Documents et notes sur le Velay/14

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XIV

Accord entre l’évêque Frédol et Pons de Goudet.


(Le Puy, 31 janvier 1289, n. s.)

L’enquête de 1285 donnait raison à l’évêque Frédol sur le point de fait. De nombreux et honorables témoignages avaient surabondamment établi qu’à la suite du meurtre et autres attentats commis en notre ville par dame Agnès et son fils, Bernard de Montaigu, haut suzerain de Chapteuil, s’était rendu maître par les armes du château et de la personne de son vassal et n’avait consenti à rendre la liberté au captif et à lui restituer ses domaines que sous des conditions mutuellement débattues et formellement acceptées. Le contrat souscrit par Pons de Chapteuil était chose avérée, indéniable. Aux termes de ce contrat, revêtu de formalités multiples, la baronnie devait revenir à l’église anicienne si Pons décédait sans héritier mâle. Rien de plus net, de plus topique, Mais, si la question de fait se trouvait hors de conteste, il n’en était point de même pour la question de droit. En laissant de côté les exceptions de compétence et de litispendance proposées par le seigneur d’Eynac dans sa requête au juge Pierre Cilve, il se présentait au fond du débat des doutes très graves contre la validité de l’engagement imposé à Pons de Chapteuil vers l’année 1240. Et d’abord le damoiseau était-il majeur lorsqu’il contracta avec Bernard de Montaigu ? Les pièces du procès laissent ce point obscur. En admettant toutefois l’entière capacité de Pons, était-il permis à ce jeune homme d’aliéner éventuellement ses biens, lorsque son père vivait encore ? Si Pierre de Fay se trouvait alors en état de démence, il n’en restait pas moins le chef nominal et légal de Chapteuil et son fils n’avait pu régulièrement traiter au regard du patrimoine paternel, c’est-à-dire compromettre sur une succession future. D’autre part le consentement de Pons avait-il été libre, n’était-il pas vicié par la crainte et la justice devait-elle consacrer une abdication conditionnelle, obtenue d’un prisonnier impatient de sa délivrance ? Le procès, il est vrai, n’était point soumis aux seules règles de la loi civile. Il fallait compter avec les prescriptions du code féodal. Pons avait commis une forfaiture envers son suzerain, et il pouvait être puni de son crime par la prison et la déchéance de son fief ; mais le châtiment n’était-il pas excessif, lorsqu’il était subi par un adolescent, victime du mauvais exemple maternel, et infligé par une église, intéressée à la ruine du coupable ? En outre, le procès atteignait d’autres personnes que l’héritier de Pons de Chapteuil. La famille de Brion avait des droits sur les domaines en litige, grevés également de redevances, usages, servitudes au profit de Jausserand de Saussac, des Chalencon, des Malet, des Falcon d’Espaly, d’un gentilhomme du nom d’Itier, d’une dame Almueys de Coubon. L’enchevêtrement de la propriété noble et les démembrements successifs qu’elle affectait au moyen âge auraient suffi à donner à l’instance engagée devant la cour du roi une gravité exceptionnelle. Il n’était pas jusqu’à l’assiette elle-même de la baronnie, à sa consistance, à ses limites, qui ne donnassent ouverture à des discussions irritantes. Le périmètre des possessions de Chapteuil s’étendait fort loin, jusqu’aux abords de Queyrières[1] et de Saint-Voy (Bonas)[2], et enfin de nombreux usagers pour les coupes de bois et les dépaissances d’animaux étaient compromis dans la querelle. Tant d’intérêts complexes et entremêlés expliquent les lenteurs d’une procédure, inaugurée en 1285 et restée sans solution jusqu’en 1289. L’instance était donc très épineuse et son résultat incertain : les parties le comprirent et se résignèrent à des sacrifices réciproques. À la suite de divers pourparlers et de grandes conférences, elles en vinrent à composition par l’entremise d’amis communs et sous les auspices de Raymond de Poiolar, juge et magistrat pour le roi au Puy[3].

Voici les articles arrêtés d’un commun accord :

Le château de Chapteuil avec son mandement, ses diverses dépendances, sa justice haute, moyenne et basse, ses taillis, cens et droits de toute sorte, fut attribuée à l’église du Puy. Il en fut de même pour le fief de Lardeyrol et les autres fiefs et arrière-fiefs de cette terre, astreints à la mouvance de Chapteuil. L’évêque promit de payer comme soulte de cette expédition de fonds la somme de 90 livres tournois au seigneur d’Eynac, et Pons de Goudet, à son tour, fit promesse de garantie pour toutes les recherches que pourraient se permettre sur la seigneurie de Chapteuil Hugues de la Tour de Saint-Vidal et son fils, Hugues-le-Vieux, en vertu d’une substitution contenue en leur faveur dans le testament de feu Pons de Chapteuil. Le seigneur d’Eynac s’engagea, en outre, à la même garantie contre toutes réclamations de la part de Guigon de Goudet, de Pierre Falcon et de Pons de Brion.

Les forts du Villard, de Montusclat et de Montvert avec leurs mandements, dépendances et droits de toute sorte, devinrent la propriété du seigneur d’Eynac, mais sous la réserve de foi et hommage envers l’église du Puy, tant pour les forts eux-mêmes et leurs accessoires actuels que pour tous les châteaux pouvant être construits à l’avenir sur le territoire cédé. L’évêque promit son fait et cause et l’assistance de ses successeurs contre toute tentative d’éviction de la part de Bertrand Itier, chevalier.

Les limites du ressort ou district de Montvert furent assignées dans la direction du château de Bonas. Pons de Goudet reçut l’entier domaine et la pleine juridiction des tènements bornés par le cours d’eau dit de Dorba, mais sous la réserve des droits de dépaissance exercés par les hommes de la mouvance de Bonas. Le bois du Meygal, qui se trouvait en parérie entre la maison de Chapteuil et celle de Saussac, continua à appartenir par moitié au seigneur d’Eynac avec réserve d’hommage au profit de l’évêque. Le Mans des Sausses, dans la commune de Saint-Pierre-Eynac, devint également le lot de Pons de Goudet, lequel se soumit à payer toutes les dettes de son oncle, Pons de Chapteuil, et notamment le douaire et les reprises dotales de sa tante Marquèze.

Au cas où les présentes conventions présenteraient quelques ambiguïtés, les parties promirent de s’en remettre entièrement à l’arbitrage de Raymond de Poiolar.

À titre de clause pénale, celle des parties qui manquerait aux conventions, se reconnut de plein droit passible envers l’autre contractant d’une indemnité de mille livres tournois.

Moyennant ces conventions mutuellement acceptées de bonne foi, les parties se promirent paix durable, oubli définitif et rémission générale. Pons de Goudet et Armand de Bouzols, abbé de Saint-Pierre-Latour et procureur de l’évêque, jurèrent sur l’âme dudit évêque[4] de respecter le pacte solennel et firent ensuite les protestations et soumissions d’usage dans les contrats du temps. Enfin tous les droits de Marquèze, la veuve de Pons de Chapteuil, furent réservés sur le fort du Villard.

L’acte fut dressé en plein chapitre de Notre-Dame, devant tous les chanoines réunis en assemblée générale, le lundi avant la fête de la Purification de la Sainte Vierge, le 31 janvier 1289 (n. s.). Étaient présents en personne Pons de Goudet et l’évêque Frédol. Voici les noms des chanoines qui ratifièrent les conventions : Raymond Atger[5], doyen ; Armand de Bouzols, abbé de Saint-Pierre-Latour ; Guillaume de Montrevel[6], prévôt ; Pierre de Montgascon, Geoffroi de Saint-Bonnet, Pierre de Servissac, Guillaume de Borne, Jausserand Malet, Hugues Vigier, Jean Cardinal, Guillaume Godefroi de Saint-Bonnet, Bertrand Mir et Guillaume Radulphe. Ces chanoines jurèrent sur les saints Évangiles de maintenir le contrat auquel ils donnaient leur approbation formelle.

Austorge de Montaigu, abbé de Séguret[7], Falcon d’Espaly et Jourdain de Ceyssac, chanoines, firent le même serment. Ces derniers chanoines semblent être intervenus comme parties jointes au procès.

Au nombre des témoins figurent le doyen Atger et Falcon d’Espaly, susnommés ; Armand de Fay, chanoine de Saint-Agrève ; les clercs ou choriers de l’église du Puy : Hugues du Chier, Bertrand de Solignac, Jean d’Aiguilhe, Hugues de Madriac, Laurent Dantu, Bernard de La Tour, Thomas de Rosières, Pierre de Saint-Flour, Thomas de Baschos, Philippe de Borne, Pierre Chatoyl, Martin de Rochefort, Jacques Peytou ; les chevaliers : Villate de Pradelles, Pierre Falcon, Guillaume Arnaud et Guillaume de Saint-Just ; et les personnages suivants non qualifiés, à l’exception de deux : Pierre de Mercoyres, Jean de Saint-Marcel, Armand de Rochebaron, Pierre de Lastic, de l’ordre des Frères-Mineurs, Pierre de Saint-Germain, Durand d’Anezac, chapelain de Loudes, Aymeric Aspais, etc. Le grand nombre de témoins et l’abondance des solennités qu’on remarque dans l’instrument dressé par Raymond Avril, notaire royal, attestent combien ce grand litige entre l’église du Puy et la succession de Pons de Chapteuil avait provoqué de graves débats et remué l’opinion publique dans le diocèse.

Les auteurs du Gallia christiana ont connu cette transaction, car ils la relatent en ces termes dans les Instrumenta de l’Eccl. Aniciensis, t. II, col. 237 et 238 : Fredolus fecit concordiam cum Poncio de Godeto, milite, II calend. Januarii die lunæ ante Purificationem B. M. m. cclxxxviii præsentibus Raymundo Atgerii, decano, Guillelmo de Monte-Revello præposito, Armando de Bouzols, abbé S. P. de Turre, Austorgio de Monte-acuto, abbate Secureti, et aliis, etc.

Nous acquittons une dette légitime de reconnaissance en déclarant que ce beau diplôme a été transcrit aux Archives départementales sur une copie authentique du xviiie siècle par notre ami, M. l’abbé Payrard, curé de Saint-Julien-d’Ance.

In nomine Domini, amen. Anno Incarnationis ejusdem millesimo ducentesimo octuagesimo octavo, die lune ante festum Purificationis Beate Marie, que dies fuit secunda Kalendas febroarii, illustrissimo domino Philippo Dei gracia Francorum rege regnante, noverint universi presentes pariter et futuri hoc presens publicum instrumentum inspecturi, quod cum questio seu controversia esset et verteretur, esse et verti speraretur inter nobilem virum dominum Poncium de Godeto, militem, dominum castri d’Aynac[8], Aniciensis diocesis, ex parte una ; et reverendum in Christo patrem dominum Fredolum, Dei gracia Aniciensem episcopum, nomine Aniciensis ecclesie, ex parte altera ; super eo videlicet quod dictus dominus Poncius dicebat et asserebat castrum de Captolio, fortalicia de Vilari[9], de Monte usclato[10] et de Monte viridi[11] cum eorum mandamentis et pertinentiis ad se pertinere debere pleno jure tam ex donatione inter vivos sibi facta per nobilem virum dominum Poncium de Chaptolio, avunculum suum, dominum castri et fortaliciorum predictorum, tam ex institutione hereditatis sibi facta in testamento domini Poncii de Chaptolio supradicti, tam ex aliis justis et legitimis causis, prout de predictis dicebat constare per publica instrumenta ; dicto domino episcopo nomine Aniciensis ecclesie in contrarium dicente et asserente castrum et fortalicia predicta cum eorum mandamentis et pertinentiis ad ipsum nomine ecclesie Aniciensis et ad ipsam ecclesiam pertinere debere tam ex conventione facta dudum inter bone memorie dominum B., Aniciensem episcopum, nomine Aniciensis ecclesie, ex parte una ; et dominum Poncium de Chaptolio, ex parte altera ; in qua quidem compositione seu conventione dicebat dictus dominus episcopus contineri quod, si contingeret dictum dominum Poncium de Chaptolio decedere sine herede masculo de suo corpore et de legitimo matrimonio procreato, castrum et fortalicia predicta cum eorum pertinentiis et mandamentis essent ipsius Aniciensis ecclesie et ad ipsam ecclesiam pleno jure post mortem dicti Poncii de Chaptolio devenirent, prout de predicta conventione dicebat dictus dominus episcopus constare per quoddam publicum instrumentum confectum super deposicione testium in forma publicationis in curia domini regis productorum super probanda conventione predicta ; dicente etiam dicto domino episcopo se esse in possessione, nomine Aniciensis ecclesie, castri et fortaliciorum predictorum.

Verum cum super jure et possessione castri et fortaliciorum predictorum fuisset diutius in curia domini Regis litigatum inter partes predictas, tandem post multas altercationes variosque tractatus habitos et habitas supra compositione seu transactione facienda inter dictum dominum Poncium de Godeto et dominum episcopum, nomine Aniciensis ecclesie, ipsi, inquam, dominus Poncius pro se, ex parte una, et dominus Aniciensis episcopus pro se et nomine Aniciensis ecclesie, ex parte altera, cum consensu Aniciensis capituli, interveniente et tractante discreto viro Raimundo de Poiolario, judice et officiali Aniciensi, amico communi ab ipsis electo, transigerunt partes, conventionibus solemnibus vicissim intervenientibus in modum infrascriptum :

In primis quod dictum castrum de Chaptolio cum suo mandamento, prout ipsum mandamentum dictus judex et officialis bolavit, designavit, terminavit et adhuc bolaverit, designaverit et terminaverit, sit et esse debeat ipsius domini Aniciensis episcopi nomine Aniciensis ecclesie et ad ipsum episcopum nomine Aniciensis ecclesie et ad ipsam ecclesiam, quoad merum et mixtum imperium et omnimoda jurisdictio, cum omnibus censibus, redditibus, talliis, usagiis, servitutibus et omnibus aliis juribus universis pertineant pleno jure ;

Et quod castrum de Lardeyrol, cum suo mandamento, et omnia alia feuda seu retrofeuda ad ipsum castrum de Chaptolio pertinentia, et que de feudo domini ipsius castri esse reperirentur, sint et esse debeant dicti domini episcopi et successorum suorum nomine ecclesie Aniciensis predicte et ad ipsam ecclesiam pertineant pleno jure ;

Et quod dictus dominus Poncius de Godeto pro se et univeris successeribus suis cedat et quitet ac remittat predicto domino episcopo recipienti nomine Aniciensis ecclesie omne jus omnesque actiones, quod et que eidem domino Poncio competebant seu competere poterant in dicto castro et ejus mandamento et in feudis et retrofeudis predictis, et quod seu quas habebat seu visus erat habere contra dictum dominum episcopum seu ecclesiam Aniciensem, tam ratione predictorum donationis et institutionis quam ex quacumque alia de causa. Quam quidem quictationem, cessionem, remissionem et pactum de non reale et personale vallatum et sollemni stipulatione vestitum faciet dictus dominus Poncius de Godeto pro se et suis successoribus universis dicto domino episcopo presenti et nomine Aniciensis ecclesie recipienti et sollempniter stipulanti ;

Item convenerunt quod ratione dictarum cessionis, remissionis et quitationis dictus episcopus nomine Aniciensis ecclesie det et solvat, dare et solvere teneatur eidem domino Poncio de Godeto novies centum libras turonenses per terminos et solutiones infrascriptos, videlicet quingentas libras turonenses huic ad quindecim dies proximo venientes et residuas quadringenta libras in instanti festo Omnium Sanctorum proximo veniente ;

Item convenerunt quod si dominus Hugo de Turre[12] seu Hugo vetus, filius suus, ratione substitutionis sibi facte in testamento dicti domini Pontii de Chaptolio seu ex alia quacumque de causa moverent questionem seu litem inferrent contra dictum episcopum seu ecclesiam Aniciensem seu ejus successores, quod dictus dominos Poncius de Godeto et ejus successores teneantur et debeant litem seu questionem in se suscipere et eam usque in finem prosequi propriis sumptibus et expensis, et si aliquid a dicto domino Hugone seu ejus filio predicto ratione dicte substitutionis seu ex alia quacumque de causa evinci contingeret de dicto castro seu ejus mandamento seu de feudis vel retrofeudis predictis dicti castri seu ejus mandamenti, quod dictus dominus Poncius de Godeto et ejus successores totum illud quod esset seu jus estimationi deberent ressarcire, restituere et emendare dicto domino episcopo seu ejus successoribus nomine Aniciensis ecclesie supradicte ;

Et quod eodem modo dictus dominus Poncius de Godeto debeat in se litem seu questionem suscipere et omnia prosequi, si contingeret dominum Guigonem de Godeto movere causam vel questionem dicto domino episcopo ratione castri de Chaptolio supradicti et ejus mandamenti ;

Item convenerunt quod si contingeret dominum Poncium de Brione[13] et dominum Petrum Falconis movere questionem seu litem dicto domino episcopo seu ejus successoribus super dicto castro de Chaptolio et ejus mandamento, feudis et retrofeudis predictis ex quacumque ratione seu causa, quod dictus dominus episcopus et dictus dominus Poncius de Godeto et eorum successores debeant et teneantur communiter inter se litem seu questionem suscipere et omnia usque in finem prosequi communibus sumptibus et expensis, et si aliquid per dictum dominum Poncium de Brione vel ejus successores seu per dictum dominum Petrum Falconem evinci contingeret de dicto castro et mandamento, feudis et retrofeudis predictis, quod dictus dominus Poncius de Godeto medietatem ejus quod esset evictum seu ejus estimationi dicto domino episcopo et suis successoribus nomine Aniciensis ecclesie emendare, ressarcire et restituere teneatur ;

Item convenerunt quod fortalicia de Villari, de Monte usclato et de Monte viridi cum eorum pertinentiis et mandamentis et cum mero et mixto imperio et omnimoda jurisdictione et cum omnibus censibus, redditibus, proventibus, servitutibus suis, usagiis, taliis et omnibus aliis juribus universis, sint et esse debeant ipsius domini Poncii de Godeto et ad ejus successores pertineant et pertinere debeant pleno jure, et quod in predictis fortaliciis seu ejus pertinentiis et mandamentis dictus dominus et ejus successores possint, si voluerint, castrum seu castra edificare, et quod dictus dominus Poncius et ejus successores dicta fortalicia cum eorum mandamentis et pertinentiis et castrum seu castra que in dictis mandamentis seu pertinentiis edificare contingeret, teneant et tenere debeant in feudum ab ecclesia Aniciensi et eidem homagium et fidelitatem pro predictis fortaliciis, mandamentis et eorum pertinentiis dicto domino episcopo, qui nunc est et qui tempore fuerit nomine Aniciensis ecclesie et capituli Anicii, sede vacante, prestare et facere teneantur, et ipsa fortalicia, castrum seu castra, si quod seu que fieri contingeret pro bono domini et senhoria, reddere Aniciensi ecclesie teneantur, prout dictus dominus Poncius de Chaptolio quondam tempore quo vivebat et fortalicia tenebat seu possidebat, facere tenebatur ;

Item convenerunt quod dictus dominus episcopus pro se et suis successoribus nomine Aniciensis ecclesie cedat, quitet et remittat eidem domino Poncio omne jus omniaque, quod et que eidem domino episcopo nomine Aniciensis ecclesie competunt seu competere possunt, et quod seu que idem dominus episcopus nomine dicte ecclesie visus est habere per dictum dominum Poncium de Godeto in predictis fortaliciis, mandamentis et pertinentiis eorumdem, ratione dicte conventionis facte inter dominum Poncium de Chaptolio quondam et dominum B., bone memorie, quondam Aniciensem episcopum, seu ex alia quacumque de causa ; quam quitationem, cessionem et pactum de non petendo dictus dominus episcopus nomine Aniciensis ecclesie pro se et suis successoribus universis, de voluntate capituli Aniciensis presentis et consentientis fecit eidem Poncio de Godeto presenti, recipienti pro se et suis successoribus et solempniter stipulanti ;

Item convenerunt quod si contingeret dominum Bt. Iterii[14], militem, movere questionem seu litem inferre dicto domino episcopo vel successoribus super castro de Chaptolio et fortaliciis predictis seu eorum mandamentis et pertinentiis predictis, quod dictus dominus episcopus et ejus successores nomine Aniciensis ecclesie debeant se et dictum dominum Poncium de Godeto amparare et litem seu questionem in se suscipere et omnia prosequi usque in finem suis propriis sumptibus et expensis ; et si aliquid evinceretur per dictum dominum Bert(randum) seu evinci contingeret de predictis fortaliciis seu eorum pertinentiis et mandamentis, quod dictus dominus Aniciensis episcopus nomine Aniciensis ecclesie et sui successores quidquid evictum esset seu ejus estimationi dicto domino Poncio de Godeto et ejus successoribus emendare, restituere et ressarcire tenerentur ;

Item convenerunt quod mandamentum et districtus fortalicii de Monte viridi protendatur versus castrum de Bonas usque ad aquam vocatam Dorba, et quod usque ad dictam aquam dictus dominus Poncius de Godeto et ejus successores habeant merum et mixtum imperium et omnimodam jurisdictionem, salvo et retento quod homines castri de Bonas et ejus mandamenti possint immittere sua animalia et oves depascere seu depasci facere ultra dictam aquam usque ad locum quem bolaverint et designaverint judex et officiales predicti, ita tamen quod si homines dicti castri de Bonas seu ejus mandamenti, seu aliqui ex eis tenebantur, tempore quo dictus dominus Poncius de Chaptolio quondam dictum fortalicium et ejus mandamentum possidebat, ad aliquod servicium prestandum eidem domino Poncio de Chaptolio ratione commissionis seu depascionis animalium predictorum et sunt, ad dicta servitia prestanda eidem domino Poncio de Godeto teneantur ;

Item convenerunt quod nemus vocatum Maygal, quod pertinet pro medietate pro indiviso domino de Salsac[15] et pertinebat dicte domino de Chaptolio, ratione dicti castri de Chaptolio, tempore quo vivebat, sit et pro medietate dicti domini Poncii de Godeto et successorum suorum et ad ipsum et successores suos pertineat pleno jure ; alia vero medietas dicti nemoris sit et remaneat de feudo Aniciensis ecclesie et de mero et mixto imperio, alta et bassa justicia et jurisdictione castri de Chaptolio supradicti, ita tamen quod quandiu dictum nemus erit pro indiviso commune predicto domino Poncio de Godeto et domino Jausserando de Salsac seu eorum successoribus, merum et mixtum imperium et omnimoda jurisdictio dicti nemoris pro indiviso pertineat ad dictum dominum episcopum nomine dicti castri de Chaptolio et ad dictum dominum Poncium nomine dicti fortalicii de Monte viridi et ad eorum in posterum successores. Si vero dictum nemus divideretur seu dividi contingeret per dominos Poncium de Godeto et Jaucerandum predictos, seu eorum successores, fuit actum quod dictus dominus Poncius de Godeto et ejus successores in parte dicti nemoris, que ratione divisionis ad eum perveniret, habeant merum et mixtum imperium et omnimodam jurisdictionem ratione fortalicii dicti de Monte viridi supradicti, et quod dicta medietas sit et esse debeat de mandamento et pertinentiis fortalicii supradicti, alia vero medietas dicti nemoris, que obveniret dicto domino Jaucerando, ratione divisionis predicte, remaneat de feudo Aniciensis ecclesie et de mandamento castri de Chaptolio et de mero et mixto imperio et omnimoda jurisdictione castri de Chaptolio supradicti ;

Item convenerunt quod mansus vocatus de Las Salsas cum pertinentiis suis, censibus, talliis et aliis juribus universis sit et esse debeat ipsius domini Poncii de Godeto, et in ipso manso et ejus pertinentiis ipse dominus Poncius de Godeto habeat merum et mixtum imperium et omnimodam jurisdictionem, et ad ipsum Poncium de Godeto dictus mansus pertineat pleno jure, ita tamen quod sit in electione dicti domini Poncii an velit dictum mansum cum ejus pertinentiis esse de mandamento castri de Chaptolio predicti ;

Item convenerunt quod dictus dominus Poncius de Godeto debeat et teneatur solvere omnia debita et specialiter dotem domine Marquesie, relicte dicti domini Poncii de Chaptolio quondam, que dictus dominus Poncius de Chaptolio quondam debebat tempore mortis sue, et satisfacere creditoribus dicti domini Poncii supradicti, et clamores dicti domini Poncii de Chaptolio emendare et pacificare, ita quod dictus dominus episcopus seu ejus successores ad solvendum debita et emendandum forefacta dicti domini de Chaptolio minime teneantur, sed a predictis sint penitus liberi et immunes ;

Item convenerunt quod si super predictis vel aliquo predictorum aliqua dubietas seu obscuritas appareret, quod judex et officialis predictus hinc ad annum posset dubia et obscura interpretare, corrigere et in eis addere et minuere ; prout sibi visum fuerit expedire ;

Et cum predictis voluerunt et convenerunt dictus dominus Poncius et dictus dominus episcopus quod inter ipsos et eorum successores sit pax firma et finis perpetuus et remissio generalis, et quod occasione predictorum, salvis et retentis supradictis, unus ab alio non possit aliquid petere in judicio vel extra ;

Et quod omnia et singula supradicta dictus dominus Poncius et dictus dominus episcopus cum consensu capituli Aniciensis pro se et suis successoribus universa teneant, custodiant et observent et contra predicta vel aliquid de predictis non veniant per se vel aliquam personam interpositam, nec alicui contravenire consentiant, se ad invicem sollempnibus stipulationibus, sub obligatione omnium bonorum suorum presentium et futurorum, et sub pena mille librarum turonensium a parte parti promissa sollempniter et stipulata promiserunt ; et ad sancta Dei evangelia dictus dominus Poncius a se corporaliter tacta, et dominus Armandus de Bousols[16], abbas Sancti Petri de Turre Aniciensis, in animam dicti domini episcopi juraverunt, volentes et concedentes quod curia domini Regis et quelibet alia curia competens possit ipsos et eorum successores simpliciter et de plano sine libello et sine aliquo scripto compellere per captionem bonorum suorum ad tenendum, complendum et observandum omnia et singula supradicta, et proinde ac si in judicio communi per sententiam seu judiciale preceptum legitime condempnati, et quod dominus rex seu curator ipsius in Vallavia possit levare et exigere et sibi appropriare et retinere dictam penam mille librarum ab illo seu illis, qui contra supradictam transactionem seu compositionem seu aliquem articulum ejusdem compositionis, transactionis seu conventionis venerint in judicium seu extra, et quod dicta pena totiens possit exigi et levari tam per partem hobedientem a parte inobediente quam per ipsum dominum Regem quotiens contra predicta vel aliquid de predictis ventum seu factum fuerit per aliquam partium predictarum, et quod pena exacta vel soluta semel vel pluries nichilominus omnia et singula supradicta in sua perpetua remaneant firmitate, supponentes se et quoslibet eorum quoad omnia et singula supradicta jurisdictioni et cohertioni curie domini Regis supradicte.

Post predicta dominus Raymundus Atgerii, decanus Anicii, totumque capitulum Aniciense, prout moris est congregatum in capitulo, in quorum omnia et singula suprascripta facta, dicta et recitata sunt, omnia et singula predicta supradicta laudaverunt, approbaverunt, ratificaverunt et omolagaverunt, illi videlicet quorum nomina inferius scripta sunt, et in predictis omnibus eidem domino episcopo prestiterunt suam aucthoritatem et consensum.

Predicta autem omnia facta fuerunt, salvo et retento jure dicte domine Marquesie in fortalicio et pertinentiis de Villari.

Promittentes decanus et capitulum predictum, ut moris est congregatum, eidem domino Poncio presenti et sollempniter stipulanti, quod omnia et singula supradicta tenebunt, servabunt et contra non venient per se vel per aliquam personam interpositam in judicio vel extra.

Nomina vero canonicorum in dicto capitulo congregatorum et qui predictis concesserunt, sunt hec : dominus Raymundus Atgerii, decanus ; dominus Armandus de Bousolio, abbas sancti Petri de Turre ; dominus Guillermus de Monterevello, prepositus ; dominus Petrus de Monte Gascone, dominus Gaufridus de Sancto Bonito, dominus Petrus de Servissas, dominus Guillermus de Borna, dominus Jaucerandus Maleti, dominus Hugo Vigerii, dominus Johannes Cardinal, Guilhermus Gaufredi de Sancto Bonito, Bertrandus Mir et dominus Guilhermus Radulphi, canonici Anicienses ; qui omnes et singuli supradicta omnia et singula promiserunt domino episcopo et domino Poncio de Godeto predictis presentibus et sollempniter stipulantibus, et super sancta Dei evangelia per ipso et quemlibet ipsorum corporaliter tacta juraverunt servare et contra ea non venire de jure vel de facto, et predicta laudaverunt et eisdem consensum suum prestiterunt pariter et assensum.

Post hec dominus Austorgius de Monte acuto, abbas Secureti ; dominus Falco de Spaleto et dominus Jordanus de Sayssac, canonici Anicienses ; consentientes predictis omnibus et singulis, ea omnia et singula laudaverunt, approbaverunt et ad sancta Dei evangelia per ipsos corporaliter tacta juraverunt ea servare et contra in aliquo non venire de jure vel de facto, requirentes et rogantes nos, Fredolus, Dei gratia Aniciensis episcopus, et Poncius de Godeto predicti et quemlibet nostrum ut de predictis omnibus et cuilibet nostrum faciat publicum instrumentum.

Actum Anicii, in capitulo Beate Marie Anicii, anno Domini millesimo ducentesimo octuagesimo octavo, die lune ante festum Purificationis Beate Marie, que dies fuit secunda Kalendas (febroarii), presentibus testibus dominis Raymundo Atgerii, decano et aliis dominis canonicis, qui predicta in capitulo juraverunt ; et domino Falcone de Spaleto, canonico eorumdem, domino Armando de Fayno, canonico Sancti Agrippani ; Hugone Del Cheir, Bertrando de Solempniaco, Joanne de Aculea, Hugone de Madriac, Laurantio Dantu, Bernardo de Turre, Thoma de Roseriis, Petro de Sancto Floro, Thoma de Baschos, Philippo de Borna, Petro Chatoyl, Martino de Rupeforti, Jacobo Peytou, clericis Anicii ; dominis Villata de Pratellis, Petro Falconis, Guillelmo Arnaldi, Guillelmo de Sancto Justo, militibus ; Petro de Mercoyres, Raymundo Petro Remoroscle, Joanne de Sancto Marcello, Pontio del Pont, Stephano Garda, Egidio Nielli, Petro de Gersa, Petro Laytent, Armando Rochabaro, Gaudemaro de Cheys, fratre Petro de Lastic, de ordine Fratrum Minorum, Petro de Sancto Germano, Stephano Vivatensis.

Actum domini abbatis Secureti et domini Falconis Anicii anno et die predictis, presentibus testibus domino Guillelmo Arnaldi, Aymerico Aspasii, Jacobo Juliani, Bernardo Bochardi.

Actum domini Jordani de Seyssac, Anicii in chesia, anno quo supra, die Martis sequenti, presentibus testibus dominis decano, Johanne Cardinalis, canonicis Aniciensibus ; Guillelmo de Sancto Justo et Guillelmo Arnaldi, militibus ; Bertrando de Sollempniaco et Durando d’Anezac, capellano de Lode ; et me Raymundo Aprilis, illustrissimi domini regis Francorum notario publico, qui predictis omnibus et singulis, vocatus per dominum episcopum et dominum Poncium de Godeto, predictis presens interfui et de eisdem ad cujuslibet ipsorum rogatum et requisitionem, et etiam de voluntate expressa illorum dominorum, qui juraverunt, hoc presens publicum instrumentum confeci et manu propria scripsi et in publicam formam redegi, signoque meo presenti « per Raymundum Aprilis notarium publicum domine regis », ista transpositione non obstante, signavi rogatus.




  1. Les terres de Chapteuil confinaient celles de l’abbaye de Mazan, comme le prouve l’enquête de 1285. L’abbaye de Mazan possédait un prieuré dans les appartenances de Queyrières : celui de la Chaumette, (Tablettes, IV, 531 et 532).
  2. Bonas, nom primitif de Saint-Voy.
  3. Le titre d’officialis donné à Raymond de Poiolar dans la transaction nous semble devoir être traduit par le mot français de magistrat ou fonctionnaire. Raymond de Poiolar n’appartenait pas à l’Église ; il apparaît, dans une autre circonstance (Tablettes, III, 395), avec la qualification de juge pour le roi au Puy.
  4. La même formule de serment se trouve dans l’hommage rendu le 23 avril 1393, pour le comté de Bigorre, au chapitre du Puy, par l’archevêque de Narbonne, Gilles Aycelin de Montaigu, et le célèbre Pierre Flotte, ambassadeurs de la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel. Jean de la Roche Aymon, chevalier, qui accomplit la cérémonie matérielle de féauté, dans la salle de notre chapitre, jura sur l’âme de la reine, (Tablettes, III, 394 et 395, et IV, 31 et 32).
  5. Le doyen Raymond Atger ou Lagier joua un grand rôle dans le procès historique sur le comté de Bigorre, entre le roi Philippe le Bel et les possesseurs légitimes de cette province : Esquivat de Chabanes et Constance, dame de Bigorre (Tablettes. III, 388 et suiv.).
  6. Le Gall. Christiana, Eccl. Aniciensis, t. II, col. 749, donne un Guillaume de Montrevel, comme prévôt en 1267 et en 1290. Toutefois, vers l’an 1270, on trouve un Maurice, prévôt du Puy, qui est en même temps, seigneur de Saint-Bonnet et de Novacelle. Comment concilier le Montrevel, prévôt en 1267 et en 1290, avec le Montboissier, investi de la même dignité dans l’intervalle de ces deux dates ? Ne faut-il pas admettre deux Montrevel, tous deux prévôts, l’un avant, l’autre après Maurice de Saint-Bonnet ? Cette explication est très vraisemblable ; elle se justifie, du reste, par de nombreux documents et par les habitudes des familles nobles au moyen âge. Dans les races féodales les honneurs ecclésiastiques passaient fréquemment d’oncle à neveu. La similitude des noms et prénoms des deux prévôts de Montrevel autorise notre hypothèse, qui n’est point en contradiction avec le raisonnement proposé par le Gallia lui-même, loc. cit., en ce qui concerne les deux Maurice de Saint-Bonnet.
  7. Austorge de Montaigu, abbé de Séguret dès 1253, vivait encore en 1298 (Gall. Christiana, Eccl. Anciensis, t. II, col. 757, et Tablettes, III, 304).
  8. Pons de Goudet, chevalier, seigneur d’Eynac, fit une fondation dans le couvent des Frères Prêcheurs du Puy, en 1297, pour le repos des âmes de Marquèze de Goudet, sa tante, et de Pons de Chapteuil, son oncle. Un Guigon de Goudet testa en 1300 et nomma dans cet acte de dernière volonté Vierne, sa femme, Vierne, sa fille, et Guigon de Goudet, son oncle. En 1307, Gilbert était seigneur de Goudet.
  9. Le Villard, maison forte de la paroisse de Saint-Germain-Laprade, encore debout et qui appartint longtemps aux La Tour de Saint-Vidal.
  10. Montusclat, chef-lieu de paroisse. Il ne reste aucune trace de ce fort.
  11. Montvert, dans la paroisse de Champclause.
  12. Hugues de La Tour de Saint-Vidal. Suivant acte de Jean Bufferne, notaire au Puy, du 22 avril 1361, Maurice de La Tour, seigneur de Saint-Vidakl, s’engage à payer aux Frères Mineurs du Puy divers legs faits par ses prédécesseurs. Maurice de La Tour nomme dans ce contrat Hugon de La Tour et Aymara, ses grand’père et grand-mère, autre Hugon de La Tour et Germaine, ses père et mère. Ces deux Hugon de La Tour ne sont-ils pas ceux de notre titre ? Maurice de La Tour nomme aussi Randone de Joyeuse, sa femme défunte. Nous savons par un autre acte que Germaine, épouse d’Hugon de La Tour, probablement celui que la transaction de 1289 appelle Le Vieux, testa en 1324.
  13. Vierne de Saint-Vidal, veuve de Bertrand de Brion, testa le 28 septembre 1372. Il serait désirable de savoir à quel titre la famille de Brion était intéressée dans l’hoirie de Pons de Chapteuil.
  14. Bertrand Itier, chevalier.
  15. Saussac, baronnie près Yssingeaux : il n’en reste plus le moindre vestige.
  16. Armand de Bouzols, abbé de Saint-Pierre-Latour au moins dès 1285, (Gall. Christiana, Eccl. Aniciensis, t. II, col. 754).