Discussion Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/239

Le contenu de la page n’est pas pris en charge dans d’autres langues.
La bibliothèque libre.

235 Vieille dame a un but à atteindre, elle nʹy va pas par quatre chemins. Lʹacte finissait, et il y eut un remiie-ménage général dans la loge Tout ù coup, Newland Archer se sentit amené à une action décisive. Son désir dʹêtre le premier à entrer dans la .loge de Mrs Welland, de proclamer publiquement ses fian- çailles avec May, et de la soutenir au milieu des difficultés, quelles quʹelles fussent, où la situation compromise de sa cou- sine pouvait la jeter, mit fin dʹun seul coup à ses scrupules et à ses hésitations. Il se leva, et par le corridor circulaire gagna lʹ autre coté de la salle. En entrant dans la loge de Mrs Mingott, il rencontra le regard de Miss Welland, et vit quʹelle avait immédiatement deviné pourquoi il était venu. La réserve que tous deux considé- raient comme une si haute vertu ne permit pas à la jeune fille de formuler sa pensée ; mais le fait même quʹils se comprenaient sans mot dire, elle et Archer, les rapprocha plus quʹaucune explication nʹ aurait pu le faire. Le jeune homme lisait dans ses yeux clairs : «Vous voyez pourquoi maman mʹa amenée ce soir, » et elle devinait dans les siens la réponse : « Pour rien au monde, je nʹaurais voulu que vous ne fussiez pas venue » - Je crois que vous connaissez ma nièce, la comtesse Olenska dit Mrs Welland, en serrant la main de son futur gendre Archer salua ; Ellen Olenska inclina légèrenient la tête sans lui tendre la main gantée de clair, dans laquelle elle tenait son éventail de plumes dʹaigle. Ayant adressé ses hommages à Mrs Lovell Mingott, une dame épanouie harnachée de satin craquant, Archer sʹassit près de May, et lui dit à voix basse : - J ʹespère que vous avez dit à Mme Olenska que nous sommes fiancés. Je veux que tout le monde le sache. Voulez-vous mʹau- toriser a lʹannoncer au bal ce soir ? Miss Welland rougit de plaisir, et lui jeta un coup dʹœil radieux. - Sans doute, si maman consent ; mais pourquoi change- rions-nous ce qui est déjà arrangé ? Il ne répondit que des yeux, et elle ajouta, souriante, à voix basse : - Annoncez-le vous-même à ma cousine, je vous le permets. Elle mʹ a dit que vous étiez des camarades dʹenfance.