En voyage, tome II (Hugo, éd. 1910)/Voyages et excursions/1862

La bibliothèque libre.
Texte établi par G. SimonLibrairie Ollendorff (p. 497-500).
1862.




TRÊVES. — COLOGNE.


30 juillet. — Arrivés à Bruxelles à 9 h. 1/2 du soir. Descendus chez M. Lacroix, 3, impasse du Parc, rue Royale.


Vendredi 1er août. — Charles et Meurice sont arrivés. Ils m’ont lu leur premier acte[1].


3 août. — Loué à l’Hôtel des Postes, à Dînant, une voiture à deux chevaux à raison de 25 francs par jour, tous frais compris, plus 1 fr. 50 de pourboire au cocher. Payé 15 jours d’avance : 375 francs. Partis à midi 1/2.

Grotte de Han. Entrés dans la grotte à 5 h. ; sortis à 7.

Écrit sur mon exemplaire de la grotte de Han (d’Islande).


En déjeunant à Dînant

Un jour de pluie et de crotte,
J’ai baptisé cette grotte

En badinant à Dinant.


6 août. — Arrivés à 7 h. 1/2 à Vianden. — Ruine admirable. Dîné, couché, déjeuné à l’hôtel de Luxembourg. — Visité la ruine de Vianden. Splendide. — Stupide roi Guillaume Ier.

Partis à 4 h. pour Echternach. — Mauvais chemins. Pluie. Deux lieues à pied. — Routes effondrées. — Poteaux des routes vaguement lus au clair de lune. Chemin perdu. — Arrivée à Echternach à 1 h. 1/2 du matin. — Réveillé l’Hôtel du Cerf. Soupé. Couché à 3 heures.


8 août. — Déjeuné à l’Hôtel du Cerf. — Visite au couvent et à l’église romane en ruines. — Partis à 3 h. — Vu à Igel le magnifique et étrange monument romain. — Arrivés à Trêves à 7 h. 1/2.

9 août. — Vu la Porte-Noire (hier à la nuit. Aujourd’hui au jour). — Vu les bains. — L’amphithéâtre. — Le palais électoral (aujourd’hui caserne).
Admirable escalier rococo que va démolir l’architecte de la ville appelé Schmidt.

Vu Notre-Dame. Vu le Dôme. Un prêtre est venu nous prier de sortir (à cause des confessionnaux) avec un sourire gracieux. On n’est pas plus poliment impoli. — Nous faisons un jour de séjour à Trêves. — Nous n’avons pu voir la bibliothèque qui n’est ouverte que le lundi. — Trois charmantes fontaines.


10 août. — Partis de Trêves à midi. Arrivés à 7 h. 1/2 à Berncastel. — Vu le schloss avec Paul Meurice.


11 août. — Arrivés à 7 h. du soir à Cochem. — Vu Bremm et Ediger, villages du 13e siècle conservés.


12 août. — Partis de Cochem à midi. — Vu le Ehrenburg et le burg de Zorn, le chevalier voleur.


13 août. — Partis à 10 h. — Revu Andernach après 22 ans.


15 août. — Partis à midi pour Cologne. — Revu Cologne. Le vieil aspect a presque disparu.

Mauvaise nouvelle. Le drame les Misérables est interdit. — Charles me quitte demain.


16 août. — Charles et Meurice nous ont quittés à 2 h. 1/4 à Kœnigsdorf.

Repartis pour Juliers. Arrivés à Juliers à 7 h. Pluie. Kermesse. Beau pan de mur de la renaissance, brique et grès rouge.


19 août. — Vu Verviers. Zéro. — Revu en sortant de Verviers le marmot de cinq ans fumant une grande pipe que j’avais constaté il y a vingt-deux ans.

Partis de Verviers à midi pour Stavelot. — Beaux lointains. — Superbe village.


20 août. — Partis de Stavelot à 11 h. 1/2. Arrivés à Laroche à 7 h. du s.

Laroche. — Ruines du château.


22 août. — Arrivés à Dinant, hôtel des Postes, à 6 h. du soir.

Étant content de Baptiste, je lui donne 50 fr. de pour boire au lieu des 30 convenus.

Il est convenu que le maître de l’Hôtel des Postes me loue une voiture à soufflet à quatre roues et à un cheval (pour le voyage de Bouillon et Luxembourg) à raison de 18 fr. par jour, tous frais compris.


26 août. — Partis d’Arlon pour La Rochette à midi. Vu le château. Le château est merveilleux. Il y a un puits extraordinaire.


30 août. — Bouillon. Vu le château, à moitié taillé dans le roc. — Les cachots — l’oubliette — les deux niches — chaises taillées dans le roc. — Le puits 187 pieds de profondeur. — Effet prodigieux d’une pierre qui tombe. Un caillou produit le tonnerre.


4 septembre. — Villers. Vu les cachots de l’abbaye sur la Dyle ; la boîte de pierre à mettre les hommes n’y est plus. Les débris des dalles plates encombrent l’angle à gauche du 4e cachot où elle était. M. Dumont, questionné par moi, me dit que des ouvriers (?) inconnus ont brisé cette chose au mois de mars dernier. Ne serait-ce pas plutôt au mois de juin ? La chose était dénoncée dans Les Misérables. Il était bon de la faire disparaître.


  1. Un drame tiré des Misérables.