Encyclopédie méthodique/Architecture/Xyste

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XYS

XYSTE. s. m. Ce mot est le même que xystus en latin, et xistos en grec.

Si l’on en croit Vitruve, et la distinction qu’il établit entre la signification de ce mot en grec, et celle que lui donnèrent les Romains, le xiste, chez les Grecs, auroit été une partie de l’ensemble appelé palæstra (voyez ce mot), c’est-à-dire un portique couvert destiné aux exercices de la gymnastique, et chez les Romains, il auroit été un lieu découvert servant de promenade.

Au mot Palæstre, nous avons donné les détails des différentes parties dont ce bâtiment se composoit en Grèce, & nous avons arrêté cette énumération, à la mention particulière du xyste que nous avons réservée pour cet article.

Il y avoit, selon Vitruve (en dehors de la palæstre), trois autres portiques, dans l’un desquels on entroit en sortant du péristyle ; les deux autres, situés à droite et à gauche, s’appeloient stadiatæ, c’est-à-dire, qu’ils avoient la longueur d’une stade. Or, cette longueur étoit de 125 pas. Ce mot dénote encore un lieu propre aux exercices athlétiques.

De ces deux portiques, celui qui est tourné du côté du nord, devoit être double et fort spatieux ; l’autre étoit simple, mais fait de telle sorte que, soit le long du mur, soit du côté des colonnes, il y avoit un petit chemin en élévation qui n’avoit pas moins de dix pieds, lequel devoit laisser dans le milieu un autre sentier inférieur, dans lequel on descendoit par deux degrés, occupant la largeur d’un pied et demi, depuis le conduit supérieur jusqu’au chemin creux, dont le fond devoit avoir douze pieds de largeur. De cette manière, ceux qui se promenoient et circuloient tout alentour sur la levée de ce petit trottoir, n’étoient point incommodés du contact des corps huilés de ceux qui s’exerçoient. Ce que les Grecs appeloient xyste, étoit donc un local où, pendant l’hiver, les athlètes s’exerçoient à couvert. (Voyez Vitruve, liv. V, chap. s.)

Au contraire, selon Vitruve (liv. VI, chap. 10), le nom de xyste, chez les Romains, se donnoit à des promenades découvertes.

Il nous semble que la suite de la description, par Vitruve, du xyste grec pourroit nous indiquer ce qui donna lieu, malgré cette dissemblance dans les deux pays, à une commune dénomination.

En effet, Vitruve ajoute à la description du xyste en Grèce, la mention d’un usage qui put produire cette communauté de nom.

Selon lui, entre les deux portiques dont il a parlé, on devoit pratiquer un bois de platanes avec des allées pour la promenade, et dans ces allées des sièges composés de cette sorte de maçonnerie qu’on appeloit signinum opus. Plus, le long du xyste et du portique double, on devoit tracer des allées découvertes que les Grecs appeloient péridromidas, où l’hiver, mais par un beau temps, les athlètes pouvoient s’exercer.

Derrière ce xyste, il devoit y avoir un stade d’une dimension assez grande, pour que la multitude pût assister à son aise au spectacle des combats athlétiques.

Tout ceci étant extrait fidèlement de Vitruve, il est facile de s’expliquer comment les xystes ayant réuni dans l’ensemble de leurs divers bâtimens, et des plantations d’arbres touffus, et des allées découvertes pour la promenade, on aura pu à Rome donner par analogie, dans la composition des jardins, le nom de xystes à de simples promenades, et à des dispositions d’arbres, qui rappeloient le genre et l’usage de celles qui furent originairement, en Grèce, l’accompagnement obligé des palæstres.

Il est très-probable que les grands édifices auxquels les Romains donnèrent le nom de thermes, empruntèrent beaucoup de parties et d’usages aux palæstres de la Grèce. L’on ne doute pas qu’il n’y eût également des plantations couvertes et découvertes pour les exercices, les jeux divers et les agrémens de la promenade.

XYSTIQUE, adj. On donnoit CE nom à Rome aux athlètes et autres, qui l’hiver s’exerçoient sous des portiques et non en plein air. (Suétone en fait mention dans la vie d’Auguste.) Ainsi, il paroît qu’il fut dans la nature du xyste d’être un lieu couvert, et, qu’appliqué aux jardins, ce mot doit toujours exprimer l’idée d’une plantation d’arbres produisant un couvert.