Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Faulx

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Définition

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Faulx ; outil dont la lame est faite en demi-cercle, avec lequel on fauche ou l'on coupe les bleds, les prés & les gazons.

Faulx brabançonne ; outil où sont un crochet & une lame assez large, dont la pointe est relevée, le tout adapté à un manche courbe & court.

Faulx hollandoise ; outil composé d'une lame large dont la pointe est saillante, & d'un manche courbe qui se termine en boule.

Faulx lorraine ; instrument pour hacher la paille.

Article

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FAUX ; instrument dont on se sert pour faucher le froment, le seigle, l'orge, l'avoine, les prés, & les gazons. Il est composé d'une grande lame d'acier, large d'environ trois doigts, courbée & emmanchée au bout d'un long bâton. Voyez pl. XV, & pl. XXIV, fig. 26.) Dans la faux simple, il y a une manette fixe, ou une espèce d'arrêt en bois placé à l'extrémité du manche, & qui est empoigné par la main gauche de l'ouvrier.

On fait aussi dans quelques cantons des faux avec une manette courante qui s'abaisse ou s'élève suivant la longueur des bras du faucheur.

La faux composée, a au-dessus de la lame de longs doigts ou baguettes qui sont arrêtés, sur


un montant de bois & retenus par des vis danc la même direction que la faux. Il y a des pays où, au lieu de ces playons en bois, on se sert de petites tringles de fer de la grosseur d'une plume à écrire. Le montant auquel ces playons sont adaptés est également de fer, ainsi que la pièce qui part, du manche de la faux & en soutient toutes les différentes parties.

L'acier de la faux a une trempe bien plus douce que celle des coignées, des couteaux, des rasoirs, parce qu'ayant à abattre une grande quantité d'herbe ou d'épis, il est impossible que son taillant ne s'émousse fréquemment dans un jour, de quelque manière qu'il soit trempé. Si la trempe, étoit dure, on ne finiroít pas de la rapporter au taillandier ; mais en laissant à l'acier assez de corps & de souplesse pour qu'il puisse être applati par le marteau sans se casser, on met le faucheur en état de faire l'office de taillandier. Ainsi dès que le tranchant est trop gros & trop mousse, il pose sa faux sur une petite enclume, qu'il porte toujours avec lui, & le rabat à petits coups de marteau ; après quoi il suffit de repasser le tranchant avec une pierre qui est à peu près de la grandeur d'une pierre à rasoir, mais dont le grain est plus gros.

Au moyen de la trempe douce la lime peut mordre sur le tranchant de la faux, & ce tranchant n'est pas des plus vifs ; mais la grandeur de la masse dont il fait partie, la longueur du manche auquel il tient, & la vitesse avec laquelle la faux est poussée, suppléent au défaut de l’extrême dureté.

Quelques taillandiers composent la trempe de cet instrument avec la plupart des minéraux. & même des préparations de minéraux, outre grand nombre de plantes d'espèces différentes & surtout de celles qui ont l'odeur forte. Réaumur regarde comme inutiles beaucoup de ces ingrédiens, quelques-uns même comme nuisibles. Il observe que le fond se réduit à tremper la lame dans du suif ou dans des matières équivalentes ; & il pense qu'en la trempant dans l'eau bouillante ou chaussée à un certain point, l'on pourroit donner au taillant le degré de dureté & de souplesse qui lui convient.

Comme il est difficile dans les faux que la trempe soit parfaitement égale, il est très-rare d'en trouver de bonnes. C'est cependant de leur bonté que dépend la facilité de l'ouvrier dans le travail, & l'art de faucher parfaitement & de ne point laisser d'herbe qui ne soit coupée. On pourroit avec un peu d'habitude apprendre à distinguer les bonnes faux ; en y passant la pierre à aiguiser, on sent si elle mord également par-tout, ou bien avec une petite lime on en essaie le degré de dureté. Lorsqu'on la choisit la plus égale possible & du degré de trempe requis, on remarque les endroits où la faux est la plus tendre ; & lorsqu'on la bat dans ces endroits-là, on humecte le marteau ainsi que la petite enclume ; dans les endroits au contraire où elle est la plus dure ; on la bat à froid : ce battement occasionnant de la chaleur détruit un peu la trempe, & rend la faux plus égale dans ses parties. Un point des plus essentiels est que l'ouvrier passe sa pierre à aiguiser sur sa faux toujours dans le même sens, parce qu'elle y forme des espèces de petites dents qui se trouvent alors toutes inclinées du même côté : au lieu que si on la passe tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, les dents sont inclinées en divers sens, & la faux ne coupe pas si bien. Il est d'autant plus avantageux de se servir de bonne faux dans les prairies où l'herbe est fine, qu'il en résulte quelquefois plus d'un écu de profit par arpent.

Moyen de perfectionner les faux & faucilles.

Les paysans de Silésie se plaignaient depuis long-temps de ne pouvoir se procurer des faux & des faucilles qui fussent tout à la fois légères, tranchantes & durables. Cependant on employoit les meilleures matières pour ces instrumens, & ces matières étoient travaillées avec soin ; mais des expériences réitérées ont fait voir que la perfection de ces ustensiles dépend de la proportion entre le fer & l'acier dont on les forge, de leur parfait amalgamage, & du degré moyen de dureté de cette composition. Les papiers publics de Breslaw ont en conséquence répandu l’instruction suivante :

Il faut tâcher de lier le fer & l'acier de façon qu'il n'y ait entre eux aucune séparation ; lorsqu'on les forge, il faut réduire la masse en lingot rond. En faisant souvent passer ce lingot par le feu, la masse s'épure, & ses parties sont plus prêtes d'obéir & de s'unir. Avec le microscope tous les instrumens tranchans sont de vraies scies ; les pierres même avec lesquelles ont les aiguise, quelque fines qu'elles soient, les dentelent. On sait que le fer & même l'acier ont des veines, c'est-à-dire, des fils détachés qui règnent dans la longueur de la masse. C'est à jeter ces veines du dos sur le tranchant des instrumens qu'il faut travailler de façon qu'elles aillent former les dents imperceptibles de la faucille ou de la faux. Par ce moyen ce qui auroit rendu l’outil cassant, lui donne de la solidité en contenant les parties qu'il divisoit. Pour cela la matière étant préparée, comme on l'a dit, on met la barre ronde au feu, on la laisse à peu près rougir, on l'assujettit ensuite à un étau, on la tourne à droite & à gauche ; & tant qu'elle conserve de la souplesse, on travaille à rejetter les veines vers le tranchant. Les instrumens sont d'autant plus parfaits que leur tranchant approche plus de la scie dont les dents sortent comme à travers de la lame : ils ont la dureté convenable. Les faucilles & les faux travaillées suivant ce procédé ont été trouvées fort supérieures aux autres.

La faux brabançonne, outil composé d'un crochet & d'une lame assez large dont la pointe est relevée ; le tout est adapté à un manche un peu courbe & court.

La faux hollandoise est pareillement composée d'une lame large dont la pointe est saillante, avec un manche courbe dont l'extrémité se termine en boule.

Faux lorraine, ou hache-paille ; instrument d'agriculture.

Il y a differens usages pour la nourriture des bestiaux dans les étables. Le plus dangereux de tous est de ne pas hacher le fourrage & de le donner sans même séparer la paille du grain, comme cela arrive dans quelques campagnes trop éloignées de l’œil des propriétaires. Parmi ceux qui font dans l'usage de hacher la paille & le foin, il y en a qui se servent de differens procédés.

Le plus ordinaire est l’emploi d'une faux à deux pointes en forme de demi cercle, attachée à un banc sur lequel est assis l'ouvrier.

La faux appellée gramola est cependant beaucoup plus utile ; elle est composée de trois ou quatre morceaux de fer dentelés, ou petites faux attachées sur un pivot par autant de demi-cercles fixes & pareillement de fer, qui les traversent, & qui sont fortement serrés à un manche de bois. Le tout est assemblé sur une table adhérente à la muraille ; le seul manche se mène & fait agir en même temps les petites faux sur le fourrage placé au-dessous d'elles. Les avantages de cette machine sont, 1°. d'épargner le temps ; 2°. d'avoir du fourrage & surtout de la paille plus écrasée, plus menue, & par conséquent d'une digestion plus facile ; de plus, le fumier qui provient de cette paille est plus gras & meilleur pour les vergers.

Mais elle a un inconvénient pour ceux qui en font usage ; il arrive souvent qu'elle offense l'extrémité des doigts de l'ouvrier qui lui présente la paille & le foin, à moins qu'il n'y apporte une extrême attention. La faux Lorraine supplée à ce défaut. On la nomme ainsi parce qu'elle a été apportée en Toscane par les Lorrains : elle est composée de deux montans de bois (Pl. XXXVI, fig. 6.) qui, au moyen d'un troisième B, posé en travers, soutiennent une caisse C pleine, dans laquelle on met la paille ou le foin D, qu'on veut hacher. La faux E, est la même que celle qu'on emploie à couper le bled dans les champs ; elle est placée sur un pivot au milieu de deux règles F, attachées à l'extrémité inférieure des deux montans. A l'extrémité supérieure est placée une planche quarrée G, grande comme la partie antérieure de la caisse, & au moyen de deux chevilles adhérentes, qui sortent par deux fentes pratiquées dans le côté des montans, cette planche sert à présenter le foin ou la paille au tranchant de la faux ; on règle les mouvemens de la planche par deux cordes liées à un marchepied mobile, semblable au calcul des tisserands. L'ouvrier travaille en-même temps du pied & des deux mains : la droite tient la faux & la fait mouvoir, la gauche tient une fourchette de fer K, pour avancer le fourrage à mesure qu'il passe sous la faux, & le pied agit en proportion sur le marche pied. Vers la moitié du montant, il y a une petite règle fixe L, pour reposer la faux quand elle ne travaille pas. Cette faux est en usage aux environs de Florence & en Lorraine, dont elle a pris le nom.