Encyclopédie méthodique/Architecture/porte

La bibliothèque libre.

PORTE, s. f. Ce mot, en architecture et dans l’emploi que le langage en fait, exprime deux idées, deux objets qui toutefois se rapportent le plus souvent au même usage, celui d’entrée dans un lieu quelconque.

Sous un de ces rapports, la porte, de quelque forme qu’elle soit, est une ouverture pratiquée, n’importe dans quelle sorte de construction, pour servir d’entrée quelque part et aussi pour en sortir.

Sous l’autre rapport, la porte est un ouvrage mobile diversement établi, formé de toutes sortes de matières, et qui sert à fermer plus ou moins l’ouverture dont on vient de parler, soit par raison, de sureté, soit pour tout autre motif.

Considérée suivant la première acception, la porte appartient, selon le degré de son importance, ou à la simple bâtisse, ou à l’art de l’architecture.

Considérée selon la seconde acception, la porte est, en raison de la matière dont elle est formée, du travail qu’on y applique, des détails qu’elle reçoit, un ouvrage qui appartient à divers procédés mécaniques, et aussi au goût de l’ornement et de la décoration.

de la porte considérée comme ouvrage d’architecture.

La porte, comme simple objet de nécessité, soit au dehors, soit dans l’intérieur des constructions, ne sauroit comporter ni beaucoup de variétés, ni d’autres formes que celles dont la nature des choses donne l’indication. Naturellement la configuration et la stature de l’homme dûrent être les élémens primitifs, qui décidèrent de ce qui regarde la forme et les proportions des ouvertures pratiquées dans les habitations. Ainsi la forme carrée en hauteur, fut généralement celle que l’on adopta partout. Si quelques dessins des maisons chinoises nous présentent des portes dont les ouvertures consistent en un cercle parfait, nous ne regarderons cela que comme une de ces exceptions qui, loin de rien prouver contre la règle, prouvent seulement qu’en architecture il n’y a rien de fondé sur le principe du bon sens, qui ne puisse être contredit quelquefois par des faits contraires à la raison des convenances.

La forme quadrangulaire en hauteur fut encore un résultat naturel de l’emploi des matériaux dans les premières constructions, soit en bois, soit en pierre. L’emploi d’une pièce de bois posée horizontalement sur ce qu’on appelle les jambages d’une porte, fut le procédé le plus naturel de tous, et l’on voit encore dans de fort antiques constructions de murs en pierre, un bloc unique former, en manière de poutre, le linteau des portes.

Cependant, dès que la pratique des voûtes eut lieu, il fut également très-naturel de faire les portes cintrées dans le haut, et c’est entre les portes à linteau et les portes en cintre qu’a dû se partager l’usage on la pratique de l’architecture, selon la nature des édifices et des matériaux.

Les premières portes où l’art de bâtir dut être employé avec le luxe de la solidité, furent sans doute les portes de ville. Nous n’en trouvons guère de vestiges remarquables que dans l’Italie, et dans les restes de l’architecture romaine ; et nous voyons qu’elles faisoient partie des murailles et participoient au genre de leur fortification.

Sans doute, une des plus anciennes de ces portes est celle de Voltera, ville d’Etrurie. On la trouve figurée sur un bas-relief étrusque dont elle fait le fond. Le bas-relief représente un combat, et un guerrier est vu précipite et tombant du haut de cette porte qu’on reconnoît aux trois têtes, qui existent encore en relief conservées sur la porte elle-même. Une de ces fêtes fait la clef de la voûte, les deux autres ornent les deux jambages. La construction est en très-belle pierre de taille, et son cintre est formé de claveaux parfaitement joints. Le bas-relief nous apprend qu’elle étoit couronnée par une plate forme avec des créneaux. La profondeur actuelle de la porte peut donner la mesure de l’épaisseur du mur dans lequel elle se trouvoit enclavée.

Les enceintes de quelques villes, romaines ont conservé des portes du même genre, mais plus riches d’architecture. Ce que nous avons peut-être à citer de mieux, comme exemple de ces compositions, est la porte qu’on appelle d’Arroux, à Autun. (Voyez Autun, Augustodunum. ) Elle se compose de deux grandes arcades que deux plus petites accompagnoient. Au-dessus de ces arcades régné encore une galerie formée par huit ou dix petites arcades dont, les piédroits ont de petits pilastres corinthiens. Nous avons déjà remarqué que cette porte ressemble beaucoup à celle de Vérone, et que la preuve qu’elle n’étoit point un arc de triomphe, résulte des rainures ou coulisses pratiquées du haut en bas, dans lesquelles se haussoient et se baissoient les ventaux de la porte.

Ce qui distingue, en général, dans les restes de l’antiquité, les portes de ville, des arcs de triomphe avec lesquels leur masse a de la ressemblance, c’est le nombre de deux ouvertures ou arcades égales. Les monumens triomphaux nous présentent ou une seule arcade destinée au passage du triomphateur et de son cortège, ou une arcade plus grande, avec deux plus petites collatérales. Les entrées des villes dûrent exiger deux passages égaux, l’un destiné à l’entrée, l’autre à la sortie, et c’est là une de ces dispositions dictées par le besoin, qui établissent une distinction certaine entre des monumens qui, du reste, dûrent se ressembler. La porte qui subsiste encore à l’entrée de la ville de Pompeia ne fait point exception à cette règle, quoi qu’en disent quelques descriptions. Cette porte n’a, dans le fait, rien de monumental, et les deux ouvertures qui l’accompagnent, ne sont que de petites issues qui aboutissent à deux couloirs.

La distinction que l’on vient d’établir entre les portes de ville et les arcs de triomphe, n’empêche pas, sans doute, de croire que jadis aussi deux monumens aussi semblables, n’aient pu se confondre dans les emplois variés qu’une multitude de circonstances locales leur auront assignés. La cause la plus probable de cette confusion, aura été l’usage d’affecter la forme des arcs de triomphe, à certains monumens honorifiques érigés pour toute autre chose que des victoires. C’est ce que nous a prouvé l’arc de Pola (voyez Pola), servant aujourd’hui, et peut-être aussi jadis, de porte à cette ville.

L’idée d’arc, monument triomphal servant de porte, et de porte pouvant recevoir le même emploi honorifique, dut prêter encore plus à cette réciprocité d’usage chez les Modernes, où le mot triomphen’exprime plus que le résultat de la victoire, sans emporter l’idée d’aucune des pratiques usitées chez les Romains. Des monumens en forme d’arcs de triomphe se sont donc élevés dans presque toutes les contrées, et en l’honneur des princes ou des événemens les plus pacifiques. On citeroit ainsi beaucoup de portes de ville en divers pays, construites, disposées et ornées en manière d’arc de triomphe. Une des plus magnifiques est celle qu’on appelle, à Berlin, la porte de Brandebourg. A Florence, la porta a San Gallo est un très-bel arc de triomphe tout-à-fait dans le goût des Anciens, élevé au grand-duc François Ier., à l’occasion de son entrée dans sa capitale en 1739.

Paris eut pendant long-temps quelques-unes de ses portes formées en arcs de triomphe : telles étoient celles qu’on appeloit de Saint-Antoine et de Saint-Bernard, qui ont été détruites depuis quelques années. (Voyez Arc de triomphe. ) On appelle encore portes, comme ayant été situées à l’extrémité des rues Saint-Denis et Saint-Martin, et à la rencontre des boulevards, autrefois limites de la ville, des monumens dont nous avons donné la description à l’article qu’on vient de citer.

En général, toute porte de ville suppose une ville environnée de murs, et la plupart des villes murées l’ayant été en vue de la défense militaire, le plus grand nombre des portes dut être assujetti à des besoins qui s’accordèrent rarement avec ceux de l’art de l’architecture. Aussi, parmi les portes de villes antiques qui nous sont parvenues, citeroit-on peu d’ouvrages qu’on puisse proposer pour modèles. Des trente-sept portes que l’on comptoit à Rome, au temps de Pline, le plus grand nombre a disparu, et parmi celles que présente la Rome moderne, il y en a peu d’antiques, et peu encore de celles-ci, se font remarquer pour l’architecture.

On exceptera, cependant celle qu’on appelle aujourd’hui porta maggiore, jadis porta Nœvia et Labicana. Cette porte étoit le point où aboutissoient jadis et aboutissent encore aujourd’hui les aqueducs qui conduisoient à Rome l’eau Curtia et l’eau Cœrulea. Aussi se compose-t-elle d’un attique extrêmement haut, divisé en trois bandes, qui portent chacune l’inscription de chacun des Empereurs qui concoururent à ce grand travail. Deux grandes arcades supportent cet attique ; leur construction est en bossages, et leurs massifs ou piédroits sont occupés par des niches accompagnées de deux colonnes qui soutiennent un fronton.

Les portes des villes modernes dans le moyen âge et jusqu’au renouvellement des arts, soumises aux différens systèmes de fortification, ne nous présentent d’ailleurs d’autres formes que celles dont l’architecture appelée gothique avoit accrédité l’emploi, celle de l’arc aigu.

Lorsque le goût de l’architecture antique reparut, il n’y eut guère dans l’embellissement des portes de ville, d’autre style et d’autre système que ceux des portes appliquées jadis aux monumens publics. Telle fut cette porte qui sert d’entrée à Rome, sous le nom de porta del Popolo. Ornée de colonnes et de statues en dehors, sa façade intérieure a reçu une décoration nouvelle an temps de Bernin, et de son dessin à ce qu’on croit, pour l’entrée de la reine Christine à Rome. L’inscription qui pourroit se placer sur beaucoup d’autres entrées de ville est : Felici fausto q. ingressu.

Le genre de décoration, la proportion et le goût des portes qui donnent entrée dans les monumens publics, les temples, les palais, se coordonnent naturellement an goût, à la proportion et au style de décoration des divers ordres d’architecture.

Vitruve n’a eu en vue, en fixant la forme et l’ordonnance des portes, que celles des temples. Il en reconnoît trois genres : la porte dorique, la porte ionique et la porte qu’il nomme atticurge, et par ce mot, selon les commentateurs, on doit entendre un synonyme de corinthienne. (Voyez Atticurge.) Ces trois genres de portes sont toutes ce qu’on appelle à linteau. Leurs différences consistent dans quelques variétés de mesures et de détails qu’il faut lire dans cet auteur, et qui sont aujourd’hui de peu d’importance, parce que ces portes il les considère dans leurs rapports avec les colonnes des péristyles des temples. Mais ce qui tient à une théorie plus générale et plus usuelle, c’est qu’il prescrit de se conformer dans les profils, les encadremens et les couronnemens des portes, au caractère plus ou moins simple, plus ou moins élégant de chacun des ordres.

Ainsi la porte dorique a ses montans et son linteau formés d’un bandeau fort simple. La porte ionique a ces deux parties plus nombreuses en moulures, et elle a un couronnement. La porte attique ou atticurge participe presqu’en tout de la précédente ; seulement les jambages sont un peu inclinés et tendent à la figure pyramidale. Il y en a plus d’un exemple dans les restes de l’antiquité.

Ces règles de Vitruve, comme on l’a déjà dit, étoient spéciales pour les temples, mais le principe de ces règles étoit fondé sur l’harmonie que chaque mode ou type d’architecture, rendu sensible dans chaque ordre, doit prescrire aux parties qui entrent dans l’ensemble, dont l’ordre est le régulateur.

Aussi les architectes modernes ont-ils presque tous, dans leurs Traités d’architecture, cherché à fixer d’après les proportions et le goût de chacun des ordres, ce que doivent être et la forme, et les dimensions des portes, dans les monumens qu’on élève selon les principes de l’architecture.

Admettant, comme on l’a fait, dans les premiers temps du renouvellement de cet art, cinq ordres, que la saine critique a réduits à trois, presque tous les architectes sout convenus d’un moyen terme de mesure pour les portes.

D’après le résultat de leurs observations, on est convenu :

Que dans l’ordre qu’on appelle toscan, les portes en plein cintre devoient avoir de hauteur deux fois leur largeur ;

Que les portes en plein cintre, dans l’ordre dorique, doivent avoir en hauteur deux fois et un sixième de leur largeur ;

Que les portes de la même forme, dans l’ordre ionique, auront en hauteur deux fois et un quart leur largeur ;

Que, dans le corinthien, elles auront deux fois et demie, et dans ce qu’on appelle le composite, deux fois et un tiers la mesure de leur largeur en hauteur.

A l’égard des portes à plate-bande, leur proportion a été déterminée, en divisant leur largeur en douze parties, dont on a donné vingt-trois à la hauteur de la porte appelée toscane, vingt-quatre à la porte dorique, vingt-cinq à la porte ionique, vingt-six à la porte corinthienne, et vingt-cinq et demie à la porte appelée composite.

On voit donc que toute cette théorie relative aux dimensions des portes, n’a d’autre point de vue, que de faire participer les ouvertures des édifices à la graduation des mesures affectées au caractère propre de chaque ordre. D’où il résulte que de pareilles mesures n’ont rien de géométriquement fixe. Aussi est-ce an goût à en faire les applications convenables aux différens rapports des portes avec le local où elles se trouvent.

Ce que nous connoissons de plus remarquable en fait de portes dans l’architecture antique, appartient aux entrées des temples. Plus d un édifice sacré nous est parvenu avec sa porte principale.

Nous pouvons citer comme une des plus belles et des mieux conservées, celle du temple de Nîmes, appelé vulgairement la maison carrée. Cette porte est à plate-bande ; elle a en hauteur plus de deux fois sa largeur ; son chambranle et les consoles qui supportent la corniche de la plate-bande sont d’une exécution fort pure. (Voyez l’ouvrage des Antiquités de la France, par Clérisseau.) Le dessus de la porteest occupé par une inscription.

La porte du Panthéon, à Rome, s’est conservée intègre dans tous ses détails et jusque dans ses venteux de bronze, dont on fera mention plus bas. Cette porte, surmontée d’un grillage en bronze, destiné peut-être à diminuer sa hauteur, au lieu des jambages ordinaires du chambranle, est accompagnée de deux pilastres cannelés dont on ne sauroit définir l’ordonnance, d’après l’espèce de chapiteau qui les surmonte, lequel se raccorde à la cymaise dont est couronée la plate-bande intermédiaire entre la porte et le grillage dont on a parlé.

On voit ici un exemple de ces portes, qui depuis furent si souvent accompagnées d’ordres en pilastres ou en colonnes. Presque tous les monumens civils et les palais des Anciens ayant disparu, il seroit difficile de dire jusqu’à quel point ils appliquèrent aux portes de ces édifices les richesses accessoires des colonnes.

Dans les temples anciens, la porte paroît avoir été généralement quadrangulaire, c’est-à-dire, terminée dans le haut par ce qu’on appelle linteau ou plate-bande. On conclut cette forme de la description même de quelques temples célèbres, tels que ceux de Minerve à Athènes, et de Jupiter à Olympie. Mais outre les portes encore existantes du Panthéon à Rome, et du temple de Nîmes, on peut citer celles des temples de Pola ; des monumens de Spalatro, de Palmyre, de Baalbeck, et beaucoup d’autres. Il est sensible que cette terminaison de la porte en ligne horizontale, devoit être commandée par le local, et par l’espèce d’accord que suggéroit naturellement la ligne horizontale des péristyles en colonnes, sous lesquels ces portes étoient abritées.

Chez les Modernes, la différence de construction dans les églises, et la hauteur considérable de leurs nefs, n’ayant guère permis de placer à leurs frontispices des péristyles en colonnes (voyez Portail), et l’usage des devantures de décoration en appliquage ayant prévalu dans les portails à plusieurs ordres, l’un au-dessus de l’autre, les portes cintrées, dont la forme exige plus de hauteur, y furent plus généralement employées. Dans certains pays, la nature des matériaux en favorisa l’emploi. Là où l’on ne trouve point à faire les linteaux d’un seul bloc de pierre, on doit avoir volontiers recours à la forme cintrée, c’est-à-dire, à la forme d’arcade.

Cette forme d’arcade rappelle naturellement celle des portiques, composés de piédroits, dont les massifs reçoivent des colonnes ou des pilastres, qui supportent ou un entablement courant ou des frontons. Et tel fut l’ajustement d’un très-grand nombre de portes dans les grands bâtimens modernes.

Les plus grands et les plus magnifiques palais en Italie nous offrent peu de luxe et de variété dans leurs portes. Le style simple et sévère de leur disposition extérieure, et l’habitude de faire dominer dans leurs façades les pleins sur les vides, nous expliquent pourquoi les entrées de ces édifices ne consistent le plus souvent que dans une arcade, dont quelquefois les refends ou les bossages viennent interrompre le chambranle, et dont le sommet n’a d’autre ornement qu’une clef très-saillante, tantôt fort simple, et tantôt taillée en console. Ainsi voyons-nous encore à Paris trois des portes du Louvre consister en une arcade ornée de fort peu de profils. Celle qui fait partie de là face antérieure où règne la colonnade, offre une porte à plate-bande inscrite dans un grand arc. Les portes du palais du Luxembourg, imitation du palais Pitti, à Florence, ne sont aussi que des arcades, dont les piédroits sont taillés en bossage.

Cependant le luxe des colonnes, des plates-bandes sculptées et des frontons, devint assez général dans la composition des portes de palais.

On en compte quelques-unes à Rome, qu’on cite en ce genre comme modèles de bon goût et de belle proportion.

A Paris, l’on doit dire que le plus grand nombre des portes d’hôtels un peu remaquables, a sa porte ornée de colonnes et quelquefois accouplées. Le luxe des portes de palais en est venu, dans le dernier siècle, au point qu’elles pourroient passer avec leurs accompagnemens pour être des monumens. On en a fait dont les piédroits recoivent des trophées, dont le dessus est orné de bas-reliefs. Quelques-unes, avec les colonnades qui les accompagnent, sembleroient être des portiques plutôt que des portes d’entrée.

Ce qui a contribué surtout à donner aux portes des palais, une ampleur d’ornement et d’architecture inusitée auparavant, ce fut l’usage de placer les corps d’habitation au fond d’une cour. Les portes ne firent plus dès-lors partie intégrante du palais proprement dit, et n’eurent plus le besoin de se soumettre à l’ordonnance générale de sa façade. L’architecte dut chercher par la composition de la porte, devenue celle de la cour, à donner une idée de l’importance de l’édifice placé en reculée, et hors de la vue du public.

Il est assez inutile de dire que les portes, dans les intérieurs, offrent et les mêmes formes et les mêmes degrés de décoration.

Dans les maisons ordinaires, les portes qui donnent entrée aux différentes pièces de leur distribution, ont une simple baie, ouverture quadrangulaire, percée dans les murs ou les cloisons, sans ornemens, chambranles, profils ou accompagnemens.

Les maisons d’un degré plus élevé, ont les portes de leurs appartemens revêtues de chambranles ou de bordures, avec plus ou moins de moulures faites soit en plâtre, soit le plus souvent en menuiserie, qui reçoit volontiers des couleurs ou simples ou en manière de marbres. L’usage est assez volontiers de pratiquer au-dessus un panneau avec ornemens, ou un tableau appelé dessus de porte.

Les palais, selon leur grandeur ou leur importance, présentent dans leurs vastes intérieurs, des portes qui peuvent égaler en richesses d’architecture, celles des extérieurs. a hauteur des étages et les grandes dimensions des pièces permettent d’y pratiquer des portes cintrées, et de leur appliquer le style et les proportions des portes attiques, ioniques ou doriques. Dans les grands palais, on voit lesportes, surtout des grandes pièces, des salles de réception ou des galeries, accompagnées ou de pilastres ou de colonnes, recevoir soit des frontons, soit des plates-bandes soutenues par des consoles ; et dans leurs couronnemens, des figures, des allégories, et des symboles divers en sculpture de bas-reliefs ou ronde-bosse.

Les revêtemens de marbre de toutes sortes de couleurs, contribuent souvent à la décoration de ces portes. Leurs jambages, leurs linteaux sont surtout les membres que la marbrerie est appelée à décorer, et ces espaces reçoivent encore sur leurs champs des accessoires en bronze doré, comme entrelas, enroulemens, etc.

On comprend que la décoration des baies, ou ouvertures de portes, dans les édifices, doit se trouver en accord avec celle des battans ou ventaux, destinés à ouvrir ou à clore ces ouvertures, et par conséquent à figurer aussi dans cet ensemble composé de deux parties, dont nous avons séparé les notions dans cet article, mais qui, selon l’usage de les considérer, forment un tout dont l’harmonie doit entrer dans les combinaisons de l’architecture. Les battans, comme on va le voir, reçoivent quelquefois une telle richesse de décoration, que le chambranle, qui en devient, si l’on peut dire, le cadre, ne sauroit sans inconvenance n’y point participer.
de la porte considérée dans ses battans et comme objet d’ornement et de décoration.

Les Romains avoient plus d’un mot pour exprimer ce que nous n’exprimons que par un seul, puisque nous usons, du mot porte pour signifier l’ouverture d’un local et ce qui sert à la fermer.

Le mot porta, dans le latin, si l’on en croit l’étymologie que lui donne un passage de Caton, se seroit appliqué surtout aux portes de ville. Lorsqu’on bâtissoit une ville, on en tracoit l’enceinte avec la charrue, et dans l’endroit où devoit être une entrée, on soulevoit la charrue et on la portoit. De-là le mot porta. Qui urbem novam condit…… ubi portam vull esse arartrum sustollat, et portam voct.

Est-ce là une de ces étymologies souvent fort arbitraires, qu’on trouve chez les grammairiens anciens ? C’est ce que nous ne déciderons point. Il est mieux démontré que le mot janua, comme synonyme de porte, tire son nom du dieu Janus, qui présidoit aux entrées des maisons. Le mot limen exprimoit ce que nous entendons dans les maisons par seuil de la porte. Il est à remarquer que ces différens mots se prennent au singulier, ce qui semble bien indiquer, qu’ils ne s’appliquoient qu’à la porte considérée comme ouverture et comme ouvrage de construction. Quant à celle que nous désignons par les mots battant de porte ou vantaux, nous trouvons dans le latin deux mots qui n’ont point de singulier, valvœ et fores. Il nous semble que ces mots qui ne pouvoient pas convenir au pluriel à la porte (ouvrage de construction), dûrent signifier exclusivement la porte, ouvrage mobile, composé fort souvent de deux parties ou de deux ventaux.

C’est sous ce dernier rapport que nous allons considérer la porte.

Les battans de porte, que la clôture se compose soit d’un, soit de deux ventaux, se sont faits et se font encore de plus d’une matière. Il paroît assez constant qu’il y eut dans l’antiquité de ces portes mobiles faites en marbre. Je trouve dans le Dictionnaire d’Antiquités, qu’on a trouvé dans quelques bâtisses d’Herculanum des portes dont les battans étoient tout entiers de marbre. On se figure difficilement que de semblables portes aient pu être usuelles, c’est-à-dire, employées dans les maisons, et qu’elles aient été d’une grande dimension. Mais nous en trouvons un exemple dans un dea plus beaux tombeaux antiques que Pausanias ait vus, et qu’il compare à celui de Mausole. « On voit, dit-il (Arcadiq., lib. 10, cap. 16), dans le pays des Hébreux, à Jérusalem, ville que l’empereur Adrien a détruite de fond en comble, le tombeau d’Hélène, femme du pays ; il est tout en marbre. On y a pratiqué une porte aussi de marbre, qui s’ouvre tous les ans, à pareil jour et à pareille heure. Elle s’ouvre par le seul effet d’une mécanique, et, après être restée peu de temps ouverte, elle se referme. Dans tout autre temps, on tenteroit vainement de l’ouvrir, on la briseroit plutôt. »

Mais le bois et le métal furent et seront toujours les deux matières propres à faire les portes mobiles.

On y emploie le bois par assemblage, et les montans sout ou arrasés, ou par compartimens. Rien à dire sur les portes arrasées, sinon qu’il faut y prendre encore plus de soin d’en bien assembler les joints, dont les désunions sur une surface lisse, seroient plus apparentes.

Les portes à compartimens en bois, sont susceptibles de tous les degrés et de tous les genres d’ornemens. Quelquefois ces ornemens ne consistent qu’en placages de bois précieux, appliqués sur les bois plus communs que la menuiserie emploie. Mais ces ornemens en bois de couleurs variées, comme l’acajou, le citronier, etc. ne peuvent guère être d’usage que dans les intérieurs des maisons et des appartemens.

Dans les portes de grande dimension, telles que celles qu’on appelle portes cochères, à l’extérieur des maisons, ou celles qui servent de clôture aux églises, les battans sont formés par de forts assemblages de bois de charpente, et l’on y pratique le plus souvent des panneaux de diverses figures, quelquefois avec de simples moulures, et quelquefois avec des listels taillés d’oves, de perles, de feuilles d’eau. Autant pour la propreté que pour la conservation même des bois, on les enduit de couleurs à l’huile, et dans toutes sortes de nuances.

Les portes en bois ont souvent offert à le sculpture, des champs propres à récevoir un plus grand luxe décoratif de bas-reliefs. Les exemples de semblables portes sont nombreux. On citera, en ce genre, au Vatican, certaines portes en bois à la galerie des Loges de Raphaël, et sculptées sur ses dessins, ou ceux de son école, par Jean Barile[illisible]. Le goût et le mérite d’exécution n’ont jamais été plus loin. Le Louvre, à Paris, a conservé des portes du même genre, sculptées en ornemens sur les dessins de Lebrun. Les battans de la porte principale de la cathédrale, dans la même ville, ont été refaits, en bois il y a un demi-siècle, sous la direction de M. Soufflot. Sur chacun de ces battans sont sculptées, dans la proportion de six pieds, en bas-relief, les figures dû Sauveur et de la Sainte-Vierge.

Les portes en bois ont si souvent besoin de l’enduit des couleurs, comme on l’a déjà dit, pour leur conservation, que la peinture dut aussi s’emparer des champs de ces compartimens, pour en faire l’objet des inventions décoratives qui peuvent leur convenir. Les idées légères et les sujets de l’arabesque, ont donc trouvé d’agréables places sur les panneaux des portes, et l’on ne seroit embarrassé que du choix des exemples de ce goût de décorer, dans tous les pays où la peinture s’est occupée de l’embellissement des intérieurs des maisons.

On comprend aisément pourquoi nous ne pouvons citer sur les portes en bois et leurs ornemens, aucune autorité dans l’antique. Généralement les portes qui appartiennent à l’antiquité ont dû périr ; les unes, telles que les ouvrages en bois, vu le peu de durée de la matière, et les autres en métal, dont on fera mention plus bas, à cause de la valeur et du prix, qui finissent par causer la perte de ces sortes d’ouvrages.

Nous sommes portés à croire que le bois devoit faire jadis le fond de ces portes célèbres des temples que l’on revêtissoit d’ornemens plaqués et incrustés. Si, comme nous l’avons démontré en traitant de la statuaire en or et ivoire, et des colosses de ce genre (voyez le Jupiter olympien), le fond de ces grands simulacres sur lesquels s’appliquoient l’ivoire et l’or étoit de bois, le même genre de travail de l’or et de l’ivoire, en bas-relief, sur les surfaces des compartimens de portes, doit faire supposer que le bois fut la matière qu’on y employa.

Cicéron nous a appris quel cas on faisoit des portes d’or et d’ivoire du temple de Minerve à Syracuse : « Nulle part(dit-il), je puis l’affirmer, aucun temple n’eut, en or et en ivoire, des portes d’une plus grande magnificence ni d’une perfection plus grande. » Valvas magnificentiores ex auro atque ebore perfectiores nullas unquam ulli templo fuisse. « On ne sauroit dire combien les Grecs ont laissé d’écrits sur la beauté de ces portes. Il y avoit dessus, les sujets les plus habilement sculptés en or et ivoire. Verrès les fit tous enlever ; il en arracha une superbe tête de Gorgone avec sa chevelure en serpens, et pour montrer que le prix et la valeur de la matière le touchoient autant que le mérite de l’art, il n’hésita point à dépouiller ces portes de tous les clous d’or d’un grand poids qui s’y trouvoient en grand nombre. » Incredibile dictu est quam multi Graeci de harum valvarum pulchritudine soriptum reliquerint…… Ex ebore diligentissimè perfecto argumenta erant in valvis. Ea detrahenda curavit omnia. Gorgonis os pulcherrimum crinitum anguibus revellit atque abstulit, et tamen indicavit se non solùm artisicio, sed etiam pretio questuque duci. Nam bullas omnes aureas ex his valvis quœ erant multœ et graves, non dubitavit auserre, quarum iste non opere delectabatur sed pondere.

En lisant, dans Pausanias, la description des détails du temple de Jupiter à Olympie, on ne sait si l’on doit, d’après les mots υωερ των θυρων, placer au-dessus des portes du naos et de l’opisthodome, dans le mur même, ou sur les battans des portes, les bas-reliefs dont parle l’écrivain. Le doute résulte de la préposition υωιρ, qui veut dire aussi bien sur la porte, qu’au-dessus de la porte. Le dernier traducteur, par l’emploi en français de la préposition sur, donne à entendre qu’il croit ces sujets sculptés sur les battans même (qui au reste étoient de bronze, ainsi que le dit Pausanias, τας ζυρας τας χαλχας). Tous ces sujets représentoient les travaux d’Hercule.

L’usage des battans de porte ornés de sculptures en bas-reliefs, dut être fréquent dans l’antique. La description purement imaginaire que fait Virgile des portes sculptées par Dédale, comme beaucoup de descriptions d’ouvrages d’art, dont les poëtes enrichissent leurs récits, est la preuve que la pratique de ces travaux n’étoit pas rare, et l’on peut conclure encore des détails du poëte, que l’or entroit souvent dans l’exécution de ces sculptures. Dédale avoit aussi essayé de sculpter en or la chute de son fils Icare : Bis conatus erat casus essingere in auro.

C’est aussi en or et en ivoire qu’il figure, dans une autre description idéale, les bas-reliefs (ex auro solidoque elephanto) qu’il place sur les portes (in foribus) du temple de marbre qu’il veut élever à Auguste, sur les bords du Mincius.

Beaucoup de battans de portes ont été appelés de bronze, qui ne furent aussi qu’en métal plaqué sur un fond ou sur une ame de bois. Telle est celle qui est parvenue jusqu’à nous, et qui sert encore aujourd’hui de fermeture au Panthéon de Rome. L’usage des clous qui sont devenus depuis un simple motif d’ornement dans beaucoup de portes, indiqueroit peut-être la pratique originaire de ces revêtemens de métal, qu’on devoit fixer avec des rivés qui les identifioient au fond de bois.

Les portes de bronze du Panthéon sont dans toute la longueur de leurs montans, et dans la largeur de leurs traverses, remplies d’un très-grand nombre de têtes de clous, artistement travaillés en forme de culots, ou ce que l’on appelleroit culs-de-lampe, variés de trois manières différentes, et ornés de feuilles à un ou deux rangs. Du reste, chaque battant se compose de deux seuls panneaux lisses, et rien ne semble indiquer qu’autrefois on y ait appliqué aucun objet de décoration.

Nous n’aurions plus à citer d’ouvrages antiques de ce genre que d’après de simples mentions des écrivains, mentions dont le recueil ne serviroit qu’à confirmer ce qu’on a déjà dit du grand nombre de ces travaux, et à mieux faire sentir l’étendue des pertes que l’art a éprouvées.

Il nous faut, en fait de portes en bronze, arriver chez les Modernes aux onzième et douzième siècles.

Constantinople avoit conservé dans l’art de la fonte les traditions pratiques qui, à ce qu’il paroît, s’étoient perdues en Italie. Ce fut dans cette ville que Pantaléon, consul romain vers le milieu du onzième siècle, alla lui-même faire fondre les portes de la basilique de Saint-Paul à Rome. L’inscription qu’on y lit, apprend qu’elles furent l’ouvrage de Staurakios Tuchitos, de l’île de Chio. Ces portes ont quinze pieds de haut et dix pieds de large, Le fond en est de bois recouvert de métal. On y compte cinquante-quatre compartimens qui renferment les figures isolées des Apôtres, des Evangélistes, des prophètes, et divers traits de la vie de Jésus-Christ, de la Sainte-Vierge et des premiers Martyrs. Le bronze étoit revêtu ou orné de niello, et de filets d’argent qui ont disparu en grande partie.

C’est de Constantinople aussi que furent apportées, vers le milieu du treizième siècle, les portes de bronze de Saint-Marc à Venise.

Cependant nous voyons à la fin du douzième siècle (1180) Bonano, artiste de Pise, fondre, pour la cathédrale de cette ville, des portes de bronze, qui furent en partie endommagées par le feu, mais dont il reste encore une portion considérable de douze compartimens.

C’est dans le même style que sont travaillées les portes de bronze de la cathédrale de Novogorod, et plus d’un motif tiré des bas-reliefs de ces portes engage à croire que ce fut un ouvrage contemporain de celui de Pise (1192). Chacun de ses deux battans offre quatorze compartimens où se trouvent représentés des sujets de la Bible, du Nouveau-Testament, etc. , avec des légendes et ces inscriptions en caractères russes. Cet ouvrage a été savamment commenté à Berlin par M. Friederich Adelung.

Comme nous comptons placer à la fin de cet article, d’après le savant que nous venons de nommer, la nomenclature de toutes les portes de bronze qui existent aujourd’hui en Europe, nous allons nous contenter de donner ici les notices abrégées des trois plus célèbres de ces ouvrages, et dans l’ordre de leurs dates.

Les deux premiers sont au baptistère de Florence.

L’an 1330, comme en fait soi l’inscription qu’on y lit, gravée sur le bronze, André Ugolino exécuta les portes de ce monument qu’on voit à droite en entrant dans cette rotonde ; on prétend que ce fut sur les dessins donnés par Giotto. Ces portes se composent de vingt-huit champs ou compartimens ; vingt de ces espaces sont remplis par des traits de l’historie de Jean-Baptiste, les huit autres contiennent des figures de Vertus. Ce travail, beaucoup moins sec que celui des ouvrages précédens, se fait distinguer par une certaine délicatesse d’expression et d’exécution.

Mais les plus célèbres portes de ce monument, et de beaucoup les plus belles de toutes celles que l’on condoît, sont celles qui s’ouvrent en face de la cathédrale, ci qui ont rendu à jamais fameux le nom de Laurent Ghiberti. On sait que ce qu’il y eut alors de plus habiles artistes, et de ce nombre étoient Bruneleschi et Donatello, se disputèrent, dans un concours ouvert par le grand Conseil de Florence, l’honneur de ce bel ouvrage, et que les concurrens eux-mêmes proclamèrent Ghiberti leur vainqueur. On compte sur ces portes vingt compartimens qui renferment l’histoire du Nouveau-Testament ; les espaces inférieurs sont occupés par les Evangélistes et les Pères de l’Eglise. Nous ne dirons rien ici de ces beaux bas-reliefs, dans le travail et le goût desquels Ghiberti devança tous ses successeurs, et n’a été égalé par aucun. C’est de ces portes que Michel Ange avoit coutume de dire, qu’elles seroient dignes d’être celles du Paradis.

Elles furent terminées en 1424.

C’est en 1445 que furent exécutées, sous le pape Eugène IV, les portes en bronze de l’ancienne basilique de Saint-Pierre, transportées depuis à l’entrée principale de la nouvelle église. Celles qu’elles remplacèrent à cette époque avoient été revêtues en argent ; on disoît qu’elles étoient venues de Jérusalem. La vétusté et les différens pillages que Rome avoit essuyés, en avoient opéré la dégradation. Antoine Filarête, fort habile architecte, et Simon, frère du célèbre Donatello, furent chargés de ce grand ouvrage qui, postérieur, comme on le voit, de vingt années à celui de Ghiberti, lui resta prodigieusement intérieur sous tous les rapports. Les bas-reliefs représentent les yres de saint Pierre et de saint Paul, et quelques particularités de la vie d’Eugène IV. On y a souvent remarqué comme une assez grave inconvenance, les petits sujets mythologiques, qui entrent dans les enroulemens et encadremens des bas-reliefs. Ceci ne doit s’expliquer que par l’habitude de considérer ces sujets comme de simples objets de décor, devenus tout-à-fait insignifians pour l’esprit.

Nous avons vu l’argent entrer comme incrustation, dans certains détails des portes de bronze modernes, et l’or mêlé à l’ivoire nous a paru être entré dans quelques-uns de ces ouvrages antiques.

On trouve cependant plus d’une mention faite de portes appelées d’or, porta aurea. Loin qu’on puisse se permettre de croire que ce métal précieux soit jamais entré en masse, ou en revêtement massif, sur des portes semblables à celles qu’on vient de citer, il faut croire, au contraire, ou qu’on aura donné le nom de porte d’or à des portes de métal simplement doré, ou peut-être ornées de clous dorés.

On appeloit et on nomme encore porta aurea, à Pola en Dalmatie, cet arc dont nous avons parlé à l’article de celle ville, et qui ne fut point un arc de triomphe. On appeloit de même, à Constantinople, l’arc élevé par Théodore-le-Grand, en mémoire de la défaite de Maxime. Dans plus d’une ville moderne, on a donné le nom de porte d’or à plus d’un ouvrage de ce genre, sur lequel on ne découvre pas la moindre trace d’or.

Nos temps modernes n’ont guère vu se renouveler le luxe des grandes portes de bronze, et Paris auroit à peine un ouvrage de ce genre à citer, sans l’emploi très-remarquable qui a été fait du bronze à la nouvelle porte d’entrée du Louvre, par le côté de la colonnade. Il est vrai qu’on pourroît donner aussi le nom de grille à cette magnifique clôture, parce que le bronze y est employé en ornemens dans trois compartimens à jour, et que la partie inférieure est en bois. Cependant il faut dire qu’il entre certainement dans ces ornamens de ronde bosse, plus de métal qu’il n’en auroit fallu pour revêtir le fond d’une porte en bois, ci si ces ornemens, au lieu d’être de plein relief, eussent été placés ou appliqués de bas-relief sur des compartimens de bois, on eût appelé très-certainement ces portes, portes de bronze.

ÉNUMÉRATION ET DÉSIGNATION DES PORTES DE BRONZE QUI EXISTENT EN EUROPE.
Portes de bronze en Italie.

A Venise. Dans l’église de Saint-Marc. — Les portes du milieu de l’édifice. Elles sont fondues de bronze massif et de travail grec. Après la prise de Constantinople, on les enleva de l’église de Sainte-Sophie pour les transporter à Venise.

Dans la même église. — Porte du côté droit toute de bronze, enrichie de figures en manière de Niello, avec filets d’argent. On la croît du treizième siècle.

Dans la même église. — Portes de la troisième entrée, avec inscription latine contenant le nom de l’artiste vénitien.

Dans la sacristie de la même église. — Très-belle porte, ouvrage de Sansovino, terminée en 1556, composée de deux compartimens, représentant, celui d’en bas, la déposition au tombeau, celui d’en haut, la résurrection de Jésus-Christ.

Dans l’église de Saint-Dominique. — La maîtresse porte, par Jacobello et Pietro Paolo (vénitiens). On y voit trois figures ; Dieu le père, saint Jean-Baptiste et saint Marc.

A Padoue. Dans l’église de Saint-Antoine. — Portes de bronze, en face du cercueil du saint, faites en 1594. — Autres portes en pendant, faites, comme les précédentes, par Tiziano Aspetti.

A Vérone. Dans la basilique de Saint-Zénon. — Portes recouvertes de bronze, où sont représentés des traits de l’Aucien-Testament et des iniracles du saint. On les cript du onzième siècle.

A Bologne. Dans l’église de Saint-Pierre. — Un battant de porte, ouvrage de Marchione, au commencement du treizième siècle.

Dans l’église de Saint-Petronio. — La porte d’entrée, ornée de quinze bas-reliefs, de rinceaux et d’autres détails, par Jacobo della Quercia, au commencement du quinzième siècle.

A Florence. Dans la cathédrale. — Une porte de sacristie, par Luca della Robbia, avec bas-reliefs représentant les Evangélistes, les Pères de l’Eglise, etc. C’est un des plus beaux ouvrages en ce genre. Il date du commencement du quinzième siècle.

Au baptistère de Saint-Jean. — Portes de bronze, faites par Andréa Ugolino (voyez plus haut ce qui en a été dit), en 1330.

Au même baptistère. — Portes célèbres, faites par Lorenzo Ghiberti (voyez plus haut ce qu’on en a dit), en 1424.

Dans l’église de Saint-Laurent. — Petite porte en bronze, par Donatello.

A Pise. Dans la cathédrale. — Un battant de porte, par Bonnano (voyez plus haut la mention qu’on en a faite), en 1180.

Dans la même cathédrale. — Les maîtresses portes d’entrée, ouvrage de Jean de Bologne, où sont représentés en bas-relief les traits de l’histoire de la Passion, fait dans le cours du seizième siècle.

Au baptistère de Saint-Jean. — Portes fort remarquables, faites par Andrea Ugolino (dit) Pisano, vers l’an 1300.

A Lucques. Dans l’église de Saint-Martin. — Portes avec bas-reliefs, par Nicolas de Pise, en 1233.

A Loretto. Dans la basilique de cette ville. — Au chevet de l’église, trois belles portes de bronze, dont celle du milieu est plus grande ; les deux autres ont quelque chose de moins. Elles furent exécutées sous Sixte IV, ou sous Jules II.

A la même église. — La porte d’entrée, composée de deux battans de bronze fort riches en compartimens, les uns plus grands, les autres plus petits. Les grands contiennent les traits de l’Ancien-Testament ; les petits, ceux du Nouveau, et particulièrement ceux qui se rapportent à la Sainte-Vierge, Les encadremens sont des enroulemens arabesques où l’on voit (comme aux portes de Saint-Pierre à Rome) plus d’un objet de la Mythologie payenne. Ce grand ouvrage est dû à Jacques et Antoine Lombardo, fils et élèves du célèbre Girolamo Lombardo.

A la même église. — Du côté droit, porte à deux battans, chacun contenant cinq sujets de l’Ancien-Testament, par Antonio Bernardini.

A la même église. — Du côté gauche, porte semblable à la précédente pour les sujets, avec des détails d’ornemens fort riches, par Tiburzio Verzelli.

A Ancône. Dans l’église de Saint-Augustin. — Portes en bronze, exécutées par Moccio, vers 1348.

A Rome. Au Panthéon. — Portes de bronze antiques. Voyez ci-dessus ce qu’on en a dit.

A Saint-Pierre. — Portes du milieu et d’entrée de la basilique, ouvrage d’Antonio Filareii et de Simon Donatello (voyez ci-dessus), en 1445.

A Saint-Paul hors des murs. — Portes d’entrée de basilique. Voyez ci-dessus.

A Saint-Jean de Latran. — Porte de la chapelle orientale de Saint-Jean, ouvrage des frères Uberto et Pietro de Plaisance, exécuté par l’ordre du pape Cèlestin III, en 1195.

Dans la même église. — A la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, en face de la précédente. Porte de bronze dont l’inscription parle du pape Hilarins.

Dans la même église. — A la chapelle du pape Corsini, Clément XII, des portes de bronze toutes lisses, qui, vers 1655, avoient été enlevées par Alexandre VII, à l’église de Saint-Adrien du Capitole, et qui autrefois doivent avoit appartenu au temple de Saturne.

Dans l’église de Saint-Côme et Saint-Damien (au Campo-Vaccino). — La porte de bronze qu’on y voit, doit y avoir été donnée, vers l’an 780, par le pape Hadrien Ier.

A Bénévent. Dans la cathédrale. — Portes en bois, recouvertes de plaques de bronze, où se voient soixante-douze sujets tirés de la Bible et du Nouveau-Testament, et plusieurs portraits des évêques de Bénévent, jusqu’à l’année 1151.

A Naples. — Dans le Castello nuovo se trouvent des portes de bronze qui, d’après l’inscription qu’on y lit, furent fondues à la fin du quinzième siècle par Guglielmo Monaco. La sculpture fort mauvaise des bas-reliefs y a représenté les exploits de Ferdinand d’Arragon.

A Amalfi. — Dans l’église épiscopale, sont des portes, dont le style sec annonce un âge fort ancien. Le fond en est de bois et est revêtu de bronze : tout, jusqu’à l’inscription, semble annoncer un travail tout-à-fait semblable à celui des portes de Saint-Paul à Rome.

A Montréal (près Palerme). — Dans la cathédrale sont de grandes portes en bronze, avec un nombre infini de figures d’un travail assez grossier, qui appartient au douzième siècle. On le croit du célèbre Bonnano de Pise.

Portes de bronze en Allemagne.

A Hildesheim. Dans la cathédrale. — A une chapelle qu’on appelle le paradis, de grandes portes en bronze fondues d’un seul jet, avec un grand nombre de figures prises dans l’histoire de l’Ancien-Testament.

A Mayence. Dans l’église collégiale. — Grandes et solides portes de bronze exécuées vers le commencement du onzième siècle.

A Ausbourg. — Dans la principale église, à gauche du grand portail et au côté droit de la tour, une grande porte revêtue de bronze, exécutée en 1088 par les artistes Augsbourgeois de la communauté des orsévres. Ces portes représentoient des sujets du Nouveau-Testament. Elles sont aujourd’hui fort endommagées.

A Aix-la-chapelle. — Dans l’église bâtie par Charlemagne, l’entrée occidentale a une porte fondue en bronze.

Portes du bronze en Russie.

A Moscou. — Très-anciennes portes de métal, dont on ne connoît avec certitude ni l’âge ni le pays où elles furent faites, mais qu’on croit, sans aucun fondement, avoir été apportées de Grèce par Wladimir-le-Grand.

Une porte de bronze, avec inscription latine, exécutée par l’artiste italien Aristoteles, sous Wassili Iwanowitsch.

A Nowogorod. — Dans l’église cathédrale de Sainte-Sophie, les portes de bronze appelées vulgairement portes chersonèses. Voyez plus haut la mention qu’on en a faite.

Dans la même église. — Les portes de bronze appelées portes suédoises, sans figures, avec des compartimens d’ornemens.

A Susdal. Dans l’église cathédrale. — Trois belles portes de bronze. Les figures n’y sont point en relief, mais elles sont gravées avec incrustation en or, seul ouvrage que l’on connoisse de ce genre. L’opinion est que ces portes ont été apportées de Grèce par Wladimir-le-Grand, avec beaucoup d’autres objets précieux, vers l’an 997.

A Alexandrowa sloboda. — Dans l’église de la Trinité on trouve des portes de bronze, où sont représentées les figures de plusieurs saints. Elles offrent deux inscriptions en langue russe. Une de ces portes fut exécutée en 1355 par les ordres de l’archevêque de Nowogorod, Wassili. Il paroît qu’elles furent faites pour cette ville, et depuis transportées à Alexandrowa Slohoda.

Portes de bronze en Espagne.

Cinq portes de la mosquée de Cordoue, revêtues de plaques de bronze. Il y en avoit jadis vingt-une semblables. Il n’en reste plus que cinq.

Portes de bronze en France.

A l’église de Saint-Denis. — Porte de métal, à l’entrée principale de l’église. — Dans l’église souterraine, porte en bronze qui ferme le caveau de la sépulture des Rois.

A Strasbourg. — Un battant de porte en bronze, avec bas-reliefs, dans la cathédrale, exécuté vers le milieu du quatorzième siècle.

Si, à toutes les portes de bronze dont on vient de faire l’énumération, on ajoute celles qui se trouvent à Sainte Sophie de Constantinople, et sans, doute quelques autres encore dont les notions ne nous sont point parvenues, on trouvera qu’il existe encore en Europe une soixantaine de ces grands ouvrages, tous produits du moyeu âge, genre de monument qui ne s’est plus reproduit dans les temps modernes.

Il y auroit à recueillir beaucoup de détails relatifs à la manière dont les portes furent gondées chez les Anciens, aux différens procédés employés pour leur clôture, aux usages divers de les faire ouvrir en dedans ou en dehors, à tous les services intérieurs, domestiques ou publics qu’elles comportent. Mais de ces détails, les uns sont plus particulièrement du ressort du Dictionnaire d’Antiquités, où on les trouvera ; quelques autres font la matière de plus d’un article de ce Dictionnaire (voyez Gond, Serrure). Le reste va trouver des notions suffisantes, dans les articles suivans.

On divisera aussi cette énumération par ordre alphabétique, selon les deux sortes d’acception affectées au mot porte, comme ouvrage de construction, ou comme ouvrage mobile.

Selon la première acception, on appelle :

Porte a pans, une porte dont la fermeture, au lieu d’être en ligne droite ou en arcade, se forme de trois parties, dont l’une est de niveau, et dont les deux autres sont rampantes. Telle est, à Rome, la porta pia, par Michel Ange.

Porte attique ou atticurge, est celle dont le seuil, selon Vitruve, est plus long que le linteau, ses piédroits étant inclinés. Voyez plus haut.

Porte avec ordre. Porte qui, étant ornée de colonnes ou de pilastres, prend son nom de l’ordre de ces colonnes ou de ces pilastres. Voyez ce qui en a été dit plus haut.

Porte batarde. Porte qui n’est guère que la moitié en dimension de ce que l’on appelle porte cochère. On lui donne cinq à six pieds de large.

Porte biaise. Porte dont les tableaux ne sont pas d’équerre avec le mur.

Porte bombée. Porte dont la fermeture est en portion de cercle.

Porte bourgeoise. Ainsi appelle-t-on les petites portes d’allée des maisons, pour les distinguer des portes bâtardes et des portes cochères. Elles n’ont ordinairement que quatre pieds de large.

Porte charretière. Simple porte qui n’est autre chose, qu’une ouverture dans un mur pour le passage des charrois.

Porte cochère. C’est, dans les grandes maisons, une porte par laquelle les carrosses peuvent passer. Sa largeur doit être d’au moins sept à huit pieds, et elle doit avoir au moins en hauteur deux fois sa largeur.

Porte crénelée. Porte de ville ou d’ancienne forteresse, qui a des créneaux comme les murs dont elle est la continuité.

Porte-croisée. On appelle ainsi une ouverture qui est à la fois une fenêtre et une porte. C’est, si l’on veut, une fenêtre sans appui, qui conduit à une terrasse ou à un balcon.

Porte dans l’angle. Porte qui est à pan coupé dans l’angle rentrant d’un bâtiments.

Porte de clôture. Moyenne porte dans un mur de clôture.

Porte de croisée. C’est la porte à droite ou à gauche de la croisée d’une grande église.

Porte de dégagement. Petite porte qui sert pour sortir des appartemens, sans passer par les principales pièces.

Porte d’enfilade. On nomme ainsi toutes les portes qui se rencontrent d’alignement dans les appartemens.

Porte de faubourg ou fausse porte. Porte qui est à l’entrée d’un faubourg.

Porte de ville. C’est une porte publique, à l’entrée d’une grande rue, et qui prend son nom, ou de la ville, soit la plus voisine, soit la plus célèbre, à laquelle conduit la voie sur laquelle elle s’ouvre, ou bien de quelque fait, de quelque monument, de quelque usage particulier. Voyez ci-dessus ce qui a été dit sur cet article.

Porte ébrasée. Porte dont les tableaux sont à pans coupés en dehors. Telles sont les portes de la plupart des églises gothiques.

Porte en niche. Porte dont le plan est circulaire, et dont l’élévation a l’apparence d’une niche.

Porte en tour ronde. On appelle ainsi celle qui est percée dans la partie convexe d’un mur circulaire, et l’on dit porte en tour creuse, de celle qui est pratiquée dans la partie concave d’un mur circulaire.

Porte rampante. C’est celle dont la partie cintrée ou la plate-bande est rampante, comme dans un mur d’échiffre.

Porte rustique. Porte dont les jambages ou paremens et la fermeture sout de pierres taillées en bossages rustiques.

Porte secrète. C’est une petite porte pratiquée dans une partie peu apparente d’un bâtiment, pour pouvoir y entrer et en sortir sans être vu.

Porte surbaissée. Ainsi nomme-t-on la porte dont la fermeture, au lieu d’être en arc plein cintre, est en arc surbaissé ou elliptique.

Porte sur le coin. Porte qui, ayant une trompe au dessus, est un pan coupé sous l’encoignure d’un bâtiment.

Porte mobile. On appelle mobile toute clôture de bois ou de brunie qui remplit la baie d’une porte, et qui s’ouvre à un ou deux ventaux.

Porte a deux ventaux. Porte qui se compose de deux parties mobiles ou battans attachés aux deux piédroits de la baie.

Porte a jour. C’est une porte faite de grilles de fer ou de barreaux de bois. On la nomme aussi porte à claire voie. Le plus bel ouvrage que l’on connaisse en ce genre, se voit au Louvre dans une porte-grille, faite en acier poli, d’un goût exquis d’ornement et d’une rare perfection de travail. Elle est au Muséum, au bout de la galerie d’Apollon.

Porte a placard. Porte qui est d’assemblage de menuiserie, aveu cadres, chambranle, corniche, et quelquefois un fronton.

Porte abrasée : est une porte de menuiserie, dont l’assemblage n’a point de saillie, et est tout uni.

Porte brisée : se dit d’une porte dont la moitié se double sur l’autre. Ou donne aussi quelquefois ce nom à une porte qui a deux ventaux.

Porte cochère. C’est un grand assemblage de menuiserie, qui sert à fermer la baie d’une porte où peuvent passer les voitures. Il se compose de deux ventaux, dont deux montans et trois traverses forment le bâtis, et où se trouvent renfermés des cadres et des panneaux, avec un guichet dans l’un des deux ventaux. Les plus belles portes cochères, à Paris, sont ornées de corniches, de consoles, de bas-reliefs, d’armoiries, de chiffres et d’autres objets de sculpture, avec ferrures en fer poli ou revêtu de bronze doré. Quelquefois ces ornemens sont appliqués sur le bois en placage. La forme générale de la porte cochère est soumise à la forme de la baie. Si celle-ci est à linteau, la forme de la porte cochère sera quadrangulaire ; elle sera circulaire par en haut si la baie est cintrée. Souvent encore, dans ce dernier cas, on pratique dans le cintre de la baie un dormant d’assemblages, qui remet la porte en ligne horizontale par en haut, et reçoit des ventaux de forme quadrangulaire.

Porte collée et emboîtée. C’est une porte faite d’ais debout, collés et chevillés, avec emboîtures qui les traversent par le haut et par le bas.

Porte coupée. Porte à deux ou à quatre ventaux, attachés à un ou à deux piédroits de la baie. Ces ventaux sont, ou coupés à hauteur d’appui, comme aux boutiques, ou à hauteur de passage, comme aux portes-croisées, dont quelquefois la partie supérieure reste dormante.

Porte d’assemblage. C’est tout ventail de porte, dont le bâtis renferme des cadres et des panneaux à un ou à deux paremens.

Porte de bronze. On donne ce nom à des ventaux de portes qui, au lieu d’être en bois, sont fondus en bronze, soit solide, soit appliqué sur un fond de bois. Ces sortes de portes sont tantôt en surfaces unies, seulement avec moulures et ornemens de clous, tantôt enrichies d’encadremens en rinceaux, et de compartimens arabesques, tantôt distribuées en champs plus ou moins nombreux, qui reçoivent des bas-reliefs, des figures et des compositions de tout genre. Voyez ci-dessus l’énumération qu’on a donnée, de toutes les portes de bronze qui existent aujourd’hui en Europe.

Porte de fer. Porte composée d’un châssis de fer, qui retient des barreaux et des traverses, ou des panneaux avec des enroulemens de fer plat et de tôle ciselée. Il y a à Versailles une semblable ported’un très-beau travail.

On appelle encore porte de fer, une porte, dont les châssis et les barreaux sont recouverts de plaques de tôle, et qui sert aux lieux qui renferment des choses précieuses, et où l’on craint le feu. C’est ainsi que sont les portes des trésors et des archives.

Porte double. Porte opposée à une autre, dans une même baie, soit pour la sûreté ou le secret du lieu, soit pour mieux préserver la pièce du froid ou de l’air extérieur.

Porte en décharge. Porte composée d’un bâtis de grosses membrures, dont les unes sont de niveau, et les autres inclinées en décharge, toutes assemblées par entailles de leur demi-épaisseur, et chevillées ; en sorte qu’elles forment une grille recouverte par dehors de gros ais en rainures et languettes, clouées dessus, avec ornemens de bronze ou de fer fondu. Telles sont les portes de l’église de Notre-Dame de Paris.

Porte feinte. On appelle ainsi toute imitation plus ou moins factice d’une porte réelle, soit qu’on se contente de la peinture pour en figurer l’apparence, soit qu’on y emploie la pierre pour en faire des chambranles qui n’auront que des ventaux simulés, soit qu’on fasse en bois plaqué sur le mur, les mêmes compartimens qu’aux portes ouvrantes. Les portes feintes n’ont ordinairement d’autre objet que le plaisir de la symétrie, dans les intérieurs des appartemens ou à l’extérieur des édifices.

Porte traversée. Porte qui, étant sans emboîture, est faite d’ais debout, croisés carrément par d’autres ais retenus avec des clous disposés en compartimens losangés. Les portes traversées les plus propres ont, près du cadre, une moulure rapportée, pour former une feuillure sur l’arête de la baie qu’elles forment. Dans les lieux où le bois de chêne est rare, ces portes se font de bois tendres, tels que le sapin, l’aube, le tilleul, etc.

Porte vitrée. On appelle ainsi celle qui est partagée, soit en tout, soit en partie, avec des croisillons de petits bois, dont les vides sont remplis de carreaux de verre ou de glaces.