Discussion:Le Mariage d’un sous-préfet
- à vérifier sur une autre édition :
- D’ailleurs, pour tout revenu, sa place.
Éditions[modifier]
Titre et éditions | ||||
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1884 : | Le Mariage d’un sous-préfet | Roman | Internet Archive | Calmann Lévy, éditeur |
1924 : | Le Mariage d’un sous-préfet. | Gallica | dans La Lanterne, du 20 août au 7 septembre 1924 |
Critiques…[modifier]
- La Revue politique et littéraire : revue des cours littéraires. [1]
Est-ce bien Claude Vignon qui nous raconte cette histoire terrible, le Mariage d’un sous-préfet [1] ? Claude Vignon en personne. Comment son pinceau aimable, habitué aux couleurs tendre, a-t-il consenti à se plonger dans le pot au noir ? Enfin, que voulez-vous ? il s’y est plongé, voilà le fait. Et c’est ainsi que nous avons sous les yeux cette toile sombre en un élégant cadre doré, un drame du temps de Borgia enchâssé dans nos mœurs modernes. Claude Vignon, tout le premier, est presque effrayé de son œuvre. Lui, le peintre des familles, avoir fait ce tableau qu’il faudra enfermer au musée secret, car il scandaliserait et instruirait prématurément les jeunes personnes ! C’est ainsi. Il a été tenté par un sujet dramatique, plein de terreur et plein d’horreur, sujet qu’il n’a pas imaginé, sujet réel autant que lugubre, et la tentation a été trop forte. Pourquoi la fatalité l’a-t-elle rendu témoin de ce drame ? Pourquoi était-il sur le siège de la chaise de poste tandis qu’à l’intérieur cette jeune fille, endormie par un narcotique, a été victime d’une bête fauve, le mari de sa sœur ? Pourquoi était-il dans ce cabinet de toilette quand la malheureuse, altérée de vengeance, broyait le poison des Borgia ? Il a vu tout cela et il nous le raconte, comme entraîné par une force irrésistible. Et nous frémissons en voyant les apprêts fatals de cette jeune Borgia ou de cette jeune Cenci, si vous aimez mieux, car son aventure rappelle à la fois la tragédie des Cenci et la tragédie des Borgia. Le frère, la bête fauve, le monstre, va donc boire ce breuvage vengeur. Le narcotique expié par le poison, c’est justice. À la bonne heure, voilà une action corsée ! Eh bien non, le poison ne sera pas bu. Mlle Cenci ne sera pas Mlle Borgia. Tandis qu’elle préparait la potion, le monstre s’est suicidé tout à coup pour éviter le scandale qu’allait faire éclater un autre détournement de mineure -- avec celle-là, il n’y a pas eu besoin de narcotique -- constaté flagrante delicto. Déception pour nous, en somme, doux monsieur Claude Vignon qui menacez d’être terrible et ne pouvez vous résoudre à l’être. Oui, vous nous mettez l’eau à la bouche, et puis, plus rien !
Mais le sous-préfet dans tout ceci ? Le sous-préfet ? il est là uniquement pour épouser, quand le rideau tombera, Mlle Cenci, et il l’épouse effectivement. -- Le drame finissait en vaudeville : il fallait que le vaudeville eût son inévitable mariage à la scène finale ; il l’a grâce à ce sous-préfet accomodant, perdu jusque-là parmi les comparses et qui s’avance alors, la bouche en coeur, un bouquet à la main, tandis que l’orchestre joue le vieil air : Gai, gai, marions-nous ! Il entamait un autre vieil air, cet orchestre : Il faut des époux assortis ; mais Mlle Cenci lui a jeté un coup d’oeil sévère. Cette plaisanterie lui semblait mauvaise, et au sous-préfet aussi. Ah ! pauvre sous-préfet ! Qu’on évite de parler devant lui des chaises de poste !
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9742058f/f248.item
- Le Radical 29 juillet 1884 [2]
LES LIVRES
LE MARIAGE D'UN SOUS-PRÉFET, par Claude Vignon. (Chez Calmann Lévy.)
C'est une très curieuse et très scabreuse aventure que celle que nous conte Mme Claude Vignon dans le Mariage d'un sous-préfet, et le récit est empreint d'une telle sincérité, il renferme des détails d'une telle précision, qu'on est bien forcé de croire, après l'avoir lu, que « c'est arrivé ».
Une dame Contadini, qui dirige une importante maison de commerce dans une sous-préfecture maritime, a deux filles, dont l'une, Lucie, est mariée à M. Justin Carvejols, associé de sa belle-mère ; l'autre, la cadette, Mlle Laure Contadini, a été confiée à l'une de ses tantes, supérieure d'un couvent. L'époque est venue où cette jeune fille doit quitter ce couvent et faire ce qu'on appelle son entrée dans le monde. Mme Contadini et son gendre s'apprêtent à aller chercher Laure ; mais un accident survient qui empêche la mère de partir, et c'est le gendre seul qui fait le voyage. Il en profite pour abuser de sa belle-sœur, pour la violer.
La malheureuse fille s'efforce de cacher sa honte et sa grossesse ; mais sa sœur, qui est enceinte également, puis sa mère découvrant le secret, l'ignominieuse flétrissure, et les trois femmes se concertent pour éviter tout esclandre et se séparer de Carvejol.
La situation d'autant plus difficile que toute la fortune de la famille est entre les mains de celui-ci. Mais Carvejol, qui est décidément un bien vilain homme, est impliqué dans une affaire de détournement de mineure, et, pour échapper à une infamante condamnation, il n'a qu'un moyen, c'est de se tuer. Tel est, du reste, le conseil que lui donne un de ses amis, le sous préfet de l'endroit, qui doit épouser Lucie et tient à toucher en espèces sonnantes les cinq cent mille francs de la dot.
Pour ne pas prolonger outre mesure cette analyse, j'ai omis maintes circonstances qui ajoutent à l'intérêt de cette histoire. Mais lisez-la : c'est une des plus émouvantes que Mme Claude Vignon.
- Journal des débats politiques et littéraires 8 juin 1884 [3]
- Le Pays : journal des volontés de la France, 1er juillet 1884 [4]
Revue littéraire
Librairie Calmann Lévy
Le mariage d'un sous préfet, par Claude Vignon. — On sait que le pseudonyme de Claude Vignon cache le nom d'une femme politique mariée à l'un des personnages les plus marquants de la troisième République. Mme Vignon est une artiste dans le grand sens du mot. En littérature elle a pris une place distinguée due à l'originalité de son esprit, à ses aptitudes multiples, à l'importance de la situation qu'elle a conquise dans le monde politique. Dans le Mariage d'un sous-préfet l'auteur nous raconte un drame des plus sombres, une véritable histoire de cour d'assises, si épouvantable qu'on la croirait empruntée au temps les plus barbares. Il paraît cependant que c'est dans la réalité que l'écrivain a puisé les éléments de son récit. Une œuvre littéraire de Mme Claude Vignon ne passe jamais inaperçue. La lecteur lira avec intérêt et aussi avec curiosité le Mariage d'un sous-préfet tant pour ses brillantes qualités de forme que pour les faits qu'il révèle avec une intensité dramatique des plus émouvantes.
- L’intransigeant [5]
C’est à la réalité même qu’ont été empruntés les éléments du nouveau roman mis en vente par la librairie Calmann-Lévy, sous ce titre : le Mariage d’un Sous-Préfet. On n’en peut douter en voyant la vie intense qui anime chacun de ses personnages. Et cependant les péripéties de cette émouvante histoire rappellent un véritable drame du temps des Borgia, enchâssé dans nos mœurs modernes : seul, le cadre social a changé.
Le Mariage d’un sous-préfet, par Claude Vignon. (Paris, Lévy, 305 pages in-18, 3 fr. 50.) — Ceci est un drame sombre et mouvementé. Une jeune fille a été victime d’un fait prévu par l’article 332, commis par son beau-frère ; sa famille parvient à cacher le crime et à la marier. Plus tard, le mari, un sous-préfet, est amené, par un concours de circonstances développées avec talent dans le roman, à forcer le coupable à se suicider, et la vie ordinaire et calme reprend son cours sans que le mari ait jamais appris le crime. Le plus terrible attrait de cette histoire est qu’elle est vraie, nous dit l’auteur.
Mme Claude Vignon a joint à ce drame une nouvelle humoristique intitulée : la Statue d’Apollon, relatant la passion ressentie par une grande dame pour un bellâtre qu’elle suppose poète, mais qui n’est qu’un vulgaire baladin.
En somme, le livre est intéressant, il tient la promesse faite par le nom de l’auteur, toujours aussi habile de la plume que de l’ébauchoir.
Iseult, par Judith Gautier. (Marpon, in-18, 2 francs.)
De l’hydrorrhée et de sa valeur séméiologique, par Mlle Marie V. Coutzarida, docteur en médecine. (Paris, impr. Davy, 93 pages in-S.)
Petite Marie, par Mme Henriette Large. (Paris, Delhomme, 314 pages in-18, 2 francs.)
Excursion d’une Française dans la régence de Tunis, par Pierre Cœur. (Paris, Dreyfous, 273 pages in-18, 2 francs.)
Voyage autour du bonheur, par Daniel Darc. (Marpon, 3 fr. 30.)
Jésus aux petits enfants, plaintes et complaisances, par Mme la marquise de V. (Paris, Gruel, 98 pages in-32, 1 fr. 30.)
Chansonnettes géographiques des départements, par Mme veuve Irion. (Paris, l’auteur, rue Saint-Louis en rite, 32, 00 pages in-12, 1 franc.)
Histoires chevaleresques, par Raoul de Navery. (Dela- grave, 304 pages in-8°, 2 francs.)
Le Sphinx aux perles, par Gustave Haller. (Lévy, in-18, 3 fr. 30.)
Un Homme délicat, par Gyp. (Lévy, in-18, 3 fr. 30.)
Canifs et Contrats, par Daniel Darc. (Paris, Ollendorff, 301 pages in-18, 3 fr. 30.)
Just Lherminier, par Paria-Korigan. (Ollendorff, 297 pages in-18, 3 fr. 30.)
Un Coin de Bretagne pendant la révolution, par Mme Audouin de Pompéry. (Lemerpe, 2 xml.)
Jeanne Duhourg, par Mme Noirot. (Dentu.)
Un Crime, par Henry Gréville. (Plon.)
Les Chants de l’armée du salut, par Catherine Booth. (Paris, 187, quai de Valmy, 100 pages in-32, 20 cen times.)
La Perle du Trièves, légende dauphinoise, par Louise Drevet, libraire, 14, rue La Fayette, à Grenoble. (312 pages in-8", 1 franc.)
Ma Première Gerbe, poésies spéciales pour la diction, par Mlle A. Montaudry. (Marseille, Bérard, Camoin 190 pages in-12, 1 fr. 30.)
- ↑ Le Mariage d’un sous-préfet, par Claude Vignon. -- 1 vol. Paris, 1884. Calmann Lévy.