Discussion:La Femme de Roland

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Informations sur l’édition de La Femme de Roland

Édition : Henry Kistemaeckers, 1882


Source : IA


Contributeur(s) :


Niveau d’avancement : À valider


Remarques :


Relu et corrigé par : *j*jac


Critiques[modifier]

Paris Moderne [1][modifier]

Pierre Elzéar. La Femme de Roland. (Kistemaeckers). — Suzanne, l’héroïne du récit, un ancien modèle qui, après avoir été la maîtresse, est devenue la femme du vieux peintre Jacques Roland, est une Phèdre inconsciente et fougueuse pour qui n’existent pas les sentiments d’honneur et de devoir, et qui ne sait que suivre ses fauves instincts. — « Je ne connais ni le bien ni le mal, dit-elle à son amant. On ne m’a pas appris ces choses. Je sais seulement que je suis à vous toute entière... Tu parles de notre infamie ? Voilà de bien grands mots. Nous étions attirés l’un vers l’autre depuis longtemps déjà... Je t’aime, c’est mon seule devoir et ma seule vertu. » — Le caractère, on le voit, ne manque pas d’une sauvage beauté.

Un autre type curieusement fouillé, c’est celui du père Ephrem, le Vieux raté, le peintre impuissant et envieux qui bave sur tout, salit tout et profite de la bonté de son vieil ami pour le torturer lâchement. Il y a surtout un trait horrible. Roland vient de perdre la vue : — « Tu t’es donc décidé à venir, dit Jacques avec un peu de reproche... » Et il tendit la main avec le geste flottant et inquiet de l’aveugle. Ephrem, les mains dans ses poches, regardait cette main tremblante qui s’agitait dans le vide : « Qu’est-ce que tu cherches ? Ma main... Ah ! très bien. »

On lit avec beaucoup d’intérêt ce drame intime très mouvementé et fort bien écrit. Dans la même collection ont paru dernièrement les deux belles et fortes oeuvres de Lemonnier, le Mâle et le Mort, et plus récemment à Vau l’eau, de J.-K. Huysmans.

Le Rappel 01/02/1882 [2][modifier]

La Femme de Roland, de M. Pierre Elzéard, ne vise à aucune démonstration philosophique ou sociale, à moins qu’on ne veuille trouver une thèse dans cette idée : qu’il est dangereux pour un peintre d’épouser son modèle. Roland a en effet épousé une admirable créature qu’il reproduit dans tous ses tableaux. Suzanne en veut, elle, à cet homme qui ne l’a choisie que pour sa beauté, qui l’admire dans sa chair, sans se préoccuper de savoir si elle a une âme ? L’habitude d’exposer son beau corps aux libres caresses de la lumière, a-t-elle développé dans les sens, dans l’esprit de Suzanne une fièvre, un besoin de caresse qui la fait haleter après l’adultère ?

Voilà des questions auxquelles l’auteur ne réponds pas. Le petit livre est plutôt une nouvelle qu’un roman. Roland trompé par sa femme et par un ami qu’il destine à sa fille, découvre la vérité. Les deux adultères se tuent, et cette simplification du dénouement permet à Roland de recommencer un autre rêve ; sa fille aimera un autre ami ; lui n’aimera plus ses modèles.

Il y a la facture d’un auteur dramatique dans cette nouvelle. Le sujet prêtait à de grands développements. Si l’auteur nous les a refusés, pourquoi lui en faire un reproche ? Il vaut mieux compter ce qu’il nous donne, comme démonstration des qualités d’énergie, de précision, et aussi d’agencement qu’il exploitera sans doute, à notre profit, dans un grand roman.

Beaumarchais : journal satirique, littéraire et financier [3][modifier]

Le second ouvrage édité par Kistemaeckers est par sa nature absolument opposé au précédent. Du plus pur naturalisme, nous tombons en plein dans l'école romantique. La Femme de Roland, par Pierre Elzéar, est en effet un drame d'adultère, une étude passionnée, avec de singulières analyses du tempérament hystérique fémi- nin. Ce récit donne l'impression de la scène, avec son dialogue martelé et ses péripéties dramatiques. C'est qu'en effet l'auteur, M. Pierre Elzéar, a produit surtout pour le théâtre. L'ouvrage est curieux et se recommande par son cachet littéraire.