Esprit des lois (1777)/L17/C2

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CHAPITRE II.

Différence des peuples, par rapport au courage.


Nous avons déjà dit que la grande chaleur énervoit la force & le courage des hommes ; & qu’il y avoit dans les climats froids une certaine force de corps & d’esprit, qui rendoit les hommes capables des actions longues, pénibles, grandes & hardies. Cela se remarque non-seulement de nation à nation, mais encore dans le même pays d’une partie à une autre. Les peuples du nord de la Chine[1] sont plus courageux que ceux du midi ; les peuples du midi de la Corée[2] ne le sont pas tant que ceux du nord.

Il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des peuples des climats chauds les ait presque toujours rendu esclaves, & que le courage des peuples des climats froids les ait maintenus libres. C’est un effet qui dérive de sa cause naturelle.

Ceci s’est encore trouvé vrai dans l’Amérique ; les empires despotiques du Mexique & du Pérou étoient vers la ligne, & presque tous les petits peuples libres étoient & sont encore vers les pôles.


  1. Le P. du Halde, tome I. page 112.
  2. Les livres Chinois le disent ainsi. Ibid. tome IV, page 448.