Aller au contenu

Diderot et la Société du baron d’Holbach/Appendice

La bibliothèque libre.


APPENDICE

contenant des renseignements iconographiques sur les personnages dont il est fait mention dans ce volume.

AVANT-PROPOS


Il était de mode, au dix-huitième siècle, de se faire peindre ; aussi presque tous les personnages qui ont alors joué un rôle quelconque dans les lettres, les arts, les sciences ou la politique ont-ils laissé leur portrait. Largillière, Boucher, les Vanloo, Greuze, Drouais, le pastelliste de Latour surtout, étaient, parmi les peintres, les artistes auxquels, dans ce siècle de luxe et de bon goût, on s’adressait de préférence. Lemoyne, Falconet, Houdon, Pigale ont aussi reproduit par la sculpture les traits de la plupart des hommes célèbres de cette époque. Nous devons encore aux dessinateurs et aux habiles graveurs du temps, les Cochin, Eisen, Marillier, Gravelot, Moreau le jeune, Saint-Aubin, Ficquet, Savart, etc., un grand nombre de portraits d’hommes marquants.

Voltaire, dans la vue de relever le dix-septième siècle aux dépens du suivant, appelait celui-ci le siècle de la gravure. Sans souscrire à cette appréciation satirique du poète, qui témoigne lui-même par ses ouvrages que son siècle valait bien le précédent, on peut dire avec lui que jamais cette branche de l’art n’avait été autant cultivée qu’au dix-huitième siècle. Beaucoup de productions littéraires seraient aujourd’hui justement oubliées, sans les vignettes dont elles sont ornées[1]. Le travail qu’on trouvera ci-après contient tous les détails spéciaux que nous avons pu recueillir sur les personnes dont le nom figure dans ce livre.


A


ALEMBERT (d’). — A été peint par Latour.

J’ai dans ma collection de portraits une estampe représentant d’Alembert d’après un dessin de Pujos. Cette gravure est de Maleuvre ; elle porte la date de 1775 et cette dédicace :

À Monsieur de Voltaire,

par son très-humble et très-obéissant serviteur,

L.-F. Beaufleury.

Plus bas se trouvent les vers suivants de Marmontel :

Ce sage à l’amitié rend un culte assidu.
Se dérobe à la gloire et se cache à l’envie :
Modeste comme le génie
Et simple comme la vertu.

Houdon a fait du grand géomètre un buste que Saint-Aubin a reproduit par la gravure. Cette estampe paraît plus ressemblante que celle que nous venons de citer et que le profil dessiné par Cochin pour l’Encyclopédie[2].


ARGENTAL (d’). — On trouve facilement dans le commerce le portrait gravé de l’ami de Voltaire.


B


BEAUMARCHAIS. — Le portrait de l’auteur de la Folle journée a été très-bien gravé par Saint-Aubin d’après le dessin de Cochin.


BEAUMONT (Christophe de). — Le portrait de l’archevêque de Paris à qui Rousseau a écrit sa lettre fameuse a été gravé.


BERNIS (le cardinal de). — On voit dans les galeries de Versailles deux portraits de « Babet-la-Bouquetière. » Savart a gravé le portrait du cardinal dessiné par Callet.


BUFFON. — Peint par Drouais. Il existe une jolie gravure de Ficquet et Savart représentant Buffon. Je ne possède que la gravure de Saint-Aubin d’après Sauvage, et un beau portrait à la manière noire, publié en Angleterre dans un recueil intitulé Gallery of portraits with memoirs, et gravé par Robert Hart, d’après le tableau de Drouais, qui est à l’Institut.


C


CALAS. — Carmontel a laissé un dessin représentant la famille Calas.


CATHERINE II. — Les portraits de la Czarine sont très-communs. J’ai deux gravures qui la représentent. Dans l’une, gravée par Fossoyeux en 1788, elle porte un chapeau d’homme orné de lauriers. L’autre, gravée par Saint-Aubin, n’offre rien de particulier.


CHÂTELET (madame du). — Loir pinxit d’Elvaux sculpsit. Dans cette estampe, Émilie est loin d’être aussi laide que l’a dépeinte son amie madame du Deffand. Convenons, toutefois, que, sous la caricature, perce la réalité.


CHOISEUL (madame de). — A été représentée avec madame du Deffand dans un dessin de Carmontel, qui a été gravé par Greatbach.


CHRISTIAN VII. — Je possède un joli portrait du jeune roi de Suède gravé par Savart.


COMTE (Auguste). — Etex a fait le buste du fondateur du Positivisme. On a encore d’autres portraits d’Auguste Comte, parmi lesquels il faut citer la lithographie de M. Tony Toullion.


CONDAMINE (de la). — Le compagnon de Bouguer dans l’expédition scientifique, entreprise en 1736, pour déterminer la figure de la terre, a été peint au pastel par Latour.


CAYLUS (le comte de). — Le portrait de ce protecteur des arts a été gravé. M. de Caylus s’occupa lui-même de gravure avec succès. On a de lui plus de deux cents pièces d’après les plus beaux dessins du cabinet du roi. En 1764, il a légué à la bibliothèque royale une suite de dessins d’après l’antique, des ouvrages à figures et des estampes rares. La bibliothèque nationale possède aujourd’hui plus de deux millions de pièces. Cette collection a été commencée en 1667 par les soins de Colbert, qui fit acheter toutes les estampes de l’abbé de Marolles (123,400 pièces cédées au roi pour 30,400 livres).


CRÉBILLON. — A été peint par Latour. Le portrait qu’a fait de lui Aved a été très-bien gravé par Balechou. Cochin a dessiné l’auteur tragique. Lemoyne enfin a sculpté son buste.


D


DIDEROT. — Saint-Aubin a gravé, d’après le dessin de Greuze, le portrait de Diderot. C’est cette gravure que dans la Correspondance littéraire Grimm appelle un chef-d’œuvre. Nous allons donner l’opinion du critique des Salons sur les portraits qu’on a fait de lui de son temps. À propos du précédent, il s’exprime en ces termes : « Sans l’exagération de tous les traits, dans la gravure qu’on a faite d’après le crayon de Greuze, je serais infiniment mieux que dans le tableau de Michel Vanloo. J’ai un masque qui trompe l’artiste. Soit qu’il y ait trop de choses fondues ensemble, soit que les impressions de mon âme, se succédant très-rapidement et se peignant toutes sur mon visage, l’œil du peintre ne me trouvant pas le même d’un moment à l’autre, sa tâche devient beaucoup plus difficile qu’il ne croyait. Je n’ai été bien fait que par un pauvre diable appelé Garant, qui m’attrapa comme il arrive à un sot qui dit un bon mot. Celui qui voit mon portrait par Garant me voit : Ecco il vero pulcinello. M. Grimm l’a fait graver, mais il ne le communique pas[3]. J’oubliais parmi les bons portraits de moi, le buste de mademoiselle Collot, surtout le dernier qui appartenait à M. Grimm, mon ami. Il est bien, il est très-bien ; il a pris chez lui la place d’un autre que son maître, M. Falconet, avait fait et qui n’était pas bien. Lorsque Falconet eut vu le buste de son élève, il prit un marteau et cassa le sien devant elle[4]..... »

Saint-Aubin, outre la gravure ci-dessus, a encore gravé le portrait du Philosophe, d’après le tableau de Michel Vanloo. En tête d’un roman de Diderot, la Religieuse, on voit le portrait de l’auteur, gravé par Dupréel, d’après Aubry. Enfin, Cochin a dessiné le profil qu’on voit dans l’Encyclopédie à côté de celui de d’Alembert. De toutes les estampes que j’ai vues, représentant Diderot, c’est la gravure de Tardieu d’après la peinture de Vanloo qui me paraît la plus satisfaisante.


DORAT. — Dessiné par Denon, gravé par Saint-Aubin. Le même dessin a été aussi gravé par de Launay. Le plus joli portrait de ce petit poète qui, suivant le mot de Galiani, « se sauve de planche en planche » est celui de Queverdo, gravé par Lebeau. Il est en médaillon, soutenu par les Grâces et couronné par l’Amour.


DUBARRY (madame). — Charmant portrait par Drouais. Gaucher a fait, d’après ce peintre, une gravure qui est un petit chef-d’œuvre.


DUBOCAGE (madame). — J’ai dans ma collection une gravure, avant la lettre, représentant cette dame. Au-dessous du portrait se lisent ces deux vers :

    On l’admire au Parnasse
    On l’adore à Cythère.


DUCLOS. — A été peint par Latour et gravé par Duflos. Il existe encore de l’auteur des Considérations sur les mœurs un profil gravé par d’Elvaux et dessiné par Cochin. Une gravure curieuse de Binet représente madame d’Épinay et Duclos.


DEFFAND (madame du). — Le portrait de la marquise du Deffand a été dessiné d’après nature par Forshel, et gravé par Freemann.


E


ÉPINAY (madame d’). — Liotard, de Genève, a fait, ainsi que nous l’avons noté, le portrait de cette dame ; et M. Escot, de Toulouse, a reproduit ce joli portrait qui a encore été publié dans l’Artiste, par M. H. Baron.

Madame Sand possède, dit-on, un autre portrait authentique de madame d’Épinay.


F


FEL (mademoiselle). — Latour a fait de mademoiselle Fel, sa maîtresse, un très-joli pastel qu’on voit au musée de Saint-Quentin.


FRANKLIN. — J’ai un médaillon gravé par Pélissier, représentant Francklin avec cette inscription : Vir.


FRÉDÉRIC II. — Je possède une très-belle estampe du grand Frédéric, encore jeune. C’est celle qui a été gravée par Wille, d’après le tableau de Pesne. Ce peintre français, établi à la Cour de Prusse, en qualité de premier peintre du roi, est nommé dans une lettre curieuse de la correspondance de Voltaire. Sur le point de se brouiller avec le roi de Prusse, le poète se plaignait du caractère capricieux du roi et rappelait l’indifférence qu’il avait alors pour son peintre dont il avait été autrefois si enthousiaste.


FRÉRON. — On a fait plusieurs fois les honneurs de la gravure à l’auteur de l’Année littéraire. Son portrait se trouve, notamment, au commencement d’un livre dans lequel M. Monselet a entrepris, en 1864, l’apologie du critique.


G


GALITZIN (le prince). — Peint par Drouais, gravé par J. N. Tardieu.


GAUFFECOURT. — Le portrait de Gauffecourt a été peint par Nattier et gravé par Daullé. Nous avons dit que d’Elvaux avait fait une réduction de cette estampe, que M. Renouard a publiée comme représentant Gentil-Bernard[5].


GIBBON. — Le seul portrait de l’historien anglais que j’aie eu en ma possession est une gravure faite d’après la découpure de madame Brown. Elle représente Gibbon triturant sa prise, et se trouve en tête de la traduction française de ses Mémoires.


GŒTHE. — Il existe un grand nombre de portraits du poète allemand. J’ai une lithographie d’après le dessin fait par Delacroix en 1827.


GRAFFIGNY (madame de). — Gravure de Cathelin, d’après un dessin de Garant[6].


GRÉTRY. — Je possède trois portraits de Grétry qui ne se ressemblent pas beaucoup entre eux. L’un fait partie de la collection des compositeurs célèbres, par Quenedey, dans laquelle se trouve aussi Gluck ; le second est une gravure de Simon, d’après Isabey ; enfin, le troisième est placé en tête de l’édition de ses mémoires publiée à Bruxelles, par M. J. H. Mees.


H


HELVÉTIUS. — Le portrait du beau fermier-général, devenu philosophe, a été peint par Vanloo. On le trouve au commencement de ses œuvres, gravé par Vérité.


HUME. — En tête d’une édition anglaise des Essais philosophiques se trouve un beau portrait de l’auteur, gravé par Ravenet, d’après Donaldson. Cochin a dessiné le profil du philosophe d’Édimbourg, dont Duhamel a donné une gravure.


J


JELYOTE. — Le portrait du séduisant chanteur a été gravé par Cathelin.


L


LA LIVE DE JULLY (madame). — Le mari de la piquante madame de Jully a fait sculpter, par Falconet, un médaillon représentant sa jeune femme. On le voit encore à Saint-Roch. Notons ici que M. de Jully était lui-même un amateur distingué. À l’exemple de plusieurs financiers du dix-huitième siècle, tels que M. Dupin (de Chenonceaux), Watelet, etc., il s’occupa de gravure. Il avait été le protecteur de Greuze à ses débuts.


LOUIS XV. — La gravure, la sculpture, la peinture et le crayon ont reproduit à l’envi les traits de ce prince à qui, dans un moment d’enthousiasme inexplicable, ses sujets ont donné le nom de Bien-Aimé. Signalons entre autres portraits de Louis XV la belle gravure de Larmessin. Il faut aussi mentionner une estampe en couleur de Leblond, inventeur de ce procédé de gravure.


LOUIS XVI. — La gravure de Bervic, d’après Callet, est bien supérieure au tableau qu’elle reproduit. Madame Lebrun a peint Louis XVI entouré de sa famille. Il existe aussi une estampe de Coutellier exécutée en 1787.


M


MARIE LECZINSKA. — Pastel de Latour. Jolie gravure de Gaucher.


MARMONTEL. — A été peint par Latour. Saint-Aubin a gravé son portrait en 1765, d’après un crayon de Cochin.


MAUPERTUIS. — Gravure de Daullé, d’après Tournière.


MONTESQUIEU. — Lemoyne a fait un très-beau buste de l’auteur de l’Esprit des Lois. Un dessin du sculpteur, celui qui, sans doute, lui a servi d’esquisse pour son buste, était conservé dans la famille du Président. Il avait disparu depuis la Révolution, lorsqu’il y a quelque temps il a été retrouvé par les soins de M. Lefebvre, libraire à Bordeaux, et cédé aux héritiers de Montesquieu. J’ai une gravure de P. A. Tardieu, d’après un dessin de Chaudet, et une autre de Saint-Aubin, d’après le buste de Lemoyne.


N


NECKER. — Duplessis a peint le célèbre financier, et Saint-Aubin a fait, d’après ce tableau, une très-jolie gravure.


P


POMPADOUR (madame de). — Pastel de Latour au musée de Saint-Quentin, gravure de Pauquet. La marquise de Pompadour a elle-même gravé un assez grand nombre de petits sujets dessinés par Boucher, Eisen, etc. C’est pendant que Latour faisait son portrait que Louis XV vint lui annoncer la défaite de Rosbach. Celle-ci lui répondit sans s’émouvoir : « Pourquoi vous affliger ? après nous le déluge[7]. »


Q


QUESNAI. — J’ai une estampe très-curieuse représentant le célèbre économiste. Comme le graveur, François a fait une espèce de révolution dans son art, je crois intéressant de m’y arrêter. Elle porte ce titre :

D. Franciscus Quesnay, ex Montfort natus die
4 juin 1694.

Le buste peint par Fredou, et le tout fait ainsi par François, graveur du cabinet du roi, 1767.

Cette curieuse estampe où tous les genres de gravure sont réunis de manière à former un ensemble très-peu harmonieux, est accompagnée d’observations du graveur, dans lesquelles il justifie son innovation. Nous allons reproduire sa note avec son orthographe :

« On remarque sur cette planche pour la gravure la même diversité qu’il y a pour la peinture dans un tableau, ce qui, jusqu’à présent, est sans exemple.

» La tête du portrait est comme une manière noire rengraissée ; l’habit est au burin : le cadre et le fond sont d’un crayon simple ; les livres qui servent d’accompagnement contiennent des dessins lavés et le piédestal est au crayon noir et blanc. Les différens crayons qui s’y trouvent sont travaillés de la manière simple et sans méchanique. C’est cette manière que j’ai offerte à l’Académie, parce qu’elle est si facile, qu’il ne faut pas plus de peine ni d’autre mouvement que si l’on dessinait : ce qui la rend digne de nos grands dessinateurs. En effet, il n’est point question de ciselets ni de marteaux, comme dans la manière que j’ai montrée à mes élèves lorsque je résolus de ne m’occuper qu’à la perfection de celle-ci, pour laquelle je ne négligerai rien, quoique j’aie repris la taille-douce au burin.

» Tout le monde avoue déjà que cette méthode de graver les dessins, que je me suis réservée, est la vraie façon propre à bien représenter les différents crayons qui font distinguer chaque manière de nos grands artistes. C’est donc par elle qu’ils peuvent faire voir l’étendue de leurs talents. Je puis en faire convenir l’artiste le plus entêté. Il me suffira de lui mettre entre les mains les crayons, cuivre, papier, etc., préparés ; et, pour peu qu’il veuille en faire usage, je lui prouverai aisément qu’il a fait ainsi une gravure et non un dessin qu’il comptait faire.

» On n’en doit pas pour cela attendre des estampes finies et caressées au-delà de ce que nos anciens ont fait pour la gravure ordinaire. Mais l’avantage précieux qui en résulterait, serait de voir réunir dans ces dessins multipliés par nos savants artistes, les grandes compositions de Piètre Tête, le clair-obscur de Vouet, la force du dessin de Lafage, les grandes expressions de Raphaël et de le Brun, de même que le beau vulgaire de Watteau à ceux de ce temps ; et, sans abaisser l’artiste à l’esclavage auquel entraîne une gravure peignée en une ou plusieurs planches, je les conduirais, s’il fallait, à faire du fini toujours sans outils. Mais l’homme de goût préfère l’esprit au fini. L’ouvrage de bonne main est désiré partout, et préféré aux copies les plus caressées : ce qui m’a fait discontinuer d’en faire, en proposant la route qui conduit aux originaux.

» Les grands artistes, en mettant plus souvent au jour leurs beaux ouvrages, multiplieraient les amateurs, et perfectionneraient sans doute cette méthode en l’enrichissant chacun selon leurs idées, sans qu’il leur en coûtât la peine et les soins qu’elle m’a coûté depuis que je la possède seul. Plusieurs avis valent mieux qu’un. Il est vrai que dans tout ceci, la fourberie et la jalousie se sont fait entendre ; mais je ne répondrai pas à mille objections pitoyables que des gens aussi ignorants que peu sensés ont formées là dessus : ces objections tombent d’elles-mêmes : le faux talent n’a qu’un temps : on ne m’a pas toujours entendu ; mais je me flatte que les personnes justes et éclairées me rendront enfin justice. L’approbation, le privilège et l’extrait du registre de l’Académie, sont avec l’autre partie de ce discours dans le premier volume des Philosophes, par M. Saverien. »

Cette pancarte se termine par la note suivante :

« La gravure mérite bien des égards, car c’est l’écot de tous les arts et même des sciences. »

J’ai fait encadrer et le portrait et la note. Ils en valaient la peine.


R


ROUSSEAU (J.-J.). — Les portraits de Rousseau se comptent par centaines. Citons d’abord le joli pastel de Latour, qui est au musée de Saint-Quentin, gravé par Saint-Aubin et par Ficquet. Les graveurs Hopwood, Ingouf, d’Elvaux, ont reproduit le buste d’Houdon et les dessins de Cochin et de Lemire. Ramsay a peint Jean-Jacques en costume d’Arménien. Tout le monde connaît les jolies estampes de Moreau, le jeune, qui ornent ses œuvres.


RAYNAL. — J’ai une gravure en couleur par Alix, d’après Garneray. Dans la plupart des éditions de l’Histoire philosophique du commerce des Indes, on voit le portrait de l’auteur.


S


SAND (madame). — Jolie gravure par Calamatta. J’ai une lithographie qui représente Georges Sand en homme. Elle a été publiée, vers 1833, par le journal le Voleur.


SARTINES (de). — Gravé par Littret.


SAXE (le maréchal de). — Pastel par Latour. Un habile amateur, Marcenay de Ghuy, et le graveur Wille, ont donné d’excellents portraits du vainqueur de Fontenoi.


SAINT-LAMBERT. — Il n’existe qu’un portrait authentique de l’auteur des Saisons. C’est celui de Scall, gravé par Pourvoyeur, d’après un dessus de tabatière, où il est représenté ayant un oiseau sur son doigt.


STANISLAS-AUGUSTE. — Je possède une jolie estampe en couleur rouge, avec ces mots écrits à la main : « auri unico, » due au burin de Raphaël Morghen, et représentant le roi de Pologne, d’après un marbre de Dom. Gardelli.


T


TENCIN (madame de). — Peinte par de Troy. Gravure de Delaunay.


TRONCHIN. — J’ai vu une très-belle estampe du Dr Tronchin, d’après le tableau de Liotard. Sur sa physionomie se lisent la bonhomie, la franchise et la confiance en soi du praticien heureux. La bouche souriante laisse voir les dents, dont une ou deux manquent.


TURGOT. — En tête de mon exemplaire de la Vie de Turgot, par Condorcet, se trouve un très-joli portrait de l’homme d’État. Il est de profil, et dû peut-être au crayon de Cochin, mais gravé d’après la manière noire, adoptée en Angleterre[8]. Un autre portrait de Turgot, d’après le même procédé, a été publié dans l’ouvrage anglais, intitulé : Gallery of portraits with memoirs. Il a été gravé par W. T. Fry, d’après le tableau original qui est au Louvre.


V


VOLTAIRE. — Il existe plus de cinq cents portraits de l’auteur de Zaïre et de l’Histoire de Louis XIV. Je ne citerai que les principaux ou ceux que j’ai eu l’occasion de voir. D’abord, le pastel de Latour, actuellement au musée de Saint-Quentin, gravé par Balechou et par Ficquet ; le tableau de Largillière, gravé par Tardieu et par Étienne Beisson. Le crayon de Cochin, gravé par Saint-Aubin, celui de Marillier, gravé par Ponce ; Tardieu, Miger, etc., ont gravé le portrait de Voltaire d’après le buste d’Houdon[9]. Mentionnons encore les découpures du peintre genevois Huber, lesquelles, au dire de Grimm, représentaient très-bien le poète. Voltaire, dans une lettre à Damilaville, lui recommandait comme très-ressemblante la gravure d’après le buste de Lemoyne[10].

La statue faite par Pigale est reléguée dans la bibliothèque de l’Institut. Elle ne méritait pas en effet d’être exposée aux regards du public. L’idée bizarre de représenter le Patriarche dans un état presque complet de nudité est d’un effet très-désagréable. Grimm remarque dans la Correspondance littéraire que Pigale ne savait pas draper.


W


WALPOLE (Horace). — Peint par le fameux J. Reynolds, gravé par J. Barlow.


WATELET. — Peint par Latour. Watelet a lui-même gravé. Diderot disait, à propos des estampes de sa composition qui ornent son poème intitulé : L’Art de peindre. « Si le poème m’appartenait, je couperais toutes les vignettes, je les mettrais sous des glaces et je jetterais le reste au feu[11]. »



  1. Lorsqu’on vante la supériorité des graveurs et des dessinateurs du dix-huitième siècle comparés ceux du dix-septième, il s’agit seulement du genre qui concerne l’illustration des ouvrages littéraires ; car si on entendait parler des portraits et des grandes planches destinées à reproduire les toiles des maîtres, il faudrait convenir que pour ce genre qui est, à tout prendre, le plus important, Morin, Nanteuil, Masson, Édelinck, les Audran, les Drevet n’ont pas été surpassés.
  2. Le frontispice de l’Encyclopédie a été dessiné par Cochin et gravé par Prévost.
  3. C’est le portrait qui sera placé en tête de la belle édition des Œuvres complètes de Diderot, publiée par MM. Garnier frères, avec le concours de M. Assézat.
  4. Salon de 1771.
  5. Voy. le Manuel de l’Amateur d’illustrations, par M. J. Sieurin.
  6. Sans doute le même dont il est parlé à l’article Diderot.
  7. Voy. le Reliquaire de Quentin de la Tour, par M. Desmazes.
  8. La manière noire ou mezzo-tinto a été inventée par Louis le Siegen, né en Hollande, en 1609. Il enseigna son procédé au prince Rupert qui le fit connaître en Angleterre. Les graveurs anglais l’ont, depuis, porté au degré de perfection dont il est susceptible.
  9. M. Viardot possède le buste en terre cuite, modelé par Houdon d’après nature, et qui a servi d’esquisse au sculpteur.
  10. M. Charles Blanc, dans son ouvrage intitulé : Le Trésor de la curiosité, signale un portrait de Voltaire, attribué à mademoiselle de Livry, à qui le poète adressa, quand elle fut devenue marquise de Gouvernet, la jolie épitre des Vous et des Tu. Le chevalier de Boufflers a fait, pendant son séjour en Suisse, le portrait de Voltaire jouant aux échecs. Il l’envoya à sa mère, la marquise de Boufflers, dans une lettre. « Cela, dit le chevalier, n’a ni force ni correction, parce que je l’ai fait à la hâte, à la lumière, et au travers des grimaces qu’il fait toujours quand on veut le peindre. »
  11. Nous savons, sans pourtant les avoir jamais rencontrés, qu’on pourrait trouver les portraits de quelques autres personnages cités dans ce volume tels que Condillac, d’Holbach, madame Geoffrin, Galiani, etc. Quant à ceux de mademoiselle Voland et des dames d’Holbach, nous croyons que malheureusement ils sont introuvables.