Enlevé ! (traduction Savine)/15

La bibliothèque libre.
Traduction par Albert Savine.
P.-V. Stock (p. 141-152).


CHAPITRE XV

LE JEUNE GARÇON AU BOUTON D’ARGENT…
À TRAVERS L’ÎLE DE MULL


Le Ross de Mull, sur lequel je me trouvais, était très accidenté et dépourvu de tout sentier, comme l’île que je venais de quitter. Ce n’était que marais, ronces et gros blocs de rochers.

Il peut y avoir des routes pour ceux qui connaissent bien le pays, mais pour mon compte, je n’avais pas d’autre guide que mon nez, et pas d’autre point de repère que le Ben More.

Je me dirigeai de mon mieux du côté de la fumée que j’avais si souvent aperçue de l’île.

Malgré ma lassitude et les difficultés de la route, j’arrivai à la maison, qui était tout au fond d’un petit creux, vers cinq ou six heures du soir.

Elle était basse et assez longue, couverte d’un toit de gazon, et construite en pierres posées sans mortier.

Sur un tertre qui lui faisait face, un vieux gentleman fumait sa pipe au soleil.

Avec le peu d’anglais qu’il savait, il me fit comprendre que mes compagnons de traversée étaient arrivés à terre sains et saufs et avaient rompu le pain dans cette même maison dès le lendemain.

Il me dit que tous portaient des habits de grosse étoffe, mais certainement le premier d’entre eux, celui qui était venu seul, portait des bas et des culottes, tandis que les autres avaient des braies de matelots.

— Ah ! fis-je, n’avait-il pas un chapeau à plumes ?

Il me répondit que non, qu’il avait la tête nue comme moi-même.

D’abord je pensai qu’Alan avait dû perdre son chapeau. Puis je songeai à la pluie, et je trouvai plus probable que pour le conserver en bon état il l’avait caché sous son grand manteau.

Cela me fit sourire, soit parce que j’apprenais ainsi que mon ami était sain et sauf, soit parce que cela me rappelait la vanité qu’il mettait à sa toilette.

Alors le vieux gentleman se donna une tape sur le front et s’écria que je devais être le jeune garçon au bouton d’argent.

— Eh bien ! oui, fis-je avec étonnement.

— Eh bien, alors, dit le vieux gentleman, je suis chargé de vous avertir qu’il vous faut rejoindre votre ami dans son pays, par Torosay.

Il me demanda alors comment je m’étais tiré d’affaire, et je lui contai mon aventure.

Certainement un homme du Sud en eût ri, mais ce vieux gentleman, que j’appelle ainsi à cause de ses manières, car ses vêtements ne tenaient guère sur son dos, m’écouta jusqu’au bout sans témoigner autre chose que du sérieux et de la pitié.

Quand j’eus fini, il me prit par la main, me fit entrer dans sa hutte (car sa maison n’était pas autre chose), me présenta à sa femme, comme si elle avait été la reine et moi un duc.

La bonne femme me servit du pain d’avoine et un grouse froid, tout en me passant la main sur l’épaule et en me souriant, car elle ne parlait pas l’anglais.

Quant au vieux gentleman, pour ne pas rester en arrière, il me prépara un punch très fort avec de l’eau-de-vie du pays.

Pendant tout ce temps, je mangeai, et, ensuite, quand je bus le punch, je pus à peine croire à ma bonne fortune et me figurer que la maison, avec la couche épaisse de suie, qu’y avait laissée le feu de tourbe, et ses murs percés comme une écumoire, ne fût pas un palais.

Le punch me causa une abondante transpiration et me plongea dans un profond sommeil.

Les braves gens me laissèrent dormir, et le lendemain il était près de midi quand je me mis en route. Ma gorge était déjà un peu dégagée, et mon entrain m’était revenu, grâce à ce bon traitement et à ces bonnes nouvelles.

Le vieux gentleman, malgré mes vives instances, ne voulut pas accepter d’argent, et me donna un vieux bonnet pour me couvrir la tête.

J’avouerai qu’à peine arrivé hors de vue de la maison, je me hâtai de laver soigneusement son présent dans une source qui se trouvait près du chemin.

Et je me dis à part moi :

— Si c’est là la sauvagerie des Highlanders, je souhaite vivement que les gens de chez moi soient plus sauvages encore.

Non seulement il était tard quand je me mis en route, mais je dus m’égarer pendant une bonne moitié du chemin.

Sans doute je rencontrai beaucoup de gens qui piochaient de misérables petits champs, qui ne produisaient pas assez pour nourrir un chat, ou gardaient de petits bestiaux pas plus gros que des ânes.

Le costume Highlander étant interdit par la loi depuis la rébellion, et les gens forcés à porter le costume des Basses-Terres, qu’ils n’aimaient guère, ils présentaient la plus étrange variété dans leurs vêtements.

Les uns allaient nus, couverts d’un manteau flottant ou d’une grande houppelande, et portaient leurs braies sur leur dos comme un fardeau inutile.

D’autres avaient fabriqué un vêtement analogue au tartan avec de petites bandes à raies de couleurs diverses, cousues ensemble comme une courte-pointe de vieille femme.

D’autres encore portaient le jupon highlander, mais transformé en une paire de braies à la hollandaise, grâce à quelques points de couture faufilés entre les jambes.

Tous ces expédients étaient autant de contraventions qu’on punissait, car la loi était appliquée avec rigueur, dans l’espérance de faire disparaître l’esprit de clan, mais dans cette île écartée et isolée par la mer, il y avait peu de gens pour faire des remarques, il y en avait moins encore pour faire des rapports.

Ils paraissaient être extrêmement pauvres. Cela était sans doute tout naturel, maintenant que le pillage était réprimé et que les chefs avaient depuis longtemps cessé de tenir table ouverte, et les routes, même les routes tortueuses et perdues à travers la campagne comme celle que je suivais, étaient infestées de mendiants.

À ce point de vue même, je remarquai une différence avec mon propre pays.

Car nos mendiants des Basses-Terres, y compris les porte-robes, qui mendient munis d’une permission, avaient, en comparaison de ceux-ci, l’air rustre et flagorneur. Si vous leur donniez un plack en réclamant la monnaie, ils vous rendaient un demi-penny très poliment.

Mais ces mendiants des Hautes-Terres gardaient toute leur dignité. À les en croire, ils ne demandaient l’aumône que pour s’acheter du tabac à priser et ils se refusaient à rendre la monnaie.

Assurément cela ne me regardait en rien, à part la distraction que j’y trouvais en cheminant.

Mais ce qui me touchait de bien plus près, c’est que fort peu parlaient un peu anglais et que ces quelques gens, à part ceux qui faisaient partie de la confrérie des mendiants, étaient peu disposés à le mettre à mon service.

Je savais que le but de mon voyage était Torosay. Je leur répétai ce mot en indiquant une direction, mais au lieu de me répondre simplement par l’indication de cette direction, ils me lâchaient une bordée de gaélique qui me faisait perdre la tête. Il n’est donc pas étonnant que je me sois écarté de ma route autant de fois que je me suis arrêté.

Enfin, vers huit heures du soir, et déjà fatigué, j’arrivai à une maison isolée, où je demandai à entrer.

On me refusa, mais je me souvins du pouvoir de l’argent dans un pays aussi pauvre, et je montrai une de mes guinées en la tenant entre l’index et le pouce.

Sur cela, le maître de la maison, qui jusqu’alors avait prétendu ne pas savoir un mot d’anglais et avait eu recours au langage des signes pour m’éloigner de sa porte, trouva aussitôt le moyen de s’exprimer aussi clairement qu’il le fallait, et nous convînmes que pour cinq shellings il me logerait une nuit, et me servirait le lendemain de guide jusqu’à Torosay.

Je dormis mal cette nuit, par crainte d’être volé, mais j’aurais pu m’épargner ce souci ; mon hôte n’était point un voleur, mais tout simplement d’une pauvreté extrême et très carottier.

Il n’était pas le seul pauvre de sa sorte, car le lendemain matin nous dûmes aller à cinq milles pour trouver la maison d’un riche, comme il disait, pour faire changer une de mes guinées.

C’était peut-être un riche à Mull. Dans le Sud il eût malaisément passé pour tel, car il lui fallut prendre tout ce qu’il avait, mettre la maison sens dessus dessous et recourir à un voisin pour réunir vingt shellings en argent.

Quant au shelling de différence, il le garda pour lui, alléguant qu’il lui était bien difficile d’avoir une aussi grosse somme, enfermée sous clef.

Néanmoins il se montra très courtois et très prévenant dans son langage, il nous fit asseoir à table avec sa famille pour dîner, et nous prépara du punch dans un beau bol en porcelaine, ce qui mit mon guide si bien en train qu’il refusa de partir.

Je commençais à me fâcher.

J’en appelai au richard, qui se nommait Hector Maclean, qui avait été témoin de notre marché et du paiement des cinq shellings fait par moi.

Mais Maclean avait pris à cœur son punch, et il jura que personne ne se lèverait de table avant que le punch ne fût prêt.

Il n’y avait donc d’autre parti à prendre que de s’asseoir et d’écouter des toasts jacobites et des chants en gaélique, jusqu’à ce que tous fussent pris de boisson et allassent trouver leur lit ou leur grange pour passer la nuit.

Le jour suivant, qui était le quatrième depuis mon départ, nous étions debout avant cinq heures du matin, mais mon coquin de guide se remit à boire, et il était bien près de trois heures quand je pus le faire sortir de la maison, et ce ne fut, comme vous allez le voir, que pour éprouver un autre désappointement pire encore.

Tant que nous traversâmes une vallée tapissée de bruyère qui s’étendait devant la maison de M. Maclean, tout alla bien, à cela près que mon guide regardait à chaque instant par-dessus son épaule ; et quand je lui demandais pourquoi, il se bornait à ricaner.

Mais dès que nous eûmes dépassé le sommet d’une colline et perdu de vue les fenêtres de la maison, il me dit que Torosay se trouvait juste en face, et qu’un sommet de colline, qu’il me désigna, serait mon meilleur point de repère.

— Cela m’importe peu, puisque vous irez avec moi, lui dis-je.

L’insolent coquin me répondit en gaélique qu’il ne parlait pas en anglais.

— Mon brave, lui dis-je, je sais que votre anglais va et vient. Dites-moi où vous voulez en venir ? Voulez-vous encore de l’argent ?

— Cinq shellings de plus, dit-il, et on vous y conduira tout seul.

Je réfléchis un instant et alors lui en offris deux qu’il accepta avidement, en insistant pour que je les lui donnasse tout de suite pour lui porter bonheur, dit-il, mais je crois que ce fut plutôt une malchance pour moi.

Les deux shellings ne nous menèrent pas beaucoup plus loin que deux milles. Au bout de ce parcours, il s’assit au bord de la route et ôta ses brogues en homme qui va se reposer.

À ce moment, j’étais pourpre de colère.

— Ha ! dis-je, vous ne savez donc plus d’anglais ?

— Non, me répondit-il impudemment.

Tout bouillant de fureur, je m’élançai en levant la main pour le frapper.

Lui, il tira de dessous ses guenilles un couteau, et se sauva à reculons, en me montrant les dents comme un chat sauvage.

Alors oubliant tout, excepté ma colère, je courus sur lui. Je détournai de ma main gauche son couteau, et de ma main droite je le frappai à la bouche.

J’étais fort pour mon âge et très en colère : lui, il était petit, et il tomba lourdement devant moi.

Par bonheur, son couteau lui échappa des mains dans sa chute.

Je le ramassai ainsi que ses brogues. Je souhaitai le bonjour à l’homme, que je laissai nu-pieds et désarmé.

Je me frottai les mains en m’en allant, sûr d’en avoir fini avec ce gredin, et enchanté de cette conclusion pour une foule de raisons.

D’abord il savait qu’il n’aurait pas un sou de moi ; ensuite les brogues, en ce pays-là, ne valaient que quelques pence, et enfin le couteau était en réalité un poignard, et le port lui en était interdit par la loi.

Environ une demi-heure après, je me trouvai près d’un homme de haute taille, en guenilles, qui marchait très vite, mais en tâtant le terrain avec un bâton.

Il était tout à fait aveugle et me dit qu’il était catéchiste, ce qui eût dû me mettre à l’aise.

Mais sa figure ne m’allait pas ; elle me paraissait sombre, dangereuse, mystérieuse, et bientôt, comme nous cheminions côte à côte, je vis la poignée garnie d’acier d’un pistolet sortir de dessous la patte de sa poche de côté.

Porter un tel objet, c’était s’exposer à une amende de quinze livres sterling pour la première fois, et pour la récidive à être transporté aux colonies.

D’autre part il m’était bien difficile d’admettre qu’un instructeur religieux allât ainsi armé, et de m’expliquer ce qu’un aveugle pouvait faire d’un pistolet.

Je lui parlai de mon guide, car j’étais fier de ce que j’avais fait, et ma vanité l’emporta cette fois sur ma prudence.

À la mention des cinq shellings, il poussa un tel cri que je pris aussitôt le parti de ne lui rien dire des deux autres, et je fus heureux qu’il ne pût voir ma rougeur.

— Était-ce trop ? demandai-je d’une voix mal assurée.

— Trop ! s’écria-t-il, mais moi je vous guiderai jusqu’à Torosay pour une goutte de brandy. Et vous aurez le plaisir de ma société par-dessus le marché, moi qui suis un homme de quelque instruction.

Je lui dis que je ne voyais pas comment un aveugle pouvait servir de guide, mais à ces mots il éclata d’un rire bruyant, et me dit que son bâton valait les yeux d’un aigle.

— Dans l’île de Mull, tout au moins, reprit-il, où je connais chaque pierre, chaque buisson de bruyère, de mémoire. Voyez maintenant, dit-il en brandissant son bâton à droite et à gauche, comme pour en donner la preuve, là-bas, il y a un ruisseau d’eau courante, et à la source, il se trouve une toute petite colline, avec une pierre posée de champ sur le sommet, et c’est tout au pied de cette colline-là que passe la route de Torosay ; la route d’ici est une route charretière, et bien tassée, tandis qu’elle est gazonnée là où elle traverse la lande.

Je dus avouer qu’il avait raison sur tous les points, et je lui exprimai mon étonnement.

— Ha ! fit-il, ce n’est rien, cela. Me croiriez-vous maintenant si je vous disais qu’avant la promulgation de l’acte, et quand il y avait des armes dans le pays, je pouvais tirer un coup de feu ? Oui, je le pouvais.

Et il ajouta, avec un rire sarcastique :

— Si vous aviez sur vous quelque chose comme un pistolet, vous pourriez essayer. Je vous montrerais comment on s’y prend.

Je lui dis que je n’avais rien de cette sorte, et je me tins à bonne distance de lui.

Il ne savait pas qu’à ce moment son pistolet sortait à moitié de sa poche et que je voyais un reflet de soleil scintiller sur l’acier de la poignée.

Mais heureusement pour moi, il ne s’en douta point, il croyait que toute l’arme était cachée, et sa cécité le trompa.

Il se mit à m’adresser des questions insidieuses, voulut savoir d’où je venais, si j’étais riche, si je pouvais lui donner la monnaie d’une pièce de cinq shellings, qu’il prétendit avoir alors dans sa bourse et pendant tout ce temps il me serra de près, tandis que je cherchais à l’éviter.

Nous étions alors sur une sorte de piste verte, tracée par les bestiaux qui franchissaient les collines dans la direction de Torosay, et nous changions continuellement de côté comme des danseurs dans un branle.

J’avais si évidemment le dessus que je me sentais fort en train, et je m’amusais vraiment à ce jeu de cache-cache, mais le catéchiste s’en fâcha, au point de se mettre tout à fait en colère, et finit par jurer en gaélique et me donner des coups de son bâton dans les jambes.

Alors je ne manquai pas de lui dire que j’avais un pistolet dans ma poche, tout comme lui, et que s’il ne retournait pas en arrière, de l’autre côté de la colline, vers le sud, j’irais jusqu’à lui brûler la cervelle.

Il devint soudain très poli, et après avoir quelques instants essayé de m’attendrir mais inutilement, il me lança de nouveaux jurons en gaélique, et finit par s’éloigner.

Je le regardai s’en aller à grands pas à travers fondrières et bruyères, tâtant le terrain avec son bâton, jusqu’à ce qu’il eût tourné le bas d’une hauteur et disparu dans le premier creux.

Alors je me remis en route vers Torosay, bien plus content d’être seul que de voyager en compagnie de cet homme instruit.

C’était un jour néfaste. Les deux individus dont je venais de me débarrasser l’un après l’autre étaient les pires gredins que j’aie rencontrés dans les Hautes-Terres.

À Torosay, sur le détroit de Mull, il y avait une auberge dont la façade était tournée du côté de la terre, dans la direction de Morven.

L’aubergiste, qui était un Maclean, appartenait à une très grande famille, à ce qu’il semblait.

Tenir une auberge est une profession plus élevée encore dans les Hautes-Terres que chez nous, peut-être parce que cela tient de l’hospitalité, et peut-être aussi parce que le métier permet de ne rien faire et de boire.

Il parlait bien anglais, et s’apercevant que j’avais quelque instruction, il en fit l’épreuve, d’abord en français, où il eut aisément raison de moi, puis en latin ; je ne sais lequel de nous se montra alors le plus fort.

Cette plaisante rivalité nous rendit aussitôt bons amis.

Je m’assis et bus du punch avec lui, ou pour parler plus exactement, je m’assis et le regardai boire jusqu’à ce qu’il fût si gris qu’il pleura sur mon épaule.

Je fis un essai, en lui montrant comme par hasard le bouton d’Alan, mais il était clair qu’il ne l’avait jamais vu, et n’avait point entendu parler de lui. À vrai dire, il témoignait quelque mauvais vouloir à l’égard de la famille et des amis d’Ardshiel, et avant d’être gris, il me lut une épigramme en très bon latin, mais d’un sens très malveillant, qu’il avait composée en vers élégiaques sur quelqu’un de cette maison.

Quand je lui parlai de mon catéchiste, il secoua la tête et me dit que j’avais de la chance en me débarrassant de lui.

— C’est un homme très dangereux, me dit-il, il se nomme Duncan Mackiegh ; il peut tirer un coup de feu à plusieurs yards de distance, en visant d’après le son. Il a été souvent accusé d’arrestations sur la grande route et une fois d’un assassinat.

— Le plus curieux dans tout cela, dis-je, c’est qu’il s’intitule catéchiste.

— Pourquoi pas ? répondit l’hôte. Si cela consiste à faire ce qu’il fait. C’est Maclean de Duart qui lui a donné ce nom parce qu’il était aveugle. Mais c’est peut-être un malheur, car il est toujours en route, allant d’un endroit à l’autre pour entendre les jeunes gens parler de leur religion, et sans doute c’est une grande tentation pour le pauvre homme.

Enfin, quand mon aubergiste fut hors d’état de boire davantage, il me montra un lit, et je m’endormis très content. J’avais parcouru la plus grande longueur de cette île tortueuse de Mull, depuis Earraid jusqu’à Torosay, cinquante milles à vol d’oiseau, c’est-à-dire près de cent milles, en y comptant le chemin fait sur la bonne route, en quatre jours, sans grande fatigue.

Et vraiment j’étais dans un bien meilleur état de corps et d’esprit à la fin de cette longue marche à pied que quand je m’étais mis en route.