Dictionnaire wallon-français (Remacle, 1e éd.)/Section complète - A

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Chez C. A. Bassompierre (p. 65-101).

A.

A, aû, â : prumî lett del creuhett : a première lettre de l’alphabet, de la croix-de-par-dieu, des abécédaires. A du verbe avoir, à préposition. — Di Vervî à Lîg i n’i a kuatt foitt es-zeûr ; on pou le fé so treu : On compte quatre fortes lieues de Verviers à Liège ; on peut les faire en trois heures. Considérée substantivement, la voyelle a est mal prononcée par les Wallons : C’ess-ton boubèr, inn sé ni â ni b : C’est un ignare, un balourd, il ne sait ni a ni b. Il faut prononcer a avec la voix plutôt ascendante[1] que latérale[2].

Aba ! Sorte d’interjection wallonne qui exprime le dépit, l’impatience, le doute. — Aba ! i d’auveie : Bah ! il rêve. Cette interjection n’est que locale.

Abagué v. a. p. Emménager, S’emménager, acheter, mettre, transporter des meubles, des effets. — Ya abagué l’nutt del sain Ghan : Il est emménagé la veille de la Saint Jean. — Pron. anménajé.

Abahi, v. a. Abaisser, diminuer de hauteur, déprimer, dépriser, humilier, ravaler, avilir, disgracier. — Abahi on meur : Abaisser un mur, une muraille. — Abahi inn marchandeie : Dépriser une marchandise. — Abahi inn gin diss kiet tèr : déprimer, humilier, ravaler, avilir, quelqu’un sans pitié.

Abahi (s’), v. r. s’Abaisser, se soumettre, s’humilier, se ravaler, s’avilir, s’incliner, se baisser. — On deu s’abahi po s’maîss : On doit obéir, se soumettre à son maître. — Ginn sé k’main kon pou s’abahi komm soula : Je ne sais comment on peut se ravaler ainsi, s’avilir de cette manière. — S’abahi po woisté s’chapai : s’incliner pour saluer. — S’abahi po ramassé in ateg : Se baisser pour ramasser une épingle. — Abaisser au propre signifie diminuer la hauteur, la valeur, d’une chose : fig. compromettre sa dignité, perdre dans l’opinion, de son mérite personnel. Rabaisser, est abaisser de plus en plus ; il est le diminutif de ravaler. Déprimer s’emploie au propre et au figuré ; Dépriser ne se dit guère qu’en parlant de marchandises. Humilier quelqu’un, c’est le mortifier, le couvrir de confusion : on dit en terme de piété, humilier son cœur et son esprit devant Dieu. Avilir est rendre vil, abject, méprisable. L’homme modeste s’abaisse par noblesse de caractère ; le simple se rabaisse par inertie d’âme ; le rusé se ravale par une politique artificieuse. Les lâches et les méchans s’avilissent par bassesse, abjection, ou par l’instinct du crime. Enfin, lorsque s’abaisser est joint à la particule à, il signifie se dégrader : joint à la préposition devant, il signifie s’humilier : S’abaisser à des actions indignes d’un honnête homme : s’abaisser devant la justice divine. S’incliner, se baisser sont assez compris par les phrases wallonnes.

Abaie. Abbaye, s. f. Bâtimens, droits, propriétés, priviléges d’un abbé ou d’une abbesse. — Pron. abé-î.

Abatt, v. a. Abattre : jeter par terre, renverser, déraciner, faire tomber, démolir, ruiner, détruire, affaiblir, affliger, intimider, accabler, vaincre, terrasser. — On abat ce qui était élevé. Renverser signifie jeter à la renverse, par terre en changeant la position de l’objet ; il est le composé de verser, c’est-à-dire de tomber de côté en touchant à terre. Le vent déracine les arbres ; on fait tomber à terre ce qui touche à terre ; et par terre ce qui est élevé. On démolit un édifice en laissant les matériaux sur la place. Ruiner signifie dévaster, ravager, causer de grands dommages, des pertes considérables. Détruire exprime la perte, la ruine absolue. Affaiblir, dans l’acception de débiliter, exprime la diminution de la vigueur, de la force. On est affligé par la perte de ce qu’on aime, la ruine de ses espérances, par l’anéantissement de sa fortune : l’excès de l’affliction conduit au désespoir. En accablant la douleur conduit à l’abattement. On est souvent intimidé, sans être profondément accablé. Vaincre ne se dit pour abattre qu’en renversant son ennemi : terrasser exprime l’action de l’abattre avec force, et emportement. — Abatt à se pî : Renverser, jeter, à ses pieds. — Abatt on vî maneg : Démolir une vieille maison, une masure. — Abatt si sainss tott à fai : Démolir, ruiner complètement sa ferme. — On l’aba pol riwoiri : On l’affaiblit pour le guérir. — I sa ley abatt komme inn mazett : Il s’est laissé terrasser comme un enfant. — Abatt de pomm : gauler des pommes. — Fig. Abatt deu geie d’on kô d’warokai : faire d’une pierre deux coups. — Di brid abatow : de but en blanc, inconsidérément, étourdiment. Dans une acception moins étendue : à l’improviste, à l’impourvu.

Abatt (s’), v. r. s’Abattre, s’abaisser, se laisser tomber, s’appaiser, cesser, se décourager. — Li gvâ ki s’abatt d’zo siomm est-tinn harott : Le cheval qui s’abat sous son cavalier est une haridelle, une rosse. — Li vain s’abatt, i plouret : Le vent s’apaise, il cesse, il pleuvra. — s’abatt komm inn feumm. S’abattre comme une femme, se décourager comme une femmellette.

Abattmain. Abattement s. m. affaiblissement de force, de courage ; accablement, langueur ; exténuation. — Binamaie Viergu Mareie ! divain kel abattmain kil esteu ! Bienheureuse Vierge Marie ! dans quel abattement il était !

Abattou. Appentis, bâtiment bas et petit adossé à un plus élevé, et dont la couverture n’a qu’un égout ! toit supporté par quatre piliers ou colonnes. — S’mett à covier dizo inn abattou : Se mettre à couvert, s’abriter sous un appentis. On dit quelque fois abattou, mais improprement, pour abat-vent, hangard, etc.

A b c. A b c, s. m. Prononcez abécé. Livret, petit livre contenant l’alphabet, abécédaire. Fig. commencement d’un art, d’une science.

Abeie, adj. Habile, adroit, actif, diligent, expéditif, agile, vîte, qui fait beaucoup d’ouvrage ; qui diligente sa besogne. Tous ces équivalens ne s’emploient qu’au propre. Abeie, aubeie. Alôse, s. f. poisson de mer.

Abeielumain. Habillement s. m. vêtement, garde-robe. — Se-zabeilumain valet gro : Sa garde-robe vaut beaucoup d’argent. Garde-robe est pris dans le sens d’habillemens.

Abeiemain, adv. Habilement, adroitement, activement, diligemment, expéditivement, vîtement, dextrement. — Eskamoté abeiemain : Escamoter adroitement, agilement, lestement, dextrement.

Abeiesuté, s. f. Promptitude, agilité, célérité, diligence, vîtesse.

Abi. Habit, s. m. Vêtement, ce qui est fait pour couvrir le corps. — Abi d’vî wari : Habit de friperie. Abi d’gallâ : Habit de gala, de grandes fêtes, de cérémonie. — Aveur inn abi tro hatt : Avoir un habit trop juste, trop étroit, trop écourté. — Preind l’abi : Prendre l’habit de religieux, de religieuse ; entrer en religion, prononcer ses vœux. — Geté l’abi sol haie : se défroquer, quitter l’habit ; sous-entendu de religieux, de religieuse : défroqué ne se dit guère qu’en mauvaise part.

Abiesti, v. a. n. Abétir, ôter l’esprit, rendre bête, stupide ; devenir bête, stupide. Fam.

Abii, Habiller v. a. vêtir quelqu’un, faire mettre des vêtemens à quelqu’un. — G’abeie, no-zabyan. — Il habille, nous habillons. Voy. Rabii.

Abimé, v. a. n. Abîmer. Salir, rendre sale, ruiner complètement ; blesser dangereusement. Le mot w. ne s’entend point pour précipiter dans un abîme. — Vo m’abîmé to rotan : Vous me salissez en marchant. — Il a abîmé tan de brave gin : Il a ruiné tant d’honnêtes gens. — Les lexicographes et les grammairiens permettent de dire abîmer pour salir. Je ne puis partager leur opinion à cet égard.

Abimé (s’), v. r. S’abîmer ; se perdre entièrement, ruiner sa santé ; se salir. — I s’abimm komm on poursai. Il se crotte comme un barbet.

Abloukné. Abloukté, v. a. Boucler, dans le sens de mettre une boucle, d’assujetir avec une boucle. — R’meté vo blouk, vo roté so vo koriett : attachez vos boucles ; vous marchez sur vos courroies.

Aboir. Abord, s. m. dans ce sens ; Un abord facile, gracieux, etc.

Aboirdâf. Aboirdaûf, adj. Abordable ; accessible, accostable, de facile accès.

Aboirdé, v. a. Aborder ; accoster, approcher, joindre. — Il et hardi komm on pag di mak ; il aboir to l’mond : Il est hardi comme un page ; il accoste tout le monde.

Aboisné, v. a. Échauder, combuger, aviner, Aboisné on krameu : Échauder une terrine. — Aboisné on tonai : Combuger un tonneau, l’imbiber d’eau avant que de l’employer. — Aboisné avou de vin : Imbiber de vin. — On dit aboisné en parlant de l’ébulition préparatoire d’un vase de capacité en terre cuite[3] : je propose le mot assainir pour équivalent. On dit encore Aboisné en parlant d’une poêle neuve, que l’on dispose à l’usage de la cuisine : il faut traduire par Affriter ; disposer à frire.

Aboketabak. Ab-hoc-et-abhac : fam. Confusément, sans ordre, sans raison, à tort et à travers. Pron. aboké-abac.

Abolihmain. Abolissement, s. m. action d’abolir, anéantissement, extinction d’une coutume, etc.

Abôminâb. Abominaûb, adj. Abominable, détestable, exécrable, horrible, dégoûtant, mauvais. — Ces équivalens abominable, détestable, exécrable, horrible, n’admettent que l’idée du superlatif. La chose abominable excite le mépris, l’aversion, ce qui est détestable, la haine, le soulèvement : une chose exécrable, inspire l’indignation, la révolte de l’âme. Ce qui est horrible est en même tems affreux, effroyable ; et cause nécessairement l’épouvante et la terreur. Mauvais se dit pour méchant, pour tout ce qui n’est pas bon, qui est nuisible, incommode : dans sa plus forte acception il signifie funeste, sinistre : avec une négative il s’entend pour assez bon : Exemple : Cela est très-loin d’être mauvais : que vous en semble ?

Abôminâbmain, adv Abominablement : excessivement, prodigieusement. — Beaucoup de campagnards w. expriment de cette manière le superlatif : Elle l’ess-tafreusmain bell : Elle est affreusement belle, etc.

Abominé, v. a. Détester ; avoir en horreur, en aversion. Par extension : Abominé sonn gin. — Vomir des injures sur quelqu’un. Voy. Hér.

Abon. Aubier s. m. Le bois tendre et blanchâtre qui est entre l’écorce et le corps de l’arbre. — Voss tâb ni vâ rein po fé on soûmî, il a tropp d’âbon : Votre arbre ne vaut rien pour faire une poutre ; il y a trop d’aubier.

Abonnmain. Abonnement, s. m. Convention ou marché qui se fait à un prix fixe ; sorte de souscription. Beaucoup de Wallons ne font aucune distinction, dans certains cas, entre abonnement et souscription ; je dois une courte explication à cet égard : l’abonnement est l’action d’abonner, de s’abonner : c’est-à-dire de composer à un prix convenu, pour avoir la jouissance, obtenir une chose qui se répète. Souscription, action de souscrire, se dit en termes de librairie, pour apposer sa signature au dessous d’une convention, qui engage à livrer, et à prendre. On s’abonne à un spectacle, à un journal, etc. On souscrit pour une production littéraire.

Abouchi, v. a. Aboucher, conférer. — G’aboug, no-zabouchan : J’abouche, nous abouchons.

Abouchi (s’), v. r. S’aboucher, conférer, parler ensemble, s’expliquer, entrer en pourparler. — Abouchîv essonn : Abouchez-vous ensemble, expliquez-vous, conférez l’un avec l’autre. — Si s’abouchet inn feie, iss rilôron : S’ils confèrent ensemble, ils vont renouer.

Abougmain. Abouchement, s. m. Entrevue, conférence.

Abouté, v. a. Avancer en dehors, faire saillie, pousser, porter en avant ; impératif des verbes donner, avancer, apporter. — Abouté on pô m’papî ? Donnez-moi mon papier. — Abouté inn cheïr : Avancez une chaise. — Gean, haie abouté voss paket : Allons, vite, apportez votre paquet.

Abouti, v. n. Aboutir, toucher d’un bout, à… se terminer, tendre à… Abcéder, prêt à percer, à suppurer. — Mi waid aboutih ass kotieg : Ma prairie touche à son marais. — Mi blan deu aboutih : Mon panaris aboutit.

Aboutihan, adj. Aboutissant, qui aboutit. — Le t’nan et le-zaboutihan d’inn houyr : Les tenans et aboutissans d’une houillière, d’une fosse à charbon. — Le t’nan et le-zaboutihan d’inn sakoi : Les tenans et les aboutissans d’une affaire, d’une particularité, d’une circonstance, d’une chose.

Abovré, v. a. Abreuver. Dans ce sens : conduire à l’abreuvoir. — Dhé â vârlet d’abovré le gvâ d’van d’let fôré : Dites au garçon d’écurie, au chartier, d’abreuver les chevaux avant de leur donner l’augée, la litière. Le mot w. ne s’emploie qu’au propre. On dit fig. en français abreuver de chagrin d’amertume, un cœur abreuvé de fiel de haine, etc.

Abovreg. Abreuvoir, s. m.

Abrégeu. Abréviateur, s. m. Auteur qui abrège l’ouvrage d’un autre. Le mot w. est peu usité.

Abrégi, adj. et s. m. Abrégé, raccourci, bref, extrait, sommaire, précis. — Abrégé se dit d’un discours dans lequel on rend plus bref, plus court, ce qui est, ou qui pourrait être ailleurs plus ample, plus étendu. L’extrait ne va guère au-delà de l’analyse. Un écrit sommaire expose en peu de mot la substance. Précis est l’abrégé sommaire de ce qu’il y a de principal, d’essentiel, dans une affaire, une science, un livre. — Enn abrégi : En abrégé.

Abrégi, v. a. Abréger : rendre plus court, rendre la même idée en moins de mots que l’original, resserrer le cadre d’un ouvrage de littérature.

Abregmain. Abrégement s. m. vieux.

Abressi, v. a. Embrasser ; serrer, étreindre avec les deux bras ; entreprendre une affaire, s’en charger. — Il abress tropp d’affaîr d’on ko, inn fret rein : Il embrasse trop d’affaires à la fois, il ne réussira pas.

Abri (a-l’). La grande majorité de Wallons disent à-l’abri del plaîf (à l’abri de la pluie) pour dire exposer, ou être exposé à la pluie.

Abrogi, v. a. Abroger, annuler, infirmer, casser, révoquer, invalider. — Abroger, mettre hors d’usage, ne se dit guère qu’en parlant des lois, des constitutions, cérémonies : abroger une loi, une ordonnance, etc. Annuler, infirmer, invalider, s’appliquent uniquement aux actes qui font règles entre les hommes ; casser, révoquer s’appliquent non-seulement aux actes, mais encore aux personnes. Trop souvent casser renferme une idée d’infamie, quand on le dit des personnes en place ou gradées. Révoquer, signifie ôter l’emploi. Infirmer, en terme didactique, signifie montrer le côté faible.

Abrokeg. Afforage s. m. Droit seigneurial qui se payait sur la vente des vins.

Abroki. Mettre en perce. Fondre avec impétuosité, avec fureur ; se précipiter avec rage, s’élancer aveuglément, étourdiment. — Abrokî d’su comm on pierdou : Fondre avec fureur, etc. Abroki est le superlatif d’adâré, voy. ce mot.

Abrûti, v. a. Abrutir, rendre comme une bête brute, hébêtér. — G’abrûtih, no-zabrûtihan : J’abrutis, nous abrutissons. — S’abruti v. p. s’Abrutir, devenir comme une brute. — S’abrûti â beur de foitte boisson : S’abrutir par l’exès des liqueurs fortes.

Abrutihmain, s. m. Abrutissement.

Absolumain, adv. Absolument, souverainement, indépendamment, déterminément, entièrement, tout-à fait, décidément, positivement. — Il ess-tabsolumain so : il est absolument, souverainement, fou. — Ariv ki plantt, gi-v-siervret absolumain : Je vous servirai indépendamment de tout ce qui peut arriver, en résulter ; très-déterminément je veux vous être utile. — C’ess-tabsolumain soula : C’est positivement cela.

A-cabass. Bras dessus, bras dessous.

Acalandé, adj. Achalandé, qui a beaucoup des chalands.

Acalandé, v. a. et p. Achalander, procurer, donner des chalands ; se procurer des pratiques, des chalands. — C’est tinn botik fameusmain acalandaie : C’est une boutique fort achalandée. — I net n’en ben acalandé, mai i vein bêko foûs-koir : Il n’est pas bien achalandé, mais il a beaucoup de casuel.

A-câss-ki, adv. À cause que.

Acatt ! Au chat ! Acatt, minou : Au chat. On élève la voix et on précipite l’expression pour épouvanter les chats.

A-cavaie, adv. à Califourchon, jambe de-çà et jambe de-là. — Pochi a-cavaie d’on gvâ : sauter à cheval, en selle.

Achet. Voy. Akui[4].

Aclapé, v. a. Acculer ; Adosser. On dit plus souvent s’aclapé, s’acculer, s’adosser. — S’aclapé contt inn âbe : S’acculer contre un arbre.

Acoir, s. m. Accord, ou harmonie des hommes et des choses ; union ou concorde ; consentement ou permission ; proportion ou rapport des parties ; convention ou pacte.

Acoirdâf. Acoirdaûf, adj. Accordable, accordant, qui peut être accordé.

Acoirdé, v. a. Accorder, Concilier, octroyer, concéder, acquiescer, arranger, gratifier, mettre d’accord. — Accorder, dit l’Abbé Girard, suppose la contestation ou la contrariété ; concilier ne suppose que l’éloignement ou la diversité. On accorde les différens, on concilie les esprits. On peut s’accorder pour concilier, à la rigueur on ne saurait se concilier pour accorder. Un souverain concède des grâces, des priviléges, par caprice ou reconnaissance ; il octroie par faveur ou par bonté. On accorde des instrumens de musique ; sa voix avec ces instrumens. Accorder une fille en mariage, c’est la promettre verbalement ou par écrit, à celui qui en a fait la demande. On acquiesce à une demande, à un arrangement ; et l’on accorde ou l’on donne une gratification.

Acoirdé (s’), v. r. s’Accorder, se mettre d’accord, vivre en bonne intelligence, en bonne amitié, entretenir la paix, l’union, la concorde. — S’mâl acoirdé : S’accorder mal ; vivre en guerre, en mésintelligence ; se quereller ; se battre.

Acoisté, v. a. Accoster : Aborder quelqu’un qu’on rencontre. Fam.S’acoisté. S’accoster ; hanter, fréquenter, s’approcher.

Acolett. Aûcolett, s. f. Aconit vulgaire, plante. — Enfant de chœur, s. m.

Acmoid. v. a. Apprivoiser, habituer, accoutumer. — Acmoid on lignrou : Apprivoiser un linot — Acmoid on chein : Habituer, accoutumer, un chien ; l’attacher à sa personne, le rendre fidèle.

Acmoid (s’), s’Habituer, s’accoutumer dans un lieu, un endroit, commencer à s’y plaire, à s’y habituer. — I set vitt acmoirdou d’vain s’novell mohonn : Il s’est vite habitué dans son nouveau domicile, sa nouvelle maison, son nouveau logement.

Acomôdâb, adj. Accommodable, Accommodant. Voy. Ahessâv.

Acomodé, v. a. n. Accommoder, assortir, ranger, agencer, ajuster, apprêter ; bien traiter, préparer, faire cadrer, peigner, coîffer. — Siss marchandeie là n’macômod nen ; maî siss vocial m’accomôdreu : Cette marchandise là ne me convient point ; mais celle-ci me convient. — Il a ben acomodé s’mohonn ess corti : Il a bien accommodé, bien distribué sa maison et son jardin — Acomodé inn chamb : Ranger, ajuster une chambre, faire la chambre. Agencer ne se dit qu’en parlant de petites choses. — On zet ben acomodé là : On est bien traité là ; on y fait bonne chère. — No-zavan on kouhnî ki sé ben acomodé l’châr : Nous avons un cuisinier qui sait bien préparer la viande, la disposer pour mettre cuire, rôtir Acomodé essonn : Faire cadrer ensemble, assortir. — On n’a pu mezâh di perikî po-zacomôdé : On n’a plus besoin de perruquier pour peigner, coîffer.

Acomodé (s’), v. r. s’Accommoder, se conformer à… s’arranger, être content de… — S’acômodé amistâvmain : S’accommoder aimablement, à l’amiable, terminer amicalement, en ami. — Sacomodé komm chein et chet : Vivre comme chien et chat : S’acomodé komm de voleur sonn fôr : S’accommoder comme larons en foire.

Aconguré, v. a. Conjurer, adjurer, exorciser. — Gi t’acongeûr del pâr de Bon Diew ou del pâr de gran Diu vivan, dimm dîr sou k’ti vin fé vocial : Je te conjure par le nom sacré de Jésus-Christ, de me dire ce que tu cherches : Je t’adjure par le Dieu vivant de me dire ce que tu viens faire ici. On adjure aussi un homme de déclarer la vérité en face de l’Être-Suprême.

Aconplihmain. Accomplissement, s. m.

Acoplé, v. a. Accoupler : joindre, unir, deux êtres, deux choses semblables ; Apparier. — Acoplè de colon : Accoupler des pigeons. — Acoplé de veie chass : Apparier de vieux bas.

Acoplé, v. r. s’Accoupler : se joindre pour la génération. Fig. et par dérision, former une liaison criminelle, des nœuds mal assortis, faire une union qui prête au ridicule, se joindre à pareil à soi.

Acostumanss, s. f. Accoutumance. Vieux. Il vaut mieux dire habitude, coutume, etc.

Acostumé, Acoustumé v. a. n. Accoutumer, donner, prendre l’habitude ; acclimater ; être acclimaté. — Volla roiri, il ess-tacoustumé à l’air de pay : Le voilà guéri, il est acclimaté.

Acoufté (s’), Se blottir, se Tapir, s’accroupir, se ramasser en tas dans une posture raccourcie. — S’acoufté et lé : Se blottir dans le lit. — S’acoufté d’vain n’koinn : Se tapir dans un coin.

Acoukeie, s. f. Accouchée. — Ganss vey l’akoukeie : Allons voir, visiter l’accouchée.

Acoukeu, Acoucheur. s. m. Celui qui fait profession d’accoucher.

Acoukeûss, s. f. Accoucheuse. Sage-femme, ou celle qui en remplit les fonctions.

Acoutrumain. Accoutrement, s. m. Habillement, costume, ajustement, parure. Accoutrement ne se dit plus qu’en mauvaise part : Accoutrement ridicule, extravaguant. Costume est un mot pris de l’italien, qui signifie les usages de différens tems, de divers lieux, relatifs aux objets extérieurs auxquels le peintre est obligé de se conformer. L’ajustement constitue la convenance, les rapports de l’habillement. La parure, moins régulière, est une surabondance d’ornemens souvent inutiles ou superflus ; elle est ennemie de la jeunesse et des grâces : jointe à l’art, elle donne plus d’éclat à la beauté : en s’alliant à l’âge mûr, elle enlaidit la vieillesse. On rit de l’accoutrement du petit-maître : l’homme sensé n’est jamais ridicule dans ses habillemens : Le peintre et l’acteur doivent être sévères sur le costume : nos belles haïssent l’étiquette, et préfèrent l’élégance à la parure.

Acreh, v. a. Accroître : rendre plus grand, plus étendu, augmenter, ajouter, remettre, remplir. — Acreh si bin : Accroître augmenter son bien. — Acreh se rivnow : Augmenter ses revenus, ajouter à ses revenus. Acreh li sop : Remettre de l’eau dans la marmitte, la remplir. — S’acreh. S’accroître s’augmenter.

Acrehou. Acrehow, adj. Accru. Accrue, augmenté, augmentée.

Acreur, v. a. n. Faire crédit ; acheter à crédit. — Fé crédi dispoie li main giss kal boûss : Faire crédit de la main à la bourse.

Acrochi, v. a. Accrocher ; prendre avec un croc, attacher à un croc, un crochet, etc. retarder indéfiniment le paîment d’une dette. — G’acrog, no-zacrochan. — J’accroche, nous accrochons.

Acropi (s’), S’Accroupir : se baisser sur son derrière, se ramasser en tas. — Gi m’acrop. — Gi m’acropéf : Je m’accroupis. — Je m’accroupissais.

Acsainsî. Acsaissi, v. a. Accenser. Terme d’économie rurale ; joindre un bien à un autre. En économie politique ; réunir sous la même division. Quelques Wallons disent improprement aksainsî en parlant d’une ferme, d’une métairie ; pour dire, prendre à bail.

Acseigni. Voy. Akseigni.

Acsepté, v. a. Accepter : recevoir, prendre, agréer. — G’acseptaie sou k-vomm dihé : J’accepte ce que vous me dites, je conviens de ce que vous avancez. Voy. R’sûr.

Acsidain. Accident, s. m. Cas imprévu, fortuit, malheur, événement inattendu ; maladie, affliction. — Un accident est toujours imprévu, et souvent malheureux. Un cas imprévu, fortuit, est un événement extraordinaire, qui doit échapper à la prévoyance, à la plus haute prudence. Accident est un terme de philosophie et de théologie.

Acsidennté, adj. et t. passif. Atteint, attaqué, d’une maladie d’une infirmité ; qui est victime d’un accident.

Adai. Aint, adv. conj. Comment ! certainement, assurément, donc, oui-dà, pourquoi pas, volontiers, de tout mon cœur, avec plaisir, etc. Dans toutes ces acceptions il figure quelquefois surabondamment. — Adai vol savî ? Comment ! ah ! vous le saviez ? vous en étiez instruit ? — Adai vov rila ko ? C’est encore vous ? Vo magni, adai ? Vous mangez, donc ? — Adai, gel freu ko : Très-certainement, je le ferais encore. — Adai i houtt : Enfin il écoute.

Adâré. Adaûré, v. n. Tomber à l’improviste sur… s’élancer après… avancer vivement sur quelqu’un avec des intentions hostiles. Dimunitif d’abrokî.

Adawi, v. a. Amadouer, flatter, caresser pour attirer à soi : Allécher, attirer par l’attrait du plaisir, par séduction, douceur, etc. Affrioler, attirer par quelque chose d’agréable au goût, par quelque chose d’utile, d’agréable ; par des présens. Ce dernier équivalent est fam. Voy. Amadoulé.

Adawieu. Amadoueur, s. m. Cajoleur, trompeur.

Adeigni, v. a. n. Bonneter, vieux. Saluer bassement, être fort obséquieux, ramper.

Adiersî, v. n. Réussir, avoir un succès heureux. — Il adiess divain to sou ki fai : Il réussit dans tout ce qu’il fait, dans tout ce qu’il entreprend. Il se dit aussi problématiquement : No vieran k’main ki l’adiersret : Nous verrons comment il réussira. — G’adiess, no-zadiersan. — Je réussis, nous réussissons.

Adiess, s. f. Adresse ; dextérité, réussite, bon succès. — Aveur baiko d’adiess : Avoir beaucoup d’adresse, de dextérité. Voy. Adress.

Adioss, s. f. Obséquiosité ; complaisance servile, cérémonies futiles, façons gênantes, embarrassantes.

Adon, adv. En ce-tems là ; en ce cas là. — Wiss estiv adon ? Où étiez-vous alors ? — Adon v-zâvi toir : En ce cas-là, puisqu’il en est ainsi, vous aviez tort. — Adon comm adon : Alors comme alors, quand on sera en ce tems-là, on verra ce que l’on aura à faire. — Alors que, pour lorsque, ne s’emploient que dans le style poétique.

Adoûssi, v. a. Adoucir ; rendre plus doux, moins rude, plus délicat. Adoûssi se dit pour apaiser, soulager, calmer, dans le sens de rendre la douleur plus supportable Voy. Rapauhté ; et Radoûssi.

Adoûssihan. Adoucissant, s. m. et adj. remède qui adoucit : élexir adoucissant.

Adoussiheg, s. m. Adoucissement.

Adress, s. f. Adresse, indication, désignation ; souplesse, finesse, ruse, artifice ; dextérité, habileté. On donne une adresse à un commissionnaire, on lui indique la maison en lui désignant les lieux par où il doit passer. L’adresse emploie les moyens, elle demande de l’intelligence. La souplesse évite les obstacles ; elle veut de la docilité. La finesse insinue d’une façon insensible ; elle suppose de la pénétration. La ruse trompe ; elle a besoin d’une imagination ingénieuse. L’artifice surprend ; il se sert d’une dissimulation préparée. — « Il faut qu’un négociant soit adroit ; qu’un courtisan soit souple ; qu’un politique soit fin ; qu’un espion soit rusé ; qu’un lieutenant-criminel soit artificieux dans ses interrogations. » — On peut avec beaucoup d’adresse conserver sa dignité, il me semble qu’on ne saurait être souple sans une sorte de bassesse. Finesse est souvent pris dans le sens de goût, tact, délicatesse, discernement : en mauvaise part, finesse est l’adoucissement de ruse, artifice. Dextérité au propre, se dit de l’adresse des mains. Adresse dans ce même sens a une acception plus étendue. Un parfait escamoteur fait des tours d’adresses avec une grande dextérité. Fig. dextérité signifie art, souplesse. Habileté signifie capacité, intelligence. On peut être adroit sans être habile ; on ne saurait être habile et dépourvu d’adresse. Souvent adroit se dit pour honnête fripon. Voy. Agrawi.

Adressi, v. a. Adresser, envoyer directement à quelque personne, en quelque lieu ; dédier, faire hommage. — Toucher droit où l’on vise. — Adressîmm voss valiz : Adressez-moi votre valise. — Po ki m’loukîv, adressiv à de-zôtt ? Pour qui me regardez-vous, pour qui me prenez-vous ; adressez-vous à d’autres ?

Aduré. Eduré, v. a. Endurer, souffrir, permettre, supporter, tolérer, donner pouvoir, accorder par souffrance. — Il adeur li moir el passion : Il endure, il souffre des douleurs cruelles, il souffre cruellement. — Il adeur dess vanté : Il permet, il souffre la louange, qu’on fasse son éloge. — On permet par consentement écrit ou verbal. On supporte les injures de l’air, les infirmités, les défauts personnels. L’homme puissant et l’homme bon tolèrent ce qu’ils pourraient empêcher. Bien des personnes souffrent ce qu’elles pourraient réprimer.

Aduri. Adori, v. a. Endurcir à la fatigue, à la peine, rendre robuste, vigoureux, insensible à l’intempérie. — Il ess-taduri, â freu ; il et komm ô bet d’fier : Il est insensible au froid ; il est dur comme du fer.

Aduzé, v. a. Froler, toucher légèrement en passant. Toucher, mettre la main, le doigt sur quelque chose, toucher légèrement du bout du pied. Palper, toucher avec la main. — Le w. dit : C’es-ton bon valet, mai il et vîtt aduzê : C’est un bon garçon, mais il est fort susceptible, il s’offense aisément.

Aduzeur, Aduzâr. Frolement, empreinte, impression que laisse l’action du toucher. — Vo-zavè kbrôdi m’corset d’vloûr, kâ on veu le zaduzeur : Vous avez chiffonné mon gilet de velour, car on voit l’empreinte de vos doigts.

Advertanss, s. f. Avis, avertissement, s. m. Avertance a pour équivalent attention à… ce mot est vieux.

Advina. Énigme, s. m. Charade, s. f. logogriphe, s. m. Exposition abstraite d’un mot à trouver ; solution de ce mot. — Énigme, l’exposition d’une chose naturelle en termes qui la déguisent. La charade est une espèce de rébus et de logogriphe, qui consiste à décomposer un mot de plusieurs syllabes, en parties dont chacune fait un mot. Le logogriphe est une sorte d’énigme qui consiste à prendre en différents sens, les différentes parties d’un mot.

Adviné, v. a. n. Deviner, prédire l’avenir, juger sur les apparences, par conjecture.

Aeuré, v. a. Manger à heures fixes. — I n’i a rein d’pu haiti ki d’es bein aeuré : Rien de plus sain que de prendre ses repas à heures fixes.

Afâb. Afaûb, adj. Affable, qui a de l’affabilité, qui est complaisant, honnête, civil, poli, gracieux. — L’affabilité exclut la fierté. On peut être honnête sans être vain. L’homme civil fera toujours poli, et ordinairement d’un commerce agréable. On est gracieux par un abord flatteur, de l’aisance dans les manières, et les mouvemens. Il faut être honnête sans cérémonie ; civil sans importunité ; poli sans fadeur ; gracieux sans minauderie.

Afâbmain. Afaûbmain. Affablement, avec affabilité.

Afai, adv. Au fur et à mesure, à fur et à mesure ; à mesure que… — Gi creu k-ti magne le selih afai ki ti le côp : Je crois que tu manges les cerises à mesure que tu les cueilles.

Afaiti, v. a. Accoutumer, Habituer, faire contracter l’habitude.

Afaiti (s’), v. p. s’Accoutumer, s’habituer. — Si kiess-tafaiti di k’mandé, inn sâret gamay hoûtê : Celui qui a contracté l’habitude de commander, ne saura jamais obéir.

Afamé, v. a. Affamer, ôter, retrancher les vivres. — Afamé inn veie : Affamer une ville, lui couper les vivres. — Afamé, adj. Pressé de la faim. — Afamé, s. m. Celui qui a toujours faim.

Afichi, v. a. Afficher ; placarder, mettre des affiches, des placards. — G’afig, no-zafichan. — J’affiche, nous affichons.

Afii (s’), S’fii, v. r. Se fier, se confier, se reposer sur… prendre en confiance, faire fond sur quelqu’un, sur quelque chose.

Afilé. Efilé, v. a. Affiler, mettre dans la filière, donner le fil, aiguiser, rendre pointu, affûter, t. d’atelier. On dit aussi affûter un canon le rendre prêt à tirer.

Afilouté, v. a. Filouter, voler avec adresse ; tromper, obtenir par astuce, décevoir, abuser. — On trompe avec malice et souvent avec perfidie. On déçoit avec quelque chose de spécieux et d’engageant. On abuse par déception, et par le pouvoir odieux de la puissance de nuire.

Afiné, v. n. Ébouillir, dimunuer à force de bouillir. — Li sop a tan kutné, kel et tott afineie : La soupe est ébouillie à force de cuire. Voy. Rafiné.

Aflah, adv. En grande quantité, beaucoup, excessivement, énormément. Voy. Baiko.

Aflig, s. f. Bardanne ou Glouteron, plante qui croît le long des chemins : il y en a de deux sortes ; la grande et la petite. Elle a plusieurs vertus en médecine.

Afligen, adj. Affligeant, ce qui afflige

Afligi, v. a. Affliger, chagriner, causer de la douleur, de la peine, mortifier, attrister. — On est affligé par la perte d’un objet aimé. Chagriné par une maladie, des contrariétés. Une personne attristée est moins affectée qu’elle n’est mélancolique. On est mortifié par des procédés injustes, par toute espèce de critique et d’humiliation.

Afligi (s’), v. r. s’Affliger, s’attrister.

Afoiss. Beaucoup, quantité, grand nombre.

Afolé, v. a. Estropier, mutiler, ôter l’usage d’un membre, fouler un nerf.

Afolé, s. m. Estropiat, gueux, mendiant estropié, ou qui feint de l’être. Fam.

Afoleur. Afolâr. Foulure, membre estropié, mutilé.

Afoncé, v. a. n. Fouir, creuser, approfondir, caver, enfoncer, faire plus creux ; tomber au fond de l’eau, d’une mare. — Afonsé on puss : Creuser un puits. — Afonssé d’vain le broûli : Enfoncer dans la boue.

Afondré, v. a. n. r. Abîmer, précipiter dans une abîme, un gouffre, tomber dans une mare, un précipice ; s’embourber. — Afondré giss ka l’assi : Embourbé jusqu’à l’essieu. — Je dois observer que les Wallons emploient souvent les termes passifs ; mais dans ces cas leurs périphrases ont une couleur, une énergie, qui ne se rencontrent dans aucune langue.

Afondré (s’), v. r. S’abîmer, s’enfoncer, s’embourber. — Afoncé, Afondré, se disent souvent dans la même acception : ils ne s’emploient qu’au propre.

Aforé, s. et adj. Avantageux, confiant, présomptueux. — Chez plusieurs Wallons aforé est l’équivalent d’Esbaré. Voy. ce mot.

Aforeg, Afforage, s. m. Droit seigneurial.

Afranki, v. a. Garantir ; affranchir, mettre en liberté, délivrer, exempter. — Fé vey mi gvâ, giv zafrankif ki ne ni boign ni aveûl : Faites voir mon cheval, je vous garantis qu’il n’est ni borgne ni aveugle.

Afrontaie, s. f. Effrontée, hardie, impudente. Effronté, hardi, impudent, éhonté. — L’effronté paraît mépriser les usages reçus ; son regard est hardi ; il déplaît par ses manières ; sa conversation est pénible ou révoltante. L’impudent brave avec une extrême effronterie les convenances et les loix sociales ; il porte le cynisme jusqu’à l’audace. Roubaud nous dit : L’éhonté n’a plus de sentiment ; il n’y a rien qu’il n’ose, qu’il ne brave, qu’il ne viole de sang froid. Je ne vois dans cette synonimie qu’une excessive impudence. Ehonté vieillit.

Afronté, v. a. Affronter, avec hardiesse, braver avec intrépidité ; frapper à l’improviste, prendre, attaquer au dépourvu, en lâche ; abuser, séduire, suborner. — Cess-ton calin i-l a afronté po l’idri : C’est un lâche, un traître, il l’a surpris par derrière. — Afronté in bacel : Abuser, séduire, suborner une fille. Voy. Wâgni.

Afroy, v. a. Frayer, tracer un chemin, le rendre praticable ; faire prêter, élargir ; étrenner, mettre pour la première fois. — Fé in arott el nivaie : Tracer, frayer, un chemin dans la neige. — Afroy de wan : Élargir, faire prêter des gants, les étrenner. — Afroy de solé : Étrenner, rompre, briser des souliers, leur faire prendre la forme du pied. Il me semble qu’il faut aussi dire briser le camelot, car cette étoffe ne peut s’élargir ni s’allonger.

Afûlé, v. a. n. Affubler, vêtir, couvrir entortiller, t. de jardinier, échauffer. — Afulé s’iefan : Couvrir son enfant, le vêtir chaudement. — Ess afulé dispoie le pî diss ka l’tiess : Être entortillé des pieds à la tête. Afûlé de sierfou : Échauffer du persil, le couvrir de paille.

Afulé (s’), v. r. s’Affubler ; se vêtir, se couvrir chaudement, s’entortiller dans… se dérober à la vue en se couvrant le corps et la figure. Le mot w. se dit rarement au figuré.

Afuleur, Afulâr, Mante.

Ag. Âge, s. m. Durée ordinaire de la vie, les années que l’on a, sa vie, la vieillesse, siècle, tems. — Kiben estev vî ? Quel âge avez-vous ? — Il et don sertain ag : Il est d’un certain âge, entre deux âges. — Mi gvâ et fou d’ag : Mon cheval est hors d’âge, hors de marques.

Agâsné, v. a. Agencer, ajuster. — Agencer en français ne se dit que pour les petites choses.

Ageni (s’), v. r. S’agenouiller, se mettre à genoux, se prosterner. — S’ageni d’vant l’bon Diu, divan se zâté : Se prosterner devant Dieu, aux pieds de ses autels. — Gi m’agenn. — Gi m’agunîf. — Je m’agenouille, je m’agenouillais.

Agetmain, adv. Agilement, souplement, dextrement.

Agett, adj. Agile, souple, léger, dispos ; qui a beaucoup de dextérité. Agile, souple, léger, dispos ne se dit proprement que des hommes ; ces mots sont pris ici dans le sens propre.

Agne. Voy. Aûgne.

Agoneie. Langoneie, s f. Agonie, dernière agitation de l’être animé ; dernier combat de la nature contre la mort ; fig. grande peine d’esprit ; extrême angoisse, transe cruelle.

Agonihan, adj. Agonisant, à l’agonie.

Agrafé, v. a. Saisir, arracher, avidement. — Agrafé foû de main : Arracher des mains.

Agrafé (s’), v. r. S’agrafer, s’agriffer, se cramponner fortement. S’agrafer, s’agriffer, sont du bas langage ; il vaut mieux dire s’attacher, se cramponner ; et avec un superlatif, se retenir à… se prendre à…

Agrandi, v. a. Agrandir, arrondir, accroître, augmenter. — Agrandir s’entend pour étendu. Augmenter a plus de rapport à multiplier, grossir, accroître. Arrondir au propre, c’est rendre rond : fig. il signifie augmenter.

Agrandi (s’), v. r. S’agrandir, étendre ses possessions, s’élever en dignité. — Gi m’agrandih, no-no-zagrandihan. — Je m’agrandis, nous nous agrandissons.

Agrandihmain, Agrandiheg. Agrandissement, augmentation, accroissement.

Agrap, s. f. Agrafe, sorte de crochet qui passe dans un anneau. Voy. Ouyet.

Agrawi, v. a. Gripper, attrapper, obtenir subtilement, par adresse, par souplesse, dextérité, finesse, ruse, astuce, perfidie. — Il lia agrawi to sou k’il aveu ben fennmain : Il lui a grippé, attrapé, tout ce qu’il possédait bien finement, il lui a ravi son avoir bien adroitement, avec beaucoup de dextérité, d’adresse. — La finesse est insinuante. La ruse emploie la finesse pour dérober ses pièges. L’astuce s’enveloppe de la finesse et de la ruse pour devenir perfide. Fille aînée des passions malfesantes, la perfidie ne respecte rien… elle s’alimente de haine, de vengeance, et de cupidité ; son temple est les ténèbres : le crime sa divinité.

Agremain. Agrément, s. m. Qualité de plaire, approbation, consentement, satisfaction, adhésion, ratification. — Approbation se rapporte également aux opinions de l’esprit et aux actes de la volonté, et peut s’appliquer au présent, au passé, et à l’avenir. Agrément ne se rapporte qu’aux actes de la volonté, et peut s’appliquer aux trois circonstances du tems. Consentement et ratification sont deux termes spécifiques, relatifs aux actes de la volonté ; mais dont le premier ne s’applique qu’aux actes du présent et de l’avenir, et le second ne se dit qu’à l’égard des actes du passé. Adhésion n’a rapport qu’aux opinions, et à la doctrine. On discute un projet de loi avant de l’approuver. On obtient l’agrément des pères pour rechercher leur fille en mariage. Ils donnent leur consentement à l’union projetée. On ratifie le contrat rédigé d’après les vœux des contractans.

Agreyâb. Agreyaûb, adj. Agréable.

Agreyâbmain. Agreyaûbmain, adv. Agréablement.

Agrigi (s’), v. a. et p. S’évertuer, s’exciter, s’efforcer à une action louable. S’ébaudir, prendre ses ébats ; se réjouir avec excès. Ébaudir ne se dit qu’en plaisantant.

Agueri, v. a. Aguerrir, accoutumer à la guerre. Fig. déniaiser. Fam.

Aguess, s. f. Pie, oiseau. Cors au pieds. Jâzé komm inn aguess : Jaser comme une pie borgne. — Me zaguess mi d’het k’il tain va kangî : Mes cors aux pieds m’annoncent un changement de tems.

Ah (a l’) adv. à l’Aise, commodément, facilement, sans peine.

Aha ! Ohaû ! int. Ah ! eh ! ha ! — Aha ! kess ki g’etain : Ah ! qu’est-ce que j’entends.

Ahafté. Acrokté, v. a. Accrocher, pendre au… attacher, faire tenir, mettre au croc, suspendre à un crochet. — Ahafté s’cott à inn sipenn : Accrocher sa jupe à une épine. — S’ahafté, v. r. S’accrocher, se prendre, s’attacher à…

Ahap, adv. A peine, presque pas ; se toucher par les extrémités.

Ahay, v. n. Agréer, plaire à… être au gré de… — Siss geônn feie là m’ahaie : Cette demoiselle me plaît, cette fille est à mon gré, elle est de mon goût.

Ahe. Aûh. Aise, s. f. Contentement, sentiment de plaisir, émotion douce et agréable, commodité. — Inn si sain nen d’âh : Il tressaillit, il est transporté, d’aise. — Viké à s’iâh : Vivre à l’aise, dans l’aisance. — Aimé se-zâh : Aimer ses aises, les commodités de la vie.

Ahené, v. a. Herser, passer la herse dans un champ. — Ahené l’woig : Herser l’orge. — G’ahenn, no zahenan. — Je herse nous hersons.

Aheré, v. a. Avancer, pousser, porter en avant, faire aller plus vite.

Ahess, s. f. Commodité, facilité, aise, ce qui est commode dans un ménage. — Koirnett, rastreindmain, chyott ; on trouv tott se-zahess divain siss mohonn-là : Coins, cabinets, lieux pour serrer, lieux d’aisances ; on trouve toutes les commodités possibles dans cette maison.

Ahessâv, adj. Accommodant, complaisant, obligeant, qui sert bien son monde, qui est actif à servir.

Ahessi, v. a. Arranger, accommoder, prêter. — Ahessimm di voss gini : Arrangez-moi, accommodez-moi de votre génisse. — Vomm ley al kandliette sain m’ahessî : Vous me laissez au comptoir sans m’arranger, sans me servir. — Vo d’vrî m’ahessî d’on louy d’or : Vous devriez me faire le plaisir de me prêter un louis. ahessî se dit moins absolument pour permettre, autoriser, etc.

Ahonti, v. a. Faire honte, humilier, mortifier, abaisser. — Il a stu si ahonti, kinn woizéf louki fou d’se zouie : Il a été si humilié, qu’il n’osait lever les yeux. G’ahontih. — G’ahontihéf. — J’humilie. — J’humiliais.

Ahoré, v. a. Égorger, couper la gorge. Par extension assassiner. — Ahoré on vai : égorger un veau. — Il a stu ahoré : Il a été assassiné.

Aid, s. f. Cimetière, s. m. Lieu où l’on enterre les morts.

Aidi, v. a. Aider, assister, secourir. — On dit secourir dans le danger, aider dans la peine assister dans le besoin. Le premier part d’un sentiment généreux, le second d’un sentiment d’humanité, le troisième d’un mouvement de compassion. On vole au secours de son semblable quand sa vie est en danger. On aide de sa bourse et de ses conseils l’honnête infortuné. On assiste la vieillesse infirme et l’homme incapable de gagner sa vie.

Aidi (s’), v. p. s’Aider, se servir de… faire usage de… S’aidi onc l’ott. S’entr’aider, s’aider mutuellement.

Aigurlet, Aigurlett, adj. Aigrelet, Aigrelette. Un peu aigre.

Aik. Aigle, s. m. et féminin en t. d’armoiries.

Aik, adj. Aigre. Acide, piquant au goût. Superlatif d’aigrelet.

Aimâb. Aimaûb. Aimâv, adjectif. Aimable, qui mérite d’être aimé.

Aimé, v. a. n. Aimer, chérir, avoir de l’amour de l’affection, de l’attachement pour. — Nous aimons généralement ce qui nous plaît ; soit personnes, soit toutes les autres choses ; mais nous ne chérissons que les personnes, ou ce qui fait, en quelque façon partie de la nôtre, comme nos idées, nos préjugés, même nos erreurs et nos illusions. Chérir exprime plus d’attachement, de tendresse et d’attention. Aimer suppose plus de diversité dans la manière. L’un n’est pas l’objet de précepte ni de prohibition ; l’autre est également ordonné et défendu par la loi, selon l’objet et le degré. « — L’enfant chéri est souvent celui de la famille qui aime le moins son père et sa mère. » — Chérir sa maîtresse c’est l’aimer avec tendresse. L’aimer éperdûment, c’est en quelque sorte l’adorer.

Aing, s. f. Encre. Liqueur noire dont on se sert pour écrire : Aing di la Chine. Encre de Chine, et qu’on imite en France. — S’icrîr di bonn aing : Écrire de bonne encre, en termes forts pressans, durs, et quelquefois menaçans.

Air. Air, s. m. Celui des quatre élémens qui environne le globe terrestre. — Preind l’air : Prendre l’air, se promener au grand air, respirer l’air. — Mâhaitî air : Air mal-sain, contraire à la santé. — Aveur de hô-zair : Avoir des airs de hauteur, d’importance, de mépris. Dans la basse classe, et chez les ignorans, on appelle mauvais air un prétendu maléfice, un sort imaginaire, que des soi-disant sorciers jettent sur les personnes et les bestiaux.

Aire, s. f. plu. Arrhes. Argent donné pour assurance de l’exécution d’un marché.

Airchi. Soupirail, s. m. Ouverture pour faire aérer un lieu souterrain.

Airchi. Martinet, s. m. Sorte d’hirondelle.

Airget. Airdiet. Arc-en-ciel, s. m. Météore qui paraît dans les nues, comme une bande de différentes couleurs, courbées en arc.

Airî, v. a. n. Aérer, donner de l’air ; le renouveller.

Aiss. Atre. Cendrier. — Peté de cronpîr et l’aiss : Cuire des pommes de terre dans l’âtre, dans le cendrier.

Aiw. Eau, s. f. Élément liquide, pluie, lac, rivière, fleuve, mer, etc. ; humeur ou fluide qui se trouve dans les corps organisés ; suc ou liqueur exprimé des corps ; sueur, urine. — Alé à l’aiw : Aller chercher, retenir, puiser de l’eau. — Ess â pan et à l’aiw : Être au pain et à l’eau. — Mett di l’aiw ess vin : Mettre de l’eau dans son vin, tempérer sa vivacité, rabattre de son arrogance, de son orgueil, de ses prétentions. — Poirté l’aiw el moûss : Porter l’eau dans la Meuse, dans la rivière, porter des choses en un lieu où il y en a déjà une grande abondance, donner à celui qui n’a besoin de rien. — Pehî d’vain l’mâsseie aiw : Pêcher en eau trouble, faire tourner les malheurs publics à son avantage. — Diné de ko d’sapp et l’aiw : Donner des coups d’épée dans l’eau, dire, faire des choses inutiles. — C’ess-tinn gott d’aiw el mér : C’est une goutte d’eau dans la mer, une dépense dont on ne saurait s’appercevoir ; et par opposition, une ressource insignifiante. — Le p’tite korotte fet le grande-zaiw : Les petits ruisseaux font les grandes rivières, les petits gains font de grands profits. — Noy eintt deu zaiw : Nager entre deux eaux, Ménager deux partis contraires. — Tini l’beg et l’aiw : Tenir le bec dans l’eau, amuser par des promesses, des espérances, laisser dans l’incertitude. — I n’a ren d’té ki l’aiw ki doimm : Il n’est pire que l’eau qui dort, que les sournois. — Ni fé nen l’marchi, i n’a nen d’l’aiw à beur : Ne faites pas le marché, il n’y a pas de l’eau à boire, il n’y a rien à gagner. — Iss ravizet komm deu gott d’aiw : Ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. — Souwè sonk et aiw : Suer sang et eau. — Me-zaiw son bass : Les eaux sont basses, ma bourse est à sec. — On lî freu batt l’aiw po fé plaîsir : On le ferait mettre en quatre pour obliger. — Fé fni l’aiw â molin : Faire venir l’eau au moulin, faire du profit à la maison, à la communauté. — C’et komm l’aiw el feu : C’est comme l’eau et le feu, les deux extrêmes. — Il et si biess, k’inn sâreu trové inn mouyeie pîr et l’aiw : Il est si mal-adroit, qu’il est incapable de trouver une pierre mouillée dans l’eau. — Fé v’ni l’aiw al bok : Faire venir l’eau à la bouche, mettre en goût, donner envie. — Ess tott et n’aiw : Être tout en eau, en nage, en sueur. — Miné à l’aiw pol beg : Conduire par le nez.

Aiwi. Puisoir, s. m. sorte de chaudière en cuivre.

Aiviss, adj. Aqueux, de la nature de l’eau, qui a un goût d’eau. — Pron. Akeu.

Ak. Acte, s. m. Action, s. f. écrit ; partie d’une pièce de théâtre. — Pron. Aktt.

Akeuhi, v. a. Apaiser, calmer, rendre tranquille, coi. Voy. Apârté.

Aklevé, v. a. Élever, dans le sens de nourrir, instruite, faire des élèves.

Akmeignté, v. a. Amasser, entasser, accumuler, amonceler. — La prévoyance amasse ; l’avarice entasse, l’avidité accumule, et après avoir accumulé, elle amoncèle. Il me semble que la convoitise thésaurise.

Akoir. Aukoir. Au bout, à l’extrémité. — Akoir del chamb : Au bout de la chambre. — Il ess-tâkoir di se sink sain : Il est au bout de son latin, il touche au désespoir.

Akônkoisté, v. a. Escorter, accompagner. — On escorte par prudence, par sûreté ; on accompagne par politesse, ou par amitié. Plusieurs escortent, un seul accompagne ; cependant s’il est armé, il sert en quelque façon d’escorte.

A-koron. Au-koron. Tout au bout. Il ne se dit guère que dans ce sens.

Akouhné, v. a. Assaisonner, accommoder une viande, ou autre chose à manger, avec les ingrédiens qu’il faut pour la rendre agréable.

Akseigneur. Akseignâr, s. f. Signe, s. m. ou tache naturelle que l’on a sur la peau. Place que l’on désigne en montrant. — Il a awou on kô d’coutai vocial, diu wâd l’akseigneur : Il a reçu un coup de couteau ici, Dieu conserve la place.

Akseigni, v. a. Enseigner, instruire, apprendre, informer, faire savoir, indiquer, montrer pour désigner, montrer avec le doigt, montrer au doigt. — Enseigner, c’est donner des leçons, instruire, c’est donner de l’instruction : en terme de Palais c’est prendre connaissance d’une cause, la mettre en état d’être jugée. — Apprendre, dit l’abbé Girard, c’est donner des leçons dont on profite. — Informer, c’est donner avis, avertir. Faire savoir me paraît plus affirmatif qu’informer. Le mot indiquer, signifie donner le nom, l’adresse. Montrer, est aussi faire remarquer, appeler l’attention sur quelque chose : par ellipse il s’entend pour enseigner. Pour indiquer on montre du geste, de la main : pour avilir, insulter on montre au doigt. Sans commencer par s’instruire, beaucoup de personne ; enseignent ce qu’elles devraient apprendre avant de montrer. On est souvent mal informé pour avoir ajouté foi à tout ce que la malveillance fait savoir. Combien des gens ont été mal indiqués. Que des malheureux ont été montrés au doigt, par les fauteurs de leurs maux !

Akseur. Aksâr, s. f. Défaut, petit trou, léger endommagement. Le mot w. ne s’emploie que de cette manière, en parlant d’éttoffe ou d’habillement : I n’a nol akseur : Il n’y a pas le plus petit trou, le plus faible endommagement.

Aksidennté, t. passif. Atteint, attaqué, d’un mal, d’une maladie, etc.

Aksioné, v. a. Actionner, agir contre…

Akuité, v. a. Acquitter, satisfaire, payer, solder. On paie le prix convenu, des denrées, des marchandises, des ouvrages faits, des travaux, des impôts, etc. On satisfait à des obligations. Les personnes soldées acquittent définitivement les bordereaux, mémoires, comptes, etc. L’homme délicat ne paie jamais un bienfait, mais il sait acquitter la dette de son cœur. On devrait payer par des excuses un propos hasardé, une démarche imprudente ; et trop souvent on paie d’éffronterie. Le criminel paie de sa tête son attentat : nous devons tous acquitter la dette de l’humanité, en payant le dernier tribut à la nature.

Akuziné, v. a. n. Accousiner, traiter quelqu’un en cousin ; nommer quelqu’un cousin.

A-l’abeie. En hâte, avec diligence, promptitude, précipitation, vîtesse, — A-l’abeie (en hâte) signifie, dans ce sens, faite trop précipitamment. L’homme diligent est ordinairement matinal ; il expédie promptement : La promptitude s’allie avec la vivacité. La précipitation avec l’étourderie. Quoique l’î de vîtesse soit figuré du signe de la lenteur, il n’en est pas moins son opposé. Voy. Abeie.

A-l’advinant. Voy. Avnan.

Alaie, s. f. Allée, passage entre deux murs, deux haies. — Alaie et v’naw : Allées et venues, pas et démarches.

Alan, adj. Allant, leste, ingamble ; qui aime à aller, à courir.

A-la-vir. En aveugle, au hasard, à l’avanture ; inconsidérément, à tout évènement, etc.

Albâtt, s. f. Albâtre, pierre calcaire de la nature du marbre ; mais plus diaphane. — Ell let rozlanit komm inn rôz, et blank komm inn albâtt : Elle a un teint de rose et d’albâtre.

Al-caspoie. Ce mot se dit pour jeter de l’argent au peuple, aux pauvres.

Al-coinn. Au coin, c’est-à-dire, à l’endroit où se fait la rencontre de deux surfaces, de deux lignes, soit en dedans, soit en dehors. — Li coinn d’inn row ; d’inn mohonn, etc. Le coin d’une rue d’une maison, etc.

Al-copette. En haut, au sommet. — Tott al fî copett : À l’extrême sommet.

Al-dibând. À la débandade, confusément, sans ordre ; laisser, abandonner à la merci, à la discrétion ; laisser çà et là. — L’armaie si sâva al dibând : L’armée prit la fuite à la débandade, se mit à la débandade, se sauva en désordre. — Ley al dibând : Laisser, abandonner à la merci, à la discrétion de tout le monde.

Alé, v. n. Aller, marcher, avancer, se mouvoir, voyager, passer, s’écouler, se dissiper, s’évaporer. — Alé à pî : Aller à pied, voyage à pied, pédestrement. — Alé vitt : Marcher vîte. — Mi gvâ va vitt : Mon cheval est vîte. — Alé pu vitt ki soula : Avancez plus vîte que çela. — Inn pou d’moré pî so hamm, i va todi d’inn gamb so l’ott : Il ne peut rester sans se mouvoir, il remue sans cesse ses jambes, ses pieds. — Alé don, leymm et pâie : Laissez-moi, finissez, laissez-moi en repos. — Alé li dreute voye : Aller le droit chemin, marcher dans la voie du salut, vivre en honnete homme. — Alé el câv : Descendre à la cave. — Alé et grinî : Monter au grenier. — Alé-zet lé : Couchez-vous, allez-vous mettre au lit. — Alé si p’ti bon nomm di g’min : Aller son petit bon homme de chemin. Fam. — Alé al chess â lursett : Courir après des riens… — Alé al chess sain chein : Ne pas se précautionner. — Alé al daûhîr : Courir les mauvais lieux, les cabarets. — Alé d’zeu l’aiw : Surnager. — Alé à stok : Heurter, choquer, rencontrer rudement, donner de la tête contre. — Alé al rescontt : Aller à la rencontre, au devant… — Aller à la rencontre est un acte d’amitié ; aller au devant est un acte de politesse, de prévenance, de déférence.

Alenn, s. f. Haleine, air attiré, et repoussé, par les poumons.

Alène, outil de cordonnier, etc.

Al-foisse. Par force, par violence, avec de grands efforts ; comme malgré soi, contre son idée.

Algeb. Algèbre, s. f. Science du calcul, des grandeurs en général, représentées par les lettres de l’alphabet.

Aligni (s’), v. r. t. de bretteur. Tirer le sabre, l’épée, se battre avec des bâtons.

Alignmain. Alignement, s. m.

Al-kiteie. En détail ; vendre débiter en détail, par le menu, au petit poids, à l’aune, à la petite mesure : opposé à gros.

Aloie, s. f. Alouette, petit oiseau, t. de restaurateur : Mauviette.

Alon. Alun, s. m. sel minéral, ou sulfate potassé d’alumine.

Aloné, v a. Aluner, mettre, tremper dans l’eau d’alun.

Alonnreie, s. f. Alunière, lieu où se fabrique l’alun ; la fabrique.

Aloumé, v. a. n. Allumer, étinceler, éclairer, illuminer. — Aloumé li stoûf : Allumer le poêle. — Komm le steûl aloumet ! Comme les étoiles brillent, étincèlent. — Briller a besoin d’un complément pour avoir la force d’acception d’étinceler. Le diamant est toujours brillant, mais il étincèle au soleil. Les véritables escarboucles ètincèlent dans les ténèbres. On éclaire les rues ; on illumine les édifices, les maisons. La puanteur des huiles rend l’éclairage désagréable ; la pluie empêche les illuminations. — Il alomm d’inn fameuss fois : Il fait des éclairs éblouissans. Alomm se dit par extension pour pétulance, etc. — Siss tomm la alomm : Cet homme est bouillant, pétulant, impétueux. — S’aloumé v. p. S’allumer, prendre feu, s’enflammer.

Aloumeu. Allumeur, s. m. qui allume des réverbères, des lampions.

Alouwé. Alowé, v. a. n. User, consommer, diminuer, détériorer, rendre plus ou moins bon par l’usage — Dépenser, prodiguer, dissiper. Voy. Furlangué.

Alouvett, s. f Luette, morceau de chaire molasse qui est à l’extrémité du palais, à l’entrée du gosier. Voy. Sap.

Alzan, adj Alezan, d’un roux fauve. Il ne se dit qu’en parlant des chevaux : cependant quelques w. disent alzan pour leste, allant.

Amâ. Aumaû. Bouvillan, s. m. Jeune bœuf.

Amadoulé. Amiloudé. Amilourdé, v. a. Amadouer, amorcer, caresser, flatter, cajoler, flagorner. — Fig. amorcer signifie attirer par des choses flatteuses, qui captivent l’esprit et les sens. Caresser, c’est témoigner par des marques extérieures de satisfaction, un sentiment d’estime, d’amitié, d’amour, ou de tendresse : on embrasse, on serre la main, on obéit à la nature, et quelquefois on l’outrage. Flatter, c’est louer à l’excès. Dire des douceurs, des choses fort obligeantes c’est cajoler. On amorce pour attirer dans le piège. On caresse l’objet que l’on aime ou que l’on feint d’aimer. On flatte pour séduire. On cajole pour plaire ou tromper. On flagorne par bassesse d’âme, et toujours avec des intentions peu louables. Amboiser, ambabouiner, se disent aussi pour amadouer ; mais ces termes sont bas et populaires.

Amagni, s. m. Le manger, aliment, nourriture, mangeaille, fam. — Fé l’amagnî : Faire le manger. — On haitî amagni : Un manger sain, une nourriture saine. — Aveur brâvmain amagni : Avoir une nourriture abondante.

Amaie. Aumaïe, s. f. Génisse, taure, jeune vache qui n’a point porté.

Amaigri, v. a. n. Emmaigrir, amaigrir, rendre maigre ; devenir maigre. Au propre il vaut mieux dire rendre maigre, de venir maigre.

Amaindé. Amaîdé, v. a. n. Amender, améliorer ou rendre meilleur, corriger, condamner à l’amende. — Amaindé inn efan : Corriger un enfant, le corriger avec succès. — Par extension : Gi nel sâreu amaindé : Je ne saurais mieux faire, je ne puis faire mieux, ce n’est pas ma faute.

Amainde, s. f. Amende, peine pécuniaire imposée par la justice.

Amaindmain. Amendement, s. m Changement en mieux, continuation du même état, — Il a ouie di l’amaindmain : Il y a aujourd’hui du mieux. — On n’veu nol amaindmain : On ne remarque aucun changement, toujours le même.

Amaké. Voy. Estoumaké.

Amande. Amygdales, s. f. plu. Glandes sous la luette. Amygdaloïde, ou pierre figurée d’une amande.

Amass. Amas, tas, s. m. Le mot w. se dit pour trésor.

Amayoté. Voy. Fahi.

Ameublé. Ameubli, v. a. Ameubler, garnir de meubles. — Ess bein n’ameublé : Avoir de beaux meubles, en quantité.

Ameublumain. Ameublement, s. m. Assortiment de meubles.

Amidoni. Amidonier, s. m. Feseur, et marchand d’amidon.

Aminci, v. a. Amincir, rendre plus mince. Voy. Awhî.

Aminé, v. a. Amener, conduire, tirer à soi. — Ki-ess kiv-zamonn cial ? Quel sujet, quel motif, quel bon vent, quelle affaire vous amène ? — Il a stu aminé par de brave gein : Il a été amené, introduit, par d’honnêtes gens. Voy. Miné.

Amistâv. Amistaûv, adj. Amical, affable, favorable, qui part de l’amitié, aimable ; doux, gracieux, agréable, accort, courtois, civil, poli, policé, civilisé. — Un accueil amical est ordinairement sincère, est toujours ennemi du cérémonial. — On est souvent gracieux sans être essentiellement amical. L’homme agréable plaît par son humeur et sa conversation, il inspire un sentiment de confiance. Les personnes gracieuses commandent quelquefois la déférence par leur maintien, et inspirent moins de sécurité. Ceux qui sont accorts ne manquent ni de souplesse ni de complaisance. On est amical par bonté de caractère, agréable par l’esprit et l’humeur. Ennemi de la dissimulation, la courtoisie veut de la politesse, de la douceur, des grâces ; une respectueuse galanterie. Quoique ce mot vieillisse je le préfère à civil dont l’acception est plus circonscrite. Dans les dictionnaires, poli signifie doux, honnête, complaisant ; et cela est vrai quant aux apparences. — Duclos a dit que les peuples policés valent mieux que les peuples polis : il entendait exclusivement civilisés. Cependant tel peuple qui n’est point encore poli, et qui est en partie trop civilisé. — Plusieurs équivalens sont rapportés par extension.

Amistâvmain. Amistaûvmain, adj. Amicalement, favorablement, amiablement, etc.

Amoindri. Amoîdrî, v. a. Amoindrir, rendre moindre, plus petit, moins considérable, moins volumineux, réduire à un plus petit volume.

Amoindrihmain. Amoindrissement, s. m. diminution. s. f.

Amoirsi, v. a. Amorcer, garnir d’amorces ; attirer par l’appât du gain, l’espérance des honneurs.

Amoirti, v. a. Amortir, rendre moins ardent, moins âcre, moins violent, faire perdre de sa force, refroidir, affaiblir.

Amoirtihmain. Amortissement, s. m. t. de pratique, extinction d’une rente, rachat.

Amoiss, s. f. Amorce, poudre qu’on met dans le bassinet, etc. gain, profit, appât, leurre, embûche, piège — L’appât séduit le cœur par l’espérance ; le leurre abuse l’esprit par de fausses apparences. On nous dresse des embûches, et nous tombons dans le piège. Voy. Gâgné.

Amoli, v. a. r. Amolir, rendre mou, malléable, adoucir, s’affaiblir, devenir, mou.

Amolihmain, s. m. Amolissement.

Amuzé, v. a. Amuser, arrêter, inutilement, faire perdre le tems ; tromper par de fausses espérances.

Amuzé (s’), v. r. s’Amuser, passer son tems, s’occuper de peu de chose, de frivolités, se divertir. — Un amusement agréable approche d’un divertissement honnête. On peut s’amuser souvent, et se divertir par fois. On ne saurait émousser les plaisirs en s’amusant, il et très facile d’user le bonheur en se divertissant.

Amuzmain. Amusement, s. m.

Anb. Ambe, s. m. t. de jeu de loterie.

Ancré, v. a. n. p. Enraciner, invétérer. Il ne, se dit guère qu’au passif. — Ancré d’vainllibertineg : Enraciné dans le libertinage. — Ancré et koir : Invétéré dans le corps.

Andi, adj. Candi. — Souk andi : Sucre candi.

Andi. Chenet, landier, s. m. chevrette, s. f. — Les landiers sont pesans ; les chevrettes sont des petits chenets bas, qui n’ont qu’une pomme. — Quand la voix troue un appui, pron. ch-net.

Aniss. Anis, s. m. plante aromatique. — Pron. ani.

Angélik, s. f. Impératoire officinale, t. de Botanique.

Anngéluss. Angélus, s. m. prière que les catholiques font le matin, à midi, et au soir. Pron. Angéluss.

Anndîf, s. f. Endive, plante potagère, espèce de chicorée.

Anobli, v. a. Anoblir, faire noble. Il ne faut pas confondre avec ennoblir, qui signifie rendre plus noble, plus illustre, plus important.

Anoiemain. Ennui, s. m. Lassitude, langueur, fatigue d’esprit, déplaisir, souci.

Anonsi, v. a. Annoncer, faire savoir ; publier, faire une publication par cri public, rendre public ; proclamer, publier a haute voix et avec solennité ; aviser, donner avis ; prédire, annoncer ce qui doit arriver.

Anoy, v. a. Ennuyer, lasser, fatiguer l’esprit.

Anoyan, adj. Ennuyant, qui ennuie.

Anoyeu. Anoyeuss, s. et adj. Ennuyeux. Ennuyeuse.

Anoyeussmain, adv. Ennuyeusement, avec ennui.

Anp, adj. Ample, qui est long et large.

Ansenn, s. f. Fumier, s. m. — Mori so l’ansenn. Mourir sur le fumier, sur la paille. — Li wayen et pouri si n’et pu k’inn ansenn : L’arrière foin est pourri, ce n’est plus qu’un fumier.

Anseu, Rouleau, s. m. t. de tisserand.

Ansiné, v. a. Fumer, épandre, éparpiller le fumier sur un terrain en culture.

Ansinî, s. m. Fumier à demeure, qu’on recommence aussitôt qu’il a été enlevé.

Antekriss. Antéchrist, s. m. celui qui est opposé, qui est ennemi de J. C. ; séducteur, imposteur, annoncé pour la fin du monde.

Anuti (s’), v. p. S’anuiter, se laisser surprendre par la nuit, s’exposer à être surpris par la nuit, les ténèbres.

Anweie, s. f. Anguille, poisson d’eau douce.

Aoureu, Awoureu, Awireu, adj. Heureux, fortuné chanceux. — L’homme que la fortune va trouver dans son lit est fortuné : l’homme que la fortune laisse en paix dans le sien est heureux. — Celui qui peut contenter ses passions est fortuné : celui qui sait les vaincre est heureux. — La chance a souri à plus d’un imprudent. L’homme chanceux arrive au malheur, pour avoir cédé aux amorces de la fortune.

Aouss. Awouss. Awoû. Août, s. m. Huitième mois de l’année. Moisson. — Mehné et l’aouss : Glaner pendant la moisson. — Dites le mois d’oû sera beau : le mois d’oû-test beau.

Apaillé, v. a. Assortir, joindre des choses ou des personnes qui se conviennent ; appareiller.

Apaillemain. Appariement, s. m. action d’apparier, d’assortir. On dit aussi en w. apaurieg. Les deux mots sont peu usités. — Pron. aparîman.

Apairi, v. a. Appareiller, joindre deux choses pareilles. Accoupler, unir pour la génération, assortir, unir pour le labour.

Apaneg, s. m. Désordre, confusion d’objet. — Apanage, ou ce qu’un souverain donne à ses puînés. — Fig. suite, dépendance. — Pron. Apanaje.

A-par. Apaur, adv. À-part, séparément. — Fé bântt à-pâr : Faire bande à part, faire écot séparé, se séparer de ses amis, de ses connaissances. — Parlé à pâr : Parler à part. On dit aparté pour ce que dit un acteur sur la scène ; et qui n’est pas censé entendu des autre.

Aparanmain, adv. apparamment, suivant les apparences, vraisemblablement.

Apâhté, apauhté, apauvté, v. a. Apaiser, calmer. Le vent s’apaise et la mer se calme. On apaise la colère, l’emportement, la fureur : on calme l’émotion produite par la crainte, la terreur. — L’éloquence persuasive calme souvent le désespoir : il faut l’évidence qui naît de l’empire de la raison pour l’apaiser. Roubaud nous dit : Après que la colère d’un jaloux est apaisée, il reste toujours à calmer ses soupçons. Il me semble qu’on peut calmer une fureur jalouse, mais qu’il est impossible de l’apaiser. L’ingénieuse amitié réussit souvent à calmer une douleur profonde : le tems seul apaise les blessures du cœur.

Apartumain. Appartement, s. m. logement composé de plusieurs pièces de suite dans une maison. Il se prend aussi pour étage.

Apartenanss, s. f. Appartenance, dépendance, parentage, parenté.

Aparteni, v. n. Appartenir, être à quelqu’un, avoir rapport à…

Apeinsé ( s’), v. r. S’aviser, penser, songer ; se mettre dans l’esprit, se rappeler, se ressouvenir. — Atain on pôk, gimm rapeinss d’inn sakoi : Un moment, je me ressouviens de quelque chose.

Apell, s. f. Appeau, s. m. sifflet qui imite les chants des oiseaux, petit instrument avec lequel on les imite.

Apersûr, v. a. Apercevoir, découvrir, comprendre. — S’apersûr, v. r. S’apercevoir, connaître.

Apétihâf. Apétihaûf, adj. Appétissant, qui donne, qui réveille l’appétit, qui fait naître des désirs.

Aplaki (s’). S’aplaké, v. r. S’attacher, se prendre, se joindre, se coller à… contre… fig. se faufiler, s’insinuer. — S’aplaki adlé-n’bâcell : Se faufiler auprès d’une fille, la serrer de près.

Aplani, v. a. Aplanir, mettre de niveau, rendre égal ; faire disparaître les difficultés.

Aplati, v. a. Aplatir, rendre fort plat.

Aplaudi, v. a. Applaudir. — J’aplaudih, no-zaplaudihan. — J’applaudis, nous applaudissons.

Aplour, v. n. a. Affluer, abonder, survenir en grand nombre ; avoir en abondance.

Apoirté, v. a. Apporter, produire, se munir. — Apoirté avou lu : Apporter avec soi, sur soi. — Apoirté se piéss : Apporter ses pièces. — Apoirtéf li copeie ? Apportez-vous la copie ? avez-vous eu l’attention de vous en munir ?

Apontî, Apôtî, v. a. Apprêter, préparer, disposer. — Il y a dans le mot apprêter, une idée d’industrie et de recherche ; dans le mot préparer, une idée de prévoyance et de diligence ; dans le mot disposer, une idée d’intelligence et d’ordre. (Roubaud.) — On se dispose à partir, et l’on prépare sa malle ; en apprêtant ses effets, on met l’ordre et l’arrangement convenable. — S’aponti, v. r. s’apprêter, se préparer, se disposer.

Apontimain. Apprêt, préparatif, s. m. Par extension, désordre, confusion. Voy. Apontî.

Apoplizé, t. passif. Frappé d’apoplexie. — Adjectivement, et dans un sens moins absolu. Apoplectique. Il se dit aussi substantivement, dans cette dernière acception.

Apoplizeie, s. f. Apoplexie, maladie qui prive subitement de tout mouvement. Pron. apopleksî.

A-pô-pret, adv. À peu près, presque.

Aposté. Apostème. Apostume, enflure extérieure avec putréfaction.

Apotikâr. Apotikaûr. Apothicaire, s m.

Apotikârreie, s. f. Apothicairerie. Pron. apotikaireurî, en donnant à u un son très-faible.

Apôtt. Apôtre, s. m, Nom des douze disciples de Notre-Seigneur. — Préchi komm inn apôtt : Prêcher en apôtre, comme un apôtre ; avec onction, abondance de cœur. — Fé l’bon apôtt : Faire le bon apôtre, contrefaire l’homme de bien.

Apougnî, v. a. Empoigner, serrer avec la main ; prendre au collet. — S’apougnî, v. r. Se prendre au collet, se colleter.

Apôvri, v. a. Appauvrir, rendre pauvre. Sans fig.S’apôvri. S’appauvrir.

Apovriheg. Appauvrissement, s. m.

Apréhennsion, s. f. Appréhension, crainte terreur.

Apreintisseg, s. m. Apprentissage, l’occupation d’un apprentif, le tems qu’on met pour apprendre un métier.

Apreumm. Apramm, adverbe. Seulement, rien de plus, pas davantage. — Ess apreumm vo ? Êtes-vous seulement là ? Êtes-vous seulement arrivé ? Apreumm, s’emploie souvent en interjection : Apreumm ! Seulement !

Aprepî, v. a. n. Approcher, joindre, atteindre, avoir accès auprès de… Par extension, couper près. — S’aprepi, v. n. et p. S’approcher.

Apresté, v. a. Apprêter, préparer. Voy. Apontî.

Apret, adv. Après, ensuite. — Apret to v-zavé toir : Tout bien considéré, après tout, vous avez tort. — Apret to, i n’a k’vo k’ell deie : Quoiqu’il en soit, vous seul le dites.

Apret-diné. Après-midi. — Apret-dîné no-zîran al porminâde, et apret-sopé et le : Après-midi nous irons à la promenade, faire un tour de promenade, et après souper nous irons nous mettre au lit.

Aprett. Apprêt, préparatif. Il ne se dit guère qu’à la pluralité. — Fé de grande zapprett : Faire de grands apprêts, de grands préparatifs. Aprett est souvent une expression collective en terme de fabrique de drap. — Aveur awou inn belle aprett : Avoir été bien apprêté, bien confectionné.

Apriesté, v. a. Faire, prêtre. — S’apriesté, Se faire prêtre.

Arainî, v. a. Adresser la parole, aborder, accoster, interroger. — Vo m’arainî, et g’iv respon : Vous m’adressez la parole, et je vous réponds. — Arainî avâ le vôie : Aborder, accoster en chemin, sut la rue. — Ni parlé gamaïe, si vo n’esté arainî : Ne parlez jamais si on ne vous adresse la parole. — On aborde, un ami, une connaissance, on accoste les voyageurs, les passans. Interroger : c’est faire une question, une demande.

A-rasta. En repos. Rester court, perdre le fil de son discours, de ce qu’on, voulait dire.

Aray, v. a. Ouvrir, entr’ouvrir, élargir, dans le sens de faire que ce qui était fermé ne le soit plus. — On ouvre plus ou moins. Entr’ouvrir c’est ouvrir un peu. On. dit fam. écarquiller les jambes.

Arbitreg. Arbitrage, s. m. jugement par arbitre.

Arbitt. Arbitre. s. m.

Areg s. f. Bruit, démêlé, contestation, querelle, vacarme, tumulte, tapage. — Une seule personne fait quelquefois du varcarme ; mais le tumulte suppose toujours qu’il y, a un grand nombre de gens. — On a un démêlé, on fait du bruit, on conteste, on se querelle, le vacarme commence, et conduit au tumulte ; alors on fait tapage.

Aregeie, adj. Enragée, fougueuse, impétueuse, violente. — Par extention on emploie ce mot en interjection pour exprimer la surprise l’étonnement. — Vola inn aregeie, gi m’î piett : Voila qui est inconcevable je m’y perds. — Aregeie se dit aussi pour singulier, rare, étonnant, unique, extraordinaire, bizarre ; et quelquefois pour ridicule, délicieux, divin, etc. Vola inn aregeie : Voila qui est délicieux, impayable. — Ce qui est singulier est rare, il se compare peu souvent. Quoique l’extraordinaire dessine à grands traits il admet la comparaison, l’un et l’autre peuvent être étonnant. L’unique, n’appartient qu’à lui seul. Ce qui est inconcevable exclut les limites de la pensée. — Nous voyons tant de prétendus originaux se singulariser que nous avons cessé de les trouver singuliers. Un génie extraordinaire est devenu une chose rare ; et s’il était permis d’être caustique, on le croirait inconcevable.

Aregi, adj. Enragé, fougeux, impétueux, violent, endiablé, démoniaque. — Dans sa fougue l’homme violent ne respecte rien ; ne sachant se commander il est d’une aussi mauvaise société pour lui même que pour les autres. Il n’est ici question que de l’acception propre.

Aregi, v. n. Être atteint, saisi de la rage ; avoir un violent dépit, une grande douleur, un besoin pressant. — Il a magni del vag aregeie :}} Il a mangé de la vache enragée, il a beaucoup souffert, il a eu des privations de toute espèce à souffrir.

Areingi, v. a. Arranger, mettre l’ordre convenable, accommoder. — S’areingi. S’arranger ; Il se dit aussi par opposition. — Nonn-ziran areingi : Nous irons nous battre.

Areingmain. Arrangement, s. m. accommodement.

Areinté, v. a. Arrenter, donner ou prendre à rente.

Areni. Ereni, v. a. Rouiller. — Ley areni se-zusteie : Laisser rouiller ses outils.

Areniheur, Erenihâr, s. f. Ereniheg. Rouillure, s. f. Tache de rouille.

A-réss. Rempli jusqu’au bord, qui n’est pas comble. — Par extension : Ley â réss : N’en plus parler.

Areyé voy. Aryé.

Arezé, v. a. Araser, conduire de même hauteur une assise de pierre ou de brique, t. de maçonnerie.

Arezeg. Arasement.

Argein. Aûrgain. Argent, s. m. Métal blanc, toute monnaie quelconque. — Vola de bel et bonne d’vis, mai l’argein vâ mî : Voilà de belles et bonnes raisons, mais l’argent vaut mieux. — Inn omm sain-zârgein ess-ton leu sain dain : Un homme sans argent est un loup sans dent. — Mett de bon-argein apret de mâva : Mettre du bon argent après du mauvais, faire des frais en pure perte.

Argeinté, v. a. Argenter, couvrir, de feuilles d’argent, donner la couleur de l’argent. — Au passif, qui a la blancheur, le ton de l’argent.

Argeintenn. Aûrgeintenn, s. f. Argentine, potentille, ansérine ; plante dont le dessous des feuilles semble argenté.

Argoté, adj. et s. rusé matois, fam.

Argoué, v. a. Tancer, reprendre, réprimander, gronder.

Argouzin, s. m. Argoulet, carabin.

Ariaf, adj. Salissant.

Arinkret. Arikret. Teul d’oregne. Toile d’araignée, s. f. — Voss dra n’vâ nin l’mett et noûv, il et komm inn arinkret : Votre drap ne mérite pas d’être employé, il est comme une toile d’araignée.

Aripp, s. f. Arroche de jardin, bonne-dame, atriplex, plante potagère.

Ariré. Erîré. Erireg, s. m. Arriéré, dette publique dont on ajourne le paiment.

Arîreg. Erireg. Arrérages s. m. pl. ce qui est échu d’un revenu quelconque.

Arir-saison, s. f. Arrière saison fin de l’automne.

Arivaie, s. f. Arrivée, tems où arrivent les personnes, les lettres.

Ariveg, s, m. Arrivage, abord des bateaux, dans un port, arrivée des marchandes par eau.

Armanak. Almanach. — Dites almana d’Anvers. L’almana-kest déchiré.

Aroganmain, ady, Arrogamment, avec arrogance.

Arogué, v. a. Apostropher durement, brutalement, brutaliser ; parler avec rudesse, impertinence. — I m’arog komm si g’esteu s’chein : Il me parle comme si j’étais son valet, son goujat.

Aroké, v. a. Arrêter, engorger. Il s’employe le plus souvent au passif.

Arokeg. Engorgement, retard, délai, s. m.

A-ron. L’un portant l’autre.

Arondi, v. a. Arrondir, rendre rond, augmenter, ses possessions ; arrondir une phrase, lui donner du nombre, de l’harmonie, t. de peinture.

Arondihmain, Arrondissement, s. m.

Aronge. Aronde, s. f. Hirondelle, oiseau de passage, genre d’oiseaux palmipèdes.

Arotiné, s. m. Routinier qui agit par routine ; vieux routier, exercé à la ruse par une longue expérience.

Arotiné, v. a. Routiner, faire apprendre par routine. — Il s’employe le plus souvent au passif.

Arott, s. f. Trace, vestige qu’un homme, ou quelque animal, laisse à l’endroit où il a passé, empreinte des pas ; impression laissée sur la neige, sur l’herbe. — Sûr l’arott : Suivre la trace, le vestige, l’empreinte des pas, l’impression laissée sur la neige, sur l’herbe.

Arsin. Aursin, s. m. Arsins, s. adj. plur. se dit d’un bois sur pied où le feu a pris. Arsin, cendres, provenant d’un terrain écobué.

Arvo. Aûrvo, s. m. Accul, lieu qui n’a pas d’issue, où l’on est acculé, cul-de sac, ou impasse. On appelle encore ârvô un passage sous une voûte, sous une arcade. — Prendé al dreutt main po l’ârvô : prenez à droite par le passage sous l’arcade.

Aryé, v. a. Salir, rendre sale. — Aryé deu gmih par samainn : Salir deux chemises chaque semaine, changer deux fois de chemise, mettre deux chemises au sale, etc.

Aryé (s’), v. n. Se salir, se crotter. — S’aryé al pareuse : Se blanchir à la muraille. — S’aryé al chôdîr : Se noircir à la chaudière. — S’aryé to coran : Se crotter en courant. Voyez. Abimé.

Aryeur. Areyâr, s. f. Salissure.

Ascoheie, s f. Enjambée, l’espace qu’on enjambe, le pas qu’on fait pour enjamber.

Ascohi, v. n. actif. Enjamber, faire un grand pas pour avancer beaucoup une jambe, marcher à grands pas. — Ascohi inn korott : Enjamber une rigole. — Ascohi deu-zegré ann feie : Enjamber deux marches à la fois. Diminutif de franchir.

Aspagne. Empan, la largeur de la main en étendant les doigts.

Aspaté. v. a. Presser, serrer, être les uns sur les autres.

Aspehi, v. a. Épaissir, rendre épais — S’aspehi : S’épaissir, devenir épais.

Aspehiheg. Épaississement, s. m. Condensation, état de ce qui est épais.

Aspergéss. Breuss al beneuttaiw, s. f. Aspersoir, s. m. Goupillon ; tems où se fait la cérémonie d’asperger, de jeter l’eau bénite avec le goupillon.

Aspoy, v. a. n. Appuyer, soutenir à l’aide d’un appui, peser sur… insister, t. de jeu de carte : G’a on hass aspoy : J’ai un as gardé.

Aspoy (s’), v. r. S’appuyer, se reposer sur… s’accoter. — S’aspoy so on baston : S’appuyer sur un bâton. — S’aspoy sonn inn mâl coh : S’appuyer sur un bâton rompu, sur quelqu’un sans pouvoir.

Aspoya, s. m. Appui ; accoudoir ; accotoir : L’accoudoir laisse au corps une position directe, l’accotoir oblige à prendre une position oblique, ou à se mettre de côté.

Assaghné. Assâhné. Assaûhné, v. a. Assaisonner, t. de cuisinier.

Assaghné, t. passif. Aoûté, mûri par la chaleur du mois d’Août ; mûri par le soleil. — Pron. a-outé. Ce verbe n’est plus usité.

Asseinblé. Assaîblé, v. a. Assembler, mettre, joindre ensemble ; unir ; réunir, convoquer.

Asseinbleg. Assemblage, s. m. Union des choses qu’on joint ; manière d’assembler des pièces de menuiserie.

Assené, v. a. Assener, porter un coup violent frapper avec une massue, un instrument contondant ; frapper juste ; viser ; faire signe d’avancer, de venir, etc. — Assené sol makett : Frapper droit à la tête. — Assené apret l’narenn : Viser, diriger, après le nez. — L’a ti bein assené ? A-t-il visé juste ? — Assené d’roté : Faire signe d’avancer, de marcher. On dit par extension : Assené bongeou : assené giet wâde : Saluer du geste. — Assené inn bonn : Lancer un trait mordant, une épigramme ; personnaliser, affirmer, confirmer.

Assertiné, v. a. Assurer, certifier. — So l’âmm kimm fâ reinde à Diu, on m-l’a assertiné : Sur mon Dieu et mon honneur on me l’a assuré, sur ma parole on me l’a certifié. — On assure par un ton de voix affirmatif, que l’on cherche souvent à rendre imposant. On affirme impoliment par jurons, et judiciairement par serment. Dans le premier cas l’affirmation équivaut à une négative. — Les pédans, les demi-savans et les petits maîtres assurent tout ; ils ne parlent que par décision. Les menteurs se font une habitude de tout affirmer ; les juremens ne leur coûtent rien. Les gens impolis veulent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce que des personnes fort au-dessus d’eux, disent en leur présence. Certifier c’est assurer, affirmer, confirmer de nouveau, c’est attester de ce qu’on a vu et entendu, etc. En t. de pratique, certifier une caution, est se rendre en quelque sorte caution de la caution.

Assir, v. a. Asseoir, mettre sur un siège ; poser sur… — Ess assiou : Être assis.

Assir (s’), S’assir, v. r. — S’assian : S’asseyant — Ess assiou ou assiow : Être assis ou assise. — Gi m’assî : Je m’assieds. — Gi m’assiéf, no no-zassien : Je m’asseyais, nous nous asseyions. — Gi m’assia, no no-zassien : Je m’assis, nous nous assîmes. — Gi m’a assiou : Je me suis assis. — Gi m’assîret : Je m’assiérai. — Gi m’assîreu si gaveu in cheïr : Je m’assiérais si j’avais une chaise. — Assid : Assieds-toi. — I fâ k’ig m’assih : Il faut que je m’asseie. — I fâreu k’ig massiah, ki no no-zassiahi : Il faudrait que je m’assisse, que nous nous assissions.

Assigî, v. a. Assiéger, faire le siège, bloquer une ville, la bombarder ; etc. importuner, être assidûment auprès de…

Assistainss, s. f. Assistance, aide, secours. Dimandé l’assistainss : Demander l’assistance la charité, réclamer des secours, etc.

Assisté, v. a. n. Assister, soulager, aider, secourir ; être présent à… aumôner. — La raison éclairée assiste l’infortune ; elle soumet aux calculs des principes les soulagemens qu’elle doit au malheur. Avec moins d’art ou de rectitude, l’honnête homme aide son semblable de ses conseils et de sa bourse. L’active bienveillance ne sait que secourir.

Assomé, v. a. Assommer, tuer avec un assommoir, quelque chose de pesant, de contondant ; battre avec excès ; ennuyer, chagriner.

Assommeu. Assommeur, s. m celui qui assomme. — Assommoir, bâton garni d’une pierre pour tuer les rats, etc. Par extension. Gourdin ou gros bâton.

Assorti, v. a. Assortir, Joindre ce qui se convient, fournir des choses convenables.

Assortimain. Assortiment, union des choses qui se conviennent, qui cadrent ensemble ; convenance, rapports d’objets. — G’assortih. — Kinn-zassortihanss. — J’assortis — Que nous assortissions.

Assoti, v. a. p. Faire fâcher, endiabler, endêver ; se Fâcher, etc.

Assoupi, v. a. Assoupir, endormir à demi, disposer au sommeil, adoucir, calmer. — S’assoupi. — S’assoupir, s’endormir d’un léger sommeil.

Assoupihan, adv. Assoupissant. — Foumîr assoupihantt : Fumée assoupissante.

Assoupihmain. Assoupissement, s. m. État d’une personne assoupie. Sans fig.

Assourdi, v. a. Assourdir, rendre sourd, moins sonore.

Assugeti, v. a. Assujettir, soumettre à sa domination ; dompter ses passions. v. p. Fixer une chose de manière qu’elle soit sans mouvement.

Assugetihan, adv. Assujetissant, qui astreint, qui rend extrêmement sujet, esclave.

Assugetihmain. Assujetissement, s. m. Obligation de faire une chose.

Assûrémain, adv. Assurément, certainement.

Astansné, v. a. Étayer, appuyer avec des étais. Étançonner, soutenir avec des étançons. Acclamper, fortifier un mât en y attachant des pièces de bois par les côtés ; Affermir avec des pièces de bois. — L’hô volé et fou plon, il fâ l’astansné. Le pignon déverse, il faut l’étayer, l’étançonner.

Astaplé, (s’). S’astaflé, v. r. Se camper, s’affermir sur ses pieds. S’acclamper vaudrait mieux : ce mot, qui est une parfaite onomatopée, peint l’homme et la chose. — Ess beinn astaplé (astaflé) so se gambe : Être bien acclampé, bien affermi sur ses jambes.

Astârgi. Astaûrgi, v. a. n. Retarder, empêcher de partir, d’aller, d’arriver, amuser, reculer le moment, l’instant, faire manquer l’occasion ; aller plus lentement, arriver plus tard.

Astârgî (s’). S’astaûrgi, v. p. S’anuiter, s’exposer à être surpris par la nuit.

Astemm, s. f. Fond, fondement, s. m. dans le sens de faire fond sur quelqu’un, sur quelque chose ; de ne point compter sur quelqu’un ; sur quelque chose ; de prendre ou de ne point prendre garde, d’être ou de n’être pas conséquent : conséquence, ou inconséquence. — C’ess-ton bourdeu, inn-fâ fé nol astemm à lu : C’est un menteur, il ne faut faire aucun fond sur ce qu’il dit, il ne faut point prendre garde à ses assertions, il ne faut tenir aucun compte de ses propos. — Inn fâ fé nol astemm sol si ki et sain fondmain : Il ne faut accorder aucune confiance à l’homme qui n’est pas conséquent. — Fé astemm à sou k’i di, c’est tinn omm tott outt : Faites fond sur ce qu’il dit, c’est un homme conséquent, qui agit, qui raisonne conséquemment. — C’est un barbarisme de dire conséquent pour considérable. — Fé inn mâl astemm : Tirer une fausse conséquence.

Asteulé, adj. Étoilé, marqué d’une étoile. — Inn vag asteulaie : Une vache étoilée.

Asteur, adj. et adv. Actuel, actuelle, actuellement ; à présent, présentement, à l’instant, au moment même ; tout-à-l’heure.

Astichi, v. a. n. Avancer, pousser en avant ; donner. — Astichi se pî d’zo l’tâf : Avancer ses pieds sous la table. Voy. Stichî.

Astikott, s. f. Indisposition légère ; Adversités. Il se dit souvent au pluriel.

Astok, t. passif, adv. Demeurer court, rester court, etc.

Astoké, v. a. Affermir, bacler, barricader, fermer avec précaution, prudence, etc. — Astoki avou le tâf et le cheïr : Barricader avec les tables, les chaises.

Atagmain. Attachement, attache, dévoûment. — L’attachement exclut la passion. — L’attache veut de l’application, une sorte de ténacité. Le dévoûment éclairé suppose quelque réserve ; s’il est aveugle il n’admet pas de borne. — À l’adoration pour son épouse, succède un attachement sincère. En obéissant au vœu de la nature, l’enfant a de l’attache pour ses pères, et ceux qui lui font du bien. L’active reconnoissance s’est écriée dévoûment, et le mot a été consacré.

Atak, s. f. Attaque, action d’engager le combat ; maladie : reproche, réprimande, repréhension, blâme.

Ataké, v. a. Attaquer, réprimander, blâmer, quereller.

Atâvlé. Ataûvlé, v. a. Attabler, mettre à table. — S’atâvlé. S’attabler, plus usité.

Atechi, v. a. Attacher, joindre une chose à une autre, avec un clou, une épingle, etc., lier, appliquer. — Atechi ônc à l’ôtt : Attacher, joindre ensemble, l’un à l’autre.

Atechi (s’), v. r. p. S’attacher, se prendre à… S’appliquer, se vouer à… Demeurer ferme à quelque chose ; prendre de l’amour l’un pour l’autre.

Ateg, s. f. Épingle, fil de laiton ou de cuivre, qui a une tête et une pointe. — Tiré s’iateg foû de geu : Tirer son épingle du jeu, se débarrasser, se dégager d’une mauvaise affaire ; d’un endroit difficile, périlleux, sans égard pour ceux qui seraient dans le péril, dans la peine, qui se trouveraient dans l’embarras. — Diné po de-zateg : Donner les épingles, ce qu’on donne pour la reconnaissance d’un service, les stipulations d’un marché. — Mett inn ateg soss mang : Garder le souvenir d’une offense.

Ateinde. Ataîde, v. a. Attendre, espérer ; se promettre. — On espère ce qu’on attend avec impatience ; et souvent on se promet trop. L’espérance se perd dans l’avenir ; elle nous abandonne momentanément pour espérer de nouveau, bien que l’attente ait été trompée. — L’espéranss fai viké ; li lonk ateinde fai mori : L’espérance fait vivre, trop attendre fait mourir. Ce proverbe est faux : les douces illusions de l’espérance ne s’éteignent qu’avec la vie : rarement l’attente conduit au désespoir.

Ateinpranss. Ataîpranss, s. f. Modération, retenue, discrétion, réserve, prudence, patience. — Ennemi de la pétulance, la modération commande à la vivacité. La retenue sait se taire ; elle est à la modestie, ce que la discrétion est au silence, ce que la réserve est à la pudeur. La modération, la retenue, la discrétion, la réserve, constituent la prudence éclairée.

Ateinprou, adj. Hâtif, précoce, prématuré, matinal. — Dans hâtif l’esprit aperçoit un objet avancé, ce qui est printanier : Dans précoce il trouve l’extension de hâtif ; et le diminutif de prématuré. La cerise est toujours hâtive ; et quelquefois précoce : un fruit prématuré ne peut avoir la saveur de la maturité. Je n’aime pas d’entendre dire une fille hâtive. Il faut qu’un père se méfie de celle qui est précoce ; et qu’il surveille attentivement celle qui est prématurée. On aime un esprit précoce ; on ne craint pas assez un génie prématuré. — Kiv-zesté ateimprou ! Que vous êtes matinal !

Ateinri. Ataîri, v. a. Attendrir, rendre tendre et facile à manger ; rendre sensible à l’amour ; à la pitié. v. p. Devenir plus tendre plus sensible.

Ateinsion, s. f. Attention, application d’esprit ; soins, égards, déférence. — On a des attentions pour les personnes que l’on aime ; des soins pour les malades ; des égards pour l’infortune ; de la déférence pour l’opulence et le mérite personnel. — Voy. Rutnow.

Ateintif, adj. Attentif, qui a de l’attention, de l’application.

Ateintivemain, adv. Attentivement, avec attention

Atelé, v. a. Atteler, attacher des chevaux à un carrosse ; attacher des chevaux, des mulets, etc. à un charriot, une charrette ; Équiper, vêtir. — Atelé dispoie le pi diss k’al tiess : Équiper, vêtir des pieds à la tête.

Ateleg. Attelage, s. m. Il se dit d’un certain nombre de chevaux, de bœufs, etc., pour traîner des voitures, tirer la charrue. Ateleg se dit aussi pour les harnais ; et souvent pour les chevaux, les harnais, et la voiture : il se dit encore figurément de ce qui est assorti ; et par extension des chevaux de conduite. — Preinde de gvâ d’ateleg : Prendre des chevaux de conduite.

Ateni, v. a. p. Attiédir. rendre tiède ce qui était chaud ; de venir tiède. Délier rendre moins épais.

Ateniheg. Attiédissement, s. m. Tiédeur, relâchement.

Ateré. Voy. Eteré.

Aterminé, v. a. Atermoyer, prolonger le terme d’un paîment. v. p. faire un atermoîment.

Atermineg. Atermoîment, s. m. Accommodement avec ses créanciers pour les payer à certains termes.

Atestâssion. Atestaûssion, s. f. Attestation, témoignage donné par écrit.

Atiré, v. a. Attirer, tirer à soi ; tirer, obtenir, par adresse, attraper finement.

Atitoté (s’), v. r. S’atinter, s’orner avec affectation ; s’attifer. Ce dernier équivalent ne se dit guère qu’en parlant de la coiffure des femmes. S’atitoter, signifie aussi se mettre proprement. Hors cette acception tout est populaire.

Atni, v. n. Appartenir, être parent, lié par parenté, être à quelqu’un, aux gages des autres, avoir une relation nécessaire ou de convenance.

Atnou, t. passif. Atteint de… Atnou di stoumac : Atteint d’une maladie de poitrine, d’un asthme ; respirer avec peine, difficulté.

A-toû. À lui. — Gea pârlé atoû : J’ai parlé à lui, à sa personne.

Atoû. Aûtoû, près. Autour, à l’entour, tout-au-tour, — Atoû d’là : À peu-près, aux environs. — Tourné âtoû de po : User d’artifice, biaiser, manquer de sincérité.

Atouchi. Voy. Aduzé.

Atougmain. Attouchement, s. m. Action de toucher : Il se dit souvent en mauvaise part.

Atouwé, v. a. Tutoyer, user des mots tu et toi, en parlant à quelqu’un.

Atouweg. Tutoîment, s. m. — Pron. tutoaman.

Atouweu. Tutoyeur, s. m. — Pron. tutoayeur.

Atrap, s. f. Attrappe, tromperie, apparence trompeuse ; piège — Pititt atrap : Attrapette, tromperie légère, petite malice. Fam.

Atrapé, v. a. Attraper, prendre à une trappe, un piège ; obtenir par adresse, industrie ; surprendre artificieusement, tromper ; atteindre en courant ; pénétrer le sens la pensée d’un auteur : saisir les traits, la ressemblance ; imiter les manières de quelqu’un, le parodier ; prendre la fièvre, etc.

Atreinpé. Atraîpé, v. a. n. Attremper, recuire, modérer, tremper, mouiller dans un liquide ; être dans quelque chose de liquide.

Atristé, v. a. Attrister, affliger, fâcher, contrister, mortifier. — Un cœur affligé se fâche de l’indifférence des autres. On est souvent attristé pour peu de chose ; et contristé sans savoir pourquoi. L’homme vain rencontre par-tout la mortification.

Atribuwé, v. a. Attribuer, imputer. — On attribue sur des probabilités ; on impute sur des semi-preuves. — Attribuer signifie aussi attacher, annexer à… Rapporter à… accorder — v. p. Prendre pour soi.

Atroupé (s’), v. r. S’attrouper.

Atroupmain. Attroupement, s. m. Assemblée de personnes attroupées ; réunion illégale, tumultueuse.

Atrouwandi, v. n. Acagnarder, accoutumer à la paresse, à une vie fainéante ; appesantir, rendre plus lourd, plus pesant, plus parresseux. Avec le pronom personnel. S’acagnarder. Fam.

Au ! â. Inter. Ah ! Voy. la grammaire.

Aûb. Arbre, s. m. Plante boiseuse. — Alaie d’âb : Allée, avenue d’arbres. — Gônn âb : Plant d’arbres. — Piti âb : Petit arbre ; arbrisseau, qui a la tige plus foible que celle de l’arbre, et qui se subdivise en rameaux dès sa base. — Aûb a vesseie : Baguenaudier, arbrisseau légumineux.

Aubainn, s. f. Aubaine, avantage inespéré, t. de jurisprudence.

Au d’van, adv. Au-devant à la rencontre. — On court au devant du danger pour le prévenir ; on va à la rencontre d’un ami. Voy. D’vanci.

Aûgne, s. f. Âne, anesse, bourrique, ignorant, imbécile, stupide. — Âne au propre est du genre épicène, c’est-à-dire commun au mâle et à la femelle : Bourrique se dit exclusivement au féminin. On dit du lait d’anesse, et la charge d’une bourrique. Avec une certaine aptitude pour la science, l’ignorant végète sans gloire, il n’a pas le courage de s’instruire. L’imbécile n’a pas d’amour propre, ou il porte ce sentiment jusqu’à l’extravagance. L’âne ne dit que des âneries. Si l’ignorant n’est point imbécile il saura se taire. Le stupide ouvrira de grands yeux sans rien voir ni comprendre. C’est une grande faute de dire au figuré bourrique pour âne.

A-usti. A-ustey, v. a. Outiller, garnir, fournir d’outils Les w. en font un verbe passif et réfléchi.

Auwdass, s. f, Audace, hardiesse, effronterie. — Voy. Herdyess.

Avâ. Avaû, prép. adjv. Parmi, dans, de côté et d’autre, à l’avanture. — Ess kimahi onc avâ l’ott : Être mêlé les uns parmi les autres. Roté ava l’avônn : Marcher dans l’avoine, fouler l’avoine aux pieds. — Ess kitapé ava le gein : Être errant parmi le monde, ne pas avoir de chez soi. — Troté avâ le voie : Roder dans les rues, de côté et d’autre, battre la campagne, le pavé, aller à l’aventure. — Ess to fair avâ le voie : Être toujours en chemin, en route, en campagne, par monts et par vaux.

Avachi (s’), v. r. S’avachir, devenir mou, lâche, indolent, flasque, sans vigueur, s’affaisser sous son propre poids.

Avachiheg. Considence, s. f, Affaissement des choses appuyées les unes sur les autres : affaissement, abaissement d’une chose par son propre poids : accablement.

Avain. Avent, s. m. Le tems qui précède la fête de Noël. — Prechi l’avain : prêcher l’avent. — On le dit au pluriel.

Avalé, v. a. Avaler, faire descendre par le gosier dans l’estomac. — Avalé de Kruél : Souffrir des mortifications, avaler le calice de l’amertume, des couleuvres. — Ni fé ki stoid et avalé : Ne faire que tordre et avaler.

Avansaie, s, f. Avance ou saillie d’un bâtiment, ce qui avance, anticipe, sur une cour, etc.

Avansé, v. a. n. r. Avancer, pousser, porter en avant ; il s’oppose à retarder ; hâter, compter par avance, mettre en avance ; faire aller plus vite ; procurer l’avancement ; aller en avant, trop vite, anticiper, sortir de l’alignement : faire des progrès, croître : S’avancer, etc. — G’eavansih. — G’eavansihe’f. — J’avance. — J’avançais.

Avansemain. Avancement, s. m. Progrès en quelque manière que ce soit.

Avanteg. Avantage, s. m. Supériorité, bénéfice, gain, tout traitement favorable ; avance au jeu, préciput donné. — Vo-zavé l’amain, c’est tinn avanteg : Vous êtes premier en carte, c’est un avantage. — Fé de-zavanteg : Faire des avantages, avantager. Voy. Wâgnî.

Avantegî, v. a. Avantager, donner à quelqu’un des avantages par dessus les autres ; donner par préciput.

Avan-zîr, adv. Avant-hier, le jour qui précédait hier. — Pron. Avantièr.

Aveinteur. Avaîtar, s. f Aventure, accident, évènement inopiné, inattendu, hasard ; dire la bonne aventure ; prédire par la chiromancie.

Aveinturé, v. a. p. Aventurer, hasarder, mettre à l’aventure. — Gean, aveinturan cheskun inn dimeie coronn : Allons, aventurons chacun un petit écu.

Aveintureu. Avaîtureu, adj. Aventureux, qui s’aventure, qui se hasarde — Aveur inn feumm aveintureuss : Avoir une femme aventureuse, entreprenante.

Aveinturî. Avaîturî. Aventurier, s. m. Celui qui cherche les aventures, qui tâche de captiver, qui vit d’intrigues. — C’est-tinn aventurî : C’est un aventurier, un chevalier d’industrie.

Averti, v. a. Avertir, donner avis, informer, quelqu’un de quelque chose. — Giv-zavertih k’onv ki gâsse : Je vous avertis, je vous préviens que l’on vous calomnie.

Avertihmain. Avertissement, s. m. Avis, conseil, préface. — Les auteurs mettent de avertissemens à la tête de leurs livres. Les espions donnent des avis de ce qui se passe dans les lieux où ils sont. Les pères et les mères ont soin de donner des conseils à leurs enfans avant de les produire dans le monde. — Avertir, c’est faire un appel à l’attention. Donner un avis, c’est annoncer que telle chose aura lieu, ou qu’elle peut arriver. Donner un conseil, c’est chercher à ranger quelqu’un de son avis. — Le peuple voit dans tout des avertissemens célestes. Les rues sont placardées d’avis intéressans. Les commères ont toujours des conseils en réserve. — Dans un conseil chacun donne un avis qu’il regarde comme un excellent conseilConseil s’oppose à précepte ; comme dans cette phrase. Ce n’est pas un précepte ; mais bien un conseil.

Aveur. Avoir, sur. — Il la pon inn aveur divain siss mohonn là : Cette maison est remplie de la cave au grenier.

Aveûl. Aveugle, s. m. Celui qui est privé de la vue. — Krié comm inn aveul k’ia pierdou s’chein : Crier comme un aveugle qui a perdu son bâton, son chien. — Kângî s’boign chivâ contt inn aveul : changer son cheval borgne contre un aveugle, empirer son état pour le rendre meilleur, faire un change, un troc désavantageux. — Divain li royaumm de-zaveul, le boing son roi : Dans le royaume des aveugles, les borgnes sont rois, la médiocrité s’anoblit aux yeux de l’ignorance, un homme médiocre paraît beaucoup au près du vulgaire.

Avidmain, adv. Avidement. Voy. Raviss.

Avigni, adj. gai, espiègle.

Avîli, v. a. p. n. Avilir, rendre ou devenir vil : Vieillir, devenir vieux. — Mi sour est-tavyeie dispoie inn an : Ma sœur est vieillie depuis un an.

Avîli, v. a. Avilir, rendre vil, abject, méprisable. Déprécier, ou rabaisser le mérite d’une personne ou d’une chose. Voy. Avîlihmain.

Avîli. Avîleie. t. passif vieilli, vieillie.

Avîlihmain. Avilissement, s. m. Abjection, bassesse. — L’avilissement est mérité ou il est l’effet de la calomnie. Un juste opprobre est le prix de l’abjection. L’absence du mérite personnel, de la naissance, de la fortune, l’oubli de sa dignité, constituent la bassesse. L’homme plongé dans la débauche, vit dans l’avilissement ; celui qui s’enfonce dans la crapule, vit dans l’abjection. On peut sortir de l’avilissement ; on doit croupir dans l’abjection. Je trouve une véritable bassesse à reprocher à quelqu’un, la prétendue bassesse de son état, de sa naissance.

Avnan (à l’), adv. À-l’avenant, à proportion. — Il a inn bell gamb, on baî vizeg, et to à l’avnan : Il a la jambe bien faite, une belle figure, et tout à l’avenant, proportionnément.

Avni, v. a Atteindre, toucher à… au… parvenir, s’élever en dignité, obtenir de la considération, ce que l’on souhaite, que l’on convoite ; faire fortune. — Avni â planchi : Atteindre, toucher au plancher. — Il et si fir, k’ônn pou avni à li pârlé : Il est si vain, qu’on ne peut parvenir jusqu’à lui. — Avni à inn meyeu pless : Parvenir à une meilleure place, à un meilleur emploi, s’élever en dignité, acquérir de la considération. — Avni d’lon : Avoir le bras long, une grande influence, la force de la puissance ; beaucoup d’appui, de crédit, d’autorité. — G’avin, etc. J’atteins, etc.

Avni, s. m. Avenir, tems futur ; à l’avenir, désormais.

Avônn, s. f. Avoine. — Inn fât nen ley l’avônn et bag : Il ne faut pas laisser de l’avoine dans l’auge. Fig. Il ne faut rien laisser sur son assiette, sur la table.

Avou, prép. Avec, ensemble, conjointement. — Avecque se disait en poésie, on le voit avec peine trop souvent répété par Corneille. D’avou, d’avec, marque très-positivement la différence. — Saveur vey li bon d’avou l’mâva : Savoir distinguer le bon d’avec le mauvais.

Avu, v. a. Avoir, posséder de quelque manière que ce soit. Il se dit aussi dans le sens d’être le sujet d’une passion, etc. — Akoi sief d’avu de geie, kan ônn sé pu le crohi : À quoi sert d’avoir des croûtes, quand il ne reste plus de dents, à quoi sert une opulence tardive. — L’aveur awou bell : Avoir eu des occasions favorables. — Von-nâré, p’ti loss : Vous serez châtié, petit morveux. — Avu le dain d’sonnté sonn geain : Avoir une rancune, un ressentiment contre quelqu’un. — Avu l’craintt di Diew divan le-zouie : Avoir la crainte de Dieu devant les yeux, songer à l’éternité. — Avu de mâle peinsaie : Avoir de mauvaises pensées, de mauvaises idées, des désirs impudiques. — Avu l’pîr ell greval : Avoir la pierre, la maladie qui porte ce nom. — Avu magnî s’blan pan d’van s’neur : Avoir mangé son pain blanc le premier, avoir la misère après l’opulence, cesser d’être heureux. — Avoir sert à former les prétérits des autres verbes, il est aussi auxiliaire de lui-même : J’ai donné ; j’ai eu raison.

Awaîtî, v. a. Lorgner, regarder en tournant les yeux, et comme à la dérobée : Épier, observer secrètement et adroitement les actions d’autrui. — Awaîtî pol klichett di l’ouh : Lorgner par le trou de la serrure.

Aweie, s. f. Aiguille. — Aweie à keuss : Aiguille à coudre. — Aweie di châss : Aiguille à tricoter. — L’aweie et so do-zeûr : L’aiguille marque midi. — Mett l’aweie el héf : Mettre le tenon dans la mortaise, t. de menuisier.

Aweur, s. f. Fortune, réussite, chance, augure, présage. — La fortune est bonne ou mauvaise : La réussite incertaine : La chance momentanée. On augure favorablement de l’œuvre d’un homme d’esprit. Un début heureux est un excellent présage. Par habitude l’ignorance, et la superstition nommeront augure, ce que la raison appelera présage.

Awhî, v. a. Aiguiser, rendre aigu, pointu, plus tranchant.

Aw. Aûw. Oie, s. f.

Awion. Dard des mouches à miel, des bourdons, etc. — Coup de pied de Vénus.

Awleie, s. f. Aiguillée, certaine étendue de fil ou de soie.

Awoi. Ayi. Oie. Oyi. etc. Oui Particule d’affirmation. — Awoi-dai : Oui-da. — Awoi siett : Oui certes, oui vraiment.

Awouss. Voy. Aouss.

  1. La voix purement ascendante donne un son homogène qui s’élève sans désinence ; on trouve cette voix dans Amer, Foi, Rare, etc.
  2. La voix latérale est plus ou moins soutenue ; mais sans élévation ni chûtes. Il faut remarquer que l’é aigu, a dans certains cas, le son ascendant et latéral : quand la construction de la phrase, du mot, oblige le lecteur, l’orateur, ou celui qui parle, à chercher un appui, la voix se repose sur la voyelle radicale ; et l’affecte de prolongement : Résidu, Féminin, etc.
  3. On le remplit de terre glaise mélangée avec un corps gras et de l’eau.
  4. Note Wikisource : il n’y a aucun article pour ce mot dans cette édition.