Dissertation sur l’histoire du pays des Dombes/1

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Dissertation sur l’histoire du pays des Dombes — Chapitre I
L. Boitel (p. 102-122).

CHAPITRE PREMIER.

temps des celtes.

Il est remarquable que notre arrondissement qui, dans ses limites resserrées, présente pendant plusieurs siècles dans la principauté de Dombes un état souverain et indépendant des Rois de France, présente aussi au temps des Celtes un peuple particulier et indépendant, qui s’est vu autrefois entouré de gloire et de renommée, et qui peut être compté parmi ces peuples conquérants. Ce peuple était les Ambarres, en latin Ambarri.

Les savants ont été partagés sur le lieu où ils doivent placer les Ambarres. Les uns, tel que Marlian[1], les plaçaient dans la Lorraine, et prétendaient trouver un vestige du nom de ce peuple dans le nom de la province de Barrois ; d’autres, tels que Vigenère et d’Ablancourt[2], dans la Bresse châlonaise ; le géographe Sanson[3] et Dunod[4], dans le Charollais ; Dom Martin[5], dans le Beaujolais, entre la Saône et la Loire. Mais le célèbre Danville, dont les travaux ont répandu tant d’éclat sur la géographie ancienne et ont éclairé tant de points obscurs de cette science, est le premier qui ait donné aux Ambarres leur véritable position[6], s’appuyant avec raison sur le texte de César, au premier livre de ses Commentaires, il les place entre les Eduens et les Allobroges, c’est à-dire entre la Bourgogne et le Dauphiné, dans cette espèce d’île que forment la Saône et l’Ain, à peu près dans le territoire de notre arrondissement actuel.

Le nom de ce peuple s’est conservé dans les noms de plusieurs lieux de notre pays et des pays voisins : Ambérieux et plus anciennement Ambérieux en Dombes, Ambronay, jadis Ambournay, Ambérieux en Bugey près des rives de l’Ain, Ambérieux près d’Anse et sur les bords de la Saône, présentent dans leurs noms des traces évidentes du séjour des Ambarres.

Maintenant examinons quelles étaient les limites de ce peuple. Au nord, étaient les Sébusiens, ou plutôt les Ségusiens[7], qui possédaient le Forez, le Lyonnais, le Beaujolais, et, traversant la Saône, occupaient en grande partie l’arrondissement de Bourg ; à l’ouest, les mêmes Ségusiens ; au midi et à l’est, les Allobroges, et, de ce dernier côté, les Ambarres confinaient même peut-être avec les Séquanes qui occupaient Gex et une partie du Bugey. Les noms d’Ambérieux, sur la rive droite de la Saône, et d’Ambérieux et d’Ambournay, sur la rive gauche de l’Ain, montrent qu’ils s’étendaient un peu sur les deux rives, du moins jusqu’aux premières montagnes : car chez les peuples anciens qui connaissaient du moins la navigation fluviale, les fleuves et les rivières étaient plutôt des moyens de communication que des démarcations et des limites.

Telles étaient donc les limites des Ambarres, du moins du temps des Romains. Mais il est bien probable que, dans les temps les plus anciens, ils occupaient un territoire plus étendu, surtout vers le nord. Car ce pays, dans les limites que nous venons de lui tracer, quelque abondante population qu’on lui suppose, n’aurait pu suffire à ces nombreuses émigrations qui rendirent les Ambarres si puissants et si célèbres en Italie, comme nous le verrons bientôt. Épuisés par ces émigrations qui leur enlevaient leur jeunesse et leurs meilleurs guerriers, pressés en outre par les Séquanes et les Ségusiens, qui eux-mêmes étaient refoulés par les nations Cimbriques, ils ont dû céder peu à peu du terrain et se renfermer dans les confins que nous venons de leur tracer, confins dans lesquels les ont trouvés les Helvétiens dans leur invasion, et Jules César dans sa conquête des Gaules.

Mais rappelons ce que l’antiquité nous dit, ce qu’elle nous laisse entrevoir sur l’histoire de ce peuple. Les Ambarres étaient de la race des Celtes, les plus anciens habitants de la Gaule, et qui l’occupaient depuis les temps les plus reculés. Une alliance dont on ne peut fixer l’époque, mais qui pourrait remonter au temps de l’invasion des Kimris ou Cimbris, sous Hu, ou Hésus-le-Puissant, temps auquel les différentes nations des Celtes furent obligées de se réunir en confédérations, pour résister à ces peuples conquérants, une alliance, dis-je, unissait les Ambarres aux Éduens. Il y avait dans les Gaules trois sortes de confédérations et alliances : celle des peuples qui, étant faibles, se mettaient sous le patronage de peuples plus puissants : celle des sujets ou peuples tributaires, et celle d’égalité, telle que l’alliance des Ambarres et des Éduens. Ayant les mêmes mœurs, les mêmes lois, la même manière de combattre, prenant part aux mêmes expéditions, ces deux peuples ne semblaient former qu’un même peuple. Aussi César appelle-t-il les Ambarres, les amis intimes et les frères d’armes des Éduens, necessarii et consanguinei[8].

Le pays qu’occupaient les Ambarres présentait le même aspect physique qu’il présente maintenant, à part les changements que la culture et le travail de la civilisation y ont opérés. Plat, ou n’offrant que de médiocres élévations, couvert de vastes forêts et de marais, il était sans doute habité par une population nombreuse qui trouvait abondamment dans la chasse, la pêche, et le soin des troupeaux de quoi satisfaire aux nécessités de la vie. Ainsi que les autres peuples des Gaules, les Ambarres se souciaient peu des aliments qu’ils ne pouvaient obtenir qu’à force de travail et à la sueur de leur front. Cependant les Grecs qui établirent si près d’eux leurs colonies, durent, bientôt après leur arrivée dans les Gaules, leur apprendre l’agriculture et l’usage des aliments qu’elle procure à l’homme. Mais les Ambarres ne durent s’y livrer qu’avec répugnance : car ce peuple guerrier aimait mieux manier la lance et l’épée que le soc et la charrue. Ils ne possédaient aucune ville et même aucun village. Semblables aux Germains dont parle Tacite : « Chacun s’établissait le long d’un ruisseau, dans une campagne, ou dans une forêt, selon qu’il le trouvait bon : il se logeait ensuite avec sa famille au milieu de sa possession[9]. » Leur pays, comme les autres régions des Gaules, était divisé en cantons Pagi, districts occupés par un certain nombre de familles, et gouvernés par des magistrats particuliers. Leur capitale ou le lieu de leurs réunions et assemblées annuelles devait se trouver au milieu du pays, vers l’emplacement du bourg qui porte encore le nom de ce peuple, Ambérieux de Dombes.

La religion, le culte des Ambarres devait être les mêmes que ceux des nations Celtes, avant que les Grecs eussent transporté chez eux leurs dieux et leur brillante mythologie. Ils avaient aussi sans doute des dolmens et des menhirs ; mais on n’en trouve aucune trace. La rareté de la pierre dans le pays en a dû hâter la destruction, mais surtout l’établissement du christianisme, qui ne les considérait dans les premiers siècles que comme les dangereux trophées d’un paganisme odieux. On trouve seulement à Simendre dans le Revermont un de ces dolmens à moitié détruit.

Quelques auteurs ont regardé aussi comme monuments de la religion de nos ancêtres ces poypes ou élévations de terre, faites de main d’homme qui sont si nombreuses dans la Bresse et dans la Dombes ; mais des recherches nouvelles et plus sûres y ont fait reconnaître des monuments du moyen-âge[10]. La tradition a conservé le nom et le souvenir des druides à Meziriat et à Bourg.

Les lacs, les fontaines et les arbres étaient un objet de vénération chez les Ambarres. Quelques restes de leur culte subsistent encore dans nos contrées. Ainsi, entre Sulignat et l’Abergement, dans le voisinage de Châtillon-les-Dombes, est un bois de chênes, où, près d’une chapelle ruinée, se rendent encore en grand nombre les habitants des environs : là, ils pendent aux arbres des morceaux de linge et des haillons, ils nouent les jeunes branches pour être délivrés des maladies et particulièrement de la fièvre. Or, c’était là l’usage des Ambarres ainsi que des autres peuples gaulois, au rapport de Procope[11] et d’autres auteurs. Ils portèrent même cet usage dans l’Asie : car on voit, suivant Andreossy[12], sur la montagne du Géant (Bougourlou), un tombeau appelé autrefois le lit d’Hercule. Auprès sont des arbres aux branches desquels les Musulmans, héritiers des superstitions des premiers habitants du pays, attachent les morceaux de linge qu’ils ont portés, dans l’intention de se délivrer de la fièvre. Or, on sait les émigrations des Gaulois en Asie et l’établissement important qu’ils fondèrent en Bithynie et sur les rives asiatiques du Bosphore. On trouve encore à Frans, près de Trévoux, une de ces fontaines saintes, une de ces Bébrones si fréquentes et si vénérées chez les anciens Gaulois. Les malades des environs viennent boire ses eaux qu’ils regardent comme saintes et sacrées. La religion chrétienne, dans sa sage économie, a fait dans nos pays ce qu’elle a fait dans bien d’autres lieux de l’univers catholique. Ne pouvant détruire ces concours païens, elle les a sanctifiées, en en détournant l’objet et en y fixant la vénération de quelque saint illustre. Ainsi, dans le bois dont nous avons parlé plus haut, une chapelle a été érigée à saint Lazare, protecteur des infirmes et des malades, et, sur la fontaine de Frans, une chapelle devenue depuis église paroissiale a été élevée en l’honneur de saint Étienne, premier martyr, et elle subsiste encore.

Le peuple Ambarre était renommé parmi les autres peuples par son courage et son esprit belliqueux. Le nom même qu’il portait en était une preuve. Dans ces temps anciens où les noms des peuples et des particuliers étaient significatifs et désignaient leurs qualités naturelles ou morales, celui des Ambarres signifiait réunion d’hommes forts et vaillants. Am, particule qui, à la tête des mots celtiques, signifie : union, assemblage (de là vient le mot hameau, hamet, union d’hommes.) Bar, terme qui désigne la force. De là viennent le nom et titre de baron, encore en usage, et qui, destiné d’abord à désigner le courage, est devenu dans la suite un titre d’honneur et de puissance. Les Romains eux-mêmes ont emprunté ce mot dans leur langue. Sans doute, ils l’ont pris des Gaulois qui, à des époques différentes, ont envahi l’Italie[13], changeant le B, en V, changement si commun et si facile dans les langues, plusieurs de leurs citoyens portaient les noms de Varus et de Varron. C’est de ce dernier nom que s’appelait le consul que la défaite de Cannes a rendu si tristement célèbre : ainsi s’appelait cet auteur qui, au siècle d’Auguste, a mérité le titre du plus docte et du plus savant des Romains[14].

La principale force des Ambarres devait consister en cavalerie. Le terrain plat et marécageux du pays leur donnait la facilité d’élever grand nombre de chevaux de bonne race. Aussi les auteurs anciens rappellent-ils que la plus célèbre cavalerie gauloise était celle des Éduens et de leurs alliés. Le cheval était représenté sur les monnaies des uns et des autres.

Treize ou quatorze siècles avant l’ère chrétienne, une expédition de Gaulois ou Celtes eut lieu pour envahir l’Italie, qui leur présentait une terre plus fertile et un ciel plus doux que le leur. Les Ambarres en faisaient sans doute partie et peut-être la composaient-ils tout entière, car les anciens historiens[15] donnent au peuple qui fit cette invasion un nom presque identique avec celui des Ambarres, le nom D’Ambri ou Ombri[16]. Le peu d’étendue du territoire, une population surabondante, les attaques des peuples septentrionaux furent sans doute les causes principales de ces émigrations armées auxquelles les Ambarres participèrent si souvent. Ogmius, prince célèbre, qui paraît être le type sur lequel a été formé l’Hercule gaulois, fut le chef et le promoteur de cette expédition[17]. L’Italie supérieure, la première en butte aux efforts des Gaulois, était alors occupée par le peuple indigène des Sicules, qui ne céda son territoire qu’après de nombreux et sanglants combats : il se retira dans la partie méridionale de l’Italie, d’où, bientôt après, il passa dans la Sicile, à laquelle il donna son nom[18]. Les Ambarres poussèrent leurs conquêtes, du côté de l’Adriatique, jusqu’au fleuve Métaure, et même au-delà, puisque, suivant Micali[19], on trouve dans la Pouille, près du mont Gargan, des lieux portant le nom des Ombriens ou Ambarres, tels que El Cateno d’Umbra, El Boscho d’Umbricchio, il cognetto d’Umbri, Valle degli Umbri, et, même en Calabre, on voit la ville d’Umbrialico ; de l’autre côté, les Ambarres s’avancèrent jusqu’à l’embouchure du Tibre ; mais ils ne passèrent pas cette rivière ; ils semblèrent alors, par une espèce de prévoyance de l’avenir, respecter l’emplacement de cette ville qui devait être la maîtresse du monde. Ils partagèrent le pays qu’ils venaient de conquérir en trois parties, qui prirent le nom composé qui leur fut donné et du peuple conquérant et de leur position respective. L’Isambrie ou Insambrie[20] (Basse-Ambrie), d’où par un changement de l’A en O, changement fort commun dans les vicissitudes des langues[21], s’est formée l’Isombrie ou l’Insombrie, depuis Insubrie, pays de plaines baigné par le Pô[22] ; l’Olambrie, depuis Olombrie[23], Haute-Ombrie, pays montueux de l’Apennin, et la Vilambrie, depuis Vilombrie, Ambrie maritime, située entre les embouchures de l’Arno et du Tibre. Toutes ces particules avant le nom d’Ambrie ou Ombrie sont d’origine celtique[24].

Les Ambarres fondèrent plusieurs villes dans les contrées qu’ils envahirent. Pline[25] les reconnaît comme fondateurs de Rimini et de Ravenne, Servius[26], de Pérouse, Denys d’Halicarnasse[27], de Cortone, et Caton, cité par Pline[28], parle d’Ameria, fondée vers l’an 381 avant Rome. Cette ville d’Ameria, à laquelle ils avaient laissé leur nom était sans doute leur capitale : elle est, d’ailleurs, vers le milieu du vaste territoire conquis et occupé par les Ambarres. On attribue aux Ambarres la fondation de beaucoup de villes anciennes de l’Italie intérieure, telles que Todi, Gubbio, Nocera, Nequino, Mevania, Interamna, Sarsina, Sestino[29]. Il peut paraître étonnant que les Ambarres qui n’avaient pas de villes et de bourgs dans leur patrie, en aient autant fondées dans les pays qu’ils ont occupés. Mais qu’on fasse attention aux circonstances dans lesquelles ils se trouvaient. Au milieu d’un pays conquis, entourés de peuples humiliés et jaloux, dont il fallait à chaque instant repousser les attaques, la prudence a dû leur faire voir la nécessité de réunir leurs habitations, de les environner de murailles, de s’établir dans des endroits fortifiés par l’art et par la nature.

Favorisés par la douceur du climat et la fertilité du sol, leur nombre s’accrut rapidement et ils exercèrent leur influence sur presque toutes les nations de l’Italie qui devinrent leurs alliées ou leurs tributaires.

Les Ombriens eurent une guerre à soutenir contre les Pelasges, peuple venu d’un pays au-delà de la mer, que Denys d’Halicarnasse prétend être la Grèce, mais que nous avons des raisons de croire être un reste de ce peuple célèbre qui occupait la mystérieuse Atlantide. Ceux-ci eurent quelque succès contre les Ombriens et prirent sur eux par surprise la ville forte de Cortone[30].

Les Ombriens eurent aussi de grands démêlés avec les Sabins et affaiblirent beaucoup cette nation. C’est Strabon[31] qui l’assure. Cependant plusieurs auteurs font des Sabins un peuple gaulois et d’origine ombrienne. Mais des intérêts particuliers ont pu procurer cette division entre ces deux peuples, et rompre les liens qui auraient dû toujours exister entre eux.

Les Ambarres ou Ombriens avaient les qualités et les défauts des nations gauloises. « Ce peuple était brave et impétueux, dit Nicolas Damascène[32], le seul auteur qui nous ait donné quelques détails particuliers sur ce peuple ancien, mais il était facile à rebuter : il pensait qu’il était honteux de vivre subjugué, et que, dans toute guerre, l’homme de cœur doit choisir une de ces deux chances, vaincre ou mourir. » Aussi, les Ambarres étaient-ils dignes du nom significatif et honorable que les autres Gaulois leur avaient donné. Le même auteur déjà cité remarque comme subsistant parmi eux un usage que nous croyons peut-être à tort avoir été importé dans nos contrées par les nations du nord : le duel judiciaire.

Ils avaient apporté dans l’Italie la religion et le culte de leurs ancêtres et surtout la vénération pour les fleuves et les lacs. Près de Cutilie, ville voisine de Riéti, l’ancienne Réate, était un lac sacré, où les Ombriens observaient les mêmes cérémonies que leurs pères observaient auprès des lacs de leur patrie[33]. On peut même dire que c’est aux Ambarres, par le moyen des Sabins, qui tiraient d’eux leur origine, et qui ont tant coopéré à la fondation de Rome, que la reine du monde doit son culte et ses dieux. Aussi, Beaufort, dans sa République romaine[34], fait-il remarquer les rapports frappants qui existaient entre la religion des Celtes et la religion primitive des Romains.

Mais cette puissance des Ambarres s’écroula aussi facilement qu’elle s’était élevée. Fruit d’une invasion, ce fut une invasion qui la détruisit.

Vers le XIe siècle avant l’ère chrétienne, les Rhasènes, peuple des Alpes, descendirent de leurs montagnes, envahirent l’empire des Ambarres ou Ombriens, mais ce ne fut qu’après une longue résistance, qu’ils parvinrent à le soumettre. La résistance dura même plusieurs siècles ; ce ne fut guères qu’après la fondation de Rome, vers l’an 700 avant J.-C, que la conquête des Rhasènes, qui prirent le nom d’Étrusques, on ne peut dire précisément à quelle époque devint complète et entière. Les Ambarres cédèrent à leurs vainqueurs la plus grande partie de leur territoire qui contenait, au rapport de Pline[35], près de trois cents villes, et se renfermèrent dans l’espace compris entre le Pô, le Tibre et la Néra qui conserve leur nom dans celui d’Ombrie, et encore, vécurent-ils là dans la dépendance des Rhasènes, leur servant d’auxiliaires dans leurs guerres et dans leurs conquêtes. En effet, nous les voyons unis aux Rhasènes ou Étrusques, dans l’invasion de la Campanie et dans la grande expédition contre Cumes, et même, nous les voyons, quelque temps après, oublieux de leur ancienne origine, combattre, pour soutenir leurs vainqueurs, les Lingons et les Boiens, Gaulois comme eux ; mais leurs efforts furent impuissants, ils furent vaincus et obligés de céder une partie de leur territoire déjà si rétréci.

Cependant toute la nation des Ambarres ne consentit pas à vivre sous la dépendance des Rhasènes, un grand nombre, ceux surtout qui vivaient dans les contrées que le peuple vainqueur s’était appropriées, refusèrent de se soumettre à une servitude que leur fierté devait leur faire regarder comme humiliante. Les uns revinrent dans la Gaule, près du pays de leurs ancêtres : ainsi, on trouve les Insubres, habitants de la Basse-Ambrie, sur la Saône, au milieu des terres des Ségusiens et des Ambarres qui leur donnèrent asile. Les autres se réfugièrent dans les montagnes de l’Helvétie, où ils prirent le nom d’Ambrons, presque identique avec leur ancienne dénomination[36]. D’autres se retirèrent dans la Ligurie, chez des peuples sortis de la même souche gauloise, et où ils retrouvèrent sans doute leur langue, leurs usages et le souvenir de la patrie commune.

Les Étrusques, en asservissant, en dispersant les Ambarres, ne purent cependant faire tomber en oubli leur mémoire. Le nom Ambrien ou Ombrien resta longtemps illustre dans la Péninsule Italique. Ce nom se conserve encore, comme nous venons de le voir, dans la province d’Ombrie : il se conserve encore dans un mont, près de Sienne, appelé par les savants Ombrone et par le peuple St-Quirico, dans une rivière de l’Etrurie appelée Ambra, et dans deux autres autres rivières du même pays, qui se nomment Ombrone.

Vers l’an 537 avant Jésus-Christ, une nouvelle expédition de Gaulois composée de cent cinquante mille guerriers, formée principalement d’Arvernes, de Bituriges, d’Éduens, et par conséquent d’Ambarres, qui sont même cités nommément par Tite-Live[37], se porta vers l’Italie. Les mêmes motifs sans doute que leurs ancêtres les animaient, et, en outre, suivant Justin[38], des guerres intestines : nous pouvons y ajouter l’invasion des Kimrisqui arriva dans ce temps-là. Bellovèse était le nom de leur chef. Invités par les députés de Marseille, cette colonie que les Phocéens venaient de fonder dans la Gaule, à la délivrer des Ligures qui l’assiégeaient[39], ils volent à son secours, défont les Ligures, pénètrent dans leur pays et là se donnent entrée dans l’Italie. Les Étrusques veulent leur défendre le passage du Tésin ; mais ils sont vaincus[40]. Les Gaulois, et en particulier les Ambarres occupent ces belles campagnes entre le Tésin, l’Oglio et le Pô, auxquelles ils rendent leur nom d’Isombrie ou Insubrie que leurs ancêtres leur avaient donné[41], et y fondent une ville qui, placée au milieu du pays conquis, reçut de cette situation un nom celtique, Meyland (terre du milieu), dont les Latins ont fait le nom de Mediolanum.

Cent quarante ans après, vers l’an 383 avant Jésus-Christ, une autre invasion des Gaulois eut lieu en Italie ; trente mille Sénonais, sous la conduite d’un chef nommé Brennus, passèrent les Alpes. Plusieurs peuples des Gaules se joignirent sans doute à eux[42], et les belliqueux Ambarres ne perdirent pas certainement une occasion si conforme à leur courage et à leur caractère aventureux. Se répandant dans les plaines de l’Italie, et désirant venger les injures de leurs ancêtres chassés ou assujettis, ils viennent attaquer les Étrusques. Ceux-ci demandent du secours aux Romains. Les Romains se déclarent contre les Gaulois et leur livrent cette funeste bataille d’Allia, qui mit Rome à deux doigts de sa perte. C’en était fait de la maîtresse future du monde, si Brennus avait su profiter de sa victoire. On sait comment Rome fut sauvée par le courage et l’habileté du dictateur Camille, et qu’elle fut pourtant forcée de payer au poids de l’or l’éloignement des Gaulois.

L’histoire ne nous dit pas si les Ambarres prirent part aux expéditions que les Gaulois firent en différents temps sur le Danube, en Grèce et en Asie, où ils fondèrent un état puissant qui prit d’eux le nom de Galatie. Il est probable que grand nombre de guerriers Ambarres suivirent ces expéditions lointaines qui pouvaient leur procurer ce qui faisait le plus grand objet de leur ambition, la gloire et les richesses.

Pendant deux siècles et demi, l’histoire ne nous dit rien des Ambarres. Pendant cet espace de temps, les Phocéens de Marseille, qui ont laissé des traces si nombreuses de leur séjour sur les rives du Rhône et de la Saône, qui établirent même, à la jonction de ces deux rivières, près de la forteresse gauloise de Lygdun, un emporium auquel ils donnèrent e nom de Léïon (Λειον, lieu plat, uni), nom qui exprimait la nature de l’emplacement, et qui est devenu le nom moderne de la seconde ville des Gaules[43], les Phocéens, dis-je, fondèrent, a ce que rapporte une tradition cependant fort incertaine, une ville près du lieu où est bâti maintenant Montmerle, et donnèrent à cette ville le nom grec d’Apeon Απεων). Cette ville fut, dit-on, détruite au temps de la guerre de Septime Sévère. Il est à remarquer que plusieurs lieux près de la Saône, dans l’ancienne province de Beaujolais, et particulièrement dans la partie qu’occupaient les Ambarres, portent des noms évidemment d’origine grecque. Ainsi, Oingt, plus anciennement Yoingt, est appelée dans les anciens titres latins Iconium, nom de la capitale de la Pisidie, dans l’Asie-Mineure. On sait combien facilement le C et les autres consonnes s’élident dans le changement des langues (ainsi, le nom celtique de Sancon a fait le nom moderne de Saône). Nous trouvons le même nom d’Ieonium presque entièrement conservé dans le nom moderne de Cogny, autre village de la province. Theyzé, Thizy, nous rappèlent le nom grec de Thésée ; Denicé celui de Denys, nom que les Grecs donnaient à Bacchus ; Montmélas, le mont Noir (μελας), Talancé, Tarare, Le Pyre, Moiré sont des noms presque entièrement grecs. Tous ces noms rassemblés dans un espace bien rapproché ne semblent-ils pas des indices frappants d’une colonie grecque et de l’Asie-Mineure, qui cherchait à rappeler dans les lieux nouveaux qu’ils fondaient les noms si doux de la patrie et les dieux de leurs ancêtres. Dans les montagnes du Jura, près d’Arinthod, nous voyons encore des traces d’un établissement grec ; des noms de lieu, de famille sont évidemment tirés de cette langue. Enfin, des médailles grecques de Marseille, trouvées à Bourg, des Philippes d’or qui se sont rencontrés dans plusieurs endroits du département de l’Ain sont autant d’indices remarquables des rapports que les Grecs ont eu dans les premiers siècles avec nos contrées.

L’an 123 avant Jésus-Christ, les Romains qui avaient déjà pénétré dans la Gaule méridionale et y avaient établi des colonies, firent alliance avec les Éduens, et par conséquent avec les Ambarres, leurs confédérés[44]. Les Ambarres reçurent donc, ainsi que les Éduens, du Sénat de Rome, les titres d’alliés et d’amis, et donnèrent aux Romains celui de frères, titre sacré qui, chez les Gaulois, désignait la plus étroite des associations politiques[45].

Le pays des Ambarres, non plus que celui des Éduens, ne fut pas exempt des ravages affreux qu’exercèrent les Teutons, les Cimbres, et les Ambrons[46] dans la Gaule, l’an 109 avant notre ère. Il se trouvait sur le passage de ces barbares dans leur route de la Belgique à la province romaine. César[47] et Plutarque[48] font le tableau le plus effrayant du triste état où ils réduisirent les pays qu’ils traversèrent.

Les Ambarres aidèrent les Éduens, dont ils étaient toujours les fidèles alliés, dans la guerre que ceux-ci soutinrent contre les Séquanes et les Suèves commandés par le fameux Arioviste. Mais la force ne seconda pas leur valeur. Accablés par le nombre, ils furent vaincus vers l’an 58, dans deux grandes batailles, où ils perdirent une grande partie de leurs sénateurs et de leurs nobles. Ils furent forcés, ainsi que les Éduens, à demander la paix, et à donner en otage aux Séquanes les enfants des principales familles. Mais les Séquanes eurent bientôt à se repentir d’avoir appelé à leur secours des alliés aussi dangereux que les Suèves. Les Suèves leur demandèrent pour récompense de leurs services le tiers de leur territoire. Les Séquanes, à cette réclamation inattendue, prennent les armes, font alliance avec les Éduens, leurs anciens ennemis, ainsi qu’avec les Ambarres. Les Éduens, les Ambarres viennent à leur secours ; mais ils sont malheureusement vaincus, ainsi que les Séquanes, dans les plaines de Magetobrie (Broye, au confluent de la Saône et de l’Ognon). Arioviste profita de sa victoire ; il soumit les Séquanes, les Éduens et les Ambarres, et les réduisit à la condition de tributaires, les laissant pourtant se gouverner à leur gré. Mais ils ne restèrent pas longtemps dans cet état d’humiliation.

Quelque temps après, arrive l’irruption des Helvétiens, où les Ambarres reparaissent encore sur la scène. Les Helvétiens ne sachant comment subsister dans leur pays qui, rempli de montagnes stériles, ne pouvait nourrir une population trop nombreuse, animés, en outre, par cet esprit belliqueux et cet amour de la gloire si naturels aux nations gauloises, prennent la résolution hardie d’émigrer et de chercher, à travers cent peuples différents, de nouvelles terres et un ciel plus favorable. S’unissant à plusieurs nations voisines, ils se dirigent vers le lac Léman, et veulent suivre la ligne droite du Rhône. Jules César, qui commandait alors dans la Gaule, résolut d’empêcher cette invasion qui menaçait la province romaine et les alliés de la République. Par un mur fortifié qu’il construit et qu’il étend du Léman aux montagnes, le long de la rive gauche du Rhône, il ferme tout passage aux Helvétiens. Mais ceux-ci en trouvent un dans le territoire des Séquanes qui, gagnés par leurs sollicitations, leur ouvrent les débouchés du Jura. De là, les Helvétieus se répandent comme un torrent dans le pays des Allobroges, des Éduens et des Ambarres, et ravagent leur territoire. Les Ambarres, trop faibles pour s’opposer à cette foule innombrable, se renferment dans leurs bourgs fortifiés, au milieu de leurs bois et de leurs marais, et de là envoient des députés à César, pour lui demander du secours. César s’empresse de porter à ses alliés ce secours qu’ils réclamaient si justement : il passe le Rhône vers Montluel[49], traverse le pays des Ambarres, chassant les Helvétiens devant lui et atteint leur arrière-garde composée des Tiguriens, dans le moment où elle était séparée du reste de leur armée qui avait franchi la Saône. Il la défait complètement près de Tournus[50], jette sur la rivière un pont dont on voit encore les vestiges[51], et se met à la poursuite du corps de l’armée des Helvétiens. Il les aborde près d’Autun[52], remporte sur eux une complète victoire, les force à capituler, à retourner dans leur pays, et à y rebâtir leurs bourgades et leurs villes[53]. Quelque temps après, César délivre encore les Éduens et les Ambarres de leur assujettissement aux Suèves, par la victoire qu’il remporte sur Arioviste près de Besançon[54].

Mais les Éduens qui avaient été si longtemps les alliés fidèles de Rome, effrayés de l’ambition des Romains qui cherchaient à assujétir successivement, soit par l’adresse, soit par la force, tous les peuples de la Gaule, cédant aux sollicitations pressantes des peuples voisins qui les engageaient à se réunir pour enlever leur patrie commune à la servitude qui la menaçait, encouragés en outre par un échec considérable que venait d’essuyer César au siège fameux de Gergovie, rompent brusquement leur ancienne alliance et se réunissent aux ennemis de Rome[55]. Les Ambarres les suivirent sans doute dans leur défection et leur envoyèrent du secours. Il parait même qu’ils sont les mêmes que ces Ambivarètes alliés des Éduens que mentionne César[56], et qui réunis aux Ségusiens et à d’autres peuples, formèrent trente-cinq mille hommes de troupes auxiliaires. Car ces Ambivarètes ne sont mentionnés nulle part ailleurs. D’Anville n’en parle pas dans sa Notice des Gaules, et pense sans doute, ainsi que moi, qu’ils ne sont pas autre chose que les Ambarres, qu’il serait fort étonnant de ne pas voir mentionnés dans cette réunion générale des forces de la confédération éduenne. Mon opinion est d’ailleurs celle de Glarean et de Ciaconius. Une faute de copiste est sans doute la cause de cette erreur si commune dans les livres latins, quand ils citent les noms gaulois. On sait quel fut le triste sort de cette défection des Éduens et de leurs alliés. Vaincus devant Alise, après des efforts inouis de courage et de valeur, ils furent obligés de céder au génie de César : ils se soumirent, et, d’alliés de Rome, ils devinrent ses sujets. Cet évènement arriva l’an 50 avant Jésus-Christ.


  1. Ch. Marlian : Index Géographicus in Commentaria Cæsaris.
  2. Dans leurs traductions des Commentaires de César.
  3. Remarques sur la carte des Gaules.
  4. Histoire des Séquanois.
  5. Histoire des Gaules, tome II.
  6. Notice des Gaules : Ambarri. Cependant Philibert Collet l’avait soupçonnée avant Banville. Voyez sa dissertation à la tête de son Explication des statuts de Bresse. Voyez aussi l’Histoire des Dombes manuscrite de M. Anbret. Mais Banville n’a eu sans doute connaissance ni de l’une, ni de l’autre.
  7. Danville ne parle pas des Sébusiens, et les confond avec les Ségusiens. Philibert Collet est du même avis. Voyez sa 1ère Lettre à M. Leloup.
  8. Commentaires, livre I.
  9. Ils apprirent dans la suite à se réunir en village et à se fortifier. Voyez César, livre I, ch. 3.
  10. Voyez ma dissertation sur les poypes de la Bresse et des Dombes, Appendice, no I.
  11. Got., livre II, ch. 15, p. 424.
  12. Voyage à l’embouchure de la mer Noire, ch. 7.
  13. Le savant père Pezron a trouvé dans la langue latine plus de 1200 mots d’origine celtique. (Voyez La Martinière, Dictionnaire Géographique, article Celtique.
  14. M. E. J., savant antiquaire, à qui j’ai soumis ma dissertation, n’approuve pas mon étymologie du mot d’Ambarres. Il prétend que ce mot vient du mot grec Αμφι, autour, et Αρα, nom que les Grecs ont donné à la Saône. Mais pour cela il faudrait que les Ambarres eussent principalement été établis sur les deux rives de la Saône ; or, nous voyons qu’ils étaient établis aussi bien sur les deux rives de l’Ain que sur celles de cette première rivière. En outre, pourquoi une nation Celte aurait-elle emprunté son nom de celui que les Rhodiens ou Phocéens ont donné à la Saône ? Les Ambarres n’avaient-ils pas déjà leur nom, n’étaient-ils pas déjà constitués en nation, avant que les Grecs eussent connu la Gaule ? D’ailleurs, la Saône n’était pas appelée Arar par les Celtes. Arar quam Celti Sanconam vacant, dit Ammien Marcellin (livre XV. ch. 2).
    Maintenant, le même M. E. J. prétend que le nom de nos Ambérieux vient du latin Ambo rivi : réunion de deux ruisseaux, de deux rivières. Mais pourquoi donner à Ambérieux une étymologie différente de celle des Ambarres, puisque ces deux noms sont identiques ? Cette étymologie présenterait quelque vraisemblance par rapport à Ambérieux d’Anse, placé vers le confluent de l’Azergue avec la Saône ; mais elle n’en présente aucune par rapport aux deux autres, Ambérieux du Bugey et Ambérieux de Dombes, qui ne sont traversés que par de petits courants d’eau insignifiants. Le nom d’Ambérieux, et plus anciennement Ambarieux, ne peut venir que de nos Ambarres, avec la terminaison d’origine latine eux, commune à tant de villages de notre arrondissement. Les lieux situés à la réunion de deux rivières ou ruisseaux s’appelaient en Gaule Condate, nom que Valois prétend être d’origine celtique, (Noticia Galliæ, p. 467) ou bien avaient reçu des Latins le nom de confluentes, Conflans.
  15. Diodore de Sicile, livre IV ; Denys d’Halicarnasse, livre I ; Cornélius Bocchus, cité par Solin ; M. Antonius Grypho ; Isidore ; Servius.
  16. Le singulier latin D’Umbri était Umber, dont le son et la terminaison rappellent encore plus le nom des Ambarres. Voyez ce vers de Catulle, In Egnatium !
    « Aut parcus Umber, aut obesus Etruscus. »

    Et cet autre d’une inscription de Préneste, citée par Gruter, p. 72, no 5 :

    Quos Umber sulcare solet, quos Tuscus arator. »

    Voyez encore le vers 753 du XIIIe Livre de l’Énéide : « Aut Vividus Umber. »

    M. Thierry, dans son Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés, prétend que le nom d’Ambres ou Ombriens donné à la première armée qui a traversé les Alpes venait de ce qu’elle était composée de guerriers les plus vaillants de chaque nation de la Gaule. Mais cette assertion n’a aucun fondement certain : aucun historien n’en parle, et nous voyons, au contraire, dans l’histoire des invasions successives des Gaulois en Italie, en Bretagne et en Grèce, que chaque nation portait dans les pays conquis et dans les établissements qu’ils y formaient son nom et sa dénomination propre. Voyez Thierry, t. I. Introduction, p. xliv et ch. I, p. 10.)

    Pline (Livre III, ch. 14) et Zenodote de Trezène, auteur grec d’une histoire des Ombriens qui n’a pas passé jusqu’à nous, prétendent que le nom de ce peuple vient de ce qu’il avait échappé au déluge (celui d’Ogygès sans doute), qui avait inondé au loin les plaines de l’Italie, ainsi que la Grèce (ομβρος, pluie.) Mais pourquoi les Ombriens, habitant l’Italie, auraient-ils reçu ce nom grec d’une catastrophe qui n’a pu le transmettre à aucun peuple de la Grèce elle-même ?

    Le savant P. Ferrari, jésuite, prétend que le nom des Ombriens vient des Cimbres qui, dans les premiers temps, ont envahi l’Italie ainsi que l’Europe méridionale. Mais son opinion n’est appuyée sur aucune preuve. Aucun monument de l’histoire ne nous parle de cette invasion de l’Italie par les Cimbres dans les premiers siècles. D’ailleurs, les Cimbres s’appelaient autrefois Cimmeriens, nom qui ne peut avoir aucune analogie, même éloignée avec celui d’Ombriens. (Voyez Dissertationem undecimam Guidonis ferrarii, p. 219. Mediolani, 1767. Lettre Lombarde du même, Lettres i, 9, 10, 11. Voyez aussi Thierry, tom. I, Introduction, p. xlx.)

    En dernier lieu, citons Micali qui, dans son Histoire des anciens peuples d’Italie, prétend que les Ombriens étaient un peuple des montagnes de l’Apennin et des bords de l’Adriatique qui, pressé par les incursions des Liburniens se répandit dans les plaines de l’Italie et du Latium. Mais en cela il est en contradiction avec les anciens auteurs dont nous avons rapporté les témoignages ; Bocchus, cité par Solin, dit que les Ombriens sont une race d’anciens Gaulois (Ch. VIII). M. Antonius Grypho, cité par Servius, parle absolument de même (Servius Comm. ad Virgilium Æneid. L. XII, v. 753). Enfin, S. Isidore de Séville se sert des mêmes termes dans son Traité des Origines (Livre IX, ch. 2.). Micali, dans un ouvrage aussi sérieux et aussi important que le sien, aurait dû citer ces trois auteurs et chercher à les réfuter, et il n’a fait ni l’un ni l’autre (Voyez Storia degli antichi popoli Italiani di Giuseppe Micali, tom. I, ch. 5).

  17. C’est sans doute de cette expédition que parle Diodore de Sicile (L. IV, ch. 6), quand il rapporte le Voyage d’Hercule de Gaule en Italie. Malgré les fables dont ce récit est accompagné, on y voit des traces de la tradition de cette invasion des Ambarres, de la terreur qu’ils inspirèrent et du pays même qu’ils envahirent.
  18. Denys d’Halicarnasse, livre I.
  19. Storia degli antichi popoli Italiani, ch. 5.
  20. Ptolémée.
  21. L’A, suivi de l’M dans la même syllabe, a un son nécessairement sourd, qui peut le faire confondre avec l’O ou l’U des Latins.
  22. Beaucoup de lieux et de bourgs de la contrée du Po nous rappellent le nom des Ambarres ou Ombriens, la rivière Lombro, les bourgs Umbriago, Umbriano, et Seprio appelé au XIe siècle Sumbrio. Voyez Gui Ferrari, Dissertatio Decima.
  23. Idem.
  24. Is. In. bas inférieur (Davies : Lexicon antiq. Boit. Lat. Palloutier : Dictionnaire de la langue bretonne. Cambden Britannia, p. 449. Ferrari Dissert. Decima, § 6.) Oll, All, haut, élevé : Bit, Vil, bord, rivage (Armstrong, gaélic Dictionnary.)
  25. Livre III, ch. 14.
  26. Eneidos, ch. 10, v. 203.
  27. Livre I, ch. 20.
  28. Livre II, ch. 14.
  29. V. Micali, tome I, ch. 5.
  30. Denys d’Halicarnasse, livre I, ch. 20.
  31. Livre V.
  32. Histoire universelle, publiée par Henri de Valois.
  33. Denys d’Halicarnasse, livre I. ch. 2.
  34. Livre I, ch. I.
  35. Livre III, ch. 14.
  36. On trouve, dans le canton du Tésin, pays de Lévantine, une petite vallée qui porte encore, avec la rivière qui la traverse, le nom d’Ambra.
  37. Livre V, ch. 34.
  38. Livre XX, ch. 5.
  39. Peuple sorti des Gaules ainsi que des Ambarres, au temps de la grande invasion d’Ogmius (Denys d’Halicarnasse).
  40. Tite-Live, livre V, ch. 34.
  41. Tite-Live dit expressément que les Gaulois y trouvèrent des traces du séjour des Ambarres ou Ombriens, dans le nom du lieu où ils s’arrêtèrent (Livre V, ch. 34).
  42. Appien apnri, Fulvium Ursinum, p. 350.
  43. Ce nom ne pourrait-il pas venir du mot grec Ληιων, blé, moisson, pour exprimer la fertilité du pays, où le blé de la Gaule septentrionale, dont l’Emporium marseillais était sans doute le dépôt ?
  44. Appien, Apud Fulvium.
  45. Cicero, lib. I, epist. 17 ; Ad Atticum. Tacitus, lib. II.
  46. Les Ambrons, comme on l’a dit, étaient des Ombriens ou Ambarres qui, chassés de l’Italie, s’étaient retirés dans les Alpes, en Helvétie. Plutarque (In Mario)cite une circonstance de la bataille que Marius leur livra, qui marque que les Ambrons étaient d’origine gauloise. Les Ambrons et les Liguriens qui combattaient pour les Romains se trouvèrent avoir le même cri de guerre. Il faut se rappeler que les Liguriens étaient peut-être Ambarres d’origine, et qu’en outre une émigration d’Ombriens assez considérable s’était réfugiée chez eux, au temps de l’invasion des Étrusques.
  47. De Bello Gallico, lib. VII, th. 7.
  48. In Mario.
  49. Voyer Philibert Collet, 1re lettre à M. Leloup.
  50. Vers Ormes.
  51. Probablement entre Ormes et Prety. On a trouvé au lieu du Molord Audrasn des cendres, des os calcinés, des boucliers et des tombelles. On trouve aussi de ces tombelles le long de la Seille, aux environs de Cuisery.
  52. Suivant quelques auteurs, à Cussy, entre Arnay et Beaune, une colonne antique subsiste encore, monument triomphal de la victoire de César.
  53. César, ch. 12.
  54. Idem, livre I, ch. 5 et 6.
  55. César, livre VII, ch. 9.
  56. Idem, livre VII, ch. 11.