Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Hiéroglyphe

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Panckoucke (1p. 412).
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HI

HIÉROGLYPHE (subst. mas.) Ce mot vient du grec. ιερος sacré & de γλνφω sculpter, graver. Il signifie une sorte d’écriture, dans laquelle, au défaut des caractères alphabétiques ou syllabiques, on employe les images des choses mêmes dont on veut entretenir le lecteur. Cette écriture se nomme sacrée ou sacerdotale, parce que les prêtres de l’Egypte se la réservèrent lorsque les caractères syllabiques eurent été inventés. Mais elle naquit d’abord de la nécessité, & non pas du desir de s’exprimer mystérieusement. On peignit, on sculpta les idées, parce qu’on ne possédoit pas encore l’art de les écrire. Les prêtres conservèrent dans la suite cette écriture énigmatique, pour se réserver à eux seuls le secret de la science qui étoit la base de leur autorité.

Toutes les nations, pour pouvoir se communiquer entre elles, ont employé l’écriture hiéroglyphique, lorsqu’elles ne connoissoient pas encore d’autres manières d’écrire. Les Chinois, les Indiens, les Egyptiens, les Etruriens, les Scythes, les Méxicains ont eu leurs hiéroglyphes.

On peut donc croire que c’est pour suppléer à l’écriture, & pour représenter les objets de leur culte, que les peuples ont inventé la peinture & la sculpture. Le besoin créa des arts bruts & sauvages ; mais chez quelques nations, la religion les embellit. Des arts grossiers suffisoient à tracer les caractères destinés à fixer la pensée fugitive : mais les arts, parvenus au plus haut degré, n’eurent jamais assez de perfection pour remplir l’idée que les hommes se firent de leurs Dieux. Les artistes luttèrent du moins avec courage contre cette difficulté invincible ; ils cherchèrent à exprimer la plus grande beauté, dont l’imagination puisse se faire une idée ; & s’ils ne parvinrent pas entièrement à celle qu’ils se formoient de la beauté divine, ils trouvèrent du moins une beauté plus qu’humaine, qu’ils nommèrent beauté idéale. (article de M. Levesque.)