Encyclopédie méthodique/Physique/ATTRITION

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ATTRITION. Ce mot ſignifie le frottement de deux ſurfaces deſquelles pluſieurs particules ſaillantes ſe détachent. C’eſt par un mouvement de cette eſpèce que tous les corps s’usent & ſe détruiſent. Deux morceaux de ſucre frottés l’un contre l’autre, ſe réduiſent bientôt en pouſſière ; les cailloux les plus durs, l’acier le mieux trempé, donnent des preuves convainquantes des effets de l’attrition. Selon que les corps ſont plus ou moins durs, ils réſistent, à la vérité, aux effets du frottement ; mais cependant ils ſubissent la loi commune. De ſimples gouttes d’eau creuſent les pierres ; on connoît l’axiome : Guttacavat lapidem non vi, ſed ſœpè cadendo. L’attrition d’une meule à aiguiſer, uſe bientôt la meilleure lame d’acier ; les pavés des rues, les bandes de fer dont on arme les jantes des roues, éprouvent dans peu des diminutions très-conſidérables ; les forets, les ciſeaux, les marteaux, & tous les inſtrumens des ouvriers, s’uſent d’autant plus vîte qu’ils ſont d’un uſage plus fréquent. Les effets de l’attrition dépendent de la durée, de la vîteſſe des frottemens, de la conſtance, de la dureté & des aſpérités des ſurfaces flottantes, &c. les matières les plus dures s’usent moins que les autres, toutes choſes égales, &c. &c.

L’attrition ſert à polir les ſurfaces de certains corps ; il fait auſſi quelquefois renaître entr’eux des propriétés particulières ; ainſi, deux morceaux de ſucre fortement frappés ou frottés, deviennent lumineux dans l’obſcurité.