Dieu et patrie/08

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VIII


L’accueil que la douairière fit à sa fille fut tristement ému.

Ces longues années avaient changé l’une et l’autre ; une gêne en était venue, et leur conversation n’avait pas l’élan palpitant de l’intimité reconquise. Michelle vint heureusement amener la diversion de sa bonne volonté.

« Mère, venez. J’ai préparé votre chambre. »

Mme Carlet se leva ; elle voulut revoir la maison, retrouver son appartement, et elle eut une angoisse, en constatant combien le délabrement s’accentuait dans la pauvre maison, que nul n’entretenait, où, partout, filtraient des lierres envahisseurs, où les fenêtres, veuves de carreaux, étaient bouchées de vignes-vierges folles.

La nature reprenait ses droits au mépris des ouvrages temporaires de l’homme. Cependant, elle eut une joyeuse surprise en revoyant sa chambre. Les vitres brisées avaient été remplacées par des carrés de papier soigneusement collés ; des gerbes de plantes vertes inodorantes cachaient la vétusté des tentures ; un tapis, fait de lisières tricotées, couvrait la table ; des housses propres et bien reprisées dissimulaient la trame des fauteuils, et une jolie couverture en coton tissée artistement, à l’aide d’un petit crochet de fer, représentant des roses et des losanges, décorait le lit.

Mme Carlet tendit les bras à sa fille.

« Comme tu es habile, ma chère Michelle ! je te devine en tout cet arrangement. »

L’enfant eut un rire de joie avec des larmes d’attendrissement dans les yeux. Comme elle était payée de sa peine !

Elle se mit à ranger les bagages, aida à la toilette de nuit de sa mère, puis, comme Rosalie l’appelait d’en bas pour mettre les barres de fer aux portes et clore jusqu’au lendemain, elle partit en courant. La vieille servante et l’enfant, unissant leurs efforts, parvinrent, ainsi qu’elles le faisaient chaque soir, à faire glisser dans les rainures les lourdes traverses qui tenaient les volets, puis, Michelle, expansive et joyeuse, mit deux baisers sur les joues ridées de Rosalie, et se sauva enfin dans sa tour où, brisée de fatigue, elle s’endormit aussitôt sa prière faite.

Au matin, de bonne heure, comme d’habitude elle s’éveilla. Six heures ! Le soleil arrivait au sommet des grands tamaris ; il fallait sauter du lit, filer au jardin, cueillir les légumes, les fruits avant la chaleur, pendant que Rosalie préparait le déjeuner. Ce fut très vite accompli toute cette besogne, et quand la sonnette de la douairière vibra, le lait était chaud, le pain grillé. L’enfant prit le plateau, monta légèrement le grand escalier de pierre, et vint, ainsi qu’elle le faisait chaque jour, offrir le bonjour à son aïeule.

Mme de Caragny eut un sourire à l’entrée de sa petite-fille ; elle passa doucement sa main sur les joues fraîches de Michelle et, avec une profonde tristesse, peinte dans ses yeux enfoncés et rougis :

« Ma mignonne, dit-elle, assieds-toi un instant près de moi ; nous allons partager ce repas, veux-tu ? Et tu porteras le tien à ta mère.

— Grand’mère, buvez votre lait, je reviens du verger et j’ai déjeuné comme une princesse sous les figuiers. »

À ces mots dits gaiement, deux larmes coulèrent le long des rides de la douairière, qui, ne pouvant parler, prise d’émotion, d’un geste éloigna l’enfant.

« Ma fille, dit à son tour Mme Carlet, quand Michelle arriva chez elle avec son plateau, tu serais bien gentille de brosser ma robe, et puis, deux boutons manquent au corsage, recouds-les donc aussi ; dans la journée, eu t’amusant, tu devrais bien reborder ma jupe.

— Soyez sans crainte, mère, tout sera fait ; avez-vous bien dormi ?

— Assez peu, le changement m’a dérangée, mais je m’y ferai, il faut que je m’y fasse, mon Dieu ! Sais-tu Michelle comme je suis malheureuse ?

— Pourquoi mère ? Vous n’êtes pas malade, vous n’avez pas l’air très vieille non plus : grand’mère et Rosalie sont bien plus à plaindre que vous. Il ne faut pas vous faire du chagrin. Regardez comme il fait beau dehors, voulez-vous que je vous aide à vous habiller ; nous irions ensemble à l’église ?

— Je n’en aurais pas la force, je t’assure ; Il m’est impossible de me lever avant dix heures. Va prier pour moi, j’ai été éprouvée, si cruellement ! »

Elle retomba sur l’oreiller, les yeux vagues, repartie dans l’ancien temps où la richesse lui procurait toutes ses joies ; sans énergie, sans le rayonnement intérieur qui met en toute peine une consolation, la pauvre femme restait anéantie, et son épreuve à elle était en effet la plus dure, parce qu’elle n’avait pas dans l’âme, ainsi que sa mère et sa fille, la résignation chrétienne.

L’après-midi fut longue, une grande chaleur montait du sable doré des dunes. Rosalie somnolait sur sa chaise basse, son tricot immobile entre les mains ; la vieille douairière promenait un œil éteint sur la cour, aux pavés disjoints, enveloppés d’herbe ; Mme Carlet, qui avait trouvé un roman, à demi dévoré par les rats, le feuilletait, distraite, et Michelle, pieds nus, sa petite robe, relevée sur sa jupe de dessous, arrosait les salades dans les carrés déjà envahis d’ombre.

Soudain, toutes tressaillirent ; la cloche avait vibré énergiquement.

Et presqu’aussitôt la poterne s’ouvrait devant un étranger.

Très respectueux, il s’avança vers la marquise, son chapeau de paille à la main et s’inclinant :

« La marquise de Caragny, sans doute, » dit-il.

Et sur l’inclination sérieuse de la douairière, il reprit :

« Me ferez-vous l’honneur, Madame, de me laisser prendre d’ici une photographie de votre château ? Ce vieux puits au chapiteau couronné de plantes grasses, ce cloître à colonnes sont très remarquables. Je ne serai pas importun, quelques minutes seulement…

— Agissez, Monsieur, à votre loisir ; je ne reçois personne d’habitude, je vis isolée avec ma famille, mais puisque vous avez pris la peine de monter jusqu’à nous, vous pourrez juger d’une vue unique.

Rosalie, accompagnez Monsieur. »

Michelle avait reconnu de suite le promeneur de la veille, et un peu honteuse de son étrange tenue, elle avait hâtivement baissé sa jupe et lâché ses arrosoirs. L’étranger suivait la servante. En passant devant la jeune fille, il la salua profondément, comme s’il se fût incliné devant une reine déguisée.

Rosalie, tout à son rôle de cicérone, très alléchée par la pensée du pourboire, s’épandait en explications, mêlant les siècles et les rois : elle racontait l’histoire de Huc de Caverley, venant en Rance, avec ses navires, et luttant contre la France sous l’œil de Bertrand Duguesclin qui, du haut des remparts de Saint-Malo, admirait son ennemi.

Elle parlait du Prince Noir, d’Arthur de Bretagne, de Fernand de Rodays fondant Dinard : elle montrait la tourelle pointue de l’un et la villa de l’autre ; elle brouillait pas mal l’histoire avec un superbe aplomb, et lui écoutait gravement, interrogateur, quand elle venait à se taire, mais alors il changeait de sujet.

« Vous vivez ici toute l’année ? demandait-il, dans cette ruine où filtre le vent de mer, où le froid doit être terrible avec cette misère qui se lit sur vos murs ? Et la petite fée qui court le matin sur les bruyères, est-ce la fille de la marquise ou la vôtre ?

— La mienne, oh ! non, mais je l’aime tout comme. La petite Mouette est la fille de Mme Carlet.

— Qui est-ce Mme Carlet ?

— Cette dame là-bas, qui lit.

— Ah ! et la douairière est la grand-mère, je comprends. Alors, vous ne voyez jamais personne ?

— Ma foi non ; l’hiver, on est des semaines sans passer la poterne, le vent nous jetterait à la mer. Et sauf deux vieux amis de feu M. le marquis, qui habitent Saint Malo, on n’est guère dérangé.

— Quels sont ces deux vieux amis ?

M. de la Rochelandry et M. de Kermoël. Tous deux ne sont guère valides non plus.

— Enfin, comment faites-vous pour vous procurer le nécessaire ?

— Le dimanche, en revenant de la messe, je rapporte les provisions. »

Il s’étonnait. Il était donc possible de vivre ainsi ? Cette fleur sauvage, cette petite Mouette avait poussé dans ce rustique milieu, sans la moindre idée du confortable, sans une gâterie !

Cet intérieur respirait une profonde détresse, et il s’attendrissait à la pensée de la vaillance fière de ces femmes. Il se demandait par quel moyen aider, alléger le fardeau de cette jeune fille dont il devinait l’énergie souriante et dévouée. Et il le trouvait peut-être en son cœur, pendant que le soleil, à l’horizon, rougissait la mer, embrasant les vagues dans lesquelles il plongeait lentement ; que le vapeur de Jersey envoyait son panache de fumée dans l’air calme, et que la marée montait doucement, presque sans bruit. Déjà des chats-huants se répondaient au donjon…

Rosalie avait fini par reprendre le chemin de sa cuisine, laissant l’étranger à son admiration pour le splendide panorama de la baie, et lui, à présent, descendait à regret de son observatoire. La cour du château maintenant était déserte. La famille s’était réunie dans la vaste salle à manger au plafond voûté, aux boiseries gothiques et là, réunies autour d’une table en chêne massif où des galettes de blé noir fumaient auprès d’un pichet de cidre, les trois femmes causaient.

Le visiteur vit ce tableau par la porte ouverte et, appelant Rosalie :

« Prenez ceci, dit-il, mettant un louis dans la main de la Bretonne, et puis, voici ma carte pour votre maîtresse, veuillez-la lui remettre.

Il traversa la cour de son grand pas ferme, tandis que Rosalie s’acquittait de sa commission et, stupéfaite, à la lueur de la lampe, la vieille servante constatait la valeur de son pourboire.

« Ah ! Madame la marquise, c’est un louis qu’il m’a donné ! pour sûr il s’est trompé le bon Monsieur, il a cru m’offrir un franc.

— Peut-être ma fille, si tu courais l’appeler ? »

La bonne femme à ces mots fit une grimace pour deux raisons : courir et rendre cette jolie pièce, dont elle avait si grand besoin, et elle hésitait, combattue entre son honnêteté et son désir.

Pendant ce temps, la marquise passait la carte, que ses yeux ne pouvaient lire, à sa fille, et celle-ci lisait tout haut :

« Comte Hans Harfeld, colonel aux cuirassiers blancs. »

« Un Allemand, » remarqua la marquise. Ce titre, à l’époque où nous sommes, ne soulevait pas encore d’antipathie primesautière.

Cependant, Rosalie avait gagné la poterne ; là, elle appelait, et bientôt la haute silhouette de l’inconnu se dessina dans le carré de ciel découpé par la porte ouverte. Il revenait vers le château, précédé de la servante et celle-ci, riante et presque alerte, s’écriait sur le seuil :

« Savez-vous, Madame la marquise, il ne s’est pas du tout trompé, pas du tout, c’était pour moi le louis ! Et à présent voilà-t-il pas que c’est la grande marée ce soir, que le passage est tout couvert d’eau et que pour rentrer chez lui il va falloir qu’il fasse trois lieues ou attendre quatre heures sur l’îlot.

— En effet, c’est la grande marée d’équinoxe : si pauvres que nous soyons, refuser l’hospitalité à ce voyageur que la Providence oblige à rester notre hôte, serait inadmissible ; prie-le d’entrer, ma fille. »

Mme Carlet s’empressa de bonne grâce, une distraction quelconque la sortant d’elle-même était toujours la bienvenue.

« Veuillez partager notre très modeste souper, Monsieur, dit-elle, vous êtes prisonnier, le menu sera en rapport avec la situation. »

Le comte entra sans se faire prier, un sourire éclairait sa physionomie.

« Vraiment, Madame, je suis indiscret, et j’aurais subi, sans que vous le sachiez, les conséquences de ma distraction, en restant sur vos rochers, sans l’extrême insistance de votre bonne. J’aurais passé une partie de la nuit sous vos fenêtres, comme jadis le faisaient les trouvères et les bardes bretons. »

On s’était rangé pour faire place au nouveau venu ; de très bon cœur, la servante avait remis un couvert. Elle était allée chercher un peu de viande froide destinée au lendemain, et la douairière, honteuse de sa misère et du peu de ressources de sa pauvre table, expliquait par signes à Michelle, qu’elle devait descendre à la cave, y trouver quelque errante bouteille de vin.

L’enfant comprit et se leva ; mais l’étranger, sans en avoir l’air, avait remarqué ce manège :

« Mademoiselle, dit-il, ne vous dérangez plus, je suis extrêmement heureux de l’honneur que Madame votre mère veut bien me faire en m’admettant à sa table de famille ; mais je suis un demi-anachorète. Je ne bois jamais de vin et mange à peine le soir. Une de ces délicieuses galettes, le plat national breton, me causera un infini plaisir.»

La marquise n’insista pas ; elle comprit la délicate intention du comte, étouffa un soupir et offrit à son hôte la mince rondelle grise, légèrement couverte de beurre.

Et il mangea lentement ce mets simple, sans songer à en apprécier les qualités, tout occupé du milieu où le hasard l’avait jeté, observant cette famille, dont il devinait les douleurs, la rongeante plaie. Ses yeux, habitués à la vue de toutes les élégances, de toutes les richesses des somptueuses demeures, trouvaient un charme puissant et inédit à se reposer sur ce visage candide de Michelle, à détailler la perfection de cette nature simple et droite, où le convenu, l’appris, l’imité, n’avaient pas imprimé sa griffe. Et il plaçait près de lui, par la pensée, cette naïve enfant dans la haute et superbe salle à manger de son château de Rantzein. Il trouvait un charme infini à l’écouter, à voir ses neuves impressions de non blasée.

La petite avait très faim ; ses dents menues s’imprimaient dans l’épaisse pâle brune des galettes et il avait une envie folle de trouver, lui aussi, ce mets succulent, mais sans pouvoir y parvenir.

« Ah ! Madame, dit-il à la marquise, très sincère, très ému, combien vous êtes bonne d’accueillir ainsi un étranger ! Je ne suis même pas Français.

— Qu’importe, tous les chrétiens sont frères. Je suis allée moi-même fort jeune en votre pays. C’était pendant l’émigration et nous étions attirés, mes parents et moi, à Coblentz, par une alliance assez lointaine entre une de Carigny et un de Walstein. L’almanach de Gotha en fait mention.

— Je suis moi-même, Madame, cousin des Walstein. »

Un éclair de joie brilla dans les yeux ternes de la vieille marquise. Elle se retrouvait donc dans son monde. Elle allait pouvoir parler blason et généalogie. Ah ! sa famille allait de pair avec les rois : aux croisades, un de Caragny combattait près de saint Louis. Un autre avait suivi Jeanne d’Arc au sacre de Charles VII. Le vicomte, son beau-frère, avait porté sa tête sur l’échafaud en 1793. Et de son côté à elle, quelle lignée pure : les Kernavalo, les hardis marins, toujours en lutte avec les Anglais, les héros bretons royalistes et chrétiens, qui avaient tous versé leur sang pour Dieu et pour le roi. Elle montrait sur une large chevalière leur écu symbolique : une barque de sable sur champ d’azur avec au chef une étoile d’or.

La soirée s’achevait paisible, nul ne la trouvait longue. Et personne même ne songeait à observer si la marée rendait le passage possible. La douairière et le comte Hartfeld avaient retrouvé des relations communes dans le coin au souvenir, et la vieille marquise, rajeunie, joyeuse, parlait, s’animait, comme jadis, au beau temps, où elle brillait à la cour.

Michelle, d’abord intéressée, avait fini par appuyer sa tête au dossier de sa chaise ; malgré elle, ses paupières avaient glissé sur ses yeux ; l’invincible lassitude de sa journée de travail actif, venait vaincre la volonté, réclamer son droit au repos. À présent, le souffle égal qui passait entre ses lèvres exhalait le calme du rêve.

Les trois causeurs échangèrent un sourire en regardant l’enfant, et comme Mme Carlet avait un geste pour éveiller sa fille, le comte la prévint.

« Non, par grâce, laissez au bon sommeil sa douceur : rien n’est joli comme ce repos confiant. Je vais partir, Madame, vous dire au revoir, vous me permettrez, j’espère, de venir vous saluer avant de quitter vos grèves.

— Bien volontiers. »

Et il s’en alla à regret, l’âme retenue en arrière par un puissant aimant.

Très peu d’eau restait encore sur la jetée. Il se mouilla à peine. La nuit superbe et tiède le ravissait. La lune montrait ses cornes derrière les remparts de Saint-Malo, et il trouvait, en ce tableau merveilleux, la poésie d’une inconnue songerie.

Hans Hartfeld n’avait jamais encore pensé au mariage. Au sortir du lycée parisien, son père l’avait incorporé dans une Ecole militaire allemande. Là, il avait appris l’art de la guerre, absorbé par des travaux stratégiques, naturellement porté aux luttes guerrières, enthousiasmé des progrès de son pays en cet air sanguinaire. Habitué de la cour, il n’avait jamais eu la connaissance des mœurs simples. Il vivait, depuis la mort de ses parents, tantôt dans ses garnisons, tantôt dans son magnifique château de Rantzein, qu’entretenait avec un luxe princier sa sœur Edvig. Cette sœur aînée avait renoncé au mariage pour garder son autorité de femme libre, indépendante, sans maître.

Elle tenait la maison de son frère avec la perfection d’une créature supérieure par l’intelligence et assez dénuée de cœur pour n’avoir aucune pitié, aucune complaisance pour les subalternes, et être irréprochablement servie.

Hans aimait sa sœur sincèrement, mais un peu craintivement, et s’il ne s’était pas marié, lui non plus, c’était par peur d’amener en la demeure filiale, une rivale, en tous cas une associée.

Edvig aimait extrêmement Hans, le traitant toujours en petit frère, le dorlotant, le soignant, le commandant au besoin. Et lui toujours cédait, tel un gros chien de terre-neuve cède aux fantaisies d’un roquet. Quand il était las d’ailleurs de la vie de famille, il reprenait le chemin de Berlin, où l’accueil pour lui était toujours gracieux à la cour comme à la ville.

Cette fois, il avait pris le train, après une légère querelle. Edvig avait tenu à chasser un garde que protégeait Hans, et qui plaisait au frère, justement pour la même cause qu’il restait antipathique à la sœur. Cet homme avait pitié parfois des pauvres, ramasseurs de bois, qui erraient affamés et glacés pendant les durs hivers sur les terres de Rantzein. Il savait fermer les yeux quand la dévastation n’était pas sensible, et tout récemment Mlle Hartfeld venait de le prendre en faute et de le congédier.

Cet homme, chargé de famille, avait été supplier le comte de lui pardonner, de le garder encore à son service et Hans touché, bon naturellement, mais faible et sans autorité devant l’absolue volonté de sa sœur, avait préféré fuir les ennuis domestiques, semer au vent du voyage l’embarras de refuser l’un ou de lutter avec l’autre. Alors il était parti pour la France où l’appelait son cousin le prince Alexis Rosarof, oubliant dans la nouveauté du séjour à l’étranger, le souci des vaines querelles, avec une force supérieure à la sienne.