Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Distribution

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Définition

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Distribution ; ce terme se dit de la manière dont on arrange un jardin.

La distribution est aussi l’art de diriger une plantation.

Article

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DISTRIBUTION d'un jardin. Quelque petit ou grand que soit un jardin, la bonne- distribution contribue non-seulement à l’ornement, à la beauté du coup-d'eil, mais encore à la facilité, à la promptitude du travail, & à la fertilité.

Il y a deux sortes de distributions : la primitive & l’annuelle.

La primitive est l’ordre & l’arrangement que l'on doit donner à un jardin, soit pour les espaliers, soit pour les allées & les carreaux. Toutes ces parties se tracent au cordeau, & se règlent & se distribuent avec la toise & le pied.

La meilleure de toutes les figures, que l’on puisse donner à un jardin, quand on en est le maître, est le quarré long ; de sorte que la longueur ait à-peu-près deux tiers de plus que la largeur, quand celle-ci est d'une certaine étendue, & qu'elle peut être partagée par une allée proportionnée & raisonnable.

Cette allée, pour la régularité, doit se trouver dans le milieu du terrain ; on la recoupe par une ou deux autres allées de traverse, suivant l'étendue du jardin, ce qui donne les carreaux.

L'on fait aussi des allées, plus ou moins larges, le long des murs, à la distance de deux à trois pieds de ces murs, quand ils sont parallèles, ou également éloignés de l'allée du milieu.

On plante des arbres en espaliers le long des murs.


Si vos carreaux ont assez d'étendue, & que vous préfériez le fruit à une plus grande quantité de légumes, vous tracez, à deux ou trois pieds du bord de votre allée, un alignement, pour y planter des contre-espaliers.

Si le terrain vous permet d'y planter des buissons, ou espaliers en buissons, évuidés par le milieu en forme de gobelet, ce qui demande alors des carreaux grands & vastes, il faut tracer votre alignement depuis quatre jusqu'à six ou sept pieds du bord de l’allée, proportionnément à l’évasement ou étendue en rondeur que vous vous proposez de donner à votre buisson.

Quand le terrain est irrégulier, on rachète ce défaut par mille moyens que le bon ordre suggère ; mais il faut bien combiner son plan, y rêver, & l’examiner sur-tout avec attention sur le terrain.

On masque les pointes par des contre-espaliers, des treilles, des cabinets de verdure ; l'on met dans ces pointes une pépinière, un petit verger ; l'on y fait les couches, si l'exposition en est bonne, & l’on y fait la fosse pour les engrais.

Si le terrain va en pente, on fait des coupures, que l'on soutient par des terrasses revêtues de murs, ou couvertes de gazon ; on nivelle le terrain entre chaque coupure, & ensuite on dresse des allées.

Quand ces terrasses sont bien assurées, au lieu de les couvrir de gazon, on peut les cultiver, y planter des fraisiers, & les faire servir d'ados pour y semer des primeurs, si l’exposition en est bonne.

Pour bien assurer ces terrasses, quand elles ont quatre, cinq à six pieds d’élévation, faites un ou plusieurs, murs à sec, avec des contre-forts liés au mur ; recouvrez le tout de terre que vous assurez, en la battant.

On appelle contre-forts des murs derrière celui de face, que l’on élève en T ; on appelle éperon un pareil mur, quand il est au-devant du mur T, renversé en cette sorte T (inversé). Les contre-forts sont plus sûrs que les éperons ou arcs-boutans, parce qu'ils rompent & partagent l’effort des terres.

Si les terrasses sont revêtues de murs d'aplomb, on y appuie des pêchers ou autres espaliers, suivant l'exposition, & ils y profitent beaucoup.

On se ménage des descentes pour passer d’une partie à l'autre dans le milieu, autant qu'il est possible.

Si le terrain va en montant vers le midi, alors le nord opposé domine sur toute la surface, & il devient trop froid pour bien des plantes, sur-tout dans les pays couverts de montagnes ; l’on ne peut y avoir des primeurs que par des ados, des coupures que l'on fait pour mettre à l’abri d'un trop grand froid quelque partie de jardin.

En distribuant son jardin, il faut avoir égard aux différens aspects du soleil, qui sont : le levant, le midi, le couchant & le nord.

Chaque aspect, en jardinage, ne s'entend point du moment précis où le soleil est au levant, au midi, &c.

Mais on appelle aspect du levant, la partie d'un jardin où le soleil donne depuis son lever jusques vers dix heures ; aspect du midi, la partie où il donne depuis dix heures jusqu'à deux ou trois heures ; aspect du couchant, la partie où il ne donne que l’après-midi jusqu'à son coucher ; enfin, on appelle, nord celle, où le soleil ne donne jamais directement. Mais ces quatre aspects ne sont jamais tels qu'ils ne profitent l’un de l’autre, & ne s’étendent de l’un à l’autre, suivant l’élévation du soleil sur l’horizon ; le midi seul conserve à-peu-près la même durée, tandis que le levant & le couchant sont presque réduits à rien pendant l’hiver.

Il y a des expositions & des terrains si ingrats, qu’il faut plutôt les abandonner que de les mettre en jardins.

Si le terrain est considérable, & que l’on soit curieux d'avoir de bonnes pêches, on élève, à l’aspect du midi, de petits murs en potence sur le mur principal, qui le partagent en autant de parties que l'on veut ; sur les uns & les autres on appuie, on élève des pêchers ; le soleil se concentrant entre ces murs rapprochés, les pêches y acquièrent plus de goût & de maturité.

Sous le climat de Paris, le levant est la meilleure exposition pour le pêher ; mais sous des climats plus froids, la meilleure exposition est le midi, ou approchant du midi, à proportion du plus ou moins de froid.

La distribution annuelle consiste à régler, chque année, ce qu’on doit mettre dans chaque planche ou carreau, & à changer aussi chaque année cet ordre ; les plantes potagères demandent ce changement, sinon elles ne viennent qu’étiolées & dégénérées.

Il faut en excepter les asperges, qui restent quinze à seize ans en terre au même endroit, les artichauts, au plus neuf ou dix. Le manuel


du jardinier apprendra à connaître les autres plantes qui doivent rester plus d'une année.

Les haricots viennent mieux dans un terrain où l’on a déjà planté, que dans un terrain nouveau.

On distribue son terrain par planches, c’est-à-dire, par espaces de quatre pieds ou environ de largeur, sur la longueur du carreau ; on sépare ces planches les unes des autres, par un sentier d'un pied de large, que l'on tire au cordeau.

La plupart des jardiniers ne divisent point en planches les terrains où ils sèment des oignons, des carottes, des panais, &c. mais cette méthode n'est pas des meilleures ; les plus beaux oignons, les plus belles carottes viennent ordinairement près de ces sentiers ; ce qui est prouvé l’utilité, joint, à la commodité pour la culture.

Distribution ; terme du jardinage, qui s'entend aussi de l’art de diriger les racines & la sève d’un arbre. Le jardinier habile fait, avant la plantation, distribuer les racines qui sont mal placées, & qui se croisent ; il sait proportionner ensuite la quantité des branches, à la vigueur de l'arbre ; il sait discerner le bois à laisser ou à ôter ; il sait, en un mot, tenir un juste équilibre dans toutes les parties de l'arbre pour qu'il soit également plein & garni par-tout. La distribution proportionnelle de la sève dépend aussi de l’intelligence du jardinier, qui est le maître de la diriger de façon que l'arbre ne s'emporte d'aucun côté.