Encyclopédie méthodique/Physique/ANALOGIE

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ANALOGIE. L’analogie eſt un des fondemens ſur leſquels on s’appuie dans pluſieurs circonstances, pour porter un jugement. Le principe ſur lequel repoſe l’analogie eſt que : l’univers eſt gouverné par des loix générales & conſtantes : principe qu’on ne ſauroit révoquer en doute. Il en réſulte, 1o. que des effets ſemblables ont les mêmes cauſes. Si une pierre tombe par la force de la gravité, toutes les autres eſpèces de pierres tombent également par l’influence de la même force ; 2o. que les propriétés des corps qui leur ſont tellement inhérentes, qu’elles n’admettent ni augmentation, ni diminution, & qui conviennent à tous les corps, à l’égard deſquels on a pu faire un pareil examen, doivent être conſidérées comme des propriétés communes à tous les corps.

L’augmentation & la diminution dont il eſt queſtion dans cette ſeconde règle, ainſi que le remarque fort judicieusement Graveſande, ſe rapporte aux propriétés mêmes, & non point à leur effet. Le mouvement eſt, à la vérité, augmenté ou diminué, mais c’eſt l’effet de la mobilité, laquelle ne ſouffre ni augmentation ni diminution. Auſſi la mobilité eſt-elle une propriété commune à tous les corps.

L’analogie eſt très-utile en elle-même ; mais pour éviter de tomber dans l’erreur, en la prenant quelquefois pour guide, il eſt néceſſaire d’examiner avec ſoin, ſur-tout dans les effets compoſés, toutes les circonſtances eſſentielles qui ont lieu, & d’en faire une comparaiſon exacte entre elles. Cet objet appartenant directement à la dialectique & à la métaphyſique ; nous ne nous étendrons pas davantage ſur cet objet, qui a être traité dans les dictionnaires relatifs à ces ſciences.

Nous dirons ſeulement qu’analogie en général, ſoit en phyſique, ſoit en morale, en politique, &c. ſignifie une reſſemblance ou ſimilitude entre des cauſes & des effets. En mathématique, le mot d’analogie déſigne l’égalité de deux raiſons ou rapport, & alors il eſt ſynonyme avec celui de proportion. Ainſi, par exemple, on dira d’une puiſſance qui agit par le moyen du coin : Sa force relative eſt à ſa force abſolue, comme l’axe ou la hauteur du coin eſt à la largeur de ſa baſe. On dira en parlant du plan incliné : Quand un corps porte ſur un plan incliné, ſa gravité reſtante eſt à ſa gravité totale, comme la hauteur du plan eſt à ſa longueur. On verra les avantages de ces ſortes d’analogies, dans les articles ſur la mécanique, ſur la peſanteur, ſur l’optique priſe en général, &c. en un mot, dans tous ceux qui ont rapport aux ſciences phyſico-mathématiques qui ſeront traitées dans ce dictionnaire.