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Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Division de l'encyclopédie méthodique

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Panckoucke (1p. viii-xlviii).

Division de l'Encyclopédie méthodique.

[I]. DICTIONNAIRE DE MATHÉMATIQUES ;
par M. l’Abbé Bossut, de l’Académie royale des Sciences ; & quant à la partie Astronomique, par M. de la Lande, de la même Académie, deux volumes in-4°. ou quatre volumes in-8° ([1])

LA partie Mathématique de l’Encyclopédie est regardée universellement comme l’une des meilleures de ce grand Ouvrage. On sait que M. d’Alembert en a composé ou revu la plupart des articles. Ce grand Géomètre, admiré dans toute l’Europe par la multitude & l’importance des découvertes dont il a enrichi les Mathématiques, & par son vaste génie qui embrasse tous les objets, s’est livré sans réserve, pendant plusieurs années, à ce travail pénible, principalement aux articles qui regardent les Mathématiques transcendantes. Toutes les grandes découvertes qui se sont faites dans la Géométrie, dans la Dynamique, dans l’Astronomie physique, &c., sont rapportées, analysées, développées ; & presque toujours l’auteur y joint des vues nouvelles & profondes.

Mais comme les Mathématiques sont cultivées avec une ardeur qui augmente tous les jours, elles ont fait des progrès considérables, sur-tout quant à la partie analytique, depuis que la première édition de l’Encyclopédie a paru. Il falloit donc faire connoître ces progrès. M. le Marquis de Condorcet, l’un des plus profonds analystes & des


plus beaux génies de ce siècle, a fourni plusieurs morceaux excellens, déjà imprimés dans les supplémens à l’ancienne Encyclopédie.

Dans le nouveau Dictionnaire que nous nous proposons de publier, nous conserverons les articles de M. d’Alembert & de M. le Marquis de Condorcet. La santé & les diverses occupations de M. d’Alembert ne lui permettent pas de partager notre travail ; mais du moins il a promis de nous remettre différens additions qu’il a faites, il y a long-temps, à plusieurs de ses articles de Mathématiques, & qu’il avoit destinées aux futures éditions de l’Encyclopédie : par ce moyen, il aura part encore à l’édition du Dictionnaire que nous annonçons M. le Marquis de Condorcet se charge non seulement de revoir les articles qu’il a déjà donnés, mais il nous en fait espérer de nouveaux que nous imprimerons avec reconnoissance, Nous ajouterons les choses qui nous paroîtront nécessaires pour compléter la partie des Mathématiques transcendantes ; & pour rendre cet Ouvrage d’une utilité plus générale, nous referons presque entièrement la partie des Mathématiques élémentaires, dont M. d’Alembert ne s’étoit point chargé dans l’ancienne Encyclopédie, & à laquelle on n’avoit pas donné tous les soins qu’elle mérite, pour la clarté, la méthode, & la précision.

Tel est donc le plan que nous tâhherons de remplir, soit au moyen des sources que nous venons d’indiquer, soit par notre propre travail.

1°. On s’attachera scrupuleusement à former une nomenclature complète de tous les termes qui appartiennent aux différentes branches des Mathématiques.

2°. On fera one révision très-exacte de tous les articles de l’ancienne Encyclopédie & des supplémens ; on complettera ou on refera entièrement à neuf ceux de ces articles qui en auront besoin. 3°. Nous traiterons, avec le plus grand soin, tous les objets de curiosité ou d’utilité, comme, par exemple, le calcul des probabilités dans les jeux de hasard, les machines hydrauliques, les canaux de navigation, &c.

4°. Nous mettrons à la tête du dictionnaire un discours qui contiendra l’Histoire abrégée des Mathématiques, depuis leur origine jusqu’à nos jours. Ce discours, qui fera connoître ce qu’on doit aux grands Hommes qui ont élevé l’édifice des Sciences, pourra intéresser les Mathématiciens, & en général tous les lecteurs qui aiment à observer la marche & les progrès de l’esprit humain.

5°. Nous joindrons au discours précédent une table ordinale des articles, dans laquelle nous tâcherons d’indiquer, autant qu’il sera possible, l’ordre suivant lequel les articles du dictionnaire doivent être lus pour être bien entendus, & pour former un corps méthodique de doctrine.

Astronomie.

L’Astronomie, qui est aujourd’hui si cultivée, si recherché, si utile, doit occuper une place considérable dans le Dictionnaire de Mathématiques.

M. d’Alembert l’avoit fait entrer dans l’Encyclopédie ; mais ce grand Géomètre ayant une partie immense à faire dans ce grand Ouvrage, n’avoit pu se livrer aux explications ni aux détails de l’histoire & de la pratique de l’Astronomie, des méthodes ingénieuses, & des applications curieuses de cette belle Science.

Lorsqu’on fit les supplémens, M. d’Alembert désira lui-même qu’un Astronome de profession, tel que M. de la Lande, qui venoit de donner un Traité complet d’Astronomie en 3 volumes


in-4°., se chargeât de cette branche. Aussi les supplémens contiennent-ils un grand nombre d’articies, dont quelques-uns sont assez étendus ; par exemple, la manière de calculer les éclipses & de trouver l’orbite d’une comète, &c.

Quand on a voulu réunir les articles anciens avec ceux des supplémens, il s’est trouvé 350 pages in-folio d’Astrononmie. Niais il eût été impossible de conserver les articles sous cette forme, le rapprochement rendoit trop sensible le défaut de cohérence qu’il y a nécessairement entre des articles faits par deux Auteurs, dans des temps fort éloignés & sur des plans fort différens. M. de la Lande a donc été obligé de refondre, pour ainsi dire, la partie astronomique. Trente ans d’exercice dans toutes les branches de l’Astronomie ancienne & moderne, le mettoient dans le cas de ne rien oublier, & de choisir toujours les méthodes réellement utiles, parmi celles qui ne sont que curieuses ; de faire connoître les résultats les plus certains des observations les plus récentes, enfin d’assigner à chaque chose le degré de certitude ou de probabilité qui lui convient. L’habitude de professer lui a fourni le moyen d’être très-clair, de prendre les routes les plus simples & les plus faciles à saisir pour le commun des lecteurs.

Le mot Astronomie contiendra l’ensemble & le tableau de toute la science, fait de manière que tous les termes qui sont en petites capitales, sont eux-mêmes les articles qu’il faut chercher dans le dictionnaire, pour suivre tous les détails de l’Astronomie, & en faire un cours complet.

Enfin l’on trouvera dans les principaux articles, 1°. l’histoire des grandes découvertes de l’Astronomie suivant la marche même des inventeurs ; 2°. une idée claire des méthodes qui ont servi ou qui servent encore à déterminer exactement les circonstances des mouvemens célestes ; 3°. les derniers résultats de toutes les recherches lui, depuis un siècle, ont étendu ou perfectionne les connoissances des Savans en Astronomie.

M. de la Lande s’est chargé aussi des applications de l’Astronomie à la Gnomonique, à la Géographie, à la Navigation.

Quant aux calculs des attractions célestes qui ont produit tant de volumes de nos plus savans géomètres, on ne pouvoit ici que donner une idée des méthodes, & en faire connoître les résultats, & M. l’Abbé Bossut s’en est chargé.

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[II,] DICTIONNAIRE DE PHYSIQUE ; par M. Monge,
Professeur de Physique à Mezières, & de l’Académie Royale des Sciences, un volume in
-4°.

IL n’y a pas de Science, si l’on en excepte la Chimie, qui ait fait plus de progrès que la Physique depuis l’édition de l’Encyclopédie, peut-être parce que les efforts des Savans ayant été jusqu’alors dirigés vers les Mathématiques, cette Science étoit, pour ainsi dire, restée dans son berceau, & que par conséquent ses progrès étoient plus faciles ; peut-être aussi parce que d’une part les Physiciens se sont trouvés aidés des secours d’un plus grand nombre de coopérateurs, & que de l’autre ils ont su mettre à profit les nouvelles découvertes de la Chimie & les procédés des Arts.

La Physique a pour objet les propriétés des corps ; parmi ces propriétés, les unes conviennent à toutes les particules de la matière, & les affectent toutes de la même manière ; de cet ordre sont l’étendue, l’impénétrabilité, la mobilité, l’inertie, la pesanteur… &c. : les autres ne conviennent aux différens corps qu’en tant qu’ils sont composés d’une certaine manière des premiers élémens, quelles que soient les substances auxquelles on puisse donner cette dénomination. De là suit la division naturelle de cette Science en Physique générale & en Physique particulière.

La Physique générale est encore dans le même état où elle étoit à l’époque de la première édition du dictionnaire Encyclopédique : les effets des propriétés générales des corps étant d’ailleurs de nature à être soumis au calcul, et les articles de l’Encyclopédie qui ont rapport à ces propriétés, ayant été ou entièrement rédigés ou revus par M. d’Alembert, nous ne pouvons mieux faire que de conserver tous les morceaux dont ce grand géomètre a enrichi cet Ouvrage ; nous nous permettrons néanmoins les additions que comporte l’histoire de la Science, & nous rapporterons les opinions de quelques Philosophes modernes sur les affections générales de la matière.

Les propriétés particulières des corps résultent des propriétés & de l’arrangement respectif des élémens qui entrent dans leur composition ; la Physique particulière doit donc commencer par traiter des premiers élémens. Mais le Feu, l’Eau, l’Air, & la Terre doivent-ils être regardés rigoureusement comme tels, & les principes des corps peuvent-ils être réduits à un nombre aussi petit ?

On savoit depuis long-temps que le Feu est le principe ou la cause de la fluidité de tous les corps ; mais les découvertes qu’on vient de faire en Physique, semblent prouver que ce fluide très-rare, le seul de tous les corps de la pesantenr


duquel nous ne soyons pas assurés, en est en même temps le plus actif, qu’il exerce sur toutes les matières du globe une action à laquelle rien ne résiste, qu’il se combine avec toutes, qu’il peut les dissoudre toutes, & qu’à mesure qu’il s’unit à elles en plus grande quantité, il leur communique plus éminemment ses propriétés, & principalement la fluidité, un ressort plus grand, une densité & une pesanteur spécifique moindres. Les corps dans La composition desquels entre en plus grande quantité la matiere du feu, semblent donc devoir être les plus fluides, les plus élastiques, les plus rares, & les plus volatils. Notre fonction nous imposant la loi de rapporter les opinions des différens Physiciens, les nôtres mêmes, lorsque nous en aurons de particulières, avec la plus grande impartialité, nous ne pourrons nous dispenser de traiter tout ce qui peut être relatif à cet objet, conformément à ces nouvelles vues ; ainsi, les articles Feu, Flamme, Chaleur, Froid, Fluides élastiques, Thermomètre, &c. seront entièrement refaits.

L’Eau, privée jusqu’à un certain point de la matière du feu, se transforme en un corps solide & dur, qui ne peut reprendre sa liquidité que lentement, & en absorbant une énorme quantité de feu ; elle peut se dissoudre en entier dans le fluide igné, changer une seconde fois de forme, & devenir un fluide élastique & rare ; elle exerce la plus grande action sur la plupart des substances, & principalement sur les fluides élastiques ; elle dissout les uns, & se dissout complètement dans les autres, & elle présente dans ces différentes combinaisons les phénomènes analogues à ceux qu’on observe ordinairement dans toutes les dissolutions. C’est à ces propriétés de l’Eau, dont quelques-unes n’avoient pas même été remarquées, que sont dus tous les météores aqueux. Nous sommes aussi certains aujourd’hui de la cause de la correspondance entre les variations du baromètre & les changemens de constitution de l’atmosphère, que nous sommes assurés de la pesanteur de l’air. Comme ces observations sont neuves, il est nécessaire que dans notre Dictionnaire les articles suivans, Eau, Glace, congélation, Ebullition, Evaporation, Fumée, Machine a feu, Météores aqueux, Pluie, Brouillard, Rosée, Neige, Frimas .... &c., soient traités d’une manière absolument nouvelle.

L’Eau entre tous les jours comme principe constituant dans la composition des corps organisés, & ne peut sortir de cette combinaison que par des moyens incapables de la rendre tout entière à la circulation. De là suit une diminution lente & continuelle dans le volume des eaux, & leur retraite de dessus la surface du globe. Cette idée que nous devons à un philosophe dont nous craindrions, en le nommant, d’offenser la modestie, sera développée aux articles Eau, Organisme, &c…

Les expériences multipliées & nouvelles que l’on a faites sur une multitude de fluides aériformes, dont on ne soupçonnoit pas même l’existence, portent à croire que ces substances ne sont point simples, & que l’Air ne peut être regardé comme un élément proprement dit. Comme pesant & constituant l’atmosphère, ce fluide s’oppose à la dilatation des corps, au dégagement des gaz, a l’expansion des vapeurs ; comme élastique, il est le milieu des sons : une compression plus grande diminue son volume, une plus grande chaleur augmente son ressort ; ses molécules ont des propriétés qu’on pourroit appeler chimiques, & qui cependant doivent trouver place dans un dictionnaire de Physique. Il dissout l’eau dans certaines circonstances, il l’abandonne dans d’autres ; il se combine avec la matière de la chaleur, & transmet celle de la lumière : pris dans un certain état de pureté, il est nécessaire à la combustion, il entretient la vie des animaux, il est la cause de la chaleur de ceux qui le respirent, &c. Quelques-unes de ces vues sont nouvelles, & nous obligeront à faire des changemens aux articles Air, Atmosphère, Baromètre, &c., & à refaire à neuf ceux-ci, Eprouvette, &c.

Nous traiterons de la nature de la lumière considérée en elle-même, de l’action qu’elle exerce sur les différens corps, de celle qu’elle éprouve de la part des différens milieux, de son mouvement & de son influence sur les végétaux. Nous exposerons les phénomènes de la vision, les effets qui tiennent à la nature propre de l’organe de la vue, & qui sont indépendans de celle du fluide lumineux ; enfin nous établirons les principes de la Perspective aérienne, matière dont on s’est peut-être occupé, mais sur laquelle on n’a presque rien écrit.

On attribue ordinairement les phénomènes de l’Aimant à l’action d’un fluide capable de communiquer du mouvement sans en perdre, & de se diviser sans s’affoiblir. Nous examinerons les preuves qu’on a coutume d’employer en faveur de cette opinion, & nous ajouterons à tout ce qui se trouve dans l’ancienne Encyclopédie, les nouvelles observations sur les variations diurnes de l’aiguille aimantée, & sur la correspondance de ce dernier phénomène avec l’Aurore boréale.

Nous détaillerons enfin tous les phénomènes de l’Électricité & les différens systèmes qu’on a imaginés jusqu’ici pour les expliquer.

Le Dictionnaire raisonné de Physique que M. Brisson, de l’Académie Royale des Sciences, vient de publier, & qui, étant destiné à être vendu séparément, a dû contenir beaucoup de choses qui ne doivent pas entrer dans notre plan, en contient une multitude d’autres très-intéressantes, dont nous nous empresserons de profiter.

Nous mettrons à la tête du dictionnaire un discours qui contiendra l’histoire des découvertes qu’on a successivement faites en Physique, & des différens systèmes qu’elles ont fait naître ; enfin nous exposerons l’ordre suivant lequel il conviendra de lire les articles principaux de cet ouvrage, pour qu’il puisse tenir lieu d’un traité méthodique.

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[III.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISONNÉ DE MÉDECINE,
mis en ordre & publié par M. Vicq d’Azyr, Docteur-Régent & Professeur de la Faculté de Médecine de Paris, de l’Académie Royale des Sciences, & Secrétaire perpétuel de la Société Royale de Médecine, deux à trois volumes in-4°.

LA Médecine est, dans l’ordre encyclopédique, une branche de la Zoologie, laquelle est elle-même une division de la Physique particulière. Cette science a, comme toutes les autres, ses faits & les observations ; mais tout, jusqu’à l’art de voir, y est difficile ; tout y exige une prudence consommée & le jugement le plus sain. L’homme est lui-même le sujet de ses propres expériences ; & cette circonspection, que l’on peut regarder comme la première qualité requise dans celui qui exerce la Médecine, doit aussi caractériser l’écrivain qui se propose d’en recueillir & d’en publier les principes. Les fautes de ce dernier sont même plus graves, puisqu’elles deviennent une source intarissable de méprises dangereuses pour ceux qui lisent l’ouvrage où l’erreur est consignée.

Cette vérité, qu’on ne doit jamais perdre de vue, lorsqu’on médite un ouvrage sur la Médecine, suffit pour prouver qu’un seul homme ne peut se charger du travail dont on offre ici le plan. L’importance des objets qu’il doit renfermer est si grande, que, pour le traiter d’une manière convenable & digne du sujet, il est indispensable d’avoir recours aux lumières des personnes de l’art les plus exercées dans chaque partie de cette science. Tel est aussi le projet de l’auteur de ce dictionnaire. Déjà plusieurs médecins célèbres, qui veulent bien être ses coopérateurs, ont choisi différens articles, de la rédaction desquels ils s’occupent, & à la fin desquels leur nom sera inscrit.

Ce dictionnaire ne contiendra que la Médecine proprement dite, c’est-à-dire, la science qui indique les moyens propres à conserver ou à rétablir la santé. Considérée sous le premier rapport, elle porte le nom d’Hygiène, & sous le second celui de Pathologie. La première division comprend, I°. l’Hygiène proprement dite, c’est-à-dire, l’art de diriger d’une manière convenable le régime de l’ame & du corps ; 2°. celui de corriger & de prévenir dans les enfans les vices de conformation, ou l’Orthopédie ; 3°. celui de fortifier les membres par différens exercices, ou la Gymnastique. Dans la seconde division seront comprises, 1°. l’exposition des maladies, la recherche de leurs causes, & l’examen de leur nature, ou la Pathologie proprement dite ; 2°. l’examen de symptômes qui les caractérisent, & dont on peut tirer des inductions dans le traitement, ou la Semeïotique ; 3°. la connoissance des différens moyens curatifs qui peuvent être employés, ou la Thérapeutique.

La Médecine Vétérinaire, dont on s’occupe en France avec autant d’activité que de succès, ne sera point oubliée dans ce travail. On y trouvera la description des principales maladies auxquelles les animaux domestiques les plus utiles sont exposés, avec l’histoire des traitemens dont l’expérience a fait connoître les avantages.

Il y a certaines questions sur lesquelles on ne prononce dans les tribunaux qu’après avoir consulté les personnes de l’art : on appelle du nom de Médecine légale la science qui s occupe de ces recherches. Elle est fondée sur la connoissance de la structure du corps humain, s’il est question d’un examen anatomique ; ou sur celle de l’action des médicamens, s’il s’agit des effets de quelque poison. En rapportant les cas de cette nature qui se sont présentés, on indiquera les principes d’après lesquels les avis doivent être motivés, & la conduite que l’on doit tenir pour se mettre à portée d’éclairer les juges, ou au moins pour ne pas courir les risques de les tromper.


La richesse de la collection que l’on annonce aura pour base un grand nombre d’articles déjà publiés dans l’Encyclopédie actuelle, & qui sont dus à MM. de Vandenesse, Venel, le Chevalier de Jaucourt, Malouin, Tarin, la Virotte, de Bordeu, le Roy, Daumont, Menuret, de la Fosse. On se permettra quelquefois d’y faire des additions, & même des changemens, lorsqu’ils paroitront indispensables. Comme, malgré tous ces secours & en réunissant toute la nomenclature de la partie médicale de l’Encyclopédie, on s’est aperçu qu’elle est très-incomplète, on y suppléera avec le plus de soin qu’il sera possible. Les articles relatifs à la Botanique & à la Chimie médicales, qui doivent être placés dans la Thérapeutique, seront rédigés par des personnes trèsinstruites dans ces deux genres. Les maladies des prisons & des armées, les maladies vénériennes, celles des gens de mer, celles des femmes & des enfans, celles des artisans, celles des animaux, celles des yeux, celles qui sont propres aux différens climats & aux saisons, les lésions que produisent les maladies des blés, seront décrites par des médecins célèbres dans ces différentes parties de l’art de guérir, & auxquels une expérience consommée a rendu ces objets familiers. Il en sera de même des articles Electricité médicale, rage, aimant, épilepsie, désinfection, contagion, épidémie, épizootie, &c.

Le dictionnaire de Médecine pratique ainsi exécuté, présentera les fruits de l’expérience & des observations d’un grand nombre de médecins habiles.

Le rédacteur fera tous ses efforts pour mettre entre les différens articles autant de concordance & de liaison qu’il sera possible ; il indiquera dans une table raisonnée le meilleur ordre de lecture pour en profiter, & il fera connoître dans cette table les rapprochemens & les différences des opinions adoptées par les divers auteurs ; afin que ceux qui cherchent à s’instruire par l’opposition des sentimens dans l’étude des matières susceptibles de controverse, puissent trouver aisément les articles capables de satisfaire leur curiosité.

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[IV.] DICTIONNAIRE D’ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
simple & comparée ; par M. Vicq d'Azyr, Secrétaire perpétuel de la Société Royale de Médecine, & de l’Académie Royale des Sciences, un volume in-4°.

LE Chancelier Bacon a divisé la science de l’homme en celle du corps & celle de l’ame ; M. Diderot, auteur du système figuré des connoissances humaines, qui se trouve à la suite du discours préliminaire de l’Encyclopédie, par M. d’Alembert, s’explique à ce sujet d’une manière plus détaillée & plus relative à notre travail.


L’Anatomie simple & comparée & la Physiologie sont, dans ce dernier système, des branches de la Zoologie, qui tient elle-même à la Physique particulière & à l’étude de la nature.

Telle est la place qu’occupe, dans l’ordre encyclopédique, la science qui apprend à connoître la structure des corps vivans ; considérée de cette manière, la sphère de l’Anatomie s’agrandit ; elle ne se borne plus à l’examen d’un seul individu, & celui qui l’étudie, a droit de s’attendre à de grands résultats.

Tous les corps naturels peuvent, en effet, être divisés en deux classes, dont les uns poslèdent cette activité intérieure, cette spontanéité de mouvemens qui leur sont particulières, tandis que les autres en sont privés, & semblent obéir à des lois d’un ordre différent. Nous appelons les premiers du nom de corps vivans, & nous comprenons dans cette grande division toute la chaîne qui s’étend depuis l’homme jusqu’à la plante.

Les individus de cette classe ont des caractères ou des fonctions qui leur sont propres, & qui peuvent servir à les faire reconnoître. Nous les avons réduits aux chefs suivans ; la nutrition, la génération, l’irritabilité, la circulation, la secrétion, la respiration, l’ossification, la digestion, & la sensibilité. Ce n’est pas que tous ces caractères doivent se trouver dans chacun des corps vivans : la réunion de ces fonctions constitue en général leur perfection ; & le développement entier de quelques-unes d’entre elles, telles, par exemple, que la sensibilité, leur donne toute la supériorité dont ils sont susceptibles. Aristote a prouvé qu’une partie de ces nuances au moins lui étoit connue, lorsqu’il a dit : Il n’est pas nécessaire que tous les corps vivans soient pourvus de sentiment, mais il l’est que tous se nourrissent ([2]). Tels sont les motifs qui nous ont engagés à placer ces deux caractères aux deux exrémités de notre division méthodique.

Chacune de ces fonctions sera traitée d’une manière très étendue dans le dictionnaire que nous annonçons. Tous les autres articles s’y rapporteront, ils en offriront l’explication, & ils auront eux-mêmes la leur dans la lecture de ces grandes généralités.

Ce dictionnaire comprendra, 1o. l’exposition anatomique ; 2o. la Physiologie, ou explication des phénomènes.

1o. La partie anatomique aura pour objet principal la description du corps humain ; on aura soin que la nomenclature soit complète : mais afin de ne point diviser les connoissances, dont l’utilité s’accroît par le rapprochement, un grand nombre de mots ne seront suivis que d’une définition claire & précise, avec des renvois exacts qui mettront le lecteur à portée de trouver ce qu’il cherche, dans la place où il doit le rencontrer.

L’auteur célèbre du tableau raisonné qui présente l’ordre encyclopédique, a eu raison de diviser l’Anatomie, non comme plusieurs ont fait mal à propos, en humaine & comparée, mais en


simple & comparée : en effet, l’anatomie humaine peut être simple, si elle ne traite que du corps humain, & elle devient comparée, si les organes de ce dernier sont examinés comparativement avec ceux des autres animaux. Dans tous les articles, le premier genre d’Anatomie commencera, & le second achevera l’exposition.

Il est facile de sentir que le dictionnaire dont il s’agit deviendroit immense, si tout ce qui appartient à l’Anatomie des brutes y avoit la même étendue que ce qui est relatif à l’homme. Il n’y aura qu’un article pour chaque animal, dans lequel on détaillera ce que l’observation & la dissection auront appris de plus important à ce sujet. On ne s’écartera de cette règle que dans un très-petit nombre de cas, & pour l’exposition des organes de certains animaux, du cheval, par exemple, dont l’étude mérite plus d’attention & demande plus de détails.

Il y a des animaux dont on n’a disséqué qu’un petit nombre ; on est encore très-ignorant sur l’anatomie des insectes & des vers. On rassemblera les faits les plus curieux & les plus propres à faire connoître les différences & le rapprochement, qui sont le but principal du travail encyclopédique.

L’économie végétale ne sera point oubliée ; elle est du ressort de l’Anatomie, & ses plus grands progrès sont dus à des savans qui ont cultivé cette dernière science avec distinction. Heureusement M. Daubenton s’est occupé depuis quelque temps à répéter toutes les observations qui ont été faites sur les couches ligneuses, sur les vaisseaux des plantes, sur la structure de l’écorce & du centre des végétaux, sur celle des racines & des feuilles ; & il a bien voulu se charger de cette partie du dictionnaire, dans lequel tous ces articles seront faits de nouveau & d’après de nouvelles observations. Cette obligation ne sera pas la seule que nous aurons à M. Daubenton ; l’Anatomie des animaux sera, en très-grande partie, tracée d’après ses découvertes ; il nous a promis d’y joindre plusieurs tableaux qui rendront l’étude de cette science plus facile, en présentant, d’un coup-d’oeil, les resultats d’une suite immense de recherches anatomiques.

Le secours des planches est nécessaire à l’intelligence de plusieurs descriptions. On profitera de cette occasion pour faire un choix des figures les plus exactes & les mieux dessinées, qui sont répandues dans les ouvrages de différens auteurs, soit sur l’Anatomie de l’homme, soit sur celle des animaux.

2o. La Physiologie est une science qui consiste dans l’examen, &, lorsqu’il est possible, dans l’explication des phénomènes que le corps humain présente en état de santé : l’Anatomie en est la base, & par conséquent ces deux sciences devoient être réunies dans notre travail. L’Anatomie n’est cependant pas l’unique source dans laquelle le physiologiste doive puiser. La Chimie & la Physique lui fournissont des connoissances nécessaires ; l’histoire des maladies lui en donne même de très-utiles. L’étude physiologique est donc très-composée ; elle suppose le concours des sciences accessoires, & ses progrès sont, pour cette raison, lents difficiles. Les articles de Chimie animale seront fournis par un chimiste très-instruit ; & les articles relatifs à la Physique seront concertés avec l’auteur du dictionnaire, dans lequel ces sortes de matières seront traitées.

Messieurs Tarin, le Chevalier de Jaucourt, de Vandenesse, & Blondel, ont sourni presque tous les articles d’Anatomie dans le dictionnaire des sciences & des arts. M. de Haller y a ajouté plusieurs supplémens, dans lesquels on retrouve l’immensité de ses connoissances. Malgré ces travaux, l’Anatomie & la Physiologie sont bien éloignées d’être complètes dans l’Encyclopédie actuelle. Les articles qui concernent l’Anatomie comparée, celle des plantes, La structure des végétaux, & la Chimie animale, seront absolument nouveaux. Il est facile de voir d’après ce court exposé, que tout qui a été fait dans ce genre n’empêche pas qu’il ne reste immensément à faire.

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[V.] DICTIONNAIRE DE CHIRURGIE ; par M. Louis,
Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de Chirurgie, un volume in-4°.

Cet art a fait des progrès étonnans depuis la publication de l’Encyclopédie. Ils sont dus principalement aux travaux de l’académie royale de Chirurgie. Les dissertations qui ont remporté chaque année les prix proposés depuis son établissement en 1731, ont toutes eu pour sujet une question choisie & fort épineuse, dont la solution a enrichi l’art, sinon par de nouvelles connoissances, au moins par la réunion de lumiéres éparses, dirigées sur un même point, pour remplir les vues de l’académie. Les mémoires publiés par le travail de ses membres sont le fonds le plus précieux qu’on ait sur la théorie & la pratique de l’art. On peut avancer, sans crainte d’être contredit, que depuis trente ans il s’est formé une science nouvelle par les observations de nos grands maîtres, jointes à celles qui leur ont été communiquées de toutes parts. Les faits isolés, fournis par le zèle, l’émulation, & l’expérience de chaque particulier, ne peuvent avoir le mérite qu’ils acquièrent, lorsque, réunis à d’autres, & appréciés respectivement dans leurs diverses circonstances, ils donnent lieu à des inductions qu’on soumet aux discussions académiques, afin d’en tirer les conséquences les plus précises & les plus vraies.

C’est par ces moyens que l’art a été cultivé avec les plus grands succès : ses principes sont devenus plus lumineux & plus solides ; les difficultés théoriques ont été applanies par la voies de l’expérience, & le raisonnement a rendu faciles les opérations les plus compliquées. La pratique a cessé, sur plusieurs points importans, d’être une routine aveugle, qu’on suivoit avec d’autant plus de risque, qu’on avoit plus de hardiesse & de témérité. L’art, enrichi de nouvelles connoissances, est devenu moins redoutable & plus salutaire ; enfin des maladies qui, sous la direction de l’ancienne Chirurgie, ne cédoient qu’à des opérations graves, douloureuses, & accompagées de grands dangers, sont maintenant soumises à une cure facile & prompte, par des procédés doux &simples, dont les anciens n’avoient aucune idée.

La partie chirurgicale de la nouvelle Encyclopédie fera connoître toutes les perfections d’un art si utile à l’humanité. En me chargeant de revoir toute cette partie, que le célèbre la Peyronie m’avoit fait confier en 1747, pour la première édition ([3]), je me propose d’en faire un ouvrage absolument nouveau.

Les articles seront composés spécialement pour l’usage auquel ils sont destinés : car ce qu’un professeur expliqueroit dans les écoles, pour l’instruction des élèves ; ce que le praticien le plus consommé prononce sur le même point dans une consultation ; les réflexions que ce même sujet fourniroit à l’homme le plus éclairé, dans une conférence académique, n’auroient ni la même texture, si l’on peut user de ce terme, ni la même fin ; & chacune de ces différentes formules, excellente en son lieu, ne rempliroit pas le vœu du public dans un article de l’Encyclopédie, où il faut des notions claires & précises, à la portée des gens d’esprit qui ne savent pas la Chirurgie, & qu’il est intéressant d’éclairer utilement sur chaque point particulier, devenu l’objet de leur recherche & de leur curiosité : il faut qu’ils y trouvent l’instruction la plus solide, exposée de la manière la plus intelligible. Ce sont eux qu’il convient d’avoir principalement en vue ; car ce n’est pas dans un dictionnaire universel que les jeunes gens destinés à l’exercice de la Chirurgie pourront apprendre

( 1 ) la théorie de l’art, ni le détail des opérations. Elles exigent une longue suite de préceptes que la démonstration seule, sous un habile maître, peut leur faire comprendre, en leur donnant à chaque instant la raison de toutes les actions variées qui doivent se suivre pour la perfection d’une opération dont la durée n’est pas d’une minute dans l’exécution. Cependant on ne négligera pas ce qui pourra être utile aux élèves : les principes fondamentaux feront connoître la différence des méthodes, la diversité des cas où elles peuvent ou doivent être admises de préférence, & détermineront positivement les procédés à suivre ou à éviter, sur-tout lorsque les auteurs qu’on a coutume de prendre pour guides, se trouveront d’opinions différentes. C’est rendre un service important que de ne laisser, pour l’intérêt général de la société, aucun prétexte aux indécisions dont les suites pourroient être si dangereuses, sur-tout dans les cas graves, plus fréquens qu’on ne l’imagine, & qui ne le deviennent quelquefois que par des secours mal administrés.

Des lumières acquises par une étude particulière sur les questions de Chirurgie relatives à la Jurisprudence, étendront l’utilité de ce dictionnaire : les tribunaux ont accueilli plusieurs de nos consultations en ce genre, & ils en ont fait le principe de leurs jugemens. Enfin rien ne sera négligé de ce qui pourra rendre les articles de Chirurgie intéressans, suivant le vœu de tous ceux à qui ils peuvent être utiles sous différens aspects.

Un discours préliminaire fera connoître la méthode d’étudier les principes de l’art ; la nomenclature alphabétique, à laquelle la distribution des articles assujettit, ne peut pas donner l’enchaînement des matières suivant l’ordre où elles doivent se ranger dans l’esprit, pour une étude suivie & profitable. Un plan raisonné indiquera cet ordre, & sera, pour ainsi dire, l’ame de cette production.

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[VI.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISONNÉ DE CHIMIE,
de Métallurgie, & de Pharmacie ; par M. DE MORVEAU, Avocat Général au Parlement de Bourgogne, membre de plusieurs Académies, quant à la Chimie ; par M. Duhame, Inspecteur général des Mines, quant à la Métallurgie ; par M. Maret, Secrétaire perpétuel de l’Académie de Dijon, quant à la Pharmacie, deux volumes in-4°.

LA Chimie, cette science aujourd’hui si cultivée, dont on a établi des cours publics dans plusieurs villes de province ([4]), dont le médecin, le physicien, le naturaliste ne peuvent plus se passer, dont tous les arts commencent à emprunter les lumières, la Chimie est, sans contredit, la partie la plus imparfaite de toute l’ancienue Encyclopédie.

Ce n’est pas que l’on ait à reprocher aux éditeurs d’avoir négligé le choix de leurs coopérateurs en cette partie ; il suffit pour les justifier de nommer MM. Venel, Malouin, Rouelle, &c. Il n’étoit guère possible d’appeler des hommes plus dignes de la confiance de la nation, puisqu’ils se sont placés dans le petit nombre des chimistes dont les travaux ont enrichi la science, dont les opinions sont encore d’un grand poids, dont les vues serviront long-temps à diriger les recherches ultérieures. On y trouve en effet quantité d’excellens articles ; mais aucun de ces savans ne s’étoit chargé de tour rédiger, ou du moins de tour revoir : de là vient qu’il n’y a nul ensemble, que les faits sont décousus, que les principes établis en quelques endroits sont souvent combattus dans un autre volume, qu’il manque une infinité de mots, quoiqu’indiqués par des renvois, quoique destinés à compléter des points de théorie, ou à décrire des opérations essentielles. Par exemple, le mot affinité n’y est pas même expliqué ; il faut chercher au mot menstrue les principes de la dissolution, & ces principes démentent formellement ce qui avoit été établi sous les mots adhérence, attraction, Cohésion.

Dans les supplémens, il n’y a encore que des articles détachés qui ne font corps ni entre eux, ni avec l’Encyclopédie ; l’auteur qui en a fourni le plus, n’avoit pas formé l’entreprise de suppléer ni de corriger toute la Chimie ; il s’est borné à retraiter quelques-uns des principaux articles de théorie, tels que assinité, causticité, cristallisation dissolution, équiponderance, hépar, phlogistique, &c. Du reste, on ne s’est pas même attaché à compléter la nomenclature.

L’on ne peut douter que les auteurs de cette partie de l’ancienne Encyclopédie avoueroient eux-mêmes la nécessité de refondre tout leur travail. Notre plan sera peu différent de celui qu’ils avoient adopté, & qui nous paroît tenir essentiellement au système encyclopédique ; il nous reste peu de chose à ajouter ici pour achever de le faire connoître.

L’histoire de la marche d’une science quelle qu’elle soit, tient à la philosophie générale, comme partie de l’histoire de l’esprit humain ; elle est utile a tous ceux qui veulent se rendre compte de la certitude de ses principes, comparer les idées des anciens & des modernes sur le même sujet, ou apprécier avec justice les travaux de leurs contemporains ; elle est nécessaire à ceux qui s’appliquent à en reculer le bornes : la science ne leur osfre proprement que la collection méthodique des vérités acquises ; il n’y a que l’histoirc de la scicnce qui puisse réunir sous leurs yeux les opinions qui se sont succédées, les apparences qui ont séduit, les objets dont il faut reprendre la trace, les tentatives qu’on peut s’épargner, tout ce qui reste à approfondir ou à perfectionner, qui puisse leur communiquer enfin l’expérience des siècles qui ont précédé. Nous conserverons donc cette partie de l’ancienne Encyclopédie, nous en élaguerons tout ce qui nous paroîtra superflu, nous ne négligerons rien pour la rendre à la fois aussi concise & aussi complète que l’on peut le désirer.

Plus une science se répand, plus elle fournit de connoissances pratiques aux arts, d’idées neuves à la métaphysique de la nature, plus il importe d’avoir un ouvrage où l’un puisse trouver facilement & sans étude l’explication claire de tous les termes de sa langue. Le chimiste ne seroit pas embarrassé d’aller chercher aux articles menstrue & rapport, l’opinion de Venel sur les affinités ; mais l’artiste, le littérateur, le mathématicien, le physicien peut-être qui rencontreroit ce dernier terme, ne sauroit plus où en retrouver la définition ; cette nomenclature est donc d’un intérêt plus général pour le grand nombre des lecteurs ; elle devient précieuse même au chimiste, en assurant le sens des mots qui ont été employés arbitrairement, de ceux qui sont devenus moins familiers ; en le mettant sur la voie pour pénétrer, autant qu’il est possible, le langage mystérieux des adeptes, lorsqu’il veut porter un œil curieux sur leurs écrits. Cette nomenclature ne se trouve jusqu’à présent que dans l’Encyclopédie ; notre tâche sera de la perfectionner.

Pour la partie théorique, nous profiterons des vues sublimes de l’illustre Comte de Buffon, des preuves, des développemens, des applications qu’en ont donnés M. Macquer, M. Bergman, les auteurs des élémens de l’académie de Dijon, & en dernier lieu M. Dutour, dans ses belles expériences sur les adhésions ; nous recueillerons de même pour l’étiologie des opérations particulières, tout ce que nous trouverons dans les écrits de ceux qui s’en sont spécialement occupés. Nous nous défendrons également & de cet esprit de systême qui veut tout expliquer, qui ne croit que ce qu’il comprend, & de cette fausse philosophie qui rejette une méthode dans laquelle mille vérités s’enchaînent, parce qu’il reste un ou deux faits dont


on n’a pas encore entrevu la liaison avec le principe. Nous admettrons jusqu’aux hypothèses, parce que ce sont elles qui ouvrent communément la route aux découvertes, parce qu’il importe qu’elles soient toujours présentes à l’esprit de ceux qui interrogent la nature par l’expérience, & que, dans ce travail délicat, l’oeil ne voit réellement que ce que la pensée l’avertit d’observer ; mais nous nous garderons bien de donner de simples probabilités pour des preuves ; nous nous appliquerons même à fixer les règles logiques propres à la Chimie ; c’est un des objets les plus importans aux progrès de cette science. Avant de disputer sur l’identité de tels ou tels principes, il convient sans doute de travailler à se mettre d’accord sur ce qui constitue l’identité ou la différence des êtres chimiques ; le savant professeur d’Upsal cil cependant le seul qui ait essayé de resserrer ainsi le champ trop illimité des analogies & des possibilités. On sent bien que c’est sur-tout en cette partie que nous aurons à corriger & à retrancher ; mais le travail des anciens auteurs ne sera pas pour cela condamné à l’oubli, nous le rendrons à la partie historique ; les idées des hommes de génie ne sont jamais stériles.

Il n’est pas besoin d’avertir que tout ce qui tient à la manipulation des opérations, aux procédés des expériences, sera exactement décrit d’après les meilleurs auteurs ; les planches offriront tous les instrumens, tous les appareils, tous les objets qu’il seroit difficile de comprendre sans le secours du dessin, ou qu’il importe de réunir dans un ordre propre à soulager la mémoire.

Les articles ajoutés ou refaits en entier seront marqués de deux étoiles ; il n’y en aura qu’une aux articles qui seront simplement refondus ou augmentés.

Comme les principes de la Chimie s’appliquent continuellement aux opérations de la Métallurgie & de la Pharmacie, il n’étoit pas possible de séparer ces trois parties sans s’exposer à des répétitions & des doubles emplois ; elles seront donc réunies dans le même dictionnaire ; mais quoiqu’elles soient traitées par trois auteurs différens, il n’en résultera ni contradiction, ni la plus légère disparate, au moyen des arrangemens qu’ils ont pris pour se communiquer leur travail ; & même, dans les cas où ils n’auroient pu se concilier sur quelques points, leurs opinions particulières seront présentées & raisonnées de part & d’autre comme de simples hypothèses ; de sorte qu’il n’y aura rien à perdre ni pour la vérité, ni pour l’harmonie. On aura seulement l’attention de répéter les mots (Métallurgie & Pharmacie) à la tête de chaque article particulier à ces arts, ainsi que des additions qu’ils exigeront à la suite de quelques articles tie Chimie ; ce qui servira à distinguer en même temps ce qui appartient à chaque matière & à chaque auteur.

MÉTALLURGIE.

La Métallurgie est l’art de traiter les minéraux, par des fontes faites sur des quantités de substances métalliques, infiniment plus grandes que celles que l’on emploie dans la Docimasie ou l’art des essais ; en conséquence, les fourneaux à l’usage des opérations métallurgiques doivent être plus grands que ceux de la Docimasie. Quoique la Chimie doive présider dans l’un & l’autre de ces arts, les plus habiles chimistes auxquels l’on est redevable de tous les beaux procédés mis en usage dans ces deux circonstances, ont conçu que le travail en grand exigeoit des manipulations différentes pour pouvoir ménager les frais, & tirer le plus grand parti possible des métaux qu’on y traite ; & qu’enfin, les fondans employés en Docimasie ne pouvoient pas entrer dans les procédés métallurgiques.

Pour traiter avec ordre l’art métallurgique, l’on se propose le plan suivant :

1°. De donner une Géographie souterraine, qui fera connoîte les différentes dispositions des filons ou veines minérales, métalliques ou fossiles qui se trouvent dans les entrailles de la terre, ensemble leurs variations, & ce qui les produit.

2°. L’on traitera de la manière d’exploiter les filons, soit par puits, soit en galeries ou autres ouvrages ; & pour rendre la chose plus sensible, on y joindra le plan & le profil d’une mine ; &, si on le juge nécessaire, l’on donnera les dessins des meilleures machines connues pour l’épui sément des eaux, des mines, & l’extraction des minerais.

3°. L’on décrira les meilleurs procédés en usage pour la fonte de minéraux d’or & d’argent, à l’effet d’en obtenir ces métaux parfaits.

4°. L’on traitera dcs procédés les plus avantageux pour obtenir le cuivre de ses minérais, & le porter à sa perfection.

5°. L’on décrira les meilleures méthodes de fondre les mines de plomb, & d’obtenir, par l’affinage, l’argent que communément il contient ; ce qui conduira à parler de la révivification des litharges, ou leur réduction en plomb marchand.

6°. Le cuivre contenant souvent de l’argent, nous décrirons tous les procédés les plus usités pour en faire le départ par l’intermède du plomb ; travail que l’on nomme liquation.

7°. On traitera de la fonte des mines d’étain, pour en obtenir ce métal.

8°. On parlera du fer, métal si connu, si utile, & heureusement le plus abondamment répandu, tant dans le sein de notre globe qu’à sa superficie. Ou donnera les meilleurs procédés pour obtenir ce métal aussi pur & aussi malléable qu’il est possible, soit en le traitant par la fonte en gueuse, & ensuite par l’affinage, soit en fondant le minéral à la manière des Corses, des Catalans, & des Espagnols, qui, dans un seul petit fourneau, fondent les minérais, & obtiennent le meilleur fer de l’Europe.

9°. L’on détaillera les méthodes qu’on croira les plus avantageuses pour faire tie l’acier avec du fer de gueuse, ou en faisant cementer le fer forgé avec les matières propres à sa conversion en bon acier.

10°. L’on traitera de la fonte du bismuth.

11°. De la fonte de l’antimoine.

12°. De la méthode employée pour retirer le zinc de sa mine.

13°. De la fonte du cobalt pour en faire de l’azur.

14°. De la meilleure méthode de retirer, en grand, le mercure de sa mine.

15°. L’on décrira la maniere de retirer le soufre des minéraux.

16°. L’on traitera des meilleurs procédés pour faire la céruse.

17°. L’on détaillera la meilleure méthode pour faire le minium.

18°. On parlera des mines de charbon de terre.

19°. Des mines d’alun, & de la manière d’en extraire ce sel.

20°. Des mines de sel marin.

Enfin, pour faciliter l’intelligence de tous les procédés métallurgiques ci-dessus, l’on donnera les plans, coupes & profils des fourneaux que l’on croira les plus avantageux ; & l’on y joindra un tableau méthodique de tout l’art minéralogique.

PHARMACIE.

LA partie du Dictionnaire Encyclopédique qui a pour objet la Pharmacie, est une des plus savantes & des plus satisfaisantes de ce grand Ouvrage. Les principes de l’art y sont exposés avec clarté, les procédés décrits avec une exactitude, une intelligence qui inspirent la confiance ; & la rédaction de chaque article annonce dans leurs Auteurs des connoissances physiques, chimiques, & médicales, très-étendues, réunies au talent de s’exprimer avec élégance & avec précision.

Aussi nous ferons-nous un devoir d’adopter presque tous les principes de ces savans rédacteurs (MM. Malouin, Venel), de conserver une très-grande partie de leurs articles, & d’employer leurs expressions mêmes, lorsque l’exécution du plan sur lequel nous nous proposons de traiter la Pharmacie, nous forcera de faire quelques changemens dans ceux de leurs articles auxquels nous croirons devoir toucher.

Depuis l’époque où l’Encyclopédie, où les Supplémens même ont été mis au jour, les progrès de la Physique, & sur-tout de la Chimie, ont considérablement influé sur ceux de l’art pharmaceutique. On a fait en Médecine plusieurs découvertes importantes, qui exigent des manipulations, des procédés nouveaux. L’art a percé les ténèbres dont s’enveloppoient plusieurs possesseurs de remèdes secrets, qui, sans répondre aux promesses fastueuses de leurs Auteurs, peuvent dans quelques circonstances être d’un usage utile. Le Gouvernement en a fait connoître plusieurs, en différens pays, & principalement en France. La publication du Dictionnaire de Chimie de Al. Macquer, de la Pharmacie de M. Baumé, des Pharmacopées de MM. Triller, Vitet & Lewis ; enfin la traducion de celle de Londres, enrichie des notes du docteur Pemberton & du Traducteur M***, ont multiplié les sources où le Medecin, le Chirurgien, & le Pharmacien peuvent puiser de nouvelles connoissances ; & le Public, dont l’intérêt seul guida la plume des rédacteurs de cette nouvelle Encyclopédie, a droit d’attendre d’eux qu’ils ne s’arrêtent qu’aux bornes où l’art s’est arrê.é lui- même à l’époque où ils écrivent.

Ce point de vue, sous lequel nous avons considére & le travail de nos prédécesseurs, & les obligations des nouveaux rédacteurs, doit faire sentir & l’étendue des obligations que nous nous inrposons, & les avantages que procureront nos efforts, s’ils sont aussi heureux qu’ils seront ardens.

Nous nous proposons, non seulement de donner une nomenclature exacte de tous les termes qui composent l’espèce de langue particulière à l’art pharmaceutique, une exposition de ses principes, une énumération de toutes les compositions imaginées jusqu’à présent, une histoire des procédés a suivre, & une description des résultats ; mais encore de motiver la proscription des compositions marquées du sceau de la réprobation ; de faire connoître les propriétés médicinales de celles qu’il est important de se procurer, & désigner les doses sous lesquelles on doit les prescrire.

Le désir de ne rien oublier d’essentiel, & d’éviter les redites, nous a engagé à classer les différentes opérations pharmaceutiques sous leurs noms propres ; à diviser chaque classe en sections relatives à la simplicité, ou à la composition des préparations, à la nature, à l’état des menstrues ou des excipiens à employer, ou des procédés à suivre, & à sous-diviser chaque section, quelquefois par des caractères pris de la consistance des résultats, presque toujours par leurs qualités médicinales.

Dans chaque division, nous donnerons les définitions génériques, nous décrirons les procédés à suivre, & sous chacune seront rangées les espèces avec leurs caractères propres, les signes capables d’en faire connoître la bonté, l’altération, soit par vètusté, soit par sophistication, & leur propriété médicinale, relativement à leur dose, qui seront désignées avec leur rapport aux différens âges.

Parmi ces espèces, seront nécessairement placés


les produits médicinaux des opérations chimiques, & les préparations des substances des trois régnes. Mais à l’egard de celles-ci, nous nous bornerons à déterminer les caractères auxquels on pourra reconnoître si elles méritent de la confiance, & à fixer les doses auxquelles on doit les employer, & nous renverrons aux différens articles d’Histoire Naturelle & de Matière médicale, où ces substances auront été décrites.

Nous en userons de même pour les produits des opérations chimiques ; & par l’exécution de ce plan, les Auteurs des parties relatives à la Médecine pratique & à l’Histoire Naturelle, pourront se dispenser d’entrer dans aucun détail sur les doses des remèdes, sur leurs propriétés, & sur la manière de les employer.

Le travail d’Hoffman, de Venel, de le Roi, sur-tout celui de MM. Bergman, du Chanoi, Blak, Lavoisier, fournira des articles absolument neufs sur la préparation des eaux minérales artificielles ; & ces articles, rapprochés de ceux de Chimie, dans lesquels les principes de ces préparations seront développés, donneront sur cet objet toutes les lumières qu’on doit désirer.

Quoique les compositions magistrales varient suivant les indications à remplir & les connoissances des Praticiens, elles sont, de même que les officinales, soumises à des procédés relatifs à la nature des drogues qui entrent dans leur préparation, & elles seront traitées suivant le même plan dont nous avons tâché de donner une idée.

A tous ces détails, dont l’exposition de notre plan doit faire concevoir l’étendue, nous en réunirons dont nous avons plus d’une fois senti l’importance, & que MM. Baumé, Lewis, Bergman, &c., nous ont mis dans le cas de présenter. Ce sont des tables où seront indiquées les drogues que l’on peut substituer les unes aux autres dans les compositions officinales ou magistrales ; les doses sous lesquelles chaque drogue, du genre des héroïques, se trouve dans une quantité donnée de chacune de ces compositions ; la quantité des différens acides nécessaires pour saturer les différens alkalis & les différentes terres solubles ; enfin celle du gaz qui s’échappe de ces substances pendant l’effervescence qui accompagne la combinaison de celles qui ne sont pas dans un état de causticité.

Un tableau général du plan que nous aurons suivi, en terminant tout ce que nous aurons cru devoir donner sur la Pharmacie, mettra dans le cas d’étudier cet art avec méthode, en indiquant les articles qu’il faut consulter pour s’élever, par la connoissance des principes & des opérations les plus simples, à celle des procédés les plus compliqués.

[VII.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAIS. D’AGRICULTURE ;

par M. l’Abbé TESSIER, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, & de la Société royale de Médecine, quant à l’Agriculture proprement-dite, ou la culture des terres ; par M. THOUIN, Jardinier en chef du Jardin du Roi, quant au jardinage ou la culture des jardins & vergers ; & par M. Fougeroux de Bondaroy, de l’Académie Royale des Sciences, quant à la culture des bois & à l’aménagement des forêts, deux volumes in-4°.

L’utilité reconnue de l’Agriculture lui donne un rang distingué dans les Arts & dans les Sciences physiques. On peut la diviser en trois branches principales.

La première est l’Agriculture proprement dite, ou la culture des terres.

La seconde est le Jardinage ou la culture des jardins & vergers.

La troisième, qui embrasse tout ce qui a rapport aux arbres & arbustes élevés dans des forêts, est la culture des bois.

Toutes ces parties importantes ont été traitées très-superficiellement dans l’Encyclopédie ; on y trouve quelques excellens préceptes, mais peu d’applications.

Elle ne présente aux Agriculteurs que la moitié des choses qu’ils espéroient y rencontrer. On ne les présente que d’une manière confuse. Les coopérateurs n’ayant point déterminé les bornes respectives dans lesquelles ils devoient se renfermer, on y trouve des omissions sans nombre, des redites non moins considérables, qui, en augmentant l’ouvrage, ne le rendent que plus défectueux. Nous allons indiquer la marche que nous avons cru devoir suivre pour remédier à ces imperfections.

L’Agriculture proprement dite exige préliminairement des détails sur ce qui doit servir à l’exploitation d’une ferme ou métairie ; tels sont les ustensiles du labourage, l’éducation & la conservation du gros & du petit bétail, en y comprenant les haras, les granges & greniers propres à contenir les grains & les fourrages, les différens engrais, le gibier, la volaille, les abeilles ; ce qui forme une partie de la maison rustique.

La culture des terres ne doit point être la même pour toutes sortes de productions On peut donc la considérer & la décrire sous trois rapports ; 1°. relativement aux grains qui fournissent à l’homme son principal aliment ; 2. relativement aux végétaux qui servent à nourrir les bestiaux ; 3°. relativement aux espèces de plantes qui sont cultivées en grand pour être employées dans les Arts, ou dont l’usage que les hommes en peuvent faire, n’est point de première nécessité. Ces rapports établissent trois classes.

Dans la première se trouvent le seigle, le froment, l’orge, l’épeautre, l’avoine, le maïs, le riz, le millet, les pois, les fèves, les haricots, les pommes de terre, les topinambours, &c.

La seconde comprend les prairies naturelles & artificielles ; les unes sont formées en grande partie d’un mélange des plantes de la famille des graminées, & placées dans des terreins humides ; les autres, qu’on peut faire dans des terreins de diverse nature, ne sont le plus ordinairement composées que d’un même genre de plantes, qui ne sont point de la famille des graminées, par exemple, de luzerne, de trefle, de sainfoin, de sauve, de pimprenelle, &c.

Dans la troisième classe sont renfermés le colsa, la navette, le lin, le chanvre, le coton, l’indigo, la garence, le houblon, le safran, la canne à sucre, &c.

Dans l’Encyclopédie méthodique on traitera d’une manière générale, & aux mots les plus convenables, des façons qu’on doit donner aux terres selon leur nature & les plantes qu’elles portent, des engrais propres à chacune, du temps & de la manière de semer & de planter, de la préparation des semences & plants, des phénomènes de la végétation, des maladies & des circonstances qui lui nuisent, des moyens de s’y opposer lorsqu’on le peut ; des récoltes & de la conservation de leurs produits. Les principes généraux seront rappelés & appliqués aux différens cas avec les modifications convenables, en y ajoutant les cultures particulières que chaque espèce de plantes exige.

Sans entrer dans tous les détails de la construction, nous nous contenterons d’indiquer ce qu’on doit y trouver réuni pour favoriser une bonne exploitation. L’Art vétérinaire, qui fait partie du Dictionnaire de Médecine, s’occupera des maladies des bestiaux élevés & entretenus dans la ferme, & le commerce se chargera des denrées qui seront le produit de la culture des terres. C’est en se renfermant ainsi dans des bornes fixées, que chaque coopérateur à l’Encyclopédie méthodique pourra simplifier son travail, & éviter des doubles emplois, qu’on a reprochés au Dictionnaire Encyclopédique.

L’on adoptera les mots latins du Dictionnaire de Botanique de M. le Chevalier de la Mark, qui fait partie de l’Encyclopédie méthodique, & on y joindra les noms françois connus, sans traiter de l’Histoire ni des caractères, ni des classes, ni des genres auxquels les plantes cultivées dans les terres appartiennent dans les diverses méthodes. Il sera peut-être nécessaire de désigner sous le nom d’espèces ce qui n’est que variété dans la science de la Botanique, parce que les cultivateurs ne peuvent avoir égard aux divisions & aux rapprochemens des Botanistes.

En examinant la nature des terreins, nous serons moins d’attention aux distinctions admises par les Chimistes & les Naturalistes, qu’à celles que l’observation fait connoître à un Agriculteur éclairé par l’expérience.

Enfin nous parlerons au mot Agriculture des différens systêmes qui partagent les Cultivateurs savans sur la manière de se procurer les meilleures & les plus sûres récoltes.

JARDINAGE.

Cette branche de l’Agriculture comprendra tous les termes, tous les noms relatifs à cet art, placés dans l’ordre alphabétique le plus exaEt. On peut les diviser ;

1o. En termes propres au Jardinage.

2o. En noms d’ustensiles particuliers au Jardinage.

3o. En terme de pratique du Jardinage.

4o. En noms des végétaux cultivés dans les jardins.

Le premier de ces ordres est composé de tous les termes qui forment, pour ainsi dire, la langue de cet art, & qui, désignant moins les choses que leur manière d’être, n’ont besoin pour être entendus que d’une définition succincte, claire, & toujours placée sous leurs noms propres.

Le second renferme tous les termes d’ustensiles employés dans le Jardinage, comme bêches, rateaux, arrosoirs, cloches, châssis, terres, &c. Ces noms-ci, indépendamment de leur définition, nécessitent des descriptions détaillées, quelquefois des figures, & toujours leur usage.

Le troisième en forme de tous les termes de pratique, comme labours, marcottes, greffes, taillis, plantation, &c. Ces mots fourniront des traités particuliers qui doivent présenter, 1o. la théorie générale de chacune de ces cultures ; 2o. leurs différentes espéces ; 3o. leurs usages ; 4o. les moyens les plus expéditifs & les moins dispendieux de les mettre en pratique.

Le quatrième & le dernier ordre comprend tous les noms des végétaux qui font l’objet de cette partie de l’Agriculture. On choifira de préférence les noms françois les plus généralement connus des Cultivateurs, auxquels on ajoutera un seul synonyme latin, choisi parmi ceux que M. le Chevalier de la Mark a adoptés dans son Dictionnaire de Botanique. On suivra la culture depuis le semis jusqu’à la parfaite croissance de la plante ; on parlera ensuite de son usage dans la pratique du Jardinage, &c. Ses propriétés en Médecine ou dans les Arts seront simplement indiquées en deux mots, afin de ne pas empiéter sur les Dictionnaires des autres Sciences, dont chacune de ces propriétés doit être l’objet ; il en sera de même des descriptions botaniques, anatomiques, & de toute la partie de la synonymie étrangère qui appartient à la Botanique.

On ne traitera dans ce dictionnaire du Jardinage que des végétaux cultivés en Europe, soit dans les jardins potagers ou à fleurs, dans les pépinières ou dans les jardins de Botanique ; ce qui composera un nombre de plus de six mille végetaux. Les autres, qui ne sont connus que par les ouvrages des botanistes ou des voyageurs, ne seront point désignés nommément ; mais on donnera des préceptes généraux sur leur culture à l’article du pays où ils croissent.

Dans tous ces articles on aura le plus grand soin de proportionner l’étendue des détails à leur degré d’importance ; ceux qui concerneront les végétaux recommandables par leur usage dans l’économie & dans les arts, tiendront le premier rang.

Les synonymes françois des végétaux trouveront leur place à leur rang dans ce dictionnaire ; mais ils n’y seront que pour indiquer leurs noms propres, auxquels ils renverront.

Bois.

La troisième division comprendra les semis & plantations ; l’aménagement & l’amélioration des forêts ; tout ce qui a rapport à la culture & à l’exploitation des arbres, baliveaux, & futaies. Nous traiterons de la culture des arbres d’avenues & d’agrément pour les bosquets & l’ornement des parcs ; des arbres & arbustes qui, quoiqu’étrangers, sont aujourd’hui devenus presque indigènes pour nous. Nous ne nous bornerons pas aux seuls arbres qui constituent & font le principal avantage des bois & forêts, comme chêne, hêtre, frêne, bouleau, peuplier, &c. ; nous y ajouterons les arbres d’un moindre rapport, comme cormier, & ceux qui sont principalement destinés à être réduits en charbon, comme cornouiller, bourgine, &c. Nous n’oublierons pas les arbres des montagues, comme pins, sapins, &c. Au mot semis, nous parlerons de tout ce qui regarde la préparation de la terre pour cet objet, &c. Nous ferons des articles pour la culture & la nature des terreins généralement propres aux arbres ; & ensuite, à chacun des articles, nous indiquerons les différences convenables à chaque espèce : c’est le moyen d’être court & d’éviter les répétitions. Ainsi, en parlant du hêtre, nous indiquerons le terrein qui est le plus convenable convenable à cette espèce d’arbre ; nous traiterons de sa culture du moment où il est de service & en état d’être exploité, de la qualité de son bois, de l’usage auquel on le destine avec le plus de profit ; nous dirons comment on l’abat, comment on le débite, & les ouvrages qui se font dans la forêt. Le chêne & les autres grands arbres des forêts seront traités de même, & chacun suivant leur nature, leurs qualités & leurs usages.

Nous comprendrons encore dans cette division la culture des vignes, des oliviers, des vergers, la taille & greffe des arbres fruitiers.

D’après l’exposition de ce plan, il est aisé de voir qu’il n’existe dans l’Encyclopédie ancienne que bien peu de matériaux relatifs à l’Agriculture, propres à entrer tels qu’ils sont dans ce nouveau dictionnaire, & qu’il est impossible de s’en servir sans leur donner la forme qui convient à ce nouvel ouvrage ; ce ne sera qu’avec la circonspection la plus réfléchie qu’on dénaturera ces articles. Un discours préliminaire pour chaque branche d’Agriculture & des tableaux analytiques présenteront l’enchaînement de toutes nos connoissances à cet égard.

[VIII.] DICTIONNAIRE D’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. Il sera précédé par une introduction aux trois Règnes de la Nature, & par l’Histoire Naturelle de l’homme ; par M. Daubenton, de l’Académie Royale des Sciences, Lecteur & Professeur d’Histoire Naturelle au Collège Royal de France, Garde & Démonstrateur du Cabinet du Jardin du Roi, &c. Ce Dictionnaire sera divisé en six parties, dont la première contiendra les Animaux quadrupèdes, auxquels on a joint les cétacées, rédigée d’après l’Histoire Naturelle des Animaux de M. de Buffon ; la seconde, les Oiseaux, par M. Mauduit, Docteur-Régent de la Faculté de Paris, & membre de la Société Royale de Médecine ; la troisième, les Quadrupèdes ovipares & les Serpens, par M. Daubenton ; la quatrième, les Poissons, par le même ; la cinquième, les Insectes, par M. Gueneau de Montbeillard, Académicien honoraire de l’Académie de Dijon ; la sixième, les Vers, par M. Daubenton. Ces six parties seront imprimées à la suite les unes des autres, & formeront trois volumes in-4o.


LIntroduction à l’Histoire Naturelle commencera par la définition de cette science & par l’énumération abrégée de ses différens objets. Ensuite j’indiquerai les limites de l’Histoire Naturelle relativement aux autres sciences qui ont le plus de rapports avec elle : telles sont l’Anatomie, la matière médicale, la Botanique, la culture des plantes, la Chimie, la Métallurgie, &c.

J’expliquerai les principes des distributions méthodiques des productions de la nature en règnes, ordres, classes, genres, espèces, sortes, & variétés.

Ensuite je discuterai cette grande question d’Histoire Naturelle, sçavoir si la nature passe d’une espèce à une autre par des nuances successives ; si toutes les espèces de ses productions pourroient être rangées sur une même ligne, de manière que chaque espèce auroit plus de rapports avec celles qui l’avoisineroient, qu’avec aucune des autres ; ou si cet ordre, au lieu d’être continu, seroit interrompu par des lacunes entre des espèces qui n’auroient pas des caractères propres à former une sorte de liaison entre elles. J’exposerai dans l’introduction à l’Histoire Naturelle les raisons qui ont été données par différens auteurs, pour prouver qu’il y a des êtres intermédiaires qui participent de la nature des minéraux & des végétaux, & qui indiquent une sorte de passage entre le règne animal & le règne végétal, & d’autres êtres qui forment une liaison entre le règne végétal & le règne animal. À la suite de cet exposé, je rapporterai l’opinion des naturalistes qui pensent au contraire que l’on n’a eu jusqu’à présent aucunes preuves décisives de passage ou de liaison entre les règnes de la nature.

Je ferai mention des principaux auteurs qui ont traité des trois règnes de la nature, & je donnerai quelques notices de leurs ouvrages.

L’introduction à l’Histoire Naturelle sera terminée par l’exposition des motifs par lesquels on s’est déterminé à faire des dictionnaires particuliers, non seulement pour chaque règne, mais aussi pour chacun des ordres ou grandes classes des productions de la nature qui leur appartiennent.

Quoique plusieurs naturalistes nomenclateurs aient mis l’homme dans une même classe avec les animaux quadrupèdes, je ne confondrai pas l’Histoire Naturelle de l’homme avec celle des animaux ; elle sera placée à la tête du dictionnaire des quadrupèdes, après l’introduction à l’Histoire Naturelle.

Comme il y aura dans l’Encyclopédie méthodique des dictionnaires particuliers pour l’Anatomie, la Médecine, l’art du Dessin, &c., on ne peut répéter dans l’Histoire Naturelle de l’homme aucun des articles qui appartiennent à ces dictionnaires ; ainsi, elle doit être réduite aux articles suivans :

Les différences qui sont entre la conformation du corps de l’homme & celle des animaux.

La naissance de l’homme & son éducation physique relativement à la force & aux proportions de son corps.

Les principales différences de la taille depuis le nain jusqu’au géant.

Les variétés de l’espèce humaine pour la couleur de la peau, les traits du visage, les proportions, la force, & la vigueur du corps de l’homme, ses alimens, &c.

Ses différens âges, la durée de sa vie, sa mort, la décomposition de son corps, ses restes embaumés, pétrifiés, &c.

L’Histoire Naturelle des animaux sera divisée en six dictionnaires méthodiques ; le premier contiendra les quadrupèdes vivipares & les cétacées ; le second les oiseaux ; les quadrupèdes ovipares & les serpens seront dans le troisième dictionnaire ; les poissons dans le quatrième, les insectes dans le cinquième, & les vers dans le sixième.

Cette division du règne animal en six dictionnaires est nécessaire pour qu’ils soient plus méthodiques, & pour rendre par conséquent l’étude de cette science plus simple & plus facile. Il auroit même fallu faire huit dictionnaires, conformément à la distribution méthodique des animaux qui les divise en huit ordres, & qui me paroît la mieux fondée sur leurs caractères distinctifs. Ces huit ordres comprennent, 1o. les quadrupèdes, 2o. les cétacées, 3o. les oiseaux, 4o. les quadrupèdes ovipares, 5o. les serpens, 6o. les poissons, 7o. les insectes, 8o. les vers. Mais les cétacées & les serpens ne sont pas assez nombreux ni assez connus pour suffire à deux dictionnaires particuliers ; on sera obligé de mettre les cétacées dans le dictionnaire des quadrupèdes vivipares, & les serpens dans celui des quadrupèdes ovipares.

Quadrupèdes et Cétacées.


Toute l’Europe s’accorde à regarder l’Histoire des animaux de M. de Buffon comme l’un des plus beaux ouvrages de ce siècle. On sent bien qu’avec un tel guide il seroit superflu de chercher à s’ouvrir des routes nouvelles dans cette partie de l’Histoire Naturelle ; aussi l’Histoire des animaux quadrupèdes sera-t-elle rédigée ici tout entière d’après celle de M. de Buffon, mais en y mettant les modifications, & en y donnant la forme que prescrit le plan général de nos dictionnaires.

Pour nous y conformer en tout, nous donnerons à l’article quadrupèdes, une distribution méthodique de leurs différentes familles : mais notre méthode, simple, naturelle, ne fera que rassembler ces animaux suivant que l’on pourra remarquer entre eux plus de traits de conformité : on tâchera sur-tout d’éviter les réunions forcées, quelquefois monstrueuses, des natures éloignées & disparates, rien n’étant plus déplacé que ces contrastes pénibles dans une méthode dont le but est & doit être de réunir les êtres qui se ressemblent, & de les rapprocher dans l’ordre de leurs rapports.

Tout ce qui peut avoir paru de nouveau depuis la publication de l’Histoire des quadrupèdes de M. de Buffon, ou ce qu’il y a lui-même ajouté dans ses supplémens, sera refondu sous chaque article : ceux des animaux sauvages seront enrichis de tous les détails de leur chasse.

Les espèces seront rangées dans ce nouveau dictionnaire sous leurs véritables dénominations ; & tous les noms triviaux, savans, nationaux, ou étrangers, étant rapportés par renvois à ces vrais noms, on verra s’éclaircir la confusion dans laquelle l’ancienne Encyclopédie avoit laissé cette partie de l’histoire des animaux ; souvent, en effet, dans cet ouvrage on n’avoit fait qu’extraire, sans discuter & sans comparer les objets, ce qu’avoit dit chaque voyageur sur les animaux du pays qu’il parcouroit ; de sorte qu’un même animal, donné plusieurs fois sous plusieurs noms barbares, n’étoit reconnoissable sous aucun[5].

Les cétacées ou grands animaux marins du genre de la baleine, qui semblent, par leur forme extérieure & par l’élément qu’ils habitent, appartenir aux poissons, tiennent néanmoins aux quadrupèdes par une analogie de nature bien plus étroite & plus intime ; ils respirent comme les quadrupèdes ; ils engendrent & allaitent de même leurs petits : toute la conformation intérieure de leurs organes & de leurs viscères est la même. D’après ces rapports singuliers & frappans, les cétacées semblent mieux placés dans le dictionnaire des quadrupèdes que dans toute autre partie de l’Histoire Naturelle ; & leurs articles, traités ici avec soin, n’en feront que plus désirer l’histoire de ces animaux, dont on s’occupe actuellement sous les yeux de M. le Comte de Buffon. On joindra à chaque article tout ce qui concerne la chasse & la pêche des quadrupèdes & des cétacées.

Oiseaux.


Le dictionnaire ornithologique sera précédé d’un discours général sur la nature des oiseaux. Je commencerai par les comparer aux autres animaux & entre eux, relativement à la forme extérieure & à l’organisation interne. Je traiterai ensuite des méthodes ou des systêmes proposés pour en rendre la connoissance plus facile. Je terminerai cette partie par une notice abrégée des meilleurs ouvrages sur l’Ornithologie.

L’examen des parties internes donnera les raisons d’un grand nombre des habitudes des oiseaux en général, & de celles de plusieurs familles de ces animaux. On appréciera leurs perceptions d’après le mécanisme de leurs sens, & on confirmera cette théorie par des faits empruntés de l’observation.

Quant à la nomenclature, je suivrai celle de M. de Buffon, comme la plus récente, la plus exacte, & la plus étendue. J’emprunterai en outre de ses ouvrages, mais en observant de les citer, les faits, les pensées, & jusqu’aux expressions même, quand je le croirai nécessaire.

Par rapport à la méthode systématique, je suivrai celle de M. Brisson, parce qu’elle est la plus simple & en même temps la plus générale. Je bornerai la synonymie des oiseaux à celles de Brisson, Edwars, Belon, Catesbi, afin de ne pas grossir inutilement cet ouvrage. Les descriptions offriront, autant que les sujets le permettront, quelques traits distinctifs de chaque espèce d’oiseaux ; elles seront terminées par les faits les plus connus & les plus avérés qui ont rapport à leurs mœurs particulières, habitudes, &c.

Indépendamment de ces objets, on traitera dans le plus grand détail de tout ce qui a rapport aux oiseaux en général ; tels seront les mots oiseau, conservation, plumage, &c. Chacun de ces articles sera autant de discours particuliers qui offriront aux lecteurs (autant qu’il sera possible) ce qu’ils peuvent désirer de connoître sur ces matières.

Je traiterai aussi, dans des articles séparés, de ce qui est relatif à la fauconnerie & aux différentes chasses que l’on fait des oiseaux.

Quant aux articles contenus dans l’Encyclopédie, je n’en ferai qu’un usage borné, parce que le plan que les auteurs de cette partie ont suivi, n’est pas conforme au mien ; que beaucoup d’articles en particulier me paroissent défectueux, & que plusieurs ne présentent au lecteur aucune idée qu’il puisse saisir.

Cette Ornithologie sera terminée par deux tables ; l’une méthodique, l’autre alphabétique. La première indiquera les matières & l’ordre dans lequel on devra les lire, pour tirer du dictionnaire encyclopédique le même avantage que d’un traité suivi sur le même objet ; la seconde sera double, l’une françoise, l’autre latine ; on renverra de la seconde à la première.


QUADRUPÈDES OVIPARES ET SERPENS.

LA plupart des animaux qui ont quatre pieds sont vivans lorsqu’ils sortent du ventre de leurs mères ; on les nomme simplement quadrupèdes. Il y a d’autres animaux à quatre pieds qui pondent des œufs, & que l’on appelle quadrupèdes ovipares, pour les distinguer des quadrupèdes vivipares.

Le dictionnaire des quadrupèdes ovipares contiendra toutes leurs dénominations, qui sont les crapauds, les grenouilles, les tortues, les lézards, les crocodiles, les caméléons, les salamandres, le scinque, &c.

La dénomination de chaque espèce sera suivie du nom latin. Je décrirai le mâle & la femelle ; cette description comprendra non seulement les parties extérieures du corps, mais aussi les principaux viscères. Je ferai remarquer les caractères distinctifs de ces animaux par rapport à leur sexe & aux autres espèces de leur genre. Je rapporterai ce qui a été observé sur leur accouplement, sur leur ponte, sur leurs œufs ou leur frai, sur leur naissance & leurs métamorphoses, autant qu’il sera possible de remplir tous ces différens objets.

Ces descriptions étant faites pour un dictionnaire d’Histoire Naturelle, ne renfermeront aucune connoissance d’Anatomie, puisque les objets de ces deux sciences sont très-différens l’un de l’autre ; j’en rapporterai les raisons dans l’introduction à l’Histoire Naturelle.

Après avoir donné la description des parties extérieures & intérieures de chaque espèce d’animaux ovipares, j’exposerai la qualité de leurs alimens & la manière dont ils les prennent ; je ferai mention de leurs allures, de leurs habitations, & de leurs précautions pour leur sûreté, des moyens qu’ils ont pour attaquer ou pour se défendre, & des ruses qu’ils employent pour saisir leur proie.

Ensuite je citerai les pays où ils se trouvent ; je rapporterai la manière dont on prend ces animaux & dont on les pêche, les propriétés dont ils sont doués, & l’usage que l’on en fait. Mais en traitant de ces objets je ne ferai aucune mention de ce qui a rapport à la cuisine, à la Médecine, ou aux arts ; par exemple, de la manière dont on prépare les grenouilles pour les manger, les tortues pour des bouillons médicinaux, & leur écaille pour différens ouvrages. Je finirai l’article de chaque espèce d’animaux ovipares, en renvoyant au nom générique.

La dénomination de chaque genre sera suivie d’une exposition de ses caractères distinctifs relativement aux autres genres de sa classe : ensuite je ferai l’énumération des espèces qu’il contient, & je terminerai l’article par un renvoi à la classe, sous la dénomination des quadrupèdes ovipares.

A l’article de cette classe, j’exposerai les caractères qui distinguent les animaux qu’elle comprend, des animaux des autres classes, & je renverrai au discours préliminaire qui doit être à la tête du dictionnaire des quadrupèdes vivipares.

On trouvera aussi dans le dictionnaire des quadrupèdes ovipares, l’explication des termes particuliers qui sont en usage pour designer certaines parties de leurs corps, ou leurs différens états, par exemple, écaille, goître, métamorphose, tetard.

Les Serpens ne sont ni assez nombreux, ni assez connus pour en faire un dictionnaire particulier ; d’ailleurs ils ont beaucoup de rapports avec les quadrupèdes ovipares ; c’est pourquoi je mettrai les serpens avec ces animaux dans le même dictionnaire.

Par conséquent il contiendra les dénominations des espèces & des genres des serpens avec leurs noms latins. Chaque article sera traité de la même manière que ceux des quadrupèdes ovipares. Je terminerai les articles des genres par un renvoi au mot serpent. L’article qui suivra ce mot, contiendra l’exposition des caractères distinctifs de la classe des serpens, relativement aux autres classes des animaux. Ensuite je ferai l’énumération des différens genres de serpens, & je finirai par des renvois à l’introduction à l’Histoire Naturelle.

POISSONS.

On donne vulgairement le nom de poisson aux cétacées, aux poissons cartilagineux, & aux épineux ; mais dans un dictionnaire méthodique, les cétacées ne peuvent pas être mis au nombre des poissons, parce qu’ils ont beaucoup moins de rapports avec ces animaux qu’avec les quadrupèdes. D’ailleurs, on aura traité des cétacées dans le premier des dictionnaires d’Histoire Naturelle ; ils se trouveront mélés par ordre alphabétique avec les quadrupèdes, parce qu’ils sont trop peu nombreux & trop peu connus pour suffire à un dictionnaire particulier.

Quelques auteurs ont séparé les poissons cartilagineux des autres poissons, & les ont réunis aux quadrupèdes ovipares, aux lézards, & aux serpens dans une même classe, sous la dénomination d’amphibies ; mais les poissons cartilagineux ont assez de rapport avec les autres, pour qu’on les mette tous ensemble dans le même dictionnaire.

Il y a un grand nombre d’espèces d’animaux auxquels on donne souvent, & fort mal à propos, le nom de poisson ; tels sont les animaux des coquillages. L’animal qui est dans la coquille d’un escargot ou d’une huître, n’est certainement pas un poisson ; a sera mis au rang des vers ; il ne se trouvera, comme les animaux de tous les autres coquillages, que dans le dictionnaire des vers.

Celui des poissons contiendra les noms de toutes les espèces connues des poissons cartilagineux & des épineux. La dénomination françoise de chaque


espèce sera suivie du nom latin le plus en usage. Je décrirai les parties extérieures du mâle & de la femelle, les principaux viscères & les parties qui forment le squelette ou qui en tiennent lieu. J’indiquerai leurs alimens & les lieux où ils se trouvent dans la mer ou dans les lacs, les fleuves, les ruisseaux, &c. J’exposerai la manière dont ils poursuivent & dont ils saisissent leur proie, les moyens qu’ils emploient pour leur sûreté & pour leur défense. Je ferai mention de ceux qui volent ou qui subissent des métamorphoses ; ensuite j’indiquerai la route & le temps de leurs migrations ; le décrirai leur accouplement ou leur frai, & la manière dont on fait les pêches, autant que chaque espèce de poisson sera connue & pourra fournir à tous ces articles ; je finirai par un renvoi au mot poisson.

L’article qui suivra e mot commencera par l’exposition des caractères de l’ordre des poissons, & par l’énumération des classes & des genres de chaque classe. Enfin je nommerai les auteurs qui ont le mieux traité de ces animaux, & je ferai une notice de leurs ouvrages.

INSECTES.

Ce nouveau dictionnaire raisonné d’Insectologie ; moins limité dans son plan, & d’ailleurs susceptible d’augmentations intéressantes, ne fût-ce qu’à raison des nouvelles découvertes, remplira trois objets principaux.

1°. Il présentera la liste la plus complète de tous les noms françois ou francisés, vulgaires ou scientifiques des insectes, comme aussi de toutes les dénominations composées, par lesquelles les principaux écrivains ont désigné chaque classe, chaque ordre, chaque famille, chaque genre, chaque espèce de ces petits animaux, avec des réflexions sur les règles que l’on doit suivre dans la formation ou l’application de ces noms simples ou composés, & principalement sur les inconvéniens de leur excessive multiplication, sur les abus de la licence que prennent la plupart des naturalistes d’appliquer les mêmes noms à des objets différens ; abus, inconvéniens qui commencent déjà à le faire sentir, & qui, s’ils augmentent à l’avenir dans la même proportion, ne peuvent qu’embarrasser beaucoup la science des choses, & finiront par l’accabler sous le poids d’une stérile & vicieuse nomenclature.

2°. On joindra à ces connoissances nominales, mais essentielles, comme on voit, des connoissances plus réelles ; par exemple, celles des différentes parties tant extérieures qu’intérieures des insectes ; celles des différentes formes par lesquelles elles passent successivement depuis l’œuf jusqu’à l’âge adulte, qu’on appelle vulgairement l’état de perfection ; celles des actions, manœuvres, industries, mœurs, qui sont toujours, plus ou moins évidemment, le résultat de la conformation. On tâchera de tirer de ces connoissances particulières quelques conséquences sur la nature des insectes, & en général sur l’organisation animale que le grand être semble avoir réduite à ses élémens les plus simples, &, pour ainsi dire, à sa dernière analyse dans ces infiniment petits de la nature vivante.

3°. On s’étendra particulièrement sur deux classes d’insectes : ceux qui sont utiles & ceux qui sont nuisibles. On indiquera les moyens les plus sûrs de tirer parti des premiers, d’augmenter, s’il se peut, leur utilité, d’en trouver même aux insectes qui, par notre ignorance ou notre faute, sont restés jusqu’ici dans la classe des inutiles.

A l’égard des insectes nuisibles, soit de ceux qui nous font frissonner par leur figure hideuse, & qui ne sont pas les plus nuisibles, soit de ceux qui nous menacent au dehors d’atteintes cruelles & même dangereuses ; soit de ceux qui nous rongent intérieurement & renaissent sans cesse de notre substance pour la dévorer sans cesse ; soit enfin de ceux qui menacent nos campagnes d’une désolation générale par leur nombre & leur voracité. Nous nous attacherons à les faire connoître, à donner, si j’ose ainsi parler, leur signalement au genre humain : c’est déjà beaucoup de connoître ses ennemis ; mais nous ne nous en tiendrons pas là ; nous nous proposons d’indiquer, autant qu’il sera possible, les moyens de les détruire, d’éviter leurs coups, ou du moins, si leurs coups sont inévitables, de prévenir toutes suites fâcheuses, ou de les adoucir.

On renverra, pour la plus facile intelligence du texte, à des figures exactes qui seront, non de luxe, mais de nécessité, & que l’on ne se per-


mettra que lorsqu’on les jugera plus propres qu’aucune description à donner des notions justes & précises des parties principales & caractéristiques des insectes.

Enfin on ajoutera à la suite du discours préliminaire les tableaux comparés des méthodes insectologiques les plus connues, seul moyen de pouvoir tirer avantage de ce que ces méthodes ont de bon, & de dissiper les nuages que la licence des méthodistes répand tous les jours sur cette partie de l’Histoirc Naturelle.

VERS.

La plupart des naturalistes nomenclateurs les plus célèbres comprennent, sous la dénomination de vers, un grand nombre d’espèces d’animaux de différens genres. Ainsi, le dictionnaire méthodique des vers comprendra non seulement ceux qui sont vulgairement connus sous ce nom, comme les lombrics, les ascarides, les douves, les vers à tuyau, &c., mais encore les sang-sues, les limaces, les scolopendres, les orties de mer, les seches, les étoiles de mer, les oursins, &c.

Les animaux des coquillages seront aussi mis au nombre des vers, pour des raisons qu’il seroit trop long de déduire ici, & qui seront rapportées dans le dictionnaire au mot coquillage.

Enfin ces animaux de forme si singulière, que l’on a nommés zoophytes, sont regardés comme des vers par plusieurs naturalistes nomenclateurs ; les zoophytes ont été divisés en plusieurs genres, sous les dénominations de coraux, de millepores, madrepores, tubipores, alcyonium, éponges, &c.

Tous les articles du dictionnaire des vers seront traités comme ceux des dictionnaires des quadrupèdes ovipares, des serpens, & des poissons.

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[IX.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISONNÉ DE BOTANIQUE ;

par M. le Chevalier de la Marck, de l’Académie Royale des Sciences, deux volumes in-4o.

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ON ne peut attribuer qu’au défaut de rédacteur particulier pour chacune des sciences qui sont traitées dans l’Encyclopédie, la grande imperfection que la Botanique nous paroît avoir dans cet ouvrage. Il y manque plus de la moitié des végétaux, même les plus connus. Les divers articles où il en est fait mention, sont placés la plupart sous des noms étrangers, que les botanistes n’ont pu adopter, & qui en rendent la recherche impossible. Les doubles emplois y sont très-nombreux, faute de s’être entendu sur les noms. Une plante connue n’y est souvent désignée que par un nom barbare. Des hommes cependant d’un mérite supérieur ont fourni à l’ancienne Encyclopédie


des articles excellens, Tels sont, entre autres, MM. Adanson, de l’académie royale des sciences, Daubenton de Montbard, le Baron de Tschoudy, &c. ; mais les travaux de ces savans ne consistent que dans des articles isolés, sans rapport, sans suite, & non dans l’exposition des vues & des principes de la science qui en est l’objet, ni dans l’ordre ou le plan de composition de ces mêmes articles. Pour remédier à ces défauts, je vais exposer le plan de travail que j’ai particulièrement adopté.

Je placerai au commencement du dictionnaire des végétaux un discours préliminaire, dans lequel j’exposerai succinctement l’origine, les progrès, & l’état actuel de la Botanique ; j’y ferai connoître les principaux systêmes des Botanistes & les méthodes les plus remarquables. Ce discours sera terminé par une vue générale sur l’ordre naturel des végétaux, & sur les familles & les genres des plantes.

Le dictionnaire Botanique contiendra l’explication de tous les termes de la Science, considérés dans leurs différens rapports ; les uns, par exemple, comme Ordre, Systême, Méthode, Analyse, Classe, Section, Famille, Genre, Espèce, Variété, Caractère, Rapport, &c., contiendront le développement exact de l’idée de l’emploi de chacun de ces mots, les autres présenteront la définition claire & précise des différentes parties des plantes ; ainsi, aux mots Racine, Tige, Branche, Feuille, Fleur, Etamine, Fruit, Semence, &c., on trouvera tous les détails suffisans pour faire connoître ces parties ; des figures exactes & rigoureusement correspondantes aux discours, viendront à l’appui des explication.

Quant à la description des végétaux, comme le nombre des articles est extrêmement considérable, on s’arrêtera particulièrement aux végétaux (herbes ou arbres) qui méritent le plus d’attention, soit à cause de leur utilité dans la Médecine, soit comme aliment, ou comme propre à nos vêtemens, soit à cause de leur utilité dans les Arts, soit comme ornement dans les jardins, &c. ; tous les autres ne seront cités que par une définition précise & succincte ; car sans rien passer de ce qui est bien connu, je me tiendrai dans les véritables proportions qu’exige chaque objet. J’in-


diquerai le lieu natal de chaque plante, sa durée en général, le temps de sa floraison, ses qualités particulières, son utilité sous quelque point de vue que ce soit.

Les végétaux seront placés chacun sous un nom générique le plus généralement connu ou adopté des Botanistes ; mais à chaque article on indiquera les noms communs les plus connus, & les noms même usités dans les diverses parties du monde ; & ces différens noms ainsi employés procureront cet avantage, que lorsqu’on cherchera une plante dans le dictionnaire des végétaux, on la trouvera immanquablement, puisque le nom vulgaire, le nom du lieu natal & le nom scientifique s’y trouveront. Quant à la synonymie des végétaux, on la bornera à la seule phrase botanique de Tournefort & de Linné, ou, à leur défaut, on citera l’auteur particulier duquel on aura emprunté.

Après le discours préliminaire je placerai des tableaux d’analyse en nombre suffisant, & composés de manière que par leur moyen toute plante que l’on observera & dont on ignorera le nom, pourra être connue dans un instant. L’ouvrage entier dont on vient d’exposer le plan, participera donc des avantages attachés à la forme du dictionnaire, & pourra servir en même temps, comme si c’étoit un traité particulier de Botanique, à tous ceux qui en voudroient faire une étude suivie.

On placera à la fin de l’ouvrage une table qui renfermera tous les noms latins des plantes, ainsi que les termes particuliers latins, usités dans les écrits des Botanistes.

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[X.] DICTIONNAIRE D’HISTOIRE NATURELLE DES MINÉRAUX ;

par M. Daubenton, un volume in-4°.

Les animaux & les végétaux sont des êtres organisés, & par conséquent des individus qui constituent des espèces constantes. Elles diffèrent les unes des autres par des caractères plus distincts que ceux des minéraux, qui ne sont pas des individus. On ne peut les rapporter à des espèces, ni distribuer leurs différentes sortes & leurs variétés en genres, en classes, & en ordres par des caractères assez distinctifs, pour que les minéraux soient partagés en plusieurs dictionnaires méthodiques, comme les animaux & les végétaux.

J’exposerai dans l’Introduction au règne minéral les différences qui sont entre les minéraux & les végétaux, & je ferai un précis des opinions de quelques auteurs sur le passage du règne animal au règne végétal.

Je donnerai une idée générale des principaux objets de la Minéralogie ; ensuite je ferai men-


tion des meilleurs ouvrages qui ont été faits sur cette science. Enfin j’expliquerai ma méthode pour classer les minéraux & les moyens que je suivrai pour les désigner par des caractères distinctifs.

Un dictionnaire méthodique de Minéralogie doit contenir, 1°. les noms de chacune des productions du règne minéral ; 2°. les dénominations génériques par lesquelles on indique plusieurs sortes de minéraux, que l’on dit être de même genre ; parce qu’ils ont plus de rapports entre eux qu’avec les autres minéraux ; 3°. les termes particuliers que les Naturalistes emploient dans la science de la Minéralogie ; 4°. les noms que l’on a donnés aux principales opérations de la nature dans la formation des minéraux.

La plupart des minéraux ont chacun plusieurs noms ; il est fort inutile & très fâcheux qu’il y ait plus de dénominations à apprendre que de choses à connoître. Il seroit à souhaiter qu’il n’y eût point de noms synonymes en Histoire naturelle ; mais il est absolument nécessaire de les faire tous entrer dans un dictionnaire, afin que l’on y trouve la signification de ceux que l’on aura rencontrés dans des livres, ou dont on aura entendu parler. Après une courte explication de ces noms synonymes, je renverrai au nom que j’aurai adopté.

J’adopterai pour chaque minéral le nom le plus généralement reçu ; mais dans le cas où ce nom donneroit une fausse idée de la chose dénommée, je préférerois un synonyme, s’il s’en trouvoit quelqu’un dont la signification fût meilleure. Je n’emploierai de nouveaux noms que dans une nécessité absolue, dont je rendrai compte en expliquant la nouvelle dénomination.

Le nom de chaque sorte de minéral sera suivi de l’énumération de ses synonymes, de la description du minéral & de ses variétés, de la définition de sa nature autant qu’elle sera connue, de l’explication de sa formation si elle a été découverte, & d’un précis des opinions que l’on a eues à ce sujet. Ensuite j’indiquerai les lieux où se trouve le minéral dont il s’agira ; j’exposerai ses usages & la manière dont on le prépare, s’il peut fournir à tous ces articles. Je finirai par un renvoi à la dénomination du genre de chaque sorte de minéral.

Après la dénomination de chaque genre, j’exposerai ses caractères distinctifs, & je ferai l’énumération des différentes sortes de minéraux qu’il comprendra ; enfin j’indiquerai par un renvoi la dénomination de la classe dont il dépendra.

La dénomination de chaque classe sera suivie de l’exposition de ses caractères distinctifs & de l’énumération des genres qu’elle contiendra. L’article sera terminé par un renvoi à la dénomination de l’ordre de minéraux auquel la classe appartiendra.

Après la dénomination de chaque ordre de minéraux, je rapporterai ses caractères distinctifs, & je renverrai à l’introduction au règne minéral, & aux mots Règne minéral, Minéralogie, & Méthode.

Il y aura aussi des articles pour chacun des noms que les naturalistes ont donnés aux principales opérations de la nature ; par exemple, Suc lapidifique, Concrétion, Cristallisation, Pétrification, Minéralisation, Efflorescence, première Formation, Destruction, seconde Formation, &c. On donnera un précis des opinions des meilleurs auteurs sur chacune de ces opérations de la nature.

Supposons qu’un dictionnaire de Minéralogie, ou d’une autre science, contienne tous les mots qui doivent s’y trouver ; supposons encore que tous les artiles relatifs à ces mots soient bien traités, on trouvera dans ce dictionnaire les mots dont


on voudra savoir l’explication ; mais on n’aura que des connoissances détachées, & dont presque tous les objets seront très-disparates. Si l’on suit les renvois pour lire les articles qui y sont indiqués, on acquerra de nouvelles connoissances qui auront un rapport immédiat avec les premières ; mais cet ensemble sera encore très-borné. On ne pourra jamais s’instruire complètement d’une science dans un dictionnaire, si l’on n’a un moyen d’y trouver les principes & les détails de cette science, d’une manière aussi suivie que dans un traité méthodique.

Pour que ce moyen soit possible, il faut que le dictionnaire contienne réellement un traité méthodique de la science qui en fait l’objet. Ce traité y est morcelé par articles qui ont pour titres des mots rangés par ordre alphabétique. J’exposerai dans le dictionnaire des minéraux la suite de ces articles par ordre méthodique, pour donner un moyen de lire dans ce dictionnaire un traité suivi de la science dont il traite. Chaque article du dictionnaire de Minéralogie aura en tête le nom d’un minéral, & en indiquera le genre, la classe, & l’ordre. Je regarde ces articles comme essentiels par opposition aux articles des noms synonymes qui doivent nécessairement se trouver dans un dictionnaire, comme je l’ai déjà dit, mais qui sont plus nuisibles qu’utiles à la science. Ces derniers articles seront marqués d’une étoile en tête, pour empêcher qu’ils n’offusquent les autres, & qu’on ne leur donne plus de valeur & d’attention qu’ils n’en méritent.

Le dictionnaire sera suivi d’une liste qui contiendra par ordre méthodique,

1°. Les termes particuliers que les Naturalistes employent dans la science de la Minéralogie.

2°. Les dénominations que l’on a données aux principales opérations de la nature dans la formation des minéraux.

3°. Les noms de chaque minéral.

En lisant successivement dans le dictionnaire les articles qui auront pour titre les même mots que ceux de la liste méthodique, on pourra étudier la Minéralogie par principes & par méthode, comme dans un traité complet de cette science.

On mettra le nom latin de chaque minéral après son nom françois, pour rendre la nomenclature plus complète & plus sûre, & pour la mettre plus à la portée des étrangers qui n’ont qu’une connoissance imparfaite de notre langue. Mais les noms latins ne pourront pas être rangés par ordre alphabétique comme les noms françois qui les précéderont. Par conséquent si l’on vouloit avoir l’explication d’un mot latin dont on ne connoîtroit pas le synonyme françois, on ne pourroit pas trouver ce nom latin par ordre alphabétique. Il est donc nécessaire de rassembler les noms latins des minéraux à la fin du dictionnaire, & de les disposer par ordre alphabétique, avec un renvoi de chacun de ces noms latins aux noms françois qui leur correspondent.

Par conséquent il y aura deux tables à la fin du dictionnaire, l’une méthodique & l’autre alphabétique ; la première rendra l’étude de la Mi-


néralogie plus facile, & l’autre fera trouver les noms satins plus aisément. Il faut employer toutes sortes de moyens pour ménager le temps de l’étude, & pour épargner aux gens de lettres la peine de feuilleter des livres inutilement.

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[XI.] DICTIONNAIRE D’HISTOIRE NATURELLE, contenant la Géographie-Physique

ou les phénomènes généraux de l’Histoire Naturelle de la Terre ; par M. DESMAREST, de l’Académie Royale des Sciences, & Inspecteur des Manufactures de la Champagne. ([6])

Le plan de cet ouvrage a été tracé depuis long-temps au mot Géographie-Physique de l’ancienne Encyclopédie : c’est là qu’on pourra voir les détails des objets qui seront traités dans le nouveau Dictionnaire. Ainsi, pour donner une idée de ce travail, je me contenterai d’indiquer ici seulement les masses de ces objets. Dans un discours préliminaire, j’exposerai les principes d’une méthode observation, que je crois la plus propre à reculer les bornes de la Géographie-Physique ; je montrerai ensuite l’enchaînement encyclopédique de tous les articles qui forment actuellement le corps de cette science. Je considérerai d’abord tout ce qui peut avoir rapport à la formation des vapeurs & des nuages qui se résolvent en pluies, ou qui tombent en neiges : cet examen me conduira naturellement à traiter, avec une certaine étendue, des amas de neiges & de glaces placés sur les hautes montagnes, & à les faire envisager comme des réservoirs qui servent à l’aliment d’un grand nombre de rivières & de fleuves. Les sources, les fontaines qui tiennent à cette même économie, seront aussi décrites dans les mêmes vues. Avec ces premières instructions je parcourrai tous les phénomènes des eaux circulantes à la superficie des continens ; je suivrai les ruisseaux, les torrens, les rivières de différens ordres, les fleuves, les lacs que les fleuves traversent, les crues & les inondations accidentelles ou périodiques de ces rivières, enfin les glaces qu’elles charient, leurs débacles, &c. On ne peut observer ainsi les démarches d’un agent toujours en mouvement, sans reconnoître les résultats de ses destructions & de ses transports immenses. Je considérerai sous ces deux points de vue les vallées de différens ordres, leurs ramifications, leurs dispositions relatives, les bassins des grandes rivières, les pentes générales & particulières, les points de partage des eaux, les montagnes, les collines, les


plaines, les isles des fleuves, & les atterrissemens formés à leurs embouchures dans la mer.

L’inspection des parties intérieures de la terre qui ont été découvertes par l’excavation des vallées, me donnera lieu de distinguer différens massifs distribués sur les continens, suivant un certain arrangement relatif. Les couches horizontales ou inclinées, leur organisation, les divers matériaux qui entrent dans leur composition, les pays de granits seront décrits suivant les principes de M. Rouelle, qui, le premier, nous a donné, dans ses leçons, les caractères de l’ancienne & de la nouvelle terre ; distinction vraiment lumineuse, & le fondement de l’étude du globe. Je me permettrai cependant d’y faire toutes les additions & les modifications qui semblent autoriser des recherches postérieures, mais toujours dans les principes de ce grand maître.

La mer sera considérée comme l’égout de tous les fleuves & le grand réservoir des eaux qui sont reportées continuellement par l’atmosphère sur les continens. Après avoir indiqué les causes qui contribuent à la salure des eaux de la mer, & à la lumière qu’elles rendent en certains temps, je décrirai les différentes configurations de son bassin & de ses bords, les méditerrannées, les golfes, les baies, les caps, les falaises, les dunes, enfin les presqu’îles & les isthmes, les îles & les détroits. Tous ces détails me conduiront à traiter des changemens que le bassin de la mer a pu éprouver, soit en discutant les preuves des invasions & du séjour qu’elle a fait sur les continens, soit en traçant les limites de ses anciens bords, ou en indiquant les témoins de ses retraites successives.

Tous les phénomènes que nous venons de présenter succinctement, tiennent à une suite d’opérations, dont les progrès sont plus ou moins marqués, mais toujours constans. Il est une autre classe de phénomènes dont les retours, quoiqu’accidentels, m’occuperont aussi : tels sont les ouragans, les trombes, les tremblemens de terre & les éruptions des volcans. Il sera curieux de comparer leurs effets avec ceux des autres phénomènes. Je m’attacherai, par exemple, à montre comment les opérations du feu dans les volcans se sont combinées avec celles des agens ordinaires. Ainsi, j’indiquerai les centres d’éruption, soit qu’ils se présentent sous la forme de cratère ouvert, ou sous celle de simple culot ; les courans de laves, soit qu’ils soient placés on sur les plaines élevées, ou dans le fond des vallons ; enfin les altérations successives de certaines production du feu. Je terminerai tout ce travail en jetant un coup-d’oeil général sur les cantons volcanisés de la France, & même des autres contrées de l’Europe : on pourra pour lors comparer l’étendue des cantons incendiés avec les autres parties qui sont restées intactes.

Il est aisé de voir, d’après le détail des objets dont s’occupe la Géographie-Physique, qu’un corps complet de cette science pourroit tenir lieu d’une théorie de la terre. Cependant on se guide en Géographie-Physique sur des principes totalement différens de ceux qu’on paroît avoir adoptés dans les théories de la terre qui ont paru jusqu’à présent. Dans la Géographie-Physique, on n’admet les résultats généraux des observations, qu’autant qu’ils sont bien établis, & on ne les réunit à d’autres, qu’autant que leur liaison peut s’exécuter naturellement & sans effort : enfin elle souffre les vuides par-tout où les faits manquent, & elle attend du temps & des recherches ultérieures les faits dont elle peut avoir besoin.

Dans les theories de la terre, au contraire, comme on a pour but principal de tout expliquer, & de placer des causes à côté des effets connus, on se trouve forcé de remplir les vuides par des agens hypothétiques qui produisent les révolutions & les catastrophes dont on a besoin. Il n’est donc pas étonnant que les théories de la terre se détruisent à mesure qu’elles se succèdent les unes aux autres. Mais comme la Géographie-Physique s’enrichit toujours des débris de ces théories, par l’éclaircissement de certains points importans que chacune d’elles ont procurés, je dois faire l’histoire de ces théories pour recueillir ces débris.

Lorsque j’aurai lieu d’exposer une théorie importante dans quelques-uns des articles principaux de ce dictionnaire, pour ne pas interrompre le développement des principes par la description des faits justificatifs, je renverrai à d’autres articles dépendans du premier : c’est là où je donnerai dans le plus grand détail les observations qui peuvent servir de fondement à la théorie ; c’est là aussi que l’on pourra reconnoître & vérifier tous ces faits. Je multiplierai beaucoup ce genre de preuve, & je pense que c’est un moyen de rendre les articles de Géographie locale intéressans, en indiquant, par exemple, les environs d’une ville, un lac, une montagne, un golfe, comme contenant les preuves les plus frappantes d’un principe dont l’application peut être d’une grande utilité dans d’autres circonstances semblables.

Les phénomènes généraux de l’Histoire Naturelle de la terre étant proprement l’objet de la Géographie-Physique, c’est d’après ces vues que je traiterai les articles qui pourront lui être communs avec la Physique ou les autres parties des Sciences : ainsi, je parlerai de l’aimant, des vents, des nuages, en les considérant toujours comme des affections générales du globe.

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[XII.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISON. DE GÉOGRAPHIE

ancienne & moderne ; par MM. ROBERT, Géographe du Roi, & MASSON DE
MORVILLIERS, Avocat au Parlement ; & quant à la Géographie ancienne, par
M. MENTELLE, Historiographe de Mgr. Comte d’ARTCIS, Pensionnaire du
Roi, Professeur émérite d’Histoire & de Géographie à l’Ecole Royale Militaire,
de l’Académie des Sciences & Belles-Lettres de Rouen, &c. &c. ; & quant aux
Cartes, par M. BONNE, Ingénieur-Hydrographe de la Marine, deux volumes in-4o.

LA Géographie de l’Encyclopédie est défectueuse à toutes sortes d’égards. Elle n’est qu’un répertoire d’erreurs, de méprises, & d’inexactitudes. La nomenclature y est très-incomplète. Les articles omis y sont en si grand nombre, qu’il en manque souvent deux, trois, & jusqu’à huit de suite. Dans les trente premières pages, nous en avons suppléé quarante-deux, & parmi les articles omis, il n’est pas rare de trouver des lieux considérables, des capitales, & même des états souverains. Les noms des lieux y sont souvent tronqués ; les degrés de longitude & de latitude faussement assignés ; des villages y sont donnés pour des villes ; des capitales, des villes célèbres y sont décrites en quelques lignes, & souvent. par un abus contraire, on y décrit des villes qui n’ont jamais existé ; enfin il n’y a nul plan, nul ordre, nulle proportion dans l’ensemble & dans les parties. On y rencontre, à la vérité, quelques articles excellens, comme le mot Géographie, par M. Robert de Vaugondy. Nous nous ferons un devoir de les conserver en entier.

Notre premier objet a été de corriger toutes les erreurs, de suppléer aux omissions, de réduire chaque article à ses véritables dimensions, de ne point traiter un lieu qui n’offre rien de remarquable, avec l’étendue d’un ville considérable. Nous nous sommes renfermés dans les bornes qu’un dictionnaire de Géographie, qui fait partie de l’Encyclopédie méthodique, doit avoir. Nous nous sommes particulièrement attachés à compléter la nomenclature, & à ne puiser que dans des sources qui ne pouvoient nous induire en erreur. Nous les citerons dans le discours préliminaire. L’un de nous (M. Robert) a fait souvent sa partie de visu, parce qu’ayant voyagé vingt ans, & parcouru en détail les diverses contrées de l’Europe, il a été en état de juger par lui-même de l’exactitude & de la vérité des faits avancés par les divers Géographes. Toutes nos divisions seront claires & méthodiques. Nous placerons à l’article de chaque royaume des tableaux qui contiendront le détail de ce qu’ils renferment, & ces tableaux réunis formeront dans le discours préliminaire l’arbre encyclopédique de toutes les connoissances géographiques : & le lecteur pourra s’en servir pour étudier la Géographie dans notre dictionnaire, comme si c’étoit un traité suivi. Dans la description particulière des villes, indépendamment des objets que le Géographe est dans l’habitude de traiter, nous parlerons en détail, si c’est une ville commerçante, de ses manufactures, de son commerce, de ses productions, de l’industrie de ses habitans, de ses relations au dehors, &c. Nous avons cru que ces détails seroient mieux placés dans notre dictionnaire, que d’en faire des articles de Géographie commerçante, qui auroient été moins à leur place dans le Dictionnaire du Commerce, qui fait partie de cette Encyclopédie méthodique.

Nous donnerons la description des royaumes, provinces, républiques, villes, ports, & autres lieux remarquables des quatre parties du monde ; le cours des fleuves & des rivières ; les différentes mers qui baignent les deux continens ; les principaux golfes, détroits, caps & îles qu’elles forment ; les montagnes & les lacs les plus considérables, répandus sur la surface de la terre : en outre, l’historique de chaque pays, ses commencemens, la forme de son gouvernement, sa puissance, ses révolutions, ses bornes, son étendue, son industrie, les mœurs & les usages de ses habitans, son culte, la température du climat, ses productious, les monumens anciens & modernes qui s’y rencontrent, les sites, les singularités de la nature, ses relations au-dehors, les siéges que les villes ont soutenus, les grands hommes qu’elles ont produits, leur commerce, leur population, les conciles qui s’y sont tenus, les traités de paix qui s’y sont conclus, leurs degrés de longitude & de latitude suivant les meilleures cartes, & leur distance aux villes les plus voisines ; les lieux où se sont données les batailles fameuses, &c.

La Géographie-Physique ne sera qu’une partie


très-accessoire de notre plan, elle est bien plus du ressort du physicien que du géographe. Ce dernier ne doit considérer & décrire que la surface du globe ; le physicien veut connoître sa substance ; mais comme toutes les parties qui ont rapport à la Physique & à l’Histoire naturelle, seront traitées ex professo dans cette Encyclopédie, nous ne ferons que citer à l’article de chaque lieu ce qu’il offrira de plus remarquable en Histoire naturelle, comme les eaux minérales, les mines, &c., laissant au physicien l’explication des effets, & au métallurgiste les opérations sur les métaux.

La Géographie ancienne formera un dictionnaire à part. Le rédacteur de cette partie intéressante y mettra toute l’application & la critique qu’elle exige, ou du moins toutes celles dont il est capable. Il n’avancera rien qui ne lui paroisse bien prouvé, soit par le témoignage des anciens, ou par un examen sévère des plus savans auteurs modernes ; & quand il s’aidera des travaux de ces derniers, ce ne sera qu’après avoir vérifié les passages des auteurs anciens sur lesquels ils appuient leurs opinions. Cette partie sera terminée, 1°. par une table alphabétique de tous les noms qui appartiennent à chaque division ancienne ; 2°. par une table alphabétique renfermant chaque nom ancien du dictionnaire, avec le nom moderne qui lui a succédé, & l’indication de la page où ce nom se trouve.

Nous avons cru qu’il étoit nécessaire de joindre un atlas à notre dictionnaire, pour ne rien laisser à désirer au lecteur ; mais il ne fera point partie essentielle de la souscription de l’Encyclopédie méthodique. On sera libre de l’acheter ou de ne le pas acheter.

Cet atlas, format in-4°., sera composé de 55 à 60 cartes au plus. M. Bonne se propose de mettre dans ces diverses cartes toute l’exactitude dont elles sont susceptibles, jointe au mérite de la plus belle gravure. On ajoutera à chacune ce qu’exigent les circonstances actuelles & les découvertes les plus récentes. Cette collection de cartes fera connoitre l’état moderne de toutes les parties connues du globe terrestre, en donnant des notions suffisamment développées de chacune, sans perdre de vue les connoissances qu’on puise dans l’antiquité : l’ouvrage même contiendra plusieurs cartes anciennes.

On employera la plus grande exactitude possible dans la projection de ces cartes. Les observations astronomiques de longitude & de latitude, sévèrement examinées, en seront un des plus solides fondemens. Quand de vastes espaces seront dépourvus de ces observations, ce qui ne sera pas rare, on recourra à des combinaisons géographiques variées & étendues, afin de pouvoir fixer divers points importans dans ces espaces. On rendra compte de tout ce travail dans un discours préliminaire annexé à l’atlas ; on y citera les principales sources où l’on aura puisé. Souvent on ne sera pas de l’avis des Delisle, des Hasius, des d’Anville, &c.


On osera sacrifier alors son respect pour leur opinion à la persuasion de la vérité.

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[XIII.] DICTIONNAIRE D’ANTIQUITÉS, Inscriptions, Chronologie, Art de vérifier les dates, Numismatique ou Science des Médailles, Explication des Fables, Causes des Mœurs, Coutumes & Usages des Anciens, par M. COURT DE GEBELIN, un volume in-4o.

CES divers objets de connoissance sont trop liés entre eux pour qu’on puisse les séparer ; on ne sauroit développer les Antiquités du monde sans le secours des Inscriptions, des Médailles, de la Chronologie, de l’Art qui fait reconnoître les époques de chaque monument ; sans l’intelligence des Fables dont ces Antiquités sont semées, & sans la connoissance des causes qui firent établir les divers usages & les diverses mœurs répandues sur le globe.

L’ensemble de ces objets forme un partie considérable des connoissances humaines, sur-tout de celles qu’on appelle érudites ; & leur importance se fait sentir sans peine par les travaux immenses auxquels elles ont donné lieu, par les sociétés nombreuses qui en font l’objet de leur recherches, & par la lumière qui en résulte pour toutes les connoissances, puisqu’il n’en est aucune qui ne soit appuyée sur ce qui a été fait, dit, ou pensé avant nous.

Cependant, à l’exception de quelques article relatifs aux Antiquités & aux Monnoies, ces objets n’ont point été traités dans l’Encyclopédie, ses savans auteurs ne se sont point occupés d’Inscriptions, encore moins de la Chronologie, nullement de l’origine des usages : ils n’ont point parlé de l’Astrologie, de la Divination, de la Magie, des Erreurs & des Superstitions anciennes, ainsi que de l’explication des Fables. Ce qui n’est point étonnant.

Les Fables se confondoient alors avec l’Histoire, dont elles ne paroissoient qu’une altération : les usages paroissoient imaginés au hasard par les sociétés qu’on croyoit également formées par le hasard, ne s’être civilisées que par les essais les plus pénibles & les moins raisonnés, & qui n’avoient réussi que par un concours de circonstances qu’il étoit impossible de calculer. La Chronologie s’excluoit naturellement, comme appartenant à l’Histoire, dont le chaos & les masses ne pouvoient entrer dans ce vaste recueil.

Il en étoit de même des Inscriptions & des


Médailles ; elles sont également du ressort de l’Histoire.

Mais dès que l’Encyclopédie se divise par matières, & que l’Histoire y est admise, la Chronologie, les Inscriptions, & les Médailles y rentrent naturellement comme preuves & développement de l’Histoire. Quant à l’explication des Fables & aux causes des usages & des mœurs, elles sont une suite naturelle des Antiquités, qu’elles éclairent & qu’elles rendent plus intéressantes & plus utiles.

On sent que ces divers objets sont susceptibles de très-beaux & de très-grands développemens : obligés de nous resserrer, nous tâcherons d’être le plus court qu’il nous sera possible ; de ne donner que les grands résultats ; de poser des principes, au moyen desquels on sera dispensé de peser sur les conséquences.

Nous tâcherons de ramener les Chronologies à des points fixes & constans, de rétablir le langage symbolique répandu sur les Médailles, de rendre la connoissance des usages plus utile par leurs rapports avec les peuples qui les inventèrent, de faire reparoître le plus bel ordre parmi les Fables, en montrant leur étroite liaison avec les objets les plus importans pour le bonheur des sociétés, & que ce qui jusqu’ici n’a paru propre qu’à amuser la curiosité, intéresse essentiellement les connoissances les plus relevées & les plus précieuses.

Enfin, comme l’étymologie des mots en est presque toujours la définition la plus exacte & la plus sensible, nous accompagnerons chacun des mots dont nous traiterons, de son étymologie simple & naturelle.

Nous ne négligerons rien, en un mot, afin de réunir la certitude des faits avec l’utilité & l’agrément dont ils sont susceptibles, & qu’on n’ait point lieu de regretter qu’on ait donné une pareille extension au recueil que ce dictionnaire terminera.

[XIV.] DICTIONNAIRE HISTORIQUE ; par M. GAILLARD, de L’Académie Françoise & de celle des Inscriptions, deux volumes in-4o.

NOUS commencerons ce Prospectus par un aveu d’une nature peu commune dans les Prospectus ordinaires, c’est que l’Histoire, par-tout si utile, n’auroit pas dû entrer dans le plan de l’Encyclopédie.

Elle est elle-même l’Encyclopédie des faits de tous les temps & de tous les pays ; & cette partie, traitée avec une cettaine étendue, auroit pu être plus grande que le reste de son tout.

Un Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts & des Métiers n’admettoit pas nécessairement le genre historique, & dès-lors il l’excluoit, à cause de l’immensité de l’objet.

Cependant le frontispice de l’Encyclopédie présente l’Histoire écrivant les Fastes, appuyée sur le Temps.

Le systême figuré des connoissances humaines, qu’on a placé à la tête de l’Encyclopédie, ce systême si ingénieux & si complet, dont M. Diderot est l’auteur, comprend expressément l’Histoire & ses principales divisions : Histoire sacrée, écclésiastique, civile, littéraire, ancienne & moderne.

L’Arbre encyclopédique du chancelier Bacon a aussi pour principale branche l’Histoire & ses divisions.

Ce discours immortel, préliminaire sublime, analyse parfaite d’un livre auquel tant d’imperfections inévitables n’ont pu ravir l’honneur d’être le plus utile des livres, & qui, par la nouvelle distribution & le nouveau travail, va devenir aussi utile qu’il peut l’être ; ce discours, qui sera toujours un des plus beaux titres de gloire de M. d’Alembert, assigne à l’Histoire son rang dans la chaîne des connoissances humaines.

En effet, il n’y avoit d’autre raison de l’en détacher que son trop d’étendue, mais cette raison suffisoit ; & malgré tout ce qui vient d’être dit, l’Encyclopédie avoit paru tout entière, sans que le genre historique y eût été admis. M. de Voltaire, auteur de l’article Histoire, avoit seulement exposé sur l’Histoire tant ancienne que moderne, des vues générales, qui servent à donner une idée de la manière dont cette partic pourroit être réduite.

Dans le supplément de l’Encyclopédie on a suivi un plan différent ; on a supposé que cette omission du genre historique étoit une des raisons qui rendoient ce supplément nécessaire ; en conséquence on l’a chargé d’un grand nombre d’articles d’Histoire ; tant ancienne que moderne, pour donner un intérêt de plus à l’ouvrage. « Il nous


a semblé, disent les éditeurs, que c’étoit le vœu de cette partie du public dont les autres reçoivent volontiers la loi. »

Quoi qu’il en soit, il n’est plus question aujourd’hui d’examiner si l’Histoire devoit ou ne, devoit pas entrer dans le plan de l’Encyclopédie ; une fois admise dans ce plan, elle ne doit plus en être exclue, les auteurs du supplément nous ont fait la loi à cet égard, & le lecteur ne veut rien perdre. Mais s’il prend aisément l’habitude des jouissances, & s’il voit de mauvais œil le retranchement total d’un genre ou d’un objet dont il est en possession, nous espérons qu’il permettra, qu’il goûtera même des réductions nécessaires, faites d’après le systême qu’on va lui exposer.

Ce dictionnaire différera des dictionnaires historiques ordinaires, en ce qu’il comprendra également les noms des personnes & des choses. Il y aura des articles particuliers pour les personnages vraiment célèbres ; il y en aura aussi pour les institutions & les usages vraiment importans. Ces articles de choses auront même, sur les articles de personnes, l’avantage de présenter des tableaux entiers & complets, sans l’inconvénient de la confusion, des répétitions, &c.

Le grand point est de savoir se resserrer ; le grand écueil à éviter est la trop vaste étendue du genre. Heureusement on peut beaucoup retrancher sans rien sacrifier. Que font dans tant de dictionnaires historiques, & que feroient sur-tout dans l’Encyclopédie tant d’ignobles pédans dont les ouvrages ont péri, ou ne seront jamais lus ; tant de petits personnages dont l’obscure célébrité n’est entretenue que par le pédantisme & par la fureur de copier ? Que fait dans le dictionnaire de Bayle cette foule de sectaires ignorés, à qui un mauvais écrit polémique, un libelle de parti a pu procurer dans leur parti une existence éphémère & locale, & que la condescendance politique de Bayle, pour le pays où il écrivoit, a entassés sans choix, pour se faire pardonner les articles hardis, ou peut-être les articles raisonnables ? Pourquoi dans ce fameux livre ne trouve-t-on jamais ce qu’on a toujours intérêt de chercher, & trouve-t-on à chaque page ce qu’on ne cherchera jamais ? C’est sans doute une grande tache dans ce grand monument, non de goût, mais d’érudition, de raisonnement, & de critique.

On avoit d’abord proposé de ne parler, même parmi les rois & les princes, que de ceux qui ont aimé & protégé les Lettres. On trouvoit dans ce parti l’avantage de ne prendre de l’Histoire que ce qui intéresse véritablement un dictionnaire des Sciences & des Arts. Mais le nombre de ces protecteurs utiles est trop petit ; ç’auroit été supprimer de nouveau l’Histoire, après l’avoir admise.

On vouloit encore ne parler que de ceux qui ont fait du bien aux hommes ; c’étoit toujours le même inconvénient ; le nombre eût été trop petit, c’eût été exclure l’Histoire. Eh ! comment dans un dictionnaire historique oublier ces hommes condamnés, si l’on veut, à une éternelle renommée, qui, par d’illustres victoires & d’étonnantes révolutions, ont fait tant de mal aux hommes ? Comment ne pas nommer Alexandre, César, Mahomet, Gengiskan, Tamerlan, Cromwel, &c. ? Comment même ne pas parler de ces fléaux du genre humain, Caligula, Néron ? Est-ce écrire l’histoire que de ne montrer que des vertus & des bienfaits ?

Quand on traite un genre qui a été défini, peut-être avec un peu d’exagération, le tableau des calamités & des crimes de l’Univers ; quand on veut faire aux hommes un récit fidèle du passé, qui puisse les instruire pour l’avenir, peut-on leur dérober la connoissance des malheurs du genre humain ?

L’objet véritablement important, le voilà ; c’est de faire servir le passé ; à l’instruction du présent & de l’avenir, de donner à l’Histoire toute son utilité, en la rendant la leçon des rois & des peuples ; de la purger de ces faux jugemens, de ces réflexions Machiavélistes qui infectent nos Histoires, même les plus estimées ; de cet éloge perpétuel des guerres, des conquêtes, des victoires, & du faste ruineux des rois ; de cette admiration pour le crime insolent & pour le crime adroit ; sur-tout de ce principe pernicieux, qu’il y a une morale pour les États & une pour les particuliers ; que la politique peut se passer de la justice, se séparer de la bonne foi, & admettre le mensonge & le crime. Nous n’écrirons rien sur l’Histoire qui ne soit la censure du Machiavélisme ; nous assurerons cet avantage à ce dictionnaire sur tous les dictionnaires historiques & sur toutes les histoires ; nous nous y engageons d’autant plus hardiment, que pour remplir cet objet, il n’est besoin ni de talent, ni de savoir, mais d’honnêteté, de sensibilité, & de principes sûrs.

Ce n’est pas la peine de dire que nous écarterons le merveilleux, qui est le poison d l’Histoire ; mais nous ne confondrons point le merveilleux avec le singulier, qui est très-souvent vrai, & qui est un vrai piquant, ornement le plus naturel du genre historique.

Nous insérerons dans les divers articles, autant qu’il sera possible sans les charger ni les alonger, les mots mémorables, les traits qui peignent, enfin tout ce qui fait lire l’Histoire ; car l’utilité du meilleur ouvrage qu’on ne peut lire, est absolument nulle.

Quant aux bornes respectives des différens genres, comme nous ne cherchons qu’à resserrer le nôtre, que nous avouons être trop étendu, comme un sacrifice nous paroîtra toujours une acquisition, il n’est point à craindre que nous entreprenions sur les droits des autres écrivains employés à ce grand ouvrage. Circonscrits de tous côtés par l’auteur chargé des Antiquités, Médailles, Monumens, &c. ; par l’Auteur de l’Histoire ecclésiastique, par l’auteur de l’Histoire de la Philosophie ancienne & moderne, par l’auteur même des articles de Jurisprudence, qui ne nous laissera sur les institutions & les usages que la partie purement historique, nous ne prendrons des articles, & des articles importans de l’Histoire tant ancienne que moderne, que ce que ces divers auteurs n’embrasseront point dans leurs départemens.

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[XV.] DICTIONNAIRE THÉOLOGIQUE ; par M. l’Abbé BERGIER, Confesseur de MONSIEUR frere du Roi, & Chanoine de Notre-Dame, deux volumes in-4o.

POUR peu que l’on ait apporté attention à la lecture de l’Encyclopédie, on apperçoit que la partie théologique a été l’une des plus mal traitées, qu’elle n’est ni complète, ni exacte, ni orthodoxe.

1o. L’on a omis un grand nombre d’articles, qui sont non seulement essentiels à la Théologie, mais absolument nécessaires pour prévenir & corriger les erreurs dont cet ouvrage est rempli.

2o. L’on a placé sous le titre (Théologie) des termes qui appartiennent évidemment à une autre science, comme Jézides, secte de Mahométans, &c.

3o. L’on a rapporté à des sciences différentes, des termes synonymes ou corrélatifs qui concernent la même matière : par exemple, Clerc, Jurispr. Clergé, Hist. Ecclés. Flagellans, Hist. mod. Flagellation, Hist. Ecclés. & Philos. &c.

4o. Il y a des doubles emplois. On a fait deux articles de plusieurs termes qui ne différent que par la prononciation, ou qui sont évidemment synonymes, comme Dénombrement & Enumération, Métempsycose & Transmigration des ames, &c.

5°. Il y en a de trop longs, dans lesquels on a placé des discussions inutiles, ou qui seroient mieux placées sous d’autres articles : Bible, Communion fréquente, &c., sont dans ce cas.

6°. Un défaut beaucoup plus répréhensible est l’affectation de prendre dans des auteurs hétérodoxes la notion des dogmes, des lois, des usages de l’Eglise Catholique, de copier leurs déclamations contre les Théologiens & contre les Pères de l’Eglise, de disculper les Hérésiarques & les Incrédules, d’aggraver les torts vrais ou prétendus des pasteurs & des écrivains ecclésiastiques. Les articles Jésus-Christ, Immatérialisme, Pères de l’Eglise, &c., sont dans ce cas. Dans plusieurs autres on étale les objections des Hérétiques, & l’on supprime les réponses des Théologiens catholiques.

7°. De ces divers défauts il en est résulté un plus grand, c’est que la doctrine de l’Encyclopédie est un tissu de contradictions. Les articles faits par des Théologiens, sur-tout par M. Mallet, sont en général assez bien ; les autres, composés par des littérateurs mal instruits ou infidèles, ont été servilement copiés d’après les Controversistes Protestans ou Sociniens.

Pour éviter ces inconvéniens dans la nouvelle Encyclopédie, rangée par ordre de matières, il faut suivre un plan mieux conçu.

Le dictionnaire théologique doit renfermer non seulement le dogme, mais la critique sacrée, nécessaire pour l’intelligence de l’Ecriture Sainte, l’Histoire Ecclésiastique, qui nous apprend la manière dont le dogme a été attaqué & défendu, les lois des disciplines relatives au dogme, la liturgie ou les pratiques du culte extérieur, qui en sont l’expression & qui le mettent sous nos yeux ; la morale chrétienne, telle qu’elle est enseignée dans l’ancien & le nouveau Testament

Parmi les objets du dogme, il en est qui font partie de la Métaphysique ou de la Théologie naturelle ; le philosophe les présente tels qu’ils sont connus par la raison, le Théologien doit les montrer tels qu’ils sont enseignés par la révélation. Ainsi, les articles Dieu, Ame, Esprit, Création, Immatérialisme, Spiritualité, Immortalité, &c., doivent se trouver dans le dictionnaire théologique, aussi bien que dans le dictionnaire philosophique, mais sous un aspect différent.

De même, la Morale naturelle est du ressort de la Philosophie ; mais la Morale évangélique est une partie essentielle de la révélation ou de la doctrine de Jésus-Christ ; un Théologien doit montrer qu’elle n’est point contraire à la Morale naturelle.

La critique sacrée ne doit embrasser que ce qui a un rapport direct à la religion des Patriarches, des Juifs, des Chrétiens ; les livres saints qui la renferment, les dogmes, les lois,


les usages religieux. Ce qui concerne les opinions, les lois, les coutumes civiles, politiques ou militaires, appartient plus directement à l’Histoire ancienne. Les noms des mois, des mesures, des habits des Hébreux, &c., les rêveries des Rabbins, la Cabale, le Talmud, la Mischne, &c., sont étrangers à la Théologie.

Il en est de même de la Géographie ; il y a cependant des articles sur lesquels un Théologien doit justifier le récit des livres saints contre les conjectures d’une fausse critique, tels que la formation du Lac Asphaltite ou mer-Morte, le miracle de Josué à Gabaon, &c.

L’Histoire Ecclésiastique ne doit point renfermer les religions fausses ; la croyance & les moeurs, des Chinois, des Indiens, des Perses, des Grecs, des Romains, des Mahométans, sont plutôt du ressort de Histoire profane ou de la Philosophie, que de la Théologie. Les Ordres religieux & ce qui les concerne tiennent à l’Histoire Ecclésiastique ; les Ordres militaires n’y ont que trèspeu de rapport.

C’est à la Jurisprudence Canonique de discuter les lois & la discipline de l’Eglise, de les concilier avec les lois civiles ; mais lorsque les objets de discipline tiennent au dogme, comme la hiérarchie, les voeux, les pratiques du culte extérieur, un Théologien ne peut se dispenser de les présenter sous cet aspect, d’en démontrer la sagesse & l’utilité. Il doit parler des conciles en ce qui touche le dogme, & laisser de côté la discipline, lorsqu’elle n’y a aucun rapport.

On doit laisser au Grammairien le soin de donner le sens de tous les mots de notre langue ; cependant lorsqu’il s’en trouve qui ont un sens théologique différent de la signification commune, lorsqu’ils expriment un point de croyance ou de pratique religieuse, ils doivent avoir place dans le dictionnaire théologique.

Une des principales attentions du rédacteur de ce dictionnaire sera donc de ne prendre dans les articles communs à plusieurs sciences, que ce qui concerne directement sa partie, & de laisser lereste à ceux auxquels il appartient.

Il aura soin de faire les articles qui manquent, de suppléer à ceux qui sont défectueux, de retrancher ce qui paroît inutile, de corriger ceux qui renferment des erreurs, sans attaquer toutefois directement aucun écrivain, sans prendre le ton de dispute ou de dissertation, & en supprimant tout reproche personnel.

Puisqu’il est question de faire un dictionnaire françois, il paroît convenable de n’y point mettre de passages latins, mais de les traduire, d’écrire les mots hébreux en caractères ordinaires, de ne faire usage du grec que pour donner l’Etymologie des mots qui en sont dérivés.

On se fera une loi de conserver en entier tous les articles qui paroissent bien faits, & ils sont en grands nombre, sur-tout ceux qui sont de M. Mallet, Théologien très-instruit, judicieux & modéré. C’est un acte de justice de conserver à un auteur estimable tout l’honneur de son travail.


Ce dictionnaire sera précédé d’un plan ou prospectus, dans lequel toute la nomenclature sera rangée selon l’ordre didactique ou selon la suite naturelle des idées.

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[XVI.] DICTIONNAIRE DE LA PHILOSOPHIE ancienne & moderne ; par M. NAIGEON, un volume in-4o.

IL contiendra l’Histoire générale & particulière de la Philosophie & des Philosophes anciens & modernes. On y exposera fidèlement, & d’une manière claire & précise, leurs principales opinions sur la Physique, la Métaphysique, la Politique, la Morale. On y joindra quelques détails sur leur vie privée, lorsqu’elle offrira des traits assez piquans pour intéresser le lecteur, ou qu’on les croira propres à développer leur caractère moral.

Pour mieux exécuter le nouveau plan de travail qu’on a cru devoir adopter, on se propose d’étendre ou d’abréger, de refaire même en tout ou en partie, selon qu’on le jugera nécessaire, plusieurs articles de Philosophie ancienne &c moderne, répandus dans la première Encyclopédie, & dont les différens auteurs nous ont paru fort au dessous de leur sujet ; mais on conservera scrupuleusement, sans se permettre même le plus léger changement, ceux qui sont le fruit des recherches d’un Philosophe justement célèbre, qui a porté sur tous les objets dont il s’est occupé, des vues également neuves, fines, & profondes, à qui nous devons encore un grand nombre d’excellens articles de Grammaire, de Littérature, de Politique, de Morale, &, ce qui ne mérite pas moins d’éloges, par l’étendue & la variété des connoissances que ce nouveau travail suppose, l’histoire presque entière des arts & métiers, & la description exacte & détaillée d’une infinité de machines ingénieuses, dont le mécanisme, lors même qu’il est le plus simple, est toujours très-difficile à décrire d’une manière claire & sensible pour les autres.

Les additions plus ou moins étendues qu’on se propose de faire aux articles qui traitent de la Philosophie des anciens, auront pour but d’éclaicir certains points de leurs doctrine, & de fixer enfin les idées sur ces questions d’autant plus obscures aujourd’hui, qu’elles ont été souvent agitées ; de faire voir l’état des sciences chez les Grecs au temps où ils florissoient, & le point où ils les ont portées par les seules forces de leur génie, privés des instrumens dont les modernes se sont servis avec tant de succès ; de déterminer avec exactitude l’importance & la difficulté de leurs découvertes considérées en elles-mêmes ; de bien distinguer sur-tout parmi les vérités éparses dans leurs ouvrages, celles dont ils voyoient la liaison, les rapports, & les conséquences, & à la dé-


monstration desquelles ils avoient été conduits par le raisonnement, l’expérience, & l’observation, d’avec celles qui n’étoient dans leur tête que de simples opinions. C’est faute d’avoir fait cette distinction importante, qu’un écrivain peu philosophe a faussement attribué aux anciens une foule de découvertes qui ne leur appartiennent pas, & dont il est également ridicule & injuste de leur faire honneur au préjudice des modernes. Il y a bien de la différence entre un apperçu vague, ou, si l’on veut, une opinion ingénieuse & vraie, mais qui ne tient absolument à rien dans la tête de celui où elle se trouve, à laquelle il est même arrivé sans le savoir, & en partant le plus souvent de principes faux, & une idée lumineuse fondée sur des principes incontestables, & qui est le résultat d’une longue suite d’expériences & d’observations. C’est là le point où commence la science, & ce qui seul en mérite le nom.

L’Histoire de la Philosophie moderne sera traitée avec le même soin. L’Encyclopédie méthodique offrira même sur ce sujet aussi vaste, & plus intéressant pour nous, plusieurs nouveaux articles qui pourront donner lieu à des réflexions utiles sur certains points de Littérature, de Morale, & de Philosophie. Toutes ces additions seront imprimées, les unes à la suite des articles dont elles formeront le supplément, les autres sous certains chefs généraux auxquels elles appartiennent. On les désignera par une étoile, afin que le lecteur puisse voir d’un coup-d’oeil ce que l’Encyclopédie méthodique contiendra de plus en ce genre, & les nouvelles richesses qu’elle doit ajouter à celles que la première Encyclopédie renfermoit déjà sur cette branche de nos connoissances.

Si l’histoire critique de la Philosophie de Bruker avoit été faite par un homme versé dans les différentes matières qu’elle embrasse, & qui eût joint sur-tout, à une étude réfléchie des langues anciennes, la sagacité & la profondeur qu’exigeoit un ouvrage de cette nature, elle auroit pu être d’un grand secours : mais ce livre n’est guère qu’une vaste compilation, qui suppose plus de patience que de raisonnement ; il, ne dispense pas même de consulter les sources, ce qui du moins eût abrégé le temps & les recherches, toujours longues & pénibles, quand on veut les faire avec autant d’exactitude que de discernerment. Bruker, comme la plupart des érudits, avoit beaucoup plus lu que prémédité. Il manquoit de goût, & n’avoit d’ailleurs ni assez de connoissances, ni assez de philosophie, pour apprécier les matériaux qu’il rassembloit de toutes parts. En effet, il suffit de lire avec attention les ouvrages originaux dont il rapporte de longs extraits, pour se convaincre que souvent il n’entendoit pas ou entendoit mal les auteurs qu’il analysoit. Il passe sous silence des lignes precieuses aux yeux du Philosophe, & omet une foule d’idées, tantôt fines & délicates, tantôt fortes & hardies, dont il ne voyoit pas la tendance. Son livre, au reste, a le mérite de tous les recueils ; il peut servir à en faire un bon. Si l’exécution du plan qu’il avoit conçu étoit au-


dessus de ses forces, il a du moins fouillé la mine, & il en a tiré des matériaux dont une main plus habile peut faire un meilleur usage. C’est le but qu’on s’est proposé dans le dictionnaire philosophique. On n’a rien négligé pour donner à cet ouvrage toute la perfection dont il est susceptible. On a lu & extrait avec soin tous les auteurs qui pouvoient répandre quelque jour sur la Philosophie ancienne & moderne ; mais on les a lus dans un autre esprit & avec d’autres vues que Bruker ; & l’on ose croire que le Public aura lieu d’être satisfait du travail de l’auteur qui s’est chargé de compléter cette partie si intéressante & si peu connue des progrès de l’esprit humain.

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[XVII.] DICTIONNAIRE UNIV. ET RAIS. DE MÉTAPHYSIQUE, Logique, & Morale ; un volume in-4o.

On se propose de mener de front ces trois parties de la science, à cause de la grande analogie qu’elles ont entre elles. La Métaphysique a pour objet, 1°. la connoissance immédiate de notre ame, de son action, de ses facultés, &, par comparaison, la connoissance de tous les êtres qui sont regardés comme étant de la même nature que notre ante : dans ce sens, la Métaphysique pent être considérée comme une science d’observations : 2°. elle a pour but la formation de nos idées & leur perfection, qui consiste à représenter fidèlement les êtres qui sont hors de nous & leurs propriétés ; c’est-à-dire, leurs rapports entre eux & avec nous-mêmes.

La Logique nous enseigne à réfléchir sur nos idées & sur les signes de nos idées, à les combiner, a les ordonner selon l’art, moins pour en tirer des vérités nouvelles, que pour prouver aux autres des vérités à nous connues, &, par un abus trèsfréquent, des erreurs chéries.

L’objet de la Morale est de diriger nos idées, nos raisonnemens, nos sentimens, notre volonté à la vertu, & de nous apprendre, qu’indépendamment de toute autre considération, il importe à l’homme, à tout être social, d’être vertueux, eût-il d’ailleurs la raison assez bornée ou assez dépravée pour méconnoître la vraie source, la source céleste & pure de toute vertu.

L’objet de ces trois sciences se réunit donc en ce point, qu’elles dirigent toutes trois nos facultés à leur but le plus noble & le plus digne de nous ; notre entendement à la vérité & notre volonté à la vertu ; c’eft-à-dire, qu’elles travaillent toutes trois de concert à nous procurer le bonheur, & à l’établir sur les fondemens les plus solides qui existent dans la nature.

A dieu ne plaise que e cherche à faire valoir


mon travail aux dépens de celui des autres ! Je connois nombre dexcellens morceaux de Métaphysique, de Logique, & de Morale dans la première Encyclopédie, qui sera toujours l’ouvrage primitif & fondamental J’en connois plusieurs qui ont été rédigés par des écrivains du. premier ordre, où l’on trouve la force & la beauté du style jointes à la justesse & à la profondeur des idées ; & il est plus que vraisemblable que l’on trouveroit dans tous les articles relatifs à une même science cette harmonie, cette unité si précieuse aux gens de goût, si nécessaire dans les ouvrages philosophiques, pour peu que les circonstances eussent permis que tous ces articles fussent de la même main. Le principal but de mon travail sera d’établir cette unité, autant qu’il sera possible, dans chacune des trois parties dont je me suis chargé, principalement dans les points par où elles se rapprochent les unes des autres.

Je pourrai me permettre de faire quelques additions toutes les fois qu’elles me paroîtront nécessaires pour remplir un vuide, pour suppléer à une interruption dans la chaîne des vérités ; mais en général je me garderai bien de chercher à augmenter ces trois parties, objet de mon travail, je ses diminuerai plutôt, en supprimant, en resserrant quelques articles qui roulent sur de pures subtilités, parce que les subtilités sont toujours moins favorables à la vérité qu’à l’erreur : En effet, pour peu qu’on y, réfléchisse, on reconnoîtra que les abstractions ne sont autre chose que des images, légères, ou, si l’on veut, des ombres fugitives, qui réprésentent imparfaitement les choses, & d’autant plus imparfaitement, qu’elles s’élèvent davantage au dessus de leurs modèles. Pour féconder les sciences qui s’occupent des ces idées, il faut donc travailler sans relâche à ramener celles-ci du monde intelligible où elles s’évaporent & se perdent, pour ainsi dire, dans ce monde physique, où elles prennent de la consistance & de la réalité. La Géométrie elle-même, la plus réelle, la plus active, la plus solide de ces sciences, ne fut jamais plus intéressante, & en même temps plus sublime que lorsqu’elle appliqua ses méthodes & ses instrumens aux objets, sur-tout aux grands objets de la nature.

C’est dans cet esprit que je retrancherai toutes ces questions puériles, oiseuses, que leur subtilité rendoit jadis recommandables, & qu’heureusement pour notre siècle elle rend aujourd’hui ridicules. Telles sont les questions trop fameuses sur les universaux in essendo & autres, sur les natures


banales, les accidens modaux, & tous les grades métaphysiques, les propositions promissoires, réduplicatives, falsifiantes, & leur conversion ; les espèces impresses & expresses, le prédicable & le prédicat, la raison ratiocinante & la raison ratiocinée, &c. &c. &c. Non qu’il n’existe en tout cela un fond de vérité, mais ce sont des vérités vagues, inutiles, souvent très-communes, & que d’ailleurs tout bon esprit comprendra facilement dès qu’elles seront traduites en langage intelligible. Ce sont peut-être les plus hautes branches de l’arbre, mais qui, trop éloignées des racines, n’en reçoivent qu’une sève exaltée d’où se forme un vain luxe de feuilles, sans aucun fruit, & trop souvent sans aucune fleur.

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[XVIII.] DICTIONNAIRE DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE ; par une Société de Gens de Lettres ; (M. MARMONTEL, de l’Académie François ; M. BEAUZÉE, de la même Académie, &c. un volume in-4.

CE dictionnaire présente deux parties des connoissances humaines, unies par un principe commun, qui est l’art du langage ; & qui, ne pouvant ni se séparer ni se confondre avec d’autres sciences, devoient naturellement être rassemblées dans un même corps d’ouvrage.

Les langues, considérées simplement comme un moyen de communiquer ses idées, sont soumises à des règles qui sont l’objet de la Grammaire. Les unes sont relatives à la composition de toutes les langues, & forment la Grammaire générale ; les autres, relatives seulement à tel ou tel idiôme, forment la Grammaire propre à chacun de ces idiômes.

Mais les langues sont composées de mots qui, soit par la nature plus ou moins harmonieuse de leurs élémens, & l’ordre dans lequel on les place, soit par la signification plus ou moins précise qu’on y attache, soit par les images & les idées accessoires qu’ils réveillent dans l’esprit, sont susceptiles d’une variété infinie de combinaisons, plus ou moins propres à donner au discours du mouvement, de la vivacité, de l’intérêt, ou de l’énergie.

Cet art d’animer & d’embellir le discours se divise en deux branches, la Poétique & la Rhetorique, dont les subdivisions embrassent tous les genres de compositions littéraires.

La discussion des principes & des règles de ces diverses compositions ; l’analyse des beautés & des défauts des ouvrages les plus célèbres dans chaque genre ; l’examen comparé des langues anciennes & modernes, dans leurs rapports avec la perfection des arts & des lettres, forment une troisième division qui, sous le nom de Critique, donura lieu à un grand nombre de détails & d’observations également propres à éclairer l’esprit & à former le goût, soit pour composer des ouvrages de littérature, soit pour en apprécier le mérite.

L’histoire de la Poésie & de l’Eloquence, des progrès & des révolutions du goût chez les anciens & chez les modernes, entrera aussi dans cet ouvrage ; elle n’y sera cependant pas traitées dans des articles particuliers, ni par la méthode biographique, étrangère au plan de l’Encyclopédie ; mais elle sera fondue dans les articles généraux, consacrés aux grandes divisions de la littérature. Ainsi, Homère ne formera point un article à part ; mais aux articles Epopée, Poésie, on trouvera les détails nécessaires sur la vie & les ouvrages de ce grand homme, sur les circonstances qui ont pu favoriser son génie, & l’influence qu’il a eue sur les progrès de la poésie dans les siècles postérieurs.

La Mythologie ancienne formera une autre division ; elle a des rapports nécessaires avec la poésie, & la connoissance en est même indispensable pour l’intelligence des poëtes grecs & Romains. C’est sous ce point de vue seulement qu’on considérera cet objet, & non dans ses rapports avec l’histoire, la religion, & les mœurs de l’antiquité.

Les parties principales qui doivent composer ce dictionnaire, ont été traitées d’une manière aussi neuve qu’intéressante dans l’Encyclopédie & son supplément. La Grammaire générale & particulière avoit été entreprise par M. du Marsais ; la mort l’a interrompu dans son travail, qui a été continué par M. Beauzée, son disciple &’son émule. Le nom & les ouvrages de ces deux grammairiens sont trop connus pour ne pas nous dispenser de faire leur éloge. M. Marmontel avoit donné dans les 4, 5, 6, & 7e volumes de l’Encyclopédie d’excellens articles de Littérature ; mais les obstacles qui s’étoient opposés à la continuation de cet ouvrage, l’avoient empêché de poursuivre son travail dans les dix derniers volumes. Il l’a repris depuis, & a donné dans le supplément tous les articles qui servent à compléter la Rhétorique & la Poétique. Une connoissance approfondie de la littérature, un goût sain, une discussion solide & lumineuse, un style clair, élégant, & correct, un choix d’exemples heureux & agréables, caractérisent particulièrement ces articles, dignes, à tous égards, de la réputation de l’ingénieux & célèbre académicien à qui nous les devons.

Avec quelque soin que la Grammaire & la Littérature soient traitées dans l’Encyclopédie & le supplément, c’est avec des corrections, des additions, & des améliorations considérables que nous les offrirons au public dans le nouveau dictionnaire ; M. Marmontel & M. Beauzée se sont chargés de revoir tous leurs articles, d’y corriger les erreurs qui peuvent s’y être glissées, d’y ajouter les observations & les idées que leurs études ou de nouvelles réflexions leur ont fait naître, de suppléer enfin les articles que l’inattention avoit fait omettre. Ce nouveau travail est très-considérable.


M. de Voltaire avoit donné plusieurs articles charmans pour l’Encyclopédie ; il en désiroit vivement une nouvelle édition, & c’étoit pour cette nouvelle édition qu’il avoit composé ses Questions sur l’Encyclopédie. On a donc cru devoir reprendre dans cet ouvrage tous les morceaux qui appartiennent à la Littérature, pour en enrichir le nouveau dictionnaire.

Mais le travail de ces hommes célèbres n’a pas suffi pour compléter le plan du nouveau dictionnaire, tel que nous l’avons exposé. Un très-grand nombre d’articles, qu’ils ont omis ou regardés comme étrangers à leur objet, ont été recueillis de l’Encyclopédie même, ou suppléés par l’éditeur. Il a cru devoir aussi joindre souvent des additions & des observations aux articles composés par les auteurs principaux, lorsque les objets qui y sont traités lui ont paru susceptibles d’être un peu plus développés, ou d’être présentés sous différens points de vue.

Toutes ces additions & corrections seront distinguées par des marques particulières qui indiqueront avec précision ce qui appartient à chaque auteur.

Enfin on n’a rien négligé pour donner à cet ouvrage toute l’étendue, l’intérêt, & l’utilité dont il est susceptible.

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[XIX.]

DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE DROIT ; par une Société de Jurisconsultes ([7]) ; rédigé & mis en ordre par M. l’Abbé Remy, Avocat au Parlement, trois volumes in-4°.

Depuis que Montesquieu & quelques autres hommes de génie ont écrit sur les lois & sur les principes des gouvernemens, il s’opère parmi nous une révolution dont on sent déjà l’heureuse influence. Les bons esprits, dégoûtés des spéculations oiseuses, dirigeant leurs efforts vers les connoissances utiles, le sont appliqués à débrouiller le chaos de notre histoire & de nos coutumes ; chacun d’eux s’est avancé, avec plus ou moins de succès, dans la partie qu’il a essayé de traiter ; &, grace à ce concours de travaux, le public commence à entrevoir le jour où il pourra lui-même être initié dans tous les mystères de ces lois qui modifient la li-


berté, & auxquelles on est tenu de conformer les principales actions de la vie.

La partie du dictionnaire encyclopédique qui concerne la Jurisprudence, avoit été faite pour remplir cet objet ; mais, malgré les bons articles qu’on y trouve (ceux sur-tout qui appartiennent au (savant M. Boucher d’Argis), il est cependant impossible de se dissimuler qu’un grand nombre ne pèchent, soit par une prolixité rebutante, soit par des omissions nuisibles, soit par des erreurs graves.

Indépendamment des inexactitudes & des erreurs, on est en droit de reprocher à l’Encyclopédie un grand nombre d’omissions importantes : plusieurs articles annoncés par des renvois ne se trouvent ni dans le dictionnaire, ni dans son supplément, ni dans aucune des nouvelles éditions. Si l’on en compare la simple nomenclature à celle du répertoire universel de jurisprudence, on reconnoîtra combien elle est défectueuse. La perfection d’un ouvrage de ce genre ne peut dépendre que d’une continuité d’efforts & d’une multitude de tentatives que le public doit soutenir : chaque génération ajoute aux travaux des précédentes ; c’est ainsi que l’édifice peut s’achever. On se propose de mettre en oeuvre les connoissances répandues dans le répertoire universel de jurisprudence, de la même manière que les auteurs de ce dernier en ont usé à l’égard du dictionnaire encyclopédique. Mais entre le répertoire de Jurisprudence & cette partie de l’Encyclopédie méthodique, il y aura des caractères assez marqués pour empêcher de confondre jamais ces deux ouvrages. Tous les réglemens si variables du fisc, tous les tarifs des finances, toutes les formules d’actes qui sont développés en détail dans le répertoire, ne se trouveront qu’en simples généralités dans l’Encyclopédie méthodique.

On s’attachera sur-tout a développer le véritable esprit de la jurisprudence. Les jugemens des cours supérieures formant aujourd’hui une partie essentielle de notre Droit civil, il est très-important de savoir au moins distinguer ceux qui font loi, d’avec ceux qu’on ne peut invoquer pour la décision des assaires de même espèce qui renaissent chaque jour dans les tribunaux : c’est peu de rassembler des arrêts contradictoires sur chaque matière, si l’on n’y joint pas le flambeau nécessaire pour éviter les piéges de la chicane.

A tout ce qui concerne la jurisprudence civile, canonique, bénéficiale, & criminelle, on ajoutera trois grandes branches des connoissances humaines, qui, jusqu’à présent, n’ont été réunies dans aucun


dictionnaire de Droit ; ce sont les questions les plus intéressantes du Droit public, du Droit des gens, & du Droit naturel ; matieres qui tiennent aux premières par une infinité de rapports, & dont la plus grande partie se trouve encore isolée, soit dans les livres des philosophes, soit dans les recueils des simples compilateurs. On s’attachera particulièrement à l’historique des lois, parce qu’il est impossible d’être jurisconsulte sans ces connoissances préliminaires.

Les corrections qu’on fera aux anciens articles seront distinguées par un signe particulier, ainsi que les articles nouveaux : ces derniers seront fort nombreux, parce qu’indépendamment des omisions de la première édition de l’Encyclopédie, il est émané du trône une multitude de réglemens qui ont changé l’ancien état des choses, tels que les lois relatives aux ordres religieux, aux portions congrues, aux jurandes, aux arts & métiers, aux tailles, aux déserteurs, aux serfs, aux prisons, à la torture, au commerce, aux présidiaux, &c.

A la fin de l’ouvrage, on placera un tableau qui fixera l’ordre dans lequel les principaux articles sur chaque matière doivent être lus, pour réunir les avantages des traités particuliers à ceux de la forme alphabétique. Il sera terminé par un catalogue des livres de Droit les plus estimés, avec une notice des meilleures éditions.

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[XX.] DICTIONNAIRE DE FINANCES, historique, philosophique, & portique ; un volume in-4o.

UN dictionnaire réunissant des notions justes sur les différentes matières des Finances, est un ouvrage absolument nouveau. L’Encyclopédie ne contient qu’un petit nombre d’articles sur cette partie, les uns rédigés par un homme ([8]) qui, peu instruit des faits, s’est jeté dans des dissertations vagues & médiocrement intéressantes ; la plupart des autres trop resserrés & copiés dans des dictionnaires composés par des personnes à qui ces matières étoient absolument étrangères.

Donner une idée de l’administration des finances dans tous les états de l’Europe, présenter une nomenclature complète des mots nécessaires à l’intelligence des livres écrits sur cette matière ; entrer dans tous les détails de l’administration des finances, particulière à la France ; présenter l’histoire des différentes natures d’impositions ; offrir des idées sur leur réformation : tel est le plan de ce dictionnaire.

En le composant, l’auteur a eu à choisir entre deux manières d’y procéder très-différentes. La première, de faire un ouvrage purement politique & philosophique, & d’effleurer seulement les faits &


les détails ; la seconde, de faire une collection de jurisprudence en finance, un manuel fait pour devenir un livre classique pour tous ceux qui sout occupés des différentes branches de cette admrinistration.

Entre ces deux partis on en a pris un mitoyen : on a rassemblé les principaux faits ; on s’est efforcé de donner de chaque objet des définitions jupes ; mais en se renfermant dans des bornes étroites, on a tâché d’instruire, sans perdre entièrement de vue le désir de se faire lire avec quelque intérêt.

Heureux le peuple qui vit sous un gouvernement dont la bienfaisance est la base, & qui, n’ayant rien à cacher, ne s’enveloppe point d’un voile mystérieux ; qui, persuadé que les discussions impartiales ajoutent des lumières à l’expérience, n’oppose aucun obstacle à la publication des ouvrage relatifs à l’administration !

Les articles qui seront marqués d’un (D) nous ont été fournis par une personne que diverses circonstances ont mise à portée d’acquérir des connoissances particulières sur les matières qui font l’objet de ce dictionnaire ; mais elle a désiré de n’être pas nommée.

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[XXII.] DICTIONNAIRE DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE un volume in-4o. ([9])

L’économie politique embrasse la nature & l’essence des gouvernemens, les lavoirs & les droits des dépositaires de l’autorité souveraine, leur influence sur les propriétaires fonciers, les cultivateurs, les manufacturiers, les négocians, les voituriers, les artisans, & les hommes dévoués aux services purement personnels.

Cette science distingue & classe les citoyens par le genre des travaux dont ils sont occupés. Elle assigne les relations qu’ils ont entre eux, l’ordre, l’enchaînement, & la dépendance réciproque de leurs fonctions diverses, ainsi que les moyens de les faire tous contribuer de mieux en mieux à la conservation, à la multiplication, au bien-être de l’espèce humaine sur la terre.

Les arts & les sciences qui caractérisent l’état & la condition des hommes dans l’analyse économique des empires civilisés, ont tous leurs observations fondamentales, leurs principes de théorie, leurs règles de pratique. Chacun d’eux a dans l’Encyclopédie méthodique son dictionnaire particulier, qui contient, par ordre alphabétique, tous les objets qui la composent.

Mais la science économique, dont l’objet est de connoître, de perfectionner leur enchaînement, leur correspondance mutuelle, & leur manière de concourir au bien général de l’humanité, doit aussi avoir sa nomenclature particulière. Elle a des


maximes à établir, des conclusions à déduire, & de grandes erreurs à combattre.

Il est aisé de voir, par le discours préliminaire de l’Encyclopédie, par l’exécution du dictionnaire & de ses supplémens, que cette science n’entroit point dans le plan des éditeurs ; & rien n’étoit moins étonnant, puisqu’elle commençoit à peine à se former.

C’est dans ces derniers temps qu’on a réuni, par une méthode nouvelle, en un seul corps de doctrine toutes les connoissanccs éparses & confuses des anciens & des modernes sur cet objet.

Intimement persuadé que ce corps de doctrine est le développement le plus simple, le plus certain, le plus utile de la loi de justice & de l’ordre de bienfaisance, qui sont la base naturelle des sociétés humaines, je me propose de le développer avec toute la précision dont je suis capable.

Mais plein de respect pour les partisans des opinions contraires, j’en rendrai compte avec la même exactitude, prenant soin de distinguer dans l’esprit de la plus scrupuleuse, impartialité, les simples assertions encore ; contestées, d’avec les principes avoués & reconnus ; les conséquences généralement consenties, d’avec celles qui n’ont pas cessé d’essuyer des contradictions.

Je tâcherai d’être clair. Les grandes vérités de l’Économie politique n’ont pas besoin d’autres ornemens.

J’exposerai dans le discours préliminaire l’analyse économique des états civilisés & l’enchaînement des principes qui composent la science politique.

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[XXII.] DICTIONNAIRE DE COMMERCE ; par M, l’Abbé BAUDEAU un volume in-4o.

UN dictionnaire de Commerce, faisant partie de l’Encyclopédie méthodique, a des limites beaucoup moins étendues que ce même ouvrage qui seroit publié séparément. Il faut d’abord en supprimer toute la Géographie commerçante, puisqu’elle se trouve traitee dans le dictionnaire géographique ; il faut encore en supprimer tout le contentieux qui est plus particulièrement l’objet de la Jurisprudence. Tous les détails des arts & métiers mécaniques, tout ce qui concerne les communautés, la police des métiers, l’ordonnance des manufactures, doivent en être également supprimés, puisque l’Encyclopédie méthodique a un dictionnaire à part, & le plus étendu de tous sur ces divers objets. Notre dictionnaire de Commerce doit donc se borner à l’explication de tous les termes qui ont rapport au commerce proprement dit ; il doit comprendre tous les détails concernant les monnoies, soit réelles, soit fictives, les poids, les mesures, les compagnies de commerce, avec l’histoire de leur régie & administration, les banques, les consuls & leurs fonctions, les chambres d’assurance, l’histoire des juridictions consulaires & les fonctions de juges-consuls, la manière de tenir les différens livres & d’établir des sociétés, leurs formes & formules, les changes, les contrats maritimes, & toutes les espèces de contrats usuels, soit pour le commerce de terre, soit pour celui


de mer, les tableaux comparés d’importation & d’exportation, & toutes les généralités qui ont rapport au commerce, soit considéré en grand, soit en détail. Voilà les objets que nous nous proposons de traiter ; nous joindrons à la tête de cet ouvrage un discours préliminaire qui comprendra le tableau vu en grand & par voie de comparaison, de tout le commerce de l’Europe & des autres continens.

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[XXIII.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISONNÉ DE MARINE ;

par M. VIAL DE CLAIRBOIS, Ingénieur-Constructeur de la Marine, de l’Académie
Royale du même nom ; & par M. BLONDEAU, Professeur Royal en Mathématiques
& en Hydrographie aux Ecoles de la Marine, de l’Académie Royale
du même nom, de la Société Royale patriotique de Stockholm, de celle des Sciences
& Belles-Lettres de Gotthembourg, de la Société Académique de Cherbourg, &c.,
deux volumes in-4o.

La Marine embrasse une quantité prodigieuse d’objets : il y a peu de connoissances de pratique ou de théorie, dont les officiers des différens corps qui la composent ne puissent & même ne doivent faire usage. Le pilotage, la construction, la manoeuvre, &c., sont tous fondés sur les sciences exactes & sur la Physique, que ces personnes ne peuvent plus ignorer aujourd’hui. Les capitaines de vaisseaux & les cominissaires président aux recettes des matières nécessaires à la construction, au gréement, à l’armement des vaisseaux, dans lequel armement sont comprises les choses nécessaires à la vie, à la conservation ou au rétablissement de la santé des équipages & des états-majors.

Pénétrés de l’utilité dont pourroit être un ouvrage dont tous ces objets formeroient la matière, & qui y seroient traités en détail sous la forme la plus propre à satisfaire aux différentes vues des lecteurs, nous nous sommes rendus à l’invitation qui nous a été faite de composer un Dictionnaire universel & raisonné de Marine, pour être joint à une Encyclopédie par ordre de matières, dont plusieurs homme célèbres s’occupent actuellement.

Les premiers éditeurs de l’Encyclopédie ont été si mal servis pour l’objet de la Marine, que nous doutons d’y pouvoir trouver beaucoup d’articles à conserver ; si quelques-uns sont bien faits, ce sont ceux donnés depuis par M. le chevalier de la Coudraie, lieutenant de vaisseau, actuellement retiré. Mais l’ouvrage de M. Lescalier nous en fournira d’excellens, particulièrement sur le détail du gréement, de la manœuvre. Nous puiserons de même dans les meilleures sources, pour tout ce que nous ne tirerons pas de notre propre fond. Indépendamment mêmes des connoissances que nous devons avoir par état de la construction,


de la science du pilotage, improprement nommé Hydrographie, & de l’Hydrographie proprement dite, notre intention est de consulter les meilleurs auteurs sur ces matières, d’en exprimer le suc, pour ainsi dire, de discuter leur façon de voir, & de ne nous décider jamais que pour celle qui aura pour elle, ou l’évidence, ou la plus grande probabilité. L’art de manœuvrer un vaisseau, suivant les différentes circonstances, ne nous étant point étranger, les articles qui le concernent seront traités d’une manière entièrement nouvelle, & conforme à ce qui se pratique.

On trouvera aussi dans notre dictionnaire tout ce qui concerne l’invention & ’l’intelligence des signaux ; des choses tout à fait neuves sur les boussoles de mer, les baromètres nautiques ; sur la difficulté de sonder en pleine mer dans les mers très-profondes, même sur les cartes marines.

Nous traiterons chaque article dans le plus grand détail, mais en termes de l’art, & sans aucune périphrase ; attendu que tous ces termes se trouveront expliqués en leur lieu, notre intention étant de rendre la nomenclature très-complète. Nous joindrons cependant à la fin de l’ouvrage un vocabulaire de tous les termes de Marine, afin de faciliter la recherche de ceux dont nous nous serons servis. On trouvera en tête un discours préliminaire, dont l’objet sera de donner une idée générale & méthodique de la Marine. Il sera suivi d’autant de tableaux analytiques, que la Marine contient de grandes parties distinctes les unes des antres. Ces tableaux serviront à faire connoître dans quel ordre l’ouvrage entier pourra être lu, pour tenir lieu d’un traité suivi de la science de la Marine.

Nous citerons les auteurs auxquels nous aurons eu recours, par justice & pour déterminer le degré de confiance dû à ce qu’ils nous auront fourni. L’ouvrage sera accompagné de toutes les figures nécessaires à l’intelligence complète du discours.

Quoique toutes les parties de la Marine soient fondées sur les Mathématiques, l’Astronomie, la Physique, &c., nous n’entrerons dans aucun détail scientifique sur ces objets, notre ouvrage faisant


corps avec l’Encyclopédie par ordre des matières, où toutes ces parties seront traitées chacune en particulier par des hommes d’un mérite supérieur. Nous aurons soin seulement d’indiquer les parties de cette Encyclopédie qu’il faudra consulter pour l’intelligence des principes sur lesquels seront fondés nos raisonnemens.

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(XXIV.] DICTIONNAIRE DE L’ART MILITAIRE, mis en ordre & publié par M. DE KERALIO, Major d’Infanterie, Chevalier de l’Ordre Royal & Militaire de S. Louis, de l’Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres, & de celle des Sciences de Stockholm ; & quant à l’Artillerie, par M. de Pomereuil, Capitaine au Corps Royal d’Artilleries deux volumes in-4o.

Je me propose de présenter dans cet ouvrage le systême complet de l’Art Militaire, dans l’ordre qui m’a paru le plus simple & le plus conforme à la nature de cet art. Si d’un coup-d’œil on l’embrasse tout entier, pour y trouver ce qu’il a d’essentiel, on voit qu’il est exercé par les Hommes, les Armes, & la Tactique générale. Ces trois branches principales, subdivisées jusques dans leurs plus petits rameaux, donnent toutes les parties qui forment ce grand ensemble. Celle des Hommes produit le droit militaire public & national, le choix, l’entretien, les exercices, la Tactique particulière : celle des Armes, les armes de main, les mécaniques ou baliistiques des anciens, les pyrobailistiques des modernes, ou l’artillerie, & les armes défensives, qui sont les armures anciennes & les fortifications : enfin la Tactique générale, ou l’Art de la Guerre, produit la considération des forces, la position des munitions, celle de l’armée, ses mouvemens, ses manœuvres. On ne peut donner ici qu’une idée très— générale d’un aussi vaste systême ; un tableau encyclopédique en exposera l’enchaînement, qui sera développé dans un discours préliminaire, à la tête de ce dictionnaire.

Chaque partie du systême étant traitée dans cet ordre, il n’y en aura point qui rentrent l’une dans l’autre, & qui soient répétées sans nécessité. Quoique tous les articles de cet ouvrage, devant former un dictionnaire, soient disposés alphabétiquement, il ne faudra, pour y trouver un corps complet de science militaire, que les lire suivant l’ordre analytique du systême. L’exposition qui en sera faite dans le discours préliminaire, suffiroit seul pour diriger cette lecture : mais on la rendra plus facile encore, en donnant les titres de tous les articles rangés dans l’ordre systématique, suivant lequel ils devront être lus.

Les matériaux de cet ouvrage seront en partie les articles d’Art Militaire contenus dans l’Encyclopédie & dans le supplément. Plusieurs de ces


articles n’ayant pas été faits pour tenir place dans un plan général, seront retouchés, remaniés, divises, ou augmentés, suivant qu’il sera nécéssaire : ceux qui manquent seront suppléés, & il y en a un assez grand nombre : il y a même des parties, qui, pour n’avoir pas été vues dans l’ensemble, ont échappé presque tout entières. Tels sont le Droit Militaire public & national, la Médecine des camps & armées ([10]), l’ancienne Milice françoise, la Chevalerie, la Milice étrangère hors de l’Europe, la Tactique particulière ; & quoique la Milice grecque & romaine ait, ainsi que plusieurs articles de Tactique générale, été donnée par un militaire très-instruit, dans le supplément à l’Encyclopédie, cette subdivision n’est pas encore complette. Je suppléerai ces omissions par les extraits des meilleurs auteurs qui ont traité de l’Art Militaire, & ce travail est déjà fort avancé. Je l’ai fait pendant les années où j’étois chargé, pour cet objet, de l’instruction des Elèves de l’Ecole Royale Militaire. J’ai puise dans les sources les plus révérées ; pour le Droit Militaire, Grotius, Puffendorf, quelquefois Locke & Montesquieu : je réunis, le mieux que je peux, le texte de ces grands hommes, & j’ose quelquefois y joindre des réflexions.

Pour l’Histoire Militaire ancienne, Xénophon,. César, Polybe, & leurs plus savens commentateurs.

Pour l’art de la Guerre, le duc de Rohan, de Santa-Crux, Montécuculi, Feuquières, Folard, le maréchal de Saxe, le roi de Prusse.

Pour l’Art de l’ingénieur, Vauban & Coehorn, sans négliger de faire connoître tous les différens systêmes.

Pour la Tactique moderne, ceux qui en ont traité dans ces derniers temps avec le plus de succès. Lorsque je les trouverai opposés, j’exposerai, avec impartialité, leurs raisons ; &, s’il y en a de nouvelles qui se présentent à moi de part ou d’autre, je les y joindrai.

Il n’y aura donc rien, pour ainsi dire, qui m’appartienne en cet ouvrage, si ce n’est l’ordre & la généralisation des principes. Je porterai celle-ci aussi loin qu’il me sera possible, parce que je la regarde comme le plus puissant moyen de faciliter l’acquisition & l’application de la théorie. Je joindrai à chaque article principal les titres des ouvrages qui en ont traité expressément, afin que les Militaires studieux puissent y recourir pour une instruction plus étendue, & se former, s’ils de désirent, une bibliothèque militaire.

ARTILLERIE.

L’ARTILLERIE occupe une place considérable dans le systême de l’Art Militaire : j’exposerai toutes les parties qui la composent ; j’en ferai l’histoire depuis son origine jusqu’à nos jours ; je parlerai du point de perfection où son mécanisme a été porté dans ces derniers temps ; des progrès qui restent à faire à plusieurs de ses parties ; des ouvrages & des auteurs qui ont traité de l’artillerie en France, en Angleterre, en Italie. L’histoire du corps des troupes affecté à son service, l’état de ses grands maîtres, la formation de ses écoles, la perfection dont ils sont susceptibles, l’étendue des connoissances nécessaires aux officiers d’Artillerie entreront dans mon plan ; & tous ces objets seront chacun traités à leur article. Tout ce qui concerne la poudre, le canon, le mortier, l’obusier, le pierrier, les affûts, formeront aussi autant d’articles particuliers, où tous ces objets seront discutés dans le plus grand détail. Je traiterai pareillement de tout ce qui concerne l’Artillerie de siége & de bataille ; des batteries & de leur construction ; des armemens des pièces d’artillerie, de la tactique élémentaire & générale de l’Artillerie ; des caissons & chariots en usage ; des artifices & de leurs détails ; de la fonderie, & de tout ce qui y a rapport ; de la fabrication des fusils & armes blanches ; des mines, de leur invention & de leur usage ; de la sape ; des équipages d’artillerie & du parc ; l’approvisionnement des places ; de l’arsenal ; des places d’armes ; d’un nouveau plan d’un arsenal, accompagné de toutes les usines qui seroient nécessaires à un grand établissement en ce genre ; des ponts militaires, & de tout ce qui leur est relatif. Plusieurs objets de l’Artillerie ayant excité de grandes discussions, j’exposerai, avec la plus exacte impartialité, les opinions des deux parties, & je n’y ajouterai la mienne qu’avec les réserves & les ménagemens qu’exigent des objets aussi importans. Des tableaux analytiques embrasseront toutes les parties de cette science, & en présenteront l’ensemble, ainsi que la réunion de tous les mots particuliers, à l’article général auquel ils ont rapport.

Plusieurs Officiers de distinction ont donné, dans l’Encyclopédie & dans son supplément, des articles essentiels & bien faits, sur l’Art militaire, le Génie ([11]), & l’Artillerie ; on les conservera en entier, avec leurs noms ; & si on se permet d’y toucher, on ne le fera que dans des vues qu’eux-mêmes ne pourroient pas désapprouver.

MANÉGE ET ESCRIME.

Les Arts académiques, c’est-à-dire, du manège & de l’escrime, & celui de nager, entrent nécessairement dans le systême de l’Art militaire. Mais comme ils n’intéressent pas également tous ceux qui l’exercent, on a cru plus commode pour le public de réunir ces trois parties en un dictionnaire particulier des Arts académiques, qui sera imprimé à la suite du dictionnaire militaire.

Les militaires, & en général tous ceux qui s’occupent des arts & des connoissances qu’embrasse le plan de cet ouvrage, relativement à la théorie ou à l’histoire militaire, sont priés de concourir par leurs secours & leurs lumières à lui donner plus de perfection. S’ils veulent bien y contribuer par des mémoires, par des additions, par des réflexions critiques sur les articles contenus dans l’Encyclopédie & les supplémens, ou même par la communication de mémoires historiques, ou d’ouvrages publiés en pays étrangers, & peu connus en France ; ils sont priés de les faire parvenir à M. Panckoucke, rue des Poitevins, ou à M. de Kéralio, qui se fera un plaisir de les nommer, & de rendre à leur zèle & à leurs talens toute la justice qui leur sera due.

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[XXV.] DICTIONNAIRE DES BEAUX-ARTS ; par M. l’Abbé ARNAUD, de l’Académie Françoise, & de celle des Inscriptions & Belles-Lettres ; & M. SUARD, de l’Académie Françoise, un volume in-4°.

On a beaucoup écrit sur les Beaux-Arts, & personne encore ne les a définis d’une manière précise & satisfaisante. Chez les Grecs & chez les Romains, ces Arts tirèrent leur dénomination du premier & du plus grand de tous les biens, la liberté. Ils furent appelés libéraux, parce qu’ils faisoient partie de l’éducation des seuls hommes libres, & nous apprenons de Pline qu’ils ne commencèrent à dégénérer que lorsque la richesse & la faveur commencèrent à devenir le prix de l’adulation & de la servitude.

A la renaissance des lettres, ou plutôt de l’esprit humain (car il faut regarder comme un état de mort la longue & profonde léthargie où l’avoit plongé la dénomination des barbares), nos aïeux, pour distinguer ces Arts qu’ils essayoient de ranimer, d’avec les Arts grossiers & mécaniques, leur conservèrent la dénomination qu’y avoient attachée les Grecs & Romains ; ils les appelèrent encore libéraux, quoiqu’il n’y eût plus de liberté sur la terre.

A cette dénomination qui, comme tant d’autres empruntées des langues grecque & latine, n’avoit plus aucun caractère de vérité, on en joignit une nouvelle, beaucoup plus vague sans doute, mais beaucoup plus juste, plus vraie, & dont l’usage semble l’avoir emporté sur celui de la premiere. Les Arts libéraux sont aujourd’hui plus souvent qualifiés de Beaux-Arts, soit parce qu’ils prennent leur origine dans les plus belles facultés de notre être, la pensée, l’imagination, & le sentiment ; soit parce que leur objet est d’embellir toutes les productions de la nature.

Chez les Grecs & chez les Romains, le domaine des Arts libéraux étoit beaucoup plus étendu que ne l’est parmi nous celui des Beaux-Arts. Il embrassoit à la fois la Musique, la Danse, tout ce qui appartient au Dessin, la Grammaire, l’Histoire, l’Eloquence, la Poésie, la Géométrie, la Course, la Lutte, l’Equitation, & les divers exercices de la Gymnastique ; mais aujourd’hui que notre constitution politique n’interdit ni ne commande ces exercices à aucune classe particulière de citoyens ; nous réduisons communément les Beaux-Arts à la Peinture, la Sculpture, la Gravure, l’Architecture, la Musique, & la Danse. Nous aurions dû sans doute nommer l’Art de la Poésie, & même le nommer avant tous les autres ; mais le dictionnaire des Belles-Lettres s’en est emparé, & il faut avouer que, dans l’état présent de nos mœurs & de nos idées, la Poésie tient encore plus aux Lettres qu’aux Arts.

De toutes les formes d’ouvrages propres à éclairer l’esprit sur les productions du génie, sur-tout dans les Beaux-Arts, nous ne craignons pas d’avancer que la plus avantageuse est celle du dictionnaire. Cette forme a cela de particulier & d’utile, qu’elle proscrit tout esprit de systême, esprit non moins funeste aux Arts qu’aux Sciences ; le meilleur moyen de bien faire connoître les choses, c’est de définir exactement les mots, ou de faire l’histoire des mots lorsqu’il n’est pas possible d’en donner une définition exacte & satisfaisante.

L’Art n’est autre chose qu’un assemblage d’exem-


ples, d’observations, & de réflexions, qui, se prêtant mutuellement de la force & de la lumière, éclairent, dirigent, & assurent la marche de l’esprit : mais faire de ces observations des préceptes inviolables, transformer quelques réflexions sur des exemples particuliers en lois absolues & générales, c’est aller contre l’intention de nos premiers maîtres, c’est attaquer la liberté de l’esprit humain & le condamner à une sorte d’immobilité. Ne craignons pas de le dire, il y a beaucoup moins d’inconvéniens à abandonner le génie à lui-même, qu’à gêner tous ses mouvemens en le tenant renfermé dans des bornes trop étroites.

L’ouvrage que nous annonçons n’a été exécuté que d’une maniere très-imparfaite dans la grande Encyclopédie ; c’est peut-être la partie la plus négligée & la plus fautive de cet immense & utile dépôt des connoissances humaines. La Musique est le seul des Beaux-Arts qui y soit traité avec l’étendue, la suite, l’unité de principes & de ton qu’exige le plan que nous avons tracé. La théorie de la science y est exprimée avec clarté précision ; les principes de goût y sont présentés non seulement avec élégance, mais encore avec cet intérêt, cette chaleur d’imagination sans laquelle il n’est guère permis de parler des effets du plus sensible & du plus pénétrant de tous les Arts. A l’exception de quelques articles composés par M. d’Alembert, cette partie est l’ouvrage de J. J. Rousseau. Le nom de ces deux philosophes célèbres nous dispense de faire l’éloge de leur travail.

Quant aux Arts du Dessin, on trouve dans les quatre premiers volumes de l’Encyclopédie des articles excellens, donnés par un Amateur célèbre & vraiment digne de ce nom, qui joint à la connoissance pratique des Arts, un goût éclairé par une longue suite d’études & d’observations, & dont les idées nettes & précises sont toujours rendues par un style élégant & pur. A ces traits on reconnoîtra aisément M. Watelet, & l’on a regretté qu’il n’eut pas complété un travail si précieux.

On trouve encore sur plusieurs parties des Beaux— Arts quelques articles très-bien faits, épars dans les divers volumes de l’Encyclopédie ; mais à l’exception de ce petit nombre d’articles, composés par des artistes ou des gens de goût, tout le reste est plein d’imperfections, d’inexactitudes, d’erreurs, ou d’inutilités. La plupart des auteurs qui écrivent sur les Arts, parlent une langue qu’ils n’entendent pas eux-mêmes ; souvent même aux sages observations des vrais connoisseurs, ils substituent des principes dangereux & des maximes hasardées & fausses ; ils égarent au lieu d’éclairer, en cela ils sont encore plus coupables que ne l’ont été les barbares, dont la fureur aveugle se bornoit à détruire.

Les auteurs du nouveau dictionnaire ne se sont pas dissimulé les difficultés & l’étendue de l’ ouvrage qu’ils ont entrepris, & ils en auroient même regardé l’exécution comme fort au dessus de leurs forces, s’ils ne s’étoient assurés du secours de quelques artistes & amateurs distingués dont ils public-ront avec reconnoissance les noms & les bienfaits.

Ils s’empressent de nommer ici M. Watelet, qui veut bien consacrer ses lumières & les travaux à la perfection de leur entreprise. M. Watelet travailloit depuis long-temps à un dictionnaire complet de Peinture, dont l’exécution est déjà fort avancée : animé du zèle le plus pur & le plus désintéressé pour les progrès de l’art & des connoissances, il a renoncé généreusement au projet de publier à part son ouvrage, & a consenti à le fondre dans ce nouveau dictionnaire.

Indépendamment des autres secours que les éditeurs ont lieu d’espérer, ils mettront à contribution tous les écrivains étrangers ou nationaux qui ont répandu quelques lumières sur la théorie ou les productions des Beaux-Arts. Les ouvrages des Léonard de Vinci, des Lomazzo, des Vasari, des Malvasia, des Bellori, des Zanetti, des Winkelman, des Mengs, des Reynolds, des Cochins, des de Piles, des Coypels, des Félibiens, des Mariettes, &c., sont une mine féconde d’où l’on peut tirer des observations aussi utiles qu’intéressantes sur les Arts du Dessin ; mais lier & fondre ensemble ces matériaux épars, les attacher à des principes communs, en former un théorie générale & uniforme, est une entreprise aussi délicate que difficile. Les auteurs du nouveau dictionnaire ne peuvent à cet égard que promettre du zèle. S’ils osent mêler ou même opposer quelquefois leurs opinions à celles des gens de l’art & des connoisseurs, ce sera avec la modestie & la réserve convenables à de simples amateurs, qui sentent combien, dans tout ce qui est du domaine de l’imagination & des sens, les principes du goût sont encore vagues, incertains, & mobiles.

Une des choses les plus difficiles dans l’exécution de ce nouvel ouvrage, c’est de se renfermer dans les bornes que leur plan leur impose, sans oublier aucun détail nécessaire.

Comme, à l’exception de la Musique & de la Danse, il y a dans les Beaux-Arts une partie purement manuelle & mécanique, on traitera les objets qui concernent cette partie, mais seulement lorsqu’ils seront ennoblis par l’usage qu’en aura fait l’artiste. Toutes les opérations, ainsi que toutes les actions humaines, sont relevées par leur principe ou par leurs effets ; sans doute le mouvement de la main, qui, pour produire &représenter une idée, broie & emploie des couleurs, pétrit l’argile ou abat le marbre, n’est pas plus avilissant que l’exercice moins pénible de l’écrivain, qui, pour communiquer les pensées, manie & conduit la plume. Tracez des idées, exprimez des sentimens, peignez des passions, présentez des images, qu’importe l’instrument dont vous vous servez ?

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[XXVI.] DICTIONNAIRE DES ARTS ET MÉTIERS MÉCANIQUES ; par une Société de Savans & d’Artistes, (MM. ROLAND DE LA PLATIERE, PERIER freres, FOUGEROUX DE BONDAROY, DESMARETZ, &c, &c.) quatre volumes in-4º.

Il n’y a encore aucun ouvrage, quelles que soient les grandes tentatives faites ailleurs, où les Arts & Métiers mécaniques soient plus complets, plus développés, & mieux présentés que dans l’Encyclopédie ; elle en renferme la description de plus de trois cents ; & c’est particulièrement à M. Diderot que cette riche & vaste collection des Arts & Métiers mécaniques doit son existence : elle est, avec la partie philosophique, une des plus brillantes & des plus étendues de l’Encyclopédie. Leurs procédés y sont en général décrits avec assez de soin dans le texte, & exposés sous toutes leurs formes dans des planches nombreuses & très-soignées. Ces avantages si précieux ont été reconnus universellement, & ont contribué à la fortune de la première édition de cet ouvrage. Cependant il faut convenir que, malgré les justes éloges que nous venons de donner à cette partie, elle a des défauts & des difficultés qui exigeoient une exacte révision & une nouvelle rédaction.


1°. Outre le vice de la confusion de matières disparates qui se croisent & s’embarrassent perpétuellement dans cette immense collection, où toutes les Sciences & tous les Arts sont confondus pêle-mêle, la description même de chacun des Arts y est tellement subdivisée & mutilée, qu’il est presque impossible de la suivre & de la rassembler entièrement. Chaque volume contient des fragmens qui avoient été oubliés ou négligés dans les volumes précédens, en sorte que le lecteur n’est pas même guidé dans la recherche des divers articles de l’art qu’il veut connoître.

2°. Il y a un plus grand tort à reprocher aux premiers rédacteurs, & qu’ils n’ont pas cru devoir eux-mêmes dissimuler, c’est que le texte du discours de beaucoup d’Arts & Métiers ayant été composé sans les gravures, & les planches n’ayant pas toutes été faites pour cette description, il en résulte que les indications ont presque toujours fausses, & que pour y rémédier il a fallu renouveler une explication sommaire à la tête des planches. Cette double exposition ne s’accorde pas même avec la première, & souvent la contredit & la détruit.

3°. On n’a pas toujours aussi recueilli les meilleurs Traités sur chaque Art, ou consulté l’expérience la plus suivie & la plus accréditée ; dès-lors on a quelquefois été induit à donner des erreurs pour des vérités, des caprices pour des principes, & de mauvaises manœuvres pour de bons procédés.

La publication de l’Encyclopédie a réveillé l’attention des bons écrivains sur les Arts & Métiers, & depuis quelques années des hommes consommés dans la théorie & la pratique de ces Arts, ont dévoilé ce qu’on appelle les secrets du maître, & ont donné des développemens clairs, détaillés, & méthodiques. On est donc en état de faire à présent un dictionnaire raisonné des Arts & Métiers, plus complet, plus précis, plus méthodique que celui qui existe dans l’Encyclopédie. Voici comment ou a envisagé ce travail.

Chaque Art, chaque Métier, ou une branche principale d’un grand Art, seront traités de suite & sans interruption, suivant leur ordre alphabétique ; cet ordre étant le plus commode & le plus convenable pour l’exposition des Arts & Métiers mécaniques : ainsi, on trouvera au mot Aiguiller, Amidonnier, &c., tout ce qui concerne ces Arts.

On observera une marche régulière dans la description de chacun de ces Arts & Métiers, en passant du simple au composé, en présentant, autant qu’il sera possible, l’historique, la définition, les divisions de chacun de ces Arts, le développement graduel des procédés qui dérivent les uns des autres, leur régime civil & politique, les réglemens de police, & un petit nombre de propositions, ou plutôt d’axiomes qui en rappelleront les principes essentiels & constitutifs. Enfin on terminera chacun de ces Arts & Métiers par le Vocabulaire exact des mots techniques qui lui sont propres & particuliers.

M. Roland de la Platière, inspecteur général des manufactures de Picardie, correspondant de l’académie royale des sciences, & auteur de plusieurs Arts de l’Académie, s’est chargé de la révision, rédaction, & même de refaire à neuf un grand nombre d’Arts. Afin de faire mieux connoître l’objet & le plan de son travail, nous allons rapporter les propres mots de son prospectus.

« Je ne me chargerai de décrire que les Arts qu’une expérience de trente années, passées dans les quatre plus grandes Provinces de fabrique de la France, ou employées à voyager dans les autres, & dans toute l’Europe fabricante, m’a mis à portée de connoître, & dont ma place, depuis autant d’années, m’a fait plus spécialement un devoir de m’instruire, pour être tou-


jours à même d’en rendre compte à l’administration. »

« 1°. Je traiterai de toutes les manufactures ou autres objets composés de matières susceptibles de la filature & d’un tissu quelconque, ou du feutrage. Elles seront divisées en huit classes : la première comprend toutes les opérations que subissent les matières végétales pour qu’il en résulte du fil, des cordes, toute espèce de toiles & de toileries. La seconde, celles auxquelles on assujettit la laine & le poil jusqu’à la confection des étoffes rases ou drapées de cette matière. La troisième, celles de la soie & de toutes les étoffes qui en sont composées. La quatrième, tous les objets de Passementerie, rubans, galons, broderie, agrémens, &c. La cinquième, la fabrication de la blonde, de la dentelle, du point. La sixième, les tapis & les tapisseries de toutes les sortes. La huitieme enfin, la chapellerie ».

« 2°. De toutes celles de peaux & cuirs, divisées en autant de chapitres qu’elles reçoivent de préparations diverses, sous la dénomination de Tannerie, Corroyerie, &c. »

« 3°. Des huiles & savons. »

« 4°. De la teinture des matières végétales, animales, & mixtes. »

« J’ai considéré les objess en grand : chacune de mes divisions fournira un Traité complet, divisé lui-même par grandes masses. »

« Tous les Arts d’un très-grand détail, pour lesquels il faut plusieurs ateliers, & qui occupent beaucoup de monde, doivent être considérés comme manufactures ; leur plan, avec la suite de opérations de chacun d’eux, sera indiqué, toutes les généralités qui s’y rapportent seront placées au mot Manufacture. A l’égard des procédés particuliers, mais suffisamment étendus pour porter un caractère d’utilité ou de curiosité, ils seront tous renvoyés sous le mot le plus propre à les indiquer ; ainsi, dans le traité des toiles & toileries, le filage du lin ou du chanvre, le cardage du coton, la filature de l’un & de l’autre, le tissage, &c., seront renvoyés au mot le plus propre à donner l’idée de la chose. Quand dans le traité de la draperie quelques opérations seront communes avec d’autres du traité des toiles, ou de celui de la soierie, on renverra de l’une à l’autre, soit pour le texte, soit pour les planches & les figures. S’il n’y a que quelques changemens, qu’une explication claire puisse faire sentir, on la préférera toujours à des répétitions qui ne servent qu’à grossir les volumes, & qui embrouillent la matière. »

« En procédant ainsi dans chaque traité, le philosophe pourra contempler leur ensemble, & les suivre dans tous les détails ; & le curieux ou l’artiste, par-tout également renvoyé de l’ensemble à chaque partie, trouvera toutes celles-ci isolées sous l’ordre alphabétique. »

« Pour éviter la multiplicité des renvois, tous les mots qui ne donneront pas l’idée de quelque procédé, soit qu’ils désignent une opération ou l’instrument propre à le faire, seront simplement définis à leur rang, avec les renvois au texte où ils seront nécessairement employés. Chacun de ces traités commencera par la préparation de la matière, & sera une suite des procédés auxquels l’art doit l’assujettir, pour en tirer tous les résultats dont elle est susceptible. Tous les traités seront précédés d’un abrégé historique des matières, avec quelques recherches sur la nature de celles qui pourroient les suppléer ; de la variété & de l’usage des objets qu’elles constituent ; & suivis de l’énumération des quantités & des valeurs de chaque espèce, & de l’indication des lieux qui les produisent & de ceux qui les consomment ; avec des vues sur la nature du commerce qui en résulte, considéré en soi, & comparé à celui du même genre que les autres nations font en concurrence avec nous. »

« Cette suite, ou ce corps de traités sera suivi de la jurisprudence qui leur est propre. On y établira les fonctions des délégués de l’administration, pour veiller au maintien &travailler aux progrès de ces différentes parties ; & l’ouvrage entier sera terminé par une dissertation sur les qualités, les connoissances, & les talens propres aux personnes chargées de ces fonctions, avec l’indication des moyens employés & à employer pour y parvenir. »

« Le grand rapport des métiers avec les mafactures, puisqu’ils ne sont que l’emploi des matières que les manufactures ont pour objet de préparer, me détermine à décrire tous ceux qui dépendent immédiatement de ces mêmes manufactures, & plusieurs de ceux des ustensiles propres à divers genres de fabriques ; le Faiseur de lisses, de cardes, de peignes, &c. »

« Ceux qui s’exercent sur les peaux ou cuirs, comme le Boyaudier, le Ceinturier, le Chagrinier, &c. »

« Ceux enfin qui ont pour base de l’huile, de la graisse, ou du suif, le blanc de baleine, la chandelle, &c. : car je ne regarde point comme métiers les procédés dépendans des traités de manufactures dont on a donné la suite ; soit qu’ils aient pour objet de compléter une opération, soit qu’ils nécessitent une série d’opérations pour rapprocher toutes les idées renfermées sous une dénomination : tels sont le Filassier, le Cardeur, le Calendreur, le Foulon, &c., qui sont des opérations préparatoires de l’Art du Toilier ou de celui du Drapier ; tels que le damas, le satin, le taffetas, la serge ou le velours, sont des branches du


Fabricant d’étoffes de soie ; comme le camelot & le baracan, l’étamine & la tamise sont, ainsi que tel ou tel drap, des branches du Drapier. »

« Particulièrement instruit de la culture du chanvre & de celle du lin, de l’éducation des moutons & de la culture des laines, matières sur lesquelles j’ai déjà écrit, je me réserve d’en traiter à part ; & ces deux traités seront pareillement indiqués dans le plan général de mon travail particulier. »

« La même raison de l’habitude de voir & de la facilité d’opérer, me determine à me charger de la description du Tuilier & Briquetier, de celle du Chaufournier & de celle du Tourbier ».


MM. Perier, freres, célèbres mécaniciens, à qui Paris sera incessamment redevable d’avoir facilement de l’eau de la Seine dans toutes les maisons, se sont obligés de nous donner l’Art des Machines à feu ; il contiendra, 1°. la théorie de ces machines ; 2º. la description des différentes inventions qui ont paru jusqu’à présent sur cet objet, & particulièrement celle de la nouvelle machine qui a paru en Angleterre, qui économise trois quarts sur les matieres combustibles qui lui servent d’aliment ; son application, comme puissance motrice, pour les forges & toutes les manufactures qui ont besoin d’un cours d’eau ; l’invention d’une machine à feu soufflante, employée avec un succès complet en Angleterre, pour souffler les hauts fourneaux, l’utilité qu’on en peut tiret pour les canaux de navigation, en faisant passer les eaux sur des terreins élevés, & des calculs exacts de leur consommation & de leur produit ; les plans & détails de celles construites à Chaillot pour fournir cinquante mille muids d’eau par jour à Paris ; 3°. une instruction détaillée sur la manière de les fabriquer & de les monter ; cet Art n’est presque point connu en France : les Anglois étant les seuls, jusqu’à présent, qui aient pu fondre & tourner les grandes pièces de ces machines, ont été aussi les seuls qui se soient appliqués à les perfectionner ; il en existe chez eux plus de cinq cents, qui sont pour la plupart employées à des usages auxquels per-personne n’avoit encore pensé, & qui font cependant tout le succès de leurs manufactures de fer. Indépendamment de ce grand Art, MM. Perier se sont chargés de revoir & de corriger les Arts qui travaillent le fer, l’acier, comme la forge des ancres, celle des enclumes, le Pompier, &c.

M. Fougeroux de Bondaroy s’est chargé des Arts du Cloutier, du faiseur de Chapelets (Patenôtrier), du Tabletier, du travail de la Corne, de l’Ecaille, de l’Art de la Verrerie, &c. M. Desmaretz donnera le Métier à bas, & tout ce qui concerne la Papeterie, la Cartonnerie, les Arts qui en dépendent, comme le Cartier, le Marbreur de papier, le papier peint & velouté, le Faiseur de globes, &c.


Plusieurs savans, qui seront désignés à chaque Art, se sont aussi chargés d’en refaire plusieurs, & de nous donner des corrections sur d’autres.

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[XXVII.] VOCABULAIRE UNIVERSEL, servant de Table pour tout l’Ouvrage, un volume in-4o.

Ce Vocabulaire comprendra tous les mots contenus dans chacun des dictionnaires particuliers, avec le numéro de la page, l’indication de la colonne, & le numéro du tome de l’ouvrage ; de sorte que le lecteur qui aura un mot à chercher dans cette Encyclopédie méthodique, & qui ne saura pas que ce mot est du dictionnaire, soit de Physique, soit de Mathématiques, ou de tout autre, en recourant à ce Vocabulaire, trouvera dans l’instant l’indication du tome, de la page, & de la colonne où le mot se trouve. Ce Vocabulaire ne sera point borné à cet usage. Comme il y aura dans l’Encyclopédie méthodique une foule de mots qui comprendront des détails, dont on n’a pu faire des articles particuliers, & qu’on ne soupçonneroit pas dans ceux qui en font mention, le Vocabulaire les fera connoître : ainsi, dans un article de Géographie, où l’on aura fait mention d’un savant, d’un artiste, dont on n’aura pas cru devoir faire un article à part dans le dictionnaire historique, faisant partie de cette Encyclopédie, on en trouvera les mots & les renvois au tome dans le Vocabulaire. Il en est de même des choses. Si on a parlé, dans un article, d’une négociation, d’un traité de paix, d’un fait remarquable, d’une découverte, le Vocabulaire indiquera le tome & la page où il en est fait mention. L’usage de ce Vocabulaire sera sur-tout sensible pour diverses parties des connoissances humaines, dont on n’a point jugé à propos de faire des dictionnaires séparés, comme la chasse, la pêche, &c., qu’on


a traitées dans les dictionnaires d’Histoire naturelle. Le lecteur ne sauroit où trouver ces matières, si le Vocabulaire ne les lui indiquoit : il en est de même du dictionnaire des Arts & Métiers mécaniques. Comme dans ce dictionnaire chaque Art y est traité de suite, & qu’on a mis à la fin de la description de chacun d’eux tous les mots techniques qui en font la langue, le Vocabulaire doit les reprendre tous, afin que le lecteur puisse y recourir au besoin. Ce Vocabulaire sera le premier tome de l’Encyclopédie méthodique, & il est de la plus indispensable nécessité.

Il sera précédé du discours préliminaire de M. d’Alembert, de l’arbre encyclopédique du chancelier Bacon, de celui de MM. Diderot & d’Alembert, des diverses préfaces de l’ancienne Encyclopédie, & de l’histoire de ce dictionnaire ([12]), des différentes éditions qui en ont été faites, & de leur appréciation. Nous mettrons au commencement de ce volume le frontispice réduit de la première édition de l’Encyclopédie, & les deux portraits des premiers rédacteurs (MM. Diderot & d’Alembert) : c’est s’honorer soi-même que de rendre un pareil hommage, & il n’y en a point de plus juste & de mieux mérité à la tête de cette nouvelle Encyclopédie.


  1. Chacun de ces volumes in-4°. comprend un volume in-folio, de discours, de 200 feuilles, du caractère de la première édition de l'Encyclopédie.
  2. Non est necesse omnibus vivensibus esse sensum ; sed est necessaria nutritio.
  3. La partie chirurgicale de la première édition de l’Encyclopédie a été recueillie en deux volumes in-8o., & publiée par un anonyme en 1762, sans le consentemenr de l’auteur, sous le titre de Dictionnaire de Chirurgie. Il y en a eu plusieurs éditions.
  4. Dijon, Rouen, Grenobie, Nancy, Metz, Bordeaux, Amiens, &c.
  5. (1) Voyez dans l’ancienne Encyclopédie, les mots Antamba, Aranata, Arougheun, Azebre, Berri, Biscacho, Capivar, Camphur, Dabach, Hay, Hirara, Impagazza, Impalanca, Intienga, Machau, Nsossi, Pacquirer, Sigah-Gusch, &c., &c.
  6. (1) Tous ces dictionnaires d’Histoire Naturelle formeront cinq à six volumes in-4o., & seront imprimés à la suite les uns des autres.
  7. (1) On trouvera au bas des articles nouveaux le nom de leurs auteurs. Parmi les jurisconsultes qui ont bien voulu concourir à la perfection de cet ouvrage, nous devons nommer ici M. Boissou, qu’une mort soudaine vient d’enlever au barreau, & qui, depuis long-temps, travailloit à rectifier les articles de l’ancienne Encyclopédie. Un de Ces confrères, non moins versé que lui dans la science des lois, s’est chargé de finir cette partie importante de l’ouvrage.
  8. (1) M. Pesselier.
  9. (1) M. l’Abbé de Montlinot, connu par un excellent discourt sur la mendicité, & par plusieurs mémoires fournis au gouvernement sur ces objets, s’est chargé de toute cette partie dans ce dictionnaire.
  10. (1) Cet objet sera traité dans le dictionnaire de Médecine.
  11. (1) M. Potot de Montbeillard, lieutenant-colonel d'Artillerie, est l'auteur de presque tous les articles d'Artillerie dans les supplémens.
  12. (1) M. Panckoucke se chargera de cette Histoire de l’Encyclopédie, & on peut être assuré qu’elle sera très-exacte.