E. D. – Le marbre animé/8

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Aux dépens de la compagnie (Bruxelles) (p. 53-62).

CHAPITRE VIII



LA VOIE DÉTOURNÉE. — COUP DE
THÉÂTRE




Puisque j’ai si peu réussi avec la méthode ordinaire, et que ma verge, bijou d’une dimension remarquable, n’a pas eu plus de succès dans l’étui naturel, qui la chausse comme un gant, je veux essayer pour le dernier jour, si je serai plus heureux, en prenant un chemin détourné. Je fais part de mon intention à la belle qui, bien qu’elle ait son pucelage de ce côté, veut bien se prêter à une dernière expérience, m’assurant qu’elle n’a jamais autant désiré d’être vaincue qu’aujourd’hui, dans l’admiration où elle est de mon infatigable priape. Avant de pratiquer l’ouverture, que je pressens devoir être douloureuse pour la patiente, je viens d’abord, sous prétexte d’essayer de la mettre en état, tenter de vaincre le clitoris, par un lécher dans toutes de règles. Je fais étendre la belle sur moi ; dans la posture de„tête-bêche” lui recommandant de peloter mes rouleaux, et de caresser Jacques pendant la manœuvre, sans cependant mener l’aventure jusqu’au bout, mais me proposant de tout tenter, pour la mener à bonne fin de mon côté. J’ai sous les yeux les superbes hémisphères, entre lesquels je larde de petits coups de langue la petite tache noire ; puis je m’adresse au clitoris, le léchant d’une langue experte, et habituée à cette douce besogne, pour laquelle nulle ne l’égale, pendant que je chatouille les chairs, du bout du doigt enfoncé dans l’anus. À ce jeu-là, Victoire se fût pâmée dix fois, dans le même temps que ma belle insensible manifeste à peine une émotion légère, que trahit le sphincter, en comprimant mon doigt dans une contraction, qui dure deux secondes, pour ne plus se reproduire. Devant ce résultat, je me décide à venir m’ouvrir une route dans la voie étroite, que je pratiquerais volontiers d’ordinaire, n’était la souffrance qu’endurerait la patiente, à chaque intromission de mon gros priape.

Agenouillée sur le lit, la tête appuyée sur une pile de coussins, la princesse me présente la place forte destinée à l’attaque. Le nez sur le doux objet, entre les fesses écartées, je constate de mes deux yeux, que ce cul est en effet vierge et neuf, et je devine que j’aurai de grandes difficultés à surmonter pour m’y tailler un chemin. J’applique mes lèvres sur l’entrée hermétiquement close, je mouille les bords pour les rendre glissants, j’humecte le bout de la verge, et je la conduis vers l’huis qu’elle doit percer, en m’aidant des deux mains, l’une écartant les bords, l’autre y conduisant le membre. J’essaie de faire entrer le bout, mais le sphincter résiste, et repousse le gland ; dix fois je crois m’y glisser, et dix fois je reste à la porte. Après une longue résistance, et après avoir encore humecté l’orifice et le gland l’huis cède enfin, forcé, et laisse pénétrer la pointe qui le perce ; je reste un moment immobile, ne voulant pas précipiter ma victoire par une irruption brutale, puis, peu à peu, lentement, élargissant la gaine qui l’étreint vigoureusement, la verge s’enfonce à moitié, sans que la patiente laisse échapper une plainte ; mais ma victoire est complète, mon membre a disparu tout entier dans l’abîme. Passant alors une main sous le ventre, je viens chatouiller le clitoris, et pendant que ma verge fouille l’anus dans un va-et-vient régulier, je branle le petit bouton ; mais quelques poussées vigoureuses, dans cet étau qui l’étreint, suffisent pour tirer à mon priape des preuves brûlantes du bonheur qu’il goûte en ces lieux.

Deux fois encore je recommence une charmante incursion dans l’aimable pertuis, et deux fois encore je suis heureux, dans ce sentier étroit, tout seul hélas ! malgré la dextérité d’un doigt habile, et autant que ma langue propre à payer au clitoris son tribut d’amour.

Devant l’inutilité de mes efforts, je me résous à cesser mes tentatives ; je souhaite donc une bonne nuit à mon insensible compagne, et je m’endors auprès d’elle. Le lendemain, quand je m’éveille, je contemple la superbe créature endormie, désolé à la pensée que j’allais perdre à jamais un pareil trésor, après avoir mis en œuvre, pour animer ce beau marbre, toutes les ressources dont dispose un galant homme. Mais vit-on jamais un pareil glaçon ?

La colère est souvent mauvaise conseillère ; le proverbe à tort parfois. Irrité de ce qui m’arrive, quand je suis habillé, prêt à partir sans un adieu, je me retourne tout à coup, et reviens sur mes pas. Elle m’oublierait comme les autres, me dis-je ; eh ! bien, non ! Je veux qu’elle garde de moi un souvenir cuisant ; je veux lui infliger une correction, dont elle gardera les marques quelques jours, et la mémoire toute sa vie. Me dirigeant vers le lit, je réveille la princesse, et la prenant dans mes bras, comme pour une dernière caresse, je l’emporte dans la chambre ; je m’assieds sur une chaise, je la mets sur mon genou, le cul en amont, étalant ce gros derrière, qui s’élargit épanoui, et tandis que je maintiens fortement le haut du corps sous mon bras gauche, je laisse retomber, de toutes mes forces, la main droite sur les fesses, où les cinq doigts s’impriment en marques rouges ; et pendant qu’elle se débat vainement, en gémissant je lui applique une vigoureuse fessée ; les claques tombaient dru et fort, sans relâche, avec un bruit de chairs froissées, rougissant le satin, sans laisser une ligne blanche ; et malgré les cris de la belle, je redouble à tour de bras, meurtrissant la peau qui fume. Bientôt la fustigée ne se défend plus ; et pourtant je la fouette de plus belle, et ce n’est que quand le cul me brûle les doigts, que j’estime qu’elle est assez punie. Je me lève alors, je la repousse, et l’ayant saluée froidement, je me dispose à prendre congé. Mais soudain ma beauté, un moment interdite, bondit vers moi, les yeux baignés de larmes, au milieu desquelles brille un sourire qui m’est inconnu, sourire rempli d’amour et des plus tendres promesses ; elle s’est jetée à mon cou, me couvre de baisers brûlants, me mangeant les lèvres, cherchant ma langue, me dévorant de caresses. Qu’est ceci, vraiment ? Quel changement subit ! Un tison remplace un glaçon. Le feu que je lui ai mis au derrière a-t-il donc embrasé tout son corps ?

Devant l’expression exubérante de cette tendresse passionnée et muette, je ne sais pas résister, et je suis bientôt sur le lit, entre ses bras, tout nu ; elle m’a arraché mes vêtements, et je la presse sous mon sein, émue pantelante, et se tordant déjà de rage d’amour, quand je suis à peine sur elle ; j’eus tôt fait de me mettre à l’unisson et de partager son délire, que je vins renouveler dix fois dans deux heures, ce qui m’était facile, ainsi secondé ; il est vrai que ma langue s’acquitta plusieurs fois de la besogne.

À midi, l’insatiable amoureuse s’attachait encore à mes pas, ne voulant pas me laisser partir, ayant peur de me perdre, à présent que je l’ai subjuguée. Pour lui plaire, je partageai son déjeuner, et après quelques restaurants nécessaires à chacun de nous, l’ayant encore servie deux fois, je la quittai, un peu calmée, mais non éteinte, avec promesse de revenir le soir de bonne heure. Elle m’accompagna jusqu’à la porte du boudoir, les lèvres sur mes lèvres, et j’eus enfin la liberté de m’en aller.

Tout cela s’était fait si rapidement et le temps, depuis ma victoire inespérée, avait été si bien employé, que je ne m’étais pas encore demandé à quoi je devais ce revirement subit ; cette explosion soudaine d’une ardeur méridionale, succédant à une température sibérienne, après une correction sanglante, avait lieu de me surprendre. Je me rappelai alors que j’avais lu dans un conteur russe, que dans ce pays, une femme que son mari ne fustige pas se croit délaissée ; et que souvent l’époux, pour faire partager sa flamme à sa moitié, est obligé de faire pénétrer son feu chez elle, à coups de verges, les employant par poignée, quand, chez nous, il n’en faut qu’une, pour produire le même effet à nos ardentes compatriotes ; et ce que j’avais cru l’invention d’un romancier, est sans doute le moyen efficace qu’on emploie exceptionnellement, peut-être, pour dégeler les cas glacés dans ce pays, où tout est gelé, même parfois ce qui arde toujours dans les conins français. D’ailleurs je me promettais, puisque ma belle Russe devenait mon esclave, en me donnant son cœur, d’éclaircir ce point avec elle.