En vue de l’Himalaya/Préface

La bibliothèque libre.
La Concorde (p. ).


Arrivée à Sonathi. Tous les paysans votent pour le toit en fer ondulé. (p. 87.)
Arrivée à Sonathi. Tous les paysans votent pour le toit en fer ondulé. (p. 87.)
Arrivée à Sonathi.
Tous les paysans votent pour le toit en fer ondulé.
(p. 87.)


Une hutte de roseaux menacée par les inondations. La même hutte reconstruite sur un tertre, (p. 81.)
Une hutte de roseaux menacée par les inondations. La même hutte reconstruite sur un tertre, (p. 81.)
Une hutte de roseaux menacée par les inondations.
La même hutte reconstruite sur un tertre, (p. 81.)

PRÉFACE

Dans le petit volume intitulé En Inde sinistrée[1] auquel celui-ci fait suite, on a pu lire, de la plume de C.-F. Andrews, le récit du terrible tremblement de terre qui, en 1934, a désolé le Bihar septentrional, puis les lettres où Pierre Ceresole relatait son voyage d’enquête dans la province dévastée. Il s’agissait, on s’en souvient, d’un projet qui aurait pu sembler utopique : de porter secours aux paysans, victimes du sinistre, en leur envoyant une équipe de Service civil qui les aide à reconstruire leurs villages.

Les pluies de la mousson, en automne 1934, rendirent ce travail plus urgent encore. Le niveau de certaines régions ayant été abaissé par la formidable convulsion, nombre de villages encore debout furent envahis par les eaux ce qui oblige les villageois à trouver d’autres emplacements pour leurs cabanes.

L’appel de Pierre Ceresole et de C.-F. Andrews fut entendu. En deux mois, 10 000 fr. (suisses) étaient souscrits ; c’était suffisant pour commencer le travail. Le 26 octobre 1934, Ceresole repartait pour le Bihar, accompagné d’un jeune Anglais, Joe Wilkinson ; il fut plus tard rejoint par un autre Anglais, le Quaker Frazer Hoyland, et par M. Paul Schenker, l’organisateur de plusieurs campagnes de Service civil.

On verra plus loin comment cette première équipe organisa le travail en collaboration avec les représentants — indiens — du Comité central de secours du Bihar. L’appui des leaders nationalistes n’empêcha pas Pierre Ceresole d’obtenir la confiance des autorités anglaises. Il put ainsi, pour le plus grand bien des populations sinistrées, jouer le rôle délicat d’intermédiaire entre des forces adverses.

Semaine après semaine, les amis de Pierre Ceresole ont pu suivre — avec quel intérêt ! — les péripéties de cette belle aventure d’entr’aide dans des lettres qu’on se passait de main en main ; lettres pleines de détails pittoresques sur le pays, la vie et les coutumes des paysans du Bihar, pleines aussi de remarques intéressantes sur la situation politique et économique de l’Inde. C’est avec joie qu’ils retrouvaient ici et là, dans des digressions originales et profondes, la philosophie de l’auteur, sa foi virile et aussi son humour et sa verve.

Une partie tout au moins de ces richesses devait être mise à la portée d’un cercle plus grand de lecteurs. Nous publions ici un choix de ces lettres, certains de répondre au désir de nombre d’amis de l’Inde, d’amis du Service civil, de tous ceux qui ont soif à la fois de réalités et d’idéalisme. Avec Pierre Ceresole on est en pleine réalité, dans la réalité humble et même sordide qu’on affronte avec la bêche et le « tukri ». Mais en même temps, on entrevoit des réalités d’un autre ordre : on est « En vue de l’Himalaya », symbole hardi et lointain du but à atteindre :

« L’Everest, apparition étrangère au monde réel, — comme l’idéal que nous poursuivons, — planant dans les nuages, et pourtant faite de granit solide, touchant bel et bien la réalité la plus concrète et la terminant du côté du ciel. »

Puisse ce petit livre — qui se vend au profit de l’œuvre entreprise, — agir comme un tonique, ou mieux encore, comme un appel à l’action.

H. M.
  1. La Concorde, Lausanne, 1935.