Tandis que les Chaldéens connaissaient si bien la vertu des étoiles, et qu’ils enseignaient, comme a fait depuis l’Almanach de Liége, quel jour il fallait se rogner les ongles, les anciens Persans n’étaient pas si habiles, mais ils adoraient un Dieu comme les Chaldéens, et révéraient dans le feu l’emblème de la Divinité.
Soit que ce culte leur ait été enseigné par un Zerdust, que les Grecs, qui changèrent tous les noms asiatiques, appelèrent longtemps après Zoroastre ; soit qu’il y ait eu plusieurs Zoroastres, soit qu’il n’y en ait eu aucun, toujours est-il certain que les Perses furent les premiers qui entretinrent le feu sacré, et qu’ils admirent un lieu de délices en faveur des justes, et un enfer pour les méchants, un bon principe qui était Dieu, et un mauvais principe dont nous est venu le diable. Ce mauvais principe, cet Arimane, ce Satan, n’était ni Dieu, ni coéternel avec Dieu ; mais enfin il existait. Et il était bien naturel d’admettre un mauvais principe, puisqu’il y a tant de mauvais effets.
Les Persans n’avaient d’abord ni autel ni temple ; ils n’en eurent que quand ils s’incorporèrent aux Babyloniens vaincus par eux ; ainsi que les Francs n’en eurent que quand ils eurent subjugué les Gaulois. Ces anciens Perses entretenaient seulement le feu sacré dans des antres écartés ; ils l’appelaient Vesta.
Ce culte passa longtemps après chez d’autres nations ; il s’introduisit à la fin jusque chez les Romains, qui prirent Vesta pour une déesse. Toutes les anciennes cérémonies sont presque fondées sur des méprises.
Lorsque les Perses conquirent le royaume de Babylone, la religion des vainqueurs se mêla avec celle des vaincus, et prévalut même beaucoup. Mais les Chaldéens restèrent toujours en possession de dire la bonne aventure.
Il est constant que les uns et les autres crurent l’immortalité de l’âme sans savoir mieux que nous ce que c’est que l’âme. Quand on n’en aurait pas des preuves dans le livre du Sadder[1], qui contient la doctrine des anciens Perses, il suffirait, pour en être convaincu, de jeter les yeux sur les ruines de Persépolis, dont nous avons plusieurs dessins très-exacts. On y voit des tombeaux dont sortent des têtes accompagnées chacune de deux ailes étendues ; elles prennent toutes leur vol vers le ciel.
De toutes les religions que nous avons jusqu’à présent parcourues, il n’y a que celle de la Chine qui n’admette pas l’immortalité de l’âme ; et remarquez que ces anciennes religions subsistent encore. Celle du gouvernement de la Chine s’est conservée dans toute son intégrité ; celle des brachmanes règne encore dans la presqu’île de l’Inde ; celle de Zoroastre ne s’est point démentie, quoique ceux qui la professent soient dispersés.
- ↑ Voyez tome XI, page 198 et suiv. ; et, plus loin, la troisième niaiserie, faisant partie de Un Chrétien contre six Juifs.