Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Art de nager/Première leçon sur l’art de nager

La bibliothèque libre.
Panckoucke (1p. 428-429).

Première leçon sur l’art de nager.

Il est prudent, lorsqu’on veut apprendre à nager, de prendre un guide exercé & habile, qui veuille vous suivre pas à pas, & en vous montrant les principes les plus sûrs, vous avertisse en même temps de touts les dangers à éviter.

Celui qui se charge de cette fonction, doit d’abord reconnoître l’endroit qu’il a choisi pour vous donner ses leçons. Son examen doit surtout porter sur la profondeur de l’eau ; & ce préliminaire est aussi important pour le maître que peur le disciple. Cette précaution prîse, entrez hardiment dans l’eau ; couchez vous-y doucement sur le ventre ; tenez la tête & le cou droits, la poitrine avancée & le dos courbé en forme de demi-cercle. Retirez vos jambes, que leur poids retient au fond de l’eau ; étendez les sur sa surface ; avancez les bras, étendez-les, écartez-les & les rapprochez successivement sans trop de précipitation vers votre poitrine. Dans cet état, avancez fièrement au milieu de l’arène, en vous aidant des pieds & des mains, avec le plus de souplesse & d’agilité que vous le pourrez. Bannissez sur-tout la crainte, fatal obstacle qui ne retarde que trop communément les progrès des nageurs ; & j’ose vous promettre que, pour peu que vous ayez de dispositions, vous serez bientôt en état de maîtriser l’élément, qui vous paroît d’abord si formidable.

Ayez soin de vous soutenir de manière que l’eau ne monte pas plus haut que votre poitrine, & ne descende pas au-dessous des reins. Vous avalerez sans doute beaucoup plus d’eau que vous ne voudrez ; peut être même vous tourmenterez-vous beaucoup sans succès. Ne pensez pas pour cela avoir moins de disposition à bien nager. C’est le sort commun à touts ceux qui entrent dans cette carrière, d’être suffoqués par l’eau, avec laquelle ils ne sont pas encore familiers. On peut d’ailleurs pour animer votre courage, vous donner du secours en pareille occasion. Rien n’empêche que votre maître ne vous soutienne le menton, & ne vous conduise ainsi, comme par la main. Si vous apprenez seul, vous pourrez vous aider d’un faisceau de jonc, ou de vessies de porc pleines de vent, ou de calebasses. Ces sortes d’instruments font les meilleurs guides dont on puisse se servir, quand en commence à nager, si l’on est privé d’un Mentor.