Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Xénophon

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XÉNOPHON, général, philosophe et historien grec fils de Gryllus naquit en Attique vers 445 av. J.-C., devint dès l'âge de 16 ans disciple de Socrate, qui lui sauva la vie à la bataille de Délium (424), continua à servir tant dans la guerre du Péloponèse que parmi les mercenaires que Cléarque conduisait à la suite du jeune Cyrus contre Artaxerce Mnémon (401), prit le commandement de ce corps après la mort de Cléarque, et opéra la fameuse retraite des Dix-Mille (des rives du Tigre à Chrysopolis), aida ensuite le roi thrace Seuthès à remonter sur le trône, et conduisit les restes des Dix-Mille en Ionie, où ils entrèrent au service de Sparte ; se lia étroitement avec Agésilas, roi de Sparte, ce qui le fit bannir par ses concitoyens (394) ; resta dès lors auprès de ce prince et l’accompagna même à la bataille de Coronée, à laquelle il eut le tort de prendre part, combattant dans les rangs de l’armée spartiate contre ses propres compatriotes. Il s’établit depuis à Scillonte en Élide avec sa femme et ses enfants : il resta 24 ans dans cette retraite, et se réfugia à Corinthe lors de l’invasion de la Laconie par les Éléens (368). Il fut l’année suivante rappelé de son exil, mais il ne rentra pas à Athènes et mourut à Corinthe, vers 355 av. J.-C. Ses ouvrages se distinguent en 4 classes : 1° ouvrages historiques : les Helléniques (suite de l’Histoire de la Grèce de Thucydide, conduisant jusqu’à la bat. de Mantinée, 363), l’Anabase (ou Retraite des Dix-Mille) son chef-d’œuvre, l’Éloge d’Agésilas, la Cyropedie ou l’Enfance de Cyrus, en 8 liv., ouvrage qui est un roman moral plutôt qu’une histoire, et où il a pour but de tracer l’idéal du conquérant et du fondateur d’empire ; 2° politique : les Républiques de Sparte et d’Athènes, les Revenus de l’Attique ; 3° instruction militaire : l’Hipparchique ou le Maître de la Cavalerie, l’Équitation, les Cynégétiques ou la Chasse ; 4° philosophie : le Banquet, l’Économique ou l’Art d’ordonner une maison, ouvrage fort estimé de Cicéron, qui l’avait traduit ; Hiéron ou les Devoirs d’un roi ; les Entretiens mémorables de Socrate et l’Apologie de ce philosophe. C’est Xénophon qui publia l’Histoire de Thucydide, restée inconnue jusqu’à lui. Le style de cet écrivain, d’une élégance et d’une douceur exquises, lui a valu le surnom d’abeille attique ; cependant il est quelquefois diffus et languissant. Comme historien, on reproche à Xénophon des lacunes et de la partialité, surtout en faveur des Spartiates. Comme philosophe, il est l’interprète le plus fidèle des doctrines de Socrate. Les meilleures éditions de Xénophon sont celles de Thieme et Ernesti, Leips., 1763 et 1801-1804, 4 v. in-8 ; de B. Weiske, Leips., 1798-1804, 6 v. in-8 ; de Schneider, Leips., 1838 et 1849 ; de Dindorf, dans la collect. Didot, Paris, 1839, gr. in-8 ; Gail en a donné une éd. compl., texte grec, avec version lat. et franc. et notes, Paris, 1797-1814, 7 vol. in-4, où il a reproduit la traduction latine de Leunclavius et les traductions françaises partielles de Dacier, Lévesque ou Larcher. M. H. Trianon, en 1842, et M. E. Talbot, en 1859, en ont donné de nouvelles traductions françaises. On doit à Sturzius un Lexicon Xenophonteum, Leips., 1801-04.