Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Lettre P

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P. Cette lettre, dans les abréviations, se prenait chez les Romains pour Publius, Paulus; F. K. signifiait Pridie Kalendas, la veille des Calendes; P. R. l’opulus romanus, le peuple romain; P. C, Patres conscripti, sénateurs. Devant les noms modernes, P. est pour Paul, Pierre, Philippe, etc.; devant un nom de religieux, P. se met pour le Père...

PACATUS DREPANIUS (Latinus), poète et orateur latin, natif de Bordeaux ou d'Agen, fut étroitement lié avec Ausone. Député à Rome en 388 pour féliciter Théodose de sa victoire sur Maxime, il prononça à cette occasion dans le sénat un panégyrique de l'empereur, qui nous est parvenu (inséré dans les Panægirici veteres d'Arntzenius, Amst, 1753), et qui a été trad. par Andry en 1687. Théodose le nomma proconsul en Afrique, puis intendant du domaine.

PACCA (Barthélémy), cardinal, doyen du sacré collège, né en 1756 à Bénévent, m. en 1844, était évêque et légat de Velletri et avait rempli plusieurs nonciatures lorsqu'il reçut de Pie VII en 1801 le chapeau de cardinal. Il devint son principal ministre en 1808, rédigea et lui fit signer la bulle d’excommunication lancée contre Napoléon en 1809, fut par suite enlevé de Rome en même temps que Pie VII, et enfermé au fort de Fénestrelle. Il rejoignit le pape à Fontainebleau en 1813, le détermina à rétracter les concessions qu’il venait de faire par le Concordat du 25 janvier et rentra avec lui à Rome en 1814. Bientôt après il fit rétablir l’ordre des Jésuites (1816). Il a laissé d’intéressants Mémoires, qui ont été trad. par l’abbé Jamet, Caen, 1832 ; par L. Bellaguet, Paris, 1833, et par Queyras, 1843. Ses Œuvres complètes ont été publiées et trad. par Queyras en 1845.

PACCANARI, prêtre tyrolien, m. vers 1802, fonda à Rome, à la fin du XVIIIe siècle, l’ordre des Pères de la foi, rétablissant ainsi sous un autre nom l’ordre des Jésuites, qui venait d’être aboli.

PACHA, nom générique sous lequel on désigne en Turquie les hauts fonctionnaires chargés de l’administration civile ou militaire des provinces ou pachaliks. On leur donne en outre les titres particuliers de begs ou beys et de beglerbegs (bey des beys), selon qu’ils commandent un simple livah ou un eialet. On porte devant les pachas, comme insigne de leur dignité, des queues de cheval, une seule devant les uns, deux, trois devant les autres, selon le rang qu’ils occupent dans la hiérarchie. En outre, on place devant la porte de leurs maisons, suivant leur grade, un, deux ou trois globes argentés ou dorés, surmontés d’un plumet rose et blanc. — Employé seul, le mot de Pacha désigne ordinairement le grand vizir.

PACHALIK. V. PACHA.

PACHE (J. Nic.), né en 1740, m. en 1823, avait été avant la Révolution précepteur des enfants du duc de Castries, puis employé à la marine. Il se fit remarquer par un républicanisme exalté, devint en 1792 ministre de la guerre, par l’appui de Roland, se vit forcé de quitter le ministère peu de mois après, et fut nommé maire de Paris (2 février 1793). Il montra beaucoup d’animosité contre la Gironde, quitta la municipalité après la chute de Danton, et resta en prison jusqu’à celle de Robespierre. Impliqué dans l’affaire Babeuf, il publia pour se défendre 3 Mémoires apologétiques, puis se retira à Thym-le-Moutiers, près de Charleville (Ardennes), où il mourut dans l’obscurité.

PACHECO DE VILLENA (don Juan), favori du roi de Castille Henri IV. V. VILLENA.

PACHECO (dona Maria), femme de don Juan de Padilla. Après la défaite de Villalar et l’exécution de son mari, elle montra un courage héroïque et soutint un siége dans Tolède contre les troupes de Charles-Quint (1522) ; n’ayant plus ni munitions ni vivres, elle s’évada de la ville et alla sous un déguisement se réfugier en Portugal, où elle mourut peu après.

PACHECO (Franç.), peintre, né à Séville en 1571, m. en 1654, fut le fondateur de l’école de Séville et le maître de Velasquez. Il cultivait avec un égal succès l’histoire, le portrait et la fresque. Ses chefs-d’œuvre sont le Jugement universel et un S. Michel. Il a laissé un Traité de peinture et quelques poésies.

PACHO (Raymond), voyageur né à Nice en 1794, visita plusieurs fois l’Égypte, pénétra en 1824 dans la Marmarique et la Cyrénaïque pour y explorer les monuments que renferment ces contrées et obtint à son retour en France le grand prix de la Société de géographie de Paris. Il venait de publier son Voyage dans la Marmarique et la Cyrénaïque (Paris, 1827-"29), lorsque sa raison s’égara et il se tua (1829).

PACHYMÈRE (George), historien byzantin, né à Nicée vers 1242, m. vers 1310, remplit les premières dignités sous Michel VIII (Paléologue), et fut chargé de diverses missions. On a de lui une Histoire d’Orient en 13 livres, qui fait suite à celles de Nicétas et d’Acropolite, et qui va de 1258 à 1308 (publiée par le P. Poussines, 1666-69, avec trad. latine et notes ; trad. en franç. par le présid. Cousin) ; 13 Déclamations (publ. par Boissonade en 1848), une Paraphrase des Œuvres de S. Denis l’Aréopagite ; un Traité de la Procession du S.-Esprit, et des Commentaires sur Aristote, restés manuscrits.

PACHYNUM PROM., le cap Passaro, forme la pointe S. E. de la Sicile. Près du cap et à 22 kil. S. de Noto, était une ville de Pachynum, auj. Pachino.

PACIAUDI (Paul Marie), savant antiquaire, né à Turin en 1710, m. en 1785, entra chez les Théatins, s’éleva aux premières dignités de son ordre, fut bibliothécaire du duc de Parme et membre correspondant de l’Académie des inscriptions de France. On a de lui : De Athletarum cubistesi in palœstra Græcorum, Rome, 1756 ; De sacris christianorum balneis, 1758 ; Monumenta peloponesiaca, 1761 ; Mémoires sur les grands maîtres de l’ordre de Malte, 1780 ; De libris eroticis antiquorum (en tête du Longus de Bodoni), 1786, et des Lettres au comte de Caylus, 1802.

PACIFICUS, archidiacre de Vérone (776-844), est regardé, mais à tort, comme l’inventeur des horloges à roue et à ressorts. Il ne fit sans doute que perfectionner la clepsydre.

PACIFICUS PICENUS, frère Mineur, né dans l’anc. Picenum (Marche de Fermo), s’acquit du renom au XIIIe s. comme trouvère et fut salué par Frédéric II du titre de Roi des vers. Il se fit disciple de S. François et mérita par la douceur de ses mœurs épithète de Pacificus, qui a fait oublier son vrai nom. Il fut le premier provincial des frères Mineurs en France.

PACIFICUS (Maximus), poëte latin moderne, né à Ascoli en 1400, m. vers 1500, presque centenaire, a laissé des élégies, des éloges, des invectives, etc., publiés à Florence, 1489, in-4. On y trouve quelques poésies licencieuses, que Magliabecchi a eu soin de supprimer dans l’édition qu’il a donnée à Parme en 1691. On l’a comparé à Ovide, qu’il est loin d’égaler.

PACIFIQUE (L’OCÉAN), dit aussi le Grand Océan, la plus vaste partie de l’Océan, s’étend entre l’Amérique à l’O., l’Asie et l’Australie à l’E., se confond au S. avec l’Océan Glacial antarctique, et communique au N., par le détroit de Behring, avec l’Océan Glacial arctique. Ses principales divisions sont : dans la partie O., le golfe de Californie ou mer Vermeille et la mer de Panama ; dans l’E., les mers d’Okhotsk et du Japon, la mer Jaune, la mer de la Chine, la mer de Célèbes. Dans sa plus grande largeur, il peut avoir 6650 k. ; il a 9000 k. de long du N. au S. ; sa superficie équivaut env. à 171 800 000 kil. carrés. C’est dans cet Océan qu’est située la 5e partie du monde, nommée de là Océanie. Inconnue des anciens, cette mer fut aperçue en 1513 par Balboa, du sommet d’une des montagnes de l’isthme de Panama ; Magellan, qui la traversa le premier en 1520, lui donna le nom de Pacifique à cause de la facilité avec laquelle il se rendit de l’Amérique aux îles Malaises. Il y a dans cet Océan un courant qui se dirige au N. et à l’E. de la côte d’Asie et qui paraît coïncider avec celui de l’Océan Atlantique.

PACIFIQUE (le Père), de Provins, capucin, missionnaire et supérieur de son ordre en Amérique, mourut à Paris en 1653, a laissé : Voyage de Perse, Paris, 1631 ; Relation ou Description des îles St-Christophe et de la Guadeloupe, 1648. — V. PACIFICUS.

PACIO (Jules), Pacius, jurisconsulte, né à Vicence en 1550, m. en 1635, professa le droit en Suisse, en Allemagne, en Hongrie, en France et à Padoue, et laissa entre autres écrits : De Jure maris adriatici (qui lui valut à Venise le collier de St-Marc) ; Corpus juris civilis ; De contractibus ; In Decretales libri V, etc.

PACÔME (S.), né dans la Thébaïde vers 292, m. en 348, fut d’abord soldat, se convertit au Christianisme, se fit disciple du pieux solitaire Palémon, puis se retira à Tabena, près de Tentyra. Il exerça par son exemple une si grande influence qu’à sa mort la Thébaïde comptait 5000 cénobites, dont il était le chef. On a de lui, en grec, un recueil de Préceptes, qui a été traduit en latin par S. Jérôme, et la Règle des monastères qu’il avait fondés. On le fête le 14 mai. Sa Vie, écrite en grec par un anonyme, a été trad. en franç. par Arnauld d’Andilly, dans ses Pères du désert. PACORUS, prince parthe, fils aîné d'Orode, contribua puissamment au gain de la bataille de Carrhes sur Crassus (53 av. J.-C.). L'an 40, il se ligua avec Labiénus, banni de Rome, traversa l'Euphrate et défit si complètement Décidius, lieutenant d'Antoine, que ce général, redoutant de tomber entre ses mains, préféra se donner la mort. Deux ans après, Ventidius vengea cette défaite en détruisant l'armée de Pacorus : ce prince périt dans le combat.

PACORUS I, dit Fyrouz, roi parthe, fils d'Artaban, monta sur le trône vers l'an 90 de J.-C. Il vécut en paix avec l'empereur Domitien, mais fut l'ennemi de Trajan et l'allié de Décébale, roi des Daces. Il eut à combattre plusieurs révoltes de ses sujets ; il en triompha avec le secours du roi d'Arménie. Il protégea les arts et les lettres, embellit Ctésiphon, sa capitale, et mourut en 107, laissant le trône à Chosroës, son fils.

PACTA CONVENTA, conventions que les diètes de Pologne rédigeaient et présentaient à la signature du roi à chaque nouvelle élection. Ces Pacta Conventa, de plus en plus chargés de conditions onéreuses, limitaient étroitement la royauté et, en la rendant impuissante, préparaient la ruine de l'État.

PACTE DE FAMILLE. V. FAMILLE (Pacte de).

PACTE DE FAMINE. V. FAMINE (Pacte de).

PACTOLE, Pactolus, auj. le Bagoulet ou Riv de Sart, petite riv. de Lydie, sortait du mont Tmolus, passait à Sardes et tombait dans l'Hermus. Elle charriait beaucoup de paillettes d'or, ce qui la fit appeler Chrysorrhoas. Suivant la Fable, elle possédait cette propriété depuis que Midas, qui transformait en or tout ce qu'il touchait, s'était baigné dans ses eaux.

PACUVIUS (M.), poëte tragique latin, né à Brindes vers 220 av. J.-C., était neveu d'Ennius et ami d'Accius. Il mourut à Tarente, nonagénaire. On ne possède que quelques fragments de ses tragédies ; ils ont été recueillis par H. Estienne, Paris, 1564, et insérés dans les div. édit. du Corpus poetarum, ainsi que dans les recueils de Bothe et de Ribbeck ; ils sont traduits dans le Théâtre des Latins de Levée.

PACUVIUS CALAVIUS, sénateur de Capoue, fit déclarer sa patrie en faveur d'Annibal après la bataille de Cannes (216 av. J.-C.), et reçut ce général dans sa maison. Le fils de Pacuvius, Pérolla, qui tenait pour las Romains, voulut assassiner, dans la maison même de son père, le général carthaginois ; mais Pacuvius le détourna de ce projet criminel par un beau discours, qu'on trouve dans Tite-Live (liv. XXIII, ch. II).

PACY, Paciacum, ch.-l. de c. (Eure), sur l'Eure, à 23 kil. E. d’Évreux : 1723 hab. Jadis ville forte.

PADANG, v. de l'île de Sumatra, sur la côte S. O. de l'île de Sumatra, à 420 kil. N. O. de Bencoulen ; 10 000 h. Café, camphre, poivre, benjoin, etc.; grand marché d'or. — Les Hollandais y possèdent un établissement, fondé au XVIIe s., que les Anglais ont occupé de 1781 à 1784 et de 1794 à 1814.

PADDINGTON, gros bourg d'Angleterre (Middlesex), à l'extrémité O. de Londres, sur un canal qui s'embranche sur celui de Great-Junction; 8000 hab. Vastes entrepôts ; commerce considérable.

PADERBORN, v. des États prussiens (Westphalie), à 70 kil. S. de Minden, sur la Pader (affluent de la Lippe), qui a dans la ville même cinq sources (bouillantes en hiver, froides en été); 9000 hab. Évêché, cour d'appel ; gymnase. Assez belle cathédrale. Brasseries, fabriques d'amidon, distilleries, etc. Aux environs est le défilé de Teutberg où périt Varus ; antiquités nombreuses. — Paderborn est antérieure à Charlemagne. Ce prince y résida souvent pendant la guerre de Saxe, y créa un évêché et y tint plusieurs diètes, notamment en 785 : dans cette dernière on baptisa beaucoup de Saxons. Cette ville a fait partie de la Hanse, a joui des privilèges de ville impériale et a eu une université, qui a été supprimée en 1819.

PADERBORN (Évêché de), anc. État de l'empire d'Allemagne, dans le cercle de Westphalie, entre la Hesse, l'abbaye de Corvey, la principauté de Calenberg et la comté de la Lippe. On y comptait, outre Paderborn, 23 villes, entre autres Salzkotten, Büren, Lichtenau, Brakel, Lippspring. Charlemagne fonda cet évêché en 777, mais ce n'est qu'avec le temps que ses évêques devinrent puissants. Il fut sécularisé en 1801 et donné à la Prusse en 1802. De 1807 à 1813, il appartint au royaume français de Westphalie.

PADICHAH (de pah, ou pâd, défenseur, et chah, roi ou prince), titre que prend le sultan des Ottomans. — Jadis ce titre n'était accordé par la Porte, à l'étranger, qu'au roi de France ; auj. il est donné également aux empereurs de Russie et d'Autriche.

PADILLA (Maria de), favorite de Pierre le Cruel, roi de Castille, usa de ses charmes et de son adresse pour accroître les méfiances et les fureurs de ce prince, et eut, dit-on, une grande part au traitement odieux que subit Blanche de Bourbon. Elle eut du roi plusieurs enfants, mourut à Séville en 1361 et fut inhumée avec la même pompe qu'une reine. Pierre déclara bientôt qu'il était uni à elle par un mariage secret, fit porter ses restes dans la sépulture des rois de Castille et éleva ses enfants comme héritiers légitimes de la couronne.

PADILLA (don Juan de), d'une illustre famille castillane, se déclara en 1520 pour le parti national contre Charles-Quint, organisa la grande ligue des Communes à l'assemblée d'Avila, prit Tordesillas et Valladolid, se rendit maître de la personne de Jeanne la Folle, promulgua des décrets en son nom, et força ainsi Charles-Quint à des concessions; mais il vit bientôt, par l'effet même de ces concessions, le clergé quitter la ligue et ses soldats partir. Appelé au commandement général en remplacement de don P. Giron qui avait fait défection, il ne répara la pénurie de ses finances qu'en dépouillant la cathédrale de Tolède d'une portion de ses trésors. Il fut vaincu et pris à Villalar (1522), et fut exécuté dès le lendemain. Sa femme, Maria de Pacheco, résista longtemps dans Tolède, mais ne put relever le parti. — V. PACHECO.

PADOUAN (Jean le), graveur. V. CAVINO.

PADOUE, Patavium en latin, Padova en italien, v. forte du roy. d'Italie, ch.-l. de province, sur le Bacchiglione et sur un canal qui débouche dans la Brenta, à 35 kil. O. de Venise ; 52 000 hab. Évêché, tribunaux ; célèbre université, fondée en 1228 et où professèrent Galilée, Fallope, etc. Bibliothèque, jardin botanique, musée d'histoire naturelle, observatoire, etc.; académie des sciences, lettres et arts, société d'agriculture, gymnases, séminaire épiscopal. Église Ste-Justine, cathédrale, dite le Dôme, renfermant le tombeau de Pétrarque, église St-Antùine; superbe place dite Prato della Valle ; palais de justice, bâtiments de l'Université, amphithéâtre, théâtre, ponts Molino, Ridotto, etc. Draps, lainages, soieries, rubans, teintureries ; grains, vins, huile, bétail, etc. A Padoue sont nés Tite-Live, Asconius Pedianus, Mantegna, Jean le Padouan, J. B. Belzoni, etc. — Padoue fut, dit-on, fondée par Anténor après la chute de Troie. Elle dut appartenir à la confédération étrusque du nord. Conquise avec la Vénétie, elle fut florissante sous les Romains. Ses habitants passaient pour lourds ; mais on louait leurs mœurs ; le latin qu'on parlait à Padoue n'était pas très-pur et l'on accusait Tite-Live lui-même de patavinité. Alaric, puis Attila saccagèrent cette ville. Relevée par Charlemagne, elle redevint florissante au moyen âge, prit part à la ligue lombarde contre Frédéric Barberousse, devint de fait république indépendante, mais fut bientôt en proie aux factions : les Macaruffi et les Carrare s'y disputaient le pouvoir. Jacques Carrare fut proclamé seigneur de Padoue en 1318, et, à une courte interruption près (1328-1337), pendant laquelle les Della Scala joignirent Padoue a leurs possessions, ses descendants régnèrent jusqu'en 1405. A cette époque, Venise s'en empara en faisant périr les derniers seigneurs de Padoue, François II et François III. Padoue passa au pouvoir de l'Autriche avec les États de Venise en 1797 ; en 1805 elle devint ch.-l. du dép. de la Brenta. Retournée à l'Autriche en 1814 elle fut bombardée en 1848 pour avoir tenté de secouer le joug. Napoléon avait donné en 1807 le titre de duc de Padoue au général Arrighi. — La province de Padoue compte 310 000 h. et a pour villes principales, (outre Padoue), Abano, Arqua, Monselice, Este, Castelbaldo.

PADUS, nom latin du PÔ.

PAËR (Ferdinand), compositeur et pianiste distingué, né à Parme en 1771, m. à Paris en 1839, fit représenter à Venise dès l'âge de 14 ans l'opéra de Circé, qui eut un grand succès, visita Padoue, Milan, Florence, Naples, Rome, Bologne, Vienne, où il composa plusieurs de ses ouvrages, et fut appelé en 1801 à Dresde par l'électeur de Saxe, qui le nomma son maître de chapelle. Emmené en France en 1807 par Napoléon, il fut tour à tour directeur du Théâtre italien et du grand Opéra. Sous Louis XVIII, il fut en outre directeur et compositeur de la musique du roi, et professeur de composition au Conservatoire. Il fut élu en 1831 membre de l'Institut. Ses principaux ouvrages sont : la Clemenza di Tito, Cinna, Agnese, Il Principe di Tarente, Idomeneo, Il Morto vivo, la Griselda, Sargine, l'Oriflamme, la Prise de Jéricho, le Maître de chapelle. Il brille surtout par la verve comique.

PÆSTUM, en grec Posidonia, auj. Pesti, v. de l'Italie anc., dans la Grande-Grèce, sur la côte de la Lucanie, à 40 k. S. E. de Naples, avait été très-florissante aux VIIe, VIe et Ve s. av. J.-C., puis tomba en décadence, et finit par devenir colonie romaine. Son climat était délicieux; ses rosiers, qui fleurissaient deux fois par an, étaient surtout célèbres. Les ruines de Pæstum sont encore aujourd'hui magnifiques : restes des murailles d'enceinte de la ville, d'un grand et d'un petit temple dorique périptère, d'une basilique, d'un amphithéâtre, etc.; ces ruines ont été décrites par Lagardette, Paris, 1773 et 1799, et par Paoli, Rome, 1784. — Pæstum était une colonie dorienne, et avait été fondée au VIIIe s. av. J.-C. Les Lucaniens s'en emparèrent en 430 av. J.-C. Les Sarrasins la détruisirent en 915. — Pæstum donnait son nom à un golfe formé par la mer Tyrrhénienne, qui est auj. le golfe de Salerne.

PÆTUS (c.-à-d. un peu louche), surnom commun a plusieurs familles romaines, surtout à celle des Ælius, des Papirius et des Cæcina.

PÆTUS (CÆCINA), trempa dans la conspiration de Scribonien contre Claude, et fut condamné à mourir; sa femme, la célèbre Arrie, l'encouragea à se donner la mort et se tua avec lui.

PÆTUS THRASEAS. V. THRASEAS.

PAËZ (Beremond et Ferdinand), fils du comte de Transtamare Pierre de Lima, furent successivement les amants de Thérèse, veuve de Henri de Bourgogne, 1er roi de Portugal. Cette princesse maria le 1er à Urraque, sa fille, et donna au 2e sa propre main, avec le titre de comte de Portugal, vers 1124. Quatre ans après, Alphonse Henriquez, fils de Thérèse et du roi Henri, parvenu à l'âge de dix-huit ans, battit les troupes de sa mère à San-Mamède, l'enferma dans un couvent et bannit Ferdinand Paëz, après lui avoir fait jurer de ne jamais remettre le pied en Portugal.

PAGAN (François, comte de), ingénieur et astronome, né en 1604 près d'Avignon, m. en 1665, se distingua dans les guerres d'Italie, de Picardie, de Flandre. On a de lui : Traité des fortifications, Paris, 1645; Théorèmes géométriques; Relation de la riviere des Amazones, 1655; Théorie des planètes, 1657; Tables astronomiques, 1658; Œuvres posthumes, 1669.

PAGANEL (P.), né en 1745 à Villeneuve-d'Agen, m. en 1826, avait été successivement professeur au collège d'Agen, procureur syndic à Villeneuve d'Agen, membre de l'Assemblée législative et de la Convention, où il vota pour la déchéance du roi et le renvoi devant les tribunaux, puis pour un sursis à l'exécution jusqu'à la paix. Nommé sous le Directoire secrétaire général aux Relations extérieures, il déploya dans toutes ses missions autant de courage que de désintéressement. Exilé en 1815, il m. à Bruxelles, On lui doit un Essai historique sur la Révolution française, 1810 (mis au pilori sous l'Empire), une Hist. de Napoléon Bonaparte, 1815, et une trad. des Animaux parlants de Casti, 1818. — Son fils, Camille P., né à Paris en 1797, m. en 1859, suivit d'abord le barreau, fut nommé après 1830 maître de requêtes, fut six ans député de Lot-et-Garonne, devint en 1830 secrétaire général, puis directeur au ministère de l'agriculture et du commerce, et rentra dans la vie privée en 1848. On lui doit, outre une traduction élégante de Florus, quelques ouvrages historiques estimés : Hist. de Frédéric le Grand, 1830; Hist. de Joseph II, 1843; Hist. de Scanderbeg, 1855.

PAGANINI (Nicolo), célèbre violoniste, né à Gênes en 1784, d'un père musicien, mort à Nice en 1840, montra un talent précoce. Après avoir pris les leçons de Costa à Gênes, et de Paër à Parme, il fut attaché à la cour d'Élisa Baciocchi, sœur de Napoléon, et dirigea à Lucques l'orchestre de cette princesse jusqu'en 1813. Il parcourut ensuite les principales villes de l'Europe, excitant partout l'enthousiasme. Il vint à Paris en 1831, et y donna 15 concerts qui attirèrent la foule. Enrichi par son talent, cet artiste laissa une fortune de plus de 4 millions. Ce qui le distinguait, c'était moins la pureté des sons et le sentiment de l'harmonie que la force et l'adresse d'exécution : à l'aide de ses doigts, qui étaient excessivement longs, il pouvait jouer des morceaux entiers sur une seule corde de la basse. Il était aussi compositeur distingué, et on l'a surnommé le Beethoven de l'Italie : ses œuvres musicales ont été publiées par son fils à Paris en 1852. Cet artiste singulier se faisait remarquer par la bizarrerie de son caractère presque autant que par son talent.

PAGASES, Pagasæ, auj. Volo, v. de Thessalie, sur le Golfe Pagasétique (auj. Golfe de Volo), servait de port à la ville de Phères. C'est là que, selon la Fable, fut construit le vaisseau des Argonautes dit souvent Pagasæa ratis. Apollon y avait un temple,

PAGÈS (Franç., vicomte de), né à Toulouse en 1748, mort en 1793, visita la Louisiane (1767-71), suivit Kerguelen aux Terres australes, servit en Amérique, et fut égorgé à St-Domingue dans une révolte des Nègres. On lui doit un Voyage autour du monde et vers les deux pôles en 1767-76, Paris, 1782; — Xavier Pagès, né à Aurillac en 1745, mort en 1802, a publié : Tableaux historiques de la Révolution française, 1800; Hist. secrète de la Révolution, 1801; Vie et aventures de J. L. de Fiesque, 1802, etc.

PAGÈS (GARNIER), né à Marseille en 1801, mort en 1841, se fit inscrire au tableau des avocats de Paris, participa à la Révolution de juillet 1830, et fut, après cette révolution, un des chefs du parti républicain. Député de l'Isère, puis de la Sarthe de 1831 à 1835, il devint l'objet de quelques poursuites après l'insurrection des 5 et 6 juin 1832 et acquit une grande popularité. — Son frère, Louis Garnier Pagès, né en 1803, prit part à la Révolution de 1848. Grâce au souvenir de son aîné, il fut acclamé maire de Paris et membre du gouvernement provisoire. Il s'occupa surtout de finances et attacha son nom à des mesures désastreuses, qui hâtèrent la chute de la République.

PAGI (Ant.), cordelier, né en 1624 à Rogues en Provence, m. en 1690, est auteur de la Critica historico-chronologica in Annales ecclesisticæ card. Baronii, où il rectifie année par année les erreurs de Baronius , 4 vol. in-fol., 1689-1705. — Son neveu, François P., aussi cordelier, 1654-1721, fut son collaborateur pour la Critique de Baronius, dont il publia les 3 derniers tomes, et donna une histoire abrégée des papes, Breviarium historico-chronologico-criticum, 4 v. in-4, 1717-1747, que publia et termina son neveu Antoine, qui était aussi cordelier. — Un autre neveu de François, P. François, 1690-1740, né à Martigues, a donné l’Histoire de la révolution des Pays-Bas, Paris, 1727, et une Hist. de Cyrus le Jeune et de la retraite des Dix-mille, 1736.

PAGNINI (Luc Ant.), carme, né à Pistoie en 1737, m. en 1814, était chanoine a Pistoie et professa la philosophie, la rhétorique, les humanités à l'Université de Pise. Il a traduit en vers italiens Théocrite, Bion, Moschus, Hésiode, Anacréon, Callimaque, Horace : cette dernière traduction obtint de l'Académie della Crusca le prix de poésie. Il composa aussi des épigrammes latines, grecques et italiennes.

PAGO, île des États autrichiens (Dalmatie), dans le golfe de Quarnero, sur la côte de Croatie, au S. de l'île d'Arbe : 55 kil. sur 26; 5000 hab.; ch.-l. Pago, à 30 kil. N. O. de Zara. Château fort.

PAGRATIDES, dynastie arménienne, qui régna sur l'Arménie et la Géorgie. V. ces noms.

PAHANG, v. de l'Inde transgangétique (Malacca), ch.-l. du roy. de Pahang, sur le Pahang, à 20 kil. de la mer de Chine, au N. E. de Malacca. Commerce (jadis très-grand) avec la Chine, Bantam, Batavia, le Japon. — Le roy. de Pahang est situé entre ceux de Djohore au S., de Salengore à l'O., de Tringano au N. Il est arrosé par le Pahang, qui roule de l'or.

PAHLEN (le comte de), d'une famille noble de Livonie, né vers 1744, mort en 1826, avait été nommé par Paul Ier gouverneur militaire de St-Pétersbourg. Craignant de devenir victime des caprices de ce despote, il se mit à la tête d'une conspiration contre lui, le fit étrangler (23 mars 1801), sur son refus d'abdiquer, et proclama empereur le jeune Alexandre, fils de Paul. N'obtenant pas du nouveau souverain l'accueil qu'il avait espéré, il se retira des affaires.

PAILLET (Alph.), avocat, né à Soissons en 1796, m. en 1855, débuta au barreau de sa ville natale, s'inscrivit en. 1824 au barreau de Paris, et mérita, par son caractère et son talent, d'être élu bâtonnier de l'ordre en 1839. Membre de la Chambre des Députés en 1846, il fut aussi envoyé à l'Assemblée Législative de 1849. Il s'était placé au premier rang du barreau par la solidité de son savoir, la sagacité de son jugement, la puissance de sa dialectique, la correction et la pureté de son langage. Il a publié : le Droit public français, 1822; Législation des successions, 1823; Manuel de droit français, 1837; Manuel complémentaire des codes français, 1846.

PAILLOT de MONTABERT. V. MONTABERT.

PAIMBŒUF, ch.-l. d'arr. (Loire-Inf.), sur la r. g. de la Loire, à 12 kil. de son embouchure, à 45 k. O. de Nantes, auquel il sert de port; 3509 hab. Son port reçoit les gros navires, mais il s'ensable chaque jour; grand mouvement de Nantes à la mer par les gabares. Trib. de 1re inst., collége, école d'hydrographie; chantiers de construction, corderie. — Paimbœuf fut fondé à la fin du XVIIe s.; un môle de 70m de long, sur 7 de large y fut construit en 1782, pour garantir les navires des gros temps.

PAIMPOL, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), sur la Manche, à 39 kil. N. O. de St-Brieuc, est baigné de 3 côtés par la mer; 2116 h. Port sûr : armements pour la pêche de la morue. Eaux minérales.

PAIMPONT, bourg d'Ille-et-Vilaine, à 23 k. S. O. de Montfort-sur-Meu, sur les bords d'un étang et près d'une vaste forêt; 3387 hab. Usines métallurgiques : forges, feux d'affinerie, fonderie, laminoirs. Ancienne abbaye. On a cru retrouver dans la forêt de Paimpont la fameuse forêt de Brocéliande.

PAIN (Marie Joseph), chansonnier et auteur comique, né à Paris en 1773, m. en 1830, obtint de nombreux succès sur le théâtre de vaudeville, et fut censeur des journaux sous la Restauration. Parmi ses vaudevilles, on se rappelle : l’Appartement à louer, 1799; Téniers, 1800; Allez voir Dominique, 1801; Fanchon la vielleuse, 1803; Amour et Mystère, 1807. La plupart ont été composés avec Bouilly et Dumersan.

PAINE (Thomas), publiciste anglais, né en 1737 à Thetford (Norfolk), m. en 1809, avait été successivt fabricant de corsets, employé dans l'accise, sous-maître dans une école de Londres, lorsqu'il passa en Amérique (1775). Là il écrivit en faveur de la liberté des colonies, ce qui le rendit bientôt populaire. Il fut nommé secrétaire aux affaires étrangères et envoyé en France pour négocier un emprunt. Ayant réussi, il fut à son retour aux États-Unis comblé de marques d'honneur. Il reparut à Londres en 1791 et y publia les Droits de l'homme, écrit qui le fit traduire devant la cour du banc du roi. Il chercha un refuge en France, y fut accueilli avec enthousiasme, et, quoique étranger, fut envoyé à la Convention comme représentant par le dép. du Pas-de-Calais. Ayant, dans le procès de Louis XVI, voté pour le bannissement et non pour la mort, il s'attira l'animadversion de Robespierre qui le fit rayer de la liste de la Convention et mettre en prison; il reprit sa place à l'Assemblée en 1794, mais, voyant décroître son influence, il retourna aux États-Unis. Outre les Droits de l'homme et le Sens commun, 1776, pamphlet où il soutenait la cause de l'indépendance des colonies américaines, on a de lui l'Âge de la raison, écrit déiste, hostile à toute religion (1793), et une Dissertation sur les premiers principes du gouvernement (1795).

PAIRS DE FRANCE, officiers de la couronne de France, qui formaient une espèce de conseil suprême, étaient les plus hauts dignitaires et les premiers seigneurs du royaume : on les nommait ainsi soit parce qu'ils étaient égaux entre eux (pares) en pouvoir et en dignité, soit parce qu'ils étaient considérés comme les égaux du roi. On fait remonter l'origine de la pairie à Hugues Capet et avec plus de certitude à Louis le Jeune; c'est à tort qu'on en attribue quelquefois l'institution à Charlemagne. Philippe Auguste fixa le nombre des pairs à 12, dont 6 séculiers (les ducs de Normandie, de Bourgogne, de Guyenne, les comtes de Flandre, de Toulouse, de Champagne), et 6 ecclésiastiques (l'archevêque de Reims, les évêques de Laon, Langres, Beauvais, Châlons, Noyon). Plus tard, on en créa beaucoup d'autres et leur nombre devint illimité. Les princes du sang étaient pairs-nés. — Les pairs furent institués pour assister le roi à son avénement, pour juger avec lui les affaires relatives aux fiefs, pour décider les différends des vassaux, pour donner des conseils dans les affaires importantes. Le Ier jugement des pairs est celui qu'ils rendirent en 1203 contre Jean sans Terre, roi d'Angleterre, qui était lui-même pair de France comme duc de Normandie. A partir de 1420, les pairs firent de droit partie du parlement, et cette assemblée prenait le nom de Cour des pairs quand elle siégeait comme tribunal. La pairie, abolie en 1789 avec les parlements, fut rétablie en 1814 à la Restauration, et forma, avec la Chambre des députés, un corps législatif et politique; il y eut alors des pairs héréditaires et des pairs viagers. En 1831, l'hérédité de la pairie fut abolie; depuis cette époque, les pairs furent nommés par le roi, à des conditions que la loi déterminait. La chambre des pairs a été supprimée en février 1848 et remplacée en 1852 par le Sénat (V. ce mot). — On doit à J. Lelaboureur une Hist. de la Pairie en France, 1753.

L'Angleterre a aussi ses pairs (peers); cette dignité est inhérente à la haute noblesse (ducs, marquis, comtes, vicomtes et barons) et au haut clergé anglican; elle est héréditaire; cependant le souverain peut créer de nouveaux pairs. Les pairs anglais forment un corps politique que l'on nomme la Chambre des Lords ou la Chambre haute, par opposition à la Chambre des Communes.

PAISIELLO (J.), célèbre compositeur, né à Tarente en 1741, m. en 1816, étudia sous Durante, débuta dans à composition dramatique en 1763, reçut bientôt des offres brillantes de Londres, Vienne, St-Pétersbourg, et donna la préférence à ces dernières. Après 9 ans de séjour en Russie, il résida successivement à Varsovie, à Vienne, à Rome, à Naples, à Paris (1801-4) et enfin se fixa à Naples, où le roi Joseph (Bonaparte) le nomma directeur du Conservatoire en 18Û6 et où il mourut. Ses opéras principaux sont la Pupilla (le premier en date), il Re Teodoro, la Molinara, Nina, il Barbiere di Siviglia (que celui de Rossini a fait oublier), la Serva padrona (sujet déjà traité par Pergolèse), la Pazza per amore, la Fedra, Catone in Utica. On lui doit aussi beaucoup de musique d’église. Paisiello a moins de verve que Guglielmi, moins d’abondance que Cimarosa, mais il l’emporte par l’expression.

PAISLEY, v. d’Écosse (Renfrew), à 12 kil. S. O. de Glasgow, sur la White-Cart et le canal d'Ardrossan, et sur le chemin de fer d'Ayr à Glasgow; 50 000 h. Quelques édifices : église de l'Abbaye, nouvelle église, hôtel de ville. Nombreuses écoles publiques; sociétés diverses. Mousselines, gazes, soie, linons, batistes, distilleries, fonderies, etc. — Cette ville occupe la place de l'anc. station romaine de Vanduria; elle doit son origine à un prieuré de l'ordre de Cluny, qui y fut fondé en 1160, et qui fut en 1588 converti en seigneurie. Son importance manufacturière ne date que du dernier siècle.

PAÏTA, v. du Pérou. V. PAYTA.

PAIX. Pour les principaux traités de paix, V. le nom des lieux où ils ont été conclus.

Paix de Dieu. V. TRÊVE DE DIEU. — Paix boiteuse. V. ST-GERMAIN et H. DE MESMES. — Paix des Dames. V. CAMBRAY. — Paix fourrée, nom donné à plusieurs paix trompeuses, notamment à la réconciliation qui eut lieu à Chartres, le 9 mai 1409, entre les enfants du duc d'Orléans, récemment assassiné, et son meurtrier Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et à la paix de Lonjumeau en 1568 entre les Catholiques et les Protestants.

PAIX (la), déesse allégorique, fille de Jupiter et de Thémis, compagne de Vénus et des Grâces, était une des Heures. Elle avait à Athènes une statue, qui la représentait tenant dans ses bras Plutus ou la Richesse. A Rome, l'empereur Claude lui éleva un temple magnifique, qui fut brûlé sous Commode. On lui donne pour attributs le sceptre, la branche d'olivier, la corne d'abondance, les épis, etc.

PAIX (le Prince de la). V. GODOY.

PAIXHANS (H. Joseph), général d'artillerie, né à Metz en 1783, mort en 1854, perfectionna l'artillerie de marine et de siége et donna le modèle de canons-obusiers qui s'appliquent utilement à ce double service, et qui de son nom sont appelés canons à la Paixhans. On a de lui : Considérations sur l'artillerie (1815); Nouvelle force maritime (1821); Expériences sur une nouvelle arme (1825); Force et faiblesse de la France (1830). Il fut député de la Moselle de 1830 à 1848. La ville de Metz a donné son nom à une de ses rues.

PAJOL (Pierre, comte), général de cavalerie, né à Besançon en 1772, mort en 1844, était fils d'un avocat au parlement. Il s'enrôla en 1791 et fit avec distinction les guerres de la République et de l'Empire. Général de division en 1812, il commanda l'avant-garde du 1er corps dans la campagne de Russie, prit Minsk, Mojaïsk, où il eut un bras fracassé; contribua à la victoire de Dresde (1813), fut laissé pour mort à Leipsick, se distingua également en 1814 dans la campagne de France et contribua puissamment à la reprise de Montereau. Il fut mis à la retraite après le désastre de Waterloo. En 1830, il seconda de tout son pouvoir la révolution de Juillet, et dirigea au 3 août l'expédition des Parisiens sur Rambouillet, expédition qui détermina Charles X à partir pour Cherbourg. Il fut au retour nommé gouverneur de la 1re division militaire, et bientôt après fait pair de France.

PAJOU (Augustin), statuaire, né à Paris en 1730, m. en 1809, remporta le grand prix, passa douze ans à Rome et fut à son retour reçu membre de l'Académie de peinture et de sculpture. Par sa manière ferme et sûre, il mérita la qualification de Restaurateur de l'art. On admire ses statues de Descartes, Bossuet, Pascal, Turenne, Démosthène, son buste de Buffon, ses groupes de Psyché abandonnée de l'Amour et de Pluton tenant Cerbère enchaîné.

PALADIN, nom donné dans les vieux romans de chevalerie aux compagnons de Charlemagne, et par extension à tous les chevaliers errants. Ce nom semble être dérivé de palatin (comte du palais).

PALÆOCASTRO, c.-à-d. Vieux château, nom de plusieurs lieux de la Grèce moderne, entre autres d'un bourg de l'île de Négrepont, près de l'anc. Érétrie.

PALÆOPOLIS, c.-à-d. Vieille ville, v. de Campanie, sur la côte, près du lieu où fut depuis bâtie Néapolis (Naples), c.-à-d. la Ville neuve, était d'origine grecque. En 328 av. J.-C., elle eut à soutenir contre les Romains une guerre qui fut le prélude de la 2e guerre samnite; elle fut soumise et prise en 326.

PALAFOX (Jean de), prélat espagnol, né en 1600, dans l'Aragon, m. en 1659, fut évêque d'Angélopolis (Puebla de los Angelos) au Mexique, puis d'Osma (1653), mit tous ses soins à rendre moins dure la condition des Indiens et publia dans ce but un livre plein de charité, Virtute del l'Indio; mais il fut obligé, à la suite de démêlés avec les Jésuites, de revenir en Espagne. On a de lui une Hist. de la conquête de la Chine par les Tartares, trad. par Collé, 1678, et une Hist. du siége de Fontarabie, 1629. Ses Œuvres complètes, publ. à Madrid de 1658 à 1671, forment 7v. in-f.

PALAFOX (don José de), l'intrépide défenseur de Saragosse, né en 1780, d'une famille noble d'Aragon, m. en 1847, accompagna à Bayonne en 1808, comme officier des gardes, la famille royale d'Espagne, s'évada dès qu'il vit Ferdinand VII retenu prisonnier, souleva l'Aragon, fut proclamé par le peuple gouverneur de Saragosse, et organisa dans cette ville une vigoureuse résistance : après un siège de 61 jours, il força les Français à s'éloigner (14 août 1808) mais, ceux-ci étant bientôt revenus à la charge, il eut à subir un nouveau siége plus meurtrier que le premier, dans lequel chaque rue, chaque maison fut disputée : privé de tout moyen de défense, atteint de l'épidémie, il fut enfin contraint de capituler; ce deuxième siége avait duré deux mois, du 20 décembre 1808 au 20 février 1809. Emmené captif en France, il ne rentra en Espagne qu'en 1814. Il contribua puissamment à rétablir sur le trône Ferdinand VII, qui le nomma capitaine général de l'Aragon; mais, s'étant prononcé en 1820 pour la constitution, il fut disgracié. Il vécut depuis dans la retraite. La reine régente Marie-Christine le fit à son avénement duc de Saragosse et grand d'Espagne.

PALAIS (Comte du), officier de la cour sous la 1re et la 2e race des rois de France, était le juge de tous les officiers de la maison du roi et réunissait plusieurs offices institués plus tard (bouteiller, chambrier, échanson, connétable, etc.) Dans l'origine, le comte du palais était inférieur au maire du palais; son office grandit sous les Carlovingiens, quand la charge du maire eut disparu. Cette dignité fut elle-même abolie sous la 3e race. — V. PALATINS (comtes).

PALAIS (le), v. et port de Belle-île-en-Mer (Morbihan), ch.-l. de l'île, au N., à 68 kil. S. de Lorient ; 4896 h. Prise par les Anglais en 1762. — V. PALLET.

PALAIS-BOURBON, dit auj. Palais du Corps législatif, palais situé à Paris, entre le quai d'Orsay et la rue de Bourgogne, et en face du pont de la Concorde, était, avant la Révolution, la résidence des princes de Bourbon. Confisqué pendant la Révolution, il fut affecté, sous le Directoire, au Conseil des Anciens, sous le 1er Empire, au Corps législatif, sous les Bourbons, à la Chambre des Députés, sous la République de 1848 à l'Assemblée nationale, et sert depuis 1852 au Corps législatif. La belle façade sur le quai est l'œuvre de Poyet (1808). La salle des séances fut reconstruite de 1828 à 1832 par M. de Joly.

PALAIS DE JUSTICE, vaste palais élevé dans la Cité de Paris où l'on rend aujourd'hui la justice, fut d'abord la demeure des rois de France. Il fut habité dès la fin du IXe s. par le roi Eudes; Robert le Pieux le fit rebâtir vers 1003, et ses successeurs l'occupèrent jusqu'à Charles VII, qui l'abandonna au parlement. Il a été reconstruit plusieurs fois, et en dernier lieu en 1787; il a été complètement restauré depuis peu d'années. On y remarque la Ste-Chapelle, bâtie sous S. Louis, une galerie célèbre, appelée autrefois la Grand’Salle et auj. la Salle des Pas perdus, construite en 1622 par J. De Brosse.

PALAIS-ROYAL, beau palais de Paris, situé entre les rues St-Honoré, de Richelieu et de Valois, comprend, outre le palais proprement dit, un vaste bazar composé de riches boutiques, construites autour d’un jardin d’agrément, qui sert de promenade. Ce palais, élevé de 1629 à 1636 pour le cardinal de Richelieu par l’architecte J. Lemercier, porta d’abord le nom de Palais-Cardinal. Richelieu en fit don à Louis XIII en 1640. Après la mort de ce roi, Anne d’Autriche vint l’habiter avec le jeune roi Louis XIV, son fils, ce qui valut à l’édifice le nom de Palais-Royal, qu’il a conservé. Louis XIV le donna en 1693 à Philippe d’Orléans, son frère. En 1763, à la suite d’un incendie, Louis-Philippe d’Orléans, petit-fils du Régent, le fit reconstruire. On commença en 1782 les bâtiments qui entourent le jardin ; la galerie d’Orléans, qui complète l’enceinte, ne fut achevée qu’en 1829. Le palais a été restauré de 1860 à 1862 et augmenté d’un nouveau corps de bâtiment attenant au Théâtre-Français. Le Palais-Royal fut, après le 18 brumaire, affecté au Tribunat ; en 1814, il fut rendu à la famille d’Orléans. Il est auj. la demeure du prince Napoléon.

PALAISEAU, Palatiolum, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), sur l’Yvette, affluent de l’Orge, à 15 kil. S. E. de Versailles ; 1912 hab. Chemin de fer. Restes d’un château, qu’habita le financier Pâris. L’église renferme le tombeau du grand Arnauld. Anc. marquisat.

PALAMÈDE, fils de Nauplius, roi d’Eubée, inventa, dit-on, les poids, les mesures, le jeu d’échecs et le jeu de dés, et ajouta à l’alphabet grec les 4 lettres ξ, θ, φ, χ. Il est le premier qui ait su ranger un bataillon et placer des sentinelles autour d’un camp, ce qui lui a fait attribuer l’invention des échecs ; c’est lui qui inventa le mot d’ordre. Il alla au siége de Troie et déjoua la ruse d’Ulysse, qui feignait la folie pour ne pas s’y rendre : celui-ci, pour se venger, l’accusa faussement d’intelligences avec les Troyens, et le fit condamner à mort et lapider. V. NAUPLIUS.

PALAMOS, v. forte d’Espagne (Catalogne), avec un petit port sur la Méditerranée, à 96 kil. de Barcelone et à 27 k. S. E. de Girone. Vaste môle. Prise par les Français en 1694.

PALAOUAN, une des îles Philippines, entre 8°-12° lat. N. et 115°-118° long. E., a 450 kil. sur 60 (c’est une des plus grandes de l’Archipel). Elle est habitée à l’intérieur par des peuplades indépendantes. Les Espagnols n’y ont qu’un petit fort dit Tay-tay, au N.E. On en tire de l’or, de la cire, des écailles de tortue, de l’écume de mer, de l’ivoire, du bois de laque.

PALAPRAT (J. DE BIGOT), poëte comique, né à Toulouse en 1650, m. en 1721, fut capitoul de Toulouse (1675) et chef du consistoire (1684), puis vint se fixer à Paris afin d’y travailler pour le théâtre et devint secrétaire du duc de Vendôme. Uni à Brueys par une étroite amitié, il composa avec lui l’Avocat patelin, le Secret révélé, le Sot, le Grondeur, le Muet, le Concert ridicule. Il fit seul quelques autres pièces d’un mérite moindre : Hercule et Omphale, la Prude. Palaprat possédait une intarissable gaieté, qu’il porta dans ses compositions. Il a donné une édit. des œuvres qui lui sont propres, Paris, 1711, in-12. Le recueil des Œuvres de Brueys et Palaprat a été publié en 1755 en 5 v. in-12. La liaison des deux auteurs a fourni à Étienne le sujet d’une intéressante comédie, Brueys et Palaprat, jouée au Théâtre-Français.

PALATIN (mont), Palatinus mons, une des sept collines principales de Rome, était très-près du Tibre, à l’E. de ce fleuve, à l’O. des monts Aventin, Esquilin, Viminal, Quirinal, et presque au centre de la ville. C’est sur le Palatin que furent bâties la Pallantée d’Évandre et la ville naissante de Romulus. Cette colline n’a pas plus de 46m de haut.

PALATIN (Comte), grand officier chargé, dans les premiers temps de l’empire d’Allemagne, de la surintendance des revenus du monarque et d’une partie de sa juridiction. D’abord simples assesseurs des ducs dans les affaires criminelles, ils furent plus tard chargés, dans l’intérêt du prince, de contrôler l’usage que les ducs faisaient de leur autorité. Ils étaient dans l’origine nommés par l’empereur, mais leur office finit par être un vrai fief et devint héréditaire. Ils habitaient en général un des palais impériaux situés dans le duché où ils avaient été envoyés, et ils en tiraient leur nom. Il y eut des comtes palatins en Lotharingie (Lorraine), en Saxe, en Bavière, en Souabe, et plus tard en Bourgogne (Franche-Comté). Celui de Lorraine était censé le plus noble de tous, parce qu’il exerçait aussi dans le duché de France : et, quand ce duché cessa, il fut encore regardé comme le premier prince d’Allemagne. Insensiblement, ce comte prit le nom de palatin du Rhin. Lors de l’extinction de la maison de Châlon (en 1315), à laquelle appartenait le comté palatin de Bourgogne, il ne resta en fait de maison palatine que la ligne de Wittelsbach, investie du Palatinat du Rhin. Son chef était électeur : de là son nom usuel d’électeur-palatin. Les chefs des branches cadettes de la ligne de Wittelsbach se nommaient comtes palatins, et on ajoutait à ce titre celui du petit État qu’ils possédaient en propre, comme de Neubourg, de Birkenfeld, etc. Cette ligne porte auj. la couronne royale de Bavière. V. ci-après PALATINAT,

PALATIN, titre donné dans l’anc. royaume de Pologne au gouverneur d’un palatinat ou vayvodie. Les palatins faisaient tous partie du sénat. Ils n’étaient point héréditaires, c’est le roi qui les nommait.

PALATIN (Grand). C’était en Hongrie le 1er des magnats : il était 1er ministre et représentant du roi, général de l’armée, chef suprême de la justice et régent en cas d’absence ou de minorité. Il était choisi par l’Assemblée nationale entre 4 candidats présentés par le roi. Les divisions du territoire, dites comitats ou palatinats, étaient confiées à des palatins spéciaux.

PALATINAT, en allemand Pfalz, nom commun à 2 pays de l’anc. empire d’Allemagne : 1o le Ht-Palatinat (dans le cercle de Bavière), entre la Bavière, Nuremberg, Bayreuth, Neubourg et la Bohême ; il avait pour capitale Amberg ; 2o le Bas-Palatinat ou Palatinat du Rhin (dans le cercle du Ht-Rhin), sur l’une et l’autre rive du Rhin, ayant la Lorraine et l’Alsace au S., Trêves, Mayence et Liége à l’O. et au N., Bade et le Wurtemberg de l’autre côté du Rhin. Ce dernier (qui est le vrai Palatinat) avait dans sa plus grande largeur 125 kil. ; sa capitale était Heidelberg ; ensuite venaient Manheim et Frankenthal. Le Palatinat du Rhin formait un électorat (un des sept plus anciens). L’origine de cet État vient des comtes palatins qu’établissaient les empereurs dans chaque duché, pour y représenter l’autorité impériale ; de tous ces comtes palatins, deux seulement, celui de Bourgogne et celui de Lotharingie, se maintinrent puissants ; le domaine de l’un devint la Franche-Comté, celui de l’autre le Palatinat du Rhin. Celui-ci, après avoir passé de famille en famille, était possédé en 1215 par Henri de Brunswick, fils de Henri le Lion. Ce prince, ayant pris parti contre Frédéric II, fut dépouillé de ses États, qui furent donnés à Louis de Bavière, de la maison des Wittelsbach. Pendant longtemps cette maison réunit la Bavière et le Palatinat ; mais en 1294, elle forma deux lignes, la Rodolphine, issue de Rodolphe de Bavière, à qui resta le Palatinat du Rhin, et la Ludovicienne, issue de Louis, qui eut la Bavière et, depuis 1621, le Ht-Palatinat. La ligne Rodolphine était l’ainée ; elle existe encore auj., tandis que sa cadette s’est éteinte en 1777 ; elle réunit maintenant à peu près la Bavière (très-augmentée) et l’ancien Palatinat. — La famille de Wittelsbach, avant le partage en deux lignes, avait fourni trois électeurs palatins. Agrès le partage de 1294, la ligne Rodolphine en fournit six : Rodolphe I, Adolphe I, Rodolphe II, Robert I, II et III (ce dernier fut empereur de 1400 à 1410). Après cette époque paraissent : 1o Louis III le Barbu, 2o six électeurs de la branche électorale : Louis IV, Frédéric I, Philippe le Sincère, Louis V, Frédéric II, Othon-Henri). En 1559, le titre électoral passa dans la ligne cadette qui réunit les possessions de l’ancienne (moins le Haut-Palatinat) ; mais cette ligne était déjà subdivisée, et c’est la branche de Simmern qui devint électorale ; cette branche fournit 6 électeurs : Frédéric III, Louis VI, Frédéric IV, et trois appartenant au rameau de Heidelberg : Frédéric V, Charles-Louis, Charles ; Frédéric V est ce fameux électeur palatin, gendre de Jacques I d’Angleterre, qui fut le compétiteur de Ferdinand II au roy. de Bohême et l’un des auteurs de la guerre de Trente ans. Après Charles de Heidelberg, m. en 1685, et dont la succession amena la Guerre du Palatinat (V. ci-après), viennent Philippe-Guillaume, J.-Guillaume et Ch.-Philippe (du rejeton Neubourg-Neubourg), Charles-Théodore (du rejeton Neubourg-Sulzbach), Max.-Joseph (du rejeton Birkenfeld-Bischweiler). En 1777, Ch.-Théodore réunit à l’électorat palatin, acquis dès 1742, celui de Bavière : Maximilien-Joseph, duc de Deux-Ponts, lui succéda en 1799 ; par le traité de Lunéville (1801), il perdit le Palatinat du Rhin ; mais en 1805 il échangea son titre électoral contre celui de roi de Bavière. — La branche du Ht-Palatinat, dans l’ancienne ligne électorale, donna au Danemark le roi Christophe. Dans la subdivision de Neubourg, Philippe-Louis, comte palatin de Neubourg, joua un rôle capital lors de la querelle de Clèves et Juliers, et son petit fils, Philippe-Guillaume, fut le premier duc de Juliers-et-Berg, de la maison palatine. Au rejeton Deux-Ponts-Kleebourg appartiennent trois illustres rois de Suède, Charles X, Charles XI et Charles XII. — La dignité électorale avait été momentanément enlevée à la famille palatine pendant la guerre de Trente ans (de 1623 à 1648), après les batailles de Prague et de Wimpfen, et Ferdinand II fit passer ce titre à la ligne ludovicienne des Wittelsbach (à la Bavière). À la paix de Westphalie, la Bavière resta électorat, mais le Palatinat le redevint, et il y eut alors huit électeurs (au lieu de sept) ; l’électeur palatin, anciennement archisénéchal de l’empire, devint alors architrésorier.

Le Palatinat fut horriblement ravagé à deux fois différentes par Louis XIV (1674 et 1689). Il avait déjà beaucoup souffert dans la guerre de Trente ans. Le traité de Lunéville (1801) fit passer à la France les districts du Palatinat situés sur la r. g. du Rhin : ils formèrent le dép. du Mont-Tonnerre, ch.-l., Mayence. Les traités de 1814 et 1815 restituèrent ces districts à l’Allemagne : la plus grande partie échut à la Bavière : elle forme la Bavière rhénane ; le reste fut partagé entre le grand-duc de Bade, la Prusse et la Hesse-Darmstadt. La part badoise, avec les districts cédés au prince de Leiningen, est incorporée, dans le duché, au cercle du Bas-Rhin ; la part de la Hesse-Darmstadt fait partie des provinces de Starkenburg et de Hesse-Rhénane. La part bavaroise fait partie du cercle bavarois du Palatinat, autrefois cercle du Rhin ; elle comprend une superficie de 700 000 hect., avec 600 000 hab. et a pour ch.-l. Spire. Enfin la part prussienne fait partie de la Province Rhénane. — Le Haut-Palatinat, avec Ratisbonne, forme aussi un cercle de la Bavière qui a une superficie de 970 000 hect. et qui compte 470 000 h.

PALATINAT (Guerre du). On donne principalement ce nom à la guerre qui éclata en 1688 à l’occasion des droits que Louis XIV fit valoir, au nom de la duchesse d’Orléans, sœur du dernier électeur palatin Charles, sur la plus grande partie du Palatinat, où la branche de Simmern, qui possédait ce domaine, s’était éteinte en 1685. Il avait pour adversaire Philippe-Guillaume, prince palatin de Neubourg. Le dauphin conquit le Palatinat en moins de 2 mois. L’année suivante, 1689, le maréchal de Duras, par l’ordre de Louvois, exerça dans cette contrée d’épouvantables ravages, qui excitèrent l’indignation de l’Europe et provoquèrent contre Louis XIV une nouvelle coalition. La paix de Ryswick attira à Jean-Guillaume, fils de Philippe-Guillaume, la paisible possession de ses États (1697).|

PALATINE (la Princesse). V. CHARLOTTE-ÉLISABETH, ÉLISABETH et GONZAGUE (Anne de).

PALEARIUS (Aonius), dont le vrai nom est Antonio della Paglia, écrivain italien du XVIe s., né à Veroli près de Rome, professa le latin et le grec à Sienne, à Lucques et à Milan. Convaincu de favoriser la Réforme, il fut cité à Rome, pendu, puis brûlé, quoiqu’il eût rétracté ses erreurs (1566). On a de lui un poëme en trois chants : de Immortalitate animarum, Lyon, 1536, et quelques écrits théologiques, condamnés par le concile de Trente.

PALEMBANG, v. de l’île de Sumatra, anc. capit. d’un royaume de son nom, sur la Moussie, à 100 kil. de la mer ; 30 000 hab. (dont beaucoup d’Arabes et d’Européens). Grand commerce, maisons commodes, palais de Sousouhounan, construit en briques. C’est la ville malaie la plus sûre pour les Européens. — L’anc. royaume de Palembang, entre ceux de Menangkabou et de Jambie au N., les Lampongs au S., la mer de Chine au N. E., avait 500 kil. sur 380 et env. 100 000 hab. Il était depuis longtemps soumis à la domination hollandaise lorsque les Anglais s’en emparèrent en 1812, et détrônèrent le sultan Mahmoud-Badar ; après la restitution de Sumatra aux Hollandais, Mahmoud-Badar tenta de remonter sur son trône (1820), mais il n’eut qu’un court succès : son royaume fut donné à son fils aîné, qui se reconnut tributaire des Hollandais.

PALÉMON, dieu marin, favorable aux navigateurs, est le même que Mélicerte. V. ce nom.

PALÉMON (Q. RHEMNIUS), grammairien latin, né à Vicence, d’un esclave, enseigna à Rome sous Tibère et Claude. On a de lui un précieux traité de Ponderibus et Mensuris, publié à Leyde, 1587, et inséré dans les Grammatici de Putsch et de Keil.

PALENCIA, Palantia, v. d’Espagne, ch.-l. de l’intendance de son nom, sur la r. g. du Carrion, à 190 kil. N. O. de Madrid ; 12 000 h. Évêché, belle cathédrale gothique. Lainages, couvertures ; faïence, chapeaux, teintureries, tanneries. Très-ancienne cité des Ibériens, qui maintint longtemps son indépendance, et fut vainement assiégée par le consul L. Lucullus. Florissante sous les Romains et les Goths, elle fut ruinée par l’invasion arabe. Sanche, roi de Navarre, la releva vers 1032. Une université y fut établie dès 1208. — L’intendance de Palencia, une des cinq du roy. de Léon, a au S. l’intendance de Valladolid, à l’E. celle de Burgos : 148 kil. sur 70 ou 72 ; 180 000 hab. Cuivre, fer, marbre ; culture assez florissante.

PALENQUE, anc. v. du Mexique, dans l’État de Chiapa, à 150 kil. N. E. de Chiapa. Aux environs se voient les ruines d’une ville fort ancienne, dont le vrai nom fut Culhuacan ou Huehuetlapatlan. Ces ruines, les plus grandioses du Nouveau-Monde, sont les restes de monuments antérieurs aux Aztèques et même aux Toltèques, et qui sont l’œuvre des Tzendals, race indigène. Elles ont été découvertes en 1787 par Antonio del Rio et Alonzo de Calderon. Elles consistent en temples, fortifications, pyramides, ponts, aqueducs, maisons, tombeaux, et contiennent nombre d’antiquités (vases, idoles, médailles, instruments de musique, bas-reliefs et statues, dont plusieurs colossales). Elles indiquent une capitale qui pouvait avoir de 20 à 30 kil. de tour, et un peuple de taille haute, svelte, bien proportionnée. On remarque une étonnante ressemblance entre plusieurs des emblèmes religieux de Palenque et ceux de l’Égypte.

PALÉOCASTRO, PALÉOPOLIS. V. PALÆO….

PALÉOLOGUE, illustre maison byzantine, parvint au trône de Constantinople dans la personne de Michel VIII, en 1260, et s’y maintint en alternant ou partageant avec les Cantacuzène jusqu’à la chute de l’empire grec en 1453. Dans cet espace de 193 ans, elle donna 8 souverains à l’empire : Michel VIII, Andronic II, Andronic III, Andronic IV, Jean V, Manuel II, Jean VII, Jean VIII, Constantin XII ou Dracosès. Deux Paléologues régnaient encore à Patras et Argos : Mahomet II les dépouilla, de 1453 à 1461. Enfin un Théodore Paléologue, 2e fils d’Andronic II, ayant épousé l’héritière du comté de Montferrat, forma en 1305 dans ce pays une nouvelle maison, qui ne s’éteignit qu’en 1533 avec Jean George Paléologue II.

PALÉPHATE, Palæphatus, écrivain grec, auteur d'un traité Des choses incroyables en 5 livres, vivait, selon Suidas, vers l'an 472 av. J.-C., sous Artaxercès Mnémon, et était natif de Paros ou de Priène. Nous n'avons que le Ier livre de son traité; il a paru à Amsterdam, avec une trad. latine de Tollius, 1649, et a été inséré dans les Mythographi græci de Westermann, Brunsw., 1843. Il a été trad. en français par G. Polier de Bottens, Lausanne, 1771, et par Van-Hulst, Bruxelles, 1838.

PALERME, Panormus, capit. de la Sicile et ch.-l. de l'intendance de Palerme, sur la côte N. de l'île, au pied de montagnes qui l'environnent des autres côtés et qui forment la Coquille d'or; 190 000 hab. Port, avec un môle et un château fort. Archevêché, résidence du gouverneur de la Sicile, tribunal d'appel et cour suprême de cassation; université, fondée en 1374, réorganisée en 1805, avec facultés de théologie, de philosophie et sciences, de lettres, de droit et de médecine; bibliothèque, musée de sculpture, galerie de tableaux, collection géologique, jardin botanique; lycée, séminaire de jésuites (avec bibliothèque); écoles vétérinaire, de navigation, de musique, de beaux-arts; observatoire. Société royale des sciences, lettres et arts; société royale d'encouragement; trois théâtres. La ville est assez bien bâtie et entourée d'une enceinte fortifiée, de 8 kil. de tour; deux grandes rues (Cassaro ou Toledo et la Rue Neuve), maisons à toits plats avec balcons, sept vastes places; palais royal, palais de justice, cathédrale (Ste-Rosalie), du XIIe s., avec coupole moderne, églises Jésus, des Capucins, St-Joseph, l'Olivella; grand hôpital, maison d'aliénés, citadelle. Industrie : soieries, gants, savons, essences, passementeries d'or et d'argent, chapeaux de paille, tanneries, etc. La fête de Ste Rosalie, patronne de la ville, y attire en juillet un concours immense. Aux environs, beaux châteaux royaux de la Favorita et de la Bagheria. Patrie d'Ingrassias, Gravina, Meli, etc. — Palerme était une colonie phénicienne (V. PANORME). Conquise par les Carthaginois, elle fut prise en 254 av. J.-C. par les Romains qui y envoyèrent une colonie. En 251 av. J.-C., L. Cécilius Métellus battit les Carthaginois sous ses murs. Bélisaire la prit aux Goths en 534. Les Arabes s'en emparèrent en 831 et en firent leur capitale en Sicile; Robert Guiscard la leur enleva en 1072. C'est Palerme qui donna, en 1282, le signal des Vêpres siciliennes. Le roi des Deux-Siciles Ferdinand IV y résida de 1806 à 1815. Elle s'insurgea contre le roi de Naples en 1820 et 1848 et fut en 1860 des premières à ouvrir ses portes à Garibaldi. Palerme a été plusieurs fois désolée par des tremblements de terre, notamment en 1726 et 1823. — La prov. de Palerme, entre celles de Trapani à l'O., de Girgenti et de Caltanisetta au S., de Catane et de Messine à l'E., et la Méditerranée au N., a 4472 kil. carr. et compte 550 000 hab.

PALÈS, déesse italique, présidait aux troupeaux et aux bergers. Elle était honorée le 21 avril, jour anniversaire de la fondation de Rome; sa fête s'appelait les Palilies. Ce jour-là on purifiait les étables et on faisait tourner les troupeaux autour de l'autel de la déesse pour les préserver des maladies.

PALESTINE, Palæstina, nom donné par les Romains au pays situé entre la Syrie et l'Arabie (moins la Phénicie) : c'est la Judée dans sa plus grande extension. Ils la divisaient en 4 parties : Galilée, Samarie, Judée, Pérée. Accrue de plusieurs districts voisins, elle fut divisée au IVe s. en 3 parties: Palestine 1re, sur les deux rives du Jourdain : ch.-L, Scythopolis;Palestine 2e, la plus septentrionale, le long de la Méditerranée : ch.-l., Césarée;Palestine 3e ou Salutaire, formée de pays arabes au S. de la véritable Palestine et au N. de l'Arabie Pétrée : ch.-l., Petra. — La Palestine correspond à l'ancienne Terre de Chanaan, et son nom est probablement une corruption de celui des Philistins qui occupaient la partie S. O. de cette contrée. L'histoire de la Palestine se confond avec celle des Juifs jusqu'à l'époque de la dispersion de ce peuple, l'an 135 de J.-C. (V. JUIFS). Depuis la mort du Sauveur, la Palestine devint l'objet d'une vénération religieuse et fut continuellement visitée par un grand nombre de pèlerins. Les Musulmans s'emparèrent de ce pays dès le VIIe s.; longtemps les califes arabes respectèrent les lieux saints; mais, au XIe s., les Turcs, devenus maîtres de la Palestine, les profanèrent et commirent sur les pèlerins toutes sortes de violences. De là les croisades, qui mirent pour quelque temps la Palestine au pouvoir des Chrétiens. Après la conquête, on créa, en 1099, un royaume de Jérusalem qui comprenait la partie de la Palestine à l'O. du Jourdain, mais il ne dura que 88 ans : en 1187, Saladin, soudan d’Égypte, s'empara de tout le pays, qui resta sous la domination égyptienne jusqu'au XVIe siècle; elle fut alors réunie par Sélim I à l'empire turc, qui la possède encore aujourd'hui. Elle forme un pachalik ressortissant de l'eyalet de Damas, et est divisée en 9 districts : 1° El-Kods (Jérusalem et le N. de la Judée); 2° El-Khalil (Hébron et le S. de la Judée); 3° Gaza ou le Falestin (l'anc. Palestine propre); 4° Loudd (la partie O. de la Judée); 5° Naplouse;Aréta (Samarie); 7° Saphad (Galilée); 8° Belad-Schekyf et Belad-Hauran (Trachonitide et Auranitide) ; 9° El-Gaur oriental (Pérée propre). — La Palestine a été, dans ces dernières années, l'objet de plusieurs explorations scientifiques (MM. E. Robinson, Van de Velde, de Sauley, duc de Luynes, etc.).

PALESTRINA, l'ancienne Præneste, v. de l'Italie centrale (territoire romain), à 13 kil. N. E. de Frascati; 6000 hab. Évêché. Elle a été désolée en 1824 par un tremblement de terre. V. PRÉNESTE.

PALESTRINA (J. Pierluigi), célèbre compositeur italien, surnomme le Prince de la musique, né à Palestrina en 1529, m. en 1594, fut maître de chapelle de St-Jean de Latran, de Ste-Marie Majeure et de St-Pierre du Vatican. De son temps c'était l'usage de composer des messes et des motets sur des airs de chansons vulgaires, et cet indécent mélange du profane avec le sacré avait souvent provoqué les censures de l'Église : Palestrina opéra à cet égard une réforme complète dans la musique religieuse, et donna le premier l'exemple de composer tout exprès pour l'église des airs appropriés à la gravité du sujet. On connaît de ce maître 13 livres de messes, 6 de motets, une foule d'hymnes, de litanies, d'offertoires. Partout on y admire la puissance d'invention, l'habileté dans l'art d'écrire pour les voix, la variété du style, une harmonie large et simple, une douceur angélique. On estime surtout sa Messe du pape Marcel, son Stabat et son motet Popule meus. Baini a écrit sa Vie, 1828.

PALESTRO, bourg de l'Italie septentrionale, près de la Sésia, sur un canal, entre Verceil et Robblo. Le 30 mai 1859, les Sardes, secondés par le 3e régiment français des zouaves, y repoussèrent avec avantage une attaque des Autrichiens.

PALEY (Will.), théologien et moraliste anglais, né en 1743 à Péterborough, m. en 1805, était fils d'un maître d'école du Yorkshire. Il fut nommé en 1766 professeur de théologie à l'Université de Cambridge et s'attacha au docteur Law, évêque de Carlisle, qui le nomma son archidiacre, mais il ne put arriver à l'épiscopat parce qu'on le soupçonnait de favoriser les Dissidents. Il a laissé plusieurs ouvrages qui sont devenus classiques en Angleterre : Éléments de Morale et de Politique, Londres, 1785, trad. par Vincent, 1817 (il y fonde la morale sur la volonté de Dieu manifestée par l'utilité générale); Horæ Paulinæ 1787, trad. par Levade, Nîmes, 1809 (il y prouve l’authenticité des Écritures par les seules épîtres de S. Paul); Évidence du Christianisme, 1794, trad. par Levade, 1808; Théologie naturelle, 1802, trad. par Pictet de Genève, 1615 : c’est le meilleur de ses écrits. On a publié après sa mort un choix de ses Sermons.

PALFIN (J.), chirurgien belge, né à Courtray en 1649, m. à Gand en 1730, enseigna longtemps son art à Gand. Il appliqua l'anatomie à la chirurgie, inventa un procédé pour la suture des plaies des intestins, ainsi qu'un nouveau forceps dit Tire-tête de Palfin. On lui doit une Ostéologie (Gand, 1702) et une Anatomie du corps humain, écrite en hollandais (1718), et trad. en français par lui-même (Paris, 1726).

PALI (le), idiome savant de l'Inde transgangétique, dérivé du sanscrit, mais répandu dans l'empire des Birmans, les royaumes de Siam et de Tsiampa, est surtout employé par les partisans de Bouddha, notamment dans l'île de Ceylan. C'est l'idiome dans lequel ont été écrits presque tous les livres sacrés des Bouddhistes. Le pâli s'écrit de gauche à droite.

PALIANO, bg de l'Italie centrale (territoire romain), à 44 k. E. S. E. de Rome; 3000 h. Anc. duché, qui appartenait à la famille Colonna; il lui fut enlevé par un des Caraffa, neveu du pape Paul IV, ce qui amena une longue guerre; mais, après la mort de ce pontife, il fut restitué au légitime possesseur, 1559.

PALIBOTHRA, grande v. de l'Inde ancienne, capit. du roy. de Sandrocottus, était chez les Prasii, près du confluent du Gange et de l'Erannoboas (Gondok ou Sone?). Elle était environnée d'un fossé large de 600 pieds, profond de 60, et défendue par une muraille munie de 570 tours et percée de 64 portes. Elle était encore dans tout son éclat en 605 après J.-C. : depuis elle a disparu, détruite par une invasion étrangère ou par une inondation du Gange. Rennel en a trouvé les ruines à Patelpouter près de Patna. D'Anville la plaçait à tort plus à l'O., près d'Allahabad, au confluent du Gange et du Jomanès (Djomnah).

PALICARES. V. PALLIKARS.

PALI-KA-O, bg de Chine, à 12 k. S. E. de Pékin, sur le grand canal qui relie le Pey-ho à Pékin. Le 21 sept. 1860, 2000 Français, commandés par le général Cousin-Montauban, y mirent en déroute une armée de 50 000 Chinois, commandés par San-Koli-Tsin. Cette victoire nous ouvrit les portes de Pékin. Le vainqueur fut en récompense fait comte de Pali-ka-o.

PALILIES, fêtes de la déesse Palès. V. PALÈS.

PALIMPSESTE, manuscrit d'une espèce particulière. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PALINGENIUS (Marcellus). V. MANZOLLI.

PALINGES, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 15 kil. N. O. de Charolles, sur le canal du Centre; 2076 bab. Hauts fourneaux, poteries.

PALINURE (cap), Palinurum prom., cap. de l'Italie méridionale (Principauté Citer.), à 80 k. S. E. de Salerne. Il doit son nom, selon Virgile, à Palinure, pilote d'Énée, qui s'y noya pendant son sommeil.

PALIQUES, Palici, frères jumeaux adorés en Sicile, étaient fils de Jupiter et d'une nymphe. Ils avaient en Sicile, au pied de l'Etna, un temple célèbre près duquel étaient deux sources d'eau sulfureuse bouillante, sur lesquelles on prêtait serment : le parjure tombait dans une des sources et s'y noyait.

PALISOT DE BEAUVOIS (François Joseph), naturaliste, né à Arras en 1752, m. en 1820, remplit quelque temps les fonctions de receveur des domaines en Picardie. Son emploi ayant été supprimé, il se rendit en Afrique en 1786 pour étudier la flore du Bénin, visita ensuite St-Domingue et diverses contrées de l'Amérique, et en rapporta de précieuses collections de plantes et d'animaux. Il fut admis en 1806 à l'Institut. On a de lui : Flore d'Oware et de Bénin, 1804-21, 2 vol. in fol.; Insectes recueillis en Afrique et en Amérique, 1805-21 ; de savantes recherches sur les Cryptogames, les Mousses, les Lycopodes, 1804, et une Nouvelle agrostographie, 1812.

PALISSOT DE MONTENOY (Ch.), littérateur, né en 1730 à Nancy, était fils d'un conseiller du duc de Lorraine. Il soutint à 13 ans une thèse de théologie et voulut se faire oratorien, mais il changea bientôt d'avis, vint à Paris à 19 ans avec deux tragédies en portefeuille, Zarès et Ninus II, fit jouer l'une d'elles, mais n'obtint aucun succès; se jeta alors dans la polémique, prit parti contre les philosophes, et les attaqua sans relâche, soit dans ses comédies, dont deux, les Originaux ou le Cercle (1755) et les Philosophes (1760), firent grand bruit, soit dans des pamphlets (Petites lettres contre de grands philosophes), soit enfin dans sa Dunciade (1764) ou la Guerre des Sots, poëme imité de Pope, qu'il publia d'abord en 3 chants et qu'il porta dans la suite à 10, afin d'y faire entrer tous ses ennemis. Il se laissa oublier pendant le temps de la Révolution et mourut en 1814, administrateur de la bibliothèque Mazarine. On a de lui, outre les ouvrages ci-dessus : Mémoires pour servir à l'histoire de la littérature française, depuis François I jusqu'à nos jours; Hist. des premiers siècles de Rome jusqu'à la république, 1806 ; le Génie de Voltaire, 1806, des éditions avec notes des œuvres de Corneille et de Voltaire, etc. Ses propres Œuvres ont été réunies en 1809, Paris, 6 vol. in-8, avec les dernières corrections de l'auteur. Palissot ne manquait ni d'esprit ni d'élégance, mais ses ouvrages, presque tous de circonstance, sont tombés dans l'oubli.

PALISSY (Bernard), célèbre potier de terre, né dans l'Agénois vers 1500, m. en 1589, s'appliqua dans sa jeunesse à l'arpentage et à la peinture, entreprit, à partir de 1539, de découvrir le secret de l'émail dont on se servait alors en Italie pour faire de beaux ouvrages de faïence, y réussit après seize ans d'efforts et de dépenses ruineuses (1555), et fabriqua de belles poteries qui furent recherchées par toute la France. Il étudia aussi en savant les monuments de l'antiquité, fit sur les terres, les pierres et les métaux, des observations pleines de justesse, et donna sur ce sujet en 1575 à Paris des cours publics qui furent suivis avec empressement : il y exposa dès cette époque des idées qui ont été justifiées depuis par les découvertes des géologues. Il s'intitulait modestement ouvrier de terre et inventeur des rustiques figulines. Ses figulines, toutes en ronde bosse, sont encore recherchées; on en voit de beaux échantillons au Louvre, à Sèvres, à l'hôtel Cluny et au musée de Limoges. Palissy avait embrassé la Réforme : il fut pour ce motif enfermé dans sa vieillesse à la Bastille, où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui : Moyen de devenir riche (par l'agriculture) et De la nature des eaux et fontaines, des métaux, des terres, émaux, Paris, 1580, ouvrage où il fait l'histoire de ses découvertes. Ses Œuvres ont été réunies à Paris, 1777, avec notes de Faujas de St-Fond, et en 1844, par A. Cap, avec une notice sur l'auteur. Une statue lui a été érigée sur une des places d'Agen.

PALIZZI, famille sicilienne, fut au XIVe siècle l'âme d'une faction qui gouverna pendant longtemps le roi Pierre II et qui abusa du pouvoir; elle fut bannie en même temps que les Chiaramonti, avec lesquels elle était sans cesse en lutte, mais se fit rappeler sous le roi Louis, par les intrigues de la reine mère Élisabeth de Carinthie, 1348; de là une longue guerre civile dans laquelle les Palizzi eurent enfin le dessous; ces querelles ne finirent qu'après la paix de 1372 entre Frédéric II et Jeanne 1re (de Naples).

PALK (détroit de), bras de mer qui sépare l'île de Ceylan de la côte de l'Inde et unit le golfe du Bengale au golfe de Manaar, a 60 kil. de large. Il a reçu son nom d'un hollandais qui le passa le premier.

PALKATI et mieux BALKHACHI, grand lac d'Asie, dans la Dzoungarie, entre 44°-46° lat. N. et 74°-77° long. E. a 140 k. de long sur 80 de large et reçoit l'Ili.

PALLADE, Palladius, évêque d'Hélénopolis (en Bithynie), né en Galatie vers 367, m. vers 430, alla vivre dans la solitude à Nitrie en Égypte, d'où il fut tiré pour être élevé à l'épiscopat. Il était l'ami de S. Jean Chrysostôme. On lui doit' une Histoire des Solitaires dite Hist. lausiaque, parce qu’elle était dédiée à un préfet romain du nom de Lausus.

PALLADE, Rutilius Taurus Æmilianus Palladius, agronome latin, que l'on fait vivre au IVe s. de J.-C. et qu'on croit fils d'Exsuperantius, préfet des Gaules, avait étudié le droit en Gaule et à Rome, puis était allé se fixer en Campanie. Il a laissé 14 livres De Re rustica, insérés dans la collection des Rei rusticæ scriptores, Leipsick, 1755, et traduits en franç. par Saboureux de La Bonneterie, 1775, et mieux par Cabaret-Dupaty, dans la collection Panckouke, 1843. Ce traité n'est, en grande partie, qu'une compilation de Columelle, de Gargilius Martialis et des Géoponiques grecs. C'est une espèce d'almanach, qui indique les travaux à faire mois par mois : sur les 14 livres, 12 sont consacrés à ces instructions mensuelles; le 1er contient des préceptes généraux, et le 14e un poëme sur la greffe, écrit avec assez d'élégance.

PALLADINO (Jacques), dit Jacques de Téramo, né à Téramo en 1349, m. en 1417, étudia le droit à Padoue, puis reçut les ordres, devint successivement chanoine à Téramo, archidiacre d'Aversa, secrétaire des brefs et de la pénitencerie, évêque de Monopoli (1391), archevêque de Tarente, puis de Florence (1401), évêque et administrateur de Spolète (1410), enfin légat en Pologne. On a de lui une espèce de roman ascétique, intitulé Consolalto peccatorum, Augsbourg, 1472, qui a été trad. en français dès 1482 par Farget sous le titre de Procès de Bélial.

PALLADIO (André), célèbre architecte, né à Vicence en 1518, m. en 1580, étudia surtout Vitruve et les monuments antiques. Il orna de ses ouvrages Vicence, Rome, Venise, où il construisit le palais des doges, l'église de St-Georges Majeur et celle du Rédempteur; restaura la belle basilique dite le Palais de la Raison à Vicence, éleva dans cette même ville le Théâtre olympique, commença le célèbre théâtre de Parme, achevé par le Bernin, bâtit dans le Vicentin et les États de Venise une foule de charmantes villas, et publia les Monuments antiques, Rome, 1554, et un Traité d'architecture en 4 livres, Venise, 1570; trad. par Dubois, La Haye, 1726, et par Chapuy, Al. Corréard et Alb. Lenoir sous le titre d’Œuvre de Palladio, Paris, 1825-42, 2 vol. in-fol. Bien que venu après de grands architectes, Palladio a trouvé moyen d'être original; son nom est demeuré à sa manière, qui consiste dans l'appropriation des belles données de l'architecture antique aux mœurs et aux convenances modernes, au moyen de modifications sobres, sages et savamment raisonnées.

PALLADIUM, statue de Pallas (ou Minerve), était la grande idole des Troyens. C'était une statue de bois, haute de 3 coudées, ayant le casque en tête, tenant de la main droite une pique un peu inclinée et de la gauche un grand bouclier rond qui lui cachait presque tout le corps. On la disait tombée du ciel, et on la conservait précieusement à Troie dans un temple bâti exprès, croyant que le sort de la ville y était attaché. Ulysse et Diomède, ayant pénétré de nuit dans Ilion, allèrent la ravir au sanctuaire même de la déesse, et alors seulement Troie put être prise. Suivant la tradition romaine, les deux héros grecs n'enlevèrent qu'un faux Palladium : le vrai fut porté par Énée en Italie, et passa par la suite à Rome, où il était gardé dans un sanctuaire connu seulement du grand prêtre et de la grande vestale : on croyait à Rome comme à Troie, que le salut de l'empire était attaché à sa conservation.

PALLADIUS. V. PALLADE et PALLADIO.

PALLANTÉE, Pallanteum, v. d'Arcadie, à 8 k. O. de Tégée, fut bâtie par Pallas, un des fils de Lycaon. C'était la patrie d'Évandre. — Ville d'Italie, bâtie par Évandre sur les bords du Tibre, prit son nom, soit de la Pallantée d'Arcadie, soit du mont Palatin sur lequel elle fut bâtie, soit enfin, selon Virgile, du jeune Pallas, fils d'Évandre.

PALLANTIDES, fils de Pallas, frère d’Égée, étaient au nombre de 50. Ayant voulu enlever à Égée le royaume d'Athènes, ils furent tous tués par Thésée, fils de ce prince. Aricie était fille de l'un d'eux.

PALLANZA, v. de la Hte-Italie (Novare), ch.-l. d'intendance, sur le lac Majeur, à 70 kil. N. de Novare; 2500 hab. Port, chemin de fer, gymnase. Napoléon y retint prisonniers les évêques d'Italie qui avaient refusé d'accéder au concordat. — L'intendance de Pallanza, entre celles d'Ossola, Val de Sesia, et Novare, le lac Majeur et le canton suisse du Tésin, a 45 kil. sur 30 et compte 80 000 hab.

PALLAS, déesse des Grecs. V. MINERVE.

PALLAS, fils d'Évandre, roi du Latium, fut tué par Turnus, roi des Rutules. Énée lui fit de magnifiques funérailles et vengea sa mort dans le sang de Turnus. Son nom fut donné au village de Pallantée.

PALLAS, affranchi et favori de l'empereur Claude, lui fit épouser Agrippine et adopter Néron. De concert avec Agrippine, il hâta la mort du vieux prince par le poison : s'étant dans la suite rendu odieux à Néron par son arrogance, il fut lui-même empoisonné, en 60, par ordre de l'empereur, qui confisqua ses biens; ils montaient à une valeur de 60 millions de francs.

PALLAS (Simon), voyageur et naturaliste, né en 1741 à Berlin, m. en 1811, fut appelé dès 1767 en Russie par Catherine II, accompagna les astronomes qui allaient en Sibérie observer le passage de Vénus sur le Soleil (1768), visita en détail la Sibérie, la Tauride, diverses parties de la Russie, pénétra jusqu'aux frontières de la Chine, et revint à St-Pétersbourg publier le résultat de ses observations (1774). Il y fut nommé historiographe de l'amirauté et membre de l'Académie. On a de lui : Elenchus zoophytorum, La Haye, 1766; Spicilegia zoologica, 1767-1780; Voyage en diverses parties de l'empire russe, en allemand, 1771-76, trad. en franç. par G. de La Peyronie, 1788-95; Mémoires sur les peuples Mongols, en allemand; Observations sur la formation des montagnes et sur les changements arrivés à notre globe, 1777; Linguarum totius orbis vocabularia, 1788; Tableau physique et topographique de la Tauride, 1795, en franç.; Flora rossica et Fauna rossica, 1784-8; Zoographia rosso-asiatica, 1831. Pallas rectifia les erreurs de Linné et de Buffon sur la conchyliologie, donna une idée exacte des coraux et jeta les vraies bases de la géologie ainsi que de la science des fossiles.

PALLAVICINI ou PALLAVICINO (Oberto), capitaine de condottieri du XIIIe s., se créa une souveraineté en Lombardie et y fut le chef du parti gibelin. — Sforza P., jésuite, né à Rome en 1607, m. en 1667, fait cardinal en 1657, a écrit en italien l’Histoire du concile de Trente, Rome, 1656-57; trad. en latin en 1672 et en franç. en 1844 (coll. Migne). — Ferrante P., poëte satirique, né à Plaisance en 1615, mort en 1644, était chanoine de St-Augustin à Rome. S'étant fait protestant, et ayant écrit de sanglantes satires contre Urbain VIII et les Barberini, il s'attira des colères redoutables qu'il brava pendant plusieurs années en vivant à Venise; mais, ayant eu l'imprudence de pénétrer dans le Comtat, il y eut la tête tranchée. Ses Œuvres permises ont paru à Venise, 1655, et ses Œuvres choisies à Villefranche (Genève), 1666. On y remarque le Divorce céleste, traduit en français par Brodeau d'Oiseville, 1696.

PALLÈNE, auj. Cassandria, la plus occid. des trois-petites péninsules qui terminent au S. la Chalcidique, entre les golfes Thermaïque et Toronaïque, avait pour villes principales Potidée et Scione.

PALLET (le), vge de la Loire-Inf., à 20 kil. N. E. de Nantes ; 1548 hab. Patrie d'Abélard.

PALLIKARS, nom donné jadis à des Grecs faisant partie des milices nationales reconnues par les Turcs et destinées à combattre les Klephtes. Leurs chefs se nommaient armatoli.

PALLIUM, manteau des anciens et ornement que le pape envoie aux métropolitains en signe de juridiction. V. ce mot dans notre Dict. des Sciences.

PALLUAU, Paludellum, ch.-l. de cant. (Vendée), à 36 kil. N. E. des Sables d'Olonne; 627 Hab. PALMA, ch.-l. des îles Baléares, dans l'île de Majorque, sur la côte S. O.; 40 000 hab. Port, avec deux châteaux forts. Évêché, cour d'appel, université, école de navigation, de dessin; société économique; musée d'antiquités, bibliothèques. Superbe cathédrale gothique; palais du gouverneur, hôtel de ville, bourse dite la Lonja. Vins célèbres; soieries, lainages. Patrie de Raymond Lulle.

PALMA, une des Canaries, par 20° long. O. et 28° lat. N.: 600 kil. carr.; 34 000 hab.; ch.-l. Sta-Cruz de Palma. Mont. élevée de 3670m au-dessus de la mer; sol volcanique; côtes fertiles, pêche abondante.

PALMA-CAYET. V. CAYET.

PALMARIA, îlot situé dans le golfe de Gênes, au S. de Piombino. Marbre noir veine d'or, dit portoro.

PALMAROLA, Palmaria en latin, île d'Italie mérid., dans la mer Tyrrhénienne, à l'O. de Ponza.

PALMAS (LAS), v. forte d'Espagne (Canaries), sur la côte E. de la Grande-Canarie, capit. de toute la prov. des Canaries, au milieu d'une délicieuse valée, à l'emb. de la Giniguada; 9000 hab. Évêché, cour d'appel; belle cathédrale. Climat tempéré et sain; maïs, patates, fruits, vins, pêche, cabotage.

PALMAS (Golfe de), Sulcitanus sinus, golfe de la Sardaigne, sur la côte S. O.

PALMELLA, v. de Portugal (Estramadure), à 8 k. N. E. de Sétubal; 3000 hab. Couvent où réside le grand prieur de l'ordre de Santiago.

PALMELLA (don P. de SOUZA-HOLSTEIN, duc de), homme d'État portugais, né en 1786 à Turin, mort en 1850, fut nommé par Jean VI plénipotentiaire au congrès de Vienne (1814), puis ministre des affaires étrangères, prépara, après la révolution de 1820, une charte pour le Portugal, et eut la plus grande part à l'établissement du trône de dona Maria (1834), qui le chargea de former un cabinet; forcé de quitter le pouvoir, il y rentra à la chute du ministère Cabrai (1846) et fut de nouveau placé à la tête du cabinet, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort.

[[w:Henry John Temple (3e vicomte Palmerston)|PALMERSTON (Henri-Temple, vicomte)]], h. d'état anglais, né en 1784 à Broadlands (Southampton), m. en 1865; fit de brillantes études à l'Université de Cambridge, et dans sa jeunesse fut dévoué au parti tory : comme tel, il fut envoyé, dès 1806, à la chambre des communes par Newport, puis (1811-1831) par Cambridge; il devint en 1811, sous Portland, lord de l'amirauté, et fut secrétaire de la guerre sous les ministères qui se succédèrent de 1809 à 1830. Vers cette époque, il entra dans les rangs des whigs, ce qui lui fit perdre les suffrages de Cambridge; mais il fut en 1835 renvoyé au parlement par Tiverton, où son mandat lui fut toujours renouvelé depuis. Ministre des affaires étrangères, de 1830 à 1841, sous les ministères whigs des lords Grey et Melbourne, il reprit et occupa, de 1846 à 1851, puis de 1855 à 1858 et de 1859 à 1865, ces fonctions pour lesquelles il montra une remarquable aptitude, et où il présida à toute la politique étrangère de son pays; il fut dès lors le véritable chef du ministère. Il s'efforça de maintenir un équilibre diplomatique propre à assurer à l'Angleterre une influence prépondérante. Ses principaux actes en ce sens sont : le traité de la quadruple alliance (15 juillet 1840), conclu avec la Russie, l'Autriche et la Turquie; la rupture de l'entente cordiale avec la France à propos des mariages espagnols (1846); l'appui direct et indirect donné à la Révolution italienne (1859 et années suivantes); la résistance au percement de l'isthme de Suez, etc.

PALMES (cap des), cap situé à l'extrémité N. O. du golfe de Guinée, par 4° 81' lat. N., 10° 1' long. O.

PALMEZEAUX-CUBIÈRES. V. CUBIÈRES.

PALMYRE, Tadmor en arabe, v. célèbre de la Syrie ancienne, dans une oasis, au milieu du désert qui s'étend entre Damas et l'Euphrate, à 260 k. N. E. de Damas et à 140 k. O. de l'Euphrate, fut ainsi nommée à cause de ses beaux palmiers, et dut à sa position un grand commerce de transit et des richesses considérables. On en attribue la fondation à Salomon. Détruite par Nabuchodonosor le Grand lorsqu'il marchait sur Jérusalem, elle se releva bientôt. Sous les Séleucides, elle servit d'intermédiaire entre leurs deux capitales, Séleucie et Antioche. Elle eut longtemps de petits princes, qui se maintinrent dans une espèce d'indépendance jusqu'au IIIe s., époque à laquelle ils devinrent tributaires de Rome. Odénat, l'un d'eux, se rendit célèbre sous Gallien par ses exploits contre les Perses et contre plusieurs des trente tyrans; il en fut récompensé par le titre d'Auguste (c.-à-d. d'associé à l'empire). Zénobie, sa veuve, se fit après sa mort proclamer reine d'Orient, mais elle attira ainsi sur ses États les armes d'Aurélien : elle succomba, et avec elle périt la principauté de Palmyre, qui devint province romaine (272). — Les ruines de la ville de Palmyre sont encore magnifiques; elles sont situées par 34° 25' lat. N., 36° 40' long. E., à 245 kil. S. E. d'Alep, à 260 kil. N. E de Damas, et ont conservé le nom de Tadmor, on y remarque surtout les restes du temple du Soleil. Elles ne furent connues des Européens qu'en 1691; elles ont été éloquemment décrites par Volney.

PALMYRÈNE, territoire de PALMYRE.

PALNATOKE, corsaire danois au Xe s., avait formé une espèce d'association de piraterie chevaleresque, dont le fort d'Iæmsborg (dans l'île Wollin) était le ch.-lieu. Il tua en 991 Harald Blaatand. Il est le héros d'une tragédie d'Œhlenschlæger.

PALOMINO DE VELASCO (Antonio), peintre espagnol, né à Bujalance, près de Cordoue, en 1653, m. en 1725, travailla immensément à Madrid, à l'Escurial, à Valence, à Grenade, à Cordoue, et fut nommé en 1690 peintre de la cour. On vante surtout sa Confession de S. Pierre, à Valence, ses fresques du chœur de l'église de Cordoue, et celles du chœur des Chartreuses de Grenade. Cet artiste dessinait purement, composait avec soin et connaissait bien l'anatomie et la perspective; sa couleur est agréable et pleine d'harmonie; mais ses types et ses expressions manquent souvent de noblesse. On a de lui le Musée de peinture, Madrid, 1715-24, 3 vol. in-fol., dont le dernier contient l'histoire des peintres espagnols.

PALOS, v. et port d'Espagne, dans l'anc. Andalousie, à 15 kil. S. de Huelva, à l'emb. du Tinto dans l'Atlantique; 1000 h. C'est là que Christ.Colomb s'embarqua pour la découverte de l'Amérique (1492).

PALSGRAVE (Jean), grammairien anglais, né à Londres vers 1480, m. vers 1554, enseigna le français à la princesse Marie, sœur de Henri VIII. Il a publié en 1530, sous le titre d’Éclaircissement de la langue française, en anglais, une grammaire française, la plus ancienne connue, qui est utile pour l'histoire de la langue et de la littérature, parce que l'auteur choisit ses exemples dans les poëtes et les écrivains des XIVe et XVe siècles. Ce livre, excessivement rare, a été réimprimé en 1852 par Génin dans les Documents inédits sur l'histoire de France.

PALUS MÆOTIS, la mer d'Azov. V. MÉOTIDE.

PAMIERS, v. de France, ch.-l. d'arr. (Ariége), à 19 k. N. de Foix, sur l'Ariége; 7910 h. Évêché, suffragant de Toulouse, institué en 1296; trib. de 1e inst., collége. Filatures, limes, faux; fromages, bestiaux. Aux env., source minérale qui guérit les obstructions. — Cette ville, nommée primitivement Fredelas, en latin Fredelatum ou Fridelacum, fut la capitale de l'ancien comté de Foix. Roger de Foix, de retour de la 1re croisade, y bâtit vers 1104 un château qu'il nomma Apamée du nom d'une ville de Syrie; de là, par corruption, le nom moderne de Pamiers. L'emplacement de ce château forme auj. la promenade du Castellat, d'où l'on jouit d'une vue magnifique. Pamiers fut dévastée par la peste en 1553, prise et saccagée par le prince de Condé en 1628.

PAMISUS, riv. du Péloponèse, se jetait dans le golfe de Messénie après avoir formé la limite entre la Messénie et la Laconie. — Riv. de Thessalie, affl. du Pénée. PAMLICO-SOUND, golfe des États-Unis (Caroline du Nord), entre 35°-35° 40′ lat. N. et 77° 50′-79° long. O. ; 110 kil. du N. au S. O. et 45 de large. Il est fermé du côté de l’Atlantique par trois îles longues et étroites, dont l’une projette le cap Hatteras. Il reçoit le Tar ou Pamlico-River et la Neuse.

PAMPAS, vastes plaines de l’Amérique du Sud qui s’étendent surtout dans la partie mérid. du gouvt de Buenos-Ayres, depuis le Rio de la Plata jusqu’auprès des Andes, sont peuplées d’innombrables troupeaux de chevaux et de bœufs sauvages, dont les peaux et les cuirs font la richesse du pays. Ces plaines sont habitées par les Gauchos, d’origine espagnole, qui vivent indépendants et se livrent à la chasse.

PAMPELONNE, ch.-l. de cant. (Tarn), sur la Viaur, à 30 kil. N. E. d’Alby ; 2268 hab. Toiles.

PAMPELUNE, Pompeiopolis, Pompela chez les Latins, Pamplona en espagnol, v. forte d’Espagne, ch.-l. de l’intendance de ce nom et de la capitainerie générale de Navarre, sur l’Arga, à 310 kil. N. E. de Madrid ; 10 000 hab. Évêché, cour d’appel. Citadelle, fortifications ; cathédrale, palais du vice-roi de Navarre, promenade de la Taconera ; beau cirque pour les combats de taureaux, achevé en 1844, et pouvant contenir 8000 personnes ; chemin de fer. Tissus de laine et de soie ; forges, fonderie de projectiles de fer, fabr. de plaques en fer et en acier ; commerce de vins. — Ville très-ancienne ; fondée ou restaurée par Pompée, dont elle prit le nom. Elle fut prise en 778 par Charlemagne. Longtemps capitale de toute la Navarre, elle devint, après la division de la Navarre en N. franç. et N. espagnole (1512), la capit. de la Navarre espagnole. Enlevée aux Espagnols en 1521 par André de Foix, seigneur de Lespare, frère de Lautrec, qui la perdit la même année : c’est à ce siége que fut blessé Ignace de Loyola. Les Français entrèrent encore dans Pampelune en 1808 et 1823. Elle a été souvent prise et reprise dans les dernières guerres civiles d’Espagne (1831-1842). — L'intendance de Pampelune n’est autre que l’anc. Navarre. V. ce nom.

PAMPHILE ou PAMPHYLE, peintre grec, né en Macédoine, vivait sous Philippe, au IVe s. av. J.-C. Il fonda l’école de Sicyone et fut le maître d’Apelle. Il exigeait que le peintre possédât la géométrie et était lui-même bon mathématicien.

PAMPHILE (S.), était magistrat à Béryte lorsqu’il embrassa le Christianisme. Il remplaça Origène dans la direction de l’école d’Alexandrie et en fonda lui-même une à Césarée de Palestine. Il fut arrêté en 307 comme chrétien, resta deux ans en prison et subit le martyre en 309. On lui doit une bonne édition de la Bible, un savant commentaire sur les Actes des Apôtres et une Apologie d’Origène, en 5 livres, dont il ne reste qu’une trad. latine. On le fête le 1er juin.

PAMPHYLIE, auj. partie O. du pachalik d’Itchil ; contrée de l’Asie Mineure, au S., sur la Méditerranée, entre la Lycie à l’O. et la Cilicie à l’E., était bornée au N. par la Pisidie et était traversée par le Taurus. La côte y forme un golfe appelé golfe de Pamphylie. Attalie, Olbie, Side, Perge, Aspendus, Ptolémaïs en étaient les villes principales. — La Pamphylie fut occupée, après la guerre de Troie, par des bandes grecques, sous la conduite de Mopsus, d’où le pays fut d’abord appelé Mopsopia. Elle doit le nom de Pamphylie (de pâs, tout, et phylê, tribu) à la diversité des peuples qui l’avaient colonisée. Soumise aux Perses, puis à Alexandre et aux rois de Syrie, elle fut donnée à Eumène par les Romains après la défaite d’Antiochus le Grand et leur fit retour avec le reste du royaume de Pergame. Cédée en partie par Antoine, avec la Lycaonie et la Galatie, au Galate Amyntas, elle forma après la mort de ce dernier (24 av. J.-C.) une province impériale à laquelle plus tard Claude joignit la Lycie. Lors de la réorganisation de l’Empire par Constantin, elle fut comprise dans le diocèse d’Asie et la préfecture d’Orient, ayant Aspendus pour capitale. Elle a, depuis, subi toutes les vicissitudes de l’Asie Mineure et est passée avec elle sous le joug des Arabes, puis des Ottomans.

PAMPLONA, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. de Pamplona, sur la Zulia, à 450 k. N. E. de Bogota ; 3200 h. Évêché. Fondée en 1849. — La prov. de Pamplona, une des 4 du dép. de Boyaca, a 235 k. d’E. à l’O. sur 125 et 80 000 hab. Cacao, tabac, etc. Mines d’or, d’argent, de cuivre, de plomb.

PAN, dieu grec, fils de Jupiter et de Callisto, présidait aux troupeaux et aux pâturages, et passait pour l’inventeur du chalumeau. Épris de la nymphe Syrinx, il se mit à sa poursuite et eut la douleur de la voir se changer en roseau au moment où il allait la saisir ; il ne fut pas plus heureux auprès de la nymphe Écho. On figurait ce dieu couvert d’une peau de bouc, ou même avec les cornes, les pieds et les cuisses velues de cet animal, et tenant à la main un bâton recourbé. On lui donne pour cortège des êtres de même forme, dits pans, égipans (c.-à-d. pans-chèvres), êtres qui diffèrent peu des Satyres. Le Faune des Latins ressemble fort au Pan des Grecs ; cependant on les distinguer C’est en Arcadie surtout que Pan était adoré. Ses fêtes s’y nommaient Lycées ; à Rome, elles furent appelées Lupercales. Le bas peuple en Grèce croyait que Pan faisait des courses nocturnes dans les montagnes ; ses apparitions subites jetaient partout l’effroi ; de là le nom de terreur panique. — À l’époque de l’invasion des idées orientales en Grèce et à Rome, Pan devint un dieu suprême, identique à la nature ou à l’universalité des êtres (pan, tout). On confondait Pan ainsi envisagé avec l’Osiris des Égyptiens : de là le nom de Panopolis donné par les Grecs à une ville de la Hte-Égypte où Osiris était adoré. Pan est aussi quelquefois identifié avec le dieu Mandou des Égyptiens.

PANÆTIUS, philosophe stoïcien, né à Rhodes vers 190 av. J.-C., florissait vers 150. Il étudia d’abord à Athènes sous Antipater de Tarse, puis vint à Rome, et y ouvrit une école, qui fut fréquentée par les jeunes gens les plus distingués. P. Scipion, l’un de ses disciples, voulut que le philosophe s’établît dans sa propre maison, et l’emmena avec lui dans les diverses missions dont il fut chargé. Plus tard, Panætius retourna à Athènes pour y remplacer dans la chaire du Portique son maître Antipater : c’est dans cette ville qu’il mourut, presque nonagénaire. Ce philosophe avait composé plusieurs ouvrages fort estimés, qui ne nous sont pas parvenus, entre autres un traité des Devoirs qui a fourni le fond des Offices de Cicéron ; un livre des Sectes, où il soumettait à sa censure les diverses doctrines philosophiques, (on en trouve quelques fragments dans Diogène-Laërce) ; des traités de la Divination, de la Providence, de la Tranquillité de l’âme, etc. Il enseignait un stoïcisme mitigé, et faisait à l’Académie et au Lycée les concessions exigées par le bon sens. On peut consulter sur ce philosophe les recherches de l’abbé Sevin (dans les Mém. de l’Acad. des inscriptions, t. X) et une dissertation de Van Lynden, de Panætio, Leyde, 1802.

PANÆTOLIUM. V. ÉTOLIE.

PANAMA, v. de l’Amérique, dans la Nouv.-Grenade, oh.-l. de l’État de son nom, sur l’isthme de Panama et l’Océan Pacifique, au fond d’une vaste baie, par-81° 47′ long. O., 8° 58′ lat. N. ; 12 000 h. Évêché, collége. Ville bien bâtie, belle cathédrale, beaux couvents, hôpital. Port peu sûr. Commerce déchu de ce qu’il était jadis, lorsque Panama était l’entrepôt des trésors du Pérou. — Il a existé de 1618 à 1670 une 1re ville de Panama, à 15 k. de la v. actuelle. Cette ville, fondée par Davila, fut incendiée en 1670 par les flibustiers, conduits par l’aventurier Morgan ; en la relevant on choisit un emplacement moins accessible. En 1824 eut lieu à Panama un congrès, qui donna peu de résultats ; un autre congrès, en 1826, amena un traité d’alliance offensive et défensive entre diverses républiques de l’Amérique du S. — La v. de Panama donne son nom à un des États fédéraux de la Nouv.-Grenade, appelé aussi l’Isthme, borné au N. par la mer des Antilles, à l'E., par le dép. de la Cauca, au S. par le grand Océan équinoxial, et à l'O. par le Guatemala ; 700 kil. sur 230 ; 170 000 h. Cet État a été formé en 1855.

PANAMA (Isthme de), langue de terre qui joint les deux Amériques, entre la mer des Antilles au N. et l'Océan Pacifique au S., a une longueur d'env. 260 k. et n'a dans certains endroits que 60 kil. de large ; l'isthme est traversé dans toute sa longueur par les Andes. Son peu de largeur a fait songer à le couper par un canal qui unirait l'Atlantique au Pacifique. Dès à présent, un chemin de fer, ouvert en 1855 et long de 64 k. (allant d'Aspinwall, sur le golfe du Mexique, à Panama, sur le Pacifique), permet de traverser l'isthme en quelques heures. — On donne le nom de Golfe de Panama à l'enfoncement formé par le Grand-Océan sur la côte mérid. de l'isthme de Panama, de 6° 50' à 7° 13' lat. N. et de 80° 10' à 82° 45' long. O.

PANARD (Ch. Fr.), vaudevilliste et chansonnier, né en 1694 à Nogent-le-Roi, près de Chartres, m. en 1765, avait composé près de 80 pièces, soit seul, soit de société avec Collé, Piron et Gallet ; il publia en 1763 un volume de ses œuvres dramatiques, qui ne contient que 5 comédies et 13 opéras-comiques. Ses Œuvres choisies, autres que ses comédies, ont été publiées par Armand Gouffé, Paris, 1803, 3 vol. in-18.

PANARO, Scultenna, riv. d'Italie, naît au mont Cimone, dans les Apennins, borde au S. l'anc. duché de Modène, et se jette dans le Pô, par la r. dr., auprès un cours de 125 kil. Elle adonné son nom à un dép. du roy. d'Italie de Napoléon, formé de la partie E. du duché de Modène et qui avait pour ch.-l. Modène.

PANATHÉNÉES, Panathenæa (de pân, tout, et Athéné, Minerve), grande fête athénienne, célébrée en l'honneur de Minerve, tirait son nom de ce qu'elle réunissait tous les peuples placés sous la protection de Minerve. Instituée par Érichthonius vers 1495 av. J.-C., elle reçut un nouveau lustre de Thésée, qui fit de Minerve la déesse de toute l'Attique, et de sa fête le rendez-vous et le lien commun des peuples de tous les bourgs de cette contrée. Elle fut renouvelée en 566 av. J.-C. On distingua plus tard les grandes et les petites Panathénées. Les premières se célébraient tous les 5 ans ; les secondes tous les ans. On déployait dans les grandes Panathénées une magnificence extrême : la cérémonie principale était la procession du peplum ou voile de Minerve, procession qui se rendait du Céramique à la citadelle ; puis venaient les lampadadromies (courses avec des flambeaux à la main), des danses et des jeux gymnastiques, des représentations dramatiques dans lesquelles les poëtes disputaient le prix, enfin des festins publics. Le prix des vainqueurs était une simple couronne d'olivier et un vase d'huile.

PANAY, une des îles Philippines, de forme triangulaire, par 120° 10' long. E., 11° 15' lat. N., a 160 k. sur 130 ; 300 000 h. Résidence d'un gouverneur espagnol. Sol très-fertile : riz, canne à sucre, poivre, etc ; beaucoup de bétail, chevaux. Les habitants sont des Papous et des Bissayos, peuple très-industrieux.

PANCHAIE, Panchæa, partie de l'Arabie Heureuse renommée chez les anciens pour la qualité et la quantité de parfums qu'elle produisait (myrrhe, encens). On la place ordinairement dans la Sabée (à la pointe N. E. de l'Arabie, sur le golfe Persique); d'autres y voient une île voisine de l'Arabie Heureuse, laquelle aurait été découverte par Évhémère, qui en fait un séjour enchanteur ; et ils la placent dans l’île moderne d’Abdal-Curia, entre Socotora et le cap Guardafui, à la pointe orientale de l'Afrique, ou dans l'île de Moœria, sur la côte S. E. de l'Arabie, en face du pays d'Oman ; mais les géographes les plus sérieux doutent même de son existence.

PANCIROLI (Gui), jurisconsulte, né à Reggio en 1523, m. en 1599, professa le droit à Pavie, à Turin, et publia, entre autres écrits : Commentarius in Notitiam de utriusque imperii magistratibus ; De Magistratibus municipalibus ; De claris juris interpretibus ; De rebus inventis et perditis, 1599. Ce dernier ouvrage, rédigé originairement en italien, fut trad. en latin par Salmuth dès 1599 et en français par Lanoue, 1617 : c'est le plus curieux de ses écrits. Ses Œuvres juridiques ont été réunies à Venise en 1584, sous le titre de Tractatus universi juris.

PANCKOUCKE (Ch. Joseph), imprimeur-libraire, né à Lille en 1736, m. en 1798, était fils d'André Joseph, libraire à Lille, connu par quelques ouvrages singuliers : l’Art de désopiler la rate ; Dictionnaire des Proverbes français, etc. Charles vint s'établir à Paris à 28 ans, forma une des librairies les plus renommées de l'Europe, éleva le Mercure de France à un haut degré de prospérité, publia avec Beaumarchais le Voltaire de Kehl, entreprit l’Encyclopédie méthodique, et créa le Moniteur. Au milieu de ces vastes entreprises, il trouva le temps de composer lui-même plusieurs ouvrages : il traduisit Lucrèce, 1768, donna, en société avec Framery, des traductions de l'Arioste et du Tasse, rédigea une Grammaire élémentaire et mécanique à l'usage des enfants, 1795, et écrivit nombre de brochures de circonstance. — Son fils, Ch. L. Fleury Panckoucke, né en 1780, m. en 1844, s'est aussi distingué comme éditeur et comme auteur. Il a édité le grand Dictionnaire des sciences médicales, les Victoires et conquêtes des Français, la 2e édit. de la Description de l'Égypte, et une ample collection des auteurs classiques latins, avec trad. franç., sous le titre de Bibliothèque latine-française (Paris, 1825-39, 178 v. in-8), qu'il compléta, de 1842 à 1850, par une 2e série en 33 v., comprenant les auteurs du 2e ordre; il a fourni lui-même à cette collection une traduction complète de Tacite. Grand amateur d'objets d'art, Panckoucke avait formé une riche collection renfermant des vases grecs, des antiquités égyptiennes, grecques et romaines, des tableaux, des livres rares, des curiosités de toute espèce ; il a ordonné par testament d'en former 100 ans après sa mort un musée communal à Meudon.

PANCSOVA ou PANTCHOVA, v. forte de Hongrie (Confins militaires), ch.-l. du régiment allemand du Banat, au confluant de la Témès et du Danube, à 100 kil. S. S. O. de Temesvar et 170 S. E. de Bude ; 12 000 hab. Siége d'un protopape.

PANDÆMONIUM, nom donné par Milton à l'assemblée des démons et au lieu de leur assemblée.

PANDARUS, fils du troyen Lycaon et ami de Pâris, était un des plus braves guerriers de l'armée de Priam. Impatient de combattre, il viola la trêve conclue entre les Troyens et les Grecs en décochant un trait sur Ménélas : il fut bientôt après tué par Diomède, qu'il venait de blesser.

PANDATARIE, Vendotena, îlot de la mer Tyrrhénienne, sur la côte mérid. du Latium, vis-à-vis du cap de Circé, était un des lieux d'exil sous l'empire romain. C'est là que furent relégués et que moururent Julie, fille d'Auguste, Agrippine, femme de Germanicus, et Octavie, fille de Claude.

PANDECTES, recueil de lois romaines. V. ce mot et l'art. DIGESTE dans notre Dict. univ. des Sciences.

PANDION, 1er roi d'Athènes, fils et successeur d'Érichthonius, et père d'Érechthée, de Progné et de Philomèle, régna de 1556 à 1525 av. J.-C., et vainquit le roi de Thèbes Labdacus. Il institua en l'honneur de Jupiter des fêtes appelées de son nom Pandies. — Un autre Pandion régna sur Athènes de 1405 à 1381, et fut chassé après 24 ans de règne par les Métionides, issus d'Érechthée. Il fut père d’Égée, qui remonta sur le trône.

PANDIONS, nom qui, sous diverses formes, se retrouve sur plusieurs points de l'Inde, désigne et des rois appartenant à la dynastie des Pandavas ou Pandous et des peuples soumis à ces rois. On trouve d'abord, d'après Strabon, un Pays de Pandion situé entre l'Indus et ses affluents, et sans doute analogue au Pays des Pandovi ou Pandoüs, que Ptolémée place entre l'Indus et l'Hydaspe ; puis, dans le pays actuel des Radjepoutes, entre le Bas-Indus et les affluents occidentaux du Gange, les Pandæ, nation puissante, habitant 300 villes, pouvant armer 150 000 hommes et 600 éléphants de guerre, et néanmoins soumise au gouvernement des femmes; enfin, au S. de l'Inde un Pays de Pandion, ayant pour capitale Modura (auj. Madura, en face de Ceylan) : ce dernier royaume comprenait à l'époque d'Alexandre toute la pointe de la presqu'île, la côte du Malabar et celle de Coromandel jusqu'au cap Calimère; mais, au temps de Ptolémée, il était réduit à l'intérieur du pays et à la côte de Coromandel jusqu'au cap Cory.

PANDIT, nom indien qui correspond à celui de docteur, est ordinairement porté par les Brahmes qui se destinent à l'enseignement.

PANDJAB, PANDJNAD. V. PENDJAD, etc.

PANDOLFE I, dit Tête de Fer, prince lombard, de Capoue, fils et successeur de Landolfe IV, régna de 961 à 981, réunit sous sa domination, grâce à l'appui d'Othon I, les villes de Bénévent, Capoue, Salerne, Camerino, Spolète. fut en guerre avec les Grecs qui le battirent à Bovino (juin 968) et le firent prisonnier, redevint libre en 970, essaya de se venger des attaques que les Napolitains avaient dirigées sur ses États en son absence, mais ne put prendre Naples. — Quatre autres princes du même nom et de la même maison régnèrent après lui à Capoue.

PANDORE, nom de la 1re femme, selon la Fable. Elle fut modelée par Vulcain, animée par Minerve, et dotée de toutes les qualités par les autres dieux, qui chacun lui firent un don (d'où son nom, dérivé de pan, tout; dôron, don). Jupiter, voulant punir Prométhée d'avoir dérobé le feu céleste, lui envoya Pandore pour épouse, après avoir mis entre ses mains une boîte où tous les maux étaient enfermés. Prométhée, soupçonnant un piége, refusa de recevoir Pandore et sas présents; mais Épiméthée, son frère, moins prudent, l'accueillit, la prit pour épouse et ouvrit la boîte: aussitôt tous les maux se répandirent sur la terre; il ne resta au fond de la boîte que l'espérance. L'invasion de tous les maux fit naître le siècle de fer. Pandore est l’Ève des Grecs.

PANDOSIE, v. d’Épire, au S., aux confins de la Molosside et de la Thesprotie, sur une riv. d'Achéron.

PANDOUR, vge de Hongrie (Pesth), à 36 kil. S. de Kolotza : ses habitants, d'abord employés à la poursuite des voleurs, puis organisés en corps francs, ont fait donner le nom de Pandours aux divers corps francs que l'Autriche avait à sa solde.

PANDOUS ou PANDAVAS, cinq frères célèbres dans la mythologie indienne, qui, suivant le Mahabharata, disputèrent le trône de l'Inde aux Kourous, leurs cousins, et finirent par l'emporter sur eux par la protection de Krichna. La lutte des Kourous et des Pandous a fourni nombre d'épisodes au Mahabharata.

PANÉAS. V. CÉSARÉE DE PALESTINE.

PANETIER (le Grand), officier de la couronne de France. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

PANÉTIUS. V. PANÆTIUS.

PANFILI. V. INNOCENT X.

PANGE, v. d'Alsace-Lorraine, sur la Nied, à 12 k. S. E. de Metz; 394 hab. Beau château.

PANGÉE, Pangæus, auj. monts Castagnia ou Pounar-Dagh, petite chaîne de mont. de la Thrace et de la Macédoine, joint le Rhodope à l'Hémus, et donne naissance au Nestus. On y trouvait des mines d'or et d'argent.

PANIN (Nikita Ivanovitch, comte), issu des Panini, illustre famille de Lucques, né à St-Pétersbourg en 1718, m. en 1783, était fils de Jean Panin, général de Pierre Ier. D'abord soldat dans les gardes de l'impératrice Élisabeth, il devint son chambellan, puis son écuyer, fut ambassadeur à Copenhague en 1747, à Stockholm en 1749, gouverneur du grand-duc Paul Pétrowitch de 1760 à 1773, et enfin ministre de Catherine II, qu'il avait aidée à monter sur le trône. — Son frère, P. Panin, se distingua à la prise de Bender et triompha de l'insurrection de Pougatchef.

PANIONIUM, nom donné à la confédération ionienne et au lieu où s'assemblaient ses députés. On y comptait 12 cités : Éphèse, Milet, Myonte (remplacée dans la suite par Smyrne), Phocée, Colophon, Téos, Érythres, Clazomènes, Priène, Lébédos, Samos, Chios. Le lieu de la réunion était un temple bâti sur le mont Mycale en l'honneur de Neptune par les colonies confédérées. Les Ioniens y célébraient en commun des fêtes appelées Panionia, mêlées de sacrifices en l'honneur du Dieu et de jeux solennels. D'après les Marbres de Paros, l'établissement de ces jeux, destinés à resserrer les liens qui unissaient les villes ioniennes, remontait à l'année qui précéda l'ère des olympiades, c.-à-d. à l'an 777 av. J.-CV.

PANIPOT ou PANIPET, v. de l'Inde anglaise (Pendjab), à 85 kil. N. O. de Delhi. Il se livra, dans ses environs deux grandes batailles : en 1525, les Mongols y défirent les Afghans; en 1761, ceux-ci taillèrent en pièces les Mahrattes.

PANNAH, v. de l'Inde anglaise, dans l'Allah-Abad et le district de Bundelkand, à 160 k. O. S. O. d'Allah-Abad. Aux environs, riches mines de diamants, qui, sous le règne d'Akbar, rapportaient 2 500 000 fr. par an, mais qui sont en partie épuisées aujourd'hui.

PANNONIE, Pannonia, auj. partie E. de l’Autriche, Esclavonie, Croatie, et partie O. de la Hongrie; région de l'Europe anc., bornée au N. et à l'E. par le Danube, qui la séparait de la Germanie et de la Dacie, à l'O. par le Norique, dont la séparait le mont Cétius, et au S. O., vers l'Italie, par les Alpes Cottiennes. Ce pays fut dès le IIe s. divisé en deux provinces : Pannonie 1re ou Haute, et Pannonie 2e ou Basse, séparées par l’Arrabona (Raab). La 1re était à l'O. et avait pour capitale Petovio (auj. Petau); la 2e, à l'E., eut pour capit. d'abord Aquincum (Vieux-Bude), ensuite Sirmium. Au IVe s., on retrancha de la Pannonie 2e la pays entre la Drave et la Save, auquel on donna le nom de Savie : Sirmium en fut le ch.-l., et Aquincum redevint celui de la Pannonie 1re. — Les premiers habitants de la Pannonie étaient Celtes d'origine. Longtemps indépendants, ils furent soumis par les rois de Macédoine Philippe et Alexandre. Auguste pénétra dans cette contrée, et Tibère, après une guerre de plusieurs années, en compléta la conquête. Lors du partage de l'empire, elle fut comprise dans l'empire d'Occident et dépendit du diocèse d'Illyrie. Des Romains, elle passa aux Huns, puis aux Ostrogoths (V. ce nom). Revenue à l'Empire sous Justinien, elle fut ensuite conquise par les Lombards, puis par les Avares, et enfin comprise dans l'empire de Charlemagne. Les Hongrois en enlevèrent une grande partie aux descendants de ce prince.

PANOFKA (Théod.), savant prussien, né à Breslau en 1801, m. en 1858, était conservateur des vases peints du musée de Berlin et correspondant de l'Institut. Il s'est exclusivement occupé de céramographie et a écrit sur cette branche des antiquités un grand nombre d'ouvrages, allemands, français et italiens, qui ont avancé la science.

PANOPOLIS (c.-à-d. ville de Pan), primitivt Chemmis, auj. Akmym, v. de la Hte-Égypte, sur la r. dr. du Nil, entre Ptolémaïs et Antæopolis et vis-à-vis Crocodilopolis. Osiris, le Pan des Grecs, y était particulièrement honoré (d'où le nom grec de la ville). Le poëte Nonnus y naquit.

PANORME, auj. Palerme, v. de Sicile, sur la côte N., fondée par les Phéniciens, fut la capit. de la Sicile carthaginoise, et fut prise par les Romains en 254 av. J.-C. Gélon y défit le Carthaginois Amilcar en 480 av. J.-C. V. PALERME. — Le nom de Panormus, qui veut dire port sûr, désigne aussi plusieurs ports de l'anc. Grèce,en Épire, en Attique, en Achaïe.

PANSA (C. Vibius), consul en 43 av. J.-C., avec Hirtius, marcha avec son collègue contre M. Antoine, fut vaincu devant Modène et périt dans la bataille.

PANTALÉON (S.), était médecin, et subit, à ce qu'on croit, la martyre à Nicomédie, sous Galère, en 303. On l'honore le 27 juillet.

PANTALÉON (Jacques), pape. V. URBAIN IV. PANTELLARIE, jadis Cosyra, île de la Méditerranée, voisine la côte d'Afrique, mais dépendante de la Sicile, a 60 k. de tour ; 7000 h. ; ch.-l. Oppidolo. Volcan éteint, vallées très-fertiles. Cette île, jadis puissante par sa marine, a appartenu aux Phéniciens et aux Carthaginois. Elle sert auj. de prison d’État.

PANTÈNE (S.), stoïcien, se convertit au Christianisme et devint en 179 le chef de l'école chrétienne d'Alexandrie. Le patriarche Démétrius, l'ayant institué apôtre des nations orientales, il passa dans l'Inde et y séjourna plusieurs années; puis il revint à Alexandrie où il vivait encore en 216. Il est compté parmi les docteurs de l'Église : il eut, entre autres disciples, S. Clément d'Alexandrie. On l'hon. le 7 juillet.

PANTHÉE, femme d'Abradate, roi de la Susiane, tomba au pouvoir de Cyrus, qui l'épargna et la traita avec respect. Abradate, par reconnaissance, servit dans les rangs des Perses contre les Lydiens : il périt à la bat. de Thymbrée (548 av. J.-C.), et Panthée, ne voulant pas lui survivre, s'immola sur son corps.

PANTHÉISTES (de pan, tout, et théos, dieu), philosophes qui réduisent tous les êtres à un seul, Dieu. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PANTHÉON, célèbre édifice de Rome, construit sous Auguste aux frais d'Agrippa, dans le champ de Mars, et terminé l'an 25 av. J.-C. Bien que consacré originairement à Jupiter Vindicator, il fut ensuite destiné à recevoir les statues de tous les dieux (pan, théos). Il fut restauré par Adrien, après avoir été en partie détruit par la foudre. Dépouillé par les barbares de toutes ses richesses, il courait risque d'être ruiné complètement, lorsque le pape Boniface IV l'obtint de l'empereur Phocas et le sauva en le consacrant à Ste-Marie aux Martyrs (610). Ce temple existe encore (place de la Minerve); on l'appelle vulgairement Ste-Marie de la Rotonde. Le Panthéon est remarquable surtout par son dôme, qui a 44m de diamètre; mais cette mesure étant aussi celle de la hauteur de l'édifice, le tout paraît lourd et écrasé.

PANTHÉON FRANÇAIS (le), l'un des plus magnifiques monuments de Paris, s'élève au haut de la montagne Ste-Geneviève; il est construit en forme de croix grecque, est précédé d'un vaste portique orné de 22 colonnes corinthiennes, et est surmonté d'un immense dôme qui se termine par une élégante lanterne. — Ordonné en 1757 par Louis XV par suite d'un vœu qu'il avait fait à Metz pendant sa maladie, et destiné à remplacer l'antique église de Ste-Geneviève, qui menaçait ruine, l'édifice fut commencé en 1758, sur les plans et sous la direction de l'architecte Soufflot, et terminé en 1790. L'Assemblée nationale, changeant sa destination, décréta en 1791 qu'il serait consacré à recevoir les restes des grands hommes : il prit alors le nom de Panthéon et reçut cette inscription : Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Rendu au culte en 1821, il reprit le nom de Ste-Geneviève. Le titre de Panthéon lui fut donné de nouveau après 1830; un décret du 22 mars 1852 l'a définitivement restitué au culte et consacré à la patronne de Paris.

PANTICAPÉE, Panticapæum, auj. Kertch, v. de la Tauride, sur le Bosphore Cimmérien, était d'origine milésienne. Elle jouit pendant un temps de l'indépendance, mais finit par devenir sujette des rois du Bosphore, qui en firent leur capitale. C'est là que mourut Mithridate et que régna Pharnace.

PANTIN, ch.-l. de c. (Seine), près du canal de l'Ourcq et presque contigu à l'enceinte actuelle de Paris, au N. E.; 4842 h. Aux env., carrières de moellons et de pierres à plâtre; dépôt d'immondices, équarrissage.

PANTOMIMES, comédiens qui représentent des drames uniquement par gestes, sans s'aider du discours. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PANVIN ou PANVINIO (Onuphre), savant, né à Vérone en 1529, m. en 1568, fut ermite de St.-Augustin, professeur de théologie à Florence (1554), attaché à la bibliothèque du Vatican sous le pape Marcel II, et laissa beaucoup d'ouvrages d'histoire et d'antiquités, entre autres : Epitome romanorum pontificum usque ad Paulum IV, Venise, 1567; Fasti et triumphi Romanorum, 1557; De Sibyllis et carminibus sibyllinis, 1567; De ludis circensibus, 1600.

PANYASIS, ancien poëte grec d'Halicarnasse, auteur d'un poëme (auj. perdu) sur les 12 travaux d'Hercule, vivait au commencement du Ve s. av. J.-C. et était oncle d'Hérodote. Il fut mis à mort par Lygdamis, usurpateur du pouvoir dans sa patrie, auquel il faisait opposition. Le poëme de Panyasis est perdu; il n'en reste que quelques fragments recueillis par Tschirner, Breslau, 1842. On doit à Funcke une dissertation de Panyasidis vita ac poesi, Bonn, 1837.

PANZER (Wolfgang), ministre luthérien, né à Sulzbach en 1729, m. en 1805, était pasteur à Nuremberg. Savant bibliographe, il a laissé, entre autres ouvrages, Annales typographici ab artis inventæ origine, Nuremb., 1793-1803, 11 vol. in-4.

PAOLA ou PAULE, v. de l'Italie mérid. (Calabre Citer.), près de la mer Tyrrhénienne, à 23k. N. O. de Cosenza; 6000 hab. Couvent de Minimes. Patrie de S. François de Paule.

PAOLI (Hyacinthe), général corse, dirigea de 1734 à 1739 l'insurrection de ses compatriotes contre les Génois. Près de succomber, il offrit la Corse au Saint-Siége, puisa l'Espagne, qui la refusèrent. Alors il remit le pouvoir entre les mains du baron Théodore de Neuhof (V. ce mot). Après la chute de cet aventurier, il combattit contre les Français pour l'indépendance, mais il fut vaincu par le maréchal de Maillebois, et se retira à Naples, où il mourut vers 1756.

PAOLI (Pascal), général corse, fils du préc., né en 1726 à Morosaglia, près de Bastia, suivit à Naples son père exilé, y fut élevé dans la haine du nom génois, rentra en Corse vers 1753, fut proclamé chef de l'île en 1755, soutint avec courage la lutte contre les Génois, et finit par leur enlever tout l'intérieur de l'île. Prenant alors le rôle de législateur, il réorganisa la justice, perfectionna les monnaies, les poids et les mesures, l'instruction, l'agriculture, le commerce, réprima ou combattit l'abus de la vendetta et invita J. J. Rousseau à venir l'éclairer dans ses travaux de réorganisation. Quand Gênes eut cédé la Corse à la France (1768), il protesta et tenta, mais en vain, de résister à la nouvelle puissance : vaincu par le comte de Vaux, il trouva un refuge en Angleterre. Rappelé de l'exil en 1790 par l'Assemblée nationale, il reçut avec le titre de lieutenant général le commandement militaire de son pays, mais il ne tarda pas à rompre avec la Convention (1793). Il n'en fut pas moins élu par ses compatriotes généralissime et président d'une consulta qui se réunit à Corte. Mis hors la loi par la Convention, il expulsa de l'île tous les Français et offrit la Corse au cabinet de St-James, qui accepta l'offre, mais qui donna la vice-royauté de l'île à un autre que lui. Il se retira néanmoins en Angleterre (1796); c'est dans ce pays qu'il mourut, en 1807. Il laissa par son testament des sommes considérables pour fonder dans sa patrie des écoles, qui sont aujourd'hui florissantes. V. CORTE.

PAPA, Araxus prom., cap de Grèce, sur la côte N. O. de la Morée, à l'entrée du golfe de Patras.

PAPE, chef visible de l’Église, vicaire de Jésus-Christ et successeur de S. Pierre. On le nomme aussi Souverain pontife, Saint-Père, Très-Saint-Père; en s'adressant à lui, on dit Votre Sainteté : il se nomme lui-même, depuis Grégoire le Grand, Serviteur des serviteurs de Dieu. — Il réside à Rome. Il a joui, du VIIIe siècle à 1870, d'un pouvoir spirituel et d'un pouvoir temporel. Comme chef spirituel, il a la souveraine autorité sur l’Église catholique romaine, fait observer les canons ou règlements, assemble les conciles, nomme les cardinaux, institue les évêques, établit, autorise ou supprime à volonté les ordres religieux, veille au maintien du dogme et de la discipline, approuve ou censure les doctrines, publie dans ce but des bulles, des brefs, des encycliques; il prononce les canonisations, lance ou lève les excommunications, accorde les grandes dispenses, distribue les indulgences, signe les concordats, etc. Comme prince temporel, il gouvernait avec un pouvoir absolu la ville de Rome et les États de l'Église; il entretient encore près de plusieurs cours des légats ou nonces, qui représentent à la fois son double pouvoir. Le pape porte une triple tiare, symbole de son triple pouvoir comme chef de l'Église, évêque de Rome, et souverain temporel des États romains, sur lesquels il maintient ses droits contre le roi d'Italie; il tient à la main une clef d'or et une clef d'argent, qu'on nomme les clefs de S. Pierre : c'est le symbole du pouvoir qui lui a été donné de lier et de délier. Il est élu par les cardinaux dans le conclave, et est choisi parmi eux : l’élection est suivie de l’exaltation, dans laquelle le nouveau pape, placé sur son siège pontifical, est porté sur les épaules à l'église St-Pierre. Après l'exaltation a lieu le couronnement du pape.

Le nom de pape, du grec pappas, qui signifie père et aïeul, se donnait autrefois à tous les évêques; ce n'est que depuis Grégoire VII (1073) qu'il a été appliqué exclusivement au souverain pontife. La suite des papes remonte sans interruption jusqu'à S. Pierre, qui avait été choisi par Jésus-Christ lui-même pour lui succéder, et qui fonda le siége de Rome. La suprématie de ce siége fut reconnue dès l'origine : l'histoire nous montre dès les premiers siècles Rome exerçant son autorité sur les autres Églises et celles-ci recourant à elle pour les points en litige. Quand la capitale de l'empire eut été transférée à Constantinople, les évêques de cette ville obtinrent du concile de Constantinople (380) le 1er rang dans l'Église après l'évêque de Rome, avec quelque autorité sur les autres églises d'Orient; mais, élevant de plus en plus leurs prétentions, ils finirent par s'attribuer une autorité égale à celle des papes, ce qui amena le Schisme d'Orient (V. ce mot). — Dans les 1ers siècles, les papes ne possédaient qu'un pouvoir spirituel, et ils obéissaient aux empereurs ou aux princes qui les représentaient en Italie. Constantin les dota richement, mais il ne leur fit point cette célèbre donation que l'on a quelquefois alléguée; ce n'est que du VIIIe s. que date leur pouvoir temporel. Il naquit vers 726, à la suite de l'expulsion du duc grec de Rome. Quelques années plus tard, Pépin le Bref (755) et Charlemagne (775), après avoir abattu les Lombards, donnèrent aux papes une partie des États conquis (l'exarchat de Ravenne, la Pentapole, puis le Pérugin et le duché de Spolète), et en firent ainsi une puissance terrestre. La donation faite au St-Siége par la grande-comtesse Mathilde du territoire appelé depuis Patrimoine de St-Pierre (V. ce nom) accrut encore leur pouvoir temporel (1077). Au moyen âge les papes jouent un rôle de plus en plus important : ils civilisent les peuples, propagent la religion, prêchent ou encouragent les Croisades; arbitres de l'Europe, ils sont les médiateurs des princes dans leurs différends et poursuivent jusque sur le trône le crime ou l'infamie; mais souvent aussi, outre-passant les bornes de la puissance spirituelle, ils vont jusqu'à déposer les souverains, à délier les sujets du serment de fidélité et à lancer l'interdit sur les royaumes; ce qui donne lieu à des luttes longues et sanglantes. C'est surtout avec l'Empire et la France qu'eurent lieu ces querelles, qui mirent l'Europe en feu (V. INVESTITURES, GUELFES, GIBELINS, GRÉGOIRE VII, BONIFACE VIII, HENRI IV et V, empereurs, PHILIPPE LE BEL, etc.). — En 1309, le pape Clément V va se fixer à Avignon, et ses successeurs continuent à y résider jusqu'à Grégoire XI, qui retourne à Rome en 1377; pendant tout ce temps, ils sont sous l'influence des rois de France. A la mort de Grégoire XI, éclate le grand Schisme d'Occident qui dura 71 ans (1378-1449), et pendant lequel on vit régner simultanément deux séries de pontifes qui résidaient les uns à Rome, les autres à Avignon ou ailleurs, et qui s'anathématisaient réciproquement. Vers le même temps, les papes voient leur puissance attaquée par divers novateurs qui prétendent réformer l’Église : Wiclef, Jean Huss, Jérôme de Prague, ouvrent la voie dès le XIVe et le XVe siècles; au XVIe, Luther, Zwingle, Calvin les suivent et trouvent de nombreux partisans en Allemagne, en Suisse et jusqu'en France; Henri VIII sépare l'Angleterre de l'Église romaine. Depuis cette époque, l'intervention des papes dans les affaires temporelles a été de plus en plus rare, et leur puissance de plus en plus limitée; ils virent même en France leur autorité soumise à certaines restrictions : déjà la Pragmatique sanction de 1438, sous Charles VII, avait eu ce but; quelque temps suspendue par Louis XI, elle fut remplacée sous François I par le Concordat de 1516; en 1682, une célèbre Déclaration du clergé de France, formulée par l'organe de Bossuet, posa des limites de l'autorité spirituelle et de l'autorité temporelle (V. ÉGLISE GALLICANE); enfin les relations de la France avec l'Église romaine furent fixées en 1801 par le Concordat. — Pour l'histoire des variations du pouvoir temporel des papes, V. ROMAINS (États).

Le mode d'élection des papes a subi diverses modifications. Primitivement, l'élection était faite conjointement par le clergé et le peuple de Rome; bientôt le clergé y obtint la principale part. Longtemps le choix dut être confirmé par le prince; souvent même les empereurs d'Allemagne s'arrogèrent le droit de nommer les papes par eux-mêmes. L'empereur Henri II, en 1014, rétablit la liberté d'élection. A partir de 1060, le droit d'élire fut réservé aux seuls cardinaux; enfin Grégoire X, en 1274, ordonna, pour abréger les délais, que l'élection se fît en conclave. Le pape peut être choisi dans toutes les nations catholiques, et en effet on a vu jusqu'au XVIe s. des papes de diverses nations : 14 français, 7 allemands, 12 espagnols, 2 savoisiens, 1 anglais, 1 portugais, 1 hollandais; mais, l'immense majorité des souverains pontifes appartient à l'Italie, et depuis le XVIe s. il n'a été élu que des papes italiens. Une fois élus, les papes changent ordinairement de nom : Adrien III, élu en 844, est le 1er qui ait donné cet exemple.

Liste chronologique des papes.
S. Pierre, 34 S. Jules I, 337
S. Lin, 168 S. Libère, 352
S. Clet ou Anaclet, 78 Félix II, 355
S. Clément I, 91 S. Libère, de nouv., 358
S. Évariste, 100 S. Damase, 366
S. Alexandre, 109 Ursin, anti-pape, »
S. Sixte I, 119 S. Sirice, 384
S. Télespnore, 127 S. Anastase, 398
S. Hygin, 139 S. Innocent I, 402
S. Pie I, 142 S. Zozime, 417
S. Anicet, 157 S. Boniface I, 418
S. Soter, 168 S. Célestin I, 422
S. Éleuthère, 177 S. Sixte III, 432
S. Victor I, 193 S. Léon I, le Grand, 440
S. Zéphirin, 202 S. Hilaire, 461
S. Calixte I, 519 S. Simplice, 468
S. Urbain I, 223 S. Félix III, 483
S. Pontien, 230 S. Gélase, 492
S. Anthère, 235 S. Anastase II, 496
S. Fabien, 236 Symmaque, 498
S. Corneille, 251 Laurent, anti-pape, »
Novatien, anti-pape, 251 Hormisdas, 514
S. Luce I, 262 Jean I, 523
S. Étienne I, 253 Félix IV, 526
S. Sixte II, 257 Boniface II, 530
S. Denys, 259 Jean II, dit Mercure, 533
S. Félix I, 269 Agapet I, 535
S. Eutychien, 275 Silvère, 536
S. Caïus, 283 Vigile, 537
S. Marcellin, 296 Pélage I, 555
Vacance du St-Siége, 304-308 Jean III, 560
Benoît I, Bonose, 574
S. Marcel, 308 Pelage II, 578
S. Eusèbe, 310 S. Grégoire I, le Grand, 590
S. Melchiade, 811 Sabinien, 604
S. Sylvestre I, 314 Boniface III, 607
S. Marc, 336 Boniface IV, 608
S. Dieudonné, 615 Gélase II, 1118
Boniface V, 618 Maurice Bourdin, anti-pape, »
Honoré I, 625-638 Calixte II, 1119
Séverin, 640 Honoré II, 1124
Jean IV, 640 Calixte III, anti-p., »
Théodore, 642 Innocent II, 1130
S. Martin I, 649 Anaclet et Victor, anti-papes, »
S. Eugène I, 654 Célestin II, 1143
Vitalien, 657 Luce II, 1144
Adéodat, 672 Eugène III, 1145
Donus ou Domnus I 676 Anastase IV, 1153
Agathon, 678 Adrien IV, 1154
S. Léon II, 682 Alexandre III, 1159
Benoît II, 684 Victor IV, Pascal III, Calixte, Innocent, anti-papes, »
Jean V, 685 Luce III, 1181
Pierre et Théodore, anti-papes, » Urbain III, 1185
Conon, 686 Grégoire VIII, 1187
Sergius I, 687 Clément III, 1187
Théodore et Pascal, anti-papes, » Célestin III, 1191
Jean VI, 701 Innocent III, 1198
Jean VII, 705 Honoré III, 1216
Sisinnius, 708 Grégoire IX, 1227
Constantin, 708 Célestin IV, 1241
S. Grégoire II, 715 Innocent IV, 1243
Grégoire III, 731 Alexandre IV, 1254
Zacharie, 741 Urbain IV, 1261
Étienne, élu, mais non consacré, 752 Clément IV, 1265
Étienne II, 752 Grégoire X, 1271
S. Paul I, 757 Innocent V, 1276
Théophylacte, Constantin, Philippe, anti-papes, » Adrien V, 1276
Étienne III, 768 Jean XXI, 1276
Constantin, anti-p., » Nicolas III, 1277
Adrien I, 772 Martin IV, 1281
S. Léon III, 795 Honoré IV, 1285
Étienne IV, 816 Nicolas IV, 1288
S. Pascal I, 817 Célestin V, 1294
Eugène II, 824 Boniface VIII, 1294
Zizime, anti-pape, » S. Benoît XI, 1303
Valentin, 827 A Avignon :
Grégoire IV, 827 Clément V, 1305
Sergius II, 844 Jean XXII, 1316
Léon IV, 847 Pierre de Corbière, anti-pape, »
Benoît III, 855 Benoît XII, 1334
Anastase, anti-pape » Clément VI, 1342
S. Nicolas I, 858 Innocent VI, 1352
Adrien II, 867 Urbain V, 1362
Jean VIII, 872 Grégoire XI, 1370
Marin ou Martin II, 882 (à Rome à partir de 1377)
Adrien III, 884 Urbain VI (à Rome), 1378
Étienne V, 885 Clément (VII), à Avignon, 1378-94
Formose, 891 Boniface IX, à Rome, 1389
Sergius, anti-pape, » Benoît (XIII), à Avignon, 1394-1424
Boniface VI, 898 Innocent VII, à R., 1404
Étienne VI, 896 Grégoire XII, 1406
Romain, 897 Alexandre V, 1409
Théodore II, 898 Jean XXIII, 1410
Jean IX, 898 Martin V, 1417
Benoît IV, 900 Clément (VIII), anti-p., à Avignon, 1424-29
Léon V, 903 Eugène IV, à R., 1431-1447
Christophe, 903 Félix V, à Bâle, 1439-49
Sergius III, 904 Nicolas V, à Rome, 1449
Anastase III, 911 Calixte III, 1455
Landon, 913 Pie II, 1458
Jean X, 914 Paul II, 1464
Léon VI, 928 Sixte IV, 1471
Étienne VII, 929 Innocent VIII, 1484
Jean XI, 931 Alexandre VI, 1492
Léon VII, 936 Pie III, 1503
Étienne VIII, 939 Jules II, 1503
Martin III, 942 Léon X, 1513
Agapet II, 946 Adrien VI, 1522
Jean XII, 956 Clément VII, 1523
Léon VIII, 963 Paul III, 1534
Benoît V, 964 Jules III, 1550
Jean XIII, 965 Marcel II, 1555
Benoît VI, 972 Paul IV, 1555
Boniface VII (Francon), anti-pape, » Pie IV, 1559
Donus ou Domnus II, 974 Pie V, 1565
Benoît VII, 975 Grégoire XIII, 1572
Jean XIV, 983 Sixte V, 1585
Boniface VII de nouv., 985 Urbain VII, 1590
Jean XV (non sacré), 985 Grégoire XIV, 1590
Jean XVI, 986 Innocent IX, 1591
Grégoire V, 996 Clément VIII, 1592
Jean XVI bis, anti-p. 997 Léon XI, 1605
Sylvestre II, 999 Paul V, 1605
Jean XVII, 1003 Grégoire XV, 1621
Jean XVIII, 1003 Urbain VIII, 1623
Sergius IV, 1009 Innocent X, 1644
Benoît VIII (Léon, anti-pape), 1012 Alexandre VII, 1655
Jean XIX, 1024 Clément IX, 1667
Benoît IX, 1033-48 Clément X, 1670
Sylvestre et Jean XX, anti-papes, » Innocent XI, 1676
Grégoire VI, 1044 Alexandre VIII, 1689
Clément II, 1046 Innocent XII, 1691
Damase II, 1048 Clément XI, 1700
S. Léon IX, 1049 Innocent XIII, 1721
Victor II, 1055 Benoît XIII, 1724
Étienne IX, 1057 Clément XII, 1730
Benoît X, anti-p., » Benoît XIV, 1740
Nicolas II, 1058 Clément XIII, 1758
Alexandre II, 1061 Clément XIV, 1769
Honoré II, anti-p., » Pie VI, 1775
Grégoire VII, 1073 Pie VII, 1800
Clément III, anti-p. 1080 Léon XII, 1823
Victor III, 1086 Pie VIII, 1829
Urbain II, 1088 Grégoire XVI, 1831
Pascal II, 1099 Pie IX, 1846
Albert et Théodoric, anti-papes, »

Mas-Latrie a donné la Chronologie historique des Papes, Paris, 1838; Artaud de Montor, l’Hist. des souverains pontifes, 1847; F. Duchesne, l’Hist. des Papes, 1853 ; Ranke, l’Hist. de la Papauté, 1837 (en allem., trad. par Haiber), et J. Miley, l’Hist. des États du pape (en angl., trad. par Ouin-Lacroix, 1851).

PAPE (Gui-), jurisconsulte. V. GUI-PAPE.

PAPEBROECK (Dan.), savant jésuite, né en 3628 à Anvers, mort en 1714, fut un des plus laborieux collaborateurs de Bollandus dans là rédaction des Acta Sanctorum. Les Carmes lui cherchèrent querelle pour avoir nié que leur ordre remontât jusqu'au prophète Élie, mais le pape lui donna raison. Il a publié avec divers collaborateurs les saints des mois de mars, avril, mai et juin. Il se distingue autant par sa critique que par son érudition.

PAPÉITI, port de l'île de Taïti, ch.-l. des possessions françaises dans l'Océanie, est situé sur la côte N. de l'île et vers l'O. On y a construit un arsenal, deux quais d'abattage, et deux cales de halage. Grand commerce d'huile de baleine.

PAPESSE (La) JEANNE. V. JEANNE.

PAPHLAGONIE, Paphlagonia, auj. livahs de Kastamouni et de Kiangari, région maritime de l'Asie-Mineure, entre la Bithynie à l'O. et le Pont à l'E., bornée au N. par le Pont-Euxin, au S. par la Galatie, avait pour capitale Amastris, et pour villes principales Gangra et Sinope. Elle produisait des chevaux et des mulets estimés. — Les Paphlagoniens secoururent Troie contre les Grecs, sous la conduite de Pylémène, ce qui fit donner au pays le nom de Pylæmenia. La Paphlagonie ne fut jamais comprise que nominalement dans la monarchie médo-persane. Alexandre l'entama à peine; sous ses successeurs, elle devint un royaume particulier. Parmi ses rois on distingue Morzès, qui régnait en 179 av. J.-C.; Pylémène I, vers 131; Pylémène II, qui mourut vers 121, léguant ses États au père de Mithridate le Grand. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois de Pont et ceux de Bitbynie. Ces derniers appelèrent les Romains à leur secours. Philémon, fils de Nicomède, rétabli par eux et mis en possession de la plus grande partie de la Paphlagonie, leur légua ses États, 63 av. J.-C. Les Romains les réunirent alors à la province de Pont. La Paphlagonie fit partie, sous Dioclétien, du diocèse de Pont, et devint, après Héraclius, un des thèmes de l'Orient.

PAPHNUCE (S.), évêque de la Hte-Thébaïde au IVe s., souffrit pour la foi sous Galérius et Maximin, assista au concile de Nicée, et soutint la cause de S. Athanase au concile de Tyr. On le fête le 11 septembre.

PAPHOS, nom commun à deux villes de l'île de Cypre, l’Anc. Paphos et la Nouv. Paphos. La 1re était sur la côte S. O. de l'île, et devait son origine à des Syriens ou Phéniciens, conduits par Cinyras. C'est sur le rivage voisin de cette ville qu'on faisait naître Vénus, sortie de l'écume de la mer. Cette déesse, ou plutôt Astaroth ou Astarté, déesse phénicienne, y était adorée sous la forme d'un bloc conique noir, qu'on présume avoir été un aérolithe. On y célébrait en l'honneur de Vénus des fêtes qui attiraient un grand concours; son temple, célèbre dans toute la Grèce, rendait des oracles; le grand prêtre de ce temple était le premier après le roi. Ravagée par un tremblement de terre, la ville fut relevée par Auguste, et prit de là le nom d’Augusta ou de Sébaste. Pococke a trouvé sur l'emplacement de cette ville, qui est auj. le village de Kouklia, beaucoup de ruines. — La 2°, auj. Bafa, à 15 kil. N. O. de la précéd., avait un bon port et un beau temple. Ou en attribuait la fondation à l'Arcadien Agapénor, qui l'aurait bâtie en revenant de Troie. — Les deux villes n'avaient qu'un seul gouvernement, sous l'autorité des Cinyrades. Comme les autres villes de l'île, Paphos conserva ses rois sous les Perses et sous Alexandre, à la condition de payer tribut. Après les guerres des successeurs d'Alexandre, elle resta aux Ptolémées; elle passa avec le reste de l'île sous la domination romaine en 59 av. J.-C. — C'est à Paphos que S. Paul convertit Sergius Paulus. Cependant le Christianisme ne fut établi dans l'île qu'au IVe s. Alors le temple de Vénus fut renversé et un évêché érigé à Paphos même.

PAPIA, nom latin de PAVIE.

PAPIAS (S.), disciple de S. Jean l’Évangéliste, fut évêque d'Hiéraple en Phrygie, et mourut vers 156. Il avait compose, en grec, une Explication du discours du Seigneur, dont il n'existe que des fragments, où l'on trouve cependant des renseignements précieux. Il passe pour avoir répandu le premier les idées des Millénaires. On le fête le 12 février. — Un autre Papias, grammairien latin du XIe s., rédigea vers 1053 un Vocabularium latinum, Milan, 1476, in-f., précieux monument de l'époque.

PAPILLON (Almague), poëte, né à Dijon en 1487, m. en 1559, fut, comme Clément Marot, valet de chambre de François I, et suivit le roi dans sa captivité en Espagne. On a de lui : le Nouvel Amour; Victoire et triomphe d'Argent contre le dieu d'Amour; Victoire et triomphe d'Honneur et d'Amour contre Argent. — Marc de P., seigneur de Lasphrise, né à Amboise en 1555, m. vers 1599, servit longtemps et avec distinction, puis se retira pour cultiver les lettres. On a de lui : Amours de Théophile, Amours de Noémi, la Nouvelle inconnue (imitée de Boccace), des élégies, des poésies chrétiennes et autres, qui ne manquent pas de verve et d'imagination.

PAPILLON (Philibert), chanoine de Dijon, 1666-1738, est auteur de la Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, 1742-45, 2 vol. in-fol., ouvrage estimé.

PAPILLON (Jean), né à Rouen en 1639, m. à Paris en 1710, s'est distingué dans la gravure sur bois, ainsi que Jean et Nicolas, ses deux fils, J. Baptiste et J. B. Michel, ses neveux. — Jean Papillon, dit le Jeune, son fils aîné, inventa le trusquin. J. B., son neveu, est auteur d'un Traité historique et pratique de la gravure en bois, Paris, 1766.

PAPIN (Denis), célèbre physicien, né à Blois en 1647, m. vers 1714, exerça d'abord la médecine à Paris, puis s'occupa avec succès de physique et de mécanique. Forcé de s'expatrier comme protestant, il se rendit en Angleterre, où il se lia avec Boyle, qui l'associa à ses belles expériences sur la nature de l'air et le fit nommer membre de la Société royale de Londres (1680). En 1687, il alla en Allemagne pour occuper la chaire de mathématiques à l'Université de Marbourg. Il fut nommé en 1699 correspondant de l'Académie des sciences de Paris. Il a laissé, outre un grand nombre de Lettres et de Mémoires disséminés dans le Journal des Savants, les Transactions philosophiques et les Acta eruditorum, divers ouvrages fort remarquables, entre autres la Manière d'amollir les os, Paris, 1682, où il décrit une nouvelle machine de son invention, le Digesteur, dit vulgairement Marmite de Papin, vase hermétiquement fermé, dont nos autoclaves ne sont qu'un perfectionnement; et un traité qui fait époque, intitulé : Nouvelle manière d'élever l'eau par la force de la vapeur, Cassel, 1707. Il est le premier qui ait connu toute la puissance de la vapeur et le parti qu'on en pouvait tirer pour les machines; il a clairement décrit le moyen de faire le vide dans le corps de pompe en condensant la vapeur par le refroidissement; enfin il a conçu l'idée de la navigation à vapeur : il fit construire d'après ce principe un bateau sur la Fulde en 1707. Arago a donné une intéressante Notice sur D. Papin. Blois lui a érigé une statue. — Isaac Papin, son cousin, 1657-1709, théologien protestant, eut avec son coreligionnaire Jurieu de grandes disputes, à la suite desquelles il passa en Angleterre, puis en Allemagne. Las de ces querelles, il rentra en France et abjura entre les mains de Bossuet, 1690. Ses Œuvres forment 3 vol. in-12, Paris, 1723. On y remarque des Essais sur la Providence et la Grâce.

PAPINIEN, Æmilius Papianinus, le premier jurisconsulte de l'antiquité, né en Phénicie vers 142, fut avocat du fisc sous Marc-Aurèle, puis préfet du prétoire sous Septime-Sévère. Il défendit courageusement Géta contre Caracalla, et eut la tête tranchée par ordre de celui-ci. pour avoir refusé de faire l'apologie du fratricide dont ce prince s'était souillé (212). Il avait composé, entre autres ouvrages, 37 liv. de Questions, dissertations sur des points de droit; 19 liv. de Réponses, consultations sur des cas particuliers; 2 liv. de Définitions, maximes générales de droit. Ces écrits formèrent dans les écoles romaines la base du haut enseignement. Papinien jouissait d'une telle autorité que ses décisions faisaient loi, et qu'en cas de partage, son opinion devait prévaloir : malheureusement, il ne reste de ses ouvrages que des fragments, qu'on trouve pour la plupart dans les Pandectes. Cujas les a réunis et commentés.

PAPIRIUS, nom de deux familles romaines, l'une patricienne, l'autre plébéienne : la 1re se divisait en 7 branches : les Crassus, les Mugillanus, les Atratinus, les Cursor, les Maso, les Prætextatus et les Pætus; dans la 2e on connaît surtout les Carbon.

PAPIRIUS (P.) SEXTUS, patricien et jurisconsulte, fut chargé, sous le règne de Tarquin le Superbe, de recueillir les lois rendues par les 6 premiers rois de Rome. Son travail fut appelé Code Papirien.

PAPIRIUS (L.) CURSOR, maître de la cavalerie en 340 av. J.-C., consul en 325, 319, 318, 314, 312, dictateur en 323 et 308, se signala contre les Samnites, les Sabins et les Prénestins; introduisit dans son armée la discipline la plus sévère, répara la honte des Fourches Caudines en reprenant Lucérie (320), et s'acquit le renom du plus habile général des Romains. Sa sévérité en matière de discipline était telle qu'en 323 il condamna à mort Fabius Rullianus, son maître de cavalerie, pour avoir livré bataille malgré sa défense : il fallut les prières du peuple entier pour soustraire Fabius à l'effet de cette sentence, bien qu'il eût été victorieux. — L. Papirius Cursor, son fils, consul en 293 et 272 av. J.-C., remporta sur les Samnites en 293 la victoire d'Aquilonie, et les battit encore, ainsi que les Lucaniens et les Brutiens, en 271. — C. Papirius Maso, consul en 230 av. J.-C., réduisit en provinces romaines la Sardaigne et la Corse, déjà soumises depuis 237, mais sans cesse en révolte. N’ayant pu obtenir d’entrer en triomphe à Rome, il alla faire la cérémonie triomphale sur le mont Albain, exemple qui depuis fut suivi fréquemment.

PAPIRIUS CARBO, tribun du peuple. V. CARBON.

PAPISTES, nom injurieux que donnent aux Catholiques les partisans de la religion réformée.

PAPOUASIE, dite aussi Terre des Papous et Nouv.-Guinée, grande île de l’Océanie centrale, à l’E. des Moluques et au N. de l’Australie, dont elle est séparée par le détroit de Torrès, est beaucoup plus longue que large : elle s’étend de 128° à 140° de long. E., dans une longueur de près de 2000 k., mais ne va que de 0,9’ à 10° lat. S. L’intérieur est inconnu, et les côtes explorées en partie seulement. Les habitants, en partie malais, en partie d’une race particulière de nègres, ont les membres grêles, mais sont moins laids que d’autres nègres océaniens. Ils sont assez adroits navigateurs. Ce sont les seuls nègres du monde maritime qui aient des temples et des idoles. Dans les montagnes, dont la principale, le mont Arfak, atteint 4300m, sont les Arfakis ou Endamènes, les plus barbares de l’île, qui pourtant se partagent entre l’agriculture et la chasse. Les Chinois visitent la côte N. O. de la Papouasie pour en tirer de l’écaille de tortue, des peaux d’oiseaux de paradis, des esclaves, de la poudre d’or et du sagou. — On attribue la découverte de la Papouasie au Portugais Antonio Abreu, 1511. Saavedra en 1527, Schouten en 1616, Tasman en 1643, Dampier en 1700, Bougainville en 1768, Cook en 1770, d’Entrecasteaux en 1792, Duperrey en 1823, Dumont-d’Urville en 1827 et 1838, en ont visité quelques parties. Les Hollandais comprennent la Papouasie occid. dans leur gouvt des Moluques; ils avaient élevé en 1828 sur la côte S. O., dans la baie du Triton, le fort du Bus, mais ils l’ont abandonné.

PAPPENHEIM, v. de Bavière, sur l’Altmühl. à 80 kil. S. de Nuremberg, 2400 h. Pierre lithographique. Titre d’un comté. — Les comtes de Pappenheim portaient le titre de maréchaux de l’empire. Un membre de cette famille, God. Henri, comte de P., zélé catholique, fut un des généraux les plus distingués des Impériaux dans la guerre de Trente ans. Il fut tué à Lutzen en 1632, n’ayant que 38 ans.

PAPPUS, mathématicien d’Alexandrie, qui vivait vers la fin du IVe siècle de J.-C, a laissé sous le titre de Collections mathématiques, en grec, un recueil qui ne nous est pas parvenu dans son entier ; néanmoins ce qui nous en reste est précieux tant par les démonstrations qu’il contient que par les fragments qu’il nous a conservés d’auteurs perdus. Il a été publié à Pesaro, 1588, in-fol., avec une trad. lat. de Commandino, et à Bologne, 1660, in-fol., avec des augmentations. Il en a été trouvé de nouveaux fragments par Wallis et par H. J. Eisenmann, qui les ont publiés à Paris, 1824. On a aussi un abrégé latin d’une Géographie de Pappus, dont l’original est perdu.

PÂQUE (la), du mot hébreu paschah, c.-à-d. passage, fête des Juifs et des Chrétiens. Elle fut instituée par Moïse en mémoire de la sortie d’Égypte et du passage de la mer Rouge ; elle durait 7 jours, du 15 au 22 du mois de Nisan. La cérémonie principale consistait, dans chaque famille, à manger avec du pain sans levain un agneau ou un chevreau de l’année ; on teignait les portes du sang de la victime, pour rappeler le passage de l’ange exterminateur sur les premiers-nés des Égyptiens. On devait aussi venir sacrifier au temple pendant le temps de la Pâque ; une foule d’Israélites se rendaient à Jérusalem dans ce but. Cette époque de l’année était chez les Juifs un temps de réjouissances ; on délivrait à cette occasion un condamné à mort. — Chez les Chrétiens, la Pâque se célèbre en mémoire de la résurrection de J.-C. Dans l’église primitive, on disputa beaucoup sur l’époque à laquelle il fallait placer cette fête : les uns la mettaient le même jour que les Juifs ; les autres, si elle tombait un autre jour que le dimanche, la reportaient au dimanche suivant. Le concile de Nicée décréta en 325 que la fête serait mobile et aurait lieu chaque année le 1er dimanche après la 1re pleine lune qui suivrait l’équinoxe du printemps. Elle tombe au plus tôt le 18 mars et au plus tard le 25 avril.

PAQUE (île de), île de la Polynésie. V. VAI-HOO.

PÂQUES FLEURIES, nom donné vulgairement au dimanche des Rameaux, qui commence la quinzaine de Pâques, à cause des palmes qu’on y porta.

PARA ou BELEM, v. forte et port du Brésil, ch.-l. de la prov. de son nom, sur le Para ou Tocantins, à 2500 kil. N. N. O. de Rio-Janeiro, par 1° 28′ lat. S., et 50° 50′ 51″ long. O. ; 26 000 hab. Évêché, collége des Jésuites. On remarque la cathédrale et le palais du gouvernement. Riz, cacao, coton, épices, etc. — La prov. de Para, la plus septentr. du Brésil, est située entre les Guyanes et le Vénézuela au N., l’Atlantique au N. E., les républiques de la Nouv.-Grenade et de l’Équateur à l’O., les prov. brésiliennes de Mato-Grosso au S., de Goyas et de Maranhao à l’E. ; 1520 kil. du N. au S., sur 3500 de l’O. à l’E. ; env. 210 000 hab., dont 100 000 indigènes. Sol généralement plat, sauf au S., arrosé (par l’Amazone et ses grands affluents de droite) et très-fertile, mais peu cultivé ; climat très-chaud ; forêts immenses. On y trouve toutes les productions du Brésil.

PARA DU PHANJAS (l’abbé Franç.), né en 1724 au château de Phanjas (Htes-Alpes), m. à Paris en 1797, entra chez les Jésuites d’Embrun, enseigna dans divers colléges de l’ordre, notamment à Besançon, où il fit un cours de philosophie qui attira de nombreux auditeurs. Il publia dans cette ville en 1767 des éléments de métaphysique sous le titre de Théorie des êtres insensibles (remaniés en 1779, 3 v. in-8), ouvrage remarquable par la méthode, l’élévation des pensées et la clarté du style ; il donna peu après divers traités sur les sciences physiques et mathématiques, qu’il réunit sous le titre de Théorie des êtres sensibles, 1774. En outre, il prit rang parmi les plus sages défenseurs de la religion par ses Principes de la saine philosophie conciliés avec ceux de la Religion, 1774, et par son Tableau historique de la Religion, 1784.

PARABÈRE (Marie Madeleine de LA VIEUVILLE, marquise de), maîtresse du Régent, née en 1698 ou 1699, avait épousé en 1713 le marquis de Parabère, déjà fort âgé, qui la laissa veuve dès 1716. Après avoir longtemps captivé le cœur de Philippe, elle se retira tout à coup de la cour et du monde. Elle mourut au château de Sécherelles en 1723.

PARACATU, riv. du Brésil (Minas Geraes), coule à l’E. N. E., et tombe dans le San-Francisco après un cours de 400 kil. Elle donne son nom à une comarque du Brésil, qui a pour ch.-l. Paracatu-do-Principe, ville située à 600 k. N. O. d’Ouro-Preto. Exploitation d’or et de diamant.

PARACELS, archipel peu connu de la mer de Chine, près des côtes de la Cochinchine, à 200 k. S. E. d’Haï-nan. Côtes dangereuses.

PARACELSE (Auréole Théophraste BOMBAST DE HOHENHEIM, dit), médecin et alchimiste, né en 1493, à Einsiedeln (canton de Schwitz), voyagea longtemps dans toute l’Europe, se fit de la réputation par de belles cures, s’établit à Bâle en 1527, y fut nommé professeur de médecine et attira d’abord beaucoup d’élèves, tant parce qu’il faisait son cours en langue vulgaire que par l’éclat et l’emphase de sa parole. Il prétendait faire révolution en médecine et dans la science ; rejetait l’autorité d’Hippocrate, de Galien, d’Avicenne ; opposait aux quatre éléments d’Aristote les trois principes des mixtes (sel, soufre, mercure), admis par B. Valentin ; établissait une harmonie mystérieuse entre le sel, le corps humain et la terre ; entre le mercure, l’âme et l’eau ; entre le soufre, l’esprit et l’air ; il prétendait posséder la panacée universelle, et avoir trouvé le secret de prolonger la vie ; il croyait, ajoute-t-on, à la magie, à l’astrologie et expliquait les maladies par l’influence des astres. Mais il laissa bientôt apercevoir le vide de ses déclamations, et perdit à la fois ses malades et son auditoire. Prenant alors le métier de médecin ambulant, il promena sa science de ville en ville jusqu’à Salzbourg, où il mourut dans la misère en 1541. Malgré ses erreurs, Paracelse a rendu des services à la médecine : il a introduit dans la pratique l’emploi des composés chimiques et a donné d’excellentes notions sur un grand nombre de médicaments, particulièrement sur l’opium, le mercure, le soufre, l’antimoine, l’arsenic; mais ses extravagances, son charlatanisme, ses prétentions thaumaturgiques ont jeté une ombre fâcheuse sur son caractère comme sur son mérite. Ses Œuvres complètes (en latin) forment 3 vol. in-fol., Genève, 1658. On lui a attribué plusieurs ouvrages apocryphes, qui ont beaucoup nui à sa réputation. On peut consulter sur ce singulier personnage Paracelse et l’Alchimie au XVIe siècle de H. Franck, 1853, et les Études sur Paracelse, du Dr Cruveilhier, 1857.

PARACLET (le), c.-à-d. en grec le Consolateur, nom spécialement affecté au Saint-Esprit.

PARACLET (le), vge de l’anc. Champagne (auj. dans l’Aube), à 7 kil. S. E. de Nogent-sur-Seine : c’est là que se retira Abélard pour y trouver quelque repos; il y fonda en 1123 un monastère dont Héloïse fut la 1re abbesse. Il le nomma Paraclet (consolateur) en mémoire des consolations que lui procura l’attachement de ses disciples, qui vinrent le trouver jusque dans cette solitude. Le tombeau d’Abélard et d’Héloïse qui s’y trouvait jadis, a été transféré depuis au Musée des Petits-Augustins à Paris et plus tard au cimetière du Père-Lachaise, où on le voit encore.

PARADIS TERRESTRE. V. ÉDEN.

PARÆTONIUM, auj. Al-Baretoun, v. et port de Libye, à l’O. d’Alexandrie, sur la côte de la Marmarique. C’était un des principaux siéges du culte d’Isis. Sous l’empire, elle fut comprise dans l’Égypte.

PARAGUA, deux riv. de l’Amérique du Sud : l’une, dans le Vénézuela, coule au N. E., puis au N. et à l’E., et tombe dans le Caroni à Barceloneta, après un cours de 900 kil.; l’autre, dans le Brésil (Mato-Grosso), se perd dans le Guapore : cours, 700 kil.

PARAGUASSU, riv. du Brésil (Bahia), sort de la Sierra das Almas et s’unit à l’Atlantique dans la baie de Tous-les-Saints; 500 kil.

PARAGUAY (le), grande riv. de l’Amérique du Sud, sort des Sept lacs au centre de la prov. brésilienne de Mato-Grosso, traverse le lac de Xarayes, sépare le Paraguay (auquel il donne sort nom) de divers États Argentins, reçoit le Porrudos, le Pilcomayo et le Rio-Grande ou Vermejo, et tombe dans le Parana un peu au N. de Corrientes, après un cours d’env. 1800 kil. Sa largeur varie de 200 à 450 k. Ce fleuve a des crues périodiques. Depuis 1858, la navigation du fleuve est ouverte à toutes les nations.

PARAGUAY (République du), État de l’Amérique du Sud, au N. des Provinces-Unies du Rio de la Plata, à l’O. et au S. du Brésil, a pour bornes à l’E. et au S. le Parana, à l’O. le Paraguay ; 900 kil. du N. au S., sur 265 de l’E. à l’O. ; env. 1 000 000 d’h. (Espagnols, Payaguas, Guaranis et Nègres) ; capit., l’Assomption. Climat brûlant; sol montagneux au N. et à l’E., plat dans le reste du pays, arrosé par le Paraguay et le Parana, entrecoupé de marais, de vastes forêts, et de belles plaines, où croissent la canne à sucre, le riz, le maïs, les patates, le coton, un tabac excellent, le maté ou yerba, dit thé du Paraguay, et de précieuses plantes médicinales (salsepareille, rhubarbe, quinquina, copaïer). Les forêts possèdent de beaux bois de construction, mais sont remplies de tigres, jaguars, couguars, ours noirs, tapirs, serpents à sonnettes, etc. Les moustiques et la chauve-souris vampire y sont en grand nombre. Riches gisements de fer oligiste. Le gouvernement est despotique : le chef, après avoir d’abord porté le titre de dictateur (sous Francia), a depuis reçu celui de président. Le Catholicisme est la seule religion. — Le Paraguay a été découvert en 1526 par Sébastien Cabot, et conquis en 1536 par l’Espagnol Alvaro Nunez, qui y exerça d’horribles cruautés. Les Jésuites y établirent en 1556, sur la r. dr. du Parana, au S. O. de l’Assomption, de célèbres missions, qui formaient uns sorte d’État théocratique indépendant, quoique rattaché à la vice-royauté de la Plata : ils convertirent en grande partie les Guaranis et les déterminèrent à se livrer à l’agriculture; ils s’y maintinrent jusqu’au moment où leur ordre fut expulsé des États espagnols, en 1767. En 1750, l’Espagne céda le pays aux Portugais en échange de la colonie du St-Sacrement; toutefois le Portugal ne put y faire goûter sa domination, et en 1777 le Paraguay fut restitué à l’Espagne. Ce pays se rendit indépendant en 1811; bientôt après, Francia s’y mit en possession du pouvoir, d’abord avec le titre de consul (1813), puis avec celui de dictateur (1814). Il a su s’y maintenir jusqu’à sa mort, arrivée en 1840, et a fait tourner son despotisme au profit de l’industrie du pays. Il ferma le Paraguay à tous les étrangers. Après sa mort, les communications ont été rétablies par Lopez (1844), qui soutint contre le Brésil une lutte acharnée et désastreuse à la suite de laquelle il fut renversé (1868). On doit à M. A. de Mersay l’Histoire physique, économique et politique du Paraguay et des établissements des Jésuites, Paris, 1860.

PARAHIBA, ville du Brésil, ch.-l. de la prov. de Parahiba, sur un fleuve de même nom. à 16 kil. de son embouch. dans l’Atlantique, à 2300 kil. N. E. de Rio-de-Janeiro ; 3000 hab. — La prov. de P. est sur l’Atlantique, entre celles de Rio-Grande-do-Norte au N. et de Pemambouc au S. ; 270 000 hab. Pays montagneux; Sol fertile, climat tempéré.

PARALIENNE (Galère), galère sacrée que les Athéniens expédiaient tous les ans à Délos, chargée d’offrandes pour Apollon et Diane. Ce voyage s’appelait théorie, et ceux qui portaient les offrandes, théores. Pendant l’absence du navire, on ne pouvait mettre à mort aucun condamné : c’est par ce motif qu’il s’écoula un mois entre la condamnation de Socrate et sa mort.

PARALIPOMÈNES (c.-à-d. Choses omises), titre de deux livres de l’Ancien Testament, vulgairement attribués à Esdras, et où se trouvent des détails qui avaient été omis dans les quatre livres des Bois. Le 1er contient l’histoire abrégée du peuple hébreu depuis la création jusqu’à la mort de David; le 2e va jusqu’au retour de la captivité, 536 av. J.-C.

PARAMARIBO, capit. de la Guyane hollandaise, sur la r. g. du Surinam et à 9 k. de l’Atlantique ; 25 000 hab. Port sûr et commode; ville grande et belle, fondée en 1673, désolée en 1820 par un incendie, mais bientôt réparée. Séjour délicieux.

PARAMATTA, v. et port d’Australie (Nouv.-Galles du Sud), à l’entrée de la rade de Port-Jackson, à 31 k. O. N. O. de Sidney ; 10 000 h. Observatoire.

PARANA (le), grande riv. de l’Amérique du S., a sa source près de Sao-Joao-del-Rey, dans la prov. brésilienne de Minas-Geraës, qu’il sépare du Paraguay, reçoit à gauche l’Iguassu, le Paranapanema, la Tiete, la Mogy et la Riv. Verte, à droite l’Yricima, le Purdo, le Paranahiba, forme la cataracte de Guayra, s’unit au Paraguay près de Corrientes, puis se confond avec l’Uruguay pour former le Rio de la Plata. Cours, 1600 kil. Un traité du 10 juillet 1853 entre la France et la Confédération Argentine a rendu libre la navigation du Parana. — Ce fleuve donne son nom à une province du Brésil, formée en 1855 des plaines immenses qu’il traverse et de la partie de la prov. de St-Paul qu’on nomme Champ de Coritiba. On y distingué les établissements de Rio-Negro, de Superaguy et de Theresa (sur le Rio-Joahy).

PARANA, nouvelle capitale de la Républ. Argentine, est située sur le Parana, dans la prov. d’Entre-Rios, dont elle est aussi la capitale; 15 000 hab.

PARANAHIBA, riv, du Brésil (Goyaz), naît par 17° lat. S., 49" long, O., coule au S. O. et se joint au Rio-Grande pour former le Parana; cours, 900 kil. — Autre riv. du Brésil, sépare les prov. de Piauhy et de Maranhao, arrose dans celle de Piauhy une ville de Paranahiba (10 000 h.), et se jette dans l'Atlantique à 23 kil. au S. de cette ville, après un cours d'env. 1600 kil.

PARASANGE, mesure itinéraire des anciens. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PARASOU-RAMA, brahme aux mœurs guerrières, fils du brahme Djamadagni et de Renouka, fut élevé par Siva, abattit une des défenses de Ganeça (dieu qu'on représente avec une tête d'éléphant), vengea la mort de son père et de sa mère sur les fils de Vacichtha, autre brahme, auteur de leur mort, et chassa d'Aiodhia (Aoude) et de l'Inde entière les chattryas ou guerriers, assurant ainsi la prééminence aux brahmes; mais, n'ayant trouvé chez ceux-ci qu'ingratitude, il s'exila sur les Ghattes et fit sortir des ondes la longue côte de Malabar, dont il défendit l'entrée aux brahmes en les maudissant; enfin, il rentra dans le sein de la divinité, d'où il ne sortit qu'au temps de Rama, comme 7e incarnation de Vichnou.

PARAY-LE-MONIAL, Pareium Moniale, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), dans une fertile vallée, sur le canal du centre, à 12 kil. O. de Charolles; 3396 hab. Ancien prieuré de Bénédictins, fondé en 973; église gothique du XIe siècle. Pèlerinages très-suivis, surtout en 1872 et 1873.

PARCHIM, v. du Mecklembourg-Schwérin, sur la r. dr. de l'Elde, à 40 kil. S. E. de Schwérin; 6000 h. Trib. d'appel. Siége des États des deux Mecklembourg.

PARCQ (le), ch.-l. de c. (Pas-de-Calais), à 22 k. de St-Pol; 771 hab.

PARDAILLAN. V. ANTIN (duc d').

PARDESSUS (J. Marie), jurisconsulte et historien, né à Blois en 1772, m. en 1853, était fils d'un avocat. Il débuta au barreau de Blois, où il prit la place de son père, emprisonné sous la Terreur; devint maire de sa ville natale en 1805, député au Corps législatif en 1807, et fit partie des différentes assemblées politiques qui se succédèrent jusqu'en 1830. Il avait gagné au concours, en 1810, la chaire de droit commercial de la Faculté de Paris; il fut nommé dès 1816 conseiller à la Cour de cassation, mais il donna sa démission en 1830 par dévouement pour la dynastie déchue. Il était depuis 1828 membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et président du conseil de perfectionnement de l’École des chartes. Outre plusieurs ouvrages de jurisprudence (Traité des servitudes, 1806; Traité du contrat et des lettres de change, 1809; Éléments de jurisprudence commerciale, 1811; Cours de droit commercial, 1814), on lui doit de vastes travaux d'érudition : Collection des lois maritimes antérieures au XVIIIe s., 1828-1845; Origine du droit coutumier en France, 1839 ; la loi salique, avec notes et explications, 1843; Us et coutumes de la mer dans l'antiquité et au moyen âge, 1847; Organisation judiciaire depuis Hugues Capet jusqu'à Louis XII, servant de préface au XXIe vol. du Recueil des ordonnances des rois de France; la continuation de la Table chronologique des diplômes, de Bréquigny, etc. Partout il se distingue par la netteté de l'exposition, la sagacité de la critique et la sûreté du jugement. M. Naudet a lu à l'Académie des inscriptions en 1855 une Notice historique sur Pardessus.

PARDIES (le P.), géomètre, né en 1636 à Pau, d'un conseiller au parlement, m. en 1673, entra chez les Jésuites et enseigna avec distinction les mathématiques au collége Louis le Grand. Il avait embrassé le système de Descartes, ce qui lui suscita des difficultés avec ses supérieurs. Ses ouvrages sont : Horologium thaumanticum duplex, Paris, 1662 ; De motu et natura cometarum, 1665; Du mouvement local, 1670; Éléments de géométrie, 1671; De la Connaissance des bêtes, 1672; la Statique ou la Science des forces mouvantes, 1673; et un Atlas céleste, publié en 1674 sous le titre de Globi cœlestis in tabulas redacti descrivtio latino-gallica.

PARDO (EL), v. d'Espagne (Nouv. Castille), sur la r. g. du Mançanarès, dans la forêt d'el Pardo, à 14 k. N. O. de Madrid; 1000 h. Beau château royal, construit par Charles-Quint, réédifié par Philippe II et Charles III. Un traité y fut signé en 1778 avec le Portugal.

PARÉ (Ambroise), le père de la chirurgie française, né en 1517 à Laval ou à Bourg-Hersent près de Laval, m. en 1590, étudia l'anatomie à Paris, suivit en Italie comme chirurgien le général René de Montejean, revint prendre ses degrés à Paris, fut nommé, en 1552 chirurgien de Henri II, et garda ce poste sous ses trois successeurs. Paré appuya la chirurgie sur l'anatomie; c'était le premier opérateur de son temps; dans les amputations, il substitua la ligature des artères à la cautérisation par le fer rouge. Aussi pieux que modeste, il disait, en racontant ses cures : « Je le pansay, Dieu le guarist. » Il a laissé divers ouvrages, tous écrits en français, qui ont été réunis en 1 vol. in-fol., Paris, 1561 et 1585, et dont la meilleure édition a été publiée par le Dr Malgaigne en 1840, 3 v. gr. in-8. Le plus estimé est la Manière de traiter les plaies faites par arquebuses, etc., 1545. Ambr. Paré était protestant : Brantôme raconte qu'à la St-Barthélemy, Charles IX le sauva lui-même en le cachant dans sa chambre. On a récemment contesté ce fait, mais sans preuve suffisante; on a même nié qu'il ait professé le Calvinisme.

PARÈDES (GARCIA DE), gén. espagnol. V. GARCIA.

PAREJA (J. de), peintre, né à Séville en 1606, m. en 1670, était d'abord esclave du fameux Vélasquez. Il suivit son maître en Italie et en revint avec lui. En le voyant travailler, il conçut un goût très-vif pour son art, s'exerça secrètement au dessin et à la peinture et fit d'étonnants progrès. Il fut affranchi à la demande de Philippe IV, qui l'avait surpris peignant. Il n'en resta pas moins toujours attaché à Vélasquez, dont il devint le meilleur élève. Son chef-d'œuvre est la Vocation de S. Matthieu (à Aranjuez).

PARENNIN (le P. Dominique), Jésuite, né en 1665 à Bussey près de Pontarlier, m. à Pékin en 1741, alla comme missionnaire en Chine en 1698 et y resta jusqu'à sa mort. Il jouissait d'un grand crédit auprès de l'empereur Kang-hi. Il a laissé des cartes de l'empire chinois (dans la Chine de Duhalde), et une intéressante Correspondance avec Mairan, publiée en 1759.

PARENTIS-EN-BORN, ch.-l. de c. (Landes), à 74 k. N. E. de Mont-de-Marsan; 2049 hab.

PARENZO, Parentium, v. et port des États autrichiens (Illyrie), sur l'Adriatique, à 65 k.S. de Trieste ; 3000 h. Évêché, cathédr. qui offre de belles mosaïques.

PARESSEUSE (mer), Mare Pigrum, nom donné par les anciens à la mer Baltique parce qu'elle gèle souvent sur ses bords et que ses eaux sont comme engourdies par le froid.

PARÉTACÈNE, contrée de l'empire des Perses, entre la Perside et la Médie, n'était guère qu'un immense désert lié à ceux de la Médie et de la Carmanie : Aspadane à l'E., Ecbatane des Mages au N. E. en étaient les villes principales. C'est auj. la partie S. de l’Irak-Adjémi, dans le royaume de Perse.

PAREUS (Phil. WÆNGLER, dit), philologue, fils de David Pareus, professeur de théologie protestante à Heidelberg, était né en 1576 à Hemsbach (près de Worms), et mourut vers 1648. Il étudia sous Théodore de Bèze, enseigna les humanités à Neuhausen, puis fut recteur des écoles de Neustadt et de Hanau. On lui doit, outre une édition de Plaute, avec commentaires (1610), d'excellents travaux sur cet auteur : Lexicon Plautinum, 1614; Analecta Plautina, 1617; Electa Plautina, 1620. — Son fils, Daniel P., né vers 1605 à Neuhausen, professait les humanités à Kaiserslautern et fut tué à la prise de cette ville par les Impériaux, en 1635. Il a édité Musée, Quintilien, Hérodien, Lucrèce, Héliodore, a donné un Lexicon Lucretianum, 1631, ainsi que plusieurs ouvrages d'histoire, et a publié, sous le titre de Mellificium atticum, un recueil de sentences tirées des auteurs grecs.

PARFAICT (François et Claude, dit les Frères), nés à Paris, le 1er en 1698, le 2e en 1701, ont donné ensemble l’Histoire générale du Théâtre Français, Paris, 1734-39, 15 v. in-12, ouvrage précieux, malgré quelques inexactitudes; il renferme une Table chronologique des principaux ouvrages dramatiques qui ont été représentés en France depuis 1380 jusqu'en 1721, table reproduite et continuée jusqu'en 1842 par M. Hippolyte Lucas à la suite de son Histoire philosophique et littéraire du Théâtre Français. On doit de plus à l'aîné des deux frères : Hist. de l'ancien Théâtre Italien, 1753; Hist. de l'Opéra (restée manuscrite); Hist. des Théâtres de Paris, 1756-67, 7 v. in-12, et quelques pièces de théâtre.

PARFAIT (S.), martyr, né à Cordoue vers 800, assista les Chrétiens opprimés par les Mahométans, et excita ainsi la fureur de ces derniers, qui le mirent à mort en 850. On l'honore le 18 avril.

PARGA, v. forte de la Turquie d'Europe (Albanie), dans le sandjak de Delvino, à 80 kil. S. O. de Janina, vis-à-vis de l'île de Corfou; 4000 hab. Citadelle bâtie sur un rocher. Les Parganiotes étaient restés libres depuis 4 siècles : assiégés en 1814 par Ali-Pacha, ils appelèrent les Anglais à leur secours et demandèrent à être réunis à la République des îles Ioniennes; mais ceux-ci livrèrent la ville à Ali-Pacha. Les habitants indignés quittèrent tous leur pays plutôt que de vivre sous la domination turque, 1819.

PARIA (Golfe de), vaste enfoncement de la mer des Antilles, entre la côte N. E. du Venezuela et l'île angl. de la Trinité, a 150 k. sur 60 et reçoit plusieurs bras de l'Orénoque. C'est un abri assuré pour les navires.

PARIAS, dits aussi Chandalas, nom donné par les Hindous aux individus qui se sont fait chasser de leur caste pour avoir violé les lois religieuses ou civiles. Ils forment une classe à part, universellement méprisée, et qui est comme le rebut de toutes les castes. Les Parias ne peuvent habiter l'intérieur des villes, se baigner dans les eaux du Gange, ni exercer aucune profession un peu relevée; leur contact est regardé comme une souillure. Cas. Delavigne a décrit de la manière la plus touchante leur triste condition dans le Paria.

PARIMÉ (Sierra), chaîne de montagnes du Vénézuela, dans la partie S. O. du ci-devant dép. colombien de l'Orénoque, donne naissance à l'Orénoque et au Rio-Parima, affluent du Rio-Negro.

PARINI (l'abbé Jos.), poëte italien, né en 1729 à Bosizio (Milanais), m. en 1799, fut d'abord copiste, puis entra au séminaire. S'étant fixé à Milan, il y acquit d'abord un nom comme critique (1756). Il s'annonça comme poëte en 1763 par la publication du Matin à la ville, que suivirent les trois autres parties du jour, le Midi, le Soir et la Nuit, dans lesquelles il décrit avec une ironie délicate la vie des jeunes seigneurs italiens. Il fut mis par le comte Firmian, gouverneur du pays, à la tête d'une feuille périodique, puis occupa une chaire de belles-lettres à la Canobbiana de Milan. Outre ses Quatre parties du jour à la ville, on a de lui des Odes estimées. On a donné à Milan ses Œuvres complètes, 1801-4, 6 vol. in-8. Ses poëmes, où une philosophie sérieuse se trouve associée à la poésie la plus élevée, sont écrits en vers libres, les plus difficiles dans la poésie italienne. Les Quatre parties du jour ont été trad. par l'abbé Desprades, 1776, et mises en vers français par Raymond, 1826.

PARIS, Lutetia et Parisii en latin, capitale de la France et ch.-l. du dép. de la Seine, sur la Seine, qui la coupe en deux parties inégales dont la plus forte est au N., et qui y forme deux îles, la Cité et l'île St-Louis (l'île Louviers a été récemment jointe à la r. dr.), par 48° 50' 14" lat. N., et 0° long, (le méridien de l'Observatoire de Paris sert de point de départ pour la détermination des longitudes; il est à 20° 30' long. E. de l'île de Fer, par laquelle on faisait autrefois passer le 1er méridien, et à 2° 20' long. E. de celui de Greenwich). La ville est entourée d'une enceinte fortifiée, qui n'a pas moins de 34 kil. de développement; elle compte 1 643 917 âmes de population municipale, ou 1 696 141 en y comprenant la garnison et la population mobile : on n'en comptait en 1800 que 547 756. Paris est la résidence du souverain, du Sénat et du Corps législatif, des ministères, de toutes les grandes administrations centrales, de la Cour de Cassation, de la Cour des Comptes, du Conseil d’État, etc. Elle est en outre le siége d'un archevêché (son siége épiscopal, qui remonte au IIIe siècle, n'a eu que le titre d'évêché jusqu'en 1622), d'une Cour d'appel et d'un trib. de 1re inst., d'une Académie universitaire et le ch.-l. de la 1re division militaire. Paris est divisé en 20 arrondissements: 1° le Louvre, 2° la Bourse, 3° le Temple, 4° l'Hôtel de Ville, 5° le Panthéon, 6° le Luxembourg, 7° le Palais-Bourbon, 8° l’Élysée, 9° l'Opéra, 10° l'Enclos St-Laurent, 11° Popincourt, 12° Reuilly, 13° les Gobelins, 14° l'Observatoire, 15° Vaugirard, 16° Passy, 17° les Batignolles, 18° les buttes Montmartre, 19° les buttes Chaumont, 20° Ménilmontant; chaque arrondissement est administré par un maire et subdivisé en 4 quartiers, ce qui donne en tout 80 quartiers (avant 1860, il n'y avait que 12 arrondissements et 48 quartiers). On y compte près de 3000 voies publiques de toute espèce (boulevards, avenues, places, quais, rues, passages, cités, etc). Cette ville est le point de départ de toutes les grandes routes, des principales lignes de chemins de fer (chemins de Rouen, du Nord, de Strasbourg ou de l'Est, de Lyon, d'Orléans, de l'Ouest) et de plusieurs lignes secondaires (St-Germain, Sceaux, Auteuil, Vincennes). Deux lignes de quais plantés bordent les deux côtés de la rivière dans toute leur étendue; la ville est en outre entourée de deux ceintures de boulevards, qui offrent d'immenses promenades. Les rues, surtout dans les anciens quartiers, sont en général étroites, et les maisons élevées. Les parties les plus populeuses, mais aussi les plus pauvres, sont les anc. quartiers de St-Marceau, de St-Antoine, de la Cité; les quartiers Montmartre, St-Denis, de la Bourse, du Palais-Royal sont les plus commerçants; ceux de la place Vendôme, de la Chaussée-d'Antin, de la Madeleine, sont en général la résidence des riches et des banquiers; au faubourg St-Germain réside surtout l'aristocratie; le quartier St-Jacques, dit Quartier latin, est occupé par les écoles et les étudiants.

On remarque : parmi les places, celles de la Concorde ou de Louis XV, qui s'étend entre les Champs-Élysées et les Tuileries et où se trouve l'obélisque de Luxor; du Carrousel, entre les Tuileries et le nouveau Louvre, la place Vendôme, ornée d'une colonne fondue sous l'Empire avec les canons pris à l'ennemi et surmontée de la statue de Napoléon; la place du Châtelet, avec une statue de la Victoire et deux théâtres se faisant face, le Théâtre lyrique à l'E., le Cirque à l'O.; la place Royale, avec une statue équestre de Louis XIII; la place des Victoires, avec une statue équestre de Louis XIV; la place de la Bastille, avec une colonne érigée en mémoire de la révolution de 1830; la place de la barrière du Trône, celles de St-Sulpice, de l'Odéon, de St-Michel, du Palais-Bourbon; — parmi les rues, celles de Rivoli qui se prolonge des Champs Élysées à la rue St-Antoine et qui dans sa plus grande partie est ornée de portiques; de Castiglione, de la Paix, de la Chaussée d'Antin, Royale, Tronchet, Vivienne, Richelieu, St-Louis au Marais, Rambuteau, etc., remarquables pour leur beauté; les rues St-Denis, St-Martin, St-Honoré, remarquables par leur étendue et le mouvement commercial; — parmi les passages, ceux de l'Opéra, de Choiseul, Vivienne, Colbert, des Panoramas, Jouffroy Véro-Dodat, du Saumon; — parmi les ponts, ceux d'Austerlitz, d'Iéna, du Carrousel, Louis XV, de l'Alma, de Solférino, des Arts, des Invalides, le pont Royal, le pont du Carrousel, le pont Neuf, le pont St-Michel, récemment reconstruit, le pont de Bercy; — parmi les promenades, les jardins des Tuileries, du Luxembourg, des Plantes, la place Royale, les Boulevards, notamment ceux du Nord (boulevards Montmartre, des Italiens, de la Madeleine, qui sont les plus fréquentés), les nouveaux boulevards Malesherbes, du prince Eugène, Magenta, de Monceaux, Sébastopol (s'étendant du N. au S. sur les deux rives de la Seine), St-Germain, Richard-Lenoir (sur l'emplacement du canal St-Martin); l'avenue des Champs-Élysées, le bois de Boulogne, converti en jardin anglais et annexé à Paris; de nombreux squares (des Innocents, Louvois, du Temple, de Ste-Clotilde, de la Tour St-Jacques, St-Martin); — parmi les édifices, les Tuileries, résidence du souverain, le palais du Louvre, achevé et relié à celui des Tuileries par Napoléon III, le Palais-Royal (dont les galeries louées au commerce forment un magnifique bazar), le palais du Luxembourg, auj. palais du Sénat, le Palais-Bourbon, où siége le Corps législatif, le Panthéon ou Ste-Geneviève, le Val-de-Grâce, l'Hôtel des Invalides, l'École militaire, la Bourse, la Banque, le Garde-Meuble, la Monnaie, le Timbre, l'Hôtel de ville (agrandi et embelli de 1839 à 1841), le Palais de justice, l'hôtel du quai d'Orsay où siégent la cour des Comptes et le Conseil d'État; l'hôtel de la Légion d'Honneur, les hôtels des divers ministères, des diverses ambassades, et beaucoup de superbes maisons particulières qui pourraient passer pour des palais; les arcs de triomphe de l'Étoile et du Carrousel, les portes St-Denis et St-Martin; puis, en fait de constructions industrielles, le Grenier d'Abondance, l'Entrepôt général des vins, la Halle au Blé, que couvre une coupole en fer. Les plus belles églises sont Notre-Dame (la cathédrale), Ste-Geneviève, St-Sulpice, St-Eustache, St-Roch, St-Étienne, St-Germain l'Auxerrois, St-Germain des Prés, St-Paul, la Madeleine, Notre-Dame de Lorette, St-Vincent de Paul, Ste-Clotilde, St-Eugène, St-André, St-Augustin, la Ste-Chapelle; l'Oratoire et la Visitation (temples protestants), l'Église russe, la Synagogue. — Les principaux théâtres sont : le Grand Opéra (boulevard des Capucines), l'Opéra Italien (auj. salle Ventadour), le Théâtre-Français, l'Odéon (2e Théâtre-Français), l'Opéra-Comique, le Théâtre Lyrique, la Porte-St-Martin, le Gymnase, le Vaudeville, les Variétés, le Palais-Royal, le Cirque. — Parmi les hôpitaux ou hospices, les uns admettent toute espèce de malades (l'Hôtel-Dieu, la Charité, la Pitié, l'hôpital Lariboisière, Baujon, l'hospice Cochin), d'autres sont spéciaux (l'hôpital St-Louis, la Maternité, la Salpêtrière, les Quinze-Vingts, l'hospice des Enfants, le Val-de-Grâce, les Ménages, etc.). — Parmi les marchés, il faut citer les Halles centrales, qui ont remplacé l'anc. marché des Innocents, puis ceux de St-Germain, de la Madeleine, St-Honoré, St-Martin, des Blancs-Manteaux, Maubert, etc. — Les principaux cimetières sont ceux du Père-Lachaise ou de l'Est, de Montmartre ou du Nord, de Montparnasse ou du Sud, ornés d'un grand nombre de monuments. Sous la partie mérid. de Paris s'étendent de vastes et antiques catacombes où ont été déposés, lors de la Révolution, les ossements provenant des anciens cimetières intérieurs (celui des Innocents, etc.). En outre, d'immenses égouts ont été construits sous toute la ville et comptent presque autant de rues que la ville même. Paris tire l'énorme quantité d'eau dont il a besoin, non-seulement de la Seine, mais aussi du canal de l'Ourcq, des puits artésiens de Grenelle et de Passy et de l'aqueduc d'Arcueil; un aqueduc gigantesque, commencé en 1863, doit y amener les eaux de la Dhuys et de la Somme-Soude.

On trouve à Paris des établissements d'instruction de tous genres : facultés de sciences, de lettres, de théologie, de droit, de médecine, qui forment l'Université la plus fréquentée peut-être du monde entier; le haut enseignement y a de plus le Collége de France, le Muséum d'histoire naturelle et une foule d'écoles spéciales : école polytechnique, école normale supérieure, écoles de pharmacie, des ponts et chaussées, des mines, de commerce, des beaux-arts, de musique et de déclamation dite Conservatoire, des langues orientales et d'archéologie, des chartes, des arts et manufactures et un Athénée; des cours applicables à l'industrie et ouverts à tous se font au Conservatoire des arts et métiers. On y compte 5 lycées : Louis le Grand, Napoléon (Henri IV), St-Louis, Bonaparte (Bourbon), Charlemagne, deux colléges municipaux (Rollin et Chaptal), 1 collége particulier (Stanislas), et nombre d'institutions privées. Il faut y joindre plusieurs séminaires, dont le principal est le grand séminaire de St-Sulpice, une école des hautes études ecclésiastiques; un très-grand nombre d'écoles primaires, les unes laïques, les autres tenues par des Frères, une école primaire supérieure, fondée par la ville (l'école Turgot), les écoles des jeunes aveugles, des sourds-muets, etc. Parmi les bibliothèques et autres établissements scientifiques, on remarque : la Bibliothèque impériale (là plus riche du monde), celles de Ste-Geneviève, de l'Arsenal, Mazarine, de l'Institut, de la Ville, de l'Université (ou de la Sorbonne), du Muséum d'histoire naturelle; les collections du Muséum (ménagerie, jardin botanique, collections de zoologie, de minéralogie, de géologie), l'Observatoire; les Musées de peinture, sculpture, naval, des antiquités (tous au Louvre); le Musée du Luxembourg, l'Arsenal, le Musée d'artillerie, le Dépôt de la guerre, le Dépôt général des cartes et plans de la marine, les plans en relief des places de guerre, le Cabinet de minéralogie (à la Monnaie), le Conservatoire des arts et métiers, le Cabinet d'anatomie (à l'École de médecine), la Galerie d'architecture (à l'Institut), le musée de Cluny, etc. Paris possède un grand nombre de sociétés savantes : d'abord l'Institut, composé de cinq classes (Académie française, Ac. des sciences, Ac. des inscriptions et belles-lettres, Ac. des beaux-arts, Ac. des Sciences morales); puis l'Académie de médecine, les Soc. d'encouragement, philomathique, linnéenne, géologique, asiatique, de statistique universelle, de géographie, d'histoire de France, de médecine, de pharmacie, d'agriculture, des progrès agricoles, d'acclimatation, de l'industrie française, des amis des sciences, etc. On y publie plus de 300 journaux ou recueils périodiques. — L'industrie de Paris est immense et variée. Elle embrasse les tissus de toute espèce (fil, coton, soie, laines), la joaillerie, bijouterie, vraie et fausse, orfévrerie, coutellerie de luxe; les ornements en tout genre, les bronzes, porcelaines, papiers peints, verrerie, ébénisterie, tabletterie, passementerie, ganterie, bonneterie, quincaillerie, carosserie, sellerie, peausserie, tapisserie (manufactures des Gobelins et de la Savonnerie); articles de mode et de goût, fleurs articielles, éventails, ombrelles et parapluies, bimbeloterie, communément désignés sous le nom d’articles de Paris; produits chimiques; instruments de physique, mathématiques, astronomie; horlogerie, imprimerie et librairie, gravures, lithographies; pianos et autres instruments de musique, etc. Les revenus de la ville dépassent 100 millions, et excèdent le budget d'un grand nombre d'États importants.

Histoire. Paris portait originairement le nom de Lutèce, Lutetia, nom que l'on dérive du celtique Loutouhézi, habitation au milieu des eaux. Ce n'était au temps de César qu'un bourg qui se bornait à la Cité et qui était joint aux deux rives par deux ponts; elle était la capitale des Parisii. Attaqués l'an 52 av. J.-C. par Labiénus, lieutenant de César, ses habitants se défendirent avec courage; néanmoins, la place fut prise et rangée parmi les villes tributaires (Vectigales). Dans le premier siècle de l'Empire la ville reçut le titre de Cité et s'étendit un peu sur la rive gauche de la Seine : A la fin du IIIe s., Constance Chlore fit bâtir sur cette rive le palais dont les ruines portent auj. le nom de Thermes. C'est là que résidait Julien, pendant qu'il commandait dans les Gaules (335-360); c'est là qu'il fut proclamé empereur. Le Christianisme fut apporté à Lutèce vers 250 par S. Denys qui en fut le 1er évêque et qui, suivant la tradition, y mourut martyr, avec S. Rustique et S. Éleuthère. Quand Attila ravagea la Gaule et menaça Paris (451). Ste Geneviève réussit par ses prières à détourner le conquérant barbare : en mémoire de ce service la sainte devint la patronne de Paris. Clovis, après la bataille de Soissons, entra dans Paris sans coup férir (486) ; 20 ans après il l’environna de murs et en fit sa capitale. À sa mort (511), Paris donna son nom à l’un des quatre royaumes francs qui se formèrent de son héritage ; ce royaume échut à Childebert I, l’aîné de ses fils. Les quatre royaumes, qui avaient été réunis en 558 par Clotaire I, s’étant de nouveau divisés à sa mort, en 561, Paris sembla assez important pour que dans le partage on stipulât qu’il appartiendrait en commun aux quatre frères. Dès 567 pourtant, sitôt que le roi de Paris Caribert I eut cessé de vivre, Chilpéric s’empara de la ville par surprise. Sous les derniers Mérovingiens, Paris devint la capitale de la Neustrie ; sous Charlemagne, elle ne fut plus que le ch.-l. d’un comté ; sous Charles le Chauve, le comté de Paris devint partie intégrante et principale du duché de France ; les ancêtres de Hugues Capet, depuis Eudes, fils aîné de Robert le Fort, furent à la fois ducs de France et comtes de Paris. Au IXe s., Paris fut souvent menacé ou ravagé par les Normands (841, 845, 855, 861) ; en 885, il subit un siége de 13 mois ; mais l’évêque Goslin et le comte Eudes le défendirent vaillamment ; en ce même temps, d’horribles famines (surtout en 850, 855, 868, 873, 896, 899, 940) décimèrent la population. La prépondérance et la prospérité de Paris datent surtout de l’avénement de Hugues Capet, dernier comte de Paris : il habitait le Palais de la Cité (auj. Palais de Justice). Sous Philippe I fut instituée la prévôté de Paris ; sous Louis VI, les écoles de Paris commencèrent à devenir célèbres, grâce surtout à l’enseignement de Pierre Lombard et d’Abélard ; sous Louis VII la ville s’accrut considérablement et Notre-Dame fut commencée. Philippe-Auguste fit paver les rues principales, bâtit la Halle, le vieux Louvre, et éleva, pour défendre la ville, une enceinte fortifiée (1190). Dès 1200 fut fondée l’Université de Paris, la première qu’il y ait eu en Europe ; elle compta jusqu’à 20 000 élèves. Louis IX enrichit Paris de nombreux monuments, notamment de la Ste-Chapelle et des Quinze-Vingts. Sous Philippe le Bel, le parlement fut établi à Paris, en 1302 ; la même année y vit réunir les premiers États généraux. En 1306 éclata dans Paris, contre ce même prince, une insurrection causée par l’excès des impôts et l’altération de la monnaie : le roi fut assiégé dans le palais du Temple, où il s’était réfugié. Après la défaite de Poitiers et pendant la captivité du roi Jean (1358), Marcel, prévôt des marchands, se rendit maître dans Paris : il allait livrer la ville à Charles le Mauvais, quand il fut assassiné par Maillard. En 1382 éclata la sédition des Maillotins, qui fut punie cruellement par Charles VI. Quand commença la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons, Paris fut déchiré par ces deux factions (1411-18), jusqu’à ce qu’il tomba aux mains du roi d’Angleterre (1420), que le traité de Troyes venait de déclarer héritier présomptif du trône de France : c’est à cette époque que se place le mouvement des Cabochiens et la trahison de Perrinet-Leclerc, qui introduisit les Anglais dans Paris. La ville ne fut reconquise sur les Anglais qu’en 1436. Paris jouit ensuite de 100 ans de tranquillité. Dans ce laps de temps, François I fait abattre le vieux Louvre et le reconstruit sur un nouveau plan ; Jacques d’Amboise élève l’hôtel de Cluny ; le Collége de France, l’imprimerie royale sont fondés. Après la défaite de Pavie, l’administration de Paris éleva autour de la ville toute une enceinte d’ouvrages avancés, et, lorsqu’en 1544 l’armée de Charles-Quint marcha sur Paris, le duc du Guise fit entourer de remparts les faubourgs du N. E. et du S. Les supplices des Calvinistes ordonnés en 1534 par François I, puis la St-Barthélemy en 1572, et peu après les troubles de la Ligue rouvrirent pour Paris la carrière des désastres : c’est à Paris qu’eut lieu la journée des Barricades, qui força Henri III à fuir de la capitale (1588), et que se tinrent les États de la Ligue (1593). Deux fois Paris fut assiégé par Henri IV (1589 et 1593) ; la ville résista longtemps et supporta héroïquement toutes les horreurs de la famine ; enfin, réduite aux abois, elle ouvrit ses portes au roi, qui venait de se convertir. Henri IV continua le Louvre et les Tuileries, commencées par Catherine de Médicis, acheva l’hôtel de ville, commencé en 1553, et le pont Neuf, dont Henri IV avait posé la première pierre en 1578 ; fit construire les hôpitaux de la Charité et de St-Louis, ainsi que la rue et la place Dauphine, la place Royale, et les quais de l’Arsenal, de l’Horloge, et des Orfèvres. Sous Louis XIII, en 1622, Paris, qui avait été jusque là un simple évêché suffragant de la métropole de Sens, fut érigé en archevêché. Richelieu fit bâtir le Palais-Cardinal (depuis Palais-Royal), et Marie de Médicis le Luxembourg ; la Sorbonne fut rebâtie par les soins de Richelieu ; le pont au Change, le pont Marie, et celui de la Tournelle furent construits sur la Seine ; on édifia les églises de St-Roch et de St-Louis en l’Île, les hôpitaux de la Pitié et des Incurables. Sous le même règne, Paris s’était tellement agrandi, surtout sur la rive droite, qu’il devint nécessaire de lui donner une nouvelle enceinte : nos boulevards actuels du Nord (Bonne-Nouvelle, Poissonnière, Montmartre, des Italiens, etc.), faisaient partie de cette enceinte. Pendant la minorité de Louis XIV, Paris fut le principal théâtre des troubles de la Fronde : la capitale eut une nouvelle journée des Barricades et vit livrer bataille dans ses faubourgs. Louis XIV transféra à Versailles le siége de la cour et du gouvernement, qui ne fut rétabli à Paris qu’en 1789. Cependant Paris ne cessa pas, pendant cette période, de s’agrandir et de s’embellir. Sous Louis XIV, Le Nôtre traça le jardin des Tuileries ; les Champs-Élysées furent ouverts et plantés ; on bâtit le pont Royal, on ouvrit les places du Carrousel, Vendôme, des Victoires ; des arcs de triomphe s’élevèrent aux Portes St-Denis et St-Martin ; on vit construire l’Hôtel des Invalides, le Palais des Quatre-Nations (auj. de l’Institut), la colonnade du Louvre, les Gobelins. Sons Louis XV, s’élevèrent l’École militaire, l’École de droit, le Garde-Meuble (auj. Ministère de la Marine), les églises Ste-Geneviève, St-Sulpice, St-Philippe du Roule ; le Palais-Bourbon, l’École de médecine, l’Hôtel des Monnaies, la place Louis XV (auj. de la Concorde) ; l’enceinte de Paris fut encore reculée et comprit le faubourg du Roule, le quartier de la Chaussée-d’Antin, les faubourgs St-Germain et St-Honoré ; en même temps les anciens boulevards, qui étaient de véritables remparts, furent abaissés et plantés pour servir de promenade. On doit à Louis XVI le Conservatoire de Musique, les Écoles des ponts et chaussées et des mines, le pont Louis XVI (auj. de la Concorde), l’Odéon, le Théâtre-Français, l’Opéra (auj. théâtre de la Porte St-Martin), les Italiens (auj. Opéra-Comique), l’hôpital Beaujon. En 1786, les fermiers généraux bâtirent autour de Paris le mur d’octroi, qui exista presque sans changement jusqu’en 1860. Dans la Révolution, Paris fut de nouveau le théâtre des discordes civiles et des plus graves événements : la prise de la Bastille (14 juillet 1789), les journées des 5 et 6 octobre, la fédération du champ de Mars (14 juillet 1790), les funestes journées du 20 juin, du 10 août, du 21 janvier, du 31 mai, du 13 vendémiaire an IV, du 18 fructidor an V, etc., se passèrent dans son sein. Pendant ces temps orageux, la ville fut presque constamment sous la domination de la Commune et des clubs des Jacobins et des Cordeliers. Sous le Consulat et l’Empire, un calme profond règne dans Paris jusqu’en 1812, époque de la conspiration de Mallet. Napoléon avait conçu de vastes projets pour l’embellissement de Paris, mais il ne put en réaliser qu’une partie : il commença l’Arc de triomphe de l’Étoile, érigea celui du Carrousel, ainsi que la colonne de la place Vendôme, entreprit l’achèvement du Louvre, et la construction du palais de la Bourse, fit construire les ponts d'Austerlitz et d'Iéna, ouvrit un grand nombre de rues nouvelles, parmi lesquelles la rue de Rivoli, la rue Napoléon (auj. de la Paix), les rues Castiglione, du Mont-Thabor, des Pyramides, Tronchet; fit bâtir huit marchés, l'Entrepôt des vins, les Greniers de réserve, les abattoirs, les cimetières de l'Est et du Nord; débarrassa les ponts et les rives de la Seine des files de maisons qui masquaient la vue de la rivière et les remplaça par des quais magnifiques, fit creuser le canal de l'Ourcq et commença les canaux St-Martin et St-Denis. En 1814, la capitale est occupée par les alliés, après une glorieuse tentative de défense et la perte de la bataille dite de Paris (30 mars). L'emp. Napoléon y rentre bientôt (20 mars 1815), mais Cent jours après, la défaite de Waterloo y ramène l'ennemi, suivi de Louis XVIII (3 juillet 1815). Paris fut le théâtre de la révolution de 1830, qui porta au trône Louis-Philippe, duc d'Orléans; de celle de 1848, qui le renversa; des journées de juin 1848 (V. Journées de JUIN); du coup d'État du 2 décembre 1851; de la révolution du 4 septembre 1870, qui rétablit la République; de 131 jours d'investissement et d'un mois de bombardement par l'armée allemande (19 septembre 1870-28 janvier 1871); de l’insurrection du 18 mars 1871 et du gouvernement de la Commune (V. ce mot). — La Restauration y construisit plusieurs églises nouvelles; Louis-Philippe s'occupa surtout d'achever et de réparer les anciens édifices : la Madeleine, l'Arc de triomphe de l'Étoile, l'Hôtel de ville, le Palais de justice, Notre-Dame, la Ste-Chapelle. Paris lui doit en outre le Palais du Conseil d’État, le Musée des Thermes et de l'Hôtel Cluny, les ponts Louis-Philippe et du Carrousel; la reconstruction et la plantation des quais St-Paul, de la Grève, Lepelletier, de Gèvres, de la Mégisserie, et de l'École; les galeries de minéralogie et les serres du Jardin des Plantes; la colonne de Juillet, le tombeau de Napoléon, destiné à recevoir les restes de l'Empereur solennellement rapportés de Ste-Hélène en 1840; l’Église Ste-Clotilde, la restauration de Notre-Dame; la bibliothèque Sle-Geneviève, le puits de Grenelle et un grand nombre de fontaines, le percement de plusieurs rues nouvelles, entre autres celles d'Alger, de Rambuteau, de la Bourse, du Havre, enfin les fortifications de Paris, immense travail, exécuté de 1841 à 1846. Sous Napoléon III ont été exécutés de vastes travaux d'ensemble qui ont eu pour but à la fois d'assainir, d'embellir et d'agrandir la capitale et qui l'ont entièrement métamorphosée : d'immenses boulevards ont été ouverts dans tous les sens (en voir plus haut la nomenclature), la belle rue de Rivoli a été prolongée et triplée, et grand nombre de rues nouvelles ouvertes, le Louvre a été achevé et complété, les Halles centrales ont été construites, les places du Louvre, du Palais-Royal, de l'Hôtel-de-Ville agrandies et rebâties sur un plan régulier, le canal St-Martin a été couvert et converti en un magnifique boulevard (boul. Richard-Lenoir); enfin les limites de Paris ont été une dernière fois reculées et portées jusqu'à l'enceinte fortifiée (1860). Paris engloba alors les communes de Passy, Auteuil, Batignolles, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard, Grenelle, en totalité, et en grande partie celles de Neuilly, Clichy, St-Ouen, Aubervilliers, Pantin, Prés-St-Gervais, St-Mandé, Bagnolet, Ivry, Gentilly, Montrouge, Vanves et Issy. Par l'effet de cette extension, Paris est, avec Londres, la plus grande ville de l'Europe, et, grâce aux améliorations de toute espèce qui viennent d'y être exécutées, elle en est incontestablement la plus belle.

A Paris ont eu lieu plusieurs conciles (360, 615, 820, 829, 1050, 1053, 1104, 1310, 1395, 1398, 1408, etc.). Les États généraux y furent assemblés en 1302, 1303, 1317, 1355, 1356, 1359, 1369, 1413, 1420, 1558, 1604, 1789. — Nombre de traités ont été signés dans cette ville, notamment en 1229, sous S. Louis : fin de la guerre des Albigeois, cession de la plus grande partie du comté de Toulouse à la couronne de France; en 1303 : Philippe le Bel rend l'Aquitaine au roi d'Angleterre Édouard III, à la condition d'hommage; en 1635 : ligue défensive et offensive de la France avec la Hollande contre l'Espagne; en 1763, entre la France, l'Espagne et l'Angleterre, pour mettre fin à la guerre de Sept ans : la France cède à l'Angleterre le Canada, l'Acadie, le Cap-Breton; l'Angleterre restitue à la France la Guadeloupe, la Martinique, Marie-Galante, etc.; l'Espagne obtient la Louisiane et la restitution de Cuba et cède la Floride aux Anglais; en 1783, entre la France, l'Angleterre, l'Espagne et les États-Unis d'Amérique : l'Angleterre reconnaît l'indépendance des États-Unis; la France et l'Espagne recouvrent les possessions qui leur avaient été enlevées pendant la guerre; en 1801 : signature du Concordat avec le pape; en 1814, le 30 mai : ce traité faisait rentrer la France dans ses limites de 1792 et lui rendait ses colonies, moins l'île de France, Ste-Lucie et Tabago; en 1815, le 30 novembre : la France se vit enlever Philippeville, Marienbourg, le duché de Bouillon, Sarrelouis, Saarbrück, les deux rives de la Sarre, le pays situé au N. de la Lauter et une partie du pays de Gex, dut consentir à la destruction des fortifications d'Huningue, payer aux Alliés une indemnité de 700 millions, et subir l'occupation d'une armée ennemie pendant 3 ans; en 1856, le 30 mars : ce traité, qui mit fin à la guerre d'Orient, admit l'Empire Ottoman dans le concert européen, mit son intégrité sous la garantie collective des puissances, interdit à la Russie toute immixtion dans les affaires intérieures de la Turquie, lui enleva une partie de la Bessarabie, ouvrit la Mer Noire au commerce de toutes les nations, affranchit la navigation du Danube et assura aux provinces moldo-valaques une administration indépendante.

Parmi le grand nombre des hommes illustres nés à Paris, on peut citer : dans les lettres, Molière, Régnard, Boileau, Quinault, J. B. Rousseau, Arnauld, Malebranche, Rollin, Voltaire, Lebrun, La Harpe, Marivaux, Favart, Beaumarchais, Scribe, Béranger; dans les sciences, d'Alembert, Bailly, Lavoisier, Fourcroy, Darcet; dans les arts, Perrault, Mansard, J. Goujon, Pigalle, David, Gros, De la Roche, les Vernet, Halévy, Lekain, Talma, Vestris; dans l'armée, Condé, Catinat, Eugène de Savoie.

On peut consulter sur la description et l'histoire de l'ancien Paris les écrits de Sauval, Piganiol de Laforce, Félibien, Lebeuf, Jaillot, Béguillet, St-Victor, Dulaure, Legrand, Meindre, Lavallée. On doit aux frères Lazare un Dictionnaire des rues de Paris, et à M. Ad. Joanne Paris illustré (1863), description exacte et complète du Paris actuel.

PARIS (Comtes de). Ce titre fut créé au VIIIe siècle par Charlemagne. Robert le Fort, en épousant Adélaïde, veuve de Conrad, comte de Paris, fit passer ce titre dans sa famille avec le duché de France (861). Il le transmit à son fils Eudes, qui fut couronné roi de France en 887. Ce titre fut porté par divers membres de cette famille jusqu'à l'avènement de Hugues Capet, arrière-petit-fils de Robert le Fort, qui réunit à la couronne le comté de Paris en même temps que le duché de France (987). — Le titre de comte de Paris, éteint depuis huit siècles, a été rétabli par le roi Louis-Philippe en faveur de son petit-fils, Louis-Philippe-Albert (fils de son fils aîné),né en 1838.

PÂRIS, dit aussi Alexandre, fils de Priam et d'Hécube, célèbre par sa beauté et sa lâcheté. Sur l'ordre de Priam, il fut exposé en naissant, parce que sa mère avait rêvé qu'elle portait en son sein un flambeau qui mettrait en cendres l'Europe et l'Asie; mais il fut sauvé par les soins d'Hécube et confié à des bergers du mont Ida, parmi lesquels il passa sa jeunesse. Choisi pour juge entre Minerve, Junon et Vénus dans le célèbre différend qui s'était élevé entre ces déesses au sujet de leur beauté, il adjugea la pomme d'or à cette dernière. Étant dans la suite rentré dans le palais paternel, il fut envoyé en Grèce pour redemander Hésione, qu'avait enlevée Hercule, mais, au lieu d'accomplir cette mission, il ravit lui-même la belle Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte, qui l'avait accueilli à sa cour, et par cet enlèvement il alluma ta guerre de Troie. Pendant la guerre, il offrit de se battre en combat singulier avec Ménélas, mais il prit honteusement la fuite devant ce héros. Il tua Achille par trahison, et fut lui même blessé à mort par Pyrrhus ou par Philoctète. Il fut recueilli et secouru à ses derniers moments par la bergère Œnone, qu'il avait aimée et épousée dans sa jeunesse, mais qu'il avait depuis trahie et délaissée.

PÂRIS (Mathieu), chroniqueur anglais, de l'ordre des Bénédictins, né vers 1197, mort vers 1259, prit l'habit religieux au monastère de St-Alban (Lincoln) et en devint l'historiographe. Il fut chargé de réformer plusieurs monastères de Norvège, et jouit de la faveur du roi d'Angleterre Henri III, qui lui confia plusieurs missions délicates en France. On a de lui : Historia major Angliæ, qui va de 1066 à 1259, et qui a été publiée par Mathieu Parker, archevêque de Cantorbéry, Londres, 1571, et par Wats, 1640 : c'est une des sources les plus importantes pour cette partie de l'histoire. Elle a été trad. par Huillard-Bréholles, Paris, 1840-41, 9 vol. in-8, avec une introduction par M. de Luynes. Mathieu Pâris avait rédigé lui-même un abrègé de sa chronique sous le titre d’Historia minor; cet ouvrage est resté inédit. Il a écrit en outre la Vie des deux Offa, celle de S. Edmond, et la biographie des 23 abbés de St-Alban.

PÂRIS (François de), célèbre diacre janséniste, né à Chatillon (Seine), en 1690, m. en 1727, était fils d'un conseiller au parlement. Il embrassa avec ardeur le jansénisme, en appela de la bulle Unigenitus, et refusa une cure pour ne pas signer le formulaire. Fixé dans le faubourg St-Marceau, il se consacra à l'instruction du peuple et aux œuvres de charité; ayant ainsi consumé sa fortune, il se mit à fabriquer des bas pour vivre. Il abrégea ses jours par des austérités excessives et mourut en odeur de sainteté, du moins aux yeux de ses partisans. Il fut enterré au cimetière St-Médard. On prétendit qu'il s'opérait des miracles sur sa tombe. L'enthousiasme, l'imagination s'en mêlèrent et donnèrent naissance à des cures extraordinaires, ainsi qu'aux scènes extravagantes et scandaleuses des Convulsionnaires; enfin le gouvernement fit fermer le cimetière (1732). L'épigramme suivante fut alors affichée par un plaisant :

De par le roi défense à Dieu
De faire miracle en ce lieu.

La Vie du diacre Pâris a été écrite par le P. Boyer, 1731. Carré de Montgeron a recueilli les récits des prodiges qui s'étaient opérés sur son tombeau.

PÂRIS, garde du corps du comte d'Artois, puis garde constitutionnel de Louis XVI, tua le conventionnel Lepelletier St-Fargeau, représentant qui avait voté la mort du roi, et se brûla la cervelle au moment où il allait être arrêté (1793).

PÂRIS-DUVERNEY (Joseph), célèbre financier, né en 1684 à Moirans en Dauphiné, où son père était aubergiste, m. en 1770. Par d'habiles combinaisons, il acquit, ainsi que ses trois frères, Ant. Pâris, Pâris la Montagne, J. Pâris-Montmartel, une des fortunes les plus considérables du temps. Il fut chargé de diriger de concert avec ses frères le fameux visa par lequel la dette de l’État, à la mort de Louis XIV, fut réduite de 2 062 000 000 à 1 653 000 000 et accomplit plusieurs autres opérations financières. Confident du duc de Bourbon, et surtout de la marquise de Prie, qui partageait avec lui les produits de la feuille des bénéfices, il eut pendant quelque temps le plus grand pouvoir (1723-26). Il fit rendre l'ordonnance sur l'abolition de la mendicité (1724) et proposa à Louis XV le mariage avec Marie Leczinska; mais, d'un autre côté, il conseilla au duc de Bourbon l'impôt du 50e et le rétablissement du droit de joyeux avènement, mesures qui le rendirent odieux. Mis à la Bastille par le cardinal Fleury en 1726, il sortit bientôt de prison, et continua à être consulté par la cour : il avait surtout la confiance de la marquise de Pompadour. C'est lui qui conseilla, en 1751, l'établissement de l'École militaire de Paris : il en fut le 1er intendant, avec le titre de conseiller d’État, et mourut dans ce poste. — Son frère, P.-Montmartel, garde du trésor en 1730, puis banquier de la cour, fut fait comte de Sampigny et marquis de Brunoy.

PARISET (Étienne), médecin littérateur, né en 1770 à Grand, près de Neufchâteau (Vosges), mort en 1847, était fils d'un pauvre cloutier. Il ne commença que tard à faire des études, et il réussit tellement qu'il fut envoyé aux frais de la ville de Nantes à l'École de santé de Paris. Forcé d'interrompre ses études médicales faute de ressources, il se fit précepteur, et ne put prendre le grade de docteur en médecine qu'à 36 ans. Il professa à l'Athénée de Paris des cours d'anatomie et de physiologie qui lui firent une réputation auprès des gens du monde et devint en peu de temps membre du conseil de salubrité, du conseil général des prisons, médecin de Bicêtre, médecin en chef de la Salpêtrière, membre et secrétaire perpétuel de l'Académie de médecine (1822) enfin membre libre de l'Académie des sciences. Chargé d'aller étudier sur les lieux l'épidémie de Cadix (1819), puis la fièvre jaune de Barcelone (1821), il se signala par son dévouement et faillit devenir victime du fléau. Il n'en partit pas moins en 1828 pour l’Égypte, afin d'observer la peste dans son principal foyer. A son retour, il se prononça pour la contagion, ce qui l'engagea dans de vives et pénibles disputes avec les adversaires de cette opinion. On a de lui une Hist. médicale de la fièvre jaune, 1823; un Mémoire sur les causes de la peste, 1837; des traductions de quelques écrits d’Hippocrate, un grand nombre d'articles dans les journaux et les recueils scientifiques; mais son principal titre, ce sont les Éloges des membres de l'Académie de médecine, qu'il prononça en qualité de secrétaire perpétuel. Son style, trop académique peut-être, est constamment clair, élégant et quelquefois énergique. Ces Éloges ont été publiés par J. B. Baillière, 1845 et 1850. L’Éloge de Pariset lui-même a été prononcé par le docteur B. F. Dubois (d'Amiens) à l'Académie de médecine.

PARISII, petit peuple de la Gaule, dans la Lyonnaise 4e, sur les deux rives de la Sequana (Seine), avait pour ch.-l. Parisii ou Lutetia, auj. Paris.

PARISIS, anc. petit pays de_France, dans la partie centrale de l'Ile-de-France, au N. de Paris. La petite ville de Louvres en était le ch.-l. Il est auj. compris dans les dép. de Seine-et-Oise et de la Seine

PARISOT, dit le Père Norbert. V. NORBERT.

PARISOT DE LA VALETTE. V. LA VALETTE.

PARISOT (Valentin), littérateur, né en 1800 à Vendôme, m. en 1801, entra fort jeune à l’École normale, fut reçu avec distinction agrégé d'histoire et docteur ès-lettres, enseigna l'histoire dans les colléges de Bourges et de Versailles, puis la littérature étrangère dans les Facultés de Rennes, de Grenoble et de Douai. Pourvu de la plus heureuse mémoire et plein d'érudition, il a écrit dans les genres les plus divers. Il a donné plusieurs éditions et traductions d'auteurs grecs et latins, a eu une grande part à la traduction de Pline, d'Ajasson de Grandsagne, a fourni nombre d'excellents articles à la Biographie universelle et rédigé seul le grand Dictionnaire mythologique joint à ce recueil (1832-33, 3 v. in-8), a composé une savante thèse De Porphyrii vita et indole (1845), a publié, dans les Notices et extraits des Manuscrits, l'édition princeps du XXXVIIe livre de Nicéphore Grégoras, avec traduction française et commentaire (1852), a traduit en français une partie du Ramayana (1853) et rédigé pour l’Encyclopédie populaire et autres recueils des résumés d'histoire, de littérature et de morale aussi exacts que substantiels.

PARKER (Mathieu), un des plus ardents partisans de la Réforme, né en 1504 à Norwich, m. en 1575, était le protégé de Cranmer. Il devint chapelain d’Anne de Boleyn, de Henri VIII, puis vice chancelier de l’Université de Cambridge (1545), et accrut encore sa faveur sous Édouard VI. Destitué et banni sous Marie, il fut rappelé par Élisabeth, et nommé archevêque de Cantorbéry (1559). Il seconda la reine dans tous ses projets et se rendit odieux non-seulement aux Catholiques, mais même aux Réformés, en assujettissant les ministres anglicans à certaines pratiques contre lesquelles plusieurs protestèrent. Parker a donné des édit. des historiens Mathieu de Westminster, Mathieu Pâris et Thomas Walsingham, ainsi que de la Vie d’Alfred d’Asser, et a rédigé la préface de la Bible anglaise dite Bible des évêques, 1568.

PARLEMENT (du mot barbare parliamentum, colloque, pourparler), nom que l’on donnait dans l’ancien régime à des cours souveraines instituées pour administrer la justice en dernier ressort au nom du roi. Il en existait plusieurs qui résidaient dans les principales villes du royaume.

Le Parlement de Paris, le plus ancien et le plus important de tous, n’était dans le principe qu’une cour de justice ambulatoire, qui suivait partout les rois pour rendre la justice en leur nom ; Philippe le Bel le rendit sédentaire à Paris par une ordonnance du 23 mars 1302. Il ne se réunissait d’abord que 2 fois l’an ; mais à partir de 1380 il devint permanent. La cour des pairs y fut adjointe en 1420. — Le parlement de Paris recevait, ainsi que tous les autres parlements, les appels des tribunaux inférieurs, et prononçait sans appel ; en outre, il connaissait des affaires où les pairs, les évêques, les chapitres, les communautés, les bailliages et les sénéchaussées étaient en cause ; il devait juger les officiers de la couronne et les maréchaux de France qui auraient prévariqué ; enfin il enregistrait les lois, édits et ordonnances. Ce parlement, dont les attributions étaient d’abord toutes judiciaires, s’arrogea peu à peu des pouvoirs politiques. Souvent il refusa d’enregistrer des lois qui lui paraissaient injustes, ou bien il adressa aux rois, avant de remplir la formalité de l'enregistrement, de hardies remontrances, qui devinrent l’occasion de luttes assez vives ; les rois mettaient un terme à la résistance en se transportant en personne dans le parlement et ordonnant de faire devant eux l’enregistrement : c’est ce qu’on appelait lit de justice. Plusieurs fois aussi le parlement fut exilé ; enfin, Louis XV, irrité de l’opposition de cette compagnie, la cassa en 1771, par le conseil du chancelier Maupeou, et installa à sa place, sous le nom de Conseil du roi, un nouveau corps judiciaire auquel on donna, par dérision, le surnom de Parlement Maupeou ; mais Louis XVI, dès son avénement, rétablit l’ancien parlement (1774). Le parlement de Paris fut supprimé, avec tous les autres, par l’Assemblée Constituante (7 sept. 1790). Ce parlement embrassait dans son ressort, outre Paris et l’Ile-de-France, la Picardie, la Champagne, la Brie, le Perche, la Beauce, le Maine, la Touraine, l’Orléanais, la Sologne, le Berry, le Nivernais, l’Anjou, le Poitou, l’Aunis, le Rochelois, l’Angoumois, la Marche, le Bourbonnais, l’Auvergne, le Forez, le Lyonnais, le Beaujolais, le Maçonnais et l’Auxerrois. Il avait tenu depuis sa création des registres connus sous le nom d’Olim, qui sont au nombre des plus précieux monuments de notre histoire et qui n’ont été publiés que de nos jours (V. OLIM).

Les parlements autres que celui de Paris, au nombre de 13, furent institués aux lieux et dans l’ordre suivant : Toulouse, 1302 ; Grenoble, 1451 ; Bordeaux, 1462 ; Dijon, 1477 ; Rouen, 1499 et 1515 ; Aix, 1501 ; Rennes, 1553 ; Pau, 1620 ; Metz, 1633 ; Besançon (d’abord à Dôle), 1676 ; Trévoux, 1696 ; Douay, 1713 (d’abord à Tournay) ; Nancy, 1775.

Tout parlement se composait d’une Grand’chambre, de Chambres d’enquêtes et de Chambres de requêtes. La Grand’chambre du Parlement de Paris était, composée d’un 1er président, de 9 présidents à mortier (ainsi appelés de la forme du bonnet qu’ils portaient), de 23 conseillers-laïques, de 12 conseillers-clercs, indépendamment des conseillers d’honneur. Le costume consistait dans une grande robe, écarlate pour les présidents, noire fourrée de vair ou d’hermine pour les simples conseillers, un bonnet ou mortier de velours à galons d’or pour les présidents, et un bonnet de drap noir pour les conseillers. Les conseillers furent d’abord désignés par le roi, puis (à partir de 1401) élus par le parlement même ; Louis XII, pressé d’argent, commença, en 1512, à vendre quelques offices ; François I établit en règle générale la vénalité des charges, et cet abus subsista jusqu’à la Révolution. On doit à M. de Bastard de l’Estang un Essai historique sur les Parlements de France, 1858 ; à M. Demaze, l’Hist. du Parlement de Paris, 1860, à M. Delacuisine, le Parlement de Bourgogne, 1858, etc.

Dans plusieurs pays, notamment en Angleterre, on désigne collectivement sous le nom de Parlement les deux assemblées qui partagent avec le roi le pouvoir législatif (V. CHAMBRE DES LORDS, DES COMMUNES). Le parlement anglais fut institué par la Grande-charte, arrachée au roi Jean en 1215. Il ne se composait d’abord que des députés du clergé et de la noblesse ; les Communes n’y furent introduites que sous Henri III, en 1265, par le comte de Leicester, et elles ne furent définitivement constituées que sous Édouard I. Le Parlement anglais siége à Westminster.

PARLEMENT (LONG-), nom donné en Angleterre, à cause de sa longue durée, au dernier parlement convoqué par le roi Charles I. Assemblé en 1640, ce parlement dura plus de 20 ans. Il déclara en 1642 la guerre au roi. Après 8 années d’existence au milieu des troubles et des guerres civiles, il fut purgé par Pride, sur l’ordre de Cromwell, de tous les membres qui s’opposaient à sa politique et réduit à 80 membres (1648). Le Parlement ainsi mutilé se montra d’abord docile à Cromwell : il décida que Charles I serait jugé et prit plusieurs mesures énergiques ; mais il ne tarda pas à porter ombrage au Protecteur, qui le chassa honteusement de la salle de ses séances le 20 avril 1653. Il ne fut rappelé qu’en 1659 et fut alors nommé par dérision le Parlement-Croupion (Rump-Parliament) ; mais il ne tarda pas à se dissoudre lui-même (1660).

PARLEMENT IMPÉRIAL. On nomma ainsi après l’union de l’Irlande à l’Angleterre le parlement de l’Empire britannique, qui réunissait les représentants des 3 royaumes d’Angleterre, d’Écosse et de l’Irlande.

PARME, Parma, Julia Augusta, v. d’Italie, anc. capit. du duché de Parme, sur la Parma, par 44° 48' lat. N. et 7o 59' long. E. ; 42 000 h. Évêché, cour civile et criminelle ; université, fondée en 1423, supprimée en 1432, rétablie en 1854, et comprenant des facultés de théologie, de droit, de médecine, de physique, de philosophie et littérature ; écoles des beaux-arts, de chant, de sourds-muets ; bibliothèque, collection d’estampes, galerie de tableaux, musée d’antiquités, jardin botanique. La ville est grande et belle, entourée de murs, et défendue par une citadelle. On y remarque : la cathédrale ou Dôme, du XIe s., avec une belle fresque de l’Assomption par le Corrège et un magnifique baptistère en marbre ; l’église de la Madonna de la Steccata, où sont les tombeaux des Farnèses ; celles de St-Louis et de St-Jean l’Évangéliste, avec une belle tour et une coupole peinte par le Corrège ; le palais Farnèse et un immense théâtre. Aux environs, beau pont du Taro. Manuf. des tabacs ; porcelaine, soieries, draps, chapeaux, etc. Les laines de Parme étaient renommées chez les anciens. Patrie de Mazzuoli dit le Parmesan. — Ville très-ancienne : elle fut fondée par les Étrusques, devint colonie romaine en 184 av. J.-C. et fut comprise dans la Gaule Cispadane ; sous Auguste, elle reçut le nom de Julia Augusta. Au moyen âge, elle fut tour à tour guelfe et gibeline, tour à tour indépendante et soumise à de petits tyrans ou aux villes voisines, jusqu’au moment où elle tomba au pouvoir des papes et, par suite, aux mains de la maison de Farnèse qui en fit sa capitale (V. l’art. suiv.). — Les Français battirent les Impériaux près de Parme en 1734. Parme devint en 1802 le ch.-l. du dép. du Taro. Napoléon I donna à Cambacérès le titre de duc de Parme.

PARME-PLAISANCE-ET-GUASTALLA (Duché de), partie de l’anc. Gaule cispadane et de la Ligurie ; ancien État de l’Italie sept., entre la Lombardie au N. E., la Toscane au S., le Modénais à l’E., le Piémont au N. O. : env. 80 kil. en tout sens ; 510 000 hab. ; ch.-l., Parme. Riv. : la Parma et le Taro. Cuivre, fer, sel, etc. ; blé, maïs, bétail ; fromage estimé dit parmesan, quoique le véritable parmesan se fasse aux environs de Lodi ; magnaneries, soieries. — Cette contrée fut soumise par les Romains vers 184 av. J.-C., avec le reste de la Gaule cisalpine. À la chute de l’empire, elle reconquit pour quelque temps son indépendance, puis tomba au pouvoir des Lombards, auxquels Charlemagne l’enleva pour la donner aux papes. Pendant les guerres des papes et des empereurs, elle s’érigea en république. À la chute des Hohenstaufen, elle se trouvait sous la domination des Correggio (1303) ; déchirée par des dissensions intestines, elle se donna à Jean de Bohême (1330), lequel la vendit aux Rossi ; mais ceux-ci ne purent s’y maintenir, et Martino della Scala en devint maître en 1335. Il la donna comme fief en 1341 à ses oncles les seigneurs de Correggio, qui recouvrèrent ainsi la puissance dont ils avaient été dépouillés. Mais dès 1344 Azzon, l’un d’eux, vendit ses États à Obizzo III d’Este, lequel les revendit en 1346 à Lucchino Visconti, seigneur de Milan. Dans tous ces revirements, Plaisance suivit le sort de Parme. Le Parmesan et le Placentin restèrent ainsi prov. milanaises jusqu’aux guerres des Français en Italie. Au congrès de Mantoue, Jules II, en rendant le duché de Milan aux Sforce, en fit détacher Parme et Plaisance en faveur du St-Siége (1511). François I, en renouvelant la conquête du Milanais en 1515, annexa de nouveau les deux pays au Milanais. La paix de 1530, entre Charles-Quint et Clément VII, les rendit au pape ; mais peu après (1545), Paul III les céda comme fiefs à son fils naturel, Pierre Louis Farnèse : le fils de celui-ci, Octave, qui lui succéda dès 1547, mais ne fut reconnu par Philippe II qu’en 1556, devint le chef de la dynastie des Farnèse (V. FARNÈSE). En 1731, l’héritière de cette maison, Élisabeth Farnèse, femme du roi d’Espagne Philippe V, fit donner le duché à son fils, don Carlos ; mais, ce prince étant devenu en 1735 roi des Deux-Siciles, le double duché fut alors attribué à l’Autriche. Après la guerre de la succession d’Autriche, la paix d’Aix-la-Chapelle (1748) le donna au 2e fils d’Élisabeth Farnèse, l’infant don Philippe. Ferdinand, fils de ce Philippe, régna jusqu’en 1802 à Parme. Après sa mort, ses États furent réunis à la France, et formèrent le dép. du Taro, qui eut pour ch.-l. Parme ; mais en même temps son fils, Louis, fut fait roi d’Étrurie. En 1814, ce pays redevint duché souverain et fut donné, avec le duché de Guastalla, à l’archiduchesse Marie-Louise, épouse de Napoléon, qui y régna jusqu’en 1847. À sa mort, il revint (moins Guastalla) à Charles-Louis, duc de Lucques, issu des ducs de Parme. Ce prince, chassé de ses États en 1849 par une insurrection, abdiqua en faveur de son fils Charles III, qui périt assassiné en 1854. Le fils aîné de ce dernier, Robert, né en 1848, fut alors proclamé duc sous la régence de sa mère, Louise-Marie-Thérèse de Bourbon, fille du duc de Berry, morte en 1864 ; il fut renversé en 1860, et le duché fut annexé au royaume d’Italie, dont il forme auj. une province.

Ducs de Parme et Plaisance.
Pierre L. Farnèse, 1545 Don Carlos de Bourbon, dit Charles I, 1731
Octave, 1547 Don Philippe, 1748
Alexandre, 1586 Ferdinand, 1765
Reinucce I, 1592 Louis I, roi d’Étrurie, 1802
Odoard, 1622 Louis II, 1803-1807
Reinucce II, 1646 Marie-Louise, duch. de Parme, etc., 1814
François, 1694 Charl.-Louis, Ch. II, 1847
Antoine, 1727 Charles III, 1849
Robert I, 1854-1860


PARME (Alexandre FARNÈSE, duc de), général de Philippe II. V. FARNÈSE.

PARME (don Philippe, duc de), 4e fils de Philippe V, roi d’Espagne, né en 1720, m. en 1765. Le traité d’Aix-la-Chapelle, qui termina en 1748 la guerre de la succession d’Autriche, lui donna les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. Son administration, fut paisible et heureuse. Il avait épousé Élisabeth, fille de Louis XV, roi de France. Il eut pour successeur son fils Ferdinand.

[[w:Ferdinand Ier (duc de Parme)|PARME (Ferdinand, infant et duc de)]], fils du préc. et petit-fils de Louis XV par sa mère, né en 1751, fut élevé par Kéralio et Condillac (qui rédigea pour lui son Cours d’études). Il succéda a son père en 1765 et laissa presque tout le pouvoir au marquis de Félino. Il expulsa les Jésuites (1768), eut des démêlés avec la France pendant les guerres d’Italie (1796), et mourut en 1802, au moment d’être dépossédé. Ses États, sous le nom de dép. du Taro, augmentèrent la république française, et son fils, Louis de Parme, reçut en échange la Toscane avec le titre de roi d’Étrurie.

PARMÉNIDE, philosophe grec, de l’école éléatique, né à Élée, dans la Grande-Grèce, vers 535 av. J.-C., selon les uns, en 519 selon d’autres, fut dans sa première jeunesse disciple de Xénophane, exerça les premières magistratures dans sa patrie, donna de sages lois à ses concitoyens, puis se retira des affaires pour se livrer à la méditation. À 65 ans, il fit avec Zénon d’Élée, son disciple, un voyage à Athènes pour y enseigner la philosophie. Il mourut, dans un âge avancé. Parménide professa comme Xénophane la doctrine de l’unité absolue, mais il donna une forme plus rigoureuse à ce système. Distinguant deux ordres de connaissances, celles qui sont fondées sur la raison et celles que donne l’apparence, il prétendit que, selon la raison, il n’existe qu’un être unique, immuable, infini ; que la diversité, le changement, la pluralité sont impossibles ; mais il avouait que, selon l’apparence, il faudrait admettre tout le contraire. En raisonnant d’après les sens, il expliquait tout par deux principes : le ciel ou le chaud, la terre ou le froid. Il avait exposé son système dans un poëme intitulé : De la Nature, dont il reste quelques fragments recueillis par Amédée Peyron, Leips., 1810, par Brandis dans ses Commentationes eleaticæ, Altona, 1813, et par Karsten dans ses Philos. græcæ reliquiæ, Amst., 1835. Platon a donné le nom de Parménide à un dialogue où il met ce philosophe en scène. Proclus nous a laissé un Commentaire du Parménide.

PARMÉNION, général de Philippe et d’Alexandre, contribua au gain des batailles du Granique et d’Issus, conquit Damas et la Syrie, et fut d’avis qu’Alexandre, après ces succès, acceptât les brillantes propositions de Darius, qui offrait au roi de Macédoine la main d’une de ses filles et l’Asie jusqu’à l’Euphrate : « J’accepterais, disait Parménion, si j’étais Alexandre. — Et moi aussi, répondit Alexandre, si j’étais Parménion. » Après la bataille d’Arbelles, Parménion fut nommé gouverneur de la Médie ; mais bientôt Alexandre, jaloux de son pouvoir, feignit de le croire traître et le fit mettre à mort, après avoir déjà livré au supplice son fils Philotas, impliqué dans la conspiration de Dymnus (329).

PARMENTIER (Augustin, baron), agronome, né en 1737 à Montdidier, m. en 1813, fut d’abord pharmacien à l’armée de Hanovre. Fait prisonnier et réduit pendant sa captivité à se nourrir de pommes de terre, il reconnut tous les avantages de ce légume, introduit en Europe dès le XVe siècle, mais repoussé en France par d’injustes préventions, et il finit par triompher du préjugé. Pharmacien en chef de l’hôtel des Invalides, puis inspecteur général du service de santé, il réorganisa le service pharmaceutique des armées. Il perfectionna la boulangerie, fit adopter la mouture économique, qui donne un seizième de farine en sus, et décida le gouvernement à créer une école de boulangerie. Il fit le premier du sirop de raisin. Il fut élu membre de l’Institut en 1796. On lui doit un grand nombre d’ouvrages utiles : Examen chimique de la pomme de terre ; le Parfait boulanger, traité complet de la fabrication et de commerce du pain ; Méthode facile de conserver les grains et les farines ; Économie rurale et domestique ; Code pharmaceutique ; l’Art de faire les eaux-de-vie et vinaigres.

PARMESAN (MAZZUOLI, dit le). V. MAZZUOLI.

PARNASSE, Parnassus, auj. Liakoura, montagne de Phocide, au N. O. de l’Hélicon, entre Amphisse et Trachine, était très-haute (2460m) : de sa cime on voyait Corinthe. Delphes occupait la pente S. O. de la montagne. La Fable faisait du Parnasse la résidence d’Apollon et des Muses ; c’est là qu’on plaçait la fontaine Castalie. — On étend quelquefois ïe nom de Parnasse à toute la chaîne qui, partant de l’Œta, se dirige du N. O. au S. E., et se termine près d’Anticyra sur le golfe de Corinthe. — Les orages sont fréquents sur le Parnasse : l’histoire a conservé le souvenir de deux terribles ouragans qui détruisirent une partie de l’armée de Xerxès et de celle des Gaulois.

PARNELL (Thomas), poëte irlandais, né à Dublin en 1679, m. en 1717, reçut les ordres et posséda plusieurs bénéfices dans l’église anglicane. Il était lié avec Pope et d’autres grands écrivains de l’Angleterre. On a de lui : l’Ermite, poëme facile et élégant, son chef-d’œuvre ; le Conte des Fées ; une Églogue sur la santé ; Hésiode ou la Naissance de la femme ; une Vie d’Homère, en tête de la traduction de l’Iliade de Pope, et quelques opuscules en prose. Pope a donné un choix de ses poésies, 1726.

PARNÈS, auj. Ozas, mont. de Grèce, sur la frontière de l’Attique et de la Béotie, continuait le Cithéron, et se prolongeait à l’E. jusqu’à Rhamnonte, sur la mer d’Eubée. Son principal sommet a 1413m.

PARNY (Évariste DESFORGES, chevalier de), poëte français, né en 1753 à l’île Bourbon (Réunion), m. en 1814. Il se destina d’abord à l’Église et voulut même se faire trappiste ; mais cette ferveur se dissipa bientôt. Il embrassa l’état militaire, devint capitaine de dragons, et accompagna comme aide de camp le gouverneur général des Indes à Pondichéry ; mais il quitta le service dès 1786 et se retira à Feuillancourt près de Marly. Dans un voyage à l’île Bourbon en 1773, il s’était épris d’une jeune créole, Esther de Baïf, qui lui inspira ses premiers chants : il la célébra sous le nom d’Éléonore. Ruiné par la Révolution, qu’il avait cependant accueillie, il obtint un modeste emploi dans les bureaux de l’Instruction publique (1795), puis dans ceux des Droits réunis. En 1813 Napoléon lui assura une pension de 3000 fr. ; mais il en jouit bien peu de temps. Il avait été admis à l’Institut dès 1803. On a de lui : 1° des Élégies, dont le 1er recueil parut en 1778 ; 2° des Lettres mêlées de vers, 3° des Chansons madécasses, 4° les Fleurs, 5° Jamsel, 6° la Journée champêtre, 7° Isnel et Asléga, 8° les Scandinaves, 9° Goddam, 10° les Voyages de Céline, 11° des Poésies mêlées, et plusieurs poëmes anti-religieux, condamnés par tous les amis de la morale et de la religion. Parny a surtout réussi dans les genres élégiaque et érotique : ses vers, pleins de naturel, de grâce, d’élégance et de sentiment, lui ont mérité d’être surnommé le Tibulle français. Ses Œuvres complètes ont été réunies en 1824 à Bruxelles ; Tissot a publié en 1826 ses Œuvres inédites. Ses Œuvres choisies ont été publ. en 1827 par Boissonade, en 1831 par Bérenger, en 1861 par M. Pons.

PAROPAMISE (mont), Paropamisus, dit aussi par les Grecs le Caucase des Indes, auj. l’Indou-Koh, haute chaîne de montagnes qui séparait l’Inde de la Bactriane. V. HINDOU-KOH. — On a étendu ce nom à une région de l’Asie anc. qui était couverte par ces montagnes, et qui s’étendait entre la Bactriane au N., l’Inde à l’E., l’Asie et la Drangiane à l’O. et l’Arachosie au S. ; elle n’avait que peu de villes : Ortospane et plus tard Alexandrie-la-Paropamisienne en étaient les principales. C’est auj. le Kaboul et le Kandahar.

PAROS, île de l’Archipel, une des Cyclades, à l’O. de Naxos, vis-à-vis d’Oliaros, par 47° 3′ lat. N., 22° 51′ long. E. ; elle a 19 kil. sur 15,64 k. de tour et env. 3000 hab. Sa ville principale, nommée aussi Paros (auj. Parikia), donna le jour au poëte Archiloque. Son marbre était célèbre, surtout celui du mont Marpesse, au S. de l’île. — D’abord occupée par les Phéniciens, puis peuplée par des Crétois et par des Arcadiens, Paros était soumise aux Naxiens lorsque Darius la soumit. Inutilement assiégée par Miltiade, elle fut forcée après la bataille de Salamine de reconnaître la suprématie d’Athènes. Après avoir appartenu successivement aux Macédoniens, aux Lagides, à Mithridate, elle fut incorporée par Pompée à la république romaine, 74 av. J.-C., et fit ensuite partie de l’Empire grec. Comprise après la 4e croisade dans le duché de l’Archipel, elle appartint tour à tour aux Sanudo, aux Sommerive, aux Venieri. Au XVIe s., elle fut soumise aux Turcs-Ottomans par Barberousse, amiral de Soliman. Elle se souleva contre les Turcs en 1821, et fut comprise à la paix dans le royaume de Grèce : elle dépend de l’Éparchie de Naxos.

PAROS (MARBRES DE), dits aussi MARBRES d’ARUNDEL ou d’OXFORD, suite de tables chronologiques dressées par ordre du gouvernement d’Athènes et gravées sur des marbres, contenaient les principaux évènements de la Grèce dans un espace de 1319 ans, depuis l’avénement de Cécrops jusqu’à l’archontat de Diognète (1582-263 av. J.-C.). La fin de ce précieux monument manque à partir de l’an 354. Trouvés au commencement du XVIIe s., dans l’île de Paros par un agent du savant Peiresc, ces marbres furent cédés en 1627 par Peiresc au comte d’Arundel, et furent depuis déposés dans la bibliothèque d’Oxford. Ils ont été publiés et traduits en latin par Prideaux (1676), reproduits par Lenglet-Dufresnoy dans ses Tablettes chronologiques, et réimprimés, avec commentaires, dans les Fragm. historic. græc., de Didot, 1848.

PAROY (J. Ph. Guy LEGENTIL, marquis de), né en 1750, m. en 1822, avait été colonel avant la Révolution. Il cultiva avec quelque succès la peinture et la gravure et inventa le procédé de stéréotypage, que l’on emploie encore aujourd’hui (le moulage au plâtre) et qu’il a décrit dans son Précis sur la stéréotypie, 1822. On lui doit aussi un vernis à faïence mêlé de poudre d’or qui produit un bel effet.

PARPAILLOTS, nom donné aux Calvinistes au XVIIe siècle, vient, dit-on, d’un certain Jean Perrin, seigneur de Parpaille, magistrat protestant d’Avignon, qui fut décapité en 1602 à cause de sa religion.

PARQUES (les), divinités des Enfers chargées de filer la vie des hommes, étaient au nombre de trois, Clotho, Lachésis, Atropos : Clotho préside à la naissance et tient le fuseau, Lachésis le tourne et file, Atropos coupe le fil. C’est ce qu’exprime ce vers latin :

Clotho colum retinet, Lachésis net, et Atropos occat.

On faisait naître les Parques de l’Érèbe et de la Nuit, ou de Jupiter et de Thémis, et on les disait sœurs des Furies ; on les figurait sous les traits de vieilles femmes tristes et laides. — V. NORNES.

PARR (Catherine), 6e femme de Henri VIII, née en 1509, était veuve du baron Latimer lorsqu’elle épousa le roi, en 1543. Zélée luthérienne, elle courut risque de la vie pour avoir défendu ses opinions auprès du monarque, qui n’admettait de théologie orthodoxe que la sienne, et il lui fallut toute son adresse pour lui donner le change. Trente-quatre jours après la mort de Henri (1547), elle se remaria avec l’amiral Thomas Seymour. Elle mourut l’année suivante.

PARR (Thomas), centenaire du comté de Shrop, se remaria à 120 ans, et vécut 152 ans (1482-1634).

PARRHASIUS, célèbre peintre grec, rival de Zeuxis, né à Éphèse vers 420 av. J.-C., composa, entre autres chefs-d’œuvre, un tableau allégorique représentant le Peuple d’Athènes et Méléagre et Atalante que Tibère paya plus de 600 000 sesterces. On l’accusait de sacrifier l’expression morale à l’illusion matérielle. PARRHASIUS (Aulus Janus), dont le vrai nom est Jean Parisio, philologue, né à Cosenza en 1470, m. en 1533, enseigna les lettres à Milan, à Rome, à Vicence, et fonda dans sa ville natale l'académie Cosentine. H. Étienne a publié ses Œuvres, Paris, 1567. On y trouve des notes sur Plaute, Cicéron, Claudien, une dissertation curieuse De septenario dierum numero, des lettres et quelques écrits théologiques, entachés d'hérésie et condamnés à Rome. — J. Leclercq a publié sous le pseudonyme de Th. Parrhasius un recueil de critique intitulé Parrhasiana.

PARROCEL, famille d'artistes français estimés. — Jos. P., de Brignoles, 1648-1704, peignit beaucoup de batailles, notamment le Passage du Rhin par Louis XIV (au Louvre), et devint membre de l'Académie de peinture : son coloris est chaud et brillant, sa touche pleine de verve; mais ses couleurs sont altérées. Il se distingua aussi comme graveur : il a laissé 48 bonnes gravures à l'eau-forte représentant des sujets tirés de la vie du Christ. — Ch. P., 1688-1753, fils et élève du préc., fit quelques campagnes pour apprendre à connaître les batailles, devint professeur à l'Académie de peinture, et fut choisi pour peindre les conquêtes de Louis XV. Il a laissé aussi des gravures. Quoique ayant moins de verve que son père, il lui est supérieur par la vérité des compositions et la solidité de la couleur. — Ignace et Pierre P., neveux de Joseph, morts le 1er en 1722, le 2e en 1739, se distinguèrent également comme peintres. Le premier peignit les batailles du prince Eugène. Le 2e peignit pour l'hôtel de Noailles l’Histoire de Tobie en 16 tableaux; on cite comme son chef-d'œuvre un Enfant Jésus couronnant la Vierge. Il se distingue par la grâce du dessin, par une exécution ferme et harmonieuse et par une bonne couleur.

PARRY (Sir W.), navigateur anglais, né à Bath en 1790, m. en 1856, servit dans la marine royale et parvint au grade de contre-amiral. Il s'est illustré par 4 périlleux voyages au pôle nord. Dans le 1er, en 1819, il atteignit le 70° degré de lat. N. et le 110° de long. O,, ce qui lui valut un prix de 1000 livres sterling (25 000 fr.) ; dans le 2e, qu'il exécuta de 1821 à 1823 sur l’Hécla et la Fury, il reconnut la presqu'île Melville; dans le 3e, il parcourut l'espace qui s'étend entre le cap de Glace et le fleuve Mackensie; enfin, en 1826, il s'avança par terre jusqu'à 84° lat. N. Il a publié lui-même ses Quatre expéditions au pôle Nord, Londres, 1833.

PARSDORF, vge de Bavière (Isar), à 11 kil. N. O. d'Ebersberg. Il y fut conclu une trêve entre la France et l'Autriche le 15 juillet 1800.

PARSEVAL-GRANDMAISON (Aug.), poëte, né à Paris en 1759, d'une famille de financiers, m. en 1834, suivit Bonaparte en Égypte et fit partie de l'Institut du Caire. Il fit paraître en 1804 les Amours épiques, poëme en 6 chants, qui offre la traduction en vers des épisodes composés sur l'amour par les plus grands poëtes, et qui lui valut un siége à l'Académie française. Il travailla ensuite pendant 20 ans à un grand poëme héroïque de Philippe-Auguste, qui parut en 1825, en 12 chants. Cet ouvrage, rempli de beautés du premier ordre et écrit d'un style élégant, pèche par le manque d'action et d'intérêt.

PARSEVAL-DESCHÊNES (Alex.), amiral, né à Paris en 1790, m. en 1860, assista en 1805 à la bataille de Trafalgar et survécut presque seul à la destruction du Bucentaure. Il prit une part glorieuse à presque toutes les expéditions qui eurent lieu depuis, notamment au siége d'Alger (1830, à la prise de Bougie (1833), de l'île Martin-Garcia, à l'assaut de St-Jean-d'Ulloa, où il enleva par escalade le fort St-Jacques (1838); fut nommé contre-amiral en 1840, commanda en 1854 l'escadre française de la Baltique et concourut puissamment à la prise de Bomarsund. Il fut à son retour élevé à la dignité d'amiral.

PARSIS ou GUÈBRES. V. GUÈBRES.

PARSONS (Robert), jésuite anglais, né en 1547, m. en 1610, avait d'abord été protestant. Il entra chez les Jésuites à Rome, revint en 1579 en Angleterre pour y occuper le poste de supérieur des missions catholiques, fut chargé par le pape de missions secrètes, tant en Angleterre qu'en Espagne, et, de retour à Rome, y dirigea pendant 23 ans le collége anglais. Il fut soupçonné d'avoir eu part à la conspiration des poudres, mais rien ne fut prouvé. On a de lui : De persecutione anglicana, Bologne, 1681; De sacris alienis non adeundis, St-Omer, 1607; Des trois conversions de l'Angleterre, 1603; Relation de la conférence de Fontainebleau, 1600, etc.

PARTHENAY, ch.-l. d'arr. (D-Sèvres), sur le Thoué, à 55 kil. N. N. E. de Niort, et à 390 k. S. O. de Paris; 5057 hab. Trib. de 1re instance, collége, école normale primaire. Restes d'un château fort et de l'église romane de Ne-De de La Coudre; salle de spectacle. Fabr. de draps dits pinchinas et calmouk; tanneries. Commerce de blé et bestiaux. Patrie d'Anne et Catherine de Parthenay, de François Delaporte, aïeul du cardinal de Richelieu, et de Dufouilloux. — Jadis seigneurie, réunie à la couronne en 1422; anc. capit. du petit pays de Gâtine dans le H.-Poitou.

PARTHENAY (Famille de), maison issue, à ce qu'on croit, de celle de Lusignan, se partageait en deux branches, dont la cadette, qui est la plus célèbre, portait le nom de L'Archevêque en mémoire d'un de ses membres, Josselin de P., mort archevêque de Bordeaux en 1086. — Jean L’ARCHEVÊQUE de P., prince de Soubise, né en 1512, m. en 1566, embrassa le Protestantisme à la cour de Ferrare, où sa mère avait suivi Renée de France, fille de Louis XII, remplaça le baron des Adrets comme chef des protestants à Lyon, et y soutint un siége contre le duc de Nemours. Il fut le dernier descendant mâle de la famille. — Anne de Parthenay, sa sœur, mariée à Ant. de Pons, comte de Marennes fut un des principaux ornements de la cour de Renée de France, fille de Louis XII, et duchesse de Ferrare : elle avait étudié le latin et le grec, et était excellente musicienne. Elle avait embrassé le Calvinisme, et montra beaucoup de zèle pour la nouvelle religion. — Catherine de Parthenay, fille de Jean de P. et nièce de la précéd., née en 1554, morte en 1631, contribua aussi activement à la propagation du Calvinisme. Elle épousa le baron de Pont-Kuellénec, auquel elle intenta un scandaleux procès en séparation, puis le vicomte René de Rohan, dont elle eut le célèbre duc de Rohan. A l'âge de 74 ans, elle déploya un grand courage au siége de La Rochelle : prise par les Catholiques, elle refusa, dit-on, d'être comprise dans la capitulation et mourut prisonnière. On a d'elle plusieurs élégies, et une tragédie intitulée Judith et Holopherne.

PARTHÉNIENS. On nomma ainsi de jeunes Lacédémoniens nés, pendant la 1re guerre de Messénie, du commerce des jeunes femmes de Sparte (parthenoi) avec des jeunes gens qui avaient quitté le camp momentanément, pour empêcher que l'État ne pérît faute de citoyens. Méprisés par leurs compatriotes, les Parthéniens conspirèrent avec les Ilotes : ils furent découverts et forcés de quitter Sparte. Ils allèrent, sous la conduite de Phalante, s'établir sur la côte orientale de l'Italie et y bâtirent Tarente (707 av. J.-C.).

PARTHÉNIUS, poëte grec de Nicée, fut fait prisonnier pendant la guerre contre Mithridate, amené esclave à Rome vers l'an 65 av. J.-C., et y obtint la liberté par ses talents. Il fut imité par Ovide et Virgile, et très-goûté de Tibère. Nous n'avons de lui qu'un petit écrit en prose sur les Affections des Amants, publié avec une traduction latine de Cornarius, à Bâle, 1531, par Heyne, à Gœttingue, 1798, par Passow, à Leips., 1824, par Hirschig, et dans la collection Didot, 1856. Il a été trad. en français en 1743.

PARTHÉNON, le plus beau temple de l'anc. Athènes, était dédié à Minerve (Parthénos, la Vierge), et enfermé dans l'enceinte de l’Acropole ou citadelle. C'était un édifice dorique, tout entouré de colonnes (8 de face sur 17 de côté). Tout le temple était en marbre blanc pentélique, et mesurait 100 pieds grecs de long (70m) Sa frise était partagée en 92 métopes, représentant, dans autant de bas-reliefs, diverses scènes de combat des Athéniens et des Centaures. — Il fut élevé, du temps de Pisistrate, par les architectes Ictinus et Callicrate. Détruit par les Perses, il fut rétabli plus beau par Périclès; Phidias donna le dessin des sculptures et en exécuta lui-même une partie : c'est pour le Parthénon qu'il fit la statue de Minerve en ivoire et or, son chef-d'œuvre. Ce temple subsistait encore entier en 1676 : les Chrétiens l'avaient converti en église, puis les Turcs en mosquée. Il fut presque détruit en 1687, dans un bombardement d'Athènes par les Vénitiens. Il n'en subsiste auj. qu'une vingtaine de colonnes avec leurs architraves et quelques parties des murs. Beaucoup de sculptures, surtout des métopes, en ont été enlevées en différents temps; plusieurs sont à Londres au British-Museum, ou à Paris, au musée du Louvre.

PARTHÉNOPE, sirène qui devint éprise d'Ulysse. Dédaignée de ce prince, elle se précipita dans la mer, près du lieu où depuis fut bâtie la ville de Naples, qui dans l'origine porta le nom de Parthénope.

PARTHÉNOPÉE, fils de Méléagre et d'Atalante, eut part à la première guerre contre Thèbes, et fut un des sept chefs qui périrent devant cette ville.

PARTHÉNOPÉENNE (République), nom donné à l’État formé par les Français de la partie continentale de l'anc. royaume de Naples pendant le court espace de temps qui s'écoula depuis l'entrée de Championnet à Naples, le 23 janvier 1799, jusqu'à la reprise de cette capitale par le cardinal Ruffo, le 15 mai de la même année. La République parthénopéenne n'eut jamais qu'un gouvernement provisoire de 25 membres, à la tête duquel furent placés successivement Championnet et Macdonald. Ce dernier, reconnaissant l'impossibilité de garder le pays en feu, ne songea qu'à opérer sa retraite sans désastre.

PARTHÉNOPOLIS, nom latinisé de Magdebourg.

PARTHES (Empire des), vaste empire de la Haute-Asie, fondé l'an 255 av. J.-C. par le Parthe Arsace aux dépens de l'empire des Séleucides, ne comprit d'abord que la Parthiène, mais embrassa ensuite toute la Hte-Asie médo-persane à l'E. de l'Euphrate et à l'O. de l'empire de Bactriane. Les limites de cet État varièrent beaucoup : la Mésopotamie, la Babylonie, la Médie, l'Atropatène, la Susiane, la Perside, l'Hyrcanie, la Parétacène, les deux Carmanies en firent partie. — Les Parthes, peuple dont le nom veut dire bannis en langue scythe, et qu'on suppose composé d'exilés de la Scythie, furent successivement compris dans l'empire médo-persan, dans celui d'Alexandre, et dans celui des Séleucides. Arsace, chef d'une des tribus parthes, s'assujettit les autres tribus, secoua le joug des Séleucides en 255 av. J.-C., et jeta ainsi les bases de l'empire des Parthes, qui s'agrandit successivement. Après la chute des Séleucides, 64 av. J.-C., les Parthes devinrent limitrophes des Romains, dont ils n'étaient séparés que par l'Euphrate, et il y eut alors entre les deux peuples des guerres fréquentes. Crassus, en 54 av. J.-C., Antoine en 36, firent contre eux des expéditions malheureuses; cependant Auguste obtint qu'ils lui rendissent les aigles enlevées aux armées romaines. L'an 114 de J.-C., Trajan fit contre eux une campagne glorieuse et les repoussa jusqu'au Tigre. Sous Lucius Vérus, sous Septime-Sévère et Caracalla, les Parthes subirent de nouvelles pertes qui les affaiblirent; enfin leur empire s'écroula en 226 et fut remplacé par celui des Sassanides. — Les Parthes étaient renommés comme cavaliers et comme archers; c'est dans leur fuite qu'ils étaient le plus redoutables : ils attiraient l'ennemi sur leurs traces et lui décochaient des flèches en s'éloignant : ils étaient presque invulnérables, une armure de mailles de fer couvrant presque entièrement le cheval et le cavalier. Leur gouvernement était monarchique et héréditaire, mais une aristocratie puissante tenait les rois en échec. Les armées étaient commandées par un généralissime appelé Suréna, qui avait en réalité tout le pouvoir. La religion des Parthes était celle de Zoroastre, mais fortement altérée par des superstitions étrangères.

Voici la série des rois parthes, dits Arsacides, dont la chronologie est d'ailleurs fort douteuse.

Arsace, av. J.-C. 255 Orodes II, 14
Tiridate ou Arsace II, 254 Vononès I, 15
Artaban I ou Arsace III, 216 Artaban III, 18
Tiridate, 36
Phriapatius, 196 Artaban, rétabli, 36
Phraate I, 182 ou 178 Vardane, 44
Mithridate I, 164 Gotarzès, 47
Phraate II, 139 Vononès II, 50
Artaban II, 127 Vologèse I, 50
Mithridate II, 124 Pacorus I, 90
Mriaskirès, 90 Chosroës, 107
Sinatrokès, 77 Vologèse II, 121
Phraate III, 70 Vologèse III, 150
Mithridate III, 61 Ardavan, 192
Orodes I, 53 Pacorus II, 207
Phraate IV, 37 Vologèse IV, 209
Phraatace, ap. J.-C. 4 ou 9 Artaban IV, 216-226


PARTHIE ou PARTHIÈNE, auj. partie du Khoraçan et du Kouhistan, région de l'anc. Asie, entre le Taurus et l'Hyrcanie au N., la Carmanie déserte au S., l'Arie à l'E., la Médie à l'O., avait pour ville principale Hecatompylos. C'était un pays sauvage, sans eau, en partie formé de steppes arides, en partie montueux, surtout au N., vers la frontière de l'Hyrcanie. Ses habitants, grossiers et braves, étaient parfaits cavaliers (V. PARTHES). Ils semblent avoir vécu en petites bandes et sous le régime de la tribu, comme les habitants actuels des khanats du Turkestan. — Outre la partie propre, qui était le noyau de l'empire des Parthes, on désignait aussi par ce nom la totalité de l'empire : elle était alors bornée à l'O. par l'Euphrate, à l'E. par l'Indus, au N. par la mer Caspienne, au S. par la mer Érythrée. Rhagès, Ecbatane et Ctésiphon en furent tour à tour la capitale.

PARUTA (Paul), homme d’État et écrivain, né à Venise en 1540, mort en 1598, fut historiographe de Venise, sénateur, membre de l'administration, gouverneur de Brescia, ambassadeur, et procurateur de St-Marc. Il a laissé, entre autres écrits, une Histoire de Venise (en italien), de 1513 à 1552, qui révèle une profonde connaissance des affaires et des faits, un Traité de la perfection de la vie politique, 1579 (traduit en français), et des Discours politiques où il combat Machiavel. On doit à M. A. Mézières une Étude sur P. Paruta, 1853. — Phil. Paruta, de Palerme, secrétaire du sénat de Païenne, né vers 1600, mort en 1629, était un habile antiquaire et a beaucoup écrit. Son principal ouvrage est la Description métallique de la Sicile, Palerme, 1612, in-fol., ouvrage qui a été continué à Rome par L. Agostini, mais dont le texte n'a jamais paru.

PARVATI, la même que BHAVANI. V. ce mot.

PARYSATIS, reine de Perse, sœur et femme de Darius II, favorisa la révolte de son fils Cyrus le Jeune contre Artaxerxe Mnémon, frère aîné de ce prince. Après la bataille de Cunaxa (401), elle empoisonna la reine Statira, sa bru, et fit périr misérablement les ennemis de Cyrus.

PAS, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 27 k. S. O. d'Arras; 906 h. Filature de coton, velours de coton, tanneries, huiles. — PAS DE FEUQUIÈRES. V. FEUQUIÈRES.

PASARGADE, Pasargada, auj. Fasa ou Pasa, v. de l'Asie anc., une des résidences des anciens rois de Perse, sur les confins de la Perside et de la Carmanie, au S. E. de Persépolis. C'est là qu'avait lieu le couronnement des rois de Perse et qu'était leur sépulture. Pasargade avait été, dit-on, fondée par Cyrus au lieu même où il vainquit Astyage. Le nom de Pasargade signifiait Camp des Perses ou, selon un orientaliste moderne, Trésor des Perses. — On appelait Pasargades la plus noble tribu des Perses, à laquelle appartenait la famille des Achéménides.

PASCAL I (S.), Paschalius, pape de 817 à 824, né à Rome, avait été directeur du monastère de St-Étienne. Il reçut en don de Louis le Débonnaire la Corse et la Sardaigne, couronna Lothaire empereur en 823, et ouvrit à Rome un refuge pour les Grecs que la persécution des Iconoclastes réduisait à quitter l'Orient. On le fête le 17 mai.

PASCAL II, Rainieri, pape de 1099 à 1118, né à Bleda près de Viterbe, était d'abord moine de Cluny. Il soutint d'abord contre l'emp. Henri IV son fils Henri (V), puis il se brouilla avec ce prince, qui avait violé ses engagements, et refusa de le couronner. C'est sous son règne que s'ouvrit, en 1115, la succession de la comtesse Mathilde, qui lui fut disputée par l'empereur. Forcé par la faction impériale de fuir à Bénévent en 1117, il ne rentra à Rome que pour y mourir.

PASCAL III, Gui de Crème, anti-pape, était cardinal lorsque le pape Adrien IV le chargea d'une négociation auprès de l'empereur Frédéric Barberousse : il se laissa séduire par ce prince et se fit nommer pape par lui, en opposition avec Alexandre III, après la mort de l'anti-pape Victor IV (1164). Il mourut misérablement 6 ans après.

PASCAL (Blaise), célèbre écrivain et géomètre français, né à Clermont-Ferrand en 1623, était fils d'un président à la cour des aides de Clermont. Il montra dès sa 1re enfance les plus étonnantes dispositions. Son père, qui s'était chargé lui-même du soin de son éducation, et qui était venu s'établir à Paris dans ce but, réunissait chez lui des savants : le jeune Pascal, en les entendant, conçut bientôt une vive passion pour les sciences. Comme son père, dans la crainte de le fatiguer, différait de l'appliquer à la géométrie, il résolut d'étudier cette science par lui seul et parvint, sans le secours d'aucun livre, à trouver la démonstration des 32 premières propositions d'Euclide : il n'avait alors que 12 ans. Dès ce moment, on ne mit plus d'obstacles à une vocation aussi manifeste, et Pascal marqua chacun de ses pas par quelque découverte. Il composa à 16 ans un traité des Sections coniques, inventa à 18 ans une machine arithmétique qui exécutait les calculs les plus compliqués, trouva en 1654 le Triangle arithmétique, moyen ingénieux et facile de résoudre un grand nombre de problèmes; posa vers le même temps les bases du calcul des probabilités, et donna en 1658 la théorie de la cycloïde ou roulette, que nul n'avait pu trouver jusque-là. En physique, il compléta les recherches barométriques de Toricelli, publia en 1647 ses Expériences touchant le vide, fit exécuter peu après la célèbre expérience du Puy-de-Dôme, qu'il répéta à Paris sur la tour St-Jacques la Boucherie, et qui mit hors de doute la pesanteur de l'air, composa un traité de l’Équilibre des liqueurs (publié après sa mort), qui fit faire un grand pas à l'hydrostatique, fit plusieurs applications usuelles de la mécanique; inventa la brouette ou chaise à deux roues nommée vinaigrette, le haquet, et, selon quelques-uns, la presse hydraulique. Il imagina en outre vers la fin de sa vie une entreprise de voitures de transport en commun, réalisée de nos jours sous le nom d’omnibus. Pascal s'était étroitement lié avec les chefs du parti janséniste et il allait souvent les visiter à Port-Royal; il embrassa chaudement leur cause. A propos d'une censure que la Sorbonne se proposait de faire d'un écrit d'Arnauld, il publia en 1656 et 57 les fameuses Lettres de Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites, connues sous le nom de Provinciales : il y discutait avec éloquence les questions théologiques qu'on débattait alors et y combattait la morale relâchée des Jésuites, tantôt avec une verve comique, tantôt avec une vigueur de dialectique et une élévation de style inconnues jusque-là, mais souvent aussi avec la passion qu'engendre l'esprit de parti. Ces Lettres furent censurées à Rome et même condamnées en France par l'autorité civile; mais, si l'on doit contester quelques-unes des assertions qu'elles contiennent, on ne peut nier leur valeur littéraire ; elles sont le modèle du pamphlet. Dans les dernières années de,sa vie, Pascal méditait un grand ouvrage où il devait rassembler toutes les preuves de la religion, mais il ne put l'achever; on n'en a que des fragments détachés, qui ont été rassemblés dans le recueil intitulé les Pensées. Ces deux ouvrages ont suffi pour placer Pascal au premier rang des écrivains : ils ont puissamment contribué à fixer la prose française et leur publication forme comme une nouvelle ère dans notre littérature. Pascal avait été dès l'enfance d'une santé débile : il passa la plus grande partie de sa vie dans les souffrances; il fut frappé en 1647 d'une espèce de paralysie qui lui ôta presque l'usage des jambes; en 1654, il faillit périr près du pont de Neuilly, les chevaux de sa voiture s'étant emportés; depuis ce moment, il croyait, dit-on, voir sans cesse un précipice à ses côtés. Après cet événement, il ne vécut plus que dans la retraite, se livrant à tous les exercices d'une piété exaltée. Il mourut en 1662, à 39 ans. Bossut a donné une édition complète des Œuvres de Pascal, Paris, 1779, 5 vol. in-8 (réimprimée en 1819). On a cent fois imprimé à part les Provinciales et les Pensées. Les Provinciales, réunies pour la 1re fois en 1657, furent réimprimées en 1684 à Cologne par Nicole, sous le pseudonyme des Wendrock, avec une traduction latine; elles furent en outre traduites en espagnol et en italien. Les Pensées, publiées d'abord en 1670, le furent de nouveau en 1687, avec la Vie de l'auteur par Mme Périer (née Gilberte Pascal), sa sœur aînée; elles furent réimprimées en 1776, avec des notes de Voltaire et un Éloge par Condorcet, en 1779 par Bossut, avec quelques additions; mais elles avaient été altérées par les premiers éditeurs : M. Cousin signala ces altérations en 1842, et sur ses indications M. Pr. Faugère donna dès 1844 une édition plus exacte, d'après les manuscrits autographes. M. Havet en a publié en 1852 une édition critique, avec un excellent Commentaire. MM. Faugère et Bordas-Demoulin ont écrit des Éloges de Pascal, qui ont été couronnés par l'Académie Française en 1842. L'abbé Maynard a publié en 1850 : Pascal, sa vie et son caractère, ses écrits et son génie, et a donné en 1851 une édition des Provinciales, avec leur réfutation. — Une sœur cadette de Pascal, Jacqueline, 1625-61, embrassa comme lui avec ardeur la cause du Jansénisme, et se fit religieuse à Port-Royal en 1652. D'un esprit précoce comme son frère, elle fut aussi digne de lui par le talent et le caractère. On a d'elle des lettres remarquables, quelques vers, et divers opuscules, qui ont été recueillis par M. Cousin, dans l'ouvrage intitulé : Jacqueline Pascal, 1849.

PASCHIUS (George), professeur de morale et de théologie à Kiel, né à Dantzick en 1661, mort en 1707. On a de lui : Tractatus de novis inventis, quorum accuratiori cultui facem prætulit antiquitas, Leipsick, 1700, ouvrage savant et recherché; De fictis rebuspublicis, 1705; De variis modis moralia tractandi, 1707.

PAS-DE-CALAIS, Fretum Gallicum, détroit qui unit la Manche à la mer du Nord et sépare la France de l'Angleterre, tire son nom de la ville de Calais. Sa largeur entre Calais et Douvres n'est que de 34 k.

PAS-DE-CALAIS (dép. du), dép. maritime de la France, sur la Manche et le Pas-de-Calais, entre les dép. du Nord au N. E. et de la Somme au S. O. : 6635 kil. carrés; 724 338 hab.; ch.-l., Arras. Il est formé de l'anc. Artois et d'une partie de la Picardie (Calaisis, Boulonnais et partie N. du Ponthieu). Petites mont. au centre; du reste, sol plat. Il est arrosé par la Lys, la Scarpe, l'Aa, la Liane, la Canche, l'Authie et par les canaux de St-Omer à Calais, de Neuf-Fossé, d'Ardres, de La Marck et de La Bassée. Marbre, faux marbre, grès à paver, pierres à fusil; houille, tourbe, terre de pipe et à potier, etc. Sol fertile, bonne culture; peu de bois, beaucoup de pâturages; tous les genres de céréales, légumes, fruits à cidre, graines oléagineuses. Beau bétail, chevaux estimés, porcs, volailles. Grande industrie : huiles de colza et de d’œillette, sucre de betterave; draps, toiles, cotonnades, dentelles, bonneterie; papier, verre, faïence; bière, eau-de-vie, etc. — Ce dép. a 6 arr. (Arras, Boulogne, Montreuil, St-Omer, Béthune, St-Pol); il appartient à la 3e division militaire, dépend de la cour impériale de Douai et a un évêché à Arras.

PASIPHAÉ, fille d'Apollon et de la nymphe Perséis, fut épousée par Minos, dont elle eut un fils, Androgée, et deux filles, Ariadne et Phèdre. Selon la Fable, elle eut avec un beau taureau blanc un commerce monstrueux d'où provint le Minotaure.

PASITANO, v. d'Italie (Principauté Citer.), voisine d'Amalfi et à 28 k. S. O. de Salerne; 4000 hab. Patrie de Flavio Gioja, inventeur de la boussole.

PASITIGRIS, nom donné par les anciens aux deux bouches les plus orientales de l'Euphrate.

PASKÉWITCH (Jean Federowitch), général russe; 1782-1856, s'était signalé dans les campagnes contre les Turcs et les Français lorsqu'il fut chargé, en 1826, par l'empereur Nicolas, de diriger la guerre contre la Perse : il conquit rapidement l'Arménie persane, en prit d'assaut la capitale, Érivan (13 octobre 1827), ce qui lui valut le titre de comte Erivanski, et signa la paix avantageuse de Tourkmantchaï. Il marcha en 1828 contre la Turquie, prit Kars, Akhaltsiké, Erzeroum (29 juillet 1829), et contraignit la Porte à signer le traité d'Andrinople : il reçut en récompense le bâton de feld-maréchal. Dirigé en 1831 contre la Pologne, il réussit, après des combats sanglants, à y comprimer l'insurrection et à reprendre la capitale, et fut aussitôt nommé prince de Varsovie et gouverneur général de la Pologne. Il prit encore part, en 1849, à l'expédition de Hongrie, et, en 1853, à la guerre contre la Turquie; mais, malheureux cette dernière fois, il se vit obligé d'abandonner le siége de Silistrie, après y avoir été blessé. Comme gouverneur de la Pologne, Paskewitch eut à exécuter des ordres rigoureux, mais il sut les tempérer par des actes personnels de bienfaisance.

PASQUALIS (Martinez). V. MARTINEZ.

PASQUIER (Étienne), jurisconsulte, né à Paris en 1529, m. en 1615, étudia sous Cujas à Toulouse, sous Marianus Socin à Bologne et fut reçu avocat dès 1549. Resté obscur plusieurs années, il se fit tout à coup une réputation immense en plaidant pour l'Université contre les Jésuites (1654). Quoiqu'il n'eût pu réussir à les faire condamner, il vit dès ce moment les grandes causes affluer dans son cabinet et ne tarda pas à être appelé aux honneurs. Il suivit à Poitiers en 1579 la commission du parlement qui alla y tenir les Grands jours, fut nommé par Henri III avocat général à la Chambre des Comptes (1585), fut député aux États généraux de Blois en 1588, suivit Henri III à Tours, et rentra dans Paris avec Henri IV en 1594. Il se démit de sa charge en 1604, pour se livrer tout entier aux lettres. Ses principaux ouvrages sont ses Recherches sur la France, dont le Ier livre parut en 1560, et qu'il porta dans la suite à 9 livres, et le Pourparler des Princes. On a aussi de lui des Poésies latines et françaises, et 22 livres de Lettres, précieuses pour l'histoire du temps. Il avait composé dans sa jeunesse des écrits moins graves ou même licencieux, entre autres le Monophile, Colloque d'amour, etc., qu'il traite lui-même de gaillardises. Une édition de ses Œuvres parut en 1773, en 2 v. in-f., sous la rubrique d'Amsterdam. Il manque à cette édition les Ordonnances d'amour, le Catéchisme des Jésuites et l’Interprétation des Institutes de Justinien, publiée pour la 1re fois en 1847 par Ch. Giraud. M. Feugère a donné en 1849 ses Œuvres choisies, avec des notes et une Étude sur sa vie et ses outrages. Pasquier a laissé la réputation d'un magistrat intègre, d'un savant aimable, d'un catholique plein de ferveur et en même temps tolérant; cependant on l'accuse de quelque animosité contre les Jésuites.

PASQUIER (Étienne, duc), homme d’État, issu de l'illustre famille parlementaire de ce nom, né à Paris en 1767, m. en 1862, était fils d'un conseiller au parlement décapité en 1794, et fut proscrit lui-même. Nommé par Napoléon maître des requêtes, puis conseiller d'État, il fut appelé en 1810 à la préfecture de police et s'occupa activement de la salubrité et de l'embellissement de la capitale. S'étant rallié aux Bourbons en 1814, il fut en 1815 chargé des sceaux par Louis XVIII, devint en 1816 président de la Chambre des Députés et en 1819 ministre des affaires étrangères. Il se vit en 1821 renversé du pouvoir par le ministère Villèle, mais fut en même temps appelé à la Chambre des Pairs, où il combattit les mesures rétrogrades. Après la révolution de 1830, il fut nommé par Louis-Philippe président de la Chambre des Pairs; il fut élevé à la dignité de chancelier en 1837 et fait duc en 1844. Dans sa longue carrière, Pasquier se signala constamment par la sagesse de ses vues, la modération de son caractère, l'élégance et la facilité de sa parole. Il fut élu membre de l'Académie française en 1842 et fit paraître la même année le recueil de ses Discours. Il a laissé de volumineux Mémoires, qui n'ont pas encore paru.

PASQUIN, nom donné à un torse de statue antique de gladiateur qui se voit encore aujourd'hui à Rome au coin du palais des Orsini près de la place Navone et qui était célèbre aux XVIIe et XVIIIe s. parce que les mécontents y placardaient en secret toutes sortes d'épigrammes et de pamphlets contre le gouvernement papal; les écrits de ce genre ont été appelés de là Pasquinades. Le nom de Pasquin donné à cette statue n'était autre que celui d'un tailleur facétieux qui demeurait auprès.

PASSAGE (Le), v. et port d'Espagne (Guipuzcoa); sur le golfe de Gascogne, à 8 kil. E. N. E. de St-Sébastien ; 1500 hab. Canal. Construction de vaisseaux. Ce port, d'où sortirent autrefois les plus grandes flottes de l'Espagne, est auj. à demi ensablé.

PASSAIS, ch.-l. de cant. (Orne), à 13 kil. S. O. de Domfront; 1819 hab.

PASSARGE (la), riv. de la Prusse propre, naît à 4 k. O. de Plauzig, et se jette, après un cours de 200 k., dans le Frische-Haff, à 6 kil. au-dessous de Braunsberg. Le maréchal Ney battit sur ses bords le général prussien Lestocq le 5 février 1807.

PASSARO (cap), Pachynum prom., pointe S. E. de la Sicile, près de laquelle est une petite'île du même nom avec un château fort, servant de prison militaire. L'amiral Byng défit les Espagnols près de ce cap en 1718.

PASSAROUANG, v. de l'île de Java, à 670 kil. S. E. de Batavia, est le ch.-l. d'une prov. hollandaise du même nom. Cette province, baignée par le détroit de Madura et l'Océan Indien, compte 110 000 hab.

PASSAROWITZ, Margum, v. de Servie, près de la Morava, à 24 kil. E. de Sémendrie. Il y mt conclu en 1718 un traité entre l'Autriche, Venise et la Porte : la Turquie conservait la Morée, que lui disputait Venise, mais cédait à l'Autriche Belgrade, Temesvar, la Valachie jusqu'à l'Aluta, et une partie de la Servie; Venise gardait quelques places en Turquie.

PASSAU, Patavia en latin moderne, Batava castra ou Bacodurum chez les anciens, v. forte de Bavière, ch.-l. du cercle du Bas-Danube, sur le Danube, à l'endroit où il reçoit l'Ilz et l'Inn, à 225 kil. E. N. E. de Munich; 12 000 hab. La ville est divisée en 4 parties (Passau, Ilztadt, Innstadt, Anger). Évêché catholique (jadis souverain). Gymnase, école militaire. Construction de bateaux, porcelaine, creusets renommés, papier, tabac, tréfileries, etc. Grand commerce de sel. A Passau fut conclu en 1552 l'acte préliminaire de la paix de religion d'Augsbourg : la liberté était rendue à l'électeur de Saxe et au landgrave de Hesse, prisonniers de Charles-Quint, et la liberté de culte était accordée aux Luthériens. Cette ville fut brûlée en 1652 et souffrit beaucoup des malheurs de la guerre, surtout en 1808 et 1809.

PASSAU (Évêché de), ancien État d'Empire, dans le cercle de Bavière, entre la Bavière, la Bohême et l’Autriche. L’évêché date de 737, époque à laquelle l’archevêque de Lorch, Vivilon, y vint chercher un refuge; aussi les évêques de Passau prennent-ils le titre d’Archevêques de Lorch et de Passau; ils obtinrent du pape en 1728 d’être exempts de la suprématie de l’archevêque de Salzbourg. Peu à peu l’évêque de Passau acquit la suprématie territoriale, mais son territoire demeura toujours fort petit. Il fut sécularisé en 1803 et donné en 1805 à la Bavière.

PASSAVANT (J. David), peintre et écrivain, né en 1787 à Francfort, m. en 1861, était issu d'une famille de protestants français. Inspecteur de la galerie de Staëdel dans sa ville natale, il s'adonna surtout à l'histoire et à la critique de l'art. Outre quelques toiles estimées, on a de lui une excellente monographie de Raphaël, Leips., 1839, trad. en français en 1860, et le Peintre-Graveur, histoire de la gravure sur bois, sur métal et au burin, 1860.

PASSEMANT (Claude), mécanicien, né à Paris en 1702, m. en 1769, était d'abord mercier; il abandonna le comptoir pour se vouer à l'astronomie et à la mécanique, imagina une pendule astronomique, un grand miroir ardent, deux globes, l'un terrestre et l'autre céleste, tournant sur eux-mêmes, et indiqua en 1765 les moyens d'amener les vaisseaux à Paris. Louis XV lui donna un logement au Louvre, avec une pension de 1000 fr. On a de lui : Construction d'un télescope de réflexion, 1738; Description et usage des télescopes, 1763.

PASSERAT (J.), poëte français, né en 1534 à Troyes, mort en 1602, étudia le droit sous Cujas, fut, à la mort de Ramus, appelé à la chaire d'éloquence au Collége Royal de France et y obtint un grand succès. Fidèle à la cause royale pendant la Ligue, il fit la plus grande partie des vers (français) qu'on trouve dans la Satire Ménippée. On remarque parmi ses autres poésies françaises la Métamorphose d'un homme en oiseau, chef-d'œuvre d'enjouement et de grâce. Cependant c'est principalement par ses œuvres latines qu'il est acquis du renom : elles consistent surtout en petits poëmes et en poésies fugitives. On a un recueil de ses œuvres poétiques latines, Paris, 1597, sous le titre de Kalendæ januariæ, et un autre de ses poésies françaises, 1606. Il a en outre traduit Apollodore en français et laissé des Commentaires sur Catulle, Tibulle et Properce. On a donné sous le nom de Passerat une édition en 8 langues du Dictionnaire de Calepin, Genève, 1609; mais il paraît avoir été complètement étranger à cette publication, qui n'est qu'une spéculation de librairie. De Guerrois a donné sa Vie, Paris, 1856.

PASSERI (J. B.), antiquaire, né à Pesaro en 1694, mort en 1780, fut vicaire général de Pesaro, auditeur de la Rote, protonotaire apostolique, antiquaire du grand-duc de Toscane, et forma chez ce seigneur un riche musée. Il a laissé : Lucernæ fictiles musæi Passeri, Pesaro, 1739-51, 3 v. in-f.; Picturæ Etruscorum in vasculis, Rome, 1767-75, 3 v. in-f.; Novus thesaurus gemmarum veterum, ibid., 1781-83, 3 v. in-f. — Un autre J. B. Passeri, amateur de de peinture, 1610-1679, a laissé des Vies des peintres, sculpteurs et architectes de Rome de 1641 à 1673, Rome, 1772, ouvrage, très-exact.

PASSERIANO, v. de Vénétie (Udine), à 8 kil. N. E. de Campo-Formio; 4000 h. Elle donnait son nom à un dép. du roy. d'Italie qui avait pour ch.-l. Udine.

PASSERONI (l'abbé J. C.), poëte, né en 1713 à Lantosca (comté de Nice), mort en 1802, suivit à Rome et à Cologne le nonce Lucini, refusa de s'engager dans la carrière des hauts emplois et devint membre de l'Institut de la République cisalpine. Ses poésies, qui appartiennent au genre satirique, sont pleines de verve, de comique et d'originalité surtout son Cicérone, poëme familier en 34 chants (Venise, 1750), où il passe en revue les abus et les ridicules du siècle. Ses Favole esopiane (1786) se distinguent par la naïveté et l'enjouement.

PASSIGNANO (Dom. CHESTI, dit EL), peintre, né en 1560 à Passignano, près de Pérouse, m. en 1638, fut élève de Naldini, puis de Zuccaro, et devint directeur de l'Académie de dessin à Florence. Il se distinguait par une rare facilité et par la rapidité de l'exécution : son Martyre de Sta-Reparata fut fait en 8 jours, son S. Jean Gualbert en 18 heures, et de nuit. On cite parmi ses chefs-d'œuvre sa Présentation de la Vierge; le Louvre possède une Invention de Croix de cet artiste; mais la plupart de ses tableaux sont à Florence. Urbain VIII travestissait son nom en Passa-ognuno (surpasse-tous).

PASSION. On désigne sous ce nom les souffrances qu'endura Jésus pour la rédemption du genre humain, depuis la dernière cène jusqu'au moment de sa mort. On célèbre la commémoration de ce grand sacrifice pendant la semaine qui précède Pâques : le 5e dimanche de Carême commence le Temps de la Passion. — On appelle vulgairement Dimanche de la Passion le 2e dimanche avant Pâques.

PASSION (Confrères de la), société qui se forma sous le règne de Charles VI pour jouer des mystères, pièces de théâtre où l'on représentait des sujets de piété, et le plus souvent la Passion de J.-C. Elle s'établit à Paris en 1402 près de l'emplacement de la porte St-Denis, dans le couvent de la Trinité. En 1548, elle acheta le terrain de l'hôtel de Bourgogne et y construisit un nouveau théâtre; mais, trois ans après, il lui fut défendu d'y jouer des mystères.

PASSIONEI (Dom.), cardinal, né en 1682 a Fossombrone, m. en 1761, fut légat à Utrecht (1712), à Bade (1714), nonce en Suisse (1721) et à Vienne (1730), archevêque d’Éphèse in partibus, reçut le chapeau en 1738, devint en 1755 conservateur du Vatican et fut nommé associé étranger de l'Académie des inscriptions. Il avait formé dans la villa de Frascati un riche musée d'antiquités. Il eut part à la révision du Liber diurnus pontificum, et forma un grand recueil d’Inscriptions antiques, publié à Lucques, 1765, par Fontanini. On a en outre de lui des lettres et quelques discours, en autres l’Oraison funèbre du prince Eugène, en latin et en italien, 1737.

PASSIONISTES (Ordre des). V. PAUL DE LA CROIX.

PASSOW (Fréd.), érudit, né en 1786 à Ludwigslust (Mecklembourg), mort en 1833, fut nommé en 1815 professeur de littérature ancienne à l'Université de Breslau, et peu après directeur du séminaire philologique de cette ville. On lui doit des éditions de Longus et autres Érotiques grecs, de Perse, de Musée, de Denys le Périégite, de Nonnus; des Éléments de littérature grecque el latine; mais il est surtout connu par son Dictionnaire grec-allemand. Ce dictionnaire, publié en 1819, ne fut d'abord présenté que comme une nouvelle édition de celui de Schneider; le nom de Passow n'y figura qu'à partir de 1831. C'est un des meilleurs vocabulaires qu'on puisse mettre entre les mains des écoliers.

PASSWAN-OGLOU (Osman), né en 1758 à Widdin, s'enfuit dans les montagnes à la mort de son père, Passwan-Omar-Aga, que le grand vizir avait fait décapiter pour s'emparer de ses richesses, y fit la guerre en partisan, prit Widdin, se soutint plusieurs années contre toutes les forces envoyées pour l'anéantir, et finit par obtenir, avec son pardon, le sandjakat de Widdin (1793), qu'il gouverna à peu près en souverain indépendant jusqu'à sa mort, en 1807.

PASSY, anc. bourg du dép. de la Seine, contigu aux murs de l'anc. Paris à l'O., auj. compris dans l'enceinte de la capitale et attenant au bois de Boulogne, est bâti en amphithéâtre, sur la r. dr. de la Seine. Poterie, raffinerie de sucre, produits chimiques, filature de coton (dans un anc. couvent de Minimes dits les Bons hommes, qui donnait son nom à la barrière voisine). Puits artésien, eaux ferrugineuses.

PASTEURS (Rois). V. HICSOS,

PASTO, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de province, sur un plateau très-élevé et au pied d'un volcan, à 730 k. S. S. O. de Bogota; 8000 h. En partie renversée par un tremblement de terre en 1827. — La prov. de Pasto, l’une des 4 formées du départ. du Cauca, a 60 000 hab. civilisés, et 70 000 Indiens indépendants. Elle est couverte de soufrières et de volcans.

PASTORET, anc. famille de magistrats, s'est distinguée dès le XIVe s. par sa fidélité pour nos rois. Jean Pastoret, avocat du roi au parlement, fut un de ceux qui, en 1358, contribuèrent le plus, avec Maillard et Charny, à remettre Paris sous l'obéissance du dauphin (depuis Charles V), régent du royaume pendant la captivité du roi Jean. — Un autre Jean P., petit-fils du préc., né en 1328, mort en 1405, fut 1er président du parlement de Paris et membre du conseil de régence pendant la minorité de Charles VI. Peu après l'avénement de ce prince, il se fit religieux dans l'abbaye de St-Victor.

PASTORET (Emmanuel, marquis de), issu de la même famille, né à Marseille en 1756, mort à Paris en 1840, était maître des requêtes au moment de la Révolution. Il en embrassa les principes et fut nommé procureur syndic du département de la Seine : il fit en cette qualité rendre le décret qui transformait l'église Ste-Geneviève en Panthéon et composa l'inscription célèbre qui se lit encore sur la frise du fronton : Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Élu député de Paris à l'Assemblée législative, il se montra constitutionnel ardent, sans cesser d'être dévoué au roi; il tint un instant le portefeuille de la justice et de l'intérieur. Poursuivi pour son royalisme, il émigra pendant la Terreur et ne rentra en France qu'en 1795. Élu aussitôt député au Conseil des Cinq-Cents par le dép. du Var, il fut au 18 fructidor porté sur les listes de déportation; il se réfugia en Suisse. De retour en 1800, il obtint en 1804 la chaire de droit naturel et des gens au Collége de France, et devint sénateur en 1809. Sous la Restauration, il fut fait pair de France; il devint président de la Chambre des Pairs en 1820, ministre d'État en 1826 et chancelier de France en 1829. En 1834, il fut choisi par Charles X pour tuteur des enfants du duc de Berry. Le marquis de Pastoret était membre de trois Académies (française, des inscriptions et des sciences morales). On lui doit, entre autres écrits : Zoroastre, Confucius et Mahomet, 1787; Moïse considéré comme législateur, 1787; Traité des lois pénales, 1790; Hist. générale de la législation des peuples, 1817-37, 11 v. in-8., ouvrage savant, lumineux et bien écrit, dont il s'occupa toute sa vie, et qui cependant ne renferme que les législations anciennes. Dans sa jeunesse, il avait cultivé la poésie : on a de lui une trad. en vers de Tibulle, 1785. — La marquise de Pastoret, née Piscatory, 1766-1844, se distingua par son esprit, sa beauté et sa charité. On lui doit la 1re idée des salles d'asile et des crèches : elle fonda en 1801 les premiers établissements de ce genre à Paris et les entretint de ses deniers pendant 40 ans. La ville de Paris a placé son buste dans la salle du conseil des hospices. — Leur fils, le marquis Amédée de P., 1791-1857, conseiller d'État et gentilhomme de la Chambre sous la Restauration, se démit de tous ses emplois à la révolution de 1830, et devint, comme son père, un des conseillers intimes du duc de Chambord, qui lui confia l'administration de ses biens; mais, après 1848, à la suite de graves dissentiments sur la ligne de conduite à suivre pour le parti royaliste, il rompit avec les Bourbons et accepta de Napoléon III en 1852 un siége au Sénat. Il s'est fait connaître par quelques œuvres poétiques (les Troubadours, poëme en 4 chants, 1813, les Normands en Italie, poëme, 1818, Élégies, 1824), a donné une Histoire de la chute de l'empire grec, 1829, et a composé quelques romans historiques. Il avait été élu en 1823 membre de l'Académie des beaux-arts.

PASTOUREAUX, troupe de pâtres et de vagabonds qui se forma en France en 1250, sous le prétexte d'aller délivrer S. Louis, prisonnier des Sarrasins, avait à sa tête un certain moine hongrois nommé Job ou Jacob, de l'ordre de Cîteaux. Après avoir commis de grands ravages, ils furent taillés en pièces dans le Berry et près de Beaucaire : ils avaient disparu dès 1251. Ennemis des nobles et du clergé, ils dévastaient surtout les châteaux et les églises.

PASTRENGO (Guill. de), savant compilateur, né à Pastrengo (Vicentin), au XIVe siècle, fut notaire et juge à Vérone, puis chargé (1338) d'une mission près de Benoît XII à Avignon, où il se lia avec Pétrarque. Il a laissé le premier essai d'un Dictionnaire historique, bibliographique et géographique; cet ouvrage, longtemps resté manuscrit à la bibliothèque de St-Jean et St-Paul à Venise, a été publié en 1547 à Venise par M. A. Biondo, sous le titre de De originibus rerum.

PATAGONIE, la région la plus méridionale de l'Amérique du Sud, est située au S. du Chili et de la Confédération argentine, et bornée par l'Océan Atlantique à l'E., par le Grand-Océan à l'O., et au S. par le détroit de Magellan, qui la sépare de la Terre-de-Feu. C'est un pays montueux et très-froid : il est coupé par la chaîne des Andes, arrosé par le Rio-Negro, le Santa-Cruz et le Gallego, remarquable par le volume de ses eaux. Ses habitants sont : au N., les Araucans et les Puelches, au S. les Tehuelhets, plus spécialement connus sous le nom de Patagons; leur taille moyenne dépasse celle des Européens et atteint, dit-on, plus de 2 mètres (de 6 à 7 pieds). Ses côtes, escarpées à l'O. et basses à l'E., ne sont guère fréquentées que par des navires baleiniers. — Ce pays fut découvert en 1519 pour l'Espagne par Magellan, qui en fit une description pompeuse. Le commodore Byron en 1764, le capitaine Wallis en 1766 et d'Orbigny en 1828 ont donné des renseignements plus exacts. Le gouvt de Buénos-Ayres prétend à la souveraineté de cette contrée, mais jamais peuple européen n'en a réellement pris possession.

PATALA, auj. Tattah? anc. ville de l'Inde, à la pointe du delta formé par les deux bras principaux de l'Indus. Alexandre l'agrandit, y creusa un port sur l'Indus, et y éleva une citadelle. — Le pays voisin, notamment le delta de l'Indus, se nommait Patalène. Il fut soumis par Alexandre.

PATANI, v. de la presqu'île de Malacca, capit. d'un petit royaume de même nom, est située dans la partie N. E. de la presqu'île, par 99° 20' long. E., 6° 50' lat. N. Bon port. Commerce assez actif (en poivre, sang-dragon, etc.). Les Anglais y ont eu un comptoir de 1610 à 1623.

PATANS, nom donné dans l'Inde pendant le moyen âge aux Afghans. Une dynastie afghane, dite dynastie des Patans, régna sur l'Inde de 1205 à 1398, après s'être établie sur les ruines des Gaurides. Delhi était sa capitale. Tamerlan la renversa à son tour et établit sur ses ruines la dynastie de Timourides. Bien que musulmans, les Patans montrèrent beaucoup de tolérance pour la religion des Hindous et firent fleurir le commerce et l'agriculture.

PATARE, Patara, puis Arsinoe, auj. Patera, v. de Lycie, sur la mer, non loin du cap Pataréon, qui séparait la mer de Lycie de celle de Carie, dans le pachalik actuel d'Adana. Elle fut fondée par des Doriens-Crétois, qui y introduisirent le culte d'Apollon; le dieu y avait un temple et un oracle célèbres, ce qui le fit surnommer Patareus; il résidait, disait-on, l'hiver à Patare, et l'été à Delphes. Ruines imposantes.

PATARINS, sectaires vaudois qui prétendaient que la prière du Pater suffit pour toute oraison; ils enseignaient aussi que l'homme et le monde étaient l’œuvre du démon. Les Patarins furent principalement connus au XIIe s. en Illyrie, en Bosnie, dans le N. de l'Italie et le S. de la France. Ils furent condamnés en 1179. Leur nom a été quelquefois étendu à tous les Albigeois.

PATAVIA, nom latin moderne de PASSAU.

PATAVIUM, Padoue', v. de l'Italie ancienne, chez les Veneti On y parlait un latin peu correct : Tite-Live, qui y était né, fut accusé de patavinite.

PATAY, ch.-l. de c. (Loiret), près de la r. g. de la Loire, à 23 k. N. O. d’Orléans; 1208 h. — Victoire de Dunois et Jeanne d’Arc sur les Anglais, 1429. Combats entre les Prussiens et les Fr., 8 déc. 1870.

PATCHAKAMAK, le grand dieu des Péruviens, était le soleil considéré comme créateur et conservateur. Il avait des temples immenses et resplendissants d’or, desservis par de nombreux prêtres et par des vierges consacrées au dieu. Son temple principal, situé dans une vallée près de Lima, fut démoli par les soldats de Pizarre en 1533. Les Incas prétendaient descendre de Patchakamak.

PATER (J. B.), peintre de genre et de vues, élève de Watteau, né à Valenciennes en 1695, m. à Paris en 1736, peignit dans le goût de son maître : son dessin n'est pas aussi correct, mais son exécution est plus solide. On remarque ses Vues de Marly.

PATERN ou PATERNE (S.), évêque de Vannes en 540, mort vers 555, est fêté le 15 avril.

PATERNO, Hybla major, v. de Sicile (Catane), à 17 kil. N. O. de Catane; 12 000 h. Miel renommé chez les anciens; eaux minérales. Ruines antiques.

PATHMOS, auj. Palmosa, île de l'Archipel, la plus septentr. des Sporades, au S. de Samos, vis-à-vis de Milet, a 26 kil. de tour et 4000 h. ; ch.-l. actuel, St-Jean de Pathmos, bourg de 200 maisons, bâti autour du couvent de St-Jean, élevé lui-même, dit-on, sur la grotte où S. Jean écrivit l'Apocalypse. Pathmos était un lieu d'exil sous les Romains : S. Jean y fut relégué et y écrivit l'Apocalypse. On doit à M. V. Guérin une Description de Vile de Pathmos, 1856.

PATIN (Gui), médecin, né en 1601, près de Beauvais, m. en 1672, se fit une grande réputation par ses succès dans son art, mais aussi par sa causticité et par ses manières bizarres. Doyen de la Faculté de Paris, il fit une opposition violente contre l'introduction de l'antimoine et du quinquina. On a de lui un traité de la Conservation de la santé, 1632. et un recueil de Lettres familières, publié d'abord à Amsterdam en 1718 et réimprimé à Paris en 1846 par le Dr Réveillé-Parise : ces lettres sont pleines de détails curieux sur les affaires du temps. Un recueil de ses bons mots a été publié par Bayle, sous le titre de Patiniana, 1703. Il était l'ami du savant Naudé. — Son fils, Ch. Patin, 1633-93, fut aussi médecin, mais se distingua surtout comme antiquaire. Chargé par Colbert de supprimer un libelle licencieux, il en avait distribué, dit-on, quelques exemplaires; il fut pour ce fait condamné aux galères par contumace. Il quitta la France, voyagea en Allemagne et en Italie, et fut nommé en 1677 professeur de médecine à Padoue. Il a laissé beaucoup d'ouvrages, presque tous sur la numismatique : Familiæ romanæ ex antiquis numismatibus, Paris, 1663; Introduction à l'histoire par la connaissance des médailles, Paris, 1665; Thesaurus numismatum e museo Caroli Patini, Amst., 1672; Suetonius e numismatibus illustratus, 1675; Thesaurus numismatum a P. Mauroceno collectorum, 1684; Commentarius in monumenta antiqua marcellina, 1688.

PATKOUL (J. Reinhold de), gentilhomme livonien, né en 1660, servit d'abord comme capitaine dans l'armée suédoise, fit partie d'une députation chargée en 1689 de défendre devant Charles XI les droits de la Livonie, alors soumise à la Suède, et adressa au gouvernement suédois de Riga, au nom des nobles livoniens, des plaintes énergiques. Ne pouvant arracher son pays à l'oppression, il tenta, à l'avénement de Charles XII, de joindre la Livonie à la Russie ou à la Pologne; mais il échoua et fut condamné à mort. Il s'enfuit en Courlande, et, après avoir erré en différents pays, il entra au service d'Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne, qui le nomma conseiller intime (1689); puis il passa en Russie. Pierre le Grand l'envoya comme ambassadeur à la cour de Pologne, d'où il s'efforça en vain d'opérer en Livonie une insurrection contre les Suédois. Il finit par s'aliéner le roi Auguste qui, pour se concilier Charles XII, le livra à ce prince (1707). Traduit aussitôt devant un conseil de guerre, il fut condamné à être roué et écartelé, et fut exécuté avec d'horribles raffinements de cruauté.

PATMOS. V. PATHHOS.

PATNA ou PATNAH, v. forte de l'Inde anglaise (Bengale), capit. du Bahar, sur la r. dr. du Gange, par 82° 25' long. E., 25° 37' lat. N.; 312 000 h., dont un tiers d'Européens. Très-grande, mais mal bâtie. Beaucoup de temples et de mosquées. Grand commerce en grains, riz, sucre, indigo, opium, salpêtre. — On croit que cette ville, qui est fort ancienne, occupe l'emplacement de l'antique Palibothra. Les Mahométans s'en emparèrent au XIIIe siècle. Souvent prise et reprise, elle fut tantôt dépendante et tantôt séparée du Bengale; elle fut prise en 1763 par les Anglais, qui y possédaient déjà un comptoir depuis 1640.

PATOUILLET (L.), Jésuite de Dijon, 1699-1779, écrivit contre les philosophes; ce qui lui valut les sarcasmes de Voltaire. C'est lui qui publia et composa en grande partie les Lettres édifiantes et curieuses. On lui doit aussi une Histoire du Pélagianisme, 1767.

PATRAS, Aroe, puis Patræ, v. et port du roy. de Grèce (Achaïe), ch.-l. de nome, au N. O., près de l'entrée du golfe de Lépante, sur l'enfoncement qui prend de là le nom de golfe de Patras, à 100 k. N. O. de Triplitza; 20 000 h. Archevêché grec. Bon port, abrité de tous les vents, château fort. Patras fait un commerce considérable de raisins secs dits de Corinthe, de grenades, de citrons et d'oranges. Toutes les nations européennes y avaient autrefois des consuls. — Fondée par un des chefs achéens qui expulsèrent les Ioniens de ce pays, cette ville fut prise par les Péloponésiens, auxquels elle offrait une place d'armes pour surveiller les côtes opposées de l'Étolie, puis occupée au même titre par les rois de Macédoine, successeurs d'Alexandre. Sous Auguste, elle reçut les droits de colonie romaine, et s'appela Colonia Augusta Aroë Patrensis. Après avoir fait partie de l'empire grec, de la principauté d'Achaïe et des possessions de Venise, elle fut prise et incendiée par les Turcs en 1770. En 1772, les Russes détruisirent une escadre turque dans ses parages; cependant elle resta au pouvoir des Ottomans jusqu'en 1828, que les Français s'en rendirent maîtres, et lui rendirent l'indépendance. Elle est auj. le ch.-l. du nome d'Achaïe-et-Élide et de l'éparchie d'Achaïe proprement dite. Elle renfermait jadis un grand nombre de temples, dont il ne reste que quelques ruines. — Le golfe de Patras met en communication la mer ionienne et le golfe de Lépante (jadis golfe de Corinthe); il a 31 k. de long sur 22 dans sa plus grande largeur.

PATRIA (Lac), Linterna palus, lac d'Italie (Terre de Labour), à 23 kil. N. O. de Naples; 7 kil. sur 3. Aux env., se voit la Villa Literne, ou se retira Scipion l'Africain exilé et où il mourut. Les Vandales détruisirent cette propriété en 455; on y voit encore les restes du tombeau de Scipion.

PATRIARCHES, c.-à-d. Chefs de famille. On désigne spécialement par ce nom les chefs successifs du peuple de Dieu jusqu'à Moïse; ce sont :

Adam 4963-4033 Caïnan (jeune) 3201-2841
Seth 4833-3921 Saleh 3171-2738
Énos, 4729-3824 Héber, 3041-2637
Caïnan, 4639-3729 Phaleg, 2907-2666
Malaléel, 4569-3674 Réu, 2777-2538
Jared, 4504-3542 Saroug, 2645-2415
Hénoch, 4348-3478 Nachor, 2515-2367
Mathusalem, 4277-3408 Tharé, 2436-2291
Lamech, 4090-3313 Abraham, 2366-2191
Noé, 3908-2958 Isaac, 2266-2086
Sem, 3408-2808 Jacob, 2206-2061
Arphaxad, 3306-2868 Juda, 2116-1997

On nomme aussi Patriarches certains évêques pu archevêques qui ont le gouvernement immédiat d'un diocèse ou d'une grande province archiépiscopale, ou qui ont autorité sur plusieurs métropoles. Dans les 1ers siècles de l’Église, on appliquait ce titre aux 5 évêques de Rome, Constanlinoplë, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. L’archevêque de Trêves était jadis qualifié Patriarche des Gaules. — Les Maronites, les Jacobites, les Arméniens, les Nestoriens, les Grecs, ont aussi des patriarches; la Russie en a eu deux, un à Moscou (jadis à Novogorod), et un à Kiev. Celui de Moscou était la seconde personne de l’empire et balançait le pouvoir du czar. Pierre le Grand le remplaça par le Saint-Synode.

PATRICE, Patricius, dignité des derniers temps de l'empire romain, fut créée par Constantin vers 315, pour constituer une sorte de noblesse qui pût remplacer les races éteintes des anciens patriciens. Elle ne s'accordait qu'à des personnages qui avaient rempli les premières charges ou rendu d'éminents services, mais elle était toute personnelle et ne conférait aucun pouvoir. Dans la suite, on donna ce titre aux gouverneurs de provinces éloignées, et, lors de l'invasion, l'usage s'établit d'en décorer certains rois barbares : Théodoric le reçut de Zénon, Clovis I d'Anastase; le roi burgunde Gundioc l'avait aussi reçu d'Honorius et ses successeurs au trône de Bourgogne en gardèrent le titre comme s'il eût été héréditaire : après la chute de la monarchie burgunde, en 534, les officiers qui gouvernaient ce royaume au nom des princes mérovingiens étaient dits officiellement Patrices de Bourgogne; Charles Martel reçut de l'ombre de sénat qui subsistait à Rome le titre de Patrice de Rome. Quand Charlemagne eut anéanti le royaume des Lombards, le pape Adrien Ier lui donna le titre de patrice, sous lequel il gouverna Rome en souverain avant d'y être proclamé empereur. Le titre de Patrice se conserva longtemps pendant le moyen âge en Italie (V. CRESCENCE); mais il finit par disparaître.

PATRICE ou PATRICK (S.), apôtre et patron de l'Irlande, né vers 372 ou 387, probablement en Armorique, m. en 465 ou, selon qques-uns, en 493, fut enlevé fort jeune, sur la côte armoricaine, par le roi d'Irlande O'Neil, réussit à s'échapper et retourna, en Gaule, puis revint en Irlande, vers 432, pour y prêcher la foi et fut le 1er évêque de l'église métropolitaine d'Armagh. Sa légende est semée de fables. Il a laissé lui-même une histoire de sa vie sous le titre de Confession. On a en outre de S. Patrick quelques écrits qui se trouvent dans la Bibliothèque des Pères, et qui ont été imprimés à part à Londres, 1658, et à Dublin, 1835 (par Villeneuve). On le fête le 17 mars. — On a nommé Purgatoire de S. Patrick une caverne d'Irlande (dans une île du lac Deargh, Ultonie) où sont peintes les peines de l'enfer.

PATRICIENS, Patricii (de pater, père), nom du 1er ordre de citoyens chez les Romains, s'appliquait à un certain nombre de familles nobles dont les chefs, nommés Patres, furent choisis, dans les premiers temps de Rome, par Romulus et ses successeurs pour former le sénat; on l'opposait à celui de Plébéiens. Les descendants de ces premiers sénateurs conservaient le nom de Patriciens, même sans être sénateurs. Les Patriciens jouissaient de nombreux privilèges : longtemps ils furent seuls admissibles aux premières magistratures; ils ne se mariaient qu'entre eux. De l'inégalité des deux ordres naquirent des disputes perpétuelles qui ensanglantèrent Rome : elles se terminèrent par la création de magistrats chargés de défendre les intérêts des Plébéiens (V. TRIBUNS), par l'institution des mariages mixtes (entre patriciens et plébéiens), et enfin par l'admission des plébéiens aux emplois jusque-là réservés aux seuls Patriciens (V. CANULEIUS, ICILIUS, STOLON, PUBLILIUS PHILON). Malgré l'hostilité des deux ordres, il existait entre eux certains liens : les Patriciens accordaient leur protection à ceux des Plébéiens qui la réclamaient; ceux-ci, que l'on désignait alors sous le nom de clients, devaient à leur tour être toujours prêts à se dévouer pour leurs patrons. — Il y eut à Rome trois créations de Patriciens : la 1re, lors de la fondation de la ville; la 2e, lors de l'admission des Sabins de Tatius; la 3e, sous Tulius Hostilius, qui transporta les Albains à Rome. Les Patriciens de 1re et 2e création étaient dits Majorum gentium; ceux de la 3° Minorum gentium. — Les familles patriciennes s'éteignirent peu à peu, malgré les adoptions; il paraît qu'au IIIe siècle de l'empire, il n'en existait plus une seule. Constantin les remplaça par l'institution des Patrices. V. ce mot.

PATRICIUS, philosophe. V. PATRIZZI.

PATRICK (S.). V. PATRICE (S.).

PATRIMOINE DE ST-PIERRE, anc. province des États de l’Église, entre l'Orviétan au N., l'Ombrie et la Sabine à l'E., la Campagne de Rome au S. E., la mer Tyrrhénienne au S. O. et la Toscane au N. O., avait pour ch.-l. Viterbe. Elle répond à la partie S. de la délégation actuelle de Viterbe, à la délégation de Civita-Vecchia et au N. O. de la comarque de Rome. — Ce pays se composait surtout des biens allodiaux de la grande-comtesse de Toscane Mathilde, qui en fit donation au St-Siége en 1077.

PATRIZZI (François), philosophe platonicien, à la fois géomètre, historien, militaire, orateur et poëte, né en 1529 dans l'île de Cherso, m. en 1597, professa la philosophie à Ferrare, à Padoue et enfin à Rome. Il est surtout connu par son acharnement contre Aristote. Ses principaux ouvrages sont : Della Storia dieci dialoghi, Venise, 1560; la Milizia romana (d'après Polybe, Denys d'Halicarnasse et Tite-Live), Ferrare, 1583, et dans le Thesaurus de Grævius; Paralleli militares, Rome, 1594-95; Procli elementa theologica et physica latine reddita, Ferrare, 1583; Discussiones peripateticæ, Bâle, 1581. Dans ce dernier ouvrage, il déchire la personne et les écrits d'Aristote, l'accuse de plagiat, d'hérésie, et élève sur les débris de sa philosophie le nouveau platonisme de l'école d'Alexandrie. On doit à Patrizzi une édition avec traduction latine des écrits attribués à Zoroastre, Hermès, Asclépiade, sous le titre de Nova de universis philosophia, Ferrare, 1591.

PATROCLE, fils du roi de Locride Ménèce, avait été un des prétendants d'Hélène, et fut l'ami d'Achille, qu'il suivit au siége de Troie. Quand Achille, irrité contre Agamemnon, refusa de combattre, Patrocle se rendit au champ de bataille revêtu des armes du héros : il eut quelque succès d'abord, puis il fut bientôt vaincu et tué par Hector. A cette nouvelle, Achille s'arma et vengea dans le sang d'Hector la mort de son ami, auquel il fit ensuite des funérailles magnifiques.

PATRON, Patronus, nom donné chez les Romains par les Plébéiens à de puissants Patriciens qu'ils choisissaient pour protecteurs. V. ci-dessus PATRICIENS et l'art. PATRON dans notre Dict. univ. des Sciences.

PATRONA KALIL, janissaire albanais, né vers 1687, se mit en 1730 à la tête de la fameuse révolte qui renversa Achmet III : le sultan fut déposé et remplacé par Mahmoud I; mais l'insolence de Patrona lassa bientôt le nouveau sultan, qui le fit égorger dans la salle du divan.

PATRU (Olivier), avocat de Paris, né en 1604, m. en 1681, eut de grands succès au barreau, où il purgea l'éloquence des vices qui la déshonoraient, et fut admis en 1640 à l'Académie française, où il introduisit l'usage des discours de remercîments. Estimé comme grammairien et comme critique, il jouit de l'amitié de Boileau et de Racine. Il a laissé des plaidoyers, des discours, des mémoires, des lettres, etc., dont la meilleure édit. est de 1732, 2 vol. in-4.

PATTI, v. de Sicile (Messine), sur la côte N., à 6 k. O. de Messine; 6500 hab.Évêché. Riche abbaye fondée par le roi Roger.

PAU, Palum, ch.-l. du dép. des B.-Pyrénées, sur la r. dr. du gave de Pau, sur le Hédaz et l'Ousse, affluents de cette rivière, à 757 k. S. S. O. de Paris; 21 140 h. Cour d'appel, trib. de 1re inst., lycée, école normale, musée, bibliothèque. Société des sciences, lettres et arts; société d'agriculture; dépôt d'étalons. Château où naquit Henri IV, récemment restauré, parc magnifique servant de promenade; belle place royale avec la statue en marbre de Henri IV; beau théâtre ; chemin de fer. Linge de table, tanneries, teintureries, jambons, dits de Bayonne; vin de Jurançon. Outre Henri IV, le maréchal Gassion et Bernadotte y sont nés. Pau est une jolie ville, bien bâtie, et qui s’embellit tous les jours; elle s’élève dans un site admirable : de son parc, on domine de belles et fertiles vallées et l’on aperçoit quelques-uns des sommets les plus élevés des Pyrénées, couronnés de neiges éternelles. La salubrité du climat y attire beaucoup de malades, et la beauté de la situation engage beaucoup d’étrangers à y fixer leur résidence. — Pau doit son origine au château fort qu’y construisit au Xe s. un vicomte de Béarn : trois pieux, en basque paüs, qui avaient servi à marquer les limites du terrain destiné à la nouvelle construction, donnèrent leur nom à la ville qui se forma autour du château : les trois pieux se retrouvent dans les armes de la ville. Au XIVe s., Gaston-Phœbus de Foix fit construire le château actuel, et fit de Pau la capitale du Béarn. Henri IV est le dernier prince béarnais qui l’ait habitée : on y montre encore la carapace de tortue qui lui servit de berceau. Un parlement fut fondé à Pau par Louis XIII en 1620. Louis XIV y établit une université.

PAU (Gave de), riv. formée de la réunion des Gaves de Barèges et de Gavarnie, naît au mont Perdu dans le dép. des Htes-Pyrénées près de Luz-en-Barèges, coule au N., puis à l'O. et au N. O., entre dans le dép. des B.-Pyrénées, qu'il sépare de celui des Landes, et se jette dans l'Adour à l'O. de Peyrehorade, après avoir baigné Lourdes, St-Pé, Nay et Pau, et après un cours de 180 k.

PAUCTON (J. P.), mathématicien, né en 1736 dans le Maine, mort en 1798, enseigna les mathématiques à Strasbourg, et devint correspondant de l'Institut. Il a laissé, entre autres ouvrages, une métrologie (ou Traité des mesures, poids, monnaies anciennes et modernes), Paris, 1780, qui est encore fort estimé. Il est un des premiers qui ait tenté d'appliquer l'hélice à la navigation : il inventa dans ce but une machine à ailes qu'il appelait Ptérophore.

PAUILLAC, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la r. g. de la Gironde, à 17 kil. S. E. de Lesparre et à 42 k. N. O. de Bordeaux; 2700 hab. Port important, qui est le principal lieu d'embarquement des vins de Médoc. C'est sur le territoire de Pauillac que se trouvent les vignobles renommés de Branne, Château-Laffitte, Château-Latour, etc.

PAUL (S.), l’Apôtre des Gentils, né l'an 2 de J.-C., de parents juifs, à Tarse, ville qui jouissait du droit de cité romaine, s'appelait primitivement Saul. Élevé à Jérusalem dans les principes du pharisaïsme, il fut d'abord au nombre des persécuteurs les plus violents du Christianisme, mais, à la suite d'une vision qu'il eut sur le chemin de Damas, il se convertit, reçut le baptême et devint un des plus ardents apôtres de la religion nouvelle. Il prêcha l’Évangile aux païens dans l'Asie-Mineure et la péninsule grecque, notamment dans l'île de Cypre, à Paphos, où il convertit le proconsul Sergius Paulus, dont il porta désormais le nom, en Galatie, à Éphèse, à Philippes, à Thessalonique, à Athènes, où il parla devant l'Aréopage, enfin à Corinthe. De retour à Jérusalem en 58, il y fut assailli par la populace juive qui voulait le tuer, puis fut cité par le grand prêtre devant le tribun Lysias, et emprisonné deux ans à Césarée par Félix, gouverneur de Judée; ayant formé appel à César comme citoyen romain, il fut envoyé à Rome par le nouveau gouverneur Festus, et y fut acquitté. Après avoir prêché la foi dans la ville des Césars, il retourna dans l'Orient pour consolider la première organisation de l'Église. Vers 63 ou 64 il revint à Rome, qui déjà comptait des Chrétiens dans le palais même des empereurs et il en augmenta beaucoup le nombre; mais il s'attira par ses réponses hardies l'animadversion de Néron, devant lequel il comparut, et fut mis à mort, avec S. Pierre, en 66. Ses restes furent enterrés sur le chemin d'Ostie, puis transportés à Rome dans la crypte de l'église St-Pierre. On célèbre sa fête le 29 juin jour de sa mort, et sa conversion le 25 janv. On a de S. Paul 14 Épîtres, adressées aux églises des régions qu'il avait parcourues; la dernière seulement, l’Épître aux Hébreux, a été contestée. On lui a aussi attribué, mais sans aucune vraisemblance, quelques autres écrits, entre autres des Lettres à Sénèque. Les Actes des Apôtres sont pour la plus grande partie l'histoire de S. Paul.

L’église honore encore : 1° S. Paul l’Anachorète, regardé comme le fondateur de la vie monastique en Orient : à 22 ans, il se retira dans les déserts de la Thébaïde, et, après une vie de prière et de macération, y mourut en 342, âgé de 113 ans (Fête, 15 janvier); — 2° S. Paul de Thessalonique, patriarche de Constantinople en 340, que l'empereur arien Constance fit périr dans une caverne du Taurus, en 350; — 3° S. Paul, pape; 4° S. Paul, 1er évêque de St-Pol-de-Léon, m. vers 570; — 5° le B. Paul de la Croix, qui suit.

PAUL DE LA CROIX (le Bienheureux), fondateur des Passionistes, né en 1694 à Ovada (Gênes), m. à Rome en 1775, forma de bonne heure le dessein d'établir un ordre religieux qui travaillerait au salut des âmes. Pour mieux s'y préparer, il se retira en 1720 dans un ermitage où il se livra aux plus dures mortifications; il eut bientôt d'assez nombreux disciples, fit approuver son ordre par le pape Benoît XIV en 1741, en fut élu général et fonda 12 maisons en diverses villes d'Italie. Il a été béatifié en 1852. Les Passionistes portent un vêtement noir sur lequel sont attachés les insignes de la Passion, ils vont nu-pieds et la tête découverte.

PAUL (Ermites de St-), ordre établi au XIIIe s. et sorti des ermites de St-Jacques, choisit pour patron S. Paul l'Anachorète. Ils soignaient les malades et présidaient aux funérailles. Comme ils portaient l'image d'une tête de mort sur leur scapulaire, on les appelait les Frères de la mort. Avant de se mettre à table, ils baisaient une tête de mort, et en mangeant ils la plaçaient à côté d'eux. Leur ordre, qui fut très-répandu, surtout en Allemagne et en Pologne, ne possède plus auj. qu'une maison, qui est en Portugal.

PAUL I (S.), pape, natif de Rome, remplaça en 757 Étienne II, son frère, et régna jusqu'à 767. Il a laissé 22 lettres. C'est Paul I qui envoya à Pépin le Bref la 1re horloge à roue qu'on ait vue en France.

PAUL II, P. Barbo, pape de 1464 à 1471, était Vénitien et neveu d'Eugène IV. Il excommunia le roi de Bohême, George Podiebrad, qui favorisait les Hussites, et donna ses États à Matthias Corvin, mais il prêcha en vain la croisade contre les Turcs. Il restaura les anciens monuments de Rome.

PAUL III, Alexandre Farnèse, pape de 1534 à 1549, était Romain. Il montra beaucoup de fermeté dans ses relations avec Henri VIII, lança contre ce prince, après son schisme, une bulle d'excommunication, forma avec Charles-Quint et Venise une ligue contre les Turcs (1538); se porta comme médiateur entre Charles et François I, qui, grâce à lui, conclurent la trêve de Nice (1538), approuva l'Ordre des Jésuites (1540), convoqua le concile de Trente (1542), et fit reprendre la construction de St-Pierre en la confiant à Michel-Ange (1546). Il est le premier auteur de la fameuse bulle In cœnd Domini (V. BULLE). Paul III avait été marié avant d'entrer dans l’Église, et avait un fils, Pierre Farnèse, qu'il fit duc de Parme, ce qui l'engagea dans des luttes continuelles avec Charles-Quint, qui prétendait à ce duché. Il a laissé des Lettres à Érasme, à Sadolet, etc.

PAUL IV, Jean Pierre Caraffa, pape de 1655 à 1559, était Napolitain et naquit en 1476. Dans le but de détruire en Italie la domination espagnole, il fit en 1555, avec Henri II, roi de France, un traité pour la conquête du royaume de Naples, et appela le duc de Guise à cet effet; mais le seul résultat de cette entreprise fut la dévastation et la perte momentanée d'une partie de ses propres États, 1556-57. Avant son avénement, il avait rempli des missions délicates et avait fait établir à Rome un tribunal suprême de l'Inquisition (1542). Il réforma plusieurs abus, et lança l'anathème contre les hérétiques ; mais sa sévérité envers ses administrés et les excès de ses neveux (V. CARAFFA) irritèrent le peuple, qui, après sa mort, jeta sa statue dans le Tibre. Paul IV avait rédigé la Règle des Théatins, ordre qu’il avait fondé en 1524, et institué la Congrégation de l’Index.

PAUL V, Camille Borghèse, pape de 1605 à 1621, Romain de naissance, eut avec Venise, au sujet des privilèges du clergé, un différend que le roi de France Henri IV accommoda (1605-1607); mit un terme à la querelle des Dominicains et des Jésuites sur la grâce, mais sans se prononcer entre eux, donna la dernière forme à la bulle In cœnâ Domini, dite quelquefois Bulle de Paul V (1610), approuva les Ordres de l'Oratoire, de la Visitation, de Ste-Ursule (1611), et canonisa S. Charles Borromée. Rome lui doit l'aqueduc Paola, long de 52 kil.

PAUL I, PÉTROVITCH, empereur de Russie, né en 1754, pendant l'hymen de Pierre III (alors grand-duc) et de Catherine II. Pierre III, qui ne voyait en lui que le fruit de l'adultère, se préparait à le priver de l'hérédité lorsqu'il périt en 1762. Écarté du trône et tenu dans l'obscurité et l'inaction tant que vécut sa mère, qui seule avait toute l'autorité, il fut proclamé czar à la mort de Catherine, en 1796. Il prit en tout le contre-pied de ce qu'avait fait cette princesse, destitua ou exila ceux qui avaient été ses conseillers et ses serviteurs et bouleversa l'empire ; il se posa en champion des vieux principes monarchiques, se fit le chef de la 2e coalition contre la France, et se proclama fastueusement grand maître de l'ordre de Malte ; puis tout à coup il s'éprit d'admiration pour Bonaparte, fit alliance avec lui, et prépara ainsi les traités de Lunéville et d'Amiens. A l'intérieur, il froissa de plus en plus les grands par son despotisme et ses violences, et fut étranglé par quelques seigneurs, le 23 mars 1801 (V. PAHLEN). Cet orgueilleux despote exigeait que tous les sujets se prosternassent sur son passage, et, s'ils étaient en voiture, qu'ils descendissent pour lui rendre cette marque de respect ; il punissait sévèrement toute infraction à ces ridicules prescriptions.

PAUL, jurisconsulte romain. V. PAULUS.

PAUL-ÉMILE, général romain. V. ÉMILE.

PAUL DE SAMOSATE, évêque de Samosate, sa patrie, puis patriarche d'Antioche (260), est l'auteur d'une hérésie qui niait la Trinité divine et la divinité de J.-C. Il fut combattu par le pape S. Félix, et excommunié au concile d'Antioche (270). Ses partisans sont nommés Paulianistes.

PAUL LE SILENTIAIRE, poëte grec, ainsi nommé de la charge qu'il exerçait sous Justinien Ier (V. SILENTIAIRE), a écrit en vers une Histoire de l’Église Ste-Sophie, imprimée avec une traduction et des notes de Ducange dans la Byzantine, Paris, 1670 ; des Épigrammes et autres petits poëmes, insérés dans l’Anthologie. Il est le plus distingué des poëtes du temps de Justinien ; bien que prolixe, il ne manque ni de grâce, ni de mouvement.

PAUL D'ÉGINE, médecin grec, natif d'Égine, vivait, à ce qu'on croit, dans le VIIe s. de J.-C, et étudia à Alexandrie peu avant la prise de cette ville par Amrou. Il se distingua surtout dans la chirurgie. On a de lui un Abrégé de la médecine, en 7 livres, qui résume les observations d'Hippocrate, de Celse, de Galien, d'Arétée, en y ajoutant ses observations propres; le VIe livre, consacré à la chirurgie, est le plus estimé. Son style se distingue par la pureté, la concision et la clarté. Ses Œuvres ont été publiées en grec à Bâle, 1538, par J. Gemusæus, et en latin à Venise, 1553, à Lyon, 1567, avec des commentaires. Le VIe livre a été trad. à part en français par P. Tolet, Lyon, 1539. M. R. Briau a publié tout le texte grec en le restituant, avec une trad. française, 1855.

PAUL WARNEFRIDE, dit PAUL DIACRE, historien latin, né vers 740 à Cividale (Forum Julii), dans le Frioul, avait été ordonné diacre à Aquilée. Il fut secrétaire du roi lombard Didier, vécut ensuite à la cour de Charlemagne, puis à celle du duc de Bénévent, et se retira au couvent du Mont-Cassin, où il mourut en 801. On a de lui une Histoire des Lombards, en 6 livres, une Hist. mêlée, en 24 liv. (en lat., dans le t. I des Rerum italicarum script.); une Chronique du Mt-Cassin, 1603, et des Hymnes, entre autres celle Ut queant laxis.

PAUL (l'abbé), traducteur, né à St-Chamas, en 1740, mort à Lyon en 1809, était jésuite et avait enseigné les lettres dans les divers colléges de son ordre. Il se retira dans sa famille pour se livrer à la traduction des classiques latins. On a de lui un bon Cours de latinité, Lyon, 1807, et des traductions de Velleius Paterculus, Florus, Justin, Cornélius Népos, Phèdre, Sulpice-Sévère, Eutrope, et de morceaux choisis de Tite-Live.

PAUL JOVE. V. JOVE. — PAUL VÉRONÈSE. V. VÉRONÈSE.

PAULE, v. de Calabre. V. PAOLA.

PAULE (Ste), dame romaine, du sang des Scipions et des Gracques, née vers 347, se fit chrétienne. Restée veuve de bonne heure, elle se voua à la vie pénitente dans le couvent de Bethléem, sous la direction de S. Jérôme. Elle devint abbesse de ce couvent et y mourut en 404. On la fête le 26 janvier.

PAULET (le chevalier), instituteur, d'origine irlandaise, fonda en France en 1772 un établissement d'enseignement mutuel pour les fils des militaires morts ou blessés, et obtint par ce nouveau mode de grands succès. Louis XVI dota sa maison d'un fonds de 36 000 francs, mais la Révolution l'obligea d'abandonner son œuvre.

PAULETTE (Édit de), ordonnance rendue par Henri IV en 1604, dans un moment de pressant besoin d'argent, sur la proposition de Ch. Paulet, secrétaire du parlement, accordait aux membres du parlement le droit de transmettre leurs charges à leurs héritiers, à la condition d'une redevance annuelle qui montait au 60e de la valeur présumée de la charge.

PAULHAGUET, ch.-l. de c. (Haute-Loire), à 14 k. S. E. de Brioude ; 1402 hab.

PAULICIENS, hérétiques qui renouvelèrent aux Xe et XIe s. l'hérésie de Manès, croyaient que le monde actuel avait été créé et était régi par un de leurs deux principes, le mauvais : l'autre devait régir le monde futur, lequel sera parfait. Ils tiraient leur nom d'un de leurs chefs, un certain Paul, né en 844 en Arménie. Chassés de l'empire grec, ils se transportèrent en Arabie, ou ils firent beaucoup de prosélytes.

PAULIN (S.), Pontius Meropius Paulinus, évêque et poëte, né à Bordeaux en 353, m. en 431, suivit d'abord le barreau où il se fit remarquer par son éloquence, s'attira la faveur de Gratien qui le fit consul en 378, se fit ordonner prêtre en 393, et devint évêque de Nole en 409. On lui a attribué à tort l'invention des cloches, qui étaient connues bien avant lui; tout au plus aurait-il eu l'idée de s'en servir pour annoncer les offices. On le fête le 22 juin. S. Paulin a laissé des Poésies pieuses estimées, des Lettres, des Discours et une Hist. du martyre de S. Genès d'Arles. Ses Œuvres ont été publ. à Paris, 1685, et à Vérone, 1736. Rabanis a donné des Études sur S. Paulin, 1841.

PAULIN DE PÉRIGUEUX, Paulinus Petricordius, poète latin du IVe s., m. vers 478, était fils d'un rhéteur de Périgueux et se convertit au Christianisme. Il mit en vers latins vers 463 la Vie de S. Martin : ce poëme, eu 6 livres, offre quelques pages écrites avec élégance et contient de précieux détails sur les mœurs et les usages de l'époque. Publié d'abord en 1585, il a été plusieurs fois réimprimé ; la meilleure édition est celle de Corpet, Paris, 1849, avec trad. française, dans la collection Panckoucke.

PAULIN DE ST-BARTHÉLEMY (J. Ph. WERDIN, dit), missionnaire, né à Hof (B.-Autriche), en 1748, s'embarqua en 1774 pour le Malabar, revint en 1790 et mourut en 1806. Il a contribué à faire connaître l'Orient par une foule d'écrits, tels que sa Grammaire sanscrite, en latin, Rome, 179Q, et son Voyage aux Indes orientales (en italien), 1796 (trad. par Marchena, 1808). PAULINE BONAPARTE. V. BONAPARTE.

PAULMY (le marq. de). V. ARGENSON (A. René d').

PAULUS (Sergius), proconsul. V. SERGIUS PAULUS.

PAULUS (Julius), jurisconsulte romain du IIIe s. de notre ère, né à Padoue selon les uns, à Tyr selon d'autres, contemporain et rival de Papinien, fut d'abord avocat. Il jouit de la faveur de Septime Sévère, de Caracalla et d'Alexandre Sévère, fut élevé par ce dernier au consulat et nommé préfet du prétoire après Ulpien. Des nombreux écrits qu'il avait composés, on n'a plus que des fragments cités dans le Digeste, et 5 livres Receptarum sententiarum, qui renferment des éléments de droit romain.

PAULUS (Peters), homme d'État hollandais, né en 1754 à Axel, m. en 1796, fut d'abord conseiller et avocat fiscal de l'amirauté de la Meuse, releva la marine de son pays, fut forcé de s'expatrier en 1787 à cause de son opposition au stathoudérat, fut accueilli à la cour de Versailles, rentra en Hollande en 1795, y présida l'assemblée des représentants provisoires, et négocia la paix entre son pays et la France.

PAULUS (H. Gottlob), théologien protestant, né en 1761 à Léonberg près de Stuttgart, m. en 1851, enseigna d'abord les langues orientales à l'Université d'Iéna, fut nommé en 1794 professeur de théologie dans la même université, quitta cette chaire en 1803 pour celle de Wurtzbourg, et fut nommé en 1811 professeur d'exégèse et d'histoire ecclésiastique à Heidelberg. Il est le chef de l'école rationaliste allemande. Ses principaux ouvrages sont: Commentaires philosophiques, critiques et historiques sur le Nouveau Testament; la Clef des Psaumes; Vie de Jésus; Manuel exégétique sur les trois premiers évangiles. Paulus fut un des auteurs de la constitution du Wurtemberg de 1814; il rédigea de 1819 à 1829 le Sophronizon, journal à la fois politique et religieux.

PAUSANIAS, général lacédémonien, fils du roi Cléombrote, gouverna le royaume pendant la jeunesse de Plistarque, fils de Léonidas, et son cousin (480 av. J.-C.), eut une grande part à la victoire de Platée (479), ainsi qu'à la délivrance des villes grecques d'Asie, prit Cypre et Byzance, mais ternit sa gloire en formant le dessein d'asservir sa patrie : dans ce but, il écouta les propositions de Xercès, qui lui offrait, pour prix d'une trahison, la main de sa fille et la royauté de la Grèce. Dénoncé au sénat de Sparte, il fut rappelé et livré aux éphores, convaincu de trahison et condamné à mort. Il se réfugia dans un temple de Minerve, dont les portes furent aussitôt murées, et on l'y laissa mourir de faim: sa mère elle-même voulut apporter la première pierre pour son supplice (477). — Un autre Pausanias, petit-fils du préc., régna sur Sparte de 409 à 397, et fit quelques expéditions dans l'Attique; mais, n'ayant point réussi au gré des Lacédémoniens, il fut obligé de s'exiler. Il se retira à Tégée, où il mourut.

PAUSANIAS, seigneur de la cour de Philippe, roi de Macédoine, n'ayant pu obtenir la punition d'un outrage qu'il avait reçu, se vengea sur le roi lui-même et l'assassina en plein théâtre (336 av. J.-C). Il fut aussitôt pris et tué. On prétend qu'il n'était que l'instrument d'Olympias, qui venait d'être répudiée.

PAUSANIAS, écrivain grec du IIe s. de J.-C., né en Phrygie ou en Cappadoce, visita une grande partie du monde connu de son temps et vint vers 170 se fixer à Rome où il mourut très-vieux. Il composa vers l'an 174, sous le titre d’Itinéraire de la Grèce, un des ouvrages les plus précieux de l'antiquité pour la topographie, l'histoire delà Grèce primordiale, et la connaissance des objets d'art et des monuments. Cet ouvrage se compose de 10 livres, qui, d'après les pays décrits, sont intitulés Attiques, Corinthiques, Laconiques, Messéniques, Étiques (2 liv.), Achaïques, Arcadiques, Béotiques et Phociques. Il est à regretter que le style de l'auteur, par suite d'une imitation maladroite de Thucydide, laisse à désirer sous le rapport du naturel et de la clarté. Les meilleures éditions sont celles d'Alde, Venise, 1514, en grec; d'Amaseo, avec trad. latine, Florence, 1551 ; de Facius, Leipsick, 1794-97, 4 vol. in-8, où le texte est rétabli à l'aide des mss.; de Clavier, avec trad. française, Paris, 1814-21; de Dindorf, grec-lat., dans la Bibliothèque de Didot, 1845. Kœnig a donné une dissertation De Pausaniæ fide et auctoritate, Berlin, 1832.

PAUSIAS, peintre de Sicyone qui florissait vers 360 av. J.-C., fut élève de Pamphyle et acquit une grande réputation dans la peinture dite encaustique.

PAUSILIPPE, mont. de l'Italie mérid., au S. O. de Naples, s'avance dans la mer vis-à-vis de l'île de Nisida. Elle est couverte de vignes et traversés par la route souterraine qui va de Naples à Pouzzoles : ce souterrain, dit la Grotte du Pausilippe, a 720m de long., 20 de haut et 7 de large; l'époque à laquelle il fut creusé est très-ancienne. On montre à l'entrée un tombeau qu'on dit être celui de Virgile.

PAUVRES DE LYON. V. VAUDOIS.

PAUVRES DE LA MÈRE DE DIEU. V. PIARISTES.

PAUW (J. CORNEILLE de), philologue, né à Utrecht, vers 1680, m. vers 1750, était chanoine de St-Jean; il profita du loisir que lui laissait cette sinécure pour cultiver les lettres. On lui doit des éditions d'un grand nombre d'auteurs grecs, Héphestion, Utrecht, 1727; Horapollon, 1727; Anacréon, 1732; Quintus Calaber, 1733; Aristénète, 1739; Eschyle, 1745, etc. Il contestait l'authenticité des poésies d'Anacréon. Il eut de vives querelles avec plusieurs savants, notamment avec d'Orville au sujet d'Aristénète. — Un autre Corneille de P., d'Amsterdam, 1739-99, était chanoine de Xanten et oncle d'Anacharsis Clootz. Il a publié, en français, des Recherches philosophiques sur les Grecs, — sur les Américains, — sur les Égyptiens et les Chinois, ouvrages pleins d'érudition, mais aussi de paradoxes. Ils ont été réunis en 7 v., Paris, 1785.

PAVIE, Ticinum, Papia au moyen âge, Pavia en ital., v. forte du roy. d'Italie, ch.-l. de province, sur le Tessin, à 31 kil. S. de Milan; 26 000 h. Évêché, suffragant de Milan; université célèbre (fondée en 1360), comprenant les facultés de philosophie, de droit et de médecine; colléges Caccia, Borromée, Ghislieri; bibliothèque, jardin botanique, collections anatomique et autres; société savante. Vieux château fort, grand faubourg, pont en marbre, belle place entourée de portiques, vaste cathédrale, où l'on prétend posséder le tombeau de S. Augustin et la lance de Roland; basilique St-Michel, de style lombard, superbe théâtre, deux belles portes aux deux bouts de la Rue-Neuve, la principale rue de la ville. Fabriques de soieries; riz, vin, lin, fromages. Patrie de Lanfranc, Cardan, etc. Aux env., belle Chartreuse. — Pavie remonte au temps des Gaulois : c'était une des villes des Insubres. Florissante sous les Romains, elle fut détruite en 476 par Odoacre, mais elle se releva sous les Lombards, qui, à partir de 584, en firent leur capitale. Hunald, ex-duc d'Aquitaine, réfugié chez les Lombards, la défendit héroïquement contre Charlemagne (772 et 773), mais les habitants l'égorgèrent pour être libres de se rendre : la perte de cette ville mit fin à l'empire lombard. Plus tard, Pavie s'érigea en république comme toutes les grandes cités lombardes : ennemie de Milan, elle fut le plus souvent gibeline. Après la chute des Hohenstaufen, elle eut pour seigneurs les Languschi. En 1331, elle fut une des villes qui acceptèrent pour souverain Jean de Bohême; mais dès 1332, elle se donna aux Beccaria, qui bientôt devinrent vassaux des Visconti de Milan. En 1395, l'empereur Venceslas, en faisant de Milan un duché, érigea Pavie en comté en faveur du fils aîné du duc régnant de Milan. Après la mort du duc Philippe-Marie (1447), Sforce, voulant s'emparer du duché de Milan, se fit d'abord proclamer comte de Pavie. En 1525, François I perdit sous les murs de Pavie une bataille célèbre et y fut fait prisonnier. En 1527, Lautrec prit cette ville et la mit au pillage; cependant Charles-Quint en resta maître, ainsi que de tout le comté. En 1745, Pavie fut prise par les Espagnols, mais ils la rendirent bientôt à l'Autriche. Les Français la prirent de nouveau en 1796; sous l'Empire, elle fit partie du roy. d'Italie et fut comprise dans le dép. de l'Olona. En 1814, elle fut attribuée à l'Autriche. En 1860, elle fut annexée au royaume de Sardaigne avec le reste de la Lombardie. — La prov. de Pavie, entre celles de Milan et de Novare au N., de Crémone et de Plaisance à l'E., de Gênes au S. et d'Alexandrie à l'O., est divisée en 4 arrond. (Pavie, Voghera, Mortara et Bobbio), et compte 460 000 hab.

PAVILLON (Nic.), évêque d'Alet, né à Paris en 1597, m. en 1677, prit part aux travaux de S. Vincent de Paul, se distingua comme prédicateur et fut sacré évêque en 1639. Il était janséniste et encourut la disgrâce de Louis XIV pour avoir fait de l'opposition dans l'affaire de la régale. — Son neveu, Étienne P. (1632-1705), avocat général à Metz, membre de l'Académie Française, était un homme d'esprit et de goût. Il a laissé des Poésies dans le genre de Voiture (imprimées à La Haye, 1715 et 1747).

PAVILLON (J. Franç. du CHAYRON DU), né en 1730 à Périgueux, m. en 1782, fut major général de l'armée navale sous les ordres du comte d'Orvilliers, commanda avec honneur divers vaisseaux, et périt abord du Triomphant. Il perfectionna les signaux et publia en 1778 une Tactique navale, estimée des marins.

PAVILLY, ch.-l. de c. (Seine-Inf.), sur l'Austreberte, à 22 kil. N. O. de Rouen; 3207 h. Filatures de coton; fabriques de toiles, de papier.

PAVIN (lac), lac du dép. du Puy-de-Dôme, formé dans un cratère volcanique du mont Dore, a 2 k. de tour. En s'épanchant, il donne naissance à la Couse.

PAWNÉES ou PANIS, nation guerrière de l'Amérique du Nord (Nébraska), sur les rives du Loup, affluent de la Platte, occupe trois grands villages, mais ne compte plus guère que 6000 individus. Leur divinité principale est la planète Vénus, qu'ils nomment la grande étoile, et, à laquelle ils ont longtemps sacrifié des victimes humaines.

PAX AUGUSTA, auj. Badajoz, v. d'Hispanie, sur l'Anas, près des frontières de la Lusitanie. — PAX JULIA, Béja, v. de Lusitanie, chez les Celtici, au S.

PAXO, Paxos, la plus petite des îles Ioniennes, à 13 kil. S. E. de Corfou , n'a guère que 9 kil. sur 5; 5000 h.; ch.-l., Porto-Gayo. Figues, olives, etc.

PAYENS (HUGUES DES), fondateur de l'ordre des Templiers, était de la maison des comtes de Champagne. S'étant rendu en Palestine, il établit en 1128, avec huit autres chevaliers, la confrérie de la milice du Temple, destinée à protéger les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem, et fut le 1er grand maître de l'ordre. Il mourut en 1136.

PAYERNE, en allemand Peterlingen, v. de Suisse, (Vaud), à 16 k. O. de Fribourg; 2500 h. Anc. résidence des rois de Bourgogne. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée en 921 par la reine Berthe, et supprimée à la Réformation.

PAYNE (Thomas). V. PAINE.

PAYRAC, ch.-l. de c (Lot), à 16 k. N. E. de Gourdon; 1320 h. Carrières de chaux hydraulique.

PAYSANS (Guerre des). V. RUSTAUDS.

PAYS-BAS, en hollandais De Neederlanden (c.-à-d. les pays inférieurs). Ce nom fut donné à l'ensemble des 17 provinces qui, sous Charles-Quint (à partir de 1548), formèrent le cercle de Bourgogne. De ces 17 provinces, 12, les duchés de Limbourg, Luxembourg, Brabant, le comté palatin de Bourgogne ou Franche-Comté, les comtés de Zélande, Hollande, Flandre, Artois, Namur, Hainaut, Anvers, Malines, provenaient de l'héritage du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, bisaïeul de Charles-Quint; les 5 autres, Utrecht, Gueldre avec Zutphen, Over-Yssel, Frise, Groningue avec Drenthe, furent acquises par Charles-Quint lui-même. Ces provinces, qui avaient d'abord fait partie de l'Empire, passèrent à l'Espagne en 1556. Les 7 provinces du Nord, persécutées pour leur foi, ne tardèrent pas à secouer le joug : elles se rendirent indépendantes de 1566 à 1609, et formèrent la République des Provinces-Unies. Il ne resta donc à l'Espagne que les provinces du Sud, lesquelles furent encore réduites par les conquêtes de Louis XIV, qui acquit l'Artois, partie de la Flandre, du Hainaut et de Namur, et la Franche-Comté. Les 8 pays qui restaient à l'Espagne (Flandre allemande, Hainaut, Namur, Brabant mérid., Limbourg, Luxembourg, Anvers, Malines), se nommèrent alors Pays-Bas catholiques ou Pays-Bas espagnols. Par la paix de Rastadt (1714), qui démembrait la succession d'Espagne, ils furent cédés à l'Autriche et prirent dès lors le nom de Pays-Bas autrichiens. L'Autriche les conserva jusqu'à la Révolution : Dumouriez, et plus tard Jourdan, pénétrèrent alors jusqu'au cœur des Pays-Bas et les soumirent à la France. La paix de Lunéville (1801) confirma ces conquêtes. Les anc. Pays-Bas formèrent 8 dép. français (Lys, Jemmapes, Sambre-et-Meuse, Forêts, Escaut, Dyle, Meuse-Inférieure, Deux-Nèthes). Dans la suite l'adjonction du roy. de Hollande à la France lui donna encore 8 autres dép.: Bouches-de-l'Escaut, Bouches-du-Rhin, Bouches-de-la-Meuse, Zuydersée, Yssel-Supérieur, Bouches-de-l'Yssel, Frise, Ems-Occidental. Repris à la France en 1814, ces 16 dép. formèrent le Roy. des Pays-Bas, donné par les traités de Vienne à Guillaume I, de la famille de Nassau. Mais en 1830, après une violente lutte, ce royaume se sépara en deux moitiés à peu près égales, qui formèrent le Roy. de Belgique (au S.), et le Roy. de Hollande (au N.); toutefois le roi de Hollande se donne encore le nom de roi des Pays-Bas. La Belgique actuelle représente à peu près les anc. Pays-Bas catholiques, si ce n'est qu'elle a perdu la plus grande partie du Luxembourg et du Limbourg; la Hollande représente l'ancienne république des Provinces-Unies. V. BELGIQUE et HOLLANDE.

PAYS RECONQUIS (le). On nommait ainsi le pays repris aux Anglais par le duc de Guise en 1558. Il se composait des comtés de Guines et d'Oye (canton d'Audruik), dans le gouvt de Picardie.

PAYS-D'ÉTATS. V. GÉNÉRALITÉS.

PAYTA, v. et port du Pérou (Livertad), sur une baie de l'Océan Pacifique, à 400 kil. N. O. de Truxillo, dans une plaine aride; 1800 h. La chaleur y est ardente et continue. Navigation active. — Brûlée par Anson en 1741, et par lord Cochrane en 1810.

PAZ (la), v. de la Bolivie, ch.-l. du dép. de La Paz, près et à l'E. S. E. de Titicaca, à 312 kil. N. N. O. de Chuquisaca, par 16° 29' 57" lat. S. et 70° 29' 25" long. O.; env. 40 000 hab. Évêché. Grand commerce de maté ou thé du Paraguay. Fondée en 1548, en commémoration de la paix qui suivit la défaite de Gonzalo Pizarre. — Le dép. de La Paz est borné au N. et à l'O. par le Pérou, à l'E. par le dép. de Santa-Cruz, au S. par celui d'Oruro, et compte env. 330 000 hab. Riches mines d'or et de cuivre.

PAZ (la) D'AYACUCHO, v. du Pérou. V. AYACUCHO.

PAZ (la), v. du Mexique (Basse-Californie), sur la côte occid. du golfe de Californie, par 24° 30' lat. N., 113° long. O., au fond d'une baie, est depuis peu la capit. de l’État.

PAZZI (les), famille gibeline de Florence, originaire du val d'Arno, où elle possédait de grands fiefs, et rivale acharnée de celle des Médicis. Comme les Médicis, par l'excès de leur puissance, mettaient en péril la liberté de la république, les Pazzi, affectant un grand zèle pour l'indépendance de leur patrie, résolurent de lui rendre son antique constitution. François Pazzi (neveu de Jacques P., qui était alors chef de cette maison) s'était établi à Rome et y était devenu banquier de Sixte IV : il entra en liaison avec Jérôme Riario, neveu de ce pape, et, de concert avec lui, il ourdit contre Julien et Laurent de Médicis, sous les auspices des cours de Rome et de Naples, la fameuse Conspiration dite des Pazzi. Le 26 avril 1478, François Pazzi et Bandini tuèrent Julien de Médicis, dans la cathédrale même de Florence; mais Laurent, son frère, échappa; il garda le pouvoir et punit les conspirateurs : Jacques et François Pazzi furent pendus. Immédiatement après éclata la Guerre des Pazzi, dans laquelle le pape, Naples et Sienne, attaquèrent Florence au cri de guerre à Médicis, paix à Florence! (1478-80). L'histoire de la conjuration des Pazzi a été écrite par Politien. Cet évènement a fourni à Alfieri le sujet d'une belle tragédie.

PÉAN, Pæan, un des noms d'Apollon en tant que Dieu du jour et surtout comme médecin, est sans doute le même que Péon, nom du médecin des Dieux. — On appelait aussi Péans les hymnes à la gloire du dieu : c'étaient des hymnes joyeux, que l'on chantait après une victoire et quand on avait été délivré d'un fléau quelconque.

PEARCE (Zacharie), évêque anglican, né à Londres en 1690, mort doyen de Westminster en 1774, est auteur d'un Essai sur les progrès et l'origine des temples, et de divers ouvrages de théologie, mais est surtout connu comme philologue : on lui doit de bonnes éditions des livres de Cicéron de Oratore, 1716, et de Officiis, 1745, ainsi que de Longin, 1724.

PEARSON (John), évêque de Chester, né en 1612, m. en 1686, est auteur d'une Exposition de la foi, 1659, d’Annales de la vie et des ouvrages de S. Cyprien, 1684, d'une Défense de l'authenticité des Lettres de S. Ignace, et de plusieurs autres écrits estimés des théologiens anglicans.

PECCAIS, bourg et fort de France, dans le dép. du Gard, à 9 k. O. d'Aigues-Mortes, sur le canal de Silvéréal. Vastes salines aux environs.

PÉCHAWER ou PÉCHAOUER. V. PEYCHAWER.

PÉCILE (le), du grec poikilos, varié; célèbre portique d'Athènes, orné de peintures diverses, se composait d'une colonnade qui entourait un espace carré et servait de promenade. On le nommait spécialement le Portique. V. ce mot.

PECHMÉJA (J.), écrivain, né à Villefranche (Rouergue) en 1741, m. en 1785, fut professeur à La Flèche et à Paris. Ami de Raynal, il lui fournit beaucoup de morceaux pour son Histoire des Deux-Indes. Il a publié lui-même quelques écrits, entre autres, Télèphe, poëme en prose (1784), où il soutient des paradoxes révoltants contre la propriété et la famille.

PÉCLET (Eug.), physicien, né en 1793 à Besançon, m. en 1857, fut un des premiers élèves de l'École normale, fut nommé en 1815 professeur de physique à Marseille, où il fit des cours d'application pour les ouvriers qui furent très-suivis, fut, avec MM. Dumas et Olivier, un des fondateurs de l'École centrale des Arts et manufactures (1828), et devint en 1840 inspecteur général des études. On lui doit un Traité élémentaire de physique et un Traité de la chaleur considérée dans son application, (1828 et 1860), ouvrage qui fait autorité.

PÉCORONE (Giovanni Fiorentino, dit IL), conteur florentin du XIVe s., était, suivant les uns, notaire, suivant les autres, moine ou même général de l'ordre de St-François. Il se montra guelfe ardent et grand partisan du pape. Il a laissé des Nouvelles, écrites en 1378 et très-souvent réimprimées. Elles approchent de celles de Boccace et sont précieuses pour l'histoire des opinions et des mœurs du temps.

PECQ (le), vge du dép. de Seine-et-Oise, sur la r. g. de la Seine, à 1 kil. de St-Germain-en-Laye, au bas de la côte; 1590 hab. Station du chemin de fer. Blanc de plomb, céruse; eau minérale. — C'est là que les Alliés passèrent la Seine le 1er juillet 1815.

PECQUET (Jean), anatomiste, né à Dieppe en 1622, m. en 1674, exerça la médecine à Dieppe, puis à Paris, et fut élu membre de l'Académie des sciences en 1666. On lui doit plusieurs découvertes importantes, entre autres celle du canal thoracique et du réservoir du chyle, dit Réservoir de Pecquet. Il a laissé plusieurs écrits, qui ont été réunis en 1 vol. in-4, 1654; le principal renferme l'exposé de ses expériences et de ses découvertes.

PECQUIGNY, bg de France. V. PICQUIGNY.

PÈDRE (don). V. PIERRE et PEDRO.

PEDRO (don), empereur du Brésil né en 1798 au palais de Quéluz, eut pour père le régent de Portugal (depuis Jean VI), qu'il suivit au Brésil en 1807. En 1821, son père, hésitant entre les libéraux et les servilès, lui délégua ses pouvoirs en Portugal; le jeune prince, en acceptant la constitution des cortès, sauva le trône. Jean, rentré dans Lisbonne, laissa à son fils le gouvernement du Brésil : don Pedro y fut proclamé empereur constitutionnel en 1822. La mort de Jean VI, en 1826, lui laissa en outre la couronne de Portugal. Il s'empressa de rétablir dans ce pays un régime libéral en donnant la Charte portugaise, puis il abdiqua en faveur de sa fille (dona Maria), laissant la régence à son frère don Miguel, 1827; mais à peine s'était-il éloigné que don Miguel se mit en possession du trône. Don Pedro arma aussitôt pour rétablir sa fille, mais il mécontenta ses sujets américains par les efforts dispendieux qu'il fit dans ce but, et finit par être, en 1831, forcé de quitter le Brésil, où son fils fut proclamé sous le nom de Pedro ou Pierre II. De retour en Europe, il leva des troupes en France, en Angleterre, reconquit à leur tête le Portugal, d'où il chassa don Miguel (1833), remit la couronne sur la tête de sa fille, et restaura le régime constitutionnel. Il mourut peu après, en 1834. — Il avait fondé au Brésil en 1822 l’Ordre de don Pedro, qui a pour insigne une étoile à 5 rayons émaillés de blanc et bordés d'or, ayant au milieu un phénix, et suspendue à un ruban vert moiré. Cet ordre est réservé aux têtes couronnées.

PEEBLES, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de ce nom, sur la Tweed, à 35 k. S. d’Édimbourg; 3000 h. Fabriques de bas et d'étoffes de laine. Ruines d'une antique forteresse. — Le comté de Peebles, dit aussi de Tweeddale, entre ceux d’Édimbourg au N., de Selkirk à l'E., de Dumfries au S. et de Lanark à l'O., a 46 kil. sur 35 et compte 15 000 hab.

PEEL (Sir Robert), homme d’État anglais, né en 1788, m. en 1850, était fils d'un riche filateur, que Pitt avait créé baronnet en 1800. IL entra à la Chambre des Communes en 1809, prit place parmi les tories, fut nommé en 1812 secrétaire au département de l'Irlande, et accepta en 1822 le portefeuille de l'intérieur dans le ministère de lord Liverpool. Conservateur pour tout ce qui touchait au système politique, il se montra libéral en ce qui concernait l'administration : il soutint l’alien-bill, combattit l'émancipation des catholiques, mais en même temps encouragea l'instruction populaire et réforma la législation criminelle. Il se retira à la mort de Liverpool (1827), pour rentrer au pouvoir dès l'année suivante avec lord Wellington : il fit abolir les actes vexatoires de corporation et du test, proposa et fit adopter en 1829 le bill d'émancipation des catholiques, qu'il avait longtemps combattu. Remplacé par les whigs après la révolution de 1830, il combattit de tout son pouvoir la réforme parlementaire, qui n'en fut pas moins adoptée. Chargé en 1841 de former une nouvelle administration, il devint le ministre dirigeant : il rétablit la bonne harmonie avec la France, et fit adopter malgré son propre parti le rétablissement de l’income-tax et la suppression des prohibitions qui pesaient sur les céréales (1848). Peu après il se retira de nouveau par suite du rejet des mesures proposées contre l'Irlande, et devint le chef et le modérateur de l'opposition. Il était sur le point de ressaisir le pouvoir, lorsqu'il périt inopinément, d'une chute de cheval. T. Doubleday a donné la Vie politique de R. Peel, Londres, 1855; M. Guizot a publié en 1857 Sir Robert Peel, étude historique.

PÉGASE, cheval ailé, était, selon la Fable, né de Neptune et de Méduse, ou avait été produit par le sang de Méduse lorsque Persée lui eut coupé la tête. Monté sur Pégase, Persée délivra Andromède exposée à un monstre marin; Bellérophon s'en servit pour combattre la Chimère. Pégase est aussi le symbole de l'essor poétique : monté par le poëte, il le transporte au sommet de l'Hélicon. D'un coup de pied, il fit jaillir de l'Hélicon la fontaine d'Hippocrène, où les poëtes venaient puiser l'inspiration. Jupiter le plaça parmi les constellations. On croit que Pégase n’était qu’un vaisseau portant à la poupe une figure de cheval.

PEGNITZ, Pegnesus, riv. de Bavière, naît dans le cercle du Ht-Mein ; baigne la ville qui porte son nom, puis Nuremberg, et tombe dans la Regnitz, à Furth, après un cours de 100 kil., qui se dirige d’abord au S., puis à l’O. De 1808 à 1810, la Pegnitz donna son nom à un cercle auj. compris dans ceux de la Rézat et du Ht-Mein. — On nommait Société des Bergers de la Pegnitz une espèce d’Académie fondée à Nuremberg en 1644 pour le développement de la langue et de la littérature allemandes.

PÉGU ou PÉGOU, v. de l’Inde au delà du Gange, naguère capitale du roy. de Pégu, sur le Pégu (affluent de l’Iraouaddy), à 525 kil. S. d’Amérapoura, par 93° 53′ long. E., 17° 40′ lat. N. ; env. 8000 h. Fameux temple de Choumadou, pyramide de plus de 100m de haut. Pégu avait été rasée de fond en comble par Alompra en 1757 ; elle fut rebâtie en 1790 et fortifiée ; elle fut prise en 1824 et en 1852 par les Anglais. — Le roy. de Pégu avait pour bornes au N. l’Arakan et l’Ava, à l’E. le Martaban, ailleurs le golfe de Bengale : 380 k. sur 300. Il est arrosé par le Pégu et par divers bras de l’Iraouaddy qui forment un delta. Bois de tek, riz ; or, rubis, saphir, grenat. Ce roy., qui avait été réuni par Alompra à l’empire birman en 1757, a été en 1853 annexé aux possessions britanniques.

PEHLVI (langue), idiome de l’anc. Médie, remplaça le zend env. 250 av. J.-C. et fut lui-même remplacé par le parsi, d’où dérive le persan moderne. Il tenait par la racine de ses mots aux langues sémitiques, et par ses formes grammaticales à la langue persane.

PEIGNOT (Ét. Gabriel), savant bibliophile, né en 1765 à Arc-en-Barrois, m. en 1849 à Dijon, avait été reçu en 1790 avocat au parlement de Besançon. Il fut successivement commissaire du département de la Hte-Saône, bibliothécaire à Vesoul, où il mit en ordre de riches matériaux provenant de divers monastères, directeur de l’école secondaire de Vesoul, inspecteur de la librairie à Dijon, proviseur du collége de cette ville, et inspecteur de l’Académie. On remarque parmi ses ouvrages : Manuel bibliographique ; Dictionnaire raisonné de bibliologie ; Curiosités bibliographiques ; Dictionnaire des livres condamnés au feu, supprimés ou censurés ; Amusements philologiques ; Répertoire de bibliographies spéciales ; Répertoire bibliographique universel ; Traité du choix des livres ; Précis historique des pragmatiques, concordats, etc. ; Recherches sur les danses des morts et les cartes à jouer ; le Livre des singularités.

PEILAU, v. de Prusse (Silésie), près des sources de la Peila, affluent de la Weistritz ; 4000 hab. Établissement de frères Moraves. Frédéric y battit les Autrichiens en 1762.

PEIPUS ou PEIPOUS (lac), en russe Tchoudskoé-Osero (c.-à-d. lac tchoude), lac de la Russie d’Europe, entre les gouvts de St-Péterbourg, Pskov, Riga, Revel, a 110 k. sur 45. Il reçoit plusieurs riv. et est lié par le Fellin au golfe de Livonie, par la Narova à celui de Finlande. Il se livra sur ce lac en 1702 un combat naval où les Suédois furent vaincus par les Russes.

PEIRESC (Nic. Claude FABRI de), savant distingué, né en 1580 à Beaugensier en Provence, m. en 1637, était conseiller au parlement d’Aix. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse, visita l’Italie, la Hollande, l’Angleterre, se lia avec les savants les plus distingués, et étendit ses recherches à presque toutes les branches de science et d’érudition. Maître d’une grande fortune, il en profitait pour encourager les savants, payait une foule d’agents par lesquels il faisait faire des recherches sur les sciences naturelles, l’histoire, les antiquités : c’est un de ses agents qui découvrit les Marbres de Paras. Il fit lui-même avec Gassendi des observations astronomiques, et forma de riches collections de médailles, d’inscriptions et d’objets d’art. C’est lui qui importa en France les chats angoras, le jasmin d’Inde et celui d’Amérique, le lilas de Perse, le laurier rose, le myrte à fleurs pleines, la nèfle, etc. En correspondance avec tous les savants, il fut justement appelé par Bayle le procureur général de la littérature. Il a laissé un grand nombre de lettres, dont une partie a été publiée par Boissonade, et par St-Vincent, 1819 ; Gassendi a écrit sa Vie, 1641.

PÉ-KIANG-HO ou TCHING-KIANG, riv. de Chine (Kouang-Tong), naît à 26 kil. N. E. de Nan-Young-Fou, coule au S., passe à Canton et tombe dans le Si-Kiang au-dessous de cette ville ; cours, 450 kil.

PÉKIN ou PÉ-KING (c.-à-d. la cour du Nord), ou KING-SSE (la capitale), capit. de l’empire chinois et de la prov. de Pé-tchi-li, dans une vaste plaine, sur le Yu-Ho, affluent du Pey-Ho, à 50 k. S. de la grande muraille, par 114° 7′ long. E., 39° 54′ lat. N. : 36 k. de tour ; 1 600 000 hab. selon les uns, ou même 2 000 000 selon d’autres. Une avenue de 6 kil., pavée de grosses dalles de granit, y conduit du côté de l’E,., et un arc de triomphe superbe en indique l’entrée. Les rues de Pékin sont larges, longues, droites et très-propres ; les principales ont 40m de large ; il en est une de 60m. On y distingue deux vastes parties, la ville tartare ou v. impériale (King-tching ou Cambalou), et la ville chinoise (Wai-tching) ou vieille ville (Lao-tching) ; le tout est environné d’une haute muraille. Le King-tching est lui-même formé comme de trois villes renfermées l’une dans l’autre, et ayant chacune son enceinte : la plus intérieure est le Tsu-kin-tching ou Ville sacrée, palais impérial très-vaste, qui a près de 4 k. de tour, muni de murs crénelés et de fossés, formé d’une infinité de cours et de corps de logis divers, parmi lesquels l’appartement de l’empereur et le Taï-ho-tian, où l’empereur reçoit les grands et les ambassadeurs ; un immense jardin est annexé à ce palais. Dans la ville intermédiaire du King-tching, dite Houang-tching ou palais extérieur, se voient des jardins plus grands encore, avec des lacs artificiels, un magnifique temple de Foé, le temple mongol de Souong-tchou-zu, les cinq collines artificielles, parmi lesquelles on remarque la Montagne resplendissante, puis des palais de mandarins, et un pont de jaspe noir représentant un dragon dont les pieds forment les piles du pont. Le temple du Ciel ou Thian-han, le temple de l’inventeur de l’agriculture, la Salle-Ronde, le palais de Retraite et de Pénitence, sont les monuments les plus remarquables de Lao-tching. À Pé-king siégent toutes les administrations supérieures de l’empire, les grandes cours de justice, le tribunal d’histoire et de littérature, qui examine les lettrés. On y trouve le Collége impérial, l’Observatoire, bâti en 1279, la Bibliothèque impériale, la plus vaste qui soit hors de l’Europe, l’Imprimerie du gouvernement, de riches cabinets d’histoire naturelle. — Les Chinois placent l’origine de Pé-king entre 1200 et 1100 av. notre ère. Gengiskhan s’en empara en 1215 ; Koublaï-khan y fit vers 1267 d’importants agrandissements ou même bâtit la ville impériale (le King-tching). En 1644, les Mandchoux s’en emparèrent. En 1662, un tremblement de terre y ensevelit 300 000 personnes ; 70 ans plus tard, le même phénomène y fit périr encore 100 000 hab. En 1860, après la bataille de Palikao, Pékin fut occupée par l’armée anglo-française. Un traité de paix y fut conclu le 26 oct. de la même année. Marco-Polo est le premier Européen qui ait visité cette capitale (au XIIIe s.).

PÉLAGE, nommé d’abord en celte Morgan, c.-à-d. maritime, hérésiarque, né dans la Grande-Bretagne, était moine. Il vint à Rome vers l’an 400 et s’y lia avec S. Augustin et autres personnages illustres, mais bientôt, égaré par des subtilités métaphysiques, il en vint à formuler sur la grâce et la liberté des doctrines contraires à la foi : il prétendait que l’homme peut, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, la damnation des enfants morts sans baptême, et soutenait que le péché d’Adam n’avait pu être imputé à ses descendants. Les conciles de Carthage, 416 et 417, et d’Antioche, 424, condamnèrent ce système ; le concile œcuménique d'Ëphèse (431) acheva de le terrasser, en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies captieuses. On croit qu’il mourut vers 432. Son hérésie, connue sous le nom de Pélagianisme, subsista jusqu’au VIe s. ; elle fut surtout combattue par S. Augustin et S. Jérôme. L’histoire du Pélagianisme a été écrite par Vossius, Noris et Patouillet.

PÉLAGE I, pape, Romain d’origine, régna de 555 à 559. Il fit commencer à Rome l’église de St-Philippe et St-Jacques. — II, pape de 578 à 590, né Romain, mais Goth d’origine, tenta sans grand succès d’étouffer en Istrie le schisme des Trois chapitres.

PÉLAGE, roi des Asturies, était porte-lance du roi Rodrigue à la bat. de Xères (711). Après la perte de cette bataille et la mort présumée du roi Rodrigue, il se mit à la tête des Chrétiens qui s’étaient réfugiés dans les montagnes de la Cantabrie ; il y resta plusieurs années ignoré des vainqueurs, en sortit brusquement, battit les Maures à Cavadonga (718) et dans plusieurs autres rencontres, prit alors le titre de roi et fonda Oviédo. Pelage est un des héros de l’Espagne. Guiraud a composé une tragédie de Pélage.

PÉLAGIANISME. V. PÉLAGE.

PÉLAGIE (Ste), née dans le Ve s., avait été comédienne à Antioche; elle se fit religieuse et se retira sur la montagne des Oliviers à Jérusalem, où elle vécut dans la pénitence. On l’hon. le 8 juin. — Une autre Ste P., aussi d'Antioche, se précipita du haut d'un toit pour sauver sa chasteté, 311. On l'h. le 9 juin.

PÉLAGONIE, canton de la Macédoine, au N. ; — canton de Thessalie où étaient les villes de Pythium et Dolique. Ces deux cantons tiraient leur nom des Pélasges, leurs anciens habitants, qui s’y étaient maintenus même après l’invasion étrangère.

PÉLASGES, Pelasgi, habitants primitifs de la Grèce et de l’Italie, paraissent être venus de l’Orient et appartenir à la race indo-germanique. Arrivés au Danube, les uns franchirent ce fleuve et pénétrèrent dans la péninsule hellénique, les autres remontèrent le long de la Save, qui les conduisit dans l’Italie septent. De là deux branches de Pélasges : l’une orientale, en Grèce ; l’autre occidentale, en Italie. On place leur arrivée 2000 ans av. J.-C. ; mais il est probable qu’il y eut plusieurs émigrations : les Hyantes, les Aones, les Telchines de la Grèce, les Aborigènes et les Sabins de l’Italie n’étaient sans doute que les fractions les plus anciennes de la grande masse pélasgique. Les Pélasges orientaux, entrant en Grèce par le Nord, peuplèrent d’abord la Thrace et la Macédoine, puis l’Illyrie, l’Épire, la Thessalie, et enfin la Grèce propre et le Péloponèse ; de la Thrace diverses tribus passèrent en Asie-Mineure (Thyni, Mysi, Phryges ou Briges, etc.) ; les Troyens étaient Pélasges ainsi que les Méoniens, premiers habitants de la Lydie. Les Pélasges occidentaux ou d’Italie ont eu les noms de Tyrrhènes, de Sicules ou Sicanes, d’Opiques, Eques, Apuli ou Iapyges, enfin de Peligni. Presque partout les Pélasges, au bout d’un certain temps, furent vaincus, chassés ou réduits à un état d’infériorité par des races nouvellement survenues : en Grèce, la race dorienne déposséda les Pélasges, qui ne conservèrent que l’Arcadie dans le Péloponèse, la Pélasgiotide en Thessalie, la Pélagonie en Macédoine, et l’Épire ; en Italie, on voit ceux de l’Étrurie dominés par les Rasena, refoulés vers les côtes, puis de plus en plus au sud, jusqu’à ce qu’ils passent en Sicile, où ils sont connus sous les noms de Sicules ou Sicanes ; plus tard, les Grecs, en s’établissant dans l’Italie méridionale, qui prit d’eux le nom de Grande-Grèce, leur enlèvent leurs plus belles provinces. Des Pélasges qui survécurent à toutes ces révolutions, les uns formaient une masse d’esclaves ou serfs attachés à la glèbe (comme les Hilotes, les Pénestes, les Ménestes, etc.) ; les autres se condensaient dans un coin du pays qu’ils avaient jadis possédé en entier (V. PÉLAGONIE, PÉLASGIOTIDE), ou se réfugiaient dans les montagnes d’où ils s’élançaient souvent sur la plaine en pillards (Peligni, Messapii), etc.) ; quelques-uns émigraient et cherchaient une nouvelle patrie, surtout dans des îles : ainsi Lemnos, la Samothrace, la Sardaigne se remplirent de Pélasges. Les Pélasges étaient fort barbares ; cependant beaucoup de leurs tribus étaient en voie de civilisation lorsque les Doriens et les Rasena les assujettirent. L’agriculture, la métallurgie, l’architecture leur étaient familières : la construction cyclopéenne ou par blocs non équarris caractérise l’époque pélasgique ; il en reste d’énormes et superbes vestiges en Grèce, mais surtout en Étrurie. Leur gouvernement était le plus souvent monarchique et sacerdotal. Le culte était une espèce de naturalisme qui divinisait les forces de la nature, bienfaisantes ou malfaisantes, et qui se combina dans quelques endroits avec des dieux orientaux (Cabires, Tritopators et Dioscures) ; leurs autres dieux étaient les Pénates, les Titans et les Géants, Saturne, Vesta, Cérès, Janus, Ogen. Après le triomphe des Doriens, ces dieux furent refoulés au second rang ou devinrent l’objet de mystères : Dodone, Éleusis, la Samothrace furent les principaux sanctuaires des Pélasges.

PÉLASGIOTIDE, contrée de la Thessalie, entre la Perrhébie au N., la Thessaliotide au S., était bornée au N. E. par le Pénée et le mont Olympe. Elle était surtout habitée par des Pélasges.

PÉLASGIQUE (golfe), auj. golfe de Volo, enfoncement formé par la mer Égée au S. E. de la Thessalie, entre la pointe N. de l’île d’Eubée, la Phthiotide et la Magnésie.

PÉLASGUS, nom de plusieurs rois fabuleux de la vieille Grèce, notamment d’un roi d’Arcadie, civilisateur de cette région toute pélasgique, et père de Lycaon ; et d’un roi d’Argos, appelé aussi Argus, fils et successeur de Phoronée et père de Criasus.

PÉLÉE, fils d’Éaque, roi d’Égine. Ayant tué par mégarde son frère Phocus, il s’expatria et vint à la cour d’Eurytion, roide Phthiotide, dont il épousa la fille. Il eut encore le malheur de tuer sans le savoir Eurytion à la chasse de Calydon, et il lui fallut subir un nouvel exil. Reçu à Iolcos, il inspira de l’amour à la reine Créthéis, et, comme il dédaigna cet amour coupable, il se vit calomnié par la princesse auprès d’Acaste, son époux. Celui-ci le fit pendre dans un bois ; mais Pelée trouva moyen de rompre ses liens, tua Acaste et sa femme et se fit roi d’Iolcos. Ayant perdu sa première femme, il épousa la nymphe Thétis, fille de Nérée, et en eut Achille, qu’il vit avec le plus grand regret partir pour Troie. Pendant l’absence d’Achille, il fut détrôné par les fils d’Acaste.


PELET (le général J. J.), né à Toulouse en 1779, m. en 1858, fit avec distinction les campagnes d’Allemagne, de Russie et de France, fut mis en non-activité en 1814, fut nommé par Louis-Philippe, en 1830, lieutenant général et directeur du dépôt de la guerre, et fait pair de France en 1837, après avoir plusieurs années représenté sa ville natale à la Chambre des Députés. Comme directeur du dépôt de la guerre, il fit exécuter la belle Carte topographique de France, ainsi que celles de la Morée et de l’Algérie. On lui doit des Mémoires sur la guerre de 1809 en Allemagne, 1824-26, et la publication des Mémoires militaires relatifs à la succession d’Espagne sous Louis XIV, 1835-48 (dans les Docum. inéd. de l’hist. de France).

PELEW ou PALAO, archipel de l’Océan Pacifique, à l’O. des îles Carolines, par 6° 53′-8° 9′ lat. N., et 132° 20′ long. E., se compose de 26 îles longues et étroites. Elles sont très-peuplées et fertiles en ignames, cocos, arec, oranges, citrons, bananes, canne à sucre, bois de construction et d’ébénisterie. Les indigènes sont doux, bien faits et assez industrieux. Leur langage dérive du malais. — Visitées par les Espagnols en 1710, ces îles ne furent bien connues qu’à la fin du dernier siècle.

PÉLIAS, roi d’Iolcos, issu du commerce de Tyro avec Neptune, fut exposé lors de sa naissance et sauvé par des bergers. Quand Créthée, roi d’Iolcos, qui avait épousé Tyro, fut mort, Pélias ravit le trône à Éson, l’héritier légitime et son frère de mère, puis il fit périr la femme et les fils de ce prince, sauf Jason, qui s'enfuit. Plus tard il donna à Jason l'idée de l'expédition des Argonautes, espérant qu'il y périrait. Il expia ses crimes par une mort affreuse : ses filles ayant prié Médée de le rajeunir, elle feignit d'y consentir, leur dit qu'il fallait préalablement que tout le vieux sang sortît des veines de leur père, et les décida ainsi à l'égorger.

PÉLIGNIENS, Peligni, anc. peuple de l'Italie centrale (Samnium), de race pélasgique, habitait le revers oriental de l'Apennin, à l'E. des Marses, au-dessus du Picénum et près de la mer, et avait pour villes principales Corfinium et Sulmo. Les Péligniens formaient, avec les Vestins, les Marrucins et les Marses, une des deux confédérations samnites. Ils prirent parti pour Rome contre les Latins en 340 av. J.-C., et restèrent neutres dans la 1re guerre des Romains contre les Samnites du Sud, en 326; mais, quand ils virent les Romains menacer l'indépendance de toute l'Italie, ils voulurent secourir leurs compatriotes. Ils furent soumis une 1re fois en 305, une 2e en 290, par Curius Dentatus, qui ravagea tout leur pays. Ils prirent part à la Guerre sociale, 90, et leur ville de Corfinium fut la métropole de la confédération italienne.

PÉLION, Plessidhi et Mavro-Mouni, montagne de Thessalie, dans la presqu'île de Magnésie, au S.; son plus haut sommet a 1670m. La Fable en fait une des montagnes que les Géants entassèrent pour escalader l'Olympe.

PÉLISSANE, bg de France (Bouches-du-Rhône), à 26 kil. O. N. O. d'Aix; 2261 hab.

PÉLISSIER (Amable), maréchal de France, né à Maromme (Seine-Infér.) en 1794, mort en mai 1864; sortit de l'école de Saint-Cyr sous-lieutenant d'artillerie en 1815; fut admis avec éclat en 1819 au corps royal d'état-major; se distingua dans les expéditions d'Espagne, de Morée, d'Alger, d'Anvers; montra autant d'énergie que de bravoure en Algérie, où il servit de 1839 à 1854, et où il passa par tous les grades; s'y fit particulièrement remarquer par la prise de Laghouat et la soumission de la Kabylie (1852); fut appelé en janvier 1855 à commander un corps de l'armée d'Orient au siége de Sébastopol, et, chargé bientôt du commandement en chef, s'empara de la tour Malakoff, et par suite de la ville (8 sept. 1855); fut alors créé maréch. de France et duc de Malakoff, devint vice-président du sénat et membre du conseil privé de l'Empire, puis ambassadeur en Angleterre (1858), grand chancelier de la Légion d'honneur (1859); enfin fut promu au gouvernement général de l'Algérie (1860), poste qu'il garda jusqu'à sa mort.

PÉLISSON. V. PELLISSON.

PELLA, v. de Macédoine, dans l'Émathie, sur le Ludias, devint sous Philippe la capitale du royaume, Il en reste quelques ruines près d’Iénidjé-Vardar, dans le pachalik de Salonique. — V. de Palestine, au S. de la Pérée, est auj. El Boudsché.

PELLEGRIN (l'abbé), né à Marseille en 1663, m. en 1745, fut d'abord moine, puis aumônier de vaisseau, enfin homme de lettres. Il composa des opéras-comiques, des tragédies, des cantiques spirituels, et une trad. en vers des Odes d'Horace.

PELLEGRINI (TIBALBO de), peintre et architecte, né en 1527 à Bologne, m. en 1592, résida d'abord à Bologne, où il fit plusieurs de ses plus beaux tableaux, dont les sujets étaient tirés de l'Odyssée; devint ingénieur en chef du duché de Milan et traça le dessin de la façade de la cathédrale de cette ville; fut appelé en Espagne par Philippe II, y éleva plusieurs beaux édifices, et peignit le cloître et la bibliothèque de l'EscuriaL

PELLEGRINI (Camille), savant italien, né à Capoue en 1598, m. en 1663, est auteur de l’Historia principum longobardicorum, Naples, 1643.

PELLEGRINI (Félix), célèbre chanteur, né à Turin en 1774, m. en 1832, possédait une belle voix de basse. Il entra en 1819 au Théâtre Italien de Paris, où il remplit pendant dix ans les rôles de premier bouffe.

PELLEGRUE, ch.-l. de c. (Gironde), à 23 k. N. E. de la Réole; 1678 hab.

PELLÈNE, v. forte d'Achaïe, l'une des 12 de la Confédération achéenne, à l'E., sur les frontières de la Sicyonie, à 60 stades du golfe de Corinthe, sur lequel elle avait un petit port. Elle fut souvent prisa et reprise dans les luttes des ligues achéenne et étolienne. Ses ruines se voient près de Zugra.

PELLERIN (Jos.), antiquaire, né en 1684 à Marly-le-Roy, m. à Paris en 1782, forma le plus beau cabinet de médailles qu'ait possédé un particulier, et le vendit 300 000 fr. à Louis XVI. Ce cabinet contenait 32 500 pièces. Il le fit graver et le publia sous ce titre : Recueils de médailles des rois, peuples et villes, Paris, 1762-78, 10 vol. in-4, avec un savant et judicieux commentaire. Il introduisit la méthode historique dans la classification des médailles.

PELLERIN (le), ch.-l. de c. (Loire-Inférieure), sur la r. g. de la Loire, à 27 kil. S. E. de Paimbœuf; 1853 hab. Port où s'arrêtent les navires d'un tonnage trop fort pour remonter jusqu'à Nantes.

PELLETAN (Phil.), chirurgien de Paris, 1747-1829, succéda en 1793 à Desault comme chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, professa à l’École de Médecine, et se distingua également comme professeur et comme opérateur : il parlait si bien qu'on l'avait surnommé Bouche d'or. Il était membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine. Il a publié une Clinique chirurgicale. — Son fils, le Dr Pierre P., 1782-1846, professa avec succès la physique médicale à la Faculté de Paris, puis au Conservatoire des Arts de Bruxelles. On a de lui un Traité de Physique générale et médicale, 1824 et 1831, et un Dictionn. de Chimie médicale, 1823. — M. Eugène Pelletan, publiciste et l'un des plus brillants rédacteurs de la Presse et du Siècle, né en 1813, est étranger à cette famille.

PELLETIER (Bertrand), pharmacien et chimiste, né à Bayonne en 1761, m. en 1797, devint membre de l'Académie des sciences en 1791, et professa la chimie à l'École polytechnique dès sa fondation. Il avança surtout la chimie pneumatique, la métallurgie et la chimie appliquée aux arts. On remarque particulièrement ses études sur le phosphore, la strontiane, le molybdène, l'or musif, les cendres bleues, les éthers, les sels de baryte, l'affinage du métal des cloches, la fabrication de la soude, des savons, le tannage des cuirs, etc. Ses écrits ont été réunis en 1798 sous le titre de Mémoires et Observations de Chimie, par le Dr Sédillot, son beau-frère. — Son fils, Joseph P., 1788-1842, professeur à l'École de pharmacie, membre de l'Académie de médecine, puis de l'Académie des sciences, a concouru puissamment aux progrès de la chimie organique : on lui doit, ainsi qu'à J. B. Caventou, la grande découverte du sulfate de quinine, à laquelle l'Académie des sciences décerna en 1827 un prix de 10 000 fr. Il réussit à extraire la strychnine, la brucine, la vératrine, les-agents les plus énergiques de la matière médicale.

PELLEVÉ (Nic. de ), cardinal, né au château de Jouy en 1518, mort en 1594. Il suivit le cardinal de Lorraine au concile de Trente comme député de l’Église de France, mais il y parla contre les libertés du clergé français qu'il était chargé de défendre : il reçut du pape en récompense la pourpre romaine (1560), et fut promu en 1592 à l'archevêché de Reims. Il présida les États que les Ligueurs tinrent à Paris en 1593; il mourut en apprenant l'entrée de Henri IV dans Paris. Il est fort maltraité dans la Satire Ménippée.

PELLICO (Silvio), écrivain piémontais, né en 1789 à Saluces, m. en 1854, passa 4 années à Lyon, étudiant la langue et la littérature françaises, fut nommé en 1810 professeur de langue française au collége des Orphelins de Milan, se lia dans cette ville avec les principaux représentants de la littérature italienne, particulièrement avec Monti et Foscolo, donna en 1819 la tragédie de Francesca di Rimini, qui fut accueillie avec enthousiasme; fonda, avec Sismondi, Romagnosi et Manzoni, un journal destiné à répandre les idées libérales, Il Conciliatore, qui fut bientôt supprimé par le gouvernement autrichien; se vit, en 1820, lors de l'explosion des révolutions de Naples et de Piémont, arrêté comme suspect et fut condamné à mort en 1822. La peine fut commuée en 16 années de carcere duro, qu'il alla subir au Spielberg : il fut gracié dans la 9e année et reconduit en Piémont. Il a raconté ses souffrances avec une simplicité touchante dans un ouvrage qui a joui d'une grande popularité, Le mie Prigioni (1833), dont on compte en français plus de dix traductions. Depuis sa mise en liberté, il vécut à Turin dans la retraite, la prière et l'étude. On a de lui 7 tragédies, composées pour la plupart dans sa captivité et qui presque toutes ont eu du succès; 12 Cantiche, petits poëmes narratifs tirés des annales de l'Italie; un traité estimé de morale chrétienne, les Devoirs de l'homme, et un recueil de Poésies diverses. Comme poëte tragique, Silvio Pellico se proposa Alfieri pour modèle; mais il est loin de l'énergie de ce maître; il brilla plutôt par la grâce et la douceur que par la force. On a publié après sa mort ses Œuvres posthumes, ses Mémoires et sa Correspondance. M. Ant. de Latour a traduit ses Lettres avec des fragments de ses Mémoires, Paris, 1857.

PELLISSON ou PÉLISSON (Paul), né en 1624, à Béziers ou selon quelques-uns à Castres, m. en 1693, fut d'abord avocat à Castres, vint à Paris pour y jouir du commerce des gens de lettres, y acheta une charge de secrétaire du roi, devint en 1657 premier commis de Fouquet, et fut nommé conseiller d'État en 1660. Il partagea la disgrâce de Fouquet et fut incarcéré à la Bastille en 1661, mais il refusa de rien dire contre son ancien protecteur, et s'honora en rédigeant trois Mémoires pour sa défense. Louis XIV, afin de l'empêcher d'écrire davantage, lui fit enlever l'encre et le papier; il y suppléa en faisant un crayon avec le plomb des vitres de sa prison, et en écrivant sur les marges des livres laissés à sa disposition. Il ne sortit de prison qu'au bout de cinq ans. Il rentra depuis en grâce, fut nommé historiographe, avec une pension de 6000 fr., et fut admis à l'Académie française. Né protestant, il abjura, ce qui augmenta encore son crédit. Outre ses Mémoires pour Fouquet, qu'on regarde comme le chef-d'œuvre de l'éloquence judiciaire au XVIIe s., on lui doit une Hist. de l'Acad. française depuis son origine jusqu'à 1653 (continuée par d'Olivet). On n'a que des fragments d'une Hist. de Louis XIV jusqu'à la paix de Nimègue, qu'il avait entreprise comme historiographe. Il a aussi écrit depuis sa conversion sur des matières théologiques. On doit à M. Marcou une bonne Étude sur Pellisson, 1859.

PELLOUTIER (Simon), historien, né à Leipsick en 1694 d'une famille chassée de France par la révocation de l'Édit de Nantes, m. en 1757, était ministre de l’Église française à Berlin, membre de l'Académie et bibliothécaire de cette ville. Il a donné entre autres écrits, une Histoire des Celtes, La Haye, 1740, réimprimée en 1771 avec de grandes augmentations.

PÉLOPIDAS, illustre Thébain, ami d'Épaminondas, était fort riche et très-brave. Banni par les Spartiates qui avaient surpris la Cadmée, il se mit à la tête des exilés, et eut la principale part au complot par lequel les Spartiates furent chassés de Thèbes, 379 av. J.-C. Dans la guerre qui en résulta, il sut gagner l'alliance d'Athènes, et eut presque tout l'honneur des succès de Platée, de Tanagre, de Thespies et de Tégyre. Il commandait le bataillon sacré à Leuctres et suivit Épaminondas lors de son expédition dans le Péloponèse (370 et 369). Il fut ensuite envoyé pour secourir les villes thessaliennes contre le tyran Alexandre de Phères (368), puis alla pacifier la Macédoine en la soumettant à l'influence thébaine; à son retour, il fut pris en Thessalie par le tyran Alexandre en 367, mais fut délivré par Épaminondas. Entré pour la 3e fois en Thessalie en 364, il y périt en poursuivant les fuyards après avoir vaincu à Cynoscéphales. Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa Vie.

PÉLOPIDES, descendants de Pélops.V. PÉLOPS.

PÉLOPONÈSE, Peloponesus (c.-à-d. île de Pélops), primitivement Apie, auj. Morée, presqu'île qui termine la Grèce au S., est jointe au continent par l'isthme de Corinthe. On la divise vulgairement en sept parties : l'Achaïe et la Corinthie au N., l'Argolide à l'E., la Laconie et la Messénie au S., l'Élide à l'O. et l'Arcadie au centre; mais ces divisions varièrent fréquemment. — Le Péloponèse fut peuplé par les Pélasges, d'où le nom de Pelasgia qu'il porta d'abord. Dans l'origine, on y comptait un grand nombre de petits États indépendants : Sparte, Sicyone, Argos, Corinthe, Mycènes, Tirynthe, Hermione, Épidaure, Trézène, Cléones, Pylos, Pise, Tégée, la confédération achéenne, qui comprenait 12 villes, etc. Peu à peu la plupart de ces petits États furent soumis par les États plus puissants, et il se forma quelques puissances prépondérantes, qui finirent par céder la prééminence à Sparte. Parmi les évènements qui peuvent former l'histoire du Péloponèse, on doit remarquer la fondation des royaumes d'Argos par Inachus, vers 1986, de Sicyone, vers 1920, de Sparte, vers 1880, de Corinthe, vers 1350; l'arrivée du Phrygien Pélops, qui règne en Élide vers 1350 et donne son nom à toute la presqu'île; l'expulsion des Héraclides vers 1300, leurs diverses tentatives pour rentrer dans le Péloponèse, leur retour définitif, dû à l'aide des Doriens, 1190; l'occupation des principaux trônes du pays par les divers princes de cette famille; les guerres de Messénie (743 et 685); l'établissement de la prépondérance des Spartiates dans le Péloponèse, leur rivalité avec les Athéniens, rivalité qui donna naissance à la, guerre du Péloponèse (431-404) et amena la domination de Sparte; les guerres de Sparte et de Thèbes (371-363), pendant lesquelles le Péloponèse fut plusieurs fois envahi; les efforts de la ligue achéenne pour repousser le joug des Romains, la lutte de cette ligue contre Sparte, enfin la réduction du Péloponèse et du reste de la Grèce en province romaine par Mummius sous le nom d’Achaïe (146). Sous l'empire grec, la Péninsule forma, avec l'île de Crète, le thème du Péloponèse, qui avait pour capit. Corinthe. Après la conquête de Constantinople par les Latins, les Français eurent pour lot le Péloponèse, alors appelé Morée (1204); puis ce pays passa entre les mains des Vénitiens, qui y formèrent plusieurs établissements. V. MORÉE.

PELOPONÈSE (Guerre du), grande guerre que se firent Athènes et Sparte, et à laquelle prirent part tous les peuples de la Grèce; elle dura 57 ans, de 431 à 404 av. J.-C. Les Lacédémoniens avaient pour alliés principaux les Corinthiens, les Stoliens, les Phocidiens, les Locriens, les Béotiens et tous les peuples du Péloponèse, excepté les Achéens et les Argiens; les Athéniens avaient dans leur parti les Acarnaniens, Naupacte, Platée, Corcyre, les villes de Thrace et de Thessalie, la plupart des îles grecques et toutes les côtes de l'Asie et de l'Hellespont. Sparte était surtout forte sur terre, Athènes sur mer.

Cette guerre se divise en trois périodes : la 1re de 431 à 421, est remplie par les ravages successifs de l'Attique et de la Laconie, par des revers et des succès balancés, et par une peste terrible qui désola Athènes et qui enleva Périclès dès 429 : une trêve de 50 ans négociée par Nicias termine cette période. La 2e (421-412) est signalée par la désastreuse expédition des Athéniens en Sicile où les Spartiates envoyèrent Gylippe au secours de Syracuse, par l'exil d'Alcibiade, et par une foule de petites hostilités en Grèce. La 3e commence en 412 et a principalement l'Orient pour théâtre : Athènes commet de nouvelles fautes, et exile de nouveau Alcibiade, son meilleur général, qui va se joindre à ses ennemis; le grand roi intervient en faveur de Sparte. Malgré le désastre des Péloponésiens aux îles Arginuses, 406, Lysandre, amiral Spartiate, après avoir obtenu divers succès, gagne la bataille décisive d'Ægos-Potamos (405) et prend Athènes l'année suivante, après un siége mémorable : ses murailles furent détruites, ses vaisseaux brûlés, et elle perdit ses colonies. — La guerre du Péloponèse eut pour occasion la guerre qui s'était élevée entre Corcyre et Corinthe, sa métropole, guerre dans laquelle Athènes avait pris parti pour Corcyre, et Sparte pour Corinthe; mais elle avait pour véritable cause la rivalité de Sparte et d'Athènes, les deux puissances dominantes de la Grèce. Les résultats de cette guerre furent temporairement avantageux à Sparte, qu'elle éleva au premier rang, dont elle accrut la marine et la puissance continentale; mais elle fut fatale à la Grèce qu'elle divisa et affaiblit; de plus, en faisant intervenir l'étranger dans ses querelles, elle détruisit l'esprit national, qui avait jusque là fait sa force, et prépara ainsi son asservissement.

PÉLOPS, fils du roi de Lydie Tantale, fut tué, selon la Fable, par son propre père (V. TANTALE), et ses membres furent servis aux Dieux dans un repas, un jour qu'ils étaient venus visiter Tantale. Jupiter, reconnaissant aussitôt ce mets horrible, réunit les membres épars du jeune prince (sauf une épaule, qui avait été mangée par Cérès), lui rendit la vie, et remplaça par une épaule d'ivoire celle qui lui manquait. Pélops, plus tard, passa en Élide, obtint par une ruse la main d'Hippodamie, fille d'Œnomaüs, roi du pays (V. ŒNOMAÜS), et régna après lui sur la plus grande partie de la presqu'île qui a pris son nom. On place son règne vers 1350 av. J.-C. Pélops eut pour fils Atrée, Thyeste, Pitthée, Trœzen, qui sont souvent nommés les Pélopides.

PÉLORE (cap), promontoire de la Sicile ancienne, à la pointe N. E., est auj. le cap di Faro. Il portait le nom d'un pilote d'Ulysse, qui s'y noya.

PELTIER (Gabriel), écrivain royaliste, né en 1765 à Gonnor (Maine-et-Loire), rédigea les Actes des Apôtres, pamphlet périodique, qui parut en 1789, et qui était dirigé contre la Révolution. Il s'enfuit à Londres après le 10 août et y écrivit encore contre les divers gouvernements qui se succédèrent jusqu'à la Restauration : ses violentes attaques contre le 1er consul ne furent pas étrangères à la rupture de la paix d'Amiens. Il ne revint en France qu'en 1820 et mourut en 1825, sans avoir rien pu obtenir des Bourbons qu'il avait servis.

PÉLUSE, Pelusium, primitivt Avaris, en égyptien Péromi, auj. Tinéh, v. et port de l'anc. Égypte, au N. E., sur la bouche orient. du Nil, dite bras Pélusiaque, et près de son embouchure, était située au milieu de lagunes et de marais, d'où son nom qui, dans la langue du pays, veut dire Ville de boue. Il n'en reste que des ruines. L'astronome Ptolémée était de Péluse. — Cette ville, placée sur la frontière du côté de l'Arabie et de la Syrie, était la clef de l'Égypte; elle fut fréquemment exposée aux attaques des conquérants : les Hycsos l'occupèrent longtemps; l'armée de Sennachérib y fut défaite par Séthos, et celle des Égyptiens par Cambyse en 525 ; elle fut prise par Iphicrate en 374, et par les Perses en 309, par les Romains après la bataille d'Actium, 31 av. J.-C. Éloignée autrefois de la mer de 3 ou 4 kil. seulement, elle en est auj. à 8 kil., par suites des atterrissements du fleuve. Voisine de Port-Saïd, tête du Canal de l'isthme de Suez, elle est appelée à reprendre une grande importance. — Napoléon avait fait Monge comte de Péluse.

PÉLUSIAQUE (bras), bras du Nil, ainsi appelé de la ville de Péluse, voisine de son embouchure, était aussi appelé Bras Bubastique, de la ville de Bubaste qu'il arrosait. Ensablé aujourd'hui, il a fait place au canal d’Abou-Meneggeh.

PÉLUSSIN, ch.-l. de cant. (Loire). à 22 kil. E. de St-Étienne; 4039 hab. Fabriques de drogues et d'acide gallique; moulins à soie.

PELVI. V. PEHLVI.

PELVOUX (mont), mont. du dép. des Htes-Alpes, au N. E. de la Vallouise (canton de l'Argentière), a 3035m ou même, selon quelques-uns, 4115m de hauteur.

PEMBROKE, v. d'Angleterre, dans le pays de Galles, anc. ch.-l. du comté de son nom, au fond de la baie de Milford, et à 325 kil. O. de Londres; 6500 hab. Port de refuge, arsenal de marine; trois églises, école latine. Ville très-ancienne et jadis forte; sa citadelle, qui avait tenu pour Charles I, fut démantelée en 1649 par Cromwell. — Le comté, entre ceux de Cardigan au N. E., de Caermarthen à l'E., le canal de Bristol au S. et celui de St-George au N. O., a 60 kil. sur 44 et compte 90 000 hab. Il a auj. pour ch.-l. Haverfordwest.

PENAFIEL, v. d'Espagne (Valladolid), au confluent du Douro et du Duranton, à 50 kil. S. E. de Valladolid; 3300 h. Titre d'un marquisat créé par Philippe III pour le duc d'Ossuna.

PENAFIEL DE SOUZA, v. du Portugal (Minho), ch.-l. de comarque, à 40 kil. S. E. de Braga; 2500 hab. Anc. évêché, réuni à celui de Porto.

PENAFLOR, v. d'Espagne (Andalousie), sur la r. dr. du Guadalquivir, à 60 kil. S. O. de Cordoue; 2200 hab. Antiquités romaines. Patrie du médecin arabe Avenzoar.

PENALBA, bg d'Espagne (Saragosse), à 65 kil. S. E. de Saragosse; 800 hab. L'archiduc Charles y remporta un avantage sur Philippe V en 1710.

PENANG. V. PRINCE DE GALLES (Ile du).

PÉNATES, dieux domestiques des Romains, que l'on confond communément avec les Lares. Quelques-uns les distinguent et prétendent que les Pénates étaient chargés du soin d'acquérir les richesses et les Lares de les conserver. Du reste, tout ce qui se dit des Lares s'applique aux Pénates. V. LARES.

PENDENISSE, Pendenissum, auj. Behesni, v. forte de la Comagène, au S. O. de Samosate, fut assiégée par Cicéron et prise après un siége de 57 jours, l'an 51 av. J.-C.

PENDJAB (c.-à-d. Pays des cinq rivières), anc. prov. du roy. de Lahore, dont il formait la partie S. O., a pour bornes au N. E. le Kouhistan indien, au S. E. l'Hindoustan, au N. O. l'Afghanistan; villes principales : Amretsyr (ch.-l.) et Lahore. Les 5 rivières auxquelles le pays doit son nom sont le Djelem, le Tchennab, le Ravéi, le Beyah et le Setledje (outre le Sind, qui les reçoit toutes et qui forme la limite à l'O.). Ce pays a été annexé en 1849 aux possessions anglaises et compris d'abord dans la présidence de Calcutta, dont il formait une province. En 1859, il a été érigé en une présidence spéciale, et on y a ajouté la vice-présidence des provinces du Nord-Ouest. Cette nouvelle présidence, presque aussi grande que la France, a une superficie de 485 330 kil. carrés, compte 46 millions d'habitants et a pour capit. Lahore.

PENDJNAD, gros cours d'eau, formé de la réunion des 5 grandes rivières qui arrosent le Pendjab (V. ce nom), se jette dans le Sind ou Indus.

PENDRAGON. V. PENTEYRN.

PÉNÉE, Peneus, auj. Salembria, fleuve de Thessalie, avait sa source au nœud du Pinde et des monts Cambunieris, sur les confins de la Thessalie et de la Macédoine, parcourait dans son cours sinueux une partie de la Thessalie, coulait entre l'Olympe et l'Ossa, arrosant la vallée de Tempe, passait à Tricca, Gomphi, Larisse, Gyrtone, et se jetait dans le golfe Thermaïque. Il avait pour principal affluent l'Énipée. Selon la Fable, le fleuve Pénée était père de Daphné, qui fut changée en laurier, ce qui veut dire que ses bords étaient couverts de lauriers.

PÉNÉE, auj. le Gastouni, riv. d'Élide, sortait du mont Érymanthe, sur les frontières de l'Élide, de l'Achaïe et de l'Arcadie, coulait de l'E. à l'O., recevait à gauche le Ladon, passait par Élis, et se jetait dans le golfe Chélonique, en face de Zacynthe

PÉNÉLOPE, femme d'Ulysse, fille d'Icarius, prince spartiate, et mère de Télémaque, est célèbre par la résistance qu'elle opposa constamment aux demandes de ceux qui prétendaient à sa main pendant l'absence d'Ulysse, absence qui dura 20 ans, et par les stratagèmes à l'aide desquels elle les ajournait indéfiniment. Elle avait promis de faire un choix lorsqu'une toile qu'elle ourdissait serait finie, mais elle défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour. Une tradition contraire, mais sans autorité, niait cette persévérante fidélité, et disait qu'Ulysse, outré de ses déportements, la chassa après son retour

PÉNESTES, peuple de l'Illyrie mérid., sur les frontières de l'Épire, borné à l'E. par l'Élymiotide. C'était un reste des anciens Pélasges.

PÉNISCOLA, v. forte d'Espagne (Valence), à 130 kil. N. N. E. de Valence, sur un rocher qui forme presqu'île; 2000 h. Château fort. — Conquise sur les Maures en 1233 par Jayme I, roi d'Aragon, qui la céda aux Templiers; à l'extinction de cet ordre, elle passa à celui de Montesa. L'anti-pape Pierre de Luna (Benoît XIII) et son successeur Giles Munoz (Clément VIII) y résidèrent de 1415 à 1424. Les Français, commandés par Suchet, prirent cette ville en 1811 et la gardèrent jusqu'en 1814.

PENMARCH, bourg du dép. du Finistère, à 28 k. S. O. de Quimper, à l'extrémité de la pointe qui prend son nom; 2029 hab. Roches granitiques très-pittoresques; ruines d'une ville ancienne.

PENN (William), législateur de la Pensylvanie, né à Londres en 1644, m. en 1718, était fils de sir W. Penn, amiral anglais, qui rendit de grands services aux Stuarts. Il voyagea en France et dans les Pays-Bas, se fit quaker à son retour, et fut pour ce fait emprisonné en Irlande et chassé par son père du seuil domestique. Il se mit néanmoins à écrire en faveur de la tolérance et de la liberté de conscience (1668) et à prêcher en faveur de la nouvelle secte, ce qui le fit deux fois enfermer à la Tour de Londres. Ayant hérité d'une créance de 400 000 fr. sur la couronne, il reçut en échange la propriété et la souveraineté du pays situé dans l'Amérique du Nord à l'O. de la Delaware. Il y fonda en 1681 la belle colonie qui prit de lui le nom de Pensylvanie. Il y ouvrit un asile à tous les sectaires, fit avec les sauvages des traités qu'il exécuta ponctuellement et qui lui assurèrent leur amitié, abolit l'esclavage, donna aux colons une constitution (qui fut la base de celle des États-Unis), et bâtit Philadelphie. De retour en Angleterre, il obtint la faveur de Jacques II. Mal vu en conséquence du roi Guillaume, il fut dépouillé de son gouvernement; mais il le recouvra en 1696, et alla passer deux ans en Amérique (1699-1701). Il revint encore une fois en Angleterre afin d'obtenir quelques concessions en faveur du commerce de la nouvelle colonie, et y mourut pendant ce dernier séjour. Penn est cité comme un modèle de sagesse et de philanthropie: Montesquieu le nomme le Lycurgue moderne. Ses Œuvres complètes forment 1 vol. in-fol., 1726; ses Œuvres choisies, 4 vol. in-8, 1782. Sa Vie a été écrite par Marsillac, Paris, 1791. Des Mémoires sur sa vie ont été publ. par Clarkson, Londres, 1813.

PENNANT (Thomas) naturaliste anglais, né en 1726 à Downing (Flint), mort en 1798, cultiva la science par goût. On a de lui Zoologie britannique, 1761-68; Synopsis des quadrupèdes, 1771-81; Zoologie arctique, 1784-87, trad. par Letourneur sous le titre de le Nord du globe, et d'intéressants voyages dans les différentes parties de la Grande-Bretagne.

PENNE, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), près de la r. g. du Lot, à 9 kil. E. de Villeneuve-d'Agen ; 3008 h. Anc. château fort, pris par Montluc en 1562.

PENNI (Fr.), dit il Fattore (le garçon d'atelier), peintre florentin, 1488-1528, fut d'abord garçon d'atelier de Raphaël. Il se fit remarquer de ce grand artiste, qui lui donna des leçons, le traita comme un fils et l'institua son héritier conjointement avec Jules Romain. Il fonda dans Naples une école qui fut très-fréquentée; mais sa passion pour le jeu l'empêcha de s'enrichir. On admire surtout sa Ste-Famille, au musée de Vienne. Il était parvenu à imiter si bien la manière de Raphaël que dans quelques tableaux il est difficile de ne pas s'y méprendre.

PENNINES (Alpes). V. ALPES. — Le nom de Pennines, dérive du celtique pen, cime, sommet.

PENNINUS MONS, nom latin du Grand-St-Bernard.

PENON DE..., V. ALHUCEMAS, VELEZ, etc.

PENRITH, v. d'Angleterre (Cumberland), à 28 k. S. E. de Carlisle; 6000 hab. Bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle. Siége des assises, maison de correction. Ville ancienne, souvent prise et brûlée; ravagée par la pesta en 1597.

PENSACOLA, v. des États-Unis (Floride), jadis ch.-l. de l’État, à 230 kil. S. O. de Tallahassee, sur la baie de Pensacola; 2500 h. Port sûr et commode, qui peut contenir de grands vaisseaux; chantiers de construction, arsenal pour la marine. — Fondée par les Espagnols en 1696, cédée aux Anglais avec la Floride en 1763, reprise en 1781; occupée par les Américains en 1814 et 1818, cédée définitivement à ceux-ci en 1819, avec le reste de la Floride.

PENSIONNAIRE (GRAND-), dit aussi Adsessor juris peritus, titre qu'on donnait en Hollande au premier ministre des États, chargé de proposer au conseil le sujet des délibérations, de recueillir les suffrages, de recevoir les notes diplomatiques des puissances étrangères, et de surveiller l'administration des finances. Cette charge importante tirait son nom de la pension affectée comme traitement à celui qui l'occupait. Sa durée était de cinq ans; mais le grand pensionnaire pouvait être réélu. Jean de Witt, mort en 1672, et Heinsius, qui gouverna la Hollande à la place d'un stathouder (1689-1720), sont les plus célèbres des grands-pensionnaires. Le dernier fut Schimmelpenninck. — Chaque province et même chaque ville de Hollande avait en outre son Pensionnaire.

PENSYLVANIE, un des États-Unis de l'Amérique du Nord, borné par ceux de New-York au N., de Virginie et de Maryland au S., d'Ohio à l'O., de New-Jersey à l'E.: 448 kil. (de l'E. à l'O.) sur 240; 2 906 370 hab. La capitale est Harrisburg, mais Philadelphie (anc. ch.-l.) et Pittsburg ont bien plus d'importance. La Pensylvanie est traversée par les monts Alleghany, arrosée par la Susquehannah, la Delaware et l'Ohio, et sillonnée par de nombreux chemins de fer. Climat tempéré; sol très-fertile : céréales, tabac, vignes et mûriers, dont la culture réussit mieux qu'en aucun autre État de l'Union. Vastes forêts, beaux pâturages; élève de bestiaux. Industrie active : toiles, poterie, savon, forges, papeterie, verrerie, corderies, chantiers, etc. Houille, fer, cuivre, plomb, émeraudes, etc. — La Pensylvanie était, avant la venue des Européens, habitée par des tribus de la famille lennape, qui sont pour la plupart éteintes aujourd'hui. Ce pays, découvert ou visité par Walter Raleigh, fut enclavé dans ce qu'on appelait alors, en l'honneur d’Élisabeth, la Virginie, et colonisé avec les côtes voisines sous Jacques I. En 1681, le quaker W. Penn (V. ce nom) le reçut en échange d'une créance de sa famille sur la couronne : il alla s'y établir, d'où le nom de Pensylvanie (de Penn et du mot latin sylva, forêt, comme qui dirait Forêt de Penn), et lui donna une constitution. La Pensylvanie prit une part très-active à la guerre de l'indépendance : c'est une des 13 colonies anglo-américaines qui formèrent le noyau de l'Union. Elle adopta en 1787 la constitution des États-Unis. Sa constitution propre fut modifiée en 1776, 1790 et 1838.

PENTAPOLE (du grec penté, cinq, et polis, ville), nom donné par les anciens à plusieurs contrées où se trouvaient cinq villes principales. On connaît surtout : la Pentapole de Libye, dans la partie N. E. delà Cyrénaïque : elle comprenait les cinq villes de Cyrène, Bérénice, Arsinoë, Apollonie et Ptolémaïs; — la Pentapole de Palestine, dans le S. de cette contrée : elle était composée de Sodome, Gomorrhe, Adama, Seboïm et Ségor, situées sur les bords du lac Asphaltite; les 4 premières furent détruites par le feu du ciel; — la Pentapole des Philistins, sur la côte S. O. de la Palestine, depuis le torrent de Séhor jusqu'au fleuve de Gabaa, comprenant Gaza, Ascalon, Azoth, Gad et Accaron; — la Pentapole Dorienne, union des 5 villes doriennes du S. O. de l'Asie-Mineure, Cnide, Cos, Lindos, Jalisos et Camiros, dont les députés se rendaient, pour célébrer des jeux en l'honneur d'Apollon, dans le temple bâti sur le cap Triopion, près de Cnide; — la Pentapole d'Italie, dans l'exarchat de Ravenne, formée des villes de Rimini, Pesaro, Fano, Sinigaglia, Ancône : elle fut conquise sur les Lombards par Pépin le Bref, qui la donna aux papes.

PANTATEUQUE (de penté, cinq, teukhê, choses, livre), nom que l'on donne à cette partie de la Bible qui comprend les 5 livres écrits par Moïse : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.

PENTATHLE, exercice agonistique des Grecs, composé de 5 épreuves (pente, athlos) : la lutte, le saut, la course, le disque, le pugilat. V. OLYMPIQUES (Jeux).

PENTECÔTE (du grec pentecostè, cinquantième, sous-ent. jour), fête instituée en mémoire de la descente du St-Esprit sur les Apôtres, qui eut lieu 50 jours après la résurrection de J.-C. — Les Juifs avaient antérieurement leur Pentecôte : elle avait été instituée en mémoire de ce que Dieu leur donna sa loi sur le mont Sinaï 50 jours après la sortie d’Égypte.

PENTÉLIQUE, mont. de l'Attique, au N. E. d'Athènes, célèbre par ses beaux marbres blancs, tirait son nom d'un bourg de Pentélé situé à ses pieds. C'était un rameau détaché du Parnès, séparant la plaine d'Athènes de celle de Marathon.

PENTEYRN, vulgairement Pendragon, nom donné par les anciens Bretons de la Grande-Bretagne au chef général de leurs troupes lorsqu'ils se confédéraient. Le penteyrn jouissait d'un pouvoir dictatorial. Wortigern, Vortimer, Nazaleod furent penteyrns à l'époque de l'invasion anglo-saxonne.

PENTHÉE, Pentheus, fils et successeur du roi de Thèbes Échion, s'étant violemment opposé au culte de Bacchus, périt de la mort la plus déplorable : il fut égorgé et mis en lambeaux pendant les fêtes de Bacchus par sa propre mère Agave et par ses deux tantes, qui, aveuglées par Bacchus, le prirent pour un lion. Il est à croire que Penthée défendit l'introduction de la vigne dans ses États, et excita par là quelque sédition furieuse. — V. PANTHÉE.

PENTHÉSILÉE, Penthesilea, reine des Amazones, alliée de Priam, vint au secours de Troie dans les dernières années du siége, et périt sous les coups d'Achille qui, en la dépouillant pour prendre ses armes, fut si frappé de sa beauté qu'il la pleura.

PENTHIÈVRE, ancien comté de Bretagne, au N. O., répondait à la plus grande partie du dép. des Côtes-du-Nord et comprenait les villes de Lamballe, Guingamp, Moncontour, La Roche, Jugon et Loudéac : c'était l'apanage des fils cadets des ducs de Bretagne. Créé en 1034 pour Eudes, 2e fils de Geoffroi, comte de Rennes et duc de Bretagne, il fut réuni au duché en 1272 ; il en fut encore détaché en 1317 pour Guy, 2e fils d'Arthur II. Jeanne, fille de Guy, l'apporta à Charles de Blois, son époux; mais Jean de Montfort la reprit en 1420. Réuni à la couronne de France avec le duché de Bretagne, ce comté fut érigé en duché par Charles IX en 1569 pour Sébastien de Luxembourg, et par Louis XIV en 1697 pour son fils naturel, le comte de Toulouse. Il passa en 1769 dans la maison d'Orléans par le mariage de l'héritière de Penthièvre avec le duc de Chartres, depuis duc d'Orléans. Un fils du prince de Joinville, né en 1845, porte encore le titre de duc de Penthièvre.

Fort du Morbihan, sur l'isthme de Quiberon, à 7 k. N. de Quiberon. Les émigrés le prirent en 1795, mais il fut presque aussitôt repris par Hoche.

PENTHIÈVRE (L. J. Marie DE BOURBON, duc de), fils du comte de Toulouse et dernier héritier des fils légitimés de Louis XIV, né à Rambouillet en 1725, m. en 1793, servit sous le maréchal de Noailles, se distingua à Dettingen, à Fontenoy, et garantit la Bretagne d'un débarquement des Anglais. Ayant quitté le service de bonne heure, il se retira dans son château de Rambouillet, puis dans la belle résidence de Sceaux, se livrant aux exercices d'une piété austère et exerçant toutes les vertus. Il eut la douleur de voir mourir son jeune fils, le prince de Lamballe, et de survivre à sa belle-fille, égorgée par les septembriseurs en 1792. Son nom était populaire; aussi ne fut-il pas personnellement atteint par les excès révolutionnaires. Florian, son protégé, lui a dédié ses Fables. La Vie du duc de Penthièvre, par Mme Guénard, n'est qu'un roman. Les Mémoires publiés sous son nom par Fortaire en 1808 sont plus exacts.

PENZA, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt de Penza, au confluent de la Penza et de la Soura, à 1400 kil. S. E. de St-Pétersbourg et à 698 de Moscou ; 20 000 hab. Évêché, tribunaux; gymnase, séminaire grec. Commerce actif de cuirs et savons; manuf. de verrerie et cristaux. Foire importante. — Le gouvt de Penza, entre ceux de Nijnéi-Novogorod au N., de Saratov au S., de Simbirsk à l'E., de Tambov à l'O., a 233 k. (de l'E. à l'O.) sur 226, et compte 1 100 000 h. de races diverses, Russes, Tchérémisses, Tchouvaches, Kalmouks, Baskirs, etc. Climat tempéré, sol fertile en grains et lin. Vitriol, fer, soufre.

PENZANCE, v. et port d'Angleterre (Cornouailles), sur le bord N. O. de Mountsbay, à 16 k. E. du cap Land's-end et à 100 k. S. O. de Launceston; 9000 h. Port pour de petits bâtiments; bains de mer. Climat très-doux qui a fait surnommer ce lieu le Montpellier de l'Angleterre. Mines d'étain. Patrie de H. Davy.

PÉON, Pæon, médecin des dieux, selon la Fable, guérit Mars, blessé par Diomède, et Pluton, blessé par Hercule. Il n'est peut-être autre qu'Apollon envisagé comme dieu de la médecine. V. PÉAN.

PÉONIE, Pæonia, région de la Grèce comprise moitié dans la partie N. O. de la Macédoine, moitié dans la partie S. E. de la Thrace, avait pour bornes la chaîne des monts Orbelus et Cercinus, la Pélagonie, les Agriani, et était arrosée par l'Axius et le Strymon. Ses habitants, de race pélasgique, étaient sauvages, braves et endurcis aux fatigues. Philippe et Alexandre soumirent ce peuple, tout en lui laissant ses rois indigènes. Il suivit dès lors les destinées de la Macédoine. Lors de la division de l'Empire au IVe s., la Péonie forma, avec quelques cantons voisins, la Macédoine 2e ou Salutaire.

PÉPARÈTHE, auj. Piperi, îlot de la mer Égée, sur la côte de Macédoine, au N. E. d'Halonesus.

PÉPÉ (Guill.), général napolitain, né en 1782 à Squillace en Calabre, m. en 1855, s'enrôla sous le drapeau républicain lors de la proclamation de la République parthénopéenne par les Français et combattit les troupes royales, puis s'attacha au roi Joseph et à Murat, et se distingua par des faits d'armes qui lui valurent le grade de général et le titre de baron. Il seconda en 1820 la révolution qui imposa au roi Ferdinand une constitution, prit en 1821 le commandement de l'armée insurrectionnelle des Abruzzes, mais ne put résister aux troupes autrichiennes et se réfugia en Espagne, puis en Angleterre. Il reparut en 1848 lors du soulèvement de la Lombardie, et retourna à Londres après le nouveau triomphe des Autrichiens. Il avait fait paraître dès 1822 une Relation des événements de 1820 et 1821; il a publié en outre en 1846 des Mémoires, écrits en français.

PÉPIN DE LANDEN, le Vieux, maire du palais en Austrasie sous Clotaire II, sous Dagobert I et pendant la minorité de Sigebert II, était d'abord chef du pays d'Hasbain, dans la Tongrie. Il fit prononcer en 622 la séparation de l'Austrasie, en fut nommé maire, et s'illustra par ses vertus. Il maria Begga, sa fille, à Ansegise, un des principaux officiers de Sigebert II (union d'où naquit Pépin d'Héristal), et mourut en 639, laissant la mairie à son fils Grimoald. Pépin favorisa la propagation du Christianisme sur les bords du Rhin, seconda énergiquement S. Amand et fut regardé comme saint. L'Église le fête le 21 février.

PÉPIN D'HÉRISTAL, le Gros, fils d'Ansegise et de Begga, et petit-fils de Pépin de Landen par sa mère, fut en 678 nommé avec Martin, son cousin, duc de l'Austrasie, devenue république, eut à lutter contre Ébroïn, maire de Neustrie, qui voulait étendre son pouvoir sur l'Austrasie, et fut vaincu à Leucofao (680). Resté cette même année seul chef par la mort de Martin, il remporta sur Thierry la victoire décisive de Testry (687), et devint dès lors l'arbitre de la Neustrie : il gouverna aussi ce pays avec le titre de maire du palais et y fit rapidement passer sur le trône plusieurs rois enfants, Clovis III (691), Childebert III (695), Dagobert III (711); il soumit les ducs des Bretons, des Frisons, des Allemands, et obtint quelques avantages sur Eudes, duc d'Aquitaine. Les discordes de ses deux femmes, Plectrude et Alpaïde, et le meurtre de Grimoald, un de ses fils, troublèrent ses derniers jours. Il mourut en 714, laissant le pouvoir à son fils Charles Martel.

PÉPIN LE BREF, roi des Francs, le premier roi de la dynastie carlovingienne, était fils de Charles Martel, et petit-fils du précéd. Il obtint à la mort de son père (741) la Neustrie et la Bourgogne, tandis que Carloman, son frère, avait l'Austrasie et la Souabe, fit cesser l'interrègne qui durait depuis 737 en Neustrie, en couronnant Childéric III en 742, devint, lors de l'abdication de Carloman, en 747, duc d'Austrasie, au préjudice de ses neveux qu'il fit moines; puis, en 752, s'appuyant d'une réponse du pape Zacharie, déposa le roi Childéric III, se fit proclamer roi au champ de mai de Soissons et couronner par S. Boniface. Il fit deux expéditions en Italie contre les Lombards (753 et 756), leur enleva l'exarchat, ainsi que la Pentapole, qu'il donna au S.-Siége, et fut sacré de rechef par Étienne II. Il fit une guerre à mort aux Aquitains, guidés successivt par Hunald et par Waïfre, conquit leur pays, ainsi que la Septimanie, et mourut en 768, après avoir partagé ses États entre ses deux fils, Carloman et Charlemagne. Pépin était de petite taille, ce qui lui valut son surnom. Craignant que sa petitesse le livrât aux railleries des guerriers de l'époque, il poussa la bravoure jusqu'à la témérité : on raconte qu'un jour il s'élança dans l'arène pour séparer un lion et un taureau qui étaient aux prises.

PÉPIN, fils aîné de Charlemagne, fut fait roi d'Italie à cinq ans, en 781. Il se signala, sous les ordres de son père, en combattant les Avares, les atteignit au confluent de la Drave et du Danube, força leur ring ou camp principal, et mit fin à leur empire (796). Dans le partage que Charlemagne fit de ses États à Thionville en 806, Pépin reçut, outre le titre de roi d'Italie, la Lombardie, la Bavière, l'Alémanie du S. et tout le pays à l'E. du Rhin-Supérieur, auxquels il joignit la Corse, 806, et les îles Vénitiennes, 810. Il mourut dès 810, laissant un fils, Bernard, qui lui succéda comme roi d'Italie.

PÉPIN I, roi d'Aquitaine, 2e fils de Louis le Débonnaire, reçut de lui l'Aquitaine lors du 1er partage (817), prit part aux deux révoltes de ses frères contre leur père, mais se ligua en 834 avec Louis de Bavière contre Lothaire pour rétablir Louis le Débonnaire et abandonna une partie de ses États en faveur de Charles le Chauve lors du 4e partage. Il mourut en 838 : adonné à l'ivrognerie, il avait abrégé sa vie par ses excès. — Pépin II, fils aîné du préc., devait hériter de l'Aquitaine à la mort de son père. Louis le Débonnaire ayant voulu la donner à Charles, il prit les armes et engagea une guerre qui se prolongea jusqu'après la mort de Louis le Débonnaire (840). Il s'allia avec Lothaire contre Louis de Bavière et Charles le Chauve, fut vaincu avec lui à Fontenay et se vit, au partage de Verdun (843), dépouillé une 2e fois de l'Aquitaine. Il s'y maintint néanmoins et, ayant battu les troupes de Charles près d'Angoulême, le força à le reconnaître de nouveau pour roi de ce pays, 845. Abandonné de ses sujets en 848 à cause de son inaction en face des Normands, il s'unit à ces pirates et prit Toulouse avec eux, 849; mais, après leur départ, il dut se réfugier chez les Basques, dont le chef Sanche le livra à Charles le Chauve, 852. Enfermé à St-Médard de Soissons, il réussit à s'en échapper, revint en Aquitaine, 854, s'unit de nouveau aux Normands contre Charles, 856, les aida à prendre Poitiers et plusieurs autres villes, 857, et obligea Charles à lui faire des concessions de territoire. Mais, en assiégeant une dernière fois Toulouse à la tête des Normands, 864, il tomba dans une embuscade : il fut condamné à mort par les grands du royaume, et jeté dans une étroite prison, à Senlis, où il mourut bientôt (864). Ses alliances avec les Normands, encore païens, l'avaient fait surnommer l’Apostat.

PEPLUM, vêtement de femme chez les Grecs; c'était une espèce de long voile servant de manteau, et attaché sur l'épaule par une agrafe. La statue de Minerve à Athènes était couverte d'un riche peplum, orné de broderies symboliques, que l'on portait en procession aux fêtes des Panathénées.

PEPYS (Samuel), secrétaire de l'amirauté sous Charles II et Jacques II, né en 1631, m. en 1703, avait contribué avec Montaigu (depuis comte de Sandwich) à faire rentrer Charles II en Angleterre. Il résigna ses fonctions à l'avénement de Guillaume d'Orange. Pepys était président de la Société roy. de Londres. Il a laissé des Mémoires qui offrent de précieux renseignements sur la cour des Stuarts et sur les mœurs du temps.

PÉRA, faubourg de Constantinople. V. ce nom.

PERALTA, v. d'Espagne (Pampelune), à 45 k. S. de Pampelune, sur la r. g. de l'Arga; 4000 h. Patrie de S. Joseph de Calasanzio. Vins dits de Rancio.

PERCEVAL (Spencer), ministre d'État anglais, né à Londres en 1762, était le 2e fils de John Perceval, comte d'Egmont et 1er lord de l'amirauté. Admis à la Chambre des Communes en 1797, il soutint avec talent le ministère, et devint successivt solliciteur, procureur général, chancelier de l'échiquier, en 1807, 1er lord de la trésorerie, en 1809. Il périt en 1812, assassiné dans la Chambre des Communes par un nommé Bellingham, dont il avait, dit-on, refusé d'accueillir les réclamations.

PERCHE, Perticum, Perticensis pagus, ancien pays de France, entre la Normandie au N., le Maine à l'O. et au S., l'Orléanais et l'île de France à l'E., était divisé en 4 parties : le Ht-Perche ou Grand-Perche, le Bas-Perche ou Perche-Gouet, les Terres Françaises, et les Terres démembrées avec le Thimerais. La 1re et la 3e partie formaient avec le Maine le grand gouvt de Maine-et-Perche; la 2e faisait partie du grand-gouvt d'Orléanais; la 4°, du grand-gouvt de l'Ile de France. — Le Ht-Perche (auj. dans les dép. de l'Orne et d'Eure-et-Loir) avait pour villes principales Corbon et Mortagne, Bellesme, Nogent-le-Rotrou. — Le Bas-Perche (auj. dans le dép. d'Eure-et-Loir) avait pour ch.-l. Montmirail; autres places, Brou, Alluye, Authon. — Les Terres Françaises ne consistaient que dans le ressort de la Tour Grise de Verneuil et l'abbaye de Tirou. — Le Thimerais (auj. partie du dép. d'Eure-et-Loir) avait pour places principales: Châteauneuf, Bressoles, Baroche, Senonches, Champron.

PERCIER (Charles), architecte, membre de l'Institut, né à Paris en 1764, m. en 1840, fut l'ami et le collaborateur de Fontaine, fut chargé, concurremment avec lui, des travaux de la Malmaison, puis de la restauration du Louvre et des Tuileries, construisit le grand escalier du Musée du Louvre et dirigea, sous Louis-Philippe, les travaux d'architecture dans la plupart des résidences royales. Le caractère distinctif de son talent est une exquise justesse de goût, secondée par une très-grande habileté dans le dessin. Il excellait surtout dans les décorations. Il a publié avec Fontaine d'importants ouvrages sur son art : Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome, 1798-. Recueil de décorations intérieures, 1812.

PERCY, ch.-l. de c. (Manche), à 26 kil. S. O. de St-Lô; 3003 hab. Berceau de la famille des Percy.

PERCY, noble et ancienne famille d'Angleterre, originaire de Normandie, a pour chef Guillaume Percy qui prit part à l'expédition de Guillaume le Conquérant en Angleterre. — Un autre Guill. Percy, petit-fils du préc., n'ayant pas d'enfant mâle, maria sa fille à Josselin de Louvain, à condition que ce seigneur prendrait le nom de Percy et s'établirait en Angleterre. — Un descendant de celui-ci, [[w:Henry de Percy (3e baron Percy)|Henri Percy]], général d’Édouard III, remporta en 1346 à Nevill's cross une grande victoire sur les Écossais et fit prisonnier leur roi, David Bruce. — Un 2e H. Percy se distingua aussi dans les guerres contre les Écossais, et fut fait comte de Northumberland par Richard II en 1377. Dans la suite, se croyant accusé injustement auprès de ce prince, il prit parti contre lui pour le duc de Lancastre (Henri IV), et contribua beaucoup à placer celui-ci sur le trône. Il battit les Écossais à Halidon en 1402; mais, l'année suivante, il se brouilla avec le roi Henri IV, et se révolta, ainsi que son fils, H. Percy, surnommé Hotspur (c.-à-d. ardent au combat) : le fils fut tué dans la bataille (1403); le père se soumit et obtint sa grâce. — Son frère, Thomas P., se révolta à son tour et fut tué en combattant, dans le comté d'York, en 1406. — Son petit-fils, nommé aussi [[w:Henry Percy (2e comte de Northumberland)|Henri]], fut rétabli dans ses honneurs par le roi Henri V. — Un autre de ses descendants, [[w:Thomas Percy (7e comte de Northumberland)|Thomas P.]], comte de Northumberland, fut accusé sous Élisabeth d'avoir favorisé les projets du duc de Norfolk en faveur de Marie-Stuart, leva l'étendard de la révolte, fut pris les armes à la main et décapité en 1572. — Cette maison s'est éteinte dans les mâles en Angleterre en 1670, dans la personne de [[w:Josceline Percy (11e comte de Northumberland)|Josselin, baron de Percy]], qui ne laissa qu'une fille. Les descendants de cette fille furent autorisés à reprendre le nom de Percy. — On assure qu'il existe à la Martinique des descendants mâles directs des Percy, sous le nom de Percin.

PERCY (P. François, baron), chirurgien français, né en 1754 à Montagney (Doubs), m. en 1825, fut sous la République chirurgien en chef des armées de la Moselle, de Sambre-et-Meuse et du Rhin, et fit presque toutes les campagnes de l'Empire. Il introduisit d'heureuses innovations dans le service médical des armées et créa, avec Larrey, les ambulances mobiles. En 1814, il sauva par ses soins plus de 12 000 blessés de l'armée des Alliés. Ayant suivi l'armée française à Waterloo en 1815, il fut destitué par Louis XVIII de toutes ses fonctions : il était alors inspecteur général du service de santé et professeur à la Faculté de médecine. Percy était membre de l'Académie et de l'Institut. On a de lui, entre autres écrits : Manuel du chirurgien d'armée, 1792; Pyrotechnie chirurgicale ou l'Art d'appliquer le feu en chirurgie, 1794.

PERDICCAS, nom de trois rois de Macédoine qui régnèrent : le 1er de 695 à 647 av. J.-C., le 2e de 452 à 429, le 3e de 366 à 360. Perdiccas II prit parti pour Sparte contre Athènes dans la guerre du Péloponèse. Perdiccas III eut à disputer le trône à Pausanias et à Ptolémée Aloritès : il l'emporta, avec l'appui d'Iphicrate, général athénien, sur ses compétiteurs. Il périt dans un combat contre les Illyriens.

PERDICCAS, un des généraux d'Alexandre, reçut l'anneau de ce prince mourant, ce qui semblait le désigner pour succéder au roi, fut un des quatre régents nommés après sa mort et fut chargé de faire le partage des provinces. Il ne se réserva aucune province particulière, mais il fit tous ses efforts pour être le seul maître de tout le royaume. Il allait, dans ce but, épouser Cléopâtre, sœur d'Alexandre, quand les autres généraux, Antigone, Cratère, Antipater, Ptolémée, craignant son ambition, se réunirent contre lui. Ptolémée, dont il avait envahi les États, lui livra bataille près de Memphis et le défit complètement : Perdiccas fut tué au passage du Nil par quelques-uns de ses officiers révoltés (321 av. J.-C.).

PERDU (mont), haut sommet des Pyrénées, sur le versant espagnol, à 40 k. N. E. de Jaca, a 3351m.

PÉRÉE, Peræa, partie de la Palestine, comprenait tout le pays à l'E. du Jourdain, nommé jadis Terre de Galaad, et s'étendait de l'Hiéromax à l'Arabie Déserte. On le subdivisait en Abylène, Trachonitide, Iturée, Gaulonitide, Décapole, Batanée, Pérée propre, Auranitide, Ammonitide, Moabitide. — La Pérée propre était bornée au N. par l'Hiéromax, au S. par l'Arnon, à l'O. par le Jourdain, à l'E. par le désert de Syrie, et avait pour ch.-l. une ville du Pella. — Cette contrée fut nommée Perée du grec pérân, traverser, parce que, pour y parvenir, on traversait le Jourdain.

PÉRÉFIXE (Hardouin de BEAUMONT de), né en 1605, m. en 1870, fut choisi en 1644 pour être précepteur de Louis XIV, devint en 1648 évêque de Rhodez, puis confesseur du roi, et fut nommé archevêque de Paris en 1662. Il avait été admis à l'Académie française en 1654. On a de lui la Vie de Henri IV, 1661, ouvrage écrit d'un style simple, et souvent réimprimé; Institutio principis, plan d'éducation pour un prince, et quelques autres écrits.

PÉRÉGRINUS, philosophe cynique du IIe s. de notre ère, né près de Lampsaque, passa sa jeunesse dans la dissipation, puis s'enfuit en Judée où il se fit chrétien, abandonna sa nouvelle religion pour prendre le manteau de philosophe, vint à Rome d'où il se fit chasser pour avoir déclamé contre l'emp. Marc-Aurèle, alla en Grèce où il excita la curiosité générale par ses bizarreries, et se brûla solennellement aux Jeux olympiques par ostentation, l'an 165. Lucien a justement ridiculisé ce faux sage dans La Mort de Pérégrinus.

PÉREIASLAVL, v. de la Russie d'Europe (Pultava), près du Dniepr, à 260 k. O. N. O. de Pultava; 10 000 h. Elle eut des souverains particuliers dès 1054, fut souvent ravagée par les Tartares, tomba au pouvoir des Polonais, et finit par retourner à la Russie, par l'effet de l'insurrection des Cosaques, qui la donnèrent au czar Alexis, 1654. — Une autre Péreiasiavl, jadis Marcianopolis, en Roumélie, est l'anc. capit. des Bulgares.

PEREIRA (D. Nunez Alvarez), premier connétable du Portugal, né en 1360, m. en 1431, était fils d'Alvarez Pereira, prieur de Crato. Bien qu'il eût été écuyer de la reine Éléonore Tellez, il se jeta, en 1383, dans le parti du régent, depuis Jean I : il réduisit pour lui diverses villes de l'Alentéjo et fut en récompense fait connétable. Il commanda une aile à la bataille d'Aljubarrota (1385), contribua à cette victoire qui consolida le trône de Jean I, et rendit beaucoup d'autres services à ce prince. En 1421, il se retira dans un couvent. On l'a surnommé le Cid portugais. Un poëme a été composé à sa louange par Rodr. Lobo, 1785.

PEREIRA (Gomez), médecin espagnol, publia en 1554 à Médina un traité médical et philosophique qu'il intitula Antoniana Margarita (du nom de son père Antoine et de sa mère Marguerite), et dans lequel il soutenait que les bêtes sont de pures machines : on a prétendu que Descartes lui avait emprunté ce paradoxe.

PEREIRA DE CASTRO (Gabriel), poëte portugais, né en 1571, m. en 1632, a composé sur la fondation de Lisbonne une épopée intitulée l'Ulyssea (1636), qui brille surtout par le style.

PÉREIRE (Rodrigue), israélite espagnol, né en 1715 dans l'Estramadure, m. à Paris en 1780, apporta en France, avant l'abbé de l’Épée, une méthode d'enseignement pour les sourds-muets (la Dactylologie) et qui obtint en 1749 le suffrage de l'Acad. des sciences. — Ses petits-fils, MM. Émile et Isaac P. se sont fait un nom dans les affaires et l'industrie, et ont été les promoteurs des principaux chemins de fer français.

PÉRÉKOP, le Taphros des Grecs, v. de la Russie d'Europe (Tauride), ch.-l. de cercle, au fond du golfe de Pérékop et sur l'isthme de même nom, à 124 kil. N. de Simféropol; 1200 hab. Citadelle, lacs salés, grand commerce de sel. — Le nom grec de cette ville signifie fossé : il lui fut donné à cause d'un fossé qui dès lors coupait l'isthme d'une mer à l'autre. Le nom russe de Pérékop signifie fossé, retranchement. Les Russes prirent Pérékop sur les Turcs en 1736 et 1771; la possession leur en fut assurée en 1783. — L'isthme de Pérékop est une étroite langue de terre qui unit la Crimée au continent par son extrémité N. N. O. Il est situé entre la Sivache ou mer Putride à l'E. et le golfe de Kerkinit ou de Pérékop à l'O., dans la mer Noire. Sa largeur est de 8 kil. environ. Il est coupé dans toute sa largeur par un fossé à sec garni de redoutes, fossé qui forme la partie principale des défenses dites Lignes de Pérékop. PÈRES CONSCRITS, Patres Conscripti, pour Patres et Conscripti, nom que les Romains donnaient à leurs sénateurs, désignait et les sénateurs primitifs (Patres), créés par Romulus, et ceux qui avaient été ajoutés depuis (conscripti).

PÈRES DE LA FOI. V. JÉSUITES.

PEREZ (Ant.), ministre de Philippe II. Chargé de servir l'amour du roi pour la princesse d'Éboli, il devint le rival heureux de son maître et fit tuer un certain Escovédo qui avait découvert l'intrigue et qui pouvait le trahir. Plus tard, le roi, instruit de sa conduite, se contenta de le faire condamner à deux ans de prison et huit ans d'exil. Perez s'échappa, fut repris à Saragosse, s'évada encore, et finit par se réfugier en France où Henri IV l'accueillit (1591), et où il mourut en 1611. Il a laissé de curieux Mémoires et des Lettres, dont le style est plein d'afféterie. M. Mignet a publié un livre intéressant sous le titre d’Antonio Perez et Philippe II, 1845.

PEREZ DE MONTALVAN (Juan). V. MONTALVAN.

PERFETTI (Bernardin), improvisateur siennois, né en 1681, m. en 1747, professait le droit à Pise. Il reçut un 1725 à Rome la couronne de poëte des mains du pape Benoît XIII. Sentant combien les improvisations perdent à la lecture, il ne voulut jamais reconnaître ce qu'on publiait de ses poésies. Le recueil le plus complet qui en ait paru est de Florence en 1748.

PERGAME, Pergama, citadelle de Troie. Son nom se prend souvent chez les poëtes pour Troie même.

PERGAME, Pergamus, v. de Mysie, au confluent du Caïque et du Cétius, devint au IIIe s. av. J.-C. la capit. du royaume dit de Pergame. Elle a donné son nom au parchemin (pergamena charta), qu'on y préparait et dont ses souverains encouragèrent la fabrication. Sa bibliothèque était rivale de celle d'Alexandrie et comptait 200 000 volumes. Patrie de Galien. — Pergame est encore auj. un centre de population de quelque importance : on y compte env. 5000 maisons.

PERGAME (Roy. de), petit État fondé en 283 av. J.-C. par Philétère, ne comprit d'abord que quelques cantons de la Mysie et de la Lydie, embrassa ensuite ces deux provinces entières, plus la Phrygie-Hellespontique et la Grande-Phrygie, et eut pour limite au S. le Taurus. Fidèles alliés des Romains, les rois de Pergame leur durent leurs agrandissements, qui se firent surtout aux dépens du roi de Syrie Antiochus le Grand. Attale III leur légua son royaume en mourant, 132; toutefois ils ne purent en prendre possession qu'après trois ans de guerre contre Aristonic, qui élevait des prétentions sur le trône. Cet État forma la prov. d'Asie, que grossirent ensuite la Carie, la Lydie, la Pamphylie et la Pisidie. Les rois de Pergame sont célèbres par leurs richesses et leur amour pour les lettres.

Souverains de Pergame.
Philétère, gouvr, 283 Attale II Philadelphe, 157
Éumène I, 1er roi, 263 Attale III Philométor, 137
Attale I, 241 Aristonic, 132-129
Eumène II, 198

PERGE, Perga, auj. Karahissar, v. de Pamphylie, sur le Cestrus, près de sa source, était célèbre par un temple de Diane. Patrie du géomètre d'Apollonius dit de Perge. Ruines d'un beau théâtre grec.

PERGOLA (Ange de la), condottiere du XVe s., était seigneur de la petite ville de Pergola (à 24 k. S. E. d'Urbin). Il combattit pour Pise contre Florence en 1405, puis s'attacha au duc de Milan Philippe-Marie Visconti, et lui rendit d'éminents services, mais il vit sa troupe presque complètement anéantie par les Vénitiens à Macalo, en 1427, et il mourut lui-même peu après à Bergame.

PERGOLÈSE (J. B.), compositeur, né à Iési en 1704, mort dès 1737, reçut les leçons de Durante et se fit remarquer par sa précocité. Il est connu surtout par son opéra de la Serva padrona (la Servante maîtresse), chef-d'œuvre de mélodie, d'esprit et de grâce, qui a été transporté avec succès sur la scène française, et par un Stabat à 2 violons et à 2 voix, resté célèbre dans la musique d'église.

PÉRIANDRE, tyran de Corinthe de 621 à 584 av. J.-C, succéda à son père Cypsélus. Il gouverna d'abord avec sagesse et fit fleurir les lettres et les arts; mais ensuite il se rendit odieux par sa défiance, ses vexations et ses cruautés; il réduisit son propre fils Lycophron à fuir Corinthe. Il mourut dans un âge très-avancé. Périandre ne manquait pas d'instruction : il mit en vogue quelques maximes qui l'ont fait compter au nombre des Sept Sages.

PÉRIBÉE, fille d'Alcathoüs, roi de Mégare, fut condamnée par son père à être noyée dans la mer, parce qu'elle s'était laissé séduire par Télamon, mais elle fut sauvée et conduite à Salamine par le garde chargé de cette commission, et y épousa son amant, dont elle eut Ajax. — Une autre Péribée, fille d'Hipponoüs, qui avait été séduite par Mars et condamnée aussi à mourir, épousa Œnée, roi de Calydon, et devint mère de Tydée, père de Diomède.

PÉRICLÈS, célèbre Athénien, né en 494 av. J.-C., était fils de Xanthippe, l'un, des généraux vainqueurs à Mycale, et petit-fils, par sa mère, de Clisthène, qui avait renversé les Pisistratides. Il acquit de bonne heure du renom et de la popularité par son éloquence et ses largesses, devint vers 461, le chef du parti démocratique opposé à Cimon, réussit à faire bannir ses rivaux, notamment Cimon (460) et Thucydide (444), et resta, à partir de 444, seul maître de la direction des affaires. Il signala son administration par la construction de beaux édifices (le Parthénon, l’Odéon, les Propylées, etc.), par des fêtes somptueuses, par des gratifications distribuées aux citoyens d'Athènes, et par de grands succès au dehors : il soutint en Égypte Inarus contre les Perses, enleva Mégare aux Doriens, fit restituer aux Phocidiens la présidence des cérémonies de Delphes, prit Samos, comprima une révolte en Eubée, augmenta le nombre des colonies et en conduisit une lui-même dans la Chersonèse, transporta dans Athènes le trésor commun de la Grèce, qui était précédemment à Delphes, et réussit à élever pour un temps la puissance d'Athènes au-dessus de celle de Sparte; mais il indisposa par ses hauteurs et par des contributions onéreuses les peuples qui avaient accepté l’hégémonie d'Athènes : il s'ensuivit une rupture avec Sparte et ses alliés, rupture qui donna naissance à la guerre du Péloponèse (431); on l'accuse même d'avoir provoqué la lutte en soutenant les Corcyréens, révoltés contre leur métropole, Corinthe, alliée de Sparte. Périclès ne put voir que les premiers événements de cette guerre : il remporta d'abord des avantages, mais à la suite de quelques revers les Athéniens le condamnèrent à l'amende et lui ôtèrent l'autorité (430); ils la lui rendirent au bout de l'année, mais il mourut peu après, de la peste qui désolait Athènes (429). Périclès aimait et favorisait les lettres, les arts et le luxe, qui à partir de son administration prirent leur plus grand essor : aussi nomme-t-on Siècle de Périclès cette époque qui vit fleurir, dans les lettres Sophocle, Euripide, Aristophane, Cratinus, Eupolis; dans les arts Phidias, Callicrate, Ictinus, Polygnote, Zeuxis, Parrhasius, etc. On a dit que l'administration financière de Périclès n'était point irréprochable, et que ce fut pour éviter de rendre ses comptes qu'il fit naître la guerre du Péloponèse. Pressé un jour de justifier l'emploi des deniers publics, il se tira d'affaire en offrant de payer de sa propre fortune tous les monuments qu'il avait fait construire, mais à la condition d'y substituer son nom à celui du peuple athénien. Il ne nous reste aucun monument de l'éloquence de Périclès : d'après les témoignages des contemporains, ses discours étaient empreints d'un caractère de majesté, qui fit donner à cet orateur le surnom d’Olympien. Périclès eut avec Aspasie une étroite liaison; il finit même par épouser cette femme célèbre. Plutarque a écrit sa Vie.

PÉRIER (Casimir), homme politique, né à Grenoble en 1777, mort en 1832, avait pour père un riche banquier, Claude Périer, l'un des fondateurs de la Banque de France. D'abord officier du génie, il fonda en 1802 à Paris, avec son frère Ant. Scipion, une des premières maisons de banque de l'Europe et créa de grands établissements industriels. Il débuta comme publiciste en 1816 par une brochure contre les emprunts à l'étranger, fut élu député de Paris en 1817, siégea sans interruption à la Chambre pendant treize ans et prit rang parmi les orateurs les plus éloquents de l'opposition. En juillet 1830, pendant la lutte entre les troupes royales et la population, il tenta, mais en vain, de faire cesser les hostilités. La révolution accomplie, il fut élu président de la Chambre des Députés et montra, dans ce poste difficile, autant de courage que de talent. L'année suivante, à la chute du ministère Laffitte, il fut nommé chef du cabinet, avec le portefeuille de l'intérieur : il déploya dès lors la plus grande fermeté contre les tendances anarchiques, faisant ainsi le sacrifice de sa popularité. En même temps, il proclamait le principe de non-intervention et répondait aux exigences des cours du Nord par la prise d'Anvers et l'occupation d'Ancône; mais il succomba prématurément, épuisé par la fatigue des travaux parlementaires. Un magnifique mausolée, fruit d'une souscription nationale, lui a été élevé au cimetière du Père-Lachaise. Un recueil de ses Opinions et discours a été publié en 1838, avec une notice de M. Ch. Rémusat.

PÉRIER (Jacques), mécanicien, membre de l'Académie des sciences, né en 1742, mort en 1818, créa la pompe à feu de Chaillot, destinée à alimenter Paris d'eau de Seine, établit des moulins économiques mus par la vapeur, d'immenses ateliers de fabrication d'armes, de canons, de machines à vapeur, inventa des cylindres à papier, des machines à filer le coton, la pompe centrifuge, etc., et rendit ainsi les plus grands services tant à l'État qu'à l'industrie pendant les guerres de la République et de l'Empire. On lui doit un Essai sur les machines à vapeur.

PÉRIERS, ch.-l. de canton (Manche), à 16 kil. N. de Coutances; 2794 hab. Grains, beurre.

PÉRIGNON (Dom. Catherine, marq. de), né en 1756 à Grenade (Hte-Garonne), d'une anc. famille de robe, m. en 1818, fut député à l'Assemblée législative en 1791, quitta ce poste en 1792 pour prendre du service dans les armées de la République, commanda en chef l'armée des Pyrénées orientales, après Dugommier, en 1794, se signala par les combats de La Jonquière, de St-Sébastien, d'Escola, prit Figuières et Roses, 1795, fut à la suite de ces succès nommé en 1796 ambassadeur en Espagne, et signa à Madrid un traité d'alliance avec cette puissance. Envoyé en 1799 à l'armée d'Italie, il commanda l'aile gauche à la bat. de Novi, y fut blessé et fait prisonnier. A la proclamation de l'Empire (1804), il fut fait sénateur et maréchal; en 1808, il devint commandant en chef des troupes françaises du roy. de Naples. Il se rallia aux Bourbons en 1814, organisa en 1815 un plan de défense contre Bonaparte dans le Midi, et fut nommé pair et marquis.

PÉRIGORD, anc. pays de France, dans le N. de la Guyenne, entre l'Angoumois au N., le Quercy et le Limousin à l'E., l'Agénois au S., et la Saintonge à l'O., avait pour capit. Périgueux, et se divisait en Haut-Périgord ou Blanc-Périgord, comprenant Périgueux, Bergerac, Mussidan, Aubeterre; et Bas-Périgord ou Noir-Périgord, renfermant Sarlat, Castillon et Terrasson. — Ce pays, jadis habité par les Petrocorii, fut compris sous Honorius dans la 2e Aquitaine. Il eut des comtes dès le Xe s. (V. TALLEYRAND). Éléonore de Guyenne, par son mariage avec Henri II, porta ce comté à l'Angleterre. Plusieurs fois pris et perdu pendant les guerres avec cette puissance, il ne revint à la France qu'en 1454. Il fut réuni à la couronne par Henri IV, qui le possédait par héritage. C'est auj. le dép. de la Dordogne et une partie de celui de Lot-et-Garonne. — Pour les productions du pays, V. ces deux départements.

PÉRIGUEUX, Vesunna et Petrecorii, ch.-l. du dép. de la Dordogne, sur l'Isle, près de son confluent avec la Vézère, à 472 kil. S. S. O. de Paris; 19 140 hab. Évêché, suffragant de Bordeaux; trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, bibliothèque, jardin botanique, école normale primaire; sociétés d'agriculture, des sciences et des arts; musée d'antiquités et de minéralogie. La ville se divise en 2 parties, la Cité et le Puy-St-Front, qui jusqu'en 1240 formèrent deux villes distinctes. On y remarque la cathédrale de St-Front, imitation de St-Marc de Venise, l'église St-Étienne, le palais de justice; la tour antique de Vésone; les promenades, ornées des statues de Fénelon, de Montaigne et du maréchal Bugeaud; les arènes, l'hôtel de ville. Coutellerie, distillerie, lainages, volailles fines et pâtés truffés. Aux env., pierres à bâtir, pierres lithographiques. Patrie du poëte latin Paulin, de Lagrange-Chancel et de Daumesnil. — Capitale des Petrocorii, Périgueux portait, du temps de César, le nom de Vesunna (d'où celui de Vésone). Elle devint la capitale du Périgord au IXe s. Plusieurs fois prise et perdue pendant les guerres avec les Anglais (V. PÉRIGORD), cette ville eut, jusqu'à la fin du XIVe s., de sanglants démêlés avec ses comtes pour le maintien de ses libertés municipales, qui lui furent confirmées en 1398 par Charles VI. En 1576, Périgueux fut une des places de sûreté données aux Calvinistes, qui la conservèrent jusqu'en 1581. Le prince de Condé s'en empara pendant la Fronde, en 1651; l'armée royale y rentra dès 1653.

PÉRIM, Insula Diodori, île située à l'entrée du. détroit de Bab-el-Mandeb, qu'elle commande, par 40° 54' long. E., 12° 30' lat. N., à 8 kil. O. des côtes d'Arabie ; 12 k. sur 5. Bon port. Occupée en 1857 par les Anglais, qui y ont établi un poste militaire.

PÉRINE OU PÉRONNELLE (Ste). V. PÉTRONILLE.

PERINO DEL YAGA (Pierre BUONACCORSI, dit), peintre florentin, né en 1501, m. en 1547, élève de Ghirlandaio et collaborateur de Raphaël, était le plus grand dessinateur de l'école florentine après Michel-Ange. Il exécuta dans les Loges du Vatican, sous la direction de Raphaël, le Passage du Jourdain, la Chute des murs de Jéricho, Josué arrêtant le soleil, la Nativité, et la Cène. Après la mort de Raphaël, il se rendit à Gênes, où il fonda une école célèbre et où il orna de fresques le palais Doria. De retour à Rome, il y peignit la fameuse Salle royale, qu'il ne put achever. Parmi ses tableaux, on cite : la Naissance d'Ève, S. Jean dans le désert, le Combat d'Horatius Coclès, le Combat des Piérides (au musée du Louvre). On reproche à cet artiste une basse jalousie à l'égard du Titien et une grande avidité.

PÉRINTHE ou HÉRACLÉE, auj. Erékli, v. grecque de Thrace, sur la Propontide, près et à l'O. S. O. de Byzance, avait été fondée par les Samiens. Elle fut le séjour d'Alcibiade dans son second exil. Alliée des Athéniens, elle soutint un long siége contre Philippe, qui la prit enfin l'an 341 av. J.-C.

PÉRIPATÉTICIENS, c.-à-d. Promeneurs, disciples d'Aristote, ainsi nommés parce qu'ils se réunissaient pour entendre leur maître dans les salles ou promenoirs (peripatoi) du Lycée. Les principaux péripatéticiens sont : Théophraste, Straton, Lycon, Hiéronyme de Rhodes, Ariston de Céos, Critolaüs, Diodore de Tyr, Andronicus de Rhodes, Démétrius de Phalère, Nicolas de Damas, Ammonius d'Alexandrie, Alexandre d'Aphrodisie, Alexandre d'Éges, Simplicius, Claudien Mamert, Boëce, Cassiodore. Au moyen âge, le Péripatétisme fit le fond de la philosophie scolastique; il domina sans partage jusqu'au XVIe siècle, mais depuis cette époque, il fut sans cesse battu en brèche, notamment par Ramus, Patrizzi, Bacon, Descartes, et par une foule d'autres philosophes.

PÉRIS. On nomme ainsi dans la féerie persane des génies femelles qui viennent quelquefois sur terre séduire les hommes; mais plus souvent ce sont des puissances bienfaisantes, qui repoussent les Dévs.

PÉRISABOUR, v. de Turquie. V. ANBAR. PERIZONIUS (Jacques), philologue, né en 1651, à Dam (Groningue), m. en 1715, professa l’histoire, l’éloquence et le grec à Delft, à Franeker et à Leyde. On a de lui : Animadversiones historiæ, Amst., 1685 (il y traite surtout de l’histoire romaine et élève des doutes sur les premiers temps de cette histoire), Origines babylonicæ et ægyptiacæ, Utrecht, 1636 ; des Comment. historiques sur le XVIe s. (en latin), 1710, des éditions estimées d’Élien, Dictys, Quinte-Curce, Valère-Maxime, ainsi que de la Minerva de Sanchez.

PERKIN WAERBEK, dit le faux duc d’York ou le faux Richard IV, imposteur, était fils d’un Juif de Tournay, mais naquit à Londres. La duchesse douairière de Bourgogne, Marguerite, sœur d’Édouard IV, imagina de le faire passer pour son neveu, Richard d’York, 2e fils d’Édouard IV, qui avait été assassiné à la Tour en 1483 par Glocester (Richard III), afin de l’opposer à Henri VII, et le reconnut publiquement pour tel en 1490. Il tenta, mais sans succès, un débarquement en Irlande, puis sur la côte de Kent, et se jeta enfin dans les bras du roi d’Écosse Jacques IV, qui, feignant de croire à tout ce qu’il disait, lui donna en mariage une de ses parentes, et entra en armes avec lui dans le Northumberland (1496) ; mais ils furent repoussés tous deux. En 1498, Perkin débarqua dans la baie de Whitesand et se joignit à des rebelles de Cornouailles ; repoussé de nouveau, il s’enfuit, se réfugia dans l’abbaye de Beaulieu, et consentit enfin à se remettre aux mains de Henri VII ; ce prince, après l’avoir exposé publiquement, l’enferma à la Tour. Il réussit à s’en échapper ; mais, s’étant laissé reprendre, il fut pendu à Tyburn, en 1499.

PERKINS (Élie), médecin américain du dernier siècle, m. à New-York en 1799, exerçait d’abord à Plainfield en Pensylvanie. Il fit du bruit par son tracteur métallique, appareil formé de deux aiguilles coniques de métaux différents qu’on promenait sur les parties malades, et qui, suivant lui, étaient un remède universel. Il appliqua cette méthode avec quelque succès à Philadelphie et elle fut pendant un temps à la mode. Son fils, Benjamin Perkins, apporta les Tracteurs métalliques à Londres en 1798 et y obtint une grande vogue. Les effets obtenus par le perkinisme, analogues a ceux du magnétisme de Mesmer, sont rapportés par les uns à une action électrique, par les autres à l’imagination seule. Le docteur Haygarth, de Bath, soutint cette seconde opinion.

PERLEBERG, v. des États Prussiens (Brandebourg), ch.-l. de cercle, sur la Stepenitz, à 126 kil. N. N. O. de Berlin ; 5000 hab. Brasseries, drap, lin.

PERM, v. de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvt de Perm, sur la Kima, à 2005 kil. E. de St-Pétersbourg, par 58° 1′ lat. N. et 56° 6′ long. E. ; 12 000 h. Archevêché, trib., gymnases, séminaire. Grand commerce de métaux provenant des mines voisines. — Perm n’était qu’un bourg avant le XVIIIe s. ; la découverte faite en 1723 d’une riche mine de cuivre voisine de ce bourg lui donna un rapide accroissement ; en 1781, il fut érigé en ville.

PERM (gouvt de), partie en Russie d’Europe, partie en Russie d’Asie, est partagé en deux par la chaîne de l’Oural et a pour bornes les gouvts de Vologda au N. O., de Tobolsk au N. E., de Vlatka à l’O., d’Orenbourg au S. ; 700 k. de l’E. à l’O. sur 668 ; 1 800 000 h. (Permiaks, Mordouins, Tchouvaches, Russes) ; ch.-l., Perm. Climat très-froid ; sol peu fertile ; plusieurs lacs. Moutons de race espagnole, chevaux, rennes, martres, ours ; élève de bestiaux et d’abeilles. Riches et nombreuses mines (or, argent, platine, diamant, fer, plomb, cuivre, sel, marbre).

PERMESSE, Permessus, auj. Panitza, petite riv. de Béotie, prenait sa source vers l’Hélicon et tombait dans le lac Copaïs. Ce fleuve était consacré aux Muses : les poëtes puisaient l’inspiration dans ses eaux.

PERMIE ou BIARMIE, anc. et vaste contrée, située dans le N. E. de la Russie d’Europe, embrassait probablement, outre le gouvt actuel de Perm, ceux de Vologda ef d’Arkhangel. — Un royaume de Permie, État finnois ou tchoude, aurait fleuri, dit-on, entré le temps d’Auguste et l’invasion des Huns. Au moyen âge, il y eut un roy. de Biarmie qui finit par être soumis à Novogorod. Ivan IV le subjugua en 1543. Les Permiaks furent convertis à partir de 1375 par S. Étienne de Perm, qui établit le premier siége épiscopal de ce pays au couvent d’Oustvimsk, et qui, pour transcrire les livres évangéliques, inventa un alphabet particulier dit permien.

PERNAMBOUC, vulgt Femambouc, v. et port du Brésil, ch.-l. de la prov. de Pernambouc, sur l’Atlantique, à 1910 kil. N, E. de Rio-Janeiro, par 37° 25′ long. O., 8° 19′ lat. S. ; 30 000 hab. Elle se compose de trois parties, qui sont comme trois villes distinctes : 1o Recife ou le Port (sur une presqu’île au S. d’Olinde) ; 2o San-Antonio, siége du gouvernement (sur une île de la riv. de Capibaribe, joints par un pont au Recife) ; 3o Boa-Vista (sur le continent). On y fait quelquefois entrer aussi la ville d’Olinde. Ville très-commerçante, surtout le quartier du Recife. Le port, assez bien fortifié du côté de la mer, est le plus fréquenté du Brésil après Rio-Janeiro et Bahia. Chantiers de la marine militaire. — La prov. de P., la plus orientale du Brésil, entre celles de Céara, Parahiba et Rio-Grande au N., de Minas-Geraës au S., de Goyaz à l’O., et l’Atlantique à l’E., a 1300 kil. (du N. E. au S. O.) sur 625, et compte 625 000 hab. On la divise en trois comarques : Recife (ch.-l., Pernambouc), Olinde (ch.-l., Olinde), et Sertao ou le Désert.

PERNES, ch.-l. de cant. (Vaucluse), sur la Nesque, à 5 kil. S. de Carpentras ; 5278 h. Vins, garance, amandes ; magnaneries. Patrie de Fléchier.

PERNETTE DU GUILLET. V. GUILLET.

PERNETY ou PERNETTI (Ant. Jos.), Bénédictin, né à Roanne en 1716, mort en 1801, quitta le cloître, suivit Bougainville comme aumônier dans son voyage de circumnavigation, donna une relation de ce voyage sous le titre d’Histoire d’un voyage aux îles Malouines en 1763 et 1764, Paris, 1770, puis se retira en Prusse et fut quelque temps bibliothécaire à Berlin. De retour en France en 1783, il s’occupa d’alchimie, crut avoir trouvé la pierre philosophale et fonda à Avignon une secte qui en 1787 comptait une centaine d’affiliés. Il a traduit plusieurs écrits de Swedenborg et a donné un curieux Dictionnaire mytho-hermétique. — L’abbé Jacques P., son oncle, 1696-1777, a écrit des Lettres philosophiques sur les physionomies et des Recherches historiques sur Lyon.

PERNETY (Jos. Marie), général d’artillerie, né à Lyon en 1766, m. en 1856. Chef d’état-major de l’artillerie de la grande armée d’Allemagne en 1805, il se distingua à Ulm, à Austerlitz, à Iéna, fut nommé en 1807 général de division et baron de l’Empire, organisa le passage du Danube à l’île de Lobau, et rendit les plus grands services à Wagram. En 1812, à la tête de l’artillerie du 1er corps, il eut une grande part à la prise de Smolensk, et réussit, pendant la retraite, à ramener presque tout son matériel jusqu’à la Bérézina. Appelé sous la Restauration à la direction de l’artillerie au ministère de la guerre, il fut nommé pair en 1835, et sénateur en 1855.

PERNOV, v. forte et port de la Russie d’Europe, dans l’anc. Livonie (Riga), sur la riv. de Pernov, à son embouchure dans la Baltique, à 230 kil. N. de Riga ; 12 000 hab. Citadelle. Lin, chanvre, cuirs, etc. Grand commerce maritime. — Cette ville appartint longtemps aux chevaliers Porte-Glaive ; elle fut cédée à la Pologne avec toute la Livonie. Les Russes l’occupèrent une 1re fois de 1575 à 1582 ; ils la reprirent en 1710 sur les Suédois, qui s’en étaient emparés. Pernov était jadis le siége d’un évêché, transféré auj. à Œsel.

PERO E CASE-VECCHIE, bourg de l’île de Corse, ch.-l. de cant., à 29 kil, de Bastia ; 663 hab.

PÉROLLA, fils de Pacuvius. V. ce nom.

PÉRON (François), naturaliste et voyageur, né à Cérilly (Allier), en 1775, m. en 1810, fut attaché comme médecin-naturaliste à l’expédition aux Terres australes que commandait Baudin (1800-1804), fit de belles expériences sur la température des couches successives de l'eau des mers, démontra que l'eau de l'Océan est plus froide à mesure qu'on descend à une plus grande profondeur, rapporta plus de 100 000 échantillons zoologiques, et écrivit le Voyage aux Terres australes fait pendant les années 1800-04, Paris, 1807-16, 3 v. in-4, terminé par Freycinet. On a aussi de lui des Observations sur l'anthropologie.

PÉRONNE, ch.-l. d'arr. (Somme), sur la r. dr. de la Somme, au milieu de marais, à 51 kil. E. d'Amiens; 4445 hab. Place de guerre, trib. de 1re inst., collége. On y remarque le Beffroi (du XIVe s.), le château, l'hôtel de ville, construit sous François Ier, l'église St-Jean, commencée sous Louis XII, la salle de spectacle. Toiles, calicots et percales; sucre de betterave, distilleries, tanneries; commerce de bestiaux. Patrie de l'orientaliste Langlès. — Péronne était jadis la capit. du petit pays du Santerre. Les rois Mérovingiens y eurent un palais. A la fin du IXe siècle, la châtellenie de Péronne dépendait du comté de Vermandois; en 923, le comte de Vermandois, Herbert II, y retint prisonnier Charles le Simple, qui y mourut en 929. La ville reçut en 1207 une charte de commune. Péronne est une des Villes de la Somme qui furent cédées provisoirement au duc de Bourgogne Philippe le Bon par le traité d'Arras (1435), puis cédées à perpétuité à Charles le Téméraire par celui de Conflans (1465). Louis XI, ayant eu l'imprudence de s'y rendre 3 ans après pour une conférence, y fut retenu captif par le duc à la suite de la révolte des Liégeois qu'il avait secrètement excitée, et fut forcé d'y signer le Traité de Péronne, par lequel, confirmant le traité de Conflans, il abandonnait les villes de la Somme, donnait à son frère en apanage la Champagne et la Brie, et s'engageait à suivre le duc à Liége pour châtier les révoltés (1468). Louis XI reprit Péronne à la mort de Charles le Téméraire, 1477. En 1536, elle résista victorieusement aux Impériaux, commandés par Henri de Nassau. Cette ville n'a jamais été prise, ce qui l'a fait surnommer Péronne la Pucelle. — En 1576, la noblesse de Picardie signa à Péronne un traité d'union contre les Protestants, qui fut le commencement de la Ligue.

PÉROSÈS ou FIROUZ, roi sassanide de Perse de 457 à 488, était fils de Yezdedjerd II. Il enleva le trône à son frère aîné, Hormouz, et le fit mourir. Il périt dans une bataille après un règne malheureux, qui avait été désolé par la famine et la peste.

PÉROTE, v. forte du Mexique (Vera-Cruz), à 40 kil. O. de Jalapa, près du Coffre-de-Pérote, haute mont. de 2474m, dite aussi Nauhcampatepetl.

PEROTTI (Nic.), savant prélat, né en 1430 à Sasso-Ferrato, m. en 1480, fut nommé dès 1455 archevêque de Manfredonia, puis devint gouverneur de l'Ombrie et de Pérouse. Il sut allier les lettres aux affaires : on a de lui une trad. latine des 5 premiers livres de Polybe, une édition avec Commentaires de Pline le naturaliste, et des notes sur Martial sous le titre de Cornucopia, Venise, 1489. Comme il cite dans ses commentaires quelques-unes des fables de Phèdre, alors inconnues, on a voulu , mais sans aucun fondement, le faire passer pour le véritable auteur de toutes les fables attribuées à l'auteur latin.

PÉROU, vaste contrée de l'Amérique du Sud qui s'étendait le long de l'Océan Pacifique, et était comprise presque tout entière entre l'équateur et le tropique du Capricorne, avait pour bornes à l'O. l'Océan Pacifique, au N. le Popayan, à l'E. les déserts inconnus du Brésil et une partie des Cordillières, au S. le Tucuman, le Paraguay, le Chili. Ce pays immense, après avoir formé un empire unique sous les Incas, puis une vice-royauté sous les Espagnols, est auj. partagé en deux États distincts : le Bas-Pérou ou Pérou proprement dit au N. O., et le Haut-Pérou ou Bolivie au S. E.

PÉROU (BAS-), république de l'Amérique du Sud, bornée au N. par celle de l’Équateur, au S. et au S. E. par la Bolivie, à l'E. par le Brésil, à l'O. par l'Océan Pacifique, s'étend de 69° à 84° long. O. et de 3° à 22° lat. S. : 2340 k. du N. au S., et 1325 de plus grande largeur; 2 600 000 h., dont env. 600 000 espagnols, 600 000 indiens, 600 000 métis et le reste nègres et mulâtres; capitale, Lima. On le divise en 11 dép. : Junin, Livertad, Lima, Aréquipa, Ayacucho, Cuzco, Puno, Amazonas, Ancas, Huancavelica, Moquega, et 2 provinces : Callao et Piura. Le catholicisme est la religion du pays; il y a 2 évêchés, Lima, Aréquipa, et 2 universités, Lima, Cuzco.

Le Pérou est traversé dans sa partie occid. par les Andes, qui serrent de près la côte sur une longueur de plus de 2000 kil., formant deux chaînes parallèles, entre lesquelles se trouve une bande de terrain dite la Sierra, aride, nue, élevée généralement de 3400m au-dessus de la mer ou même davantage (on y trouve, entre autres sommets, le Gualatieri, volcan de 6705m de haut, le Pichu-Pichu, de 5670m); les tremblements de terre sont fréquents dans cette région; en outre, elle est sujette à d'énormes variations de température. Le climat est au contraire assez égal et tempéré le long de la côte. Sur le versant oriental s'offrent d'abord la Montana, région de forêts et de lacs infestée de reptiles et d'insectes; puis de belles et fertiles plaines, richement arrosées et qui produisent toutes les denrées coloniales, ainsi que des arbres superbes (ébéniers, palmiers, cocotier, pin, aloès, bois de fer, cèdre). On y recueille le sang-dragon, des gommes, des baumes, la casse, le jalap, l’yerva maté, le sucre, le coton, le vin, la muscade, la cannelle, le café, le cacao, le poivre, le piment, le gingembre, le tabac, etc. On y trouve en abondance la cochenille, le kermès, diverses espèces d'abeilles, et, sur les montagnes, le lama, l'alpaca, la vigogne, le guanaco, le chinchilla ; de superbes oiseaux y abondent, mais aussi un grand nombre d'animaux malfaisants : jaguars, couguars, ours noirs des Andes, caïmans, alligators, etc. Les mines d'or du Bas-Pérou, les plus riches connues, ont une renommée proverbiale; on y trouve aussi de riches mines d'argent, de mercure, de cuivre, de plomb, etc., mais la plupart abandonnées. L'industrie est peu développée; le commerce, jadis florissant, est fort déchu.

Le Pérou, en comprenant à la fois sous ce nom le Bas-Pérou et le Haut-Pérou ou Bolivie, fut habité primitivement par les Quichuas ou Péruviens et quelques autres peuples (Chiquitos, Carapuchos); il forma du XIIe au XVIe siècle un vaste empire, celui des Incas, qui semble même avoir compris pendant un temps l'état actuel de l’Équateur et partie de la Nouvelle-Grenade, du Vénézuela et du Brésil. Leurs édifices, leurs forts, leurs temples, des routes superbes de 1600 à 2000 kil. de long qu'ils avaient tracées à travers les Andes, de nombreux canaux d'irrigation, leurs vases, habits, armes et ornements, leurs institutions politiques et religieuses, témoignent du degré de civilisation où ils étaient parvenus. Leur dieu principal était le Soleil, vénéré sous le nom de Pachakamak; le roi, dit Inca, prétendait descendre de ce dieu par Mancocapac, le premier législateur du Pérou. Le gouvernement était despotique; au-dessous des rois étaient des gouverneurs appelés Caciques. Cuzco était la capitale de l'empire. Les Incas Atahualpa et Huescar, 13es successeurs de Mancocapac, régnaient sur le Pérou lorsque les Espagnols eurent connaissance du pays. Pizarre et Almagro l'explorèrent et le conquirent de 1526 à 1533. Huescar périt en combattant, Atahualpa fut perfidement mis à mort par les Espagnols. Le Pérou devint alors une grande vice-royauté de leur monarchie, qu'ils divisèrent en trois audiences (Los Reyes, Quito et Charcas ou la Plata). Ce pays fournit pendant trois siècles à l'Espagne une immense quantité de métaux précieux; mais les Espagnols l'exploitèrent avec une cruauté inouïe : ils y firent périr par l'excès des travaux une immense quantité d'hommes. Les Péruviens se révoltèrent en 1780 et massacrèrent 20 000 hommes à la prise de Sorata; mais ils furent bientôt vaincus et soumis. De toutes les colonies espagnoles de l'Amérique, le Pérou est celle qui arbora la dernière le drapeau de l'indépendance : une armée chilienne, commandée par le général St-Martin et l'amiral Cochrane, s'empara de Lima en 1821 et proclama l'indépendance du Pérou sous la protection de Bolivar. La victoire de ce dernier à Junin (1824) et celle du général Sucre à Ayacucho (1824) consolidèrent la liberté du Pérou; mais bientôt la discorde éclata dans la nouvelle république, et une scission violente sépara le Ht-Pérou, protégé par Bolivar, et qui prit le nom de Bolivie, et le Bas-Pérou, qui conserva l'ancien nom. Les deux républiques eurent de longues querelles entre elles au sujet de leurs limites; en outre, elles ont été longtemps désolées par des dissensions intérieures et de fréquentes révolutions. Le Bas-Pérou est gouverné par un président élu pour 6 ans, et par un sénat et une chambre des députés. Parmi les présidents de cette république, on remarque Gamara, élu en 1830, qui après s'être maintenu onze ans dans la direction des affaires, se vit chassé de Lima en 1841, et le général Santa Cruz, qui se fit élire à sa place, mais abdiqua bientôt (1842).

PÉROU (HAUT-). V. BOLIVIE.

PÉROUN, dieu du tonnerre chez les Slaves. S. Vladimir détruisit son idole à Kiev au Xe s.

PÉROUSE, Perugia des Italiens, Perusia des Latins, v. forte du roy. d'Italie, ch.-l. de la prov. de son nom et précédemment de la délégation de Pérouse dans les États-Romains, sur une montagne, près du Tibre, à 136 k. N. de Rome; 15 000 hab. Évêché, université, fondée en 1307, réorganisée en 1824; académie des beaux-arts, école de musique, musée d'antiques, bibliothèque. On remarque la cathédrale gothique de St-Laurent, les églises el Jésu, St-Pierre, des Philippins, des Dominicains, ornées de tableaux de Raphaël, du Pérugin, du Guide, etc., la belle porte de la Piazza Grimana, dite Arc de triomphe d'Auguste, deux amphithéâtres, les salles de spectacle, etc. Étoffes de soie, de laine; liqueurs, chapeaux, eau-de-vie, etc. Vanucci, dit le Pérugin, naquit près de Pérouse. — Jadis une des 12 cités de la confédération étrusque au S. de l'Arno, cette ville s'allia aux Samnites contre Rome; mais fut écrasée aux deux grandes batailles dites de Pérouse (309 et 295 av. J.-C.) et se soumit aux vainqueurs. On nomme Guerre de Pérouse la lutte qu'Octave eut à soutenir, l'an 41 av. J.-C., contre Lucius Antonius, frère de Marc-Antoine le triumvir, et contre Fulvie sa femme : Pérouse subit alors un siége célèbre; Octave vainqueur fit, dit-on, immoler des prisonniers sur les autels; d'où le mot d’autels de Pérouse. Cette ville fut au VIe s. prise par les Goths après un siége de sept ans; Narsès la reprit, mais elle tomba bientôt après au pouvoir des Lombards. Pépin le Bref la donna aux papes, mais elle fit souvent la guerre à ses nouveaux maîtres et se maintint en quelque sorte en république. Cependant, en 1392, elle se soumit à Boniface IX. Prise en 1416 par le condottiere Forte-Braccio, elle devint le ch.-l. de la principauté que se fit ce guerrier aux dépens du St-Siége. En 1442, elle se soumit de nouveau au pape (sous Eugène IV), mais les deux grandes familles des Oddi et des Baglioni s'y disputèrent encore longtemps le pouvoir, et ce n'est que Léon X qui, après s'être emparé de la personne de J. P. Baglione, y établit effectivement l'autorité papale, 1520. Elle fut en 1860 annexée, avec toute l'Ombrie, au royaume d'Italie. — L'anc. délégation de Pérouse, auj. une des divisions de l'Ombrie, était bornée au N. par celle d'Urbin et Pesaro, à l'O. par celle de Viterbe, et avait 45 kil. de long sur une largeur égale et 225 000 h. ; villes principales (outre Pérouse) : Foligno, Nocera, Assise, Città di Castello, Città delle Pieve, Todi.

PÉROUSE (lac de), le lac Trasimène des anciens, à l'O. de Pérouse; il a 28 k. de tour. V. TRASIMÈNE.

PERPENNA (M.), consul romain en 130 av. J.-C., battit et fit prisonnier Aristonic, qui disputait aux Romains le royaume de Pergame.

PERPENNA (M. Vento), général romain du parti de Marius, était en 79 av. J.-C. lieutenant de M. Æmil. Lépidus (père du triumvir). Après la défaite et la mort de celui-ci, il se rendit en Espagne, et joignit ses troupes à celles de Sertorius; mais bientôt, jaloux de ce général, il le fit assassiner dans un festin. Devenu par ce crime général en chef de l'armée sertorienne, il ne fit que des fautes : il se laissa prendre dans une embuscade et battre par Pompée, qui le fit mettre à mort, en 72 av. J.-C.

PERPÉTUE (Ste), vierge chrétienne, souffrit le martyre à Carthage avec Ste Félicité, en 203 ou 205. On la fête le 7 mars.

PERPIGNAN, Perpennianum en latin moderne, v. forte, ch.-l. du dép. des Pyrénées orient., sur la r. dr. du Tet, à 8 k. de la mer et à 849 k. S. de Paris (par Moulins), 882 k. par Toulouse; 23 462. Évêché (transféré d'Elue en 1604), trib. de 1re inst. et de commerce, collége, école normale; société d'agriculture, jardin botanique, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle et de physique, pépinière départementale; bergerie impériale, haras. Place de guerre; forte citadelle, belle place d'Armes, casernes; belle cathédrale de S. Jean-Baptiste, chemin de fer. Hôtel de ville; belles promenades. Draps, couvertures de laine, bouchons, tanneries, distilleries. Grand commerce de vins de Roussillon, d'eaux-de-vie, d'olives, de soie, de laines. Patrie du peintre Rigaud et de dom Brial. — On voit à 4 k. de Perpignan les ruines de Russino, détruite en 828. Perpignan, qui a remplacé cette ville, fut la capitale du Roussillon, dont elle suivit le sort; elle appartint successivement aux rois d'Aragon et aux rois de France. Vers 1278, Jayme Ier, roi de Majorque, y fit élever un château, auj. compris dans les bâtiments de la citadelle. En 1475, cette ville fut prise après un long siége par les Français; elle rentra en 1493 sous la domination de l'Espagne; en 1642, Richelieu s'en empara, ainsi que de tout le Roussillon, que le traité des Pyrénées (1659) assura à la France. Assiégée en 1794 par les Espagnols, elle fut défendue par Dugommier. — Perpignan possédait jadis une université, qui y avait été fondée en 1349.

PERRACHE (Michel), sculpteur de Lyon, 1685-1750, embellit sa patrie d'un grand nombre d'ouvrages qui assurèrent sa réputation. — Son fils, sculpteur et architecte, 1726-79, forma le projet d'agrandir Lyon en reculant au S. de la ville le confluent du Rhône et de la Saône afin d'y joindre une île; on fit dans ce but une chaussée qui porte encore son nom.

PERRAULT (Claude), né en 1613 à Paris, m. en 1688, d'abord médecin, ensuite architecte, était fils d'un avocat au parlement. Il conçut le goût de l'architecture en étudiant Vitruve. Il s'est immortalisé en fournissant les plans du nouveau Louvre, notamment de la magnifique Colonnade de cet édifice, composée de colonnes corinthiennes accouplées (1666-70). On lui doit en outre l’Observatoire de Paris (1667-72), et plusieurs autres monuments, entre autres un Arc de triomphe colossal élevé à la Porte St-Antoine et auj. détruit. Cl. Perrault se distingua à la fois par l'imagination et le goût : son Louvre est remarquable par la beauté des proportions antiques, la pureté des profils, l'élégance des formes et des ornements, la correction des détails et le fini de l'exécution. Il a publié, entre autres ouvrages, une traduction de Vitruve, et un traité de l’Ordonnance des cinq espèces de colonnes, selon la méthode des anciens. Il était membre de l'Académie des sciences. — Son frère, Charles Perrault (1628-1703), se livra d'abord à la poésie et fit beaucoup de vers, surtout dans le genre burlesque, puis entra au barreau où il eut quelque succès, et devint enfin 1er commis de la surintendance des bâtiments du roi. Il eut part à la fondation des Académies des inscriptions, des sciences, de peinture, sculpture et architecture, fut lui-même membre de l'Académie française et de celle des inscriptions dès leur fondation et fit transporter au Louvre !e siége de l’Académie Française. Charles P. est auteur de notices sur les hommes illustres du XVIIe siècle, 1696-1700 ; mais il est surtout célèbre par ses Contes de fées, publiés sous le titre de Contes de ma mère l’Oye ou Histoires du temps passé, 1697, qui sont encore aujourd’hui populaires, et par la part qu’il prit à la querelle des anciens et des modernes. Il s’attira l’inimitié de Boileau, qui devint injuste pour lui et son frère, en soutenant hautement la supériorité des modernes sur les anciens. Il a soutenu cette thèse dans son poëme sur le Siècle de Louis le Grand et dans son Parallèle des anciens et des modernes (1688-98), 4 vol. in-12. Outre les ouvrages déjà cités, on a de Charles plusieurs Contes en vers, inférieurs à ses contes en prose (Peau d'Âne, Grisélidis, etc.), un Poëme sur la chasse et un Poëme de la peinture. Ses Œuvres choisies ont été publiées par Colin de Plancy (1826) et par P. L. Jacob (1842), avec une Dissertation sur les contes de fées. Ses Contes ont été souvent réédités, récemment par M. Giraud (1865). Il a laissé des Mémoires (1759).

PERRENOT DE GRANVELLE. V. GRANVELLE.

PERREUX, ch.-l. de c. (Loire), à 5 kil. E. de Roanne ; 2552 hab.

PERRHÉBIE, Perrhœbia, contrée de Thessalie, entre l’Olympe et la vallée de Tempé, était d’abord habitée par un peuple d’origine pélasgique, qui en fut expulsé par les Lapithes.

PERRIN (Pierre), le créateur de l’opéra français, dit l’abbé Perrin, quoiqu’il n’eût jamais reçu les ordres, né à Lyon vers 1630, m. en 1680, était introducteur des ambassadeurs chez Gaston, duc d’Orléans. Il composa et fit représenter en 1659, dans une maison particulière, une pastorale en 5 actes et en vers, mise en musique par Cambert, qui est la 1re pièce française qu’on ait chantée. Ce nouveau genre ayant eu un grand succès, il obtint en 1669 des lettres patentes pour l’établissement d’une académie de musique, où l’on chanterait des pièces de théâtre : il installa ses acteurs dans un jeu de paume de la rue Mazarine, et y fit jouer en 167 l’opéra de Pomone. Mais, dès l’année suivante, il se vit forcé, faute de fonds suffisants, d’abandonner l’entreprise et céda son privilège à Lulli. Perrin avait pubûé en 1661 ses Œuvres de poésie. Boileau l’a fort maltraité.

PERRIN (Victor), maréchal de France. V. VICTOR.

PERRONET (J. Rod), ingénieur, directeur des ponts et chaussées, né à Suresnes en 1708, m. en 1794, fit treize ponts magnifiques, entre autres celui de Neuilly (le premier exemple d’un pont horizontal), et le pont Louis XV à Paris, dirigea les travaux du canal de Bourgogne, donna un plan pour amener à Paris les eaux de l’Yvette, indiqua les moyens à employer pour construire des arches de pierre de 100 et même de 150m d’ouverture, imagina un grand nombre de machines encore en usage dans les constructions, entre autres la scie à recéper les pieux sous l’eau, un tombereau inversable, une drague pour curer les ports et les rivières, une double pompe à mouvement continu. C’est lui qui organisa l’École des ponts et chaussées, fondée par Trudaine (1747) : il en fut le 1er directeur. Il était membre de l’Acad. des sciences et de l’Académie d’architecture.

PERROS-GUIREC, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 10 kil. N. de Lannion ; 2765 hab. Petit port.

PERROT D’ABLANCOURT. V. ABLANCOURT.

PERSAN (DOUBLET de), V. DOUBLET.

PERSANS, habitants de la Perse, se dit de préférence quand il s’agit de la Perse moderne.

PERSANTE, riv. des États prussiens (Prusse), sort d’un petit lac au N. O. de Neu-Stettin et tombe dans la Baltique, près de Colberg. Cours, 140 kil.

PERSE. On désigne sous ce nom et la Perse ancienne ou empire des Perses, et la Perse moderne ou Iran.

PERSE ANCIENNE, Persia, l’Élam de la Bible, vaste empire de l’Asie, avait pour bornes au N. l’Iaxarte, la mer Caspienne, la chaîne du Caucase et le Pont-Euxin, à l’E. le fleuve Indus, au S. la mer Érythrée, le golfe Persique et l’Arabie, à l’O. le désert de Libye, la Méditerranée, la mer Égée et le Pont-Euxin. Il était divisé par l’Euphrate en deux parties inégales : l’une, à l’O. du fleuve, comprenait la presqu’île de l’Asie-Mineure, la Syrie, la Phénicie et l’Égypte ; l’autre à l’E., renfermait les contrées situées entre l’Euphrate et l’Indus. Les villes les plus importantes étaient : Persépoiis, Suse, Ecbatane. Cet empire comprenait, outre la Perse actuelle, les pays qui font partie de la région caucasienne de l’empire russe, quelques portions du Turkestan, une grande partie de la Turquie d’Asie, le Béloutchistan, l’Afghanistan, quelques États de l’Hindoustan et l’Égypte. Cyrus avait divisé ce vaste empire en 120 petits gouvernements ; Darius I en 20 grands gouvts ou satrapies :

1 Lydie et Pisidie, 11 Côte S. de la mer Caspienne.
2 Carie, Lycie et Pamphylie, 12 Bactriane.
3 Phrygie, Cappadoce et Paphlagonie, 13 Arménie.
4 Cilicie et Syrie septent., 14 Drangiane, Carmanie et Gédrosie.
5 Syrie méridionale, 15 Pays des Saces.
6 Égypte, 16 Sogdiane, Arie, Chorasmie et Parthiène.
7 Transoxiane, 17 Colchide.
8 Susiane, 18 Albanie et Ibérie.
9 Syrie des rivières, Babylonie et Assyrie, 19 Pont.
10 Médie, 20 Arachosie et Inde pers.

À ces 20 satrapies, il faut joindre la Perside, berceau de la nation, qui formait une division à part, sans porter le titre de satrapie. — Sous les Sassanides (ou 2e empire persan), la Perse ne comprenait plus l’Asie-Mineure, l’Égypte, la Bactriane, la Sogdiane ; sa domination fut en outre très-limitée au N., et l’Arménie était partagée avec l’empire romain. Après la domination arabe, le nom de Perse disparaît presque pour être remplacé par celui d’Iran.

PERSE MODERNE ou IRAN, État de l’Asie occidentale, borné au N. par l’empire de Russie (dont il est séparé par l’Araxe), la mer Caspienne et le Turkestan, à l’E. par les roy. de Hérat et de Caboul et la confédération des Béloutchis, au S. par le golfe Persique et le golfe d’Oman, à l’O. par la Turquie d’Asie, s’étend de 42° à 60° long. E., et de 25° à 40° lat. N. ; env. 11 000 000 d’hab. ; capit., Téhéran (jadis Ispahan). On divise généralement ce royaume en onze provinces :

Provinces. Chefs-lieux.
Irak-Adjémi, Téhéran.
Tabaristan, Demavend ou Amol.
Mazendéran, Sari.
Ghilan, Recht.
Aderbaïdjan, Tauris ou Tébriz.
Kourdistan perse, Kirmanchah.
Khousistan, Chouster.
Fars ou Farsistan, Chiraz.
Kerman, Sirdjan ou Kerman.
Kouhistan, Cheheristan.
Khoraçan occidental, Mesched.

La Perse est un vaste plateau entouré de contrées montagneuses ; les montagnes sont surtout nombreuses au N. O. Elle ne renferme qu’un très-petit nombre de cours d’eau : dans le bassin du golfe Persique, le Tigre et le Chat-el-Arab ; dans le bassin de la mer Caspienne, l’Araxe, le Kizil-Ozen et l’Abi-Atrek. Le climat est très-varié, chaud en général, brûlant en quelques parties ; tempéré et même froid vers les montagnes. Au N. E. s’étendent deux vastes déserts arides et imprégnés de sel marin, celui de Nabendjan et celui du Kerman. Dans le reste du pays, la fertilité varie selon que l’eau est rare ou abondante : dans les parties arrosées, le sol produit avec profusion tous les genres de céréales et des fruits exquis (c’est de la Perse que la pêche est originaire). Vins célèbres, jujubes, opium, tabac, rhubarbe, henné, galle, gommes. Gros bétail, beaux chevaux, onagres, dromadaires, buffles, moutons à grosse queue, chèvres innombrables; mais aussi beaucoup d'animaux malfaisants : lions, tigres, léopards, panthères, hyènes, ours, etc. Un peu de cuivre, argent, fer, marbre; turquoises, les plus belles du monde (on les tire surtout des mines de Nichapour); sel en quantité, naphte au Nord. Industrie jadis florissante, mais fort déchue : tapis, soieries, châles, maroquins, armes, etc. Ce sont surtout les étrangers qui font le commerce : les Russes par Recht et Astrakhan, les Anglo-Indiens par Bender-Boucher, les Boukhares par Asterabad et le Khoraçan. Les Persans sont braves, déliés, polis et spirituels, mais ils passent pour faux, paresseux et très-vicieux; ils sont très-amis du luxe des habits. Ils professent l'Islamisme, mais sont de la secte Chyite (V. ce mot), ce qui entretient leur haine contre les Turcs, qui sont Sunnites; on y compte aussi depuis peu beaucoup de Sofites. Avant le triomphe de l'Islamisme, la majeure partie de la population professait le Magisme ou religion de Zoroastre; il ne reste plus auj. qu'un petit nombre de sectateurs de cette religion (V. GUÈBRES). Aux IIIe et IVe siècles, il s'y trouvait aussi beaucoup de Chrétiens; mais à partir du Ve siècle, les rois de Perse s'attachèrent à les exterminer. Les Chrétiens qui subsistent encore en Perse sont pour la plupart des Nestoriens ou des Arméniens schismatiques. L'instruction est très-répandue chez les Persans, mais ils aiment surtout la poésie et les fables : la Perse compte un assez grand nombre de poëtes célèbres : Firdouci, Saadi, Djâmi, Hâfiz, Féryd-eddin-Attar, et de grands historiens : Mirkhond, Khondémir, etc. La forme de gouvernement est la monarchie absolue et héréditaire. Depuis 1828, le roi reconnaît pour héritier le fils aîné de son fils aîné.

L'histoire de la Perse ne commence réellement qu'à Cyrus, au VIe s. av. J.-C. Avant cette époque, les annales de la Perse racontent une série d'événements qui donnent à la nation persane une antiquité exagérée; on y place la dynastie fabuleuse des Pichdadiens ou Kaiomariens, à laquelle succéda celle des Kaianiens ou Achéménides, d'où sortit Cyrus. Ce qu'il y a de certain, c'est que, pendant les bouleversements des empires d'Assyrie et de Médie, les Perses, restreints alors à la Perside (le Farsistan actuel), se maintinrent indépendants. Le mariage de Mandane, fille d'Astyage, roi des Mèdes, avec Cambyse, roi des Perses, qui fut le père de Cyrus, prépara la réunion de la Perside et de la Médie, qui eut lieu après la mort de Cyaxare II (536); les victoires de Cyrus et ses conquêtes en Lydie, en Asie-Mineure, en Assyrie, créèrent le vaste empire des Perses. De 530 à 330 av. J.-C., cet empire grandit encore, s'augmente de l’Égypte, achève la conquête de l'Asie-Mineure, puis il entre en lutte avec la Grèce. Dans le Ve s. av. J.-C., les Guerres médiques (V. ce mot) commencent à l'ébranler; amolli par le luxe et s'affaissant sous le poids de sa puissance même, l'empire médo-persan s'épuise à comprimer des révoltes (V. CYRUS le Jeune), et finit par tomber sous les coups d'Alexandre. Après le règne éphémère de ce dernier (330-323), l'empire est démembré pour être partagé entre ses lieutenants; il devient en grande partie la possession des Séleucides. Mais presque aussitôt les rois parthes le leur disputent : profitant des guerres que se faisaient Antiochus Théos et Ptolémée Philadelphe, Arsace s'empara de la Parthie et y fonda l'empire des Arsacides, 256 av. J.-C. Finalement, après la ruine totale des Séleucides, dont les débris grossirent l'empire romain (64 av. J.-C.), l'ancien empire des Achéménides se trouva divisé en provinces romaines (à l'O. de l'Euphrate), royaume des Parthes ou des Arsacides (à l'E.), Arménie (vassale de Rome), et provinces au N. des monts Paropamises (indépendantes ou soumises à des hordes sauvages souvent hostiles aux Romains). — L'an 226 après J.-C. commence la dynastie des Sassanides, qui renverse celle des Arsacides, réunit les possessions de l'ancien empire des Perses dans la Haute-Asie, et forme un second empire persan. Les Sassanides portent des coups terribles aux Romains, mais ils sont eux-mêmes renversés par les Arabes (652). Pendant la période du califat (652-1258), l'empire arabe englobe toute la Perse et le nom de Perse disparaît le plus souvent, du moins pendant trois siècles : mais à partir du VIIIe s., cet empire perd successivement de ses provinces, non-seulement à l'O., mais aussi à l'E. Les Tahérides, les Soffarides, les Samanides, les Bouides, les Gaznévides créent sur diverses points du territoire de la Perse, aux dépens des califes, des États indépendants; les Gourides, les Seldjoucides (1037), puis Gengiskhan (1235), assujettissent les califes à leur tutelle, jusqu'à ce qu'enfin le Mongol Houlagou-khan, petit-fils de Gengiskhan, les renverse tout à fait et mette fin au califat (1258). La Perse ou Iran est alors soumise à des khans mongols issus les uns de Houlagou, les autres de Tamerlan; pendant le même temps, les Ilkhaniens (1336-1390), les Turcomans du Mouton Noir (1407-1468), et enfin les Turcomans du Mouton-Blanc (1468-1499) règnent sur divers points de la Perse; mais nulle de ces maisons ne fonde une puissance vraiment durable. En 1499 apparaissent les Sophis : d'abord faibles, ils sont forcés de céder aux Turcs tout le pays à l'E. du Kerkah; mais, en 1587, Abbas le Grand, l'un d'eux, rétablit la monarchie : il bat les Turcs, leur reprend Tauris, s'empare de la Géorgie et enlève Ormuz aux Portugais. A partir du XVIIe s. une série d'invasions et d'usurpations, parmi lesquelles celle des Afghans en 1722 et du fameux Nadir, 1736-47, viennent déchirer la Perse, qui finit par être démembrée (1779). En 1794, Aga-Mohammed-chah, prince Kadjar, met un terme à l'anarchie, et bientôt son fils Feth-Ali-chah reconstruit dans la partie occid. de l'ancienne Perse l'empire d'Iran (1797); mais les guerres de ce prince avec la Russie ont encore fait perdre à la Perse une partie de son territoire : par le traité de Tourkmantchaï (1828), elle fut forcée de céder aux Russes les khanats d'Érivan et de Nakhitchevan. Néanmoins la dynastie des Kadjars réussit à s'affermir sur le trône et c'est elle qui règne encore auj. sur la Perse.

Dynasties et souverains de la Perse.
Dynastie fabuleuse.
Narsès, 296
Pichdadiens ou Kaïomariens. Hormidas II, 303
Achéménides ou Kaïaniens. Sapor II, 310
............... Artaxerce II, 380
Cyrus, av. J.-C., 536 Sapor III, 384
Cambyse, 530 Varane IV, 389
Smerdis le Mage, 523 Yezdedgerd I, 399
Darius I, 521 Varane V, 420
Xerxès I, 485 Yezdedgerd II, 440
(Artaban), 472 Hormisdas et Perosès, 457
Artaxerce I, 471 Balascès, 484
Xerxès II, 424 Cabad (dép. 498-501), 491
Sogdien, 424 Chosroès le Grand, 531
Darius II, Nothus, 423 Hormisdas III, 579
Artaxerce II, Mnénon 404 Chosroès II, 590
Artaxerce III, Ochus 362 Siroès, 628
Arses, 338
Abdeser, Sarbazas, Tourandokt, reine, 629
Darius III, Codoman, 336
Kochanchdeh,

Arzoumidokt, reine, Chosroès III, Perosès II, Faroukzad,

632
Rois étrangers.
Yezdedgerd III, 632-652
Alexandre le Grand, 330-323
Intervalle de 323 av. J.-C. à 226 ap. J.-C., rempli par les dynasties des Séleucides et des Arsacides. Califes depuis Othman (652-1258). V. CALIFES.
Sassanides.
5° Concurremment avec les califes, mais sur quelques points seulement :
Artaxerce, 226 Tahérides, 820-872
Sapor I, 238 Soffarides, 872-902
Hormidas I, 271 Samanides, 902-999
Varane I, 273 Bouides, 932-1056
Varane II, 276
Varane III, 293
Ghaznévides.
(Dans le même temps, Djouhaniens et Modhaffériens).
Alp-Tékin, 960 Tamerlan, 1360-1405
Sebek-Tékin, 975
Mahmoud, 999
12° Turcomans.
Maçoud, 1028 ou 1030
Dynastie du Mouton Noir.
Seldjoucides de Perse.
Eskander, 1407-35
Togroul I, 1038 Géangir, 1435-68
Alp-Arslan, 1064
Dyn. du Mouton Blanc.
Malek-chah, 1072 Ouzoun-Haçan, 1468
Barkiaroc, 1093 Yékouf, 1478
Mohammed I, 1105 Djoulaver, 1485
Sandjar, Baysingir, 1488
Mahmoud I, 1115 Roustam, 1490
Maçoud, Ahmed, 1497
Mohammed II, 1158 Alvant, 1497
Soliman-chah, 1158
13° Sophis.
Arslan-chah, 1161 Ismaïl I, 1499
Togroul II, 1175-1194 Thamasp I, 1524
Ismaïl II, 1576
Gourides et Khans du Kharizm (1155-1225).
Khodavend, 1577
Grands-khans mongols.
Hamzah, 1585
Gengis-Khan, 1225 Ismaïl III, 1585
Oktaï, 1229 Abbas I le Grand, 1587
Kaïouk, 1246 Séfi, 1629
Mangou, 1251 Abbas II, 1642
10° Khanat mongol d'Iran.
Soliman II, 1666
Hussein, 1694-1722
Houlagou, 1259 Mahmoud, 1722
Abaka, 1265 Aschraf, 1725
Ahmed, 1282 Thamasp II, 1729
Argoun, 1284 Abbas III, 1732
Kandjatou, 1290
14° Princes divers.
Baïdou, 1294 Nadir-chah, 1736
Casan ou Haçan, 1295 Ali-Kouli-khan, 1747
Aldjaptou, 1304 Ibrahim, 1747
Abousaïd, 1317 Ismaïl-chah, 1747
Anarchie (1335-60).
Kérim-Wakil, 1761
11° Ilkhaniens.
Guerre civile (1779-94).
Hassan-Bouzrouk, 1336
15° Dyn. des Kadjars.
Avéis I, 1356 Aga-Mohammed, 1794
Ahmed Gésaïr ou Avéis II, 1381-90 Feth-Ali-chah, 1797
Mohammed-chah, 1834
Nassereddin-chah, 1848

PERSE, Aulus Persius Flaccus, satirique latin, né l'an 34 de J.-C., à Volaterræ en Étrurie, m. en 62, à peine âgé de 28 ans, était fils d'un chevalier romain et fut de bonne heure amené à Rome où il étudia les lettres sous le grammairien Rhemnius Palémon, et la philosophie sous le stoïcien Cornutus, chez lequel il eut pour condisciple Lucain. Il embrassa le stoïcisme avec ardeur, et se lia avec les hommes les plus vertueux, notamment avec Thraséas. Il légua 100 000 sesterces en mourant à son maître Cornutus. Le poëte Cæsius Bassus, son ami, édita ses satires après en avoir retranché les passages trop hardis. Les satires de Perse sont au nombre de six et sont précédées d'un court prologue; elles ne forment pas plus de 600 vers. L'auteur s'y montre ardent ami de la vertu et de la simplicité antique; son style a de la noblesse et de la force, mais il est souvent obscur à force de concision; on présume qu'il s'y trouve beaucoup d'allusions à Néron. Les deux plus belles sont celles Contre les mauvais auteurs et Contre les vœux insensés des hommes. Les satires de Perse sont ordinairement réunies à celles de Juvénal. Les éditions les plus estimées de Perse seul sont celles de Casaubon, Paris, 1605, avec un savant commentaire; de Passow, Leips., 1809; d'Achaintre, Paris, 1812; d'Orelli, Zurich, 1833; d'Otto Iahn, Leips, 1843. Ces satires ont été traduites en prose par Lemonnier, Sélis, Achaintre, Perreau; elles se trouvent aussi traduites, avec le texte, dans les collections Panckouke et Nisard. Elles Ont été mises en vers par MM. Raoul, A. Théry, Fabre, A. Desportes, J. Barbier, Ch. Soullier, J. Lacroix, etc.

PERSÉCUTIONS DE L'ÉGLISE. V. CHRISTIANISME.

PERSÉE, héros grec, fils de Danaé et de Jupiter, qui s'était métamorphosé en pluie d'or pour séduire cette princesse. Il fut, par ordre de son aïeul Acrisius, abandonné aux flots avec sa mère, mais le coffre qui les portait vint aborder sur la côte de Sériphe, et Persée trouva un appui dans le roi de cette île, Polydecte. Devenu grand, il sauva sa mère de la brutalité de ce prince, vainquit les Gorgones et trancha la tête de Méduse; il vit naître Pégase du sang qu'il venait de verser, prit pour monture ce coursier merveilleux et délivra avec son secours Andromède, que bientôt après il épousa. S'étant rendu à Larisse pour y prendre part à des jeux publics, il eut le malheur d'y tuer par accident d'un coup de disque Acrisius, son grand-père, sans le connaître (1431 av. J.-C.). Il succéda à ce prince sur le trône d'Argos, fonda Mycènes et m. vers 1397. Il fut père d'Alcée, de Sthénélus et d'Électryon. Persée fut après sa mort placé au ciel, où il forme la constellation qui porte son nom.

PERSÉE, roi de Macédoine, fils naturel de Philippe V. Éloigné du trône par sa naissance illégitime, il parvint, à force de calomnies, à pousser le roi à faire périr son fils légitime Démétrius, s'assura le trône par ce crime et devint roi après la mort de Philippe, 178 av. J.-C. Ennemi juré des Romains, il cacha longtemps sa haine et ses préparatifs, et fit assassiner le roi de Pergame, Eumène II, qui dénonçait ses projets à Rome. La guerre ayant enfin éclaté, en 171, il remporta d'abord plusieurs avantages, mais enfin il fut vaincu à Pydna par Paul-Émile, en 168. Il chercha un refuge dans l'île de Samothrace, mais il tomba bientôt aux mains du vainqueur (167), et servit d'ornement à son triomphe. On le jeta dans une prison où il eut à souffrir la faim et où l'on hâta sa mort en le privant de sommeil. Un de ses fils fut réduit à se faire scribe ou greffier.

PERSÉPHONE, nom grec de PROSERPINE.

PERSÉPOLIS, v. de Perse, capitale de la Perside et plus tard de toute la monarchie médo-persane, sur l'Araxe, près de son confluent avec le Cyrus, entre des hauteurs, à 53 kil. N. E. de la ville actuelle de Chyraz, passait pour être la ville la plus riche de l'Asie et était la nécropole des rois de Perse. Elle avait été fondée par Cyrus ou par Cambyse. Elle fut prise par Alexandre en 330 av. J.-C., et livrée au pillage. On dit qu'à la suite d'une orgie, le conquérant, poussé par la courtisane Thaïs, mit le feu au palais pour venger Athènes, qui avait été brûlée par Xercès; mais quelques-uns attribuent l'incendie à un accident purement fortuit. Quoi qu'il en soit, la ville fut loin d'être consumée en entier et elle se releva bientôt. Elle devint, sous le nom d’Istakhar, la résidence des Sassanides, comme le prouvent les inscriptions en pehlvi et en persan que l'on y trouve à côté des inscriptions cunéiformes du premier empire. Elle paraît avoir été détruite du VIIe ou du VIIIe s. par les Arabes. Auj. les Persans appellent les ruines de Persépolis Takht-i-Dschemschid (le trône de Dschemschid), ou Tchil-Minar (les 40 colonnes) : on y voit en effet les restes d'un magnifique édifice orné d'un grand nombre de colonnes cannelées en marbre gris, qui n'ont pas moins de 2m de diamètre et de 24m de hauteur; on y trouve aussi des statues colossales représentant des animaux qui semblent être les gardiens de l'édifice : ils ont des ailes, le corps d'un lion, les pieds d'un cheval, mais une tête d'homme, ornée de la tiare, et une barbe frisée. Ces merveilles d'un art supérieur à celui de l’Égypte ont été signalées par Chardin et les voyageurs postérieurs; elles ont été décrites par E. Flandin dans son Voyage en Perse (1843).

PERSERIN ou PRISREND, Theranda? v. de la Turquie d'Europe (Albanie), ch.-l. de livah, au pied du mont Tchartag, à 80 k. E. de Scutari; 15 500 hab. Évêché grec. Manufacture d'armes à feu.

PERSIDE, Persis, auj. le Fars ou Farsistan, région d'Asie, avait pour bornes au N. la Médie, au S. le golfe Persique, à l'O. la Babylonie et la Susiane, à l'E. la Carmanie, et avait pour ch.-l. Persépolis, qui devint la capitale de tout l'empire perse. Après avoir formé un petit État qui resta longtemps indépendant sous le gouvernement des ancêtres de Cyrus, la Perside fut comprise dans l'empire médo-persan, dont elle était comme le noyau. Résidence du roi même, elle n'était pas comptée parmi les satrapies.

PERSIQUE (Golfe), Persicus sinus, golfe formé par l'Océan Indien sur la côte S. O. de l'Asie, entre la Perse, la Turquie et l'Arabie, communique avec la mer d'Oman à l'E. par le détroit d'Ormuz; il a env. 900 kil. de long. sur 450. Il reçoit l'Euphrate et le Tigre réunis. Ses principaux ports sont Bender-Abassi et Abouchehr en Perse; Bassora, en Turquie, sur le Chat-el-Arab, et El-Katif, sur la côte d'Arabie.

PERSUIS (LOISEAU de), compositeur, né à Metz en 1765, m. en 1819, vint à Paris en 1790, fut chef d'orchestre, puis directeur de l'Opéra. Il a donné à l'Opéra le Triomphe de Trajan, la Jérusalem délivrés, les ballets d’Ulysse, de Nina, du Carnaval de Venise, et a fait la musique de plusieurs opéras-comiques.

PERTARIT ou PERTHARITE, roi lombard, eut Milan pour partage à la mort d'Aribert I, son père, qui avait divisé ses États entre ses deux fils (661), s'enfuit chez les Avares lors du meurtre de son frère Godebert par l'usurpateur Grimoald, duc de Bénévent, puis vint en France où il vécut jusqu'à la mort de Grimoald, en 671, retourna alors en Italie et remonta sur le trône. Il régna 15 ans (671-686) sur tout le royaume et gouverna avec sagesse. Pertharite est le héros d'une tragédie médiocre de Corneille.

PERTH, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Perth, sur la r. g. du Tay, à 60 kil. N. N. O. d’Édimbourg; 24 000 hab. Église St-Jean, fort ancienne, deux beaux parcs appelés Inches, prison centrale modèle; chemin de fer. Hôtel de ville, théâtre, casernes. Société littéraire. Beaucoup de toiles, cotonnades, gants, chaussures, etc., tant aux environs que dans la ville même; construction de vaisseaux; riche pêche du saumon. A 3 k. au N. est l'antique Scône. — Le comté de Perth, situé au S. de ceux d'Aberdeen et d'Inverness, au N. du Frith de Forth, est au centre de l'Écosse. Il a 125 kil. sur 110, et compte 160 000 hab. Monts Grampians, beaucoup de lacs et petites rivières.

PERTH, v. d'Australie, au S. O. (terre de Leeuwin), sur le Swan-river, à 16 k. de son emb. Colonie anglaise, lieu de déportation. Ville toute nouvelle et déjà florissante; évêché, créé en 1844.

PERTHOIS (le), anc. petit pays de la Basse-Champagne, au S. de l'Argonne, avait pour lieu principal Vitry-le-Français, et tirait son nom de Perthes, son anc. capitale, à 26 k. N. O. de Vassy : c'était jadis une ville de quelque importance; elle fut détruite par Attila. Le Perthois est auj. compris dans les dép. de la Marne et de la Haute-Marne.

PERTINAX (P. HELVIUS), empereur romain, né en Ligurie l'an 126, était fils d'un affranchi. Il se distingua comme général en Germanie, sous Marc-Aurèle qui le fit sénateur et consul, combattit le rebelle Avidius Cassius, et gouverna avec sagesse les deux Mésies, la Dacie et la Syrie. Il était préfet de Rome à la mort de Commode. Proclamé malgré lui Auguste en 193 par les prétoriens et le sénat, il donna l'exemple de toutes les vertus. Il projetait la réforme des abus, et voulait rétablir la discipline; mais il mécontenta par là ses soldats et fut égorgé par les prétoriens, qui mirent ensuite l'empire à l'encan (V. DIDIUS). Son règne n'avait duré que 87 jours.

PERTUIS, ch.-l. de c. (Vaucluse), sur la Lèze près de la Durance, à 30 k. S. E. d'Apt, 4859 h. Trib., collége. Vins, eau-de-vie, huile d'olive, garance.

PERTUIS-BRETON (le), détroit entre l'île de Ré et la côte de la Vendée. Sa largeur varie de 2 à 10 kil.

PERTUIS-D'ANTIOCHE (le), détroit entre les îles de Ré et d'Oléron (Charente-Infér.), a 8 k. de largeur. Les ports de Rochefort et de La Rochelle donnent sur ce pertuis.

PÉRUGIN (P. VANUCCI, dit le), grand peintre, né en 1446 à Città delle Pieve près de Pérouse (d'où son nom), mort en 1524, fut le chef de l'école romaine et le maître de Raphaël. Il est auteur de quantité de belles fresques qui se voient à Pérouse, à Florence et à Rome (dans la chapelle Sixtine). Ses tableaux, quoique un peu secs et trop semblables les uns aux autres, se distinguent cependant par la grâce, le coloris et par d'autres qualités précieuses; ses têtes de Vierge ont un caractère céleste. On admire surtout son Mariage de la Vierge (à Caen), et ses Noces de Cana (au Louvre).

PERUSIA, ville de l'Italie anc. auj. PÉROUSE,

PÉRUWELZ, ville de Belgique (Hainaut), à 20 k. S. E. de Tournay; 6880 hab. Fab. de bas et de bonneterie, tanneries, corroieries, mégisseries, sucreries, filatures de laine, carrières de grès et de pierres à bâtir. Aux environs, magnifique propriété de l'Ermitage, appartenant à la maison de Croy.

PERUZZI (Balthazar), peintre et architecte, né en 1480 à Volterre, m. en 1536. Comme peintre, il imita Raphaël, surtout dans les Stes Familles : on cite de lui la Vierge entre S. Jean-Baptiste et S. Jérôme, la Vierge couvrant d'un voile l'enfant Jésus endormi, la Sibylle prédisant à Auguste l'enfantement de la Vierge. Grand perspectiviste, il excella dans la peinture en grisailles : il créa, chez les modernes, l'architecture feinte, renouvela l'art de la décoration scénique, et le porta à un point de perfection qui n'a pas été surpassé. Comme architecte, il a construit d'élégants palais, notamment la Farnésine et le palais Massimi à Rome. Après la mort de Bramante, Léon X le nomma architecte de la basilique de St-Pierre.

PERVENCHÈRES, ch.-l. de cant. (Orne), à 13 kil. S. O. de Mortagne; 955 hab.

PÉSARÈSE (Simon CANTARINI, dit le), peintre et graveur, né en 1612 à Pesaro, mort en 1648, fut l'élève du Guide, qu'il imita avec un étonnant succès et dont il fit un beau portrait; se brouilla avec son maître pour s'être permis des critiques peu mesurées, quitta Bologne, obtint la protection du duc de Mantoue, avec lequel il se brouilla encore, et alla mourir à Vérone. Il est un des meilleurs dessinateurs et coloristes de l'école bolonaise. Le Louvre possède de lui trois Saintes Familles.

PÉSARO, Pisaurum, v. forte d'Italie, ch.-l. de l'anc. délégation romaine d'Urbin-et-Pesaro, près de l'embouch. de la Foglia dans l'Adriatique, à 240 k. N. E. de Rome; 15 000 hab. Petit port, évêché, collége, bibliothèque, musée. Nombreuses églises : on remarque St-Charles, St-Jean et la Miséricorde. Filatures de soie, étoffes, faïences, cristal, cire, etc. Patrie du pape Innocent XI, du peintre Cantarini, dit le Pesarèse, et du célèbre compositeur Rossini. — Ville fort ancienne; elle reçut une colonie romaine en 184 av. J.-C. Détruite par Totila, elle fut rebâtie plus belle par Bélisaire. Elle a dans les temps modernes suivi le sort d'Urbin (V. ce nom); elle s'est séparée en 1859 des États romains pour s'unir au roy. d'Italie.

PESCAIRE, Pescara en italien, l'anc. Aternum, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Abruzze Cit.), sur la Pescara (Aternus), à 13 kil. N. E. de Chieti; 3000 hab. Anc. marquisat. V. AVALOS.

PESCENNIUS (C.) NIGER, général romain, originaire d'Aquinum, avait gouverné la Syrie et y avait déployé beaucoup de talents. Son armée le salua auguste en 193, après le meurtre de Pertinax et l'avénement de Didius Julianus, tandis que Septime Sévère était proclamé par les légions d'Illyrie. En vain il tenta de s'accommoder avec son rival : bientôt il fallut en venir aux mains. Il eut d'abord quelques avantages, mais deux défaites qu'il essuya à Nicée et près d'Issus le forcèrent à fuir. Après s'être réfugié à Antioche, il se dirigeait vers le pays des Parthes pour y chercher un refuge quand ses soldats le tuèrent, non loin de Cyzique, en 195.

PESCHAOUER. V. PEYCHAOUER.

PESCHIÉRA, Ardelica ou Piscaria, v. forte de Vénétie, sur le Mincio, au point où ce fleuve sort du lac de Garda, à 24 kil. O. de Vérone; 2500 hab. Citadelle, petit port, chemin de fer. — Peschiera forme, avec Mantoue, Vérone et Legnago, le fameux ' quadrilalère autrichien. Elle fut prise par les Français en 1796; occupée par les Austro-Russes en 1799, de nouveau par les Français en 1801; prise par les Italiens en 1848, mais bientôt reprise par les Autrichiens.

PESCIA, v. de Toscane, à 40 kil. N. E. de Florence ; 4000 h. Évêché. Filature de soie, pâtes d'Italie.

PESCINA, v. de l'Italie mérid. (Abruzze Ult. 2e), à 45 kil. S. O. d'Aquila; 3000 h. Résidence de l'évêque dei Marsi (des Marses). Patrie de Mazarin.

PESMES, ch.-l. de cant. (Hte-Saône), sur l'Oignon, à 20 kil. S. de Gray; 1925 hab. Forges.

PESSAC, ch.-l. de canton (Gironde), à 6 kil. S. O. de Bordeaux ; 2537 hab. Vins dit de Graves.

PESSINONTE, Pessinus, v. de Galatie, chez les Tectosages, sur le Sangarius, à l'O. de Gordium, célèbre par un temple de Cybèle, par une statue de la déesse, qu'on disait tombée du ciel, et par le tombeau d'Atys. Elle était gouvernée théocratiquement.

PESTALOZZI (Henri), célèbre instituteur suisse, né à Zurich en 1746, mort en 1827. Après avoir étudié les langues, la théologie, l'agriculture, il se voua par philanthropie à l'instruction des classes pauvres, et forma en 1775, dans sa terre de Neuhof en Argovie, un institut pédagogique ou il recevait gratuitement les enfants pauvres et abandonnés. En 1798, le gouvernement suisse se chargea des frais de cet utile établissement, qui fut transporté successivement à Stanz, au château de Berthoud (Berne), puis dans celui d'Yverdun. Après avoir joui d'une grande prospérité, l'institut déclina par le vice de la gestion, et le fondateur eut le chagrin de survivre à son œuvre. Pestalozzi faisait marcher de front les langues, le calcul, la géométrie, l'industrie, l'agriculture, et voulait que l'écolier comprît toujours le but et l'application de ce qu'il apprenait. Il a laissé un grand nombre d'écrits qui ont été réunis en 15 vol. in-8, 1819-27; les principaux sont Léonard et Gertrude, roman philosophique; Comment Gertrude instruit ses enfants, directions pour les mères qui voudraient instruire leurs enfants elles-mêmes; Mes recherches sur la marche de la nature dans l'éducation. Sa méthode a été exposée par Cochin (Essai sur la vie, les méthodes d'instruction et d'éducation et les établissements d'H. Pestalozzi, 1848).

PESTH, le Contra-Acincum des Romains? Pestum ou Pestinum en latin moderne, v. de Hongrie, ch.-l. du comitat de Pesth, sur la r. g. du Danube, vis-à-vis de Bude, à 200 kil. E. S. E. de Vienne; 132 000 hab. Fort belle ville, la plus riche, la plus industrieuse et la plus commerçante de la Hongrie. Bien que Bude soit la capitale, c'est à Pesth que siégent les hautes cours de justice et la diète. Hôtel des Invalides, bourse, théâtre, promenades, pont Rothschild. Université, qui y fut transférée de Bude en 1782, école nationale supérieure, école militaire, collége de Piaristes; académie des sciences, cabinet d'histoire naturelle, musée national, bibliothèque, amphithéâtre anatomique, jardin botanique. Draps, soieries, tissus de coton, orfèvrerie, argenterie, ganterie, liqueurs, instruments de musique, etc. Grand commerce : quatre foires par an; il s'y fait pour 25 millions d'affaires. — Pesth fut prise par les Turcs en 1526-1541, 1603 et 1684; ils la brûlèrent en l'abandonnant et la rendirent presque en ruines à l'Autriche (1686). Deux débordements du Danube, en 1775 et 1838, lui firent aussi beaucoup de mal. Soulevée en 1848 contre l'Autriche, elle fut reprise l'année suivante. — Le comitat de P. est entre ceux de Néograd, d'Hévech, Bacs, la petite Cumanie et le district des Iazyges : 185 kil. du S. au N. sur 96; 560 600 hab. Il a pour ch.-l. Pesth, quoiqu'il contienne Bude, la capitale de toute la Hongrie.

PESTI ou PESTO, v. d'Italie (Naples). V. PÆSTUM.

PÉTALISME (du grec petalon, feuille), espèce de jugement populaire qui fut quelque temps en usage à Syracuse, consistait à écrire sur une feuille d'olivier le nom du citoyen qu'on voulait bannir.

PÉTAU (Denis), en latin Petavius, savant jésuite, né à Orléans en 1583, mort en 1652, montra dès l'enfance une vive passion pour l'étude, professa la philosophie à Bourges, puis la théologie à Paris, et refusa des offres brillantes du pape et du roi d'Espagne. Il a laissé, entre autres grands ouvrages : De doctrina temporum, 1627, 2 v. in-fol., où il combat le livre de Scaliger De emendatione temporum; Uranologia, 1630 et 1703-5, 3 v. in-f.; Tabulæ chronologies regum, dynastiarum, etc., 1628; Rationarium temporum, 1633-34, 2 v. in-12; De Ecclesiastica hierarchia, 1643, in-f.; Theologica dogmata, 1644-50, 5 v. in-f. On estime surtout ses ouvrages de chronologie : ils ont fait faire de grands progrès à la science historique. On a aussi de ce savant des éditions avec trad. latine de S. Épiphane, Synésius, Thémistius, Julien, etc., et des poésies grecques et latines (1642), remarquables par la facilité.

PETCHÉNÈGUES, peuple turc d'origine, sortit du Turkestan pour s'avancer vers l'Iaïk et le Volga, et, après y avoir séjourné quelque temps, franchit le Volga en 884, envahit la Khazarie, puis, poussant toujours à l'O., s'étendit des rives du Don à celles du Dnieper et du Danube (892). Leur empire comprenait ce qu'on nomme auj. Valachie, Moldavie, Transylvanie, Bessarabie, Kherson, Iékatérinoslav, Tauride, et partie des gouvts de Podolie, de Pultava, d'Orel, etc. Il avait pour bornes au S. les roy. de Bulgarie et Servie, à l'O. la Hongrie et la Pologne, au N. le grand-duché de Kiev et les duchés russes, à l'E. les Khazars. Les Petchénègues furent souvent en guerre, soit avec les Russes, soit avec les Hongrois, soit avec les Grecs, surtout après la chute du 2e royaume de Bulgarie, en 1018; épuisés par ces guerres continuelles, ils disparurent peu à peu. La dernière mention qu'on en fasse est en 1122; ils furent alors défaits par l'emp. Jean II Comnène. Leur nom se retrouve dans celui de la petite ville de Petcheneg, à 49 k. E. de Karkhov (Slobodes de l'Ukraine).

PE-TCHI-LI, golfe et prov. de Chine. V. TCHI-LI.

PETCHORA, riv. de la Russie d'Europe, sort de l'Oural par 61° 37' lat. N., dans le gouv. de Perm, coule de l'O. au N. O., puis au S. O. et au N., et tombe dans l'Océan arctique par plusieurs bras. Cours 1250 k.

PETERBOROUGH, v. d'Angleterre (Northampton), à 60 k. N. de Northampton; 8600 h. Évêché anglican. La cathédrale renferme le tombeau de Catherine d'Aragon. Anc. couvent où fut rédigée une célèbre Chronique dite de Peterborough. Patrie de W. Paley. Près de la ville est Milton Park, résidence des Fitzwilliam qui ont titre de vicomtes de Peterborough.

[[w:Charles Mordaunt (3e comte de Peterborough)|PETERBOROUGH (Ch. MORDAUNT, comte de)]], pair d'Angleterre, né en 1662, m. en 1735, commanda les troupes anglaises en Espagne dans la guerre contre la France en 1705 et 1706, se signala par sa bravoure et sa loyauté (surtout à Barcelone), fut chargé de div. missions, et m. à Lisbonne, où il était allé pour rétablir sa santé. Il avait épousé en 2es noces la célèbre cantatrice Anastasie Robinson. Peterborough avait un esprit vif et original : Pope en fait un grand éloge. Il a laissé de piquants Mémoires, publ. en 1853.

PÉTERHOF, bg de la Russie d'Europe (St-Pétersbourg), sur le golfe de Kronstadt, à 25 kil. S. O. de St-Pétersbourg; 600 hab. Beau château impérial, construit vers 1720 par l'architecte français Leblond : c'est la résidence d'été de l'empereur.

PÉTERSBOURG (St-). V. ST-PÉTERSBOURG.

PÉTERWARADIN, en allemand Peterwardein, en lat. Acunum, Petrovaradunum, v. forte de Hongrie, ch.-l. du gouvt des Confins militaires de Slavonie et du district de Pétenvaradin, sur le Danube, r. dr., à 89 kil. S. E. d'Eszek, et à 238 de Bude, en face de Neusatz à laquelle elle est jointe par un pont de bateaux; 6000 h. Elle se compose de deux forteresses, la basse et la haute, et de la ville de Bukowetz. Le prince Eugène y gagna une grande victoire sur les Turcs en 1716. Assiégée en 1848 par les Autrichiens, elle capitula en 1849. — Le district de P. est situé entre le comitat de Syrmie au N., le banat allemand à l'E., la Servie et la Bosnie au S., le district de Brod à l'O.; env. 180 kil. sur 35; 100 000 h.

PÉTHION. V. PÉTION.

PÉTILIE, Strongoli ou Policastro, v. du Brutium, à l'E., bâtie, selon la Fable, par Philoctète.

PÉTION (Jérôme), dit de Villeneuve, maire de Paris, né en 1753 à Chartres, était avocat en 1789. Il fut député a l'Assemblée Nationale et à la Convention, fut chargé avec Barnave et Latour-Maubourg de ramener Louis XVI de Varennes, demanda qu'on mît le roi en jugement, fut peu après élu maire de Paris (14 nov. 1791), et devint pour un moment l'idole du peuple; il laissa exécuter, sans y opposer la moindre résistance, les insurrections des 20 juin et 10 août 1792, ainsi que les massacres de septembre. Cependant, ayant voté dans le procès du roi pour la mort avec sursis, il devint odieux aux révolutionnaires et fut proscrit avec les Girondins le 31 mai 1793. Il s'enfuit et se donna la mort dans les landes de Bordeaux, où l'on retrouva son cadavre à moitié dévoré par les loups. Nul comme homme politique, Pétion ne dut sa popularité éphémère qu'à l'exaltation de ses opinions. Il avait une réputation de probité : ses admirateurs l'appelaient le vertueux Pétion. Il a laissé quelques écrits politiques, publ. en 1793, 4 v.in-8.

PÉTION (Alexandre SABÈS, dit), président de la république d'Haïti, né au Port-au-Prince en 1770, était un homme de couleur. Il servit d'abord dans l'armée française lors de la révolte de St-Domingue, s'éleva au grade d'adjudant général, se déclara contre Toussaint Louverture, défendit contre lui le fort Jacmel avec honneur, se retira en France après la défaite de son parti, puis revint comme colonel avec le général Leclerc; mais il quitta ensuite les rangs français pour se joindre à Jacques Dessalines; bientôt il s'unit à Christophe pour renverser ce dernier et fut nommé commandant du Port-au-Prince par Christophe, devenu roi (1806). Peu après il entra en guerre avec celui-ci, proclama la république dans la partie S. de l'île et prit le titre de président d'Haïti (1807). Par ses talents et sa modération il accrut beaucoup son territoire, et attira sous ses drapeaux une partie des soldats de son rival. Législateur de son pays, il créa la plupart des institutions qui le régissent et dota les Noirs de la propriété. Pétion mourut en 1818, laissant à Boyer son petit État dans une position assez prospère.

PÉTIS (Franç.), orientaliste, né en 1622, m. en 1695, secrétaire-interprète du roi pour les langues turque et arabe, laissa un Dictionnaire français-turc et turc-français, resté manuscrit, et une Histoire de Gengizcan (sic), publiée par son fils en 1710. — Ce fils, nommé aussi François Pétis de la Croix (1653-1713), voyagea en Orient, obtint une chaire d'arabe à Paris et succéda à son père comme secrétaire-interprète pour les langues orientales. Il a traduit du persan les Mille et un jours et a donné une Histoire de Timour-Lenc (1722). — Le fils de ce dernier, Louis Pétis de la Croix, 1698-1751, passa 6 ans en Syrie, fut successivement secrétaire-interprète de la marine, interprète des langues orientales à la Bibliothèque du Roi, professeur d'arabe au Collége de France. Il a traduit plusieurs ouvrages turcs et arabes.

PETIT (J.), cordelier, docteur en théologie, natif de Hesdin, était aux gages de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Il ne craignit pas de proclamer la légitimité du meurtre du duc d'Orléans, assassiné par ce prince (1408), et soutint publiquement devant le Dauphin et toute la cour, dans une assemblée tenue a l'hôtel St-Paul, qu'il est permis de tuer un tyran et même que le meurtrier devait être récompensé. Cette doctrine, contre laquelle personne n'osa protester sur le champ, fut réfutée peu après par Pierre Cousinot et par Gerson, et condamnée solennellement par le concile de Constance et par le parlement. Néanmoins, protégé par le duc, J. Petit mourut paisiblement dans sa ville natale (1411 ou 1413).

PETIT (Pierre), géographe du roi, ingénieur, physicien, né à Montluçon en 1594, m. en 1677, fut un des premiers à signaler à l'attention publique les découvertes consignées dans la dioptrique de Descartes, et répéta avec Pascal les expériences, de Torricelli sur le vide. Il a laissé divers opuscules, notamment Moyen de pratiquer avec la règle les opérations du compas de proportion, 1634. — Un autre Pierre Petit, 1617-87, qui avait fait l'éducation des fils du premier président Lamoignon, a laissé des poésies latines, 1683, parmi lesquelles on remarque les pièces intitulées Codrus et Thia sinensis (le thé); des discours latins, des ouvrages de physiologie et de médecine, dont un contre l'automatisme de Descartes (De motu animalium spontaneo), 1660, et de curieuses dissertations De Anthropophagis, De Amazonibus et De Sibylla. On le comptait, avec Rapin, Commire, Santeul, Larue, etc., parmi les astres de la Pléiade du XVIIIe siècle.

PETIT (Samuel), ministre protestant, né à Nîmes en 1594, m. en 1643, professa dans sa ville natale la théologie, le grec et l'hébreu, et publia, entre autres ouvrages d'érudition, un excellent commentaire sur les lois d'Athènes, Leges atticæ (Paris, 1635). Cet ouvrage, complété par Wesseling et réimprimé à Leyde en 1742, fait encore autorité.

PETIT (J. L.), chirurgien et anatomiste, né à Paris en 1674, mort en 1750, membre de l'Acad. des sciences, censeur royal, puis démonstrateur, enfin directeur de l'école royale de chirurgie, imagina divers instruments utiles et fit quelques découvertes pathologiques. On estime surtout ses travaux sur les hernies, les fractures et les hémorragies artérielles : il a inventé un ingénieux tourniquet pour suspendre le cours du sang dans les artères et a indiqué un moyen d'extraire les corps étrangers introduits dans l'œsophage. On lui doit un Traité des maladies des os et un Traité des maladies chirurgicales. — Un autre Petit, Antoine, 1718-94, se distingua aussi dans la chirurgie et fut également admis à l'Académie des sciences (1760). Il eut une immense clientèle et forma de brillants élèves, entre autres Vicq-d'Azyr.

PETIT (Alexis), physicien, né en 1791 à Vesoul, m. en 1820, fut à la fois, quoique fort jeune, professeur au lycée Bonaparte, à l'École normale et à l'École polytechnique. Il publia en 1814,avec Arago, son beau-frère, des Recherches sur le pouvoir réfringent des corps, et en 1818, avec Dulong, des Recherches sur la théorie de la chaleur.

PETIT (le général), né à Paris en 1772, m. en 1856, avait fait avec distinction les campagnes delà République et de l'Empire et était général de brigade en 1814. Il se trouvait à Fontainebleau à la tête d'un corps de troupes fidèles de la garde impériale au moment de l'abdication de Napoléon : c'est lui qui reçut de l'Empereur, avec la dernière accolade, ces adieux touchants, qui s'adressaient à toute l'armée. Il combattit à Waterloo en qualité de major au 1er régiment des grenadiers à pied de la garde, fut mis à la retraite en 1825, rappelé à l'activité en 1831 avec le grade de général de division, fait pair de France en 1838 et nommé en 1840 commandant en second de l'Hôtel des Invalides. Napoléon III le nomma sénateur en 1852.

PETIT-BOURG, château du dép. de Seine-et-Oise, commune d'Évry, à 5 k. N. O. de Corbeil, a appartenu à Lauzun, à Mme de Montespan, et aux tantes de Louis XVI. On y avait établi récemment une colonie agricole, qui a été abandonnée.

PETITE-PIERRE (La), ville d'Alsace-Lorraine. au pied du mont Altenbourg, à 15 kil. N. O. de Saverne; 1037 h. Château fort. C'était jadis un comté important : en 1452, l'électeur palatin s'en empara, et depuis il passa aux comtes de Veldenz, cadets de cette maison, puis à la maison de Deux-Ponts.

PETITES-MAISONS (Les), maladrerie fondée à Paris vers la fin du XVe siècle pour les lépreux, réedifiée en 1557 pour les mendiants de profession, les vieillards infirmes et les insensés, est devenu en 1801 l’Hospice des Ménages (rue de Sèvres). Le nom de Petites-Maisons lui vint des chambres basses ou des loges dans lesquelles on enfermait les fous.

PÉTITION DES DROITS, célèbre requête présentée en 1629 à Charles I par les chefs du parti patriotique du parlement anglais. On y demandait le redressement de 4 abus : 1° contrainte à l'effet d'arracher des prêts pour le roi; 2° arrestations et détentions illégales; 3° logement des gens de guerre; 4° jugements par cours martiales. Charles I parut y adhérer; néanmoins le retard qu'il mit à réaliser sa promesse donna lieu à de vives querelles et amena les 11 ans de gouvernement sans chambre (1629-40).

PETITOT (Jean), peintre de Genève, né en 1607, m. en 1691, excella dans la miniature. Il s'attacha au roi d'Angleterre Charles I, qui le chargea de faire des copies de tableaux de Van Dyck, vint en France avec lui et jouit quelque temps de la protection de Louis XIV; mais, après la révocation de l’Édit de Nantes, il fut, comme calviniste, emprisonné au For-l'Êvêque et n'en sortit que quand on craignit pour ses jours. Bossuet avait tenté vainement de le convertir. Petitot est le créateur de la peinture sur émail : ses ouvrages se distinguent par une finesse de dessin, une douceur et une vivacité de coloris admirables. Le musée du Louvre possède une collection de ses émaux; elle a été gravée par Blaisot, avec notices, Paris, 1863, 3 v. in-4.

PETITOT (Cl. Bernard), né à Dijon en 1772, mort en 1825, secrétaire, puis membre du Conseil de l'instruction publique, a donné 3 faibles tragédies : la Conjuration de Pison, Géta et Caracalla, Laurent de Médicis, et une traduction des Tragédies d'Alfieri, 1802; mais il est surtout connu par une vaste collection de Mémoires relatifs à l'Histoire de France, en 56 vol., 1819-24, qui a été continuée par Monmerqué.

PETITOT (L.), statuaire, né à Paris en 1794, m. en 1862, était gendre de Cartellier. Il fut envoyé à Rome en 1814, et ne cessa, depuis son retour, de produire des œuvres remarquables, entre autres la statue colossale de Louis XIV, en pied, à Caen, la statue équestre du même roi, dans la cour d'honneur de Versailles, les villes de Lyon et de Marseille, pour la place de la Concorde, les quatre statues allégoriques du pont du Carrousel, le monument du roi de Hollande Louis-Bonaparte, à St-Leu. Il était membre de l'Institut et professeur à l'École des beaux-arts.

PETIT-RADEL (Phil.), né à Paris en 1749, mort en 1815, chirurgien aux Invalides, avait été chirurgien-major à Surate. Il fut nommé en 1782 professeur de clinique chirurgicale à l'École de Médecine de Paris. C'est lui qui a rédigé le Dictionnaire de chirurgie de l’Encyclopédie méthodique, 1790.

PETIT-RADEL (François), frère du préc., 1756-1836, se fit recevoir docteur en Sorbonne, fut vicaire général du Couserans, émigra en 1791 en Italie, où il se livra à l'étude des antiquités, revint en France en 1800, exposa des idées neuves sur les constructions pélasgiques en Italie, fut reçu en 1806 membre de l'Institut (Inscriptions et Belles-Lettres), et attaché vers la même époque à la bibliothèque Mazarine. Il se consacra spécialement à l'étude des monuments pélasgiques. On lui doit, entre autres ouvrages, de savantes Recherches sur les monuments cyclopéens, des Mémoires sur les origines des plus anciennes villes d'Espagne, un Examen de la véracité de Denys d'Halicarnasse concernant l'authenticité des colonies pélasgiques en Italie; un Examen des synchronismes de l'histoire primitive de la Grèce, 1827. Il a légué à la bibliothèque Mazarine une collection de modèles représentant les ruines des principaux monuments pélasgiques de la Grèce et de l'Italie.

PÉTRA, auj. Karak ou Sélah, v. d'Arabie, entre la mer Rouge et la mer Morte, appartint d'abord aux Iduméens, puis aux Nabathéens, et fut le ch.-l. de l'Arabie Pétrée au temps de l'empire Romain. C'était l'entrepôt du commerce avec l'Arabie. Elle devait son nom à sa situation sur un rocher (petra).

PÉTRARQUE (François), célèbre poëte italien, né en 1304 à Arezzo. Son père, ardent guelfe et ami de Dante, ayant été banni de Florence où il occupait un emploi, vint se fixer avec lui à Avignon où résidaient alors les papes, et l'envoya étudier le droit à Montpellier et à Bologne; mais cette étude avait peu d'attrait pour le jeune Pétrarque. Devenu en 1324, par la mort de son père, libre de suivre ses penchants, il se voua tout entier aux lettres et à la poésie, et revint habiter Avignon. C'est là qu'il vit en 1327 la célèbre Laure (de Noves), pour laquelle il conçut un amour qui dura autant que sa vie, mais qui resta toujours sans espoir. Il entra alors dans l’Église, voyagea pour se distraire, visita la France, les Pays-Bas, puis vint s'enfermer dans la solitude de Vaucluse, auprès d'Avignon. Il exhalait sa passion dans des vers qui lui firent bientôt une réputation universelle. En 1335, le pape Benoît XII lui conféra des bénéfices qui lui assuraient une existence honorable; en 1341, il fut appelé à Rome pour y recevoir au Capitole la couronne lauréale décernée au premier poëte de l'époque; en même temps, le roi de Naples, Robert, admirateur de son génie, lui donnait le titre de son aumônier ordinaire; le souverain de Parme le fixait auprès de sa personne avec le titre d'archidiacre de l'église de Parme. A partir de cette époque, Pétrarque fut honoré de diverses missions politiques : il fut chargé par les Romains d'aller à Avignon presser Clément VI de rétablir à Rome la résidence des papes (1342); par Clément VI lui-même de faire valoir les droits du St-Siége à la régence de Naples; par Louis de Gonzague, seigneur de Mantoue, d'intercéder auprès de l'empereur Charles IV pour qu'il rendit la paix à l'Italie; par les Visconti, seigneurs de Milan, de réconcilier Gênes et Venise, puis d'aller en France féliciter le roi Jean II sur sa délivrance. Ce dernier prince tenta vainement de le retenir auprès de lui. Vers le même temps, Florence le réintégrait dans le droit de cité qu'avait perdu son père, et lui offrait la direction de son Université; mais il refusa cet honorable poste. Au milieu de ses succès, Pétrarque avait appris la mort de Laure, enlevée par la peste de 1348 : cette perte lui inspira de nouveaux chefs-d'œuvre. Après avoir longtemps vécu à la cour des princes d'Italie, qui le recherchaient à l'envi, Pétrarque voulut passer ses dernières années dans la retraite. Il se fixa à Venise, et fit don à cette ville de sa bibliothèque (1362); il fut en reconnaissance logé dans un palais aux frais de la république. Il mourut en 1374 à Arquà, bourg voisin de Padoue; il avait été frappé d'apoplexie dans sa bibliothèque; on le trouva la tête penchée sur un livre. Les ouvrages les plus célèbres de Pétrarque sont ses poésies italiennes, qui se composent principalement de sonnets, de canzoni ou odes, de rime terze; on y trouve une grâce, une délicatesse de sentiments inimitables. Il a aussi laissé des lettres, des poésies latines, parmi lesquelles on remarque des églogues et le poëme épique de l’Africa (où il chante les deux guerres puniques), et de remarquables traités de philosophie morale (entre autres : De remediis utriusque fortunæ; De ignorantia sui ipsius et multorum, contre Aristote). Pétrarque était un ami ardent de la littérature ancienne : il a puissamment contribué à faire renaître en Italie, et par suite en Europe, le sentiment et l'admiration de l'antiquité classique; il prit toutes sortes de peines pour rassembler et conserver des manuscrits; on lui doit la découverte des Institutions oratoires de Quintilien, d'une partie des Lettres et des Discours de Cicéron; il possédait plusieurs manuscrits précieux qui se sont perdus. Considéré comme poëte, Pétrarque exerça une grande influence sur la littérature italienne à ses débuts : il donna à la langue de la pureté, de l'élégance, de la fixité. L'édition la plus complète des Œuvres de Pétrarque est celle de Bâle, 1581, in-fol. Ses poésies ont été souvent imprimées à part. Parmi les éditions récentes, les plus estimées sont celles de Rome, 1821, avec remarques de Tassoni, Muzio, Muratori, et celle de Paris, donnée en 1822 par Biagioli, avec commentaires. Les Poésies de Pétrarque ont été trad. en prose par F. L. de Gramont, 1841, et en vers par F. de Montesquiou, 1843, E. Lafond, 1848, C. Du Mazet, 1848, etc. L'abbé de Sade a laissé des Mémoires sur Pétrarque, 1764-67; Delécluze a donné la Vie de P. écrite par lui-même, 1839.

PÉTRÉE (Arabie). V. ARABIE et PÉTRA.

PETREIUS (M.), lieutenant du consul Antonius en 63 av. J.-C., battit Catilina à Pistoie, fut vaincu en Espagne par César en 49 et prit part aux batailles de Pharsale et de Thapse (48, 46), dans lesquelles son parti fut vaincu. Après cette dernière défaite, Juba et lui s'entretuèrent pour échapper au vainqueur.

PETRETTO-E-BICCHISANO, commune de la Corse, ch.-l. de c., à 17 kil. N. de Sartène; 908 h.

PÉTRIKAU, v. de Pologne, ch.-l. d'obwodie, à 110 k. E. de Kalish; 5000 h. Cour d'appel, coll. de Piaristes.

PETROBRUSIENS ou HENRICIENS. V. HENRI.

PETROCORII, peuple de la Gaule, entre les Lemovices, les Bituriges Vivisci, les Nitiobriges, avait pour ch.-l. Petrocorii ou Vesuna, auj. Périgueux. Il fut compris par les Romains, d'abord dans la Celtique, puis dans l'Aquitaine seconde. Le pays qu'il occupait forme le Périgord actuel.

PÉTRONE, E. Petronius Arbiter, écrivain latin du Ier s., natif de Marseille, fut proconsul en Bithynie sous Claude, et devint un des favoris de Néron, qui lui donna le titre d’Arbiter elegantiarum (intendant des plaisirs) : mais, ayant été soupçonné d'avoir pris part au complot de Pison, il fut arrêté et forcé de s'ouvrir les veines à Cumes (67). Bien qu'Épicurien, il montra la plus grande sérénité dans ses derniers moments. On a sous son nom un pamphlet satirique intitulé Satyricon, mêlé de prose et de vers, dans lequel on trouve, avec des tableaux beaucoup trop nus des mœurs du temps, quelques beaux morceaux, entre autres le Festin de Trimalcion, le conte de la Matrone d'Éphèse, et un épisode célèbre sur la Guerre civile de César et de Pompée, en vers. On présume qu'il se trouve dans cet ouvrage de nombreuses allusions à Néron, dont Pétrone voulait peindre les débauches et le manque de goût; cependant le personnage de Trimalcion s'appliquerait mieux à Claude. On a prétendu que l'auteur aurait en mourant adressé ce pamphlet à Néron lui-même; mais rien de moins certain. L'ouvrage de Pétrone ne nous est parvenu qu'incomplet; un manuscrit découvert en 1663 à Trau en Dalmatie (auj. à la Bibliothèque impériale de Paris) a permis de combler plusieurs lacunes. Les meilleures éditions de Pétrone sont l'édition Variorum, Amst., 1677, et celles de Burmann, 1709 et 1743, et de C. Anton, Leips., 1781. Il a été trad. en français par Durand, 1803, Héguin De Guerle, 1834 (dans la collection Panckoucke), et Baillart, 1850 (collect. Nisard). Le poëme de la Guerre civile a été imité en vers par J. N. De Guerle, 1799.

PÉTRONILLE (Ste), appelée aussi PÉRONELLE ou PÉRINE, vierge, vivait à Rome du temps de S. Pierre, dont on l'a regardée sans fondement comme la fille, et y subit le martyre. On l'honore le 31 mai.

PETROPAVLOSK. V. AVATCHA.

PETROPOLIS, nom latinisé de St-Pétersbourg.

PÉTROZAVODSK, v. de la Russie d'Europe, ch.-l. du gouvt d'Olonetz, sur la riv. occid. du lac Onega, à 400 k. N. E. de St-Péterbourg; 9000 hab. Cour criminelle, cour d'appel, gymnase. Fonderie de canons et de boulets; fabriques de poudre.

PETTAU, Petovio en latin, v. de Styrie, sur la r. g. de la Drave, à 30 kil. S. E. de Marbourg; 2500 hab. Maison d'invalides. — Ottokar III, margrave de Styrie, y battit les Hongrois en 1042.

PETTY (Guillaume), savant anglais, né en 1623 à Rumsey (Hampshire), m. en 1687, exerça et enseigna la médecine, s'occupa d'économie politique, de construction maritime et d'arts mécaniques, acquit une grande fortune par son industrie et fut un des fondateurs de la Société royale de Londres. Membre du parlement sous Cronwell, il n'en sut pas moins se faire bien venir de Charles II et reçut de lui le titre de comte de Kildare; il est la tige des lords Shelburne et des marquis de Lansdowne. On a de lui entre autres écrits : Traité des taxes et contributions, 1662; Essai sur la multiplication de l’espèce humaine, 1686; Arithmétique politique, 1690.

PEUCER (Gaspar), ami et gendre de Mélanchthon, né en 1525 à Bautzen, m. en 1602, enseigna les mathématiques et la médecine à Wittemberg, fut emprisonné par ses coreligionnaires en 1574 pour avoir répandu les doctrines des Sacramentaires, ne recouvra la liberté qu'au bout de 11 ans et se retira dans les États du prince d'Anhalt. Il a publié les œuvres de Mélanchthon (Wittemberg, 1562), et a lui-même beaucoup écrit, sur l'astronomie, la médecine, l'histoire, etc. Ses ouvrages les plus curieux sont un Traité de la divination, en latin (Wittemb., 1552), et l’Histoire de sa captivité, Zurich, 16Q5.

PEUCÉTIE, Peucetia, région de l'Italie anc., sur l'Adriatique et le revers N. E. de la Messapie, entre l'Apulie propre et l'Iapygie, avait pour villes principales Barium, Rudies, Égnatie. Ses habitants se nommaient Peucètes et Pédicules. Ils tiraient leur nom de Peucetius, un des fils de Lycaon, roi d'Arcadie.

PEULS (États). V. FELLATAHS et SÉNÉGAMBIE.

PEURBACH (George), Purbachius, astronome, né en 1423 à Peurbach, près de Linte (Autriche), m. en 1461, a laissé une Théorie des planètes (en latin), Venise, 1490, et des Tables d'éclipses pour les années 1650-61. Regiomontanus était son disciple.

PEUTINGER (Conrad), savant antiquaire, né à Augsbourg en 1465, m. en 1547, était membre du sénat d'Augsbourg. Il devint secrétaire de cette assemblée en 1493, et fut chargé de plusieurs missions importantes auprès des empereurs Maximilien I et Charles-Quint. Il consacra ses loisirs aux lettres, forma une belle bibliothèque, qu'il ouvrit au public, contribua puissamment à la publication des meilleurs auteurs latins et allemands, et composa lui-même plusieurs ouvrages, entre autres : Romanæ vetustatis fragmenta in Augusta Vindelicorum reperla, Augsb. 1505; Sermones convivales de Germaniæ antiquitatibus, 1530. Il est surtout connu par la carte de l'empire romain qui porte son nom, la Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), dite aussi Table Théodosienne, l'un des monuments les plus précieux de l'antiquité. Cette carte, où sont tracées toutes les routes militaires de l'Empire, fut, à ce qu'on croit, exécutée à Constantinople vers 393, sous Théodose le Grand; selon d'autres, elle remonterait à l'an 222 où même à l'an 161; elle fut découverte à Spire vers 1600, dans une bibliothèque fort ancienne, par Conrad Celtès, qui la légua à Peutinger; celui-ci se proposait de la publier quand il fut surpris par la mort, et elle ne parut qu'en 1598, à Venise, par les soins de Marcus Welser et de l'imprimeur Balthasar Moretus. Elle a été réimprimée avec de précieux éclaircissements par Scheyb, Vienne, 1753; par Christianopulus, Iési, 1809; par C. Mannert, Leips., 1824; par Fortia d'Urban, Par., 1845 ; par Ern. Desjardins, 1869, L'original est conservé à la Bibliothèque impériale de Vienne.

PEVENSEY, v. d'Angleterre (Sussex), près de la Manche et autrefois sur cette mer, à 20 kil. O. S. O. d'Hastings. Ancien château fort près duquel débarqua, dit-on, Guillaume le Conquérant.

PEYCHAWER ou PEICHAOUER, Peshawer en anglais, v. de l'Inde anglaise (Pendjab), ch.-l. de prov., sur un petit affluent de l'Attok, à 220 k. E. S. E. de Kaboul et à 8 k. O. d'Attok; env. 60 000 hab. Cette ville, fondée par Akbar, était précédemment comprise dans l'Afghanistan et était la capit. d'un petit roy. de son nom. — La prov. de P., à l'O. du Sindh, s'étend sur l'une et l'autre rive du bas Attok. On croit que c'est la Peucéliotide d'Arrien.

PEY-HO (le), fleuve de la Chine, sort de la Mongolie, coule au S. E.. passe près de Pékin et se jette dans le golfe de Tchili, après 450 kil. de cours. L' entrée en fut forcée le 20 mai 1858 et le 21 août 1860, par la flotte anglo-française.

PEYRARD (Fr.), mathématicien, né en 1760, m. en 1822, professa les mathématiques spéciales au lycée Bonaparte, fut en même temps bibliothécaire de l'École Polytechnique et remplit sous l'Empire diverses missions scientifiques en Italie. Il tomba dans la misère par l'effet de son inconduite, et mourut à l'hôpital. Outre quelques ouvrages originaux, auj. oubliés, Peyrard a donné des traductions françaises des Œuvres d'Archimède (1807, in-4), et d’Euclide (1814-18, 3 v. in-4, avec le texte grec, la trad. latine et des notes) : ces traductions sont les plus complètes et les meilleures que l'on possède.

PEYRE (Marie Joseph), architecte, né à Paris en 1730, m. en 1785, se fit remarquer par un style ferme et une grande hardiesse de conception, et opéra dans son art une révolution analogue à celle que Vien effectuait dans la peinture. C'est lui qui construisit, avec de Wailly, la belle salle de l’Odéon. Il fut nommé contrôleur des bâtiments de la couronne et fut admis en 1767 à l'Académie d'architecture. Ses Œuvres d'architecture forment 1 vol. in-fol., 1795. — Ant. P., son frère, 1739-1823, avait étudié la peinture avant de se consacrer à l'architecture. Il remporta en 1763 le grand prix de Rome, fut à son retour d'Italie nommé contrôleur des bâtiments du roi à Fontainebleau et à St-Germain, et entra en 1777 à l'Académie d'architecture. Il se distingua par une connaissance profonde de la perspective. Son chef-d'œuvre est le palais de l'électeur de Trêves, à Coblentz. Il a publié les Œuvres d'architecture de son frère (1795) et a donné lui-même un recueil du même genre (1819). Il est un des chefs de l'école qui prend l'antique pour modèle; il forma d'illustres élèves, entre autres Fontaine et Percier. — Ant. Marie P., fils de Marie Joseph, 1770-1843, exécuta de grands travaux de restauration au Palais de justice. On lui doit aussi l'ancienne salle de la Gaîté, auj. détruite, et l’École vétérinaire d'Alfort.

PEYREHORADE, ch.-l. de c. (Landes), sur la Gave de Pau, à 22 k. S. de Dax; 2516 h. Pierre de taille, bois pour la marine.

PEYRELEAU, ch.-l. de c. (Aveyron), à 15 kil. N. E. de Milhau; 356 hab. Bonneterie, bestiaux.

PEYRIAC-MINERVOIS, ch.-l. de c. (Aude), à 22 k. N. E. de Carcassonne; 1288 hab. Vins.

PEYROLLES, ch.-l. de c. (Bouches-du-Rhône), à 21 k. N. E. d'Aix, sur la r. g. de la Durance; 1260h. Jadis fortifiée : reste de tours; grotte à stalactites.

PEYRON (J. Fr.), peintre, né à Aix en 1744, m. en 1815, étudia surtout les œuvres de Poussin, remporta le grand prix et préluda à la réforme que Gérard opéra peu après. Il fut admis en 1783 à l'Acad. de peinture et nommé en 1785 directeur des Gobelins. Parmi ses tableaux, on remarque Cimon se dévouant à la prison pour obtenir l'inhumation de son père, Persée aux pieds de Paul-Émile, la Mort de Socrate, la Mort de Sénèque, Curius et les Samnites.

PEYRONNET (Charles, comte de), homme politique, né à Bordeaux en 1778, m. en 1854, appartenait à une famille royaliste. Il était avocat à Bordeaux en 1815 : ayant eu occasion, lors du passage de la duchesse d'Angoulême, de faire preuve de dévouement, il avança rapidement sous la Restauration, fut nommé successivement président du tribunal de Bordeaux, procureur général à Bourges, puis à Rouen et à Paris, et fut appelé en 1821 au ministère de la justice. Il y resta jusqu'en 1828, et ne craignit pas de proposer les mesures les plus impopulaires : loi sur la presse, loi du sacrilège, rétablissement de la censure, licenciement de la garde nationale, modification du jury; il fut en récompense créé comte. Écarté des affaires lors de l'avénement du ministère conciliateur de Martignac, il y fut rappelé en 1830, tint le portefeuille de l'intérieur dans le ministère Polignac et signa les ordonnances inconstitutionnelles qui provoquèrent la révolution de Juillet. Condamné, comme ses collègues, par la Cour de Pairs, à une prison perpétuelle et enfermé au fort de Ham, il fut rendu à la liberté en 1836. On a de lui les Pensées d'un prisonnier, 1834, et une Hist. des Francs, 1835.

PEYRUIS, ch.-l. de c. (Basses-Alpes), sur la r. dr. de la Durance, à 19 kil. N. E. de Forcalquier; 774 h.

PEYSSONEL (Ch. de), né à Marseille en 1700, m. en 1757, fut secrétaire d'ambassade à Constantinople, eut part à la rédaction du traité de Belgrade (1735) et devint consul général à Smyrne. Dans ce poste, il parcourut l'Asie-Mineure en connaisseur érudit et en rapporta des marbres précieux, dont il fit don au cabinet du Roi. Il fut élu en 1747 associé de l'Académie des inscriptions. Outre plusieurs Mémoires, on a de lui la relation de ses Voyages au Levant. — Son fils, nommé aussi Charles, 1727-90, fut après lui consul général à Smyrne. Il a laissé des Observations historiques et géographiques sur les peuples qui ont habité les bords du Danube et du Pont-Euxin, 1764, et un Traité sur le Commerce de la mer Noire, 1787. — Ant. de P., frère du 1er Charles, médecin à Marseille, et l'un des fondateurs de l'Académie de cette ville, était un naturaliste distingué : on lui doit des Observations sur le corail (1756), dans lesquelles il a le premier décrit le zoophyte auquel on doit ce précieux produit.

PEZ (dom Bernard), bénédictin, né en 1683 à Ips (Basse-Autriche), m. en 1735, entra à l'abbaye de Mœlck et en devint vicaire et bibliothécaire. On a de lui : Thesaurus anecdotorum, Augsbourg, 1721-29, 6 vol. in-fol., recueil qui fait suite au Thésaurus de D. Martène, et qui renferme de riches matériaux pour l'histoire de l'église d'Allemagne; Bibliotheca ascetica, Ratisbonne, 1723-40, 12 vol. in-4. — Son frère, dom Jér. Pez, aussi bénédictin, a publié Scriptores rerum Austriacarum, Leipsick, 1721-25, 2 v. in-f.

PEZAY (Alexandre MASSON, marquis de), né à Versailles en 1741, m. en 1777, fut d'abord officier de mousquetaires et se fit quelque renom par de petits vers dans le goût de Dorat. Chargé de donner des notions de tactique au dauphin (Louis XVI), il s'insinua dans l'intimité de ce prince et eut, dit-on, une grande part à la chute de Terray et à l'élévation de Necker, mais il ne tarda pas à faire l'important et fut éloigné de la cour par une place d'inspecteur général des côtes. Il mourut dans sa terre de Pezay à 36 ans. On a réuni ses poésies sous le titre d’Œuvres agréables et morales, Liége, 1791; on y distingue la Rosière de Salency, pastorale, avec musique de Grétry, 1774. On a en outre de Pezay une trad. en prose de Catulle, Tibulle et Properce, peu estimée, et les Campagnes de Maillebois en Italie (en 1745 et 46), 1775.

PÉZENAS, Piscennæ, ch.-l. de c. (Hérault), sur la r. dr. de l'Hérault, à 22 k. N. E. de Béziers; 7204 h. Ville assez bien bâtie; vieux château, salle de spectacle. Trib., collége. Industrie active et variée : lainages, chapeaux, produits chimiques, vert-de-gris, esprits, eaux-de-vie, filatures, teintureries, etc. Commerce de vins, eau-de-vie, fruits secs, câpres, etc. Le prix des eaux-de-vie sur cette place sert de mercuriale à toute l'Europe. — Anc. cité des Tectosages, Pézenas était déjà célèbre sous les Romains par ses laines. Elle devint au moyen âge une seigneurie; fut achetée par S. Louis en 1261, érigée en comté par la roi Jean en 1361 en faveur de Charles d'Artois, et passa plus tard dans les maisons de Montmorency, de Condé et de Conti.

PÉZENAS (Esp.), savant jésuite, né en 1692 à Avignon, m. en 1776, enseigna l'hydrographie à Marseille et cultiva l'astronomie. On a de lui : Éléments et pratiques du Pilotage, l’Astronomie des marins, Théorie et pratique du jaugeage. Il a en outre traduit de l'anglais plusieurs ouvrages scientifiques.

PEZRON (Yves), de l'ordre des Bernardins, né à Hennebont en 1640, m. en 1706, s'est occupé avec succès d'histoire et de chronologie. On a de lui : l’Antiquité des temps défendue et rétablie Paris, 1687 (il y soutient qu'il s'est écoulé plus de 5000 ans jusqu'à l'avènement du Messie); l’Histoire évangélique confirmée par la judaïque et la romains, 1696 (il y a joint une dissertation où il soutient que J.-C. est ; mort l'an 29 et non l'an 33 de l'ère vulgaire); Antiquité de la nation et de la langue des Celtes, 1703.

PFAFF (Christ. Matthieu), théologien protestant, né à Stuttgard en 1686, m. en 1760, montra un génie précoce, visita l'Italie, la Hollande, l'Angleterre, la France, l'Allemagne, professa la théologie à Tubingue, devint chancelier de l'université de cette ville, abbé de Lorch, comte palatin et membre des États de Wurtemberg. Il dirigea l'édition de la Bible protestante dite Bible de Tubingue, 1729, et composa plus de cent ouvrages, entre autres : Dissertationes antibælianæ (contre Bayle), Tubingue, 1719 et 1720; Institutions theologicæ et morales, 1719; Institutiones hisioriæ ecclesiasticæ, 1727. Il découvrit plusieurs manuscrits anciens, notamment des fragments importants de Lactance (1712) et d’Irénée (1715).

PFAFF (Ch. Henri), physicien et chimiste, né en 1773 à Stuttgard, m. en 1852, était professeur de chimie à Kiel depuis 1805. Il a laissé : De l'Électricité et de l'irritabilité animales; Manuel de chimie analytique; Théorie des couleurs; Système de la matière médicale d'après les principes de la chimie. Il s'est aussi occupé avec succès d'archéologie.

PFAFFENDORF, vge des États prussiens (Silésie), à 2 kil. N. de Liegnitz; 300 hab. Victoire de Frédéric II sur les Autrichiens en 1760.

PFAFFENHOFEN, v. de Bavière (Isar), sur l'Inn, à 50 kil. N. N. O. de Munich ; 2000 hab. Combats entre les Français et les Autrichiens en 1745 et 1809.

PFEFFEL (Chrétien-Fréd.), jurisconsulte et publiciste français, né à Colmar en 1726, m. en 1807, était fils d'un jurisconsulte du roi en Alsace. Il remplaça son père et remplit diverses missions diplomatiques pour les cours de France, de Saxe, de Deux-Ponts. Abrégé chronologique de l'histoire et du droit public de Allemagne, 1774 et 1776; Recherches historiques sur les droits des papes sur Avignon, 1768; État de la Pologne, avec un abrégé de son droit public, 1770. — Son frère, Conrad-Gottlieb Pf., né à Colmar en 1736, m. en 1809, devint aveugle à 21 ans, et ne s'en distingua pas moins dans les lettres. Il fonda en 1773 une école militaire à Colmar, avec son ami Lersé, devint en 1803 président du consistoire de sa ville natale, puis secrétaire-interprète de la préfecture du Ht-Rhin. Il a beaucoup écrit en prose et en vers : ses seules Œuvres poétiques forment 10 vol. in-8 (Tubingue, 1802-10); elles sont en allemand et se composent de pièces de théâtre, de contes, de fables, d'épîtres, etc. ; on y trouve, avec du sens et de l'imagination, de la grâce et de la sensibilité; mais elles sont de mérite inégal; on estime surtout ses Fables; elles sont devenues classiques. Ses écrits en prose se composent surtout de contes et de nouvelles. On lui doit aussi des Principes de Droit naturel, à l'usage de l'école de Colmar, 1781 (en franç.). Ses Contes et Nouvelles ont été trad. par son fils, Par., 1825 ; P. Lehr a mis ses Fables en vers français, Strasb., 1840.

PFEIFFER (Ida REYER, dame), femme voyageuse, née à Vienne en 1795, m. en 1858. Étant restée veuve et ayant établi ses enfants, elle commença à 47 ans à satisfaire sa passion pour les voyages, visita seule la Turquie, la Palestine, l'Égypte, puis la Suède, la Norvège et l'Islande, et accomplit à travers mille périls deux voyages autour du monde (1846 et 1851). Partie de nouveau en 1856, elle prit à Madagascar des fièvres qui la conduisirent au tombeau. Elle a publié ses Voyages, en allemand (de 18-i4 à 1856); ils ont été traduits en français par M. de Suckau.

PFIFFER (Fr. L. de), général suisse au service de la France, né en 1716, m. en 1802, se distingua aux siéges de Menin, Ypres, Fribourg, à Rocoux, à Laufeld, se retira à Lucerne après 60 ans de service et y exécuta un admirable plan-relief de la Suisse (de 7m, 50 sur 4m), que l'on conserve à Lucerne.

PFINZ, riv. du grand-duché de Bade, prend sa source dans le Wurtemberg (Forêt-Noire), et tombe dans le Rhin à 8 kil. E. de Graben, après un cours de 60 kil. Elle donnait son nom au cercle badois de Murg-et-Pfinz, remplacé depuis 1834 par le cercle du Rhin-Moyen,

PFISTER (J. Chrétien), historien, né en 1772 dans le Wurtemberg, m. en 1836, a laissé une Histoire de la Souabe, Heilbronn, 1803-1827, et une Hist. générale de l'Allemagne, d'après les sources, Hambourg, 1830-1835, ouvrage capital, qui lui coûta 30 ans de travaux; cette histoire a été traduite par Paquis, 11 vol. in-8, 1835 et années suivantes.

PFLUG (J.), évêque de Naumbourg, s'efforça de concilier les Catholiques et les Luthériens, rédigea dans ce but l’Intérim d'Augsbourg (1548) et présida le colloque de Worms (1557), mais ne réussit par sa modération qu'à s'attirer les injures des deux partis.

PFORTA ou SCHULPFORTA, célèbre école classique établie à 3 kil. de Naumbourg, a été fondée par Maurice de Saxe en 1543.

PFORZHEIM, v. du grand-duché de Bade (Rhin-Moyen), à 20 kil. S. E. de Carlsruhe, au confluent de 3 rivières (Wirm, Nagold, Enz) ; 8500 hab. Chapitre de dames nobles, dépôt de mendicité. Bijouterie, horlogerie, maroquin, teinturerie à la turque, produits chimiques. Patrie de Reuchlin. Le maréch. de Lorges y battit le duc de Wurtemberg en 1692.

PHACÉE, roi d'Israël de 753 à 726 av. J.-C., était d'abord général de Phacéia, sur lequel il usurpa le trône après l'avoir assassiné. Il fit plusieurs invasions dans le roy. de Juda, fut attaqué par Salmanazar, roi d'Assyrie, et ne l’éloigna qu'à force d'argent. Il fut tué par Osée, qui lui succéda.

PHACEIA, roi d'Israël, successeur de Manahem, ne régna qu'un an, de 754 à 753, et fut assassiné dans le palais de Samarie par Phacée, un de ses généraux.

PHAÉTHON (mot grec qui veut dire brillant), fils d'Apollon et de Clymene. Épaphus, fils de Jupiter, lui ayant soutenu qu'il n'était pas fils d'Apollon, il alla trouver ce dieu afin d'apprendre la vérité de sa propre bouche; puis, s'en étant assuré, il le supplia de lui accorder une grâce pour prouver à tous qu'il était véritablement son fils. Apollon jura par le Styx qu'il ne lui refuserait rien; alors Phaéthon demanda de conduire le char du soleil pendant un jour seulement. Enchaîné par son serment, Apollon le vit contraint de lui accorder cette folle demande; mais l'entreprise était au-dessus des forces de Phaéthon : les chevaux, mal dirigés, l'emportèrent bientôt, embrasèrent la surface de la terre et desséchèrent les eaux. Jupiter, pour mettre un terme à ces désordres, foudroya Phaéton et le précipita dans l'Éridan.

PHALANGE, phalanx, nom donné à un ordre de bataille usité chez les anciens Grecs, surtout chez les Macédoniens, et à un corps d'infanterie disposé dans cet ordre. C'était la disposition par colonne ou bataillon en files espacées pour la marche, rapprochées pour la charge, et très-serrées pour résister à l'attaque. Les colonnes se formaient souvent sur 4 de front et 8 de profondeur; d'autres fois, sur 10, 12, 16, 25 de front et avaient jusqu'à 50 de profondeur. Philippe perfectionna la phalange : telle qu'il l'établit, elle se composait de 4096 hommes rangés sur 16 de profondeur (ce qui donnait 266 files et 16 rangs). Plus tard, il la doubla et même la quadrupla : la grande phalange était de 16 384 hommes (1024 par rang). Les soldats étaient armés de sarisses (lances longues de plus de 4m), dont la longueur croissait de rang en rang à partir du premier, de telle sorte que les lances des 5 premiers rangs formaient en avant de la phalange comme un mur de fer. L'emploi de l'ordre en phalange subsista jusqu'à la défaite de Persée par les Romains à la bataille de Pydna (168 av. J.-C.) : dans cette bataille, la phalange macédonienne fut détruite par la légion romaine, dont le principe était l'ordre mince, qui se prête mieux à toutes les natures de champs de bataille.

PHALANSTÉRIENS, disciples de Fourier. V. FOURIER (Charles). PHALANTE, Phalantus, Lacédémonien, chef des Parthéniens (V. ce mot), alla fonder à leur tête la colonie de Tarente, vers 707 av. J.-C.

PHALARIS, tyran d’Agrigente, originaire d’Astypalée en Crète, fut banni de sa patrie à cause de ses projets ambitieux, vint se fixer à Agrigente, s’y empara du pouvoir vers 566 av. J.-C., et y régna 16 ans ou suivant quelques-uns 30 ans. Sa cruauté le rendit odieux et il fut, dit-on, lapidé par ses sujets. Pérille, habile mécanicien, avait inventé pour lui un fameux taureau d’airain destiné à enfermer des condamnés qu’on voudrait brûler à petit feu : Phalaris en fit l’essai sur l’inventeur lui-même. — On a des Lettres de Phalaris qui sont évidemment apocryphes. Elles ont été publiées à Oxford, 1718, par Ch. Boyle ; à Grœnngue en 1777 par Walckenaer ; à Leipsick, 1823, par G. H. Schæfer, avec les notes de Boyle, Lennep et Walckenaer. Il en existe une trad. française, par Benaben, Angers, 1803.

PHALÈRE, Phalerus, un des ports d’Athènes, sur le golfe Saronique, à l’E. de ceux de Munychie et du Pirée, était employé avant le Pirée et subsista concurremment avec celui-ci, mais il ne pouvait recevoir que de petits bâtiments. Démétrius de Phalère naquit dans ce lieu et en prit son nom.

PHALSBOURG, Pfalzburg, c.-à-d. bourg palatin, ch.-l. de cant. Meurthe-et-Moselle), à 18 kil. N. E. de Sarrebourg ; 3685 hab. Place forte, qui par sa situation commande les défilés des Vosges ; collége. Quincaillerie, boissellerie ; eau de noyau et autres liqueurs renommées, bière, grains, etc. Patrie du maréchal de Lobau, à qui une statue a été érigée sur la place. — Fondée en 1570 ; cédée à la France (1661) ; fortifiée par Vauban ; souvent assiégée ; belle défense contre les Allemands (oct.-déc. 1870),

PHANAGORIE, v. de Russie. V. FANAGORIE.

PHAON, amant de Sapho. V. SAPHO.

PHARAMOND, personnage donné comme le premier roi de France, ne fut qu’un chef ou duc des Francs, s’il exista véritablement. Il est mentionné dans la chronique de Prosper Tiron, mais n’est pas cité par Grégoire de Tours. Ceux qui admettent son existence le font fils de Marcomir, et supposent qu’il passa le Rhin en 419 ou 420, s’avança jusqu’à Tongres ou jusqu’à Trêves et fut enterré à Frankenberg. On le fait régner jusqu’en 427 ou 428 et on lui donne Clodion pour fils. Pharamond est le héros d’un des romans de La Calprenède.

PHARAN, v. et cap de l’Arabie Pétrée, sur la mer Rouge, à l’E. d’Ailath, entre le golfe Héroopolite et le golfe Élanitique, est auj. le cap Mahomet. — On appelait Désert de Pharan une partie de l’Arabie Pétrée, voisine de ce cap, au S. de la Palestine. C’est là que se retira Agar ; c’est de là que Moïse envoya explorer la Terre promise.

PHARAON, nom commun sous lequel on désigne les anciens rois d’Égypte avant Psamménit. La Bible applique ce nom à dix rois différents. Les plus connus sont : celui dont Joseph expliqua le songe et qui le combla de bienfaits ; — celui qui commença à persécuter les Hébreux et fit mourir tous leurs enfants mâles ; c’est par sa fille que Moïse fut sauvé : on le croit le même qu’Aménophis III ; — celui qui fut sommé par Moïse de laisser partir le peuple de Dieu : ayant refusé, il vit son peuple frappé de dix plaies ; il laissa enfin partir les Israélites, mais, ayant voulu les poursuivre, il fut englouti dans les eaux de la mer Rouge. Ce dernier Pharaon fut père de Sésostris.

PHARASMANE, nom commun à sept rois d’Ibérie, qui régnèrent du 1er au VIe s. après J.-C. Le seul remarquable est Ph. I, qui régna de l’an 35 à l’an 54. Il s’allia avec les Romains, fit la guerre au roi des Parthes Artaban III, puis à Mithridate, roi d’Arménie, son propre frère : dans cette guerre, il avait chargé son fils, le célèbre Rhadamiste, époux de Zénobie, de marcher sur l’Arménie, mais bientôt, le soupçonnant de trahison, il le fit assassiner.

PHARE, Pharos, petite île des côtes de l’Égypte, voisine du port d’Alexandrie, fut jointe à cette ville en 285 av. J.-C. par un môle de sept stades (env. 1300m), puis fut ornée d’une tour de marbre blanc, haute de 300 coudées (env. 150m), au sommet de laquelle on entretenait des feux pendant la nuit pour guider les vaisseaux. Cet appareil prit, de l’île où il était placé, le nom de phare, nom qui fut étendu depuis à tous les édifices du même genre. La tour de Pharos, œuvre du Cnidien Sostrate, subsista près de 1600 ans. Plusieurs fois ébranlée et mutilée par les tremblements de terre, elle s’écroula complètement en 1303.

PHARE DE MESSINE. V. MESSINE.

PHARISIENS, Pharisæi (de l’hébreu pharasch, séparé), secte juive, affectait un zèle excessif pour les pratiques extérieures du culte, un attachement servile à la lettre de la loi et était animée d’un esprit ardent de prosélytisme. Opposée à celle des Saducéens, elle faisait profession de croire à la Providence, à l’existence des anges, à l’immortalité de l’âme, à l’éternité des peines et à la résurrection des morts. Les Pharisiens jouissaient d’une très-grande autorité dans Jérusalem, mais ils en abusaient pour persécuter les novateurs. Jésus confondit leur orgueil et leur hypocrisie. On place l’origine de cette secte vers l’an 180 av. J.-C. ; on lui donne pour chef Hillel.

PHARNABAZE, seigneur perse, satrape de Phrygie, attisa le feu de la guerre du Péloponèse, soutint d’abord Sparte, fut battu par Alcibiade aux batailles d’Abydos et de Cyzique en 411 et 410, se rapprocha d’Athènes en 407, fut alors attaqué par Dercyllidas, puis par Agésilas, et remporta, de moitié avec Conon, la victoire de Cnide sur la flotte lacédémonienne, en 394. C’est lui qui, à la demande des Trente tyrans, fit périr Alcibiade, réfugié en Phrygie (403).

PHARNABAZE, roi d’Ibérie de 250 à 225 av. J.-C., délivra ce pays de la domination des Perses, lui donna une organisation nouvelle, le divisa en 8 provinces, et y bâtit des villes et des forteresses.

PHARNACE I, roi du Pont de 184 à 157, fils de Mithridate V et grand-père de Mithridate le Grand, prit Sinope, conquit la Paphlagonie, mais s’attira par là la guerre avec Eumène, roi de Pergame, et avec plusieurs princes voisins, et fut forcé, par l’intervention des Romains, de restituer ses conquêtes, 178.

PHARNACE II, roi du Bosphore Cimmérien, fils de Mithridate le Grand, trahit son père en faveur des Romains, et détermina par sa défection la perte de ce prince. Il reçut en récompense le royaume de Bosphore, avec le titre d’ami et d’allié du peuple romain (64 av. J.-C.). Il resta fidèle jusqu’à la guerre civile de César et Pompée : profitant alors des troubles de la République, il tenta de recouvrer les États de son père, conquit presque tout le Pont et la Cappadoce, et vainquit le général romain Domitius Calvinus, ainsi que le Galate Déjotarus et le roi de Cappadoce Ariobarzane. César, après la guerre d’Alexandrie, marcha contre lui, le vainquit à Zéla, 47, et le réduisit en 3 jours : c’est après ce succès qu’il écrivit à Rome ces trois mots devenus célèbres : Veni, vidi, vici. Pharnace capitula dans Sinope et se vit forcé de rentrer dans le Bosphore ; mais il y fut tué la même année par ses sujets révoltés.

PHAROS, auj. Lésina, île de l’Adriatique, sur la côte d’Illyrie. V. IESINA. — Île d’Égypte. V. PHARE.

PHARSALE, Pharsalus ou Pharsalia, auj. Farsa ou Fersala, v. de Thessalie, vers le centre, à l’E. de l’Epidanus et près de l’Énipée, est célèbre par la victoire décisive que César y remporta sur Pompée l’an 48 av. J.-C. — Lucain a intitulé la Pharsale son poëme sur la guerre civile de César et de Pompée.

PHASE, Phasis, riv. de Colchide, naissait dans les monts Moschiques en Arménie, coulait de l’E. à l’O., séparant la Colchide de l’Arménie, et tombait dans le Pont-Euxin, sous la ville de Phasis (auj. Poti). Elle répondait au Fasi actuel et à la partie du Rioni qui, grossie du Phase, se rend à la mer. Les anciens croyaient que le Phase communiquait avec l’océan Septentrional, et le considéraient comme la limite de l'Europe et de l'Asie. Ce fleuve, jadis si important, n'est plus qu'une petite rivière, parce que ses principaux affluents coulent auj. par d'autres canaux dans la mer Noire. — Le Phase est célèbre dans les temps héroïques : c'est sur ses bords qu'était la ville d’Æa, but de l'expédition des Argonautes; c'est du pays qu'il arrosait qu'on fait venir le bel oiseau appelé de son nom Phasiana avis, le faisan. — On a cru retrouver dans le Phase un des quatre fleuves de l'Éden (le Phison).

PHATMÉTIQUE ou PHATNITIQUE (bras et bouche), un des anciens bras du Nil, n'est autre chose que le prolongement du bras Athribitique. C'est auj. la Branche de Damiette.

PHAYLLUS, général phocidien, frère d'Onomarque, succéda à celui-ci dans le commandement pendant la guerre Sacrée, en 352 av. J.-C., pilla le temple de Delphes, se procura des soldats avec les trésors qu'il en avait enlevés et battit avec ce secours les Béotiens à Naryce, petite ville de Locride. Il succomba, au milieu de ses succès, à une maladie cruelle, qu'on ne manqua pas d'imputer à son impiété.

PHÉACIENS, nom donné dans l'Odyssée aux habitants de l'île de Corcyre, qui avaient alors pour roi Alcinoüs, fils de Phéax. Ils étaient habiles marins, mais grands amis du luxe, de la table et des plaisirs, incrédules et moqueurs. Ulysse reçut l'hospitalité dans leur île et fut reconduit par eux à Ithaque.

PHÉBÉ, PHÉBUS. V. DIANE, APOLLON.

PHÉBUS (Gaston). V. FOIX (Gaston III, comte de).

PHÉBIDAS. V. PHŒBIDAS.

PHÉDON, d'Elis, disciple et ami de Socrate, avait été dans sa jeunesse pris par des pirates et racheté par le philosophe. Il assista aux derniers moments de son maître. Après la mort de Socrate, il retourna dans sa patrie, et y fonda l'école dite d'Elis, qui se distingua par sa fidélité aux pures doctrines du maître. — Platon a donné le nom de Phédon à un dialogue où il traite de l'immortalité de l'âme; Mendelssohn a écrit sous le même titre un ouvrage sur le même sujet.

PHÈDRE, Phædra, fille du roi de Crète Minos et de Pasiphaé, et sœur d'Ariane, épousa Thésée, roi d'Athènes. Elle conçut pour Hippolyte, son beau-fils, un amour criminel auquel ce prince refusa de répondre; pour se venger, elle l'accusa auprès de Thésée d'avoir voulu la séduire et causa ainsi sa mort (V. HIPPOLYTE); mais, bientôt après, poursuivie par le remords, elle s'étrangla de désespoir. Euripide, Sénèque, Racine ont pris pour sujet de tragédies la coupable passion et les malheurs de Phèdre.

PHÈDRE, Phædrus, philosophe épicurien d'Athènes, florissait env. 50 ans av. J.-C. et fut un des maîtres de Cicéron. Il avait composé, entre autres écrits, un traité De la Nature des dieux, que Cicéron mit à contribution dans son De natura deorum. Il ne reste de Phèdre qu'un fragment, retrouvé à Herculanum, publié et restitué par Christ. Petersen, Hambourg, 1833, avec une traduction latine. On doit à M. Olleris une thèse de Phædro epicureo, Paris, 1841.

PHÈDRE, Julius Phædrus, fabuliste latin, né dans la Piérie (Macédoine) vers l'an 30 av. J.-C. Amené comme esclave à Rome, il fut, à ce qu'on croit, affranchi par Auguste, resta attaché au palais impérial, perdit sa faveur et sa fortune pour avoir froissé par quelque allusion un grand personnage, qu'on croit être Séjan, et mourut dans un âge avancé, sous le règne de Claude, vers l'an 44 de J.-C. On a de lui 5 livres de Fables, qui sont remarquables par la pureté du style, par la naïveté et quelquefois même par la force de la pensée, mais qui manquent d'ornements et pèchent par une certaine sécheresse. Les Fables de Phèdre ne furent découvertes qu'au XVIe s. par François Pithou; on voulut alors les attribuer à Nicolas Perotti, écrivain du XVe s. qui en avait cité quelques-unes dans ses écrits; mais leur authenticité n'est plus douteuse aujourd'hui. La 1re édition de Phèdre fut donnée à Troyes en 1596, par P. Pithou, sur le manuscrit trouvé par son frère François. Ce manuscrit, longtemps égaré, fut retrouvé en 1780 chez M. de Rosambo par Brotier; il a été copié et publié de nouveau par Berger de Xivrey en 1830. Orelli a donné en 1832 à Zurich une excellente édition critique de Phèdre, augmentée de tous les fragments connus, notamment d'un fragment découvert au Vatican par A. Mai en 1831. La plus estimée des éditions antérieures était celle de Schwabe, Brunswick, 1801, reproduite dans les Classiques latins de Lemaire. Entre les traductions de Phèdre, on remarque celles de Sacy (sous le nom de St-Aubin), de Joly, 1813, celle d'E. Panckoucke, de la collection Panckoucke, 1839, et surtout celle de Fleutelot, dans la collection Nisard, 1839 : cette dernière, faite sur l'édition d'Orelli, se distingue par l'élégance et la fidélité. M. Boyer-Nioche a mis les fables de Phèdre en vers français, 1843.

PHÉGÉE, Phegeus, roi d'Arcadie, reçut chez lui Alcméon après le meurtre de sa mère, l'admit à l'expiation, et lui fit épouser sa fille Alphésibée.

PHÉLIPPEAUX, anc. famille de robe qui a donné à la France pendant 165 ans des ministres et des secrétaires d'État, descendait de Paul Phélippeaux, nommé secrétaire d’État en 1610 par Marie de Médicis. Elle se divisa en plusieurs branches, celles des Pontchartrain, des St-Florentin, des Maurepas, des La Vrillière. V. ces noms.

PHÉLIPPEAUX (A. le PICARD de), officier d'artillerie, 1768-99, émigra en 1791, fit la campagne de 1792 dans l'armée des princes, rentra en France en 1795 pour tenter d'organiser une insurrection royaliste dans les départements du centre, s'empara de Sancerre, fut pris et enfermé à Bourges, s'évada, osa venir à Paris, d'où il fit évader sir Sydney Smith, servit depuis sous cet amiral et fut chargé par lui des travaux de défense de St-Jean-d'Acre contre les Français (1799). Il y mourut de la peste.

PHÉMIUS, aède ou chantre célébré par Homère dans l’Odyssée, avait été laissé par Ulysse auprès de Pénélope pour veiller sur elle, mais se laissa persuader par les poursuivants de la reine de chanter dans leurs banquets. Ulysse, à son retour, voulut lui faire partager le sort des prétendants : il ne lui pardonna que sur les instances de Télémaque. — Un poëte ionien, qui épousa Crithéis, la mère d'Homère, lorsqu'elle était encore enceinte, et qui prit soin de l'éducation du poëte, se nommait aussi Phémios : on présume que c'est en souvenir de lui qu'Homère donna ce nom au poëte qui figure dans l'Odyssée.

PHÉNICIE, Phœnicia, petite région de la Syrie, resserrée entre l'Anti-Lihan et la mer, s'étend depuis l'emb. de l'Éleuthère au N. jusqu'à celle du Bélus au S. Elle ne formait pas un seul État; on y comptait diverses villes, les unes libres, les autres gouvernées monarchiquement. Les principales étaient Tyr, Sidon, Béryte, Byblos, Tripolis, Acco ou Ptolémaïs. On regarde quelquefois, mais à tort, comme appartenant à la Phénicie le littoral des Philistins et celui des Juifs, où se voient Gaza, Ascalon, Jamnia, Joppé, etc. Pressés par le besoin de se défendre contre l'étranger, les petits États dont se composait la Phénicie formèrent de bonne heure une confédération, à la tête de laquelle fut d'abord Sidon, puis Tyr. Néanmoins, cette contrée fut conquise dans les VIIIe et VIIe s. av. J.-C. par Salmanasar et Nabuchodonosor. Depuis, elle passa successivement sous la domination des Perses, d'Alexandre, des Séleucides, des Romains, qui la réduisirent en province romaine en 63 av. J.-C., des Arabes et enfin des Turcs : elle fait auj. partie du pachalik d'Acre. — Les Phéniciens sont les navigateurs les plus célèbres de la haute antiquité : les ports nombreux de la côte qu'ils occupaient, les précieux bois de construction de l'Anti-Liban, au pied duquel ils habitaient, les prédestinaient à ce rôle. C'est à eux qu'il faut rapporter beaucoup d'inventions relatives à la construction et à l'équipement des navires; ils se guidaient en mer d'après la petite Ourse. Du XIXe au XIIIe s. av. J.-C, ils couvrirent les côtes et les îles de la Méditerranée de leurs colonies et de leurs stations coloniales : Carthage, Hippone, Utique, Adrumète, Gadès, Panorme, Lilybée étaient du nombre. Ils naviguèrent même dans l’Océan Atlantique, et pénétrèrent jusqu’aux îles Cassitérides, où ils exploitaient l’étain ; ils explorèrent la côte occid. de l’Afrique et l’on a cru même, mais sans doute à tort, qu’ils avaient fait le tour de ce continent. L’importance de la marine phénicienne diminua à mesure qu’augmenta celle des Grecs, des Carthaginois, des Tyrrhéniens, des Massiliens, etc. ; elle disparut peu après Alexandre. — La langue des Phéniciens était de la famille des idiomes sémitiques. Leur religion, assez semblable à celle de l’Égypte, variait suivant les villes : Melkart (analogue à Hercule) était le dieu de Tyr ; Byblos adorait Thammouz (Adonis) ; en outre, tous adoraient, sous les noms de Baal et de Moloch, une divinité supérieure, à laquelle ils sacrifiaient des victimes humaines. Leur industrie était renommée, surtout pour la teinture en pourpre et pour la fabrication du verre, dont pendant longtemps ils eurent seuls le secret. Enfin c’est à eux qu’on attribue vulgairement l’invention de l’alphabet et de l’écriture, invention que, selon la tradition, le Phénicien Cadmus apporta d’abord en Béotie, d’où elle se serait répandue dans tout l’Occident. On doit à Movers les Phéniciens, ouvrage qui est le fruit de savantes recherches sur ce peuple, Berlin, 1850.

PHÉNIX, oiseau merveilleux, célèbre dans les traditions fabuleuses des Égyptiens. Ils le peignaient de la grandeur d’un aigle, avec une belle huppe sur la tête, les plumes du cou dorées, la queue blanche, mêlée de plumes incarnates, et les yeux étincelants. Lorsqu’il voyait sa fin approcher, il se construisait un nid de plantes aromatiques, qui s’allumait aux rayons du soleil, et sur lequel il se consumait. De la moelle de ses os naissait un ver d’où se formait un autre phénix. Le premier soin du nouveau-né était de rendre à son père les honneurs de la sépulture : à cet effet, il formait avec de la myrrhe une masse en forme d’œuf, et, après l’avoir creusée, il y déposait le corps enduit lui-même de myrrhe ; puis il portait ce précieux fardeau à Héliopolis, dans le temple du soleil. C’est dans les déserts d’Arabie qu’on faisait naître le phénix ; on lui donnait jusqu’à cinq ou six cents ans de vie. On a regardé le phénix comme un symbole de l’immortalité de l’âme ou de l’année qui renaît après avoir péri, ou enfin d’un grand cycle astronomique (le cycle sothiaque).

PHÉNIX, fils d’Amyntor, roi des Dolopes. Son propre père lui avait fait crever les yeux sur une fausse imputation ; mais Chiron lui rendit la vue. Phénix devint l’instituteur d’Achille et le suivit à Troie.

PHÉRÉCRATE, poëte comique d’Athènes, qui florissait vers 420 av. J.-C., composa 17 comédies, dont il ne reste que quelques fragments (entre autres un morceau d’une pièce intitulée Chiron), qui ont été publiés, avec ceux d’Eupolis, par Runkel, grec-latin, Leips., 1829, et par Meinecke, dans ses Fragments des poëtes comiques, 1839. Il a laissé son nom au vers phérécratien, qui se compose d’un spondée, d’un dactyle et d’un trochée.

PHÉRÉCYDE, philosophe grec, né vers l’an 600 av. J.-C., dans l’île de Syros, une des Cyclades, ouvrit une école à Samos, compta Pythagore au nombre de ses disciples, et mourut dans un âge très-avancé. Il admettait comme principes éternels Jupiter ou l’air, le Temps et la Terre, et enseignait l’immortalité de l’âme. Il avait des connaissances en physique et en astronomie, et prédisait les éclipses. Il est, selon quelques-uns, le premier qui ait écrit en prose. - Un autre Phérécyde, historien, natif de Léros, une des Sporades, florissait vers 480 av. J.-C. Il avait écrit, sous le titre d’Autochthones, un ouvrage sur les généalogies des principales familles de l’Attique, dont il reste quelques fragm. publ. par Sturz, 1789.

PHÈRES, Pheræ, auj. Velestina, v. de Thessalie, près de la Magnésie, à quelques milles de la côte, avait pour port Pagases. La Fable y place le roi Admète. Dans les temps historiques, elle eut pour tyrans Jason et Alexandre de Phères. Philippe s’en empara en 352 av. J.-C. - Une autre Phères, en Messénie, près de l’emb. du Nédon, est auj. Kalamata.

PHIDIAS, le plus grand statuaire de l’antiquité, né en Attique vers l’an 498 av. J.-C., mort en 431, avait déjà produit plusieurs chefs-d’œuvre, entre autres une Minerve guerrière, la Minerve poliade, la Minerve lemnienne, lorsqu’il fut nommé surintendant de tous les travaux d’art entrepris par ordre du peuple d’Athènes. De concert avec Périclès il enrichit cette ville de plusieurs beaux monuments : le principal est le Parthénon, pour lequel il exécuta une nouvelle statue colossale de Minerve, en or et en ivoire, supérieure encore aux précédentes. Il se rendit ensuite en Élide, et là il fit la célèbre statue de Jupiter Olympien, qui excita l’admiration de toute la Grèce. En son absence, il fut accusé par des envieux d’avoir dérobé une partie de l’or destiné à la Minerve du Parthénon : il prouva facilement son innocence ; mais alors ses ennemis le poursuivirent comme sacrilège, pour avoir placé son portrait et celui de Périclès sur le bouclier de Minerve. Il mourut en prison, avant que le procès eût pu être jugé ; ses accusateurs devinrent l’objet de l’animadversion universelle. Les ouvrages de Phidias étaient empreints d’un caractère de grandeur et de sublimité, ce qui l’a fait nommer l’Homère de la sculpture. Ottfried Muller a laissé une dissertation De Phidiæ vita et operibus, Gœttingue, 1827. On a sur Phidias des études par MM. Lévêque, de Ronchaud, Beulé, etc.

PHIDON, tyran d’Argos vers 860 av. J.-C.., inventa, dit-on, la balance, et fit frapper la première monnaie d’argent (à Égine).

PHIGALIE, auj. Paulitza, v. d’Arcadie, au S. O., entre le Nédon et la riv. de Lymax. Ruines d’un beau temple d’Apollon, dont les bas-reliefs ont été transportés au British muséum, à Londres.

PHILADELPHE. V. PTOLÉMÉE II et ATTALE II.

PHILADELPHIE, Philadelphia, auj. Alachehr, v. de Lydie, au pied du Tmolus, fut bâtie par Attale Philadelphe, roi de Pergame.

PHILADELPHIE, v. de Palestine, plus anciennement nommée Rabbath-Ammon. V. ce nom.

PHILADELPHIE, v. des États-Unis de l’Amérique du Nord (Pensylvanie), à 200 kil. N. E. de Washington, à 135 k. O. S. O. d’Harrisburg et à 120 k. de la mer, sur la Delaware et le Schuylkill ; 568 034 h. Anc. capitale des États-Unis (jusqu’à 1800) ; évêché catholique, évêché protestant ; cour suprême des États-Unis ; université dite de Pensylvanie, fondée en 1755 ; faculté de médecine renommée, collège Girard, fondé en 1848 par le banquier de ce nom ; bibliothèque publique, fondée par Franklin, avec muséum et collections diverses ; hôtel des monnaies, le seul des États-Unis. Nombreuses sociétés savantes, notamment l’Institut Franklin et la Société d’agriculture, créée en 1785. Port vaste et sûr ; plusieurs chemins de fer (pour Baltimore, Columbia, Reading, etc.) ; ville bien bâtie : rues droites et larges ; belles places, entre autres celle de Washington ; marché magnifique, superbe aqueduc ; nombreux monuments religieux pour tous les cultes ; hôpital de la marine ; magnifique hospice d’orphelins ; maison pénitentiaire, avec prisons cellulaires. Fabriques de toute nature et en nombre infini : l’imprimerie et la librairie surtout y sont florissantes. Grand commerce d’importation et d’exportation avec l’Angleterre, la France, le Brésil, la Chine, les Indes. Environs charmants. - Philadelphie fut fondée en 1682 par W. Penn. Il y fut conclu en 1749 un célèbre traité avec les Indiens des Six-Nations. Dans la guerre de l’Indépendance, Philadelphie fut le siége du premier congrès tenu par les députés de l’Union (1774) ; c’est dans cette ville que l’indépendance fut proclamée, en 1776, et que siégea en 1787 la Convention qui rédigea la constitution des États-Unis. Les Anglais la prirent en 1777. Elle fut ravagée par la fièvre jaune en 1793 et 1797. PHILÆ, auj. Djeziret-el-Heif ou El-Birbé, île de la Hte-Égypte (Thèbes), dans le Nil, sur la frontière de l’Éthiopie et à l'origine des cataractes, à 4 kil. S. de Syène (Assouan), avait 2 k. détour. Elle renfermait le tombeau d'Osiris et était consacrée au culte de ce dieu. On y trouve encore beaucoup de monuments et de ruines antiques, entre autres les restes de beaux temples d'Osiris, d'Isis et de Typhon.

PHILÉ (Manuel), poète grec, né à Éphèse vers 1275, m. vers 1340, passa sa vie à mendier les faveurs de la cour de Constantinople. Il a laissé divers poëmes en vers politiques ou mesurés (mais sans prosodie), publiés par Wernsdorf, Leipsick, 1768, avec version lat. et notes, et une espèce d’Histoire naturelle, composée d'extraits d'Élien mis en vers, que J. Corn. de Pauw publia à Utrecht, 1730, d'après les corrections de Camerarius, et qu'on trouve aussi dans les Poetæ didactici de la collection Didot, 1846. M. Miller a édité à part ses poésies, Paris, 1858.

PHILELPHE (Fr.), savant italien, né en 1398 à Tolentino, m. en 1481, avait étudié à Padoue. Il remplit diverses missions, fut secrétaire de l'ambassade de Venise à Constantinople, fut envoyé près de l'emp. Sigismond par Jean Paléologue pour implorer son secours contre les Turcs, recueillit en Grèce une riche moisson de manuscrits, qu'il rapporta en Italie, professa les langues anciennes à Venise, Florence, Sienne, Bologne, Milan, la philosophie à Rome, et mourut à Florence, laissant de nombreux écrits en prose et en vers (satires, fables, etc.), et plusieurs traductions latines d'ouvrages grecs (la Rhétorique d'Aristote, la Cyropédie et les opuscules de Xénophon, et quelques Vies de Plutarque). Philelphe fut l'ennemi des Médicis, et eut querelle avec plusieurs savants, notamment avec le Pogge. — Son fils aîné, Marius Philelphe, né à Constantinople en 1426, m. à Mantoue en 1480, fut employé à la cour de Constantinople, puis à celle de Provence sous René, professa les belles-lettres à Gênes et fut avocat à Turin. On a de lui de nombreux écrits, en latin et en italien, discours, lettres, commentaires, épigrammes, tragédies, poëmes divers, dont un sur la prise de Constantinople.

PHILÉMON, époux de Baucis. V. BAUCIS.

PHILÉMON, poëte comique grec, né à Soles en Cilicie vers 320 av. J.-C., s'exerça dans la Comédie nouvelle et fut presque l'égal de Ménandre. Il mourut, dit-on, dans un accès de rire, à 97 ans. Il avait composé plus de 80 pièces; il n'en reste que quelques fragments, que l'on trouve avec ceux de Ménandre, et qui ont été traduits en français par Poinsinet de Sivry. Ce poëte avait une grande facilité, mais il s'attachait plus à flatter le goût du jour qu'à plaire aux hommes sérieux, ce qui explique à la fois la vogue qu'il eut de son vivant et l'oubli où sont tombées ses œuvres.

PHILÉMON, grammairien grec, est auteur d'un Lexique technologique (grec), édité pour la 1re fois par Burney, Londres, 1812, et plus complètement, avec notes, par Fr. Osann, Berlin, 1841. On le place au VIIe s. de notre ère.

PHILÈNES (les autels des), Philænorum aræ, v. et port d'Afrique, sur les confins des États de Carthage et de Cyrène, tirait son nom, disait-on, de deux frères carthaginois qui, dans une contestation survenue entre les Carthaginois et les Cyrénéens au sujet des bornes des deux États, s'étaient dévoués pour étendre les limites de leur pays, et qui, accusés de fraude, avaient été enterrés vifs par les Cyrénéens. Carthage éleva deux autels sur leur tombeau. Selon Pline, ces prétendus autels n'étaient que des dunes naturelles.

PHILÉTÈRE, Philæterus, fondateur du roy. de Pergame, était un eunuque paphlagonien. Nommé par Lysimaque gouverneur de Pergame, il s'empara du pouvoir dans cette ville, 283 ans av. J.-C. Il gouverna 20 ans, mais sans prendre le titre de roi, et laissa ses États à Eumène, son neveu. On a donné le nom de Philétérien à un pied un peu plus grand que le pied grec ordinaire, qui était employé dans ses États; ce pied avait 35 centimètres, 4 millimètres, tandis que le pied vulgaire ou olympique n'avait que 30 centimètres et 8 millimètres.

PHILIBERT ou PHILBERT (S.), d'Eause en Gascogne, fonda en 654 le monastère de Jumiégos, en Neustrie, fut persécuté par Ébroïn, maire du palais, à qui il avait reproché ses crimes, se retira dans l'île d'Her sur les côtes du Poitou, et y fonda vers 680 le cél. monastère d'Hermoutier, nommé depuis par corruption Noirmoutier; il y m. en 684. On l'hon. le 20 août.

PHILIBERT de Savoie, V. SAVOIE et EMMANUEL.

PHILIDOR (André DANICAN, dit), compositeur, né à Dreux en 1726, m. en 1795. Il donna plusieurs opéras-comiques, dont un, le Maréchal ferrant, est resté au répertoire, trois opéras, des motets, des oratorios, des messes, etc. Philidor était bon harmoniste, et avait de l'originalité. Cet artiste avait de plus un talent particulier pour le jeu d'échecs, et il se fit admirer en Angleterre, en Allemagne, comme en France; son Analyse du jeu des échecs, Londres, 1749, a été souvent réimprimée.

PHILIPON DE LA MADELAINE (L.), né à Lyon en 1734, m, en 1818, fut successivement avocat du roi à la Chambre des comptes de Besançon, intendant des finances du comté d'Artois, et bibliothécaire du ministère de l'intérieur sous le Directoire. Il a laissé divers ouvrages utiles et souvent réimprimés : Dictionnaire portatif des rimes, Dict. portatif des poëtes français, Grammaire des gens du monde, Homonymes français, Manuel épistolaire, etc., et a composé une vingtaine de vaudevilles, ainsi que des chansons gaies et spirituelles. — Son neveu, V. Philipon de la M., avocat, a traduit l’Arioste et le Tasse, et a donné quelques ouvrages, entre autres l’Orléanais, 1845.

PHILIPPE, nom commun à un grand nombre de princes anciens et modernes (Grecs, Romains, Français, Espagnols, etc.) et de personnages divers.

I. Souverains Grecs et Romains.

On compte cinq rois de Macédoine de ce nom : Philippe I, 609-576 av. J.-C.; — II, le plus célèbre, 360-336; — III, ou Phil.-Arrhidée, 323-317; — IV, fils de Cassandre, 298; — V (ou III, si on ne compte pas les deux précédents), 221-178. — Les seuls importants sont le 2e et le dernier. Pour Philippe-Arrhidée, V. ARRHIDÉE.

PHILIPPE II, roi de Macédoine, 3e fils d'Amyntas III, né l'an 383 av. J.-C., fut envoyé à Thèbes comme otage par Pélopidas, qui avait été appelé en Macédoine pour mettre fin aux troubles qui désolaient ce pays, et y vécut dans la maison d'Épaminondas, dont il reçut les leçons. A la mort de Perdiccas III, son frère (360), Philippe s'évada de Thèbes, saisit le pouvoir comme tuteur de son neveu Amyntas (titre qu'il changea bientôt en celui de roi), leva et disciplina une armée, qui dut sa plus grande force au perfectionnement de la phalange, rétablit la tranquillité à l'intérieur en battant ses compétiteurs Argée et Pausanias, à l'extérieur en traitant avec Athènes, agrandit son royaume par la prise d'Amphipolis, de Pydna, de Potidée (358-57),et par d'importantes conquêtes en Illyrie, en Péonie et en Thrace, et transporta sa capitale à Pella. En 356, il épousa Olympias, fille du roi d'Épire, se fortifiant ainsi par une puissante alliance. Peu d'années après, il tourna ses vues sur la Grèce et dirigea surtout son habile et perfide politique contre Athènes; mais il y trouva un redoutable adversaire dans l'orateur Démosthène, qui démasqua son ambition dans ses célèbres Philippiques. Profitant des troubles de la Guerre sacrée, il s'empara de Méthone, ville alliée d'Athènes, au siége de laquelle il perdit l'œil droit (V. ASTER), d'Imbros, de Lemnos, de Magnésie, se fit déclarer protecteur des Thessaliens, et tenta, mais vainement, de franchir les Thermopyles (353). Il protégea utilement Mégalopolis contre Sparte, fit contre l'Eubée une tentative qui échoua devant la résistance de Phocion, prit Olynthe (348), malgré les foudres de Démosthène (V. OLYNTHIENNES), termina la 1re guerre sacrée, se fit admettre au conseil amphictyonique à la place des Phocidiens, et se fit attribuer, avec l'intendance du temple de Delphes, la présidence des jeux Pythiques (346). Puis il tourna de nouveau ses armes contre l'Épire et la Thrace, tout en se préparant à asservir la Grèce. Démosthène, qui avait deviné ses projets, ayant fait renouveler la guerre, Philippe éprouva d'abord des revers et fut contraint par Phocion de lever le siége de Byzance (340); mais, ayant pénétré en Grèce à l'occasion d'une nouvelle guerre sacrée, sous le prétexte de réprimer un attentat sacrilège (338), il attaqua la Béotie et l'Attique, prit Élatée et remporta la même année sur les Athéniens et les Thébains la victoire de Chéronée, qui ruina la liberté de la Grèce. Il n'abusa pas de sa supériorité sur ses faibles ennemis, et retourna bientôt en Macédoine pour préparer une grande expédition contre les Perses; mais il périt avant d'avoir pu l'accomplir : il fut assassiné, en 336, par Pausanias, seigneur macédonien, qui lui reprochait un déni de justice : on crut que le meurtrier n'était que l'instrument d'Olympias, 1re femme de Philippe, que ce prince venait de répudier pour épouser Cléopâtre. Philippe avait régné 24 ans. Alexandre le Grand, son fils, lui succéda. Ce prince joignait l'astuce au courage; c'est le plus profond politique de l'antiquité, mais aussi un des hommes les plus corrompus : il disait qu'aucune place n'est imprenable quand on peut y faire pénétrer un mulet chargé d'or.

PHILIPPE V (ou III), roi de Macédoine, fils de Démétrius, succéda en 221 av. J.-C. à son oncle Antigone-Doson, à l'âge de 15 ans. Il s'engagea presque aussitôt dans la Guerre des deux Ligues, prit parti pour les Achéens, remporta sur les Étoliens de grands avantages, fit conclure la paix en 217, et profita de sa puissance pour asservir presque toute la Grèce. Aratus, qui lui avait servi de tuteur, voulut employer en faveur de ses compatriotes l'influence qu'il croyait avoir sur lui : Philippe ne l'écouta pas; on le soupçonna même de l'avoir fait empoisonner (213). Ce prince s'était déjà imprudemment attiré l'inimitié de Rome, en faisant un traité avec Annibal, malgré les avis d'Aratus. Sa flotte fut détruite à l'embouchure de l'Aoüs, en 214 : il n'éprouva depuis que des revers, et fut forcé de signer une paix désavantageuse, 205. Ayant reçu du sénat en 200 l'ordre de cesser ses hostilités contre Athènes, Rhodes et Pergame, alliées de Rome, il refusa d'obtempérer et dès lors la paix fut rompue : il fut battu une 2e fois sur les bords de l'Aoüs, puis à Cynoscéphales, par Flamininus (197), et subit un traité honteux par lequel il abandonnait toute prétention sur la Grèce, et s'engageait à ne pas faire la guerre sans le consentement du sénat. Intimidé depuis lors par la puissance romaine, il repoussa toutes les sollicitations d'Annibal et d'Antiochus, roi de Syrie, qui le poussaient à reprendre les armes, et se montra obéissant aux moindres désirs du sénat; cependant, fatigué de plus en plus par les exigences de Rome, il se préparait à engager une nouvelle lutte, lorsqu'il mourut en 178. Sur de faux rapports, il avait mis à mort son fils Démétrius. Persée, son fils naturel, lui succéda.

PHILIPPE, roi de Syrie, fils d'Antiochus VIII Grypus, devint roi l'an 95 av. J.-C., à la mort de son frère Séleucus VI, et fut continuellement occupé à faire la guerre contre ses compétiteurs, Démétrius, Antiochus X, Antiochus XI, Antiochus XII. Déposé une 1re fois, il remonta peu après sur le trône; mais ses sujets, fatigués de guerres civiles, le déposèrent et appelèrent à régner Tigrane, déjà roi d'Arménie (80). Il mourut simple particulier, vers l'an 57.

PHILIPPE, roi de Judée, fils d'Hérode le Grand, avait dans sa jeunesse été accusé auprès de son père de crimes imaginaires, s'était justifié et était devenu le fils préféré. Envoyé à Rome après la mort d'Hérode pour défendre les droits de sa famille, il obtint d'Auguste, l'an 1er de J.-C, le titre de tétrarque avec plusieurs provinces du royaume de Judée (Trachonite, Batanée, Auranitide, Iturée), qu'il gouverna avec sagesse. Il agrandit le bourg de Bethsaïde, qu'il appela Julias (en l'honneur de Julie, fille d'Auguste); il augmenta également Panéas et l'appela Césarée en l'honneur de l'empereur (on la nomme aussi Cæsarea Philippi). Il mourut l'an 33 de J.-C. Sa tétrarchie fut, après sa mort, réunie à la province de Syrie.

PHILIPPE, dit l’Arabe, M. Julius Philippus Arabs, empereur romain, né à Bosra, dans l'Idumée, qui faisait alors partie de l'Arabie, était fils d'un chef de brigands. Il s'éleva par son courage et ses talents aux premiers grades de l'armée et se distingua dans la guerre contre les Perses; mais il n'usa de son influence que pour soulever les troupes, et, après le meurtre du jeune Gordien en Mésopotamie, il prit le titre d'empereur, 244. Il fit la paix avec les Perses en leur cédant la Mésopotamie, repoussa sur le Danube une invasion de barbares et revint à Rome en l'an 1000 (247 de J.-C.), pour y célébrer par des jeux séculaires le millième anniversaire de la fondation de la ville. Des lois sages et morales faisaient espérer un règne heureux; mais plusieurs légions se révoltèrent et proclamèrent divers empereurs (Jotapien, Marin, etc.); Dèce, envoyé contre elles par Philippe, revêtit la pourpre lui-même et marcha contre l'empereur. Philippe fut vaincu et tué à Vérone en 249. On a lieu de croire que cet empereur était chrétien.

II. Rois de France et Princes français.

PHILIPPE I, roi de France, fils de Henri I, né en 1053, lui succéda en 1060, à l'âge de 7 ans, sous la tutelle de Baudouin, comte de Flandre, son oncle maternel. A la mort de Baudouin, en 1067, il voulut intervenir dans les guerres qu'occasionna entre les fils de ce seigneur la succession au comté de Flandre, et se fit battre par Robert le Frison. Plus heureux en défendant le duc de Bretagne contre Guillaume le Conquérant, il força ce dernier à lever le siége de Dol. En 1087 il attira sur lui la colère du duc de Normandie par son refus de lui restituer le Vexin et par une allusion grossière à son excessif embonpoint; il ne fut délivré d'une nouvelle guerre que par la mort de Guillaume, qui succomba à Mantes après avoir pris et brûlé cette ville. En 1091, il répudia Berthe, sa 1re femme, et enleva, pour l'épouser, Bertrade, déjà mariée à Foulques, comte d'Anjou : cet adultère le fit excommunier en 1094; il resta dix ans sous le poids de cette sentence, qui lui aliéna les esprits et excita plusieurs révoltes, mais il finit par être contraint de se soumettre; déjà son pouvoir était si ébranlé qu'il dut associer au gouvernement son fils Louis le Gros. Il mourut en 1108. Ce prince indolent était resté spectateur indifférent de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant et de la 1re croisade. Il réunit le Gâtinais, cédé par Foulques le Réchin, 1068, le Vexin, par droit d’échute, 1082, et la vicomte de Bourges, qu'il acheta, 1100.

PHILIPPE II, dit Philippe-Auguste (parce qu'il était né au mois d’août, appelé alors auguste), roi de France, fils de Louis VII, lui succéda en 1180, âgé de 15 ans. Il épousa Isabelle de Hainaut, qui lui apporta en dot le comté d'Artois, remplit son trésor par de cruelles persécutions contre les Juifs, et fit plusieurs guerres heureuses et brillantes contre quelques grands vassaux, notamment contre le comte de Flandre et le duc de Bourgogne. Réclamant ensuite ses droits sur le Vexin, qu'un mariage avait donné à l'Angleterre, il lutta avec avantage contre Henri II en excitant ses fils contre lui. A la mort de ce prince, en 1189, il s'unit étroitement avec Richard Cœur de Lion et entreprit avec lui la 3e croisade dans le but de reprendre Jérusalem sur Saladin. Dès leur arrivée en Sicile, les deux rois eurent de violents démêlés; Philippe se rendit cependant en Asie et eut une part glorieuse à la prise de St-Jean-d'Acre, en 1191; mais il revint promptement en France, où il suscita des ennemis à Richard; l'influence du pape put seule l'empêcher d'attaquer ses États. Au retour de Richard, la guerre éclata entre les deux rois. Philippe n'obtint pas de grands succès tant que vécut son rival, mais, à la mort de ce prince (1199), il se vit en état de lutter puissamment contre Jean sans Terre, son successeur : il prit d’abord la défense d’Arthur de Bretagne, neveu du roi d’Angleterre, et, lorsque ce prince eut été assassiné, il cita Jean à comparaître pour rendre compte de ce meurtre (1203). Sur son refus de se présenter, il le fit condamner par la Cour des pairs et lui enleva successivement la plupart des fiefs qu’il possédait en France (la Normandie, le Maine, la Touraine, l’Anjou, le Poitou). Il tourna ensuite ses armes contre le duc de Flandre, qui, suscité par Jean sans Terre, s’était ligué contre lui avec l’emp. Othon IV ; il gagna sur eux, le 27 juillet 1214, la bataille de Bouvines, qui assura toutes ses conquêtes, et lui donna une prééminence marquée sur tous les princes de l’Europe. Pour se venger de Jean sans Terre, il soutint les barons et l’Église d’Angleterre contre ce prince, qui venait de violer la Grande-Charte, 1216, et accepta la couronne de ce pays pour son fils (Louis VIII) ; mais la mort de Jean, arrivée la même année, empêcha de donner suite aux propositions qui avaient été faites à cet égard. Philippe régna depuis paisiblement, et ne prit que peu de part à la croisade des Albigeois. Il mourut en 1223. Ce prince avait été excommunié en 1199 pour avoir répudié sa femme Ingelburge, afin d’épouser Agnès de Méranie ; il reprit en 1201 Ingelburge, et l’excommunication fut levée. Philippe-Auguste a fondé les Archives de France sous le titre de Trésor des Chartes ; il a protégé l’Université de Paris, à laquelle il donna en 1215 des statuts qui assuraient ses privilèges (c’est depuis que cette université a été nommée la fille aînée des rois de France) ; il a publié d’excellentes lois civiles, favorisé l’émancipation des communes, réglé l’administration de la justice, organisé la Cour des Pairs, créé la milice connue sous le nom de Ribauds (1189), encouragé le commerce, fortifié et embelli Paris, qui lui dut ses premières rues pavées et une nouvelle enceinte (1190-1212), élevé la tour du Louvre, continué Notre-Dame, commencé les Halles et l’Hôtel-Dieu. En outre, il a réuni au domaine la terre d’Auvergne, 1198, les comtés d’Artois, 1199, d’Évreux, 1200, de Meulan, 1203, le duché de Normandie, 1204 et les comtés de Touraine, Maine, Anjou, Poitou, 1205-1206, de Vermandois et de Valois, 1214, et d’Alençon, 1216, et a ainsi travaillé activement à fonder l’unité française. À ces divers titres, il a mérité le surnom de Charlemagne capétien, que quelques-uns lui ont donné. Capefigue a écrit son Histoire. Parseval-Grandmaison a composé un poëme de Philippe-Auguste.

PHILIPPE III, dit le Hardi, fils de Louis IX, né en 1245, avait suivi son père à la dernière croisade. Il fut reconnu roi sur la côte d’Afrique après la mort de son père, 1270, et, après avoir obtenu sur les Maures un avantage qui sauvait l’honneur des Croisés, il se hâta de conclure la paix avec le souverain de Tunis et de revenir en France. Il maintint avec énergie la prépondérance royale : en 1272, il fit sentir sa puissance au comte de Foix, Roger Bernard III, qui refusait de reconnaître sa suzeraineté, et le força à lui céder le haut comté de Foix ; en 1274, à la mort de Henri, roi de Navarre, il força les Navarrais à se soumettre au gouvernement de Jeanne, leur jeune reine, qu’il avait fiancée à son fils Philippe ; mais il tenta vainement de placer les infants de La Cerda sur le trône de Castille (1276). Après le massacre des Vêpres siciliennes (1282), il fit la guerre au roi d’Aragon Pierre III, instigateur de ce massacre : déjà il lui avait enlevé Elne, la passe d’Écluse, Girone, et soumis une partie de la Catalogne, lorsqu’il fut atteint par une maladie épidémique, qui le contraignit à rentrer en France : il mourut à Perpignan, en 1285. Ce prince avait hérité du Poitou et du comté de Toulouse par la mort d’Alphonse de Poitiers, son oncle (1271), du Perche et du comté d’Alençon par celle de Pierre, 5e fils de S. Louis (1283), et était devenu maître par achats des comtés de Nemours (1274) et de Chartres (1284) ; il avait en outre, par le mariage de son fils avec une princesse de Navarre, préparé la réunion de cet État à la couronne de France. En 1274, il avait cédé au St-Siége le comtat Venaissin. Il fut marié deux fois : 1° à Isabelle d’Aragon, dont il eut Philippe (IV), 2° à Marie de Brabant : cette princesse ayant été faussement accusée par le grand chambellan Pierre de La Brosse de la mort du jeune Louis, fils du 1er lit, Philippe le punit de la peine capitale. C’est ce prince qui fixa la majorité des rois à 14 ans.

PHILIPPE IV, dit le Bel, fils de Philippe III, lui succéda en 1285, à l'âge de 17 ans. Il termina en 1291 la guerre contre l’Aragon, par le traité de Tarascon ; il s’engagea bientôt après dans une lutte contre Édouard I, roi d’Angleterre, qui fit alliance avec Gui de Dampierre, comte de Flandre : les victoires de Furnes, de Comines et la prise de Bruges, amenèrent une trêve avec Gui de Dampierre et facilitèrent la conclusion du traité de Montreuil, par lequel Édouard I fiançait son fils Édouard avec Isabelle, fille du roi de France (1299) ; en même temps, Philippe IV réunit le comté de Flandre à la couronne. Vers la même époque, il eut un violent démêlé avide pape Boniface VIII, qui voulait subordonner le pouvoir temporel au pouvoir spirituel et exercer sur tous les trônes un droit de suzeraineté. Le pontife lança contre lui plusieurs bulles (Clericis laicos, 1296 ; Salvator mundi, 1300 ; Ausculta fili, 1301) : n’ayant rien obtenu, il l’excommunia et mit le royaume en interdit. Philippe fit brûler la bulle Ausculta fili et convoqua en 1302 les États généraux (les premiers qu’on ait vus en France), qui promirent de défendre contre tout pouvoir l’indépendance de la couronne. Au milieu de ces embarras, les Flamands, exaspérés par la tyrannie de Jacques de Châtillon, que Philippe leur avait donné pour gouverneur, s’étaient révoltés et avaient battu les Français à Courtray (1302) : Philippe signa une trêve avec eux, ce qui lui permit d’agir contre le pape. Il accusait ce pontife d’hérésie et même de plusieurs crimes, et demandait un concile : pour toute réponse, Boniface l’excommunia une 2e fois ; alors Philippe, exaspéré, envoya en Italie des troupes qui se saisirent du pape et exercèrent sur sa personne les plus coupables violences (V. NOGARET). Puis, il marcha contre les Flamands : il les vainquit à la bataille de Mons-en-Puelle (1304) ; cependant il leur accorda une paix honorable. À la mort de Benoît XI, qui avait remplacé Boniface VIII, il réussit à faire nommer un pape français, Clément V (Bertrand de Got), qui s’établit à Avignon. Il le pressa de faire le procès à la mémoire de Boniface VIII et obtint de lui l’abolition de l’ordre des Templiers (1312). Philippe s’empara aussitôt des richesses de cet ordre puissant et livra au bûcher ses principaux chefs ainsi que leur grand maître Jacques Molay. Il mourut peu après (novembre 1314). Sans cesse poursuivi par des besoins d’argent, Philippe le Bel pressura les Juifs, augmenta les tailles, créa la gabelle (1286), vendit des chartes aux communes, des titres de noblesse à des roturiers et altéra la valeur des monnaies, ce qui le fit surnommer par le peuple le faux monnoyeur. Philippe était devenu roi de Navarre par son mariage avec la reine Jeanne : il est le 1er qui ait porté le titre de Roi de France et de Navarre ; il ajouta en outre au domaine de la couronne la Flandre française, le Quercy,la Champagne et la Brie, dot de sa femme, le diocèse de Viviers et la ville de Lyon. Ce prince s’attacha à ruiner le pouvoir féodal et ecclésiastique, augmenta la centralisation, surveilla l’administration de la justice et créa une armée permanente. M. Boutaric a publié La France sous Philippe le Bel, 1861.

PHILIPPE V, dit le Long (sans doute à cause de sa taille), 2e fils de Philippe IV, fut chargé de la régence à la mort de Louis X, son frère, qui laissait enceinte la reine Clémence de Hongrie (1316). L’enfant de Clémence n’ayant pas vécu, il fut proclamé roi, par application de la loi salique, malgré l’opposition de plusieurs princes du sang, qui ne reconnaissaient pas l’exclusion des femmes et voulaient placer sur le trône la fille de Louis X, Jeanne de Navarre : les États généraux décidèrent en sa faveur. Il gagna par des concessions les princes qui s'étaient opposés à son avénement. En 1320, il conclut la paix avec les Flamands, et, depuis, son règne ne fut plus troublé que par le soulèvement des Pastoureaux (V. ce nom). Il se livra tout entier à l'administration intérieure; il affranchit les serfs des campagnes, anoblit des familles roturières, arma les milices, urbaines et mit à leur tête des officiers royaux, régla la fabrication des monnaies, tenta de les rendre uniformes pour tout le royaume et déclara inaliénable le domaine de la couronne. Ce prince permit à l'Inquisition de poursuivre rigoureusement les hérétiques dans le Midi, et sévit lui-même avec une extrême rigueur contre les Juifs et contre les lépreux, qu'on accusait d'exercer la magie et d'empoisonner les fontaines. Il avait épousé Jeanne de Bourgogne (V. ce nom) ; il mourut en 1322, sans laisser d'enfants mâles. Charles IV, son frère, lui succéda.

PHILIPPE VI, dit de Valois, chef de la branche royale des Valois, né en 1293, était fils de Charles de Valois et petit-fils de Philippe III. Il fut régent à la mort de Charles IV, dont la femme était enceinte : cette princesse ayant mis au monde une fille, il se fit proclamer roi en 1328, malgré l'opposition d’Édouard III, roi d'Angleterre (qui réclamait la couronne de Fiance du chef de sa mère Isabelle, fille de Philippe IV) et celle de Philippe d’Évreux, comme lui petit-fils de Philippe III et mari de Jeanne de France. Appelé au secours de Louis de Nevers, comte de Flandre, qui avait été chassé par ses sujets, il remporta sur les Flamands la victoire de Cassel, le 23 août 1328, et rétablit le comte. Il méditait une croisade lorsqu'éclata la célèbre guerre de Cent ans : elle prit naissance en 1337, à l'occasion de la protection qu’Édouard III accordait à Robert d'Artois, condamné par les pairs de France. Édouard, après s'être allié avec Jacques Arteveld, chef du parti démocratique en Flandre, et avec l'empereur Louis de Bavière, prit le titre et les armes de roi de France, et vint débarquer dans les Pays-Bas. La bataille navale de l’Écluse (1340), funeste aux Français, fut suivie d'une trêve de deux ans. Philippe ayant défendu les droits de Charles de Blois, son neveu, au duché de Bretagne, tandis qu’Édouard soutenait ceux du comte de Montfort, la guerre se ralluma; elle fut encore désastreuse pour la France : Édouard, débarqué en Normandie, ravagea tout le pays jusqu'aux environs de Paris, et remporta la victoire de Crécy, le 26 août 1346; l'année suivante, il assiégea et prit Calais, après quoi une nouvelle trêve fut signée entre les deux rivaux, par l'intervention de Clément VI. Philippe VI mourut avant la reprise des hostilités, en 1350. Sous ce règne la France fut ravagée par la peste noire, dite Peste de Florence (1348); en outre, elle fut écrasée d'impôts : la gabelle, supprimée sous le règne précédent, fut rétablie à perpétuité. Malgré ses revers, Philippe VI augmenta le domaine de la couronne : il y ajouta par le fait de son avénement les comtés de Valois, de Chartres, d'Anjou et du Maine, apanages de sa maison; par transaction avec Jeanne et Philippe d’Évreux, la Champagne et la Brie; par achat de Jacques II de Majorque (1349), la seigneurie de Montpellier; enfin par la cession d'Humbert II du Viennois, le Dauphiné, en reconnaissance de quoi les fils aînés de France portèrent depuis le titre et les armes de Dauphins (1343-49). Il eut pour successeur son fils aîné, Jean le Bon.

PHILIPPE I, dit de Rouvre (du château de Rouvre, près de Dijon, lieu de sa naissance), duc de Bourgogne, petit-fils du duc Eudes IV, lui succéda en 1349, âgé de 4 ans, sous la tutelle de Jeanne de Boulogne, sa mère; prit les rênes du gouvernement en 1360, mais mourut un an après sans postérité (1361). En lui finit la 1re branche royale des ducs capétiens de Bourgogne, issue de Robert de France, frère de Henri I,

PHILIPPE II, le Hardi, duc de Bourgogne, 4e fils de Jean II, roi de France, né en 1342, fit des prodiges de valeur à la bataille de Poitiers, ce qui lui valut son surnom, et y fut fait prisonnier (1356). Il reçut en apanage le duché de Bourgogne en 1363, peu avant la mort de son père. De plus, son mariage avec Marguerite, fille du comte de Flandre, le rendit en 1384 héritier des États de ce seigneur. Il arrêta les progrès des Anglais et soumit les Gantois révoltés. A la mort du roi de France Charles V (1380), il s'empara de la régence, conjointement avec ses frères, les ducs d'Anjou et de Berry, comme oncles et tuteurs du jeune roi Charles VI. Leurs dissensions et leur mauvaise administration firent le malheur du pays et amenèrent les excès des Maillotins (V. ce mot). Après avoir réprimé avec sévérité les mouvements populaires, Philippe conduisit le jeune prince contre les Flamands, remporta sur eux la victoire de Rosebecque (1382) et s'empara de Courtray. Lorsque Charles VI voulut gouverner par lui-même, Philippe, écarté par la faction des Marmousets (V. ce nom), se retira en Bourgogne et s'occupa activement de l'administration de ses États; mais il reprit bientôt le gouvernement du royaume pendant la démence du roi. La régence revenait de droit ou à la reine ou à Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI, mais Philippe l'emporta et il gouverna la France jusqu'à sa mort, en 1404. Il avait ajouté à ses domaines la Flandre, par mariage, et l'Armagnac par achat, ce qui fit de lui un des princes les plus riches et les plus puissants de l'Europe; mais il était si prodigue qu'il se trouva dans de perpétuels embarras d'argent. Il eut pour fils, et successeur en Bourgogne Jean sans Peur.

PHILIPPE III, le Bon, duc de Bourgogne, fils de Jean sans Peur, lui succéda en 1419, après le meurtre de son père. En haine du Dauphin, il signa, en 1420, avec Henri V, roi d'Angleterre, le traité de Troyes, par lequel il reconnaissait le prince anglais pour régent de France et héritier présomptif de Charles VI. Pendant plusieurs années, il fit beaucoup de mal aux Français : il entra dans Paris avec les Anglais et combattit longtemps dans leurs rangs contre Charles VII; c'est un de ses lieutenants (Jean de Luxembourg) qui prit Jeanne d'Arc au siége de Compiègne et la livra aux Anglais; mais, ayant fini par se brouiller avec ses alliés, qui lui disputaient le Hainaut, il entama des négociations avec Charles VII, et signa en 1435 le traité d'Arras, par lequel il reconnaissait le roi de France pour son suzerain; toutefois il devenait par ce traité même indépendant de fait, et obtenait la cession des comtés d'Auxerre et de Mâcon. Depuis lors, il seconda loyalement les efforts tentés pour l'expulsion des Anglais; il aida Charles VII à leur enlever Bordeaux et fut sur le point de reprendre Calais. Quelque temps avant le traité d'Arras, il avait combattu contre Jacqueline de Hollande, qui lui disputait la succession du Brabant, à laquelle il avait droit comme le plus proche parent mâle du dernier duc, et il avait réuni à ses domaines le Brabant et la Hollande (1433). Des expéditions contre les Gantois, qui se révoltaient, sans cesse, et contre le Luxembourg, qu'il soumit à sa tante Élisabeth, occupèrent ses dernières années. Il donna asile au dauphin, depuis Louis XI, exilé de la cour de Charles VII, mais il refusa de se mêler à ses différends avec son père. Vers la fin de sa vie, il abandonna presque entièrement le pouvoir à son fils Charles le Téméraire. Il mourut à Bruges en 1467, au moment où il préparait une croisade contre les Turcs. Ce prince était chevalier loyal et ennemi généreux; il protégea les lettres et les arts, fonda l'Université de Dôle, fit rédiger les coutumes de Bourgogne et de Franche-Comté, favorisa le commerce et créa en Flandre des manufactures de tapisserie, uniques alors en Europe. Les Flamands l'avaient surnommé le Bon duc parce que, résidant le plus souvent parmi eux, il leur fit en effet beaucoup de bien. C'est lui qui créa, en 1429, l'ordre célèbre de la Toison d'or.

PHILIPPE dit Hurepel, c.-à-d. la Peau rude, comte de Clermont (Oise), fils de Philippe-Auguste et d'Agnès de Méranie, né en 1200, épousa Mahaud, comtesse de Boulogne et de Dammartin. Il périt dans un tournois dès 1233.

III. Empereurs d'Allemagne et rois d'Espagne.

PHILIPPE DE SOUABE, empereur d'Allemagne, 2e fils de Frédéric Barberousse, né en 1178, avait reçu en apanage, à la mort de son père, la Souabe et la Toscane. A la mort de son frère Henri VI (1197), il fut porté à l'empire par les Gibelins. Il eut pour compétiteur, d'abord Berthold de Zæhringen, dont il finit par acheter les droits, puis Othon de Brunswick, qui était soutenu par les Guelfes et par le pape Innocent III : il triompha par les armes de ce 2e rival en 1206. Philippe régnait depuis deux ans, lorsqu'il fut assassiné, en 1208, près de Bamberg, par Othon de Wittelsbach, qu'il avait offensé en refusant la main de sa fille. Othon de Brunswick lui succéda.

PHILIPPE I, dit le Beau, chef de la maison autrichienne qui régna sur l'Espagne, était fils de l'empereur Maximilien et de Marie ùe Bourgogne. Il porta d'abord le titre d'archiduc d'Autriche, devint en 1482 souverain des Pays-Bas du chef de sa mère, et acquit des droits sur le trône de Castille par sa femme, Jeanne la Folle, fille de Ferdinand, roi d'Aragon, et d'Isabelle, reine de Castille. Il avait épousé cette princesse en 1496 : l'infant don Michel, héritier de la couronne de Castille, étant mort peu de mois après, il fut, ainsi que Jeanne, déclaré héritier présomptif des deux couronnes, par les États de Tolède et de Saragosse. En 1504, à la mort d'Isabelle, il fut, malgré les intrigues de Ferdinand, qui voulait obtenir la régence, proclamé roi de Castille. Il chercha d'abord à se rendre populaire et adoucit les rigueurs de l’Inquisition; mais bientôt il mécontenta ses sujets en déposant les fonctionnaires castillans pour donner leurs places à des Flamands et en voulant faire enfermer comme folle Jeanne sa femme, dont la raison était égarée par la jalousie. Ses débauches et son intempérance abrégèrent sa vie: il mourut en 1506, à 28 ans. Il laissa 2 fils, Charles-Quint et Ferdinand, qui tous deux furent empereurs.

PHILIPPE II, roi d'Espagne, né en 1527, était fils de Charles-Quint. Duc de Milan dès 1540, il devint, par l'abdication de son père, d'abord roi de Naples et de Sicile (1554), peu de mois après souverain des Pays-Bas (1555), et enfin roi d'Espagne (1556). Il avait dès 1554 épousé Marie, reine d'Angleterre, mais sans avoir aucune autorité sur les Anglais. Ardent défenseur de la foi catholique, Philippe II lutta pendant tout son règne contre les progrès de la Réforme. Il la poursuivit partout : chez les Anglais, qui, à son instigation, furent sévèrement réprimés par la reine Marie; dans les Pays-Bas, où ses rigueurs excitèrent la révolte; en France, où il soutint la Ligue et les Guises; en Espagne, où il protégea puissamment l'inquisition et d'où ses rigueurs firent fuir les Maures. Dans les premières années de son règne, Philippe continua la guerre avec la France : il remporta en 1557 la victoire de St-Quentin, mais il ne sut point profiter de son succès, et conclut en 1559 la paix de Cateau-Cambrésis, qui fut suivie de son mariage avec Élisabeth de France, fille de Henri II. Ayant voulu introduire l'Inquisition dans !es Pays-Bas, il excita dans ces provinces une violente révolte et, après une guerre désastreuse, il les perdit définitivement en 1581. En 1588, une tempête détruisit l’Invincible Armada, qu'il avait armée contre la reine d'Angleterre Élisabeth. Après avoir longtemps entretenu en France la guerre civile, dans l'espoir de s'emparer du trône en y portant sa fille Isabelle, il se vit contraint de signer avec Henri IV la paix de Vervins, en 1598. Il mourut cette même année. Les pertes qu'il eut à supporter dans ses États du Nord avaient été compensées par l'acquisition du Portugal, dont il s'était emparé à la mort du cardinal-roi Henri, malgré la France et malgré les Portugais eux-mêmes (1580). Sous ce règne, les colonies espagnoles de l'Amérique et des Indes rapportèrent immensément d'or et d'argent, mais Philippe consuma follement toutes ces richesses dans de vains projets de monarchie universelle, et à sa mort le trésor était vide et obéré. Ce prince sombre, soupçonneux et cruel n'épargna pas même sa famille : on lui imputa la mort d'un de ses fils, don Carlos (V. ce nom). Cependant il protégea les lettres et les arts : l'Escurial lui doit sa fondation; c'est lui qui fit de Madrid la capitale des Espagnes (1561). Il eut d'habiles généraux auxquels il dut quelques succès, entre autres don Juan d'Autriche, le vainqueur de Lépante, le duc d'Albe, le duc de Parme (Alex. Farnèse) et le duc de Savoie (Emm. Philibert). Il y a peu de princes dont on ait dit plus de bien et plus de mal : les Catholiques le peignent comme un second Salomon; les Protestants comme un autre Tibère. Prescott a donné une Hist. du règne de Philippe II, 1856 (trad. en français en 1860). Sa Correspondance a été publiée par M. Gachard, Bruxelles, 1859.

PHILIPPE III, fils de Philippe II, né en 1578, régna de 1598 à 1621. Apathique et faible de santé, il laissa le duc de Lerme, son ministre, gouverner sous son nom. Un traité de paix fut conclu avec l'Angleterre en 1604; une trêve de 12 ans fut signée avec les Pays-Bas en 1609; enfin, une alliance avec la France donna pour épouse à Louis XIII la fille de Philippe III, l'infante Anne d'Autriche. Pour prévenir le soulèvement des Maures convertis, Philippe III les chassa tous de ses États en 1609, faisant ainsi perdre à l'Espagne ses sujets les plus industrieux; le nombre des exilés s'élevait à près d'un million. La misère du pays fut encore accrue par des variations continuelles dans la valeur des monnaies. C'est sous Philippe III qu'éclata la guerre de Trente ans, dans laquelle il prit parti pour la maison d'Autriche, et qu'eurent lieu la conjuration de Venise (1618), ainsi que l'occupation par les troupes espagnoles de la Valteline (1620) et du Palatinat du Rhin (1621).

PHILIPPE IV, fils de Philippe III, lui succéda en 1621, âgé de 16 ans. Incapable comme son prédécesseur, il fut pendant la plus grande partie de son règne sous la tutelle de son 1er ministre le comte d'Olivarès. La guerre, reprise contre les Provinces-Unies, fut heureuse pour lui jusqu'en 1628, grâce au talent de Spinola; mais depuis lors elle devint désastreuse, et la Hollande fut définitivement perdue pour l'Espagne. Ce prince s'engagea ensuite dans la lutte de la maison d'Autriche contre Richelieu, et y perdit plusieurs provinces : le Portugal secoua le joug (1640), la Catalogne se souleva et se donna au roi de France Louis XIII (1641); Naples, soutenue par le duc de Guise, fut sur le point d'échapper à l'Espagne (1647); enfin Philippe se vît obligé de reconnaître l'indépendance des Provinces-Unies par le traité de Munster (1648). Découragé de tant de revers, il signa le traité des Pyrénées, par lequel il cédait à la France le Roussillon, l'Artois, 14 villes de la Flandre et du Hainaut et tous ses droits sur l'Alsace (1659); ce traité fut cimenté par le mariage de l'infante Marie-Thérèse avec Louis XIV. Il mourut en 1665, après un règne de 45 ans, qui fut presque constamment malheureux. Son fils Charles II lui succéda.

PHILIPPE V, chef de la maison des Bourbons d'Espagne, né en 1683, était fils du Dauphin Louis de France, et petit-fils de Louis XIV, et porta d'abord le titre de duc d'Anjou. Appelé au trône d'Espagne en 1700 par le testament de Charles II, il se rendit dans ce royaume, y fut reçu sans opposition et sut bientôt se concilier l'amour de ses sujets. Mais l'archiduc Charles réclamait la couronne d'Espagne, et l'Europe, inquiétée par la puissance de Louis XIV, forma, pour soutenir tes droits de ce prétendant, une grande ligue dans laquelle entrèrent l'Autriche, l'Angleterre, la Hollande, la Prusse et le Portugal : la guerre qui s'engagea alors est connue sous le nom de guerre de la Succession d'Espagne. Les Français et les Espagnols furent vaincus en Italie par le prince Eugène, en Allemagne par Marlborough, et Philippe V fut un moment chassé de l'Espagne par les Autrichiens; mais il fut rétabli par la victoire que remporta Berwick à Almanzaen 1707; Vendôme affermit son trône par sa victoire de Villa-Viciosa, en 1710; enfin, après l'avénement de son compétiteur au trône impérial (sous le nom de Charles VI), la paix d'Utrecht, signée en 1713, reconnut Philippe V, mais toutefois en le forçant à renoncer à ses droits sur la couronne de France et à céder à l'Angleterre Gibraltar et Minorque; au duc de Savoie, la Sicile; à l'Autriche, le royaume de Naples, le Milanais, la Sardaigne et les Pays-Bas. Philippe V se laissa successivement gouverner par la princesse des Ursins (la cameraria mayor), par sa 2e femme, Élisabeth Farnèse, et par son ministre Albéroni. Les plans gigantesques de ce dernier, qui rêvait la restauration de la domination universelle de l'Espagne et voulait enlever la régence de France au duc d'Orléans pour la donner à Philippe V, auraient pu engager ce prince dans une guerre contre la France et l'Angleterre, mais il la prévint en sacrifiant son ambitieux ministre (1720). Philippe V abdiqua la couronne en 1724, mais il la reprit sept mois après, à la mort de son fils, Louis. Dans cette 2e période de son règne, il rompit de nouveau avec la France, eut en même temps la guerre avec l'Angleterre, mais se rapprocha de l'Autriche, et conclut avec elle en 1725, à Vienne, un traité par lequel les deux puissances se garantissaient mutuellement leurs possessions : un traité signé à Séville en 1729 mit fin à la guerre et garantit à son fils l'expectative des duchés de Toscane, de Parme et de Plaisance. Il eut encore une guerre à soutenir contre l'Angleterre en 1739 et contre l'Autriche en 1744, à l'occasion de la succession d'Autriche, mais il mourut avant qu'elles fussent terminées, 1746. Philippe V s'efforça de régénérer l'Espagne : il réforma l'administration, la justice, les finances, encouragea le commerce, l'industrie, la marine, les sciences et les arts. Il fonda à Madrid la Bibliothèque royale, ainsi que les Académies des beaux-arts, de la langue et de l'histoire. Son fils Ferdinand VI lui succéda.

PHILIPPE (don), duc de Parme. V. PARME.

PHILIPPE DE HESSE, le Magnanime. V. HESSE.

IV. Personnages divers.

PHILIPPE, médecin d'Alexandre le Grand, le guérit de la maladie qu'il avait contractée en se baignant dans le Cydnus. Dénoncé par Parménion comme vendu au roi de Perse, il inspira néanmoins assez de confiance à Alexandre pour que ce prince bût sans hésiter un breuvage qu'il lui présentait.

PHILIPPE de Thessalonique, poëte grec qui vivait probablement sous Nerva et Trajan, est connu par quelques épigrammes pleines d'esprit et de grâce, et surtout par le recueil poétique appelé Anthologie de Philippe ou Deuxième anthologie. On trouve ce recueil dans les grandes éditions de l’Anthologie.

PHILIPPE (S.), un des 12 apôtres, né à Bethsaïde en Galilée, fut appelé un des premiers par Jésus et le suivit jusqu'au jardin des Oliviers. Après la descente du St-Esprit, il alla prêcher l’Évangile dans la Phrygie et y mourut vers l'an 80, dans un âge avancé. Sa fête est célébrée le 1er mai.

PHILIPPE (S.), un des sept disciples que les apôtres choisirent pour remplir les fonctions de diacre. Après l'ascension de J.-C., il prêcha l’Évangile à Samarie et y fit de nombreuses conversions. Il mourut à Césarée en Palestine vers 70. On le fête le 6 juin.

PHILIPPE DE NÉRI (S.). V. NÉRI.

PHILIPPES, Philippi, d'abord Datos et Crenides, v. de Macédoine (jadis de Thrace), à l'E., chez les Édones, près d'une mine d'or, fut prise par Philippe II (de Macédoine), qui la fortifia, en fit un des boulevards de son royaume et lui donna son nom. Antoine et Octave remportèrent aux environs sur Brutus et Cassius une victoire décisive qui anéantit le parti républicain (42 av. J.-C.). Cette ville fut une des 1res à embrasser le Christianisme : nous avons une lettre de S. Paul à ses habitants (ad Philippenses). Il ne reste de Philippes que des ruines.

PHILIPPEVILLE, v. forte de Belgique (Namur), à 41 kil. S. O. de Namur; 1600 hab. C'était d'abord un bourg appelé Corbigny. Charles-Quint l'agrandit on 1555, et lui donna le nom de son fils (Philippe II). En 1578, elle fut prise par don Juan d'Autriche sur les Hollandais. Le traité des Pyrénées (1659) la céda à la France, qui l'a conservée jusqu'en 1815. Elle fut alors annexée aux Pays-Bas.

PHILIPPEVILLE, v. et port de l'Algérie (Constantine), ch.-l. d'arr., sur la rade de Stora, près de l'embouch. de l'Oued-el-Kébir, à 83 kil. N. N. E. de Constantine; 7137 h. Trib. de 1re inst. et de commerce; hôpital civil et militaire. Pépinière publique; vaste forêt de liége aux environs; commerce de peaux, de laines et de sangsues. — Cette ville a été construite par les Français en 1839, sur les ruines de l'anc. Rusicada, et a été ainsi nommée en l'honneur de Louis-Philippe.

PHILIPPINE de Hainaut, reine d’Angleterre, fille de Guillaume, comte de Hainaut, épousa en 1328 Édouard III, dont elle eut 12 enfants, et mourut en 1369. Pendant que son mari envahissait la France, elle repoussa, à Nevill's Cross, le roi d’Écosse David, qui avait envahi l'Angleterre, 1346. Lors de la reddition de Calais, 1347, elle sauva par ses prières et ses larmes les six bourgeois de la ville qui s'étaient dévoués pour leurs concitoyens. Amie des lettres, elle encouragea Froissart.

PHILIPPINES (îles), grand archipel de la Malaisie, entre 114° et 124° long. E., 5° et 20° lat. N., a env. 325 000 kil. carr. et 4 millions d'habitants. La plus grande de ces îles est Luçon (capit. Manille); ensuite viennent Mindanao, Soulou, Palaouan, etc. Les petites îles qui entourent Luçon (Samar ou Ibaba, Leyte, Panay, Mindoro, les Calamianes, etc.), sont souvent nommées Bissayes, du nom de leurs principaux habitants. L'Espagne se regarde comme maîtresse des Philippines, mais elle ne possède effectivement qu'une partie de Luçon et de Mindanao, plus quelques points des autres îles. Réunies aux Mariannes, les Philippines forment la capitainerie gén. espagnole des Philippines. Ces îles sont hautes, montueuses et couvertes de forêts vierges; Luçon a plusieurs volcans. Climat agréable et chaud, mais malsain; grands ouragans. Sol très-fertile : riz et autres grains, canne à sucre, coton et denrées coloniales de toute espèce, fruits exquits, bois précieux (aloès, cèdre, sandal, bois de campêche, ébène, bois de fer); camphre, bétel. Or, mercure, vermillon, plomb, fer, soufre; marbre, pierres précieuses. La population se compose de Malais et de Papous (ceux-ci dans les mont.), de Chinois, d'Espagnols, de métis : beaucoup de Malais de cet archipel sont pirates et infestent les côtes. — Les Philippines, découvertes dès 1521 pour l'Espagne par les vaisseaux de Magellan, furent ainsi nommées plus tard en l'honneur de Philippe II; toutefois, elles ne reçurent d'établissement espagnol qu'en 1568. La colonie prospéra, et beaucoup de Chinois vinrent s'y fixer : effrayés du nombre de ces colons, les Espagnols les massacrèrent (1639). L'Inquisition y devint toute-puissante et les moines s'emparèrent du gouvernement au commencement du XVIIIe s. Luçon a été prise par les Anglais en 1762 et rendue en 1764.

PHILIPPIQUE, nommé d'abord Vardan (Bardane), emp. grec, Arménien de naissance, était entré au service des empereurs d'Orient. Sur la foi d'un astrologue, il se persuada qu'il arriverait à l'empire; ayant osé le dire, il fut exilé à Céphalonie par Tibère III (701), puis à Cherson par Justinien II (710). Dans cette dernière ville, il fut en effet proclamé empereur par un parti de révoltés; il entra sans coup férir dans Constantinople (711). Il se rendit bientôt odieux par son ardeur pour l'hérésie monothélite et méprisable par ses vices et son indolence, fut détrôné et privé de la vue en 713, et m. de misère en exil.

PHILIPPIQUES, nom donné d'abord à 4 célèbres discours de Démosthènes contre Philippe, roi de Macédoine, a été appliqué par analogie à 14 discours de Cicéron contre Antoine. — On connaît aussi sous cette dénomination 5 odes très-violentes de Lagrange-Chancel contre le Régent (Philippe d'Orléans).

PHILIPPOPOLI ou FILIBÉ, Philippopolis, v. murée de la Turquie d'Europe (Roumélie), sur la r. dr. de Maritza, à 160 kil. N. O. d'Andrinople; 30 000 hab. Anc. résidence d'un archevêque grec. Fabriques de draps, d'étoffes de soie et de coton, de maroquin. — Fondée ou restaurée par Philippe II, père d'Alexandre, elle devint rapidement très-peuplée; elle fut ruinée et saccagée par les Goths en 250. Elle forma sous les empereurs latins de Constantinople un duché, désigné par les écrivains du temps sous le nom corrompu de duché de Finépople. Elle fut presque anéantie par un tremblement de terre en 1818.

PHILIPPSBOURG, v. du grand-duché de Bade, sur la Sulzbach, à 2 kil. du Rhin, à 26 kil. N. de Carlsruhe; 1800 hab. — Cette ville, nommée jadis Udenheim, prit le nom de Philippsbourg lorsqu'elle eut été fortifiée au commencement de la guerre de Trente ans par Philippe Christophe, évêque de Spire. C'était aux XVIIe et XVIIIe siècles une des forteresses les plus importantes de l'empire. Elle fut prise par les Suédois en 1633, par les Impériaux en 1635, par les alliés en 1675, et par les Français en 1644, 1688 et 1734 : c'est à ce dernier siége que le maréchal de Berwick fut tué. La paix de Westphalie avait donné Philippsbourg à la France; celle de Nimègue la céda à l'empereur; en 1782, elle revint à l'évêque de Spire. Les Français la reprirent en 1799. En 1802, elle fut comprise dans le duché de Bade.

PHILIPS (Ambroise), poëte anglais, né en 1671 dans le comté de Leicester, m. en 1749, composa des Pastorales que quelques-uns mettent à côté de celles de Pope, et trois tragédies, qui eurent du succès : la meilleure, The distressed Mother, est imitée de l’Andromaque de Racine. Il contribua à la rédaction de la feuille périodique, The free Thinker, et fut nommé représentant du comté d'Armagh au parlement de Dublin. — On connaît encore sous ce nom Édouard, neveu de Milton, auteur d'une Vie de Millon et du Theatrum poetarum; — et Jean, poëte (1676-1708), auteur de poëmes intitulés Splendid Shilling; Blenheim (en l'honneur de la victoire de Marlborough); Pomona ou le Cidre, etc. Ce poëte relève par la pompe du style les choses les plus vulgaires.

PHILISTE, historien et homme d'État, né à Syracuse vers 435 av. J.-C., aida Denys le Tyran à s'emparer du pouvoir (406), ce qui ne l'empêcha pas d'être disgracié et exilé par ce prince; fut, après sa mort, rappelé par Denys le Jeune, qu'il défendit contre Dion, mais fut vaincu sur mer par ce général, 356. Suivant les uns, il se tua; selon les autres, il eut la tête tranchée. Il avait écrit l’Histoire de la Sicile et l’Histoire de Denys : il n'en reste que des fragments, conservés par S. Clément d'Alexandrie, Diodore, etc., et qui se trouvent dans les Fragm. des historiens grecs de la collection Didot. Dans cet ouvrage, Philiste s'était proposé Thucydide pour modèle.

PHILISTINS, petite nation de la Syrie, occupait sur la côte une longueur de 80 kil. environ, entre la tribu de Dan au N., la tribu de Siméon à l'E. et l'Arabie Pétrée au S. Ils avaient pour villes principales Gaza, Ascalon, Azoth, Accaron, Anthédon, et formaient une fédération de petits États qui pour la plupart étaient régis par des rois. Ils furent sans cesse en guerre avec le peuple juif : unis aux Ammonites, ils le tinrent 18 ans asservi (1261-1243); seuls, ils lui firent subir, de 1212 à 1172, un autre esclavage dont Samson les délivra. Saül les vainquit près de Gabaon; David parvint à les soumettre, et malgré de fréquentes révoltes ils ne recouvrèrent leur indépendance que sous les derniers rois de Juda. Ils avaient eu aussi à combattre les Égyptiens. Ils passèrent successivement sous la domination des Perses, d'Alexandre, des Séleucides, des Asmonéens et des Romains. Sous ces derniers, le pays des Philistins ne fut plus distinct de celui des Juifs : c'est de leur nom que tout le pays fut appelé Palestine.

PHILOCTÈTE, héros grec, fils de Pœan, prince qui régnait sur les Thessaliens de l'Œta, et compagnon d'Hercule. Le héros en mourant lui enjoignit de déposer dans sa tombe ses flèches teintes du sang empoisonné de l'hydre de Lerne, et lui fit jurer de ne jamais découvrir ce dépôt. Un oracle ayant déclaré que les Grecs ne pourraient se rendre maîtres de Troie sans les flèches d'Hercule, Philoctète, sollicité de les livrer, se laissa ébranler et indiqua le lieu où elles étaient cachées en frappant du pied la terre qui les couvrait. Il s'embarqua ensuite pour Troie, les portant avec lui; mais dans la route une des flèches lui tomba sur le pied et le blessa : comme elles étaient empoisonnées, il se forma à son pied un ulcère qui répandait une odeur si fétide qu'on fut forcé de l'abandonner dans l'île de Lemnos. Ce n'est qu'au bout de dix ans qu'Ulysse et Néoptolème, dépêchés par les Grecs, vinrent l'y chercher, parce que les flèches d'Hercule étaient nécessaires pour mettre fin à la guerre. Machaon et Podalire le guérirent. Après son retour de Troie, il passa en Calabre où il fonda Pétilie et Thurium. — Les malheurs de Philoctète ont fourni à Sophocle le sujet d'une belle tragédie, qui a été imitée par Laharpe; Fénelon lui a consacré un des plus beaux épisodes de son Télémaque.

PHILODÈME, épicurien grec, de Gadara en Célésyrie, vivait dans le 1er siècle av. J.-C. Il vint à Rome et y compta au nombre de ses disciples Calpurnius Pison, avec lequel il resta lié. Il avait écrit sur la morale, la rhétorique, la musique, etc. On a découvert à Herculanum plusieurs fragments de ses écrits, qui ont été publiés dans la collection d'Herculanum. M. E. Gros a donné à part les fragments sur l'art oratoire, sous le titre de Philodemi rhetorica, avec un commentaire, Paris, 1840; M. H. Saupp a publié un autre fragment Sur les Vices et Vertus opposées, Leips., 1853. On trouve dans les anthologies, sous le nom de Philodème, des épigrammes licencieuses qui sont probablement du même auteur.

PHILOLAÜS, philosophe pythagoricien, de Crotone selon les uns, de Tarente selon les autres, naquit vers l'an 500 av. J.-C., et put recevoir les leçons de Pythagore. Il habita successivement Crotone, Métaponte, Héraclée, passa quelque temps à Thèbes, où il eut pour disciples Simmias et Cébès, et mourut vers l'an 420 av. J.-C. Il est le 1er pythagoricien qui ait écrit sur la doctrine de son maître. Il avait composé sur la Nature, le Monde et l’Âme trois livres dont Platon faisait tant de cas qu'il les acheta de ses héritiers cent mines (plus de 9000 fr. de notre monnaie); il en reste quelques fragments qui jettent du jour sur les doctrines pythagoriciennes (Ils ont été recueillis par Bœckh, Berlin, 1819). Philolaüs passe pour l'auteur du système astronomique qui fait tourner la terre et les autres planètes autour du soleil : ce fait est contesté, mais il paraît certain qu'il attribuait à la terre un mouvement de translation d'occident en orient.

PHILOMÈLE, Philomela, fille de Pandion, roi d'Athènes, fut victime du brutal amour du roi de Thrace, Térée, son beau-frère, qui ensuite lui fit couper la langue pour l'empêcher de révéler son crime, et la tint étroitement enfermée. Ayant réussi à s'évader, avec le secours de Progné, sa sœur, elle se vengea en égorgeant le fils de Térée, Itys, et en servant le corps de cet enfant à son père. Philomèle échappa à la fureur de Térée par la rapidité de sa course, et fut dans sa fuite changée en rossignol. Progné, sa complice, fut métamorphosée en hirondelle.

PHILOMÈLE, Philomelus, général phocidien, pilla le temple de Delphes, et fit ainsi éclater la guerre Sacrée (355 av. J.-C.). Soutenu par Sparte, il obtint d'abord quelques succès et força même la Pythie à rendre des oracles en sa faveur; mais, battu par les Béotiens, il fut réduit, pour ne pas tomber entre leurs mains, à se précipiter du haut d'un rocher, 354. Il fut remplacé dans le commandement par son frère Onomarque.

PHILOMÈNE (Ste), vierge et martyre romaine, dont le corps fut retrouvé à Rome en 1802, en fouillant les lieux consacrés par la sépulture des martyrs. Ses restes furent transportés en 1805 dans la petite ville de Mugnano, près de Nole, où, dit-on, de nombreux miracles furent accomplis par elle ou obtenus par son intercession, ce qui l’a fait nommer la Thaumaturge du XIXe siècle. On l’honore le 10 août, jour présumé de son martyre. On ne sait rien de certain sur cette sainte ; néanmoins, M. l’abbé Poupelier, de Troyes, adonné sa Vie.

PHILOMÉTOR. V. PTOLÉMÉE VI et ATTALE III.

PHILON DE BYZANCE, ingénieur du IIe s. av. J.-C., visita Rhodes et Alexandrie, poussa très-loin l’étude de l’architecture et de la mécanique, et laissa entre autres ouvrages une Poliorcétique dont nous possédons les livres IV e tV (imprimés, avec trad. latine, dans les Veterum mathematicorum opera, Paris, 1693). On a aussi sous son nom (mais non entier) : De septem orbis miraculis, publié par Léon Allatius avec version latine et notes, Rome, 1640 ; par J. C. Orelli, Leips., 1816, et dans la Bibl. grecq.-lat. de Didot, 1858 (t. XLVIII).

PHILON DE LARISSE, philosophe de la nouvelle Académie, devint le chef de cette école à Athènes après Clitomaque, la dirigea de 110 à 88 av. J.-C., se réfugia à Rome lors de l’invasion de Mithridate en Grèce, et compta Cicéron parmi ses disciples. Il mitigea le scepticisme d’Arcésilas et de Carnéade, et fut considéré comme le chef d’une 4e académie.

PHILON LE JUIF, philosophe platonicien, né vers l’an 30 av. J.-C. à Alexandrie, était de la race sacerdotale des Juifs. Il étudia profondément la philosophie des Grecs, et fut surnommé de son vivant le Platon juif. Vers l’an 40 de J.-C., il fut député par les Juifs d’Alexandrie à Rome auprès de Caligula, pour demander en leur faveur le droit de cité romaine, mais il ne put l’obtenir. On ne sait en quelle année il mourut. Philon avait composé un grand nombre d’ouvrages, qui se rapportent, les uns à la théologie hébraïque, les autres à l’histoire, d’autres à la philosophie ; les plus importants sont : De mundi creatione secundum Mosen ; De vita Mosis ; De vita contemplativa ; De mundo ; Legis allegoriæ. Il avait aussi écrit l’histoire de son ambassade à Rome. En théologie, Philon explique la Bible par des allégories ; en philosophie, il suit les doctrines de Platon et veut les concilier avec la religion des Juifs. Il admet deux principes éternels, Dieu et la matière ; Dieu est la lumière primitive dont toutes les intelligences inférieures émanent comme autant de rayons ; en Dieu sont enfermées de toute éternité les idées de toutes choses, monde idéal ou intelligible, d’après lequel a été formé le monde sensible ; il personnifie ce monde idéal sous le nom de Logos (ou Verbe) et de Fils de Dieu. Les meilleures éditions de Philon sont celles de Th. Mangey, avec trad. lat., Londres, 1742, 2 vol. in-f. ; de C. E. Richter, Leips., 1828-30, et de L. Grossmann, Leips., 1843, 8 v. in-8. J. B. Aucher a publié des morceaux de Philon d’après des traductions arméniennes, Venise, 1822 et 1826 ; Fabricius, De Platonismo Philonis, Leips, 1693 ; Gfrœrer, Philon et la phil. alexandrine, Stuttgard, 1831, l’abbé Biet, Thèse sur Philon, 1854, et F. Delaunay, Philon d’Alex., ses écrits histor., 1867.

PHILON DE BYBLOS (HERENNIUS), grammairien et historien du IIe s. de J.-C., natif de Byblos, publia une traduction grecque de l’Histoire phénicienne de Sanchoniaton, traduction qui est perdue, mais dont Eusèbe nous a conservé quelques fragments (V. SANCHONIATON). Il avait composé lui-même plusieurs ouvrages historiques Sur les villes et leurs grands hommes, Sur les livres, et une Hist. d’Adrien, mais ils sont également perdus. Quelques-uns pensent qu’on doit distinguer Herennius Philon de Philon de Byblos, le traducteur de Sanchoniaton.

PHILOPŒMEN, général grec, né vers 252 av. J.-C. à Mégalopolis en Arcadie, se distingua de bonne heure dans les armées de la ligue achéenne, fut nommé général de la cavalerie, écrasa les Étoliens à la bataille de Larisse en 208, puis fut élu préteur (ou chef de la ligue), gagna sur Machanidas, tyran de Sparte, la victoire décisive de Mantinée (206), tua ce tyran de sa main, et força Nabis son successeur à lever le siége de Messène. Battu sur mer par ce prince, il prit bientôt sa revanche à Gythium, entra vainqueur dans Sparte, fit accéder à la ligue cette puissance, qui jusqu’alors en avait été l’ennemie, punit deux fois sa révolte, démantela ses murailles, déporta la plus grande partie de sa population et abolit les lois de Lycurgue (188). Chargé de repousser une incursion des Messéniens dans l’Arcadie, il alla offrir la bataille à leur chef Dinocrate, mais, accablé par le nombre, il la perdit. Étant tombé de cheval, il fut pris et conduit à Messène, où Dinocrate le fit empoisonner (183). Ses restes furent transportés en grande pompe à Mêgalopolis. Philopœmen est un des plus habiles tacticiens de l’antiquité ; au génie militaire, il joignit toutes les vertus civiques : on l’a surnommé le dernier des Grecs. Plutarque et Cornélius Népos ont écrit sa Vie.

PHILOPON (JEAN). V. JEAN PHILOPON.

PHILOSTORGE, historien ecclésiastique du IVe s., né vers 364 en Cappadoce, vécut longtemps à Constantinople et fut un arien zélé. Il avait écrit une Histoire de l’Église depuis l’avénement de Constantin jusqu’à la mort d’Honorius, qui ne nous est connue que par un abrégé de Photius (publié par Godefroy, Genève, 1642, grec-latin),

PHILOSTRATE, rhéteur, natif de Lemnos, selon les uns, d'Athènes, selon d’autres, enseigna la rhétorique à Rome dans le IIIe s. de J.-C, fut un des protégés de l’impératrice Julie, femme de Septime-Sévère, et mourut sous Philippe l’Arabe (vers 245). Il a laissé, entre autres ouvrages, la Vie d’Apollonius de Tyane (trad. en français par Castillon, Berlin, 1714, par Le Grand d’Aussy, Paris, 1808, et mieux par M. A. Chassang, 1862) ; les Héroïques, récits dialogues sur 21 héros qui prirent part au siége de Troie ; un Dialogue entre Vinitor et Phénix, édité par Boissonade, 1806, avec des scholies grecques ; les Tableaux, description de 76 peintures imaginaires, édités par Jacobs et Welcker, Leips., 1825, et trad. en franç. par Blaise de Vigenère, 1614 ; les Vies des Sophistes, publ. par Kayser, 1838 ; un traité De Gymnastica, retrouvé à Herculanum, publiée et traduit concurremment par Minoïde Mynas et par M. Daremberg en 1858 ; 73 Lettres galantes, éditées par Boissonade, 1842. — Son neveu, Philostrate le Jeune, a aussi composé des Tableaux. — Les Œuvres de l’oncle et du neveu ont été publiées ensemble par Olearius, Leips., 1709 ; par Kayser, Zurich, 1844-46, et par Westermann, dans la Bibl. grecq.-lat. de Didot, Paris, 1849. On estime les Lectiones Philostrateæ d’Hamaker, Leyde, 1816. — V. BLOUNT.

PHILOTAS, fils de Parménion, partageait avec son père la faveur d’Alexandre. Son crédit ayant excité la jalousie, ses envieux l’accusèrent d’avoir conspiré avec Dymnus contre le roi. Mis à la question, il avoua tout ce qu’on voulut, fut condamné, quoiqu’aucun témoin ne le chargeât, et périt lapidé.

PHILOXÈNE, poëte dithyrambique du IVe s. av. J.-C., né à Cythère, mort à Éphèse vers 380, avait longtemps vécu à la cour de Denys. Le tyran l’avait envoyé aux Carrières pour lui avoir dit trop franchement son avis sur ses vers : quand il fut sorti de cette prison, il ne tarda pas à se voir encore consulté par Denys sur le mérite d’une nouvelle pièce ; au lieu de répondre, il se contenta de dire : « Qu’on me reconduise aux carrières. » Denys ne put s’empêcher de rire de cette saillie et pardonna. Il reste quelques fragments d’un poëme de Philoxène intitulé le Souper ; ils donnent une idée avantageuse de son esprit et de sa gaieté.

PHILOXÈNE, appelé aussi Xénaias, écrivain syriaque, de la secte des Jacobites, né à Tabal en Susiane, fut institué en 485 évêque d’Hiérapolis en Syrie, combattit les décisions du concile de Chalcédoine, et fut exilé en 518 par l’emp. Justin I à Gangres en Cappadoce, où on le fit périr, en 522. Les Jacobites le regardent comme un martyr. Il a laissé, entre autres écrits, une version syriaque des quatre évangiles, faite en 508, qui est la seule que lisent les Jacobites ; elle a été publiée par J. White, Oxford, 1778.

PHINÉE, roi de Salmydesse en Thrace au temps des Argonautes, et fils d’Agénor, fit crever les yeux à ses deux fils sur de fausses accusations intentées par leur belle-mère. Les dieux, pour le punir, le frappèrent lui-même de cécité, et le livrèrent à la persécution des Harpyes, qui enlevaient les viandes sur sa table ou infectaient tout ce qu’elles touchaient. Dans la suite, Calaïs et Zéthès, fils de Borée, le délivrèrent des poursuites de ces monstres ; mais il resta aveugle. On explique l’infection dont Phinée eut à souffrir par l’influence de vents pestilentiels, et sa guérison par l’action salutaire des vents du nord.

PHINÉE, frère de Céphée et oncle d’Andromède, était fiancé à sa nièce, lorsqu’elle lui fut ravie pour être exposée à un monstre marin. Andromède, sauvée par le courage de Persée, accepta la main du héros : alors Phinée prit les armes pour la lui enlever, mais il fut pétrifié par la tête de Méduse.

PHINÉÈS, fils d’Éléazar et petit-fils d’Aaron, fut le 3e grand prêtre des Juifs. Il montra un grand zèle contre ceux qui s’étaient rendus coupables de fornication, et tua Zambri, l’un des chefs d’Israël, qui avait amené une Madianite dans sa tente.

PHINTIAS, auj. Alicata, v. de la Sicile ancienne, sur le bord du fleuve Himère, près de son embouchure, était une colonie de Gela.

PHINTIAS, ami de Damon. V. DAMON.

PHISELDECK, historien. V. SCHMIDT (Christ.).

PHISON, un des fleuves de l’Éden ou Paradis terrestre. On croit que c’est le Phase.

PHLÉGÉTHON (de phlégéthein, brûler), un des fleuves des Enfers, roulait des flammes.

PHLÉGON, historien grec du IIe siècle, natif de Tralles en Lydie, était un affranchi d’Adrien, et mourut sous Antonin le Pieux. Il avait écrit une Histoire et une Description de la Sicile, et un Traité des fêtes des Romains, qu’on a perdus ; mais on a de lui trois opuscules : De rebus mirabilibus, recueil de contes et de prodiges, De longævis, De Olympiis, publié par G. Xylander, Bâle, 1568 (édition princeps), par G. Franz, Halle, 1775, et J. Meursius, Halle, 1822.

PHLÉGRÉENS (CHAMPS), du grec phlégein, brûler, plaines voisines de Cumes en Italie, dans lesquelles Hercule aida les dieux à terrasser les Géants. Cet endroit est rempli de soufre et couvert de flammes produites par la combustion naturelle de cette substance.

PHLÉGYAS, roi de Phlégyade (petite ville de Béotie, près d’Orchomène), devait le jour à Mars, et eut pour fille Coronis, qu’Apollon séduisit ; pour se venger de cet outrage il mit le feu au temple de Delphes. Apollon le tua de ses flèches et le précipita dans les Enfers. Là Phlégyas voit sans cesse suspendu au-dessus de sa tête un rocher prêt à l’écraser.

PHLIASIE, petit État du Péloponèse, au S. de la Sicyonie, à l’O. de la Corinthie, renfermait, outre le territoire de Phlionte, celui de la ville de Titane.

PHLIONTE, Phlius, capit. de la Phliasie, à 18 k. S. de Sicyone, reçut son nom d’un fils de l’Héradide Téménus, qui vint s’y étahlir. Elle entra dans la Ligue achéenne. Ruines dans la plaine d’Hagios Georgios.

PHOCAS, empereur grec, était exarque des centurions sous l’empereur Maurice, lorsqu’il fut proclamé en 602 par l’armée cantonnée au N. du Danube. Il marcha sur Constantinople et fit trancher la tête à Maurice ainsi qu’à quatre de ses enfants. Il se montra voluptueux, rapace, cruel et lâche, et se laissa enlever par Chosroès, roi de Perse, l’Osroène, la Mésopotamie, l’Arménie, la Syrie et une partie de l’Asie-Mineure. Il réprima trois conjurations (604, 606, 610), mais fut enfin détrôné par Héraclius, après la bataille navale de Constantinople, et décapité sur le tillac du vaisseau de ce prince (610). Phocas avait fait traduire en grec le Digeste et le Code, et avait fait paraphraser les Institutes par Théophile.

PHOCÉE, Fokia, v. de l’Asie-Mineure (Mysie), comprise dans la confédération ionienne, sur le golfe de Cumes, à l’embouchure du Calque. Elle avait deux ports, Naustathme et Lamptère. Elle fut fondée par une colonie de Phocidiens, qui était commandée par un Athénien, ce qui la fit admettre dans la confédération ionienne. Très-florissante jadis, elle envoya en Gaule et en Espagne des colonies, dont la principale fut Marseille. Assiégés par Harpage, lieutenant de Cyrus, les Phocéens s’exilèrent en partie à Atalia, l’une de leurs colonies dans l’île de Corse. — La ville actuelle de Fokia, à 42 kil. N. O. de Smyrne, fait encore quelque commerce : elle a 4000 hab.

PHOCÉENS. On nomme ainsi les habitants de Phocée et quelquefois ceux de la Phocide.

PHOCIDE, région de la Grèce ancienne, entre la Béotie à l’E., l’Étolie à l’O., la Locride au N. E., le golfe de Corinthe au S. ; Élatée en était la capitale et la ville la plus forte, Delphes, qui s’y trouvait enclavée, y formait comme une république à part. La Phocide envoyait 2 députés à l’Amphictyonie des Thermopyles. Le pays était montueux et médiocrement fertile. Ses habitants, très-pauvres, étaient très-belliqueux. Ils provoquèrent deux guerres sacrées en pillant le temple de Delphes. Dans la 1re, ils tinrent tête à Thèbes et à la ligue formée contre eux (355-346 av. J.-C) ; mais, dans la 2e, ils furent écrasés par Philippe II (de Macédoine) et furent exclus du conseil des Amphictyons. V. SACRÉES (Guerres). — L’anc. Phocide, unie à la Locride et à la Doride, forme auj. la nomarchie de Phocide et Locride, qui a pour ch.-l. Lamia.

PHOCION, homme d’État et général athénien, né vers 400 av. J.-C., d’une famille obscure, étudia la philosophie sous Platon et Xénocrate, fut formé à l’art militaire par Chabrias, se distingua à la fois à l’armée et à la tribune, et devint le chef du parti aristocratique d’Athènes. Il ne cessa de recommander la modération à l’égard des alliés, la paix et une stricte surveillance à l’égard de Philippe, l’économie dans l’administration et le retour aux vieilles vertus. Démosthène, dont il combattait les projets belliqueux, l’appelait la cognée de ses discours. Il déplaisait par sa rigidité au peuple d’Athènes ; mais le même peuple ne l’en estimait pas moins, et recourait toujours à lui au jour du danger : il fut nommé 45 fois général en chef. Phocion rendit des services éminents pendant la Guerre sociale, dirigée contre Athènes par ses anciens alliés (359-356), réussit à soustraire l’Eubée aux attaques de Philippe, et força ce prince à lever le siége de Byzance. Après le sac de Thèbes, il fut député vers Alexandre pour proposer le maintien de la paix, et mérita l’estime du prince macédonien, qui lui fit, à plusieurs reprises, les offres les plus brillantes : il les refusa toujours. Après la mort d’Alexandre, il s’opposa à la guerre lamiaque ; toutefois, quand elle eut été décidée, il accepta un commandement dans cette guerre, quoique âgé de plus de 80 ans ; il battit les Macédoniens sur la côte de l’Attique, mais il laissa surprendre le Pirée par Nicanor, lieutenant de Cassandre, ce qui le rendit suspect au peuple. Quand Athènes eut été occupée par Polysperchon, il fut, à l’instigation de ce général, condamné à mort par la populace égarée, et but la ciguë en 317. Peu après, ses concitoyens, honteux de cette injustice, lui érigèrent une statue. Sa vie a été écrite par Plutarque et Cornélius Népos.

PHOCYLIDE, poëte gnomique, de Milet, vivait vers la fin du VIe s. av. J.-C. Il avait composé des poèmes héroïques, des élégies, etc. Il ne nous reste sous son nom qu’une suite de sentences morales en 217 vers : encore sont-elles regardées comme apocryphes. Elles ont été imprimées avec celles de Theognis et autres gnomiques, puis éditées à part, Leipsick, 1751, et 1843 (par Bergck) ; elles ont été traduites en français par Duché, 1698, Lévesque, 1782, et Coupé. 1798. PHŒBÉ, PHŒBUS. V. DIANE et APOLLON.

PHŒBIDAS, général lacédémonien qui, l'an 382 av. J.-C., prit la Cadmée, citadelle de Thèbes, en violant la foi des traités. Il fut cassé et mis à l'amende comme ayant agi sans ordre ; mais les Lacédémoniens ne continuèrent pas moins à occuper Thèbes, ce qui donna naissance à la guerre dans laquelle Épaminondas et Pélopidas ruinèrent la puissance de Sparte. Dans la suite, il fut rétabli dans le commandement et renvoyé en Béotie ; les Thébains l'assiégèrent dans Thespies, et il fut tué dans une sortie, 377.

PHORBAS, petit fils d'un roi d'Argos de même nom, délivra les Rhodiens d'un dragon qui ravageait leur île, et fut, après sa mort, placé dans le ciel avec le dragon qu'il avait tué, sous le nom d’Opiuchus ou Serpentaire. — Chef des Phlégyens, petit peuple de la Phocide, homme cruel et violent, s'étant saisi des avenues qui conduisaient à Delphes, forçait tous les passants à se battre contre lui, et, après les avoir vaincus, les faisait mourir dans de cruels tourments. Apollon se présenta au combat déguisé en athlète et l'assomma d'un coup de poing.

PHORCYS, un des Dieux de la mythologie primitive des Grecs, naquit de Pontos et de Gæa (la Mer et la Terre), épousa Céto, en eut les Grées, les Gorgones, le dragon des Hespérides, Scylla, Thoosa. On le représentait sous les traits d'un vieillard ; on lui attribuait le pouvoir de commander aux flots.

PHORONÉE, Phoroneus, fils et successeur d'Inachus, et 2e roi d'Argos (1920-1896), fut père de Niobé, d'Apis et d'Argus. Arbitre dans une querelle entre Junon et Neptune, il prononça en faveur de Junon, qui depuis protégea Argos. Il donna des lois à ses sujets et les initia aux bienfaits de la civilisation. Il eut à soutenir de grandes guerres contre les Telchines et les Curètes. Après sa mort, ce prince fut divinisé ; son nom fut donné à une petite rivière de l'Argolide. Ce nom, qui rappelle les Pharaons (d’Égypte), confirme les traditions relatives aux émigrations égyptiennes dans la Grèce primitive.

PHOTIUS, patriarche de Constantinople, né dans cette ville, avait été déjà ambassadeur en Perse et premier secrétaire de l'empereur Michel, lorsque, en 857, il fut porté, bien que laïque, au patriarcat de Constantinople, à la place d'Ignace, qui venait d'être déposé. D'odieuses violences signalèrent son intrusion, à laquelle s'opposa le pape Nicolas I. Anathématisé par le pape dans un concile, il réunit un conciliabule dans lequel il anathématisa le pape à son tour, et il persuada aux évêques qui y étaient assemblés de se séparer de l'Église latine, ce qui donna naissance au grand schisme grec, 858. Basile le Macédonien rétablit Ignace, mais Photius reprit ses fonctions à la mort du patriarche ; il se fit même alors approuver par le pape, à la condition d'abjurer ses erreurs ; mais il n'en fit rien et fut excommunié de nouveau (869). Néanmoins, il se maintint sur son siége jusqu'à l'avènement de Léon le Philosophe, qui l'exila ; il mourut en exil, dans un couvent d'Arménie, en 891. Photius joignait à un esprit rare et pénétrant l'érudition la plus vaste. On a de lui, sous le titre de Bibliothèque (ou Myriobiblori), une précieuse compilation qui contient une infinité d'extraits d'auteurs que nous ne connaissons que par elle (les meilleures éditions sont celle de Genève, 1612, grec-latin, et celle d'E. Bekker, toute grecque, Berlin, 1824). Photius a laissé de plus des Lettres (Londres, 1651, in-fol.); un Recueil des Canons de l'Église et le Nomocanon ou Accord des lois impériales et des canons (en tête du recueil des Canons ecclésiastiques, Paris, 1551); un Lexique grec (publié par Hermann, Leips., 1808, et par Porson, Londres, 1822) ; divers écrits théologiques, entre autres : Adversus Latinos, Adversus Manichæos, De processione Spiritus sancti. De nouvelles Lettres de Photius ont été récemment retrouvées à Constantinople par M. Lebarbier. Ses Œuvres complètes se trouvent dans la Patrologia græca de Migne (1860). L'abbé Jager a donné son Hist., Par., 1844.

PHRAATACE, roi parthe de l'an 9 à l'an 14 de J.-C., s'unit à sa mère Thermusa pour faire périr son père, Phraate IV, et fut à son tour égorgé par ses sujets révoltés.

PHRAATE I, roi des Parthes de 182 ou de 178 à 164, fils de Priapatius, subjugua les Mardes, peuple nomade de Médie. — II, 139-127, vit Antiochus VII (Sidétès) envahir ses États, fut vaincu dans trois grandes batailles, perdit Babylone, Séleucie, Ecbatane, et fut quelque temps réduit à la Parthie primitive ; mais, aidé par les Scythes, il surprit les troupes syriennes, et les tailla en pièces dans une bataille où périt Antiochus. N'ayant payé ses alliés que d'ingratitude, il les vit tourner leurs armes contre lui et il périt en les combattant. — III, 70-61, tour à tour l'allié et l'ennemi des Romains, périt par un complot de ses deux fils Mithridate III et Orodes. — IV, monta sur le trône l'an 37 av. J.-C., après avoir massacré ses frères, fit avec quelque succès la guerre à Marc-Antoine, mais fut forcé de fuir devant ses propres sujets révoltés, alla chercher des secours chez les Scythes, battit avec leur secours Tiridate, qui s'était emparé du trône, fit ensuite la paix avec les Romains, et rendit à Auguste les prisonniers et les drapeaux pris sur Crassus. Il mourut l'an 9 de J.-C., empoisonné par sa femme et Phraatace, son fils.

PHRANZA ou PHRANTZÈS (George), historien byzantin, né à Constantinople en 1401, fut chambellan et secrétaire de Manuel II (Paléologue), devint en 1446 gouverneur de la Morée, et fut enfin nommé grand logothète. Il fut pris par les Turcs en 1453, vendu, puis mis en liberté, et mourut dans un couvent de l'île de Corfou vers 1480. On a de lui une Chronique de Constantinople (de 1259 à 1477), publiée par Fr. Ch. Alter, Vienne, 1796, et réimpr. dans la Byzantine. Cette histoire, qui paraît véridique et impartiale, renferme de curieux détails.

PHRAORTE, roi des Mèdes, fils et successeur de Déjocès, régna de 690 à 655 ou de 657 à 634 av. J.-C., conquit plusieurs régions, mais fut vaincu à Ragau par les Assyriens. Il mourut peu après et eut Cyaxare I pour successeur. On croit que c'est l'Arphaxad de la Bible.

PHRÉ, dieu égyptien. V. FRÉ.

PHRYGIE, Phrygia, région de l'Asie-Mineure dont les bornes ont beaucoup varié. La Phrygie primitive s'étendait le long de la mer, depuis l'embouchure du Méandre jusque près de celle du Parthénius, et par conséquent était baignée par trois mers (la mer Égée, la Propontide, le Pont-Euxin); elle avait pour bornes à l'E. l'Halys, au S. les monts de Pisidie et de Lycaonie. Dès l'an 1900 av. J.-C., diverses peuplades vinrent s'établir dans cette contrée, les Thyni et Maryandyni près du Pont-Euxin, les Dardani et Mysi en Troade, les Mœones au S. des derniers, et en resserrèrent ainsi les bornes ; cependant tout le pays portait encore au temps d'Homère le nom de Phrygie. Vers l'an 500 av. J.-C., la Phrygie ne comprenait plus la Lydie, la Méonie, la Bithynie. Jointe à la Paphlagonie et à la Cappadoce, elle forma sous les Perses la 3e satrapie : on y distinguait la Petite Phrygie ou Phrygie de l'Hellespont (la Troade anc.), au N., sur les trois mers, dont les villes principales étaient Dascylium, Pessinonte, Gordium, Ancyre ; et la Grande Phrygie ou Phrygie proprement dite, au S. de la précédente, et dans l'intérieur des terres : celle-ci avait pour bornes à l'O. la Mysie et la Lydie, à l'E. la Cappadoce ; malgré son nom, c'était la moins grande. En 278 av. J.-C., la Petite Phrygie disparaît ; un tiers de son territoire (entre les montagnes et le Pont-Euxin) va grossir la Bithynie ; un autre tiers (entre la Propontide et la Mysie) passe aux mains des rois de Pergame ; le dernier tiers est joint à la Grande Phrygie, à laquelle on avait précédemment ajouté la Lycaonie au S. Le nouveau pays ainsi composé s'appelle simplement Phrygie : Dorylée, Synnade, Célènes, Colosse, Thymbrée, Iconium, Sagalasse, Larande en étaient les villes principales. Cette Phrygie répondait à peu près aux livahs actuels de Konieh, Ak-seraï, Ak-chehr, Koutaïeh, Kara-hissar. Au IVe s. de J.-C. la Phrygie fut partagée en Phrygie salutaire, au N., capit. Synnade ; Phrygie pacatiane, au S., capit., Laodicée ; Isaurie, au S. de celle-ci ; Lycaonie, au S. E. de la Pacatiane. — Les habitants de la Phrygie se nommaient Phryges ou Bryges ; ils se prétendaient autochthones ; cependant on peut croire qu’ils venaient de la Thrace et qu’ils étaient de race pélasgique. Le pays formait dans l’origine plusieurs États : la Fable met au nombre des rois qui y régnèrent Tantale, père de Pélops, et Midas, qui résidait à Célènes. Il passa successivement sous la domination des rois de Lydie (au temps de Crésus), des Perses, d’Alexandre, de Lysimaque, des Séleucides. Après avoir été de plus en plus réduite, la Phrygie fut en 190 av. J.-C. ajoutée par les Romains au roy. de Pergame ; après l’extinction de ce royaume (129), elle échut aux Romains, qui la comprirent dans la province d’Asie. Les Phrygiens passaient pour mous, serviles et peu guerriers ; mais ils étaient amis des arts, surtout de la musique : les Grecs leur avaient emprunté le mode phrygien. C’est en Phrygie qu’où fait vivre Marsyas et Ésope. Cybèle était la déesse par excellence de la Phrygie ; on lui adjoignait Atys ; leur culte, dont les prêtres étaient nommés Galles (V. ce mot), était environné de mystères et accompagné de danses frénétiques. Deux siècles av. J.-C., ce culte fut porté à Rome ; il y partagea la vogue, sous l’Empire, avec d’autres superstitions.

PHRYNÉ, de Thespies, célèbre courtisane de la Grèce, vivait au IVe s. av. J.-C. Aimée de Praxitèle, elle lui servit de modèle pour ses statues de Vénus. Elle était si riche qu’elle offrit, dit-on, de rebâtir Thèbes à ses frais, mais à condition qu’on placerait sur les murs cette inscription : Alexandre a détruit Thèbes et Phryné l’a rebâtie ; son offre fut refusée. Accusée d’impiété, elle fut sauvée par l’orateur Hypéride.

PHRYNICHUS, d’Athènes, poëte tragique du VIe s. av. J.-C., auteur de 9 tragédies auj. perdues, fut couronné en 511. Il introduisit les rôles de femmes, l’usage du masque, ainsi que l'ïambe tétramètre, et réussit surtout par le pathétique. Ayant mis sur la scène la Prise de Milet, il attendrit vivement les Athéniens, mais il fut condamné à une amende pour avoir ainsi rappelé le souvenir d’un événement regardé comme un malheur public. — Poëte comique d’Athènes, contemporain d’Aristophane ; on a de lui quelques fragments (dans les recueils de G. Morel, de Grotius, Bothe, Meinecke, etc.). On trouve aussi les fragments des deux Phrynichus dans la collect. Didot.

PHRYNICHUS ARRBABIUS, grammairien bithynien, auteur d’un recueil des mots du dialecte attique, dont on a l’abrégé : Eclogæ nominum et verborum atticorum, Rome, 1517 ; Leipsick, 1820.

PHRYNIS, de Mitylène, poëte et musicien, né vers 480 av. J.-C., fut le rival de Timothée. Il ajouta deux cordes aux sept qu’avait déjà la cithare, et mit en vogue un mode efféminé.

PHRYXUS, fils d’Athamas et frère d’Hellé, avait inspiré à Ino, sa belle-mère, un amour coupable, qu’il dédaigna. Calomnié par elle auprès d’Athamas, il fut condamné à mort ; mais il se sauva avec Hellé, sa sœur, porté sur un bélier à toison d’or que Jupiter leur envoya, et parvint ainsi en Colchide. Il immola le bélier et offrit sa toison au dieu Mars. V. HELLÉ.

PHTHA, divinité égyptienne. V. FTA.

PHTHIE, Phthia, capit. de la Phthiotide, près de Pharsale, était la patrie d’Achille. Elle avait perdu toute importance dès les temps historiques.

PHTHIOTIDE, Phthiotis, petit État de la Thessalie au temps de la guerre de Troie, comprenait toute la partie méridionale de cette région, et renfermait, outre les Phthiotes, la nation des Maliens et celle des Énianes. Elle avait pour ch.-l. Phthie.

PHUL, fils de Sardanapale, roi d’Assyrie. Après la chute de Sardanapale, il ne conserva que le roy. de Ninive, où il régna de 759 à 742 av. J.-C. Il soumit Tyr, Sidon, Damas et fit la guerre aux Juifs : le roi Manahem acheta de lui la paix 1000 talents.

PHURNUTUS, maître du poëte Perse. V. PERSE et CORNUTUS.

PHYSCON (PTOLÉMÉE). V. PTOLÉMÉE.

PHYSIOCRATES, secte d’économistes, V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, et dans celui-ci : QUESNEL.

PIALI, capitan-pacha, Hongrois de naissance, fut dans son enfance trouvé sur le champ de bataille de Mohacz par des Turcs, qui le sauvèrent (1526). Élevé au sérail par ordre de Mahomet II, il parvint au grade de capitan-pacha, prit, avec la flotte turco-française, Messine et Reggio, ravagea Majorque, Minorque, Iviça, et battit en 1559 la flotte de Philippe II, mais il assiégea en vain Malte (1565), et fut peu après disgracié par Sélim II.

PIANOZA, Planasia, île de la mer Tyrrhénienne, sur les côtes de la Toscane, au S. O. de l’île d’Elbe ; elle a 8 kil. sur 4, et ne renferme que quelques familles de pêcheurs. C’était un lieu d’exil sous les Romains : Posthumius Agrippa y fut exilé par Auguste, et y périt par ordre de Tibère,

PIARISTES, ou Pauvres de la mère de Dieu, congrégation vouée à l’éducation gratuite des enfants pauvres ; leurs maisons sont connues sous le nom d’Écoles pieuses. Joseph Calasanzio en donna la 1re idée dès 1621 en rassemblant de rue en rue les enfants des pauvres pour les instruire chez lui ; le nouvel ordre fut approuvé par le pape en 1624. Il est surtout répandu en Autriche et en Hongrie.

PIAST, tige de la dynastie polonaise des Piasts, était un simple cultivateur de la Cujavie. Ses concitoyens, appréciant ses vertus, lui confièrent le suprême pouvoir avec le titre de duc (842). Il fit fleurir la justice, le commerce et l’agriculture, conserva, au milieu des grandeurs, la simplicité de ses mœurs premières, et fit pendant 19 ans(842-61) le bonheur de la Pologne. Il résidait à Gnesne.

PIASTS (les), dynastie polonaise issue de Piast, régna de 842 à 1370. — Une branche des Piasts conserva le duché de Silésie jusqu’en 1675.

PIAT (S.), né à Bénévent, accompagna S. Denys en Gaule, fit par son éloquence et sa charité de nombreuses conversions dans le Tournaisis et souffrit le martyre à Seclin en 286. On le fête le 1er oct.

PIAUHY, riv. du Brésil, naît dans les monts Piauby, coule 500 kil. au N., traverse la prov. qui prend son nom et tombe dans la Parnahiba, par 6° 8′ lat. S., après un cours d’env. 600 k. — La prov. de Piauhy, entre la mer et les prov. de Céara, de Pernambouc, de Goyaz et de Maranhao, a 970 kil. du N. E. au S. O. sur 565 ; 160 000 hab. ; ch.-l., Oeiras ; autres villes, Parnahiba, Piraruca, etc. Très-montagneuse à l’O. et au S. ; vastes plaines à l’extrémité. Climat très-chaud, sol fertile : le bétail est la principale richesse du pays.

PIAVE, Plavis, riv. d’Italie, dans la Vénétie, sort des Alpes Noriques, coule au S. O. en arrosait Pieve-di-Cadore et Bellune, puis tourne au S. E., traverse les prov. de Trévise et de Venise, et sa jette dans l’Adriatique par 2 branches, après un cours de 225 kil. — Dans le roy. français d’Italie, elle donnait son nom à un dép. dont Bellune était le chef-lieu.

PIAZZA, v. de Sicile, à 30 kil. E. S. E. de Calatanisetta ; 14 000 hab. Évêché.

PIAZZI (Joseph), astronome, né en 1746 à Ponte (en Valteline), m. à Naples en 1826, entra chez les Théatins, professa les mathématiques à Malte, la philosophie et la théologie à Rome, puis à Ravenne, fut appelé en 1780 à Palerme pour y enseigner les hautes mathématiques, fit construire dans cette ville un observatoire, dont il fut nommé directeur, découvrit en 1801 la planète Cérès, qui porte aussi son nom, et forma un catalogue de 7646 étoiles. Il fut chargé par le gouvernement napolitain de diverses missions scientifiques, notamment d’établir un système métrique uniforme pour la Sicile, et fut nommé en 1817 directeur de l'observatoire de Naples. Il était membre des sociétés savantes de Naples, Turin, Gœttingue, Berlin, St-Pétersbourg, Londres, et de l'Institut de France. — Ses principaux écrits sont : un Mémoire sur la planète de Cérès, 1802; le Catalogue des Étoiles, 1803; le Code métrique de la Sicile, 1812, et des Leçons d'astronomie (en italien), 1817.

PIBRAC (Gui DU FAUR, seigneur de), né en 1529 à Toulouse, m. en 1584, étudia le droit à Padoue sous Alciat, fut conseiller au parlement de sa ville natale, puis juge-mage, représenta la France au concile de Trente, où il défendit les libertés de l'Église gallicane, fut, à son retour, nommé avocat général, puis conseiller d’État, suivit Henri III en Pologne et tenta en vain, après son départ, de lui conserver ce trône. Il fut nommé depuis président à mortier et chancelier de la reine Marguerite, ainsi que du duc d'Alençon. Il a laissé des discours et divers écrits politiques, parmi lesquels on regrette de trouver une Apologie de la St-Barthélemy (1573), qui lui avait été commandée par la cour; mais on le connaît surtout comme auteur de Quatrains moraux, remarquables par la beauté des maximes et la concision du style; malheureusement, la langue en est devenue surannée. Ces Quatrains, imprimés pour la 1re fois à Paris en 1574 au nombre de 50 seulement, ont été fort augmentés depuis. Ils ont été traduits en grec, en latin, et dans presque toutes les langues de l'Europe.

PIC DE LA MIRANDOLE, famille italienne, ainsi nommée du château de la Mirandole près de Modène, possédait, outre la Mirandole, Concordia et Quarentola. Originairement feudataire de l’État de Modène, elle s'en rendit indépendante vers 1312. Elle joua un rôle important dans le parti gibelin pendant les guerres civiles de l'Italie, fut sans cesse déchirée par des discordes intestines, et se vit en 1710 dépouillée de ses États par la maison d'Autriche pour s'être attachée à la France dans la guerre de la Succession d'Espagne. François Marie, dernier seigneur de la Mirandole, se retira en France, où sa famille subsiste encore.

PIC DE LA MIRANDOLE (Jean), célèbre par sa science et sa précocité, né en 1463, était le 3e fils de Jean François, seigneur de la Mirandole et de Concordia. Dès l'âge de dix ans, il s'était placé au premier rang des orateurs et des poëtes de son temps. Abandonnant à ses frères le gouvernement des fiefs qui lui étaient dévolus, il se voua tout entier à l'étude, et parcourut pendant sept ans les plus célèbres universités de l'Italie et de la France, étudiant toutes les sciences connues de son temps, même la cabale, pour laquelle il conçut une folle passion. Il se rendit à Rome en 1486, et déclara, à l'âge de 23 ans, qu'il y soutiendrait une thèse De omni re scibili; il publia dans ce but une liste de 900 propositions, mais il eut bientôt à se repentir de cet audacieux défi : 13 de ses propositions furent reconnues entachées d'hérésie et condamnées comme telles par Innocent VIII. Il renonça dès lors aux succès mondains et, après s'être réfugié en France, il alla vivre dans la retraite à Florence, ne s'appliquant qu'à l'étude de la religion et de la philosophie platonicienne. Il mourut en 1494, à peine âgé de 31 ans. On a de lui, entre autres écrits : Conclusiones philosophicæ, cabalisticæ et theologicæ, Rome, 1486 (ce sont les 900 propositions dont il a été parlé); Apologia J. Pici Miranduli, 1489 (il essaye d'y défendre les propositions censurées); Disputationes adversus astrologiam divinatricem, 1499; Epistolas, 1499. Ses Œuvres ont été réunies à Bologne, 1496; à Venise, 1498, etc. Sa Vie a été écrite par J. François Pic de la Mirandole, son neveu, en tête de ses Œuvres.

PICARD (l'abbé Jean), astronome, né à La Flèche en 1620, m. en 1683, observa l'éclipse de soleil du 15 août 1645 avec Gassendi, remplaça ce savant au Collége de France (1655), et fut membre de l'Académie des sciences dès sa fondation (1666). Il appliqua les lunettes à la mesure des angles, inventa le micromètre (avec Auzout), mesura avec une parfaite exactitude un degré du méridien, fixa la longueur du pendule simple à secondes, alla en Danemark déterminer la position de l'observatoire d'Uranienbourg, fit établir l'Observatoire de Paris et appeler en France Rœmer et Cassini. Il attira le premier l'attention sur le double phénomène de la nutation et de l’aberration, expliqué depuis par Bradley. On lui doit : Mesure de la terre, 1671; Voyage d'Uranienbourg, 1680. Il publia la Connaissance des Temps de 1679 à 1683.

PICARD (Louis Benoît), auteur dramatique, né à Paris en 1769, m. en 1828, était fils d'un avocat et fut destiné au barreau; mais, entraîné par son goût vers le théâtre, il se mit dès l'âge de 20 ans à composer, sous les auspices d'Andrieux, son ami, de petites pièces qui réussirent; puis il monta sur la scène, et obtint comme acteur de nouveaux succès. Aux titres d'auteur et d'acteur, il joignit bientôt celui de directeur, et administra successivement le théâtre de Louvois, l’Opéra Buffa, l'Opéra-Français, l'Odéon; il donna à ce dernier théâtre pendant plusieurs années une grande vogue (1816-21). Il quitta en 1807 la profession de comédien, et fut reçu la même année à l'Académie Française. Picard composa plus de 80 pièces, comédies, vaudevilles, opéras-comiques, qui n'ont pas toutes un mérite égal, mais dans lesquelles on trouve toujours, avec une gaieté franche et naturelle, une entente parfaite de la scène, un dialogue vif, animé et pétillant d'esprit; il excelle dans la petite comédie de mœurs, dans la peinture des ridicules bourgeois. On cite, parmi ses meilleures comédies : Médiocre et rampant ou le Moyen de parvenir, en 5 actes et en vers, le Conteur, le Collatéral ou la Diligence de Joigny, la Petite Ville, la Grande Ville ou les Provinciaux à Paris, M. Musard, les Capitulations de conscience, les Marionnettes, les Ricochets, les Deux Philibert; parmi ses opéras-comiques, les Visitandines. Il a en outre écrit quelques romans (Eugène de Senneville; l'Exalté ou Histoire de Gabriel Desodry; le Gil Blas de la Révolution), mais ils ont peu ajouté à sa réputation. Le Théâtre de Picard forme 10 vol. in-8, 1811-1823. – V. PICART.

PICARDIE, ancienne prov. et grand gouvt de France, bornée au N. par l'Artois et le Boulonais, au S. par l'Ile-de-France, à l'E. par la Champagne, à l'O. par la Manche et la Normandie, avait pour capit. Amiens. Elle se divisait en Haute et Basse, la 1re se subdivisant en Thiérache, Vermandois, Santerre, Amiénois; la 2e comprenant le Boulonnais, le Ponthieu avec Vimeux et le Pays reconquis. Elle forme auj. le dép. de la Somme et parties de ceux de l'Aisne, de l'Oise et du Pas-de-Calais. Beaucoup de plaines; grains et plantes oléagineuses en abondance, peu de fruits et de légumes. Marne, tourbe. — La Picardie fut primitivement habitée par les Morini, les Ambiani, les Veromandui, les Bellovaci et les Suessiones; sous les Romains, elle fit partie de la 2e Belgique. Clodion, chef des Francs, la conquit au Ve s. et fit d'Amiens sa capitale; depuis, elle fut comprise dans le roy. de Soissons et plus tard dans le roy. de Neustrie; elle passa plus tard aux comtes de Flandre, et forma plusieurs petits comtés (Ponthieu, Amiens, Vermandois, Boulogne, Soissons, Valois), qui tous relevaient de ce grand fief. Envahie par les Anglais sous Philippe de Valois et Charles VI, elle fut reconquise par Charles VII, puis engagée par celui-ci aux ducs de Bourgogne. Elle fut réunie en 1463 à la couronne de France par Louis XI. Le nom de Picardie n’apparaît pas avant le XIIIe s. : on le dérive, soit du bas latin picardus, soldat armé de la pique, parce que les habitants de ces contrées excellaient dans le maniement de cette arme, soit du vieux mot français picard, signifiant querelleur.

PICART (Étienne), graveur, surnommé le Romain, à cause de son long séjour à Rome, né en 1631 à Paris, m. en 1721, travailla au Cabinet du roi, et grava surtout l'histoire et le portrait. — Son fils, Bernard P., graveur au burin et à la pointe, 1663-1733, dessina et grava d'abord très-habilement; malheureusement, il adopta dans la suite une manière expéditive qui put lui faire gagner beaucoup d'argent, mais qui perdit sa réputation. Les planches qu'il grava pour les Cérémonies religieuses de toutes les nations, de J. F. Bernard et Bruzen de la Martinière, ont popularisé son nom. Parmi ses autres ouvrages on distingue le Massacre des Innocents, d'après son propre dessin, le Temps découvrant la Vérité, les Bergers d'Arcadie, d'après le Poussin, les portraits du prince Eugène et du duc d'Orléans, régent.

PICCINI (Nicolo), grand compositeur, né à Bari en 1728, m. en 1800, était élève de Léo et de Durante. Il habita successivement Naples et Rome, et vint se fixer en France en 1776. Il y eut pour rival Gluck; le public se partagea entre eux, et la polémique des Gluckistes et des Piccinistes dégénéra en querelles furieuses. Gluck enfin quitta la place; mais Piccini trouva un nouveau rival dans Sacchini. Piccini était sous Louis XVI directeur de l'école de chant; la Révolution lui ayant fait perdre ce poste, il repassa en Italie, mais il revint en France sous le Directoire et obtint une pension. On a de lui plus de 150 opéras : les plus connus sont Zenobia, la Cecchina, Olimpiade, Roland, Atys, Didon (son chef-d'œuvre), Diane et Endymion, Pénélope, Iphigénie en Tauride. Marmontel, le chef de ses partisans, a fait les paroles de la plupart de ses opéras français. Piccini se recommande par une grande élégance de formes, des mélodies touchantes, larges et pures, un style clair, abondant et facile, mais il manque quelquefois de force et de couleur, et sous ce rapport il était inférieur à son rival.

PICCININO (Nicolo), fameux condottiere, né à Pérouse en 1375, apprit le métier des armes sous Braccio de Montone, son oncle, puis se mit au service de Philippe Marie Visconti, duc de Milan. Il remporta plusieurs avantages sur le comte d'Urbin, sur Carmagnole, sur Sforza, mais perdit la bataille d'Anghiari (1440); il prit les forteresses du Brescian, du Bergamasque, s'empara de Bologne en 1538 et en fut nommé souverain par Visconti. Ayant depuis éprouvé de grands revers, il en mourut de chagrin, en 1444. — Jacques P., son fils, se mit au service de Venise (1450-54), puis entreprit la guerre pour son propre compte et envahit le territoire de Sienne (1455). Ayant loué sa bande à Alphonse d'Aragon, roi de Naples, il le trahit pour Jean, duc d'Anjou, son compétiteur, et ne tarda pas à abandonner celui-ci pour Ferdinand d'Aragon, fils d'Alphonse; mais deux ans après il fut arrêté et étranglé en prison par ordre de ce dernier prince, qui vengeait ainsi sa 1re trahison.

PICCOLOMINI (les), l'une des familles nobles qui se disputaient le pouvoir à Sienne, se fit admettre en 1458 dans l'ordre du peuple. En 1538, ils succédèrent aux Petrucci comme chefs de la république; mais l'influence de l'Espagne fit cesser leur domination en 1541. Cette famille a fourni plusieurs personnages célèbres, entre autres deux papes, Pie II et III, et un général des Impériaux, Octave Piccolomini.

PICCOLOMINI (Alexandre), archevêque de Patras (in partibus), de la noble famille des Piccolomini, né à Sienne en 1508, m. en 1578, était habile en jurisprudence, théologie, philosophie, médecine, mathématiques. Il a beaucoup, écrit. On a de lui, entre autres ouvrages, des traités de Morale et de Philosophie, et la Rafaella ou Della Creanza della donne (Milan, 1558), ouvrage licencieux qu'il condamna lui-même dans la suite; il a été trad. sous le titre d’Instruction aux jeunes dames en forme de dialogues.

PICCOLOMINI (Octave), fameux général des Impériaux, né à Sienne en 1599, m. à Vienne en 1656, servit d'abord en Italie (1632), puis se signala en Allemagne dans la guerre de Trente ans, eut part à la bataille de Lutzen (1634), commanda une aile à celle de Nordlingue, prit diverses places de Souabe, de Franconie, préserva les Pays-Bas de l'attaque des Français, commanda les troupes espagnoles dans les Pays-Bas, fut rappelé en Allemagne en 1648 avec le titre de feld-maréchal, et arrêta un instant les Suédois. Quand on traita de la paix, il fut envoyé en qualité de commissaire de l'Autriche au congrès de Nuremberg; à la suite de cette mission, il fut créé prince de l'empire et reçut le duché d'Amalfi.

PICENTINS, Picentini, auj. partie N. O. de la Principauté citérieure; petit État de l'Italie mérid., au S. de la Campanie, le long de la mer Tyrrhénienne, entre les embouchures du Sare et du Silare, semble avoir été une colonie du Picenum. Les Picentins avaient pour villes principales Picentia (ch.-l.), Sorrente, Nucérie et Salerne. Ils furent soumis par les Romains de 343 à 266 av. J.-C.

PICENUM, auj. Marche d'Ancône, petit État de l'Italie, sur la mer Adriatique, entre les Senones au N., les Prætutii au S., avait pour villes principales Asculum Picenum, Firmum, Auximum, Cingulum. Il fut soumis par les Romains en 268 av. J.-C. Ses habitants s'appelaient Picéniens; il ne faut pas les confondre avec les Picentins, qui étaient beaucoup plus au sud et sur la mer Tyrrhénienne.

PICHDADIENS, la plus ancienne dynastie des rois de Perse, est plus fabuleuse qu'historique. Son nom dérive du mot pichdad, bon justicier, surnom d'un des rois de la dynastie. La dynastie des Pichdadiens fut fondée à une époque fort reculée par Kaïomaratz. Elle compta parmi ses rois Djemschid, Zohâk, Férydoun. Elle fut remplacée vers l'an 733 av. J.-C. par celle des Kaïaniens (ou Achéménides).

PICHEGRU (Ch.), général français, né en 1761 aux Planches, près d'Arbois (Jura), était répétiteur de mathématiques à l'école de Brienne quand Bonaparte y était élève. Il s'engagea dans l'artillerie, servit en Amérique, embrassa avec ardeur en 1789 les doctrines de la Révolution, fut élu commandant par un bataillon de volontaires, passa à l'armée du Rhin, où il devint successivement général de brigade, général de division, général en chef, seconda les opérations de Hoche, et prit après lui le commandement général des armées de la Moselle et du Rhin (1793). Mis en 1794 à la tête de l'armée du Nord, il la réorganisa, battit les alliés à Cassel, Courtray Menin, Rousselaer, Hooglède, entra dans Bruges, Gand, Anvers, Bois-le-Duc, Venloo, Nimègue, franchit le Wahal sur la glace, pénétra ainsi en Hollande, occupa Amsterdam et les Provinces-Unies (janvier et février 1795), et prit la flotte hollandaise. Mais, au milieu de ces brillants succès, il se laissa séduire par les offres du prince de Condé : on lui promettait 1 000 000 de fr. comptant, 200 000 fr. de rente, le château de Chambord, le duché d!Arbois et le gouvt de l'Alsace : il consentit dès lors à servir la cause royaliste, et laissa l'Autriche remporter quelques avantages sur ses troupes. Devenu suspect au Directoire, il fut révoqué en 1796 et alla vivre dans la retraite à Arbois. Élu en 1797 membre du Conseil des Cinq-Cents, il se mit dans cette assemblée à la tête du parti contre-révolutionnaire. Il fut au 18 fructidor déporté à Sinnamari; mais il parvint à s'évader, passa en Angleterre, où il se fit l'agent des Bourbons, s'y lia avec George Cadoudal, et rentra secrètement en France en 1804, dans le but d'assassiner le 1er consul Bonaparte. Ayant été découvert, il fut enfermé au Temple, où il s'étrangla. Les Bourbons lui élevèrent à Besançon une statue qui fut brisée en 1830.

PICHINCHA, volcan de l'Amérique du Sud, dans la républ. de l’Équateur, au S. E., à 11 kil. O. de Quito, par 0° 11' lat. S., et 81° 12' long. O.; 4996m. Fréquentes éruptions (les plus terribles eurent lieu en 1535, 1557, 1660, 1690). Près de là, Santa Cruz battit en 1822 les troupes royales. — On donne le nom de Pichincha à la province dont Quito est chef-lieu.

PICO, une des Açores, par 38° 22' lat. N. et 30° 26' long. O., à l'O. N. O. de San-Miguel : 40 kil. sur 16; 28 000 h:; ch.-l., Villa-da-Laguna. Haute montagne volcanique. Vins dits de Malvoisie et vino seco.

PICOT (l'abbé), né en 1770 à Neuville-aux-Bois (Loiret), mort en 1841, est un des écrivains qui, au sortir de la Révolution, se consacrèrent à la défense de la religion. Il rédigea de 1810 à 1811, avec M. de Boulogne, les Mélanges de philosophie, d'histoire, de morale et de littérature, recueil périodique; fonda en 1814 l'Ami de la Religion et du Roi, qu'il rédigea jusqu’en 1840, et donna à la Biographie universelle un grand nombre d'articles relatifs à l'histoire ecclésiastique. Il a laissé plusieurs ouvrages estimables auxquels il n'a point mis son nom, notamment : Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe s., 1815; Essai sur l'influence de la religion en France pendant le XVIIe s., 1824.

PICPUS, anc. village à l'E. de Paris, joint actuellement au faubourg St-Antoine, devint en 1601 le siége d'une congrégation de religieux du Tiers-ordre de St-François, qui prit de là le nom d’ordre de Picpus. Supprimée en 1790, cette congrégation a été rétablie sous la Restauration.

PICQUIGNY, ch.-l. de c. (Somme), sur la Somme et le chemin de fer d'Amiens, à 14 kil. N. O. d'Amiens; 1346 hab. Vieux château. Chanvre, tourbe. — Guillaume Longue Épée, duc de Normandie, fut assassiné à Picquigny en 942 par Arnoul, comte de Flandre. Louis XI y conclut avec Édouard IV, roi d'Angleterre, le 29 août 1475, un célèbre traité de paix par lequel il promettait à Édouard 75 000 écus comptant, 50 000 écus pour la liberté de Marguerite d'Anjou, plus une pension de 50 000 écus : le dauphin Charles devait épouser la fille aînée du roi d'Angleterre.

PICTAVI ou PICTONES, peuple de Gaule, compris d'abord dans la Celtique, puis dans l'Aquitaine 2e, au N., avait pour ch.-l. Pictavi ou Limonum (Poitiers). Leur pays répondait au Poitou actuel.

PICTES, Picti, anc. habitants de la Calédonie, occupaient les comtés actuels d’Aberdeen, Banff, Elgin, Inverness, Perth, Forfar et Fife. On dérive ordinairement leur nom de Picti (peints), comme s'il signifiait tatoués; mais il est plus probable qu'il vient du gaélique pictioch, voleurs, qualification que leur valurent leurs incursions sur le territoire des Bretons soumis à l'empire. Les Pietés commencent à paraître au IIe s. de J.-C.; au IIIe, toute la Bretagne barbare fut partagée entre les Pictes et les Scots, dont une tribu, les Duns, possédaient le S. O. de l’Écosse actuelle. Les Pictes et les Scots résistèrent à tous les efforts des Romains; souvent même ils se réunirent pour envahir la Bretagne romaine et c'est pour empêcher ces incursions que furent bâtis les murs d'Adrien et de Septime-Sévère. Sans cesse en guerre, soit avec les Scots, soit entre eux, les Pictes finirent par décliner. Kenneth II, roi des Scots au IXe s., les extermina à la bataille de Stirling et réunit les 2 couronnes.

PICTET (Benoît), de Genève, 1655-1724, était pasteur et professeur de théologie dans sa ville natale, et fut élu membre de l'Académie de Berlin. Il a laissé, entre autres ouvrages estimés : la Morale chrétienne; Traité contre l'indifférence des religions; Theologia christiana; Hist. de l'Église et du monde; Annales des XIIe et XIIIe siècles.

PICTET (Auguste), savant genevois, 1752-1825, disciple et ami de Saussure, le remplaça en 1786 dans la chaire d'histoire naturelle de Genève, prit part en 1798 aux négociations relatives à l'annexion de Genève à la France, fut en 1802 membre du Tribunat, vota pour le consulat à vie de Napoléon, et fut nommé en 1807 inspecteur général de l'Université. Il était en outre président de la société pour l'avancement des arts de Genève et correspondant de l'Institut de France. Auguste Pictet fonda en 1796, avec son frère Charles, la Bibliothèque britannique, qui porta depuis 1816 le titre de Bibliothèque universelle de Genève. Il a laissé un grand nombre de dissertations sur des matières de physique et de mathématiques. — Ch. Pictet de Rochemont, frère du préc., 1755-1824, servit dix ans en France (1775-85), organisa les milices genevoises en 1789, défendit Genève on 1792 contre les Français, quitta la carrière politique quand Genève fut devenue française, n'y rentra qu'en 1814, et fut plénipotentiaire de Genève à Vienne (1814), puis à Paris (1815). Outre sa coopération à la Bibliothèque britannique, il rédigea un Journal d'agriculture et publia, entre autres écrits : Situation des États-Unis de l'Amérique, 1795 et 96; Cours d'agriculture anglaise, 1810; et une traduction de la Théologie naturelle de W. Paley.

PICTONES. V. PICTAVI.

PICTORIUS. V. PITTORIO.

PICUMNUS et PILUMNUS, dieux italiens, fils de Jupiter, présidaient aux augures, aux mariages et à la tutelle, et étaient honorés ensemble. Picus avait inventé l'art de fumer les terres, Pilumnus celui de moudre le grain : aussi ce dernier était-il surtout révéré des meuniers et des boulangers.

PICUS (c.-à-d. pivert), roi des Aborigènes en Italie, eut pour père Saturne, aima Canente, et fut changé en pivert par Circé, qu'il avait dédaignée.

PIDAVRO, nom moderne de l'anc. Épidaure.

PIDOUX (J.), médecin de Henri III et de Henri IV, né vers 1550, mort en 1610, était doyen de la Faculté de Poitiers. Il découvrit les vertus stomachiques des eaux de Pougues (Nivernais), et introduisit en France l'usage des douches.

PIDPAY. V. PILPAY.

PIE I (S.), pape, ainsi nommé à cause de son extrême piété, régna de 142 à 157 et combattit les hérésies de Valentin et de Marcion. On a des Lettres de lui.

PIE II, Æneas Sylvius Piccolomini, pape de 1458 à 1464, né en 1405 à Corsignano (nommée depuis Pienza), avait été secrétaire de l'emp. Frédéric III et avait reçu en 1456 le chapeau de cardinal. Devenu pape, il poursuivit avec ardeur la ruine des doctrines hostiles au St-Siége, qu'il avait autrefois partagées, mais qu'il rétracta solennellement; il publia la bulle Execrabilis contre les appels au futur concile (1460), et obtint de Louis XI en 1461 l'abolition de la Pragmatique de Bourges, qui toutefois, soutenue par le Parlement et l'Université, continua à être exécutée. Il fit tous ses efforts pour organiser une croisade contre les Ottomans : dans ce but il pressa le roi de France et le duc de Bourgogne, forma une ligue avec Mathias Corvin, Scanderbeg et la république de Venise, et se mit en personne à la tête de l'expédition; mais il mourut à Ancône au moment de s'embarquer. Æneas Sylvius fut à la fois théologien, orateur, diplomate, canoniste, historien, géographe, poëte même : il a laissé, entre autres ouvrages : Description de l'État de l'Allemagne, Hist. de l'Empire sous Frédéric III, Hist. du concile de Bâle, des Lettres, des Harangues, un roman d’Euryale et Lucrèce. Ses Œuvres ont été recueillies en un vol. in-fol., Bâle, 1571. Il a eu part aux Mém. sur sa propre vie, publiés par son secrétaire Gobellini. Sa Vie a été écrite par G. Voigt, 1855.

PIE III, Fr. Todeschini, neveu de Pie II, fut élu en 1503, mais ne régna que 27 jours.

PIE IV, Ange Medici, pape de 1559 à 1565, né à Milan, frère du marquis de Marignan, fit la guerre aux Turcs, vit finir le concile de Trente (1563), dont il confirma les canons, embellit Rome, rétablit l'ordre de St-Jean de Jérusalem, et créa l'imprimerie du Vatican. On lui reproche ses rigueurs à l'égard des Caraffa, neveux de Paul IV.

PIE V (S.), Mich. Ghisleri, pape de 1565 à 1572, né en 1504 à Bosco près d'Alexandrie, entra chez les Dominicains, fut prieur de l'ordre, et y fit refleurir la discipline. Devenu pape, il se montra très-sévère pour les hérétiques et en livra plusieurs au tribunal de l'inquisition romaine. Il s'unit contre les Turcs avec l'Espagne et Venise et eut part aux frais de l'armement de la flotte qui remporta la victoire de Lépante. Il soutint le parti catholique dans toute l’Europe : les Guises en France, Marie-Stuart en Écosse, Philippe II dans les Pays-Bas. Défenseur de la juridiction et des immunités de l'Église, il publia de nouveau, en y faisant des additions, la bulle In cœna Domini. Ses Lettres ont été publiées à Anvers, 1640. M. de Falloux a écrit son Histoire, 1846. PIE VI, J. Ang. Braschi, pape de 1775 à 1799, né en 1717 à Césène. Il se signala d'abord par d'utiles réformes et par de grandes entreprises, commença le dessèchement des Marais Pontins, rétablit la Voie Appienne, etc.; mais il fut bientôt arrêté dans ses projets par le malheur des temps. Il eut à combattre les dispositions hostiles de l'emp. Joseph II, du grand-duc de Toscane Léopold, et surtout de la France révolutionnaire, et repoussa la constitution civile du clergé. A la suite du meurtre tout accidentel d'un envoyé français (Basseville), ses États furent envahis, et il se vit forcé de signer avec le général Bonaparte le traité de Tolentino (19 fév. 1797), qui, outre 31 millions, lui enlevait les objets d'art les plus précieux et plusieurs provinces (les légations de Ferrare, de Bologne et de Ravenne). A l'occasion de la mort du gén. Duphot, tué à Rome dans une sédition, il fut attaqué dans Rome même (1798), arraché de son palais, et transporté successivement, malgré son âge et ses infirmités, à Sienne, à Florence, à Grenoble, enfin à Valence, où il succomba.

PIE VII, Barnabé Chiaramonti, pape de 1800 à 1823, né à Césène en 1740, d'abord bénédictin, puis évêque de Tivoli, reçut la pourpre en 1785 avec l'évêché d'Imola, fut élu pape après un interrègne et un long conclave tenu à Venise (1800), réorganisa ses États, signa un concordat avec Bonaparte (1801), puis vint le sacrer empereur à Paris (1804); mais, ayant quelques années après refusé d'expulser les ennemis de la France, il vit envahir les États romains et perdit successivement Bénévent, Ponte-Corvo, les légations d'Ancône, d'Urbin, de Macerata, de Camerino, enfin Rome même, qui en 1809 fut réunie à l'Empire français. Ayant à la suite de ces événements excommunié l'Empereur Napoléon (10 juin 1809), il fut enlevé de Rome et conduit à Savons, puis à Fontainebleau, où il subit une dure captivité. Le 25 janvier 1813, il se laissa arracher un Concordat nouveau, où il abdiquait sa souveraineté temporelle et consentait à résider en France; mais il rétracta ces concessions deux mois après. Au commencement de 1814, il retourna dans ses États, que le congrès de Vienne lui rendit presque intégralement. Il rétablit les Jésuites le 7 avril 1814 et signa de nouveaux concordats avec plusieurs puissances. Il eut la générosité de donner asile dans Rome à plusieurs membres de la famille de l'empereur déchu. On peut consulter sur ce pape : Histoire des malheurs et de la captivité de Pie VII, par Beauchamp, 1814; Précis historique sur Pie VII, par Cohen; Histoire de Pie VII, par Artaud de Montor, 1837.

PIE VIII, Fr. Xavier Castiglioni, né à Cingoli, près d'Ancône en 1761, était évêque de Frascati lorsqu'il fut élu pape en 1829, mais mourut dès 1830, après avoir régné 20 mois seulement. Par un bref de 1830, il posa des conditions aux mariages mixtes.

PIE IX (Ordre de), ordre romain, institué par le pape Pie IX le 17 juin 1847, jour anniversaire de son exaltation. L'insigne, qui se suspend à un ruban bleu liseré de rouge, est une étoile d'or à 8 rayons d'azur, portant au milieu le nom de Pius IX, entouré des mots Virtuti et merito. Il emporte la noblesse.

PIEDICORTE, ch.-l. de c. (Corse), au pied du mont Gaggio, à 20 kil. S. E. de Corte; 945 hab.

PIEDICROCE, ch.-l. de c. (Corse), à 22 kil. E. N. E. de Corte; 503 hab. Boissellerie.

PIEDIMONTE, v. d Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre de Labour), à 34 k. N. de Caserte; 6000 h. Beau palais. Toile, papier, coton, usine à cuivre.

PIÉMONT (c.-à-d. pays au pied des monts), en latin Pedemontium, en italien Piemonte, région de l'Italie sept., à l'E. des Alpes grecques et au N. des Alpes maritimes, forme avec la Savoie le noyau des anc. États sardes et comprend 5 intend. générales : Turin, Coni, Alexandrie, Novare, Aoste : 270 kil. sur 225 ; 3 900 000 hab.; capit., Turin. Le Piémont est arrosé par le Haut-Pô, le Tanaro, la Stura, la Bormida, la Trebbia, la Doire, la Sesia, le Tessin. Le climat varie suivant la hauteur; le sol est fertile, surtout en riz et autres grains, en oranges, figues, truffes blanches; belles forêts qui donnent de la térébenthine, des noix de galle, etc.; on y élève beaucoup de vers à soie. Industrie florissante : soieries, lainages, cotonnades. — Le Piémont répond à la partie O. de la Gaule Transpadane et à la partie N. de la Ligurie. Sous le régime féodal, il fut possédé d'abord par les marquis de Suze, d'Ivrée, de Montferrat, et de Saluces. Vers la fin. du XIe s., il passa dans la maison de Savoie. Au XIIIes., le comte Thomas II de Savoie, ayant été nommé vicaire de l'empire dans cette partie de l'Italie, s'intitula prince de Piémont. De ses deux fils, Thomas III et Amédée V, sortirent deux lignes, l'une des princes de Piémont, l'autre des comtes de Savoie. Amédée VIII, un de ces derniers, déclaré en 1416 duc de Savoie, réunit les possessions des deux lignes à la mort de Louis, son beau-père (1429) : depuis cette époque jusqu'en 1860, le Piémont n'a plus été séparé de la Savoie. Au dernier s., pendant les guerres de succession d'Espagne et d'Autriche, le Piémont s'accrut de quelques annexes aux dépens du duché de Milan, savoir : 1° Alexandrie et Valence, la Lomelline, le val di Sesia (1703); 2° le Tortonais, le Novarais (1735 et 1736); 3° le Vigevanasc, partie du comté d'Anghiera, partie du Pavesan (Voghara, etc.), et le territoire de Bobbio (1745). En 1796, le Piémont fut occupé par les Français, et fit presque totalement partie de la république, puis de l'empire français; il composa les dép. de la Doire, du Po, de la Stura, de la Sésia, de Marengo; la partie orientale fournit au royaume d'Italie le dép. de l'Agogna (ch-l. Novare). Ce pays fit retour au roi de Sardaigne en 1814, et devint en 1859 le noyau du nouveau royaume d'Italie. V. ITALIE et SARDES (ÉTATS-).

PIENZA, jadis Corsignano, v. de Toscane, à 9 k. S. O. de Montepulciano. Évêché suffragant de Sienne. Patrie de Pie II, en l'honneur duquel elle changea son 1er nom en celui de Pienza.

PIÉRIDES, filles de Piérus, roi de Macédoine, étaient, comme les Muses, au nombre de neuf. Elles disputèrent aux Muses le prix du chant, furent vaincues et métamorphosées en pies. — Les Muses elles-mêmes sont souvent nommées Piérides, soit en souvenir de leur victoire sur les filles de Piérus, soit à cause du mont Piérus qui leur était consacré.

PIÉRIE, Pieria, région de l'anc. Grèce, sur la côte occid. du golfe Thermaïque, entre l'Haliacmon, au N. et à l'O., et l'Olympe au S., avait pour villes principales Dium, Pydna, Méthone. Elle devait son nom au mont Piérus. C'était un des pays consacrés au culte des Muses : c'est là que l'on fait vivre Orphée et Musée; c'est là que paraît être née la première poésie, toute religieuse, des Grecs. Les Piériens portèrent le goût de la poésie et de la musique dans la Grèce centrale, lorsqu'une de leurs tribus eut envahi la Béotie et fondé sur l'Hélicon une autre Piérie, consacrée aussi au culte des Muses. La Piérie fut conquise par les premiers rois macédoniens; Philippe II en acheva la conquête par la prise de Méthone.

PIERRE, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), à 32 k. N. de Louhans; 1900. h. Beau château. — V. PETITE-PIERRE.

PIERRE (S.), en lat. Petrus, en hébreu Céphas, dit le Prince des apôtres, était frère de S. André, premier disciple du Sauveur, et exerçait le métier de pêcheur. Il s'appelait d'abord Simon Bar-Jone : Jésus changea son nom en celui de Céphas, qui voulait dire pierre, et lui dit, en le mettant à la tête des 12 apôtres (l'au 32) : « Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Il se trouvait au jardin des Oliviers lorsque les soldats y vinrent arrêter son divin maître : il les suivit chez le grand prêtre Caïphe, en se mêlant à la foule; là, comme on lui disait qu'il était un des disciples de Jésus, il renia son maître à trois reprises, mais il se repentit bientôt amèrement et fut pardonné. Il fut instruit un des premiers de la résurrection du Sauveur : Jésus lui apparut et lui dit : « Paissez mes agneaux, paissez mes brebis, » l'instituant ainsi son vicaire sur la terre. Il commença sa mission après la descente du St-Esprit sur les apôtres (Pentecôte); il prêcha avec tant de succès dans Jérusalem qu'il convertit en un seul jour 3000 personnes, juifs ou étrangers; il parcourut ensuite l'Asie-Mineure, établit l’Église d'Antioche, puis se rendit à Rome en 42, année de laquelle date son pontificat. Il fit encore plusieurs voyages en Orient, présida en 52 le concile de Jérusalem, puis revint à Rome, où il fut enveloppé dans la persécution de Néron contre les Chrétiens. Enfermé 8 mois dans la prison Mamertine (auj. l'église San-Pietro in carcere), il n'en fut tiré que pour subir le martyre, avec S. Paul, l'an 65 ou 66. Il obtint d'être crucifié la tête en bas, se croyant indigne de mourir de la même manière que son divin maître. Ses reliques sont conservées à Rome dans une chapelle souterraine de la magnifique basilique de St-Pierre à l'endroit même où, suivant la tradition, il avait été enseveli. On a de S. Pierre deux Épîtres seulement. On célèbre sa fête le 29 juin.

PIERRE (S.) Chrysologue, évêque de Ravenne de 433 à 452, né à Imola, fut un éloquent orateur : son surnom veut dire qui parle d'or. On a de lui 176 homélies (Augsb., 1758). On le fête le 4 déc.

PIERRE (S.) d'Alancatara, ainsi nommé de sa ville natale (1499-1562), était Franciscain. Élu provincial de son ordre, il établit en 1554 la réforme des Conventuels ou Nouveaux Observantins. Il était un modèle de pénitence et de mortification; Ste Thérèse fait un grand éloge de ses vertus. Il a laissé des traités De l'Oraison mentale et De la paix de l'âme.

PIERRE NOLASQUE (S.). V. NOLASQUE.

PIERRE I, roi d'Aragon (1094-1104), fut proclamé devant Huesca à la mort de Sanche Ramire, son père, tué au siége de cette ville, prit la place sur les Maures après la vict. d'Alcaraz (1096), et conquit ensuite Barbastro (1101) et autres districts. Il laissa le trône à son frère, Alphonse le Batailleur. — II, fils et successeur d'Alphonse II (1196-1213), chassa les Vaudois réfugiés dans ses États, s'unit au roi de Castille Alphonse IX contre Sanche VII, roi de Navarre, puis marcha avec ces deux princes contre les Almohades, qu'il vainquit à las Navas de Tolosa (1212). Il alla ensuite porter secours aux Albigeois : défait par Simon de Montfort à Muret (1213), il resta sur le champ de bataille. — III, le Grand (1276-85), né en 1239, fils et successeur de Jacques I, fut le secret moteur des Vêpres Siciliennes, se fit reconnaître roi en Sicile après ce massacre, fut excommunié par le pape Martin IV, qui donna ses États à Charles de Valois, se défendit bien contre Charles et contre son propre frère Jacques, roi de Majorque, mais mourut avant la fin de la guerre. — IV, le Cérémonieux (1336-1387), fils et successeur d'Alphonse IV, né en 1319, dépouilla Jacques II de Majorque, s'allia contre les Maures au Portugal et à la Castille (1340-42), battit sur mer, près d'Alghero, les Génois qui lui disputaient la Sardaigne (1353), soutint Henri de Transtamare contre son frère Pierre le Cruel, roi de Castille (1357-65), puis consentit à se tourner contre lui, à la condition de recevoir lui-même en partage une partie du royaume de Castille, mais fut forcé de renoncer a ses prétentions par la paix d'Almazan (1374). Il conclut avec les Génois un traité au sujet de la Sardaigne (1386). Son règne fut troublé par diverses révoltes; il eut avec son propre fils de violents démêlés. Ce prince fonda l'Université de Huesca et substitua dans ses États l'ère vulgaire à l'ère de César. Son surnom de Cérémonieux vient du soin qu'il mit à régler l'étiquette de la cour. Il a laissé une Chronique de son règne, en catalan.

PIERRE, le Cruel, roi de Castille (1350-69), né en 1334, fils et successeur d'Alphonse XI, gouverna despotiquement et commit toutes sortes de cruautés : il fit tuer Éléonore de Guzman, qui avait été la maîtresse de son père (1351), abandonna le lendemain de ses noces sa propre femme Blanche de Bourbon, puis l'enferma et la fit mourir (1361); il égorgea Jean, son cousin, ainsi que Frédéric, son oncle. IL préparait le même sort à son frère naturel, Henri de Transtamare; mais ce prince s'enfuit en France, revint suivi de Duguesclin et d'une armée française, détrôna le tyran et prit la couronne de Castille (1366). L'année suivante, Pierre fut rétabli par le Prince Noir, à la tête des Anglais, après la bataille de Najera; mais il ne profita de la victoire que pour redoubler de cruautés. Duguesclin, de retour, le battit de nouveau à Montiel (1369), puis, l'ayant fait prisonnier, le livra à son frère Henri qui le tua de sa propre main. M. Mérimée a écrit son histoire sous le titre d’Hist. de don Pèdre, roi de Castille.

PIERRE I, dit le Justicier, roi de Portugal (1357-67), né en 1320. Avant de monter sur le trône, il avait épousé secrètement Inès de Castro : Alphonse IV, son père, ayant fait périr cette femme (1355), il s'était révolté, puis avait consenti à poser les armes et promis de pardonner aux auteurs du meurtre; mais, dès qu'il fut devenu roi, il se les fit livrer par Pierre le Cruel de Castille et leur fit arracher le cœur en sa présence à Santarem en 1360; puis il fit exhumer Inès et lui rendit les honneurs royaux. Il réforma les abus, réprima l'insolence de la noblesse, fit des règlements utiles, allégea les impôts, abrégea les formalités judiciaires et fit exécuter la justice avec uns rigueur qui lui valut son surnom. — II, régent (1667), puis roi de Portugal (1683-1706), était le 2e fils de Jean IV. Il s'unit à sa mère et à la reine pour renverser l'imbécile Alphonse VI, son frère, s'empara de la régence en 1667, épousa Marie-Françoise de Savoie, sa belle-sœur, qu'il avait fait séparer de son 1er époux, fit conduire Alphonse à Terceire, puis à Cintra (où il mourut en 1683), signa la paix avec l'Espagne, qui reconnut l'indépendance du Portugal (1668), et traita avec les Provinces-unies (1669). Il se déclara pour la France au commencement de la guerre de la succession d'Espagne (1701), puis il se jeta dans les bras de l'Angleterre, entra dans la coalition contre Louis XIV et soutint l'archiduc Charles (1703); la même année, il signa le traité de Méthuen, qui livrait aux Anglais le commerce du Portugal. — III, roi de Portugal de 1777 à 1786, était le 2e fils de Jean V et avait épousé sa nièce Marie Ire. Sous son règne la prépondérance des Anglais en Portugal ne fit que croître. — IV, roi de Portugal et empereur du Brésil. V. PEDRO (don).

PIERRE, dit l’Allemand, roi de Hongrie de 1038 à 1041, avait succédé à son oncle Étienne I. Il irrita son peuple par sa cruauté, ses exactions, son amour exclusif pour les Allemands, fut chassé et remplacé par Aba, beau-père d’Étienne; mais il réussit, avec l'aide de l'empereur Henri III, à remonter sur le trône (1044), et en retour se reconnut vassal de l'empire (1045). Il causa par là une nouvelle révolte : étant tombé aux mains des mécontents, il eut les yeux crevés et mourut trois jours après en prison (1047).

PIERRE LE BEAU ou CALOPIERRE, Valaque, fonda avec Asan, son frère, en 1186, le 3e roy. de Bulgarie ou royaume Valaco-Bulgare, aux dépens des Grecs et fut soutenu par l'empereur Frédéric I. Il périt assassiné en 1197.

PIERRE DE COURTENAY, comte d'Auxerre et de Nevers, empereur français de Constantinople, était cousin de Philippe-Auguste. Appelé à la mort de Henri I pour lui succéder (1216), il se mit en route; mais, les Vénitiens ayant refusé de le transporter par mer, il tomba aux mains de Théodore l'Ange, qui, après deux ans de prison, le fit mourir (1219). Yolande, sa femme, gouverna pendant sa captivité.

PIERRE, dit Mauclere, duc de Bretagne, fils du comte de Dreux Robert II, épousa Alix (fille de Guy de Thouars et héritière de la Bretagne), et devint par ce mariage régent et duc de la Bretagne (1213). Il entra dans la ligue des seigneurs contre la reine Blanche de Castille et, après avoir été vaincu, se vit obligé d'abandonner la Bretagne à son fils Jean I (1237). Il se croisa deux fois (1240 et 1247), fut fait prisonnier avec S. Louis en Égypte, et mourut en revenant en France (1250). Sa turbulence et sa mauvaise foi lui avaient valu le surnom de Mauclerc.

PIERRE I, dit le Grand, czar ou empereur de Russie, né en 1672, était le 3e fils d’Alexis. À la mort de son frère aîné Fédor III, en 1682, il fut placé sur le trône par les grands, au préjudice d’Ivan, plus âgé, mais incapable, et de Sophie, sa sœur ; mais, celle-ci ayant excité contre lui une révolte des Strélitz, les boyards se virent obligés d’admettre cette princesse ainsi qu’Ivan au partage du pouvoir. En 1689, Pierre resta seul maître par la retraite d’Ivan et l’emprisonnement de Sophie, qui avait excité une nouvelle révolte des Strélitz. Il résolut dès lors d’affranchir, d’accroître et de civiliser la Russie. Pour y réussir, il voulut visiter par lui-même les nations les plus civilisées : il partit en 1697, accompagné de Lefort, alla d’abord en Hollande, y apprit l’art de charpentier de vaisseau en travaillant comme simple ouvrier dans les chantiers de Saardam sous le nom de Peter Michaelof, puis visita l’Angleterre, où il choisit d’habiles ingénieurs pour tracer un canal du Don au Volga. Rappelé en Russie par une révolte des Strélitz, il fit égorger 4000 de ces soldats rebelles (1698) et voulut prendre part lui-même à l’exécution. Il fonda St-Pétersbourg en 1703, puis s’unit au roi de Pologne Auguste II contre Charles XII ; après avoir été plusieurs fois battu par ce dernier, notamment à Narva (1700), il réussit à son tour à le vaincre à Pultava (1709) : cette victoire lui permit de reprendre à la Suède la Livonie, l’Esthonie, la Carélie (1710). Il tourna ensuite ses armes contre les Turcs, alliés de Charles XII, et qui lui avaient donné asile ; mais, s’étant laissé cerner à Husch, sur le Pruth, il n’échappa que grâce à Catherine, qui gagna le grand vizir et acheta la paix (1711). Reprenant alors la guerre contre la Suède, il enleva à cette puissance la Carélie méridionale, ainsi que l’archipel d’Aland, après avoir remporté une victoire sur mer (1713-14). Pendant ces guerres, il ne cessait de s’occuper de ses grandes réformes : il améliora la justice, la police, fit rédiger un code, créa une marine, encouragea les manufactures, institua en place du patriarchat le St-Synode, ce qui faisait de lui le véritable chef de l’église Russe, et fonda l’Académie des sciences de St-Pétersbourg, ainsi que des ordres honorifiques destinés à récompenser le mérite (V. ALEXANDRE NEWSKY). Il fit en 1721 avec la Suède la paix de Nystadt, qui lui garantissait toutes ses conquêtes. À la suite de cette paix glorieuse, le Sénat et le clergé lui décernèrent les titres d’Empereur, de Père de la patrie et le surnom de Grand. Dans les années suivantes, il enleva plusieurs provinces à la Perse (Daghestan, Chirvan, Mazendéran, Derbent, Asterabad, 1723). Il mourut en 1725, épuisé par le travail et les fatigues, mais aussi par les excès. Catherine Ire, sa femme, lui succéda. Pierre mérita le titre de Grand par ses vastes entreprises, mais il fut emporté, débauché et cruel ; il se plaisait souvent à exécuter lui-même les peines capitales qu’il avait prononcées ; il fit mettre à mort son propre fils, Alexis, qui contrariait ses projets de réforme (1718). Rousset fit paraître, dès 1725, sous le pseudonyme d’Ivan Neste-Suranoy, des Mémoires du règne de Pierre le Grand. Voltaire a rédigé une Hist. de la Russie sous Pierre le Grand, 1759-63. On estime davantage celle de Golikof (1782), et surtout celle d’Ustrialof (1859). Ce prince a laissé lui-même un Journal de ses campagnes contre la Suède, imprimé par ordre de Catherine II et trad. en français en 1773. On lui attribue un célèbre Testament politique, où est tracé le plan le plus hardi pour l’agrandissement de l’empire russe.

PIERRE II, fils d’Alexis et petit-fils de Pierre le Grand, porta le titre de czar de 1727 à 1730, et mourut de la petite vérole à 15 ans. Son règne n’offre d’autre événement que la disgrâce de Menzikoff. Anne Ivanovna lui succéda.

PIERRE III, fils de Charles-Frédéric, duc de Holstein-Gottorp, et d’Anne, fille de Pierre le Grand, naquit, en 1728 à Kiel, fut fait grand-duc en 1742 et marié à la fameuse Catherine d’Anhalt-Zerbst, avec laquelle il vécut en mauvaise intelligence. Il monta sur le trône de Russie au commencement de 1762 : changeant soudain le système du cabinet, il fit la paix avec Frédéric II, roi de Prusse, et s’unit avec lui. Il réforma divers abus et créa quelques institutions utiles, mais il déplut aux Russes en s’entourant d’étrangers. Il se disposait à répudier Catherine, lorsque cette princesse le prévint : l’ayant forcé d’abdiquer, elle se fit proclamer impératrice sous le nom de Catherine II ; sept jours après il fut étranglé dans sa prison, le 14 juillet 1762. Laveaux a donné l’Hist. de Pierre III, 1798.

PIERRE L’ERMITE, prédicateur de la 1re croisade, né vers 1050 à Amiens où près de cette ville, était d’une famille noble. D’abord soldat, il quitta les armes pour la robe d’ermite, fit le pèlerinage de la Terre-Sainte en 1093, revint par Rome porteur d’une lettre du patriarche de Jérusalem au pape, et peignit si pathétiquement les maux des Chrétiens en Orient ainsi que les profanations du tombeau du Christ, qu’Urbain II le chargea de préparer les esprits à la première croisade. Pierre parcourut l’Occident pieds nus, une corde à la ceinture, le crucifix à la main, et partout souleva les populations ; puis, quand la croisade eut été résolue au concile de Clermont (1095), il se mit avec Gautier sans Avoir à la tête de la première armée de Croisés. N’ayant ni vivres ni argent, il perdit beaucoup de monde en Hongrie, en Bulgarie, bien plus encore en Asie-Mineure, et revint presque seul à Constantinople, où les débris de la bande se fondirent dans les armées régulières qui arrivèrent bientôt. Les Croisés, assiégés dans Antioche (1098) le députèrent à Kerbogha pour lui proposer la bataille. À Jérusalem, il adressa un discours aux guerriers réunis sur la montagne des Oliviers. De retour en Europe, il se retira dans le couvent de Neu-Moutier ( près de Huy dans le diocèse de Liége), qu’il avait fondé ; c’est là qu’il mourut en 1115. Amiens lui a élevé une statue en 1854.

PIERRE LE VÉNÉRABLE, abbé et général de l’ordre de Cluny, était d’Auvergne et d’illustre famille. Il donna l’exemple de toutes les vertus, rétablit une discipline sévère dans ses couvents, contribua, avec S. Bernard, à faire triompher en France le parti du pape Innocent II sur l’antipape Anaclet (1130) et fut le protecteur d’Abélard en même temps que l’antagoniste des hérétiques. Il mourut en 1156, à 65 ans environ. On a de lui des lettres et divers Traités théologiques (dans la Bibliothèque des Pères, Lyon, 1677, t. XXII). Il avait fait traduire le Coran en latin. M. B. Duparray a donné sa Vie, 1862.

PIERRE DE BLOIS, né à Blois vers 1130, m. vers 1200, passa en Sicile vers 1167, devint précepteur du jeune roi Guillaume II, qui lui donna toute sa confiance, mais fut bientôt forcé de s’éloigner parce que sa faveur faisait des jaloux, se retira en Angleterre, y obtint la protection du roi Henri II et de la reine Éléonore de Guyenne, et fut nommé chancelier de l’archevêque de Cantorbéry, puis archidiacre de Londres. Il possédait toutes les sciences de son temps et a laissé des écrits (Lettres, Sermons, Traités divers, réunis en 1667, in-f.), qui attestent son érudition, mais qui trahissent souvent un homme passionné.

PIERRE D’ABANO, Petrus Aponensis, médecin et astrologue, d’Abano près de Padoue, né en 1250, m. en 1316, professa la médecine avec un grand succès à Padoue, et laissa entre autres ouvrages : Conciliator philosophorum et præcipue medicarum, Venise, 1471. Il fut accusé de magie et condamné au feu par l’Inquisition, mais il mourut avant l’exécution.

PIERRE LOMBARD, scolastique. V. LOMBARD.

PIERRE DE LUNE, antipape. V. BENOÎT XIII.

PIERRE MARTYR. V. MARTYR.

PIERRE DE MONTEREAU, architecte. V. MONTEREAU. PIERRE DES VIGNES. V. DESVIGNES.

PIERRE BUFFIÈRE, ch.-l. de c. (Hte-Vienne), sur la Briance, à 20 kil. S. E. de Limoges; 1038 hab. Château fort. Patrie de Dupuytren.

PIERREFITTE, Petra fixa, ch.-l. de c. (Meuse), sur l'Aire, à 29 k. N. O. de Commercy, 594 h. Grains, navette, huile, etc.; truites renommées. — Plusieurs autres villages de France portent ce nom, qu'ils doivent à des pierres druidiques.

PIERREFONDS, Petræ fontes, vge du dép. de l'Oise, à l'extrémité E. de la forêt de Compiègne, à 12 kil. S. E. de cette ville; 1600 h. Eaux sulfureuses froides. Un château fort y fut reconstruit en 1390 par Louis d'Orléans. Pendant la ligue, le capitaine Des Rieux y soutint contre les troupes de Henri IV un long siége, où échouèrent le duc d'Épernon et le maréchal de Biron (1591). Louis XIII le fit démanteler. Il en reste des ruines imposantes qui couronnent un rocher escarpé, au bas duquel est un bel étang; le château a été restauré en 1862.

PIERREFONTAINE, ch.-l. de c. (Doubs), sur la Reverotte, à 22 kil. S. E. de Baume-les-Dames; 1131 hab. Cascade près de ce village.

PIERREFORT, ch.-l. de c. (Cantal), à 28 kil. S. O. de Saint-Flour; 1122 hab.

PIERRELATTE, ch.-l. de c. (Drôme), sur la Berre et près du Rhône, au pied d'un rocher couronné par un anc. château fort, à 20 k. de Montélimart par la route, 31 par chem. de fer; 3512 h. Vieux château.

PIERUS ou PIERIUS MONS, chaîne de mont. de la Macédoine, courait en Piérie parallèlement au bord occid. du golfe Thermaïque. La Fable en faisait le séjour des Piérides et l'une des résidences des Muses.

PIETAS JULIA, nom anc. de Pola. V. POLA.

PIÉTISTES, dits aussi Séparatistes et Spénériens, secte de Luthériens mystiques qui affectent une piété extrême et préfèrent les exercices privés au culte public. Elle a pour chef Spener, professeur de théologie à Leipsick; elle commença en 1689 par de simples réunions tenues chez Spener, sous forme de conférences, et qui furent appelées Collegia pietatis; les laïcs mêmes y étaient admis à expliquer les Écritures. Elle fit bientôt de rapides progrès, se répandit à Berlin, à Augsbourg, à Halle, dans le Wurtemberg et l'Alsace. Les Piétistes ont de l'analogie avec les Quakers par la sévérité de leur morale et leur aversion pour les plaisirs mondains, et avec les Méthodistes en ce que quiconque se sent inspiré peut prendre la parole dans leurs assemblées. Les réunions des Piétistes de l'Alsace, qui avaient lieu surtout à Bischwiller, parurent inquiétantes au commencement de ce siècle; elles donnèrent lieu en 1825 à des poursuites. — On donne aussi le nom de Piétistes à une secte juive qui prend elle-même le nom de Chasidim. V. ce mot.

PIETOLA, non moderne d’Andes, patrie de Virgile.

PIETRA, ch.-l. de c. (Corse), à 30 kil. E. de Corte; 946 h. Eaux thermales aux environs.

PIETRA-MALA, bg de Toscane, dans l'Apennin, à 42 kil. N. E. de Florence, et à 6 k. N. O. de Firenzuola. Aux env., source d’Acqua-Baia, dont l'eau est froide, mais s'enflamme comme de l'alcool.

PIEUX (les), ch.-l. de c. (Manche), à 21 kil. S. O. de Cherbourg; 1536 h. Kaolin, manuf. de porcelaine.

PIEVE-DI-CADORE. V. CADORE.

PIGAFETTA (Ant.), de Vicence, eut part comme volontaire à l'expédition de Magellan, de 1519 à 1522, tint journal de ce premier voyage autour du monde et devint chevalier de Rhodes en 1524; on ignore quand il mourut. Son journal, retrouvé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan par Amoretti, a été traduit en franç. sous le titre de Premier voyage autour du monde sur l'escadre de Magellan, an IX.

PIGALLE (J. B.), célèbre sculpteur, surnommé par quelques-uns le Phidias français, né à Paris en 1714, m. en 1785, était fils d'un entrepreneur-menuisier. Quoiqu'il n'eût pas obtenu de succès dans les concours, il alla pourtant passer trois ans à Rome, où il se livra à des études assidues. Après avoir vécu longtemps dans la gêne, il finit par obtenir la faveur de Mme de Pompadour, ce qui lui procura la fortune et la gloire. Il entra en 1741 à l'Académie des beaux arts et mourut chancelier de cette compagnie. Sa Vénus, son Mercure, son groupe de l'Amour et l'Amitié, son Tombeau du maréchal de Saxe (dans l'église St-Thomas à Strasbourg) sont des chefs-d'œuvre. Cet artiste copie la nature avec une grande finesse, mais aime le vrai plus que le beau : on lui reproche, dans ses derniers ouvrages surtout, de manquer d'idéal. Sa statue de Voltaire (à la bibliothèque de l'Institut) est belle, mais c'était un tort de représenter nu un personnage dont on connaît la maigreur.

PIGANIOL DE LA FORCE (J. Aymar de), né à Aurillac en 1673, m. en 1753, a laissé, entre autres ouvrages : Description historique et géographique de la France; Description de la ville de Paris et de ses environs; Nouveau voyage en France, ouvrages qui se recommandent par leur exactitude.

PIGAULT-LEBRUN (Charles), romancier, né en 1753 à Calais, d'une famille de magistrats, m. en 1835, fut destiné au barreau; mais, après avoir passé plusieurs années à Paris dans la dissipation, il s'engagea et servit quelque temps dans les dragons et dans les gendarmes de la reine; il finit par se faire auteur. Il débuta par de petites comédies qui eurent quelque succès (le Pessimiste, contre-partie de l'Optimiste de Collin-d'Harleville; l'Amour et la Raison; les Rivaux d'eux-mêmes), puis il se mit à écrire des romans comiques, et obtint dans ce genre une vogue prodigieuse. Ayant éprouvé des revers de fortune, il occupa, dans l'administration des douanes, un poste modeste que le gouvernement de la Restauration lui enleva. Sur la fin de sa vie, il voulut s'essayer dans un genre plus sérieux que celui qui avait fait sa réputation, et fit paraître une Histoire de France à l'usage des gens du monde (1823-28, 8 vol. in-8) : cet ouvrage, qui s'arrête au règne de Henri IV, eut peu de succès. Les romans de Pigault-Lebrun sont pleins de naturel, de verve et de gaieté; mais, à force de vouloir être comique, l'auteur tombe dans le grotesque et le trivial; trop souvent aussi il offense la religion et blesse la décence. Ceux de ses romans qui eurent le plus de vogue sont : l'Enfant du Carnaval, les Barons de Felsheim, mon Oncle Thomas, M. Botte, M. de Kinglin ou la Prescience, Tableaux de Société. Ses Œuvres (non compris l’Histoire de France) forment 20 vol. in-8, Paris, 1822-24. Quelques-uns de ses romans furent poursuivis sous la Restauration; ils sont condamnés à Rome.

PIGEAU (Nicolas), jurisconsulte, né à Montlévêque (près de Senlis) en 1750, m. en 1818, fut d'abord avocat, puis secrétaire de Hérault de Séchelles, ouvrit après la Révolution des cours de droit, fut un des rédacteurs du nouveau Code de procédure, et fut nommé en 1805 professeur de procédure à l'École de Droit de Paris. On a de lui : Procédure civile du Châtelet de Paris, 1778, Introduction à la Procédure civile, 1784, Procédure civile des tribunaux de France, 1808-09, Commentaires sur le Code de procédure civile, 1827 (posthume). Ces ouvrages, remarquables par une rédaction claire et une science solide, sont pour la plupart devenus classiques.

PIGHIUS (Étienne WINANTS PIGGHE, dit en latin), savant archéologue, né à Kempen en 1520, m. en 1604, était chanoine de Xanten et devint secrétaire du cardinal de Granvelle, puis précepteur d'un prince de Clèves. Il passa 8 ans à Rome à étudier les antiquités, et publia le fruit de ses recherches dans un grand ouvrage intitulé : Annales magistratuum et provinciarum S. P. Q. R. ab Urbe condita, Anvers, 1599-1615, 3 v. in-f. Il ne put en faire paraître lui-même que le Ier volume; les 2 autres ont été publiés sur ses Mss. par A. Schott. On doit aussi à Pighius une bonne édit. de Valère-Maxime, Anvers, 1592.

PIGNATELLI, pape. V. INNOCENT XIII.

PIGNATELLI (Franç.), prince de Strongoli, ministre du roi de Naples Ferdinand IV, né en 1732, m. en 1812, s'éleva en favorisant les intrigues de la reine Caroline. Nommé gouverneur de Naples et chef général de la police, il remplit le royaume d'espions et de bourreaux. Laissé dans Naples comme vicaire général du royaume lors de l'invasion française, il montra la plus grande pusillanimité, signa un armistice au moment où Championnet courait déjà les plus grands risques et s'enfuit en Sicile après avoir brûlé la flotte napolitaine. Il fut disgracié.

PIGNEAU DE BEHAINE (Pierre), missionnaire, né en 1741 à Origny (diocèse de Laon), m. en 1799, suivit de bonne heure la carrière des missions étrangères, alla en 1767 à la Cochinchine, fut fait en 1770 évêque d'Adran (in partibus) et coadjuteur de l'évêque de Canath et devint, à la mort de ce prélat, vicaire apostolique de la Cochinchine. Ayant trouvé ce pays en proie à la guerre civile, il soutint le roi légitime Nguyen-anh, vint en France implorer pour ce prince l'appui de Louis XVI (1786), et en obtint une flotte ; mais il se vit traversé par le gouverneur des établissements français dans l'Inde. Il put cependant réunir quelques troupes à Pondichéry, et alla aider le roi à reconquérir ses États (1789). Nguyen-anh reconnaissant lui accorda un grand crédit et le garda près de lui jusqu'à sa mort.

PIGNEROL, Pinerolo, v. forte d'Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'une prov. de même nom, près du Clusone, à 55 kil. S. O. de Turin ;. 14 000 h. Évêché, collége. Belle cathédrale, place d'armes, bel hôpital. Fabriques de drap commun, filatures de soie, papeteries, tanneries, etc. Cette ville, jadis très-forte, était regardée comme la clef de l'Italie. — Pignerol appartint à la maison de Savoie depuis 1042. François I s'en empara en 1536, mais Henri III la rendit. Prise en 1630 par Richelieu, cédée à la France en 1632, elle fut encore rendue en 1696. De 1801 à 1814, elle fut de nouveau réunie à la France. Sous l'ancienne domination française, le château de Pignerol servit longtemps de prison d'État : c'est là que furent enfermés le Masque, de Fer, Fouquet et Lauzun. — La prov. de Pignerol, sur la frontière de France (Htes-Alpes), a 70 kil. sur 40, et compte 135 000 h.

PIGNOTTI (Laurent), écrivain toscan, 1739-1812, fut médecin, professa la physique à Florence et à Pise, et se distingua à la fois comme naturaliste, poëte, littérateur, historien, antiquaire. Ses Poésies, réunies à Florence en 1812-13, forment 6 vol. in-8 : on y remarque surtout ses Fables, qui l'ont rendu populaire ; elles sont en effet pleines de grâce et de coloris et habilement dramatisées. On lui doit de plus une Histoire de la Toscane (en italien) : cette histoire, œuvre inférieure à ses poésies, est à l’Index à Rome.

PIIS (Aug. de), homme de lettres, né à Paris en 1755, m. en 1832, se lia de bonne heure avec Lattaignant et St-Foix, donna à partir de 1776 des pièces à divers théâtres, principalement à la Comédies-Italienne, fonda en 1792 avec Barré le théâtre du Vaudeville, et y fit représenter un grand nombre de vaudevilles, composés la plupart avec Barré. Inquiété sous la Terreur, il fut appelé après le 9 thermidor à remplir diverses fonctions administratives, et fut de 1800 à 1815 secrétaire général de la préfecture de police. Outre ses vaudevilles, on a de lui beaucoup de poésies fugitives (contes, dialogues, chansons, etc.), écrites avec esprit et facilité, mais prolixes et médiocres pour la plupart. Un recueil de ses Chansons choisies a paru en 1806; il a donné lui-même en 1810 ses Œuvres choisies, 4 vol. in-8. On a aussi de lui un poëme sur l’Harmonie imitative de la langue française, 1785. Piis était un des fondateurs et l'un des membres les plus féconds de la réunion bachique dite le Caveau.

PILATE (PONCE-), Pontius Pilatus, magistrat romain, était procurateur de Judée l'an 27 de J.-C. Les Juifs ayant accusé devant lui Jésus d'avoir pris le titre de roi des Juifs, il se proclama incompétent et renvoya le Sauveur devant le roi Hérode (Antipas). Comme à la fête de Pâques il était d'usage de gracier un condamné à mort, Pilate désigna pour cette faveur le brigand Barabbas et Jésus, comptant que le peuple gracierait l'innocent ; Barabbas fut préféré. Pilate alors donna les ordres pour l'exécution, mais non sans s'être lavé les mains devant le peuple, comme pour décliner la responsabilité de ce meurtre. Suivant Eusèbe, Pilate fut rappelé en 37, pour avoir exercé des cruautés contre les Samaritains, et fut relégué en1 Gaule. On croit qu'il mourut à Vienne en l'an 40 et qu'il se tua de désespoir.

PILATE (le mont), Pilatus mons, mont. de Suisse, entre les cantons de Lucerne et d'Underwald, sur le bord occid. du lac de Lucerne, est une ramification des Alpes bernoises. Son sommet le plus élevé (le Tomlishorn) a 2343m. — Mont. de France, dans les Cévennes, partie dans le dép. de la Loire, partie dans celui du Rhône, donne naissance au Gier.

PILATRE DE ROZIER (J. Franç.), né à Metz en 1756, m. en 1785, étudia les mathématiques, la physique, l'histoire naturelle et surtout la chimie, enseigna cette dernière science à Reims, puis devint intendant des cabinets d'histoire naturelle et de physique de Monsieur (Louis XVIII). Enthousiaste de la découverte de Montgolfier, il fit plusieurs ascensions en aérostat et tenta enfin de franchir la Manche en ballon en employant un procédé nouveau, qui était des plus dangereux : il s'éleva de Boulogne le 15 juin 1785, mais le feu prit à l'aérostat et il périt.

PILCOMAYO, riv. de l'Amérique du Sud, sort des Andes par 20° 20' lat. S. et 71° 50' long. O., à quelque distance de Chuquisaca, coule à l'E., puis au S. E., et se jette par deux branches dans le Paraguay vis à vis de l'Assomption, après un cours d'env. 1400 kil. Affluents, San-Juan, Cachimayo, Paspaya, etc.

PILES (FORTIA de), famille ancienne de la Provence, obtint dès le temps de Henri III et Henri IV la faveur des rois de France. Ses membres remplirent presque sans interruption depuis 1660 jusqu'en 1783 les fonctions de gouverneurs de Marseille. — Ludovic de Piles, baron de Baumes, acquit une triste célébrité comme duelliste : c'est lui qui tua le fils de Malherbe (1628); dans une autre affaire, il provoqua 4 officiers à la fois et les tua tous les quatre (1643). Il périt en 1646, à la reprise des îles Ste-Marguerite.

PILES (ROGER de), peintre et littérateur, né à Clamecy en 1635, mort en 1709, fit l'éducation du fils du président Amelot, et suivit dans différentes résidences, comme secrétaire d'ambassade, son ancien élève devenu ambassadeur. Outre quelques beaux tableaux, on a de lui : Abrégé de la vie des peintres, 1699 ; Cours de peinture par principes, 1708, et une trad. de l’Art de la peinture, poëme latin de Dufresnoy. Ses Œuvres forment 5 vol. in-12, Paris, 1767.

PILLAU, v. maritime des États prussiens (Prusse propre), sur la langue de terre qui sépare le Frische-Haff de la Baltique, à 45 kil. S. O. de Kœnigsberg ; 4500 hab. Bon port, construction de navires. Pêche d'esturgeons, préparation du caviar. — Prise par les Suédois en 1626, par les Russes en 1758.

PILLNITZ, vge du royaume de Saxe (Misnie), sur la r. dr. de l'Elbe, à 9 kil. S. E. de Dresde ; 600 h. Beau château royal, où réside la cour pendant l'été. Il s'y tint en 1791 un fameux congrès auquel assistaient, avec les représentants de l'empereur d'Allemagne et du roi de Prusse, le comte d'Artois, l'ex-ministre Calonne et le marquis de Bouillé ; on y signa le 27 août une convention par laquelle les souverains s'engageaient à rétablir Louis XVI.

PILON (Germain), un des grands sculpteurs français, né vers 1515 à Loué, près du Mans, mort vers 1590, vint à Paris en 1550, ayant déjà produit de beaux morceaux, fut l'émule et l'ami de J. Goujon, et contribua avec lui à entretenir le goût de l'antique. On admire ses Mausolées de Guill. du Bellay (au Mans), de François I, de Henri II (à St-Denis) et du chancelier de Birague ; la Foi, l'Espérance et la Charité (sur le monument de Henri II), son groupe des Trois Grâces, l'un des chefs-d'œuvre de la sculpture française (au Louvre). Artiste de génie, G. Pilon sut allier la force et la grâce.

PILPAY ou plutôt BIDPAY, l'Ésope indien, était brahmine et fut vizir d'un roi de l'Inde nommé Dabshélim. Il vécut, selon les uns 2000 ans av. J.-C., selon d'autres 250 ans seulement avant l'ère chrétienne. Il est connu comme auteur d'un recueil de fables écrit primitivement en sanscrit, et dont l'original porte les titres de Pantcha-Tantra et d’Hitopadesa, espèce de roman allégorique, politique et moral, dont les principaux personnages sont deux chacals, animaux auxquels les Indiens attribuent la même finesse que nous au renard. Cet ouvrage fut traduit au VIe s. en pehlvi (ancienne langue de la Perse) par le mage Burzouyeh, puis en arabe sous le titre de Calilah et Dimnah ; mis en hébreu par le rabbin Joël, d'après lequel Jean de Capoue le traduisit en latin vers 1262, sous le titre de Directorium vitæ, parabolæ antiquorum sapientium. Galland le traduisit en français en 1724 ; l'abbé Dubois en a donné en 1826 une traduction nouvelle d'après le sanscrit même. Selon les savants modernes, le véritable auteur des fables est un brahme nommé Vichnou-Sarma. Silvestre de Sacy a publié en 1816 une édition d'une traduction arabe de ces fables, avec un intéressant mémoire sur leur histoire.

PILSEN, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, à 116 k. S. O. de Prague et à 40 kil. N. de Klattau ; 10 000 hab. Société de sciences et lettres, gymnase, maison d'éducation pour les fils de militaires. Lainages, cotonnades, tanneries, etc. — Le cercle de Pilsen, entre ceux d'Elnbogen, Rakonitz et Béraun, a 100 kil. sur 70, et 210 000 hab.

PILTEN, v. et château de Russie (Courlande), à 166 kil. N. O. de Mittau. Anc. évêché, fondé en 1220 par Waldemar II, roi de Danemark, et sécularisé en 1552. Pilten passa aux Russes en 1795.

PILUMNUS. V. PICUMNUS.

PIMPLA, mont. de la Piérie, près de l'Olympe, était consacrée aux Muses, qui pour cette raison sont appelées par les poëtes Pimpleïdes.

PIN (le), vge du dép. de l'Orne, à 13 kil. E. d'Argentan ; 500 h. Grand haras, fondé en 1714 ; courses.

PINA (GUY de), historiographe de Portugal sous Emmanuel, mort en 1521, a laissé des Chroniques contenant les règnes de Sanche I, Alphonse II, Sanche II, Alphonse III, Denis, Alphonse IV, Édouard, Alphonse V, Jean II. Ces Chroniques restèrent longtemps enfouies aux archives de Torre do Tombo : les 4 premières parurent à Lisbonne de 1727 à 1729 sous le titre de Cronicas dos seis reis primeiros; la 5e avait déjà paru en 1653, les 3 dernières ne furent publiées qu'en 1790-92.

PINANG. V. PRINCE de GALLES (Ile du).

PINARA, auj. Minara, v. de l'anc. Lycie, au pied du mont Cragus. Belles ruines de temples, de théâtres, de tombeaux antiques ; inscriptions lyciennes.

PINARIUS et POTITIUS, amis et compagnons d'Évandre, le suivirent en Italie, et y devinrent prêtres d'Hercule. Leur postérité forma deux races : les Pinarii et les Potitii, prêtres héréditaires d'Hercule.

PINCIANUS (Nonnius), en espagnol Fernando Nunez, savant espagnol, de l'illustre famille de Guzman, né vers 1473, à Valladolid (Pintia en latin), m. en 1553, professa la langue grecque à Alcala, puis la rhétorique à Salamanque, où il mourut. On a de lui des Notes estimées sur Sénèque, sur Pomp. Méla, sur Pline, et des Commentaires sur Jean de Mena.

PINÇON (Martin Alonzo et Vicente Yanez), nom de deux frères qui accompagnèrent Colomb dans son 1er voyage, et qui firent ensuite par eux-mêmes quelques découvertes. Vicente aborda le 26 janvier 1500 au Brésil, dont on attribue généralement la découverte à Cabral, quoique celui-ci n'y soit parvenu que le 24 avril de la même année. Il y reconnut le cap St-Augustin, l'embouchure de la riv. des Amazones, et une riv. de la Guyane qui a reçu son nom.

PINDAR (Peter), poëte anglais. V. WOLCOTT.

PINDARE, le plus grand lyrique grec, né l'an 520 av. J.-C. à Thèbes en Béotie ou plutôt au bourg de Cynoscéphale près de Thèbes, mort vers l'an 450, excella dans toutes les branches du genre auquel il se voua, et composa des thrènes (chants de deuil), des péans (chants d'allégresse), des prosodies (pièces pour les processions), des parthénies (odes sacrées chantées par des chœurs de jeunes filles), des dithyrambes, des hymnes (en l'honneur des dieux) et des odes triomphales, chants de victoire en l'honneur des athlètes couronnés. Il eut pour principaux protecteurs Théron, souverain d'Agrigente, Gélon et Hiéron, souverains de Syracuse, Alexandre, fils d'Amyntas, roi de Macédoine, et jouit des plus grands honneurs : recherché des princes, il fut en outre déclaré par les Athéniens hôte public de leur cité, et reçut des Amphictyons le droit d'hospitalité dans toute la Grèce ; Thèbes lui éleva de son vivant même une statue, où il était représenté une lyre à la main ; après sa mort, des privilèges importants furent accordés à sa famille ; dans le sac de Thèbes par les Macédoniens, sa maison fut épargnée par ordre d'Alexandre. De toutes ses poésies, il ne nous reste que 45 de ses odes, rangées sous quatre groupes : Olympiques, Pythiques, Isthmiques, Néméennes : elles sont écrites en dialecte éolien et dorien. La hardiesse, le mouvement, l'enthousiasme, l'éclat du style, la richesse des formes, l'harmonie, sont les qualités dominantes de Pindare. On lui reproche de la monotonie, de trop grandes digressions et de l'obscurité : cette obscurité provient surtout d'allusions qu'il nous est auj. presque impossible de saisir. Au reste, les Odes ne paraissent pas avoir été celles de ses poésies qui étaient le plus goûtées dans l'antiquité. Parmi les nombreuses éditions de Pindare, nous citerons l'édition princeps, par Alde l'ancien, Venise, 1513; la 1re édition critique, par Schmidt, Wittemberg, 1616 ; les éditions de Heyne, Gœtt., 1773 et 1798 (celle-ci accrue du Traité d'Hermann sur les mètres de Pindare); de Bœckh, Leips., 1811-21; de Dissen, Gotha, 1830 et 1850, avec un excellent commentaire. Pindare a été trad. dans toutes les langues de l'Europe : parmi les traductions françaises, nous citerons celles de Gin, de Tourlet, de Muzac, 1823; de M. Perrault-Maynand, 1837-40, de M. Faustin-Colin (1841), et de M. Poyard, 1852 (cette dernière couronnée par l'Académie française). M. Vincent a trad. en vers les Pythiques, 1825; M. Guichemerre les Olympiques, 1845; M. Fresse-Montval les Œuvres complètes, 1854. M. Villemain a donné un éloquent Essai sur le génie de Pindare, 1859.

PINDARIS (c.-à-d. habitants des montagnes), peuplade de l'Hindoustan sortie du Malwa et répandue dans les États d'Holkar et de Sindhya, s'est formée d'un ramas de brigands, de criminels échappés à la justice, de déserteurs et d'aventuriers. Ils soutinrent les Mahrattes à la bataille de Panipet (1761); depuis, les Anglais en ont détruit un grand nombre.

PINDE (le), Pindus, auj. Mezzovo en Agrafa, chaîne de montagnes qui sépare la Thessalie de l'Athamanie, contrée d’Épire, s'étendait des monts Cambuniens à la chaîne de l'Othrysr. Elle était consacrée à Apollon et aux Muses.

PINDEMONTE (Hippolyte), un des meilleurs poëtes italiens, né à Vérone en 1753, m. en 1828, a traduit les deux premiers chants de l’Odyssée et l’Hymne de Cérès d'Homère, les Géorgiques de Virgile, ainsi que plusieurs morceaux d'Ovide et de Catulle, a composé des Poésies champêtres, où l'on distingue les Quatre parties du jour, des Épîtres, une tragédie d’Arminius, la Fata Morgana, et des Poésies diverses. Il se distingue par des sentiments nobles et purs et par une teinte de mélancolie. — Jean P., son frère aîné, 1751-1812, a composé des tragédies, qui ont été réunies sous le titre de Componimenti teatrali, Milan, 1804. Ses tragédies laissent à désirer sous le rapport du plan et des caractères ; le style en est noble et élégant, mais quelquefois déclamatoire.

PINEL (Philippe), médecin, né en 1745 à St-Paul, près de Lavaur (Tarn), m. en 1826, étudia à Montpellier et à Paris, devint en 1792 médecin en chef de Bicêtre, passa en 1794 à la Salpêtrière, où il introduisit d'importantes améliorations, fit à la Salpêtrière et à l’École de Médecine des cours d'hygiène et de pathologie qui furent très-suivis et fut reçu membre de l'Institut. On a de lui, entre autres ouvrages : un Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale, 1791, et la Nosographie philosophique, an VI et 1818. Pinel eut le mérite de substituer aux traitements violents que l'on employait contre les aliénés des mesures de douceur, l'exercice, le travail, un air salubre et une certaine liberté. La science lui doit aussi une bonne classification des maladies. — Son fils, le Dr Scipion P., médecin de Bicêtre, a publié : Recherches sur les causes de l'aliénation, 1826; Physiologie de l'aliéné, 1833; Régime des aliénés, 1836; Pathologie cérébrale, 1844.

PINEY ou PINEY-LUXEMBOURG, ch.-l. de c. (Aube), à 25 k. N. E. de Troyes; 1654 h. Commerce de bois, fabrique de cordes de tilleul. — Jadis titre d'un duché-pairie, constitué en 1581, en faveur de François de Luxembourg.

PINGRÉ (Alexandre), astronome, né à Paris en 1711, m. en 1796, appartenait à l'ordre des Genovéfains et avait d'abord professé la théologie. Inquiété comme janséniste, il quitta cette étude pour l'astronomie, observa le passage de Mercure en 1753 et fit trois voyages, 1767-69-71, pour essayer des montres marines de Ferdinand Berthoud et de Leroi. Il était associé de l'Académie des sciences, bibliothécaire de Ste-Geneviève et chancelier de l'Université. Ha laissé, entre autres ouvrages : la Cométographie, traité historique et théorique des comètes, 1783, et une traduction des Astronomiques de Manilius, 1786.

PINKERTON (John), savant écossais, né à Édimbourg en 1758, m. en 1826, fut destiné au barreau, laissa le droit pour la littérature (1780), puis, après avoir fuit imprimer quelques poésies élégiaques, étudia la numismatique, l'histoire, la géographie. On lui doit : Géographie rédigée sur un nouveau plan, 1802, souvent réimprimée et longtemps classique; Essai sur les médailles, 1784; Recherches sur les Scythes ou Goths, 1787 ; Hist. d’Écosse depuis l'avénement de la maison de Stuart, 1797, ouvrage estimé; Collection générale des Voyages, 1808, 13 vol. in-4.

PINNEBERG, bg du Danemark (Holstein), à 32 k. S. E. de Gluckstadt; 400 h.; ch.-l. du comté de Pinneberg, situé dans la partie mérid. du Holstein.

PINOLS, ch.-l. de c. (Haute-Loire), à 35 kil. S. de Brioude; 913 hab.

PINS (île des), une des Antilles espagnoles, à 80 k. de la côte S. de Cuba; 60 k. sur 35; habitée par des pêcheurs. Bons ancrages. — Une autre île des Pins, à la pointe S. de la Nouv.-Calédonie, dépend de notre colonie. Établissement de missionnaires français.

PINS (de), illustre maison du Languedoc, originaire de Catalogne, a fourni deux grands maîtres de l'ordre des Hospitaliers, Odon de P., élu en 1297, et Roger de P., élu en 1355; et plusieurs prélats, entre autres Jean de P., né à Toulouse vers 1470, m. en 1537, évêque de Pamiers, diplomate habile, auteur de quelques écrits (Vita Beroaldi, Vita S. Catharinæ senensis, De claris fœminis, etc.); et J. P. Gaston de P., 1766-1850, évêque de Limoges, puis administrateur de l'archevêché de Lyon en l'absence du cardinal Fesch, créé pair de France en 1827.

PINSK, v. de la Russie d'Europe (Minsk), sur la Pina, au milieu d'immenses marais (500 k. sur 200), à 240 kil. S. O. de Minsk; 5000 h. Évêché grec. Tanneries. Cette ville appartint longtemps aux Polonais sous lesquels elle était plus importante.

PINSON. V. PINÇON.

PINTO (Fr. MENDEZ), aventurier portugais, né vers 1530, parcourut, avec des corsaires, les mers de la Chine et du Japon, fut plusieurs fois pris et vendu comme esclave, accompagna François-Xavier au Japon, revint dans son pays en 1558 et y rédigea ses Voyages, qui n'ont paru qu'après sa mort, Lisb., 1614. Ils ont été trad. par Bern. Figuier, 1828. Sa véracité, longtemps mise en doute, a été confirmée par dès voyages postérieurs.

PINTO (Isaac), Juif portugais du XVIIIe s., m. en 1784, habita Bordeaux, Amsterdam, La Haye. Il défendit ses coreligionnaires contre Voltaire, dans un petit écrit intitulé : Réflexions critiques sur l'article de Voltaire au sujet des Juifs (1762), qui paraît avoir donné à l'abbé Guénée l'idée de ses Lettres de quelques Juifs. Il a laissé en outre : Essai sur le luxe; Traité de la circulation et du crédit; Précis des arguments contre les matérialistes, etc.

PINTO RIBEIRO (Jean), secrétaire de Jean, duc de Bragance, organisa avec un art et un secret admirables la fameuse conspiration de 1640 qui enleva le Portugal à l'Espagne et qui mit la couronne sur la tête de son maître (Jean IV). Le nouveau roi le fit président de la chambre des comptes et garde des archives royales de Portugal. Pinto mourut en 1649. On a de lui entre autres écrits, un récit en italien, de la révolution de 1640 : Discorso dell usurpatione, retentione e ristoratione del regno di Portogallo, Lisbonne, 1646, des Réponses aux manifestes du roi d'Espagne, des Discours sur l'administration, qui ont été publiés à Coïmbre, 1729, in-fol. Pinto est le héros d'une comédie politique de Népomucène Lemercier, qui eut un grand succès en 1800.

PINTURICCHIO (Bernardino BETTI, dit IL), peintre, né à Pérouse en 1454, m. en 1513, reçut les leçons du Pérugin, suivit ce maître à Rome, l'aida dans ses travaux et exécuta diverses peintures ainsi que de belles fresques au Vatican et au château St-Ange. Son chef-d'œuvre est une suite de fresques dans la bibliothèque de la cathédrale de Sienne, représentant les Faits mémorables de la vie du pape Pie II : il eut pour collaborateur dans ce travail Raphaël, encore tout jeune. Le Louvre possède de lui une Vierge avec l'Enfant Jésus. Cet artiste est plein de vivacité dans l'expression de ses figures et de magnificence dans ses fonds de tableaux, qui représentent souvent des vues de villes d'Italie.

PINZON, navigateur. V. PINÇON.

PIOMBINO, Populonium? v. de Toscane (Pise), anc. ch.-l. de principauté, sur la mer Tyrrhénienne, vis-à-vis de l'île d'Elbe, dont elle est séparée par le canal de Piombino; 1900 h. Port, château fort. Après avoir été fief de l'Empire, la principauté de Piombino fut possédée du XIIIe au XVIe s., par la maison d'Appiano. Mise en séquestre entre les mains des Espagnols de 1589 à 1619, elle passa ensuite aux Mendoza, aux Ludovici et aux Buoncompagni, ducs de Soria, mais sous la suzeraineté de Naples. Napoléon Ier en forma, avec le duché de Lucques, la principauté de Lucques-et-Piombino, qu'il donna à sa sœur Élisa. En 1815, elle fut rendue aux Buoncompagni et placée sous la suzeraineté de la Toscane. — Le canal de Piombino, entre la ville de ce nom et l'île d'Elbe, a 8 k. de large. — Le lac de P., Vetulonius lacus, à 5 k. N. E. de Piombino, a 7 k. sur 5, et se décharge au S. dans la mer Tyrrhénienne.

PIONSAT, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), à 50 k. N. O. de Riom; 2156 hab.

PIPER (Charles, comte de), homme d’État suédois, né vers 1660, parvint d'un rang obscur aux premiers emplois par ses talents, obtint la confiance de Charles XI, devint premier ministre de Charles XII et le suivit dans toutes ses campagnes. Il fut pris à la bataille de Pultava et enfermé dans la forteresse de Schlusselbourg, où il mourut en 1716. — Son fils, Charles Frédéric, fut le favori du roi de Suède Adolphe-Frédéric; mais il quitta la cour en 1756, quand son gendre, le comte de Brahé, eut été décapité. Il mourut en 1770.

PIPERNO, v. du territoire romain (Frosinone), à 20 k. N. de Terracine; 4000 h. Évêché. — Au N. et près de là est Piperno-Vecchio, l'anc. Privernum. PIPPI (Giulio). V. JULES ROMAIN.

PIPRIAC, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 22 k. N. E. de Redon; 3343 hab.

PIRANESI (J. B.), artiste célèbre, né à Venise en 1707, mort en 1778, était en même temps dessinateur, graveur à l'eau forte et au burin, et marchand d'estampes. Sa maison était connue dans toute l'Europe. Jamais artiste n'a mieux rendu que lui l'architecture et les mines. Son Œuvre, qui forme 16 vol. in-fol., rassemble tout ce que Rome ancienne et moderne offre d'édifices remarquables, et ce que l'antiquité a laissé de plus précieux en bas-reliefs, vases, autels, tombeaux, etc.; ses planches unissent à la vérité le pittoresque, la chaleur et l'animation. — Son fils, Fr. Piranesi (1748-1810), comme lui dessinateur et graveur, fut son élève, mais lui resta inférieur. Il prit part à la révolution de Rome lors de l'arrivée des Français, fut envoyé à Paris en 1798 comme représentant de la République romaine et se fixa dans cette capitale. Il y publia de 1804 à 1807 la belle collection des Antiquités romaines, ainsi qu'une magnifique collection de dessins coloriés, et fonda une manufacture de vases peints, trépieds, candélabres, etc., en terre cuite, à l'imitation des vases étrusques. L’Œuvre des Piranesi se compose de 29 vol. gr. in-fol., contenant env. 3000 planches. Les principales sections de la collection sont : Antiquités romaines; Panthéon, colonnes Trajane et Antonine, Antiquités d'Albano, Tombeau des Scipions, Champ de Mars, Magnificence des Romains, Vues de Rome, Statues antiques, Antiquités d'Herculanum; les gravures sont accompagnées d'un texte en italien. Une 2e édition de l'œuvre des Piranesi a été publiée par Didot frères, Paris, 1836 et ann. suivantes.

PIRATES (Guerre des), guerre que les Romains eurent à faire, au commencement du Ier s. av. J.-C., contre les pirates de Cilicie et d'Isaurie qui infestaient la Méditerranée, coupaient les vivres à Rome et ruinaient le commerce. Déjà Servilius, en 78, et Metellus Creticus, en 68, les avaient battus, mais sans pouvoir les réduire; Pompée, armé par la loi Gabinia de ressources immenses et d'un pouvoir discrétionnaire, alla les attaquer dans leurs repaires et en nettoya les mers en moins de 90 jours.

PIRÉE (le), port d'Athènes, à l'embouchure du Céphise, à 8 k. de la ville, à laquelle il était réuni par deux murailles qui avaient été bâties l'une par Thémistocle et l'autre par Périclès. Il pouvait contenir 400 vaisseaux. Lorsque Lysandre eut pris Athènes (404 av. J.-C.), il rasa les murs du Pirée. Ils furent en partie relevés par Conon, mais de nouveau détruits par Sylla. Auj. le Pirée (qu'on appelait naguère Porto-Leone et qui a repris son nom) est une bourgade de 6600 âmes; le port est encore bon, et peut recevoir des vaisseaux de ligne. Il est uni à Athènes par une belle chaussée.

PIRITHOÜS, l'ami de Thésée et son compagnon inséparable, avait pour père Ixion, et régnait sur les Lapithes en Thessalie. Il épousa Hippodamie, et invita les Dieux à ses noces; Mars, oublié seul, se vengea en y suscitant le combat des Centaures et des Lapithes qui ensanglantèrent les noces. Pirithoüs pénétra aux enfers avec Thésée afin de ravir Proserpine à Pluton; mais ils échouèrent dans cette téméraire tentative : Pirithoüs fut tué, et Thésée retenu aux enfers, d'où Hercule seul put le délivrer. Selon l'histoire, Pirithoüs aurait fait une expédition en Épire dans le but d'enlever la fille du roi et aurait péri dans cette injuste entreprise.

PIRNA, v. du roy. de Saxe, sur la r. g. de l'Elbe, à 16 kil. S. E. de Dresde; 6000 hab. Château de Sonnenstein (où se trouve un hôpital d'aliénés). Étoffes de coton, Unies, tanneries, poteries. Aux env., eaux minérales. — Victoire des Prussiens sur les Autrichiens (1745) et sur les Saxons (1756) : combats entre les Français et les Alliés (1813).

PIRNAZZA, riv. de Grèce, est l'ancien Pamisus.

PIROMI, dieu suprême des Égyptiens, était au-dessus même de Knef, de Fta et de Fré, et contenait en germe toutes les divinités. C'est le dieu irrévélé, enveloppé (involutus Deus).

PIRON (Alexis), poëte français, né à Dijon en 1689, mort en 1773, avait pour père Aimé Piron, apothicaire, homme d'esprit, qui s'était lui-même fait connaître comme auteur de noëls et autres poésies en patois bourguignon (recueillies par Mignard, Dijon, 1858), et qui était grand ami de La Monnoie. Alexis Piron se fit recevoir avocat, mais ne put exercer par suite d'un revers de fortune qu'éprouva son père. Il végéta longtemps dans sa ville natale, vivant, grâce à sa belle écriture, du métier de copiste. Il se mit en même temps à faire des vers; une ode fameuse par son obscénité lui attira une verte réprimande du procureur général au parlement de Dijon. Il vint à Paris à 30 ans, y fut quelque temps copiste chez un financier, puis travailla pour le théâtre. Il obtint de faciles succès au théâtre de la Foire, puis, s'élevant à un genre plus noble, il donna plusieurs pièces à la Comédie Française : les Fils ingrats ou l’École des pères, comédie en 5 actes et en vers, 1728; puis trois tragédies : Callisthène, 1730, Gust. Wasa, 1733, Fern. Cortez, 1741 (la meilleure est G. Wasa), et fit représenter en 1738 la Métromanie ou le Poëte, comédie en 5 actes et en vers, qui est un des chefs-d'œuvre de notre théâtre : il était lui-même le type du principal caractère de la pièce. Il s'exerça en outre dans des genres divers : poëmes, odes, épîtres, satires, contes, et fit un grand nombre d'épigrammes, qui se distinguent par l'esprit et le sel. Il n'épargna pas dans ses attaques l'Académie française; néanmoins cette Compagnie ne lui en garda pas rancune : il fut élu en 1753, mais le souvenir de ses poésies licencieuses et les habitudes cyniques qu'il avait contractées empêchèrent de sanctionner son élection; cependant le roi lui accorda une pension de 1000 fr. sur sa cassette. Piron n'était pas moins remarquable par ses saillies et par l'à-propos de ses reparties que par son talent poétique. Ses Œuvres ont été publiées en 1776 par Rigoley de Juvigny, 7 vol. in-8 : on y trouve, outre les ouvrages déjà cités, des Poésies sacrées et une trad. en vers de Sept psaumes de la pénitence. M. H. Bonhomme a publié en 1859 ses Œuvres inédites. On a aussi, sous le titre de Pironiana, un recueil de ses bons mots.

PISAN (Thomas de), astrologue du XIVe s., né à Bologne, se fit une grande réputation par ses prédictions, fut appelé à Venise, en Hongrie, en France, et se fixa dans ce dernier pays en 1370. Charles V le combla de faveurs : ce prince ne faisait rien de grave sans le consulter. Après la mort du roi, il perdit tout crédit et mourut dans la misère. Il avait, assure-t-on, prédit le jour et l'heure de sa propre mort.

PISAN (Christine de), femme poëte, fille du préc., née à Venise en 1363, m. vers 1431, fut amenée en France dans son enfance par son père, et épousa un Français de distinction. Restée veuve de bonne heure et accablée de malheurs, elle chercha une consolation dans les lettres et composa des poésies et des nouvelles qui lui firent bientôt un nom et lui attirèrent la faveur des princes. Elle a laissé des poésies de genres divers, ballades, lais, virelais, rondeaux, et de petits poëmes, tels que le Débat des deux amants, le Livre des trois jugements, le Chemin de longue étude, les Dits moraux. On a aussi d'elle des ouvrages en prose : l’Hist. de Charles V, la Vision de Christine de Pisan, la Cité des Dames ou les Cent Histoires de Troie. Une partie de ces productions se trouve dans la Collection des meilleurs ouvrages composés par des dames. Quelques-uns de ses écrits ont été traduits de la langue romance en français et publiés à part, Paris, 1522, 1536, 1549, etc.

PISAN (Nicolas, dit le), architecte. V. NICOLAS.

PISANDRE, un des généraux qui renversèrent la démocratie à Athènes et y fondèrent l'oligarchie des Quatre-Cents, en 411 av. J.-C. Voy. QUATRE-CENTS.

PISANI, amiral vénitien, fut vaincu par Paganino Doria à l'embouchure du Bosphore de Thrace (1352), et battit à son tour Grimaldi à la pointe de Lolera (Sardaigne). Surpris dans Porto-Longo, près de Modon, par Paganino Doria, il fut fait prisonnier avec toute sa flotte et conduit à Gênes (1354). — Victor P., fils ou neveu du préc., amiral vénitien en 1378, gagna sur les Génois la bataille d'Anzio, les chassa de l'Adriatique, punit les rebelles de Dalmatie et reprit aux Hongrois Cattaro, Sebenico, Arbo; mais, n'ayant plus que des équipages affaiblis, il fut battu à Pola par Lucien Doria (1379) : il fut, à la suite de ce revers, mis en prison par le Sénat. Rendu à la liberté lorsque les Génois furent devenus maîtres de Chiozza, il changea subitement la fortune et força les Génois à se rendre avec tous leurs vaisseaux (1380). Il mourut la même année à Manfredonia.

PISATELLO, riv. de l'Italie, est l'anc. Rubicon.

PISAURE, Pisaurum, auj. Pesaro, v. de l'Italie anc., chez les Senones, à l'embouoh. du Pisaurus (auj. Foglia), près et au S. E. d'Ariminum, reçut une colonie romaine en 184 av. J.-C. Détruite par Totila, elle fut relevée par Bélisaire.

PISE, Pisa, anc. capit de l'Élide, sur l'Alphée, forma longtemps un petit État, où régnèrent Œnomaüs et Pélops. Les habitants de Pise étaient maîtres d'Olympie et avaient l'intendance des jeux olympiques. Élis, qui convoitait ce privilège, s'unit à parte contre Pise, et la ville fut détruite pendant la 3e guerre messénienne pour s'être déclarée en faveur des ilotes insurgés (456 av. J.-C.). Il ne restait plus de vestiges de Pise dès le temps de Strabon. Le lieu qu'elle occupait se nomme auj. Miraka.

PISE, Pisa et Pisæ en latin, Pisa en italien,v. de Toscane, ch.-l. de la prov. de Pise, sur l'Arno, à 11 k. de son embouchure et à 80 kil. O. de Florence; 24 000 hab. (elle en compta 150 000 au moyen âge). Archevêché, cour d'appel; trib. de 1re inst.; consistoire israélite et synagogue; université célèbre, fondée en 1343, restaurée par les Médicis en 1472 et 1542, avec Facultés de droit, de théologie, de médecine et des sciences physiques; observatoire, bibliothèque, jardin botanique et collections diverses; colléges Ferdinando, Puteano, Ricci; école de sourds-muets; académie des beaux-arts. Pise est une des plus belles villes de l'Italie et renferme de nombreux édifices : on remarque la cathédrale, du XIe s., vaste et magnifique; près d'elle est la fameuse Tour penchée, haute de 59m et inclinée de 5m sur sa base (c'est du haut de cette tour que Galilée fit ses expériences sur la pesanteur); le Baptistère, le Campo-Santo ou cimetière, avec de vieilles fresques qu'on admire encore, la Loge des Marchands, l'anc. palais grand-ducal, le palais et l'église des Chevaliers de St-Étienne, le grand hôpital, la place del Cavaliere, les quais, les avenues. La ville, entourée de murailles autrefois fortifiées, est auj. défendue par 2 citadelles. Elle communique avec Florence par un chemin de fer. La fête de San-Ranieri, dite vulgairement Luminara, attire tous les trois ans à Pise un concours immense. Aux env., eaux thermales sulfureuses de St-Julien renommées, et superbe Chartreuse. Patrie du pape Eugène III, d'Ugolin, des architectes Jean et Nicolas de Pise, de Fibonacci, dit Léonard de Pise, de Galilée. — Pise, d'abord Teuta, fondée par les Sicules, fut nommée Pise par les Tyrrhéniens ou Lydiens, d'un mot de leur langue qui signifie port en croissant. Strabon et Pline disent qu'elle fut fondée après le siége de Troie par des habitants de la Pise d'Élide. Elle n'appartint point aux lucumonies des Étrusques, bien que ce peuple y ait laissé des traces de son séjour. Son développement date du 2e siècle av. J.-C. : elle devint alors colonie romaine; Auguste lui donna le nom de Julia Obsequens; Adrien et Antonin l'embellirent. Sa position (elle était alors tout près de la mer) et ses bains (aquæ Pisanæ) la rendirent longtemps florissante et riche. Ruinée par les Goths, soumise ensuite aux Lombards, elle se releva bientôt et prospéra sous la domination grecque. Devenue libre en 888, elle se gouverna dès lors en république. Elle fut, du Xe au XIIIe s., une des premières puissances commerciales et maritimes de l'Italie, et resta longtemps la rivale de Gênes. Elle reçut, du pape la Corse en fief (1092), conquit une partie de la Sardaigne sur les Arabes (1099), et le reste sur les Génois, soumit Palerme, les Baléares, l'île d'Elbe, et se fit donner un quartier et d'importants privilèges à Constantinople, à Antioche, à Tripoli, à Tyr, à Laodicée, à Ptolémaïs. Pendant les guerres civiles de l'Italie, Pise se montra dévouée à la cause impériale ou gibeline; la chute de Hohenstaufen causa sa ruine, que hâta la trahison du comte Ugolin. Gênes porta un coup terrible à sa marine par la victoire navale de la Melloria (1284); puis, quatre villes guelfes (Florence, Pistoie, Lucques, Sienne) se liguèrent pour l'accabler. Gênes lui enleva l'île d'Elbe ainsi que la Corse et détruisit son port (1290-1297). Pise alors appela en Italie l'emp. Henri VII, mais celui-ci mourut au moment de commencer la réduction de l'Italie (1313). Menacée par tous les Guelfes de la Toscane, Pise s'offrit en vain au roi de Sicile Frédéric I, et se donna alors au condottiere Uguccione. Elle s'affranchit bientôt de ce joug (1316), mais pour tomber au pouvoir de Louis de Bavière. Rendue à l'indépendance en 1327, grâce aux efforts de Fazio della Gherardesca, elle fut un instant maîtresse de Lucques, Pistoie et Volaterra, mais elle perdit ces deux dernières en 1351 et 1361. Déchirée par des querelles intestines, elle eut successivement pour maîtres J. Agnello (1361), l'emp. Charles IV (1368), Jacques Appiano (1392). Le fils de ce dernier céda la ville au duc Jean Galéas Visconti de Milan (1399). En 1405, le fils de Jean Galéas, Gabriel Marie, vendit Pise à Florence; mais elle ne voulut pas se soumettre et soutint avec héroïsme un siége célèbre (1405 et 1406). Vaincue, elle resta depuis sous la dépendance de Florence; elle recouvra quelque indépendance en 1494, à la suite de l'expédition de Charles VIII en Italie, mais pour la perdre de nouveau en 1509. Comprise de 1807 à 1814 dans l'empire français, elle a été ch.-l. d'arr. dans le dép. de la Méditerranée. Elle a depuis 1814 suivi le sort de la Toscane. — Il se tint en 1409 à Pise un célèbre concile qui avait pour but de mettre fin au grand schisme : on y déposa les deux papes, Grégoire XII et Benoît XIII, et on nomma en leur place Alexandre V. En 1511 eut lieu à Pise, à l'instigation de Louis XII et de Maximilien, mais sans l'assentiment du pape (alors Jules II), un autre concile convoqué par les cardinaux mécontents, et qui fut transféré successivement à Milan, à Asti et à Lyon. — L'évêché de Pise, qui remonte au IIe siècle, fut érigé en archevêché en 1117.

PISEK, v. de Bohême, ch.-l. de cercle, sur la Wotawa, à 100 k. S. S. O. de Prague; 5000 h. Beau pont. École pour les enfants de militaires. Aux env., diamants, grenats. Ravagée par les Impériaux en 1619; prise par les Français en 1741 et 1748.

PISIDIE, Pisidio, anc. contrée de l'Asie-Mineure, bornée à l'E. par l'Isaurie et la Cilicie, au S. par la Pamphylie, au N. par la Phrygie à l'O. par la Lycie. C'était un pays de montagnes, traversé par le Taurus. Ses habitants étaient grossiers et sauvages. C'étaient probablement les restes d'anciens habitants des côtes, chassés par des Grecs ou par d'autres colons. Ils surent longtemps se maintenir indépendants entre les conquérants, Perses, Macédoniens, Galates, auxquels leur pays était assigné nominalement. Les Romains parvinrent seuls à les soumettre entièrement. La Pisidie et la Pamphylie sont toujours jointes dans les géographes anciens. Au IVe s., on les sépara et elles formèrent 2 prov. distinctes du diocèse d'Asie. La Pisidie propre eut alors pour capitale Antioche de Pisidie (Ak-Chehr). Les autres villes étaient : Selga, importante sous Auguste, Sagalassus, Termissus, Cibyra. Ce pays correspond auj. aux livahs d’Ak-Chehr dans le pachalik du Konieh, et d'Isbarteh ou Hamid dans celui de Kutaieh. PISISTRATE, tyran d'Athènes, était parent de Solon. Noble, riche, brave, éloquent, politique habile, il profita des troubles causés par les factions pour marcher au pouvoir suprême, flatta la foule, réussit, en se présentant un jour couvert de blessures et feignant qu'on avait voulu attenter à ses jours, à obtenir du peuple une garde de 600 hommes, occupa la citadelle avec leur secours, et, malgré la courageuse résistance de Solon, se trouva le maître de la ville, 561 av. J.-C.; du reste, il respecta la constitution. Chassé par Mégaclès en 560, il fut rappelé par ce même Mégaclès en 556. Renversé de nouveau en 552, il se retira en Eubée. Il réussit encore une fois, en 538, à ressaisir l'autorité et sut depuis la conserver par sa modération et sa bonne administration. Il la transmit à ses deux fils, Hipparque et Hippias, lorsqu'il mourut, en 528. Pisistrate fit fleurir l'industrie, l'agriculture et les arts, embellit Athènes, bâtit les temples d'Apollon et de Jupiter Olympien et institua une subvention pour les citoyens blessés au service de leur pays. Ami des lettres, il fit reviser les poëmes d'Homère et en donna une édition qui a été la base de toutes celles qu'on a données depuis.

PISON, L. Calpurnius Piso, dit Frugi, jurisconsulte, historien et orateur romain, fut tribun du peuple en 149 av. J.-C., consul en 133, censeur en 121, et fit la loi Calpurnia de repetundis qui instituait un tribunal permanent contre les concussionnaires. Il s'opposa aux Gracques. — L. Calp. Piso Cæsoninus, consul en 58 av. J.-C., proconsul en Macédoine l'an 57, censeur en 48, s'unit à Clodius pendant son consulat pour faire exiler Cicéron, ne signala son proconsulat que par d'épouvantables déprédations, et n'esquiva une condamnation que par le crédit de César, son gendre. On a un discours virulent de Cicéron contre lui. — Son fils, L. Calp. Piso, fut consul l'an 15 av. J.-C. et préfet de Rome sous Auguste. On croit que c'est aux fils de ce dernier qu'Horace adressa son Art poétique (Epistola ad Pisones). — C. Calp. Piso, consul sous Auguste et gouverneur de Syrie sous Tibère, était un homme cruel : il passa, ainsi que Plancine, sa femme, pour avoir empoisonné Germanicus, à l'instigation de l'empereur. Accusé par Agrippine, et se voyant abandonné de Tibère, il se donna la mort. — C. Calp. Piso, personnage consulaire, organisa en 65 contre Néron un complot dont firent partie Lucain, Sénèque et nombre de sénateurs : c'est lui qui devait être empereur. Ayant été découvert, au lieu de profiter du temps qui lui restait pour opérer un soulèvement, il se fit ouvrir les veines dans un bain. — Calp. Piso Licinianus, issu de la famille des Licinius Crassus, mais entré par adoption dans la maison Calpurnia, n'était pas moins distingué par ses mœurs et ses hautes qualités que par sa naissance. Galba, voulant se choisir un collègue et un digne successeur, le nomma césar; mais Othon, qui espérait ce titre, fit révolter les Prétoriens, et Pison fut tué par eux, ainsi que Galba : il n'avait exercé le pouvoir que 5 jours.

PISON (Guill.), naturaliste hollandais du XVIIe s., exerça la médecine à Leyde, puis à Amsterdam, suivit le prince de Nassau au Brésil, où il emmena le jeune Margraff, et passa, après la mort de ce prince, au service du grand électeur Fréd.-Guillaume. Ses découvertes et celles de Margraff furent publiées par Laet, sous le titre de Historia naturalis Brasiliæ, Leyde , 1648. C'est Pison et Margraff qui ont donné à l'Europe l’ipécacuanha.

PISSELEU (Anne de). V. ETAMPES (duchesse d').

PISSOS, ch.-l. de cant. (Landes), à 55 kil. N. 0. de Mont-de-Marsan; 1952 hab.

PISTES, auj. Pîtres, anc. résidence royale, dans le dép. de l'Eure, à 20 k. N. de Louviers et à 4 kil. E. de Pont-de-l'Arche, près de l'embouch. de l'Andelle dans la Seine; env. 1000 h. Il s'y tint en 864 une assemblée où Pépin II, roi d'Aquitaine, fut condamné pour trahison, et où furent réglés le service militaire, les marchés, les monnaies et mesures, etc.

PISTOIE, Pistoia en italien, Pistoria chez les anciens, v. de Toscane, près de l'Ombrone et sur la Bronia, à 30 kil. N. O. de Florence; 13 000 h. Évêché, tribunaux, collége de Forteguerri, école de chirurgie, deux bibliothèques, cabinet d'histoire naturelle, jardin botanique. Quelques édifices (églises, bâtiment de la Sapienza, etc.). Étoffes de coton, de drap, célèbre fabrique d'orgues; ouvrages en fer (surtout canons de fusil). C'est à Pistoie, dit-on, que furent fabriqués les premiers pistolets (d'où viendrait leur nom). Cristal de roche, dont on fait les diamants de Pistoie. — Anc. cité des Étrusques. Aux env. de cette ville eut lieu la défaite de Catilina par Pétréius, 63 av. J.-C. Pendant le moyen âge, Pistoie forma une république indépendante; longtemps en querelle avec Pise, elle fut un instant soumise à cette république (vers 1348); elle perdit définitivement sa liberté en même temps que Pise, et passa vers 1406 sous la domination de Florence. En 1815, les Autrichiens défirent Murat aux environs de cette ville. Pistoie est la patrie du pape Clément IX.

PISTORIA, ville d'Étrurie, est auj. Pistoie.

PISTORIUS (Jean), né en 1546, à Nidda dans la Hesse, mort en 1608, exerça d'abord la médecine, quitta son art pour le droit, devint conseiller du margrave de Bade-Dourlach, eut grande part à l'introduction de la Réforme et fut un des trois membres luthériens du collége de Ratisbonne (1541). Néanmoins, il se convertit dans la suite au catholicisme, reçut les ordres et devint un des champions de l’Église romaine. On a de lui : Rerum polonicarum scriptores, Bâle, 1582; Rerum germanicarum scriptores, 1582-1607, réimpr. par Struvius, Ratisbonne, 1726.

PISUERGA, l'anc. Pisoraca, riv. d'Espagne, naît dans le N. de la prov. de Palencia près de Piedrasluengas, coule au S. O., arrosant les prov. de Palencia, Burgos, Valladolid, et tombe au-dessous de Valladolid dans le Duero, après, un cours de 250 kil. Elle reçoit l'Esgueva, l'Arlanzon et le Carrion.

PITCAIRN (île), île de la Polynésie, par 132° 28' long. O., 25° 3' lat. S. Découverte en 1767 par Carteret. Il s'y établit en 1788 une petite colonie de marins révoltés du navire anglais The Bounty.

PITEA, riv. de Suède, sort des monts Koelen, coule au S. E., traverse la Botnie et tombe, après un cours de 350 kil., dans le golfe de Botnie près de la v. de Pitea. — Cette ville, ch.-l. de la Botnie sept., est à 800 kil. N. de Stockholm; 1200 hab. Petit port.

PITHÉCUSE, Ischia, petite île du golfe de Naples, est fameuse dans la Fable parce que Typhon y gît écrasé sous une montagne, et que ses habitants furent changés par Jupiter en singes (Pithêcoi).

PITHIVIERS, Pituerium, ch.-l. d'arr. (Loiret), à 42 kil. N. E. d'Orléans, à 85 kil. S. de Paris, sur la riv. d'Œuf, qui près de là prend le nom d'Essonne; 4778 h. Trib. de 1re instance. Vieille abbaye. Tanneries, filatures de laine, miel, cire, safran; pâtes d'alouettes et gâteaux d'amandes renommés; pierres de taille. Patrie du mathématicien Poisson, à qui une statue a été élevée dans la ville en 1851. Ville très-ancienne, fortifiée au moyen âge. Elle fut prise par les Anglais en 1428, par le prince de Condé en 1562 et 1567, par Henri IV en 1589.

PITHOM, ville d’Égypte. V. HEROOPOLIS.

PITHON, un des généraux d'Alexandre, fut, après la mort du roi, gouverneur de la Médie, suivit Perdiccas dans son expédition en Égypte, se révolta contre ce général, et fut un de ceux qui le tuèrent après l'échec du Nil (322). Il fut alors nommé régent et tuteur du fils d'Alexandre, mais il se démit, de cette charge en faveur d'Antipater. Il aida Antigone à vaincre Eumène, mais bientôt après il trahit lui-même ce général : Antigone le fit arrêter et mettre à. mort (316 av. J.-C.). — V. PYTHON.

PITHOU (Pierre), savant magistrat, né à Troyes en 1539, d'un père qui était l'oracle du barreau en Champagne, m. en 1596, étudia les lettres sous Turnèbe et le droit sous Cujas, dont il resta l'ami, fut reçu avocat à 21 ans, mais se vit repoussé du barreau de sa ville natale comme calviniste, se rendit à Sedan, où il rédigea des lois pour cette ville à la demande du duc de Bouillon, puis séjourna à Bâle, où il publia quelques ouvrages d'érudition, rentra en France en 1670 à la faveur d'un édit de pacification, faillit périr à la St-Barthélemy, abjura bientôt après, fut nommé bailli de Tonnerre, puis procureur général à la chambre temporaire de Guyenne, se prononça pour Henri IV pendant la Ligue, et devint, après le triomphe de ce prince, procureur général au parlement de Paris. Il avait pris part à la composition de la Satire Ménippée et avait rédigé un Mémoire aux évêques, pour prouver qu'ils pouvaient sans le pape relever Henri de l'excommunication. On lui doit de plus : Corpus juris canonici (avec son frère François); Legum romanarum et mosaicarum collatio; Codex canonum vetus; Gallicœ ecclesisæ in schismate status; Commentaire sur la Coutume de Troyes; Libertés de l'Église gallicane, ouvragé mis à l’Index à Rome, mais souvent réimprimé en France (notamment par Dupin en 1824). Pithou est un de nos grands érudits : on lui doit la 1re publication de plusieurs ouvrages importants, tels que les Novelles et les Fables de Phèdre, restées jusque-là inconnues, ainsi que de bonnes éditions de Salvien, Juvénal, Pétrone. Il fonda le collége de Troyes. Grosloy et Boivin ont écrit sa Vie. — Son frère François P., né à Troyes en 1543, m. en 1621, élève de Cujas, abjura le calvinisme en 1575, devint avocat au parlement de Paris, se prononça contre les prétentions de l'Espagne sur la France, fut chargé après la paix de Vervins du règlement des limites sur la frontière du Nord, et fut procureur général à Troyes près d'une chambre spécialement chargée de poursuivre les malversations financières. Il a laissé un Glossaire pour l'intelligence des Capitulaires et de la loi salique, et des traités De la grandeur des droits et prérogatives des rois et du royaume de France, De l'Excommunication et de l'Interdit, et a participé à la plupart des travaux philologiques de son frère.

PITISCUS (Barthélemy), mathématicien, né en 1561 a Schlaune en Silésie, m. en 1613, a laissé : Trigonometriæ libri V, item Problematum libri X (1599, 1608, 1612), a édité le Thesaurus mathematicus, de Rheticus, 1613, et a corrigé le Magnus Canon doctrinæ triangulorum du même auteur. — Samuel P., son petit-neveu, né à Zutphen en 1637, m. en 1707, fut recteur du collége de Zutphen, puis de celui d'Utrecht. On lui doit un Lexicon antiquitatum romanarum, Leeuwarden, 1713, 2 vol. in-fol. (abrégé par Barral en français, 1766, 3 v. in-8), ouvrage classique pour cette matière, ainsi que des éditions estimées de Quinte-Curce, 1685-93; de Solin, 1689 ; de Suétone, 1690: d’Aurelius Victor, 1696.

PÎTRES. V. PISTES.

PITT (William), lord Chatham, l'un des plus grands hommes d'État de l'Angleterre, né en 1708 à Westminster, mort en 1778, était petit-fils de Thomas Pitt, gouverneur de Madras. Il suivit d'abord la carrière militaire; contraint par sa santé de l'abandonner, il étudia les lois, et se forma en même temps à l'éloquence par la lecture des grands modèles de l'antiquité. Il fut nommé membre du parlement en 1735,et se plaça dès son début au premier rang des orateurs et des hommes politiques. Il combattit énergiquement le ministère de Robert Walpole, et contribua puissamment à le renverser (1743). Trois ans après (1746), il fut nommé par Georges II vice-trésorier d'Irlande, puis conseiller privé et payeur général des troupes; mais il se démit de tous ses emplois en 1755, afin de combattre librement des actes qu'il désapprouvait. Il rentra un instant au pouvoir en 1756 avec le titre de secrétaire d’État, et fut peu de mois après placé à la tête du ministère de coalition, dans lequel se trouvaient avec lui Fox et lord Newcastle. Ici commence la glorieuse période de son administration. Il réorganisa les finances, assura par de sages mesures les succès des armes anglaises contre la France, en Allemagne et en Amérique, et rétablit la prospérité publique; mais, à l'avénement de Georges III, il perdit de son crédit, et, n'ayant pu faire adopter les mesures énergiques qu'il avait proposées contre l'Espagne à la suite du pacte de famille, il se retira (1761). Il fut rappelé en 1766, et reçut à la même époque le titre de comte de Chatham, avec la pairie. Chargé de former un nouveau ministère, il n'y admit que des hommes d'un talent reconnu, et ne réserva pour lui-même que le titre de garde des sceaux; mais, accablé d'infirmités, il ne pouvait déjà plus prendre une part très-active à l'administration; il la quitta définitivement en 1768. Néanmoins il ne cessa de suivre les affaires avec le plus vif intérêt, et combattit avec force à la tribune toutes les mesures qui lui paraissaient contraires à la justice ou à l'honneur national. En 1778, déjà près de mourir,il se fit transporter au Parlement pour protester contre la proposition de reconnaître l'indépendance des Américains; mais, après un premier discours, les forces lui manquèrent, et il fallut l'emporter; il expira peu de jours après. Il fut inhumé à Westminster, où le Parlement lui fit ériger un monument. Pitt n'avait de rival à la tribune que Fox : si cet orateur l'égalait en véhémence, il restait bien en arrière pour la correction du style et la beauté de la forme. Pitt a laissé, outre ses discours, quelques petits poëmes, des Lettres à son neveu (lord Camelford), publiées en 1804, et une Correspondance étendue, publiée en 1838. F. Thackeray a donné l’Hist. du comte de Chatham, 1827.

PITT (William), 2e fils du préc. né en 1759 à Hayes, dans le comté de Kent, entra à la Chambre des Communes en 1781, y combattit les ministres North et Rockingham, fut appelé dès l'année suivante, quoique n'ayant que 23 ans, au ministère que venait de quitter Charles Fox, fils du 1er Fox, et y remplit les fonctions de chancelier de l'échiquier : fut renversé en 1783 avec ses collègues, rentra dans l'opposition et fit échouer le bill indien de Fox, mais fut rappelé dès la fin de cette même année avec le titre de 1er lord de la trésorerie, chancelier de l'échiquier. Commençant son administration par un coup d'état, il brisa une majorité hostile en faisant prononcer la dissolution du Parlement; il obtint par d'habiles manœuvres une majorité favorable, remplit le trésor vide, régularisa la dette, réprima la contrebande, mit des taxes sur le luxe, fit de grandes économies, établit le fonds annuel d'amortissement, puis formula son célèbre bill indien, regardé par ses admirateurs comme un chef-d'œuvre de sagesse et de politique. Héritier de la haine de son père pour la France, il fit conclure contre elle en 1788 la triple alliance de l'Angleterre, de la Prusse et des Provinces-Unies, y fomenta en 1789, 90, 91 les troubles civils, rompit ouvertement avec la République en 1793, et ne cessa depuis cette époque de faire la guerre à la France et de lui susciter des ennemis. Il ne put cependant empêcher les succès des armes françaises sur le continent, eut même beaucoup de peine à réprimer les troubles intérieurs de la Grande-Bretagne, le soulèvement de l'Irlande, la révolte des marins, et ne réussit qu'à obérer sa nation, en lui faisant contracter une dette énorme pour soutenir les frais d'une guerre européenne : enfin, après huit ans de lutte, se voyant abandonné des puissances continentales, qui déjà avaient signé le traité de Lunéville (1801), il fut contraint de se retirer et fut remplacé par Addington, qui signa la paix d'Amiens (1802). La paix ayant été rompue peu de mois après, Pitt redevint ministre : il forma une 3e coalition contre la France, mais sans avoir plus de succès : il put voir la campagne d'Austerlitz, la paix de Presbourg (1805), et mourut en 1806, ayant totalement échoué dans la tâche qu'il s'était imposée, laissant la France maîtresse de la moitié de l'Europe et l'Angleterre au milieu d'une crise effroyable. Malgré les fautes de Pitt, son talent administratif, sa finesse, son éloquence, son patriotisme, sa probité pécuniaire n'en sont pas moins incontestables. Ses restes furent, comme ceux de son père, déposés à Westminster, malgré l’opposition de Fox. Ses principaux discours ont été publiés, avec ceux de Fox, par Jussieu et Janvry, 1819-20, 12 vol. in-8. On a une Hist. de la vie politique de Pitt, par Gifford, 1809 ; Tomline, évêque de Winchester et son ancien précepteur, a publié des Mémoires sur sa vie. On doit à M. L. de Vielcastel un Essai historique sur les deux Pitt, 1846. Lord Stanhope a fait paraître en 1862 W. Pitt et son temps (trad. en 1863 par M. Guizot).

PITTACUS, un des sept sages de la Grèce, né à Mitylène vers 650 av. J.-C., m. en 579, s’unit aux frères du poëte Alcée pour chasser les tyrans de sa patrie, vainquit en combat singulier le général athénien Phrynon en l’enveloppant d’un filet qu’il avait caché sous son bouclier, fut investi de la puissance souveraine par les Mityléniens, les gouverna sagement et leur donna de bonnes lois, puis abdiqua et n’accepta qu’une partie des terres qui lui furent alors offertes. On lui attribuait des Élégies et un Discours sur les lois qui sont perdus. On lit plusieurs maximes sous son nom dans le recueil intitulé : Septem sapientum dicta, Paris, 1551-53.

PITTHÉE, Pittheus, aïeul maternel de Thésée, était fils de Pélops et d’Hippodamie, et régnait à Trézène. Il était renommé pour sa sagesse : Éthra, sa fille, mariée à Égée, lui confia l’éducation de Thésée ; Thésée à son tour lui confia celle d’Hippolyte.

PITTORIO (L. BIGI, dit), en latin Pictorius, poëte latin moderne, né en 1454 à Ferrare, m. en 1525, a laissé beaucoup d’opuscules curieux et recherchés, entre autres : Candida, Modène, 1491 ; Tumultuariorum carminum libri VIII, 1492 ; Epigrammata in Christi vitam, 1513 ; In Cœlestes proceres hymnorum epitaphiorumque libellus, 1514 ; Sacra et Satyrica epigrammata, Elegiæ, etc., 1514.

PITTSBURG, v. des États-Unis (Pensylvanie), ch.-l. du comté d’Alleghany, au confluent de l’Alleghany et de la Monongahela qui s’y réunissent pour former l’Ohio, à 588 kil. N. O. de Philadelphie, est divisée en 2 parties : Pittsburg et Alleghany-City, unies par 3 ponts ; 120 000 hab. (avec les faubourgs). Siége d’une Circuit-court ; évêché catholique. Bibliothèque, académie. Beaux édifices, notamment Court-house ; chemins de fer. Usines à fer, fonderie de canons, chantiers de construction, moulins à foulon. Aux environs, riches mines de houille. — Fondée en 1766 par les Anglais auprès du fort Duquesne, qui avait été bâti par les Français, et ainsi nommée en l’honneur de W. Pitt, alors 1er ministre. En partie détruite en 1845 par un incendie.

PITTSBURG, lieu de l’État de Mississipi, aux États-Unis, où fut livrée les 6 et 7 avril 1862 une grande bataille entre les Fédéraux et les Séparatistes : d’abord repoussés, les Fédéraux finirent par rester maîtres du champ de bataille.

PITYONTE, Pityus, v. de Colchide, chez les Lazes, sur le Pont-Euxin, au N. O. de Dioscurias, était au temps de l’empire sous la protection romaine. C’était un des entrepôts du commerce des Romains avec les pays du Nord et de l’Orient, et un des boulevards de l’Empire.

PITYUSES (îles), Pityusæ insulæ, groupe d’îles au S. O. des Baléares : Iviça, Formentera en sont les deux principales. Elles tiraient leur nom de ce qu’elles étaient couvertes de pins (pitys en grec).

PIURA, v. du Pérou (Livertad), ch.-l. de district, sur le Piura, à 450 kil. N. O. de Truxillo ; 10 000 h. — Ce fut le 1er établissement fondé au Pérou par Pizarre, en 1531.

PIXÉRÉCOURT (GUILBERT de). V. GUILBERT.

PIZARRE (Fr.), conquérant du Pérou, né en 1475 à Truxillo, dans l’Estramadure, d’un gentilhomme et d’une fille de mauvaise vie, garda les pourceaux dans sa jeunesse, s’embarqua de bonne heure pour l’Amérique, fut de l’expédition de Balboa, qui découvrit la mer du Sud (1513), se fit remarquer de Cortez, s’associa avec Almagro et Luque pour aller découvrir les régions de l’or et commanda l’expédition, fit pendant trois ans (1524-1527) un voyage d’exploration au S. de Panama, et eut à subir dans ces trois années toutes les misères imaginables. Ayant enfin trouvé le pays qu’il cherchait, il alla en Espagne, obtint de Charles-Quint le titre de vice-roi des contrées qu’il avait découvertes (1528), et entreprit, à son retour, la conquête du Pérou. Il entra dans le pays en 1531 comme allié d’Huescar contre son frère Atahualpa, s’empara de ce dernier par trahison, en tira une contribution exorbitante, puis le fit mourir perfidement ; il prit ensuite Cuzco, tandis qu’un de ses officiers occupait Quito (1533), soumit tout le Pérou pendant qu’Almagro allait conquérir le Chili (1534), et fonda Lima (1535). Il fut assiégé dans cette ville par les Péruviens révoltés, mais il les repoussa. S’étant ensuite brouillé avec Almagro, il en vint aux mains avec lui, le battit à Cuzco (1538), et lui fit trancher la tête. Il gouverna dès lors plus arbitrairement que jamais : sa tyrannie étant devenue intolérable, ses ennemis se groupèrent autour du jeune Almagro, et Herreda, leur chef, vint tuer Pizarre dans son palais (1541). — Pizarre avait été puissamment secondé dans ses entreprises par ses frères. Le plus connu, Gonzalès, l’aida à battre Almagro et fut nommé gouverneur de Quito. Après le meurtre de son frère, il rallia ses partisans et régna en maître sur tout le Pérou pendant 3 ans (1544-47). Pris en 1548 par le président de La Guasca, que Charles-Quint avait investi du pouvoir, il fut condamné à mort comme rebelle. Il était au moment d’épouser une femme du sang des Incas.

PIZZIGHETTONE, v. forte de Lombardie, près du confluent du Serio et de l’Adda, à 24 kil. N. O. de Crémone ; 4000 hab. Casernes, château fort où fut détenu François I après la bat. de Pavie et avant sa translation en Espagne. — Souvent assiégée et prise.

PIZZO (IL), v. d’Italie, (Calabre Ultér.), à 8 kil. N. N. E. de Monteleone, sur le golfe de Sainte-Euphémie ; 5000. hab. Port assez mauvais. C’est là que Murat débarqua en 1815 : il y fut aussitôt pris, fut jugé et fusillé en quelques heures.

PLABENNEC, ch.-l. de c. (Finistère), à 18 k. N. E. de Brest ; 3357 hab.

PLACCIUS (Vincent), érudit, né à Hambourg en 1642, m. en 1699, professa la morale et l’éloquence à Hambourg. Il a laissé, entre autres ouvrages : Theatrum anonymorum et pseudonymorum, Hambourg, 1708, 1 v.in-f. Cet ouvrage précieux, qui est le premier recueil de ce genre, offre de nombreuses erreurs ; il a été perfectionné et complété par les travaux d’Heumann, de Mylius et d’Alexandre Barbier.

PLACENTIA. V. PLAISANCE et PLASENCIA.

PLACENTIUS ou LE PLAISANT (Léon), dominicain, né à St-Trond, près de Liége, mort vers l’an 1548. On a de lui, outre divers ouvrages d’érudition, un poëme bizarre, Pugna porcorum, contenant 253 vers et dont tous les mots commencent par la lettre P, Louvain, 1546, 1644, Londres, 1741. En voici le début :

Plaudite, porcelli ; porcorum pigra propago
Progreditur, etc.

PLACIDIE, Galla Placidia, fille de Théodose I et sœur d’Arcadius et d’Honorius, née à Constantinople vers 388, m. en 450, fut prise au siége de Rome par Alaric (410), et fut épousée par Ataulphe, prince goth, beau-frère d’Alaric. Rachetée après la mort d’Ataulphe, elle épousa en 2es noces Constance, un des généraux d’Honorius, dont elle eut Valentinien. Avide de pouvoir, elle se fit donner le titre d’augusta, et gouverna presque continuellement sous Honorius, son frère, et sous Valentinien, son fils.

PLAIDS, assemblées des Francs sous les premiers rois. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PLAIES D’ÉGYPTE. V. MOÏSE.

PLAINE (la), partie de la Convention qui siégeait en bas des gradins et au-dessous de la Montagne. C’était la fraction la plus modérée de l’assemblée. PLAISANCE, Placentia en latin, Piacenza en italien, v. forte d'Italie, dans l'anc. duché de Parme et Plaisance, ch.-l. de la prov. de Plaisance, près de la r.d. du Pô, à 53 k. N. O. de Parme; 33 000 h. Évêché, tribunaux, collége Alberoni, institut Gazzola pour la peinture et la sculpture, bibliothèque. Plaisance possédait jadis une université, qui le disputait à celle de Parme. Chemin de fer, citadelle, vaste palais ducal, belle cathédrale, avec des peintures, des Carraches et du Guerchim, église de St-Augustin, rue Stradone ou Corso, une des plus belles rues d'Italie. Lainages, soieries, vins, liqueurs, céruse, etc. Patrie de Grégoire X, de Salicet., dit Placentinus, de F. Pallavicino, de G. Valla. — Plaisance est, avec Crémone, une des deux premières colonies romaines dans la Gaule Cisalpine. Il se livra sous ses murs, en 217 av. J.-C., un combat entre les Carthaginois et les Romains où Annibal eut l'avantage. En 923, Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjuranne, y remporta sur Bérenger I une victoire décisive qui lui valut la couronne d'Italie. En 1076 il s'y tint un concile des évêques de Lombardie qui déclarèrent Grégoire VII déchu du pontificat. Dans un 2e concile, 1095, Urbain II commença à prêcher la 1re croisade. Plaisance s'érigea en république pendant la guerre des Guelfes et des Gibelins, et prit parti pour les Guelfes; après la chute des Hohenstaufen (1254), elle se trouva sous la domination des Scotti. Albert Scotto, en 1302, fut l'auteur de la ligue lombarde contre Matteo Visconti. En 1332, par le traité d'Orci, Plaisance fut attribuée aux Visconti, et depuis elle fit partie du duché de Milan jusqu'à 1511. En 1447, lors de l'extinction des Visconti, Plaisance ayant reçu garnison vénitienne et fermé ses portes à Sforce, duc de Milan, fut prise et traitée avec la dernière barbarie. Depuis 1511, Plaisance appartint, ainsi que Parme, aux papes, puis aux Farnèse : elle a dès lors suivi le sort de Parme. — Il se livra en 1746 à Plaisance une grande bataille entre les Austro-Sardes et les Franco-Espagnols, commandés par Maillebois et l'infant don Philippe : ceux-ci y furent complètement défaits. Plaisance fut occupée par les Français en 1799 et 1800; de 1802 à 1814, elle fut un des ch.-l. d'arr. du dép. du Taro. — Napoléon avait donné le titre de duc de Plaisance à l'archi-trésorier Lebrun.

PLAISANCE, ch.-l. de cant. (Gers), sur l'Acros, à 33 kil. N. O. de Mirande; 1922 h. Tanneries.

PLANARD (Eugène de), auteur dramatique, né en 1783 à Milliau (Aveyron), m. en 1853, appartenait à une famille de financiers qui émigra et dont les biens furent confisqués. Rentré fort jeune en France, il fut employé aux archives du conseil d’État et devint secrétaire de la section de législation. Dans les loisirs que lui laissaient ses fonctions, il a composé des comédies, dont quelques-unes ont eu du succès, notamment la Nièce supposée (1813), et a écrit le poëme de plusieurs charmants opéras-comiques, parmi lesquels on a surtout applaudi la Lettre de change (1815), Emma 1821), Marie (1826), le Pré aux Clercs (1833), et l’Éclair (1836). Son genre, simple et vrai, procède de celui de Sedaine.

PLANASIE, Planasia, auj. Planosa, île de la mer Inférieure, entre la Corse et l’Étrurie, fut sous l'emp. romain un lieu d'exil. Posthume Agrippa, 3e fils d'Agrippa, y fut exilé par Auguste et y fut tué par ordre de Tibère, l'an 14 de J.-C. — V. aussi LÉRINS.

PLANCHE (Joseph), helléniste, né en 1762 à Ladinhac (Cantal), mort en 1853, fut élevé à Ste-Barbe, où il resta comme maître, devint, lors de l'organisation de l'Université, professeur de rhétorique au Lycée Bonaparte, et, après avoir gagné l'éméritat, fut nommé bibliothécaire de la Sorbonne. On lui doit un Dictionnaire grec-français, qui a été longtemps classique (publié pour la 1re fois en 1809, refondu en 1817 et 1838 par Vendel-Heyl et Pillon), un Cours de littérature grecque, choix de morceaux grecs, avec traduction française, 1827, et un grand nombre de recueils et d'éditions classiques. Planche était aussi poëte : on a, sous le titre de Carlovingiennes, un recueil de gais couplets qu'il chanta pendant un demi-siècle avec un merveilleux entrain aux banquets de la Ste-Barbe et de la St-Charlemagne.

PLANCHE (Gust.), critique, né à Paris en 1808, mort en 1857, était fils d'un riche pharmacien. Il donna à divers recueils, surtout à la Revue des Deux-Mondes, un grand nombre d'articles qu'il réunit ensuite sous les titres de Portraits littéraires et d’Études sur l'école française : ils se distinguent par un savoir profond, un jugement sûr, mais on y trouve trop souvent de l'aigreur et des traits blessants.

PLANCHER (Dom Urbain), bénédictin de St-Maur, né en 1667 près de Baugé, m, en 1750, fut supérieur de divers monastères de Bourgogne. On a de lui une Histoire générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, 1739-48 , 3 vol. in-fol., ouvrage diffus, mais exact et savant, qu'il conduisit jusqu'en 1419; il a été terminé par dom Merle, 1781.

PLANCHES (les), ch.-l. de c. (Jura), à 36 kil. S. E. de Poligny; 231 h. Patrie de Pichegru.

PANCIADE FULGENCE, écrivain latin, auteur du Mythologium, sommaire de mythologie classique. On croit qu'il vécut au VIe s. et fut évêque de Carthage; quelques-uns le confondent avec S. Fulgence. On a aussi de lui : Vocum antiquarum interpretatio, seu de Prisco sermone, espèce de dictionnaire dans le genre de Nonius Marcellus, dont on trouve un court fragment dans quelques éditions de cet auteur, et un livre consacré à l'explication des allégories de Virgile. Son Mythologicum été imprimé en 1599 par Jos. Commelin. Th. Munker et A. Van Staveren ont publié ses Opera omnia, Leyde, 1742.

PLANCINE, femme de Ch. Pison, fut accusée d'avoir, de concert avec son mari, empoisonné Germanicus; mais elle échappa au supplice par le crédit de Livie. Accusée plus tard d'avoir insulté Agrippine, elle se donna la mort, l'an 33 de J.-C.

PLANCOET, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 20 Ml. N. E. de Dinan; 1910 h. Petit port d'échouage.

PLANCUS (L. MUNATIUS), V. MUNATIUS.

PLANCUS PLOTIUS (C. MUNATIUS), frère de Munatius Plancus. Proscrit par les triumvirs (43 av. J.-C.), il offrit sa tête aux bourreaux, afin de sauver ses esclaves qu'on avait mis à la torture pour les forcer à révéler sa retraite.

PLANCUS (Janus). V. BIANCHI.

PLANCY, bg du dép. de l'Aube, à 12 kil. O. d'Arcis, sur l'Aube; env. 1200 h. Anc. marquisat. Château, canal; filatures de coton, bonneterie.

PLANTADE (Ch. H.), compositeur, né à Pontoise en 1768 , m. en 1839, était élève de Langié. Il fut professeur de chant au Conservatoire, maître de chapelle de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et plus tard de Louis XVIII. Il donna quelques opéras : les Deux Sœurs, 1791 ; Zoé, 1797; Palma, 1800; mais il excella surtout dans la romance.

PLANTAGENETS, dynastie de lois d'Angleterre, d'origine française, dut son nom au comte d'Anjou, Geoffroy V, surnommé Plantagenet parce qu'il portait ordinairement une branche, de genêt à sa toque. Geoffroy ayant épousé l’impératrice Mathilde, veuve de Henri V, fille et héritière de Henri I, roi d'Angleterre (1127), Henri leur fils monta sur le trône d'Angleterre, sous le nom de Henri II, en 1154, et sa race l'occupa 331 ans, jusqu'à l'avénement de Henri VII, chef de la maison des Tudor. — pour la série des rois Plantagenets, V. l'article ANGLETERRE.

PLANTAVIT DE LA PAUSE. V. LA PAUSE.

PLANTIN (Christophe), imprimeur français, né en 1514 à St-Avertin de Tours, mort à Anvers en 1689, alla s'établir à Anvers et eut des succursales à Paris et à Leyde. Il fit faire de grands pas à son art. Philippe II le nomma son premier imprimeur, et le chargea d'une réimpression de la Bible Polyglotte d'Alcala : cette réimpression, qui parut de 1569 à 1572, en 8 vol. in-fol., est son chef-d'œuvre. Plantin était un homme instruit : il eut beaucoup de part au Thesaurus teutonicæ linguæ, 1573, et composa des Dialogues français et flamands, 1579. Sa marque d'imprimeur est une main tenant un compas ouvert, autour duquel on lit : Labore et constantia.

PLANUDE, Planudes Maximus, moine grec du XIVe s., natif de Nicomédie, vécut sous les empereurs Andronic et Jean Paléologue, fut chargé par Andronic d'une mission à Venise en 1327, et mourut dans un âge avancé, vers 1353 selon les uns, vers 1370 selon d'autres. Il avait compilé un très-grand nombre d'écrits; les plus connus sont : un recueil des Fables d'Ésope avec une Vie de l'auteur, qui n'est qu'un tissu de contes puérils et d'anachronismes (elle a été trad. par La Fontaine); une Anthologie grecque, en 7 livres : c'est la dernière forme qu'ait reçu ce célèbre recueil (V. ANTHOLOGIE). Il a traduit en grec les Distiques moraux de D. Caton et les Métamorphoses d'Ovide (cette trad. a été imprimée pour la 1re fois à Paris, 1822, dans l’Ovide de la collection Lemaire). Ce compilateur manque de jugement et de goût : les fables qu'il a publiées n'ont guère d'Ésope que le nom; tout au plus retrouve-t-on dans sa prose peu correcte la pensée du vieux fabuliste.

PLASENCIA, Deobriga Placentia, v. d'Espagne (Estramadure), à 56 kil. N. de Cacérès; 9000 h. Évêché. Château fort. Détruite pendant les guerres avec les Maures, cette ville fut réédifiée en 1189 par Alphonse VII, qui lui donna ses Fueros. On remarque la cathédrale, et quelques antiquités romaines, entre autres un aqueduc de 80 arches.

PLASSEY, v. de l'Inde anglaise (Calcutta), sur le Bagmotty, à 48 kil. S. de Mourchidabad. Les Anglais, commandés par lord Clive, y battirent le nabab du Bengale en 1757 : le vainqueur reçut le titre de baron de Plassey.

PLATA (RIO DE LA ), c.-à-d. Rivière d'argent, grand fleuve de l'Amérique du S., se forme, vers 34° de lat. S. et 60° 42' long. O., par la réunion du Parana et de l'Uruguay (V. ces deux noms), baigne à droite Buénos-Ayres, à gauche Montevideo, et se jette dans l'Océan Atlantique, entre la Punta-Negra et le cap St-Antoine, par un estuaire de 210 kil. de large, après un cours de 300 kil. (si l'on compte depuis la source du Parana, il peut en avoir 2500). Sa navigation est souvent dangereuse, à cause des bancs de sables et de vents impétueux dits Pamperos. — Le Rio de la Plata fut découvert en 1512 par Diaz de Solis et nommé d'abord rivière de Solis. Sébastien Cabot, qui l'explora ensuite, ayant fait sur ses bords un butin considérable en or et surtout en argent, lui donna le nom de la Plata, qu'il a conservé.

PLATA (Confédération DU RIO DE LA) ou RÉPUBLIQUE ARGENTINE, un des États de l'Amérique du Sud, borné au N. par la Bolivie, à l'E. par le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay,, au S. E. par l'Océan Atlantique, à l'O. parle Chili, au S. par la Patagonie, s'étend de 56° à 74° long. O. et de 22° à 40° lat. S.; env, 2450 kil. du N. au S., sur 1750 dans sa plus grande largeur; 1 200 000 hab., dont les trois quarts indigènes. Capit., Parana (jusqu'en 1852, c'était Buénos-Ayres). La Confédération comprend 14 États :

Buénos-Ayres, Salta,
Entre-Rios (ch.-l. Parana), Jujuy,
Corrientes, Catamarca,
Santa-Fé, La Rioja,
Cordova, San-Juan,
Santiago del Estero, San-Luis,
Tucuman, Mendoza.

La Confédération de la Plata est arrosée par le Parana et ses affluents (Paraguay, Pilcomayo, Rio-Vermejo, Salado), par l'Uruguay, le Rio-Colorado, et le Rio-Negro. Le sol et le climat varient selon la hauteur et la latitude. Le centre et l'est consistent en immenses plaines, dites Pampas, qui nourrissent beaucoup de gros bétail, bœufs, chevaux, alpacas, vigognes; la partie occid., bordée par les Andes, offre de hauts plateaux qui sont souvent arides, mais riches en minéraux précieux; entre ces deux régions s'étendent d'épaisses et superbes forêts. L'agriculture est peu avancée, l'industrie presque nulle. — La plupart des Prov.-Unies du Rio de la Plata ont fait d'abord partie de l'immense vice-royauté du Pérou; en 1778, unies à la Bolivie actuelle, au Paraguay et à l'Uruguay, elles formèrent une vice-royauté particulière, dite de Rio de la Plata. Dès 1810, elles suivirent le mouvement insurrectionnel qui agitait les possessions espagnoles; en 1811, les troupes royales furent battues à Las-Piédras, et un gouvernement indépendant s'établit à Buénos-Ayres; mais il éprouva de fréquentes variations jusqu'à ce qu'en 1816 le congrès de Tucuman promulgua constitution : une république fut instituée avec deux chambres (la Junte et le Sénat) et un président. Le pays n'en fut pas moins longtemps encore en proie à l'anarchie : les unitaires et les fédéralistes s'y combattaient sans cesse. De 1826 à 1828, la Confédération eut à soutenir contre le Brésil une guerre désastreuse au sujet de la possession de l'Uruguay, qui finalement a été reconnu indépendant. Les querelles intestines de la République favorisèrent les projets ambitieux de Rosas, qui se fit nommer en 1829 gouverneur de Buénos-Ayres et qui de 1835 a 1852 exerça une véritable dictature. En 1838 ce dictateur eut de graves démêlés avec la France, pour avoir refusé de satisfaire aux justes réclamations des résidents français; après un long blocus, ces démêlés avaient été heureusement terminés par l'amiral de Mackau (29 oct. 1840); mais il s'éleva de nouvelles difficultés à l'occasion des entreprises du président Rosas contre Montevideo et des obstacles qu'il apportait à la navigation du Parana : défait à Obligado en 1845 par une flotte anglo-française, il fut contraint de renoncer à ses prétentions. Il fut renversé du pouvoir en 1852, et une nouvelle constitution fédérale fut votée en 1853 : ce qui n'empêcha pas Buénos-Ayres de se séparer de la Confédération la même année; cependant elle y est rentrée en 1860.

LA PLATA, capit. de la Bolivie. V. CHUQUISACA.

PLATÉE, Platea, v. de Béotie, au pied du Cithéron, et près des sources de l'Asopus, au S. O. de Thèbes, est célèbre par la victoire que les Grecs, commandés par Pausanias et Aristide, y remportèrent sur le Perse Mardonius en 479 av. J.-C., victoire à laquelle les Platéens contribuèrent puissamment, et dont le souvenir fut consacré par l'institution des Jeux Platéens, célébrés tous les 5 ans à Platée même. Cette ville s'opposa constamment à la domination que Thèbes voulait exercer en Béotie. Dans la guerre du Péloponèse, elle s'allia avec Athènes, fut prise et dévastée par les Spartiates en 427 av. J.-C. Détruite par les Thébains en 373, elle fut rebâtie par ordre d'Alexandre après le sac de Thèbes.

PLATINA (Barth. DE SACCHI, dit), historien, né en 1421 à Piadena (en lat. Platina), près de Crémone, mort de la peste en 1481, quitta les armes pour se livrer aux sciences, et fut, par la protection du cardinal Bessarion, appelé à faire partie du collége des abréviateurs à Rome. Ce collége ayant été supprimé par Paul II, il se plaignit si violemment que le pape irrité le fit mettre en prison; plus tard il fut impliqué dans un complot contre ce même pontife. Néanmoins Sixte IV le nomma bibliothécaire du Vatican et le combla de bienfaits. Ses ouvrages sont très-nombreux; le plus connu est intitulé : In Vitas summorum pontificum ad Sixtum IV, Venise, 1479, in-fol., ouvrage écrit avec force et élégance, mais qui n'est pas exempt de passion (il a été continué par Onufre Panvinio et traduit en français). On lui doit aussi une Hist. de Mantoue et des Gonzagues, en latin, publiée en 1676 par Lambecius.

PLATNER (Ernest), philosophe et médecin, né en 1744 à Leipsick, m. en 1818, était fils de Jean Zacharie Platner, habile chirurgien et oculiste. Il professa la philosophie et la médecine à Leipsick, et devint en 1796 doyen de la Faculté de médecine. Il adopta les idées de Leibnitz, tenta un système éclectique et combattit Kant, mais il finit par tomber dans une sorte de scepticisme. On lui doit des recherches estimables sur la psychologie. Ses principaux ouvrages sont : Anthropologie, Leipsick, 1771 et 1790; Éléments de logique et de métaphysique, 1795; Aphorismes philosophiques, 1796 (et 1800, avec d’importants changements). Il a aussi écrit sur la médecine, entre autres : Physiologicarum quæstionum libri II, 1793.

PLATON, célèbre philosophe grec, fondateur de l’Académie, né en 429 ou 430 av. J.-C. dans l’île d’Égine, alors soumise aux Athéniens, était fils d’Ariston et tenait aux plus illustres familles d’Athènes : il descendait par son père de Codrus et par sa mère de Solon. Il porta d’abord le nom d’Aristoclès ; on croit que le surnom de Platon lui fut donné par son maître de palestre, à cause de la largeur de ses épaules (platys, large). Platon étudia avec le plus grand succès les lettres et les sciences, surtout la géométrie, et cultiva la poésie dans sa première jeunesse ; mais bientôt il se consacra tout entier à la philosophie. Après avoir entendu les sophistes et avoir facilement reconnu le vide de leur doctrine, il s’attacha vers l’âge de 20 ans à Socrate, dont il fut le disciple assidu pendant dix ans. À la mort de ce philosophe (400), il se retira avec ses condisciples à Mégare, puis se mit à voyager : il visita l’Italie, où il entendit les pythagoriciens Archytas et Timée, alla à Cyrène en Afrique, puis en Égypte, où il se fit, dit-on, initier aux mystères de la doctrine hermétique ; de là il se dirigea vers la Grande-Grèce, et parcourut la Sicile dans le but d’observer les merveilles de cette île (390). Pendant son séjour à Syracuse, Platon s’attacha le vertueux Dion, mais il s’attira par sa franchise la colère du tyran Denys l’Ancien, qui le fit vendre comme esclave. Racheté et rendu à la liberté par Annicéris, philosophe de Cyrène, il alla se fixer à Athènes et y ouvrit, vers 388, dans un faubourg de la ville, l’école si connue sous le nom d’Académie. Cette école fut bientôt fréquentée par tout ce que la Grèce renfermait de plus distingué : on compte au nombre des disciples de Platon Aristote, Speusippe, Xénocrate, Isocrate, et même des femmes, telles que Lasthénie et Axiothée. En 368, Platon fit un 2e voyage en Sicile à la sollicitation de Denys le Jeune, qui venait de monter sur le trône et qui voulait, disait-il, se conduire d’après les conseils de la philosophie ; mais, désespérant de réformer la cour du tyran, il ne tarda pas à s’éloigner. Cependant il retourna une 3e fois à Syracuse (361), dans le but d’opérer une réconciliation entre Denys et Dion, mais il ne put y réussir et se brouilla lui-même avec le premier. De retour à Athènes, il ne s’occupa plus que de son enseignement et de ses écrits. Il acquit une telle réputation de sagesse que plusieurs États lui demandèrent des lois. Il voulut néanmoins rester toute sa vie éloigné des affaires. Il mourut en 348 ou 347 av. J.-C., à 82 ans. Il avait toujours gardé le célibat. Platon a laissé un grand nombre d’écrits ; ils sont presque tous rédigés sous la forme de dialogue et Socrate y joue le principal rôle. Ce sont : Euthryphron ou du Saint, Criton ou le Devoir du citoyen, Phédon ou de l’Âme, l’Apologie de Socrate, Cratyle ou de la Propriété des noms, Théétète ou de la Science, le Sophiste ou de l’Être, le Politique, Parménide ou des Idées, Philèbe ou la Volupté, le Banquet ou de l’Amour, Phèdre ou du Beau, le 1er Alcibiade ou de la Nature de l’homme, le 2e Alcibiade ou de la Prière, Hipparque ou l’Amour du gain, les Érastes ou de la philosophie, Théagès ou de la Sagesse, Charmidès ou de la Modération, Lachès ou du Courage, Lysis ou de l’Amitié, Euthydème ou des Sophismes, Protagoras ou les Sophistes, Gorgias ou la Rhétorique, Ménon ou de la Vertu, le grand Hippias ou du Beau, le petit Hippias ou du Mensonge, Ion ou de l’Enthousiasme poétique, Ménexène, oraison funèbre des Athéniens morts pour la patrie, Clitophon ou l’Exhortation, la République ou du Juste (en 10 liv.), Timée ou de la Nature, Critias ou l’Atlantide (inachevé), Minos ou de la Loi, les Lois (en 12 liv.), Epinomis ou Appendice aux Lois. On y joint 13 lettres morales. L’authenticité de plusieurs de ces écrits, surtout celle des lettres, est contestée. Nous n’avons pas compris dans cette énumération quelques écrits que l’on rejette comme apocryphes : le Démodocus, le Sisyphe, l’Eryxias, l’Axiochus. Platon admettait comme principes des choses, outre Dieu et la matière, certains types ou modèles éternels d’après lesquels ont été formés tous les êtres : il les nommait idées. Dieu est l’un, le bon par excellence et l’ordonnateur du monde. Dans le monde, les idées ont seules une existence réelle et absolue ; les choses individuelles n’en sont que des ombres ou des copies ; les notions générales que forme notre esprit n’en sont elles-mêmes que de pâles reflets. Ce n’est que par leur participation à une même idée ou essence que des individus divers peuvent former une même espèce. Les sens ne saisissent que le particulier, l’individuel ; quant aux idées, elles sont perçues par une faculté supérieure, la raison ou l’entendement ; peut-être même sont-elles des réminiscences d’une vie antérieure. Les idées résident en Dieu, qui est leur substance commune. Cette théorie est également chez Platon la base de la morale, de la politique et de l’art : dans l’art, il faut que l’artiste ait toujours présent l’idéal du beau; en morale, on doit s’efforcer de réaliser l’idéal du bien, qui est Dieu même, et par là de ressembler à Dieu ; la politique n’est que la morale transportée dans l’État : c’est le gouvernement de l’État par la justice et la raison. En psychologie, Platon définit l’âme une force qui se meut par elle-même ; il distingue trois âmes ou trois parties de l’âme : l’âme raisonnable, qui a son siége dans la tête, l’âme concupiscible, qui a son siége dans le foie, l’âme irascible, principe des passions les plus élevées : celle-ci sert de lien aux deux premières et a son siége dans le cœur. L’âme raisonnable survit au corps, avec le souvenir du passé : séparée du corps, elle est heureuse ou malheureuse suivant la destinée qu’elle s’est faite à elle-même; aux âmes qui n’ont pas encore mérité une félicité sans fin, la Providence ménage une nouvelle épreuve de la vie corporelle, sans souvenir de leur existence antérieure. Ainsi Platon admet la métempsycose, mais seulement entre les humains. On reproche à ce philosophe d’avoir émis quelques opinions singulières : ainsi, dans sa République, il établit des castes, veut que les femmes soient communes, que les enfants, uniquement dévoués à l’État, soient élevés en commun, sans connaître leurs parents ; il proscrit, quoique à regret, les beaux-arts, même la poésie et les fables de l’épopée ; dans la cosmogonie, il se livre aux hypothèses les plus hasardées. Il est difficile d’avoir une idée bien exacte de la philosophie de Platon, parce que ce philosophe avait deux enseignements, l’un extérieur et public, l’autre secret, réservé à quelques adeptes ; or les écrits que nous possédons paraissent n’appartenir qu’à sa doctrine publique et par conséquent élémentaire ; le plus souvent il se borne à y exposer le pour et le contre, laissant au lecteur le soin de conclure. Quelque opinion que l’on se fasse de la solidité des doctrines de Platon, on ne peut qu’admirer la sublimité de ses conceptions, la pureté de sa morale et la noblesse de son style. Aussi a-t-il mérité d’être appelé le divin Platon, l’Homère de la philosophie. Ses écrits sont d’ailleurs le plus important monument qui nous reste de la dialectique des anciens : en même temps qu’ils sont des chefs-d’œuvre sous le rapport de l’art et du style, ils nous offrent, par la méthode d’interrogation et de réfutation qui y est partout suivie, un modèle d’analyse philosophique. — Les meilleures éditions de Platon sont celles d’Alde, Venise, 1513, in-fol. ; de J. Serranus (de Serre), avec une traduction latine et des notes, publ. par H. Étienne, Paris, 1578, 3 v. in-f. ; de Marsile Ficin, avec une traduction latine préférable à la précéd., Venise, 1491, Francf., 1662, in-fol. ; de Deux-Ponts, due à Mitscherlich, 1781-88, 12 v. in-8; de Bekker (gr.-lat.), Berlin, 1816-18, 8 v. in-8, avec commentaires, publiés en 1823, 2 v. in-8; d'Ast, Leips., 1819-32, 11 v. in-8; de Stalbaum, 17 v. in-8, 1829-44, et celle de la Bibliothèque grecque de MM. Didot, publiée par MM. Schneider et Hirschig. On doit à MM. Baiter, Orelli et Winckelmann une excellente éd. du texte grec seul, publ. à Zurich, 1839, 1 v. in-4, et comprenant les variantes, le Lexique platonique de Timée le Sophiste et autres lexiques anciens, les Scolies, avec un index des auteurs cités par Platon et des noms propres. Plusieurs dialogues ont été trad. séparément en français par Leroi, Grou, L. Racine, Maucroix, Dacier, H. Martin. On doit à M. V. Cousin la 1re traduction complète qui ait paru en français, 13 vol. in-8, Paris, 1822-40; elle est accompagnée de savantes notes, ainsi que d'arguments philosophiques. MM. Chauvet et Saisset ont reproduit dans la bibliothèque Charpentier les Dialogues de Platon, 1861 et ann. suiv., 8 v. in-18. F. Schleiermacher a donné une trad. allemande de Platon, qui est fort estimée, Berlin, 1817-19; Th. Taylor l'avait traduit en anglais dès 1804, 5 vol. in-4. M. J. V. Leclerc a publié les Pensées de Platon (grec-français), Paris, 1819, souvent réimprimé. La vie de Platon a été écrite, dans l'antiquité, par Speusippe, son neveu et son successeur (cette vie est perdue), par Diogène Laërce, par Olympiodore, par Hésychius; chez les modernes, par Combes-Dounous (Essai historique sur Platon, 1809), et par Ast (Vie et écrits de Platon, Leips., 1816, ail.). Sur sa doctrine, on peut consulter, outre les ouvrages précédents : Apulée, de Dogmate Platonis; Albinus, Introduction aux dialogues de Platon; Alcinoüs, Introduction à la doctrine platonicienne; G. Pléthon, De platonicæ atque aristotelicæ philosophiæ differentia; les commentateurs anciens de ses écrits, Proclus, Olympiodore, Chalcidius, et les historiens modernes de la philosophie, Tiedeman, Tennemann, Ritter, Brandis, etc.

PLATONICIENS. V. ACADÉMIE et NÉOPLATONICIENS.

PLATOV (le comte), hetman des Cosaques du Don, né en 1765, mort en 1818, servit contre les Français de 1806 à 1807, puis contre les Turcs en Moldavie, les battit diverses fois, fut un des généraux qui en 1812 furent opposés à Napoléon, éprouva plusieurs échecs, surtout à Grodno, mais prit sa revanche en harcelant la grande armée pendant sa retraite, eut part aux invasions de 1814 et 1815, et se rendit redoutable en permettant à ses Cosaques un pillage illimité.

PLATTE (la) ou NÉBRASKA. V. NÉBRASKA.

PLATTSBURG, bourg des États-Unis (New-York), sur le lac Champlain, à 220 kil. N. E. d'Albany; 6000 h. Les Américains remportèrent en 1814 une victoire navale sur les Anglais dans la baie de Plattsburg.

PLAUEN, v. murée du roy. de Saxe, anc. ch.-l. du Voigtland, sur l'Elster-Blanc, à 120 k. S. O. de Dresde; 10 000 h. Château, gymnase, société économique; tissus de coton et mousseline. Patrie de Bottcher, inventeur de la porcelaine de Saxe.

PLAUTE, M. Accius Plautus, poëte comique latin, né vers 227 av. J.-C. à Sarsine (Ombrie), m. en 183, était directeur de troupe en même temps qu'auteur, et jouait souvent lui-même. Il avait ainsi gagné une petite fortune; mais de fausses spéculations la lui firent perdre, et il tomba dans une telle détresse qu'il fut quelque temps réduit à tourner la meule chez un boulanger. Heureusement son talent lui restait et il retrouva l'aisance en retournant au théâtre. Plaute avait composé, dit-on, jusqu'à 120 pièces, mais on lui en attribuait beaucoup qui n'étaient pas de lui; nous n'avons plus que 20 de ses pièces, parmi lesquelles on remarque : Amphitryon (imité par Molière sous le même titre), l’Aululaire (qui a inspiré l’Avare), la Casina ou le Sort et la Mostellaire (l'original du Retour imprévu de Regnard et du Tambour nocturne de Destouches), les Ménechmes (imité par Regnard), le Trinummus (imité par Andrieux dans le Trésor), Pœnulus ou le jeune Carthaginois, le Soldat fanfaron. Des coups de théâtre imprévus, un dialogue rapide, plein de verve, des pointes, des jeux de mots, des charges exagérées peut-être, mais vraies au fond, du mouvement, un franc comique, voilà ce qui caractérise Plaute. On lui reproche avec raison des grossièretés qui ont choqué les hommes de goût, mais ces écarts s'expliquent par le besoin de plaire au peuple, dont il faisait les délices. Plaute emprunte presque toujours l'idée de ses pièces à Ménandre, à Diphile, à Épicharme, ou à quelque autre auteur grec, mais il n'en sait pas moins donnera ses comédies un caractère tout national : Térence, plus correct, est loin d'avoir ce génie créateur et éminemment original. La 1re édition de Plaute est de Venise, 1472; viennent ensuite celles d'Alde, 1516, in-f.; de Rob. Étienne, avec commentaires de Lambin, Paris, 1576; Ad usum Delphini, 2 vol. in-4; Variorum, Amsterdam, 2 vol. in-8, 1684; de Brunck, Deux-Ponts, 3 v. in-8, 1788; de Bothe, Berlin, 1809-11, 4 v. in-8; de M. Naudet, dans la collection Lemaire, 4 vol. in-8, 1830-32; de Ritschl, Bonn, 1848-52. Il a été trad. par Gueudeville et par Limiers, dont les trad. parurent toutes deux en 1719; par Levée, dans son Théâtre des Latins; par M. Naudet, dans la collection Panckoucke, et par M. François, dans la collection Nisard.

PLAUTIEN, Flavius Plautianus, favori de Septime Sévère, était Africain comme lui et d'obscure naissance. Préfet de Rome, puis consul, il ne se signala que par ses atrocités et ses concussions, seconda les rigueurs de Sévère et fut le principal instigateur de la persécution contre les Chrétiens (199). Il maria sa fille Plautille à Caracalla, fils aîné de l'empereur; puis, craignant pour elle un sort funeste, il ourdit un complot contre l'empereur et ses deux fils. Sévère en fut instruit et le fit mettre à mort.

PLAYFAIR (J.), savant écossais, né en 1749, près de Dundee, m. en 1819, était ministre presbytérien. Après avoir quelque temps rempli le ministère sacré, il devint professeur de mathématiques à Édimbourg, et fut en même temps un des principaux rédacteurs de la Revue d’Édimbourg. Outre des Éléments de géométrie, on a de lui : Éclaircissements sur la théorie de la Terre de Hutton, 1812; Esquisse de philosophie naturelle, 1812.

PLEAUX, ch.-l. de cant. (Cantal), à 16 kil. S. O. de Mauriac; 2856 h. Cire, bois.

PLÉBÉIENS, Plebs, Plebeii, 3e et dernière classe du peuple romain, établie par Romulus, se composait de tous les citoyens libres qui n'appartenaient ni à l'ordre des patriciens ni à celui des chevaliers. Longtemps exclus de toutes les dignités publiques, les plébéiens obtinrent d'abord des magistrats particuliers, nommés tribuns, chargés de la défense de leurs intérêts (493 av. J.-C.), puis ils se firent successivement admettre à toutes les magistratures patriciennes : la questure (420), le tribunat militaire (405), le consulat et l'édilité curule (366), la dictature (355), la censure (339), la préture (337); enfin, en 254, un plébéien devint grand pontife. En outre, le mariage entre patriciens et plébéiens avait été autorisé dès 444. Dès lors la distinction entre patriciens et plébéiens ne fut plus que nominale.

PLECTRUDE, femme de Pépin d'Héristal, gouverna le royaume après la mort de son mari (714), sous le nom de son petit-fils Théodoald, et fit arrêter à Cologne Charles-Martel, que Pépin avait déshérité et qu'elle redoutait; mais les Francs se révoltèrent, défirent les partisans de Plectrude (715), et élurent Ragenfroi pour maire en Neustrie et Charles-Martel en Austrasie. On ignore ce qu'elle devint depuis; on sait seulement qu'elle fut enterrée à Cologne.

PLÉÏADE. Les Alexandrins, sous Ptolémée Philadelphe, donnèrent par éloge le nom de cette constellation à la réunion de sept poëtes contemporains sur les noms desquels on ne s'accorde pas : on nomme ordinairement Lycophron, Théocrite, Aratus, Nicandre, Apollonius, Callimaque, Philique ou bien Homère le jeune. — On forma de même, sous Henri III, une pléïade française; elle était composée de Ronsard, Dubellay, Rémi Belleau, Jodelle, Baïf, Pontus de Thiard, Amadis Jamyn ou Dorat ; et sous Louis XIII une autre, qui réunissait Rapin, Commire, Larue, Santeuil, Ménage, Dupérier, Petit.

PLEÏADES. On nommait ainsi dans la Fable les sept filles d’Atlas (Maia, Électre, Taygète, Astérope, Mérope, Alcyone, Céléno). Six d’entre elles eurent des dieux pour époux ou pour amants ; Mérope seule épousa un mortel (Sisyphe). Elles furent après leur mort métamorphosées en étoiles et formèrent dans le ciel la constellation ou plutôt le groupe des Pléiades. Leur nom vient, soit de leur mère Pléïone, une des Océanides, soit du grec pléô, naviguer, parce que la constellation qui porte leur nom se montre à une époque favorable à la navigation, au mois de mai.

PLEINE FOUGÈRE, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 44 kil. S. E. de St-Malo ; 3201 hab.

PLEISSE (la), riv. d’Allemagne, naît dans le roy. de Saxe, cercle de l’Erzgebirge, court au N., traverse le duché de Saxe-Hildburghausen, puis rentre dans le roy. de Saxe par le cercle de Leipsick, et se jette dans l’Elster-Blanc, après un cours de 110 kil.

PLÉLAN, ch.-l. de cant. (Ille-et-Vilaine), à 20 k. S. O. de Montfort ; 4138 h. Fil, blanchisseries de fil ; commerce de cuir. Anc. couvent fondé en 870.

PLÉLAN-LE-PETIT, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 20 kil. O. de Dinan ; 1183 hab.

PLÉLO (Hippolyte DE BREHAN, comte de), diplomate français, né en Bretagne en 1699, m. en 1734, était ambassadeur en Danemark quand 30 000 Russes vinrent assiéger dans Dantzick le roi de Pologne Stanislas, notre allié. Plélo se mit à la disposition du général La Pérouse (V. ce nom), attaqua les Russes et força leurs retranchements, mais il périt. accablé par le nombre. Ce jeune seigneur cultivait la poésie avec succès ; on a de lui des poésies légères.

PLÉNEUF, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), près de la mer, à 26 kil. E. N. E. de St-Brieuc ; 2146 h.

PLESKOV, ville de Russie. V. PSKOV.

PLESSIS (le). Beaucoup de villages en France portent ce nom, qui n’est qu’une corruption de palatium, palais, ou, selon d’autres, de plexitium, haie, enceinte. Les principaux sont : 1o le Plessis-lès-Tours (Indre-et-Loire), à 1 kil. S. de Tours ; 1000 h. ; ruines d’un fameux château où résida et mourut Louis XI ; - 2o le Plessis-aux-Bois (Seine-et-Marne), à 9 kil. N. O. de Meaux ; château bâti par François I et agrandi par Henri IV, avec un parc magnifique ; - 3o le Plessis-Bouchard (Seine-et-Oise), à 9 kil. S. de Pontoise, qui appartint jadis aux Montmorency.

PLESSIS (Collége du), anc. collège de Paris, érigé en 1317, près du collége de Clermont (Louis-le-Grand), par Geoffroy du Plessis, abbé de Marmoutiers, notaire apostolique et secrétaire de Philippe le Long, fut augmenté au XVIIe s. par une fondation de Richelieu. Supprimé en 1790, il devint propriété nationale. Après la fondation de l’Université, il a été affecté à l’École normale, puis aux Facultés des lettres et des sciences ; il est auj. annexé au lycée Louis-le-Grand.

PLESSIS-MORNAY, PL.-RICHELIEU, PL.-PRASLIN (Du). V. MORNAY, RICHELIEU, etc.

PLESTIN, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 29 kil., S. O. de Lannion ; 4527 hab.

PLÉTHON (Gémiste, dit), écrivain grec, né à Constantinople vers 1355, m. en 1452, alla, vers 1428, s’établir à Misitra (Sparte), accompagna en 1437 l’empereur Jean Paléologue au concile de Florence, qui avait pour but de réunir l’église grecque à l’église latine et s’y fit remarquer par son éloquence ; revint en Italie peu d’années après et se fixa à Florence, où il fut admis à la cour de Côme de Médicis. Il se déclara le champion de Platon contre Aristote, eut à ce sujet divers démêlés avec George de Trébizonde et publia contre lui plusieurs écrits. Ses principaux ouvrages sont : De platonicæ atque aristolelicæ philosophiæ differentia, Bâle, 1574 ; Oracula magica Zoroastris, Paris, 1538, avec comment. grec ; De Fato, Leyde, 1722. Il a aussi écrit sur l’histoire (Hellenica ou la Grèce après Mantinée, Venise, 1603, et Leips., 1770 ; Peloponesiaca, Anvers, 1575, et Leips., 1860), et a laissé un livre Des Lois, espèce d’utopie néoplatonicienne, dont les débris ont été publiés pour la 1re fois par M. Alexandre en 1858, grec-français.

PLETTENBERG (WALTER ou GAUTIER, de), d’abord général de l’Ordre teutonique en Livonie, puis grand maître de l’ordre des Porte-Glaive, issu d’une famille noble de Westphalie, fut élu en 1495. Il battit en plusieurs rencontres les Moscovites, qui avaient envahi la Livonie, notamment en 1501, et les força à la paix. Albert de Brandebourg, grand maître de l’ordre Teutonique, ayant embrassé le Luthéranisme en 1525, Plettenberg racheta de ce prince le droit de souveraineté qu’il avait sur la Livonie, se rendit indépendant, et reconstitua l’ordre des Porte-Glaive. Il en fut aussitôt reconnu grand maître et la gouverna jusqu’en 1535. Il était depuis 1525 prince d’empire.

PLEUMARTIN, ch.-l. de c. (Vienne), à 21 k. S. E. de Châtellerault ; 1410 hab. Meules de moulin.

PLEURTUIT, ch.-l. de c. (Ille-et-Vilaine), à 8 kil. S. O. de Saint-Malo ; 5481 hab.

PLEYBEN, ch.-l. de c. (Finistère), à 11 kil. N. E. de Châteaulin ; 5164 h. Belle, église gothique.

PLEYEL (Ignace), compositeur, né en 1757 à Ruppersthal, près de Vienne, m. en 1831, eut pour maître Haydn, se perfectionna en Italie, fut nommé en 1783 maître de chapelle de la cathédrale de Strasbourg, perdit cet emploi pendant la Révolution, vint s’établir à Paris en 1795, et y fonda une maison de commerce de musique ainsi qu’une fabrique de pianos, qui l’enrichirent. Il a écrit des trios, des quatuors et des sonates qui eurent une vogue extraordinaire. - Son fils, Camille Pl., 1788-1855, pianiste distingué, excella par la pureté du style, l’élégance et l’expression, et composa un grand nombre de fantaisies, nocturnes, rondos, sur des motifs empruntés à Rossini ou à Auber. ainsi que des quatuors et des trios originaux. En 1825, il fonda à Paris avec Kalkbrenner une fabrique de pianos, particulièrement de pianos à queue, qui obtint une célébrité européenne.

PLINE LE NATURALISTE ou L’ANCIEN, C. Plinius Secundus, né à Côme ou plutôt à Vérone l’an 23 de J.-C., servit d’abord dans les armées, puis suivit le barreau, cultivant en même temps les lettres, et n’entra que tard dans la carrière des emplois publics. Il fut nommé en 68, à 45 ans, procurateur ou gouverneur en Espagne, et en 74 préfet de la flotte de Misène. Il jouit de l’intime amitié de Vespasien et de Titus. Avide de science, il utilisait ses moindres instants : au bain, à table, en litière, il lisait ou se faisait lire et prenait ou faisait prendre des notes. Lors de l’éruption du Vésuve, en 79, il se hâta d’y courir pour observer ce phénomène ; mais, s’étant approché trop près du volcan, il fut asphyxié par la fumée et les vapeurs sulfureuses. Pline avait écrit une Histoire de Rome (qui continuait celle d’Aufidius Bassus), une Histoire des guerres de Germanie, le Studiosus (l’ami de l’étude), traité en 3 livres destiné à former l’orateur, 8 livres de Dubii sermones, tous ouvrages qui sont perdus ; mais nous possédons son Histoire naturelle, en 37 livres. Ce n’est pas seulement, comme le titre le ferait croire, un traité d’histoire naturelle telle que nous l’entendons : c’est une espèce d’encyclopédie : le Ier livre est un tableau général ; le IIe traite de l’astronomie, de la météorologie et de la théorie de la terre ; les IIIe, IVe, Ve et VIe de la géographie ; les cinq suivants de la zoologie ; les livres XIIe à XXIIe de la botanique et d’une foule de points d’agriculture et d’industrie ; les livres XXIIIe à XXVIIe de la matière médicale botanique ; les livres XXVIIe à XXXe de la matière médicale zoologique ; les livres XXXIIIe à XXXVIIe de la minéralogie, et accessoirement de ! a métallurgie, des monnaies, de la sculpture, de la peinture et de l’art du ciseleur. En 1831, L. de Jan, professeur à Schweinfurt, a découvert dans un manuscrit de Bamberg un fragment inédit qu’il a donné comme étant la fin du XXXVIIe livre. On sent combien un tel ouvrage doit contenir de faits précieux qui, sans lui, nous seraient restés inconnus; mais aussi il a tous les défauts d'une compilation faite à la hâte : l'auteur fait de fréquents doubles emplois, il se contredit, il ne puise pas toujours aux meilleures sources et manque souvent de critique. Le style en est quelquefois obscur et incorrect, mais il a de la vigueur et de l'originalité; Pline excelle surtout dans la description de la nature : ses tableaux, comme ceux de Buffon, ont quelque chose de majestueux. Il est à regretter que trop souvent il professe une philosophie chagrine, accusant également l'homme, la nature et les dieux. Les meilleures édit. de Pline l'Ancien, après l'éd. princeps, Venise, 1477, sont celles dite Variorum, Leyde, 1669, 3 vol. in-8; de Hardouin, 1685 et 1723, 3 vol. in-fol., à peu près reproduite par Théod. Gronovius, Leyde, 1778; de Brotier, Paris, 1779, 6 vol, in-12; de Franz, Leipzig, 1788-91, 10 vol. in-8; de M. Alexandre, dans la Bibliothèque latine de Lemaire, 1827-28, 13 vol. in-8; de Sillig, Hambourg et Gotha, 1851-57, 8 v. in-8 (avec le fragment nouveau, tiré d'un ms. de Bamberg). Il a été traduit par Poinsinet de Sivry, 1771-82, 12 v. in-4; par Ajasson de Grandsagne et V. Parisot, 1827-33, 20 vol. in-8 (dans la Bibl. lat.-franç. de Panckoucke), par Littré, 1848, 2 v. gr. in-8. (dans la collect. Nisard). Gueroult a donné des Morceaux choisis de Pline, avec une excellente traduction, 1809, 2 v. in-8. Rezzonico a publié, sous le titre de Disquisitiones plinianæ (Parme, 1762-67), de savantes recherches sur la vie et les ouvrages de Pline.

PLINE LE JEUNE, C. Cæcilius Plinius Secundus, neveu et fils adoptif du précédent, né à Côme en 61 ou 62, m. en 115, fut élève de Quintilien, eut de grands succès au barreau, puis suivit la carrière des honneurs, devint successivement préteur urbain, tribun du peuple, préfet du trésor, consul (100), et enfin proconsul en Bithynie et dans le Pont; se conduisit dans l'administration de ces provinces avec sagesse et probité, et se montra indulgent envers les Chrétiens qui commençaient à se répandre dans sa province. Aimé de Trajan et jouissant d'une grande fortune, il n'usa de sa richesse et de son crédit que pour protéger les gens de lettres (notamment Suétone et Martial), pour fonder des écoles et des bibliothèques, bâtir des temples, etc. Pline avait écrit l’Histoire de son temps et de nombreux plaidoyers, que nous avons perdus; mais son Panégyrique de Trajan et ses Lettres, en 10 livres, nous sont parvenus. Le Panégyrique est un remercîment que Pline adressa à l'empereur dans le sénat, en prenant possession du consulat. Ce n'était d'abord qu'une courte improvisation : Pline le développa plus tard en le destinant au public et lui donna la forme qu'il a maintenant. Il y prodigue à l'empereur des louanges qui pourraient paraître des flatteries, et qui cependant sont confirmées par l'histoire. On reproche à ce morceau de la monotonie, de la prétention et de la froideur; mais il se recommande par l'éclat des pensées, la noblesse du sentiment, la finesse de l'éloge et la grâce du style. Les Lettres brillent par l'élégance, l'esprit et la variété des sujets; leur seul défaut, c'est de n'être pas écrites d'un style assez naturel; on y sent trop l'art et le travail. Les meilleures éditions de Pline le Jeune, après l'éd. princeps (Venise, 1485), sont celles de Deux-Ponts, 1789, de Gierig, Leips., 1816, et de la collection Lemaire. Il a été traduit par Sacy, 1773, par J. Pierrot 1826-29, dans la Bibliothèque lat.-franç. de Panckoucke, et se trouve également dans la collection Nisard. J. L. Burnouf a traduit à part le Panégyrique, 1834.

PLISTHÈNE, fils d'Atrée et petit-fils de Pélops, fut père d'Agamemaon et de Ménélas. Il mourut jeune et recommanda en mourant ses deux enfants à son père Atrée, qui les fit élever comme ses propres fils, d'où le nom d’Atrides par lequel ils sont désignés.

PLISTOANAX, roi de Sparte, de la branche des Eurysthénides, était fils de Pausanias. Il conclut avec Athènes la paix dite de Nicias, 421 av. J.-C. Accusé d'avoir reçu de l'argent pour retirer ses troupes de l'Attique, il fut exilé et ne put rentrer dans sa patrie qu'au bout de 19 ans, à la faveur d'un oracle.

PLOCK ou PLOTSK, v. de Pologne, ch.-l. de voïvodie, sur la r. dr. de la Vistule, à 90 kil. N. O. de Varsovie; 12 000 h, Évêché, synagogue, tribunaux, gymnase; collége de Piaristes. Belle cathédrale. Tanneries, pelleteries. Casimir I y battit les Mazoviens en 1043. — La voïvodie de Plock, entre celles d'Augustovo, de Siedlec et de Mazovie à l'E. et au S., la Russie à l'E., et la Prusse à l'O. et au N., a 90 k. sur 260, et compte env. 600 000 hab.

PLOËRMEL, ch.-l. d'arr. (Morbihan), à 44 k. N. E. de Vannes; 5478 h. Trib. de 1re inst., collége. Église gothique, beaux vitraux. Toiles, étoffes de laine; bestiaux, chanvre, miel, etc. A 1 kil. de Ploërmel est l'étang des Grands-Moulins, qui a 12 kil. de circonférence, et qui est alimenté par la rivière le Duc, qui s'en échappe en formant une belle cascade.

PLOEUC, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 24 kil. S. de St-Brieuc; 5052 hab. Beurre, chanvre, fil.

PLOMB DU CANTAL (le). V. CANTAL.

PLOMBIÈRES, ch.-l. de c. (Vosges), à 15 kil. S. O. de Remiremont, à 22 kil. S. d’Épinal, entre de hautes montagnes; 1500 hab. Chemin de fer. Eaux thermales très-fréquentées, efficaces pour les maux d'estomac et les névralgies. Coutellerie, clouteries; ouvrages de fer et d'acier. — Brûlée en 1498, ravagée en 1661 et 1670 par des inondations, en 1682 par un tremblement de terre, cette ville a été restaurée au dernier siècle par le roi de Pologne Stanislas qui y créa l'établissement thermal et y fonda un hôpital, et embellie de nos jours par Napoléon III, qui y fit plusieurs saisons de bain. On visite aux environs les ruines féodales de Fougerolles, la vallée des Roches et l'abbaye d'Hérival.

PLOMBS DE VENISE (les), prison située sous la toiture en plomb du palais ducal de St-Marc, a surtout été affectée par le gouvernement autrichien aux prisonniers politiques. Les détenus y souffraient cruellement par la chaleur que le soleil, dardant sur les plombs, donnait à leurs cellules.

PLOTIN, philosophe néoplatonicien, né en 205 de J.-C. à Lycopolis (Hte-Égypte), s'attacha à l'âge de 28 ans au philosophe Ammonius Saccas, dont il suivit les leçons à Alexandrie pendant 11 ans, accompagna en 244 l'empereur Gordien dans une expédition contre les Perses, voulant puiser à sa source la philosophie des Orientaux; vint, après l'avénement de Philippe l'Arabe et vers l'âge de 40 ans, se fixer à Rome, y ouvrit une école de philosophie où afflua bientôt un immense concours, et, obtint le respect de ses contemporains par ses vertus ainsi que par sa science. Il se retira dans sa vieillesse en Campanie et y mourut en 270. Il avait, dit-on, obtenu de l'empereur Gallien la permission de bâtir dans la Campanie une ville où il devait réaliser la république idéale de Platon, et qui aurait porté le nom de Platonopolis; mais des envieux firent échouer ce projet. Plotin s'était proposé de fonder l’éclectisme en prenant pour base la doctrine de Platon et s'efforçant de concilier avec elle les autres doctrines des philosophes, mais il ne tarda pas à tomber dans le mysticisme. Le but de la philosophie, selon lui, c'est l'union intime, sans intermédiaire, de l'âme humaine avec l'être divin, ce qu'il appelle l’unification ou la simplification (hénosis, haplosis) : on y arrive par la contemplation et par l'extase; Plotin prétendait avoir plusieurs fois joui lui-même de la vue de Dieu. Il reconnaissait dans la divinité une sorte de trinité, distinguant en elle trois états ou hyposlases : l’Un, c.-à-d. Dieu en soi et sans attributs, l’Intelligence (noûs), et l’Âme universelle (psykhê); la 1re de ces trois personnes est la plus parfaite : les deux autres en procèdent. Dieu, par sa providence, a tout ordonné et gouverne tout; les êtres sont sortis de son sein par une sorte d'émanation, que Plotin appelle procession; la création est une chute, la matière est le principe du mal et n'est digne que de nos mépris : aussi Plotin avait-il honte d'être logé dans un corps et ne voulut-il jamais permettre de prendre son portrait. Ce philosophe avait laissé sur sa doctrine 54 traités, que son principal disciple, Porphyre, se chargea de réviser et de publier; il les rassembla en six sections, composées chacune de neuf morceaux, et qu'il pomma pour ce motif Ennéades (c.-à-d. Neuvaines). Le style en est souvent obscur; mais on y trouve le spiritualisme le plus élevé et la morale la plus pure : les Pères de l’Église, surtout S. Basile et S. Augustin, s'en sont souvent inspirés. Les Ennéades de Plotin ont paru d'abord uniquement en latin, traduites par Marsile Ficin, Florence, 1492, in-f.; elles furent ensuite imprimées à Bâle, 1580, grec-latin. Fr. Creuzer, qui déjà en 1814 avait publié le livre de Pulchritudine, a donné en 1835 les Ennéades entières, avec la trad. de Ficin, des variantes et des commentaires, Oxford, 3 v. in-4; elles ont été réimpr. par MM. Didot, Paris, 1855, gr. in-8, et par Kirchhoff, Leips.. 1856, 2 v. in-18 (grec seul). Quelques morceaux des Ennéades ont été trad. en anglais par Th. Taylor; Engelhardt a mis en allemand la 1re Ennéade, Erlang., 1820-23, 2 v. in-8. M. Bouillet en a donné une trad. française complète, Paris, 1857-61, 3 vol. in-8, ouvrage couronné par l'Académie française. La Vie de Plotin a été écrite par Porphyre.

PLOTINE, Plotina Pompeia, femme de Trajan, seconda les vues sages et généreuses de son époux, eut grande part à l'adoption d'Adrien, fit reconnaître ce prince à la mort de Trajan, et garda sous son règne l'influence dont elle avait joui précédemment. A sa mort, en 129, elle fut divinisée; une ville de Thrace reçut en son honneur le nom de Plotinopolis.

PLOU, PLÉ, PLO, PLEU, PLU. Ces mots, qui commencent beaucoup de noms de lieux en Bretagne, signifient village ou peuplade.

PLOUAGAT, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 15 kil. E. de Guingamp; 2397 h.

PLOUARET, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 13 kil. S. de Lannion; 5498 h.

PLOUAY, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 17 kil. N. de Lorient; 3360 h. Scieries mécaniques.

PLOUBALAY, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 15 kil. N. O. de Dinan, sur l'Océan; 2706 h.

PLOUCQUET (Godefroy), métaphysicien, né en 1716, à Stuttgard, mort en 1790, était issu d'une famille de protestants français réfugiés. Il fut pasteur à Rothenbourg, puis professeur de logique et de métaphysique à Tubingue (1750), et membre de l'Académie de Berlin. Il a laissé un grand nombre d'écrits sur la philosophie et l'histoire de la philosophie, notamment De Pyrrhonis epocha, Tub., 1758, Fundamenta philosophiæ speculativæ, 1759, exposition claire et précise de la philosophie de Leibnitz, qu'il avait adoptée. — Son fils, Guill. P., 1774-1814, exerça la médecine à Tubingue, et publia, entre autres ouvrages, un répertoire de médecine, Initia bibliothecæ medico-practicæ, 10 v. in-4, Tub., 1793-1800.

PLOUDALMEZEAU, ch.-l. de cant. (Finistère), à 22 kil. N. O. de Brest; 3267 hab. Draperie.

PLOUDIRY, ch.-l. de cant. (Finistère), à 26 kil. N. E. de Brest; 1467 hab. Toiles.

PLOUESCAT, ch.-l. de c. (Finistère), à 26 k. N. O. de Morlaix ; 3083 h. Près de là, château de Kerlivré.

PLOUGASTEL-DAOULAS, bourg du Finistère, à 9 kil. E. de Brest, 6090 hab. Puits où l'eau monte quand la marée descend; beau calvaire.

PLOUGASTEL-ST-GERMAIN, ch.-l. de c. (Finistère), à 5 k. O. de Quimper; 1667 hab.

PLOUGUENAST, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 13 kil. N. E. de Loudéac; 3503 hab.

PLOUHA, ch.-l. de cant. (Côtes-du-Nord), à 25 kil. N. O. de Saint-Brieuc, 5112 hab. Corderie.

PLOUIGNEAU, ch.-l. de cant. (Finistère), à 11 kil. E. de Morlaix; 5017 hab.

PLOUZÉVÉDÉ, ch.-l. de cant. (Finistère), à 30 kil. O. N. O. de Morlaix; 1946 hab.

PLUCHE (Ant.), né à Reims, en 1688, mort en 1761, professa les humanités, puis la rhétorique dans sa ville natale, se fit ensuite prêtre, fut nommé directeur du collége de Laon, et y réorganisa les études, ainsi que la discipline. Il perdit son emploi pour n'avoir pas voulu adhérer à la bulle Unigenitus. Il fut alors chargé, sur la recommandation de Rollin, de l'éducation du fils de Gasville, intendant de Normandie; puis il vint se fixer à Paris où il donna des leçons de géographie et d'histoire et composa plusieurs écrits. Les principaux sont : le Spectacle de la nature, Paris, 1732, 9 vol.in-12, ouvrage dans lequel on trouve, avec des descriptions instructives, des considérations pieuses sur la sagesse divine, mais qui pèche par la prolixité (il a été abrégé par L. F. Jauffret, 1803, et traduit dans plusieurs langues de l'Europe); Histoire du Ciel selon les idées des poëtes, des philosophes et de Moïse, 1739; la Mécanique des langues et l'art de les enseigner, 1751; la Concorde de la géographie des différents âges, 1765.

PLUKENET (Léonard), botaniste anglais, 1642-1706, fut pharmacien à Westminster, puis obtint la surintendance du jardin d'Hamptoncourt, avec le titre de professeur royal de botanique. On a de lui : Phytographia seu Plantarum icones, Londres,1691-96, 3 vol. avec 328 pl. in-f.; Almagestum botanicum, 1696; Almagesti botanici mantissa, 1700; Amaltheum botanicum, 1705. Le tout a été réimprimé en 1769, avec addition. Son herbier, qui contenait 8000 plantes, est auj. au Musée Britannique.

PLUMIER (Charles), botaniste, né à Marseille en 1646, mort en 1706, était de l'ordre des Minimes. Il fut trois fois chargé par Louis XIV de faire des voyages scientifiques en Amérique, explora surtout les Antilles et le Mexique, reçut le titre de botaniste du roi, et mourut à Port-Ste-Marie (près de Cadix), au moment de partir pour la 4e fois. On lui doit : Description des Plantes de l'Amérique, Paris, 1693, in-fol., avec 108 planches (trad. en latin par Jean Burmann, Amst., 1760); Traité des Fougères de l'Amérique, 1705; Nova plantarum Americæ genera, 1703. Tournefort, dont il avait reçu les leçons, a donné en son honneur à un genre d'apocynées le nom de Plumeria (c'est le frangipanier).

PLUNKETT (Oliver), archevêque d'Armagh et primat d'Irlande, né en 1629, avait occupé une chaire de théologie à Rome. Il fut accusé par des Anglicans fanatiques d'avoir voulu soulever les Catholiques contre le roi Charles II, et condamné à mort, en 1681. Il fut pendu et son corps coupé en quatre quartiers. Plus tard, son innocence fut reconnue et sa mémoire réhabilitée.

PLUQUET (Adrien), savant ecclésiastique, né à Bayeux en 1716, m. en 1790, fit plusieurs éducations particulières, puis fut nommé professeur de morale au Collége de France (1776). Il était lié avec Fontenelle, Montesquieu, Helvétius, Il a laissé : Examen du Fatalisme, Paris, 1757, 2 vol. in-12, ouvrage qui dénote autant de sagesse que de science (il en a paru en 1817 à Besançon une édition corrigée et complétée); Dictionnaire des Hérésies, 1762; Traité de la Sociabilité, 1767; Livres classiques de la Chine (trad. du latin du P. Noël), 1784-86; Essai philosophique et politique sur le luxe, 1786; De la Superstition et de l'Enthousiasme (posthume, 1804); tous ouvrages estimés. — On doit à son neveu, Frédéric P., né à Bayeux en 1781, m. en 1834, plusieurs publications intéressantes, entre autres Notice sur R. Wace, Chronique des ducs de Normandie, le Roman du Rou (publié pour la 1re fois, Rouen, 1827).

PLUTARQUE, Plutarchus, biographe et moraliste grec, né en 48 ou 50 de J.-C. à Chéronée en Béotie, étudia les lettres et la philosophie à Athènes, fut chargé de diverses négociations par sa ville natale, vint à Rome sous Domitien, y donna des leçons de philosophie avec un grand succès, obtint la faveur de Trajan, qui le chargea de l'éducation d'Adrien, puis lui confia le gouvernement de l'Illyrie, et revint de bonne heure se fixer dans sa patrie, où il fut élu par ses concitoyens archonte et prêtre d'Apollon. On présume qu'il mourut dans un âge très-avancé, en 138 ou 140. On a de lui les Vies parallèles des hommes illustres (de la Grèce et de Rome), et une foule de traités de morale, de politique, d'histoire, que l'on désigne sous le titre commun d’Œuvres morales, et parmi lesquels on remarque : De l'Origine de l'âme, Du Génie de Socrate, Du Silence des oracles, Questions de table, Contradictions des Stoïciens, De la Fortune des Romains, De la Manière de lire les poëtes, De l'Éducation des enfants (dont l'authenticité est contestée), le Banquet des Sept Sages, les Propos de table. On trouve dans ses écrits, outre une instruction facile et variée, une bonhomie et une morale douce qui les font lire avec charme. Ces qualités se trouvent au plus haut degré dans les vies des grands personnages : l'auteur nous fait vivre intimement avec les hommes dont il raconte la vie. Aussi regrette-t-on amèrement la perte de celles des vies que le temps nous a enlevées. La qualification de Parallèles donnée aux Vies de Plutarque vient de ce qu'il place toujours en regard l'un de l'autre un Grec et un Romain, et consacre ensuite quelques pages à comparer ensemble les deux héros : son but en cela paraît avoir été de montrer que la Grèce n'était point inférieure à Rome. On reproche à son style des périodes longues et embarrassées et souvent un tour trop sententieux. Comme philosophe, Plutarque professe un sage éclectisme; il suit Platon dans sa croyance à l'immortalité de l'âme, au bien moral, à la providence et à la justice divine. Parmi les éditions complètes de Plutarque, on remarque celles de H. Estienne, grec-latin, Genève, 1572, 13 vol. in-8; de Reiske, Leips., 1774, 12 vol. in-8; de J.-G. de Hutten, Tubingue, 1791-1805, 14 v. in-8 (contenant le grec seul); de MM. Dœhner et Dübner, grec-latin, dans la collection Didot, 1841-55, 5 v. gr. in-8. Les Œuvres complètes de Plutarque ont été traduites en latin par Cruserius, 1564-73 ; en franç. par J. Amyot (1559-65), et par Ricard (1783-1803), trad. revue par Pierron, 1843-47. Les Vies ont été trad. par Tallemant, Dacier, Talbot.

PLUTON, dieu des Enfers, fils de Saturne et de Rhée et frère de Jupiter et de Neptune, partagea avec ses frères l'empire du monde. Dans la guerre contre les Titans, il combattit couvert d'un casque merveilleux, forgé par les Cyclopes, qui le rendait invisible. Il prit pour femme Proserpine, fille de Cérès, qu'il ravit en Sicile, dans les plaines d'Enna. On le représente assis près d'elle sur un trône d'ébène, le bident à la main, un casque sur la tête, et Cerbère à ses pieds; d'autres fois, il est sur un char que traînent quatre chevaux noirs. On lui immolait, de nuit, des taureaux noirs, dont le sang, en s’écoulant, était reçu dans une fosse avec le vin des libations : c'est ce sacrifice qu'on appelait taurobole. Le cyprès, le narcisse, le buis, l'adiante lui étaient consacrés. Il avait des temples nombreux en Grèce, en Italie, notamment à Syracuse, près du lieu où il avait enlevé Proserpine.

PLUTUS, dieu de la richesse et des mines de métaux précieux, fils de Cérès et de Jasion, est représenté aveugle et une bourse à la main, pour faire comprendre que la fortune distribue aveuglément ses faveurs. On faisait de Plutus un des dieux des Enfers parce que les métaux sont enfouis dans les profondeurs de la terre.

PLUVIGNER, ch.-l. de c. (Morbihan), à 25 k. E. de Lorient; 4699 h. Près de là, haut fourneau, fonderie.

PLUVINEL (Ant. de), gentilhomme du Dauphiné, suivit en Pologne le duc d'Anjou (Henri III) et aida sa fuite (1574). Après avoir été premier écuyer de ce prince, il fut successivement, sous Henri IV, directeur des écuries, gentilhomme de la chambre, sous-gouverneur du Dauphin et ambassadeur en Hollande. Il mourut en 1620. C'est lui qui fonda les premières écoles de manège, dites Académies. On lui doit le Manège royal, 1623, in-fol., souvent réimprimé. |

PLYMOUTH, v. et port militaire de l'Angleterre (Devon), au fond d'une vaste baie, à l'emb. de la Plym, à 69 kil. S. O. d'Exeter et à 346 kil. S. O. de Londres; 53 000 hab. Son port, un des plus beaux de l'Europe, se compose de 4 ports : Suttonpool, Catwater, Hamoaze et Stonehouse; il est défendu par une citadelle sur le Hog et par le fort St-Nicolas, est protégé par une énorme digue, dite Breakwater, et éclairé par le fameux phare d'Eddystone; il communique avec Londres par un chemin de fer. Plymouth possède un beau théâtre, un hôpital pour la marine, deux vastes casernes, un athénée, espèce d'université, une école royale de marine et un observatoire. Les chantiers de construction, les docks et l'arsenal sont à Devonport (V. ce nom), qui n'est séparé de la ville que par l'estuaire du Tamar et de la Plym, et qui jusqu'en 1827 a fait partie de Plymouth. — Cette ville, appelée Tamersworth par les Anglo-Saxons, puis Sutton, prit son nom actuel sous Henri VI; elle fut agrandie par Élisabeth.

PLYMOUTH, v. et port des États-Unis (Massachusetts), sur l'océan Atlantique, à 56 kil. S. E. de Boston; 7000 h. Fondée en 1620 : c'est le premier établissement anglais dans l'Amérique du Nord.

PNYX, place de l'anc. Athènes, vis-à-vis de l'Acropole, sur laquelle se tenaient les assemblées du peuple. La colossale tribune aux harangues qui s'y trouvait subsiste encore presque en entier.

(le), en latin Padus, et plus anciennement Eridanus, dit aussi jadis Bodincus pendant la 1re partie de son cours; le plus grand fleuve de l'Italie, arrose la région septent. de cette contrée, qu'il coupe de l'O. à l'E. en deux parties (dites chez les anciens Gaule Cispadane et Gaule Transpadane), et dont il reçoit presque toutes les eaux. Il prend sa source au mont Viso, sur la frontière de la France (Htes-Alpes) et de la Haute-Italie (prov. de Saluces), par 4° 40' long. E., 44° 42° lat. N., arrose Carignan, Turin, Casai, Plaisance, Crémone, Guastalla, et se jette dans l'Adriatique après un cours de 650 kil., par 2 branches principales, le Pô-della-Maestra et le Pô-di-Goro, et par 7 autres bouches plus petites. Il reçoit : à droite, le Tanaro, la Scrivia, la Trebbia, le Taro, la Lenza, le Crostolo, la Secchia, le Panaro, et le Reno; à gauche, la Doria Riparia, la Stura, la Doria Baltea, la Sesia, le Tessin, l'Adda, l'Oglio, le Mincio, et vers la fin de son cours communique avec l'Adige par plusieurs bras. Le Pô est sujet à de fréquents débordements : aussi est-il depuis Plaisance resserré entre des digues dont les plus anciennes remontent, dit-on, aux Étrusques; les Français, pendant leur courte domination en Italie, ont fait aussi de beaux travaux pour encaisser son lit et contenir son cours. Les masses de sable qu'il charrie exhaussent son lit, ce qui en rend la navigation très-difficile. Le Pô a donné quelque temps son nom à 3 départements français : le Ht-Pô, ch.-l. Crémone, formé en 1797 d'une partie du duché de Milan, et compris dans la République cisalpine, puis dans le Roy. d'Italie; le , ch.-l. Turin, entre ceux du Mont-Blanc et de la Doire au N., de Mârengo à l'E., de la Stura au S., des Htes-Alpes à l'O., formé d'une partie du Piémont, et compris, de 1801 à 1814, dans la République, puis dans l'Empire français; le Bas-Pô, ch.-l. Ferrare, entre ceux de la Brenta et de l'Adriatique au N., et du Reno au S., formé en 1797 d'une partie des États de l’Église, et compris dans la République cisalpine, puis dans le Royaume d'Italie.

POCOCK (Edward), théologien d'Oxford, 1604-1691, voyagea dans le Levant pour se perfectionner dans l'étude des langues orientales, et devint après son retour professeur d'arabe au collége de Baliol à Oxford. On a de lui des Commentaires sur Michée, Malachie, Osée, Joël (en angl.); des traductions latines des Annales d'Eutychius, de l’Hist. orientale d'Aboulfaradj, un Specimen historiæ arabum, Oxf., 1650, et divers autres ouvrages, réunis à Londres, 1740, 2 vol. in-fol. — Son fils, Ed. P., publia avec lui en 1671 le Philosophus autodidactus de Tophaïl (en arabe), et prépara une édition arabe-latine de la Description de l’Égypte d'Abdallatif (Oxford, 1800).

POCOCKE (Rich.), voyageur, né à Southampton, en 1704, mort en 1765, visita l'Orient de 1737 à 1742, et devint, à son retour, évêque anglican d'Ossory, puis de Meath. Outre des Mémoires, dans les Transactions philosophiques, on a de lui une Description de l'Orient, en angl., Londres, 1742-45, 3 v. in-fol., trad. par F. de La Flotte, 1772-73 : il y traite de l'Égypte, de l'Arabie, de la Syrie et de l'Asie-Mineure.

PODALIRE. V. MACHAON.

PODENSAC, ch.-l. de cant. (Gironde), à 28 k. S. E. de Bordeaux: 1681 hab. Station. Vins blancs.

PODESTAT (du lat. potestas, pouvoir), nom donné dans plusieurs villes d'Italie, pendant le moyen âge, à certains magistrats investis de l'autorité publique. Dans l'origine leur charge était annuelle et répondait à celle de consul ou de préteur romain. Les premiers podestats furent établis vers 1158 par l'emp. Frédéric Ier, après ses victoires en Italie. Repoussés d'abord comme les instruments d'une domination étrangère, ils devinrent bientôt la principale ressource des villes italiennes au milieu de leurs luttes intestines. Ils furent rétablis volontairement par Milan et Bologne en 1185, et cet exemple fut suivi.

PODIEBRAD (George), roi de Bohême, né en 1420 à Podiebrad, près de Bidschow en Bohême, était issu d'une illustre famille. Il s'unit en 1437 à Barbe de Cilley, veuve de l'empereur Sigismond, pour exclure de la succession de Bohême Albert (II), gendre de Sigismond, prit les armes en 1438 contre ce prince, fut en 1444 nommé régent du jeune Ladislas le Posthume, fut proclamé lui-même roi en 1458 (à la mort de ce Ladislas), et reçut l'investiture de Frédéric III en 1459; mais, s'étant montré favorable à la secte des Hussites, il fut excommunié par le pape Paul II et détrôné par son gendre Matthias Corvin, déjà roi de Hongrie, que les Catholiques mirent à leur tête (1468). Il mourut en 1471.

PODIUM, nom latin du Puy.

PODLACHIE ou PODLAQUIE, une des divisions de l'anc. Pologne, entre les gouvts de Plock au N., de Mazovie et de Sandomir à l'O., de Lublin au S., était limitée à l'E. par le Boug et à l'O. par la Vistule; 200 k. sur 160; 350 000 h.; ch.-l. Siedlec; villes princip., Radzin, Biala, Lukov. Elle forme auj. la partie sept. du gouvt russe de Lublin.

PODOLIE, gouvt de la Russie d'Europe, dans l'anc. Pologne, entre ceux de Volhynie au N., de Kiev au N. E., de Kherson à l'E. et au S. E., la Bessarabie au S. O. et la Galicie à l'O., est baigné au S. O. par le Dniester; 400 kil. sur 180; 1 600 000 hab.; ch.-l. Kamenets. Très-fertile, surtout en céréales, chanvre, lin, houblon, tabac; beau bétail; fer exploité, marais salants. Peu d'industrie. — La Podolie fit d'abord partie de la principauté de Kiev, et servit longtemps d'apanage à divers princes de la maison de Rurik. Comme Kiev, elle fut comprise dans l'empire du Kaptchak de 1240 à 1331. Oigierd l'enleva aux Mongols affaiblis (1331) et l'unit au grand-duché de Lithuanie; elle en fut démembrée pour passer à la Pologne en 1444, et devint en 1569 une des voïvodies de la Petite-Pologne. Sobieski fut obligé de la céder aux Turcs par la paix de Zuravno (1676), mais elle fut rendue aux Polonais par celle de Carlowitz (1699). La Russie en prit possession dès le 1er démembrement de la Pologne (1772).

PODOR, vge de notre colonie du Sénégal (Foutatoro), sur le Sénégal, dans l'île de l’Éléphant, à 200 kil. N. E. de St-Louis. Fort, élevé par les Français. Traite de la gomme.

POE (Edgard), poëte et conteur américain, né en 1811 à Baltimore, m. en 1849, était fils de comédiens qui le laissèrent orphelin dès l'âge de 6 ans et dans la misère, fut recueilli par un riche négociant, M. Allan, qui pourvut à son éducation, mais qu'il ne paya que d'ingratitude, écrivit dans les journaux pour vivre et publia des poésies et des romans qui furent remarqués, mais se livra à des excès d'intempérance qui abrégèrent ses jours. Son œuvre se compose de poëmes, de nouvelles, d'articles publiés dans divers recueils; on y trouve un talent bizarre, fiévreux, mais original et distingué. On remarque surtout ses contes fantastiques, dans le genre d'Hoffmann et de J. P. Richter. Ses écrits ont été réunis à New-York en 1857, 4 v. Un choix de ses nouvelles a été traduit en français par Ch. Baudelaire, sous le titre d’Histoires extraordinaires, Paris, 1856.

POECILE (le). V. PÉCILE.

POENI, nom latin des CARTHAGINOIS.

POGGE (le). V. POGGIO.

POGGIO BRACCIOLINI (J. Franç.), vulgairement le Pogge, savant italien, né en 1380 à Terranuova près de Florence, m. en 1459, fut secrétaire apostolique sous Boniface IX et sous les sept papes suivants, assista au concile de Constance (1414), et, pendant la durée du concile, trouva, soit à Constance, soit dans plusieurs autres villes de la Suisse, beaucoup d'anciens manuscrits (8 discours de Cicéron, d'importants morceaux de Silius Italicus, de Valerius Flaccus, d’Ammien Marcellin, de Lucrèce, de Manilius, de Végèce, de Frontin, le manuscrit du Quintilien de St-Gall, etc.), et procura, par ses indications, plusieurs autres découvertes, notamment celle de 12 comédies de Plaute. Il passa la dernière moitié de sa vie à Florence, où il remplit les fonctions de secrétaire de la République et de chancelier (1456). On doit au Pogge Une Hist. de Florence de 1350 à 1455 (en latin), publiée pour la 1re fois à Venise en 1715, par Recanati; un traité de Varietate fortunæ, Paris, 1723; Facetiæ, recueil d'historiettes plaisantes, mais la plupart scandaleuses, et diverses traductions latines (notamment des 5 premiers livres de Diodore, de la Cyropédie de Xénophon, etc.). Pogge était très-savant pour son époque; comme écrivain, il fait preuve de beaucoup de jugement, et sa touche est vigoureuse, mais son style manque d'élégance et de correction. Il était très-satirique et eut de violentes querelles avec Philelphe, Laurent Valla, et plusieurs autres de ses contemporains. — Il laissa cinq fils, dont un, J. François, fut secrétaire de Léon X; un autre, Giacomo, fut pendu en 1478 à Florence, comme complice de la conspiration des Pazzi : de dernier avait traduit en italien l’Hist. de Florence.

POILLY (François de), graveur au burin, né à Abbeville en 1622, m. en 1693, alla se perfectionner à Rome, grava avec un égal succès l'histoire et le portrait et reçut le titre de graveur ordinaire du roi. Il se distingue par la correction du dessin et le brillant du burin. Son œuvre comprend plus de 400 planches d'histoire, d'après Raphaël, le Guide, Mignard, Le Brun, etc. On estime surtout son Adoration des bergers d'après le Guide et sa Vierge au silence, d'après Raphaël. — On connaît aussi son frère cadet, Nicolas, 1626-96, qui grava d'après Poussin et Philippe de Champagne; — et ses deux neveux, J. B., reçu en 1714 à l'Académie de peinture, et Nicolas II, qui unit le talent de peintre à celui de graveur.

POINSINET (Henri), auteur dramatique, né à Fontainebleau en 1735, m. en 1769, composa plusieurs bluettes pour l'Opéra-Comique, fit paraître à l'Académie royale, de musique l'opéra d’Ernelinde, qui eut du succès, et donna en 1764 au Théâtre-Français le Cercle ou la Soirée à la mode, comédie en 1 acte et en prose, qui est restée au répertoire. Il a aussi publié quelques poésies, en autres un poëme sur l’Inoculation, 1757. Sa présomption, son ignorance, sa crédulité le rendirent longtemps le jouet des salons. Il se noya dans le Guadalquivir, à Cordoue, pour s'être baigné après un repas.

POINSINET DE SIVRY (Louis), cousin du préc. et beau-frère de Palissot, né à Versailles en 1733, mort en 1804, débuta par un recueil de poésies amoureuses, les Égléides, 1754, qui fut suivi en 1756 d'un poëme de l’Émulation, fit paraître en 1758 une traduction en vers d’Anacréon, Bion, Moschus, Sapho, Tyrtée, etc., puis s'essaya au théâtre et donna 3 tragédies, Briséis, Ajax, Caton d'Utique (1759-62). On lui doit en outre une traduction de Pline le naturaliste, 1771-82, 12 vol. in-4, et une traduction d’Aristophane, moitié prose, moitié vers, 1784, 4 vol. in-8 (avec les fragments de Philémon et de Ménandre).

POINSOT (L.), mathématicien, né à Paris en 1777, mort en 1859, entra à l'École polytechnique dès sa fondation, fut successivement professeur de mathématiques au lycée Bonaparte, professeur d'analyse, puis examinateur à l'École polytechnique, inspecteur général de l'Université, membre du Conseil de l'instruction publique (1830), et fut appelé au Sénat en 1852. Il avait été admis à l'Académie des sciences en 1813. Poinsot publia dès 1804 des Éléments de Statistique, qui sont restés classiques, Parmi ses autres travaux, on cite : Théorie générale de l'équilibre et du mouvement des systèmes, 1806; Application de l'algèbre à la théorie des nombres, 1820; Théorie nouvelle de la rotation du corps, 1834; Mémoire sur les Cônes circulaires roulants, 1853. Esprit philosophique et original, Poinsot a introduit des méthodes plus simples d'investigation. Ses travaux se distinguent par l'élégance et la lucidité.

POINTE-A-PITRE (La), v. forte de la Guadeloupe, sur la côte S. O. de la Grande-Terre et sur le bord N. E. du petit Cul-de-Sac, à 50 kil. de la Basse-Terre; 20 000 h. Trib. de 1re inst. Bon port, mais d'accès difficile; plusieurs forts, beaux quais, belles rues, larges et droites, etc. Grand commerce. — Fondée en 1763, presque détruite par un tremblement de terre le 8 fév. 1843 et par un incendie le 18 juil. 1871.

POINTIS (Bernard DESJEAN, baron de), marin français, 1635-1707, se distingua dans les expéditions contre les Barbaresques (1681-86), eut part, comme capitaine de vaisseau, au combat de 1690, où Tourville défit les Anglais entre l'île de Wight et le cap Frehel, bombarda en 1697 la Carthagène d'Amérique, et réussit, à son retour à passer avec 7 vaisseaux seulement au travers d'une flotte anglaise qui en comptait 27. Chargé contre son gré, en 1705, du siége de Gibraltar, il y déploya du talent et de la bravoure, mais ne put prendre la ville. On a de lui une Relation de l'expédition de Carthagène en 1697.

POIRÉ-SOUS-LA-ROCHE, ch.-l. de cant. (Vendée), à 12 k. N. O. de Napoléon-Vendée; 3902 h.

POIRET (P.), écrivain mystique protestant, né à Metz en 1646, mort en 1719, fut pasteur à Heidelberg, à Anweill et à Hambourg, où il se lia avec Mlle de Bourignon. Après avoir été enthousiaste de Descartes, il l'attaqua dans le traité De Eruditione triplici : solida, superficiali et falsa, Amst., 1707. Il a donné, entre autres ouvrages : les Principes solides de la religion chrétienne; la Théologie du cœur, l’Œconomie divine ou Système des œuvres et des desseins de Dieu envers les hommes (Amst., 1687), et a fait une Analyse de Bœhme (en latin). Il a publié les œuvres de Mlle de Bourignon et quelques opuscules de Mme Guyon. Établissant, d'une part l'impuissance de la raison, de l'autre la corruption de la volonté, Poiret en déduit la nécessité de tout recevoir de Dieu : la vérité par la révélation, la foi et la vertu par la grâce; selon lui, la perfection pratique consiste à être un pur instrument de l'activité divine, pati Deum Deique actus.

POIRET (Jean Louis), naturaliste, né en 1755 à St-Quentin, m. en 1834, visita le nord de l'Afrique en 1785 et 86, publia son voyage en 1789, sous le titre : Voyage en Barbarie, ou Lettres écrites de l'ancienne Numidie sur la religion, les coutumes, les mœurs des Maures et des Arabes, et donna depuis, sur diverses branches de l'histoire naturelle, des ouvrages estimés, notamment Leçons de Flore, 1819-21; Hist. des plantes usuelles de l'Europe, 1825-29. C'est lui qui rédigea, avec Lamarck, le Dictionnaire de Botanique de l’Encyclopédie méthodique.

POIRIER (don Germain), bénédictin de St-Maur, né à Paris en 1724, mort en 1803, fut professeur de philosophie et de théologie dans diverses maisons de son ordre, garde des archives des abbayes de St-Denis et de St-Germain des Prés, membre du comité pour préparer une collection des diplômes et des chartes du royaume, fut admis en 1785 à l'Académie des inscriptions, et devint, après 1789, membre de la commission des monuments et bibliothécaire à l'Arsenal. Outre plusieurs opuscules et mémoires, il a publié, en société avec dom Précieux, le tome XIe du Recueil des historiens de France (1764). Aussi modeste et aussi simple que savant, il conserva dans le monde les mœurs et les vertus d'un anachorète.

POIRIER (Ordre de ST-JULIEN du), créé en 1176 par don Gomez, prit en 1214 le nom d'ordre d'Alcantara. V. ALCANTARA et GOMEZ.

POIRSON (J. B.), savant géographe, né en 1761 à Vrécourt (Vosges), mort en 1831, fut l'élève, puis le collaborateur de Mentelle et porta une rare exactitude dans la rédaction de ses cartes. On lui doit : l’Atlas mathématique, physique et politique de toutes les parties du monde, avec Mentelle, 1804; les Cartes pour la Statistique générale de la France d'Herbin et pour les ouvrages d'Al. de Humboldt; l’Atlas pour le Précis de géographie universelle de Malte-Brun (avec Lapie), ainsi que le beau globe manuscrit qui orne la galerie d'Apollon au Louvre. — son fils, Charles P., connu sous le nom de Delestre-Poirson, 1790-1859, travailla de bonne heure pour le théâtre, le plus souvent en société avec Mélesville, Scribe, Dumersan, et y obtint de nombreux succès, devint en 1820 directeur du théâtre du Gymnase, nouvellement créé, en conserva la direction jusqu'en 1844, et fit la fortune de ce théâtre par le choix des pièces et des acteurs et surtout en s'assurant la plume de Scribe.

POISSON (Nic.), savant oratorien, né à Paris en 1637, mort en 1710, a laissé des Remarques sur la Méthode et la Mécanique de Descartes et a rédigé une Somme des conciles intitulée : Delectus auctorum ecclesiasticorum universalis, seu nova Summa conciliorum, Lyon, 1706, 2 v. in-f. : c'est un bon abrégé.

POISSON (Raymond), acteur comique d'un naturel inimitable, né à Paris en 1633, mort en 1690, excellait à jouer le rôle de Crispin; il passe même, mais à tort, pour en être l'inventeur : on ne lui conteste cependant pas d'avoir composé le costume traditionnel de ce personnage. Il était aussi auteur, et a laissé plusieurs comédies en vers, qui ne manquent pas de verve comique (elles ont été réunies en 2 vol. in-12, Paris, 1743). — Son fils, Paul P., mort en 1735, lui succéda dans les rôles de Crispin et fit longtemps les délices du parterre. Il eut deux fils et une fille (Mme Gomez), qui se distinguèrent aussi comme acteurs. L'aîné, Philippe P. (1682-1743), a en outre donné nombre de comédies en vers, dont deux, le Procureur arbitre et l’Impromptu de campagne, sont restées au théâtre. Ses Œuvres ont été réunies à celles de Raym. Poisson, 1743. — Le 2e, Arnoul, 1696-1753, surpassa comme acteur son père et son aïeul. Petit, laid et mal bâti, il tirait de ces imperfections le plus heureux parti pour exciter le rire. Samson a donné une jolie coméd. intit. la Famille Poisson.

POISSON (Denis), géomètre, né en 1781 à Pithiviers, mort en 1840, fut admis le premier à l'École polytechnique, n'ayant que 17 ans, obtint la bienveillance de Laplace, fut nommé en 1806 professeur de mathématiques à l'École polytechnique, en 1811 prof. de mécanique à l'École normale, en 1816 prof. à la Faculté des sciences de Paris, devint peu après membre du conseil de l'Université, membre du bureau des longitudes et enfin pair de France. Il avait été admis dès 1812 à l'Académie des sciences. On a de lui, outre une foule de savants mémoires : Traité de mécanique, 1811 et 1833, ouvrage capital et devenu classique; Nouvelle théorie de l'action capillaire, 1831; Théorie mathématique de la chaleur, 1835; Théorie du calcul des probabilités, 1838. Il excellait surtout dans l'application de l'analyse aux questions de physique. Arago a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences. Un monument lui a été érigé à Pithiviers en 1851.

POISSON (Antoinette). V. POMPADOUR.

POISSONS, ch.-l. de cant. (Hte-Marne), à 24 kil. S. E. de Vassy; 1511 h. Forges, haut fourneau.

POISSY, Pinciacum, ch.-l. de cant. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine et sur le chemin de fer de Paris à Rouen, à 18 kil. N. O. de Versailles; 5101 hab. Très long pont, belle église paroissiale, fondée par Philippe le Hardi; maison centrale de détention. Chapeaux en baleine et trame d'osier, produits chimiques, sucre tors; exploitation de pierres et de moellons. Grand marché de gros bétail pour Paris (les jeudis); grand commerce de blé. — Charles le Chauve tint un parlement à Poissy en 869. Les premiers rois de la 3e race y eurent un château, où naquit S. Louis. La ville fut prise par les Anglais en 1346 et 1419, et par Biron (sur les Ligueurs) en 1589. A Poissy eut lieu en 1561, en présence du roi (Charles IX) et de la reine mère (Catherine), un fameux colloque entre des théologiens catholiques et les Réformés, parmi lesquels Théodore de Bèze et Pierre Martyr : il ne produisit aucun résultat.

POITIERS, Limonum, puis Pictavi, ch.-l. du dép. de la Vienne, au confluent du Clain et de la Boivre, à 325 kil. S. O. de Paris par la route et 332 par le chemin de fer; 30 563 h. Évêché (fondé dès le IVe s.); cour d'appel; académie universitaire : école de droit, facultés des lettres et des sciences; école secondaire de médecine, chirurgie et pharmacie, lycée, séminaire; bibliothèque, jardin botanique; cabinets d'antiquités et d'histoire naturelle, société d'agriculture et des arts. La ville est vaste, mais mal bâtie, avec des rues étroites, escarpées et tortueuses, et de vieilles murailles, flanquées de tours et percées de 7 portes. On y remarque la magnifique cathédrale de St-Pierre, fondée, dit-on, en 1152, par Henri d'Angleterre; l'église du Moutier-Neuf, dédiée en 1096; Ste-Radegonde, commencée au VIe s., Notre-Dame, du Xe s., dont l'extérieur est admirable, St-Jean, ancien baptistère, bâti avec des fragments romains; St-Hilaire, restaurée en 1856; le Palais de justice, dont la façade latérale, du XIVe s., est due à Jean, duc de Berry; le quartier de cavalerie; la magnifique promenade de Blossac; quelques antiquités romaines : ruines d'un amphithéâtre, aqueduc, etc. Fabriques de gros lainages, faïence, liqueurs, couleurs, etc. Commerce de céréales, graines de trèfle, luzerne et sainfoin, lin, cire, miel, chanvre, vins et eaux-de-vie, blé, cuirs, peaux de mouton, plumes d'oie. — Poitiers, capit. des Pictones ou Pictavi, est une ville très-ancienne. Les Romains l'embellirent beaucoup. Les Vandales la pillèrent en 410; les Visigoths la prirent au Ve s. : Alaric, leur roi, en fit sa résidence; Clovis en devint maître après la bataille de Vouillé, livrée aux environs (507). Ste Radegonde, femme de Clotaire Ier, y fonda vers 550 le célèbre monastère de Ste-Croix, où elle vint s'enfermer. C'est entre Poitiers et Tours que Charles Martel écrasa les Sarrasins en 732. Poitiers devint en 778 la capit. d'un comté. C'est à 15 k. au N. de Poitiers, à Maupertuis, que se livra la fameuse bataille dite de Poitiers, où le roi de France Jean II fut battu et pris par le prince Noir en 1356. Le traité de Brétigny soumit cette ville aux Anglais; Du Guesclin la reprit en 1372; Charles VII fugitif y établit sa cour en 1418 et y transféra quelque temps le parlement; il y fonda une université en 1432. Les Protestants l'assiégèrent en vain pendant 7 semaines en 1569. On connaît sous le nom d’Édit de Poitiers un édit de pacification rendu dans cette ville par Henri III, le 17 septembre 1577 : il assurait aux Protestants l'exercice public de leur culte, des juges spéciaux, l'impunité des prêtres qui avaient contracté mariage, 9 places de sûreté et des troupes, à condition qu'ils restitueraient les biens d'église, payeraient les dîmes et chômeraient extérieurement les jours de fêtes catholiques. Il s'est tenu dans cette ville 8 conciles; les Grands-Jours y furent aussi tenus à diverses reprises, notamment en 1395, 1579 et 1634.

POITIERS (Diane de). V. DIANE.

POITOU, pays des Pictavi, anc. prov. et grand gouvt de France, était borné au N. par la Bretagne, l'Anjou, la Touraine, à l'O. par l'Océan, au S. par l'Angoumois, la Saintonge et l'Aunis, à l'E. par le Berry et la Marche, et avait pour capit. Poitiers. Il se divisait en Haut et Bas-Poitou, le 1er à l'E, le 2e à l'O. Places principales : dans le 1er, Poitiers, Melle, Niort, St-Maixent, Civray, Rochechouart, l'île Jourdain, Montmorillon, Chatelleraut, Richelieu, Loudun, Thouars, Parthenay; dans le 2e, Argenton-le-Château, Mortagne, La Roche-sur-Yon, Talmont, Luçon, Fontenay-le-Comte, les Sables d'Olonne. Les îles d'Yeu et de Noirmoutiers appartenaient au Poitou. Du Bas-Poitou l'on a fait le dép. de la Vendée; le Ht-Poitou forme ceux des Deux-Sèvres et de la Vienne. Sol varié, quelques coteaux, blé, vin, fruits, pâturages; beaucoup de bois; gibier, poisson, volaille en abondance; antimoine, fer, pierre de taille, beaux marbres, quelques topazes; beaucoup de fossiles; sur les côtes, marais salants exploités. — Le Poitou, primitivement habité par les Pictavi ou Pictones (d'où dérive son nom), fut compris par Auguste dans l'Aquitaine, et fit partie depuis Constantin de l'Aquitaine 2e. Soumis aux Visigoths dans le Ve s., aux Francs depuis 507, le Poitou suivit le sort de l'Aquitaine. Reconquis sur Waïfre par Pépin le Bref, il reçut de Charlemagne en 778 un comte particulier, Abbon, dont un des successeurs, Aldebert, prit en 990 le titre de duc d'Aquitaine. Éléonore, héritière du Poitou, le porta, avec le reste de l'Aquitaine, d'abord au roi de France Louis VII (1137), puis (1152) à Henri, comte d'Anjou, depuis roi d'Angleterre. Philippe Auguste le confisqua sur Jean sans Terre en 1203, et le reconquit en 1205, conquête qui fut confirmée par le traité d’Abbeville en 1259. Louis IX le donna en apanage à son frère Alphonse; ce prince étant mort sans enfants, son apanage revint à la couronne sous Philippe le Hardi, 1271. Les Anglais redevinrent maîtres du Poitou en 1356, peu après la bat. de Poitiers, et le traité de Brétigny le leur concéda (1360). Charles V le recouvra en 1369, et le donna à son frère Jean, duc de Berry. A la mort du fils de ce Jean, le Poitou fut réuni définitivement. Cette province souffrit beaucoup au XVIe s. des guerres de religion; elle eut plus à souffrir encore à la fin du XVIIIe s. de nos guerres politiques. V. VENDÉE.

POIVRE (Pierre), voyageur et administrateur, né à Lyon en 1719, m. en 1786, visita la Chine comme simple particulier (1740-42), s'informant des ressources qu'elle pourrait offrir à notre commerce, fut envoyé en Cochinchine comme ministre de France, réussit à établir pour la Compagnie française des Indes un comptoir dans ce pays, à Fai-fo, administra de 1767 à 1773 comme intendant les îles de France et de Bourbon, qu'il fit prospérer, et parvint à y transplanter les épices des îles Moluques.

POIX, ch.-l. de c. (Somme), à 27 k. S. E. d'Amiens; 1204 hab. Anc. principauté qui appartint aux Créqui, puis aux Noailles.

POJARSKY (Dmitri, prince), guerrier russe, né en 1578, m. en 1642, battit en 1608, sur les bords de la Pekhorka, les Polonais qui avaient envahi son pays, réussit, le 22 oct. 1612, à les chasser de Moscou, dont ils étaient maîtres depuis 2 ans et demi, et fut en récompense nommé boyard par Michel Romanov à son avénement. Malgré ses services, il tomba en disgrâce, et mourut dans une sorte d'exil.

POL ou POLO. V. POLO (MARCO) et GIL-POLO.

POLA, Pola, puis Pietas Julia, v. forte des États autrichiens (Istrie), à 110 k. S. de Trieste, sur l'Adriatique; 1000 h. Beau port militaire; citadelle, école de marine. Évêché. Beau palais épiscopal; restes d'un amphithéâtre romain, d'un arc de triomphe (Porta aurea), de temples d'Auguste et de Diane, de bains, etc. Pêche du thon. On tire des environs le sable dont on fait les glaces de Venise. — Pola fut, dit-on, fondée par les Colchi. Elle était, sous les Romains, la ville la plus importante de l'Istrie et compta jusqu'à 50 000 h. ; elle est auj. bien déchue. Les Génois remportèrent sur les Vénitiens une victoire navale devant Pola en 1379.

POLABES (VENDES). V. WENDES.

POLAIRES (mers). V. GLACIALE (mer).

POLE (le cardinal). V. POLUS.

POLÉMARQUE, c.-à-d. commandant militaire. On nommait ainsi le 2e des archontes d'Athènes, chargé de tout ce qui a rapport à la guerre.

POLÉMON, philosophe académicien, né à Athènes vers 340 av. J.-C., m. en 273. Il s'était dans sa jeunesse livré à la dissipation : un jour qu'il était ivre, il entra par hasard dans l'école de Xénocrate, et entendit ce philosophe parler de la tempérance; il conçut dès lors une telle honte des excès auxquels il s'était abandonné jusque-là qu'il se convertit aussitôt à la philosophie. Il devint le disciple le plus zélé de Xénocrate, et mérita de lui succéder dans sa chaire. Il ne changea rien à la doctrine de son maître.

POLÉMON, Antonius Polemo, sophiste de Laodicée, tint école à Smyrne et se fit un nom sous Trajan et Adrien (98-138); mais il avait encore plus de jactance que de talent. On a de lui 2 Déclamations, publ. par Poussines, avec version latine, Toulouse, 1637, et par Orelli, Zurich, 1819.

POLÉMON I, roi de Pont, fils d'un certain Zénon, gouverneur de Laodicée en Bithynie pour les Romains, fut placé sur le trône par Marc-Antoine, aida le triumvir dans ses guerres contre les Parthes et contre Octave, puis s'accommoda avec Octave vainqueur, et garda son royaume jusqu'à sa mort, qui eut lieu vers l'an 1 ou 2 de J.-C. Il ne possédait d'abord que la partie du Pont qui s'étend du Thermodon à la Colchide, et qui prit de lui le nom de Pont Polémoniaque; il y joignit le Bosphore l'an 14 av. J.-C. Il résidait à Side, ville située sur la côte du Pont-Euxin, qui fut depuis appelée Polemonium. — P. II, son fils, lui succéda sous la tutelle de sa mère Pythodoris, après la mort de laquelle il fut confirmé dans la possession de ses États, l'an 38 de J.-C., par un sénatus-consulte. En 63 il céda le Pont à Néron, et ne régna plus que sur une partie de la Cilicie.

POLÉMONIAQUE (PONT). V. PONT et POLÉMON.

POLENTA, famille qui régna à Ravenne de 1275 à 1441, eut pour chef Guido Novello da Polenta, qui gouverna de 1275 à 1322, et qui fut père de la célèbre Françoise de Rimini. — Ostase I, fils de Guido, poignarda son neveu Rambert pour régner seul (1322-1346). — Bernardin (1346-59) fut quelque temps tenu en prison par ses frères révoltés (Pandolfe, Lambert), réussit à ressaisir sur eux le pouvoir et les fit mourir : il gouverna en tyran. — Gui II (1359-82) embrassa le parti de Louis I d'Anjou et fut sous ce prétexte détrôné et jeté dans un cachot par ses trois fils. — Ostase III, régna de 1431 à 1441. Tour à tour allié et ennemi des Vénitiens, il fut pris, déporté à Candie, et mis à mort avec sa femme et ses enfants par ordre du doge de Venise. En lui finit cette maison.

POLÉSIE, anc. voïvodie de Pologne, en Lithuanie, auj. comprise dans le gouvt russe de Minsk.

POLÉSINE, prov. de Vénétie, sur l'Adriatique, bornée au N., à l'E. et à l'O. par les prov. de Vérone, Padoue et Mantoue : 80 kil. sur 26; 150 000 hab. ; ch.-l. Rovigo. Elle est arrosée par le Pô, l'Adige, le Tartaro, l'Adigetto. Climat humide et malsain. Culture du riz, élève de bétail. Ce pays fut, sous Napoléon I, réparti entre les 4 dép. du Mincio, de la Brenta, de l'Adriatique et du Bas-Pô.

POLICASTRO, Buxentum ou Pyxus, v. et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Principauté Citérieure), sur le golfe de Policastro (anc. golfe de Laos), qui fait partie de la mer Tyrrhénienne; 600 hab. Évêché. Ville ancienne de la Lucanie, jadis plus grande; détruite par les Goths, par les Maures, enfin par les Turcs (1544). — Une autre Policastro, jadis Pétilie, est dans la Calabre Ultérieure 2e, à 8 kil. O. de Sta-Severina, et compte 3450 hab.

POLIER (Henri de), colonel suisse, né à Lausanne en 1741, d'une famille originaire de France, servit la Compagnie des Indes sous Hastings, étudia profondément la langue et la religion des Hindous, revint en Europe avec une grande fortune, et se retira dans le domaine de Rosetti près Avignon, où il fut assassiné par des brigands (1795). Il est le 1er qui ait pu se procurer une copie complète des Vedas (elle se trouve au Musée Britannique). Il avait en outre rapporté de l'Inde une belle collection de peintures indiennes, et de nombreux manuscrits, dont une partie se trouve à la Biblioth. impériale de Paris. — Sa sœur, Marie-Élisabeth P., a tiré de ses notes manuscrites la Mythologie des Hindous, Paris, 1809.

POLIGNAC, Apolliniacum, bg de la Hte-Loire, à 4 kil. N. O. du Puy; 2305 hab. Vieux château, domaine de la famille Polignac, construit sur les ruines d'un temple d'Apollon. — Jadis titre d'une vicomté, qui devint comté, puis marquisat, enfin duché.

POLIGNAC, l'une des plus anc. maison du Velay, qui exerça longtemps la puissance souveraine dans ce pays, tire sort nom de l’ancien château de Polignac, et prétend descendre de la même famille que Sidoine Apollinaire, auteur qui signale en effet un château d’Apolliniacum comme sa maison paternelle. Plusieurs membres de cette famille ont par suite pris le prénom de Sidoine Apollinaire.

POLIGNAC (Melchior de), cardinal célèbre et habile diplomate, né en 1661, au Puy en Velay, mort en 1741, fut chargé de négociations à Rome (1689), alla comme ambassadeur en Pologne (1693) et réussit à faire élire roi le prince de Conti (1696); mais, cette élection n’ayant point eu d'effet, il fut disgracié et exilé pendant quatre ans. Rentré en grâce en 1702, il fut nommé plénipotentiaire en Hollande (1710-13) et obtint le chapeau de cardinal (1713). Exilé de nouveau pendant la Régence pour s'être compromis dans la conspiration des princes légitimés, il resta rentra à la cour en 1721, fut envoyé à Rome où il eut part à l'élection de Benoît XIII (1724), y resta 8 ans chargé des affaires de France et termina les différends suscités par la bulle Unigenitus. Il avait été nommé en son absence archevêque d'Auch (1726). Il fut reçu à l'Académie française en 1704, à celle des sciences en 1711, et à celle des inscriptions en 1717. On lui doit un poëme latin en 9 livres, intitulé l’Anti-Lucrèce, dans lequel il réfute la philosophie fausse et désolante de l'épicurien de Rome : c'est un ouvrage aussi bien écrit que bien pensé, qui renferme des morceaux très-remarquables. L'auteur n'y avait pas encore mis la dernière main au moment de sa mort; le poëme fut revu et perfectionné par le professeur Lebeau, puis par l'abbé de Rothelin, qui le publia en 1745. L’Anti-Lucrèce a été trad. en prose par Bougainville, 1749, par Bérardier, 1786, et mis en vers français par Jeanty-Laurans, 1813.

POLIGNAC (la duchesse de), née POLASTRON, femme du duc Jules de Polignac, fut intime amie de la reine Marie-Antoinette, qui la fit gouvernante des enfants de France et la combla de bienfaits. La haine publique calomnia cette liaison, et attribua aux deux amies les maux de la France; la duchesse émigra avec son mari dès 1789 et mourut à Vienne en 1793, à 44 ans. Le duc Jules de Polignac, son mari, était premier écuyer de Louis XVI. Participant à la fortune de sa femme, il fut fait duc en 1780 et nommé en 1782 surintendant des postes. Il émigra des premiers à la Révolution, servit dans l’armée de Condé, reçut de l'impératrice Catherine II une terre dans l'Ukraine, et mourut à St-Pétersbourg en 1817. Il eut quatre enfants, dont Armand et Jules de Polignac, qui suivent.

POLIGNAC (le prince Jules de), ministre et favori de Charles X, fils des précédents, né à Paris en 1780, m. en 1847, fut emmené en Angleterre dès 1789 par ses parents émigrés, fut placé fort jeune près du comte d'Artois (Charles X), qui le prit en affection et le nomma son aide de camp; revint clandestinement en France en 1804, avec son frère aîné Armand, entra ainsi que lui dans le complot tramé par Georges et Pichegru contre le premier consul, fut condamné à deux ans de prison, tandis qu'Armand était condamné à mort, tenta par un généreux dévouement de sauver son frère; fut, après l'expiration de sa peine, détenu par mesure de sûreté, s'évada à la fin de 1813, et alla rejoindre à Vesoul le comte d'Artois; pénétra un des premiers dans Paris, et y arbora le drapeau blanc dès le 31 mars 1814. Il remplit depuis diverses missions dans l'intérêt des Bourbons, notamment auprès du pape, qui lui conféra le titre de prince romain; fut nommé pair en 1816, mais refusa longtemps de prêter serment à la Charte; fut nommé en 1823 ambassadeur à Londres, et signa en cette qualité le traité qui autorisait l'expédition en faveur des Grecs; fut, quoique fort impopulaire, appelé par Charles X au ministère le 8 août 1829, et reçut avec le portefeuille des affaires étrangères la présidence du conseil; ne tarda pas à justifier toutes les craintes en signant, le 25 juillet 1830, les funestes ordonnances qui amenèrent la chute de Charles X et de la branche aînée des Bourbons; refusa obstinément tout accommodement pendant la lutte, tenta, après le triomphe définitif de la révolution, de s'échapper sous un déguisement, mais fut reconnu à Granville, transféré à Paris et traduit devant la Cour des pairs : il fut condamné à une prison perpétuelle, privé de tous ses titres, grades et ordres, et déclaré mort civilement. Après quelques années de détention au fort de Ham, il fut amnistié, en 1836; il passa en Angleterre, puis obtint de rentrer en France, où il put finir tranquillement ses jours. Ce ministre, auteur de tant de maux, était dans la vie privée un homme bon, pieux et honorable; sa conduite s’explique par des préjugés de naissance et d'éducation, par une foi aveugle dans les doctrines de l'ancien régime et par un dévouement chevaleresque pour Charles X. — Son frère aîné, le duc Armand, né en 1771, mort comme lui en 1847, était animé du même dévouement pour la monarchie. Arrêté avec lui en 1804 comme impliqué dans la conspiration de George Cadoudal, et condamné à mort, il ne dut son salut qu'à l'intercession de l'impératrice Joséphine. Enfermé au fort de Ham, il s'évada en 1813, fut nommé en 1814 aide de camp et 1er écuyer du comte d'Artois, puis maréchal de camp. Il fit partie en 1815 de la Chambre introuvable, entra à la Chambre des pairs à la mort de son père (1817), refusa en 1830 de prêter serment et rentra dans la vie privée.

POLIGNANO, v. et port d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples (Terre-de-Bari), sur l'Adriatique, à 35 kil. S. E. de Bari; 7000 hab. Évêché. Curieuses cavernes.

POLIGNY, Poliniacum, ch.-l. d'arr. (Jura), à 29 k. N. E. de Lons-le-Saulnier, au pied d'une montagne; 5401 hab. Justice de paix (le tribunal de 1re inst. est à Arbois), collége. Fabriques de bonneterie, chandelles, tonneaux, faïence, salpêtre, etc. Commerce en grains, vins, bestiaux, fromages, etc. Patrie de J. Coythier, médecin de Louis XI. — Ville jadis importante : elle était, sous les Romains, la résidence du gouverneur de la Séquanaise, et fut, au moyen âge, une des habitations des comtes et ducs de Bourgogne; elle fut érigée en commune en 1288. Elle fut prise en 1595 par Henri IV, en 1638 par le duc de Longueville, en 1674 par Condé.

POLIORCÈTE (DÉMÉTRIUS). V. DÉMÉTRIUS.

POLITIEN (Ange Ambrogini), littérateur italien, né en 1454 en Toscane, à Monte-Pulciano (d'où son nom), mort en 1494, obtint dès sa 1re jeunesse la faveur des Médicis par des stances sur un tournoi dans lequel Julien de Médicis avait remporté la palme, devint l'instituteur des deux fils de Laurent de Médicis, dont l'un fut plus tard le pape Léon X, fit à Florence des cours de littérature grecque et latine et de philosophie qui attirèrent un grand nombre d'auditeurs, entra dans l'Église à la fin de sa vie et obtint un canonicat à Florence. Il a laissé d'élégantes poésies italiennes; une Histoire de la conjuration des Pazzi, en latin, 1478; des Commentaires sur les Pandectes, 4 poëmes Bucoliques latins, des épigrammes grecques, une traduction latine d’Hérodien. On a aussi de lui un recueil de Lettres, en 12 livres, précieuses surtout par les détails historiques sur la 2e moitié du XVe siècle. Soit comme prosateur, soit comme poëte, Politien a manié la langue latine avec un talent qui en fait un émule des anciens. En outre, il a beaucoup contribué à répandre la connaissance et le goût de la littérature ancienne : on lui doit la découverte de nouveaux morceaux de Quintilien. Ses Œuvres ont été réunies à Venise dès 1498 et plusieurs fois réimprimées, notamment à Paris, 1512, et Bâle, 1654, in-f.

POLITIQUES, tiers parti qui se forma lors des guerres civiles religieuses sous Charles IX et Henri III. Il se composait des mécontents du parti catholique et du parti protestant, ce qui les fait aussi désigner sous le nom de Malcontents. S'inspirant des sentiments du chancelier de L'Hôpital, les Politiques recommandaient la tolérance mutuelle et se proposaient de rétablir la paix par une transaction équitable entre les deux communions. Leurs chefs étaient : François d'Alençon, frère du roi, le roi de Navarre, Henri de Bourbon, le prince de Condé, les Montmorency, etc. Quelques imprudents de ce parti formèrent une conspiration contre Charles IX en 1574, et deux d'entre eux, La Mole et Coconas, favoris du duc d'Alençon, furent décapités. Après la mort de Charles IX, ils prirent les armes, mais leur armée fut battue à Dormans par Henri de Guise, 1575. Henri III gagna les principaux chefs, en leur accordant des conditions avantageuses au traité de Beaulieu, 1576, et le parti sembla dissous. Cependant, les idées qu'il soutenait firent leur chemin et préparèrent cette majorité nationale qui, ne voulant ni d'un roi hérétique, ni d'un roi étranger, repoussa les prétentions du foi d'Espagne Philippe II à la couronne de France, et se rallia à Henri IV, dès que ce prince se fut converti.

POLK (J. KNOX), 11e président des États-Unis, né en 1795 dans la Caroline du Sud, m. en 1849, avait d'abord été avocat dans le Tennessee. Député au Congrès en 1825, puis président de la Chambre des représentants, il fut nommé gouverneur du Tennessee par l'influence du général Jackson, et fut porté en 1845 à la présidence de l'Union par le parti démocratique. Il annexa le Texas aux États-Unis, 1845, termina le différend qui s'était élevé avec l'Angleterre au sujet de l'Orégon, 1846, et fit au Mexique une courte guerre qui valut aux États-Unis le Nouveau-Mexique et la Californie, 1847. L'excès du travail hâta sa fin : il mourut peu après avoir quitté la présidence.

POLLENTIA, auj. Polenza, v. de Ligurie, chez les Statiellates, au S. O. d’Asta et d’Alba Pompeia, était célèbre chez les anciens par ses laines noires. Stilicon y remporta une grande victoire sur Alaric en 403.

POLLION, C. Asinius Pollio, orateur et personnage politique, né à Rome l'an 76 av. J.-C., m. l'an 4 de l'ère chrétienne, s'attacha d'abord à César, qu'il accompagna au passage du Rubicon et à la bat. de Pharsale, puis servit Antoine et reçut de lui le commandement des légions campées à Mantoue : c'est là qu'il eut l'occasion de connaître Virgile, dont il sauva le patrimoine. Consul en 40 av. J.-C., il prit Salone sur les Dalmates révoltés, ce qui lui valut les honneurs du triomphe. Il chercha vainement à réconcilier Octave et Antoine. Las enfin des caprices et de l'orgueil de ce dernier, il abandonna la carrière publique pour se vouer au barreau et aux lettres et entreprit d'écrire l’Histoire des guerres civiles de Rome. Outre cette Histoire, en 27 livres, qui ne nous est pas parvenue, il avait laissé des discours, des lettres, des tragédies, un livre contre Salluste; on n'a conservé de lui que trois lettres à Cicéron (dans le livre des Épîtres familières), et de courts fragments de son histoire et de ses discours. Pollion fut, comme Mécène, le protecteur des lettres et l'ami de Virgile et d'Horace, qui l'ont immortalisé dans leurs écrits : c'est à lui que Virgile adresse sa 4e églogue et Horace la 1re ode du IIe livre. C'est lui qui établit la première bibliothèque publique à Rome. Comme orateur, on le plaçait immédiatement après Cicéron et sur la même ligne que César. Il jouissait aussi d'une grande réputation comme homme de goût, et les meilleurs écrivains soumettaient leurs œuvres à sa critique.

POLLUX, frère de Castor. V. CASTOR.

POLLUX, Julius Pollux, sophiste et grammairien grec, né à Naucratis en Égypte vers l'an 130 de J.-C., m. en 188, se fit un nom à Rome, fut un des précepteurs de Commode, puis alla remplir à Athènes la chaire publique d'éloquence, et mourut dans cette ville. De divers ouvrages qu'il avait composés, il ne nous reste qu'un Lexique en 10 livres, intitulé Onomasticon, ouvrage où les mots sont disposés, non dans l'ordre alphabétique, mais selon l'analogie du sens. Les meilleures éditions de l’Onomasticon sont celles de Léderlin et Hemsterhuys, Amst., 1706, de G. Dindorf, Leips., 1824, et d'E. Bekker, Berlin, 1846. — Un autre J. Pollux, historien grec qui vivait sous Valens (364), a donné une Chronique qui va de l'origine du monde au règne de Valens, et qui a été publ. à Munich en 1792, avec traduction latine.

POLO (Marco) ou MARC-PAUL, fameux voyageur vénitien, né en 1252 ou 1256, m. vers 1323, accompagna son père et son oncle dans un voyage de commerce qu'ils avaient entrepris à la cour de Koublaï, grand-khan des Mongols. Il plut à ce prince qui le retint 17 ans à son service et l'employa dans des missions lointaines, dont il s'acquitta avec autant d'intelligence que de fidélité : il eut ainsi l'occasion de visiter des contrées qui étaient restées jusque-là inconnues aux Européens, la Tartarie, la Chine, l'Indo-Chine, le Japon. Après avoir traversé toute l'Asie, il revint en Europe par les îles de la Sonde, l'océan Indien et la Perse jusqu'à Trébizonde et Constantinople. De retour en Europe, en 1295, avec de grandes richesses, il arma à ses frais et commanda une des galères vénitiennes pendant la guerre de Curzola; mais il fut pris par les Génois et ne revit sa patrie qu'après plusieurs années de captivité. C'est pendant cette captivité qu'en 1298 il dicta ou fit rédiger la relation de ses Voyages. La relation de Marco-Polo, renfermant une foule de faits extraordinaires, fut accueillie avec incrédulité par ses contemporains, mais les progrès de la science sont venus la confirmer et elle est justement regardée comme un des plus précieux monuments géographiques que nous possédions. On est incertain sur la langue dans laquelle elle a été rédigée originairement : quoiqu'il semble qu'elle ait dû l'être avant tout dans le dialecte vénitien, que parlait l'auteur, des découvertes récentes établissent que la 1re rédaction en aurait été faite en français (dans le dialecte picard). Quoi qu'il en soit, elle existe en italien, en latin, en français, en portugais, en espagnol, en allemand, en anglais. La 1re édition latine est présumée être de Venise ou de Rome, 1484, mais elle ne porte ni date ni indice de lieu. La 1re édition italienne est de Venise, 1496. La meilleure traduction française est celle qui forme le tome I du Recueil des Voyages et Mémoires de la Société de géographie de Paris, publié en 1824. M. G. Pauthier a donné une édition du vieux texte français, qu'il considère comme la rédaction originale, 1865, 2 vol. in-8.

POLO (Gil), poëte espagnol. V. GIL-POLO.

POLOGNE, ancien État de l'Europe, dont les bornes ont beaucoup varié, et qui, dans sa plus grande étendue, embrassa le pays compris entre l'Oder à l'O., le Dnieper à l'E., la Baltique au N., et la mer Noire au S., de 47° à 58° lat.N. et de 13° à 30° long. E.,ayant environ 1200k. sur 1000. Il avait pour capitale Varsovie, et comptait de 12 à 15 millions d'hab. Outre la Courlande, qui, bien que régie par des ducs, était un fief polonais, et la Prusse occidentale ou Poméranie, on y distinguait trois grandes masses : la Grande-Pologne, la Petite-Pologne, la Lithuanie, lesquelles étaient subdivisées comme suit :

Posnanie (palatinat de), Posen.
Gnesne (palat. de), Gnesne.
Kalich (palat. de), Kalich.
Sieradie (palat. de), Sieradz.
Vieloun (pays de), Vieloun.
Lentchits (palat. de), Lentchits.
Grande-Pologne Rava (palat. de), Rava.
Brzests en Cujavie (palat. de), Brzests.
Inovraclav (palat de), Inovraclav.
Mazovie (palat. de), Varsovie.
Plotsk (palat. de), Plotsk,
Dobrzin (palat. de), Dobrzin.
Cracovie (palat. de), Cracovie.
Sandomir (palat. de), Sandomir.
Lublin (palat. de), Lublin.
Sévérie (duché de), Siewierz.
Podlachie ou Bielsk (pal. de), Bielsk.
Petite-Pologne Chelm (pays de), Chelm.
Podolie (palat. de), Kamienietz.
Bratslav (palat. de), Bratslav.
Kiev (palat. de), Zitomierz.
Volhynie (palat. de), Vlodzymirerz.
Vilna (palat. de), Vilna.
Troki (palat. de), Troki.
Minsk (palat. de), Minsk.
Polotsk (palat. de), Polotsk.
Lithuanie Vitebsk (palat. de), Vitebsk.
Mstislav (palat. de), Mstislav.
Novogrodek (palat. de), Novogrodek.
Brzests en Polésie (palat. de), Brzests-Litovk.
Samogitie (duché de), Rossiena.

La Pologne n'est guère qu'une plaine immense; elle est arrosée par plusieurs grands fleuves : la Vistule, le Niémen, le Dniestr et le Dniepr. L'air y est froid, mais sain; le sol est inégalement fertile : au S. E. les grains abondent; la Lithuanie a d'immenses forêts, la Samogitie produit du lin en quantité. Beaux pâturages, bétail, gibier, élans, bisons, buffles (en Lithuanie et Mazovie), beaucoup de chevaux sauvages; castors, loutres, ours, loups-cerviers, etc. Cuivre, plomb, fer, houille, immenses mines de sel (à Bochnia et Wielicza); albâtre, marbre, soufre, salpêtre, pierres à chaux et à bâtir. La population de la Pologne se divisait en nobles (ou ordre équestre), bourgeois et paysans. Ceux-ci étaient presque tous serfs; les nobles avaient sur eux droit de vie et de mort; ils pouvaient seuls posséder des terres et étaient seuls admis à exercer les droits politiques. La forme du gouvernement de la Pologne, dans les derniers siècles de son existence, était très-vicieuse : la couronne, d'abord héréditaire, finit par devenir élective (1572); elle pouvait se donner même à des étrangers; le roi n'avait point le droit de lever des armées, de faire la guerre, de conclure la paix, de former des alliances : la diète seule avait ce pouvoir; l'élection du roi était faite dans des diètes qui se tenaient à cheval et en armes, dans une plaine située sous les murs de Varsovie; tout noble adulte pouvait voter dans les diètes; un seul vote négatif empêchait toute proposition de passer (c'est ce qu'on appelait le liberum veto) : d'où l'impossibilité de rien décider légalement. Le sénat, plus puissant que le roi, n'avait cependant lui-même que peu d'autorité. Après ce corps venaient les palatins, les starostes et les castellans qui, bien que peu dépendants du pouvoir central, n'avaient qu'un pouvoir assez restreint dans les provinces et districts. La religion dominante était le Catholicisme et le clergé catholique était fort riche (il possédait les deux tiers des terres); mais on comptait beaucoup de dissidents, Luthériens, Sociniens, Grecs non unis, qui longtemps furent traités avec une grande intolérance, et surtout beaucoup de Juifs, qui au contraire jouissaient d'une assez grande liberté; aussi avait-on surnommé la Pologne le Paradis des Juifs. Les Polonais sont de race slave. La vivacité de leur esprit, leur caractère liant et sociable les ont fait surnommer les Français du Nord.

Histoire. Les pays qui formèrent depuis la Pologne étaient vaguement compris par les anc. dans la Germanie septentr. et la Scythie d'Europe. Aux VIe et VIe siècles, ces pays furent envahis par des tribus slaves connues sous les noms de Lettones et de Lèches, qui plus tard furent réunies sous le nom de Polènes ou Polonais, c.-à-d. Slaves de la plaine. Ce n'est guère qu'au VIIIe que la Pologne commence à former un État unique et à part. A partir de l'an 842, elle est gouvernée par des ducs particuliers, du nom de Piasts, qui, plus tard, s'étant soustraits à la suzeraineté de l'empire d'Allemagne, prennent le titre de rois sous Boleslas I, vers l'an 1000. Le Christianisme y avait été introduit dès 966 par Miécislas I. Le nouveau royaume commençait à prospérer ; mais les partages perpétuels du territoire entre les fils des princes, l'anarchie de 1037 à 1042, la guerre civile de Zbignev, la séparation delà Silésie (1168), la lutte entre Lech le Blanc et Miécislas III ou son fils (1195-1207), vinrent compromettre son existence. La Pologne se relevait de ces maux, quand l'invasion mongole (1241-1287) lui fit souffrir des pertes incalculables. Après la mort de Lech le Noir, elle fut livrée de nouveau aux troubles intérieurs (1295-1306). Cependant le pays s'agrandit et prospéra sous Vladislas le Nain et surtout sous Casimir III : avec ce dernier finit la ligne aînée des Piasts. Louis le Grand, son gendre, joignit la Hongrie à la Pologne ; mais après lui, ses deux filles, Hedvige et Marie, se virent réduites chacune à l'une des deux couronnes. Hedvige, à qui était échue la Pologne, amena la réunion de la Lithuanie et de la Pologne en épousant (1386) le grand-duc de Lithuanie Jagellon, qui se convertit et prit le nom de Vladislas V. Cette réunion, qui ne fut consommée qu'en 1444 (Voy. LITHUANIE), doublait le territoire du royaume. La période des Jagellons (1386-1572) fut, avec les 80 années qui la précédèrent (sous Lech VI, Casimir III et Louis le Grand), la plus belle époque de la Pologne. Pendant ce temps, cette nation donna des rois à la Bohême, à la Hongrie, réunit à la couronne d'anciens grands fiefs qui s'en étaient détachés ; acquit la moitié de la Prusse (la Prusse occident. ou royale), avec suzeraineté sur la Prusse orient. ou ducale, plus la Livonie (1560), qui lui fut assurée par la paix de Kieverova-Horka (conclue avec Ivan IV); en outre, elle établit sa suzeraineté sur la Courlande (1561). A la même époque, la Pologne résistait glorieusement aux tentatives des Turcs, devenus ses voisins depuis la chute de l'empire grec. Malheureusement, la féodalité acquérait de plus en plus de force : après l'extinction des Jagellons dans les mâles (1572), la royauté fut déclarée élective (Henri de Valois, Henri III, fut le premier élu, 1573); mais, à chaque élection, de nouvelles restrictions, sous le nom de pacta conventa, affaiblissaient de plus en plus le pouvoir : de là, insuffisance de l'impôt, manque de suite, de concert, point de secret dans les délibérations, point d'armée réelle, pas même de fortifications. Les querelles religieuses, suscitées par la naissance du Protestantisme, hâtèrent encore la décadence de la Pologne ; en vain la diète de Wilna (1563) avait-elle décrété la tolérance et accordé aux dissidents les mêmes droits qu'aux Catholiques ; ce décret fut violé sous les Wasa et aboli sous Michel Wisnioviecki. Le dernier acte de puissance de la Pologne fut son intervention dans les troubles de la Russie à l'occasion du meurtre du faux Dmitri (1605), la prise de Moscou (1611), et les traités de Divilino (1618) et de Viazma (1634), par lesquels la Russie abandonnait non-seulement la Livonie, mais les provinces récemment conquises de Smolensk, de Tchernigow et de Novgorod-Séverskoï. Depuis, elle ne fit que rétrograder : elle fut dépouillée en 1657 de sa suzeraineté sur la Prusse orientale ou ducale, perdit la Livonie en 1660, par la paix d'Oliva ; Smolensk, l'Ukraine occid. et la Sévérie en 1667, par le traité d'Andrussof. La Pologne reprend un éclat momentané sous J. Sobieski, qui repousse les Turcs au moment où ils allaient s'emparer de Vienne (1683) et qui leur reprend plusieurs provinces ; mais les fautes croissantes de la noblesse et du sénat empêchent l'État d'y rien gagner, et Sobieski se voit forcé de signer en 1686 le traité de Moscou qui lui enlève la Podolie et Kiev. Pendant la grande guerre du Nord (1700-1721), l'invasion de Charles XII, la lutte entre deux compétiteurs au trône, Auguste (que soutenait le czar Pierre) et Stanislas Leczinski (que soutenait Charles XII), achevèrent la ruine de la Pologne. Enfin, à la faveur des discordes qui armaient les uns contre les autres, les Catholiques et les dissidents, les Russes occupèrent la Pologne, et Catherine II fit violemment proclamer roi Stanislas Poniatowski, son ancien amant (1764). Il se forme alors contre l'influence russe un rokoss de patriotes, dit Confédération de Bar (1768); Louis XV et la Porte prêtent leur appui aux confédérés, mais la chute de Choiseul en France et les succès des Russes contre les Turcs rendent vain l'héroïsme des patriotes, et le premier démembrement de la Pologne est décidé. Ce démembrement eut lieu en 1772 : la Galicie orientale fut donnée à l'Autriche ; toutes les anciennes conquêtes des Lithuaniens sur les Russes (Russie Blanche, Russie Noire, Livonie polonaise) furent attribuées à la Russie à titre de restitution ; la Prusse royale et ses annexes devinrent le lot de la maison de Brandebourg. Ce qui restait porta encore le titre de roy. de Pologne, mais ne fut plus de fait qu'une province russe. En 1790, pendant la guerre des Suédois et des Turcs contre la Russie, les patriotes polonais opérèrent une révolution : ils promulguèrent en 1791 une constitution sage, qui abolissait l'absurde veto et fortifiait la royauté ; mais la Russie suscita contre eux la confédération de Targowice (1792), composée de mécontents polonais, qui prirent les armes au nom de l'ancienne constitution. A la faveur de ces dissensions, un 2e partage eut lieu, en 1793, entre la Russie et la Prusse : la Russie, qui eut la plus forte part, y gagna les voïvodies de Kiev, Brassav, Podolie, Volhynie, Novogrodek et Minsk. Un nouvel effort des Polonais en 1794 amena une 3e lutte plus inégale encore, dans laquelle Kosciusko fit vainement des prodiges de valeur, et un 3e et dernier partage s'effectua en 1795. L'Autriche y eut part aussi bien que la Russie et la Prusse : la Russie cette fois s'incorpora toute la Lithuanie. La Pologne resta ainsi anéantie pendant douze ans. Après sa première campagne de Prusse (1807), Napoléon, par le traité de Tilsitt, fit de toute la Prusse polonaise et de plusieurs autres provinces de l'ancienne Pologne, le Grand-duché de Varsovie (V. ce mot), qui comprenait environ les deux cinquièmes de l'ancien royaume de Pologne, et il le donna au roi de Saxe, Frédéric-Auguste, petit-fils d'Auguste II, qui déjà avait été élu roi par les patriotes de 1790, mais n'avait point accepté. Depuis cette époque, les Polonais, espérant toujours le rétablissement de leur nationalité, se montrèrent dévoués à Napoléon et leurs soldats combattirent constamment dans les rangs de l'armée française, où ils formaient un corps d'élite (V. DOMBROWSKI, Jos. PONIATOWSKI). Quand Napoléon fut tombé, le congrès de Vienne (1815) coupa en deux le Grand-duché de Varsovie : la partie occidentale, comprenant Dantzick, Thorn, Culm, Posen, etc., fut rendue à la Prusse, qui en fit le Grand-duché de Posen; la partie orientale, de beaucoup la plus forte, fut livrée à la Russie, qui en a formé une annexe de son empire sous le nom de Royaume de Pologne. Cracovie seule fut laissée en dehors de ce nouveau partage et forma une république indépendante ; mais l'Autriche s'en empara en 1846 et l'incorpora à la Galicie.

Le nouveau Royaume de Pologne a pour bornes à l'E. les prov. lithuaniennes de la Russie occid., au N. la prov. prussienne de Prusse, à l'O. la Silésie (aussi à la Prusse), au S. la Galicie. Il s'étend de 35° à 42° long. E., de 50° à 55° lat. N.: 580 kil. du N. au S., sur 432 ; 124 000 kil. carr. ; 4 200 000 hab.; capit., Varsovie. Il est divisé en 5 gouvernements : Varsovie, Lublin, Radom, Plotsk, Augustovo. D’après les traités de 1815, ce royaume, tout en étant annexé à l’empire russe, devait conserver sa nationalité : il reçut en effet une constitution de l’empereur Alexandre ; il eut sa diète, qui votait l’impôt et discutait les lois, et fut gouverné par un vice-roi (Constantin, frère de l’empereur Alexandre I). Sous cette nouvelle forme de gouvernement, la Pologne jouit de quelque repos de 1815 à 1830 ; mais, après la révolution française de 1830, elle se souleva contre la Russie, alléguant l’inexécution des traités qui avaient garanti ses libertés. Pendant dix mois (de novembre 1830 à septembre 1831), la Pologne lutta héroïquement contre des forces décuples ; vaincue de nouveau, malgré les efforts des Chiopicki, des Czartoryiski, des Skrzynecki, des Dembinski, elle fut décimée par le vainqueur, perdit la constitution que lui avait donnée Alexandre ainsi que la plupart de ses priviléges, et vit appesantir son joug : les statuts de 1832 et 1835 effacèrent les dernières traces de sa nationalité et lui enlevèrent jusqu’à l’usage de sa langue dans tous les actes officiels. L’empereur Alexandre II s’était efforcé depuis son avénement d’adoucir le sort de la Pologne ; il lui avait rendu l’usage de sa langue et lui avait donné un gouvernement séparé ; néanmoins, en 1863, les rigueurs du recrutement donnèrent lieu à une nouvelle insurrection : après deux ans d’une lutte inégale, les Polonais, qui avaient inutilement compté sur l’appui des puissances européennes, furent de nouveau réduits et virent aggraver leur sort. — L’Hist. de la Pologne a été écrite par Lelewel, 1829. Rulhière adonné une bonne Hist. de l’Anarchie et du démembrement de la Pologne, 1807.

Souverains de la Pologne.
Temps fabuleux. Vladislas IV, le Nain, 1295
Lech, vers 501 Venceslas de Bohême, 1300
Vanda, 540
Cracus, 600 Vladislas IV, 2e f., 1304
Przémislas I, 750 Casimir III, le Grand, 1333
Lech II, 804 Dynastie d’Anjou.
Lech III, 810 Louis le Grand, 1370
Popiel I, 815 Marie et Hedvige, 1382
Popiel II, 830 Hedvige seule, 1384
Interrègne, 840-842. Dynastie des Jagellons.
Dynastie des Piasts. Vladislas V Jagellon, 1386
Piast, duc de Pologne, 842 (avec Hedvige), 1386-90
Ziémovit, 861 Vladislas VI, v1434
Lech IV, 892 Casimir IV, ou Jean Albert, 1445
Ziémomislas, 913
Miécislas I, 962 Alexandre I, 1501
Boleslas I (1er roi), 992 Sigismond I, 1506
Miécislas II, 1025-37 Sigismond Auguste ou Auguste I, 1548
Othon, Maslav, 1032
Anarchie, 1037-42. Princes électifs.
Casimir I, 1042 Henri de Valois, 1573
Boleslas II, le Hardi, 1058 Étienne Bathori, 1575
Vladislas I, 1081 Sigismond III, 1587
Boleslas III, 1102 Vladislas VII, Wasa 1632
Zbignev, 1107 Jean Casimir ou Jean II, 1684
Vladislas II, 1138
Boleslas IV, 1146 Michel Koributh Wisnioviecki, 1669
Miécislas III, 1173
Casimir II, 1177 Jean III, Sobieski, 1674
Lech V, le Blanc, 1194-1227 Période saxonne.
avec Miécislas III, 1199 Auguste II, 1697
avec Vladislas III, 1202 Stanislas Leczinski, 1704-1712
seul, 1207 Auguste II, 2e fois, 1709
Boleslas V, le Chaste, 1227 Auguste III, 1733
Lech VI, le Noir, 1289 Stanislas II, Poniatowski, 1764-1795
Przémislas II, 1290


POLOGNE (PETITE ET GRANDE). V. POLOGNE.

POLONCEAU (Ant. Remi), ingénieur en chef des dép. du Mont-Blanc (1812) et de Seine-et-Oise (1815), puis inspecteur divisionnaire (1830), né à Reims en 1778, m. en 1847, exécuta plusieurs travaux importants, notamment la route du Lautaret, qui fait communiquer Grenoble avec Briançon, la route des Échelles et le beau pont de fer du Carrousel, à Paris, où il appliqua un système nouveau (1832). On lui doit l’introduction en France des routes à la mac-adam, l’usage du rouleau de compression pour l’empierrement, l’emploi du béton dans les constructions hydrauliques et un nouveau système de ponts à bascule. - Son fils, Camille P., 1813-59, s’attacha spécialement à la construction des chemins de fer, dirigea l’exploitation de ceux de Versailles, d’Alsace, d’Orléans, donna les premiers plans des rotondes à locomotives, et perfectionna les machines ainsi que le matériel roulant.

POLOTSK, Peltiscum, v. de la Russie d’Europe, (Vitebsk), sur la Dwina, à 100 kil. N. O. de Vitebsk, à 500 kil. S. O. de St-Péterbourg ; 3000 hab. Évêché grec. Anc. château fort. — Capitale d’une principauté souveraine au moyen âge, elle passa avec la Lithuanie sous la domination de la Pologne, lui fut enlevée en 1563 par le czar Ivan-Vasiliévitch, et reprise en 1579 par Étienne Bathori ; les Russes s’en emparèrent de nouveau en 1655, mais elle ne fut définitivement réunie à la Russie qu’après le 1er partage de la Pologne, en 1772. Jusqu’en 1796, elle fut ch.-l. d’un gouvt russe particulier. Gouvion St-Cyr défit Wittgenstein aux env. de cette ville le 18 août 1812.

POLOVTSES ou mieux OUTSES, Uzi en latin du moyen âge, peuple qui, venu de l’Asie avec les Cumans, parut en Russie au milieu du XIe s. Il battit Isiaslav I sur les bords de l’Aluta (1067), fut défait près de la Snove par Sviatoslav de Tchernigov en 1069, aida Oleg, prince de Tmoutarakan, contre Isiaslav, puis contre Vsévolod et contre Sviatopolk, successeur de ce dernier, et enfin s’établit sur tout l’espace compris entre l’Aluta, le Don et par la mer au S. Unis aux Petchenègues et aux Valaques, les Polovtses obtinrent en 1078 un territoire en Thessalie, et se joignirent aux Grecs contre les Bulgares au XIIIe s. A l’approche des Mongols, ils s’allièrent contre eux aux princes russes, mais ils furent anéantis à la grande bataille de la Kalkha, 1224.

POLTAVA ou PULTAVA, v. de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvt de même nom, dans l’anc. Ukraine, sur la Poltavka, à 1400 kil. S. E. de St-Pétersbourg ; 15 000 hab. Évêché grec, cour d’appel, séminaire, école de cadets. Citadelle bâtie en bois, ainsi que la plupart des maisons. Pierre le Grand y remporta en 1709, sur Charles XII, roi de Suède, une victoire après laquelle ce dernier fut forcé de se réfugier à Bender en Turquie : un monument en granit conserve le souvenir de cette victoire. Fondée en 1608, cette ville a été réunie à la Russie en 1664. — Le gouvt de Poltava, dans la petite Russie, entre ceux de Tchernigov, de Koursk, de Kharkov, d’Iékatérinoslav et de Kiev, a 400 kil. sur 200, et env. 1 900 000 hab. Vastes plaines, beaux pâturages, élève de chevaux.

POLTROT DE MÉRÉ (Jean), gentilhomme de l’Angoumois, né vers 1525, avait été espion militaire en Espagne, puis s’était fait protestant. Effrayé des succès du duc de Guise contre ses coreligionnaires, il l’assassina en 1563, pendant qu’il assiégeait Orléans. Il fut pris aussitôt, jugé et écartelé.

POLUS de Sunium, acteur grec, contemporain de Périclès, réussissait surtout dans le pathétique. On dit qu’un jour, jouant le rôle d’Électre dans la pièce de Sophocle qui porte ce nom, il prit dans ses mains l’urne de son propre fils qu’il venait de perdre, et lui adressa les touchantes paroles qu’Électre adresse à l’urne d’Oreste : il arracha ainsi des larmes à tous les spectateurs.

POLUS (le cardinal), en anglais Pole ou Pool, né en 1500 à Stowerton-Castle (Stafford), m. en 1558, était parent de Henri VII et d’Édouard IV. Cardinal et légat apostolique en Angleterre, il déplut à Henri VIII en désapprouvant son changement de religion : sa tête fut mise à prix et il n’échappa qu’à grand’peine à la mort. Il remplit depuis diverses missions pour le St-Siége, fut un des trois présidents du concile de Trente, et devint sous la reine Marie archevêque de Canforbéry et président du conseil royal. On a de lui : Pro unitate ecclesiæ, ad Henricum VIII; Reformatio Angliæ, 1556.

POLYBE, Polybius, roi de Corinthe, avait adopté Œdipe dans son enfance et lui destinait son trône. Après le départ d'Œdipe, il choisit pour successeur Adraste, qui, chassé d'Argos, s'était réfugié à sa cour.

POLYBE, historien grec, fils de Lycortas, né à Mégalopolis vers 206 av. J.-C., passa sa jeunesse près de Philopœmen, qui le forma dans l'art de la guerre, s'efforça, mais en vain, de maintenir la neutralité des Achéens entre Rome et la Macédoine, fut envoyé à Rome en otage (166), et ne recouvra sa liberté que 17 ans après. Pendant son séjour en Italie, il fit une étude approfondie de la politique et de l'état militaire des Romains et s'acquit l'amitié des deux fils de Paul-Émile, surtout du second Scipion l'Africain, qu'il accompagna au siége de Carthage (146); il voyagea ensuite en Afrique, en Espagne, en Gaule, et fut chargé par les Romains de diverses missions près des Grecs, en faveur desquels il réussit plus d'une fois à adoucir le vainqueur. Il m. en 124, à 82 ans. Il avait écrit la Vie de Philopœmen, la Guerre de Numance, une Tactique, et une Histoire générale de son temps, en 40 livres, où il menait de front l'histoire de Rome et celle des États contemporains : cette Histoire ne s'étendait que de l'an 220 à 146 av. J.-C., mais l'auteur présentait dans les 2 premiers livres un tableau des événements antérieurs. Nous possédons seulement les 5 premiers livres de l’Histoire générale et des fragments assez considérables des autres livres. Ces fragments se composent : 1° d'une double série d'extraits formés par ordre de Constantin VII et intit. Ambassades et Exemples des vertus et des vices; 2° de passages recueillis dans les auteurs anciens; 3° de fragments récemment découverts par A. Mai dans les palimpsestes, par C. Muller à l'Escurial, par M. Mynas au mont Athos. Considéré comme écrivain, cet auteur laisse à désirer : il se livre à de fréquentes digressions; il raconte froidement; ses portraits manquent de vie, son style est souvent prétentieux, pénible ou monotone; mais il se distingue entre tous par l'exactitude, le jugement et l'impartialité : historien philosophe, il scrute les causes et les ressorts des événements; il fait comprendre les opérations diplomatiques ou militaires; il révèle les caractères, les talents et les fautes des acteurs politiques; c'est l'historien des hommes d'État, des hommes de guerre et des penseurs. La 1re édition grecque de Polybe est de 1530; auparavant on n'avait que la traduction latine des cinq premiers livres par Perotti; ensuite vinrent les éditions d'Isaac Casaubon, Paris, 1609; de Jacq. Gronovius, Leyde, 1670, de Schweighæuser, Leipsick, 1792, 8 vol. in-8, de Bekker, Berlin, 1844. F. Didot a réimprimé l'édition de Schweighæuser avec des notes inédites de ce savant, et les nouveaux fragments découverts à l'Escurial par C. Muller, 1840, grand in-8. Ernesti a donné un Lexicon Polybianum. L’Histoire de Polybe a été trad. en franç. par dom Thuillier, avec des Commentaires de Folard, 1727-30, 6 v. in-4, et par F. Bouchot, 1847, 3 v. in-12.

POLYCARPE (S.). évêque de Smyrne, s'était converti fort jeune au Christianisme, et s'était attaché à S. Jean l’Évangéliste. Il eut lui-même pour disciples S. Photin et S. Irénée. Il subit le martyre à Smyrne vers l'an 167; il avait près de 95 ans. On le fête le 26 janvier. On a de lui une Épître aux Philippiens.

POLYCLÈTE, statuaire et architecte, né vers 480 av. J.-C., à Sicyone ou à Argos, est célèbre surtout par sa belle Junon colossale, faite pour le temple d'Argos, qui avait la tête, la poitrine, les bras et les pieds en ivoire; le reste, composé des vêtements, était en or. Cet artiste avait écrit un livre sur les proportions du corps humain et avait exécuté une statue-modèle, dite le Canon, c'est-à-dire la règle, dans laquelle il avait réuni toutes les perfections du corps humain. Comme architecte, ses chefs-d'œuvre étaient un Tholus, monument circulaire en marbre blanc, à Épidaure, et un théâtre enfermé dans le temple d'Esculape de la même ville.

POLYCRATE, tyran de Samos (535-524 av. J.-C.), s'empara de l'autorité en faisant périr ses deux frères, avec lesquels il avait d'abord partagé le pouvoir, amassa de grandes richesses, soumit plusieurs îles de la mer Égée, défit les Milésiens venus au secours de ceux de Lesbos, et devint assez puissant pour qu'Amasis, roi d’Égypte, et Cambyse, roi de Perse, recherchassent son alliance. Protecteur des lettres et des sciences, il reçut à sa cour Anacréon et Phérécyde, et rassembla une riche bibliothèque. Il fut longtemps célèbre par son bonheur. On raconte qu'inquiet lui-même de l'étonnant succès qu'obtenaient toutes ses entreprises, il voulut, pour prévenir la jalousie des dieux, s'imposer un sacrifice en jetant à la mer un anneau d'un grand prix; mais, que peu de jours après cet anneau fut retrouvé dans le corps d'un poisson et lui fut rapporté. Polycrate périt peu après de la manière la plus malheureuse : pendant qu'il méditait la conquête de l'Ionie, il fut pris en trahison par Orétès, gouverneur de Sardes pour Cambyse, qui le fit mettre en croix.

POLYDECTE, roi de l'île de Sériphe, recueillit Danaé et Persée, qui avaient été livrés à la mer enfermés dans un coffre. Ayant voulu dans la suite faire violence à Danaé, il fut puni par Persée qui le pétrifia en lui présentant la tête de Méduse.

POLYDECTE, roi de Sparte de 907 à 898, père de Charilaüs, dont Lycurgue, son frère, fut le tuteur.

POLYDORE, fils de Priam. V. POLYMNESTOR.

POLYDORE DE CARAVAGE. V. CARAVAGE.

POLYDORE VIRGILE, historien. V. VIRGILE.

POLYEN, Polyænus, écrivain grec du IIe s. de J.-C., natif de Macédoine, était avocat à Rome sous Marc-Aurèle. Il a laissé : Stratagèmes ou Ruses de guerre, en 8 livres, compilation faite sans art, mais remplie de faits intéressants : elle fut composée en l'an 163 et dédiée aux emp. Marc-Aurèle et Vérus. Les Stratagèmes ont été publiés par Is. Casaubon, Pasis, 1589; par Coray, 1809, par E. Woelflin, Leips., 1860, et trad. par dom G. A. Lobineau, 1739 et 1770.

POLYEUCTE (S.), martyr d'Arménie au IIIe s., servait à Mélitène dans l'armée romaine, lorsqu'il fut converti par son ami Néarque. Ayant confessé J.-C., il eut la tête tranchée vers 250 ou 257. On le fête le 13 février. Les actes de ce saint sont peu avérés. On sait que le martyre de Polyeucte a inspiré à Corneille une de ses plus sublimes tragédies.

POLYGNOTE, de Thasos, peintre qui florissait vers 396 av. J.-C., fit faire de grands progrès à l'art. On admirait surtout son dessin et le beau caractère de ses figures. Ses ouvrages les plus estimés se trouvaient à Athènes, où il peignit à fresque une partie du Pécile, et à Delphes, où il représenta sur les murs du Lesché la Destruction de Troie.

POLYHISTOR (Alexandre). V. ALEXANDRE P.

POLYMNESTOR, roi de la Chersonèse de Thrace, avait épousé Ilione, fille de Priam et d'Hécube. Au début de la guerre de Troie, Priam lui confia Polydore, son plus jeune fils, avec de grands trésors; mais, après la chute d'Ilion, Polymnestor tua le jeune prince et s'empara de ses richesses. Débarquée par hasard sur la côte de Thrace, Hécube, ayant revu Polymnestor, se jeta sur lui, lui arracha les yeux et tua ses enfants.

POLYMNIE ou POLYHYMNIE (de polys, beaucoup, et hymnos, hymne), muse de la poésie lyrique, inventa l'harmonie. On la représente dans une attitude pensive, le doigt sur la bouche; on lui donne pour attributs le sceptre, le laurier et un rouleau de papyrus.

POLYNÉSIE (c.-à-d. en grec nombreuses îles), une des grandes divisions de l'Océanie, à l'E. de la Micronésie et de la Mélanésie, comprend les innombrables petites îles qui composent les archipels compris entre 160° long. E.-105° long. O., et 35° lat. N.-56° lat. S, Pour l'énumération des principaux de ces archipels, V. l'art. OCÉANIE. — Quiros, Tasman, Roggeween, Bougainville, Cook, La Pérouse, Dumont-d'Urville sont les navigateurs qui ont fait le plus de découvertes dans la Polynésie.

POLYNICE, prince thébain, né de l'union incestueuse d'Œdipe et de Jocaste, était le frère jumeau d'Étéocle. Les deux frères nourrirent toujours l'un contre l'autre une haine mortelle. Après la catastrophe d'Œdipe, Polynice convint avec son frère qu'ils régneraient un an sur Thèbes à tour de rôle; il laissa Étéocle commencer, mais, l'année révolue, celui-ci refusa de céder la couronne. Aidé par Adraste, roi d'Argos, dont il avait épousé la fille, Polynice vint, accompagné de six autres princes grecs, mettre le siége devant Thèbes, et commença la guerre dite des Sept-Chefs. Les deux frères s’étant rencontrés dans le combat se tuèrent réciproquement. On prétend que la mort même n'éteignit pas leur ressentiment et que, leurs corps ayant été mis sur le même bûcher, on vit la flamme se diviser en deux langues qui parurent se combattre. Créon, leur oncle, resté maître de Thèbes, défendit de rendre les derniers honneurs à Polynice, et fit périr Antigone pour avoir contrevenu à ses ordres. On place ces événements vers l'an 1315 av. J.-C. La lutte d'Étéocle et de Polynice a fourni à Racine le sujet des Frères ennemis.

POLYPHÈME, fameux cyclope, fils de Neptune et de la nymphe Thoosa, était d'une taille colossale, d'une laideur affreuse et n'avait qu'un seul œil au milieu du front. Il habitait en Sicile un antre voisin de la mer, et faisait paître ses troupeaux dans de vastes prairies; il se nourrissait de chair humaine et s'abreuvait du lait de ses troupeaux. Dédaigné par Galatée qu'il aimait, il écrasa Acis, son rival, sous un quartier de roc. Lorsque la tempête jeta Ulysse et son équipage sur les côtes de Sicile, il les enferma dans sa caverne pour les manger; déjà il en avait dévoré deux quand Ulysse, ayant réussi à l'enivrer, lui creva son œil unique avec un pieu et parvint, par un ingénieux stratagème, à sortir de l'antre malgré sa rage. Cette aventure est racontée par Homère dans l’Odyssée (l. IX) et par Ovide dans ses Métamorphoses (l. XIV). Euripide a mis Polyphème en scène dans son Cyclope.

POLYPHONTE, du sang royal de Messénie, tua le roi Cresphonte, son parent, et tous les princes de la famille royale, sauf Téléphonte (ou Æpytus), qui lui échappa; puis s'empara du trône et força Mérope, veuve de Cresphonte, à l'épouser ; mais il finit par périr lui-même de la main de Téléphonte, quand ce prince fut parvenu à l'adolescence. V. MÉROPE.

POLYSPERCHON, général d'Alexandre, commandait les Stymphéens à la bataille d'Arbèles, et conquit la Bubacène; mais il encourut par sa franchise la disgrâce d'Alexandre, qui le mit en prison et ne lui pardonna que longtemps après. En 320, il remplaça Antipater dans la tutelle des rois et la régence de l'empire; mais il ne tarda pas à être attaqué par Cassandre, fils d'Antipater, aidé de Ptolémée : vaincu en plusieurs rencontres et abandonné de ses alliés, il fut obligé de se réfugier chez les Étoliens (317). Il reparut quelques années après avec Hercule, fils d'Alexandre et de Barcine, qu'il voulait mettre sur le trône; mais, séduit par les promesses trompeuses de Cassandre, il consentit à empoisonner le jeune prince (309). Loin de se fortifier par ce crime, il se priva de tout appui. On ignore ce qu'il devint depuis.

POLYTIMÈTE, Polytimetus, riv. de Sogdiane, qui passait à Maracanda, est auj. le Zer-Afchâne.

POLYXÈNE, une des plus jeunes filles de Priam et d'Hécube, était très-belle. Achille, épris de ses charmes, la demanda et l'obtint; il allait l'épouser, quand Pâris le tua en trahison : Polyxène se perça le sein de désespoir. Selon une autre tradition, Pyrrhus vengea la mort de son père en immolant Polyxène sur le tombeau d'Achille.

POMARD, vge du dép. de la Côte-d'Or, à 4 kil. S. O. de Beaune; 1200 hab. Vins fameux, les plus exquis de la côte de Beaune après ceux de Volnay.

POMARÉ, nom de plusieurs princes qui régnèrent sur Taïti. P. I, né vers 1748, m. en 1803, accueillit les étrangers, surtout les missionnaires anglais, eut par suite à lutter contre ses sujets insurgés et les réduisit avec le secours des armes anglaises. — P. II, né en 1781, m. en 1821, eut également à lutter contre ses sujets parce qu'il donnait toute sa confiance aux Anglais, se vit obligé en 1807 de se réfugier dans l'île Huahine, où il se fit baptiser, fut rappelé à Taïti en 1817, y propagea son nouveau culte et traduisit lui-même l’Évangile en taïtien. — Sa fille, nommée aussi Pomaré, née en 1822, régnait sur Taïti lorsque cinq des chefs principaux de l'île, las de leurs querelles intestines, se placèrent sous la protection de la France (1842). Soutenue par les Anglais, elle protesta contre cet acte et fut par suite obligée de s'exiler dans une île voisine, mais elle finit par accepter le protectorat (1847), et vécut depuis en bonne intelligence avec la France. A la suite d'une révolution intérieure, elle abdiqua en 1852 en faveur de son fils aîné, Tamatoa.

POMBAL, v. du Portugal (Estramadure), à 34 kil. N. E. de Leyria; 5000 h. Ruines d'un château fort. — Elle appartenait jadis à l'ordre des Templiers, et fut cédée à celui du Christ en 1357; on y fonda ensuite en faveur de la famille de Carvalho-Melho une commanderie, qui, en 1770, fut érigée en marquisat.

POMBAL (don Séb. Jos. CARVALHO-MELHO, comte d'Oeyras, marquis de), ministre portugais, né en 1699 à Soura près de Coïmbre. Après avoir été secrétaire d'ambassade à Londres (1739), ambassadeur à Vienne (1745), il fut nommé en 1750 par le roi Joseph ministre des affaires étrangères, devint au bout de peu d'années principal ministre et garda l'autorité pendant 27 ans. Il s'occupa sans relâche de donner de la force au gouvernement, de comprimer les factions, d'affaiblir les nobles, de favoriser le commerce, et fit tous ses efforts pour réparer les maux causés par le tremblement de terre de Lisbonne (1755). Fort hostile aux Jésuites, il leur retira l'administration du Paraguay, obtint contre eux de la cour de Rome un décret de réforme (1757), puis les impliqua dans un complot contre la vie du roi (1758) et les fit définitivement expulser du Portugal (1759) ainsi que du Brésil (1760). — Il s'efforça d'enlever aux Anglais le commerce exclusif du Portugal; néanmoins, dans la guerre de 1762, entre la maison de Bourbon et l'Angleterre, il se déclara en leur faveur et refusa d'accéder au Pacte de famille. Comblé de faveurs par Joseph I, qui le créa en 1759 comte d'Oeyras et en 1770 marquis de Pombal, il perdit tout son crédit à la mort de ce prince (1777); il se vit même assailli de mille accusations, mis en jugement et banni de la cour (1781). Il mourut en exil dix mois après (1782). Pombal est un des grands ministres qu'ait eus le Portugal : il laissa en quittant les affaires 240 millions en caisse, mais il avait les formes tyranniques et était fort engoué des idées philosophiques du XVIIIe siècle.

POMÈGUE, petite île de la Méditerranée, près de la côte du dép. des Bouches-du-Rhône, dans la baie de Marseille, et à 8 k. S. de ce port. Les navires arrivant d'Afrique et du Levant y font quarantaine.

POMÉRANIE, Pommern, prov.des États prussiens, entre le duché de Mecklembourg à l'O., la Prusse propre à l'E., le Brandebourg au S., la mer Baltique au N.; 430 kil. de l'E. à l'O. sur 60 de largeur moyenne ; 1 300 000 hab. (en y comprenant l'île de Rugen); ch.-l., Stettin. Elle est divisée en 3 régences (Stralsund, Stettin, Cœslin). Beaux ports, places très-fortes, université (à Greifswalde). La Pomeranie est arrosée par l'Oder, qui la coupe en deux, par la Recknitz, la Peene, la Swine, l'Ihna, la Rega, la Persante. C'est un pays humide, assez froid, médiocrement fertile; cependant il produit des céréales, du chanvre, du tabac, et est riche en bois et en pâturages; ses oies fumées, ses jambons et saucissons sont renommés. On trouve de l'ambre sur ses bords. Le luthéranisme y domine. — Cette contrée (dont le nom dérive du slave Pomarski, près de la mer) fut successivement habitée par divers peuples barbares : Goths, Suèves, Rugiens, Vandales, Slaves. Au VIIe s., elle était surtout occupée par les Venèdes ; au IXe on trouve à l’O. de l’Oder des Vélatabs ou Wiltses, des Tollensiens, etc. Au XIe, tous ces petits peuples furent compris dans l’éphémère roy. de Slavonie, vassal de la Saxe ; diverses villes s’y gouvernaient presque en républiques, entre autres Winnetha et l’État pirate d’Iæmsbourg, fondé par Palnatoke. Vers la fin du même siècle, un fils du roi de Slavonie, Mistewoï II, occupa toute la Poméranie qui contenait alors, outre la Poméranie actuelle, la Pomérellie, la Nouv.-Marche et la Marche de l’Ucker ; il la transmit à Svantibor I, son fils, qu’on regarde comme la tige des ducs de Poméranie et qui se reconnut vassal de la Pologne. À la mort de ce dernier (ou à son abdication), en 1107, le duché fut coupé en deux, la Poméranie antérieure, à l’O., et la Poméranie ultérieure, à l’E. (la Persante était la ligne de séparation). Une forte partie de celle-ci devint en 1290 prov. polonaise, sous le nom de Pomérellie ; le reste revint en 1295, par suite de l’extinction de la ligne qui le possédait, à la ligne de Poméranie antérieure, laquelle, dès 1181, s’était reconnue vassale de l’empereur d’Allemagne. Une multitude de partages rendent l’histoire de la Poméranie très-confuse ; on peut cependant y distinguer trois phases : 1o du XIe s. à 1285, unité ; 2o de 1285 à 1478, séparations diverses ; 3o de 1478 à 1637, réunion des diverses branches pendant 105 ans, et coexistence de deux lignes seulement pendant 54 ans, de 1569 à 1623. Dans la 2e de ces périodes, on rencontre les duchés de P.-Stettin, P.-Wolgast, P.-Stargard, P.-Stolpe et de Rugen. Depuis longtemps la maison de Brandebourg avait conclu avec la ligne de P.-Stettin un pacte qui lui donnait des droits éventuels sur ce duché ; néanmoins, quand cette ligne s’éteignit, en 1464, les droits de la ligne de P.-Wolgast prévalurent ; mais il fut convenu en 1529 qu’au cas de l’extinction de cette ligne elle-même, la maison de Brandebourg recueillerait la succession ; c’est ce qui eut lieu en 1637, à la mort de Bogislas XIV. Cependant les électeurs de Brandebourg n’eurent pas encore toute la Poméranie ; le traité de Westphalie (1648) fit de ce pays deux parts : la Poméranie antérieure (en deçà de l’Oder) et la Poméranie ultérieure (au delà de l’Oder), et donna à la Prusse la 2e, et à la Suède la 1re, plus Stettin, Garz, Dam, Golnau, l’île de Wollin, le Frische-Haff : d’où le nom de Poméranie suédoise donné à tout ce lot, qui eut pour ch.-l. Stralsund. La grande guerre du Nord (1700-1721), terminée par la paix de Nystad, diminua beaucoup la Poméranie suédoise au profit de la Prusse ; en 1807, elle perdit encore de fait Stralsund et l’île de Rugen. Le tout en 1814 fut cédé au Danemark en échange de la Norvège ; en 1815 le Danemark le céda a la Prusse en échange du Lauenbourg ; de sorte qu’aujourd’hui la Prusse réunit toute la Poméranie.

POMÉRELLIE, dite aussi Poméranie mineure, partie de la Poméranie comprise entre la Vistule (r. g.), la Baltique et la Prusse, avait pour villes principales Schwetz, Konitz, Stargard, Dirschau. Après avoir eu des souverains particuliers, elle échut à la Pologne en 1290, fut longtemps un sujet de querelles entre ce royaume, le Brandebourg et l’Ordre Teutonique, et finit par être partagée entre ces 3 puissances (1311) ; mais en 1343 et 1436 les Teutoniques cédèrent leur part à la Pologne. La Pomérellie est une des provinces que le premier démembrement de la Pologne valut à la Prusse (1772).

POMEY (Fr.), jésuite, né en 1619, m. en 1673, enseigna dans divers colléges de son ordre et devint préfet des études au collége de Lyon. On a de lui plusieurs bons ouvrages classiques : Dictionnaire français-latin, Lyon, 1664, in-4 (réimprimé sous le titre de Dictionnaire royal) ; Pomariolum, seu Flos latinitatis, 1665 ; Indiculus universalis, 1667 ; Pantheum mythicum, 1669, trad. en français en 1715 sous le titre d’Histoire des anciennes divinités du Paganisme.

POMMEREUL (François de), général, né à Fougères en 1745, m. en 1823, servit d’abord en Corse, fut envoyé par Louis XVI à Naples pour y organiser l’artillerie, reprit du service en France après le 18 brumaire, fut sous l’Empire préfet, puis conseiller d’État et directeur de la librairie, et fut exilé en 1815 pour avoir rempli les fonctions de commissaire extraordinaire pendant les Cent-Jours. On a de lui, entre autres ouvrages : Histoire de Corse, 1779 ; Recherches sur l’esclavage du peuple en France, 1781 ; Vues sur l’Italie et Malte, 1797 ; Campagnes du général Bonaparte en Italie, 1797. Il a coopéré, pour la partie militaire, à l’Encyclopédie méthodique.

POMONA ou MAINLAND, la plus grande des îles Orcades, au centre du groupe, n’est qu’un amas de petites montagnes entrecoupées de bras de mer qui y forment une foule de marécages et de lacs ; 46 k. sur 20 ; 15 000 h. Sol aride ; bruyères. Mines de fer. Ruines curieuses, entra autres la Maison des Pictes et le Cercle de Loda, mentionné dans Ossian.

POMONE (de Pomum, fruit), déesse des fruits chez les Latins, femme du dieu champêtre Vertumne, avait un temple à Rome. On la représente couronnée de pampres et de raisins, et tenant à la main une corne d’abondance ou une corbeille de fruits.

POMOTOU (Archipel). V. MAUVAISE (Mer).

POMPADOUR, b. de France. V. ARNAC-POMPADOUR.

POMPADOUR (Jeanne Antoinette POISSON, marquise de), femme remarquable par sa beauté et son goût, une des maîtresses de Louis XV, née à Paris en 1721, morte en 1764, était fille d’un fournisseur de l’armée, qui fut obligé de fuir pour avoir malversé ; elle épousa fort jeune le neveu d’un fermier général, Lenormand d’Étioles, et quitta son mari en 1744 pour se donner à Louis XV, dont elle avait attiré les regards en suivant la chasse. Séparée judiciairement de son mari en 1745, elle fut aussitôt installée au château de Choisy et eut en outre un appartement à Versailles ; elle accompagna Louis dans sa campagne de Fontenoy, fut à son retour créée marquise de Pompadour (1745), dotée d’une pension de 200 000 livres, et plus tard devint dame du palais de la reine (1756). Sa faveur dura 20 ans, grâce à la complaisance avec laquelle elle supportait ou même facilitait les infidélités de Louis XV, et son crédit ne diminua un peu que vers la fin de sa vie. Mme de Pompadour faisait et défaisait les ministres, les généraux, les ambassadeurs, et décidait des affaires les plus importantes : séduite par les avances que l’impératrice Marie-Thérèse ne dédaigna pas de lui faire, elle détermina la jonction de la France à l’Autriche au commencement de la guerre de Sept ans ; elle eut aussi une grande part au Pacte de famille, ainsi qu’aux poursuites dirigées contre les Jésuites. Tout ce qu’il y avait de plus élevé en France était à ses pieds ; les gens de lettres, qu’elle protégeait, Voltaire surtout, chantèrent ses louanges. Mme de Pompadour fut longtemps en France l’arbitre du goût et de la mode : ameublement, habillement, coiffure, tout se faisait à la Pompadour ; son nom est resté à un style qui est surtout caractérisé par la recherche du joli et l’abus de l’ornementation. Elle cultivait elle-même les arts avec succès, notamment la musique, le dessin et la gravure. Elle contribua à la création de la manufacture de Sèvres, à l’établissement de l’École militaire et à l’embellissement de Paris. C’était du reste une femme aussi prodigue qu’avide : outre le Marquisat de Pompadour, elle s’était fait donner successivement les terres de La Celle, Crécy, St-Remy, les châteaux d’Aulnay, Brinborion, Bellevue, et recevait par an du trésor env. 1 500 000 livres ; ses folles dépenses ne contribuèrent pas peu à creuser le déficit qui amena la Révolution. On a publié des Mémoires et des Lettres de Mme de Pompadour (Liége, 1765), qui sont apocryphes. Soulavie a fait paraître en 1802 des Mémoires de la cour de France pendant la faveur de la marquise de Pompadour. On peut consulter aussi les Mém. de Mme Du Hausset, sa femme de chambre.

POMPEDIUS SILO, général des Marses dans la Guerre sociale, souleva les peuples d'Italie contre Rome, tailla en pièces une armée romaine commandée par Servilius Cæpio, 91 av. J.-C., mais fut lui-même défait l'année suivante et périt dans l'action.

POMPÉE, Cn. Pompeius Magnus, Romain célèbre, né l'an 106 ou 107 av. J.-C., de famille équestre, était fils de Cn. Pompeius Strabo (V. POMPEIUS). Il prit de bonne heure parti pour Sylla, leva de son chef trois légions en faveur de ce général (83), battit divers corps de partisans de Marius, soumit à Sylla la Gaule Cisalpine, reprit la Sicile, fit tuer Carbon dans l'île de Cossyre, défit Domitius Ahénobarbus en Afrique, et obtint le triomphe à son retour. Sylla alla avec tout le peuple à sa rencontre et le salua du surnom de Grand, surnom qui lui est resté. Après la mort du dictateur, il enleva la Narbonaise aux lieutenants de Sertorius (78), puis alla chercher Sertorius lui-même en Espagne : il le combattit quatre ans sans grand succès; cependant il finit par sortir heureusement de cette guerre, grâce à l'assassinat de Sertorius par Perpenna. Nommé consul à son retour en Italie (70), il acheva d'écraser à Silare les esclaves qui s'étaient révoltés, reçut un 2e triomphe, et fut nommé consul. La loi Gabinia lui donna pour trois ans le proconsulat des mers, avec d'immenses moyens pour détruire les pirates : 90 jours lui suffirent pour les exterminer (67); après ce nouveau succès, il devint l'idole de Rome. Chargé en 66, par la loi Manilia, de la guerre contre Mithridate (qui déjà avait été fort affaibli par Lucullus), il le bat sur les bords de l'Euphrate (65), entre en Arménie et force Tigrane à la paix; il tourne ensuite ses armes contre le Pont, la Paphlagonie, la Bithynie, qu'il soumet; descend en Syrie, et enlève ce royaume à Antiochus l'Asiatique; remplace à Jérusalem le roi Aristobule par Hyrcan II (64); puis, apprenant que Mithridate est mort, il va dans Amise recevoir la soumission de son fils (Pharnace), auquel il laisse le royaume de Bosphore (62), et revient triompher une 3e fois : ce triomphe fut le plus pompeux qu'on eût vu jusque-là. Deux ans après il forma avec Crassus et César l'association connue sous le nom de Triumvirat (60), et scella cette union en épousant Julie, fille du dernier. Dans le partage que les triumvirs firent entre eux des provinces, Pompée obtint l'Afrique et l'Espagne, mais il fit administrer son département par ses lieutenants, et resta lui-même à Rome, où il chercha à éclipser César et à se concilier à la fois le sénat par une modération affectée, et le peuple par des largesses; il réussit ainsi à se faire nommer seul consul (52). La mort prématurée de la fille de César rompit le lien qui avait un instant rapproché les deux rivaux, et bientôt après, la mort de Crassus, tué à Carrhes (53), laissa Pompée face à face avec César. Jaloux des succès de ce dernier en Gaule, il l'attaqua d'abord sourdement; enfin, l'an 50, il fit lancer un sénatus-consulte qui sommait César, alors en Gaule, d'abandonner son armée, tandis que lui-même il gardait ses légions et ses provinces : ce fut le signal de la guerre civile. Dès que César eut passé le Rubicon (49), Pompée ne fit plus que des fautes : au lieu d'attendre son rival et de le combattre en Italie, il se retire en Grèce avec le Sénat et les nobles; peu après, il quitte son camp retranché de Dyrrachium, où César n'avait pu le forcer, se laisse entraîner par lui en Thessalie, lui livre bataille à Pharsale, se fait battre, quoique son armée fût double en nombre, et s'enfuit aussitôt sans essayer même de défendre son camp. Accompagné de son épouse Cornélie, il se dirigea vers l'Égypte, comptant y obtenir un asile du jeune Ptolémée (XII), qui lui devait le trône; mais les ministres de ce prince, sans le laisser débarquer, le firent assassiner en mer, sous les yeux de sa femme et de son fils Sextus, l'an 48. Sa tête fut portée à César, qui versa des larmes à cet aspect, et punit les meurtriers. Pompée n'a pas justifié son surnom de grand : il n'avait que de l'ambition, mais point de génie, point de hautes vues ni de système; fier de ses succès militaires et se reposant sur l'éclat de sa renommée, il dédaigna les efforts de César, et par ses hauteurs maladroites il mécontenta ses propres amis politiques. Il laissa deux fils, qui tentèrent vainement de relever son parti. Plutarque a écrit la Vie de Pompée. Sa Mort a fourni à Corneille le sujet d'une de ses plus belles tragédies.

POMPÉE-L'AINÉ, Cn. Pompeius, fils du grand Pompée, passa d'Antioche (où il se trouvait à la mort de son père) en Afrique, puis en Espagne, y rassembla 13 légions, de nombreux auxiliaires et une flotte formidable; mais, attaqué par César en personne, il perdit la bataille décisive de Munda, et périt dans sa fuite, en 45 av. J.-C.

POMPÉE LE JEUNE, Sextus Pompeius, frère du préc., prit part à la guerre de Munda (45), gagna, après la défaite, les monts de Celtibérie, où il fit la guerre en partisan contre les amis de César, obtint du sénat, à la mort du dictateur (44), le droit de rentrer à Rome, se fit allouer une forte indemnité pour la perte de ses biens paternels, et reçut le commandement des provinces maritimes, ce qui le fit surnommer le Fils de Neptune. Proscrit lors de la formation du 2e triumvirat (42), il se rendit maître de la Sicile, conquit la Sardaigne, la Corse, bloqua, affama Rome, et réduisit Antoine et Octave à signer avec lui à Misène (38) un traité qui, en lui laissant les trois grandes îles, lui promettait l'Achaïe et le consulat pour l'année suivante. Mais cette paix fut courte : dès l'an 37, Sextus perdit, par la défection de Ménas, la Sardaigne et la Corse avec 60 vaisseaux; cependant il obtint encore quelques avantages et battit Octave à Scylla (37); mais enfin l'habileté d'Agrippa, la diversion de Lépide, la victoire de Myles, celle de Nauloque lui ravirent la Sicile. Il se réfugia en Asie, et crut pouvoir forcer Antoine à entrer en partage avec lui, mais il fut battu et pris par Titius, lieutenant d'Antoine, et mourut en prison, à Milet (35).

POMPÉE (TROGUE), Trogus Pompeius, historien latin du 1er s. de notre ère, né en Gaule ou en Espagne, composa une Histoire universelle, en 44 livres, qui allait depuis la fondation de la monarchie des Assyriens sous Ninus jusqu'à Auguste; il l'avait intitulée Histoires philippiques parce que les affaires de la Macédoine du temps de Philippe y occupaient la plus grande place. Cet ouvrage, que les anciens reconnaissaient comme très-exact et très-bien écrit, est malheureusement perdu : mais il nous en reste un bon abrégé dû à Justin. Les fragments de Trogue-Pompée se trouvent à la suite de Justin et ont été publ. séparément par A. Bielowski, Lemberg, 1853.

POMPEÏES, Pompeii, v. de Campanie, sur la côte, à l'embouchure du Sarnus, à 24 k. S. E. de Naples, à 10 k. S. S. E. du Vésuve, près de la ville actuelle de Torre dell'Annunziata. On rapportait sa fondation à Hercule, mais elle ne remontait pas au delà de la ruine de Troie. Elle prit part à la guerre Sociale, fut assiégée et prise par Sylla, resta municipe jusqu'au temps d'Auguste et devint ensuite colonie romaine. Un tremblement de terre en avait déjà renversé la moitié en 63 av. J.-C.; en 79, le reste fut enseveli sous les cendres du Vésuve. Le pays étant devenu désert après cette catastrophe, Pompeïes fut oubliée pendant 17 siècles : ce n'est qu'en 1689 que des découvertes fortuites firent soupçonner son ancien emplacement et ce n'est qu'en 1755 qu'ont commencé les recherches Les fouilles, qui ont été surtout poussées avec activité pendant l'occupation française, se poursuivent encore : près de la moitié de l'ancienne ville est déblayée. La découverte de Pompeïes nous a valu d'intéressantes révélations sur les usages, les coutumes, la vie publique et privée des anciens, sur leur architecture et sur tout ce qui tient aux arts du dessin; en outre, elle a produit une heureuse révolution dans les arts de la décoration, de l'ameublement et de l'orfévrerie. On doit à Mazois et à Gau les Ruines de Pompeïes (1813-38), dont M. E. Breton a donné un abrégé sous le titre de Pompeia, 1854.

POMPEIUS (CN.) STRABO, père du grand Pompée, consul en 89 av. J.-C., se signala dans la guerre Sociale par la défaite d'Afranius (90), la prise d'Asculum (89) et la soumission des Vestini et des Peligni; mais se déshonora en gardant pour lui le produit du butin. Envoyé en 88 contre Marius et Cinna, il paraît s'être entendu avec eux pour se laisser battre : ses soldats révoltés allaient lui ôter la vie quand les prières du jeune Pompée les désarmèrent. Pompeius Strabo périt peu après d'un coup de foudre (87). Son corps fut traîné dans les rues de Rome et jeté dans le Tibre.

POMPELO, v. d'Hispanie, auj. Pampelune.

POMPIGNAN (J. J. LEFRANC, marquis de), poëte, né à Montauban en 1709, m. en 1784, était fils d'un président à la cour des aides. Il fut lui-même avocat général, puis premier président à la cour des aides de sa ville natale, et fit quelque temps marcher de front le droit et les lettres, mais il finit par se vouer exclusivement aux dernières, vint se fixer à Paris et fut admis à l'Académie française en 1760. Ses principes religieux et les attaques qu'il dirigea contre les philosophes dans son discours de réception lui attirèrent l'inimitié du parti philosophique et les sarcasmes de Voltaire. Las de ces attaques, il se retira dans sa terre de Pompignan (près de Castel-Sarrasin, Tarn-et-Garonne). On a de lui 2 tragédies, Didon et Zoraïde; des Poésies sacrées, tirées des psaumes et des prophéties, qui renferment des beautés véritables; des Épîtres morales et des Odes, parmi lesquelles on admire l’Ode sur la mort de J. B. Rousseau; une traduction en vers des Géorgiques et de plusieurs morceaux de Pindare, d’Hésiode, d’Horace, d’Ovide, une traduction en prose d’Eschyle; un Voyage de Languedoc et de Provence, badinage en prose mêlé de vers, et une Correspondance étendue. Ses Œuvres complètes forment 6 vol. in-8, 1784. — Son frère, George de Pompignan, 1715-90, était archevêque de Vienne en 1789. Député à l'Assemblée constituante, il fut des premiers prélats qui se réunirent aux députés du tiers état et devint ministre de la feuille des bénéfices. Il a laissé des ouvrages sur la religion et des Lettres pastorales, publiés en 1856.

POMPONACE (Pierre), en italien Pomponazzi, né à Mantoue en 1462, mort vers 1526, professa la philosophie à Padoue, à Ferrare, à Bologne et tenta de rétablir le règne d'Aristote. Il passait pour athée. Son traité De immortalitate animæ, Bologne, 1516 et 1534, fut vivement incriminé : il y soutenait que l'on ne peut prouver l'immortalité de l'âme par la seule raison. Son traité De incantationibus, Bâle, 1556, fut mis à l'index à Rome. Ses Œuvres parurent à Venise, 1525 et 1567, in-fol.

POMPONIUS (les), famille romaine qui faisait remonter son origine à un des fils de Numa Pompilius. Le membre le plus célèbre de cette famille fut l'ami de Cicéron, Titus Pomponius Atticus. V. ATTICUS.

POMPONIUS (SEXTUS), jurisconsulte de Rome sous Adrien et Marc-Aurèle. On n'a de lui que quelques fragments insérés dans le Digeste, entre autres celui qui forme la 2e loi du titre de l’Origine du droit. Ces fragments ont été publiés à Lemgo, 1750.

POMPONIUS MELA, géographe ancien. V. MÉLA.

POMPONIUS LÆTUS (Julius), savant Calabrais, né en 1425, mort en 1497, était un bâtard de la maison de San-Severino et cachait son vrai nom. Il se fit remarquer à Rome par ses talents, mais s'attira des envieux, fut accusé d'avoir conspiré contre le pape Paul II et mis en prison. Il obtint au contraire la faveur de Sixte IV et d'Innocent VIII, et fut nommé à l'une des chaires du Collége romain. On lui doit plusieurs ouvrages sur l'histoire et les antiquités de Rome (De Magistratibus, sacerdotiis et legibus Romanorum; De Romanæ urbis antiquitate; Compendium historiæ Romanæ); des éditions de Varron, Pline le Jeune, Salluste; des Commentaires sur Quintilien, Columelle, Virgile. Sa latinité est très-pure.

POMPONNE, vge du dép. de Seine-et-Marne, à 20 kil. S. O. de Meaux ; 400 hab. Anc. château, avec parc. Jadis titre de marquisat.

POMPONNE (Simon ARNAULD, marquis de), fils d'Arnauld d'Andilly et neveu du grand Arnauld, né en 1618, mort en 1699, fut intendant des armées françaises à Naples, en Catalogne, puis ambassadeur en Suède, en Hollande, enfin ministre des affaires étrangères (1671-79), et eut la gloire de conclure la paix de Nimègue. Écarté par les intrigues de Colbert et de Louvois, il fut rappelé au ministère en 1691 et y resta jusqu'à sa mort. Ce ministre était surtout remarquable par son intégrité et sa fermeté. Il a laissé de précieux Mémoires, qui n'ont été publiés que de nos jours, par J. Mavidal, 1860 et ann. suiv.

PONCE PILATE. V. PILATE.

PONCE DE LÉON (Jean), capitaine espagnol, né dans la prov. de Léon, eut une grande part a la réduction de la partie S. E. d'Hispaniola (St-Domingue), soumit Porto-Rico (1508-9), dont il fut nommé gouverneur, et découvrit les côtes de la Floride (1512). Ayant tenté quelques années après d'y former un établissement, il fut tué par les naturels au moment où il débarquait, 1521.

PONCE DE LÉON (Louis), poëte espagnol, né probablement à Grenade en 1527, m. en 1591, était moine augustin et professa la théologie à Salamanque. Dénoncé à l'Inquisition pour une explication hasardée du sens mystique du Cantique des Cantiques, il fut condamné à 5 ans d'emprisonnement. Il n'en devint pas moins dans la suite provincial de son ordre. Parmi ses poésies, on remarque surtout ses Odes religieuses, aussi distinguées par l'élévation de la pensée et la chaleur du sentiment que par la correction et l'harmonie du style. La meilleure édition de ses Œuvres a paru à Madrid en 6 v. in-8, 1804-16.

PONCE (Pierre de), bénédictin espagnol, né vers 1520 à Valladolid, mort en 1584, paraît être le 1er inventeur de l'art d'instruire les sourds-muets; ses contemporains disent même qu'il les faisait parler.

PONCES (îles). V. PONZA.

PONCIN, ch.-l. de cant. (Ain), à 22 kil. S. O. de Nantua; 2238 hab. Vieux château du XIIIe s.

PONDICHÉRY, ch.-l. de l'Inde française, sur la côte du Karnatic, à 160 kil. S. O. de Madras, par 77° 31' long. E., 11° 66' lat. N.; 22 000 hab., dont env. 800 d'Européens. Résidence du gouverneur général, cour impériale, tribunal de 1re inst., lycée, bibliothèque, jardin botanique. Rade assez bonne. Un canal divise la ville en Ville blanche et Ville noire : la 1re est remarquable par deux belles places, par l'hôtel du gouvernement, le nouveau bazar, le phare, et est plantée d'arbres. Nombreuses teintureries d'indigo; fabrique de toiles de coton bleu, dites guinées, exportées pour la Réunion et le Sénégal. — Pondichéry, qui n'était d'abord qu'une bourgade, fut achetée et colonisée en 1683 par le Français Fr. Martin. Prise en 1693 par les Hollandais, elle fut rendue en 1697, et devint le ch.-l. de nos possessions dans l'Inde. Après la prise de Delhi par Nadirchah, elle devint, sous le gouverneur de Dupleix, la capitale d'un vaste pays. La guerre de Sept ans nous fit perdre le territoire qui environnait la ville; Pondichéry même fut prise en 1761 par les Anglais; mais elle fut bientôt rendue à la France. Elle fut prise de rechef en 1778 et 1793. L'Angleterre la rendit en 1815, mais presque sans territoire. Son territoire actuel, qui n'a qu'une superficie de 27 900 hect., avec 124 000 hab., est disséminé dans le pays anglais. Il se divise en 3 districts : Pondichéry, comprenant la ville et 11 villages hindous ou aldées; Villenour et 45 vges; Bahour et 36 vges. Il est fertile en grains, riz, manioc, pavot, indigo.

PONENT (RIVIÈRE DU). V. RIVIÈRE et GÊNES.

PONGERVILLE (J.-B. Aimé Sanson de), littérateur français, de l'Acad. franç. (1792-1870). On estime sa Traduction de Lucrèce en vers (1823).

PONIATOWSKI (Stanislas, comte), noble polonais, né en 1677 à Dereczin en Lithuanie, mort en 1762; fut un des plus fidèles amis de Charles XII, qu'il suivit en Turquie, puis fit sa soumission au roi de Pologne Auguste II, il fut chargé de plusieurs missions à la cour de France, puis fait castellan de Cracovie. Son fils régna en Pologne sous le nom de Stanislas II. V. ce nom.

PONIATOWSKI (Joseph, prince), petit-fils du préc. et neveu du roi Stanislas II, né à Varsovie en 1762, mort en 1813, commanda en chef les troupes polonaises contre les Russes en 1792 ; mais, contrarié par la diète dans toutes ses opérations, il donna sa démission, quitta la Pologne et n’y rentra qu’en 1794. Il servit alors sous Kosciusko, mais l’issue malheureuse de la guerre le força de s’expatrier de nouveau jusqu’à l’apparition des Français en Pologne (1806). Il fut alors nommé ministre de la guerre et réorganisa l’armée. En 1809, avec 8000 hommes, il défendit Varsovie contre 60 000 Autrichiens et battit à Razin l’archiduc Ferdinand ; il se signala également dans les troupes auxiliaires de la France, en 1812 et 1813, et fut nommé maréchal de France sur le champ de bataille de Leipsick, mais il périt trois jours après : chargé de protéger la retraite de l’armée, il fit des prodiges de valeur et, quand il ne fut plus possible de résister, il s’élança dans l’Elster plutôt que de se rendre et s’y noya (19 oct. 1813). J. Poniatowski joignait à une brillante valeur le plus noble caractère : on l’a surnommé le Bayard polonais.

PONIATOWSKI (Fr.-Jean, prince), 1816-1873 ; était fils naturel du précéd. ; servit la France en Afrique, fut naturalisé français et fait sénateur en 1854. Estimé comme compositeur, il a donné plusieurs opéras (Don Desiderio, Pierre de Médicis, 1859, etc.).

PONS, ch.-l. de cant. (Char.-inf.), près de la Seugne, à 21 kil. S. E. de Saintes ; 4894 hab. Anc. château fort, anc. ch.-l. de seigneurie. Vins et eaux-de-vie.

PONS (Robert), dit de Verdun, du lieu de sa naissance, 1747-1844, fut avocat au parlem. de Paris, député à la Convention et au Cons. des Cinq-Cents, avocat gén. près la Cour de cassat. sous l’Empire ; fut exilé sous les Bourbons comme régicide, se retira en Belgique, et rentra en France en 1819. Il a laissé de jolis contes et des poésies diverses, dont l’édition la plus complète est de 1807.

PONS (André), dit de l’Hérault, né à Cette en 1772, m. en 1853, servit d’abord dans la marine. Administrateur des mines de l’île d’Elbe en 1815, il organisa le retour de Napoléon, fut dans les Cent-Jours préfet du Rhône, devint après 1830 préfet du Jura, et fut élu en 1848 conseiller d’État. On a de lui, entre autres écrits : le Congrès de Châtillon, 1825, la Bataille et la Capitulation de Paris, 1828.

PONS (J. L.), le Chasseur de Comètes, né à Peyre (Htes-Alpes) en 1761, mort en 1831. D’abord simple concierge de l’observatoire de Marseille, il s’exerça aux observations, y acquit bientôt une grande habileté et mérita d’être nommé astronome adjoint (1813). Il dirigea à partir de 1819 l’observatoire de Lucques, puis celui de Florence (1825). De 1801 à 1827, il découvrit 37 comètes, entre autres celle que l’on connaît sous le nom de comète d’Enke, du nom de l’astronome qui en calcula l’orbite.

PONT, Pontus, région septentr. de l’Asie-Mineure, bornée au N. parle Pont-Euxin, auquel elle devait son nom, à l’E. par la région Caucasienne et l’Arménie, à l’O. par la Paphlagonie, au S. par la Cappadoce, a fréquemment changé de limites. On y distinguait diverses peuplades indépendantes (Tibaréniens, Chalybes, Mosynèques, etc.) ; il s’y trouvait aussi des villes grecques, sur la côte, entre autres Amise, Trapézonte, Cérasonte, Cotyora, Œnoé, Thémiscyre, Side. Les autres places principales étaient Amasée, Zéla, Comana-Pontica, Polemonium, Néocésarée. — Le Pont faisait d’abord, dit-on, partie de la Cappadoce ; mais vers 520 av. J.-C., les 2 pays furent séparés, et le Pont forma une satrapie de l’empire perse. Toutefois, les satrapes de Pont étaient héréditaires et à peu près indépendants. Mithridate II, qui s’était soumis à Alexandre et l’avait suivi dans sa guerre contre Darius, força Antigone, dans le lot duquel étaient tombés ses États, à reconnaître cette indépendance et prit le titre de roi. Mithridate VII, le plus célèbre des rois de Pont, accrut beaucoup son royaume, en y joignant le Bosphore, la Chersonèse Taurique, une partie de la Colchide, et pendant un temps la Cappadoce et la Paphlagonie. Il fut sans cesse en hostilité avec les Romains, qui, après trois guerres (88-85, 83-81 et 75-63), lui enlevèrent le trône et le réduisirent à s'ôter la vie. Le Pont fut alors réduit en province romaine : le Bosphore seul resta à un fils de Mithridate, Pharnace. Celui-ci, au milieu des guerres civiles de César et de Pompée, recouvra un instant le Pont et fit des progrès en Asie-Mineure ; mais César, dans une courte campagne, lui reprit ses conquêtes (47 av. J.-C.). Cependant une portion du Pont (la partie N. E.) resta indépendante sous le bon plaisir d’Antoine, puis d’Auguste, et forma un petit royaume qui eut deux princes du nom de Polémon, d’où il prit le nom de Pont Polémoniaque, et qui fut réuni à l’empire sous Néron, après cession volontaire de Polémon II.

Souverains du Pont :
1o Satrapes héréditaires : Mithridate IV, 266
Pharnace I, av. J.-C. 520 Mithridate V, 222
Artabaze, 502 Pharnace II, 186
Ariobarzane I, 480 Mithridate VI, 157
Mithridate I, 402 Mithrid. VII (dit Eupator et le Grand), 123-65
Ariobarzane II, 363 Soumiss. aux Rom., 65-48
2o Rois. Pharnace, 48-47
Mithridate II, 337
Mithridate III, 302

PONT (Diocèse de), un des 5 diocèses de la préfecture d’Orient, comprenait toute la partie orient. de l’Asie-Mineure, et se divisait en 11 provinces : Pont Polémoniaque, Pont Galatique (dit aussi Hélénopont), Galatie 1re et 2e, Bithynie, Honoriade, Cappadoce 1re et 2e, Arménie 1re et 2e, Paphlagonie.

PONTACQ, ch.-l. de cant. (B-Pyrén.), à 25 kil. S. E. de Pau ; 3015 h. Lainages, cuirs, salaisons.

PONTA-DEL-GADA, ch.-l. de l’île St-Michel (une des Açores) ; 16 000 h. Grande rade, mais port peu commode ; citadelle. Soieries, draps, chapeaux ; oranges.

PONTAILLER, ch.-l. de cant. (Côte-d’Or), à 32 kil. E. de Dijon, près de la r. dr. de la Saône ; 1248 hab. Jadis ville forte. Quelques antiquités romaines

PONT-A-MARCQ, ch.-l. de cant. (Nord), à 14 k. S. de Lille ; 830 h. Fabriq. de sucre de betteraves.

PONT-A-MOUSSON, Mussipons, ch.-l. de c. (Meurthe-et-Moselle), à 28 k. N. O. de Nancy, au pied de la mont. de Mousson, que domine un château fort, et sur la Moselle, qui partage la ville en deux parties réunies par un pont ; 8115 h. Collége, séminaire. Hôtel de ville, casernes, hôpital, églises paroissiales ; chemin de fer. Sucre de betterave, poteries ; laines, draperies, broderies, etc. Patrie de J. Barclay et de Duroc. — Cette ville fut bâtie par les comtes de Bar, mais elle relevait des empereurs d’Allemagne. Elle fut érigée en marquisat en 1354 et devint en 1572 le siége d’une université, qu’elle conserva deux siècles. Elle fut prise par les Français en 1240, 1475 et 1632.

PONTANUS (Jean Jovien), en italien Pontano, né en 1426 dans l’Ombrie, mort en 1503, fut secrétaire de Ferdinand I, roi de Naples, précepteur d’Alphonse, son fils, puis ambassadeur et premier ministre ; cependant il trahit ses bienfaiteurs pour Charles VIII, auquel il livra la ville de Naples (1495). Pontanus était du reste un ami des lettres : il fonda l’Académie napolitaine, dite Académie de Pontano, rendit des services à l’étude de la philosophie et des lettres, découvrit les écrits de Donat et de Rhemnius Polémon, et écrivit beaucoup lui-même. Ses Œuvres forment 6 vol. in-fol., Naples, 1505-12. On y remarque l’Histoire des guerres de Ferdinand II de Naples avec Pierre d’Anjou, et des poésies. — Pierre Pontanus, ainsi nommé en latin parce qu’il était de Bruges, ville dont le nom flamand, brugge, veut dire pont, né en 1480, perdit la vue à trois ans et n’en devint pas moins un savant distingué. Il enseigna la grammaire en diverses villes de Flandre et finalement à Paris, où il eut du succès. On a de lui, entre autres ouvrages: Ars versificatoria, 1520, Grammatica, 1528, etc. — Jacq. Pontanus, philologue, né en 1542, à Bruck en Bohême, mort en 1626, était jésuite. Il professa dans divers colléges et publia des ouvrages classiques : Progymnasmata latinitatis, 1602; Attica bellaria; Philocalia, recueil d'extraits d'auteurs sacrés et profanes. On a aussi de lui des traductions latines d'auteurs byzantins, des Commentaires sur Ovide, un dialogue de Charon (mis à l’Index à Rome), etc. — Jean Isaac P., né à Elseneur en 1571, mort en 1639, fut d'abord disciple de Tycho-Brahé, se fit recevoir docteur en médecine à Bâle, professa la physique et les mathématiques au collége de Harderwick, et fut historiographe du roi de Danemark et des États de Gueldre. Il a laissé, entre autres écrits : Origines Franciæ; Historia urbis et rerum Amstelodamensium; Rerum Danicarum historia; Historia Gueldrica. On a aussi de lui des Poésies latines.

PONTARION, ch.-l. de c. (Creuse), à 9 k. N. E. de Bourganeuf, sur la Creuse, qu'on y passe sur un pont d'une seule arche; 431 h. Ruines d'un pont romain.

PONTARLIER, Pons Ælii, Arciola ou Ariorica, puis Pontarlum, ch.-l. d'arr. (Doubs), sur le Doubs, à 58 kil. S. E. de Besançon, est au milieu des monts du Jura et sur un des passages les plus fréquentés de France en Suisse; 5007 hab. Trib. de 1re inst., collége. Ville assez bien bâtie, entourée de vieilles murailles et défendue par le fort de Joux; chemin de fer. Industrie très-active : horlogerie, papeterie, imprimerie, librairie; toiles et mousselines; forges, fourneaux, martinets. Commerce de blé, vins, absinthe; kirsch, huiles, fromages, bestiaux, chevaux de trait et cuirs. — On fait remonter la fondation de cette ville au temps d'Auguste; jusqu'au XIVe s., elle forma deux bourgs distincts, dont l'un portait le nom de Morieux; elle fut au moyen âge la résidence de seigneurs particuliers, vassaux des ducs de Bourgogne; elle était comprise dans la Franche-Comté. Pontarlier fut prise et pillée en 1637 par les Suédois que commandait le duc de Saxe Weimar, et en partie détruite; elle eut aussi à souffrir un grand nombre d'incendies. Patrie de l'ingénieur d'Arçon.

PONTAUDEMER, Pons Aldemari, ch.-l. d'arr. (Eure), sur la Risle, à 67 kil. N. O. d'Évreux; 6136 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce, biblioth., cabinet d'archéologie et d'histoire naturelle. Tanneries, corroieries, mégisseries, colle forte, filatures de coton et de lin, bonneterie. — Nommée d'abord Breviodurum, cette ville fut agrandie par un seigneur normand, nommé Aldemar, dont elle prit le nom. Elle fut enlevée aux Anglais par Du Guesclin en 1378 et prise de nouveau par Dunois en 1449. Les Ligueurs s'en emparèrent en 1592.

PONT-AU-MUR, ch.-l. de cant. (Puy-de-Dôme), sur la Sioule, à 33 kil. O. de Riom; 1749 hab.

PONTAVEN, ch.-l. de cant. (Finistère), sur l'Aven, à 16 kil. O. de Quimperlé; 1060 h. Petit port.

PONT-CARRÉ (CAMUS de). V. CAMUS.

PONTCHARTRAIN, bg du dép. de Seine-et-Oise, à 25 kil. N. E. de Rambouillet; 1250 h. Joli château, anc. résidence des comtes de Pontchartrain.

PONTCHARTRAIN (Paul PHÉLYPPEAUX, seigneur de), d'une bonne famille de robe, né à Blois en 1569, m. en 1621, occupa le poste de secrétaire des commandements de Marie de Médicis, puis celui de secrétaire d'État (1610). On a de lui des Mémoires sur Marie de Médicis et un Journal des conférences de Loudun, La Haye, 1720. — Son petit-fils, Louis, comte de P. (1643-1727), fut successivement conseiller au parlement de Paris (1660), premier président au parlement de Bretagne (1667), contrôleur général de 1689 à 1699 et en même temps ministre de la marine, enfin chancelier de 1699 à 1714. Il se fit estimer de tous par ses vertus. — Jérôme, comte de P., fils du préc., fut nommé secrétaire d’État de la marine quand son père devint chancelier, occupa ce poste de 1699 à 1715, et fut exclu du conseil par le duc d'Orléans à la mort de Louis XIV.

PONTCHÂTEAU, ch-l. de c. (Loire-Inf.), sur le Brivé, à 15 k. N. O. de Savenay, 4449 hab.

PONTCROIX, ch.-l. de c. (Finistère), à 33 k. O. de Quimper, sur le Goyen, qui y prend le nom de Pontcroix; 2297 h. Petit port. Pensionnat ecclésiastique.

PONT D'AIN, ch.-l. de c. (Ain), sur la r. dr. de l'Ain, à 18 k. S. E. de Bourg, 1371 h. Ainsi nommé d'un ancien pont sur l'Ain, auj. détruit. Anc. château des ducs de Savoie, où naquit Louise de Savoie, mère de François I.

PONT-DE BEAUVOISIS, nom de deux petites villes de France, situées en face l'une de l'autre, l'une dans le dép. de l'Isère, l'autre dans celui de Savoie; séparées par le torrent de Guiers, elles sont réunies par un pont d'une seule arche. Celle de l'Isère, sur la r. g. du Guiers, a 25 k. E. de la Tour-du-Pin, est un ch.-l. de c. et une place de guerre de 2e classe; 1871 h. Celle de la Savoie, qui appartenait avant 1860 aux États-Sardes, sur la r. dr. du Giers, à 17 kil. O. de Chambéry, est aussi ch.-l. de canton et place forte; 1242 h. Auj. les 2 villes sont confondues.

PONT-DE-L'ARC, immense arcade naturelle de 30m de haut et de 60 de long, qui traverse l'Ardèche à 20 kil, au-dessus de son embouch. dans le Rhône.

PONT-DE-L'ARCHE, ch.-l. de c. (Eure), sur la r. g. de la Seine, à son confluent avec l'Eure, à 12 k. N. de Louviers; 1661 hab. Pont de 22 arches, auquel la ville doit son nom : ce pont, qu'on faisait remonter au temps de Charles le Chauve, s'écroula en 1856, et fut reconstruit immédiatement. Station du chemin de fer de Paris à Rouen. La marée se fait sentir jusqu'à cette ville. Draps, couvertures, siamoises et toiles. — Fondée par Charles le Chauve en 854. Reprise sur les Anglais en 1449. C'est la 1re ville qui se soumit à Henri IV, 1589. Près de Pont-de-l'Arche était l'abbaye bénédictine de Bonport, fondée par Richard Cœur de Lion, et que posséda le poëte Desportes.

PONT-DE-MONTVERT, ch.-l. de c. (Lozère), sur le Tarn, à 17 kil. E. N. E. de Florac; 1566 hab.

PONT-DE-ROIDE, ch.-l. de c. (Doubs), sur la r. g. du Doubs, à 25 k. S. de Montbéliard; 1781 h. Forges.

PONT-DE-SALARS, ch.-l. de c. (Aveyron), à 15 k. S. E. de Rhodez; 1404 hab.

PONT-DE-VAUX, Pons Valensis, ch.-l. de c. (Ain), sur la Reyssouse, à 34 kil. N. O. de Bourg; 3077 h. Canal, qui fait communiquer la ville aveu la Saône. Étoffes, fonderies, faïenceries, tanneries, chapelleries, volailles. Patrie de Joubert, à qui une statue a été érigée sur la place. Érigé en duché en 1623.

PONT-DE-VEYLE, Oppidum velœ, ch.-l. de c. (Ain), sur la Veyle, à 26 k. O. de Bourg; 1412 h. Eau ferrugineuse. Tissus de coton et tapisseries. Anc. comté.

PONT-DE-VEYLE (Ant. DE FERRIOL, comte de), littérateur, frère aîné du comte d'Argental, 1697-1774, fut lecteur du roi et intendant général des classes de la marine. Il composa quelques comédies, le Complaisant, le Fat puni, le Somnambule, et un grand nombre de chansons et de poésies légères. Il fut plus de cinquante ans l'ami de Mme Du Deffant.

PONT-DU-CHÂTEAU, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la r. g. de l'Allier, à 15 kil. N. E. de Clermont-Ferrand; 3521 hab. Vins, chanvre, houille, pierre de Volvic, noir animal. — Ville jadis forte; prise par Louis le Gros en 1126, après une longue résistance; réunie à la couronne par Philippe-Auguste.

PONT-DU-DIABLE, DU GARD. V. DIABLE, etc.

PONTECORVO, Fregellæ? v. de l'Italie mérid. (Terre de Labour), sur le Garigliano, à 33 kil. S. E. de Frosinone, à 130 kil. de Rome; 7600 h. Évêché, uni à celui d'Aquino. Château; beau pont romain. Pontecorvo, bien qu'enclavé dans les États du roi de Naples, appartenait à l'État ecclésiastique, et faisait partie de la délégation de Frosinone. — Bernadotte (dep. roi de Suède) avait reçu, de Napoléon le titre de prince de Pontecorvo.

PONTÉCOULANT (LE DOULCET, comte de), né à Caen en 1764, d'une famille noble et ancienne, m. en 1853, adopta avec chaleur les principes de la Révolution, fut élu en 1792 député à la Convention par le dép. du Calvados, résista courageusement aux excès de 1793, et fut mis hors la loi; se réfugia à Zurich où il fut réduit à se faire menuisier, reprit son siége à la Convention après le règne de la Terreur et fut nommé membre du Comité du gouvernement. Chargé spécialement des opérations militaires, il eut le mérite de distinguer Bonaparte, alors capitaine d'artillerie, et l'attacha à ses bureaux. Préfet de la Dyle sous le consulat, il fut nommé sénateur en 1805, et remplit avec succès sous l'Empire plusieurs missions militaires et diplomatiques. Il fut, après le désastre de Waterloo, un des négociateurs envoyés près des Alliés. Sous la Restauration et sous le gouvernement de Louis-Philippe, il prit une part active aux travaux de la Chambre des Pairs et se rangea dans l'opposition libérale. Il a laissé des Souvenirs historiques, qui ont été publiés en 1862.

PONTEFRACT, v. d'Angleterre (York), à 32 k. S. O. d'York; 10 000 h. Château fort, célèbre dans l'histoire des guerres civiles d'Angleterre : Richard II y fut enfermé et y mourut. Jardins, pépinières; fabrique de liqueurs. — Cette ville, appelée d'abord Lugeolum, reçut le nom de Pontefract (de pons fractus, pont brisé), parce que son pont se brisa pendant que l'archevêque d'York, frère du roi Étienne, y passait.

PONT-EN-ROYANS, ch.-l. de c. (Isère), sur la Bourne, à 11 kil. S. de St-Marcellin; 1140 hab.

PONT-EUXIN. V. NOIRE (Mer).

PONTEVEDRA, Pons Vetus, v. et port d'Espagne (Galice), ch.-l. de province, à l'embouch. du Lerez dans l'Atlantique, à 350 k. N. O. de Madrid; 6000 h. — La prov. de P., baignée à l'O. par l'Atlantique, est bornée au N. par celle de la Corogne, à l'E. par celle d'Orense, au S. parle Portugal; 450 000 hab.

PONT-GIBAUD, ch.-l. de c. (Puy-de-Dôme), sur la Sioule; à 20 kil. O. S. O. de Riom; 1087 hab. Anc. château des Dauphins d'Auvergne. Mines de plomb argentifère; sources minérales. Près de là est la fontaine d’Oule, dont les eaux sont gelées pendant l'été.

PONTHIEU, Pontivus pagus en lat. moderne, pays de la Basse-Picardie, avec titre de comté, s'étendait de l'embouchure de la Somme à celle de la Canche et avait pour ch.-l. Abbeville. On y distinguait le Ponthieu propre et le Vimeux. Dans le 1er se remarquaient, outre Abbeville, les villes de Montreuil, St-Pol, St-Riquier; dans le 2e, St-Valery, Crécy, Oisemont, Gamaches. — Le Ponthieu a eu des comtes particuliers dès le Xe s.; il passa au commencement du XIIe dans la maison d'Alençon. Guillaume II, 3e comte de cette maison, épousa Alix de France, fille de Louis le Jeune, et en eut Marie, comtesse de Ponthieu, qui fut mariée à Simon de Dammartin, comte d'Aumale, puis à Matthieu de Montmorency. Jeanne, fille de Marie, épousa Ferdinand III de Castille, et mourut en 1279, laissant une fille, Éléonore de Castille, comtesse de Ponthieu, qui devint femme d’Édouard I, roi d'Angleterre, ce qui fit passer ce fief dans les mains des Anglais. En 1336, Philippe VI, roi de France, confisqua le Ponthieu sur Édouard III, mais il fut rendu par le traité de Brétigny, 1360. Depuis, Charles V le réunit à la couronne, en 1369; il en fut détaché par Charles VI pour Jean de France, son fils. Charles VII porta avant de monter sur le trône le titre de comte de Ponthieu : par son avénement, il réunit de nouveau ce comté au domaine royal. Par le traité d'Arras (1435), le Ponthieu fut cédé au duc de Bourgogne; mais, après la mort de Charles le Téméraire, il revint à la France (1477). En 1583, il fut donné en apanage à Diane, sœur naturelle de Henri III, et, en 1619, à Charles de Valois, fils naturel de Charles IX, dont la petite-fille, Marie-Françoise, veuve de Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, le laissa à la couronne, en 1690.

PONTIANAK, v. de l'île de Bornéo, capit. d'un État de son nom, sur la côte O. de l’île et sur le Pontianak, près de son embouchure. C'est le ch.-l. des établissements hollandais sur cette côte. Grand commerce avec la Chine. — L’État de P., qui occupe la milieu de la côte O. de l'île de Bornéo, est gouverné par un sultan tributaire des Hollandais : ceux-ci s'étaient introduits dans le pays en 1818 sous prétexte d'y réprimer une sédition.

PONTIFES, Pontifices, chefs du culte à Rome, institués par Numa, étaient d'abord au nombre de quatre, mais furent ensuite portés à 8, puis (sous Sylla) à 16, dont huit grands (majores) et sept petits (minores). Le premier de tous, le grand pontife, avait inspection et autorité sur tous les ministres du culte et sur les Vestales, présidait aux adoptions, réglait l'année et rédigeait les grandes annales, dites livres pontificaux; sa dignité était à vie, et pouvait se concilier avec les autres magistratures. Auguste s'en fit revêtir et ses successeurs l'imitèrent tous. Longtemps les pontifes ne furent choisis que parmi les patriciens; mais, pendant la guerre des Samnites, les plébéiens, déjà admis aux autres charges, se firent aussi admettre à la dignité de pontife; en 254, un plébéien, T. Coruncanius, fut élu grand pontife. Le corps des pontifes se nommait Collegium pontificum. Cette dignité disparut après 375, l'empereur Gratien l'ayant refusée comme incompatible avec la foi d'un chrétien. On dérive le nom de pontife de pons et facere, parce qu'une des plus anciennes attributions des pontifes était d'entretenir le pont Sublicius, par lequel on allait au mont Janicule.

PONTIFES (GRANDS), en Judée. V. PRÊTRE (Grand).

PONTIFES ou PONTIFICES (Frères), c.-à-d. faiseurs de ponts, ordre de frères hospitaliers qui s'établissaient le long des rivières pour transporter gratis les voyageurs sur l'autre rive, ou qui s'associaient pour construire des ponts. Les premiers dont il soit question se montrèrent au XIIe s. sur les bords de l'Arno en Toscane. On remarque parmi eux S. Bénezet, qui, en 1177, construisit à Avignon, sur le Rhône, un pont de 447m de long et de 18 arches; c'est aussi à eux que l'on doit celui de Pont-St-Esprit (V. ce mot). L'ordre fut sécularisé en 1519, par suite d'abus qui s'y étaient introduits.

PONTIGNY, vge du dép. de l'Yonne, à 18 k. N. E. d'Auxerre, dans une île du Serein; 800 h. Jadis abbaye célèbre, fondée en 1114 : c'était la 2e des Quatre filles de Cîteaux.

PONTINS (MARAIS), Pomptina palus, vastes marais qui s'étendent dans la partie S. O. des États romains, entre la Méditerranée et les monts Lepini, depuis Astura jusqu'à Terracine, s'étendent sur un espace de 130 hectares de superficie et ont env. 40 k. de long sur 10 de large. Ils sont traversés par le Garigliano et par plusieurs de ses tributaires. Les environs en sont très-malsains : de juin à septembre, c'est un foyer de fièvres intermittentes. Dans l'antiquité, ce pays était si salubre que 23 villes y florissaient; il était traversé par la voie Appienne. L'invasion des eaux date de la fin de la République romaine, époque où le labourage fut abandonné pour les herbages. Auguste, et après lui Nerva et Trajan, s'efforcèrent de dessécher les Marais Pontins soit en ouvrant un canal le long de la voie Appienne, soit en pratiquant sous cette voie des ponts pour l'écoulement des eaux; le patrice Decius, à la fin du VIe s., et, depuis, les papes Léon X, Sixte-Quint et surtout Pie VI ont aussi beaucoup fait; de 1777 à 1781, ce dernier rétablit à travers ces marais la voie Appienne abandonnée depuis 1580, et creusa plusieurs canaux, entre autres celui qui porte son nom. Napoléon, devenu maître du pays, avait fait commencer de grands travaux de dessèchement : les événements de 1814 entravèrent l'exécution de ses vastes plans, qui ont été exposés par M. de Prony (Dessèchement des marais Pontins).

PONTIUS HERENNIUS. V. HERENNIUS.

PONTIVY, anc. nom de Napoléonville.

PONT-L'ABBÉ, ch. de c. (Finistère), à 18 k. S. O. de Quimper, sur une baie de l'Atlantique; 4286 h. Petit port, château ; restes d'un cloître de Carmes.

PONT-L'ÉVÊQUE, ch.-l. d'arr, (Calvados), sur la Touques, à 44 kil. N. E. de Caen; 3144 hab. Trib. de 1re inst., hôpital, prison; chemin de fer. Dentelles, toiles siamoises; fromages, cidre.

PONT-LEVOY (pour pont-levis), bg de Loir-et-Cher), à 22 k. S. O. de Blois; 2506 h. Anc. abbaye de Bénédictins avec école militaire, transformée depuis en collége; c'est aujourd'hui une institution particulière.

PONT-NOYELLE, c. de l'arrond. d'Amiens, où le général Faidherbe combattit deux jours avec succès contre les armées allemandes (23-24 déc. 1870).

PONTOISE, le Briva Isaræ des Latins, Pons Isaræ au moyen âge, ch.-l. d'arr. (Seine-et-Oise), à 38 kil. N. de Versailles et 32 N. O. de Paris, au confluent de l'Oise et de la Viosne et près du chemin de fer du Nord; 6065 h. Trib. de 1re inst., collége, bibliothèque. La ville, bâtie en amphithéâtre sur une colline rocailleuse, descend jusque sur la rive droite de l'Oise. On y remarque le pont sur l'Oise, auquel elle doit son nom, les églises Ne-Dame et St-Maclou, l'hospice. Nombreux moulins à farine; grand commerce de grains et de farine; bestiaux, veaux renommés. Patrie de J. Lemercier, De Guignes, Plantade, Tronçon-Ducoudray, du général Leclerc, de l'architecte Fontaine. — Anc. capitale du Vexin Français, Pontoise était fortifiée, et fut souvent la résidence des rois capétiens : c'est là que naquit Philippe le Hardi et que Louis XI, malade, fit vœu d'entreprendre une croisade. Elle fut prise par les Normands en 885, par les Anglais en 1419 et 1437; Charles VII la reprit sur Talbot en 1441; Henri III et Henri IV l'assiégèrent en 1589; les États généraux y furent convoqués en 1561. Louis XIV s'y retira pendant les troubles de la Fronde; le parlement de Paris y fut transféré en 1652, 1720 et 1753.

PONTORSON, Pons Ursonis, ch.-l. de c. (Manche), à 22 kil. S. O. d'Avranches, près de l'emb. du Couësnon; 2245 h. Petit port; route sur les sables, conduisant au Mont-St-Michel; hospice d'aliénés. Dentelles et broderies.

PONTREMOLI, Apua, v. de Toscane, au confluent de la Verde et de la Magra, à 140 kil. N. O. de Florence, et à 83 k. N. O. de Pise; 4000 hab. Évêché, citadelle, beaux palais.

PONTRIEUX, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), sur le Trieux, à 18 k. N. de Guingamp; 1700 h. Petit port.

PONTSCORFF, ch.-l. de c. (Morbihan), sur le Scorff, à 12 k. N. O. de Lorient; 1612 b. Tanneries.

PONTS-DE-CÉ (LES), Pons Saii, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 7 kil. S. E. d'Angers, sur plusieurs îles de la Loire qui communiquent entre elles par des ponts (d'où le nom de la ville); 3739 h. Les anciens ponts, détruits par le temps, furent reconstruits en 1849; ils sont soutenus par 109 arches. En 1620, Créqui y défit les troupes de Marie de Médicis, mère de Louis XIII; en 1793, les Vendéens, commandés par Bonchamp, y furent battus par les Républicains.

PONT-STE-MAXENCE, Litanobriga, ch.-l. de c. (Oise), sur l'Oise et le chemin de fer de St-Quentin, à 12 kil. N. de Sentis; 2464 hab. Beau pont. Commerce considérable en grains, farines, toiles, chanvre.

PONT-ST-ESPRIT, ch.-l. de c. (Gard), sur le Rhône, à 33 kil. N. E. d'Uzès; 5133 hab. Beau pont, bâti de 1265 à 1309 par les frères Pontifices avec le produit d'aumônes (il a 23 arches et 918m de long). Chapelle du St-Esprit, qui a donné son nom à la ville, citadelle. Commerce de vins, huiles, fruits et soie. Environs pittoresques (rocher Bidon, landes de Ruoms, etc.). Cette ville fut souvent prise et reprise au XVe s. et pendant les guerres de religion.

PONT-SUR-SEINE ou PONT-LE-ROI, bg du dép. de l'Aube, à 10 kil. E. S. E. de Nogent-sur-Seine, sur la r. g. de la Seine; 900 h. Pont en pierre sur la Seine. Important sous les Romains, ce lieu fut au moyen âge le chef-lieu d'une seigneurie; on y voyait un château élevé au XVIIe s., qui fut possédé par la mère de Napoléon, et détruit par les Russes en 1814.

PONT-SUR-YONNE, ch.-l. de c. (Yonne), à 12 k. N. N. O. de Sens, sur le chemin de fer de Paris à Lyon; 1903 hab. Tuileries, taillanderies, vins. Cette ville a été ravagée par une trombe en 1816.

PONTUS DE LA GARDIE, etc. V. LA GARDIE, etc.

PONT-VALLAIN, ch.-l. de c. (Sarthe), à 20 kil. N. E. de La Flèche; 1862 hab. Du Guesclin y défit en 1370 le général anglais R. Knolles : le souvenir de cette victoire est conservé par un obélisque élevé en 1828 sur le lieu du combat.

PONZA ou PONCES (îles), Pontiæ insulæ, groupe de 6 petites îles du roy. d'Italie, dans la mer Tyrrhénienne, à 52 kil. des côtes de la Terre de Labour : Ponza, Palmarola et Vendotiene en sont les principales. Ces îles paraissent être le produit d'éruptions volcaniques. Ponza, la plus grande, a 20 kil. de tour et 1800 h., avec un bourg du même nom, et un petit port sur la côte E. Cette île était un lieu d'exil pour les Romains. Ravagée par les Sarrasins, elle resta presque déserte jusqu'en 1760, qu'une nouvelle colonie y fut envoyée.

POPAYAN, v. de la Nouv.-Grenade, ch.-l. de la prov. de Popayan et de tout le dép. de Cauca, à 370 kil. S. O. de Bogota, dans une situation délicieuse, à 1666m au-dessus de la mer et près des volcans de Sotara et de Puracé; 10 000 h. Évêché, université, collége, hôtel des monnaies. Entrepôt du commerce entre Quito et Bogota. — Fondée par les Espagnols en 1537, cette ville était assez florissante avant la guerre de l'indépendance; elle a beaucoup souffert de cette guerre et des tremblements de terre (notamment de celui de 1827). — La prov. de Popayan, dans la partie E. du dép. de Cauca, à 450 kil. du N. au S. sur 67, et compte env. 60 000 hab. Elle est formée presque en totalité d'une admirable vallée, située entre deux chaînes des Andes. Le climat y est tempéré et agréable au N., et le sol très-fertile. Mines d'or presque épuisées.

POPE (Alexandre), célèbre poëte anglais, né à Londres en 1688, de parents catholiques, m. en 1744, se fit remarquer par un talent précoce : il faisait de jolis vers dès l'âge de 12 ans. Il se lia de bonne heure avec les beaux esprits de l'époque, Congrève, Swift, Witcherley, acquit bientôt un nom par ses écrits, s'ouvrit l'entrée des salons et compta de puissants protecteurs, entre autres lord Bolingbroke. Ses ouvrages ne tardèrent pas à l'enrichir, et, avec leur produit, il put acheter le beau domaine de Twickenham, où il passa ses dernières années. Pope était contrefait et d'une santé fort délicate; il avait un caractère irascible, et consuma une partie de sa vie dans des disputes littéraires fort vives. Ses principaux ouvrages sont : l’Essai sur la critique, 1709, poëme dans le genre de l’Art poétique de Boileau, qu'il publia à 20 ans; la Boucle de cheveux enlevée, poëme héroï-comique dans le genre du lutrin; la Forêt de Windsor; l’Épître d'Héloïse à Abeilard, chef-d'œuvre de sentiment et d'éloquence; une traduction en vers de l’Iliade, admirée surtout pour la beauté des vers, et qu'il eut terminée à l'âge de 30 ans; une traduction de l’Odyssée bien inférieure à l’Iliade (il s'y était fait aider par des poëtes subalternes); la Dunciade ou la Guerre des Sots, poëme satirique dans lequel il immole les auteurs et les critiques dont il croyait avoir à se plaindre; l’Essai sur l'Homme (1733), que l'on peut regarder comme le chef-d'œuvre de la poésie philosophique : dans ce poëme, dédié à Bolingbroke, il met en beaux vers l'optimisme de Leibnitz; enfin les Épîtres morales, où il traite les plus hautes questions de la morale et qui sont comme le complément de l’Essai sur l'Homme. Il a en outre écrit en prose : son Art de ramper en poésie et son Martinus Scriblerus sont remarquables par la verve satirique. Enfin on a de lui des Lettres pleines de grâce et de naturel. Poëte éminemment classique, Pope a possédé au plus haut degré la correction, l'élégance, la finesse, l'art de vaincre les difficultés de style; sa poésie est rimée. Ses œuvres complètes ont été publiées par Bowles, Londres, 1807, 10 v. in-8., par T. Roscoe, 1846, et par Carrhuthers, 1860. Laporte en a donné une traduction en prose, Paris, 1779; Duresnel a traduit en vers assez faibles l’Essai sur sa critique et l’Essai sur l'homme; ce dernier ouvrage a été mis en vers avec beaucoup plus de succès par Fontanes et par Delille. La Boucle de cheveux a été trad. en vers par Marmontel; la Forêt de Windsor par Boisjolin; l’Épître d'Héloïse a été imitée heureusement par Colardeau.

POPERINGHE, v. de Belgique (Flandre occ.), à 11 k. O. d'Ypres; 11 000 h. Fabriq. de draps, filatures, blanchisseries de fil, tanneries; grains, houblon.

POPES, ministres du culte. V. ce mot dans notre Dictionn. univ. des Sciences.

POPHAM (sir HOME RIGGS), amiral anglais, né en 1762 à Gibraltar, d'une famille irlandaise, m. en 1820, avait commencé par être matelot. Devenu en 1800 commandant des forces maritimes dans l'Inde, il enleva aux Hollandais leur colonie du Cap (1804). Il surprit en 1809 la flotte danoise, puis appuya les opérations des Anglais dans la péninsule hispanique, fut nommé contre-amiral en 1814, commanda en 1819 la station des Indes occid., et tenta en vain d'accommoder Christophe et Boyer, qui se disputaient le pouvoir à St-Domingue. La marine lui doit le perfectionnement du système télégraphique. Il a publié les Règlements à observer sur les vaisseaux, 1805.

POPILIUS LÉNAS (C.), sénateur romain, consul l'an 172 av. J.-C., fut député en 170 par le Sénat vers Antiochus Épiphane, roi de Syrie, pour lui défendre d'attaquer Ptolémée VI, roi d’Égypte, allié du peuple romain. Le monarque syrien voulut éluder par des délais la demande des Romains; mais Popilius, s'apercevant de son dessein, traça avec sa baguette un cercle autour de la personne du roi et lui défendit d'en sortir avant d'avoir donné une réponse décisive. Cette action hardie intimida Antiochus, qui obtempéra aussitôt aux ordres du Sénat. — Un autre Popilius Lænas, tribun militaire, tua Cicéron, et apporta sa tête à Antoine, 43 av. J.-C.

POPMA (Ausone de), jurisconsulte et philologue, né vers 1563 à Alst dans la Frise, m. en 1613, a laissé entre autres travaux estimables : Terentii Varronis fragmenta, Franeker, 1589 (fragments qu'il avait lui-même découverts); De Differentiis verborum, 1635, espèce de dictionnaire des synonymes; De Usu antiquarum locutionum, 1608; De Ordine et usu judiciorum, 1617; Fragmenta veterum historicorum latinorum, 1620. — On doit à Tite de Popma, son frère, des corrections sur les Épîtres de Cicéron, des Notes sur Asconius Pedianus, etc.

POPOCATÉPETL, montagne volcanique du Mexique (la Puebla), à l'O. de Cholula, par 100° 53' long. O., 18° 59' lat. N., a 5400m de hauteur.

POPPÉE, Poppæa, femme romaine célèbre par sa beauté et par son ambition, épousa successivement Rufus Crispinus, préfet des cohortes prétoriennes, Othon, alors favori de Néron et depuis empereur, enfin Néron, dont elle avait d'abord été la maîtresse. Elle eut grande part à la mort d'Agrippine, dont elle redoutait l'influence, et plus encore à celle d'Octavie, 1re femme de Néron, qu'elle avait déjà fait répudier. Ayant un jour osé railler Néron, elle reçut du brutal tyran un coup de pied dans le ventre pendant qu'elle était enceinte, et elle en mourut peu de jours après (65).

POPRAD ou POPPART, riv. des États autrichiens, naît sur les frontières de la Galicie et de la Hongrie, dans les monts Carpathes, sépare les comitats de Liptau et de Zips, arrose ce dernier et celui de Sarosch, entre en Galicie et tombe dans le Dunajetz, à 5 k. N. de Stary-Sandec, après un cours de 150 k.

POPULONIA OU POPULONIUM. V. PIOMBINO.

PORATAS, nom ancien du Pruth.

PORBUS (Franç.), dit l’Ancien, peintre flamand, membre de l'Académie d'Anvers, né en 1540 à Bruges, mort en 1580, était fils de Pierre Porbus, de Gouda, peintre estimé lui-même. Il réussissait également dans le portrait, dans l'histoire et dans la peinture des animaux. On estime surtout sa Descente du S. Esprit, à Courtray. — Franç. P., le Jeune, son fils, né à Anvers en 1570, m. à Paris en 1622, le surpassa et vint s'établir en France, où il travailla pour la cour. Son S. François en extase recevant les stigmates, son Christ en croix entre deux larrons, ses deux portraits de Henri IV sont au Louvre.

PORCHERON (dom Placide), bénédictin et bibliothécaire de l'abbaye de St-Germain des Prés, né à Châteauroux en 1652, m. à Paris en 1694. On a de lui les Maximes pour l'éducation d'un jeune seigneur, avec une traduction des Instructions sur l'art de régner de l'empereur Basile, et la 1re édition de la Géographie de l'Anonyme de Ravenne, Paris, 1688. Il eut part à la belle édition des Œuvres de S. Hilaire de Coustant.

PORCHERONS (les), hameau et pré situés à un peu plus d'un demi-kilomètre N. O. de l'anc. Paris, étaient à la mode au commencement du XVIIIe s. comme rendez-vous de plaisir et de duels. L'emplacement des Porcherons, auj. compris dans Paris, était vers le coin des rues actuelles de Clichy et St-Lazare.

PORCIA, fille de Caton d'Utique, épousa M. Junius Brutus, et se donna la mort après avoir perdu son époux, qui s'était tué après sa défaite à Philippes, 42 av. J.-C. Privée de toute arme par ses parents, elle avala, dit-on, des charbons ardents.

PORCIEN (le), petit pays de la Champagne, au N., avait pour ch.-l. Château-Porcien. Il est auj. compris dans l'arr. de Réthel (Ardennes). .

PORDAGE (Jean), mystique anglais, né vers 1625, mort en 1698 à Londres, était médecin. Il tenta de rédiger en système les idées de Bœhme, et composa dans ce but la Métaphysique divine et la Théologie mystique, 1698. Il prétendit avoir des révélations et eut des disciples qui se dirent inspirés.

PORDENONE, v. de Vénétie, dans le Frioul, sur le Roncello, à 50 kil. S. S. O. d'Udine; 5000 hab. Patrie du peintre Pordenone.

PORDENONE (J. A. LICINO REGULO, dit), peintre, un des chefs de l'école vénitienne, né en 1484 au bourg de Pordenone, mort en 1540, fut le rival du Titien, dont il se fit l'ennemi. Il se distingue par une conception vigoureuse, pleine à la fois de hardiesse, de variété et de facilité, et par une belle couleur. Il excella surtout dans la fresque, et orna beaucoup de villes et de châteaux des anc. États vénitiens : on cite surtout deux chapelles qu'il a décorées à Vicence. Parmi ses tableaux, les plus célèbres sont S. Laurent Giustiniani environné de plusieurs autres saints, un Mariage de Ste Catherine, un S. Augustin. — Jules Pordenone, le Jeune, son neveu, né à Venise en 1500, m. à Augsbourg en 1561, réussissait aussi dans la peinture à fresque. Il a peint à Venise et dans plusieurs autres villes d'Italie, surtout à Rome, ce qui le fit surnommer le Romain.

PORÉE (le P.), jésuite, né en 1675, à Vendes (près de Caen), mort en 1741, réussit dans l'enseignement et dans la prédication. Appelé en 1708 à professer la rhétorique au collége Louis le Grand, il compta parmi ses élèves le jeune Arouet (Voltaire), qui conserva toujours pour lui du respect et de la reconnaissance. Il avait beaucoup de goût et d'élégance et écrivait le latin avec une extrême facilité, mais il abusait de l'antithèse. Il a composé en latin 6 tragédies, qui sont loin d'être sans mérite : Brutus, le Martyre de Ste Herménegilde, la Mort de l'empereur Maurice, Sennachérib, Seby-Mirza, le Martyre de S. Agapet; quelques comédies de mœurs, en prose latine, précédées de prologues en vers français qui en expliquent le sujet, et parmi lesquelles on remarque le Misoponus (l'ennemi du travail) et le Philédon (l'ami du plaisir), qui furent jouées souvent dans les colléges de l'ordre; enfin des harangues latines. M. Alleaume a écrit la Vie du P. Porée, ainsi que celle de son frère, qui avait été secrétaire de Fénelon.

PORENTRUY, Bruntrut ou Prundrut en allemand, v. de Suisse (Berne), sur une éminence, à 58 k. N. O. de Berne, près de la frontière de France ; 3000 hab. Anc. résidence du prince-évêque de Bâle; collége célèbre, naguère aux Jésuites ; école normale. On y remarque l'église St-Étienne, la tour de Refuge, la tour du Coq, où sont les archives, et le château épiscopal. Montres, tanneries renommées, quelques antiquités. — Bâtie, selon quelques-uns, au lieu qu'occupait l’Amagetobria de César, cette ville fut brûlée par les Alemani sous Constantin et saccagée par Attila, mais relevée par Charlemagne. Elle passa, après plusieurs vicissitudes, aux comtes de Montbéliard (1236), et fut vendue par ceux-ci aux évêques de Bâle en 1271. L'empereur Rodolphe s'en rendit maître en 1283, mais il la laissa aux évêques. Elle s'unit en 1501 aux cantons suisses contre l'Autriche. Depuis, elle fut souvent ravagée par la guerre (surtout pendant la Guerre de Trente ans), par les incendies, les épidémies, et déchirée par des querelles entre les évêques et les bourgeois. En 1793, elle fut prise par les Français et devint le ch.-l. du dép. du Mont-Terrible; après la suppression de ce dép., elle fut l'un des ch.-l. d'arr. du dép. du Ht-Rhin. Les traités de 1815 la donnèrent au canton de Berne ; en 1830, il y éclata un mouvement qui avait pour but de la réunir à la France, mais il fut réprimé.

PORLIER (J. DIAZ), dit el Marquesito, né en 1757 à Carthagène dans l'Amérique du Sud, fit en Espagne, en 1809, la guerre de partisan contre les Français, et devint capitaine général des Asturies. Voulant, après le retour de Ferdinand VII, rétablir la constitution des Cortès de 1812, il ourdit un complot dans ce but, s'empara de la Corogne et du Ferrol, organisa une junte provinciale en Galice, et marcha sur Santiago ; mais il fut livré par des traîtres, condamné à mort et aussitôt fusillé (oct. 1815).

PORNIC, ch.-l. de cant., à 21 kil. S. S. O. de Paimbœuf (Loire-Inf.), sur la baie de Bourgneuf ; 1608 hab. Petit port ; pêche de sardines, armements pour la pêche de la morue. Bains de mer et de sable ; eaux ferrugineuses.

POROS, Sphæria, île du roy. de Grèce, dans l'Archipel, sur la côte E. de la Morée, dont elle n'est séparée que par un étroit canal, est unie par un banc de sable à l'île de Calaurie ; elle a 9 kil. de tour, et 5000 hab. Elle contient une petite ville de même nom, avec port militaire.

PORPHYRE, philosophe néoplatonicien (dont le véritable nom était Malk ou Malchus, qui en syrien veut dire roi, et que l'on a grécisé par celui de porphyrius), naquit l'an 233 de J.-C. à Tyr ou à Batane, colonie tyrienne voisine de Tyr, étudia l'éloquence à Athènes sous le célèbre Longin, et la philosophie à Rome sous Plotin, dont il devint le disciple assidu à partir de 263. Il cultiva avec succès toutes les sciences connues de son temps, et se distingua en même temps par le talent d'écrire. Après la mort de son maître, il enseigna la philosophie et l'éloquence à Rome, et mourut dans cette ville en 304. Comme Plotin, son maître. Porphyre admettait une sorte de Trinité (V. PLOTIN), et enseignait une philosophie toute mystique, s'efforçant d'unir l'homme à Dieu par l'extase : il prétendait même avoir été une fois honoré de la vue de Dieu. On doit à Porphyre la révision et la publication des Ennéades de Plotin ; il composa en outre un grand nombre d'ouvrages originaux qui sont perdus pour la plupart, entre autres un fameux traité contre les Chrétiens, qui fut réfuté par plusieurs Pères de l’Église, et que Théodose II fit brûler. Les principaux ouvrages de Porphyre qui nous sont parvenus sont : une Vie de Plotin, en tête des éditions de Plotin, trad. car Lévesque de Burigny ; une Vie de Pythagore, fragment d'une Hist. philosophique en 4 livres (cette Vie a été éditée par Holstenius, Rome, 1630, et par Kiessling, Leips., 1813); un traité de l’Abstinence des viandes (édité à Rome, 1630, et à Utrecht, 1767, par Rœhr ; trad. en français par Lévesque de Burigny, 1747); une Lettre à Anébon, prêtre égyptien, sur les dieux et les démons (dans le Pœmander de Venise, 1483, et à Oxford, 1678); une Introduction aux catégories d'Aristote (Paris, 1546, grec-latin), ouvrage qui, en conservant le souvenir des diverses opinions des anciens sur la nature des universaux, a donné naissance pendant le moyen âge à la célèbre dispute des Réalistes et des Nominaux (il a été trad. par M. Barthélémy St-Hilaire dans sa Logique d'Aristote); les Principes des Intelligibles (Aphormæ), abrégé de la doctrine néoplatonicienne, publ. par Holstenius, Rome, 1630, réédité par Fréd. Creuzer en tête du Plotin de la collection Didot, et trad., avec plusieurs autres morceaux de Porphyre, par M. E. Lévêque (dans le Plotin de M. Bouillet); des fragments de la Philosophie des oracles, rassemblés par G. Wolf, Berlin, 1856 ; l’Antre des Nymphes, et les Questions homériques (Venise, 1521), commentaire ingénieux de quelques passages du poëte grec ; une Lettre à Marcella, son épouse, retrouvée et publiée en 1816 par A. Mai à Milan. Il n'existe aucune édition complète de Porphyre. Sa Vie a été écrite par Eunape, et de nos jours par V. Parisot (De Porphyrio, 1845).

PORPHYRION (POMPONIUS), commentateur d'Horace. Son commentaire est joint aux éditions d'Acron.

PORPHYRIUS. V. OPTATIEN.

PORPHYROGÉNÈTE, c.-à-d. né dans la pourpre, nom que l'on donnait aux enfants des empereurs de Constantinople, soit parce qu'on les recevait dans un drap de pourpre au moment de leur naissance, soit parce que les impératrices faisaient leurs couches dans un appartement tendu de pourpre. On connaît surtout sous ce nom l'empereur Constantin VII.

PORPORA (Nicolas), compositeur, né à Naples en 1685, m. en 1767, fut l'élève chéri de Scarlatti. Il fit représenter à Vienne Ariane, son 1er opéra ; fut appelé à Dresde pour y diriger la chapelle électorale et le théâtre, alla aussi à Londres, mais s'y vit préférer Hændel, et revint en Italie. Il a beaucoup travaillé : à 36 ans, il avait déjà composé 50 opéras. La plupart sont oubliés aujourd'hui ; néanmoins, Porpora fit faire à l'art musical des progrès incontestables et mérita d'être surnommé le Patriarche de l'harmonie. Il forma plusieurs des grands chanteurs de l'époque, Farinelli, Caffarelli, etc.

PORQUEROLLES, la plus occid. des îles d'Hyères, a 16 k. de tour et 300 h. et est défendue par deux forts.

PORRHOËT, anc. comté de Bretagne (Morbihan), avait Josselin pour capitale.

PORSENA ou PORSENNA, lars ou roi de Clusium en Étrurie, fit la guerre à Rome en 508, sous prétexte de rétablir Tarquin, battit les Romains sur les bords du Tibre et même, selon la tradition la plus vraisemblable, s'empara de Rome, mais sans rendre la couronne au prince exilé. Il marcha ensuite contre les Latins, mais fut vaincu près d'Aricie, et ne tarda point à voir Rome lui échapper. Toutefois, il garda une portion du territoire romain. — Selon l'opinion vulgaire, Rome n'aurait pas été prise par Porsenna : après les actes héroïques d'Horatius Coclès, de Mutius Scévola, de Clélie, il aurait de lui-même renoncé au siége.

PORSON (Rich.), helléniste anglais, né en 1759 à East-Ruston (Norfolk), m. en 1808, professa le grec au collége de la Trinité à Cambridge depuis 1792 jusqu'à sa mort. Il a donné des ouvrages qui le placent au premier rang comme critique, entre autres des éditions d'Eschyle, Glascow, 1195, et Londres, 1797 ; de plusieurs pièces d'Euripide (Hécube, Oreste, les Phéniciennes, Médée), Londres, 1797-1801; des Notes sur Aristophane, sur l’Anabase de Xénophon, sur Suidas, Hésychius, etc., 1790 ; enfin une édition du Lexique de Photius, posthume, 1822.

PORTA (la), ch.-l. de c. (Corse), à 33 k. S. O. de Bastia ; 285 h. Patrie du maréchal Sébastiani. PORTA (J. B.), physicien, né à Naples en 1540, m. en 1615, voyagea en Italie, en Espagne, en France, fonda à Naples l'académie des Secreti, que le pape Paul III supprima comme s'occupant d'arts illicites, fit beaucoup d'expériences d'optique et découvrit la chambre obscure. A côté de puérilités et de bizarreries, ses ouvrages offrent beaucoup d'observations remarquables. Les principaux sont : Magia naturalis, Naples, 1589 (en partie trad. en franç., Lyon, 1630); De furtivis litterarum notis, vulgo ziforis (l'art d'écrire en chiffres), 1563; De humana physiognomia, 1586; De cœlesti physionomia, 1601; Ars reminiscendi, 1602; De munitione, 1608 (c'est un traité de fortification); De aeris transmutationibus, 1609, etc. On a aussi de lui 14 comédies, 2 tragédies, et une tragi-comédie, imprimées sous le titre d’Œuvres dramatiques, Naples, 1726.

PORTA (Jacq. DELLA), architecte, élève de Vignole, né à Milan vers 1530, m. à Rome en 1595, s'était fixé dans cette ville. Il y fit construire la chapelle Grégorienne, le petit temple des Grecs, l'église Notre-Dame de' Monti, fut nommé, après la mort de Vignole, architecte de St-Pierre de Rome, acheva, avec Fontana, la célèbre coupole de cet édifice (1590), mais en la rendant plus elliptique, bâtit la façade de St-Pierre aux Liens et celle de St-Louis des Français, et éleva à Frascati la villa Aldobrandini (connue depuis sous le nom de Belvédère). — Son neveu, le P. Guillaume della P., habile sculpteur, est auteur du beau mausolée de Paul III à St-Pierre de Rome. — Les frères J. B. et Thomas della P., ses parents, sa firent aussi un nom dans la sculpture; on a du 1er le S. Dominique colossal de Ste-Marie-Majeure, à Rome, et le Christ donnant les clefs à S. Pierre, de l'église Ste-Pudentienne; du 2e le S. Pierre et le S. Paul placés sur les colonnes Antonine et Trajane.

PORTAL (Ant.), médecin, né en 1742 à Gaillac (Tarn), m. en 1832, étudia à Montpellier, vint de bonne heure se fixer à Paris, et ne craignit pas, pour se faire une brillante clientèle, de recourir à de petites ruses qui tenaient du charlatanisme. Il fut de bonne heure admis dans la société de Franklin et de Buffon, entra à l'Académie des sciences en 1769, fut nommé en 1770 prof. au collége de France, et devint sous la Restauration médecin de Louis XVIII et président de l'Académie de médecine. Il a publié un grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels on remarque son Histoire de l'anatomie et de la chirurgie, Paris, 1770-73, 7 v. in-8, et son Anatomie médicale, 1803, 5v. in-8. Il donnait l'anatomie pour base à la médecine aussi bien qu'à la chirurgie.

PORTALÈGRE, Portus Alacer, v. forte du Portugal (Alentejo), à 100 kil. N. E. d'Evora; 6000 h. Vieux château. Évêché suffragant de Lisbonne. — Ville du Brésil, ch.-l. de la prov. de Rio-Grande-do-Sul, à 1170 kil. S. O. de Rio-de-Janeiro, sur la r. g. du Jacuhy. École latine; chantiers de construction.

PORTALIS (J. Ét. Marie), né en 1745, au Beausset en Provence, m. en 1807, fut reçu avocat au parlement d'Aix à 21 ans, plaida contre Beaumarchais et contre Mirabeau, se fit remarquer par plusieurs Mémoires, dont un Sur la validité des mariages de Protestants, et fut mis à la tête de l'administration de sa province peu avant la Révolution. Incarcéré sous la Terreur, il fut élu en 1795 député de Paris au Conseil des Anciens; porté sur la liste des proscrits du 18 fructidor pour s'être opposé aux mesures violentes du Directoire, il se réfugia en Allemagne (1797), mais il revint dès 1800 et fut aussitôt appelé au Conseil d'État. Il prit une grande part à la rédaction du Code civil, négocia le Concordat (1801), fut nommé en 1802 directeur des affaires ecclésiastiques, titre qu'il échangea en 1804 contre celui de ministre des cultes, tint en même temps le portefeuille de l'intérieur, et resta en fonction jusqu'à sa mort. Il était membre de l'Institut (Académie Française). Sa conduite en toute occasion fut pleine de sens, de droiture, de philanthropie. Il a laissé un traité fort estimé sur l’Usage et l'abus de l'esprit philosophique pendant le XVIIIe s., publ. en 1810 par son fils, et des Discours et Rapports (sur le Code civil et le Concordat), réunis par son petit-fils, 1844-45.

PORTALIS (Joseph), magistrat et homme politique, fils du préc., né en 1778 à Aix, m. en 1859, seconda son père dès 1806 en qualité de secrétaire général, fut, après la mort de ce ministre (1807), conservé à la tête de l'administration et nommé conseiller d'État et comte de l'Empire, devint en 1810 directeur général de la librairie, mais s'attira l'année suivante une éclatante disgrâce pour avoir laissé publier un bref du pape contraire aux intentions de l'Empereur. Rappelé par Louis XVIII au Conseil d’État, il fut envoyé en 1818 à Rome comme chargé d'une mission délicate relative au Concordat (1818); à son retour, il fut élevé à la pairie. Il présidait une des chambres de la cour de cassation, lorsqu'il fut appelé, en 1827, a faire partie du ministère conciliateur de Martignac comme ministre de la justice; après la chute de ce ministère (1829), il fut nommé premier président de la cour de cassation; en 1852, il devint sénateur. On lui doit la publication de l'ouvrage de son père sur l’Esprit philosophique, auquel il ajouta une excellente introduction. Il était depuis 1839 membre de l'Académie des sciences morales; M. Mignet y a lu en 1860 sa Notice historique.

PORT-AU-PRINCE, auj. Port-Républicain, capit. de l'île d'Haïti et ch.-l. du dép. de l'Ouest, sur la côte O. de l'île, au fond de la baie des Gonaïves; 30 000 h. Siége du gouvernement, cour de cassation, cour des comptes, trib. de 1re inst. et de commerce; lycée, école militaire, école de médecine; arsenal, monnaie. La ville est bien percée; la plupart des rues sont larges de 20 à 23 mèt. Presque toutes les maisons sont en bois, à cause des tremblements de terre; la chaleur y est extrême, ce qui, joint aux marais voisins, en rend le séjour malsain. On remarque la place d'armes, l'église catholique, le lazaret, l'hôtel de ville; l'aqueduc. Exportation de café, sucre, cacao, coton, acajou, tabac, bois de teinture, peaux, écailles, gingembre, cire, etc. — Fondée par les Français en 1745, cette ville fut détruite en 1770 par un tremblement de terre. Relevée presqu'aussitôt, elle fut en grands partie brûlée en 1791; elle éprouva encore depuis (notamment en 1830) plusieurs secousses de tremblement de terre qui y ont fait de grands ravages. Patrie de Pétion et de Boyer.

PORT-BOURBON, dit aussi le Grand-Port, v. et port de l'île Maurice, sur la côte S. E.; c'est le plus ancien établissement de l'île; les Hollandais y avaient leur ch.-l. en 1598. L'amiral Duperré battit les Anglais en vue du Grand-port en 1810.

PORT-CASTRIES, ch.-l. de l'île Ste-Lucie (Antilles anglaises), sur la côte N. O.; 6000 hab.

PORT-CROZ, une des îles Hyères. V. HYÈRES.

PORT-DE-FRANCE, v. et port de la Nouv.-Calédonie, sur la côte O. de l'île, est la résidence du gouverneur français. Port commerçant.

PORT-D'ESPAGNE, v. et port de l'île de la Trinité (Antilles anglaises), ch.-l. de l'île, sur le golfe de Paria, vers l'embouch. du Caroni, par 63° 49' long. O., 10° 38' lat. N.; 8000 hab. Port sûr.

PORTE (la) ou la SUBLIME-PORTE, nom officiel que donnent les Ottomans à la cour du sultan. Mostasem, le dernier des califes abbassides, ayant fait enchâsser sur le seuil de la principale porte de son palais, à Bagdad, un morceau de la célèbre pierre noire que les fidèles adorent dans le temple de la Mecque, cette porte devint la Porte par excellence. Depuis, cette dénomination s'est étendue à l'empire des Ottomans, successeurs de la puissance des califes.

PORTE-GLAIVE (Chevaliers), Ensiferi en latin, ordre religieux et militaire fondé en 1201 par Albert d'Apeldern ou de Büxhoff, évêque de Livonie, pour conquérir les pays encore habités par les païens, était modelé sur celui du Temple. Il s'appela d'abord ordre des Frères de la milice du Christ; on les nomme aussi Chevaliers de Livonie. Ces Chevaliers portaient une robe blanche, avec deux glaives rouges brodés sur la poitrine. L'ordre, déjà maître d'une partie de la Livonie, entreprit en 1216 la conquête de l'Esthonie, qu'il soumit entièrement en 1223. A la suite de longues dissensions avec les évêques de Riga, le 2e grand maître, Volquin, se vit réduit à fondre son ordre dans celui des Chevaliers Teutoniques. Cette fusion, qui s'effectua en 1237, se fit à la condition que la partie de la Livonie et de l'Esthonie appartenant aux Porte-Glaive formerait une maîtrise de l'ordre teutonique, et serait gouvernée par un maître provincial. Les Chevaliers Porte-Glaive restèrent ainsi sous la dépendance des Chevaliers Teutoniques jusqu'en 1525, époque à laquelle Walter de Plettenberg racheta d'Albert de Brandebourg le duché de Livonie, et reconstitua l'ordre. En 1561, le 50e maître provincial, Gottar Kettler, embrassa le Luthéranisme, céda la Livonie à Sigismond II, roi de Pologne, et devint lui-même duc de Courlande.

PORT-EN-BESSIN, bg du Calvados, à 10k. N. N. O. de Bayeux; 900 hab. Petit port de commerce et de pêche près de l'emb. de la Dromme. Bains de mer.

PORTENDIC, port de la côte O. d'Afrique (Sénégal), par 18° long. O., 18° 26' lat. N., à 250 kil. N. de St-Louis. Petit comptoir français, fondé en 1724. Commerce de gomme.

PORTES-DE-FER, nom donné à plusieurs défilés, notamment à celui de la chaîne du Balkan, qui est aussi connu sous son nom turc de Démir-Kapou (V. ce nom); — à un défilé entre la mer Caspienne et les derniers contre-forts du Caucase : il est protégé par des fortifications et par une grande muraille qui va de la montagne à la mer, et dont la construction est attribuée aux Sassanides; — et à un défilé de l'Algérie, appelé aussi Bibans. V. ce nom.

PORT-GLASGOW, v. d’Écosse (Renfrew), sur l'estuaire de la Clyde, non loin de son embouchure, à 19 kil. O. N. O. de Renfrew et à 30 k. O. de Glasgow; 10 000 hab. Bon port qui reçoit les navires qui ne peuvent remonter la Clyde jusqu'à Glasgow; chemin de fer. Commerce considérable. — Fondée en 1688 et réunie en 1775 au village de Newark.

PORTICI, v. d'Italie (prov. de Naples), au pied du Vésuve et sur le golfe de Naples, à 6 kil. S. E. de Naples; 5500 hab. Beau palais royal; construit en 1738 par Charles de Bourbon; chemin de fer; nombreuses villas. — Portici et le village de Résina occupent la place de l'ancienne ville d'Herculanum, qui fut détruite et ensevelie sous la lave par une irruption du Vésuve en 79 de J.-C. Ce n'est qu'en 1713 qu'on retrouva des vestiges de l'ancienne ville d'Herculanum, et en 1758 qu'on fit des fouilles régulières. Les antiquités recueillies, conservées d'abord à Portici même, ont depuis été transférées à Naples.

PORTINARI. V. BÉATRIX.

PORTIQUE (le), nom donné à l'école de Zénon, parce que les disciples de ce philosophe se réunissaient sous un célèbre portique d'Athènes nommé le Pécile. V. STOÏCIENS.

PORT-JAKSON, port de la ville de Sidney, en Australie, sur une baie de même nom. V. SIDNEY.

PORTLAND (île), Vindilis, petite île de l'Angleterre, dans la Manche, sur la cote du comté de Dorset, à 6 kil. de Weymouth; 2500 h. Belle pierre de taille dite pierre de Portland. L'île est unie au continent par un banc de galets.

PORTLAND, v. et port des États-Unis (Maine), ch.-l. du comté de Cumberland, à 80 k. S. O. d'Augusta; env. 30 000 hab. Bon port, chemins de fer. Sociétés scientifiques, commerce actif. — Bâtie en 1632; brûlée en 1775 par les Anglais, mais bientôt rebâtie.

PORTLAND (comtes et ducs de). V. BENTINCK.

PORT-LOUIS, ch.-l. de c. (Morbihan), à 6 kil. S. de Lorient, sur la r. g. et à l'emb. du Blavet dans l'Atlantique; 2937 hab. Place forte, avec citadelle; port de commerce et de relâche; hôpital de la marine. Pêche de sardines, de congres, etc. Bains fréquentés. — Fondée en 1625 par Louis XIII, avec les débris de la v. de Blavet, qui était située un peu plus haut.

PORT-LOUIS ou PORT NORD-OUEST, capit. de l'île Maurice, sur la côte N. O.; env. 35 000 h. Bon port; beaux quais, hôtel de ville, salle de spectacle; hôpital militaire, chantiers de construction. — Port-Louis reçut pendant la Révolution le nom de Port-Liberté et sous l'Empire celui de Port-Napoléon. Cette ville fut prise en 1810 par les Anglais après une vigoureuse résistance, brûlée en partie en 1816, et ravagée par la peste en 1819.

PORT-MAHON. V. MAHON.

PORT-MAURICE, v. d'Italie, dans les anc. États sardes, ch.-l. d'une prov. de son nom, sur le golfe de Gênes, à 2 kil. S. O. d'Oneille, à 6 kil. N. E. de Nice; 8000 h. Collége. Pâtes d'Italie, huile renommée, riz, vins, chanvre, fruits secs, oranges, citrons, marbres. — La prov. de Port-Maurice, créée en 1860, comprend les arr. de Port-Maurice, San-Remo et Oneglia, et compte 132 000 hab.

PORT-NATAL, v. et port d'Afrique, sur la côte de Natal et à l'embouch. du fleuve de même nom, par 29° 53' lat. S. — Ce lieu fut découvert en 1478 par les Portugais, le jour de Noël (Natalis dies). La ville fut fondée en 1824 par les Boers hollandais. Cet établissement leur fut enlevé en 1842 par les Anglais, qui l'ont annexé à leur colonie du Cap.

PORTO, Portus romanus, bourg d'Italie (territoire romain), à 18 k. S. O. de Rome, sur la r. dr. du bras occid. du Tibre, près de son embouchure, n'est habité que par des pêcheurs. Titre d’évêché. Restes des ports construits par Claude et Trajan.

PORTO ou OPORTO, Portus Calle, v. du Portugal, ch.-l. de la prov. de Minho, à l'embouch. du Douro dans l'Atlantique, à 248 k. N. E. de Lisbonne; 80 000 h. Évêché, cour d'appel, colléges, écoles de chirurgie, de philosophie, de marine, de commerce; bibliothèque, musée de peinture; consulat français. Porto est la seconde ville du Porjugal; elle est admirablement située sur le sommet et le penchant de deux collines: un magnifique pont, d'une seule arche, l'unit aux faubourgs de Villanova et de Gaya, situés sur la r. g. du Douro. Beau port; plusieurs beaux édifices : la cathédrale, l'église des clerigos, le palais épiscopal, celui de la cour d'appel, l'hôtel de ville, le théâtre, l'hôpital royal, les magasins de vins. Grand commerce de vin de Porto, huile, sucre, oranges, bois de campêche, bois de Brésil, cuirs et liége. Industrie active : raffineries de sucre, confitures, tanneries, chapelleries, vanneries, soieries, ouvrages en fer blanc. — On croit que c'est l'anc. Portus Calle qui a donné son nom au Portugal. Cette ville fut la capitale du Portugal jusqu'en 1174, Elle posséda longtemps de grands privilèges, mais elle les perdit pour s'être révoltée en 1757. Les Français l'occupèrent de 1808 à 1809. Elle s'insurgea en 1828 contre don Miguel, se déclara pour don Pedro, et subit en 1832 un blocus qui porta un coup funeste à son commerce.

PORTO-BELLO, P.-CABALLO, etc V. PUERTO....

PORTO-CARRERO, maison illustre d'Espagne, dont le plus célèbre représentant est le cardinal Louis de Porto-Carrero, 1629-1709, qui fut le principal auteur du testament du roi Charles II en faveur du petit-fils de Louis XIV.

PORTO-FERRAJO, ch.-l. de l'île d'Elbe, sur la côte N. O.; 5000 hab. Belle rade; port sûr et commode. Grand commerce de fer, salines aux environs. Napoléon résida dans cette ville du mois de mai 1814 au 26 février 1815; c'est là qu'il s'embarqua pour la France.

PORTO-LEONE, nom donné au Pirée par les Vénitiens, à cause d'un lion de marbre situé à l'entrée de ce port. Ce lion, qui semblait prêt à s'élancer sur les navires, fut élevé en 1686 par Morosini, doge de Venise. Il est auj. à Venise, en face de l'arsenal.

PORTO-LONGONE, v. de l'île d'Elbe, sur la côte E., à 8 k. S. E. de Porto-Ferrajo; 1800 h. Rade, bon port, remarquable par sa longueur : d'où son nom. PORTO-RICO, une des Grandes-Antilles espagnoles, la plus orientale, par 17° 50'-18° 32' lat. N., et 68° 3'-69° 30' long. O. ; elle a à peu près la forme d'un quadrilatère rectangle; env. 500 000 h. dont près de la moitié noirs ou mulâtres et 50000 esclaves; ch.-l., San-Juan de Porto-Rico, sur la côte N. Cette île forme une capitainerie générale. Ses côtes sont très-découpées; elle est traversée de l'E. à l'O. par une chaîne de montagnes peu élevées, d'où sortent plusieurs cours d'eau. Climat tempéré, sol très-fertile, surtout en sucre, café, tabac, coton et en bois de construction et d'ébénisterie. Beaucoup de bétail, de volaille; gibier en abondance; côtes très-poissonneuses. — Christ. Colomb découvrit cette île en 1493; elle renfermait alors près de 600 000 indigènes que les Espagnols, établis dans l'île en 1509, firent périr en peu de temps par l'exploitation des mines. Les Anglais s'en emparèrent au commencement du XVIIe s., mais la rendirent bientôt à l'Espagne, qui depuis l'a conservée.

PORTO-SANTO, une des îles Madère, de formation volcanique, à 50 k. N. E. de l'île de Madère; 6000 h.

PORTO-SEGURO, v. et port du Brésil, ch.-l. d'une prov. de même nom, à l'embouch. du Buranhen dans l'Atlantique, par 16° 27' lat. S. et 6° 56' long. O; 4000 h. C'est là que Cabral prit possession du Brésil au nom du roi de Portugal. — La prov. de Porto-Seguro, entre celles de Bahia au N., de Minas-Geraës à l'O., d'Espirito-Santo au S. et l'Atlantique à l'E., a 450 k. de long sur 200 de large. C'est la première où les Portugais se soient établis dans le Brésil.

PORTO-VECCHIO, ch.-l. de c. (Corse), à 30 kil. des côtes de cette île et à 25 k. E. de Sartène; 2290 h. Le port est bon, mais la ville malsaine.

PORT-PATRICK, v. d’Écosse (Wigton), sur la mer d'Irlande, à 5 kil. N. O. de Wigton ; 2000 hab. Bains de mer. Il s'y est longtemps fait des mariages analogues à ceux de Gretna-Green. V. ce nom.

PORT-PHILIPP, colonie anglaise sur la côte S. de l'Australie, dans la terre de Grant, entre 36° et 39° lat. S., 141° et 150° long. E., a pour capit. Melbourne. Découverte en 1802 par le lieutenant Murray.

PORT-RÉPUBLICAIN. V. PORT-AU-PRINCE.

PORT-ROYAL, v. forte et port de la Jamaïque, à 8 kil. S. S. O. de Kingston, par 17° 56' lat. N., 79° 13' long. O.; env. 200 maisons. Arsenal, chantiers, hôpital de la marine. Jadis grande et importante, elle fut renversée par un tremblement de terre en 1692, incendiée en 1702, et ravagée par un terrible ouragan en 1722. — V. ANNAPOLIS.

PORT-ROYAL. On connaît sous ce nom deux abbayes de religieuses Bernardines ou de l'ordre de Cîteaux, dont l'une, la plus ancienne, dite Port-Royal des Champs, était située près de Chevreuse (Seine-et-Oise), à 25 k. S. O. de Paris, et l'autre, dite Port-Royal de Paris, était dans Paris même, au faubourg St-Jacques, occupant le local de l'hospice actuel de la Maternité. — L'abbaye de Port-Royal des Champs fut ainsi nommée, dit-on, par le roi Philippe-Auguste, qui, pendant une chasse, s'était reposé dans cet endroit solitaire; un monastère aurait été, d'après le vœu du roi, fondé en ce lieu même. Il est plus probable qu'il dut sa fondation à Mathilde de Garlande, à l'intention du salut et du retour heureux de son mari Mathieu Ier de Montmorency-Marly, parti pour la 4e croisade. Quoi qu'il en soit il remonte à 1204 et reçut des religieuses qui furent soumises à la règle de St-Benoît et qui passèrent bientôt sous la juridiction de l'ordre de Cîteaux, d'où elles sont connues sous le nom de Filles de St-Bernard. Elles se consacraient à la prière et à l'éducation de la jeunesse; plus tard, en 1647, elles s'associèrent à l'institut de l'adoration perpétuelle du mystère de l'Eucharistie et joignirent à leur premier nom celui de Filles du St-Sacrement. Cette abbaye fut réformée en 1608 par la mère Angélique (Marie Angélique Arnauld, sœur du grand Arnauld), qui y rétablit la règle de St-Benoît dans toute sa rigueur. En 1625, la communauté, qui se trouvait trop à l'étroit, fut transférée à Paris (rue de la Bourbe), où elle devint de plus en plus florissante. Peu-après cette translation, l'abbaye fut enlevée à la juridiction des Bernardins et passa sous l'autorité de l’ordinaire, c.-à-d. de l'archevêque de Paris. En 1636, les religieuses se mirent sous la direction spirituelle du célèbre abbé de St-Cyran, qui ne tarda pas à prendre sur elles un grand ascendant et qui les pénétra des doctrines jansénistes.

Abandonné des religieuses, le monastère de Port-Royal des Champs, à partir de 1636, servit de retraite à de savants solitaires qui partageaient leur temps entre les exercices de la religion, le travail des mains, la direction de petites écoles, l'instruction plus élevée de quelques jeunes gens d'élite, l'étude des lettres et la composition d'ouvrages d'éducation, mais qui avaient également adopté les doctrines jansénistes. Les plus illustres d'entre eux sont : Ant. Arnauld et Arnauld d'Andilly, tous deux frères de la mère Angélique, Lemaistre de Sacy et deux de ses frères (tous trois neveux de la mère Angélique), Nicolle, Lancelot, Fontaine, Lenain de Tillemont; Pascal partageait leurs opinions et les visitait souvent. Ils produisirent, le plus souvent en commun, des ouvrages classiques estimés (Logique, Méthode grecque, Méthode latine, Racines grecques, Essais de morale, traduction de la Bible, dite Bible de Sacy, Histoire ecclésiastique, etc.), et comptèrent au nombre de leurs élèves : Racine, les deux Bignon, Achille de Harlay, Du Fossé, etc. Mais lors des querelles du jansénisme, s'étant montrés jansénistes ardents et ayant refusé de se soumettre aux condamnations prononcées par le pape, ils se virent poursuivis avec rigueur et chassés de leur retraite (1656).

Les religieuses elles-mêmes ne tardèrent pas à être atteintes. Ayant constamment refusé de signer le Formulaire du pape qui condamnait les cinq propositions de Jansénius et résisté à toutes les tentatives faites pour les ramener, elles virent fermer leur maison de Port-Royal des Champs (29 octobre 1709), où une partie d'entre elles étaient retournées après le départ des solitaires; les bâtiments furent rasés (1710), les sépultures mêmes furent violées et les corps dispersés dans divers cimetières. Quelques religieuses, restées dans le couvent de Paris, s'étant montrées plus dociles, furent maintenues : leur communauté subsistait encore en 1790; elle fut supprimée à cette époque avec tous les ordres religieux.

Sous la Convention, le couvent de Port-Royal de Paris fut converti en prison et reçut le nom dérisoire de Port-Libre. On y a depuis placé l'hospice de la Maternité (1814). L'histoire de Port-Royal a été écrite par J. Racine, par dom Clémencet, et plus récemment par M. Ste-Beuve, 1840-60, 5 vol. in-8.

PORT-SAÏD, port nouvellement creusé en Égypte sur la Méditerranée, entre Damiette à l'O. et Tineh (l'anc. Péluse) à l'E., par 30° long. E., est le point de départ du canal qui traverse l'isthme de Suez. Il tire son nom de Saïd-pacha, vice-roi d'Egypte, sous lequel il fut creusé (1860).

PORTSMOUTH, Portus Magnus, v. et port d'Angleterre (Southampton), sur la Manche, à l'extrémité S. O. de la petite île de Portsea, qui est jointe au continent par un pont, et à l'entrée de la magnifique baie de Spithead formée par la Manche, à 115 k. S. O. de Londres ; 75 000 h. Port superbe (le plus beau de l'Angleterre); grand arsenal naval du royaume et principal rendez-vous des flottes britanniques. Collége royal de marine, avec école de construction maritime; observatoire. Immenses chantiers, magasins, ateliers à gréements, forges, corderie, dépôt d'artillerie, etc. Bains de mer, chemin de fer, belles promenades de Clarence. On projette un canal de Portsmouth à Londres. Portsmouth se compose de deux villes, l'anc. Portsmouth et Portsea, auj. réunies. — Connu dès le Ve s. et déjà important sous Édouard V, Porstmouth est devenu depuis Henri VIII le principal arsenal de l'Angleterre. C'est à Portsmouth que Felton assassina le duc de Buckingham. PORTSMOUTH, v. et port des États-Unis (New-Hampshire), sur l'Atlantique, à 60 k. S. E. de Concord. 12 000 h. Évêché. Bon port de guerre, cinq forts; Académie, athénée. Chantier de construction, arsenal de marine; chemin de fer. — Autre v. et port des États-Unis (Virginie), sur la r. g. de la riv. Élisabeth, à 200 k. S. E. de Richmond; 10 000 h. Grand dépôt de la marine des États-Unis.

PORTSMOUTH (Louise DE KERHOUENT ou KERHOUAL, duchesse de), maîtresse de Charles II, née en Bretagne, avait été amenée de France en 1670, lors de la conclusion du traité secret de Douvres, par Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, et sœur du roi Charles. Créée successivement baronne de Pétersfield, comtesse de Fareham, duchesse de Portsmouth, elle prit sur le monarque un empire absolu, seconda le ministère dit de la Cabale, favorisa la réaction royaliste de 1680 à 1685, absorba des sommes immenses que lui prodiguait Charles, et se fit largement payer par Louis XIV pour faire prévaloir auprès du roi d'Angleterre l'influence française. Son fils aîné Charles est la tige des ducs de Lennox.

PORT-STE-MARIE, Portus Menesthei, v. et port d'Espagne (Cadix), à l'embouch. du Guadalète, à 25 k. N. E. de Cadix; 18 600 h. Anc. fortifications, détruites en 1810 ; pont de bateaux. Chapeaux, savon, eau-de-vie, liqueurs, vins, cire; grand commerce avec Cadix.

PORT-STE-MARIE, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la r. dr. de la Garonne, à 18 k. N. O. d'Agen; 2856 h. Station de chemin de fer. Vins, grains, bestiaux.

PORT-SUR-SAÔNE, Portus Abucini, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 13 kil. N. O. de Vesoul, sur la r. dr. de la Saône, avec un petit port; 1944 h. Pont élégant. Construction de bateaux.

PORTUDAL, v. du Sénégal, dans le roy. de Baol, à 35 kil. S. E. de Gorée, sur l'Atlantique, dépend de notre colonie du Sénégal. Peaux, or, ivoire, ambre.

PORTUGAL, partie de l'anc. Lusitanie; État de l'Europe mérid., occupe presque toute la partie occid. de la Péninsule Hispanique et a pour bornes : au N. la Galice, à l'E. le roy. de Léon, l'Estramadure espagnole et l'Andalousie, au S. et à l'O. l'Atlantique. Il s'étend de 9° 54' à 11° 50' long. O. et de 37° à 42° lat. N., a 576 k. du S. au N. sur 168 de moyenne largeur; il compte env. 4 millions d'hab. et avec les colonies près de 7 millions; capit., Lisbonne.

Divisions, Chefs-lieux.
Minho, Porto.
Tras-os-Montes, Bragance.
Beira, Coïmbre.
Estramadure, Lisbonne.
Alemtéjo, Evora.
Algarve, Faro.

N. B. La prov. de Beira a été récemment divisée en Bas-Beira, ch.-l. Coïmbre, et Ht-B., ch.-l. Castello-Branco : ce qui donne auj. 7 provinces.

Le Portugal possède de plus : 1° dans l'Atlantique, l'archipel des Açores, à mi-chemin de l'Europe et de l'Amérique; les îles Madère et du Cap Vert; 2° en Afrique, plusieurs comptoirs au Congo, l'île St-Thomas et la capitainerie générale de Mozambique; 3° en Asie, Diu, Daman, Goa, Macao et partie de l'île de Timor. Le Brésil lui appartenait aussi avant 1822. — Le Portugal est très-montueux, sauf dans le sud de l'Estramadure : on y remarque les monts d'Estrella, de Gaviara, de Cintra, de Monchique; 4 des fleuves de l'Espagne (Minho, Douro, Tage, Guadiana) y ont leur embouchure; il y a aussi plusieurs rivières côtières (Vouga, Cavado, Mondego, Sadao, etc.). La température, d'une chaleur accablante, est plus élevée qu'en Espagne; le sol est très-fertile, mais généralement mal cultivé. On y récolte des vins renommés (Porto, Sétubal, Carcavelos, etc.); olives, figues, oranges et autres fruits exquis; miel, cire, kermès. On y trouve aussi or, argent, fer, plomb, étain, antimoine, sel, houille, turquoises et autres pierres précieuses; eaux minérales et thermales. Peu de gros bétail, mais beaucoup de moutons mérinos, excellents mulets. Industrie médiocre (soieries, toiles, draps, bonneterie, couvertures, chapellerie, chocolat, porcelaine, faïence, toiles peintes; distilleries, tanneries, verreries, forges, etc.). Le commerce est presque tout entier entre les mains des Anglais, qui exportent surtout du Portugal des vins, des huiles, des fruits secs, etc. — Le gouvernement est monarchique constitutionnel; la maison régnante est celle de Bragance; à défaut de mâles, la couronne passe aux femmes. La religion dominante est le Catholicisme : les Juifs sont tolérés.

Histoire. Le Portugal répond à la plus grande partie de la Lusitanie des Romains et au sud de leur Gallécie (Galice); ses habitants paraissent être d'origine celtique, comme le prouvent de nombreux monuments druidiques. Les Lusitani ne commencent à figurer dans l'histoire que vers l'an 195 av. J.-C. Ils entrèrent alors en guerre avec les Romains : battus l'an 190, ils formèrent contre leurs oppresseurs une ligue redoutable (190-178); mais ils furent encore vaincus. Viriathe, un de leurs chefs les plus braves, soutint neuf ans l'indépendance du pays contre Rome et ne succomba que sous les coups d'un assassin (149-140); enfin Rome l'emporta, et depuis elle domina sur le pays pendant près de 6 siècles. Sertorius s'y rendit indépendant l'an 80 av. J.-C. et s'y maintint jusqu'à sa mort. Après l'invasion de la Péninsule par les barbares (Vandales, Suèves, Alains), l'an 409 de J.-C., les Suèves restèrent seuls dans cette contrée : ils fondèrent dans l'ancienne Gallécie un État dont les bornes varièrent, mais qui, en 585, s'absorba dans celui des Wisigoths, et qui, en 711, fut, comme le reste de l'Espagne, conquis par les Arabes. Aux IXe et Xe s., la région entre le Tage et le Douro fut le théâtre d'une guerre opiniâtre entre les 2 peuples conquérants (Arabes et Goths). Le petit pays au N. du Douro et au S. du Minho prit alors le nom de comté de Porto ou Porto Calle, d'où Portugal. Alphonse VI de Castille, en 1095, investit de ce comté l'aventurier Henri de Bourgogne, devenu son gendre, qui l'arracha aux Arabes et le transmit à son fils Alphonse I : celui-ci, après la victoire d'Ourique, fut proclamé roi et se déclara indépendant (1139). Cette indépendance fut confirmée en 1143 par les Cortès de Lamégo. Le Portugal dès lors ne fit plus que grandir, et en 1253, Alphonse III, en soumettant les Algarves, avait atteint le sud de la Péninsule. Bientôt les Portugais portèrent leur activité au delà des mers; après la conquête de Ceuta sur la côte d'Afrique (1415), le prince Henri le Navigateur donna le signal des découvertes maritimes, qui ouvrirent enfin au Portugal la route des Indes (1498) et lui assurèrent de riches possessions en Afrique et surtout en Asie. Cette époque, qui coïncide avec celles de la dynastie d'Avis (1385-1580), est celle de la gloire et de la prospérité portugaises : elle est illustrée par les expéditions de B. Diaz, de Vasco de Gama, de Cabral, par les conquêtes d'Almeida, d'Albuquerque, etc. Le Portugal, rival de l'Espagne, regorgea de richesses et devint une puissance navale du premier ordre. Outre ses conquêtes en Asie, il étendit sa domination sur une des plus belles contrées de l'Amérique, le Brésil (1500-1531). Mais des fautes, des excès et l'imprudente expédition de Sébastien en Afrique où il périt (à la bataille d'Alcaçar-Quivir, 1578), mirent brusquement fin à ces succès. A la mort du cardinal Henri (1580), le roi d'Espagne Philippe II plaça sur sa tête la couronne de Portugal. Ce pays ne fut plus dès lors qu'une province espagnole : la ruine totale de la marine portugaise en fut la suite. Les Hollandais, en révolte contre Philippe II, allèrent partout sur les brisées des Portugais : ils les firent chasser du Japon, leur firent perdre les Moluques, ainsi qu'une foule d'autres possessions en Asie, et furent sur le point de leur enlever tout le Brésil. En 1640, le Portugal s'affranchit du joug de l'Espagne et plaça sur le trône la dynastie de Bragance, issue des anciens rois. Redevenu indépendant, le pays s'allia avec la France et fut d'abord sous l'influence de cette puissance; mais, depuis Pierre II, il pencha vers l'Angleterre, qui en 1703 consolida sa prépondérance en Portugal par le traité de Méthuen. Bientôt les Anglais eurent tout en leurs mains : industrie, agriculture, commerce, finances, politique, et réduisirent les Portugais à n'être plus que leurs facteurs. Sous le roi Joseph, Pombal voulut secouer ce joug; ses efforts furent insuffisants. Napoléon, dans sa lutte contre l'Angleterre, força le Portugal à fermer ses ports aux Anglais; puis, étant convenu, par un traité secret signé avec l'Espagne en 1807 à Fontainebleau, de partager le pays avec cette puissance, il en entreprit la conquête; mais l'Angleterre le défendit comme sa province; elle embarqua la famille royale, l'établit au Brésil, puis ressaisit le Portugal sur les troupes françaises qui déjà l'occupaient, 1808-1810 (V. JUNOT, CINTRA). A la paix générale (1815), la famille royale du Portugal dut rester au Brésil, et l'ambassadeur anglais Beresford gouverna de fait le pays. En 1820 éclata à Porto une révolution qui avait pour but de donner au Portugal un gouvernement constitutionnel. Le roi Jean VI, qui était jusque-là resté au Brésil, s'empressa de revenir à Lisbonne et accepta la constitution des Cortès, mais pour la violer bientôt après (1821). En l'absence de Jean VI, le Brésil se proclama indépendant (1822) et se donna un empereur particulier, don Pedro, fils de Jean. La séparation du Brésil et de sa métropole devint définitive quand don Pedro fut appelé au trône de Portugal, à la mort de Jean VI, en 1826. Ce prince donna cette année même au royaume une charte libérale, puis il abdiqua la couronne de Portugal en faveur de sa fille dona Maria, et ne garda pour lui que le Brésil. Don Miguel, frère cadet de don Pedro, nommé tuteur de la jeune reine, sa nièce, ne tarda pas à la dépouiller et se fit proclamer roi dès 1828 : il fallut que don Pedro revînt du Brésil pour rétablir sa fille, ce qui n'eut lieu qu'en 1834, après une longue guerre civile. Le règne de dona Maria n'en fut pas moins très-agité : en sept. 1838, les radicaux réussirent à faire adopter une constitution nouvelle, qui fut abrogée en 1842; en 1851, une révolution militaire fut opérée par le maréchal Saldanha, dans le but de réformer la charte de don Pedro, qui avait été remise en vigueur; un acte additionnel à cette charte a en effet été admis en 1852 : c'est la charte de 1826 ainsi revisée qui est encore auj. la loi fondamentale du Portugal. — L'histoire du Portugal a été écrite en portugais par Barros et Hercolano, en allemand par Schæfer (trad. en franç. par H. Soulange-Bodin, 1840); M. Ferd. Denis en a donné un abrégé dans l’Univers pittoresque, 1846.

Rois de Portugal.
Branche directe. Henri, le Cardinal, 1578
Henri de Bourgogne, comte de P., 1095 Soumission à l'Espagne, 1580-1640
Alphonse, le Conquérant, comte, 1212 Branche de Bragance.
puis roi, 1239 Jean IV, 1640
Sanche I, 1185 Alphonse VI, 1656
Alphonse II, 1211 Pierre II, régent depuis 1667, roi en 1683
Sanche II, 1223 Jean V, 1706
Alphonse III, 1248 Joseph, 1750
Denis, le Laboureur, 1279 Marie I (avec Pierre III, 1777-86), 1777
Alphonse IV, 1325
Pierre I, 1357 Jean VI, régent dès 1792
Ferdinand, 1367-83 roi en 1816
Branche d'Avis.
(après 2 ans de régence). Pierre IV (don Pédro), 2 mois, 1826
Jean I, le Grand, 1385 Marie II (dona Maria), 1826
Édouard, 1433 (Don Miguel, 1827-34)
Alph. V, l'Africain, 1438 Pierre V, d'abord sous la tutelle de son père, Ferdinand de Saxe, 1853
Jean II, le Parfait, 1481 Louis I, 1861
Emmanuel, le Fortuné, 1495
Jean III, 1521
Sébastien, 1557

PORTUGALÈTE, v. et port d'Espagne (Bilbao), à l'embouch. de l'Ansa, à 11 k. N. O. de Bilbao, à laquelle elle sert de port; 1200 hab.

PORTUMNUS, dieu des ports chez les Romains, en l'honneur duquel on célébrait les Portumnales, paraît être le même que le Mélicerte des Grecs.

PORTUS (Æmilius), philologue, né à Ferrare en 1550, m. en 1610 à Heidelberg, était fils de Franç. Portus, de Candie, professeur de grec à Ferrare. Il enseigna le grec avec succès à Lausanne, puis à Heidelberg. On lui doit des éditions annotées et corrigées d'Homère (Iliade), d'Euripide, Pindare, Aristophane, Xénophon, Thucydide, de la Rhétorique d'Aristote; des traductions latines de Thucydide, des Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, des Commentaires de Proclus sur la Théologie de Platon, du Dictionnaire de Suidas; un Dictionarium ionicum, 1603; un Dictionarium doricum, 1604; un Lexique de Pindare, des Notes sur Onosander, etc.

PORTUS ABUCINI, v. de Gaule, chez les Séquanes, auj. Port-sur-Saône. — P. HERCULIS COSANI, v. d'Étrurie, auj. Porto-Ercole. — P. HERCULIS MONŒCI, v. de Ligurie, auj. Monaco. — P. ITIUS, ville et port de la Gaule Belgique. V. ITIUS. — P. LIBURNICUS, v. d'Italie, auj. Livourne. — P. MAGNUS, v. de Mauritanie, auj. Mers-el-Kébir; v. de la Bretagne romaine, auj. Portsmouth. — P. ROMANUS, auj. Porto. — P. VENERIS, v. de Gaule, auj. Port-Vendres.

PORT-VENDRES, Portus Veneris, v. et port de France (Pyrén.-Orient.), sur la Méditerranée, à 40 k. E. de Céret et à 6 k. S. E. d'Argelès; 2000 hab. Place de guerre de 4e classe; port vaste et sûr. Blés, eaux-de-vie, vins; grand commerce de transport entre l'Algérie et la France. — Port-Vendres appartint longtemps à l'Espagne et fut souvent pris et repris; il fut cédé à la France avec le Roussillon. Les Espagnols ont fait d'inutiles tentatives sur cette ville en 1690; elle leur fut livrée en 1793, mais reprise dès 1794. Le port avait été réparé et mis en état de recevoir de gros navires en 1788, par ordre de Louis XVI, auquel un obélisque de 33m a été élevé sur la place de la ville.

PORT-WELLINGTON, v. et port de la Nouv.-Zélande, à l'entrée orientale du détroit de Cook, sur le port Nicholson. Récemment fondée par la Compagnie anglaise de la Nouvelle-Zélande, la ville comptait déjà plus de 5000 hab. en 1842.

PORUS, prince indien, régnait sur une contrée à l'E. de l'Hydaspe en 327 av. J.-C. Ayant refusé de se soumettre à Alexandre, il fut battu sur les bords de l'Hydaspe, pris et conduit au conquérant. Alexandre lui demanda comment il prétendait être traité : « En roi, » répondit-il. Frappé de la fierté de cette réponse, le conquérant lui rendit ses États, et y ajouta même plusieurs districts voisins. Porus, reconnaissant, accompagna Alexandre dans la suite de son expédition et l'aida à équiper la flotte qui descendit l'Hyphase. Après la mort d'Alexandre, il fut tué en trahison par un des officiers du conquérant. On représente Porus comme étant d'une taille gigantesque.

POSÉGA, v. d'Esclavonie, ch.-l. d'un comitat de même nom, sur l'Orlyava, à 80 kil. S. E. d'Eszek; 5000 hab. Gymnase catholique. Château. Commerce de soie, bétail, tabac. Prise aux Turcs par les Impériaux en 1687. — Le comitat de P., entre celui de Werowitz au N. et à l'O., la Croatie à l'E., et les Confins militaires au S., a 100 k. sur 30, et 100 000 h.

POSEIDON, nom grec de Neptune.

POSEN, Poznan en polonais, v. forte des États prussiens, jadis capit. de la Grande-Pologne, auj. ch.-l. du grand-duché de Posen et de la régence du même nom, sur la Wartha et le chemin de fer de Breslau à Stettin, à 255 kil. E. de Berlin; 46 000 hab. (dont 12 000 protestants et 9000 juifs). Forteresse de 1er rang. Siége du président supérieur de la province et de l'archevêque de Gnesne et Posen; cour supérieure de justice, école des arts et métiers, gymnase, séminaire. Belle cathédrale, église St-Stanislas, église luthérienne, théâtre. Draps, toile, tabac, vernis, eau-de-vie, armes, bijouterie, laines. Commerce actif avec l'Allemagne (Posen était jadis une ville hanséatique). — C'est aux env. de Posen que le Christianisme débuta en Pologne : Miécislas y réunit, en 968, les grands du pays, leur persuada de se faire baptiser, et y fonda un évêché, qui, d'abord dépendant de l'archevêque de Magdebourg, fut en 1122 subordonné à l'archevêque de Gnesne. En 1331, Posen résista victorieusement au roi Jean de Bohême. Elle fut prise par les Suédois en 1703, et reprise par les Polonais en 1716. Les Français, vainqueurs à Iéna, y entrèrent en 1806; un traité y fut conclu la même année entre la France et la Saxe, qui fut érigée en royaume. En 1815, Posen passa, avec toute la province, sous la domination prussienne. Cette ville subit en 1764 et 1803 deux incendies qui la détruisirent presque tout entière.

POSEN (Grand-duché de), province de la monarchie prussienne, entre la Prusse propre au N., le Brandebourg à l'O., la Silésie au S. et le roy. de Pologne à l'E.; 237 kil. sur env. 120; 1 500 000 h.; ch.-l., Posen. Cette province est divisée en 2 régences, Posen, Bromberg. La 1re, qui est au S., est la plus grande et la plus peuplée (env. 900 000 h.). — Le grand-duché de Posen appartint jusqu'au XVIIIe s. à la Pologne; il formait, dans la Grande-Pologne, les palatinats de Posnanie, Gnesne et Inovraclav. Il fut enlevé à la Pologne par la Prusse, partie en 1772, au 1er démembrement, partie en 1793, après le 2e. Il fut compris en 1807 dans le grand-duché de Varsovie. En 1815, il revint à la Prusse.

POSETS (mont), pic des Pyrénées. V. PYRÉNÉES.

POSIDÉON, le 6e mois de l'année athénienne, tire son nom de ce que le 1er jour de ce mois était consacré à Neptune (Poseidôn en grec).

POSIDONIE, v. d'Italie. V. PÆSTUM.

POSIDONIUS, philosophe stoïcien, né vers 133 av. J.-C. à Apamée en Syrie, m. en 49, suivit les leçons de Panætius à Athènes, puis voyagea en Espagne, en Italie, en Sicile, en Dalmatie, en Illyrie, dans la Gaule Narbonnaise et en Ligurie, se fixa vers 102 à Rhodes, où il se fit recevoir citoyen, y ouvrit une école et professa avec un tel éclat que les étrangers les plus distingués venaient l'écouter : il compta dans le nombre Pompée et Cicéron. On raconte que Pompée étant venu à Rhodes pour l'entendre, le philosophe, qui souffrait alors de la goutte, voulut néanmoins faire sa leçon habituelle; la douleur le forçant à s'interrompre, il s'écria, fidèle à un des dogmes de sa secte : « O douleur ! tu as beau me faire souffrir, tu ne me réduiras point à convenir que tu sois un mal. » Il professait du reste un stoïcisme mitigé par un sage éclectisme. Il fut envoyé à Rome comme ambassadeur par les Rhodiens en 84 et y reçut le meilleur accueil. Versé dans les mathématiques, la physique et l'astronomie, aussi bien que dans la philosophie, Posidonius tenta de mesurer la circonférence de la terre, la hauteur de l'atmosphère et la distance des astres : il assignait à la terre 180 000 stades de circonférence (mesure beaucoup trop petite), à l'atmosphère 40 stades de profondeur, à la lune une distance de 2 millions de stades, au soleil une distance de 500 millions; il remarqua le rapport des marées avec les positions de la lune et soupçonna qu'elles sont un effet du mouvement de cet astre. Il avait composé plusieurs ouvrages, entre autres des traités sur la Divination, sur le Destin, sur la Nature des Dieux, que Cicéron a imités, mais qui ne nous sont pas parvenus. Il avait aussi écrit sur l'histoire des ouvrages qui sont également perdus. Bake a publié Posidonii doctrinæ reliquiæ, Leyde, 1810. Ses fragments historiques se trouvent dans le t. III des Historic. græc. fragm. de la collection Didot.

POSNANIE (Palatinat de Poznan, vulg.). Il faisait, dans l'anc. monarchie polonaise, partie de la Grande-Pologne, et en était le palatinat le plus occidental; ch.-l., Posen. Il était divisé en 9 districts : Posen, Koscian, Vehova, Valetch, Friedland, Filehn, Neuhof, Tcharnikov, Krojanki. Le partage de la Pologne en 1772 donna les 5 derniers districts et partie du 4e à la Prusse, qui en a formé le grand-duché de Posen.

POSSAGNO, v. de Vénétie, à 45 kil. N. O. de Trévise; 1500 h. Patrie de Canova. Près de là, au milieu d'un bois, se trouve l'église de la Trinité, élevée de 1819 à 1830 par Canova et à ses propres frais; elle est en marbre blanc, et rappelle les temples antiques; le tombeau de cet illustre artiste y est placé.

POSSEVIN (Ant.), Jésuite, né à Mantoue en 1534, m. en 1611, fut recteur des colléges d'Avignon, de Lyon, de Bologne, fut chargé par Grégoire XIII de diverses missions diplomatiques épineuses, dont il se tira avec succès, fit conclure la paix de Kieverova-Horka entre la Russie et la Pologne (1582), et composa, entre autres grands ouvrages : Moscovia, Vilna, 1586; Judicium de IV scriptoribus (Lanoue, Bodin, Mornay, Machiavel), Rome, 1592; Bibliotheca selecta de ratione studiorum, 1593; Apparatus sacer, Venise, 1603-06, 3 vol. in-lol., ouvrage estimé : c'est une revue de plus de 6000 auteurs ecclésiastiques.

POSSINUS (P.). V. POUSSINES.

POSTDAM. V. POTSDAM.

POSTE (Administration de la). V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

POSTEL (Guill.), né vers 1505 à Dolerie, près d'Avranches, s'est rendu célèbre à la fois comme savant et comme visionnaire. Né de parents misérables, il entra comme domestique au collége Ste-Barbe, où il apprit sans maître le grec et l'hébreu. Envoyé par François I en Orient, il en rapporta des manuscrits précieux, et fut à son retour, en 1539, nommé professeur de mathématiques et de langues orientales au Collége de France. Sa tête s'étant troublée, il s'imagina avoir reçu mission du ciel pour unir les hommes sous une même croyance et sous un même roi. Il fit connaissance à Venise d'une femme aussi folle que lui, la mère Jeanne, qui acheva de l'égarer. Poursuivi par l'Inquisition, il n'échappa que parce qu'il fut déclaré fou. Après avoir erré de ville en ville, il rétracta ses erreurs, et vint en 1564 reprendre sa chaire au Collége de France. Il mourut à Paris en 1581, au couvent de St-Martin des Champs. Il a laissé un grand nombre d'écrits, soit sur les langues orientales, soit sur la théologie, entre autres : Linguarum duodecim characteribus differentium alphabetum, Paris, 1538, le 1er essai connu de grammaire comparée; Concordance de l'Alcoran et des Évangiles, 1543 (en latin); De orbis terrarum concordia, 1544, le plus raisonnable de ses écrits mystiques; les Très-merveilleuses victoires des femmes du nouveau monde, 1553 : c'est le fruit de ses visions; il prétend y parler sous l'inspiration de l’Ève nouvelle, la mère Jeanne. Le P. Desbillons a publié des Recherches sur sa Vie, 1773.

POSTUME ou POSTHUME, M. Cassianus Latinius Postumus, un des 30 tyrans du temps de Gallien, commandait en Gaule dès 257. Il s'y fit proclamer empereur en 261, mit à mort Saloninus, fils de Gallien, se soutint dix ans, battit les Germains, qu'il refoula au delà du Rhin, et joignit à ses provinces une partie de l'Espagne. Lælius, un de ses lieutenants, ayant pris la pourpre à Mayence, il le battit et entra en vainqueur dans cette ville, mais il fut tué au milieu même de son triomphe par ses soldats auxquels il avait refusé le pillage.(267). — Son fils, Postume le Jeune, qu'il avait créé auguste, fut tué avec lui.

POSTUMIUS ou POSTHUMIUS (Aulus), consul en 496 av. J.-C., fut dans la même année nommé dictateur et remporta sur les Latins, alliés des Tarquins, la victoire décisive du lac Régille, ce qui lui valut les honneurs du triomphe et le surnom de Regillensis, qu'il transmit à ses descendants. — Sp. Postumius Albinus Regillensis, consul en 321 av. J.-C., se laissa enfermer par les Samnites avec son collègue dans le défilé de Caudium, signa une paix honteuse et passa sous le joug (fourches caudines). Sur son propre conseil, le sénat refusa de ratifier le traité et le livra au général samnite Pontius Herennius, qui lui rendit la liberté. — L. Postumius Albinus, consul en 229 av. J.-C., réduisit Teuta, reine d’Illyrie, à demander la paix. En 215 il perdit la victoire et la vie à la bataille de la forêt Litana, livrée aux Boïens dans la Gaule cispadane. — Sp. Postumius Albinus, consul l'an 110 av. J.-C., fut envoyé contre Jugurtha, mais se laissa corrompre par l'or du prince numide. — POSTUM. TUBERTUS. V. TUBERTUS.

POT (Phil.), filleul et favori du duc de Bourgogne Philippe le Bon, 1428-94, remplit diverses missions pour ce prince et pour son fils, Charles le Téméraire, s'attacha après la mort de ce dernier au roi de France Louis XI, qui en fit successivement son premier conseiller, son chambellan, et le nomma grand sénéchal de Bourgogne en 1477. Il garda ce titre sous Charles VIII. Il se distingua par son éloquence et par l'énergie de son langage aux États généraux de 1484. On le surnommait la Bouche de Cicéron et le Père de la patrie.

POTAMON, philosophe d'Alexandrie, chef d'une école éclectique, enseignait, selon les uns, au temps d'Auguste, selon les autres à la fin du IIe s. de J.-C.; il compta un grand nombre de prosélytes à Rome aussi bien qu'en Égypte et en Grèce. Il ne reste rien de Potamon. On doit à Gloeckner une dissertation De Potamonis philosophia, Leipzig, 1745, in-4.

POTEMKIN (Grégoire Alexandrovitch), favori de Catherine II, né en 1736 à Smolensk, de parents nobles, mais pauvres, prit de bonne heure du service dans les gardes à cheval, se fit remarquer de l'impératrice par sa taille et sa beauté (1762), se distingua dans une campagne contre les Turcs, obtint un avancement rapide, devint en 1774 le favori en titre, et exerça bientôt une puissance sans bornes sur Catherine, qui le créa prince, premier ministre, feld-maréchal. Il provoqua le partage de la Pologne et voulut également démembrer la Turquie : dans ce but, il envoya en 1783 contre la Crimée une armée qui fut victorieuse et réussit à annexer ce pays à l'empire russe; en 1787, il agit lui-même contre les Turcs et prit d'assaut Otchakov (1788), Bender (1789), Kilianova (1790), mais il exerça contre les vaincus d'horribles cruautés. Il se proposait de pousser jusqu'à Constantinople, dont il voulait faire la conquête; mais, quand il revint à St-Pétersbourg, il trouva Catherine disposée à faire la paix. Il repartit aussitôt pour l'armée afin d'empêcher l'exécution de ce projet, mais, arrivé à Jassy, il apprit que la paix était signée. Il expira presque subitement peu de jours après avoir reçu cette nouvelle (1791) : on soupçonna qu'il avait été empoisonné; mais il est plus probable qu'il succomba à une fièvre épidémique qui ravageait Jassy. Potemkin était un rusé courtisan : après la conquête de la Crimée, il décida Catherine à venir visiter sa nouvelle conquête, et déploya pendant ce voyage toutes sortes d'artifices et de flatteries pour faire croire à la czarine qu'elle avait acquis une province couverte de riches villages, et que la population était empressée de vivre sous son sceptre. Dans les dernières années de sa faveur, son orgueil et son arrogance avaient fini par le rendre odieux à l'impératrice.

POTENZA, Potentia, v. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, ch.-l. de la Basilicate, à 140 kil. E. de Naples; 10 800 hab. Évêché, trib. civil et criminelle.

POTHIER (Rob. Jos.), jurisconsulte, né à Orléans en 1699, mort en 1772, fut conseiller au Châtelet d'Orléans, y professa le droit français et donna l'exemple de toutes les vertus publiques et privées, en même temps qu'il déploya toutes les qualités qui font le grand magistrat, l'avocat habile, le jurisconsulte profond. Son principal ouvrage est son édition des Pandectes sous le titre de Pandectæ Justinianeæ in novum ordinem digestæ, Paris et Chartres, 1748-52, 3 vol. in-fol.; Lyon, 1782, 3 vol. in-fol.; Paris, 1818-24, 24 vol. in-8 (avec trad. française par Bréard-Neuville). Dans cette importante publication, pour la préparation de laquelle il fut secondé par d'Aguesseau, il classe méthodiquement les textes du Digeste, qui dans l'ouvrage original étaient entassés pêle-mêle; il éclaircit les décisions contradictoires par de savantes notes, et facilite les recherches par de nouveaux titres. Ses autres ouvrages sont : la Coutume d'Orléans, avec notes, 1760, et un Traité des Obligations, dont presque tous les résultats ont passé dans le Code civil. Jurisconsulte philosophe et moraliste, Pothier recherche constamment le juste et le bon : c'est des lois divines et naturelles qu'il dérive toute législation. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Siffrein, Paris, 1820-24, 20 vol. in-8; par Dupin aîné, 1825, 11 vol. in-8; par Rogron et Firbach, 1826, gr. in-8; et par M. Bugnet, 1845-7, 10 v. in-8. M. Frémont a donné sa Vie, 1860.

POTHIN, eunuque qui gouverna l’Égypte pendant la minorité de Ptolémée XII (Dionysos), dont il avait été l'instituteur. C'est par ses conseils que ce jeune prince ordonna le meurtre de Pompée, qui s'était réfugié en Égypte après la bataille de Pharsale. César le fit mourir pour avoir excité un soulèvement dans Alexandrie, 47 av. J.-C.

POTHIN (S.), un des apôtres des Gaules, évêque de Lyon, vécut sous Antonin et Marc-Aurèle, et subit le martyre à Lyon, avec beaucoup, d'autres Chrétiens, vers 177 de J.-C. Il était alors âgé de près de 90 ans. On le fête le 2 juin.

POTI, ville et fort de la Russie d'Asie (Gourie), à l'embouchure du Rioni, dans la mer Noire. Port de commerce (dep. 1858). Cédée par la Turquie en 1829.

POTIDÉE, Potidæa, auj. Pinaka, v. grecque, dans la presqu'île de Pallène, au S. O. de Chalcis, était une colonie de Corinthe et était devenue l'alliée et la tributaire des Athéniens. Au commencement de la guerre du Péloponèse, elle se révolta contre eux avec le secours de Corinthe, 432 av. J.-C., mais, après avoir subi un long siége, elle retomba au pouvoir d'Athènes, 429. Conquise dans le siècle suivant par Philippe, elle fut assujettie à Olynthe; à la chute d'Olynthe, elle devint la possession des Macédoniens. Cassandre, roi de Macédoine, l'agrandit et l'embellit, ce qui valut à la ville le nom de Cassandrie.

POTIER, famille parlementaire qui a produit plusieurs magistrats distingués. Nicolas P. de Blancmesnil, président au parlement de Paris, se signala par son dévouement au roi Henri IV, fut condamné à mort par les Ligueurs, n'échappa au supplice que grâce à l'intervention du duc de Mayenne, se rendit ensuite près de Henri (IV), et devint plus tard chancelier de Marie de Médicis; il mourut en 1635, à 94 ans. — Son frère, Louis P. de Gesvres, secrétaire des finances en 1567, secrétaire du conseil en 1578, secrétaire d’État en 1589, eut part à la réconciliation de Henri III et de Henri IV, et fut fort utile à ce dernier. Il siégea dans le procès de Biron, et mourut fort âgé, en 1630. — Nicolas P., de Novion (1618-97), joua un rôle dans la Fronde, soutint les droits de sa compagnie contre la cour et fut arrêté en 1648 avec Broussel. Cependant il se réconcilia dans la suite avec Mazarin, et devint 1er président en 1678, mais il fut forcé de se démettre en 1689 pour abus d'autorité. Il était membre de l'Acad. française.

POTIER (Ch.), acteur comique, né en 1775, m. en 1838, se disait issu de la famille parlementaire de ce nom par L. Potier de Gesvres. Il débuta à 20 ans, courut longtemps la province, vint en 1809 à Paris, joua avec le plus grand succès au théâtre des Variétés, d'où il passa en 1817 à la Porte St-Martin et se retira en 1827. Il se distinguait par la gaieté, l'originalité et la nature de son jeu. Parmi une foule de rôles qu'il créa, on cite le Ci-devant jeune homme, le Solliciteur, le Bénéficiaire, les Petites Danaïdes, le Bourguemestre de Saardam.

POTITIENS et PINARÉENS, flamines d'Hercule à Rome, institués par le roi Évandre, desservaient l'autel consacré à ce dieu dans le Forum Boarium. Ils devaient conserver ce culte à perpétuité dans leur famille : après quatre siècles et demi, leurs descendants le confièrent à des esclaves : ils furent, en punition, tous frappés de mort dans l'année.

POTOCKI (le comte Félix), d'une des plus grandes et des plus riches familles de Pologne, né en 1750, mort en 1805, se prononça, parmi les prétendants au trône de Pologne, pour la maison de Saxe, vit, pour ce motif, confisquer une partie de ses biens par le parti vainqueur, se retira en Galicie, puis dans l'Ukraine, pays alors désert, où il bâtit de nombreux villages, fut dans la suite rappelé à Varsovie et nommé grand maître de l'artillerie, et fut quelque temps l'idole du peuple. Mais, s'étant montré favorable au parti russe, il devint suspect aux vrais Polonais. Il signa la fameuse confédération de Targovice (1792), en rédigea le manifeste, fut nommé maréchal de la diète convoquée sous l'influence russe, et prit alors des mesures qui, sans qu'il l'eût prévu peut-être, ne firent que hâter le 2e partage de la Pologne. Désespéré de voir effectuer ce partage, il abandonna la vie publique et se retira en Amérique. Il n'en fut pas moins déclaré traître lors de la révolution de Varsovie, en 1794. Irrité de cette injustice, il demanda du service à la Russie : Catherine II s'empressa de le nommer lieutenant général; il revint alors en Europe et y finit ses jours. — Ignace, comte P., grand maréchal de Lithuanie, cousin de Félix, 1751-1809, était ardent patriote et antagoniste de la Russie; il alla chercher un refuge en Saxe après le triomphe des Russes, reparut en 1794 après les victoires de Kosciusko, fut chargé d'organiser le gouvernement à Varsovie et se réserva le portefeuille des affaires étrangères. Livré aux Russes, il fut détenu à Schlusselbourg, puis incarcéré à Cracovie jusqu'en 1798, époque à laquelle il obtint la permission d'aller mourir dans ses terres. Le comte Ignace aimait les lettres et les sciences; il fit voyager plusieurs savants à ses frais, chargea Condillac de rédiger une Logique pour les écoles polonaises, et traduisit lui-même en polonais l'ouvrage du philosophe français. — Stanislas, comte P., 1757-1821, nonce aux diètes de 1776, 86, 88, combattit la Russie en 1792, quitta la Pologne après le 2e démembrement (1793), fut arrêté à Carlsbad lors de l'insurrection de Kosciusko et resta huit mois captif; devint, lors de la création du grand-duché de Varsovie par Napoléon, sénateur palatin et chef du conseil d'État, fut maintenu aux affaires par l'emp. Alexandre lors de la formation du nouveau royaume de Pologne et nommé ministre des cultes et de l'instruction publique (1816), puis président du sénat (1818). Il consacrait sa fortune à l'encouragement des lettres, des sciences, des arts. Il a laissé lui-même plusieurs écrits, entre autres une traduction polonaise de l’Histoire de l'art de Winckelmann. — Jean P., historien, 1757-1815, étudia les langues orientales, et visita tous les pays habités par les Slaves, depuis la Poméranie jusqu'à Kiakhta. On lui doit des Recherches sur la Sarmatie, 1789, et une Histoire primitive des peuples de la Russie, 1802, ouvrages qui ont jeté un grand jour sur les origines des populations slaves.

POTOMAK, riv. des États-Unis, naît sur la limite des États de Virginie et de Maryland, par 39° 21' lat. N. et se forme par la réunion de deux bras qui prennent leur source dans les monts Alleghany, coule au S. S. E., baigne Georgetown, Washington, Alexandria, et se jette dans la baie de Chesapeak entre les caps Lookout et Smith après un cours d'env. 560 k.; elle a 12 k. de large à son embouchure. Plusieurs cataractes. Les bords de ce fleuve ont été le principal théâtre de la guerre civile en 1861 et 1862.

POTOSI, v. du Ht-Pérou ou Bolivie, ch.-l. du dép. de Potosi, par 19° 35' lat. S., 67° 55' long. O., au pied du Cerro de Potosi, et à 4160m au-dessus du niveau de la mer. Sa population, qui au XVIIe s. dépassait 150 000 hab., est auj. réduite à 15 000. Maisons chétives, rues irrégulières et en pente; air rare et subtil; climat extrêmement variable. — Le mont Cerro de Potosi, célèbre par ses inépuisables mines d'argent, exploitées depuis le XVe s., s'élève à une hauteur de 4888m au-dessus du niveau de la plaine; on y compte plus de 5000 ouvertures ou puits (potosi en espagnol), percées dans la montagne, et plus de 2000 mineurs. — Le dép. de P., entre ceux de Charcas à l'E., d'Oruro et de Cochabamba au N., la Confédération de la Plata au S., et le Grand-Océan à l'O., a 800 k. sur 750 et env. 300 000 hab. Hautes montagnes (entre autres le Cerro de Potosi), riches mines d'argent; eaux thermales, lac salé.

POTOSI (SAN-LUIS DE), V. du Mexique. V. SAN-LUIS.

POTSDAM, v. des États prussiens (Brandebourg). ch.-l. de régence, sur la r. dr. du Havel, entre deux lacs, à 30 kil. S. O. de Berlin; 34 000 hab. C'est la 2e résidence royale, le Versailles de la Prusse. Évêché évangélique, trib., cour des comptes; écoles de cadets, de sous-officiers, d'orphelins militaires, d'arts et métiers, d'horticulture; gymnase; bibliothèque, collections d'histoire naturelle. Un canal divise Potsdam en Vieille-Ville et Ville-Neuve (celle-ci très-embellie par Frédéric II). Nombreux monuments, places Guillaume et du Marché, château royal, nouveau palais, hôtel de ville, église française réformée (copiée sur notre Panthéon), église de la Garnison, renfermant le tombeau du grand Frédéric. Fabrique royale d'armes; raffineries de sucre, tabac, lainages, toiles cirées, etc. Aux env., trois célèbres résidences royales (Sans-Souci, le Nouveau Palais-Royal et le Palais de Marbre), et l'île des Paons, avec une superbe maison de Plaisance, séjour favori de la reine Louise. Patrie de Guillaume de Humboldt. Cette ville n'a pris d'importance qu'au XVIIe s. L'électeur Frédéric-Guillaume y bâtit le grand château de 1660 à 1673; le roi Frédéric-Guillaume Ier l'entoura de murs, et Frédéric II l'embellit de monuments. — La régence de P., dans la province de Brandebourg, entre celles de Stettin, Custrin, Mersebourg, Magdebourg, les grands-duchés de Meklembourg et le duché d'Anhalt-Dessau, a 190 kil. (de l'E. à l'O.) sur 85 et compte 1 230 000 h. Berlin y est enclavé, mais est régi à part.

POTT (J. H.), chimiste et médecin allemand, né en 1692 à Halberstadt, m. en 1777, membre de l'Académie de Berlin, fut professeur de chimie au collége médical de cette ville, améliora plusieurs procédés, notamment la rectification de l'acide sulfurique, trouva aux environs de Berlin une terre propre à la confection de la porcelaine et eut une grande part à l'établissement de la fabrique de porcelaine de Berlin. Il a publié beaucoup d'ouvrages scientifiques soit en latin, soit en allemand; mais on lui reproche de n'avoir pas porté dans ses observations tout l'esprit critique nécessaire.

POTT (Percival), chirurgien anglais, né à Londres en 1713, m. en 1788, était chirurgien et professeur à l'hôpital St-Barthelemy et membre de la Société royale de Londres. Il étudia surtout les tumeurs avec ramollissement des os, la paralysie des membres inférieurs dans les maladies du rachis, les hernies, les fistules, l'hydrocèle, la cataracte, et perfectionna le traitement des fractures. On a appelé de son nom mal de Pott une carie des vertèbres qu'il a décrite le premier. Ses Œuvres chirurgicales ont été réunies en 1790, 3 vol. in-8, et trad. en 1792.

POTTER (Paul), peintre hollandais, né en 1625 à Enckhuysen, m. en 1654, à 27 ans, descendait par sa mère de l'illustre famille d'Egmont. Il se consacra à la peinture des animaux domestiques et atteignit une perfection qui l'a fait surnommer le Raphaël des animaux : nul n'a saisi aussi bien que lui l'expression et la physionomie des bœufs, des vaches et des moutons. Son chef-d'œuvre, que l'on conserve au musée de La Haye, est un Jeune taureau, de grandeur naturelle, près d'une vache accroupie. Il gravait aussi avec une grande habileté. Le musée du Louvre possède 2 tableaux de cet artiste.

POTTER (John), savant anglais, né à Wakefield en 1674, m. en 1747, professa la théologie à Oxford, et devint archevêque de Cantorbéry en 1737. On lui doit des éditions estimées de Lycophron, Oxf., 1697 et 1702, de Clément d'Alexandrie, gr.-lat., 1715, 2 v. in-f. : et l’Archæologia græca, Oxf., 1698-9, savant recueil d'antiquités qui, malgré son titre latin, est écrit en anglais. — Robert P., helléniste et poëte, né en 1721, m. en 1804, était ministre anglican. Il a traduit en vers anglais, et avec un grand succès, Eschyle, 1777 ; Euripide, 1781 ; Sophocle, 1788. Il a aussi composé des Poèmes (1774) dans le genre de Pope.

POTTER (Louis de), écrivain belge, né à Bruges en 1786, m. en 1859, fut en 1815 attaché à la légation des Pays-Bas à Rome, vint en 1823 se fixer à Bruxelles, s'éleva courageusement contre les persécutions que le gouvernement hollandais faisait subir aux Catholiques, fut par ce motif banni en 1830, rentra en Belgique après la révolution qui éclata cette même année, y fut reçu avec enthousiasme et proclamé membre du gouvernement provisoire ; mais, ne pouvant faire triompher ses idées libérales, il se retira au bout de peu de mois. Outre des pamphlets de circonstance, il a publié sur l'histoire de la religion plusieurs écrits remarquables, entre autres : Considérations sur les principaux conciles, Bruxelles, 1816 ; Esprit de l’Église, 1821 ; Vie de Scipion Ricci, 1825 ; Catéchisme rationnel, 1827 (réimprimé en 1862 par M. le baron de Ponnat). Ses ouvrages, conçus dans l'esprit philosophique du XVIIIe s., sont à l’Index à Rome.

POUANCÉ, ch.-l. de c. (Maine-et-Loire), à 24 kil. N. O. de Segré ; 3227 hab. Mines de fer.

POUCHKINE (Alex.), poëte russe, né en 1799 à St-Pétersbourg, manifesta de bonne heure des idées hardies qui le rendirent suspect, fut envoyé dans les provinces éloignées, où il remplit diverses fonctions administratives, mais rentra en grâce à l'avénement de l'empereur Nicolas (1825), qui le nomma historiographe. Il périt en 1837, tué en duel par un de ses amis qu'il accusait d'avoir séduit sa femme. On a de lui des Odes et des Épîtres, un poëme romantique en 6 chants, Roustan et Ludmila, 1820 ; le Prisonnier du Caucase, 1852 ; la Fontaine des Pleurs, 1826 ; Tsigani (les Bohémiens), 1827 ; Onéghine, poëme inachevé, analogue au Don Juan de Byron ; Boris Godunow, 1831, tragédie en prose et en vers, non destinée à la représentation, qu'on regarde comme son chef-d'œuvre ; quelques nouvelles, entre autres la Fille du Capitaine, l’Ouragan, et une Histoire de la révolte de Pougatchef. Il a imité dans la forme Shakspeare et Byron, mais il est éminemment national par le choix des sujets et la peinture des mœurs. Ses Œuvres ont été publiées à St-Pétersbourg en 1837 et ann. suiv., aux frais de la couronne ; un choix en a été trad. en français par H. Dupont, 1846. MM. J. Tourgueneff et L. Viardot ont traduit à part ses Œuvres dramatiques, 1862.

POUDRES (Conspiration des), complot formé en 1605, sous Jacques I, par R. Catesby, Winter, Th. Percy, J. Wright, Digby, Grant, Guy Fawkes, et dans lequel furent impliqués quelques Jésuites, entre autres le P. Garnet, avait pour but d'opérer une réaction catholique en Angleterre. Les conjurés se proposaient de faire périr le roi, ses ministres et tous les membres du Parlement, à l'aide de 36 barils de poudre cachés sous la salle des séances du Parlement, et auxquels on devait mettre le feu le jour où le roi viendrait ouvrir la session. Cet horrible projet fut révélé par une lettre anonyme. Les coupables furent livrés au supplice. Le Parlement rendit un statut qui infligea aux Catholiques de nouvelles peines et leur opposa de nouvelles entraves (1606).

POUGATCHEF (Yémelian), Cosaque, né en 1726, se fit passer en 1773 pour Pierre III, mort depuis dix ans, fut suivi d'un grand nombre de ses compatriotes, surtout dans les provinces de la Russie orientale où il prit plusieurs forts, signala son passage par d'effroyables cruautés, et fut sur le point de s'emparer de Moscou, où l'attendaient 100 000 serfs ; mais, ayant manqué de résolution au moment décisif, il vit diminuer son parti, et finit par être livré par ses compagnons, moyennant 100 000 roubles ; il fut mis dans une cage de fer, conduit à Moscou, et exécuté, enl775. Mme Hordé a publié en 1809 une Hist. de Pougatchef, qui n'est qu'un roman. Pouchkine a donné l’Hist. de la révolte de Pougatchef.

POUGENS (Ch.), littérateur, né à Paris en 1755, m. en 1833, passait pour être fils naturel du prince de Conti. Il perdit la vue dès l'âge de 24 ans à la suite de la petite vérole, ce qui ne l'empêcha pas de se livrer à des travaux de recherches. Ruiné par la Révolution, il se fit libraire et imprimeur ; dans un moment critique, il reçut de Napoléon un prêt de 40 000 fr. Il se retira en 1808 à Vauxbuins près de Soissons. Ses principaux ouvrages sont un Trésor des origines, Dictionnaire raisonné de la langue française, 1819, ouvrage fort savant, qui n'a pas été imprimé en entier, et l’Archéologie française ou Vocabulaire des mots anciens tombés en désuétude, 1821. On a aussi de lui quelques poésies (les Quatre âges, des Contes, etc.). Pougens avait été admis à l'Institut en 1819.

POUGUES, ch.-l. de c. (Nièvre), sur la Loire, à 12 k. N. O. de Nevers ; 1434 h. Aux env., eaux minérales froides (carbonatées), que l'on emploie surtout en boisson ; établissement de bains.

POUILLE (la), l’Apulie, anc. division du royaume de Naples, forma de 1043 à 1121 un comté, puis un duché normand, dont le 1er titulaire fut Guillaume de Hauteville (V. GUILLAUME). Elle répond aux prov. actuelles de la Capitanate, de la Terre de Bari et de la Terre d'Otrante. V. APULIE et DEUX-SICILES.

POUILLON, ch.-l. de c. (Landes), à 13 kil. S. S. E. de Dax ; 3540 h. Source saline, eaux et boues thermales, établissement de bains.

POUILLY, nom de plusieurs lieux de France. On connaît surtout Pouilly-en-Montagne ou en Auxois, ch.-l. de c de la Côte-d'Or, à 38 k. N. O. de Beaune, sur le canal de Bourgogne et près de la source de l'Armançon ; 1065 h. Vins blancs renommés ; blé, chanvre, cuirs, chaux hydraulique, ciment romain ; — et P.-sur-Loire (Nièvre), ch.-l.de c., à 15 kil. S. de Cosne ; 3550 h. Bons vins blancs ; produits chimiques. Cette ville fut prise par les Anglais en 1364.

POUILLY (LÉVESQUE DE). V. LÉVESQUE.

POULAIN-DUPARC (Augustin), jurisconsulte, né à Rennes en 1701, m. en 1782, était frère de St-Foix. Il occupa une chaire de droit civil à Rennes et publia des ouvrages estimés : Journal des arrêts du parlement de Bretagne, 1737-78; Coutumes de Bretagne, 1745 ; Principes du droit français, 1767-71.

POULKOVA, colline située à la porte de St-Pétersbourg, sur laquelle a été récemment établi un magnifique observatoire.

POULLAOUEN, bg du dép. du Finistère, près de l'Eaulne, à 46 kil. N. E. de Châteaulin ; 3720 hab. Mines de plomb argentifère.

POULLE (l'abbé), né à Avignon en 1702, m. en 1781, vint à Paris en 1738, s'y livra à la prédication, obtint un grand succès par une diction élégante et ornée, et fut nommé abbé de Ne-De de Nogent-sous-Coucy à la suite d'un brillant Panégyrique de S. Louis, prononcé en 1748 devant l'Académie française. Il n'écrivait jamais ses sermons ; aussi n'en possède-t-on que 11, qu'il dicta 40 ans après les avoir prononcés, et qui parurent à Paris, 1778, 2 vol. in-12. On admire surtout son Exhortation de charité en faveur des enfants trouvés, ses sermons sur la Foi, sur la Parole de Dieu, et sur le Service de Dieu.

POULO… V. PRINCE DE GALLES (île du) et CONDOR.

POUNAH, v. de l'Inde anglaise (Bombay), dans l'anc. Aurengabad, par 71° 42' long. E., 18° 30' lat. N., à 147 kil. E. S. E. de Bombay ; env. 80 000 h. Célèbre collége hindou, établi en 1831. Peu d'édifices remarquables. — Pounah était au XVIIe s. la résidence de Badjy-raou, peychoua (c.-à-d. 1e ministre) du prince Mahratte Ramradjah. Badjy-Raou s'y rendit indépendant et en transmit la possession à ses successeurs. Elle leur fut enlevée par les Anglais en 1818.

POUPART (Franç.), anatomiste et chirurgien, né au Mans en 1661, m. en 1708, était membre de l'Académie des sciences. Il a fait quelques découvertes, et a laissé des Mémoires (dans le recueil de l'Académie des sciences), et une Chirurgie complète, Paris, 1695, auj. oubliée. On a donné à l'arcade crurale le nom de Ligament de Poupart, parce que cet anatomiste fut un des premiers à décrire ce ligament, quoique ce ne soit pas lui qui l'ait découvert.

POUQUEVILLE (Franç.), historien, né en 1770 à Merlerault (Orne), m. en 1838, étudia la médecine sous Dubois, qu'il accompagna dans l'expédition d’Égypte, fut à son retour pris par les Turcs et resta prisonnier jusqu'en 1801. Rentré en France, il fit paraître en 1805 son Voyage en Morèe et à Constantinople, qui eut du succès et lui valut la place de consul à Janina. Il résida dans cette ville près d'Ali-pacha jusqu'en 1815, occupa le même poste à Patras jusqu'en 1817, revint alors en France et y publia son Voyage en Grèce, 1820-1822, ouvrage remarquable par l'exactitude des descriptions et la nouveauté des aperçus, puis son Histoire de la régénération de la Grèce, 1825, et fut élu en 1827 membre de l'Acad. des inscriptions. On lui attribue une Vie d'Ali-pacha. Il a aussi donné l’Histoire et la description de la Grèce (dans l’Univers pittoresque de MM. Didot).

POUR, POURA, finale d'un grand nombre de noms de lieux dans l'Inde, signifie ville en sanscrit.

POURANAS, nom de 18 poëmes sanscrits qui contiennent les traditions relatives à la théogonie et à la cosmogonie des Hindous, et qui servent de commentaires aux Védas. Le Mahabharata, le Bagavad-Gita, le Ramayana, sont au nombre des Pouranas.

POURBUS, peintre. V. PORBUS.

POUROUS, riv. de l'Amérique du Sud, sort des Andes de Cachoa (Pérou), coule à l'E., entre dans le Brésil et tombe dans l'Amazone par plusieurs embouchures, après un cours de 800 kil.

POURVA, l'une des deux mimansas ou systèmes orthodoxes des Hindous, est fondé sur le texte des Védas et a pour but de les interpréter.

POUSCHKINE. V. POUCHKINE.

POUSSIN (Nicolas), chef de l'ancienne école française de peinture, né aux Andelys en 1594, m. à Rome en 1665, fut élève de Lallemant à Paris, et, bien que fort pauvre, parvint à faire le voyage de Rome, grâce au cavalier Marini, qui le recommanda au cardinal Barberini. Là, des études sévères et la pratique constante de l'art mûrirent son talent et le portèrent à la perfection. Il jouissait déjà d'une grande réputation à Rome lorsque Louis XIII le fit inviter à rentrer en France : il y revint en 1640, et reçut, avec le titre de premier peintre du roi, une pension de 3000 fr., un logement aux Tuileries et la direction de tous les ouvrages de peinture et d'ornement des maisons royales. Las des tracasseries que lui suscitaient des rivaux jaloux, il reprit la route de Rome en 1642 ; néanmoins son titre et ses honoraires lui furent conservés. Le talent de Poussin grandit encore dans la dernière période de sa vie : son pinceau devint plus riche, plus moelleux, son talent plus varié ; il ne réussit pas moins dans le paysage historique que dans l'histoire. Ce qui caractérise le génie de Poussin, c'est surtout la belle ordonnance du sujet, l'art de la composition, l'élévation de la pensée, la noblesse du style, la pureté du dessin, l'entente de la perspective aérienne et du clair-obscur. On l'a surnommé le philosophe de la peinture, le peintre des gens d'esprit, à cause de sa profondeur, unie à la vivacité de l'imagination et à la beauté de l'expression. Lesueur, Lebrun, Mignard doivent infiniment à ce grand maître. D'une remarquable fécondité, il n'a pas laissé moins de 342 ouvrages, qui sont disséminés dans les musées et chez les riches amateurs ; la plus grande partie se trouve en France. On remarque surtout son Déluge, ses Bergers d'Arcadie, son Triomphe de Flore, son Triomphe de la Vérité, les Aveugles de Jéricho, Moïse sauvé, Moïse enfant, la Femme adultère, les Sept Sacrements. Parmi ses paysages, on admire les Quatre saisons. On a de lui des Lettres (Paris, 1824), qui se lisent avec intérêt. L'œuvre complète de Poussin a été gravée en taille-douce par Massard, 1804, in-8, et au trait par Landon, 1811, 2 vol. gr. in-4. M. Castellan en 1811, M. Gault en 1843, ont écrit sa Vie. M. Bouchitté a donné Le Poussin, sa vie et son œuvre, 1858. Une statue lui a été élevée aux Andelys (1851).

POUSSINES (Pierre), Possinus, savant Jésuite, né en 1609 aux environs de Narbonne, m. en 1686, professa à Toulouse, fut appelé à Rome en 1654 pour travailler à l’Histoire de la Société de Jésus, et occupa la chaire d'Écriture sainte au Collége romain. Il a laissé des trad. latines de quelques historiens byzantins, notamment d'Anne Comnène, un Thésaurus asceticus, Paris, 1684, et a rédigé nombre de Vies de saints dans le recueil des Bollandistes.

POUTALA, temple du Thibet, dans la province d'Ouéi, près de H'Lassa, sur le mont Pamouri. C'est la résidence du Dalaï-lama.

POUYASTRUC, ch.-l.de cant. (Htes-Pyrénêes), à 11 kil. N. E. de Tarbes ; 653 hab.

POUY-SUR-DAX, village de France (Landes), à 7 kil. N. E. de Dax, près de la r. dr. de l'Adour. Patrie de S. Vincent de Paul.

POUZAUGES, ch.-l. de cant. (Vendée), à 35 kil. N. de Fontenay-le-Comte; 2572 h. Église catholique, avec un beau clocher ; temple protestant ; ruines romaines. Aux env. celle forêt ; mine d'antimoine.

POUZZOLES, Pozzuoli en italien, Puteoli et Dicæarchia chez les anciens, v. et port d'Italie (prov. de Naples), à l'entrée sept. du golfe de Naples, à 10 k. N. O. de Naples ; 9000 hab. Évêché. Commerce de pouzzolane (gravier volcanique, ainsi appelé du nom de la ville). Près de Pouzzoles sont le cap Misène, le lac Averne, le Monte Nuovo (qui occupe l'emplacement de l'ancien lac Lucrin), la Solfatare. — Cette ville fut fondée par les habitants de Cumes en 522 av. J.-C., et nommée Puteoli à cause de ses nombreux puits. De 192 av. J.-C. à la chute de l'empire, elle fut très-florissante; ses magnifiques bains d'eaux thermales attiraient beaucoup d'étrangers ; mais elle a été ruinée par les tremblements de terre, les éruptions du Vésuve et les invasions des barbares. On y remarqué encore de riches débris, entre autres un magnifique amphithéâtre, une vaste piscine voûtée dite le Labyrinthe, les colonnes du temple de Sérapis et le pont de Caligula. Près de la ville, ruines d'une villa de Cicéron.

POYAS, mont. de Russie. V. OURALS.

POYET (Guill.), chancelier de France, né vers 1474 à Angers, se fit d'abord connaître comme avocat et fut choisi par Louise de Savoie, mère de François I, pour soutenir le procès qu'elle intentait au connétable de Bourbon. Avocat général en 1631, puis président à mortier (1534), il devint chancelier en 1538. Servilement dévoué à la cour et espérant obtenir par son appui le chapeau de cardinal, il se fit l'instrument de la haine du connétable de Montmorency contre l'amiral Chabot ; mais il fut à son tour accusé de malversation, arrêté en 1542, dépouillé de toutes ses charges (1545), et condamné à 100 000 fr. d'amende. Il mourut en 1548. C'est lui qui prépara l'ordonnance de Villers-Cotterets, rendue en 1539, et qui limitait la juridiction ecclésiastique.

POZZO DI BORGO (le comte Ch. André), né en Corse, à Pozzo di Borgo (près d'Ajaccio), en 1764, mort à Paris en 1842, fut d'abord secrétaire intime de Paoli, se fit nommer en 1791 député à l'Assemblée Législative (1792), agit de concert avec Paoli pour livrer la Corse aux Anglais, fut forcé dès 1793 de quitter cette île, où il avait soulevé des haines ; passa en Angleterre, puis entra au service de la Russie. Écarté en 1807 sur la demande expresse qu'en fit Napoléon à Tilsitt, il fut rappelé en 1813, fut en 1814 envoyé par l'empereur Alexandre près de Louis XVIII, puis nommé ambassadeur en France, et passa en 1835 à l'ambassade d'Angleterre. Il assista à tous les congrès de la Ste-Alliance et eut part à toutes les mesures qui y furent prises. Il quitta les affaires en 1839 et vint terminer ses jours à Paris.

PRACHIN (Cercle de), cercle de Bohème, entre ceux de Béraun au N., de Tabor à l'E., de Budweiss au S. E., et la Bavière au S. O., a 110 kil. sur 50, et 255 000 hab. Il tire son nom de la ville et du château de Prachno, auj. ruinés, mais a pour ch.-l. Pisek. Il est arrosé par la Moldau et la Wottawa. Grenat, pierres précieuses, sable aurifère.

PRACRIT, idiome vulgaire de l'Inde, est dérivé du sanscrit; il se parlait dans le peuple lorsque le sanscrit était la langue des hautes classes.

PRADELLES, ch.-l. de cant. (H.-Loire), sur un roc escarpé, à 34 kil. S. du Puy; 1752 h. Fromages.

PRADES, ch.-l. d'arr. (Pyrén.-Orient.), sur le Tet, à 40 kil. O. de Perpignan ; 3152 hab. Trib. de 1re inst., collége, séminaire. Drap, vins, laines fines, fers.

PRADES (l'abbé de), né en 1720 à Castel-Sarrazin, m. en 1782, fit scandale par une thèse qu'il soutint en Sorbonne en 1751, et dans laquelle il défendait des propositions contraires à la doctrine de l’Église, s'enfuit en Hollande, puis à Berlin, et y devint, sur la recommandation de Voltaire, lecteur du roi de Prusse. Soupçonné par Frédéric II d'avoir correspondu avec le duc de Broglie pendant la guerre de Sept ans pour le tenir au courant des mouvements de l'armée prussienne, il fut relégué à Glogau. A la fin de sa vie, il rétracta ses erreurs en religion et devint archidiacre du chapitre de Glogau. On lui doit un Abrégé de l'Histoire ecclésiastique de Fleury (avec préface de Frédéric II), 1767.

PRADIER (James), habile sculpteur, né en 1792 à Genève, d'une famille de réfugiés français, mort en 1852, vint fort jeune en France, montra un talent précoce qui le fit remarquer de Denon, entra sur sa recommandation dans l'atelier de Lemot, remporta en 1813 le grand prix pour son Philoctète dans l'île de Lemnos, fut envoyé à Rome, où il exécuta plusieurs ouvrages qui commencèrent sa réputation; puis vint se fixer à Paris, y obtint bientôt par ses gracieuses productions une grande popularité et fut élu en 1827 membre de l'Institut, en remplacement de Lemot. D'un talent facile, d'un goût pur, d'une fécondité prodigieuse, cet artiste a produit une foule d'excellents ouvrages dans les genres les plus divers; cependant, il se complaisait surtout dans la reproduction de la beauté féminine, donnant plus à la grâce qu'à la force. Il emprunta ses plus heureux sujets à la mythologie grecque, ce qui a fait dire qu'il était le dernier des païens. Parmi ses œuvres les plus estimées, on cite : un groupe de Bacchante et de Centaure, à Rouen ; un Fils de Niobé, une Psyché et une Vénus, au Luxembourg; les Trois Grâces, à Versailles; Phidias, Prométhée, aux Tuileries; Phryné, la Poésie légère, Flore, le Printemps, la Toilette d'Atalante, enfin Sapho, à laquelle fut décernée la grande médaille de 4000 fr. (1852). Pradier exécuta en outre de nombreuses compositions pour les monuments publics : S. Pierre, à St-Sulpice; S. André et S. Augustin, à St-Roch; le Duc de Berry mourant; un buste de J. J. Rousseau, à Genève; les Villes de Lille et de Strasbourg, sur la place de la Concorde; les deux Muses de la fontaine Molière, à Paris; la belle fontaine de Nîmes; l’Industrie, à la Bourse; les grandes Renommées de l'Arc de triomphe; les Victoires colossales du tombeau de Napoléon. On lui doit aussi une foule de statuettes et de figurines, qui sont fort recherchées des amateurs. Raoul Rochette a lu à l'Académie des beaux-arts une Notice historique sur Pradier.

PRADO (le), promenade de Madrid. V. MADRID.

PRADON, poëte tragique, né à Rouen en 1632, mort à Paris en 1698, vint jeune à Paris, fut introduit dans les salons de la duchesse de Bouillon et du duc de Nevers, son frère, et fit représenter à partir de 1674 des tragédies qui, grâce à la coterie qui le soutenait, eurent un succès momentané. Quand Racine donna Phèdre, les envieux du grand poëte opposèrent à ce chef-d'œuvre, la Phèdre de Pradon (1677); mais peu de jours suffirent pour remettre les deux pièces à leur place. Outre Phèdre, on a de Pradon Pyrame et Thisbé, Tamerlan, la Troade, Statira, Scipion l'Africain, Régulus (la moins mauvaise de ses tragédies). Il composa contre Racine le Jugement d'Apollon sur Phèdre, et contre Boileau un pamphlet intitulé : le Triomphe de Pradon, 1684. Ce poëte péchait surtout par le style, qui chez lui est d'une extrême platitude. Il est resté comme le type de la médiocrité intrigante, vaniteuse et jalouse.

PRADT (Dominique DUFOUR, abbé de), écrivain et homme d’État, né en 1759 à Allanches (Auvergne), m. en 1837, était grand vicaire à Rouen quand la Révolution éclata. Député aux États généraux, il prit parti pour la cour et émigra en 1791; mais il revint en 1801, et, grâce à Duroc, son parent, devint successivement aumônier de l'empereur, baron, évêque de Poitiers, archevêque de Malines. Chargé de quelques négociations en Espagne, il aida à tromper Charles IV, et fut nommé en 1812 ambassadeur à Varsovie; mais il s'acquitta fort mal de cette dernière mission, et, quand la campagne de Moscou fut terminée, il fut renvoyé dans son diocèse. Il devint dès lors l'ennemi acharné de Napoléon, et se déclara des premiers contre lui quand les Alliés furent entrés dans Paris. Il n'en fut pas moins très-froidement reçu des Bourbons, et se vit même obligé de renoncer à son archevêché parce qu'il n'avait pas été nommé par le pape. Élu en 1827 député du Puy-de-Dôme, il se démit, trouvant la gauche trop timide. Il a composé une foule d'écrits de circonstance, remarquables par l'esprit, mais trop prolixes. Son ouvrage capital est l’Histoire de l'ambassade dans le grand duché de Varsovie en 1812, Paris, 1815, relation partiale, qui ne parut qu'après la chute de l'Empereur; viennent ensuite : les Quatre Concordats, 1818 (mis à l’Index à Rome); les Trois Ages des colonies, 1801; l’Europe et l'Amérique depuis le congrès d'Aix-la-Chapelle, 1821; l’Europe et l'Amérique en 1821 et 1823; l’Europe et l'Amérique en 1822 et 1823. L'abbé de Pradt avait la manie de prédire, mais il le faisait le plus souvent à faux.

PRÆMUNIRE (Statuts de), nom donné en Angleterre à divers actes qui prohibaient, entre autres choses : 1° l'introduction en Angleterre des provisions papales; 2° l'intervention du pape dans les élections ecclésiastiques; 3° l'évocation des sujets du roi en cour de Rome sur des points dont la connaissance appartenait aux cours royales; 4° l'acceptation en cour étrangère de bénéfices ecclésiastiques du royaume d'Angleterre. Les principaux de ces actes sont de 1343, 51, 53, 64. Grégoire XI indiqua pour discuter ces statuts une conférence à Bruges (1375); Wiclef y fut l'un des commissaires d’Édouard III; la convention qui y fut signée admit une partie de ces statuts.

PRÆTUTII, auj. partie de l’Abruzze Ultérieure, peuple de l'Italie centrale, sur l'Adriatique, entre le Picenum et les Vestini; Hadria et Interamnum étaient leurs villes principales.

PRAGA, v. de Pologne, sur la r. dr. de la Vistule, vis-à-vis de Varsovie, dont elle est comme un faubourg; 3000 hab. (Plus peuplée avant le massacre qu'y firent les Russes en 1794, lors de la prise de Varsovie par Souvarov). Victoire des Suédois sur les Polonais en 1656, et des Polonais sur les Russes en 1830. Les Russes reprirent Praga le 8 sept. 1831.

PRAGMATIQUE-SANCTION (c.-à-d. ordonnance sur les affaires), nom donné en général, dans les XIIe, XIIIe, XIVe et XVe s. aux ordonnances des rois de France et aux résolutions de la diète de l'Empire, est spécialement appliqué à quelques actes fameux :

1° la Pragmatique-Sanction de S. Louis, rendue, dit-on, en 1268 ou 1269, par laquelle ce prince, précisant les relations de la France avec le St-Siége, aurait déclaré que de Dieu seul relève la France, posé en droit la liberté des élections de prélats, prohibé les réserves, les grâces expectatives, maintenu le droit de promotion, et restreint les impôts levés en France par le pape. On conteste avec raison l'authenticité de cette pièce, qui est mentionnée pour la 1re fois au XVe s. dans la Bibliothèque des Conciles, et qui est peu en harmonie avec le caractère du saint roi, et l'on admet qu'elle est l'œuvre d'un jurisconsulte du XVe s. On peut consulter sur ce sujet Thomassy, De la Pragmatique attribuée à S. Louis, Par., 1844, et les Études sur le même sujet de Berleur, Louvain, 1848, et de Rœsen, Munich, 1855.

2° la Pragmatique-Sanction de Bourges, rendue par Charles VII en 1438. Après avoir proclamé la nécessité des conciles généraux, leur supériorité sur le pape, la libre élection des évêques et abbés par les chapitres et les moines, elle supprime les réserves, les grâces expectatives, les annates, tend à redresser l'abus des appels en cour de Rome, à restreindre les effets de l'excommunication et de l'interdit. Elle fut accueillie avec joie par l’Église de France et par le parlement, mais regardée par le St-Siége comme attentant à ses droits; les ducs de Bourgogne et de Bretagne refusèrent de l'admettre. Louis XI, au commencement de son règne, la supprima nominalement (1461), tout en la laissant exécuter, suivant les besoins de sa politique, à l'égard soit des feudataires, soit des papes. François I la remplaça en 1516 par le Concordat. V. ce mot.

3° la Pragmatique-Sanction de l'empereur Charles VI, rendue en 1713, et par laquelle cet empereur déclarait sa fille aînée, Marie-Thérèse, héritière de ses États; il la fit garantir par les grandes puissances de l'Europe, mais elle n'en fut pas moins mise en oubli à sa mort et elle ne put être réalisée qu'après la guerre de la succession d'Autriche, à laquelle elle avait donné lieu, 1740-48.

4° la Pragmatique-Sanction de Charles III (d'Espagne), rendue par ce prince le 2 avril 1767 pour la suppression des Jésuites en Espagne.

PRAGUE, Boiobinum et Boviasmum de Strabon, Marobodum de Ptolémée? capit. de la Bohême, sur sept collines et sur la Moldau, à 327 kil. N. O. de Vienne, par 12° 5' long. E., 50° 5' lat. N.; 150 000 h. Siége du commandement militaire de la Bohême; archevêché, trib. d'appel et tribunaux ordinaires; université impériale dite Carolinum (fondée en 1348 par Charles IV), avec facultés de théologie, droit, médecine, sciences et lettres; gymnases, institut polytechnique; école de peinture, de musique, école vétérinaire, écoles d'aveugles et de sourds-muets, sociétés littéraire, scientifique, pomologique, etc., bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, musée national, observatoire, etc. La ville se compose de 4 parties, la Vieille-Ville et la Nouv.-Ville, la Ville juive et le Hradschin, qui en est le plus beau quartier; elle est bien percée et bien bâtie; pont superbe; fortifications importantes. On y remarque l'ancien château royal nommé Burg, achevé par Marie-Thérèse, avec une riche chapelle contenant les tombeaux des rois; la cathédrale de St-Veit, les églises de la Nativité (avec le tombeau de Tycho-Brahé), de St-Nicolas, de l'Assomption (tombeau de S. Norbert); l'hôtel de ville, avec une célèbre horloge mécanique, le palais des États, le palais archiépiscopal, les palais Czernin, Schwarzenberg, Colloredo-Mansfeld, Nostitz-Rinek, Waldstein, les monuments des empereurs Charles IV et François Ier; le théâtre, l'hôpital militaire, etc. Fabriq. de toiles, calicots, foulards, étoffes de soie, draps, lainages, dentelles, cuirs, savons, gants, café-chicorée, verrerie, rosoglio, articles de mode, coutellerie, quincaillerie, orfèvrerie, etc.; commerce considérable (surtout de transit). Patrie de Jérôme de Prague. — La Vieille-Ville fut fondée vers 759; Charles IV, en 1348, fonda la Ville-Neuve, qu'il nomma Karlow ou Karlstadt. Prague fut, à partir de 1409, le théâtre des troubles religieux les plus graves, suscités par les doctrines hérétiques que professait Jean Huss, recteur de l'université; Jean Ziska pénétra dans la ville en 1419 à la tête des Hussites et y massacra les sénateurs; on y signa en 1433 les Compactata, qui rétablirent momentanément la paix. Prague joua aussi du grand rôle dans la guerre de Trente ans : c'est là qu'eut lieu la fameuse Défenestration (V. ce mot), qui fut le début de la guerre (1618). L'armée de l'électeur palatin Frédéric V, proclamé roi de Bohême, fut défaite près de Prague en 1620; le Suédois Kœnigsmark y battit les Impériaux en 1648 et prit la ville, ce qui mit fin aux hostilités. Dans la guerre de la succession d'Autriche, Charles VII, duc de Bavière, s'empara de Prague (1741) : les Français, ses alliés, y soutinrent un siége célèbre, remarquable par la défense de Chevert, et qui fut suivi de la belle retraite de Belle-Isle (1742); les Prussiens la reprirent, puis l'abandonnèrent en 1744. Une 3e bataille de Prague eut lieu dans la guerre de Sept ans, entre les Autrichiens et les Prussiens; ceux-ci la bombardèrent (1757), mais ne purent la prendre. Il se tint à Prague en 1813 un congrès pendant lequel l'empereur François I prit la résolution de faire la guerre à Napoléon. La branche aînée des Bourbons, bannie de France, vint en 1833 y habiter le château de Hradschin. En 1848 eut lieu à Prague une violente insurrection contre l'Autriche : elle fut aussitôt réprimée par le prince de Windischgrætz, qui bombarda la ville. — Le capitanat de Prague ne comprend que Prague et sa banlieue.

PRAGUERIE (la), révolte qui eut lieu en France contre Charles VII en 1440, et à laquelle Louis XI, encore dauphin, eut une part essentielle, fut ainsi nommée en souvenir du soulèvement des Hussites dans la ville de Prague (V. ci-dessus). Alexandre, bâtard de Bourbon, en fut le principal instigateur; Jean d'Alençon, Charles et Louis de Bourbon, La Trémoille (ancien favori de Charles VII) et Dunois s'y mêlèrent aussi. Le prétexte de l'insurrection était le bien public, mais le motif réel était l'irritation que causaient à ces seigneurs les efforts faits par le roi pour le rétablissement du bon ordre et surtout l’ordonnance d'Orléans sur les gens de guerre (2 nov. 1439). On devait s'emparer du roi et proclamer Louis XI à sa place. L'entreprise, mal conduite, échoua après une prise d'armes sans effusion de sang : six mois suffirent pour y mettre fin. La plupart des seigneurs obtinrent leur pardon; le bâtard Alexandre, le plus coupable, fut arrêté, cousu dans un sac et noyé dans l'Aube; le dauphin fut privé de tous ses offices et exilé en Dauphiné.

PRAHEC, ch.-l. de c. (Deux-Sèvres), à 12 k. S. E. de Niort; 1122 hab.

PRAIRIAL an III (Journées des 1, 2 et 3), 20, 21 et 22 mai 1795, fameuse insurrection contre la Convention, fut le suprême effort du parti jacobin contre la réaction thermidorienne, La populace des faubourgs, poussée par les sections de Paris, envahit la salle de la Convention, présidée alors par Boissy-d'Anglas, et massacra le député Féraud. La majorité de la Convention, qui, imitant l'exemple de son président, avait eu le courage de rester en séance, fut pendant 10 heures en butte aux insultes et aux outrages des révoltés, qui, appuyés par les Montagnards de l'Assemblée, firent voter tout ce qu'ils voulurent; elle fut enfin délivrée par les troupes des sections. Le désordre dura trois jours. La Convention ordonna l'arrestation de 13 de ses membres qui avaient pris part au complot : 6 furent condamnés à mort : Romme, Goujon, Duquesnoy, Duroy, Bourbotte, Soubrany.

PRAIRIAL an VII (Journée du 30), 18 juin 1799. Les directeurs La Réveillère-Lepeaux et Merlin, devenus impopulaires, furent renversés par les Conseils et remplacés par Roger-Ducos et Moulins.

PRASLIN, une des branches de la famille Choiseul, tirait son nom du bourg de Praslin en Champagne (dép. de l'Aube, cant. de Chaource). On connaît surtout le maréchal du Plessis-Praslin, qui en 1650 défit à Réthel Turenne, alors rebelle; — César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin, cousin du duc de Choiseul, 1712-85. Après avoir servi avec distinction, il se retira avec le grade de lieutenant général, fut nommé en 1758 ambassadeur à Vienne, remplaça en 1761 le duc de Choiseul comme ministre des affaires étrangères, et signa en cette qualité le traité de 1763, qui mit fin à la guerre de Sept ans; passa en 1766 au ministère de la marine, fit faire de grands travaux, agrandit et fortifia le port de Brest et conçut le projet du voyage autour du monde qui fut exécuté par Bougainville. Il partagea en 1770 la disgrâce de Choiseul. En quittant le pouvoir, il laissa dans nos ports 70 vaisseaux de ligne et 50 frégates. Il avait été créé en 1762 duc et pair. — Son fils, César Louis, 1735-91, maréchal de camp, ambassadeur à Naples de 1766 à 1771, fut en 1789 député de la sénéchaussée d'Anjou aux États généraux et se montra favorable aux réformes. — Ant. César, fils du préc., 1756-1808, maréchal de camp, fut en 1789 député de la sénéchaussée du Maine aux États généraux, se montra comme son père favorable aux réformes, n'en fut pas moins incarcéré en 1793, recouvra la liberté au 9 thermidor et fut fait sénateur lors de la formation de ce corps (1799). — Charles Félix, fils d'Ant. César, 1778-1841, s'attacha à Napoléon, devint un de ses chambellans, présida en 1811 le collége électoral de Seine-et-Marne, équipa à ses frais en 1813 une compagnie de cavaliers, fut nommé en 1814 chef de la 1re légion de la garde nationale de Paris, combattit l'ennemi sous les murs de la capitale et resta fidèle pendant les Cent-Jours. Exclu en 1815 de la Chambre des Pairs, il y fut rappelé en 1819 et vota toujours avec le parti libéral. Possédant une fortune immense, évaluée à plus de 9 millions, il fit beaucoup de bien et laissa la réputation d'un vrai philanthrope. Il résidait dans la fameuse terre de Vaux, près de Melun, qui prit de lui le nom de Vaux-Praslin. — Un de ses fils, Théobald, 1804-47, pair de France, avait épousé en 1824 la fille unique du maréchal Sébastiani. Il déshonora son nom par un crime qui ne peut être attribué qu'à un accès de folie, et mit fin à ses jours.

PRATEOLUS. V. DUPRÉAU.

PRATO, v. de Toscane (Florence), sur le Bizenzio, à 16 kil. N. O. de Florence; 13 000 hab. Évêché (avec Pistoie), collége renommé, dit Cicognini. Patrie de Casti. — C'était une république au moyen âge : les Florentins la soumirent en 1358. Les Espagnols la saccagèrent en 1512.

PRATS-DE-MOLLO, ch.-l. de cant. (Pyrén.-Or.), au pied des Pyrénées, sur la Tech, à 24 kil. S. O. de Céret; 3336 hab. Place de guerre. Draps communs, molletons, bonneterie. Aux env., cuivre argentifère et sources minérales. — La ville est très-ancienne; mais ses fortifications ne datent que de Louis XIV, qui, en 1679, y érigea le fort de La Garde.

PRATT (Sam. JACKSON), écrivain anglais, né en 1749, près d'Huntingdon, m. en 1814, a composé des ouvrages remarquables par une exquise délicatesse de sentiment et une grande richesse d'imagination : Pensées libres sur l'homme, renfermant l’Histoire de Benignus, 1775-77; le Village de Shenstone, 1780; Emma Cobbett, roman, 1781. Il a aussi écrit de belles poésies et des pièces de théâtre.

PRAUTHOY, ch.-l. de c. (Hte-Marne), à 21 kil. S. de Langres; 706 h. Anc. château fort, auj. en ruines.

PRAVADI, v. de Turquie (Bulgarie), ch.-l. de livah, sur une riv. de même nom, à 100 k. S. E. de Silistrie, à 25 k. O. de Varna. Vict. des Russes sur les Turcs en 1829.

PRAXITÈLE, célèbre sculpteur d'Athènes, né vers 360 av. J.-C., mort vers 280, excellait surtout par la grâce, la vérité de l'imitation, la finesse des contours, l'expression des nuances douces et des émotions tendres. On le place le premier après Phidias. Sa fécondité était extrême. On vantait comme ses chefs-d'œuvre le Cupidon de Thespies, la Vénus de Cnide (nue) et celle de Cos (drapée), le Satyre d'Athènes. Amant de Phryné, il la prit plus d'une fois pour modèle de ses Vénus. Aucun des ouvrages de Praxitèle n'est venu jusqu'à nous, mais on connaît des copies authentiques de quelques-uns, notamment du Cupidon et de la Vénus de Cnide, au Vatican.

PRAYA, v. et port de l'île Santiago (archipel du Cap Vert), sur la côte S. E., est le ch.-l. du gouvt des îles du Cap-Vert; 1200 h. Il s'y livra le 18 avril 1781 un combat sanglant entre une flotte anglaise commandée par le commodore Johnstone et une escadre française sous les ordres du bailli de Suffren, qui prit 2 vaisseaux anglais.

PRAYSSAC, bourg du dép. du Lot, à 29 k. O. de Cahors, sur la r. dr. du Lot; 2127 hab. Patrie du maréchal Bessières, à qui une statué a été élevés en ce lieu en 1845.

PRAYSSAS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), à 22 k. N. O. d'Agen; 1593 h. Jadis place forte.

PRÉADAMISME, opinion soutenue au XVIIe s. par Isaac de La Peyrère, calviniste, gentilhomme de la maison du prince de Condé, dans un livre publié en 1655 et intitulé Præadamitæ. Il y prétendait qu'Adam n'était point le 1er homme, mais seulement la tige du peuple hébreu, et qu'avant lui la terre était déjà couverte d'habitants. Il finit par se rétracter et abjura le Calvinisme.

PRÉAMENEU (BIGOT de). V. BIGOT.

PRÉ (le) AUX CLERCS, champ voisin de Paris, qui s'étendait le long de la r. g. de la Seine, à partir de la Tour de Nesle (à peu près l'Institut), dans l'espace qu'occupe aujourd'hui le faubourg St-Germain. Il fut ainsi nommé parce qu'il servait de lieu de promenade et de récréation aux clercs ou écoliers de l'Université. C'était aussi le rendez-vous des duellistes.

PRÊCHEURS (Frères). V. DOMINICAINS.

PRÉCIEUSES (les). V. RAMBOUILLET (Hôtel de).

PRÉCOP ou ORKOUP, v. de Servie, ch.-l. de district, sur la Moravitsa, à 40 kil. S. E. de Kruchovatz; 6000 h. Évêque latin et évêque servien.

PRÉCY-SOUS-THIL, ch.-l. de cant. (Côte-d'Or), sur la Sereine, à 14 kil. S. de Semur; 834 hab. Sur une hauteur voisine, ruines du château de Thil, bâti par les ducs de Bourgogne de la 1re race.

PRÉCY (L. Fr. PERRIN, comte de), né en 1742 au château de Précy, près de Semur, mort en 1820, était lieutenant-colonel des chasseurs des Vosges quand il fut nommé, en 1791, l'un des commandants de la garde constitutionnelle de Louis XVI. Il donna à ce prince les preuves d'une fidélité à toute épreuve et, quoique sa troupe eût été licenciée, il se battit en brave au milieu des Suisses au 10 août. Lors du soulèvement de Lyon contre la Convention (1793), il fut choisi pour commandant par les insurgés et soutint dans Lyon un siége de deux mois contre une armée dix fois plus forte que la sienne. Quand la place fut réduite à se rendre, il en sortit à la tête d'une petite troupe sous le feu des combattants, échappa au massacre et parvint à gagner la frontière de Suisse. Il remplit depuis diverses missions diplomatiques dans l'intérêt des Bourbons, mais il fut livré par la Prusse au gouvernement consulaire, qui le garda 18 mois prisonnier. Au retour des Bourbons, il fut fait lieutenant général et nommé commandant de la garde nationale de Lyon.

PRÉ-EN-PAIL, ch.-l. de cant. (Mayenne), à 40 kil. de Mayenne ; 3300 hab.

PRÉFECTURE. Ce nom fut d'abord donné par les Romains aux villes sujettes que gouvernait un préfet (præfectus), par opposition soit aux municipes et aux colonies, soit aux villes jouissant en tout ou en partie du droit de cité romaine. — Sous Dioctétien, l'empire fut divisé en quatre grands départements régis par des préfets du prétoire, et qui furent nommés préfectures : Orient, Illyrie, Italie, Gaules. Ces préfectures se subdivisaient en diocèses, et ceux-ci en provinces. V. EMPIRE ROMAIN. — En France, Préfecture se dit et du territoire qui forme le ressort d'un préfet, et du lieu où réside ce magistrat. PRÉFET, Præfectus, nom donné à plusieurs fonctionnaires romains, dont les plus connus sont le préfet de Rome et le préfet du prétoire.

PRÉFET DE ROME, Præfectus Urbi, charge créée par Romulus, abolie vers 366 av. J.-C. (lors de l'institution de la préture), puis rétablie par Auguste, embrassait la police et la justice. Le préfet suppléait les rois, les consuls ou les empereurs en leur absence. Sous les rois et les consuls, cette charge n'avait été qu'intérimaire; sous les empereurs, elle devint permanente. Elle subsista jusqu'à la chute de l'empire, en 476. Le préfet était presque toujours un personnage consulaire; c'était un magistrat curule. Moins lié par la lettre ou le jus que le préteur, avec lequel il partageait la juridiction et restant plus longtemps en place, le préfet jouit bientôt de plus d'autorité que lui.

PRÉFET DU PRÉTOIRE, Præfectus prætorio. Cette charge, créée par Auguste, dura en Occident jusqu'à la fin de l'Empire. Il y eut d'abord deux préfets du prétoire; Tibère les réduisit à un; Commode rétablit le nombre de deux, et Dioclétien, en partageant l'Empire, les porta à quatre. C'étaient d'abord les chefs des gardes de l'Empereur ou prétoriens : peu à peu ils acquirent la juridiction; aux IIe et IIIe siècles, ils envahirent presque toute l'autorité. Ce fut alors l'époque de leur plus grand pouvoir : ils étaient plus maîtres que l'Empereur, donnaient l'Empire et quelquefois le prenaient pour eux. Constantin les réduisit au pouvoir civil, mais il leur donna à chacun autorité sur tout un quart de l'Empire, déjà divisé en 4 grandes préfectures; on ajoutait alors aux mots præfectus prætorio ceux de per Gallias, per Illyricum, per Italiam, per Orientem. Ils avaient les pouvoirs de ministres souverains de l'Empereur, mais leurs actes n'étaient valables que sous son approbation. — On distinguait encore le préfet des vivres (præfectus annonæ), le préfet de la flotte (præf. classi), le préfet des légions, du camp (præf. legionibus, castris), le préfet du trésor (præf. ærario), etc.

On sait qu'en France on donne le titre de préfet à l'administrateur d'un département, et qu'il a sous ses ordres les sous-préfets, qui administrent chacun un arrondissement. Pour les attributions de ces fonctionnaires, V. notre Dict. univ. des Sciences.

PREGADI (Conseil des), conseil institué à Venise au XIIIe s., se composait de citoyens notables chargés de surveiller le doge. Ils étaient ainsi nommés parce que dans les affaires importantes ils étaient priés par le doge de délibérer avec lui.

PREGEL (la), riv. de Prusse, se forme dans la régence de Gümbinnen par la réunion de l'Angerapp, e l'Inster et de la Pissa, coule à l'O., passe à Wenlau, à Kœnigsberg, et tombe dans le Frische-Haff, à 9 kil. de cette ville, après un cours de 150 kil.

PREISSAC, PREISSAS. V. PRAYSSAC, PRAYSSAS.

PRÉLAT, haut dignitaire ecclésiastique. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRÉMARE (le P.), jésuite missionnaire, né en Normandie vers 1670, partit en 1698 de La Rochelle pour la Chine, et mourut dans ce pays vers 1735. Il est un de ceux qui ont le mieux connu la langue, la religion et les antiquités de la Chine; il a laissé des Recherches sur les temps antérieurs à ceux dont parle le Chou-king et sur la mythologie chinoise (en tête de la trad. du Chou-king de Gaubil), une traduction de l’Orphelin de la maison de Tchao, pièce mise à profit par Voltaire dans son Orphelin de la Chine, et une Notitia linguæ sinicæ, impr. à Malacca en 1831 d'après ses Mss.

PRÉMERY, ch.-l. de c. (Nièvre), sur un bras de la Nièvre, à 46 kil. S. E. de Cosne; 2212 hab. Forges, hauts fourneaux.

PRÉMONTRÉ, vge du dép. de l'Aisne, à 17 kil. O. de Laon; 1200 hab. Grande et belle verrerie. Jadis abbaye célèbre, chef d'ordre.

PRÉMONTRÉS, ordre réformé de chanoines réguliers de St-Augustin, fut fondé en 1120 à Prémontré (diocèse de Laon) par S. Norbert, ancien chapelain de l'empereur Henri V. Il se fit remarquer par son austérité : les religieux, dans l'origine, s'abstenaient entièrement de viande. Les Prémontrés portaient une soutane blanche et un scapulaire blanc. Leur abbaye fut saccagée en 1567 par les Calvinistes, mais reconstruite au XVIIIe s. Cet ordre devint bientôt célèbre, et compta un grand nombre d'abbayes en France et en Allemagne.

PRÉMYSL, PRÉMISLAS. V. PRZÉMYSL.

PRÉNESTE, auj. Palestrina, v. du Latium, à 34 k. E. de Rome et au S. de Tibur, aux confins du pays des Éques, fut, selon la Fable, fondée par Cæculus, fils de Vulcain, ou par Télégone, fils d'Ulysse et de Circé; elle avait un temple célèbre consacré à la Fortune, où l'on rendait des oracles. Patrie d'Élien. Préneste entra dans la Confédération latine formée contre Rome et fut, après la Guerre sociale, ruinée par Sylla, qui en distribua le territoire à ses soldats. Marius la Jeune fut battu devant cette ville, s'y enferma, y fut assiégé et s'y tua (82 av. J.-C.). On a trouvé à Préneste à la fin du siècle dernier les Fastes dits prénestins (publiés par Foggini en 1779) et une belle mosaïque, expliquée par l'abbé Barthélemy.

PRENZLOW, v. murée des États prussiens (Prusse), sur l'Ucker, à 112 kil. N. E. de Potsdam; 13 000 h., la plupart descendant de protestants français réfugiés. Trib., gymnase, bibliothèque, dépôt de mendicité. Prise par Murat en 1806.

PRÉRAU, v. de Moravie, anc. ch.-l. du cercle de son nom, à 22 kil. S. O. de Weisskirchen; 5000 hab. — Le cercle de Prérau, entre ceux de Troppau, de Teschen, de Hradisch et d'Olmutz, la Silésie et la Hongrie, a 105 k. sur 35 et 260 000 hab. Bien qu'il tire son nom de Prérau, il a pour ch.-l. Weisskirch.

PRESBOURG, Posonium, Pisonium, Brecislaburgium et Istropolis au moyen âge, v. de Hongrie, ch.-l. de comitat, sur la r. g. du Danube, à 200 k. N. O. de Bude et à 70 kil. E. de Vienne; 50 000 hab. Résidence de l'archevêque de Gran; académie royale catholique, gymnase de Bénédictins, lycée évangélique, séminaire archiépiscopal; plusieurs bibliothèques publiques, dont une appartenant au comte d'Appony. Presbourg, située dans une situation délicieuse, est une des plus belles villes de la Hongrie. Palais primatial, église St-Martin, où sont couronnés les rois de Hongrie, hôtel de ville, halle aux blés, théâtre, caserne. Manufacture royale de tabac, fabriques de miroirs, draps, soieries, liqueurs; tréfilerie d'argent, tanneries, mégisseries. Aux environs, beaux vignobles et sources ferrugineuses et sulfureuses de l’Eisenbrünnet, avec bains. — On attribue la fondation de Presbourg aux Iaziges, peuple sarmate, qui l'aurait bâtie dans les derniers temps de l'empire romain. Sigismond y tint une diète en 1411; depuis, c'est là que se sont tenues toutes les diètes de la Hongrie; c'est aussi dans cette ville qu'eut lieu, à partir de Ferdinand I, le couronnement des rois de Hongrie. Presbourg a été la capitale du royaume jusqu'à Joseph II, en 1784. Il y fut signé en 1491 un traité qui assurait à l'Autriche la possession de la Hongrie. Un autre traité y fut conclu le 26 décembre 1805 entre Napoléon et l'empereur François II : il donnait au premier les États de terre-ferme de Venise avec Venise même, et à la Bavière une partie du Tyrol. Par un article secret, François II renonçait au titre d'empereur d'Allemagne.

PRESBOURG (Cercle de). Ce cercle, créé en 1853, comprend 11 comitats : Presbourg, Ober-Neutra, Unter-Neutra, Trencsin, Arva-et-Thurocz, Bars, Sohl, Neograd, Liptau, Honth et Komorn. — Le comitat de Pr., entre le comitat de Neutra au N. et au N. E., l’archiduché d'Autriche à l'O., le cercle au delà du Danube au S. et au S. E., a 4548 k. carr. et compte 320 000 hab.

PRESBYTÉRIENS, membres d'une église protestante qui domine surtout en Écosse, vient de ce que, dans cette secte, qui rejette toute hiérarchie, on n’admet que de simples ministres du culte (presbyteri, prêtres), qui sont tous égaux entre eux ; on n’y connaît ni évêques ni aucun supérieur ecclésiastique. Le gouvernement spirituel de cette Église, ainsi que le pouvoir d’ordination, appartient à des assemblées, nommées Presbytères, qui sont composées des membres du clergé et des anciens. Fondée vers 1560 par J. Knox, sur le modèle de l’Église calviniste de Genève, cette secte fut proscrite sous les Stuarts, auxquels elle voua une haine mortelle : elle a été pour beaucoup dans les malheurs de Marie Stuart, dans l’antipathie que l’Écosse eut longtemps pour l’Angleterre, et dans la révolution qui fit tomber la tête de Charles I. V. PURITAINS.

PRESCOT, v. d’Angleterre (Lancastre), à 60 kil. S. de Lancastre et à 12 k. E. de Liverpool ; 5000 h. Horlogerie, toile à voiles, poterie. Aux env., houille.

PRESCOTT (W.), historien américain, né en 1796, à Salem (Massachussets), mort en 1859, était fils du colonel Prescott, qui vainquit les Anglais au combat de Bunker’s hill. Il se destinait au barreau, mais une maladie d’yeux, qui le rendit presque aveugle, le força d’y renoncer. Il put néanmoins, à l’aide de secrétaires, se livrer à d’importants travaux historiques. On a de lui : Histoire de Ferdinand et d’Isabelle, 1838 ; Histoire de la conquête du Mexique, 1843 ; Hist. de la conquête du Pérou, 1847 ; Hist. de Philippe II, 1855 (inachevé). Ses écrits se distinguent par l’exactitude des informations, puisées aux meilleures sources, par le pittoresque des descriptions, la chaleur du sentiment, la clarté et l’élégance du style. La Conquête du Mexique a été trad. par Am. Pichot, 1846, celle du Pérou par M. Poret, 1861-63, et l’Hist. de Philippe II par Renson et Ithier, 1860.

PRÉSENTATION DE LA VIERGE, fête célébrée le 21 novembre en l’honneur du jour où la Vierge, nouvellement née, fut présentée au temple par ses parents. (Il ne faut pas la confondre avec la Présentation de Jésus au temple qui se célèbre le 2 févr. et qui est plus connue sous le nom populaire de Chandeleur). Introduite dans l’Église romaine vers 1372 par Grégoire XI, cette fête était tombée en désuétude lorsqu’elle fut rétablie par Sixte-Quint en 1585.

PRÉSIDENT, nom commun à divers fonctionnaires, notamment : 1o dans l’empire romain, à partir du IVe s., aux gouverneurs des provinces les moins importantes ; on nommait ces provinces présidiales ; — 2o dans l’organisation judiciaire de la France, aux chefs de chaque tribunal, de chaque chambre d’une cour et de chaque cour (le président de toute la cour se nomme premier président) ; avant 1789, dans les cours judiciaires appelées parlements, les présidents de chaque chambre se nommaient présidents à mortier, parce qu’ils avaient pour coiffure une toque appelée mortier (V. PARLEMENT) ; — 3o dans les chambres législatives, au membre chargé de diriger les opérations (en Angleterre on l’appelle speaker, orateur) ; — 4o dans quelques républiques modernes, surtout en Amérique, au chef de l’État.

PRÉSIDES, Presidios (c.-à-d. garnisons). Les Espagnols donnent ce nom à quelques forteresses qu’ils possèdent sur la côte du Maroc, et qui servent de lieu de déportation pour les criminels. Tels sont : Ceuta, Penon-de-Velez, Al-Hucemas, Melilla (V. ces noms). Ce sont les restes des conquêtes faites en Afrique sous le cardinal Ximénès. Ceuta, où résident l’évêque et le gouverneur, a le titre de Préside majeur.

PRÉSIDIAL, non donné originairement à tous les bailliages et sénéchaussées, fut, depuis 1551, affecté spécialement à certains tribunaux de 2e instance, jugeant sans appel jusqu’à concurrence de 250 liv. ou 10 liv. de rente, et par provision jusqu’à 500 liv. ou 20 liv. de rente. Les membres de ces tribunaux s’appelaient juges présidiaux. C’est Henri II qui créa ces tribunaux. Ils furent supprimés en 1791.

PRESLAV, v. de Turquie. V. PEREIASLAVL.

PRESLES (Raoul de), dit aussi PAUL DE PRAYÈRES, avocat, puis secrétaire de Philippe le Bel, fut accusé d’avoir voulu empoisonner le roi et fut, sur un simple soupçon, jeté en prison et dépouillé de tous ses biens, mais réussit à démontrer son innocence et fut, en dédommagement, nommé conseiller au Parlement (1319). Il fonda à Paris un collége auquel on donna son nom ; Ramus fut principal de ce collége et y fut assassiné. — Son fils, nommé aussi Raoul (1316-81), fut maître des requêtes de Charles V, écrivit un Traité de la puissance ecclésiastique et séculière, et traduisit en français, sur la demande du roi, la Cité de Dieu de S. Augustin, ainsi que la Bible, Paris, 1486 et 1531. On lui attribue le Songe du Verger.

PRESSIGNY, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), sur la Chaise, à 30 kil. S. O. de Loches ; 1809 h. Vieux château.

PRESTON, v. d’Angleterre (Lancastre), près de la Ribble, à 30 kil. S. de Lancastre ; 50 000 hab. Chemin de fer. Maison de correction sur le plan d’Howard. Filatures de coton et de lin. Patrie d’Arkwright. Les Écossais y furent battus par Cromwell en 1648.

PRESTON-PANS, v. d’Écosse (Haddington), sur l’estuaire du Forth, à 13 kil. N. E de Haddington ; 2000 h. Produits chimiques, poteries ; pêcherie d’huîtres. Charles-Édouard y obtint un avantage en 1745.

PRÉTENDANT. On donne ce nom à des princes qui, rois par droit d’hérédité, ont eu à disputer le trône à des rois de fait. On l’applique spécialement au chevalier de St-George, fils de Jacques II, héritier des Stuarts, et à son fils Charles-Édouard.

PRÉTEUR, prætor (de præ itor), magistrat romain faisant fonction de grand juge, pouvait, dans les provinces, cumuler tous les pouvoirs ; alors, il était à la fois chef militaire, civil, législatif et financier. Au civil, le préteur était juge et législateur. Comme juge, tantôt il prononçait seul, tantôt il prenait des assesseurs et des délégués. En entrant en charge, le préteur publiait son manifeste législatif, dit edictum prætoris, et y énonçait les règles de droit qu’il suivrait. — La préture fut un démembrement du consulat imaginé en 365 av. J.-C, lorsque les plébéiens purent être consuls ; à l’origine, elle ne fut conférée qu’à des patriciens ; mais dès 337, les plébéiens y parvinrent : Publilius Philo fut le premier préteur plébéien. Il n’y eut d’abord qu’un préteur ; on en nomma 2 en 244, 4 en 228, puis 8 sous Sylla, 10 et même 14 sous César, de 12 à 18 sous Auguste et sous ses successeurs, leur nombre s’augmentant avec celui des provinces à gouverner. Il y avait toujours à Rome 2 préteurs : le 1er, prætor urbanus, jugeait les affaires des citoyens ; le 2e, prætor peregrinus, celles qui avaient lieu entre citoyens et étrangers. La préture était annuelle ; c’était la 2e des trois grandes dignités annuelles ordinaires. Le préteur était élu dans les comices par centuries et devait avoir 35 ans ; il était précédé de 2 licteurs à Rome, de 6 hors de Rome ; il siégeait au Forum, en chaise curule, sur une estrade dite tribunal, et portait la robe prétexte. — On trouve quelquefois le nom de Préteur appliqué aux chefs ou stratèges des républiques grecques, notamment au général en chef de la légion achéenne.

PRÉTEXTAT (S.), évêque de Rouen de 549 à 588. Ayant, malgré l’opposition du roi Chilpéric, marié Mérovée, fils de Chilpéric, à Brunehaut, tante du jeune prince (576), il fut pour ce fait exilé dans une île de la Manche (Jersey). Il rentra dans son diocèse en 684, après la mort de Chilpéric ; mais Frédégonde le fit tuer, dans sa cathédrale même, quatre ans après son retour. Il est considéré comme martyr : l’Église le fête le 24 février.

PRÉTEXTE, Prætexta, sous-entendu toga, robe que les adolescents prenaient à 16 ans, à Rome, était bordée par en bas d’une très-petite bande de pourpre. Les magistrats portaient aussi la prétexte, mais avec une bande plus large, dite angusticlave pour les chevaliers, laticlave pour les sénateurs.

PRETI (Matthias), dit le Chevalier Calabrais, peintre, élève du Guerchin, né en 1613 à Taverna en Calabre, m. à Malte en 1699, fut admis parmi les chevaliers de Malte et obtint la commanderie de Syarcuse. Cet artiste peignait avec une rapidité extraordinaire; son dessin est savant et vigoureux, mais manque de correction; sa couleur, généralement terne, a de beaux effets dans le clair-obscur. Beaucoup de villes d'Italie, d'Espagne et d'Allemagne possèdent de ses tableaux ou de ses fresques. Le musée du Louvre a de lui le Martyre de S. André et S. Antoine visitant S. Paul dans le désert.

PRÉTOIRE, Prætorium. On nommait ainsi la tente du général en chef (préteur ou autre) dans un camp romain, et la demeure du préteur dans sa province, ainsi que le lieu où il rendait la justice.

PRÉTOIRE (PRÉFET DU). V. PRÉFET.

PRÉTORIENS. On avait d'abord donné ce nom à la cohorte d'élite chargée de la garde d'un général en chef romain (préteur, consul ou dictateur); on l'appliqua naturellement aux cohortes formant la garde de l'Empereur; celles-ci étaient commandées par le Préfet du Prétoire. Les Prétoriens recevaient une haute paye qui s'éleva jusqu'à 30 as (env. 1 fr. 55), et ils jouissaient d'importants privilèges. Leur quartier était tout près de Rome, entre les portes Viminale et Esquiline. Ces cohortes étaient au nombre de 9 ou 10; Vitellius les porta à 16; Septime-Sévère en augmenta considérablement le nombre; Constantin les abolit après sa victoire sur Maxence et fit détruire leur camp, qui était très-fortifié. Pendant plusieurs siècles, les prétoriens donnèrent et ôtèrent l'Empire; une fois même ils le vendirent à l'encan (V. DIDIUS JULIANUS). Leur avidité, leur indiscipline et leur insolence sont passées en proverbe.

PRÊTRE, ministre d'un culte. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRÊTRE (GRAND), chef du corps sacerdotal chez les Hébreux. C'était le premier-né dans la descendance masculine d'Aaron ; il devait être exempt de défauts physiques. Il avait seul le privilège de pénétrer dans le Saint des Saints et d'offrir les sacrifices expiatoires, ce qui le fait aussi désigner, surtout à partir du IIe s. av. J.-C, par la dénomination de Grand Sacrificateur. Son costume était très-riche : les pièces principales en étaient, outre une longue robe de bleu céleste, l'éphod et la tiare. Le grand prêtre fut le chef du gouvernement politique depuis le retour de la captivité de Babylone jusqu'au rétablissement de la royauté, en 107 av. J.-C.

PRÊTRE-JEAN, nom sous lequel on trouve désignés, aux XIIe et XIIIe s., certains rois chrétiens de la Tartarie ou du Cathay, sur lesquels il a pendant longtemps régné une grande obscurité. D'après les recherches récentes des orientalistes, ce nom appartient proprement à un certain Togroul-Oung-Khan, chef de la tribu mongole des Kéraïtes au XIIe s., qui avait été, ainsi que sa tribu, converti au Christianisme par les Nestoriens et qui avait reçu d'eux le nom de Jean, avec les ordres mineurs. Ce Togroul-Oung était contemporain de Témoudgin (Gengis-Khan) : après avoir été son allié, il l'eut pour ennemi et fut tué dans un combat livré contre lui en 1203. Ce qui est dit du Prêtre-Jean par Rubruquis et Joinville s'accorde bien avec cette version. Ce nom peut d'ailleurs avoir été porté après Togroul-Oung par d'autres chefs de tribus, chrétiens comme lui.

PRÊTRES DE LA MISSION. V. LAZARISTES.

PREUILLY, ch.-l. de c. (Indre-et-Loire), au confluent de la Claise et de la Creuse, à 31 k. S. de Loches; 2194 hab. Jadis titre de baronnie. Anc. abbaye. Aux env., mine de fer.

PRÉVAL (le vicomte de), écrivain militaire, né à Salins en 1772, d'une famille d'officiers distingués, m. en 1853, fit plusieurs des campagnes de la République et de l'Empire, devint en 1814 général de division, se fit surtout remarquer par ses talents administratifs et devint conseiller d'État en 1837. Élevé à la pairie sous la Restauration, il fut nommé sénateur en 1852. Préval a coopéré à la plupart des réformes du maréchal Gouvion Saint-Cyr. Il a rédigé sur l'histoire et l'administration militaires des ouvrages qui font autorité, entre autres : Mémoires sur les guerres d'Italie, sur l’Organisation de la cavalerie, sur l’Organisation et la police des troupes, sur le Service des troupes en campagne.

PRÉVALAIE (la), hameau du dép. d’Ille-et-Vilaine, sur la Vilaine, à 4 kil. S. O. de Rennes. Beurre renommé. Château où sa tinrent en 1795 des conférences entre Hoche et les Bretons insurgés.

PRÉVALITANE, prov. de l'empire romain, dans le diocèse de Dacie, au S., entre les monts actuels de Glioubotin et de Tchardag, le Drin mérid. et l'Adriatique, avait pour ch.-l. Scodra, et répondait au Monténégro, à l'Herzégovine et à l'Albanie sept.

PRÉVÉSA, v. et petit port de Turquie (Albanie), dans le pachalik de Janina, à l'entrée du golfe d'Arta, à 57 kil. S. O. d'Arta; 4000 hab. Comm. d'huiles, de fruits et de laines. Aux env., ruines d’Actium et de Nicopolis. Prise par les Turcs en 1538, par les Vénitiens en 1684 et cédée aux Turcs par la paix de Passarowitz (1718). Les Français la prirent en 1797 et y tinrent 600 contre 11 000; mais la ville fut reprise et saccagée en 1798 par Ali, pacha de Janina.

PRÉVILLE (P. L. DUBUS, dit), célèbre acteur comique, né à Paris en 1721, mort en 1799, courut d'abord la province, dirigea le spectacle de Lyon, débuta en 1753 à Paris, et fit 33 ans les délices de la capitale; il excellait surtout dans les rôles de Sosie, Turcaret, Figaro, la Rissole (du Mercure galant). Il prit sa retraite en 1786 et ne reparut depuis que deux fois (en 1791 et 94). Entrant complètement dans la pensée de l'auteur, il réunissait au naturel la chaleur, l'esprit et la grâce. On a rédigé d'après ses notes des Mémoires qui ont été publiés sous son nom en 1813 et qui ont été insérés dans la collection des Mémoires sur l'art dramatique, 1823.

PRÉVOST (Ant. François PRÉVOST D'EXILES, dit l'abbé), fécond écrivain du XVIIIe s., né en 1697 à Hesdin (Artois), m. en 1763, était fils d'un procureur du roi. D'un naturel fougueux et inconstant, il fut successivement moine, soldat, puis retourna à la vie religieuse et se fit bénédictin (dans l'abbaye de St-Germain des Prés), rompit de nouveau ses liens, s'enfuit en Hollande, puis alla habiter Londres où il vécut en se mettant aux gages des libraires, et revint enfin en France, où il reprit l'habit ecclésiastique (1734) et où le prince de Conti le nomma son aumônier. Il avait fini par se procurer une honnête aisance et s'était retiré à St-Firmin, près de Chantilly. On raconte qu'un coup de sang l'ayant frappé dans la forêt de Chantilly, on le crut mort, qu'un chirurgien commença son autopsie, et qu'éveillé par le premier coup du scapel, il jeta un cri terrible et expira aussitôt; mais cette histoire lugubre paraît n'être qu'une invention, suggérée sans doute par des scènes analogues contées dans ses propres romans. Prévost avait énormément écrit : ses Œuvres complètes forment 170 vol. On a de lui une Histoire des voyages, 1745-70, 21 vol. in-4; des traductions des romans de Richardson (Clarisse, Grandison, Paméla), de l’Histoire de Cicéron de Middleton et des Lettres familières de Cicéron; mais il est surtout connu par ses romans, écrits pour la plupart dans le genre sombre; les Mémoires d'un homme de qualité, Cléveland, Manon Lescaut, la Doyen de Killerine sont placés parmi les meilleurs ouvrages de ce genre. Prévost s'est aussi essayé dans le genre historique, mais avec moins de succès. Ses Œuvres originales (non compris l’Hist. des Voyages) ont été recueillies en 39 vol. in-8, Paris, 1783-85.

PRÉVOST (Pierre), peintre, né en 1764 à Montigny, près Châteaudun, m. en 1823, peut être regardé comme le véritable inventeur des panoramas. Il fit, entre autres morceaux de ce genre, des Vues de Rome, Naples, Amsterdam, Boulogne, Tilsitt, Wagram, Anvers, Londres, Jérusalem, Athènes, qui, pour l'illusion, dépassent tout ce qu'on peut imaginer. Ces ouvrages étaient peints à l'huile sur des toiles ayant jusqu'à 120m de développement circulaire. P. Prévost excellait aussi dans la gouache. PRÉVOST (Pierre), de Genève, littérateur, 1751-1839, alla en 1780 professer la philosophie à l'Académie noble de Berlin, revint à Genève en 1784 pour y enseigner les belles-lettres, devint membre du Grand conseil en 1786, et rentra dans l'enseignement en 1793. Il a traduit du grec les Tragédies d'Euripide, 1782; de l'anglais, les Essais philosophiques de Smith, les Éléments de philosophie de Dugald Stewart, le Cours de rhétorique de H. Blair, l’Essai sur la population de Malthus, et a composé lui-même des Essais de philosophie, 1804, des Mémoires sur l'origine des forces magnétiques, sur la Chaleur, Calorique rayonnant, etc., et un Traité de Physique mécanique, 1818.

PRÉVOST (Constant), géologue, né en 1787 à Paris, m. en 1856. professa successivement à l'Athénée, à l'École centrale des arts et manufactures, à la Faculté des sciences de Paris, où une chaire de géologie venait d'être créée (1831), et fut admis en 1848 à l'Acad. des sciences. On lui doit de savantes recherches sur la classification des terrains et sur les mélanges de corps marins et de corps d'eau douce. Ses principaux travaux, insérés pour la plupart dans les recueils scientifiques, sont des mémoires sur la Composition géognostique des falaises de Normandie, 1820-21, sur la Formation des terrains des environs de Paris, 1825-27, sur la Chronologie des terrains, 1845. Il a en outre donné de nombreux articles aux Dictionnaires d'Histoire naturelle.

PRÉVÔT (dérivé, par corruption, de præpositus), titre qu'on donnait en beaucoup d'endroits, notamment en France, aux premiers juges, soit royaux, soit seigneuriaux. Nous distinguerons : — 1° le Prévôt de l'armée et les Prévôts des bandes, chargés de rendre la justice, soit entre soldats ou officiers d'une même bande, soit entre l'autorité civile et les militaires; — 2° le Prévôt des maréchaux, qui prononçait sur les affaires où étaient intéressés les premiers officiers : sous Charles VI et Charles VII, il fit partie de la suite de la cour pendant les campagnes auxquelles assistait le roi : — 3° le Prévôt de la connétablie ou le Grand prévôt de France : sa charge fut réunie en 1572 à celle de prévôt de l'hôtel; — 4° le Prévôt de l'hôtel du roi, juge de tous ceux qui étaient à la suite de la cour, en quelque lieu qu'elle se transportât. Ces fonctions faisaient jadis partie de celles du comte palatin; elles passèrent au tribunal des maîtres d'hôtel du roi, présidé par le grand maître, puis (1355-1405) aux maîtres des requêtes, et (en partie du moins) au prévôt des maréchaux; ce n'est qu'en 1455 qu'on institua pour les remplir un magistrat spécial, le Prévôt de l'hôtel; en 1572 cet officier joignit à ces fonctions celles de grand prévôt de France; — 5° Le Prévôt de Paris, magistrat d'épée, chef du Châtelet, était chargé du gouvernement politique et des finances dans la ville et la vicomté de Paris; il était le 1er de la ville après le roi et le parlement; jusqu'à la création des présidiaux, en 1551, il jugeait en dernier ressort. Cette magistrature remontait jusqu'à Hugues Capet. Parmi ceux qui l'occupèrent, les plus célèbres sont : Étienne Boileau ou Boyleaux, 1235-45, 1258-60, et 1261-70; Hugues Aubriot, 1367-81; Pierre des Essarts, 1408-10, et 1411-12; Tanneguy-Duchâtel, 1413 et 1414; Jean d'Estouteville, 1436-46; Robert d'Estouteville, 1446-61 et J465-79; Jacques d'Estouteville, 1479-1509; Jean d'Estouteville, 1533-40; Jacques d'Aumont, 1593-1611; Louis Séguier, 1611-53; Pierre Séguier, 1653-70; Ch. de Bullion, 1685-1723; Gabr. de Bullion, 1723-55; Alex. de Ségur, 1755-66; Boulainvilliers, 1766-92; — 6° le Prévôt des marchands, à Paris. Chargé seulement dans l'origine de visiter et de taxer les marchandises qui venaient par eau et se vendaient sur les ports, il étendit bientôt sa juridiction sur tous les marchands; il était en outre chargé d'ordonner les cérémonies publiques et de répartir l'impôt de la capitation; il était assisté des échevins. Il était élu tous les 3 ans. Les prévôts des marchands jouent un rôle important dans l'histoire de Paris; les plus connus sont : Étienne Marcel (1354), qui conspira pendant la captivité du roi Jean (V. MARCEL), Jean Juvénal des Ursins, 1388, Guill. Budé, 1522, Augustin de Thou, 1538, Christophe de Thou, 1552, Jean Luilier, 1592, François Miron, 1604, Robert Miron, 1614, Henri de Mesmes, 1618, Jérôme Le Féron, 1646, Claude Lepelletier, 1668, Jérôme Bignon, 1708, Ch. Trudaine, 1716, Michel Turgot, 1729, Camus de Pontcarré, 1758, J. B. de La Michodière. 1762, Le Febvre de Caumartin, 1778, Louis Lepelletier, 1784, Jacques de Flesselles, 1789, une des premières victimes de la Révolution.

PREXASPE, courtisan de Cambyse, roi de Perse, eut un jour l'imprudence de remontrer à ce prince les dangers de l'ivrognerie à laquelle il s'adonnait. Pour lui prouver qu'il conservait dans l'ivresse la main la plus sûre, Cambyse fit amener devant lui le fils de Prexaspe et lui perça le cœur d'une flèche; le courtisan eut la bassesse de louer l'adresse du tyran. C'est ce même Prexaspe qui, par ordre de Cambyse, avait tué Smerdis, frère du roi.

PRIAM, Priamus (c.-à-d. en grec acheté), dernier roi de Troie, fils de Laomédon, fut dans sa jeunesse emmené captif par Hercule, puis racheté et placé sur le trône (1311 av. J.-C.). Il eut 50 enfants, parmi lesquels 19 d'Hécube, sa femme légitime, entre autres Hector, Pâris, Hélénus, Déiphobe, Polyxène, Cassandre, Creuse. Sous son règne, le rapt d'Hélène par Pâris donna lieu à la guerre de Troie; après dix ans de siége, Troie fut prise, et Priam égorgé par Pyrrhus au pied des autels (1270). Homère le montre allant, après la mort d'Hector, demander à Achille le corps de son fils.

PRIAPE, Priapus, fils de Vénus et de Bacchus, était le dieu des jardins, des vergers et des plaisirs obscènes; il présidait à la fécondité des champs et à la prospérité des troupeaux. On lui offrait les prémices des jardins, des vignes et des champs, avec du lait, du miel et des gâteaux. On l'honorait surtout à Lampsaque; ses fêtes, les priapées, étaient accompagnées de honteux désordres. A Rome, son culte fut moins scandaleux. On le représente le plus souvent velu, avec des jambes et des cornes de bouc, tenant à la main une baguette ou une faucille.

PRICE (Richard), ministre dissident, né en 1723 à Tynton (pays de Galles), m. en 1791, se fit connaître en 1757 par une Revue des principales difficultés en morale, s'occupa ensuite de questions de politique et de finances, se montra en toute occasion favorable à la liberté civile et fut choisi pour secrétaire par lord Shelburne, 1er ministre. En religion, il défendit la doctrine des Unitaires; en métaphysique, il combattit Priestley, dont il était néanmoins l'ami, et eut avec lui une correspondance qui a été publiée sous le titre de Discussion des doctrines du matérialisme et de la nécessité. Il a aussi écrit sur la Providence, la Prière, la Vie future, 1768.

PRICHARD (James), ethnologiste, né en 1785 à Ross (Hereford), m. en 1848, était médecin à Bristol. Outre des ouvrages estimés en médecine, il a publié des Recherches sur l'histoire physique du genre humain (1813), qui lui firent un nom, et qu'il compléta dans deux éditions successives (1826 et 1848).

PRIDEAUX (Humphrey), historien et antiquaire anglais, né en 1648, mort en 1724, doyen de Norwich, a laissé entre autres ouvrages : Marmora oxoniensia ex Arundellianis, Oxford, 1676, in-f.; Vie de Mahomet, 1698; Histoire des Juifs et des peuples voisins, 1715-18, ouvrage plein d'érudition, qui a été trad. en français en 1722.

PRIE (Agnès, marquise de), femme intrigante, d'une beauté remarquable, née à Paris en 1698, était fille d’Étienne Bertelot, seigneur de Pléneuf, directeur général de l'artillerie, et avait épousé en 1718 le marquis de Prie, ambassadeur à Turin, depuis attaché à l'éducation du jeune roi (Louis XV), et chevalier de ses ordres. Coquette et ambitieuse, elle chercha à plaire au duc de Bourbon, premier ministre de Louis XV après la mort du Régent et devint sa maîtresse avouée. Elle s'empara de tout le pouvoir et exerça la plus funeste influence. Elle partagea la disgrâce de son amant en 1726 et fut exilée de la cour. Désespérée de sa chute, elle s'empoisonna (1727).

PRIEGNITZ ou MARCHE-ANTÉRIEURE, Vormark en allemand, une des divisions de l'anc. Marche Électorale de Brandebourg, avait pour ch.-l. Perleberg. Auj. elle forme les cercles d'Ost-Priegnitz et de West-Priegnitz dans la régence de Potsdam.

PRIÈNE, auj. Samsoun, v. de l'Asie-Mineure, en Ionie, près de l'embouch. du Méandre, au pied du mont Mycale, était dans l'origine sur le bord de la mer, mais fut reportée dans l'intérieur des terres par les atterrissements du Méandre. Patrie de Bias.

PRIESSNITZ (Vincent), fondateur de l'hydrothérapie, né en 1799 à Græfenberg (Silésie), m. en 1851. Se fondant sur quelques expériences heureuses, il érigea en système le traitement par l'eau froide, obtint des succès qui lui firent une réputation, fonda en 1826, à Græfenberg, un établissement d'hydrothérapie, et créa en 1837 un journal pour répondre aux nombreuses personnes qui le consultaient. A l'usage de l'eau, il joignait le régime et l'exercice.

PRIESTLEY (Jos.), physicien et théologien, né en 1733 à Fieldhead, près de Bristol, m. en 1804, se plaça, par ses nombreuses découvertes en chimie et en physique, au nombre des premiers savants de l'Europe, mais s'attira des persécutions en son pays par l'ardeur avec laquelle il défendit en religion l'Unitarianisme et en politique les principes de la Révolution française. Tandis qu'en France il était comme citoyen français et membre de la Convention, le gouvernement anglais le forçait à s'exiler. Il se réfugia en Amérique, se fixa dans le Northumberland en Pensylvanie et mourut à Philadelphie d'un empoisonnement accidentel. Les Œuvres de Priestley forment 70 vol. On estime surtout son Histoire de l'électricité, 1767 (trad.par Brisson, 1771); son Hist. des découvertes relatives à la vision, 1771, et ses Expériences sur les diverses espèces d'air (trad. par J. Gibelin, 1775). Il fut le premier à découvrir et à isoler l'oxygène (1774), qu'il nomma air déphlogistiqué, et fraya ainsi la route à Lavoisier en outre, il découvrit le lien nécessaire qui unit le règne animal au règne végétal, donna des notions exactes sur la respiration, la combustion, la calcination, et isola quelques gaz : azote, bioxyde d'azote, acide chlorhydrique, ammoniac, protoxyde d'azote, acide sulfureux, oxyde de carbone, etc.; mais il eut le tort de continuer à soutenir la doctrine du phlogistique, qui ne s'accordait plus avec ses propres découvertes. En philosophie, Priestley soutint les doctrines de Hartley, combattit Reid dans son Examen de la doctrine du sens commun, 1775, et se montra favorable au matérialisme dans ses Recherches sur la Matière et l'Esprit, 1767, et sur la Nécessité philosophique, 1777. Il fut l'ami du Dr Price, quoique celui-ci ne partageât pas ses opinions philosophiques et même les combattit. Priestley était correspondant de l'Institut; Cuvier a prononcé son Éloge. Il a laissé des Mémoires sur sa propre vie (publiés et continués par son fils, 1806).

PRIEUR (de prior, premier). On nommait ainsi plusieurs dignitaires très-différents : 1° Le supérieur d'un prieuré (V. ce mot). On appelait prieur claustral, celui qui gouvernait les religieux dans les prieurés ou abbayes qui étaient en commende; prieur conventuel, celui qui ne reconnaissait pas de supérieur dans le couvent où il était; prieur séculier, celui qui n'était point engagé dans l'ordre monacal, et qui possédait un bénéfice simple ayant titre de prieuré. On donnait par honneur le titre de grands prieurs aux abbés commendataires de certains grands bénéfices. — 2° Les commandants des grands prieures militaires dans les ordres de Malte, Teutonique, etc. — 3° Le président de la maison et société de Sorbonne : le prieur de Sorbonne était subordonné au proviseur; il était renouvelé chaque année. — 4° Six magistrats électifs de Florence, dits prieurs des arts et de la liberté, qui, avec le capitaine de la liberté, leur président, formaient un conseil auquel était confié le gouvernement. Cette institution datait de 1282.

PRIEUR (Barthélemy), sculpteur du XVIe s., élève et ami de Germain Pilon, mort en 1611, fut protégé par le connétable de Montmorency, qui l'employa au château d'Écouen. Son meilleur ouvrage est le Monument du connétable (au Louvre).

PRIEUR, dit de la Marne, né vers 1760 à Châlons-sur-Marne, m. en 1827, se fit recevoir avocat dans sa ville natale, fut député à l'Assemblée constituante par le tiers état de son bailliage, provoqua de sévères mesures contre les émigrants et contre le clergé, siégea à la Convention où il vota la mort du roi sans sursis, fut envoyé comme commissaire à l'armée de Dumouriez, fit partie des Comités de défense générale et de salut public, s'y montra assez modéré, remplit plusieurs missions aux armées du Nord, des Ardennes, de la Moselle, du Rhin et dans l'Ouest, fut accusé d'avoir eu part aux troubles du 12 germinal an III, se cacha plusieurs mois, et ne reparut qu'après la loi d'amnistie pour reprendre ses fonctions d'avocat. Il resta depuis étranger aux affaires; mais n'en fut pas moins exilé par l'ordonnance du 12 janv. 1816. Il se retira en Belgique et mourut à Bruxelles.

PRIEUR-DUVERNOIS, dit de la Côte-d'Or, né en 1763 à Auxonne, m. en 1832, était un officier distingué du génie. Député à l'Assemblée Législative, puis à la Convention, il entra en 1793 avec Carnot au Comité de Salut public, eut part à toutes les mesures administratives de ce comité, contribua puissamment à organiser les moyens de défense, et s'occupa particulièrement de surveiller la fabrication des armes, de la poudre et de tout le matériel de guerre. Il fit adopter le système décimal et fut un des fondateurs de l’École polytechnique et de l'Institut. Il se retira des affaires en 1798, se livra à l'industrie et dirigea avec succès une manufacture de papiers peints.

PRIEURÉ. C'était le plus souvent un monastère dépendant d'une abbaye. Cependant il y avait : 1° des prieurés chefs d'ordre, chefs-lieux d'un ordre religieux ou d'une congrégation; — 2° des prieurés-cures, dans lesquels une cure était annexée au monastère; — 3° des grands-prieurés, appartenant aux ordres militaires, notamment à l'ordre de Malte, et auxquels étaient annexées les commanderies. Le supérieur d'un prieuré était appelé prieur. V. ce mot.

PRIGNANO (Barthélemy de), V. URBAIN VI.

PRIMAT. On nomma ainsi, d'abord dans l’Église d'Orient, et plus tard dans celle d'Occident, des prélats qui avaient une certaine juridiction sur plusieurs archevêchés ou évêchés. En France, plusieurs archevêques, ceux d'Arles, de Reims, de Sens, de Bourges, de Lyon, de Narbonne, de Vienne, de Bordeaux, de Rouen ont prétendu à la primatie, mais les droits qu'ils voulaient s'attribuer ont toujours été contestés : il n'y a de bien établi que la primatie de Lyon (à laquelle une bulle de Grégoire VII adjugea les quatre provinces de Lyon, Sens, Tours, Rouen), et celle de Bourges, dont le titulaire prenait le titre de primat d'Aquitaine, titre qui lui fut confirmé par les papes Eugène III et Grégoire IX. L'archevêque de Rouen est dit aussi primat de Normandie. — Cantorbéry en Angleterre, Upsal en Suède, Gnesne en Pologne, Séville, Tarragone et Tolède en Espagne, Mayence en Allemagne, étaient des primaties. L'archevêque de Gnesne, primat de Pologne, était le chef du sénat, le légat-né du St-Siége, le censeur du roi, et, à la mort du monarque, l'interroi. — De 1806 à 1810, on appela Prince-primat, le baron Ch. Théodore de Dalberg, archevêque de Mayence.

PRIMATICE (le), Francesco Primaticcio, peintre, architecte et sculpteur, né à Bologne en 1490 ou 1504, m. en 1570, se forma sous Jules Romain. Il était déjà célèbre à Mantoue quand François I le fit venir en France (1531). Il dirigea les embellissements du château de Fontainebleau, donna le plan de l'ancien château de Meudon, termina la sculpture du tombeau de François I à St-Denis et fit le projet de celui de Henri II. Le Primatice donna une grande impulsion aux arts du dessin en France; il fut, en récompense, comblé de richesses par François I et par ses deux successeurs, et fut nommé en 1559 surintendant des bâtiments royaux. Le Louvre possède un tableau du Primatice, la Continence de Scipion; il n'existe plus de lui, comme peinture décorative, que la galerie de Henri II à Fontainebleau.

PRIMICIER, titre de dignité ecclésiastique. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRIMIPILAIRE, Primipilaris, centurion du 1er manipule d'une cohorte chez les anc. Romains. Il assistait au conseil de guerre et était spécialement chargé de veiller à la garde de l'aigle légionnaire.

PRINCE, Princeps, c'est-à-dire le chef, le premier, titre qui a reçu à diverses époques des applications fort différentes. Il fut d'abord le seul titre officiel des empereurs romains, qui n'osaient prendre le titre de roi : ce n'était sans doute qu'une abréviation du titre de Prince du sénat (V. ci-après).

Dans les temps modernes, on nomme princes du sang les fils ou parents du souverain (prince de Bourbon, de Condé, de Conti, prince Impérial, prince Napoléon, etc.). — On donne également ce titre aux souverains de certains petits États qui sont indépendants ou l'ont été et qui sont qualifiés principautés (comme ceux de Reuss, de Schwartzbourg, de Lippe, de Waldeck, en Allemagne; de Monaco, en Italie, etc.). — Quelquefois aussi prince n'est qu'un titre d'honneur, sans territoire et sans autorité réelle.

PRINCE DU SÉNAT, Princeps senatus. C'était à Rome celui des sénateurs que les censeurs, en dressant l'état du sénat, inscrivaient le 1er sur la liste. C'était le plus souvent un personnage consulaire et un des citoyens les plus considérés pour ses actions et ses vertus; depuis l'établissement de l'empire, ce fut toujours le prince régnant. Le Prince du sénat opinait le premier au sénat, après les deux consuls désignés. Il pouvait être changé à chaque cens, c.-à-d. tous les cinq ans.

PRINCE DES PRÊTRES. C'était chez les Juifs le grand prêtre en exercice.

PRINCE (Monsieur le). On désigne spécialement ainsi à partir du XVIe s. le chef de la maison de Bourbon-Condé. Louis XIV supprima ce titre en 1709 et le remplaça par celui de Monsieur le Duc.

PRINCE NOIR (le). V. ÉDOUARD, prince de Galles.

PRINCE HÉRÉDITAIRE (le). V. BRUNSWICK (Ch.-Guil.-Ferd., duc de), et GUILLAUME I.

PRINCE-DE-GALLES (île du), appelée aussi Poulo-Penang, île de l'Asie, à l'entrée du détroit de Malacca, a pour ch.-l. Penang; env. 60 000 hab. (Malais, Chinois, Bengalis et Européens); ch.-l., Georgetown. Cette île appartenait jadis aux Malais et faisait partie du roy. de Keddah. Elle fut donnée en dot en 1766 au capitaine anglais Light, qui avait épousé la fille du roi malais; celui-ci lui donna le nom qu'elle porte auj. et la vendit à la Compagnie des Indes, qui en fit une station pour les vaisseaux qui commercent avec la Chine.

PRINCE-ÉDOUARD (île du), dite aussi île St-Jean, île de l'Amérique du Nord, dans le golfe St-Laurent, au N. de la Nouv.-Écosse, a 195 kil. sur 60; 75 000 hab.; ch.-l., Charlotte's-town. Beaucoup de baies et ports. Climat sain, sol fertile; gros bétail; commerce de bois. — Cette île appartenait jadis à la France; elle fut cédée aux Anglais avec le Canada. Elle forme auj. un gouvt qui contient, outre l'île du Prince-Édouard, les îles de Cap-Breton et de la Madeleine.

PRINCIPAT. On nomme ainsi dans l'histoire romaine la période qui comprend les trois premiers siècles de l'empire, d'Auguste à Dioclétien (de 29 av. J.-C. à 287 de J.-C.), parce que pendant toute cette période les empereurs n'eurent d'autre titre officiel que celui de prince (princeps). Dioclétien le remplaça par celui d’Auguste, qui était déjà employé précédemment, mais sans avoir un sens bien précis.

PRINCIPAUTÉ CITÉRIEURE et PRINCIPAUTÉ ULTÉRIEURE, nom de 2 prov. du roy. d'Italie, dans l'anc. roy. de Naples, la 1re sur la mer Tyrrhénienne et au S., la 2e dans les terres et plus au N., toutes deux ayant au N. la Basilicate. La Princip. Citéneure a 6120 kil. carrés et env. 600 000 hab. ; ch.-l., Salerne. La Pr. Ultérieure a 4820 kil. carrés et env. 400 000 hab. ; ch.-l. Avellino. Sol sablonneux et pourtant productif; vins et fruits renommés, gros bétail, buffles et abeilles. La 1re de ces provinces, qu'on nomme aussi Principauté de Salerne, répond à une partie de la Campanie, du Picenum et de la Lucanie des anciens, la 2e comprend une partie de l'anc. Samnium. Le climat de la 1re est peu salubre.

PRINCIPAUTÉS DANUBIENNES : ce sont la Valachie et la Moldavie, arrosées toutes deux par le Danube.

PRIOR (Matth.), poëte et diplomate anglais, né en 1664 à Wimborne (comté de Dorset), m. en 1721, était fils d'un menuisier de Londres. Le comte de Dorset, ayant remarqué ses dispositions studieuses, se chargea de son éducation, puis le présenta à la cour. Prior fut successivement secrétaire d'ambassade à La Haye (1690), au congrès de Ryswyk (1697), à la cour de France, remplit plusieurs négociations secrètes, vint de nouveau à Versailles avec Bolingbroke en 1712 et prépara avec lui la paix d'Utrecht. Après le départ de ce seigneur, il garda jusqu'en 1715 le titre et les fonctions de ministre plénipotentiaire. Étant retourné en Angleterre au moment où triomphait le parti whig, opposé à celui qui l'avait nommé, il fut emprisonné pendant 2 ans comme suspect d'avoir agi en faveur du prétendant, puis il se retira dans sa terre de Downhall. Ses Œuvres complètes ont été publiées à Londres en 1733, 5 v. in-12. Prior chante le plus souvent des sujets nationaux (les victoires de Blenheim, de Ramillies, la reprise de Namur, etc.); on remarque aussi ses contes et les deux poëmes intitulés : Histoire de l'âme et Salomon ou Vanité du monde : ce dernier est son meilleur ouvrage. On trouve dans ses poésies peu d'imagination, mais beaucoup de correction, de facilité, d'esprit et d'art (elles ont été traduites par l'abbé Yart).

PRIPET, riv. de la Russie d'Europe, naît dans le gouvt de Volhynie, coule au N. E., puis à l'E., sépare le gouvt de Grodno de celui de Minsk, traverse les immenses marais de Pinsk; se dirige ensuite au S. E., entre dans le gouvt de Kiev, et se jette dans le Dniepr, par la r. dr., après un cours de 630 kil. Il reçoit le Vijovka, le Styr, l'Ouj, la Pina, le Morotch et le Plitch.

PRISCIEN, Priscianus, grammairien latin, natif de Césarée en Palestine, tenait à Constantinople en 525 une école fameuse. Son principal ouvrage est sa Grammaire (Commentariorum grammaticorum libri XVII, publ. à Venise, 1470, et à Leips., 1855-58 par Martin Hertz), qui a été la base de l'enseignement jusqu'à la renaissance des lettres. On a en outre de lui quelques autres petits écrits sur des sujets de grammaire (accents, mètres, déclinaisons), réunis par Lindemann sous le titre d’Opera minora (Leyde, 1818), un traité en vers De ponderibus et mensuris, une trad. en vers de Denys le Périégète, l’Éloge d'Anastase, etc. Ses Œuvres complètes ont été publiées par Krehl, Leipsick, 1819-20, 2 vol. in-8. Plusieurs de ses petits ouvrages ont été traduits par Corpet, dans la Bibliothèque lat.-française de Panckoucke, 2e série, 1845.

PRISCILLIEN, hérésiarque espagnol du IVe s., issu d'une noble famille, renouvela les doctrines des Manichéens et des Gnostiques, en y ajoutant de nouvelles erreurs. Il prétendait que l'âme humaine est de même nature que la divinité, que le monde est l'œuvre d'un mauvais principe, que le démon n'a pas été créé, etc. Il tenta en vain de se justifier à Rome, près du pape Damase, fut cité à comparaître au concile de Bordeaux, et, ayant formé appel à César, fut conduit à Trêves, devant Maxime, qui régnait alors sur la Gaule et l'Espagne. Il y fut condamné à mort, malgré les efforts da S. Martin de Tours, et fut exécuté en 384, avec plusieurs de ses disciples. Ce supplice n’étouffa point l’hérésie : persécutés par Honorius et par Théodose le Jeune, les Priscillianistes étaient encore nombreux au vie siècle.

PRISREND, v. forte de la Turquie d’Europe (Albanie), ch-l. de livah, sur le Drin blanc, à 108 kil. E. S. E. de Scutari; 16 000 hab. Évêché grec Manufacture d’armes. — Elle a été bâtie, à ce qu’on croit, près de l’anc. Ulpianum ou Justiniana secunda.

PRISTINA ou PIRISTINA, Vicianum, v. de Servie, ch.-l. de livah, sur un affluent de l’Ibar, à 125 kil. S. O. de Nissa ; env. 12 000 hab. Résidence d’un pacha et d’un évêque grec.

PRIVAS, ch.-l. du dép. de l’Ardèche, à 600 kil. S. E. de Paris ; 6657 hab. Trib. de 1re inst., collége, école normale primaire. La ville est dans une position pittoresque, sur un coteau, près du confluent de l’Ouvèze et du Mézayon, mais elle est triste et mal bâtie. Chemin de fer, s’embranchant sur celui de Lyon à la Méditerranée. Vieux château ; filature ; commerce de soie et de cuirs. Vins, mûriers, beurre, fromages, châtaignes, truffes ; porcs gras. — Cette v., capit. du pays des Boutières au moyen âge, se forma vers le xiie s. autour d’un château fort ; Louis XIII en fit lui-même le siége en 1629, la prit sur les Calvinistes, qui s’y étaient retranchés, et en rasa les fortifications.

PRIVAT de molières. V. molières.

PRIVÉES (Guerres). On désignait ainsi au moyen âge ces guerres acharnées qui s’élevaient entre deux ou plusieurs familles pour venger l’insulte faite à l’un de leurs membres, et qui se perpétuaient de génération en génération. Ces guerres, qui avaient pour causes l’absence de lois capables de protéger les individus et de punir les crimes, et la faiblesse de l’autorité royale en présence de puissants feudataires, souverains dans leurs domaines, ensanglantèrent la France et l’Allemagne jusqu’au XIVe s. Charlemagne le 1er rendit une loi contre les guerres privées, mais ce fut sans résultat ; l’Église institua en 1041 la Paix de Dieu, qui suspendait toute hostilité pendant les jours consacrés au service divin ; enfin S. Louis établit la Quarantaine le roi, ordonnance qui portait que, pendant 40 jours à dater de l’offense faite, il y aurait trêve et que, si quelqu’un des parents avait été tué dans cet intervalle, l’auteur du crime serait réputé traître et puni de mort. Cette ordonnance et surtout les progrès de la civilisation finirent par arrêter l’effusion du sang.

PRIVERNUM, auj. Piperno-Vecchio, v. du Latium, chez les Volsques, sur une mont., près de l’Amasène, et à l’E. d’Antium, prit part à une foule de guerres contre les Romains, fut prise plusieurs fois (la dernière en 328 av. J.-C. par Plautius Decianus), et colonisée. Vins renommés chez les anciens.

PROBUS. M. Aurelius Valerius Probus, empereur romain, né à Sirmium en 232, était fils d’un tribun militaire. Il parvint aux premiers grades par son courage sous Aurélien et Tacite, fut, à la mort de Tacite, proclamé en 276, par les légions de Syrie, repoussa les Sarmates, battit les Isaures, pacifia l’Égypte, délivra la Gaule d’une invasion de Germains, défit les tyrans Saturninus, Bonose, Proculus, et entra en triomphe à Rome en 281. Pour occuper l’oisiveté des légions pendant la paix, il les employa à des travaux d’utilité publique, tels que dessèchement de marais, ouverture de routes et de canaux. Il inspectait en personne les travaux qu’il faisait faire à Sirmium, lorsque les soldats, irrités d’être chargés de pareils ouvrages, qu’ils regardaient comme dégradants, s’insurgèrent et l’égorgèrent (282). Cet empereur avait mérité par ses vertus le surnom de Probus. Il confirma les priviléges accordés au sénat par Tacite, réforma un grand nombre d’abus et abolit les restrictions apportées par les empereurs précédents à la culture de la vigne en Gaule.

probus (Æmilius), grammairien latin qu’on croit être du ive s., passe pour le véritable auteur des Vies attribuées à Cornélius Nepos. On a de lui des Commentaires sur les Bucoliques et les Géorgiques de Virgile et des Institutiones grammaticæ, publiées par Keil, Leips., 1848.

PROCACCINI (Hercule), l’Ancien, peintre de Bologne, 1520-91, ouvrit à Milan avec ses fils une école de peinture célèbre. — Camille, son fils aîné, 1540-1626, auteur d’un Jugement dernier (fresque dans une église de Reggio) et d’un David jouant de la harpe (à la cathédrale de Milan), est un des plus féconds et des plus grands artistes du temps ; il fut le rival des Carrache. — Jules César, frère de Camille, 1548-1626, est le plus grand peintre de cette famille. Il étudia surtout les ouvrages du Corrége. Le Louvre possède le tableau où il a le mieux imité la manière de ce maître, la Vierge et l’enfant Jésus, adoré par S. François d’Assise, S Jean-Baptiste et Ste Catherine. — Ch. Antoine, le plus jeune des fils d’Hercule, est connu comme paysagiste et peintre de fleurs et de fruits. — Hercule le jeune, neveu des précédents, 1596-1676, se ressent de la décadence de l’art. — André, né à Rome en 1667, m. en 1734, fut employé par Clément XI, puis appelé en Espagne, où il obtint le titre de peintre du roi, et, orna les palais royaux d’un grand nombre d’ouvrages estimés. Il savait aussi graver à l’eau-forte.

PROCAS, roi d’Albe-la-Longue qu’on fait régner de 817 à 796 av. J.-C, fut père de Numitor et d’Amulius, qui, après sa mort, se disputèrent le trône.

PROCIDA (île), Pithécuse, puis Prochyta chez les anciens, île de la Méditerranée, sur la côte S. O. de l’anc. roy. de Naples, entre l’île d’Ischia et le continent, à 10 kil. de tour et 8000 h., ch.-l., Procida, sur la côte S. E. Patrie de J. de Procida.

PROCIDA (Jean de), gentilhomme italien, seigneur de l’île de Procida, né vers 1225, m. en 1299, s’acquit par son habileté comme médecin la faveur de l’empereur Frédéric II, de Conrad IV, de Mainfroi, qui le comblèrent de biens et l’élevèrent aux dignités. Banni de Naples et dépouillé par Charles d’Anjou (après la mort de Conradin), il se retira en Sicile et résolut de se venger en faisant passer la couronne sur la tête de Pierre III, roi d’Aragon. Il parcourut la Sicile, déguisé en moine, ourdit avec un art et des peines infinies une vaste conspiration contre Charles et provoqua, dit-on, le massacre connu sous le nom de Vêpres siciliennes (30 mars 1282), qui enleva la Sicile aux Français. Il est douteux cependant que ce massacre ait été prémédité ; mais Procida, qui avait puissamment contribué à exciter le mécontentement, sut en profiter. Élevé de nouveau aux honneurs après l’événement, il resta jusqu’à sa mort le fidèle conseiller des princes aragonais de Sicile.

PROCLÈS, roi de Sparte, était fils d’Aristodème, un des Héraclides qui conquirent le Péloponèse. Il régna conjointement avec son frère Eurysthène à partir de l’an 1186 av. J.-C. Ses descendants prirent de lui le nom de Proclides. On les nomme aussi Eurypontides, d’Eurypon, un de ses successeurs.

PROCLIDES. V. Proclès et l’article Sparte.

PROCLUS, surnommé Diadochus (c.-à-d. successeur), philosophe néoplatonicien, né en 412 à Constantinople, m. en 485, fut élevé à Xanthe en Lycie, alla étudier à Alexandrie, puis à Athènes, où il eut pour maîtres Plutarque, fils de Nestorius, et Syrianus, compléta son instruction par des voyages, succéda vers 450 à Syrianus dans la direction de l’école d’Athènes (d’où son surnom de Diadochus), et attira un grand nombre d’auditeurs. Proclus était également versé dans la philosophie et dans les mathématiques. En philosophie, il professait le néoplatonisme, exposant la doctrine de Platon d’après Plotin, Jamblique et Syrianus et y associant les idées d’Orphée et de Pythagore. Il chercha à relever le paganisme en l’interprétant par des explications allégoriques ou mythiques ; il disait que le philosophe est l’hiérophante ou le prêtre de la nature entière, et il célébrait à la fois dans ses hymnes les divinités des nations les plus diverses. Initié aux pratiques de la théurgie, il donnait, comme ses prédécesseurs, dans le mysticisme et plaçait l’extase au-dessus de la raison. Son principal mérite est d’avoir donné au système Alexandrin sa forme méthodique et définitive. Proclus avait composé un grand nombre d’ouvrages dont la plus grande partie est perdue : les principaux de ceux qui restent sont : des traités de la Providence, de la Liberté et du Mal; l’Institution théologique et la Théologie platonicienne; des Commentaires sur divers dialogues de Platon; des Hymnes; des traités du Mouvement, de la Sphère et des Positions astronomiques; enfin des Scholies sur Euclide. Il n’existe aucune édition complète des Œuvres de Proclus. La Théologie platonicienne et l’Institution théologique ont été publiées ensemble à Hambourg, gr.-lat., 1618; l’Institution théologique a été rééditée avec d’autres écrits par Fr. Creuzer, sous le titre d’Initia philosophiæ ac theologiæ ex platonicis fontibus ducta, Francfort, 4 vol. in-8, 1821-1825, et a été réimprimée par lui en tête du Plotin de la collection Didot. Le Commentaire sur le Timée a été publié à Bâle, 1542, et à Breslau, 1847, par E. C. Schneider. Le Commentaire sur le Cratyle a été donné par Boissonade, Leips., 1820. M. Cousin a publié, en 6 vol. in-8, 1819-27, les traités de la Providence, du Destin, de la Liberté et du Mal; (dont il n’existe qu’une traduction latine fort imparfaite par Guill. de Mœrbeka), ainsi que les Commentaires sur le Premier Alcibiade et le Parménide, en grec, et a donné de ces mêmes écrits une nouvelle édition fort améliorée, 1864, in-4. Les Hymnes se trouvent dans les Analecta de Brunck. Le Traité de la Sphère, publié à Anvers en 1553, a été réédité à Wurtzbourg en 1830 par Gutenæcker. Marinus, disciple de Proclus, a écrit sa Vie; elle se trouve dans la 2e édition de Proclus par M. Cousin (1865). M. Berger a donné une bonne analyse de la doctrine de Proclus (Paris, 1840).

proclus (S.), patriarche de Constantinople (434-446), fut lié avec S. Jean Chrysostome, dont il fit transférer les cendres à Constantinople, combattit Nestorius, et jouit d’un grand crédit auprès de l’empereur Théodose II. On le fête le 24 oct. Ses Œuvres, qui consistent surtout en homélies, ont été publ. à Rome en 1630, in-4, et réimprimées dans le 65e vol. de la Patrologia græca de l’abbé Migne.

proclus, chimiste, réussit en 515, lorsque Vitalien assiégeait Constantinople, à brûler sa flotte avec des flèches enduites d’une composition inconnue, dite soufre vif, analogue au feu grégeois, lequel pourtant ne fut connu que plus tard, vers 668.

PROCONÈSE, Proconesus, auj. Marmara, île de la Propontide, au N. E. de Cyzique, était ainsi nommée à cause du grand nombre des daims (en grec prox, gén. procos) qu’elle nourrissait.

PROCONSUL, de pro consule, magistrat romain faisant fonction de consul dans certaines provinces. Cette nouvelle fonction fut instituée quand Rome eut étendu son pouvoir au loin et que les guerres à soutenir ou les provinces à gouverner se furent multipliées. Le 1er proconsul qui ait été nommé est T. Quinctius Barbatus, en 464 av. J.-C. Sous la République, les proconsuls furent longtemps des consuls sortant de charge ; sous l’Empire, c’étaient presque toujours des personnages étrangers au consulat. En droit, il ne devait y avoir au plus que deux proconsuls, de même qu’il n’y avait que deux consuls, et la durée du proconsulat ne pouvait dépasser un an ; mais on finit par augmenter le nombre des proconsuls et par prolonger la durée de leurs fonctions. Pompée reçut pour 3 ans le proconsulat des mers ; César fut nommé pour 5 ans proconsul en Gaule. Les proconsuls donnèrent trop souvent l’exemple des concussions, des cruautés et d’une morgue sans égale : leur nom est resté proverbial en ce sens.

PROCOPE, historien grec, né vers 500 à Césarée en Palestine, tint école de rhétorique à Constantinople, suivit Bélisaire comme secrétaire dans ses campagnes en Asie, en Afrique, en Italie, devint sénateur, fut nommé préfet de Constantinople en 562, et mourut vers 565. On croit qu’il était chrétien. On a de lui 1° une Histoire de son temps, en 8 livres, où il raconte les événements glorieux du règne de Justinien et où il fait le plus grand éloge de cet empereur, et des personnes de sa cour; 2° l’Histoire anecdote (c.-à-d. secrète), ouvrage posthume dans lequel il désenchante le lecteur sur le compte de Justinien, de Bélisaire, et surtout de l’impératrice Théodora, qu’il avait loués précédemment; 3° six Discours sur les Édifices élevés par Justinien. Tous ces ouvrages sont extrêmement précieux pour qui cherche les faits plutôt que les jugements qu’en porte l’auteur. Les Œuvres de Procope font partie de la Byzantine, dans laquelle elles ont été publ. par le P. Maltret, Paris, 1662-63 (grec-lat., 2 vol. in-fol.), et par G. Dindorf, Bonn, 1833-38. J. C. Orelli a donné à part les Anecdotes, Leips., 1827. Martin Fumée a trad. en franç. l’Histoire et les Édifices, Par., 1587, qui ont été trad. de nouveau par un anonyme en 1670 ; M. Isambert a trad. en 1856 l’Histoire secrète, avec le texte en regard, et de savantes notes.

procope de gaza, théologien et rhéteur grec, qui vivait vers 520, a laissé, entre autres écrits, une Explication des Proverbes de Salomon, un Commentaire sur Isaïe, des Scholies sur les Rois et les Paralipomènes, etc. Ses Œuvres ont été insérées dans la Patrologia græca de l’abbé Migne, 1860.

procope le Grand ou le Tondu, et procope le Petit, fameux chefs hussites, commandaient l’un aux Taborites, l’autre aux Orphanites. — Le premier avait été aide de camp de Ziska qui le surnommait l’Hercule de la Bohème; son aspect seul faisait fuir l’ennemi. Parmi ses incursions en Allemagne, on remarque surtout celle de 1430, où il emmena un butin immense; en 1431, il battit à Tauss les troupes de l’empereur Sigismond. En 1433, il parut au concile de Bâle. — Procope le Petit joue un rôle moins important : il fut souvent sous les ordres du 1er. Après la séparation des Utraquistes, qui diminuait beaucoup leurs forces, les deux Procopes furent défaits et tués à Bœhmischbrod, 1434.

procope couteau (Michel coltelli, dit), né à Paris en 1684, d’une famille noble de Palerme, m. en 1753, fut reçu médecin, mais ne pratiqua guère et fit quelques pièces pour les petits théâtres (Arlequin Balourd, l’Assemblée des Comédiens, les Fées, Pygmalion, la Gageure, les Deux Basiles), et composa un grand nombre de pièces fugitives. — Son père, Franç. Procope, avait établi à Paris, rue de l’Anc.-Comédie, le Café Procope, qui fut longtemps le rendez-vous des gens de lettres.

PROCRIS, épouse de Céphale. V. céphale.

PROCRUSTE ou procuste, brigand de l’Attique, étendait ses victimes sur un lit de fer, leur coupait l’extrémité des jambes lorsqu’elles dépassaient ce lit, et, à l’aide de cordes, allongeait les jambes de ceux qui les avaient trop courtes jusqu’à ce qu’elles atteignissent la longueur du lit. Thésée délivra la terre de ce monstre en lui infligeant le même supplice.

PROCULÉIENS, école de jurisconsultes romains, née au ier s. de J.-C, devait son nom à Proculus, savant jurisconsulte, élève de Labéon, qui vivait sous Néron ; elle avait pour rivale la secte des Sabiniens ou Cassiens. Ce qui la caractérise, c’est sa physionomie stoïcienne ; elle n’admettait comme base du droit que les principes éternels de la raison, ne procédait que par déductions sévères et absolues, et tendait, comme les Stoïciens, à regarder toutes les contraventions comme égales.

PROCULUS, jurisconsulte. V. proculéiens.

proculus (T.) ælius, général romain qui se fit proclamer empereur à Cologne sous Probus, fut vaincu par Probus même et attaché à un gibet, en 280.

PROCURATEURS, fonctionnaires romains envoyés par l’Empereur : 1° dans les provinces sénatoriales pour y administrer les domaines propres du prince; 2° dans les grandes provinces impériales pour y lever les impôts et régir les finances, et dans les provinces impériales moins importantes pour les gouverner à la place d'un propréteur. La Judée avait des procurateurs. C'est Auguste qui créa cet ordre d'agents.

PROCURATEURS DE ST-MARC, anc. magistrats de Venise, au nombre de 9, administraient les biens de l'église de St-Marc, ceux des orphelins et des hommes qui mouraient ab intestat, et étaient les gardiens des archives de la République.

PROCUREURS, officiers publics en France. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PROCUSTE. V. PROCRUSTE.

PRODICTATEUR, magistrat nommé pour tenir lieu du dictateur. Les consuls pouvaient seuls nommer le dictateur : après la bat. de Trasimène, l'un des consuls étant tué, l'autre absent de Rome, il y avait impossibilité de nommer un dictateur, qu'il était cependant urgent de constituer; le sénat tourna la difficulté, en faisant élire par le peuple un Prodictateur qui eût tous les pouvoirs d'un dictateur. C'est Q. Fabius Maximus qui fut élu (217 av. J.-C.).

PRODICUS, sophiste grec, d'Iulis dans l'île de Céos, disciple de Protagoras, tint école d'éloquence à Athènes vers 430 av. J.-C., et n'eut de rival que Gorgias. Attaqué ainsi que Socrate par Aristophane, il fut aussi, dit-on, condamné à boire la ciguë, comme athée. Il n'existe de ses ouvrages qu'un extrait d'une harangue contre la crainte de la mort (dans l’Axciochus de Platon), et l'apologue d'Hercule sollicité à la fois par le Vice et la Vertu, morceau conservé par Xénophon dans ses Mémorables.

PRODROME (Théodore). V. THÉODORE.

PRŒTIDES, filles de Prœtus, ayant osé se comparer à Junon, furent frappées de démence et se crurent métamorphosées en génisses. Mélampe seul put les guérir : pour prix de cette cure, il exigea de Prœtus, leur père, les deux tiers du roy. d'Argos.

PROETUS, roi d'Argos, fils d'Abas et frère puîné d'Acrisius, disputa le trône à son frère après la mort de leur père, l'occupa un instant, puis en fut chassé et se retira à la cour d'Iobate, roi de Lycie, dont il épousa la fille Sthénobée. Revenu ensuite en Grèce, il fit la guerre à son frère, conquit une partie de l'Argolide, et s'empara de Tirynthe où il régna jusqu'à la fin de ses jours. Il eut de Sthénobée trois filles, les Prœtides (V. ci-dessus), et un fils, Mégapenthe. On place son règne de 1498 à 1462 av. J.-C.

PROGNÉ, fille de Pandion, roi d'Athènes, et sœur de Philomèle, épousa Térée, roi de Thrace, dont elle eut un fils nommé Itys. Térée ayant fait violence à Philomèle, et lui ayant ensuite arraché la langue afin qu'elle ne pût raconter le crime dont elle avait été victime, Progné, qui en fut néanmoins instruite, sa vengea en égorgeant le fils qu'elle avait eu de Térée et le lui fit manger dans un horrible festin. Les Dieux la métamorphosèrent en hirondelle.

PROME, v. anglaise dans l'empire birman (Ava), sur l'Iraouaddy; 40 000 hab. Autrefois fortifiée et importante. Les Anglais la prirent en 1852. Bois de tek, grains, huile, cire, plomb, fer, ivoire.

PROMÉTHÉE, fils d'Uranus ou Japet et de la Terre ou de Clymène, est mis au nombre des Titans. Selon les uns, il fit l'homme d'argile, puis l'anima avec le feu du ciel qu'il avait dérobé; selon d'autres, Jupiter ayant privé les hommes de l'usage du feu, il ravit le feu céleste au soleil et le rendit aux hommes. Jupiter, pour lui tendre un piège et pour empêcher les hommes de devenir les rivaux des dieux, créa Pandore et l'envoya à Prométhée, munie de la boîte fatale qui renfermait tous les maux; celui-ci, soupçonnant le piège, ne voulut pas la recevoir; mais Épiméthée, son frère, moins prudent, l'accueillit et, ouvrant la boîte, laissa échapper la nuée des maux sur l'univers. En punition de l'audace qu'il avait eue de rivaliser avec les dieux en créant l'homme, Prométhée fut enchaîné par ordre de Jupiter sur le Caucase : là un vautour ou un aigle lui rongeait le foie, qui renaissait sans cesse, Hercule vint le délivrer au bout de plusieurs siècles. On donné à Prométhée pour fils Deucalion. Quelques-uns pensent que Prométhée était un habile artiste et que l'homme qu'il fit avec l'argile n'est autre chose qu'une statue animée par son ciseau. Eschyle avait fait sur Prométhée trois pièces : Prométhée ravisseur du feu, Prométhée enchaîné, Prométhée délivré. La 2e seule nous reste; Prométhée y est peint sous les traits d'un civilisateur.

PROMPSAULT (l'abbé J.-H. Romain), érudit français, a donné une édition de Villon (1832), une Grammaire latine (1842), un Dict. de droit et de jurisprudence civile et ecclésiastique, 3 vol. in-4, 1849. — Son frère, l'abbé J. L. Prompsault, a publié, d'après ses notes, l’Hist. des Quinze-Vingts (1864).

PRONUBA : c'est Junon présidant aux mariages.

PRONY (Gaspard RICHE, baron de), ingénieur et mathématicien, membre de l'Institut, né en 1755 à Chamelet, près de Lyon, m. en 1839, construisit le pont Louis XVI avec Perronet (1787), fut successivement directeur du cadastre, professeur à l’École polytechnique et directeur de l’École des ponts-et-chaussées; régularisa le cours du Pô; améliora les ports de Gênes, d'Ancône, de Venise; tenta le dessèchement des marais Pontins, et s'occupa aussi avec succès de prévenir les débordements du Rhône. On lui doit, en mécanique, le frein qui porte encore son nom. En 1828, il reçut en récompensa de ses travaux le titre de baron. Ses principaux ouvrages sont : Architecture hydraulique, 1790-1796; Mécanique philosophique, 1800; Description hydrographique et historique des Marais Pontins, 1813; Cours de Mécanique, 1815; Méthode de nivellement, 1823.

PROPAGANDE (Congrégation de la), congrégation fondée à Rome en 1622 par Grégoire XV pour l'extension de la foi, est composée de 13 cardinaux, trois prélats et un secrétaire. Elle a la direction des missions. Urbain VIII y a joint le Collége de la Propagande, grande pépinière de missionnaires; et rendez-vous de séminaristes de tous pays, géorgiens, persans, coptes, abyssins, arméniens, etc.

PROPERCE, S. Aurelius Propertius, né, à ce qu'on croit, à Mévanie en Ombrie, vers 52 av. J.-C., m. l'an 12 av. J.-C., était fils d'un proscrit qui périt victime des guerres civiles. Il étudia le droit à Rome et fut destiné au barreau, mais il préféra la poésie. Il occupe après Tibulle la 1re place parmi les élégiaques latins; il est plein de feu, de vivacité, mais abuse des métaphores, des allusions savantes. Ses Élégies ont été publiées pour la 1re fois à Rome en 1472. Les meilleures éditions sont celles de Brouckhusius, 1702; de Burmann, 1780; de Kuinœl, 1805; de Lachmann, 1816; de Hertzberg, 1843, de Paley, Londres, 1853. Les Élégies ont été trad. en prose par Delongchamps, 1772; La Houssaye, 1785; St-Amand, 1819; J. Genouille, 1834 (coll. Panckoucke), et par Denne-Baron, 1839 (coll. Nisard); elles l'ont été en vers par Mollevaut, 1821, et Denne-Baron, 1825.

PROPHÈTES, hommes inspirés de Dieu chez les Juifs. Leurs prophéties roulaient le plus souvent sur les événements politiques, sur l'avenir de la Judée et des États voisins, sur le Messie et sur sa venue. On distingue les prophètes en deux classes, ceux qui ont laissé des écrits, ceux qui n'en ont pas laissé (comme Élie, Élisée, etc.). Les premiers se divisent eux-mêmes en grands et petits prophètes; les grands sont Isaïe, Jérémie (auquel on joint Baruch, son disciple), Daniel, Ézéchiel. Les petits sont : Osée, Joël, Amos, Abdias, Michée, Jonas, Nahum, Habacuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie. — On compte aussi quelques prophétesses : les plus connues sont Débora, auteur d'un cantique célèbre, et Holda, contemporaine du roi Josias. — L'histoire sainte fait mention d'un grand nombre de faux prophètes; ils pouvaient quelquefois dire la vérité, mais ils étaient inspirés par Baal, et non par le vrai Dieu. PROPIAC (Ferd. GIRARD, chevalier de), d'une famille noble de Bourgogne, né vers 1760, mort en 1823, émigra et servit dans l'armée des princes, revint en France sous le Consulat et fut nommé archiviste du dép. de la Seine. Il a publié un grand nombre de compilations, la plupart sous le titre de Beautés de l'histoire, a donné le Plutarque français, 1813, un Dictionnaire d'émulation, 1820, et a traduit de l'allemand l’Histoire de Gustave Wasa d'Archenholtz et les Nouveaux contes moraux d'Auguste Lafontaine.

PROPONTIDE (la), Propontis, auj. mer de Marmara, petite mer unie à la mer Égée par l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), et au Pont-Euxin par le Bosphore de Thrace (canal de Constantinople), doit son nom à sa position en avant (pro) du Pont-Euxin. Ses côtes étaient couvertes de colonies grecques : au N., Périnthe, Byzance, Chalcédoine, Astacus ou Olbia; au S., Parium, Priapos, Cyzique, Cios. Plusieurs îles, entre autres Proconèse (Marmara).

PROPRÉTEUR, de pro prætore, magistrat romain faisant dans les provinces fonctions de préteur; c'était tantôt un préteur dont on prolongeait la magistrature, tantôt un personnage qui n'avait jamais géré la préture. Ce dernier cas fut fréquent sous l'empire. Comme le préteur, il avait six licteurs.

PROPYLÉES (du grec pro, en avant de, et pylai, portes), nom donné en général au vestibule de plusieurs édifices de la Grèce, désigne plus particulièrement le vestibule de l'Acropole d'Athènes. C'était un ouvrage de défense, destiné à fermer le seul endroit de la colline qui fût accessible. Le corps principal, placé au milieu, consistait en un portique de 6 colonnes doriques; il conduisait à un grand vestibule divisé en trois allées par deux rangées de colonnes ioniques et terminé par un mur percé de cinq portes, et aboutissait à un 2e portique dorique, qui atteignait au niveau de la plate-forme de l'Acropole. L'édifice entier était de marbre pentélique. Commencé en 437 av. J.-C., sous l'administration de Périclès, il fut construit en 5 ans. Les Turcs avaient converti les Propylées en un magasin à poudre : un incendie les détruisit presque entièrement en 1656; ce qu'il en restait, menaçant ruine, fut abattu en 1835.

PROSCRIPTIONS. Le premier à Rome, Sylla dressa des Tables de proscription, c.-à-d. des listes de proscrits, qui étaient affichées au coin des rues et dans les places publiques. Les triumvirs Octave, Antoine et Lépide imitèrent cet exemple. Les dénonciateurs, les meurtriers d'un proscrit, recevaient en récompense une partie des biens de la victime, de sorte que l'avidité, plus encore que la vengeance, prolongeait le cours de ses assassinats.

PROSERPINE, Perséphone en grec, femme de Pluton et déesse des enfers, était fille de Jupiter et de Cérès. Elle cueillait un jour des fleurs dans la vallée d'Enna, en Sicile, et s'enivrait de leur parfum (surtout de la fleur du narcisse) lorsque Pluton la vit et l'enleva pour l'épouser. Cérès la chercha par toute la terre, et, quand elle l'eut enfin trouvée, elle s'adressa à Jupiter pour se la faire rendre : le roi des Dieux décida que Proserpine lui serait rendue si elle n'avait encore rien mangé dans les Enfers; or, elle avait sucé des pépins de grenade, ce qui fut révélé par Ascalaphe, qui l'avait vue. Selon une tradition vulgaire, elle obtint de venir passer sur terre six mois de l'année. Pirithoüs et Thésée descendirent aux Enfers pour ravir Proserpine à Pluton, mais ils échouèrent dans cette criminelle tentative. On ne donne point d'enfants à cette déesse. Son culte était surtout répandu en Sicile, où la ville d'Agrigente lui était consacrée; elle partageait les adorations avec Cérès, sa mère. Du reste, elle a, comme divinité, de grands rapports avec Cérès, Junon, Diane, et souvent on l'a identifiée avec ces déesses : de là les noms d'Hécate, de Juno inferna, qu'on lui donnait. On en faisait aussi une des divinités cabiriques et on lui rendait un culte mystérieux. La chauve-souris, la grenade, le narcisse lui étaient consacrés. On lui sacrifiait des génisses stériles. On représente ordinairement Proserpine sous la figure d'une belle femme, assise près de son époux sur un trône d'ébène, l'air morne et tenant à la main un pavot, symbole de l'éternel assoupissement. On a cru voir dans la fable de Proserpine le symbole de la végétation des plantes qui, après avoir fleuri, meurent pour germer sous terre et reparaître à la saison suivante.

PROSPER (S.), né en Aquitaine en 403, mort vers 463, faisait partie du clergé de Marseille. Il cultiva les lettres avec succès, correspondit avec S. Augustin, et composa contre les Semi-Pélagiens un poëme latin : les Ingrats (il les nomme ainsi, parce qu'ils ne reconnaissaient pas la grâce). On a aussi de lui une Chronique estimée. Les meilleures éditions de ses ouvrages sont celles de Paris, 1711, et de Rome 1762. Le poëme contre les Ingrats a été traduit en prose par Lequeux, Paris, 1762, mis en vers par Lemaistre de Sacy, 1646, et imité par L. Racine dans son poëme de la Grâce. On fête S. Prosper le 25 juin.

PROTADE (S.), évêque de Besançon, m. en 624, était un des plus savants prélats du temps, et fut souvent consulté par Clotaire II. On le fête le 10 févr.

PROTAGORAS, sophiste d'Abdère, né en 489 av. J.-C., m. en 420 ou selon d'autres en 408, avait été portefaix dans sa jeunesse; il devint disciple de Démocrite, enseigna la rhétorique, la grammaire et la poésie, près d'Abdère d'abord, puis dans Athènes (vers 422), fit le premier payer ses leçons et acquit ainsi une grande richesse. Accusé d'impiété par les Athéniens, il s'enfuit sur une barque et périt en mer. Il avait écrit sur la rhétorique, la physique, la politique, mais tous ses écrits furent brûlés par ordre des magistrats d'Athènes. Protagoras fut un des plus dangereux sophistes : il disait que l’homme est la mesure de toutes choses, que l'on peut sur toute question plaider également le vrai et le faux, que tout est arbitraire et dépend des caprices de l'homme : lois, vertu, vérité, etc. Platon a mis ce sophiste en scène et l'a combattu dans son Protagoras et dans son Théétète. On doit à Frey (Bonn, 1845), Otto Weber (Marbourg, 1850), et Vitringa (1852), de savantes dissertations sur la Philosophie de Protagoras. Geist a donné sa Vie en latin, 1827.

PROTAIS (S.), martyr, frère de S. Gervais est honoré avec lui le 19 juin. V. GERVAIS.

PROTECTEUR. C'était jadis le titre officiel du régent en Angleterre. Le duc de Bedford fut protecteur d'Angleterre sous Henri VI; le duc de Glocester (Richard III) le fut sous Édouard V. Olivier Cromwell se fit décerner ce titre en 1653; Richard, son fils, le porta aussi quelques mois. Il disparut après la restauration de 1660.

PROTÉE, Proteus, dieu marin, fils de Neptune ou de l'Océan et de Téthys, avait la garde des troupeaux de son père. Il savait l'avenir, mais ne le révélait que par force et prenait toutes sortes de formes pour échapper à ceux qui le pressaient de questions (Géorg., liv. IV). On a vu dans cette fable l'image de la nature, à laquelle il faut faire violence pour lui arracher ses secrets.

PROTÉE, ancien roi d’Égypte, dont on place le règne vers 1280 av. J.-C. Suivant une tradition opposée à celle d'Homère, il reçut Hélène et Pâris, que la tempête avait jetés sur les côtes d’Égypte, retint la princesse adultère en la séparant de Pâris et la rendit à Ménélas après la prise de Troie.

PROTÉSILAS, roi d'une partie de la Thessalie, était fils d'Iphiclus et oncle de Jason. Appelé à prendre part à l'expédition contre Troie, il quitta Laodamie, sa femme, bien que n'étant marié que de la veille; il eut la gloire de mettre le pied le premier sur le rivage asiatique, mais il fut tué aussitôt.

PROTESTANTS, nom donné aux Luthériens parce qu'ils protestèrent, en 1529, contre une décision de la 2e diète de Spire, qui apportait des restrictions à la liberté de conscience accordée par la 1re diète de Spire, tenue en 1526. Les Protestants diffèrent des Catholiques, principalement en ce qu'ils n'admettent d'autre autorité que celle de la Bible interprétée par la raison individuelle, rejettent la tradition et le pouvoir du pape, réprouvent le culte des saints, des reliques, des images, le purgatoire, les indulgences et la confession auriculaire. Cette dénomination, toute négative, s'applique indistinctement aux partisans de tous les cultes réformés. On doit aux frères Haag la France protestante, 1859, 9 vol. in-8.

PROTOGÈNE, peintre grec, né à Caunes, en Carie, vivait à Rhodes vers 336 av. J.-C, et resta longtemps obscur, réduit à peindre des vaisseaux pour vivre. Apelle fut le premier à ouvrir les yeux de ses concitoyens sur son mérite. Démétrius Poliorcète, faisant le siège de Rhodes, ordonna de respecter le faubourg où Protogène travaillait. Ses ouvrages principaux étaient des portraits de Cydippe, de Tlépolème, d’Antigone, d’Alexandre, et surtout le beau tableau du chasseur Jalyse, fondateur de Rhodes. On admirait dans ce dernier tableau l'écume qui sortait de la gueule du chien du chasseur : on raconte que l'artiste, désespérant de représenter cette écume avec vérité, avait lancé de dépit sur le tableau l'éponge qui servait à essuyer ses pinceaux, et que l'éponge, ainsi lancée au hasard, forma elle-même ce que le peintre ne pouvait imiter. Ce chef-d'œuvre périt à Rome dans un incendie du temple de la Paix.

PROTONOTAIRES APOSTOLIQUES, collége de 12 notaires, secrétaires de la chancellerie romaine, institués par Clément I pour écrire la vie des martyrs et assister aux canonisations.

PROTOPAPE, Protopapas, nom que les Grecs donnent à des prêtres d'un ordre supérieur, les simples prêtres se nommant chez eux papas.

PROTOSYNCELLE, c.-à-d. le 1er des syncelles, 1er domestique du palais patriarcal de Constantinople, était comme le vicaire du patriarche. C'était un des 1ers dignitaires ecclésiastiques de Constantinople.

PROUDHON (J.-B. Victor), doyen de la faculté de droit de Dijon, né en 1758 à Chanans (Doubs), m. en 1838 à Dijon, suivit d'abord le barreau, et fut, lors de la réorganisation des écoles, nommé professeur, puis doyen à la faculté de Dijon. La Restauration lui enleva ce titre en 1815 à cause de ses opinions libérales; mais, aucun de ses collègues n'ayant voulu accepter le décanat, l'ordonnance de révocation fut rapportée un an après. Proudhon partagea son temps entre les fonctions du professorat et la composition d'ouvrages de droit justement estimés. On a de lui : Cours de droit français, Dijon, 1810; Traité des droits d'usufruit, d'usage, d'habitation et de superficie, 1823-1827, un des chefs-d'œuvre de la science moderne; Traité du domaine public, 1833; De la distinction des biens, publ. en 1839 par Curasson; De l'état des personnes, publ. par M. Valette.

PROUDHON (Pierre Joseph), publiciste français, né à Besançon en 1809, m. en 1864, était fils d'un tonnelier; il fut d'abord ouvrier typographe, puis il débuta comme écrivain (1840 et suiv.) par quelques brochures où la hardiesse de la pensée touche souvent au paradoxe, et parmi lesquelles on distingue : Qu'est-ce que la propriété? (Il y développait cette thèse : « La propriété, c'est le vol. ») Il publia ensuite divers ouvrages sur des questions politiques et sociales : De la création de l'ordre dans l'humanité; 1843); Système des contradictions économiques (1846); Solution du problème social (1848); Le droit au travail (1848); Démonstration du socialisme, Idées révolutionnaires (1849); Confessions d'un révolutionnaire (1849); Gratuité du crédit (1850); la Révolution sociale démontrée par le coup d'État (1852); Manuel des opérations de la Bourse (1856); De la justice dans la révolution et dans l'Église ou Nouveaux principes de philosophie pratique (1858). Ces écrits lui attirèrent diverses condamnations. Il fonda également plusieurs journaux : le Représentant du peuple, le Peuple, la Voix du peuple (1848), et le Peuple de 1850. Il fut également membre de la Constituante (1848) pour le département de la Seine.

PROUILLE, monastère de religieuses de l'ordre de S. Dominique, dans le diocèse de St-Papoul en Languedoc, à 20 kil. de Carcassone, fut fondé, en 1206, par S. Dominique, qui y rassembla ses premiers disciples. Ce monastère exista jusqu'à la fin du XVIIIe s.

PROUST (Jos. L.), chimiste, membre de l’Académie des sciences, né en 1755 à Angers, m. en 1826 à Paris, fit de nombreuses découvertes, notamment celle du sucre de raisin (1799); donna la composition des hydrates, des sulfures, etc., et réussit à faire triompher contre Berthollet ce grand principe : que les corps, en se combinant, s’unissent en proportions fixes.

PROVÉDITEURS, gouverneurs des provinces dans l'anc. république de Venise. Il y avait en outre dans Venise même le provéditeur commun, chargé du soin des bâtiments et d'une partie de la police, et le provéditeur de la mer, caissier et payeur de la flotte.

PROVENCE, Provincia, anc. province et grand gouvernement de France, avait pour bornes à l'E. le Piémont et le comté de Nice, au S. la Méditerranée, à l'O. le Languedoc, au N. le Dauphiné et le comtat Venaissin, et pour capitale Aix. On y distinguait la Basse-Provence, qui comprenait 8 sénéchaussées : Aix, Arles, Marseille, Brignolles, Hyères, Grasse, Draguignan, Toulon; et la Hte-Provence, qui n'en contenait que 4 : Digne, Sisteron, Forcalquier, Castellane. Cette province a formé les dép. des Bouches-du-Rhône, du Var et des B.-Alpes, la partie orient. de celui de Vaucluse et une petite portion de celui de la Drôme. La Provence est arrosée par le Rhône, la Durance. l'Argens, le Var, le Verdon, la Sorgue et nombre de riv. côtières. A l'E., et surtout au N. E., s'élèvent des montagnes, qui font partie de la chaîne des Alpes. Beau climat, sol varié, très-fertile en beaucoup d'endroits, mais aussi beaucoup de plaines stériles; terrible vent du N. O., dit le mistral; lagunes liées à la mer; du reste, air très-salubre. Plantes du Midi : oliviers, orangers, citronniers, jujubiers, câpriers, chênes à kermès, etc.; fruits exquis, miel estimé, vers à soie en quantité. Mines de fer, houille, marbre, peu exploitées. Les Provençaux sont vifs, sobres, ingénieux; ils ont une langue à part, dérivée du latin, remarquable par sa douceur et son rhythme. Cette langue, une des premières cultivées au moyen âge, a produit une littérature assez riche : c'est la Provence qui a donné naissance aux troubadours. — Parmi les nombreuses tribus gauloises qui habitaient jadis cette contrée, on remarquait les Anatilii, les Vulgientes, les Salyes, les Deceates, les Suetrii, les Cavari, etc. Sur la côte, les Phocéens avaient fondé vers 600 av. J.-C. la ville de Massilia (Marseille), qui elle-même avait répandu autour d'elle de nombreuses colonies. Des différends survenus entre les Massiliens et les Salyes amenèrent dans cette partie de la Gaule les Romains comme alliés des premiers (125 av. J.-C.). Bientôt ils conquirent tout le pays compris entre les Alpes et le Rhône (tout en laissant Marseille indépendante) et donnèrent au pays conquis le nom de Province romaine; d'où, celui de Provence (V. PROVINCE ROMAINE). Au Ve s., Euric, ro des Visigoths, s'empara de tout ce pays. Après la bataille de Vouillé, les Visigoths le cédèrent à Théodoric, roi des Ostrogoths, qui seul pouvait le défendre; ce qui n'empêcha pas les fils de Clovis de le lui enlever. Après la mort de Louis le Débonnaire et par suite du traité de Verdun (813), la Provence échut à Lothaire, qui la laissa à un de ses fils, Charles; elle fit alors partie du royaume de Bourgogne cisjurane. Charles le Chauve, qui en était devenu maître à la mort du fils de Lothaire. en confia le gouvernement à Boson; mais celui-ci s'en fit élire roi (879). Sous ses successeurs, la Provence, annexée à de plus vastes États, eut des comtes particuliers, d'abord bénéficiaires, puis héréditaires. Rodolphe II, déjà roi de la Bourgogne transjurane, joignit à ses
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- 1553 —

possessions en 933 la Bourgogne cisjurane, qui comprenait la Provence: ce nouvel État, qui prit le nom de Royaume d’Arles, subsista jusqu’en 1032. Conrad II le réunit alors à l’empire d’Allemagne tout en laissant à la Provence ses comtes particuliers. De 1112 à 1245, elle fut aux mains de princes de la maison de Barcelone. En 1245, l’héritière du comté ayant épousé Charles d’Anjou, frère de S. Louis, la Provence passa à la maison d’Anjou, et par suite fut longtemps unie au royaume de Sicile. En 1481, à la mort de Charles du Maine, comte de Provence, Louis XI se porta héritier de ce prince. La Provence fut enfin réunie à la couronne par Charles VIII, en 1487. Depuis qu’elle appartient à la France, la Provence a été envahie plusieurs fois : par le connétable de Bourbon, à la tête des Impériaux, en 1524, par Charles-Quint en 1536, par le prince Eugène de Savoie en 1707. — Louis XVIII, avant de monter sur le trône, portait le titre de comte de Provence.

Souverains de la Provence.
Boson, gouverneur, puis roi, 879
Louis l’Aveugle, 888 ou 89
Hugues de Provence, 923
Comtes bénéficiaires.

Boson I, 926
Boson II, 948
Guillaume I, 968
Rothold, 992
Guillaume II, 1er comte propriétaire, 1008
Geoffroi I, Bertrand I et Guillaume III, 1018
Comtes héréditaires.

Bertrand II, 1063
Étiennette, 1093
Gerberge et Gilbert, 1100
Douce (héritière du comté de Catalogne) et Raymond Bérenger I, 1112
Bérenger, 1130
Raymond Bérenger II, 1144
Douce II, Alphonse I, Raymond Bérenger III et Sanche, 1156
Alphonse II, 1196
Raymond Bérenger IV, 1209
Béatrix et Charles d’Anjou, frère de S. Louis, et depuis roi de Sicile, 1245
Charles II, le Boîteux, roi de Naples et de Sicile, 1285
Robert, de Naples, 1309
Jeanne, de Naples, 1343
Louis I, duc d’Anjou, fils de Jean II, roi de France, adopté par Jeanne, 1382
Louis II, 1384
Louis III, 1417
René, dit le Bon, duc de Lorraine, puis roi de Naples, 1434
Charles III, comte du Maine, 1480
Louis XI, roi de France, 1481
Réunion définitive à la France, 1487

PROVERBES (Livre des), un des livres de la Bible dans l’Ancien Testament, est un recueil de préceptes et de sentences morales ; il se compose de 31 chapitres, dont les 29 premiers sont de Salomon.

PROVIDENCE, v. des États-Unis, sur la riv. de Providence, par 41° 51’ lat. N., 73° 42’ long. O., est avec Newport un des 2 ch.-l. de l’État de Rhode-Island ; 48 000 hab. Université, bibliothèque, plusieurs établissements charitables et disciplinaires. Tissus de coton et de laine, bijouterie, clouterie, papeterie, raffinerie de sucre, etc. — La ville fut fondée en 1635 par un colon nommé Roger Williams.

PROVINCE ROMAINE (La), Provincia, l’anc. Provence et partie du Languedoc, grande prov. de la Gaule, fut ainsi nommée par les Romains parce qu’elle fut longtemps la seule partie de cette contrée qui fût soumise à leurs armes. Elle s’agrandit progressivement : dans sa plus grande étendue, elle embrassa tout l’espace compris entre la Méditerranée, la Celtique, l’Italie, les Pyrénées, la Garonne et les Cévennes ; elle avait pour capit. Narbonne. Tout l’espace compris entre les Alpes et le Rhône fut conquis par Sextius en 122 ; peu d’années après, la conquête fut étendue jusqu’à l’Aude et Narbonne fut fondée pour en être la capitale, 118 ; les conquêtes de Pompée reculèrent ses limites jusqu’à la Garonne et aux Pyrénées, 76. Sous Auguste, son nom fut changé en celui de Gaule Narbonaise, du nom de sa capitale. V. narbonnaise et provence.

PROVINCES, nom donné par les Romains aux contrées qu’ils avaient assujetties en dehors de

l’Italie continentale, et qu’ils faisaient gouverner par des proconsuls et des propréteurs, magistrats investis d’un pouvoir presque absolu. La Sicile, la Gaule cisalpine furent les premières provinces romaines. Au moment de la chute de la République, le nombre en avait été successivement porté à 17 : 1 Sicile, 2 Sardaigne et Corse, 3 et 4 Espagne Citérieure et Ultérieure, 5 Macédoine, 6 Afrique (anc. territoire de Carthage et Numidie orientale), 7 Asie (anc. roy. de Pergame, comprenant la partie O. de l’Asie-Mineure), 8 Province romaine ou Province propremt dite, appelée plus tard Narbonaise, 9 Gaule Cisalpine, 10 Achaïe (Grèce continentale et Péloponèse), 11 Cilicie, 12 Bithynie, 13 Syrie et Phénicie, 14 Crète, 15 Gaule Transalpine, 16 Numidie, 17 Égypte. — Sous l’Empire on distingua les provinces sénatoriales et celles du prince, dites provinces impériales : celles-ci, situées sur les frontières et dans lesquelles l’appareil de la force était encore nécessaire, étaient administrées par des fonctionnaires à la nomination du prince, dits le plus souvent procurateurs, qui cumulaient pour l’ordinaire les pouvoirs civil et militaire. Dans 1es provinces sénatoriales, au contraire, les gouverneurs, nommés par le sénat, n’avaient que le pouvoir civil. Les provinces passaient quelquefois d’une de ces deux conditions à l’autre ; cependant on compta longtemps au nombre des provinces sénatoriales la Sicile, la Sardaigne, la Bétique, la Narbonaise, l’Afrique, l’Achaïe, la Macédoine, l’Asie, la Bithynie et Chypre.

PROVINCES-UNIES, état fédératif formé en 1579, par le traité d’Utrecht, aux dépens des 17 prov. qui composaient le cercle de Bourgogne, comprenait 7 prov.: la Hollande, la Zélande, Utrecht, les Gueldres avec Zutphen, l’Over-Yssel, la Frise et Grœningue avec Drenthe. Primitivement, il n’y avait que 5 provinces-unies, Over-Yssel n’ayant accédé à l’acte d’Utrecht qu’à la fin de 1579, et Grœningue qu’en 1594. La république des Provinces-Unies a cessé d’exister en 1795. (V. hollande et pays-bas). On doit à M. Lothrop-Motley une Hist. de la fondation des Provinces-Unies, Paris, 1862.

PROVINCIAL, nom donné, dans les ordres religieux, au supérieur commun de toutes les maisons d’un même pays ou d’une même langue, qui forment une province ou division de l’ordre. Le provincial est subordonné au général de l’ordre.

PROVINS, Provinum, ch.-l. d’arr. (S.-et-Marne), à 49 kil. E. de Melun, sur la Voulzie et le Durtein ; 7547 hab. Trib. de 1re inst. et de commerce ; collége, société d’agriculture ; Hôtel-Dieu, hôpital général, fondé par les comtes de Champagne. Église et tour St-Quiriace, bâtie, dit-on, sur les ruines d’un temple d’Isis, église St-Ayoul ; restes de fortifications ; boulevards, ville souterraine ; environs charmants. Eaux ferrugineuses. Fabriques de cuirs et de droguets, fours à chaux et à plâtre ; commerce de blé, grains et farines. Culture des roses, dites de Provins, employées en médecine ; conserves de violettes. Patrie du poëte Guyot de Provins. — Cette ville, qu’on a prise à tort pour Agedincum, existait dès le temps de Charlemagne. Possédée successivement par les comtes de Vermandois, de Blois, de Chartres et de Champagne, elle prospéra sous ces derniers. Elle fut brûlée en 1180, saccagée en 1280 ; prise par Charles le Mauvais en 1361 et 1378, par les Bourguignons, 1417, et les Anglais, 1432, par Henri IV, 1592. M. Bourquelot a donné une bonne Hist. de Provins, 1840.

PROVISEUR (de providere, pourvoir), dignité de l’ancienne et de la nouvelle Université. Dans l’ancienne, on désignait spécialement sous ce titre le supérieur de la Sorbonne et celui du collége d’Harcourt. Le 1er, toujours choisi parmi les hauts dignitaires du clergé, avait la direction suprême de la Sorbonne mais ne nommait pas aux chaires vacantes ; le 2e, qui appartenait à la faculté des arts, nommait les professeurs et les boursiers, dirigeait les études et administrait en chef les biens de la

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communauté. — Dans la nouvelle Université, on donne le nom de proviseurs aux chefs des lycées.

PROVISIONS D’OXFORD, statut provisoire dressé en 1258 par 24 commissaires du parlement d’Oxford, dit mad parliament (parlement enragé), et juré par Henri III et son fils Édouard, ordonnait l’observation de la Grande Charte (souvent violée par le roi), la convocation régulière du parlement, et l’élection d’un grand juge national et de quatre chevaliers par comté pour recevoir les griefs des habitants. Le pape Alexandre IV cassa par une bulle les Provisions d’Oxford (1261), et par suite le roi rétracta son serment (1262). De là une guerre civile que signalèrent l’arbitrage de S. Louis (1264), la bat. de Lewes (1264), où Henri fut défait par Montfort, et celle d’Evesham (1265), où périt ce dernier. La paix ne fut rétablie qu’en 1267, et les Provisions furent abolies.

PROVOST (J. B. François), comédien français, né à Paris en 1798, m. en 1865 ; acteur du Théâtre-Français, où il excella dans l’ancien répertoire. Son jeu se distinguait par le naturel, l’entrain et le bon ton.

PROYARD (l’abbé Bonaventure), né vers 1743, m. en 1808, était principal du collége du Puy avant 1789. Il émigra, devint conseiller ecclésiastique du prince de Hehenlohe-Bartenstein, rentra en France en 1801, mais fut arrêté et détenu à Bicêtre en 1808 pour avoir écrit en faveur des Bourbons. Il mourut peu après à Arras. Il a écrit des brochures politiques et des ouvrages d’éducation : l’Écolier vertueux, le Modèle des jeunes gens, etc.

PRUDENCE, Aurelius Prudentius Clemens, poëte latin chrétien, né en 348 à Calahorra dans la Tarraconaise, fut successivement avocat, juge, soldat, gouverneur de quelques villes, employé à la cour d’Honorius, puis disgracié par le prince, et passa la fin de sa vie dans la solitude, la culture des lettres et l’exercice de la piété. On lui doit, outre quelques écrits contre les hérétiques, un recueil de cantiques, hymnes et autres poésies, très-souvent imprimé (Hanau, 1613, in-8 ; Amst., chez Dan. Elzevier, 1667, in-12, avec notes d’Heinsius ; Paris, 1687, ad usum Delphini ; Cologne, 1701, Cum notis Variorum), et réédité à Tubingue, 1845, par Obbarius, et à Leips., 1860, par Dressel. Prudence a été proclamé le Prince des poëtes chrétiens : on trouve en effet dans ses poésies de l’imagination et de l’esprit ; mais son style est souvent incorrect et il est inférieur aux poëtes latins de la décadence. On doit à M. l’abbé Bayle une bonne Étude sur Prudence, 1860.

prudence (S.), évêque de Troyes de 840 ou 845 à 861, était Espagnol. Il combattit vivement les Semi-Pélagiens et réfuta Scot Érigène. On le fête le 6 avril.

PRUDHOMME (L.), journaliste et compilateur, né à Lyon en 1752, mort en 1830, fut d’abord commis libraire, puis relieur dans sa ville natale, vint à Paris vers 1787, s’y fit écrivain politique, publia une foule de pamphlets en faveur de la Révolution, fonda le journal démocratique intitulé les Révolutions de Paris, fut néanmoins emprisonné en 1793 comme royaliste, s’établit libraire après son élargissement, et édita divers grands ouvrages, notamment une traduction de Lavater, 1809, 10 vol. in-4 ; les Cérémonies religieuses de Picard, 1810, 13 vol. in-fol., et une nouvelle édition, fort améliorée, du Dictionnaire historique de Chaudon et Delandine, 1810-1820, 20 vol. in-8. Il a en outre donné lui-même : Géographie de la République française, 1795 ; Dictionnaire universel de la France, 1805 ; Histoire des crimes de la Révolution, 1798, etc.

PRUDHOMMES, arbitres commerciaux. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

PRUDHON (P. P.), peintre, né à Cluny en 1760, mort en 1823, était fils d’un tailleur de pierres. Il manifesta des dispositions précoces, remporta à 18 ans le prix de peinture fondé à Dijon, passa six ans à Rome (1783-89) et s’y lia avec Canova, revint en France au moment de la Révolution et végéta longtemps, ne faisant guère que des vignettes, exposa

aux salons de 1808 et 1812 des tableaux qui lui firent enfin prendre rang parmi les premiers artistes de l’époque, fut choisi par Napoléon pour donner des leçons à l’impératrice Marie-Louise et admis à l’Institut en 1816. Il eut une vie très-orageuse, et mourut du chagrin que lui causa le suicide de sa maîtresse. Son dessin est quelquefois incorrect, mais sa composition a du charme, et son coloris est fort beau. On admire surtout de lui le Crime poursuivi par la Justice et la Vengeance céleste et un Christ mourant sur la croix. Il ne traîta pas avec moins de succès les sujets gracieux (Psyché enlevée par les Zéphyrs, l’Innocence séduite par l’Amour, Vénus et Adonis), ce qui lui mérita le surnom de Corrège français.

PRUM ou PRUYM, v. des États prussiens (prov. Rhénane), sur la Prum (affluent de la Sure), à 50 k. N. N. O. de Trèves ; 3000 hab. Fameuse abbaye de Bénédictins, fondée en 721, agrandie en 761 par le roi Pépin, et dans laquelle l’empereur Lothaire I prit l’habit et mourut (855). Les archevêques de Trèves possèdent cette abbaye depuis le xvie s. Les abbés de Prum étaient Princes du St-Empire.

PRUNELLI, ch.-l. de cant. (Corse), à 31 k. S. E. de Corte ; 916 hab.

PRUSA, nom commun à deux villes de Bithynie, bâties par un des Prusias : Prusa ad Hypium, sur la côte, entre Héraclée et Nicomédie ; Prusa ad Olympium, auj. Brousse, à l’O. de la précédente.

PRUSIAS I, le Boiteux, roi de Bithynie de 237 à 192 av. J.-C., eut des démêlés avec Attale I, roi de Pergame, et avec la république de Byzance, repoussa les Gaulois qui avaient envahi ses États (200), et mourut en 192 des suites d’une blessure reçue au siége d’Héraclée. — ii, le Chasseur, fils et successeur du préc., 192-148, reçut Annibal à sa cour, réussit avec son secours à battre Eumène, roi de Pergame, et n’en consentit pas moins à le livrer aux Romains, ce que le général carthaginois n’évita qu’en s’empoisonnant (183). En 167, il vint à Rome pour solliciter l’alliance de la république, et s’y déshonora par sa bassesse. De retour dans ses États , il fit de nouveau la guerre au roi de Pergame, et lui enleva quelques provinces, mais il fut forcé par les Romains de rendre ses conquêtes (154). Il périt dans une révolte suscitée par son propre fils Nicomède II.

PRUSSE (Royaume de), Preussen en allemand, Borussia en latin, un des principaux États de l’Europe, était, avant 1866 formée de 2 parties distinctes et séparées l’une de l’autre par des pays étrangers (Hanovre, Hesse supérieure, Nassau, etc.) : l’une, la vraie Prusse, à l’E. ; l’autre à l’O. et plus petite, qu’on nommait la Prusse rhénane ; sans compter une enclave du royaume de Wurtemberg, la Principauté de Hohenzollern, cédée au roi de Prusse en 1849. Depuis 1866, elle forme, à part quelques enclaves qui font avec elle partie de l’Empire allemand (duché de Brunswick, d’Oldenbourg, etc.), un État compact, qui a pour bornes, au N. la mer du N., le Danemarck, le grand-duché de Mecklenbourg, la mer Baltique, à l’E. la Russie et la Pologne, au S. l’empire d’Autriche, le royaume et les duchés de Saxe, le royaume de Wurtewberg, les grands-duchés de Bade et de Hesse, à l’O. la France et la Hollande. Sa population actuelle est d’environ 24 millions d’âmes, dont plus de 13 millions de protestants. — Les États prussiens se divisent en 10 grandes provinces, subdivisées en gouvernements et régences, plus les districts gouvernementaux de Cassel et de Wiesbaden et la Principauté de Hohenzollern. Les gouvernements prennent tous le nom de leur chef-lieu. La capitale est Berlin.

Provinces.
Gouvernements.
Brandebourg
Potsdam et Berlin. — Francfort-sur-l’Oder.
Poméranie
Stettin. — Stralsund. — Kœslin.
Silésie
Breslau. — Liegnitz. — Oppeln.
Posnanie
Posen. — Bromberg.
Prusse propre...
Kœnigsberg. — Gumbinnen. — Dantzick. — Marienwerder.
Saxe...
Magdebourg. — Mersebourg. — Erfurt.
Westphalie...
Münster. — Minden. — Arensberg.
Province Rhénane.
Cologne. — Dusseldorf. — Coblentz. — Aix-la-Chapelle. — Trêves.
Hanovre...
Hanovre. — Hildesheim. — Lunebourg. — Stade. — Osnabruck. — Aurich.
Slesvig-Holstein... Kiel. — Slesvig.

Districts gouvernementaux de Cassel et Wiesbaden. — Principauté de Hohenzollern.

La Prusse embrasse des pays très-éloignés et très-divers. En Silésie, en Saxe et vers le Rhin, elle a beaucoup de montagnes (les monts Sudètes, Carpathes, Harz, Thuringerwald, Teutoburgerwald, etc.); dans les autres parties, c'est une plaine immense. La mer baigne environ 500 kil. des côtes de la Prusse. De nombreux chemins de fer, aboutissant pour la plupart à Berlin, facilitent encore les communications. Le Rhin, le Weser, l'Elbe, l'Oder et la Vistule sont les principaux fleuves qui l'arrosent. Il s'y trouve, surtout à l'E., beaucoup de lacs, d'étangs, et deux grandes lagunes, dites Kurische-Haff et Preussische-Haff. Divers canaux font communiquer ensemble l'Elbe, l'Oder et la Vistule. Le climat, variant selon la latitude, devient très-froid et très-humide au nord. La Silésie et les provinces à l'O. du Weser sont très-fertiles, mais dans le Brandebourg le sol est très-maigre; env. 6 millions d'hectares sont couverts de forêts. Productions principales : grains, légumes, lin, chanvre, safran, tabac, houblon; sur les bords du Rhin, vin, miel, soie. Fer, cuivre, étain, plomb, alun, salpêtre, chaux, albâtre, kaolin, jaspe, onyx et autres pierres précieuses; ambre jaune sur les côtes de la Baltique. Eaux minérales (à Aix-la-Chapelle), Warmbrunn, Hirschberg, etc.). Industrie active (draps, toiles, soieries, selleries, carrosserie, chapeaux, papier, tapis, horlogerie, brasseries, tanneries, bleu de Prusse, fonderie de fer). Commerce assez florissant, surtout à l'O. du Weser; il est facilité par l'association de douanes connue sous le nom de Zollverein et qui embrasse presque toute l'Allemagne. Le gouvt est monarchique et représentatif. La maison régnante est la ligne cadette des Hohenzollern. La liberté de conscience est illimitée : bien que la grande majorité de la population soit luthérienne, la religion catholique y a 2 archev. (Gnesen, Cologne) et 8 év. (Breslau, Culm, Ermeland Munster, Paderborn, Trêves, Hildesheim et Osnabruck). L'instruction est fort avancée; (6 universités : Berlin, Kœnigsberg, Halle, Breslau, Greisfwald et Bonn). L'armée est très-forte : composée de troupes régulières et d'une milice nationale appelée Landwehr, elle s'élève à plus de 600 000 hommes. La monarchie pruss., qui faisait partie de l'ancienne Confédération germanique, même y compris Posen et la Prusse propre (qui y furent admises en 1848), fait de même aujourd'hui partie tout entière de la Confed. de l'Allem. du N., dont elle a la présidence avec le commandement des armées de Conféd. Sur les 43 voix du Conseil fédéral, elle en a 17, et, par sa prépondérance, dispose presque de toutes les autres.

Histoire. La monarchie prussienne se composant de pays fort divers, qui n'ont été réunis qu'assez récemment, on s'attachera surtout ici à indiquer les acquisitions successives qui ont formé cette puissance et on se bornera à rappeler les événements principaux des États prussiens depuis le XVe s., époque où commence leur réunion, renvoyant pour ce qui précède cette époque à l'article particulier de chacun de ces Etats. V. PRUSSE PROPRE, POSEN, POMÉRANIE, SAXE, SILÉSIE, WESTPHALIE, etc.

1° Un comte de Hohenzollern, Conrad, tige de la maison de Brandebourg, fit dès 1164 l'acquisition du burgraviat de Nuremberg, qui n'a cessé d'appartenir à cette maison jusqu'en 1801. — 2° De 1248 à 1331, ses successeurs acquirent, entre autres terres, Anspach, Culmbach et Bayreuth; les possessions de cette maison embrassaient à cette époque presque toute la Franconie; mais elles furent, au commencement du XVe siècle, divisées entre les deux fils de Frédéric V de Hohenzollern (Jean III, l'aîné, et Frédéric VI, le cadet). — 3° En 1415, le margraviat de Brandebourg, qui avait appartenu successivement à la maison Ascanienne et à celles de Bavière et de Luxembourg, fut acheté, avec le titre d'électeur qui y était attaché, par Frédéric VI de Hohenzollern, qui prit le titre de Frédéric I de Brandebourg. Bientôt Frédéric II Dent de Fer y joignit la Nouvelle-Marche (1445). Ces possessions, qui avaient été partagées à la mort de Frédéric I (1440), furent de nouveau réunies par Albert l'Achille (1471) à la mort de Frédéric II. — 4° Par le traité de Xanten (1614) et celui de Dusseldorf (1624), Jean Sigismond réunit à ses États la moitié de la succession de Juliers (c.-à-d. Clèves, La Mark et Ravensberg). — 5° En 1618, le même Jean Sigismond réunit à ses États le duché de Prusse ou Prusse ducale, comme gendre du dernier duc Albert II, lequel lui-même était un Hohenzollern, mais de la ligne d'Anspach et Bayreuth. Cette Prusse ducale, qui était fief polonais lors de l'acquisition, devint complètement souveraine par l'acte de Labiau, en 1656, et par le traité de Wehlau, en 1657. — 6° En 1648, par le traité de Westphalie, Frédéric Guillaume, dit le Grand Électeur, acquit la Poméranie orientale, les archevêchés et évêchés sécularisés de Magdebourg, Halberstadt, Minden et Camin et le comté de Hohenstein. — 7° Après l'institution de Frédéric III comme roi sous le nom de Frédéric I (1701), eut lieu l'acquisition de Mœrs en 1702, de Tecklembourg, Vallengin et Neuchâtel en 1707, de partie des Gueldres en 1713 (paix d'Utrecht), de Wollin, Usedom, Stettin, et de moitié de la Poméranie antérieure en 1720 (paix de Stockholm). — 8° Frédéric II, en 1741 et 1742, conquiert sur l'Autriche presque toute la Silésie, que lui laissent la paix d'Aix-la-Chapelle (1748) et celle d'Hubertsbourg (1763). Il avait en outre hérité en 1743 de la Frise orientale. — 9° Le même Frédéric obtint pour sa part, au 1er démembrement de la Pologne (1772-73), la Prusse polonaise, moins Dantzick et Thorn. Frédéric Guillaume II y joignit en 1793 ces deux villes et toute la Grande-Pologne, sous le nom de Prusse méridionale, et, en 1795, Bialystok, Plock, etc., sous celui de Nouv. Prusse orientale. Il avait en outre obtenu en 1791 la cession des margraviats d'Anspach et de Bayreuth. — 10° Après avoir, dans les guerres de la Révolution, perdu ses possessions à l'O. du Rhin, la Prusse avait reçu d'avantageuses compensations à l'E., en Saxe et en Westphalie; en outre, le Hanovre lui avait été cédé en 1806 par Napoléon; mais, la guerre ayant éclaté peu de mois après, ses troupes furent chassées du Hanovre, et, en 1807, le traité de Tilsitt lui retira tout ce qu'elle possédait en Westphalie et en Franconie, plus la Grande-Pologne, qui devint le grand-duché de Varsovie. Refoulée sur l'Oder, la Prusse allait être réduite à rien si la chute de Napoléon ne l'eût soudainement relevée. Elle recouvra en 1814 et 1815 un quart environ de la Grande-Pologne, toutes ses autres possessions (sauf Anspach et Bayreuth), eut de plus la Poméranie suédoise, près de la moitié du roy. de Saxe, et reçut, tant à l'E. qu'à l'O. du Rhin, une foule de territoires qui formèrent la Prusse Rhénane ou Gr.-duché du B.-Rhin. — 11° Enfin, en 1849, les princes souverains de Hohenzollern-Hechingen et de Hohenzollern-Sigmaringen cédèrent leur principauté à Frédéric Guillaume IV, moyennant un revenu annuel et avec réserve de leurs droits à la succession de Prusse.

Les événements capitaux de l'histoire de la Prusse depuis l'acquisition du Brandebourg par la maison de Hohenzollern (1415) sont : le rôle important joué par les électeurs Frédéric II et Albert l'Achille pendant les guerres des Hussites, en prêtant leur secours à l'empereur Frédéric III (1440-1486); l'introduction du Luthéranisme en Brandebourg et en Prusse (1521 et années suiv.); la sécularisation de la Prusse orientale, en 1525, sous Albert de Brandebourg, grand-maître de l'Ordre Teutonique ; l'influence acquise dès 1577 par les électeurs de Brandebourg sur la Prusse, dont ils finissent par rester maîtres (1618); le règne glorieux et utile du grand-électeur Frédéric-Guillaume, qui fut le vrai créateur du roy. de Prusse, et qui accrut considérablement la population de ses États en les ouvrant aux réfugiés français après la révocation de l'édit de Nantes ; le changement du duché en royaume de Prusse sous Frédéric I (1701) et la participation de ce prince à la grande guerre du Nord (1701 et années suiv.), guerre qui, par la paix de Stockholm, lui valut de nouveaux agrandissements ; le règne de Frédéric II ou le Grand qui, effaçant tous ses prédécesseurs, fut pendant 40 ans le prince le plus influent de l'Europe, ajouta la Silésie et la Prusse occid. à ses États, résista presque seul à la plus redoutable coalition (guerre de Sept ans, 1756-63), empêcha l'Autriche de faire main basse sur la Bavière (1777), et fit de la Prusse un contre-poids à la puissance de l'Autriche ; la part que prirent ses deux successeurs à la lutte européenne contre la France, l'invasion des Prussiens en Champagne (1792), la paix de Bâle (1795), les campagnes de 1806 et 1807, signalées par la défaite d'Iéna, par l'occupation de Berlin et la perte d'une moitié des États prussiens, et terminées en 1807 par la paix de Tilsitt ; la jonction de la Prusse à la Russie après le désastre de Moscou (1812), l'entrée des Prussiens en France après la bataille de Leipsick, et leur réintégration avec usure dans les provinces qu'ils avaient perdues. Fréd.-Guillaume III établit des Assemblées provinciales, ayant voix consultative (1820). En 1847, Fréd.-Guillaume IV accorda la Diète réunie, où étaient convoqués les membres des assemblées provinciales. A la suite de la révolution qui venait d'éclater en France en 1848, une nouvelle constitution fut jurée par le roi le 6 février 1850 ; elle établissait 2 chambres, la Chambre des Seigneurs et celle des Députés, le vote de l'impôt et des lois par ces chambres et la responsabilité des ministres. Son successeur, Guillaume Louis (1861), eut d'abord à soutenir de nouveaux débats au sujet de la Constitution ; mais secondé par un ministre habile, M. de Bismarck, il donna un autre cours aux idées de son peuple : il obtint de faciles succès contre le Danemark (1864), vainquit l'Autriche à Sadowa (3 juillet 1866), agrandit son roy. du Holstein, du Slesvig, du Lauenbourg, du Hanovre, de la Hesse-Électorale et Supérieure, de Nassau, de Hambourg et de Francfort, se mit à la tête de l'Allemagne dans une guerre heureuse contre la France (1870-71), et fut proclamé empereur d'Allemagne. L’Histoire de la Prusse a été écrite par Stenzel, 1830, J. Voigt, 1839, E. Véron, 1867,

Voici la série des souverains de la Prusse depuis l'acquisition du Brandebourg.

Margraves électeurs de Brandebourg.
Fréd.-Guillaume, le Grand-Électeur, 1640
Frédéric I, 1415 Frédéric III, 1688
Fréd. II, Dent de Fer, 1440
Rois de Prusse.
Albert, l'Achille, 1471 Frédéric I (le même que Frédéric III), 1701
Jean, le Cicéron, 1486
Joachim I, le Nestor, 1499 Frédéric-Guill. I, 1713
Joachim II, l'Hector, 1534 Fréd. II, le Grand, 1740
Jean-George, 1571 Fréd.-Guill. II, 1786
Joachim-Frédéric, 1598 Fréd.-Guill. III, 1797
Jean-Sjgismond, 1608 Fréd.-Guill. IV, 1840
George-Guillaume, 1619 Guillaume-Louis, 1861

PRUSSE proprement dite, une des 8 provinces du royaume de Prusse, a pour bornes : à l'E. la Russie, au S. la Pologne russe, à l'O. la Poméranie et le Brandebourg, au N. la Baltique ; capitale, Kœnigsberg. De forme oblongue, elle a 600 kil. de l'O. à l'E., sur une largeur qui varie de 25 à 150. On la divise en 4 gouvts : Kœnigsberg, Gumbinnen, Dantzick, Marienwerder. Elle est arrosée par la Vistule et contient en outre beaucoup de lacs, d'étangs et de marais, ainsi que les deux Haff. Climat insalubre, sol plat, froid, peu fertile ; ambre sur les côtes. — La Prusse eut dans les temps anciens pour habitants les Gultones, les Essyens, les Vindiles, etc.; elle fut ensuite occupée par les Goths et comprise dans l'empire gothique. Après le départ des Goths, elle fut envahie par des tribus slaves, parmi lesquelles étaient les Lettones et les Borussi ou Porussi, qui habitaient sur les bords de la Vistule, et qui donnèrent leur nom au pays. Au commencement du XIIIe s., le duc de Mazovie Conrad tenta de les assujettir et de les convertir au Christianisme (1207), mais il fut repoussé, et les Prussiens dévastèrent cruellement ses États ; il appela contre eux les Porte-Glaive (1215), puis les Chevaliers Teutoniques (1226). Ceux-ci, sous leur grand maître Hermann de Salza (1230), entamèrent la conquête de ces contrées barbares ; elle ne fut achevée qu'en 1283. Forcé en 1290 de quitter la Terre-Sainte, l'Ordre finit par établir son siége principal et sa grande maîtrise en Prusse, à Marienbourg (1309). Sous sa domination, la Prusse prospéra quelque temps. Mais dans la suite l'Ordre fut affaibli par des guerres perpétuelles avec la Lithuanie, la Pologne, le Brandebourg ; puis le faste, les rapines et les cruautés des chevaliers exaspérèrent le pays contre eux, et il en résulta, sous le grand maître Louis d'Erlischhausen, une insurrection terrible (1454) : la noblesse et les villes coalisées, secouant le joug de l'Ordre, se placèrent sous la protection de la Pologne. La paix de Thorn (1466) mit fin à la guerre, en faisant de la Prusse deux parts : L'une, à l'O, (Prusse royale), devint partie du royaume de Pologne ; l'autre, à l'E. (Prusse teutonique), restait à l'Ordre, mais sous la suzeraineté polonaise. Afin d'échapper à ce joug, l'Ordre choisit pour grand maître en 1511 le margrave Albert de Brandebourg. Celui-ci conclut avec le roi Sigismond de Pologne la paix de Cracovie, 1525, en vertu de laquelle il convertit la Prusse en un duché séculier, qu'il garda comme fief de la Pologne et qu'il rendit héréditaire dans sa propre famille. Albert-Frédéric ou II, son fils, lui succéda ; mais, ce prince étant tombé dans un état d'imbécillité en 1573, ses États furent administrés par Jean-George, puis par Joachim-Frédéric et par Jean-Sigismond, ses parents. Ce dernier fut investi du duché en 1618, à la mort d'Albert II, et, ayant fait épouser une des filles d'Albert par son fils, il fixa dans la ligne à laquelle il appartenait la couronne ducale de Prusse. Depuis cette époque, la Prusse est restée à la maison électorale de Brandebourg, d'abord comme fief polonais et plus tard comme possession indépendante (V. l'art, précédent).

PRUSSE RHÉNANE. On nomme souvent ainsi toutes les possessions de la Prusse sur le Rhin et à l'O. du Weser. V. Grand-duché du BAS-RHIN et prov. du RHIN.

PRUTH, Poras, Hierasus ? riv. qui sert de limite entre la Russie d'Europe et la Moldavie, naît en Galicie dans les Carpathes, au-dessus de Kolomea, arrose cette ville, coule au S. E. et tombe dans le Danube près de Galatz après un cours de 800 kil. — Ce fleuve est célèbre par l'échec que Pierre le Grand subit sur ses bords (à Houch près de Faltchi), et par le traité qu'il y conclut en 1711 avec les Turcs par l'entremise de Catherine : le czar dut, par ce traité, renoncer à ses nouveaux établissements sur la mer d'Azov et la mer Noire.

PRYTANÉE, nom donné par les Grecs au palais où siégeaient les prytanes, dans les villes où cette magistrature existait. On connaît surtout le Prytanée d'Athènes, réunion d'édifices situés sur la pente N. E. de l'Acropole. Il se composait de bâtiments destinés : 1° aux séances politiques ou juridiques des prytanes ; 2° à des approvisionnements en blé et autres grains ; 3° aux repas qu’on donnait aux citoyens nourris aux dépens du trésor. Ces citoyens étaient d’abord les prytanes, puis ceux qui avaient bien mérité de la patrie. — Sous la République française, le collége Louis-le-Grand, consacré aux boursiers de l’État, prit le nom de Prytanée français. En 1803, ce nom fut transféré à l’établissement de St-Cyr, qui eut la même destination. Depuis 1852, il est appliqué au Collége militaire de La Flèche.

PRYTANES, magistrats suprêmes chargés dans divers États de la Grèce d’administrer les affaires ou de rendre la justice : il y avait des Prytanes à Athènes, à Corinthe, à Corcyre, à Rhodes, à Mitylène, etc. Les plus connus sont ceux d’Athènes. Ils gouvernaient conjointement avec les archontes, préparaient les lois qui devaient être portées devant le peuple et rendaient la justice dans certains cas réservés. Ils étaient au nombre de 50. Tous les membres du sénat remplissaient ces fonctions à tour de rôle pendant 35 jours de l’année. Les Prytanes s’assemblaient dans le Prytanée et y étaient nourris aux frais du public.

PRZEMYSL, v. murée des États autrichiens (Galicie), chef de cercle, sur le Saan, à 90 kil. O. de Lemberg ; 10 000 hab. Évêchés catholique et grec — Le cercle de Przémysl, entre celui de Lemberg et le roy. de Pologne, a 100 kil. sur 35 et compte 260 000 h.

PRZÉMYSL ou PRÉMISLASI, anc. roi de Pologne, dont on place le règne de 722 à 750, mais dont l’existence est incertaine. — II, roi de Pologne, était d’abord duc de Posen. Il acquit Cracovie en 1290, hérita de la Poméranie orientale en 1295, fut, la même année, élu roi de Pologne après un long interrègne, et mourut dès l’année suivante (1296).

PRZÉMYSL-OTTOKAR, duc de Bohême. V. OTTOKAR.

PSALMANASAR (George), aventurier, né en 1679 dans le midi de la France, m. à Londres en 1763, reçut une éducation distinguée, mais n’usa de ses talents et de ses connaissances que pour revêtir successivement des masques divers ; il se fit passer en dernier lieu pour un indigène de l’île de Formose, publia à Londres une Relation de cette île, qu’on crut véritable, et aboutit à une conversion feinte, qu’il se fit payer cher. Vers l'âge de 32 ans, il renonça à toutes ces impostures et se mit à écrire des livres sérieux. Il a fourni la plus grande partie de l’histoire ancienne à l’Histoire universelle anglaise ; à 73 ans, il écrivit ses Mémoires (1764, en anglais), sans toutefois donner son vrai nom, qu’on a toujours ignoré.

PSAMMÉNIT, dernier roi de la dynastie égyptienne, fils et successeur d’Amasis, monta sur le trône en 526 av. J.-C. et ne régna que six mois. Battu par Cambyse sur le bras pélusiaque du Nil, puis forcé et pris dans Memphis, il fut envoyé captif à Suse avec 6000 Égyptiens. Il fut mis à mort quelque temps après comme suspect d’avoir ourdi un complot.

PSAMMÉTIQUE, roi d’Égypte, fils de Néchao, qui avait été détrôné par les Éthiopiens, fonda la 26e dynastie. Il était un des 12 rois de la Dodécarchie qui se partagèrent l’Égypte à la mort de Séthos, et régna en cette qualité, de 671 à 656 av. J.-C., sur la portion N. O. de l’Égypte, à l’occident du Delta. Aidé de mercenaires grecs de l’Asie-Mineure et s’appuyant sur un oracle, il battit et chassa ses 11 collègues et régna seul de 656 à 617. Il embellit Memphis, y éleva les temples de Fta et du bœuf Apis, ouvrit aux Grecs la ville de Naucratis, accueillit les étrangers, contrairement aux anciens usages de l’Égypte, et fonda une marine. L’Égypte manquant de forêts et par conséquent de bois de construction, il voulut conquérir la Phénicie et la Syrie, pour en tirer les bois du Liban ; mais il fut, dit-on, arrêté 29 ans au siége d’Azoth. Ce prince avait transporté sa capitale à Saïs. Néanmoins il orna Thèbes de nombreux monuments : plusieurs de ceux qui subsistent encore parmi les ruines de cette ville, à Karnac, portent son nom.

PSARA, île de l’Archipel. V. IPSARA.

PSAUMES (le Livre des), du grec psalmos, air chanté sur la harpe, un des livres canoniques de l’Ancien Testament. C’est un recueil d’hymnes ou de cantiques, au nombre de 150, qui étaient destinés à être chantés dans les cérémonies religieuses. On les doit pour la plupart au roi David ; Asaph passe pour en avoir composé plusieurs. Ils furent recueillis par Esdras. Les Psaumes sont un des plus beaux modèles de la poésie lyrique : plusieurs de nos grands poëtes, J. Racine, J. B. Rousseau, Lefranc de Pompignan, en ont imité avec bonheur les passages les plus sublimes. Ils ont été traduits intégralement en vers français par Clément Marot, et plus récemment par M. Giffard, 1841.

PSELLUS (Michel), écrivain byzantin, de famille patricienne, né au commencement du XIe s., m. vers 1079, fut nommé sénateur par l’emp. Michel Stratiotique, conserva son crédit sous Isaac Comnène et Constantin Ducas, fit l’éducation de Michel Parapinace, fils de ce dernier, sous lequel il devint principal ministre, mais fut disgracié par Nicéphore Botoniate et finit par être relégué dans un couvent où il mourut. Philosophe, théologien, mathématicien, médecin, il a écrit sur les sujets les plus divers. On a de lui, entre autres écrits : Paraphrase sur le traité de l’Interprétation d’Aristote, Venise, 1503 (à la suite du commentaire d’Ammonius sur le même sujet) ; Comment. sur l’Acoustique d’Aristote, dont une trad. latine, par Comozzi, a été publiée à Venise en 1554, mais dont le texte grec est inédit ; Des propriétés des minéraux, Toulouse, 1615, grec-latin ; des Quatre sciences mathématiques (arithmétique, musique, géométrie, astronomie), avec une version latine par G. Xylander, Bâle, 1556 ; une Chronographie (qui va de 975 à 1059) ; un traité De l’action des démons, Paris, 1615, publié de nouveau en 1838 par Boissonnade, avec des poésies de l’auteur. — Un 2e Psellus, dit le Jeune, fut précepteur de Michel VII ou Ducas. On a de lui un Abrégé des lois (Synopsis tôn nomôn), en 1500 vers politiques.

PSKOV ou PLESKOV, v. de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvt de Pskov, sur la Pskova et la Vélikaïa ; 13 000 hab. Évêché grec, cour civile et criminelle, école théologique. Ville bâtie en bois ; églises riches. Cette ville, fondée au Xe s., fut une république indépendante jusqu’à sa soumission à Vasili IV (1509). Son commerce était jadis très-florissant : elle rivalisait avec Novogorod. — Le gouvt de Pskov, borné par ceux de St-Pétersbourg et de Novogorod au N., de Tver et de Smolensk à l’E., de Vitebsk au S., de Riga à l’O., a 340 kil. sur 225 et compte 680 000 h. Sol peu fertile, mais bien cultivé.

PSOPHIS, v. d’Arcadie, au N. O., sur les confins de l’Achaïe et de l’Élide, au confluent de l’Érymanthe et de l’Aroanios, était une des plus fortes places du Péloponèse. Alliée des Étoliens dans la guerre des Deux-Ligues, elle fut prise par Philippe V, roi de Macédoine, qui la donna en garde aux Achéens, 219 av. J.-C. On en voit les ruines près du village actuel de Tripotamo.

PSYCHÉ, jeune fille de la plus rare beauté, inspira une vive passion à l’Amour même. Exposée, d’après l’ordre d’un oracle, sur une montagne où elle devait être la proie d’un monstre inconnu, elle s’attendait à périr lorsque Zéphire la transporta dans un palais magnifique, où chaque nuit l’Amour venait la visiter, mais dans l’ombre et en lui recommandant de ne point chercher à le voir. La curiosité l’emporta bientôt, mais une goutte d’huile, échappée de la lampe que Psyché tenait à la main, tomba sur la cuisse de son amant pendant qu’elle le contemplait : il s’éveilla aussitôt et s’envola pour ne plus revenir ; le palais s’évanouit en même temps, et Psyché fut livrée à Vénus, qui, irritée de ce qu’elle avait séduit son fils, la soumit aux plus dures épreuves. À la fin cependant, l’Amour, touché de son malheur, revint à elle, l’épousa et lui donna l’immortalité. Apulée, dans l’Âne d’or, La Fontaine, et de nos jours M. Laprade, ont conté cette fable d’une manière ravissante. La fable de Psyché a reçu mille interprétations diverses. On a voulu y voir l'emblème de la beauté de l’âme (dont le nom grec est psyché), de son union avec le corps, des épreuves qu'elle subit sur la terre et de l'immortalité à laquelle elle est destinée. Ce qu'elle paraît offrir de plus clair, c'est que le bonheur ne dure qu'autant que dure l'illusion.

PSYLLES, Psylli, jongleurs d’Égypte et de Libye, prétendaient avoir le don de neutraliser le venin des serpents et de les tuer par leur seule présence. Hérodote en a fait à tort un peuple particulier, qu'il place dans l'intérieur de la Cyrénaïque.

PTOLÉMAÏS, nom commun à beaucoup de villes anciennes, fondées ou embellies par les Ptolémées. Les principales sont : 1° une ville de Syrie nommée d'abord Acco, auj. St-Jean-d'Acre, célèbre dans l'histoire des croisades; — 2° une ville de Cyrénaïque qui servait de port à Barcé et dont il reste de vastes ruines : c'est auj. Tolometa; — 3° une v. de la Hte-Égypte, en Thébaïde, auj. Menchit-el-Nédé, sur la r. g. du Nil, au S. de Panopolis, fondée par Ptolémée Philadelphe et l'une des places les plus commerçantes de l’Égypte; — 4° une autre v. d’Égypte, sur le golfe Arabique (mer Rouge) et sur les frontières des Troglodytes, près du cap appelé auj. Assyz-Ras. On la nommait Ptolémaïs thérôn, à cause des bêtes féroces qui infestaient ses environs. On croit que c'est la ville actuelle de Mersa-Mubarak en Abyssinie.

PTOLÉMÉE I, Ptolemæus, dit LAGUS (du nom de son père), et SOTER (c.-à-d. Sauveur), roi d’Égypte, fondateur de la dynastie des Lagides, passait pour fils d'une maîtresse de Philippe qui aurait ensuite épousé Lagus, un des principaux officiers de ce prince. Il suivit Alexandre en Asie, et fut un des trois officiers qui lui sauvèrent la vie dans la ville des Oxydraques. A la mort du roi (323 av. J.-C.), il reçut l’Égypte en partage. Il s'unit aux autres généraux contre Perdiccas, qui trouva la mort en envahissant l’Égypte, 320, puis contre Antigone, dont il battit à Gaza le fils Démétrius, 313, et s'empara de la partie S. de la Syrie et de la Palestine. En 306, il prit le titre de roi, à l'exemple de ses collègues. En 301, il contribua à la victoire d'Ipsus sur Antigone, après laquelle il unit à ses États la Cyrénaïque, la Libye, Cypre, la Célésyrie et la Palestine. Non moins actif à l'intérieur, il fortifia Alexandrie, remplit cette ville de monuments et de temples, commença la tour du Phare, fonda la bibliothèque du Sérapion, protégea les sciences, les lettres, attira les savants, créa le Musée, s'occupa même de la religion et introduisit ou restaura en Égypte le culte du dieu Sérapis. Il écarta du trône l'aîné de ses fils, Ptolémée Céraune, dont il craignait la violence, et abdiqua en faveur du second, Ptolémée Philadelphe (285). Sa mort n'eut lieu que deux ans après cette abdication. — II, Philadelphe (c.-à-d. l’Ami de ses frères, surnom ironique qui, dit-on, lui fut donné à cause de sa haine contre ses frères), fils du préc., né à Cos en 309 av. J.-C., monta sur le trône en 285, fit tuer Arsène, son plus jeune frère, tandis que Ptolémée Céraunus, l'aîné, fuyait l’Égypte, punit de mort Méléagre, un autre de ses frères, qui avait favorisé une révolte en Cypre, et contint Cyrène, que son 3e frère, Magas, poussait à l'insurrection. Il répudia la fille de Lysimaque, Arsinoé, pour épouser une autre Arsinoé, sa sœur de père. Ptolémée Philadelphe aimait les lettres et les sciences; il fit traduire en grec les livres sacrés des Hébreux (version des Septante), augmenta la bibliothèque fondée par son père, et fit beaucoup pour l'astronomie et la navigation; il répara le canal de jonction entre la Méditerranée et la mer Rouge, creusa des ports, fit explorer la Nubie et le Nil supérieur, et fonda plusieurs villes dont quelques-unes prirent de lui le nom de Philadelphie. Au dehors, il s'allia avec Rome, défendit la liberté de la Grèce contre Antigone Gonatas, et prévint les attaques d'Antiochus Théos, roi de Syrie, en envoyant des troupes dans ses États. Il mourut en 247. C'est un des plus grands rois de la dynastie. Quelques-uns expliquent son surnom de Philadelphe par l'affection qu'il avait pour sa sœur (adelphé), qu'il épousa. — III, Évergète (c.-à-d. le Bienfaiteur), fils et successeur du préc., né vers 283 av. J.-C., régna de 247 à 222, envahit la Syrie, franchit l'Euphrate, occupa la Babylonie, la Susiane, la Perside, pénétra jusqu'à Bactres, rapporta de Perse en Égypte les images des dieux nationaux, enlevées par Cambyse et Darius (c'est ce qui lui valut son surnom), conquit aussi l’Éthiopie, comme l'atteste le célèbre monument d'Adulis (V. ce nom), seconda les efforts d'Aratus pour l'indépendance achéenne, et accueillit Cléomène battu par les Macédoniens. Il eut pour femme Bérénice, sa propre sœur, si célèbre par l'enlèvement de sa chevelure. V. BÉRÉNICE. — IV, Philopator (c.-à-d. l’Ami de son père, surnom ironique qui lui fut donné parce qu'on l'accusait d'avoir empoisonné son père), fils de Ptolémée III, régna de 222 à 205. Soumis à d'indignes ministres, Agathocle et Sosibe, il persécuta Cléomène, le réduisit à tenter une révolte, puis le massacra et outragea son cadavre. En guerre avec Antiochus le Grand, il perdit d'abord la Syrie presque entière, mais la vict. de Raphia lui assura la possession de la Palestine, de la Phénicie et de la Cœlésyrie (217). Il fit mourir Arsinoé, sa sœur et femme, et mourut abhorré et méprisé de ses sujets. — V, Épiphane (c.-à-d. l’Illustre), fils et successeur du préc. (205-181), avait cinq ans à la mort de son père, et fut toujours le jouet de ses ministres (Agathocle, Sosibe le Jeune, Tlépolème). Une guerre malheureuse avec Antiochus signala sa minorité; la révolte de Lycopolis, les projets ambitieux de Scopas, de Dicéarque, d'affreux désordres à Saïs, à Naucratis et dans plusieurs autres villes, ensanglantèrent le reste de son règne. Il ne les comprima qu'à l'aide de Grecs mercenaires et à force de cruautés. Pour consolider son trône, les régents avaient confié au Sénat romain la tutelle du jeune roi. Il mourut empoisonné. — VI, Philométor (c.-à-d. l’Ami de sa mère), fils et successeur du précéd. (181-146), avait cinq ans en montant sur le trône, et eut pour régente sa mère Cléopâtre, princesse syrienne, qui sut défendre l’Égypte contre les attaques du roi de Syrie Antiochus IV. Il fut pris en 170 par les Syriens, resta quatre ans prisonnier, régna ensuite deux ans conjointement avec son frère Ptolémée VII ou Évergète II, qui avait gouverné en son absence, se vit attaqué de nouveau par Antiochus, mais fut délivré par l'intervention du consul Popilius Lénas, qui signifia au roi de Syrie de respecter l'allié du peuple romain (164). Par l'ordre du même Popilius, il céda la Libye, la Cyrénaïque et l'île de Cypre à Ptolémée Évergète II à titre de royaume particulier. Plus tard, voulant profiter des troubles de la Syrie, il fit tour à tour alliance avec Alexandre Bala et avec Démétrius. Il périt de ses blessures après avoir remporté sur Bala la vict. de l'Oronte. — VII, Évergète II (c.-à-d. le Bienfaiteur, par antiphrase), gouverna de 170 à 166, pendant la captivité de son frère Philométor, régna conjointement avec lui de 166 à 164, obtint par l'intervention de Popilius le roy. de Libye et Cyrénaïque, auquel plus tard il fit joindre Cypre, revint en armes sur l’Égypte à la mort de Philométor (146), força sa veuve à l'épouser et promit de laisser régner avec lui le jeune Ptol. Eupator, fils de ce prince, mais bientôt il l'assassina dans les bras de sa mère. Il se rendit le jouet de tous par ses extravagances, et devint tellement odieux par ses vices et ses cruautés qu'il fut forcé d'abandonner Alexandrie (131). Cependant il parvint à se faire rétablir, grâce aux talents de son général Hégéloque et aux troubles de la Syrie, et il resta sur le trône Jusqu'à sa mort, en 117. Outre le surnom dérisoire d’Évergète, on lui donnait ceux de Kakergète (malfaisant) et de Physcon (ventru). — VIII, Soter II, fils du préc., monta sur le trône l'an 117 av. J.-C. Il fut dix ans sous le joug de sa mère Cléopâtre, favorisa Antiochus de Cyzique, roi de Syrie, contre son compétiteur Antiochus Grypus, fut chassé de l’Égypte par une révolte qu'alluma sa propre mère dans Alexandrie, se rendit alors en Syrie avec 30 000 hommes, prit part aux guerres civiles qui désolaient ce pays, et essaya de se faire une principauté aux dépens de la Judée et de la Phénicie. Il ne remonta sur le trône d’Égypte qu'au bout de 18 ans, à la chute de Ptolémée Alexandre I, son frère (88). Il mourut en 81, laissant une fille légitime, Bérénice, et un fils naturel (V. Ptolémée XI). On lui donnait vulgairement le surnom de Lathyre (pois chiche). — IX, ou Ptol. Alexandre I, 2e fils de Ptolémée VII, fut mis sur le trône par sa mère Cléopâtre, après l'expulsion de Ptolémée VIII, son aîné (107 av. J.-C). Il se brouilla avec sa mère dès qu'il fut maître de la couronne, et la fit mourir pour ne pas être lui-même sa victime; il viola le tombeau d'Alexandre le Grand pour s'en approprier les trésors, causa par là une insurrection dans Alexandrie et fut forcé de prendre la fuite (88); fit une vaine tentative pour se replacer sur le trône, sur lequel était remonté Ptol. Soter II, se vit repoussé sur mer et sur terre, et périt dans un combat, laissant un fils, Ptolémée-Alexandre II, qui régna depuis. — X, ou Ptol. Alexandre II, fils du préc. Aidé de Sylla, il réclama le trône à la mort de son oncle Ptolémée VIII (Soter II), en 81, l'obtint au bout de 6 mois, en épousant la fille de Soter, Bérénice, régna 47 jours avec elle, puis l'assassina; il fut bientôt lui-même égorgé dans le gymnase d'Alexandrie par l'armée révoltée, en 80. Suivant Champollion-Figeac, il ne fut que chassé d’Égypte, et régna encore sept ans à Tyr. En lui s'éteignit la descendance légitime de Ptolémée; les Romains se déclarèrent ses héritiers, en vertu d'un prétendu testament. — XI, Aulète (c.-à-d. joueur de flûte, ainsi nommé de sa passion pour la flûte), fils naturel de Ptol. Soter II, fut mis sur le trône par les Égyptiens en 80, mais ne fut reconnu par les Romains qu'en 59; encore ne fut-ce qu'en achetant la protection de Pompée. Il se rendit l'objet du mépris et de la haine des Égyptiens, surtout par l'inertie avec laquelle il vit le sénat de Rome faire main basse sur l'île de Cypre, apanage de son frère, fut chassé en 58, et revint après 3 ans d'exil, grâce aux armes de Gabinius, créature de Pompée (55). Il régna 3 ans encore, protégé par la garde gauloise qu'on lui avait laissée, dépouilla ses sujets pour payer ses dispendieux protecteurs, et mourut exécré, en 52 av. J.-C. — XII, Denys (c.-à-d. Bacchus), fils du préc., monta sur le trône en 52, et fut marié à sa sœur, la fameuse Cléopâtre, bien qu'il n'eût que 13 ans et qu'elle en eût 17. Cléopâtre ayant voulu exercer seule l'autorité, les tuteurs du jeune roi excitèrent contre elle une sédition et la forcèrent à s'éloigner. D'après le conseil des mêmes tuteurs, Ptolémée consentit à l'assassinat de Pompée (48), qui venait se réfugier en Égypte, mais il n'en fut pas mieux traité par César, qui, s'interposant comme arbitre entre Cléopâtre et lui, se déclara pour Cléopâtre dont les charmes l'avaient séduit. Ptolémée prit les armes, mais il fut battu et périt dans les eaux du Nil pendant sa fuite, en 48. — XIII, l’Enfant, 2e fils de Ptolémée XI, fut fait roi d’Égypte par César, en 48 av. J.-C., et devint à 11 ans le second mari de Cléopâtre; mais il périt quatre ans après, peut-être par le poison. — XIV, ou Césarion, né en 47 av. J.-C., de César et de Cléopâtre, fut déclaré roi en 42 par les triumvirs, reçut en 32 le vain titre de roi des rois, et périt en l'an 30 par ordre d'Auguste.

PTOLÉMÉE ALORITÈS, roi de Macédoine, natif d'Alore en Piérie, était un fils naturel d'Amyntas III, dont il épousa la fille Euryone. Eurydice, sa belle-mère, éprise pour lui d'un amour criminel, tenta de faire périr son époux Amyntas pour le placer sur le trône : mais son plan échoua. Ptolémée voulut encore, mais inutilement, usurper le trône en 372. Il réussit, en 369, à la mort d'Alexandre II, à enlever une partie du royaume; mais trois ans après, il fut renversé par l'intervention de Pélopidas.

PTOLÉMÉE, surn. Céraune (c.-à-d. le Foudre, à cause de sa violence), roi de Macédoine, fils aîné de Ptolémée Soter I, quitta l’Égypte quand Ptolémée Philadelphe, son frère cadet, eut été déclaré l'héritier du trône (285), assassina Séleucus qui l'avait accueilli dans ses États, se fit proclamer roi de Thrace et de Macédoine (281), battit sur mer Antigone Gonatas, un de ses compétiteurs, se débarrassa des autres sans coup férir, épousa sa sœur Arsinoé, veuve de Lysimaque, fit mourir les deux fils qu'elle avait eus de ce prince, et la força bientôt elle-même à fuir en Égypte, où elle épousa Philadelphe. Il périt en 279, dans une bataille contre les Gaulois que commandait Belgius, après un an et demi de règne.

PTOLÉMÉE (Claude), Claudius Ptolemæus, astronome grec, né, à ce qu'on croit, à Ptolémaïs en Thébaïde dans les 1re années du IIe s. de J.-C., vécut longtemps à Alexandrie ou à Canope, près de cette ville. Il commença ses travaux vers 128 et les poursuivit 40 ans. Savant laborieux plutôt qu'homme de génie, il n'a guère fait que rassembler et coordonner les travaux de ses devanciers (notamment d'Hipparque); il ne rectifie pas même leurs inexactitudes ou il les corrige mal. Il a donné son nom à ce système astronomique suivant lequel le soleil, les planètes, les astres décrivent leurs orbes autour de la terre qui reste immobile, système conforme à l'apparence, mais contraire à la réalité, et que renversa Copernic. Celles de ses œuvres que nous possédons sont : la Composition mathématique, traité d'astronomie en 13 livres, connu aussi sous le nom d’Almageste (mot hybride formé de l'art. arabe al et du superlatif grec mégistos, très-grand), l’Analemme (traité de gnomonique), l’Optique (en 5 liv.), la Géographie (en 8 liv.), les Harmoniques, traité mathématique des sons, le Quadripartitum ou Tétrabiblon, qui traite en 4 livres de l'astrologie judiciaire; un Abrégé de ses Tables astronomiques, dit Tables manuelles; des tables chronologiques dites Canon royal, et un traité philosophique sur le Criterium et la Faculté dirigeante. Il avait en outre écrit des livres sur l’Étendue, les Éléments, la Pesanteur, et un traité de Mécanique en 3 livres. C'est à tort qu'on l'a regardé comme l'auteur du Traité de projection stéréographique dit Planisphère de Ptolémée (en latin, Bâle, 1536, in-4). Plusieurs de ses ouvrages ont été commentés par Théon. Les œuvres de Ptolémée ont été très-souvent imprimées. L'édition la moins incomplète a été longtemps celle de Bâle, 1551, in-f.; Wilberg et Grashof en ont donné une plus complète, grec-lat., Essen, 1838-46. On a des éditions séparées de la Géographie (Amst., 1619, par Bertius), Berlin, 1838 (par Wilberg); des Harmoniques (dans le t. III des Œuvres de Wallis, Oxford, 1699); du Quadripartitum (grec-latin, Bâle, 1533) ; de l’Almageste (Bâle, 1538, in-fol., grec-franç.); du Criterium, avec trad. latine (par Boulliau, Paris, 1663 et 1681). L'abbé Halma a traduit en franç., avec le texte en regard : l’Almageste, sous le titre de Composition mathématique, avec notes de Delambre, 1813-15; les Tables chronologiques, 1819; les Hypothèses et époques des planètes, 1820; le Commentaire de Théon sur la Composition, 1821-22; les Tables manuelles astronomiques, avec les Commentaires, 1822-25; la Géographie, 1828. Quoique laissant beaucoup à désirer, ses traductions sont encore utiles.

PUBLICAINS (de publicum, domaine public, contributions), fermiers des impôts chez les Romains. Ils appartenaient à l'ordre des chevaliers et formaienl des compagnies qui affermaient les impôts aux enchères et pour 5 ans. Ils commettaient souvent des exactions, qui les rendirent odieux au peuple.

PUBLICOLA. V. VALERIUS PUBLICOLA.

PUBLILIUS PHILO, illustre plébéien de Rome, fut 4 fois consul (339, 327, 320, 315). Dictateur en 339, il prit Palépolis et battit les Samnites. Pendant sa dictature, il fit passer 3 lois fameuses qui prescrivaient : 1° l'obligation pour les patriciens comme pour les autres citoyens de se soumettre aux plébiscites ; 2° la ratification des actes du peuple par le Sénat et les curies ; 3° l'obligation de prendre un des censeurs parmi les plébéiens, ainsi que la faculté pour les consuls d'être tirés tous deux de cet ordre. Il est le Ier plébéien qui ait été nommé préteur (337 av. J.-C.).

PUBLIUS SYRUS, poète latin du 1er s. av. J.-C., probablement natif de Syrie, fut amené esclave à Rome dans sa jeunesse, fut élevé avec soin par le maître aux mains duquel il était tombé et reçut ensuite la liberté. Il se mit à écrire et à jouer des mimes, espèce de parades burlesques sans intrigue, parcourut ainsi diverses villes de l'Italie, puis se produisit à Rome même, où il eut des succès : César lui donnait la préférence sur Labérius. Les mimes de Publius étaient remplis de traits de morale : quelques-unes des Sentences qu'ils renfermaient ont été conservées ; on les imprime ordinairement à la suite de Phèdre. Les meilleures éditions séparées de ces sentences sont celles d'Érasme, Bâle, 1502, et de J. C. Orellius, Leips., 1822, in-8, cum not. Variorum. Elles ont été trad. en franç. par Levasseur (1811), par J. Chenu (coll. Panckoucke) et par Baudement (coll. Nisard).

PUCELLE D'ORLÉANS (La). V. JEANNE D'ARC.

PUEBLA (la) ou la PUEBLA-DE-LOS-ANGELES, v. du Mexique, ch.-l. de l’État de Puebla, sur le plateau d'Anahuac, à 122 k. E. S. E. de Mexico, 72 000 hab. Évêché, séminaires, collége, nombreuses églises (presque toutes remarquables). La Puebla est une des plus belles villes du Mexique. Industrie et commerce actifs ; grandes fabriques de faïence. — Fondée en 1533 ; occupée en 1847 par les Américains, en 1863 par les Français, après un siége meurtrier. — L’État de P., entre ceux de Vera-Cruz au N. E., d'Oaxaca à l'E., de Mexico à l'O. et le Grand-Océan au S., a 500 k. sur 225 et env. 800 000 h. Hautes montagnes au centre : la Cordillère d'Anahuac (où se trouve le Popocatepetl et l'Iztaccihuatl); riv. principale, la Nasca. Sol fertile, mais mal cultivé ; salines et mines d'argent. Commerce (jadis plus florissant). Ce pays, appelé Tlasca avant la conquête, était indépendant de Mexico ; il fournit des secours à Cortez pour la conquête du Mexique. Nombreuses antiquités mexicaines, entre autres la fameuse pyramide de Cholula.

PUELCHES, nation indigène de l'Amérique du Sud, répandue dans le Sud de Buenos-Ayres, le N. de la Patagonie et le S. E. du Chili, est auj. réduite à un petit nombre d'individus par l'effet des guerres qu'elles a eues à soutenir contre les Araucaniens.

PUERTO-BELLO ou PORTO-BELLO (c.-à-d. beau fort), v. et port de la Nouv.-Grenade (dép. de l'Isthme), sur la mer des Antilles, à 70 kil. N. O. de Panama ; 1500 hab. (jadis 8000). Excellent port, 2 châteaux forts. — Puerto-Bello était, avant le passage par le cap Horn, l'un des plus grands entrepôts du commerce de l'Amérique avec l'Europe : c'est de là que partaient les galions chargés de métaux précieux. Elle est auj. fort déchue; climat très-malsain. Colomb découvrit ce port en 1502 ; les Espagnols bâtirent la ville en 1584 ; elle a été prise plusieurs fois par les flibustiers, notamment en 1670 par le fameux Morgan, et en 1596 et 1740 par les Anglais.

PUERTO-CABELLO, v. du Vénézuela, sur le golfe Triste, par 70° 37' long. O., 10° 28' lat. N., à 100 k. O. de Caracas ; 8000 hab. Port beau et sûr ; fortifications en ruines. La ville est bâtie dans une île jointe au continent par un pont. Le séjour en est peu sain à cause de marais voisins. — Elle doit sa naissance à des pêcheurs et à des contrebandiers de la colonie hollandaise de Curaçao.

PUERTO-DEL-PRINCIPE, v. et port de l'île de Cuba, ch.-l. du dép. du Centre, sur la côte N., à 520 k. E. S. E. de la Havane ; 40 000 hab. Haute cour de justice des Antilles espagnoles ; lieutenance civile et militaire. Ville mal bâtie et malsaine. Grand commerce de sucre et de café.

PUERTO-REAL, v. d'Espagne (Cadix), près de l'embouchure du Guadalète, à 11 kil. N. E. de Cadix ; 5000 hab. Port que ferme un môle. Pêche active. Entrepôt des marais salants voisins. Puerto-Real était le quartier général des Français lorsqu'ils assiégèrent Cadix en 1811-12 et en 1823.

PUERTO-RICO. V. PORTO-RICO.

PUFENDORF (Samuel, baron de), publiciste et historien, né en 1632 près de Chemnitz, en Misnie, m. en 1694, était fils d'un ministre luthérien. Il étudia surtout Descartes, Grotius, Weigel, et fit paraître dès 1660, en latin, des Éléments de Jurisprudence naturelle qui lui valurent tant de réputation qu'on créa pour lui une chaire de droit naturel à l'Université de Heidelberg (1661). En 1667 il publia, sous le voile de l'anonyme, et toujours en latin, un traité de l'État de l'empire germanique, où il examinait l'origine et les usurpations de toutes les petites puissances de l'Allemagne ; ce livre causa de grandes rumeurs et suscita contre lui des inimitiés qui le déterminèrent à passer en Suède, où le roi Charles XI lui offrait la chaire de droit naturel à l'Université de Lund, nouvellement fondée (1670). Deux ans après, il donna le traité sur lequel repose principalement sa réputation : Du Droit de la nature et des gens, en 8 livres, en latin, Lund, 1672, ouvrage qui fut traduit et commenté dans toutes les langues de l'Europe (notamment en français par Barbeyrac). A la suite de cette publication, il fût nommé par Charles XI historiographe de Suède et secrétaire d'État. L'électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume voulut aussi l'avoir pour historien et l'attira à sa cour en 1686. C'est là qu'il finit ses jours. Ses principaux écrits, après ceux qui ont été déjà cités, sont : De Officio hominis ac civis, Lund, 1673, trad. aussi par Barbeyrac ; De Rebus gestis Suecicis, ab expeditione Gustavi Adolphi usque ad abdicationem Christinæ, 1686 ; De Rebus gestis Caroli Gustavi, Sueciæ regis, 1695 ; De Rebus gestis Friderici III, electoris, postea regis ; Introduction à l'Histoire des États européens, en allemand, 1682, trad. en français par Rouxel, 1710, et continuée par La Martinière ; cet ouvrage et sa continuation ont été réunis sous le titre d’Introduction à l'histoire générale et politique de l'univers, Paris, 1753. Les écrits de Pufendorf, tant de droit public et naturel que d'histoire, ont longtemps été les modèles du genre et se lisent encore avec fruit. Comme Grotius, il fonde la morale et le droit sur le principe de la sociabilité humaine. Moins original et moins profond que Grotius, Pufendorf a eu surtout le mérite de populariser et d'appliquer les idées de ce grand publiciste. Comme historien, il est le plus souvent impartial, excepté toutefois quand il s'agit de l'Église romaine.

PUGET (Pierre), célèbre artiste, à la fois peintre, sculpteur et architecte, né à Marseille en 1622, m. en 1694, débuta par sculpter des ornements en bois pour les navires. Il alla fort jeune en Italie où il étudia la peinture sous Pierre de Cortone, qui voulut en vain le retenir près de lui, revint en France en 1643 et peignit plusieurs tableaux d'église pour Marseille, Aix, Toulon, La Ciotat. Il exécuta en 1656 sa première œuvre d'architecture, la fameuse Porte de l'hôtel de ville à Toulon, avec un balcon soutenu par deux admirables cariatides, fut chargé en 1660 par Fouquet des sculptures de son château de Vaux, et envoyé en Italie pour choisir à Carrare les marbres destinés à ces travaux ; dut renoncer à cette mission après la disgrâce de Fouquet (1661), mais reçut à Gênes un si bon accueil qu'il s'arrêta plusieurs années dans cette ville où il exécuta plusieurs de ses plus beaux ouvrages, et ne revint en France qu'en 1669, sur l'invitation de Colbert, qui le nomma directeur de la décoration des navires à Toulon : c'est alors qu'il inventa ces poupes colossales, ornées d'un double rang de galeries saillantes et de figures en bas-relief et en ronde-bosse, qui ont fait longtemps l'ornement des vaisseaux en Europe. Tout en remplissant ses fonctions, il put encore exécuter plusieurs chefs-d'œuvre de sculpture. On cite entre autres : Alexandre Sauli, S. Sébastien, S. Philippe Néri (tous trois à Gênes), les groupes de Milon de Crotone et d’Alexandre et Diogène (au Louvre), celui d’Andromède (à Versailles), les bas-reliefs de l’Assomption et de la Peste de Milan, à Marseille, ainsi que la Halle au poisson, qu'il construisit pour cette dernière ville et qui porte son nom. Comme architecte, Puget a le sentiment du grandiose; comme peintre, il compose sagement et plusieurs de ses tableaux offrent des beautés de premier ordre; mais c'est surtout comme sculpteur qu'il excelle; il a du feu, de la vigueur et de l'élévation; il rend admirablement le pathétique; mais il sacrifie quelquefois l'élégance à la force. Ses admirateurs l'ont surnommé le Michel-Ange français. Marseille lui a élevé Une colonne surmontée dé son buste. Une des salles de sculpture du Louvre a reçu le nom de Salle Puget. — Étude sur P. par L. Lagrange.

PUGET-THÉNIERS, ch.-l. d'arr. du dép. des Alpes-Maritimes, sur la r. g. du Var, à 35 kil. N. O. de Nice; 1304 hab. Draperies.

PUISAYE, petit pays de l'anc. France, sur la r. dr. de la Loire, faisait partie du Gâtinais Orléanais, au S. Villes: St-Fargeau, Bléneau, Bonny, St-Amand.

PUISAYE (Joseph, comte de), général royaliste, né en 1755 à Mortagne, m. en 1827, était en 1789 officier dans les Cent-Suisses. Il siégea à l'Assemblée Constituante, y défendit les idées nouvelles, et devint en 1791 maréchal de camp; mais en 1793 il prit parti contre la Convention, et se mit à la tête de l'armée départementale de l'Eure. Vaincu à Pacy, il se réfugia en Bretagne, y réorganisa la chouannerie, puis alla en Angleterre pour préparer l'expédition de Quiberon; mais, ayant échoué devant l'habileté de Hoche, il donna sa démission : le parti royaliste l'accusa de trahison. Le comte de Puisaye obtint des ministres anglais un établissement au Canada, et finit par se faire naturaliser Anglais. Il a publié des Mémoires justificatifs, Londres. 1803.

PUISEAUX, ch.-l. de c. (Loiret), à 17 kil. E. N. E. de Pithiviers; 1959 h. Vins, miel, cire, safran.

PUISET (le), vge du dép. d'Eure-et-Loir, à 45 kil. S. E. de Chartres, et près de Janville; 600 hab. Jadis ch.-l. de sirerie. Célèbre château fort, dont la prise coûta trois années de guerre à Louis VI.

PUISSANT (Louis), né en 1769 en Champagne, de pauvres cultivateurs, m. en 1843, fut placé fort jeune chez un arpenteur, sentit le besoin d'étudier la géométrie pour comprendre son art, et fit dans cette étude de rapides progrès; fut nommé ingénieur-géographe à l'armée des Pyrénées-Orientales, quitta le service avec le grade de lieutenant-colonel d'état-major, professa les mathématiques à l'École centrale de Lot-et-Garonne, à l'École militaire de Fontainebleau, à l'École de l'état-major, et fut admis en 1828 à l'Académie des sciences. Il prouva en 1836 qu'il y avait eu erreur dans la mesure de la partie du méridien qui s'étend de Montjouy à Formentera, et qu'il fallait ajouter 68 toises à la mesure, et par suite changer la longueur attribuée au méridien. Outre un Cours de Mathématiques, on a de lui des Traités de Géodésie, 1805, de Topographie, 1807, de Trigonométrie, 1809; et la Description géométrique de la France.

PUJOL (ABEL de), peintre, né en 1785, m. en 1861, fut élève de David, remporta en 1811 le grand prix de peinture, exposa en 1817 S. Étienne prêchant l'Évangile (pour l'église St-Étienne), en 1819 la Vierge au Tombeau, peignit pour le musée de Versailles Achille de Harlay devant les Ligueurs et la Clémence de César, et décora de ses peintures le plafond du grand escalier du Louvre ainsi que la galerie de Diane à Fontainebleau. Il réussit surtout dans la peinture à fresque et dans la grisaille : c'est de lui que sont les belles grisailles de la Bourse de Paris. Il fut admis en 1835 à l'Académie des beaux-arts.

PUJOLS, ch.-l. de c. (Gironde), à 24 kil. S. E. de Libourne; 803 hab. Ruines d'un château féodal, qui appartenait aux Duras. Près de là, curieux dolmen.

PULASKI ou PULAWSKI (Joseph), patriote polonais, né en 1705, fut d'abord avocat, et gagna par ses talents une fortune considérable. Il prit une part très-active aux efforts du parti qui voulait renverser Stanislas Poniatowski, vendu à la Russie, et fut le premier auteur de la Confédération de Bar (1768). Nommé maréchal régimentaire de la Confédération (c.-à-d. chef des troupes), il soutint contre les Russes et le parti de Stanislas, mais sans succès, une lutte désespérée, et se vit forcé à se réfugier en Moldavie. Il se préparait à renouveler la guerre lorsqu'il fut arrêté par le séraskier tartare et incarcéré à Constantinople. Il mourut en prison. — Son fils, Casimir P., 1748-78, s'efforça, comme lui, d'affranchir la Pologne, prit part à la conjuration qui avait pour but l'enlèvement de Stanislas, pénétra dans Cracovie, qu'il disputa plusieurs jours aux Russes, puis se fortifia dans le monastère de Czenstochau, où il se défendit longtemps (1771). Lorsque le parti patriote eut été définitivement vaincu, il se réfugia en France, puis alla prendre du service dans la guerre d'Amérique et fut tué en 1778, au siége de Savannah.

PULAWY, v. de la Pologne russe, sur la Vistule, à 42 kil. N. O. de Lublin; 3000 hab. Beau château qui fut longtemps la résidence du prince Czartoryiski : on y remarquait une bibliothèque de 60 000 vol. et le temple de Sibylle, renfermant les plus rares antiquités de la nation polonaise; les Russes ont saccagé ce château en 1831. Un institut agricole et polytechnique y a été créé en 1861.

PULCHERIE (Ste), Ælia Pulcheria, impératrice d'Orient, fille d'Arcadius, née en 399, m. en 453. Proclamée augusta en 414, elle exerça un heureux ascendant sur son jeune frère l'empereur Théodose II : c'est par son conseil qu'il épousa Athénaïs. Ses mérites ne purent cependant la mettre à l'abri de l'envie : elle fut un instant disgraciée en 447, mais elle recouvra bientôt son crédit. A la mort de Théodose, en 450, elle monta sur le trône sans opposition. Elle donna alors sa main au général Marcien, pour avoir en lui un appui; mais, comme elle avait fait vœu de virginité, elle fit promettre à son époux de respecter ce vœu; ce à quoi il consentit. Cette pieuse princesse se livrait dans le palais à tous les exercices du cloître. L'église grecque l'hon. le 15 ou le 17 septembre. Pulchérie est l'héroïne d'une pièce de Corneille.

PULCI (L.), poëte, né à Florence en 1432, m. vers 1487, était chanoine de Florence; il jouit de la faveur de Laurent de Médicis et de l'amitié de Politien. Il est auteur d'un poëme héroï-comique intitulé : Morgante maggiore, mélange bizarre de sérieux et de comique, où il tourne en ridicule les romans de chevalerie : c'est le 1er exemple du genre qu'on a depuis nommé le bernesque, parce que Berni y excella. — Les meilleures éditions de ce poëme sont : celles de Venise, 1494; de Naples (Florence), 1732; de Paris, 1768. On en estime le style pour sa pureté : c'est une des sources les plus précieuses de l'ancienne langue toscane. On a aussi de Pulci un recueil d’Odes et de Sonnets, où l'on trouve une grande licence.

PULLNA, v. de Bohême (cercle de Saatz), près de Brux. Sources minérales alcalines renommées, dont les eaux sont exportées en grande quantité.

PULTAVA. V. POLTOVA.

PULTUSK, v. de Russie (Pologne), à 160 k. N. E. de Plock; 2200 hab. Anc. résid. des évêques de Plock. Victoire de Charles XII sur les Saxons, 1703; des Français sur les Russes, 1807.

PUNDJAB. V. PENDJAB.

PUNIQUES (Guerres), nom commun à trois guerres célèbres qui eurent lieu entre les Carthaginois (Pœni) et les Romains. La 1re commença en 264 av. J.-C., et dura 23 ans. Elle eut lieu à la suite des démêlés de Hiéron, tyran de Syracuse, avec les Mamertins, qui, après avoir envahi Messine, avaient appelé les Romains à leur secours; les Carthaginois prirent parti pour les Syracusains. Amilcar, du côté des Carthaginois, App. Claudius Caudex, Valerius Maximus, Duillius, Attilius Calatinus, Regulus, Lutatius, du côté des Romains, y jouèrent les principaux rôles. Les batailles navales de Myles ou Tyndaris, d’Ecnome, de Drépane, la translation du théâtre de la guerre en Afrique, et le siége de Lilybée, en furent les principaux événements. Les Romains y mirent fin en 241 en remportant un avantage décisif aux îles Égates. Cette guerre leur donna l’empire de la Sicile. — La 2e guerre commença en 219, par le siége et la prise de Sagonte, ville d’Hispanie alliée de Rome, qui fut attaquée au milieu de la paix par Annibal, et elle dura 18 ans. Le passage des Pyrénées et des Alpes par Annibal, ses victoires sur le Tésin et la Trébie, 218, au lac Trasimène, 217, à Cannes, 216, les batailles de Nole, de Séna, l’expédition des deux Scipions en Espagne, la défaite d’Asdrubal sur le Métaure, 207, le passage du grand Scipion en Afrique, et la victoire définitive de Zama (202), en sont les faits principaux ; Annibal, Asdrubal, les Scipions, Fabius Maximus, Marcellus en furent les héros. Après avoir mis Rome à deux doigts de sa perte, cette guerre finit par la rendre maîtresse de l’Espagne, et anéantit pour toujours la puissance de Carthage. — La 3e ne fut autre chose que le siége de Carthage. Elle eut lieu de 149 à 146 av. J.-C. Après 3 ans d’une héroïque résistance, Carthage fut prise et incendiée, et son territoire fut converti en province romaine par Scipion Émilien. V. ROME et CARTHAGE.

PUNO, v. du Pérou, sur le lac Chucuyto, à 350 k. S. E. de Cuzco ; 16 000 h. Aux env., mines d’argent.

PUNTIDO, couvent situé entre Milan et Bergame. C’est là que fut signée, en 1167, la 1re Ligue lombarde.

PUPIEN, empereur romain. V. MAXIME et BALBIN.

PURACÉ, v. de la Nouv.-Grenade (Cauca), à 17 k. S. E. de Popayan, au pied du volcan de Puracé, haut de 2650m, qui l’a presque détruite en 1827.

PURBACHIUS, astronome. V. PEURBACH.

PURCHAS (Sam), savant ecclésiastique anglais, né dans le comté d’Essex en 1577, m. en 1628, était chapelain de l’archevêque de Cantorbéry. Il forma une collection de voyages, tant imprimés que manuscrits, la plus riche qu’on eût encore vue, et fit paraître ce recueil en 5 vol. in-fol., dont le 1er est intitulé : Purchas, his pilgrimages or relations of the world and the religion, 1613, et les 4 autres : Hakluytus posthumus, 1625, in-f. Ils se composent principalement de manuscrits laissés par Hackluyt.

PURIFICATION. C’était, chez les Juifs, une cérémonie ordonnée par le Lévitique, et qui avait lieu 40 jours après les couches quand l’enfant était un garçon et 80 si c’était une fille. L’accouchée se rendait au Temple et offrait pour son enfant un agneau avec un pigeon ou une tourterelle. — Chez les Chrétiens, c’est la fête que l’Église célèbre en mémoire du jour où la Vierge Marie alla au Temple pour obéir à la loi, et y présenta l’Enfant Jésus ; on la célèbre le 2 février. On croit qu’elle fut établie sous l’empereur Justinien en 542 ; d’Orient elle passa en Occident au VIIe s. On la nomme vulgairement Chandeleur.

PURITAINS, nom donné en Angleterre et en Écosse aux presbytériens les plus rigides, qui avaient la prétention d’appliquer seuls la parole de Dieu dans toute sa pureté. Opposés surtout à l’Église anglicane, les Puritains bannissent de l’église toute hiérarchie, du culte tout luxe (musique, habits pontificaux, ornements), toute liturgie, et proscrivent la plupart des pratiques extérieures (jeûne, signe de croix, agenouillement, etc.). Née du temps de la reine Marie Tudor, cette secte, restée longtemps obscure, ne commença à attirer l’attention que sous le règne d’Élisabeth ; en 1566 elle déclara formellement se séparer de l’Église anglicane. Élisabeth poursuivit les Puritains plus vivement même que les Catholiques, ce qui ne les empêcha pas de croître en nombre, et d’acquérir sous le règne suivant la consistance d’un parti. Un grand nombre d’entre eux se réfugia en Amérique, où ils peuplèrent le Massachussets, fondèrent New-Plymouth, New-Haven, etc. Les Puritains se signalaient par leur exaltation républicaine : ils ont eu la plus grande part à la double chute des Stuarts. Sous Guillaume III, ils profitèrent, comme les autres sectes non-conformistes, de l’acte de tolérance publié par ce prince en 1689. L’Histoire des Puritains a été écrite par Neale. Walter Scott, dans ses Puritains d’Écosse, a parfaitement dépeint la secte de ce nom.

PUSEYSME, doctrine religieuse répandue depuis peu d’années en Angleterre, surtout à l’Université d’Oxford, et ainsi nommée de son principal auteur, le Dr Pusey. chanoine de l’Église du Christ et professeur d’hébreu à Oxford : elle déclare la foi indépendante du pouvoir temporel et se rapproche du Catholicisme sur les points les plus importants, rétablissant la messe, la confession auriculaire, la pénitence, le jeûne, l’invocation des saints, etc. Inquiétés par l’épiscopat anglican, la plupart des Puseyistes ont ouvertement embrassé le Catholicisme.

PUSSORT (Henri), conseiller d’État, né en 1615, mort en 1697, était oncle de Colbert et partagea sa haine contre Fouquet, dont il fut un des juges : il opina pour la mort. Il a travaillé à la rédaction des Ordonnances de 1667 à 1670 pour la réformation de la justice et l’abréviation des procès. Boileau fait allusion à ce dernier fait dans son Lutrin.

PUSTERTHAL, cercle du Tyrol, entre le cercle d’Unter-Innthal, l’Autriche propre et l’Illyrie, a 140 k. sur 40 et env. 100 000 hab. ; ch.-l., Brunecken. Il est traversé par les Alpes Rhétiques.

PUTANGES, ch.-l. de cant. (Orne), sur la r. g. de l’Orne, à 18 kil. O. d’Argentan ; 717 hab. Tanneries.

PUTBUS (Princes et comtes de), anc. famille de Poméranie, est une ligne collatérale des anciens princes de l’île de Rugen. Le fondateur de cette maison est un certain Borante, qui obtint en 1249 le château de Podebusk ou Putbus, avec la péninsule de Iasmund. Cette famille a été élevée en 1727 à la dignité de prince par l’empereur d’Allemagne.

PUTEANUS (ERYCIUS), érudit. V. DUPUY (Henri).

PUTEAUX, vge du dép. de la Seine, sur la r. g. de la Seine, à 8 kil. O. de Paris ; 7613 hab. Port pour le débarquement du charbon de terre, des bois, des vins, etc. Fabriques d’indiennes, teintureries ; culture des roses. Jolies maisons de campagne.

PUTIPHAR, officier de Pharaon. V. JOSEPH.

PUTNEY, v. d’Angleterre (Surrey), sur la Tamise, à 9 kil. O. de Londres ; 6000 hab. Patrie de Gibbon.

PUTRIDE (Mer), Putridum mare, partie S. O. du Palus Mæotis, ainsi nommée à cause des miasmes qui s’échappent de ses eaux basses et fangeuses. C’est auj. la lagune de Sivach.

PUTSCH (Élie van), Putschius, philologue, né à Anvers en 1580, m. en 1605, à 25 ans, s’était fait remarquer par sa précocité. On lui doit un recueil de 33 grammairiens anciens, sous le titre de Grammaticæ latinæ auctores antiqui, Hanau, 1605, réimpr. par Lindemann (1831-40) et par H. Keil (1855-58).

PUTUMAJO, riv. de l’Amérique du Sud. V. IÇA.

PUY, du celtique puich ou puech, en latin podium, nom qu’on rencontre en France dans beaucoup de noms de lieux, veut dire hauteur, montagne.

PUY (LE), dit aussi le Puy-en-Velay et le Puy-Notre-Dame, Civitas Vellavorum chez les anciens, Anicium et Podium au moyen âge, ch.-l. du dép. de la Hte-Loire, bâti en amphithéâtre sur le versant méridional du mont Anis, à 505 k. S. E. de Paris ; 17 015 hab. Évêché fort ancien (occupé en 1095 par Adhémar de Monteil), trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école normale, bibliothèque, musée. Belle promenade du Breuil, cathédrale, construite au-dessus de la ville et adossée au Roc Corneille, église St-Laurent, où sont les restes de Duguesclin, église de la Chaise-Dieu, contenant 743 stalles ; ruines d’un temple de Diane, etc. Au sommet du rocher est une statue colossale de la Vierge, fondue avec les canons pris à Sébastopol en 1855 et inaugurée en 1861. Blondes et dentelles, couvertures, lainages, clouterie, etc. Commerce de bestiaux, cuirs, bois de construction ; marrons dits de Lyon. Patrie du cardinal de Polignac. Le Puy était la capitale de l'ancien Velay. Cette ville a beaucoup souffert des guerres de religion.

PUY (Raymond, Henri.... du). V. DUPUY.

PUYCERDA, Julia Livia, v. forte d'Espagne (Barcelone), à 110 k. N. de Barcelone, à 45 k. N. E. d'Urgel et à 2 kil. de la frontière de France; 2500 h. Place de guerre. Forges, lainages, cotonnades; jaspe, sources minérales. Jadis capitale de la Cerdagne. Prise par les Français en 1707 et 1793; reprise par les Espagnols en 1795; plusieurs fois assiégée pendant l'invasion française en Espagne de 1808 à 1814.

PUY-DE-DÔME, petite chaîne de montagnes de France, au centre du dép. de même nom, appartient au système des Cévennes et se lie par le S. au Mont-Dore : 45 kil. de long. Plusieurs sommets dits Puys, presque tous volcaniques : le plus haut, le Puy-de-Dôme, tout près de Clermont, a 1465m de hauteur : c'est là que Pascal fit sa 1re expérience barométrique.

PUY-DE-DÔME (dép. du), entre ceux de l'Allier au N., de la Hte-Loire et du Cantal au S., de la Loire à l'E., de la Corrèze et de la Creuse à l'O. : 7972 kil. carr.; 576 409 h.; ch.-l., Clermond-Ferrand. Il est formé en partie de l'Auvergne, du Bourbonnais et du Lyonnais. Plusieurs montagnes : Puy-de-Dôme, Mont-Dore; vallées et plaines au N.; l'Allier le traverse. Ce dép., très-important sous le point de vue géologique, a beaucoup de volcans éteints et de formations volcaniques. Plomb argentifère et autres, cuivre, alun, antimoine, beaucoup de houille; marbre, granit, pierres meulières et à plâtre, pierres de taille, lave, schistes argileux, bitumeux, tripoli, pouzzolane, sources incrustantes, etc. Sol fertile, surtout au N. : céréales, fruits, châtaignes, chanvre, gros vin, beaucoup de bois, excellents pâturages. Chevaux petits; gros et menu bétail. Industrie active : tissus de laine, de coton, de fil; ouvrages en cuivre, fer, quincaillerie, coutellerie; faïence; papiers; produits chimiques, raffinerie de sucre; pâte d'abricots, fromages estimés. — Ce dép. a 5 arr. (Clermont-Ferrand, Issoire, Riom, Thiers, Ambert), 47 cant. et 444 communes. Il appartient à la 20e div. militaire, a une cour impér. à Riom et un évêché à Clermont.

PUYLAURENS, Podium Laurentii, ch.-l. de c. (Tarn), à 26 kil. S. E. de Lavaur; 5940 h. Les Protestants l'occupèrent au XVIe s., et y fondèrent une école de théologie. Ses fortificat. furent rasées en 1629.

PUYLAURENS (Guill. de), chapelain de Raymond le Jeune, comte de Toulouse, écrivit vers 1245 une Histoire des Albigeois, qui est fort estimée.

PUYLAURENS (Ant. DE LAGE, duc de), d'une famille noble du Languedoc, fut le favori de Gaston, duc d'Orléans, frère de Louis XIII, le suivit dans ses deux retraites à Bruxelles et en Lorraine, puis, gagné par Richelieu, travailla à réconcilier Gaston avec le roi et y réussit. Richelieu, en récompense, lui donna la seigneurie d'Aiguillon, qui fut érigée en duché-pairie sous le titre de Puylaurens, et lui fit épouser une de ses cousines (Marguerite de Coislin), 1634. Puylaurens n'en fut pas moins conduit à Vincennes l'année suivante, comme ayant rallumé la discorde entre les deux frères; il mourut en prison en 1635.

PUY-L'ÉVÊQUE, ch.-l. de c. (Lot), sur la r. dr. du Lot, à 19 k. N. O. de Cahors; 2394 h. Jadis fortifié.

PUY-MIROL, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne, à 22 kil. S. E. d'Agen; 1482 h. Ruines d'un vieux château.

PUYSÉGUR (Jacq. DE CHASTENET, seigneur de), lieutenant général, d'une ancienne famille de l'Armagnac, né vers 1600, m. en 1682, était parent du duc d'Épernon. Il servit 41 ans, eut part à 30 combats et à 120 siéges, sans être jamais blessé. Il a laissé des Mémoires (de 1617 à 1658), publiés en 1747, et reproduits dans la collection Petitot. — Jacq. Franç. DE CHASTENET, marq. de P., son fils, 1665-1743, entra au service en 1677, remplit des missions diplomatiques sous Louis XIV, fit partie du conseil de la guerre pendant la minorité de Louis XV et fut fait maréchal de France en 1734. On a de lui l’Art de la guerre, 1748, in-fol., ouvrage rédigé pour l'instruction du duc de Bourgogne. — Jacq. Fr. Maxime, marq. de P., fils du préc., 1716-1782, fit avec distinction les guerres du règne de Louis XV et fut fait lieutenant-général en 1759. Il laissa plusieurs ouvrages, la plupart anonymes, sur l'art militaire, les sciences, la philosophie, et publia l’Art de la guerre de son père.

PUYSÉGUR (Amand Marc Jacq. DE CHASTENET, marquis de), fils du préc., né en 1751, m. en 1825, entra dans l'artillerie, et prit part comme major de tranchée au siége de Gibraltar, en 1782. Il commandait en 1792 l'école de La Fère; il donna sa démission, fut deux ans retenu prisonnier à Soissons pour avoir correspondu avec ses frères émigrés, puis se retira dans sa terre de Buzancy. Il fut maire de Soissons de 1800 à 1805. C'est surtout comme champion et propagateur du magnétisme animal qu'il s'est rendu célèbre. Il fut un des plus fervents disciples de Mesmer, et observa le premier le merveilleux phénomène du somnambulisme magnétique (1787). Il eut part aux Annales de magnétisme, à la Bibliothèque magnétique, aux Archives du magnétisme, et donna lui-même d'intéressants Mémoires pour servir à l'histoire du magnétisme, 1788, ainsi que des Recherches sur l'homme dans l'état de somnambulisme, 1811. Dans tous ses écrits, il soutient avec courage et loyauté ce qui était à ses yeux la plus importante des découvertes. D'une bienfaisance rare, le marquis de Puységur n'employa le magnétisme qu'à faire le bien.

PUYSÉGUR (Ant. Hyac Anne DE CHASTENET, comte de), longtemps connu sous le nom de comte de Chastenet, frère cadet du précéd., né en 1732, m. en 1809, servit dans la marine, visita les cavernes des Guanches à Ténériffe et en rapporta de belles momies, dressa les cartes de tous les débouquements de St-Domingue, émigra en 1791, joignit l'armée de Condé, passa au service de l'Angleterre, puis du Portugal, devint contre-amiral de la flotte portugaise, sauva le roi de Naples Ferdinand IV et sa famille en les recevant à son bord et les conduisit en Sicile (1793). Il rentra en France en 1803.

PUYSÉGUR (Pierre Louis DE CHASTENET, comte de), d'une branche cadette, 1727-1807, était lieutenant général lorsque Louis XVI lui confia, en 1788, le portefeuille de la guerre. Il se vit obligé de se retirer en 1789; l'Assemblée déclara qu'il emportait les regrets de la nation. Il défendit Louis XVI au 10 août et n'émigra qu'après la mort du roi.

PYANEPSION, le 5e mois de l'année athénienne, tirait son nom des Pyanepsies, fêtes qu'on célébrait en l'honneur d'Apollon et qui furent instituées, dit-on, par Thésée après sa victoire sur le Minotaure.

PYDNA, d'abord Citron, auj. Chitro ou Kitros, v. de Macédoine, en Piérie, sur le golfe Thermaïque, au S. des embouchures du Ludias et de l'Haliacmon, était une colonie de la Grèce, méridionale. Elle fut prise par le roi de Macédoine Archélaüs I et fortifiée par Philippe. En 316 av. J.-C., Olympias y soutint un siége célèbre contre Cassandre et y fut mise à mort. En 168 Paul-Émile y défit complètement Persée; en 147, Q. Métellus y battit Andriscus : ces deux victoires anéantirent l'indépendance de la Macédoine.

PYGMALION, fameux sculpteur de l'île de Cypre, devint, selon la Fable, amoureux de la statue de Galatée qui était son propre ouvrage, obtint de Vénus que cette statue s'animât, et l'épousa. De ce mariage naquit un fils nommé Paphus.

PYGMALION, roi de Tyr, frère de Didon, régnait au IXe av. J.-C. (874-827). Il tua Sichée, son beau-frère, afin de s'emparer de ses trésors, et força par ses mauvais traitements sa sœur Didon à fuir. Il fut empoisonné par sa femme Astarbé.

PYGMÉES, Pygmæi, peuple imaginaire que les Grecs plaçaient en Thrace, dans l'Inde ou en Éthiopie, mais toujours aux extrémités de la terre. Ils étaient d'une taille excessivement petite (on leur donnait un pygmé, c.-à-d. 1 pied grec 1/8, ou 34 centimètres). Ils coupaient les épis avec des cognées et avaient dans les grues de redoutables ennemis, auxquels ils faisaient sans cesse la guerre. Ils voulurent une fois attaquer Hercule endormi ; le héros les mit dans sa peau de lion et les porta à Eurysthée.

PYLADE, le fidèle ami d'Oreste, fils de Strophius, roi de Phocide, suivit Oreste partout, jusqu'en Tauride, et épousa sa sœur Électre. Il monta sur le trône de la Phocide à la mort de son père.

PYLADE, pantomime, natif de Cilicie, porta son art au plus haut point, obtint à Rome une vogue immense du temps d'Auguste et forma une troupe spéciale qui hérita de sa méthode et de son jeu. Des troubles ayant éclaté à l'occasion de ses représentations, Auguste le chassa de Rome et de l'Italie ; mais les murmures du peuple le forcèrent à le rappeler.

PYLAGORES, députés que les villes grecques envoyaient à l'assemblée des Amphictyons, qui se tenait aux Thermopyles, d'où leur nom.

PYLÉMÈNE, Pylæmenes, nom commun à plusieurs rois de Paphlagonie. Le plus connu, Pylémène II (121-81), fut chassé de ses États par Mithridate VII et rétabli par Pompée. En reconnaissance, il céda aux Romains de son vivant la Paphlagonie maritime et leur légua par testament tout son royaume.

PYLES, Pylos, c.-à-d. en grec Portes, nom donné par les anciens aux pas ou défilés qui mènent d'un pays à un autre au travers de hautes chaînes de montagnes. V. PORTES DE FER et THERMOPYLES.

PYLOS, nom de trois villes du Péloponèse : 1° Pylos d'Élide, sur le Ladon, non loin du confluent de cette rivière avec le Pénée, et sur la route d'Élis à Olympie ; 2° Pylos de Triphylie, dite aussi l’Arcadique, parce qu'elle était voisine de l'Arcadie ; 3° Pylos de Messénie, sur la mer, et en face de l'île Sphactérie. Chacune de ces trois villes prétendait être la capitale de Nestor : Strabon décide en faveur de la Pylos de Triphylie. Les Athéniens s'étaient emparés pendant la guerre du Péloponèse de la Pylos de Messénie, comme d'un point stratégique important contre les Lacédémoniens et d'un port qui facilitait leur expédition de Sicile. C'est auj. Navarin.

PYRAME et THISBÉ, étaient tous deux de Babylone, et s'aimaient contre le gré de leurs parents, qui étaient ennemis. Décidés à s'unir, ils se donnèrent rendez-vous sous un mûrier, à quelque distance de Babylone. Thisbé arriva la première au rendez-vous, mais, à l'approche d'un lion, elle prit la fuite, laissant tomber son voile que le lion froissa de sa gueule ensanglantée. Pyrame survint bientôt : reconnaissant les traces de l'animal et le voile sanglant de son amante, il crut à sa mort et, dans son désespoir, se perça de son épée. Thisbé, qui revenait au même instant, ne voulut pas lui survivre, et se tua près de lui. Le mûrier sous lequel avait lieu cette scène sanglante portait des fruits blancs ; les mûres en devinrent noires. Ovide a mis en beaux vers cette catastrophe.

PYRAMIDES, monuments gigantesques que l'on admire eu Égypte ; ils sont de forme carrée à la base, se composent d'assises de plus en plus étroites, et se terminent par une petite plate-forme qui, à distance, fait l'effet d'une pointe. Les Pyramides étaient consacrées à la sépulture des rois ou des animaux sacrés ; on y entrait par des ouvertures fort étroites, placées à une certaine hauteur. Les plus célèbres sont celles de Chéops ou Choufou, large de 233m à la base et haute de 142m; de Chéphrem (215m à la base, 133m de haut); de Mycérinus ou Menchérès (107m de base, 54m de haut). Elles se trouvent sur la r. g, du N., au N. N. O. et près de l'anc. Memphis ; elles portent auj. le nom de Pyramides de Djizeh. On a trouvé au centre de la plus grande une vaste pièce appelée la Chambre du roi. Elles furent érigées à une époque incertaine (20 ou même 30 siècles av. J.-C.) et subsistent encore. — On croit que la nom de Pyramides vient du grec pyr, feu, parce que, comme la flamme, elles se terminent en pointe. On a supposé qu'outre leur destination de tombeaux, les Pyramides servaient soit à conserver les blés, soit à combattre l'irruption des sables du désert. On peut consulter sur ces monuments les Remarques et recherches sur les Pyramides, de Jomard, et le mémoire de M. de Persigny sur la Destination et l'utilité permanente des Pyramides, 1845. — Il existe au Mexique des pyramides qui ont une grande analogie avec celles d’Égypte : on les nomme téocallis. V. ce mot.

PYRAMIDES (Bataille des), bat. que le général Bonaparte gagna sur les Mamelouks, le 21 juillet 1798, au vge d’Embabeh, en vue des pyramides de Memphis.

PYRARD (Fr.), voyageur, né à Laval vers 1575, s'embarqua en 1601 à St-Malo sur un navire qui devait chercher un chemin aux Indes orientales, fit naufrage sur les Maldives, tomba aux mains d'un prince du Bengale, puis servit deux ans chez les Portugais, et, après mille aventures, revint en France par l'Espagne en 1610. Il publia à son retour : Discours du voyage des Français aux Indes orientales, Paris, 1611, ouvrage exact et intéressant, qui a été amélioré depuis par Jér. Bignon et Bergeron, sur de nouveaux renseignements fournis par Pyrard lui-même, et publié sous le titre de : Voyage des Français aux Indes orientales, Maldives, Moluques et au Brésil de 1601 à 1611, Paris, 1615.

PYRÉNÉES, Pyrenæi montes, grande chaîne de montagnes qui s'étend, au N. de l'Espagne, entre le cap Creus sur la Méditerranée et le cap Finistère sur l'Océan, sur une longueur de 840 kil. et une épaisseur moyenne de 120 kil. Partant du cap Creus, elle court à peu près à l'O. vers l'Océan Atlantique, séparant la France d'avec l'Espagne, puis se dirige vers les confins de la Galice, où elle se partage en diverses ramifications. La 1re partie, correspondant à l'isthme qui s'étend entre l'Espagne et la France, a env. 360 kil. de long et forme les Pyrénées françaises ou Isthmiques ; la 2e en a env. 480 et se nomme plus spécialement Pyrénées espagnoles ; elle se subdivise en P. Cantabriques, P. Asturiques et Monts de Galice. Dans les Pyrénées françaises, la pente est plus brusque du côté de l'Espagne que du côté de la France ; dans les Pyrénées Asturiques, au contraire, la pente S. est moins roide que la pente N. La limite des neiges perpétuelles est à 2700m. Les principaux sommets des Pyrénées sont : le Néthou ou Malahite, 3404m; le pic Posets, 3487m; le mont Perdu, 3351m; la Maladetta, 3312m; le Vignemale, 3298m; le Taillon, 3146m; le pic long 3192m; le mont Vallier, 2840m; le pic du Midi de Bigorre, 2877m; le pic du Midi d'Ossau ou de Pau, 2885 ; le Canigou, 2785m, etc. On compte dans les Pyrénées Isthmiques 59 pas, ports ou cols (c.-à-d. passages) de quelque importance ; les principaux sont, en allant de l'E. à l'O. : 1° celui de Pertuis (que commande la forteresse de Bellegarde); 2° la Perche (que défend le fort de Mont-Louis) ; 3° Canfranc (route d'Oléron à Jacca) ; 4° Orisson-et-Roncevaux (route de St-Jean-Pied-de-Port à Montréal). Les Pyrénées offrent de nombreux glaciers, de magnifiques cascades, dont la plus célèbre, celle de Gavarnie, tombe d'une hauteur de 405m; de vastes forêts, dont plusieurs de chênes-lièges; elles donnent naissance à un grand nombre de rivières (Garonne, Aude, Tech, Tet, etc.). On y chasse l'ours et l'isard ; on y trouve une espèce particulière de chevaux, dits Navarréens, et de chiens, dits chiens des Pyrénées. Les métaux et les minéraux y abondent (fer, cuivre, plomb, étain, argent, cobalt, alun, sel gemme, marbres), etc., ainsi que les eaux minérales. Les Pyrénées ont été décrites par M. V. de Chausenques (Voyage pédestre dans les P., 1854), et par M. Ad. Joanne (Itinéraire des Pyrénées, 1858). On doit à Taine un spirituel et intéressant Voyage aux eaux des Pyrénées, 1855.

PYRÉNÉES (Traité des), traité conclu le 7 nov. 1659 par Mazarin et L. de Haro, ministres, l'un de Louis XIV et l'autre de Philippe IV. est ainsi nommé de ce qu'il fut signé au pied des Pyrénées, dans l'île des Faisans, île de la Bidassoa. Ce traité laissait à la France le Roussillon avec le versant N. de la Cerdagne, presque tout l'Artois, et diverses places sur la frontière des Pays-Bas, donnait à Louis XIV pour épouse l'infante Marie-Thérèse, mais restituait la Lorraine à son duc Charles III; il stipulait renonciation pour la France à toute prétention sur la succession d'Espagne, mais sous la condition expresse du payement de la dot.

PYRÉNÉES (dép. des BASSES-), dép. limitrophe de l'Espagne, sur le golfe de Gascogne, borné au S. O. par l'Espagne, à l'E. par le dép. des Htes-Pyrénées, à l'O. par le golfe de Gascogne, au N. par les Landes; 7494 kil. carr. : 436 628 hab.; ch.-l. Pau. Il est formé de l'ancien Béarn, de la Navarre et d'une partie de l'anc. Gascogne. Il est couvert par les Pyrénées, offre des landes, mais aussi des vallées fertiles et des sites pittoresques; beaucoup de rivières (l'Adour, la Nive, la Bidouze) et de torrents, dits gaves. Fer, cuivre, soufre, cobalt, houille, marbre, granit, albâtre , ardoise, pierre à bâtir, marnes, eaux minérales (Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes, etc.). Sol peu fertile : froment, millet, maïs, lin, noix de galle, fruits à cidre et autres; bons vins; bois de charpente, de construction, de mâture. Gros et menu bétail, chevaux, mulets, porcs, oies. Toiles et tissus de coton, bonnets tunisiens, tapis; cidre, eau-de-vie et liqueurs, chocolats, jambons. Commerce actif, par Bayonne; armements pour la pêche. — Ce dép. a 5 arr. (Pau, Bayonne, Orthès, Oloron, Mauléon), 40 cantons, 630 communes; il appartient à la 13e division militaire, a une cour impér. à Pau et un évêché à Bayonne.

PYRÉNÉES (dép. des HTES-), au N. de l'Espagne, à l'O de celui de la Haute-Garonne, à l'E. de celui des Basses-Pyrénées, au S. de celui du Gers, a 4527 kil. carrés; 240 179 hab.; ch.-l., Tarbes. Il est formé de cinq pays de l'anc. Gascogne (Bigorre, Nébouzan, Quatre-vallées, parties de l'Astarac et de l'Armagnac). Ce dép., couvert par les Pyrénées centrales, offre des vallées pittoresques et est arrosé par un grand nombre de cours d'eau torrentiels : l'Adour, le Gave de Pau, qui commence à la cascade de Gavarnie, l'Arros, la Baïse, le Gers et la Neste. Beaux pâturages, vastes forêts; vins abondants, lin et châtaignes. Élève de chevaux assez estimés, mulets, volailles. Beaux marbres, cuivre, fer, zinc, plomb. Scieries de planches, forges; commerce de sangsues. Eaux minérales célèbres à Barèges, Cauterets, St-Sauveur, Bagnères-sur-Adour, etc. — Ce dép. a 3 arr. (Tarbes, Argelès, Bagnères-en-Bigorre), 26 cantons, 492 communes; il appartient à la 13e division militaire, a une cour impér. à Pau, et un évêché à Tarbes.

PYRÉNÉES-ORIENTALES (dép. des), borné au S. par l'Espagne, à l'O. par le dép. de l'Ariége, au N. par celui de l'Aude, à l'E. par la Méditerranée : 4116 k. carr.; 181 763 hab.; ch.-l. Perpignan. Il est formé du Roussillon et d'une partie de la Cerdagne et du Razès. Hautes montagnes au S. (entre autres le Canigou), vastes plaines à l'E., vallées, étangs le long de la mer, notamment celui de Leucate, torrents impétueux : le Tet, le Tech, le Gly. Climat très-chaud dans la partie basse, aspect espagnol. Fer, cuivre, plomb, antimoine, alun, houille, albâtre, marbre, granit, pierre à chaux; sources thermales. Sol fertile près de la mer, sec et maigre ailleurs. Vins fins (Rivesaltes, Grenache, etc.), grenadiers, orangers, citronniers en pleine terre, mûriers, oliviers, lin, chanvre, céréales, plantes odoriférantes. Très-peu de bois; mérinos et mulets excellents, abeilles; pêche de thons et sardines sur les côtes. Forges à la catalane, gros draps, bonnets de laine, fabriques de cercles, de clous, tanneries. Assez de commercé, surtout avec l'Espagne. — Ce dép. a 3 arr. (Perpignan, Céret, Prades), 17 cantons et 226 communes. Il appartient à la 11e division militaire, dépend de la cour imp. de Montpellier et forme le diocèse de Perpignan.

PYRGOTÈLE, graveur en pierres fines du temps d'Alexandre, excella dans son art, et partagea avec Apelle et Lysippe l'honneur de retracer les traits du conquérant. On a quelques pierres qui portent son nom (Alexandre, Phocion, Hercule assommant l'Hydre), mais elles sont contestées.

PYRMONT, Petri mons, v. de la principauté de Waldeck, sur l'Emmer, à 100 kil. N. de Waldeck; 3000 hab. Château, résidence du prince. Eaux salines, acidules et ferrugineuses, dont on vante les vertus curatives; bains fréquentés. Aux env. se trouve le Bromberg, d'où l'on a une superbe vue.

PYRRHA, fille d'Épiméthée et de Pandore, épousa Deucalion. roi de Thessalie. V. DEUCALION.

PYRRHIQUE, danse militaire des Grecs, exécutée sur un mode vif, au son des flûtes, avec l'épée et la lance, simulait tous les accidents d'un combat véritable. Elle fut surtout usitée à Sparte et en Crète.

PYRRHON, philosophe grec, chef des Sceptiques, né à Élis dans le Péloponèse, florissait vers l'an 340 av. J.-C., et mourut vers 288, ou, selon d'autres, vers 304 av. J.-C., âgé, dit-on. de plus de 90 ans. Il avait, dans sa jeunesse, exercé la profession de peintre, puis il reçut les leçons du philosophe Anaxarque, et le suivit en Asie pendant l'expédition d'Alexandre. Il obtint une telle considération par sa sagesse et ses vertus que ses concitoyens l'honorèrent de la dignité de grand prêtre. Pyrrhon prétendait que rien n'est certain, qu'à chaque proposition on peut opposer une proposition contraire également probable, que par conséquent le sage doit s'en tenir à l'examen, scepsis (d'où ses disciples prirent le nom de sceptiques), s'abstenir de tout jugement (épèkhein). Il avait pour maximes : non liquet; nil potius. Il ramena à dix tous les motifs de doute, qu'il nommait raisons d'époque (c.-à-d. de suspension du jugement); il les tirait, soit de la contradiction qui se trouve entre les sensations des divers animaux (1), entre les jugements portés par diverses personnes sur un même objet (2), ou par la même personne (3), et par le même sens (4), mais en des circonstances différentes; soit des altérations perpétuelles que subissent les choses matérielles (5), de la variabilité des lois, des usages (6); soit enfin des changements que nous semblent offrir les choses selon leur position (7), selon le mélange de leurs éléments (8), les relations qu'elles ont entre elles (9), leur nouveauté, leur rareté ou leur fréquence (10). Il nommait aussi ces arguments tropes (de tropos, changement), parce qu'ils étaient fondés pour la plupart sur les variations des hommes ou des choses. Pyrrhon disait que tout était indifférent, et se proposait par là de produire l’apathie ou impassibilité et l’ataraxie ou imperturbabilité, qu'il regardait comme les biens suprêmes. On raconte de lui mille extravagances, qui découlent il est vrai de son système, mais qui sont de pures inventions. Bayle a vainement tenté de le réhabiliter. La Vie de Pyrrhon été écrite par Diogène Laërce; sa doctrine a été exposée par Sextus Empiricus dans ses Hypotyposes pyrrhoniennes. Les plus célèbres pyrrhoniens sont Timon, Énésidème, Sextus Empiricus.

PYRRHUS ou NEOPTOLÈME, fils d'Achille et de Déidamie, vint, quoique très-jeune, au siége de Troie, dans la 10e année du siége, parce que, suivant un oracle, sa présence devait décider de l'issue de la guerre. Il ramena Philoctète de Lemnos, tua devant Troie Eurypyle, fils de Télèphe, et institua en mémoire de ce triomphe la pyrrhique ou danse armée, entra le premier dans le cheval de bois, et se montra impitoyable lorsque Troie eut été prise : il massacra Polite et Priam au pied des autels, précipita Astyanax du haut d'une tour, et égorgea Polyxène sur la tombe d'Achille. Il eut pour sa part de butin Andromaque, veuve d'Hector, dont il fit son esclave, épousa Hermione, puis alla fonder un royaume en Épire. Il périt à Delphes, assassiné par Oreste, qui avait avant lui demandé la main d'Hermione.

PYRRHUS, roi d'Épire, fils d'Éacide. Encore enfant à la mort de son père (312 av. J.-C.), il fut supplanté par Néoptolème, son oncle, et ne dut son salut qu'à un oncle, Glaucias, roi d’Illyrie, qui le recueillit et l'éleva. A 15 ans, il combattit héroïquement à la bataille d'Ipsus (301 av. J.-C.), sous les drapeaux de Démétrius Poliorcète, son beau-frère. Envoyé par ce prince en Égypte comme otage près de Ptolémée, il épousa Antigone, fille de ce prince, et obtint de lui une flotte et des trésors pour reconquérir ses États. Rentré en Épire en 295, il tua Néoptolème dans un festin, et depuis régna seul. Appelé comme médiateur en Macédoine, il s'empara bientôt de ce royaume (291), et s'y fit reconnaître roi, mais il ne s'y maintint que 7 mois. Appelé en Italie par les Tarentins, il remporta sur les Romains les victoires d'Héraclée (280) et d'Asculum (279), grâce surtout à l'épouvante que causa la vue de ses éléphants; puis il alla délivrer la Sicile des Carthaginois et de ses petits tyrans, et y joua plus d'un an le rôle de maître, mais il se fit bientôt haïr et quitta le pays. Il rentra alors en Italie, mais ce ne fut cette fois que pour être vaincu à Bénévent par Curius Dentatus (275), et il se vit forcé de reprendre la route d'Épire sans conquêtes, sans argent et presque sans troupes. Néanmoins, il réussit encore une fois à soumettre presque toute la Macédoine (274), puis il courut tenter la conquête du Péloponèse (272); mais il échoua au siége de Sparte et périt à la prise d'Argos, tué par une tuile qu'une vieille femme jeta sur lui du haut d'un toit (272). Pyrrhus possédait de grands talents militaires, mais il était ambitieux, insatiable, inconstant; il n'a laissé d'autre réputation que celle d'un aventurier. Il avait un sage ministre, Cinéas, dont, pour son malheur, il n'écouta pas toujours les conseils. Plutarque a écrit la Vie de Pyrrhus.

PYTHAGORE, Pythagoras, philosophe grec, fondateur de l'école italique, né à Samos vers 608 av. J.-C., selon les uns, en 572, selon d'autres, eut pour maître dans sa patrie Phérécyde, voyagea longtemps pour s'instruire, séjourna quelque temps en Égypte, se fit initier aux mystères de Bacchus et d'Orphée, alla vers l'an 540 (532 selon quelques-uns) s'établir à Crotone en Italie, où il fonda une école nouvelle, qui prit le nom d’école italique, et se vit bientôt environné d'une foule de disciples. Il en forma une sorte de congrégation ou d'institut moral et politique : ils menaient la vie la plus frugale et s'abstenaient de la chair des animaux. On n'était admis dans l'association qu'après un long noviciat; les aspirants étaient soumis à diverses épreuves, entre autres à un silence de plusieurs années. Pythagore exerçait sur ses disciples un empire absolu et en obtenait une foi aveugle : quand on leur demandait raison de leurs dogmes, ils se contentaient de répondre : le Maître l'a dit. On ne connaît pas bien les détails de sa mort. On croit qu'il périt à Métaponte dans une émeute suscitée contre les Pythagoriciens par les tyrans de l'Italie, qui craignaient leur influence, ou par le parti démocratique, auquel Pythagore préférait l'aristocratie. Sa mort eut lieu vers l'an 509 ou selon d'autres en 472; il avait près de 100 ans. Pythagore substitua au nom de sage (sophos), qu'avaient porté ses devanciers, le nom plus modeste de philosophe, ou ami de la sagesse. Il embrassa toutes les sciences connues de son temps, et cultiva surtout les sciences mathématiques, l'arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique; il fit plusieurs découvertes, autre autres celle de la fameuse démonstration du carré de l'hypoténuse. La considération assidue des rapports mathématiques le conduisit à un système universel, dans lequel les nombres sont les principes de toutes choses; les nombres eux-mêmes ont pour principe l'unité ou la monade; les dix premiers nombres ont des vertus merveilleuses, surtout le nombre 10 ou la décade. Dieu est l'unité absolue et primordiale, la monade des monades; l'âme est un nombre qui se meut lui-même; la matière est la dyade (dualité) indéfinie, principe du mal; le monde un tout harmonieusement ordonné (kosmos, mundus). Il admettait la sphéricité de la terre et son immobilité au centre du monde; le soleil, la lune et les autres corps célestes se mouvaient autour d'elle en formant une musique divine. Le bien moral est l'unité, le mal la diversité, la justice l'égalité. Pythagore enseignait la métempsycose, qu'il avait sans doute empruntée à l'Inde : c'est pour ce motif qu'il proscrivait l'usage des viandes. Passant par une série de migrations et d'épreuves, les âmes s'élevaient graduellement par la vertu ou s'abaissaient par le vice, et elles pouvaient arriver ainsi, soit à la vie parfaite des âmes séparées des corps, soit aux supplices de l'enfer. Pythagore prétendait, dit-on, se souvenir d'avoir existé autrefois dans le corps d'Euphorbe, qui assista au siège de Troie. Au reste, on ne sait rien de bien certain sur les vraies doctrines de Pythagore, parce qu'on n'a aucun écrit de lui. On a sous son nom des préceptes moraux connus sous le nom de Vers dorés, qui paraissent être de Lysis. La Vie de Pythagore a été écrite en grec par Porphyre et par Jamblique, mais ces vies sont pleines de fables; M. Dacier a donné en français une vie de ce philosophe, 1807. Les plus célèbres Pythagoriciens sont Alcméon, Ocellus de Lucanie, Timée de Locres, Philolaüs, Archytas. A la fin du 1er s. de notre ère, Apollonius de Tyane fit revivre le Pythagorisme, mais en le travestissant. Cette doctrine finit par se fondre dans le Néoplatonisme. On doit à Krische une curieuse dissertation : De Societatis a Pythagora in urbe Crotoniatarum conditæ scopo politico, Gœttingue, 1830; à Jæcher, De Pythagoræ methodo docendi, Leipzig, 1741; à Wendt, De Rerum principiis secundum Pythagoreos, ibid., 1827, et à Beckmann : De Pythagoreorum reliquiis, Berlin, 1850.

PYTHÉAS, astronome et voyageur, de Marseille, vivait au commencement du IVe s. av. J.-C. Il fut, a ce qu'on croit, envoyé par sa ville natale dans le nord pour y faire des découvertes, tandis qu'Euthymène était chargé d'une exploration au sud. Pythéas côtoya l'Hispanie, l'Aquitaine, l'Armorique, parcourut la Manche, franchit le Pas-de-Calais et parvint jusqu'à Thulé (les îles Shetland ou, selon d'autres, le Jutland). Il est parlé d'un 2e voyage dont le résultat aurait été l'exploration de la mer Baltique; la réalité de ce voyage est contestée par quelques-uns. Pythéas avait écrit une Description de l'Océan (Atlantique), et un Périple : il n'en reste que de courts fragments (dans Pline et Strabon). Ce savant soupçonna le premier la liaison des marées avec le cours de la lune, et découvrit que l'étoile polaire ne coïncide pas exactement avec le pôle. Il détermina avec une remarquable exactitude la latitude de Marseille : sa mesure ne diffère que de 11' 43" des observations modernes. Les fragments de Pythéas ont été recueillis par Arwedson, Upsal, 1824, et par Schmeckel, Mersebourg, 1848. On doit à Bougainville des Éclaircissements sur la vie et les ouvrages de Pythéas (dans les Mém. de l'Acad. des Inscript.); à J. Lelewel : Pythéas de Marseille, Paris, 1837, et à Bessel un Essai sur Pythéas, Leips., 1859.

PYTHIAS, ami de Damon. V. DAMON.

PYTHIE, Pythia, prêtresse de Delphes, rendait ses oracles au nom d'Apollon. Elle mâchait d'abord des feuilles de laurier, puis, en proie à une exaltation qui sans doute était aidée par le suc de cette plante, elle montait sur un trépied placé au-dessus d'une ouverture d'où sortaient des vapeurs épaisses de parfums. Elle tombait alors dans une agitation violente, qu'on regardait comme produite par l'esprit divin, et les paroles qu'elle prononçait étaient précieusement recueillies par les prêtres du temple. Ses oracles, rédigés en vers après coup par les prêtres, étaient toujours conçus en termes ambigus. La Pythie devait être vierge. Primitivement on la choisissait jeune, mais plus tard on voulut qu'elle eût 50 ans. On la prenait d'ordinaire parmi les femmes de Delphes les plus pauvres et les plus simples.

PYTHIQUES (JEUX), jeux que l'on célébrait à
Delphes de quatre en quatre ans, en mémoire de la victoire d’Apollon sur le serpent Python. On y disputait les mêmes prix qu’aux jeux Olympiques, et de plus un prix de musique.

PYTHO, ancien nom de Delphes. V. PYTHON.

PYTHON, serpent énorme qui apparut sur la terre lorsque les eaux du déluge de Deucalion se retirèrent, avait pour demeure le Parnasse. Il fut tué à coups de flèches par Apollon qui institua à cette occasion les Jeux pythiques. Delphes, voisine du lieu où fut tué le monstre, prit de là le nom de Pytho. On fait naître de Python la Gorgone, Géryon le Sphinx, l’hydre de Lerne, etc. Le serpent Python représente sans doute les miasmes malfaisants qui sortaient des marécages après le déluge; Apollon, vainqueur de Python, c’est le soleil, dont les rayons séchèrent le sol.

PYTHONISSE. Ce nom, qui le plus souvent est synonyme de Pythie, est aussi appliqué dans l’antiquité aux devineresses, notamment à cette femme d’Endor, qui, la veille de la bataille de Gelboé, évoqua devant Saül l’ombre de Samuel.



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