Aller au contenu

Dictionnaire wallon-français (Remacle, 1e éd.)/Section complète - B

La bibliothèque libre.
Chez C. A. Bassompierre (p. 101-123).

B.

B, s m. ( ou be). Ess marké d’on B : Être marqué au B : Borgne bossu ; les Français ajoutent Boiteux.

Ba, adj. Bas, abject, vil, ignoble. — La bassesse cherche à capter la bienveillance générale. L’homme abject ne rougit point de se vautrer aux pieds de l’opulence. Celui qui est vil enlaidit l’abjection. Ce qui est ignoble est souvent méprisable, et sent la bassesse de l’extraction. On dit bas et rampant, vil et abject ; expressions, langage, maintien, physionomie, manières, sentimens, ignobles. — Bas se dit par opposition de haut. de ce qui est élevé.

Baba ! inter. Il se dit souvent avec un signe de tête négatif, et signifie : C’est faux, je n’en crois rien, laissez-moi, etc.

Bâbe. Baûbe, s f. Barbe, poil du menton, etc. ; Filet mince qui naît des écailles ou paillettes florales des graminées ; amas de poils sur une partie d’une plante ; petits filets de plumes ; bandes de toiles ou de dentelle qui pendent aux cornettes des femmes Fé l’bâb sain savonett : Faire la barbe sans savon, supplanter surpasser.

Babenn, s. f. Babine, lèvres des vaches, des singes, etc. — Fig. Senn net d’né po le babenn : S’en donner par les babines, manger beaucoup Pop.

Bâbèr, s. m. Bênet, niais. Voy. Boubair.

Bab-et sinn, Bawett, s. f. Lucarne, sorte de petite fenêtre pratiquée au toit d’une maison.

Bâbeu. Voy. Banbeu[1].

Bâbi. Voy. Banbi.

Babill, s. m. Babil, caquet. On rencontre dans ces deux mots une onomatopée très-distincte ; dans le premier on trouve le son doux ba bi, dans le second le son ferme ka ket : le premier suppose de la volubilité et une idée d’innocence, l’autre du bruit et de la malice. Nous aimons l’aimable babil d’un enfant ; nous devons haïr le caquet des commères. On dit avec raison que les pies et les perroquets caquètent. Dites babi continuel, babil-intéressant, babil-indiscret ; kaké-tassommant.

Bablou, adj. et t. passif. Surpris, étonné, embarrassé, honteux, confus.

Bâbo. Baûbo. Voy. Bekteu.

Bâbou, s. m. Croque-mitaine ; fam. On se sert de ce terme pour faire peur et pour imposer silence aux enfans.

Babouy, v. a. et n. Brédouiller, marmotter, baraguiner. Voy. Bekté.

Babouyeg, s. m. Brédouillement.

Babouyeu, s, m. Brédouilleur, baraguineur.

Bâchi. Baûchi, v. a. Lambriser, revêtir de lambris. — Voss pless et matt, il fâ fé bâchi : Votre chambre est humide, il faut la faire lambriser.

Bâchiheg. Baûchiheg, s. m. Lambrissage, ouvrage du menuisier, du maçon qui a lambrisé.

Bacon, s. m. Flèche de lard, ce qu’on a enlevé de l’un des côtés d’un cochon, depuis l’épaule jusqu’à la cuisse.

Bâdi, v. a. n. Baudir, exciter les chiens de chasse.

Badiné, v. a. Badiner, faire le badin, plaisanter.

Badineg, s. m Badinage, légère plaisanterie.

Badinnreie, s. f. Badinerie, plaisanterie, bagatelle.

Bag, s. m. Mangeoire, auge, auget, lavoir. — A-ti d’lavonn et bag, po le gvâ ? A-t-il de l’avoine dans la mangeoire, pour les chevaux ? — Noss troie a geonnli ess bag : Notre truie a cochonné dans son auge. — Mété del chenn divain l’bag de cherdin : Mettez du chenevis dans l’auget du chardonneret. — Abovré le biess et bag : Abreuver les bestiaux au lavoir.

Bâg. Baûg. Bac, s. m. grand bateau plat où l’on passe la rivière au moyen d’un câble qui la traverse.

Bagh. Bak, s. f. Bague, anneau, cercle d’une matière, dure, qui se met au doigt : Hardes, tout ce qui sert à l’habillement.

Bâgmain, s. m. Palplanche, pièce de bois qui garnit les côtés d’un pilotis, d’une digue, d’une jetée.

Bâgn, s. m. Bain, cuve, liquide où l’on se baigne ; cuve de teinturier remplie d’eau, etc. au plu. Eau naturellement chaude où l’on se baigne.

Bagneu, s. m. Baigneur, qui se baigne.

Bagnî, v. a. n. p. Baigner, mettre dans le bain, dans l’eau, arroser, tremper ; être plongé, trempé, dans l’eau. — Bagni ess krâh : Se délecter, nager dans la joie.

Bagué, v. a. Déménager, transporter ses meubles d’une maison à une autre, changer de domicile. — Fig. Bagué sain chandel : Déménager en secret, nuitamment.

Baguett, s. f. Baguette, bâton mince. — Baguett di figniess : Tringle, verge de fer qu’on passe dans les anneaux d’un rideau.

Bâh-cou, Monteu, s. m. Je propose Montoir ou Baise-cul. Le bâh-cou est une trouée pratiquée dans une haie ou un échalier, pour laisser un passage aux gens de pied. Le mot échalier, signifiant clôture, ne peut convenir en aucune manière.

Bâheur. Baûhâr, s. f. Baisure, endroit par lequel un pain a touché à un autre au four. — Baheur di sori ou mau d’sori : Barbuquet, petite gale qui vient sur le bord des lèvres.

Bahi, v. a. n. Baisser, rendre plus bas ; regarder en bas ; aller en diminuant ; être en baisse. — S’bahi, v. r. ou p. Se baisser. — I fâ s’bahi kan onn si pou levé : Il faut se baisser quand on ne peut se tenir debout, se soumettre, s’humilier, quand on ne peut faire autrement, obéir quand on ne peut commander.

Bâhi. Baûhi, v. a. Baiser, donner, par l’attouchement de ses lèvres, une marque d’amour, d’affection ou de civilité. — Bâhi l’cou del veie feumm : Baiser le cul de la vieille, entrer pour la première fois cher quelqu’un, perdre constamment au jeu. — Gi bâh, no bâhan : Je baise, nous baisons.

Bai, adj. Beau. Devant un subs. mas. qui commence par une voyelle ou h nul, belBai valet, bai gonn omme : Beau garçon, bel homme. — Bai adv. To bai ; doûssmain : Tout beau ; doucement.

Baibai, s. m. Joujou, t. enfantin.

Baicô, adv. Beaucoup, plusieurs, en grand nombre, en grande quantité, abondamment — Beaucoup se dit des choses de calcul, de mesure, ou d’estimation. Plusieurs, ne s’emploie que pour les choses qui se comptent. Le contraire de beaucoup est peu : l’opposé de plusieurs est un. Dites : Beaucou l’assurent ; beaucou-pen parlent.

Baie, s. m. Bail, contrat par lequel on loue une maison ; Parapet, mur à hauteur d’appui au dessus d’un pont, etc. Garde-fou ; balustre ou barrière que l’on met au bord des quais, des ponts, des terrasses, etc ; pour empêcher de tomber.

Bai-fré, s. m. Beau frère. Voy. Sorog.

Bainn, s. f. Bande, lien large et plat pour bander ; ceinture de culotte ; bande pour chemise ; côtés intérieurs d’un billard ; Voie d’une voiture, espace entre ses deux roues.

Bai-pére, s. m. Beau-père, second mari de notre mère ; celui dont on a épousé le fils ou la fille.

Bai-solo, s. m. Corneille nummulaire ou lysimachie, plante genre de convolvulacées.

Baité, s. f. Beauté, proportion, symétrie des formes ; ce qui flatte la vue, qui captive nos sens ; perfection relative et de convention. — Lune, la planète la plus proche de la terre. — L’baité toûnn âtou del terre : La lune tourne autour de la terre.

Bakanâl, s. f Bacchanale, débauche bruyante, tapage.

Baku, s. m. Bacchus, dieu du vin. — Pron. Bakkuss.

Balansi, s. m. Balancier, pièce dont le balancement règle le mouvement des horloges, t. de monnaie. — Contre-poids, long bâton de danseur de corde pour maintenir l’équilibre.

Balansi, v. a. n. p. Balancer, tenir en équilibre ; en suspens ; Compenser. Distribuer les groupes avec art, t. de peinture : Se pencher en marchant : aller sur la balançoire. — L’irrésolution hésite plus qu’elle ne balance : la force d’âme balance et n’hésite jamais.

Balanss, s. f. Balance, instrument pour peser. — Trebuchet, instrument pour peser l’or, etc. — Ess so balanss : Être en balance, en suspens, irrésolu.

Baloté, v. n. actif, Ballotter, aller aux suffrages avec des ballottes ; Discuter une affaire ; Jouer avec des balles. Voy. Stôté.

Baloteg, s. m. Ballotage, action de ballotter.

Balott, s. f. Larme fulminante de verre qui se brise en poussière avec explosion, dès qu’on en rompt la pointe.

Balow. Voy. Biess-â-balow.

Balté, v. n. Baller, aller les bras ballant, marcher en laissant suivre à ses bras le mouvement du corps.

Balté, v. a. n. Battre en onde ; action du mouvement de l’eau quand elle est agitée : Ondoyer, flotter par ondé. Trémousser, de l’aîle, les remuer d’un mouvement vif et agité.

Balziné, v. n. Lambiner, agir lentement et nonchalamment.

Balzineg, s. m. Nonchalance, négligence, indolence. Voy. Balzineu.

Balzineu, s. m. Négligent, nonchalant, indolent, paresseux, fainéant. — On est négligent par indifférence ; nonchalant par apathie ; indolent par inertie d’âme ; paresseux par mollesse et lâcheté ; fainéant par bassesse et crapule.

Baluss, s. m. Balustre, petit pilier façonné ; Balustrade, assemblage de balustres.

Ban, s. m. Établi, table de travail d’artisan, particulièrement de menuisier. Banc, lieu où plusieurs personnes peuvent s’asseoir à côté l’une de l’autre.

Banakof. Rolbett. Lit mobile.

Banbi. Bâbi, v. n. Vaciller, chanceler. — L’ivrogne vacille avant de chanceler. Une chose vacille et ne chancèle point. L’homme irrésolu vacille, et l’homme faible chancèle.

Banboché, v. n. Ivrogner, boire avec excès et souvent.

Banbocheu, s. m. Libertin, déréglé, farceur.

Banbog, s. f. Ribaude ; Échappée, action imprudente ; Farce. — Carrousse, débauche.

Bani, v. a. Bannir, condamner judiciairement à sortir d’un état, d’une ville ; chasser ; exclure, éloigner de soi. Voy. Exilé[2].

Banihmain, s. m. Bannissement, condamnation juridique à être banni.

Bank. Petits-paquets, t. de jeu de cartes. — Gowé al bank : Jouer aux petits-paquets.

Bankal, s. m. Bancroche, qui a les jambes tortues.

Banki, s. m. Banquier, qui fait la banque.

Bankô. Va tout, quitte ou double.

Bankroti, s. m. Banqueroutier.

Bankrott, s. f. Banqueroute, faillite. — La banqueroute consomme la faillite. Quand on a suspendu ses paîmens on est en faillite. Le dépôt d’un bilan au tribunal de commerce détermine la banqueroute. On dit relativement, une faillite malheureuse une banqueroute criminelle, frauduleuse.

Bânn, s. f. Bande, troupe, compagnie, troupeau. — On dit une troupe de comédiens, une bande de violons, et la compagnie des Indes. — L’habitude d’exprimer par le mot bande la quantité de certains êtres dangereux a fait circonscrire cette expression par le monde poli. L’exagération voit des loups par bandes ; nous voyons des bandes des voleurs qu’une seule compagnie de troupes réglées pourrait anéantir. Il faut marcher en troupe contre les bandes de malfaiteurs. On dit improprement une compagnie d’escrocs pour parler d’une association des fripons. Les compagnies d’assurances contre les incendies, sont d’une grande utilité. Les compagnies de gens de guerre sont quelquefois nuisibles. On dit au propre un troupeau de moutons, etc., et fig. le troupeau de J-C., le troupeau ou les ouailles d’un évêque, d’un pasteur.

Bansli, s. m. Vanier.

Banss, s. f. Berceau, pour bercer les enfans au maillot. Banse, grande manne.

Banstai. Bâstai. Chenna, s. m. Panier : le contenant et le contenu. Voy. Coirbeie.

Bapptistair, s. m. Baptistère. Pron. batistèr.

Bar. Bourdaine ou Bourgène, s. f. plante.

Bârai. Baûrai, s. m. Barre, s. f. Se dit principalement du fer.

Bârbi. Baûrbi, s. m. Barbier, qui fait la barbe. Frater, garçon chirurgien. — On bârbi raz l’ott : Un barbier rase l’autre, les gens d’un même état se prêtent la main.

Barbion, s. m. Barbillon, petit barbeau.

Bârbireie, s. f. Barberie, art de raser et de faire les cheveux.

Barboté, v. n. Gronder, murmurer, se plaindre entre ses dents ; Gourmander, réprimander avec dureté. Bougonner. Fam.

Bardah, s. f. Branche d’arbre ; Gaule ; bâton informe.

Bardahi, v. a. n. Frapper avec une gaule, un bâton. — Bardahi tott avâ : Frapper de droite et de gauche, indistinctement. — Bardahi to gu : Renverser tout. — Fig. Bardahi to costé : Fouiller par tout. — Bardahi avâ le kuaur : Aller rodant de côté et d’autre.

Bardakin, s. m. Baldaquin, dais qu’on porte sur le Saint Sacrement.

Bardouh, s. f. Aveline, grosse noisette, fruit de l’avelinier.

Bargougneg, s. m. Barguignage, irrésolution, fam.

Bargougneu, s. m. Barguigneux, qui barguigne.

Bargougni, v. n. Barguigner, hésiter à conclure une affaire. fam.

Bari, s. m. Barillet, petit baril ; Cruchon, petite cruche ; Buire, vase à liqueur. — Baril est un petit tonneau.

Barioleg, s. m. Bariolage, assemblage bizarre des couleurs, ce qui est bariolé, fam.

Barlaf, s. f. Balafre, cicatrice au visage.

Barlafé, v. a. Balafrer faire une balafre.

Barloké, v. n. Pendiller, être suspendu en l’air et agité par le vent ; être prêt à tomber.

Bass, s. f. Flaque, petite mare dont l’eau croupit. Voy. Potai.

Bass-chambe, s. f. Latrines, lieux privés.

Bassi, s. m. Bélier, mâle de la brebis.

Bassin d’aiw. Populage, plante, genre de renonculacées.

Bastâ. Bastaû, s. m. Bâtard, enfant né hors mariage.

Bastârdé. Bastaûrdé, v. a. p. n. Abâtardir, altérer, faire dégénérer : Dégénérer : Rabougrir ou abougrir.

Baston. Pikrai, s. m. Bâton, morceau de bois long et rond. — Baston d’viyess ou viless. Bâton de vieillesse, celui qui sert d’appui à une vieille personne.

Bastoné, v. a. Bâtonner, donner des coups de bâton.

Batai, s. m. Bateau, barque de rivière.

Bataklan, s. m. Tapage, désordre, confusion.

Bataie, s. f. Bataille, combat, querelle ; rixe. — Les combats précèdent et suivent ordinairement les batailles. Un grand combat est une petite bataille. On peut se quereller sans se battre. Jamais une rixe ne survient sans échange de coups.

Bati, v. a. Bâtir, construire, établir. — Bati de chestai et l’air : Faire des châteaux en Espagne, des projets en l’air.

Batiheg, s. m. Bâtissage, s. f. État ou entreprise de maçonnerie. fam.

Batiheu, s. m. Bâtisseur, qui bâtit, qui a la manie de bâtir. fam.

Batimain, s. m. Bâtiment, édifice ; navire.

Batreie, s. f. Batterie, querelle en donnant des coups : Pièces d’artillerie disposées pour tirer.

Batroul, s f. Ribot, pilon d’une baratte.

Batt, s. f. Batardeau, s. m. digue pour détourner l’eau.

Batt, v. a. Battre, frapper, accabler. — Battre, c’est frapper à plusieurs reprises. On est accablé, par le sort ; frappé par la foudre. — Batt li fiair tan k’il et chô : Battre le fer pendant qu’il est chaud, suivre vivement une affaire qui est en bon train. — Batt de-zou : Battre, brouiller des œufs. — Batt li bour : Baratter. — v. n. Se mouvoir ; donner sur… — Batt de pî : Trépigner, frapper des pieds contre terre en les remuant vivement.

Batt-feu, s. m. Briquet, pièce d’acier pour tirer du feu d’un silex.

Baudli, s. m. Garçon fouleur.

Bawi. v. a. Lorgner, regarder en tournant les yeux, et comme à la dérobée ; Regarder amoureusement ; Épier, observer secrètement.

Bay, s. m. Bailli, officier de justice.

Bây. Baûy, v. n. Bailler, respirer en ouvrant fortement et involontairement la bouche. — Bây â koirneie : Bailler aux corneilles, regarder niaisement en l’air.

Bâyeu. Baûyeu, celui qui baille, qui niaise.

Béatuss, s. m. adj. Béat, celui qui dans une partie de jeu ou de repas est exempt de payer sa part. — Geté le béatuss âl hass di coûr : Voir à qui aura l’as de cœur pour être béat. — Point de liaison autrement que devant a ou à : Ce béa est heureux.

Becheie, s. f. Becquée, ce qu’un oiseau peut prendre avec le bec, ce que la brochette peut contenir quand on donne à manger aux oiseaux. Petite bouchée.

Bechett, s. f. Pointe, extrémité des choses qui vont en diminuant ; bout où se termine une chose aiguë : Sommet d’une montagne, etc.

Bechi, v. a. n. p. Becqueter, donner des coups de bec. Se caresser, se battre avec le bec. Se toucher, à peine par les bouts. — Le kolon s’bechet sovain to baltan de-zell : Les pigeons se becquètent souvent en trémoussant des aîles.

Bechou, adj. Pointu, qui a une pointe aiguë.

Beg, s. m. Bec, partie dure qui tient lieu de bouche aux oiseaux ; Pointe des plumes, etc. — Blan-beg : Blanc bec, jeune homme imberbe, avantageux. — Aveur pu d’beg ki d’cou : Avoir plus de paroles que d’effet. — Beg à beg : Bec à bec. — Beg d’ouhai, ou coinn di gatt : Vite-sotte, sorte de pomme de terre.

Begass, s. f. Bécasse, oiseau de passage à long bec. — Pron. entre k et g : Begass.

Begassenn, s. f. Bécassine, oiseau plus petit que la bécasse.

Beguenn, s. f. Religieuse, nonette. Beguine, vieux.

Beguinett, s. f. Bec-figue.

Beie, s. f. Bille, boule d’ivoire ; Quille, morceau de bois long et arrondi, qui sert à jouer aux quilles. — Ess rissu comm on chein d’vain on geu d’beie : Être reçu comme un chien dans un jeu de quilles, très-mal.

Beieté, v. a. n. Quiller, replacer les quilles ; Tirer à qui jetera une quille le plus près de la boule, pour voir qui jouera le premier.

Beieteu, s. m. Quilleur, celui qui redresse les quilles. Je propose le mot français.

Bein, s. m. Bien, ce qui est juste et utile ; vertu, probité ; Possession, etc. — Reind li bein pol mâ : Rendre le bien pour le mal.

Bein, adj. Bien, beaucoup, maint, plusieurs, grand nombre, abondamment, copieusement, à foison. — Ces mots marquent indéfiniment la quantité. Bien, s’applique particulièrement aux personnes ; il appelle l’attention sur la quantité en fesant abstraction des calculs. Beaucoup sans comparatif est l’extension des adjectifs maint, plusieurs ; ces deux noms ne signifient pas grand nombre : Beaucoup ne se dit que dans cette acception. Abondamment ne s’entend guère que des productions, ce mot exprime le grand nécessaire. Dans copieusement je vois une abondance excessive ; et dans à foison une idée de profusion, de prodigalité. On peut parler d’abondance et jamais abondamment. La Bourgogne pour abonder en vin, n’en a point copieusement, ni à foison.

Beindai, s. m. Bandeau, bande qui ceint le front, qu’on met sur les yeux pour empêcher de voir ; Diadême. — Aveur on baindai sol-zouie : Avoir un bandeau sur les yeux, être aveuglé par la passion. — L’oy l’beindai : Faire continuer, recevoir le Sacrement de Confirmation.

Beindé. Beindlé, v. a. n. Bander, serrer une bande ; tendre avec effort ; toucher à la bande d’un billard ; être tendu. Beindlé ou beindé on fisik : Armer un fusil.

Beindi, s. m. Bandit, vagabond, libertin. — Le bandit vit sans mœurs et sans lois : le vagabond aime une honteuse oisiveté : le libertin est esclave de ses passions.

Beindleg. Beindeg, s. m. Bandage, lien qui sert à bander notamment les hernies ; Brayer, bandage pour les hernies. — Celui qui fait les bandages, se nomme bandagiste.

Beindlett. s. f. Bandelette, petite bande.

Beinfai, s. m. Bienfait, grâce, service, bon office, plaisir. — Un bienfait est un acte libre de la vertu. La grâce est une faveur. On interpose ses bons offices pour faire plaisir a quelqu’un.

Beinseyanss. Bienséance, convenance, décence — La bienséance a rapport aux usages reçus dans la société ; la convenance est plus relative à la conformité des choses. Il me semble que la décence est la pudeur de la bienséance.

Bein-veyou, adj. Bienvoulu, aimé, estimé.

Beinvitt, adj. Bientôt, dans peu de tems.

Beinvnow, s. f. Bienvenue, heureuse venue, entrer dans un corps — Pay s’beinvnow : Payer sa bienvenue, régaler.

Beité, s. m. Voy. Baité.

Bekté, v. a. n. Bégayer, bredouiller, balbutier. — Bégayer est une onomatopée, on articule avec effort ; et l’on prononce avec la plus grande difficulté, les lettres b, p, g. Bredouiller, c’est précipiter ses paroles, et confondre les diverses émissions de voix dans une sorte de roucoulement. On balbutie par crainte, timidité, ou par réticence, en laissant affaiblir les sons radicaux.

Bekteg, s. m. Balbutîment.

Bekteu, s. m. adj. Begue, qui bégaie, qui balbutie, etc.

Bel-di-goû, s. f. Belle de jour, liseron à trois couleurs.

Bel-di-nutt, s. f. Belle-de-nuit, Rousserolles, plante.

Bel-feie, s. f. Belle fille, bru, celle dont on a épousé le père ou la mère en secondes nôces.

Belmain, adv. bellement, doucement ; à la douce. Fam.

Bel-soûr, s. f. Belle sœur, celle dont on a épousé le frère ou la sœur, femme de notre frère.

Benefiss, s. m. Bénéfice, gain, profit, lucre, émolument, avantage. — Le bénéfice est principalement ce que l’on gagne sur ce que l’on vend pour le compte d’autrui ; il ne se dit guère pour gain que par les banquiers et gens d’affaires. Le gain est problématique, légitime, ou illicite : le profit est assuré, clair et net, mais médiocre. Le lucre naît de l’industrie, d’un emploi, d’une charge, ou du travail de ses mains ; il me semble plutôt le fruit des peines et des veilles que l’odieuse récompense de la cupidité. Les émolumens sont affectés aux emplois ; ils signifient en outre les revenans-bons et le casuel. Les avantages sont plus assurés que douteux. Un marchand doit vendre avec bénéfice, en se contentant d’un gain honnête. Combien de servantes bornent leurs gages à leurs petits profits. Beaucoup d’artistes préfèrent la gloire au lucre. On se fait souvent de forts émolumens avec des emplois bien médiocres. Un avantage réel, vaut mieux que de hautes espérances. — Privilège, dignité.

Benefissi, s. m. Bénéficier, qui a un bénéfice. — Bénéficier, v. n. tirer du profit.

Beneutî, s. m. Bénitier, vase à mettre de l’eau bénite.

Béni, v. a. Bénir, consacrer au culte ; donner la bénédiction à… Louer remercier. — Dieu bénit des nations, des peuples, des familles, il est, béni de tous les cœurs vertueux. Les bons princes sont bénis. La Sainte Vierge est bénie entre toutes les femme. Les armées bénies de Dieu sont toujours heureuses. — Bénit. Bénite. — Pain bénit, cierge bénit ; chandelle bénite, des drapeaux bénits ; De l’eau bénite de cour dans les autres acceptions, béni, bénie.

Benn, s. f. Banne, pour transporter du charbon.

Benureu, adj : et s. Bienheureux, très-heureux ; béatifié. — Joint à un verbe bienheureux fait deux mots : je le tiens bien heureux.

Benvitt. Voy. Beinvitt.

Berbi, s. f. Brebis. — Si ki-s’fai berbi li leu l’magne : Qui se fait brebis le loup le mange, il est dangereux d’être trop bon.

Berik, s. f. Lunettes, verre monté, et taillé de manière à soulager la vue : Besigles, lunettes qui s’attachent à la tête.

Berlandé, v. a. Niaiser, badauder, bayer, battre le pavé. — Brelander signifie en français, fréquenter les billards, les maisons de jeu.

Berweté, v. a. Brouetter. — Gi berwett, no berwetan. — Je brouette, nous brouettons.

Berweteu, s, m. Brouetteur, celui qui traîne les hommes dans une brouette. — Brouettier, celui qui transporte des terres dans une brouette.

Berwett, s. f. Brouette tombereau à une roue. — Fé berwett, ne pas entrer dans les quilles avec la boule.

Beu, s. m. Collusion : Convention secrète, tacite, simulacre.

Beur, s. m. Bure, puits des mines de charbon de terre, etc.

Beûr, v. a. n. Boire. — Beûr comm on trô : Boire comme un trou, comme un templier. — Beûr à gogo, altal-larigo : Boire à tire-larigot. — Kî a bu beuret : Qui a bu boira — Beûr al piss, â tonai : Buffeter, percer un tonneau avec un foret, et boire à même — Beur à p’ti kô : buvoter.

Beurlé, v. n. Beugler, meugler, pousser des hurlemens ; Mugir se dit des bœufs, des taureaux.

Beurleg, s. m. Mugissement.

Bezé, adj. t. passif. Surpris, offensé.

Bezess, s. f. Besace ; Bissac. — Tel mendiant qui porte sa besace, n’est pas toujours à la besace. L’honnête ouvrier chargé de son bissac, est souvent à la mendicité. — Dites une beuzass bien remplie, la b-zass au dos.

, s. m. Biez canal qui conduit l’eau sur les roues des moulins. L’ouverture se nomme Abée.

Bib, s. f. Bible, l’ancien et le nouveau testament, l’Écriture Sainte.

Bibron, Voy. Sussett.

Biergi, s. m. Berger au propre-et au fig.

Biergireie, s. f. Bergerie, lieu où l’on enferme les brebis, troupeau de brebis. — Esseré l-leu el biergireie : enfermer le loup dans la bergerie, laisser quelque chose dans un lieu où il peut nuire ; cicatriser trop vite une plaie.

Biess, s, f. Bête, animal irraisonnable : bête fauve, puante, noire, de somme ou de charge. Fig. Brute, animal, idiot, stupide, bestiasse. — Les bêtes fauves, sont les daims ; les bêtes puantes, les blaireaux, etc ; les bêtes noires, au propre, sont les sangliers ; les bêtes de somme traînent des voitures ou portent des fardeaux. On donne le nom de brute à la grossière ignorance, à la volupté brutale. Le mot animal s’applique à tous les êtres vivans, il équivaut souvent à butor. Dans le rire d’un idiot on voit l’image de l’imbécilité ; dans les yeux du stupide on remarque l’absence du sentiment. Bestiasse est un terme burlesque qui s’explique de lui-même. — Riprendre de poyeg del biess : Reprendre du poil de la bête, chercher le remède dans la cause qui a produit le mal. — C’et l’biess de bon Diu : C’est la bête à Dieu, du bon Dieu, un bon homme. — Biess à deu gambe : Bipède — Biess à kuatt gambe : quadrupède.

Biess-à-Balow. Balaw, s. f. Hanneton, sorte de scarabée.

Biestireie, s f. Bêtise, ignorance, stupidité ; Baliverne, discours frivole ; Billevesée, frivolité, projet ridicule ; bévue.

Big, s. f. Petite boule pour comprimer l’air des canonnières ; pour jeter en soufflant.

Bigoigne. Bigoinn, s. f. Bigorne, enclume à deux bouts qui se termine en pointe. — Fé ron sol bigoigne : Bigorner, arrondir sur la bigorne.

Bigeotreie, s. f. Bigoterie, vice du bigot ; Bigotisme, caractère du bigot.

Bigeoutreie, s. f. Bijouterie, fabrique, boutique de bijoux.

Bih, s. f. Biche, femelle du cerf.

Bîhe, s. f. Bise, vent du nord. — Faî n’ mâl bîhe, il côp li vizeg : La bise est forte, elle coupe la figure.

Bîhî, v. n. Venter du côté du nord.

Biket, s. m. Biquet, cabri, jeune chevrau.

Bikté, v. a. Biqueter, mettre bas ses petits.

Bîl, s. f. Bile, humeur, colère.

Bilet, s. m. Billet. — Pron. Byet.

Bîleu, adj. Bilieux, qui abonde en bile ; qui est irascible.

Biliâr, s. m. Billard. — Pron. Byâr.

Biliardé, v. n. Billarder, toucher deux fois sa bille avec la queue ; pousser les deux billes à la fois.

Bilok, s. f. Prune, t. collectif.

Bilokî, s. m. Prunier, arbre qui porte les prunes ; Crequier, prunier sauvage.

Bilsi, v. a. Balancer, remuer, agiter le berceau d’un enfant. — S’bilsi : se balancer.

Bilté, v, a. Billeter, étiqueter. — Loger par billet.

Binâh. Binaûh, adj. t. passif. Content, satisfait ; rassasié. Avec le verbe faire Fé binâh ; Rassasier, etc.

Biol. Bial. Bayoûl, s. m. Bouleau, bois blanc,

Bîr, s. f. Bière. — Bîr di-Saison : Bière d’Avent, de Mars. Bîr bolow : Birambot, soupe de bière avec du sucre, de la muscade, etc.

Bira, s. m. Sarcophage, cénotaphe, tombeau vide.

Birlôzé. Burlôzé. v. a. n. Dégringoler, descendre plus vîte qu’on ne voudrait ; Tomber, être emporté, de haut en bas, par son propre poids.

Biské, v. n. Pester, murmurer vivement, parler avec aigreur. — Fumer, être de mauvaise humeur. Fam.Bisqué, adj. Biscorner, d’une forme irrégulière, baroque.

Biskoirné, adj. Biscornu, d’une forme irrégulière.

Biskûtt, s. f. Biscuit, s. m. Pâtisserie ; Pain cuit deux fois, tranche de pain blanc séchée au four.

Bizé, v. a. n. Enlever, ravir, emmener, une fille, commettre un rapt. Il se dit plus souvent avec le verbe faireIl a fai bizé l’feie di s’maîss : Il a enlevé la fille de son maître. — Bizé, Aller, courir, comme le vent.

Bizoie. Voy. Piwoie.

Bizaw, s. f. Toton, s. m. Espèce de dé à quatre faces, marqué de différentes lettres, et traversé d’une cheville sur laquelle on le fait tourner.

Blak, s. f. Hablerie fam.

Blaman, adj. Flambant, qui flambe. Par extension et fig. : Fougueux.

Blamé, v. a. n. Flamber, passer sur la flamme, jeter de la flamme. — Fig. Avoir beaucoup de fougue, d’ardeur.

Blamm, s. f. Flamme, partie subtile et lumineuse du feu. — Ess komm inn blamm : Être vif comme la poudre, avoir le sang bouillant.

Blan. Blank, adj. s. Blanc. Blanche. — Blan comm li nivaie : Blanc comme la neige. — Blan sper : Spectre blanc. — Blan mantai : Manteau-blanc, moine bénédictin.

Blan-bar, s. m. Troëne, arbrisseau.

Blan-beg, s. m. Blanc-bec, jeune sans expérience.

Blan deu, s. m. Panaris, abcès à la racine des ongles ; tumeur flegmoneuse qui vient aux bouts des doigts.

Blankâtt. Blankaûtt, adj. Blanchâtre, tirant sur le blanc.

Blanki, v. a. n. Blanchir, rendre blanc ; Laver le linge sale ; faire connaître son innocence. Pâlir, devenir pâle ; fléchir par crainte.

Blankiheg. s. m. Blanchissage, action de blanchir du linge et son résultat ; Blanchiment, action de blanchir les toiles.

Blankiheu, s. m. Blanchisseur, qui blanchit le linge, etc. ; Buandier, qui fait le premier blanchiment : Buandière, qui fait la lessive des toiles neuves.

Blankihreie, s. f. Blancherie ou blanchisserie.

Blankmain, adv. Blanchement.

Blank-mostâde, s. f. Moutarde blanche ; sénévé blanc, graine, dont on fait la moutarde.

Blan-kou, s. m. adj. Flatteur, cajoleur. Par extension, dénonciateur.

Blank-ourteie, s. f. Ortie blanche, plante.

Blank-treinblenn, s. f. Trefle rampant, s. m

Blank mâvlett, s. f. Guimauve, plante.

Blanmoir, adj. s. Pâle, blême, livide, hâve, blafard. — Pâle est une épithète, qui s’applique aux personnes, à la lumière à tous les corps lumineux. Un homme mal-sain est ordinairement blême ; s’il est blasé, il est livide et devient souvent hâve. Blafard se dit des couleurs et de la lumière qui sont pâles.

Blan-wazon. Alchimille, plante, genre de rosacées.

Blaûmé, v. a. Blâmer ; reprendre, corriger, réprimander, désapprouver, improuver, réprouver. — On doit blâmer publiquement et sans aigreur ; reprendre à propos ; corriger avec intelligence et sans ostentation. Ne réprimandons jamais avec morgue ni dureté ; et ne désapprouvons point légèrement. L’homme de bien improuve les propos des honnêtes, et réprouve les maximes perfides.

Blawett, s. f. Bluette, étincelle. — La bluette a moins d’activité que l’étincelle ; elle est plus lumineuse que combustible. L’étincelle est une petite parcelle de feu qui a la puissance d’enflammer ; elle est moins pâle que la bluette, et s’élève rapidement. On dit de l’étincelle qu’elle peut produire un incendie, on ne doit jamais le dire de la bluette. Nous avons des bluettes dramatiques, qui étincèlent d’esprit.

Blawtan. Blawtihan. Voy. R’glatihan.

Blawté, v. n. Étinceler, briller, jeter des éclats de lumière ; Briller, jeter une lumière étincelante, avoir de l’éclat ; Pétiller, briller avec éclat, refléter la couleur ; Scintiller. — L’galaie fai blawté le steul : La gelée fait scintiller les étoiles.

Blawtiheg, s. m. Étincellement, scintillation.

Blesseur. Blessâr, s. f. Blessure, plaie. — La blessure est la suite d’un coup reçu : on appelle improprement blessure une contusion, une meurtrissure. La plaie est accidentelle ou l’effet permanent de la blessure. On blesse les intérêts, le repos, l’honneur de quelqu’un. Les blessures du cœur ne sont pas sans fin ; les plaies de l’âme sont quelquefois éternelles. — Ess et bless : Être en morceaux, en pièces ; dans l’affaissement.

Blessi, s. m. Blessé.

Blessi, v. a p. Blesser, frapper, donner un ou plusieurs coups qui font plaie ; Fracture ; contusion. Voy. Blesseur.

Bleuwât. Bleuwaûd. adj. Bleuâtre, tirant sur le bleu.

Bleuwi, v. a. n. Bleuir, rendre bleu ; tirer sur le bleu.

Blok. Blokai, s. m. Billot, tronçon de bois gros et court, Tronchet, gros billot de bois qui porte sur trois pieds. — Copé l’tiess so on blok ou so on blokai : Couper la tête sur un billot. — On appelle encore blok le tronc qui sert dans les églises à recueillir les aumônes.

Bloké, v. a. Bloquer, faire un blocus ; pousser dur et fort une bille dans la blouse. Mettre à dessein une lettre renversée à la place d’une autre qui manque, t. d’imprimerie.

Blokeg, s. m. Blocage, lettre renversée et mise à la place d’une autre. — Bille bloquée.

Blouk, s. f. Boucle, anneau.

Blouwett. Bluwett, s. f. Farfadet, s. m. Homme, frivole ; futile ; Babillard ; Inconsidéré, imprudent, malavisé. — Celui qui est frivole parle sans réflexion ; celui qui est futile sans penser. L’imprudent agit sans. réfléchir, rien ne réussit au malavisé.

Blouzé (s’), v. p. Se blouser, se tromper lourdement, fam.

Bo, s. m. Bouc, mâle de la chèvre. Hotte, sorte de panier qu’on porte à son dos avec des bretelles.

Bodé, adj. s. Nabot, ragot, courtaud, trapu. — Nabot, et ragot sont deux termes de mépris ; l’un et l’autre sont fort gros et très-petits : le premier est laid le deuxième hideux. Plus grand que ceux-ci, le courtaud est un petit homme court et entassé ; Trapu me paraît ajouter aux qualités du courtaud, une idée de force et de vigueur.

Bodenn, s. f. Bedaine, gros ventre, grosse panse. — Le gras de la jambe, fam.

Bofet, s. m. Pelote, s. f. Petite balle ou coussinet où les femmes fichent leurs épingles, etc.

Bog, s. m. Tronc, corps principal d’une tige branchue.

Bogeie, s. f. Bougie, chandelle de cire. Voy. Bougeie.

Bogî, v. a. n. Déranger, changer quelque chose de place ; Bouger se mouvoir de l’endroit où l’on est ; il est plus usité avec la négative ne. — Ne pas bouger d’un lieu, etc. — S’bogi : se mouvoir ; Quitter sa place.

Boheie, Voy. Bougeie.

Bohtai. Kanibûstai, s m. Aiguiller, étui à aiguilles.

Boi, s. m. Bois substance compacte dure des arbres. — Li boi ouveur : Le bois travaille, se déjette. — Trové l’ouh di boi : Trouver visage de bois, la porte fermée. — On vieret di ké boi iss châf : On verra de quel bois il se chauffe, ce qu’il sait faire, etc. — Li fain chess li leu fou de boi : La faim chasse le loup hors du bois, l’extrême besoin fait oublier la vertu ; nécessité fait loi. — Bein poirté s’boi : Bien porter son bois, avoir bonne grâce dans ses vêtemens. — Dites boa touffu, boa-zêpais.

Boi d’kok, s. m. Érable sycomore. Voy. Boi d’paie.

Boi d’paie, s. m. Érable des champs, genre d’arbre de la famille de malpighiacées dont l’érable des montagnes, et l’érable à sucre sont des variétés.

Boi d’rekouliss, s. m. Bois de réglisse.

Boi d’sain Girâ, Épine-vinette, arbrisseau épineux à fruit rouge et aigre.

Boigne, s. m. Borgne, qui n’a qu’un œil, il se dit au fig.

Boir, s. m. Bord, côte, rivage, rive, lisière. — Le bord termine l’extrémité d’une surface, il entoure un précipice, et longe les mers, les fleuves, etc. La côte est couronnée par le sommet et domine la plaine. Les côtes sont abordables on inaccessibles. Rivage ne se dit proprement que des bords de la mer dont la pente est douce : rive ajoute à cette acception, les bords des fleuves. On dit la lisière d’un bois, d’un champ, etc.

Boirai, s. m. Botte s. f. Assemblage de plusieurs choses semblables, de même nature. — Boirai d’ressenn : Botte de carottes. — Boirai d’brocal : Botte d’allumettes. — Boirai. Bourrée, fagot de menues branches.

Boirdaie, s. f. Bordée décharge de tous les canons.

Boirdé, v. a. Border, garnir les bords, être à bord, etc.

Boirdeur. Boirdâr, s. f. Bordure, ce qui borde, et sert d’ornement ; parement ou grosse pierre de taille dont un ouvrage est revêtu ; grosses pierres qui bordent un chemin pavé.

Boirgnî, v. a. n. Bornoyer, juger d’un alignement en le regardant d’un œil ; Loucher, regarder de travers ; regarder en dessus, fam.

Boitt, s. f. Tabatière, petite boîte où l’on met du tabac en poudre. — Ventouse, vaisseau de verre ou de métal qu’on applique sur la peau pour y produire une irritation locale, en raréfiant l’air par le moyen du feu, ou en fesant le vide. — Mett de boit : Ventouser.

Boizeg, s. m. Boisage, bois qu’on emploie à boiser, ce qui est boisé.

Boizeie, adj. Boisée, garnie de menuiserie. — Pless boizeie : Chambre boisée.

Boizreie, s. f. Boiserie, menuiserie qui recouvre l’intérieur d’une maison ; maison en bois.

Bok, s. f. Bouche, principal instrument de la parole, organe des saveurs. — Bok cozow, savé ! Bouche close, ou cousue, silence ! n’en parlez point. — Dir di bok : Dire de bouche, de vive voix. — Fé li p’titt bok : Faire la petite bouche, le dégoûté, le difficile, affecter beaucoup de circonspection. En parlant d’une femme : faire la mijaurée, la renchérie. — Mett del lâmm al bok : Mettre du miel à la bouche, flatter par de belles paroles, une douceur affectée.

Bokâ. Bokaû, s. m. Trouée dans l’épaisseur d’une haie ; effet du canon.

Bokehenein. Bokehelemm, s. adj. Hermaphrodite, celui que l’on dit être homme et femme ; Androgyne, homme et femme. — La fable de l’androgyne dans les dialogues de Platon.

Bokeie, s. f. Bouchée, petit morceau d’une chose à manger, ce que l’on peut manger en mordant. — Magni à grande bokeie : Manger à pleine bouche. — Enn ne fê kinn bokeie : N’en faire qu’une bouchée, renverser en un tour de main. — Bokeie de kuré : Bouchée grasse.

Boket, s. m. Morceau, partie, portion, bout, tronçon, gobbe, boulette. — Le morceau est une partie séparée d’un corps solide ; il désigne une portion d’une chose bonne à manger. On dit un morceau de pain, un morceau délicat ; il se dit pour coupon, et s’entend pour une partie non séparée : morceau, d’architecture, d’éloquence. — Boket se dit pour la partie d’un tout physique ou moral : la part d’une succession, d’un butin ; la portion que chacun reçoit. Bout, signifie ici la moindre partie d’une chose. Le tronçon est un morceau coupé ou rompu d’une grosse pièce. On donne le nom de gobbe à un morceau empoisoné pour faire périr les bêtes puantes. Avec les boulettes on empoisonne les chiens dans les grandes chaleurs.

Bôlé, v. a. n. Bousiller ; mal travailler, faire de la camelotte, travailler sans aptitude ; Brocher, ébaucher, exécuter à la hâte.

Boleie, s. f. Boullie, lait et farine boullis. — Boleie al fareinn d’avonn : Boullie à la farine d’avoine. — Magni le boleie sol tiess : Manger les boullies sur la tête, être plus grand de toute la tête. — Boleie d’amidon : Colle d’amidon.

Bôleu, s. m. Bousilleur, mauvais ouvrier.

Boleu, s. m. Amadou, mèche d’agaric qui prend feu au briquet. — Neur boleu : Amadou noir.

Bolgî, s. m. Boulanger ; Bolgiress : Boulangère.

Bolgî, v. a. Boulanger, pétrir, et faire cuire le pain.

Bolgireie, s. f. Boulangerie, art de faire le pain, lieu où il se fait.

Boli. Bouli, s. m. Bouilli, viande bouillie.

Bômel, s. adj. t. passif, Bouffi, blasé, enflé, gonflé, boursoufflé, — Si elle n’était pas livide la bouffissure paraîtrait embonpoint. Les personnes blasées, sont ordinairement bouffies. On peut avoir les jambes enflées et le ventre gonflé par des vents. Après un long sommeil on a quelquefois les yeux boursoufflés ; mais cette sorte d’enflure disparaît en peu de moment. Les enfans aiment les pâtisseries boursoufflées. — Un style est bouffi quand il sort emphatiquement du sujet ; il est enflé s’il en excède la mesure ; il est boursoufflé par de grands mots vides de sens et d’idées. Bômel ne se dit qu’en parlant des personnes.

Bondif, s. m. Banneton ; coffre pour conserver les poissons.

Bôni, s. m. Boni, qui excède la recette ; Revenant-bon.

Bonifii, v. a. p. Mettre en meilleur état, rendre ou devenir meilleur.

Bonn-fortenn, s. f. Bonne-fortune, avantage inespéré, faveurs des femmes.

Bonnmain, adv. Bonnement, de bonne foi, franchement, naïvement, avec simplicité.

Bordon, s. m. Tige principale d’une plante qui a une certaine hauteur. — Bordon d’pelerin. Bourdon.

Borgeu, s. m. Bourgeois, citoyen d’une ville. — L’Borgeu va d’van l’haquin : Le maître marche avant le valet. — Borgeuse : Bourgeoise.

Borgeusmain, adj. Bourgeoisement.

Borgumaîss, s. m. Bourgmestre ou Bourguemestre, magistrat de certaines villes. — I vâ mî dess kâlin ki dess Borgumaiss, soula deur pu lontain : Il vaut mieux d’être espiègle que Bourgmestre cela dure plus longtems.

Boslé, v. a. Bossuer, faire des bosses à la vaisselle en la laissant tomber par terre, etc.

Bosleg, s. m. Ce qui est bossué.

Bossou, s. m. Bossu, qui a une bosse ; inégal. — Bossow, s. f. Bossue. — On di k’i to le bossou son sûti : On dit que tous les bossus ont de l’esprit, qu’ils sont spirituels.

Botaniss, s. m. Botaniste, qui s’applique à la botanique, à la science qui traite de plantes, de leurs propriétés.

Boteie, s. f. Bouteille, vase de verre. Quelques w. donnent le nom de boteie aux bassinoires avec lesquels on échauffe les lits.

Boteie, s. f. Citrouille, plante qui a un très-gros fruit.

Botî. Botlî, s. m. Hotteur, qui porte la hotte.

Botî, v. a. Bluter, passer par le blutoir ; Sasser, passer au sas ; Tamiser, passer au tamis.

Botik, s. f. Boutique.


Botiki, s. m. Boutiquier, celui qui tient boutique. Le mot français est un terme de mépris.

Botin. Voy. Amâ.

Botiou, s. m. Bluteau ou blutoir, instrument pour passer la farine ; Sas, tissu de crin attaché à un cercle pour passer la farine et du plâtre ; Tamis machine qui sert à passer des matières pulvérisées, ou des liqueurs épaisses.

Botkenn, s. f. Bottine, brodequin. — Les bottines ne sont rien autre que des demi-bottes. Les brodequins sont beaucoup plus légers, souvent d’étoffes ou de cuir jeaune ou rouge. Les hommes portent des bottines, les femmes des brodequins ; cependant on nomme brodequins la chaussure des acteurs tragiques.

Botlé, v. a. Botteler, mettre en botte.

Botleg, s. m. Bottelage, action de botteler.

Botleu, s. m. Botteleur, celui qui met en bottes.

Botné, v. a. n. Boutonner, passer les boutons dans la boutonnière. Bourgeonner, pousser des boutons, des bourgeons.

Boton, s. m. Bouton, bourgeon des végétaux ; Élevure, bulbe qui vient sur la peau. Bouton qui sert à boutonner.

Boton d’ârgein d’Eingleter. Renoncule à feuille d’Aconit.

Boton d’or. Renoncule, acre à feuille double.

Botress, s. f. Hotteuse, femme qui porte la hotte. — Apèrs le boteress di Lîg, i fa houmé l’roeie[3] : Les hotteuses de Liége, sont hors de toute comparaison.

Boubair. Boubiet. Bâbaîr, s. m. Balourd, grossier et stupide ; Lourdaud, grossier et maladroit ; Benêt, niais et sot ; Niais, simple et sans usage du monde ; Nigaud.

Boubairreie, s. f. Nigauderie, Balourdise.

Boubeinn, s. f. Bobine, sorte de fuseau pour dévider ; le fuseau et la laine dévidée.

Boubiné, v. a. Bobiner, dévider sur la bobine.

Boubineu, s. m. Celui qui bobine.

Boubou, s. m. Brosse avec un long manche pour laver les fenêtres. Houssoir, balai de houx, de plumes, etc.

Bouché. Stopé, Enchifrené, t. passif qui a le cerveau et le nez embarrassés.

Bôuclé, v. a. Boucler, mettre en boucle, attacher avec une boucle.

Boud-boud. Boud-bou-boud, s. f. Huppe, oiseau huppé.

Boudeûss, s. f. Bonnet rond de femme.

Boufé, v. a. Manger avidement. Pop.

Boûflé. Bouffi, Boursoufflé, t. passif.

Bouflett, s. f. Bouffissure, boursoufflure. Voy. Bômel.

Bouftî, s. m. Bouvier, conducteur et gardien des bœufs.

Bougeie, s. f. Touffe, groupe des végétaux et de plantes boiseuses.

Bouchreie, s. f. Boucherie.

Bougress, s. f. Rouée, femme sans mœurs ni principe, méchante femme.

Bouhal, s. f. Canonnière, petit bâtonnet en sureau sans moelle, qui sert aux enfans à chasser à l’aide d’un piston, de petites boules de papier, etc.

Bouhî v. a. Frapper, donner des coups.

Bouhon, s. m. Buisson, touffe de plantes boiseuses.

Boûkai, s. m. Bouvillon : Lourdaud.

Boukané, v. a. Gronder quereller, battre ; faire tapage ; bousculer. Voy. Efoumî.

Bouket-to fai. Œillet de poète, fleur.

Boukett, s. f. Sarrasin, s. m. Sorte de bled : Crêpe faite avec ce graminée.

Bouktîr, s. f. Bouquetière, qui vend des bouquets.

Boulé, v. a. Faire flotter du bois par train, par radeau ; le jeter à bois perdu, c’est-à-dire, buche à buche dans des rivières ou canaux pour le charger sur des bateaux ou en faire des trains.

Boulé-coûr. Échouer, manquer l’occasion ; ne pas réussir.

Boulet, s. m. Boule, s. f. Globe de bois pour jouer aux quilles. Boulette, petite boule de chair hachée. Voy. Houyot.

Boull d’or. Trolle d’Europe.

Boulté, v. a. Bouiller, remuer la vase avec la boue ; Se secouer en fesant quelque chose debout.

Boûr, s. m. Beurre, crème épaissie à force d’être agitée.

Boûr, v. n. Bouillir, s’élever en bulles par la chaleur ou la fermentation ; Bouillonner, s’élever en bouillons ; Être fort ardent.

Bourass, s. f. Bourrache, plante.

Boûrdé, v. n. Mentir, affirmer pour vrai ce qu’on sait être faux.

Bourdeu, s. m. Menteur. Bourdeuss, Menteuse. — Si soula n’et nen vraie li bourdeu n’et nen lon : Si cela n’est pas vrai le menteur n’est pas loin.

Bourdoûss, s. f. Culbute saut qu’on fait en mettant la tête en bas et les pieds en l’air. — Voy. Kouperou.

Bouré, v. a. Bourrer, mettre de la bourre, donner des coups de crosse de fusil.

Bouriâ, s. m. Bourreau, exécuteur de la justice ; Dur, inhumain.

Bouriâde. Bouriaûde, s. f. Bourrelle, femme de bourreau.

Bourlâ, s. m. Enjeu, ce que l’on met au jeu en commençant à jouer aux quilles.

Bourlet. Voy. Toig.

Bourlî, s. m. Bourrelier, fabricant de harnois.

Boursai, s. m. Bosse à la tête, contusion faite par un choc de la tête contre un corps dur ; résultat d’un coup donné avec un instrument contondant.

Boursî, adj. Boursier, celui qui a une bourse dans un collège, celui qui fait les bourses ; Celui qui tient la bourse, qui est chargé de la dépense. — Boursîr. Boursière.

Bouss, s. f. Bourse, petit sachet où l’on met de l’argent, petit sac où l’on mettait les cheveux ; pension ; Lieu où s’assemble les négocians ; petite vessie ; En Turquie, cinq cents écus ; Au pluriel, membrane qui enveloppe les testicules. — Bouss, adj. Poussif, parlant d’un cheval.

Bouté, v. a. Pousser, faire entrer avec forces, violence ; Faire effort contre… Pour ôter de la place ; Fourrer, introduire sa tête, sa main dans un trou, une poche ; Faire comprendre avec peine ; Boire, vider entièrement. — Bouté al row : Pousser à la roue. Fig. Épauler, assister, aider, de son crédit, de sa bourse. — Bouté l’deu et l’ouie : Tromper, surprendre ; la bonne foi, la confiance. — Bouté el tiess : Fourrer dans la tête. — Bouté fou : Pousser, mettre dehors. — Bouté à l’ouh : Mettre à la porte, renvoyer, congédier. — Bouté gu d’pî : Supplanter. — Bouté don : Je vous en prie, je vous en supplie. — Boutt, Je t’en prie, va, donc. — L’efan s’boutt foû : L’enfant a une chûte du rectum.

Bouteu foû, s. m. Déchargeur, homme de peine.

Boûtné, v. n. Fuliginer. — Je propose ce mot. Voy. Boutneur.

Boûtneur. Boutnâr, s. f. Fuligineusité. (Je propose encore ce mot). Ce que nous appelons Boutneur est le refoulement de la fumée ou de l’émanation active qui produit la fuliginosité ; elle est la suite d’une combustion incomplète de gaz, d’acide carbonique, de gaz oxide de carbone si elle provient du bois ; et de gaz hydrogène carboné, si elle émane de la houille ; cette vapeur peut aussi contenir des matières échappées à la combustion des cendres.

Boutt, s. f. Menterie, mensonge. — On ment par habitude et par vanité ; on fait des mensonges par intérêt ou vengeance. La menterie qui peut nuire devient un mensonge. Mentir à son cœur, n’est-ce pas se rendre coupable d’un mensonge moral ? Il me semble que la menterie et le mensonge sont des crimes. Menterie ne se dit jamais au figuré : Mensonge se dit pour erreur, illusion. Il est plus poli de dire il fait des contes que de dire, il nous conte des menteries.

Boûwaie, s. f. Lessive ; Linge sale ; linge blanchi. — Apontî l’bouwaie, Préparer la lessive ; le linge sale, le mettre en tas pour être blanchi.

Bouwreie, s. f. Buanderie ; office où on fait la lessive ; lieu où sont les fourneaux, et les cuviers pour lessiver.

Bouwress, s. f. Blanchisseuse.

Bouyon-blan. Molène, bouillon blanc, genre de solanées.

Bouyott, s. f. Bosse extérieure, ou intérieure, à la vaisselle de cuivre et d’étain, aux métaux. — Bouillonnement, s. m. Il se dit en parlant d’un liquide en ébulition.

Bovî, s. m. Métayer. Voy. Ceinsi.

Bovreg, s. m. Breuvage, boisson ; Médecine des chevaux.

Boyai, s. m. Boyau, intestin, lien étroit. — Coitt di boyai : Corde de boyau. — Fé de coitt di boyai : Exercer l’état de Boyaudier. — Aimé komm se p’tit boyai : Aimer comme ses petits boyaux. Fam.

Brâ. Brau, s. m. Malt, orge, grain germé pour faire la bière.

Braconé, v. n. Braconner, chasser furtivement sur les terres d’autrui.

Braconi, s. m. Braconnier, celui qui braconne.

Brâhî, Brauhî, v. a. Faire le malt.

Braiban, s. f. Rainette grise, sorte de pomme.

Braîr, v. n. Brailler crier, fort, et mal à propos.

Brak, adj. s. Fantasque, bizarre, capricieux, quinteux, bourru. — Le Fantasque, dit proprement quelque chose de difficile ; le bizarre, quelque chose d’extraordinaire, le capricieux, quelque chose d’arbitraire ; le quinteux, quelque chose de périodique ; et le bourru quelque chose de maussade.

Braket, s. m. Braquemart, courte épée ; sorte de couteau de chasse ; petit sabre.

Brâklé. Braûklé, v. a. n. Exagérer, agrandir ; louer, décrier ; Habler, parler beaucoup et avec vanterie, aimer l’hyperbole, l’exagération.

Brâkleg, s. m. Exagération, discours, expression qui exagère ; Hablerie, hyperbole.

Brâkleu. Braukleu, s. m. Exagérateur, hableur.

Brancâr, s. m. Timon, pièce d’une voiture où l’on attèle les chevaux.

Branchi, v. n. Percher, se poser sur une perche ; Se mettre sur un lieu élevé pour mieux voir et entendre.

Brandvin, s. m. Eau de vie, principalement de grain ; il se dit aussi pour cognac et genièvre considérés comme liqueurs.

Brandvinî, s. m. Distillateur, d’eau de vie, de génièvre, qui vend de l’eau de vie, etc.

Brandvinnreie, s. f. Distillerie.[4]

Brav, adj. s. Probe, vertueux, honnête, loyal, etc. Voilà les principales qualités qui constituent l’entière acception du mot wallon : je vais les considérer sous les dénominations, d’honnête homme, d’homme honnête, d’homme de bien, de brave homme. — L’honnête homme remplit tous ses devoirs sociaux, ses vertus ont plus ou moins d’éclat ; l’homme honnête ajoute à ces qualités, celle d’homme poli. L’homme de bien voit l’égoisme avec peine, l’insensibilité navre son âme ; l’injustice et la déraison blessent la droiture de son cœur. Quel que soit notre état dans la société, ne rougissons jamais de nous entendre appeler brave homme.

Bravâde. Bravaûde, s. f. Bravade, action par laquelle on brave quelqu’un ; Étourderie, vivacité ; Bravache, faux brave.

Brâvmain, adv. Beaucoup, en quantité, considérablement, etc.

Brâyett. Braûyett, Brayette, s. f. Fente de devant d’un haut de chausse.

Brazî, v. a. River, abattre et applanir la pointe d’un clou sur l’autre côté de la chose qu’il perce.

Brebaûde, s. f. Ivrogne, s. m.

Breg, s. f. Brèche, ouverture faite à un rempart, etc… Tort à la réputation, à la fortune.

Brell, Ciboulette, civette, herbe qu’on mange en salade.

Breslet, s. m. Bracelet, ornement que les femmes portent au bras. Pâtisserie.

Bress, s. m. Bras, partie du corps humain qui tient à l’épaule ; Puissance, vaillance ; Canal, division d’une rivière de la mer ; Sorte de chandelier ; partie d’un fauteuil. — Aveur de lon bress : Avoir les bras longs : fig. du crédit de la puissance. — D’moré le bress et creu : Rester les bras croisés, oisifs. — Bress di cherett : Limon, l’un des deux bras de la limonière. — S’teinde on bress et rakrapi l’ôtt : Tendre un bras et raccourcir l’autre, demander l’aumône, la charité. — Bress fou de lowé : Luxation.

Bressaie, s. f. Brassin, s. m. la bière contenue dans la cuve. — Brassée, ce qu’on peut contenir entre ses bras.

Bressé, v. a. Brasser, faire de la Bière.

Bressenn, s. f. Brasserie.

Bresseu, s. m. Brasseur, celui qui fait la bière. — La k’il bresseu pass, li bolgî n’pass nein : Où passe le brasseur, le boulanger ne passe point, quand on boit beaucoup on mange peu.

Breteu, s. m. Bretteur, qui aime à se battre ; brétailleur, qui brétaille, qui tire souvent l’épée, le sabre.

Breyâ. Breyaû, s. adj. Braillard, qui crie mal-à-propos ; Brailleur, qui ne fait que brailler ; Criailleur, qui criaille.

Breyeg, s. m. Criaillerie, crieries répétées. — Braiment, cri de l’âne.

Breyon, s. m. Débris de viande. Il se dit souvent au plu. — Breyon d’chaûr : Bribes ou débris de viande ; bas morceau de viande fraîche. — Par extension. Breyon de gambes : Les nerfs, les gras des jambes.

Brib, s. f. Aumône.

Bribé, v. a. n. Mendier, demander la charité ; Rechercher avec bassesse, des louanges, des suffrages.

Bribeu, s. m. Mendiant. — Honteu bribeu, et platt bezess : Honteux mendiant, et platte besace. — On bribeu n’si piett maie : Un mendiant ne se perd jamais, tous les endroits sont égaux pour les mendians, et ceux qui ne peuvent payer leurs dépenses.

Bribreie, s. f. Mendicité. — Ess al bribreie : Être à la mendicité.

Bridon, s. f. Vache marquée d’une tache blanche à la tête.

Brignon, s. f. Brugnon, espèce de pêche, mais plus lisse, qui ne quitte pas le noyau.

Brîh, s. f. Gourme, suppuration des naseaux des jeunes poulains, folie, esclandre d’un jeune homme. — Ess divain se prumî brîh : Être dans l’effervescence des passions.

Brihî, v. a. Jeter sa gourme, faire sa gourme, faire des folies.

Briket, s. m. Bribe, gros morceau de pain. Brife, gros chiffon de pain.

Brikté, v, a. Briqueter, faire, imiter les briques ; mettre un enduit de plâtre et d’ocre sur un mûr.

Brikteg, s. m. Briquetage.

Briktî, s. m. Briquetier, qui fait ou vend les briques.

Briktireie, Briktreie, s. f. Briqueterie. Pron Briktrî ou brikteurîe.

Britt-di-vai, s. f. Échappé, action imprudente, inconsidérée.

Brodé. Voy. Brogni. Brosdé.

Brôdî. Voy. Bôlé.

Brogchet, s. m. Brochet, poisson d’eau douce.

Brognî, v. a. n. Bouder, témoigner son mécontentement en fesant mauvaise mine. — Brognî soss veintt : Bouder contre son ventre, se priver d’alimens par dépit.

Broiesé. Clok, Égrugeoir, s. m. Petit vaisseau de bois dans lequel on égruge du sel.

Brok, s. f. Broche, verge de fer où l’on passe la viande pour la faire rôtir ; Cheville de bois pointue, dont on bouche le trou d’un tonneau qu’on a percé. Boulon, cheville de fer à tête ronde, et percée au bout pour y passer la clavette. Cheville de fer.

Brokal, s. f. Allumette, brin de bois ou de chanvre.

Brokalî, s. m. Allumettière. Ce mot proposé par M. Cambrisier me paraît très-convenable.

Brokett, s. f. Brochette, petite broche pour assujettir la viande à la broche. Cheville de bois, de fer ; Membre viril.

Brokî. Voy. Abroki.

Brokté, v. a. Surpasser, triompher, supplanter, surmonter, vaincre, dévancer, précéder. — Les lutteurs qui combattaient aux jeux Olympiques employaient l’adresse et la ruse, pour surpasser leurs adversaires en réputation en triomphant d’eux : supplanter est un terme emprunté de ces lutteurs ; cette explication donne les sens de son acception. Surmonter signifie renverser les obstacles ; il se dit des difficultés : On surmonte le sentiment de la crainte, de la terreur, qui naît de l’approche d’un danger imminent. Il faut le courage de la vertu pour vaincre ses passions. On devance celui dont on a pénétré les desseins. On précède en hâtant le pas.

Bron, adj. s. Brun. Breunn. Brune.

Bronchi, v. a. Faire le poltron, le lâche, refuser un défi, on cartel.

Brosdé, v. a. Broder, faire avec l’aiguille, sur une étoffe, un ouvrage en relief ; Embellir un récit, amplifier.

Brosdeu, s. m. Brodeur. Brosdeuss. Brodeuse.

Brouheur, s. f. Brouillard, s. m. vapeur qui obscurcit l’air ; Brouée, brouillard humide ; Bruine, petite pluie froide. — Brissôtt : Ard.

Brouhiné, v. imp. Bruiner ; Pleuvoir légèrement.

Brouhiss, Broussailles, s. f. plu., épines ronces, etc.

Broûkiss, adj. Ténébreux, privé de la lumière ; Sombre, peu éclairé ; Obscur, qui n’est pas clair. — Un lieu ténébreux inspire une sorte d’épouvante, dans les ténèbres, il inspire l’horreur et l’effroi. Un endroit obscur n’est point agréable. L’homme ténébreux s’enveloppe de mystère ; son front sinistre donne une idée des ténèbres de l’Enfer. Une figure sombre repousse la confiance : en annonçant un caractère morose et atrabilaire, elle est taciturne et mélancolique. De même que le clair-obscur reflète des surfaces pour en laisser d’autres dans l’ombre, l’incapacité, faite pour être obscure, ne paraît briller un moment, que pour donner plus d’éclat, au génie modeste, caché dans l’obscurité.

Broûlé, v. a. n. Brûler, consommer par le feu ; Être consumé[5] par cet élément : Havir, dessécher ; Être havi desséché : Rissoler faire tirer sur le roux.

Broûleur. Broulâr, s. f. Brûlure, impression du feu sur les objets et les choses.

Broûlî, s. f. Boue. — De kra broû : De la boue grasse.

Broul-kow, s. m. Brûle-queue, fer chaud qu’on applique à la queue du cheval, après l’amputation.

Broussiné, v. a. n. Bouder ; Avoir une humeur sombre

Brouwet, s. m. Bouillon, boisson ; Bain de teinturier.

Brouwir, s. f. Bruyère, petit arbuste qui croît dans des terres incultes et stériles.

Brouwté, v. a. Boire abondamment de toute sorte de liquide, notamment de boissons spiritueuses, et du café, etc. On dit bassement grenouiller, ivrogner. — Ess â brouwet : Être au bouillon, à la diète. — Fig. Fé de lon brouwet : Faire de longs contes.

Broy, v. a. Broyer, pulvériser, atténuer, égruger — Broyer marque l’action de réduire en petites molécules ; pulvériser en marque l’effet. Il faut Broyer pour pulvériser ; il faut fondre et dissoudre pour atténuer. Égruger, casser, briser, mettre en poudre dans l’égrugeoir. — Broy de sé : Égruger du sel.

Broyeu, s. m. Broyeur, celui qui broie : Molette, morceau de marbre taillé ordinairement en cône, qui sert à broyer les couleurs sur le marbre.

Broyeur. Broyâr, s. f. Égrugeure, parties séparées en égrugeant.

Bru, s. m. Bruit, son ou assemblage des sons ; Nouvelle, murmure, démêlé, querelle, sédition : Bannissement, bruit sourd et confus.

Bruniheu, s. m. Brunisseur, celui qui brunit la vaisselle.

Brûtiné, v. a. transpirer, courir le bruit ; murmurer, parler sourdement de quelque chose.

Brutineg, s. m. Bruit sourd et caché.

Bruzi, Burzi, s. m. Braise, s. f. particulièrement des boulangers. Voy. Krahai.

Bryak, s. m. Margouillis, gâchis. Roté d’vain le briak diss k’a l-moiteie del geambe : Marcher dans le margouillis jusqu’à mi-jambe.

Buff, s. m. Buffle, quadrupède. — Gonn buff : Buffletin.

Buk. Bugle, s. f. Plante vulnéraire, genre de labiées

Burni, v. a. Brunir, rendre de couleur brune. Faire perdre de sa vivacité aux couleurs.

Burtell, s. f. Bretelle, tissu de fil ou de soie, bande de peau pour soutenir les pantalons, etc.

Bûss, s. m. Tuyau de poêle, tube ou cylindre ; Douille, manche creux d’une bayonnette, d’une pique, etc.

Buvâb. Buvaûb, adj. Buvable, bon, à boire, que l’on peut boire.

Buzai, s. m. Bobine, s. f sorte de fuseau pour dévider de la laine, etc.

  1. Note Wikisource : il n’y a aucun article pour ce mot dans cette édition.
  2. Note Wikisource : il n’y a aucun article pour ce mot dans cette édition.
  3. Force, courage, résignation, gaîté constante, saillies originales ; voilà les hotteuses de Liége et des environs.
  4. Brandevin, brandevinier, etc. sont empruntés de l’Allemand.
  5. Il ne faut pas confondre consommer et consumer ; le premier détruit, l’autre termine la perfection. On a vu consumer par le feu, plus d’un édifice d’une perfection consommée. Il est des hommes qui après avoir consumé leur fortune consomme l’œuvre de la déraison en terminant leurs jours. — L’Académie autorise l’option, en parlant des choses d’un grand usage ; comme du bois, du blé, etc.