Discussion:Épilogue des Poésies fugitives

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Voici une autre version de ce poème :


Lorsque je serai mort, oh ! je vous en convie,
Si vous vous rappelez une heure de ma vie,
Amis, où d’amitié j’aie oublié la loi, —
                  Oubliez-moi.

Mais si quelqu’un de vous, entonnant ma louange,
Vient à dire : Il n’est plus, celui dont l’âme étrange
Parfois pour consoler avait des mots si doux, —
                  Souvenez-vous.

Si l’on vous dit : C’était un bizarre égoïste,
Un damné misanthrope, un pédagogue triste,
Pas plus qu’en son génie, en quelque autre il n’eut foi, —
                  Oubliez-moi.

Mais s’il en est un seul qui, creusant mon histoire,
Vous dise : Ô mes amis, respectons sa mémoire :
Quand nous avions raison, se moquait-il de nous ? —
                  Souvenez-vous.

Si jamais quelque Hamlet, heurtant mes os livides,
Dit : Hélas ! Yorick, pauvre crâne aux yeux vides !
Tu sonnais toujours creux quand on frappait sur toi, —
                  Oubliez-moi.

Si quelque autre, arrêtant le pied qui me condamne,
Dit : Vous ne savez pas ce qui fut dans ce crâne,
Dieu cache la sagesse aux cervelles des fous. —
                  Souvenez-vous.

Si l’on vous dit : Ici repose un homme impie
Qui là-bas, en enfer, dans les tourments expie
Les hommages cafards qu’il rendait à son roi, —
                  Oubliez-moi.

Mais si quelqu’un de vous se lève et dit : Mensonges !
Il croyait au grand Dieu qu’il voyait dans ses songes.
Et quand il était seul, il priait à genoux, —
                  Souvenez-vous.