Discussion Auteur:Claire Brunne

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  • Caroline Marbouty ou la 'fausse position' de la femme auteur [1]
  • Les mille et une positions de Mme Marbouty : sociomécanique d’un écrivain femme sous la Monarchie de Juillet Annette Smith [2]
  • Jean Stern, Une amie de Balzac, Mme Marbouty (1925) pas Domaine Public
  • Delphine Pion, De la femme supérieure à la dixième muse, les fausses positions d’une femme auteur, Caroline Marbouty, La Littérature en bas-bleus. Romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet (1815-1848)
  • Michelet La Femme, a propos du livre Une fausse position
  • Une fausse position ne serait pas que la réponse au roman de Balzac, La Muse du département qui aurait notamment pour modèle Caroline. [3] mais un livre féministe (Annette Smith)
  • Les Pseudonymes du jour
  • George Sand, sur notamment le recueil Ande De Spola Correspondance_1812-1876,_2/1843/CCXXIV
  • George Sand, 1835, Correspondance_1812-1876,_1/1835/CXXVI sur la demande de rencontre
  • Variété [4], Gazette anecdotique, littéraire, artistique et…
  • Jolis contes vrais, pub [5]
  • Maurice Serval, Une amie de Balzac [6], [7] et pour Servaldata bnf
  • Deux éditions de la fausse position et autres infos [8]

Critiques[modifier]

  • [9] par le marquis de Saint-Ciran, dans La Tribune dramatique, en 1843
  • Ange De Spola [10] dans la revue indépendante
  • [11] dans l'intransigeant
  • [12] Gazette anecdotique, publication inédite de mémoire de Calire Brunne sur Balzac…

Article du Figaro[modifier]

  • Claire Brunne, Boîte aux Lettres, Figaro, 15 juillet 1883 [13]

13 Juillet 1883

Monsieur l’Archiviste du Théâtre-Français,

Les quelques lignes que vous m’avez consacrées dans la nomenclature des femmes restées, auteurs au Théâtre-Français — sont, à la fois, insuffisantes et incomplètes ! D’abord, et avant tout, vous faites erreur, sur mon nom patrimonique. Je ne me nomme pas Claire. Je signe, il est vrai :

— C. Brune, au théâtre,

— et Claire Brunne, aux romans,

mais, ces noms fantaisistes, sont des pseudonymes, destinés à cacher mes noms propres.

La Protectrice, est entièrement de moi seule. Je puis le prouver par des actes. Souvestre était absent le jour de la 1re représentation ; le directeur cru devoir le nommer avec moi, il n’avait fait que lire la pièce, au comité, et surveiller les répétitions — choses exigées alors, pour les auteurs femmes inconnues, les sociétaires du Théâtre-Français ne l’ignorent pas. ils peuvent en témoigner.

Cette petite pièce (la Protectrice) eut un succès réel. Si elle n’a point été reprise depuis longtemps, malgré ses droits acquis au répertoire et aussi par le nombre de représentations qu’elle eut alors, c’est que Mesdames Mantes et Doze, MM. Régnier et Monrose, les quatre grands acteurs de cette petite pièce, ont disparu du théâtre.

En outre, je suis encore l’auteur d’une Chaîne. Cette pièce de moi, acceptée par Scribe, pour la donner au Théâtre-Français, a été jouée, pour la première fois, pendant une de mes absences de Paris.

À mon retour, apprenant que le nom de Scribe avait seul été donné au public, je fus m’en expliquer.

Je trouvai Scribe confus, honteux, presque humilié de ce qui était arrivé. C’était mon droit d’être nommée avec lui Il le reconnaissait, il avait eu la main forcée ! Il en était fâché ; il avait cédé à des influences ! — Ses amis, disait-il, voyant le grand succès de cette pièce, l’ont exigé de lui. — Le directeur lui-même, l’a voulu ; il en a fait une question d'orgueil littéraire ; établissant qu’ayant signé seul toutes mes autres pièces du Théâtre-Français, il devais à lui-même, à ses œuvres, de conserver cette position.

Mais la raison la plus puissante, ajouta-t-il, celle qui l’avait déterminé, c’est que Mme X. (en rapport depuis longtemps avec lui avant leur mariage) lui en avait fait la loi !  !  ! Ne voulant pas, disait-elle, qu’un nom de femme, autre que le sien, parût en public à côté de Scribe. — Elle avait, pour cela, groupé toutes , les influences de son entourage, et de celui de Scribe, dans ses intérêts.

Les scrupules de Scribe, auteur, ne tenaient pas beaucoup ! Il s’y arrêtait peu. Sa position était trop forte pour n’être pas franc avec moi. Il pouvait impunément imposer ses intérets, il y manquait rarement ! Enfant gâté de la Fortune, il pouvait tout oser. « En fait, me disait-il), le tort fait est-il réel ? Vous cachez votre nom — et vos talents — vous voulez rester ignorée… le principal vous reste ; voilà quatre mille francs qu’on m’apporte des premières représentations, il vous en revient la moitié et chaque fois je ferai votre part comme la mienne.

Pouvais-je l’attaquer ? J’étais sa collaboratrice pour d’autres œuvres ? Je puis prouver que j’ai longtemps travaillé avec lui, que je l’aidais : la Calomnie, Genevra, des ballets, Une Chaîne, une autre pièce (Trois Ambitieux) aujourd’hui à l’Odéon et que depuis trop longtemps je ne puis parvenir à faire représenter.

Je me suis contentée d’établir mes droits violés à notre Société des Auteurs dramatiques et MM. les sociétaires du théâtre d’alors en ont eu connaissance ; ils peuvent attester le fait.

Qu’on lise mes ouvrages, on y reconnaîtra facilement les facultés dramatiques que Scribe appréciait en moi. Quelques-uns de nos grands auteurs l’ont reconnu aussi en prenant, pour leurs propres ouvrages, dans mes créations, des sujets, des scènes, des faits ou des caractères.

Peu de temps avant la mort si imprévue de Scribe, je le rencontrais sur le boulevard des Italiens — il descendait — je montais — nous nous abordâmes et causâmes assez longtemps (ce qui était plus rare depuis son mariage). Je me suis occupé de vous hier (me dit-il), j’ai réglé nos comptes d’une Chaîne, je vous redois 11, 000 francs, à tout événement je l’ai déclaré par écrit, dans un billet placé dans mon bureau. Si je ne vous l’envoie pas, c’est que la pièce se joue encore—que l’année n’est pas close—que mon temps est pris—comme toujours (ajoutai-je), en nous séparant amicalement ? Car personne n’était aussi bon que Scribe ! Peu de jours après, il était mort.

Je n’ai jamais reçu ni touché les 11, 000 fr. laissés pour moi, dans son bureau.

Claire Brune