Encyclopédie méthodique/Economie politique/ANCIENS

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Panckoucke (1p. 167-168).
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ANCIENS. - Les Juifs appelloient, autrefois anciens, toutes les personnes distinguées par leurs emplois dans Tétat civil ou ecclésiastique. Voye^ Levit. ix.. x .nombr. xxn. 4. 7. Matth. XVI.’ÍI. XXI . 2.3.act. iv. 8. Ainsi leurs ^’îcieslíressembloient à- quelques égards, aux Gerontes des grecs & aux Senatores dés romains. ’ Ils donnoient fur-tout le nom d’anciens aux préposés, aux juges des tribus^ ou aux chefs dès familles , qui dévoient connoître des affaires d’une, certaine importance. Deut. XIX. ri. xxi. 19. 20. Tels furent ces soixante-douze anciens que Moïse. établit comme magistrats subalternes, pourle soulager dansle gouvernement. Ex.xvn. xxiv. 1. 9. nombr.jci. 16.-24. Ce fut, dit,-on,Ja première origine de ce conseil illustre, qui fut appelle dans la fuite lé grand Sanhédrin. Matth, xxn. 3. act. ri. 1z. xx. y. Le titre d’anciens fut aussidonné, parmi les Juifs j à ceux qui tenoient le premier rang dans les synagogues , Sc leur chef fut même appelle quelquefois Yancien par excellence ; ce qui’signifioit./áflwr./ëniorum. Du temps des apôtres on appelloit aussi anciens les docteurs des âges préeédens.^ dont les pharisiens vantoient si fort les préceptes. Matth. XV. 2. ’ - II, étoit naturel d’accorder le même titre aux docteurs 8c aux chefs de Téglise chrétienne, qui remplissoient-, dans les assemblées religieuses i les fonctions que lés anciens exerçoient dans les synagogues dés Juifs. Au quatrième siècle de Téglise chrétienne, les anciens ne furent plus que des docteurs soumis entièrement à Tévêque, qui les chargeoit d’une partie de scs fonctions. > Ils prêchèrent Sc ils administrèrent les sacremensen Tabsence ou en la présence de Tévêque ; , mais il falloit alors qu’ils en reçussent le pouvoir. Ils lifoient les évangiles, ilsexhortoient le peuple ; mais c’étoit toujours Tévêque qui faisoit le sermon, conclo, traSatlq, Gpteler adconstit. apost, L. II. c. LVII ; à moins qu’il ne leur permît de le remplacer en cette occasion. Valerius accorda cètte permission à saint Augustin : Pojfì. de Vit. Augufi. c. IV . Dodwdl Disert. : Hesychius, Lucien, Origène 8c Jérôme obtinrent aussi cet hon- . neur, réservé à ceux dés anciens qui étoient les plus fçavans. Les anciens partagèrent cependant avec Tévêque k jurisdiction erice qui regardoit la discipline ecclésiastique ; ils étoient du conseil appelle presbytère , où ressortissoient ces matières. L’évêque íìégeùit - dans une chaire , 8c lés anciens étoient assis à ses côtés, dans des chaires moins élevées, 8c disposées en forme de cercle ; c’est pour cela qu’on leur donna le titre : de adsejfores eplfioporum, St que Tassemblée s’appelloit corona presbyterìl. Tout s’y passoit à la pluralité des voix ; il ne sc faisoit rien de considérable dans Téglise qu’après k décision du presbytère ; ainsi k jurisdiction n’appartenoît pas à l’évêque seul, mais à l’évêque assisté des anciens, dont il étoit président.

Puisque les anciens avoient leur place 8c leur voix dans les- conciles généraux Sc dans les synodes, Sc qu’on rie délibéroit fur rien d’important fans recueillir leurs suffrages, on conserva donc

?un très-grand respect pour eUx dans ces premiers 

temps. On les áppelloit encore Pr&pofitl, Présides , Duces, Antistltes. Leur pouvoir commença à diminuer au quatrième siècle, & on ne leur laissa pliis enfin que Tàdminiílration des sacrerriens. •-"

Le titre d’anciens fut donné également à quelques

laïques d’un rang distingué, qui sc chargeoient de soutenir les évêques de leur autorité Sc de leur crédit.y)n peut consulter sur tout ceci Bingham. Fabridi blblmth. antlq. c . XIII. II y avoit aussi des anciennes chez les premiers chrétiens : S. Paul en parie ì. Tim.y, 2. Tit . II, II paroît qu’elles étoient chargées de quelques fonctions dans Téglise, ou de choses relatives à la religion ( telles par exemple que J’intìruction des jeunes filles ou des jeunes femmes ) elles étoient occupées aussi à là naissance ou au baptême des enfans, ou peut-être à la célébration des agapes. Les anciens, chez les protestans, sont des officiers, qui forment, avec les pasteurs ou ministres, les consistoires qui ont pour objet de veiller à la religion 8c à Tobscrvation de la discipline ; on choisit ces anciens parmi le peuple , Sc on pratique quelques cérémonies à leur réception. Lorsque les calvinistes étoient tolérés en France , le nombre de ces anciens étoit fixe-, 8c il leur étoit défendu, par rin édit de Louis XIV en 1680, de souffrir aucun catholique romain dans leurs prêches. ’ • En Ecosse, iì y a dans chaque paraisse un certain nombre d’anciens . leur nombre ne passe pas ordinairement celui de douze. Les presbytériens d’Ecosse ,8c les protestans ont imaginé, Tétablissement des anciens d’après Tinstitution des diacres, dont il.est parlé Act.- vi ; mais ils leur ont assigné des fonctions d’une utilité plus générale & plus étendue.