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Encyclopédie des ouvrages de dames/Les Jours sur toile

La bibliothèque libre.
Thérèse de Dillmont (p. 25-54).

Bande au point coupé sur toile blanche.




Les Jours sur Toile.


Les vides que l’on produit dans la toile en groupant par des points plusieurs fils isolés par suite du retrait de fils de chaîne ou de trame ou de l’un et de l’autre, portent le nom de jours ; les ouvrages pour l’ornementation desquels on utilise ces jours, celui d’ouvrages à jours.

Des différentes manières de grouper les fils, de les recouvrir de points divers, naissent les combinaisons les plus variées, les dessins les plus riches, que l’on peut employer comme unique ornement d’un ouvrage ou associer à des broderies de point de croix ou de tout autre genre.

Fournitures. — Les tissus à gros brins comme la toile de Rhodes, la toile Cuba, le canevas de lin et autres étoffes fabriquées en vue de l’imitation des broderies du moyen-âge, exigent, pour les points à jour, un fil de grosseur en rapport avec la composition du tissu employé. On fera son choix dans le Cordonnet de coton ou de ramie D.M.C Nos 10, 20 et 30[1], le Cordonnet de soie Nos 20 et 40 et le Fil à pointer D.M.C N°20 ou 30[1].

Le Cordonnet 6 fils D.M.C dans les numéros plus élevés, 40 à 100, le Fil à dentelle D.M.C Nos 30 à 200[1] et le Fil d’Alsace Nos 20 à 100[1], seront à employer pour les tissus plus fins, comme par exemple la toile d’Espagne, la gaze de lin, la toile algérienne, etc.

Pour des dessins exécutés en couleur, on peut aussi se servir de fils de couleur pour les jours ; dans ces cas on prendra les cotons indiqués ci-devant ou le Coton, le Lin, la Ramie ou les Soies à broder D.M.C, le Coton à repriser et le Lin floche D.M.C.

Dans les ouvrages sur toile on distingue deux sortes de jours ; l’un est produit par l’extraction de fils soit de chaîne, soit de trame ; on l’appelle généralement rivière (le punto tirato italien).

Le second exige l’absence simultanée de fils de chaîne et de trame et est appelé point coupé (le punto tagliato italien).

Rivière (punto tirato). — Les rivières se produisent, comme il a été dit tout à l’heure, par l’extraction de fils de tissu, dans l’un ou l’autre sens seulement. Les ourlets à jour sont le point de départ de ce genre d’ouvrage.

Ces ourlets remplacent souvent l’ourlet ordinaire, quand on ne le considère pas comme assez riche pour l’objet que l’on confectionne.

fig. 55. Ourlet à jour simple.

Ourlet à jour simple (fig. 55). — On retire, suivant le tissu employé, deux ou trois fils, sous le rempli, puis on bâtit l’ourlet, deux fils au-dessus des fils isolés. On fixe le brin à gauche, puis on fait passer l’aiguille de droite à gauche sous deux ou trois fils isolés, on la retire et on la fait passer de bas en haut sous un ou deux fils du rempli. Le même point sert aussi à consolider les franges des nappes et des serviettes.

fig. 56. Autre ourlet à jour.

Autre ourlet à jour (fig. 56). — On le prépare comme l’ourlet précédent, on l’exécute également de gauche à droite, avec la seule différence qu’après avoir fait passer l’aiguille sous les trois fils en largeur, on la fait entrer dans l’ourlet du haut en bas, au dessus de deux fils, de manière qu’elle ressorte exactement à l’arête vive du pli.

Ces points, qui peuvent aussi être faits à l’endroit d’un ouvrage, forment au bas de l’ourlet une espèce de natté.

fig. 57. Point d’échelle.

Point d’échelle (fig. 57). — La première couture achevée, comme le montre la fig. 55, on extrait encore 5 ou 6 fils du tissu. Puis, on retourne l’ouvrage et on fait un second tour de points, semblable au premier. On assemble toujours les mêmes fils que ceux qui ont été réunis au premier tour, et on en forme ainsi des échelons verticaux.

fig. 58. Rivière double.

Rivière double (fig. 58). — Ici encore la première couture se fait comme à la fig. 55, en prenant toujours un nombre pair de fils. Au second tour on assemble la moitié de deux faisceaux de fils, de façon à contrarier les échelons formés.

Ourlet antique (fig. 59, 60). — On remarque souvent aux belles broderies de lin, provenant de l’époque de la Renaissance, deux manières de faire un ourlet, que l’on trouve rarement expliquées dans les manuels modernes.

fig. 59. Ourlet antique.
Envers.
fig. 60. Ourlet antique.
Endroit.

Les fig. 59 et 60 montrent ces ourlets-rivière sur une échelle plus grande que nature.

On retire un fil à une distance suffisante du bord pour ménager la place d’un ourlet étroit (dans les tissus transparents ou très fins on ne retire pas de fils) puis on roule ce bord, on ne le plie pas, on fixe son aiguillée à gauche et on exécute les points, de gauche à droite, comme suit : on passe l’aiguille, de droite à gauche, sous 4 fils verticaux, on la retire et on la fait passer sous l’ourlet pour la faire ressortir au milieu des fils destinés au faisceau suivant. Il en résulte que lorsqu’un faisceau se compose de 4 fils, on fait sortir le brin au milieu des 4 fils, et à un fil au-dessous de l’arête supérieure du pli. La fig. 60 montre l’endroit de cette rivière.

fig. 61. Ourlet antique.
Envers.
fig. 62. Ourlet antique.
Endroit.

Ourlet antique (fig. 61, 62). — On fait le rouleau comme aux fig. 59 et 60 ; les points cependant se font de droite à gauche. Au lieu de faire entrer le brin dans l’étoffe, on le fait tourner autour du rouleau, ce qui rend le point visible à l’envers, fig. 61, et à l’endroit de l’ourlet-rivière, fig. 62.

fig. 63. Ourlet à points tournants.
Envers.
fig. 64. Ourlet à points tournants.
Endroit.

Ourlet à points tournants (fig. 63, 64). — On fait passer l’aiguille au-dessus de 2 ou 3 fils de l’arête du rempli, devant le deuxième fil d’un faisceau composé de 3 fils. On fait passer l’aiguille, de droite à gauche, sous le faisceau et devant la boucle formée par le brin, on serre le point, on repique l’aiguille un fil plus loin que sa sortie et on la fait ressortir 2 fils plus en avant.

L’endroit du point tournant, fig. 64, ressemble à celui des ourlets-rivière précédents.

fig. 65. Ourlet-rivière à double rang.
Endroit.

Ourlet-rivière à double rang (fig. 65, 66, 67). — Après avoir terminé un des ourlets précédents, on retire encore un fil du tissu, laissant entre le premier et le second fil retiré autant de fils qu’en compte le faisceau du premier tour de points. Puis on assemble les mêmes fils verticaux qui avaient été assemblés au premier tour. L’exécution de ces points est montrée dans les fig. 65 et 66, l’endroit se voit dans la fig. 67.

fig. 66. Ourlet-rivière à double rang.
Envers.
fig. 67. Ourlet-rivière à double rang.
Endroit.

fig. 68. Rivière simple, exécutée en trois rangs.

Rivière simple, exécutée en trois rangs (fig. 68) — Les modèles de rivières qui vont suivre peuvent aussi bien faire suite à un ourlet qu’être utilisés en guise d’entre-deux ou être intercalés entre des bandes brodées ou tissées ; ces rivières peuvent même remplacer la dentelle en maintes occasions.

La rivière simple à trois rangs est d’une exécution si facile qu’on s’en servira toujours avec avantage lorsqu’on ne voudra consacrer qu’un temps limité à la confection d’objets devant paraître richement ornés.

On répète, dans un tissu quelconque, six fois le point de la fig. 55 ; la première et la sixième fois pour commencer et terminer la rivière ; la deuxième et la cinquième fois après avoir extrait 6 fils du tissu, la troisième et la quatrième fois après avoir extrait 8 fils. Tous les faisceaux doivent être composés d’un nombre de fils pair. La première et la troisième rivière doivent être exécutées d’après la fig. 58, la rivière du milieu, d’après la fig. 57. On partage également les fils des faisceaux verticaux, puis on introduit l’aiguille de gauche à droite, sous la moitié des fils du second faisceau et en faisant revenir par un autre mouvement le chas de l’aiguille, de gauche à droite, on relève la seconde partie du premier faisceau, qui passe alors sous et devant les fils du premier faisceau. On se gardera bien de trop tendre le fil.

fig. 69. Rivière avec fils doublement croisés.

Rivière avec fils doublement croisés (fig. 69). — En retirant les fils sur un espace double de celui qu’exige le dessin précédent, on peut faire deux séries de points en contrariant les faisceaux.

fig. 70. Rivière avec fils triplement croisés.

Rivière avec fils triplement croisés (fig. 70). — Des points de surjet arrêtent de chaque côté les fils isolés.

On croise d’abord les fils au milieu de leur hauteur au moyen du point représenté par la fig. 68. Puis on introduit : encore un fil de chaque côté du premier, en suivant les faisceaux provenant du premier assemblage. Les premiers fils passés, on enlace les faisceaux au moyen d’un second fil et de points de surjet et on les enserre ainsi entre deux fils.

fig. 71. Rivière à faisceaux.

Rivière à faisceaux (fig. 71). — On retire de 20 à 22 fils entre deux bords. On fixe le fil à 4 mm de distance de l’étoffe et on le lance trois fois autour de deux faisceaux. Au troisième point, l’aiguille passe sous les deux premiers pour arrêter le fil. Le brin lancé d’un paquet à l’autre doit toujours avoir un peu de jeu. Un second fil, à la même distance que le premier, termine cette rivière.

Veut-on donner plus de solidité au travail, on peut enlacer un second fil autour du premier, et on aura soin de le faire passer régulièrement sous le nœud formé par les trois points.

fig. 72. Rivière à deux rangs de faisceaux.

Rivière à deux rangs de faisceaux (fig. 72). — Le même genre de points produit un effet charmant, lorsqu’il est exécuté par-dessus trois faisceaux de fils. On peut le faire dans tous les tissus avec ou sans bord ourlé.

fig. 73. Rivière à nœuds turcs.

Rivière à nœuds turcs (fig. 73). — Après avoir rassemblé les fils du premier côté de la rivière, on extrait encore de 12 à 14 fils du tissu et l’on fait, d’un seul coup, l’ourlet et le point d’assemblage comme suit : on sort l’aiguille devant le faisceau, on enlace ce dernier, puis on passe de gauche à droite, on couvre 3 fils du tissu dans le sens de la largeur, on passe l’aiguille, de droite à gauche, sous 4 fils de tissu, après quoi on ramène l’aiguille par-dessus ces 4 fils, on la fait rentrer dans l’étoffe et reparaître 4 fils plus en avant dans le tissu. On fait un point-arrière sur ces 4 derniers fils et on fait ressortir l’aiguille devant le second faisceau et remonter jusqu’à mi-hauteur du premier ; on les enlace alors tous deux de gauche à droite, on fait sortir l’aiguille entre les deux points et l’on fait point de feston au bas du second faisceau.

Le dessin donne, du reste, une explication très précise de la marche à suivre.

fig. 74. Rivière au point de reprise.

Rivière au point de reprise (fig. 74). — Suivant le tissu, on extraira de 12 à 14 fils. On fait passer le brin à coudre, de manière à le faire disparaître sous les points qui se font, en allant et en revenant, en nombre suffisant pour couvrir les fils isolés jusqu’à mi-hauteur.

On fait toujours passer le chas de l’aiguille en premier, la pointe est à tourner contre le dé.

Pour arriver au second paquet de points, on repique l’aiguille sous les derniers points de reprise, on fait passer le brin sous les fils isolés et on commence le second paquet en partageant les fils comme l’indique la figure.

fig. 75. Rivière au point de reprise.

Rivière au point de reprise (fig. 75). — On fait le même assemblage et le même point qu’à la fig. 74 ; on extrait au moins 18 fils du tissu. Les paquets ou brides peuvent se faire en différentes couleurs. Le modèle que nous avons sous les yeux est exécuté en crème, rose pâle et bleu pâle. Une même nuance sert toujours pour trois paquets disposés en ligne diagonale.

fig. 76. Rivière au point de reprise.

Rivière au point de reprise (fig. 76, 77). — On arrête les fils au bord par des points de surjet. La reprise doit être suffisamment serrée, pour faire disparaître entièrement les fils du tissu. La rivière représente dans la fig. 76 le retrait de 20 fils, celle de la fig. 77, de 30 fils de tissu.

fig. 77. Rivière au point de reprise.

Ces dessins peuvent être faits en plusieurs couleurs.

fig. 78. Rivière à faisceaux isolés.

Rivière à faisceaux isolés (fig. 78). — On compte de 18 à 20 fils pour la rivière. Les points qui la bordent se font par dessus 4 fils dans le sens de la hauteur et par dessus 4 fils dans celui de la largeur. On fait un point-arrière sur 4 fils isolés, puis on mène l’aiguillée plus haut, par dessus 4 fils horizontaux et, de droite à gauche, par-dessus 4 fils verticaux. On revient sur les 4 derniers fils et on fait ressortir l’aiguille en avant du faisceau suivant.

Les faisceaux arrêtés et assemblés des deux côtés sont recouverts, au milieu, de 10 à 12 points de reprise.

On arrête le fil à chaque bride terminée.

fig. 79. Rivière à faisceaux contrariés.

Rivière (fig. 79). — Avant de retirer tous les fils, on fait d’abord, des deux côtés, le point à double face. On fait passer le brin sous 3 fils en largeur et, en biaisant, sous 4 fils en hauteur, on fait un point-arrière vers la gauche par dessus 3 fils et on ressort à l’endroit où est sorti le point oblique ; on passe à l’endroit par dessus les 4 fils, on fait un point-arrière de droite à gauche pour terminer le carreau à l’endroit. La marche des points est indiquée, à l’envers, par un pointillé, celle des points, à l’endroit, par des traits noirs.

La reprise se fait ensuite sur 9 fils ou 3 faisceaux jusqu’à mi-largeur de la rivière, où l’on abandonne tantôt un des faisceaux de droite, tantôt un des faisceaux de gauche, pour prendre, sur le suivant, ce qui est nécessaire. Il en résulte que deux brides de tissu et deux brides de point de reprise se font face alternativement.

Des points de surjet lancés sur les fils restés entre la bordure à carreaux et les brides au point de reprise, finissent la rivière.

fig. 80. Rivière au point de reprise et au point de surjet.

Rivière au point de reprise et au point de surjet (fig. 80). — On enlève 20 fils. Des points de surjet, sur 3 fils en hauteur et 3 fils en largeur, bordent la rivière. Un second rang de points de surjet fait suite au premier ; ces points, lancés dans la même direction, se font par dessus 3, 6 et 9 fils.

Le premier faisceau de 3 fils de tissu doit être enlacé cinq fois par le fil à coudre, puis on remonte le fil vers le bord. On passe au second et au troisième faisceau, que l’on recouvre de points de reprise, continués encore sur le premier et le second faisceau, jusqu’à ce qu’il ne reste de découvert que l’espace nécessaire aux 5 points de surjet. La seconde partie s’achève en sens inverse du commencement.

fig. 81. Rivière au point de reprise.
Couleurs: Rouge-Turc 321, Bleu-Indigo 312, Bleu-Indigo 334, Noir grand-teint 310[1]

Rivière au point de reprise (fig. 81). — On retire de 25 à 30 fils. On fait les pyramides sur 6 faisceaux de 3 fils chaque, dans une nuance claire et une nuance plus foncée d’une même couleur. La fleur du centre, exécutée dans une troisième nuance, plus claire encore que les deux premières, rassemble 3 faisceaux de gauche et 3 de droite. Le petit noyau se fait en couleur tranchant sur les premières, en rouge foncé ou noir.

Rivières persanes (fig. 82, 83, 84). — Les trois dessins exigent le retrait de 40 à 46 fils.

fig. 82. Rivière persane à pyramides.

On compte 14 faisceaux à 4 fils chacun pour un rapport de la fig. 82. On commence la reprise à la pointe de la pyramide, afin de pouvoir mieux serrer les fils qui s’écarteraient, si on les menait dès le commencement par dessus 12 faisceaux de fils.

fig. 83. Rivière persane à colonnes simples et doubles.

Les deux lignes diagonales de brides de la fig. 83 ont été faites avec le Cordonnet D.M.C N°30, en couleur Gris-Tilleul 392 et 330[1] ; pour la figure conique on emploiera le Brun-Chamois 324 ; pour les trois brides intérieures, le Brun-Chamois 419[1].

Un rapport de cette rivière exige 14 faisceaux à 3 fils.

fig. 84. Rivière persane à carreaux.

Le dessin fig. 84 est aussi susceptible d’être exécuté en trois couleurs ou en trois nuances différentes.

Les petits carrés, entourant les grandes figures du milieu, sont faits en couleur écrue, les grands carreaux sont en Bleu-Indigo 334[1] et le milieu en Brun-Cuir 432[1].

Un rapport de cette rivière exige 18 faisceaux à 3 fils.

fig. 85. Rivière à roues.

Rivière à roues (fig. 85). — On arrête les fils du bord par le point croisé (fig. 39). Pour une roue, on réunit 4 faisceaux. Le fil fixé au milieu de la rivière passe alternativement par dessus et par dessous un faisceau. On fait plusieurs tours comme à la reprise, on s’arrête là où le fil est entré pour former la roue et on passe sous la roue pour arriver aux 6 faisceaux suivants.

fig. 86. Rivière à trois jours.

Rivière à trois jours (fig. 86). — On retire de 5 à 6 fils pour les rivières étroites et de 20 à 22 pour la rivière large. On assemble 4 fils de tissu. Les entre-deux sont à border de points croisés que l’on peut exécuter à l’envers ou à l’endroit ; le pointillé marque l’entrecroisement du fil à coudre, sur l’envers. Les faisceaux du milieu sont à unir des deux côtés par un point-arrière représenté dans la figure ; puis on les rassemble à mi-longueur par 3 points de surjet, après lesquels on fait passer le fil à l’entrecroisement des fils des deux premières lignes de points, pour y former une roue sur 5 fils, avant de passer aux brides suivantes.

fig. 88. Rivière à œillets.

Rivière à œillets (fig. 87). — On retire de 24 à 30 fils. Les bords sont à garnir de points à double face sur une hauteur de 2 jusqu’à 5 fils. Le Coton à repriser D.M.C N°25[1] est recommandé pour l’exécution de ces points, ou bien encore le Coton à broder D.M.C[1] pris double. On commence en faisant sur 9 fils de tissu de 8 à 9 points de surjet, puis on sépare les fils et on ajoute, de chaque côté des premiers points 12 à 14 points de reprise, ne laissant ainsi à découvert que 3 mm, au plus, des fils isolés.

Lorsque deux brides au point de reprise sont terminées, on les unit par 4 points de feston, puis on enlace encore plusieurs fois le fil simple et on recouvre le rond de points serrés.

fig. 88. Rivière à roues.

Rivière à roues (fig. 88). — On enlève 24 fils. On garnit les deux bords de demi-roues au point de reprise, on commence par mener le fil par dessus un fil à droite et un fil à gauche, puis on avance successivement des deux côtés jusqu’à ce que l’on ait fait entrer 8 fils dans le demi-cercle.

Pour faire la roue entière, voyez les fig. 85, 86 et 95.

fig. 89. Rivière à bords au point noué.
D                                        C                                        B                                        A
fig. 90. Détails du point noué de la fig. 89.

Rivière à bords au point noué (fig. 89, 90). — Le charme de cette rivière, simple en apparence, se trouve dans le point original qui la borde. La fig. 90 donne les détails de ce point qui s’exécute de droite à gauche. On fait passer l’aiguille par-dessus et ensuite par-dessous 4 fils de tissu, lettre A, puis on ramène l’aiguille sous le fil oblique, lettre B, on forme une maille sur l’index de la main droite, on la fait glisser sur l’aiguille et on tire le fil de façon à conduire la maille dans le voisinage immédiat du premier point, lettre C. On retire l’aiguille par la maille et on la conduit en l’obliquant sous le nœud à un point suivant, lettre D. L’exécution de l’assemblage des fils à l’intérieur est visible dans le dessin.

fig. 91. Rivière avec rosace et picots au point de poste.

Rivière avec rosace et picots au point de poste (fig. 91). — On retire 28 fils. Les bords sont ornés de points à double face par dessus 2, 3, 4 et 5 fils. On compte 4 fils isolés pour une bride à points serrés, 8 fils pour la bride au point de reprise, ornée de picots au point de poste (fig. 179) et 16 fils pour établir le fond de la rosace. On assemble les fils du tissu par une roue qu’on recouvre ensuite entièrement de points de poste. La maille rattachant une bride à l’autre se fait pendant le travail même. Arrivé au point voulu, on lance le fil vers la première bride et on revient ensuite pour la terminer.

Arrangement des rivières dans les coins (fig. 92, 93, 94, 95). — Lorsque les rivières bordent un ouvrage carré, on coupe les fils à un centimètre du bord de l’ourlet ou de la rivière même, puis on les isole comme on peut le voir à la fig. 92. On fait rentrer les fils isolés dans le rempli de l’ourlet et on les y fixe par des points de boutonnière, fig. 93, ou bien, si le point d’ourlet ne doit pas souffrir d’interruption, on les rabat sur l’envers et on les y arrête par quelques points, fig. 94. La fig. 95 représente une rivière avec un coin vide obtenu par une découpure et comblé par une roue.

On mène le fil de la rivière jusqu’au bord opposé, on le fait entrer dans l’ourlet, puis on le ramène jusqu’au centre de la roue que l’on doit former ; on trace les autres rayons, on fait la roue sur 7 fils, on arrête le brin du côté opposé à la seconde rivière, on le fait passer sous la roue et on fait le huitième rayon en lançant le fil jusqu’à la seconde rivière.

Point coupé (Punto tirato). — Pour exécuter des broderies au point coupé on est forcé de retirer les fils d’un tissu dans le sens de la longueur et celui de la largeur.

La quantité de fils à enlever dépend de l’étoffe sur laquelle on veut broder et du dessin choisi.

Les fils restant entre les vides servent alors de canevas à différents genres de points.

On choisira de préférence des étoffes ayant la chaîne et la trame de grosseur égale, afin que les vides provenant de l’enlevage des fils forment toujours exactement un carré.

fig. 96. Enlevage des fils sur toute la surface du tissu.
Enlevage des fils sur toute la surface du tissu (fig. 96). — Les fils doivent être extraits en nombre égal dans les deux sens de l’étoffe. Pour la plupart des dessins il est nécessaire qu’on laisse subsister autant de fils qu’on en a enlevés. La fig. 96 montre 3 fils retirés et 3 fils maintenus, tandis que dans la fig. 97 on remarquera 4 fils enlevés sur 3 de maintenus. Il est permis de faire cette différence lorsqu’on veut rendre l’ouvrage plus transparent qu’il ne le serait en enlevant et en recouvrant le même nombre de fils.
fig. 97. Découpage des fils dans l’intérieur du tissu.
Découpage des fils dans l’intérieur du tissu (fig. 97). — Bien des broderies au point coupé se trouvent encadrées dans un autre genre de broderie. Dans ces cas, au lieu de retirer les fils jusqu’au bord, on les coupe à quelques millimètres à l’intérieur de l’ouvrage puis alors seulement on les isole, pour se ménager un bord intact dans le tissu.

fig. 98. Bord festonné pour broderie au point coupé.

Bord festonné pour broderie au point coupé (fig. 98). — Certaines toiles, très épaisses, permettent de couper les fils sans que l’ouvrage en souffre sous le rapport du fini. Si cependant le tissu est un peu plus grossier et que les jours se terminent en échelons comme aux figures 103, 104 et 105, on borde la coupure de points de boutonnière ou de points de feston (fig. 171).

fig. 99. Bord surfilé pour broderie au point coupé.

Bord surfilé pour broderie au point coupé (fig. 99). — Un surfilé ou petit cordonnet est presque encore plus avantageux que le feston pour consolider les bords des dessins finement contournés. On calcule, avant de couper dans l’étoffe, combien de fils il faut retirer ou découper, puis on trace par un faufil le dessin que l’on veut faire ; ce tracé exécuté, on coupe, à une distance de deux fils à l’intérieur de la ligne indiquée par le faufil, l’étoffe qui doit être enlevée, puis on surfile immédiatement le bord coupé.

fig. 100. Surfilage des fils isolés.

Surfilage des fils isolés (fig. 100). — Si l’on n’a qu’un petit ouvrage à faire, il est permis d’enlever les fils sur toute la surface que les jours doivent couvrir ; mais si au contraire l’ouvrage est d’une certaine importance, qu’on fasse par exemple des bandes au mètre, il est plus prudent de ne retirer les fils que successivement pour les empêcher de se déranger, de se confondre et de nuire ainsi à la netteté du dessin. Sitôt que les premiers fils sont isolés, on les surfile.

On termine ainsi toutes les brides dans un sens ; celles-ci achevées, on découpe et on retire les fils dans l’autre sens pour les recouvrir ensuite de points comme les premières brides.

Les soins que l’on consacrera à maintenir les fils dans leur ordre de tissage seront largement récompensés par l’égalité et le fini du travail.

Fonds pour le carreau fig. 105 (fig. 101, 102). — On termine entièrement le premier rang de brides qui longe le bord. Au second rang on surfile la bride jusqu’à mi-longueur, puis on lance le fil par dessus deux vides (voyez la lettre a), on revient vers la bride, en surfilant toujours le fil lancé en premier et en passant l’aiguille sous les brides du tissu. Dans les seconds tours croisant le premier (marqués de la lettre b), les fils se rencontrent au milieu du vide.

Dans la fig. 102, représentant un autre fond, pouvant servir pour la fig. 105, on achève d’abord les brides surfilées dans

fig. 103. Partie du fond intérieur de la fig. 105.
les deux sens, puis on remplit le fond de fils enlacés, que l’on exécute par rang, en lançant dans l’aller le fil d’un carreau à l’autre, et en le doublant dans le retour. (Voyez pour les brides le chapitre du filet-guipure et celui de la dentelle irlandaise.)

Partie du fond intérieur de la fig. 105 (fig. 103). — Nous donnons par ce dessin l’explication du fond intérieur du petit tapis représenté par la fig. 105 avec la partie triangulaire brodée à points damassés.

Ici comme au dessin précédent, on part toujours du milieu d’une bride surfilée pour exécuter les points qui se croisent sur les vides. Les points damassés sont expliqués dans le chapitre suivant par les fig. 152, 153 et 154.

fig. 104. Partie du fond à jours et à points damassés de la fig. 105.
Partie du fond à jours et à points damassés de la fig. 105 (fig. 104). — Ici le fond est formé au point de reprise, exécuté sur des fils lancés au nombre de 3 ou de 5 par-dessus le vide produit par l’extraction des fils. On commence par le point d’intersection de 4 brides, on pose en allant et en revenant 3 fils sur lesquels on exécute le point de reprise et on termine 3 brides ; pour la quatrième on ne pose que 2 fils, afin de se ménager la possibilité de passer au centre du carré voisin.

Petit tapis au point coupé et à points damassés (fig. 105). — Ce modèle plein d’élégance et offrant une riche variété de différents motifs est exécuté sur un tissu blanc avec des fils écrus. On peut cependant employer aussi des fils de couleur. Les résultats les plus heureux s’obtiennent avec le Chiné d’or D.M.C N°30[1] qui se fait en rouge et or, vert et or, bleu et or, noir et or et qui servira pour les points damassés ou points Gobelin, tandis que les jours se feront avec du fil blanc ou écru.

fig. 105. Petit tapis au point coupé et à points damassés.
Fourniture : Pour toile de Rhodes N°2 Fil à pointer D.M.C N°30 ou Cordonnet 6 fils D.M.C N°15 ou 20, pour les jours, Coton à repriser D.M.C N°25 écru, pour les points de toile[1].
Pour toile antique : Fil à dentelle D.M.C N°25 ou 30, ou Cordonnet 6 fils D.M.C N°40, 50 ou 60, pour les jours. — Coton à repriser D.M.C N°50 ou Coton à broder surfin D.M.C N°100, pour les points de toile[1].

Les fig. 101, 102, 103 et 104 donnent les détails du tapis, dont la fig. 105 ne représente que le quart, à une échelle considérablement réduite.

L’original mesure 48 cm en longueur et en largeur. Le carreau intérieur, fig. 103, est encadré de bandes, dont deux longent seulement le carreau du centre et dont les deux autres le dépassent et s’arrêtent au niveau des bandes courtes. Les bandes courtes sont ornées d’un losange de jours, dans les bandes longues il y a deux losanges interrompus et terminés par des points damassés.

Entre le carreau et les différentes bandes on trouve la rivière, fig. 82, à laquelle on peut substituer celles des fig. 77, 81, 84, 87, 88 ou 91.

fig. 106. Point de reprise pour réserver un dessin dans le point coupé. (détail de la fig. 109)

Point de reprise pour réserver un dessin dans le point coupé (fig. 106). — On trouve un grand nombre de broderies dans lesquelles le dessin est réservé. On appelle dessin réservé celui ou le fond de l’étoffe est caché ou couvert par les points, tandis que l’étoffe elle-même reste à découvert sur les parties occupées par le dessin. Or il est très difficile, surtout lorsque le dessin se compose de petits détails, de découper les fils de la toile sans nuire à l’uniformité du fond. On retire donc les fils sur toute la surface voulue pour le dessin, on termine toutes les brides, puis on remplace avec l’aiguille les fils qui manquent dans le tissu. La manière de refaire le fond de toile est indiquée dans la gravure, et pour mieux faire comprendre l’entrecroisement des brins, les fils du tissu ressortent en clair tandis que les brins introduits par la reprise sont foncés.

fig. 107. Point de plume pour réserver un dessin dans le point coupé. (détail de la fig. 109)

Point de plume pour réserver un dessin dans le point coupé (fig. 107). — Le point représenté par la fig. 107 est bien plus facile à exécuter que le point précédent. Il se fait comme le point de plume du filet-guipure, c’est-à-dire en relevant autant de fois les brides de l’étoffe qu’on les a abaissées.

On prendra pour ce remplissage un fil moins tordu que celui qui a servi à établir les brides ; ainsi si les brides sont faites avec le Cordonnet 6 fils on prendra du Coton à broder D.M.C[1] pour exécuter le dessin au point de plume, et si ce dernier fil avait été choisi pour faire les brides, on prendra du Coton à repriser D.M.C[1] pour le second genre de point.

La manière de faire les points est clairement indiquée dans la gravure. Ici aussi les brides se font d’abord, et ensuite seulement on remplit le dessin.

fig. 108. Point de reprise pour réserver un dessin dans le point coupé.
Fournitures : Les mêmes que pour la fig. 105, en outre le Coton à broder D.M.C dans la grosseur s’adaptant au tissu employé[1]

Entre-deux au point coupé et à dessin réservé au point de plume (fig. 108). — Cet entre-deux peut être reproduit dans la plupart des tissus à fils comptés et convient pour l’ornementation de nappes, de serviettes, d’essuie-mains, de tabliers et de bien d’autres objets encore que nous ne pouvons tous énumérer ici.

Si on l’ajoute à des broderies au point de croix, il est bon de faire les barrettes dans la couleur de la broderie. Le dessin proprement dit peut se faire en blanc ou écru, suivant le fond sur lequel on brode.

fig. 109. Entre-deux au point coupé, avec dessin au point de plume.
Fournitures : Pour toile de Rhôdes N°2 : Fil à pointer D.M.C Nos15, 20 ou Cordonnet 6 fils D.M.C Nos8, 10, 15, pour les brides. — Coton à tricoter D.M.C N°16 ou Coton à repriser D.M.C N°12 ou 25 pour le point de plume[1]. Pour des tissus plus fins : Fil à dentelle D.M.C Nos25 et 30 ou Cordonnet 6 fils D.M.C Nos25, 30, 40, pour les brides. — Coton à repriser D.M.C N°50 pour le point de plume[1].

Entre-deux au point coupé, avec dessin au point de plume (fig. 109). — Cet entre-deux pouvant servir à l’ornement de rideaux, de nappes, de serviettes et d’objets décoratifs, on choisira le tissu qui conviendra le mieux à l’usage auquel l’ouvrage sera destiné.

Les détails de la fig. 107 rendent superflues de plus amples explications.

Si l’ouvrage est exécuté sur un fond blanc et s’il doit être ajouté à une broderie ou à un tissu blanc, on obtient un effet des plus distingués en prenant du fil crème pour les brides et du fil très blanc pour le remplissage du dessin, qui doit vivement trancher sur le fond.

fig. 110. Détails des points de la fig. 111.

Fond ou bande au point coupé (fig. 110, 111). — La variété des points employés dans cet ouvrage permet de le ranger dans la catégorie de la dentelle et le destine aussi à des usages plus relevés que ceux que nous avons indiqués pour les premiers dessins. Il constituera surtout un ornement riche et des plus appropriés pour la lingerie d’église, parce qu’il peut être fait à volonté en différentes largeurs.

La marche de l’ouvrage est expliquée dans la fig. 110. On retire 10 fils du tissu dans les deux sens, 6 fils restent pour servir de base aux brides.

fig. 111. Fond ou bande au point coupé.
Fournitures: Pour toile de Rhôdes N°2 Fil à pointer D.M.C N°30. — Pour tissus plus fins : Cordonnet 6 fils D.M.C Nos25 à 50 ou Fil à dentelle D.M.C Nos30 à 50.

Les points de feston s’exécutent sur 3 fils que l’on tend d’une bride à l’autre, lorsqu’elles sont achevées jusqu’à mi-hauteur. On commence les roues ou araignées dans l’angle d’un carreau et on les termine, comme l’indique la flèche, au même endroit.

Les fils des bords coupés sont à recouvrir d’un épais surfilé, l’ourlet qui arrête le dessin se fait d’après les fig. 61 et 62.

fig. 112. Motif au point coupé, genre grec.
Fournitures: Cordonnet 6 fils D.M.C No 25, 30, 40 ou 50, ou Fil à dentelle D.M.C No 25, 30, 40 ou 50[1].

Motif au point coupé, genre grec (fig. 112). — Après toutes les explications qui précèdent, la copie de ce dessin classique originaire de la Grèce ne peut offrir de difficultés.

Dans l’original, en toile très fine, nous avons comptés 48 fils retirés pour les grands carreaux et 6 fils restants pour les brides.

Pour la bordure étroite nous avons compté 21 fils enlevés dans les deux sens.

Les bords coupés sont bordés du point représenté dans les fig. 61 et 62. Entre les deux lisières de points restent 4 fils de toile formant un entre-deux étroit.

Les longues brides qui se croisent dans le second carreau, sont faites avec un feston double, orné de picots, dont on trouvera les explications au chapitre de la dentelle irlandaise.





  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s et t Voir, à la fin de ce volume, les tableaux des grosseurs et des couleurs des articles de Coton, Soie, Laine, Lin et Ramie portant la marque D.M.C.