Dictionnaire wallon-français (Cambresier)/Section complète - C

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chez J.F. Bassompierre (p. 22-35).

C.

Cabaſſon caveſſon, ſ. m. Demi cercle de fer qui ſe met ſur le nez des jeunes chevaux pour les dompter & les dreſſer.

Cabiawe cabillaud, ſ. m. Eſpece de morue qui ne ſe mangue que fraîche.

Cafougnî chiffonner, bouchonner, friper, v. a. Vous avez fripé, bouchonné, chiffonné votre colet, vos manchettes, votre habit.

Froiſſer, v. a. Froiſſer du ſatin, du damas à force de le manier ;

Cafu bagarre, ſ. f. Grand bruit cauſé ordinairement par une querelle, ſtyle fam. Charivari, ſ. m. Il ſe dit fig. de toute ſorte de bruit, de crierie, de querelles entre petites gens. Il y a un terrible charivari dans cette maiſon.

Cahotte rouleau, ſ. m. Un rouleau de louis d’or, de liards.

Caïet talon de bois, ſ. m. La partie d’un ſoulier de femme, ſur laquelle poſe le derriere du pied.

Cak’té caqueter, babiller, jaſer jabotter, v. n. Cauſer beaucoup.

Canârî ſerin, ſ. m. Serin de canarie, ſerin commun.

Cange pot cange — but à but ou troc pour troc, adv. Sans aucun retour de part ni d’autre.

Cangliette comptoir, ſ. m. Sorte de table où il y a communément un tiroir fermant à clef, & dont les marchands ſe ſervent, ſoit pour compter leur argent, ſoit pour le ſerrer.

Canieſſe opiniâtre, adj. Mutin, obſtiné, entêté, il eſt auſſi ſubſtantif & alors il ne ſe dit que des perſonnes. Un petit opiniâtre.

Cann’ a buſe ſarbacane, ſ. f. Long tuyau par lequel on peut jeter quelque choſe en ſoufflant. Jeter des pois avec une ſarbacane.

Canpinair toupie, ſ. f. Sorte de jouet de bois, qui eſt fait en forme de poire & qu’on enveloppe d’une corde tournée en ſpirale, par le moyen de laquelle lorſqu’on l’en dégage en le jetant, il tourne ſur une pointe de fer dont il eſt armé au bout.

Cante pratique, ſ. f. Chaland, f. Ils ſe diſent de ceux qui achetent ordinairement chez un même marchand, il a force chalands. C’eſt une de ſes chanlandes, ce boucher a preſque toutes les pratiques du quartier.

Caracol eſcargot, ſ. f. Eſpece de limaçon à coquille.

Caracolé ſerpenter, v. n. Il ſe dit des ruiſſeaux qui ont le cours tortueux.

Caracolé (s’) ſe recroqueviller, v. réc. Il ne ſe dit guere qu’en parlant de l’effet que le feu produit ſur du papier qui ſe retire & ſe replie lorſqu’on l’en approche trop près. La couverture de ce livre s’eſt toute recroquevillée.

Carcan pilori, ſ. m. Sorte de machine qui tourne ſur un pivot où l’on attache par le moyen d’un carcan, ceux que la juſtice veut expoſer à la riſée publique, le verbe eſt pilorier, on a pilorié un banqueroutier.

Carmanne charti, ſ. m. Charrette longue pour tranſporter les gerbes dans la grange.

Carog di louweg fiacre, f. m. C’eſt un nom qu’on donne tant au cocher, qu’au carroſſe de louage, il a bien roſſé un fiacre.

Cartabel directoire, ſ. m. Ordre pour régler la maniere de dire l’office & la meſſe pour l’année courante.

Caſcogne bigarreau, ſ. m. Groſſe ceriſe bigarrée de noir, de rouge & de blanc. Le ceriſier qui porte les bigarreaux ſe nomme un bigarreautier.

Châtaigne, ſ. f. Sorte de fruit dont la ſubſtance eſt farineuſe & l’écorce de couleur brune tirant un peu ſur le rouge, qui eſt produit par le châtaignier.

Caſſe-lunette eufraiſe, ſ. f. Petite plante annuelle qui ne paroit que dans l’été & dans l’automne, ſon principal uſage eſt pour les maladies des yeux.

Caſmin d’tieſſe rompement de tête. Il vient m’importuner à toute heure, c’eſt un rompement de tête auquel je ne puis réſiſter.

Caſpoïe gribouillette, ſ. f. On dit, jeter quelque choſe à la gribouillette, pour dire, la jeter au milieu d’une troupe d’enfants, qui cherchent à s’en ſaiſir.

Cauſe hoyau, ſ. m. Sorte de houe à deux fourchons.

Caval jument ou cavale, ſ. f. La femelle du cheval. On dit, prov. & fig. Que jamais coup de pied de jument ne fit mal à cheval, pour dire, qu’un galant homme ne s’offenſe point de recevoir un coup ou une injure d’une femme.

Ceſſe ſeſſe, ſ. m. Sorte de pelle pour ôter l’eau des petits bateaux.

C’eſt inn’ ateg ſom mange marquez bien cette chaſſe. On le dit, prov. & fig. Pour dire, ſouvenez-vous de cette action, j’en aurai raiſon en temps & lieu.

Chaforré chaufour, ſ. m. Grand four à cuire la chaux. On dit plus ordinairement four à chaux, celui qui fait la chaux s’appelle un chaufournier.

Cham jante, ſ. fém. piece de bois courbée, qui fait une partie du cercle de la roue d’une charrette.

Chamaï chamailler, v. neut. Il ſignifie, fig. conteſter avec beaucoup de bruit, il eſt quelquefois actif avec le pronom perſonnel, il ſe trouva dans la compagnie de pédants qui chamaillerent, qui ſe chamaillerent une heure durant.

Chamoſſi moiſir, v. act. c’eſt l’humidité du lieu qui a moiſi ce pâté, il eſt auſſi réc. Un fromage qui ſe moiſit.

Chamoſſiheurre moiſi, ſubſt. m. Moiſiſſure, ſ. f. Cela eſt à demi gâté il en faut ôter le moiſi, la moiſiſſure.

Chanpe boîte, ſ. f. Eſpece de petit mortier de fonte qu’on charge de poudre, qu’on bouche enſuite, d’un tampon de bois, & où l’on met le feu par une lumiere.

Chârlî charron, ſ. m. Ouvrier qui fait des charrettes, &c.

Chârnal charme, ſ. m. Arbre de haute tige qui pouſſe des branches dès ſa racine & qui ſert ordinairement à faire des paliſſades. Les plants de petits charmes s’appellent charmille, ſ. f. Planter de la charmille.

Chaſtré chauler, v. a. Préparer des blés avec de la chaux pour les ſemer.

Chave caver, v. a. Creuſer, miner. La mer a cavé ce rocher, il ſe dit auſſi abſolument, la riviere a cavé ſous la pile de ce pont.

Chedlé chatter, v. n. Qui ne ſe dit que d’une chatte qui fait ſes petits.

Chenâ chéneau, ſ. m. Conduit de plomb ou de bois, qui recueille les eaux du toit & les porte dans la gouttiere.

Chenal de cô nuque, ſ. f. Le creux qui eſt entre la tête & le chignon du cou.

Cheniat panier, ſ. m.

Chenne chanvre, ſ. m. Plante qui porte le chenevis & dont l’écorce ſert à faire de la filaſſe. Toile de chanvre.

Cherit charti, ſ. m. Lieu couvert ſous lequel on ſerre les chariots, &c.

Cherîdreu cheminer droit, charier droit, v. n. Ils ſignifient, fig. Ne point tomber en faute.

Chertaie charretée, ſ. f. La charge d’une charrette.

Cherwé labourer, v. a. Remuer la terre avec la charrue.

Cheſs’ al pareu cloiſon, ſubſt. f. Eſpece de muraille dans œuvre, faite de charpente & de maçonnerie, ou de planche ſeulement.

Cheſſe-mohe émouchette, ſubſt. f. Sorte de caparaçon qui eſt fait de treillis ou de réſeau, avec des petites cordes flottantes tout autour & qui ſert à garantir les chevaux des mouches.

Cheſsî à cou aiguillonner, v. act. Il ſignifie fig. Inciter par quelque choſe, c’eſt un homme lent, qu’il faut aiguillonner pour le faire agir.

Cheteu ruche, ſ. f. Sorte de panier où l’on met des mouches à miel.

Chev’naie barde, ſ. f. Tranche de lard déliée & large, une barde de lard.

Chinî chenil, ſubſt. maſc. (La lettre L. ne ſe prononce point) lieu où l’on met les chiens de chaſſe.

Chiotte latrines, ſ. f. pl. Privé, retrait, lieu où l’on ſe decharge le ventre.

Chipoté gargouiller, v. n. Ce terme n’a d’uſage qu’en parlant de ce que font de petits garçons lorſqu’ils s’amuſent à barboter dans de l’eau.

Chipoter, vétiller, chicaner, v. n. Se ſervir de détours, de ſubtilités dans les conteſtations.

Barguigner, v. n. Conteſter pour le prix de quelque choſe, les marchands n’aiment pas ceux qui barguignent.

Chipté pépier, v. n. Qui ſe dit de cri naturel des moineaux.

Chiveie cheville, ſ. f.

Chôd-pihe ſtrangurie, ſ. f. Envie fréquente & involontaire d’uriner, dans laquelle on ne peut rendre l’urine que goutte à goutte & avec douleur.

Chôkî pouſſer, v. a. Il m’a pouſſé hors de ma place.

Choufté baiſotter, v. a. Baiſer ſouvent, il eſt fam.

Ciervûl ſerviable, adj. de t. g. Qui eſt prompt & zélé à rendre ſervice.

Cireurre cirure, ſ. f. Enduit de cire préparée.

Ciſai ciſeau, ſ. m. Ferrement plat qui tranche par un des bouts, & qui ſert à travailler le bois, la pierre, &c.

Ciſette ciſeaux, ſ. m. pl. On l’emploie auſſi au ſingulier, on n’a pas encore mis le ciſeau dans cette étoffe.

Ciſin glaçon, ſ. m. Morceau de glace.

Ciſs’né charier, v. a. Entrainer des glaçons, la meuſe ſera bientôt priſe, car elle charie.

Clabot clarine, ſ. f. Sonnette qu’on pend au cou des animaux qu’on fait paître dans les forêts.

Clajot jonc, ſ. m. Plante qui croit dans tous les endroits marécageux.

Clakette cliquette, ſ. f. Sorte d’inſtrument fait de deux os qu’on ſe met entre les doigts & dont on tire quelque ſon meſuré, en les battant l’un contre l’autre.

Clam crampon, ſ. m. Piece de fer recourbée, à deux pointes.

Clap bourdillon, ſ. m. Sorte de bois refendu propre à faire des tonneaux.

Clawîr cloutiere ou clouviere, ſ. f. piece de fer percée ou l’on forme des têtes de cloux.

Claw’ſonî lilas, ſ. m. Sorte d’arbre qui fleurit au printemps, & qui porte de petites fleurs par bouquets & en grande abondance.

Claw’treie clouterie, ſ. f. Comerce de cloux.

Clenchî pencher, v. a. Incliner quelque choſe.

Pencher, déverſer, ſurplomber, v. n. Ils ſe diſent de tout ce qui eſt hors de ſon à-plomb, un arbre qui penche. Ce mur ſurplombe ou déverſe.

Clepé boitier, v. n. Clocher, ne pas marcher droit, un cheval qui boite, qui boite tout bas.

Cleuſe claie, ſ. f. Ouvrage à claire voie en forme de carré long & fait ordinairement de brins d’oſier entrelacés.

Clayon, ſ. m. Claie ronde ſur laquelle les pâtiſſiers portent les pâtiſſeries.

Clichet tombereau, ſ. m. Sorte de charrette entourée d’ais, ſervant à porter de la boue, du ſable, des pierres, il ſe prend auſſi pour tout ce qui eſt contenu dans un tombereau, un tombereau de gravois.

Trébuchet, ſ. m. Eſpece de cage pour attraper les oiſeaux, cet oiſeau a été pris au trébuchet.

Clichette targette, ſ. f. Petite plaque de fer qui eſt ordinairement de forme ovale avec un petit verrou & qu’on met aux portes & aux fenêtres pour les fermer.

Loquet, ſ. m. Sorte de fermeture fort ſimple & qui s’ouvre ordinairement en hauſſant, cette porte ne s’ouvre qu’au loquet, hauſſer le loquet.

Loqueteau, ſ. m. Petit loquet qu’on met ordinairement aux volets d’en haut d’une fenêtre & auquel on attache un cordon afin qu’on puiſſe les ouvrir aiſément.

Clignî loûie, fermer l’œil, fermer les yeux. On dit qu’on n’a pas fermé l’œil de toute la nuit, pour dire, qu’on a paſſé la nuit ſans dormir.

Clign’té clignoter, v. n. remuer les paupieres fréquemment.

Clikotte loque, guenille, ſ. f. Chiffon, haillon, ſ. m. (H. s’aſpire) vieux lambeaux de toile ou d’étoffe, ils ſe diſent de toutes ſortes de hardes vieilles & uſées, il n’a d’habit qui vaille, il n’a que des guenilles, de vieux haillons, il n’eſt vêtu que de chiffons, cet habit s’en va en loques.

Drille, ſ. f. Chiffon de toile qui ſert à faire du papier.

Clinge coin, ſ. m. L’endroit d’un bas où le tiſſu ſe diviſe, & qui couvre la cheville du pied.

Clokette ampoule, cloche, ſ. f. Petites enflures qui ſe font ſur la premiere peau & qui ſont pleines d’eau, il a des ampoules, des cloches aux mains, ſous les pieds, aux pieds.

Clok’té tinter, copter, v. a. Faire battre le battant de la cloche ſeulement d’un côté, copter la clocle, tinter la petite cloche, on tinte à la paroiſſe, on dit tinter la meſſe, tinter le ſermon, pour dire, tinter la cloche, afin d’avertir qu’on va bientôt commencer la meſſe, le ſermon.

Clô-mange jambette, ſ. f. Petit couteau de poche dont la lame ſe replie dans le manche.

Cocogne œufs de Pâques, ſ. m. Œufs ordinairement teints en rouge, qu’il eſt d’uſage de vendre dans le temps de Pâques, & fig. on appelle œufs de Pâques, les préſents qu’on fait vers le temps de Pâques à des enfants, à des valets.

Cô di ſpal épaulée, ſ. f. Effort qu’on fait de l’épaule, pour pouſſer quelque choſe, on a roulé cette pierre par épaulée.

Cof chaiſe ou chaiſe percée, ſ. f. Siege ou l’on ſe met pour faire ſes néceſſités naturelles, aller à la chaiſe.

Côgnieſſe coriace, ad. de t. g. qui eſt dur comme du cuir. On dit d’une viande difficile à mâcher, qu’elle eſt coriace.

Cohette broutilles, ſ. f. pl. Menues branches d’arbres dont on fait des fagots.

Buchettes, ſ. f. Menue bois que les pauvres gens vont ramaſſer dans les bois, dans les forêts.

Coïenne couenne, ſ. f. Peau de pourceau, de marſouin.

Coignoûl cornouille, ſ. f. Le fruit du cornouiller.

Coignoûlî cornouiller, ſ. m. Arbre dur, qui porte un fruit longuet en façon d’olive.

Coirbeie d’efan layette, ſubst. f. On appelle ainſi, les linges, les langes, le maillot & tout ce qui eſt deſtiné pour un enfant nouveau né, donner une layette.

Coirné guigner, v. a. Lorgner, regarder ſans faire ſemblant, guigner le jeu de ſon voiſin.

Détoner, v. n. Sortir du ton qu’on doit garder pour bien chanter, il a l’oreille juſte, il ſent bien quand on détone.

Corner, v. n. Sonner dans un cornet ou dans une corne. Le vacher a corné dès le matin, j’ai entendu corner dans le bois.

On dit fig. Que les oreilles cornent à quelqu’un, que les oreilles lui tintent ; quand il a des bourdonnements dans les oreilles, ou quand il entend de travers ce qu’on lui dit.

On dit, prov. à un homme, les oreilles doivent vous avoir bien tinté ou corné, pour dire, qu’on a fort parlé de lui.

Coirnet boudiniere, ſ. f. Petit entonnoir de fet-blanc pour faire du boudin.

Coirnette coin, ſ. m. Petite partie d’un logis, endroit qui n’eſt pas expoſé à la vue, jetez cela dans un coin.

Cok’livî cochevis, ſ. m. Sorte d’alouette huppée.

Cokmâr bouilloir, ſ. f. Coquemar, ſ. m. Eſpece de pot de fer, de cuivre ou de terre verniſſée, ayant une anſe & ſervant à faire bouillir de l’eau.

Cok’sé glouſſer, v. n. Il ſe dit proprement du cri de la poule qui veut couver ou qui appelle ſes pouſſins.

Colé couler, v. a. paſſer une choſe liquide au travers d’un linge, d’un drap, &c. couler du lait dans un couloir.

Colebîr pigeonnier, colombier, ſ. m. Lieu où l’on éleve des pigeons. Fuie ſ. f. Colombier où l’on nourrit un petit nombre de pigeons domeſtiques.

Coleu couloir, ſ. m. Ecuelle ordinairement faite de bois, qui au lieu de fond, a une piece de linge par où on coule le lait.

Con d’cour contre-cœur, ſ. m. Plaque de fer qu’on attache contre le milieu du mur de la cheminée pour le conſerver, & pour renvoyer la chaleur.

Cont’fé rejanner, v. n. Contrefaire par maniere d’inſulte, le ton & la voix de quelqu’un.

Converti mater, v. a. Mortifier, réduire, mater ſa chair par des jeûnes.

Côpareie retraite, ſ. f. Couvrefeu, ſ. m. Coup de cloche qui dans certains lieux marque l’heure de ſe retirer.

Côpé baille, ſ. m. Moitié de tonneau en forme de baquet.

Côpé l’wazon d’zot l’pî couper l’herbe ſous les pieds, prov. Supplanter quelqu’un avec adreſſe.

Copette ſommet, ſ. m. Le haut, la partie la plus élevée ; il ne ſe dit que certaines choſes, comme d’une montagne, d’un rocher, d’une tour, de la tête, &c. ſur le ſommet d’une montagne, au ſommet d’un rocher.

On dit, fig. Le ſommet des grandeurs, le ſommet de la gloire, pour dire, le comble des grandeurs, de la gloire ; & il ne ſe dit guere que dans le ſtyle ſoutenu.

Combre ou faîte, ſ. m. La partie la plus élevée d’un bâtiment, d’un arbre. La maiſon eſt ruinée de fond en comble, il peut monter au faîte de cet arbre-là.

Il ſignifient, fig. Le dernier ſurcroit, le dernier point de quelque choſe, particuliérement de l’honneur, de la joie, des déſirs, de l’affliction & des maux, ce fut le comble de nos maux, il eſt parvenu au faîte du bonheur.

Coran-leſſe nœud coulant, ſ. m. Nœud qui ſe ſerre & deſſerre ſans ſe denouer.

Cori courir ou courre, v. n. Aller de viteſſe & avec impétuoſité, il ſe dit, fig. De toute action précipitée, ainſi l’on dit d’un homme qui lit ou qui écrit trop vîte, qu’il court, liſez doucement ne courez pas. On dit, prov. ce n’eſt pas le tout que de courir, il faut partir de bonne heure, pour dire, que ce n’eſt pas aſſez de ſe hâter ; mais que quand on veut réuſſir dans une entrepriſe, il faut prendre ſes meſures de loin, on dit fam. d’un homme qui ſe ruine, qu’il court à l’hôpital, on dit courir à ſa perte, à ſe ruiner promptement, on dit courir ſur le marché de quelqu’un, pour dire, enchérir ſur un autre, prétendre emporter ce qu’un autre marchande, on dit auſſi, fig. courir ſur les briſées de quelqu’un, pour dire, vouloir emporter ſur quelqu’un une choſe à laquelle il a prétendu le premier, courir ſignifie auſſi couler, il ſe dit des choſes liquides, il ſe dit encore des intérêts de l’argent conſtitué & d’un certain terme, au bout duquel choſe, ſes gages courent depuis un mois, la rente court de tel jour, il ſe dit encore du temps, l’année court, il court ſa vingtieme année, au temps qui court, on dit auſſi qu’il court bien des maladies, qu’il court beaucoup de fievres.

Fuir, v. n. Il ſe dit d’un pot, d’un tonneau dont la liqueur coule par quelque fêlure, ce vaſe fuit.

Corî coureur, pédon, ſ. m. Domeſtique leger à la courſe qu’on charge de différentes commiſſions.

Courrier, ſ. m. Celui qui court la poſte pour porter les dépêches.

Cori di totte ſe foiſſe courir, aller à toutes jambes ; c’eſt-à-dire auſſi vîte qu’on peut aller.

Coriette courroie, ſ. f. Piece de cuir coupée en long, étroite, & qui ſert à lier, à attacher quelque choſe, la courroie des ſouliers, dénouer les courroies.

On dit, prov. & fig. Étendre la courroie, pour dire, étendre ſes droits & les pouſſer au delà des bornes de l’équité, ſes droits n’iroient pas ſi haut, s’il n’avoit étendu, alongé la courroie.

On dit, prov. Faire du cuir d’autrui large courroie, pour dire, être libéral du bien d’autrui.

Corîhe écourgée, ſ. f. Fouet compoſé de pluſieurs lanieres de cuir, il eſt vieux. On dit mieux fouet, ſ. m. Le fouet d’un cocher, d’un charretier, d’un poſtillon.

On dit, prov. Faire claquer ſon fouet, pour dire, ſe faire bien valoir, faire bien valoir ce qu’on fait.

On dit, fig. Donner un coup de fouet, pour dire, faire quelque choſe pour hâter quelqu’un de faire ce qu’on déſire de lui, on lui a donné un coup de fouet il viendra bientôt à compoſition.

Chambriere, ſ. f. Il ſignifie dans les académies où l’on montre à monter à cheval, un bâton de trois ou quatre pieds de longueur, au bout duquel eſt attaché une courroie, une longe de cuir pour chatier les chevaux, un coup de chambriere.

Corinſſe dyſſenterie, ſ. f. Dévoiement avec douleur d’entrailles, il eſt mort d’une dyſſenterie.

Coron fil, ſ. m. Ce qui ſe forme des petits brins longs & déliés du chanvre, du lin, &c. tortillés entre les doigts avec le fuſeau ou le rouet, il ſe dit, fig. de la ſuite d’un diſcours, il a perdu le fil de l’hiſtoire.

Bout, ſ. m. Il ſe dit en parlant du temps & des choſes qui ont de la durée & il en ſignifie la fin : au bout du mois, il faut l’entendre juſqu’au bout.

Coroniſſe corniche, ſ. f. Ornement d’architecture en ſaillie, qui eſt au-deſſus de la friſe & qui ſert de couronnement à toute ſorte d’ouvrages d’architecture.

On appelle auſſi corniche une eſpece d’ornement en ſaillie, qui regne dans une chambre immédiatement au-deſſous du plafond, au haut d’une cheminée, d’une armoire.

Corti cloſeau, ſ. m. Petit jardin de payſan, clos de hayes.

Corwaie corvée, ſ. f. Certain travail & ſervice que le payſan fait pour ſon ſeigneur, pour ſa communauté, ſoit en journées de corps, ſoit en journées de cheveaux, de bœufs & de harnois, il fait faire ſes ſoins, curer ſes foſſés par corvées, il fait travailler à corvées, à la corvée.

On appelle, fig. corvée, le travail, ſoit du corps, ſoit de l’eſprit, qu’on fait ſans profit & comme à regret. Je me ſerois bien paſſé de cette corvée.

Coſou baclé, part. On dit fig. & fam. en parlant d’un traité conclu, d’une affaire arrêtée, cela eſt baclé, c’eſt une affaire baclée.

Coſſin pelote, ſ. f. Petit couſſinet dont les femmes ſe ſervent à ficher des épingles & des aiguilles, groſſe pelote de toilette.

Coſſinet bardelle, ſ. f. Eſpece de ſelle ordinairement faite de groſſe toile piquée de bourre.

Couſſinet, ſ. m. Petit couſſin, il faut mettre un couſſinet derriere la ſelle pour porter la valiſe, la malle.

Coſs’laie cochonnée, ſ. f. Ce qu’une truie fait de petits cochons en une protée, elle a fait tant de petits cochons en une cochonnée.

Coſs’lé cochonner, v. n. Il ne ſe dit que d’une truie qui fait de petits cochons, elle cochonnera bientôt.

Coſteurre couture ſ. f. Aſſemblage de deux choſes qui ſe fait par le moyen de l’aiguille ou de l’alêne & avec du fil, de la ſoie. Linceuls ſans couture. On dit populairement à un homme qui a un habit neuf, en le frappant par maniere de plaiſanterie, qu’il lui faut rabattre les coutures.

Couture ſignifie auſſi l’action & l’art de coudre en linge, en drap ou autres étoffes, cette couture eſt aiſée, elle ne veut pas quitter la couture.

Couture ſe dit auſſi de la cicatrice qui reſte d’une plaie, ſoit qu’elle ait été recouſue ou non, ou même des grandes marques que laiſſe la petite vérole ſur le viſage, il a le viſage tout plein de coutures. Dans ce ſens on dit auſſi balafre & ſuture, ſ. f.

Cotiné (s’) cotonner, v. n. Il ſe joint toujours avec le pronom perſonnel & ſe dit particuliérement des étoffes ſur leſquelles s’éleve certaine bourre, cette toile s’eſt cotonnée, le drap d’eſpagne ſe cotonne.

Coton coton, ſ. m. On dit fig. & prov. d’un homme dont la réputation ou les affaires ſont ruinées, qu’il jette un vilain coton, & ironiquement, il jette-là un beau coton.

Cotte jupe, ſ. f. La partie de l’habillement des femmes, qui deſcend de la ceinture juſqu’aux pieds.

Cotte, ſ. f. Il ne ſe dit plus que des jupes des femmes de baſſe condition, cotte de ſerge, de tiretaine.

Cotte di d’zot jupon ou cotillon, ſ. m. Courte jupe que les femmes mettens ſous les autres jupes, jupon de baſin, cotillon de flanelle.

Cotte di laine toiſon, ſubſt. f. La laine que l’on a tondue ſur une brebis, ſur un mouton, une toiſon peſant tant.

Cott’hai cloſeau, ſ. m.

Cottrai épervier, ſ. m. Sorte de filet à prendre du poiſſon, jetter l’épervier.

Coteron, ſ. m. Cotte courte & étroite.

Cou cul, ſ. m. (L’l ne ſe prononce point & on la ſupprime quelquefois dans l’écriture :) il lui a donné du pied au cul, des coups de pied au cul.

Cou d’zeûr cou d’zot à la débandade, façon de parler adverbiale qui ſignifie confuſément & ſans ordre. On dit, fig. Mettre tout à la débandade, laiſſer tout à la débandade, pour dire, abandonner le ſoin de ſon bien ou de quelque affaire comme un choſe déſeſpérée.

Cougnet coin, ſ. m. Piece de fer ou de bois qui aboutit en angle aigu & qui eſt propre à fendre du bois, des pierres, lorſque le coin eſt engagé on le dégage avec un plus gros.

Couk-a-doſſe croquet, ſubſt. maſc. Sorte de pain d’épice mince & ſec.

Coulaie coin du feu, ſ. m. On dit, prov. qu’un homme ne bouge du coin du feu, du coin de ſon feu, pour dire, que c’eſt un caſanier & qu’il garde perſque toujours la maiſon.

Courcîr auge, ſ. f. L’auge du moulin à eau, eſt un canal étroit de planches ou de maçonnerie par où l’eau ramaſſée coule & tombe ſur la roue, pour la mettre en mouvement.

Courreſſe riflard, ſ. m. Gros rabot pour dégroſſir le bois.

Cou-zâ-hô cul par-deſſus tête, adv. Il le renverſa cul par deſſus tête.

Coûtai a deu main plane, ſ. f. Outil tranchant & qui a deux poignées, il ſert a polir les bois que les charrons emploient.

Coûve cuve, ſ. f. Grand vaiſſeau qui n’a qu’un fond & dont on ſe ſert pour faire de la biere & pour divers autres uſages.

Covaie couvée, ſ. f. Tous les œufs qu’un oiſeau couve en même-temps, ou les petits qui en ſont éclos, il y avoit tant d’œufs à la couvée, cette poule a amené quinze pouſſins d’une couvée.

Cové couver, v. a. Il ſe dit des oiſeaux qui ſe tiennent ſur leurs œufs pour les faire éclorre, on a fait couver à cette poule des œufs de perdrix.

On le dit quelquefois abſolument. C’eſt la ſaiſon où tels oiſeaux couvent, on dit fig. cette homme couve de mauvais deſſeins, tout cela couve quelque grand malheur, vous couvez une grande maladie.

Couver eſt auſſi neutre & ſe dit fig. des choſes qui ne paroiſſent point & qui peuvent ſe découvrir quelque temps après, le feu couve ſous la cendre, cette mauvaiſe humeur couve dans ſes entrailles, cette guerre s’eſt allumée, elle couvoit depuis longtemps.

Il eſt auſſi quelquefois réciproque, il ſe couve quelque choſe de fort dangereux, il ſe couve là-deſſous je ne ſais quoi.

Covet couvet, ſ. m. Chaufferette, ſ. f. Pot que certaines femmes rempliſſent de charbon de feu & qu’elles mettent ſous elles.

Coviek couvercle, ſ. m. Ce qui ſert à couvrir un pot, un coffre ou quelque vaſe, un couvercle à pot. Le couvercle d’un pot, mettre, attacher un couvercle à…

Coviſſe couvi, adj. m. Un œuf couvi, eſt un œuf gâté, à demi couvé par la poule, dans cette omelette il y a quelque œuf couvi qui la gâte.

Covreſſe couveuſe, ſ. f. Cette poule eſt une bonne couveuſe.

Cowe manche, ſ. m. La partie d’un inſtrument par où on le prend pour s’en ſervie.

Un manche à balai, on dit le manche de la charrue, pour dire, la partie de la charrue que tient le labouteur.

Cowe di forneûr hamée, ſ. f. Manche de l’écouvillon.

Cowîr culeron, ſ. m. Partie de la croupiere qui eſt faite en rond, & ſur quoi poſe la queue du cheval.

Crâboïai boyau culier, ſ. m. On appelle ainſi le gros boyau qui ſe termine à l’anus.

Crajolé grivelé, adj. Qui eſt tacheté, mêlé de gris & de blanc, un oiſeau qui a le plumage grivelé.

Craké craquer, v. n. Il ſe dit pour exprimer le bruit que font certains corps, en ſe frottant violemment ou en éclatant. Les vis du preſſoir craquoient, le plancher eſt ſi chargé que les poutres en craquent, il fait craquer ſes doigts en les tirant.

On dit populairement craquer, pour dire, mentir, habler, ſe vanter mal-à-propos & fauſſement. C’eſt un homme qui ne fait que craquer.

Cramat crémaillere, ſ. f. Inſtrument de cuiſine, ordinairement de fer, qu’on attache à la cheminée & qui ſert à y pendre les chaudrons, les marmites &c. baiſſer, hauſſer la crémaillere d’un cran, on dit prov. quand un homme va tenir ménage ou qu’il change de logis, qu’on ira pendre la crémaillere chez lui, pour dire, qu’on ira faire un repas chez lui, pour célébrer ſon établiſſement dans ſa maiſon.

Crémaillere ſe dit auſſi des fers qui ſe mettent à certaines chaiſes & lits de repos, pour abaiſſer ou relever le doſſier, chaiſe à crémaillere.

Cramé crêmer, v. n. Il ſe dit du lait quand il fait de la crême, en été le lait crême plus qu’en hiver.

Écrêmer, v. a. Ôter la crême de deſſus le lait, écrêmer le lait, du lait, on dit fig. & fam. écrêmer une affaire, pour dire, en tirer tout ce qu’il y a de meilleur & de plus profitable, il ſe dit auſſi d’autres choſes quand on en tire ce qu’il y a de meilleur, il a écrêmé cette bibliotheque.

Crameu terrine, ſ. f. Sorte de vaiſſeau de terre de figure ronde, plat par en bas, & qui va toujours en s’élargiſſant par en haut. Terrine à mettre du lait.

Terrinée, ſ. f. Autant qu’il en peut tenir dans une terrine, manger une terrinée de lait, de crême.

Cramiette crémaillon, ſ. m. Petite cremaillere qui s’accroche à une plus grande.

Crâmion branle, ſ. m. Eſpece de danſe de pluſieurs perſonnes qui ſe tiennent par la main, danſer un branle.

On dit, fig. mener le branle, pour dire, commencer & être ſuivi de pluſieurs autres, vous voulez que nous vous régalions l’un après l’autre, menez le branle.

Cranchî (s’) fourcher, v. n. & réc. Se ſéparer en deux ou trois par l’extrémité, un chemin qui fourche, des cheveux qui commencent à ſe fourcher.

Crâne canele, ſ. f. Robinet de bois ou de cuivre qu’on met à une fontaine, à un tonneau.

Crakî fourcher, v. n. On dit fig. d’une perſonne qui a dit un mot pour un autre qui en eſt fort approchant, que la langue lui a fourché.

Crap eſcarre, ſ. f. Croute noire qui ſe forme ſur la peau, la chair, les plaies & les ulceres, il faut attendre que l’eſcarre tombe.

Crapô crapaud ſ. m. Eſpece d’animal venimeux qui reſſemble à la grenouille.

Crâwe croſſe, ſ. f. Il ſignifie certain bâton courbé par le bout, avec quoi les enfants ont accoutumé, durant le froid principalement, de pouſſer une balle, une pierre.

Crâwé croſſer, v. n. Pouſſer une balle &c. avec une croſſe, cet enfant eſt allé croſſer.

Crawé rabougri, part. du verbe rabougrir qui ne ſe dit proprement que des arbres & des plantes, que la mauvaiſe nature de la terre ou les mauvais vents empêchent de profiter, des arbres tout rabougris.

Il ſe dit fig. d’une petite perſonne de mauvaiſe conformation & de mauvaiſe mine, une petit homme rabougri, tout rabougri.

Crehe croître, v. n. Devenir plus grand, les herbes, les arbres, les animaux croiſſent, ſe laiſſer croître la barbe, les cheveux.

On dit, prov. & par plaiſanterie, des enfants qui croiſſent beaucoup, mauvaiſe herbe croît toujours.

On dit, prov. D’une jeune perſonne qui devient tous les jours plus belle, & de pluſieurs choſes qui vont en augmentant, qu’elle ne fait que croître & embellir, qu’elles ne font que croître & embellir.

Croître ſignifie, auſſi augmenter de quelque façon que ce ſoit, la riviere eſt crue, a cru, cette dartre croit, &c.

Crehenſſe croiſſance, ſ. f. Augmentation en grandeur, ce jeune garçon n’a pas encore pris ſa croiſſance, cet arbre n’a pas encore toute ſa croiſſance.

Crené inciſer, v. a. Faire une fente avec quelque choſe de tranchant, il ſe dit de cette opération de chirurgie qui conſiſte à faire des taillades ſur la chair, les chirurgiens lui ont inciſé tout le bras, il ſe dit auſſi des taillades qu’on fait à des arbres en certaine occaſion, inciſer l’écorce d’un arbre pour le greffer, inciſer un pin pour en tirer la réſine.

Creſſe crête, ſ. f. Certain morceau de chair rouge & ordinairement dentelé qui vient ſur la tête des coqs, on appelle auſſi crête le haut de la terre qui eſt relevée ſur le bord des foſſés dans les champs, la crête d’un foſſé. Planure, ſ. f. Bois qu’on a retranché des pieces que l’on a unies avec la plane ou le rabot.

Crett’lai ride, ſubſt. fem. Pli qui ſe fait ſur le front, ſur le viſage ſur les mains & qui vient ordinairement par l’âge, il a le front plein de rides, couvert de rides, les rides commencent à lui venir.

Creu croix, ſ. f. Affliction que Dieu nous envoye. C’eſt une grande croix qu’une mauvaiſe femme, il a eu bien des croix en ſa vie.

Creu d’par diewe croix de par Dieu, ſ. f. Croix qui eſt au commencement de l’alphabet qu’on donne aux enfants pour apprendre à connoître les lettres.

Il ſe prend fig. pour le commencement de quelque choſe, nous veut-on renvoyer à la croix de par Dieu ?

Creuhette abécédaire, ſ. m. Livre élémentaire pour apprendre aux enfants les lettres de l’alphabet.

Creuh’lade croiſée, ſ. f. Bois ou pierre en forme de croix qu’on met dans les baies des murs où l’on veut faire des fenêtres.

Croiſillon, ſ. m. La traverſe d’une croix, d’une croiſée.

Creuh’lé croiſer, v. a. Mettre, diſpoſer quelque choſe en forme de croix, croiſer les bras, croiſer les jambes, ces deux bataillons avoient croiſé les piques.

Il ſignifie auſſi traverſer, un lievre qui croiſe le chemin.

On dit, fig. Croiſer quelqu’un, pour dire le traverſer dans ſes deſſeins.

Crevaſſé crevaſſer, v. a. Faire des crevaſſes, le froid lui a crevaſſé les mains.

Il eſt auſſi, réc. Cette muraille commence à ſe crevaſſer.

Crevé crever, v. a. On dit crever un cheval, pour dire le fatiguer ſi fort qu’il en meure ou qu’il en ſoit outré.

On dit auſſi ſe crever de travail, pour dire, travailler avec excès, s’outrer de travail.

On dit, fam. Qu’une choſe creve les yeux, quand elle eſt en vue & que néanmoins on ne la voit pas, vous cherchez votre gant : le voilà, il vous creve les yeux.

On dit qu’une choſe creve le cœur, pour dire qu’elle cauſe une grande compaſſion mêlée quelquefois d’horreur. On dit, prov. dans le même ſens, crever le cœur à quelqu’un. J’étois fort en colere contre lui, mais il me creva le cœur par les excuſes qu’il me fit.

Crever ſignifie auſſi, fig & fam. ſouler. Je ne ſaurois plus manger, voulez-vous me crever ? Il eſt auſſi réc. Se crever de boire & de manger ou abſolument ſe crever ; boire & manger avec excès.

On dit d’un gros homme, d’une groſſe femme, que c’eſt un gros crevé, une groſſe crevée, il ſe dit par mépris, & dans ces phraſes il eſt ſubſtantif.

Creveurre crevaſſe, ſ. f. Fente qui ſe fait à une choſe qui s’entrouve ou ſe creve, il y avoit une crevaſſe à la muraille, la grande ſéchereſſe fait des crevaſſes à la terre, avoir des crevaſſes aux pieds, aux mains, il n’a guere d’uſage que dans ces ſortes de phraſes.

Fente, ſ. f. Petite ouverture en long, regarder par la fente de la porte.

Crié Crier, v. n. Jeter un ou pluſieurs cris : ne faites pas crier cet enfant.

On dit, fam. Il crioit comme un perdu, comme un fou, comme un enragé, il crie à pleine tête, il crie comme ſi on l’écorchoit.

On dit, encore fam. Plumer la poule ſans crier, ſans la faire crier, pour dire, exiger des choſes qui ne ſont pas dues, d’une maniere adroite, ſans bruit & ſans éclat.

Crier ſignifie auſſi, prononcer quelques paroles d’un ton de voix élevé, ſe plaindre hautement, gronder. Penſez-vous l’emporter ſur moi à force de crier ? Toute le monde crie de cela, contre cela, crie contre un tel, ſa femme criera tantôt comme il faut, elle a bien crié après lui.

On dit prov. d’un homme qui ſe plaint du mal qu’il n’a pas encore reçu, qu’il reſſemble les Anguilles de Melun, il crie avant qu’on l’écorche.

On dit encore prov., on a tant crié Noël, qu’il eſt venu, pour dire, qu’on a tant demandé & deſiré une choſe, qu’elle eſt arrivée.

Crier ſe dit auſſi de ceux qui veut vendre quelque choſe par les rues. Crier de la ſalade, des pommes. Crier de vieux paſſements.

On dit fig. & fam. crier haro ſur quelqu’un, pour dire, le pourſuivre avec injures, faire rumeur contre lui.

Crié com inn’aveûl ka pierdou s’chin. Crier comme un aveugle qui a perdu ſon bâton, prov. Crier les hauts cris, crier à tue tête.

Crikion grillon, ſ. m. Petit inſecte, qui eſt une eſpece de cigale, aimant les lieux chauds & faiſant un bruit aigu & perçant. Il y a des grillons dans cette cheminée qui gréſillonnent toute la nuit.

Crime crime, ſ. m. Action méchante & puniſſable par les loix. On dit faite un crime à quelqu’un de quelque choſe, pour dire, imputer à crime.

Dans la converſation ordinaire on ſe ſert du mot de crime, pour exagérer les fautes légeres. C’eſt un crime que d’avoir abattu de ſi beaux arbres.

Forfait, délit, ſubſt. m. voici la différence que M. l’abbé Girard donne de ces trois mots. Le crime part de la malice du cœur : il eſt contre les loix de la nature. Les calomnies ſont des crimes. Le forfait vient de ſcélérateſſe & d’une corruption entiere du cœur ; il bleſſe les ſentiments d’humanité, viole la foi & attaque la ſureté publique. Les incendies ſont des forfaits. Le délit par de la déſobéiſſance ou de la rébellion contre l’autorité légitime : il eſt une tranſgreſſion de la loi civile ; voilà pourquoi il eſt du ſtyle du palais. Les contrebandes ſont des délits.

Crin cran, ſ. m. Entaillure en bois, en fer ou autre corps dur, pour accrocher ou arrêter quelque choſe. Hauſſer ou baiſſer une crémaillere d’un cran.

Coche, ſ. f. Entaillure faite à un corps ſolide. Faire une choſe à un bâton. La coche d’une arbalête, c’eſt l’entaillure qui eſt ſur le fût & ſur laquelle on arrête la corde quand on bande l’arbalète.

Coche ſignifie auſſi une marque que l’on fait ſur une taille pour tenir le compte du pain, du vin, de la viande, &c. qu’on prend à crédit.

Crîné criſſer, v. a. Se dit proprement des dents, quand elles font un bruit aigre, lorſqu’on les ſerre & grince fortement.

Jurer, v. n. Il ſe dit fig. D’un violon ou d’un autre inſtrument lorſqu’il rend un ſon aigre. Ce violon jure, jure ſous l’archet.

Crier, v. n. Il ſe dit fig. D’une choſe dure, qui ſe frottant rudement contre d’autres, rend un ſon aigre. Cette porte crie, l’eſſieu de cette charrette crie, les roues crient.

Criſſôde Marguerite, ſ. f. Petite fleur blanche, ou blanche & rouge qui vient au commencement du printemps. La plante qui porte cette fleur s’appelle auſſi marguerite.

Crizou cancan, ſ. m. Diſcours, plainte faite avec beaucoup de bruit, d’aigreur & de reproche. Il eſt fam.

Croc crochet, ſ. m. Petit croc. Croc, ſ. m. (Le c. final ſe prononce point) inſtrument de fer ou de bois à une ou pluſieurs pointes courbées, dont on ſe ſert pour y prendre ou pour y attacher quelque choſe. Croc de cuiſine. Prendre de la viande au croc.

Croc-patâr. Pince-maille, ſ. m. On appelle ainſi fam. un homme fort attaché à ſes intérêts & qui fait paroître ſon avarice juſques dans les plus petites choſes. C’eſt un pince-maille.

Crogté crocheter, v. a. Ouvrir une porte, un coffre, &c. avec un crochet. Il a crocheté une porte. Je le ſurpris qu’il crochetoit mon coffre.

Crohe-neuhe, caſſe-noiſette, caſſe-noix, ſ. m. Petit inſtrument avec lequel on caſſe des noiſettes, des noix.

Crohî croquer, v. a. Manger des choſes qui font du bruit ſous la dent. Croquer du petit pain d’épice, du petit métier.

Il s’étend auſſi dans le ſtyle fam. À toutes ſortes de choſes qu’on mange avidement. Il croqua deux poulets & deux pigeonneaux en moins de rien. Ce loup croqua un agneau.

Crohî ruiné, part. Epuiſé, un homme ruiné de débauches.

Cronpîr topinambour, ſubſt. m. pomme de terre.

Crop-è-cente caſanier, ſ. m. On appelle ainſi celui qui aime à demeurer chez lui par eſprit de fainéantiſe. C’eſt un vrai caſanier.

Il eſt auſſi, adj. C’eſt l’homme du monde le plus caſanier. On dit dans ce même ſens, mêner une vie caſaniere, être d’humeur caſaniere.

Croſſe béquille, ſ. f. Sorte de bâton qui a par le bout d’en haut une petite traverſe ſur laquelle les vieillards, ou les gens infirmes s’appuyent pour marcher. Il ne marche plus qu’avec une béquille, qu’avec des béquilles.

Abaiſſe, ſ. f. Pâte qui fait le fond de toute eſpece de pâtiſſerie.

Croſſe, ſ. f. Bâton paſtoral d’évêque ou d’abbé.

Croûte, ſ. f. La partie extérieure du pain endurci par la cuiſſon. Vous mangez toute la croûte & vous laiſſez la mie.

On dit prov. Ne manger que des croûtes, pour dire, faire mauvaiſe chere. C’eſt un avare qui ſe plaint toutes choſes, & qui ne mange que des croûtes pour épargner.

On appelle auſſi croûte, la pâte cuite qui enferme la viande d’un pâté, d’une tourte &c. croûte de pâté vaut bien pain.

Grignon, ſ. m. Morceau de pain qui a plus de croûte que de mie.

Crotal crottin, ſ. m. On appelle ainſi les excréments des cheveaux, des moutons & de quelques autres animaux.

Crouf boſſe, ſ. f. Groſſeur extraordinaire au dos ou à l’eſtomac, qui vient de mauvaiſe conformation.

Croufieu boſſu, adj. Qui a une boſſe, une femme boſſue par devant, par derriere.

Il ſe dit, ſubſtantivement. C’eſt un méchant boſſu. On dit auſſi c’eſt un gobin.

Croupet butte, ſ. f. Petite tertre, motte de terre relevée par nature ou par artifice.

Boſſe, ſ. f. Elévation dans la ſuperficie qui devroit être plate & unie. Un terrain plein de boſſes.

Croupire croupion, ſ. m. L’extrémité du bas de l’échine de l’homme.

Il ſe dit plus proprement de cette partie où tient la plume de la queue d’un oiſeau. Le croupion d’un poulet-d’inde.

Cûhaie cuiſſon, ſ. f. On appelle pain de cuiſſon le pain de ménage que l’on fait chez ſoi.

Culot carqueſe, ſ. m. Terme de verrerie. C’eſt le four de frite où l’on fait cuire les creuſets avant de les mettre dans le four de la verrerie.

Cûrai poucier, ſ. m. Ce qui couvre le pouce de quelques ouvriers lorſqu’ils travaillent.

Cûre Cuire, v. a. préparer par le moyen du feu.

On dit prov. & par menace, vous viendrez cuire à mon four, pour dire, vous aurez quelque jour affaire de moi.

Cûre-a-p’ti feu mitonner, v. a Faire bouillir doucement.

Curé eſſorer, v. a. Expoſer à l’air pour ſécher. On a mis ce linge ſur des cordes pour l’eſſorer.

Cureg eſſui, ſ. m. Lieu où l’on étend quelque choſe pour le faire ſécher.

Cûreie charogne, ſ. f. Corps de bête morte, expoſé & corrompu, puant comme une charogne.

Cûte cuite, ſ. f. Cuiſſon, il ſe dit des briques, des tuiles & d’autres choſes ſemblables, la premiere cuite, la ſeconde cuite.

Cuvel tinette, ſ. f. Petite cuve, vaiſſeau de bois qui n’eſt pas couvert & qui eſt ordinairement plus large par en haut que par en bas. Une tinette de beurre.