Discussion:Pauline

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Différences RDDM 1839 /Calmann Lévy 1881[modifier]

  • ame / âme, long-temps / longtemps, passeport / passe-port, enfans /enfants, chuchotter/chuchoter, boulevart/boulevard …
  • Le postillon vint lui dire/répondre fort lentement…
  • l’atelage/ attelage qui venait de conduire la malle-poste/patache fût un peu rafraîchi
  • tandis que ses valets préférèrent/préféraient s’enfermer et dormir dans la berline
  • La voyageuse essaya vainement de dormir/s’assoupir.
  • jusqu’à ce qu’enfin une pensée dominante s’établit/s’établît à leur

place.

  • Chaque piéton marchait avec son fallot/falot … … couvrefeu / couvre-feu
  • et elle essaya de s’assoupir / s’endormir
  • tremblottante / tremblotante
  • Elle tressaillit alors, passa la main sur ses yeux appesantis, ramassa un bout de branche embrasée pour examiner les caractères, et la / le laissa retomber en s’écriant d’une voix émue
  • Oh/Ah ! dame ! c’est que Baptiste est sourd à ne pas entendre le canon
  • J’ai fait un long/ détour
  • N’a-t-elle pas cessé tout à coup de m’écrire, en apprenant le parti que j’ai/j’avais pris ?
  • elle vit s’éveiller les bourgeois en classiques bonnets de coton … … elle vit arriver au marché les fermiers en manteaux bleus
  • Chacune de ces circonstances insignifiantes faisait battre le cœur de la voyageuse ; /quoique tout lui semblait/semblât horriblement laid et pauvre.
  • — Eh quoi ! disait-elle, j’ai pu vivre ici deux ans, deux ans/quatre ans entiers sans mourir !
  • Elle y est. / — Elle y est.
  • La voyageuse éprouva une sensation/émotion
  • les plus/ pures scènes de sa jeunesse
  • la glace dont le cadre en chêne sculpté/ avait été doré jadis
  • La salle, vaste et basse, offrait à l’œil une profondeur terne qui n’était /pourtant pas sans charme.
  • sur un morceau de baptiste / batiste
  • Ô/Oh ! mon Dieu ! dit-elle, tu as cru que je te méprisais, que je rougissais de toi ?/! moi qui t’ai conservé toujours une si haute estime, moi qui savais si bien que dans aucune situation de la vie il n’était possible à une ame/âme comme la tienne de se dégrader/s’égarer !
  • Quand on est si loin de toute amitié, si seule, si triste, toute démarche difficile semble/devient impossible. On s’observe, on se craint soi-même, et on/l’on se suicide dans la peur qu’on a/ de se laisser mourir.
  • Cependant, lorsqu’au coup de midi l’aveugle s’éveilla, Pauline savait déjà/ toute la vie de Laurence
  • Lavallée a des préventions/prétentions exagérées

Critiques[modifier]

Une autre esquisse, intitulée Pauline, est, par certains côtés, une étude à la manière de Balzac, une page des scènes de la vie de province. L’ineptie et la moisissure intellectuelle de quelques petites villes y sont décrites avec beaucoup de vérité.

Pauline, une demi-vieille fille, qui vit tristement confinée dans un de ces trous de province avec sa mère infirme et aveugle, s’était autrefois liée d’amitié avec une sous-maîtresse de son pensionnat, nommée Laurence. Depuis, elles se sont perdues de vue.

La sous-maîtresse est allée à Paris, a étudié le théâtre, et est devenue une belle et intelligente actrice. Succès, richesse, hommages, gloire, tout lui est venu à la fois.

Un jour, ou plutôt une nuit, les hasards de sa vie nomade, un postillon sourd qui se trompe de route, la ramènent dans la petite ville où végète Pauline. La mère et la fille, que la renommée a instruites de la brillante et étrange métamorphose du sort de Laurence, se sentent, en vraies provinciales, attirées et effrayées tout à la fois par la curiosité qu’excite en elles la nouvelle situation de leur ancienne amie.

« La fille, tout en frémissant à l’idée des pompes mondaines où son amie s’était jetée, avait souvent ressenti, peut-être à son insu, des élans de curiosité pour ce monde inconnu, plein de terreurs et de prestiges, où ses principes lui défendaient de porter un seul regard. En voyant Laurence, en admirant sa beauté, sa grâce, ses manières tantôt nobles comme celles d’une reine de théâtre, tantôt libres et enjouées comme celles d’un enfant (car l’artiste aimée du public est comme un enfant à qui l’univers sert de famille), elle sentait éclore en elie quelque chose qui tenait le milieu entre l’admiration et, la crainte, entre la tendresse et l’envie. Quant a l’aveugle, elle était instinctivement captivée et comme vivifiée parle beau son de cette voix, par la pureté de ce langage, par l’animation de cette causerie intelligente, colorée et profondément naturelle, qui caractérise les vrais artistes et ceux du théâtre particulièrement.

L’arrivée de l’actrice fait émeute à Saint-Front. Toutes les dames de l’endroit grillent de la voir ; leur curiosité l’emporte sur leur bégueulerie. Elles se hasardent une à une, comme les grenouilles hors du marécage pour aller contempler le soliveau, et viennent adroitement, par hasard, faire visite chez la mère de Pauline, où Laurence est descendue.

On chuchote à l’oreille. « Est-il bien vrai qu’elle soit l’amie et la protégée de mademoiselle Mars ? – On dit qu’elle a un si grand succès à Paris! Croyez-vous bien que ce soit possible ? Il parait que les plus célèbres auteurs font des pièces pour elle. – Peut-être exagère-t-on beaucoup tout cela ? Lui avez-vous parlé ? - Lui parlez-vous ? » etc.

Ce qui les frappe et les intimide, c’est l’aisance parfaite de Laurence, ce ton de bonne compagnie qu’on ne s’attend guère, en province, à trouver chez une comédienne, même illustre.

« Laurence souriait en elle-même du trouble où elle jetait tous ces petits esprits, qui étaient venus à l’insu les uns des autres, chacun croyant être le seul assez hardi pour s’amuser des inconvenances d’une bohémienne, et qui se trouvaient là honteux et embarrassés chacun de la présence des autres, et plus encore du désappointement d’avoir à envier ce qu’il était venu persifler, humilier peut-être Toutes ces femmes se tenaient d’un côté du salon comme un régiment en déroute, et de l’autre côté, entourée de Pauline, de sa mère, et de quelques hommes de bon sens qui ne craignaient pas de causer respectueusement avec elle, Laurence siégeait comme une reine affable qui sourit à son peuple et le tient à distance. »

Après qu’elle a quitté Saint-Front, le sillon lumineux laissé par cette courte apparition dans l’obscure existence de Pauline lui en fait apercevoir toute la tristesse; et bientôt son ennui va jusqu’au désespoir. Sa mère meurt. Laurence fait venir Pauline à Paris, où elle a su se faire, au milieu d’un monde d’intrigue et de corruption, une vie paisible et intelligente, une vie de famille avec sa mère et sa sœur.

Pour résumer le reste en deux mots, un journaliste, Montgenays, reçu chez Laurence et qui veut se faire aimer d’elle, simule de l’amour pour Pauline, qui, peu habituée aux manèges du monde, se prend à ce piège. Laurence s’en aperçoit, essaye de la sauver, – et se fait deux ennemis.

Tels sont les principaux linéaments de cette courte esquisse. – On y voit figurer aussi un vieux comédien, La Vallée, homme d’esprit, de bon sens et d expérience, qui aide Laurence à rompre cette intrigue, ou, du moins, à faire en sorte qu’elle ne continue pas dans sa maison.