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Discussion:Miss Mousqueterr

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Informations sur l’édition de Miss Mousqueterr

Édition : Boivin et Cie, Paris, 1908


Source : Gallica


Contributeur(s) : JLTB34


Niveau d’avancement : Relu et corrigé


Remarques :


Relu et corrigé par :



Critiques[modifier]

  • Le Correspondant : revue mensuelle : religion, philosophie, politique… [1]

Miss Mousqueterr, par Paul d'Ivoi, 1 vol. gr. in- 8°, illustré par Louis Bombled de 115 grav. en noir et en couleurs. Relié toile, tranches dorées, plaque couleurs. Prix 12 fr.

Un mystère d'apparence impénétrable, une lutte angoissante de la science intelligente contre les multitudes barbares, la gaieté de la toute charmante miss Mousqueterr, la verve déductive du Parisien Max Soleil assureront le succès de cet ouvrage. Le dialogue vif, alerte, tout à coup, se hausse à l'héroïsme. Ce que l'on ne saurait rendre, c'est la variété, le chatoiement des aventures, marque toute personnelle du talent de Paul d'Ivoi.

L'illustration de Bombled pare et commente le livre. Le crayon de l'artiste fixe de façon inoubliable les traits des comiques, des héros, gracieuses jeunes filles, barbares pittoresques, combats épiques, incidents hilarants, font de ce récit presque du théâtre.

  • Revue des lectures 1928 [2]

Nos 195 et 196. Paul d'IVOI, Miss Mousqueterr, suivi de Vers la lumière. Ces deux volumes, publiés/autrefois dans Le Journal des voyages, ne méritent aucune espèce d'attention;

L'auteur admet qu'il n'y a plus rien après la mort et professe un vague panthéisme. Les aventures et le style n'ont rien qui puisse faire regretter de ne pouvoir lire ces deux livres.

  • Les annales politiques et littéraires [3]

Paul d'Ivoi est un Jules Verne perfectionné. Parmi tous les auteurs de voyages excentriques, il tient la corde, il y danse même. Son nom seul évoque pour toi le souvenir de l'extravagant Lavarède et de ses cinq sous, non moins célèbres, désormais, que ceux du Juif Errant. Cette année, il t'offre la suite de sa dernière œuvre : le Maître du Drapeau Bleu. Certes, elle est mêlée à de bien périlleuses et affolantes aventures cette gentille Miss Mousqueterr dont le nom sert de panache à ce gros livre, drame à la Sherlock Holmès, touffu, violent, terrifiant même, où s'enchevêtrent sans confusion une tentative d'émancipation des Jaunes, la Révolution russe, les découvertes actuelles... et futures de la science et les aventures personnelles de deux malheureuses : jeunes femmes persécutées. Des Masques Jaunes les poursuivent, ces pauvrettes, par les plus diaboliques armes de l'électricité et du magnétisme; mais un jeune écrivain français, aidé de miss Mousqueterr, sait les rendre à la raison, à la liberté, à la vie, au bonheur.

  • L'Aurore : littéraire, artistique, sociale [4]

Miss Mousqueterr et le Roi du Revolver

(ROMANS NOUVEAUX)

Un crocodile à l'oeil malin sort des boues du fleuve, la gueule ouverte et sa magnifique dentition excessivement manifeste. Il guigne évidemment le pied du nègre qui, tout près de lui, ne le voit pas : et comment ce nègre s'aviserait-il qu'un saurien veut se l'assimiler ? Il est tout absorbé à regarder au fond, entre deux cocotiers, la négresse objet de sa flamme qui l'appelle d'un mouchoir agité par la brise du l'amour. Qu'adviendra-t-il ? La force de l'amour arrachera-t-elle le nègre au saurien, en motivant chez lui un retour rapide sur l'objet aimé ? Le point d'interrogation se dresse dans l'esprit des lecteurs, et la petite feuille s'achète ; les midinettes veulent savoir ce qu'il adviendra de ce nègre, avant d'envelopper leur déjeuner dans le récit de ses aventures. Ponson du Terrail, père de Rocambolo, Assolant, inventeur des tigres Garamagrif et Louison, étaient des enfants ; leurs romans, par la simplicité de l'un et malgré la narquoiserie de l'autre, ressemblent aux nouveaux romans feuilletons, comme les bisons de l'homme des cavernes ressemblent aux bisons terribles du Journal des Voyages, comme une statue éginétique a une bonne photographie. M. Paul d'Ivoi les met dans sa poche avec une prudence simple qui tient du prodige. C'est un maître. Evidemment, les Parnassiens l'élaguent et les symbolistes le boudent. Les naturalistes font leur réserve. Quand il passe près des poètes, ceux-ci bouclent leur tour d'ivoire, et les veristes s'apprêtent à le considérer comme un curieux document humain, rien de plus. Cela ne l'empêche pas d'avoir un public nombreux, idolâtre, tous ceux qui veulent savoir si le nègre sera mangé. Des légions d'ames naïves le proclament l'empereur de la fiction. Comparez à la Société les recettes des Burgraves et celles des Corbeaux à celles des Cinq Sous de Lararède. Les lettrés ne tiennent pas le coup.

C'est que M. Paul d'Ivoi n'est pas seulement le conteur ému, le touriste jovial, le dramaturge à la poigne fer, que son éditeur admire, ainsi que les trottins naïfs, c'est un sociologue. Ah ! que bien plus que M. Drumont il mérite les palmes de ce titre. La guerre sino-japonaise n'a point passé inaperçue devant ses yeux d'aigle. Cousinant nettement avec Gustave Flaubert que hante le péril jaune, M. d'Ivoi s'en saisit et, si l'on peut dire, le clarifie. Les échantillons des peuplades qui défilent dans Michel Strogoff, devant l'émir russophole et le traître Ogareff, deviennent sous sa plume, des peuples et des sectes. Les associations commerciales et politiques chinoises, indiquées par Ular, il les revêt de cette toute-puissance mystérieuse dont les diacres revêtent les francs-maçons. Tout-puissants, ces gens sont sans scrupule, et les défilés des montagnes, les montagnes elles-mêmes, la mer, le désert, s'envolent en éclats et en cyclones sous la pression de douces mains féminines qui s'affolent de terribles commutateurs. Appuyé sur une forte bande dans le Yunnam, maître d'Hanoi, portant au-devant de ses armées des ambassadeurs d'Europe ampaillés, son maître du monde doit être déja à Samarkhande, et demain une nouvelle invention, un maniement nouveau de l'électricité conquis par des scélératesses, inédites, il apparaîtra eu chair; en os, et en armée dans Péterhof au général Dadiouline idiotisé. Et alors que fera-t-il ? Le point d'interrogation se pose encore, comme toujours ! Que fera l'armée de réserve de M. Paul d'Ivoi. Quittera-t-elle ses cantonnements de Canton, dessèchera-t-elle la mer pour aller embêter le Yankee ! Point d'interrogation ?

Aussi apprenant par la voie des annonces que M. d'Ivoi donnait la publication d'un roman intitulé Miss Mousqueterr, je pensais qu'une Anglaise y allait faire du d'Artagnan et du Cyrano, avec les jaunes. Et voyez comme cet art est logique, cette Anglaise s'appelle Violett (prononcez, dit M. d'Ivoi, Vaïolet). Elle refuse tous les aspirants à de jolies mains, longues, fines, aux ongles roses !

Au second chapitre intitulé : « En- trée en scene d'un vieux journal », elle lit :

Singulier cas de folie double le mystère
de Marseille.
Sont-ce des nihilistes ? L'obscurité
s'épaissir.

Ce n'est point un quatrain ? C'est an point d'interrogation ; l'obscurité s'épaissira, mais déjà, l'image qui précède le texte comme le toutou l'aveugle, comme la carte de visite le visiteur, l'image nous montre les masques faunes, ainsi nommés sans doute, parce qu'ils ont l'air d'être des Hindous et qu'ils n'ont pas de masques. Ils ont des cordes, ils vont ligotter quelqu'un. Qui ? Point d'interrogation ? Quelque duchesse, sans doute, Mme de la Roche-Sonnailles, peut-être ? Point d'interrogation. Nous, cela nous est égal, mais cette anxiété légitime est du bon furfurol pour les lectrices ingénues.

« Dans une autre note, mais une esthétique pareille, nous verrons éclore le Roi du Revolver. Que fera-t-il ? Point d'interrogation angoissant ; sans doute, il fera du Conan Doyle, comme Conan Doyle fit de l'Edgar Poe. Ainsi les belles oeuvres vont à l'effilochage. De ce que ce génial Poe s'amusa en deux ou trois contes à faire de l'horreur, parce qu'il voulut tenter le Yankee fermé aux beautés du Corbeau ou du Coeur révélateur par les jolies anecdotes de Dupin, une nuée, de gens dévalisent la procédé. Il faut, dit-on, que tout te monde vive ; d'accord, mais pourquoi recommencer les belles choses. dans un patois flamboyant.

Je ne blâmerai point spécialement soit M. d'Ivoi, maître du péril jaune, ou M. Le Faure, créateur du Roi du Revolver, mais la bande de tous ces feuilletonnistes populaires qui vivent, les uns, sur la peau du vieux Dumas et de ses collaborateurs, les autres, sur Eugène Sue, ou Soulié, ou Assolant, qui font du Kipling, bête, du Poe, indigent, et amalgament le Gaboriau exotique, le Paul de Kock jaune et le Montépin supra-terrestre, dans une sauce Jules Verne. D'une belle idée du passé et de sottises anciennes, ils extraient une marmelade sirupeuse et vinaigrée que le peuple gobe. Il serait bon que nos amis, qui, après les heures de travail savent lire les chefs-d'oeuvre, à qui Stendhal et Zola sont familiers, qui écoutent dans les Universités populaires les savants et les lettrés, fassent campagne dans leurs milieux, contre ces marchands de toxiques, et expliquent aux naïfs combien on les berne, en leur retapant du vieux-neuf en aventures nauséabondes, par la vertu de la suite au prochain numéro, du point d'interrogation, et du toujours de plus fort en plus fort, comme chez Nicolet, qui fut un illustre bateleur. Assez de littérature foraine et de ses masques jaunes, et de flics penseurs nuance Eurêka.

GUSTAVE KAHN.