Dollard des Ormeaux et ses compagnons/Les compagnons de Dollard des Ormeaux

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Le Comité du Monument Dollard des Ormeaux (p. 41-69).


LES COMPAGNONS DE DOLLARD



Aux notes et aux documents qui précèdent nous ajoutons les renseignements que nous avons pu grouper sur les héros qui partagèrent le sort de leur chef valeureux.


En route


Au mois d’avril 1660, Dollard des Ormeaux conçoit le projet d’aller porter la guerre à l’ennemi au-dessus de Montréal, « ce qu’on n’avait point encore tenté »[1].

Il en reçoit la permission du gouverneur de l’île et embauche un certain nombre de jeunes gens. M. Dollier parle de 15 ou 16, au premier départ, puis d’un dix-septième, au second. Or il meurt trois personnes le 19 avril, et ils étaient 17 au Long-Sault ; la troupe devait donc se composer, tout d’abord, de 19 volontaires, ou bien, suivant l’hypothèse de l’abbé Faillon, Dollard s’adjoignit trois nouveaux combattants la seconde fois.

C’est le jeune commandant qui semble faire la plus grande partie des frais de l’expédition, sinon tous, puisqu’il emprunte, quatre jours avant son départ, la somme de 48 livres de Jean Aubuchon. C’est, probablement, aussi vers le même temps qu’il obtient la somme de 30 livres du chirurgien Chartier et une autre somme du notaire Basset[2].

Le but de ces braves, suivant M. de Casson, était de « faire quelque coup de main »[3] ; suivant l’abbé Faillon, d’aller à la rencontre de l’armée de barbares qui voulaient annihiler les Français du Canada[4] et, suivant le testament de Valets, reproduit plus loin « de courir sur les petites bandes iroquoises » ; ce qui laisserait supposer qu’ils partaient faire ce qu’on nommerait, aujourd’hui, une guerre d’escarmouches ou de guérillas.

Quoiqu’il en soit, l’entreprise est hasardeuse et ceux qui y prennent part « font le pacte de ne pas demander quartier », se confessent, communient et, ajoute M. de Casson, décident « tous de faire leur testament. »

Le 19 avril, nos braves se mettent en route.

L’expédition est à peine rendue à une île que l’abbé Faillon croit être l’île Saint-Paul, qu’elle vient en contact avec une bande iroquoise. Après un court engagement, l’ennemi s’enfuit, mais Duval est tué, puis Juillet et Soulard se noient accidentellement, en voulant échapper aux Iroquois.[5]

L’abbé de Casson n’indique pas la cause de l’accident, mais s’inspirant d’un autre passage de cet historien, l’abbé Faillon conjecture que Juillet et Soulard durent leur trépas à leur inhabileté.

Cela nous semble difficile à admettre pour Juillet, et nous en parlons à sa notice.

Dollard revient à Montréal avec les dépouilles de l’ennemi et repart aussitôt.

M. de Casson dit que l’expédition est arrêtée pendant huit jours à Sainte-Anne-du-Bout-de-l’Île… « par un petit rapide, » et c’est ici qu’il attribue le délai à leur manque d’expérience dans l’art de ramer.

Ne serait-ce pas, plutôt, la crue des eaux, les glaces, une divergence d’opinion entre les Français et les Sauvages de la troupe, etc., qui auraient occasionné ce retard ?

Le combat, parfaitement décrit par l’abbé Faillon, eut lieu le 25 ou le 26 mai, selon l’abbé Dollier qui se base, sans doute, sur l’acte de décès, mais c’est une erreur, car, le 25 de mai, l’autorité procédait déjà, à Montréal, à l’inventaire des biens de Boisseau, et, le 26, à ceux de Valets et de Doussin.[6]

Les abbés de Belmont et Faillon ont adopté, avec raison la date du 21 mai, qui est beaucoup plus vraisemblable.

La colonie montréalaise fut un certain temps sans connaître l’étendue exacte du désastre, puisque, après coup, on ajouta, en marge de l’acte de décès que Robert Jurie avait réussi à s’échapper et qu’il avait gagné la France, ce qui semble être faux.


Les testaments


C’est à l’abbé de Casson que nous devons l’assertion qu’ils « firent tous leur testament », et comme elle est très plausible, on l’a généralement acceptée. Cependant, il faut noter qu’il écrit vers 1673, soit treize ans après l’événement et que le greffe de Ville-Marie, ainsi qu’on le verra bientôt, n’était probablement pas en état de l’éclairer, si tant est qu’il ait songé à cette source d’informations, car il paraît plutôt s’en tenir à la tradition.

Prenons, toutefois, son assertion à la lettre.

Étant donné que 20 personnes ont fait partie de cette expédition, il a dû exister 20 testaments.

Eh bien ! malgré les recherches ardues auxquelles les historiens, grands et petits, se sont livrés depuis un demi-siècle et plus, on ne connaît que deux testaments.

Autant d’actes sous seing privé ou notariés auraient-ils pu disparaître ?

Nous sommes certains que cinq des braves du Long-Sault savaient écrire et signer, or, à l’exception de celui de Tavernier, en date du 17 avril, aucun testament olographe n’a été retrouvé.

Six autres de ces braves déclarent dans des pièces publiques qu’ils ne savent signer et nous ignorons la science calligraphique des neuf derniers. En supposant que cinq de ces neuf ignoraient l’art d’écrire, ce qui n’est pas exagéré[7] Basset, le seul notaire à Montréal, aurait dû rédiger onze testaments… et il n’y en a qu’un seul dans son étude ; celui de Valets, en date du 18 avril.

Plus que cela, c’est le seul que ce même Basset mentionne dans le registre des « minutes du tabellionnage », qu’il dresse en 1674.

Basset, avouons-le, ne fut pas un modèle d’ordre. Dans ses démêlés avec les seigneurs et le juge civil et criminel de Montréal, on lui reprocha de ne pas prendre soin des documents du greffe de la seigneurie[8].

Nous pouvons même ajouter qu’il n’a pas énuméré tous ses actes, dans le registre de 1674, car en faisant le répertoire de son étude, nous avons constaté plusieurs omissions ; toutefois, il faut lui rendre ce témoignage, qu’il n’a jamais oublié une telle quantité d’actes du même quantième[9].

L’abbé Ferland est le seul auteur qui laisse presque entendre qu’il aurait vu le plus précieux de ces testaments, celui de Dollard, mais il détruit toute confiance dans son assertion, en disant que le testateur aurait signé Daulard, ce qui est en contradiction absolue avec toutes les autres pièces publiques connues, notamment avec le billet que Dollard remet à Aubuchon, le 15 avril 1660.

D’ailleurs, vers l’époque où l’abbé Ferland préparait son Cours d’histoire, l’abbé Faillon, avec son armée de secrétaires, exécutait des fouilles dans les archives du district de Montréal et ne trouvait que les testaments de Valets et de Tavernier[10], car il serait absurde de penser qu’il aurait passé celui de Dollard sous silence.

Ce testament de Valets acquiert, aujourd’hui, une importance singulière par l’usage qu’on en a fait.

Contrairement, ce que plusieurs ont cru jusqu’à nos jours, l’abbé Faillon n’en donne que la substance, et l’on ne reconnaîtrait pas le document en question, s’il n’avait eu la précaution de l’indiquer, suivant sa louable habitude.

Relisons ce passage :

« Nous avons sous les yeux le testament d’un de ces héros chrétiens, dicté par lui-même, au notaire public de Ville-Marie, la veille même du départ, 18 avril 1660. Il déclare que : « Désirant aller en partie de guerre, avec le sieur Dollard, pour courir sur les Iroquois, et ne sachant comment il plaira à Dieu de disposer de sa personne dans ce voyage, il institue, en cas qu’il vienne à périr, un héritier universel de tous ses biens, à la charge seulement de faire célébrer, dans la paroisse de Ville-Marie, quatre grand’s messes et d’autres pour le repos de son âme. » (Greffe de Ville-Marie. Actes de Basset, 18 avril 1660. Testament de Jean Vallets). (Faillon, H. de la C. F. II, 414).

Si, maintenant, vous voulez bien comparer avec la transcription exacte et entière que nous donnons de cette pièce, en plus de son fac-similé, à la fin de cette étude, vous noterez d’abord, qu’au lieu de « courir sur les Iroquois », il faut lire « cour (sic) sur les pettites bandes hiroquoises » et plus loin, au lieu « de sa personne en ce voyage », il faut lire : « de sa personne en ce dit voyage et d’autres »… et plus loin, encore, au lieu de « quatre grand’s-messes et d’autres », il faut lire : « quatre grandes messes hautes »[11].

On le voit, l’abbé Faillon n’a pas cité un texte, ce n’est qu’un résumé d’où sont exclus des mots essentiels, peut-être, pour la compréhension exacte de l’idée que le testateur se faisait de l’expédition dans laquelle il s’engageait.

Néanmoins, ce résumé nous permet de démontrer que d’autres historiens qui font allusion aux testaments de Dollard et ses compagnons comme s’ils les avaient eus sous les yeux, n’ont fait que copier ce qu’on vient de lire.

Le très estimable et intéressant abbé Rousseau, par exemple, reproduit l’extrait d’un testament sans dire lequel, et, on croirait qu’il le transcrit, mais c’est, à n’en pas douter dans Faillon qu’il puise : cela se constate par les omissions et les erreurs de lecture que nous venons de signaler.

Voici le passage en question :

« Ayant ainsi réglé avec le ciel, ils (Dollard et ses compagnons) voulurent aussi régler leurs affaires d’ici-bas, et l’on peut voir au greffe de cette ville le testament à peu près uniforme de ces héros chrétiens rédigés par maître Benigne Rasser (sic)[12], notaire public, sous la date du 18 avril 1660.

« Désirant aller en parti de guerre avec le sieur Dollard, pour courir sus aux Iroquois et ne sachant comment il plaira à Dieu de disposer de ma personne dans ce voyage, j’institue — en cas que je vienne à périr — un tel héritier universel à tous mes biens, à la charge seulement de faire célébrer dans la paroisse de Ville-Marie, quatre grand’messes et d’autres pour le repos de mon âme.  » (Rousseau, Histoire de la vie de M. Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, p. 152).

N’est-il pas évident qu’il s’est contenté du texte de l’abbé Faillon, et qu’il n’a, tout au plus, que changé « sur les Iroquois », par « sus aux Iroquois » et mis le pronom à la première personne ?

S’il était venu au greffe il n’aurait pas été aussi affirmatif.

Passons à Mgr Tanguay :

« Nous avons, dit-il, retrouvé dans les minutes du greffe de Montréal, le testament de la plupart de ces braves, passé le 16 (sic) avril 1660. Une clause entre autres se lit comme suit :

« Désirant aller en parti de guerre avec le sieur Dollard pour courir sur les Iroquois et ne sachant comment il plaira à Dieu de disposer de ma personne dans ce voyage, j’institue, en cas de mort, un héritier universel de tous mes biens, à la charge de faire célébrer, dans la paroisse de Ville-Marie, quatre grandes messes et d’autres pour le repos de mon âme. » (Tanguay, Mémoires de la Société royale, 1e série I, 45).

C’est avec de légères variantes : « sur les Iroquois » et « en cas de mort » le texte de l’abbé Rousseau ou celui de l’abbé Faillon.

Mgr Tanguay ne semble donc, pas plus que les autres, avoir « retrouvé les testaments » qui nous occupent ; en outre, il commet, dans son récit, trois petites erreurs : le testament qu’il cite n’est pas du 16 avril, il donne à Doussin le prénom d’Étienne, et pour lui Grenet devient Guenet.

En fin de compte, ces testaments, s’ils ont existé, ne sont pas tous de la même date, ils n’ont pas tous été dressés par Basset et il est improbable qu’ils aient, tous été déposés au greffe de Montréal, car, dans ce cas, un plus grand nombre de ces pièces nous auraient été conservées.

Ne pourrait-on pas supposer que certains d’entre ces jeunes gens, se sont contentés de donner leur peu de biens verbalement ? ou encore, sans amoindrir leur héroïsme, que ne s’en allant pas à une mort inévitable, ils aient jugé inutile de déranger le tabellion de la seigneurie ? Cette dernière hypothèse pourrait se soutenir par le texte intégral des testaments de Valets et de Tavernier et par le billet promissoire que Dollard fait, le 15 avril, « payable à son retour. »


Récapitulation


La seule liste des noms de ceux qui ont pris part à cet événement prodigieux se trouve dans l’acte de l’abbé Souart à qui le pays, de ce chef, doit une reconnaissance spéciale.

Cette page du modeste registre de l’état civil de Ville-Marie, a une si grande valeur qu’on nous permettra de la reproduire encore une fois en lui adjoignant une transcription fidèle.

En disséquant les renseignements que cet acte contient, ainsi que ceux que nous avons puisés ailleurs nous obtenons les tableaux suivants :


Âge
 
21 ans : Martin   26 ans Augier et Lecomte ;
23 ans : Boisseau 27 ans : Hébert, Robin et Valets ;
24 ans : Crusson et Jurie ; 28 ans : Tavernier ;
25 ans : Brassier, Grenet, Josselin,
Dollard et Tiblemont ;
30 ans : Doussin ;
31 ans : Delestres ;

Âge inconnu : Duval, Juillet et Soulard.
Instruction

Savent signer : Dollard, Delestres, Doussin, Josselin et Tavernier.

Ne savent point signer : Grenet, Juillet, Jurie, Lecompte, Martin et Valets.


Sur les neuf autres nous ne connaissons rien à se sujet, sauf que six d’entre eux ne semblent pas avoir signé leurs contrats d’engagement, en 1653.


Dates de leur arrivée à Montréal


1647 ou plus tôt : Blaise Juillet.

1653 : Brassier, Crusson, Doussin, Duval, Josselin, Lecompte, Robin, Tavernier et Valets.

1658 ou plus tôt : Augier, Boisseau, Delestres, Dollard, Grenet, Hébert, Jurie, Martin, Soulard et Tiblemont.

Nous mettons : 1658 ou plus tôt, parce que dans la liste manuscrite de la recrue de 1659, conservée au Séminaire de Montréal, aucun de ces noms ne figure.

Enfin, un seul était marié : Blaise Juillet.


Notes biographiques

Augier dit Desjardins


Prénom : Christophe ; âge : 26 ans.

Nul autre renseignement. Tanguay, Dictionnaire généalogique I, 18, le nomme Augé, et à la page 197, Augier. Il n’y a aucune raison de modifier l’orthographe de l’acte de décès.

Boisseau dit Cognac

Prénom : Jacques ; âge : 23 ans.

Basset fait l’inventaire de ses biens le 25 mai 1660. Cet acte débute ainsi : “ Inventaire des biens meubles appartenant à deffunt Jacques Boisseau dit Cognac, trouvez en la maison et possession de Fiacre Ducharne dit la Fontaine[13]… en la présence de Lambert Closse ”… Il n’y a que trois items : “ Un meschant matelas estimé 50 sols ; deux chapeaux estimés 30 sols et une paire de mitaine de castor ”, non estimée.

Au chapitre des dettes, on constate qu’il doit 15 livres à Louis Chartier, chirurgien ; 7 livres, 18 sols à l’abbé D. Galinier et 30 sols à Jean Milot.

La vente eut lieu, un an plus tard, le 19 avril 1661.

Une “ très meschante paire de raquettes ” qui ne figure pas dans l’inventaire est vendue 46 sols à Simon Le Roy et le matelas offert à 40 sols ne trouve pas acheteur.

Brassier

Prénom : Jacques ; âge : 25 ans.

Le seul renseignement qu’on possède sur son compte est la note suivante : “ Étant à la rade de Saint-Nazaire, pour mettre à la voile avec M. de Maisonneuve, il déclare, le 20 juin 1653, en présence du notaire Belliotte, avoir reçu de la Compagnie de Montréal, 27 livres en avancement de ses gages ”… Il avait environ 18 ans lorsqu’il partit de France avec la recrue de 1653 (Faillon, Hist. de la Col. franc. II, 536).

Crusson dit Pilote

Prénom : François ; âge : 24 ans.

Voici tout ce que l’on sait de lui :

« On ignore le nom de son pays… Avant de quitter la rade de Saint-Nazaire, il déclara le 20 juin 1653, en présence du notaire Belliotte, avoir reçu sur ses gages, 60 livres de la Compagnie de Montréal. » Il avait 17 ans lors de son engagement. (Faillon, ib., 538).

Delestres

Prénom : Alonié ; âge : 31 ans ; profession : chaufournier.

Il est présent au contrat de mariage de Marin Heurtebise et d’Estiennette Alton (Basset, 9 décembre 1659), et il devait signer, mais l’acte est détérioré ; quelques signatures sont à peine visibles et une autre, probablement la sienne, a été découpée.

Dans cet acte Basset le nomme Allonée Delaistre.

Doussin

Prénom : René ; 30 ans ; profession : meunier et soldat.

Voici ce qu’on lit au sujet de son arrivée : « On ne connaît… pas le nom de son pays… Il faisait néanmoins partie de la recrue de 1653 et, étant sur le navire, il déclara, devant le notaire Belliotte, avoir reçu 119 livres de la Compagnie de Montréal, en avancement de ses gages… Il avait alors 23 ans. » (Faillon, ib., 541)

À la page 416, du même volume, l’abbé Faillon le nomme Doussin, sieur de Sainte Cécile.

Dans le « Registre des Minutes du tabellionnage de Montréal », à l’intitulé de l’inventaire des biens meubles de defunt Louis Biteaux dit Saint-Amant, (Basset, 19 février 1658), il apparaît qu’il avait existé autrefois, outre ce document, une pièce qui n’a pas été retrouvée et qui est décrite ainsi : “Ensemble, un acte de société fait entre led. Biteaux et René Doussin, le 25 septembre 1656.”

À partir de 1658, il est déclaré présent plusieurs fois dans les actes de Basset.

Le 10 janvier 1658 (Basset), il cesse de faire partie d’une société pour opérer les moulins de l’île et dont les autres membres étaient Michel Louvard et Louis Biteaux, meuniers.

Le 19 février 1658, à l’inventaire des biens de Biteaux, on voit que le défunt devait 10 livres à Doussin. Celui-ci est présent et signe Doussein. C’est la seule fois qu’il orthographie son nom de cette manière.

Le 13 novembre 1658 (Basset), Bertrand de Rennes lui cède les droits et actions qu’il a sur trois arpents de terre acquis d’Honoré Langlois. Le cédant s’oblige d’en rendre deux arpents labourables à la charrue aux semences prochaines. Dollard est présent.

Le 20 novembre, Doussin paye 106 livres 15 sols à de Rennes qui lui en donne quittance en présence de Dollard.

Le même jour, Doussin cède la moitié de son acquisition à François Piron dit la Vallée.

Le 18 mars 1659 (Basset), Doussin et Piron vendent les trois arpents de terre sus mentionnés au caporal Pierre Raguideau, sieur de Saint-Germain. C’est dans cet acte, qu’en qualité de témoin, Dollard signe : des Ormeaux Dollard.

Le 23 octobre 1659 (Basset), Doussin est présent et signe au contrat de mariage de Daniel Panier avec Marie Polo, puis il assiste à la cérémonie du mariage, au mois de novembre suivant.

Le 15 novembre 1659 (Basset), il est présent et signe au contrat de mariage de Pierre Raguideau avec Marguerite Rebours.

Les deux derniers actes dans lesquels figure le nom de ce vaillant soldat sont l’inventaire de ses biens, en date du 26 mai 1660 et la vente d’iceux, un an plus tard, soit le 17 avril 1661.

Le premier de ces documents débute ainsi :

« Inventaire des hardes trouvées en la maison de deffunt Jean de Saint-Père, à la pointe Saint-Charles et en la possession de Jacques Morin… Lambert Closse est présent. La valeur des biens, selon Basset, est de 25 livres, 15 sols.

Il est dû au défunt 257 livres, 10 sols et il doit environ 415 livres.

Après Blaise Juillet, c’est le plus riche compagnon de Dollard.

Au chapitre de ses dettes, on remarque un article indiquant qu’il était en excellents termes avec son chef : « Déclaré par moy commis (Basset), La somme de neuf Livres pour reste de plus grande somme par Luy respondue pour deffunt Le Sr Dollard… cy ix Livres. »

Duval

Prénom : Nicolas ; profession : serviteur au fort.

Il vint en ce pays en 1653 et voici ce que nous en dit l’historien de la colonie française :

« Nicolas Duval, de Forge, en Brie, aujourd’hui département de Seine-et-Marne, arrondissement de Fontainebleau, canton de Montereau, fut engagé par M. de la Dauversière le premier mai 1653[14], et déclara, le 20 juin suivant, avoir reçu, en avancement de ses gages, 75 livres de la Compagnie de Montréal. » (Faillon ib.,542.)

En 1655, il reçut 500 livres pour s’établir à Ville-Marie en prenant l’engagement ordinaire de rendre cette somme s’il quittait un jour l’île de Montréal. (Faillon ib., 188).

Dans son ordonnance du 18 janvier 1659, défendant la vente des boissons enivrantes en gros et en détail, sans un ordre par écrit, M. de Maisonneuve dit qu’il en est venu à ce remède extrême parce que certains habitants se livrent à des excès de boissons et au jeu, qu’ainsi ils s’endettent considérablement, si bien que désespérant de s’acquitter, il y en a trois « qui n’ont vue d’autre voye que de se dérober… par une fuite dangereuse. » Finalement, il mentionne à l’appui… l’évasion de Ville-Marie, de Sébastien Dupuy, Nicolas Duval et Pierre Papin qui furent repris à quatre lieues de l’habitation.

Sa mort, au champ d’honneur, rachète pleinement cette faute d’un moment.

Grenet

Prénom : Simon ; âge : 25 ans.

Le 5 octobre 1659 (Basset), Jacques Morin lui abandonne trois arpents de terre de bois abattu, à la pointe Saint-Charles qu’il a loués de Jean Pichard.

Le 19 octobre suivant, Grenet cède lui-même ses droits à Jacques Beauchamp.

Mgr Tanguay dans les Mémoires de la Société royale, 1e série, Vol. I, l’a nommé Guenet.

Trois ans après son décès, on trouve dans la milice de la Sainte-Famille un nommé Guillaume Grenet. On ne sait s’ils étaient parents.

Hébert dit Larivière

Prénom : Laurent ; âge : 27 ans.

Aucun autre renseignement.

Josselin

Prénom : Nicolas ; âge : 25 ans.

“ Nicolas Jousselin ou Josselin, de Solesmes, aujourd’hui arrondissement de la Flèche, canton de Sablé, s’engagea par contrat signé de sa main et promit à M. de la Dauversière, le premier mai 1653, devant le notaire Lafousse, à la Flèche, de faire partie de la recrue pour Ville-Marie. Arrivé sur le bâtiment qui devait le porter, il reconnut avoir reçu de la Compagnie de Montréal 75 livres, en avancement de ses gages, et signa l’acte de cette reconnaissance, dressé par le notaire Belliotte. Il était alors âgé de 18 ans.” (Faillon ib. 548.)


Juillet dit Avignon

Prénom : Blaise ; âge : environ 32 ans ; profession : charpentier et cultivateur.

Juillet vint en ce pays en 1647 ou plus tôt, car dans un des plus anciens actes connus à Montréal et qui est considéré comme le troisième contrat de concession, Juillet est dit avoir une terre voisine de celle qui est accordée à Simon Richomme. (Maisonneuve, 13 janvier 1648.)

Cette mention n’implique pas, cependant, qu’il eut, dans le moment, autre chose qu’une simple promesse, car M. de Maisonneuve n’en fait l’acte par écrit que le 30 octobre 1650.[15]

Quelques mois plus tard, le 10 février 1651, le notaire Ameau des Trois-Rivières rédigeait son contrat de mariage avec Antoinette de Liercourt, et il y a toute apparence que la cérémonie se fit au même endroit.

Le 5 et le 12 février 1651 : Inventaire des biens de Michel Chauvin (greffe de Saint-Père), il apparaît en qualité de créancier et de débiteur.

Dans le greffe de Lambert Closse (18 septembre 1651), il est présent au contrat de mariage de Jean de Saint-Père et de Mathurine Godé.

Le 20 juillet, précédent (1651), il est parrain d’un sauvage.

À l’inventaire des biens de défunt Augustin Hébert dit Jolicœur, 2 juin 1654 (greffe Closse), il est porté sur la liste des créanciers ; Cette même année, il reçoit du gouverneur une gratification de 400 livres en s’engageant à demeurer dans l’île de Montréal. (Archives du Séminaire)

En 1655 (30 mars et 4 avril)[16], il est un des habitants de Ville-Marie, qui consentent à payer cent sous par an pour les services du chirurgien Bouchard.

On voit, au registre des minutes du tabellionnage, que le 18 juin 1655, Juillet fait une transaction avec Catherine Lorrion, veuve de Pierre Vilain. Cette pièce est disparue.

Le 3 octobre 1658, au baptême de son fils Louis, c’est, l’ex-gouverneur de la Nouvelle-France, Louis d’Ailleboust qui est parrain et Jeanne Mance qui est marraine.

Juillet est lui-même parrain d’un enfant de Pierre Richomme le 22 juin 1659.

C’est la dernière fois que son nom est mentionné dans un acte public, de son vivant.

On sait qu’il trouva la mort au cours de l’engagement du 19 avril. L’abbé Faillon (II, 399), nous l’avons déjà dit, attribue sa noyade au fait qu’il n’était pas habitué à la navigation en canot.

Cela nous paraît difficile à admettre. À l’époque de son décès, Juillet était ici depuis treize ans, au moins, et comme les moyens de locomotion étaient très réduits en ces temps anciens, peut-on supposer qu’il n’ait pas eu l’occasion d’apprendre à ramer ? D’ailleurs son acte de décès, ni M. de Casson n’indiquent la cause immédiate de son trépas.

Ainsi que nous l’avons fait remarquer l’expédition part au commencement du printemps, et bien des hypothèses peuvent expliquer l’accident. C’est le moment de la grande crue des eaux, et, alors, le courant est très rapide chaque côté de l’île Saint-Paul ; à cette époque de l’année, le fleuve charroie des glaçons isolés, toujours dangereux pour les canotiers ; entre l’île de Montréal et l’île Saint-Paul, il y a quantité de rochers à fleur d’eau, enfin, un faux mouvement de Soulard qui, lui, devait être novice, voilà autant de causes qui ont pu faire chavirer l’embarcation.

Moins de deux mois après sa mort, le 11 juin 1660, Basset rédige le contrat de mariage de sa veuve avec Hughes Picard, et le 13 juin, sur l’ordre de M. de Maisonneuve, Picard est nommé tuteur des quatre enfants du défunt et Lambert Closse, curateur.

Le 20 juin, est dressé un procès-verbal de ses biens, dans lequel on remarque qu’il avait sur sa terre, une maison de maçonne et charpente de 36 pieds par 18 pieds ; un bâtiment pouvant servir de grange, ni clos ni couvert, mais avec 200 de bonnes planches et clous pour le couvrir. Son “roulant” est relativement considérable. Notons : 2 bœufs, 1 vache, 1 veau, 3 cochons, 1 charrue, 2 fusils, 1 épée, 5 chaudières, 1 marmitte, 1 gril, 1 cramatière, une pelle à feu, des tenailles, poêles à frire, cuillers à pot, broches, tripiers, réchaux, de la vaisselle d’étain, des outils, etc., 1 capot bleu, 1 manteau, 1 justacorps et haut de chausse, un caleçon de frise, des seaux ferrés, deux cabannes, une armoire, des coffres de bois et dix barriques.

C’est le richard de la troupe.

Juillet a encore des descendants en ce pays, car ses quatre enfants se marièrent et eurent une nombreuse postérité.

Jurie

Prénom : Robert ; âge : 24 ans.

On le nomme généralement Jurée, mais Basset écrit bien lisiblement, partout, Jurie et nous adoptons cette orthographe. Un acte de Basset du 7 janvier 1660, nous apprend que Paul Benoist dit le Nivernois, charpentier, qui possédait la terre avoisinant celle de Dollard, au pied du courant Sainte-Marie, donne à Robert Jurie, “ pour le temps et espace qu’il a du gouverneur… la jouissance de certaine quantité de terre qu’il a défriché… a raison de 17 minots de grain, bled froment, pois ou bled d’Inde, par an… pendant iceluy bail.”

D’après le texte de l’acte de décès, on crut qu’il avait réussi à s’échapper des Iroquois, à gagner New-York et à repasser en France, mais on sut, plus tard, que cela était faux et il doit être un des quatre qui furent torturés et brûlés.

Lecompte

Prénom : Jean ; âge : 26 ans.

“ Lecomte, nous dit l’abbé Faillon, demeurait sur la paroisse de Chemiré, en Charnie, pays du Maine, aujourd’hui arrondissement du Mans, canton de Loué. Il s’engagea à l’âge de 21 ans, par contrat passé à la Flèche entre lui et MM. de Maisonneuve et de la Dauversière, le 30 mars 1653 (notaire de Lafousse), à aller à Ville-Marie, et le 20 juin suivant, il déclara dans la rade de Saint-Nazaire, avoir reçu de la Compagnie de Montréal, 120 livres en avancement des gages qu’elle lui avait assurés. (Faillon ib, 550.)

L’abbé Faillon ajoute qu’il faut le distinguer d’un autre Jean Lecompte de la ville d’Orléans qui fut tué avec Closse en 1662.

Ajoutons qu’au contrat de mariage de Pierre Cabazié[17] (Bassfet, 30 mars 1669), un troisième Jean Lecompte est présent.

Il est donc assez difficile de démêler lequel de ces Jean Lecompte, concernent les actes suivants :

Le 12 janvier 1659 (Basset) dans l’inventaire des biens de Jean de Saint-Père, est un état de ce qui a été payé à diverses personnes par la femme du défunt, Mathurine Godé, et on remarque qu’un nommé Jean Lecompte a reçu 10 livres pour du bois de chauffage fourni à la famille.

La même année, un Jean Lecompte est témoin au mariage de Marin Heurtebise.

Le 5 avril 1660 (Basset) un Jean Lecompte transporte à Jean de Niau, les droits et actions qu’il peut avoir… sur quatre arpents de terre sis sur la concession des héritiers du défunt Jean de Saint-Père.

Martin

Prénom : Louis ; âge : 21 ans ; profession : vacher.

Le 22 février 1660, il achète deux articles à la vente des biens meubles de cette pauvre Madeleine Fabrecque, morte l’automne précédent, quelques jours après son arrivée de France. Dans cet acte on le dit vacher, et il déclare ne savoir signer.

On trouve dans l’Histoire de M. de Maisonneuve par l’abbé Rousseau, qu’il y avait à Montréal une fonction de vacher public et Louis Martin en fut peut-être le titulaire. Cette fonction, nous dit cet auteur, “consistait à garder les animaux dans la commune et au besoin de sonner l’alarme.”

Robin dit Desforges

Prénom : Étienne ; âge : 27 ans.

“ Le lieu de sa naissance et celui où il passa son engagement sont également inconnus. Il fit partie de la recrue de 1653, et étant sur le Saint-Nicolas, de Nantes, qui allait mettre à la voile, il reconnut avoir reçu de la Compagnie de Montréal 79 livres en avancement des gages qu’elle lui avait assurés. (Belliotte, notaire.) » (Faillon ib., 557.)

Soulard

Prénom : Mathurin ; profession : charpentier.

Tout ce que l’on sait de lui, c’est qu’il était charpentier du fort et qu’il se noya avec Juillet, le 19 avril 1660.

Tavernier

Prénom : Jean ; âge : 28 ans ; profession : armurier.

Arriva en ce pays en 1653. « Nous ne connaissons ni les circonstances de son engagement ni le lieu de sa naissance. Le surnom de la Lochetière qu’on lui donnait à Ville-Marie pourrait faire soupçonner qu’il était venu des environs de Loches. Quoiqu’il en soit, Jean Tavernier, qui avait passé son contrat d’engagement ailleurs qu’à la Flèche, se rendit au lieu de l’embarquement, déclara le 20 juin 1653, devant le notaire Beliotte avoir reçu de la Compagnie de Montréal, 97 livres en avancement de ses gages, et signa de sa main cette déclaration. À Ville-Marie il se distingua par la sincérité de ses sentiments religieux et par son courage.[18] On ne doit pas le confondre avec un autre brave colon, également surnommé la Lochetière, déjà passé en Canada, où il avait donné des preuves éclatantes d’intrépidité et de valeur et qui s’appelait Étienne Thibault... » (Faillon ib., 559.)

Le surnom de « la Lochetière » ne lui est donné que dans l’acte de décès. Basset le nomme Jean Tavernier, sieur de la Forest dans deux actes de 1659.

Mgr Tanguay, volume I, page 560, le nomme Tavernier dit la Hochetière ainsi que l’abbé Faillon, volume II, page 415, ce qui est ni conforme à l’acte de décès, ni à l’étymologie du nom tel que le même abbé Faillon l’établit dans le passage que nous venons de citer.

Ce n’est, qu’à partir de 1657, que Tavernier apparaît dans les documents publics.

Le mai 1657 (greffe de Saint-Père), il est présent, et signe au contrat de mariage de Pierre Gadois et Marie Pontonnier. Le 14 septembre 1658 (greffe Basset), il est présent et signe aux contrats de mariage de Michel Louvard et François Nadeau, puis de Simon Le Roy et Jeanne Godart. Le 5 novembre de la même année, il est présent à une vente de terre par Jean Milot à la fabrique de Ville-Marie.

Le 2 octobre 1659, Claude Antoine Jobard lui transporte le travail qu’il a fait sur quatre arpents de la concession de Charles Le Moyne, à la pointe Saint-Charles. Le Moyne s’était engagé à remettre ce travail sur une concession que Jobard devait acquérir.

Pour les droits de Jobard, Tavernier lui paye 270 livres en « bon castor gras, loyal et marchand. »

Trois jours plus tard, il est présent au contrat de mariage d’André Heurtebise et de Denise Lemaître, puis, le 9 décembre suivant, au contrat de mariage de Marin Heurtebise et d’Étiennette Alton.

C’est dans ces deux dernières pièces qu’on le surnomme « Sieur de la Forest ».

Son testament paraît avoir été écrit sous la dictée de Bailly qui devait avoir quelques connaissances légales, car il est témoin à une quantité d’actes. Le texte du testament est reproduit plus loin.

Tiblemont

Prénom : Nicolas ; âge : 25 ans ; profession : serrurier.

Faillon, II, 415 et Tanguay, I, 568, le nomment Tillemont. Cependant, l’abbé Souart nous semble bien avoir écrit Tiblemont dans l’acte de décès, seul document où ce nom est mentionné.

Valets

Prénom : Jean ; âgé : 27 ans ; profession : menuisier.

Arriva en 1653. « Jean Valets (ou Valleys) de la paroisse de Teillé, pays du Main, aujourd’hui arrondissement du Mans, canton de Ballon, s’engagea à l’âge de 20 ans par contrat passé entre lui et MM. de Maisonneuve et de la Dauversière, le 30 mars 1653, à la Flèche, à joindre la recrue qui devait partir prochainement pour Ville-Marie (De Lafousse, notaire). » (Faillon, II, 560.)

En 1654, il reçut de M. de Maisonneuve 500 livres pour s’établir à Ville-Marie à condition d’y résider. (Faillon, II, 188.)

Le 21 décembre 1654, Fiacre Ducharne et Jean Valets s’engagent à bâtir, pour leur usage commun, une maison sur un arpent de terre dans l’enclos désigné pour la ville, avec promesse de défricher des terres lorsqu’ils pourraient le faire sans avoir à redouter les embuscades des Iroquois. (Faillon, II, 191.)

Le même jour, les mêmes colons s’obligent, envers la Compagnie de Montréal, de monter les fusils dont M. de Maisonneuve aurait besoin, à raison de 3 livres, 10 sous, et les pistolets au prix de 2 livres. (Faillon, II, 198.)

Le 30 mars 1655 (greffe Closse), Valets est un de ceux qui s’engagent à verser 100 sous par année au chirurgien Bouchard, pour ses soins.

Le 9 octobre 1658, il est mentionné au procès verbal des immeubles de Julien Daubigeon.

Ainsi que nous l’avons déjà dit, son testament, par le fait qu’il est le seul dont on ait cité des extraits, acquiert une importance considérable, aussi le reproduisons-nous ici, en fac-similé et en transcription.

Ajoutons que le nommé Pichard, à qui Valets léguai ses biens, ne fut pas beaucoup plus heureux que le donateur car le 14 avril 1661, il était tué à la pointe Saint-Charles.

L’inventaire des biens de Valets se fit par Basset et présence de Lambert Closse, le 26 mai 1660. Voici l’entête de cette pièce : « Inventaire des hardes trouvées en la maison et possession de Jean Pichard à la pointe Saint-Charles… » On y constate que Valets était en bon état de fortune.

Parmi ses papiers est un bail de 4 arpents de terre, par Jacques Le Moyne successeur de Jean de Saint-Père, audit Valets et Jacques Morin.

Ses dettes s’élèvent à 39 livres, 5 sols.



DONATION FAITE PAR
JEAN VALETS
A Jean Pichard en dotte
DU 18’. AVRIL 1660



Pardevant Bénigne Basset commis au greffe et tabellionnage de Villemarie en lisle de Montréal et tesmoins desnommez et Soubznez. fut présent en Sa personne Jean Valets de pnt, en ce lieu, lequel désirant aller en party avec Lesr. Dollard, cour sur les petittes bandes hiroquoises et nos Ennemis, Et ne scachant comme Il plaira A Dieu disposer de luy penda. Ced. temps., A Volontairement fait et Constitué pour héritier Irrévocable en Cas qu’il Vienne faute de sa personne en Ced.’ Voiage et au’es qu’il pourroit faire cy après, La personne de Jean pichard habitant de Ce Lieu Auquel Il ven et Entend quapres son deceds Luy estre propre tous ses biens meubles et Immeubles présents, A la charge par led pichard, de ſe. celebrer en cette parroisses quatre grandes messes hautes pour le repos de Son Ame et de payer Ses debtes qui Aucunes peut debvoir Ainsy ſe. luy plaise, Promette. &c Obligeant &c Renonçant &c fait et passé A Villemarie en lestude du Nre lan GVI[19] Soixante ce dix huictiesme Jour dAvril Après Midy en pnce des sieurs Jean le Mercher dit la Roche et louis chartier tesmoins A ce requis et Soubzsignez Apres qe. led Valets a dit et déclaré ne scavoir escrire ni signer de Ce Enquis suiv. lordce.

Jean le Mercher
Chartier
Basset
Nore


TESTAMENT DE JEAN TAVERNIER
DU 17 AVRIL 1660


Jay sousbssine confesse Jehan Tavernier de mon propre gré et volonté promest et donne a Lesglise de Montréal quatre arpens de terre qui sont en labitacion de charles Le moinne et, en jouyront jousque a tant que le dit moyne en aye de faict autant sur habitation dudit tavernier-un mot en rature.

Je donne aussi labitation que Monsieur le gouverneur luy a donnée a la Rivière St. Pierre à la charge que messieurs les Pbres diront au jour de Ste Anne une Messe haulte, et une le jour de St Jean baptiste a lintention du dit tavernier et ses Père et Mère et en cas que ledit tavernier meurt et sil ne meurt pas le sousbsiné sera cassé et de nulle valleur deux mots en rature faict en pressence de francois baillif et de Jehan prestot dont le dit prestot a déclaré ne scavoir siner ont siné F. bailly Jen tavernier faict ce 17 davril 1660

Jay soubsiné confesse Jehan tavernier donne a Maistre Jehan Millot tout ce quil a entre mains sans que aucun le puisse troubler ni empescher de ce faire paier ce qui est deub audit tavernier et si quelquun le trouble que ce soit a sa confusion, pour ce qui est du Revenu de La dite terre M Millot partagera avec Olivier Cherbonneau et fera aracher les souches pour passer La charue faict en pressence de francois baillif et Jehan prestot dont le dit presto a déclaré ne scavoir siner et ont siné dont il y a quatre most en rature f. bailly. (avec paraphe)


Jean Tavernier faict le 17 avril 1660.


Jean milot a déclaré en ma présence accepter la donation dudict Jean tavernier mentionner cy dessus et pour cequi est du revenu de la terre a partager avecq Charbonneau Il a consenty que leglise on Jouisse et luy cedde cequel y pouvait pretendre faict le 30 mai 1660

Paul de Chomedey
(Sur une feuille annexée)

Memoyre de ce que je doibst dont je prie maistre Jean Millot de paier

premièrement a Mr le Moyne 
 23 tt 7 s
Mr. du bois 
 20 tt
a Messieurs les pbres 
 36 tt
Monsieur Lambert de (mots incompréhensibles) 
 15 tt
A Jehan prestrot 
 50 tt
a chauvin 
 3 tt 10 s
a Mr de St André 
 36 tt

Le beausseron un manteau de (incompréhensible) dou_ Blé et 18 pieds de merizier écari

a monsieur Lamble ( ?) 
 6 tt
a La Vigne 
 3 tt 10 s
a Jacques morin 
 22 tt 7 s 6 d

  1. Dollier de Casson — Histoire du Montréal, 1868, p. 140. Sans faire de rapprochement, on peut noter que deux ans auparavant, Chouart et Radisson passaient à Montréal, en route pour les grands lacs. Cette expédition se fit tuer 13 hommes et plusieurs de ceux qui la composaient rebroussèrent chemin. Voir Dionne. Chouart & Radisson, p. 49.
  2. Voir page 25.
  3. Histoire du Montréal, p. 143.
  4. Histoire de la Colonie française, II, 397.
  5. Histoire du Montréal. Note de M. Jacques Viger, p. 144.
  6. Comment expliquer que l’abbé Souart a pu écrire, le 3 juin, que le combat avait eu lieu 8 jours auparavant, alors que rien de ce qui se passait dans Montréal, qui n’était qu’un hameau, ne pouvait lui échapper ? Les mots « 8 jours » ne seraient-ils pas mis ici pour une période de temps indéterminée ?
  7. Si l’on scrute les contrats d’engagements de 1653, on apercevra que six d’entre eux n’ont pas signé à ces contrats.
  8. Archives du Séminaire, 7 mars 1674.
  9. En effet, Basset semble avoir inscrit dans le registre du tabellionnage, presque tous les actes qu’il a fait de 1657 à 1663, comme notaire, greffier, arpenteur, etc. Après cette date, il cesse peu à peu d’y insérer ses actes notariés.
  10. Il ne cite pas celui de Tavernier, mais la manière dont il parle de ses sentiments religieux (voir plus loin, les notes concernant Tavernier) indique bien qu’il avait lu ses dernières dispositions.
  11. Quoique bizarre, cette dernière expression se rencontre dans d’autres pièces.
  12. Simple coquille.
  13. Basset écrit toujours Ducharne, jamais Ducharme.
  14. Dans le texte, une erreur typographique fait dire, à l’auteur, 1663.
  15. Ceci se produit assez souvent sous M. de Maisonneuve.
  16. Greffe de Lambert Closse. L’abbé Paillon, ib., 198, a attribué, par erreur, cet écrit à M. de Saint-Père qui pourtant n’y figure en aucune manière.
  17. C’est ainsi qu’il signe toujours.
  18. Cette réflexion est évidemment inspirée par la lecture du testament de Tavernier.
  19. GVI ou MVI, signifient mil six cent.