Encyclopédie méthodique/Physique/AURORE

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AURORE. L’aurore ou le crépuſcule du matin eſt cette lumière foible qui commence à paroître quelque temps avant le lever du ſoleil, dans nos climats, lorſque cet aſtre eſt à dix-huit degrés au-deſſous de l’horiſon, & qui augmente d’intenſité & d’éclat à meſure que le ſoleil s’élève & s’approche de l’horiſon, en un mot, juſqu’à ſon lever. Je penſe qu’on pourroit diſtinguer l’aurore du crépuſcule du matin ; celui-ci ſeroit cette lumière qui paroît vers l’orient lorſque la nuit finit. L’obſcurité eſt égale dans toutes les parties du ciel pendant la nuit. Lorſque le crépuſcule du matin commence on voit du côté de l’orient une portion de cercle lumineux qui s’agrandit ſuccessivement, & qui permet d’entrevoir les divers objets terreſtres en même-temps qu’elle contribue à diminuer l’éclat des étoiles. L’aurore commence à ce point où finit le crépuſcule, à cet inſtant où la lumière a un degré de vivacité, propre à faire diſtinguer les objets qu’on ne faiſoit qu’entrevoir auparavant, à ce moment où des flots de lumière, des rayons lumineux ſortent de deſſous l’horiſon & annoncent le lever prochain de l’aſtre du jour.

Les poètes ont fait l’aurore fille de l’air, & lui ont donné le titre d’avant-courrière du jour ; & en cette qualité, elle eſt chargée de la garde des portes de l’orient : c’est elle qui, au moment preſcrit les vient ouvrir avec ſes doigts de roſes. Elle envoie devant elle les zéphirs pour diſſiper les vapeurs ſombres & pour purifier l’air épaiſſi. Par-tout où elle paroît, elle ranime la verdure, fait naître les fleurs ſous ſes pas, & répand par-tout les graces & la joie avec la nouvelle du jour. Voilà l’aurore poétique, voyons l’aurore naturelle ; elle eſt ſi majeſtueuſe & ſi brillante, qu’elle n’a beſoin pour plaire d’aucun ſecours étranger. Je vois tout le tour de l’horiſon s’enflammer inſenſiblement du plus beau rouge : les nuages prennent par-tout des couleurs vives & variées ; les bords des plus épais deviennent des franges plus brillantes que l’argent : les légères vapeurs qui traverſent l’orient, s’y convertiſſent en or : le vert des plantes affoibli par les gouttes de roſée qui le couvrent, leur donnent la douceur & l’éclat des perles. Les accroiſſemens perpétuels de l’aurore nous annoncent quelque choſe de plus brillant qu’elle. Elle eſt un milieu plein de douceur, qui, en ſe fortifiant par degré, facilite à nos yeux le paſſage des ténèbres au grand jour ; un moment ajoute quelque choſe à celui qui l’a précédé. Nous allons de lumière en lumière juſqu’au moment où le ſoleil ſe levant, elle paroît dans ſa plénitude. Voyez Crépuscule.