Esprit des lois (1777)/L20/C8

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CHAPITRE VIII.

Comment on a gêné quelquefois le commerce d’économie.


On a fait dans certaines monarchies des lois très-propres à abaisser les états qui font le commerce d’économie. On leur a défendu d’apporter d’autres marchandises, que celles du crû de leur pays : on ne leur a permis de venir trafiquer, qu’avec des navires de la fabrique du pays où ils viennent.

Il faut que l’état qui impose ces lois puisse aisément faire lui-même le commerce : sans cela, il se fera pour le moins un tort égal. Il vaut mieux avoir affaire à une nation qui exige peu, & que les besoins du commerce rendent en quelque façon dépendante ; à une nation qui, par l’étendue de ses vues ou de ses affaires, sait où placer toutes les marchandises superflues ; qui est riche, & peut se charger de beaucoup de denrées ; qui les payera promptement ; qui a, pour ainsi dire, des nécessités d’être fidelle ; qui est pacifique par principe ; qui cherche à gagner, & non pas à conquérir : il vaut mieux, dis-je, avoir affaire à cette nation, qu’à d’autres toujours rivales, & qui ne donneroient pas tous ces avantages.