Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Aides les (équitation)

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Panckoucke (1p. 1-5).

AIDES (les) sont des secours & des soutients que le cavalier tire des effets modérés de la bride, de l’éperon, du poinçon, du caveçon, de la gaule, du son de la voix, du mouvement des jambes, des cuisses & du talon, pour faire manier un cheval comme il lui plaît. On se sert des aides pour prévenir les châtiments qu’il faut, dans les occasions, employer pour dresser un cheval. Il y a aussi les aides secrettes du corps du cavalier ; elles doivent être fort douces. Ainsi on dit : ce cheval connoit les aides, obéit, répond aux aides, prend les aides avec beaucoup de facilité & de vigueur. On dit aussi : ce cavalier donne les aides extrêmement fines, pour exprimer qu’il manie le cheval à propos, & lui fait marquer avec justesse ses temps & ses mouvements. Si un cheval n’obéit pas aux aides du gras des jambes, on fait venir l’éperon au secours, en pinçant de l’un ou des deux. Si l’on ne se sert pas avec discrétion des aides du caveçon, elles deviennent un châtiment qui rebute peu à peu le cheval fauteur qui va haut & juste en ses sauts & sans aucune aide. Un cheval qui a les aides bien fines, se brouille ; on l’empêche de bien manier, si peu qu'on serre trop les cuisses, ou qu’on laisse échapper les jambes. Aides du dedans, aides du dehors ; façons de parler relatives au côté sur lequel le cheval manie sur les voltes, ou travail le long d’une muraille ou d’une haie. Les aides dont on se sert pour faire aller un cheval par airs, & celles dont on se sert pour le faire aller sur le terrein, sont fort différentes. Il y a trois aides différentes qui se font ayant les rênes du dedans du caveçon à la main. La première est de mettre l’épaule de dehors du cheval en dedans. La seconde est de lui mettre aussi l’épaule de dedans en dedans ; & la troisième est de lui arrêter les épaules.

DE L’USAGE DES AIDES. (La Guériniére).

Les cinq sens de la nature, dont touts les animaux sont doués aussi-bien que l’homme, il y en a trois sur lesquels il faut travailler un cheval pour le dresser ; ce font la vue, l’ouie, & le toucher.

On dresse un cheval sur le fens de la vue, lorsqu’on lui apprend à approcher des objets qui peuvent lui faire ombrage ; car il n’y a point d’animal susceptible d’impression des objets qu’il n’a point encore vus, que le cheval.

On le dresse sur le sens de l’ouie, lorsqu’on l’accoutume au bruit des armes, des tambours, & des autres rumeurs guerrières ; lorsqu’on le rend attentif & obéissant à l’appel de la langue, au siflement de la gaule, & quelquefois au son doux de la voix, qu’un cavalier employé pour les caresses, ou à un ton plus rude, dont on se sert pour les menaces.

Mais le sens du toucher est le plus nécessaire, parce que c’est par celui-là qu’on apprend à un cheval à obéir au moindre mouvement de la main & des jambes, en lui donnant de la sensibilité


à la bouche & aux côtés, si ces parties en manquent ; ou en leur conservant cette bonne qualité si elles l'ont dèjà. On employe pour cela les aides & les châtiments ; les aides pour prévenir les fautes que le cheval peut faire ; les châtiments pour le punir dans le temps qu’il fait une faute ; & comme les chevaux n'obéissent que par la crainte du châtiment, les aides ne sont autre chose qu’un avertissement qu’on donne au cheval qu’il fera châtié s'il ne répond à leur mouvement.

DES AIDES.

Les aides consistent dans les différents mouvements de la main de la bride ; dans l’appel de la langue ; dans le sifflement & le toucher de la gaule ; dans le mouvement des cuisses, des jarrets, & des gras de jambes ; dans le pincer délicat de l’éperon, & enfin dans la manière de peser sur les étriers.

Nous avons expliqué dans le chapitre précédent les différents mouvements de la main, de la bride & leurs effets ; ainsi nous passons aux autres aides.

L’appel de la langue est un son qui se forme en recourbant le bout de la langue vers le palais, & en la retirant ensuite tout-à-coup, en ouvrant un peu la bouche. Cette aide sert à réveiller un cheval, à le tenir gai en maniant, & à le rendre attentif aux aides ou aux châtiments qui suivent cette action, s’il n’y répond pas. Mais on doit se servir rarement de cette aide, car il n’y a rien de si choquant que d’entendre un cavalier appeller continuellement de la langue ; cela ne fait plus alors d’impression sur l’ouie, qui est le sens sur lequel elle doit agir. Il ne faut pas non plus appeller trop fort : ce son ne doit, pour ainsi-dire, être entendu que du cheval. Il est bon de remarquer en passant qu’il ne faut jamais appeiler de la langue lorsqu’on est à pied, & que quelqu’un passe à cheval devant nous : c’est une impolitesse qui choque le cavalier ; cela n’est permis que dans une seule occasion, qui est, lorsqu’on fait monter un cheval pour le vendre.

Quoique la gaule soit plus pour la grâce que pour la nécessité, on ne laisse pas de s’en servir quelquefois utilement. On la tient haute dans la main droite, pour acquérir une manière libre de se servir de son épée.

La gaule est en même-temps aide & châtiment. Elle est aide lorsqu’on la fait siffler dans la main, le bras haut & libre pour animer un cheval ; lorsqu’on le touche légèrement avec la pointe de la gaule sur l'épaule de dehors pour le relever ; lorsqu’on tient la gaule sous main, c’est-à-dire, croisée par-dessous le bras droit, la pointe au-dessus de la croupe, pour être à portée d’animer & de donner du jeu à cette partie ; & enfin lorsqu’un homme à pied touche de la gaule devant, c’est-à-dire, sur le poitrail pour faire lever le devant ; ou sur les genoux, pour lui faire plier les bas. La gaule n^eft pasjpropre pour les chevaux de guerre , qui doivent obéir de la main à la main ; & en avant pour les jambes , à caufe de Tépée qui doit être à la place de lagaule dans la main droite , qu*on appelle auffi pour cela la main de l’épée. Dans un manège , on doit tenir la gaule toujours oppofée au côté où l’on fait aller le che* val y parce qu’on ne doit s’en fervir que pour animer les parties de dehors.

U y a dans les jambes du cavalier cinq aides j c*eft-à-dire , cinq mouvements : celui des cuifles , celui des jarrets» celui des gras de jambes, celui du pincer délicat de Téperon , & celui que l’on fait en pcfant fur les étriers.

Vaidc des cuifEes & des jarrets îe (ait en ferrant les deux cuiffes , ou les deux jarrets , pour chafTer un cheval en avant » ou en ferrant feulement la cuifle ou le jarret de dehors , pour le prefler fur le talon de dedans » ou en ferrant celui de dedans » pour le foutenir , s’il fe prefle trop en dedans. Il faut remarquer que les chevaux qui font chatouil-* Iqux , & qui retiennent leurs forces par malice , fe déterminent plus volontiers pour des jarrets vigoureux , que pour les éperons , & ordinairement ils fe retiennent quelque temps à Téperon avant que de partir.

L’aide des gras de jambes , qui fe fait en les apf )rochant délicatement du ventre » eft pour avertir e cheval qui n*a point répondu à Vaide des jarrets çue réperon n’e(t pas loin , s’il n’eft point fenfible a leur mouvement. Cette aide eft encore une des plus gracieufes & des plus utiles dont un cavalier > puifiè fe fervir, pour rafFembler un cheval drefTé , & par conféquent fenfible , lorfqu’il rallentit l’air de fon manège.

Vaide du pincer délicat de Téperon fe fait en l’approchant fubtilemcnt près du poil du ventre , fans appuyer ni pénétrer jufqu’au cuir : c’eft un avis encore plus fort c^ue celui des cuiffes , des jarrets & des gras de jambes. Si le cheval ne répond pas à toutes ces aides , on lui appuie vigoureafement les éperons dans le ventre , pour le châtier de fon indocilité.

Enfin Vaide de pefer fur les étriers eft la plus douce de toutes les aides. Les jambes alors lervent de contre-poids pour redrefler les hanches , & pour tenir le cheval droit dans la balance des talons. Cette aide fuppofe dans un cheval beaucoup d’obéiffance & de fenfibilité ; puifque, par la feule preiBon qu’on fait en appuyant fur un étrier plus que fur Vautre , on détermine un cheval à obéir à ce mouvement > ce qui fe fait en pefant fur Vétrier de dehors, pour prefFer & faire aller de c6té un cheval en dedans ; en pefant fur celui âc dedans , pour foutenir 8c retenir un cheval qui fe prefle trop en dedans ; on bien en pefant également fur les deux étriers, pour l’avertir de mligenter fa cadtoce , lorfqu’il fe retient plus qu’il «e doit.

il W faut pas croire que cette grande fenfib^t^ AID j

de bouche & de côtés puiffe fé conferver longtemps dans les chevaux , lorfqu*ils font abandonnes à l’école : les différentes mains qui les mènent leur font bientôt perdre .cette finefle & cette juftefle qui font tout le mérite d’un cheval bien dreflc ; le fentiment fi délicat du toucher s’èmoufle avec le temps. Mais,, s’ils ont été dreffés fur des principes lolides , lorfqu’un homme de cheval vient à les rechercher , il fait bientôt revivre ce qu’une ; fauffe pratique avoit amorti.

DES AIDES. (DeBohan.).

On appelle aides les avertiflements dont fe fcrt Je cavalier pour faire connoître fes volontés a«  cheval.

■ L’infuffifance de l’art dans fon origine les avoit multipliées à ilnfini« 

Le cheval dreffé, comme je le ferai voir pat la fuite , n’en doit connoître que deux, fçavoir, la main & les jambes de fon cavalier ; ce font le«  feules dont il fera queftion dans cette première partie ; car le cavalier, que je fuppofe inftruine , ne fera de longtemps dans le cas de fe fervir des autres aides auxquelles nous avons recours pour^ dreffer le cheval , & qui trouveront leur place^ dans la féconde partie : il fuffit feulement de lui expliquer ici les moyens qu’il doit employer pour former , fi je pub m’exprimer ainfi , fes demandes à l’animal , & le forcer à y répondre par le châtiment qui doit fuivre le refus aux aides. On a toujours regardé le corps , les cuiflcs & les jarrets comme des aides y je nie qu’ils puiffent en être , puifque , d’après la pofture que j’ai dé-^ crite , ces parties doivent être fans force. J’ai démontré à l’article du corps , la faufleté des aides qui en proviennent , j’en démontrerai par la fuite l’inutiUté.

J'ai fait voir le danger de ferrei>les cuiffes 8c les jarrets , & au contraire , j’ai démontré la néceflité d’avoir ces parties lâchées , afin d’en ofa-» tenir la pefanteur. Je crois ces raifons fuffifantes pour ne recoiinoitre aucune efpèce d’aides pro* venant du corps , des cuifles , ni des jarrets. Les feules aida bonnes & véritables font les ïambes & la bride.

Je dis que les aides des jambes font bonnes ; puifque les jambes étant une partie mobile > elles peuvent travailler fans déranger l’équilibre , pourvu qu’elles n’employent aucune force dans leurs opérations : je regarde auffi la bride comme une aide^ puifqu’eMe fert fouvent à avertir le cheval fens le punir ni le forcer.

C’eft par l’attouchement des jambes au ventr^ du cheval qu’elles deviennent aides , fuivant I4 pofttion que nous avons donnée aux jambes ; étant lâchées elles fe trouvent tomber entre l’épaule & le ventre du cheval , & même les pr^ miers points de la jambe , c’eft-à»dire, immédij^ tement au-deflbus du jarret , touchent Fanimal y cent portion leur eft trèi favprable , en ce qu’eU(| 44 font prêtes à ^glr fans à coup, & à portée Jopirer (ur Tobjet qu elles doivent oiouvoir, qui eft le centre de gravité du cheval.

Four fe l’ervir des jambes, il faut que les plis des genoux foient fort liants, afin de pouvoir les approcher par degrés ôc non à coup ; fans ce moelleux, les effets font comme les caufes, le cheval répond par des à coups ; il eft furpris y étonné ; fes mouvements font’irréguUers. Suppofons quune jambe foit divifée en trois parties ^ que nous nommerons degrés *, le premier degré partira de la jointure du genou, jufqu^au milieu à— peu-près du gras de jambe ; le fécond degré partira du milieu du gras de jambe jufqu’au ta ! on ; le troifième^egré comprendra feulement le talon : il fervira de châtiment ; mais il ne doit itrè employé qu’à fon tour, c’eft— à-dire, lorlque les deux premiers degrés n’auront pas produit un effet (uffifant.

Nous diviferons encore le premier & le fécond degré en trois points ; cette divifion bien entendue, on fe fervira des jambes de la manière qui fuit : Lorfqu*on voudra les faire opérer, on commencera en pliant le genou avec une flexion moëU leufe, pour faire porter le premier point du premier deg ; ré, & fi cette aidt fait obéir le cheval, en s*en tiendra là ; lorfque le premier point du premier degré ne fera pas affez d’effet, on employera le fécond point, & fi cette augmentation c’aidc ne fiifiit pas, on employera le troifième point, ce qui formera la première partie de U ’]ambe, ou le premier degré.

Lorfque le premier degré aura fait fon effet, & qu’en continuant de le faire agir il augmentera trop l’aâion du cheval j on fe retirera au>fecond point du premier degré ; & fi la continuité du fécond point fait trop d’effet, on fe retitera au premier, qui eft la pofition que la jambe doit prendre naturellement & par fon propre poids. Lorfque j pour entretenir fon cheval dans l’allure qu*on lui aura donnée, on aura befoin de n’employer que le premier point du premier degré, il feroît mal d’employer le fécond, puifqu’il fait trop d’effet.

Lorfque le premier degré ne fuffira pas pour faire obéir un cheval, on employera le premier 1)oint du fécond degré, & de fuite le fécond & e troifième, fuivant le cas.

Lorfqu’enfin les deux premiers degrés ne fuffiront pas, on employera le troifième degré, qui efl le talon armé d’un éperon.

Les éperons fervent à châtier le cheval qui n’a pas répondu aux deux premiers degrés, doat il a dû fentir touts les points avant.

Lorfqu’il n*y a pas obéi, on doit, ayant les jambes fermées, tourner un tant foit peu la pointe des pieds erf dehors, fans ouvrir les genoux, le* lui faire fentli vigoureufement derrière les fangles, Ce les y laîfler affez longtemps pour qu’il les fente biea » oui » pas aiTezpour Ty faire défendre ; A I D

&, lorfqu’îls ont produit l’effet qu’on en attetfr doit, les jambes doivent fe retirer dans la pro- «  greflion inverfe de celle qu’on a fuivi pour les fermer. Quoique, dans l’article précédent, nous n’ayons parlé que d’une feule jambe, il elî ienfé que la même divifion efl pour les deux. Nous indiquerons, en parlant, de la manière de menei les chevaux, les occafions où elles doivent ùavaillcr, &. opérer inégalement ou enlemble. Il faut le garder de laiiler prendre des éperons à un commençant, dont les cuiffes 6c les jambes fe fecouent à chaque temps de trot,. parce qu’il n’a pas encore acquis de fermeté dans fon affiette ; car alors, non-ieulement les coups d’éperons qu’il donneroit au cheval feroient très dangereux, mais s’il vouloit fe contramdre 6c les évi-. ter, il fe roidiroit (k porteroit les jambes en avant. Il faut ^uifi avoir attention, en fermant les jambes, c’efl-à-dire, en pliant les genoux, que les mufcles ne fe roidiffent point, 6l qu’on ea fente toujours la pelanteur par touts les points où elles pallent. Comme, en fermant les jambes,. ce n’efl qu’un avertifl’ement que vous donnez au cheval, il ne faut pas chercher à les ferrer ^ pourvu qu’elles effleurent le ventre, cela fufHt. Quant à la brid<$, je la regarde aulli comme une aide ; la main gauche ef^ deflinée a la tenir » afin de laiffer la main droite libre pour tout autre ufage, tel que de combattre.

C’efl pourquoi il faut que le cavalier fâche, de cette main feule, faire exécuter à fon cheval toute efpèce de mouvement dont la biide efl fufceptible. La pofition de la main la plus commode pour le cavalier, & pour la jufleflè des opérations de la bride, eft généralement à fix pouces du corps » & élevée à quatre au-deffus de lencolure ; la main doit être plus baffe que le coude, le poi- «  gnet arrondi de façon que les nœuds des doigts foient direâement au — deifus de l’encolure, les ongles vis-à-vis le corps, & que le petit doigt en foit plus près que les autres, le pouce fur le plat des rênes, qui doivent être féparées par. le petit doigt, la rené droite paffant par — defTus s voilà la pofition que doit avoir la main gauche & celle où il efl le plus aifé de fentir les deux rênes avec égalité, c’cfl celle que doit prendre un homme qui monte un cheval drefl’é. ( Lorf^ qu’on monte en particulier un cheval neuf, au «  quel on apprend à connoitre les rênes, ou un cheval qui fe défend, je n’afTujettirai jamais à une poflure fixe, étant permis à celui qui efl en état de le monter de prend*-e des licences, & une pofition de mains où il lui foit plus facile d’opérer). La main placée comme je viens de le dire, le cavalier doit fentir la bouche de fon cheval, c efl-* à-dire, fentir l’appui du mors fur les barres, fans pour cela que le mors fafTe un effet qui contraigne l’animal ; c efl feulement pour établir un femiment continuel entre la main de l’hoomie & la bouche d «  cheval. J’ai dît dans ma définition des aides, qu’on appelloit de ce nom tout ce qui avertissoit le cheval des intentions du cavalier ; &, effectivement, quand vous faites agir légèrement une rêne, la rêne droite, je suppose, pour redresser le cheval de ce côté, ce n’est qu’un avertissement d’aller à droite, & ces avertissements sont suffisants sur le cheval bien mis ; mais s’il s’y refuse, pour lors, augmentant la force de votre rêne droite, vous lui faites sentir une douleur sur la barre du même côté, qui l’oblige à répondre à ce que vous lui demandez ; c’est ainsi que l’on tait de la bride une aide, ou un châtiment, suivant la force que l’on y employe.

La main de la bride placée, voyons la façon dont elle doit travailler : comme je suppose toujours que, quand on prend la bride dans la main gauche, avec la position que je viens de décrire, on travaille un cheval dressé, les mouvements de main doivent être très légers ; mais, quelque petit que loit le mouvement de la main, le bras doit s’en ressentir & agir en proportion, ceux qui veulent ne travailler que de l’avant bras sont toujours gênés dans leurs mouvements. Il faut, pour travailler avec liberté, que le bras prenne son point d’appui à l’épaule, sans lui communiquer aucune force.

Lorsqu’on a besoin d’arrêter ou diminuer le train de son cheval, les deux rênes doivent opérer également, & les poignet travailler, non de bas en haut, ni horizontalement, c’est-à-dire, droit au corps, mais bien dans la direction de la diagonale du quarré formé par la ligne horizontale & la perpendiculaire. (Fig. 18.).

La force supposée au point B ne doit point agir suivant la direction B A ou B C, mais suivant B F. Si le cheval a besoin d’être ramené, la main doit se rapprocher de B C : si, au contraire, il s’encapuchonne, la main doit se rapprocher de B A. Voyez Manège, art. Embouchure. Touts les temps d’arrêter doivent se faire par gradation, & l’on doit les proportionner à la sensibilité du cheval, mais en augmenter la force jusqu’à la douleur de la barre, pour en faire un châtiment s’il refusoit l’obéissance. Ce moëlleux est très essentiel à observer ; ce n’est jamais que les mouvements saccadés de la main du cavalier qui ruinent les chevaux, en rejettant le poids de la masse sur les jarrets.

Quand, après avoir fait un temps d’arrêt, le cavalier rend au cheval, il doit observer le même moëlleux, & ne rendre que petit à petit, & autant, qu’il s’appercevra pouvoir le faire sans que le cheval se dérange.

Il est beaucoup de chevaux bien dressés, qui, au lieu de s’arrêter & d’obéir à un temps d’arrêt, cherchent au contraire à s’appuyer sur la main de leur cavalier, & à s’en aller ; cela vient communément de ce que le cavalier ne s’apperçoit pas que la force qu’il employé dans ses mains se communique à ses cuisses. Chez les chevaux doués de


finesse, & presque touts les jeunes chevaux en ont assez pour s’appercevoir de la roideur & de la force que les cavaliers employent dans leur partie immobile, elle se fait ressentir dans les jambes, & elle donne de l’incertitude & de l’ardeur au cheval. Cette faute est commune à touts les commençants ; il faut les accoutumer & leur recommander souvent de travailler de la main, sans communiquer de force à leur partie immobile ; car, lorsque la partie immobile reçoit de la force, nécessairement elle se dérange, & nombre de chevaux sont doués d’assez de finesse pour que ce dérangement fasse effet sur eux.

Le poignet placé comme nous l’avons dit, si j’ai besoin de sentir la rêne droite, j’arrondirai un tant soit peu mon poignet, sans l’élever ; si je veux sentir la gauche, je mets un peu les ongles en l’air.