Encyclopédie méthodique/Physique/ANALYSE

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ANALYSE en mathématique, eſt la méthode de réſoudre les problêmes mathématiques en les réduiſant en équations ; elle a donc pour but de découvrir les quantités inconnues par les rapports qu’elles ont avec les quantités connues, & c’eſt par la double expreſſion d’une même quantité, qu’elle en vient à bout. L’algèbre preſcrit les règles & les conditions qui ont rapport à cet objet. Cette ſcience ne doit point être traitée dans un dictionnaire de phyſique.

Analyse en chimie, eſt l’art de décompoſer un corps, de ſéparer ſes principes, ſes parties conſtituantes. On en diſtingue de deux ſortes : l’analyſe par le feu, & l’analyſe par les diſſolvans ou les menſtrues. On fait à la première de ces méthodes pluſieurs reproches : ſi un corps eſt compoſé de pluſieurs principes qui aient différens dégrés de volatilité, on ne les ſéparera pas toujours, même en employant une chaleur graduée dans des vaiſſeaux diſtillatoires, parce que pluſieurs de ces principes pouvant avoir une grande adhérence entre eux, un principe volatil entraînera avec lui une portion d’un principe fixe. De plus, quelques principes peuvent être incapables de ſupporter l’action du feu, ſans ſe décompoſer en tout ou en partie, ou du moins ſans éprouver une altération plus ou moins grande.

L’analyſe par les menſtrues eſt fondée ſur la différente diſſolubilité de leurs principes dans divers diſſolvans ; ſi un mixte eſt compoſé, par exemple, d’une matière gommeuſe, d’une qui soit réſineuſe, & d’une autre qui ſoit huileuſe, en employant l’eau, on lui enlèvera tout ce qu’il a de gommeux, l’eſprit-de-vin diſſoudra enſuite la réſine, & l’éther s’emparera de toute l’huile. On penſe bien qu’après chaque diſſolution, on fera évaporer pour avoir le principe qu’on vouloit extraire.

On a encore diviſé l’analyſe en analyſe vraie ou ſimple, & en analyſe fauſſe ou compliquée. L’analyſe vraie ou ſimple a lieu, dit M. de Fourcroy, toutes les fois que l’on ſépare d’un corps compoſé les principes dont il eſt formé, ſans leur faire ſubir d’altération, & de manière qu’en les réuniſſant après les avoir ſéparés, on reforme un compoſé tout-à fait ſemblable à celui qui a été décompoſé. Il ſeroit à ſouhaiter que cette analyſe pût être ſouvent employée ; mais il arrive au contraire, très-fréquemment, qu’en ſéparant les principes des corps compoſés, on les altère, & on en change les propriétés. Ainſi, en brûlant des bois, par exemple, il en ſort de l’eau, des ſels, de la fumée ou ſuie, & il reſte des cendres ; mais on ne peut pas reformer du bois en réuniſſant l’eau, les ſels, la ſuie & la cendre. Un plus long détail ſeroit étranger à cet ouvrage. On peut conſulter le dictionnaire de chimie. Mais le mot d’analyſe ſe trouvant dans pluſieurs livres de phyſique, il étoit à-propos de connoître la valeur de cette expreſſion.

Analyse de l’air, de l’air de l’atmoſphère. L’air de l’atmoſphère eſt peut-être la ſubſtance dont l’analyſe eſt la plus exactement & la plus rigoureuſement faite. Pour déterminer la nature des parties conſtituantes d’un corps, on emploie deux moyens, la composition & la décompoſition. De même, dans l’analyſe de l’air de l’atmoſphère, on le décompoſe & on le recompoſe. Voyez l’article Analyse de l’air atmosphérique au n°. VIII du mot Air.