En Finlande (Souvenirs d’une jeune fille)/04

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IV


Noël, Noël, notre grande fête ! Bientôt je ne songeai plus qu’à la joie de me retrouver au milieu des miens. J’avais reçu des lettres de ma famille. On m’attendait avec impatience. Ma petite sœur Elsa m’écrivait d’adorables billets pour me dire de partir « vite, vite, vite » et de prendre au besoin la voiture attelée de rennes du Grand Saint-Nicolas pour arriver plus tôt.

Mon père devait venir me chercher à mi-route ; jusque-là je voyagerais en compagnie d’Hélène, l’une de mes compagnes.

J’avais fort à faire pour préparer des cadeaux de Noël pour tout mon monde ; mes amies de même, et nos récréations se passaient, pendant ces derniers jours, à chercher ensemble « des idées » de surprises nouvelles. Tous les magasins de la ville étaient mis à contribution, et, pour Elsa, en particulier, j’avais découvert quelque chose qui devait la ravir.

Quant à ce qui nous regardait mutuellement, nous autres, les inséparables, nous avions chacune nos projets, que nous nous gardions bien de nous communiquer. Le plus grand charme de ces cadeaux n’est-il pas l’inattendu ?

Autour de nous, on n’y mettait pas tant de façons. Toutes nos compagnes, du moins celles de dix à douze ans, échangeaient à qui mieux mieux ce qu’elles appelaient des lettres de Noël. Un soir, Heddi, par exemple, remettait à son amie Selma, dans le plus profond secret, une lettre rose ou bleue, soigneusement cachetée. Sur l’enveloppe, à côté de l’adresse de Selma, « chez ses parents », il y avait cette recommandation en gros caractères : À ouvrir la veille de Noël, à sept heures du soir.

Le lendemain, Selma, à son tour, abordait Heddi avec des airs mystérieux et lui confiait une lettre analogue, portant injonction semblable. Et comme, plus on pouvait exhiber de ces messages confidentiels, plus on récoltait d’admiration, de gloire ou d’envie en notre petit monde en miniature, comme aussi toute lettre donnée en appelait forcément une autre, sous peine de grave infraction aux lois les plus élémentaires de l’étiquette scolaire, il s’ensuivait que très grande était en ces jours la consommation de papier à lettres et de cire à cacheter.

Tant de lettres étaient remises dès le milieu de décembre ! tant de jours devaient s’écouler avant d’arriver au terme prescrit ! La tentation était par trop forte ; malgré la recommandation expresse du donateur, il arrivait le plus souvent que le sceau était brisé bien avant la veille de Noël.

Que trouvait-on alors sous l’enveloppe, parfois double pour plus de sûreté, trop faible rempart, hélas ! pour la curiosité enfantine ? C’étaient des protestations d’amitié, des souhaits, quelquefois des reproches. Selma me montra celle que lui avait écrite Hélène. La voici, authentique :


« Chérie,

« Je te souhaite une bonne fête de Noël et beaucoup de cadeaux, mais pas des livres, par exemple ! J’aime bien mieux que tu joues avec moi « kili, kili kas » ou « hippasilla » que de te voir tout le temps absorbée dans tes lectures.

« Je t’aime de tout mon cœur ! Plus que Helmi, plus que Laina, plus qu’Anni, plus que tout le monde, excepté mes parents et Tilda. Chut ! je voulais dire Mlle Mathilde. Ne le répète pas. On trouverait que je manque de respect à notre chère maîtresse ! Elle est charmante, n’est-ce pas ? c’est la meilleure des institutrices. Il n’y en a pas deux comme elle. Au printemps, nous irons ensemble lui chercher les premières anémones des bois.

« Au revoir, chérie. Mange beaucoup de riz et tâche d’avoir la fève.

« Ton amie dévouée.

« Hélène. »


Comme de juste, ces lettres varient à l’infini, selon celles qui les écrivent et celles à qui elles sont destinées. Elles sont accompagnées de menus présents, mais le plus souvent d’images, de versets de la Bible — deux ou trois lignes manuscrites à l’encre d’or — ou de carrés de vélin enjolivés d’enluminures d’un goût plus ou moins heureux. Ces cartes sont d’un envoi commun parmi nous aux approches de Noël, et on les trouve en grande quantité chez les marchands.

Il faut voir les mines des fillettes quand elles reçoivent leurs lettres secrètes. Elles les examinent, elles les soupèsent. Elles les exposent à la transparence d’une fenêtre pour tâcher de déchiffrer un mot par-ci, par-là ; enfin, elles font durer le plaisir le plus possible, jusqu’à ce que leur curiosité prenne le dessus et que la lettre soit ouverte, en dépit des prières et des promesses.

C’est à qui en aura le plus parmi les pensionnaires, et volontiers on fait des bassesses auprès de fillettes à qui, auparavant, on adressait à peine la parole, pour pouvoir ajouter une lettre à sa collection et être la première dans cette lutte d’un nouveau genre.

Décachetés ou non, la veille de Noël, à l’heure dite, on lit fidèlement les messages amicaux, que souvent on sait par cœur, à force de les avoir lus et relus auparavant, mais qui n’en font pas moins de plaisir ce jour-là.

Nous commencions presque à nous trouver trop grandes pour ce genre de passe-temps qui, ordinairement, fait rage aux environs de la douzième année, mais l’envoi d’images, fleurs, versets de la Bible, etc., avec souhaits de Noël et de jour de l’an, est de tous les âges, et nous décidâmes bientôt d’en envoyer à notre chère maîtresse, Mlle Mathilde. Nous étant cotisées, nous, le quatuor, nous mîmes à profit une heure de sortie pour lui acheter une superbe image sur laquelle s’épanouissait toute une bourriche de pensées, à la fois notre symbole et l’emblème des respectueux pensers d’amitié que nous entretenions en nos cœurs pour notre bonne institutrice.

À cela, nous joignîmes une épître longuement méditée, écrite avec une extrême attention pour les t barrés et les points sur les i, et dans laquelle nous exprimions — en vers s’il vous plaît, car la prose nous avait paru trop terne — nos sentiments de reconnaissance pour celle qui consacrait son temps et ses peines à former nos jeunes intelligences. Ils sont très forts les liens qui, en Finlande, unissent les écoliers à leurs maîtres. L’enseignement est considéré comme la plus noble carrière, une œuvre d’amour et de dévouement appelant, en échange, l’amour et la gratitude.

Comment Mlle Mathilde prendrait-elle notre humble offrande ? Trouverait-elle trop grande notre audace, ou serait-elle touchée par notre ardente promesse de toujours bien travailler pour lui prouver notre affection ?

Ô bonheur ! nous ne l’avions point offensée. La veille de Noël, arriva à chacune des affilées du quatuor dans sa famille une lettre de Mlle Mathilde, avec le plus beau cadeau qu’elle pût nous faire : sa photographie. Quelle heureuse surprise pour moi et mes amies !…

Le 20 décembre au matin, après de touchants adieux, je partis donc avec Hélène, ma valise bourrée de cadeaux pour la maison paternelle.

Qu’il est vif, chez nous, l’amour du foyer ! Que ce soit dans une misérable hutte en bouleaux entrelacés ou dans nos demeures les plus luxueuses, les deux tiers de notre vie se passent au foyer domestique. La rigueur du climat nous y oblige, nos goûts sembleraient nous y porter, même sans cela ; aussi ne pourrai-je jamais assez célébrer nos vertus familiales, l’entente entre chacun des membres de la famille, les habitudes patriarcales, comme les liens entre frères et sœurs, cousines, tantes, etc. Nous vivons avec une extrême simplicité. Les délicieux poissons de nos lacs, frais l’été, séchés ou fumés l’hiver, le lait crémeux de nos belles vaches, notre beurre exquis, que nous fabriquons de manière à lui donner une réputation européenne (je devrais dire universelle, car nous en exportons jusqu’en Amérique, aux États-Unis en particulier), le miel parfumé de nos abeilles, et des bouillies forment le fond de notre alimentation. Nous aimons peu la viande de boucherie, difficile à se procurer dans les solitudes du nord, et nous en consommons peu ; cependant, il n’est pas de ferme sans porcs et sans volaille, et les œufs nous sont une grande ressource.

Plus on avance vers le sud, plus le confort augmente, mais les très grosses fortunes sont rares chez nous, pour ne pas dire introuvables. Nous n’estimons que très modérément l’argent et nous considérons qu’il est au fond de pas mal de vilenies ; nous nous faisons une conception très élevée de nos devoirs dans la vie et il nous paraîtrait d’un mauvais exemple, lors même que nous aurions acquis une certaine fortune, d’en faire étalage, d’exciter des haines autour de nous, et de nous amollir par un excès de bien-être. Très travailleurs, très économes, très sobres et très simples, les Finlandais, pleins de considération pour leurs frères tout à fait pauvres, ne cherchent qu’à s’en rapprocher, à alléger leurs misères, à les traiter, en un mot, en frères moins favorisés.

Voilà pourquoi, ainsi que je le disais précédemment, les Sociétés de tout genre rapprochant, unissant toutes les castes, florissent en Finlande, si bien que, par ses sentiments de généreuse solidarité, notre petit pays pourrait être donné comme modèle à de beaucoup plus importants territoires.

Je semble m’éloigner de mon sujet ; je m’en écartais un peu seulement, pour bien faire comprendre les usages de ma chère patrie.

Plus on pénètre vers le nord, plus les habitations deviennent rares, disséminées, et perdues à travers les prairies, les lacs, les forêts épaisses. Plus au nord encore, il faut de courageux pionniers de la civilisation pour défricher, pendant les quelques mois d’été, les forêts vierges qui s’étendent vers la Laponie. Que de braves gens succombent, martyrs inconnus, dans d’infructueuses tentatives de culture ! Ce sont de nos bons prolétaires, des gens de la campagne, n’ayant pas un sou vaillant dans leur poche. N’importe, ils vont de l’avant. Ils travaillent, ils amassent un tout petit pécule pour les premiers achats indispensables. Mû par cet amour du foyer dont nous nous entretenions tout à l’heure, et qui est si enraciné chez nous qu’il passe avant toute autre considération, un pauvre ménage s’en va dans la forêt se bâtir une misérable cabane ; le terrain ne lui coûte rien, mais encore faut-il le conquérir pouce par pouce. Ces émigrants dans leur propre contrée ont à combattre de terribles ennemis : c’est, avec le froid et la faim, la fièvre, qui vient interrompre leurs travaux. Les forêts séculaires ont leurs profondeurs où le soleil n’a jamais pénétré, leurs marais pestilentiels. Le bûcheron abat les arbres et en fait commerce, mais les défricheurs de forêts finlandaises, pour aller plus vite en besogne, mettent le feu à la forêt, comme les Robinsons des terres d’Amérique autrefois. Les cendres deviennent un fertile engrais sur lequel ils sèment quelque avoine. Puis à l’œuvre, pour dessécher le marais dont les miasmes les tueront s’ils n’y prennent garde. La femme travaille comme son mari, la femme, trésor du ménage, qui relève le courage de l’homme dans les jours tristes. Et c’est un spectacle grandiose et pathétique, que celui de cette terrible lutte entre l’homme et l’ingrate nature.

Parfois l’homme est vainqueur. Une ferme s’élève, là où les bêtes farouches de la sauvage forêt erraient seules quelques années auparavant, des champs verdoient sur l’emplacement des marécages enfiévrés, des troupeaux paissent les prés verts qui ont remplacé les mousses et les lichens, une nombreuse famille est venue entourer les hardis travailleurs. C’est le bonheur. Par contre, que de fois l’homme est vaincu ; terrassé par les fièvres, il abandonne l’entreprise, ou meurt. Mais, même alors, ses efforts n’ont point été vains, puisqu’il a facilité la tâche de ses successeurs.

Assise dans le train qui m’emportait auprès de mes bien-aimés parents, l’esprit plein de visions enchanteresses des bonheurs que me réservaient les fêtes de Noël, je me pris à penser à la manière dont, lentement, s’est formé notre pays ; à la manière dont, tous les jours, s’avancent vers le Pôle les terrains cultivés, habités ; à l’âpre ténacité dont a fait preuve notre race pour tirer quelque chose d’un sol si rebelle, et mon cœur envoya un salut reconnaissant à nos ancêtres, un tribut d’admiration à nos braves paysans qui, au prix de mille souffrances, arrivent à se « frayer de la place au soleil », à la vie.

Ces réflexions, un peu âgées pour une fillette comme moi, m’étaient venues tout naturellement à la suite d’une lecture que Mlle Mathilde nous avait faite en classe, de nouvelles d’un jeune auteur finlandais[1] qui, employant la langue du peuple, a si bien su exprimer le sentiment, l’âme finnoise.

Assise en face de moi, Hélène, de son côté, lisait des contes de notre poète Z. Topelius, contes allégoriques qui nous passionnent tous, petits enfants et grandes personnes. Il est vrai que Topelius dépeignait d’avance son œuvre, quand il déclarait : « Pour les enfants, l’exquis n’est pas encore assez bon. »

« À quoi penses-tu ? » me demanda ma compagne de route, ayant fini sa lecture avec un soupir de regret.

Je lui résumai mes réflexions.

« Oh ! mais, c’est loin de nous ces mœurs-là, dit-elle.

— Pas si loin que cela, lui répondis-je, il y en a tous les jours encore. Je le sais bien ; ma tante a eu une servante qui a épousé un des garçons de ferme, et ils s’en sont allés tous les deux dans la forêt l’an passé.

— C’est parce que tu habites bien plus au nord que mes parents, que tu es si au courant. »

Hélène disait vrai. Notre cher petit lac, avec son tout petit village, se trouvait au nord de la Finlande, du côté de Kuopio.

« Moi, déclara Hélène, au moment où je m’y attendais le moins, mon rêve serait d’aller à Helsingfors dans quatre ans et d’être tresseuse de couronnes. »

Je souris. Quatre ans, c’est long pour une fillette de l’âge d’Hélène.

« Ma sœur l’a été cet été, tresseuse de couronnes, ajouta Hélène, et elle m’a raconté la fête. C’était pour mon cousin Otto. Il a été reçu docteur en… en filoselle. »

Cette fois, malgré tout mon désir de ne point froisser l’enfant, je ne pus réprimer un éclat de rire.

« Docteur en philosophie, veux-tu dire. »

Elle fit la moue, mais bientôt :

« J’ai si envie d’être tresseuse de couronnes, ajouta-t-elle.

— Tu n’as pas l’âge », lui dis-je.

Ceci demande explication. Chez nous, les jeunes étudiants ont tous les quatre ans, à peu près, une grande fête publique pour célébrer l’obtention des diplômes ès arts et de docteur. C’est une grande solennité, une fête générale pour tout le pays, une joie sans pareille pour les mamans et les sœurs des lauréats qui y assistent, parées de leurs plus beaux atours.

Hélène, mise au courant par sa sœur, me raconta avec volubilité une foule de détails que je n’ignorais pas, car nos cœurs finlandais sont très attachés aux vieilles coutumes, et celle-là remonte aux temps anciens de notre Université. Elle est fort curieuse, avec ses cérémonies d’un autre âge. Parmi la musique et les salves d’artillerie, dans l’aula, remplie des parents et amis des « gradués », le professeur chargé de présider, après avoir prononcé une harangue ornée de fleurs de rhétorique, remet aux maîtres ès arts les insignes de leur nouveau grade : l’anneau d’or et la couronne de laurier symbolique, tandis que les docteurs reçoivent un chapeau ceint de soie. Puis, c’est un banquet et un bal, offerts par les étudiants et auxquels assistent des invités venus de toutes les parties de la Finlande.

« Tu iras un jour, toi aussi, me dit Hélène, enivrée par les splendeurs qu’elle me contait, et tu seras comme Hilda, tresseuse de couronnes. »

N’ayant pas de frères, ni de cousins, ceci me paraissait peu probable.

Mais Hélène, à qui je donnai mes raisons, prétendit que je serais bien capable d’aller pour mon propre compte étudier à Helsingfors.

La mignonne me faisait trop d’honneur. Elle me croyait appelée aux plus hautes destinées, et, « puisque, disait-elle, il y a des femmes qui étudient dans notre Université, pourquoi n’irais-tu pas, Minna ? Tu pourrais être docteur en droit ou en médecine, étudier les Lettres, les Sciences… »

Je l’interrompis en riant, songeant qu’en effet, depuis que l’accès de l’Université nous est permis, à nous autres femmes, ce n’est plus par unités qu’on nous y compte, comme en 1870 ; l’an passé, il y avait près de cent étudiantes, dont la plupart pauvres et ayant emprunté, pour faire ces longues études, l’argent nécessaire à leur subsistance, et qu’elles s’engagent, sur l’honneur, à rembourser, lorsque, leurs études terminées, elles sont en possession du diplôme qui les met en situation de gagner largement leur vie.

Une fois sur le chapitre d’Helsingfors et de tout ce que sa sœur y avait vu, Hélène ne tarissait pas. C’était la Maison des Étudiants, bâtie avec les fonds provenant de souscriptions volontaires des plus petits « trous » de campagne, comme des plus grandes villes, et aussi avec l’argent amassé par les étudiants eux-mêmes en donnant des soirées ou des concerts. Ainsi est-elle bien à eux, cette Maison des Étudiants, grand beau bâtiment, où ils trouvent des salles de réunion pour toutes les affaires qui leur sont propres, pour leurs sociétés particulières, pour leurs fêtes, une salle de musique et des salles de lecture pourvues de livres, revues et journaux de tous les coins du globe, un restaurant, enfin tout ce qui peut leur constituer un home dans une ville où, venus pour étudier, ils sont le plus souvent seuls et livrés à eux-mêmes. Ceci sans préjudice d’une autre bibliothèque qui, contenant plus de 50,000 volumes, est installée dans un local appartenant également à messieurs les étudiants.

« Quand aurons-nous notre maison des étudiantes ? » demanda Hélène, naïvement.

À cela je ne pouvais répondre. Cependant, rien ne m’étonne de la part de mes compatriotes si vaillantes et si studieuses, et volontiers j’eusse répondu :

« Quand nous le voudrons », oubliant que nous sommes pauvres et notre pays tout petit. Mais à quoi n’arrive-t-on pas avec de la volonté !…

Tout en bavardant, le temps passait. Hélène, parvenue à destination, me dit adieu en m’embrassant à m’étouffer et je continuai ma route vers le nord, rêvant à ceux qui m’attendaient, retrouvant à chaque tour de roue des paysages familiers.

À la station où je m’arrêtai pour continuer mon voyage — en traîneau — je poussai un cri de joie. Mon père était là, et, avec lui, ma petite sœur Elsa, venue à ma rencontre.

Ah ! les heureux moments et le joyeux retour à la maison.

On déclara que j’avais grandi, engraissé, mais que pourtant je n’avais pas changé. « Notre Minna est toujours la même », disait Elsa, qui me mangeait de caresses, et qui semblait, de son côté, avoir la tête de plus qu’à mon départ.

  1. Juhani Aho.