Esprit des lois (1777)/L4/C7

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CHAPITRE VII.

En quel cas ces institutions singulieres peuvent être bonnes.


Ces sortes d’institutions peuvent convenir dans les républiques, parce que la vertu politique en est le principe : mais pour porter à l’honneur dans les monarchies, ou pour inspirer de la crainte dans les états despotiques, il ne faut pas tant de soins.

Elles ne peuvent d’ailleurs avoir lieu que dans un petit état[1], où l’on peut donner une éducation générale, & élever tout un peuple comme une famille.

Les lois de Minos, de Lycurgue & de Platon, supposent une attention singuliere de tous les citoyens les uns sur les autres. On ne peut se promettre cela dans la confusion, dans les négligences, dans l’étendue des affaires d’un grand peuple.

Il faut, comme on l’a dit, bannir l’argent dans ces institutions. Mais dans les grandes sociétés, le nombre, la variétés, l’embarras, l’importance des affaires, la facilité des achats, la lenteur des échanges, demandent une mesure commune. Pour porter par-tout sa puissance, ou la défendre par-tout, il faut avoir ce à quoi les hommes ont attaché par-tout la puissance.


  1. Comme étoient les villes de la Grece.