Essai de psychologie/Chapitre 66

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(p. 215-217).

Chapitre 66

Des effets qui résultent de l’impression des objets sur les sens de l’enfant.


Le plaisir étant attaché de sa nature à un certain mouvement, le penchant que l’ame témoigne souvent dès l’enfance pour certains objets, résulte du mouvement que ces objets impriment à un ou plusieurs sens ou à différentes parties du même sens.

L’éloignement de l’ame pour d’autres objets dérive d’une impression contraire.

L’aptitude ou l’inaptitude à un mouvement suit de la génération.

Un enfant recherche certains alimens, il se plait à certains tons, il se déclare pour certaines couleurs ; c’est que les papilles de sa langue ont avec certains sels ou certains mêlanges des rapports qu’elles n’ont pas avec d’autres sels & d’autres mêlanges : c’est que les mouvemens des fibres de l’ouie & de celles de la vue destinées à transmettre à l’ame certaines vibrations de l’air et de la lumiere sont plus dans la proportion nécessaire au plaisir, que ceux des autres fibres.

Les premieres impressions de plaisir que l’ame éprouve à la présence d’un objet déterminent sa maniere de penser à l’égard de cet objet & de tous ceux qui ont avec lui quelque rapport. La maniere de penser détermine la maniere d’agir.

L’ame recherchera donc ces objets dans leur rapport à ses penchans les plus décidés.

La fréquence des actes décide le penchant. Elle augmente la disposition au mouvement. Plus de mobilité facilite plus le rappel & rend les images plus vives. Plus de vivacité dans les images met plus d’activité dans lesdesirs.