Discussion:Une vie

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Articles de journaux

Le Temps 27 avril 1883

Le style de George Sand et l’auteur d’Une Vie.[1]

Je trouvais hier dans un article d’un très remarquable écrivain, un nouveau venu, M. Guy de Maupassant, qui vient de donner sous ce titre Une Vie un des livres les plus profonds et les plus fermes, dans leur simplicité, que nous ayons pu lire depuis longtemps, je rencontrais dans une étude sur les Femmes de lettres une opinion qui me semble être sur George Sand celle de la jeune école littéraire :

« Le Beau littéraire n’est point, dit M. de Maupassant, ce que la femme cherche. La première des femmes-écrivains, George Sand, ne semble jamais avoir été effleurée par ce mal étrange, par cette torture des artistes que travaille l’amour, l’appétit, la rage du style. » Non, elle n’a pas besoin de se torturer pour arriver à ces pages émues et vibrantes…

Le Temps 13 mai 1883

[2]

Le Mouvement littéraire

Romans -- Publications géographiques

Commençons cette revue par le livre de M. Guy de Maupassant. L’auteur est un jeune homme. Une Vie est son premier roman, et signaler les talents nouveaux est le meilleur plaisir que puisse donner un travail du genre de ces courtes notices.

M. de Maupassant est né sous une étoile heureuse ; il n’a pas lutté contre l’obscurité ; le patronage de Flaubert, son parent, a entouré sa jeunesse d’amis qui se sont chargés de sa réputation ; il n’a eu qu’à produire pour être connu. Il a commencé par un volume de vers, exercice d’un homme bien doué où s’annonçait un tempérament de styliste plus qu’une vocation de poète ; puis sont venues des nouvelles qui, par sa faute, à cause du choix malséant des sujets, n’ont point eu le public que les qualités qu’il y montrait auraient mérité. Ceux dont le métier est de tout lire y voyaient éclore un artiste remarquable que l’on connaîtra dans Une Vie.

Ce n’est pas que ce roman soit encore un de ceux qu’il me serait agréable de voir entre les mains d’une personne à la fraîcheur d’imagination de laquelle je m’intéresserais. Il est deux scènes que j’en voudrais enlever. Elles n’ont été faites ni par recherche du scandale ni par goût du scabreux, M. de Maupassant est un écrivain d’une autre volée : il les a crues nécessaires ; il en est au moins une qui l’est en effet, mais, si décemment qu’il les ait traitées, elles ne sont pas assez décentes encore. Ce sont les entrepreneurs de pornographie qui essayent de présenter le dédain calcule de toute convenance comme une récente conquête de la littérature française. Ils ne l’ont pas enrichie pour cela d’une bonne page de plus. M. de Maupassant a trop d’étoffe pour supporter longtemps que ces industriels en quête de pavillons à couvrir leur marchandise aient quelque apparence de raison pour joindre son nom à ceux dont ils se recommandent.

Triste vie que la vie qu’il raconte. Après trente pages jolies comme une jolie matinée de mai ou comme un printemps de jeune fille, Jeanne entre dans le malheur par la porte du mariage et elle n’en sort plus. Tout lui ment, tout la fait souffrir et pleurer. Son mari la trompe, ses amies la trompent ; elle découvre que son père, qu’elle adore, a agi en son tepms comme son mari, et que sa mère, qu’elle n’aime pas moins, a fait jadis comme ses amies. Son honnêteté ne trouve aucune autre honnêteté auprès de laquelle elle puisse se reconforter. Son fils, sur qui repose ses dernières espérances, qui est devenu son unique joie, l’abandonne pour suivre une fille. Tout ce qu’elle aime la trahit. On sort du livre sous une impression affreuse.

Flaubert a été un des bons écrivains de notre temps. Son style sobre et fort ne porte point la marque de ces influences de mode qui vieillissent si vite ceux qui les ont subies ; il restera toujours jeune. Le style de M. de Maupassant est de la même famille ; aucune des manières en faveur aujourd’hui n’y a laissé de trace ; point de couleurs surchargées, point d’adjectifs voyants, point de néologismes destinés à raviver l’attention endormie du lecteur, point d’archaïsmes non plus. C’est le style d’un écrivain qui sent bien toute la saveur de notre langue et qui n’a pas à se torturer pour la rendre expressive. Il choisit ses mots, il ne les recherche point ; et il lui suffit qu’ils soient justes pour obtenir une phrase sonore et un coloris harmonieux. Cette belle simplicité si sûre d’elle-même donne un grand charme à ses descriptions ; ce n’est pas lui qui, craignant de ne pas représenter suffisamment un tableau, s’acharnera sur les détails de longues pages durant ; quelques traits caractéristiques vivement saisis et fortement exprimés lui suffisent ; puis il passe, certain d’avoir ému. Il a des paysages de quelques lignes qui font songer à Tourguéneff.

Ce qui pèche dans Une Vie, c’est la composition. Quel a été le dessein de l’auteur ? N’en a-t-il pas eu ? Le titre exprime-t-il vraiment tout ce qu’il a voulu faire, raconter une vie ? Il n’y a point d’oeuvre d’art dans une pensée maîtresse dont elle est le développement. Qu’est-ce que cela prouve, une vie ? Pourquoi celle-là plutôt qu’une autre ? Pour- quoi en avoir commencé le récit alors que l’héroïne a dix-huit ans et pourquoi ne pas l’avoir poussée jusqu’à sa mort ? J’imagine que M. de Maupassant ne s’est pas contenté de si peu, il a voulu montrer les dangers des mariages rapides tels qu’on les bâcle trop souvent : la jeune fille et le jeune homme se connaissant à peine, deux âmes ignorées l’une de l’autre et qui se découvrent alors qu’il est trop tard pour se séparer. Mais, du moment qu’il y a une pensée maîtresse dans un roman, il y a aussi une logique qui doit y ramener chacune des parties. Parmi les misères de Jeanne, il en est qui ne découlent pas nécessairement de son mariage. Elles font longueur.

Autre chose m’inquiète. Quelques qualités qu’il y ait dans Une Vie, M. de Maupassant est supérieur à cette œuvre ; il fera mieux encore certainement mais, sous ces promesses en fleur, je crois voir poindre un ver qui gâterait ce talent. Nous sommes d’un pays où Molière n’a pas été de l’Académie, mais où deux ou trois écrivains ont été de l’Académie pour avoir commenté Molière. Nous sentons mal le sérieux des choses contemporaines. Nous avons en ce moment des philosophes qui vont étudier le pessimisme en Allemagne, en Angleterre, en Italie et même aux Indes ; aucun d’eux ne s’avise de l’étudier en France, quand c’est le mal qui nous ronge depuis vingt-cinq ans. La forme qu’il y a pris est la pire de toutes ; cherchez dans la plupart des romanciers de la nouvelle école leur pensée intime sur l’homme et sur la vie, vous trouverez un sentiment intense de la médiocrité humaine, une conviction à tout instant sensible que la vie est vaine et mauvaise.

Le persiflage d’un Schopenhauer, la révolte d’un Leopardi, sont encore des modes de l’énergie. Nos pessimistes ne se révoltent même plus : ils acceptent cette médiocrité et cette vanité et ils s’y complaisent. Monsieur de Maupassant, s’il en est temps encore, par un légitime orgueil pour votre talent, défendez-vous comme d’une peste de cette triste façon de voir. C’est elle qui a empêché Flaubert de se renouveler, et c’est elle qui frappe M. Zola d’incapacité psychologique. Pourquoi votre tableau est-il si violemment poussé au noir ? Qu’est-ce que cet esprit de dénigrement qui souffle en certaines pages ? Le mal vous gagne-t-il ? Le jour où vous en serez atteint, croyez-le bien, c’en sera fait du romancier que l’on attend de vous. La moitié du monde vous deviendra inintelligible, pour ne pas dire le monde tout entier ; vous aurez aliéné votre liberté d’esprit ; un parti pris vous dénaturera la réalité ; inconsciemment vous ne chercherez plus la vérité, mais des preuves pour un système. Le pessimisme ramène toutes les actions humaines à deux principes : l’égoïsme et la lâcheté ; cela est beaucoup trop simple pour expliquer la société qui est si complexe, et ce n’est pas avec cela qu’un écrivain qui veut faire vivre des personnages reconstituera les caractères qui s’y meuvent. Concevez-vous Shakespeare ou Balzac pessimistes, qu’auraient ils fait ? Rien n’est infécond comme l’hypocondrie. Tous les grands créateurs ont été des cœurs généreux, des imaginations facilement échauffées, plus portés à l’enthousiasme qui grandit les choses qu’au dénigrement qui les rapetisse, et c’est parce qu’ils avaient le cœur chaud qu’ils ont senti ce qu’il y a de noble en nous aussi bien que ce qu’il y a de bas, et que l’âme humaine n’a pas eu de secrets pour eux.


Un secret instinct incline les écrivains vers des sujets appropriés à leur façon d’écrire. La force du style de M. de Maupassant est dans la justesse de l’expression ; il choisira plus volontiers des sujets dont il peut observer avec exactitude tous les détails. Le style de M. Cherbullez est très compliqué, et il se plaira aux types exotiques, aux cas rares où ce style est mieux à l’aise que dans les sujets de la vie courante…

Paul Bourde

Polybiblion janvier 1884

Revue bibliographique universelle [3]

On a jeté la pierre à la maison Hachette, parce qu’elle n’a pas voulu introduire Une Vie dans sa Bibliothèque des chemins de fer. Au risque de passer pour un sot, parmi les pornographes, j’estime que les directeurs de la maison Hachette ont bien agi. Il n’y a, en effet, que les entrepreneurs de pornographie qui essayent de présenter le dédain calculé de toute convenance comme une des plus brillantes conquêtes de la littérature française contemporaine. Or, dans Une Vie, sans parler de plusieurs tableaux libertins, il existe deux scènes complaisamment et longuement pimentées d’ingrédients pornographiques. Je dis aussi que la scène odieuse et absolument invraisemblable, dans laquelle l’abbé Tolbiac écrase à coups de pied, sous un prétexte de morale ridiculement étroite et inhumainement farouche, une pauvre chienne au moment où elle met bas ses petits, ne peut comporter aucune excuse. Car, dans sa préméditation calculée, elle est de nature à inspirer la haine du prêtre. C’est avec des pages semblables qu’aux heures de Révolution les fusilleurs d’évêques et de moines bourrent leurs chassepots. Bien entendu que M. Guy de Maupassant, qui, dit-on, professe des idées politiques modérées, n’a pas porté ses vues si loin, en écrivant Une Vie. Il n’en reste pas moins acquis, que ce livre est fort dangereux, d’autant plus dangereux qu’il témoigne d’un remarquable talent, et contient même des pages ravissantes. C’est l’histoire d’une jeune fille, Jeanne de Lamarre, appartenant à l’aristocratie terrienne de la Haute-Normandie. Après une jeunesse heureuse et calme comme une matinée de mai, Jeanne entre dans le malheur par la porte du mariage et n’en sort plus. Trompée par son mari, par ses amies, par ses domestiques, elle découvre petit à petit que son père a trompé sa mère et que sa mère elle-même n’a pas été à l’abri de tout reproche. Dès lors, le découragement, le scepticisme, l’indifférence s’emparent de cette âme faible, et elle n’essaie même plus de réagir. Son mari meurt, victime d’une horrible vengeance. Il lui reste un fils mais ce jeune homme, élevé sans religion, s’abandonne à tous ses mauvais penchants, ruine presque sa mère et la quitte pour suivre une fille. Telle est Une Vie. Sa lecture produit l’impression désolante et désolée que produirait un chapitre de Schopenhauer ou de Léopardi, chantant le désespoir ou prêchant l’anéantissement. Du pessimisme et du plus affreux mis en roman ! On n’en peut louer que le style, qui est vraiment d’un maître ? Pourquoi faut-il que l’écrivain à qui Dieu a donné une si belle intelligence en fasse un si déplorable usage ?

Le Gaulois 10/04/1883

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k524596h/f1.image

Aujourd’hui paraît, chez Havard, le roman de notre collaborateur M. de Maupassant, Une Vie.

Ce livre nouveau ne peut manquer d’avoir le grand succès qu’ont eu les œuvres précédentes du conteur hors pair, dont nos lecteurs ont pu apprécier la vigueur de style et la force de pensée.

Le Figaro 12/04/1883

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2785364/f1.image

M. Guy de Maupassant vient de publier, chez Victor Havard, un roman des plus intéressants, une étude très approfondie, intitulé : Une Vie.

Le succès très justifié de l’œuvre ne s’est pas fait attendre, car elle en est déjà à sa troisième édition.

Nous reparlerons d’ailleurs, dans notre Revue Bibliographique, de ce roman qui aura certainement une importance dans la vie littéraire de M. de Maupassant.


Le Figaro 20/04/1883

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k278544q/f3.image

Une Vie, le roman de M. Guy de Maupassant, vient d’être refusé par la maison Hachette qui possède le monopole de la vente des livres dans les gares.

Surpris de cette décision inattendue, l’écrivain s’est immédiatement concerté avec plusieurs de ses confrères, qui s’étaient vus également exclus des bibliothèques des lignes ; et une note a été rédigée, qui va être remise incessamment à la Chambre des députés.

Un très grand nombre de signatures sont déjà apposées sur cette pétition, dont voici le texte.

Nous n’avons pas à prendre parti, actuellement. dans cette querelle.

Messieurs les députés,

Les hommes de lettres soussignés viennent vous exposer une situation qu’ils estiment préjudiciable à leurs intérêts et même dangereuse pour ceux du gouvernement, et ils viennent protester devant vous contre le monopole de la vente des livres et des journaux dans les gares, cédé exclusivement à la maison Hachette par les grandes Compagnies de chemins de fer.

Cette situation est tellement anormale que des plaintes incessantes s’élèvent.

Voici les faits :

Comme on le sait, l’État, jusqu’à ces dernières années, se considérant comme le tuteur moral des Français, exerçait un contrôle sur le colportage ; et, par suite d’un raisonnement peu logique ; les livres vendus dans les gares étaient assimilés à ceux que les marchands ambulants promènent dans les villages et soumis à la même formalité du timbre officiel.

La maison Hachette, concessionnaire du droit de vente dans toutes les gares, jouait un rôle purement passif d’intermédiaire et ne pouvait exposer à ses étalages que des ouvrages munis du visa de l’État. Ce visa constituait le « laissez-passer » ; et les vendeurs distribuaient immédiatement à leurs employés des lignes le roman marqué du timbre ; ils gardaient comme commission un droit de 40 0/0.

Or, cette tutelle morale du gouvernement amena tant de réclamations, d’indignations, de révoltes, de railleries et d’attaques que la République, comprenant mieux son rôle que les pouvoirs précédents, y renonça.

Toute la presse cria « victoire ».

Alors, une chose surprenante eut lieu. La maison Hachette qui détenait le droit excessif et abusif de vente dans toutes les gares de France, quittant le rôle d’intermédiaire passif qui pouvait seul faire tolérer cet exorbitant monopole, rétablit à son profit l’ancien visa, l’ancien veto.

Elle reprit l’idée abandonnée par l’État comme odieuse et ridicule, et jugeant en péril la conscience des voyageurs, estimant que la moralité des trains ne se trouvait plus sauvegardée, elle nomma dans ses bureaux une sorte d’agent des mœurs chargé de veiller à ce qu’aucun voyageur ne pût se procurer un livre dangereux.

Donc, dès qu’un homme, muni de son billet, qui devient alors une sorte de billet de confession, a franchi le seuil des salles d’attente, il ne se peut plus procurer que les livres et les journaux spéciaux qu’il convient à la maison Hachette de lui fournir.

S’il plaisait demain à cette maison de ne vendre plus que l’Univers ou que la Lanterne, les voyageurs en seraient réduits à ces deux journaux. C’est là, pour les voyageurs d’abord, une situation absolument intolérable qui les prive systématiquement des livres qu’ils peuvent désirer au profit d’ouvrages ou de feuilles qui peuvent devenir, en certains moments, des armes de propagande soit politique, soit religieuse. Il importe pour nous tous qui voyageons chaque jour, que les gares conservent absolument leur caractère de lieu public, comme une rue, et que nous y puissions trouver, sans exception, toutes les œuvres qui conviennent à nos goûts différents, à nos croyances, à nos opinions, sans en être réduits aux bibliothèques choisies et épurées par un employé quelconque.

À d’autres points de vue encore cette situation est condamnable.

Au point de vue des auteurs, elle les classe en deux catégories, bons et mauvais, reprenant cette idée enfantine de la moralité dans l’art, sauvegardant le plus souvent la conscience du lecteur au profit du faux goût et de la sottise, abétissant par la morale, abrutissant par l’honnêteté puérile et niaise.

Faut-il répéter la phrase de Flaubert? « Il faudrait s’entendre sur cette question : « La moralité dans l’art », ce qui est beau est moral ; voilà tout, selon moi. La poésie comme le soleil, met de l’or sur le fumier. Tant pis pour ceux qui ne le voient pas. »

Est-ce l’employé de M. Hachette qui distinguera un livre d’art comme Mlle de Maupin d’un livre imbécile et pieux ? Auquel des des deux donnera-t-il son visa ?

Au point de vue de l’influence secrète que peut donner ce monopole, la situation est plus grave encore.

Admettons un moment que la maison Hachette soit animée de tendances contraires au gouvernement, quel qu’il soit.

Qu’arrivera-t-il ?

En temps ordinaire, elle exercera, malgré et contre le gouvernement, une influence considérable, par le choix imposé des lectures, sur les centaines de mille voyageurs qui parcourent la France chaque jour.

Dans beaucoup de petites villes il n’existe point d’autre librairie que celle des gares. Ces villes seront soumises à la même influence.

En temps d’élections, elle pourrait favoriser exclusivement les journaux de son opinion, arrêter la vente des autres, quitte à renvoyer le lendemain comme rebuts les exemplaires dissimulés et non vendus ; elle exercerait donc encore une influence formidable, décisive, sans effort, sans action visible, sans pouvoir être dévoilée ou inquiétée.

Le ferait-elle ? Peut-être non. Mais quel est l’homme qui, disposant d’une pareille force, ne l’emploierait point au profit de ses idées politiques et de ses convictions religieuses.

La maison Hachette emploie bien son influence contre certains hommes de lettres, pourquoi ne le ferait-elle pas, en un moment de crise, contre certains hommes politiques ?

Au simple point de vue du monopole, d’un monopole exorbitant établi sur toute la France, cette situation est condamnable sans même qu’il soit besoin de discuter.

Nous venons donc vous demander, messieurs les Députés, au nom de la simple liberté, de la liberté de pensée, que ce monopole soit détruit ; que les gares redeviennent des lieux publics non assujettis à un contrôle moral quelconque, afin que nous puissions, nous, voyageurs, y trouver les publications qui conviendront à nos goûts ; afin que nous puissions, nous, auteurs, y être vendus comme partout sans distinction et sans catégories.

Le Figaro 25/04/1883

[4]


REVUE BIBLIOGRAPHIQUE LITTÉRATURE. ROMANS


Informations sur l’édition

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Informations sur l’édition de Une vie

Édition : Ollendorf, Paris, 1901


Source : Gallica


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