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Encyclopédie méthodique/Economie politique/ANGLO-SAXONS

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Panckoucke (1p. 220-222).

ANGLO-SAXONS. Sous le nom d’Anglo-Saxons, nous comprenons ici les saxons, les angles, les jutes qui habitoient autrefois le Jutland, la Saxe, la Westphalie, les deux Frises, la Hollande & la Zélande. On les a quelquefois appellés du nom général de germains.

Chaque province des germains ayoit un, président óu. juge , nommé f°rste dans la Tangue du pays ’, 8ç-•très-improprement roi ou prince par les. romains ! L’emploi de ce chef étoit de visiter annuellement lès terres, d’en fairenhe nouvelle répartition, de - .recevoir Tes plaintes, Sc de terminer les/différends. ; il. étoit-accompagné d’une espèce- ; de’cour, ; .c omposée des ieunes, gens de Ta province. , : les-plus distingues par leur noblesse (2) 8c parleur mérite. Ces compagnons du prince, en latin comités, lui servoient de gardes Sc dé conseillers, ils étoient également prêts à veiller, à ’ Texécutión dé scs décrets Sc à^limiter son pouvoir. ... .-, .

’. ;

. ..

Juges en temps.de paix y les chefs des ger-- .

mains. - devenoient généraux.en temps de guerre. . Sous eux, des officierscommandoient, ou , comme- chez’Jes francs, des/compagnies, égales de cent hommes., ou , à :J’exemple des Israélites, des philistins , des romains Sc ’ des tartares, des corps de mille, de cent, de cinquante Sc de dix .

soldats..’ .

. ... í _r .. -Q".a lieu de. penser ,-malgré le silence des bis-- . tpr.ie.hs , que çhaqué province avoit scs assemblées

particulières,,

Sc que le. prince y dont, probablement }a dignité étoit à vie , y faisoit Toffice de président. II.paroît qu’il avoit le droit , ou plu-,

tôt qu’il étok obligé .d’avoir plusieurs femmes ;

.- ’il jouisspit d’une plus grande portion de terrein,,

8c pn.lui attribuòit

un quart dans les amendes

modiques-,
par lesquelles tous les crimes,

àla réserve^ dexeuX de haute, trahison Sc.d’adultère ,

étoient ; expiés. .Si : ses revenus.ne suffisoient pas,

il. trouvpit ce qui lui manqUoit dans les contri- ]butions volontaires des.peuples qu’il rendoit heureux. .- --. Jufqu’iei - .- nous : avons .vu chaque, province en/ ’quelque sorte indépendante, mais pour terminer les querelles.’dè.corps à.corps y pour, travailler à ; -Ta sûreté mutuelle ,pour.réformer les abus, Sec. 1 on cpiivoqupi.t ;.dës assemblées générales. Chaque homme libre des diverses tribus pouvoit y assister, Sc, dans des occasions importantes, iTétoit obligé.de s’y rendre , : sous peine d’une grosse, amende. Çe tribunal suprême suspendoít. toutes les :distinctipns d’homme, à homme. Tous y :pa^ rpisspient, dans i’étát d’égalité naturelle. Chaque particulier y : étòît écouté , on comptoît les suffrages , Sç la pluralité déçidoit. Les prêtres qui deyoient felivrer à Tétude de la fagesseSC à la

pratique de la modération , présidoient à ces afsemblées,
ils Confervoient

Tordre , recueilloient les yoix-j . 8c pranonçoient les décrets. ’-UÇes assemblées dévoient être tumultueuses., aussi.lés questions qu’on y agitoit étoient-elles

portées, en première, instance, devant des conseils

! particuliers 

formés par. les’ chefs des divers tributs ; mâis ; les délibérations dp. ces conseils ne devenoient dés.décrets que par Tapprobation de tout le peuple ; assemblé. . ’ (1) Voyez le Voyageur américain, pag. 100.. .. ... -•’-,’"." , , v, " T r í ""1*7 Ceux qulVpar ïeurs’scrvices, avoient bien mérité de k patrie,. étoient honores apws leur mort Les. enfans de. ces héros ; étoient tìobles,. tojouissoient de «juelques"distinctions

moins propres cependant a satisfaire, leur -vaiure.^u a

Jeur retrajer’ fans cesse Jës devpirs que leur ijnpoíbic.leu :: .paissançe... .. - ..

.

.--.’,' >-" e%• 1

La guerre & les autres dangers pressans engageoient la nation entière à se choisir une espèce de dictateur ; cetofficier jouissoit, pendant le tems dé -son administration y de tout le pouvoir exécutif. Semblable aux juges des hébreux, il devenoitle protecteur de la religion-8c des loix, il commandoit lés armées, il punissoitla désobéissance Sc les crimes ; maisTr son pouvoir étoit- grand, .il devoit en rendre’Compte à ceux qui le lui avoient confié, Scqui, toujours eu garde contre le despotisme , ne lui demeuraient fidèles qu’autans quul Tétoit à Tétat. v- . .71 est vrai que, du temps de Tacite, il y avoit dansla Germanie uiv petit nombre de rois héréditaires ; ils Tétoient" apparemment devenus par degrés, en profitant .des circonstances. Mais, loin que leur autorité fût absolue, ils se-trou-voient assujettis à toutes sortes d’entraves. Lès généraux de’ces’nations ,. comme lesmaires du--palais- chez les fiancs :, ne- dépendoient" que du peuple. , . ’_ Les saxons- portèrent en^-Angleterre les usagés de leur pays. ; . Les terres conquises furent parfa- " gées en autant de pravinees’-qu’il y avoit de corps 1 ou de tribus dans Tarmée ;. des vainqueurs. LeSprinces particuliers divisèrent cës provinces entre-’ les chefs des familles,. Sien devinrent Tes gou- ; verneurs. Chaque chef de famille-éUt-une p’arìJ proportionnée à ses titres, à scs :services bu’à ; ses besoins ; en’ Allemagne" il ! se faisoit tous les ans une nouvelle répartition, Sc ainsi la propriété’ résidoît" dans la nation’ entière’ ;". rhàis" :cha’qUë particulier devint^ en Angleterre",- ;-maître" absolu : cle" ;-" fa portion,8c la’transférapèirdanf. :’sa :vié :; où la- ’ légua après fa mort à : ceux qu’il’voulut.-’ -’- . La-part originellement’ assignée’en" Vérfû’de- là : conquête, s’apèlloitTeBoc-land,> Pu Ivtérrc allô-, di’nkí Elle’ se dìvifoit en"-deux parties* C-i) j Tuflèappellée l’Inland’, environnoitThàbitation-du-maît íe-jelle servoit aux besoins : immédiats de- fa-famille, Sc,étoit : cultivée par : ses dPmestiqûés"- :; ’ C’est ce que" Tes normands- désignèrent"- par Tésnorrîsdë demefive ou- de terre du-seigneur. L-’aUtrèT portion, plus 1éloignée-,<_se’nommoït Y-Oût-lanê ou Y-Uf -lund, 8c se sous-divisoitendëuxípafties. lie- propriétaire accordait Tufage -d’unedè-’c'eS’ paf- : ries , ou’ pour un certain, temps , du a- perpétuité , " à scs compagnons., en ’considératipn’ dé* leurs services. Ces anciens vassaux portòiént Te nom de Thanes, & leur terré céluíde Tnané-ï ïand ; L’autre partie,. appellée -le -Fdlkland,- étoit affermée à-des personnes d’un. ráng ; inférieur ’-, qui y moyennant une certaine rente- :, jouissoient du produit de Ja : terre ; tant que’ duroit le bail. II est_probable que ces locataires",- áppëllés ’ Céorls oUjCheorls, étoient étraiigers d’origine, qu’ils descendpiétit dés :: prisonniers : de guerre ou des esclaves. Affranchis ensuite Sc devenus fermiers de lëuts- maîtres-, ils" ;atequirent p’eu-à-peu- des terres eu propriété-, 8£ participèrent enfin aux droits 8c aux privilèges des-nobles , c’est-à-dire , des. hommes originairement libres» «R, ’, ;"*’/ Les possesseurs des tèrres^lodiales ou de ;írancaleU pouvoierit- seuls : prétendre aux offices publics’ ; chacun d ?eux, étpit y . en quelque sorte , souverain fur-ses terres y il y décidoit les procès, Sc avoit même droit de vie Sc de mort : il --tenois pour cet effet une espèce de cour, nommée hallmote par les- saxons ;. L’établissemertt du christianisme, mit des bornes : à cette autorité ; on ne crut pas devoir abandonner à- la discrétion d’un seul homme la vie du dernier- dès :sujets’ ; Les-causes capitales, les appels, Sc en général les affaires de la province,, tant religieuses que civiles,. "furent attribuées aux j assemblées provinciales , qui se tenoient deux fois. par an, 8c- qu’on nommoit Scire-gemot. L’Eàldorman, nommé ensuite successivement comte ou- ,ducíy présidoit , assisté de Tévêque, de divers 1magistrats ; Sc de deux députés du roi : chaque j propriétaire avoit séance danscetre cour, & étoit

obligé- dé : s’y trouver. La nation entière’ s’assembloit tous les ans ; ces’ . conseils, suprêmes , .autrement dits falk-mots 8£ myceUgemots , .étoient’ en quelque sorte formés dé Ta ; réunion • des divers conseils provinciaux ,-. ’8c composés des : mêmes’membres-’ -. j .iL’aureur de .YExtrait des recherches sûr légóu-, v,6rnement.zanglo-saxon ,. tant :en Allérrtagné qu’en Angleterre :,. M.’iSquirey crai.tque’phls de cinq mijles hommes,av.stiehr-droít. dessiller aux assem-

bléesîgénérales.

Ce nombre est considérable ;- | mais^ qu’on se rappelle’ celui ? des citoyens’ de j Lacédémone , .d’Athènes Sc’ dé’ Rome- :’ qu’on ; í pèse les- mots- de populi copiosa multltudo , innuj méra, infinha cleri & populi multltudo , &C, par’ i lesquels, les- myçel-gemors sont-désignés ; qu’on I songe’.'enfin :qú’è-h..Angleterre, :dé mêmé. qu’en, ì Prarïce l, "cës" assemblées ’ de "la nation sc te-"

! noient en. plein c.hamp’, 

Sc le. plus souvent au jbóixTd^ùrte rivière." ".- . IIdut’.y avoir ulie espèce de sénat, pour avoir

soin ; des affairés communes,.

Sc pour préparer c-elles"’quT dévoient être ; ppft’èés aux assemblées-’ géhérales.-M ; Squíré’errtrauve en ërfët Un’dáns> le.wtttena-gemot :’úu :YaJsembtée des sages’. Ce conseil-. , oú’cër’te cóuf ;du roi, étoit’ composée"du fouvésain ,’de scs compagnons ou thanes, dés. gouverneurs- dès provinces , 8c. après ; l’èTabliffément du christianisme , dés évêques 8s. des autres eeeleiiastîqUes. Quelquefois’ il - sasseiiíblpif aux trois grandes fêtes-, de Tannée,,, .ou. plus .souvent, •- -

"

-

lorsque le chef le jugeoit convenable ; mais, quoique les avis de ce conseil fussent signés par le roi & par ses assistans, ils ne devenoient des loix qu’après avoir été ratifiés par le corps de la nation ou par le mycel-gemot.

Les chefs des différentes peuplades saxonnes, enAngletèrre’,' avoient pris le titre de rois^cc augmenté leur autorité, en devenant héréditaires : ilsdépendoient cependant du corps entier de Tétat. . Si le désir d’éviterla confusion Sc de témoigner de la recphnoissance a :d’anciens bienfaiteurs j engagea lés peuples à prendre leurs rois dans les mêmes familles,-ils ne se Crurent pas obligés de suivre toujours cette règle. ,v òn trou* ve :, dahs lès diverses nations de Khëpfar’-i chie-, plusieurs rois déposés. Alfred le grand ne parlé de fa- couronné , ; dans : son testament, que comme" d’Un- héritage qu’il doit à la faveur divine, à la bonne volonté des grands Sc au eòn. fentemëiit des anciens du peuple-. U parait mêmé que.si Ton-avoit,-. égard aux dernières volontés des foùvéraihs dans lé choix de leurs successeurs, leurs testamens n’étoièUt- Valides que lorsqu’ils aVòiént en soin déléspUfeliërd’avance y8cdelès faire approuver par- les- peuples ; Ona dit 1 plus haut que tous lës crimes,àl á réserve dé cèlui dé haute-trahison 8c dêTàdúltère, étoient pUnis-pàr des amendes- :, le meurtre même étoit taxé, 8c’Ja tête’ du roi avoit son prix ; Quelque distinctes que fussent les ; nations de Thëptarçhie,-elles sc : réunissoie-nt pour dès besoins communs, &’élîíbiènt,dans des assemblées générales, un chef qûí pórtoit le titré de motiarquè. -Lzraison ’qui a engagé M.<Squíre à peirserqué’le mycd-gémot étoit composé des mêmes membres que les/"Ve-£e ;Áó£í particuliers., le détermine’de plus à-craire que lës membrés des divers rnyc’él-gèmùtsjde Théptarch’iè.àssistoient à cé der-, mer conieíioú panàhgl’icum--des sept nations.

’ Le- gouvernement dé Téglise rëssemblòit à celui.

de Tétat, Sc^sé’subdivlsoit sous là direction de Tarchevêquéy en prayíricës :, éri évêchés, en archidiacon áts, étì doyennés 8c ën paraisses. Le commercé 8c les-arts furent long-temps négligés par lës saxons ; màis. Alfred invita desétran--gers dans "ses’états 1, Sc’ accorda Tbòrinéur, 8c le titre de thanes’ d’u ïói aux--négocians qui avoient trois fois, passéTa rmër à- léufs dépens’ ;- Ce commerce, d’abotd peu’considérable, s’étendit dans là fuite’,-il se fòrrna des compagnies, qui s’érà-Blirërit’ dans lës : bóúrgs :, sous. Ia ^protection de ’ ceux .qui en étoient Tes seigneurs. Ces marchands devinrent ainsi lés tributaires Sc íes cliens des nobles ou’ des propriétaires- ; céux - ci répondaient dé lèur conduite, Sc leur faisoient observer les loix ;8c payer les contributions. Les marchands" jouissoient’, sous leurs auspices, de certains.privilèges, mais ils n’avòiënt aucune j>art au’ pouïôir législatif : ce pouvoir étoit attaché à là propriété territoriale. Guillaume lé Conquérant éri _ dépouilla les saxons ; il-réduisit leurs possessions en fiefs, Sc il les transe ra à’ ses compatriotes. Les villes commerçantes, alors doublement vexées-, 8c- par d’avides souverains 8c par des barons impérieux-, achetèrent peu-à-pèu- des immunités ; Sc Edouard I, eninvitantleurs députés aux,assemblées de la nation, donna naissance à la chambre ’dés Communes. Voyc^_Tarticle ANGLETERRE.