Essai de psychologie/Chapitre 6

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Chapitre 6

Continuation du même sujet.


Souvent à l’occasion d’une idée l’ame a le sentiment confus d’une autre idée qu’elle cherche à rappeller. Pour cet effet, elle use de la force motrice dont elle est douée : elle meut différentes touches ou elle meut différemment les mêmes touches, & elle ne cesse de mouvoir qu’elle n’ait disposé son cerveau de maniere à lui retracer cette idée. Plus les rapports de deux idées sont prochains, plus le rappel est prompt & facile. Ces rapports consistent principalement dans une telle disposition des fibres ou des esprits, que la force motrice trouve plus de facilité à s’exercer suivant un certain sens que suivant tout autre.

Je m’explique : l’état actuel de l’organe de la pensée est un état déterminé. Le passage de cet état à tous ceux qui peuvent lui succéder n’est pas également facile. Il est des tons, il est des mouvemens qui s’excitent les uns les autres, parce qu’ils se sont succédés fréquemment. De cette succession répétée nait dans la machine une disposition habituelle à exécuter plus facilement une certaine suite d’airs ou de mouvemens que toute autre suite. De là les différentes déterminations de la force motrice dans le rappel des idées.