Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Délicatesse

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Panckoucke (1p. 185).
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DÉLICATESSE, (subst. fém.) La délicatesse, dans son acception propre, est opposée à la force : un enfant délicat est le contraire d’un enfant robuste. On dit, en parlant d’une étoffe, que les couleurs en sont délicates, pour faire entendre qu’elles doivent se passer aisément : une fleurdélicate est celle qu’on ne peut toucher sans la flétrir ; une plante délicate est celle dont la foiblesse ne peut résister à la moindre intempérie.

Les mots délicat, délicatesse, en passant dans la langue des arts, ont conservé leur première. signification. Ainsi, dans les arts, la délicatesse exclut la force & la grandeur. Ce seroit faire un bien mauvais éloge d’un plafond, d’un tableau d’autel que de dire qu’ils sont peints délicatement.

Mais la délicatesse, petit convenir à une miniature, à un petit tableau, qui doit être considéré de fort près, & dans lequel l’auteur s’est proposé de plaire par un pinceau délicat. On loue un tableau de fleurs, en disant qu’il est peint délicatement, que la touche en est délicat : dans ce genre, le mérite de l’auteur est d’exprimer la délicatesse des objets qu’il réprésente.

Le soigné n’est pas toujours délicat ; mais le délicat est toujours soigné.

On peut dire en parlant d’une affection douce & agréable, que le peintre l’a délicatement exprimée.

Quant aux genres qui exigent des qualités bien différentes de la délicatesse, on a dit avec raison, dans la première Encyclopédie, que le délicat est une façon de peindre & de dessiner qui approche du mesquin, sans qu’on puisse cependant lui reprocher ce vice (Article de M. Levesque.)