MEHUN-SUR-LOIRE. V. MEUNG.

MEIBOM, Meibomius, famille allemande, a produit plusieurs savants. Henri M., dit l'Ancien, né en 1555 à Lemgow, mort en 1625, fut professeur d'histoire et de poésie à Helmstædt, composa des poésies latines qui lui firent décerner par l'emp. Rodolphe II le titre de poëte lauréat, et publia des chroniques relatives à l'histoire de l'Allemagne, et surtout de la Saxe. — J. Henri, son fils, né à Helmstædt en 1590, mort à Lubeck en 1655, a donné une Vie de Mécène, en latin, Leyde, 1653, et plusieurs autres écrits curieux, mais oubliés auj. — Henri, le Jeune, fils du préc., né à Lubeck en 1638, mort en 1700, professa la médecine, la poésie et l'histoire à Helmstædt. On a de lui une dissertation De incubatione in fanis, Helmstædt, 1659; un recueil des Scriptores rerum germanicarum, 1888, et plusieurs écrits de physiologie et d'anatomie, entre autres : De consuetudinis natura et vi ad sanitatem, et De vasis palpebrarum, où sont décrites pour la 1re fois les glandes qui portent encore son nom. — Marc, philologue, né en 1630 à Tonningen (Holstein), m. en 1711 à Utrecht, se fit d'abord connaître par d'intéressantes recherches sur la musique des anciens; séjourna quelque temps à la cour de Christine, puis en Danemark, où il fut bibliothécaire de Frédéric III, et enfin à Amsterdam, où il professa les belles-lettres. On a de lui: Antiquæ musicæ auctores, grec-latin, Amst., 1652, 2 vol. in-4; une édition estimée de Diogène Laërce, Amst., 1692; des Recherches sur les trirèmes des anciens, — sur la poésie des Hébreux, etc.

MEIGRET (Louis), grammairien, né à Lyon vers 1510, vint en 1540 se fixer à Paris et y publia plusieurs ouvrages qui avaient pour but de réformer l'orthographe, savoir : Traité touchant le commun usage de l'écriture, etc., 1542; Trètté de la Grammère françoèse (sic), 1550, où il proposait des réformes dont plusieurs ont été adoptées depuis. On lui doit aussi la traduction des VIIe et VIIIe livres de Pline.

MEI-KONG, dit aussi Ménam-kong, grand fleuve de l'Inde Transgangétique, naît dans la province thibétaine de Kam sous le nom de Dza-Tchou, à peu de distance des sources de l'Yang-tsé-Kiang; traverse le Yun-Nan sous le nom de Lan-Thsan-Kiang; baigne le Laos, traverse le Cambodge, arrose Cambodge, et se jette dans la mer de Chine, par plusieurs bouches, à l'E. du golfe de Siam, sous le nom de rivière de Cambodge, après un cours d'environ 2600 kil.

MEILHAN, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 14 k. O. de Marmande; 3500 hab. — V. SENAC DE MEILHAN.

MEILLERAYE (La). V. LA MEILLERAYE.

MEILLERIE, vge de France (Hte-Savoie), dans l'anc. Chablais, à 19 kil. N. E. de Thonon, sur le bord S. du lac de Genève. Pierre à bâtir. Près de là sont de beaux rochers célébrés par J. J. Rousseau.

MEIN, en all. Main, en lat. Manus, Maganus, riv. d'Allemagne, formée du Mein rouge et du Mein blanc, qui prennent leur source en Bavière, coule à l'O., en faisant beaucoup de détours, arrose Bayreuth, Wurtzbourg, Francfort, et tombe dans le Rhin par la r. g. vis-à-vis de Mayence : cours, 448 kil. — Avant 1837, le Mein donnait son nom à 2 cercles de la Bavière : le Haut-Mein, ch.-l., Bayreuth, qui est auj. le cercle de la Haute-Franconie; le Bas-Mein, ch.-l., Wurtzbourg, remplacé par celui de la Basse-Franconie.

MEIN-ET-TAUBER (cercle de), un des anc. cercles du grand-duché de Bade, à l'E. du cercle du Neckar, entre la Bavière et le Wurtemberg; ch.-l., Wertheim.

MEÏNAM ou Rivière de Siam, grand fleuve d'Asie, naît dans la prov. chinoise d'Yunnan, au S. E.; traverse l'empire Siamois du N. au S., passe à Siam et à Bankok, et se jette dans le golfe de Siam par 13° 30' lat. N. et 99° long. E. après un cours de 1400 k.

MEINDER (BUIUK-), l'anc. Méandre. V. ce nom

MEINDER (KUTCHUK-), l'anc. Caystre. V. ce nom.

MEINERS (Christophe), philosophe et historien, né en 1747 à Warstade près d'Otterndorf (Hanovre), mort en 1810, se forma presque seul, par la lecture; devint en 1771 professeur de philosophie à l'Université de Gœttingue, puis y remplit les fonctions de prorecteur. Admis à l'Académie de Gœttingue, il fut un des membres les plus laborieux de cette compagnie. Ses principaux ouvrages sont : Histoire du vrai Dieu, en lat., 1780; Hist. des progrès et de la décadence des Sciences chez les Grecs et les Romains, 1781 (trad. par Laveaux, 1799); Hist. de la Religion des plus anciens peuples, 1775, complétée en 1806 par son Hist. critique de toutes les Religions; Hist. de l'Humanité, 1786 et 1811; Hist. de la décadence des mœurs et des institutions politiques chez les Romains, 1782 (trad. par Binet, 1796); Tableau comparatif des siècles du moyen âge et du nôtre, 1793; Hist. des universités de l'Europe, 1802; Hist. des doctrines morales, 1801 : il y attaque la philosophie de Kant. On a en outre de lui : une Histoire et une Théorie des beaux-arts, des Éléments d'esthétique, des Principes de morale, et un grand nombre de dissertations dans les Mémoires de Gœttingue, entre autres, De realium et nominalium initiis, 1793. Meiners est plus remarquable comme érudit et comme critique que comme philosophe original : il peut être rangé parmi les éclectiques.

MEININGEN, capit. du duché de Saxe-Meiningen, entre deux bras de la Werra, à 75 kil. S. O. de Gotha; 6000 hab. Deux beaux châteaux. Bibliothèques, collections d'art, gymnase. Drap, futaines. V. SAXE.

MÉIS, Telmissus, v. de la Turquie d'Asie (Anatolie), ch.-l. de livah, sur le golfe de Macri, à 270 kil. S. E. de Smyrne. Bon port. Commerce actif avec l’Égypte et Rhodes (bois, goudron, sel, etc.). Ruines.

MEISSEN, v. murée du roy. de Saxe (Misnie), anc. capit. de la Misnie, sur la r. g. de l'Elbe, à 23 kil. N. O. de Dresde; 10 000 h. Cathédrale du XIIIe siècle, château remarquable. Ancienne résidence des princes saxons; gymnase, bibliothèque, collections diverses. Belle manufacture de porcelaine, fondée en 1710: c'est la 1re qui ait existé en Europe. Draps, chapeaux, bonneterie, fabriques de couleurs et de cartes à jouer, coloriage pour les livres, fabriques de tabatières, etc. Patrie d'Élie Schlegel et d'Hahnemann.

MEISSENHEIM, v. de l'anc. landgr. de Hesse-Hombourg, sur le Glan, à 85 k. S. O. de Hombdurg; 2500 h. Verrerie, usines diverses. Aux env., mercure, houille. — Cette ville est le ch.-l. de la seigneurie de Meissenheim, enclavée entre la principauté de Birkenfeld (au duc d'Oldenbourg), celle de Lichtenberg (à la Saxe), la Bavière et la Prusse Rhénane. V. HESSE-HOMBOURG.

MEISSNER (Aug. Théophile), littérateur, né en 1753 à Bautzen en Lusace, mort en 1807, fut successivt employé aux archives de Dresde, professeur d'esthétique à Prague, enfin directeur de l'enseignement supérieur à Fulde. Il a composé des romans, des histoires, des contes, dans lesquels on trouve de l'esprit, de l'imagination, un style agréable, une composition habile, et qui eurent un grand succès. Ses principaux ouvrages sont : Jean de Souabe, drame, 1780; Alcibiade, 1781-1788, 4 vol., Masaniello, 1784; Bianca Capello, 1785; Épaminondas, 1798; Vie de Jules César, 1799 (achevée par Haken, 1812). Il a donné un Destouches allemand, 1779, un Molière allemand, 1780, et a publié de 1783 à 1795 une Revue trimestrielle de la littérature. La plupart de ses ouvrages ont été traduits en français par Lieutaud.

MEISTER (Léonard), écrivain suisse, né en 1741 à Neftenbach (Zurich), m. en 1811, fut nommé en 1773 professeur d'histoire et de morale à l'école de Zurich, exerça depuis 1795 jusqu'à sa mort les fonctions évangéliques et fut quelque temps pensionné du Directoire helvétique à Zurich. Ses principaux écrits, tous en allemand, sont : Essais sur l'histoire de la langue et de la littérature allemande; Mémoires sur l'hist. des arts et métiers; les Hommes célèbres de l'Helvétie; Hist. de Zurich; Hist. de la Suisse depuis César; Dictionnaire historique et géographique de la Suisse, 1796. Il a aussi composé des poésies, mais elles ne s'élèvent pas au-dessus du médiocre. — Jacq. Henri M., son cousin, né à Zurich en 1744, m. en 1826, vint à Paris en 1770 pour y diriger une éducation particulière, s'y lia avec Diderot et Grimm, fournit de nombreux articles à la Correspondance de ce dernier, et publia lui-même plusieurs écrits philosophiques ou littéraires, la plupart en français : la Morale naturelle, Lettres sur l'Imagination, Études sur l'Homme, Traité sur la Physionomie, Euthanasie, ou Entretiens sur l'immortalité de l'âme, etc.

MEISTERSÆNGERS (c.-à-d. Maîtres-chanteurs), corporation de poëtes et de musiciens allemands qui remplacèrent les Minnesingers au XIVe siècle; ils étaient pour la plupart gens de métier. Le plus célèbre est Hans Sachs. En 1378 l'emp. Charles IV leur donna des lettres de franchise et des armes particulières.

MEKHITAR (Pierre), fondateur des Mékhitaristes, né en 1676 à Sébaste en Cappadoce, mort en 1749, visita les principaux couvents de l'Arménie, de la Syrie et de Chypre, se rendit à Constantinople en 1700, et s'efforça de réunir les Arméniens de cette ville, divisés alors en deux partis; n'ayant pu y réussir, il se tourna vers l'église romaine, prêcha la soumission au pape, et s'exposa ainsi à toute la fureur du clergé de sa nation. Obligé de quitter Constaritraople, il se réfugia à Smyrne, puis dans la Morée, qui appartenait alors aux Vénitiens, se fixa à Modon et y fonda en 1708 un couvent de religieux arméniens (V. l'art. suiv.). Lorsque les Vénitiens eurent perdu la Morée, en 1717, il chercha un asile à Venise, et obtint la concession de l'île de St-Lazare, dans les lagunes de cette ville, où il fonda un nouveau couvent en y annexant une imprimerie arménienne. On lui doit une Bible arménienne, 1733, in-fol.; une Grammaire de l'arménien vulgaire et de l'arménien littéral, et un Dictionnaire arménien, en 2 vol. in-4, 1749-1769.

MÉKHITARISTES, savants bénédictins arméniens établis dans la petite île de St-Lazare, au milieu des lagunes de Venise, tirent leur nom de Pierre Mékhitar (V. ci-dessus). Ils ont pour mission de propager la foi catholique et les connaissances humaines parmi leurs compatriotes, et de faire connaître en Europe l'histoire et la langue arméniennes. Parmi leurs publications, on cite leurs éditions de la Chronique d'Eusèbe, en arménien et en latin, avec les parties grecques correspondantes, conservées par le Syncelle; la Chronique arménienne, de Moïse de Khorène; les Œuvres de S. Narsès; un grand Dictionnaire arménien-latin, Venise, 1836. — Outre leur collége de St-Lazare, les Mékhitaristes ont formé des établissements à Constantinople, à Trébizonde, à Vienne, à Trieste, à Paris.

MÉKRAN, l'anc. Gédrosie, prov. mérid. du Béloutchistan, entre le Kaboul et la mer des Indes; env. 770 k. de l'E. à l'O. sur 385 du S. au N.; ch.-l., Kedjé. Quelques vallées bien arrosées, mais presque partout d'horribles déserts de sable. Dattes renommées.

MÉLA (Pomponius), géographe latin, né en Bétique, vivait, à ce qu'on croit, sous Tibère et Claude; quelques-uns conjecturent qu'il était de la famille des Sénèque. Il écrivit vers l'an 43 un traité de géographie, De situ orbis, en 3 livres, qui nous est parvenu, et qui est une des sources les plus précieuses pour la géographie ancienne. Il y a mis à profit la plupart des travaux faits par ses prédécesseurs, Hérodote, Éphore, etc.; mais il ne les a pas toujours fondus avec assez de discernement; dans l'appréciation des distances il ne prend pas le soin de réduire toutes les mesures à une même échelle. Les meilleures éditions de Pomponius Méla sont celles de Jacques et Abraham Gronovius, Leyde, 1696 et 1722, cum notis variorum, et de Tzschucke, Leipsick, 1807 et ann. suiv., 7 vol. in-8. Il a été publié avec trad. française par M. Fradin, 1806, par M. Baudet, 1843 (dans la collection Panckouke), et par M. Huot (coll. Nisard).

MÉLAMPE, fameux devin et médecin grec de l'époque fabuleuse, de la famille royale de Pylos, guérit avec de l'ellébore les filles de Prœtus, roi d'Argos, que Junon avait rendues folles, et obtint l'aînée d'entre elles en mariage. Persécute par Nélée, roi de Pylos, il se retira auprès de son beau-père, qui lui donna une partie de ses États. Ses descendants y régnèrent pendant plusieurs générations. Mélampe prétendait comprendre le langage des animaux. On lui attribue l'introduction du culte de Bacchus en Grèce.

MÉLANCHTHON (Philippe), en all. Schwartz-Erde (c.-à-d. terre noire), un des chefs de la Réforme, né en 1497 à Bretten, dans le Bas-Palatinat, mort en 1560, était en 1518 professeur de grec à l'Académie de Wittemberg, où Luther enseignait la théologie. Autant Luther était fougueux, autant Mélanchthon était doux et modéré; néanmoins ces deux hommes se lièrent étroitement et se réunirent pour opérer une réforme dans l'Église. Luther joua jusqu'au bout le rôle d'ardent novateur; mais Mélanchthon essayait de concilier les partis. Il rédigea en 1530 la fameuse Confession d’Augsbourg, et y inséra quelques articles tendant à amener un rapprochement, mais elle ne fut pas acceptée. Il envoya au roi de France François I un mémoire conciliatif, dont le seul résultat fut de déchaîner contre lui les fanatiques de son propre parti. Pendant la guerre qui suivit la ligue de Smalkalde, il erra en divers lieux de l'Allemagne, fuyant le théâtre des discordes qu'il aurait voulu empêcher. Il assista en 1541 aux conférences de Ratisbonne, et rédigea en 1548 l’Interim d'Augsbourg, qui procura quelques moments de paix aux partisans de la Réforme. Mélanchthon était un des savants les plus distingués de l'Allemagne : on l'avait surnommé Præceptor Germaniæ. Il a laissé une foule d'écrits théologiques et littéraires, qui ont été réunis à Wittemberg, 1680-83, en 4 vol. in-fol., et réimprimés dans le Corpus Reformatorum de Bretschneider, Brunswick et Leipsich, 1834-60. On y remarque un Abrégé de morale (Moralis philosophiæ Epitome), une Grammaire latine, longtemps classique, et une Vie de Luther. On peut consulter la Vie de Mélanchthon, par Camerarius, en latin, ouvrage estimé, celle de C. Matthes, en allemand, 1841, et l’Histoire des Variations, où Bossuet a porté sur lui le jugement le plus vrai.

MÉLANÉSIE, c.-à-d. Îles Noires, nom donné à la partie S. O. de l'Océanie, habitée par des hommes de race noire; elle comprend la Nouv.-Guinée avec les îles qui l'avoisinent, ainsi que toutes celles qui s'étendent à l'E. et au S.: îles Salomon, Nouv.-Irlande, Nouv.-Bretagne du Sud, Diéménie, Nouv.-Calédonie, etc.

MÉLANIE (Ste), fille de Ste Albine, femme aussi illustre par sa piété que par sa naissance, avait été mariée dés l'âge de 13 ans à Pinien, fils de Sévère, préfet de Rome, et était parente de S. Paulin. Ayant perdu de bonne heure ses enfants, elle se retira d'abord à Hippone, près de S. Augustin, puis à Jérusalem; elle y embrassa la vie monastique et fit élever sur le mont des Oliviers un couvent où elle mourut en 439. On la fête le 31 déc.

MÉLAR (le lac). V. MÆLAR.

MÉLAS, c.-à-d. Noir, auj. le Géri, riv. de l'anc. Thrace, coulait du N. au S., se jetait dans la mer Égée à l'O. de la Chersonèse de Thrace, et y formait le golfe appelé de son nom G. Mélane (auj. de Saros). — Riv. de l'anc. Cappadoce, sortait du Taurus, et s'unissait à l'Euphrate près de Mélitène : c'est auj. le Kara-sou. — Riv. de Pamphylie (auj. le Ménovgat), se jetait dans la mer Intérieure près et à l'E. de Side.

MÉLAS (le baron de), général autrichien, né en 1730, m. en 1806, commandait en chef l'armée autrichienne contre l'armée française d'Italie en 1796. Opérant en commun avec Souwarow, il remporta en 1799 quelques avantages à Cassano, sur la Trebbia, à Novi, et à Genola, et s'empara de Coni; mais l'année suivante il perdit contre Bonaparte la bataille décisive de Marengo, et dut se retirer derrière le Mincio.

MELAZZO ou MILAZZO, Mylæ, v. forte de Sicile (Messine), à 35 kil. O. de Messine, sur la côte N. E., et sur une baie de même nom; 9000 hab. Pêche de thons; vins, huile, manne. Les Espagnols assiégèrent vainement cette place en 1719. Garibaldi l'enleva au roi des Deux-Siciles le 20 juillet 1860. V. MYLES.

MELBOURNE (W. LAMB, vicomte), homme d'État anglais, né en 1779, d'une famille de robe récemment anoblie, mort en 1848, fut élu en 1805 membre de la chambre des communes sous le patronage des whigs, fut nommé par Canning secrétaire d'État pour l'Irlande et acquit dans ce pays une grande popularité; remplaça son père en 1828 à la Chambre des Lords, fut appelé en 1830 par lord Grey au ministère de l'intérieur, contribua à faire adopter la réforme parlementaire, devint en 1834 premier lord de la Trésorerie et chef du cabinet whig, et, sauf une courte interruption, garda ce poste jusqu'en 1841. C'est sous lui qu'eut lieu la rupture de l'alliance française à l'occasion des affaires d'Orient (1840), et que furent entreprises des guerres injustes ou désastreuses contre les peuples situés à l'O. de l'Indus et contre la Chine. D'un caractère insouciant, lord Melbourne était peu capable de gouverner dans des circonstances critiques; mais il était conciliant, et, quoique whig, il ralliait par sa modération un grand nombre do tories.

MELBOURNE, v. d'Australie, capitale de la colonie anglaise de Victoria, sur la Yarra, pres de son embouch. dans la baie de Port-Philipp. Évêché anglican, université, nombreuses écoles, banque, plusieurs théâtres ; chemin de fer. Fondée en 1835, pendant le ministère de lord Melbourne, dont elle reçut le nom ; la population s’est accrue d’une manière prodigieuse par les émigrations d’Europe : elle était de 10 956 h. en 1846 ; elle dépassait 200 000 en 1860. Le principal commerce est l’exportation des laines du pays et celle de l’or, qu’on extrait des mines voisines.

MELCHIADE ou MILTIADE (S.), pape de 311 à 314, Africain d’origine, combattit l’hérésie des Donatistes. C’est sous son pontificat que Constantin rendit le célèbre édit de Milan. On le fête le 10 déc.

MELCHISÉDECH, roi de Salem (que l’on croit la même que Jérusalem), et prêtre du Très-Haut, vint féliciter Abraham, vainqueur de Chodorlahomor, roi des Élamites, et offrit au Seigneur en sacrifice le pain et le vin. Abraham lui donna la dîme des dépouilles prises sur l’ennemi. L’Écriture (Psaume CIX, 4) qualifie le Messie de pontife éternel selon l’ordre de Melchisédech, par opposition à l’ordre d’Aaron.

MELCHITES, c.-à-d. Impérialistes. On nomme ainsi dans le Levant une classe de Chrétiens schismatiques qui n’ont embrassé ni la doctrine de Nestorius, ni celle d’Eutychès, mais qui suivent les canons du concile de Chalcédoine, convoqué en 451 par l’empereur Marcien : d’où leur nom. Ils ont un patriarche particulier, résidant à Damas, et qui se fait appeler patriarche d’Antioche. Il y a aussi des Melchites en Égypte : ils sont opposés aux Jacobites.

MELCHTHAL (Arnold de), l’un des trois fondateurs de la liberté suisse, né dans le canton d’Unterwald. Voulant venger son père, à qui le gouverneur autrichien avait fait crever les yeux, il conçut le projet d’arracher son pays à la domination autrichienne. Il se concerta à cet effet avec ses amis, Furst et Stauffacher ; ils s’adjoignirent chacun dix hommes déterminés, et tous, réunis dans la plaine de Grutli, s’engagèrent par un serment solennel à rendre la liberté à la Suisse (1307). L’aventure de Guillaume Tell hâta l’exécution de leur projet.

MELDI, peuple de la Gaule (Lyonnaise 4e), vers le N., entre les Parisii à l’O., les Aureliani au S., et les Senones à l’E., avaient pour capit. Iatinum, nommée depuis elle-même Meldi (Meaux).

MÉLÉAGRE, fils d’Œnée, roi de Calydon, et d’Althée. Les destins ayant décidé qu’il vivrait tant que durerait un tison qui brûlait dans le foyer au moment de sa naissance, Althée, sa mère, éteignit aussitôt ce tison et le garda soigneusement. Méléagre se distingua de bonne heure par son courage ; il prit part à l’expédition des Argonautes, et tua le terrible sanglier de Calydon. Une rixe s’étant élevée entre lui et ses oncles sur la possession de la hure de ce sanglier, il les frappa d’un coup mortel, dans la chaleur de la dispute. Althée, irritée du meurtre de ses frères, jeta au feu le tison fatal, et son fils expira aussitôt.

MÉLÉAGRE, un des généraux d’Alexandre le Grand, se prononça pour Arrhidée après la mort du roi, et obtint la Lydie dans le partage des provinces. Perdiccas, voyant en lui un obstacle à son ambition, le fit périr (323 av. J.-C.).

MÉLÉAGRE, poëte grec, né près de Gadara en Syrie, auteur de la 1re Anthologie, vivait environ un siècle av. J.-C. Son Anthologie ne nous est pas parvenue, du moins telle qu’il l’avait composée (V. ANTHOLOGIE) ; mais on a conservé dans les recueils postérieurs nombre de pièces de lui : elles se trouvent dans les Analecta de Brunck, dans l’Anthologie de Jacobs, et ont été imprimées à part par Græfe, Leipsick, 1811.

MÉLÈCE (S.), Meletius, né dans la Mélitène, prov. d’Arménie, fut élu évêque de Sébaste en 357, et patriarche d’Antioche en 361. Adversaire déclaré des Ariens, il fut successivement déposé par eux, rappelé par l’empereur Julien, exilé par ce même Julien, puis rappelé par Jovien en 363 ; de nouveau exilé par Valens en 364, il fut enfin rétabli sur son siége en 378, sous Gratien. Il mourut l’année suivante pendant la tenue du concile d’Antioche, qu’il présidait. S. Chrysostôme prononça son panégyrique. On le fête le 12 février.

MÉLÈCE SYRIQUE, théologien de l’Église grecque, né à Candie en 1586, mort en 1664, était abbé d’un monastère de Candie lorsqu’il fut appelé à Constantinople par le patriarche Cyrille Lucar, qui le nomma protosyncelle de son église. Il assista néanmoins aux synodes de 1638 et 1642, où fut condamnée la doctrine de Cyrille Lucar, et fut même chargé de réfuter la Confession de foi de ce patriarche : il rédigea à cet effet un écrit fameux (Paris, 1687), dont on trouve un extrait dans la Perpétuité de la foi d’Arnauld.

MELEDA, Melita, île des États autrichiens (Dalmatie), dans l’Adriatique, n’est séparée de la presqu’île de Sabioncello que par le canal de Curzola : 48 kil. sur 6 ; 1000 hab. Sol peu fertile ; 5 bons ports.

MÉLÉDIN. V. MÉLIK-EL-KAMEL.

MELEGNANO, v. de Lombardie. V. MARIGNAN.

MÉLEK. V. MÉLIK.

MELENDEZ VALDEZ, poëte espagnol, né en 1754 à Fresno près de Badajoz, mort à Montpellier en 1817, occupa une chaire de belles-lettres à Salamanque, fut nommé en 1789 juge au tribunal de Saragosse, et en 1797 procureur du roi à Madrid ; accueillit les Français lors de l’invasion et s’attacha à Joseph Bonaparte, qui le nomma directeur de l’instruction publique. Il se réfugia à Montpellier après l’expulsion des Français. Ses poésies, qui consistent en odes, élégies, églogues, épîtres, sont surtout remarquables par une douce sensibilité, par la pureté et l’élégance. Elles ont été publiées à Madrid en 1821.

MÉLÈS, petite riv. de Lydie et d’Ionie, naissait près du Sipyle et tombait dans le golfe de Smyrne. On faisait naître Homère sur ses bords ; on donnait même le poëte comme fils de ce fleuve, d’où le nom de Mélésigène, qui lui est donné par les anciens.

MELFI, Aufidus, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Basilicate), à 42 kil. N. O. de Potenza ; 10 000 hab. Évêché. La cathédrale a été détruite en 1851 par un tremblement de terre.

MÉLI (Jean), poëte sicilien, né à Palerme en 1740, m. en 1815, était médecin et professeur de chimie à l’Académie de Palerme. Il réussit dans la poésie bucolique : ses admirateurs le placent près de Théocrite. On a aussi de lui des odes et des canzoni, des satires, des épîtres, des fables fort goûtées, et de charmants poëmes, la Fée galante, en 8 chants, Don Quichotte, en 12 chants. Ses Œuvres ont été réunies à Palerme en 1814, 7 vol. in-8. Il a écrit dans le dialecte sicilien.

MÉLIAPOUR, v. de l’Inde. V. SAN-THOMÉ.

MÉLICERTE, fils d’Athamas et d’Ino. Fuyant avec sa mère les fureurs de son père, il se précipita dans la mer. Il fut changé en une divinité marine, sous le nom de Palémon, et l’on institua en son honneur les jeux isthmiques.

MÉLIK, MÉLEK ou MALEK, mot turc qui signifie roi, a été porté par un grand nombre de princes que l’on distingue entre eux par leurs surnoms.

MELIK-CHAH, surnommé Djélal-Eddyn (gloire de la religion), sultan seldjoucide de Perse (1072-93), succéda à son père Alp-Arslan, dont l’empire s’étendait du Djihoun à l’Euphrate, et agrandit tellement ses États qu’ils finirent par embrasser presque toute l’Asie méridionale, depuis la Méditerranée jusqu’à la Chine, et depuis le Caucase jusqu’à l’Yémen. Il éleva au califat Moktady Biamrillah (1075), chassa les Grecs de l’Asie-Mineure et de la Syrie septentrionale (1075), soumit quelques petits tyrans qui ravageaient la Mésopotamie, s’empara d’Édesse, d’Alep, d’Antioche, et joignit l’Arménie à ses États. Il devait la prospérité de son règne à son vizir Nizam-el-Molouk ; mais, trompé par des intrigues qui avaient été ourdies contre ce fidèle ministre, il le déposa en 1092 et le laissa assassiner bientôt après. Il ne lui survécut que 18 jours, et mourut à Bagdad, d’une maladie aiguë, à 38 ans. Ce prince, le plus illustre de sa dynastie, unissait aux avantages physiques des qualités solides. On lui doit la création d'un grand nombre de villes, de palais, de mosquées et de colléges. Il fonda en 1074 à Bagdad un observatoire, y rassembla des astronomes, fit réformer par eux le calendrier en fixant le 1er jour du printemps, jour auquel devait commencer l'année, et créa une nouvelle ère datant du 14 mars 1075 et appelée de son surnom ère djélaléenne. Il laissa trois fils, Barkiaroc, Mohammed et Sandjar, qui régnèrent après lui. — Son petit-fils, Mélik-Chah II, régna de 1152 à 1160, eut à lutter contre plusieurs compétiteurs, et finit par établir son autorité dans Hamadan et Ispahan. — Mélik-Arslan, sultan seldjoucide, fils de Togrul II, régna avec gloire sur la Perse occidentale, de 1160 à 1175. Il eut pour compétiteur son cousin Mohammed, fils de Seldjouk-Chah, mais il le battit à Kasbin.

MÉLIK-EL-AFDAHL, fils aîné du grand Saladin, se signala dès l'âge de 17 ans dans une expédition contre les Chrétiens, et tailla en pièces un corps de Templiers près de Tibériade (1187). A la mort de son père (1193), il hérita des royaumes de Damas et de Jérusalem, tandis que ses frères Mélik-el-Aziz-Othman et Mélik-ed-Dhaher-Ghazy recevaient, le premier l’Égypte, le second Alep ; mais il ne sut pas se maintenir dans ses États et fut dépouillé d'abord par ses frères, puis par son oncle Mélik-el-Adel (1199). Il mourut dans l'obscurité en 1225. Ce prince cultivait la poésie avec succès.

MÉLIK-EL-ADEL (Aboubekr-Mohammed), connu sous les noms de Malek-Adel et de Saphadin (pour Saïf-eddyn, épée de la religion), sultan d’Égypte et de Damas, de la dynastie des Ayoubites, était frère puîné du grand Saladin. Il contribua puissamment à établir la puissance de son frère, et obtint successivement les gouvernements de l’Égypte, d'Alep et de Damas. Pendant la 3e croisade, il enleva aux Chrétiens plusieurs places importantes en Palestine. Chargé par Saladin d'entrer en négociation avec Richard Cœur de Lion, il conclut une paix avantageuse : il devait, comme condition de la paix, épouser Jeanne, sœur du roi d'Angleterre, et être couronné avec elle roi de Jérusalem ; mais cette princesse refusa de donner sa main à un infidèle. Après la mort de Saladin, en 1193, Mélik-el-Adel sut, en semant la division parmi les fils de ce prince, les affaiblir tous et s'emparer des contrées qui leur étaient échues. En 1203, il était maître de l’Égypte, de Damas, de Jérusalem et de la plus grande partie de la Mésopotamie. Il tourna alors ses armes contre les Chrétiens ; mais il ne fut pas toujours heureux dans ses expéditions. En 1217, une armée de Croisés ravagea ses États et lui enleva Damiette. Il mourut en 1218, à 75 ans.

MÉLIK-EL-KAMEL-NASER-EDDYN, plus connu sous le nom de Mélédin, fils aîné de Mélik-el-Adel, succéda à son père sur le trône d’Égypte en 1218. Il recouvra en 1221 le port de Damiette, que les Chrétiens, pressés par la disette, se virent forcés d'évacuer. En 1229, une querelle s'étant élevée entre ses deux frères, qui régnaient, l'un en Syrie, l'autre en Palestine, il prit le parti du premier, et, pour affaiblir le second, il invita l'empereur Frédéric II à envahir la Palestine ; mais il se repentit bientôt d'avoir appelé un allié aussi redoutable, et fut obligé, pour s'en débarrasser, de lui céder Jérusalem. En 1238, son frère Aschraf étant mort, il s'empara des États de ce prince. Il mourut peu après, à 70 ans. Mélik-el-Kamel protégea les arts et les sciences, les cultiva lui-même avec succès, et fonda plusieurs édifices somptueux, entre autres un grand collége au Caire. Il fut tolérant envers les Juifs et les Chrétiens. — Il eut pour fils : 1° un second Mélik-el-Adel, qui lui succéda en Égypte, mais qui, méprisé pour ses débauches et son incapacité, fut déposé en 1240 et confiné dans une prison ; — 2° Mélik-el-Saleh-Nedjm-Eddyn, qui régna d'abord sur la Mésopotamie, et qui fut ensuite mis sur le trône d’Égypte à la place de Mélik-el-Adel II (1240).

MÉLIK-EL-MOADHAM-CHERIF-EDDYN nommé par corruption Coradin, fils de Mélik-el-Adel, s'empara de Damas après la mort de son père, en 1218, et régna dix ans sur la Syrie. Il alla au secours de Damiette, assiégée par les Chrétiens, leur fit la guerre avec succès en Palestine, prit Césarée, et contribua à faire rentrer Damiette sous la domination des Musulmans. Il se brouilla avec ses frères Mélik-el-Aschraf et Mélik-el-Kamel, ce qui eut pour résultat principal l'expédition de l'empereur Frédéric II en Palestine (V. MÉLIK-EL-KAMEL) et l'affaiblissement des Musulmans. Il mourut en 1227, à 49 ans, laissant le trône de Damas à son fils Mélik-el-Nasser, qui fut bientôt dépouillé par ses oncles Mélik-el-Kamel et Mélik-el-Aschraf, et qui, plusieurs fois, rétabli et renversé, fut enfin réduit à se réfugier dans le désert d'Arabie, où il mena une vie nomade.

MÉLIK-EL-MOADHAM-GAIATH-EBDYN-TOURAN-CHAH, sultan ayoubite d’Égypte, petit-fils de Mélik-el-Kamel, régna d'abord sur la Mésopotamie, et monta sur le trône d’Égypte en 1249, après avoir assassiné son frère Adel-Chah. Il coupa les vivres à l'armée de S. Louis, et la força ainsi à cette funeste retraite de la Mansourah, qui coûta la vie ou la liberté à plus de 30 000 Français ; il fit massacrer ses prisonniers et ne respecta que S. Louis. Sa conduite tyrannique envers ses propres sujets, ses débauches, son ingratitude envers les Mamelouks Baharites, à qui il devait ses succès, le rendirent odieux : il fut détrôné et mis à mort par Bibars en 1250. En lui s'éteignit la dynastie des Ayoubites.

MELILLA, Rusadir, v. forte et port du Maroc, à 225 kil. N. E. de Fez, et à 50 kil. E. de Ceuta ; 2500 hab. Elle appartient aux Espagnols depuis 1496 : c'est un de leurs présides ou lieux de déportation. Elle doit, dit-on, son nom au miel renommé qu'on recueille dans ses environs.

MÉLINDE, v. d'Afrique, sur la côte de Zanguebar, capit. du roy. de Mélinde, à l'embouchure du Quilimancy, sur la r. dr. du fleuve, par 38° 42' long. E., 3° lat. S. Cette ville a été très-florissante et a compté, dit-on, 200 000 hab.; ce n'est plus auj. qu'une triste solitude. Il s'y fait encore un peu de commerce avec la Perse, l'Arabie et l'Inde. Mélinde fut prise par les Portugais au XVIe siècle ; mais les Arabes la leur enlevèrent en 1698. — Le roy. de Mélinde s'étend le long de la mer, entre les États de Juba au N., de Zanzibar au S. Il était censé possession portugaise et faisait partie de la capitainerie générale de Sofala-et-Mozambique.

MELISEY, ch.-l. de cant. (Hte-Saône), sur l'Ognon, à 10 kil. N. E. de Lure ; 2000 hab. Toiles de coton, mousselines, fromages.

MÉLISSUS, philosophe éléatique, natif de Samos, disciple de Parménide, florissait vers 460 av. J.-C. Homme d'État et général habile en même temps que philosophe, il commanda la flotte des Samiens contre les Athéniens, et remporta quelques avantages sur Périclès ; mais il ne put empêcher sa patrie de succomber, 440. Il professait l'idéalisme, et soutenait que l'univers est un être unique et indivisible, que les formes diverses des êtres ne sont que des apparences, que le mouvement n'a rien de réel, etc. Il ne reste aucun de ses ouvrages ; il n'est connu que par les citations de quelques auteurs grecs, notamment d'Aristote et d'Eusèbe. On trouve ce qui nous reste de Mélissus dans les Fragmenta philosophorum græc. de la collection Didot.

MÉLITE. V. MALTE, MELEDA, MÉLITÈNE.

MÉLITÈNE, auj. Meledni, petit pays situé entre la Cappadoce et l'Euphrate, avait jadis appartenu à l'Arménie ; il fut ensuite annexé à la Cappadoce, et plus tard, lors de la formation de la Petite-Arménie, devint une des 5 préfectures de cette province. Son ch.-l. était Mélite ou Mélitène (auj. Malatia), sur l'Euphrate, près de son confluent avec le Mélas. Cette ville avait été fondée par Trajan, et était la capitale de la Petite-Arménie. C'est là que Polyeucte subit le martyre. Mélite fut longtemps le siége d'une légion dite la Mélitine et surnommée la Foudroyante ou la Fulminante, à cause de son courage ; cette légion, toute composée de chrétiens, n’était pas moins célèbre par sa piété ; on attribue à ses prières une pluie miraculeuse qui sauva l’armée de Marc-Aurèle au moment où elle allait périr de soif dans les déserts de la Germanie (174). Il se livra à Mélitène en 576 une bat. où Chosroës I, roi de Perse, fut défait par le général Justinien, cousin de Justin II.

MÉLITON (S.), évêque de Sardes, présenta vers 172 à Marc-Aurèle une Apologie de la religion chrétienne. Il avait composé un grand nombre d’écrits, entre autres un Traité de la fête de Pâques, où il fixait cette fête au 14e  jour de la lune de mars. Il ne reste de lui que quelques fragments (conservés par Eusèbe). On le fête le 1er  avril.

MÉLITUS, orateur et mauvais poëte d’Athènes, fut un des accusateurs de Socrate. On dit que les Athéniens, ayant reconnu l’innocence du philosophe, lapidèrent Mélitus comme calomniateur (400 av. J.-C.) ; cependant Platon et Xénophon ne disent rien de ce fait.

MELIUS (Spurius), chevalier romain, gagna le peuple par des distributions de blé et fut accusé d’aspirer à la tyrannie. Ayant refusé de comparaître devant le dictateur Q. Cincinnatus pour répondre à cette accusation, il fut tué au milieu du Forum par le maître de la cavalerie, C. Servilius Ahala, 438 av. J.-C.

MELKART (c.-à-d. en phénicien le Roi fort), l’Hercule de Tyr, était le dieu de la richesse, de l’industrie et de la navigation, et le dieu tutélaire des Tyriens. On le considérait comme l’image du soleil ; une flamme éternelle brûlait dans son temple : tous les ans on élevait en son honneur un immense bûcher des flammes duquel les prêtres faisaient échapper un aigle, symbole de l’année qui renaît. Melkart était adoré non-seulement à Tyr, mais dans toutes les colonies phéniciennes : à Carthage, à Gadès, à Malte, où l’on voit encore les ruines d’un de ses temples.

MELLA, affluent de l’Oglio, donnait son nom à un dép. du roy. français d’Italie ; ch.-l., Brescia.

MELLAN (Claude), habile dessinateur et graveur, né à Abbeville en 1598, m. à Paris en 1688, résida longtemps à Rome, vint en 1637 se fixer à Paris, où il obtint une très-grande vogue, surtout pour le portrait. Il avait imaginé une manière de graver d’une seule taille. Ses œuvres les plus estimées sont : S. Pierre Nolasque porté par des anges, S. François, S. Bruno retiré dans un désert et la Ste Face empreinte sur le linge de Ste Véronique, œuvre unique, gravée d’un seul trait de burin. Il a laissé aussi les portraits de Gassendi, de Peiresse, d’Urbain VIII, du cardinal Bentivoglio, du maréchal de Créqui, et nombre d’estampes d’après Vouet, Stella, le Tintoret, le Poussin, etc. Il cultivait aussi la peinture avec succès.

MELLE, Mellusum, ch.-l. d’arr. (Deux-Sèvres), près de la Béronne, à 29 kil. S. E, de Niort ; 2724 h. Trib. de 1re inst., collége, église calviniste. Toile, serge, lainages divers, grains, mulets, etc. Env. charmants ; eaux sulfureuses. Elle possédait autrefois une mine de plomb et d’argent, et un atelier monétaire, qui fut transporté à Niort. Tour remarquable de Mellezéard. On a dit que la fée Mélusine avait pris son nom de Melle.

MELLO, bg du dép. de l’Oise, à 35 kil. S. E. de Beauvais ; 600 hab. Anc. seigneurie.

MELLO, bg de Portugal (Beira), à 26 kil. N. O. de Guarda ; 800 hab. Il a donné son nom à une branche de la maison de Bragance.

MELLO (don Francisco de), général espagnol, fut battu par Condé à Rocroy en 1643.

MELLO (Pereira de). V. CADOVAL.

MELLO-FREIRE-DOS-REIS (José de), jurisconsulte portugais, grand vicaire de Crato, membre du conseil du roi et de la cour souveraine de justice, né en 1738, à Anciâo, m. en 1798, fut nommé, par le marquis de Pombal, professeur de droit à Coïmbre, 1772, et chargé en 1783 de la rédaction d’un nouveau code. Il laissa un Code de droit public, resté inédit, et un Code de droit pénal (publié en 1823). On a de lui plusieurs savants traités de droit, réunis à Coïmbre, 1815 : on y remarque les Institutions de droit public, privé et criminel du Portugal, et son Histoire du droit civil, tous deux en latin.

MELLOBAUDES, prince franc, le 1er dont l’histoire fasse mention, servait dans l’armée romaine vers 354. Commandant des gardes sous Constance, Julien, Jovien et Valentinien, il battit les Allemands en 378, et fut deux fois consul, 377 et 383.

MELLONI (Macedonio), physicien, né à Parme en 1801, m. à Naples en 1854, commença par enseigner la physique dans sa ville natale, où il perfectionna, avec Nobili, la pile thermo-électrique, fut obligé de s’expatrier en 1830 pour cause politique, se réfugia en France, enseigna la physique à Dôle, puis à Genève, vint à Paris, où l’Institut lui conféra le titre de correspondant (1835), rentra en Italie en 1839 et fut nommé professeur de physique à Naples et directeur du Conservatoire des arts et métiers. Melloni s’est attaché à comparer la chaleur rayonnante avec la lumière et a mérité par ses découvertes d’être appelé le Newton de la chaleur : il a établi l’identité des lois qui régissent ces deux ordres de phénomènes et a découvert que la chaleur rayonnante est, comme la lumière, composée de rayons inégalement réfrangibles ; qu’aux corps transparents correspondent les corps diathermanes ; aux corps opaques, les corps athermanes ; à la couleur, la thermochrose. La plupart des travaux de Melloni ont paru dans les Annales de physique et de chimie. Il a publié à part : Mémoire sur l’identité des diverses radiations lumineuses, calorifiques et chimiques, Genève, 1842 ; Traité de la Thermochrose, Naples, 1850.

MELODUNUM, v. des Senones, est auj. Melun.

MELON (Jean Franç.), économiste, né à Tulle vers 1680, m. en 1738, s’établit à Bordeaux, où il cultiva les lettres, devint secrétaire perpétuel de l’Académie bordelaise, qu’il avait contribué à fonder (1712), fut nommé par d’Argenson inspecteur général des fermes de Bordeaux, puis devint secrétaire de Law et enfin du Régent. On estime son Essai politique sur le commerce, 1734, in-12, « livre aussi plein que petit », selon Voltaire, qui l’accuse cependant d’être systématique. Il soutenait le régime prohibitif ainsi que la valeur arbitraire des monnaies, opinions qui furent vivement combattues par Dutot.

MELORIA ou MELLORIA (la), Mœnaria, île de la Méditerranée, sur la côte de Toscane, au S. O. de Livourne. Vict. des Pisans sur les Génois, 1241, et des Génois sur les Pisans, 1824.

MÉLOS, auj. Milo ou Milos, une des Cyclades, au S. O., à égale distance du cap Scyllæum en Hermionide et du cap Dictynæum en Crète. - Les Phéniciens s’y établirent les premiers ; Sparte y envoya une colonie vers 1116 av. J.-C. Mélos resta fidèle à Sparte pendant la guerre du Péloponèse : les Athéniens la prirent en 416, après sept mois de blocus et en massacrèrent la population mâle. Patrie de l’athée Diagoras. — Cette île forme auj. une éparchie du nome des Cyclades et a pour ch.-l. Mélos ou Plaka.

MELPOMÈNE (du grec Melpô, chanter des vers héroïques), Muse de la tragédie. On la représente sous la figure d’une femme jeune encore, avec un visage imposant, richement vêtue, chaussée du cothurne, tenant un poignard d’une main, un sceptre de l’autre, et portant une couronne sur la tête.

MELROSE, vge d’Écosse (Roxburgh), sur la Tweed, à 50 kil. d’Édimbourg ; 1000 hab. Station du chemin de fer du Nord. Ruines d’une célèbre abbaye gothique, fondée en 1136 par David Ier pour des moines de Cîteaux, reconstruite entre les règnes de Robert Bruce et de Jacques IV, et pillée lors de la Réformation. Près de là est Abbotsford, qui fut la résidence de Walter Scott.

MELUN, Melodunum, v. de France, ch.-l. du dép. de Seine-et-Marne, sur la Seine, qui la divise en 3 parties, et sur le chemin de fer de Lyon, à 45 kil. S. E. de Paris ; 11 170 h. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque, école normale primaire. Ville généralement bien percée et bien bâtie. Église gothique de St-Aspais, avec de beaux vitraux ; restes de l’abbaye de ce nom ; maison centrale de détention. Fabriques de calicots, de chapeaux de soie et de feutre, d’étoffes de laine et de toiles peintes. Commerce de bois, fromages de Brie, charbon ; marché aux grains et aux farines. Patrie d’Amyot. — Ville très-ancienne : ce n’était dans l’origine qu’une forteresse. Prise en 494 par Clovis, elle fut sous les premiers Capétiens une résidence royale. Plusieurs fois prise par les Normands et les Anglais (notamment par ces derniers en 1419) ; Charles VII la reprit en 1430. Longtemps elle eut le titre de vicomté ; elle fut érigée en duché-pairie en 1709, en faveur de Louis Hector de Villars.

MELUN (maison de), maison noble et ancienne, connue depuis le xe siècle, était alliée à la race royale des Capétiens, et a fourni à l’État et à l’Église un grand nombre de personnages distingués. Elle a formé les branches de Viilefermoy, de La Borde, de La Loupe-Marcheville, de Château-Landon, de Tancarville, d’Épinoy, de Maupertuis.

MELUN (Guill. de), dit le Charpentier, parent de Hugues le Grand, comte de Vermandois, l’accompagna à la 1re croisade et fut un des principaux chevaliers français qui aidèrent Godefroi de Bouillon à conquérir la Terre-Sainte. Son surnom lui fut donné parce que rien ne pouvait résister aux coups de sa hache d’armes. — Adam, vicomte de M., général de Philippe-Auguste, fut envoyé en 1208 dans le Poitou contre Aimery VII, vicomte de Thouars, qui commandait les troupes de Jean, roi d’Angleterre, et contre Savary de Mauléon, qui avaient fait tous deux une incursion sur les terres du roi de France, les mit en pleine déroute, et fit le vicomte de Thouars prisonnier. Il eut aussi une grande part à la victoire de Bouvines (1214). En 1216, il passa en Angleterre avec Louis de France (depuis Louis VIII), que les barons anglais demandaient pour roi. Il y mourut en 1220. — Charles de M., baron des Landes et de Normanville, parvint, au commencement du règne de Louis XI, au plus haut degré de faveur, fut fait en 1465 grand maître de France, puis lieutenant général du royaume. Sa conduite équivoque lors de la guerre du Bien public le perdit dans l’esprit du roi, qui le fit condamner à mort et décapiter aux Andelys (1468), comme ayant eu des relations avec les chefs de la Ligue, notamment avec le duc de Bretagne. Il fut réhabilité sous le règne suivant et ses biens furent rendus à ses enfants. Il avait déployé, pendant qu’il était en faveur, un faste qui le fit surnommer Sardanapale.

MELUN (Louis de), marquis de Maupertuis, puis duc de Joyeuse, né en 1634, m. en 1721, se signala en 1677 au siége de Valenciennes, où il emporta les retranchements à la tête d’une compagnie de mousquetaires, et fut fait brigadier par le roi sur les retranchements mêmes. Il ne montra pas moins de bravoure à la bataille de Cassel et au siége d’Ypres ; fut successivement nommé maréchal de camp et lieutenant général, et fut envoyé en 1694 au Havre-de-Grâce, qu’il défendit contre les Anglais et qu’il sauva d’une ruine certaine. Louis XIV rétablit pour lui en 1714 la duché-pairie de Joyeuse.

MÉLUSINE, fée célèbre dans nos romans de chevalerie et dans les traditions du Poitou, descendait selon les légendes, d’un certain Élénas, roi d’Albanie. Elle épousa Raymondin de Forez, 1er seigneur de Lusignan en Poitou, et devint la tige des maisons de Lusignan, de Luxembourg et de Bohême. On l’appela d’abord la Mère des Lusignan, et, par corruption, Mère Lusigne, Merlusine et enfin Mélusine. Elle était, disait-on, changée tous les samedis en serpent, pour avoir donné la mort à son père ; par les gémissements, les sifflements et les cris lugubres qu’elle faisait entendre alors, elle prédisait les malheurs qui menaçaient ses descendants. Son mari, l’ayant un jour aperçue dans sa métamorphose, l’enferma dans un souterrain de son château de Lusignan, où elle est depuis restée emprisonnée. On attribuait à cette fée la construction des châteaux de Lusignan, de Parthenay, de Morvant, de Vouvant, de Marmande, d’Issoudun, etc. M. Francisque Michel a publié en 1854 un vieux poëme du XIVe siècle sur Mélusine.

MELVIL (sir James), seigneur écossais, né dans le comté de Fife en 1534, mort en 1606, fut élevé à Paris et attaché en 1549 au connétable de Montmorency, fut rappelé en Écosse en 1561 par la reine Marie Stuart, qui le nomma conseiller privée servit sa souveraine avec autant d’intelligence que de fidélité, et ne craignit pas de lui adresser des remontrances énergiques lorsqu’il découvrit son funeste attachement pour Bothwell ; il se vit même obligé de fuir pour échapper à la vengeance de ce dernier, mais il fut rappelé au conseil par les régents qui gouvernèrent après Marie Stuart et obtint la confiance du roi Jacques VI. Il a laissé des Mémoires historiques qui ont été publiés à Londres en 1683, in-fol., et trad. par l’abbé Marsy, 1745.

MELVILLE (H. DUNDAS, vicomte de), homme d’État, issu d’une famille illustre d’Écosse, né v. 1741, mort en 1811, fat envoyé au Parlement par la ville d’Édimbourg ; défendit le ministère de lord North pendant la guerre d’Amérique, combattit le ministère de la coalition (composé de partisans de Fox et de ceux de lord North), s’opposa au fameux bill de l’Inde, soutint ensuite le système de Pitt, et fut nommé successivement par ce ministre président du contrôle pour l’Inde (1783), secrétaire d’État pour l’intérieur (1791), puis ministre de la guerre, lord du sceau privé, enfin 1er  lord de l’amirauté (1805). En 1806, il fut accusé de malversation, et, bien qu’acquitté par la Chambre des Lords, il fut obligé, de résigner tous ses emplois. Melville est auteur de plusieurs brochures politiques fort remarquables.

MELVILLE, île située sur la côte N. de l’Australie, a 120 k. sur 70. Ainsi nommée en l’honneur de lord Melville. Les Anglais y avaient formé un établissement qu’ils ont abandonné. — Vaste presqu’île de l’Océan Glacial arctique, au N. de l’Amérique, par 108-116° long. O., 74°-76° 50′ lat. N. ; froid extrême. Découverte en 1819 par le capitaine Parry.

Le nom de Melville a encore été donné à une baie de la mer de Baffin, sur la côte O. du Groenland ; à un détroit de l’Amérique du N., entre ceux de Banks à l’E. et de Barrow à l’O. ; c’est un de ceux qui forment le passage Nord-Ouest ; - enfin à une île de la mer Polaire, entre 70° et 76° lat. N.

MÉMACTÉRION, mois des Athéniens, correspondant à parties de novembre et de décembre, tirait son nom des Mémactéries, fêtes qu’on célébrait en l’honneur de Jupiter Mémactès (c.-à-d. orageux), pour obtenir de lui un hiver tempéré.

MEMEL, v. des États prussiens (Prusse), à l’embouchure de la Dange dans la Baltique et à l’extrémité N. du Kurische-Haff, à 135 kil. N. de Kœnigsberg ; 12 000 hab. Port de commerce, comptoir de banque, chantiers de construction, bagne. Industrie, toile, gants, savon, eau-de-vie, bière, ouvrages en bois ; fonderies de fer. — Fondée en 1252 par les chevaliers Teutoniques, ensuite ville hanséatique. Elle fut la résidence du roi de Prusse après la perte de ses États en 1807. En 1854, elle a été dévastée par un incendie.

MEMINI, petit peuple de la Gaule Narbonnaise, au S. E. des Tricastini, dans le pays des Salyes, avait pour villes principales Forum Neronis (Forcalquier), et Carpentoracte (Carpentras).

MEMMI ou MARTINI (Simon), peintre, né à Sienne vers 1284, mort en 1344, élève, puis collaborateur de Giotto, fut appelé en 1338 à Avignon par Benoît XII pour peindre, dans le palais des Papes, l’Histoire des martyrs, se lia dans cette ville avec Pétrarque, pour lequel il fit un portrait de la belle Laure, orna également de ses peintures Sienne, Florence, Pise, et exécuta dans cette dernière ville une partie des célèbres fresques du Campo Santo. Parmi ses ouvrages, on cite S. Dominique disputant contre les hérétiques, à Florence, la Vie de S. Ranieri, à Pise, le Sauveur donnant la bénédiction, à Munich, un Couronnement de la Vierge, à Paris. Il excellait aussi dans le portrait. Simon Memmi se distingue par une composition sage, une invention originale et pleine de génie; ses airs de tête et ses mouvements sont variés; ses costumes, pleins de goût.

MEMMINGEN, v. de Bavière (Cercle de Souabe), sur un affluent de l'Iller, à 44 kil. S. E. d'Ulm; 8000 hab. Tribunal, gymnase, bibliothèque. Arsenal, fonderie de cloches; cotonnades, toile, bonneterie.

MEMMIUS, maison plébéienne de Rome, a fourni plusieurs tribuns et plusieurs consuls.

MEMMIUS (T.), tribun du peuple l'an 112 av. J.-C, se montra constamment opposé à Jugurtha, accusa hautement les généraux que le roi numide avait gagnés par son or, et parvint à déjouer ses intrigues et à le faire amener de la Numidie à Rome pour être jugé. C'était un orateur éloquent : Salluste met dans sa bouche une fort belle harangue.

MEMMIUS GEMELLUS (C.), successivement tribun du peuple, préteur et gouverneur de la Bithynie, fut exilé à Patras comme concussionnaire (61 av. J.-C.). Il cultivait l'éloquence et la poésie et protégeait Lucrèce : c'est à lui que ce poète dédia son poëme.

MEMNON, personnage fabuleux, fils du beau Tithon (frère de Priam) et de l'Aurore, régnait sur l’Égypte et l’Éthiopie, selon les uns, sur la Perse et la Susiane, selon les autres. Il vint, dans la 10e année du siége de Troie, amener à Priam un secours de dix mille combattants, se distingua par sa bravoure et tua Antiloque, fils de Nestor, combattit Ajax; mais il fut tué lui-même par Achille. Quand il eut été placé sur le bûcher, on vit sortir de ses cendres une troupe d'oiseaux, qui, pour honorer ses funérailles, se partagèrent en deux bandes et se combattirent avec fureur; l'Aurore, désespérée de sa mort, versa des larmes abondantes qui se transformèrent en rosée. On érigea en son honneur dans plusieurs villes, notamment à Suse, à Ecbatane, à Thèbes en Égypte, des monuments dits memnonium. Il existait à Thèbes une statue colossale de Memnon, qui, dit-on, rendait un son harmonieux lorsqu'elle était frappée des premiers rayons du soleil; il en reste encore des débris. Les uns voient en Memnon un prince réel, qui aurait régné sur les régions orientales, ce qui le fit nommer fils de l'Aurore; les autres le prennent pour un roi puissant de l’Égypte, soit Osymandias, soit Aménophis II (nom dont celui de Memnon serait une corruption), soit même Sésostris (c'est l'opinion d'Hérodote); enfin d'autres en font la personnification de la lumière solaire. Quant au son rendu par sa statue, si ce n'est une pure invention, on l'expliquerait par une cause physique analogue à celle qui produit le phénomène d'acoustique connu sous le nom de harpe éolienne.

MEMNON, le Rhodien, général perse, frère de Mentor de Rhodes, s'était révolté dans sa jeunesse contre Artaxerce Ochus; mais, ayant obtenu son pardon, il devint le plus fidèle serviteur de ce prince; il servit avec le même zèle son successeur Darius. Lorsque Alexandre envahit la Perse, Memnon donna à Darius le conseil de ravager l'Asie-Mineure : quoique son avis n'eût pas été adopté, il n'en combattit pas le conquérant avec moins de dévouement, il se distingua au passage du Granique, défendit la ville de Milet et s'empara de Chios et de Lesbos. Il mourut de maladie, devant Mitylène, au milieu de ses succès, et au moment où il allait porter la guerre en Grèce, 333 av. J.-C. Alexandre épousa sa veuve, Barsine.

MEMNON, historien, d'Héraclée (dans le Pont), qui florissait vers le IIe siècle de J.-C., avait composé une histoire d'Héraclée, dont il ne reste que des fragments, insérés par Photius dans sa Bibliothèque. Ces fragments ont été recueillis par Conrad Orellius, Leips., 1816, et reproduits par C. Muller, dans les Historicorum græcorum fragm. de la collect. Didot. L'abbé Gédoyn en a donné une traduction dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions, tom. IV.

MEMPHIS, Moph des Hébreux, v. de l’Égypte ancienne, ch.-l. de l'Heptanomide, sur la r.g, du Nil, par 29° long. E., 29° 53' lat, N., à quelques kil. au-dessus de la bifurcation du fleuve et à 8 k. au S. des célèbres pyramides de Gizeh. Bâtie par Ménès, agrandie ou restaurée par Uchorée, elle fut longtemps la capitale d'un État particulier; quand l’Égypte entière eut été réunie en un seul empire, elle en fut pendant un temps la capitale. Elle comptait alors plus de 600 000 habitants, avait beaucoup de temples magnifiques et était environnée de canaux pour l'écoulement des eaux du Nil. C'est à Memphis que régnaient les Pharaons; c'est là que vécut Joseph, c'est aussi là que naquit Moïse, et qu'il entreprit la délivrance du peuple Juif. La conquête de l’Égypte par Cambyse, mais plus encore la fondation d'Alexandrie, portèrent des coups mortels à Memphis. On n'en voit plus que les ruines (à Sakkarah), qui sont encore un objet d'admiration. Lors de l'expédition des Français en Égypte, on eut peine à en découvrir l'emplacement. Un Français, M. Mariette, y a récemment retrouvé la tombe du bœuf Apis, monument creusé dans le roc vif, et le Sérapéum, temple colossal, précédé d'une avenue de 600 sphinx, que termine un hémicycle formé de statues des grands hommes de la Grèce (1854-60).

MEMPHIS, v. des États-Unis (Tennessee),sur le Mississipi, à l'emb. du Wolf-river, à 250 k. O. S. O. de Nashville; 15 000 h. Académie, collége médical, dépôt naval; manufacture de coton. Chemins de fer pour Nashville et Charleston.

MÉNA (Juan de), l’Ennius castillan, né en 1409, à Cordoue, m. en 1456, visita l'Italie, où il connut les poésies de Dante, qu'il prit dans la suite pour modèle. Il fut, après son retour, nommé historiographe de la cour et écrivit en cette qualité une Chronique de Jean II; mais il est surtout connu par un poëme allégorique sur la vie humaine, El Laberinto ou Las trecientas copias, publié après sa mort à Séville, 1496, in-4. Ce poëme eut un grand succès, malgré la pédanterie et les exagérations qui le déparent. Les Œuvres de J. de Mena ont été recueillies à Saragosse, 1509; à Anvers, 1552, et à Salamanque, 1582.

MÉNADES (du grec mainesthai, être en fureur), un des noms des Bacchantes, leur fut donné parce que, dans la célébration des orgies, elles se livraient à des transports furieux.

MÉNAGE (Gilles), érudit et bel esprit, né à Angers en 1613, mort à Paris en 1692, abandonna le barreau pour la littérature, et s'engagea dans l'état ecclésiastique pour obtenir des bénéfices qui lui permissent de cultiver librement ses goûts studieux. Il fut lié avec Balzac, Benserade, Pélisson, Scudéry et Chapelain, fut protégé par Mazarin, honoré de l'amitié de la reine de Suède Christine, et exerça pendant quelque temps une sorte d'empire parmi les gens de lettres. Mais sa réputation, fondée principalement sur l'affectation de bel esprit, pâlit devant l'influence de Boileau. Caustique, plein de pédantisme et de vanité, il se fit de nombreux ennemis : Molière l'immola sous le nom de Vadius dans les Femmes savantes. Ménage avait une connaissance profonde de la langue italienne, et était membre de l'Académie della Crusca; mais il se ferma les portes de l'Académie française par ses attaques contre cette compagnie. On a de lui : Dictionnaire étymologique ou les Origines de la langue française, Paris, 1650, in-4 (dont la meilleure édition est celle de 1750, 2 vol. in-fol., avec les étymologies de Huet et Leduchat); Observations sur la langue française, 1672 et 1676; Origines de la langue italienne, 1669, en italien; Diogène Laërce, grec-latin, avec un ample commentaire, Londres, 1663, in-fol., édition estimée; Mulierum philosopharum historia (à la suite du Diogène Laërce); des poésies latines, françaises et italiennes, 1656et 1687. On a donné après sa mort un Menagiana, recueil de traits de sa conversation, 1693. MENAI, étroit bras de mer qui fait communiquer la mer d’Irlande avec le canal St-George et qui sépare l’île d’Anglesey du comté de Carnarvon, au N. O. du pays de Galles ; 23 k. sur 3. Navigable pour les navires peu chargés. Ce bras de mer est traversé par deux magnifiques ponts suspendus, sous lesquels les navires peuvent passer les voiles déployées : l’un est en pierre, et continue la grande route entre Londres et Holyhead ; l’autre en fer et en forme de tube ; il continue la voie de fer de Chester et Holyhead. Le 1er, œuvre de Telford, a été achevé en 1825 ; le 2e, œuvre de Stephenson, a été livré au public en 1850.

MÉNALE (le), Mænalus mons, montagne de l’Arcadie, vers le centre, était consacrée à Pan. C’est sur cette montagne qu’Hercule atteignit la biche aux pieds d’airain.

MÉNAM, fleuve. V. MEÏNAM.

MÉNANDRE, poëte comique d’Athènes, né en 342 av. J.-C., mort en 290, avait composé des pièces d’un genre nouveau, qui, au lieu de personnalités, présentaient le tableau des vices et des ridicules, et mérita d’être appelé le prince de la nouvelle comédie. Il servit de modèle à Plaute et surtout à Térence. Il avait fait représenter plus de 100 comédies : il ne nous en reste que quelques fragments, conservés par Athénée, Stobée, Suidas, etc., qui ont été publiés par Leclerc, Amsterdam, 1709, par A. Meinecke, Berlin, 1823, et par Dübner dans la collection Didot, avec la trad. lat. de Grotïus. Ils ont été trad. en français par Raoul Rochette dans son Théâtre des Grecs. M. Mai a retrouvé de nouveaux fragments de ce poëte (Rome, 1827). On doit à MM. Ditandy, Benoît et G. Guizot de remarquables études sur Ménandre.

MÉNANDRE, chef d’une secte de Gnostiques, disciple de Simon le Magicien, se prétendait envoyé de Dieu afin de faire connaître aux hommes le moyen de se rendre invulnérables pour les mauvais Éons.

MÉNAPIENS, Menapii, peuple de la Gaule (Germanique 2e), entre l’Escaut et la Meuse, avait pour capit. Castellum Menapiorum (auj. Kessel).

MÉNARS-LA-VILLE ou MER. V. MER.

MÉNARS-LE-CHÂTEAU, vge de France (Loir-et-Cher), à 9 kil. N. E. de Blois ; 700 hab. Station sur la Loire. Ch.-l. de marquisat depuis 1677. Beau château, qui appartint à Mme de Pompadour, au duc de Bellune, au duc de Broglie, au prince de Chimay : ce dernier y forma, en 1832, sous le nom de Prytanée, un important établissement d’éducation professionnelle, qui est auj. une École d’agriculture, arts et métiers.

MÉNAS (Sextius), affranchi du jeune Pompée, commandait sa flotte en Sardaigne. Il la livra à Octave, puis trahit Octave pour revenir au parti pompéien, et retourna encore une fois auprès d’Octave. Il périt en combattant les Illyriens.

MENAT, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 33 kil. N. O. de Riom ; 1300 hab.

MENAY. V. MENAI.

MENCIUS. V. MENG-TSEU.

MENCKE (Othon), né à Oldenbourg en 1644, m. en 1707, professa la morale à l’Académie de Leipsick, fonda en 1682 les Acta eruditorum, journal littéraire qui obtint un succès européen, et écrivit quelques ouvrages sur le droit public. — Son fils, J. Burckard M., né à Leipsick en 1674, m. en 1732, remplit la chaire d’histoire dans sa ville natale, fonda une académie pour le perfectionnement de la poésie allemande, et continua les Acta eruditorum de 1707 à 1732. On lui doit le premier Dictionnaire (biographique) des Savants, une curieuse dissertation De Charlataneria eruditorum, 1715 (trad. en français par Durand, La Haye, 1721), et un recueil des Scriptores rerum saxonicarum, 3 vol. in-fol., 1728-32, etc. — Fréd. Othon M., fils du préc., 1708-54, continua les Acta eruditorum, et publia Bibliotheca virorum militia ac scriptis illustrium, Leips., 1734 ; Historia Angeli Politiani, 1736 ; Miscellanea Lipsiensia, 1742-54.

MENDANA DE NEYRA (Alvaro), navigateur espagnol, partit du Pérou en 1568, et fit la découverte des îles Salomon. Dans un voyage qu’il fit avec Quiros, en 1594, dans le Grand-Océan Equinoxial, il découvrit le groupe d’îles qui porte son nom. Il périt en retournant aux Philippines.

MENDANA (Archipel de), archipel du Grand-Océan Equinoxial, entre 7° 50′-10° 3′ lat. S. et 140°-143° long O., découvert par Mendana, se compose de deux groupes : les îles Marquises au S. E. et les îles Washington au N. O. V. MARQUISES.

MENDE, Mimate ou Mimatum, ch.-l. du dép. de la Lozère, sur le Lot, à 570 kil. S. de Paris ; 5909 hab. Évêché, trib. de 1re inst ; collége, belle cathédrale gothique. Papeterie, serges et cadis nommés serges de Mende. — Ville très-ancienne, qui s’est formée autour du tombeau de S. Privat, martyr. Longtemps capitale du Gévaudan. Les évêques en furent seigneurs souverains jusqu’en 1306 ; une partie de leurs droits revint alors à la couronne. Mende fut pillée par les Calvinistes en 1579.

MENDELSSOHN (Mosès), savant israélite, né à Dessau en 1729, m. à Berlin en 1786, montra dès sa plus tendre enfance des dispositions extraordinaires. Après avoir reçu les premières leçons de son père, qui était écrivain public et maître d’école, il eut le bonheur de faire connaissance de Lessing, qui le dirigea dans ses études et avec lequel il resta lié toute sa vie. Il devint lui-même un des premiers écrivains de l’Allemagne. La plupart de ses écrits traitent de sujets philosophiques ; plusieurs roulent sur la religion judaïque. Mendelssohn s’efforça toute sa vie de rapprocher les Juifs et les Chrétiens, et d’élever les premiers à la civilisation des seconds. Parmi ses ouvrages les plus importants, nous citerons : Lettres sur les sentiments, Berlin, 1765 ; Lettre au diacre Lavater, Zurich, 1770 (trad. sous le titre de Lettres juives, 1771) ; Phædon ou de l’Immortalité de l’âme en 3 dialogues (trad. par J. A. Junker, 1774) ; Code des lois et des rites juifs, 1778 ; la Jérusalem, ou Traité sur le pouvoir religieux et le Judaïsme, 1783. Mirabeau a publié un petit écrit intitulé : Mosès Mendelssohn.

MENDELSSOHN-BARTOLDY (Félix), compositeur, petit-fils du préc., né. à Berlin en 1809, m. à Leipsick en 1847. Il se fit connaître dès son enfance comme pianiste : à 18 ans il était un compositeur distingué. Appartenant à une famille opulente, il put suivre ses inspirations ; malheureusement la mort interrompit ses travaux. Il a laissé un opéra, les Noces de Gamache (1827), des symphonies, des ouvertures, des quatuors, des oratorios : celui de la Conversion de S. Paul eut le plus grand succès.

MENDÉRÉ-SOU, nom moderne de l’anc. Simoïs.

MENDÈS, auj. Achmoun, v. de l’anc. Égypte (Delta), vers le N. O., près de la bouche Mendésienne du Nil, au N. O. de Tanis. On y adorait le dieu Mandou.

MENDIANTS (Ordres), ordres religieux qui font vœu de pauvreté et vivent d’aumônes. Tels sont les Franciscains, les Dominicains, les Carmes et les Augustins.

MENDOCE. V. MENDOZA.

MENDOZA, v. de La Plata, ch.-l. de la prov. de son nom, au pied des Andes et près d’un grand lac, à 1200 kil. O. de Buénos-Ayres, sur la route de cette ville au Pérou ; env. 20 000 hab. Rues larges, canal, ruisseaux d’eau vive ; églises assez belles, jolie promenade. Commerce actif, vins renommés. La ville reçut son nom de son fondateur, Hurtado de Mendoza, fils du vice-roi du Pérou. Elle fut presque détruite en 1860 par un tremblement de terre. — Riv. de la Confédération du Rio-de-la-Plata, naît à 60 kil. O. de la v. de Mendoza, coule 380 kil., se dirige d’abord au N. E., puis au S. E., traverse le lac de Guanacache, et mêle ses eaux au Rio-Colorado.

MENDOZA (Pierre GONZALES de), dit le Cardinal d’Espagne, né en 1428, m. en 1495, fut successivement archevêque de Séville et de Tolède, reçut la pourpre en 1473, rendit d’importants services à Ferdinand et à Isabelle pendant la guerre contre les Maures de Grenade, et fonda le magnifique Collége de Ste-Croix à Valladolid, et un hôpital à Tolède. MENDOZA (Pedro de), riche gentilhomme de Cadix, offrit à Charles-Quint en 1529 d'achever à ses frais la découverte et la conquête du Paraguay, partit dans ce but en 1534 et fonda Buénos-Ayres en 1535; mais, épuisé par les fatigues et manquant de vivres, il mourut en mer en regagnant l'Espagne (1537).

MENDOZA (Diego HURTADO de), né à Grenade en 1503, m. en 1575, fut tout ensemble guerrier, négociateur, historien, géographe et poëte. Il fut chargé par Charles-Quint de missions importantes à Venise, à Rome, au concile de Trente, et fut pendant six ans gouverneur de la Toscane, où il déploya une grande rigueur. Il protégea les gens de lettres, et rassembla un grand nombre de manuscrits grecs qu'il céda au roi d'Espagne pour la bibliothèque de l'Escurial. On a de lui l’Histoire de la Guerre contre les Maures de Grenade, Madrid, 1610, in-4, ouvrage remarquable par l'élégance et la concision, et regardé comme le chef-d'œuvre du genre historique en Espagne, des poésies et œuvres diverses, publiées à Madrid. 1610, in-4, et d'autres ouvrages restés inédits. Il est l'auteur du roman comique de Lasarillo de Tormès, attribué à J. de Ortega, et plusieurs fois trad. en franç. (1561, 1801 et 1842). Considéré comme poëte, Mendoza a composé des sonnets et des canzones dans le goût italien; il y réussit assez, mais il a plus de rudesse que Boscan et Garcilaso. Il introduisit en Espagne le genre didactique et semi-satirique de l'épître, créé par Horace, et y porta, avec de la finesse d'esprit, une philosophie mâle et élevée.

MENDOZA (D.) de Santillane. V. SANTILLANE.

MÉNÉCÉE, fils de Créon, prince thébain. Lors du siége de Thèbes par Polynice et l'armée argienne, le devin Tirésias prédit que les Thébains seraient vainqueurs si Ménécée était sacrifié à Mars. Le père se refusa à ce sacrifice, voulant mourir à sa place; mais Ménécée y consentit et se tua lui-même.

MÉNÉCRATE, médecin de Syracuse, qui vivait vers 360 av. J.-C., est fameux par son orgueil et sa vanité. Il écrivit à Philippe, roi de Macédoine : Ménécrate Jupiter à Philippe, salut; Philippe lui répondit : Philippe à Ménécrate, santé et bon sens. Le même roi, l'ayant un jour invité, ne lui fit servir que de l'encens, tandis que les autres convives faisaient la meilleure chère. Ménécrate avait écrit plusieurs ouvrages, qui ne nous sont point parvenus. Lucien, dans ses Dialogues, se plaît à rire à ses dépens.

MÉNÉDÈME, philosophe d'Érétrie, né vers la fin du IVe siècle av. J.-C., était d'abord architecte. Étant venu à Mégare, il y entendit Stilpon et s'adonna à la philosophie. De retour dans sa patrie, il y ouvrit une école et acquit tant de réputation qu'il fut élevé aux premières charges. Il se laissa mourir de faim quand sa patrie eut été soumise au joug d'Antigone. Ce philosophe enseignait une logique subtile et n'attribuait la vérité absolue qu'aux propositions identiques.

MÉNÉLAS, roi de Sparte, fils de Plisthène (fils d'Atrée) et frère d'Agamemnon, régna sur Sparte après Tyndare, dont il avait épousé la fille, la belle Hélène. Cette princesse ayant été enlevée par Pâris, fils de Priam, tous les Grecs s'armèrent pour forcer le ravisseur à la lui restituer, et vinrent avec lui mettre le siége devant Troie. Ménélas se signala durant le cours de la guerre : il combattit corps à corps le traître Pâris et le força à fuir. Après la prise de la ville, Hélène lui fut rendue, et il la ramena à Sparte. Selon une tradition, il erra 8 ans avant de pouvoir rentrer dans sa patrie. Il m. peu après son retour. Il avait eu d'Hélène une fille, Hermione, qui épousa Pyrrhus.

MÉNÉLAS, géomètre d'Alexandrie, qui vivait à la fin du 1er siècle de J.-C., avait composé entre autres ouvrages un traité intitulé Sphériques. On en a perdu le texte, mais il en restait une traduction arabe et une autre hébraïque, sur lesquelles on a fait une traduction latine, imprimée à Oxford, 1707, avec un ouvrage de Théodose sur le même sujet.

MÉNÉNIUS AGRIPPA, consul l'an 503 av. J.-C., vainquit les Sabins et obtint le 1er les honneurs du petit triomphe dit ovation. Dix ans après, le peuple, irrité contre les patriciens, s'étant retiré sur le mont Sacré, il parvint, dit-on, à ramener les mécontents en leur racontant la fable si connue des Membres et de l'Estomac : il fit accorder au peuple, pour prix de sa soumission, la création de deux tribuns. Cet homme de bien mourut si pauvre qu'il fallut que l'État fit les frais de ses funérailles.

MÉNEPHTAH, vrai nom des rois Égyptiens connus sous le nom d'Aménophis. V. ce nom.

MÉNÈS, 1er roi et fondateur de l'empire des Égyptiens, était sorti de This. Il fit bâtir Memphis, ville qui rappelle son nom, et détourna le cours du Nil près de cette ville par une chaussée de 100 stades de large pour le faire passer entre les montagnes. On le fait régner vers 2450 av. J.-C.

MÉNESTRIER (Cl. François), savant jésuite, né à Lyon en 1631, m. à Paris en 1705, professa les humanités et la rhétorique dans plusieurs colléges de son ordre. Ses principaux ouvrages sont : la Nouv. méthode raisonnée du blason, souvent imprimée; De la Chevalerie ancienne et moderne, 1683; Des tournois, joutes et autres spectacles publics, 1669; l'Art des Emblèmes, 1683; Hist. du règne de Louis le Grand par les médailles, emblèmes, devises, jetons, etc., 1693.

MENGS (Ant. Raphaël), le Raphaël de l'Allemagne, né en 1728, à Aussig (Bohême), m. à Rome en 1779, eut pour maître son père Ismaël Mengs, peintre du roi de Pologne, et montra dès son enfance les plus rares dispositions pour la peinture. En 1746 il fut nommé Ier peintre du roi de Bohême, en 1754 professeur à l'Académie de peinture fondée au Capitole par le pape Benoît XIV, en 1761 Ier peintre du roi d'Espagne, et fut proclamé en 1769 prince de l'Académie de St-Luc à Florence. Il se lia étroitement à Rome avec le chevalier d'Azara, ambassadeur d'Espagne. Parmi ses principaux tableaux on cite : une Madeleine, un Cupidon aiguisant une flèche, et un grand tableau de l’Ascension, à Dresde; Apollon sur le Parnasse, à Rome : cet ouvrage passe pour son chef-d'œuvre. On place au second rang différents tableaux de la Passion, la Naissance de l'Aurore, l’Apothéose d'Hercule, à Madrid, enfin une Ste Famille, au Louvre. Mengs avait fait une étude approfondie des compositions des grands maîtres : il tendit à réunir l'expression de Raphaël, le coloris du Titien, et le clair-obscur du Corrège. On a de lui des Considérations sur la beauté et le goût en peinture. Ses Œuvres, en italien, ont été publ. par Azara, avec sa biographie, Parme, 1780, elles ont été trad. en français, par H. Jansen, Paris, 1786.

MENG-TSEU, philosophe chinois, nommé par nos missionnaires Mencius, né vers 400 av. J.-C., dans la ville de Tseou, m. à 84 ans, suivit les leçons de Tseu-ssé, petit-fils de Confucius, et fut regardé comme le 1er des philosophes de sa nation après Confucius. Longtemps il se contenta d'étudier les Kings ou de commenter et de mettre en ordre ces livres sacrés; il voulut enfin écrire lui-même afin d'éclairer et d'améliorer ses semblables. Son plus beau titre est un traité de morale qui porte son nom, le Meng-tseu, et que l'on joint à ceux de Confucius. Il y parle aux princes avec une grande hardiesse. Le style est en général fleuri et élégant. Le Meng-tseu a eu en Chine des milliers d'éditions; il a été traduit en latin par le P. Noël (Prague, 1711), et par Stanislas Julien, 1824-29. G. Pauthier l'a traduit en français, 1841, in-12.

MÉNIGOUTE, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 25 kil. S. O. de Parthenay; 850 hab.

MÉNILMONTANT, anc. vge du dép. de la Seine, au N. E., est depuis 1860 compris dans l'enceinte de Paris. Il s'étend sur une côte assez rapide.

MENIN, Meenen en flamand, v. forte de Belgique (Flandre occid.), à 11 kil. O. S. O. de Courtray, sur la Lys, qui la sépare de la France; 9000 hab. Flanelle, siamoises et autres lainages, apprêt de draps, bière renommée; contrebande de tabac. — Cette ville n'était encore qu'un bourg en 1350: le comte Louis de Male l'acheta en 1351. Philippe II, roi d'Espagne, en fit une ville en 1575; elle fut fortifiée en 1578. Les Français la prirent en 1658 et 1667; fortifiée en 1685 par Vauban, elle devint une des plus fortes places de Flandre; les alliés nous l'enlevèrent en 1706, et le traité d'Utrecht la donna à l'Autriche en 1713. Louis XV la reprit en 1744, et en rasa les fortifications. Les Français y entrèrent encore en 1792 et 1794. Rendue en 1814, elle fut annexée à la Belgique.

MENIN (de l'espagnol menino, petit, mignon), nom donné en Espagne aux jeunes nobles destinés à être les compagnons des enfants de la famille royale; et, en France, à chacun des six gentilshommes qui étaient attachés à la personne du Dauphin : on les appelait aussi gentilshommes de la manche.

MÉNINSKI (François), orientaliste, né en Lorraine en 1623, m. à Vienne en 1698, fut longtemps interprète du gouvt polonais à Constantinople, et passa, en la même qualité, au service de l'Autriche, 1661. On a de lui : Thesaurus linguarum orientalium (dictionnaire arabe, persan et turc), avec une trad. latine, 3 vol. in-fol., Vienne, 1680; ouvrage qui fut refondu par ordre de l'impératrice Marie-Thérèse (4 v. in-fol., Vienne, 1780-1802), et réimprimé à Bonn, 1853. Ce Thésaurus sert encore de base à l'étude des langues orientales, surtout pour le turc.

MENINX, dite aussi Girba et île des Lotophages, auj. Zerbi, île de la Méditerranée, près de la côte N. E. de l'anc. Numidie, dans la Petite-Syrte, produisait beaucoup de lotos.

MÉNIPPE, philosophe cynique et poëte, natif de Gadara en Phénicie, s'établit à Thèbes, y amassa par l'usure des biens considérables, selon Diogène-Laërce, et se pendit de désespoir parce qu'il avait été volé. Lucien, dans ses Dialogues, le représente au contraire comme méprisant les biens que le vulgaire estime le plus. Ménippe avait composé 13 livres de satires en prose mêlée de vers, dans lesquelles il alliait à la plus haute morale une piquante gaieté; elles ne nous sont point parvenues. V. l'art. suivant.

MÉNIPPÉE (Satire), célèbre pamphlet politique écrit du temps de la Ligue, moitié en vers, moitié en prose, à l'exemple des satires de Ménippe, et publié peu de temps après la mort de Henri III, dévoilait les intentions perfides de la cour d'Espagne contre la France, et l'ambition coupable des Guises. Cette satire se divise en deux parties: la 1re, intitulée Catholicon d'Espagne, et écrite par Pierre Leroy, flétrit ceux qui se laissaient corrompre par l'or de Philippe II : elle parut en 1593; la 2e, publiée l'année suivante sous le titre d’Abrégé des États de la Ligue, fut l'ouvrage du conseiller Gillot, du savant P. Pithou et des deux poëtes Rapin et Passerat : c'est une critique ingénieuse de ce qui se passa aux États généraux de 1593. La Satire Ménippée, grossie de nombre de pièces analogues, a été réimprimée par Leduchat (1730), par Nodier (1824), et par Labitte, avec un commentaire estimé (1841 et 1856). — Varron, chez les Latins, avait écrit des Satires ménippées.

MENNETOU-SUR-CHER, ch.-l. de c.(Loir-et-Cher), à 13 kil. S. E. de Romorantin; 800 hab.

MENNON, appelé Simonis (fils de Simon), sectaire, né en 1505 à Witmaarsum en Frise, m. en 1561, est le fondateur de la secte des Mennonites. D'abord prêtre catholique, il se sépara de l'Église en 1537 pour embrasser les erreurs des Anabaptistes en ce qui concerne le baptême. Proscrit par Charles-Quint en 1540, il mena une vie errante et agitée qui ne ralentit point son zèle : il fit un grand nombre de prosélytes. Ses Œuvres ont été publiées à Amsterdam, en 1651.

MENNONITES ou BAPTISTES, disciples de Mennon. Issus des Anabaptistes, ils en désavouent les crimes, ce qui leur a fait donner le nom d’Anabaptistes pacifiques. Ils ne reconnaissent aucune autorité en matière de croyance, et se contentent de l'interprétation individuelle de la Bible. Ils n'administrent le baptême qu'aux adultes. On en trouve encore en Hollande, en Prusse, en Russie, en Alsace et en Lorraine; ils sont surtout nombreux dans les contrées méridionales des États-Unis.

MÉNOCHIUS (Jean Ét.), savant jésuite, né en 1576 à Pavie, m. en 1655, était fils de Jacq. Ménochius, célèbre jurisconsulte de Pavie (1532-1607). Il fut longtemps chargé d'expliquer les Saintes Écritures au collége de Milan et devint provincial de Milan, puis de Venise, et enfin assistant du supérieur général. On a de lui des commentaires estimés sur la Bible, sous le titre d’Expositîo sensus litteralis toltus Scripturæ, Cologne, 1630, et Paris, 1719, 2 vol. in-fol.; De Republica Hebræorum, Par., 1648-52, 2 vol. in-fol.; De Œconomia christiana, Venise, 1656.

MÉNOT (Michel), prédicateur de l'ordre des Cordeliers, né vers 1450, m. à Paris en 1518 ou 1519, vécut sous Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François I. Comme Milliard, il affectionnait le genre macaronique, mélange de mauvais latin et de français (V. MAILLARD), et remplissait ses sermons de bouffonneries : il fut cependant surnommé de son temps la Langue d'or. Ses sermons ont été publiés sous le titre de Sermones quadragesimales, Paris, 1519 et 1525.

MENOU, législateur indien. V. MANOU.

MENOU (J. François, baron de), général français, né en 1750 en Touraine, d'une famille ancienne, était maréchal de camp au moment de la Révolution. Député aux États généraux en 1789 par la noblesse de Touraine, il se réunit au tiers état, fit partie du comité de la guerre, fit adopter plusieurs mesures énergiques pour la défense du pays, et pressa la réunion du comtat Venaissin à la France: Après la clôture de là session, il commanda en second le camp formé près de Paris (1792), fut ensuite envoyé en Vendée, mais s'y fit battre et fut rappelé. Au 2 prairial an III (mai 1795), il marcha contre les insurgés et sauva la Convention; mais il montra moins d'énergie au 13 vendémiaire an IV : traduit pour ce fait devant un conseil de guerre, il fut sauvé par Bonaparte. Il fit partie de l'expédition d’Égypte, et fut, après là mort de Kléber (1800), chargé du commandement an chef de l'armée; mais il montra peu de capacité dans ce poste important : il se laissa battre près d'Alexandrie par le général anglais Abercromby (21 mars 1801), et fut obligé de repasser en France. Pour plaire aux Musulmans, il avait embrassé l'Islamisme et même épousé une musulmane. Après son retour, Bonaparte le nomma gouverneur du Piémont, puis de Venise; il mourut dans cette ville en 1810,

MENOUF, l'anc. Momemphis, v. de Basse-Égypte, ch.-l. d'une prov. de même nom, à 55 kil. N.-N. O. du Caire ; 4000 h. — La prov., entre celles de Garbieh, de Kélyoub et de Bahireh, a 95 k. sur 26, et 230 000 hab. Sol fertile, coupé de nombreux canaux.

MÉNOVGAT, Aspendus, v. de la Turquie d'Asie (Sélefkek), à 24 kil., N. O. de Sélefkeh, à l'emb. du Ménovgat (l'ancien Mélas).

MENS, ch.-l. de c. (Isère), à 42 kil. S. de Grenoble; 1900 hab. Consistoire, école calviniste.

MENSONGE (Champ du). V. LUGENFELD.

MENTANA, vge du territ. romain, où les volontaires de Garibaldi furent défaits par les troupes pontificales et françaises (3 novembre 1867).

MENTECH, Myndus, v. d'Anatolie. à 12 kil. N. de Bodroun, donne son nom à un sandjak qui est formé en grande partie de la Carie et de la Lycie anciennes, et qui a pour ch.-lieu. Moglah.

MENTELLE (Edme), géographe, né à Paris en 1730, m. en 1815, fut professeur à l'École militaire (1760), puis aux Écoles centrales, et fut membre de l’Institut dès sa fondation. On a de lui : Géographie comparée, 1778, 7 vol. in-8 (ouvrage resté incomplet); Cours complet de Cosmographie, de Chronologie, de Géographie et d'Histoire, 1801; Atlas universel, avec Chaniaire. Il a en outre coopéré à la rédaction de la Géographie universelle de Malte-Brun. Voy. ce nom.

MENTON, v. de France (Alpes-Maritimes), ch.-l. de cant. de l'arr. de Nice, près du golfe de Gênes, et à 8 kil. N. E. de Monaco; 5000 h. Ville industrieuse et commerçante. Petit port. Culture de l'oranger, du citronnier. Essences, huile de senteur. — On dérive le nom de Menton, par corruption, de Memoria Othonis, nom qui aurait été donné à ce lieu en mémoire d'une bataille qu'Othon y gagna sur Vitellius. Cette ville appartenait aux princes de Monaco depuis 1346; elle se rendit indépendante en 1848, et fut réunie à la France avec Roquebrune, en 1861, par traité avec le prince de Monaco.

MENTOR, ami d'Ulysse, à qui ce prince confia le soin de sa maison et l'éducation de son fils pendant qu'il était au siége de Troie, est célèbre par sa sagesse. Selon la Fable, Minerve avait pris sa figure pour instruire le fils d'Ulysse; cette tradition a été adoptée par Fénelon dans son Télémaque.

MENTOR, ciseleur grec du siècle de Périclès, excellait dans l'art de sculpter le bronze, l'argent et l'or. Parmi ses chefs-d'œuvre Pline cite 4 vases placés dans le temple de Diane à Éphèse et au Capitole. Ses ouvrages devinrent très-rares, et montèrent par suite à un prix exorbitant.

MENTOR, de Rhodes, frère de Memnon, commandait les Grecs soudoyés par Artaxerce Ochus, roi de Perse.

MENTSCHIKOFF. Voyez MENZIKOFF.

MENTZER (J. FISCHART, dit), c.-à-d. de Mayence, le Rabelais de l'Allemagne, né vers 1550, m. en 1614, s'adonna au genre burlesque et satirique. On connaît de lui plus de 37 ouvrages, prose ou vers, où l'on trouve, avec des plaisanteries grossières, des traits d'un haut comique. Il a donné une traduction libre du Gargantua. Ses Œuvres ont été rééditées à Leipsick en 1854 par Weller.

MENUTHIAS, nom donné par les anciens à une île de la mer Érythrée, qui est probablement l'île Comore. On a cru aussi que c'était Zanzibar ou même Madagascar.

MENZALEH, grand lac de la Basse-Égypte, à 50 kil. O. de Damiette, communique avec la Méditerranée par trois embouchures; 80 kil. sur 30. Beaucoup de poissons; plusieurs îles; eau salée qui devient douce lors de l'inondation du Nil. — Sur un de ses bords se trouve une ville de Menzaleh qui a 2000 h.

MENZIKOFF (Alexandre Danilovitch), 1er ministre et favori du czar Pierre le Grand, né près de Moscou en 1670, était fils d'un paysan et fut d'abord garçon pâtissier. Il plut au prince par sa physionomie et par la vivacité de ses reparties, et fut formé par lui aux affaires et aux armes. En 1704 il fut élevé au grade de général-major, décoré du titre de prince, et nommé gouverneur de l'Ingrie. En 1706, il défit les Suédois près de Kalicz; en 1709, il eut la plus grande part à la victoire de Pultawa. Après la mort de Pierre le Grand, il fit reconnaître impératrice Catherine, son épouse, et conserva sous elle toute son influence. A l'avènement de Pierre II, il fut nommé tuteur du jeune empereur et lui fiança sa fille; mais, ayant voulu tenir ce prince sous une rigoureuse tutelle, et s'étant d'ailleurs rendu odieux par ses violences et ses exactions, il fut subitement disgracié (1727) : Pierre II l'exila à Bérézof sous un des plus durs climats de la Sibérie. Il y mourut en 1729, après avoir supporté l'adversité avec un rare courage. — Son petit-fils, le prince Alex. Menzikoff (1789-1869), fut général, amiral et aide de camp de l'emp. Nicolas. Ambassadeur en Turquie en 1853, il montra une hauteur et des exigences qui amenèrent la guerre d'Orient, commanda l'armée russe en Crimée, fut battu à Alma et à Inkermann, et organisa la longue résistance de Sébastopol.

MENZINI (Benoît), poëte florentin, né en 1646, de parents pauvres, mort en 1704, embrassa l'état ecclésiastique; se rendit à Rome, où il fut accueilli par la reine Christine de Suède, qui l'admit dans son académie. On a de lui des odes, des poésies anacréontiques, des sonnets, des élégies, des hymnes sacrées, des fables, des satires, et un Art poétique, qui est un des meilleurs ouvrages de la langue italienne. Ses Œuvres complètes ont paru à Nice en 1783.

MÉON (D. Mart.), un des conservateurs de la Bibliothèque royale, né en 1748 à St-Nicolas (Meurthe), mort en 1829, s'est livré à d'intéressantes recherches sur le moyen âge, et a publié : Blasons et poésies des XVe et XVIe siècles, Paris, 1807; Fabliaux et contes des poëtes français du XIe au XVe siècle, 1808 (déjà publiés par Barbazan); le Roman de la Rose, 1813; Nouveau recueil de fabliaux, 1823-24; le Roman du Renard, avec glossaire, 1825.

MÉONIE, nom donné par les poëtes à la Lydie, est tiré de celui de Méon, le plus ancien roi du pays. — On donne les noms de Vieillard de Méonie, de Poëte de Méonie, à Homère, que l'on croyait natif de ce pays. — On nommait aussi les Muses Méonides, à cause du culte qu'on leur rendait en Méonie.

MÉOTIDE (PALUS-), Mæotis Palus, auj. mer d’Azov, golfe qui terminait au N. le Pont-Euxin, communiquait avec cette mer par le Bosphore Cimmérien. Il tirait son nom des Méotes, peuple scythe, qui s'était établi sur ses bords.

MÉQUINENZA, Octogesa, v. d'Espagne (Saragosse), à 100 kil. S. E. de Saragosse, au confluent de l'Èbre et de la Sègre; 1500 h. Château fort sur une hauteur. — Prise par les Français en 1810.

MEQUINEZ, v. du Maroc (Fez), à 52 k. O. S. O. de Fez; env. 60 000 h. Elle est défendue par un triple mur, flanqué de tours. Palais de l'empereur (qui y réside une partie de l'année). — Fondée vers 940.

MER ou MÉNARS-LA-VILLE, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 19 kil. N. E. de Blois. Église calviniste; 3878 hab. Station du chemin de fer de Bordeaux. Tanneries; vins, vinaigre. Patrie du ministre protestant Jurieu. Cette ville faisait partie du marquisat de Ménars, érigé en 1677.

MÉRAN, v. des États autrichiens (Tyrol), à 20 k. N. O. de Botzen ou Bolzano, sur la r. g. de l'Adige, qui offre près de là une belle cascade; 2800 hab. Anc. capitale du duché de Méranie.

MÉRANIE (duché de), anc. État de l'empire d'Allemagne, dans le Tyrol, recevait son nom de la ville de Méran, qui en était la capitale. Les seigneurs de Méranie possédaient la plus grande partie du Tyrol et même de l'Istrie, mais comme vassaux de la Bavière. A la chute de Henri le Lion (1180), dont ils étaient vassaux, leurs possessions furent déclarées fiefs immédiats de l'empire. La maison de Méranie s'éteignit dans les mâles dès 1248 par la mort d'Othon II, et ses possessions furent divisées entre la maison de Châlon, celle de Gœrz, la Bavière, Venise, etc. Les Méran étaient la ligne principale de la maison d'Andechs ou Zæhringen. — V. AGNÈS DE MÉRANIE.

MÉRAT (F. Victor), savant médecin, né à Paris en 1780, m. en 1851, était membre de l'Académie de médecine. On lui doit une Flore des environs de Paris, 1812; des Éléments de Botanique, 1822; et un Dictionnaire universel de matière médicale (avec De Lens), 7 vol. in-8, 1829-46, ouvrage capital.

MERCATOR (Isidore), cénobite du VIIIe s., à qui l'on a longtemps attribué un recueil de fausses Décrétales, apporté d'Espagne en France vers 811 par Riculfe, archevêque de Mayence, lequel paraît être le véritable auteur de la fabrication de ces Décrétales.

MERCATOR (Gérard), géographe, né à Rupelmonde en 1512, m. à Duisbourg en 1594, fut honoré de l'estime de Charles-Quint qui l'attacha à sa maison, et eut le titre de cosmographe du duc de Juliers. On a de lui : Chronologia a mundi exordia, ex eclipsibus, observationibus, etc., Cologne, 1568,in-f.; Tabulæ geographicæ ad mentem Ptolemæi restitutæ et emendatæ, 1578, in-f.; et un Atlas, précédé d'une dissertation De creatione ac fabrica mundi, 1595 et 1609. Mercator a donné son nom à la projection employée dans les cartes marines, où les parallèles coupent les méridiens à angle droit, et où les uns et les autres sont des lignes droites : c'est en 1569 qu'il publia la 1re carte de ce genre.

MERCATOR (Nic.), géomètre, dont le vrai, nom était Kauffmann, né vers 1625 dans le Hoistein, m. à Paris en 1687, passa en 1660 en Angleterre, où il fut élu membre de la Société royale de Londres, puis vint se fixer en France, où il fut employé, à cause de ses connaissances dans l’hydraulique, à l’établissement des fontaines de Versailles. On a de lui : Cosmographia, sive Descriptio cœli et terræ, Dantzick, 1651 ; Rationes mathematicæ, 1653 ; Logarithmotechnia. Londres, 1668-1674.

MERCENAIRES (Guerre des), guerre terrible que Carthage eut à soutenir en Afrique contre ses troupes mercenaires, qui s’étaient révoltées parce qu’elles n’étaient pas payées. Elle eut lieu pendant l’intervalle de la 1re à la 2e guerre punique (241-38). Mathos et Spendius furent les principaux chefs des rebelles ; Amilcar, chargé de les combattre, réussit à enfermer dans un défilé un corps d’insurgés, et les fit tous massacrer à mesure qu’ils en sortaient : de 40 000 hommes, pas un n’échappa. On nomma cette guerre la Guerre inexpiable, à cause des fureurs auxquelles elle donna lieu de part et d’autre.

MERCI (Ordre de la) ou DE LA RÉDEMPTION, ordre religieux institué en 1223 à Barcelone en Espagne, par Pierre de Nolasque, gentilhomme français, pour la rédemption des chrétiens réduits en esclavage par les Infidèles, suivait la règle de S.-Augustin. Les membres prirent le nom de Confrères de la Congrégation de Notre-Dame de Miséricorde. Primitivement, Ils étaient généralement des laïques : ce n’est qu’à partir de 1308 qu’ils ont suivi l’usage adopté par les autres ordres religieux de se faire ordonner prêtres. Le P. Gonzalès y introduisit vers 1600 une réforme, qui fut approuvée par Clément VIII : ceux qui la suivirent allaient nu-pieds, pratiquaient la retraite, la pauvreté et l’abstinence.

MERCIE, un des sept royaumes de l’Heptarchie anglo-saxonne, était situé au centre de la Grande-Bretagne, comprenait les comtés actuels de Glocester, Worcester, Leicester, Northampton, Bedford, Buckingham, Derby, Nottingham, Hereford, Warwick, Chester, Lincoln, et avait Lincoln, pour capitale. Il fut fondé en 584 (le dernier de l’Heptarchie) par Creoda ou Crida, chef angle. - Ses principaux princes furent : Penda (625-55) ; Ethelreld, qui réunit à ses États le comté de Lincoln (679) ; Kenred, qui se fit moine à Rome en 709 ; Offa (757-96), qui fut sur le point de régner sur les sept royaumes ; Wiglef, vaincu en 824 par Egbert, roi de Wessex. Ce roy. fut détruit eu 918 par Édouard, roi d’Angleterre. — Mercie vient de mark (frontière) ; ce royaume, le plus méridional des trois royaumes angles, en formait en effet la frontière.

MERCIER (L. Sébastien), écrivain, né à Paris en 1740, m. en 1814, débuta par des héroïdes et par des pièces de théâtre qui eurent peu de succès ; il se mit alors à déclamer contre nos poëtes classiques, et composa un Essai sur l’art dramatique, où il recommandait un genre analogue à celui qu’on a depuis nommé romantique. En 1771, il publia l’An 2440, ou Rêve s’il en fut jamais, espèce de roman politique, dans lequel il annonçait des changements qui devaient bientôt se réaliser en partie. Il fit paraître en 1781 le Tableau de Paris, composition indigeste, qui néanmoins obtint la vogue, grâce à d’excellentes remarques sur les mœurs et à l’indication de réformes utiles ; poursuivi pour cet ouvrage, il se réfugia en Suisse, où il l’acheva. De retour en France au moment de la Révolution, il rédigea, avec Carra, les Annales patriotiques, journal libéral, mais modéré ; fut député à la Convention, puis entra au Conseil des Cinq-Cents. Il fut nommé membre de l’Institut et professeur d’histoire aux Écoles centrales lors de la création de ces établissements. Mercier avait la manie du paradoxe ; non content d’attaquer Boileau, Corneille, Racine, Voltaire, il voulut encore réfuter le système de Newton, qu’il ne comprenait pas ; il déclama aussi contre la philosophie et les sciences, ce qui le fit surnommer le Singe de Jean-Jacques. On trouve dans ses écrits un néologisme révoltant. Outre les ouvrages cités, on a de lui son Théâtre, 4 vol. in.-8,1778-84 (on y remarque l’Habitant de la Guadeloupe, la Brouette du Vinaigrier, Jean Hennuyer) ; Néologie ou Vocabulaire des mots nouveaux ou à renouveler, 1801.

MERCIER DE ST-LÉGER (l’abbé Barthélémy), bibliographe, né à Lyon en 1734, m. à Paris en 1799, entra chez les Génovéfains, devint bibliothécaire à Ste-Geneviève et obtint de Louis XV l’abbaye de St-Léger. Il fut nommé en 1792 membre de la Commission des monuments. On a de lui : Supplément à l’histoire de l’Imprimerie de Prosper Marchand, 1775 ; Lettres au baron de Heiss sur des éditions rares du XVe siècle, 1783. Il a travaillé aux Mémoires de Trévoux, à l’Année littéraire et au Journal des Savants.

MERCŒUR, ch.-l. de cant. du dép. de la Corrèze, à 40 kil. S. E. de Tulle, 1000 h. - Mercœur a donné son nom à une anc. maison d’Auvergne qui remonte au Xe siècle et dont les biens finirent par passer dans la maison de Bourbon. Confisqué sur le connétable de Bourbon, ce domaine fut donné par François I à Antoine, duc de Lorraine, qui avait épousé Renée de Bourbon (sœur cadette du connétable) ; il.fut érigé en duché par Charles IX en faveur de Nic. de Lorraine, fils d’Antoine (1569), puis passa dans la maison de Conti.

MERCŒUR (Phil. Emm. DE LORRAINE, duc de), vaillant capitaine, fils de Nic. de Lorraine, comte de Vaudemont et 1er  duc de Mercœur, né a Nomény en 1558, épousa Marie, héritière de Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre, et fut nommé en 1582 gouverneur de la Bretagne par Henri III, qui avait épousé sa sœur, Louise de Lorraine. Il entra dans la Ligue, se déclara le chef des Ligueurs en Bretagne après l’assassinat des Guises (1588), traita directement avec les Espagnols et leur livra le port de Blavet. Il signa une trêve avec Henri IV en 1595, se soumit entièrement en 1598, et maria sa fille unique au duc de Vendôme, bâtard du roi. En 1601, il alla commander en Hongrie l’armée de Rodolphe II, attaqué par les Turcs, et obtint quelques succès. Il mourut pendant son retour, à Nuremberg, en 1602.

MERCŒUR (Élisa), jeune fille poëte, née à Nantes en 1809, déploya un talent précoce et, publia dès 1827, à Nantes, un recueil de Poésies, qui fut bien accueilli ; mais, sans fortune, obligée de soutenir sa mère par son travail, elle eut sans cesse à lutter contre la gêne. Elle vint se fixera Paris en 1828, et y obtint une pension de 1200 fr. ; épuisée par le chagrin et le travail, elle succomba en 1835 à une maladie de langueur. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1843, avec une Notice par sa mère. Ses poésies sont pleines de sensibilité et de grâce.

MERCURE, Mercurius, fils de Jupiter et de la nymphe Maia, est le dieu de l’éloquence, du commerce et des voleurs ; il remplissait aussi les fonctions de messager des dieux et conduisait les âmes des morts aux enfers. On le fait naître sur le mont Cyllène, en Arcadie. Dès son enfance, il se signala par son adresse et ses larcins : il déroba le trident de Neptune, l’épée de Mars, la ceinture de Vénus ; il fut pour ces méfaits exilé sur la terre, et réduit, ainsi qu’Apollon, à garder les troupeaux d’Admète. Il changea l’indiscret Battus en pierre de touche, déroba les troupeaux, les armes et la lyre d’Apollon, et se servit de cette dernière pour endormir Argus, le gardien de la vache Io ; il délivra Mars de la prison où Vulcain l’avait enfermé, et enchaîna Prométhée sur le mont Caucase, etc. On le représente sous la figure d’un beau jeune homme, coiffé du pétase, avec des ailes aux épaules et aux talons, et tenant un caducée à la main. Les Grecs donnaient à ce dieu le nom d’Hermès. V. HERMÈS.

MERCUREY, vge de France (Saône-et-Loire), à 13 kil. N. O. de Châlon ; 700 hab. Bons vins.

MERCURIALIS (Jérôme), médecin, né à Forli en 1530, mort en 1606, enseigna et exerça son art à Padoue, à Bologne, à Pise, et fut appelé à Vienne par l'empereur Maximilien II, qui, en reconnaissance des soins qu'il en avait reçus, le fit comte palatin. Ses principaux ouvrages sont : De Arte gymnastica, Venise, 1569; De Maculis pestiferis, 1580; De Morbis puerorum, Francf., 1584; De Morbis mulierum, 1601 ; Medicina practica, Venise, 1620. Onl ui doit une édition estimée d’Hippocrate, Venise, 1588, in-fol.

MERCY (François, baron de), l'un des grands généraux du XVIIe siècle, né à Longwy en Lorraine, entra au service de l'électeur de Bavière, se signala dans les guerres contre les Français, battit le général Rantzau près de Duttlingen, 1643, et reçut de l'empereur en récompense le titre de feld-maréchal; prit Rothweil, Uerdingen, Fribourg; mais se laissa reprendre cette ville par Condé, après trois jours d'un combat opiniâtre, 1644. Il opéra sa retraite devant Turenne avec une rare habileté, et battit ce grand capitaine à Mergentheim (ou Marienthal) en 1645; mais, la même année, il fut vaincu par Condé à Nordlingue : il mourut de ses blessures le lendemain de la bataille. On grava sur sa tombe cette épitaphe : « Sta, viator, heroem calcas. »

MERCY (Florimond, comte de), petit-fils du précédent, né en Lorraine eh 1666, se mit au service de l'empereur Léopold, devint feld-maréchal en 1704, força les lignes de Pfaffenhofen (1705), mais fut vaincu en Alsace (1709). Il se signala dans les guerres de l'empereur contre les Turcs et contribua aux victoires de Belgrade et de Peterwaradin (1716). Nommé en 1733 commandant en chef de l'armée d'Italie, il réussit en 1734 à occuper Parme, mais il fut tué peu après en attaquant le château de la Croisette, voisin de cette ville.

MERDRIGNAC, ch.-l. de canton (Côtes-du-Nord), à 30 kil, E. de Loudéac ; 2800 hab.

MÉRÉ (George BROSSIN, chevalier de), d'une ancienne famille du Poitou, né vers 1610, mort en 1685, fit quelques campagnes en qualité de volontaire, puis se consacra tout entier au commerce du beau monde et à la culture des lettres et des sciences. Pascal le consultait sur des questions relatives aux sciences exactes; Ménage et Balzac recherchaient son entretien; Mlle d'Aubigné (Mme de Maintenon) le choisit pour guide à son entrée dans le monde. On a de lui : Conversations de M. de Clérembault et du chevalier de Méré, 1669; Maximes, Sentences et Réflexions morales et politiques, 1687; Traité de la vraie honnêteté, de l'éloquence et de l'entretien, 1701, et un recueil de Lettres, 1689. Son style était déparé par l'affectation et par la manie de se singulariser. — V. POLTROT et GUÉNARD.

MÉRÉVILLE, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la Juine, à 24 kil. S. d’Étampes; 1800 hab. Exploitation de pierre de taille. Joli château dit Folie-Méréville; on voit dans le parc une magnifique colonne rostrale en marbre bleu turquin.

MERGENTHEIM, dite aussi Marienthal, v. du Wurtemberg (Iaxt), dans l'anc. Franconie, sur la Tauber, à 65 kil. N. O. d'Ellwangen; 2400 h. Eaux minérales. Victoire de Mercy sur Turenne en 1645. Aux environs, château de Neuhaus, jadis résidence des grands maîtres de l'ordre Teutonique.

MERGUI, v. de l'Inde Transgangétique anglaise, ch.-l. de la prov. de Ténassérim, à l'emb. du Ténassérim, à 400 kil. S. O. de Siam. Port sûr et commode. Commerce de perles, d'ivoire, de riz, etc. — Cette ville appartenait aux Siamois; les Birmans la leur enlevèrent en 1759 et la cédèrent aux Anglais en 1824; les Français y ont eu un comptoir.

MERGUI (archipel), groupe d'îles, situé dans la partie orientale du golfe de Bengale, entre 7°-14° lat. N., et 94°-96° long. E. Îles principales : Muscos, Tavaï, Ténassérim, du Roi, Domel, St-Matthieu, etc. — Ces îles faisaient jadis partie de l'Empire birman : elles ont été récemment cédées aux Anglais.

MÉRIADEC (Conan), duc d'Armorique. V. CONAN.

MÉRIADEC (S.), Mereadocus, saint breton, né vers 605, m. en 656, descendait des anciens rois de l'Armorique, et fut élu par acclamation évêque de Vannes. On le fête le 7 juin.

MÉRIAN, famille d'artistes allemands, a produit : Matthieu M., habile graveur, ami de Callot, né à Bâle en 1593, m. en 1650, qui grava la Danse des morts de Bâle (1621), les Icones biblicæ (1626), le Theatrum europæum (1635); — Matthieu M., le Jeune, son fils (1621-87), qui le seconda et le continua; — Marie Sibylle M., fille du 1er Mérian, 1647-1717, qui se fit un nom par ses miniatures et par ses dessins de fleurs et d'insectes. On lui doit : les Métamorphoses merveilleuses des chenilles, Nuremberg, 1679; l'Histoire des insectes, Amst., 1705-17; les Insectes européens; les Métamorphoses des insectes de Surinam, 1705, etc. Pour mieux observer la nature, elle avait visité plusieurs contrées de l'Europe et de l'Amérique. Elle laissa deux filles, Hélène et Henriette, qui marchèrent sur ses traces.

MÉRIAN (J. Bernard), philosophe, né en 1723, près de Bâle en Suisse, mort à Berlin en 1807, entra dans la carrière ecclésiastique. Il alla en 1750 se fixer à Berlin, où Maupertuis le fit élire membre de l'Académie, et fut nommé en 1770 directeur de la classe des belles lettres de cette Académie; il était en même temps directeur des études du collége français. Il a inséré dans les Mémoires de l'Académie de Berlin d'excellentes dissertations sur la philosophie spéculative, notamment Sur l'aperception de notre propre existence; Sur l'existence des idées dans l'âme; Sur le problème de Molyneux; Sur l'action, la puissance et la liberté; Sur le premier principe de Leibnitz et celui de Locke. On lui doit une traduction des Essais de Hume, Amst., 1784, et le Système du monde d'après Lambert, Paris, 1784. En général il combat Leibnitz et Wolff, et se montre favorable à l'empirisme et à la méthode analytique. L’Éloge de Mérian a été prononcé par Fr. Ancillon en 1810.

MÉRIDA, Emerita Augusta, v. d'Espagne (Estramadure), sur la Guadiana, à 50 kil. E. de Badajoz; 5000 hab. Superbe pont romain de 66 arches; ancien et vaste château fort. — Fondée par Auguste qui en fit une colonie romaine; ch.-l. de la Lusitanie sous les empereurs romains, elle était très-grande et très-riche et comptait, dit-on, 40 000 hab. Aussi a-t-elle de très-belles ruines (arc de triomphe, élevé à Trajan, beau pont romain, de 66 arches; restes de plusieurs temples, d'un amphithéâtre, etc.). Les Maures la prirent en 715 et ne la perdirent qu'en 1230. Alphonse IX, roi de Léon, s'en rendit alors maître et la donna à l'ordre de St-Jacques. Les Français l'occupèrent en 1811.

MÉRIDA, v. du Mexique, ch.-l. de l’État d'Yucatan, à 187 kil. N. E. de Campêche et à 950 k. E. S. E. de Mexico; 40 000 hab. Évêché, cour de justice pour les États de Chiapa, Tabasco et Yucatan.

MÉRIDA, v, du Venezuela, ch.-l. de la prov. de Mérida, sur le Chama, à 360 kil. N. E. de Bogota; 6000 hab. Évêché, université. — Jadis grande et mieux peuplée, mais détruite en partie par un tremblement de terre en 1812. — La prov. de Mérida fait partie du dép. de Zulia; elle a env. 350 kil. sur 135 et 70 000 hab.

MÉRINDOL, bourg de France (Vaucluse), à 28 k. S. O. d'Apt; 900 hab. Ce village, qui avait pour habitants des sectaires des anciens Vaudois, fut détruit, en 1545, par le président d'Oppède; il s'est relevé de ses ruines et est encore peuplé de protestants.

MÉRINITES, dynastie arabe qui régna sur l'Afrique septent., principalement dans le royaume de Maroc, tirait son nom de Mérin Abdallah, roi de Fez, de qui elle descendait. Ils renversèrent les Almohades, s'emparèrent de Maroc en 1270 et passèrent de là en Espagne. Leur puissance disparut au XVe siècle. V. MAROC.

MÉRION, héros grec, qui conduisit au siége de Troie, avec Idoménée, les vaisseaux des Crétois. Il avait été un des amants d'Hélène.

MÉRIONETH, Mervinia, comté d'Angleterre, dans le pays de Galles, entre ceux de Denbigh au N. E., de Montgomery à l'E., de Cardigan au S., de Caernarvon au N. O., et la mer d'Irlande à l'O.: 90 kil. sur 44; 36 000 hab.; ch.-l., Bala ou Dolgelly. Montagnes, sites pittoresques, sol varié; peu d'industrie.

MÉRITE MILITAIRE (Ordre du), ordre institué par Louis XV en 1759 pour récompenser les services des officiers étrangers employés dans l'armée française, qui, en leur qualité de protestants, ne pouvaient être chevaliers de St-Louis. L'insigne était une croix d'or émaillée à 8 pointes et cantonnée de fleurs de lis; d'un côté, il y avait une épée en pal avec cette devise : Pro virtute bellica; de l'autre : Ludovicus XV instituit. Louis XVIII remit cet ordre en vigueur en 1824; il a disparu en 1830.

Il existe aussi des ordres du Mérite en Prusse, en Bavière, en Saxe, à Bade, en Wurtemberg et à Rome. Ce dernier, institué en 1847 par le pape Pie IX, a pour insigne une étoile d'or, avec cet exergue : Virtuti et Merito; il peut être conféré aux étrangers. Il est plus connu sous le nom d’Ordre de Pie IX.

MERLE (Jean Toussaint), auteur dramatique , né en 1785 à Montpellier, m. en 1852, fut quelque temps attaché à l'administration, mais la quitta pour se livrer tout entier à la littérature, et écrivit pour les journaux et pour les petits théâtres. Il a fait représenter plus de 120 ouvrages, comédies, drames, vaudevilles, composés le plus souvent avec quelques confrères, et dont plusieurs ont eu la vogue, entre autres le Ci-devant jeune homme, le Savetier et le Financier, le Bourguemestre de Saardam, Préville et Taconnet, et de nombreuses farces dont Jocrisse ou Cadet-Roussel étaient les héros. La plupart de ses pièces prouvent, avec un remarquable esprit d'observation , beaucoup d'invention, d'entente de la scène, et respirent une gaieté franche.

MERLERAULT (Le), ch.-l. de cant. (Orne), à 24 kil. E. d'Argentan; 1200 h. Bonneterie.

MERLIN, surnommé Ambrosius, personnage fameux dans les romans de chevalerie, naquit, à ce qu'on croit, au Ve siècle, dans les montagnes de la Calédonie (Écosse), vécut à la cour du roi Arthur, dont il fut l'ami et le conseiller, et s'éleva tellement au-dessus de ses contemporains par ses connaissances «t son génie, qu'on le considéra comme un magicien et un enchanteur. Selon la tradition, il était barde et lut converti au catholicisme par S. Colomban. Il mourut en Bretagne, dans la forêt de Brécheliant, victime d'un charme auquel il ne sut pas se soustraire; d'autres le font mourir dans l'île de Bardsey. On lui attribue un livre de Prophéties écrit originairement en langue celtique, qui a été traduit et commenté dans toutes les langues, notamment en latin par Geoffroy de Monmouth, et en français, dès 1498, par Robert de Borron. Th. Heywood a donné une Vie de Merlin, Londres, 1641. M. Hersart de Villemarqué a publié en 1861 : Myrdhinn ou l'Enchanteur Merlin, son histoire, ses œuvres, son influence. Il existe un vieux roman intitulé : Merlin l'Enchanteur, qui a été mis en français moderne par Boulard, Paris, 1797. Edg. Quinet a donné un roman sous le même titre.

MERLIN (le comte), dit Merlin de Douai, jurisconsulte, né en 1754 à Arleux en Cambrésis, m. en 1838, occupait le 1er rang au barreau de Douai en 1789. Nommé député aux États généraux, il fut un des membres les plus laborieux de l'Assemblée constituante. Il siégea ensuite à la Convention, prit place à la Montagne, vota la mort du roi, et eut une grande part à la loi des suspects, ainsi qu'à l'organisation du Tribunal révolutionnaire (1793). On lui doit la loi sur les successions et le code des délits et des peines, qui a été suivi jusqu'à la promulgation du code pénal (1811). Sous le Directoire, il fut ministre de la Justice (1795), puis de la police générale; il devint lui-même un des cinq directeurs après la journée du 18 fructidor (4 sept. 1797), à laquelle il avait contribué. Néanmoins il eut peu d'influence dans ce Conseil; il en sortit au 30 prairial (18 juin 1799). Après le 18 brumaire, il accepta des fonctions dans la magistrature, et devint procureur général à la Cour de cassation, fonctions qu'il remplit jusqu'en 1815. Exilé à cette époque, il alla se fixer dans les Pays-Bas; il ne rentra en France qu'en 1830. Il fut membre de l'Académie des sciences morales dès sa fondation. On doit à Merlin de savants ouvrages : Répertoire universel et raisonné de jurisprudence (qui avait commencé à paraître dès 1775 et dont la 4e édition fut publiée en 1812, 17 vol. in-4); Recueil alphabétique des Questions de droit (dont une 13e édit. a été publiée en 1819-20, 6 vol. in-4). Il a mérité par ses grands travaux d'être surnommé le Papinien moderne, le Prince de nos jurisconsultes. — Son fils, le général Eug. Merlin, né à Douai en 1778, m. en 1854, s'enrôla dès l'âge de 15 ans, fit avec distinction les campagnes de l'Empire et fut fait général en 1813. En 1815, à la 1re nouvelle du retour de Napoléon, il alla, seul avec un aide de camp et 2 gendarmes, prendre possession du fort de Vincennes. Laissé sans emploi sous la Restauration, il fut remis en activité en 1830, prit part au siége d'Anvers et fut nommé en 1838 pair de France.

MERLIN (Ant.), dit M. de Thionville, né à Thionville en 1762, m. à Paris en 1833. Avocat à Metz lorsqu'éclata la Révolution, il en adopta les principes avec passion, fut élu représentant de la Moselle à l'Assemblée législative et à la Convention, poursuivit à outrance la royauté, la noblesse et le clergé, fit décréter la confiscation des biens des émigrés, la déportation des prêtres insermentés et prit une grande part à la journée du 10 août. Envoyé en décembre 1792 en mission près de la garnison qui défendait Mayence, il s'y comporta vaillamment, mais sans pouvoir empêcher la reddition de la place (24 juillet 1793); il remplit l'année suivante une mission près de l'armée de Rhin et Moselle et y rendit de grands services. Au 9 thermidor, il prit parti contre Robespierre. S'étant opposé au consulat à vie, il fut laissé dans l'oubli. M. J. Reynaud a publié en 1880 Vie et Correspondance d'Ant. Merlin, 1 v. in-8.

MERLINO COCCAIO. V. FOLENGO.

MERMNADES, 3e dynastie des rois de Lydie, ainsi nommée de Gygès, fils de Mermnas, qui en fut le 1er roi, régna de 708 à 545 av. J.-C. Le dernier prince de cette dynastie fut Crésus. V. LYDIE.

MÉRODACH-BALADAN, roi de Babylone, régna après Nabonassar, vers 720 av. J.-C., eut des relations amicales avee Ézéchias, roi de Juda, fut renversé du trône en 709, réussit à s'y rétablir, mais fut chassé définitivement par Sennachérib en 702.

MÉRODE (comtes de), illustre famille belge qui fait remonter son origine à Ste Élisabeth de Hongrie et dont l'héritière épousa en 1179 Pierre Bérenger, 3e fils de Raimond Bérenger, roi d'Aragon et comte de Barcelone, a joué un grand rôle depuis la révolution de Belgique. Un de ses membres, Frédéric Ghislain de Mérode, après avoir héroïquement combattu les Hollandais dans les rangs du peuple, fut blessé à mort à Berchem en avant d'Anvers (1830). Un monument lui a été érigé dans la cathédrale de Bruxelles. — Félix, son frère, né à Maestricht en 1791, m. en 1857, membre du gouvernement provisoire en 1830, plusieurs fois ministre, puis sénateur, a été longtemps le chef du parti catholique en Belgique, et a puissamment contribué à l'établissement du gouvt constitutionnel, ainsi qu'à l'élection du roi Léopold. Il se désista du pouvoir en 1839 pour ne pas signer la cession du Limbourg et du Luxembourg. Le comte F. de Mérode avait épousé la fille du marquis de Grammont : un de ses fils, Charles, né en 1816, s'est établi en France et a été élu député au Corps législatif en 1852; un autre, Xavier, né en 1820, d'abord officier belge, est devenu ministre des armes du pape; enfin, sa fille a épousé le comte de Montalembert.

MÉROÉ, auj. pays de Chendi, contrée de l’Éthiopie, entre le Nil et l’Astaboras (Atbarah). Les anciens, qui croyaient que ces deux fleuves se réunissaient au S., en faisaient une immense île. Ce pays, qui avait pour capit. une ville nommée aussi Méroé, fut dès la plus haute antiquité un Etat puissant : il semble avoir précédé l’Égypte elle-même dans la civilisation et lui avoir donné, avec ses habitants, ses institutions religieuses et politiques. On croit que Thèbes n'était qu'une de ses colonies. Les monuments du Méroé sont aussi nombreux que ceux de l’Égypte et offrent le même caractère colossal : ce sont comme en Égypte des temples, de vastes tombeaux couverts de sculptures remarquables. — L'empire de Méroé donna probablement des maîtres à quelques parties de l’Égypte; on pense que la 25e dynastie, ou dynastie éthiopienne, était sortie du Méroé; mais il est indubitable que Sésostris (Ramsès III) en fit la conquête. Le gouvt du Méroé fut longtemps entièrement théocratique : il y avait un roi, mais au-dessus de lui s'élevait le prêtre, qui pouvait le mettre à mort au nom de la divinité. Un certain Ergamène, roi du Méroé au IIIe siècle av. J.-C. (du temps de Ptolémée II), opéra une révolution et massacra tous les prêtres dans leur temple. — Méroé, la capitale, située au N. E. de Chendi, probablement près du village actuel d’Assour, était remarquable par son commerce, ses monuments, son oracle d'Ammon et son collège de prêtres. Il en reste de belles ruines. — Le pays de Méroé n'a été exploré par des Européens que dans le dernier siècle. Caillaud, qui a visité cette contrée de 1819 à 1822, et Hoskins, qui l'explora en 1834, sont ceux à qui l'on doit les renseignements les plus positifs.

MÉROPE, fille de Cypsélus, roi d'Arcadie, épousa (vers 1190 av. J.-C.) Cresphonte, un des Héraclides, et roi de Messénie, dont elle eut 3 enfants. Polyphonte réussit, à la faveur d'une attaque nocturne, à tuer l'époux de Mérope et deux de ses fils, et il allait la contraindre à l'accepter lui-même pour époux et à lui donner la couronne, quand Épytus (autrement Téléphonte), 3e fils de la reine, élevé en secret par Cypsélus, reparut et tua l'assassin de son père. Les malheurs de Mérope ont été plusieurs fois mis sur la scène, notamment par Maffei, puis par Voltaire, à qui ils ont inspiré un de ses chefs-d'œuvre.

MÉROVÉE, roi franc, que l'on considère comme le 3e  de nos rois, était fils ou gendre de Clodion. Il naquit vers 411, vint à Rome dans sa jeunesse afin de faire confirmer par Valentinien III la paix qu'Aétius avait conclue avec les Francs, et resta depuis l'ami des Romains. D'abord associé au trône par son père, il lui succéda en 448 ou 451. Il s'unit en 451 au général romain Aétius contre Attila, roi des Huns, et remporta sur le roi barbare une victoire sanglante dans les Champs Catalauniens. Il m. en 457 et eut pour successeur son fils Childéric I. On a donné d'après lui le nom de Mérovingiens aux rois de la 1re  race.

MÉROVÉE, fils de Chilpéric I, fut séduit par les charmes de Brunehaut, sa tante, alors captive à Rouen, et l'épousa malgré son père (576). Poursuivi par Chilpéric, à l'instigation de Frédégonde, il se réfugia dans une église; mais il tomba peu après entre les mains de son père qui l'enferma dans un monastère. Après avoir tenté vainement de se réunir à Brunehaut en Austrasie, il se fit tuer pour ne pas tomber entre les mains de Frédégonde, 577.

MÉROVINGIENS, nom donné aux rois de France de la 1re  race, est tiré de Mérovée, fils de Clodion et aïeul de Clovis. Pour la série de ces princes, V. FRANCE.

MERRIMACK, riv. des États-Unis, naît dans le New-Hampshire, où elle sort des White-Mountains, coule au S., puis au N. E., traverse le Massachussets, et tombe dans l'Atlantique à Newbury-Port, après un s cours de 280 kil.

MERRY ou MÉDÉRIC (S.), Medericus, né près d'Autun au VIIe siècle, entra dans l'ordre de S.-Benoît. Élevé, malgré ses refus, à la dignité d'abbé, il quitta son couvent par humilité; mais il fut rappelé par les instances de ses religieux et des fidèles. Dans sa vieillesse il voulut visiter le tombeau de S. Denis; mais, surpris à Paris par une maladie, et ne pouvant aller plus loin, il s'arrêta dans une caverne près d'une chapelle de St-Pierre et y mourut. Cette chapelle est devenue l'église St-Merry, qu'on voit encore à Paris, rue St-Denis. On le fête le 29 août.

MERSEBOURG, v. des États prussiens (Saxe pruss.), ch.-l. de la régence de son nom, sur la r. g. de la Saale à 90 kil. S. S. E. de Magdebourg ; 12 000 h., Cathédrale (possédant le plus grand jeu d'orgues de l'Allemagne et 4 très-belles tours), palais épiscopal, gymnase, institutions de bienfaisance. Poudre, amidon, vinaigre, etc.; haras royal. Henri l'Oiseleur y battit les Hongrois en 933. Aux env. est Mœlsen, fameux par la bataille où fut tué, en 1080, Rodolphe de Rheinfelden, dont on voit le tombeau dans la cathédrale. — La régence de Mersebourg, entre celles de Magdebourg et de Francfort-sur-l'Oder, a 196 kil. sur 106, et env. 700 000 hab. Elle est divisée en 17 cercles. Le sol en est fertile. On y exploite des mines d'argent, fer, cuivre, houille, et de nombreuses carrières.

MERS-EL-KÉBIR (c.-à-d. le grand port), Portus Magnus, v. de l'Algérie occid., sur la mer, à 8 kil. N. O. d'Oran, dont elle est le port; 4000 hab. Château fort. Riches bancs de corail. Prise par les Espagnols en 1506; reprise par les Maures en 1732, occupée par les Français depuis 1830. Poste important.

MERSEN, v. de l'anc. Austrasie, à 26 kil. N. O. d'Aix-la-Chapelle, est auj. comprise dans le Limbourg hollandais. Les trois fils de Louis le Débonnaire y conclurent en 847 un [[w:Traité de Meerssen|traité] d'alliance offensive et défensive. Par un 2e  traité, conclu en 870, Charles le Chauve et Louis le Germanique se partagèrent la Lorraine, qui, par la mort du roi Lothaire le Jeune, devait revenir à Louis II, son frère.

MERSENNE (le P. Marin), savant minime, né en 1588, à Oizé dans le Maine, m. à Paris en 1648, fut le condisciple de Descartes au collége de La Flèche, et resta son ami jusqu'à sa mort. Il était lui-même très-versé dans les sciences, mais il est surtout connu par ses liaisons avec les principaux savants : fixé à Paris, il entretenait correspondance avec eux et était leur intermédiaire. Outre plusieurs ouvrages de théologie, on a du P. Mersenne : les Méchaniques de Galilée, trad. de l'italien, Paris, 1634; Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique, etc., 1636; la Vérité des sciences, contre tes Sceptiques et les Pyrrhoniens, 1638; Cogitata physico-mathematica, 1644; Universæ geometriæ mixtæque mathematicæ sypnosis, 1644; Novæ observationes physico-mathematicæ, quibus accessit Aristarchus Samius, 1647; Caloptrique, 1652 (posthume). Sa Vie a été écrite par le P. Hilarion de Coste, 1649.

MERSEY, riv. d'Angleterre, se forme dans le comté de Chester de la réunion de l'Etherow et du Goyt, à 6 kil. E. de Stockport, sépare le comté de Chester de celui de Lancastre, reçoit la Tame, l'Irwell et le Wewer et se jette par un vaste estuaire dans la mer d'Irlande, à 4 kil. au-dessous de Liverpool, après un cours de 100 kil. Navigation très-active.

MERTHYR-TYDVIL, v. d'Angleterre (Glamorgan), dans le pays de Galles, sur le Taff, à 36 kil. N. O. de Cardiff; 64 500 hab. Canal, chemin de fer, grandes usines. Ce n'était qu'un petit village avant 1755. Riches mines de houille et de fer, la ville la plus importante du pays pour ces produits; 6000 personnes travaillent à la houille, et 11 000 au fer.

MÉRU, ch.-l. de c. (Oise), à 26 kil. de Beauvais; 2700 hab. Tabletterie; mégisserie, etc.

MÉRULA (c.-à-d. merle), surnom d'une branche de la famille Cornelia qui a fourni à la république romaine plusieurs magistrats distingués, notamment L. Cornelius Mérula, consul l'an 193 av. J.-C., qui battit les Boïens près de Mutine (Modène); et un autre L. Cornelius Mérula, qui fut nommé consul l'an 87 av. J.-C. en remplacement de Cinna, mais qui, après le retour de Marius, fut obligé de se démettre en faveur de son adversaire, et se donna la mort.

MÉRULA (George), en ital. Merlo, l'un des restaurateurs des études en Italie, né vers 1424 à Alexandrie, mort en 1494, vint en 1482 se fixer à Milan sur l'invitation du duc Ludovic Sforce, qui le chargea d'écrire l'histoire de cette ville. Il a rendu de grands services aux lettres par ses publications des auteurs anciens, et par ses corrections. On lui doit la 1re édition de Martial, Venise, 1470-72, des Rei rusticæ Scriptores, 1472, et des Comédies de Plaute, 1482, ainsi que des traductions latines d'auteurs grecs, entre autres de Xiphilin. On a de lui : Bellum Scodrense, Venise, 1474; Antiquitatis vicecomitum mediolanensium libri X, in-fol., etc.

MÉRULA (Paul), né à Dordrecht en 1558, mort à Rostock en 1607, voyagea en France, en Italie, en Angleterre, et y visita les principales universités, exerça quelques années la profession d'avocat à La Haye, puis alla à Leyde remplacer Juste-Lipse dans la chaire d'histoire de cette université, chaire qu'il occupa 15 ans. On a de lui : Cosmographia generalis et Geographia particularis, Leyde, 1605; Urbis Romæ delineatio, 1599; Histoire ecclésiastique et politique universelle, en hollandais, rédigée par lui jusqu'à l'an 1200, continuée par son fils jusqu'en 1614.

MERVEILLES (les SEPT) DU MONDE, nom donné par les anciens à des ouvrages admirables d'architecture ou de sculpture, sur l'énumération desquels on n'est nullement d'accord. On nomme communément : 1° les jardins suspendus et les murs de Babylone; 2° les pyramides de l’Égypte; 3° le Phare d'Alexandrie; 4° le colosse de Rhodes; 5° le Jupiter Olympien de Phidias; 6° le temple de Diane à Éphèse; 7° le tombeau de Mausole. V., pour plus de détails, notre Dict. univ. des Sciences.

MERVILLE, ch.-l. de cant. (Nord), à 12 kil. S. E. d'Hazebrouck, sur la r. g. de la Lys, à sa jonction avec le canal de la Bourre; 3181 hab. Toiles, linge de table, velours.

MERVILLE (Michel GUYOT de), auteur dramatique, né à Versailles en 1696, m. en 1755, composa des tragédies qui ne purent être représentées, et des comédies qui eurent quelque succès : la meilleure est le Consentement forcé (1738), en prose. S'étant brouillé avec les comédiens, qui ne voulurent plus jouer ses pièces, il tomba dans la misère et mit fin à ses jours. Son Théâtre a été publié en 1766.

MERVILLE (François CAMUS, dit), né à Pontoise en 1783, m. en 1853, étudia d'abord la médecine, puis se fit comédien, et quitta la scène pour se livrer aux lettres. Ses principaux ouvrages sont : la Famille Glinet, ou les Premiers temps de la Ligue, en 5 actes et en vers, 1818, comédie dirigée contre l'esprit de parti, qui obtint un très-grand succès (on prétendit que le roi Louis XVIII avait eu part à sa rédaction); l’Homme poli, en 5 act. et en vers, 1850; les Quatre âges, en 5 actes, en vers, 1822. Les comédies de Merville sont presque toujours le développement d'une pensée philosophique : on y trouve une fidèle et judicieuse observation des mœurs; mais la versification en est faible et négligée. On lui doit en outre quelques romans, dont l'un, les Deux Apprentis, obtint un prix Montyon.

MERWAN I, calife Ommiade, avait été secrétaire d'Othman. Il se fit élire à La Mecque en 684, battit Abdallah, son compétiteur, et soumit toute la Syrie. Quoiqu'il eût promis de remettre le califat à Khaled, fils du dernier calife, il désigna pour successeur son propre fils Abd-el-Mélek; mais la mère de Khaled, qu'il avait épousée, le fit mourir en l'étouffant pendant son sommeil, 685. — Merwan II, dernier calife Ommiade d'Orient, petit-fils du préc., se fit proclamer en 744 à Harran, et vainquit plusieurs compétiteurs; mais il fut vaincu à son tour et renversé par Aboul-Abbas, chef des Abbassides, 750.

MÉRY (S.). V. MERRY.

MÉRY-SUR-SEINE, ch.-l. de cant. (Aube), à 19 kil. O. S. O. d'Arcis; 1400 h. Bonneterie. Bataille sanglante livrée le 22 février 1814 aux Prussiens, qui furent repoussés; la ville fut-presque incendiée. Quelques-uns placent dans le voisinage de cette ville la grande défaite d'Attila en 451.

MÉSA (Julie), sœur de l'impératrice Julie Domna, femme de Septime Sévère, fut mariée à Julius Avitus, consul en 209, et eut de lui Julie Soœmis, qui fut mère d'Héliogabale, et Julie Mammée, mère d'Alexandre Sévère. Elle fit proclamer Héliogabale empereur à Émèse, l'amena à Rome et gouverna quelque temps sous son nom. Elle retarda par de sages conseils la chute de ce prince et lui fit adopter son cousin Alexandre Sévère. Néanmoins, elle fut massacrée avec son petit-fils par les soldats.

MESCHACÉBÉ. V. MISSISSIPI.

MESCHED ou MECHED (c.-à-d. tombeau), v. de Perse, capit. du Khoraçan persan, à 264 k. N. O. d'Hérat; 50 000 hab. Beaucoup de mosquées, de medressehs, de bazars, etc.; superbes mausolées de l'imam Réza, d'Aroun-al-Raschid et de Nadir-Chah. Fabriques de velours et de pelisses. Grand commerce par caravanes. Patrie de l'astronome Nassir-Eddyn. Ferdoucy naquit dans le voisinage. Près de là se voient les ruines de Thous.

MESCHED-ALI ou IMAM-ALI, Alexandria ou Hira, v. de la Turquie d'Asie (Irak-Arabi), près d'un bras de l'Euphrate, dans l'eyalet et à 133 kil. S. de Bagdad; 7000 hab. Murs flanqués de tours; tombeau d'Ali (gendre de Mahomet), où se rendent de nombreux pèlerins. On y montre aussi un monument qui passe pour le tombeau d'Ézéchiel. — Fondée par Alexandre, dont elle porta longtemps le nom; puis capit. d'une principauté arabe sous le nom d'Hira; possédée ensuite par des Chrétiens jusqu'en 632, et enfin par les Sarrasins. Prise en 1806 par les Wahabites, que ses habitants parvinrent bientôt à chasser : à cette époque, les richesses qui ornaient le tombeau d'Ali ont été transportées à Imam-Mouça.

MESCHED-HOSSEIN, dite aussi IMAM-HOSSEIN et KERBELA, Vologesia ou Bogalasus des anc., v. de la Turquie d'Asie (Bagdad), sur un bras de l'Euphrate, à 98 kil. S. O. de Bagdad; 8000 hab. Tombeau de l'imam Hossein, fils d'Ali, tué en ce lieu : ce tombeau attire un grand concours de pèlerins chyites.

MESEMBRIA, auj. Misivri, nom de deux villes de Thrace, l'une sur le Pont-Euxin, au S. de l'Hæmus et au N. d'Apollonie; l'autre sur la mer Égée, entre Maronée et le lac de Stentor.

MÉSÈNE, contrée d'Asie, située entre le Tigre et l'Euphrate, près de leur confluent, s'étendait aussi depuis les frontières de la Babylonie jusqu'à la mer, C'est auj. l’Irak-Araby. La Mésène dépendit successivement des empires de Ninive, de Babylone, des Perses, des Macédoniens, fut quelque temps indépendante après le démembrement de l'empire des Séleucides, puis tomba sous la domination des Parthes et des nouveaux rois Perses, et fut enfin englobée dans le califat de Bagdad. On doit à M. Reinaud, de l'Institut, un savant Mémoire sur la Mésène et la Kharacène, 1862.

MÉSENGUY (Philippe), né à Beauvais en 1677, mort en 1763, reçut les ordres mineurs et occupa divers emplois au collége dit de Beauvais à Paris, où il fut le collaborateur et l'ami de Rollin et de Coffin. Ardent janséniste, il fit de l'opposition à la bulle Unigenitus, et fut par suite forcé a quitter son collége. On a de lui : Abrégé de l'Histoire et de la Morale de l'Ancien Testament, 1728; Vies des Saints, 1730; Abrégé de l'Hist. de l'Anc. Test. avec éclaircissements, 1735-53; Exposition de la Doctrine chrétienne, 1744; une traduction du Nouveau-Testament (rééditée par S. de Sacy, 3 vol. in-16, 1858). Ses ouvrages, approuvés de Rollin, ont eu de nombreuses éditions. Son Expos. de la Doctr. chrét. a été mise à l'index.

MÉSIE, Mœsia (partie de la Bosnie, de la Servie et de la Bulgarie actuelles), grande région de l'Europe anc., comprise entre la Save et le Danube au N., les monts Scardus, Orbelus, Hæmus au S., le Drin septentrional à l'O., le Post-Euxin à l'E., était beaucoup plus large que longue (elle avait env. 900 kil. sur 200). Son nom voulait dire marécages, et en effet le Danube y formait de très-vastes marais. Ses peuples les plus connus étaient les Mèses, les Dardanes, les Scordisques, auxquels se mêlaient beaucoup de tribus slaves et finnoises. Les anciens ne connaissaient que très-mal cette contrée; ce n'est guère qu'après la 4e guerre de Macédoine (147 av. J.-C.), et quand les Romains franchirent le Scardus et l'Orbelus, qu'on connut la Mésie. La conquête commença par la défaite des Scordisques (135 av. J.-C.); elle ne fut achevée que sous Auguste. La Mésie fut postérieurement partagée en deux provinces : Mésie supérieure ou 1re, à l'O., s'étendant du Drin au Ciabros (Zibritz); ch.-l. Sardique (cette Mésie fut plus tard comprise dans le diocèse de Dacie); et Mésie inférieure ou 2e, à l'E., s'étendant du Ciabros au Pont-Euxin; ch.-l. Marcianopolis : celle-ci fut plus tard comprise dans le diocèse de Thrace.

MESLAY, ch.-l. de cant. (Mayenne), arr. et à 22 kil. S. E. de Laval; 1136 hab.

MESLE (Le), ch.-l. de c. (Orne), sur la r. dr. de la Sarthe, à 28 kil. E. N. E. d'Alençon; 800 hab.

MESLIER (Jean), curé d'Étrépigny en Champagne, né en 1678 dans le Rhételois, mort en 1733. s'est rendu fameux par un testament dans lequel il déclarait qu'il ne croyait point aux dogmes du christianisme, quoiqu'il les eût enseignés toute sa vie. Ses sentiments sont consignés dans un écrit qui fut trouvé chez lui après sa mort, et dont la 1re partie fut publiée par Voltaire en 1762, sous le titre de Testament de Jean Meslier : c'est une déclamation contre le christianisme. — Quant au Bon sens du curé Meslier, écrit athée, publié en 1772, il est de d'Holbach.

MESMER (Fr. Ant.), médecin allemand, auteur de la doctrine du magnétisme animal, né en 1733 à Mersebourg en Souabe, commença à se faire con naître en 1766 par une thèse De planetarum influxu, où il soutenait l'existence d'un fluide subtil, répandu partout, et par l'intermédiaire duquel les corps célestes influent sur les corps animés. Peu après il s'établit à Vienne et tenta de guérir par le magnétisme minéral en appliquant des aimants sur les parties malades; mais bientôt il crut reconnaître que la seule application des mains sur le corps produisait le même effet que l'aimant : il proclama dès lors l'existence d'un magnétisme propre aux êtres animés, qu'il nomma magnétisme animal et prétendit avoir trouvé le secret de s'emparer de ce fluide et de réparer la santé en l'accumulant dans le corps des malades : il publia sa découverte dans une Lettre à un médecin étranger, Vienne, 1775. Ayant éprouvé quelques difficultés dans son pays, il vint à Paris en 1778, annonça d'une manière pompeuse sa découverte, et réunit chez lui autour d'un baquet ou cuve magnétisée un grand nombre de malades : il excita la curiosité universelle, et trouva bon nombre de partisans, auxquels il vendit chèrement son secret; il avait refusé de l'abandonner au gouvernement français moyennant une rente annuelle de 20 000 livres. En 1784, une commission de savants, au nombre desquels figuraient Darcet, Franklin, Bailly, Lavoisier, A. L. de Jussieu, fut chargée d'examiner la nouvelle doctrine. Les commissaires, par l'organe de Bailly, déclarèrent que Mesmer produisait des effets surprenants, mais ils les attribuèrent à l'imagination ou à l'imitation : toutefois un des membres de la commission, Jussieu, ne partagea pas l'opinion de ses confrères, et fit à part un rapport plus favorable. A la suite de ce jugement, Mesmer quitta la France; il passa quelque temps en Angleterre, puis retourna en Allemagne, et mourut obscurément dans son pays natal en 1815. Mesmer a été considéré par ses enthousiastes comme un bienfaiteur de l'humanité; d'autres l'ont traité d'imposteur : s'il est vrai qu'il eut trop souvent recours au charlatanisme et qu'il se montra fort avide, on ne peut cependant contester l'importance de quelques-uns des faits sur lesquels il appela l'attention. Seulement, personne ne croit plus à l'échafaudage systématique dont il l'entourait. On a de lui : Mémoire sur la découverte du magnétisme animal, Paris, 1779; Précis historique des faits relatifs au magnétisme, 1781; Mémoire de Mesmer sur ses découvertes, 1799; Mesmerismus, Berlin, 1815 (en allemand). M. Bersot a donné en 1853 Mesmer et le Magnétisme animal.

MESMES (J. J. de), seigneur de Roissy, né en 1490 d'une ancienne famille du Béarn, mort en 1559, fut envoyé par Catherine de Foix, reine de Navarre, à l'assemblée de Noyon, pour y revendiquer la partie de la Navarre dont les Espagnols s'étaient emparés, puis fut chargé de négocier le mariage de Jeanne d'Albret avec Ant. de Bourbon, et réussit dans ces deux missions. François I le fit lieutenant civil du Châtelet et premier président de Normandie. Henri II l'appela au Conseil d'État. — H. de Mesmes, son fils aîné, 1531-96, aussi bon militaire qu'habile politique, reprit plusieurs places aux Espagnols, fut envoyé par Henri II près des Siennois, qui l'élurent podestat (1557-59), négocia en 1570 à St-Germain, avec les Protestants, la paix dite Boiteuse et Mal-Assise, ainsi nommée parce qu'elle fut signée par Biron, qui était boiteux, et par de Mesmes, seigneur de Malassise, et fut choisi pour chancelier par la reine Louise, veuve de Henri III. Érudit distingué, il fut l'ami et le protecteur des Turnèbe, des Lambin, des Pibrac, etc. Il a laissé des Mémoires, publ. en 1760, que Rollin cite dans son Traité des Études (liv. I, ch. II). — Claude de M., comte d'Avaux, petit-fils du précéd., né en 1595, m. en 1650, fut chargé de plusieurs ambassades à Venise, en Danemark, en Suède, à Cologne, et fut l'un des plénipotentiaires aux traités de Munster et d'Osnabruck (1648); mais, à la veille de conclure le traité, il fut tout à coup disgracié, par les intrigues de son collègue Servien. C'était un des hommes d'État les plus considérés : sa parole valait un serment; il se faisait remarquer par sa dignité, sa politesse, sa pénétration, ainsi que par sa facilité à écrire en allemand, en italien et en latin, aussi bien qu'en français. On a de lui : Mémoires touchant les négociations du traité de paix à Munster, 1674; Lettres de d'Avaux et de Servien, 1650. — J. Ant. de M., comte d'Avaux et marquis de Givry, petit neveu du préc., 1640-1709, fut ambassadeur extraordinaire à Venise, plénipotentiaire à Nimègue, où il négocia la paix, puis ambassadeur en Hollande, en Angleterre, en Suède, et prépara la paix de Ryswick. On a publié ses Lettres et ses Négociations en Hollande, 1752-53. — J. Antoine de M., 1661-1723, 1er président au parlement de Paris, défendit d'abord les droits du duc du Maine, bâtard de Louis XIV, à la régence, mais les abandonna bientôt, ce qui le fit accuser de s'être laissé gagner par Philippe d'Orléans. Néanmoins, il ne craignit pas d'adresser à ce prince, devenu régent, de sages remontrances au nom du parlement, notamment à l'occasion du système de Law et de la nomination de Dubois à l'archevêché de Cambrai; ce qui le fit exiler. Il était de l'Académie française.

MESMIN (S.), Maximinus, 2e abbé de Mici, près d'Orléans. On le fête le 15 décembre.

MESNAGER (Nic., LE BAILLIF, surn. LE), diplomate, né à Rouen en 1658, m. en 1714, fut employé par Louis XIV dans plusieurs négociations; rédigea à Londres, en 1711, les articles qui servirent de base à la paix générale, et signa en 1713, avec le maréchal d'Uxelles et l'abbé de Polignac. la paix d'Utrecht, à laquelle il avait eu la plus grande part.

MESNARD (L. Ch. B., comte de), né à Luçon en 1769, d'une ancienne famille du Poitou, m. en 1842, s'est signalé par son dévouement aux Bourbons. 11 émigra en 1792, prit part à l'expédition de l'Île-Dieu, s'attacha dans l'exil au duc de Berry, qui, à son retour en France, le nomma son aide de camp et son premier écuyer; le suivit à Gand en 1815 et se trouva près de lui quand il fut assassiné (1820). Il fut nommé en 1823 pair de France. En 1830, il accompagna la duchesse de Berry en Angleterre; il revint avec elle en France en 1832, prit part à la tentative de soulèvement de la Vendée et fut arrêté avec la princesse à Nantes; il la suivit en Italie après sa sortie de Blaye. Il a laissé des Souvenirs, publiés en 1844.

MESNIL-SUR-L'ESTRÉE (Le), vge du dép. de l'Eure, à 35 kil. N. N. E. d'Évreux; 600 h. Papeterie.

MESNIL ST-FIRMIN (le), bg du dép. de l'Oise, à 10 k. E. de Breteuil; 300 h. Institut agricole, orphelinat.

MÉSOPOTAMIE, Mesopotamia (c.-à-d. entre les fleuves), auj. l’Aldjézireh, moins le livah de Diarbékeir; contrée de l'Asie anc., entre l'Euphrate à l'O. et le Tigre à l'E., était bornée au N. par les monts Masius et l'Arménie, au S. par la Babylonie et la Chaldée, et se divisait en M. supérieure, au N., s'étendant du Mygdonius jusqu'au Tigre, et en M. inférieure, dite aussi Arabia Transeuphratensis, au S. de l'Euphrate. Dans la Ire, qui était fertile et peuplée, on distinguait la Syrie des Rivières (s'étendant de l'Euphrate jusqu'au Chaboras), et la Mygdonie (du Chaboras au Tigre); on y comptait, entre autres villes, Nisibis, Édesse, Haran ou Carrhes, Amid. La 2e, en grande partie stérile et presque déserte, était parcourue par des Arabes nomades et pillards; ville princip., Cunaxa. — La Mésopotamie ne semble pas avoir été une division officielle en usage chez les Orientaux. Au IVe siècle, il y eut dans l'empire romain une Mésopotamie, prov. du diocèse d'Orient (ch.-l., Amid), mais qui ne comprenait que le N. O. de la Mésopotamie supérieurs : le N. E. de cette même Mésopotamie formait l'Osroène (ch.-l., Édesse); la Mésopotamie inférieure était possédée par des hordes arabes ou relevait des Sassanides. — La Mésopotamie n'a pas d'histoire propre. Ce pays figure fréquemment dans la Bible : c'est là qu'étaient nés Nachor, Tharé, et plusieurs autres patriarches. Elle fut successivement soumise aux rois d'Assyrie, de Babylone, de Perse, de Macédoine, aux Séleucides, aux Parthes, enfin aux Romains. Lucullus et Pompée en commencèrent la conquête; mais ce pays fut sans cesse disputé par les Parthes, et les empereurs finirent par y renoncer, acceptant l'Euphrate pour limite à leurs États d'Orient.

MESSALA, branche de la famille romaine Valeria qui a fourni a la république plusieurs personnages consulaires, eut pour chef M. Valérius, consul en 262 av. J. C., qui prit Messana (Messine), d'où son surnom.

MESSALA (M. VALÉRIUS CORVINUS), orateur, suivit d'abord le parti de Brutus, et fut proscrit par les triumvirs l'an 43 av. J.-C.; mais, après la bataille de Philippes, voyant le parti républicain anéanti, il s'attacha à Octave, qui le prit pour collègue dans le consulat (31 av. J.-C), le chargea de réduire l'Aquitaine (27) et le créa préfet de Rome (26). Messala cultivait les lettres; il avait composé des Declamationes, dont Quintilien fait l'éloge ; il fut le protecteur et l'ami de Tibulle. Quoiqu'il n'ait vécu que 70 ans, il avait perdu entièrement la mémoire deux ans avant sa mort.

MESSALINE (VALÉRIE), impératrice romaine, fameuse par ses débauches, était issue de la noble famille des Messala et était arrière-petite-fille d'Octavie, sœur d'Auguste. Épouse de l'empereur Claude, dont elle eut Octavie et Britannicus, et sur lequel elle exerça longtemps un empire absolu, elle souilla le trôné en donnant l'exemple de l'adultère et en s'abandonnant à la luxure la plus effrénée : elle alla jusqu'à épouser publiquement, et du vivant de son époux, le jeune Silius, qu'elle aimait éperdument. Claude, à cette nouvelle, la fit mettre à mort avec ses complices (48). A l'impudicité, Messaline joignait l'avarice et la cruauté : elle sacrifia à sa jalousie et à ses vengeances Julie, fille de Germanicus, Valérius Asiaticus, Poppée, mère de l'impératrice de ce nom, Appius Silanus, et plusieurs autres Romains distingués.

MESSALINE (STATILIE), petite-fille du consul Statilius Taurus, se signala aussi par ses galanteries; elle n'en plut pas moins à Néron, qui l'épousa en 65. Elle survécut à ce prince, et passa le reste de sa vie dans le commerce des lettres.

MESSANE, Messana, d'abord Zanclé, anc. v. de Sicile, à l'extrémité N. E., est auj. Messine.

MESSAPIE, Messapia, auj. Terre d'Otrante, contrée de l'Italie anc., au. S. E., sur la mer Adriatique, entre l'Italie et l'Iapygie, faisait partie de la Grande-Grèce et avait pour habitants, au N. les Peucètes, au S. les Calabres et les Messapes proprement dits. Achérontie, Sturnes, Matéoles, en étaient les villes principales. Les colonies grecques de Brindes et Tarente, géographiquement contenues dans cette province, en étaient indépendantes. — La Messapie fut comprise sous Auguste dans la 2e région de l'Italie.

MESSÈNE, auj. Mavromati, v. du Péloponèse, capit. de la Messénie, vers le centre, au S. du mont Ithome, près et à l'O. du Pamise, fut fondée ou plutôt relevée par Épaminondas l'an 370 av. J.-C., après la victoire de Leuctres. Surprise par le tyran Nabis, elle fut sauvée par Philopémen (202). Messène était la plus grande ville du Péloponèse : on peut suivre encore sa vaste enceinte sur une étendue de 16 kil. Ruines nombreuses. Les Éléens et les Achéens, alliés des Romains, battirent près de là Philippe V, de Macédoine.

MESSÉNIE, Messenia, contrée du Péloponése, bornée au N. par la Triphylie et l'Areadie, à l'E. par la Laconie, au S. et à l'O. par la mer, était une des plus pittoresques et des plus fertiles de la Grèce. Elle avait env. 67 kil. sur 53, était traversée par la chaîne de l'Ithome, et arrosée par le Pamisus et la Néda; v. princip. : Pylos (Navarin), Méthone (Modon), Corone (Coron), Messène (Mavromati), Stényclaros (Nisi), Ira. Occupée anciennement par les Héraclides, la Messénie, formait un petit royaume qui, au retour des Héraclides, échut à Cresphonte (1190 av. J.-C.), lequel s'établit à Stényclaros. Son fils Épytus fit donner le nom d’Épytides à toute la dynastie. La Messénie eut à soutenir contre Sparte 3 guerres terribles. La 1re commença en 744 av. J.-C. : elle dura 19 ans et finit par la prise d'Ithome. Malgré le dévouement d'Aristodème, qui, pour obéir à un oracle, sacrifia sa propre fille, les Messéniens durent se soumettre : le vainqueur leur imposa l'obligation délivrer chaque année la moitié de leurs récoltes. La 2e guerre eut lieu de 684 à 668. Les Messéniens reprirent les armes à l'instigation d'Aristomène et furent d'abord vainqueurs. Les Spartiates consultèrent alors l'oracle de Delphes, qui leur enjoignit de demander un général aux Athéniens; ceux-ci, par dérision, leur envoyèrent un poëte boiteux, Tyrtée; mais bientôt les chants du poëte réussirent à ranimer leur courage et à ramener la victoire dans leurs rangs. Vaincus en bataille rangée par la trahison d'Aristocrate, roi d'Arcadie, les Messéniens, se renfermèrent dans la citadelle d'Ira, où ils se défendirent pendant 11 ans. A la suite de cette guerre, ils furent tous réduits en esclavage. Ils se révoltèrent de nouveau l'an 465 av. J.-C., à la suite d'un tremblement de terre qui avait ruiné Sparte; mais, après avoir résisté 9 ans dans la forteresse du mont Ithome, ils se virent encore forcés de se soumettre (457) : cette fois on les laissa sortir librement du Péloponèse; les Athéniens leur donnèrent asile dans Naupacte. En 370 av. J.-C., Épaminondas vainqueur des Lacédémoniens à Leuctres, rappela les Messéniens et les remit en possession de leurs terres. Plus tard, ils entrèrent dans la Ligue achéenne; mais ils s'en séparèrent bientôt (V. DINOCRATE). Ils passèrent avec le reste de la Grèce sous la domination romaine. — Une partie des Messéniens épargnés par les vainqueurs après la 2e guerre avait trouvé un refuge en Sicile, où ils agrandirent Zanclé, qu'ils nommèrent Messine. — Dans le roy. actuel de Grèce, on a donné le nom de Messénie à l'une des Nomarchie ou gouvts; ch.-l., Calamata.

MESSÉNIE (Golfe de), auj. golfe de Calamata, dans la Méditerranée, sur la côte méridionale du Péloponèse, entre la Messénie et la Laconie, s'étendait du promontoire Acritas au promontoire Ténare.

MESSEY, ch.-l. de cant. (Orne), à 17 kil. N. de Domfront; 1520 hab.

MESSIE (de l'hébreu meschiah, oint), en grec Christos, le Christ, l’Oint du Seigneur. Sous ce nom pris en général, les Israélites désignaient le roi prédit par les prophètes, qui devait les délivrer de la domination étrangère et leur donner l'empire sur le monde entier. Jésus étant venu accomplir ces promesses en sauvant le genre humain, le nom de Messie ne désigne plus chez les Chrétiens que le Sauveur. Toutefois les Juifs refusent à Jésus le caractère de Messie, et attendent encore le divin libérateur. — Les Mahométans attendent aussi une espèce de Messie, qu'ils nomment le Mahdi. V. ce mot.

MESSIER (Ch.), astronome, né en 1730 à Badonviller en Lorraine, mort à Paris en 1817, occupa longtemps des fonctions secondaires chez le géographe Delisle, fut ensuite nommé commis au dépôt de la marine, et parvint à se faire une réputation européenne par son habileté à observer : il a découvert plusieurs comètes et a bien décrit les taches du soleil. Il entra à l'Académie en 1770. Lalande donna en son honneur le nom de Messier à une constellation entre Cassiopée, Céphée et la Girafe.

MESSIN (Pays), Metensis pagus, territoire de Metz.

MESSINE, appelée primitivement Zanclé (c.-à-d. faulx, à cause de la forme de la ville), puis Messana, v. forte et port de Sicile, ch.-l. d'intendance, à la pointe N. E. de l'île, en face de la côte de l'Italie (dont elle n'est séparée que par le détroit dit Phare de Messine), à 200 kil. E. de Palerme; 104 000 h. Archevêque et archimandrite; trib. d'appel; consulats. Vastes fortifications, citadelle, arsenal; port superbe. Monuments remarquables : le Senatorio ou hôtel de ville, le palais archiépiscopal, la cathédrale, le grand hôpital; beau quai, promenade dite le Corso, phare célèbre qui donne son nom au détroit. Facultés de sciences, lettres, droit et médecine; collége royal, séminaire, 4 bibliothèques; école de navigation. Les env. de Messine sont très-beaux et très-fertiles; on y élève beaucoup de vers à soie. Commerce assez actif en soie écrue, citrons, blé, huile, vins, corail. — Messine fut fondée, sous le nom de Zanclé, par une colonie de Cumes; ensuite vinrent des Messéniens fugitifs après la 2e guerre de Messénie (667 av. J.-C.); ils augmentèrent la ville et l'appelèrent Messana. Anaxilas, tyran de Rhégium, la prit en 495 av. J.-C. Deux siècles après, Messine, prise par les Mamertins, devint le repaire de ces brigands. Hiéron II ayant résolu de les détruire avec l'aide des Carthaginois, ils se donnèrent à Rome; ce qui amena en 264 av. J.-C. la 1re guerre punique et l'assujettissement de la Sicile aux Romains. Messine était très-attachée au préteur Verres; c'est là que fut crucifié Gavius. Dans les temps modernes, cette ville soutint un long siége contre Charles d'Anjou après le massacre des Vêpres siciliennes (1282); en 1674 elle fut assiégée par les Espagnols : le duc de Vivonne et Duquesne la délivrèrent. Elle fut ravagée en 1743 par la peste, et en 1783 par un tremblement de terre. Insurgée en 1848, elle fut aussitôt bombardée. C'est la dernière place que le roi François II ait conservée en Sicile : la citadelle ne se rendit que le 13 mars 1861, quoique la ville fût occupée depuis le 28 août 1860. — L'intendance de Messine a la Méditerranée au N., le Phare à l'E., l'intend. de Catane au S., celle de Palerme à l'O.: 135 kil. sur 39; 360 000 hab.

MESSINE (Détroit de), dit aussi Phare de Messine, jadis Siculum fretum, détroit situé entre la Sicile et l'Italie, unit la mer Tyrrhénienne et la mer Ionienne et doit son nom à un phare célèbre qui y existe depuis longtemps; sa largeur varie de 3 à 7000 mètres. Le flux et le reflux s'y font notablement sentir 4 fois par jour, et le courant y est très-rapide; ce qui en rend la navigation dangereuse. De là la fable de Charybde et de Scylla. Auj. l'on redoute beaucoup moins cette traversée. — On a proposé dans ces derniers temps de relier la Sicile au continent par un pont gigantesque qui serait jeté sur le détroit, ou par un tunnel qui passerait par-dessous.

MESSINES, v. de Belgique (Flandre occid.), à 9 kil. S. d'Ypres ; 1500 hab. Maison royale d'éducation pour les filles de militaires belges, établie dans les bâtiments d'une anc. abbaye de Bénédictins.

MESSIS (Quentin), peintre. V. METZYS.

MESTRE, v. de Vénétie, à 9 kil. O. de Venise, au milieu d'un marécage, sur le chemin de fer de Venise à Vérone; 6500 h. Viaduc de 222 arches, long de 3600m, construit de 1841 à 1845.

MÉSUÉ (JEAN), en arabe Ayia ben-Masouiah médecin arabe, né à Khouz, près de l'antique Ninive, mort vers 855, à près de 80 ans, était un chrétien nestorien. Il fut successivement attaché à la personne du calife Haroun-al-Raschid et à celle d'Al-Mamoum, qui le chargèrent de traduire et de faire traduire beaucoup d'ouvrages du grec et du syriaque. Outre ces traductions, il a composé plusieurs traités de médecine, fort estimés des Orientaux : une Pharmacopée, un livre d’Anatomie, des traités sur les fièvres, les aliments, les catarrhes, les bains, etc. Parmi les traductions latines de ses œuvres, on cite celles de Venise, 1471, 1550 et 1602.

MESURADO, riv. de la Guinée sept., sort du pays des Mandingues, coule au S. O., et tombe dans l'Océan au N. E. du cap Mesurado. — Ce cap est situé sur la côte des Graines, par 6° 20' lat. N., 13° long. O. C'est près de là qu'a été établie la colonie américaine de Noirs, dite Libéria.

MESURATA ou MESRATAH, v. de l'État de Tripoli, à 17 kil. E. de Tripoli, près de la Méditerranée. Commerce avec l'intérieur de l'Afrique et avec l’Égypte.

MESVRES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 15 kil. S. d'Autun; 1200 hab.

METABUS, père de Camille et fondateur de Métaponte. V. CAMILLE et MÉTAPONTE.

MÉTAGITNION, 1er mois de l'année athénienne, dans lequel on célébrait en l'honneur d'Apollon les Metagitnies, fêtes ainsi appelées de meta, indiquant un changement, et geitnia, voisinage, parce que c'était à cette époque qu'on faisait les déménagements.

MÉTAPHRASTE (SIMÉON le), hagiographe, né à Constantinople au Xe siècle, fut successivement protosecrétaire de l'empereur Léon, grand logothète, puis maître du palais. Il a recueilli un grand nombre de vies de saints, restées jusqu'alors éparses dans les archives des églises et des monastères; mais son recueil ne jouit pas d'une grande autorité, parce que l'auteur a, d'un côté, accueilli sans discernement les fables les plus ridicules, et, de l'autre, supprimé des faits authentiques, rapportés par les contemporains. Un moine grec nommé Agapius en a fait un extrait sous ce titre : Liber dictus Paradisus, seu Illustrium sanctorum vitæ, ex Simeone Metaphraste, Venise, 1541, in-4. Les principales Vies de Métaphraste, au nombre de 122, ont été insérées en grec et en latin dans les Acta sanctorum des Bollandistes. On a en outre, sous le nom de cet auteur, des Annales, qui vont de 813 à 963; elles ont été publiées par Combéfis, avec trad. lat., et par Imm. Bekker, dans la Byzantine de Bonn, 1838.

MÉTAPONTE, Metapus, Metapontum, auj. Torre di Mare, v. et port de l'Italie anc., sur la côte orient. de la Lucanie, près des embouch. du Bradane et du Casuente, avait été, disait-on, fondée par Nestor ou par Épéus, mais plus probablement par Métabus, fils de Sisyphe, dont elle prit le nom. Détruite au VIe s. av. J.-C. par les Samnites, elle fut repeuplée par des habitants de Sybaris, qui y envoyèrent une colonie. C'était une ville puissante et riche; elle fut pendant un temps indépendante, et s'illustra par l'hospitalité qu'elle accorda à Pythagore, qui y fonda son institut et y mourut. Elle fut prise par les Romains 270 ans av. J.-C.; elle se déclara pour Annibal en 215, mais fut reconquise en 207. Saccagée par Spartacus en 76 av. J.-C., puis relevée par les Romains, elle fut définitivement détruite par les Maures. On eu voit encore une église dite de Samson, d'où l'on a tiré de belles terres cuites; sur une éminence voisine, qui était probablement l'Acropole de la ville, on voit en outre 15 colonnes d'un temple antique. MÉTASTASE (Pierre Bonaventure TRAPASSI, dit), l’un des plus grands poëtes de l’Italie, né à Rome en 1698 d’une famille pauvre, mort à Vienne en 1782, eut pour protecteur le célèbre jurisconsulte Gravina, qui, après avoir changé son nom de Trapassi en celui de Métastase, lequel n’en est que la traduction grecque, le fit instruire avec le plus grand soin dans les lettres grecques et latines, et lui légua sa fortune (1718). Il avait composé une tragédie dès l'âge de 14 ans, mais il ne commença à se faire apprécier qu’en 1724, par sa tragédie lyrique de Didone abbandonata (musique de Sarti), qui fut représentée à Naples et qui excita un enthousiasme universel. En 1730 il se rendit à Vienne sur l’invitation de l’empereur Charles VI, qui lui donna le titre de poeta cesareo, avec une pension de 2000 florins. Là il fit paraître successivement le Giuseppe riconosciuto, le Demofonte, la Clemenza di Tito, et l’Olimpiade, que toute l’Italie surnomma la Divine. La mort de Charles VI, son protecteur, et les guerres qui en furent la suite, interrompirent ses travaux dramatiques, et il ne fit plus guère que des poésies légères. Ses œuvres poétiques consistent en 63 tragédies lyriques et opéras de divers genres, 12 oratorios, 48 cantates, une foule d’élégies, idylles, sonnets. Parmi ses ouvrages en prose, on remarque les Analyses des Poétiques d’Aristote et d’Horace, des Observations sur le théâtre grec, et une intéressante Correspondance. Métastase a le génie fécond, l’imagination vive, la sensibilité délicate ; sa diction est d’une pureté parfaite, d’une grâce et d’une élégance soutenues, ce qui l’a fait surnommer le Racine de l’Italie ; il a surtout une douceur ravissante dans les vers destinés au chant ; mais ses pièces ne sont pas en général fortement conçues et elles pèchent par la monotonie ; ses caractères manquent de vigueur. Les éditions les plus estimées de ses Œuvres sont celles de Turin, 1757, 14 vol. in-4 ; de Paris, 1780. 12 vol. grand in-8 ; de Gênes, 1802, 6 vol. in-8 ; Florence, 1819-23, 16 v. gr. in-8. Richelet a traduit 34 de ses pièces, 1751-61, 12 vol.

MÉTAURE (le), Metaurus, auj. Metauro, riv. de l’Italie anc. (Ombrie), passait à Forum Sempronii et se jetait dans l’Adriatique près et au S. O. de Fanum Fortunæ. Sur ses bords eut lieu en 207 av. J.-C. une célèbre bataille où Asdrubal, frère d’Annibal, fut défait et tué par Claudius Néro et Livius Salinator. — Le Métaure a donné son nom à un dép. du roy. français d’Italie qui avait pour ch.-l. Ancône ; il est auj. réparti entre les provinces d’Urbin et d’Ancône.

MÉTELIN, Lesbos, île de la Turquie d’Asie, dans l’Archipel, a pour capit. Mételin, l’anc. Mitylène, située sur la côte orientale ; 6000 h. Archevêché grec. Patrie des frères Barberousse. V. LESBOS et MITYLÈNE.

METELIS, nom ancien de Rosette, v. d’Égypte.

MÉTELLUS (Les), branche de l’illustre famille romaine des Cæcilius, fournit depuis l’an 283 av. J.-C. un grand nombre de généraux distingués, à qui leurs exploits méritèrent les surnoms de Macédonique, Baléarique, Numidique, Dalmatique et Crétique. Dans l’espace de 250 années elle obtint 29 consulats, 17 censures, 2 dictatures, 4 grands pontificats. — L. Cæcilius Métellus, consul en 251 av. J.-C., battit les Carthaginois à Panorme, leur prit 120 éléphants et obtint le triomphe. Il perdit la vue en sauvant le Palladium au milieu d’un incendie. — Q. Cæc. Métellus Macedonicus, préteur en 148 av. J.-C., battit Andriscus, dernier prétendant au trône de Macédoine, et réduisit ce royaume en province romaine (147). La même année, il vainquit les Achéens à Scarphée et à Chéronée, et s’empara de plusieurs villes importantes de la Grèce. Il fut dans la suite consul, puis censeur, parvint à une extrême vieillesse, et vit ses quatre fils élevés au consulat. — Q. Cæcilius Métellus Numidicus, consul en 109 av. J.-C, fut chargé de diriger la guerre contre Jugurtha, qui jusque-là n’avait pu être vaincu ; il remporta sur lui de grands avantages et prit Cirta, sa capitale ; mais, au moment où il allait mettre fin à la guerre en s’emparant de sa personne, il fut supplanté par Marius, son lieutenant. Néanmoins, il obtint le triomphe et garda le surnom de Numidique. Il fut dans la suite exilé par les intrigues de Marius et de Saturninus, et ne put revenir à Rome qu’après la défaite de leur parti, en 99 av. J.-C. Plutarque avait écrit sa Vie ; cet ouvrage s’est perdu. — Q. Cæcilius Métellus, fils du préc., mérita le surnom de Pius par les efforts qu’il fit pour faire rappeler son père de l’exil. Pendant la Guerre Sociale, il battit le général samnite Pompédius Silo. Consul l’an 81 av. J.-C, il alla en Espagne combattre Sertorius, dont il balança quelque temps la fortune. — Q. Cæc. Métellus, consul en 69 av. J.-C., soumit les Crétois en 66, et prit de là le surnom de Creticus. — Q. Cæc. Métellus Pius Scipio, petit-fils de Scipion Nasica, l’adversaire des Gracques, fut adopté par Q. Cæcilius Métellus Pius, et prit le nom de sa nouvelle famille. Créé consul l’an 52 av. J.-C., il suivit le parti de Pompée, qui avait épousé sa fille Cornélie, passa en Afrique après la bataille de Pharsale, réunit ses efforts à ceux de Caton et de Juba, et rassembla une armée avec laquelle il livra bataille à César près de Thapsus (46) : battu complètement, il se perça de son épée pour ne pas être livré au vainqueur.

MÉTEMPSYCOSE, transmigration des âmes. V. sur cette doctrine notre Dict. univ. des Sciences.

MÉTEZEAU, famille d’architectes qui a produit plusieurs artistes distingués aux XVIe et XVIIe s. Le plus illustre est Clément M., habile ingénieur, qui conçut et exécuta la fameuse digue de La Rochelle, 1627-28, lors du siége de cette ville par Richelieu. C’est pour lui qu’on fit ces vers si glorieux :

Dicitur Archimedes terram potuisse movere :
Æquora qui potuit sistere non minor est.

MÉTHODIQUES ou MÉTHODISTES, secte de médecins grecs, opposée à celle des Empiriques. V. ÉRASISTRATE, THÉMISON et CŒLIUS AURELIANUS.

MÉTHODISTES, secte protestante fondée à Oxford en 1720 par John et Charles Wesley, tire son nom de la vie régulière que s’imposaient ses adeptes, qui prétendaient observer ponctuellement les préceptes de l’Évangile. J. Wesley s’adjoignit en 1735 George Whitefield, et leurs prédications attirèrent bientôt des milliers d’auditeurs. Les adeptes se réunissaient matin et soir, et souvent en plein air, pour prier ; quelques-uns se livraient dans ces assemblées à des élans que les enthousiastes prenaient pour de l’inspiration. Les Méthodistes forment deux branches : les adhérents de Wesley, qui s’interdisent le jeu, les spectacles, les bals, les parures, les liqueurs et le tabac, et qui, pour le dogme, ont adopté les doctrines d’Arminius ; ceux de Whitefield, qui ne sont guère que des Calvinistes purs. Les Méthodistes sont fort répandus en Angleterre et dans les colonies anglaises ainsi qu’aux États-Unis. Ils se distinguent généralement par la pureté de leurs mœurs ; ils ont beaucoup contribué à l’amélioration morale du peuple.

MÉTHODIUS (S.), surnommé Eubulius, successivement évêque d’Olympe, de Patare, de Tyr, fut exilé par les intrigues des Ariens, et subit le martyre vers 312. Il avait composé des Commentaires de la Genèse, un Traité du libre arbitre, un Poëme de 10 000 vers contre Porphyre, etc. ; il ne nous reste de ses ouvrages que le dialogue intitulé : le Festin des Vierges, Paris, 1657, in-f., avec trad. latine, et quelques fragments recueillis par le P. Combéfis à la suite des Œuvres d’Amphilochus. On le fête le 18 sept.

MÉTHODIUS (S.), moine et peintre du IXe siècle, né à Thessalonique, se trouvait a Constantinople en 853, lorsque Bogoris, roi des Bulgares, l’appela à Nicopolis pour lui faire peindre une salle de festin. Il y représenta le jugement dernier, et produisit un tel effet sur l'âme du roi barbare que celui-ci se convertit et décida toute son armée à embrasser le Christianisme. Méthodius alla de concert avec S. Cyrille prêcher l’Évangile aux Moraves et autres peuples slaves. On le fête le 9 mars. — Un autre Méthodius surnommé le Confesseur, contemporain du précéd., fut persécuté par les empereurs Léon l'Arménien, Michel et Théophile comme partisan du culte des images, mais fut protégé par l'impératrice Théodora, qui, en 842, l'éleva sur le siége de Constantinople. Il m. en 846. On a de lui quelques écrits, notamment un Éloge de S. Denys l'Aréopagite, Paris, 1562, gr.-lat.

MÉTHONE, v. de Messénie, au S. O., est auj. Modon;v. de Thrace, sur le golfe Thermaïque, au N. O. C'est au siége de cette place que Philippe, roi de Macédoine, perdit un œil (353 av. J.-C). V. ASTER.

MÉTHUEN (John), ambassadeur anglais, fit signer en 1703 au roi de Portugal Pierre II un traité par lequel l'Angleterre, au prix de faibles concessions sur l'importation des vins portugais, s'empara du commerce de ce pays. Ce traité n'a été modifié qu'en 1810.

METHYMNA, v. de Lesbos. V. MÉTHYMNE. — M. ASIDONIA, nom latin de Medina Sidonia;M. CAMPESTRIS est M. del Campo; — M. CETIA, M. Cœli;M. SICCA, M. del Rio Secco;M. TURRIUM, M. de las Torres.

MÉTHYMNE, Methymna, auj. Mollevah, v. de l'île de Lesbos, sur la côte N., était la patrie d'Arion. Cette ville resta fidèle à Athènes pendant la guerre sociale.

MÉTIDJAH. V. MITIDJAH.

METIUS SUFFETIUS ou FUFFETIUS, dictateur d'Albe sous le règne de Tullus Hostilius, 3e roi de Rome, combattit d'abord les Romains, puis devint leur allié, mais les trahit dans un combat contre les Fidénates, croyant par sa défection assurer leur défaite. Tullus s'empara de sa personne et le fit écarteler (663).

METIUS (Jacq.), Hollandais, né à Alkmaer vers 1575, passe pour être l'inventeur du télescope par réfraction; il aurait fait cette découverte à Middelbourg vers 1609: il la dut au hasard. — Son frère aîné, Adrien M., 1571-1635, fut un géomètre et un astronome distingué. On a de lui quelques écrits. On lui attribue d'avoir trouvé que le rapport le plus approché du diamètre à la circonférence est comme 113 était à 355.

MÉTOCHITA (Théodore), écrivain grec du XIVe s., grand logothète de Constantinople sous Andronic I l'Ancien, m. en 1332, a laissé, outre des Commentaires sur Aristote, une Chronique romaine, qui va de César à Constantin, et qui a été publiée grec-latin par J. Meursius, Leyde, 1618. Nicéphore Grégoras, son disciple, prononça son oraison funèbre.

MÉTON, astronome athénien du Ve s. av. J.-C., forma, vers l'an 432, un cycle de 19 ans (l’ennéadécaétèride), embrassant 235 lunaisons, dans le but de faire concorder l'année lunaire avec l'année solaire; c'est ce qu'on nomme aujourd'hui le Nombre d'or.

MÉTRA, fille d'Érésichthon. V. ce nom.

METTERNICH, v. de la prov. prussienne du Rhin, à 5 k. O. de Coblentz; 600 h. Berceau des Metternich.

METTERNICH (le prince de), homme d'État autrichien, né en 1773 à Coblentz, d'une grande famille du pays, qui avait fourni plusieurs électeurs à Mayence, m. en 1859, étudia l'histoire à Strasbourg, sous le célèbre Koch, épousa en 1794 1a petite-fille du diplomate Kaunitz, remplit au congrès de Rastadt les fonctions de secrétaire (1797), et s'y fit remarquer de l'empereur François II, fut nommé peu après ministre d'Autriche à Dresde, puis à Berlin, et enfin à Paris (1806); sut cacher à Napoléon les intentions hostiles de son gouvernement jusqu'au moment où les Autrichiens lui déclarèrent la guerre (avril 1809); fut, à son retour à Vienne, élevé au poste de chancelier et de président du conseil; conçut, après la défaite de l'Autriche à Wagram et le traité de Vienne (oct. 1809), la première idée du mariage de Napoléon avec l'archiduchesse d'Autriche, et conduisit Marie-Louise en France; n'en fut pas moins des premiers à donner à l'Autriche le conseil de la défection, signa à Tœplilz, le 9 sept. 1813, l'adhésion de cette puissance à la coalition, et reçut en récompense, après la bataille de Leipsick, le titre de prince; déploya une grande activité aux conférences qui suivirent cette bataille, mais sans obtenir de résultat favorable; laissa, après la capitulation de Paris, rétablir les Bourbons sans rien teinter en faveur de la dynastie napoléonienne, présida en 1814 et 1815 le congrès de Vienne, qui régla le sort de l'Europe, représenta l'Autriche à la 2e paix de Paris (1815), ainsi qu'aux congrès d'Aix-la-Chapelle (1818), de Carlsbad (1819), de Troppau, de Laybach (1820), de Vérone (1822), et devint en 1826 président du conseil des affaires étrangères. Conservant toute son influence après la mort de l'empereur François (1835), il consolida, aux conférences de Prague, l'alliance avec la Prusse et la Russie, et resta tout-puissant jusqu'en 1848. Après le triomphe momentané de la révolution, il donna sa démission et quitta l'Autriche. Il n'y revint qu'en 1851 et resta depuis étranger aux affaires. Dans le gouvernement intérieur de son pays comme à l'extérieur, Metternich, s'appuyant sur l'alliance de la Russie et de la Prusse, se montra l'ennemi constant de la révolution et des idées libérales, et le partisan du pouvoir absolu et d'une compression à outrance : on l'appelait le grand prévôt de l'Europe. Il possédait des biens immenses, entre autres le domaine de Johannisberg; qui lui avait été donné par l'empereur François en 1816. — Son fils, Hermann de M., né en 1829, a représenté l'Autriche près de la France sous Napoléon III.

METTRAY, bg du dép. d'Indre-et-Loire, à 8 kil. N. de Tours, à 16 k. par chemin de fer; 1300 h. Colonie agricole pour les jeunes détenus, fondée en 1839.

MÉTUALIS, une des tribus fanatiques de la Syrie, habite les environs de Balbek, entre le Liban et l'Anti-Liban. Elle tire son nom de Métual, prince sarrasin, qui contribua puissamment à anéantir dans ces contrées la religion des Perses pour y substituer celle de Mahomet. Les Métualis se sont joints en 1860 aux Druses pour massacrer les Chrétiens.

METZ, Divodurum, puis Mediomatrices, au moyen âge Mettis ou Metæ, ville d'Alsace-Lorraine, ancien chef-lieu du département de la Moselle, au confl. de la Moselle et de la Seille, à 316 kil. E. N. E. de Paris par la route, à 392 kil. par chemin de fer; 56 888 hab. Place de guerre de 1re classe; évêché catholique, église consistoriale calviniste, synagogue, avec école rabbinique centrale; collége, école normale primaire, écoles de commerce et de dessin; école de musique. Académie des lettres et arts, des sciences médicales, jardin botanique, cabinet d'histoire naturelle, conservatoire des arts et métiers, bibliothèque. La ville est grande et assez régulièrement bâtie; on y remarque : une belle cathédrale gothique du XVe siècle, surmontée d'une flèche de 84 mètres et ornée d'admirables vitraux; l'église St-Vincent, du XIVe siècle, avec portail du XVIIIe : l'hôpital militaire, vaste construction du XVIIIe s.; l'hôtel de ville, la magnifique promenade de l'Esplanade, les quais, les ponts, le théâtre, le palais de justice; l'arsenal, les casernes, les magasins de vivres et de fourrages. Industrie très-active : tissus de fil, laine, coton, crin, velours, soieries; filature, passementerie, chapeaux, fleurs, instruments à vent et à cordes, tanneries, etc.; poudrerie royale, fonderies de fer; pépinière qui expédie en Allemagne et même en Russie. Commerce de fer en barres, tôle, fonte, fer-blanc, bois de construction, liqueurs, grains, vins, huile, etc. Patrie de Fabert, Ancillon, Le Duchat, Pilatre de Rozier, Custine, Paixhans, Bouchotte, Lacretelle. — Metz était le ch.-l. des Mediomatrices. Les Romains l'embellirent, mais Attila la ravagea en 451. Elle devint en 511 la capitale du royaume de Metz, dit plus tard Roy. d'Austrasie. (V. ce nom). Après Charlemagne, elle fut comprise dans la Lorraine. En 923, Henri-l'Oiseleur, empereur d'Allemagne, s'en empara; elle resta jusqu'au XVIe siècle aux successeurs de ce prince. Ses évêques étaient puissants et riches : aussi, à partir de la dynastie des Hohenstaufen furent-ils les véritables souverains de Metz; toutefois ils se reconnaissaient vassaux des empereurs et la ville avait titre de Ville impériale. Metz passa sous la domination française en 1552, et devint alors la capitale d’un gouvt particulier auquel elle donna son nom Charles-Quint tenta vainement de la reprendre en 1553 ; le duc de Guise se distingua en cette occasion par sa belle défense. En 1648, le traité de Munster confirma la réunion de cette ville à la France. Siége de Metz par les Prussiens (23 août-27 oct. 1870).

METZ (Gouvt de), un des 8 petits gouvts de l’anc. France, entre les gouvts de Sedan, de Champagne-et-Brie, de Lorraine, d’Alsace, confinait par le N. au duché de Luxembourg et à l’électorat de Trêves, et se composait : 1o  de la ville et du territoire de Metz, de l’évêché de Metz, des 4 prévôtés de Longwy, Jametz, Dun et Stenay ; 2o  du Luxembourg français (ch.-l., Thionville) : 3o  du duché de Carignan ; 4o  du pays de la Sarre (ch.-l., Sarrelouis) ; on y réunit vers les derniers temps de la monarchie le petit gouvt de Verdun. Ce gouvt est auj. réparti entre le dép. de la Moselle et la prov. prussienne du Rhin.

METZERWISSE, bourg d’Alsace-Lorraine, à 11 k. S. E. de Thionville ; 756 hab. Fours à chaux.

METZU (Gabriel), peintre hollandais, né à Leyde en 1615, m. en 1658, a laissé un grand nombre de tableaux, qui sont tous recherchés. Peintre complètement original, moins fini que Gérard Dow, mais plus vrai que Miéris, il se distingue surtout par un meilleur goût de dessin. Nul n’a distribué plus savamment la lumière, et n’a su mieux rendre la perspective aérienne. Il n’excelle pas moins dans les accessoires (vêtements, tapis, meubles, vaisselle de choix, orfèvrerie d’or et d’argent, etc.), que dans les figures principales. Le Louvre possède de lui : un Portrait de l’amiral Tromp ; le Chimiste lisant près d’une fenêtre ; le Marché aux herbes d’Amsterdam, etc.

METZYS (Quintin), peintre flamand, dit le Maréchal d’Anvers, né à Louvain vers 1450, m. en 1529, était d’abord forgeron. Il quitta ce métier pour étudier la peinture, afin d’obtenir la main d’une jeune fille que son père ne voulait donner qu’à un peintre ; l’ayant obtenue, il alla se fixer à Anvers et ne tarda pas à éclipser tous les artistes de la ville : ce qui fit mettre sur son tombeau cette épitaphe :

Connubialis amor de mulcibre fecit Apellem.

Son talent, d’une extrême originalité, se distingue par la vérité, le caractère et le fini ; il peignait plus hardiment que l’école de Bruges, et son dessin était plus facile ; bien que sa couleur soit fine et harmonieuse, il l’appliquait avec une largeur inconnue avant lui. Son chef-d’œuvre, qu’on voit au musée d’Anvers, fut peint en 1508 pour la corporation des menuisiers : c’est un triptyque représentant le Sauveur descendu de croix, le Martyre de S. Jean-Baptiste, et celui de S. J. l’Évangéliste. Le Louvre possède un seul tableau de sa main (un Joaillier pesant des pièces d’or).

MEUDON, Metiosedum ? bg de Seine-et-Oise, à 10 kil. E. N. E. de Versailles, et à 8 k. O. de Paris, au sommet d’un joli coteau, près de la r. g. de la Seine et sur le chemin de fer de Versailles (r. g.) ; 5157 h. Exploitation de craie, verrerie, poterie. Rabelais fut curé de Meurion en 1545. Le cardinal de Lorraine y avait fan construire sous François Ier un château, qui a été détruit en 1804 ; un autre fut bâti en 1695 par le Dauphin, fils de Louis XIV, et réparé par Napoléon Ier. Il est entouré de beaux jardins, dessinés par Le Nôtre, et environné de bois qui offrent d’agréables promenades. Viaduc du chemin de fer.

MEULAN, Mellentum, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), à 43 kil. N. O. de Paris par la route, à 40 kil. par le chemin de fer de Rouen : 2000 hab. Cartes à jouer, bonneterie, tanneries ; carrières à four et à plâtre ; moulins à farine. — Ville jadis forte ; réunie à la couronne en 1204 ; prise par les Anglais en 1346, par Duguesclin en 1363, par le duc de Bourgogne en 1417 ; vainement assiégée par le duc de Mayenne pendant les troubles de la Ligue.

MEULAN (Pauline de). V. GUIZOT (Mme).

MEUNG ou MEHUN-SUR-LOIRE, ch.-l. de c. (Loiret), sur la r. dr. de la Loire et sur le ch. de fer de Paris à Bordeaux, à 18 kil. S. O. d’Orléans ; 4653 hab. Feutre, tanneries ; vins, farines, bestiaux, cuirs, etc. Patrie de Jehan de Meung. — Cette ville s’est formée autour d’une forteresse bâtie par Louis le Gros. On y remarque l’église de St-Liphard, et un château, qui était l’une des résidences des évêques d’Orléans.

MEUNG (Jehan de), poëte français, surnommé Clopinel parce qu’il était boiteux, né vers 1260 à Meung-sur-Loire, d’une famille noble et aisée, m. à Paris vers 1318, étudia les sciences cultivées de son temps, et réussit surtout dans la poésie. Sur la demande de Philippe le Bel, il entreprit, vers 1280, de continuer le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris : ayant supprimé les vers qui forment le dénoûment de ce poëme, il y ajouta plusieurs chants nouveaux, qui ne contiennent pas moins de 18 000 vers. Ses contemporains lui décernèrent le titre de Père de l’Éloquence ; cependant son principal mérite paraît être l’ingénuité et la naïveté. Il s’exprimait avec une grande liberté sur les prêtres et sur les femmes, ce qui lui fit beaucoup d’ennemis. Les meilleures édit. du Roman de la Rose, avec la Continuation de J. de Meung, sont celle de Marot, 1527, de Lenglet-Dufresnoy, 1735, et celle de Méon, 1814, 4 v. in-8. On a encore de Jehan de Meung quelques autres poëmes moins importants : le Trésor ou les Sept articles de foi, impr. avec ses Proverbes dorez et ses Remontrances au roi, Paris, 1503 ; les Loys des Trespassez, 1481-84 ; le Miroir d’alchymie ; la Vie et les Épîtres de Pierre d’Abaylard et d’Héloïse ; le Codicile et Testament du poëte.

MEURS, Mœrs, v. des États prussiens (prov. Rhénane), à 50 k. S. E. de Dusseldorf ; 3000 h. Jadis ch.-l. de principauté. Ses fortifications furent rasées en 1764. Sous l’Empire français, elle fut un des ch.-lx de canton du dép. de la Roër.

MEURSAULT, bg de France (Côte-d’Or), sur le chemin de fer de Paris à Lyon, à 7 k. S. O. de Beaune ; 2000 hab. Vins renommés.

MEURSBOURG, v. murée du grand-duché de Bade (Lac-et-Danube), à 12 k. N. E. de Constance ; 1500 h. Résidence de l’évêque de Constance.

MEURSIUS (Jean), philologue et historien, né en 1579 à Losdun près de La Haye, m. en 1639, se fit remarquer dès sa jeunesse par un savant commentaire sur Lycophron ; accompagna pendant quelques années comme gouverneur le fils du grand-pensionnaire Barneveldt dans ses voyages en Europe, et fût, à son retour, nommé professeur d’histoire à Leyde (1610), puis de langue grecque (1611). Persécuté en Hollande après le supplice de Barneveldt, il se retira en Danemark, où le roi lui avait offert la chaire d’histoire à l’Académie de Sorœ (1626), et passa le reste de sa vie dans cette ville. On a de lui des éditions très-estimées de divers ouvrages de Lycophron, de l’empereur Léon, d’Hésychius, d’Aristoxène, de Philostrate, de Pallade ; un Glossarium græco-barbarum, de savants traités d’archéologie, une Hist. de la Belgique, 1612 ; — de l’Université de Leyde (Athenæ batavæ, 1625) ; — du Danemark, 1630, etc., tous ouvrages écrits en latin. — On a mis sous le nom de Meursius un ouvrage obscène (Elegantiæ latini sermonis'), auquel il n’eut aucune part, et qui est de Chorier.

MEURTHE (la), riv. de France, sort des Vosges, à 6 k. S. E. de St-Dié, traverse le dép. de Meurthe-et-Moselle, arrose St-Dié, Baccarat, Lunéville, Nancy, devient navigable un peu au-dessous de cette dernière ville et se jette dans la Moselle au-dessus de Frouard ; cours, 140 kil,

MEURTHE-ET-MOSELLE, dép. situé entre l’Alsace-Lorraine au N. et à l’E., le dép. des Vosges au S., celui de la Meuse à l’O. ; 6089 kil. carr. ; 428 643 hab. ; ch.-l. Nancy. Formé de la Lorraine propre et du Toulois. Il est traversé par une partie des Vosges, est arrosé par la Meurthe, la Meuse, la Seille, la Sarre, et renferme plusieurs étangs assez vastes (Stock, Gondrexange), ainsi qu’un vaste banc de sel gemme, au N., et des sources salées (à Vic). Marbre, albâtre, pierres lithographiques, pierres de taille et autres ; grès rouge et gris, tourbe, ete. Eaux minérales et thermales. Forêts à l'E. et à l'O.; grains, fruits, légumes; pommes de terre, betteraves, lin, chanvre, navette, vin. Chevaux, bestiaux, moutons. Industrie active et variée : exploitation du sel (on en extrait env. 45 millions de kilogr. par an); métallurgie, cristallerie et verrerie (à Baccarat), glaces, soude; confiserie, broderies dites de Nancy, papiers et cartes à jouer, draps de toiles; acides minéraux, teintureries. hongroieries. — Ce dép. a 5 arr. (Nancy, Lunéville, Toul, Château-Salins, Sarrebourg), 29 cantons, 714 communes; il appartient à la 5e division militaire, a une cour impér. et un évêché à Nancy.

MEUSE (la), Maas en hollandais, Mosa en latin, fleuve qui prend sa source en France (Hte-Marne), au village de Meuse, à 17 kil. N. E. de Langres, arrose les dépts des Vosges, de la Meuse, des Ardennes; entre en Belgique un peu au-dessous de Givet, traverse les provinces de Namur et de Liège, sépare le Limbourg belge du Limbourg hollandais, pénètre en Hollande, où il sépare le Brabant sept. des prov. de Gueldre et-de Hollande mérid., puis se divise en un grand nombre de bras, et se perd dans la mer du Nord par 6 embouch. après un cours de 900 k. environ. Les principales villes que baigne la Meuse sont St-Mihiel, Verdun, Stenay, Sedan, Mézières, Charleville, Givet, Dinant, Namur, Liége, Maëstricht, Ruremonde, Venloo, Gorcum, Dordrecht, Rotterdam. Ses principaux affluents sont, à droite, le Chiers, le Semoy, l'Ourthe, la Roër, le Wahal, le Leck et l'Yssel inférieur, qui la font communiquer avec le Rhin; à gauche, le Bar, la Sambre, la Méhaigne, la Dommel, etc.

MEUSE (dép. de la), dép. situé entre ceux des Ardennes au N. O., de la Moselle au N. E., de la Meurthe à l'E., des Vosges et de la Haute-Marne au S., de la Marne à l'O., et la Belgique au N. : 6103 kil. carr.; 305 540 hab.; ch.-l., Bar-le-Duc Il est formé d'une partie de l'anc. Lorraine (Barrois, Verdunois, Clermontois). Il est arrosé par la Meuse, la Marne et l'Aisne. Beaucoup de fer, pierres de taille, marne, terre à potier. Céréales, lin, chanvre, navette, graines oléagineuses, vins (entre autres celui de Bar), belles prairies le long de la Meuse; belles forêts. Chevaux petits; beaucoup de bétail, porcs, chèvres. Nombreuses usines à fer, verreries, faïenceries, papeteries; bonneterie, draps, tissus de laine, de coton, etc.; huiles, dragées et confitures (on estime surtout celles de groseilles de Bar). — Ce dép. a 4 arr. (Bar, Verdun, Commercy, Montmédy), 28 cantons. 588 communes; il appartient à la 5e division militaire, est dans le ressort de la cour impér. de Nancy, et forme le diocèse de Verdun.

MEUSE-INFÉRIEURE (dép. de la), anc. dép. français, formé sous la République et qui dura jusqu'en 1814, avait pour ch.-l. Maëstricht. Auj. il forme à peu près le Limbourg belge.

MEUSE (dép. des BOUCHES-DE-LA-). V. BOUCHES.

MEUSEL (George), bibliographe, né en 1743 en Franconie, mort en 1820, professa l'histoire aux universités de Halle, d'Erfurt et d'Erlangen, puis fut nommé par le roi de Prusse conseiller aulique pour la principauté de Quedlimbourg. On a de lui : De præcipuis commerciorum in Germania epochis, Erlang., 1780, in-4; Bibliotheca historica, Leipsick, 1782-1804, 22 vol. in-8; l’Allemagne littéraire (en all.), Lemgo, 1796 et années suiv., 18 vol. in-8o (continuée après lui par Lindner); Introduction à l'histoire des États de l'Europe, Leips., 1775, in-8; Dictionnaire des artistes allemands vivants, Lemgo, 1770-89, 2 vol. in-8 , 1808-9, avec un 3e vol. publié en 1814; Bibliographie de la Statistique, Leips., 1790, in-8; Dictionnaire des écrivains allemands morts de 1750 à 1800, Leips., 1802 et années suiv.

MEVANIA, auj. Bevagna, v. de l'Italie anc., à 80 k. N. de Rome, sur la voie Flaminienne, aux confins de l'Étrurie et de l'Ombrie. Patrie de Properce.

MEWAR, principauté de l'Inde. V. ODEYPOUR.

MEXICO, capit. du Mexique, sur l'emplacement de l'anc. ville de Tenochtitlan, dans une vallée, entre les lacs de Tezcuco et de Xochimilco, par 101° 25' long. O., 19'° 26' lat. N.; 200 000 hab. Résidence du congrès et des premières autorités de la république; archevêché métropolitain du Mexique; université, bibliothèque, école des mines, avec observatoire et musée de minéralogie; séminaire, colléges St-Ildefonse et St-Grégoire; académie des beaux-arts; école de médecine; société pour le progrès des arts et de l'agriculture; jardin botanique; consulats de France et autres nations. Ville belle et régulière; rues larges, droites et en général très-longues; maisons bâties uniformément, la plupart à 3 étages, assez souvent peintes à fresque ou revêtues de tuiles vernissées; superbe place dite Piazza-Mayor; rues de la Plateria, de Ste-Augustine, de Tabaca, d'Aquila; cathédrale immense et remarquable pour la profusion des métaux précieux qu'elle renferme; très-belles églises, la plupart couvertes en porcelaine, nombreux couvents; palais du gouvernement (jadis palais du vice-roi); hôtel de la monnaie, manuf. des cigares de l'État, etc. Trois belles promenades (le Jardin botanique, le Paseo, l'Alameda). Commerce actif, surtout en orfèvrerie, bijouterie, sellerie, passementerie et ouvrages en bois et or poli. — Tenochtitlan fut fondée par les Aztèques en 1325; elle était bâtie sur trois îles qui sont auj. confondues avec la terre ferme, les eaux du lac de Tezcuco s'étant retirées : les chaussées qui la joignaient alors au continent servent auj. de digues aux eaux des lacs voisins. Cette ville avait près de 500 000 hab. lors de l'invasion des Espagnols. Cortez la prit sur Montézuma le 30 août 1521. Elle fut jusqu'en 1810 la résidence des vice-rois sous la domination espagnole. Il y éclata le 30 nov. 1828 une insurrection terrible qui fit beaucoup de victimes. Il s'y tint en 1835 un congrès qui adopta la république unitaire. La ville fut prise en 1847 par les Américains, et occupée par les Français en 1863.

MEXICO (État de), un des États de la Confédération mexicaine, borné par les États de Queretaro au N., de la Puebla à l'E., de Mechoacan au N. O., et le Grand-Océan Équinoxial au S. et au S. O. : 520 kil. sur 210; 1 000 000 d'hab.; ch.-l. Toluca (c'était précédemment Tlalpan, dite aussi San-Agostino de las Cuevas). Sol varié : montagnes au centre (la Cordillère d'Anahuac), riches en mines d'argent; vallées fertiles et magnifiques, notamment celle de Mexico; lacs nombreux : Chalco, Xochimilco, Tezcuco, San-Cristoval; vastes plaines stériles et couvertes de sel; côtes sablonneuses. Industrie presque nulle. — Dans l’État de Mexico est enclavé le district fédéral, qui a env. 25 k. de tour et qui a pour ch.-l. Mexico.

MEXIMIEUX, ch.-l. de cant. (Ain), à 45 kil. E. de Trévoux; 1900 h. Station. Petit séminaire. Vin.

MEXIQUE. Ce nom, qui désigna longtemps cette vaste contrée de l'Amérique du N. qui s'étendait depuis les territoires de l'Orégon au N. jusqu'à l'isthme de Panama au S., est auj. propre à un pays plus restreint, borné au N. par les États-Unis, à l'E. par le golfe de Mexique, au S. par le Yucatan et les républiques de l'Amérique centrale, à l'O. par l'Océan Pacifique, entre 88° 55'-126° 25' long. O., 15° 55'-42' lat. N. ; env. 8 000 000 d'hab., dont plus de moitié indigènes, et deux tiers de l'autre moitié mulâtres ou métis; capitale, Mexico. Ce pays, qui, avant 1835, était divisé en 19 États, en forme auj. 24, plus un territoire et le district fédéral.

États. Capitales.
Aguas Calientes, Aguas Calientes.
Campêche (détaché en 1861 de l'Yucatan), Campêche.
Chiapa, San-Christoval.
Chihuahua, Chihuahua.
Cinaloa, Culiacan.
Colima, Colima.
Durango, Durango.
Guanaxuato, Guanaxuato.
Guerrero, Tixtia.
États. Capitales.
Mexico, Toluca.
Mechoacan, Morelia, Valladolid.
Nouv.-Léon et Coahuila, Monterey.
Saltillo.
Oaxaca, Oaxaca.
Puebla, Puebla.
Queretaro, Queretaro.
San-Luis-Potosi, San-Luis.
Sonora, Urès.
Tabasco, San-Juan-Buatista.
Tamaulipas, Victoria.
Tlascala, Tlascala.
Vera-Cruz, Vera-Cruz.
Xalisco, Guadalaxara.
Yucatan, Merida.
Zacatecas, Zacatecas.
District fédéral de Mexico, Mexico.
Territoire.
Californie (Basse-), La Paz.

Le Mexique est parcouru par de très-hautes montagnes qui font suite aux Cordillères de l'Amérique du Sud et qui vers le N. se lient aux montagnes Rocheuses. Cette chaîne, dans le Mexique, prend successivement les noms de Cordillère d'Oaxaca, Cordillère d'Anahuac, Sierra Madre, S. de Acha, S. de los Mimbres, S. de las Gruellas, S. Verde. Les sommets les plus hauts sont le Popocatepetl (5258m), le Citlaltepetl (5308m), le Cofre-de-Perote (4927m), etc. Le Popocatepetl est un volcan en activité; on compte encore 4 autres volcans : Orizaba, Tustla, Jorullo, Colima. Ce pays est mal arrosé, sauf vers le N. : le Bravo-del-Norte, le Colorado, le Rio Grande-de-Santiago, le Verde, en sont les fleuves principaux. Il a un grand nombre de lacs : les principaux sont ceux de Chapalla, Patzenaro. Ses mines d'or et d'argent sont très-riches, surtout dans les mont. d'Anahuac, de Mechoacan, de la Sonora, de l'Oaxaca; on y trouve aussi beaucoup d'étain, de plomb, de cuivre, de fer, de zinc, d'antimoine, d'arsenic et surtout de mercure; du sel gemme, de la houille, etc. Quant à la fertilité du sol et au produit, il faut distinguer 3 zones, les terres torrides (au bord des deux mers et jusqu'à la hauteur de 300m), les tempérées (à mi-côte et jusqu'à env. 2000m), et les froides (à partir de cette dernière hauteur). Les 1res fournissent toutes les denrées tropicales, mais sont extrêmement malsaines; les 2es, chaudes encore, sont très-fertiles, et il y règne un printemps presque perpétuel; mais le ciel y est toujours brumeux ; les 3es produisent encore, mais beaucoup moins. Les principales plantes particulières au Mexique sont : l'igname, le cactus à cochenille, le maguey, la vanille, le sassafras, divers arbres propres à l'ébénisterie ou à la teinture, des plantes à résine, parmi lesquels le copaïfera officinalis et le toluifera balsamum. Il était défendu jadis d'y cultiver la vigne et l'olivier. On élève de grands troupeaux de bétail de toute race, et une grande quantité de chevaux; il s'en trouve aussi beaucoup à l'état sauvage. Dans les forêts se voient le jaguar et le couguar, l'ours mexicain, le bison, le bœuf musqué, l'apaxa, l'antilope dit berendos, etc. Peu d'industrie et de commerce. Quatre races habitent auj. le Mexique (blancs, indiens, noirs et sang mêlé). On n'y professe d'autre religion que le Catholicisme : un archevêque et 9 évêques y sont à la tête du clergé. On y parle 20 langues au moins, dont 14 ont des dictionnaires et des grammaires. — L'histoire du Mexique renferme trois grandes périodes : 1° la période antérieure à la conquête du Mexique par Cortez; 2° la période coloniale; 3° la période d'indépendance. Pendant la 1re beaucoup de peuples probablement se sont succédé sur le vaste territoire du Mexique : les principaux furent les Toltèques, qui paraissent être les plus anciens; puis les Chichimèques elles Aztèques : ces derniers avaient pour capitale Ténochtitlan ou Mexico, qu'ils fondèrent en 1325, et étendaient leur suzeraineté sur presque tous les autres peuples du Mexique; les Chapanèques, qui avaient soumis les Zoques, les Tzendanes, les Quelènes (capit., Chiapa); les Totonaques, puissants dans le Mechoacan (capit., Zintzontzan); les Zapotèques (capit., Oaxaca). A côté de l'empire de Mexico s'élevaient néanmoins deux empires rivaux, bien que moins puissants, ceux de Tezcuco et de Tlacopan. Tous ces peuples étaient arrivés à un degré de civilisation remarquable, surtout les Aztèques; ils connaissaient l'architecture, la peinture, la sculpture, l'astronomie, faisaient des routes et des canaux, et avaient une écriture hiéroglyphique. Les antiquités mexicaines, restes de cette époque, sont encore nombreuses malgré la grande destruction qu'en firent les Espagnols, et elles sont très-curieuses (V. PALENQUE). — La 2e période s'ouvre par le débarquement de Cortez. En moins de deux ans, de 1519 à 1521, il fit la conquête de l'État de Mexico, sur lequel Montézuma régnait depuis 1503. Cette conquête fut bientôt suivie de celle de tout le reste du pays. L'Espagne en fit une vice-royauté dans laquelle fut compris aussi le Guatemala. La population indigène, accablée par la barbarie et la cupidité des conquérants, épuisée par des travaux excessifs, livrée aux supplices par l'Inquisition, décrut rapidement, malgré les efforts de Las Casas pour adoucir son sort. L'exploitation du pays se borna presque à la recherche des métaux précieux : aussi le Mexique a-t-il fourni immensément d'or et d'argent à l'Espagne : Acapulco, sur l'Océan Pacifique, était le lieu où venaient se rendre, toutes les richesses, qu'on expédiait ensuite en Europe sur des galions. — La 3e période commence en 1810. Il y eut d'abord trois tentatives inutiles d'indépendance : sous Hidalgo, 1810; sous Morelos, 1815; sous Mina, 1816; en 1821, Augustin Iturbide, général de l'armée royale, passa aux insurgés, battit le vice-roi Apodaca, s'empara de Mexico et se fit proclamer empereur en 1822, sous le nom d'Augustin I, mais il fut renversé dès l'année suivante, et le Mexique se constitua en république fédérative : la victoire de Tampico, gagnée en 1829 sur les troupes de Ferdinand VII, assura son indépendance. Mais depuis cette époque, le pays n'a cessé d'être déchiré par des dissensions intestines : une foule d'ambitieux se sont succédé à la présidence, se renversant ou s'égorgeant les uns les autres : Vittoria (1824), Pedrazza et Guerrero (1828), Bustamente (1829 et 1836), Santa-Anna (1832), Parèdes (1841 et 1846), Santa-Anna, de nouveau (1843, 1847 et 1853). Ce dernier avait réussi un moment à restaurer l'autorité; mais il fut renversé de nouveau en 1855, et depuis le pays est resté livré à la plus déplorable anarchie : plusieurs partis, les fédéralistes et les unitaires, le parti clérical et le parti libéral, s'y disputaient le pouvoir avec acharnement. Aux maux de la guerre civile sont encore venus se joindre ceux de la guerre extérieure : en 1838, les mauvais traitements dont les Français étaient l'objet au Mexique durent être châtiés par le bombardement de St-Jean d'Ulloa et de la Vera-Cruz; en 1846, la sécession du Texas, qui s'annexa aux États-Unis, amena une guerre avec cette puissance, à la suite de laquelle le Mexique, partout vaincu, fut forcé de signer à Guadaloupe un traité qui lui enlevait le territoire à l'E. du Rio-del-Norte, le Nouv.-Mexique et la Nouv.-Californie (2 févr. 1848). En 1861, sous la présid. de Juarez, les spoliations dont les Européens avaient à souffrir déterminèrent la France, l'Angleterre et l'Espagne à s'unir pour exiger des réparations. La France ne se tint pas satisfaite de celles qui furent offertes, et entreprit seule une guerre à la suite de laquelle Maximilien d'Autriche fut élu empereur. Mais les Français s'étant retirés, ce prince fut vaincu et fusillé par Juarez, qui rétablit la république (1866). Prescott a écrit l’Hist. de la conquête du Mexique, 1842, et M.Th. de Bussière celle de l’Empire mexicain, 1863.

MEXIQUE (NOUV.-), anc. prov. du Mexique, au N. de l'État de Durango, à l'E. des Californies; 850 k. du N. au S. sur 156 de largeur moyenne; 61 547 h.; ch.-l., Santa-Fé. Sol fertile, mais presque inculte. Innombrables troupeaux de bœufs et de chevaux. On exporte tabac, peaux de daims, chèvres et bisons, fourrures. — Cédé aux États-Unis en 1848 (V. la fin de l'art. préc.). Admis comme État dans l'Union en 1861.

MEXIQUE (Golfe du), portion la plus occidentale de l'Océan Atlantique, entre la côte mérid. de l'Union anglo-américaine au N. et l'Yucatan au S., communique à l'E. avec l'Atlantique par le canal de Bahama, et baigne à l'O. plusieurs États de la Confédération mexicaine : d'où son nom.

MEYER. V. MAYER.

MEYMAC, ch.-l. de c (Corrèze), à 9 k. O. d'Ussel ; 3237 h. Mines de houille.

MEYRUEIS, ch.-l. de c. (Lozère), à 21 kil. S. O. de Florac : 2200 hab. Aux env., grottes curieuses.

MEYSSAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 16 kil. S. E. de Brives; 2540 hab.

MEYZIEUX, ch.-l. de c. (Isère), à 33 N. E. de Vienne et à 12 kil. E. de Lyon; 950 hab. Huile de noix.

MÈZE, ch.-l. de c. (Hérault), à 31 k. S. O. de Montpellier; 4516 hab. Port sur l'étang de Thau. Eau-de-vie, verdet; huîtres.

MÉZEL, ch.-l. de c. (B.-Alpes), sur l'Aise, à 16k. S. O. de Digne; 800 hab.

MÉZEN (le), la plus haute mont. des Cévennes dans le Vivarais, entre les dép. de l'Ardèche et la Hte-Loire, à 16 k. O. du Cheylard. Elle a 1754m de haut.

MÉZENCE, Mezentius, roi des Tyrrhéniens, fameux par son impiété et ses cruautés, se fit chasser par ses sujets, se réfugia auprès de Turnus, roi des Rutules, et combattit avec lui contre Énée. Il perdit son fils Lausus qu'il chérissait, et fut tué lui-même par Énée en voulant le venger. Ce tyran se plaisait à faire mourir ses victimes en les attachant à des cadavres.

MÉZERAY (Eudes de), historien, né en 1610 à Ry, près d'Argentan, m. en 1683, était fils d'un chirurgien de village. Il fut quelque temps commissaire des guerres, et suivit en cette qualité l'armée de Flandre; puis il se fit homme de lettres et prit le nom du hameau de Mézeray, voisin du lieu de sa naissance. Il débuta par des pamphlets politiques. La composition de ce genre d'écrits l'ayant conduit aux études historiques, il conçut le projet d'écrire notre histoire, et s'enferma au collége de Sainte-Barbe où il travailla avec une ardeur qui mit sa vie en danger. Après plusieurs années d'un travail assidu, il publia sa grande Histoire de France (jusqu'à Louis XIII); elle parut en 3 vol. in-fol., à des époques assez éloignées, 1643, 1646 et 1651. Cet ouvrage lui fit bientôt une grande réputation : il fut nommé historiographe du roi, fut admis à l'Académie française dès 1649, et devint, après la mort de Conrart, secrétaire perpétuel de cette compagnie. Pendant les troubles de la Fronde, Mézeray se signala parmi les adversaires de Mazarin et écrivit contre le ministre nombre de pamphlets. A la paix, il revint à ses études historiques et rédigea un Abrégé chronologique de l'histoire de France, qui mit le sceau à sa réputation : cet ouvrage, publié en 1668, en 3 vol. in-4, a été plusieurs fois réimprimé, notamment à Amsterdam, 1765, en 14 vol. in-12, avec une Continuation par Limiers, contenant les règnes de Louis XIII et de Louis XIV. Quoique historiographe du roi, Mézeray écrivait avec une indépendance qui lui devint funeste : Colbert, choqué de la manière dont il s'exprimait au sujet de l'origine des impôts, lui fit retirer une pension de 4000 livres qu'il recevait de la cour. Mézeray a le style clair, facile et nerveux, mais ce style a un peu vieilli. Son histoire est composée d'une manière assez intéressante; il mêle à ses récits des jugements libres et sévères, mais le plus souvent il n'a pas pris la peine de recourir aux sources; il ne peut par conséquent faire autorité. Outre son histoire, on a encore de lui un Traité de l'origine des Français, Amst., 1688. On lui attribue l’Histoire de la Mère (Marie de Médicis) et du Fils (Louis XIII).

MÉZIDON, ch.-l. de c. (Calvados), sur la Dive, à 22 kil. S. O. de Lisieux; 1144 h. Point de départ du chemin de fer de Caen à Tours.

MÉZIÈRES, Maceriæ, ch.-l. du dép. des Ardennes, sur la r. dr. de la Meuse, vis-à-vis de Charleville, à 233 kil. E. N. E. de Paris ; 5605 hab. Place de guerre de 2e classe; direction d'artillerie; citadelle bâtie par Vauban, bibliothèque publique. Industrie assez active. — Mézières se forma autour d'un château bâti à la fin du IXe s.; elle était comprise dans l'anc. Réthelois. En 1214 et 1418, des Liégeois réfugiés vinrent augmenter sa population. L'armée de Charles-Quint, commandée par le comte de Nassau, l'assiégea en 1521, mais ne put la prendre : Bayard la défendait; une procession qui a lieu tous les ans le 27 sept. et dans laquelle on porte l'étendard de Bayard, rappelle le jour où les Impériaux levèrent le siége. Cette ville possédait une école de génie militaire, fondée en 1748 par Louis XV : elle a été transférée depuis à Metz. Belle défense contre les Prussiens en 1815, et contre les Allemands en 1870.

MÉZIÈRES, ch.-l. de c. (H.-Vienne), à 12 kil. O. de Bellac; 1400 hab.

MÉZIÈRES-EN-BRENNE, ch.-l. de c. (Indre), à 24 k. N. du Blanc; 1500 hab. Forges.

MEZIN, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne) sur la Gelize, à 13 kil. S. O. de Nérac; 1959 hab. Collége. Tanneries, papeteries; fabriques de bouchons de liége.

MÉZIRIAC (BACHET de). V. BACHET.

MEZZOFANTE (le cardinal Jos.), savant polyglotte, né à Bologne en 1774, m. à Rome en 1849, refusa en 1814 la place de secrétaire du collége de la Propagande que lui offrait le pape Pie VII, fut créé protonotaire apostolique par Grégoire XVI en 1831, bibliothécaire du Vatican en 1833, cardinal en 1838, et fut membre des congrégations de la Propagande, de l'Index et des Rites. Il est surtout célèbre par sa connaissance des langues; il parlait 50 idiomes différents, ce qui le fit surnommer la Pentecôte vivante. C'était du reste un homme plein de bonhomie et d'humilité.

MEZZOVO, v. de la Turquie d'Europe (Albanie), dans le pachalik et à 37 kil. N. O. de Janina; 7000 h. Elle a donné son nom aux monts Mezzovo (l'anc. Pinde), qui s'étendent sur la limite des sandjaks de Monastir et de Janina et pénètrent en Grèce. V. PINDE.

MIAKO, île du Japon. V. MIYAKO.

MIAMI, riv. des États-Unis, naît dans l'État d'Ohio, vers le centre, coule au S. O., traverse le comté de Miami, arrose Troy, Dayton, Miamisburg, Hamilton, et se jette dans l'Ohio, r. dr., à 30 kil. au-dessous de Cincinnati, après un cours d'env. 200 k. On canal suit le cours de cette riv. dans une longueur de 100 k. env.

MIAOULIS (André), amiral grec, né à Négrepont en 1772, m. en 1835, commanda en chef la flotte des insurgés en 1822, battit les Turcs à Patras et dans le canal de Spetzia, mit le feu aux vaisseaux d'Ibrahim pacha à Modon en 1825, mais ne put empêcher la chute de Missolonghi. Il refusa de combattre sous les ordres de lord Cochrane, dont il désapprouvait les plans, se retira à Poros et se mit en 1831 à la tête des Hydriotes révoltés contre le président Capo-d'Istria. Il n'échappa à un procès de haute trahison que par la mort du Président.

MICALI (Giuseppe), historien et archéologue, né à Livourne vers 1780, m. en 1814, est connu par un ouvrage important intitulé : L'Italie avant la domination des Romains, Florence, 1810, qui fut couronné par l'Académie de la Crusca, et que l'auteur refondit depuis sous le titre d’Histoire des anciens peuples de l'Italie (1832). Il a joint à cet ouvrage, sous le titre de Monuments antiques, une précieuse collection de gravures représentant les monuments les plus célèbres de l'Italie ancienne. Son Histoire a été traduite en français par Joly, Fauriel et Gence, avec notes et éclaircissements historiques par Raoul-Rochette, Paris, 1824, 4 vol. in-8 et atlas.

MICHAELIS (Jean Henri), savant orientaliste, né en 1668 dans le comté de Hohenstein, m. en 1738, professa d'abord la langue hébraïque à Leipsick, puis se fixa à Halle, et y ouvrit des cours de grec, de chaldaïque, d'hébreu, de syriaque, de samaritain, d'arabe et de rabbinisme. Il alla en 1698 étudier l'éthiopien à Francfort sous la direction de Ludolf, occupa l'année suivante la chaire de grec à l'université de la même ville, puis devint inspecteur de la bibliothèque de l'Université de Halle, professeur de théologie et inspecteur du séminaire. On a de lui : De accentibus Hebræorum prosaicis, Halle, 1695; De peculiaribus Hebræorum loquendi modis, 1702; De historia linguæ arabicæ, 1706; De Isaia propheta, 1712; De rege Ezechia, 1717; Biblia hebraica, 1720, in-fol., édition fort estimée de la Bible, avec notes. — Son petit-neveu, J. David M., né à Halle en 1717, m. en 1791, fut appelé en 1745 à l'Université de Gœttingue par Munchhausen, fondateur de cet établissement, et y professa la philosophie jusqu'à sa mort. Il fut admis en 1751 à l'Académie de Gœttingue, devint secrétaire, puis directeur de cette société, et fut aussi chargé des fonctions de secrétaire et de directeur du séminaire philologique. Appliquant une immense érudition à l'explication des Écritures, il a fait servir à l'interprétation de la langue morte des Hébreux les langues chaldaïque, syriaque et arabe. Ses principaux ouvrages sont : Jugement sur les moyens dont on se sert pour entendre l'hébreu, Gœttingue, 1767; Grammaire chaldaïque, 1771; — syriaque, 1784; Spicilegium geographiæ hebræorum, 1769-80; De Chronologia Mosis, 1769; Droit mosaïque, 1770-75; Introduction à la lecture du Nouveau Testament, 1750,1787, etc.; — à la lecture de l'Ancien Testament, 1787 (resté incomplet); Traduction (allem.) de l'Anc. Testament, 1769-85, 13 v. in-4 ; — du Nouveau Testament, 1788-92, 6 v. in-4; Nouv. Bibliothèque orientale, 1786-91, 8 v. in-8. Il a aussi composé quelques ouvrages philosophiques, entre autres : De l'influence des opinions sur le langage et du langage sur les opinions, en allemand, 1762, trad. en français par Mérian; Morale philosophique, 1792. Ce savant était associé de notre Acad. des inscriptions et membre de la Société royale de Londres.

MICHALLON (Claude), sculpteur, né à Lyon en 1751, m. en 1799, était élève de Coustou. Il remporta le grand prix de sculpture, alla à Rome, y éleva un tombeau en marbre à Drouais, peintre d'histoire, son ami, et fut chargé pendant la Révolution d'exécuter les statues colossales qui servaient aux fêtes nationales. Parmi ses ouvrages on remarque son buste de Jean Goujon. Sa dernière œuvre fut le modèle d'une statue de Caton d'Utique. On lui doit divers modèles de belles pendules en bronze qui furent fort recherchées dans leur temps, entre autres Psyché et l'Amour. — Son fils, Achille Etna M., né à Paris en 1796, m. prématurément en 1822, promettait un grand peintre. Ses principaux tableaux sont : Roland à Roncevaux; Œdipe et Antigone près du Temple des Euménides, le Combat des Lapithes et des Centaures; les Ruines du Cirque; Vue des environs de Naples.

MICHAU (Code). V. MARILLAC (Michel de)

MICHAUD (Joseph), littérateur, membre de l'Académie Française, né en 1767 à Albens (Savoie), m. en 1839, vint à Paris en 1791, écrivit dans plusieurs journaux monarchiques, fut forcé de se cacher en 1792, fut arrêté en 1795 (au 13 vendémiaire) et condamné à mort pour avoir professé des doctrines royalistes dans la Quotidienne, journal dont il était le fondateur, mais parvint à se dérober à l'exécution du jugement, qui fut révoqué l'année suivante. Il se rallia à l'Empire, célébra le mariage de Napoléon et la naissance du roi de Rome, et fut admis à l'Académie en 1812. Sous la Restauration, il fut nommé censeur des journaux, puis devint directeur-propriétaire de la Quotidienne. On doit à Michaud plusieurs ouvrages d'histoire. Le plus important et le plus estimé est l’Histoire des Croisades, 1811-22, 5 vol. in-8 (dont la meilleure édition est celle de 1841, 6 vol. in-8). Il publia en outre, comme pour compléter cette histoire, la Bibliothèque des Croisades, 4 v. in-12, et sa Correspondance d'Orient (1833-35), recueil de lettres qu'il avait écrites dans un voyage entrepris à 62 ans pour visiter les lieux qui avaient été le théâtre des croisades. On a encore de lui une Histoire des progrès et de la chute de l'empire de Mysore, 1801; quelques poëmes, dont le meilleur est le Printemps d'un proscrit, écrit pendant son exil, en 1803; et plusieurs brochures politiques, entre autres l’Histoire des quinze semaines ou des Cent Jours, 1815, qui eut une vogue momentanée. Il a publié, avec Poujoulat, une collection de Mémoires pour sertir à l'hist. de France depuis le XIIIe s. (32 v. in-8, 1836 et ann. suiv.), et a fondé avec son frère la Biographie universelle. Il est aussi un des fondateurs de l’Institut historique. — Son frère, connu sous le nom de Michaud jeune, 1772-1858, se signala par l'ardeur de son royalisme. D'abord officier d'infanterie, il se fit en 1797 imprimeur et fut en même temps un des agents secrets de Louis XVIII. Il dirigea la publication de la Biographie universelle, qui parut de 1811 à 1828, en 52 vol. in-8, ainsi que celle du Supplément, qui parut de puis 1834 jusqu'à sa mort; il fut aussi l'éditeur de la Biographie des hommes vivants, et rédigea lui-même pour ces ouvrages nombre d'articles qui sont empreints d'un esprit de parti bien prononcé.

MICHAULT (P.), poëte du XVe siècle, né, à ce qu'on croit, en Franche-Comté, fut attaché au duc de Charolais (Charles le Téméraire), et mourut vers 1467. On a de lui, entre autres écrits : le Doctrinal du temps présent, Bruges, sans date, réimprimé sous le titre de : Doctrinal de court par lequel on peut estre clerc sans aller à l'escole, Genève, 1522, ouvrage en prose mêlé de vers, et la Danse des Aveugles, Paris, 1506.

MICHAUX (André), voyageur et botaniste, né en 1746 à Satory, près de Versailles, m. en 1802, explora successivement l'Angleterre, l'Auvergne, les Pyrénées, l'Espagne, la Perse, où il resta deux ans (1782-4), et d'où, il rapporta de magnifiques collections; la partie méridionale des États-Unis, les îles Lucayes, la baie d'Hudson et le Canada, l'île de France et les côtes de Madagascar; il mourut de la fièvre dans cette dernière île. On a de lui : Histoire des chênes de l'Amérique septentrionale, 1801; Flora boreali-americana, avec planches dessinées par Redouté. — Son fils, François, m. en 1857, a publié de 1810 à 1813 les Arbres forestiers de l'Amérique du Nord.

MICHÉE, dit l’Ancien, prophète juif, vivait à Samarie dans le IXe s. avant J.-C. Achab, roi d'Israël, voulant décider Josaphat, roi de Juda, à s'unir à lui pour faire la guerre à Ramoth de Galaad, engagea ce prince à consulter Michée. Le prophète ne craignit pas de détourner Josaphat de ce projet en lui prédisant la dispersion de l'armée d'Israël et la mort d'Achab. Ce roi furieux le fit jeter dans les fers, mais bientôt il périt lui-même, selon la prophétie de Michée, tué à Ramoth de Galaad, dans un combat contre les Syriens. — Michée, l'un des petits prophètes, né dans une bourgade de la tribu de Juda, prophétisa sous Jonathan, Achaz et Ezéchias, c.-à-d. de 752 à 694 av. J.-C., prédit la captivité des 10 tribus et annonça que le Sauveur naîtrait à Bethléem.

MICHEL (S.), archange, dont le nom signifie Quis ut Deus? Il est le chef des bons anges qui forment la milice céleste : c'est lui qui précipita dans l'abîme les anges rebelles. Les peintres le représentent avec un casque éclatant, tenant à la main une lance d'or ou une épée flamboyante et foulant aux pieds le démon, figuré par un dragon. L'Église le fête le 29 sept. — La France a pris S. Michel pour patron : Louis XI créa en son honneur l'ordre célèbre de St-Michel (V. ci-après). Cet ange est aussi en grande vénération en Russie.

MICHEL I, RHANGABÉ, le Curopalate, empereur grec, gendre de l'empereur Nicéphore, avait, par sa conduite dans plusieurs emplois élevés, conquis l'affection des Grecs, lorsque Nicéphore mourut en 811 : il fut appelé d'une voix unanime à lui succéder. Il commença par secourir les veuves et les enfants des soldats moissonnés dans les guerres contre les Sarrasins et les Bulgares, et réprima les excès des Iconoclastes qui, sous le règne précédent, avaient cruellement persécuté les orthodoxes; mais il fut attaqué peu après et défait par les Bulgares. Rappelé dans Constantinople par de nouveaux troubles, il laissa le commandement à Léon l'Arménien; mais celui-ci se fit proclamer empereur (813), et relégua Michel dans l'île de Proté, où il prit l'habit religieux; il y vécut 33 ans, jusqu'en 846. — II, le Bègue, né à Amorium en Phrygie, était le favori de Léon l'Arménien, qui le fit patricien. Accusé d'avoir conspiré, il fut jeté en prison; mais, l'empereur ayant été assassiné, il sortit de sa prison pour monter sur le trône (820). Cruel envers les orthodoxes et lâche envers l'ennemi extérieur, il se laissa enlever par les Sarrasins la Crète, la Pouille, la Calabre et la Sicile. Il mourut par suite d'excès. — III, l’Ivrogne, né en 836, succéda en 842 à son père Théophile, sous la régence de sa mère Théodora. Bardas, son oncle, qu'il avait nommé césar, s'empara de son esprit, et l'excita à persécuter sa mère; mais Bardas fut peu après disgracié lui-même et mis à mort. Michel eut à repousser en 866 les Russes, qui étaient venus assiéger Constantinople. Basile le Macédonien, que Michel avait associé à l'empire, le fit périr pour régner à sa place (867). Sous le règne de ce prince, commença le schisme des églises grecque et latine, par la nomination du patriarche Photius, en 858. — IV, le Paphlagonien, né en Paphlagonie, fut d'abord un homme obscur. L'impératrice Zoé, qui l'aimait, se servit de lui pour se défaire de l'empereur Romain, son époux, et le plaça sur le trône. Incapable de gouverner, il abandonna le soin des affaires à l'eunuque Jean, son frère. Cependant, il fit la guerre avec succès contre les Sarrasins et les Bulgares. En 1041, poursuivi par ses remords, il prit l'habit religieux; il mourut la même année. — V, Calaphate ou Calfate, était fils d'un calfateur de vaisseaux et neveu de Michel IV, auquel il succéda en 1041. Craignant les intrigues de l'impératrice Zoé, il l'exila; mais le peuple se souleva contre lui : on lui creva les yeux, et on l'enferma dans un monastère (1042). — VI, Stratiotique (c.-à-d. guerrier), était un vieux général que l'impératrice Théodora choisit pour successeur (1056). Afin d'acquérir l'appui du sénat et du peuple, il choisit dans leur sein les gouverneurs et les principaux officiers de l'empire : les officiers de l'armée, irrités de cette préférence, se révoltèrent et prirent pour chef Isaac Comnène. Michel abdiqua (1057), et mourut dans l'obscurité. — VII, Parapinace, ainsi appelé du nom d'une fausse mesure qu'il employait pour vendre le blé au peuple, fils aîné de Constantin Ducas, fut proclamé en 1067. Romain Diogène, qu'Eudoxie, sa mère, avait épousé, se fit proclamer empereur; mais, l'usurpateur ayant été fait prisonnier par les Turcs en 1071, Michel remonta sur le trône; il le perdit encore en 1078 et fut chassé de Constantinople par Nicéphore Botoniate, le meilleur de ses généraux, qu'il avait outragé. Il fut enfermé dans un monastère, puis nommé évêque d'Êphèse. — VIII, Paléologue, d'une des plus illustres familles d'Orient et chef de la dynastie des Paléologues. Régent de l'empire durant la minorité de Jean Lascaris, empereur de Nicée, il se fit proclamer lui-même en 1260 et fit crever les yeux à son pupille. Il réussit en 1261, à reprendre Constantinople sur Baudouin II et y rétablit le siége de l'empire. Il fit plusieurs expéditions heureuses en Grèce et dans l'Archipel, traita avec les Turcs, les Bulgares, et employa tous ses efforts pour faire cesser le schisme qui séparait l'église d'Orient de celle d'Occident. Il m. en 1282, dans une expédition contre la Thrace. Il eut pour principal ministre George Acropolite et pour il successeur son fils Andronic II.

MICHEL ROMANOV, czar de Russie. V. ROMANOV.

MICHEL (Ordre de St-), ordre militaire institué par Louis XI à Amboise, le 1er août 1469, en l'honneur de S. Michel, patron de la France. Le nombre des chevaliers était d'abord limité à 36; il fut dans la suite élevé à 100; ils devaient tous être gentilshommes; le roi en était grand maître; ils portaient un collier formé de coquilles d'argent, réunies par une chainette d'or, d'où pendait une médaille représentant l'archange S. Michel terrassant le dragon, avec cette devise : Immensi tremor Oceani. La décoration consistait en une croix d'or à 8 pointes émaillée de blanc, cantonnée de 4 fleurs de lis d'or, chargée en cœur d'un S. Michel. Un chapitre de l'ordre se tenait chaque année, la veille de la St-Michel, au Mont-St-Michel, près d'Avranches. En 1588, Henri III joignit cet ordre à celui du St-Esprit. Exclusivement destiné dans l'origine à la haute noblesse, cet ordre finit par être accordé aux gens de lettres, de robe, de finance, et aux artistes célèbres. Rétabli sous la Restauration, il a cessé d'exister de fait en 1830.

MICHELADE, nom donné à un massacre des Catholiques par les Protestants qui eut lieu à Nîmes le 29 sept. 1567, jour de la St-Michel.

MICHEL-ANGE BUONAROTTI, peintre , sculpteur et architecte du premier ordre, né en 1475 au château de Caprèse, près d'Arezzo en Toscane, d'une famille ancienne, mort en 1564, annonça dès l'enfance des dispositions extraordinaires pour les arts. Placé chez Dominique et David Ghirlandajo, les peintres les plus célèbres de l'époque, il les quitta dès l'âge de 15 ans, étant déjà supérieur à ses maîtres. Laurent de Médicis, le Magnifique, lui assigna peu de temps après un logement dans son palais, et le traita comme son fils. La mort le priva bientôt de ce noble protecteur; mais déjà sa réputation était établie : parmi ses morceaux de sculpture, on admirait à Mantoue le Cupidon endormi, à Rome le Bacchus, que plus tard Raphaël attribua, à cause de son extrême perfection, à Phidias ou à Praxitèle, et Notre-Dame de Pitié, groupe fameux qu'on voit à St-Pierre, parmi ses tableaux, la Ste-Famille et le grand carton de la Guerre de Pise (à Florence). Jules II fixa Michel-Ange à Rome et le chargea d'édifier son mausolée : quoique inachevé, ce monument est un de ses chefs-d'œuvre; à la même époque, il peignit à fresque, pour la grande voûte de la chapelle Sixtine, le Jugement dernier, composition non moins admirable en son genre que la précédente : il y travailla 8 ans. Il jouit également de la faveur des papes Léon X, Paul III et Jules III. Il ne commença que vers 40 ans à s'adonner à l'architecture, et ne tarda pas à y surpasser tous ses rivaux. Nommé en 1546, à 72 ans, architecte de la basilique de St-Pierre, il réforma les plans de ses prédécesseurs et mit le sceau à sa réputation en donnant le dessin de la Coupole, le plus bel ouvrage de l'architecture moderne. Il y travaillait encore lorsqu'il mourut. Outre la basilique de St-Pierre il construisit à Rome le palais des Conservateurs, le Musée capitolin et la place du Capitole avec sa belle montée. Tous s'accordent à placer Michel-Ange au premier rang comme peintre, comme sculpteur et comme architecte; on ne se lasse pas d'admirer son Jugement dernier, sa statue colossale de Moïse (destinée au mausolée de Jules II), dans l'église de St-Pierre-aux-Liens, et enfin sa magnifique coupole; il est considéré comme le plus parfait et le plus savant des dessinateurs, ce qu'il faut attribuer à l'étude approfondie qu'il avait faite de l'anatomie en disséquant lui-même. On trouve des beautés de tous les genres dans ses ouvrages; cependant ce qui s'y fait remarquer surtout, c'est le grandiose, l'austérité, la fermeté, la noblesse. Michel-Ange était aussi poëte : on a de lui des Poésies légères (stances, sonnets, etc.), publiées en 1623 par son petit-neveu, Michel-Ange Buonarotti, dit le Jeune (1558-1646), poëte lui-même, auteur de la Fiera, de la Tancia, coméd. estimées. Les poésies de Michel-Ange ont été trad. en français par Varcollier, Paris, 1825, et par Lannau-Rolland , 1859. Plusieurs manuscrits, ainsi qu'une vaste correspondance de Michel-Ange, ont été récemment retrouvés et ont été publ. à Florence en 1862. Ce grand artiste n'avait d'autre passion que son art, toujours sérieux et méditatif, il était insensible à la richesse et aux aisances de la vie, austère dans ses mœurs, religieux et charitable. Sa Vie a été écrite par Vasari (dans ses Vies des peintres), par Condivi, Rome, 1533 (trad. par Hauchecorne, 1783), par Quatremère de Quincy, 1835, et, en allemand, par Hermann Grim, 1860.

MICHEL-ANGE DES BATAILLES ou DES BAMBOCHES (M. A. CERQUOZZI, dit), peintre, né à Rome en 1600, m. en 1660, se fit remarquer dès l'âge de 13 ans par son talent pour le dessin. Il s'appliqua d'abord à peindre des batailles, des naufrages, des sujets historiques; maïs la renommée que Pierre de Laar dit le Bamboche s'était acquise dans un genre moins sérieux le décida à suivre la manière de cet artiste, ce qui lui fit donner le surnom de Michel-Ange des Bamboches. On cite parmi ses nombreux ouvrages les tableaux qu'il exécuta pour le cloître de St-André delle Grotte à Rome, où il a retracé quelques traits de la vie de S. François de Paule; le Départ d'un courrier de l'armée; S. Jean prêchant dans le désert; la Place du marché de Naples, où des lazzaroni applaudissent à une harangue de Mazaniello: une Troupe de charlatans, au Louvre.

MICHELI, famille qui a fourni plusieurs doges à Venise. Le plus connu, Dominique M., doge de 1116 à 1130, alla en 1120 porter des secours à Baudoin II, roi de Jérusalem, battit la flotte du sultan près de Joppé et contribua beaucoup à la prise de Tyr en 1124.

MICHELOZZI (MICHELOZZO), architecte et sculpteur florentin, né vers 1400, m. vers 1468, était l'ami de Cosme de Médicis et le suivit dans son exil à Venise (1433). Élève de Brunelleschi pour l'architecture et de Donato pour la sculpture, il a élevé et orné un grand nombre de monuments, dont les principaux sont : le couvent de St-Marc, à Venise ;le palais de Médicis, auj. Ricardi, à Florence; la chapelle des Médicis à Ste-Croix dans la même ville; la villa Mozzi, à Fiesole; la villa Orsi, à Careggi. On lui doit aussi les réparations du vieux palais de Florence.

MICHIGAN, un des grands lacs des États-Unis, dans l'État de Michigan. entre le lac Supérieur à l'O. et le lac Huron à l'E., par 41° 30'-45° lat. N. et 87° 30'-89° 50' long. O., n'a pas moins de 500 kil. sur 160, avec une profondeur moyenne de 275m; les plus gros vaisseaux y naviguent. La rivière de Michillimackinac l'unit au lac Huron.

MICHIGAN, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, sur la frontière septentrionale, entre les lacs Supérieur au N., Érié à l'O. et Huron à l'E., les États d'Ohio et d'Indiana au S. et de Wisconsin à l'E., a 580 k. sur 310 et compte plus de 400 000 h.; ch.-l., Détroit, puis Langsing (1847). Il doit son nom au lac Michigan qui le borne à l'O. Climat tempéré, salubre, quoique humide et un peu froid. Gibier et poisson en abondance. — Les Hurons occupaient jadis cette contrée; ils en furent chassés par les Iroquois. Les Français la colonisèrent au XVIIe s. : ils y fondèrent la ville de Détroit; à la suite des guerres du Canada, ils cédèrent, en 1763, le pays aux Anglais, qui, en 1796, furent obligés de l'abandonner aux États-Unis. Érigé en territoire en 1805, le Michigan fut admis dans l'Union comme État en 1836.

MICHILLI-MACKINAC, nom donné à une île située dans le détroit qui unit les lacs Huron et Michigan, et à ce détroit lui-même. Ce nom, qui signifie grande tortue, lui a été donné à cause de la forme de l'île.

MICHOL, fille de Saül, épousa David et favorisa sa fuite quand il était menacé par la fureur du roi; mais, l'ayant raillé plus tard de ce qu'il dansait devant l'arche, elle fut, en punition, frappée de stérilité.

MICIPSA, fils de Massinissa, roi des Numides, hérita des États de son père avec ses deux frères, Gulussa et Manastabal, qui moururent avant lui et le laissèrent seul maître. Il gouverna sous la protection de Rome, et partagea en mourant son empire entre ses fils Hiempsal et Adherbal, et Jugurtha, son neveu. Il avait régné 30 ans, de 149 à 119 av. J.-C.

MICKIEWICZ (Adam), poëte polonais, né en 1798 en Lithuanie, d'une famille noble, mais pauvre, m. en 1856, était professeur à l'école de Kowno lorsqu'il fut incarcéré, puis exilé en Russie à cause de son esprit d'indépendance (1824). Il fit paraître à St-Pétersbourg en 1828 le poëme de Konrad Wallenrod, qui contribua à réveiller dans la jeunesse polonaise le sentiment national; obtint l'année suivante la permission de voyager à l'étranger, visita l'Allemagne, la France, l'Italie; ne put prendre part, en 1830, à la révolution de la Pologne, mais anima l'ardeur de ses compatriotes par son Ode à la jeunesse; vint à Paris en 1831, y fit paraître de nouvelles poésies et y composa le Livre des pèlerins polonais, où il peint les malheurs de sa patrie, ainsi que Monsieur Thadée, tableau fidèle des mœurs de la Lithuanie. Il fut appelé en 1840, à une chaire de littérature slave au Collége de France, mais il se fit suspendre au bout de quelques années, pour avoir fait de sa chaire une tribune politique. Il fut néanmoins nommé bibliothécaire à l'Arsenal et chargé en 1855 d'une mission en Orient : il mourut pendant cette mission, à Constantinople, atteint du choléra. Comme poëte, ses compatriotes l'égalent à Byron et à Goethe. Ses Œuvres ont été réunies à Paris en 8 vol. in-8 (1838 et ann. suiv.). Longtemps proscrites en Russie, elles y ont été autorisées après sa mort par l'empereur Alexandre II. La plupart ont été traduites en français : le Livre des pèlerins, par M. de Montalembert, les autres par M. Chr. Ostrowski. Une statue lui a été élevée par ses compatriotes et une souscription nationale a pourvu, après sa mort, aux besoins de sa famille. Mickiewicz avait dans ses dernières années embrassé le Messianisme, nouvelle doctrine religieuse, qu'il prêcha avec plus de ferveur que de succès.

MICON, peintre grec du Ve s. av. J.-C., peignit avec Polygnote le portique du Pœcile, à Athènes, et décora le temple de Thésée. On lui reprochait d'avoir représenté, dans un tableau de la batailla de Marathon, les Perses d'une taille plus élevée que les Grecs.

MICRONÉSIE (c.-à-d. Petites îles), nom sous lequel on a désigné une des divisions de l'Océanie, celle qui réunit les plus petites îles. V. OCÉANIE.

MIDAS, roi de la partie de la Phrygie où coule le Pactole. Bacchus, qu'il avait accueilli dans ses États, promit de lui accorder tout ce qu'il demanderait : Midas demanda le pouvoir de changer en or tout ce qu'il toucherait; son vœu fut exaucé; mais bientôt, voyant se transformer ainsi sous sa main, même les mets qu'il portait à sa bouche, il reconnut l'imprudence de sa demande. Le dieu, pour le délivrer de ce funeste don, le fit baigner dans le Pactole, qui depuis, dit-on, roula de l'or dans ses flots. On raconte aussi que Midas ayant préféré Pan à Apollon dans le combat de la lyre et de la flûte, le dieu irrité changea ses oreilles en oreilles d'âne. Midas réussit à cacher à tous cette difformité, excepté à son barbier, qui, ne pouvant garder le secret, le confia à la terre, après y avoir creusé un fossé qu'il se hâta de combler; mais à cette place crûrent des roseaux qui, au moindre souffle du vent, trahissaient le secret en répétant les paroles du barbier :

Midas, le roi Midas a des oreilles d'âne.

MIDDELBOURG, Medioburgum, v. jadis forte du roy. de Hollande (Zélande), dans l'île de Walcheren,, à 136 kil. S. O. d'Amsterdam; 18 000 hab. Un canal de 2 kil., au bout duquel se trouve le petit port de Ramkens, la met en communication avec l'Escaut. Quelques belles rues, places spacieuses, 5 ou 6 monuments : l'hôtel de ville, l'hôtel du gouvernement, celui des anc. Compagnies des Indes occidentales et orientales, l'arsenal, la fonderie, la bourse, etc. Académie de peinture, sculpture et architecture; bibliothèque, musée, cabinet d'histoire naturelle; industrie : savon, vinaigre; fonderies en cuivre; tannerie, passementeries, etc. Commerce actif de sel et de grains. — Middelbourg tire son nom de sa situation au milieu de l'île de Walcheren; son importance ne date que du XIIe siècle; elle eut le titre d'évêché pendant 13 ans (1561-74). Prise aux Espagnols par les confédérés en 1574; par les Français en 1795. Comprise d'abord dans le dép. français de l'Escaut, elle devint ensuite le ch.-l. de celui des Bouches-de-l'Escaut. Les Anglais l'occupèrent un instant en 1809. Depuis, les fortifications ont été démolies.

MIDDLESEX, comté d'Angleterre, entre ceux d'Hertford au N., d'Essex à l'E., de Buckingham à l'O. et de Surrey au S., a pour ch.-l. Londres et pour autres lieux Uxbridge et Staine; 1 576 616 h. (non compris Londres). Quelques petites collines; plusieurs rivières : Tamise, Brent, Colne; sol argileux ou maigre, mais bien cultivé; jardins maraîchers d'un immense produit; nombreuses maisons de campagne. Industrie extraordinairement active.

MIDDLETON (CONYERS), écrivain anglais, né à Richmond en 1683, m. en 1760, embrassa l'état ecclésiastique, devint en 1717 docteur de l'Université de Cambridge et en 1723 bibliothécaire de cette université. Il eut de vifs démêlés avec Bentley, ainsi qu'avec plusieurs autres théologiens de son temps. Son principal ouvrage est une Vie de Cicéron, 1741, qui a obtenu un succès mérité, et qui a été trad. en français par l'abbé Prévost. On a de lui plusieurs autres écrits qui l'ont fait soupçonner d'incrédulité, Lettre de Rome, 1729 (il veut y démontrer la conformité du Catholicisme et du Paganisme); Libres recherches sur le don des miracles, 1748; Examen d'un discours de Sherlock sur les prophéties, 1750.

MIDDLETOWN, v. des États-Unis (Connecticut), sur le Connecticut, à 24 kil. S. d'Hartford ; 6000 hab. Université (wesleyenne), fondée en 1831 et dirigée par les Méthodistes. Lainages, armes blanches et à feu, moulins à papier et à poudre, distilleries, etc.

MIDÉE, v. de la Grèce anc. (Argolide), au N. E. de Tirynthe. Les Spartiates y remportèrent sur les Arcadiens et les Argiens la victoire sans larmes, ainsi appelée parce qu'elle ne coûta pas un homme aux vainqueurs (367 av. J.-C.).

MIDI (Canal du), dit aussi Canal du Languedoc ou des Deux-Mers, canal qui, faisant suite à la Garonne, traverse tout le midi de la France et fait ainsi communiquer l'Atlantique avec la Méditerranée. Il commence dans le dép. de la Hte-Garonne, sur la r. dr. de la Garonne, à 2 kil. au-dessous de Toulouse; se dirige au S. E., entre dans le dép. de l'Aude, et, se portant ensuite à l'E., débouche près d'Agde dans l'étang de Thau (Hérault), qui communique avec la Méditerranée. Son développement est de 240 kil.; sa largeur est de 20m et sa profondeur de 2m; on y compte 100 écluses. — Ce canal est de la plus haute importance pour le commerce de la France méridionale. Le projet en fut formé sous François I et les premières études eurent lieu sous Henri IV; mais il ne fut exécuté que sous Louis XIV, grâce à l'appui de Colbert, au génie et au dévouement de Riquet et d'Andréossi. Décrété en 1666, le canal fut ouvert en 1681.

MIDI (Pic du), montagne de la chaîne des Pyrénées (B.-Pyrénées), à 40 kil. S. d'Oloron; 2880m de haut. Elle donne naissance au gave d'Ossau. — Autre montagne des Pyrénées, à 13 kil. S. de Bagnères de Bigorre, a env. 3000m de haut.

MIDIE, anc. royaume d'Irlande, réuni depuis à la Lagénie (Leinster), répond aux 2 comtés de Meath.

MID-LOTHIAN. V. LOTHIAN (MID-).

MIDOUZE, riv. de France, se forme à Mont-de-Marsan (Landes) par la réunion du Midou et de la Douze, et tombe dans l'Adour au-dessous de Tartas.

MIÉCISLAS I, duc de Pologne de 962 à 992, de la race des Piasts, se convertit en 965, à la persuasion de sa femme Dombrowska, fille de Boleslas I, roi de Bohême, et proscrivit l'idolâtrie dans ses États. Il fit hommage à l'emp. Othon pour ses provinces situées entre l'Elbe et l'Oder. — II, fils de Boleslas Chrobry et petit-fils du précéd., succéda à son père en 1025, perdit une partie des conquêtes faites par lui, et laissa établir aux dépens de ses possessions les principautés de Mecklembourg, de Brandebourg, de Holstein, de Lubeck, etc. Il tomba en démence par suite de ses débauches, et mourut en 1037.

MIEL (Jean), peintre flamand. V. MEEL.

MIÉLAN, ch.-l. de cant. (Gers), à 13 kil. S. de Mirande; 2000 h. Commerce de moutons; vins.

MIEREVELT ou MIRVELT (Michel), peintre hollandais, né à Delft en 1567, m. en 1641, était fils d'un riche orfèvre et fut d'abord graveur. Après avoir cultivé le genre de l'histoire, il se consacra au portrait et se plaça au 1er rang dans ce genre. Quoiqu'il n'égale ni Van Dyck, ni le Titien, il jouit d'une brillante réputation et il la mérite : il observait finement la nature, peignait avec vigueur et rendait très-bien les caractères. Le Louvre possède de cet artiste 2 portraits d'homme et un portrait de femme.

MIÉRIS, famille de peintres hollandais très-distingués. — François M., né à Delft en 1635, m. en 1681, étudia sous Gérard Dow et ne tarda pas à devenir la meilleur élève de cet artiste; mais il abrégea ses jours en se livrant aux excès du vin. François est surtout remarquable par l'extrême fini de ses ouvrages : il reproduisait habilement le velours, le satin et les fourrures; son coloris est brillant, énergique, et sa touche moelleuse. Le nombre de ses tableaux est très-considérable. Le musée du Louvre possède de lui : une Femme à sa toilette, servie par une négresse; Deux Dames prenant le thé dans un salon, etc. — Guillaume M., fils du précédent, né à Leyde en 1662, m. en 1747, fut élève de son père, et annonça dès l'enfance le talent d'un maître. Après s'être livré au genre dans lequel son père s'était acquis tant de renommée, il étudia le genre de l'histoire et amassa une fortune considérable. Il savait avec une égale supériorité peindre le paysage, modeler en terre et en cire; mais il copiait trop mécaniquement la nature. On peut voir au Louvre 3 de ses tableaux: un Jeune Garçon faisant des bulles de savon; le Marchand de gibier; une Cuisinière accrochant une volaille à sa fenêtre. Parmi ses tableaux d'histoire, on cite : une Ste Famille, un Triomphe de Bacchus et un Jugement de Pâris. On connaît aussi de lui quatre Vases, sur lesquels il avait modelé des Bacchanales. — François M., dit le Jeune, fils et élève de Guillaume, né à Leyde en 1689, m. en 1763, a peint des intérieurs de ménage, des boutiques de fruitières et des magasins, où se trouvent de petites figures en harmonie avec les lieux; le dessin en est pur, le coloris agréable, et l'exécution fort soignée. Il a fait aussi de petits tableaux d'histoire et des portraits. Au talent de la peinture, il joignait la science de l'antiquaire et du numismate : il forma une collection considérable des archives et des chartes nationales. Il a donné, en hollandais : Monnaies et Sceaux des évêques d'Utrecht, Leyde, 1726; Hist. des princes des Pays-Bas, 1732-35 (c'est l'histoire métallique de ce pays); Mémoire sur la féodalité du comité de Hollande, 1743; Grand Recueil des Chartes de Hollande, de Zélande et de Frise, 1753-56; Description et histoire de la ville de Leyde, 1762-70.

MIGNARD (Nicolas), peintre et graveur, né en 1608, à Troyes en Champagne, mort en 1668, visita l'Italie, puis s'établit à Avignon, où il peignit pour un amateur les Amours de Théagène et de Chariclée, et où il se maria, ce qui le fait surnommer Mignard d'Avignon. Appelé à Paris par Mazarin, il fut chargé par Louis XIV de décorer plusieurs appartements du rez-de-chaussée des Tuileries. Il fut reçu à l'Académie en 1663 et en devint recteur. Ses compositions sont ingénieuses, ses attitudes gracieuses et son coloris brillant. Il a laissé cinq planches gravées d'après les peintures faites par Annibal Carrache pour la galerie Farnèse. — Pierre Mignard, frère du précéd., plus célèbre que lui, né à Troyes en 1610, mort en 1695, est nommé le Romain parce qu'il séjourna longtemps à Rome. Il fut rappelé d'Italie en France par Louis XIV, et peignit a fresque la coupole du Val-de-Grâce, ainsi que la petite galerie de Versailles. Après la mort de Lebrun, avec lequel il était en hostilité, il fut nommé premier peintre du roi et directeur de l'Académie de peinture. Il excellait dans le portrait et était le meilleur coloriste de son temps. Parmi ses nombreux ouvrages, on admire les portraits d’Urbain VIII, d’Alexandre VII, du Doge de Venise, du Grand Dauphin, de Mme de Maintenon, surtout la Vierge présentant une grappe à l'Enfant Jésus, S. Luc peignant la Vierge, une Ste Cécile, et S. Charles donnant la communion à des mourants. On estime aussi 12 dessins qu'il fit pour le cardinal Du Plessis d'après les tableaux d'Annibal Carrache, et qui sont auj. au musée du Louvre. P. Mignard se distingue par le naturel, la vérité de l'expression; son pinceau est moelleux et a de la grâce, mais aussi une certaine mollesse et une certaine afféterie.

MIGNON (Abraham), peintre de fleurs, né en 1639 à Francfort-sur-le-Mein, m. en 1679, était élève de David de Heem. Ses tableaux dessinés avec précision, peints avec patience, se distinguent par une imagination inventive, un agencement plein de goût, un coloris vigoureux; mais on y trouve un peu de roideur. Le Louvre possède 5 beaux tableaux de lui.

MIGNONS, favoris du roi Henri III, compagnons de ses débauches : tels étaient Quélus, Maugiron, St-Mégrin, Joyeuse, Épernon, St-Luc, Livarot, etc.

MIGNOT (Jacq.), pâtissier-traiteur de Paris, est devenu célèbre par un trait satirique de Boileau :

Car Mignot, c'est tout dire, et dans le monde entier
Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier.

Pour se venger, il fit imprimer une satire de Cotin contre Boileau et s'en servit comme d'enveloppe pour ses biscuits : il obtint ainsi la vogue et fit fortune.

MIGNOT (Étienne), docteur de Sorbonne, né en 1698 à Paris, m. en 1771, était membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. On a de lui : Discours sur l'accord des sciences et des lettres avec la religion, 1753; des Droits de l'État et du prince sur les biens du clergé, 1755; Mémoires sur les libertés de l'Église gallicane, 1756; Histoire du démêlé de Henri II avec S. Thomas de Cantorbéry, 1756; Hist. de la réception du concile de Trente, 1756.

MIGNOT (l'abbé V.), abbé de Scellières, neveu de Voltaire, né à Paris en 1730, mort en 1790, était conseiller-clerc au grand conseil. C'est lui qui recueillit le corps de Voltaire. On a de lui : Histoire de l'impératrice Irène, 1762; — de Jeanne I, reine de Naples, 1764; — de Ferdinand et Isabelle, 1766; — de l'Empire ottoman, 1771, ouvrage estimé; des traductions françaises des traités de Cicéron Sur l'Amitié et la Vieillesse, 1780, ainsi que de Quinte-Curce, 1781.

MILAH, Milevis, v. d'Algérie (Constantine), près du Rummel, à 35 kil. N. O. de Constantine; 3000 h. Site délicieux; belle fontaine romaine. Ancien évêché. Il se tint deux conciles à Milève, en 402 et en 416. Cette ville fut occupée par les Français en 1838.

MILAN, dite la Grande, Mediolanum en latin, Milano en italien, grande v. du roy. d'Italie, capitale de la Lombardie, sur la r. g. de l'Olona, à 835 kil. S. E. de Paris (par Genève et le Simplon); 220 000 hab. Chemins de fer pour Venise, Monza, Plaisance, etc. Archevêché (dont S. Ambroise et S. Charles Borromée furent titulaires); résidence des hautes autorités; cour d'appel; académie royale des arts et sciences; académie de sculpture, d'architecture, des arts et manufactures; université, lycées, gymnases, etc. Rues belles en général, surtout celles qui conduisent aux Corsi. Superbe place du château (l'ancien foro Bonaparte), plantée de plus de 10 000 pieds d'arbre; place d'Armes; arc de triomphe inachevé; cirque (qui peut contenir 30 000 spectateurs); vaste cathédrale gothique de St-Charles, dite il Duomo; belles églises de St-Alexandre, St-Laurent, St-Ambroise, Ste-Marie de la Passion; palais royal des sciences et arts, avec observatoire ; galerie de tableaux et statues, musée, célèbre bibliothèque dite Ambrosienne qui contient plus de 15 000 manuscrits, bibliothèque de la Brera, avec musée et cabinet d'histoire naturelle; palais du gouvernement, palais Marini; vaste théâtre della Scala; superbe caserne, vaste hôpital, lazaret. Industrie active et variée: soieries, lainages, coutellerie, chapellerie, faïence, glaces, orfèvrerie, coraux, livres, instruments de mathématiques et d'astronomie, ouvrages en ivoire, albâtre, bronze; riz, fromages, etc. Patrie du poëte Cæcilius et de Valère-Maxime chez les anciens; et, chez les modernes, d'Alciat, Cavalieri, Beccaria, Verri, Maria Agnesi, Manzoni, et de plusieurs papes (Alexandre II, Urbain III, Grégoire XIV, etc.). — Milan fut fondée par le Gaulois Bellovèse vers l'an 687 av. J.-C., et fut d'abord la capitale des Insubres. Lorsque les Romains se furent emparés du pays, 195 av. J.-C., son importance fut éclipsée par Modène et Mantoue; mais au IIe siècle elle redevint la 1re de la province. Au IIIe, Maximien en fit sa capitale : c'est à Milan que Constantin rendit le célèbre édit en faveur des Chrétiens, 313. Sous les Lombards, elle ne fut que la 2e ville du royaume (Pavie était la capitale), La destruction de cet État par Charlemagne lui rendit le premier rang dans l'Italie septent., et depuis elle l'a toujours gardé. Sous la maison de Franconie, elle s'affranchit de l'oppression soit de ses seigneurs, soit des évêques, se constitua de fait en république presque indépendante, et ne releva plus que nominalement du roy. d'Italie. Sous les Hohenstaufen, elle fut le centre de la résistance italienne aux prétentions des Allemands et devint la ville guelfe par excellence. À cette époque (1153), elle asservit plusieurs villes voisines, Lodi, Come, etc. Frédéric I réprima ses empiétements et punit sa rébellion en la détruisant de fond en comble, 1162; mais elle se releva bientôt. Dès 1167 Milan était à la tête de la Ligue lombarde, qui finit par remporter la victoire de Legnano (1176) et dicta la paix de Constance (1183). De 1257 à 1535, elle fut régie successivement par les maisons Della Torre, Visconti, Sforza, sous lesquelles elle s'assujettit de nouvelles cités, formant ainsi le noyau du futur duché de Milan (V. ci-après). Cette ville eut souvent à souffrir pendant les guerres livrées aux XVe et XVIe siècles pour la possession du duché de Milan. Les Français l'occupèrent en 1499 et 1796. En 1800 elle devint la capitale de la République Cisalpine, et en 1805 du royaume d'Italie : elle était en même temps le ch.-l. du dép. de l'Olona. Attribuée à l'Autriche en 1815, elle fut la capit. du roy. Lombard-Vénitien. Elle secoua un instant le joug des Autrichiens en mars 1848, mais elle y fut replacée dès l'année suivante. Enfin en 1859, Milan fut délivrée à la suite de la victoire de Magenta : l'empereur Napoléon III et le roi de Sardaigne y firent leur entrée solennelle le 6 juin.

MILAN (gouvt de), une des deux grandes divisions de l'anc. royaume Lombard-Vénitien que possédait l'Autriche, répondait à la Lombardie actuelle, augmentée de Mantoue et de Peschiera. V. LOMBARDIE.

MILAN (Duché de), MILANEZ ou MILANAIS, anc. division de l'Italie septentrionale, ainsi nommée de Milan, sa capitale, était borné au N. par la Suisse, à l'E. par les possessions vénitiennes et le duché de Mantoue, au S. par le Pô et à l'O. par le Piémont. — Après avoir fait successivement partie de la Gaule Transpadane, de la monarchie des Lombards, de celle de Charlemagne, ce pays passa, dans le courant du Xe siècle, aux mains des empereurs d'Allemagne; pendant les guerres entre l'empire et la papauté, il s'érigea en une sorte de république vassale de l'empire, et fut régi par plusieurs grandes familles, notamment par les Della Torre à partir de 1257, et par les Visconti dès 1277. Sous ces derniers, l'empereur Wenceslas érigea le Milanais en duché en faveur de Jean Galéas Visconti (1395). Aux Visconti succédèrent les Sforce(1450), en la personne de François Sforce. De 1499 à 1547 les rois de France Louis XII et François I disputèrent aux empereurs la possession du Milanais, sur lequel ils avaient des droits du chef de Valentine Visconti, femme de Louis I d'Orléans, frère de Charles VI. Après la mort du dernier des Sforces, François Marie, en 1535, Charles-Quint investit de ce duché son fils Philippe II (depuis roi d'Espagne), 1540. Les successeurs de ce prince le possédèrent jusqu'en 1700. Pendant la guerre de la succession d'Espagne, l'Autriche s'empara du Milanais et les traités lui en confirmèrent la possession. Elle en céda néanmoins plusieurs parties au roi de Sardaigne pour prix de son concours aux deux guerres de succession d'Espagne et d'Autriche, notamment les provinces d'Alexandrie, de Valence, de Lomelline, le val de Sesia, Tortone, Novare, etc. Diminué ainsi d'un grand tiers, le duché de Milan comprenait encore : 1° le Milanais proprement dit (Milan, Monza, Merate, Cassano, Bicocca, Marignan); 2° partie du canton d'Anghiera; 3° Come et son territoire; 4° le Pavesan; 5° le Lodesan; 6° le Crémonais; le Mantouan y fut réuni en 1785. Le Milanais fut envahi par les Français à la fin du XVIIIe siècle : le traité de Campo-Formio (1797) le fit entrer dans la République Cisalpine, d'où il passa dans le roy. d'Italie (1805). En 1815 il fut donné à l'Autriche et forma la plus grande partie du gouvt de Milan dans le roy. Lombard-Vénitien. Enlevé à l'Autriche en 1859 par les armées combinées de la France et de la Sardaigne, il a été réuni en 1860 au royaume d'Italie. — Voici les noms des capitaines, seigneurs et ducs de Milan depuis 1257 :

1. Della Torre. J.-Galéas (duc à partir de 1395), 1378-1402
Martin, 1257 J.-Marie, 1402
Philippe, 1263 Philip.-Marie, 1412-1447
Napoléon, 1265-1277 3. Sforces.
2. Visconti. François, 1450
Othon, 1277 Galéas-Marie, 1466
Matthieu I, 1295 Jean-Galéas-Marie, 1476
Galéas, 1322 Ludovic ou Louis, dit Ludovic le Maure, 1494
Azzon, 1328 (Louis XII, roi de France), 1500
Luchin, 1339 Maximilien, 1512
Jean, 1349 (François I, roi de France), 1515
Matthieu II, 1354 François-Marie, 1521-35
Galéas II, 1356-1378
Barnabo, 1356-1385

MILANAIS, MILANEZ. V. MILAN (duché de).

MILANÈSE (le), peintre. V. FERRARI.

MILAZZO. V. MELAZZO.

MILBERT (J. Gérard), peintre naturaliste, né à Paris en 1766, m. en 1840, partit comme dessinateur avec l'expédition de Baudin aux terres australes (1800-1804), fut forcé par l'état de sa santé de s'arrêter à l'île de France, recueillit dans cette lie de précieux matériaux qu'il publia sous le titre de Voyage pittoresque à l'île de France (1812), alla ensuite explorer les États-Unis, et fit paraître de 1827 à 1829 l’Itinéraire pittoresque du fleuve Hudson et de l'Amérique du Nord.

MILET, Miletus, v. de l'Asie-Mineure, la plus célèbre des colonies ioniennes, était située sur la côte s occid. de la Carie, près du golfe Latmique, à l'extrémité S. de l'Ionie, au N. et près de la Doride. Elle était divisée par un mur en deux villes et avait 4 ports. Près et au S. de la ville était un temple célèbre d'Apollon Didyméen, avec un oracle confié à la garde des Branchides. Fondée par des Crétois, mais renouvelée par les Ioniens, elle était déjà puissante en 750 av. J.-C. et elle prit le premier rang dans la confédération ionienne par l'industrie, le commerce, la puissance politique, la richesse et le luxe : elle fonda près de 300 colonies, entre autres, en Égypte, Naucratis et Chemnis; sur les côtes de la Propontide et du Pont-Euxin, Cyzique, Sinope, Abydos, Istropolis, Tomi, Olbia ou Milétopolis, Apollonia, Odessus, Panticapée; elle tint jusqu'à 100 vaisseaux de guerre équipés, et fut sans contredit, du VIe au IVe siècle av. J.-C., la première puissance commerciale du monde ancien après Tyr et Carthage; mais les mœurs y étaient fort dissolues. Les laines et la pourpre de Milet étaient renommées. Thaïes vint vers 587 av. J.-C. se fixer dans cette ville; les philosophes Anaximandre et Anaximène, les historiens Hécatée et Cadmus, l'orateur Eschine, Aspasie, Aristide le conteur, y étaient nés : ce dernier est le 1er auteur de ces contes licencieux que l'antiquité appelait Milésiaques. — Après être restée longtemps indépendante, Milet fut prises et pillée par les Perses; en 504 av. J.-C., son gouverneur, Aristagoras, fit soulever toute l'Ionie contre Darius Ier, et par là provoqua les guerres Médiques. Dévastée par Alexandre, enlevée aux successeurs de ce prince par les Romains, Milet a été presque détruite par les Turcs ou les Mongols. Il ne reste que quelques ruines du temple d'Apollon, mais la ville même est ensevelie dans un lac formé par le Méandre. On a cru à tort en retrouver les ruines à Palatcha.

MILETO, v. d'Italie (Calabre Ultérieure IIe), à 16 k. N. E. de Nicotera; 2400 hab. Évêché. Presque détruite en 1783 par un tremblement de terre.

MILETOPOLIS. V. OLBIA.

MILEVIS. V. MILAH.

MILFORD, v. d'Angleterre (Pembroke), dans le pays de Galles, sur la baie de Milford-Haven, à 9 kil. N. O. de Pembroke; 6000 hab. Port vaste et sûr, l'un des meilleurs mouillages de l'Angleterre. Paquebots pour l'Irlande.

MILHAU ou MILHAUD, Æmilianum, ch.-l. d'arr. (Aveyron), dans l'anc. Rouergue, sur le Tarn, à 49 k. S. E. de Rhodez; 10 450 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége. Chemin de fer (pour Rhodez); rues étroites, mais bien bâties; église catholique, consistoire protestant, hôpital, fabriques de draps, serges et gants; tanneries; fromages, etc. — Ville jadis fortifiée et titre d'une vicomté; longtemps possédée par les Réformés, qui y tinrent de célèbres assemblées en 1574, 1575 et 1620. Prise en 1629 par Louis XIII, qui en rasa les fortifications. Patrie de Bonald.

MILHAU-LES-VIGNES, bg du dép. du Gard, à 7 k. S. O. de Nîmes; 1300 h. Vignes et eau-de-vie renommées.

MILIANA, Malliana, v. d'Algérie (prov. d'Alger),. ch.-l. de subdivision militaire, au pied du Djebel-Miliana et près du Chélif, à 120 k. O. S. O. d'Alger; env. 5000 h. Maisons couvertes en tuiles rouges; eau excellente. Nombreuses ruines. On croit que le fils de Pompée mourut dans cette ville. — Occupée en 1834 par Abd-el-Kader, à qui elle fut enlevée par le maréchal Valée en 1840. Érigée en commune en 1854.

MILIZIA (Francesco), architecte et écrivain, né en 1725 à Oria (Terre d'Otrante), m. à Rome en 1798, est surtout connu par les ouvrages qu'il écrivit sur son art. Les principaux sont : Memorie degli architetti antichi e moderni, Parme, 1781 (c'est une histoire de l'art par les monuments, en même temps qu'une biographie); L'arte di vedere nelle belle arti, Venise, 1781 et 1823, livre de critique, où sont appréciés avec autorité les travaux les plus célèbres; Principi d'Architettura, 1781, traité plein de science et de goût. Les deux premiers ont été traduits par Pommereul sous les titres d’Art de voir dans les beaux-arts, 1798, et d’Essai sur l'histoire de l'architecture, 1819.

MILLAS, ch.-l. de canton (Pyrénées-Orientales), sur le Tet, à 16 kil. O. de Perpignan; 1300 hab.

MILLEDGEVILLE, v. des États-Unis (Géorgie), capit. de l'État; 4000 hab. Arsenal, pénitencier, écoles; chemin de fer. Fondée en 1806.

MILLÉNAIRES, sectaires chrétiens qui croyaient qu'avant le jugement universel les élus demeureraient mille ans sur la terre pour jouir de toutes sortes de plaisirs. Cette opinion se répandit dès le Ier siècle, et elle s'est fréquemment reproduite depuis.

MILLER (Philippe), habile jardinier écossais, né en 1691, mort à Chelsea en 1771, a écrit : Dictionnaire du jardinier et du fleuriste, en angl., Lond., 1724; Catalogus plantarum officinalium quæ in horto botanico Chelseiano aluntur, 1730; Dictionnaire des jardiniers, 1731, trad. par Chazelles, 1785-88; Calendrier du jardinier fleuriste, 1732, in-8, etc.

MILLERY, bg de France (Rhône), à 16 kil. S. O. de Lyon; 1600 hab. Excellents vins rouges.

MILLESIMO, bg d'Italie (Piémont), sur la Bermida, à 22 kil. N. O. de Savone; 1200 hab. Bonaparte y remporta une de ses premières victoires sur les Autrichiens, le 14 avril 1796. — Le nom de Millesimo a été donné à une colonie agricole créée en Algérie en 1848, dans le voisinage de Guelma.

MILLEVOYE (Ch. Hubert), poëte français, né en 1782 à Abbeville, m. en 1816, renonça au commerce de la librairie pour cultiver la poésie, concourut plusieurs fois pour les prix de poésie de l'Académie française, et fut couronné pour l’Indépendance de l'homme de lettres, 1806; le Voyageur, 1807; la Mort de Rotrou, 1811; la Mort de Goffin, 1812; Belzunce, etc. Éprouvé par des chagrins d'amour et sentant sa santé profondément altérée, il était retourné dans sa ville natale pour s'y rétablir; mais, ayant été rappelé à Paris par le soin de ses affaires, il y succomba bientôt à une maladie de poitrine : il n'avait que 34 ans. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1822, avec une Notice sur sa vie par M. J. Dumas, et en 1833 (par Pongerville). On y remarque les Plaisirs du poëte, l'Amour maternel, Emma et Éginard, et de belles Élégies. Pressentant sa fin, ce poëte avait chanté lui-même les approches de sa mort dans des vers touchants, tels que l'élégie du Poëte mourant, la Chute des feuilles, la romance Priez pour moi, composée huit jours avant sa mort. On a aussi de Millevoye deux petits poëmes héroïques, Charlemagne à Pavie, en 6 chants, Alfred, en 4 chants, l'un et l'autre en vers de 10 syllabes; et des traductions en vers, assez estimées, des premiers chants de l’Iliade, des Bucoliques de Virgile, et de plusieurs Dialogues de Lucien. Ses Élégies, qui sont restées son principal titre, respirent un sentiment vrai et une douce mélancolie, mais on leur reproche certain abus de la sensibilité.

MILLIN (Aubin Louis), naturaliste et archéologue, né à Paris en 1759, mort en 1818, apprit la plupart des langues modernes dans le but de se livrer aux lettres, puis étudia les sciences naturelles et fut l'un des fondateurs de la société Linnéenne. Arrêté en 1793, il fut sauvé par la révolution du 9 thermidor. Il succéda en 1794 à l'abbé Barthélémy dans la place de conservateur du cabinet des médailles, fut ensuite chef de division dans les bureaux de l'instruction publique, puis professeur d'histoire à l'école centrale de la Seine. Il visita en 1811 l'Italie et la Sicile, et en rapporta de riches matériaux. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, dont plusieurs se ressentent de la précipitation avec laquelle il les rédigeait. Les principaux sont : Discours sur l'origine et les progrès de l'histoire naturelle en France, 1790; Minéralogie homérique, 1790; Antiquités nationales, 1790-98; Éléments d'histoire naturelle, 1794; Introduction à l'étude des monuments antiques, 1796-1811; Monuments antiques inédits, 1802-1804; Histoire métallique de la Révolution française, 1806; Dictionnaire des Beaux-Arts, 1806 (en partie traduit de Sulzer); Description des peintures et des vases dits étrusques, 1808-10; Galerie mythologique, 1811; Voyage dans le midi de la France, 1807; Voyage dans le Milanez, etc., 1817. Il avait fondé en 1792, avec Noël et Warens, le Magasin encyclopédique, journal scientifique dont la collection forme 122 vol. in-8, et il le rédigea jusqu'en 1816.

MILLINGEN (John), archéologue, né à Londres en 1775, m. en 1845, consacra sa vie à la culture des arts et à des voyages scientifiques. Il passa une partie de sa jeunesse à Paris et fut quelque temps attaché à la Monnaie, puis il visita l'Italie, résidant tantôt à Rome, tantôt à Naples ou à Florence. Il a laissé des écrits estimés, dont plusieurs rédigés en français : Peintures inédites de vases grecs, Rome, 1813; Vases grecs de la collection de sir J. Coghill-Bart, Rome, 1817; Monuments inédits de l'art grec dans les principales collections de la Grande-Bretagne, Londres, 1823-26; Monnaies anciennes des cités grecques, 1821-37. Il était depuis 1833 correspondant de l'Académie des inscriptions.

MILLOT (l'abbé), historien, né en 1726, à Ornans en Franche-Comté, m. en 1785, entra jeune chez les Jésuites, professa les humanités dans plusieurs de leurs colléges, puis la rhétorique à celui de Lyon. Ayant encouru la disgrâce de ses supérieurs pour avoir fait dans un de ses écrits l'éloge de Montesquieu, il quitta la Compagnie. L'archevêque de Lyon le nomma un de ses grands vicaires. Après avoir prêché quelque temps sans grand succès, l'abbé Millot entreprit, dans le but d'être utile aux jeunes gens, de rédiger des livres élémentaires d'histoire. Ces ouvrages le firent connaître avantageusement, et il fut appelé en 1768 à une chaire d'histoire au collége de la Noblesse fondé à Parme par le marquis de Felino. En 1778, il fut nommé précepteur du duc d'Enghien. Il avait été reçu à l'Académie française en 1777. Outre des traductions et des discours académiques, on a de lui : Éléments de l'Histoire de France, Paris, 1767-69 (et 1806, avec continuation par Ch. Millon et Delisle de Sales); Éléments de l'Histoire d'Angleterre, 1769 (et 1810, augmentés des règnes de George II et de George III, par Ch. Millon); Éléments d'histoire générale ancienne et moderne, 1772-83; Histoire littéraire des Troubadours, 1774 (cet ouvrage a été fait sur les matériaux rassemblés par Sainte-Palaye); Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV et de Louis XV, rédigés sur les manuscrits du duc de Noailles, 1777. Les histoires de Millot sont écrites avec intérêt et lucidité; mais elles sont empreintes d'un esprit philosophique peu conforme aux principes dans lesquels il avait été élevé : ses Éléments d'Histoire générale sont à l’Index à Rome.

MILLS (Ch.), historien, né près de Greenwich en 1788, m. en 1825, a publié : Hist. du Mahométisme, Londres, 1817, ouvrage bien écrit, mais superficiel; Hist. des Croisades, 1819, ouvrage supérieur au précédent (trad. par M. F. Tiby, 1835); Voyage de Th. Ducas dans différentes contrées de l'Europe à l'époque de la renaissance des lettres, 1823; Hist. de la chevalerie, 1825.

MILLY, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), à 24 kil. E. d'Étampes; 1950 h. Château gothique, assiégé par les Anglais sous Charles VII. Grains, chanvre.

MILO, Melos, île de l'État de Grèce, dans l'Archipel, une des Cyclades méridionales, en face de la Morée, par 22° 5' long. E., 36° 43' lat. N. : 24 kil. sur 16; env. 7000 hab.; ch.-l., Milo. Montagneuse et volcanique, mais fertile; mines de fer autrefois exploitées, soufre, alun, sources minérales. — Cette île, colonisée par les Phéniciens, puis par les Spartiates, fut conquise en 417 av. J.-C. par les Athéniens, qui la saccagèrent et en massacrèrent les habitants. Possédée successivement par les Grecs, par les Romains et les empereurs d'Orient, elle fut réunie au duché latin de Naxos, et enfin soumise par les Turcs; elle était comprise dans le gouvt du capitan-pacha; auj. elle appartient au roy. de Grèce. — La v. de Milo, au S. E., ne compte que 500 hab. Évêchés grec et catholique. Superbe port, nombreuses antiquités : ruines d'un temple et d'un magnifique amphithéâtre en marbre. En 1820, l'amiral Dumont d'Urville y trouva trois Hermès et la célèbre statue connue sous le nom de Vénus de Milo, qui est aujourd'hui au musée du Louvre; en 1836, le prince royal de Bavière y fit exécuter des fouilles, dans lesquelles on découvrit les restes d'un tribunal avec ses siéges; en 1844, on y explora des catacombes chrétiennes, les premières de ce genre qu'on ait trouvées en Grèce.

MILOCH OBRENOWITCH, prince de Servie, né on 1780, m. en 1860, avait d'abord été gardeur de pourceaux. Il se joignit à Czerny-Georges dès 1801 pour secouer le joug des Turcs, fut après la mort de ce chef élu prince de Servie (1817) et se fit confirmer par la Porte. S'étant rendu odieux aux Serbes par son insolence et son despotisme, il fut forcé d'abdiquer en 1839; mais il parvint à ressaisir le pouvoir en 1858 et le laissa en mourant à son fils Michel.

MILON, célèbre athlète, natif de Crotone, vivait au VIe s. av. J.-C. Il fut six fois vainqueur aux jeux olympiques et sept aux jeux pythiques. Il était d’une stature et d’une force prodigieuse : une fois il porta, dit-on, l’espace de 120 pas un bœuf sur ses épaules, puis il le tua d’un coup de poing. Ayant voulu, dans sa vieillesse, fendre avec ses mains, au milieu d’une forêt, un vieil arbre déjà entr’ouvert, les deux parties du tronc se rejoignirent et le retinrent captif : il fut dans cette attitude dévoré par les loups (vers 500). Puget a exécuté une belle statue de Milon.

MILON (T. ANNIUS), Romain célèbre par sa haine contre Clodius, avait épousé la fille de Sylla. Nommé tribun l’an 57 av. J.-C., il contribua puissamment au rappel de Cicéron, que Clodius avait fait exiler. Il brigua le consulat l’an 52 : il allait l’obtenir, quand, se voyant traversé par Clodius, il fit assassiner son rival par ses esclaves à la suite d’une rixe qui s’éleva sur une grande route où les deux ennemis s’étaient rencontrés. Traduit en jugement par ordre de Pompée pour cet acte de violence, il fut défendu par Cicéron ; mais l’orateur, intimidé par la présence des soldats de Pompée et les menaces de la plèbe, ne déploya pas son éloquence habituelle (le discours Pro Milone que nous possédons n’est pas celui qu’il prononça) : Milon, désespérant de sa cause, s’exila volontairement avant que la sentence fût rendue. Il se retira à Marseille et y vécut en paix pendant cinq ans. Irrité de n’avoir pas été rappelé lors de l’avénement de César à la dictature, il rentra en Italie à main armée et chercha à soulever la Campanie, mais il fut frappé mortellement d’un coup de pierre en assiégeant Compsa, 48 av. J.-C.

MILORADOVITCH (Michel, comte de), général russe, né à St-Pétersbourg en 1770, fit toutes les guerres contre les Français de 1812 à 1814. Il se signala par une intrépidité à toute épreuve, ce qui le fit surnommer le Murat russe, mais il ignorait la tactique et affectait de la mépriser. Nommé en 1820 gouverneur de St-Pétersbourg, il fut tué en 1825 en voulant réprimer l’insurrection qui éclata dans cette ville lors de l’avènement de Nicolas I.

MILTIADE, général athénien, conquit Lemnos et les Cyclades, puis fut chargé par ses compatriotes, vers 512 av. J.-C., de conduire une colonie dans la Chersonèse de Thrace, et réussit dans cette difficile mission. Préposé par Darius, lors de son expédition en Scythie, à la garde d’un pont que ce prince avait jeté sur le Danube, il voulait rompre le pont afin de couper la retraite aux Perses et délivrer ainsi les Grecs d’Asie opprimés par Darius ; mais, ses collègues s’étant opposés à l’exécution de ce projet, il se vit obligé de se réfugier à Athènes. Lors de l’invasion en Grèce de Datis et Artapherne, généraux de Darius, il remporta sur eux, l’an 490 av. J.-C., la victoire décisive de Marathon, qui sauva sa patrie ; il obtint pour récompense l’honneur d’être représenté à la tête des généraux, ses collègues, dans un tableau de la bataille peint sur les murs du Pœcile. Il alla ensuite reprendre plusieurs îles de la mer Égée qui s’étaient soumises aux Perses ; mais, ayant échoué devant Paros, il se vit accusé de trahison et fut condamné à une amende de 50 talents (env. 260 000 fr.) ; ne pouvant l’acquitter, il fut jeté dans une prison, où il mourut, dit-on, au bout de peu de temps, d’une blessure qu’il avait reçue au siége de Paros. Il eut pour fils Cimon, qui fut aussi un des plus grands généraux d'Athènes. Cornélius Népos a écrit la Vie de Miltiade. — Selon Hérodote, Miltiade était neveu d’un Athénien nommé aussi Miltiade, qui était devenu roi des Dolonces en Thrace, et il gouverna lui-même ce peuple après son frère aîné Stésagoras.

MILTON (John), célèbre poëte anglais, né à Londres en 1608, m. en 1674, était fils d’un notaire. Il passa sa vie dans l’étude et les voyages jusqu’à la révolution de 1640. Jusqu’alors il ne s’était fait connaître que par des vers latins d’une élégance et d’une harmonie classiques, ou par quelques essais poétiques écrits dans la langue nationale, et remplis d’agrément, l’Allegro, le Penseroso, le Comus (1634), espèce de comédie-féerie ; de ce moment, il se livra tout entier à la politique. Il se jeta avec ardeur dans le parti opposé à la cour, et publia des écrits contre l’épiscopat et sur la réformation ecclésiastique. Au moment où la défaite du roi Charles I enhardissait Cromwell dans ses vues ambitieuses, Milton lança dans le public, sous le titre d’Areopagetica, un livre plein de force en faveur de la liberté de la presse, que ce général voulait déjà réprimer. Cromwell ne l’en nomma pas moins secrétaire-interprète du conseil d’État pour la langue latine, et le choisit plus tard pour son propre secrétaire. Dans ce poste, Milton composa quelques autres écrits où il défendait la cause de la révolution et faisait même l’apologie de la condamnation de Charles I (à laquelle du reste il n’avait contribué en rien) : tels furent l’Iconoclaste (ou le Briseur de portrait), en réponse au Portrait du roi (Eikôn Basilikê), ouvrage attribué au roi Charles, et les deux Défenses du peuple anglais, contre Saumaise. Après la mort de Cromwell, il abandonna la politique, et s’occupa avec ardeur de la composition de ses écrits. Lors du retour des Stuarts, il fut arrêté et emprisonné comme partisan du régicide ; mais il fut sauvé par le poëte Davenant et mis en liberté deux mois après. Il se retira alors dans la solitude, où il vécut pauvre et oublié ; le principal fruit de son loisir est le Paradis perdu, dont il avait conçu l’idée pendant un voyage en Italie ; il était aveugle lorsqu’il le composa ; sa femme et ses deux filles écrivaient, dit-on, sous sa dictée. Il publia ce poëme en 1667 et le vendit à un libraire pour 30 liv. sterl. seulement. Le Paradis perdu fut d’abord accueilli froidement, et Milton mourut sans se douter peut-être de la célébrité que ce poëme devait lui procurer ; ce ne fut guère que 20 ans après sa mort qu’Addison, dans le Spectateur, proclama son génie. Milton a encore composé plusieurs autres écrits sur des sujets et dans des genres tout à fait différents : un Abrégé de l’histoire d’Angleterre, qui ne va que jusqu’à la conquête des Normands ; un Dictionnaire latin ; le Paradis reconquis, poëme en 4 chants, qui fait suite au Paradis perdu, mais qui lui est bien inférieur ; une tragédie de Samson, où il se peint lui-même ; un traité de logique, sous le titre d’Artis logicæ plenior institutio ; des Traités sur l’éducation, sur la Vraie religion, etc. Le poëme du Paradis perdu est aujourd’hui l’orgueil de l’Angleterre, et les plus savants critiques le regardent comme une des plus sublimes productions du génie de l’homme. Sans doute on trouve dans cet ouvrage des suppositions bizarres, de fastidieux détails de géographie et de mythologie, des subtilités de controverse, un trop grand nombre d’expressions techniques et quelquefois d’insipides plaisanteries ; mais ces défauts sont amplement rachetés par des beautés du premier ordre : on y admire des peintures de caractère inimitables, celle de Satan surtout, des discours d’une grande énergie, et même des descriptions d’une ravissante douceur. Les meill. éd. sont celles de Londres, 1749, 3 vol. in-4, et 1753, 2 vol. in-4 ; de Birmingham (par Baskerville), 1760, 2 vol in-8 ; de Glascow, 1770, in-fol. Mis en vers latins par Dobson, 1760, il a passé dans toutes les langues de l’Europe ; il a été plusieurs fois trad. en français : en prose, par Dupré de St-Maur, Boismorand, L. Racine, Luneau de Boisjermain, Salgues, Chateaubriand, 1836, Pongerville, 1838 ; en vers par H. Leroy, Beaulaton, Delille, E. Aroux : la traduction de Delille est sans contredit la meilleure. Les Œuvres complètes de Milton ont été publiées par Todd, Londres, 1801, 6 vol. in-8, et par Fletcher, 1840, un fort vol. in-8. Sa vie a été écrite par Johnson (trad. par Boulard, 1806), et par David Masson, 1859. On doit à M. Villemain un excellent Essai historique sur Milton.

MILVIUS (Pons), auj. Ponte di Molle, pont sur le Tibre, à 2 kil. N. O. de Rome, sur la route d’Étrurie. En avant de ce pont fut donnée la bataille à la suite de laquelle Maxence, vaincu par Constantin, se noya dans le Tibre, en 312. MILWAUKEE, v. des États-Unis (Wisconsin), ch.-l. d'un comté de son nom, sur le bord du lac Michigan, à l'emb. de la riv. de Milwaukee, et à 120 kil. N. de Chicago; env. 40 000 hab. (elle n'en avait pas 1800 en 1840). Université, évêché catholique, nombreuses églises. Chemin de fer pour Chicago, port très-fréquenté. Nombreux paquebots.

MILYADE, Mylias, petit pays de l'Asie-Mineure, ainsi nommé de ses habitants, les Milyes ou Myliens, avait pour v. principale Cibyra. Il fut plus tard compris dans la Lycie. Le nom de Milyade s'entend même quelquefois de la Lycie tout entière.

MIMANSA, nom des deux systèmes orthodoxes de la philosophie hindoue; ils sont conformes aux doctrines émises dans les Védas; ce sont le pourva et le védanta. La philosophie mimansa est la philosophie idéaliste de l'Inde; elle est opposée au sensualisme de Kapila. V. ce nom.

MIME, espèce de comédie chez les anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

MIMIZAN, ch.-l. de c. (Landes), à 65 kil. N. O. de Mont-de-Marsan; 500 hab. Église curieuse; restes d'une voie romaine. Verreries. Anc port, auj. comblé.

MIMNERME, poëte et musicien grec, natif de Colophon, était contemporain de Solon. Il jouait de la flûte et chantait des vers de sa composition. On lui attribue l'invention du vers pentamètre et celle de l'élégie. Il ne reste de lui que quelques fragments, dont le plus considérable, conservé par Stobée dans ses extraits, n'a pas plus de 10 vers. On le trouve dans les Analecta et dans les Poetæ gnomici de Brunck; ils ont été publiés séparément par Bach, Leips., 1826, et par Traner, Upsal, 1833.

MINA (don Francisco ESPOZ Y), fameux chef de partisans en Espagne, né en 1781 dans la Navarre, était d'abord palefrenier. Il se mit en 1809 à la tête d'une bande de guérillas au moment de l'invasion française; entrava, pendant cinq années, les opérations de nos généraux, leur fit éprouver de nombreux échecs et exerça sur nos soldats des actes d'une barbarie atroce. Il fut successivement élevé aux grades de colonel, de brigadier et de maréchal de camp. En 1814, mécontent de l'accueil que lui fit Ferdinand VII, il quitta l'Espagne. Il y rentra lors de la révolution de 1820, reçut des insurgés le titre de capitaine général de la Galice, s'empara de la Catalogne, et tint tête au maréchal Moncey; mais, écrasé par le nombre, il signa en 1823 dans Barcelone une convention honorable, et se retira en Angleterre. Il rentra encore en Espagne en 1834 pour défendre le trône constitutionnel contre les prétentions de don Carlos; mais il mourut deux ans après, des suites de ses blessures. — Son neveu, Xavier Mina, né en 1789, le seconda dans ses guerres contre les Français, puis se retira au Mexique et participa à la révolte contre l'Espagne; mais il fut pris, et fusillé, en 1817, par ordre du vice-roi.

MINARD (Antoine), magistrat du XVIe siècle, né dans le Bourbonnais, débuta au barreau de Paris, devint bientôt avocat général à la cour des comptes, fut chargé par François I, comme président des enquêtes, d'examiner la conduite du chancelier Poyet, et le fit condamner sévèrement, sacrifiant, dit-on, la justice au désir du roi. Il fut en récompense promu président à mortier au parlement; en 1553, il fut choisi pour curateur et conseiller de Marie Stuart. Animé d'un zèle ardent pour l'orthodoxie, il fut chargé par Henri II de faire le procès au conseiller Anne du Bourg, accusé d'hérésie, et continua de siéger malgré les récusations de l'accusé; cette obstination causa sa perte : il fut tué d'un coup de pistolet en sortant du palais, à l'entrée de la nuit (1559). On attribua ce meurtre à un Écossais nommé Robert Stuart. Le parlement rendit à cette occasion l'ordonnance appelée la Minarde, portant qu'à l'avenir les audiences de l'après-midi, depuis la St-Martin jusqu'à Pâques, se termineraient avant la nuit.

MINAS-GERAES, prov. du Brésil, entre celles de Pernambouc et Bahia au N., de St-Paul et Rio-Janeiro au S., de Goyaz à l'O., de Porto-Seguro et d'Espiritu-Santo à l'E.; 975 k. sur 700; env. 1 000 000 d'h. (dont 200 000 esclaves); ch.-l., Villarica (dite aussi Ouro-Preto). Longue chaîne de montagnes du N. au S. (Serras d'Espinaço et das Almas), et de l'E. à l'O. (Serra-Negra). Immenses forêts, sol très-fertile. Très-riches mines de diamants et de pierres précieuses; or, étain, fer, plomb, mercure, antimoine, etc. — Cette province fut détachée en 1720 de celle de St-Paul; elle renferme le district Diamantin.

MINCIO, Mincius, riv. de l'Italie sept., entre la Vénétie et la Lombardie, sort du lac de Garda au S. E., arrose les prov. de Vérone et de Mantoue, et se jette dans le Pô, par la r. g., après 65 kil. de cours. Les bords agréables de cette rivière ont été chantés par Virgile. Les Insubres furent défaits par les Romains sur les bords du Mincius en 197 av. J.-C. Le général Brune força le passage de cette riv. le 25 déc. 1800. Le prince Eugène de Beauharnais défit les Autrichiens sur ses bords, le 8 février 1814. — Le Mincio a donné son nom à un dép. du roy. français d'Italie qui avait pour ch.-l. Mantoue.

MINDANAO, île de: la Malaisie, la plus mérid. des îles Philippines, par 117°-122° long. E., 5°-10° lat. N., est de forme très-irrégulière : elle a près de 400 k. de l'E. à l"O. et une largeur qui varie de 60 à 400 k. ; env. 1 000 000 d'hab. On y distingue 3 parties : l'une aux Espagnols (ch.-l. Samboangan); le roy, indépendant de Mindanao, qui comprend la plus grande partie de la côte occid. : il est gouverné par un sultan et a pour capit. une ville de Mindanao; enfin la confédération des Illanos, pirates très-dangereux, et quelques tribus sauvages. Chaleur intense, que tempèrent les brises de terre; sol très-fertile, produisant maïs, anis, muscade, sucre, indigo. Bétail et animaux sauvages ou féroces; crocodiles. Les indigènes ont de l'analogie avec les Malais.

MINDEN, v. des États prussiens (Westphalie), anc. capit. de principauté, auj. ch.-l. de régence, sur le Weser, à 370 kil. O. de Berlin; 8000 hab. Chapitre métropolitain, société biblique, gymnase, école normale primaire, école d'architecture. Industrie active : draps, toile, savon, tabac, chapeaux, cuirs, etc. Prise en 1759 par les Français; le maréchal de Contades y fut battu la même année par le duc de Brunswick. — La régence de Minden, entre le duché de Brunswick au N., les régences de Munster et d'Arensberg à l'O., la principauté de Waldeck au S., et le Hanovre à l'E., a env. 500 000 hab.

MINDEN (Évêché, puis Principauté de), État formé d'abord par Charlemagne, vers 803, de quelques districts de l'Angrie, reçut d'Othon le Grand en 961 des droits régaliens, qu'étendirent depuis les évêques, et fut érigé en 1332 par Louis de Bavière en duché indépendant. A la paix de Westphalie (1648), l'évêché fut sécularisé et donné, sous le titre de principauté, à l'électeur de Brandebourg en remplacement de la Poméranie, abandonnée à la Suède. La principauté de Minden fut occupée en 1757 par l'armée française, mais évacuée dès 1759. Reconquise en 1806 par Napoléon, elle fit trois ans partie du roy. de Westphalie (1807-1810), puis elle entra presque tout entière dans le dép. des Bouches-du-Weser (1810-1813), qui faisait partie de l'Empire français. Le congrès de Vienne l'a rendue à la Prusse.

MINDORO, une des îles Philippines, au S. de Manille par 118° 4' long. E., 13° 10' lat. N.: 200 kil. sur 100; 30 000 hab. : ch.-l., Calapan. Sol fertile, rivières aurifères. Quelques établissements espagnols.

MINÉIDES, filles d'un Thébain nomma Minée ou Minyas, refusèrent d'assister à la représentation, des Orgies, en soutenant que Bacchus n'était pas fils de Jupiter, et continuèrent à travailler pendant la fête; en punition, elles furent changées en chauves-souris.

MINERBINO, v. de l'Italie mérid. (Terre de Bari), à 32 kil. S. S. O. de Barletta; 7000 hab. Évêché.

MINERVAL, présent ou salaire que, chez les Romains, les écoliers allaient porter chaque année, pendant les fêtes de Minerve, aux maîtres dont ils fréquentaient les écoles. Ces fêtes avaient lieu le XIVe jour des calendes d’avril (19 mars).

MINERVE, Athênê et Pallas chez les Grecs, déesse de la sagesse, des arts et de la guerre, était fille de Jupiter : selon la Fable, elle sortit tout armée du cerveau de ce dieu. Lorsque Cécrops bâtit la capitale de son royaume, Neptune et Minerve se disputèrent l’honneur de donner un nom à la ville nouvelle : cet honneur ayant été réservé à la divinité qui produirait la chose la plus utile à la ville, la déesse créa l’olivier, symbole de paix et d’abondance, tandis que son rival fit sortir de terre un cheval, symbole de guerre ; le prix fut adjugé à Minerve, et elle donna à la ville le nom d’Athènes (qui n’est autre que son propre nom en grec). On raconte que Minerve disputa à Vénus et à Junon, sur le mont Ida, la pomme d’or qui devait être le prix de la beauté ; qu’elle anima l’homme formé par Prométhée du limon de la terre, qu’elle donna à Pandore l’adresse et le don de broder et de coudre ; qu’elle changea Arachné en araignée pour avoir osé lutter avec elle dans l’art de filer, qu’elle institua l’Aréopage pour juger Oreste, etc. Comme déesse de la guerre, elle protège le courage dirigé par l’intelligence et aidé par l’adresse, en opposition avec Mars, qui est le dieu du courage brutal : c’est à ce titre qu’elle favorise les plus grands héros, Hercule, Persée, Bellérophon, Ulysse, qu’elle prend parti pour les Grecs dans la guerre de Troie et qu’elle leur inspire l’idée du cheval de bois. Minerve est en outre la Vierge par excellence (parthénos) ; elle punit les regards indiscrets de Tirésias, en le privant de la vue ; dans les processions, on ne promenait son image que voilée. On représente Minerve vêtue de la tunique spartiate sans manches et recouverte du peplum, avec le casque sur la tête, la poitrine défendue par l’égide, formée de l’écaille d’un reptile monstrueux dont elle délivra la Libye, tenant d’une main une lance et de l’autre un bouclier argolique qui porte la tête affreuse de Méduse (on donne aussi, mais à tort, le nom d’égide à ce bouclier), ayant auprès d’elle une chouette, son oiseau favori, et divers instruments de mathématiques. Les anciens célébraient beaucoup de fêtes en l’honneur de cette divinité ; les plus remarquables étaient les Panathénées chez les Athéniens, les Minervales ou Quinquatries chez les Romains. Elle avait des temples par toute la Grèce : le plus célèbre est le Parthénon d’Athènes, où se trouvait une admirable statue colossale de la divinité exécutée par Phidias en or et en ivoire (elle a été reproduite de nos jours par Simart). Dans les temps les plus anciens, elle avait été représentée par une statue grossière en bois dite Palladium. V. ce mot.

MINERVE, vge du dép. de l’Hérault, à 17 kil. S. de St-Pons ; 400 hab. Ville jadis forte et florissante : Simon de Montfort y fit brûler 4000 hérétiques.

MINESOTA. V. MINNESOTA.

MINEURS (Frères). V. FRANCISCAINS et CORDELIERS.

MINGRÉLIE, l’ancienne Colchide, région du gouvt russe du Caucase, entre le Caucase au N., l’Iméréthie à l’E., la mer Noire à l’O. : 93 kil. sur 78 ; env. 1 000 000 d’hab. ; chef-lieu, Redout-Kaleh. Sol plat et très-fertile. Les Mingréliens sont de même race que les Circassiens et les Géorgiens ; ils sont gouvernés par un prince nommé le dadian, devenu vassal des Russes depuis 1803 ; les habitants sont divisés en trois castes les princes, les nobles et les bourgeois, et les distinctions de classes y subsistent dans toute leur force. Ils ont un évêché grec-russe.

MINHO, Minius, riv. d’Espagne et de Portugal, naît dans la Galice, coule au S. et au S. O., forme depuis Melgaza la limite des deux royaumes, et tombe dans l’Océan Atlantique à la Guardia, à 60 kil. S. O. de Vigo ; cours, 270 kil. Ce fleuve tire, dit-on, son nom du vermillon (minium) qu’on trouve sur ses bords. — Le Minho donne son nom à une province du Portugal, bornée au N. par ce fleuve, qui la sépare de l’Espagne, à l’O. par l’océan Atlantique, au S. par le Douro, qui la sépare de la prov. de Beira,. et à l’E. par la province de Tras-os-Montes, 7344 kil. carrés ; 855 000 hab. ; ch.-l., Oporto. Sol fertile en céréales, fruits, vins ; beaux pâturages.

MINIEH, v. de la Moyenne Égypte, ch.-l. de prov., à 206 kil. S. S. O. du Caire. Filatures de coton à l’européenne ; fabriques de vases pour rafraîchir l’eau. — La prov. de Minieh, entre celles de Beni-Soueyf au N. et de Syout au S., est traversée par le canal de Joseph, qui y joint le Nil ; env. 160 000 hab.

MINIMES, religieux de l’ordre des Franciscains, fondés en 1435 par S. François de Paul. V. ce nom.

MINIUS, rivière d’Hispanie. V. MINHO.

MINNESINGER (c.-à-d. chantre d’amour), nom donné en Allemagne pendant le moyen âge à des poëtes analogues à nos troubadours et à nos trouvères. Ils étaient nobles pour la plupart et vivaient à la cour des princes. L’empereur Frédéric II, l’archiduc d’Autriche Léopold IV, le roi de Bohême Wenceslas, leur accordèrent une protection particulière. Les plus distingués de ces poëtes vécurent à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe. Les plus célèbres sont Henri de Weldek, Ulrich de Lichtenstein, Wolfram d’Eschenbach, Henri d’Ofterdingen, Conrad de Wurzbourg, J. Hadlub. Une collection de leurs chants fut faite au XIVe siècle par Rudger de Menesse ; ils ont été publ. de nouveau à Leipsick, de 1838 à 1856, par Von der Hagen, en 5 vol. in-4.

MINNESOTA, nouvel État de l’Union américaine, au N. de l’Iowa et à l’O. du Wisconsin, est ainsi appelé d’une riv. qui l’arrose, et qui est un des affluents de droite du Mississipi. Il formait précédemment le district des Mandanes. Il a été admis comme Territoire en 1849, et comme État en 1858. Il compte env. 200 000 h. et a pour capit. St-Paul.

MINOA, petite île du golfe Saronique, sur la côte de la Mégaride, était jointe par un pont à Nisée, qui portait elle-même le nom de Minoa. — C’est aussi le nom de quelques villes de Grèce dont une dans l’île de Crète, sur la côte N. et vraisemblablement sur l’emplacement de la ville moderne de La Canée.

MINORQUE, Balearis Minor en latin, Menorca en espagnol, une des îles Baléares, par 1° 31′ 2° 8′ long. E. et 39° 47′ 40° 41′ lat. N., est la 2e en grandeur, et a 53 kil. sur 22 ; 40 000 hab. ; ch.-l., Port-Manon. Côtes échancrées (baies, ports, anses). Sol varié ; climat plus chaud que celui des autres Baléares ; très-peu d’eau douce. Grand commerce de cabotage. — Les Carthaginois firent de bonne heure la conquête de cette île et y fondèrent les villes de Mahon et de Jamnon ; ensuite Minorque passa successivement sous la domination des Romains, des Vandales, des Maures, des Aragonais et des Castillans. Elle tomba au pouvoir des Anglais en 1708, leur fut reprise par les Français en 1756, et rendue en 1763 ; elle revint en 1779 aux Espagnols, à qui la paix de Paris en confirma la possession (1783).

MINOS, roi de Crète et législateur des Crétois, passait pour être fils de Jupiter et d’Europe. Il vint d’Asie s’établir en Crète, et gouverna avec tant de sagesse que les poëtes en ont fait un des juges des Enfers. Il épousa Pasiphaé et en eut un fils nommé Androgée, que les Athéniens firent périr. Il vengea la mort de ce prince en ravageant l’Attique, et en imposant à Égée, roi de cette contrée, un tribut annuel de sept jeunes filles et de sept jeunes garçons, qui devaient être dévorés par le Minotaure. Il fit construire par Dédale le célèbre labyrinthe de Crète pour y enfermer le Minotaure ; plus tard il y enferma Dédale lui-même avec son fils Icare. — Quelques historiens distinguent deux Minos, dont l’un aurait régné vers 1500 av. J.-C., et l’autre vers 1330. C’est ce dernier qui serait le père d’Androgée et le juge des Enfers : il était frère de Rhadamante.

MINOTAURE, monstre de Crète, moitié homme, moitié taureau, né du commerce de Pasiphaé avec un taureau, fut enfermé dans un labyrinthe construit par Dédale, où on le nourrissait de chair humaine (V. l'art. MINOS). Il fut tué par Thésée, qui avait réussi à pénétrer dans le labyrinthe, conduit par le fil d'Ariane. On pense que le prétendu taureau qui engendra le Minotaure n'était autre chose qu'un certain Taurus, général de Minos.

MINOUGAT, v. de Turquie. V. MENDVGHAT.

MINSK, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. de gouvt, sur la Svislotch, à 910 kil. S. O. de St-Pétersbourg; 24 000 hab. Archevêché grec, évêché catholique; synagogue, gymnase. Draps, cuirs, chapeaux. — Minsk a fait jadis partie de la principauté de Polotsk, puis de celle de Smolensk; cette ville était, dans l'anc. roy. de Pologne, le ch.-l. d'un palatinat. Les Russes s'en sont emparés en 1656. — Le gouvt de Minsk a pour bornes ceux de Vitebsk au N., de Volhynie au S., de Mohilev à l'E., de Vilna et de Grodno à l'O. ; 1 200 000 h. Sol plat et assez fertile, arrosé par la Dwina, le Dniéper, le Niémen, le Pripet, la Bérésina et le canal Uginsky; il renferme de vastes marais.

MINTURNES, Minturnæ, auj. Trajetta, v. du Latium méridional, chez les Aurunci, entre Sinuesse et Caiète, près de l'emb. du Liris, qui y formait de vastes marais. Marius vaincu et fugitif se cacha quelques jours dans ces marais, mais il y fut découvert et jeté dans les prisons de Minturnes; toutefois, il parvint à s'en échapper, et s'enfuit en Afrique.

MINUTIUS RUFUS (M.), consul en 221 av. J.-C, soumit l'Istrie. Maître de la cavalerie sous le dictateur Fabius Maximus, il obtint de partager le commandement avec lui, mais il se laissa battre par Annibal, et ne dut son salut qu'à Fabius. Il périt l'année suivante à la bataille de Cannes.

MINUTIUS FÉLIX (M.), orateur chrétien du IIIe s., né en Afrique, vint à Rome et s'y acquit une grande réputation par son éloquence. Élevé dans le Paganisme, il embrassa le Christianisme et en devint un des plus zélés défenseurs. On a de lui un dialogue latin intitulé Octavius, dans lequel il fait disputer ensemble un chrétien de ce nom et un païen. Cet écrit a été longtemps regardé comme étant le VIIIe livre du traité Adversus gentes d'Arnobe; mais F. Baudouin reconnut l'erreur et publia l’Octavius à part, sous le nom du véritable auteur, Heidelberg, 1560. Il a été édité depuis par Gronovius, Leyde, 1709; Rigault, Paris, 1744; Lindner, Langensalza, 1760, et dans la Patrologie de l'abbé Migne; il a été traduit en français par Perrot d'Ablancourt, 1660; par l'abbé de Gouroy (dans les Apologistes chrétiens); par Ant. Péricaud, Lyon, 1825.

MINYEH, v. d’Égypte. V. MINIEH.

MINYENS, nom commun aux habitants d'Iolcos en Thessalie et à ceux d'Orchomène en Béotie. Les premiers le reçurent de Minyas, fils de Chrysès, un de leurs rois; les seconds le prirent, soit parce que leur ville possédait le tombeau de ce Minyas, tombeau qui était une des merveilles de la Grèce antique, soit parce qu'elle avait été bâtie par une colonie des Minyens d'Iolcos, sous la conduite d'Orchomène, un des fils de Minyas. On donne aussi quelquefois le nom de Minyens aux Argonautes, parce que Jason, leur chef, était d'Iolcos. — On doit à Ottfried Muller de savantes recherches sur les Minyens.

MIOLLIS (Alex. Franç.), général français, né à Aix en 1759, m. en 1828, combattit sous Rochambeau en Amérique, commanda les volontaires des Bouches-du-Rhône en 1792, fut fait général de brigade en 1795, se distingua en Italie et fut chargé d'occuper la Toscane après le traité de Campo-Formio. Gouverneur de Mantoue en 1806; il y fit élever un obélisque à Virgile. En 1807, il occupa Rome et l’État ecclésiastique, et il les gouverna jusqu'en 1814. C'est lui qui, en 1809, fit exécuter les ordres rigoureux de Napoléon contre le pape Pie VII.

MIONNET (Théodore), numismate, né en 1770 à Paris, m. en 1842 était fils d'un huissier-priseur. Son père ayant eu fréquemment occasion de vendre des médailles, il se familiarisa de bonne heure avec ces précieux restes de l'antiquité, fut, sur la demande de Barthélemy, attaché au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale, en devint conservateur adjoint et fut admis en 1830 à l'Académie des inscriptions. On lui doit le classement des monnaies antiques de la Bibliothèque et la Description des médailles grecques et romaines, avec leur degré de rareté et leur estimation (6 vol. in-8, 1806-1813, suivis d'un Supplément, 9 vol., 1819-1837); il consacra trente ans à cette pénible tâche : aussi son ouvrage est-il le manuel indispensable de tout numismate.

MIOSSENS, Mille sancti, vge des B.-Pyrénées, à 26 kil. N. de Pau; 300 hab. Anc. ch.-l. d'un comté qui était possédé par la maison d'Albret.

MIOT DE MELITO (André Franç.), homme d'État et écrivain, né en 1762, m. en 1841, fut successivement commissaire des relations extérieures, ministre plénipotentiaire près le grand-duc de Toscane et ambassadeur en Sardaigne, commissaire-ordonnateur des guerres, puis administrateur général de la Corse. En 1806, il suivit à Naples Joseph Bonaparte, comme ministre de l'intérieur; il l'accompagna aussi en Espagne (1809), et rentra avec lui dans la vie privée (1813). Depuis, il se consacra tout entier aux lettres. En 1822, il publia une traduction d’Hérodote, 3 vol. in-8, et en 1838 une traduction complète de Diodore de Sicile, 7 vol. in-8. L'Académie des inscriptions l'avait admis dans son sein en 1835. Il a laissé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1858.

MIQUELETS, guérillas espagnoles qui s'armèrent en 1675 dans les Pyrénées, sur les frontières de la Catalogne et de l'Aragon, pour repousser une invasion des Français commandés par Schomberg, étaient ainsi appelées du nom d'un de leurs chefs, Miquelet de Prats. Louis XIV, pour les combattre, créa sous le même nom 100 compagnies de fusiliers de montagnes, qui faisaient, comme eux, la guerre de partisans.

On appelle aussi Miquelets les habitants des Pyrénées qui font métier de guides dans les montagnes. Napoléon I les organisa en 1808, pour les opposer aux guérillas espagnoles.

MIQUELON, île française de l'Amérique du N., dans le golfe St-Laurent, par 58° 15' long. O., 47° 4' lat. N., près de la côte S. de Terre-Neuve. A la France depuis 1763, sauf pendant les guerres de la Révolution. Cette île et la Petite Miquelon (au S. de la première) forment, avec l'île St-Pierre, une colonie soumise à un seul commandant. V. ST-PIERRE.

MIRABAUD (J. B. de), littérateur, né à Paris en 1675, m. en 1760, entra dans la congrégation de l'Oratoire, en sortit pour faire l'éducation des filles de la duchesse d'Orléans, publia quelques écrits qui le firent recevoir à l'Académie française, et devint en 1742 secrétaire perpétuel de cette compagnie. On a de lui des traductions de la Jérusalem délivrée du Tasse, 1724; du Roland furieux de l'Arioste, 1741; et un livre original, le Monde, son origine et son antiquité, 1751. Le fameux Système de la Nature du baron d'Holbach fut publié sous le nom de Mirabaud peu après sa mort : ce ne pouvait être que par dérision qu'on avait usurpé le nom d'un homme aussi inoffensif. D'Alembert a prononcé l’Éloge de Mirabaud.

MIRABEAU, vge de France (Vaucluse), à 30 kil, S. E. d'Apt, sur la r. dr. de la Durance; 700 hab. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1686.

MIRABEAU (Victor RIQUETTI, marquis de), économiste, né en 1715 à Perthuis en Provence, d'une famille originaire de Florence qui était venue s'établir à Marseille, m. en 1789, se fixa de bonne heure à Paris, s'y lia avec Quesnay, chef de la secte des Économistes, et devint un des plus zélés propagateurs de cette doctrine; il en rassemblait les partisans chez lui tous les mardis. Il publia nombre d'écrits dans lesquels il prêchait la philanthropie et la liberté; il n'en fut pas moins le tyran an sa famille : il se montra aussi mauvais père que mauvais époux, obtint de la condescendance des ministres 54 lettres de cachet contre les siens, et fatigua les tribunaux de procès scandaleux. Il eut pour fils le célèbre orateur Mirabeau, dont il semblait craindre la supériorité et avec lequel il fut sans cesse en guerre ouverte. Ses principaux écrits sont : l'Ami des hommes, 1755; Théorie de l'impôt, 1760 (cet ouvrage le fit mettre à la Bastille et lui procura quelque vogue) ; Philosophie rurale, avec Quesnay, 1764; les Économiques, 1769; Lettres économiques, 1770; les Droits et les Devoirs de l'homme, 1774; Lettres sur la législation ou l'Ordre légal dépravé et rétabli, 1775. Ses ouvrages, écrits dans un style emphatique et obscur, ont été justement appelés l’Apocalypse de l'Économie politique.

MIRABEAU (Gabriel Honoré RIQUETTI, comte de), le plus grand orateur de la Révolution française, fils du précédent, né en 1749 au Bignon, près de Nemours, manifesta dès l'enfance une intelligence extraordinaire, mais eutune jeunesse très-orageuse et fut, sur la demande de son père, enfermé à Vincennes en 1777 pour rapt et adultère (V. MONNIER). Après avoir passé quelques années à l'armée, à laquelle il avait d'abord été destiné, il commença vers 1784 à s'occuper de politique. Il visita Londres, fut chargé d'une mission secrète en Prusse par le ministre Calonne (1787), et publia divers écrits qui le firent assez avantageusement connaître pour que le tiers état de la ville d'Aix le choisît pour représentant aux États généraux de 1789. Il apporta dans cette assemblée, avec la fougue des passions de sa jeunesse, les connaissances profondes de l'âge mûr. Bientôt il domina tous les orateurs, et devint le centre autour duquel se réunit tout ce qu'il y avait de fort et d'illustre dans le tiers état. C'est lui qui décida la Révolution en supposant, après la séance royale du 23 juin 1789, à ce que les députés du tiers état votassent séparément des deux autres ordres : on connaît la vive apostrophe qu'il adressa, en cette circonstance, au grand maître des cérémonies, M. de Dreux-Brézé (V. ce nom). Il prononça une foule de discours éloquents, qui lui valurent le surnom de Démosthène français; on remarque surtout son adresse au roi pour le renvoi des troupes campées à Versailles, ses discours sur la banqueroute, sur la constitution civile du clergé, sur la sanction royale, sur le droit de paix et de guerre, et sa réponse à l'abbé Maury sur les biens ecclésiastiques. Après s'être montré le plus audacieux réformateur et le plus dangereux adversaire de la cour, Mirabeau se rapprocha de la royauté (3 juillet 1790); il s'était, dit-on, laissé gagner par l'or de Louis XVI; mais, s'il est vrai qu'il ait reçu des sommes considérables, il ne l'est pas moins qu'il agissait alors avec conviction, prévoyant une catastrophe imminente. Quoiqu'il en soit, cette conduite lui fit de nombreux ennemis; et déjà sa popularité commençait à être ébranlée, lorsqu'il succomba tout à coup le 2 avril 1791, aux fatigues de sa vie orageuse. Ses restes furent conduits en grande pompe au Panthéon; deux ans plus tard la populace les exhuma pour les jeter au vent. Mirabeau a composé des ouvrages de genres très divers. Les premiers, fruits des écarts de sa jeunesse, ne sont guères que des écrits licencieux : on connaît surtout ses Lettres à Sophie (marquise Monnier). A son retour de Prusse il publia en 1788 la Monarchie prussienne; mais son principal titre se trouve dans ses Discours. On a publié en 1819 les OŒuvres oratoires de Mirabeau, avec une notice par M. Barthe, 3 vol. gr. in-8; il en a paru en 1825 une édit. plus compl. en 9 vol. in-8. Ses Mémoires biographiques ont été publiés par Lucas de Montigny, son fils adoptif, avec notice par V. Hugo, en 8 v. in-8 (2e édit. 1841). — Une précieuse Correspondance de Mirabeau avec le comte de La Marck (de 1789 à 1791) a été publ. par M. Ad. de Bacourt, 1851, 3 v. in-8. — Mirabeau eut un frère puîné, le vicomte de M., qui suivit la carrière militaire et fut aussi député aux États généraux; mais ce frère n'était guère remarquable que par son excessif embonpoint, ce qui le fit surnommer Mirabeau-Tonneau. Il suivit le parti de la cour, émigra, et mourut en 1792 à Fribourg en Brisgau.

MIRADOUX, ch.-l. de c. (Gers), à 14 kil. N. E. de Lectoure; 1800 hab.

MIRAMBEAU, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 14 kil. S. O. de Jonzac; 3000 hab. Chevaux, mulets.

MIRAMION (Marie BONNEAU, dame de), née à Paris en 1629, morte en 1696, avait épousé un conseiller au Parlement de Paris. Elle fonda la maison de refuge dite de Ste-Pélagie pour les femmes débauchées, et institua en 1661 sous le nom de la Ste-Famille une communauté de douze filles pour instruire les jeunes personnes et pour soigner les malades. Cette congrégation prit le nom de Miramiones; elle a laissé son nom à un port de Paris, quai de la Tournelle (vulgairement dit aujourd'hui port du Mail).

MIRAMOLIN, pour emir-al-moslemin. V. ÉMIR.

MIRAN-CHAH (Mirza-Moez-Eddyn), 3e fils de Tamerlan, fut nommé en 1380 gouverneur du Khoraçan, acheva de soumettre cette province, se distingua ensuite à la prise de Bagdad, vainquit le sultan Djelaïr, pénétra jusqu'à Bassora, et reçut de son père la souveraineté des pays qu'il venait de soumettre. Il fut détrôné en 1406 par un de ses fils, Mirza Aboubekr, et périt en 1408 à Kara-Yousouf dans une bataille contre ce fils.

MIRANDA, Continum Lusitanorum, v. de Portugal (Tras-os-Montes), sur le Duero, à 54 kil. S. E. de Bragance; 7000 hab. Anc. évêché, auj. réuni à celui de Bragance.

MIRANDA-DE-EBRO, Deobriga, v. d'Espagne (Burgos), à 80 kil. N. E. de Burgos, sur l'Èbre; 2400 hab. Belle place, beau pont, vieux château fort.

MIRANDA (François), général, né à Caracas vers 1750, fut obligé de quitter sa patrie pour avoir conspiré contre le vice-roi espagnol, vint à Paris en 1791, se lia avec le parti républicain, et prit du service dans l'armée de Dumouriez. Après la défection de ce général, il fut traduit au Tribunal révolutionnaire et acquitté; accusé une 2e fois pour ses liaisons avec les Girondins, il fut condamné à la déportation. De retour dans l'Amérique méridionale, il fit insurger le Vénézuela contre la métropole, 1811, et organisa un gouvernement républicain à Caracas; mais, après quelques succès, il fut fait prisonnier; il mourut en 1816 dans les prisons de Cadix.

MIRANDE, ch.-l. d'arr. (Gers), sur la Baïze, à 25 k. S.O. d'Auch; 2532 hab.Trib. de 1re inst. Coutellerie. Commerce de blé, vin, eau-de-vie, cuirs, laines. Bâti en 1289 par Centule, comte d'Astarac; jadis fortifié.

MIRANDOLE (La), Mirandola, v. d'Italie, dans l'anc. duché de Modène, à 28 kil. N. E. de Modène, sur la Burana; 8200 hab. Évêché. Soieries, toile; vins, riz, chanvre, lin. Jadis capitale d'un duché et ville forte; démantelée après 1746. Plusieurs fois prise et reprise, notamment en 1511 par le pape Jules II, et en 1707 par les Impériaux, qui en 1711 la vendirent au duc de Modène. Patrie du fameux Pic de La Mirandole.

MIRBEL (Ch. Fr. BRISSEAU-), botaniste, né à Paris en 1776, m. en 1854, débuta par des cours à l'Athénée, rédigea, pour faire suite au Buffon de Sonnini, l’Histoire naturelle des plantes (1802 et ann. suiv.), dirigea, sous l'Empire, les jardins de la Malmaison, fut admis à l'Académie des sciences en 1806, et chargé bientôt après de la chaire de botanique à la Faculté des sciences; fut, sous le ministère de M. Decazes, secrétaire général du ministère de la police, puis de l'intérieur, mais retourna, après la chute de ce ministère, à ses études scientifiques. Outre l’Hist. naturelle des plantes, on a de lui un Traité d'anatomie et de physiologie végétales, 1802; des Éléments de physiologie végétale et de botanique, 1815, fort estimés, un grand nombre de Mémoires dans le recueil de l'Académie des sciences, et les articles de botanique du Dictionnaire des Sciences naturelles.

MIRBEL (Lisinska RUE, dame), miniaturiste, femme du précéd., née à Cherbourg en 1799, morte en 1849, se distingua à la fois par la finesse du dessin, l'expression et la couleur, et mérita d'être nommée sous la Restauration peintre miniaturiste du roi. Elle a fait le portrait de Louis XVIII et d'un grand nombre de personnages importants de l'époque. Mme Mirbel apporta dans l'art de peindre la miniature une modification importante : elle lui donna quelque chose de la vigueur de l'huile en abandonnant le pointillé jusqu'alors en usage. Son modelé est très-fini et sa couleur très-brillante.

MIREBALAIS, anc. pays de France, dans le petit gouvt de Saumur, renfermait Mirebeau et Moncontour. — C'est aussi le nom d'une v. d'Haïti, ch.-l. d'arr., sur la r. g. de l'Artibonite, à 40 kil. N. E. de Port-Républicain.

MIREBEAU, Mirabellum, ch.-l. de c. (Vienne), à 26 k. N. O. de Poitiers; 1800 hab. Vins, blés, laines, etc. – Anc. capit. du Mirebalais, bâtie en 1030 par Foulques Nerra, comte d'Anjou. Arthur de Bretagne y fut défait et pris par Jean sans Terre.

MIREBEAU-SUR-BÈZE, ch.-l. de c. (Côte-d'Or), à 24 k. N. E. de Dijon; 1200 hab. Serges, droguets, chapellerie, poteries. Château construit sous François I.

MIRECOURT, Mercurii Curtis, ch.-l. d'arr. (Vosges), sur la r. g du Madon, à 29 kil. N. d'Épinal, et à 344 kil. S. E. de Paris; 5684 h. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége, école normale, bibliothèque. Dentelles, tannerie, chamoiserie; fabriques renommées d'instruments de musique (violons, basses, guitares, orgues, serinettes, vielles, etc.). Commerce de vins, eaux-de-vie, moutons. — Fortifiée au XVe siècle, elle appartenait alors aux comtes de Vaudemont. La Hire s'en empara pour Charles VII. Le maréchal de Créqui en rasa les fortifications en 1670.

MIREMONT, bourg du dép. du Puy-de-Dôme, à 40 kil. O. de Riom; 1500 hab. Anc. commanderie de St-Jean-de-Jérusalem.

MIREPOIX, Mirapicium, ch.-l. de c. (Ariége), à 24 kil. E. N. E. de Pamiers, sur la r. g. du Lers ; 4060 hab. Ancien évêché, créé en 1318, supprimé par le Concordat de 1801. Fabriques de gros draps; filature hydraulique; commerce de volailles, céréales, bestiaux. Restes d'un château fort; belle église paroissiale, jolies promenades, vaste hôpital, beau pont en pierre. Aux environs, fer, jayet, houille. — Mirepoix était jadis la capit. du pays de Mirepoix (Mirapicensis pagus), compris dans le Ht-Languedoc (auj. dans l'O. du dép. de l'Aude et le N. E. de celui de l'Ariége); elle avait été érigée en marquisat au XIIIe s. Dans la guerre des Albigeois, les Croisés la prirent, en 1200, sur le comte de Foix, et la donnèrent à Guy de Lévis, dans la maison duquel le marquisat de Mirepoix est resté jusqu'en 1789.

MIREPOIX (Guy DE LÉVIS, marquis de), guerrier du XIIe siècle, tige de la famille de Lévis, accompagna Simon de Montfort, chef de la croisade contre les Albigeois. Il reçut lui-même les titres de maréchal de l'armée des Croisés et de maréchal de la Foi, qu'il transmit à ses descendants, et obtint pour prix de ses exploits la terre de Mirepoix avec plusieurs autres. Il mourut vers 1230. — Guy de Lévis III, seigneur de M., petit-fils du précéd., suivit Charles d'Anjou dans son expédition de Naples, et se distingua au combat de Bénévent livré à Manfred en 1266. De retour en France, il obtint, par arrêt du parlement de Toulouse, le maintien de la prérogative de juger les délits d'hérésie dans toute l'étendue de ses fiefs. — Gaston François de Lévis, marquis, puis duc de M., maréchal de France, servit avec distinction en Italie, fut, en récompense, promu successivement aux grades de maréchal de camp et de lieutenant général, remplit d'importantes missions à Vienne et à Londres, et reçut en 1751 le bâton de maréchal. Il remplaça en 1756 le maréchal de Richelieu dans le gouvt du Languedoc, et mourut à Montpellier en 1757.

MIRIBEL, bg de France (Ain), à 13 kil. N. E. de Lyon, sur la r. dr. du Rhône et sur la grande route de Lyon à Strasbourg; 2000 hab. Marchés fréquentés.

MIRKHOND (Mohammed), historien persan, né en 1433, m. en 1498, fit dès sa jeunesse une étude profonde de l'histoire. Protégé par Al-Chyr, visir de Hocéin-Bahadour, souverain du Khoraçan et du Mazandéran, il s'enferma dans un monastère de Hérat, et y rédigea, sous le titre de Rouzat al safa (jardin de la pureté), une espèce d'encyclopédie de l'histoire orientale, qui, remontant jusqu'à la création, contient l'histoire des patriarches, des prophètes, des anciens rois de Perse, de Mahomet et de ses successeurs, des dynasties turques, tartares, etc. Cet ouvrage n'a pas été traduit en totalité, mais il en a été donné, soit en français, soit en latin, des parties importantes, entre autres : l’Histoire des rois de Perse sassanides, trad. par Sacy, 1793; l’Hist. des Thahérides et des Soffarides, trad. par Ienisch sous ce titre : Historia priorum regum Persarum post natum islamismum, Vienne, 1792; l’Hist. des Samanides, mise en latin par Fréd. Wilken, Gœttingue, 1808; l’Hist. des Seldjoucides, publ. par Vullers, Giessen, 1838; l’Hist. des Gaznévides, mise en lat. par le même, 1832, et trad. en français par Frémery, 1845; l’Hist. de Gengis-Khan, par Ad. Langlès (tome V des Notices et Extraits); l’Hist. des Ismaéliens de Perse ou Assassins, trad. par Jourdain (tome IX des Notices). Mirkhond eut pour fils Khondemir, qui lui-même fut un grand historien.

MIR-MAHMOUD ou MAHMOUD-CHAH, souverain de la Perse, de la dynastie des Afghans, était fils de Mir-Weiss, intendant du Candahar pour les sophis. A l'âge de 18 ans (1716), il poignarda Abd-el-Aziz, son oncle, successeur de son père Mir-Weiss, et se mit à sa place. Profitant de l'anarchie qui régnait en Perse, il attaqua Ispahan en 1722, s'en empara après une grande victoire, détrôna le sophi Hocéin et prit le titre de chah. Il soumit d'abord toute la Perse; mais, ayant éprouvé quelques revers, il tomba dans uns sorte de folie; les Afghans le déposèrent alors (1725), et mirent sur le trône Aschraf, fils d'Abd-el-Aziz, qui, pour venger son père, lui fit trancher la tête.

MIRMIRAN, corruption d’emir-al-omra. V. ÉMIR.

MIROMÉNIL (Armand HUE de), garde des sceaux, né en 1723, m. en 1796; était président du parlement de Rouen lors des changements apportés par le chancelier Maupeou dans la magistrature et fut exilé pour s'y être opposé. Il se lia avec Maurepas, qui, devenu premier ministre, lui fit confier les sceaux (1774). Il travailla à la réintégration des parlements, fit abolir la question et la torture, 1780, et montra en toute occasion de la sagesse et de la modération. Il fut renversé en 1787 par la cabale de Brienne, pour avoir appuyé les plans de Calonne.

MIRON, famille illustre dans la médecine et la magistrature, a fourni des médecins à plusieurs de nos rois. Gabriel M., professeur de médecine à Montpellier, fut 1er médecin de Charles VIII en 1489. — Un autre Gabriel M., médecin de Louis XII et de François Ier, est auteur d'un livre de Regimine infantium, Tours, 1544, 1553, in-fol. — François M., fils du préc., médecin ordinaire de Charles IX et de Henri III, a laissé une Relation curieuse de la mort du duc de Guise et du cardinal son frère. — François M., m. en 1609, cousin du préc., fut lieutenant civil et prévôt des marchands sous Henri IV. Paris lui doit une partie de ses embellissements, entre autres la façade de l'hôtel de ville, pour la construction de laquelle il abandonna ses appointements. On voit auj. sa statue sur cette façade. — Son frère, Robert M., fut aussi prévôt des marchands, présida le tiers état aux États généraux de 1614, s'y distingua par son éloquence mâle et patriotique, fut ensuite ambassadeur en Suisse, intendant en Languedoc, et mourut en 1641.

MIROUT, en anglais Meerut, v. de l'Inde anglaise, ch.-l. de district, sur le Kalli-Neddi, à 45 k. N. E. de Delhi. Ville autrefois importante, prise en 1018 par Mahmoud le Gaznévide; en 1399, par Timour, qui la ruina. C'est auj. une station de troupes anglaises : c'est là qu'éclata en 1857 l'insurrection des troupes indigènes contre les Anglais.

MIRVELT, peintre. V. MIEREVELT.

MIR-WEISS, chef d'une tribu afghane, intendant du Candahar pour les sophis de Perse, se rendit indépendant en 1709 et se maintint contre les troupes envoyées par la cour d'Ispahan. Il mourut en 1715.

MIRZA, prince de Perse. V. ABBAS-MIRZA.

MIRZAPOUR, v. de l'Inde anglaise (Bengale), ch.-l. de district, sur la r. dr. du Gange, à 52 k. O. S. O. de Bénarès et à 90 kil. S. E. d'Allababad; plus de 100 000 hab. Beaucoup de pagodes. Tapis, forges; opium, indigo. Très-grand commerce (c'est l'entrepôt des soies et des cotons de l'Inde anglaise). — Le district est très-fertile et compte 1 000 000 d'hab.

MISCHNA (la), collection des lois civiles et des traditions rabbiniques des Hébreux. Les Juifs prétendent que Moïse, en recevant sur le mont Sinaï, les tables du Décalogue, reçut de Dieu d'autres lois, que les docteurs de la synagogue conservèrent par tradition, jusqu'à ce que le rabbin Judas, dit le Saint, craignant de voir la tradition s'altérer par l'effet de la dispersion des Juifs, les écrivit et en fit un code. La Mischna paraît avoir été écrite au IIe s. de J.-C. à Tibériade; elle forme la 1re partie du Talmud.

MISÈNE, Misenus mons, en italien Miseno, montagne située sur la côte O. de l'Italie, à 15 kil. S. O. de Naples, forme l'extrémité du golfe de Naples et fait saillie vis-à-vis de l'île de Procida. Selon Virgile, ce lieu tirait son nom d'un compagnon d'Énée, qui y avait été enseveli. La ville de Misène, située en ce lieu, servit de station à une flotte d'Auguste. Ruines de l'ancien port.

MISITHÉE, beau-père de l'emp. Gordien III, fut préfet du prétoire pendant le règne de ce jeune prince, gouverna avec sagesse, repoussa les Parthes et mérita d'être surnommé le Gardien de la République. Il mourut en 243 : on soupçonna Philippe l'Arabe, qui le remplaça dans ses fonctions de préfet du prétoire, d'avoir abrégé ses jours.

MISITRA. V. MISTRA.

MISIVRI, Mesembria, v. et port de la Turquie d'Europe (Bulgarie), à 28 kil. N. E. de Bourgas. Évêché du rit. grec. C'est là que mouillaient les flottes byzantines.

MISKOLCZ, v. des États autrichiens (Hongrie), ch.-l. du comitat de Borschod, à 135 kil. N. E. de Bude ; 30 000 hab. Gymnase catholique dit des Franciscains; gymnase réformé. Vins très-recherchés.

MISNIE, Meissen en allemand, un des cinq anciens cercles du roy. de Saxe, est bornée au N. et à l'E. par les États prussiens, au S. E. par la Bohême, au S. O. et à l'O. par les cercles de l'Erzgebirge et de Leipsick : 70 kil. de l'E. à l'O., 144 du N. au S.; 336 000 hab.; ch.-l., Dresde (capitale de tout le roy.); autres places principales, Meissen, Pillnitz, Pyrna, Grossenhayn, Schandau. Sol très-varié : montueux au S., plat ailleurs; très-fertile aux environs de Meissen, aride sur quelques points. Manufactures de draps, lainages, chapeaux, papier, faïence, porcelaine, etc. Mines de fer, houille, vitriol, étain, etc. — La Misnie, dont le nom vient de Meissen, sa capitale primitive, a été originairement un margraviat particulier, et ensuite une des parties intégrantes des possessions de l'électeur de Saxe. Ses limites ont beaucoup varié, et il fut un temps où elle comprenait l'Osterland et la Thuringe. Dans les trois derniers siècles, elle formait à peu près la totalité du roy. actuel de Saxe et quelques districts de la prov. prussienne de même nom. — Le margraviat de Misnie remonte à 980. En 1127 commença la dynastie des margraves héréditaires : c'est alors que cette maison, appelée d'abord Maison de Wettin, d'un comté qu'elle possédait, reçut le nom de Maison de Misnie. Elle changea ce titre pour celui de Maison de Saxe lorsque, à l'extinction de la branche albertine, issue de la ligne puînée de la maison d'Ascanie, l'électorat de Saxe devint vacant (1422). V. SAXE.

MISRAIM ou MESRAÏM, fils de Cham et petit-fils de Noé, régna vers l'an 2200 av. J.-C. sur l’Égypte, qui dans l'Écriture porte le nom de Terre de Misraïm.

MISSERGHIN, vge de l'Algérie, à 15 kil. O. d'Oran, au bord de la Sebkha. Colonie établie en 1845; orphelinat dirigé par le P. Abram; établissement du Bon-Pasteur pour les filles repenties.

MISSI DOMINICI (c.-à-d. Envoyés du maître), hauts commissaires qui étaient envoyés dans les provinces pour inspecter la conduite des ducs et des comtes, et pour juger en dernier ressort des cas d'appel dévolus au roi. Ces commissaires avaient été institués et organisés par Charlemagne. L'Empire était divisé en circonscriptions appelées Missatica (au nombre de 10 sous Charlemagne, de 12 sous Charles le Chauve); chacune était visitée en janvier, avril, juillet et octobre par deux Missi (un comte et un évêque ou abbé) qui représentaient l'empereur. Ce puissant moyen d'administration fut abandonné sous les derniers successeurs de Charlemagne. On doit à Fr. de Roye une dissertation De Missis dominicis, Angers, 1672.

MISSIESSY (le comte BURGUES de), marin français, né en 1754 à Quiès (Var), m. en 1832, se distingua dans la guerre de l'indépendance américaine, publia des ouvrages estimés sur les signaux des armées navales, fut nommé contre-amiral en 1793, commanda en 1800 l'escadre de Rochefort, porta secours aux possessions françaises d'Amérique, débloqua St-Domingue, mit à contribution la Dominique et St-Christophe et organisa l'escadre de l'Escaut en 1808.

MISSINIPI, riv. de l'Amérique du Nord, dans la Nouv.-Bretagne, sort du lac Methy, traverse les lacs Buffalo et de l'Ours, coule à l'E., puis au N. E., et tombe dans la baie d'Hudson, par 54° lat. N., à Port-Churchill, après un cours d'env. 1000 kil.

MISSION (Prêtres de la). V. LAZARISTES.

MISSIONNAIRES, zélés prédicateurs qui, à l'exemple des apôtres, vont répandre la foi parmi les infidèles ou les hérétiques. En 1622, Grégoire XV, voulant régulariser les travaux des missionnaires, qui jusqu'alors avaient agi isolément, fonda à Rome la congrégation de la Propagande, Peu après, deux établissements furent formés en France dans le même but : en 1625, celui des Prêtres de la Mission, dits Lazaristes (V. ce mot), en 1663 celui des Missions étrangères. Ce dernier, fondé à Paris par le P. Bernard de Ste-Thérèse, recevait des religieux de tous les ordres pour les préparer aux travaux apostoliques : c'est de là que sortirent les PP. J. B. Régis, Parennin, Charlevoix et les Jésuites fondateurs du Paraguay. L'Inde, la Chine, le Japon, la Cochinchine et le Tonquin, le Nouveau-Monde et les îles de l'Océanie, offrirent à leurs travaux un vaste champ; et, bien que souvent leur zèle leur ait coûté la vie, leurs efforts furent plus d'une fois couronnés de succès. En 1822 fut fondée à Lyon l’Association pour la propagation de la foi, qui ranima le zèle des missionnaires. — Les Protestants, surtout en Angleterre, ont voulu avoir aussi leurs missionnaires; mais ceux-ci n'ont jamais approché du zèle et du dévouement des missionnaires catholiques : leur tâche consiste principalement à distribuer la Bible et à la traduire; ils joignent le plus souvent à leur mission religieuse des soins politiques et commerciaux. Un bill de 1647 autorisa en Angleterre la première société de missionnaires protestants. Les États-Unis d'Amérique ont, depuis 1810, rivalisé avec les missionnaires anglais. Les Frères Moraves se sont également signalés dans cette carrière, surtout par leurs efforts pour convertir les noirs.

MISSIONS, nom donné particulièrement à des établissements coloniaux formés par les missionnaires catholiques de l'Amérique, sur les confins des pays vraiment soumis aux Européens et des contrées indépendantes. On doit ces Missions à 4 congrégations différentes : les Franciscains, les Dominicains, les Jésuites et les Prêtres des Missions étrangères. Les plus célèbres ont été : 1° les Sept-Missions de la province de San-Pedro au Brésil (XVIIIe siècle) : elles soumirent beaucoup de tribus de Guaranis au protectorat du Portugal; 2° le Dictrict des Missions ou Réductions du Paraguay, à la droite du Parana : il comprit tout le Paraguay actuel; les Jésuites y étaient presque souverains, et déjà ils étaient parvenus à civiliser les indigènes, quand l'Espagne céda ces établissements au Portugal, en 1750; l'Espagne les recouvra en 1761, mais ils ne se relevèrent qu’incomplétement; 3° enfin, les Missions péruviennes : celles-ci ont soumis à la couronne d'Espagne la vaste province de Maynas (auj. dans la Nouvelle-Grenade), qui était limitrophe de la Pampa del Sacramento et s'étendait jusque vers l'Ucayal (XVIIe et XVIIIe siècles). — Il y avait aussi des missions, mais moins importantes, dans la Californie, la Guyane, aux Antilles, etc.

MISSISSIPI (le), appelé par les Natchez Meschacébé (c.-à-d. la Mère des eaux), grand fleuve de l'Amérique septentrionale, sort du lac d'Itasca par 97° 28' long. O. et 47° 40' lat. N., coule au S. et traverse les États-Unis en arrosant plusieurs États : ceux de Missouri, d'Arkansas, d'Illinois, de Kentucky, de Tennessee, de la Louisiane, du Mississipi, baigne les villes de St-Louis, Natchez, Bâton-Rouge, reçoit entre autres affluents le Missouri (plus grand que lui), l'Arkansas, l'Ohio, la Rivière-Rouge, l'Illinois, le Ouisconsin, etc.; forme ensuite le Delta du Mississipi, et tombe dans la. mer du Mexique près de la Nouv.-Orléans, par 29° 6' lat. N. Sa largeur ordinaire, depuis qu'il a reçu le Missouri, varie de 1600 à 3000m; sa longueur totale, y compris les détours, est de près de 6000 kil. Il subit de grandes crues au printemps et en été. — L'Espagnol Ferdinand de Soto découvrit en 1541 l'embouchure du bras principal du Mississipi; les Français Jolliet et Marquette, partis de Québec en 1673, le descendirent jusqu'au confluent de l'Arkansas; La Salle le parcourut tout entier et le nomma St-Louis, comme il avait appelé Louisiane le pays que traverse le fleuve.

MISSISSIPI, un des États-Unis de l'Amérique septentrionale, borné par les États de Tennessee au N., d'Alabama à l'E., l'Arkansas à l'O., la Louisiane et le golfe du Mexique au S. : 600 kil. sur 250; 800 000 h. (dont 400 000 esclaves) ; ch.-l., Jackson. Outre le Mississipi, qui le borne à l'O. et lui donne son nom, il est arrosé par plusieurs autres riv. (Yaroo, Pascagoula, etc.) et contient des lacs au S. Climat doux; sol généralement riche et fertile : céréales, fruits, arbres de toute espèce, d'une grandeur gigantesque. Industrie en progrès. — La France possédait jadis cette contrée et y forma un 1er établissement en 1716; elle la céda en 1763 à l'Angleterre, qui elle-même, en 1783, la céda aux États-Unis. En 1798, cette contrée fut érigée en territoire, sous le nom de Mississipi. Enfin, en 1817, ce territoire, accru par l'acquisition d'une partie du pays des Chactas, fut partagé en deux et forma l’État du Mississipi à l'O., et le territoire d'Alabama à l'E. Sa constitution actuelle date de 1832. Dans la guerre civile de 1861, cet État s'est rangé au nombre des États séparatistes.

MISSOLONGHI, v. du roy. de Grèce (Hellade occid.), ch.-l. de la nomarchie d'Étolie, à l'entrée du golfe de Patras, à 34 kil. O. de Lépante. Assiégée en 1822 par les Turcs, cette place fut défendue héroïquement par Marco Botzaris; mais elle fut prise en 1826 après un nouveau siége d'un an (Noto Botzaris, qui commandait, se fit sauter avec la garnison). A. Fabre a écrit l’Hist. du siége de M., 1826.

MISSON (Maximilien), écrivain protestant, était conseiller au parlement lors de la révocation de l'édit de Nantes (1681). Ayant perdu son emploi, il se réfugia en Angleterre et fit l'éducation d'un jeune seigneur, avec lequel il voyagea en Allemagne et en Italie. Il mourut en 1721. On a de lui : Nouveau voyage d'Italie, La Haye, 1702, ouvrage hostile au St-Siége et qui fut mis à l'index à Rome; le Théâtre sacré des Cévennes, ou Récit des prodiges arrivés dans cette partie du Languedoc, Londres, 1707.

MISSOURI, grande rivière de l'Amérique du Nord, naît vers 45° 10' lat. N. et 112° long. O., dans les montagnes Rocheuses, où il se forme de la réunion du Jefferson, du Madison et du Gallatin, coule au N. (jusqu'aux Grandes-Cataractes), puis à l'E., au S., au S. E.; baigne les districts des Mandanes et des Sioux, puis l'État de Missouri, et va s'unir au Mississipi par 38° 52' lat. N. et 92° 20' long. O., après un cours d'env. 7000 kil. Le Missouri est beaucoup plus long que le Mississipi et roule un plus grand volume d'eau lorsqu'il le rencontre. Il est navigable sûr plus de 4000 kil. Ses principaux affluents sont : à droite, le Yellow-Stone, le Petit-Missouri (qui naît par 45° lat. N., 106° long. O., et coule au N. E.), la Chayenne, la White-River (riv. blanche), la Rapide, la Platte, le Kansas et l'Osage; à gauche, la Maria, le Milk-River, le White-Earth-River (riv. de la terre blanche), le Yankton, le Sioux et la Grande-Rivière. Son cours entier n'est bien connu que depuis 1806, grâce à l'expédition de Lewis et Clarke.

MISSOURI, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, borné au N. par l'Iowa, à l'O. par le territoire indien, à l'E. par l'Illinois, le Kentucky et le Tennessee, au S. par l'Arkansas; 700 kil. sur 500; 173 000 hab., dont env. 100 000 esclaves; ch.-l., Jefferson. Sol plat ou légèrement ondulé au N., montagneux ailleurs (monts Ozark), arrosé par plusieurs rivières, le Missouri, le Mississipi et quelques-uns de leurs affluents; plusieurs lacs. Froment, maïs, seigle, avoine, orge, houblon, fruits; vins estimés. Plomb, fer, charbon de terre; antimoine, zinc, arsenic, sel, nitre, marbre, craie, plâtre, etc. — Cette contrée, colonisée par les Français et comprise au XVIIe siècle dans la Louisiane, fut attribuée en 1763 à l'Espagne, qui la céda à la France en 1801; elle fut achetée par les États-Unis en 1803, et forma un district annexé à la Louisiane; en 1812 elle fut érigée en un territoire séparé sous le nom de Missouri; en 1821 elle fut admise dans l'Union à titre d'État. Cet État prit parti pour la sécession en 1861.

MISTRA, v. du roy. actuel de Grèce, en Morée (Laconie), au pied des Taygète, près du Vasilipotamos (anc. Eurotas) et des ruines de l'anc. Sparte; 3000 h. (on en comptait 12 000 avant la guerre de l'indépendance). Forte citadelle; cathédrale célèbre par ses miracles. Mistra était sous les Turcs le ch.-l. d'un livah. Auj. elle est, sous le nom de Sparte, qu'elle a repris, la capitale de la nomarchie de Laconie.

MITAU ou MITTAU, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. de la Courlande, sur l'Aa, à 600 kil. O. S. O. de St-Pétersbourg; 15 000 hab. Vaste, mais peu habitée en proportion de son étendue. Consistoire luthérien, cour d'appel; gymnase, écoles françaises, bibliothèque, observatoire. Toile, linon, bonneterie, savon. — Jadis capitale du duché de Courlande. Prise aux Russes par les Suédois en 1701,reprise par les Russes en 1706. Louis XVIII y résida de 1798 à 1807.

MI-THO, v. de Cochinchine. V. MYTHO.

MITHRA ou MITHRAS, divinité des anciens Perses, que les Grecs et les Romains ont confondue avec le soleil et le feu. C'est une personnification d'Ormuzd considéré comme principe générateur et comme auteur de la fécondité qui perpétue et rajeunit le monde. Espèce de providence, Mithras parcourt incessamment l'espace, voyant tout, entendant tout; il combat sans relâche Ahriman et les Devs, garde toutes les créatures, donne la prospérité aux hommes, de même que la fertilité à la terre; il pèse les actions humaines à l'entrée du pont qui conduit à l'éternité. On l'invoquait trois fois par jour ; un des mois de l'année lui était consacré, et, dans chaque autre mois, un jour. On représente cette divinité sous la forme d'un jeune homme avec un bonnet phrygien, une tunique verte, et un manteau flottant sur l'épaule gauche; il est armé d'un glaive qu'il plonge dans le cou d'un taureau. Le culte de Mithras s'introduisit à Rome après les guerres contre le Pont, vers 67 av. J.-C.; longtemps proscrit, il finit par obtenir une grande faveur, surtout sous les règnes de Claude, de Néron et de Commode. Ce culte était tenu secret : on n'y était admis qu'après des épreuves rigoureuses; les initiés étaient marqués d'un sceau, couronnés et armés. Ils se divisaient en sept classes, formant une échelle aux sept échelons, et placées sous la protection de sept divinités (Saturne, Vénus, Jupiter, Mercure, Mars, la Lune, le Soleil). On célébrait en l’honneur de Mithra des fêtes nommées Mithriaques dans lesquelles on immolait, dit-on, des victimes humaines ; tout y inspirait la crainte et la terreur. Ce culte fut détruit au IVe siècle. On doit à M. Lajard de savantes Recherches historiques et archéologiques sur le culte de Mithras, Paris, 1837.

MITHRIDATE. Ce nom a été porté par plusieurs rois de divers États de l’Asie. Les plus connus sont ceux du Pont. Mithridate I, satrape du Pont de 402 à 363 av. J.-C., était ami de Cyrus le Jeune. — II, 337-302, se soumit à Alexandre et, après la mort du conquérant, s’empara de la Paphlagonie et de la Cappadoce ; on le regarde comme le vrai fondateur du roy. du Pont ; — III, 302-266 ; — IV, 266-222 ; — V, 222-186, maria sa fille à Antiochus le Grand, roi de Syrie ; — VI, 157-123, allié des Romains, les soutint dans la guerre contre Aristonic et reçut en récompense une partie de la Phygie. — VII est le plus célèbre de tous.

MITHRIDATE VII, surn. Eupator, et dit Mithridate le Grand, l’un des plus terribles ennemis des Romains, était fils de Mithridate VI, et naquit vers 131 av. J.-C. Il perdit son père à l’âge de 11 ans (120), et resta pendant sa jeunesse en butte à mille intrigues de la part des prétendants à la couronne. Craignant pour sa vie, il se retira plusieurs années dans la solitude, se livrant à la chasse ou à l’étude, et acquit, avec une force et une adresse extraordinaires, une connaissance profonde des poisons et de leurs antidotes. De retour dans ses États après une absence d’environ sept ans, il conquit le Bosphore Cimmérien, après en avoir chassé les Scythes, partagea la Paphlagonie avec Nicomède, roi de Bithynie, et s’empara bientôt après de la Bithynie elle-même, de la Cappadoce, ainsi que de plusieurs autres provinces. Les Romains, appelés au secours des Cappadociens, le forcèrent à renoncer à ces conquêtes (99) ; se sentant trop faible pour leur résister, il se soumit, mais dès ce moment il voua aux Romains une haine mortelle. Il détacha plusieurs peuples de leur alliance, s’unit contre eux à Tigrane, roi d’Arménie, rassembla en silence une armée nombreuse, fondit à l’improviste sur les provinces qu’il convoitait, subjugua avec rapidité la Cappadoce et presque toute l’Asie-Mineure, et, pour déclaration de guerre, fit égorger à la fois dans toutes les villes de l’Asie tous les Romains qui s’y trouvaient (88) : il en périt, dit-on, cent mille. Il fit ensuite passer en Grèce son lieutenant Archélaüs, qui fut accueilli comme un libérateur. Celui-ci avait déjà battu plusieurs généraux romains lorsque Sylla fut envoyé contre lui ; ce général reprit Athènes (87), battit les lieutenants de Mithridate à Chéronée et à Orchomène, reprit sur lui l’Asie-Mineure, et lui tua en divers combats plus de 200 000 hommes. Mithridate ayant de plus perdu sa flotte entière par une défaite et une tempête, étant d’ailleurs inquiet sur la fidélité de ses sujets, demanda la paix (85) ; il ne l’obtint qu’à des conditions très-onéreuses : il lui fallut livrer ses vaisseaux et restituer toutes ses conquêtes. Pendant les deux années suivantes il fit la guerre aux peuples rebelles de la Colchide et du Bosphore. Comme il ne retirait pas assez vite ses garnisons de la Cappadoce, Muréna, lieutenant de Sylla, l’attaqua, et ils se livrèrent quelques combats peu importants (82). Sept ans après (75),le roy. de Bithynie ayant été réduit en province romaine, Mithridate, qui prétendait avoir des droits sur cette contrée, reprit l’offensive, en fit de nouveau la conquête, tailla en pièces à Chalcédoine l’armée de Cotta, et mit le siége devant Cyzique ; mais Lucullus l’assiégea lui-même dans son camp, et le força à s’éloigner. Une de ses flottes fut détruite dans deux combats près de Ténédos et de Lemnos. Il se retira alors dans ses États héréditaires ; Lucullus l’y poursuivit, et après quelques échecs le battit complètement (69). Mithridate s’enfuit en Arménie auprès de Tigrane, son gendre, mais il en revint bientôt à la tête d’une armée considérable. Il fut encore vaincu deux fois, et il était sans ressources quand Lucullus fut rappelé par les Romains. À la faveur de cette absence il reconquit tout son royaume (67) ; mais deux ans après Pompée le vainquit près de l’Euphrate, dans un combat nocturne. Mithridate s’enfuit alors dans le royaume du Bosphore où régnait Macharès, un de ses fils, et voulut engager ses soldats à aller porter la guerre au sein même de l’Italie ; mais ceux-ci, effrayés d’une telle entreprise, se révoltèrent et proclamèrent roi Pharnace, son fils. Alors Mithridate, voyant qu’il fallait mourir, essaya de s’empoisonner ; mais, n’ayant pu y parvenir, parce que le poison n’avait plus d’action sur lui, il se fit tuer par un soldat gaulois (63). Mithridate était actif, intrépide, infatigable et fécond en ressources ; il eût peut-être à jamais chassé les Romains de l’Asie et de la Grèce, s’il n’eût eu à combattre des généraux tels que Sylla, Lucullus et Pompée. Mais sa férocité, sa perfidie et son caractère défiant ternirent ses grandes qualités. Ce prince avait une mémoire prodigieuse ; il savait 22 langues (c’est à cause de cela que quelques savants modernes ont donné le nom de Mithridate à divers recueils polyglottes). Il avait épousé plusieurs femmes : la plus célèbre est Monime, jeune Grecque d’une grande beauté ; après sa défaite par Lucullus, se croyant perdu, il lui envoya l’ordre de se donner la mort (69). Ces derniers événements ont fourni à Racine le sujet de sa belle tragédie de Mithridate.

MITHRIDATE I, roi des Parthes, succéda à Phraate, son frère aîné, l’an 164 av. J.-C., subjugua les Mèdes, les Perses, la Babylonie, la Mésopotamie, étendit sa domination depuis l’Euphrate jusqu’à l’Indus, et forma ainsi un empire plus puissant que celui des Séleucides. Il fit prisonnier le roi de Syrie, Démétrius II, qui voulait lui reprendre ses conquêtes (143) ; mais, dans sa captivité, il le traita en souverain, et lui donna en mariage sa fille Rodogune. Mithridate I mourut vers l’an 139 av. J.-C., et eut pour successeur Phraate II. On lui attribue un code de lois très-sages. — II, fils et successeur d’Artaban II, régna de 124 à 90 av. J.-C. (ou de 126 à 88), repoussa les Scythes, soutint en Syrie Philippe, fils d’Antiochus Grypus, contre Démétrius, son frère, vainquit plusieurs fois les Arméniens, mais fut tué dans une dernière bataille contre eux. Il résidait à Bactres. — III, fils aîné de Phraate III, monta sur le trône en assassinant son père, 61 (ou 58) av. J.-C., mais fut chassé et mis à mort par son frère Orode, en 53.

MITIDJA, vaste plaine de l’Algérie, qui s’étend surtout au S. d’Alger, entre les deux zones montagneuses de l’Atlas et du Sahel, est célèbre par sa fertilité, qui l’a fait surnommer par les Arabes la Mère du pauvre. C’est là que s’élèvent Bouffarik, Béni-Méred, Joinville, Montpensier, etc. Il s’y est établi beaucoup de fermiers et autres colons français.

MITLA, v. du Mexique (Oaxaca), à 200 kil. S. E. d’Oaxaca, dans une triste solitude. Antiquités mexicaines, parmi lesquelles on remarque des Tombeaux dont les distributions intérieures offrent de frappants rapports avec celle des monuments de l’Égypte.

MITSCHERLICH (Ch. Guill.), philologue, né en 1760 à Weissensée (Prusse), mort en 1854, fut pendant près de 70 ans professeur à l’Université de Gœttingue. Il a publié un grand nombre d’ouvrages d’érudition, parmi lesquels on distingue : Lectiones in Catullum et Propertium, 1786 ; Scriptores erotici græci, 1792 ; une édition fort estimée des Odes d’Horace, 1800 ; et des Racemationes Venusinæ, 1827, qui complètent cette édition. — Son neveu, Ernest Mitscherlich, 1794-1863, professeur de l’Université de Berlin, s’est fait un nom comme chimiste, surtout par ses recherches sur l’Isomorphisme.

MITTAU. V. MITAU.

MITYLÈNE, auj. Mételin, anc. capit. de l’Ile de Lesbos, sur la côte E., entre Méthymne et Malée, était une des principales villes grecques d’Asie, et faisait partie de la ligue éolienne. Soumise à Athènes avec le reste de l'île, elle se révolta contre elle dans la guerre du Péloponèse, mais elle fut cruellement châtiée (V. LESBOS). S'étant déclarée pour Mithridate en 86, elle fut ruinée par les Romains. Pompée la releva et y fit bâtir un superbe théâtre. Ses écoles d'éloquence étaient vantées. Pittacus, Alcée, Sapho, étaient de Mitylène. Conon s'y laissa battre, 406.

MIYAKO. V. MÉACO.

MNÉMOSYNE, déesse de la mémoire, était fille du Ciel; elle fut aimée de Jupiter qui la rendit mère des neuf Muses. Elle les mit au monde sur le mont Piérius, d'où les Muses sont nommées Piérides.

MNÉVIS, bœuf consacré au soleil et adoré par les anc. Égyptiens dans la ville d'Héliopolis. On lui rendait le même culte qu'au bœuf Apis. Il était, dit-on, l'emblème d'Osiris ou du Soleil.

MOAB, fils de Loth. V. MOABITES.

MOABITES, Moabitæ, peuplade arabe issue de Moab, fils de Loth, habitait au N. de l'Arabie Pétrée, au S. E. de la Palestine, à l'E. de la mer Morte, au S. du fleuve Arnon, au N. des Madianites, et avait pour capit. Rabbath-Moab, sur l'Arnon. Leur pays avait été jadis occupé par les Émim, peuple de géants. Églon, leur roi, tint 18 ans les Hébreux en captivité (1332-1314 av. J.-C.); il périt de la main d'Aod. Plus tard, les Moabites furent vaincus par Saül, assujettis au tribut par David, battus par Joram, roi d'Israël, et par Josaphat. Ils finirent par tomber sous le joug des Assyriens. Leur principal dieu s'appelait Baal-Péor ou Belphégor. Leur religion était souillée par des sacrifices humains.

MOALLAKATS (les sept), nom que les Arabes donnent à sept poëmes fort anciens qu'ils regardent comme sacrés, et dont un exemplaire est suspendu aux voûtes de la Kaaba à La Mecque. Ce sont les plus anciens monuments de la littérature arabe. Ils ont pour auteurs des poëtes antérieurs à Mahomet : Imroulcays, Tarafa, Labîd, Zohaïr-Abou-Selma, Antara, Amr-ibn-Kolthoum et Harith. Caussin de Perceval a donné une édition du texte des Moallakats; son fils, Armand Caussin, les a traduits en français dans son Histoire des Arabes avant l'Islamisme.

MOAVIAH, le 1er calife ommiade, né à La Mecque au commencement du VIIe siècle, était arrière-petit-fils d'Ommiah, cousin-germain du grand-père de Mahomet, et avait été un des secrétaires du prophète. Il était gouverneur de Syrie lorsqu'Othman hit assassiné (656) : sous prétexte de venger sa mort, il refusa de reconnaître Ali pour successeur d'Othman, et se fit lui-même proclamer calife. Il fut universellement reconnu après le meurtre d'Ali (661). Il soumit l’Égypte, Médine, La Mecque, l'Yémen, et recula fort loin les bornes de l'empire musulman. En Occident, ses troupes pénétrèrent jusqu'à l'Océan Atlantique; en Orient, elles traversèrent l'Oxus, envahirent la Sogdiane, s'emparèrent de Samarcande et d'une partie de la Tartarie; elles eurent moins de succès contre les Grecs : son fils Yézid assiégea vainement Constantinople pendant 6 ou 7 ans, et Moaviah se vit contraint, après de grandes pertes, d'acheter la paix. Il mourut en 680 à Damas, où il avait établi le siége du califat, et laissa le trône à son fils Yézid.

MOBILE la), riv. des États-Unis, formée de l'Alabama et du Tombeckbée, coule au S. et se jette dans la baie de Mobile, partie du golfe du Mexique, après 90 kil. de cours.

MOBILE, v. des États-Unis (Alabama), à 280 kil. E. N. E. de la Nouv.-Orléans, à l'emb. de la Mobile; 25 000 hab. Collége catholique de Spring-hill, avec une riche bibliothèque. Grand commerce de coton, riz, goudron, fourrures, etc.

MOCARANGUA, État de l'Afrique orientale, borné au N. par le Botonga, a 445 kil. sur 272; capit., Zimbaoé. C'est un démembrement du Monomotapa. Climat très-chaud, et cependant sain; sol très-fertile, vastes forêts; bêtes féroces en grand nombre. Commerce assez actif. Les Portugais y ont des comptoirs, notamment à Sena et au mont Foura, renommé par ses mines d'or.

MOCENIGO, famille patricienne de Venise, a fourni plusieurs doges : Thomas, 1414-23, qui conquit le territoire d'Aquilée; — Pierre, 1474-76, qui combattit avec succès les Cypriotes et les Turcs; — Jean, frère du précédent, 1475-85; — Louis, 1570-77, qui laissa prendre Chypre par les Turcs en 1571.

MOCENIGO (André), historien, de la même famille, né à la fin du XVe siècle, fut chargé par les Vénitiens de négociations dont il s'acquitta avec talent et devint sénateur. Il est connu par une histoire de la ligue de Cambrai : Belii memorabilis Cameracensis adversus Venetos historiæ libri VI, Venise, 1525.

MODAIN (EL), c.-à-d. les deux villes, vge de la Turquie d'Asie (Irak-Araby), sur la r. g. de l'Euphrate, à 35 kil. S. E. de Bagdad, est bâti sur les ruines de deux villes anciennes, Séleucie et Ctésiphon. Cette ville devint sous les derniers Sassanides la capit. de la Perse. Elle fut prise par les Musulmans en 636.

MODANE, ch.-l. de cant. (Savoie), sur l'Arc, à 20 k. E. S. E. de St-Jean-de-Maurienne; 1200 hab. Filatures de laine, fabrique de drap. C'est là que commence le tunnel percé sous le Mont-Cenis.

MODÈNE, Mutina, v. d'Italie, capit. de l'anc. duché de Modène, sur un canal, entre la Secchia et le Panaro, à 158 kil. S. E. de Milan; 30 000 hab. Évêché et synagogue; cour d'appel; anc. université, supprimée en 1832; lycée, écoles de beaux-arts, de droit, de médecine; écoles vétérinaire, militaire, du génie, etc. Société italienne des sciences; riche bibliothèque, avec cabinet de médailles. Cette ville est assez bien bâtie : les rues ont des portiques, mais sont mal pavées (la principale s'appelle strada Maestra); palais ducal, avec de belles collections (dont une partie a été vendue en 1746 à la ville de Dresde); cathédrale, dont la tour Ghirlandina est une des plus hautes de l'Italie, et où l'on garde le seau de bois qui a été le sujet de la Secchia rapita (V. TASSONI); églises St-George et St-Vincent; théâtre, casernes. Patrie de Sigonius, Tassoni, Molza, Fallope. — Cette ville fut, à ce qu'on croit, fondée par les Étrusques. Tib. Sempronius Longus battit les Boii dans ses environs, 194 av. J.-C.; les Romains y établirent une colonie militaire en 163 av. J.-C. Décimus Brutus soutint dans cette ville un siége contre Antoine (43), et, la même année, l'armée sénatoriale, aidée des légions du jeune Octave, livra bataille à Antoine sous ses murs : Antoine, vainqueur le matin du consul Pansa, fut vaincu le soir par Hirtius et Octave, et obligé de lever le siège : c'est ce qu'on nomme Guerre de Modène. Ruinée, puis rétablie sous Constantin, Modène fut saccagée par les Goths et les Lombards. Elle était redevenue florissante sous Charlemagne; elle passa alors successivement au pouvoir des papes, des Vénitiens, des ducs de Milan, de Mantoue et de Ferrare; comme toutes les villes lombardes, elle eut des tyrans au milieu du XIIIe siècle, et fut enfin, en 1288, acquise par les princes de la maison d'Este, pour lesquels elle fut érigée en duché en 1453. Sous le royaume français d'Italie, elle fut le ch.-l. du dép. du Panaro.

MODÈNE (Duché de), petit État d'Italie, entre la Lombardie au N. et l'État de l'Église au S., avait 98 k. sur 58; 610 000 hab.; ch.-l., Modène. Autres villes, Reggio, Corregio, Bersello, Canossa, Carpi. — Ce pays formait avant 1288 un petit État indépendant qui se donna à cette époque aux princes de la maison d'Este, résidant à Ferrare; en 1453, Borso d'Este prit le titre de duc de Modène. Alphonse II d'Este étant mort en 1597, sans postérité légitime, Clément VIII reprit le duché de Ferrare comme ancien fief papal; alors Modène forma un duché isolé, dont l'empereur Rodolphe II investit César d'Este, fils naturel d'Alphonse. Cette nouvelle ligne s'est perpétuée jusqu'en 1797, époque à laquelle Hercule III fut dépossédé par les Français. Le duché fut alors compris dans la République Cisalpine; il fut depuis réparti entre les dép. du Crostolo et du Panaro. Un petit-fils d'Hercule III, François IV d'Autriche, dit François d'Este, fut réintégré dans le duché par le congrès de Vienne en 1815, et y devint la tige d'une nouv. maison d'Este, dont les États furent déclarés réversibles à l'Autriche. Il accrut ses domaines en 1829 du duché de Massa et en 1847 de la Lunégiane. Ce prince se signala, ainsi que François V, son fils, qui lui succéda en 1846, par son opposition aux idées libérales : François V fut expulsé en 1848 : il se fit rétablir l'année suivante par les Autrichiens, mais fut définitivement renversé en 1859. Ses États furent annexés au roy. d'Italie, dont ils forment auj. une province.

MODER, riv. d'Alsace (Bas-Rhin), naît dans l'arr. de Saverne, baigne Ingweiler et Haguenau; reçoit à gauche la Rothbach, à droite le Zinzel; côtoie longtemps le Rhin du sud au nord, et s'y joint près de Seltz, après 80 kil. de cours.

MODESTE (S.), Sicilien qui subit le martyre au IIIe siècle, est fêté, avec S. Gui (Vitus), le 15 juin.

MODESTINUS (HERENNIUS), jurisconsulte romain du IIIe siècle, disciple d'Ulpien, jouit de la faveur des empereurs Alexandre Sévère et Maximin et fut consul avec Probus en 228. Il avait composé un grand nombre d'écrits dont il ne reste que quelques fragments, publiés par Brenkman, Leyde, 1706.

MODHAFFÉRIENS, petite dynastie de princes turcomans qui régnèrent sur le Farsistan depuis la mort d'Abou-Saïd, dernier souverain gengiskhanide de la Perse (1335), jusqu'à l'invasion de Tamerlan (1394). Elle compte 4 princes : Modhaffer, 1318; Djélal-Eddin, 1365; Zéin-élab-Eddin, 1382; Chah-Mansour, 1394. Ils furent toujours en guerre avec les Ilkhaniens, les Djoubaniens et les Turcomans du Mouton blanc et du Mouton noir.

MODICA, Motyca, v. de Sicile, à 53 k. O. S. O.de Syracuse; 20 000 h. Vins renommés. Grottes remarquables.

MODIN, bg de Judée (Dan), entre Joppé et Lydda, patrie des Machabées. Judas Machabée y battit l'armée d'Antiochus Eupator, roi de Syrie, 163 av. J.-C.

MODLIN, v. de la Russie d'Europe (Pologne), à 65 kil. S. E. de Plock, au confluent de la Narew et de la Vistule. Ville très-forte. Les Polonais, insurgés contre la Russie, y soutinrent un siége en 1831.

MODON, Méthone, v. forte de Grèce (Messénie), ch.-l. de la Hte-Messénie, sur un rocher qui s'avance dans la mer, à 90 kil. S. O. de Tripolitza; 3000 hab. Métropolitain grec. Petit port, tour octogone bâtie sur un îlot. Modon appartint longtemps aux Vénitiens; le traité de Carlowitz (1699) la leur avait rendue avec toute la Morée; mais ils la reperdirent par le traité de Passarovitz (1718). Les Français s'en emparèrent au profit des Grecs en 1828.

MODRUSS, bg de Croatie, à 40 k. S. O. de Carlstadt, jadis ch.-l. de comté, donne son nom à un évêché dont le titulaire réside à Fiume.

MŒLLENDORF (H., comte de), général prussien, 1724-1815, se forma sous le grand Frédéric, dont il resta l'ami, fut chargé en 1793 d'effectuer le démembrement de la Pologne; remplaça en 1794 le duc de Brunswick dans le commandement de l'armée prussienne, et gagna sur les Français la bataille de Kaiserslautern, mais fut bientôt rejeté au delà du Rhin, fut blessé à Iéna, et pris dans Erfurt. Ce général, qui avait été opposé à la guerre, fut traité avec beaucoup d'égards par Napoléon et renvoyé sur parole à Berlin.

MOERBEKE, v. de Belgique (Flandre orient.), à 19 kil. N. E. de Gand; 4000 hab. Patrie de Guillaume de Mœrbeka. V. GUILLAUME.

MOERDYK, bourg de Hollande (Brabant sept.), à 13 kil. N. de Breda, sur le Hollandisch Diep. Guill. de Frise, prince d'Orange, s'y noya en 1711.

MOERIS, roi d’Égypte de la 18e dynastie, dont le vrai nom est Touthmès IV, régna de 2006 à 1990 ou de 1740 à 1724 av. J.-C. Il est surtout connu pour avoir fait creuser le lac qui porte son nom. — Ce lac, dans l'Heptanomide, à 10 milles de la r. g. du Nil, était destiné à recevoir le trop plein des eaux du fleuve. Les géographes anciens varient sur sa grandeur : la plupart lui donnent 600 k. de tour; Pomponius Méla ne lui en donne guère que 30; deux pyramides surmontées de statues colossales assises s'élevaient au sein du lac : on en retrouve des ruines avec deux piédestaux très-dégradés au S. E. du Fayoum et au N. de l'anc. Crocodilopolis près du vge de Biahmou. C'est à tort qu'on avait cru retrouver le lac Mœris dans le lac actuel de Birket-el-Kéroum.

MOESIE. V. MÉSIE.

MOESKIRCH, vge du grand-duché de Bade (cercle du Lac), à 12 k. N. E. de Stockach et à 30 k. N. de Constance; 1600 h. Moreau et Molitor y battirent les Autrichiens le 5 mai 1800.

MOEZ-ED-DAULAH (Ahmed), dont le surnom veut dire la Force de l'empire, le 1er de la race des Bouïdes qui ait régné à Bagdad, soumit le Kerman, le Kourdistan et plusieurs autres provinces, prit Bagdad, déposa le calife Mostakfy, le priva de la vue (946), et le remplaça par Mothy, sous lequel il s'empara de toute l'autorité. Il m. en 967.

MOEZ-LEDINILLAH, le 1er calife fatimite, était depuis l'an 953 souverain d'Almahdya. Il soumit l'Afrique occidentale, conquit la Sicile (963), puis l’Égypte (968), fonda le Caire et y établit la dynastie des Fatimites, qui y régna plus de 200 ans. Il mourut en 975 à 46 ans.

MOGADOR ou SOUEIRAH, v. maritime du Maroc, sur l'Atlantique, à 178 kil. S. O. de Maroc; 15 000 h. Port sûr; résidence de consuls européens; citadelle, palais impérial. Commerce actif en mulets, maroquin, ivoire, ébène, etc. Fondée en 1760 par l'empereur Sidy-Mohammed, sur l'emplacement d'un ancien château fort qui avait été construit par les Portugais; bombardée en 1844 par les Français.

MOGHOSTAN (c.-à-d. Pays des dattes), l'anc. Carmanie déserte, contrée de la Perse, dans le S. du Kerman ; ch.-l., Minab. Sol plat, sablonneux, où l'on ne recueille que des dattes. Les côtes sont soumises à l'imam de Mascate.

MOGOL (le GRAND-). V. MONGOLS.

MOGUNTIACUM, auj. Mayence, v. de la Gaule, ch.-l. de la Germanique 1re, chez les Caracates, sur le Rhin, fut très-agrandie par Drusus, frère de Tibère, 10 ans av. J.-C. Aurélien y défit les Francs en 241. C'est là que Lollien et Jovin furent proclamés empereurs (267 et 363).

MOHACZ, v. de Hongrie (Baranya), sur le bras occid. du Danube, à 95 kil. O. de Szegedin; 5000 hab. Siége d'un métropolitain grec; château fort. Les Turcs, commandés par Soliman II, y battirent complètement les Hongrois en 1526 : Louis II périt dans cette bataille; mais les Hongrois et les Impériaux, commandés par Charles IV de Lorraine, y défirent les Turcs à leur tour en 1687.

MOHAMMED, vrai nom du prophète que nous nommons Mahomet. V. MAHOMET.

MOHAMMED-AL-MAHDI, calife abbasside, fils et successeur d'Al-Manzor, régna de 775 à 785 à Bagdad, combattit les Grecs, menaça Constantinople et contraignit l'impératrice Irène à lui payer tribut. Il fit du bien dans ses États et se montra clément, mais il déploya un faste inouï.

MOHAMMED-AL-MAHDI (Aboul-Cacem), dernier imam de la race d'Ali, né en 859. Selon les uns, il fut tué à 11 ans par le calife Motamed; selon d'autres, il aurait vécu jusqu'à 75 ans. Quoi qu'il en soit, les Musulmans de la secte des Chyites croient qu'il disparut mystérieusement et ils l'attendent comme un autre Messie : c'est ce que signifie son surnom de Mahdi.

MOHAMMED-AL-GAURY, de la dynastie des Gaurides, régna sur la Perse et l'Hindostan. Associé au trône par son frère Gaïath-Eddyn dès 1171, il obtint ensuite de lui le roy. de Gaznah, fit de nombreuses incursions dans l'Inde, s'empara du Guzzerat, de Lahore, de Dehly, d'Adjmir, de Bénarès: renversa les idoles et établit partout l'Islamisme. Il périt assassiné en 1206.

MOHAMMED (Aboul-Modhaffer-Nasser-Eddyn), empereur mongol de l'Hindostan, monta sur le trône en 1717. Sous son règne, Nadir-Chah, usurpateur du trône de Perse, envahit l'Hindostan et se fit céder toutes les provinces à l'O. de l'Indus. Mohammed mourut en 1747, et eut pour successeur son fils Ahmed-Chah.

MOHAMMED-BEN-THAHER, dernier prince de la dynastie des Thahérides, qui régna sur le Khoraçan de 820 à 872, monta sur le trône en 862, eut à combattre plusieurs compétiteurs, entre autres Yacoub-ben-Laïth, de la dynastie des Soffarides, et fut renversé après dix ans d'un règne orageux (872).

MOHAMMED-HAÇAN-KHAN, fondateur de la dynastie des Kadjars, actuellement régnante en Perse, était fils d'un gouverneur du Mazandéran. Il commanda d'abord plusieurs corps ce troupes et fut gouverneur d'Astérabad sous Nadir et son successeur Adel-Chah; à la mort du dernier (1748) il fut un des premiers à se déclarer indépendant : il s'empara du Mazandéran, du Khoraçan, du Ghilan, prit Ispahan et fut sur le point de se rendre maître de toute la Perse; mais il finit par tomber au pouvoir de Kérim-Khan, son compétiteur, qui lui fit trancher la tête (1758). — Son fils, Mohammed-Aga, tomba avec lui entre les mains de Kérim, qui le fit eunuque et le retint prisonnier; mais il s'évada en 1779, reprit les provinces que son père avait possédées, devint maître de toute la Perse et fit avec succès la guerre aux Géorgiens. Il périt assassiné en 1797 et eut pour successeur son neveu, Baba-Khan (Feth-Ali-Chah).

MOHAMMED-CHAH, roi de Perse de 1834 à 1848, né en 1810, succéda à son père Abbas-Mirza, battit, avec l'aide des Anglais, plusieurs compétiteurs, prit Hérat, qui refusait de reconnaître sa suzeraineté, dompta les Kourdes, et rétablit, par de sévères châtiments, l'ordre dans les finances et les autres services publics. Il eut pour successeur son fils Nereddin-Chah.

MOHAMMED-BEY, souverain de l’Égypte, avait été acheté par Ali-Bey comme esclave. Il entra dans le corps des Mamelouks, devint le gendre d'Ali et son meilleur général; mais il se révolta bientôt contre son bienfaiteur, le chassa du Caire, s'empara de toute l’Égypte (1773), et se fit nommer par le sultan de Constantinople pacha du Caire. Chargé par lui de faire la guerre à Dhaher en Syrie, il prit Gaza, Jaffa et St-Jean-d'Acre, mais il mourut de la peste en 1776, devant St-Jean-d'Acre.

MOHAMMED-BEN-ABD-EL-WAHAB. V. WAHABITES.

Pour les autres personnages de ce nom, V. MAHOMET, MÉHÉMET, MAHMOUD ou leurs surnoms.

MOHAWK, riv. des États-Unis (New-York), liée par un canal aux lacs Oneida et Ontario, a sa source à 8 kil. O. de Trenton, arrose Rome, Utica, Schenectady, et se jette dans le fleuve Hudson, près de Waterford après un cours de 200 k. Belle cataracte de 25m de haut, près de son embouchure.

MOHAWKS, peuplade indigène de l'Amérique sept., une des 5 nations que comprenait la confédération des Iroquois, habite partie dans le Ht-Canada, partie dans l'État de New-York.

MOHICANS, Indiens des États-Unis, formaient jadis une nation puissante; mais on n'en trouve plus que quelques restes dans la partie S. E. de l'État de Connecticut.

MOHILEV, v. de Russie, ch.-l. du gouvt de Mohilev, sur la r. dr. du Dniepr, à 800 kil. S. de St-Pétersbourg ; 24 000 hab. Archevêchés russe et catholique; cour d'appel. Château fort; remparts en terre; assez belle place. Commerce de cuirs de Russie. Cette ville fut réunie à la Russie en 1772. Davoust y battit Bagration en 1812. — Le gouvt de M., entre ceux de Vitebsk au N., de Tchernigov et Smolensk à l'E., de Minsk à l'O., a 370 kil. sur S48 et 900 000 hab. Beaucoup de rivières (Dnieper, Soj, Ipout, etc.); marais, forêts.

MOHILEV, autre v. de Russie (Podolie), sur la r. g. du Dniester, à 200 kil. S. E. de Kaminiec; 10 000 hab. Évêché arménien.

MOHRUNGEN, v. des États prussiens (Prusse), à 100 kil. S. O. de Kœnigsberg; 2000 hab. Bernadotte y battit les Russes en 1807.

MOINES (du grec monos, seul). C'étaient dans l'origine des solitaires laïques qui, après avoir fait aux pauvres l'abandon de leurs biens, se séparaient volontairement du commerce des hommes, pour partager leur temps entre la prière et le travail. Un grand nombre de solitaires s'étaient déjà établis en Égypte, dans la Thébaïde, lorsque S. Antoine, au IIIe s. et S. Pacôme au IVe, en réunirent quelques-uns en communautés monastiques. L’Éthiopie, la Syrie, le Pont, la Cappadoce, virent bientôt se former de pareilles associations, qui pour la plupart adoptèrent la règle de S.-Basile. Les moines ne tardèrent pas non plus à se répandre en Occident : les premiers parurent à Rome en 341, à la suite de S. Athanase; S. Martin fonda en Gaule le monastère de Marmoutier en 375, S. Honorat celui de Lérins en 391; l'Espagne, l'Angleterre et l'Irlande reçurent bientôt de nombreuses colonies de religieux; au VIe s., S. Benoît donna au monastère qu'il avait fondé au Mont-Cassin une règle qui fut adoptée par la plupart des moines de l'Occident et qui constitua le clergé régulier. Néanmoins quelques moines restèrent tout à fait solitaires : tels étaient les anachorètes ou ascètes, qui vivaient seuls dans les déserts, et les sarabaïtes, qui habitaient deux ou trois ensemble une case ou cellule; mais la plupart se réunirent en communautés, sous le nom de cénobites, et sous la direction d'un supérieur appelé abbé : c'est ce qui a donné naissance aux divers ordres religieux (V. les noms de chacun de ces ordres). — La Réformation supprima les couvents de moines dans les pays protestants. Ces couvents, où s'étaient introduits de graves abus, furent fréquemment réformés par l'autorité ecclésiastique elle-même; ils finirent par être supprimés dans plusieurs États catholiques, notamment en Autriche, sous Joseph II, en Espagne, sous la reine Isabelle; en France, pendant la Révolution : un décret de l'Assemblée constituante, du 17 fév. 1790, abolit les ordres monastiques, et déclara les biens des couvents propriétés nationales. Depuis, plusieurs maisons se sont rouvertes en France; mais la loi n'y reconnaît pas les vœux perpétuels. — On doit au P. Hélyot l’Hist. des Ordres monastiques, 1714, et à M. de Montalembert les Moines d'Occident, 3 vol. in-8, 1860-67.

MOINGT, Mediolanum Segusiavorum, Mediodunum, bg du dép. de la Loire, à 2 kil. S. S. E. de Montbrison; 950 hab. Aux env. ruines d'un antique édifice appelé Palais des Sarrasins, mais qui peut n'être qu'un monument gaulois; sources minérales.

MOIRA (Fr. de), marquis d'Hastings. K.HASTINGS.

MOIRANS, ch.-l. de c. (Isère), sur la Morge, à 20 k. N. E. de St-Marcellin; 4000 hab. Station. Chapeaux de paille façon de Florence, moulins à huile, forges.

MOIS, division de l'année chez les différents peuples. V. ce mot dans notre Dictionn. univ. des Sciences.

MOISDON-LA-RIVIÈRE, ch.-l. de c. (Loire-Inf.), sur le Don, à 11 kil. S. de Châteaubriant; 2400 hab. Ardoisières, forges.

MOÏSE, chef et législateur du peuple hébreu, né en Égypte vers l'an 1705 av. J.-C., était fils du lévite Amram et de Jochabed. Il fut exposé sur le Nil en vertu des ordres de Pharaon qui voulait faire périr tous les enfants mâles des Hébreux, mais fut sauvé par la fille même du roi (d'où son nom, qui signifie sauvé des eaux); il fut élevé dans le palais par cette princesse et instruit dans toutes les sciences des Égyptiens. Informé plus tard de sa naissance, il quitta la cour de Pharaon à l'âge de 40 ans pour aller vivre avec les Hébreux, et, ayant vu un Égyptien qui maltraitait l'un d'eux, il le tua de sa propre main. Craignant d'être puni pour ce meurtre, il alla se réfugier dans le désert de Madian et y épousa Séphora, fille d'un prêtre du pays nommé Jéthro. Dans sa retraite, Dieu lui apparut sur le mont Horeb, au milieu d'un buisson ardent, et lui ordonna de délivrer les Israélites de l'oppression des Égyptiens. Moïse vint sommer Pharaon de laisser ses concitoyens sortir de l’Égypte pour aller sacrifier au Seigneur dans le désert : il n'éprouva d'abord qu'un refus; alors, pour effrayer le roi, il accabla ses peuples de dix fléaux cruels connu sous le nom de Plaies d'Égypte (eau changée en sang; grenouilles; moucherons; grosses mouches; peste des animaux; ulcères et tumeurs; grêle et tonnerre sauterelles; ténèbres de 3 jours; mort des premiers-nés). Pharaon se vit enfin forcé de céder à ses demandes. Guidé par une colonne de feu, Moïse sortit d’Égypte à la tête des Hébreux au nombre de 600 000 (1625) : il leur fit traverser à pied sec la mer Rouge, vit engloutir dans les eaux de cette mer Pharaon qui les poursuivait, les conduisit dans le désert où il les nourrit d'une manne tombée du ciel, fit jaillir l'eau d’un rocher en le frappant de sa baguette, reçut de Dieu sur le mont Sinaï la loi sacrée (le Décalogue), triompha de plusieurs peuples qui s'opposaient à son passage, et arriva jusque sur les confins de la terre de Chanaan. Il ne lui fut cependant pas accordé d'y entrer, parce qu'il avait une foi manqué de confiance dans le Seigneur. Après avoir choisi Josué pour achever son œuvre, il mourut sur le mont Nébo, d'où il pouvait apercevoir la Terre promise (1585) : il était âgé de 120 ans. — Moïse est l'auteur du Pentateuque, c.-à-d. des cinq premiers livres de l'Ancien Testament (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), qui renferment l’histoire sacrée depuis la création du monde jusqu'à l'entrée des Hébreux dans la Terre promise, un code de lois et un recueil de prescriptions religieuses. — On doit à Michel-Ange une admirable statue de Moïse, qui est un de ses chefs-d'œuvre.

MOÏSE DE KHORÈNE, historien arménien, né vers 370 de J.-C. au bourg de Khorène, fit une étude profonde de la littérature grecque; visita Antioche, Alexandrie, Rome, Constantinople; fut à son retour garde des archives patriarcales, puis archevêque de Pakrévant, et mourut vers 487. Il a laissé une Histoire de l'Arménie (qui va jusqu'en 441), imprimée à Londres en 1738, avec trad. latine, et à Venise en 1841, avec une trad. franç., par Le Vaillant de Florival. On a aussi de lui une Géographie qui contient d'importantes citations d'écrivains grecs, et des Chants antiques.

MOISSAC, ch.-l. d'arr. (Tarn-et-Garonne), sur le Tarn, à 25 kil. N. O. de Montauban; 6000 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce. Collége de Jésuites. Station du chemin de fer; jolies promenades. Ville bien bâtie; belle fontaine, pont remarquable. Environs fertiles en blé, fruits et vins. — La ville se forma au Ve s. autour d'une riche abbaye et fut jadis importante; elle fut ravagée par les Normands et souffrit plus encore pendant la croisade contre les Albigeois : Simon de Montfort la prit en 1212.

MOITA, ch.-l. de canton (Corse), à 25 kil. E. de Corte; 800 hab.

MOITTE (J. Guil.), sculpteur, né à Paris en 1747, d'une famille déjà connue dans la gravure, m. en 1810, étudia sous Pigalle et Lemoine, fut envoyé à Rome, entra à l'Académie en 1783, fut chargé sous la République et l'Empire de plusieurs travaux importants, tels que le fronton du Panthéon, représentant la Patrie couronnant les vertus civiques et guerrières, le mausolée du général Desaix au mont St-Bernard, une statue équestre de Napoléon en bronze, la Loi, avec les figures de Moïse, d’Isis, de Numa et de Manco-Capac, bas-reliefs d'un style grandiose, qui rappellent la manière de Jean Goujon : ils sont au Louvre. Ses sculptures se distinguent par la correction du dessin, l'élégance des formes, la beauté des proportions, et un heureux choix de draperies. Moitte était aussi très-habile dans le dessin d'ornement : il composa un grand nombre de modèles qui restaurèrent le bon goût dans l'art de l'orfèvrerie.

MOIVRE (Abraham), mathématicien, né en 1667, à Vitry en Champagne, de parents protestants, m. à Londres en 1754, se retira en Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes, se lia avec Halley et Newton, fut admis à la Société royale de Londres et à l'Académie des sciences de Paris et fut un des commissaires chargés de prononcer entre Leibniz et Newton au sujet de l'invention du calcul intégral. Moivre s'est surtout occupé du calcul des probabilités; on a de lui : De mensura sortis, qu'il reproduisit en anglais sous le titre de The doctrine of chances, Londres, 1716; Annuities on life ou Des rentes viagères, 1724; Miscellanea analytica de Seriebus, 1730.

MOJAISK, v. de Russie (Moscou), sur un affluent de la Moskova, à 97 k. O. de Moscou ; 4000 h. Jadis fortifiée. Elle fit partie de la principauté de Tchernigov, puis de celle de Smolensk, et fut réunie au grand-duché de Moscou en 1341. Plusieurs fois assiégée par les Polonais, prise par les Français en 1812.

MOKA, v. et port d'Arabie (Yémen), dans l'imamat de Sana, sur la mer Rouge, à 280 kil. S. O. de Sana; 7000 hab. Port à peu près ouvert, rade, quelques fortifications. Assez bel aspect de loin, mais l'intérieur est laid et hideux. Vents brûlants, chaleur intolérable. Aux environs, contrée sablonneuse et aride. La café renommé qui porte le nom de cette ville est cultivé dans les vallées de l'intérieur; il est apporté à Moka par des caravanes: on en exporte plus de 100 000 quintaux métriques par an; on exporte aussi de cette ville de la gomme, du mastic, de l'encens, des cuirs. Le commerce est encore assez actif, quoique fort déchu. Factoreries française, anglaise, danoise. — Moka était encore sans importance au XVIe siècle. Les Hollandais y établirent un comptoir au XVIIe siècle, et les Français en 1708. Les Anglais les suivirent, et ce sont eux qui y exercent auj. la plus grande influence.

MOKTADER-BILLAH, calife abbasside, régna de 908 à 932, se laissa gouverner par ses femmes et ses eunuques, fut deux fois déposé et deux fois rétabli, mais finit par être chassé de Bagdad et massacré par des soldats. Sous le règne de ce prince faible et efféminé, les Karmathes s'emparèrent de la Mecque, Nasser-Eddaulah fonda une dynastie à Mossoul, Obaïd-Allah établit la dynastie des Fatimites en Afrique, et la Perse échappa aux califes.

MOKTADY-BIAMRILLAH, calife abbasside de 1075 à 1094, épousa la fille de Mélik-Chah, par qui il avait été placé sur le trône, fit régner la justice, favorisa les sciences, et surtout l'astronomie. C'est sous son califat qu'eut lieu, en 1075, la réforme du calendrier persan appelée djélaléenne, en l'honneur de Mélik-chah, surnommé Djélal-eddin.

MOKTAFY-BILLAH, calife abbasside de 902 à 908, reprit l’Égypte et la Syrie aux Thoulounides (905), et réduisit les Carmathes ou Ismaéliens.

MOKTAFY-LEAMR-ALLAH, régna de 1136 à 1160 et releva un instant le califat depuis longtemps asservi par les Émirs-al-Omrah.

MOKTHAR, capitaine arabe, fils d'Abou-Obéidab, né en 622 de J.-C., fut le plus ferme appui des Alides, battit le calife Obéid-Allah, ennemi de cette famille, et conquit la Mésopotamie. Vaincu et pris quelques années plus tard par Mosab, général du calife Abdallah, il fut mis à mort en 687.

MOLA, Turris Juliana, v. et port d'Italie (Terre de Bari), sur l'Adriatique, à 22 kil. S. E. de Bari; 19 000 hab. Savon, tanneries. — MOLA DI GAETA, Formies, v. et port d'Italie (Terre de Labour), à 5 k. N. E, de Gaëte, sur la mer Tyrrhénienne; 2000 hab.

MOLANUS (J. VER MEULEN, dit), théologien catholique, né à Lille en 1533, m. en 1585, fut professeur de théologie à Louvain, puis doyen de la faculté de cette ville. Il a publié : Historia sacrarum imaginum, Louv., 1570; De fide hæreticis servanda, 1584.

MOLANUS (Gér. Walter VAN DER MEULEN, dit), théologien luthérien, né à Hameln en 1633, m. en 1722, enseigna les mathématiques, puis la théologie à Rinteln et obtint en 1677 l'abbaye de Lokkum avec la direction des églises protestantes du duché de Lunebourg et du Hanovre. Il eut en 1692 et années suivantes une correspondance avec Bossuet pour travailler à la réunion des églises catholique et protestante, et fut secondé dans es travail par Leibnitz; mais il fut impossible d'arriver à un résultat. On a de lui quelques écrits, en latin, relatifs à la réunion, qui se trouvent dans les Œuvres de Bossuet.

MOLAY (Jacques de), dernier grand maître des Templiers, entra dans l'ordre vers 1265, et en devint grand maître à la mort de Guillaume de Beaujeu. Il se préparait à réparer les revers éprouvés par les Chrétiens dans l'Orient, lorsqu'il fut, en 1305, rappelé en France sous un prétexte par le pape Clément V, qui, de concert avec Philippe le Bel, avait décidé la suppression de l'ordre. Il reçut d'abord un très-bon accueil; mais, en 1306, le roi le fit arrêter à l'improviste en accusant tous les Templiers des crimes les plus odieux. Livré à la torture, Jacques de Molay fit quelques aveux, qu'il rétracta plus tard; il n'en fut pas moins condamné à mort : il fut brûlé vif le 18 mars 1314, à la pointe de l'île de la Cité, sur l'emplacement du terre-plein actuel du pont Neuf. On rapporte qu'il cita à jour fixe devant le tribunal de Dieu le pape et le roi, qui, en effet, ne tardèrent pas à y comparaître. Il est probable que les Templiers s'étaient livrés, en effet, à de coupables désordres; mais leur principal crime était de posséder d'immenses richesses qui excitèrent la cupidité de Philippe le Bel. Cette catastrophe a fourni à Raynouard le sujet de sa belle tragédie des Templiers. V. TEMPLIERS.

MOLD, v. d'Angleterre, ch.-l. du comté de Flint, dans le pays de Galles, à 22 kil. O. de Chester; 5100 h. Jolie église, vieux château; filatures hydrauliques.

MOLDAU (la), riv. de Bohême, sort du Bœhmerwald, devient navigable à Hohenfurt, arrose Prague et Budweiss, et tombe dans l'Elbe vis à vis de Melnik, après un cours de 310 kil. Ses principaux affluents sont le Beraun et la Sazava.

MOLDAVA (la), riv. qui donne son nom à la Moldavie, naît en Galicie, traverse la Bukovine, puis entre en Moldavie, où elle arrose Baja et Roman, et tombe dans le Sereth, après un cours de 150 kil.

MOLDAVIE, appelée au moyen âge Bogdanie, une des Principautés danubiennes, vassale de la Turquie, bornée au N. et à l'E. par la Russie, à l'O. par la Transylvanie et la Valachie, au S. par le Danube et la Turquie; env. 6 millions d hectares; 1 600 000 h.; ch.-l., Jassy. Au N. s'étendent les monts Krapacks. Rivières : le Danube, le Prouth, le Sereth, la Moldava, la Bistritza. Climat très-variable; sol très-fertile en grains, vins, tabac, légumes, fruits, melons, etc.; vastes forêts, excellents pâturages. Bétail, abeilles innombrables; gibier et beaucoup de poisson. Quantité de nitre et de naphte; mines d'or, d'argent et de cuivre, riche mine de sel gemme (à Okna). Le pays est gouverné par un prince qui a porté indistinctement les noms d’hospodar et de vayvode. La population se distingue en boyards et paysans; les paysans, longtemps asservis à la glèbe, n'ont commencé à être affranchis qu'en 1746 et ce n'est qu'en 1855 que le servage a été aboli dans toute la principauté. La grande majorité des habitants professe la religion grecque. — La Moldavie a fait successivement partie de la Dacie Trajane, de l'empire des Goths, des Huns, des Avares; elle fut occupée du IXe au XIIIe siècle par les Petchenègues, les Cumans et les Mongols. Après l'expulsion de ces derniers, Bogdan vint vers 1290, selon les uns, vers 1352, selon les autres, avec des Valaques et des Polonais, fonder sur les bords de la Moldava un faible État qui prit le nom de Bogdanie, et qui, en 1432, finit par se reconnaître vassal de la Pologne. Sous Étienne le Grand (1458-1504), la Moldavie, placée entre la Turquie et la Pologne, qui s'en disputaient la suzeraineté, jouit de quelque indépendance; mais en 1513, Bogdan II se soumit à Sélim I. En 1538, Soliman II dépouilla Pierre Rarech, le dernier prince du sang de Bogdan, et mit à sa place Étienne Laputiet : depuis ce moment, la Porte nomma toujours le vayvode de Moldavie; elle le choisissait parmi les Grecs Fanariotes. Par le traité de Jassy, 1792, la Russie parvint à exercer sur cet État un droit de protection qui fut fortifié par le traité d'Andrinople (1829); elle s'en fit même céder en 1812 une province importante, la Bessarabie; mais cette province a été en partie restituée aux Moldaves après la guerre de Crimée, en 1856. A la même époque, une plus grande indépendance fut assurée à la Moldavie, ainsi qu'à la Valachie : par suite de la Convention de Paris (19 août 1858), le pouvoir fut confié dans chaque principauté à un hospodar élu à vie et à une assemblée élective, avec une commission centrale siégeant à Fokschani. Les deux principautés élurent un même chef, le colonel Couza, et s'unirent en 1866 en une seule principauté, la Roumanie. V. ce nom.

Souverains de la Moldavie.
Bogdan I ou Dragoch, 1352 Roman II, 1447
Sas, 1361 Pierre III, 1448
Pierre I? Étienne V, 1449
Étienne II? Alexandre II, 1450
Latsko, 1365 Bogdan III,
Bogdan II, 1373 Pierre IV, 1456
Pierre II, 1379 Étienne VI, le Grand, 1458
Étienne III (ou I), 1390 Bogdan IV, 1504
Jaga et Roman I, 1400 Étienne VII, 1517
Alexandre I, le Bon, 1401 Étienne VIII, 1526
Élie et Étienne IV, 1432 Pierre V (Rarech), 1527-38

MOLÉ (Édouard), illustre magistrat, né à Paris en 1558, m. en 1614, était fils d'un conseiller au parlement de Paris, et devint lui-même conseiller. Enveloppé avec toute sa compagnie dans les persécutions qu'eut à subir le parlement en 1589, il fut quelque temps emprisonné à la Bastille par les Ligueurs, puis contraint d'accepter d'eux les fonctions de procureur général et de prêter serment à la Ligue. Quoique exposé à mille dangers, il resta fidèle de cœur à la cause royale, négocia en secret l'abjuration de Henri IV, et fit rendre par le parlement l'arrêt qui assura la couronne à ce, prince en excluant du trône les femmes et les étrangers (28 juin 1593). Il fut nommé en 1602 président à mortier, charge qui resta dans sa famille jusqu'à la Révolution.

MOLÉ (Matthieu), fils du préc., né en 1584, m. en 1656, fut nommé conseiller au parlement en 1606, procureur général en 1614, 1er président en 1641, et enfin garde des sceaux en 1650. Dans sa longue carrière il déploya une fermeté à toute épreuve, et sut concilier les devoirs d'un grand citoyen avec l'obéissance due à l'autorité royale. Pendant les troubles de la Fronde, il alla, à travers les barricades et au risque de sa vie, réclamer à la cour deux conseillers arbitrairement arrêtés (1648). Député à Rueil auprès de la reine pour proposer un accommodement, entre la cour et les Frondeurs (1649), il parvint par ses efforts à rapprocher les partis. Apprenant que sa présence au ministère était pour quelques-uns un obstacle à la réconciliation, il s'empressa de résigner les sceaux; mais on fut bientôt obligé de les lui rendre, et il les conserva jusqu'à sa mort. On cite de ce magistrat plusieurs traits qui prouvent que le courage civil ne le cède en rien au courage militaire. Matthieu Molé a laissé de précieux Mémoires, qui ont été publiés pour la Société de l'histoire de France par Aimé Champollion-Figeac, Paris, 1855-58, 4 vol. in-8.

MOLÉ (Matthieu Louis), homme d'État, issu de famille parlementaire, né à Paris en 1781, m. en 1855, avait pour père le président Molé de Champlâtreux, qui périt en 1794 sous la hache révolutionnaire. Emmené par sa mère à l'étranger, il revint en France en 1796, se fit admettre à l'École centrale des travaux publics (École polytechnique), publia dès 1806 des Essais de morale et de politique, qui attirèrent sur lui l'attention du public et celle de Napoléon; devint successivement maître des requêtes au Conseil d'État (1806), préfet de la Côte-d'Or (1807), conseiller d'État, directeur général des ponts et chaussées (1809), remplaça en 1813 le duc de Massa, dans les fonctions de grand juge (ministre de la justice), et reçut alors le titre de comte de l'Empire. Néanmoins, il refusa pendant les Cent-jours (1815) de signer la déclaration du Conseil d'État contre les Bourbons. Au retour de Louis XVIII, il se rallia aux royalistes constitutionnels et fut nommé pair. Il entra la même année (1815) dans le ministère Richelieu, avec le portefeuille de la marine; il en sortit en même temps que le duc de Richelieu (12 décembre 1818), et s'opposa de tout son pouvoir, dans la Chambre des pairs, aux mesures réactionnaires qui amenèrent la chute de Charles X. Appelé en 1830 aux affaires étrangères par Louis-Philippe, il fit reconnaître la nouvelle dynastie par les cabinets étrangers et proclama le principe de non-intervention; il se retira trois mois après, en même temps que Casimir Périer. Placé en 1836, avec le portefeuille des affaires étrangères, à la tête d'un nouveau cabinet, il signala son ministère par des mesures de conciliation et fit rendre une loi d'amnistie (8 mai 1837), mais il prêta le flanc en ordonnant l'évacuation d'Ancône et de la Belgique, et vit se former contre son administration une coalition formidable, à la tête de laquelle se placèrent MM. Guizot et Thiers; après plusieurs mois de lutte, il se décida à se retirer, le 8 mars 1839. En 1840 il fut élu, à l'unanimité moins une voix, membre de l'Académie française. Nommé en 1848 et 1849 représentant à l'Assemblée nationale, il se tint constamment dans l'ombre. Par la dignité de son caractère, par l'exquise distinction de sa personne, de ses manières et de sa parole, le comte Molé est un des hommes qui représentaient avec le plus d'honneur l'ancienne société française. Il n'a laissé qu'une fille, Mme de La Ferté, et son nom s'est éteint avec lui. Outre ses Essais, on doit à M. Molé un Éloge de Matthieu Molé et de nombreux Discours politiques et académiques. Il a laissé des Mémoires, dont la publication est annoncée. M. de Falloux, son successeur à l'Académie, a fait son Éloge dans son discours de réception (1857).

MOLÉ (François René), excellent acteur, dont le vrai nom était Molet, né à Paris en 1734, m. en 1802, débuta à la Comédie française en 1760, et ne cessa de jouer jusqu'à sa mort. Dans une aussi longue carrière il obtint toujours le plus grand succès. Il excellait dans la comédie, et principalement dans les rôles de fats et de petits maîtres, et il excita un engouement extraordinaire. Après la mort de Lekain il voulut remplacer ce grand tragique, mais il réussit moins dans ce nouveau genre. Pendant la Révolution, il n'échappa à la proscription que par une grande affectation de civisme. Molé fut de l'Institut dès sa fondation. Il a laissé d'intéressants Mémoires, publiés par Étienne en 1825.

MOLÊMES, bg de la Côte-d'Or, à 22 kil. N. O. de Châtillon-sur-Seine; 900 hab. Célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 1075, par Robert de Champagne. V. ROBERT (S.).

MOLFETTA, v. murée d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Bari), sur l'Adriatique, à 26 kil. S. E. de Barletta; 16 000 hab. Évêché. Anc. duché, qui a appartenu aux Gonzague depuis 1536.

MOLIÈRE (J. B. POQUELIN, dit), le prince des poëtes comiques, né à Paris en 1622, était fils de J. Poquelin, tapissier-valet de chambre du roi, et était destiné à la profession de son père; mais, ayant de bonne heure conçu du goût pour les lettres, et surtout pour le théâtre, il obtint de sa famille qu'on le fit étudier. Il suivit le collége de Clermont, où il eut pour condisciples le prince de Conti, Hesnault, Chapelle et Bernier, qui restèrent ses amis, puis il reçut les leçons de Gassendi, qui lui inculqua les doctrines d'Épicure. Après avoir terminé ses études, il exerça quelque temps avec son père les fonctions de tapissier du roi, puis se fit recevoir avocat (1645); mais, entraîné par son goût pour l'art dramatique, il joua d'abord sur des théâtres particuliers, et finit par se faire comédien; il prit alors le nom de Molière, nom d'un auteur oublié aujourd'hui. De 1646 à 1658, il parcourut la province avec une troupe qu'il avait formée, jouant de petites pièces qu'il composait lui-même pour la plupart, et dont les plus remarquables sont : l’Étourdi, représenté à Lyon en 1653, et le Dépit amoureux, à Montpellier, 1654. Ce n'est qu'en 1658 qu'il vint se fixer à Paris; il y ouvrit, d'abord à la salle du Petit-Bourbon, près du Louvre, puis au Palais-Royal, un théâtre qui attira bientôt la foule; il y représenta successivement une trentaine d'ouvrages de sa composition, dans lesquels il jouait lui-même le principal rôle; presque toutes ces pièces sont des chefs-d'œuvre. Les principales sont : les Précieuses ridicules (1659); Sganarelle (1660); l'École des Maris (1661), imitée, des Adelphes de Térence; l'École des Femmes (1662); le Mariage forcé (1664), tiré de Rabelais; le Festin de Pierre (1665), imité de l'espagnol, et dont le principal personnage excita de violents murmures par son impiété; l'Amour médecin (1665); le Misanthrope (1666), comédie d'un genre sévère, dont la perfection ne fut pas appréciée dès l'origine; le Médecin malgré lui (1666); le Tartufe ou l'Imposteur (1667), satire sanglante de l'hypocrisie, contre laquelle il s'éleva une vive opposition, et qui, bien que composée dès 1664, ne put être représentée qu'après de longs délais et par la protection toute spéciale de Louis XIV; Amphitryon et l'Avare (1E68), toutes deux imitées de Plaute; Georges Dandin (1668); Monsieur de Pourceaugnac (1669); le Bourgeois gentilhomme (1670), les Fourberies de Scapin (1671); les Femmes savantes (1672); le Malade imaginaire (1673). A la 4e représentation de cette dernière pièce, Molière, dont la santé était depuis longtemps altérée, voulut jouer malgré les représentations de ses amis, de peur, disait-il, de faire perdre leur journée à tous ceux qu'il employait; mais à la fin de la pièce, au moment où il prononçait le mot juro, il fut pris d'une convulsion, et on l'emporta mourant. Il expira le 17 février 1673, à peine âgé de 51 ans. Ce ne fut pas sans peine que sa veuve obtint de l'autorité ecclésiastique la permission de le faire assister par un prêtre et de l'enterrer en terre consacrée. Ce grand homme avait eu à souffrir de l'envie; il ne fut pas non plus heureux dans son intérieur : il avait épousé en 1662 Armande Béjart (sœur d'une des actrices de sa troupe), qui était beaucoup plus jeune que lui, et dont la coquetterie empoisonna ses dernières années. Molière est le premier des comiques; aucun ne l'a surpassé, ni même égalé. A une admirable force comique, à une verve intarissable, il unit une exacte observation de mœurs qui lui permet de saisir tous les vices et tous les ridicules, un talent prodigieux pour tracer des caractères qui deviennent autant de types immortels, enfin une morale pleine d'une haute raison et d'une utilité vraiment pratique. Il a traité en vers tous les sujets qui appartenaient à la haute comédie, le Misanthrope, le Tartufe, les Femmes savantes, se contentant de la prose pour les sujets d'une importance moindre ou qui se rapprochaient de la farce, les Fourberies de Scapin, George Dandin, l’Avare, le Malade imaginaire. Sa prose a une franchise, une netteté, une précision et une vigueur remarquables; ses vers, malgré quelques négligences, sont restés le type du vrai style comique par le naturel, l'aisance du tour, l'énergie, et, au besoin, par la grâce. Le génie de Molière, malgré son incontestable supériorité, ne fut pas immédiatement apprécié par ses contemporains, ce qui a fait dire à Boileau :

Avant qu'un peu de terre, obtenu par prière,
Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière,
Mille de ces beaux traits, aujourd'hui si vantés,
Furent des sots esprits à nos yeux rebutés....
Mais sitôt que d'un trait de ses fatales mains
La Parque l'eut rayé du nombre des humains,
On reconnut le prix de sa muse éclipsée. (Ép. VII.)

Parmi les nombreuses éditions des Œuvres de Molière, on remarque celles de Bret, avec un commentaire trop succinct, 1773, 6 vol. in-8; d'Auger, 1819-25, 9 vol. in-8; d'Aimé Martin, 1823-26, avec un choix de tous les commentateurs, de L. Moland, 1865. La Vie de Molière a été écrite par (Grimarest, 1705; l’Histoire de sa vie et de ses ouvrages, par Taschereau, 1825. On doit à Cailhava des Études sur Molière, 1802, à M. Bazin des Notices historiques sur M., 1851, à F. Génin, un Lexique de la langue de Molière. Son Éloge fut mis au concours par l'Académie française en 1769, et le prix fut décerné à Chamfort. En 1778, l'Académie, qui ne l'avait pas admis au nombre de ses membres à cause de sa profession, plaça son buste dans la salle de ses séances, avec ce vers de Saurin pour inscription :

Rien ne manque à sa gloire; il manquait à la nôtre.

On a élevé en 1844 à Paris (rue Richelieu) un monument en l'honneur de Molière, près de la maison qu'il avait habitée.

MOLIÈRES, ch.-l. de cant. (Tarn-et-Garonne), à 26 kil. N. de Montauban; 1000 hab.

MOLIÈRES (Joseph PRIVAT de), physicien, né en 1677 à Tarascon, mort en 1742, entra chez les Oratoriens, se lia intimement avec Malebranche, fut reçu en 1721 à l'Académie des sciences, et nommé en 1723 professeur de philosophie au collége de France. Il était un des plus zélés partisans des tourbillons de Descartes. On a de lui des Leçons de Mathématiques, 1726: — de Physique, 1733.

MOLIN (Jacques), dit Du Moulin, médecin, né en 1666 à Marvège près de Mende, m. en 1755, fut professeur d'anatomie au Jardin du roi, médecin en chef des armées, médecin de Louis XIV et de Louis XV, fit une foule de cures merveilleuses, et amassa une grande fortune. Il recommandait la saignée, l'eau, la diète et l'exercice : on croit que c'est lui que Lesage désigne dans Gil Blas sous le nom de Sangrado.

MOLINA (Louis), jésuite espagnol, né en 1535 à Cuença, enseigna la théologie 20 ans à l'université d'Évora en Portugal, puis revint en Espagne, et mourut à Madrid en 1601. On a de lui un commentaire sur la Somme de S. Thomas, des traités De liberi arbitrii cum gratiæ donis concordia, De Justitia et jure. Dans son traité sur l'accord du libre arbitre avec la grâce, il fait une grande part au libre arbitre, au risque même de diminuer celle de la grâce, et suppose en Dieu, relativement aux actes conditionnels, une science d'une nature particulière, qu'il nomme Science moyenne. Cette doctrine, connue depuis sous le nom de Molinisme, fut accusée d'être contraire à celle de S. Thomas et divisa les théologiens en deux camps, les Molinistes et les Thomistes; les papes Clément VIII et Paul V, auxquels elle fut déférée, ne se prononcèrent pas à son égard. Quelques-uns imputent à la doctrine de Molina de conduire à une morale relâchée : les Jansénistes, par ce motif, affectaient de donner à leurs adversaires le nom de Molinistes.

MOLINA (Marie de), reine de Castille. V. MARIE.

MOLINA (Tirso de). V. TIRSO et TELLEZ. .

MOLINA-DE-ARAGON, v. murée d'Espagne, dans la Nouv.-Castilie (Guadalaxara), à 95 kil. S. E. de Siguenza; 3650 hab. Elle reçut en 1140 des Fueros, qui sont un document curieux de l'ancienne jurisprudence de la Castille. Au XIVe siècle, elle fut cédée par le roi de Castille au roi d'Aragon : d'où le nom qu'elle a conservé. Prise en 1810 par les Français. — On appelle Sierra de M., une petite chaîne de montagnes de l'Aragon, qui sépare la prov. de Guadalaxara de celles de Calatayud et de Téruel; elle se rattache au N. O. à la Sierra Solorio, et au 3. à la Sierra Albarracin.

MOLINET (Jean), poëte du XVe s., né dans le Boulonnais vers 1420, mort en 1507, embrassa l'état ecclésiastique étant veuf, devint chanoine à Valenciennes, aumônier et bibliothécaire de Marguerite de Parme, et historiographe de l'empereur Maximilien Ier. On a de lui quelques poëmes fort médiocres, qui néanmoins lui firent en son temps une grande réputation : le Temple de Mars, la Complainte de Constantinople, la Vigile des morts, moralité. Il a en outre mis en prose le Roman de la Rose, Lyon, 1503. Il a aussi laissé : Faits et dits, contenant plusieurs beaux traités, oraisons et chants royaux, Paris, 1531, et une Chronique, qui va de 1474 a 1504. et qui a été publiée par Buchon en 1828.

MOLINIER (Guil.), troubadour toulousain, chancelier du Collége du gai savoir, rédigea en 1356, de concert avec les sept mainteneurs du gai savoir, sous le titre de Leys d'amors, une poétique, suivie d'une grammaire et d'un traité des figures, que l'Académie des Jeux floraux a publiée en 1842-44, avec une traduction en regard.

MOLINISTES, partisans de Molina. V. MOLINA.

MOLINOS (Michel), théologien espagnol, né en 1627, près de Saragosse, se fixa à Rome et y fut longtemps directeur de consciences. Il publia en 1675 la Guide spirituelle, où il enseignait, sous le nom de Contemplation parfaite, un quiétisme qui fut trouvé dangereux : 68 propositions tirées de ce livre furent condamnées par Innocent XI; l'auteur fut jeté dans les prisons de l'Inquisition en 1685, et, quoiqu'il se fût rétracté publiquement, on l'y laissa mourir après 11 ans de détention, en 1696. On trouve la traduction de la Guide dans un Recueil de pièces sur le Quiétisme, Amsterdam, 1688. Les 68 propositions de Molinos ont été réfutées par Fénelon et par Bossuet.

MOLISE, Melæ, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, à 15 kil. N. O. de Campo-Basso; 600 hab. On donne quelquefois le nom de cette ville à toute la province, quoiqu'elle n'en soit pas le ch.-l. V. SANNIO.

MOLITOR (Gabriel), maréchal de France, né en 1770 à Hayange (Moselle), mort à Paris en 1849, s'enrôla au début de la Révolution, fut dès 1791 nommé capitaine, commanda une des colonnes qui vainquirent à Weissemhourg, devint général de brigade en 1798; seconda puissamment en Suisse Masséna, et battit les troupes russes et autrichiennes dans les combats de Schwitz, de Muttenthal et de Glaris (17991 : à cette dernière affaire, sommé de se rendre par des forces bien supérieures, il répondit : « Ce n'est pas moi qui me rendrai, ce sera vous; » et en effet, il força l'ennemi à mettre bas les armes. Il commanda en 1800 le passage du Rhin, qu'il effectua à la tête d'une compagnie de grenadiers sous le feu de l'ennemi; fit 3500 prisonniers à Stockach, enleva Mœskirch, reprit Feldkirch, qui était la clef du Tyrol, et fut en récompensé élevé au grade de général de division. En 1805, à Caldiero, il assura la victoire en contenant avec sa seule division toute l'aile droite de l'archiduc Charles. En 1806, il occupa la Dalmatie avec trois régiments seulement, et réussit à débloquer Lauriston enfermé dans Raguse, en dispersant avec 1670 hommes 11 000 Russes et Monténégrins. Chargé en 1807 et 1808 du commandement de la Poméranie, il poursuivit les Suédois jusque sous les murs de Stralsund , et entra le premier dans la place, ce qui lui valut le titre de comte avec une dotation de 30 000 fr. Il eut une grande part aux victoires d'Eckmuhl, d'Essling, de Wagram, et s'empara de l'île de Lobau (1809). Mis à la tête de l'armée d'occupation des villes hanséatiques (1810), puis de la Hollande (1811), il tint jusqu'au dernier moment. Dans la campagne de France, il fit d'admirables, mais inutiles efforts à La Chaussée, à Châlons, à La Ferté-sous-Jouarre. Quelque temps disgracié par les Bourbons, il fut cependant appelé en 1823 au commandement du 2e corps de l'armée d'Espagne et fut, à son retour, élevé à la dignité de maréchal de France et à la pairie. Il occupa dans ses dernières années le poste de gouverneur des Invalides, puis de grand chancelier de la Légion d'honneur.

MOLLAH, c.-à-d. Seigneur, titre d'honneur que portent chez les Arabes et les Turcs les principaux chefs de leur religion. Il se donne aussi aux cheiks, aux jurisconsultes, et en général à tout homme recommandable par son savoir ou sa piété.

MOLLENDORF. V. MŒLLENDORF.

MOLLEVAUT (Ch.), né en 1776 à Nancy, mort en 1844, était fils d'un avocat de Nancy qui fut membre de la Convention et du Corps législatif. D'abord professeur aux écoles centrales, puis au lycée de Nancy, Mollevaut se fit connaître de bonne heure par des traductions qui le firent admettre en 1816 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Il a traduit en vers : les Amours d'Héro et Léandre de Musée; les Odes d'Anacréon; un choix d’Ovide, de Tibulle, de Properce, de Catulle; l’Énéide et les Géorgiques de Virgile; en prose : Salluste, Virgile, la Vie d'Agricola de Tacite. On a aussi de lui des poésies originales : Élégies, 1816; les Fleurs, en quatre chants, 1818; Chants sacrés, 1824, et nombre de pièces de circonstance, dans lesquelles il loue alternativement Napoléon et les Bourbons. Ses premiers travaux avaient du mérite, son Tibulle surtout; mais il ne sut pas s'arrêter à temps.

MOLLIEN (Franç. Nic.), habile financier, né en 1758 à Rouen, mort en 1850 à Paris, était en 1789 attaché aux fermes générales. Il fut nommé par l'Empereur ministre du Trésor en 1806, conserva cette haute position jusqu'en 1814, y fut rappelé aux Cent-Jours, puis rentra dans la vie privée. Il avait puissamment contribué à rétablir l'ordre dans l'administration et à créer notre organisation financière : Napoléon, en récompense, le fit comte de l'Empire. Louis XVIII l'appela en 1819 à la Chambre des Pairs, dont il fut une des lumières. Le comte Mollien a écrit des mémoires, imprimés en 1845 sous ce titre : Mémoires d'un ancien ministre du Trésor public : il y expose ses principes d'administration.

MOLLIENS-VIDAME, ch.-l. de cant. (Somme), à 25 kil. O. d'Amiens; 813 hab.

MOLOCH, c.-à-d. Roi, idole des Phéniciens et des Carthaginois, ainsi que des Ammonites et des Moabites, est identifié tantôt avec Baal, tantôt avec Saturne. On lui sacrifiait des victimes humaines, surtout des enfants. On le représentait sous la forme monstrueuse d'un homme qui portait une tête de veau ou de taureau. Selon Diodore, sa statue était en métal, et avait les bras étendus pour recevoir les victimes humaines qu'on lui offrait.

MOLOGA, riv. de Russie, arrose les gouvts de Tver, de Novogorod, d'Iaroslav, et se jette dans le Volga par la r. g., à Mologa, ville située à 100 k. O. N. d'Iaroslav; env. 400 k. de cours.

MOLOKATH, Mulucha ou Muluchas, auj. la Malva, riv. de l'Afrique sept., affluent de la Méditerranée, séparait chez les anciens la Mauritanie Tingitane de la Mauritanie Césarienne.

MOLOSSES, peuple d'Épire, habitait le pays situé à l'E. de la Thesprotie, depuis Dodone jusqu'au territoire d'Ambracie; ce pays prenait d'eux le nom de Molosside. Les villes principales étaient : Photica (auj. Vela), Tecmon (Gurianista), Dodone (Castrizza), Passaron, Chalcis (Khaliki), Horréon, Phylacé, Charadra, Ambracie (Arta). On trouvait dans ce pays d'énormes chiens, connus sous le nom de molosses. — Les Molosses étaient d'origine pélasgigue. Après la guerre de Troie, leur pays fut envahi par des Hellènes venus de Thessalie, et conduits par Néoptolème ou Pyrrhus, fils d'Achille, ou par un fils de Pyrrhus, nommé Molossus, qui donna son nom à la nation. Ils soumirent les petits peuples voisins, et fondèrent un royaume important, qui comprenait la plus grande partie de l'Épire. V. ce mot.

MOLSHEIM, ville d'Alsace-Lorraine, sur la Bruche, à 20 kil. O. S. O. de Strasbourg; 3600 hab. Acier fondu, acier laminé pour ressorts d'horlogerie; faux, fleurets, quincaillerie, etc. Vins blancs. Molsheim était dès le XIIe s. une place forte, qui appartenait aux évêques de Strasbourg; elle fut brûlée en 1677 par les Impériaux.

MOLUQUES, grand archipel de l'Océanie, dans la Malaisie, entre la Papouasie et Célèbes, dont elle est séparée par le passage des Moluques, entre 5° 30' lat. S. et 3° lat. N., et par 124°-127° long. E., se divise en trois groupes, celui d'Amboine, celui de Banda, et les Moluques proprement dites. Dans ces dernières, on remarque Gilolo, la plus grande de toutes; Ternate, dont le prince étend sa domination sur Mortay et sur une partie de Gilolo et de Célèbes; Mortay, Tidor, Batchian et Mysol. C'est à Ternate qu'est le centre de l'exploitation hollandaise. Les Moluques sont très-fertiles, et la nature de leur végétation les a fait surnommer Îles aux épices; deux arbres surtout, le muscadier et le giroflier, y croissent en abondance et sont pour les Hollandais une source inépuisable de profits; on en tire aussi du sucre, du café, de l'indigo, du sagou, des plantes tinctoriales. Ces îles renferment plusieurs volcans et portent la trace d'anciens tremblements de terre. Les indigènes sont des Alfourous et des Malais, la plupart féroces et très-guerriers. Ceux de la côte exercent la piraterie. — Les Moluques furent découvertes en 1511 par les Portugais, qui les exploitèrent dans le plus grand secret. Les Espagnols survinrent peu après et leur en disputèrent la possession; mais, par le traité de Saragosse (1529), Charles-Quint céda ses prétentions sur les Moluques au roi de Portugal Jean III contre 350 000 ducats d'or. Les Hollandais s'en emparèrent en 1607, et ils les ont toujours gardées depuis, sauf l'intervalle de 1809 à 1814, pendant lequel les Anglais les possédèrent. Amboine, Banda et Ternate ont été déclarés ports francs en 1853.

MOLWITZ, v. des États prussiens (Silésie), à 37 k. S. E. de Breslau. Victoire de Frédéric II sur les troupes de Marie-Thérèse en 1741.

MOLYNEUX (W.), savant irlandais, né à Dublin en 1656, m. en 1698, s'adonna aux mathématiques et à la physique, fonda en 1683 à Dublin une société scientifique, fut nommé en 1684 surintendant des bâtiments de la couronne et reçu en 1685 à la Société royale de Londres. Il se retira en Angleterre pendant les troubles de l'Irlande; après son retour dans sa patrie, il fut nommé en 1692 représentant de Dublin au parlement. On a de lui une Dioptrique, en anglais, qui contient un théorème célèbre pour trouver le foyer des verres d'optique et qui a longtemps servi de manuel aux opticiens, et Sciothericum telescopium, contenant la description et l'usage d'un cadran solaire à lunette de son invention; Molyneux était lié avec Locke; il lui demanda si un aveugle auquel on rendrait la vue pourrait aussitôt reconnaître la forme des corps : Locke lui fit une réponse négative, qui fut depuis confirmée par les expériences de Cheselden. c'est ce qu'on appelle le Problème de Molyneux.

MOLZA (Fr. Marie), poëte de Modène, 1489-1544, se fit de bonne heure remarquer par des vers pleins d'élégance et de fidélité qui lui valurent de puissants protecteurs; mais il se plongea dans la misère par une conduite déréglée, et mourut d'une maladie honteuse. Il a laissé des capitoli, des rime, des nouvelles et des vers latins, parmi lesquels on remarque des élégies qui le placent près de Tibulle. Ses ouvrages ont été publiés par Serassi, Bergame, 1747-54. — Sa petite fille, Tarquinia Molza, 1542-1617, se distingua aussi comme poëte et fut louée par le Tasse et Guarini. On a d'elle des sonnets, des madrigaux, etc., impr. avec les Œuvres de son aïeul.

MOMBAZA, île de la mer des Indes, sur la côte de Zanguebar, par 37° 20' long. E., 4° 3' lat. S., a 25 k. de tour, et a pour ch.-l. une ville de même nom qui compte 3000 h. Bons ports; sol fertile; commerce d'ivoire, de gomme, de poudre d'or, etc.; habitants mahométans. Possédée par les Portugais de 1519 à 1720, par les Anglais de 1824 à 1826, elle est auj. au pouvoir de l'imam de Mascate.

MOMIERS, c.-à-d. Comédiens, nom ironique donné en Suisse aux Méthodistes, et spécialement à une association mystique formée à Genève en 1818.

MOMIES. V. ce mot dans notre Dict. des Sciences.

MOMONIE, prov. d'Irlande. V. MUNSTER.

MOMPOX, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de prov., à 200 kil. S. E. de Carthagène, sur la r. g. de la Magdalena; 10 000 hab. Collége. Tabac, sucre, chocolat; or. — La prov. de Mompox est une des quatre qui ont été formées du dép. colombien de Magdalena.

MOMUS, dieu de la raillerie et des bons mots, fils du Soleil et de la Nuit, selon Hésiode, tournait en ridicule les hommes et même les dieux. On le représente levant son masque d'une main et tenant de l'autre une marotte, symbole de folie.

MONA, île de l'Océan atlantique, auj. ´Anglesey.

MONABIA, île de l'Océan atlantique, auj. Man.

MONACO (jadis en français Mourges), Herculis Monæci portus, ch.-l. de la principauté de Monaco, sur un rocher qui s'avance dans la mer, à 12 kil. E. N. E. de Nice; 1200 hab. Port, rade (où mouillent les petits navires). Château, citadelle. Tribunal (dont la cour d'appel siége à Paris). Distillerie d'essences : pêche assez active. Patrie du statuaire Bosio et du compositeur Langlé. — La principauté, bornée au S. par la Méditerranée et enveloppée des autres côtés par le dép. français des Alpes maritimes, possédait avant 1848, outre Monaco, les villes de Menton et Roquebrune; elle se réduit auj. à la petite ville de Monaco et à son territoire. Climat délicieux. Le sol produit en abondance des citrons, des oranges, des caroubes. Fabriques de chapeaux de paille. — La principauté de Monaco, située dans l'anc. Ligurie, fut d'abord une simple seigneurie, qui dès l'an 968 appartint aux Grimaldi, une des plus puissantes familles de Gênes. Au XVIe, le titulaire avait le titre de prince. En 1605 le tuteur d'Honoré II mit la principauté sous la protection espagnole; Honoré II se plaça en 1641 sous la protection de la France, ce qui lui fit perdre les fiefs qu'il avait en Espagne. La France l'indemnisa par la cession du duché de Valentinois et d'autres fiefs importants. La maison de Grimaldi s'éteignit dans les mâles en 1731; l'héritière porta alors la principauté dans celle de Matignon, qui prit dès lors le nom de Grimaldi. Honoré V, m. en 1841, eut pour successeur son frère Florestan I, mort lui-même en 1856, et remplacé par son fils Charles-Honoré, qui prit le nom de Charles III. En vertu des traités de 1815, l'État de Monaco était sous la protection du roi de Sardaigne, qui mettait garnison au chef-lieu. En 1848, les villes de Menton et de Roquebrune réussirent à se soustraire à l'autorité du prince de Monaco; l'année suivante, Charles-Albert les occupa malgré les protestations du prince Florestan, et il les fit gouverner depuis comme partie intégrante des États Sardes. Par un traité du 2 févr. 1861 le prince de Monaco céda à la France ses droits sur Menton et Roquebrune moyennant une indemnité de 4 millions; elles font auj. partie du dép. des Alpes maritimes.

MONAGHAN, v. d'Irlande, ch.-l. du comté de même nom, à 100 kil. N. de Dublin. — Le comté, situé dans le S. E. de l'Ulster, est entre ceux de Tyrone, Armagh, Louth, East-Meath; il a 1140 kil. carr. et 240 000 hab. Sol assez fertile. Faible industrie.

MONALDESCHI (Jean de), d'une famille noble d'Orvieto, dans l'État romain, entra jeune au service de Christine, reine de Suède, devint son grand écuyer, l'accompagna dans ses voyages après son abdication, et vécut avec elle dans une étroite intimité. Pendant son séjour en France Christine l'accusa de trahison et le fit assassiner au château de Fontainebleau (1657) : on attribua ce crime à la jalousie; selon quelques-uns, M. avait composé un libelle contre sa bienfaitrice.

MONASTIER (LE), ch.-l. de cant. (Hte-Loire) sur la Gazeille, à 19 kil. S. E. du Puy; 1900 hab.

MONASTIR ou BITOLIA, Octolophum, v. de Turquie (Roumélie), ch.-l. de livah, à 180 kil. S. O. de Salonique; 15000 h. Pillée en 1806 par Ali-Pacha.

MONASTIR, v. forte et port de l'État de Tunis, sur la Méditerranée, à 22 kil. S. E. de Sousa; 12 000 h. Étoffes de laine, burnous.

MONBARREY, MONBAIENS, etc. V. MONT.....

MONBODDO (Jacq. BURNETT, lord), philosophe écossais, né en 1714 à Monboddo (Kincardine), suivit d'abord le barreau d’Édimbourg, fut en 1767 nommé juge dans cette ville, et conserva ces fonctions jusqu'à sa mort (1799). Vif admirateur de la philosophie grecque, il s'est livré à des recherches curieuses sur l'antiquité, mais trop souvent il s'est laissé entraîner au paradoxe. On a de lui un traité de l’Origine et des progrès du langage, en anglais, 6 vol. in-8, 1773-92, et la Métaphysique des anciens, 6 v. in-4, 1779-99.

MONCADE (Hugues de), capitaine espagnol, se mit successivement au service de Charles VIII, roi de France, qu'il suivit en Italie, de César Borgia, de Gonsalve de Cordoue; prit parti pour les Colonna contre le pape Clément VII, s'empara en 1527 du Vatican, qu'il livra au pillage, se fit nommer peu après vice-roi de Naples, et périt en 1528 dans un combat naval en défendant Naples contre Lautrec et André Doria.

MONCADE (Franç. de), comte d'Ossone, marquis d'Aytona, de la même famille que le préc., né à Valence en 1586, mort en 1635. Généralissime des troupes espagnoles dans les Pays-Bas en 1633, il réussit à calmer les esprits et à faire échouer les tentatives du prince d'Orange sur la Meuse. Il a publié en 1623 une Hist. de l'expédition des Catalans et des Aragonais contre les Turcs et les Grecs, ouvrage réputé classique.

MONCALIERI, v. du Piémont sur le Pô, a 8 kil.. S. de Turin; 7500 h. Château royal, où Charles-Emmanuel III, duc de Savoie, enferma en 1730 son père, qui y mourut en 1732.

MONCAYO, Caunus, pic de la chaîne Ibérique (Espagne), sur la limite des provinces de Soria, de Calatayud et de Saragosse.

MONCEY (Adrien), duc de Conégliano, maréchal de France, né en 1754 à Moncey, près de Besançon, m. en 1842, était fils d'un avocat au parlement de Franche-Comté. Il s'engagea à quinze ans, et était capitaine en 1791. Envoyé en 1793 dans les Pyrénées à la tête des chasseurs cantabres, il s'y distingua tellement qu'il fut fait en peu de temps général de brigade, puis général de division. Nommé, malgré ses refus, général en chef de l'armée des Pyrénées-Occidentales (1795), il prit Fontarabie, le port du Passage, St-Sébastien, soumit le Bastan, la vallée de Roncevaux, où il détruisit une pyramide qui consacrait un souvenir injurieux pour la France, et força l'Espagne à demander la paix (1796). Dans la 2e campagne d'Italie (1800), il franchit le St-Gothard, s'empara de Bellinzona, de Plaisance, se distingua au combat de Roverdo et occupa la Valteline. Inspecteur général de la gendarmerie en 1801, il déjoua les plans des conspirateurs; aussi fut-il en 1804 compris dans la première promotion de maréchaux; il reçut peu après le titre de duc de Conégliano. Lorsque éclata la guerre d'Espagne, Moncey, envoyé de nouveau dans ce pays, battit les insurgés de Valence au défilé d'Almanza (1808), et contribua à la prise de Saragosse (1809). Major général de la garde nationale en 1814, il tenta de défendre les murs de Paris (30 mars), et ne déposa les armes que quand la capitulation eut été signée. Après les Cent-jours, il refusa de présider un conseil de guerre chargé de juger le maréchal Ney, et se vit, pour ce refus généreux, enfermé au fort de Ham et destitué de tous ses emplois. Néanmoins, en 1823, lors de l'intervention en Espagne, on eut recours à sa vieille expérience, et le commandement du 4e corps lui fut confié. Il s'empara promptement de Puycerda, de Rosas, de Figuières, et força Barcelone, Tarragone et Hostalrich à se rendre. Appelé dans ses dernières années au gouvernement de l'hôtel des Invalides, il y reçut en 1840 les cendres de Napoléon. Moncey n'était pas moins remarquable par son noble caractère que par ses talents guerriers : plein de modération, il resta pur de tout excès au milieu des régimes si divers sous lesquels il vécut. Un Éloge historique de Moncey, par M. de Chénier, a été couronné par l'Académie de Besançon. — Après sa mort, le titre de duc de Conégliano a été reporté, faute d'héritiers directs, sur la tête de son gendre, le baron de Gillevoisin.

MONCHIQUE, v. de Portugal (Algarve), à 23 kil. N. de Lagos,au pied de la Sierra de Monchique; 2700 h. Oranges et jambons renommés, sources sulfureuses, bains fréquentés. — La Sierra de Monchique sépare l’Algarve de l’Alentéjo occidental, puis court au S. O. jusqu’au cap St-Vincent.

MONCHY, vge du dép. du Pas-de-Calais, à 15 kil. S. O. d’Arras ; 1200 hab. Il a donné son nom à la maison de Monchy, d’où sort celle de Hocquincourt.

MONCLAR, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 22 k. S. E. de Montauban ; 1000 hab. — Ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 17 kil. N. O. de Villeneuve, 2173 hab. V. RIPERT-MONCLAR.

MONCLOVA, v. du Mexique. V. MONTELOVEZ.

MONCONTOUR, ch.-l. de c. (Vienne), sur la Dive, à 18 kil. S. O. de Loudun ; 750 hab. Henri III (alors duc d’Anjou), y battit l’amiral Coligny en 1569. — Autre ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 25 kil. S. E. de St-Brieuc ; 1400 hab. Toiles.

MONÇON ou MONZON, v. d’Espagne (Huesca) dans l’anc. Aragon, sur la r. g. de là Cinca, à 56 kil. S. E. de Huesca ; 3500 h. Enlevée aux Maures par le roi d’Aragon Sanchez-Ramirez en 1063. Célèbre par un traité signé, le 6 mars 1626, entre la France et l’Espagne, au sujet de la Valteline.

MONCOUTANT, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 26 k. N. O. de Parthenay ; 1900 hab. Grand entrepôt de breluches (étoffes de laine sur fil).

MONCRIF (Paradis de), écrivain, né à Paris en 1687, m. en 1770, obtint de bonne heure des succès dans le monde par sa figure, son esprit et ses talents ; il était à la fois poëte, musicien, et jouait agréablement la comédie. Il fut d’abord secrétaire du comte d’Argenson, puis du comte-abbé de Clermont, prince du sang, et devint en 1734 lecteur de la reine Marie Leczinska. Il avait été reçu à l’Académie en 1733. On a de lui : Essais sur la nécessité et les moyens de plaire, 1738 ; une Histoire des chats, ouvrage frivole écrit sous forme sérieuse et qui l’exposa à bien des sarcasmes ; quelques romans, des poésies chrétiennes, des poésies fugitives et des chansons : il excellait surtout dans la romance. Ses œuvres complètes ont été imprimées en 1751, 1768 et 1801.

MONDA, v. d’Espagne (Malaga), à 31 kil. O. de Malaga ; 10 250 h. Antiquités romaines. On a cru à tort que c’était l’anc. Munda. V. ce nom.

MONDEGO, Munda, riv. du Portugal (Beira), sort de la Sierra d’Estrello, coule au N., puis à l’O., et au S. O. ; arrose Coïmbre, Montemor-o-Velho, et tombe dans l’Océan après un cours de 180 kil. Elle charrie des paillettes d’or. Ses rives furent le théâtre de la guerre entre les Anglais et les Français en 1810 et 1811.

MONDINO, en lat. Mundinus, le restaurateur de l’anatomie, né vers 1260 à Milan ou à Florence, m. en 1326 à Bologne, professa à l’université de cette dernière ville à partir de 1316. Il passe pour être le premier des modernes qui ait disséqué des cadavres humains. On lui doit un traité d’anatomie intitulé : Anatome omnium humani corporis interiorum membrorum, qui fit longtemps autorité et qui a eu beaucoup d’éditions : Pavie, 1478 ; Venise, 1580 ; Padoue, 1584, avec commentaires de Bérenger de Carpy, etc.

MONDKY, vge de l’Inde, à 30 k. S. de Firozpour, près de la r. g. du Setledge. Les Sycks y livrèrent les 18 et 22 décembre 1845 des combats meurtriers aux Anglais, qui restèrent vainqueurs.

MONDONEDO, Mindonia, v. d’Espagne (Galice), à 48 kil. N. E. de Lugo, jadis ch.-l. de prov., auj. dans la prov. de Lugo ; 8000 hab. Évêché.

MONDONVILLE (CASSANEA de), instrumentiste et compositeur, né à Narbonne en 1715, m. en 1772, se fit remarquer par un talent précoce sur le violon, vint se fixer en 1737 à Paris, composa des motets, de oratorios, des sonates, des trios, des concertos et des opérasv qui obtinrent un grand succès, et fut nommé maître de chapelle à Versailles. Ses opéras du Carnaval du Parnasse, de Tilhon et l’Aurore, de Daphnis et Alcimadure, eurent la vogue.

MONDOUBLEAU, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), près de la Graisne, à 33 kil. N. O. de Vendôme ; 1800 hab. Serges, cotonnades, tanneries, chevaux, bestiaux. Jadis seigneurie ; ruines d’une forteresse féodale.

MONDOVI, ville d’Italie, ch.-l. de prov. (Coni), à 50 kil. S. E. de Turin ; 22 600 hab. Évêché, école de médecine, collége. Citadelle, ateliers de construction militaire. Draps, chapeaux, cotonnades, filatures de soie, etc. — Fondée en 1232 ; d’abord indépendante, elle fut soumise aux ducs de Savoie en 1396. Aux environs, Bonaparte vainquit les Piémontais, 22 avril 1796 ; Soult y dispersa 40 000 paysans insurgés, 1799. Patrie du physicien Beccaria. — La prov., entre celles d’Alba au N., de Saluces au N. O., de Coni à l’O., de Nice au S., et de Gênes à l’E., a 150 000 hab.

MONDRAGON, v. d’Espagne (Guipuzcoa), à 22 k. S. O. de Placencia ; 2500 h. Fabrique roy. d’armes ; forges, martinets, armes, forage de canons.

MONEIN ou MONEINS, Monesi, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 20 k. N. d’Oloron ; 5500 h. Bons vins rouges.

MONEINS (Tristan de), gouverneur de la Guyenne sous Henri II, fut en 1548 assiégé dans le Château-Trompette par les Bordelais qui s’étaient insurgés à l’occasion de l’impôt de la gabelle, et fut massacré par eux après s’être rendu. Ce meurtre fut vengé la même année par le connétable de Montmorency : on prétend qu’il força les Bordelais à déterrer le corps de Tristan avec leurs ongles.

MONEMBASIE, nom grec de la ville qu’on appelle vulgairement Nauplie de Malvoisie. V. ce nom.

MONESTIER (LE), ch.-l. de c. (H.-Alpes), près de la Guisane, à 15 kil. N. O. de Briançon ; 1250 h. Eaux thermales ; graphite ou plombagine, houille, cuivre. Antiquités romaines.

MONESTIER-DE-CLERMONT (LE), ch.-l. de c. (Isère), à 33 kil. S. de Grenoble ; 600 hab. Anc. baronnie, qui fut érigée en comté en 1547, et qui a donné son nom à la famille de Clermont-Tonnerre.

MONESTIÈS, ch.-l. de c. (Tarn), sur le Céron, à 23 kil. N. O. d’Alby ; 1300 hab.

MONFLANQUIN, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la Lède, à 20 kil. de Villeneuve-d’Agen ; 1300 h. Vins.

MONGATCH. V. MUNKACS.

MONGAULT (l’abbé), né à Paris en 1674, m. en 1746, entra à l’Oratoire, enseigna les humanités au collége de Vendôme, fut quelque temps attaché à l’archevêque de Toulouse, Colbert ; fut chargé en 1710 de l’éducation du fils aîné du duc d’Orléans, depuis régent, et entra à l’Académie en 1718. On a de lui des traductions estimées d’Hérodien, 1700, et des Lettres de Cicéron à Atticus, 1714 : ces Lettres ont été reproduites dans la traduction de Cicéron par M. V. Le Clerc

MONGE (Gaspard), géomètre, né à Beaune en 1746, m. en 1818, était fils d’un pauvre marchand forain. Après avoir étudié chez les Oratoriens, il fut quelque temps chargé d’enseigner les mathématiques et la physique à l’école du génie établie à Mézières. Pendant son séjour dans cette ville, il créa la géométrie descriptive ; mais il ne lui fut pas permis de divulguer ses nouvelles méthodes de construction pour que l’étranger ne pût pas s’en servir contre nous. Il fut nommé en 1780 membre de l’Académie des sciences, en 1783 examinateur de la marine, et vint alors se fixer à Paris. Il embrassa avec ardeur les doctrines de la Révolution, devint après le 10 août 1792 ministre de la marine, quitta quelques mois après ce poste qui lui convenait peu et consacra pendant les guerres de la république toute sa science à fournir à la patrie des moyens de défense : c’est à cette époque qu’il rédigea son Art de fabriquer les canons. Il fut nommé professeur à l’École normale dès sa création et fut un des fondateurs de l’École polytechnique. Il accompagna Bonaparte en Égypte et devint président de l’Institut au Caire. Devenu empereur, Napoléon le nomma sénateur, comte de Péluse, et le combla d’honneurs ; mais il perdit tout à la Restauration, et fut même rayé de l’Institut. On a de Monge : Traité élémentaire de Statique, 1786 et 1813 ; Géométrie descriptive, suivie d’une Théorie des ombres et de la perspective, an III, et 1813 ; Application de l’analyse à la géométrie des surfaces, 1809, etc. Il a été en outre un des principaux rédacteurs de la Description de l’Égypte, et on lui doit une foule de savants Mémoires, parmi lesquels on remarque son Explication du mirage. M. Arago a lu son éloge à l'Institut en 1846.

MONGEZ (Ant.), archéologue, né à Lyon en 1747, m. à Paris en 1835, entra jeune chez les Génovéfains, qui lui confièrent la garde de leur cabinet d'antiques, fut admis en 1785 à l'Académie des inscriptions et nommé en 1792 membre de !a commission de la Monnaie, devint en 1804 administrateur de cet établissement, fut destitué au retour des Bourbons comme prêtre marié, et réintégré en 1830. On a de lui un Dictionnaire d'Antiquités, etc. (dans l’Encyclopédie méthodique), 5 vol. in-4, 1786-1794. Il termina l’Iconographie romaine, commencée par E. Q. Visconti, 3 vol. in-4, 1812-1829.

MONGHIR, v. de l'Inde anglaise (Bengale), sur la r. dr. du Gange, à 100 kil. N. E. de Bahar; 30 000 hab. Citadelle; palais; mosquée en pierre noire; collége musulman renommé. Beaucoup plus importante jadis; prise par les Anglais en 1763.

MONGOLIE, vaste région de l'empire chinois, entre la Sibérie russe au N., la petite Boukharie à l'O., le Thibet et la Chine propre au S., et la Mandchourie à l'E., par 33°-53° lat. N., et 85°-122° long. E., a 2600 kil. du S. au N. et 2200 de l'E. à l'O., et 3 000 000 d'hab.; elle communique à la Chine par quatre portes de la grande muraille. C'est un plateau élevé de 2700 à 3300m au-dessus de la mer, environné partout de très-hautes montagnes, et consistant en vastes steppes que coupent de grands lacs (Dalaï, Pouiour, Kosogol, Tchahan), et de fortes rivières (Hoang-ho, Amour, Selenga, etc.); le désert de Kobi en occupe une grande partie. Cette contrée se compose de deux régions séparées par la prov. chinoise de Kang-sou et le Turkestan chinois. La 1re, qui est la plus grande, est située au N. E., et comprend la Charra-Mongolie à l'E. le pays des Khalkas au milieu et la Dzoungarie à l'O.; elle renferme peu de villes (Karakorum, Barinkhoto, etc.); on y trouve les temples de Chakiamouni à Djarout, et de Bouddha à Kou-yuan-ming-szu; beaucoup de ruines, etc. La 2e partie, qui forme le pays de Khoukhou-noor, est située au S. O. — Climat varié, tempéré sur quelques points, très-froid ailleurs, surtout dans le désert de Kobi; pâturages immenses, maigres la plupart, rhubarbe et ginseng.

Les Mongols, que l'on confond quelquefois à tort avec les Tartares, sont répandus non-seulement en Mongolie, mais aussi dans une partie du Thibet et dans l'Asie russe; ils ont la taille moyenne, le teint jaunâtre, l'œil enfoncé, mais vif; les sourcils minces, noirs, peu arqués;le nez large, petit et aplati; les pommettes saillantes, la tête ronde, les lèvres grosses, les oreilles larges et s'écartant de la tête. Ils professent le lamaïsme, sont nomades et habitent sous des tentes de feutre; ils vivent du produit de leur chasse et de leurs troupeaux, surtout de lait; ils cherchent le ginseng, dont l'empereur de la Chine a le monopole, font quelque commerce par caravanes, et fabriquent eux-mêmes le peu d'objets dont ils ont besoin. On les distingue en Mongols occidentaux et orientaux. Les premiers comprennent les Khochot, les Dzoungares, les Durbet et les Torgoout; on les désigne plus particulièrement sous les noms de Kalmouks ou d'Eleuths (V. KALMOUKS). Les seconds se subdivisent en un nombre infini de tribus; les principales sont les Khalkhas, les Bouriates, les Khortchin, les Naïmans, les Toumet, etc. Chaque peuplade se subdivise en oulouss (espèce de grandes tribus), et celles-ci en ordas ou tentes (de là le nom de horde donné à une troupe sous un chef). En 1206, Gengis-Khan réunit sous sa domination les diverses tribus mongoles et, après avoir conquis sur les Tartares l'Asie centrale, soumit par lui-même ou par ses fils le Kharizm, la Perse et la moitié au moins de la Russie d'Europe; il mourut (1227) au moment de s'emparer de la Chine méridionale, que subjuguèrent ses successeurs. Cet empire est le plus vaste qui ait jamais existé; mais dès 1227 il se partagea en 4 grands royaumes : Kaptchak, Iran ou Perse, Djagathaï, Mongolie-propre-et-Chine; les chefs des trois premiers États se nommaient khans; celui du dernier était le khan suprême ou grand khan; les 4 États étaient censés former un tout indivis, mais avant même la fin du XIIIe siècle la séparation était complète. On nomme comme grands khans : Gengis, Oktaï (1227-41), Gaïouk (1242-51), Mangou (1251-59), Koublaï (1259-1294), en qui commence la dynastie chinoise. — Au XIVe s., un nouveau conquérant mongol, Tamerlan, réunit pour la 2e fois les tribus errantes de sa nation (1370) et fonda un nouvel empire non moins puissant (V. TAMERLAN). Avec les débris de ses vastes États, un de ses descendants, Babour réussit à ériger dans l'Inde l'empire connu sous le nom d’Empire du Grand-Mogol (1505). Cet empire ne comprit d'abord que l'Hindoustan sept. avec le Khoracan, mais à partir d'Akbar il s'étendit sur l'Hindoustan tout entier et sur l'E. de l'empire persan. Cependant beaucoup de districts de l'Inde restèrent sous l'administration de leurs princes nationaux (dits radjahs), devenus vassaux ou tributaires. Les pays plus immédiatement soumis au grand Mogol formaient 12 grandes provinces ou soubabies, subdivisées en provinces secondaires ou nababies. Delhi était la capitale des Mongols de l'Inde. Ce vaste empire fut durant un siècle et demi (1555-1706) le plus brillant et le plus riche de l'Asie; mais sa décadence, dont les germes datent de la 2e partie du règne d'Aureng-Zeyb, marcha rapidement sous les successeurs de ce prince. L'invasion de Nadir-Chah et le 1er pillage de Delhi la hâtèrent encore (1739). Les Abdalis, les Mahrattes, les Rohillas, enfin les Français, et surtout les Anglais, se jetèrent sur ce malheureux empire et le démembrèrent. Auj. l'empire Mogol presque entier appartient aux Anglais : le dernier roi nominal, Chah-Alem II, a langui 18 ans prisonnier de la Compagnie (1788-1806).

Liste des Grands-Mogols.
Babour, 1505 Azem-Chah et Chah-Alem I, 1706
Houmaïoum, pour la 1re fois, 1530-1541 Chah-Alem I (seul), 1707
(6 usurpateurs, 1541-55). Djihander-Chah, 1712
Houmaïoum, 2e fois, 1555 Farouksiar, 1713
Akbar I, 1555 Rafiou-der-Djat, 1716
Djihan-Guir (Géangir), 1605 Mohammed-Chah, 1717
Chah-Djihan II, 1716
Chah-Djihan I, 1627 Ahmed-Chah, 1747
Alemguir II, 1753
Aureng-Zeyb ou Alemguir I, 1657 Chah-Alem II, 1759-1806

MONGOLS, V. MONGOLIE.

MONIME, femme grecque d'une grande beauté, native de Stratonicée, en Carie, inspira une violente passion à Mithridate, qui l'épousa. Ce prince, ayant été quelque temps après vaincu par Lucullus et se voyant forcé de fuir, envoya à Monime l'ordre de se donner la mort de peur qu'elle ne tombât aux mains du vainqueur; elle voulut s'étrangler avec son diadème; mais, le bandeau s'étant brisé entre ses mains, elle se fit percer d'une épée.

MONIQUE (Ste), mère de S. Augustin, née en 332, morte en 384. Élevée dans le Christianisme, elle épousa un païen, habitant de Tagaste en Numidie, qui, touché de ses vertus, se convertit. Restée veuve lorsqu'elle était encore jeune, cette femme, modèle des mères, donna les soins les plus tendres et les plus éclairés à l'éducation de ses enfants, et eut la gloire de former par ses leçons le plus grand des Pères latins. Augustin avait, dans sa jeunesse, embrassé les erreurs des Manichéens : elle ne cessa, par ses prières et ses larmes, de solliciter son retour à la foi catholique et eut enfin le bonheur d'assister à sa conversion. On la fête le 4 mai.

MONISTROL, Monasteriolum, ch.-l. de c. (H. Loire), à 18 kil. N. d'Yssengeaux, près de la r. g. de la Loire; 1862 h. Petit séminaire, bibliothèque. Anc. château des évêques du Puy, occupé maintenant par une fabrique. Quincaillerie, dentelles, rubans. MONK (George), général anglais, né en 1608, dans le Devonshire, m. en 1670, fit ses premières armes contre les Espagnols en Flandre. Lors des guerres civiles, il prit d’abord parti pour le roi, et obtint de Charles I le grade de major général de la brigade irlandaise ; mais, ayant été fait prisonnier par Fairfax et enfermé à la Tour de Londres (1644), il fut forcé, pour recouvrer sa liberté, de prendre du service dans l’armée parlementaire. Il se montra alors tout dévoué à Cromwell, et devint un des adversaires les plus redoutables du parti royaliste ; il battit les Hollandais sur mer (1653), soumit les Écossais, et fut nommé gouverneur général de l’Écosse. Mais après la mort de Cromwell, il se rapprocha des royalistes, entra en Angleterre à la tête de son armée, y fut accueilli comme un libérateur, fit dissoudre le Long-Parlement, et proclama Charles II dans Londres (1660). Il fut comblé d’honneurs et de récompenses par le roi, et créé duc d’Albemarle. Il fut enterré à Westminster avec une pompe royale. M. Guizot a donné en 1851 : Monk, chute de la république et rétablissement de la monarchie en Angleterre.

MONMERQUÉ (L. J. Mic.), conseiller à la Cour impériale, né en 1780, m. en 1860, consacra ses loisirs aux lettres, fut un des membres les plus actifs de la Société des bibliophiles et fut élu en 1833 membre libre de l’Académie des inscriptions. On lui doit des éditions estimées : Lettres de Mme de Sévigné, 1818-1819, 10 v. in-8 ; Mémoires de M. de Coulanges, 1820 ; Historiettes de Tallemant des Réaux, 1834 et 1854 ; Théâtre français du moyen âge, 1839 ; Mémoires de Coligny-Saligny, 1844. Il coopéra avec Petitot à la publication des Mémoires relatifs à l’Histoire de France.

MONMOUTH, v. d’Angleterre, ch.-l. du comté de ce nom, au confluent de la Monnow et la Wye, à 200 k. N. O. de Londres ; 6000 h. Joli hôtel de ville, prison de construction moderne ; ruines d’un château royal saxon. Ville natale de Henri V, dit pour cela Henri de Monmouth, et de l’historien Geoffroy de Monmouth. Ville fort ancienne ; ce fut d’abord une station romaine. — Le comté, situé entre ceux d’Hereford au N., de Glocester à l’E., de Glamorgan à l’O., et le canal de Bristol au S., a 53 kil. sur 41 et 136 000 h. Les canaux de Monmouth et de Brecknock le traversent. Pays montueux : le plus haut sommet est le Sugar-Loaf (pain de sucre), qui a 551m au-dessus de la mer. On en extrait d’immenses quantités de fer et de houille. Sol fertile : grains, légumes, fruits.

MONMOUTH (Jacques, duc de), fils naturel de Charles II, naquit à Rotterdam en 1649, pendant l’exil de son père. Après la Restauration, il rendit quelques services au roi en réprimant une révolte en Écosse (1679) ; mais, ayant été éloigné de la cour, sur la demande du duc d’York (Jacques II), à qui il portait ombrage, il conspira ; le complot ayant été découvert, il n’obtint son pardon qu’en faisant des révélations et fut exilé en Hollande. À l’avènement de Jacques II, il entra dans une nouvelle conspiration avec le comte d’Argyle, prétendant avoir droit au trône comme fils de Charles II ; il prit les armes à la tête de quelques partisans et débarqua à Lyme Regis, mais fut battu et pris à Sedgemoor. Cette fois, il fut décapité (1685), après avoir inutilement tenté de fléchir Jacques.

MONMOUTH (Geoffroy de). V. GEOFFROY.

MONNERON (Aug. et Louis), nom de deux frères, négociants d’Annonay, qui vinrent s’établir banquiers à Paris et qui, en 1791, obtinrent l’autorisation de frapper une monnaie de cuivre qui portait leur nom ; elle eut longtemps cours concurremment avec les décimes frappés au nom de l’État. Augustin fut député de Paris à l’Assemblée législative. Nommé en 1798 directeur de la Caisse des comptes courants, il se vit accusé de malversation, mais fut acquitté. Il mourut en 1801.

MONNIER (Marie Thérèse de RUFFEY, comtesse de), connue sous le nom de Sophie, femme d’une beauté remarquable, née en 1754, avait été mariée vers l’âge de 17 ans à un homme de 60, 1er président à la Chambre des comptes de Dôle. Elle se laissa séduire par Mirabeau, prit la fuite avec lui et fut enfermée dans un couvent de Gien. Elle se donna la mort en 1789 pour un chagrin d’amour, mais non, comme on l’a dit, pour avoir été abandonnée par Mirabeau.

MONOD, nom d’une famille de ministres protestants français, dont le plus célèbre est Adolphe M. (1802-1856), prof. à la Faculté de théologie de Montauban, prédicateur et controversiste des plus distingués : il a laissé des Sermons, 4 vol. in-8, 1844.

MONOMOTAPA, empire de l’Afrique australe, s’étendait de la Cafrerie à la côte de Sofala, le long de celle de Mozambique, entre 15°-19° lat. S., 27°-31° long. E., et avait pour bornes au N.le Zambèze, à l’E. la Manzora, au S. et à l’O. les monts Foura et des Botongas ; capit., Zimbaboé. — Contrée montagneuse ; rivières : Zambèze, Maçaras, Manzora, Luanza ; mine de fer et d’or ; sol fertile le long des rivières : riz, maïs, millet, céréales. Les habitants sont des Cafres d’un beau noir et bien faits. À la fin du XVIIIe siècle et au XIXe, l’empire du Monomotapa est tombé en dissolution par l’effet des guerres civiles. Un des plus puissants démembrements du Monomotapa est l’État de Mocarangua.

MONOMUEZI, haut plateau de l’Afrique orientale, voisin de l’Équateur, mais peu connu encore, d’où sortent des affluents du Godjab et du Nil blanc.

MONOPHYSITES (du grec monos, seul, et physis, nature), hérétiques qui ne reconnaissent qu’une seule nature en Jésus-Christ, la nature divine. Cette erreur fut enseignée au Ve siècle par Eutychès (V. ce nom) ; et trouva bientôt un grand nombre de partisans. Les Monophysites sont subdivisés en trois sectes, les Jacobites, les Coptes et les Arméniens.

MONOPOLI, v. d’Italie, dans l’anc. roy. de Naples (Terre de Bari), à 44 kil. S. E. de Bari, sur l’Adriatique ; 16 000 hab. Évêché ; école de belles-lettres. Citadelle. Près de là, ruines d’Egnatia.

MONOTHÉLITES (de monos, seul, et thélein, vouloir), hérétiques ainsi nommés, parce qu’ils soutenaient qu’il n’y a qu’une seule volonté en Jésus-Christ. Ils s’appuyaient sur le monophysisme, qui n’admet en J.-C. qu’une seule nature, la nature divine. Cette doctrine, professée d’abord par Théodore de Pharan, fut approuvée par les patriarches Cyrus et Sergius ; l’emp. Héraclius publia même en sa faveur un édit célèbre appelé l’Ecthèse ; mais elle fut combattue par Sophrone, évêque de Damas, et condamnée dans le concile tenu à Constantinople en 680. Il en résulta un schisme qui divisa longtemps l’empire et l’Église. Le Monothélisme a fini par se fondre dans le Monophysisme ou Eutychéisme.

MONPAZIER, ch.-l. de cant. (Dordogne), sur le Dropt, à 41 kil. S. E. de Bergerac ; 1083 hab. ; enceinte fortifiée. Forges. — Bâti par Jean de Grailly, captal de Buch.

MONPONT, ch.-l. de cant. (Dordogne), près de l’Isle, à 35 kil. S. O. de Ribérac ; 1300 hab. Station. Ce bourg faisait jadis partie du roy. de Navarre. Il fut saccagé par les Calvinistes en 1616. Aux environs, ruines d’un château fort.

MONPOU (Hippolyte), compositeur, né à Paris en 1804, m. en 1841, fut élève de Choron. Il excella dans la romance : il a composé la musique de l’Andalouse et du Lever d’A. de Musset ; de Gastibelza et des Deux Archers, de V. Hugo ; de la Varsovienne, de C. Delavigne ; du Voile blanc, de L’Écluse ; d’Exil et retour, d’É. Plouvier, etc. Il donna à l’Opéra-Comique les Deux Reines (1835), où se trouve la romance si connue : Adieu, mon beau navire ; le Luthier de Vienne (1836) ; Piquillo (1837) ; le Planteur (1839) ; la Reine Jeanne (1840) ; Lambert Simnel, ouvrage posthume (1843). Il composa en outre des Cantiques et autres morceaux de musique religieuse.

MONRÉALE, v. de Sicile, à 4 k. S. O. de Palerme, dont elle est comme un faubourg, 10 300 h. Archevêché, belle cathédrale gothique, couvent de Bénédictins.

MONRO (Alex.), médecin, né à Londres en 1697, m. en 1767, enseigna l’anatomie à Édimbourg. On a de lui : Anatomie des os et des nerfs du corps humain, 1726 (trad. en français en 1759); Essai sur les injections anatomiques (trad. en latin, Leyde, 1741). — Un de ses fils, Donald, est auteur d'une Dissertation sur l'hydropisie, trad. par Savary, 1760, et de la Médecine d'armée, trad. en 1765.

MONROË (James), président des États-Unis, né en 1758 à Monroë's Creek, en Virginie, mort en 1831, s'enrôla comme volontaire dans la guerre de l'Indépendance, se distingua à la bat. de Brandywine, et fut nommé colonel par Washington. Après la guerre, il fut député au congrès, devint en 1794 ministre plénipotentiaire près la république française, puis fut élu gouverneur de la Virginie, remplit des fonctions diplomatiques auprès des gouvts français et espagnol, et coopéra au traité par lequel les États-Unis se firent céder la Louisiane. Pendant la guerre contre les Anglais (1814), il fut revêtu du commandement en chef des forces américaines. Il fut élu président en I817, et réélu en 1821 : il négocia l'acquisition de la Floride et réprima la traite des noirs. Après sa présidence, il se retira dans la Virginie et reforma la constitution de cet État. Le nom de Monroë est resté attaché à la doctrine qui repousse toute intervention européenne dans les affaires de l'Amérique.

MONROSE (Louis BARIZAIN, dit), acteur comique, né à Besançon en 1783, m. en 1843, débuta à 14 ans sur le théâtre des Jeunes Artistes de Paris, puis parcourut les départements, entra au Théâtre-Français en 1815, se consacra à l'emploi des valets, et y réussit. Il se distinguait par son jeu franc, naturel, varié, plein de verve et de mordant, par une intelligence vive et un comique de bon goût. — V. MONTROSE.

MONROVIA, v. de la Guinée sept., ch.-l. de la colonie américaine de Liberia, à l'emb. du Mesurado et à 400 kil. S. O. de Freetown. Écoles, temples, etc.; 10 000 hab. Fondée en 1821 par des noirs affranchis des États-Unis, et ainsi nommée en l'honneur du président Monroë.

MONS, Bergen en flamand, Mons Hannoniæ ou Castri locus au moyen âge, v. de Belgique, ch.-l. du Hainaut, à 52 k. S. O. de Bruxelles, sur la Trouille et un canal; 23 000 h. Ch.-l. de division militaire, arsenal; trib. civil, criminel et de commerce; école des mines, collége; académie de dessin et d'architecture; société des sciences, des arts et des lettres. Belle citadelle, église de Ste-Waudru, remarquable par ses vitraux et ses statues, hôtel de ville, hôtel du gouvt, grande place, etc. Industrie : tricot, siamoise, dentelle, draps, porcelaine, poterie, raffineries, etc. Commerce de grains, de pierres meulières et à fusil et surtout de houille : Mons est le centre d'un vaste bassin houiller dit le Borinage, dont les produits s'exportent en grande partie pour Paris. Patrie du compositeur Roland de Lassus. — Mons fut bâti sur l'emplacement d'une place d'armes de César : d'où le nom de Castri locus. La ville se forma autour d'un monastère fondé en 656 par Ste Vaudru, femme d'un comte du Hainaut. En 804, quand Charlemagne érigea le comté de Hainaut, Mons en devint la capitale. Incendiée en 1112, fortifiée par Baudoin IV en 1148, agrandie en 1420 par Guillaume de Bavière, cette ville fut prise sur les Espagnols par Louis de Nassau en 1572 et reprise la même année. Conquise par Louis XIV en 1691, elle fut rendue en 1697 et reprise par les Français en 1701 et en 1746. Les insurgés belges s'en emparèrent en 1789; les Français la prirent en 1792 et 94, et en firent le ch.-l. du dép. de Jemmapes. Ses fortifications, détruites en 1748, ont été relevées en 1818.

MONS-EN-PUELLE ou EN-PEWÈLE, village de France (Nord), à 18 kil. 5. de Lille; 1800 hab. Philippe le Bel y battit les Flamands en 1304.

MONSÉGUR, Mons securus, ch.-l. de cant. (Gironde), à 13 kil. N. E. de La Réole; 1500 h. Prise par Montluc en 1562.

MONSIEUR. Ce nom pris absolument, c.-à-d. sans être suivi d'un nom propre, servait depuis le XVIIe s. à désigner le frère ou l'aîné des frères du roi de France. Les princes qui l'ont porté sont : Gaston d'Orléans, sous Louis XIII; Philippe d'Orléans, sous Louis XIV; le comte de Provence (Louis XVIII), sous-Louis XVI; et le comte d'Artois (Charles X), sous Louis XVIII. Leur femme s'appelait Madame.

MONSIEUR (Canal de). V. RHÔNE-AU-RHIN (canal du).

MONSIGNY (P. Alex.), compositeur français, né en 1729 à Fauquembérg en Artois, mort en 1817, était maître d'hôtel dans la maison du duc d'Orléans lorsqu'il sentit naître en lui le goût de la musique à la représentation d'un opéra de Pergolèse. Il fut un des créateurs de l'opéra-comique à ariettes, et donna, à partir de 1753, bon nombre de pièces qui réussirent, entre autres le Maître en droit, 1760 ; le Cadi dupé, 1761; le Roi et le Fermier, 1762; le Déserteur, 1769; le Faucon, 1772; la Belle Arsène, 1775; Félix, 1777 (la plupart avec Sedaine, Favart ou Marmontel). Sans avoir un grand mérite de facture, sa musique se distingue par le naturel et la vérité et abonde en mélodies touchantes. Monsigny cessa de travailler pour le théâtre dès l'âge de 48 ans. Il fut nommé en 1800 inspecteur de l'enseignement au Conservatoire et en 1813 membre de l'Institut. Une rue de Paris a reçu son nom.

MONSOL, ch.-l. de cant. (Rhône), à 32 kil. N. O. de Villefranche; 1200 hab.

MONSTRELET (Enguerrand de), chroniqueur français, né en Flandre vers 1390, mort an 1453, fut prévôt de Cambrai et de Walincourt, et écrivit une relation des événements arrivés de son temps, principalement des guerres de France, d'Artois et Picardie. Sa Chronique, en 2 livres, commence où finit celle de Froissard, et va de 1400 à 1444 (un 3e livre, mais d'une autre main, va jusqu'en 1453). Elle est écrite avec la simplicité et la naïveté des auteurs de ce siècle et est surtout précieuse par les pièces originales qu'elle reproduit. Il existe plusieurs éditions de Monstrelet : les plus estimées sont celle de Buchon, dans la Collection des Chroniques, avec un mémoire de J. B. Dacier, 1826-27, et celle de Douët d'Arcq, 1857-63.

MONTABERT (PAILLOT de), peintre et écrivain, né à Troyes en 1771, d'une famille noble, m. en 1849, émigra sous la Terreur, passa plusieurs années à New-York, faisant des portraits pour vivre, alla se perfectionner en Italie, rentra en France sous le Consulat, reçut les conseils de David, et exposa plusieurs tableaux qui furent remarqués : Stratonice et Antiochus, 1804, Léda, 1810, Roustan, mamelouk de l'Empereur, Diane visitant Endymion, 1817; mais il consacra la plus grande partie de sa vie à la rédaction d'un Traité complet de la Peinture, qui parut en 1828 et 1829 (9 v. in-8 et 1 vol. de fig.) : enthousiaste des anciens, il y proclame la supériorité de l'art grec et place dans l’unité la principale règle du beau. Il retrouva la peinture encaustique des Grecs et réhabilita ce procédé. Il a laissé d'importants manuscrits, entre autres, les Beaux-Arts ou les Sept organes du principe du Beau.

MONTAGNAC, ch.-l. de cant. (Hérault), sur la r. g. de l'Hérault, à 30 kil. N. E. de Béziers; 3509 h. Église calviniste. Plant de vigne venu de Tokai. Fabriques d'eaux-de-vie et d'huiles.

MONTAGNE (la), nom qui fut donné, dans la Révolution, à la fraction la plus exaltée de la Convention (les Jacobins et les Cordeliers), parce qu'elle siégeait sur les gradins les plus élevés de la salle, était opposé à celui de Plaine que l'on donnait aux Girondins, placés au centre; on appelait Montagnards les représentants qui occupaient la Montagne. Le parti de la Montagne domina longtemps la Convention : il renversa celui des Girondins ait 31 mai 1793, et fut renversé à son tour, en même temps que Robespierre, le 9 thermidor an II (1794).

MONTAGNE (la), petit pays de l'anc. Bourgogne, au N., dans les montagnes, avait pour ville principale Châtillon-sur-Seine. Il fait auj. partie des dép. de la Côte-d'Or et de l'Aube.

MONTAGNE (la Vieille-), mont. de Belgique (Liége), qui donne son nom à d'importantes usines établies vers 1836 par une société belge à Liége et dans les communes de Moresnet, d'Angleur et Tilff-sur-l'Ourthe, pour extraire la calamine et travailler le zinc que contient ce minerai. Ces mines, les plus riches de l'Europe, appartiennent par indivis à la Belgique et à la Prusse. — Non loin de là, près de Verviers, se trouvent la Nouv.-Montagne et la Grande-Montagne, où l'on exploite aussi le zinc, mais avec moins de succès.

MONTAGRIER, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 11 kil. E. de Ribérac; 800 hab.

MONTAGUE ou MONTAGU (Édouard de), comte de Sandwich, général et amiral anglais, issu de Drogo de Monte-Acuto, un des guerriers qui accompagnèrent Guillaume dans la conquête de l'Angleterre, était né en 1625. Il servit d'abord dans l'armée parlementaire contre Charles I, devint membre du Parlement, et occupa une place dans la trésorerie sous Cromwell; mais, après la mort du Protecteur, il travailla au rétablissement des Stuarts, et seconda Monk, sous lequel il commandait. Il fut comblé de faveurs par Charles II, qui le créa baron, puis comte de Sandwich, et enfin amiral. Il obtint plusieurs avantages sur les Hollandais en 1664; mais, en 1672, le vaisseau qu'il commandait fut abordé par un brûlot ennemi : il périt dans les flammes plutôt que de se rendre.

MONTAGUE (lady Mary WORTLEY), dame anglaise célèbre par son esprit, son instruction et sa beauté, née en 1690 à Thoresby, dans le comté de Nottingham, était fille du duc de Kingston. Elle épousa en 1712 lord Wortley-Montague, issu de la famille du précédent, et l'accompagna en 1716 dans son ambassade à Constantinople. Elle apprit la langue turque, obtint la faveur du sultan Achmet III, put pénétrer dans le sérail, et acquit ainsi une connaissance des mœurs turques plus exacte qu'on ne l'avait eue jusque-là. Elle eut aussi occasion d'observer en Turquie l'inoculation de la petite-vérole, et fit connaître ce procédé en Europe après en avoir fait l'application sur son propre fils. A son retour, sa maison de Twickenham devint le rendez-vous des hommes de lettres et de la société la plus distinguée; mais, ayant essuyé quelques désagréments de la part des Tories, dont elle combattait les opinions, elle quitta l'Angleterre (1739) et alla se fixer à Venise où elle séjourna 22 ans. Elle ne revint dans son pays qu'en 1761, pour régler quelques affaires, et elle y mourut l'année suivante. Aussi bizarre dans ses manières et sa conduite que remarquable par son esprit, cette dame était pleine d'ambition : elle regrettait vivement d'être femme. On a de lady Montague des Lettres écrites pendant ses voyages et qui renferment sur les pays qu'elle a visités, principalement sur la Turquie, des renseignements précieux. Ces lettres n'ont été imprimées qu'après sa mort et elles ont eu un grand succès; les Anglais les placent auprès de celles de Mme de Sévigné, qu'elles sont loin d'égaler cependant pour le naturel et la grâce. Ses Œuvres ont été publiées à Londres, 1803, 5 vol. in-12; il en a été fait depuis une édition plus complète par lord Wharncliffe, son arrière-petit-fils, Londres, 1836-37, 3 v. in-8. Ses lettres ont été trad. en français par Anson, 1805. — Son fils, Édouard Wortley-Montague, 1713-1776, s'est fait remarquer par son goût pour les voyages et sa vie aventureuse : il s'échappa trois fois de chez ses parents, se fit mousse, puis conducteur d'ânes en Portugal; fut enfermé au Châtelet de Paris sous prévention d'escroquerie, n'en devint pas moins membre de la Chambre des Communes (1754), puis voyagea en Asie, et finit par se faire musulman. On a de lui des Réflexions sur les antiennes républiques et un Voyage au mont Sinaï.

MONTAGUE (Élisabeth), dame anglaise, 1720-1800, épousa en 1742 un des descendants du comte de Sandwich, resta veuve de bonne heure, et profita de sa fortune pour réunir chez elle les gens de lettres. Elle a écrit des Dialogues des morts et un Essai sur Shakespeare, 1769, dans lequel elle venge ce grand tragique des sarcasmes de Voltaire.

MONTAGUE (Charles), comte d'Halifax. V. HALIFAX.

MONTAIGNE (Michel EYQUEM de), philosophe moraliste, né en 1533 au château de Montaigne en Périgord, d'une famille originaire d'Angleterre, fut élevé avec le plus grand soin par son père : il apprit le latin en se jouant, n'ayant été entouré dès sa première enfance que de personnes qui parlaient cette langue. Il acheva ses études au collége de Bordeaux, étudia le droit, fut pourvu dès 1556 d'une charge de conseiller à la cour des Aides de Périgueux et devint peu après conseiller au parlement de Bordeaux. Là il eut pour collègue La Boétie, avec lequel il forma la plus étroite amitié. Il quitta de bonne heure les affaires (1570), se mit, pour se distraire, à écrire et à voyager, parcourut la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, et reçut à Rome le titre de citoyen. Quoique absent, il fut nommé maire de Bordeaux. Il vint plusieurs fois à la cour, et fut très-considéré de Henri II, de Catherine de Médicis, de Charles IX, qui le nomma gentilhomme de la chambre et chevalier de St-Michel; il vécut dans l'intimité de Marguerite de France, et fut député aux États de Blois (1577). Ses dernières années furent troublées par les guerres de religion : il tenta vainement de se porter médiateur entre les Catholiques et les Protestants, et se vit en butte à la haine des deux partis; il fut même mis à la Bastille par les Ligueurs en 1588. Il se lia intimement dans sa vieillesse avec Mlle de Gournay, que l'admiration avait attirée près de lui et qu'il nommait sa fille d'alliance, et avec le théologien Charron, qui se fit son disciple. Il mourut en 1592, d'une esquinancie. Montaigne s'est rendu à jamais célèbre par ses Essais. Il commença à les écrire vers l'âge de 39 ans et en publia une 1re édition à Bordeaux en 1580; elle ne se composait que de deux livres. Il en ajouta un 3e en 1588. Il a traité dans ces Essais les sujets les plus divers; il s'y est peint lui-même avec une entière sincérité; son ouvrage est, comme il l'appelle, un Livre de bonne foi. Il écrivait sans ordre, sans plan, à mesure que l'occasion lui suggérait des réflexions. Son style a une facilité, une naïveté que la langue a perdues depuis. Les plus remarquables de ses essais sont ceux sur l’amitié, sur l’institution des enfants, sur l’affection des pères, et le 12e chapitre du IIe livre, qui contient la Théologie naturelle de Sebonde. Montaigne était sceptique et avait pris pour devise : Que sais-je ? mais son scepticisme n'est guère que ce doute qu'excite dans un esprit de bonne foi la considération de la faiblesse humaine et de la contradiction des jugements. Parmi les nombreuses éditions des Essais, on remarque celle de Mlle de Gournay, Paris, 1595 et 1635; de Coste, Londres, 1724; d'Amaury-Duval, 1822-26, 6 vol. in-8, et de J. V. Le Clerc, 1826-27, 5 vol. in-8, réimprimée en 1866 avec Étude de Prévost-Paradol, 4 vol. in-8. Il faut y joindre les Lettres inédites publiées en 1863 par Feuillet de Conches. Il a paru en 1774, sous le titre de Journal d'un voyage en Italie de Montaigne. M. Villemain a composé un Éloge de Montaigne, couronné par l'Institut en 1812. On peut en outre consulter sur cet auteur les Recherches sur Montaigne, documents inédits, de J. F. Payen, 1856; la Vie publique de Michel de Montaigne, d'Alph. Grün, 1855; Montaigne et son temps, par Bigorie de Laschamps, 1860.

MONTAIGU, ch.-l. de c. (Vendée), à 37kil. N. E. de Napoléon-Vendée; 1600 hab. Pris en 1578 par les Réformés, en 1588 par le duc de Nevers; brûlé dans les guerres de la Vendée. Patrie de Laréveillère-Lepeaux. — V. MONTAIGUT.

MONTAIGU (P. GUÉRIN de), d'une famille noble d'Auvergne, fut élu en 1208 grand maître des Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem, secourut les chrétiens d’Arménie, remporta quelques avantages sur Soliman, sultan d’Icomum, et fit lever le siége de St-Jean d’Acre au sultan de Damas. Il engagea en 1228 le pape à rompre une trêve conclue avec les Musulmans ; mais il refusa de se joindre à l’armée des Latins parce qu’elle était commandée par un prince excommunié, l’empereur Frédéric II. Il mourut en 1230. — Gilles de M., son arrière-petit-neveu, fut d’abord évêque de Térouanne, assista en 1356 à la bataille de Poitiers, suivit le roi Jean en Angleterre avec le titre de chancelier, devint cardinal en 1361, et fut un des commissaires chargés par Urbain V de réformer l’Université de Paris. Il mourut à Avignon en 1378.

MONTAIGU (Gilles AYCELIN de), né en Auvergne, de la même famille que les préc., fut nommé archevêque de Narbonne en 1290, de Rouen en 1311 ; soutint Philippe le Bel contre Boniface VIII, eut part à la condamnation des Templiers, et fut, en récompense, élevé à la dignité de chancelier. Il mourut en 1318. Il avait fondé en 1314 à Paris le collége de Montaigu (rue des Sept-Voies), démoli en 1844.

MONTAIGU (Jean de), vidame du Laonnais, fut sous Charles VI surintendant des finances et grand maître de France (1408) ; mais il s’était fait de puissants ennemis par son orgueil et son avidité, et, lors de la démence de Charles VI, le duc de Bourgogne et le roi de Navarre s’unirent pour le perdre : ils réussirent à le faire condamner par des commissaires comme coupable de sortilège et de malversation (1409). Il fut décapité aux halles de Paris et son corps fut attaché au gibet de Monfaucon. Sa mémoire fut réhabilitée trois ans après. Ce seigneur avait fait bâtir à Marcoussis un magnifique château. M. Merlet a donné en 1852 la Biographie de J. de Montaigu.

MONTAIGUS (les), famille de Vérone ennemie des Capulets. V. CAPULETS.

MONTAIGUT, ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 20 k. N. de Moissac, sur la Seune ; 764 hab.

MONTAIGUT EN COMBRAILLES, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), à 50 kil. N. O. de Riom, au sommet d’une montagne ; 1315 hab.

MONTALCINO, Mons Alcinus, v. d’Italie (Toscane), à 40 kil. S. E. de Sienne ; 6200 hab. Évêché.

MONTALEMBERT (André de), sire d’Essé, vaillant capitaine, né en 1483, dans le Poitou, d’une famille connue depuis le XIIe s., fut le compagnon de François I, défendit avec succès Landrecies contre Charles-Quint en 1543, secourut les Écossais contre les Anglais, amena Marie Stuart d’Écosse en France et se fit tuer sur la brèche en défendant Térouanne, 1558.

MONTALEMBERT (Marc René de), marquis de), général et ingénieur, né à Angoulême en 1714, m. en 1800, servit avec distinction dans la guerre de Sept ans, et introduisit d’importants perfectionnements dans l’art des fortifications, malgré l’opposition du corps des ingénieurs. Pendant la Révolution, il mit ses talents au service de la République et aida Carnot de ses lumières. On a de lui Mémoires historiques sur la fonte des canons, 1758, la Fortification perpendiculaire ou l’Art défensif supérieur à l’offensif, 1776-96, 11 vol. in-4, ouvrage capital, dont les frais absorbèrent presque toute sa fortune, et des Mémoires sur ses campagnes. Il avait été admis à l’Académie des sciences dès 1747. Montalembert a imaginé des tracés entièrement différents de ceux de Vauban : c’est à lui qu’est emprunté pour la plus grande partie le nouveau système suivi par les ingénieurs d’outre-Rhin ; les forts de Coblentz sont exécutés d’après le tracé polygonal, à plusieurs étages de batteries casematées, dont il est l’auteur.

MONTALEMBERT (Marc René, comte de), neveu du précéd., né en 1777, m. en 1831, servit d’abord dans un corps d’émigrés, prit, en 1799, du service dans l’armée anglaise, rentra en France à la Restauration, fut élevé à la pairie en 1819, et fut, de 1820 à 1830, ministre plénipotentiaire en Suède. — Son fils, le comte Ch. de Montalembert (1810-1870), pair de France sous L. Philippe, représentant du peuple après 1848, se fit un grand nom comme orateur en défendant les intérêts du catholicisme, et en soutenant l’alliance de la religion et de la liberté. Il a laissé une Vie de sainte Élisabeth de Hongrie (1836), et une Hist. des Moines d’Occident (1860 et suiv.). Il était de l’Académie française.

MONTAUVET (J. P. BACHASSON, comte de), homme d’État, né à Neukirch près de Sarreguemines en 1766, d’une famille noble originaire du Dauphiné, m. en 1823, suivit d’abord la carrière de la magistrature, et fut dès l’âge de 19 ans conseiller au parlement de Grenoble. Ayant perdu sa charge à la Révolution, il s’engagea comme volontaire. À son retour de l’armée, il fut nommé maire de Valence (an III). Sous le Consulat et l’Empire il devint successivement préfet de la Manche, puis de Seine-et-Oise, directeur des ponts et chaussées (1806), et enfin ministre de l’intérieur (1809-14). Dévoué à Napoléon, il seconda habilement ses vues. Appelé en 1819 à la Chambre des Pairs, il y prit rang parmi les constitutionnels. — Son fils, Camille de M., né en 1801, pair de France par hérédité, fut, sous le roi Louis-Philippe, ministre de l’intérieur, puis intendant général de la liste civile : il fit preuve, dans ces divers postes, d’une haute intelligence et d’un inaltérable dévouement.

MONTALTE, Montalto, Mons altus en latin, v. du roy. d’Italie, à 15 kil. N. E. d’Ascoli ; 2500 h. Évêché. Patrie de Sixte-Quint. — Pseudonyme. V. PASCAL.

MONTALVAN (Jean Perez de), écrivain espagnol, né à Madrid en 1602, m. dès 1638, était fils d’un libraire et jouit de l’amitié de Lope de Véga. Il fit dès l’âge de 17 ans des comédies dont plusieurs, bien que fort inférieures à celles de Lope, obtinrent du succès ; mais il réussit surtout dans les Nouvelles. On a aussi de lui, sous le titre d’Exemples moreaux, un recueil de biographies. Ses comédies ont été imprimées partie à Alcala, 1628, partie à Madrid, 1639. Ses Nouvelles, dont un 1er recueil parut à Madrid en 1624, ont été trad. en français par Rampalle, Paris, 1644.

MONTAN, hérésiarque. V. MONTANUS.

MONTANER, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 35 kil. E. N. E. de Pau ; 800 h. Château en ruines.

MONTANO, médecin. V. MONTANUS.

MONTANSIER (Marguerite BRUNET, dite Mlle), née à Bayonne en 1730, m. en 1820, fit d’abord partie d’une troupe de comédiens qui jouait dans les colonies. Revenue en France avec quelque fortune, elle dirigea divers théâtres, au Havre, à Nantes, à Rouen, à Versailles, puis vint se fixer à Paris, et acheta en 1789 au Palais-Royal la salle dite Beaujolais, qui a reçu d’elle le nom de Salle Montansier ; enfin, elle fit construire à ses frais, sur la place Louvois et en face de la Bibliothèque, le beau théâtre où l’on établit depuis l’Opéra ; mais, à peine ce théâtre était-il terminé (1793) que le gouvernement d’alors s’en empara, prétendant qu’il n’avait été construit que pour incendier la Bibliothèque nationale : elle ne put obtenir d’indemnité qu’en 1812. Elle releva sa fortune en s’associant au théâtre des Variétés, qui sous son habile direction obtint un grand succès.

MONTANUS, hérésiarque du IIe siècle, né en Phrygie, se fit passer pour prophète et réussit, à la faveur de prédictions, de guérisons et de prétendus miracles, à se faire un grand nombre de partisans : il compta dans le nombre deux dames phrygiennes, Priscille et Maximille, Sabellius et même le célèbre Tertullien, qui cependant finit par se séparer de lui. Il mourut, à ce qu’on croit, sous Caracalla, en 212. Les Montanistes prétendaient régénérer l’Église et établir une loi plus parfaite ; ils proscrivaient les secondes noces, et s’imposaient des jeûnes extraordinaires. Condamnés par les évêques d’Asie, ils n’en firent pas moins de grands progrès, remplirent presque la Phrygie, se répandirent dans la Galatie, à Constantinople, et jusqu’en Afrique.

MONTANUS ou MONTANO (J. B.), médecin, né à Vérone en 1488, m. en 1551, fut nommé en 1539 professeur de médecine à Padoue et se fit une si grande réputation que l’on disait que l’âme de Galien était passée dans son corps. Charles-Quint et François I voulurent l’attirer à leurcour ; mais il résista à leurs instances. On a de lui une traduction d’Aétius, Venise, 1534, des commentaires sur Galien, sur Razès, et Avicenne, un recueil intitulé Medicina universa, publié d’après ses leçons, Francf., 1587, et des Opuscula varia, Bâle, 1558, encore bons à consulter aujourd’hui pour les détails anatomiques.

MONTARGIS, ch.-l. d’arr. (Loiret), sur le Loing, à la jonction des canaux de Briare, d’Orléans et du Loing, à 71 kil. E. N. E. d’Orléans, et à 111 k. S. de Paris ; 7757 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, collége ; belle église de la Madeleine. Chemin de fer. Filatures de coton, manuf. de serge et de drap commun, tanneries, corroieries. Commerce de grains, cire, miel, cuir, laine, safran, etc. Patrie de Mme Guyon, de Girodet, de Manuel, procureur de la Commune. — Ville jadis forte ; anc. capit. du Gâtinais. Vainement assiégée par les Anglais en 1427 (elle était défendue par Lahire et Dunois) ; ils la prirent par trahison en 1431, et la possédèrent jusqu’en 1438. Montargis eut longtemps des comtes particuliers : le comté fut aliéné en 1528 en faveur de Renée de France, duchesse de Ferrare, puis passa à la famille d’Orléans (1626). Le prince de Condé s’empara de la ville pendant la Fronde. Le château, construit par Charles V et souvent habité par les rois de France, fut détruit en 1809 ; il n’en reste que quelques vestiges. C’est près de Montargis qu’on place l’assassinat d’Aubry de Montdidier. V. AUBRY.

MONT-ARMANCE. V. SAINT-FLORENTIN.

MONTASTRUC, ch.-l. de c. (H.-Garonne), à 20 k. N. E. de Toulouse ; 800 hab.

MONTATAIRE, vge du dép. de l’Oise, sur le Thérain, à 14 kil. N. O. de Senlis, et à 4 k. O. de Creil ; 3370 hab. Importantes forges et fonderies ; scieries de bois de placage ; fabriques de boutons et de papier.

MONTAUBAN, Mons Albanus, ch.-l. du dép. de Tarn-et-Garonne, sur le Tarn, à 639 kil. S. de Paris, par la route, et 784 par le chemin de fer ; 27 054 h. Évêché suffragant de Toulouse, érigé en 1317 par Jean XXII ; église et faculté de théologie calviniste ; trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école normale ; bibliothèque, sociétés des sciences et belles-lettres. Ville propre et bien bâtie. On y remarque le faubourg de la Ville-Bourbon, la cathédrale (élevée en 1739), l’hôtel de ville, d’élégantes portes de ville ; un pont soutenu par 7 arches en ogive, le jardin public et de belles promenades, d’où la vue s’étend jusqu’aux Pyrénées. Drap, cadis, bonneterie, serges, savon, teintureries, distilleries, etc. Commerce de ces objets et d’amidon, de minoterie, de plumes d’oie, cuirs, eaux-de-vie. — Montauban fut fondée en 1114 par le comte de Toulouse Alphonse, au pied du mont Alban, et peuplée par les habitants du bourg de Mont-Auriol (Tarn), ce qui l’a fait quelquefois appeler Mons Auriolus. Elle embrassa avec ardeur les erreurs des Albigeois et plus tard le Calvinisme (1558) et fut une des principales places de sûreté des Protestants. Vainement assiégée par Louis XIII en 1621, elle fut prise en 1623 par Richelieu, qui en fit raser les fortifications. Sous Louis XIV, elle souffrit beaucoup des dragonnades. Patrie de Cahusac, de Lefranc de Pompignan, de Guibert, d’Olympe de Gouges, d’Ingres.

MONTAUBAN, ch.-l. de canton (Ille-et-Vilaine), à 6 kil. N. O. de Montfort ; 800 hab.

MONTAUBAN, fameux flibustier français, né vers 1650, m. à Bordeaux en 1700, fit une guerre acharnée aux Espagnols et aux Anglais, surtout sur les côtes de Guinée et d’Angola (1691-95), se signala par des coups d’une hardiesse incroyable et fit éprouver à l’ennemi les pertes les plus sensibles.

MONTAUBAN (Renaud de). V. AYMON.

MONTAUSIER (Ch. DE STE-MAURE, duc de), d’une anc. famille de Touraine, né en 1610, m. en 1690, servit avec distinction en Italie et en Allemagne, obtint à 28 ans le grade de maréchal de camp, fut successivement gouverneur de l’Alsace, de la Saintonge ; de la Normandie ; se fit partout estimer pour son intégrité, et resta fidèle au roi pendant la Fronde. Louis XIV le nomma en 1664 duc et pair et le choisit en 1668 pour remplir les fonctions de gouverneur du Dauphin ; il s’adjoignit Bossuet et Huet comme précepteurs, et fit faire pour l’usage du prince les éditions connues sous le nom d’Ad usum Delphini. Il déploya dans ses fonctions de gouverneur une grande sévérité, et se fit remarquer à la cour par son caractère austère et son amour pour la vérité, ce qui le fit regarder comme l’original du Misanthrope de Molière. Montausier était né dans la religion protestante : il l’abjura en 1645, pour épouser la belle Julie d’Angennes, dont il sollicitait la main depuis quatorze ans. Fléchier a écrit son Oraison funèbre ; c’est un de ses meilleurs morceaux. Garat composa en 1781 un Éloge de Montausier, qui fut couronné par l’Académie française. Am. Roux a donné en 1860 : Montausier et son temps.

MONTAUSIER (Julie d’ANGENNES DE RAMBOUILLET, duchesse de), dite Arténice, femme du précéd., née en 1607, morte en 1671, était fille du marquis de Rambouillet et de Catherine de Vivonne. Également remarquable par sa beauté, par son esprit et ses vertus, elle fut recherchée de tous les grands seigneurs de la cour, et, après de longs retards, fit choix de Montausier (V. l’art, préc ). Elle fut nommée par Louis XIV gouvernante des enfants de France, et chargée en 1661 de l’éducation du Dauphin jusqu’au moment où il passa entre les mains de son mari. Le duc de Montausier lui avait adressé avant son mariage, sous le nom de Guirlande de Julie, une offrande poétique composée de fleurs dessinées par le peintre Robert et de madrigaux composés par les meilleurs poëtes de l’époque et transcrits par le calligraphe Jarry. Le manuscrit de cette fameuse Guirlande, après avoir été entre les mains de l’abbé de Rothelin et de M. Rose, fut acheté par le duc de La Vallière, dont l’arrière-petit-fils, le duc d’Uzès, le possède encore aujourd’hui. Une copie en a été publiée en 1784 à Paris par Didot et en 1824 à Montpellier par Amoreux.

MONTAUT (Philippe de). V. NAVAILLES.

MONTAZET (Ant. MALVIN de), né en 1712, dans l’Agénois, mort en 1788, fut nommé évêque d’Autun en 1748, puis archevêque de Lyon en 1758. Favorable aux Jansénistes, il prit parti pour eux, dans les querelles religieuses de l’époque, contre le clergé même, et supprima, en sa qualité de primat des Gaules, l’obligation de signer le formulaire ; en outre, il changea les livres liturgiques de son diocèse. Il fit rédiger par le P. Valla, de l’Oratoire, plusieurs ouvrages élémentaires, entre autres la Philosophie et la Théologie dites de Lyon (en latin), qui eurent de la vogue ; mais ces ouvrages respiraient le jansénisme : la Théologie fut condamnée à Rome. Ce prélat était du reste un homme d’esprit et de talent : il écrivait avec élégance et facilité, ce qui le fit admettre à l’Académie française (1757).

MONTBARD (pour Mont des Bardes), ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 18 kil. N. de Semur, sur la Brenne et le canal de Bourgogne, et sur le chemin de fer de Paris à Lyon ; 2123 h. Montbard avait autrefois titre de comté et possédait un château, qui fut souvent la résidence des ducs de Bourgogne. Patrie de Buffon, de Daubenton. Aux env., célèbre bergerie.

MONBARREY, ch.-l. de cant. (Jura), à 12 kil. S. E. de Dôle ; 1000 hab.

MONTBARS, l’Exterminateur, chef de flibustiers au XVIIe siècle, né en Languedoc, d’une famille honorable, s’enflamma de haine contre les Espagnols en lisant les cruautés qu’ils commettaient dans le Nouveau-Monde, s’embarqua au Havre en 1667 pour aller les combattre, les attaqua dans les Antilles et sur les côtes de l’État de Honduras, leur fit éprouver des pertes considérables et en fit un carnage affreux. Il s’empara de la Vera-Cruz en 1683 et de Carthagène en 1697. MONTBAZENS, ch.-l. de cant. (Aveyron), à 23 k. N. E. de Villefranche; 1000 hab.

MONTBAZILLAC, commune de la Dordogne, canton de Sigoulès, à 6 k. de Bergerac. Très-bons vins muscats de la côte de Marsollet.

MONTBAZON, ch.-l. de cant. (Indre-et-Loire), sur l'Indre, à 13 kil. S. de Tours; 1200 h. Anc. château, bâti par Foulques Nerra. Anc. seigneurie, qui entra dans la maison de Rohan au XVe siècle, et fut érigée en comté, puis (1588) en duché, en faveur de Louis VI de Rohan-Guéménée.

MONTBAZON (Marie DE ROHAN-), duchesse de Chevreuse. V. CHEVREUSE. — V. aussi RANCÉ.

MONTBÉLIARD, Mœmpelgard, Mons Pelicardis, ch.-l. d'arr. (Doubs), au confluent de l'Isel, de l'Haleine et du canal de Rhône au Rhin, et au pied d'un rocher, à 82 kil. N. E. de Besancon, à 78 k. par le chemin de fer; 5117 hab. Trib. de 1re inst.; église luthérienne, collége, bibliothèque. Plusieurs fontaines; anc. château des comtes de Montbéliard (il sert auj. de caserne et de maison d'arrêt); jolie église Saint-Martin. Filature de coton, horlogerie fine, bonneterie, drap, percale, cuirs, dits de Montbéliard; fromages. Grand commerce avec la Suisse. Patrie de G. Cuvier, à qui une statue a été érigée dans la ville. — Montbéliard était jadis le ch.-l. d'un comté particulier, faisant partie de l'empire d'Allemagne, mais n'appartenant à aucun cercle; outre Montbéliard, ce comté comprenait les sept seigneuries d'Héricourt, Chatelot, Blamont, Clermont, Granges, Clerval, Passavant. Il est auj. réparti entre les arr. de Montbéliard et de Baume (tous deux dans le Doubs), et celui de Lure (Hte-Saône). — La 1re maison des comtes de Montbéliard s'éteignit en 1397, en la personne du comte Étienne; Henriette, sa petite-fille, porta le comté dans la maison ducale de Wurtemberg par son mariage avec Éberhard de Wurtemberg. Divers cadets de cette famille, l'ayant reçu en apanage, fondèrent de nouvelles maisons de Montbéliard. La dernière de ces maisons cessa en 1631, et le comté fut alors possédé par les ducs de Wurtemberg eux-mêmes, ce qui les fit nommer par abréviation ducs de Montbéliard. En 1723, après la mort du dernier comte, Léopold, mort sans héritier légitime, il passa au duc régnant de Wurtemberg, qui vint faire sa résidence à Montbéliard. — Le Dauphin Louis (Louis XI) s'empara de cette ville en 1444. Louis XIV la prit en 1674, et la garda jusqu'au traité de Ryswyck, 1697. La France tint le comté en séquestre de 1723 à 1748. La République française s'en empara en 1792, et le traité de Lunéville (1801) le lui assura. Depuis, il n'a cessé de faire partié'de la France.

MONTBELLET, bg de Saône-et-Loire, à 20 k. N. de Mâcon; 1500 h. École d'agriculture; asile pour enfants abandonnés.

MONTBENOÎT ou MONTBENOÎT-EN-SAUGEOIS, ch.-l. de cant. (Doubs), à 15 kil. N. E. de Pontarlier; 154 hab. Anc. abbaye, fondée en 1100, dont il reste des débris. Près de là est le village de Remonot, dont l'église n'est qu'une grotte.

MONT-BLANC, le plus haut sommet des Alpes Pennines et de toute l'Europe, s'élève, dans la Hte-Savoie, entre la vallée de Chamouni et la Vallée-Blanche : il a 4810m au-dessus de la mer. Longtemps avant d'arriver à cette hauteur on rencontre des neiges éternelles. Il faut deux jours pour y monter. Saussure est le premier qui ait mit cette ascension (1787). — Sous l'Empire, le Mont-Blanc donnait son nom à un dép. formé d'une partie de la Savoie, qui avait pour ch.-l. Chambéry : c'est auj. le dép. de la Hte-Savoie.

MONTBOZON, ch.-l. de cant. (H.-Saône), à 17 kil, S. E. de Vesoul, sur l'Oignon; 750 hab.

MONTBRISON, Mons Brisonis au moyen âge, ch.-l. d'arr. (Loire), sur la Vizezy, à 448 kil. S. E. de Paris et à 32 k. N. O. de St-Étienne; 6266 hab. Trib. de 1re inst., collége, école ecclésiastique, école normale, bibliothèque et collections. Un rocher volcanique domine la ville. Nouveaux boulevards, halle au blé, palais de justice, salle de spectacle. Toile, linons, batistes, grains. Patrie de l'illustre famille d'Urfé. Aux environs, sources minérales. — La ville se forma autour du château des comtes du Forez, dont elle fut la capit. depuis 1441. Cette ville fut réunie à la couronne sous François I. Elle a beaucoup souffert pendant les guerres de religion; elle fut prise et saccagée en 1562 par le baron des Adrets. Montbrison fut le ch.-l. du dép. de la Loire lors de la formation des départements; la préfecture a été transférée en 1856 à St-Étienne.

MONTBRON, ch.-l. de cant. (Charente), sur la Tardouère, à 27 kil. E. d’Angoulême: 1300 hab. Aux environs, mines de plomb. Anc. ch.-l. de baronnie.

MONTBRUN (Ch. DUPUY, seigneur de), le Brave, l'un des plus vaillants chefs protestants, né en 1530 au château de Montbrun, en Dauphiné (près de Nyons), avait été élevé dans la religion catholique. Il fut attiré au Protestantisme par Théodore de Bèze, fit embrasser la Réforme à ses vassaux, repoussa les lieutenants que le roi envoyait contre lui, se joignit en 1562 au baron, des Adrets, chef des Protestants dans le Dauphiné, puis lui succéda dans le commandement, fit des prodiges de valeur à Jarnac et à Moncontour, et pilla en 1574 les bagages de Henri III qui faisait le siége de Livron. Le roi irrité envoya contre lui des forces supérieures : s'étant cassé une cuisse en franchissant un canal, il fut pris après un combat acharné, condamné à mort à Grenoble par une commission, et décapité en 1575. Cependant, sa mémoire fut réhabilitée dans le traité de paix de 1576.

MONTCALM DE ST-VÉRAN (L. Joseph, marquis de), né en 1712 au château de Candiac près de Nîmes, d'une anc. famille du Rouergue, fut chargé en 1756, en qualité de maréchal de camp, du commandement en chef des troupes françaises dans l'Amérique septentrionale. Il remporta d'abord de brillants avantages sur les généraux anglais; mais, forcé en 1759 de livrer un combat inégal sous les murs de Québec, il fut dès le commencement de l'action blessé mortellement, et périt deux jours après. — Son frère, J. L. P. de Montcalm, né au château de Candiac près de Nîmes, en 1719, mort en 1726 à l'âge de sept ans, d'une hydropisie de cerveau, est au nombre des enfants célèbres, Dans sa courte vie, il avait pu apprendre, outre sa langue maternelle, le latin, le grec et l'hébreu, l'arithmétique, la fable, le blason, la géographie et une bonne partie de l'histoire sacrée et profane. C'est pour lui que Dumas, son instituteur, imagina le bureau typographique. V. DUMAS.

MONT-CASSIN. V. CASSIN

MONTCENIS, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 25 kil. E. S. E. d'Autan; 1500 hab. Aux env., mines de houille et de fer et célèbres forges du Creuzot; fabrique de cristaux. — Montagne des Alpes. V. CENIS.

MONTCHRESTIEN (Ant. de), écrivain du XVIe s., né à Falaise vers 1570, était fils d'un apothicaire. Il mena la vie la plus aventureuse, embrassa le Calvinisme et fut tué en 1621 à Tourailles près de Domfront, dans une rencontre avec un parti de Catholiques. Disciple de Garnier, il composa des tragédies qui se distinguent par une certaine élégance de style : la plus remarquable est l’Écossaise (Marie-Stuart), 1605. Il composa aussi des Bergeries. Enfin on a de lui un Traité d'œconomie politique (1615) : c'est le 1er ouvrage qui ait porté ce titre,

MONTCUQ, ch.-l. de cant. (Lot), à 28 kil. S. O. de Cahors; 1800 h. Bâti autour d'une colline que baigne la Braguelonne et que domine une haute tour, reste d'un anc. château fort.

MONTDAUPHIN, v. forte (H.-Alpes), au confluent du Guil et de la Durance, à 15 kil. N. E. d'Embrun; 500 hab. Place de guerre de 4e classe, bâtie sur un roc fortifié par Vauban. Eaux thermales.

MONT-DE-MARSAN, ch.-l. du dép. des Landes, sur la Douze et le Midou, à 691 kil. S. O. de Paris, à 730 k. par le ch. de fer; 5574 hab. Trib. de 1re inst., lycée; société d'agriculture, sciences et arts, bibliothèque, pépinière. Hôtel de la préfecture, palais de justice, casernes, etc. Aux env., jolies promenades. Commerce de vins et eaux-de-vie. — Fondée par Charlemagne, détruite par les Normands; reconstruite en 1138. Elle faisait partie jadis du royaume de Navarre, et fut réunie a la France en 1589 : c'était le ch.-l. du Marsan. Patrie de la famille de Mesmes.

MONT-DE-PIÉTÉ. V. cet art. dans notre Dict. univ. des Sciences.

MONTDIDIER, Mons Desiderii, ch.-l. d'arr. (Somme), à 36 kil. S. S. E. d'Amiens; 3790 h. Trib., collége de Lazaristes. Église de St-Pierre et du St-Sépulcre, hôpital, hôtel de ville, surmonté d'un curieux beffroi. Bonneterie, tannerie, vannerie, filature de coton. Commerce de grains, volailles, bestiaux, etc. Ville jadis forte, et résidence de plusieurs rois de France au XIIe siècle. Patrie d'Aubry de Montdidier, de Fernel, de Capperonnier, de Parmentier. Cette ville obtint une charte de commune en 1195. Elle fut prise par les Impériaux en 1523, et vainement assiégée par Jean de Werth en 1636.

MONT D'OR ou MONT-DORE. V. DORE (MONT).

MONTDORGE (Ant. GAUTIER de), littérateur, né à Lyon en 1701, m. en 1768, exerça dans cette ville la charge de maître de la chambre aux deniers du roi, puis vint se fixer à Paris. On a de lui quelques pièces de théâtre : l'Île de Paphos, 1727; les Fêtes d'Hébé, opéra-ballet (musique de Rameau), 1739; l'Opéra de société (musique de Giraud), 1762. On lui doit aussi l'Art d'imprimer les tableaux en trois couleurs, 1756.

MONTEBELLO, vge du Piémont, à 9 kil. N. E. de Voghera et à 40 k. E. N. E. d'Alexandrie. Lannes y battit les Autrichiens, le 9 juin 1800; ce qui lui valut le titre de duc de Montebello. Le général Forey y remporta à son tour, le 20 mai 1859, une victoire sur les Autrichiens, commandés par Giulay.

MONTEBELLO (LANNES, duc de). V. LANNES.

MONTEBOURG, ch.-l. de c. (Manche), à 8 kil. S. E. de Valogne; 2600 h. Station. Moutons estimés.

MONTE CERVOLI, bg de Toscane, à 15 kil. S. de Volterra. Jets de vapeur lancés par des volcans gazeux et fournissant de l'acide borique. Bains thermaux.

MONTECH, Montegium, ch.-l. de c (Tarn-et-Garonne), à 13 kil. S. E. de Castel-Sarrazin; 600 hab.

MONTECORVINO, v. d'Italie, dans l'anc. roy.de Naples (Principauté Citérieure), à 17 kil. E. de Salerne; 4000 hab. Évêché. Aux env., eau sulfureuse.

MONTE-CRISTO, anc. Oglasa, îlot de Toscane, dans la Méditerranée, au S. de l'île d'Elbe; 10 k. carrés. Ravagée au XVIe s. par les pirates, elle est restée depuis inhabitée. Ruines d'une abbaye et d'un fort.

MONTECUCULLI et mieux MONTECUCCOLI (Sébastien de), gentilhomme de Ferrare, vint en France à la suite de Catherine de Médicis, fut attaché au Dauphin, fils aîné de François I, en qualité d'échanson, et accompagna ce jeune prince dans un voyage à Tournon. Un jour, il lui donna de l'eau fraîche pendant qu'il avait très-chaud : le prince tomba malade aussitôt ot mourut quatre jours après. Accusé de l'avoir empoisonné, Montecuculli fut appliqué à la question, fit des aveux, laissa croire qu'il avait agi à l'instigation d'agents de l'empereur, et fut en conséquence écartelé, 1536. Rien n'est moins certain cependant que son crime : il paraît qu'il était innocent, mais que, pressé par la douleur, il dit tout ce qu'on voulut.

MONTECUCULLI (Raimond, comte de), célèbre général au service de l'Autriche, né en 1608 dans le Modenais, m. en 1681, servit d'abord comme volontaire sous un de ses oncles, général d'artillerie de l'armée impériale, et se signala dans la guerre de Trente ans. Fait prisonnier en 1639 à Hofkirch par le général Baner, il prit sa revanche en chassant les Suédois de la Bohême; il remporta sur eux une victoire décisive à Triebel en 1645. Nomme en 1657 maréchal de camp, il secourut contre les Suédois Jean Casimir, roi de Pologne, et le roi de Danemark; repoussa ensuite les Turcs de la Hongrie et remporta sur eux en 1664, avec le concours des Français, la victoire signalée de St-Gothard. En 1673 il porta des secours aux Hollandais contre la France. Opposé en 1675 à Turenne, qui périt au moment où allait se livrer une bataille décisive, il poursuivit les Français en Alsace et vint assiéger Haguenau; mais Condé lui fit lever le siége de la place. Après cette campagne il se retira et consacra aux sciences le reste de sa vie. L'empereur Léopold le nomma en 1679 prince de l'Empire, et le roi de Naples lui donna le duché de Melfi. Dans un voyage à Linz, où il accompagnait l'empereur, une poutre lui tomba sur la tête au moment où il entrait au château : il succomba à cette blessure. Ce général était peu entreprenant : il avait pris pour modèle Fabius Cunctator; quoiqu'il n'ait pas obtenu de brillants succès contre Turenne et Condé, il s'estimait heureux d'avoir pu leur tenir tête. Il avait fait une étude approfondie de l'art militaire et a laissé des Mémoires sur la guerre, en latin (Commentarii bellici), Vienne, 1718, qui l'ont fait surnommer le Végèce moderne. Ces mémoires ont été traduits par Adam, et commentés par Turpin de Crissé, 1769.

MONTEFELTRO (Comtes de), anc. maison italienne, ainsi nommée du château de Montefeltro, dans la Marche d'Ancône, fut à la tête des Gibelins aux XIIIe et XIVe siècles, et eut sous sa domination Pise, Urbin et plusieurs autres villes d'Italie. Les personnages les plus célèbres de cette maison sont : Guido de M., que les Pisans mirent à leur tête en 1290 pour combattre les Florentins, les Lucquois et les Génois; il s'empara vers 1294 de la ville d'Urbin qu'il transmit à ses descendants; — Frédéric de M., qui régna de 1444 à 1482, et qui le 1er porta le titre de duc d'Urbin : il fut élevé à cette dignité par le pape Sixte IV, dont le neveu, Jean de la Rovère, avait épousé sa fille. — Guid'Ubaldo de M., fils du préc. et dernier duc d'Urbin de cette famille, fut dépossédé par César Borgia en 1502, mais il rentra en possession la même année. Il mourut en 1508, laissant ses États à Franç.-Marie de la Rovère, son fils adoptif, neveu de Jules II.

MONTEFIASCONE, Colonia Ferentinensis, ville d'Italie, à 22 kil. N. O. de Viterbe, près du lac Bolsena; 5000 h. Évêché, établi en 1376. Ce siége fut occupé par l'abbé Maury. Excellent vin muscat. — Cette ville fut en partie détruite en 1783 par un tremblement de terre. Elle est la patrie de Casti.

MONTE-FORTINO, bourg d'Italie, à 40 kil. N. O. de Frosinone, fut rasé en 1557 par ordre du pape Paul IV, parce qu'il était un repaire de brigands.

MONTE-HERMOSO, v. d'Espagne (Badajoz), à 22 k. S. O. de Placencia; 3800 hab. Mines d'or.

MONTEIL (ADHÉMAR de). V. ADHÉMAR.

MONTEIL (Amans Alexis), historien, né à Rodez en 1769, m. en 1850, était fils d'un conseiller au présidial de sa ville natale. Il fut d'abord secrétaire de son district, puis professa l'histoire à l'École centrale de l'Aveyron, aux Écoles militaires de Fontainebleau et de St-Cyr; il passa la plus grande partie de sa vie dans la retraite et la pauvreté. On lui doit l’Histoire des Français de divers états aux cinq derniers siècles (10 vol. in-8, 1827-44), et 5 vol. gr. in-8, ouvrage qui offre une intéressante histoire des diverses professions et des différentes classes de la société, négligées jusque-là par les historiens. Promptement apprécié du public, cet ouvrage obtint en peu d'années plusieurs éditions; l'Institut lui décerna le 2e prix Gobert. On a en outre de Monteil un Traité des matériaux manuscrits, 1832, qui révèle l'existence d'une foule de documents inconnus, et une Poétique de l'histoire, 1835.

MONTELEONE, Hipponium, Vibo Valentia, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Calabre Ultérieure 2e), à 5 kil. du golfe de Ste-Euphémie; 8000 hab. Évêché. Château fort. — Fondée par l'empereur Frédéric II; presque détruite par le tremblement de terre de 1783.

MONTÉLIMAR ou MONTÉLIMART, Acusio ? Montilium Adhemari au moyen âge, ch.-l. d'arr. (Drôme), à 45 kil. S. de Valence, sur une colline, au confluent du Roubion et du Jabron; 7966 hab. Citadelle; station. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. Restes de fortifications. Source d'eau minérale. Aux environs se trouve un couvent de Trappistes. Liqueurs, nougats estimés; tanneries. Commerce de soie, huile de noix, miel, etc. Patrie de Faujas de St-Fond. — Jadis habitée par les Cavares. Cette ville fut prise plusieurs fois pendant les guerres de religion : elle résista héroïquement à Coligny en 1569.

MONTELOVEZ dite aussi Monclova et Cohahuila, v. du Mexique, anc. ch.-l. de l'État de Cohahuila, à 890 kil. N. de Mexico; 3600 hab. Magasin de poudre.

MONTEMAYOR ou MONTEMOR, v. de Portugal (Beira), sur le Mondego, à 22 kil. S. O. de Coimbre; 2550 hab. Murs flanqués de tours, château fort. Patrie du poëte Montemayor et du voyageur Mendez Pinto. — Enlevée dès le IXe s, par Ramire I, roi d'Oviédo, aux Arabes, qui la reprirent et peu après la ruinèrent; réédifiée en 1080.

MONTEMAYOR (George de), poëte portugais, né vers 1520 à Montemayor, près de Coimbre, m. à Lisbonne en 1562, fut d'abord attaché comme chanteur à Philippe II, et le suivit dans ses voyages. Il avait conçu une vive passion pour une dame espagnole : cette dame s'étant mariée pendant son absence, il en éprouva un vif chagrin et chercha une distraction dans la poésie. Il composa, sous le titre de Diana, un roman pastoral où, sous le voile d'une fiction, il exhale les sentiments dont son cœur était agité. Ce poëme, le premier essai du genre pastoral en Espagne, eut un grand succès et fut continué par Gil Polo. Il a été traduit en plusieurs langues, notamment en français, par Chapuis, Pavillon, etc. On a de Montemayor quelques autres productions poétiques, qui ont été publiées sous le titre de Cancionero, à Saragosse, 1561. Son style ne sent ni le travail ni l'affectation et se distingue par la noblesse et l'harmonie.

MONTEMBŒUF, ch.-l. de c. (Charente), à 29 kil. S. O. de Confolens: 1100 hab.

MONTEMOLIN (don Carlos, comte de), fils du prétendant don Carlos (dit Charles V), né en 1818, accompagna en France son père, qui s'y était réfugié en 1839, après avoir vainement disputé la couronne d'Espagne. Son père abdiqua en sa faveur en 1845; il fit quelques vaines tentatives pour faire valoir ses droits. Pris en 1860, il renonça à ses prétentions, puis rétracta sa renonciation. M. à Trieste, en 1861; son fils, Don Carlos, reprit ses prétentions en 1872. V. CARLOS.

MONTÉMONT (Albert de), littérateur, né en 1788 à Remiremont, m. en 1862, professa les humanités au collége de sa ville natale, puis occupa un emploi dans les finances et finit par se livrer exclusivement aux lettres. On a de lui des Lettres sur l'Astronomie, on vers et en prose, 1823, des traductions en vers des Plaisirs de l'Espérance de Campbell, 1824, des Plaisirs de la Mémoire de Rogers, 1825, des Odes d'Horace, 1839; et la Bibliothèque universelle des Voyages, 1833-37, 46 v. in-8. Il a coopéré à des traductions de W. Scott, de Cooper, et de Marryat.

MONTEMOR, v. de Portugal. V. MONTEMAYOR.

MONTEMURLO, bg de Toscane, à 19 kil. N.O. de Florence. Cosme de Médicis y battit Phil. Strozzi et Bacio Valori, chefs des républicains florentins, 1537.

MONTENDRE, ch.-l. de c. (Charente-Infér.), à 22 k. S. de Jonzac; 2500 hab. Eau thermale.

MONTÉNÉGRO, ou en slave Tchernagora, c.-à-d. Montagne noire, petit État de l'Europe, à l'O. de la Turquie, est enclavé dans l'Albanie et la prov. autrichienne de Cattaro; 98 kil. du N. au S., sur 47 au plus de l'E. à l'O.; env. 120 000 hab., dont plus de 20 000 portent les armes; ville princip., Cettigne; le couvent de Stanovitch, au S. de Cettigne, est la résidence du vladika ou évêque grec, qui exerçait seul autrefois l'autorité souveraine. Pays montagneux, sillonné par des ramifications des Alpes Dinarques, quelques riv., très-poissonneuses; sol peu fertile et négligemment cultivé (il est cultivé par les femmes, non par les hommes); vastes forêts. — Longtemps vassal de la Porte, le Monténégro est auj, indépendant. Il était naguères gouverné par un prince-êvêque appelé Vladika qu'assistait un gouverneur laïque. Aujourd'hui, il est régi par un prince indigène, assisté d'un sénat de 12 membres, renouvelés chaque année. Les Monténégrins sont braves et hospitaliers, mais défiants, vindicatifs et très-jaloux de leur indépendance. Ils ignorent la civilisation et méprisent le travail. Leur culte est la religion grecque; ils parlent la langue serbe. — Le Monténégro, jadis partie de l'Illyrie, puis de la Nouv. Épire, devint, sous Héraclius, la demeure de populations slaves qui, tantôt indépendantes, tantôt soumises à la Servie, passèrent sous le joug des Vénitiens au XIVe s., des Ottomans au XVe, mais qui restèrent presque toujours indépendantes de fait. Il eut presque constamment des princes indigènes. En 1516, le prince George Tchernojwitz abdiqua en faveur du métropolitain ou vladika de Cettigne, et depuis les Monténégrins vécurent pendant plus de trois siècles sous un gouvernement théocratique. A partir de 1697 la dignité de vladika resta dans la famille Niégotch. En 1851, après la mort du vladika Pierre II, Danilo, son successeur, sépara de nouveau le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, prit le titre de prince (gospodar, dans la langue du pays), et, pour échapper entièrement à la domination ottomane, se fit investir par la Russie. Ce prince, tué accidentellement en 1860, fut aussitôt remplacé par son neveu Nicolas, qui donna à son peuple une nouvelle constitution et un nouveau code, et qui soutint pendant deux ans une guerre héroïque contre la Turquie. M. H Delarue a publié en 1862 le Monténégro, ouvrage offrant à la fois la description et l'histoire du pays.

MONTENOTTE, village d'Italie, à 37 kil. O. de Gênes, dans les Apennins. Le général Bonaparte y défit les Autrichiens en 1796. Sous l'Empire, ce lieu donna son nom au dép. qui avait Savone pour chef-lieu. — Ce même nom a été donné à une colonie agricole de l'Algérie, fondée en 1848 dans la commune de Tenez.

MONTEPELOSO, v. d'Italie, (Basilicate), à 37 kil. N. E. de Potenza; 4000 hab. Évêché.

MONTEPULCIANO, v. de Toscane, ch.-l. d'arr., à 43 kil. S. E. de Sienne; 3000 hab. Évêché. Savon, fonderies de suif, faïence renommée, pressoirs à huile; bon vin. Patrie d'A. Politien et du cardinal Bellarmin. — Près de cette ville est un lac de même nom qui a 8 k. de tour sur 3 de large et qui décharge ses eaux dans l'Arno.

MONTEREAU ou MONTEREAU-FAUT-YONNE, Condate Senonum, puis Monasteriolum, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 20 k. E. de Fontainebleau, au confluent de la Seine et de l'Yonne et à l'embranchement du chemin de fer de Lyon sur Troyes; 6000 h. Trib. de, commerce. Bas, ciment romain, pipes, faïence, poterie; bois flottés. Fort marché aux grains et aux bestiaux. Aux environs, château de Surville. — Sur le pont de Montereau, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, fut tué par Tanneguy du Châtel, lors de son entrevue avec le Dauphin (depuis Charles VII), en 1419. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, s'empara de Montereau en 1420; Charles VII le reprit en 1438. Napoléon y battit les alliés le 18 fév. 1814.

MONTEREAU (Pierre de), architecte du XIIIe s., m. en 1266, vivait sous le règne de S. Louis. Il construisit la chapelle de Vincennes, le réfectoire de St-Martin des Champs, le dortoir, la salle capitulaire et la chapelle de l'Abbaye de St-Germain des Prés, la Ste-Chapelle de Paris, son chef-d'œuvre, construite de 1245 à 1248. Tous ces édifices sont dans le style gothique. — On l'a confondu à tort avec Eudes de Montreuil, architecte contemporain.

MONTEREY, v. du Mexique, ch.-l. du Nouv.-Léon; 15 000 hab. Évêché. Mines très-riches. Prise en 1846 par l'armée des États-Unis.

MONTEREY (SAN-CARLOS DE), ch.-l. de la Nouv.-Californie. V. SAN CARLOS.

MONTESA, bg d'Espagne (Valence), à 40 k. de Valence et à 13 kil. N. O. de San-Felipe. Ruines d’un château. Jadis ch.-l. de l’ordre militaire de Ne-De de Montesa, fonde en 1317 par le roi Don Jayme, après la suppression des Templiers. Cet ordre relevait de celui de Calatrava ; la grande maîtrise fut réunie à la couronne par Philippe II, en 1587. Le costume des chevaliers était blanc, avec une croix noire.

MONTE-SANTO, mont. de Turquie. V. ATHOS.

MONTESPAN, bg de la H.-Garonne sur la r. dr. de la Garonne, à 11 kil. S. O. de St-Gaudens ; 950 h. Anc. marquisat, érigé en 1612.

MONTESPAN (Athénaïs, marquise de), une des maîtresses de Louis XIV, née en 1641, était fille de Gabriel de Rochechouart, duc de Mortemart. Elle épousa en 1663 Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, d’une illustre famille de Gascogne, et fut peu après attachée à la cour comme dame du palais de la reine. Elle ne tarda pas à attirer l’attention du roi par sa beauté, sa grâce et son esprit, et supplanta bientôt Mlle de La Vallière : pendant quatorze ans, à partir de 1668, elle régna despotiquement sur le cœur du prince ; elle en eut, entre autres enfants, le duc du Maine et le comte de Toulouse, qu’elle réussit à faire légitimer et qui ont joué un grand rôle dans notre histoire ; mais à la fin elle fatigua par ses hauteurs Louis XIV, qui d’ailleurs commençait à avoir des scrupules sur leur double adultère, et elle se vit préférer Mme de Maintenon, à qui elle avait confié l’éducation des enfants qu’elle avait eus du roi. Cependant elle ne quitta définitivement la cour qu’en 1687. Après avoir inutilement cherché à se rapprocher de son mari, elle consacra ses dernières années à la dévotion, se livrant à de grandes austérités pour expier ses fautes, et mourut en 1707, à Bourbon-l’Archambaut, où elle était allée prendre les eaux. D’un caractère altier et ambitieux, Mme de Montespan s’était fait beaucoup d’ennemis ; cependant elle était bienfaisante et protégeait les arts et les lettres

MONTESQUIEU-VOLVESTRE, ch.-l. de c. (Hte-Garonne), sur l’Arize, à 35 kil. S. de Muret ; 3672 h. Vins rouges. Pris et brûlé par Joyeuse en 1586.

MONTESQUIEU (Ch. DE SECONDAT, baron de), publiciste et philosophe, né en 1689 au château de La Brède, près de Bordeaux, m. à Paris en 1755, montra dès son enfance une grande application à l’étude et fut destiné à la magistrature, dans laquelle sa famille occupait déjà de hauts emplois. Nommé en 1714 conseiller au parlement de Bordeaux, il y devint en 1716 président à mortier en remplacement d’un de ses oncles ; il vendit sa charge en 1726, afin de se livrer tout entier à son goût pour les lettres. Il avait commencé dès 1721 à se faire connaître par la publication des Lettres persanes, ouvrage d’un genre léger et frondeur, dont on a dit avec justesse que c’est le plus profond des livres frivoles et qui eut un immense succès. Il fut reçu en 1727 à l’Académie Française, puis se mit à voyager, visita l’Autriche, l’Italie, la Hollande, enfin l’Angleterre où il resta deux ans, étudiant partout les mœurs et les institutions des peuples. De retour en France, il se retira dans son château de La Brède et fit paraître en 1734 les Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains, qui déjà firent juger de toute la force de son esprit. Enfin en 1748 il publia l’Esprit des Lois, auquel il travaillait depuis 20 ans, et qui mit le sceau à sa réputation. Dans cet ouvrage, qui n’avait point de modèle et auquel l’auteur put donner pour épigraphe : Prolem sine matre creatam, il passe en revue les législations connues et en cherche les raisons, soit dans la nature de l’homme en général, soit dans des causes locales et particulières à chaque peuple. Ce livre qui le place au rang des premiers écrivains, rivalise avec les écrits de Tacite pour la concision et l’énergie du style. Après avoir achevé ce grand ouvrage, Montesquieu sentit ses forces décliner et ne publia plus rien d’important ; il partageait son temps entre le séjour de Paris et son château de La Brède. Montesquieu ne fut pas seulement un grand écrivain, c’était aussi un vrai sage, bon, bienfaisant sans faste : on cite de lui plusieurs beaux traits, entre autres la conduite qu’il tint à Marseille envers une famille à laquelle, sans vouloir se faire connaître, il rendit son chef qui était esclave à Tétouan. Montesquieu était lié avec les philosophes, mais il avait de l’éloignement pour Voltaire : si, dans les Lettres persanes, il n’épargna pas toujours les choses saintes, il se montra, dans l’Esprit des Lois, respectueux pour la religion. Ses Œuvres complètes ont été publiées plusieurs fois, notamment par Auger, 1816, 6 vol. in-8 ; par Lequien, 1819, 8 vol. in-8 ; par de Parelles, avec notes et variantes, 1822, 8 vol. in-8, etc. Outre les ouvr. déjà cités, on y trouve, le Dialogue de Sylla et d’Eucrate et Lysimaque, écrits politiques qui ne sont pas indignes de l’auteur des Considérations ; le Temple de Gnide, un Essai sur le Goût, estimé des métaphysiciens, des Lettres, des discours, et quelques poésies. Montesquieu avait, dit-on, écrit une Histoire de Louis XI, dont le manuscrit aurait été jeté au feu par son secrétaire ; mais cette anecdote paraît controuvée ; il est vrai cependant qu’il avait composé une introduction au règne de Louis XI, qui a été retrouvée dans ses manuscrits. L’Esprit des Lois a été commenté par Voltaire et par Destutt-Tracy. On doit à D’Alembert et M. Villemain l’Éloge de Montesquieu : ce dernier a été couronné en 1815 par l’Académie française.

MONTESQUIOU, ch.-l. de c. (Gers), à 10 kil. N. O. de Mirande ; 2100 hab. Anc. baronnie de l’Armagnac. Ce lieu adonné son nom à l’illustre famille des Montesquiou, qui remonte aux anciens ducs de Gascogne.

MONTESQUIOU (le baron de), capitaine des gardes du duc d’Anjou (depuis Henri III), qui, à la bataille de Jarnac (1569), assassina lâchement Louis I, prince de Condé, prisonnier et désarmé.

MONTESQUIOU D’ARTAGNAN (Pierre de), maréchal de France, né en 1645, m. en 1725, se distingua aux siéges de Tournai, de Lille, de Besançon, 1666-67, et commanda l’aile droite à la bataille de Malplaquet, 1709 : c’est là qu’il gagna son bâton de maréchal. Il fut membre du conseil de régence en 1720.

MONTESQUIOU-FEZENSAC (Anne Pierre, marquis de), lieutenant général, né à Paris en 1739, m. en 1798, fut d’abord menin des enfants de France, puis écuyer du comte de Provence (Louis XVIII), et fut nommé en 1780 maréchal de camp. Élu en 1789 député de la noblesse de Paris aux États généraux, il se réunit un des premiers au Tiers état. Chargé sous la république du commandement de l’armée du Midi, il occupa la Savoie en 1792 ; mais, ayant été peu après accusé sous un vain prétexte, il se retira en Suisse : il ne put rentrer en France qu’en 1795. Il avait composé plusieurs pièces de vers, de petites comédies d’amateur, assez agréablement écrites, des Mémoires et des rapports qui prouvent des connaissances étendues. Il fut reçu à l’Académie Française en 1784.

MONTESQUIOU-FEZENZAC (Franç. Xavier, duc et abbé de), né en 1757, près d’Auch, mort en 1832, fut député aux États généraux par le clergé de Paris, siégea au côté droit, et obtint assez d’influence. Il quitta la France après le 10 août, et se réfugia en Angleterre, ainsi que le comte de Provence (Louis XVIII), avec lequel il se lia étroitement. Il revint après le 9 thermidor pour servir les intérêts des Bourbons, mais il fut exilé par Bonaparte. En 1814, il fut un des membres du gouvernement provisoire. Nommé peu après par Louis XVIII ministre de l’intérieur, il contribua à la rédaction de la Charte, et fut pendant quelque temps à la tête des affaires. Après la 2e Restauration, il fut nommé pair, puis duc (1821), mais il ne revint pas au pouvoir. Il avait été admis à l’Académie française, quoique n’ayant aucun titre littéraire.

Parmi les hommes distingués que cette famille a produits de nos jours, on cite : Philippe Joseph, vicomte, puis duc de Montesquiou-Fezensac, neveu de l'abbé de Montesquiou, né en 1784 : il a fait avec gloire les guerres de l'Empire et s'est surtout distingué dans la campagne de Russie. Il était arrivé avant 1814 au grade de général de brigade; nommé depuis lieutenant général, pair de France, ambassadeur en Espagne (1838-40), il a rempli avec succès plusieurs missions difficiles; — et le comte Ambroise Anatole Augustin de M.-Fezensac, né en 1788, fils de la comtesse de Montesquiou, gouvernante du roi de Rome. Colonel et aide de camp de l'Empereur en 1804, il voulut le suivre à l'île d'Elbe, mais ne put en obtenir la permission. Élevé à la pairie par Louis-Philippe, il fut un des soutiens de la nouvelle monarchie. Ami des lettres, il a donné une traduction de Pétrarque en vers, et un recueil de poésies originales, sous le titre de Chants divers, 1843.

MONTESSON (Jeanne BÉRAUD DE LA HAYE DE RIOU, marquise de), née en 1737, d'une famille noble de Bretagne, morte en 1806, épousa jeune le marquis de Montesson, lieutenant général, et resta veuve à 32 ans. Pleine de grâces et de talents, elle inspira une vive passion au duc d'Orléans, petit-fils du régent; ce prince l'épousa en 1772, mais leur mariage dut rester secret. Elle fit le bonheur du prince en lui ménageant les plaisirs les plus variés, et établit chez elle un petit théâtre où elle jouait avec une société des pièces faites en partie par elle-même. Redevenue veuve en 1785, elle fit un noble usage du douaire que Louis XVI lui reconnut. Respectée par la Révolution, elle fut fort bien traitée par l'empereur Napoléon. Elle imprima ses œuvres en 1782 sous le titre d’Œuvres anonymes, 8 vol. in-8, à un très-petit nombre d'exemplaires. On y trouve des drames, des comédies, des poësies diverses, des romans, etc.

MONTET-AUX-MOINES (Le), ch.-l. de cant. (Allier), à 30 kil. S. O. de Moulins; 500 hab. Houille.

MONTEVERDE, ville d'Italie (Principauté Ultérieure), sur l'Ofanto, à 12 kil. O. de Melfi; 2200 hab. Évêché. Château fort.

MONTEVIDEO ou SAN-FELIPE, v. de l'Amérique mérid., capit. de la République de l'Uruguay et du dép. de Montevideo, sur la r. g. du Rio de la Plata, à 200 kil. de son embouchure et à 200 kil. N. E. de Buénos-Ayres, sur une petite péninsule ; env. 250 000 hab. Port ouvert aux vents d'ouest, dits pamperos. La ville est bâtie en amphithéâtre et assez régulière; mais elle n'est point pavée; on y manque d'eau dans les sécheresses ; l'hiver y est souvent très-froid, et l'été brûlant, orageux et insupportable. Grand commerce d'exportation : peaux brutes, cornes, crins, viandes salées, suif, laines, tabac, plumes d'autruche. Importation de farines, boissons, tissus, verreries, chapellerie, livres, mercerie, parfumerie, tabletterie, sel, fer, acier, houille, bois, goudron, cordages. — Cette ville a été fondée par une colonie de Buénos-Ayres. Elle souffrit beaucoup tant des guerres entre cette République et le Brésil que de celles qu'elle eut elle-même à soutenir contre Buénos-Ayres : elle fut bloquée par les Buenos-Ayriens de 1842 à 1848. — Le dép. de Montevideo, entre le Paraguay au N. O., le Brésil à l'E., l'Océan au S. E., le Buénos-Ayres au S., et l'Entre-Rios à l'O., est arrosé par l'Uruguay et le Rio-Negro. Ce pays fut enlevé en 1821 à l'État de Buénos-Ayres par les Brésiliens, qui lui donnèrent le nom de province Cisplatine. Il se rendit indépendant en 1828 sous le nom de République Cisplatine, et s'unit à la République de l'Uruguay.

MONTÉZUMA, roi du Mexique, régnait depuis 1502 et avait étendu au loin sa domination par ses conquêtes, lorsque les Espagnols, conduits par Cortez, débarquèrent dans ses États, en 1519. Quoiqu'ils eussent été assez bien accueillis par ce malheureux prince, les Espagnols s'emparèrent de sa personne, sous le prétexte d'une trahison, et le gardèrent en otage. Dans une insurrection que ses sujets avaient suscitée pour le délivrer, il fut blessé au moment où il s'avançait pour les engager à se soumettre. Il refusa de recevoir aucun secours et de prendre aucune nourriture, et se laissa mourir (1520). Il avait eu plusieurs enfants, dont le 4e, baptisé par les Espagnols, sous le nom de don Pedro, devint la tige des comtes de Montézuma et de Tula, dont le dernier rejeton est mort en 1836 à la Nouv.-Orléans. — Un autre Montézuma, dit le Vieux, avait déjà régné au Mexique avant l'arrivée des Espagnols, 1445-83.

MONTFAUCON, ch.-l. de cant. (Maine-et-Loire), sur la Moine, à 14 kil. S. O. de Baupréau ; 800 hab. Il y fut conclu en 1800 un traité avec les chefs vendéens. — Ch.-l. de cant. (H.-Loire), à 15 kil. N. E. d'Yssingeaux; 800 hab. Rubans, scieries dé planches. — Ch.-l. de cant. (Meuse), à 34 kil. S. E. de Montmédy; 1000 h. Anc. abbaye, fondée en 650. Le roi Eudes y battit les Normands en 888.

MONTFAUCON, éminence voisine de Paris, entre les faubourgs St-Martin et du Temple, à 500m du bassin de La Villette. On y voyait jadis plusieurs gibets qui avaient été construits au commencement du XIVe siècle, selon les uns, par Enguerrand de Marigny ou par Pierre de la Brosse; selon d'autres, par Pierre Rémi. La tradition ajoute que le fondateur des gibets de Montfaucon y fut le premier pendu. On attachait à ces gibets tous les corps des criminels suppliciés à Paris, et leurs cadavres y restaient fort longtemps suspendus. A la Révolution, les gibets furent détruits, et Montfaucon devint une voirie pour les immondices de Paris et l'écarrissage des chevaux. En 1841, ce foyer d'infection, qui était situé aux portes mêmes de Paris, a été transporté dans la plaine des Vertus.

MONTFAUCON (Bernard de), savant bénédictin de la congrégation de St-Maur, ne en 1655, au château de Soulage près de Limoux (Aude), d'une famille noble, m. en 1741, servit d'abord avec distinction sous Turenne; mais, ayant perdu en peu de temps son père et sa mère, il renonça au monde et prit l'habit de St-Benoît à Toulouse en 1675. Il se livra avec ardeur à l'étude des langues et aux travaux d'érudition; fut appelé à Paris en 1687, s'y lia avec Ducange; puis visita les principales villes d'Italie, Rome surtout, où il fut fort bien accueilli du pape (1698). De retour dans sa patrie, il mit en ordre les riches matériaux qu'il avait recueillis, et publia plusieurs ouvrages étendus, remarquables par une érudition abondante et solide. Il fut reçu à l'Académie des inscriptions en 1719, et mourut à l'Abbaye de St-Germain, âgé de 87 ans. Ses principaux ouvrages sont : Diarium italicum, sive Monumentorum veterum, bibliothecarum notitiæ singulares, Paris, 1702, in-4; Collectio nova Patrum græcorum, 1706, 2 vol. in-fol.; Palæographia græca, 1708, in-fol.; l’Antiquité expliquée et représentée en figures, latin et français, 1719-24, 15 vol. in-fol. (ouvrage immense et qui, bien qu'imparfait, suffirait seul à la gloire de l'auteur); les Monuments de la monarchie française (jusqu'à Henri IV), 1729-33, 5 vol. in-fol.; Bibliotheca Bibliothecarum manuscriptorum nova, 1739, 2 vol. in-fol.; d'excellentes éditions de S. Athanase, Origène, S. Jean Chrysostôme; une trad. française des livres grecs de Philon sur la Vie contemplative, 1709, in-12. etc. Une partie de sa Correspondance a été publiée à Liége en 1855.

MONTFERRAND. V. CLERMONT-FERRAND.

MONTFERRAT, en ital. Monteferrato, ancien duché d'Italie, bornée au N. et à l'O. par le Piémont, au S. par la république de Gênes, à l'E. par le Milanais, avait pour capit. Casal. — Ce petit pays porta le titre de marquisat dès le Xe s., et fut possédé jusqu'au XVIe par des princes particuliers (V. ci-après). Il passa ensuite aux ducs de Mantoue (1586), pour lesquels il fut érigé en duché (1573). En 1631, le duc de Mantoue en céda une partie aux ducs de Savoie, qui furent investis du reste par l'empereur en 1708. En 1797 le Montferrat entra dans la république Cisalpine; en 1805 il fut compris dans le roy. d'Italie où il fit partie des dép. de Marengo, Sesia, Pô, Sture, Montenotte et Gênes. En 1815 il fut donné au roi de Sardaigne et réparti entre les divisions d'Alexandrie, Coni, Gênes, Novare et Turin.

MONTFERRAT (marquis de), illustre maison de la Lombardie, a pour chef Aldérame, créé marquis de Montferrat par Othon le Grand en 967. Cette famille a régné sur le Montferrat pendant près de 600 ans.

Guillaume IV de M., dit le Vieux, accompagna l'empereur Conrad III à la 2e croisade, en 1147, et s'y couvrit de gloire. Dans la suite il prit parti pour Frédéric Barberousse contre les villes libres d'Italie. — Un de ses fils, Renier, épousa une fille de Manuel Comnène, empereur d'Orient, et reçut en dot le roy. de Thessalonique (1179), qu'il transmit en 1183 à son frère Boniface III, et qui resta longtemps dans sa famille. — Guillaume V, fils aîné de Guillaume IV, fut un des héros de la 3e croisade, et mérita le surnom de Longue-Épée. En récompense de ses services, Baudouin le Lépreux, roi de Jérusalem, lui donna la main de sa sœur Sibylle avec le comté de Joppé. Il mourut en 1185. — Conrad, 2e fils de Guillaume IV, se distingua en Orient, surtout en défendant Tyr contre Saladin fut fait seigneur de Tyr en 1187 et régna sur cette ville jusqu'en 1192. Il épousa une fille d'Amaury, roi de Jérusalem, et disputa le trône de Jérusalem à Guy de Lusignan, son beau-frère. Il allait l'emporter, lorsqu'il périt assassiné. — Boniface III régna à la fois sur le Montferrat et sur le royaume de Thessalonique (1183-1207). Il fut fait prisonnier à la bataille de Tibériade, 1187, mais échangé bientôt après. Il fut choisi en 1202 pour chef de la 4e croisade, eut grande part à la prise de Constantinople, et fut fait roi de Thessalie, 1204. Il fut tué en 1207 en combattant les Sarrasins devant Satalieh. — Guillaume VI, le Grand, 1254-1292. Après avoir été l'allié de Charles d'Anjou et lui avoir facilité la conquête du royaume de Naples, il combattit ce prince qui voulait asservir la Lombardie. Il ajouta aux possessions de sa famille Verceil, Ivrée, et plusieurs autres villes, dont il s'empara par violence, et fit le métier de condottiere. Étant tombé entre les mains des habitants d'Alexandrie, révoltés contre lui, il fut mis dans une cage de fer : il y mourut après 17 mois de captivité, 1292. Il laissait un fils, Jean, 1292-1305, qui fut attaqué par Mathieu Visconti, seigneur de Milan, et dépouillé de Casal, Moncalvo, Trino, Ponte-Stura, et qui mourut sans postérité; et une fille, Iolande, qui épousa Andronic Paléologue, empereur d'Orient. Celle-ci hérita du Montferrat, à la mort de son frère en 1305, et le transmit à son 2e fils, Théodore Paléologue. — Théodore Paléologue, chef d'une 2e branche des marquis de Montferrat, régna de 1305 à 1338. Il eut d'abord à disputer son héritage à Manfred, marquis de Saluces, et au roi de Naples Charles II; mais il se fit reconnaître par l'emp. Henri VII, et finit par régner sans contestation. — Son fils, Jean Paléologue, 1338-78, reçut de l'emp. Charles IV le titre de vicaire impérial en Italie, et essuya néanmoins de grandes pertes dans une guerre contre Galéas Visconti; — Théodore II Paléologue, petit-fils du préc., 1381-1418, reprit aux Visconti Asti et Casal, aida Gênes à chasser les Français en 1409, fut capitaine de cette république jusqu'en 1413, et reçut de l'empereur Sigismond, en 1414, le titre de vicaire impérial en Italie, titre qui fut confirmé depuis à tous ses successeurs.

Perpétuellement en guerre avec ses voisins, surtout avec les Visconti et les Sforce, seigneurs de Milan, la famille de Montferrat déclina graduellement pendant les XVe et XVIe s.; enfin elle s'éteignit dans la personne de Jean George Paléologue, qui mourut sans enfants en 1533. Ses États passèrent à Frédéric II de Gonzague, marquis de Mantoue, qui avait épousé une des nièces du dernier Paléologue.

MONTFLEURY (Jacob, dit), comédien, né en Anjou vers 1600, d'une famille noble, m. en 1667, fut à| un des meilleurs acteurs de la troupe de l'hôtel de Bourgogne, rivale de celle de Molière. Il jouait avec un égal succès la comédie et la tragédie; il donna lui-même une tragédie d’Asdrubal, 1647. — Son fils, Ant. Jacob M., 1640-85, composa pour l'hôtel de Bourgogne des comédies qui luttèrent quelque temps avec celles de Molière, entre autres le Mariage de rien, l'Impromptu de l'hôtel de Condé, opposé à l'Impromptu de Versailles de Molière, la Femme juge et partie, en 5 actes, et en vers (c'est son meilleur ouvrage), l'École des Jaloux, la Dame médecin, Crispin gentilhomme; ces pièces ne manquent pas de gaieté, mais elles poussent la licence à l'excès. Son théâtre a été publié en 4 vol. in-12, Paris, 1775. M. O. Leroy a réduit en 3 actes La Femme juge et partie de Montfleury et l'a fait jouer avec succès en 1821.

MONTFORT, ch.-l. de c. (Landes), sur le Louts, à 20 kil. E. de Dax; 1600 hab. — M.-L'AMAURY, ch.-l. de c. (Seine-Oise), à 18 kil. N. O. de Rambouillet; 1600 hab. Blé, avoine, fruits, fromages, etc. Patrie de Simon de Montfort, dont on voit encore le château, auj. en ruines. — M.-LE-ROTROU, ch.-l. de c. (Sarthe), sur l'Huisne, à 19 kil. E. du Mans; 1000 hab. Fabrique de toiles. Grains, chanvre, fil, toile. — M.-SUR-MEU ou M.-LA-CANE, ch.-l. d'arr. (Ille-et-Vilaine), à 23 k. O. de Rennes; 1400 hab. Trib. de 1re inst. Toiles, fil, chanvre, cuirs, suif. Commerce de bois, bestiaux,etc. Eau ferrugineuse, restes de thermes romains. Anc. abbaye d'Augustins; ancien domaine des Montfort. — M.-SUR-RILLE, ch.-l. de c. (Eure), à 15 kil. S. E. de Pont-Audemer; 650 h. Papeterie. Anc. forteresse.

MONTFORT (Comtes de), famille bretonne, qui tirait son nom de Montfort-sur-Meu, près de Rennes, avait pour chef Jean de Montfort, 3e fils du duc de Bretagne Arthur II (m. en 1312) et frère consanguin du duc Jean III. Ce dernier, n'ayant pas d'enfants, assura de son vivant sa succession à sa nièce Jeanne de Penthièvre, qui était sa légitime héritière comme fille de Guy de Penthièvre, 2e fils d'Arthur; il la maria à Charles de Châtillon, plus connu sous le nom de Charles de Blois, neveu du roi de France. Jean de Montfort, qui avait d'abord paru reconnaître le droit de Jeanne, ne tarda pas, après la mort de Jean III (1341), à réclamer le titre de duc, et soutenu par les Anglais, il alluma en Bretagne une longue guerre civile. Après des succès fort divers, il mourut sans avoir pu réussir; mais son fils, nommé aussi Jean de Montfort, après avoir battu Charles de Blois à Auray (1364), fut reconnu pour duc et transmit le duché à ses descendants. V. JEAN IV et V.

MONTFORT (Simon, baron, puis comte de), fameux par ses expéditions contre les Albigeois, était né vers 1160, d'une famille originaire de Montfort l'Amaury. Il fit d'abord partie de la croisade prêchée en 1199 par Foulques de Neuilly, et se distingua en Palestine. Après son retour, il fut élu par les barons, en 1208, chef de la croisade formée en France contre les Albigeois, qui avaient à leur tête Raymond, comte de Toulouse. Il se signala dans cette guerre par son courage, mais aussi par sa cruauté ; il s'empara en 1209 de Béziers (où il fit, dit-on, près de 60 000 victimes), prit et saccagea Carcassonne, battit en 1213 devant Muret Pierre II d'Aragon, allié des Albigeois. qui assiégeait cette ville, dépouilla de ses États le comte de Toulouse, et s'en fit investir par le pape Innocent III. Il fut tué d'un coup de pierre en assiégeant Toulouse qui s'était révoltée, 1218. On l'avait surnommé le Machabée de son siècle. — Son fils aîné, Amaury de Montfort, ne sut pas conserver ses conquêtes, et fut obligé de les céder au roi de France Louis VIII, qui réunit ainsi le comté de Toulouse à la couronne (1226); il fut fait connétable en 1231. Dans la suite il partit pour la Terre-Sainte, et mourut, en 1241, au retour de cette expédition, durant laquelle il était tombé au pouvoir des Musulmans. — Un autre de ses fils, Simon, joua un grand rôle en Angleterre. V. ci-après.

MONTFORT (Simon de), comte de Leicester, fils puîné du chef de la croisade et d'une Anglaise, hérita de grands biens que sa famille avait acquis en Angleterre par suite de son alliance, et alla s'établir dans ce pays vers 1236 à la suite d'une discussion qu'il avait eue avec Blanche de Castille, mère de Louis IX. Il fut fort bien accueilli du roi Henri III, qui lui confia le gouvernement de la Gascogne avec le titre de sénéchal, et lui accorda la main de sa sœur ; mais il se rendit odieux dans son gouvernement, et encourut la disgrâce de Henri, qui l’accusa de trahison. Pour se venger il excita les barons anglais à la révolte, se mit à leur tête, en 1258, força le roi à convoquer un parlement extraordinaire à Oxford, et lui arracha les concessions connues sous le nom de Statuts ou Provisions d’Oxford. Pendant plusieurs années il exerça un pouvoir absolu en Angleterre. Le roi ayant tenté de secouer ce joug, il lui livra bataille à Lewes, le fit prisonnier avec son fils, et le força à souscrire un traité ignominieux, 1264. L’année suivante, il convoqua un parlement dans lequel furent admis, avec le clergé et la noblesse, des représentants des bourgs : ce fut l’origine de la Chambre des Communes d’Angleterre. Cependant, ayant bientôt excité le mécontentement de plusieurs de ses partisans, il donna à Henri le moyen de relever son autorité. Le fils de ce prince, Édouard, qu’il tenait prisonnier, s’étant échappé de ses mains, vint lui livrer bataille à Evesham, et l’y battit complètement, août 1265. Leicester périt dans l’action avec son fils aîné.

MONTFORT (le comte de). V. BONAPARTE (Jérôme).

MONTFORT (Ant. de), peintre d’histoire, né en 1532 à Montfort en Hollande (près d’Utrecht), m. en 1583, fut élève de Franc-Flore et s’établit à Delft. On vantait de lui une Décollation de S. Jacques, à Gouda ; l’Assomption, l’Annonciation, la Nativité, à Utrecht ; la Passion, à Dordrecht : ces ouvrages, qui se distinguaient par la noblesse des traits et la finesse des profils, furent détruits dans les guerres. Heureusement plusieurs avaient été gravés.

MONTFORT (L. M. GUIGNION de), missionnaire, né en 1673 à Montfort (Ille-et-Vilaine), m. en 1716 à St-Laurent-sur-Sèvre, en odeur de sainteté, parcourut l’Ouest de la France pour y ranimer la foi, exerça partout son ardente charité, fonda les missionnaires du St-Esprit et les sœurs hospitalières de la Sagesse.

MONTGAILLARD (Bernard DE PERCIN de), connu sous le nom de Petit-Feuillant, né en 1563 au château de Montgaillard, en Languedoc, vint à Paris vers 1579, entra dans l’ordre des Feuillants, et prêcha avec fureur pour la Ligue. Après la prise de Paris, il se réfugia à Rome, où le pape Clément VIII l’accueillit et le fit passer dans l’ordre de Cîteaux. De Rome, il se rendit dans les Pays-Bas ; il y devint prédicateur de l’archiduc Albert, fut fait abbé de Nivelles et d’Orval. Il mourut dans cette dernière abbaye en 1628. On n’a de lui que l’Oraison funèbre de l’archiduc Albert, Bruxelles, 1622, et une Lettre à Henri de Valois (Henri III), en laquelle il lui remontre ses fautes et l’exhorte à la pénitence, 1589 : cet écrit est des plus violents. Ce personnage figure dans la Satire Menippée.

MONTGAILLARD (G. Honoré ROCQUES, dit l’abbé de), historiographe, né en 1772, de parents nobles, au château de Montgaillard, près de Villefranche (Rhône), mort à Paris en 1825, fit dans sa jeunesse une chute dont les suites le rendirent impropre à l’état militaire auquel il était destiné, et entra au séminaire. Il en sortit de bonne heure, émigra, rentra en France en 1799, remplit sous le Consulat et l’Empire un emploi dans l’administration militaire, et s’occupa en même temps de travaux littéraires. On a de lui : Revue chronologique de l’histoire de France depuis la convocation des notables, Paris, 1820 ; Histoire de France depuis la fin du règne de Louis XVI jusqu’en 1825, Paris, 1826. Ces deux ouvrages, le dernier surtout, sont écrits dans un esprit satirique et dans un sens tout favorable à la cause royaliste ; il n’y épargne aucune occasion de déchirer ses contemporains.

MONTGERON, vge de Seine-et-Oise, à 3 kil. S. de Villeneuve-St-Georges, sur le chemin de fer de Paris à Lyon ; 1200 hab. Château, église gothique. Blé.

MONTGERON (L. Basile CARRÉ de), conseiller au parlement de Paris, né en 1686, m. en 1754, s’était signalé par son incrédulité, lorsqu’il fut témoin en 1731 des merveilles opérées, disait-on, au cimetière Saint-Médard sur le tombeau du diacre janséniste Pâris ; frappé d’étonnement à la vue des phénomènes si étranges qu’offraient les Convulsionnaires, il crut y voir la preuve d’une intervention surnaturelle, et publia pour les faire connaître la Vérité des miracles de Paris (3 vol. in-4,1737-48), volumineux ouvrage où il rapportait, en les appuyant de nombreux témoignages, les faits qui s’étaient passés sous ses yeux. Cette publication, qu’il ne craignit pas de présenter lui-même au roi, le fit enfermer à la Bastille, puis exiler. Son parti le regarda comme un héros ; ses adversaires, comme un fou. Son livre fut condamné à Rome. Il est à croire qu’il ne se trompait qu’en prenant pour miraculeux des faits qui n’étaient que le fruit d’une exaltation morbide.

MONTGISCARD, ch.-l. de c. (H.-Garonne), à 14 k. N. O. de Villefranche, près du canal du Midi ; 1000 h.

MONTGLAT (Fr. de Paule DE CLERMONT, marquis de), grand maître de la garde-robe et maréchal de camp sous Louis XIII et Louis XIV, né vers 1610, mort en 1675, avait été témoin d’un grand nombre d’événements. Il laissa des Mémoires, publiés en 1727, qui, à partir de 1635, offrent des renseignements précieux. Ils se trouvent dans les Collections de Mémoires sur l’histoire de France.

MONTGOLFIER (Jos. Michel et Jacques Étienne), frères célèbres par l’invention des aérostats, nés tous deux à Vidalon-lès-Annonay, le 1er  en 1740, le 2e en 1745, étaient fils d’un fabricant de papier. Placés à la tête de la fabrique de leur père, ils y introduisirent des perfectionnements importants. C’est en 1783 qu’ils firent leurs premières expériences sur les ballons aérostatiques ; l’idée de l’invention, paraît appartenir à Étienne ; mais ils voulurent en partager l’honneur et firent tous leurs travaux en commun. Après un premier essai fait à Annonay avec un plein succès (5 juin 1783), Étienne vint à Paris pour exposer sa découverte, et répéta l’expérience devant la cour (20 sept.). Cette découverte excita un enthousiasme universel : les deux frères furent nommés correspondants de l’Académie des sciences ; leur père fut anobli. A la bataille de Fleurus, on fit une heureuse application de leur invention pour observer les mouvements de l’ennemi. Étienne mourut dans son pays eh 1799. Joseph vint s’établir à Paris, fut nommé administrateur du Conservatoire des arts et métiers, et entra en 1807 à l’Institut. Il mourut en 1810. Outre les aérostats, on doit aux frères Montgolfier plusieurs inventions utiles, entre autres celle du Belier hydraulique, 1792, ainsi que d’importants perfectionnements dans la fabrication du papier. On a de Joseph : Discours sur l’aérostat, 1783 ; Mémoire sur la machine aérostatique, 1784 ; les Voyages aériens, 1784. Son Éloge a été écrit par Delambre et de Gérando. Un monument a été érigé aux deux frères sur la place publique d’Annonay. Le nom de Montgolfière est resté au genre d’aérostat qu’ils avaient inventé, et qui était gonflé avec de l’air atmosphérique dilaté par la chaleur.

MONTGOMERY, ancien comté de France, qui a donné son nom à la famille des Montgomery, était situé dans la Normandie, à l’O. de Lisieux. Ce comté est auj. dans le dép. du Calvados.

MONTGOMERY, v. d’Angleterre (Pays de Galles), ch.-l. du comté de Montgomery, près de la Severn, à 250 kil. O. N. O. de Londres ; 1200 hab. Hôtel de ville, prison ; ruines de l’ancien château fort de Montgomery et d’un camp breton. - Le comté, situé entre ceux de Radnor au S., de Merioneth à l’O., de Denbigh au N., de Shrop à l’E, , a 65 kil. sur 45 et 70 000 hab. Montagnes, forêts, sol en grande partie aride, mais fertile dans la partie cultivée. Plomb, ardoise, bois de construction ; beau bétail. On y fabrique les plus belles flanelles connues.

Divers lieux des États-Unis portent le nom de Montgomery, entre autres une ville de l'Alabama, capit. de cet État depuis 1847, sur la r. g. de l'Alabama et à 1000 k. S. de Washington; 10 000 hab. Chemins de fer. C'est dans cette ville que se réunit, le 9 févr. 1861, la convention qui proclama la séparation des États du Sud et qui élut pour président de la nouvelle Confédération Jefferson Davis.

MONTGOMERY, anc. famille dont l'illustration remonte à Roger de Montgomery, gentilhomme normand, qui accompagna Guillaume le Bâtard à la conquête de l'Angleterre et eut un commandement important à la bataille d'Hastings. — Robert, fils de ce Roger, jouit également de la faveur de Guillaume; mais, ayant embrassé le parti de Robert Courte Cuisse contre son frère Henri I, il fut banni d'Angleterre par le nouveau roi et se réfugia en Écosse où sa famille joua un rôle important. — Un de ses descendants, Hugues de M., fut créé en 1502, par Jacques IV, comte d'Egland ou d'Eglintoun. — La famille française de Lorges prétendait descendre des Montgomery d’Écosse; et elle prit même ce nom après que le capitaine Jacques de Lorges eut acquis en 1543 le comté de Montgomery en Normandie. V. LORGES.

MONTGOMERY (Gabriel de), fils de Jacques de Lorges, 1er sire de Montgomery, était capitaine de la garde écossaise de Henri II et vivait dans la familiarité de ce prince. Invité par le roi à rompre une lance avec lui dans un tournoi, en 1559, il le frappa si rudement qu'il lui traversa la tête avec le tronçon de sa lance, et fut ainsi la cause involontaire de sa mort. Après ce malheur, il se retira de la cour, emportant la haine de la reine Catherine de Médicis, et se réfugia en Angleterre. Dans sa retraite, il embrassa la Réforme, et, lorsque éclatèrent les guerres de religion (1562), il devint un des chefs les plus redoutables des Protestants : il défendit Rouen contre l'armée royale, mais il ne put empêcher le duc de Guise de prendre la ville. En 1567, il remporta plusieurs avantages sur les Catholiques, notamment dans le Béarn et s'empara d'Orthez. Il fut condamné à mort en son absence par le parlement de Paris et exécuté en effigie; mais il fut gracié lors de la paix de St-Germain. Il échappa par une prompte fuite au massacre de la St-Barthélemy (1572), alla secourir La Rochelle (1573), et fit des prodiges de valeur en Normandie; mais, attaqué dans le château de Domfront par le maréchal Matignon avec des forces bien supérieures, il fut forcé de se rendre et stipula qu'il aurait la vie sauve. Au mépris de cette capitulation, Catherine de Médicis, alors régente, le fit juger par des commissaires qui le condamnèrent à mort. Il fut exécuté à Paris sur la place de Grève et subit le supplice avec courage, 1574. Une tour de la Conciergerie où il avait été enfermé a conservé son nom.

MONTGOMERY (Richard), général américain, né en Irlande en 1737, avait d'abord seisvi dans les troupes anglaises pendant la guerre du Canada contre les Français (1756). Il s'établit ensuite à New-York, et lors de la déclaration de l'indépendance prit parti pour les Américains. Il osa tenter de chasser les Anglais du Canada; il avait déjà enlevé plusieurs places importantes, Chambly, St-Jean, Montréal, lorsqu'il fut tué au siège de Québec (1775).

MONTGOMERY (James), poëte écossais, né en 1771 à Irvine (comté d'Ayr), m. en 1854, était fils d'un pasteur Morave. Il fit des vers dès l'âge de 14 ans, vint à Londres en 1790, y fut d'abord commis de librairie, puis se fixa à Sheffield, y rédigea de 1794 à 1825 The Iris, journal radical, et fit en même temps des Lectures sur la littérature anglaise. Ses poésies se distinguent par des inspirations honnêtes et touchantes et par l'harmonie du style; les principales sont : Prison amusements, The Wanderer, The West Indies, The World before the flood, Original hymns. Elles ont été plusieurs fois réunies, notamment en 1851. — Un autre poète de même nom, Robert M., né à Bath en 1807, m. en 1855, s'est surtout exercé dans la poésie religieuse : on estime particulièrement son poëme sur l’Omniprésence de la Divinité (1828). On a aussi de lui une Prière universelle, Satan, le Messie, la Femme, ange de la vie, Luther, la Lyre chrétienne. Un recueil de ses poésies a paru en 1853.

MONTGUYON, ch.-l. de cant. (Charente-Infér.), à 35 kil. S. E. de Jonzac; 500 hab.

MONTHENAULT D'ÉGLY. V. ÉGLY.

MONTHERMÉ, ch.-l. de cant. (Ardennes), sur la r. g. de la Meuse, à 14 kil. N. de Mezières; 1800 hab. Ardoisières ; poterie, briqueteries, forges.

MONTHOIS, ch.-l. de cant. (Ardennes), à 12 kil. S. de Vouziers; 650 hab.

MONTHOLON (François de), garde des sceaux, s'était d'abord fait une grande réputation comme avocat, et avait été chargé en 1522 de la cause du duc de Bourbon contre François I et la reine mère. Il n'en fut pas moins nommé avocat général en 1532 et devint garde des sceaux en 1542. Il mourut l'année suivante. — Son fils, nommé aussi François, et son petit-fils, Jacques, furent également des avocats distingués; François II fut aussi garde des sceaux (1588). Ce dernier prononça, en 1611, un discours célèbre en faveur des Jésuites, attaqués par l'Université.

MONTHOLON (Ch. Tristan, comte de), issu de la famille des préc., né à Paris en 1783, m. en 1853, entra de bonne heure dans la marine, fit partie de l'expédition de l'amiral Truguet contre la Sardaigne, prit du service dans la cavalerie en 1797, et était chef d'escadron au 18 brumaire : dans cette journée, il fut utile à Bonaparte, qui se l'attacha. Après s'être signalé par sa brillante conduite en Italie, à Austerlitz, à Iéna, à Friedland, et surtout à Wagram, où il reçut 5 blessures, il reçut en 1809 le titre de chambellan de l'Empereur, fut chargé de plusieurs missions diplomatiques où il montra beaucoup de sagacité, et fut nommé général de brigade en 1814. Aide de camp de Napoléon Ier pendant les Cent-Jours, il obtint de l'accompagner à Ste-Hélène, demeura près de l'illustre captif jusqu'à sa mort, fut un de ses exécuteurs testamentaires et le dépositaire de ses manuscrits. De retour en Europe, il publia, en commun avec le général Gourgaud, les Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Ste-Hélène sous sa dictée, Paris, 1823, 8 vol. in-8. Il accompagna le prince Louis-Napoléon (l'empereur Napoléon III) dans sa descente à Boulogne (1840), et partagea aussi sa captivité au château de Ham; mais il fut gracié après l'évasion du prince.

MONTHOUMET, ch.-l. de cant. (Aude), à 31 kil. S. E. de Carcassonne; 400 hab.

MONTHUREUX, ch.-l. de cant. (Vosges) sur la Saône, à 40 k. S. O. de Mirecourt, et au S. O. de Darnay; 1200 hab.

MONTHYON. V. MONTYON.

MONTI (Vincent), poëte italien, né en 1754 à Fusignano près de Ferrare, mort en 1828, fut dans sa jeunesse secrétaire du prince Braschi, neveu de Pie VI, puis se livra tout entier à la poésie. Voulant d'abord rivaliser avec Alfieri, il donna les tragédies de Caïus Gracchus, d’Aristodème, de Manfredi; puis il composa divers poëmes à l'imitation du Dante : Prométhée et la Basvigliana : dans ce poëme, composé à l'occasion de l'assassinat de Basville, consul français à Rome, il déchirait les Français; mais, après nos triomphes en Italie, il chanta la palinodie et devint un des adulateurs de Napoléon. Il fut alors nommé professeur d'éloquence à Pavie, de belles-lettres à Milan, et historiographe du nouveau royaume d'Italie. Il célébra la gloire de l'Empire dans des odes qui furent admirées, entre autres : le Barde de la Forêt-Noire; la Vision; l'Épée du grand Frédéric. A la chute de l'Empereur, il se mit aux gages de l'Autriche, et composa pour cette nouvelle puissance le Retour d'Astrée. Malgré le mérite de sa poésie, pleine d'élégance et d'harmonie, sa versatilité lui fit perdre l'estime de ses concitoyens. Outre les ouvrages que nous avons cités, Monti a composé une traduction de l’Iliade, qui est un de ses plus beaux titres. Ses tragédies ont été trad. en vers français par M. Ph. Duplessis, 1854.

MONTIEL, bg d’Espagne (Manche), à 10 kil. S. E. de Villanueva-de-los-Infantes ; 1200 hab. Château fort. Église avec un clocher remarquable. En 1368, Henri de Transtamare y poignarda son frère Pierre le Cruel, roi de Castille, qu’il avait vaincu peu auparavant au même endroit, avec l’aide de Duguesclin.

MONTIER-EN-DER, Monasterium Dervense, ch.-l. de cant. (H.-Marne), à 13 kil. O. de Vassy ; 1500 hab. Haras. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée au VIIe s.

MONTIER-SUR-SAUX, ch.-l. de cant. (Meuse), à 31 kil. S. de Bar-le-Duc ; 1100 hab. Forges.

MONTIGNAC-LE-COMTE, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 25 kil, N. de Sarlat sur la Vezère ; 3000 h. Collége, hôpital. Patrie du littérateur Joubert. — La ville se forma autour d’un château féodal dont on voit encore de belles ruines. Carrières de pierres de taille. Antiquités romaines aux environs.

MONTIGNY-LE-ROI, ch.-l. de cant. (H.-Marne), à 22 kil. N. E. de Langres ; 1200 hab. Jadis place forte. Quincaillerie, coutellerie ; meules à émouler. — M.-SUR-AUBE, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 23 k. N. E. de Châtillon ; 900 hab. Haut fourneau.

MONTIJO, ville d’Espagne (Badajoz), à 38 k. O. de Merida ; 6200 hab. Vaste église. Titre de comté.

MONTILLA, Montulia, v. d’Espagne (Cordoue), à 40 kil. S. E. de Cordoue ; 13 000 hab. Beau palais des ducs de Medina-Celi ; greniers publics. Draps, toiles communes, corroieries, poteries, moulins à huile ; vins estimés. Patrie de Gonzalve dit de Cordoue.

MONTIVILLIERS, ch.-l. de cant. (Seine-Infér.), sur la Lézarde, à 13 kil. N. E. du Havre ; 3843 hab. Collége, jolie église gothique, autrefois abbatiale, avec une tour remarquable. Commerce de grains et farines ; blanchisseries de toiles, papeteries, tanneries, tissage de coton. Ville autrefois fortifiée : on voit encore des débris des fortifications. Anc. abbaye de Bénédictines, fondée en 682.

MONTJOIE ou MONTJOU (par corruption de Mons Jovis, mont de Jupiter, c.-à-d. Mont de Dieu), ancien cri de guerre. Jadis on appelait ainsi les monceaux de pierres entassés sur les chemins pour marquer la route : par suite, montjoie signifia la bannière qui indiquait la marche de l’armée. Ainsi ce cri Montjoie St-Denis voulait dire qu’il fallait suivre la bannière de St-Denis (c.-à-d. l’oriflamme). Les Bourguignons se servaient du cri de Montjoie-St-André, les ducs de Bourbon de celui de Montjoie-Notre-Dame ; les rois d’Angleterre de Montjoie-St-George. — Quelques-uns écrivent Monjoie et prennent ce mot pour ma joie : ainsi Monjoie-St-Denis voudrait dire : S. Denis, ma joie, mon espoir. — Le roi d’armes de France portait le nom de Montjoie.

MONTJOIE (F. GALART de), écrivain royaliste, né à Aix en 1730, m. en 1816, vint de bonne heure à Paris, travailla à l’Année littéraire et à l’Ami du roi, fut déporté en 1797, revint sous le consulat, professa au lycée de Bourges et fut nommé par Louis XVIII conservateur à la bibliothèque Mazarine. On a de lui, entre autres écrits : Hist. de la conjuration de Robespierre, 1794 ; Hist. de la conjuration de d’Orléans, 1796 ; ouvrage peu digne de foi ; Éloges de Louis XVI, 1797 ; de Marie-Antoinette, 1797 ; de Bochart de Saron, 1800.

MONTJOUY ou MONTJUICH, forteresse d’Espagne, à 3 kil. S. O. de Barcelone, domine la ville et les environs. Méchain fut chargé de mesurer l’arc du méridien compris entre Montjouy et Formentera.

MONTLHÉRY, Mons Letherici, bg de Seine-et-Oise, à 23 kil. N. O. de Corbeil : 1500 hab. Ruines d’une tour qui faisait partie du château fort des seigneurs de Montlhéry et d’où l’on a une vue magnifique. Ce château avait été construit en 999 par Thibaut File Étoupe, de la maison de Montmorency, seigneur qui étendait sa juridiction sur 300 paroisses et 133 fiefs. Louis VI le prit et le rasa, en ne réservant que la tour encore existante, mais ruinée en partie, qui servit plusieurs fois de prison d’État, et où l’on avait établi un télégraphe aérien. Grand commerce de blé. — Aux environs se livra, le 5 juillet 1465, une bataille indécise entre Louis XI et les confédérés de la ligue du Bien public, qui ne purent empêcher le roi de se frayer un passage vers Paris.

MONTLIEU, ch.-l. de c. (Charente-Infér.), à 32 k. S. E. de Jonzac ; 2030 hab. Ruines d’un château des Rohan-Soubise ; fameux souterrain, dit Trou des Fadets, où se trouvent de belles stalactites.

MONTLOSIER (Franç. Dom. REYNAUD, comte de), né à Clermont-Ferrand en 1755, m. en 1838, fut nommé député de la noblesse de Riom aux États généraux. Ardent défenseur des privilèges aristocratiques, il signa toutes les protestations de la minorité ; il émigra en 1791, et dirigea en Angleterre le Courrier de Londres. Rentré en France vers 1800, il y continua son journal, qui fut bientôt supprimé. S’étant rallié depuis à l’Empire, il fut attaché au ministère des Relations extérieures et devint le correspondant politique de Napoléon pendant ses campagnes. Il accueillit avec joie la Restauration, et publia en 1814 la Monarchie française depuis son établissement, ouvrage consacré au panégyrique des institutions féodales : il rattache tous les événements à la conquête franque et à la distinction des races. Opposé à toute intervention du clergé dans l’État, Montlosier publia en 1826 un Mémoire à consulter, où il dénonçait ce qu’il appelait le Parti-prêtre ; il le fit suivre l’année suivante d’un 2e Mémoire, intitulé : les Jésuites et les Congrégations ; ces écrits, prônés par le parti libéral, le firent disgracier par Charles X et condamner à Rome. À la révolution de 1830, Montlosier fut fait pair de France ; il se retira peu après des affaires et passa ses dernières années en Auvergne.

MONT-LOUIS, ch.-l. de c. (Pyr.-Orient.), sur un rocher, près du Tet et à 26 k. S. O. de Prades ; 1000 h. Ville forte, bâtie en 1681 par Louis XIV, citadelle construite par Vauban, casernes. Pyramide élevée à la mémoire du général Dagobert, mort près de là. Anc. capit. de la Cerdagne française. On l’appela Mont-Libre pendant la Révolution.

MONT-LOUIS, bg d’Indre-et-Loire, à 12 kil. E. de Tours, sur la r. g. de la Loire et le chemin de fer de Paris à Bordeaux ; 840 hab. Adossé à un rocher dans lequel sont creusées une partie des habitations. Un traité de paix y fut conclu en 1174 entre Louis VII, roi de France, et Henri II d’Angleterre.

MONT-LOUIS, près Paris. V. LA CHAISE (Le P.).

MONTLUC (Blaise de), fameux capitaine, issu d’une branche de la famille Montesquiou d’Artagnan, né vers 1502, m. en 1577, tirait son nom du château de Montluc près de Damazan en Guyenne (Lot-et-Garonne). Il servit avec courage sous les règnes de François I, Henri II, François II, prit une part glorieuse aux expéditions d’Italie, défendit 8 mois Sienne contra Charles-Quint (1555) et eut part sous le duc de Guise à la prise de Calais (1558). Pendant les guerres de religion, il battit les Huguenots en plusieurs rencontres, notamment à Ver (1562). Nommé en 1564, lieutenant général de la Guyenne, il fit aux Calvinistes une guerre d’extermination et multiplia les exécutions : rivalisant avec le baron des Adrets, il déploya une telle férocité qu’il mérita d’être surnommé le Boucher royaliste. Au siége de Rabasteins (1570), il reçut à la figure une blessure horrible qui l’obligea à porter un masque le reste de sa vie, Henri III le récompensa par le bâton de maréchal de France. Montluc a laissé, sous le titre de Commentaires, de curieux mémoires sur sa vie militaire. Publiés à Bordeaux en 1592, ils l’ont été depuis dans la collection des Mémoires relatifs à l’Histoire de France, et par M. de Rable, pour la Société de l’hist. de France.

MONTLUC (Jean de), frère du préc., diplomate, entra dans l’ordre des Dominicains, fut employé par François I et Henri II et ses successeurs dans plusieurs négociations importantes en Italie, en Angleterre, en Écosse, en Allemagne, en Portugal, et contribua puissamment à faire élire roi de Pologne Henri de France (Henri III). Il fut élevé en 1553 à l’évêché de Valence, et m. en 1579. Comme L'Hôpital, il était partisan de la tolérance, ce qui le fit accuser de penchant pour la Réforme. Du reste, ses mœurs étaient peu édifiantes : il eut un fils naturel, nommé aussi Jean de M., qui fut fait maréchal de France en 1594.

MONTLUÇON, ch.-l. d'arr. (Allier), à 70 k. S. O. de Moulins et à 326 k. S. de Paris, sur la r. dr. du Cher, qu'on y traverse sur un beau pont: 16 212 h. Trib., chemin de fer. Hauts fourneaux, manuf. de glaces, toiles, serges; grains, vins. C'est à Montluçon que commence le canal du Berry. Près de la ville, restes d'un château des ducs de Bourbon. — Les Anglais turent vaincus au XIVe siècle dans un des faubourgs de cette ville : une fête annuelle, dite Fête des Chevaux fugs, rappela cette victoire jusque la Révolution.

MONTLUEL, ch.-l. de c. (Ain), sur la Sereine, à 28 kil. S. E. de Trévoux; 2955 hab. Draps communs, chanvre, fil, toile d'emballage, grains, colza, etc. Restes de fortifications. Anc. ch.-l. du comté de Valbonne.

MONTMARAULT, ch.-l. de c. (Allier), à 27 k. E. de Montluçon; 1400 hab. Fabrique de câbles. Commerce de grains, fruits, fromages, etc.

MONTMARTIN-SUR-MER, ch.-l. de c. (Manche), à 9 kil. S. O. de Coutances ; 700 hab.

MONTMARTRE, bg du dép. de la Seine contigu aux murs de la ville, au N., et compris auj. dans Paris, s'élève sur une colline d'env. 132m de haut, appelée vulgairement la Butte-Montmartre, d'où l'on découvre tout Paris. Châles-cachemires, encre, produits chimiques, toiles cirées, etc. Nombreuses carrières à plâtre. — Le nom de Montmartre vient, suivant les uns, de Mons Martis, parce qu'il s'y trouvait, dit-on, un temple de Mars; suivant les autres, de Mons Martyrum, parce que S. Denis y fut martyrisé avec trois de ses compagnons. Les Normands ravagèrent ce bourg en 887. En 1133, Louis le Gros y fonda une abbaye de Bénédictins qui subsista jusqu'en 1789. Le 29 mars 1814, il s'y livra un combat acharné entre les Parisiens et les alliés qui assiégeaient Paris. A l'O. et au bas de Montmartre, est un des cimetières de Paris.

MONTMAUR (pour Mont des Maures), vge des Hautes-Alpes), à 16 kil. O. de Gap; 720 hab. Il tire son nom des Sarrasins, qui l'occupèrent longtemps. Ruines d'une chapelle et d'un manoir féodal. Il y avait à Montmaur une commanderie de Templiers.

MONTMAUR (Pierre de), fameux parasite, né vers 1564 dans le Limousin, m. en 1648, fut d'abord jésuite et enseigna dans plusieurs colléges de l'ordre; il fut nommé en 1623 professeur de grec au Collége de France. Il se faisait admettre par ses bons mots à la table des grands, leur disant plaisamment: « Fournissez les viandes et le pain, je me charge de fournir le sel. » Il se fit par ses railleries beaucoup d'ennemis parmi les gens de lettres et fut l'objet de leurs sarcasmes : on lui reprochait surtout sa pédanterie. On lui donnait pour emblème un âne au milieu de chardons, avec cette devise : Pungant, dum saturent.

MONTMÉDY, Mons Medius, ou Mons Maledictus au moyen âge, ch.-l. d'arr. (Meuse), sur la r. dr. du Chiers, à 50 kil. N. E. de Bar-le-Duc et à 250 N. E. de Paris ; 2000 hab. Trib. collége. Place de guerre fortifiée par Vauban. Chemin de fer. Vinaigreries. tanneries, bonneteries. — Prise par les Français sur les Espagnols en 1541 et 1553, elle appartient à la France depuis 1647. Assiégée et prise par les Allemands dans la guerre de 1870.

MONTMÉLIAN, Montemigliano en italien, v. de France (Savoie), sur une mont. assez élevée, près de la r. dr. de l'Isère, à 15 kil. de Chambéry; 1300 h. Vins estimés. Au sommet, ruines d'un château fort qui dominait toute la vallée de l'Isère et passait pour une position très-forte. Prise par Henri IV en 1600, par Catinat en 1691; de nouveau prise par les Français en 1792. Elle a été cédée à la France avec le reste de la Savoie en 1860.

MONTMIRAIL, ch.-l. de c. (Sarthe), à 49 kil. S. E. de Mamers, près de la Braye; 800 hab. Autrefois fortifié. Beau château. Traité entre Louis le Jeune, roi de France, et Henri II d'Angleterre, en 1168.

MONTMIRAIL, ch.-l. de c. (Marne), à 25 kil. S. O. d'Épernay, près du Petit-Morin; 1800 hab. Beau château qui appartint à la famille Le Tellier, auj. aux ducs de Doudeauville. Pierres meulières, céréales, laines et bestiaux. Patrie du card. de Retz. — Napoléon y remporta une victoire éclatante sur les alliés, le 11 février 1814.

MONTMIREY, ch.-l. de cant. (Jura), à 15 kil. N. de Dôle; 430 hab.

MONTMOREAU, ch.-l. de cant. (Charente), à 48 kil. S. d'Angoulême; 500 hab. Station. Anc. château.

MONTMORENCY, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la lisière de la forêt qui prend son nom, à 20 k. S. E. de Pontoise et à 15 kil. N. de Paris, au sommet d'une éminence, d'où l'on a une très-belle vue; 2500 hab. Vallée délicieuse, jolie église gothique du XIVe s. Jadis château seigneurial, détruit auj.; forêt magnifique; Ermitage, qui fut habité par J. J. Rousseau et Grétry. Beaux fruits, cerises renommées. — Au pied du coteau se trouve le bel étang d'Enghien (V. ENGHIEN). — Le village se forma autour d'un château fort, bâti vers 1108 par Bouchard le Barbu, et dont il ne reste plus de vestiges. Ce domaine, qui donna son nom aux seigneurs de Montmorency, portait d'abord le titre de baronnie : il fut érigé en duché-pairie en 1550 en faveur d'Anne de Montmorency, connétable de France. La postérité de celui-ci s'étant éteinte en 1632, le duché fut rétabli en faveur de Henri de Bourbon, prince de Condé, sous le nom d'Enghien-Montmorency.

MONTMORENCY (Maison de), une des familles les plus anciennes et les plus illustres de la France, tire son nom de la terre de Montmorency près de Paris, et a pour fondateur Bouchard, sire de Montmorency, qui figure dès 950 parmi les grands feudataires du duché de France. Les chefs de cette maison portaient autrefois les titres de premiers barons chrétiens et de premiers barons de France. Elle a fourni 6 connétables, 12 maréchaux, 4 amiraux, plusieurs cardinaux et un grand nombre, de généraux et d'hommes d'État distingués, et s'est alliée à plusieurs maisons royales. Sous Matthieu II, le grand connétable, m. en 1230, elle se partagea en branche aînée ou des barons de Montmorency, et branche cadette ou de Montmorency-Laval. Cette dernière, qui a pour chef Guy de Montmorency, fils de Mathieu et d'Emma, héritière de Laval, s'est perpétuée jusqu'à nos jours par plusieurs rameaux. En 1447, après la mort de Jean II, seigneur de Montmorency, 15e descendant de Bouchard, la maison de Montmorency se trouva partagée en plusieurs branches : 1° les seigneurs de Nivelle, puis comtes de Homes (V. HORNES); 2° les seigneurs de Fosseux, qui devinrent branche aînée au XVIIe siècle; 3° les ducs de Montmorency, issus d'un second lit, mais qui héritèrent cependant du titre de leur père, au détriment des fils du premier lit qui formaient les deux 1res branches; cette 3e brancha s'éteignit en 1632 en la personne de Henri de M., décapité par ordre de Louis XIII. — Parmi les autres branches de cette grande maison, nous citerons les seigneurs de Lauresse, d'Hauteville et Bouteville, de Wastines, etc., issus de la branche de Fosseux; les seigneurs de Croisilles, issus de Jacques, 14e descendant de Bouchard; les seigneurs de Montlhéry, issus de Thibaut File Étoupe, 2e fils de Bouchard; les comtes de Montmorency-Luxembourg, issus du mariage de François de Montmorency, seigneur de Bouteville, avec Marie Madeleine, héritière des comtes de Luxembourg. En vertu d'un pacte de famille conclu en 1820, 3 branches seulement, celles de Montmorency, de Montmorency-Luxembourg et de Montmorency-Luxembourg-Beaumont, ont été reconnues comme appartenant à cette famille. Les représentants actuels de ces 3 branches (V. ci-après) n'ont point d'héritiers mâles.

MONTMORENCY (Matthieu I de), descendant de Bouchard à la 4e ou selon d’autres à la 7e génération, reçut en 1130 la charge de connétable de France. Son alliance avec Aline, fille naturelle de Henri I, roi d’Angleterre, et surtout son second mariage, avec Adélaïde de Savoie, veuve du roi Louis VI, et mère de Louis le Jeune, commencèrent la grandeur des Montmorency. Pendant la croisade entreprise par Louis le Jeune, Matthieu partagea avec Suger l’administration du royaume ; il mourut en 1160.

MONTMORENCY (Matthieu II de), le Grand Connétable, petit-fils du préc., se signala par sa valeur au siége de Château-Gaillard (1202), enleva à Jean sans Terre une grande partie de la Normandie (1203-4), et eut une grande part, en 1214, à la vict. de Bouvines, où il commandait l’aile droite : il enleva à lui seul 4 aigles impériales. Il reçut la dignité de connétable en 1218. Chargé plus d’une fois du commandement des armées, il joignit pour toujours ce commandement suprême au titre de connétable (avant lui les connétables n’étaient que de simples officiers de la couronne). Il accompagna Louis VIII dans la campagne de Saintonge et dans la guerre contre les Albigeois. Ce prince, en mourant, plaça son fils encore en bas âge sous sa protection : Montmorency le défendit fidèlement ainsi que la régente Blanche de Castille. Par ses alliances et celles de ses ancêtres, Matthieu de M. se trouvait grand-oncle, oncle, beau-frère, neveu, petit-fils de deux empereurs, de six rois, et allié de tous les souverains de l’Europe. Il fut marié trois fois : c’est du 3e lit qu’est sorti le chef de la branche des Montmorency-Laval.

MONTMORENCY (Ch. de), maréchal de France, commanda l’armée envoyée en Bretagne au secours de Charles de Blois, reçut le bâton de maréchal en 1343, combattit avec courage à Crécy, 1346, fut gouverneur de la Normandie, contribua à la conclusion de la paix de Brétigny, 1360, et mourut en 1381. Il était le parrain du Dauphin (plus tard Charles VI.

MONTMORENCY (Anne, duc de), né à Chantilly en 1492, mort en 1567, se lia dès l’enfance avec le comte d’Angoulême (François I), fit ses premières armes à Ravenne, se signala à Marignan (1515), seconda Bayard dans la belle défense de Mézières, et fut fait maréchal dès 1522. Pris à la journée de Pavie, 1525, il partagea la captivité de François I. Rendu à la liberté, il travailla utilement à lever les obstacles que Charles-Quint mettait à l’élargissement du roi. Le gouvt du Languedoc, la charge de grand maître de France et l’administration des affaires furent les récompenses de ses bons services. Après la reprise des hostilités, il déjoua par sa prudence et par une sage lenteur les espérances de l’empereur, détruisit par la famine son armée qui avait envahi la Provence, et mérita le titre de Fabius français. Il reçut l’épée de connétable en 1538. En 1547, des intrigues de cour le firent exiler dans ses terres ; retiré à Chantilly, il supporta son exil avec grandeur d’âme. À l’avènement de Henri II, il reprit tout son crédit. Il réprima avec une excessive rigueur en 1548 une insurrection de la Guyenne. En 1557, il perdit par sa faute la bat. de St-Quentin contre les Espagnols, et fut pris : impatient de recouvrer la liberté, il poussa à la conclusion du traité désavantageux de Cateau-Cambrésis (1559). Écarté des affaires pendant le règne de François II, il fut rappelé sous Charles IX par Catherine de Médicis qui voulait l’opposer aux Guises : mais il s’unit bientôt à eux et forma en 1561, avec François de Guise et le maréchal de St-André, un célèbre triumvirat, destiné à soutenir la foi catholique et à combattre les Calvinistes. En 1562, il gagna la bataille de Dreux sur le prince de Condé ; il fut néanmoins fait prisonnier. Rendu à la liberté l’année suivante, il chassa les Anglais du Havre. Il périt en 1567, en combattant les Protestants, à la bataille de St-Denis. Anne de Montmorency se fit remarquer par une austérité qui approchait de la rudesse. Sa baronnie avait été érigée en duché en 1551 par Henri II.

MONTMORENCY (François, duc de), fils aîné d’Anne de Montmorency, fut nommé gouverneur de Parie en 1553. Ennemi des Guises, il faillit être enveloppé dans le massacre de la St-Barthélemy. Étant entré dans le parti des Malcontents, il fut enfermé à la Bastille. Il en sortit sur l’ordre de Catherine de Médicis : cette princesse, bien qu’ennemie déclarée de sa famille, avait en ce moment besoin de lui pour ramener le duc d’Alençon. Devenu grand maître de France, il consacra la prééminence de la maison rivale en cédant sa dignité au duc de Guise. Il reçut en échange le bâton de maréchal. Il mourut en 1579, dans sa 49 année.

MONTMORENCY (Henri I, duc de), 2e fils d’Anne da Montmorency, fut d’abord connu sous le nom de Damville. C’est lui qui prit le prince de Condé à la bataille de Dreux (1562). Il obtint le gouvernement du Languedoc et fut fait maréchal en 1668. Il se distingua a la journée de St-Denis, où son père reçut le coup mortel (1567). Malgré tous ces services, il était haï de Catherine de Médicis et des Guises, et, bien que zélé catholique, il fut forcé, pour échapper au massacre de la St-Barthélemy, de se réfugier dans son gouvt du Languedoc. Il s’y mit à la tête des Politiques, et y régna en souverain jusqu’à l’avénement de Henri IV. Il s’empressa de reconnaître ce prince, et reçut en 1595 l’épée de connétable. Il m. en 1614 à 70 ans. Ce personnage si éminent ne savait pas écrire.

MONTMORENCY (Henri II, duc de), fils du préc., né à Chantilly en 1595, m. en 1632, fut tendrement aimé de Henri IV, qui était son parrain. Nommé amiral par Louis XIII en 1612, à 17 ans, il hérita du gouvt de Languedoc à la mort de son père. Pendant les guerres de religion, dont cette province fut le théâtre de 1620 à 1628, il y combattit les Protestants, se distingua aux siéges de Montauban et de Montpellier, et conquit en 1625 les îles de Ré et d’Oléron. Quand La Rochelle fut attaquée par Richelieu, il lui vendit, moyennant un million, sa charge d’amiral. Il combattit le duc de Rohan, et amena la paix d’Alais. Nommé lieutenant général des armées du roi dans le Piémont, il y obtint de nouveaux succès et se distingua surtout à la journée de Veillane. Il reçut le bâton de maréchal de France en 1629. Mécontent de la cour, qui lui refusait le titre de connétable, il se laissa entraîner à la révolte par Gaston, frère de Louis XIII, fit insurger le Bas-Languedoc, et livra bataille aux troupes du roi à Castelnaudary, en 1632. Vaincu dans ce combat, il y fut couvert de blessures et tomba vivant entre les mains du roi, qui lui fit faire son procès à Toulouse ; il fut condamné à mort et subit le supplice avec courage ; il n’était âgé que de 38 ans. Le roi avait refusé sa grâce malgré les plus pressantes sollicitations. H. de Montmorency ne laissa point d’enfants ; en lui finit la branche directe de cette maison. Un de ses officiers, Sim. Ducros, a écrit son Histoire, 1633. — Sa veuve, Marie des Ursins, née à Rome en 1600, m. à Moulins en 1666, prit le voile dans le couvent de la Visitation de cette ville et lui éleva un magnifique mausolée qu’on voit encore dans la chapelle du lycée de Moulins. Am. Renée a publié sa vie en 1858 sous le titre de Mme de Montmorency.

MONTMORENCY (Matthieu Jean Félicité, d’abord vicomte, puis duc de), né à Paris en 1767, m. en 1826, servit dans la guerre d’Amérique, embrassa les principes de la Révolution, fut député aux États généraux en 1789 par la noblesse de Montfort l’Amaury, s’y montra l’un des défenseurs de la liberté politique, et proposa dans la fameuse nuit du 4 août l’abolition des titres de noblesse. Il quitta la France quand la république y fut proclamée, se retira en Suisse, rentra après le 9 thermidor, et n’occupa sous l’Empire aucune fonction. Sous la Restauration, il professa des opinions fort différentes de celles qu’il avait défendues dans sa jeunesse. Il devint aide de camp du comte d’Artois, pair de France, ministre des affaires étrangères (1822), ambassadeur au congrès de Vérone, puis gouverneur du duc de Bordeaux En 1825, il fut admis à l'Académie, quoique n'ayant aucun titre littéraire.

MONTMORENCY-BOUTEVILLE. V. BOUTEVILLE.

MONTMORENCY-LUXEMBOURG. V. LUXEMBOURG.

Les derniers survivants mâles de cette illustre famille sont : M. le duc Raoul de Montmorency, né en 1790 à Soleure dans l'émigration, fils d'Anne de M. (pair de France, mort en 1846) : après avoir servi avec distinction sous l'Empire, il s'attacha sous la Restauration au duc d'Orléans (Louis-Philippe), dont il fut l'aide de camp; — Charles, duc de M.-Luxembourg, né en 1774, émigré en 1790, fait maréchal de camp et pair de France en 1814, capitaine d'une des compagnies des gardes du corps de Charles X; — Édouard de M.-Beaumont, prince de Luxembourg, né en 1802, issu de la branche de Beaumont qui reçut le titre de duc en 1765. — Desormeaux a écrit l’Hist. de la maison de Montmorency, 1764.

MONTMORILLON, ch.-l. d'arr. (Vienne), sur la Gartempe, à 50 kil. S. E. de Poitiers et à 376 kil. S. O. de Paris; 4000 hab. Trib., école ecclésiastique. Anc. collège de Jésuites, anc. couvent d'Augustins, où l'on voit un monument singulier de forme octogone, entouré de bas-reliefs grossiers, qui fut longtemps, mais à tort, attribué aux Druides : il est du XIIe siècle. Société d'agriculture, colonie agricole. Blanchisserie de toiles; biscuits et macarons.

MONTMORIN-ST-HÉREM (Armand, comte de), d'une anc. famille d'Auvergne, fut d'abord menin du Dauphin (Louis XVI), puis ambassadeur à Madrid, fut appelé à la 1re assemblée des notables en 1787, et au ministère des affaires étrangères en 1789, au moment de l'ouverture des États généraux. Écarté avec Necker, dont il partageait les principes, il fut rappelé après le 14 juillet (1789), reçut par interim en 1791 le portefeuille de l'intérieur et se retira après le voyage de Varennes. Il resta néanmoins dans le conseil particulier du roi et s'efforça, mais en vain, de prévenir sa chute. Il se cacha au 10 août 1792, fut découvert, mis en prison et massacré en septembre.

MONTMOROT, vge du Jura, à 2 k. O. N. O. de Lons-le-Saulnier; 2000 h. Importantes salines.

MONTMORT, ch.-l. de cant. (Marne), à 18 kil. S. O. d'Épernay; 459 hab. Église gothique, avec vitraux. Restes d'un château fort. — V. MONTMAUR.

MONTMORT (P. Rémond de), mathématicien, né à Paris en 1678, puisa le goût des sciences dans la lecture de Malebranche, et devint le disciple et l'ami de ce philosophe. Il donna en 1704 un Essai d'analyse sur les Jeux de hasard, qui obtint un grand succès. On a aussi de lui un Traité des Suites infinies (dans les Transactions philosophiques). Il mourut de la petite vérole en 1719, lorsqu'on pouvait encore beaucoup attendre de lui. Il était membre de l'Académie des sciences et de la Société royale de Londres. Ce savant avait une force d'attention qui lui permettait de résoudre les problèmes les plus difficiles au milieu du bruit de ses enfants.

MONTOIRE, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), sur le Loir, à 18 kil. O. de Vendôme; 2500 hab. Bas, cotonnades, bonneterie, cuirs; vins. – Jadis titre d'un comté, qui appartint d'abord aux ducs de Vendôme, puis à diverses maisons. Cette ville, dominée par les ruines du château de St-Outrille, devint au XVIe siècle la capitale du Bas-Vendômois.

MONTOIRE, bourg de la Loire-Inf., à 19 kil. O. de Savenay; 700 hab. Station. Aux env., marais d'où l'on extrait beaucoup de tourbe.

MONTOLIEU, Castrum Malasti et Mons Oliveti, v. du dép. de l'Aude, à 16 kil. N. O. de Carcassonne : 1800 hab. Draps fins, bonnets, maroquins. Vieux château. Établissement de Lazaristes.

MONTOLIEU (Isabelle POLIER DE BOTTENS, baronne de), née en 1751 à Lausanne, morte en 1832, était fille d'un pasteur. Elle épousa d'abord M. de Crouzas, et ensuite le baron de Montolieu, sous le nom duquel elle se fit connaître. Riche, elle s'adonna par goût à la littérature, traduisit de l'anglais et de l'allemand plusieurs ouvrages, entre autres ceux d'Aug. Lafontaine, et donna elle-même Caroline de Lichtfield et une suite au Robinson suisse, de Wyss, ouvrages qui, bien que faiblement écrits, obtinrent beaucoup de succès à cause du mérite du fond. On a aussi d'elle un grand nombre de Contes et de Nouvelles. Ses Œuvres choisies ne forment pas moins de 40 vol. in-12, 1824 et ann. suiv.

MONTORO, Epora, v. d'Espagne (Cordoue), à 13 kil. N. E. de Bujalance, près du Guadalquivir, 13 000 hab. Huile excellente. — Érigée en duché en 1662 en faveur de don Louis Mendez de Haro.

MONTPAZIER. V. MONPAZIER.

MONTPELLIER, Mons Puellarum, Mons Pessulanus, grande et belle ville de France, ch.-l. du dép. de l'Hérault, sur une colline au pied de laquelle coule le Lez, à 8 kil. de la Méditerranée, avec laquelle elle communique par le Lez et le port de Cette, à 752 kil. S. de Paris (par Lyon); 51 865 hab. Ch.-l. de la 10e division militaire; évêché, suffragant d'Avignon; église consistoriale calviniste; cour d'appel, tribunaux de 1re inst. et de commerce; bourse et chambre de commerce; académie universitaire, facultés de lettres, de sciences et de médecine; lycée; écoles de pharmacie, de dessin et de peinture, des beaux-arts, du commerce, de géométrie et de mécanique; école normale; bibliothèque publique, musée Fabre, contenant une galerie de tableaux, de dessins et gravures; jardin des plantes, avec cabinet de physique et d'histoire naturelle. Société d'agriculture, société archéologique. Air pur, beau ciel, vue magnifique; point de belles rues, mais nombre de belles maisons; vaste esplanade, belle promenade de la place du Peyrou, avec une statue équestre de Louis XIV, bel acqueduc; belle cathédrale (l'église St-Pierre), contenant des tableaux remarquables; hôtel de la Préfecture, théâtre; vaste hôpital, prison cellulaire. Plusieurs chemins de fer. Beaucoup d'industrie : esprits dits trois-six, eau-de-vie, liqueurs, verdet et autres produits chimiques; soieries, tissus de coton, mousselines, rouennerie, ouvertures de laine, draps lissés, ouvrage en paille; confitures, blanchisserie de cire, tanneries, raffineries, etc. Grand commerce de vins, esprits, huile d'olive, citrons et autres fruits. — Au Xe siècle, Montpellier n'était qu'un village, situé à 5 kil. de Maguelone. Devenue riche et grande à mesure que Maguelone décroissait, elle forma une seigneurie qui passa par mariage aux rois d'Aragon (1204) et fit ensuite partie du roy. de Majorque (1276). Elle fut cédée à la France par Jayme II en 1349; Charles V la céda en 1365 à Charles le Mauvais, et elle ne revint à la couronne que sous Charles VI. L'évêché de Maguelone y fut transféré en 1538. Montpellier souffrit beaucoup pendant les guerres de religion : elle se soumit à Louis XIII en 1622, après avoir subi un siége. L’Édit de Montpellier, du 20 oct. 1622, reconnut aux Calvinistes le libre exercice de leur culte, mais leur enleva toute autre assemblée que leurs synodes et consistoires, et ne leur laissa comme place de sûreté que La Rochelle et Montauban. Montpellier avait jadis une université, fondée en 1289, qui réunissait toutes les facultés, mais qui était surtout célèbre pour l'enseignement de la médecine. Patrie de S. Roch, de Barthez, Broussonnet, La Peyronie, Cambacérès Cambon, Roucher, Séb. Bourdon, Vien, Daru.

MONTPELLIER, v. des États-Unis, capit. de l'État de Vermont, à 838 kil. N. N. E. de Washington; 4000 hab. Beau palais de l'État. Près de là, carrières d'un marbre égal aux plus beaux marbres d'Italie pour la pureté et la blancheur.

MONTPENSIER, vge de l'anc. Auvergne (Puy-de-Dôme), à 20 kil. N. E. de Riom; 700 n. Bitume aux environs. Jadis château fort, qui fut ruiné en 1034. Le roi Louis VIII y mourut en 1226. — Montpensier eut longtemps des seigneurs particuliers; cette seigneurie passa par mariage à la fin du XIIe s. dans la maison de Beaujeu, puis, au commencement du XIYe dans celle de Dreux. En 1384, elle fut vendue à Jean de France, duc de Berri : elle avait alors le titre de comté. Marie, fille de ce prince, porta ce comté dans la maison de Bourbon par son mariage avec Jean I, duc de Bourbon. En 1525, il fut confisqué par François I sur le connétable de Bourbon; mais il fut rendu à la maison de Bourbon en la personne de Louis I (de la branche de Vendôme), qui avait épousé Louise de Bourbon, sœur du connétable; il fut érigé pour ce prince en duché-pairie en 1539. En 1608, le comté passa par mariage à la branche d'Orléans. Le titre de duc de Montpensier est auj. porté par le plus jeune des fils du roi Louis-Philippe (né en 1824, marié en 1846 à une sœur de la reine d'Espagne).

MONTPENSIER (Catherine Marie DE LORRAINE, duchesse de), fille du duc François de Guise, qui périt assassiné devant Orléans, née en 1552, épousa à 18 ans Louis II, duc de Montpensier, prince de la maison de Bourbon, et mourut à Paris en 1596. Ennemie acharnée de Henri III, elle eut des prédicateurs à ses gages pour le faire insulter en chaire et poussa l'audace jusqu'à tenter de le faire enlever. Elle sauta au cou du premier qui lui annonça que Henri III venait d'être assassiné, en s'écriant : « Je ne suis marrie que d'une chose, c'est qu'il n'ait pas su avant de mourir que c'est moi qui ai fait le coup. » Lorsque plus tard elle apprit que Paris avait ouvert ses portes à Henri IV, elle fut consternée et demanda s'il n'y avait pas quelqu'un qui pût lui donner un coup de poignard dans le sein. Cependant elle finit par se réconcilier avec lui : sa fille épousa Gaston, 2e fils de Henri IV.

MONTPENSIER (Anne Marie Louise d'Orléans, duchesse de), connue sous le nom de Mademoiselle, née à Paris en 1627, m. en 1693, était fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. L'une des plus riches héritières de l'Europe, elle fut vingt fois sur le point de contracter les alliances les plus brillantes; mais aucune ne put réussir. Elle avait dû dans sa jeunesse épouser Louis XIV; mais elle s'aliéna ce prince en prenant parti contre lui dans les guerres de la Fronde : c'est elle en effet qui retint dans le parti des Frondeurs la ville d'Orléans, qui allait se rendre, et qui sauva Condé au combat de la porte St-Antoine (1652), en faisant tirer sur les troupes royales les canons de la Bastille (ce qui fit dire à Mazarin qu'elle avait tué son mari). Obligée de quitter la cour après la fin de la guerre civile, elle n'y rentra qu'en 1657. A 42 ans, elle conçut une vive passion pour un simple gentilhomme, le comte de Lauzun, et voulut l'épouser. Louis XIV y consentit d'abord, mais il se rétracta ensuite. On croit cependant que le mariage eut lieu secrètement. Lorsque Lauzun fut jeté en prison (V. LAUZUN), elle fit de vains efforts pour obtenir sa grâce : elle ne put lui faire rendre la liberté qu'au bout de dix ans et au prix des plus grands sacrifices : il lui fallut abandonner au duc du Maine la principauté de Dombes et le comté d'Eu. Elle passa ses dernières années dans la dévotion. Elle a laissé de curieux Mémoires, qui parurent pour la 1re fois en 1735 sous la rubrique d'Amsterdam (Paris), 8 v. in-12. Ces Mémoires, publiés d'une manière infidèle dans les diverses collections de mémoires relatifs à l’Histoire de France, ont été réédités par M. Chéruel, d'après le manuscrit autographe, avec des notes historiques, 1856-59, 4 v. in-12.

MONTPENSIER (Ant. Phil. d'ORLÉANS, duc de), fils du duc d'Orléans Philippe Joseph, et frère puîné de Louis-Philippe, né en 1775, prit les armes à la Révolution, servit sous Dumouriez, se distingua à Valmy et à Jemmapes, puis à l'armée d'Italie. Il y fut arrêté par ordre du Comité de salut public, et enfermé à Marseille, où il resta captif 43 mois; il ne fut élargi que quand son frère aîné eut consenti à partir pour l'Amérique; il alla l'y rejoindre en 1797. Il repassa en Angleterre en 1800, et mourut à Twickenham en 1807 d'une affection de poitrine. On a de lui des Mémoires (Paris, 1824, in-8), qui roulent sur sa captivité.

MONTPEZAT, ch.-l. de cant. (Ardèche), à 32 kil. N. O. de l'Argentière; 1400 hab. Soie, bonneterie. — Autre ch.-l. de c. (Tarn-et-Garonne), à 34 kil. N. E. de Montauban; 1006 hab. Toiles communes.

MONTPONT, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), sur la Sane, à 21 kil. S. de Louhans; 2300 hab,

MONTRÉAL, Mons regalis, v. et port du Bas-Canada, sur la côte S. de l'île de Montréal, île formée par le confluent du St-Laurent et de l'Ottawa, non loin d'une colline qui lui a valu son nom : 80 000 h. issus pour la plupart de colons français et parlant français. D'abord ch.-l. du Bas-Canada, elle devint en 1843 la capitale de tout le pays. Évêché catholique, université (fondée en 1821), colléges français et anglais, séminaire catholique, école latine, deux académies classiques. Société d'histoire naturelle, d'agriculture, d'horticulture; institut mécanique, bibliothèque. — La ville est assez belle, quoique d'un aspect sombre; vaste cathédrale catholique, église anglicane, couvent des Sœurs-Grises, collége, casernes, théâtre, hôpital général, séminaire St-Sulpice, maison de ville, nouvelle prison, colonne de Nelson; pont tubulaire sur le St-Laurent, appelé Pont Victoria; bateaux à vapeur pour Québec et les États-Unis; chemins de fer. Commerce actif et florissant par le St-Laurent, surtout en pelleteries; ce commerce est fait par les compagnies réunies du Nord-Ouest et de la bais d'Hudson. — Montréal fut fondée en 1640 par les Français sous le nom de Ville-Marie et appartint d'abord aux Sulpiciens. Prise par les Anglais en 1760, puis par les Américains en 1775, elle fut remise peu après aux premiers. Elle a pris depuis quelques années de rapides accroissements. Le siége du gouvernement y avait été établi en 1843, mais, à la suite d'une émeute dans laquelle le palais du Parlement fut brûlé, il fut reporté à Québec. Brûlée en 1852, la ville a été aussitôt rebâtie plus belle qu'auparavant.

MONTRÉAL, ch.-l. de c. (Aude), à. 19 kil. O. de Carcassonne; 3500 hab. Prise par Simon de Montfort en 1212, par les Anglais en 1355, et par les Protestants en 1594. — Autre ch.-l. de c. (Gers), à 13 kil O. de Condom; 700 hab. — Bg de France (Yonne), à 12 kil. N. E. d'Avallon; 600 hab. Château où séjourna Brunehaut et qu'habita François I.

MONTRÉAL D'ALBANO, dit FRA MORIALE, gentilhomme provençal du XIVe siècle, chevalier de St-Jean de Jérusalem, se mit comme condottiere au service de Louis le Grand, roi de Hongrie, dans les guerres du royaume de Naples, resta dans ce royaume après le départ du roi (1351) et organisa une armée d'aventuriers avec laquelle il ravagea tout le pays, fut vaincu et chassé l'année suivante par Malatesti, seigneur de Rimini, mais n'en alla pas moins mettre à contribution Sienne, Florence, Pise. Il engagea ensuite sa bande à la solde d'une ligue formée en Lombardie contre les Visconti. S'étant rendu à Rome avec une suite peu nombreuse pour s'y ménager des intelligences, il fut pris par ordre de Rienzi, et condamné à mort : il eut la tête tranchée, 1354.

MONTREDON, ch.-l. de c. (Tarn), à 21 kil. N. E. de Castres; 4910 hab. Étoffes de laine.

MONTREJEAU, ch.-l. de c. (H.-Garonne), à 13 k. O. de St-Gaudens; 3034 h. Bougies, chapeaux, etc. Beau pont en marbre sur la Garonne.

MONTRÉSOR, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), sur l'Indroye, à 17 k. E. de Loches; 750 h. Ruines d'un château bâti par Foulques Nerra.

MONTRÉSOR (Claude DE BOURDEILLES, comte de), favori de Gaston, duc d'Orléans, frère de Louis XIII, participa avec ce prince à deux complots formés contre Richelieu, mais fut abandonné par lui et forcé de se réfugier en Angleterre. De retour en France après la mort de Richelieu (1642), il intrigua contre Mazarin, ce qui le fit enfermer à Vincennes. Devenu libre, il se lia avec le cardinal de Retz et joua un rôle actif dans la Fronde. Il fit sa paix en 1653 et se retira complètement des affaires. Il a laissé des Mémoires (Cologne, 1663), qui paraissent rédigés avec sincérité.

MONTRET, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 11 kil. N. O. de Louhans; 800 hab. MONTREUIL-BELLAY, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), sur le Thouet, à 16 kil. S. O. de Saumur; 1700 hab. Jadis ville forte ; démantelée au XVe s.

MONTREUIL-SOUS-BOIS, vge du dép. de la Seine, à 8 k. E. de Paris, près de Vincennes; 3546 hab. Château. Beaux fruits, pêches renommées, ce qui le fait appeler vulgairement Montreuil-les-Pêches.

MONTREUIL-SUR-MER, Bragum monasterium, ch.-l. d'arr. (Pas-de-Calais), à 39 kil. S. de Boulogne, sur la Canche, à 15 kil. de son embouchure; 3867 hab. Station. Place de guerre de 2e classe, citadelle. Trib. de 1re inst., collége. Toiles, raffineries de sel; pâtés de bécasses renommés. Patrie de Lambin. — Cette ville était sous les Romains un poste militaire. Elle avait au IXe siècle ses comtes particuliers; elle reçut une charte de commune en 1188. Philippe le Bel et Édouard I y signèrent la paix en 1299. Elle fut souvent assiégée au moyen âge. Le traité de Brétigny, 1360, la donna aux Anglais; Duguesclin la reprit en 1370; les Impériaux s'en emparèrent en 1537, après un siége célèbre, mais la restituèrent peu après. Henri IV en augmenta les fortifications.

MONTREUIL (Eudes de), architecte et statuaire, né vers 1220, m. en 1289, accompagna S. Louis en Palestine, y construisit la citadelle de Jaffa, fortifia St-Jean d'Acre, et bâtit depuis à Paris l'hospice et l'église des Quinze-vingts, les églises des Chartreux, de Ste-Croix de la Bretonnerie, de l'Hôtel-Dieu, des Blancs-Manteaux, édifices détruits pour la plupart.

MONTREUIL (Mathieu de), abbé, né à Paris en 1611, m. en 1691, écrivit des lettres galantes dans le genre de Voiture, et fit paraître dans les recueils du temps de petits vers badins qui lui firent encourir la censure de Boileau (7e satire). Il publia ses Œuvres en 1611.

MONTREVAULT, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 11 kil. N. O. de Beaupréau; 600 hab.

MONTREVEL, ch.-l. de c. (Ain), sur la Reyssouse, à 17 kil. N. O. de Bourg; 1200 hab.

MONTREVEL (Aug. de LA BAUME, marquis de), maréchal de France, né en 1646, d'une noble et anc. famille de Bresse, m. en 1716, se distingua au passage du Rhin (1672), à Senef, à Cassel, à Fleurus, au siége de Namur, et fut fait maréchal en 1703. Envoyé en Languedoc pour y réduire les Camisards, il leur fit une guerre acharnée; cependant il refusa de tout dévaster, ce qui le fit rappeler comme trop modéré.

MONTRICHARD, ch.-l. de c. (Loir-et-Cher), sur le Cher, à 21 kil. S. O. de Blois; 2700 h. Serges, tanneries. Ville jadis forte : ruines du château.

MONTROSE, v. et port d’Écosse (Forfar), à 60 k. S. d'Aberdeen, sur l'Esk mérid., près de son emb. dans la mer du Nord; 18 000 h. Bon port, deux phares ; joli collége. Toiles fines et à voiles, tanneries, etc; pêche du saumon; armements pour la pêche de la baleine. — C'est dans cette ville que Baliol céda la couronne d’Écosse à Édouard Ier, en 1296.

MONTROSE (J. GRAHAM, comte, puis duc de), l'un des plus intrépides défenseurs de Charles I, né à Édimbourg en 1612, s'était d'abord jeté dans le parti des Covenantaires, opposé à la cour; mais, ayant été chargé d'une mission auprès de Charles I, il se laissa séduire par les manières affables de ce prince, et dès ce moment se voua à son service. Il se mit en 1645 à la tête des royalistes d’Écosse et d'Irlande, battit en plusieurs rencontres les généraux de Cromwell, et ne posa les armes que sur l'ordre du roi, après que ce prince se fut imprudemment remis entre les mains des Écossais. Il alla offrir ses services à l'empereur d'Allemagne, se distingua dans la guerre de Trente ans et fut fait maréchal de l'Empire. Après l'exécution de Charles I, il s'arma pour son fils, et ayant obtenu quelques secours du roi de Danemark, de la reine Christine de Suède et du prince d'Orange, il débarqua dans les Orcades, puis pénétra en Écosse (1650); mais il fut vaincu par David Lesley et livré par un traître. Il fut condamnera être pendu, puis écartelé. Il a laissé des Mémoires, qui ont été traduits par Gaudin. Walter-Scott a mis ce personnage en scène dans son Officier de fortune.

MONTROUGE, vge du dép. de la Seine, à 5 k. S. de Paris, à 7 kil. N. de Sceaux. Fort, élevé en 1841. Carrières de pierres de taille, pépinières; fabrique de bougies, savons, colle-forte, couleurs, vernis, produits chimiques; imprimerie des frères Migne. La partie la plus voisine de Paris s'appelle Petit-Montrouge, et est auj. comprise dans la capitale. On y voit l'entrée des Catacombes. Il y avait à Montrouge, avant 1830, un célèbre établissement de Jésuites.

MONTS, ch.-l. de c. (Vienne), à 15 kil. S. E. de Loudun; 700 hab. Commerce de blé, vin, laine.

MONT-ST-JEAN, vge de Belgique (Brabant méridional), à 17 kil. S. de Bruxelles et à 2 k. S. E. de Waterloo. Près de là se livra, le 18 juin 1815, la célèbre bataille plus connue sous le nom de Waterloo.

MONT-ST-MICHEL, mont, et vge de France (Manche), à 18 k. S. O. d'Avranches et à 5 k. de la côte. Le village est bâti au pied d'un mont rocailleux qui à la marée haute forme une île. Au sommet du roc se trouve un château fort qui a servi jusqu'en 1864 de prison d'État et de maison de correction : c'est une anc. abbaye, fondée au VIIIe s. C'est là que Louis XI institua l'ordre de St-Michel; c'est là aussi que cet ordre tenait son chapitre annuellement. Antique église, chef-d'œuvre d'architecture gothique. Le château fut inutilement assiégé par les Anglais en 1417 et 1423.

MONT-ST-VINCENT, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 33 kil. O. de Chalon-sur-Saône; 800 hab.

MONTSALVY, ch.-l. de c. (Cantal), à 30 kil. S. d'Aurillac ; 800 h. Belle église gothique.

MONTSAUCHE, ch.-l. de c. (Nièvre), à 25 kil. N. de Château-Chinon; 1300 hab.

MONTSERRAT, Mons Edulius ou Serratus, mont. de Catalogne, à 40 kil. O. de Barcelone, ainsi nommée de ce que ses côtés sont dentelés en forme de scie (serra en latin) ; hauteur, 1312m. A mi-côte, célèbre abbaye où l'on va en pèlerinage.

MONTSERRAT, une des Antilles anglaises, à 60 kil. N. O. de la Guadeloupe : 13 kil. sur 10; 8000 h. (dont 6000 noirs); ch.-l., Plymouth. Rhum, sucre. Découverte par Colomb en 1493; elle appartient aux Anglais depuis 1528.

MONTSOREAU, bg de Maine-et-Loire, sur la Loire, à 11 kil. S. E. de Saumur et à l'extrémité E. du dép.; 800 h. Jadis ch.-l. de baronnie, puis de comté. Ruines d'un château bâti au XVe siècle. Un comte de Montsoreau dirigea dans l'Anjou les massacres de la St-Barthélemy.

MONTSURS, ch.-l. de c. (Mayenne), à 23 kil. N. E. de Laval; 1100 hab. Toiles, grains.

MONT-TERRIBLE ou mieux TERRI, mont. de Suisse, entre Porentruy et le Doubs, a 747m de hauteur. Elle donna son nom à un dép. français formé de l'évêché de Bâle, d'une partie de la principauté de Montbéliard, et qui avait pour ch.-l. Porentruy. En 1801 ce dép. fut compris dans celui du Ht-Rhin. En 1814 il fut partagé entre la Suisse (canton de Berne) et la France, où il forme l'arr. de Montbéliard (Doubs).

MONT-TONNERRE, mons Jovis, montagne de Bavière (cercle du Rhin), a donné son nom sous l'Empire à un dép. français qui avait pour ch.-l. Mayence. La plus grande partie de ce dép. forme auj. la Bavière rhénane; le reste appartient à la Hesse-Darmstadt.

MONTUCLA (J. Étienne), savant mathématicien, né à Lyon en 1725, mort en 1799, était fils d'un négociant. Il étudia chez les Jésuites de Lyon, vint jeune à Paris où il se lia avec d'Alembert, et publia en 1758 l’Histoire des mathématiques, 2 vol. in-4, ouvrage aussi remarquable par la clarté de l'exposition que par l'étendue et la profondeur des recherches. Il fut nommé en 1761 secrétaire de l'intendance, à Grenoble; accompagna en 1764 Turgot, chargé de l'établissement d'une colonie à Cayenne, fit dans ce voyage d'utiles observations, et fut à son retour nommé premier commis des bâtiments de la couronne et censeur royal, ce qui le fixa à Paris. Il employa ses dernières années à une nouvelle édition de l’Histoire des mathématiques, qui parut en 4 volumes in-4, 1799-1808; les deux derniers furent imprimés par Lalande et en grande partie rédigés par lui : ils sont inférieurs aux précédents. Montucla avait été nommé membre de l'Institut dès sa fondation.

MONTYON (J. B. Robert AUGET, baron de), philanthrope, né à Paris en 1733, suivit avec honneur la carrière de la magistrature, entra de bonne heure au Conseil du roi, fut successivement intendant de la Provence, de l'Auvergne, de l'Aunis, conseiller d'État, chancelier du comte d'Artois (Charles X); passa en Angleterre pendant la Révolution, revint en France en 1815, et mourut à Paris en 1820, à 87 ans. Jouissant d'une grande fortune, il voulut la rendre utile à l'humanité : il avait fondé dès 1782 un prix de vertu, ainsi que divers autres prix destinés aux ouvrages les plus utiles, qui devaient être distribués par l'Académie française et l'Académie des sciences ; ces fondations ayant été abolies par la Convention, il les renouvela en 1816 et les augmenta encore par son testament ; en outre il distribua de son vivant des sommes considérables en bienfaits qu'il tenait cachés. Montyon a laissé des écrits estimés, notamment un Éloge de L'Hôpital, 1777 ; des Recherches sur la population de la France, 1778 ; un discours sur l'Influence de la découverte de l'Amérique, couronné par l'Académie française, et des recherches sur l'Influence des diverses espèces d'impôts sur la moralité, l'activité et l'industrie des peuples, 1808. Son Éloge a été fait en vers par A. de Wailly (1826), en prose par L. Feugère (1834); tous deux ont été couronnés.

MONVEL (J. BOUTET de), acteur et auteur, né en 1745 à Lunéville, mort en 1812, débuta à la Comédie-Française en 1770, doubla avec un grand succès les rôles de Molé, et réussit également dans la comédie et la tragédie. Un ordre de la police le fit sortir de France en 1781, on ne sait pas bien pour quel motif : il se retira en Suède où le roi le prit pour lecteur. De retour à Paris en 1789, il se signala par son ardeur révolutionnaire. Il s'attacha au théâtre des Variétés du Palais-Royal, qui prit le nom de théâtre de la République, et y obtint un nouveau genre de succès dans les pères nobles. Monvel était petit, fluet, et avait un organe peu favorable ; mais il compensait ces défauts par une parfaite intelligence de ses rôles. Il fut, sous l'Empire, nommé professeur au Conservatoire et membre de l'Institut. On a de lui : l’Amant bourru, comédie en 3 actes et en vers, 1777 ; les Victimes cloîtrées, drame qui eut une vogue prodigieuse, 1791 ; la Jeunesse du duc de Richelieu ou le Lovelace français, 1796, et les paroles de quelques opéras-comiques : Blaise et Babet, 1783 ; Ambroise ou Voilà ma journée, 1793, qui eurent du succès. Il a laissé, entre autres enfants, la célèbre Mlle Mars.

MONVILLE, commune de la Seine-Inf., à 16 k. N. de Rouen, sur le chemin de fer de Rouen à Dieppe ; 1100 h. Filatures. Ravagée par une trombe en 1845.

MONZA, Mogontia, v. de Lombardie, sur le Lambro à 17 kil. N. E. de Milan ; 16 600 hab. Cathédrale gothique ; théâtre, palais, anc. prison d'État ; chemin de fer. — Cette ville fut fondée au VIe s. par la reine Théodelinde. On y conserve la couronne de fer des anciens rois lombards.

MONZON, v. forte d'Aragon (Huesca), à 50 M. S. E. d'Huesca ; env. 3000 h. Enlevée aux Maures en 1063 par don Sancho Ramirez ; cédée aux Templiers en 1143. Il s'y tint plusieurs assemblées de Cortès. Il y fut signé en 1626 entre Louis XIII et Philippe IV un traité qui terminait la guerre de la Valteline.

MOOK ou MOOKER, vge de Hollande (Limbourg), à 65 kil. N. de Ruremonde. Combat entre les insurgés et les Espagnols (1574), dans lequel Louis et Henri de Nassau furent battus et tués.

MOORE (sir John), général anglais, né en 1761, était fils de John Moore, médecin et littérateur écossais, à qui l'on doit des Voyages en France, en Suisse, en Allemagne et en Italie. Il servit dans la guerre d'Amérique, fit partie en 1794 de l'expédition contre la Corse, reçut en 1796 le gouvernement de Ste-Lucie, passa l'année suivante en Irlande, où ses exploits lui valurent le grade de major général, prit part en 1800 à la bat. d'Aboukir et à la prise d'Alexandrie, et fut à son retour créé chevalier du Bain. En 1808, il mena un corps de 10 000 hommes au secours du roi de Suède, attaqué par la Russie, la France et le Danemark ; ayant eu à se plaindre de ce roi, il se fit envoyer par le gouvernement anglais en Espagne et fut chargé de commander en chef les forces anglaises ; mais il se vit dans l'impossibilité de réunir les divers corps de sa propre armée, et fut atteint par les Français au port de la Corogne, au moment où il allait s'embarquer : il y perdit le 16 janvier 1809 une bataille, qui lui coûta la vie et qui força ses troupes à abandonner toute l'Espagne.

MOORE (Thomas), poëte irlandais, né en 1780 à Dublin, d'une famille catholique, mort en 1852, était fils d'un commerçant. Il fit de brillantes études au collége de la Trinité de Dublin, écrivit dès l'âge de 14 ans une traduction en vers des Odes d'Anacréon, publia en 1801 un recueil de poésies imitées de Catulle qu'il intitula Thomas Little's poems (poésies de Thomas le Petit), par allusion à sa petite taille ; fut envoyé en 1803 aux Bermudes comme greffier du gouvernement, mais renonça bientôt à des fonctions qui s'accordaient mal avec ses goûts littéraires ; fit paraître à son retour des Esquisses de voyage au delà de l'Atlantique, où il s'égayait aux dépens des Américains ; donna, en 1810 les Mélodies irlandaises, poésies composées pour les vieux airs de l'Irlande, qui excitèrent l'enthousiasme de ses compatriotes ; en 1812, les Lettres interceptées, dirigées contre les ridicules de l'époque, et peu d'années après les Lettres de la famille Fudge, spirituel badinage où il persifle les touristes anglais ; en 1817 Lalla-Rookh, poëme oriental et féerique, qui le plaça au premier rang des poëtes romantiques de l'époque, et enfin, en 1823, les Amours des anges, œuvre d'un genre suave, où il traite, mais d'un tout autre point de vue, le sujet qu'avait abordé Byron dans Ciel et Terre. Depuis, Th. Moore n'a plus guère écrit qu'en prose : on a de lui, outre des écrits de circonstance, les Vies de Sheridan, de Fitz-Gerald, de lord Byron, une Histoire d'Irlande, qui renferme des recherches approfondies sur les origines du peuple irlandais, et un roman poétique, l’Épicurien ou la Vierge de Memphis. Lord Byron, dont il était devenu l'ami, après avoir débuté avec lui par une querelle littéraire, lui avait confié ses Mémoires, en le chargeant de les publier après sa mort ; mais, cédant aux sollicitations de la famille, il consentit à en anéantir le manuscrit. Comme poëte, Th. Moore brille par la grâce et par une imagination luxuriante ; c'est un des plus grands coloristes qui aient écrit. Tout ce qui sortait de sa plume était lu avec avidité : le seul poème de Lalla-Rookh lui fut payé 80 000 francs. Ses Œuvres poétiques ont été réunies à Londres en 10 v. in-8, 1840-42. La plupart de ses écrits ont été traduits en français à mesure qu'ils paraissaient par Mmes Belloc et Aragon, et par MM. Am. Pichot, A. Renouard, Aroux, Moutardier, etc. Lord John Russell a publié en 1852 : Mémoires, Journal et Correspondance de Th., Moore.

MOPSUCRÈNE (c.-à-d. la fontaine de Mopsus), v. de la Cilicie des Plaines, près de Tarse, au pied du Taurus. L'empereur Constance y mourut en 361.

MOPSUESTE (c.-à-d. l'autel de Mopsus), auj. Messis, v. de la Cilicie des Plaines, sur le Pyrame, entre Malle au S. et Anazarbe au N. Anc. évêché, occupé au IVe s. par Théodore de Mopsueste.

MOPSUS, fameux devin et grand capitaine, fils d'Apollon et de Manto, fille de Tïrésias, fut prêtre d'Apollon à Claros. Il était le rival de Calchas, qui, vaincu par lui dans l'art de prédire, en mourut de chagrin. Après sa mort, il fut honoré comme un demi-dieu, et eut un oracle célèbre à Malle en Ciljcîe.

MORABIN (Jacq.), érudit, né à la Flèche en 1687, mort à Paris en 1762, était docteur de la faculté de Navarre, et secrétaire du lieutenant de police. Il a traduit plusieurs ouvrages de Cicéron : les Lois, 1719; Brutus, 1722; la Consolation, 1729. Il a composé l’Histoire de l'exil de Cicéron, 1725; l’Histoire de Cicéron, 1745; le Nomenclator ciceronianus, 1757.

MORALÈS (Louis), célèbre peintre espagnol, né à Badajoz en 1509, mort en 1586, fut surnommé le Divin, soit à cause de son talent, soit parce qu'il ne peignit que des sujets de sainteté. Il a fait pour Philippe II et pour la cour d'Espagne un grand nombre de tableaux qui se font remarquer par une touche hardie : son chef-d'œuvre est une Ste Véronique, qui ornait l'église des Trinitaires à Madrid. Moralès se distingue par un style sévère. Cet artiste travaillait avec le plus grand soin, mais il traçait durement ses contours; se préoccupant peu de la grâce et de l'harmonie, il excellait surtout dans l'expression de la douleur. Il était très-riche dans sa jeunesse; mais il déploya un tel faste qu'il finit par tomber dans la misère. Philippe II lui fit alors une pension.

MORALÈS (Ambroise), historien, né à Cordoue en 1513, mort en 1591, embrassa l'état ecclésiastique, professa les belles-lettres à Alcala, et fut nommé historiographe de Philippe II. On lui doit une Continuation de la Chronique d'Ocampo, 1574-77, et un Voyage dans le royaume de Léon, la Galice et les Asturies, 1765. Il est un des écrivains qui ont le plus contribué à rétablir le bon goût en Espagne.

MORAND (P. de), poëte dramatique, né à Arles en 1701, m. en 1757, vint à Paris en 1731, se fit recevoir avocat au parlement, mais n'exerça pas et se livra tout entier au théâtre. Admis à la petite cour de la duchesse du Maine, il fit quelques pièces pour le théâtre de cette princesse. On a de lui des tragédies intitulées : Téglis, 1734; Childéric, 1736; Mégare, 1748; et une comédie, l’Esprit de divorce, 1738 (il y peignait les maux que lui avait fait endurer une belle-mère acariâtre). Au milieu des plus grandes tribulations, il avait conservé une inaltérable gaieté. On a publié ses Œuvres en 1751, 3 vol. in-12.

MORAND (Sauveur François), chirurgien, né à Paris en 1697, m. en 1773, fut 1er chirurgien de la Charité, puis de l'Hôtel des Invalides, et membre de l'Académie de chirurgie. Il contribua beaucoup aux progrès de la chirurgie en France et perfectionna le procédé de Cheselden pour l'opération de la taille. Il a laissé : Traité de la taille au haut appareil, 1728; Expériences et observations sur la pierre, 1743 ; Opuscules de chirurgie, 1768-72.

MORAND (J. Ant.), architecte, né à Briançon en 1727, se forma sous Servandoni et Soufflot. Entre autres ouvrages, il construisit à Lyon la salle de spectacle, et un pont de bois de 17 arches sur le Rhône, qui porte son nom. Il périt à Lyon sur l'échafaud en 1794 pour avoir pris part à la défense de cette ville assiégée par la Convention.

MORAND (L. L. Ch. Ant., comte), général, né à Pontarlier en 1770, mort en 1835, partit comme volontaire en 1792, se distingua en cette qualité à Austerlitz, où il fut nommé général de division; à Eylau, à Friedlang, à Essling, à Wagram; fit partie en 1812 de la grande armée, sauva un corps de troupes à Dennewitz; se rallia à Napoléon dans les Cent-Jours et combattit à Waterloo. Poursuivi pour cette raison sous Louis XVIII, il fut condamné à mort par contumace, mais il obtint en 1819 la révision du jugement. Après la révolution de 1830, il fut élevé à la pairie.

MORAT, Murten en allemand, bourg de Suisse (Fribourg), sur le lac de Morat, à 13 kil. N. de Fribourg; 1900 hab. Charles le Téméraire y fut complètement battu par les Suisses le 22 juin 1476 : avec les os des Bourguignons fut élevé le célèbre ossuaire de Morat, qui fut détruit par les Français en 1798. On y a érigé un obélisque en pierre en 1822. — Le lac de M., formé par la Broye, baigne les cantons de Vaud et de Fribourg, et verse ses eaux dans celui de Neufchâtel; il a 8 kil. sur 3.

MORATA (Olympia Fulvia), née en 1526 à Ferrare, m. en 1555, était fille du professeur Morato. Élevée à la cour du duc d'Este, elle se livra avec ardeur à l'étude des lettres anciennes, et composa en grec et en latin des dialogues et des poésies, qui furent très-remarqués. Ayant embrassé les idées de la Réforme, elle fut obligée de sortir d'Italie : elle mourut à Heidelberg. Ses Œuvres ont été publiées à Bâle en 1558. M. J. Bonnet a donné la Vie d'Olympia Morata, 1851.

MORATIN (Fernand), poëte espagnol, né à Madrid en 1737, m. en 1780, entreprit de donner à sa nation des pièces régulières en se rapprochant du théâtre français. Il débuta en 1762 par la comédie de la Petimetra; il donna en 1770 Hormesinda, tragédie qui eut du succès, et en 1777 Guzman-le-Bon. On a aussi de lui deux poëmes : Diane (sur la chasse), 1765: les Vaisseaux de Cortes détruits, 1785. — Son fils, Léandre Fernand M., né à Madrid en 1760, s'éleva au-dessus de lui, et eut pour protecteurs Jovellanos, Florida-Blanca et le prince de la Paix. Il accompagna en France le comte de Cabarrus comme secrétaire, et devint directeur de la Bibliothèque royale de Madrid. S'étant rallié aux Français lors de l'occupation de l'Espagne, il fut obligé de s'expatrier au retour des Bourbons, et se réfugia à Paris où il mourut en 1828. Il a surtout réussi dans la comédie, ce qui l'a fait surnommer le Molière espagnol. Il a traduit quelques pièces de Molière; ses principales pièces originales sont : le Vieillard et la Jeune fille, la Comédie nouvelle ou le Café, l'Hypocrite, le Oui des jeunes filles. Elles ont été trad. en français par E. Hollander, 1815. On y trouve de l'élégance, de la finesse, de l'esprit, mais peu de force comique. On a aussi de Moratin : Origine du théâtre espagnol, Paris, 1828.

MORAVA ou MARCH, Marchus ou Marus, riv. de Moravie, sort du mont Schneeberg, court au S., baigne Olmutz, arrose les comitats de Prerau et de Hradisch, sépare l'archiduché d'Autriche de la Hongrie, et tombe dans le Danube, par la r. dr., à 13 kil. au-dessus de Presbourg. Cours 270 k.

MORAVA, Margus, riv. de Servie, formée de deux branches dites, l'une Morava de l'Ouest, l'autre Morava de l'Est, et qui se joignent à 5 kil. N. de Kruchovatz, coule 150 kil. au N. après la jonction des deux branches, et tombe dans le Danube à 8 kil. au-dessous de Sémendrie.

MORAVES (Frères), association religieuse qui remonte au XVe siècle, fut établie d'abord en Bohême sous la direction du curé Michel Bradacz, qui dès 1457 réunit, sous le nom de Frères de l'Unité ou de Frères bohèmes, les débris des anciens Hussites qui avaient refusé d'accepter les décisions du concile de Bâle. Opprimés par l'empereur Ferdinand, un grand nombre d'entre eux se réfugièrent en Pologne et en Prusse, où ils jouirent d'une certaine liberté religieuse. Plus tard, leurs coreligionnaires restés en Bohême, où ils étaient tolérés par Maximilien II, s'établirent à Fulneck en Moravie, d'où leur vint le nom de Frères Moraves. Persécutés de nouveau et dispersés après la guerre de Trente ans, ils trouvèrent enfin en 1721 un asile à Hernhutt, dans la Hte-Lusace, chez le comte Zinzendorf, qui se déclara leur protecteur : là ils changèrent encore leur nom en celui de Hernhutters ou Hernutes. Ces sectaires, qui ont beaucoup emprunté aux Piétistes, reconnaissent la Confession d'Augsbourg, mais ils n'admettent la présence réelle que dans le sens spirituel; tout en vénérant la Bible comme la parole divine, ils prétendent arriver à la perfection par la lumière intérieure et la communication directe avec Dieu; ils attachent une importance toute particulière au dogme du péché originel et de la justification par la mort du Sauveur; ils se servent dans leur liturgie de termes mystiques. Leur association, qu'ils nomment Communauté évangélique, est une espèce de république où les intérêts individuels le cèdent aux intérêts généraux. Ils obéissent à des Anciens, chefs ecclésiastiques qui règlent tous les actes de leur vie civile et qui étendent même leur surveillance jusque sur la vie privée. Ces chefs président à l'éducation des enfants, infligent les pénitences, prononcent les exclusions, marquent le rang à chacun des frères dans l'une des trois classes qui composant toute communauté : les commençants, les progressifs et les parfaits. Les affaires qui concernent la société entière sont renvoyées devant la conférence des Anciens, qui siège à Bertholsdorf en Lusace, et qui doit rendre compte de son administration aux synodes, assemblés au moins tous les sept ans. Les Frères moraves, qu'on a justement surnommés les Quakers de l'Allemagne, se distinguent, comme eux, par leur union, leur douceur, leur piété austère et leur amour pour la paix. Ils portent un costume uniforme, d'une couleur foncée; ils cultivent avec succès l'industrie et les arts, surtout la musique. Ils possèdent des établissements non-seulement en Allemagne, mais en Suisse, en Angleterre, en Hollande, en France, en Russie, aux Indes, dans les colonies danoises d'Afrique et d'Amérique, ainsi qu'aux États-Unis et au Groënland. Schulze a donné leur histoire dans le livre intitulé : Origine et organisation des Communautés évangéliques, Gotha, 1822.

MORAVIE, Mæhren en allemand, Morava en langue morave, prov. de la monarchie autrichienne, qui, jointe à la Silésie autrichienne, forme le gouvt de Moravie-et-Silésie, est située à l'E. de la Bohême, à l'O. de la Hongrie, au S. de la Silésie prussienne et au N. de l'Autriche : 26 080 kil. carrés; 2 000 000 d'hab. (dont les trois-quarts Slaves); ch.-l., Brünn (jadis Olmütz). Elle est divisée en 8 cercles: Brünn, Olmütz, Hradisch, Prerau, Iglau, Znaïm. Beaucoup de montagnes : les monts Sudètes qui forment la frontière de Silésie; les monts de Moravie, celle de la Bohême, et les monts Krapacks, celle de la Hongrie. Cette contrée est arrosée par la March ou Morava (qui donne son nom à la province) et par ses nombreux affluents; l'Oder et la Vistule y ont leur source. Elle est traversée par le chemin de fer de Vienne à Prague. Climat âpre, sol médiocrement fertile; gros bétail, moutons, chèvres, etc.; ours, loups dits Tysows, qui sont une espèce de loups-cerviers, et autres bêtes fauves. Argent, fer, cuivre, alun, soufre, vitriol, topazes et autres pierres précieuses, marbre, etc. Industrie active : toile, coton, lainages, papeteries, ustensiles de fer, etc. — La Moravie, habitée au temps des Romains par les Quades et les Marcomans, devint ensuite la demeure des Rugiens (d'où le nom de Rugiland qu'elle porta un instant), puis des Hérules, chassés d'Italie par Théodoric le Grand. En 548, des Slaves et des Bulgares vinrent s'établir sur les bords de la Morava et y fondèrent un roy. dit de Moravie, qui s'étendait à l'E. jusqu'au Gran, et qui ne tarda pas à tomber sous la domination des Avares. En 805, les Slaves secouèrent ce joug et se mirent sous la protection de Charlemagne; en 870, sous le règne de Zwentibold, le roy. de Moravie, reconstitué sous le nom de Grande-Moravie, comprenait, avec la Moravie actuelle, la Bohème, le Voigtland, la Misnie, la Lusace, le Brandebourg, la Poméranie, la Silésie, une partie de la Pannonie et de la Dalmatie; à la mort de Zwentibold, il se divisa et, après de longues luttes avec les États voisins, finit par être détruit et partagé entre l'Allemagne, la Bohême et la Hongrie (908). En 1056, la Moravie propre fut incorporée à la Bohème; lorsque la Bohême eut été érigée en royaume, la Moravie reçut le titre de margraviat (1086). Depuis ce temps, la Moravie ne fut plus détachée de la Bohême; elle passa avec elle en 1526 sous la domination de l'Autriche. Les Moraves avaient dès le IXe s. embrassé le Christianisme, que S. Cyrille était venu leur prêcher en 856. — V. ci-dessus MORAVES (Frères).

MORBIHAN, c-à-d. en breton Petite mer, petit golfe formé par l'Océan atlantique sur la côte du dép. du Morbihan, à son entrée par 5° 15' long. O., 47° 33' lat. N. Il a 18 kil. sur 8 et est parsemé d'un grand nombre d'îles. Vannes est à l'extrémité septentrionale.

MORBIHAN (dép. du), dép. de la France occid., sur le golfe qui lui donne son nom et sur l'Atlantique, au S. du dép. des Côtes-du-Nord, à l'E. de celui du Finistère, à l'O. de celui d'Ille-et-Vilaine : 6996 kil. carrés; 486 504 hab. ; ch.-l., Vannes. Il est formé d'une partie de l'anc. Bretagne. Côtes très-découpées : la célèbre péninsule de Quiberon, les îles de Groix et de Belle-Île font partie de ce département; landes incultes. Fer, plomb, cristal de roche, ardoises, pierres de taille, terre à potier; sable émeri. Grains de toute espèce, millet, lin, chanvre, beaucoup de cidre, un peu de vin; excellent beurre demi-sel. Bétail, chevaux, abeilles. Peu d'industrie; commerce maritime et de transit. — Ce dép. a 4 arr. (Vannes, Ploërmel, Napoléonville, Lorient), 37 cant, 228 comm.; il appartient à la 16e div. militaire, dépend de la cour imp. de Rennes et a un évêché à Vannes.

MORCELLI (Ant.), savant archéologue, né en 1737, à Chiari, m. en 1821, entra chez les Jésuites, professa l'éloquence à Rome (1771), s'attacha, après la suppression de son ordre, au cardinal Albani, qui lui confia le soin de sa bibliothèque, et puisa dans ce riche trésor les matériaux de savants ouvrages. Il retourna en 1791 à Chiari, y remplit jusqu'à sa mort les fonctions de prévôt du chapitre, et refusa un archevêché pour rester au milieu de ses compatriotes. Parmi ses ouvrages, on remarque : De stylo inscriptionum latinarum, Rome, 1780 (traité classique de tous les genres d'inscriptions, avec leurs formulés, leur style propre, et de nombreux exemples pris dans l'antiquité); Inscriptiones, 1783 (c'est un recueil d'inscriptions qu'il avait composées lui-même à l'imitation de l'antique); Antiquités de la villa Albani, 1785. Ses œuvres archéologiques ont été réunies à Padoue sous le titre d’Opera epigraphica, 1818-1835, 5 vol. in-4, et complétées par le Lexicon Morcellianum, Bologne, 1835, 3 vol. in-4.

MORDELLES, ch.-l de c. (Ille-et-Vilaine), sur le Meu, à 15 kil. S. O. de Rennes; 1500 h. Beau port.

MORE (Thomas), en latin Morus, grand-chancelier d'Angleterre, né à Londres en 1480, était fils d'un juge. Il brilla d'abord au barreau, entra au Parlement dès qu'il eut l'âge voulu, et fut introduit par le cardinal Wolsey auprès de Henri VIII, dont il gagna bientôt la faveur. Ce prince lui donna d'abord entrée au conseil privé, puis le nomma trésorier de l'Échiquier, et enfin, après la disgrâce de Wolsey, grand-chancelier (1529). Il remplit cette charge avec un zèle, une intégrité et un désintéressement sans égal; mais, ne pouvant approuver les réformes que le roi voulait introduire dans l'Église, il résigna les sceaux au bout de deux ans et se retira à Chelsea. Ayant refusé de prêter le serment de suprématie et de se séparer de l'Église romaine, il fut enfermé à la Tour de Londres; après plusieurs mois d'une dure captivité, il eut la tête tranchée, en 1535. Sa mort fut celle d'un martyr. Thomas More est un des génies les plus originaux, un des hommes les plus spirituels et un des meilleurs écrivains de son époque; il a laissé plusieurs ouvrages, les uns en anglais, les autres en latin, qui sont remarquables par la pureté et l'élégance du style. Le plus connu est son Utopie, intitulée : De optimo reipublicæ statu, deque nova insula Utopia, Louvain, 1516, ouvrage allégorique dans le goût de la République de Platon, où il propose des idées fort singulières sur le partage des biens, le suicide, etc.; il a été traduit en français par Gueudeville, 1715, et Th. Rousseau, 1780. Th. More avait aussi écrit la Vie de Pic de la Mirandole, — de Richard III, — d'Édouard V. Ses Œuvres ont été recueillies en 2 v. in-fol., Londres, 1559. et Louvain, 1566. Il avait rédigé des Mémoires qui n'ont été publiés qu'en 1808 en angl. par Cuyley, Londres, 2 v. in-4. Sa vie a été écrite par son gendre Roper, Oxford, 1716, par Th. Stapleton, son contemporain (trad. en français par Al. Martin, 1849), et de nos jours par Mackintosh, 1830.

MOREAU (J. N.), écrivain, né à St-Florentin en 1717, m. en 1804, fut d'abord conseiller; à la cour des comptes de Provence; vint ensuite à Paris, où il écrivit sur la politique et l’histoire, et obtint la faveur de la cour en défendant les principes monarchiques et religieux. Il fut chargé de rédiger divers traités d’éducation pour les petits-fils de Louis XV, fut nommé bibliothécaire de la reine, historiographe de France, et forma, en cette qualité, un précieux dépôt de chartes et de législation. Ses principaux écrits sont : l’Observateur hollandais, 1755-59, espèce de journal politique en forme de lettres ; Mémoires pour servir à l’histoire des Cacouas, 1757, écrit satirique où il bafoue les philosophes ; Leçons de politique, de morale et de droit public, puisées dans l’histoire de notre monarchie, 1773 (rédigées pour l’instruction des enfants du Dauphin) ; les Devoirs d’un prince ou Discours sur la justice, 1775, ouvrage justement estimé ; Principes de morale publique ou Discours sur l’Histoire de France, 21 vol. m-8, 1777-89, ouvrage non achevé et déjà trop étendu ; Exposition et défense delà constitution française, 1789.

MOREAU (J. Michel), dessinateur et graveur, né à Paris en 1741, mort en 1814, étudia sous Lebas, obtint la protection de Caylus, fut nommé en 1770 dessinateur du cabinet du roi, en 1788 membre de l’Académie, et en 1797 professeur aux écoles centrales de Paris. Il a dessiné et gravé plus de 2000 pièces, entre autres de nombreuses estampes pour les œuvres de Voltaire, J. B. Rousseau, Molière, La Fontaine, Racine, Delisle, etc. Les dessins de cet artiste sont remarquables par la science, l’élégance, le goût ; il s’inspire très-heureusement de l’esprit de l’ouvrage auquel il les destine.

MOREAU (J. Victor), l’un des plus grands généraux de la République, né à Morlaix en 1763, était fils d’un avocat. Il suivit d’abord la carrière judiciaire : il était prévôt de droit à Rennes en 1787. En 1792, il s’enrôla, conduisit un bataillon de volontaires à l’armée du Nord, où il servit sous Dumouriez ; fut nommé général de brigade dès 1793 et général de division en 1794. Il commandait alors sous Pichegru et concourut à la conquête de la Hollande. Mis en 1796 à la tête de l’armée de Rhin-et-Moselle, il repoussa l’ennemi au delà du Rhin, battit l’archiduc Charles à Rastadt et à Heydenheim et le força à se replier sur le Danube ; mais bientôt il se vit contraint de s’arrêter devant des forces supérieures, et effectua une belle retraite qui suffirait pour immortaliser son nom. Soupçonné d’entretenir des intelligences avec Pichegru, il fut disgracié par le Directoire et laissé pendant 18 mois dans l’inaction. Envoyé en Italie en 1799, il trouva l’armée dans une position difficile, et se vit obligé de se tenir presque toujours sur la défensive ; après la mort de Joubert, tué à Novi, il sauva les débris de l’armée par une savante retraite. Chargé de nouveau du commandement de l’armée du Rhin, il passa le fleuve en 1800, remporta plusieurs victoires sur les Autrichiens, repoussa le général Kray au delà du Danube, le battit de nouveau à Hochstædt, le força à signer l’armistice de Parsdorff, et, lors de la reprise des hostilités, remporta la victoire décisive de Hohenlinden, qui lui ouvrait les portes de Vienne : la capitale de l’Autriche ne fut sauvée que par l’armistice de Steyer. La paix de Lunéville met fin à cette glorieuse expédition, 1801. À cette époque, Moreau, mécontent du premier consul Bonaparte, en qui il ne voyait qu’un rival, commença à s’élever contre lui et noua des relations avec Pichegru et Georges Cadoudal. Il fut arrêté, et, à la suite d’un procès fameux, condamné en 1804 à une détention de deux années, qui fut commuée en un exil aux États-Unis. En 1813, Moreau, toujours irrité, accepta des propositions qui lui furent faites de la part de l’empereur de Russie, Alexandre, et consentit à porter les armes contre son pays, se flattant, disait-il de ne combattre que pour lui rendre la liberté. Il débarqua à Gothembourg le 24 juillet 1813 ; mais à peine était il arrivé au quartier général des alliés, devant Dresde, qu’il fut frappé, dans une reconnaissance, par un boulet qui lui emporta les deux jambes (26 août). Il mourut quelques jours après. A. de Beauchamp a écrit la Vie politique, militaire et privée du général Moreau, Paris, 1814. — Il faut craindre de confondre avec Victor Moreau le général René Moreaux, né en 1758 à Rocroy, qui s’illustra à la même époque : général de brigade en 1793, il commanda bientôt après l’armée de la Moselle, eut part à la reprise des lignes de Wissembourg, prit Kaiserslautern, Trêves, Coblentz, Rheinfels ; mais il mourut presque subitement en 1795, au moment de s’emparer de Luxembourg.

MOREAU (Jacq. Louis), dit M. de la Sarthe, médecin, né près du Mans en 1771, m. en 1826 à Paris, fut obligé par suite d’un accident d’abandonner l’exercice de son art et se fit écrivain. On a de lui : Essai sur la gangrène, 1796, Esquisse d’un cours d’hygiène, 1797, De la Vaccine, 1801, Histoire naturelle de la femme, 1803, et un Éloge de Vicq d’Azyr.

MOREAU (Hégésippe), né à Paris en 1810, m. en 1838, était enfant naturel et resta de bonne heure orphelin. Un de ses parents l’avait recueilli et placé dans un séminaire ; il en sortit à 15 ans, travailla quelque temps comme compositeur chez un imprimeur de Provins, puis abandonna son état pour venir à Paris, où il croyait que son talent poétique lui créerait une position brillante. Déçu dans ses hautes espérances, il tomba bientôt dans le découragement et la misère, et mourut de phthisie à l’hôpital de la Charité. Ce poëte précoce avait un véritable talent ; son style est plein de grâce et de fraîcheur. Trois mois avant sa mort il avait publié sous le titre de Myosotis le recueil de ses poésies.

MORÉE, Peloponesus, presqu’île qui termine la Grèce au sud. Cette presqu’île a environ 240 kil. de long sur 215 de large et 600 000 hab. ; elle est liée à la Hellade par l’isthme de Corinthe, et a pour bornes la mer Ionienne à l’O., l’Archipel à l’E., la Méditerranée au S., le golfe de Corinthe au N. Elle forma 5 provinces du roy. de Grèce : Argolide et Corinthie, Achaïe et Élide, Arcadie, Messénie, Laconie. Très-montagneuse, surtout au centre, la Morée est arrosée par plusieurs rivières, le Gastouni, le Vasili-potamo, le Roufia, etc. ; elle a une température et un climat très-variés ; le sol y est en général fertile : grains, vin, huile, fruits, surtout raisin et mûres. Abeilles, vers à soie, gros bétail, mouflons, moutons, chèvres, mais aussi beaucoup d’animaux farouches. Pêche lucrative ; commerce encore peu actif, mais qui peut le devenir infiniment. — La Morée doit son nom à l’immense quantité de mûriers (morus) dont elle se couvrit au VIe siècle. Ce pays, après avoir été longtemps indépendant et avoir formé plusieurs petits États (V. PÉLOPONÈSE), fit partie de l’empire romain, puis de l’empire d’Orient, fut, après la prise de Constantinople en 1204, occupé par les Français et par les Vénitiens, passa aux Turcs presque en entier de 1463 à 1479, leur fut repris par Venise en 1687, mais reperdu de nouveau en 1715, et définitivement cédé à la Porte par la paix de Passarowitz (1718). Les Turcs en firent l’eyalet ou pachalik de Tripolitza, qui était divisé en 19 cantons régis par des vayvodes, plus le Maïna, qui était indépendant de fait. Pendant le soulèvement de la Grèce contre les Turcs (1821-28), la Morée souffrit d’épouvantables ravages de la part des Turcs et des Égyptiens, commandés par Ibrahim ; enfin en 1828, une expédition française, sous les ordres du général Maison, mit fin aux massacres, chassa les Égyptiens de toutes les places du pays et en assura l’indépendance. — On doit à Buchon des Recherches sur la domination française en Morée, Paris, 1840-42. Une description complète du pays a été publiée en 1832 et ann. suiv., sous le titre d’Expédition scientifique de. Morée, par une commission de savants que le gouvernement français avait adjoints à notre expédition militaire.

MORÉE (Château de), fort situé sur la côte N. de la Morée, à l’entrée du golfe de Lépante, vis-à-vis du château de Roumélie, à 9 kil. N. E. de Patras. Bâti par Bajazet II en 1482, pris par les Français en 1828. MORÉE, ch.-l. de cant. (Loir-et-Cher), à 17 kil. N. a de Vendôme : 700 hab.

MOREL (Guill.), savant imprimeur, né en 1505 au Tilleul près de Mortain (Manche), m. en 1564, débuta comme correcteur d’imprimerie et fut remarqué pour sa science par Turnèbe qui, en 1555, se démit en sa faveur de la place d’imprimeur du roi. Outre des éditions estimées, il a composé plusieurs ouvrages, entre autres : Thesaurus omnium vocum latinarum, 1558, connu sous le titre de Thesaurus Morellianus ; Sententiæ Patrum de venerandis imaginibus, grec-lat.-franç., 1562, une trad. française de S. Jean Damascène, 1562 ; des Notes sur S. Cyprien, S. Denys l’Aréopagite, sur le De Finibus de Cicéron.

MOREL (Frédéric), dit l’Ancien, imprimeur, gendre de Vascosan, né en Champagne en 1523, m. en 1583, devint directeur de l’imprimerie royale en 1571. C’était un savant helléniste : on lui doit la traduction française des traités de la Providence, de l’Âme, et de l’Humanité, de S. Jean Chrysostôme, 1557, et du traité de S. Cyprien Des douze sortes d’abus, 1571. Parmi ses éditions on remarque l’Architecture de Philibert de l’Orme, 1568, in-f. — Son fils, Frédéric le Jeune, né en 1558 à Paris, m. en 1630, le remplaça en 1581 comme imprimeur du roi, obtint l’amitié d’Amyot, et fut, avec l’appui de ce savant, nommé en 1585 professeur d’éloquence au collége de France. En 1600, Fréd. s’associa comme imprimeur son frère Claude, et tous deux publièrent d’excellentes éditions. Henri IV les aida souvent de sa bourse dans des entreprises qui étaient plus utiles aux lettres que lucratives pour eux. Ses principales publications sont de belles éditions d’Aristote, de Strabon, de Dion Chrysostôme. Il a trad. en latin Libanius, Hiéroclès, Théodoret, Maxime de Tyr, plusieurs discours des Pères grecs, etc. — Claude, son frère, 1574-1626, a publié S. Basile, S. Cyrille, S. Grégoire de Nazianze, Philostrate, etc. — Charles, fils aîné de Claude, 1602-40, a édité Clément d’Alexandrie, 1629, et les Concilia, 1636, 10 v. in-f. — Gilles, 2e fils de Claude, fut aussi imprimeur du roi : il publia la grande Bibliothèque des Pères en 17 v. in-f., 1643 et ann. suiv.

MOREL DE VINDÉ (Ch. Gilbert, vicomte), agronome et littérateur, né en 1759, m. en 1842, était conseiller au parlement dès l’âge de 19 ans. Il donna sa démission après l’arrestation du roi à Varennes, se retira à La Celle St-Cloud, et s’y livra à l’agriculture et aux lettres. Il fut admis à l’Académie des sciences en 1824. Il avait été appelé dès 1815 à la Chambre des Pairs. Parmi ses nombreux écrits on remarque ses Observations sur les assolements, 1815 ; un Essai sur les constructions rurales, 1824 ; ses Considérations sur le morcellement de la propriété, 1826 ; sa Morale de l’enfance (1790), en 512 quatrains, qui ont été mis en vers latins par Victor Le Clerc ; et des romans, où respire une morale pure, enseignée d’un ton simple et naturel. Il publia en 1810 le Cabinet de Paignon d’Ijonval, son grand-père maternel : c’est un précieux recueil de dessins et d’estampes.

MORELL (André), savant numismate, né à Berne en 1646, mort en 1703, vint à Paris en 1680, et fut nommé conservateur-adjoint du cabinet royal des médailles. Ne touchant point la rétribution que méritaient ses longs travaux, il réclama avec vivacité, ce qui le fit mettre à la Bastille. Il alla en 1694 se fixer en Thuringe, auprès du comte de Schwartzbourg-Arnstadt, qui le nomma conservateur de son cabinet. On a de lui : Specimen universæ rei nummariæ antiquæ, Paris, 1683 ; Thesaurus Morellianus, sive Familiarum Romanarum numismata omnia, Paris, 1734, 2 vol. in-fol. ; Thesauri Morelliani numismata cujusque moduli XII priorum imperatorum, Amst., 1752, 3 vol. in-fo. Ces deux derniers ouvrages ont été publiés par Havercamp : ils formaient alors le recueil le plus complet de médailles consulaires et impériales et ils sont encore très-estimés.

MORELL (Thomas), théologien et lexicographe anglais, né en 1701, mort en 1784, a publié des éditions recherchées du Dictionnaire latin d’Ainsworth et du Lexicon grec de Hederich, et a rédigé lui-même : Thesaurus græcæ poeseos, Eton, 1762, à l’imitation de nos Gradus ad Parnassum.

MORELLA, Bisgarri, v. d’Espagne (Valence), à 60 kil. N. de Valence ; 6000 hab. Mur flanqué de tours, château fort. Pendant la dernière guerre civile de l’Espagne, elle fut prisé en 1838 par le général carliste Cabrera, qui porta depuis le titre de comte de Morella. Espartero la lui reprit en 1840.

MORELLET (l’abbé), littérateur, né à Lyon en 1727, m. en 1819, vint à Paris étudier en Sorbonne, et ne s’en lia pas moins avec les philosophes, notamment avec Turgot, d’Alembert, Diderot. Il fut chargé en 1752 d’une éducation qui lui procura l’occasion de voyager ; il publia en 1762 le Manuel des inquisiteurs, et se fit dès lors une réputation de tolérance et d’esprit qui le fit admettre chez Mme Geoffrin, ainsi que dans la société du baron d’Holbach, dans laquelle il ne craignit pas cependant de combattre l’athéisme. Il donna à l’Encyclopédie un grand nombre d’articles de théologie et de philosophie. Palissot ayant attaqué les Encyclopédistes dans sa comédie des Philosophes, Morellet écrivit contre lui la Vision de Ch. Palissot : ce pamphlet le fit mettre à la Bastille, mais il en sortit au bout de deux mois. Il donna en 1766 une traduction du Traité des délits et des peines de Beccaria, et publia depuis divers morceaux sur la politique et le commerce ; il fut admis à l’Académie française en 1783 et reçut en même temps de Louis XVI une pension de 4000 livres. Ruiné par la Révolution, il vécut en composant des traductions pour les libraires. Il donna en 1818 des Mélanges de littérature et de philosophie, qui renferment ses meilleurs morceaux. Il a laissé des Mémoires, publiés en 1821.

MORELLI (l’abbé Jacques), bibliographe, né à Venise en 1745, mort en 1819, fut nommé en 1778 gardien de la bibliothèque de St-Marc à Venise, et consacra tous ses soins pendant 40 ans à enrichir cette bibliothèque. On lui doit la découverte dîun grand nombre de morceaux d’auteurs anciens, entre autres l’Oraison d’Aristide contre Leptine, une Déclamation de Libanius pour Socrate, des fragments de Dion Cassius et des Éléments harmoniques d’Aristoxène, etc. Il publia le catalogue de la bibliothèque de Venise, et légua à cette ville 20 000 manuscrits. La plus grande partie de ses œuvres a été imprimée à Venise, en 1820, 3 vol. in-8. Ses écrits se recommandent par une science consommée et un jugement sain. Ce savant était membre de toutes les académies d’Italie, et correspondant de celles de Paris, de Berlin et de Gœttingue.

MORELLY, écrivain paradoxal du XVIIIe siècle, avait été régent ou précepteur à Vitry-le-Français. Il fit paraître en 1751 le Prince ou Système d’un sage gouvernement, utopie socialiste, dont il reproduisit les idées en 1753 dans la Basiliade ou Naufrage des îles flottantes, poëme héroïque en 14 chants, en prose : il y décrit le bonheur d’un peuple délivré des préjugés et n’obéissant qu’à la nature et à la vérité. Il compléta en 1755 l’exposé de sa doctrine dans son Code de la nature, que les Communistes ont de nos jours remis eu honneur : il y donne pour fondement à la société la communauté des biens. La Harpe a réfuté longuement cet ouvrage dans sa Philosophie du XVIIIe siècle, le croyant de Diderot.

MORENA (SIERRA-), c.-à-d. Chaîne noire, en latin Mariani Montes, chaîne de montagnes d’Espagne, entre la Manche et l’intendance de Jaën, se prolonge à l’O. S. O., entre la Manche et l’intendance de Cordoue, entre l’Estramadure et l’intendance de Séville, et enfin entre l’Alentéjo et l’Algarve. Cette chaîne partage les eaux entre le Tage et le Guadalquivir. La Sierra-Morena est fort âpre, peu fertile, et a de hauts sommets : la Poya, la Cumbre d’Aracena, la Sierra-Sagra, qui s’élèvent à 1264, 1717, et même 1815m. Elle tire son nom des chênes à kermès, des cistes, des bruyères et autres arbustes à feuillage sombre dont elle est couverte. Elle renferme des mines d’argent, de plomb, de cuivre et de mercure. — Cette contrée était jadis déserte et en friche. Olavidé, sous Charles III (1767, etc.), y établit des colonies d’étrangers, notamment d’Allemands et de Suisses : Carolina et Carlotta en sont les principales. Bien que négligées après la chute du ministre Aranda, ces colonies ont modifié puissamment l’aspect du pays.

MORÉRI (L.), savant compilateur, né en 1643 à Bargemont en Provence, mort en 1680, embrassa l’état ecclésiastique, et devint aumônier de l’évêque d’Apt, Gaillard de Lonjumeau. Il fit paraître à Lyon en 1673 un Dictionnaire historique et géographique, en un vol. in-fol., ouvrage précieux, dont on croit que son évêque avait conçu le plan et ramassé les premiers matériaux. Il en donnait une 2e édition lorsqu’il mourut. Il a été fait depuis plusieurs éditions du Dictionnaire de Moréri, avec des suppléments dus en partie à Goujet ; enfin il a été entièrement refondu par Drouet, qui le donna en 10 vol. in-fol., Paris, 1759. C’est pour corriger et compléter le Dictionnaire de Moréri, que Bayle entreprit son Dictionnaire critique.

MORES. V. MAURES.

MORESNET, vge de Belgique, dans la prov. et à 18 kil. E. N. E. de Liége ; 500 hab. Mines de houille, dites de la Vieille-Montagne, produisant annuellement 25 millions de kilogr. de minerai, et fournissant plus de la moitié du zinc consommé dans toute l’Europe.

MORESTEL, ch.-l. de cant. (Isère), à 16 kil. N. E. de La Tour-du-Pin ; 905 hab.

MORET, ch.-l. de cant. (Seine-et-Marne), sur le Loing, à 10 kil. S. E. de Fontainebleau ; 1900 hab. Station du chemin de Paris à Lyon. Commerce en blé, vin, bois, tan, pavés, etc. Jadis titre de comté. Possédée par les Anglais de 1420 à 1430, reprise et fortifiée par Charles VII. Henri IV acheta en 1604 le comté de Moret, et le donna à Jacqueline de Breuil, la mère d’Antoine de Moret (V. l’art. suiv.).

MORET (Ant. DE BOURBON, comte de), fils naturel de Henri IV et de Jacqueline de Breuil, comtesse de Moret, né en 1607, prit parti pour Gaston, duc d’Orléans, contre Richelieu, arma dans le Languedoc, et périt à l’affaire de Castelnaudary, où le duc de Montmorency fut fait prisonnier (1632). Quelques-uns ont prétendu qu’il avait survécu, mais qu’il s’était retiré dans une solitude de l’Anjou, s’y était fait capucin sous le nom de Frère Jean-Baptiste, et avait voulu rester inconnu jusqu’à sa mort.

MORETO Y CABANA (Aug.), poëte comique espagnol, né en 1618, était contemporain de Caldéron. Il composa de 1650 à 1676 un grand nombre de pièces qui eurent beaucoup de succès et fut protégé par Philippe IV. Ses comédies, supérieures pour le comique à celles de Caldéron, se distinguent par l’élégance et le bon goût ; le style en est pur et naturel. Il est le premier qui ait mis sur le théâtre espagnol la comédie de caractère. Quelques-unes de ses pièces ont été imitées par Molière (notamment dans la Princesse d’Élide et l’École des maris) et par Scarron (dans don Japhet d’Arménie). Il abandonna d’assez bonne heure le théâtre pour embrasser l’état ecclésiastique. Ses comédies ont été publiées à Valence, 1676 et 1703,3 vol. in-4, et réimprimées à Paris dans le Trésor du théâtre espagnol, 1838.

MOREUIL, ch.-l. de c. (Somme), à 16 kil. N. O. de Montdidjer ; 2300 h. Bas, papeterie. Tourbe.

MOREZ, ch.-l. de c.. (Jura), à 22 kil. N. E. de St-Claude, près de la frontière de Suisse ; 4877 hab. Pont d’une seule arche. Grande fabrique de lunettes, horlogerie et clouterie ; scieries de bois, tanneries.

MORFIL, île de Sénégambie. V. ÉLEPHANT (Île de l’).

MORFONTAINE. V. MORTEFONTAINE.

MORG-AB, Margus, riv. d’Asie, naît sur les limites du Khoraçan et du khanat de Balk ; coule à l’O. S. O., puis au N. O. ; arrose le Khoraçan, et se jette dans le Djihoun ou, suivant quelques-uns, se perd dans le lac Badakandir, après un cours d’env. 800 k.

MORGAGNI (J. B.), savant médecin, né en 1682 à Forli, m. en 1771, eut pour maîtres Valsalva et Alberti, et cultiva avec le plus grand succès l’anatomie pathologique. Il devint prof. de médecine à Padoue en 1712, et y forma une école qui attirait les étrangers de toutes les parties de l’Europe. Son principal ouvrage est le traité De sedibus et causis morborum per anatomen indagatis, 1762, trad. en français par Desormeaux, 1821. Il y établit la médecine sur l’anatomie, et la fait par là sortir de l’état purement conjectural. On a aussi de lui une riche collection de mémoires sous le titre d’Adversaria, Padoue, 1741, et des Miscellanea, 1753.

MORGAN (H.), chef de flibustiers anglais, était fils d’un fermier du pays de Galles. Il servit d’abord sur un corsaire, puis équipa un bâtiment, et se fit si bien connaître par ses entreprises qu’un vieux chef de flibustiers, Mansfield, le prit pour lieutenant. Mansfield étant mort peu après, en 1663, Morgan lui succéda. En 1668, il rassembla 12 bâtiments montés de 700 hommes, attaqua d’abord et rançonna plusieurs villes de l’île de Cuba, emporta d’assaut Porto-Bello et détruisit le fort de Maracaïbo. Il s’était retiré dès 1669 à la Jamaïque avec l’intention d’y jouir paisiblement de sa fortune ; mais, cédant aux instances de ses anciens compagnons, il se remit bientôt en course avec une flotte de 37 voiles : il ravagea les côtes de Nicaragua, marcha sur Panama avec 1300 hommes, prit cette ville et la brûla (1671). La paix signée avec l’Espagne mit un terme à ces dévastations : chargé de richesses, Morgan alla se fixer à la Jamaïque, s’y maria, et y finit tranquillement ses jours. Il avait été fait chevalier par Charles II et nommé commissaire de l’amirauté.

MORGAN (miss SIDNEY-OWENSON, lady), femme de lettres, née à Dublin en 1783, m. en 1859, était fille d’un acteur et protestante. Elle publia dès l’âge de 14 ans un volume de poésies ; puis elle recueillit et mit en vers anglais les vieux Chants irlandais et composa des romans nationaux qui peignaient les mœurs et reproduisaient les traditions de l’Irlande (O’Donnel, Florence Maccarthy, les O’Brien, les O’Flaherty, etc.). Elle fit de 1817 à 1831 plusieurs voyages sur le continent, notamment en France et en Italie, et en publia à son retour des relations peu bienveillantes. Elle fit paraître en 1835 les Scènes dramatiques de la vie réelle ; en 1840, la Femme et son maître, où elle demande l’émancipation des femmes ; en 1841, le Livre sans Nom. Privée de la vue par une maladie, elle se vit forcée de renoncer aux travaux littéraires. Elle avait obtenu sous le ministère Grey une pension de 300 livres (7500 fr.). La plupart de ses ouvrages ont été traduits par Mme Sobry.— Elle avait épousé en 1811 Ch. Morgan, médecin distingué, auteur d’Esquisses de la philosophie de la vie et des mœurs.

MORGANATIQUE (Mariage). V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

MORGANE (la Fée), sœur d’Artus et élève de l’enchanteur Merlin, est célèbre dans les romans de chevalerie. Les habitants de la Calabre attribuent à cette fée le pouvoir de produire les phénomènes de mirage qui apparaissent fréquemment dans le détroit de Messine. On a désigné sous le nom de Château de la fée Morgane un phénomène de ce genre qu’on voit quelquefois dans la baie de Reggio : des constructions bizarres et gigantesques, des châteaux, des tours, y paraissent s’élever du sein de la mer.

MORGARTEN, défilé de Suisse, entre les cant. de Schwitz et de Zug. 1300 Suisses y défirent 20 000 Autrichiens le 15 nov. 1315. Les Français y battirent les Suisses en 1798 et les Autrichiens en 1799.

MORGHEN (Raphaël), graveur, né en 1761, à Portici, près de Naples, m. à Florence en 1833, étudia sous son père Philippe Morghen, puis sous Volpato, dont il épousa la fille (1781). Appelé en 1793 à Florence par le grand-duc Ferdinand II, il y demeura le reste de sa vie. On lui doit, outre une foule d’excellents portraits, un grand nombre d’estampes estimées : la Vierge à la Chaise et la Transfiguration, d’après Raphaël ; des Vierges d’André del Sarto et du Titien ; la Cène de Léonard de Vinci, l’Aurore du Guide ; le Parnasse de R. Mengs, etc. Cet artiste se distingue par la finesse, l’harmonie et le charme de l’exécution, mais il manque de vigueur. R. Morghen était associé de l’Institut de France.

MORHOF (Dan. George), philologue, né en 1639 à Wismar (Mecklembourg), m. en 1691, fut dès 1660 professeur de poésie latine à Rostock, devint en 1665 professeur de belles-lettres à l’Université de Kiel, en 1673 professeur d’histoire, et en 1680 bibliothécaire à Kiel. Son principal titre est le Polyhistor, sive Notitia auctorum et rerum, Lubeck, 1688-92, 3 part, in-4, réimprimé en 1695, œuvre d’une érudition immense, dans lequel il traite de l’histoire littéraire, du choix des livres, des méthodes, et des meilleurs ouvrages sur la grammaire, la rhétorique, la poésie, la philosophie, les mathématiques et l’histoire. Parmi ses autres écrits on remarque un savant traité de la langue et de la poésie allemande, 1682 (en all.), des Poésies latines et des Harangues.

MORIALE (FRA), condottiere. V. MONTRÉAL.

MORIGIA (Jacq. Ant.), l’Ancien, l’un des fondateurs de la congrégation des Barnabites, né à Milan vers 1493, m. en 1545, avait eu une jeunesse dissipée. Il fut nommé en 1536 prévôt de la nouvelle congrégation. — Le cardinal Jacq. Ant. M., de la même famille que le préc., et, comme lui, barnabite, né à Milan en 1632, m. en 1708, se fit une grande réputation comme prédicateur. Le grand-duc de Toscane lui confia l’éducation de son fils et l’éleva aux évêchés de San-Miniato, de Florence, et enfin de Pavie. Il refusa l’archevêché de Milan. On a de lui des Oraisons funèbres et des Lettres pastorales.

MORIGNY-CHAMPIGNY, bg du dép. de Seine-et-Oise, à 3 kil. N. E. d’Étampes, dans la vallée de la Juine ; 1000 hab. Ruines d’un célèbre château de Brunehaut ; château moderne, bâti sur l’emplacement d’une ancienne abbaye de Bénédictins ; magnifique château de Jeures, avec vaste parc et aqueduc.

MORILLO (don Pablo), comte de Carthagène, général espagnol, né en 1777 à Fuenta de Malva (Toro), m. en 1839 servit d’abord en Espagne dans la guerre contre les Français. Envoyé en 1814 par Ferdinand VII en Amérique contre les insurgés du Venezuela et de la Nouv.-Grenade, il prit Carthagène et Sta-Fé, où il se signala par ses rigueurs. Bolivar ayant recommencé la guerre en 1817, Morillo, qui avait d’abord obtenu d’éclatants succès, perdit en 1819 la bataille décisive de Boyaca, et fut forcé de retourner en Espagne. En 1823, il joua un rôle équivoque : chargé par les Cortès du commandement de la Galice, il favorisa les royalistes, laissa échapper le corps du comte d’Amarante, destitua Quiroga et entrava les efforts de Robert Wilson. Mal récompensé par Ferdinand, il se retira en France, où il mourut. Il a laissé des Mémoires, qui ont été trad. par E. de Blosseville 1826.

MORIMOND, abbaye considérable de l’ordre de Cîteaux, était située en Champagne (Bassigny), dans le diocèse de Langres, à 37 k. N. E. de cette ville. Elle avait été fondée en 1115 par un seigneur de Choiseul, et était une des quatre filles de l’ordre de Cîteaux (V. CÎTEAUX). Elle avait plus de cent monastères sous sa dépendance, et en outre les cinq ordres militaires d’Espagne et de Portugal : ceux de Calatrava, d’Alcantara, de Montesa, d’Avis et du Christ.

MORIN (le GRAND) riv. de France, naît à l’O. de Sézanna (Marne), passe à La Ferté-Gaucher, Coulommiers, Crécy, et se jette dans la Marne à Condé, à 6 k. S. O. de Meaux, après un cours de 100 kil. — Le PETIT MORIN, prend sa source près d’Écury (Marne), passe à Montmirail, et se jette dans la Marne au-dessous de Le Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) ; cours, 65 kil.

MORIN (Jean), oratorien, né à Blois en 1591, de parents protestants, m. à Paris en 1659, fut converti un Catholicisme par le cardinal Duperron et entra à l’Oratoire en 1618. Il acquit une connaissance profonde des langues hébraïque et samaritaine, ainsi que de tout ce qui a rapport à la discipline des premiers temps de l’Église, et publia sur ces matières des ouvrages qui font encore autorité, entre autres, des commentaires sur la Bible et des traités De disciplina in administratione sacramenti pœnitentiæ, 1651 : De Ecclesiæ ordinationibus, 1655.

MORIN (J. B. Michel), astrologue, né en 1583 à Villefranche en Beaujolais, m. en 1656, était aussi mathématicien et médecin. Il fit plusieurs prédictions qui se vérifièrent, obtint une pension de Mazarin et fut chargé de tirer l’horoscope de Louis XIV. Il proposa le premier d’employer les observations de la lune à la détermination des longitudes en mer. Il fut un des contradicteurs les plus opiniâtres du système de Copernic et de Galilée. On a de lui : Famosi problematis de telluris motu LEctenus optata solutio, Paris, 1631 ; Longitudinum terrestrium et cœlestium nova scientia, 1634 ; Astrologia gallica, 1661, ouvrage auquel il avait travaillé 30 ans et qui ne fut publié qu’après sa mort : la reine de Pologne Louis-Marie de Gonzague en fit les frais.

MORIN (Simon), visionnaire, né en 1623 à Richemont (Seine-Inf.), était un pauvre écrivain copiste. Affilié à une secte d’illuminés. Il débita qu’il était le fils de l’homme, qu’il venait remplacer J.-C., que le roi devait se soumettre à sa puissance, et autres folies de ce genre. Enfermé à la Bastille, il se rétracta, mais, ayant renouvelé ses erreurs, il fut repris et brûlé vif, en 1663 ; ce malheureux ne méritait que les Petites-Maisons.

MORINI, peuple de la Gaule (Belgique 2e), le Fretum Gallicum, au N. des Ambiani et des Atrebates, au S. et à l’O. de la Germanique 2e. Ils s’étendaient à l’O. jusqu’à la mer : d’où leur nom (Morini, dérivé du celtique mor, mer, veut dire peuple maritime). Ils avaient pour villes princip. : Terruana (Thérouanne), Gesoriacum (Boulogne), Portus Ilius (Calais ?), Morinorum castellum (Cassel). Leur pays correspond aux arrondissements actuels de Boulogne et de St-Omer, et à une partie de ceux de St-Pol et de Montreuil (Pas-de-Calais). Cette contrée était, au temps de César, couverte de forêts et de marécages ; elle fut soumise par Labiécus. — Le nom de Morinie est encore auj. usité pour désigner ce pays.

MORISON (Robert), botaniste, né en 1620 à Aberdeen en Écosse, m. en 1683, fut dix ans directeur du jardin de Blois, appartenant à Gaston, duc d’Orléans, puis médecin de Charles II et surintendant de ses jardins, enfin professeur de botanique à l’Université d’Oxford. Morison a été un des premiers à classer les plantes d’après leurs fruits et leurs organes principaux. On a de lui : Hortus Blesensis, Londres, 1669 ; Plantarum umbelliferarum distributio nova, Oxford, 1672 ; Histoire universelle des plantes, 1680, in-fol.

MORLAAS, ch.-l. de c. (B.-Pyrénées), à 9 k. N. E. de Pau ; 1700 h. Anc. capitale du Béarn, elle fut la résidence des vicomtes jusqu’au XIIIe s., et posséda jusqu’au XVe un atelier monétaire.

MORLAIX, en breton Montroules, ch.-l. d’arr. (Finistère), sur les flancs de deux montagnes très-rapprochées, au confl. du Jarlot et du Kerlent, qui y forment un port, à 99 kil. N. de Quimper, à 516 k. N. de Paris ; 9740 h. Rade sûre et commode, défendue par le fort du Taureau, élevé par François Ier ; bon port. Trib. de 1re inst. et de comm., collége, école d’hydrographie, manuf. de tabacs. Sociétés d’agriculture et vétérinaire, Entrepôt considérable de marchandises venant de l’étranger. Promenades, quais, aqueducs, viaduc du ch. de fer ; église St-Martin, hôtel de ville, hôpital. Commerce actif : grains, beurre, graines oléagineuses, porc salé, suif, miel, cire, cuirs, toiles, fil, lin, chanvre, papier, chevaux, plomb, litharge, armements pour la pêche de la morue. Moreau naquit à Morlaix. — Ville très-ancienne, nommé d’abord Julia, puis Saliocan, et on latin moderne Mons relaxus, Morlæum. Longtemps disputée par les princes de Léon et les ducs de Bretagne ; prise en 1374 par les Anglais, rendue en 1381 au duc de Bretagne; prise de nouveau par les Anglais en 1521. Elle souffrit beaucoup pendant les guerres de la Ligue, et se rendit à Henri IV en 1594.

MORLAQUIE, petit pays d'Europe, sur l'Adriatique, enclavé entre la Dalmatie et la Croatie, a 155 kil. env. sur 39. Il est partagé entre la Turquie et l'Autriche. Les Morlaques (appelés en leur propre langue Moro-Vlassi) sont un peuple guerrier, peu civilisé, qui vit presque exclusivement du produit de ses troupeaux. Carlopago et Zengg en sont les lieux principaux.

MORLOT (Fr. Nic. Madeleine), prélat français, né à Langres en 1795, m. en 1862; fut d'abord précepteur, puis successivement grand vicaire de l'évêché de Dijon, évêque d'Orléans (1839), archev. de Tours (1842), cardinal (1853), et archev. de Paris (1857). Il était sénateur, grand aumônier de l'Empereur, et membre du Conseil privé.

MORMANT, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 20 k. N. E. de Melun; 1000 hab. Aux env., beau château de La Grange, appartenant à la famille La Fayette.

MORMOIRON, ch.-l. de c. (Vaucluse), à 12 kil. E. de Carpentras; 1900 hab. Plâtre, sulfate de fer.

MORMONS (les), secte récente, née aux États-Unis. Ils n’admettent comme authentique qu'une Bible particulière, écrite, selon eux, au temps de Sédécias, roi de Juda, env. 600 av. J.-C., par un prophète juif du nom de Mormon, et miraculeusement retrouvée en Amérique. Ils annoncent la venue prochaine du règne de Dieu sur la terre, d'où ils s'appellent les Saints du dernier jour. Ils prétendent, d'après leur Bible, que les aborigènes de l'Amérique sont issus des Hébreux; ils enseignent que le baptême doit être renouvelé sur les adultes, et exigent l'immersion totale du catéchumène dans une eau courante. Ils ont établi entre eux la communauté des biens et autorisent la pluralité des femmes. Le fondateur de la secte est un certain Joseph Smith, né en 1805 dans l'État de Vermont : cet imposteur prétendit avoir reçu, le 22 septembre 1827, des mains de l'ange du Seigneur, le livre sacré de Mormon, auquel il fit depuis de nombreuses additions. En 1830, il se transporta avec quelques adeptes dans le Missouri où il forma un premier établissement. Chassé de cet État en 1838, à cause de querelles perpétuelles avec les sectes rivales, les Mormons furent accueillis dans l'Illinois, où dès 1839 ils fondèrent une ville nouvelle, Nauvoo (c.-à-d. la Belle), mais où leur présence ne tarda pas à devenir l'occasion de troubles graves; en 1844, J. Smith fut tué, avec son frère Hiram, par une multitude furieuse. Ses disciples, expulsés en 1846 de l'Illinois, allèrent se fixer, en 1847, dans les vastes plaines situées entre les monts Rocheux et la Sierra Nevada, et formèrent au S. du grand lac Salé et au N. du lac Utah un vaste établissement qu'ils nomment Deseret (Ruche d'abeilles). Cette colonie a pris un accroissement prodigieux, surtout depuis la découverte des gisements d'or de la Californie, parce qu'elle se trouve sur le passage des émigrants qui s'y rendent des États-Unis. Depuis 1850, elle forme, sous le nom d'Utah, un nouveau territoire de l'Union (1850), qui reconnaît pour chef un certain Brigham Young. En 1858, les Mormons ayant méconnu l'autorité du pouvoir central, une expédition fut envoyée contre eux, mais ils finirent par se soumettre sans combat. Cette secte a des partisans même en Europe, surtout en Angleterre et en Danemark. Leur capitale est Fillmore ou Salt-Lake-City. A. Pichot a donné une notice sur les Mormons, 1854.

MORNANT, ch.-l. de c. (Rhône), à 17 kil. S. O. de Lyon; 1300 hab.

MORNAS, b. du dép. de Vaucluse, sur le Lez, près de son embouch. dans le Rhône, à 11 kil. N. O. d'Orange; 1800 hab. Station. Ruines d'un château jadis habité par le baron des Adrets, qui y exerça d'horribles cruautés sur les prisonniers catholiques.

MORNAY (Pierre de), chancelier de France, d'une des plus anciennes familles du Berry, né vers 1250 au château de Mornay (Cher), m. en 1306, fut évêque d'Orléans, puis d'Auxerre; fut chargé par Philippe le Bel de négociations importantes et récompensé par les sceaux.

MORNAY (Philippe de), seigneur du Plessis-Marly, issu de la même famille que le précéd., né en 1549 à Buhy (Vexin français) d'un père catholique, m. en 1623; fut élevé en secret dans la religion réformée par sa mère, et embrassa ouvertement la Réforme après la mort de son père (1560). Il rédigea le fameux mémoire que Coligny fit remettre à Catherine de Médicis et à Charles IX en faveur des Calvinistes. En 1775, le roi de Navarre (Henri IV) lui confia l'administration de ses finances; il le chargea d'importantes négociations auprès d’Élisabeth. Surintendant général de la Navarre pendant les troubles de la Ligue, il supporta presque seul dans cette province le poids de la guerre. En 1589, il enleva le cardinal de Bourbon, qu'on voulait faire roi; en 1592, il fut chargé de traiter avec Mayenne. Il s'opposa de tout son pouvoir à l'abjuration de Henri, et se fit disgracier par son zèle excessif pour le Calvinisme. Mornay fut pendant cinquante ans le véritable chef des Protestants en France : sa grande instruction dans les matières religieuses faisait de lui l'oracle de ses coreligionnaires; on le surnommait le Pape des Huguenots. Il a laissé divers ouvrages de théologie, dont le plus important est De l'Institution de l'Eucharistie, 1598 (ouvrage sur lequel Henri IV institua une discussion publique à Fontainebleau entre l'auteur et le cardinal Duperron), et des Mémoires qui ont été publiés par extraits après sa mort (1624-25), et d'une manière plus complète en 1822-25, par Auguis, 12 vol. in-8. J. Ambert a écrit sa Vie, Paris, 1847.

MORNY (Ch. Aug. L. Joseph, comte, puis duc de), homme d'État français, né a Paris en 1811, m. en 1865; fut élevé par la comtesse de Souza, et fit de brillantes études; embrassa d'abord la carrière militaire, servit avec distinction en Afrique, puis (1838) se tourna vers l'industrie. Député du Puy-de-Dôme (1842), il fut renvoyé par le département de la Seine (1849) à l'Assemblée législative, devint dès lors un des conseillers les plus intimes et les plus écoutés du Président; prépara et accomplit le coup d'État du 2 décembre 1851 comme ministre de l'intérieur; fut de 1854 à 1856 et de 1857 à 1865 président du Corps législatif, et se distingua dans ce poste par son impartialité et les ressources d'un esprit élégant et facile. Protecteur des lettres et des arts, il réunit une des plus belles collections de tableaux, et fit, sous un pseudonyme, plusieurs opérettes et quelques pièces de théâtre qui furent représentées avec succès.

MORNE, nom usité en Amérique et dans les colonies françaises pour désigner certaines montagnes et certains lieux situés dans ces montagnes. — On appelle le Gros Morne un volcan de l'île de la Réunion, qui a 2200m de haut; — un bg d'Haïti (Nord), à 31 kil. S. du Port-de-Paix ; — un bg de la Martinique, arrond. de St-Pierre ; 4845 hab. ; culture de la canne à sucre et du café ; — le Morne-à-l'eau, un bg de la Guadeloupe, sur la côte N., à 9 kil. N. E. de la Pointe-à-Pître; 3200 hab.

MOROGUES (BIGOT de). V. BIGOT.

MORONE (Jérôme), diplomate italien, né vers 1450, m. en 1529, administra le Milanais, avec le titre de vice-chancelier, au nom de Maximilien Sforza, en 1512, et de François-Marie en 1521. Après avoir poussé Charles-Quint et Léon X contre la France, il proposa aux Vénitiens et au pape de se rapprocher de François Ier. Pescaire, instruit de ses projets, le fit arrêter et jeter, en 1525, dans les cachots de Pavie, d'où il ne sortit qu'en payant une rançon de 20 000 florins. Rendu à la liberté, il devint le secrétaire et le conseiller du connétable de Bourbon, puis de Philibert, prince d'Orange, et fut créé duc de Bovino en 1528. — Son fils, Jean M., né vers 1508, m. en 1580, occupa tour à tour les sièges épiscopaux de Novare et de Modène, fut envoyé en 1542 comme nonce du Saint-Siége en Allemagne pour préparer les esprits à un concile général, réussit dans cette mission, reçut le chapeau de cardinal, et présida le concile de Trente.

MOROSAGLIA, ch.-l. de cant. (Corse), à 15 kil. de Corte; 950 hab. Patrie de Paoli.

MOROSINI, famille vénitienne qui a fourni à la République plusieurs doges et un grand nombre d'hommes distingués. Domenico M., né en 1080, m. en 1156, se signala dans les combats contre les Sarrasins, décida la victoire de Jaffa, qui rendit la Palestine aux Chrétiens (1122), s'empara peu après de Tyr et d'Ascalon, punit la trahison de l'emp. grec Alexis Comnène en ravageant les îles de la Grèce et les côtes de la Morée, battit les Pisans, et fut en récompense de ses exploits élu doge en 1148. — Francesco M., doge et l'un des plus grands capitaines de la République, né en 1618, se signala dès l'âge de 20 ans contre les Turcs, fut mis en 1651 à la tête de la flotte qui les combattait, et nommé bientôt après généralissime. Chargé en 1668 de défendre Candie contre les Turcs, il soutint pendant 28 mois un siége qui fit l'admiration de l'Europe; mais il se vit enfin obligé de se rendre. De retour à Venise, il se justifia facilement et reçut la charge de procurateur de St-Marc. La guerre s'étant rallumée, il reprit le commandement, enleva plusieurs îles et places aux Turcs, et les battit complètement près des Dardanelles (1687). Il fut élu doge en 1688 et mourut en 1694.

MORPETH, v. d'Angleterre (Northumberland), sur le chemin de fer d'York à Berwick, à 22 kil. N. de Newcastle; 5000 h. Elle donne le titre de vicomte au comte de Carlisle. Patrie du sinologue Morrison.

MORPHÉE, Morpheus, dieu du sommeil et des songes, fils de la Nuit, prenait toutes sortes de formes pour tromper les humains, d'où son nom (du grec morphê, forme, apparence). On lui donne pour attributs un pavot, avec lequel il touche ceux qu'il veut endormir, et des ailes de papillon.

MORRISON (Robert), sinologue et missionnaire de l'Église presbytérienne, né à Morpeth en 1782, m. en 1834, fut envoyé en Chine par la Société des missionnaires anglais en 1807, et devint secrétaire-interprète du bureau britannique à Canton. On a de lui des traductions chinoises du Nouveau Testament, Canton, 1813, et de l’Ancien Testament, 1819; une Grammaire chinoise, 1815; des Dictionnaires anglais-chinois et chinois-anglais, et un Dictionnaire des mots chinois par radicaux, 1815-1823, 6 vol. in-4, tous ouvrages restés classiques. On lui doit en outre un Tableau de la Chine, renfermant la chronologie, la géographie, la religion, etc.

MORTAGNE, Moritania, ch.-l. d'arr. (Orne), près des sources de l'Huisne, à 40 kil. E. d'Alençon et à 148 kil. S. O. de Paris; 5692 hab. Trib., collége. Toiles, calicot, faïence, grès; charcuterie renommée; grains, bestiaux, etc. A 12 kil. au N. est le célèbre couvent de La Trappe. Jadis place forte et capitale du Perche; prise par Robert II, roi de France, en 997; elle souffrit beaucoup dans les guerres de la Ligue.

MORTAGNE-SUR-SÈVRE, ch.-l. de cant. (Vendée), sur la Sèvre Nantaise, à 55 kil. N. E. de Napoléon-Vendée; 1600 hab. Blanchisserie, teinturerie de toiles de coton; eaux minérales. Anc. baronnie. Il s'y livra en 1793 un combat entre les Républicains et les Vendéens : ceux-ci furent vaincus.

MORTAIN, Moritolium, ch.-l. d'arr. (Manche), à 62 kil. S. E. de St-Lô, au milieu de rochers escarpés; 2521 hab. Trib., collége, bibliothèque. Dentelles, toiles communes, basanes; bestiaux. Fontaine minérale. Jadis place forte et titre de comté.

MORTARA, v. d'Italie (Piémont), ch.-l. d'arrond., sur le canal de l'Agogna au Pô, à 23 kil. S. S. E. de Novare ; 7000 hab. Rizières. Prise d'assaut par les Autrichiens le 21 mars 1849.

MORTE (mer), le lac Asphaltite des anciens, en arabe Bahr-el-Loud (mer de Loth), lac de Syrie, dans l'anc. Palestine, au S. E. de Jérusalem, entre 30° 66'-31° 50' lat. N. et 33° 30' long. E.; 100 kil. sur 25. Ce lac reçoit au N., l'El-Charia (le Jourdain) et à l'O. le torrent de Cédron. Ses eaux sont assez limpides, mais elles renferment beaucoup de sel, ce qui les rend très-pesantes. Le fond du lac est couvert d'une vase noire, épaisse et fétide; on voit flotter à la surface l'asphalte ou bitume de Judée; du milieu des eaux s'élèvent souvent des exhalaisons sulfureuses. C'est un fait auj. vérifié, que les eaux de ce lac ne nourrissent aucun être vivant ; d'où son nom de mer Morte. On voyait jadis sur ses bords cinq villes riches et florissantes : Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Ségor : le feu du ciel les anéantit en punition des crimes de leurs habitants. — D'après des recherches récentes, le niveau de la mer Morte serait inférieur d'environ 393m à celui de la Méditerranée. M. de Saulcy a publié un Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853.

MORTEAU, ch.-l. de cant. (Doubs), à 27 kil. N. E. de Pontarliers; 1400 hab. Toiles, teintureries, fonderie de cuivre, école d'horlogerie. Près de là la Doubs forme la belle cascade dite le Saut-au-Doubs.

MORTEFONTAINE ou MORFONTAINE, vge du dép. de l'Oise, à 10 kil. S. de Senlis; 400 hab. Magnifique château construit à la fin du XVIIIe s., avec un beau parc, remarquable par ses pièces d'eau et ses étangs (d'où le nom de ce lieu). Ce château a appartenu depuis la Révolution à Joseph Bonaparte, puis au duc de Bourbon-Condé. Un traité y fut conclu le 30 sept. 1800 entre la France et les États-Unis.

MORTEMART (Gabriel DE ROCHECHOUART, marquis, puis duc de), né en 1600, m. en 1675, gouverneur de Paris, se fit remarquer par son esprit et son instruction. Il était un des seigneurs les plus aimables de la cour. Il est surtout connu par ses enfants, le duc de Vivonne, Mme de Montespan, la marquise de Thianges et l'abbesse de Fontevrault. L'esprit passait pour héréditaire dans cette famille. V. ROCHECHOUART.

MORTEMER, Mortuum Mare, bg de la Seine-Inf. dans l'anc. Normandie, à 9 k. E. de Neufchâtel; 300 h. Anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux. Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, vainquit à Mortemer Henri I, roi de France, en 1054.

MORTIER (Joseph), duc de Trévise, maréchal de France, né au Câteau en 1768, partit comme volontaire en 1791, fit avec distinction toutes les guerres de la République, s'empara du Hanovre en 1803, fut nommé maréchal de l'Empire en 1804, soumit en 1806 la Hesse-Cassel et entra dans Hambourg, passa ensuite à l'armée d'Espagne et eut une grande part à la victoire mémorable d'Ocana, 19 nov. 1809. Dans l'expédition de Russie, il contribua à sauver les débris de la grande armée : en 1814 il partagea le commandement de Paris avec Marmont. Nommé pair de France par Louis XVIII, il ne s'en rallia pas moins à Napoléon dans les Cent-jours (1815). Après le retour de Louis XVIII il refusa de juger le maréchal Ney et fut pour ce motif déclaré déchu de la pairie; il fut alors élu membre de la Chambre des députés, où il siégea de 1816 à 1819, puis il fut élevé de nouveau à la pairie. En 1834, il accepta le portefeuille de la guerre avec la présidence du conseil; il occupait encore ce poste, lorsqu'il fut tué par l'explosion de la machine infernale de Fieschi aux côtés mêmes du roi Louis-Philippe (1835). V. FIESCHI.

MORTIMER (Roger, comte de), seigneur anglais, né vers 1287, fut 14 ans un des plus zélés serviteurs d’Édouard II, qui le nomma son lieutenant en Irlande. Néanmoins il s'unit en 1320 aux barons mécontents et leva l'étendard de la révolte. Il fut pris et enfermé à la Tour de Londres; mais il parvint à s'échapper et se réfugia en France. Là, il rejoignit la reine Isabelle, qui s'y était aussi retirée : il sut se faire aimer de cette princesse et lui fit bientôt oublier ses devoirs. Tous deux résolurent de rentrer en Angleterre de vive force. Ils formèrent une petite armée avec les secours que leur donnait le comte de Hainaut, et débarquèrent à Suffolk en 132S, Ils réussirent à soulever le peuple, s'emparèrent de la personne du roi, que Mortimer fit assassiner dans sa prison (1327), et placèrent sur le trône le jeune Edouard III. Mortimer exerça pendant quelque temps sous le nom de ce prince un pouvoir absolu, sacrifiant tous ceux qui lui faisaient ombrage, mais il finit par se rendre si odieux qu’Édouard, dès qu'il put régner par lui-même, le fit arrêter et juger. Il fut pendu en 1330.

Le titre de duc de Mortimer fut plus tard porté par Edmond Mortimer, qui avait épousé Philippine de Clarence, fille de Lionel, 2e fils d’Édouard III, et qui mourut en 1381. — Roger, duc de Mortimer, fils d'Edmond, fut déclaré héritier de la couronne en 1385; mais il mourut en 1399, ne laissant qu'une fille, Anne de Mortimer, qui en épousant Richard d'York transporta dans cette maison les droits de sa famille au trône. De là la guerre des Deux-Roses entre la maison d'York et celle de Lancastre, issue de Jean de Gand, 3e fils d’Édouard III. V. ROSES (DEUX-).

MORTIMER'S CROSS, c.-à-d. Croix de Mortimer, lieu du comté d'Hereford, sur les bords du Lugg, est célèbre par la bataille qui s'y livra le 1 février 1461, entre les troupes d’Édouard IV d'York, commandées par Édouard en personne, et celles d'Henri VI de Lancastre, commandées par le comte de Pembroke. La victoire resta au roi Édouard, ce qui lui assura la possession du trône d'Angleterre.

MORTON (Jean), archevêque de Cantorbéry, né en 1410, dans le comté de Dorset, m. en 1500, d'abord professeur de droit, puis maître des rôles (1473), prit parti pour Henri VI et la maison de Lancastre dans la guerre des Deux-Roses: il se soumit cependant à Édouard IV, qui le nomma évêque d'Ély (1477) et conseiller privé. Obligé de quitter l'Angleterre sous Richard, duc de Glocester, il y rentra sous Henri VII, devint le confident et le conseiller de ce prince, réunit les deux partis par le mariage du roi avec la fille d’Édouard IV, et fut en récompense nommé premier ministre, archevêque de Cantorbéry (1486), grand-chancelier (1487), enfin cardinal (1493).

MORTON (Jacques, comte de), né à Dalkeith en 1530, étudia à Paris, revint en Écosse en 1554, et y propagea la Réforme. Nommé chancelier par Marie-Stuart, il n'en prit pas moins part au meurtre de Rizzio, favori de la reine, et à celui de H. Darnley, son époux; peu après, il renversa Bothwell, nouvel époux de Marie. En 1572, il devint, par la protection d’Élisabeth, régent du royaume; mais il se rendit odieux par ses exactions et fut forcé de se démettre en 1578. Il parvint néanmoins à se ressaisir de l'autorité; mais, ayant encore abusé du pouvoir, il fut, en 1581, condamné à mort, comme coupable de haute trahison et décapité à Édimbourg, malgré les instances d’Élisabeth.

MORTRÉE, ch.-l. de c. (Orne), à 17 kil. S. E. d'Argentan; 1000 hab. Toiles.

MORTS (Fête des), fête célébrée en mémoire de tous les fidèles trépassés, est fixée au 2 novembre. Elle fut instituée par Odilon, abbé de Cluny, en 998.

MORUS (Thomas). V. MORE.

MORVAN, petit pays de l'anc. France, dans la Bourgogne et le Nivernais, auj. compris dans le S. O. du dép. de la Côte-d'Or, le N. O. du dép. de Saône-et-Loire et de celui de la Nièvre, avait pour ville principales Château-Chinon et Vézelay. Il a donné son nom à une petite chaîne de montagnes qui, séparant le bassin de la Seine de celui de la Loire, commence sur le versant occidental de la côte d'Or, vers les sources de l'Arroux, et se termine à l'origine de l'Yonne.

MORVEN, montagne d’Écosse, dans le comté de Caithness, a 1000 m. de haut. Les poëmes d'Ossian ont rendu ce lieu célèbre, comme ayant été le théâtre des exploits de Fingal.

MORVILLE (J. B. FLEURIAU, comte de), homme d'État, né à Paris en 1686, m. en 1732, fut successivement avocat du roi au Châtelet, conseiller au parlement, procureur général au grand conseil, ambassadeur en Hollande en 1718, détermina les États généraux de ce pays à signer la Quadruple alliance, traita comme plénipotentiaire au congrès de Cambrai en 1721, reçut en 1722 le ministère de la marine, et en 1723 celui des affaires étrangères. La même année, il fut admis à l'Académie française.

MORVILLIERS ou LIFFOL-LE-GRAND, bg du dép. des Vosges, à 8 kil. S. O. de Neufchâteau ; 1700 h. Fabriques de rouets, de broches en fer, d'étrilles. Jadis important : on a cru y retrouver l'ancien Latofao. Charles IV, duc de Lorraine, y battit Du Hallier en 1641.

MORVILLIERS (Jean de), chancelier, né à Blois en 1506, m. en 1577, avait embrassé l'état ecclésiastique. Admis au grand conseil par la protection des Guises, il fut un des juges du chancelier Poyet; puis fut nommé ambassadeur à Venise. Il devint en 1552 évêque d'Orléans. Il assista (1555) aux conférences d'Ardres, et parut avec éclat au concile de Trente (1562). Il conclut l'année suivante un traité entre Charles IX et la reine Élisabeth. A la retraite de L'Hôpital il fut chargé des sceaux.

MOSA, fleuve de la Gaule, auj. la Meuse.

MOSARABES, MOSARABIQUES. V. MOZARABES.

MOSCHIQUES (Monts), Moschici, auj. Amasintha, chaîne de montagnes de l'Asie-Mineure, se détachait du Caucase près des sources du Phase, et formait deux branches, l'une qui s'étendait à l'E. de la Colchide, l'autre qui, se prolongeant dans l'Arménie, séparait la Catarzène et la Chorzène au N. de la Basilicène et de la Caranitide au S.

MOSCHOPULE (Manuel), nom de deux grammairiens grecs, contemporains et cousins. Le plus ancien, né dans l'île de Crète, florissait sous l'empereur Manuel Paléologue vers la fin du XIVe siècle; le 2e, de Byzance, fut du nombre des Grecs qui, après la prise de Constantinople, cherchèrent un asile en Italie. Moschopule de Crète est auteur d'une Grammaire, publiée en 1540 à Bâle, de Scholies sur Hésiode qui se trouvent dans l’Hésiode de Heinsius, et sur l'Iliade, publiées à Utrecht en 1779 et complétées par Bachmann en 1835, et de notes, encore inédites, sur les Héroïques de Philostrate. Moschopule de Byzance est auteur d'un Choix de mots attiques, imprimé à Venise, 1524; on lui attribue un traité de grammaire élémentaire, d'orthographe et de prononciation, connu sous le titre de Perischédôn, dont R. Étienne a donné une magnifique édition en 1545, réimp. à Vienne en 1773 et en 1807. On ne sait auquel rapporter une Vie d'Euripide, insérée dans plusieurs éditions de ce poëte, et un Traité sur les carrés magiques, trad. en latin par Lahire en 1691. — Titze a donné à Prague, en 1822, les Opuscula grammatica de Moschopule de Crète, d'après un nouveau manuscrit, avec une dissertation sur les deux cousins.

MOSCHUS, poëte de Syracuse, florissait vers 280 av. J.-C. Élève et ami de Bion de Smyrne, il excella comme lui dans l'idylle. On ne sait rien de sa vie. Parmi le petit nombre de pièces qui restent de lui, on remarque l’Amour fugitif, l’Enlèvement d'Europe, et surtout l’Idylle sur la mort de Bion. Ses poésies se trouvent avec celles de Théocrite et de Bion. Elles ont été éditées séparément par Heskin, Oxford, 1748; par Jacobs, Gotha, 1795, et Wakefield, Londres, 1795. Elles ont été trad. en vers français par Longepierre, 1686, et en prose par Gail, 1795.

MOSCHUS (Jean), moine grec du VIe s., vécut sous les règnes de Tibère II et de Maurice, et mourut en 620. Il visita la Palestine, la Syrie, l’Égypte, et laissa, sous le titre de Leimon (pré ou verger spirituel), les Vies de saints qu'il avait connus. Ce recueil a été publié dans les collections de Fronton du Duc et de Côtelier et traduit en français par Arnaud d'Andiïïy.

MOSCOU, Moskva en russe, Mosqua en latin moderne, v. de la Russie d'Europe, autrefois capitale de toute la Russie, auj. ch.-l. du gouvt de Moscou, sur la Moskova et 2 autres riv., par 35° 13' long. E., 55° 45 lat. N., à 775 kil. S. E. de St-Pétersbourg et à 2945 kil. N. E. de Paris par Vilna; 400 000 hab. Siége d'un métropolitain grec; consistoire luthérien; cour criminelle, haute cour civile, trib. de commerce; célèbre université, fondée en 1755, et très-fréquentée, avec bibliothèque, musée d'histoire naturelle, cabinet de médailles et de physique, observatoire et imprimerie; institut ou gymnase noble, avec bibliothèque; institut de Ste-Catherine pour les demoiselles nobles; institut Lazareff, avec bibliothèque, typographie et collections; académie grecque, académie impériale de médecine et de chirurgie; école militaire, dite Corps de Cadets de l'armée, écoles de chirurgiens militaires, de vétérinaires, d'arpenteurs, d'architecture, d'agriculture, de commerce, etc. Société des naturalistes, soc. des sciences physiques et médicales, d'histoire et d'antiquités, de littérature, d'économie rurale, etc. Moscou offrait jadis un aspect asiatique qui s'efface chaque jour : elle est encore auj. remarquable par ses innombrables coupoles dorées ou peintes en vert, ses clochers, ses monuments de tous les âges et de toutes les architectures, et par ses 4 quartiers qui forment 4 cercles concentriques : la ville de Terre, la ville Blanche, la ville Chinoise, et au centre le Kremlin, citadelle et anc. palais des czars (V. KREMLIN). Édifices : le Palais-Anguleux dont le revêtement est à facettes), les palais des Antiquités, du Patriarche, du Sénat, les Enfants-Trouvés, le Bazar; la tour d'Ivan le Grand (la plus haute de la ville, et où jadis était une cloche pesant 165 000 kilog.); l'arsenal, le théâtre, la grande salle pour l'exercice des troupes; la cathédrale, les églises St-Michel, N.e-De. de Kazan, de l'Annonciation; celle de Wassili-Blagenoï, bâtie en 1554 en mémoire de la conquête de Kazan, et qui offre toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Superbes places, belles promenades publiques, nombreux canaux et ponts; hôpitaux nombreux et magnifiques. Chemins de fer pour St-Pétersbourg et autres villes. Industrie : velours, satins, taffetas, rubans; draps, chapeaux, papiers peints, passementerie, tanneries, brasseries, etc.; fonderie de canons. Commerce très-actif : Moscou est comme l'entrepôt entre la Russie occidentale d'une part, la Russie d'Asie, l'Asie centrale et la Chine de l'autre. — Moscou n'était qu'un village avant Iouri I (Dolgorouki), qui en fit une ville vers 1147. La chute du grand principat de Kiev par suite de l'invasion mongole (1235), et l'occupation de tout le sud de la Russie par les Tartares de la Horde d'Or, firent prédominer cette ville, en même temps que la ligne des princes de Moscou devenait, à partir d'Iaroslav II (1238), la dynastie des grands princes de Russie ou czars. De 1300 à 1703, elle fut seule la vraie capitale de la Russie. Plusieurs fois elle fut assiégée ou prise : par Olgierd, 1369-70; par Toktamouich, 1382; par Iédigéï, 1408; par Dmitri-Khemiaka, 1445; par les Tartares, 1451 et 1477 ; par Otrepief, 1605 ; par les Polonais, sous la conduite de Ladislas, fils de Sigismond III, 1611; enfin par Napoléon, 1812; mais alors Rostopchin y alluma ce fameux incendie qui consuma la ville presque entière. Moscou commença dès 1814 à se relever de ses ruines; elle est auj. plus belle et plus riche que jamais. St-Pétersbourg, fondée en 1703, lui a ravi le rang de capitale; mais Moscou est restée la ville chérie des Russes, leur ville sainte : c'est là que les czars se font couronner. — On appelle Paix de Moscou un traité signé dans cette ville en 1686, entre la Russie et la Pologne : Sobiesky faisait de grandes concessions à la Russie pour obtenir son appui contre les Tartares et les Turcs.

MOSCOU (Gouvt de), entre ceux de Tver, Vladimir, Riazan, Toula, Kalouga, Smolensk : 235 kil. sur 215 : 25 500 kil. carrés; environ 1 400 000 hab.; ch.-l., Moscou. Beaucoup de riv. (Oka, Moskova, Kliazma, etc.), 109 lacs. Blé, chanvre, lin, houblon, etc. Industrie très-développée : au moins 600 manufactures.

MOSCOVIE. V. RUSSIE.

MOSELLE (la), Mosella, riv. de France et d'Allemagne, naît à Bressang (Vosges), coule au N., au N. O., puis au N. E.; baigne Remiremont, Épinal (Vosges), Toul et Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), Metz et Thionville (Alsace-Lorraine); Trêves, Berncastel, Zall (États-Prussiens), et se jette dans le Rhin par la r. g. à Coblentz. Cours, 500 kil. dont 300 en France. Elle reçoit, à droite, la Meurthe, la Seille, la Sarre, et, à gauche, le Madon, l'Ornes, la Sure et la Kill. On récolte d'excellent vin sur les côtes qui la bordent.

MOSELLE, dép. du N. E. de la France avant 1871, était borné au S. par celui de la Meurtbe, à l'E. par celui du Bas-Rhin, à l'O. par le dép. de la Meuse, au N. par le Luxembourg, la Prusse et la Bavière; 446 457 hab.; 5327 kil. carrés; ch.-l., Metz. Il était formé aux dépens de la Lorraine et des Trois-Évêchés. Ce pays offre des montagnes peu élevées, ramifications des Ardennes et des Vosges; il est arrosé du S. au N. par la riv. qui lui donne son nom, et est sillonné par le chemin de fer de l'Est. Fer, houille, manganèse, grès, quartz, plâtre, chaux, belle pierre de taille, terre à potier et à creusets. Grains, vins, fruits, légumes, chanvre, pommes de terre; quelques bois. Forges et usines à fer (scies, limes, râpes, tôle acier, etc ); sucre de betteraves, huiles, eaux-de-vie, vinaigre; acides minéraux, lainages, toiles, confitures, liqueurs, etc. — Ce dép. avait 4 arr. (Metz. Sarreguemines, Briey, Thionville), 27 cant., et 620 communes; il appartenait à la 5e division militaire, et avait une cour d'appel et un évêché à Metz.

MOSER (J. J.), publiciste, né à Stuttgard en 1701, mort en 1785, professa le droit à Tubingue et à Francfort-sur-l'Oder, et remplit diverses missions politiques. Il eut avec plusieurs princes de l'Allemagne de vifs démêlés qui le dégoûtèrent des affaires; il se livra alors tout entier à l'étude et s'occupa surtout de fixer le droit positif des peuples de l'Europe. Il a publié sur ces matières une foule de volumes, dont on porte le nombre à plus de 500. Les principaux sont : Ancien Droit public de l'Allemagne, 1727; Plan de la constitution moderne de l'Allemagne, 1731; Principes du Droit des nations européennes en temps de guerre, 1752; Essai du plus moderne Droit des peuples d'Europe en paix et en guerre, Stuttgard, 1777-80, 10 vol. in-8, vaste ouvrage auquel il ajouta encore des Suppléments. — Son fils, Frédéric M., 1731-98, conseiller aulique de Hesse-Hombourg, puis administrateur du comté de Falkenstein, enfin 1er ministre et chancelier à Darmstadt, a écrit sur les mêmes matières des ouvrages estimés, entre autres : Devoirs réciproques d'un souverain et de son ministre (trad. par Champigny, 1791); Recueil des recès du Saint-Empire romain.

MOSES. V. MOÏSE.

MOSHEIM (Jean Laurent de), savant théologien protestant, né à Lubeck en 1694, m. en 1765, se fit remarquer de bonne heure par une vaste érudition. Le duc de Brunswick lui donna en 1723 une chaire de théologie à l'Université d'Helmstasdt, chaire qu'il conserva jusqu'en 1747; puis il fut appelé par l'électeur de Hanovre à Gœttingue comme professeur de théologie, avec le titre de chancelier de l'Université; il y resta jusqu'à sa mort. Mosheim a rendu d'incontestables services à l'histoire ecclésiastique, mais il l'a plus d'une fois travestie et ne s'est pas toujours montré juste envers les catholiques. Ses ouvrages principaux sont : les Instituts d'histoire ecclésiastique, en latin, 1726 et 1755, un Essai d'une histoire impartiale des hérétiques, 1748; un recueil de Sermons, 1747, regardés comme des modèles du genre; la Morale de l'Écriture, qui a obtenu plusieurs éditions; une traduction latine de l’Intellectual system de l'Anglais Cudworth, 1738 et 1773, avec d'importantes additions, et une foule de dissertations particulières sur divers points d'histoire ecclésiastique, notamment sur le rapports du Platonisme avec le Christianisme.

MOSKOVA ou MOSKVA, riv. de la Russie d'Europe, prend sa source près de Gjatch, dans le gouvt de Smolensk, coule à l'E., entre dans le gouvt de Moscou, passe à Mojaïsk, Zvenigorod, Moscou; puis se dirige au S. E., et se jette dans l'Oka près de Kolomna; cours, 400 kil. — Sur ses bords, près du village de Borodino, les Français remportèrent sur les Russes une sanglante victoire, le 7 septembre 1812 : le maréchal Ney, qui y avait le plus contribué, reçut à la suite de cette bataille le titre de prince de la Moskova.

MOSLEMAH, capitaine arabe, l'un des fils du calife Abd-el-Mélek, commanda les armées musulmanes sous le règne de ses frères Walid I, Soliman, Yézid II et Hescham, conquit le Pont et l'Arménie (705), assiégea Constantinople en 717, mais sans succès, vainquit Yézid-ibn-Mahleb et les Turcs Khazars, et réduisit le Chirvan. Il m. en 739.

MOSQUITOS, peuplade de l'Amérique centrale, dans le Guatemala oriental, à l'E. de l'État de Honduras, au N. E. de celui de Nicaragua, donne son nom à une vaste baie qui s'étend le long de la Nouv.-Grenade et du Guatemala, et qui a 600 kil. de large sur 270 de profondeur. Ce peuple, jadis nombreux et puissant, mais décimé par l'abus des spiritueux et par les maladies qui en sont la suite, ne compte plus guères que 1000 hommes en état de porter les armes. Il a un roi, qui s'est placé sous la protection de l'Angleterre, ce qui a amené quelques contestations entre les Anglais et divers États d'Amérique.

MOSSOUL, Mausilium, Ninus nova, v. de la Turquie d'Asie (Al-Djézireh), ch.-l. du pachalik de son nom, sur la r. dr. du Tigre, à 370 kil. N. O. de Bagdad; de 40 à 50 000 h., dont env. 10 000 Chrétiens Nestoriens. Résidence d'un patriarche chaldéen catholique. Murs avec fossés et tours, château dans une île du Tigre; rues étroites et sales; maisons en terre pour la plupart; vingt mosquées, dix églises, etc. Bains nombreux. Industrie et commerce assez actifs, mais en décadence. Cette ville a donné son nom à la mousseline; cependant on ne fait, aujourd'hui du moins, qu'y teindre et imprimer en couleur ce tissu, qui vient de l'Hindoustan par Bassora; velours, tapis, sellerie, armes, usines à fer et acier; grand commerce de noix. — Mossoul, ou plutôt le village de Nounia, situé tout auprès, au S. E., occupe en partie l'emplacement de l'anc. Ninive. Elle eut pendant longtemps des sultans particuliers, soumis aux califes; elle fut saccagée à plusieurs reprises : par Saladin, par les Mongols, par Tamerlan. Nadir-Chah l'assiégea vainement en 1741. — Le pachalik, qui comprend l'anc. Mésopotamie, est située entre le Diarbékir au N. et à l'O., l'Irak-Arabi au S., et le Kourdistan turc à l'E.; 150 000 hab., la plupart Kourdes. Il est quelquefois regardé comme une dépendance de celui de Bagdad.

MOSTACFY-BILLAH, calife abbasside de Bagdad, fut mis sur le trône en 944, à la place de son père Mottaky, par l'émir-al-omara Touzoun, et ne fut, comme ses prédécesseurs, qu'un instrument passif entre les mains de ses ministres. Après 16 mois de règne, il fut déposé par le Bouide Moëz ed Daulah, que ses sujets opprimés avaient appelé à leur secours, fut privé de la vue et relégué dans une prison, où il mourut au bout de quatre ans (949).

MOSTADHER-BILLAH, calife abbasside de Bagdad, fils et successeur de Moctady, s'assit sur le trône à 16 ans, en 1094, et mourut en 1118, après un règne de 25 ans. Juste, généreux et ami des lettres, il n'avait cependant point les qualités d'un prince : il subit le joug du turc Barkiaroc. C'est sous son califat que les Croisés s'emparèrent de Jérusalem (1099).

MOSTADY-BIAMR-ALLAH, calife abbasside, succéda en 1170 à son père Mostandjed, et mourut en 1180, après un règne glorieux. Son lieutenant Saladin affranchit l'Égypte du joug des Fatimites, et mit ainsi un terme au schisme qui divisait l'Islamisme.

MOSTAGANEM, Cartenna, v. de l'Algérie (Oran), ch.-l. de division militaire et sous-préfecture, à 1 k. S de la Méditerranée, près de l'embouchure du Chélif, et à 80 k. N. E. d'Oran; 8000 hab. Bon port; citadelle de Matemore. La ville est bâtie en amphithéâtre et divisée en 2 parties par le ruisseau d'Aïn-Sefra. Sol fertile; commerce de fruits secs, céréales, laines, peaux, etc. Tanneries, maroquineries, fabriques de tapis, tissus de laine et bonnets brodés pour les Arabes. Occupée par les Français en 1833.

MOSTAÏN, calife abbasside de Bagdad en 862, fut porté au trône par la milice turque. Il s'abandonna aux conseils de ses favoris, vit ses sujets se soulever plusieurs fois, fut assiégé dans Bagdad par les rebelles, et obligé d'abdiquer en faveur de son cousin Motaz, qui ne tarda pas à le faire périr (866).

MOSTANDJED, calife abbasside de Bagdad, succéda à son père Moctafy en 1160. Il eut d'abord à réprimer la révolte d'un de ses frères; devenu paisible possesseur du trône, il gouverna avec sagesse. Néanmoins, il mourut empoisonné, en 1170.

MOSTANSER, calife abbasside de Bagdad, succéda en 1226 à son père Dhaher, obtint l'amour de ses sujets par sa générosité, protégea les lettres et les arts, et bâtit un fameux collége qui reçut son nom. Il eut, dans ses dernières années, à repousser une invasion des Mongols. Il m. en 1243, à 51 ans.

MOSTANSER (Ahmed), 1er calife abbasside d’Égypte, frère du préc., échappa au massacre de sa famille après la prise de Bagdad par Houlagou, en 1258; se réfugia en Égypte, fut reconnu pour calife par Bibars, qui régnait dans ce pays, et en obtint des secours pour reconquérir Bagdad; mais il échoua et périt en combattant les Tartares, 1260.

MOSTANSER, roi de Tunis en 1249, fut attaqué et vaincu par S. Louis qui mit le siége devant Tunis (1270). Il ne fut sauvé que par la peste, qui ravagea le camp des Français. Après la mort de S. Louis, il obtint la paix de Philippe le Hardi. Il mourut en 1276.

MOSTAR, v. de Bosnie, dans l'Herzégovine, sur la Narenta, à 80 kil. N. O. de Trébigné et à 77 k. S. O. de Bosna-Séraï; 10 000 hab. Évêché grec. Vieux pont romain. Armes damasquinées.

MOSTARCHED, calife abbasside de Bagdad, succéda en 1118 à son père Mostadher. Après avoir réprimé une révolte de son frère, il essaya de s'affranchir de la tyrannie des émirs; mais il fut vaincu et pris par l'un d'eux en 1135, et périt peu après assassiné.

MOSTASEM, dernier calife abbasside de Bagdad, succéda en 1243 à son père Mostanser. Tout entier aux plaisirs, il abandonna le soin des affaires à ses femmes et à ses courtisans. Une querelle religieuse existait alors à Bagdad entre les. Sunnites et les Chyites : Mostasem fit piller les propriétés de ces derniers, que protégeait son visir Mowaïed-Eddin. Celui-ci, pour se venger, appela Houlagou, frère du Khan des Mongols, et lui livra Bagdad. Au milieu du massacre, Mostasem, par le conseil du perfide vizir, se rendit au camp d'Houlagou; mais le roi barbare le retint prisonnier avec ses deux fils et le fit bientôt mettre à mort (1258). Mostasem était âgé de 42 ans et en avait régné 15. En lui s'éteignit la 1re dynastie des Abbassides, qui avait régné à Bagdad 508 ans.

MOSYNÈQUES, Mosynœci, peuple barbare de l'Asie-Mineure, habitait les bords du Pont-Euxin, entre les Chalybes et les Tibaréniens, près des villes grecques de Cérasonte et de Pharnacée. Ils n'avaient pour demeures que des arbres ou de petites tours de bois (d'où leur nom, formé du grec mosyn, tour, et oikos, maison) du haut desquelles ils attaquaient les passants.

MOTADHED, calife abbasside, succéda à son oncle Motamed en 892. Ce prince allia la prudence à la fermeté, maintint les grands dans l'obéissance, diminua les impôts et protégea les savants. Il traita les Alides avec beaucoup de faveur, vainquit les Karmathes, mit fin à la dynastie des Soffarides et répara les désastres causés à la Mecque par l'invasion des Karmathes. Il mourut en 902, après 9 ans de règne.

MOTADY, calife abbasside, fut proclamé à Bagdad en 869, voulut faire des réformes dans les mœurs et la religion et abattre l'insolence de la milice turque; mais il fut au bout de peu de mois attaqué par cette même milice et périt en se défendant bravement, 870.

MOTAMED, calife abbasside de Bagdad, succéda à son cousin Motady en 870. Il régna 23 ans, pendant lesquels il ne prit aucune part aux événements, laissant l'autorité à son frère Mowaffek. Sous son règne, la Perse orientale et l'Égypte se détachèrent du kalifat : l'une se soumit à la dynastie des Soffarides, l' autre à celle des Thoulounides. Il mourut à la suite d’une débauche, en 892, à l'âge de 51 ans.

MOTASSEM, calife abbasside de Bagdad, 4e fils d’Haroun-al-Raschid, régna de 833 à 842 de J.-C, se montra intolérant dans les querelles religieuses. Il créa la milice turque, qui, dans la suite, détrôna les califes, mit à mort le sectaire Babek, chef des Ismaéliens, qui s’était révolté (837), repoussa l’emp. Théophile et tua 30 000 hommes de son armée. Il fonda la ville de Sermenraï et en fit sa résidence.

MOTAWAKKEL, dernier calife abbasside d’Égypte, était sous la domination du mamelouk Kansou-al-Ghaury ; il combattit avec lui l’empereur des Turcs Sélim I (1516), mais il fut fait prisonnier et forcé de renoncer à tous ses droits. Il resta 4 ans captif à Constantinople, et revint ensuite en Égypte, où il mourut en 1538. En lui s’éteignit définitivement le titre de calife, que sa famille avait possédé 800 ans.

MOTAWAKKEL-BILLAH, calife abbasside, régna à Bagdad de 847 à 861, soumit les Chrétiens et les Juifs aux plus cruelles avanies, se déclara l’ennemi d’Ali et de sa postérité, et défendit le pèlerinage à son tombeau. Son propre fils le fit périr, de concert avec la milice turque.

MOTAZ, calife abbasside de Bagdad (866-869), remplaça son cousin Mostaïn, forcé d’abdiquer, et ne tarda pas à le faire périr. Il tenta de s’affranchir de la tutelle de la milice turque : ayant échoué, il voulut abdiquer pour avoir la vie sauve, mais il fut plongé dans un cachot, où on le laissa mourir de faim.

MOTAZALITES, sectaires mahométans, qui se rattachent à la secte d’Ali, soutiennent que Dieu ne possède point d’attributs qui soient séparés de son essence, que le Coran n’est point incréé ni éternel, et rejettent la prédestination.

MOTIERS ou MOTIERS-TRAVERS, vge de Suisse (Neuchâtel), dans le Val de Travers, à 22 k. S. O. de Neuchâtel. J. J. Rousseau l’habita de 1762 à 1765 : c’est là qu’il écrivit ses Lettres de la Montagne.

MOTIN (Pierre), poëte médiocre, né à Bourges, m. vers 1615, a laissé quelques pièces de vers que l’on trouve dans les recueils du temps. Boileau a dit de lui, dans son Art poétique (IV, v. 39 et 40) :

J’aime mieux Bergerac et sa burlesque audace
Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.

MOTRIL, Firmum Julium, v. d’Espagne (Grenade), à 58 k. S. E. de Grenade et à 8 k. E. de Malaga, non loin de la mer ; 12 000 hab. Port sur la Méditerranée. Canne à sucre, rhum, salpêtre ; mines de plomb.

MOTTAKY, calife abbasside de Bagdad, succéda à son frère Radhi en 940. Voulant s’assurer l’affection et la fidélité de la milice turque, il donna la charge d’émir-al-omra à Touzoun, l’un des chefs de cette milice ; mais celui-ci finit par le déposer et lui fit crever les yeux (944).

MOTTEVILLE (Françoise BERTAUT, dame de), née en Normandie vers 1621, m. en 1689, était fille d’un gentilhomme de la chambre du roi et d’une dame espagnole attachée à la reine Anne d’Autriche, et nièce du poëte Bertaut. Elle s’attacha dès sa jeunesse à la reine Anne, fut disgraciée par le cardinal de Richelieu, se retira en Normandie, où elle épousa en 1639 Langlois de Motteville, 1er président de la Chambre des Comptes, et resta veuve au bout de deux ans. Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, elle fut rappelée par Anne d’Autriche, devenue régente, qui en fit sa confidente intime. Elle était en outre liée avec les femmes plus distinguées de l’époque, notamment avec Mme de Sévigné et Mme de La Fayette. Mme de Motteville a laissé des Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche, qui renferment de précieux renseignements sur la vie privée de la reine et sur la Fronde. Ils sont écrits avec beaucoup de sincérité, de grâce et d’esprit, mais un peu prolixes. Ces Mémoires ne parurent qu’en 1723 à Amst., en 6 vol. in-12 : ils ont été réimprimés dans les Mémoires relatifs à l’histoire de France. Une nouvelle édition en a été publiée en 1855, avec des notes de M. Riaux et une Notice de M. Ste-Beuve, Paris, 4 vol. in-12.

MOTTRA, v. de l’Inde. V. MATHOURA.

MOTYA, v. et port de la Sicile ancienne, sur la côte O., au S. du cap Drepanum, dans une île voisine de la terre ferme, à laquelle l’unissait une chaussée. Elle était jadis florissante par son commerce. Dans les guerres des Carthaginois et des Siciliens, elle embrassa le parti des premiers. Denys l’Ancien s’en empara en 392 av. J.-C. ; elle fut bientôt après reprise par le Carthaginois Himilcon, qui, désespérant de la défendre, en transporta les habitants à Lilybée. Elle est restée depuis abandonnée.

MOUÇA ou MOUSA. V. MOUSA, IMAM et MAHOMET I.

MOUCHERON (Frédéric), paysagiste hollandais, dit l’Ancien pour le distinguer de son fils, né à Embden en 1633, de réfugiés français, m. en 1686, vint à 22 ans habiter Paris, où il composa un grand nombre de jolis tableaux, d’après les sites que lui offraient les environs si pittoresques de cette ville, retourna dans son pays natal après une longue absence et choisit Amsterdam pour résidence. Il se distingue par la vivacité du coloris, les teintes claires des premiers plans, la brume des lointains, la délicatesse des feuillages, la grâce et la liberté de la touche. Il peignait médiocrement les figures : il avait recours pour cette partie à Helmbreker, à Adrien Van de Velde ou à Jean Lingelbach. Il a fait aussi beaucoup de dessins à l’encre de Chine. — Son fils, Isaac M., dit le Jeune, né à Amsterdam en 1670, m. en 1734, peignit également le paysage. Sa couleur est harmonieuse et transparente, il rend très-bien la perspective et l’architecture. Isaac était en outre bon graveur : il a gravé le paysage ; ses planches se font remarquer par une pointe très-délicate.

MOUCHY (Ant. de), dit Demochrès, docteur en Sorbonne et chanoine de Noyon, né près de Compiègne, m. à Paris en 1574, se rendit célèbre par son zèle contre les Réformés, fut nommé inquisiteur de la Foi. Il assista au concile de Trente. Selon Mézeray, ce serait de son nom qu’on aurait appelé mouchards les espions qu’il employait à découvrir les sectaires.

MOUCHY (Phil. DE NOAILLES, duc de), maréchal de France, 2e fils d’Adrien Maurice de N., né en 1715, fit avec distinction toutes les campagnes de Louis XV. Gouverneur de Versailles lorsqu’éclata la Révolution, il honora sa vieillesse par son dévouement : il était près de Louis XVI au 20 juin 1792, et s’efforça, bien qu’affaibli par l'âge, de repousser les outrages adressés à son maître. Arrêté en 1794, il périt sur l’échafaud, avec son épouse, Anne d’Arpajon. Il avait 79 ans.

MOUÇON. V. MOUZON.

MOUDANIEH, Apamée de Bithynie ? v. et port de la Turquie d’Asie (Kodavendkiar), ch.-l. de livah, à 31 k. N. O. de Brousse, sur le golfe de Moudania, Cianus sinus ; 10 000 hab. Environs délicieux.

MOUDON, Minidunum, v. de Suisse (Vaud), sur la Broye, à 25 kil. N. E. de Lausanne ; 2500 hab. Vieille tour carrée ; ruines romaines. Longtemps capitale du pays de Vaud, elle déchut quand ce pays eut passé sous la domination bernoise, en 1536.

MOUHY (Ch. DE FIEUX, chevalier de), romancier, né à Metz en 1702, m. en 1784, est auteur d’un grand nombre de romans : la Paysanne parvenue, 1735 ; la Mouche, ou les Aventures de Bigand, 1?36 ; Mille et une Faveurs ; le Masque de fer, 1747. On a aussi de lui un Abrégé de l’histoire du théâtre français, 1780, et un Dictionnaire dramatique, 1783 : ces deux derniers ouvrages sont malheureusement pleins d’inexactitudes et d’omissions. Mouhy fut quelque temps le correspondant rétribué de Voltaire a Paris.

MOUKDEN ou FOUNG-THIAN, v. de l’empire chinois, dans la Mandchourie, capit. de la prov. de Ching-King, à 600 k. E. N. E. de Péking, par 41° 50′ lat N. et 121° 18′ long. E. On lui donne 15 k. de circuit. Les derniers souverains Mandchoux y résidaient. Magnifique mausolée de Choun-tchi, l’un des premiers empereurs de cette dynastie. MOUKTAR, chefs chargés en Turquie de la police intérieure d’un quartier, et de l’exécution des ordres transmis par les autorités administratives. C’est une espèce de commissaire de police.

MOULEI ou MOULEY. V. MULEI.

MOULIN et mieux MOULINS (Aug.), membre du Directoire, né en 1752 a Caen, m. en 1810, appartenait en 1789 au corps des ponts et chaussées. Il s’enrôla en 1791 dans un bataillon de volontaires parisiens, devint promptement adjudant de la garde nationale de Paris et général de brigade, fut employé comme général de division en Vendée, puis à l’armée des Côtes-du-Nord et à celle des Alpes, dont il eut en 1794 le commandement en chef. Appelé à Paris pour commander la 1re division militaire, il fut, au 30 prairial an vu (20 juin 1799), porté au Directoire en remplacement de La Réveillère, éliminé par le conseil des Cinq-Cents. Il fit partie de la minorité républicaine et s’opposa avec Gohier, mais inutilement, au coup d’État du 18 brumaire. Néanmoins, il finit par se rallier à l’Empire et reprit du service ; il fut chargé en 1807 du commandement de la place d’Anvers.

MOULIN. V. MOLIN et DUMOULIN.

MOULINES (Guill.), littérateur, d’origine française, né à Berlin en 1728, m. en 1802, remplit d’abord les fonctions de pasteur protestant, puis fut résident du duc de Brunswick à Berlin, et enseigna la philosophie au prince royal de Prusse. On lui doit des traductions d’Ammien Marcellin, Berlin, 1775, et de l’Histoire d’Auguste, 1783.

MOULINS, Molinæ au moyen âge, ch.-l. du dép. de l’Allier, sur la r. droite de l’Allier, à 288 kil. S. E. de Paris par la route, 341 k. par chemin de fer ; 17 581 h. Évêché suffragant de Sens ; trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école normale. C’est une assez belle ville, et où l’on remarque surtout les promenades extérieures, plusieurs places plantées d’arbres, le nouvel hôtel de ville, la caserne de cavalerie, le pont sur l’Allier, le théâtre, l’anc. couvent de la Visitation (auj. lycée), qui renferme le mausolée du maréchal Henri II de Montmorency, l’église du Sacré-Cœur. Sociétés d’économie rurale, des sciences naturelles et des arts ; bibliothèque, musée, pépinière départementale. Chemin de fer. Coutellerie renommée, clouteries, couvertures de laine et autres, etc. Commerce de vins, grains, bois, bétail. Aux env., eaux minérales. Résidence des ducs de Bourbon. Pat. de Lingendes, de Villars. — La ville s’est formée autour d’un château que les sires de Bourbon élevèrent en ce lieu au Xe siècle, et qui devint leur principale résidence ; il ne reste de ce château qu’une tour dite la Mal-Coiffée, qui sert de prison. — Quelques auteurs ont cru, mais à tort, que Moulins occupait l’emplacement de l’anc. Gergovia Boïorum ; elle doit son nom moderne aux nombreux moulins à eau établis sur les bords de l’Allier. Moulins devint au XIVe s. la capitale du Bourbonnais et de tout le duché de Bourbon. Catherine de Médicis y convoqua en 1566 une célèbre assemblée de notables, à la suite de laquelle fut rendue, sur la demande du chancelier L’Hôpital, l’ordonnance dite de Moulins : cette ordonnance ôtait aux gouverneurs de province le droit de lever les impôts sans l’autorisation du roi, déclarait le domaine royal inaliénable, fixait le mode de nomination et d’examen des juges, régularisait la hiérarchie des tribunaux, réformait la procédure, et reconnaissait aux parlements le droit de remontrances.

MOULINS-ENGILBERT, ch.-1 de c. (Nièvre), à 15 kil. S. O. de Château-Chinon, au pied des mont. du Morvan ; 1500 h. Anc. fortifications, auj. en ruines ; église paroissiale de St-Jean, avec souterrains communiquant à un ancien château. Chapeaux, grosse draperie ; poteries, tanneries. Aux env., mines de fer, carrières, belles forêts. — Cette ville eut jadis des seigneurs particuliers du nom d’Angiber (d’où, par corruption, celui d’Engilbert), fut prise en 1471 par Charles le Téméraire, et en 1475 par le duc de Bourbon.

MOULINS-LA-MARCHE, ch.-l. de c. (Orne), à 20 k. N. E. de Mortagne ; 900 hab. Source minérale.

MOULOUIA, Malva, Malvana, Molochat ou Mulucha, riv. du Maroc (Fez), naît dans l’Atlas par 31° 54' lat. N., coule au N. E. et tombe dans la Méditerranée à l’E. S. E. de Melilla ; après un cours d’env. 460 kil. Elle est souvent à sec en été.

MOULTAN, prov. de l’Indoustan anglais, à l’E. du Beloutchistan et du Kaboul, a 840 k. sur 400, compte 1 400 000 h. et a pour ch.-l. Moultan. Elle est arrosée par le Sindh, le Setledje, le Tchennab et le Ravei. Assujettie aux Seikhs dep. 1818, elle a été annexée en 1849 aux possessions anglaises. — La v. de Moultan, Urbs Mallorum, sur la r. g. du Tchennab, près de sa jonction avec le Ravei, est à 300 k. S. O. de Lahore. Elle compte env. 70 000 h. (100 000 suivant quelques voyageurs). Hautes murailles, citadelles ; quelques bâtiments remarquables, beau temple hindou. Université musulmane. Manufactures de soie et de fort beaux tapis. Tombeaux de deux saints mahométans. — Moultan est une des plus anciennes villes de l’Inde. Elle a eu longtemps son radjah particulier, puis elle passa sous la domination des souverains de Delhi ; elle leur fut enlevée par Tamerlan. Depuis, les Mahrattes, les Afghans, les Seikhs l’ont dévastée ; soumise aux Seikhs depuis 1818, elle leur fut enlevée par les Anglais en 1849.

MOUNIER (J. Joseph), né à Grenoble en 1758, m. en 1806, suivit d’abord la carrière du barreau, fut élu en 1788 secrétaire des États du Dauphiné et en 1789 député aux États généraux. L’un des premiers il y développa le projet d’une constitution destinée à concilier les droits de la nation avec ceux du roi et il se montra constamment l’ami d’une sage liberté. Il était président de l’assemblée aux 5 et 6 octobre 1789, et déploya dans cette circonstance une grande fermeté, tenant tête aux factieux au péril même de sa vie. En 1790 il quitta la France, se retira en Suisse, puis en Angleterre, et de là à Weimar où il établit une maison d’éducation. Rentré en France après le 18 brumaire (1799), il devint préfet d’Ille-et-Vilaine, puis conseiller d’État (1805). On a de lui : Considérations sur le gouvernement qui convient à la France, 1789 ; Recherches sur les causes qui ont empêché les Français de devenir libres, 1792 ; De l’influence attribuée aux philosophes, aux francs-maçons et aux Illuminés sur la Révolution, 1801. — Son fils, Phil. Édouard, 1784-1843, fut intendant de la principauté de Saxe-Weimar en 1807, puis secrétaire de Napoléon, intendant des bâtiments de la couronne, conseiller d’État, se rallia aux Bourbons en 1814, présida en 1817 la commission mixte chargée de liquider les créances étrangères, suivit le duc de Richelieu au congrès d’Aix-la-Chapelle an 1818, devint pair de France en 1819 et directeur général de l’administration départementale en 1821. Il se tint à l’écart sous le gouvernement de 1830.

MOUNIN (archipel), en Polynésie, se compose de 4 groupes, dits groupes de Mounin-Sima, M.-Volcanique, M.-Oriental, M.-Occidental. Le groupe de Mounin-Sima, placé vers 139° long. E. et 27° lat. N., se compose de 89 îlots habités par des Japonais. — La plus grande partie de cet archipel répond à l’Archipel de Magellan de quelques cartes récentes.

MOUNIS, nom donne chez les Hindous aux pieux solitaires, aux savants, aux poëtes dont les écrits passent pour inspirés.

MOUNT-VERNON, nom de plusieurs lieux des États-Unis. Le plus connu est en Virginie, sur la rive occid. du Potomak, à 8 k. au-dessous d’Alexandrie : il renferme l’habitation et le tombeau de Washington.

MOURAD-BEY, l’un des chefs des mamelouks qui commandaient en Égypte lors de l’expédition des Français, était né en Circassie vers 1750. Il s’empara dès 1776 de toute l’autorité en Égypte, conjointement avec Ibrahim, et tous deux se rendirent indépendants de la Porte. Ils commirent toutes sortes d’extorsions, et le consul français lui-même eut à subir de leur pari plusieurs insultes ; ce fut là l'occasion de l'expédition française (1798). A l'arrivée de Bonaparte, Mourad, abandonne d'Ibrahim, eut à supporter seul le fardeau de la guerre : toujours vaincu, il reparaissait toujours avec des forces nouvelles. Enfin il négocia avec Kléber, qui lui laissa le gouvernement de la Hte-Égypte. Mourad dès lors garda une fidélité inviolable aux Français, et leur fournit même des secours contre les Turcs. Il mourut de la peste en 1801.

MOURAD, sultan des Ottomans. V. AMURATH.

MOURADGEA D'OHSSON, diplomate suédois, né à Constantinople en 1740, m. à Paris en 1801, était fils du consul de Suède à Smyrne, mais originaire d'Arménie. Après avoir été longtemps interprète de l'ambassade de Suède, il devint en 1782 chargé d'affaires, puis ministre de cette puissance près de la Porte. Il entreprit de faire connaître la civilisation des Turcs, et, après avoir amassé dans ce but d'amples matériaux, vint se fixer à Paris pour rédiger son ouvrage. La 1re partie parut dans cette ville sous le titre de Tableau général de l'empire ottoman, 2 v. in-f., 1787-90; une 2e partie fut publiée en 1804 sous le titre de Tableau historique de l'Orient, 2 v. in-8; un 3e vol. du Tableau de l'empire ottoman a été publié en 1821 par les soins du fils de l'auteur. — Ce fils, Constantin M., né à Constantinople en 1779, mort en 1852, fut ministre de Suède à La Haye, puis à Berlin. Il a laissé lui-même des ouvrages estimés : Des peuples du Caucase et des pays au N. de la mer Noire et de la mer Caspienne, Paris, 1828 ; Hist. des Mongols depuis Tchinguis-Khan, Amst., 1835 et 1852.

MOURAVIEF (Michel Nikitisch), poëte, historien et philosophe russe, né à Smolensk en 1757, m. en 1807, servit comme officier supérieur dans la garde impériale, fut choisi par Catherine II pour instituteur de ses petits-fils Alexandre et Constantin et fut nommé par l'empereur Alexandre Ier sénateur, conseiller privé, puis adjoint du ministre de l'instr. publ., et enfin curateur de l'Université de Moscou. Ses Œuvres ont été recueillies à St-Pétersbourg, 1820, 3 vol. in-8.

MOURAWIEF (Nicolas, prince de), général russe, né à Moscou en 1794, m. en 1866, s'est surtout distingué dans les guerres de Perse (1828), de Pologne (1831), et du Caucase (1855).

MOURCHED-ABAD, v. de l'Inde anglaise (Bengale), ch.-l. de district, sur le Gange, à 180 k. N. de Calcutta ; env. 160 000 hab. (elle était jadis encore plus peuplée). Fabriques de toiles, de châles, d'étoffes de soie. — Cette ville, primitivement nommée Mokjous-Abad, reçut son nom actuel du nabab Mourched-Kouly-Khan; elle fut de 1704 à 1757 la capitale du Bengale et la résidence du dernier nabab. En 1742 elle fut pillée par les Mahrattes : depuis, elle a beaucoup perdu de son importance.

MOURZOUK, v. de l'Afrique sept., capit. du Fezzan, par 13° 32' long. E., 25° 54' lat. N., à 800 kil. S. de Tripoli ; env. 3000 hab. Murs hauts, épais ; 7 portes ; château fort, résidence du sultan ; 16 mosquées, grandes places où parquent les chameaux des commerçants. Quelque industrie (forgerons, bijoutiers, tanneurs, tisserands). Mourzouk est le rendez-vous des caravanes qui vont de l'Égypte à Tripoli, et de Bournou à Kachena. Il n'y pleut jamais : la chaleur y est extrême : le thermomètre varie de 56° à 60° cent.

MOUSA, iman. V. IMAM et IMAN-MOUÇA.

MOUSA-BEN-NASSER, général du calife Walid I, fut nommé par ce prince vice-roi de l'Afrique en 705. Invoqué par le comte Julien (710), il envoya en Espagne son lieutenant Tarik qui enleva aux Visigoths la plus grande partie de leurs possessions, puis il passa lui-même dans ce pays, en acheva la conquête, franchit même les Pyrénées, et s'avança en France jusqu'aux portes de Carcassonne. Rappelé à Damas en 716, comme coupable d'injustice envers son lieutenant Tarik, dont il était jaloux, il fut condamné à une amende de 200 000 ducats d'or (env. 2 millions de francs), battu de verges, puis exilé à la Mecque, où il mourut en 718.

MOUSCRON, v. de Belgique (Flandre occid.), sur la frontière de France, à 12 kil. S. de Courtray et à 7 k. de Tourcoing ; 7000 h. Point de jonction des chemins de fer conduisant à Courtray, à Tournay et à Lille. Filatures, teintureries, huileries, etc.

MOUSQUETAIRES, troupe d'élite sous les anciens rois de France. V. cet article au Dict. univ. des Sciences.

MOUSTAPHA. V. MUSTAPHA.

MOUSTIERS. V. MOUTIERS.

MOUTHE, ch.-l. de c. (Doubs), à 24 kil. S. O. de Pontarlier ; 900 h. Fromages dit de Gruyère.

MOUTIER, MOUTIERS, MOUSTIERS, corruption de Monasterium, nom d'un grand nombre de villes, qui se formèrent autour de monastères.

MOUTIERS, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), à 38 kil. S. de Digne, au pied de rocs élevés ; 1000 hab. Chapelle de Ne.-De.-de-Beau-Vezer; belles cascades. Étoffes de laine, faïence, papeteries. Ce bourg s'est formé autour d'un monastère de Servites.

MOUTIERS-EN-TARENTAISE, Darantasia ou Centronum civitas, ch.-l. d'arr. (Savoie), à 40 kil. E. S. E. de Chambéry ; 1692 hab. Collége, école de mineurs. Aux env., mines de plomb et salines. Patrie d'Innocent V. Évêché créé au IVe s., érigé en archevêché au IXe, ramené au rang d'évêché en 1827. Ville jadis fortifiée ; ses remparts furent détruits en 1336. Réunie à la France en 1860 avec le reste de la Savoie,

MOUTIERS-LES-MAUFAITS (les), ch.-l. de c. (Vendée), à 26 kil. E. des Sables-d'Olonne ; 500 hab.

MOUTON (le général), comte de Lobau. V. LOBAU

MOUTON-BLANC (Dynastie du), dynastie turcomane, ainsi nommée parce qu'elle portait sur ses étendards l'effigie d'un mouton blanc, fut la rivale de celle du Mouton-Noir, la remplaça en Perse en 1468, et fut à son tour renversée en 1499 par celle des Sophis. Pour les princes de cette dynastie, V. PERSE.

MOUTON-DUVERNET (le baron Barthélemy), né au Puy en 1769, se distingua dans les guerres de l'Empire et fut promu général de division en 1813. Membre de la Chambre des Députés en 1815, pendant les Cent-Jours, gouverneur de Lyon le 2 juillet de la même année, il fut proscrit à la rentrée des Bourbons, arrêté en mars 1816, traduit devant un conseil de guerre et fusillé à Lyon le 19 juillet.

MOUTONNET-CLAIRFONS, littérateur, né au Mans en 1740, mort en 1803, occupait un emploi dans les Postes à Paris. On a de lui des traductions estimées des poésies d’Anacréon, de Sapho, de Bion, de Moschus, des Baisers de Jean Second, et un poëme plaisant sur le chat, intitulé la Galéide, 1798.

MOUTON-NOIR (Dynastie du), dynastie de princes Turcomans, ainsi nommée parce qu'elle portait un mouton noir peint sur ses étendards. Ils envahirent en 1407 la Perse où les Ilkhaniens disputaient l'empire aux descendants de Tamerlan ; ils furent renversés en 1468, par les Turcomans du Mouton-Blanc.

MOUY, ch.-l. de cant. (Oise), sur le Thérain, à 10 kil. S. O. de Clermont ; 2800 h. Draps pour les troupes, filature de laine, papeterie. Pierres de taille.

MOUZAIA, mont. de l'Algérie, située dans la première chaîne de l'Atlas, entre Blida et Médéah, à 1560m au-dessus de la mer. Riches mines de fer et de cuivre; chênes-liéges. Au pied de la montagne est un défilé fort dangereux connu sous le nom de Teniah de Mouzaïa, qui fut forcé par les Français en 1840.

MOUZON, ch.-l. de cant. (Ardennes), sur la r. dr. de la Meuse, à 17 kil. S. E. de Sedan ; 2000 hab. Drap, serges, filature de laine. — Antique domaine donné par Clovis II à l'évêché de Reims. La ville, autrefois fortifiée, fut souvent prise et reprise : Turenne la prit et la démantela en 1653. Elle avait jadis une riche abbaye de Bénédictins.

MOXOS, peuple indigène de la Bolivie, dans le dép. de Sta-Cruz de la Sierra, habite dans les vallées des Andes, par 12° 18" lat. S. et 63° 71' long. O., et est séparé du Brésil par le Guaporé. Il avait donné son nom à un département du Ht-Pérou. Les Jésuites y eurent jadis une mission. MOY, ch.-l. de cant. (Aisne), sur l’Oise, à 12 kil. S. S. E. de St-Quentin ; 1400 hab. Toiles.

MOYA (Pierre de), peintre d’histoire et de genre, né en 1610 à Grenade, m. en 1666, avait étudié à Séville. Il quitta les pinceaux pour l’épée et alla servir en Flandre ; mais la vue des chefs-d’œuvre qu’il rencontra dans ce pays réveilla son goût pour la peinture : il se transporta à Londres pour y recevoir les leçons de Van Dyck et se fit une manière mixte qui, à son retour en Espagne, frappa ses compatriotes et Murillo lui-même. Comme les peintres flamands, Moya est un réaliste, qui prend la nature et l’observation, pour guides exclusifs. Séville et Grenade renferment ses principales toiles.

MOYEN ÂGE, nom donné, en histoire, à la période qui s’étend entre les temps anciens et les temps modernes. V. l’article MOYEN ÂGE dans notre Dict. univ. des Sciences.

MOYENNEVILLE, ch.-l. de cant. (Somme), à 8 kil. S. O. d’Abbevilie ; 1200 hab.

MOYENVIC, ch.-l. de cant. (Meurthe), sur la Seille, à 6 kil. S. E. de Château-Salins, à 2 kil. E. de Vic ; 1500 hab. Salines considérables. Jadis place forte.

MOYEUVRE-LA-GRANDE, bourg de France (Moselle), au confluent du Conroy et de l’Ornes, à 15 kil. S. O. de Thionville ; 2000 hab. Hauts fourneaux à l’anglaise, cylindres à cannelure, feux d’affinerie, aciérerie, machines à vapeur, etc.

MOYOBAMBA, v. du Pérou (Livertad), sur le Moyobamba, à 400 kil. E. N. E. de Truxillo, 4000 hab. Fabrique de tucoyas (étoffe de coton grossière). — Le Moyobamba coule à l’E. et tombe dans le Huallaga après 400 kil. de cours.

MOZABITES ou BÉNI-MZAB, peuple de l’Algérie, dans le Belad-el-Djérid, à l’entrée du désert, à 20 journées au S. E. d’Alger, a pour ville principale Gardaïa. Ils ont une langue à part et une religion particulière, issue de l’Islamisme, mais plus rigoureuse. Ils émigrent en grand nombre à Alger et dans les autres villes de l’Algérie, et y forment une corporation qui a le monopole des bains maures ; ils exercent aussi le métier de boucher, font le commerce, et sont les intermédiaires entre Alger et l’intérieur de l’Afrique.

MOZAMBIQUE, contrée de l’Afrique orientale, qui donne son nom à une capitainerie générale des Portugais, s’étend de 10° 15′ à 25° 15′ lat. S., du cap Del Gado au N. à la baie de Lorenzo-Marquez au S. ; env. 280 000 h. Elle est subdivisée en sept capitaineries : Mozambique, Querimbe, Quilimane, Sena, Sofala, Inbambane, Bahia-de-Lorenzo-Marquez, et a pour ch.-l. général la ville de Mozambique. Vastes forêts pleines d’éléphants (d’où un grand commerce d’ivoire). Climat malsain. Nombreuses mines d’or, surtout à Zumbo. Sol très-fertile (riz, millet, fruits, etc.). La souveraineté du Portugal sur ces contrées est presque vaine : les peuplades qui les habitent sont gouvernées par leurs propres chefs.

MOZAMBIQUE, capitale de la capitainerie général de Mozambique, sur une petite île de même nom, par 38° 20′ long. E., 15° 1′ lat. S. ; env. 8000 hab. Port et citadelle ; palais du capitaine général ; évêché. Commerce actif en ivoire, écaille, piment, médicaments, baume, ambre gris, gomme, peaux de tigre, etc. ; on y faisait, il y a peu de temps encore, un grand commerce d’esclaves. — Vasco de Gama aborda sur la côte de Mozambique en 1498, mais il fut obligé de fuir : ce n’est qu’en 1508 que les Portugais, conduits par Albukerque, y bâtirent un fort et y établirent un comptoir.

MOZAMBIQUE (Canal de), grand bras de la mer des Indes, entre la côte orientale d’Afrique à l’O. et l’île de Madagascar à l’E., côtoie l’État de Mozambique et a 900 k. de long. Navigation dangereuse.

MOZARABES (c.-à-d. Arabes mélangés), nom que donnèrent les Maures aux chrétiens d’Espagne qui consentirent à vivre sous leur domination, tout en conservant leur religion et leurs lois. — On appelait rit mozarabique la liturgie en usage chez ces chrétiens ; cette liturgie avait été arrangée au VIe s. par S. Léandre, archevêque de Séville,, et complétée par S. Isidore. Ce rit fut remplacé en 1056 par le rit romain.

MOZART (Wolfgang), grand compositeur allemand, né à Saltzbourg en 1756, mort en 1791, avait pour père Léopold Mozart, habile violoniste, 2e maître de chapelle de la cour de Saltzbourg. Prodige de précocité, le jeune W. Mozart n’avait pas encore 8 ans quand il toucha l’orgue à la chapelle de Versailles : il se montra, dès lors, l’égal des grands maîtres. Il fit successivement l’admiration de l’Angleterre, des Pays-Bas, de la Hollande et de l’Italie. Après avoir fait quelque séjour à Paris, il quitta la France mécontent du goût des Français, et s’attacha à l’empereur Joseph II, Il n’avait pas 36 ans, lorsqu’il succomba à la phthisie, épuisé par le travail. Mozart a composé dans tous les_ genres et excellé dans chacun d’eux ; il était aussi supérieur comme exécutant que comme compositeur : il a créé une école de pianistes. Il excella surtout dans la musique dramatique : ses opéras sont presque tous des chefs-d’œuvre. Les principaux sont : Mithridate, 1770 ; Lucio Silla, 1773 ; la Finta Giardiniera, 1774 ; Idominée, 1781 ; l’Enlèvement du Sérail, 1782 ; les Noces de Figaro, 1786 ; Don Juan, 1787 ; la Flûte enchantée, 1791 ; la Clémence de Titus, 1791. On n’admire pas moins ses symphonies et sa musique d’église, notamment son Requiem, qui fut pour lui le chant du cygne : il se persuada, en composant cet admirable morceau, qu’il travaillait pour ses propres funérailles, et cette idée fixe hâta, dit-on, sa mort. Ce grand artiste avait une force de conception prodigieuse et une facilité non moins étonnante : il composait de mémoire et jamais au piano ; quand il avait mûri ses idées, il les jetait sur le papier avec une sorte de fougue. Mozart se distinguait par une sensibilité exaltée et par une piété vive. Sa Biographie a été écrite en allemand, par Nissen, Leips., 1828, et d’une manière plus complète par Otto Jahn, 1858-60. M. l’abbé Goschler a donné en français : Mozart, Vie d’un artiste chrétien au XVIIIe siècle, extraite de sa correspondance authentique, Paris, 1857. Une statue en bronze, œuvre de Schwanthaler, lui a été érigée dans sa ville natale en 1841.

MOZDOK, v. de la Russie méridionale (Caucase), sur le Terek, à 225 kil. S. E. de Stavropol ; 4000 hab. Elle termine la ligne militaire formée le long du Caucase. Maroquins, eau-de-vie, vers à soie.

MQUINWARI ou KAZBEK, un des plus hauts sommets du Caucase, sur la limite des gouvts de Tiflis et de Stavropol, à 115 kil. N. O. de Tiflis, par 12° 28′ lat. N. et 41° 55′ long. E., a 5045m de hauteur.

MUCIEN, M. Licinius Crassus Mucianus, général et ami de Vespasien, aida puissamment ce prince à renverser Vitellius et à monter sur le trône. Vespasien lui laissa en reconnaissance une grande autorité dans Rome, mais il en abusa quelquefois. Il fut plusieurs fois consul, en 52, 70, 74 après J.-C.

MUCIUS (famille des), illustre maison plébéienne de Rome, dont les membres portaient le surnom de Scævola en mémoire du fameux guerrier Mucius Scævola, est célèbre surtout par les habiles jurisconsultes qu’elle produisit. V. SCÆVOLA.

MUCY-L’ÉVÊQUE. V. MUSSY.

MUFTI, nom donné dans la religion musulmane aux docteurs de la loi, à tous ceux qui sont de droit les interprètes du texte et des pensées du Coran. Le Grand mufti, dit Cheik-ul-lslam, réside à Constantinople. Il est à la fois le chef suprême des gens de loi et des ulémas (prêtres) ; ses ordonnances, appelées fetfas, sont aveuglément exécutées. C’est le mufti qui ceint l’épée au sultan à son avènement. — Outre ce chef suprême, chaque ville a son mufti particulier.

MUGRON, ch.-l. de c. (Landes), près de la r. g. de l’Adour, à 17 k. O. de St-Sever ; 694 h. Vin, eau-de-vie.

MUHL, riv. de l’archiduché d’Autriche (Pays au-dessus de l’Ens), naît sur les frontières de la Bavière et de la Bohême, et se jette dans le Danube près de Neuhaus, après un cours de 60 kil. — Elle a donné son nom à un cercle de la Hte-Autriche, entre la Bohême au N., le Manhartsberg sup. à l'E., le Danube au S., la Bavière à l'O. : 220 000 hab. ; ch.-l., Lintz.

MUHLBERG, v. des États prussiens (Saxe), sur l'Elbe, à 84 k. E. de Mersebourg ; 3000 h. Château. Drap, bonneterie, toile, gants. Commerce de grains, houblon, etc. Près de cette ville, Charles-Quint défit, le 24 avril 1547, l'électeur Jean-Frédéric de Saxe, qui était à la tête du parti protestant.

MUHLDORF, v. de Bavière (Isar), sur la r. g. de l'Inn, à 75 kil. N. E. de Munich ; 1600 hab. Ruines d'un château. Il s'y livra en 1322 une célèbre bataille entre les deux compétiteurs à l'empire, Louis V et Frédéric le Beau : ce dernier fut battu et pris.

MUHLHAUSEN, v. des États prussiens (Saxe), sur l'Unstrutt, à 53 kil. N. O. d'Erfurt ; 2000 hab. Étamines, drap de ras, chapeaux, tanneries ; bière, eau-de-vie de grains. Longtemps ville libre et impériale ; cédée à la Prusse en 1802. — V. MULHOUSE.

MUHR, riv. des États autrichiens, naît dans la Hte-Autriche, sort du mont Schrœdenhorn (versant sept, des Alpes Noriques), arrose la Styrie, entre en Hongrie avec le Graetz, et s'unit à la Drave par la r. g., près de Neograd. Cours, 450 kil.

MULCIBER (c.-à-d. Forgeron), surnom de Vulcain,

MULEY-ABDEL-MÉLEK, roi de Fez et de Maroc, de la dynastie des chérifs, monta sur le trône en 1576, en renversant son neveu Muley-Mohammed, à la jalousie duquel il craignait d'être sacrifié. Le prince détrôné alla implorer le secours du roi de Portugal, don Sébastien, qui vint débarquer sur la côte d'Afrique avec une armée de 20 000 hommes ; Muley-Ab-del-Mélek, quoique gravement malade, lui livra la bataille et remporta sur lui la célèbre victoire d'Alcaçar-Quivir, où périt don Sébastien ; mais, épuisé par ses efforts, il mourut lui-même à la fin de l'action, 1578. — Il eut pour successeur son frère Muley-Ahmed, qui régna paisiblement pendant 25 ans.

MULEY-ABDERRHAMAN, empereur du Maroc, né en 1778, m. en 1859, monta sur le trône en 1822, eut sans cesse à réprimer les tribus turbulentes de son empire ou à lutter contre les puissances européennes qui refusèrent de continuer à lui payer tribut pour s'assurer contre la piraterie, soutint Abd-el-Kader contre la France, et par là donna lieu à la bat. d'Isly dans laquelle son propre fils, à la tête d'une grande armée, fut battu par le maréchal Bugeaud, 1844. Il eut bientôt après à se défendre lui-même contre Abd-el-Kader, qui tentait de le détrôner, et ne réussit qu'avec le secours de la France à l'expulser. Il laissa le trône à son fils Sidi-Mohammed.

MULEY-HAÇAN, roi de Tunis en 1533. Attaqué et chassé de Tunis par le célèbre Barberousse (Chérédin), il implora le secours de Charles-Quint, qui défit Barberousse, reprit Tunis, et le replaça sur le trône (1535), mais en lui imposant un traité humiliant. Les sujets de Muley-Haçan, indignés de cet affront, se révoltèrent : il fut battu par son propre fils, Muley-Homaidah, jeté dans une prison, et privé de la vue par ordre de ce prince. Il fut délivré par les Espagnols, et se retira en Italie où il mourut vers 1545. — Son fils Muley-Homaidah fut chassé de Tunis par les Turcs en 1573 : c'est le dernier prince de la dynastie des Hafsides.

MULEY-ISMAEL, empereur du Maroc, de la dynastie des chérifs, monta sur le trône en 1672, se fit céder Tanger par les Anglais (1684), prit plusieurs villes aux Espagnols, entre autres Larache (1689), mais assiégea vainement Ceuta pendant 26 ans. Il échoua également dans une expédition contre les Algériens (1690). Il conclut un traité de commerce avec Louis XIV. Dans sa vieillesse il eut à combattre la révolte de plusieurs de ses fils. Il mourut en 1727, à 81 ans. Ce prince s'était souillé d'atroces cruautés.

MULGRAVE (John-Phips, lord), navigateur anglais, né en 1734, m. en 1794, fut chargé en 1773 de s'assurer de la possibilité d'un passage au nord de l'Amérique. Il partit avec deux bombardes, et parvint au delà du 80° degré de lat. N. ; mais, après un voyage pénible et dangereux il fut forcé de revenir sans avoir obtenu le résultat espéré. Il n'en fut pas moins, à son retour, nommé membre de la Chambre des Communes, puis commissaire de l'amirauté, et pair d'Angleterre. La relation de son expédition parut en 1774 sous le titre de Voyage au pôle boréal, entrepris par ordre du roi, et fut traduite dès l'année suivante par Fleurieu et Demeunier.

MULGRAVES (îles), archipel situé à peu près au centre de la Polynésie, au S. E. des îles Mariannes, par 168°-171°, long. E., et 1-10° lat, N. Presque toutes les îles dont il se compose sont petites et basses ; leurs habitants, cuivrés ou noirs, sont très-misérables.

MULHOUSE, Mühlhausen, ville d'Alsace-Lorraine, sur l'Ill et le canal du Rhône au Rhin, qui en forment une île, à 40 kil. S. de Colmar ; 43 244 habitants. Chemin de fer pour Thann et Strasbourg. Bourse, tribunal et chambre de commerce, école préparatoire des sciences et des lettres, collége ; société industrielle. Jolie ville, agréablement située au milieu d'une campagne fertile. C'est une des villes les plus importantes de l'Europe pour l'industrie, surtout pour les indiennes, les toiles peintes et les impressions sur laine. Nombreuses filatures de coton et de laine ; fabr. de calicots, draps, toiles, linge de table, mousseline, percale ; blanchisseries et apprêts, teintureries ; aux env. exploitation de pierres lithographiques. — Mulhouse appartint d’abord aux évêques de Strasbourg ; elle leur fut enlevée et érigée en ville impériale par l'emp. Rodolphe de Habsbourg en 1273. Au XVe s., elle s'allia aux cantons Suisses, et l'archiduc Sigismond fut forcé, par la paix de Waldshut, 1468, de reconnaître son indépendance avec celle des cantons. Charles le Téméraire essaya en vain de la reprendre. En 1798, elle fut, sur sa demande, réunie à la France ; elle fut érigée en ch.-l. d'arr. en 1857, à la place d'Altkirch. Turenne défit les Impériaux auprès de Mulhouse en 1674. La 1re manufacture de toiles peintes fut fondée dans cette ville en 1746 par Kœchlin, Schmalger et Dollfus; le 1er atelier pour le tissage du coton y fut créé par Risler en 1762.

MULL (île), une des îles Hébrides, par 8° 28' long. O., 56° 30' lat. N. : 49 kil. sur 35 ; 10 000 hab. Tobermory en est le lieu principal. Hautes montagnes (dont une, le Benmone, a 1000m) ; lacs, cavernes. Houille, granit, marbre, basalte.

MULLER (André), savant orientaliste, né vers 1630 à Greiffenhagen en Poméranie, mort à Stettin en 1694, fut pasteur à Bernow en Prusse, puis prévôt de l'église de Berlin. Il renonça en 1687 à toute fonction pour se livrer à l'étude. Il coopéra à la Bible polyglotte de Walton et séjourna à cet effet 10 ans à Londres. Il est surtout connu par sas travaux sur les langues de l'Asie, particulièrement sur le chinois. Il fit graver à ses frais 66 alphabets différents, et publia l’Oraison dominicale en langue chinoise, comparée avec cent versions en autant de langues, Berlin, 1676. On a de lui des Opuscula orientalia, Francfort, 1695.

MULLER (Gérard Fréd.), voyageur et historien, né en 1705 à Hervorden en Westphalie, mort en 1783, alla de bonne heure se fixer en Russie pour y enseigner l'histoire et la géographie, gagna la faveur de l'impératrice Catherine, devint historiographe, membre de l'Académie de St-Pétersbourg, conservateur des archives ; fut chargé de plusieurs explorations scientifiques, et accompagna Gmelin dans son voyage en Sibérie (1733-43). On a de lui : Recueil pour l'Histoire de Russie, St-Pétersbourg, 1732-64 ; Origines gentis et nominis Russorum, 1749 ; Voyages et découvertes des Russes, 1766, etc.

MULLER (Othon Fréd.), naturaliste, né à Copenhague en 1730, mort en 1784, est l'un des meilleurs observateurs du XVIIIe siècle. Le gouvernement danois lui conféra plusieurs fonctions publiques ; mais il s'en démit en 1772 pour se livrer tout entier à l'étude. Il est surtout connu par ses recherches sur les animaux infusoires : c’était comme un monde nouveau, dont il fut en quelque sorte l’inventeur. On a de lui : Fauna insectorum Friedrichsdaliana, 1764 ; Flora Friedrichsdaliana, 1767 ; Vermium terrestrium et fluviatilium Historia, 1773-4 ; Hydrachnse, 1781 ; Entomostraca, seu insecta testacea, 1785 ; Animalcula infusoria, fluviatilia et marina, 1786. Il avait commencé une Zoologie danoise, mais il mourut avant d’avoir pu l’achever.

MULLER (Jean de), historien suisse, né à Schaffhouse en 1752, mort en 1809, enseigna d’abord le grec à Schaffhouse, puis l’histoire à Genève et à Berne, et commença dès 1780 l’Histoire de la Confédération helvétique, qui a fait sa réputation. En 1786, l’électeur de Mayence l’attacha à sa personne comme son conseiller intime ; l’empereur Léopold l’accueillit dans ses États en 1791, le nomma conseiller, bibliothécaire, et lui conféra des titres de noblesse ; mais, se plaisant peu à la cour de Vienne, Muller accepta en 1804 une place à l’Académie de Berlin. Napoléon, devenu maître de la Prusse, le nomma secrétaire d’État du royaume de Westphalie, puis directeur de l’instruction publique. Ses principaux ouvrages sont : l’Histoire de la Confédération helvétique, commencée en 1780, mais qui reparut entièrement refondue et complétée de 1786 à 1795 (elle a été trad. en français par Mourer, Lausanne, 1794-1803, 13 vol. in-8, et par C. Monnard, 1840-45, 16 v. in-8) ; et une Hist. universelle, posthume, trad. en français par Hess, 1814 et 1826. Ses Œuvres complètes ont été réunies par son frère à Tubingue, en 28 vol. in-8, 1810-20. Elles renferment sa Correspondance avec Bonstetten. On a surnommé Jean de Muller le Thucydide de la Suisse.

MULLER (Ottfried), savant archéologue, né en 1797 à Brieg en Silésie, enseigna les langues anciennes au Magdalenum de Breslau, puis l’archéologie à Gœttingue ; devint en 1824 professeur ordinaire d’histoire et de philosophie à l’Université de cette ville, et se livra à de profondes recherches sur les premiers temps de la Grèce ; il explorait sur les lieux mêmes les monuments de l’antiquité, lorsqu’il mourut en 1840, à Castri (l’ancienne Delphes). Ottfried Muller avait entrepris une vaste histoire des peuplades helléniques ; mais il n’a pu en publier que quelques parties : Orchomène et les Minyens, Breslau, 1820 ; les Doriens, 1824 (ces deux ouvrages ont été refondus dans une 2e édition publiée à Breslau en 1844) ; les Macédoniens, Berlin, 1825 ; les Étrusques, 1828. On lui doit aussi un bon Manuel de l’archéologie de l’Art, 1830, 1835, traduit en français par Nicard, 1845 ; une Hist. de la littérature de la Grèce ancienne, inachevée, et nombre d’articles et de mémoires, publiés à part ou dans divers recueils, parmi lesquels on remarque : Minervæ sacra, 1820, de Phidiæ vita et operibus, 1827.

MULLER (Jean), physiologiste, né à Coblentz en 1801, m. en 1858, enseigna d’abord à Bonn, remplaça en 1832 Rudolphi dans la chaire d’anatomie de Berlin et devint en 1847 recteur de l’université de cette ville. On lui doit la Physiologie comparée du sens de la Vue, Bonn, 1826, un bon Manuel de physiologie, 1833, trad. en français par Jourdan, et plusieurs dissertations sur des questions spéciales.

MULLER (Jean), astronome. V. REGIOMONTANUS.

MULLINGAR, v. de l’Irlande (Leinster), ch.-l. du comté de West-Meath, à 70 kil. N. O. de Dublin ; 5000 h. Bien bâtie et commerçante, surtout en blé.

MULLNER (Ad.), auteur dramatique, né en 1774 à Langendorf (Saxe prussienne), m. en 1817, était neveu de Biirger. Il débuta par de spirituelles comédies, qu’il faisait jouer sur un théâtre de société ; puis il se consacra à la tragédie, marchant sur les traces de Werner. Ses pièces principales sont : le 29 février, la Faute (trad. dans la collection des Chefs-d’œuvre des théâtres étrangers), le Roi Yngurd, l’Albanaise, qui obtinrent un grand succès, grâce à des plans habilement conçus, à des coups de théâtre bien ménagés, à une diction poétique pleine de verve. Ses Œuvres dramatiques ont été réunies à Brunswick, 1828, 7 vol.

MULUCHA ou MULUCHAS, auj. la Malva, riv. d’Afrique. V. MOLOKATH.

MUMMIUS (Lucius), général romain. Consul l’an 146 av. J.-C., il battit Diæus, général des Achéens, anéantit la Ligue achéenne, prit Corinthe d’assaut, livra cette ville aux flammes, réduisit toute la Grèce en province romaine sous le nom d’Achaïe, et reçut en récompense les honneurs du triomphe et le surnom d’Achaïcus. Mummius fit transporter à Rome la plus grande partie des objets précieux, statues, vases et tableaux qui se trouvaient à Corinthe ; mais il connaissait si peu le prix de ces chefs-d’œuvre qu’il dit à ceux qui étaient chargés de les transporter que s’ils les perdaient ils seraient obligés de les remplacer à leurs dépens.

MUMMOL (Ennius), guerrier bourguignon, fils de Péonius. comte d’Auxerre, obtint en 561 de Gontran, roi d’Orléans et de Bourgogne, de succéder à son père dans l’office de comte. Nommé ensuite patrice et généralissime des troupes bourguignonnes, il battit les Lombards et les Saxons et enleva la Touraine ainsi que le Poitou à Chilpéric, roi de Soissons ; mais, ayant voulu détrôner Gontran, 585, pour mettre sur le trône un aventurier nommé Gondovald, il fut assiégé dans Comminges et vaincu. Se voyant sans ressources, il se donna la mort, 585.

MUNATIUS PLANCUS (L.), orateur et général romain, né à Tibur, suivit d’abord César dans les Gaules, puis s’attacha au parti de Pompée, et revint encore à César. Dans la suite, il servit longtemps Antoine, mais il l’abandonna pour Octave. C’est à sa sollicitation que le sénat décerna à ce dernier le titre d’Auguste. Il avait été consul, puis censeur, et avait été chargé de commandements importants dans la Gaule et dans l’Asie. Il fonda ou du moins répara Lugdunum (Lyon) pendant qu’il était proconsul dans les Gaules. Horace lui a adressé la 7e ode de son 1er livre.

MUNCER. V. MUNZER.

MUNCHHAUSEN (le baron de), homme d’État, né dans le Hanovre en 1688, m. en 1770, siégea 37 ans dans le conseil privé de l’électeur, et devint son premier ministre en 1768. Il fonda l’Université de Gœttingue et en fut 32 ans curateur.

MUNDA, auj. Monda ou Ciudad Monda, v. d’Hispanie.(Bétique), chez les Bastuli Pœni, est célèbre par la victoire que César y remporta sur les fils de Pompée l’an 45 av. J.-C. et qui termina la guerre civile.

MUNDEN, v. de Hanovre (Hildesheim), à 26 kil. S. O. de Gœttingen, au confluent de la Fulde et de la Werra : 6000 hab. Murs flanqués de tours ; églises, hôpital ; chemin de fer. Tabac, savon, faïence, tanneries ; commerce de transit. — Prise par Tilly en 1626 ; occupée par les Français en 1756 et 1805.

MUNGO (S.), appelé aussi Kentigern, évêque de Glasgow au VIe s., descendait d’une famille royale. On lui attribue la fondation du monastère de St-Asaph (560), et la création de l’Université d’Oxford.

MUNGO-PARK, voyageur écossais, né en 1771 près de Selkirk, fut chargé en 1795 par la Société africaine de Londres de faire un voyage d’exploration en Nigritie, reconnut et remonta fort loin le Niger, et revint en Europe en 1797 avec beaucoup de renseignements précieux. Il entreprit en 1803 un 2e voyage en Afrique, mais il cessa de donner de ses nouvelle dès le 16 novembre 1805 : on présume qu’il fut tué à Yaour dans le roy. d’Haoussa. Son Premier Voyage, publié d’abord en anglais, Londres, 1799, a été traduit en français, et dans presque toutes les langues de l’Europe. Le journal de sa 2e expédition a été publié à Londres en 1815 par le major Rennel, et traduit également en français. Mungo-Park joignait à l’intrépidité la prudence et un rare talent d’observation.

MUNICH, München en allemand, Monachum ou Monachium en latin moderne, capitale de la Bavière, ch.-l. du cercle de Hte-Bavière, sur la r.g. de l’Isar, à 930 kil. E. de Paris par Mayence ; 133 000 h. Siége du gouvt. archevêché catholique, cour suprême d’assises, université catholique (elle avait été à Landshut jusqu’en 1826), lycée, école des Beaux-Arts, académie militaire, école polytechnique, institut royal des études, école vétérinaire, école forestière, école de topographie, institut des sourds-muets ; académie royale des sciences, académie des arts. Munich est une des plus belles villes d’Allemagne : belles rues, place d’armes, place Maximilien, ancien palais royal, nouveau palais, palais de Maximilien, des États ; nombreux hôtels, maisons élégantes, églises Notre-Dame, des Théatins, de St-Miohel, de St-Étienne, de St-Boniface ; hôpitaux, hôtel de ville, Nouv.-Monnaie, douane, arsenal ; Nouveau-Théâtre, Odéon ; nombreux musées : glyptothèque, pinacothèque ; magnifiques collections de médecine, estampes, miniatures, antiquités ; galerie Maximilienne, bibliothèque (de 400 000 v. et 8500 manuscrits), observatoire. Presse très-active ; grands ateliers lithographiques (c’est à Munich que la lithographie fut inventée), institut géographique (fondé par le libraire Cotta). Tapis de haute lissé, soieries, cotonnades, lainages, cartes à jouer, tabac, cordes d’instruments, passementerie, gants, meubles, porcelaine, peinture sur verre ; tanneries, dentelles, brasseries ; fonderie royale de canons. Chemins de fer pour Vienne, Augsbourg, etc. — Munich fut bâtie en 962 par Henri de Saxe sur un terrain qui appartenait aux moines du couvent de Schæffelaren (d’où son nom). Elle eut à souffrir de grands incendies en 1327 et en 1448. Elle a été prise cinq fois : par les Suédois en 1632, par les Autrichiens en 1704, 1741, et 1743 ; par les Français en 1800.

MUNICH ou MUNNICH (Christophe BURCHARD, comte de), général au service de la Russie, né en 1683 dans le comté d’Oldenbourg, se distingua d’abord comme ingénieur, servit sous le prince Eugène dans la guerre de la Succession ; puis passa au service de Pierre le Grand qui lui confia l’exécution du canal de Ladoga, fut, après avoir achevé avec succès cette grande entreprise, nommé par l’impératrice Anne Iwanowna feld-maréchal et conseiller privé. Mis à la tête des troupes russes, il battit les Polonais et les Turcs (1736), s’empara de Pérékop, d’Otchakof, de Chokzim et d’Iassy. Enfin, il devint premier ministre ; mais sa faveur et ses succès avaient excité la jalousie de Biren ; il parvint une 1re fois à triompher de ce rival et le fit exiler en Sibérie ; mais il fut renversé lui-même par une intrigue de cour à l’avénement d’Élisabeth, fut banni à son tour, 1742, et alla remplacer Biren dans son exil, où il resta 20 ans. Il fut rappelé par Pierre III, qui lui rendit ses titres et le combla de faveurs : il avait alors 82 ans. Il mourut en 1767. Halem a écrit sa Vie, Paris, 1807.

MUNICIPES ou Villes municipales, Municipia. Les Romains donnaient ce nom à celles des villes soumises à leur domination dont les habitants avaient obtenu de jouir des privilèges de citoyen romain, et qui néanmoins se gouvernaient par leurs propres lois ; elles différaient en cela des colonies, qui restaient dans une étroite dépendance de la métropole. On distingua longtemps deux sortes de villes municipales : celles qui avaient le droit de suffrage et d’honneurs, et celles qui en étaient privées ; dans la suite cette ligne de démarcation disparut.

MUNKACS, v. de Hongrie (Beregh), à 100 kil. N. E. de Tokay ; 5000 hab. Évêché grec-uni. Place d’armes de Ragotzkv, pendant sa guerre contre l’Autriche (1703-11). À 2 kil. de ce lieu, célèbre forteresse (auj. prison d’État), où la femme de Tékély soutint un siége glorieux (1685-88).

MUNNICH (le général). V. MUNICH.

MUNOZ (Gilles de), anti-pape sous le nom de Clément VIII, était chanoine de Barcelone ; il fut élu par les cardinaux dissidents après la mort de l’anti-pape Benoît XIII (1424) et installé à Peniscola. La réconciliation du roi d’Aragon Alphonse V avec le pape Martin V mit fin à sa vaine puissance : invité par Alphonse à se démettre, il abdiqua et termina ainsi le schisme qui désolait l’église depuis 51 ans (1429). Il reçut en compensation l’évêché de Majorque.

MUNOZ (Sébastien), peintre espagnol, né en 1654, fut élève de Coëllo et marcha sur les traces de son maître ; on lui reproche cependant d’avoir introduit en Espagne le mauvais goût qui, de son temps, régnait dans l’école italienne. Charles II le nomma son peintre. Il mourut en 1690, d’une chute qu’il fit en réparant, dans l’église d’Atocha, une voûte peinte par Herrera. Son chef-d’œuvre est le Martyre de St-Sébastien ; on cite encore sa composition de Psyché et l’Amour, et les sujets tirés de la Vie de S. Éloi.

MUNSTER ou MOMONIE, une des 4 divisions de l’Irlande, au S. O., entre le Connaught au N., le Leinster à l’E., l’Atlantique au S. et à l’O., formait jadis un roy. indépendant. Elle comprend 6 comtés : Clare, Cork, Kerry, Limerik, Tipperary et Waterford.

MUNSTER, Monasterium, v. des États prussiens, capit. de la prov. de Westphalie et de la régence de Munster, sur l’Aa et le canal de Munster ; 25 000 hab. Évêché (formant autrefois un État indépendant, médiatisé en 1802) ; cour d’appel ; division militaire ; université catholique (transférée à Landshut en 1818, rétablie en 1825) ; 3 gymnases ; écoles de médecine, école normale primaire. Nombreuses maisons à portiques, cathédrale, église gothique de St-Lambert avec une tour au haut de laquelle sont suspendues 3 cages de fer, où furent enfermés Jean de Leyde et deux de ses complices ; hôtel de ville, palais épiscopal, 3 gymnases, bibliothèque, jardin botanique ; beaux jardins sur l’emplacement des anciennes fortifications. Industrie : toile, jambons de Westphalie, bière.— Munster était le ch.-l. d’un évêché souverain : c’était jadis une place très-forte, possédant une citadelle, qui fut démantelée en 1765. Jean de Leyde, chef des Anabaptistes, dit le roi de Münster, en fit le centre de sa puissance en 1535. Le traité de Westphalie, dit aussi de Münster, y fut signé (V. WESTPHALIE). Cette ville passa en 1806 au pouvoir des Français ; elle fut comprise en 1809 dans le grand duché de Berg, devint en 1810 le ch.-l. du dép. français de la Lippe, et fut donnée à la Prusse en 1815. — La régence de Münster, située entre les Pays-Bas au N., la régence de Minden à l’E., celle d’Arensberg au S., et la Prov. Rhénane au S. O., a 133 kil. sur 95, et 412 000 hab.

MUNSTER (Évêché de), anc. État souverain de l’empire germanique, dans le cercle de Westphalie, s’étendait de la Lippe au S. jusqu’à l’embouchure de l’Ems au N., était borné à l’O. par les Provinces-Unies, à l’E. par les comtés de Ravensberg, de Tecklenbourg, de Lingen et de Diepholz, et avait pour villes principales Munster, Ahlen, Werne, Ahaus, Borcheim, Kœsfeld et Meppen. — L’évêché avait été fondé par Charlemagne vers la fin du VIIIe siècle, et l’évêque avait obtenu de l’empereur Frédéric II la dignité de prince de l’Empire. L’évêché fut sécularisé en 1802. — Après diverses vicissitudes il fut cédé presque en entier à la Prusse en 1815 ; le reste fut partagé entre le roy. de Hanovre et le grand-duché d’Oldenbourg.

MUNSTER, ville d’Alsace-Lorraine, sur la Fecht, à 20 kil. O. de Colmar, dans la belle vallée de St-Grégoire ; 3904 hab. Papeteries, filatures de toiles peintes et d’indiennes. — Munster doit son origine à un monastère fondé en 660 sous l’invocation de S. Grégoire, puis réuni à la congrégation des Bénédictins de St-Vannes. Cette ville devint au XIVe s. ville impériale. Louis XIV la prit et la démantela.

MUNSTER (Sébastien), savant hébraïsant, né à Ingelheim en 1489, mort en 1652, était cordelier dans un couvent de Tubingue, lorsqu’il embrassa avec ardeur les opinions de Luther. Il fut appelé a Bâle en 1529 pour y enseigner l’hébreu et la théologie. On a de lui des Traductions d’Elias Lévita, de Jossiphon (Gorionidès), de Ptolémée, une Grammaire et un Dictionnaire hébraïques, une Bible hébraïque (avec les commentaires rabbiniques), Bâle, 1534-35, 2 v. in-f., et divers ouvrages de théologie.

MUNTANER (Ramon), chroniqueur catalan du XIIIe s., était un serviteur dévoué de la maison d'Aragon. On a de lui une Chronique qui est pleine de feu, d'intérêt, et même de vérité, malgré de nombreuses erreurs de détail. Il s'y montre l'admirateur passionné de Pierre d'Aragon, et cependant il rend justice à Ch. d'Anjou. Elle a été traduite en français dans les Chroniques de Buchon (t. V et VI).

MUNYCHIE, Munychia, bourg et port de l'Attique, entre le Pirée et Phalère, était un des 3 ports d'Athènes et un poste extrêmement fort. Ses fortifications furent détruites par les Lacédémoniens après la guerre du Péloponèse, en 404 av. J.-C., et de nouveau par Sylla, 87 av. J.-C. On voyait à Munychie un célèbre temple de Diane dite Munychia.

MUNYCHION, nom d'un des mois des Athéniens, ainsi appelé parce qu'on y célébrait des fêtes en l'honneur de Diane-Munychie. Ce mois répondait le plus souvent à la fin de mars et au commencement d'avril. Les fêtes se célébraient le 16 du mois, anniversaire de la victoire de Salamine.

MUNZER ou MUNTZER (Thomas), un des chefs des Anabaptistes, né à Zwickau (Misnie), vers la fin du XVe siècle, avait reçu les ordres. D'abord sectateur de Luther, il ne tarda pas à aller beaucoup plus loin que son maître, prêchant que Dieu ne voulait plus de souverains ni de magistrats sur la terre, poussant le peuple à l'insurrection et s'annonçant comme un nouveau Gédéon, chargé de rétablir le royaume de J.-C. au moyen de l'épée. Il parcourut ainsi la Thuringe, la Souabe et la Franconie, et s'attacha un grand nombre de prosélytes. Déjà il comptait sous ses ordres 30 000 fanatiques, et s'était emparé de Mühlhausen en Franconie, lorsqu'il se vit attaqué par l'armée des princes confédérés : défait et pris à Frankenhausen, il fut condamné à mort et exécuté à Mühlhausen en 1525. V. ANABAPTISTES.

MUR, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 26 kil. O. de Loudéac; 2400 hab. Ardoises.

MUR-DE-BARREZ, ch.-l. de c. (Aveyron), à 60 kil. N. d'Espalion; 1400 n. Cadis, camelots. Anc. place forte.

MUR D'ADRIEN, Adriani Vallum, muraille de 125 kil. de long, entrecoupée de 81 tours et d'une foule de bastions, que l'empereur Adrien fit construire au N. de la Bretagne romaine, pour la mettre à l'abri des incursions des habitants de la Calédonie : elle allait de l'embouchure de la Tynna (Tyne) à l’Ituna æstuarium (golfe de Solway).

MUR DE SÉVÈRE, mur situé à 130 kil. plus au N. que le précédent, n'était qu'un retranchement en terre de 45 kil. environ, bornant au N. la Valentine et allant de la Glota (Clyde) au Bodotria æstuarium (golfe de Forth); il fut élevé par Septime-Sévère.

MUR DU DIABLE, Pfahlgraben. V. DIABLE.

MURADAL, lieu d'Espagne, dans la Sierra-Morena, à 48 k. N. de Jaën, est célèbre par la victoire qu'y remportèrent sur les Maures en 1212 les rois de Castille, de Navarre et d'Aragon réunis. On connaît aussi cette bataille sous le nom de Las Navas de Tolosa.

MURAILLE (la GRANDE-), immense muraille construite le long des frontières septentrionales de la Chine, commence à l'E. de Péking, sur le bord de la mer, traverse la province de Tchi-li en se dirigeant a au N., puis, se portant à l'O., parcourt celles de Chan-si, Chen-si et Kan-sou. Son développement est, selon la plupart des voyageurs, de 2500 k. ou même, selon quelques-uns, de 3600. Dans plusieurs endroits elle est construite en briques; ailleurs elle est en terre; partout elle est assez large pour que six cavaliers puissent y passer de front. Cet immense boulevard fut construit vers 247 av. J.-C. pour arrêter les invasions des Mongols et des Mandchoux; cependant elle ne put empêcher l'asservissement de la Chine par ces deux peuples.

MURANO, v. de Vénétie, dans un îlot du même nom, à 2 kil. N. de Venise; 4400 hab. Églises St-Pierre et St-Donat, qui possèdent de belles peintures; anciennes fabriques de glaces et verreries de Venise, très-célèbres autrefois et encore recherchées. A peu de distance est l'îlot de San-Michiele-di-Murano, qui possédait une abbaye de Camaldules, auj. supprimée.

MURAT, ch.-l. d'arr. (Cantal), sur l'Alagnon, à 53 kil. N. E. d'Aurillac; 2603 hab. Trib. de 1re inst., collége. Ville petite, ancienne et mal bâtie. Roches basaltiques, disposées en tuyaux d'orgues. Gros draps, dentelles et cordonneries; bestiaux, chevaux; fromages dits du Cantal. — Jadis titre d'une vicomté qui eut pour dernier seigneur Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, décapité sous Louis XI.

MURAT, ch.-l. de cant. (Tarn), à 62 kil. E. de Castres; 2800 hab. Étoffes de laines, bestiaux.

MURAT (Julie DE CASTELNAU, comtesse de), née à Brest en 1670, morte en 1716, épousa, à l'âge de 16 ans, le comte de Murat, brigadier des armées du roi, brilla quelque temps à la cour, puis fut exilée à Loches à la sollicitation de Mme de Maintenon, qui l'accusait d'avoir coopéré à un libelle injurieux pour la cour de Louis XIV. Pendant sa retraite, elle composa plusieurs romans qui sont pour la plupart remarquables par la grâce et le goût. En 1715, le duc d'Orléans fit cesser son exil. Parmi ses écrits on remarque : Mémoires de ma vie, 1697; Nouveaux Contes de fées, 1698; le Voyage de campagne, 1699; Histoires sublimes et allégoriques, 1699; les Lutins du château de Kernosy, 1710 : c'est son meilleur ouvrage.

MURAT (Joachim), roi de Naples, né en 1771 à La Bastide, près de Cahors, était fils d'un aubergiste, et avait étudié dans un séminaire. Il s'enrôla au commencement de la Révolution, se fit remarquer par ses opinions exaltées autant que par son courage, et devint dès 1794 lieutenant-colonel. Destitué ainsi que Bonaparte après le 9 thermidor, il se lia avec ce général et reprit du service en même temps que lui : il le seconda au 13 vendémiaire dans la défense de la Convention, l'accompagna comme aide de camp en Italie, en Égypte, se signala en toute occasion par une bravoure fougueuse, et devint bientôt général de division. Au 18 brumaire, il commanda les 60 grenadiers qui dispersèrent le Conseil des Cinq-Cents. Pour le récompenser, Bonaparte lui confia le commandement de la garde consulaire et lui donna la main de sa sceur Caroline. Après la bataille de Marengo, dans laquelle il avait commandé la cavalerie, il fut nommé gouverneur de la république Cisalpine, puis gouverneur de Paris (1804). Lors de l'établissement de l'empire, il reçut le bâton de maréchal et le titre de prince. Il eut une grande part aux succès de la campagne d'Allemagne en 1805, se distingua surtout à Austerlitz, et fut nommé l'année suivante grand-duc de Berg. Envoyé en Espagne, 1808, il détermina le roi Charles IV à se rendre à Bayonne. Il aspirait à s'asseoir sur le trône d'Espagne, mais Napoléon préféra lui donner le roy. de Naples : il fut proclamé le 1er août 1808 sous le nom de Joachim; il s'intitulait roi des Deux-Siciles, mais jamais il n'étendit sa domination au delà du détroit. Murat régna paisiblement jusqu'en 1812. À cette époque, il prit part à l'expédition de Russie et y commanda la cavalerie : il se signala surtout à la bataille de la Moskova. Quand l'empereur eut quitté l'armée, il en devint le commandant en chef : il dirigea la désastreuse retraite de Smolensk à Wilna. Après la bataille de Leipsick, prévoyant le sort de Napoléon, il s'empressa de retourner en Italie et noua au commencement de 1814 des négociations avec les puissances coalisées; on consentit à le laisser sur le trône, mais à condition qu'il fournirait son contingent contre la France, et en effet il marcha en Italie contre l'armée du prince Eugène de Beauharnais; cependant, dès qu'il eut appris que Napoléon était revenu de l'île d'Elbe, il se déclara en sa faveur, envahit la Hte-Italie et marcha contre les Autrichiens. Battu à Tolentino (2 mai 1815), il perdit en un instant son armée et son trône. Il se réfugia dans le midi de la France, puis en Corse où il retrouva quelques partisans; il se mit à leur tête et tenta de reconquérir son royaume, mais ayant été séparé par une tempête du gros de sa troupe, il fut jeté presque seul sur la plage de Pizzo, en Calabre; pris en débarquant, il fut traduit, par ordre du roi Ferdinand, devant une commission militaire, condamné à mort, et fusillé le 13 oct. 1815. Il subit le supplice avec un admirable sang-froid. Murat fut un de nos plus braves et de nos plus brillants généraux, mais, hors du champ de bataille, c'était un homme de peu de tête : il a terni sa gloire par sa défection en 1814. Seyriès, en 1816, Léon Gallois, en 1828, ont donné la Vie de Joachim Murat. — Napoléon Murat, le seul survivant de ses fils, né en 1803, auj. sénateur, a élevé en 1861 des prétentions sur le trône de Naples; mais il a été désavoué par le gouvt français.

MURATO, ch.-l. de c. (Corse), à 17 kil. S. O. de Bastia: 1069 hab.

MURATORI (L. Ant.), un des savants les plus distingués du XVIIIe siècle, né en 1672 à Vignola (Modenais), m. en 1750. Déjà célèbre à 20 ans par son érudition, il fut appelé dès 1694 à Milan pour occuper une place de conservateur à la bibliothèque Ambrosienne. En 1700, le duc de Modène le choisit pour son bibliothécaire et le nomma conservateur des archives. Écrivain infatigable, Muratori a enrichi l'histoire d'une foule de dissertations savantes, et a publié un grand nombre de documents très-importants, entré autres : Berum italicarum Scriptores præcipui ab anno 660 ad annum 1500, Milan, 1723-51. 29 v. in-f.; Antiquitates italica medii ævi, 1738-43, 6 vol. in-f.; Novus Thésaurus veterum inscriptionum, 1739-42; Annales d'Italie depuis l'ère vulgaire jusqu'en 1749 (en ital.), 1744-49, 12 vol. in-4. Ses Œuvres ont été rassemblées à Arezzo, 1767-80, 36 vol. in-4, et à Venise, 1790-1810, 48 vol. in-8.

MURBACH, célèbre abbaye des Bénédictins d'Alsace (Ht-Rhin), fondée en 727 au pied du ballon de Guebwiller, fut sécularisée en 1759 par Louis XV. Son abbé avait voix à la diète germanique.

MURCIE, Vergilia P. Murcia en latin moderne, v. d'Espagne, ch.-l. de l'int. de Murcie, sur la r. g. de la Segura, avec un faubourg sur la r. dr., à 150 kil. E. S. E. de Madrid; 40 000 hab. Palais épiscopal, cathédrale, beau pont; jardin botanique, beau bâtiment où l'on apprête la soie; cinq colléges. L'évêque de Carthagène réside à Murcie. Draps, lainages, savon, blanc de céruse, salpêtre; filatures de soie, moulins à huile. Aux env., beaucoup de mûriers. — Murcie n'apparaît dans l'histoire qu'en 713. Elle fit dès 756 partie du califat de Cordoue, devint en 1056 la capit. d'un roy. maure particulier, et fut enlevée aux Maures par les Chrétiens en 1265. Les Français la prirent en 1810 et 1812. Elle a beaucoup souffert d'un tremblement de terre en 1829. — L'intendance, entre celles de Valence, Grenade, la Manche, Cuença, et la mer, peut avoir 150 k. du N. au S., 148 de l'E. à l'O. et 400 000 h. C'est une des prov. les plus chaudes et les plus fertiles de l'Espagne; mais on y manque d'eau en quelques endroits. — Réunie à la province de Carthagène, l'intendance de Murcie forme l'ancien roy. maure de Murcie. Ce pays garda longtemps le nom de royaume, qu'une vieille habitude lui donne encore.

MURÉNA (L. Licinius), lieutenant de Sylla, contribua au gain de la bataille de Chéronée, l'an 87 av. J.-C. Chargé, en l'absence de Sylla, de la 2e guerre contre Mithridate, il s'empara de Comane, mais il éprouva ensuite quelques échecs et fut contraint de se retirer, 82. — Son fils servit avec distinction sous Lucullus dans la 3e guerre contre Mithridate. Nommé consul 61 av. J.-C., il fut accusé par Caton d'avoir employé la brigue pour obtenir cette dignité; mais il fut défendu par Cicéron dans un beau discours, qui nous est resté, et fut acquitté.

MURET, ch.-l. d'arr. (Hte-Garonne), au confluent de la Louge et de la Garonne, à 20 kil. S. O. de Toulouse; 4137 hab. Trib. de 1re instance. Beau pont en fer sur la Garonne. Faïence blanche, draps communs. Pierre II, roi d'Aragon, et les Albigeois y furent défaits par Simon de Montfort, en 1213 : Pierre II y perdit la vie. Patrie de Dalayrac

MURET (Marc Antoine), érudit, né à Muret près de Limoges en 1526, m. à Rome en 1585, professa à Auch, à Poitiers, à Bordeaux, où il compta Montaigne au nombre de ses élèves, enfin au collége du Cardinal-Lemoine, à Paris. Il ouvrit dans cette ville un cours de droit civil, se fit une réputation prodigieuse et se vit recherché par les savants les plus célèbres de l'époque : Scaliger, Lambin, Turnèbe. Accusé d'hérésie et de mœurs dépravées, il fut enfermé au Châtelet. Mis en liberté, il se retira à Toulouse, où il fut l'objet de nouvelles poursuites. Il se rendit alors à Rome, où il changea de conduite et se fit prêtre; il y professa la philosophie, le droit civil, la théologie. Il vécut dans l'intimité du cardinal Hippolyte d'Este, et fut pourvu par le pape de riches bénéfices. Il a laissé des Notes sur plusieurs auteurs anciens, des Harangues, des Poésies et des Épîtres, des traductions d'auteurs grecs, et un recueil de Variæ lectiones, qui a beaucoup contribué à épurer les textes anciens. Il écrivait le latin avec une rare élégance. Ses Œuvres ont été réunies à Vérone, 1727-30, 5 v. in-8, à Leyde, 1789, 4 v. in-8, par Ruhnkenius, et à Leipsick, 1834, par Frotscher. On raconte que, pendant qu'il fuyait de France, Muret tomba gravement malade à son arrivée en Italie et fut conduit à l'hôpital : là deux médecins délibéraient près de lui sur le traitement à suivre à son égard, et, le prenant pour un homme illettré, se disaient en latin : Faciamus periculum in anima vili; mais Muret s'écria aussitôt : An vilis anima pro qua mortuus est Christus? et il sortit au plus vite de ce lieu.

MURG, riv. du grand-duché de Bade, s'unit au Rhin sous Steinmauren, après 60 kil. de cours. — Elle donne son nom au cercle de Murg-et-Pfinz, dans le grand-duché de Bade, entre ceux de la Kinzig au S. et du Neckar au N.; ch.-l., Durbach.

MÜRGER (Henri), poëte et romancier, né à Paris en 1822, m. en 1861, appartenait à une famille pauvre, et ne reçut qu'une instruction élémentaire. D'abord petit-clerc, puis secrétaire d'un comte russe, il sentit éveiller sa vocation en lisant à son patron les œuvres de la littérature contemporaine et se fit homme de lettres. Après avoir composé quelques vaudevilles pour les petits théâtres et coopéré à la rédaction de feuilles obscures, il établit sa réputation en traçant, dans les Scènes de la vie de Bohême, un tableau saisissant, moitié fictif, moitié réel, de la vie d'aventures et de misère qu'il menait lui-même (1848). Il se fit depuis une sorte de spécialité de ces peintures, qu'il renouvela dans les Amours d'Olivier (1849), le Pays latin (1852), les Scènes de la vie de jeunesse (1853), les Buveurs d'eau (1854). Cependant il composa aussi plusieurs autres romans et nouvelles d'un genre plus relevé, parmi lesquels on distingue Claude et Marianne (1851), Adeline Protat (1853), Scènes de la vie de campagne (1856); enfin, il donna au théâtre français une agréable comédie, le Bonhomme Jadis, 1851, en un acte. On a publié après sa mort un recueil de ses Poésies (1861). Mürger est un romancier fantaisiste plein de verve et d'un vrai talent : sans avoir une grande portée, ses œuvres offrent beaucoup d'agrément et de vérité dans les peintures.

MURI, bg de Suisse (Argovie), à 32 k. S. E. d'Aarau; 1900 h. Célèbre abbaye de Bénédictins, fondée au XIe s., et où fut rédigée une chronique, publiée par Kopp en 1750. L'abbé était prince d'empire. — Près de Berne est un château de Mûri où résida quelque temps Louis XVIII.

MURILLO (Barth. ESTEBAN), célèbre peintre espagnol, né a Séville en 1618, m. en 1682, reçut les leçons de Moya, élève de Van Dyck, et celles de Vélasquez, qui lui fournit les moyens d'aller dans les Pays-Bas pour y étudier les chefs-d'œuvre de l'école hollandaise, et qui lui procura ensuite des travaux lucratifs à Madrid. Il retourna en 1645 à Séville, où il se fixa, et y composa un grand nombre de tableaux d'église qui le placèrent à la tête des peintres de sa nation. Il mourut des suites d'une blessure qu'il s'était faite sur un échafaudage où il travaillait. Parmi ses œuvres, on remarque la Mort de Ste Claire, S. Jacques distribuant les aumônes (au cloître St-François à Séville), S. Thomas distribuant ses biens aux pauvres, à Séville, une Ste-Élisabeth, l’Enfant prodigue. Le Louvre possède de ce maître, entre autres tableaux, deux Assomption, la Conception de la Vierge (achetée par le gouvt français 600 000 fr. à la vente du maréchal Soult), Jésus sur la montagne des Oliviers, la Cuisine des Anges. Ses chefs-d'œuvre furent exécutés entre les années 1670 et 1680. Murillo offre dans toute sa pureté le caractère de l'école espagnole : il brille surtout par le sentiment, la noblesse, l'art de la composition, la science anatomique et la fidèle imitation de la nature, ainsi que par la suavité, l'éclat, la fraîcheur et l'harmonie du coloris. Du talent le plus flexible, il réussissait dans le paysage, les fleurs, les marines, aussi bien que dans l'histoire.

MURO, Numistro, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Basilicate), à 36 kil. S. O. de Melfi; 7000 hab. Évêché. C'est là que Jeanne I, reine de Naples, fut étouffée en 1332. — Bourg de France, ch.-l. de c. (Corse), dans l'arr. et à 9 k. de Calvi; 1290 hab.

MURPHY (Arthur), auteur dramatique irlandais, né en 1727 à Clooniquin (Roscommon), m. en 1805, fut tour à tour acteur, journaliste, auteur, avocat, et obtint dans ses dernières années un emploi important à la Banque de Londres. La plupart de ses comédies sont restées au théâtre, entre autres : Connaissez-vous vous-même (Know your own mind), l'École des tuteurs, Tout le monde a tort, le Bourgeois, la Vieille fille, le Mariage clandestin, le Moyen de fixer, l'Île déserte, etc. Parmi ses tragédies, on remarque Alzuma, Zénobie, Arminius, l'Orpheline de la Chine, empruntées pour la plupart à ces auteurs français, qu'il n'en dénigre pas moins. — Murphy a lui-même recueilli ses Œuvres, 7 vol. in-S, Londres, 1786.

MURR (Théophile de), né à Nuremberg en 1733, m. en 1811, s'est rendu célèbre par l'étendue de ses connaissances dans les langues, la bibliographie et les antiquités. Il a publié un nombre prodigieux d'ouvrages, les uns en français ou en latin, les autres en allemand. Les plus importants sont : Bibliothèque de peinture, de sculpture et de gravure, Francfort, 1770; Memorabilia bibliothecarum publicarum Norimbergensium et universitatis Altdorfinæ, 1786-91; Antiquités d'Herculanum, 1777-93; Mémoires pour la littérature arabe, 1803. Il a en outre publié : Journal pour l'histoire des arts et de la littérature, Nuremberg, 1776-89; Nouveau Journal pour l'hist. de la littérature et des arts, Leipsick, 1798-1800. Il avait publié en 1804, sous le titre Conspectus bibliothecæ glotticæ universalis, le prospectus d'un ouvrage immense qui l'occupa toute sa vie, et dont les matériaux passèrent entre les mains du professeur J. S. Vater.

MURRAY, comté d’Écosse. V. ELGIN.

MURRAY (Golfe de), golfe formé par la mer du Nord, sur la côte orient. de l’Écosse, entre les comtés de Nairn, d'Aberdeen, de Banff et d'Elgin ou Murray au S., celui de Ross à l'O., et ceux de Sutherland et de Caithness au N., a 110 kil. de profondeur sur une largeur qui varie de 3 kil. à 100.

MURRAY (Jacques, comte de), fils naturel de Jacques V, roi d’Écosse, et frère aîné de Marie Stuart, né vers 1531, fut le plus crue! ennemi de sa sœur. Aspirant au trône, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour perdre Marie, se mit à la tête du parti protestant en Écosse; se fit l'espion et l'agent du roi d'Angleterre Édouard VI, puis d’Élisabeth; fut, à ce qu'on croit, l'instigateur du meurtre d'Henri Darnley, 2e époux de Marie Stuart; la força, pour l'avilir, à épouser le comte de Bothwell, assassin de Henri; puis souleva le peuple contre elle, la fit enfermer à Lochleven et se fit nommer régent du royaume (1567). Marie s'étant échappée de sa prison, il battit ses troupes à Langside et la réduisit à se réfugier en Angleterre entre les mains d’Élisabeth, son ennemie jurée. Pendant la captivité de Marie, il dénonça à Élisabeth le projet qu'avait conçu le duc de Norfolk de la délivrer. Il périt en 1570, à Linlithgow, assassiné par un gentilhomme écossais, dont il avait outragé la sœur.

MURRAY (LINDLEY), grammairien américain, né en Pensylvanie en 1745, m. en 1826, suivit d'abord le barreau de New-York, puis abandonna la profession d'avocat pour se livrer au commerce, et, ayant amassé une honnête fortune, se retira en Angleterre, où il se fit connaître par d'utiles écrits. Il publia en 1795 une Grammaire anglaise, qui devint bientôt classique, et qu'il compléta par des Exercices et une Clef. On lui doit aussi un livre de lecture, The english spelling book, généralement employé dans les écoles.

MURSA, auj. Eszek, v. de la B.-Pannonie, sur la Drave, près de son confluent avec le Danube. L'empereur Constance y remporta en 351 une victoire signalée sur Magnence, son compétiteur.

MURTZUPHLE. V. ALEXIS I.

MURVIEDRO, Muri veteres, v. d'Espagne (Valence), sur le Murviedro, à 5 kil. de la mer et à 26 kil. N. E. de Valence, près de l'anc. Sagonte; 6000 hab. Vieux château fort. Ruines romaines et mauresques aux environs. Cette ville, bâtie sur les ruines de l'anc. Sagonte, fut de nouveau ruinée lors de l'invasion des Goths, et relevée sous le nom de Murviter (d'où, par corruption, son nom actuel). Les Arabes s'en emparèrent en 713; les Espagnols la leur reprirent en 1238.

MURVIEL, ch.-l. de c. (Hérault), à 13 kil. N. O. de Béziers; 1400 hab. Eau-de-vie.

MUSA. V. ANTONIUS MUSA et MOUÇA.

MUSÆUS (J. Ch. Aug.), écrivain allemand, né à Iéna en 1735, m. en 1788, fut pasteur à Eisenach, puis précepteur des pages du duc de Saxe-Weimar et professeur au gymnase de Weimar. Il a publié des romans, des contes et des écrits satiriques, pleins de verve et écrits avec pureté. On remarque le Second Grandisson (1760-62 (il y ridiculise le célèbre roman de Grandisson, de Richardson); Voyages physiognomoniques (satire contre Lavater), 1778-79; Contes populaires, Gotha, 1782; Plumes d'autruche, 1787-97. Kotzebue, son neveu, a publié ses Œuvres posthumes, Leipsick, 1791, in-8.

MUSÉE, Musæus, ancien poëte grec, natif d'Athènes, disciple ou fils d'Orphée, et père d'Eumolpe, vivait vers le XIIIe ou le XIVe s. av. J.-C. Il avait écrit des poèmes sur les Mystères, les Préceptes, la Théogonie, des Hymnes, etc.; ils sont tous perdus. — On a sous le nom de Musée un petit poëme intitulé Héro et Léandre, mais il est d'un auteur beaucoup plus récent, probablement du IVe ou du Ve siècle après J.-C. Ce poëme est rempli de vers heureux et de descriptions élégantes. On le trouve dans le Corpus poetarum græcorum et dans la Bibliothèque grecque de Didot, à la suite d'Hésiode. Il a été publié séparément par Heinrich, Hanovre, 1793, par Schœffer, Leips., 1825; il a été traduit en français par Laporte-Dutheil, 1784, Gail, 1796, et mis en vers par Clément Marot, Mollevaut, Girodet, Denne-Baron, etc.

MUSÉE, Musæum, édifice d'Alexandrie où les Ptolémées rassemblaient, en les entretenant aux frais de l'État, les savants les plus distingués, pour qu'ils s'y livrassent à loisir à la culture et à l'enseignement des lettres et des sciences. On en attribue la fondation à Ptolémée I. Dans cette espèce d'académie, on remarque, parmi les savants, Euclide, Érasistrate, Diophante; parmi les poëtes, Théocrite, Aratus, Apollonius, Lycophron, Callimaque; parmi les critiques, Aristarque; parmi les philosophes, Ammonius-Saccas, père de l'éclectisme alexandrin. Le Musée dura jusqu'au règne d'Aurélien, sous lequel il fut détruit par un incendie. — On a depuis donné le nom de Musée, soit à des réunions semblables de savants, soit à des collections d'objets d'arts ou d'antiquités.

MUSES, Musæ, Camœnæ, déesses des sciences et des arts, étaient filles de Jupiter et de Mnémosyne, déesse de la mémoire. On en comptait neuf : Clio, qui présidait à l'histoire; Thalie, à la comédie; Melpomène, à la tragédie; Érato, à la poésie légère et à l’élégie ; Calliope, à l’épopée ; Uranie, à l’astronomie ; Polymnie, à l’éloquence et à la poésie lyrique ; Terpsichore, à la danse ; Euterpe, à la musique. Apollon présidait à leurs réunions. Elles habitaient avec lui le Parnasse, le Pinde, l’Hélicon ou le mont Piérius. Le Permesse, les fontaines de Castalie et d’Hippocrène, leur étaient consacrés, ainsi que le cheval Pégase, symbole de l’essor poétique. Les Muses étaient vierges ; on les représente jeunes, belles, modestes, vêtues simplement, la tête ornée d’une couronne. En outre, chacune porte les attributs qui lui sont propres. V. le nom de chacune d’elles.

MUSGRAVE (Guillaume), médecin et antiquaire anglais, né en 1657 à Carlton-Musgrave (Somerset), m. en 1721, était membre du collége des médecins de Londres et de la Société royale, dont il devint le secrétaire. On a de lui : De aquilis romanis, 1713 ; Geta britanicus, 1716 ; Belgium britannicum, 1719. — Son petit-fils, Samuel M., mort en 1782, pratiqua la médecine à Exeter, sa ville natale, et cultiva la philologie. Il a laissé : Exercitationes in Euripidem, Leyde, 1762 ; Animadversiones in Sophoclem, Oxford, 1800 ; et a concouru à l’édition d’Euripide, publiée a Oxford, 1778, 4 vol. in-4. On a en outre de lui deux dissertations sur la Mythologie des Grecs et sur la Chronologie des Olympiades, en anglais, 1782.

MUSKAU, V. PUCKLER-MUSKAU.

MUSONE, riv. d’Italie (Macerata), naît à 7 kil. S. O. de Cingoli, coule au N. E., et se jette dans l’Adriatique à 5 k. N. E. de Lorette, après 55 kil. de cours. Sous le roy. français d’Italie, elle avait donné son nom à un dép. qui avait pour ch.-l. Macerata.

MUSONIUS RUFUS, stoïcien, né sous Tibère à Volsinium, était chevalier romain. Il ouvrit à Rome une école de philosophie qui fut très-fréquentée. Compromis dans la conjuration de Pison contre Néron, il fut exilé dans l’île de Gyare. Rappelé par Vitellius, il se fit tellement estimer que Vespasien l’excepta seul lorsqu’il chassa de Rome les philosophes. On a de lui quelques fragments, publiés sous le titre de Reliquiæ, par Peerlkamp, Harlem, 1822.

MUSSATO (Albertin), historien et poëte, né à Padoue en 1261, m. en 1329, remplit plusieurs missions près de l’empereur Henri VII et commanda les troupes de Padoue dans les guerres contre l’empire et contre Vicence. Il n’en fut pas moins banni par ses ingrats concitoyens et mourut en exil. Il a laissé : De gestis Henrici VII imperatoris ; De gestis Italorum post Henricum, et des tragédies latines. C’est un historien véridique et un bon écrivain. Ses Œuvres ont été publiées in-fol., Venise, 1636.

MUSSCHENBROEK (Pierre VAN), physicien, né à Leyde en 1692, mort dans la même ville en 1761, exerça d’abord la médecine, puis fut successivement professeur de philosophie, de mathématiques et de médecine à Duisbourg, à Utrecht, et enfin à Leyde, 1740. Il était l’élève et l’ami de S’Gravesande. Il contribua puissamment par ses leçons, ses découvertes et ses ouvrages à introduire en Hollande la philosophie expérimentale et le newtonianisme ; on estime surtout ses recherches sur l’électricité, la cohérence des corps, le magnétisme, la capillarité, le pyromètre ; il eut part à la célèbre expérience de la bouteille de Leyde. On a de lui un discours De certa methodo philosophiæ experimentalis, 1723 ; des Éléments de physique, en latin, 1726, réimprimés après sa mort sous le titre de Introductio ad philosophiam naturalem, 1762 (trad. en français par Sigaud Lafond) ; Dissertationes physicæ et geometriæ, 1729 ; De methodo instituendi experimenta physices, 1730. Il était correspondant des académies des sciences de Paris, Berlin, St-Pétersbourg, Londres, etc.

MUSSELBURG, v. d’Écosse (Édimbourg), à 9 kil. E. d’Édimbourg ; 9000 hab. Chemin de fer. On y fait beaucoup de sel. — Cette ville appartint successivt à l’abbaye de Dunfermline, au comte de Lauderdale, à la duchesse de Monmouth. Marie Stuart et Bothwell furent défaits près de là en 1568.

MUSSET (Alfred de), poëte, né à Paris en 1810, mort en 1857, était fils de Musset-Pathay, chef de bureau au ministère de la guerre, auteur d’une Histoire estimée de J. J. Rousseau. Condisciple du duc de Chartres (depuis duc d’Orléans) au collége Henri IV, il devint l’ami de ce prince. Après avoir essayé de diverses carrières, médecine, droit, banque, peinture, il ne sentit de goût que pour les lettres. Il embrassa d’abord avec ardeur les doctrines de l’école romantique : il publia dès 1831 des Poésies diverses qui révélèrent son talent, composa, à partir de 1833, de charmants Proverbes, dont plusieurs ont été joués avec succès (un Caprice, Il ne faut jurer de rien, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, le Chandelier) ; donna en 1835 Un spectacle dans un fauteuil, nouveau recueil de vers qui reçut aussi le meilleur accueil ; publia en 1836 les Confessions d’un enfant du siècle, roman qui paraît être sa propre histoire ; composa dans les années suivantes des Nouvelles et des Contes remarquables par le style comme par l’intérêt (les Deux maîtresses, Frédéric et Bernerette, Histoire d’un merle blanc), et donna en 1850 un dernier recueil de poésies, qui mit le sceau à sa réputation. L’Académie française l’admit dans son sein en 1852. Il avait dû à l’amitié du duc d’Orléans la place de bibliothécaire au ministère de l’intérieur ; il fut nommé par le gouvernement impérial bibliothécaire du ministère de l’instruction publique. Néanmoins, sans fortune personnelle et aimant la dépense, il vécut toujours dans la gêne. Ardent au plaisir et incapable de maîtriser ses penchants, il abrégea sa vie par ses excès et s’éteignit dans une vieillesse prématurée. A. de Musset résume les passions et les inquiétudes qui de son temps troublaient les esprits : ses œuvres, qui se ressentent de l’imitation de Byron, offrent un mélangé d’ironie et de lyrisme, de profondeur et de frivolité. Matérialiste audacieux dans ses premiers écrits, on le voit plus tard hésiter entre un scepticisme railleur et un enthousiasme vrai : ses dernières productions sont empreintes d’une grâce mélancolique et témoignent de certaines aspirations morales ; on remarque en ce genre l’Espoir en Dieu. Après avoir été un des plus aventureux champions du romantisme, il en railla les écarts dans ses Lettres de Dupuis et Cotonnet, et le désavoua même dans son Discours de réception à l’Académie. Ses vers, quelquefois incorrects, sont en général remarquables par l’aisance du rhythme et par le coloris ; sa prose rappelle la netteté de Voltaire. Le talent de cet écrivain a été parfaitement apprécié par M. D. Nisard, dans sa Réponse au discours de réception d’A. de Musset, et par M. Lamartine, dans ses Entretiens de littérature : ce dernier l’appelle le poëte de la jeunesse, mais de la jeunesse licencieuse et voltairienne. Une édition de ses Poésies complètes a paru en 1857. — Son frère aîné, {{M.|[[w:Paul}} de Musset|Paul de Musset]], né en 1804, s’est aussi fait un nom comme écrivain : on lui doit de bons romans, et un recueil des Lettres d’Alfred de M.

MUSSIDAN, ch.-l. de cant. (Dordogne), à 27 kil. S. de Ribérac ; 1660 hab. Forges, mines de fer. Station. Pris par les Calvinistes en 1568, repris et saccagé par les Catholiques en 1569, démantelé sous Louis XIII. Enorme dolmen sur un coteau voisin.

MUSSY-L’ÉVÊQUE ou MUSSY-SUR-SEINE, ch.-l. de cant. (Aube), à 22 kil. S. S. E. de Bar-sur-Seine près d’une belle forêt ; 1800 hab. Beau marbre, vins, eau-de-vie. Patrie de Boursault. Anc. château des évêques de Langres. — V. GUENEAU DE MUSSY.

MUSTAGH (mont de glace), chaîne de montagnes d’Asie, entre l’Himalaya et l’Altaï, est la continuation occidentale du Thian-chan, et s’étend de 69° 30′ à 78° 10′ long. E., sur une longueur d’env. 1200 kil.

MUSTAPHA I, sultan ottoman, succéda en 1617 à son frère Achmet, fut détrôné quatre mois après par les Janissaires, qui placèrent sur le trône Osman II, fut rappelé en 1622 et fit périr Osman ; mais au bout d’un an, il fut déposé de nouveau et étranglé (1623). — II, fils de Mahomet IV, succéda en 1695 à Achmet II, son oncle, battit devant Témeswar en 1695 les troupes de Frédéric-Auguste, électeur de Saxe, remporta encore quelques succès sur les Vénitiens, les Polonais, les Moscovites; mais essuya dans la suite plusieurs défaites, fut notamment battu à Zentha par le prince Eugène (1697), et se vit, en 1699, obligé de signer la paix de Carlowitz. Il se retira à Andrinople, où il se livra à l'oisiveté. Il fut détrôné en 1703, et contraint de céder la couronne à son frère Achmet III. Il mourut peu de mois après. — III, fils d'Achmet III, né en 1716, m. en 1774, parvint au trône en 1757, se laissa aller à la mollesse, abandonnant le gouvernement à des ministres qui l'engagèrent dans une guerre funeste avec la Russie, et perdit Choczim, la Moldavie et une partie de la Valachie (1769-71); il répara cependant une partie de ses pertes dans la campagne de 1773. — IV, fut porté au trône en 1807, par la révolution qui en précipita Sélim III, son cousin. Il abolit toutes les institutions de son prédécesseur, obtint quelques avantages sur la flotte russe, repoussa les Anglais qui tentaient de s'emparer de l'Égypte, et voulut rabaisser les prétentions des Janissaires; mais une révolte éclata, et il fut déposé et étranglé (1808). Il fut remplacé par Mahmoud II, son frère.

MUSTAPHA, fils aîné du sultan Soliman I et d'une Circassienne, devait succéder à son père et promettait un excellent prince; mais Roxelane, sa belle-mère, parvint à le perdre en persuadant à Soliman qu'il songeait à le détrôner. Le jeune prince était dans son gouvernement d'Amasie : Soliman se rendît à l'armée qui campait dans le voisinage, et ordonna à son fils de venir le trouver; dès qu'il fut arrivé dans sa tente, il le fit étrangler sans vouloir l'entendre (1553). L'année suivante, l'artificieuse Roxelane, voulant précipiter du trône Soliman lui-même, fit paraître un faux Mustapha, qui insurgea plusieurs provinces; mais il fut bientôt pris et jeté à la mer. — La catastrophe de Mustapha a été mise sur la scène française par Belin, 1705; Chamfort, 1777; Maisonneuve, 1785.

MUSTAPHA-BEÏRACTAR. V. BEÏRACTAR.

MUSULMANS, c.-à-d. Résignés à la volonté de Dieu, nom générique donné aux partisans de Mahomet, sans distinction de secte. V. MAHOMÉTISME.

MUSURUS (Marc), savant grec, né vers 1470 à Retimo (Candie), m. en 1517, vint jeune en Italie, s'y lia avec J. Lascaris, Alde Manuce et Ficin, fut nommé professeur de lettres grecques à Padoue, et remplit ces fonctions avec un zèle et un talent qui lui attirèrent des auditeurs de toutes les villes de l'Italie, de la France et de l'Allemagne. Léon X l'appela à Rome en 1516, et le nomma archevêque de Malvoisie en Morée. On lui doit les 1res éditions d'Aristophane, Alde, 1498, de l’Etymologicum magnum, 1499 (ouvrage que quelques-uns lui attribuent); de Platon, 1513; d’Athénée, du Lexique d'Hésychius, 1514, etc. On a de lui, comme poëte, des Épigrammes grecques et un Poëme à la louange de Platon (dans l'édition de Platon de l513, publié séparément par Muncker, Amst., 1676). Musurus est un des Grecs qui contribuèrent le plus à répandre en Europe le goût des lettres anciennes.

MUTIEN (LE), peintre. V. MUZIANO.

MUTINA, auj. Modène, v. de la Gaule Cisalpine, chez les Boii, entre le Gabellus et le Scultenna, fondée par les Étrusques, et l'une de leurs lucumonies, devint colonie romaine en 183 av. J.-C. V. MODÈNE.

MUTIUS SCÆVOLA. V. SCÆVOLA.

MUTZIG, v. du B.-Rhin, sur la Bruche, à 24 k. S. O. de Strasbourg; 3532 hab. Manufacture d'armes à feu. Anc. château des évêques de Strasbourg. Vins blancs.

MUY (LE), bg du dép. du Var, à 12 kil. S. E. de Draguignan; 1900 hab. Anc. seigneurie, érigée en marquisat en 1697. Tour romaine (Turris de Medio), bien conservée. Charles-Quint faillit être assassiné à Muy en 1536.

MUY (Vict. DE FÉLIX, comte du), maréchal de France, né à Marseille en 1711, fut nommé en 1735 menin du dauphin, père de Louis XVI, fut fait lieutenant général en 1748, gouverneur de la Flandre en 1762, accepta de Louis XVI, en 1774, le ministère de la guerre, et fut en même temps promu au grade de maréchal; mais il mourut dès l'année suivante.

MUYART DE VOUGLANS, criminaliste, né en 1713 à Morancé (Franche-Comté), m. en 1791, fut membre du grand-conseil dans le parlement Maupeou, On a de lui : Institutes au droit criminel, 1757, Lois criminelles de la France, 1780, ouvrages estimés.

MUZIANO ou LE MUTIEN, peintre, né vers 1528 à Acquafredda dans le Brescian, m. en 1592, vint jeune à Rome, s'exerça d'abord dans le paysage, puis se livra au genre historique, orna de ses tableaux plusieurs églises de Rome, perfectionna l'art de la mosaïque et exécuta les belles mosaïques de la chapelle grégorienne. Il réussissait particulièrement à peindre les personnages d'une physionomie grave, les pénitents exténués par l'abstinence. Parmi ses tableaux, on remarque : l'Incrédulité de S. Thomas et la Résurrection de Lazare, au musée du Louvre; une Troupe d'anachorètes écoutant la parole d'un Père du Désert, dans l'église des Chartreux à Rome.

MUZILLAC, ch.-l. de c. (Morbihan) près de l'embouch. de la Vilaine, à 23k. S. E. de Vannes; 1800 h. Près de là, ruines de l'abbaye de Prières, fondée en 1250 par le duc de Bretagne Jean I.

MYCALE (le mont), auj. Samsoun, montagne de l'Asie-Mineure, en Ionie, au S., entre Éphèse et Priène, en face de l'île de Samos, forme en s'avançant dans la mer le cap Trogilium. C'est à la hauteur de Mycale que les Perses furent défaits par la flotte grecque, que commandaient Xantippe et Léotychide, l'an 479, le jour même de la bataille de Platée.

MYCÈNES, Mycenæ, anc. v. de 1'Argolide, au N. N. E. d'Argos, à 6 k. S. E. du mont Trétos, était, remplie de monuments magnifiques dont il ne reste que des ruines. Elle fut fondée, suivant les uns, par Mycène, fille d'Inachus, vers 1920; selon d'autres, par Acrisius ou Persée, de 1462 à 1481, elle fut de 1431 à 1190 av. J.-C. la capitale d'un petit royaume qui disputait à Argos la suprématie sur le Péloponèse. Ses principaux rois furent : Persée, 1431 ; Sthénélus, 1397; Eurysthée, 1367; Hercule, vers 1330; Atrée et Thyeste, 1307; Agamemnon, 1280; Égisthe, 1270; Oreste, 1263; Tisamène, 1192; Penthilus et Cométès, 1190. Les Héraclides, à leur retour dans le Péloponèse, s'en emparèrent et la possédèrent comme dépendance d'Argos. Pendant les guerres médiques, Mycènes se montra lente à envoyer des secours contre l'ennemi commun, ce qui la rendit odieuse aux autres Grecs. Une contestation s'étant élevée entre Argos et Mycènes pour la possession du temple de Junon, les Argiens, joints aux habitants de Cléone et de Tégée, détruisirent la ville natale, 468 av. J.-C. La plus grande partie de l'enceinte subsistait encore au temps de Pausanias. Auj. la plaine de Mycènes, près de Karvati, offre des ruines importantes, parmi lesquelles on remarque des restes de murs cyclopéens et l'édifice circulaire appelé Tombeau d'Agamemnon ou Trésor des Atrides, édifice que l'on croyait, dans l'antiquité, avoir renfermé les trésors qu'Agamemnon avait rapportés de Troie.

MYCERINUS, roi d’Égypte, fils de Chéops ou de Chemmis, construisit la 3e des grandes Pyramides, où sa momie a été trouvée en 1837. On le place 10 générations avant la guerre de Troie.

MYCONE, Myconos, une des îles Cyclades, entre Ténos au N. E., Paros et Naxos au S., à 15 k. O. de Délos; 50 k. de tour. On y montrait les tombeaux des Centaures. Fréquemment bouleversée par des tremblements de terre, Mycone était presque inhabitée et très-pauvre. Ses habitants passaient pour avares et grands parasites. — Soumise pour Darius par Datis et Artapherne, Mycone tomba ensuite au pouvoir des Athéniens. Après la 4e croisade, elle appartint successivement à plusieurs familles de Croisés, puis à Venise, à qui Soliman II l'enleva. Elle prit une part active en 1822 à la guerre de l'Indépendance, et fut, à la paix, comprise dans le royaume de Grèce; elle est dans le nome des Cyclades et l'éparchie de Syra. Auj. on y compte 6000 h., qui habitent pour la plupart un petit bourg du même nom. Nombreuses églises grecques, plusieurs monastères.

MYDORGE (Claude), géomètre français, né à Paris en 1585, m. en 1647, fut d'abord conseiller au Châtelet, puis trésorier de la généralité d'Amiens. Il se lia d'une étroite amitié avec Descartes, auquel il rendit d'importants services et qu'il réconcilia avec Fermat; il dépensa près de cent mille écus à faire fabriquer des verres de lunettes et des miroirs ardents et à tenter divers essais. On a de lui : Examen des Récréations mathématiques (du P. Leurechon), Paris, 1630; Prodromi Catoptricorum et Dioptricorum, 1639.

MYGDONIE, anc. prov. de la Macédoine septentr., entre la Péonie au N., le fleuve Strymon à l'E., le mont Calauron au S., et le fleuve Axius à l'O., était limitrophe de la Thrace, de la Chalcidique et de la Macédoine propre, et avait pour villes principales Therma ou Thessalonique, Anthémus, Apollonie. Elle forme aujourd'hui la partie N. de l'eyalet de Saloniki.

On connaît encore sous le nom de Mygdonie une petite contrée de l'Asie-Mineure, habitée par une peuplade d'origine thrace, qui s'étendait sur la côte de la Propontide, entre cette mer au N., le mont Olympe au S., le Rhyndacus à l'O., et le lac Askania (lac de Nicée) à l'E; — et une prov. de Mésopotamie, qui était située entre le Tigre et le Chaboras, sur les deux rives du Mygdonius, et qui avait Nisibis pour ville principale. Elle devait son nom à une colonie de Mygdoniens d'Europe, amenés par Alexandre le Grand.

MYLASA, auj. Melasso, v. de la Carie, à 16 k. env. de la côte et de la ville de Physcos, qui lui servait de port, était la capitale des anciens rois de Carie. Jupiter y était adoré dans trois temples célèbres. Les Romains la déclarèrent libre après la conquête de l'Asie. Beaucoup de belles ruines.

MYLES, Mylæ, auj. Melazzo, v. de Sicile, sur la côte N., entre Nauloque et Tyndaris, est fameuse par deux victoires navales, l'une des Romains sur les Carthaginois, 260 av. J.-C.; l'autre d'Agrippa sur la flotte de Sextus Pompée, 36 av. J.-C.

MYLITTA, déesse assyrienne, analogue à Vénus.

MYLIUS (Christ.), bibliographe allemand, né en 1710 dans la principauté de Weimar, m. en 1757, professeur de philosophie, puis bibliothécaire à l'Université d'Iéna, a laissé : Bibliotheca anonymorum et pseudonymorum (faisant suite à l'ouvrage de Placcius), Hambourg, 1740; Memorabilia bibliothecæ academiæ Ienensis, 1746.

MYNAS (Minoïde), philologue, né vers 1790 en Macédoine, m. à Paris en 1860, professa d'abord en Roumélie, vint en 1821 s'établir à Paris, s'y fit connaître par diverses publications philologiques, fut chargé en 1841 par M. Villemain, alors ministre, d'une mision au mont Athos, en rapporta plusieurs manuscrits précieux, entre autres les Fables de Babrius (V. ce nom), la Dialectique de Galien, la Gymnastique de Philostrate, les Philosophoumena, livre attribué successivement à Origène, à S. Hippolyte, à Tertullien, au prêtre Caïus, et publié par M. Miller en 1851 et par M. l'abbé Cruice en 1860. La publication récente de nouvelles Fables de Babrius, dont M. Mynas aurait vendu subrepticement le manuscrit en Angleterre, a donné lieu de suspecter sa loyauté.

MYNDOS, auj. Mentech, v. grecque de la Carie occidentale, sur le golfe d'Iassus, au N. O. d'Halicarnasse, était une colonie des Doriens de Trézène. Elle se soumit fort tard à Alexandre.

MYONTE, Myus, v. d'Ionie, sur la Méandre, près de son embouchure. Colonie athénienne, fondée par un fils de Codrus. C'est une des trois villes que Xerxès assigna à Thémistocle pour les dépenses de sa table. Dès le temps de Strabon, elle était entièrement dépeuplée. On en voit les ruines à Palatcha.

MYOS HORMOS, auj. Cosséir, v. et port de la Hte-Égypte, sur le golfe arabique, à 7 journées de marche de Coptos, fut fondée par Ptolémée Philadelphe. C'était l'entrepôt du commerce de l’Égypte avec l'Arabie et l'Inde.

MYRA, v. de Lycie, près de la côte. Anc. évêché, occupé par S. Nicolas. Belles ruines; ancien théâtre.

MYRMIDONS, anc. peuplade grecque de la tribu des Achéens, habitait jadis l'île d'Égine, lorsqu'elle était gouvernée par Éaque. Pelée, fils de ce prince, en emmena une colonie en Thessalie, dans la Phthiotide, sur les bords du golfe Maliaque; d'où les sujets d'Achille, fils de Pelée, sont appelés dans l'Iliade Myrmidons. Hésiode conte qu'à la suite d'une peste qui avait ravagé Égine, les fourmis (dont le nom grec est Myrmekes) furent changées en hommes à la prière d'Éaque pour repeupler le pays. Strabon explique ce nom par l'activité des Myrmidons comme agriculteurs.

MYRMILLONS, gladiateurs à pied qui combattaient contre les Rétiaires (V. ce mot), étaient ainsi nommés parce que leur casque était surmonté d'un poisson de mer nommé en grec mormyros, d'où l'on avait fait par corruption myrmillon. C'étaient généralement des Gaulois ou des Thraces.

MYRON, sculpteur grec, à Éleuthère, condisciple et émule de Polyclète, florissait vers 432 av. J.-C. Cet artiste excellait à représenter avec l'airain les animaux et à leur donner l'apparence de la vie. On estimait surtout une Génisse, si parfaite qu'elle paraissait vivante : elle existait encore à Rome en 550, devant le temple de la Paix.

MYRONIDÈS, général athénien, s'illustra dans la guerre contre les Lacédémoniens et les Béotiens (457 av. J.-C.), vengea la défaite de Tanagre en battant les Béotiens à Œnophyta (456), prit toutes leurs villes à l'exception de Thèbes, soumit les Locriens Opuntiens et les Phocidiens, pénétra jusqu'en Thessalie, et assiégea Pharsale, mais sans pouvoir s'en emparer.

MYRRHA, fille de Cinyras, roi de Cypre. Éprise de son propre père, elle entra furtivement dans son lit à la faveur de la nuit, et devint ainsi mère d'Adonis. Cinyras, l'ayant reconnue, voulut la tuer; elle s'enfuit en Arabie, où elle mit au monde Adonis, et fut changée en l'arbre qui porte la myrrhe.

MYRTILE, conducteur du char d'Œnomaüs, roi de Pise. Ce prince ayant déclaré qu'il ne donnerait la main d'Hippodamie, sa fille, qu'à celui qui le vaincrait à la course du char. Myrtile, gagné par Pélops, amant d'Hippodamie, donna à Œnomaüs un char dont les roues n'étaient retenues à l'essieu que par des chevilles fragiles, et qui se brisa au milieu de la route (V. ŒNOMAÜS). Quand Myrtile vint demander au vainqueur le prix de sa perfidie, celui-ci le précipita dans la mer.

MYRTOS, île de la mer Égée, au S. E. de l'Eubée, près du cap Capharée, donnait son nom à la mer voisine, Myrtoum mare. Cette mer était semée d’écueils.

MYSIE, Mysia, auj. livah de Karassi, contrée d'Asie-Mineure, sur la côte O., au N. de la Lydie. Ses limites varièrent souvent ; ordinairement on lui donne pour bornes, au S. la Lydie, à l'E. la Bithynie, au N. la Propontide, et à l'O. la mer Égée. On la divisait en Petite-Mysie ou Mysie Hellespontienne, s'étendait de l'Olympe à l'Hellespont, sur toute la côte de la Propontide ; et Grande-Mysie, comprenant les petites provinces de Troade, d'Éolide, de Pergamène et de Teuthranie, jusqu'aux frontières de la Lydie. Pays montagneux : on y remarquait le mont Ida en Troade et l'Olympe, au S. Villes principales : dans la Petite-Mysie, Cyzique, Scylace, Pitya, Lampsaque, Abydos, Apollonie, Miletopolis; dans la Grande-Mysie, Dardanos, Sigée, Larissa, Assos, Antandros, Adramytte, Scepsis, Pergame. — Les Mysiens, sortis probablement de la Thrace et issus des Pélasges, n'occupaient originairement que la Petite-Mysie, entre les Troyens et les Bithyniens. Quelques-uns dérivent leur nom des habitants de la Mésié. Après avoir fait partie du roy. de Troie, puis de celui de Crésus, de l'empire des Perses et d'Alexandre, et avoir été longtemps disputée entre les successeurs du conquérant, la Mysie devint la principale province du roy. de Pergame ; elle passa aux Romains avec ce royaume. Elle fut comprise dans le proconsulat d’Asie, puis dans la prov. de l’Hellespont, et tomba avec le reste de l’Asie-Mineure entre les mains des Turcs, qui la possèdent encore.

MYSON, laboureur du bourg de Chen, près de l'Œta, est mis par Platon (dans le Protagoras) au nombre des sept sages de la Grèce, à la place de Périanire. Il était contemporain d’Anacharsis et de Solon.

MYSORE, contrée de l’Inde. V. maïssour.

MYSTÈRES. Outre les Saints mystères de la religion chrétienne, on désigne par ce nom : 1o des cérémonies secrètes qui se pratiquaient chez les Païens en l’honneur de certains dieux, et auxquelles on n’était admis qu’après de longues et pénibles épreuves (V. éleusis, cerès, isis, mythra, etc.). — 2o des drames que l’on représentait au moyen âge et dans lesquels on mettait en scène les principaux événements de l’Ancien ou du Nouveau Testament. V. mystères dans notre Dict. univ. des Sciences.

MYTHO ou mi-tho, v. importante de Cochinchine, sur la r. g. de la principale branche orientale du Cambodge, près de son embouchure, et à 60 k. S. O. de Saïgon. Prise par les Français en 1861.



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